EXPOSITION
D’ŒUVRES DE MAITRES ANCIENS
TIRÉES
DES COLLECTIONS PRIVÉES DE BERLIN EN 18831
(troisième et dernier article)
VU.
ÉCOLE FRANÇAISE.
a section française à l’Académie de Berlin eût fait honneur à n’importe
quelle exposition parisienne; et même, il faut l’avouer, non sans regrets,
on ne pourrait rassembler aujourd’hui chez nous autant de beaux
échantillons de l’art du xvin0 siècle, autant de Watteau, de Lancret et
de Pater que l’ont fait les organisateurs de l’exposition berlinoise. Nous avons déjà
parlé du goût dominant de Frédéric pour ces 'peintres de Brabant, de ses agents à
Paris pour l’acquisition des toiles préférées, de l’attention soutenue qu’il donnait à ces
achats, même au milieu des préoccupations de la guerre.
C’e!?t grâce à cette prédilection de Frédéric U que l’Académie a pu réunir neuf
Watteau, douze Lancret, vingt-cinq Pater, trois Chardin, trois de Troy, un Boucher,
un Latour; en sorte que l’art français du dernier siècle s’étalait glorieusement, en 1883,
dans la capitale de la Prusse.
Le grand triomphateur est Antoine Watteau. Aussi M. Dohme lui donne-t-il, avec
raison, la place d’honneur dans sa très intéressante et substantielle étude sur la sec-
tion française. Il a même élargi son cadre et profité de l’occasion pour consacrer au
grand peintre de Valenciennes d’excellentes pages qui sont un précieux supplément
aux travaux des Goncourt. Nous ne pouvons suivre pas à pas M. Dohme dans ses
fines eL ingénieuses recherches ; nous devons nous borner à parler rapidement des
tableaux exposés à l’Académie ou conservés dans les châteaux royaux de Prusse.
D’abord un curieux paysage (nouveau palais de Potsdam) où l’on trouve déjà en germe
le système des fonds employé plus tard par le maître, un centre très clair encadré de
bordures sombres et foncées, les terrains des premiers plans étant, en général, d’un
modelé insuffisant : une cabane dans un groupe d’arbres vers la droite; au milieu,
une échappée lumineuse sur des lointains montagneux reflétés dans des eaux paisibles ;
1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, t. XXIX, p. 273 et p. 357.
XXX. — ‘2e PERIODE.
13
D’ŒUVRES DE MAITRES ANCIENS
TIRÉES
DES COLLECTIONS PRIVÉES DE BERLIN EN 18831
(troisième et dernier article)
VU.
ÉCOLE FRANÇAISE.
a section française à l’Académie de Berlin eût fait honneur à n’importe
quelle exposition parisienne; et même, il faut l’avouer, non sans regrets,
on ne pourrait rassembler aujourd’hui chez nous autant de beaux
échantillons de l’art du xvin0 siècle, autant de Watteau, de Lancret et
de Pater que l’ont fait les organisateurs de l’exposition berlinoise. Nous avons déjà
parlé du goût dominant de Frédéric pour ces 'peintres de Brabant, de ses agents à
Paris pour l’acquisition des toiles préférées, de l’attention soutenue qu’il donnait à ces
achats, même au milieu des préoccupations de la guerre.
C’e!?t grâce à cette prédilection de Frédéric U que l’Académie a pu réunir neuf
Watteau, douze Lancret, vingt-cinq Pater, trois Chardin, trois de Troy, un Boucher,
un Latour; en sorte que l’art français du dernier siècle s’étalait glorieusement, en 1883,
dans la capitale de la Prusse.
Le grand triomphateur est Antoine Watteau. Aussi M. Dohme lui donne-t-il, avec
raison, la place d’honneur dans sa très intéressante et substantielle étude sur la sec-
tion française. Il a même élargi son cadre et profité de l’occasion pour consacrer au
grand peintre de Valenciennes d’excellentes pages qui sont un précieux supplément
aux travaux des Goncourt. Nous ne pouvons suivre pas à pas M. Dohme dans ses
fines eL ingénieuses recherches ; nous devons nous borner à parler rapidement des
tableaux exposés à l’Académie ou conservés dans les châteaux royaux de Prusse.
D’abord un curieux paysage (nouveau palais de Potsdam) où l’on trouve déjà en germe
le système des fonds employé plus tard par le maître, un centre très clair encadré de
bordures sombres et foncées, les terrains des premiers plans étant, en général, d’un
modelé insuffisant : une cabane dans un groupe d’arbres vers la droite; au milieu,
une échappée lumineuse sur des lointains montagneux reflétés dans des eaux paisibles ;
1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, t. XXIX, p. 273 et p. 357.
XXX. — ‘2e PERIODE.
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