LA
MINIATURE EN FRANGE
DU XIIIe AU XVIe SIÈCLE
(deuxième ARTICLE 1).
Ainsi le nom même de l’enlu-
minure était d’origine parisienne,
et cette seule dénomination, entrée
dans l’usage universel, atteste chez
les miniateurs français, comme l’a
fait observer l’historien italien De-
nina, une véritable supériorité, soit
pour le talent, soit pour le nombre :
supériorité qui ne devait rien aux
influences étrangères. Vers la même
époque, le jurisconsulte Odofrède
racontait, dans ses commentaires
de droit, l’anecdote suivante : « Un
père italien donne à son fils le choix
d’aller étudier à Paris ou à Bologne
avec cent livres par an. Le fils préfère Paris. Là, il fait embabouiner (ba-
buinare) ses manuscrits de lettres d’or, et il se fait chausser de neuf
tous les samedis : il est ruiné1 2.» Si, dans quelques cas, le luxe des
livres historiés pouvait nuire à la fortune privée, en revanche, il ouvrait
une source de richesse à la classe toute nouvelle des enlumineurs laïques,
protégés par les princes et les riches amateurs et grassement rétribués
par eux. On s’explique bien moins de quelle manière il pouvait être
1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXX, p. 64.
2. Voy. Ilist.Jitlér. de la France, XXIV, 285.
MINIATURE EN FRANGE
DU XIIIe AU XVIe SIÈCLE
(deuxième ARTICLE 1).
Ainsi le nom même de l’enlu-
minure était d’origine parisienne,
et cette seule dénomination, entrée
dans l’usage universel, atteste chez
les miniateurs français, comme l’a
fait observer l’historien italien De-
nina, une véritable supériorité, soit
pour le talent, soit pour le nombre :
supériorité qui ne devait rien aux
influences étrangères. Vers la même
époque, le jurisconsulte Odofrède
racontait, dans ses commentaires
de droit, l’anecdote suivante : « Un
père italien donne à son fils le choix
d’aller étudier à Paris ou à Bologne
avec cent livres par an. Le fils préfère Paris. Là, il fait embabouiner (ba-
buinare) ses manuscrits de lettres d’or, et il se fait chausser de neuf
tous les samedis : il est ruiné1 2.» Si, dans quelques cas, le luxe des
livres historiés pouvait nuire à la fortune privée, en revanche, il ouvrait
une source de richesse à la classe toute nouvelle des enlumineurs laïques,
protégés par les princes et les riches amateurs et grassement rétribués
par eux. On s’explique bien moins de quelle manière il pouvait être
1. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XXX, p. 64.
2. Voy. Ilist.Jitlér. de la France, XXIV, 285.