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Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour : 23.01.2025
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2 Cours: Pourquoi la philosophie?

5 COURS: LA PHILOSOPHIE COMME BESOIN SPIRITUEL

Publié le 15/02/2012 à 14:04 par cafenetphilosophie Tags : homme vie musique monde nature soi art enfant peinture texte pensée pensées artiste poésie

   Lors de notre précédent billet, nous insistions sur le fait que penser par soi-même afin de conduire sa vie, afin de guider ses pas est déjà un objectif éminemment noble et utile. Mais cette entreprise n'épuise pas l'intérêt de la philosophie. La réflexion philosophique se hisse à un objectif encore plus élevé, plus profond, en harmonie avec les exigences les plus hautes de l'esprit. Il est vrai qu'aux questions que se pose l'homme sur son destin et celui du monde, aucune réponse certaine ne vient récompenser sa recherche. Mais elle lui apporte des satisfactions spirituelles irremplaçables que B. Russell, philosophe britannique du XX° siècle a su parfaitement exprimer dans "Problèmes de philosophie": "La philosophie comprend de nombreuses questions (dont certaines sont du plus profond intérêt pour notre vie spirituelle), qui, pour autant qu'on puisse le prévoir, doivent demeurer insolubles, à moins que les facultés de l'esprit humain ne deviennent tout autres que ce qu'elles sont à présent. L'univers comporte-t-il une unité de plan et de but, ou bien n'est-ce qu'une rencontre fortuite d'atomes? La connaissance fait-elle partie de l'univers à  titre permanent, donnant ainsi l'espoir d'un accroissement indéfini de la sagesse, ou est-ce un accident transitoire particulier à une petite planète où la vie deviendra certainement impossible plus tard? Le bien et le mal ont-ils de l'importance pour l'univers ou seulement pour l'homme? De telles questions sont posées par la philosophie et résolues de façon différente par des philosophes différents. Or, que des réponses soient possibles ou non, celles que propose la philosophie ne sont jamais d'une vérité démontrable. Pourtant, si faible que soit l'espoir de découvrir une réponse valable, l'examen persévérant de telles questions fait partie des tâches dévolues à la philosophie; celle-ci nous fait prendre conscience de l'importance de tels problèmes; elle examine toutes les façons de les traiter et elle garde intact cet intérêt spéculatif pour l'univers qui est en danger d'être anéanti si nous nous bornons à la recherche d'un savoir à la certitude bien établie..."

   L'examen des questions qui se posent à l'homme, des réponses possibles que l'esprit peut leur apporter conduit également à s'interroger sur les voies permettant de mener à de telles conclusions. La philosophie tente de ce fait de cerner l'essence de chacune des activités humaines l'amenant à connaître et à agir, c'est-à-dire les caractéristiques spécifiques, originales de chacune de ces activités, celles qui les distinguent des autres, avec leurs possibilités, leurs finalités, leurs limites. C'est ainsi qu'elle réfléchit sur elle-même et donc sur les capacités de la raison en vue de se poser avec pertinence les bonnes questions et sur la valeur et la portée des réponses imaginées; qu'elle s'interroge sur la nature exacte de la politique, de la morale, de l'art, de la science, de la technique, de la religion. La philosophie, dans sa quête raisonnée de réponses aux énigmes de l'existence, doit, par exigence méthodologique, cerner de manière rigoureuse et critique les fonctions des différents domaines de la culture.

   Aristote faisait de la capacité d'étonnement la vertu majeure du philosophe. Ce dernier conserve la fraîcheur de l'enfant de trois ans qui sans cesse s'émerveille et s'étonne face à sa découverte du monde. Pour l'enfant, il n'y a rien d'évident, de naturel, il n'y a rien qui va de soi. Le philosophe est quelqu'un qui a toujours une âme d'enfant  mais avec l'esprit d'un adulte. Il incarne l'union de l'émerveillement et de la rigueur de la raison. C'est très exactement ce que rappelle Russell dans ce texte: " La valeur de la philosophie doit en réalité résider dans son caractère incertain même. Celui qui n'a aucune teinture de philosophe traverse l'existence, prisonnier des préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps et à son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le consentement de la raison.

   Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident: les objets ordinaires ne font pas naître des questions et les possibilités peu familières sont rejetées avec mépris. Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au contraire, nous voyons... que même les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très incomplètes. La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celles-ci de la tyrannie de l'habitude. Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure, elle accroît énormément notre connaissance d'une réalité possible et différente; elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais parcouru la région du doute libérateur, et elle garde intact notre sentiment d'émerveillement en nous faisant voir les choses familières sous un aspect nouveau".

   Comme on le voit, la philosophie a, en-dehors de toute autre considération, un intérêt spirituel. Sur ce plan, son utilité est comparable à celle que peuvent présenter les arts. La musique, la peinture, la poésie etc., n'ont aucune utilité pratique. mais ils nous permettent de nous arracher au monde du quotidien, de nous émerveiller, de nous faire goûter les joies de l'esprit face à ces mondes prodigieux que crée l'artiste. Il en va de même du philosophe, qui par la rigueur de ses pensées, par leur radicalité nous fait pénétrer dans des mondes ignorés, nous dévoile des horizons insoupçonnés qui, à vrai dire sont sans doute la matrice du réel authentique, celui qui échappe à l'action et à la réflexion ordinaires, accaparées par les soucis pratiques et les limites offertes par la perception et le bon sens.

   Les analyses qui précèdent soulignent que la réflexion philosophique n'est pas à même d'apporter des réponses mais en revanche qu'elle a pour mission de prendre conscience et donc de poser les questions  que soulèvent le destin de l'homme et de l'univers au sein duquel ce destin s'insère. Platon, dans le "Banquet" cernait bien le problème lorsqu'il prêtait à un de ses personnages, Diotime, dans son dialogue avec Socrate, les propos suivants en vue de définir la nature et les objectifs de la philosophie: "Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l'est: et en général, si l'on est savant, on ne philosophe pas; les ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants; car l'ignorance a  précisément ceci de fâcheux que, n'ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on s'en croit suffisamment pourvu. Or, quand on ne croit pas manquer d'une chose, on ne la désire pas". Je demandai (Socrate): "quels sont donc, Diotime, ceux qui philosophent, si ce ne sont ni les savants, ni les ignorants?".

   "Un enfant même, répondit-elle, comprendrait tout de suite que ce sont ceux qui sont entre les deux...".

    Ces remarques rejoignent la réflexion polémique de Schopenhauer (XIX° siècle) qui proclamait que "plus un homme est inférieur par l'intelligence, moins pour lui, l'existence a de mystère". Nietzsche ajoutait de manière plus directe encore que le but de la philosophie consistait à lutter contre la bêtise, cete absence de réflexion qui conduit trop souvent à une forme indue et désolante de contentement de soi. Lutter contre la bêtise: vaste programme. C'est précisément celui que propose la réflexion philosophique.

4 COURS: IL EST INDISPENSABLE DE PHILOSOPHER TOUTE SA VIE.

Publié le 12/02/2012 à 10:18 par cafenetphilosophie Tags : heureux homme vie nature soi

  Lors du précédent billet, nous évoquions les critiques de ce personnage de Platon, Calliclès et qui exprimait un point de vue opposé à celui-ci. La philosophie pouvait avoir une utilité lors de la formation des jeunes afin de développer leur aptitude à la réflexion et au raisonnement, mais ensuite, avec l'entrée dans la vie "sérieuse" ou adulte, non seulement elle n'a plus aucune utilité mais elle devient tout au contraire un facteur d'inadaptation à la vie ordinaire. Ce jour, nous présentons une analyse sensiblement différente en nous appuyant pour l'essentiel sur les points de vue développés par Epicure, philosophe grec du III° siècle av JC ainsi que par Descartes (XVII° siècle).

 

    Cette analyse (celle de Calliclès), qui semble relever du simple bon sens, comporte à la réflexion plusieurs insuffisances majeures. Elle est, en efet, centrée sur les meilleurs moyens en vue de parvenir à ses fins. Or, quelle est la fin ultime que poursuit tout homme, si ce n'est le bonheur, son bien ou tout au moins les satisfactions les plus hautes que peut lui apporter l'existence? "Tous, tant que nous sommes, nous voulons être heureux" proclame Platon. Pour ce faire, il nous faut réfléchir sur les objectifs que nous devons nous fixer ainsi que sur les meilleurs moyens pour y parvenir. Fins et moyens n'ont rien d'évidents.

    A ce titre, cette réflexion n'est pas réservée à la période de jeunesse. Qui ne voit que chaque période de la vie soulève des problèmes spécifiques? Ceux de l'adolescence, ceux de l'entrée dans la vie active, ceux liés à la fondation d'un foyer, ceux de la maturité, de la retraite, de la vieillesse ne sont pas à l'évidence de même nature. L'exigence de réflexion s'avère donc permanente. C'est bien ce que soutient Epicure dans sa célèbre "Lettre à Ménécée": "Quand on est jeune il ne faut pas hésiter à s'adonner à la philosophie, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser d'en poursuivre l'étude. Car personne ne peut soutenir qu'il est trop jeune ou trop vieux pour acquérir la santé de l'âme. Celui qui prétendrait que l'heure de philosopher n'est pas encore venue ou qu'elle est déjà passée, ressemblerait à celui qui dirait que l'heure n'est pas encore arrivée d'être heureux ou qu'elle est déjà passée. Il faut donc que le jeune homme aussi bien que le vieillard cultivent la philosophie...".

   Mais dira-t-on, l'éducation, l'expérience personnelle pourvoient à cette quête sans passer par la philosophie. Or, le philosophe se refuse à penser par procuration ou bien à se fier à une expérience bien limitée de la vie. Il veut penser par lui-même et à cet effet a recours à la réflexion rationnelle, à cette "lumière naturelle" qui peut et doit nous éclairer dans nos choix. Telle est la voie proposée par Descartes dans la "Préface aux principes de la philosophie": "... Pour chaque homme en particulier, il n'est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s'appliquent à cette étude, mais qu'il est incomparablement meilleur de s'y appliquer soi-même, comme sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, que non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d'un autre; mais ce dernier est encore meilleur que de les tenir fermés et n'avoir que soi pour se conduire. Or, c'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher; et le plaisir de voir toutes choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos moeurs et nous conduire en cette vie, que n'est l'usage de nos yeux pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n'ont que leur corps à conserver, s'occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir; mais les hommes, dont la principale partie est l'esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture...".

3 COURS : LES DETRACTEURS DE LA PHILOSOPHIE (CALLICLES)

Publié le 09/02/2012 à 07:57 par cafenetphilosophie Tags : nature jeune bonne homme moi société enfant livre

     L'enseignement de la philosophie déçoit les lycéens qui attendent de cette étude     des réponses aux questions qu'ils se posent. La philosophie ne leur apportera pas des réponses mais de nouvelles questions ou plus précisément de nouvelles manières de se poser des questions et de réfléchir de manière critique sur nos tentatives de réponses. Bref, la philosophie n'est pas un savoir universel dans ses conclusions et s'imposant à tous les esprits comme peuvent l'être par exemple les sciences de la nature ou les mathématiques.

   C'est bien ce que lui reprochent ses détracteurs. Cette impuissance à nous apporter des réponses certaines, cette stérilité la rendraient vaine et pour tout dire inutile. Toute la question est de savoir ce qu'on entend par utilité. Spontanément, l'utilité répond à la question brutale "A quoi cela sert-il?". Afin de vivre le mieux possible, nous sommes tentés de croire qu'il importe de connaître l'expérience des générations passées, de bien s'intégrer dans la société au sein de laquelle on vit, et donc d'en connaître les usages, les lois, voire les moyens de contourner ces dernières lorsque cela nous arrange, de se situer le plus haut possible dans la hiérarchie sociale, d'acquérir le plus de plaisirs possible sans s'embarrasser de principes contraignants, et pour préparer tout cela de recevoir une bonne éducation où la philosophie peut éventuellement avoir sa place si elle favorise notre agilité d'esprit.

 Tel est d'ailleurs le point de vue soutenu par Calliclès, personnage d'une oeuvre de Platon, "Gorgias" et qui exprime la thèse de l"opinion commune à propos de l'utilité de la philosophie en s'opposant à celle de Socrate, qui incarne la philosophie, qui en est son héraut: "La philosophie, Socrate, n'est sans doute pas sans charme, si l'on s'y livre avec modération dans la jeunesse: mais si l'on s'y attarde au-delà d'une juste mesure, c'est une calamité. Quelque bien doué que soit un homme, s'il continue à philosopher dans son âge mûr, il est impossible qu'il ne se rende pas étranger à toutes les choses qu'il faut connaître pour devenir un homme bien élevé et considéré.

  Le philosophe ignore les lois qui régissent la cité; il ignore la manière dont il faut parler aux autres dans les affaires privées et publiques; il ne sait rien des plaisirs ni des passions, et, pour tout dire d'un mot, sa connaissance de l'homme est nulle. Aussi, quand il se trouve mêlé à quelque affaire publique ou privée, il fait rire de lui, de même que les hommes d'Etat, je suppose, lorsqu'ils abordent vos entretiens et vos discussions, sont ridicules...

  Mais le mieux, suivant moi, est de n'être étranger ni aux unes ni aux autres. La philosophie est bonne à connaître dans la mesure où elle sert à l'éducation, et il n'y a pas de honte, quand on est jeune, à philosopher. Mais l'homme mûr qui continue à philosopher fait une chose ridicule, Socrate, et pour ma part j'éprouve à l'égard de ces gens-là le même sentiment qu'à l'égard d'un homme fait qui bégaie et qui joue comme un enfant. Quand je vois un enfant qui bégaie et qui joue, c'est de son âge, j'en suis ravi, je trouve cela charmant, tout à fait convenable à l'enfance d'un homme libre; tandis que si j'entends un bambin s'exprimer avec netteté, cela me chagrine, cela blesse mon oreille et me paraît avoir quelque chose de servile. Un homme fait qui bégaie et qui joue est ridicule; ce n'est pas un homme, on a envie de le fouetter." 

2 COURS DE PHILOSOPHIE: LE ROLE DE LA RAISON.

Publié le 06/02/2012 à 16:58 par cafenetphilosophie Tags : livre société dieu mort nature roman homme pensée vie monde littérature

     Ce billet fait suite à celui consacré à la "philosophie spontanée":

  

  Nous comprenons un peu mieux en quoi consiste la philosophie. L'étymologie d'une part, ses origines historiques d'autre part vont en préciser le sens. Philosophie signifie étymologiquement "amour ou quête (philo) de la sagesse (sophia)". Traditionnellement, la sagesse est un ensemble de savoirs, souvent réputés être détenus par des anciens ou par les générations précédentes, ceux qui ont l'expérience de la vie et qui a pour objet de nous guider dans notre existence, de savoir comment nous comporter afin de l'assumer de la meilleure manière et de nous apporter le plus de satisfactions possibles. Toutes les civilisations ont élaboré des sagesses ainsi comprises, souvent inspirées, pour l'essentiel, des croyances religieuses dominantes. C'est le cas par exemple de la sagesse hindoue, inspirée par la religion dominante et reposant sur les "Védas", livre sacré.

  Or, la philosophie est traditionnellement considérée comme étant l'invention des grecs du V° siècle avJC. Cette civilisation aurait inventé la philosophie comme elle aurait inventé la démocratie et les mathématiques. Cette affirmation peut étonner alors même que nous savons bien qu'il existe des sagesses antérieures très riches, au même titre que la plupart des civilisations antérieures aux grecs du V° siècle possédaient des connaissances mathématiques comme peuvent en témoigner leurs réalisations architecturales souvent remarquables ou bien encore leurs connaissances cosmologiques leur permettant de dresser des cartes du ciel ou d'élaborer des calendriers.

   D'où vient alors cet honneur réservé aux grecs de cette époque? Ils ont inventé les mathématiques dans la mesure où une proposition est considérée comme telle si elle peut faire l'objet d'une démonstration. Les Grecs ont inventé la démonstration. Jusque là, les connaissances mathématiques avaient pour sources l'expérience, l'observation, bref étaient à ce titre de nature empirique.

  Il en va de même à propos de la philosophie. La sagesse élaborée ne repose plus sur la tradition, sur des croyances religieuses, sur l'expérience de la vie, mais sur une réflexion exclusivement rationnelle. Est-ce à dire que la raison nous délivre un savoir en la matière ou simplement des croyances rationnelles? Les conclusions ont été variées sur ce point. Mais ce qui demeure commun à tous les philosophes, qu'ils fassent confiance à la raison afin de parvenir à élaborer une sagesse ou bien qu'ils critiquent ses possibilités ou la remettent radicalement en cause, tous l'utilisent afin de parvenir à leurs conclusions.

  Cependant, au cours de cette démarche, tous se sentent profondément concernés par la recherche d'une forme de vérité. Leur démarche n'est pas qu'intellectuelle. Elle est mue par une grande passion. Tous utilisent la raison dans leur "quête", même lorsqu'ils en contestent leur validité en vue de parvenir à des conclusions. C'est en ce sens que la philosophie a pu être définie comme un "amour ou une quête " de la sagesse, entendue comme une démarche guidée par la raison et alimentée par une grande passion en vue de tenter de dévoiler le sens de l'aventure humaine et au-delà, de la réalité dans laquelle elle se voit insérée.

   On comprend dès lors l'originalité du discours philosophique. Ce dernier se donne pour fonction d'expliciter et de justifier ces fameux principes premiers, ces racines, ces fondements qui conduisent à ordonner toutes nos conclusions dans quelque domaine que ce soit, à leur donner cohérence et rigueur, à les relier entre elles, à leur donner ainsi  un caractère systématique. A ce titre, la philosophie se distingue de la simple littérature, y compris celle qui s'engage, qui exprime des convictions religieuses, politiques, morales etc. à l'occasion d'un roman, d'une pièce de théâtre, d'une autobiographie, d'un récit historique etc. car l'ensemble des idées émises au fil des pages ne revêtent pas ce caractère systématique, ordonné et exclusif de toute autre considération, notamment esthétiques ou romanesques. La philosophie qui y est contenue doit être explicitée, synthétisée, mise en perspective.

   A plus forte raison, la philosophie ainsi définie se distingue-t-elle des simples opinions héritées de notre éducation ou expérience personnelle, de ce que nous avons appelé la philosophie spontanée. Kant qualifiait à juste titre cette dernière de "philodoxie", c'est-à-dire d'ami (philo) de l'opinion (doxa). Car il n'y a pas de philosophie véritable sans une réflexion menée sur les fondements de nos opinions et conduite par la raison. Nos opinions ne sont plus alors considérées comme telles mais comme une forme de savoir, contestable certes, mais néanmoins un savoir si nous entendons par là des affirmations dont nous connaissons les justifications ultimes ou les fondements ainsi que la cohérence de leurs énoncés dans la diversité des domaines sur lesquels nous nous prononçons.

  Au XVIII° siècle, Kant a proposé de regrouper les questions philosophiques, autour de trois pôles: Que puis-savoir? Que dois-je faire? Que m'est-il permis d'espérer? Il ajoutait que ces trois questions essentielles pouvaient elles-mêmes se résumer par celle-ci: Qu'est-ce que l'homme?

    Que puis-je savoir? Autrement dit, quelles sont les capacités de la pensée humaine en vue de répondre aux questions qu'elle se pose sur les mystères de la nature et en particulier sur les possibilités et les limites de la science, sur le sens de la destinée humaine, notamment la mort, sur l'existence ou non d'un ou de plusieurs dieux, sur les origines de l'univers, des organismes vivants, sur la nature de l'esprit etc.

  Que dois-je faire? Il s'agit ici de toutes les questions relatives au bonheur individuel, aux valeurs morales, aux objectifs politiques, aux problèmes de société comme le clonage, l'euthanasie, l'homoparentalité, la peine de mort, l'utilisation des techniques nouvelles par exemple l'énergie nucléaire ou les OGM etc.

  Que m'est-il permis d'espérer? Cette question est relative au sens de l 'existence.  Que peut-on en attendre? Les valeurs morales les plus hautes, la beauté, les plaisirs sensibles, les joies de la connaissance, le bonheur d'aimer et d'ête aimé et reconnu etc., tout cela renvoie-t-il à un sens qui nous dépasse, à une transcendance, à une espérance fondée que tout mal, c'est-à-dire tout ce qui détruit ces sources  sens est appelé à être surmonté, la mort en particulier? Ou bientout cela est-il éphémère, sans réelle signification au-delà de la sphère humaine, le mal ayant toujours le dernier mot et nos préoccupations, nos raisons de vivre étant dérisoires au regard du vaste monde au sein duquel elles s'inscrivent?

  Ces dernières questions touchent donc à des préoccupations religieuses. Mais la démarche philosophique, dans son souci d'élaborer son discours en ayant recours à la raison et non à la foi ou à des croyances quelconques, qu'elle qu'en soit la nature, fût-ce la croyance en l'incroyance comme le dit Nietzsche, reprend  de telles questions mais à sa manière. Il s'agit alors de ce qu'on a coutume de désigner comme étant les questions métaphysiques. Ces questions sont les plus radicales, celles qui vont le plus loin dans le questionnement, qui soulèvent le problème du "pourquoi", de la raison d'être de toutes choses, de leur nature intime, de leur valeur, de leur sens relativement à l'aventure humaine. A cet égard, tout questionnement philosophique qui va jusqu'au bout de son entreprise, qui ne s'arrête pas en chemin, aboutit forcément aux questions métaphysiques.

   Gusdorf, philosophe français du XX°siècle, définit ainsi le questionnement métaphysique: " Chaque fois qu'on interprète la nature de l'homme et son destin, chaque fois qu'on émet une hypothèse sur la réalité de l'univers, chaque fois que l'on parie  pour Dieu ou contre lui, on extrapole, on se prononce sur les fins dernières de l'homme. On donne un sens à , en posant la question du "pourquoi" et non plus celle du "comment. Il ne semble pas que cette question puisse jamais être dépassée..."

  Remarquons qu'à l'origine, le terme de "métaphysique" est né de circonstances anecdotiques. Aristote, philosophe du V°-IV° siècles avant JC, après avoir remis à son éditeur des études sur la nature, sur la "phusis" en grec, lui avait confié  les réflexions proprement philosophiques soulevées par cette dernière et portant sur les raisons d'être de cette "phusis". En conséquence, l'édteur dénomma ces dernières considérations comme ce qui vient "après la phusis", comme "métaphusis" ou métaphysique. La tradition conserva ce terme pour signifier toute démarche philosophique s'interrogeant sur les raisons  de toutes choses, sur leur existence ou non d'abord et s'il y a lieu, sur leur nature.

 

1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.

Publié le 03/02/2012 à 07:41 par cafenetphilosophie Tags : soi vie monde homme histoire mort travail actualité

Ces propos sont censés s'adresser à un public de terminales qui découvre cette nouvelle discipline:

 

  La philosophie est pour vous une discipline nouvelle. Vous avez peut-être remarqué qu'elle suscite dans votre entourage à la fois curiosité mais aussi moqueries diverses. De la curiosité car nombreux sont ceux qui pressentent qu'elle touche à des questions essentielles sans savoir exactement lesquelles. Des moqueries, car le philosophe est réputé pour être une personne souvent indaptée à la vie ordinaire, se posant des questions éloignées des préoccupations de la vie quotidienne et proposant des réponses complexes et incompréhensibles pour le commun des mortels.

   Afin de dissiper tout malentendu, partons d'un constat simple: vous-mêmes et toutes les personnes que vous connaissez possèdent des opinions dans des domaines très variés. Qu'elles soient croyantes, athées, indifférentes, toutes se prononcent à leur manière sur les questions religieuses et sur le sens de l'existence humaine. Même si elles  n'ont pas d'engagement politique ou syndical précis, toutes ont des préférences en la matière et portent des appréciations sur l'actualité.  Chacun d'entre nous se réfère à des valeurs morales lorsque nous admirons ou nous nous scandalisons sur tel ou tel comportement, lorsque nous nous prononçons sur des questions sensibles comme la peine de mort, l'euthanasie, la protection de l'environnement, les moeurs sexuelles etc. Toutes ces opinions sont guidées par une certaine idée du bien et du mal, par des convictions intimes, héritées certes de notre éducation, de notre milieu, mais que nous avons fait nôtres. L'ensemble de ces opinions, que nous estimons sincèrement justifiées, qui guident et structurent notre vie, constitue une philosophie. A ce titre, tout homme est philosophe et fait de la philosopie comme monsieur Jourdain faisait de la prose, c'est-à-dire sans le savoir.

   L'ensemble de ces opinions constitue une philosophie spontanée. Cela ne signifie pas que les personnes concernées ne réfléchissent pas mais leurs opinions sont la plupart du temps assises sur la tradition, l'éducation reçue, l'expérience vécue, les influences subies et non sur une réflexion systématique et personnelle qui mettrait en relation ces différentes opinions et les rattacherait à des principes communs et mûrement réfléchis et qu'on a coutume de désigner par le nom de fondements. Non seulement ces opinions sont atomisées, indépendantes les unes des autres mais elles ne trouvent pas leurs justifications, leur cohérence, leur unité par rapport à des principes premiers dont nous sommes conscients, qui résultent de notre réflexion personnelle et auxquels nous adhérons de manière réfléchie et raisonnée.

  En revanche, si nous effectuons cette démarche de retrouver les racines communes de l'ensemble de nos opinions, d'une philosophie spontanée, inconsciente d'elle-même, nous sommes passés à une philosophie explicite, consciente d'elle-même, bref à une posture intellectuelle à laquelle on réserve habituellement le nom de philosophie.

 Voici ce qu'écrit Gramsci, philosophe italien du XX° siècle à ce propos: "Il faut détruire le préjugé fort répandu selon lequel la philosophie serait quelque chose de très difficile, étant donné qu'elle est l'activité intellectuelle propre d'une catégorie déterminée de savants spécialisés  ou de philosophes professionnels et faiseurs de systèmes. Il faut donc démontrer au préalable que tous les hommes sont "philosophes", en définissant les limites et les caractères de cette "philosophie spontanée" qui est celle de "tout le monde", autrement dit de la philosophie qui est contenue: 1) dans le langage même, lequel est un ensemble de notions et de concepts déterminés, et non pas un ensemble de mots grammaticalement vides de contenu; 2) dans le sens commun et le bon sens; 3) dans la religion populaire...

  Ayant démontré que tous les hommes sont philosophes, fût-ce à leur manière propre, inconsciemment, dès lors que dans la plus petite manifestation d'une activité quelconque, le "langage", se trouve contenue une conception déterminée du monde, on passe au second momennt, au moment de la critique et de la conscience, c'est-à-dire qu'on passe à la question suivante: est-il préférable de "penser" sans en avoir une conscience critique, d'une façon désagrégée et occasionnelle, c'est-à-dire de "participer" à une conception du monde "imposée" mécaniquement par le monde extérieur, autrement dit par l'un des nombreux groupes sociaux dans lesquels chacun se voit automatiquement impliqué depuis son entrée dans le monde conscient... ou bien est-il préférable d'élaborer sa propre conception du monde de façon consciente et critique et ainsi, en connexion avec ce travail que l'on doit à son propre cerveau... de participer activement à la production de l'histoire du monde, d'être le guide de soi-même au lieu d'accepter passivement et lâchement que le sceau soit mis de l'extérieur à notre propre personnalité"?