les limites de la connaissance
Partager mes réflexions sur le sens de l'univers et de l'existence, les limites de la connaissance..
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Date de création : 28.08.2011
Dernière mise à jour :
26.09.2019
124 articles
center;">La renaissance du temps article 12 chapitre 19 conclusion (Le futur du temps)
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
https://fr.artquid.com/artwork/432029/ruban-du-temps-infini-inter-galactique.html |
Mes articles: La renaissance du temps article 1: (Partie II chap. 8) Einstein insatisfait - L'erreur et le dilemme cosmologique Autres liens: http://www.philipmaulion.com/article-bienvenu-au-moment-present-de-lee-smolin-117515126.html: Bienvenue au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin.
Lee Smolin et Roberto Mangabeira Unger ont construit un ensemble d'hypothèses constituant une philosophie de la nature 1 :
« La gravitation quantique à boucles décrit l’espace comme un réseau dynamique de relations »2. Grosso modo, l'espace-temps ne serait pas continu et uniforme, mais granulaire et discontinu. Il existerait un espace et un temps indivisibles. Cette théorie simple à se représenter et élégante a fait ses preuves sur plusieurs points de vue, comme l'explication des aires et des volumes en géométrie, mais laisse à désirer encore sur la dynamique Dans son livre The Life of the Cosmos, Smolin propose d'appliquer la sélection naturelle à la cosmologie, de sorte que l'univers que nous connaissons serait le résultat de l'évolution par mutation d'univers plus anciens. C'est la théorie des univers féconds. Smolin avance qu'un univers pourrait en engendrer un autre lors de la formation d'un trou noir. Les constantes fondamentales de la physique, comme la célérité de la lumière dans le vide, seraient différentes d'un univers à l'autre.
(Time Reborn: From the Crisis in Physics to the Future of the Universe) |
La renaissance du temps le livre numérique: https://books.google.fr/books?id=O3z1nXjcDu4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
http://www.drgoulu.com/2015/01/28/la-renaissance-du-temps/#.WEuqNNThA_7 (la renaissance du temps 1/2)
http://www.drgoulu.com/2015/12/31/la-renaissance-du-temps-22/ (la renaissance du temps 2/2)
http://medias.dunod.com/document/9782100706679/Feuilletage.pdf (la renaissance du temps Dunod: quelques pages à feuilleter)
https://monblogdereflexions.blogspot.com/2018/12/la-gravitation-quantique- La gravitation quantique à boucles avec Carlo Rovelli: Pour s'initier avec quelques sites.
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/la-mecanique-quantique-est-en-171058 (la mécanique quantique est en crise par Bernard Dugué)
http://www.paris8philo.com/article-33714241.html: à propos de rien ne va plus en physique: "billet de Jean Zin, pour une physique pluraliste, qui nous paraît essentiel pour comprendre les enjeux des théories physiques actuelles qui souvent tendent vers l'impossible, hors toute avancée, toute brèche se fait par dissymétrie, sans souci du qu'en-dira-t-on il suffit de voir l'attitude de Grigori Perelman, si non-chalante vis-à-vis de la communauté scientifique, ou devrait-on dire l'etablishment. Jean Zin reste un grand guetteur de ce qui se passe en science, nous vous recommandons ses articles."
articles que j'ai écrit sur l'information au cours de ma lecture du livre des frères Bogdanov "au commencement du temps":
Avec les frères Bogdanov: Au commencement du temps 4-9 partie 2) L'Univers information deuxième partie
Avec les frères Bogdanov: Au commencement du temps 4-9 partie 1) L'Univers information première partie
monblogdereflexions.blogspot.com: équation du tout et... information
avec les frères Boddanov: Au commencement 4-8) au fond d'un trou noir
1) Préambule:
Ceci est la suite des articles de mon blog à propos des univers multiples d'Aurélien Barrau pour les quels je retiens ici les commentaires utiles:
-Mon article 1: D'après Aurélien Barrau, Univers multiples Chap 1): les propositions nouvelles face aux problèmes:et paradoxes de la physique "peuvent constituer une "pulsion inchoactive" qui poussera vers une découverte sans précédent ou bien vers un réenchantement de ce que l'on savait déjà sans en avoir pris la "dé-mesure" et finalement vers une nouvelle sacralisation du "monde".
-Mon article 2: D'après Aurélien Barrau, Univers multiples. La gravitation quantique chap. 9 L) Voir la Conclusion: [...] aujourd'hui, la physique est en crise, le monde est en crise. Avec Lee Smolin et son "rien ne va plus en physique", Carlo rovelli Parle de la schizophrénie bipolaire des physiciens (voir une révolution inachevée). La vision anthropique de Trin Xhuan Thuan et la vision biblique du monde, qui s'origine dans les mythes de l'Un et de l'ordre, émergeant du Chaos initial, semblent exclus de la vision de bien des physiciens et cosmologues qui découvrent, comme l'a fait Jean Pierre Luminet, que l'Univers ne peut avoir été infiniment dense et donc que le big bang ne peut avoir été tel qu'on se l'imaginait depuis de nombreuses décennies. La possibilité d'un avant big bang a été mise en évidence avec un (ou des?) univers précédent qui se serait condensé jusqu'à une taille extrêmement petite mais non nulle et qui aurait "rebondi" en un big bounce pour donner notre Univers actuel en expansion après le phénomène d'inflation cosmique. Un des derniers rebondissements de ces recherches, avec Lee Smolin, pourrait bien aboutir avec sa "renaissance du temps" à une solution de la contradiction entre la physique quantique et la théorie de la relativité. A priori, ce serait une théorie unifiée des interactions fondamentales.
2) La renaissance du temps, mes précédents articles - résumé.
Nous avons vu dans -à propos d'Aurélien Barrau chap.9 (mon article 2)- que de nombreuses théories nouvelles ou hypothèses proposent l'unification de la physique ou tout au moins des explications aux dilemmes et paradoxes que la cosmologie moderne a mis en évidence.
Puis, dans mes articles sur "la renaissance du temps" (voir l'article 1 chapitre 8), nous avons vu que Lee Smolin prévient: Le paradigme newtonien ne peut même pas apporter un embryon de réponse à ces questions et dilemmes: Pourquoi ces lois? Pourquoi ces conditions initiales de l'univers? Quel mécanisme les a t-il sélectionnées parmi une multitude infinie de possibilités? etc. Il appelle "erreur cosmologique" (voir mon article 1 chapitre 2), le fait d'appliquer à l’Univers entier dans sa globalité des lois établies et vérifiées sur des sous-systèmes. Dans le paradigme newtonien, ce que nous appelons une loi doit s'appliquer dans tous les cas. Mais l'application d'une loi à n'importe quel morceau d'univers implique une approximation, parce que nous devons négliger toutes les interactions entre ce morceau et le reste de l'univers. Donc les applications vérifiables d'une loi sont toutes des approximations. Lee Smolin fait remarquer en particulier que les lois se vérifient sur beaucoup de sous-systèmes. Mais si on veut appliquer une loi de la nature sans approximation, c'est à l'univers entier qu'il faudrait l'appliquer, alors que nous n’avons qu’un seul Univers sous la main. Et un seul cas n'apporte pas suffisamment d'indices pour justifier l'affirmation qu'une loi particulière de la nature s'applique. C'est ce que Lee Smolin appelle le dilemme cosmologique (faire de la physique dans une boite: on considère un petit sous-système isolé du reste de l’univers dans lequel on néglige certains effets pour ne s’intéresser qu’à certaines variables qui définissent un espace de configuration, atemporel. ). Et pourquoi cette loi et pas une autre? De plus, beaucoup de théories cosmologiques (théorie des cordes, équation d’Einstein …) admettent en réalité une infinité de solutions, parmi lesquelles une seule correspond à notre univers. Doit-on se résoudre à admettre l’existence d’une infinité d’Univers inaccessibles pour pouvoir justifier le notre par un principe anthropique?
Nous pensions, dit Lee Smolin, savoir comment répondre à ces questions. Une théorie unique mathématiquement cohérente pourrait incorporer les 4 lois fondamentales de la nature. Mais cet espoir a été anéanti. On se trouve face à ce qu'il appelle "le défi cosmologique". On vient de voir qu'il faudrait étendre la science à une théorie de l'Univers entier. Le défi est qu'il ne peut pas exister de composante statique qui puisse servir de cadre de référence, car tout dans l'Univers change et il n'existe aucun extérieur., rien qui puisse être qualifié de fond par rapport auquel les mouvements du reste de l'Univers (que nous négligeons). Or, toutes les théories physiques divisent le monde en deux parties, une partie « dynamique », qui change, et une statique, qui contient un « fond » de choses immuables, comme les constantes fondamentales. Le « défi cosmologique » consiste à formuler une théorie de l’univers « indépendante du fond », purement dynamique afin de ne rien supposer d’extérieur à l’Univers: "Lorsqu’on fait de la « physique dans une boite », le « fond » comprend notamment les conditions initiales, et la méthode expérimentale permet de contrôler les conditions initiales afin de s’assurer que les lois sont indépendantes de ces conditions. En cosmologie, cette distinction entre « lois » et «conditions initiales » aggrave le problème qu’elle résout « dans une boite » : si nos observations du fond diffus cosmologique ne correspondent pas bien à la théorie de l’inflation cosmologique, faut-il corriger la loi ou les conditions initiales? Smolin critique aussi les théories effectives qui décrivent bien ce qui se passe à une certaine échelle de grandeur, mais en négligeant l’influence de ce qui est beaucoup plus grand ou plus petit." Pour Smolin, la théorie issue du défi cosmologique doit tenir compte de tout, sans rien négliger."
J'ai poursuivi "ma lecture" avec l'article 2 (le défi cosmologique chapitre 9), l'article 3 (Nouveaux principes de cosmologie chapitre 10), l'article 4 (les lois évolutives chapitre 11), l'article 5 (la mécanique quantique et le libération de l'atome chapitre 12), l'article 6 (le combat de la relativité et du quantum chapitre 13). Puis j'ai fait une pause pour approfondir l'interprétation non dominante de la mécanique quantique de Bohm dans La physique quantique version variables cachées et le dialogue Bohm et Krishnamurti.
-L'article 7 (La renaissance du temps par la relativité chapitre 14) conclut par: "La notion globale de temps que nous venons de voir implique qu'en chaque événement il existe un observateur privilégié dont l'horloge mesure la passage du temps. Mais il n'y a aucun moyen de le choisir par une mesure qu'on pourrait faire dans une petite région, ce qui confirme le principe de relativité à des échelles plus petites que celle l'univers. Ce choix d'un temps global particulier est déterminé par la façon dont est distribuée la matière dans l'univers. La dynamique des formes constitue donc "un pont" entre le principe de relativité et le temps global qu'exigent les théories telles que celle à laquelle aspire Lee Smolin avec des lois évolutives ou celles qui expliquent les phénomènes individuels au moyen de variables cachées. Il y a une grandeur par contre qui n'a pas le droit de changer lorsqu'on agrandit ou qu'on rapetisse les échelles, c'est le volume de l'univers à chaque instant, même s'in évolue au cours du temps. Ceci donne donc un sens à la taille totale de l'univers et à son expansion et nous fournit une horloge physique universelle. LE TEMPS VIENT D'ÊTRE REDECOUVERT".
-Dans l'article 8 (l'émergence de l'espace chapitre 15), nous avons abandonné provisoirement le temps pour examiner l'espace. Le Dr Goulu nous le présente ainsi: "Ce long chapitre est le plat de résistance du livre. C’est là que ça passe où ça casse, et j’ai mis plus de deux semaines à le digérer avec peine. Il commence très fort: L’aspect le plus mystérieux du monde est juste sous nos yeux. Rien n’est plus banal que l’espace, et pourtant lorsque nous l’examinons de près, rien n’est plus mystérieux. Je crois que le temps est réel et essentiel à une description fondamentale de la nature. Mais je crois probable que l’espace va s’avérer n’être qu’une illusion. [...] Selon Smolin, l’existence d’un temps réel est indispensable pour réconcilier les deux pans de la physique, mais l’espace ne l’est pas. Parmi les théories ayant exploré l’idée que l’espace émerge d’une structure de graphe plus fondamentale, la première est la “triangulation dynamique causale” [...].
-L'article 9 a débuté avec une synthèse (chapitre 3) effectuée par le DrGoulu du chapitre 16 (vie et mort de l'univers) du livre de Lee Smolin: "La vision intemporelle de la physique basée sur le paradigme de Newton a montré son impuissance face aux questions les plus basiques de l’univers : pourquoi est-il intéressant (…) au point que des créatures comme nous puissions y être et nous en émerveiller ? Mais si nous adoptons la réalité du temps, nous rendons possible une physique asymétrique par rapport au temps dans laquelle l’univers peut naturellement faire évoluer de la complexité et de la structure. Et ainsi nous évitons le paradoxe d’un univers improbable".
Après avoir étudié au chapitre 3-2 (de cet article) La physique moderne et la thermodynamique, s'est posée (au chapitres 3-3) la question: "notre univers est-il en équilibre"? La réponse étant négative nous avons examiné au chapitre 3-4 la question de la flèche du temps et le problème qu'elle pose (son illusion?). Puis nous avons effectué au chapitre 3-5) un retour à la question qui a été à l'origine de la réflexion de Lee Smolin: le temps est-il fondamental? Est-il asymétrique? En effet, si nous avons besoin de conditions initiales asymétriques pour expliquer notre univers alors que les lois de la nature sont temporellement symétriques, cela n'affaiblit-il pas l'argument en faveur d'un temps irréel, qui n'existe pas, comme le présente la cosmologie moderne (Carlo Rovelli dit: "il faut oublier le temps")? Au chapitre 5 nous avons réexaminé une réflexion qui est présente dans notre questionnement depuis le début du livre de Lee Smolin (et donc dans mes articles): Pouvons-nous dire de notre univers qu'il est improbable (en raison de l’ajustement fin qui réfère à l’étonnante précision des constantes physiques de la nature et de l’état premier de l’Univers)? En effet, pour expliquer l’état présent de l’univers, même la meilleure théorie scientifique suppose que les constantes physiques de la nature et l’état premier de l’Univers aient des valeurs extrêmement précises. Pour Lee Smolin, la seule façon d'échapper à l'erreur cosmologique et au paradoxe d'un univers improbable est de baser l'explication de la complexité et du fait que l'univers a un richesse intéressante sur une physique qui soit temporellement asymétrique, qui rend de fait l'univers inévitable plutôt qu'improbable et d'adopter la réalité du temps.
-Dans l'article 10 "La renaissance du temps par la chaleur et la lumière" (chapitre 17)" Lee Smolin conclut ce chapitre par: Cela ne contredit pas la deuxième loi de la thermodynamique, mais seulement son interprétation naïve.
*La loi disant que l'entropie devrait normalement augmenter traduit juste le fait que plus il y a de façons de que quelque chose se produise, plus cette chose sera probable. Les systèmes thermodynamiques normaux finissent dans l'état unique et ennuyeux de l'équilibre uniforme; les systèmes gravitationnels finissent dans un état parmi de nombreux états possibles hautement hétérogènes.
*Ainsi, le fait que notre univers soit intéressant a une explication triple.
-Le principe d'auto-organisation pilotée agit sur une myriade de sous-systèmes et d'échelles, du moléculaire au galactique évoluant vers des états de complexité toujours croissante.
-Les moteurs qui pilotent ce processus sont les étoiles, qui existent en raison d'une combinaison d'un réglage fin des lois fondamentales et de la nature anti-thermodynamique de la gravitation (comme on l'a vu dans cet article).
-Mais ces forces peuvent produire un univers rempli d'étoiles et galaxies seulement si les conditions initiales de l'univers sont fortement asymétriques par rapport au temps.
*Tout ceci peut être mis en contexte et dans une certaine mesure compris à l'intérieur du paradigme newtonien. Même si nous continuons à penser dans ce paradigme, l'organisation du monde semble reposer sur de colossales improbabilités (la particularité extrême du choix des conditions initiales). La triste conclusion est que la seule sorte d'univers qui paraisse naturel de la perspective intemporel du paradigme newtonien est un univers mort en équilibre qui n'est évidemment pas celui dans lequel nous vivons. Mais depuis la perspective de la réalité du temps, il est parfaitement naturel que l'univers et ses lois fondamentales soient asymétriques dans le temps, avec une flèche du temps importante qui englobe l'accroissement de l'entropie pour les systèmes isolés ainsi que la croissance continuelle de structure et de complexité".
-Dans l'article 11 (chapitre 18 du livre) nous avons vu au chapitre 3-1 que la vision du modèle boltzmannien infini spatialement semble aberrante selon Lee Smolin, car seul un univers spatialement fermé et fini obéit au principe de fermeture explicative (aucune chaîne d'explication ne doit déboucher hors de l'univers) et au principe de raison suffisante... Au chapitre 3-2) S'est posée la question: mais qu'en est-il du futur? Quid alors de l'infinité du temps? Pour Lee Smolin, l’idée d’une succession d’Univers est indispensable pour permettre l’ajustement des lois par évolution, comme il l’a écrit au chapitre 10 de son livre (voir mon article 3 au chapitre 2-4). Nous y avons vu que toute théorie qui aura l'ambition de répondre à la question "pourquoi ces lois"?, et pour laquelle elles doivent être expliquées, ces lois devront évoluer. Lee Smolin s'appuie sur la philosophie de Charles Sanders Peirce qui affirme que "la seule manière possible de rendre compte des lois de la nature et de l'uniformité en général est de supposer qu'elles sont le fruit de l'évolution". Donc le fruit de leur rapport au temps et qu'aura à dire la nouvelle théorie sur la nature du temps?", on peut résumer par la formulation de Roberto Mangabeira Unger (voir l'univers singulier et la réalité du temps, écrit avec Lee Smolin): ou bien le temps est réel, ou bien il ne l'est pas! S'il ne l'est pas, alors les lois sont intemporelles, mais le choix de ces lois est inexplicable. nous voyons que la cosmologie devient plus scientifique et nos idées plus vulnérables au test, si nous travaillons dans un cadre où le temps est réel et fondamental, et où l'histoire de l'univers est un élément nécessaire à notre compréhension de son état actuel (principe se causalité). Ceux qu'encombrent des présupposés métaphysiques comme quoi le but de la science est de découvrir des vérités représentées par des objets mathématiques intemporels (platonisme), pourraient croire que qu'éliminer le temps, rendant ainsi l'univers semblable à un objet mathématique, est la voie vers une cosmologie scientifique. Mais il s'avère que c'est tout l'opposé. Comme l'a compris Charles Sanders Pierce il y a plus d'un siècle, les lois doivent évoluer pour être explicables".
3) "Ma lecture" du chapitre 19 du livre Le futur du temps.
3-1) Un point sur l'avancement des réflexions et résumé des chapitres précédents.. Avec Lee Smolin, nous sommes donc remontés depuis l'intemporalité, qu'on trouve par exemple dans la relativité générale avec l'univers-bloc, pour remettre le temps à sa juste place au coeur de notre conception du monde. Pour la science moderne, les arguments en faveur de la non-réalité du temps sont forts, mais ils dépendent de l'extension du paradigme newtonien à une théorie de l'univers considéré comme un tout. Nous avons vu dans mon article 1 (l'erreur et le dilemme cosmologique), donnant ma lecture de la renaissance du temps chapitre 8, que la seule manière d'échapper à aux problèmes, dilemmes et paradoxes liés à ce paradigme, est d'adopter une méthodologie qui va au-delà du paradigme newtonien, c'est à dire chercher un nouveau paradigme applicable à la physique à l'échelle de l'univers. Sinon prévient Lee Smolin, on se place face au risque que la physique finisse dans l'irrationalité et le mysticisme. Mais tous arguments de la première partie qui poussent à éradiquer le temps hors de la physique sont basés sur le paradigme newtonien et sur l'hypothèse qu'il peut être étendu à l'univers dans son entier. Mais si c'est faux, ces arguments pour éliminer le temps s'écroulent, et quand nous abandonnons le paradigme newtonien, il devient possible de croire que le temps est réel et on peut envisager la construction d'une "vraie(?)" théorie cosmologique dont on espère qu'elle fera mieux que les théories actuelles. Dans mon article 2 (le défi cosmologique) nous avons vu que l'application d'une loi à n'importe quel morceau de l'univers implique une approximation parce que c'est faire de la physique dans une boite, et il faut alors négliger toutes les interactions entre ce morceau et le reste de l'univers. Donc, les applications vérifiables d'une loi de la nature sont toutes des approximations et si on veut appliquer une loi sans approximation, c'est à l'univers entier qu'il faudrait l'appliquer. Mais il n'existe qu'un univers, ce qui signifie qu'appliquer une loi particulière à un cas unique et cela ne peut apporter suffisamment d'indices pour affirmer qu'une loi particulière s'y applique. Lee Smolin suggère d'appeler ceci le dilemme cosmologique. Rien dans la chair des théories existantes ne peut nourrir une théorie vraiment fondamentale affirme t-il avec force.Ce partage du monde en ses composantes dynamiques et un fond qui "le cerne" est comme on vient de la voir la caractéristique géniale du paradigme newtonien. C'est elle qui a contribué au succès fulgurants des modèles scientifiques relativiste et quantique. Mais c'est paradoxalement ce qui rend ce paradigme inapplicable dans sa globalité. En effet, il ne peut pas exister de composante statique car tout dans l'univers change et il n'existe aucun extérieur, rien par rapport à quoi les mouvements du reste puissent être mesurés si l'univers est ce qui contient TOUT. Surmonter cet obstacle est ce que Lee Smolin appelle le défi cosmologique. Mais comment surmonter cet obstacle et relever le défi? Nous devons formuler une théorie nouvelle, que nous pourrons appliquer de façon consistante (sans incohérence) à TOUT l'univers. Dans une telle théorie, chaque "acteur" dynamique doit être défini en terme d'autres acteurs (et non en fonction de paramètres extérieurs tels que le temps t).
Le chapitre 9 s'achève par: "il n'est pas interdit de cultiver l'ambition d'inventer une théorie fondamentale qui décrira enfin la nature sans approximation. Mais la logique comme l'histoire nous disent que ceci sera impossible tant que nous resterons dans le paradigme newtonien (le partage du monde en ses composantes dynamiques et un fond qui "le cerne" est la caractéristique géniale du paradigme newtonien). Aussi admirables que soient la physique newtonienne, le relativité générale, la mécanique quantique et le modèle standard, ils ne pourront nous servir de canevas pour une théorie fondamentale en cosmologie. Le seul chemin possible vers une telle théorie nous force à relever le défi cosmologique et à façonner une théorie hors du monde du paradigme newtonien, pouvant être appliquée à l'univers entier sans aucune approximation. Lee Smolin confirme ainsi que pour progresser en cosmologie et aussi en physique fondamentale,nous avons besoin de concevoir d'une nouvelle manière une loi de la nature, valable à l'échelle cosmologique (celle de l'univers dans son entier), qui évite les erreurs, dilemmes, et paradoxes et qui réponde aux questions que le cadre "newtonien" ne permet pas d'aborder. De plus, ce doit être une théorie scientifique, donc faire des révisions falsifiables par des expériences, inédites, mais faisables.
Dans l'article 3 (chap. 10, nouveaux principes de cosmologie), Lee Smolin a commencé cette quête d'un tel cadre en mettant en avant les principes de base qui guident sa recherche. Un des principaux parmi ceux-ci, le principe de raison suffisante nous invite à chercher une raison rationnelle pour tout choix fait par l'univers, d'être d'une façon plutôt que d'une autre. Dans sa formulation originelle, par Leibniz, il affirme que « jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon ». Ce principe postule qu'il devrait y avoir une réponse à toute question raisonnable qu'on pourrait se poser en réfléchissant pourquoi l'univers a certaines particularités. Pour une nouvelle théorie scientifique un test est de voir si elle augmente le nombre de questions auxquelles on sait répondre. Et si elle permet de trouver des raisons à des aspects de l'univers que les précédentes théories ne permettaient pas d'expliquer on peut dire que c'est un progrès. Ceci implique d'autres principes: les principes d'identité des indiscernables, de fermeture explicative (les explications que la théorie donnera doivent dépendre exclusivement de choses qui existent ou se produisent dans l'univers et aucune chaîne d'explication ne doit déboucher hors de l'univers), absence d'actions sans réciproque (rien dans l'univers ne peut agir sur d'autres choses sans en être affecté. Toutes les forces et les influences devraient être mutuelles (action = réaction). Comme nous l"avons vu dans l'article 3 au chapitre 2-2, ceci constitue en fait l'essence de la philosophie du "relationalisme". Chaque entité dans l'univers évolue dynamiquement, en étant en interaction avec tout le reste de l'univers.
Puis, Lee Smolin a mis en avant que le seule façon de satisfaire ces principes et de découvrir une théorie cosmologique qu'on puisse manipuler et utiliser est de faire l'hypothèse que les lois la nature évoluent au cours du temps. C'est ce qu'il a décrit au chapitre 14 de son livre dont j'ai donné "ma lecture" dans l'article 7 avec un développement prometteur qui est "la dynamique des formes" ou des configurations (chapitre 2-3). Elle évoque une notion globale privilégiée du temps au sein de la relativité générale. Elle est ni plus ni moins qu’une alternative permettant de décrire l’étendue spatio-temporelle et gravifique en concurrençant la cosmologie relativiste d’Einstein. Le principe central est que toute réalité est connectée aux formes des objets et tout changement et tout changement réel n'est que changement de ces formes. La taille intrinsèque d'un objet est une illusion et ne veut rien dire fondamentalement. Cette théorie alternative a une longue histoire. Elle tire son origine d’une formulation alternative de la relativité, le formalisme ADM (par Richard Arnowitt, Stanley Deser et Charles W. Misner), puis d’une interprétation du principe de Mach (ni espace ni temps absolu; tout est relation). C'est Julian Barbour, un grand défenseur de la philosophie relationnelle, qui créa le changement de perspective avec son livre de 1999 "la fin du temps" L'équivalence relativité générale/dynamique des formes est un exemple de ce que les physiciens appellent une dualité. Il s'agit de deux descriptions d'un même phénomène, dont chacune est complète et cependant incompatible avec l'autre. C'est une découverte de la physique contemporaine. Elle fut découverte (sous différentes formulations) en 1995 par Juan Malcadena dans le contexte de la théorie des cordes avec la correspondance ADS/CFT.
C'est cette notion de temps réel, dans laquelle les lois de la nature évoluent, accompagnés des principes que nous venons d'énumérer (en caractères gras), qui nous fournit, dit Lee Smolin, une base pour une nouvelle théorie cosmologique, dont les développements sont décrits dans les chapitres 11 (mon article 4) à 18 (mon article 11) du livre. Ces développements ne sont pas encore des faits et ne constituent pas encore une théorie cohérente, mais "ce sont plutôt une vision de la façon dont on pourrait concevoir à la fois l'univers et les missions de la cosmologie". Tout ceci est spéculatif, mais il en résulte des prédictions testables qui pourront un jour être confirmées par l'expérience, ce qui conduit à une cosmologie plus scientifique. La notion de temps réel et global est utile pour résoudre d'autres problèmes non résolus en physique comme cela a été vu aux chapitres 12 (mon article 5: La mécanique quantique et la libération de l'atome) et au chapitre 13 (mon article 6 Le combat de la relativité et du quantum). Lee Smolin y présente entre autres deux approches vers une théorie plus profonde des phénomènes quantiques nécessitant que le temps soit fondamental. Ces approches semblent différer suffisamment de la mécanique quantique pour pouvoir en être distinguées expérimentalement.
Un autre aspect où opère le temps réel: Au niveau macroscopique, Le temps apparaît à ce niveau non quantique où, de même que la thermodynamique émerge via des concepts (température, pression, densité, entropie), il apparaît fortement directionnel avec plusieurs flèches distinguant le passé du futur. Ce fait de l'asymétrie temporelle de l'univers est déroutant dans les théories où il est non essentiel (où il n'existe pas), celles du paradigme newtonien notamment.
voir la suite sur mon autre blog https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/09/la-renaissance-du-temps-article-12-et.html#.XY0WbUYzb4Y
La renaissance du temps article 11 (chapitre 18: infinité de l'espace ou infinité du temps?)
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
https://fr.artquid.com/artwork/432029/ruban-du-temps-infini-inter-galactique.html |
Mes articles: La renaissance du temps article 1: (Partie II chap. 8) Einstein insatisfait - L'erreur et le dilemme cosmologique Autres liens: http://www.philipmaulion.com/article-bienvenu-au-moment-present-de-lee-smolin-117515126.html: Bienvenue au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin. http://www.philipmaulion.com/2017/05/emergence-pourquoi-les-physiciens-recourent-ils-a-cette-notion.htm:l Emergence : pourquoi les physiciens recourent-ils à cette notion ? Lee Smolin et Roberto Mangabeira Unger ont construit un ensemble d'hypothèses constituant une philosophie de la nature 1 :
« La gravitation quantique à boucles décrit l’espace comme un réseau dynamique de relations »2. Grosso modo, l'espace-temps ne serait pas continu et uniforme, mais granulaire et discontinu. Il existerait un espace et un temps indivisibles. Cette théorie simple à se représenter et élégante a fait ses preuves sur plusieurs points de vue, comme l'explication des aires et des volumes en géométrie, mais laisse à désirer encore sur la dynamique Dans son livre The Life of the Cosmos, Smolin propose d'appliquer la sélection naturelle à la cosmologie, de sorte que l'univers que nous connaissons serait le résultat de l'évolution par mutation d'univers plus anciens. C'est la théorie des univers féconds. Smolin avance qu'un univers pourrait en engendrer un autre lors de la formation d'un trou noir. Les constantes fondamentales de la physique, comme la célérité de la lumière dans le vide, seraient différentes d'un univers à l'autre. boucles.html#.XBQYhVxKj4Y: La gravitation quantique à boucles Pour commencer à connaître avec quelques sites internet regroupés sur une même page pour une lecture plus aisée et des liens supplémentaires. http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/136/smolin.htm (Time Reborn: From the Crisis in Physics to the Future of the Universe) |
(La renaissance du temps le livre numérique: https://books.google.fr/books?id=O3z1nXjcDu4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false)
Lee Smolin et la physique contemporaine par matierevolution.fr
http://www.drgoulu.com/2015/01/28/la-renaissance-du-temps/#.WEuqNNThA_7 (la renaissance du temps 1/2)
http://www.drgoulu.com/2015/12/31/la-renaissance-du-temps-22/ (la renaissance du temps 2/2)
http://medias.dunod.com/document/9782100706679/Feuilletage.pdf (la renaissance du temps Dunod: quelques pages à feuilleter)
https://monblogdereflexions.blogspot.com/2018/12/la-gravitation-quantique-La gravitation quantique à boucles avec Carlo Rovelli: Pour s'initier avec quelques sites
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/la-mecanique-quantique-est-en-171058 (la mécanique quantique est en crise par Bernard Dugué)
http://www.paris8philo.com/article-33714241.html: à propos de rien ne va plus en physique:"billet de Jean Zin, pour une physique pluraliste, qui nous paraît essentiel pour comprendre les enjeux des théories physiques actuelles qui souvent tendent vers l'impossible, hors toute avancée, toute brèche se fait par dissymétrie, sans souci du qu'en-dira-t-on il suffit de voir l'attitude de Grigori Perelman, si non-chalante vis-à-vis de la communauté scientifique, ou devrait-on dire l'etablishment. Jean Zin reste un grand guetteur de ce qui se passe en science, nous vous recommandons ses articles."
articles que j'ai écrit sur l'information au cours de ma lecture du livre des frères Bogdanov "au commencement du temps":
Avec les frères Bogdanov: Au commencement du temps 4-9 partie 2) L'Univers information deuxième partie
Avec les frères Bogdanov: Au commencement du temps 4-9 partie 1) L'Univers information première partie
monblogdereflexions.blogspot.com: équation du tout et... information
avec les frères Boddanov: Au commencement 4-8) au fond d'un trou noir
1) Préambule:
Ceci est la suite des articles de mon blog à propos des univers multiples d'Aurélien Barrau pour les quels je retiens ici les commentaires utiles:
-Mon article 1: D'après Aurélien Barrau, Univers multiples Chap 1): les propositions nouvelles face aux problèmes:et paradoxes de la physique "peuvent constituer une "pulsion inchoactive" qui poussera vers une découverte sans précédent ou bien vers un réenchantement de ce que l'on savait déjà sans en avoir pris la "dé-mesure" et finalement vers une nouvelle sacralisation du "monde".
-Mon article 2: D'après Aurélien Barrau, Univers multiples. La gravitation quantique chap. 9 L) Voir la Conclusion: [...] aujourd'hui, la physique est en crise, le monde est en crise. Avec Lee Smolin et son "rien ne va plus en physique", Carlo rovelli Parle de la schizophrénie bipolaire des physiciens (voir une révolution inachevée). La vision anthropique de Trin Xhuan Thuan et la vision biblique du monde, qui s'origine dans les mythes de l'Un et de l'ordre, émergeant du Chaos initial, semblent exclus de la vision de bien des physiciens et cosmologues qui découvrent, comme l'a fait Jean Pierre Luminet, que l'Univers ne peut avoir été infiniment dense et donc que le big bang ne peut avoir été tel qu'on se l'imaginait depuis de nombreuses décennies. La possibilité d'un avant big bang a été mise en évidence avec un (ou des?) univers précédent qui se serait condensé jusqu'à une taille extrêmement petite mais non nulle et qui aurait "rebondi" en un big bounce pour donner notre Univers actuel en expansion après le phénomène d'inflation cosmique. Un des derniers rebondissements de ces recherches, avec Lee Smolin, pourrait bien aboutir avec sa "renaissance du temps" à une solution de la contradiction entre la physique quantique et la théorie de la relativité. A priori, ce serait une théorie unifiée des interactions fondamentales.
2) La renaissance du temps, mes précédents articles - résumé.
Nous avons vu dans -à propos d'Aurélien Barrau chap.9 (mon article 2)- que de nombreuses théories nouvelles ou hypothèses proposent l'unification de la physique ou tout au moins des explications aux dilemmes et paradoxes que la cosmologie moderne a mis en évidence.
Puis, dans mes articles sur "la renaissance du temps" (voir l'article 1 chapitre 8), nous avons vu que Lee Smolin prévient: Le paradigme newtonien ne peut même pas apporter un embryon de réponse à ces questions et dilemmes: Pourquoi ces lois? Pourquoi ces conditions initiales de l'univers? Quel mécanisme les a t-il sélectionnées parmi une multitude infinie de possibilités? etc. Il appelle "erreur cosmologique" (voir mon article 1 chapitre 2), le fait d'appliquer à l’Univers entier dans sa globalité des lois établies et vérifiées sur des sous-systèmes. Dans le paradigme newtonien, ce que nous appelons une loi doit s'appliquer dans tous les cas. Mais l'application d'une loi à n'importe quel morceau d'univers implique une approximation, parce que nous devons négliger toutes les interactions entre ce morceau et le reste de l'univers. Donc les applications vérifiables d'une loi sont toutes des approximations. Lee Smolin fait remarquer en particulier que les lois se vérifient sur beaucoup de sous-systèmes. Mais si on veut appliquer une loi de la nature sans approximation, c'est à l'univers entier qu'il faudrait l'appliquer, alors que nous n’avons qu’un seul Univers sous la main. Et un seul cas n'apporte pas suffisamment d'indices pour justifier l'affirmation qu'une loi particulière de la nature s'applique. C'est ce que Lee Smolin appelle le dilemme cosmologique (faire de la physique dans une boite: on considère un petit sous-système isolé du reste de l’univers dans lequel on néglige certains effets pour ne s’intéresser qu’à certaines variables qui définissent un espace de configuration, atemporel. . Et pourquoi cette loi et pas une autre? De plus, beaucoup de théories cosmologiques (théorie des cordes, équation d’Einstein …) admettent en réalité une infinité de solutions, parmi lesquelles une seule correspond à notre univers. Doit-on se résoudre à admettre l’existence d’une infinité d’Univers inaccessibles pour pouvoir justifier le notre par un principe anthropique?
Nous pensions, dit Lee Smolin, savoir comment répondre à ces questions. Une théorie unique mathématiquement cohérente pourrait incorporer les 4 lois fondamentales de la nature. Mais cet espoir a été anéanti. On se trouve face à ce qu'il appelle "le défi cosmologique". On vient de voir qu'il faudrait étendre la science à une théorie de l'Univers entier. Le défi est qu'il ne peut pas exister de composante statique qui puisse servir de cadre de référence, car tout dans l'Univers change et il n'existe aucun extérieur., rien qui puisse être qualifié de fond par rapport auquel les mouvements du reste de l'Univers (que nous négligeons). Or, toutes les théories physiques divisent le monde en deux parties, une partie « dynamique », qui change, et une statique, qui contient un « fond » de choses immuables, comme les constantes fondamentales. Le « défi cosmologique » consiste à formuler une théorie de l’univers « indépendante du fond », purement dynamique afin de ne rien supposer d’extérieur à l’Univers: "Lorsqu’on fait de la « physique dans une boite », le « fond » comprend notamment les conditions initiales, et la méthode expérimentale permet de contrôler les conditions initiales afin de s’assurer que les lois sont indépendantes de ces conditions. En cosmologie, cette distinction entre « lois » et «conditions initiales » aggrave le problème qu’elle résout « dans une boite » : si nos observations du fond diffus cosmologique ne correspondent pas bien à la théorie de l’inflation cosmologique, faut-il corriger la loi ou les conditions initiales? Smolin critique aussi les théories effectives qui décrivent bien ce qui se passe à une certaine échelle de grandeur, mais en négligeant l’influence de ce qui est beaucoup plus grand ou plus petit." Pour Smolin, la théorie issue du défi cosmologique doit tenir compte de tout, sans rien négliger."
J'ai poursuivi "ma lecture" avec l'article 2 (le défi cosmologique chapitre 9), l'article 3 (Nouveaux principes de cosmologie chapitre 10), l'article 4 (les lois évolutives chapitre 11), l'article 5 (la mécanique quantique et le libération de l'atome chapitre 12), l'article 6 (le combat de la relativité et du quantum chapitre 13). Puis j'ai fait une pause pour approfondir l'interprétation non dominante de la mécanique quantique de Bohm dans La physique quantique version variables cachées et le dialogue Bohm et Krishnamurti.
-L'article 7 (La renaissance du temps par la relativité chapitre 14) conclut par: "La notion globale de temps que nous venons de voir implique qu'en chaque événement il existe un observateur privilégié dont l'horloge mesure la passage du temps. Mais il n'y a aucun moyen de le choisir par une mesure qu'on pourrait faire dans une petite région, ce qui confirme le principe de relativité à des échelles plus petites que celle l'univers. Ce choix d'un temps global particulier est déterminé par la façon dont est distribuée la matière dans l'univers. La dynamique des formes constitue donc "un pont" entre le principe de relativité et le temps global qu'exigent les théories telles que celle à laquelle aspire Lee Smolin avec des lois évolutives ou celles qui expliquent les phénomènes individuels au moyen de variables cachées. Il y a une grandeur par contre qui n'a pas le droit de changer lorsqu'on agrandit ou qu'on rapetisse les échelles, c'est le volume de l'univers à chaque instant, même s'in évolue au cours du temps. Ceci donne donc un sens à la taille totale de l'univers et à son expansion et nous fournit une horloge physique universelle. LE TEMPS VIENT D'ÊTRE REDECOUVERT".
-Dans l'article 8 (l'émergence de l'espace chapitre 15), nous avons abandonné provisoirement le temps pour examiner l'espace. Le Dr Goulu nous le présente ainsi: "Ce long chapitre est le plat de résistance du livre. C’est là que ça passe où ça casse, et j’ai mis plus de deux semaines à le digérer avec peine. Il commence très fort: L’aspect le plus mystérieux du monde est juste sous nos yeux. Rien n’est plus banal que l’espace, et pourtant lorsque nous l’examinons de près, rien n’est plus mystérieux. Je crois que le temps est réel et essentiel à une description fondamentale de la nature. Mais je crois probable que l’espace va s’avérer n’être qu’une illusion. [...] Selon Smolin, l’existence d’un temps réel est indispensable pour réconcilier les deux pans de la physique, mais l’espace ne l’est pas. Parmi les théories ayant exploré l’idée que l’espace émerge d’une structure de graphe plus fondamentale, la première est la “triangulation dynamique causale” [...].
-L'article 9 a débuté avec une synthèse (chapitre 3) effectuée par le DrGoulu du chapitre 16 (vie et mort de l'univers) du livre de Lee Smolin: "La vision intemporelle de la physique basée sur le paradigme de Newton a montré son impuissance face aux questions les plus basiques de l’univers : pourquoi est-il intéressant (…) au point que des créatures comme nous puissions y être et nous en émerveiller ? Mais si nous adoptons la réalité du temps, nous rendons possible une physique asymétrique par rapport au temps dans laquelle l’univers peut naturellement faire évoluer de la complexité et de la structure. Et ainsi nous évitons le paradoxe d’un univers improbable".
Après avoir étudié au chapitre 3-2 (de cet article) La physique moderne et la thermodynamique, s'est posée (au chapitres 3-3) la question: "notre univers est-il en équilibre"? La réponse étant négative nous avons examiné au chapitre 3-4 la question de la flèche du temps et le problème qu'elle pose (son illusion?). Puis nous avons effectué au chapitre 3-5) un retour à la question qui a été à l'origine de la réflexion de Lee Smolin: le temps est-il fondamental? Est-il asymétrique? En effet, si nous avons besoin de conditions initiales asymétriques pour expliquer notre univers alors que les lois de la nature sont temporellement symétriques, cela n'affaiblit-il pas l'argument en faveur d'un temps irréel, qui n'existe pas, comme le présente la cosmologie moderne (Carlo Rovelli dit: "il faut oublier le temps")? Au chapitre 5 nous avons réexaminé une réflexion qui est présente dans notre questionnement depuis le début du livre de Lee Smolin (et donc dans mes articles): Pouvons-nous dire de notre univers qu'il est improbable (en raison de l’ajustement fin qui réfère à l’étonnante précision des constantes physiques de la nature et de l’état premier de l’Univers)? En effet, pour expliquer l’état présent de l’univers, même la meilleure théorie scientifique suppose que les constantes physiques de la nature et l’état premier de l’Univers aient des valeurs extrêmement précises. Pour Lee Smolin, la seule façon d'échapper à l'erreur cosmologique et au paradoxe d'un univers improbable est de baser l'explication de la complexité et du fait que l'univers a un richesse intéressante sur une physique qui soit temporellement asymétrique, qui rend de fait l'univers inévitable plutôt qu'improbable et d'adopter la réalité du temps.
-Dans l'article 10 "La renaissance du temps par la chaleur et la lumière" (chapitre 17)" Lee Smolin conclut ce chapitre par: Cela ne contredit pas la deuxième loi de la thermodynamique, mais seulement son interprétation naïve.
*La loi disant que l'entropie devrait normalement augmenter traduit juste le fait que plus il y a de façons de que quelque chose se produise, plus cette chose sera probable. Les systèmes thermodynamiques normaux finissent dans l'état unique et ennuyeux de l'équilibre uniforme; les systèmes gravitationnels finissent dans un état parmi de nombreux états possibles hautement hétérogènes.
*Ainsi, le fait que notre univers soit intéressant a une explication triple.
-Le principe d'auto-organisation pilotée agit sur une myriade de sous-systèmes et d'échelles, du moléculaire au galactique évoluant vers des états de complexité toujours croissante.
-Les moteurs qui pilotent ce processus sont les étoiles, qui existent en raison d'une combinaison d'un réglage fin des lois fondamentales et de la nature anti-thermodynamique de la gravitation (comme on l'a vu dans cet article).
-Mais ces forces peuvent produire un univers rempli d'étoiles et galaxies seulement si les conditions initiales de l'univers sont fortement asymétriques par rapport au temps.
*Tout ceci peut être mis en contexte et dans une certaine mesure compris à l'intérieur du paradigme newtonien. Même si nous continuons à penser dans ce paradigme, l'organisation du monde semble reposer sur de colossales improbabilités (la particularité extrême du choix des conditions initiales). La triste conclusion est que la seule sorte d'univers qui paraisse naturel de la perspective intemporel du paradigme newtonien est un univers mort en équilibre qui n'est évidemment pas celui dans lequel nous vivons. Mais depuis la perspective de la réalité du temps, il est parfaitement naturel que l'univers et ses lois fondamentales soient asymétriques dans le temps, avec une flèche du temps importante qui englobe l'accroissement de l'entropie pour les systèmes isolés ainsi que la croissance continuelle de structure et de complexité".
Après ces rappels, examinons maintenant le chapitre 18 du livre!
3) Infinité de l'espace ou infinité du temps (chapitre 18)?
Le Dr Goulu conclut son résumé du chapitre 17 en confirmant lui-aussi que "ceci ne contredit pas la seconde loi de la thermodynamique, mais juste son interprétation naïve qui considère que l’augmentation de l’entropie produit des structures uniformes, prévisibles. Selon Smolin, la seconde loi amène au contraire les systèmes gravitationnels vers une multitude d’états possibles, très hétérogènes. Et c’est grâce à ceci que notre Univers est encore très loin de sa mort thermique, 13.7 milliards d’années après ses origines".
Ainsi en adoptant la réalité du temps, nous dit Smolin, nous pouvons comprendre pourquoi l'univers que nous connaissons est structuré et complexe. Mais combien de temps peut-il le rester sans atteindre l'équilibre? Ne sommes-nous pas juste dans une bulle de complexité immergée dans un univers à l'équilibre beaucoup plus vaste? Cela amène à examiner le sujet très spéculatif de ce qu'est le très lointain (dans l'espace) et lointain futur.
3-1) La vision du modèle boltzmannien infini spatialement semble aberrante selon Lee Smolin.
Imaginons un univers infini spatialement, avec les mêmes lois valides partout, mais avec des conditions initiales choisies au hasard, c'est à dire l'image de l'univers boltzmannien ultime (voir mon article 10 chapitre 3-2). "Presque tout" dans cet univers infini est à l'équilibre thermodynamique et toute chose intéressante y survenant y est la conséquence d'une fluctuation, et ce qui peut se produire dans une fluctuation se produira quelque part, car s'il y a une quantité infinie de "quelque parts" disponible, chaque fluctuation, quelque soit son degré d'improbabilité, se réalisera un nombre infini de fois! Notre univers observable pourrait ainsi n'être qu'une grosse fluctuation statistique de 93 milliards de milliards de d'années-lumière de diamètre dans un univers infini, qui se répétera un nombre infini de fois à travers l'infinité de l'espace. En conséquence, si l'univers est infini et boltzmannien nous existons et agissons un nombre infini de fois, exactement comme nous sommes ici et là. Cela semble contredire le principe de Leibniz que nous avons vu dans l'article 10 au chapitre 3: le principe de l'identité des indiscernables de Leibniz, qui a été décrit aussi dans l'article 3. Ce principe a été vu comme une conséquence du principe de raison suffisante de Leibniz et comme l'essence de la philosophie du "relationalisme". Il affirme qu'il ne peut y avoir 2 objets dans l'univers qui soient distincts s'ils sont indiscernables. En particulier si des objets se distinguent l'un de l'autre seulement par leurs propriétés observables, il ne peut y avoir deux objets discernables ayant exactement les mêmes propriétés. Mais ce n'est pas tout. Tous ce qu'on observe aujourd'hui aurait pu être différent... par exemple, je pourrais ne pas être né et tout ce que nous voyons autour de nous et dans l'univers aurait pu ne pas être ou être différent, nous amenant à une configuration de l'univers différente. Chacune de ces configurations du présent est une façon possible d'être organisés pour les atomes de notre voisinage, et donc chacune se produit une infinité de fois dans l'infinité de l'espace (pour ce modèle boltzmannien). Pour Lee Smolin, C'est un effroyable scénario qui soulève des questions éthiques du genre: pourquoi devrais-je me préoccuper des conséquences des choix que je fais, si tous les autres choix possibles sont faits par d'autres versions de "moi" dans d'autres régions de l'univers, qui est infini? Et si je prends soin de mes enfants dans ce monde, ne devrais-je pas m'inquiéter du sort des enfants des autres mondes qui souffrent suite aux décisions mauvaises prises par mes autres "moi"? En plus de ces questions étiques, on peut se demander ce que devient la science.Si le fait réel du monde est que tout ce qui est susceptible de se produire se produit, alors, le champ d'explication se réduit vraiment. En effet, le principe de raison suffisante exige que qu'il y ait une raison rationnelle derrière chaque cas où l'univers est d'une façon, mais aurait pu être d'une autre (dans sa formulation originelle, par Leibniz, il affirme que « jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon » (Théodicée, I, 44)).
Mais, si l'univers est de toutes les façons possibles (univers boltzmannien), il n'y a plus rien à expliquer. La science peut donner un aperçu des conditions locales mais que signifient des explications? En effet, tout ce qui pourrait se produire est en train de se produire un nombre infini de fois, maintenant! Cette forme de reductio ad absurdum ( "argument à l'absurdité") du paradigme newtonien étendu à la cosmologie, est selon Lee Smolin, un autre exemple de l'erreur cosmologique, qu'il appelle la tragédie de l'infini boltzmannien. C'est une tragédie, car cela réduit considérablement le pouvoir prédictif de la physique, en particulier sur la signification des probabilités quantiques. En effet, prenons une expérience dont les probabilités de réalisation sont de 99% pour obtenir le résultat A et de 1 %.pour le résultat B.Supposons que je répète l'expérience 1000 fois. On pourrait attendre que pour environ 990 fois, le résultat soit A. Je serais confiant en pariant sur A, car je pourrais raisonnablement attendre environ 99 résultats A pour chaque résultat B et ainsi, on aurait une bonne chance de confirmer la prédiction de la mécanique quantique. Mais dans un monde infini, il existe une infinité de copies de "moi" en train d'observer le résultat B. Donc, la prédiction de la mécanique quantique d'observer que le résultat A est 99 fois plus fréquent que l'autre est invérifiable dans un univers infini. C'est le problème de la mesure en cosmologie quantique, qui apparaît dans toute son ampleur, si l'univers est infini. Je partage l'avis de Lee Smolin qui pense que ce problème n'est pas soluble et qui préfère considérer la mécanique quantique comme "la preuve que nous vivons dans un univers ne contenant qu'une seule copie de moi". Nous ne pouvons certes pas voir au-delà d'une certaine distance (horizon de notre univers visible et observable), mais il semble plausible et raisonnable à Lee Smolin de faire l'hypothèse que notre univers est fini dans son extension spatiale, mais sans limite, un univers courbe fermé, comme le propose Einstein, ou l'univers fini de Friedmann. Il aurait donc une topologie globale de surface fermée, comme une sphère ou un beignet en forme de tore. Il y a trois cas pour un univers fini sans limite. Si la courbure est positive, il n'y a qu'une possibilité, l'analogue tridimensionnel de la topologie bidimensionnelle d'une sphère. Si la courbure moyenne de l'espace est plate, comme un plan, la seule possibilité pour un univers fini est l'analogue tridimensionnel de la topologie bidimensionnelle d'un beignet. Si la courbure est négative, comme celle d'une selle, alors il existe un nombre infini de possibilités pour sa topologie. Elles sont très complexes et compilées dans un catalogue. L'hypothèse d'Einstein pourrait être confirmée, si l'univers est fermé et assez petit. La lumière pourrait alors en faire le tour complet et nous devrions voir des galaxies lointaines en plusieurs images. Ceci a été recherché comme dans l'univers chiffoné de Jean-Pierre Luminet, mais n'a pas été détecté pour l'instant.
Si l'univers n'est pas spatialement fermé, alors il doit être infini et en expansion spatiale. Cela veut dire que l'espace y est délimité par une frontière, frontière qui est indéfiniment loin de nous, mais que l'information pourrait traverser. Lorsqu'on énonce les équations de la relativité générale, on doit spécifier l'informations sur ce qui se passe à la frontière et ce qui traverse cette frontière, pour y entrer comme pour en sortir. Le besoin de spécifier l'information sur ce qui se passe à la frontière infinie (dans le cas d'un univers non fermé), n'est pas optionnel; il est requis par la théorie [les équations d'Einstein pour un univers spatialement infini ne peuvent être dérivées d'un principe variationnel (ou: exprimé en physique quantique), que s'il existe des termes aux limites ajoutés à l'action et des conditions aux limites spécifiées à l'infinité spatiale. Donc, on ne peut pas décrire ce qui se trouve dans l'univers sans dire ce qui pénètre dans cet univers et ce qui en sort depuis la frontière, même si la frontière est infiniment éloignée. Si la frontière était à une distance finie, on pourrait imaginer qu'il y ait encore plus d'espace à l'extérieur. L'information sur la frontière serait explicable en termes de ce qui est en provenance de "ce" qui est au-delà de la frontière (voir note 3 page 322 du livre) Dans la pratique de la relativité générale, on utilise souvent des espaces avec des frontières infinies pour modéliser de façon commode des systèmes isolés, comme une galaxie. Mais il y a des difficultés techniques lorsque l'on gère l'information à spécifier à une frontière qui, pour idéaliser la situation et par commodité technique a été repoussée à l'infini. Cela simplifie la description parce qu'on peut imposer la conditions que toute la matière dans le modèle est contenue dans la galaxie. Rien n'entre ni ne sort sauf les ondes gravitationnelles et les ondes que nous utilisons pour observer la galaxie. Pour Lee Smolin, cette idéalisation dans laquelle nous découpons une partie de l'univers et nous la décrivons comme s'il n'y avait que cela avec une frontière externe nécessitant de spécifier l'information qui arrive de l'extérieur d'un univers infini est une aberration. Pourtant, c'est ce qu'on est obligé de faire si on utilise la relativité générale comme notre théorie cosmologique et considérons l'univers comme spatialement infini. Mais la frontière à l'infini ne nous permet d'imaginer un monde au-delà. Nous devons certes spécifier l'information qui entre et qui sort, mais le choix est entièrement arbitraire. Ainsi, on doit concéder que rien ne peut être expliqué dans aucun modèle d'univers ayant une frontière infinie. Le principe de fermeture explicative (voir mon article 3 au chapitre 2) est transgressé et avec lui le principe de raison suffisante. Lee Smollin me rassure plutôt dans mes convictions lorsqu'il affirme qu'il ne voit aucune raison d'échapper à la conclusion que l'univers est spatialement fermé, sans frontière. La vision du modèle boltzmannien semble donc aberrante. Rien n'est infiniment éloigné et il n'y a pas d'espaces infinis à affronter.
3-2) L'infinité du temps?
Mais qu'en est-il du futur? Si comme Lee Smolin le suggère, l'univers est plus leibnizien que boltzmannien (voir mon article 10 chapitre 3 univers leibnizien/vs boltzmannien: Les univers hypothétiques dans lesquels chaque instant et chaque événement sont absolument uniques et qui satisfont le principe d'identité des indiscernables sont appelés par Lee Smolin univers Leibniziens), cela pourrait-il être temporaire et l'univers pourrait-il mourir? Mais en se restreignant, aux univers spatialement finis, cela épargne nombre de paradoxes d'un univers boltzmannien infini, mais pas tous. Un univers spatialement fermé et fini peut durer un temps infini et s'il ne se contracte jamais, il sera en expansion pour toujours. Il dispose alors d'un temps infini pour atteindre l'équilibre thermique et s'il le fait, il restera une quantité de temps infinie avec un espace en augmentation continue, rendant possible des fluctuations pouvant créer des structures improbables, et ceci pouvant se produire un nombre infini de fois. Cela conduit de nouveau au paradoxe du cerveau de Boltzmann.que nous avons décrit dans l'article 10, chapitre 3-1. Mais les principes de raison suffisante et de l'identité des indiscernables peuvent permettre à l'univers d'éviter de finir dans un état aussi paradoxal en limitant les options pour son destin possible. Cependant, pour raisonner sur un futur lointain, on doit faire un certain nombre de suppositions. En particulier, les lois de la nature ne doivent jamais changer, sans quoi faire des prédictions serait problématique et il ne doit exister aucun phénomène non découvert qui puisse changer le cours de l'histoire de l'univers, comme par exemple une force si faible non encore détectée qui agisse sur des distances et des durées bien plus longues que l'âge actuel de l'univers. C'est possible et cela a été envisagé, tout comme l'existence de bulles cosmiques fonçant sur nous à la vitesse de la lumière pour l'instant cachées par notre horizon, mais cela interdit toute prédiction à partir du savoir actuel. Faisons donc avec Lee Smolin l'hypothèse que les lois et et les phénomènes bien établis sont tout ce qui est, alors, on peut en déduire en toute confiance les deux points suivants.:
-Viendra un moment où les galaxies cesseront de fabriquer des étoiles grâce à leur réserves d'hydrogène et mourront. Mais ce n'est qu'une limite supérieure et plus probablement les processus hors équilibre qui pilotent la formation d'étoiles se seront essoufflés bien avant que la totalité de l'hydrogène ait pu être transformée en étoiles.
-Les dernières étoiles s'éteindront. En effet, elles ont une durée de vie limitée, de quelques millions d'années pour les plus massives, qui meurent de façon dramatique sous forme de supernovas, à de nombreux milliards d'années pour la plupart d'entre elles, qui finissent abruptement sous forme de naines blanches. Dans un avenir lointain; il existera une époque où la dernière étoile aura cessé de briller.
-Et après? Lee Smolin présente un des scénario du lointain futur, qui aboutit... à un univers de Bolrzmann: On sait que l'univers est rempli de matière, de matière noire, de rayonnement et d'énergie noire
suite de l'article voir mon autre blog: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/08/la-renaissance-du-temps-article-11.html#.XY0SnkYzb4Y
La renaissance du temps article 10 ( La renaissance du temps par la chaleur et la lumière -chapitre 17 du livre)
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Mes articles: La renaissance du temps article 1: (Partie II chap. 8) Einstein insatisfait - L'erreur et le dilemme cosmologique Autres liens: http://www.philipmaulion.com/article-bienvenu-au-moment-present-de-lee-smolin-117515126.html: Bienvenue au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin. http://www.philipmaulion.com/2017/05/emergence-pourquoi-les-physiciens-recourent-ils-a-cette-notion.htm:l Emergence : pourquoi les physiciens recourent-ils à cette notion ?
Lee Smolin et Roberto Mangabeira Unger ont construit un ensemble d'hypothèses constituant une philosophie de la nature 1 :
« La gravitation quantique à boucles décrit l’espace comme un réseau dynamique de relations »2. Grosso modo, l'espace-temps ne serait pas continu et uniforme, mais granulaire et discontinu. Il existerait un espace et un temps indivisibles. Cette théorie simple à se représenter et élégante a fait ses preuves sur plusieurs points de vue, comme l'explication des aires et des volumes en géométrie, mais laisse à désirer encore sur la dynamique Dans son livre The Life of the Cosmos, Smolin propose d'appliquer la sélection naturelle à la cosmologie, de sorte que l'univers que nous connaissons serait le résultat de l'évolution par mutation d'univers plus anciens. C'est la théorie des univers féconds. Smolin avance qu'un univers pourrait en engendrer un autre lors de la formation d'un trou noir. Les constantes fondamentales de la physique, comme la célérité de la lumière dans le vide, seraient différentes d'un univers à l'autre. boucles.html#.XBQYhVxKj4Y: La gravitation quantique à boucles Pour commencer à connaître avec quelques sites internet regroupés sur une même page pour une lecture plus aisée et des liens supplémentaires. http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/136/smolin.htm (Time Reborn: From the Crisis in Physics to the Future of the Universe) |
(La renaissance du temps le livre numérique: https://books.google.fr/books?id=O3z1nXjcDu4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false)
http://www.drgoulu.com/2015/01/28/la-renaissance-du-temps/#.WEuqNNThA_7 (la renaissance du temps 1/2)
http://www.drgoulu.com/2015/12/31/la-renaissance-du-temps-22/ (la renaissance du temps 2/2)
http://medias.dunod.com/document/9782100706679/Feuilletage.pdf (la renaissance du temps Dunod: quelques pages à feuilleter)
https://monblogdereflexions.blogspot.com/2018/12/la-gravitation-quantique- La gravitation quantique à boucles avec Carlo Rovelli: Pour s'initier avec quelques sites
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/la-mecanique-quantique-est-en-171058 (la mécanique quantique est en crise par Bernard Dugué)
http://www.paris8philo.com/article-33714241.html: à propos de rien ne va plus en physique: "billet de Jean Zin, pour une physique pluraliste, qui nous paraît essentiel pour comprendre les enjeux des théories physiques actuelles qui souvent tendent vers l'impossible, hors toute avancée, toute brèche se fait par dissymétrie, sans souci du qu'en-dira-t-on il suffit de voir l'attitude de Grigori Perelman, si non-chalante vis-à-vis de la communauté scientifique, ou devrait-on dire l'etablishment. Jean Zin reste un grand guetteur de ce qui se passe en science, nous vous recommandons ses articles."
1) Préambule: Ceci est la suite des articles de mon blog à propos des univers multiples d'Aurélien Barrau pour les quels je retiens ici les commentaires utiles:
-Mon article 1; D'après Aurélien Barrau, Univers multiples Chap 1): les propositions nouvelles face aux problèmes:et paradoxes de la physique "peuvent constituer une "pulsion inchoactive" qui poussera vers une découverte sans précédent ou bien vers un réenchantement de ce que l'on savait déjà sans en avoir pris la "dé-mesure" et finalement vers une nouvelle sacralisation du "monde".
-Mon article 2: D'après Aurélien Barrau, Univers multiples. La gravitation quantique chap. 9 L) Voir la Conclusion: [...] aujourd'hui, la physique est en crise, le monde est en crise. Avec Lee Smolin et son "rien ne va plus en physique", Carlo rovelli Parle de la schizophrénie bipolaire des physiciens (voir une révolution inachevée). La vision anthropique de Trin Xhuan Thuan et la vision biblique du monde, qui s'origine dans les mythes de l'Un et de l'ordre, émergeant du Chaos initial, semblent exclus de la vision de bien des physiciens et cosmologues qui découvrent, comme l'a fait Jean Pierre Luminet, que l'Univers ne peut avoir été infiniment dense et donc que le big bang ne peut avoir été tel qu'on se l'imaginait depuis de nombreuses décennies. La possibilité d'un avant big bang a été mise en évidence avec un (ou des?) univers précédent qui se serait condensé jusqu'à une taille extrêmement petite mais non nulle et qui aurait "rebondi" en un big bounce pour donner notre Univers actuel en expansion après le phénomène d'inflation cosmique. Un des derniers rebondissements de ces recherches, avec Lee Smolin, pourrait bien aboutir avec sa "renaissance du temps" à une solution de la contradiction entre la physique quantique et la théorie de la relativité. A priori, ce serait une théorie unifiée des interactions fondamentales.
2) La renaissance du temps, mes précédents articles - résumé.
Nous avons vu dans -à propos d'Aurélien Barrau chap.9 (mon article 2)- que de nombreuses théories nouvelles ou hypothèses proposent l'unification de la physique ou tout au moins des explications aux dilemmes et paradoxes que la cosmologie moderne a mis en évidence.
Mais, dans mes articles sur "la renaissance du temps", voir l'article 1 chapitre 8, Lee Smolin prévient: Le paradigme newtonien ne peut même pas apporter un embryon de réponse à ces questions et dilemmes: Pourquoi ces lois? Pourquoi ces conditions initiales de l'univers? Quel mécanisme les a t-il sélectionnées parmi une multitude infinie de possibilités? etc. Il appelle "erreur cosmologique" (voir mon article 1 chapitre 2), le fait d'appliquer à l’Univers entier dans sa globalité des lois établies et vérifiées sur des sous-systèmes. Dans le paradigme newtonien, ce que nous appelons une loi doit s'appliquer dans tous les cas. Mais l'application d'une loi à n'importe quel morceau d'univers implique une approximation, parce que nous devons négliger toutes les interactions entre ce morceau et le reste de l'univers. Donc les applications vérifiables d'une loi sont toutes des approximations. Lee Smolin fait remarquer en particulier que les lois se vérifient sur beaucoup de sous-systèmes. Mais si on veut appliquer une loi de la nature sans approximation, c'est à l'univers entier qu'il faudrait l'appliquer, alors que nous n’avons qu’un seul Univers sous la main. Et un seul cas n'apporte pas suffisamment d'indices pour justifier l'affirmation qu'une loi particulière de la nature s'applique. C'est ce que Lee Smolin appelle le dilemme cosmologique (faire de la physique dans une boite: on considère un petit sous-système isolé du reste de l’univers dans lequel on néglige certains effets pour ne s’intéresser qu’à certaines variables qui définissent un espace de configuration, atemporel. ). Et pourquoi cette loi et pas une autre? De plus, beaucoup de théories cosmologiques (théorie des cordes, équation d’Einstein …) admettent en réalité une infinité de solutions, parmi lesquelles une seule correspond à notre univers. Doit-on se résoudre à admettre l’existence d’une infinité d’Univers inaccessibles pour pouvoir justifier le notre par un principe anthropique?
Nous pensions, dit Lee Smolin, savoir comment répondre à ces questions. Une théorie unique mathématiquement cohérente pourrait incorporer les 4 lois fondamentales de la nature. Mais cet espoir a été anéanti. On se trouve face à ce qu'il appelle "le défi cosmologique". On vient de voir qu'il faudrait étendre la science à une théorie de l'Univers entier. Le défi est qu'il ne peut pas exister de composante statique qui puisse servir de cadre de référence, car tout dans l'Univers change et il n'existe aucun extérieur., rien qui puisse être qualifié de fond par rapport auquel les mouvements du reste de l'Univers (que nous négligeons). Or, toutes les théories physiques divisent le monde en deux parties, une partie « dynamique », qui change, et une statique, qui contient un « fond » de choses immuables, comme les constantes fondamentales. Le « défi cosmologique » consiste à formuler une théorie de l’univers « indépendante du fond », purement dynamique afin de ne rien supposer d’extérieur à l’Univers: "Lorsqu’on fait de la « physique dans une boite », le « fond » comprend notamment les conditions initiales, et la méthode expérimentale permet de contrôler les conditions initiales afin de s’assurer que les lois sont indépendantes de ces conditions. En cosmologie, cette distinction entre « lois » et « conditions initiales » aggrave le problème qu’elle résout « dans une boite » : si nos observations du fond diffus cosmologique ne correspondent pas bien à la théorie de l’inflation cosmologique, faut-il corriger la loi ou les conditions initiales? Smolin critique aussi les théories effectives qui décrivent bien ce qui se passe à une certaine échelle de grandeur, mais en négligeant l’influence de ce qui est beaucoup plus grand ou plus petit." Pour Smolin, la théorie issue du défi cosmologique doit tenir compte de tout, sans rien négliger."
J'ai poursuivi "ma lecture" avec l'article 2 (le défi cosmologique chapitre 9), l'article 3 (Nouveaux principes de cosmologie chapitre 10), l'article 4 (les lois évolutives chapitre 11), l'article 5 (la mécanique quantique et le libération de l'atome chapitre 12), l'article 6 (le combat de la relativité et du quantum chapitre 13). Puis j'ai fait une pause pour approfondir l'interprétation non dominante de la mécanique quantique de Bohm dans La physique quantique version variables cachées et le dialogue Bohm et Krishnamurti.
L'article 7 (La renaissance du temps par la relativité chapitre 14) conclut par: "La notion globale de temps que nous venons de voir implique qu'en chaque événement il existe un observateur privilégié dont l'horloge mesure la passage du temps. Mais il n'y a aucun moyen de le choisir par une mesure qu'on pourrait faire dans une petite région, ce qui confirme le principe de relativité à des échelles plus petites que celle l'univers. Ce choix d'un temps global particulier est déterminé par la façon dont est distribuée la matière dans l'univers. La dynamique des formes constitue donc "un pont" entre le principe de relativité et le temps global qu'exigent les théories telles que celle à laquelle aspire Lee Smolin avec des lois évolutives ou celles qui expliquent les phénomènes individuels au moyen de variables cachées. Il y a une grandeur par contre qui n'a pas le droit de changer lorsqu'on agrandit ou qu'on rapetisse les échelles, c'est le volume de l'univers à chaque instant, même s'in évolue au cours du temps. Ceci donne donc un sens à la taille totale de l'univers et à son expansion et nous fournit une horloge physique universelle. LE TEMPS VIENT D'ÊTRE REDECOUVERT".
Dans l'article 8 (l'émergence de l'espace chapitre 15), nous avons abandonné provisoirement le temps pour examiner l'espace. Le Dr Goulu nous le présente ainsi: "Ce long chapitre est le plat de résistance du livre. C’est là que ça passe où ça casse, et j’ai mis plus de deux semaines à le digérer avec peine. Il commence très fort: L’aspect le plus mystérieux du monde est juste sous nos yeux. Rien n’est plus banal que l’espace, et pourtant lorsque nous l’examinons de près, rien n’est plus mystérieux. Je crois que le temps est réel et essentiel à une description fondamentale de la nature. Mais je crois probable que l’espace va s’avérer n’être qu’une illusion. [...] Selon Smolin, l’existence d’un temps réel est indispensable pour réconcilier les deux pans de la physique, mais l’espace ne l’est pas. Parmi les théories ayant exploré l’idée que l’espace émerge d’une structure de graphe plus fondamentale, la première est la “triangulation dynamique causale” [...].
L'article 9 a débuté avec une synthèse (chapitre 3) effectuée par le DrGoulu du chapitre 16 (vie et mort de l'univers) du livre de Lee Smolin: "La vision intemporelle de la physique basée sur le paradigme de Newton a montré son impuissance face aux questions les plus basiques de l’univers : pourquoi est-il intéressant (…) au point que des créatures comme nous puissions y être et nous en émerveiller ? Mais si nous adoptons la réalité du temps, nous rendons possible une physique asymétrique par rapport au temps dans laquelle l’univers peut naturellement faire évoluer de la complexité et de la structure. Et ainsi nous évitons le paradoxe d’un univers improbable".
Après avoir étudié au chapitre 3-2 (de cet article) La physique moderne et la thermodynamique, s'est posée (au chapitres 3-3) la question : "notre univers est-il en équilibre"? La réponse étant négative nous avons examiné au chapitre 3-4 la question de la flèche du temps et le problème qu'elle pose (son illusion?). Puis nous avons effectué au chapitre 3-5) un retour à la question qui a été à l'origine de la réflexion de Lee Smolin: le temps est-il fondamental? Est-il asymétrique? En effet, si nous avons besoin de conditions initiales asymétriques pour expliquer notre univers alors que les lois de la nature sont temporellement symétriques, cela n'affaiblit-il pas l'argument en faveur d'un temps irréel, qui n'existe pas, comme le présente la cosmologie moderne (Carlo Rovelli dit: "il faut oublier le temps")? Au chapitre 5 nous avons réexaminé une réflexion qui est présente dans notre questionnement depuis le début du livre de Lee Smolin (et donc dans mes articles): Pouvons-nous dire de notre univers qu'il est improbable (en raison de l’ajustement fin qui réfère à l’étonnante précision des constantes physiques de la nature et de l’état premier de l’Univers)? En effet, pour expliquer l’état présent de l’univers, même la meilleure théorie scientifique suppose que les constantes physiques de la nature et l’état premier de l’Univers aient des valeurs extrêmement précises. Pour Lee Smolin, la seule façon d'échapper à l'erreur cosmologique et au paradoxe d'un univers improbable est de baser l'explication de la complexité et du fait que l'univers a un richesse intéressante sur une physique qui soit temporellement asymétrique, qui rend de fait l'univers inévitable plutôt qu'improbable et d'adopter la réalité du temps.
Nous pouvons aborder maintenant "ma lecture du chapitre 17: "La renaissance du temps par la chaleur et la lumière".
3) "La renaissance du temps par la chaleur et la lumière" (chapitre 17).
3-1) L'univers "leibnizien".
Dans l'article 9, nous venons de considérer l'une des plus grandes énigmes cosmologiques : Pourquoi l'univers est intéressant et paraît devenir de plus intéressant au cours du temps. Les tentatives de s'attaquer à cela, basées sur la vision intemporelle qu'implique le paradigme newtonien se sont avérées infructueuses et conduisent à des paradoxes: l'affirmation que l'univers unique est improbable conduit au paradoxe du cerveau de Boltzmann. Dans le chapitre 17, Lee Smolin va expliquer comment les principes d'une nouvelle théorie cosmologique, tels que ceux énoncés dans le chapitre 10 (voir mon article 3 au chapitre 2: les nouveaux principes de cosmologie). Ils peuvent mener à une compréhension de pourquoi l'univers est intéressant, sans buter sur les paradoxes que nous avons rencontrés dans l'article 9 (chapitre 16 du livre).
Commençons par la question: l'univers peut-il contenir deux instants identiques? Chaque instant est unique nous répond la flèche du temps et jusqu'ici, l'univers est différent à différents instants. La question est de savoir si la progression des instants est accidentelle ou reflète un principe plus profond. Dans les théories qui procèdent du paradigme newtonien, la flèche du temps semble accidentelle alors que dans un univers éternel on doit s'attendre à de nombreuses paires d'instants identiques. Mais il y a un principe plus profond qui dit que deux instants ne peuvent être identiques: c'est le principe de l'identité des indiscernables de Leibniz qui a été décrit dans l"article 3 (ma lecture du chapitre 10 du livre) au chapitre 2-2. Ce principe a été vu comme une conséquence du principe de raison suffisante de Leibniz et comme l'essence de la philosophie du "relationalisme". Ce principe affirme qu'il ne peut y avoir 2 objets dans l'univers qui soient distincts s'ils sont indiscernables. En particulier si des objets se distinguent l'un de l'autre seulement par leurs propriétés observables, il ne peut y avoir deux objets discernables ayant exactement les mêmes propriétés. Le principe de Leibniz découle de l'idée fondamentale que les propriétés des corps obéissent au "relationalisme": "La notion de relationalisme s'oppose à celle de substantialisme et s'est introduite historiquement à propos de la conception de l'espace et du temps. La conception substantialiste de l'espace et du temps considère qu'ils existent comme entités indépendantes au même titre que la matière et constituent un cadre pour l'existence des objets et des phénomènes. L'espace c'est l'étendue et le temps c'est la durée où sont plongés les objets matériels. Une conception qui remonte à Démocrite où les atomes et le vide ont même statut, mais qui a pris corps chez Newton avec son espace et son temps absolus et a envahit toute la physique classique La conception relation listé de l'espace et du temps considère que ce sont les formes d'existence des objets matériels, l'espace exprimant l'existence même des objets et le temps exprimant la succession des états. L'espace traduit les relations entre objets, leur disposition mutuelle, et le temps les relations entre les états et les événements. La conception relationaliste considère que l'espace et le temps sont l'expression de la coordination de ce qui existe dans l'univers. Cette conception a été essentiellement développée par Leibniz. Citons le : « Je ne dis pas du tout que la matière et l'espace sont la même chose, j'affirme seulement que sans matière il n'y a pas d'espace et que l'espace en lui même ne constitue pas une réalité absolue ». Ce n'est pas pour autant que le relationalisme constitue une doctrine idéaliste opposée au matérialisme. Car le relationalisme reconnaît l'objectivité de l'espace et du temps et son universalité, car rien ne peut exister en dehors de l'espace et du temps".
Qu'en est-il de deux particules comme deux électrons dont l'un est dans un des atomes de mon PC et l'autre sur la lune? Ce ne sont pas des particules identiques, car leur position est l'une de leurs propriétés. Du point de vue relationnel, on peut dire qu'ils sont discernables car ils ont des environnements distincts. Mais l'espace absolu n'existe pas et il n'y a aucun moyen de demander ce qui se passe en un point précis à moins d'avoir un moyen de spécifier cet endroit, par exemple en notant ce qui est unique dans la vue depuis cet endroit. Mais si on affirme que deux objets dans l'espace ont exactement les mêmes propriétés et le même environnement, cela veut dire que quelle que soit la distance depuis laquelle on les observe, on découvrira la même organisation dans l'espace pour tout le reste. Et dans ce cas, il serait impossible d'expliquer à un observateur comment distinguer un objet de l'autre. En conséquence, il est impossible que le monde contienne deux objets identiques. Plus de détails, voir le chapitre 10 du livre pages 126 et 127 ([...] si les propriétés d'un corps, les propriétés par lesquelles nous l'identifions et le distinguons des autres corps, sont des relations avec d'autres corps, alors il ne peut pas y avoir deux corps ayant exactement le même ensemble de relations au reste de l'univers. Si deux choses ont exactement les mêmes relations avec tout le reste dans l'univers, c'est qu'elles sont une seule et même chose. C'est là le principe de Leibniz, l'identité des indiscernables, une conséquence du principe de raison suffisante). Ainsi affirme Lee Smolin, dans ces pages, il n'y a aucune symétrie fondamentale dans l'univers dans son ensemble.
Il en est de même des événements dans l'espace-temps. Il ne peut y avoir non plus deux instants identiques, car le principe d'identité des indiscernables nécessite qu'il ne puisse y avoir dans l'espace-temps deux événements avec exactement les mêmes propriétés observables. Ce que j'observe, un ciel étoilé par exemple, est un panorama de l'univers depuis un lieu particulier à un instant particulier. Si; comme nous l'avons supposé pour la nouvelle physique à construire (nouvelle théorie à laquelle aspire lee Smolin) est relationnelle, alors les photons qui nous arrivent du ciel étoilé constituent la réalité intrinsèque de cet événement particulier (moi, en train de lever la tête vers le ciel, à cet endroit et à cet instant particuliers). Le principe de l'identité des indiscernables nous dit que le panorama que ce que chaque observateur peut voir depuis chaque événement dans l'histoire de l'univers est unique. Cela implique que notre univers ne peut avoir de symétries exactes comme nous l'avons vu au chapitre 10 du livre. Les symétries que la science postule et qui sont présentes dans toutes nos théories physiques avec le concept de groupe sont utiles pour l'analyse de petites parties de l'univers s'avèrent approchées ou bien rompues.
Dans un tel univers où chaque instant est unique et ne se répète jamais, il n'y a jamais de réalisation complète des conditions pouvant donner du sens au paradigme newtonien. Cette méthode demande la répétition de nombreuses expériences pour vérifier leur reproductibilité et pour distinguer l'effet d'une loi générale des effets des modifications des conditions initiales. Cela peut être obtenu approximativement, mais jamais exactement car plus allons dans les détails, plus il apparaît qu'aucune expérience ni événement ne peut être la copie exacte d'un autre. Les univers hypothétiques dans lesquels chaque instant et chaque événement sont absolument uniques et qui satisfont le principe d'identité des indiscernables sont appelés par Lee Smolin univers Leibniziens.
3-2 Univers Boltzmannien. Ceci est en contraste avec l'univers conçu par Ludwig Boltzmann, vision de la cosmologie dans laquelle l'essentiel de l'histoire de l'univers est dominé par des périodes d'équilibre thermique où l'entropie évolue vers un maximum et où il n'y a ni structure ni organisation. Ces longues périodes aux allures de mort thermique sont ponctuées d'épisodes relativement courts durant lesquels on peut voir émerger de la structure et de l'organisation dues à une fluctuation statistique, qui se dissipent suite à la tendance à la croissance de l'entropie.
3-3 Vivons-nous dans un univers de type boltzannien, ou bien leibnizien?
C'est la question dont le futur dépend. Dans un univers leibnizien, le temps est réel; aucun instant n'est pareil à un autre. Dans un univers boltzmannien, il y a une multitude d'instants qui se répètent, exactement ou à n'importe quel degré de précision. Cela signifie que tous les instants de cet univers sont comme tous les autres parce qu'à l'équilibre, ils sont grosso modo les mêmes dit Lee Smolin. Les quantités globales qui les mesurent, comme la température ou la densité sont uniformes et même si elles fluctuent autour de ces moyennes, elles ne le font jamais assez pour influencer les niveaux macroscopiques de structure et d'organisation. Si on attend assez longtemps, l'univers s'approchera de la répétition de n'importe quelle configuration, autant que l'on voudra. Ces quasi-récurrences sont séparées par un temps appelé temps de récurrence de Poincaré, qu'on a vu dans l'article 9 au chapitre 3-2 (Les gaz et seconde loi de la thermodynamique) : [le théorème de Poincaré dit que, pour presque toutes les « conditions initiales », un système dynamique conservatif dont l'espace des phases est de « volume » fini va repasser au cours du temps aussi près que l'on veut de sa condition initiale, et ce de façon répétée.].Mais si le temps de cet univers de Boltzmann est éternel, chaque instant se répète un nombre infini de fois.
Dans un univers leibnizien, c'est tout l'inverse: par définition, aucun instant ne se répète jamais.
Un univers ne peut être à la fois boltzannien et leibnizien, alors, de quelle sorte est le notre? Si le temps est réel, il devrait être impossible que deux instants soient distincts et identiques, donc le temps ne peut être pleinement réel que dans un univers leibnizien. Ce dernier sera complexe, générant une large palette de motifs et de structures et en changement perpétuel pour s'assurer que chaque instant peut être distingué de tout autre par les structures et les motifs qu'il contient. C'est bien le cas de qui apparaît de notre univers, qui doit donc être de type leibnizien.
3-4) Complexité, auto-organisation, diversité...
Le fait que notre univers semble satisfaire le principe de l'identité des indiscernables n'enlève pas la totalité du mystère. En effet, ce ne sont pas les principes qui agissent sur la matière, mais les lois. Ce que nous avons besoin de savoir, c'est comment un principe est satisfait en agissant par le biais des lois. La relation "tortueuse" entre la gravitation et la thermodynamique donne un élément de réflexion sinon une réponse. Une composante de notre univers leibnizien actuel est presque à l'équilibre thermique avec le rayonnement micro-ondes cosmologique (CMB). C'est une relique de l'univers primordial qui a surgi environ 380 000 ans après le big bang. L'équilibre règne dans de très vastes régions de l'espace intergalactique et interstellaire, mais une grande partie de l'univers est loin de l'équilibre. C'est le cas des étoiles avec leurs environnements. Elles sont en équilibre dynamique entre l'énergie générée par les réactions nucléaires dans leurs noyaux, qui tendent à les faire exploser, et la gravitation, qui voudrait les faire s'effondrer. Une étoile attendra l'équilibre seulement quand elle sera à court de combustible nucléaire en se stabilisant sous forme d'une naine blanche, d'une étoile à neutrons ou d'un trou noir selon sa masse (le trou noir peut devenir le moteur d'un système qui engloutit de la matière puis la recrache en l'accélérant). Tous ces systèmes ne sont toutefois pas à l'équilibre, ce sont des états stationnaires dynamiques d'équilibre. Une étoile est donc, dans l'espace-temps, un système amené loin de l'équilibre par un flux continu d'énergie qui le traverse. Celle-ci provient à la fois de l'énergie nucléaire et de l'énergie potentielle gravitationnelle lentement convertie en lumière stellaire. Cette lumière illumine alors la surface d'éventuelles planètes, les amenant aussi dans leurs propres états loin de l'équilibre. Ceci est un autre principe général, le principe d'auto-organisation pilotée: "Les flux d'énergie à travers des systèmes ouverts (systèmes ayant des limites et pouvant échanger de l'énergie avec leur milieu) tendent à les conduire vers des états de plus grande organisation." Après le principe de raison suffisante et le principe d'identité des indiscernables, le principe d'auto-organisation pilotée est le troisième principe qui, ainsi que le dit Lee Smolin est "l'ange gardien sur le terrain, fait le boulot dans les myriades d'étoiles et de galaxies pour garantir un univers diversifié et complexe". Le flux d'énergie à travers un système peut conduire à des motifs et des structures complexes, preuves que ces systèmes sont loin de l'équilibre thermodynamique, comme l'avait mis en évidence Ilya Prigogine avec l'auto-organisation des structures dissipatives, qu'on peut mettre en évidence simplement en observant les cellules de Bénard formées par un liquide qui bout dans une casserole. Un autre exemple est la structure ridée crée par les vents dans les dunes de sable (et rides). La vie est à l'autre bout du spectre. Entre ces deux extrêmes se trouvent de nombreuses choses, écosystèmes qui résultent toutes d'un flux stationnaire d'énergie à travers le système. Cela implique que tous les systèmes complexes auto-organisés ne sont jamais des systèmes isolés. Ces flux produisent des systèmes leibniziens. Les êtres vivants, en particulier, tendent à exister en nombreuses copies, mais chacune d'entre elles est distinguable des autres et plus on grimpe dans l'échelle de la complexité, plus les individus sont différentiables les uns des autres.
Or, nous avons vu dans l'article 9 en particulier que la deuxième loi de la thermodynamique ne peut être appliquée que pour un système isolé (ou fermé comme le précise le site), circonscrit dans une boite, qui empêche matière et énergie d'être échangées avec l'extérieur. Mais aucun être vivant n'est un système isolé. Aristote, nous dit Lee Smolin, avait raison lorsqu'il disait avoir compris que notre monde terrestre est maintenu loin de l'équilibre par le flux d'énergie qui le traverse. C'est pour ne pas avoir su apprécier cette idée que de nombreux scientifiques ont été conduits à voir un conflit entre la deuxième loi de la thermodynamique et le fait que la sélection naturelle ait produit des structures de plus en plus improbables. En fait, il n'y a aucune contradiction. La biosphère n'est pas un système isolé et la deuxième loi qui dit que l'entropie est croissante ne s'y applique pas. La sélection naturelle doit être vue comme un mécanisme d'auto-organisation qui peut être spontanément générée suite à la tendance qu'ont les systèmes à s'auto-organiser en étant pilotés de manière externe (au système). Les systèmes hautement complexes ne peuvent pas être à l'équilibre parce que l'ordre n'y est pas aléatoire; une grande entropie et une grande complexité ne peuvent pas coexister. Cependant, un système de faible entropie n'est pas forcément un système complexe, comme le serait une rangée d'atomes disposée en ligne. .
Pour caractériser la complexité, Lee Smolin et Julian Barbour ont inventé la notion de diversité d'un système: "Un système possède une grande diversité si on peut distinguer les deux composantes de toutes les paires des ses sous-systèmes au moyen d'une quantité d'information minimale sur la manière dont elles sont connectées ou reliées au tout"
Suite de l'article dans mon autre blog https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/07/la-renaissance-du-temps-article-10-la.html#.XYz_IEYzb4Y
https://www.lepoint.fr/invites-du-point/hubert-reeves/reeves-mort-thermique-de-l-univers-quand-la-science-regresse-11-09-2014-1862173_1914.ph Reeves - Mort thermique de l'Univers : quand la science régresse |
La renaissance du temps article 9 (vie et mort de l'univers)
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Mes articles: La renaissance du temps article 1: (Partie II chap. 8) Einstein insatisfait - L'erreur et le dilemme cosmologique Autres liens: http://www.philipmaulion.com/article-bienvenu-au-moment-present-de-lee-smolin-117515126.html: Bienvenue au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin. http://www.philipmaulion.com/2017/05/emergence-pourquoi-les-physiciens-recourent-ils-a-cette-notion.htm:l Emergence : pourquoi les physiciens recourent-ils à cette notion ? Lee Smolin et Roberto Mangabeira Unger ont construit un ensemble d'hypothèses constituant une philosophie de la nature1 :
Dans son livre The Life of the Cosmos, Smolin propose d'appliquer la sélection naturelle à la cosmologie, de sorte que l'univers que nous connaissons serait le résultat de l'évolution par mutation d'univers plus anciens. C'est la théorie des univers féconds. Smolin avance qu'un univers pourrait en engendrer un autre lors de la formation d'un trou noir. Les constantes fondamentales de la physique, comme la célérité de la lumière dans le vide, seraient différentes d'un univers à l'autre. boucles.html#.XBQYhVxKj4Y: La gravitation quantique à boucles Pour commencer à connaître avec quelques sites internet regroupés sur une même page pour une lecture plus aisée et des liens supplémentaires. http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/136/smolin.htm (Time Reborn: From the Crisis in Physics to the Future of the Universe) |
(La renaissance du temps le livre numérique: https://books.google.fr/books?id=O3z1nXjcDu4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false)
http://www.drgoulu.com/2015/01/28/la-renaissance-du-temps/#.WEuqNNThA_7 (la renaissance du temps 1/2)
http://www.drgoulu.com/2015/12/31/la-renaissance-du-temps-22/ (la renaissance du temps 2/2)
http://medias.dunod.com/document/9782100706679/Feuilletage.pdf (la renaissance du temps Dunod: quelques pages à feuilleter)
https://monblogdereflexions.blogspot.com/2018/12/la-gravitation-quantique- La gravitation quantique à boucles avec Carlo Rovelli: Pour s'initier avec quelques sites
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/la-mecanique-quantique-est-en-171058 (la mécanique quantique est en crise par Bernard Dugué)
http://www.paris8philo.com/article-33714241.html: à propos de rien ne va plus en physique: "billet de Jean Zin, pour une physique pluraliste, qui nous paraît essentiel pour comprendre les enjeux des théories physiques actuelles qui souvent tendent vers l'impossible, hors toute avancée, toute brèche se fait par dissymétrie, sans souci du qu'en-dira-t-on il suffit de voir l'attitude de Grigori Perelman, si non-chalante vis-à-vis de la communauté scientifique, ou devrait-on dire l'etablishment. Jean Zin reste un grand guetteur de ce qui se passe en science, nous vous recommandons ses articles."
1) Préambule: Ceci est la suite des articles de mon blog à propos des univers multiples d'Aurélien Barrau pour les quels je retiens ici les commentaires utiles:
-Mon article 1; D'après Aurélien Barrau, Univers multiples Chap 1): les propositions nouvelles face aux problèmes:et paradoxes de la physique "peuvent constituer une "pulsion inchoactive" qui poussera vers une découverte sans précédent ou bien vers un réenchantement de ce que l'on savait déjà sans en avoir pris la "dé-mesure" et finalement vers une nouvelle sacralisation du "monde".
-Mon article 2: D'après Aurélien Barrau, Univers multiples. La gravitation quantique chap. 9 L) Voir la Conclusion: [...] aujourd'hui, la physique est en crise, le monde est en crise. Avec Lee Smolin et son "rien ne va plus en physique", Carlo rovelli Parle de la schizophrénie bipolaire des physiciens (voir une révolution inachevée). La vision anthropique de Trin Xhuan Thuan et la vision biblique du monde, qui s'origine dans les mythes de l'Un et de l'ordre, émergeant du Chaos initial, semblent exclus de la vision de bien des physiciens et cosmologues qui découvrent, comme l'a fait Jean Pierre Luminet, que l'Univers ne peut avoir été infiniment dense et donc que le big bang ne peut avoir été tel qu'on se l'imaginait depuis de nombreuses décennies. La possibilité d'un avant big bang a été mise en évidence avec un (ou des?) univers précédent qui se serait condensé jusqu'à une taille extrêmement petite mais non nulle et qui aurait "rebondi" en un big bounce pour donner notre Univers actuel en expansion après le phénomène d'inflation cosmique. Un des derniers rebondissements de ces recherches, avec Lee Smolin, pourrait bien aboutir avec sa "renaissance du temps" à une solution de la contradiction entre la physique quantique et la théorie de la relativité. A priori, ce serait une théorie unifiée des interactions fondamentales.
2) La renaissance du temps, mes précédents articles - résumé.
Nous avons vu dans mon article 1 à propos d'Aurélien Barrau chap.9, que de nombreuses théories nouvelles ou hypothèses proposent l'unification de la physique ou tout au moins des explications aux dilemmes et paradoxes que la cosmologie moderne a mis en évidence.
Mais, dans mes articles sur "la renaissance du temps", voir l'article 1 chapitre 8, Lee Smolin prévient: Le paradigme newtonien ne peut même pas apporter un embryon de réponse à ces questions et dilemmes: Pourquoi ces lois? Pourquoi ces conditions initiales de l'univers? Quel mécanisme les a t-il sélectionnées parmi une multitude infinie de possibilités? etc. Il appelle "erreur cosmologique" (voir mon article 1 chapitre 2), le fait d'appliquer à l’Univers entier dans sa globalité des lois établies et vérifiées sur des sous-systèmes. Dans le paradigme newtonien, ce que nous appelons une loi doit s'appliquer dans tous les cas. Mais l'application d'une loi à n'importe quel morceau d'univers implique une approximation, parce que nous devons négliger toutes les interactions entre ce morceau et le reste de l'univers. Donc les applications vérifiables d'une loi sont toutes des approximations. Lee Smolin fait remarquer en particulier que les lois se vérifient sur beaucoup de sous-systèmes. Mais si on veut appliquer une loi de la nature sans approximation, c'est à l'univers entier qu'il faudrait l'appliquer, alors que nous n’avons qu’un seul Univers sous la main. Et un seul cas n'apporte pas suffisamment d'indices pour justifier l'affirmation qu'une loi particulière de la nature s'applique. C'est ce que Lee Smolin appelle le dilemme cosmologique (faire de la physique dans une boite: on considère un petit sous-système isolé du reste de l’univers dans lequel on néglige certains effets pour ne s’intéresser qu’à certaines variables qui définissent un espace de configuration, atemporel. ). Et pourquoi cette loi et pas une autre? De plus, beaucoup de théories cosmologiques (théorie des cordes, équation d’Einstein …) admettent en réalité une infinité de solutions, parmi lesquelles une seule correspond à notre univers. Doit-on se résoudre à admettre l’existence d’une infinité d’Univers inaccessibles pour pouvoir justifier le notre par un principe anthropique?
Nous pensions, dit Lee Smolin, savoir comment répondre à ces questions. Une théorie unique mathématiquement cohérente pourrait incorporer les 4 lois fondamentales de la nature. Mais cet espoir a été anéanti. On se trouve face à ce qu'il appelle "le défi cosmologique". On vient de voir qu'il faudrait étendre la science à une théorie de l'Univers entier. Le défi est qu'il ne peut pas exister de composante statique qui puisse servir de cadre de référence, car tout dans l'Univers change et il n'existe aucun extérieur., rien qui puisse être qualifié de fond par rapport auquel les mouvements du reste de l'Univers (que nous négligeons). Or, toutes les théories physiques divisent le monde en deux parties, une partie « dynamique », qui change, et une statique, qui contient un « fond » de choses immuables, comme les constantes fondamentales. Le « défi cosmologique » consiste à formuler une théorie de l’univers « indépendante du fond », purement dynamique afin de ne rien supposer d’extérieur à l’Univers: "Lorsqu’on fait de la « physique dans une boite », le « fond » comprend notamment les conditions initiales, et la méthode expérimentale permet de contrôler les conditions initiales afin de s’assurer que les lois sont indépendantes de ces conditions. En cosmologie, cette distinction entre « lois » et « conditions initiales » aggrave le problème qu’elle résout « dans une boite » : si nos observations du fond diffus cosmologique ne correspondent pas bien à la théorie de l’inflation cosmologique, faut-il corriger la loi ou les conditions initiales? Smolin critique aussi les théories effectives qui décrivent bien ce qui se passe à une certaine échelle de grandeur, mais en négligeant l’influence de ce qui est beaucoup plus grand ou plus petit." Pour Smolin, la théorie issue du défi cosmologique doit tenir compte de tout, sans rien négliger."
J'ai poursuivi "ma lecture" avec l'article 2 (le défi cosmologique chapitre 9), l'article 3 (Nouveaux principes de cosmologie chapitre 10), l'article 4 (les lois évolutives chapitre 11), l'article 5 (la mécanique quantique et le libération de l'atome chapitre 12), l'article 6 (le combat de la relativité et du quantum chapitre 13). Puis j'ai fait une pause pour approfondir l'interprétation non dominante de la mécanique quantique de Bohm dans La physique quantique version variables cachées et le dialogue Bohm et Krishnamurti.
L'article 7 (La renaissance du temps par la relativité chapitre 14) conclut par: "La notion globale de temps que nous venons de voir implique qu'en chaque événement il existe un observateur privilégié dont l'horloge mesure la passage du temps. Mais il n'y a aucun moyen de le choisir par une mesure qu'on pourrait faire dans une petite région, ce qui confirme le principe de relativité à des échelles plus petites que celle l'univers. Ce choix d'un temps global particulier est déterminé par la façon dont est distribuée la matière dans l'univers. La dynamique des formes constitue donc "un pont" entre le principe de relativité et le temps global qu'exigent les théories telles que celle à laquelle aspire Lee Smolin avec des lois évolutives ou celles qui expliquent les phénomènes individuels au moyen de variables cachées. Il y a une grandeur par contre qui n'a pas le droit de changer lorsqu'on agrandit ou qu'on rapetisse les échelles, c'est le volume de l'univers à chaque instant, même s'in évolue au cours du temps. Ceci donne donc un sens à la taille totale de l'univers et à son expansion et nous fournit une horloge physique universelle. LE TEMPS VIENT D'ÊTRE REDECOUVERT".
Dans l'article 8 (l'émergence de l'espace chapitre 15), nous avons abandonné provisoirement le temps pour examiner l'espace. Le Dr Goulu nous le présente ainsi: "Ce long chapitre est le plat de résistance du livre. C’est là que ça passe où ça casse, et j’ai mis plus de deux semaines à le digérer avec peine. Il commence très fort: L’aspect le plus mystérieux du monde est juste sous nos yeux. Rien n’est plus banal que l’espace, et pourtant lorsque nous l’examinons de près, rien n’est plus mystérieux. Je crois que le temps est réel et essentiel à une description fondamentale de la nature. Mais je crois probable que l’espace va s’avérer n’être qu’une illusion. [...] Selon Smolin, l’existence d’un temps réel est indispensable pour réconcilier les deux pans de la physique, mais l’espace ne l’est pas. Parmi les théories ayant exploré l’idée que l’espace émerge d’une structure de graphe plus fondamentale, la première est la “triangulation dynamique causale” [...].
3) Vie et mort de l'univers (chapitre 16 de "la renaissance du temps").
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fl%C3%A8che_du_temps La flèche du temps |
Gravir le Mont Improbable Growing Up in the Universe - Richard Dawkins
3-1) La complexité est-elle probable?.
Nous venons de voir dans L'article 7 (La renaissance du temps par la relativité chapitre 14)
que "LE TEMPS VIENT D'ÊTRE REDECOUVERT". Il faut maintenant aborder la question la plus importante et la plus énigmatique concernant l'univers: pourquoi l'univers est-il hospitalier à la vie? Le Dr Goulu écrit en synthèse du chapitre 16 (vie et mort de l'univers): "La vision intemporelle de la physique basée sur le paradigme de Newton a montré son impuissance face aux questions les plus basiques de l’univers : pourquoi est-il intéressant (…) au point que des créatures comme nous puissions y être et nous en émerveiller ? Mais si nous adoptons la réalité du temps, nous rendons possible une physique asymétrique par rapport au temps dans laquelle l’univers peut naturellement faire évoluer de la complexité et de la structure. Et ainsi nous évitons le paradoxe d’un univers improbable".
Mais voyons cela plus en détail. Si le temps est vraiment réel, alors il devrait y avoir des propriétés qui sont explicables seulement si nous supposons que le temps est fondamental alors qu'elles devraient sembler accidentelles et mystérieuses si on fait l'hypothèse opposée (un temps émergeant). De telles propriétés existent et sont perçues en observant que notre univers a une histoire d'évolution du simple vers le complexe. Cela confère une forte directionnalité au temps: nous disons que l'univers a une flèche du temps, flèche qui serait très improbable dans un monde où le temps est non essentiel et émergeant.
La complexité est improbable, rien ne peut sauter immédiatement d'une organisation simple à une organisation complexe. La complexité nécessite une série de petites étapes, qui se produisent en séquence en impliquant un fort ordonnancement des événements dans le temps. C'est Gravir le Mont Improbable de Richard Dawkins (Le livre est relatif à la probabilité et à ses applications dans la théorie de l'évolution, et spécifiquement dirigé contre le créationnisme. Il y détaille notamment les probabilités pour la sélection naturelle de mener à des organismes complexes). L'univers doit donc avoir avoir une histoire, qui s'est déroulée dans le temps et un ordre causal est nécessaire pour expliquer comment l'univers en est arrivé à son instant présent. Mais Dawkins, qui voulait en finir avec dieu, avait-il une vision foncièrement différente de celle des physiciens du XIXè siècle et de certains cosmologistes contemporains qui adoptent une vision intemporelle et pour qui la complexité est accidentelle et nécessairement temporaire. De ce point de vue, le destin de l'univers est de s'achever dans un état d'équilibre, la mort thermique de l'univers: "L’idée de mort thermique découle de la seconde loi de la thermodynamique, qui postule que l’entropie tend à s’accroître dans un système isolé. Si l’univers a une durée suffisamment longue, il se rapprochera asymptotiquement d’un état où toute l’énergie sera uniformément distribuée. Elle provient des idées de William Thomson, en 1850." Mais, dans ce cas, la matière et l'énergie sont alors uniformément distribuées et rien ne se passe à l'exception de quelques fluctuations aléatoires qui se dissipent sitôt apparues. mais Lee Smolin va nous expliquer plus loin que les principes écrits dans l'article chapitre 10 pour une nouvelle théorie cosmologique vont aider à comprendre pourquoi un univers d'une complexité croissante est inéluctable. Alors est-il raisonnable de dire avec Dawkins et beaucoup d'autres que l'univers est la complexité sont accidentels et le résultat du hasard (?) Affirmer que dieu n' a pas créé l'univers n'est-il pas une manifestation de rejet athéiste de l'idée d'un créateur en fermant la porte à la possibilité d'inéluctabilité de la complexité?
Ainsi, deux routes différentes s'offrent pour décrire le future de l'univers:
-Dans la première, il n'y a pas de futur parce qu'il n'y a pas de temps. Le temps est une illusion qui est au mieux une mesure du changement. Etienne Klein qui tourne autour de ces mystères depuis plus de 25 ans, "prend l’image de la bobine d’un film de cinéma. Rangée sur une étagère, elle contient «en même temps» toutes les images du film, sans temporalité propre. Mais dès qu’on installe la bobine sur un projecteur, elle acquiert une temporalité par le défilement successif des images sur un écran". Cette vision pourrait-elle être un pont entre celle qui précède (le temps n'existe pas) et celle de Lee Smolin qui va être évoquée maintenant?
-Dans la vision du temps que propose Lee Smolin, l'univers est un processus permettant de générer de nouveaux phénomènes et états d'organisation qui se renouvellent en permanence tandis qu'il évolue vers des états d'organisation supérieurs et de plus en plus complexes. Au tout début, l'univers était un plasma en équilibre dont il "créa" une complexité énorme sur une large gamme d'échelles, depuis les amas de galaxies jusqu'aux molécules organiques. Lee Smolin nous affirme que la persistance et la croissance de toute cette structure et cette complexité élimine l'explication la plus simple, que ce serait un arrangement accidentel. Un accident ne "résulterait" pas en structures qui ont persisté pendant des milliards d'années et dont la complexité s'accroît continuellement avec le temps. Si elle était accidentelle, elle diminuerait presque certainement avec le temps et non l'inverse.
La prédiction de la mort thermique de l'univers, étape de plus dans "l'extraction" du temps de la physique et de la cosmologie s'accorde avec les idées antiques d'un état de l'univers exempt de changement. Pour Aristote, l'état naturel du monde est un équilibre où, puisque tout est à sa place naturelle, il n' y a aucune poussée vers l'organisation. Chaque essence possède un mouvement naturel, la terre veut aller vers le centre, tandis que le mouvement naturel de l'air est vers le haut. Toutefois, pour qu'il y ait des changements dans le domaine terrestre, il faut qu'il y ait d'autres causes, des mouvements imposés capables de déplacer quelque chose hors de son état naturel. Les humains et les animaux sont sources de mouvements imposés, L'eau chaude en est une autre; elle intègre l'air en elle et; de ce fait, adopte en partie le mouvement naturel de l'air vers le haut, s'élève jusqu'à ce qu'elle refroidisse. A ce stade, elle expulse l'air et retombe sous forme de pluie. La source ultime de ce mouvement imposé est la chaleurs du soleil...
Suite de l'article, voir mon blog principal: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/06/la-renaissance-du-temps-article-9-vie.html#.XSb17-gzb4Y
La renaissance du temps article 8 (Lee Smolin Partie II chap. 15) L'émergence de l'espace
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Carlo Rovelli "par-delà le visible". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Mes articles: La renaissance du temps article 1: (Partie II chap. 8) Einstein insatisfait - L'erreur et le dilemme cosmologique La renaissance du temps article 2 (Partie II chap. 9) Le défi cosmologique La renaissance du temps article 3 (Partie II chap. 10) Nouveaux principes de cosmologie La renaissance du temps article 4 partie II chap. 11-les lois évolutives La renaissance du temps article 8 (Lee Smolin Partie II chap. 15) L'émergence de l'espace
http://www.philipmaulion.com/article-bienvenu-au-moment-present-de-lee-smolin-117515126.html: Bienvenue au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin. http://www.philipmaulion.com/2017/05/emergence-pourquoi-les-physiciens-recourent-ils-a-cette-notion.htm:l Emergence : pourquoi les physiciens recourent-ils à cette notion ? Lee Smolin et Roberto Mangabeira Unger ont construit un ensemble d'hypothèses constituant une philosophie de la nature1 :
Dans son livre The Life of the Cosmos, Smolin propose d'appliquer la sélection naturelle à la cosmologie, de sorte que l'univers que nous connaissons serait le résultat de l'évolution par mutation d'univers plus anciens. C'est la théorie des univers féconds. Smolin avance qu'un univers pourrait en engendrer un autre lors de la formation d'un trou noir. Les constantes fondamentales de la physique, comme la célérité de la lumière dans le vide, seraient différentes d'un univers à l'autre. boucles.html#.XBQYhVxKj4Y: La gravitation quantique à boucles Pour commencer à connaître avec quelques sites internet regroupés sur une même page pour une lecture plus aisée et des liens supplémentaires. http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/136/smolin.htm (Time Reborn: From the Crisis in Physics to the Future of the Universe) |
La renaissance du temps le livre numérique: https://books.google.fr/books?id=O3z1nXjcDu4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false)
http://www.drgoulu.com/2015/01/28/la-renaissance-du-temps/#.WEuqNNThA_7 (la renaissance du temps 1/2)
http://www.drgoulu.com/2015/12/31/la-renaissance-du-temps-22/ (la renaissance du temps 2/2)
http://medias.dunod.com/document/9782100706679/Feuilletage.pdf (la renaissance du temps Dunod: quelques pages à feuilleter)
http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/la-mecanique-quantique-est-en-171058 (la mécanique quantique est en crise par Bernard Dugué)
http://www.paris8philo.com/article-33714241.html: à propos de rien ne va plus en physique: "billet de Jean Zin, pour une physique pluraliste, qui nous paraît essentiel pour comprendre les enjeux des théories physiques actuelles qui souvent tendent vers l'impossible, hors toute avancée, toute brèche se fait par dissymétrie, sans souci du qu'en-dira-t-on il suffit de voir l'attitude de Grigori Perelman, si non-chalante vis-à-vis de la communauté scientifique, ou devrait-on dire l'etablishment. Jean Zin reste un grand guetteur de ce qui se passe en science, nous vous recommandons ses articles."
Préambule: Ceci est la suite des articles de mon blog à propos des univers multiples d'Aurélien Barrau pour les quels je retiens ici les commentaires utiles:
-D'après Aurélien Barrau, Univers multiples Chap 1): les propositions nouvelles face aux problèmes et paradoxes de la physique "peuvent constituer une "pulsion inchoactive" qui poussera vers une découverte sans précédent ou bien vers un réenchantement de ce que l'on savait déjà sans en avoir pris la "dé-mesure" et finalement vers une nouvelle sacralisation du "monde".
-D'après Aurélien Barrau, Univers multiples. La gravitation quantique chap. 9 L) Voir la Conclusion: [...] aujourd'hui, la physique est en crise, le monde est en crise. Avec Lee Smolin et son "rien ne va plus en physique", Carlo rovelli Parle de la schizophrénie bipolaire des physiciens (voir une révolution inachevée). La vision anthropique de Trin Xhuan Thuan et la vision biblique du monde, qui s'origine dans les mythes de l'Un et de l'ordre, émergeant du Chaos initial, semblent exclus de la vision de bien des physiciens et cosmologues qui découvrent, comme l'a fait Jean Pierre Luminet, que l'Univers ne peut avoir été infiniment dense et donc que le big bang ne peut avoir été tel qu'on se l'imaginait depuis de nombreuses décennies. La possibilité d'un avant big bang a été mise en évidence avec un univers précédent qui se serait condensé jusqu'à une taille extrêmement petite mais non nulle et qui aurait "rebondi" en un big bounce pour donner notre Univers actuel en expansion après le phénomène d'inflation cosmique. Un des derniers rebondissements de ces recherches, avec Lee Smolin, pourrait bien aboutir avec sa "renaissance du temps" à une solution de la contradiction entre la physique quantique et la théorie de la relativité. A priori, ce serait une théorie unifiée des interactions fondamentales.
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Nous avons vu dans mon article à propos d'Aurélien Barrau chap.9, que de nombreuses théories nouvelles ou hypothèses proposent l'unification de la physique ou tout au moins des explications aux dilemmes et paradoxes que la cosmologie moderne a mis en évidence. Mais, au chapitre 8, dans "la renaissance du temps", Lee Smolin prévient: Le paradigme newtonien ne peut même pas apporter un embryon de réponse à ces questions et dilemmes: Pourquoi ces lois? Pourquoi ces conditions initiales de l'univers? Quel mécanisme les a t-il sélectionnées parmi une multitude infinie de possibilités? etc. Il appelle ceci "l'erreur cosmologique": appliquer à l’Univers entier dans sa globalité des lois établies et vérifiées sur des sous-systèmes. Dans le paradigme newtonien, ce que nous appelons une loi doit s'appliquer dans tous les cas. Mais l'application d'une loi à n'importe quel morceau d'univers implique une approximation, parce que nous devons négliger toutes les interactions entre ce morceau et le reste de l'univers. Donc les applications vérifiables d'une loi sont toutes des approximations. Smolin fait remarquer en particulier que les lois se vérifient sur beaucoup de sous-systèmes. Mais si on veut appliquer une loi de la nature sans approximation, c'est à l'univers entier qu'il faudrait l'appliquer, alors que nous n’avons qu’un seul Univers sous la main. Et un seul cas n'apporte pas suffisamment d'indices pour justifier l'affirmation qu'une loi particulière de la nature s'applique. C'est ce que Lee Smolin appelle le dilemme cosmologique (faire de la physique dans une boite: on considère un petit sous-système isolé du reste de l’univers dans lequel on néglige certains effets pour ne s’intéresser qu’à certaines variables qui définissent un espace de configuration, atemporel. ). Et pourquoi cette loi et pas une autre? De plus, beaucoup de théories cosmologiques (théorie des cordes, équation d’Einstein …) admettent en réalité une infinité de solutions, parmi lesquelles une seule correspond à notre univers. Doit-on se résoudre à admettre l’existence d’une infinité d’Univers inaccessibles pour pouvoir justifier le notre par un principe anthropique?
Nous pensions, dit Lee Smolin, savoir comment répondre à ces questions. Une théorie unique mathématiquement cohérente pourrait incorporer les 4 lois fondamentales de la nature. Mais cet espoir a été anéanti. On se trouve face à ce qu'il appelle "le défi cosmologique". On vient de voir qu'il faudrait étendre la science à une théorie de l'Univers entier. Le défi est qu'il ne peut pas exister de composante statique qui puisse servir de cadre de référence, car tout dans l'Univers change et il n'existe aucun extérieur., rien qui puisse être qualifié de fond par rapport auquel les mouvements du reste de l'Univers (que nous négligeons). Or, toutes les théories physiques divisent le monde en deux parties, une partie « dynamique », qui change, et une statique, qui contient un « fond » de choses immuables, comme les constantes fondamentales. Le « défi cosmologique » consiste à formuler une théorie de l’univers « indépendante du fond », purement dynamique afin de ne rien supposer d’extérieur à l’Univers: "Lorsqu’on fait de la « physique dans une boite », le « fond » comprend notamment les conditions initiales, et la méthode expérimentale permet de contrôler les conditions initiales afin de s’assurer que les lois sont indépendantes de ces conditions. En cosmologie, cette distinction entre « lois » et « conditions initiales » aggrave le problème qu’elle résout « dans une boite » : si nos observations du fond diffus cosmologique ne correspondent pas bien à la théorie de l’inflation cosmologique, faut-il corriger la loi ou les conditions initiales? Smolin critique aussi les théories effectives qui décrivent bien ce qui se passe à une certaine échelle de grandeur, mais en négligeant l’influence de ce qui est beaucoup plus grand ou plus petit." Pour Smolin, la théorie issue du défi cosmologique doit tenir compte de tout, sans rien négliger."
Je vais retracer "ma lecture" du livre de Lee Smolin en ne commençant pas par la partie I ("le poids: le mort du temps), mais par la partie II "Lumière: la renaissance du temps". "La mort du temps" est l'épilogue de la constatation de Lee Smolin: "rien ne va plus en physique (l'échec de la théorie des cordes)" et Problèmes du modèle standard et physique au-delà du modèle. J'ai commencé cette partie II par ma lecture des chapitre 8 (Mon article 1) Einstein insatisfait - L'erreur et le dilemme cosmologique) , 9 mon article 2 (le défi cosmologique), 10 mon article 3 (Nouveaux principes de cosmologie), 11 mon article 4 (les lois évolutives) 12 mon article 5 (la mécanique quantique et le libération de l'atome), 13 mon article 6 (le combat de la relativité et du quantum). Puis j'ai fait une pause pour approfondir l'interprétation non dominante de la mécanique quantique de Bohm dans La physique quantique version variables cachées et le dialogue Bohm et Krishnamurti.
J'ai poursuivi par le chapitre 14 "la renaissance du temps par la relativité" (Lee Smolin Partie II chap. 14) dont j'ai donné "ma lecture" dans mon article 7 (La renaissance du temps par la relativité): le temps vient d'être redécouvert. L'article conclut par: "La notion globale de temps que nous venons de voir implique qu'en chaque événement il existe un observateur privilégié dont l'horloge mesure la passage du temps. Mais il n'y a aucun moyen de le choisir par une mesure qu'on pourrait faire dans une petite région, ce qui confirme le principe de relativité à des échelles plus petites que celle l'univers. Ce choix d'un temps global particulier est déterminé par la façon dont est distribuée la matière dans l'univers. La dynamique des formes constitue donc "un pont" entre le principe de relativité et le temps global qu'exigent les théories telles que celle à laquelle aspire Lee Smolin avec des lois évolutives ou celles qui expliquent les phénomènes individuels au moyen de variables cachées. Il y a une grandeur par contre qui n'a pas le droit de changer lorsqu'on agrandit ou qu'on rapetisse les échelles, c'est le volume de l'univers à chaque instant, même s'in évolue au cours du temps. Ceci donne donc un sens à la taille totale de l'univers et à son expansion et nous fournit une horloge physique universelle. LE TEMPS VIENT D'ÊTRE REDECOUVERT".
1) Et maintenant, après le chapitre 14, je vais aborder le chapitre 15 de "la renaissance du temps (voir le site du Dr Goulu) , L'émergence de l'espace
"Pour le Dr Goulu, "Ce long chapitre est le plat de résistance du livre. C’est là que ça passe où ça casse, et j’ai mis plus de deux semaines à le digérer avec peine. Il commence très fort: L’aspect le plus mystérieux du monde est juste sous nos yeux. Rien n’est plus banal que l’espace, et pourtant lorsque nous l’examinons de près, rien n’est plus mystérieux. Je crois que le temps est réel et essentiel à une description fondamentale de la nature. Mais je crois probable que l’espace va s’avérer n’être qu’une illusion. [...] Selon Smolin, l’existence d’un temps réel est indispensable pour réconcilier les deux pans de la physique, mais l’espace ne l’est pas. Parmi les théories ayant exploré l’idée que l’espace émerge d’une structure de graphe plus fondamentale, la première est la “triangulation dynamique causale” [...].
1-1) Préambule. Je reprends maintenant la rédaction de cet article, que j'avais commencé avant de rédiger ce que m'a inspiré ma lecture du livre de Carlo Rovelli "Par-delà le visible", dont le dernier article a pour titre celui du dernier chapitre du livre: "Le mystère". j'y ai trouvé le mystère de l'Information et je trouve maintenant le mystère de l'espace avec Lee Smolin. Comme on l'a vu dans mes articles précédents (dont le dernier, l'article 7: "la renaissance du temps par la relativité"), il affirme la renaissance du Temps alors que la plupart des scientifiques, y compris Carlo Rovelli disent que "le temps n'existe pas". Nous avons vu dans le chapitre 3 de mon article 6) l'Information, que C. Rovelli parle d'un temps thermique: Chapitre 3) "Le temps thermique. 3-1) introduction. C'est cette thermodynamique de la relativité générale, la mécanique des quanta d'espace qui sera l'objet de cette dernière idée physique de Carlo Rovelli et de son livre "par-delà le visible", le temps thermique". Dans Carlo Rovelli, par-delà le visible Mon article 2, nous avons vu que ce dernier va même plus loin que dans son livre "Et si le temps n'existait pas?" en affirmant "le temps n'existe pas". On peut lire dans le site 2012un-nouveau-paradigme.com: «On constate que le temps disparaît de l’équation Wheeler-DeWitt », explique Carlo Rovelli, physicien à l’Université de la Méditerranée de Marseille »... « C’est un problème qui laisse perplexes de nombreux théoriciens. Ils se peut que la meilleure façon de penser à la réalité quantique soit en abandonnant la notion du temps car la description fondamentale de l’univers doit être intemporelle.» Donc, dit C. Rovelli, ce qui n'est pas le cas de Lee Smolin, il vaut mieux oublier complètement cette notion, le temps ne joue aucun rôle fondamental. On constate par ailleurs que dans la physique, des notions quotidiennes ne jouent plus non plus aucun rôle dans les équations fondamentales et disparaissent dans la théorie. C'est le cas de "haut" et bas", "chaud" et "froid". On ne sait pas exactement ce que c'est, mais le bas indique simplement la direction dont la gravité nous attire vers une grosse masse. De même il n'y a pas de choses "chaudes" ou "froides" au niveau microscopique, mais dès que nous décrivons un très grand nombre de constituants (par exemple des molécules), en termes de valeurs moyennes, alors apparaît la notion de chaud (un corps est plus chaud qu'un autre si la valeurs moyenne des vitesses de ses molécules est plus élevé). Il doit se passer quelque chose de semblable pour le temps. Mais si cette notion ne joue aucun rôle au niveau élémentaire (des quanta d'espace), elle joue cependant un rôle significatif dans la vie de tous les jours, tout comme le "chaud" ou le "haut".
C'est la notion de "temps thermique" qui offre une réponse à la question que signifie "du temps a passé" alors que le temps ne fait pas partie de la description fondamentale du monde: l'origine du temps est semblable à celle de la température pour laquelle on établit des moyennes de multiples variables microscopiques. Il y a un lien profond (que personne n'a jamais bien compris) entre température et temps. Tous les phénomènes que nous lions à l'écoulement du temps impliquent la température. Ce qui caractérise le temps, c'est son irréversibilité, il va en avant, vers le futur, et non en arrière. Lorsque la chaleur n'entre pas en jeu, les phénomènes qualifiés de "mécaniques", sont toujours réversibles. Si on les filme et qu'on passe le film à l'envers, les deux films sont réalistes. C'est le cas d'un pendule ou d'un caillou jeté en l'air; qui monte puis redescend Cette séquence est réversible. Par contre on n'a jamais vu un caillou qui jaillit tout seul de la terre. Et quand le caillou qui est descendu arrive à terre, il s'arrête. Que se passe t-il alors. Le mouvement est stoppé; mais l'énergie cinétique du caillou est transformée en chaleur à ce moment précis. Et c'est un phénomène irréversible. Il distingue le film normal du film inversé, le passé du futur. En dernière analyse c'est toujours la chaleur qui distingue le passé du futur.
C'est le phénomène d'irréversibilité qui fait qu'un objet qui brûle se transforme en fumée, ou que l'eau chaude refroidit mais ne peut se réchauffer sans apport extérieur de chaleur, mais que l'inverse n'est pas possible. C'est aussi pourquoi nous vieillissons ou que les objets matériels vieillissent et s'usent avec le temps, ils nous produisent de la chaleur dans les frottements. C'est le cas pour tous les phénomènes dans notre Univers. Toutes les fois que se produit un phénomène qui garantit l'écoulement du temps, il y a production de chaleur. "Et la chaleur, c'est faire des moyennes sur de nombreuses variables selon la mécanique statistique" nous dit C. Rovelli.
3-2) L'idée du temps thermique, ce n'est pas de comprendre pourquoi le temps produit une dissipation de chaleur...mais pourquoi la dissipation de chaleur produit le temps? [...].
1-2) Mais quid de l'espace?
Pour Carlo Rovelli et la gravité quantique à boucles, nous avons vu dans mes articles que le monde est aussi sans espace, ce que nous dit bien le site laviedesidees.fr: "La proposition est vertigineuse. Presque grotesque. Une de ces farces que seul un physicien échevelé pourrait inventer : un monde sans espace et sans temps ! Un monde où les champs physiques, éventuellement quantiques, vivraient sur (ou dans) le champ gravitationnel, tenant lui-même lieu d’espace".
Il en est bien de même pour Lee Smolin dont nous allons regarder maintenant la vision de l'espace. Dans les premières lignes du chapitre 15, il précise: "je crois que le temps est réel et est essentiel à une description fondamentale de la nature. Mais je crois probable que l'espace va s'avérer n'être qu'une illusion au même titre que la température et la pression. - une manière d'organiser nos impressions sur les choses à grande échelle mais une manière de vois le monde en tant que tout, grossière et émergente". C'est le même langage qu'utilise Carlo Rovelli lorsqu'il parle du "Temps thermique" qu'on a évoqué au chapitre 1).
La théorie de la relativité a fait fusionner l'espace et le temps avec la vision de ce qu'on appelle l'Univers-bloc que le Dr Goulu présente comme "une solution de l'équation d’Einstein, dans lequel le temps est une 4ème dimension imaginaire au sens mathématique du terme". Les 4 coordonnées sont x, y, z (réelles) et t (t imaginaire).Dans l'espace de Minkowski, La pseudo-métrique, notée , est définie par où c²(Delta t)² est positif.
Dans Wkipedia, on lit que l'Univers-bloc "est une conception du temps selon laquelle l'Univers tout entier se déploie dans un continuum d'espace-temps où tous les événements présents, passés et futurs existent de la même façon. Cette vision est renforcée par le constat de l'inexistence d'une simultanéité absolue valable pour l'univers entier, mis en évidence par la relativité restreinte. Le "présent" devenant une notion relative à un observateur, avec un même événement pouvant être dans le passé d'un observateur et le futur d'un autre se croisant au même endroit au même moment, il devient difficile de soutenir que le réel n'est que ce qui existe maintenant. Cela conduit à considérer l'existence de l'univers dans toute son extension temporelle sans donner une importance particulière au présent. Cette vision éternaliste s'oppose au présentisme".
Donc, “l"éternalisme”, découle logiquement de la théorie de la relativité c'est la théorie de l’Univers-Bloc. Le “présentisme”, lui, résulte résulte d’une vision quantique du monde.
-Dans l'Univers-bloc, écrit le Dr Goulu, "[...] le passé et le futur sont des notions “locales” (principe selon lequel des objets distants ne peuvent avoir une influence directe l'un sur l'autre ; un objet ne peut être influencé que par son environnement immédiat. Ce principe, issu de la relativité restreinte), le seul moyen de rendre le passé d’un point cohérent avec le futur des autres est de considérer que tout “préexiste”.Dans l’Univers-bloc, le passé existe encore et le futur existe déjà. Ils sont prédéfinis. L’Univers-bloc est déterministe, figé, et notre libre-arbitre est une magnifique illusion [...]. |Voir aussi wikipedia Univers-bloc]
-Les "présentistes", eux, " [...] soutiennent que seul le présent existe. L’univers est défini par un seul “état” que l’on peut imaginer comme un très grand vecteur contenant les positions, vitesses charge électrique etc. de toutes les particules de l’Univers. Les variations de ce vecteur selon les lois statistiques de la mécanique quantique définissent la “flèche du temps” qui pointe en direction d’un Univers plus probable à chaque instant [...].
-fabien.besnard.pagesperso-orange.fr/articles/temps.pdf: "Temps des philosophes, temps des physiciens, temps des mathématiciens. Par Fabien Besnard 9 juin 2010. Résumé: La question de la compatibilité du présentisme et du possibilisme avec la Relativité a fait couler beaucoup d’encre depuis l’argument initialement propos´e par Rietdijk et Putnam. L’objectif de ce texte est d’étudier les implications de la Relativité, Restreinte et Générale, ainsi que de la Mécanique Quantique, sur le présentisme, le possibilisme et l’éternalisme, en dégageant clairement les présupposés métaphysiques sous-jacents à ces trois approches de la question du temps...."
Nous retrouvons ici le conflit relativité générale - mécanique quantique qui a amené des chercheurs à se tourner vers de nouvelles théories,comme la théorie des cordes (John Schwarz, Michel Green ou David Gross) ou C. Rovelli et Lee Smolin pour la gravité quantique à boucles. Pour Lee Smolin, dans la vision de l'univers-bloc, l'espace et le temps sont compris comme des façons subjectives de diviser une réalité à 4 dimensions. L'hypothèse de la réalité du temps (la renaissance du temps) qu'il appelle de ses vœux, "nous libère des fausses contraintes l'espace de cette unification". Il faut comprendre par là que le temps est très différent de l'espace. En émancipant le temps de l'espace, cela libère aussi l'espace, ouvrant la porte à une meilleure compréhension de la nature de celui-ci. Comme nous allons le voir, l'espace, au niveau quantique, n'est pas fondamental, mais émerge d'un ordre plus profond.
1-2) Première approche de l'espace dans notre quotidien.
Qu'est-ce qui fait que les objets de notre quotidien peuvent être "organisés en termes de "proche" ou de "loin"? Pour C. Rovelli, c'est le fait que l'espace existe que les choses soient "locales"pour nous affecter (voir wikipedia: "le principe de localité est un principe selon lequel des objets distants ne peuvent avoir une influence directe l'un sur l'autre ; un objet ne peut être influencé que par son environnement immédiat. Ce principe, issu de la relativité restreinte, a été précisé en ces termes par Albert Einstein").
L'évolution a amené les êtres vivants et nous-mêmes à réagir avec l'environnement pour notre survie et notre protection. Les choses peuvent présenter un danger ou une opportunité mais on n'est pas concerné par tout et à tout moment au même degré comme l'écrit C. Rovelli: "Les tigres des pays de l'autre côté de l'océan vous dévoreraient en une minute s'ils le pouvaient, mais vous n'avez pas à vous inquiéter, parce qu'ils ne sont pas vraiment tout près. C'est le grand cadeau de l'espace; presque tout est loin de nous et peut être ignoré pour le moment". Imaginons que notre monde quotidien soit non local, sans "l'organisation de l'espace" et contienne une multitude d'objets. Tout tout pourrait avoir un effet sur tout et à tout instant. Il n'y aurait aucune distance pour garder les choses séparées. Dans cet espace, nous avons conscients, à travers nos sens de ce qui est proche de nous. Et le fait que peu de choses puissent occuper les espaces les plus proches de nous est une propriété de cet espace. C'est une conséquence de sa "faible dimensionnalité". Par exemple, combien ai-je de voisins les plus proches de moi? Il y en a deux dans un espace de dimension 1 (à droite et à gauche), quatre dans un espace de dimension 2 (droite, gauche, face arrière), 6 dans un espace de dimension 3 (il faut rajouter dessus, dessous). Ce nombre de voisins les plus proches augmente proportionnellement au nombre de dimensions (2 fois ce nombre). Dans un espace à 50 dimensions, on aurait 100 plus proches voisins. Ainsi nous sommes coincés dans un monde de faible dimensionnalité. Cela pose problème quand on veut avoir des interactions spontanées directes entre les personnes d'un groupe qui on des idées et des centres d'intérêt différents. S'il n'y a que quelques personnes, les relations spontanées sont relativement faciles. Mais avec une centaine de personnes, cela devient un défi (augmenter le nombre de dimensions de l'immeuble?). C'est ce qui se passait avant l'arrivée de "la technologie". La surface de la terre étant bidimensionnelle, les personnes restaient relativement isolées. Au moyen-âge par exemple, la plupart des gens ne rencontraient en moyenne guère plus que quelques centaines de personnes au cours d'une vie, celles qui se trouvaient à des distances atteignables en marchant. Il y avait bien les fêtes avec les villages voisins, mais seuls les aventuriers et les intrépides s'aventuraient à l'étranger. Au final, l'espace faisait qu'en général,les gens étaient presque tous des étrangers.
1-2) Notre espace modifié par la technologie? Est-il une illusion?
Mais la technologie a "trompé" ces limitations inhérentes à notre espace quotidien de faible dimensionnalité. Dans la perspective où je subis l'effet téléphone portable, j'ai la possibilité de parler ou communiquer par SMS à une des 5 milliards de personnes vivant sur cette Terre, qui possèdent un portable. Cette technologie a en fait dissous l'espace, car dans la perspective "téléphone portable", nous vivons dans un espace de dimension 2,5 milliards, dans lequel presque tous nos semblables humains sont devenus nos plus proches voisins. Internet a bien sûr un effet similaire en créant un réseau de connexions qui nous rapprochent tous les uns des autres, en dissolvant l'espace. Le monde devient de plus un monde où nous pourrons choisir de vivre dans un espace de dimension plus élevée, ceci avec toujours un peu plus de réalité virtuelle. C. Rovelli le voit tel qu'un appel téléphonique d'un portable déclenchera notre hologramme là où la personne appelée se trouve alors.
Dans ce monde de haute dimensionnalité avec un potentiel quasi illimité de connexions, le nombre de choix est très (infiniment) supérieur à ce qu'il était dans le monde physique à 3 dimensions. Cela engendre tellement de défis du monde câblé dans cette mer immense démesurément agrandie de plus en plus gérée et exploitée par des médias sociaux! Dans ce monde et cet espace de grande dimensionnalité, Imaginons, dit C. Rovelli, un enfant élevé dans ce monde virtuel où l'espace ordinaire que nous avons connu ne joue plus aucun rôle. Il le pensera comme "un vaste réseau dans lequel un fluide et des systèmes dynamiques de connexions placent chaque individu à deux pas de n'importe quel autre". Si la prise qui alimente ce monde est retirée, et le courant coupé, les habitants de ce réseau virtuel, dont cet enfant, tombent dans un un monde "plus contraint" et qu'ils vont certainement trouver moins stimulant. Ils découvrent alors, "qu'en réalité", ils vivent dans un monde de trois dimensions et que c'est l'espace qui sépare les gens. Le monde des voisins s'écroule de 5 milliards à quelques personnes et presque toutes deviennent soudain très lointaines.
1-3) L'espace revisité par Lee Smolin et la gravité quantique.
Carlo Rovelli pense que cette image est une métaphore pour la manière dont certains physiciens, dont lui-même pensent maintenant l'espace. Mais n'est-ce qu'une métaphore? Notre esprit et surtout celui de nos enfants n'est-il pas dores et déjà formaté par de nouveaux réseaux de relations? Pour mieux connaître notre monde, suivons maintenant cette piste: "l'espace est une illusion et les vraies relations qui forment le monde sont des réseaux dynamiques un peu comme internet ou les réseaux de téléphonie portable. Nous faisons l'expérience de l'illusion de l'espace parce que la plupart des interconnexions possibles sont désactivées, repoussant tout très loin de nous".
L'approche que propose Lee Smolin fait émerger l'image que nous venons d'évoquer d'une catégorie d'approches de la gravitation quantique dans lesquelles l'espace n'est pas considéré comme fondamental alors qu'il considère que le temps l'est (avec la renaissance du temps (2/2)). Ce type d'approches postule une structure quantique fondamentale qui n'a pas besoin de l'espace pour être définie. L'espace en émergerait, comme la thermodynamique émerge de la physique des atomes. Le site actualite.housseniawriting.com explique qu'au début de 2009, Mark Van Raamsdonk a décidé de s’attaquer à l’un des plus grands mystères de la physique: La relation entre la mécanique quantique et la gravitation. Selon Van Raamsdonk, l’espace-temps est seulement la structure géométrique sur la manière dont le système quantique est intriqué. Son idée a évolué et aujourd'hui, de nombreux physiciens pensent que l’intrication est l’essence de l’étrangeté quantique et certains d’entre eux suggèrent désormais que l’intrication pourrait être aussi la source de la géométrie de l’espace-temps en dépit des objections d'Einstein. De plus ces approches vont dans le sens de la recherche de Lee Smolin, telle qu'on l'a examinée dans les articles 2 et dans l'article 3, recherche qui pourra peut-être déboucher sur une vraie théorie de l'univers entier, (voir le chapitre 2 de l'article 3): une telle théorie doit éviter le dilemme cosmologique et être indépendante du fond, ne supposant donc aucune division du monde en deux parties, l'une contenant les variables dynamiques en évolution, et l'autre le fond, c'est à dire les structures fixes qui constituent l'arrière-plan donnant du sens aux parties en évolution. Une théorie de l’univers « indépendante du fond », est purement dynamique afin de ne rien supposer d’extérieur à l’Univers. A la place de le géométrie de fond fixe, la notion primitive est est celle de graphe ou de réseau défini intrinsèquement, sans référence à l'espace.
2) Les différentes approches et l'émergence de l'espace.
2-1) Les triangulations dynamiques causales.
fig 2-1 https://slideplayer.fr/slide/3230011/ Réunion Béna 10 oct 2009 |
C'est la première des approches à avoir été développée.
Suite de l'article, voir mon blog principal https://monblogdereflexions.blogspot.com/2018/12/la-renaissance-du-temps-article-8-lee.html#.XSa6negzb4b
https://www.revue3emillenaire.com/component/k2/item/260-connaissance-de-soi.html |
article 5) Perdons-nous connaissance?
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache: CHAPITRE 3 - Neurorésistances CHAPITRE 4 - Darwino-résistances CHAPITRE 5 - L'information et la connaissance confondues
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que je souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
https://www.lateledelilou.com/jocelinmorisson/Internet-peut-il-etre-conscient-Ou-le-materialisme-jusqu-a-l-absurde_a9.html: Internet peut-il être conscient ? Ou le matérialisme jusqu’à l’absurde
"L’ouvrage passionnant de Lionel Naccache pourrait bien atteindre son objectif et devenir le "manifeste de la connaissance" du 21ème siècle. Un siècle où il va falloir réveiller un peu ces neurones qui se laissent bercer par la houle de l’information. Pour bâtir la société de la connaissance, il va falloir se jeter à l’eau. Ce qui revient à apprendre à nager. Et même plus. Cette eau doit nous pénétrer et nous transformer. A chaque nouvelle connaissance, nous ne sommes plus les mêmes. De quoi frémir de plaisir mais aussi de crainte".
Je continue de livrer dans cet article "ma lecture" du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache: c'est-à-dire perdons-nous le sens de ce qu'est la connaissance alors que nous nous autoproclamons " société de la connaissance "? Aujourd'hui, la connaissance ne fait plus peur à personne, alors que depuis trois mille ans notre culture occidentale n'a cessé de la décrire comme vitale et dangereuse. Oui, dangereuse, qui s'en sou-vient encore? Cette rupture avec notre héritage constitue-t-elle un progrès ou une régression, une chute ou une ascension? La Mythologie et la Neurologie, sources de "connaissance de la connaissance", nous offriront de précieuses clés pour résoudre ce paradoxe inédit dans l'histoire de la pensée".
Définitions:
Intuitif | L'intuition peut être sensible ou intellectuelle : simple réceptivité de ce qui nous est donné par les sens, ou vision directe de l'esprit. La connaissance intuitive désigne une forme de connaissance immédiate, qui ne passe pas par le langage, la conceptualisation. Elle est singulière. "L'intuition est ce qui devient conscience de façon immédiate." Hegel |
Discursif | La connaissance discursive passe par l'intermédiaire du langage, des concepts. Elle est générale.] |
Mes articles précédents:
1) Résumé de mes articles précédents en préambule: Pourquoi cette question "Perdons-nos connaissance?" alors que nous avons cette merveilleuse faculté qui nous semble aller de soi, la capacité de connaître ce que nous ne connaissions pas encore à l'instant qui précédait. Notre société s'autoproclame en effet "société de la connaissance" comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Et pourtant, depuis les origines de notre culture, la connaissance est représentée comme un danger, un "poison vital". Elle serait porteuse d'un certain danger existentiel qui a imprégné notre culture depuis plus de 3 000 ans jusqu'à l'époque moderne avec le siècle des Lumières que Bertrand Vergely a appelées "obscures Lumières", et dont j'ai présenté ma lecture dans l'article de mon blog. Ce danger multi-millénaire s'est exprimé dans trois grands mythes qui ont façonné notre civilisation.
Un rapide résumé de mes précédents articles:
Dans l'article 1, nous avons vu: Chapitre 1: 1-1) Adam et Ève face à l'arbre de la connaissance. 1-2) Le tragique destin d'Icare. 1-3) L'allégorie de la caverne de Platon. 1-4) La figure de Faust.
Chapitre 2: 2-1) La connaissance menace Athènes l'éternelle: 2-1-1) I comme Icare: la leçon est que connaître sans limites est une démesure condamnable et dangereuse. Cette menace ainsi stigmatisée semble engager l'individu dans son rapport personnel et solitaire avec la connaissance. 2-1-2) L'homme qui en savait trop avec l'allégorie du mythe de la caverne. Pour Platon et Socrate, l'homme de connaissance serait l'inévitable victime de la violence du groupe qui l'entoure. Icare nous montrait les risques du rapport de l'individu face à la connaissance. Ici, Platon nous indique que l'homme qui connaît est également vécu comme une menace par ses congénères et que cette menace conduit à la disparition inéluctable de celui qui connaît, incapable de transmettre son savoir. Cela conduit à la préservation de l'ignorance, le fondement et la garantie de d'une certaine forme de paix ou de confort social.
2-2) La connaissance menace Jérusalem: 2-2-1) Du paradis perdu au Pardes retrouvé. Le Pardès (Kabbale) "est un lieu où l'étudiant de la Torah peut atteindre un état de béatitude. 2-2-2) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance 2-2-3) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance suite: le cas de rabbi Akiva -La connaissance? Une vraie boucherie!
Avec mon mon article 2 nous avons vu comment après la Grèce et Jérusalem, la connaissance menace outre-Rhin avec Johann Georg Sabellicus Alias Docteur Faust. C'est probablement le pont le plus précieux qui nous permet d'établir une continuité directe entre les considérations plus antiques que nous avons examinées sur le pouvoir mortifère de la connaissance et notre époque actuelle. Dans la version moderne, Thomas Mann, l'une des figures les plus éminentes de la littérature européenne de la première moitié du xxe siècle, qui est considéré comme un grand écrivain moderne de la décadence, nous présente le Doktor Faustus (Adrian Leverkhün), dont l'existence sera marquée par l'audace (Khün en allemand) et qui, comme Nietzsche, braverait la folie. A la fin du récit, il est victime de son propre désenchantement. Il est victime de sa croyance en un ordre caché de la musique et de la connaissance, qui vont le conduire à la plus horrible des découvertes: le néant, l'absence de signification du monde et de nous-mêmes. "Lorsque son neveu adoré, l'adorable Nepomuk, "dernier amour de sa vie", meurt d'une méningite cérébro-spinale foudroyante dans d'horribles souffrances, Leverkhün atteint l'étape ultime de son voyage. Le monde est un non-sens. Tel est l'ultime cadeau de la connaissance. Il peut alors mourir dément, atteint de paralysie générale..."
J"ai terminé et conclu "ma lecture" de cette première partie du livre (que j'ai exprimée dans ces articles 1 et 2) par le chapitre 2 de l'article 2 : "Des mythes à la réalité ou l'art de la mauvaise solution".
-Dans l'antiquité le cloisonnement était "la mauvaise solution" antique au problème de la connaissance.
-Au moyen-âge, l'Europe a fait un autre choix. Sa "mauvaise solution" fut celle d'un obscurantisme religieux fondé sur la peur, peur de la mort et de l'enfer, la dichotomie bien-mal et sur le mécanisme de rédemption par la soumission à un discours religieux qui a stérilisé la pensée pour les masses incultes.
-La révolution des Lumières s'oppose à l'obscurantisme médiéval ("?") et aboutit à la tentative de débarrasser la connaissance des barrières que les périodes précédentes avaient avaient érigées.
-Finalement, mythes et réalité, même combat, même message?: pendant plus de 3000 ans, la connaissance a été vécue comme un poison vital mais, désormais nulle menace à connaître ne semble plus habiter les discours dominants de nos sociétés, la connaissance ne poserait plus aucun problème au contraire? Vraiment?
-Ou bien... Il faudrait plutôt considérer l'autre hypothèse: la connaissance aurait conservé l'essentiel de ses menaces. Elle serait toujours mortifère, pour l'individu, pour le groupe social et pour le couple. Si tel est le cas, il faudrait alors expliquer pourquoi notre discours actuel ne contient aucun signal d'alarme ni aune zone d'ombre. Serions-nous capables de nous autoproclamer "sociétés de la connaissance" sans nous mettre en garde contre ses effets nocifs? Ce serait sans aucun doute tenir un discours "bonasse" inspiré de la méthode Coué, sans nous rendre compte de son inadéquation au réel de son caractère profondément erroné.
-Alors, comment procéder pour avancer?
mon article 3 a été axé sur La dimension fabulatrice de notre activité mentale. Pour prendre conscience de cette couche de fiction, une première voie peut nous y aider, la réflexion philosophique. Cette voie est empruntée par les courants de la phénoménologie, avec par exemple la conscience selon Husserl ou Lévinas. Une seconde voie est celle de la neuropsychologie. Dans "le nouvel inconscient", Lionel Naccache "nous invite [...] à une nouvelle odyssée, placée sous les auspices des neurosciences de l’esprit. Nancy Huston évoque aussi la dimension "fabulatrice" de notre activité mentale. L'étude des malades neurologiques a joué a révélé la description des sanyètes qui dévoilent et mettent en évidence les fictions-interprétations-croyances qui sont beaucoup plus difficiles à déceler chez des individus qui n'ont pas ces lésions cérébrales. Ces exemples tirés de la clinique permettent de proposer une définition de l'acte de connaissance. Cet acte met en scène trois unités: le sujet X tel qu'il était et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y, cet objet Y tel qu'il existe dans le monde extérieur au sujet et enfin le sujet X', le sujet tel qu'il est devenu après avoir assimilé l'objet Y. Au chapitre 2 de l'article 3, Lionel Naccache écrit que nous interprétons et nous croyons, donc "nous sommes". Mais quel lien cela a t-il avec le "perdons-nous connaissance", le sujet de départ du livre? En philosophie, "la connaissance est l'état de celui qui connaît ou sait quelque chose. Elle implique le sujet, rouage essentiel de la condition humaine auquel ce détour neurologique permet d'accéder. Nous sommes des êtres pétris de fictions et de croyances. Dès que nous prenons conscience d'une information, que nous faisons connaissance avec elle en prenant connaissance d'elle, nous l'interprétons et l'incorporons dans des constructions fictionnelles. C'est la couche des représentations évoquée par Kant et Husserl. Donc toute réflexion sur la connaissance et sur le sujet qui en est l'acteur, doit prendre en compte cette dimension de la fiction dans laquelle s'enracine notre subjectivité. Pas de connaissance sans sujet, donc sans système de fictions-interprétations-croyances!
Dans l'article 4, nous avons évoqué la société de la connaissance et le paradoxe de ses brûlures. Alors que l'actualité en ce début 2019 pose de plus en plus de questionnements, notre rapport actuel à la connaissance constitue encore une énigme, car, si la connaissance constitue un danger existentiel constitutif de son essence, pourquoi et comment sommes-nous devenus les premières générations de l'histoire de a culture occidentale à ne plus prendre conscience de la menace que représente la connaissance, alors que l'avenir de l'humanité semble menacé? Pourquoi et comment cette composante qui était présente à nos côtés depuis les récits bibliques et mythologiques antiques a t-elle disparu de notre discours contemporain? Sommes-nous devenus aveugles et insensibles? C'est que les "mauvaises solutions" imaginées au fil des siècles, que nous avons évoquées, ont perdu leur attrait et leur puissance, et sont aujourd'hui explicitement condamnées par les sociétés occidentales, même si certaines resurgissent trop souvent. Nous avons vu que c'étaient le cloisonnement de la connaissance, l'obscurantisme religieux, la censure politique ou la manipulation idéologique des esprits. Et maintenant nous faisons l'apologie de la connaissance comme jamais nulle société humaine ne semble l'avoir fait! Existerait-il une "mauvaise solution" contemporaine ainsi qu'un lien entre toutes ces "mauvaises solutions"?Nous vivons en effet un malaise inédit dans l'histoire de notre culture occidental qui se manifeste par par un paradoxe entre d'une part un discours apologétique et univoque sur la connaissance ("nous sommes une société de la connaissance !") et d'autre part, la constatation que partout la connaissance continue de nous infliger les multiples brûlures dans chacun de ses champs d'action (brûlures de la connaissance amoureuse, familiale ou médicale, de la connaissance sociale ou médiatique et encore et toujours, brûlures de la connaissance scientifique qui continue à déstabiliser nombre de croyances individuelles et collectives très profondes). Nous verrons dans un prochain article que nous sommes plutôt dans une société de l'information. Mais la question reste posée: Société de la connaissance ou société de l’information ?
Nous avons longuement examiné le paradoxe et les brûlures de la transparence. Pourtant, à l'heure de la prétendue parfaite transparence, il n'est pas difficile de constater que l'accès à certaines informations dites "sensibles" demeure extrêmement problématique, ceci en parfaite contradiction avec le discours de façade des institutions qui ne cessent pas de condamner toute forme de censure et de louer les bienfaits de la transparence absolue. Une forme d'occultation vise également à une autre fonction: la préservation du confort de nos croyances; c'est à dire ne pas informer les sujets que nous sommes de la réalité tout en prétendant le faire, ce qui permet de demeurer entourés de nos fictions familières. Mais de plus en plus, la violence est exposée et décortiquée de façon exhibitionniste dans les média et nous sommes soumis des flots d'anxiété de confusion et d'interrogation (qui confinent souvent à la psychose) dans les informations en temps réel au plus près de ce qui est présenté comme la réalité et la vérité, même si ce n'est pas dans ces actions seules que les situations peuvent être expliquées et comprises. L'information devient de plus en plus manipulée par l'utilisation de l'émotion qui occulte souvent le sens critique, le discernement et l'analyse. On est alors confronté à l'ineptie d'un discours décomplexé, béat ou cynique à propos de l'évidence et de l'innocuité prétendue de la "transparence" dans nos sociétés. En fait, de nombreuses personnes sont acculées à une contrainte formelle aussi aliénante, aveugle et étouffante que celle de la bourgeoisie du XIXè siècle. Leur projet de la transparence n'est pas une libération de la puissance d'agir et d'être chère à Spinoza nous précise Lionel Naccache.
Ainsi, cette "société de la connaissance", pierre angulaire de la "société du savoir", expression adoptée par Abdul Waheed Khan (Sous-Directeur général pour la communication et l'information de l'UNESCO de 2001 à 2010) qui est plutôt une société de l'information, car elle occulte trop le sujet au profit de l'objet observé, n'est encore pas au bout de ses peines. Pour beaucoup, l'éveil est sans doute encore loin. Les Lumières ont peut-être enterré trop vite les 3000 ans de culture occidentale pour lesquelles la connaissance est représentée comme un danger, un "poison vital" et qui serait porteuse d'un certain danger existentiel.
2) Neuro-résistances.
Après avoir examiné les brûlures de la transparence, en suivant une progression depuis les connaissances relatives à la sphère de l'intimité jusqu'à celles qui renvoient aux entités collectives et sociales, revenons maintenant au centre de tous ces cercles concentriques, c'est à dire au sujet lui-même. L'hypothèse qui sous-tendue est que le "danger" de la connaissance repose in fine sur les risques existentiels inhérents à la transformation du sujet qui accompagne l'expérience de connaissance et en particulier sur le gain de lucidité sur soi-même qui peut anéantir certaines des fictions identitaires du sujet. Ici, Lionel Naccache se pose la question: "que se passe-t-il lorsque l'objet Y de la connaissance n'est autre que X lui-même? C'est un cas singulier du modèle que qui a été présenté dans l'article 3: 3-1) "l'acte de connaître met en scène trois entités: -le sujet X tel qu'il existait et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y -L'objet Y qui est le support de cet acte de connaissance. -Le sujet X' qui est le sujet ayant absorbé l'objet Y, c'est à dire le sujet ayant mis à jour ses représentations mentales à la lumière des nouvelles connaissances acquises")
La transformation du sujet X en X'; sujet modifié, affecte l'objet Y auquel il s'identifie alors. Cette réflexion est née d'une une interrogation que Lionel Naccache a publié dans un essai sur la conscience et l'inconscient où la conception générale de la conscience était fondée sur la faculté mentale de développée dans les chapitres consacrés aux neurosciences-fictions: "le fait d'être conscient s'accompagne d'une propension irrépressible à à se raconter des histoires, à fabriquer des fictions, auxquelles nous croyons". Vraies ou fausses, ces fictions sont des fictions, des interprétations et des croyances. Nous donnons ainsi, par elles, un sens à nos existences, et ce sens, pour fictif qu'il soit, s'inscrit dans notre réalité mentale.
Le projet a pris forme dans un article écrit en 2007, publié par Marcel Gauchet dans la revue "le Débat" en nov-dec 2008: http://le-debat.gallimard.fr/articles/2008-5-neuro-resistances/ (Neuro-résistances Une déshumanisation de l'esprit ?) par Lionel Naccache. Les neurosciences de l’esprit élaborent un programme original d’exploration des mécanismes cérébraux et des fondements psychologiques qui gouvernent les aspects les plus intimes de notre vie mentale. Ce champ de connaissance qui vise l’un des derniers bastions d’opacité de notre époque avide de transparence connaît une prodigieuse accélération de productivité depuis une vingtaine (...)). La connaissance de soi, le décryptage de notre subjectivité à la lumière du discours objectivant des neuro-sciences de l'esprit ne va pas de soi et peut poser problème. Quelles sont les origines de cette "neuro-résistance" aux multiples visages? A quelles menaces profondes tente-elle de faire rempart? Cette question est autrement plus gigantesque que les dangers de "la connaissance" dont il est question depuis le début dans les articles. Pourquoi et comment résistons nous aux neuro-sciences ?
Deux menaces, qui alimentent une neuro-résistance, sont associées aux neuro-sciences de l'esprit: la menace d'une dérive vers un nouveau scientisme et celle d'une déshumanisation des sujets qui seraient transformés en objets pour la techno-science moderne. Mais, au-delà de ces deux critiques, un troisième motif de neuro-résistance, irréductible aux deux premiers, apparaît à travers des argumentations verrouillées d'avance à toute possibilité de discussion. C'est ainsi que certains "néo-dualistes" proclament que notre subjectivité n'a rien à faire avec l'activité de notre cerveau ou bien défendent l'idée définitive que nous ne serons jamais capables de décoder notre subjectivité dans la lecture de l'activité cérébrale en faisant appel par exemple au concept d'incertitude de Gödel ou au principe d'incertitude quantique de Heisenberg. Ces réactions sont souvent très radicales, voire agressives. Selon Lionel Naccache elles peuvent des "réactions-écrans" similaires à aux "souvenirs-écrans" postulés par Freud et qui reposent sur un leitmotiv universel et intemporel de notre condition humaine: la connaissance envisagée comme la cause d'une disparition certaine. Les menaces ne sont jamais aussi fortes que lorsque l'objet de la connaissance n'est autre que nous-mêmes, notre identité et le fonctionnement de notre esprit. Autrefois les obstacles dressés contre une exploration de l'esprit étaient les obscurantismes religieux ou diverses formes de dualisme. La psychanalyse déterministe de Freud, qui avait exploré notre psychisme et lutté contre certaines résistances, peut être réinvestie, mais par les tenants de cette résistance cette fois, qui proclament un dogmatisme nouveau contre l'exploration du psychisme. Ces injonctions au respect inviolable de l'opacité qui recouvre la vie de notre esprit a semble t-il, une signification ultime: "la frayeur terrifiante de ne plus trouver de refuge dans nos fictions conscientes, source de notre liberté. Prendre le risque de mettre à jour la nature fictionnelle de nos propres représentations, ne revient-il pas à s'acheminer docilement vers une forme d'annihilation psychique et de suicide? ". Nietzsche écrivait dans La Naissance de la tragédie: "La connaissance tue l'action; pour agir, il faut être enveloppé du voile de l'illusion.[...] ce n'est pas la réflexion, non, c'est la connaissance vraie, la vue exacte de l'effroyable réalité qui l'emporte sur tous les motifs d'action [...]. A présent, aucune consolation n'agit plus, le désir s'élance au-delà d'un monde d'après la mort, au-delà des dieux eux-mêmes; ce qu'on nie, c'est l'existence elle-même et le brillant reflet qui en subsiste dans la personne des dieux ou dans l'immortalité de l'au-delà. Conscient de cette vérité une fois aperçue, l'homme ne voit plus partout que l'horreur ou l'absurdité de l'être [...].
Alors, comment répondre à cette source profonde de neuro-résistance? Par la littérature et la culture dans lesquelles on peut trouver un univers des représentations du monde et de nous-mêmes. Ces représentations peuvent nous permettre de continuer avec nos fictions, tout en ne les prenant pas pour ce qu'elles ne sont pas: des paroles "absolument" exactes. Car dans ce cas, elles interdisent le jeu social et la liberté de penser. Car si ce que je crois et pense est nécessairement exact, il n'y a pas de place pour d'autres idées, ni pour d'autres individus porteurs de pensées contradictoires. Je peux donc savoir que ce que je pense est à la fois fictionnel et vital pour moi, mais sans que cela remette en cause qui je suis et qui sont les autres, c'est à dire comment le désir de connaissance, qui peut effrayer par son pouvoir mortifère, peut aussi faire jaillir une source précieuse de liberté mentale et sociale. L'apologie de la connaissance peut-elle faire l'économie de cette lucidité sur les menaces qui l'accompagnent avec au bout de cette étape la possibilité de s'en affranchir?
3) Darwino-résistances.
Il existe d'autres formes de résistance, des réactions protectionnistes au discours scientifique dont l'une des plus puissantes est la darwino-résistance. Là où les "neuro-résistances" étaient centrées sur la question de l'identité du sujet, la "darwino-résistance" vise l'origine et le sens profond du vivant ainsi que la signification de l'Univers dans son intégralité. Il est question des données de la biologie et particulièrement des développements de la théorie de l'évolution naturelle des espèces, c'est à dire du darwinisme et du darwinisme contemporain. La révolution darwinienne, sans doute la plus déstabilisante ("Freud estimait que trois grandes blessures narcissiques avaient été successivement infligées à l'humanité, respectivement par Copernic, par Darwin et par lui-même"), postule que l'évolution des espèces vivantes n'est régie par nul plan visionnaire, par aucun projet téléologique, par aucune intention. Elle est explicable à la seule lumière des mécanismes de sélection qui guident, de façon aveugle et non supervisée, l'adaptation et les modifications des organismes vivants et des constituants innés du déterminisme génétique des individus. "Le hasard et la nécessité" (immortalisé par Jacques Monod), remplacent une vision multi-millénaire de gloses mystiques et théologiques. C'est le vivant et sa logique que le divin ignore et qui ignore le divin. Ce n'est pas l'histoire de l'onde dévastatrice des théories, qui sont géniales, de Lamark et Darwin et de cette construction intellectuelle (voir Gould), dont on va parler maintenant, mais des conceptions qui dominaient la plupart des esprit avant cette découverte. Elles étaient de nature créationniste et partageaient l'idée générale d'une création de l'Univers par un être intelligent. Les grandes religions monothéistes sont par essence (?) créationnistes, c'est à dire qu'elles pensent le monde en se le représentant comme étant le fruit d'une création divine, d'un projet guidé par une intention signifiante et transcendante. On retiendra seulement ici que la clé de voûte de ces systèmes de croyance est que l'Univers a un sens, que ce sens soit accessible ou non à l'intelligence du croyant. L'Univers se voit attribuer une signification à travers sa création intentionnelle par Dieu. La découverte de Darwin a profondément modifié ou orienté ces modèles au prix de transformations souvent longues et douloureuses. Des révolutions conceptuelles ont permis aux Églises de se rapprocher de leur vocation véritable, proposer une lecture du sens de l'existence humaine, sans pour autant nourrir d'ambition scientifique ou historique. Il semble que cette conception (profondément ancrée dans le judaïsme talmudique) d'un discours religieux éthique et non scientifique soit approchée et partagée par de nombreux clergés dont le catholicisme romain. C'est ainsi que Vatican II a initié de nouveaux rapports entre la science et la théologie avec Jean XXIII et avec aussi la "trace" du futur Benoît XVI. Même si certains ont vu "un anti-esprit du Concile Vatican II", de nombreux ecclésiastiques ont défendu l'idée que la théologie n'a nulle vocation à contredire les théories scientifiquement établies, ni à se contorsionner pour chercher la moindre compatibilité entre leurs discours et celui de la science moderne. Jean-Paul II a rappelé en 1996, devant l'Académie pontificale des sciences, que "dans son encyclique « Humani Generis » (1950), mon prédécesseur Pie XII avait déjà affirmé qu'il n'y avait pas opposition entre l'évolution et la doctrine de la foi sur l'homme et sur sa vocation, à condition de ne pas perdre de vue quelques points fermes"; ainsi, "l'évolution est plus qu'une hypothèse". Cette évolution des idées semble également exister dans la théologie musulmane, par exemple dans L'Islam expliqué par Malek Cheleb. Ce dernier illustre l'émergence d'une pensée religieuse musulmane conciliée avec la modernité. Dans une interwiew le 9 fev 2007 par Henri Tincq dans le monde il déclarait: "L'islam n'a pas à avoir peur du darwinisme". Ainsi, Galilée aurait pu, s'il vivait encore, se réjouir en constatant le développement d'une certaine forme de sagesse religieuse aujourd'hui partagée par de nombreux clergés.
Alors que sont les darwino-résistances?
Faisant suite au créationnisme déjà en vigueur à l'époque de Darwin, un puissant mouvement néo-créationniste, issu de cercles protestants fondamentalistes nord-américains explique que "certaines observations de l'Univers et du monde sont mieux expliquées par une cause intelligente que par des processus aléatoires tels que la sélection naturelle". Reprenant le bâton des ecclésiastiques du temps de Galilée, ils pensent détenir une théorie alternative qui rendrait compte des données empiriques sans violer une lecture soi-disant littérale de la Bible (la Terre a 5769 ans, les dinosaures étaient contemporains des humains etc). Les adeptes de ce courant de pensée le décrivent comme "Intelligent Design ou Dessein Intelligent". Certains sont réunis dans une think tank (groupe de réflexion, laboratoire d'idées...) dont le nom est un symbole: le Discovery Institute LA STRATÉGIE DE WEDGE (CENTRE POUR LE RENOUVELLEMENT DE LA SCIENCE ET DE LA CULTURE), ou encore en.pdf. Lionel Naccache explique que ce n'est pas par la recherche désintéressée d'une vérité qui resterait à découvrir et à penser que les adeptes sont mus, mais par une logique dont la violence consiste à inscrire la "vérité" à laquelle on croit déjà; c'est à dire sa "vérité", dans le langage d'un discours vierge de toute croyance. Fiction aveugle à elle-même qui redoute et déteste l'imaginaire! Et ce n'est sans doute pas un hasard si dans le Washington post du 3 août 2005, on voit G. W Bush mettre sur le même plan la théorie de l'évolution et le discours de l'Intelligent Design et prône son enseignement à l'école, au titre de l'ouverture culturelle. De même, dans USA Today du 21 août 2008, Sarah Palin, alors candidate au poste de la vice-présidence des USA, donc potentiellement présidentiable, affirmait: "La théorie de l'Intelligent Design est plausible et crédible selon moi; et elle devrait être enseignée."
-Cette forme de "darwino-résistance" concerne déjà des millions de personnes et d'esprits. Le plan de propagande et de prosélytisme de ce courant, basé sur le modèle des stratégies marketing contemporaines est clairement exprimé dans la programme du Discovery Institute dont on trouvera un résumé ci-après::
"Objectifs directeurs: Vaincre le matérialisme scientifique et ses héritages destructeurs sur le plan moral, culturel et politique. Remplacer les explications matérialistes par la compréhension théiste que la nature et les êtres humains sont créés par Dieu.
Objectifs sur 5 ans: Voir la théorie du design intelligent comme une alternative acceptée dans le domaine des sciences et de la recherche scientifique dans la perspective de la théorie du design. Voir le début de l'influence de la théorie du design dans des domaines autres que les sciences naturelles. Voir grand les nouveaux débats en matière d’éducation, les problèmes de la vie, la responsabilité juridique et personnelle mis au premier plan des priorités nationales.
Objectifs sur vingt ans: Voir la théorie du design intelligent comme la perspective dominante de la science. Voir l'application de la théorie du design dans des domaines spécifiques, notamment la biologie moléculaire, la biochimie, la paléontologie, la physique et la cosmologie dans les sciences naturelles, la psychologie, l'éthique, la politique, la théologie et la philosophie dans les sciences humaines; voir son insinuation dans les beaux-arts. Voir la théorie du design imprégner notre vie religieuse, culturelle, morale et politique."
Conclusion: La darwino-résistance, c'est une nouvelle forme "du danger de la connaissance que nous rencontrons ici. On peut voir à nouveau que la diffusion et la vulgarisation, même intelligente, d'idées scientifiques susceptibles de faire naître un sentiment de doute ou d'instabilité dans certaines croyances existentielles (ici religieuses), continue à rencontrer dans notre "société de la connaissance" certaines résistances mentales d'une ampleur socioculturelle qui peut être immense. Tous ces phénomènes rencontrés depuis les brûlures de la transparence jusqu'aux neuro-résistances partagent un point commun: ils ne semblent pas relever uniquement d'un simple défaut d'éducation ou d'accès à la connaissance, c'est à dire d'un "inachèvement" qu'on peut penser transitoire de la société de la connaissance. Cette société est-elle vraiment fidèle à l'image que l'on se plait à entretenir?
4) L'information et la connaissance confondues.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Quo_vadis_%3F_(roman) QUO VADIS? |
4-1) La connaissance et son malaise contemporain. Nous avons, avec Lionel Naccache, débusqué sous notre "société de la connaissance" autoproclamée, une société de l'information qui se prend à rêver d'être ce qu'elle n'est pas (encore?). Les brûlures de la transparence et les motifs de résistance à la connaissance, en actualisant les menaces existentielles que la connaissance continue à faire peser sur les fictions-interprétations-croyances que nous sommes, nous ont permis de vérifier la pertinence du modèle théorique (X,X',Y) [article 3: 3-1) "l'acte de connaître met en scène trois entités: -le sujet X tel qu'il existait et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y -L'objet Y qui est le support de cet acte de connaissance. -Le sujet X' qui est le sujet ayant absorbé l'objet Y, c'est à dire le sujet ayant mis à jour ses représentations mentales à la lumière des nouvelles connaissances acquises"], . Pour résoudre ce paradoxe, on peut maintenant faire l'hypothèse que nous sommes portés à confondre la connaissance avec l'information, aux dépend du sujet: nous réduisons l'expérience de la connaissance ....
Suite de l'article, voir mon blog principal: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/06/article-5-perdons-nous-connaissance.html#.XSVwtugzb4Y
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache:
troisième partie chapitres 1 et 2
: bienvenue dans la « société de la connaissance
https://www.agoravox.tv/actualites/societe/article/comment-passer-de-l-information-a-24993
"L’ouvrage passionnant de Lionel Naccache pourrait bien atteindre son objectif et devenir le "manifeste de la connaissance" du 21ème siècle. Un siècle où il va falloir réveiller un peu ces neurones qui se laissent bercer par la houle de l’information. Pour bâtir la société de la connaissance, il va falloir se jeter à l’eau. Ce qui revient à apprendre à nager. Et même plus. Cette eau doit nous pénétrer et nous transformer. A chaque nouvelle connaissance, nous ne sommes plus les mêmes. De quoi frémir de plaisir mais aussi de crainte".
http://www.centrebethanie.org/2016/09/l-arbre-de-la-connaissance.html |
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que je souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Je livre ici "ma lecture" du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache: c'est-à-dire perdons-nous le sens de ce qu'est la connaissance (philosophie) alors que nous nous autoproclamons " société de la connaissance "? Aujourd'hui, la connaissance ne fait plus peur à personne, alors que depuis trois mille ans notre culture occidentale n'a cessé de la décrire comme vitale et dangereuse. Oui, dangereuse, qui s'en sou-vient encore? Cette rupture avec notre héritage constitue-t-elle un progrès ou une régression, une chute ou une ascension? La Mythologie et la Neurologie, sources de "connaissance de la connaissance", nous offriront de précieuses clés pour résoudre ce paradoxe inédit dans l'histoire de la pensée".
Mes article précédents:
1) Résumé de mes articles précédents en préambule: Pourquoi cette question "Perdons-nos connaissance?" alors que nous avons cette merveilleuse faculté qui nous semble aller de soi, la capacité de connaître ce que nous ne connaissions pas encore à l'instant qui précédait. Notre société s'autoproclame en effet "société de la connaissance" comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Et pourtant, depuis les origines de notre culture, la connaissance est représentée comme un danger, un "poison vital". Elle serait porteuse d'un certain danger existentiel qui a imprégné notre culture depuis plus de 3 000 ans jusqu'à l'époque moderne avec le siècle des Lumières que Bertrand Vergely a appelées "obscures Lumières", et dont j'ai présenté ma lecture dans l'article de mon blog. Ce danger multi-millénaire s'est exprimé dans trois grands mythes qui ont façonné notre civilisation.
Un rapide résumé de mes précédents articles:
Dans l'article 1, nous avons vu: Chapitre 1: 1-1) Adam et Ève face à l'arbre de la connaissance. 1-2) Le tragique destin d'Icare. 1-3) L'allégorie de la caverne de Platon. 1-4) La figure de Faust.
Chapitre 2: 2-1) La connaissance menace Athènes l'éternelle. 2-1-1) I comme Icare: retenons que Icare vient de nous enseigner que connaître sans limites est une démesure condamnable et dangereuse. Cette menace ainsi stigmatisée semble engager l'individu dans son rapport personnel et solitaire avec la connaissance. 2-1-2) L'homme qui en savait trop. Pour Platon et Socrate, l'homme de connaissance serait l'inévitable victime de la violence du groupe qui l'entoure. Icare nous montrait les risques du rapport de l'individu face à la connaissance. Ici, Platon nous indique que l'homme qui connaît est également vécu comme une menace par ses congénères et que cette menace conduit à la disparition inéluctable de celui qui connaît, incapable de transmettre son savoir. Cela conduit à la préservation de l'ignorance, le fondement et la garantie de d'une certaine forme de paix ou de confort social.
2-2) La connaissance menace Jérusalem: 2-2-1) Du paradis perdu au Pardes retrouvé. Le Pardès (Kabbale) "est un lieu où l'étudiant de la Torah peut atteindre un état de béatitude. Ce terme est tiré d'une anecdote philosophique et mystique qui trouve une explication dans le Pardes Rimonim du Rav Moshe Cordovero. Celui-ci prend l'image de quatre rabbis (Elisha ben Abouya, [Rabbi] Shimon ben Azzaï, [Rabbi] Shimon ben Zoma et rabbi Akiva) pénétrant un verger mais dont les "niveaux" respectifs de pénétration du sens des Écritures ne sont pas équivalent. 2-2-2) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance 2-2-3) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance suite: le cas de rabbi Akiva -La connaissance? Une vraie boucherie! Conclusion: A ses amis qui lui recommandaient de de se protéger et de suspendre l'enseignement de ses connaissances à la jeunesse de Jérusalem, Rabbi Avika répondait par une parabole: "Un renard, voyant un poisson se débattre pour échapper aux filets des pêcheurs, lui dit "Poisson, mon ami, ne viendrais-tu pas vivre avec moi sur la terre ferme?" Le poisson lui répond: "Renard, on te dit le plus sage, mais en réalité, tu es le sot des animaux. Si vivre dans l'eau qui est mon élément m'est difficile, que crois-tu qu'il en serait sur la terre?" Ce que l'eau est au poisson, la Torah l'est à Akiva. La connaissance semble ici prendre l'aspect de ce "poison vital". N'y a t-il pas ici une impression de déjà-vu? Les allégories sur la connaissance s'avèrent d'une troublante convergence entre Athènes (aux chapitres 2-1-1 avec Icare et chapitre 2-1-2 avec Platon et Socrate) et Jérusalem. Le mythe d'Icare se rapproche des dangers d'une trop grande proximité de l'individu avec la connaissance à laquelle répondent les sombres péripéties de Ben Azaï, Ben Zoma et A'her dans le jardin du Pardès et celles d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Par contre, à l'allégorie platonicienne de la caverne, qui, comme on l'a vu, représente la violence du groupe social à l'encontre de ceux qui répandent leur connaissance "corrosive pour la jeunesse" comme Socrate, répond le tragique destin de Rabbi Akiva, qui ne cessa pas, ce que Tumus Rufus lui fit payer très cher, de "corrompre la jeunesse de Jérusalem". On voit donc avec Lionel Naccache que ce n'est pas seulement dans les histoires que la connaissance tue !
Avec mon mon article 2 nous avons vu comment après la Grèce et Jérusalem, la connaissance menace outre-Rhin avec Johann Georg Sabellicus Alias Docteur Faust.
Quelle que soit la version exacte du mythe, Sybellicus, alias Faust, n'avait certainement qu'à s'en prendre à lui-même. Il était fin lettré, alors n'aurait-t-il pas pu ou dû relire la mythologie grecque et les récits allégoriques de la Bible et du Talmud, ou même faire attention aux best-sellers médiévaux se demande L. Naccache? En particulier, le Manuel des Inquisiteurs n'expliquait-il pas, sans aucune équivoque possible, "qu"il ne faut point savoir plus que de mesure, il ne faut ni trop savoir, ni s'abrutir. Par conséquent, nous ne devons pas en savoir plus qu'il ne faut." C'est probablement le pont le plus précieux qui nous permet d'établir une continuité directe entre les considérations plus antiques que nous avons examinées sur le pouvoir mortifère de la connaissance et notre époque actuelle. Dans la version moderne, Thomas Mann, l'une des figures les plus éminentes de la littérature européenne de la première moitié du xxe siècle, qui est considéré comme un grand écrivain moderne de la décadence, nous présente le Doktor Faustus (Adrian Leverkhün), dont l'existence sera marquée par l'audace (Khün en allemand) et qui, comme Nietzsche, braverait la folie. A la fin du récit, il est victime de son propre désenchantement, qu'il pousse dans un cri ultime dans "le chant de douleur du Docteur Faustus". Il est victime de sa croyance en un ordre caché de la musique et de la connaissance, qui vont le conduire à la plus horrible des découvertes: le néant, l'absence de signification du monde et de nous-mêmes. "Lorsque son neveu adoré, l'adorable Nepomuk, "dernier amour de sa vie", meurt d'une méningite cérébro-spinale foudroyante dans d'horribles souffrances, Leverkhün atteint l'étape ultime de son voyage. Le monde est un non-sens. Tel est l'ultime cadeau de la connaissance. Il peut alors mourir dément, atteint de paralysie générale..."
J"ai terminé et conclu "ma lecture" de cette première partie du livre (que j'ai exprimée dans ces articles 1 et 2) par le chapitre 2 de l'article 2 : "Des mythes à la réalité ou l'art de la mauvaise solution".
-Dans l'antiquité le cloisonnement était "la mauvaise solution" antique au problème de la connaissance.
-Au moyen-âge, l'Europe a fait un autre choix. Sa "mauvaise solution" fut celle d'un obscurantisme religieux fondé sur la peur, peur de la mort et de l'enfer, la dichotomie bien-mal et sur le mécanisme de rédemption par la soumission à un discours religieux qui a stérilisé la pensée pour les masses incultes.
-La révolution des Lumières s'oppose à l'obscurantisme médiéval ("?") et aboutit à la tentative de débarrasser la connaissance des barrières que les périodes précédentes avaient avaient érigées. -Enfin, nous rencontrons les idéologies du XXè siècle marquées par deux régressions majeures, le nazisme et le communisme où la connaissance devient totalement asservie à l'idéologie et aux objectifs militaires, politiques, raciaux, sociaux de ces régimes.
-Finalement, mythes et réalité, même combat, même message: pendant plus de 3000 ans, la connaissance a été vécue comme un poison vital mais, désormais nulle menace à connaître ne semble plus habiter les discours dominants de nos sociétés, la connaissance ne poserait plus aucun problème au contraire? Vraiment?
-Ou bien... Il faudrait plutôt considérer l'autre hypothèse: la connaissance aurait conservé l'essentiel de ses menaces. Elle serait toujours mortifère, pour l'individu, pour le groupe social et pour le couple. Si tel est le cas, il faudrait alors expliquer pourquoi notre discours actuel ne contient aucun signal d'alarme ni aune zone d'ombre. Serions-nous capables de nous autoproclamer "sociétés de la connaissance" sans nous mettre en garde contre ses effets nocifs? Ce serait sans aucun doute tenir un discours "bonasse" inspiré de la méthode Coué, sans nous rendre compte de son inadéquation au réel de son caractère profondément erroné.
-Alors, comment procéder pour avancer?
mon article 3 a été axé sur La dimension fabulatrice de notre activité mentale. Pour prendre conscience de cette couche de fiction, une première voie peut nous y aider, la réflexion philosophique. Avec Kant, on commence par distinguer le "phénomène" et le "noumène". Cette voie est empruntée par les courants de la phénoménologie, avec par exemple la conscience selon Husserl ou Lévinas. Une seconde voie est celle de la neuropsychologie. Dans un ouvrage précédent, le nouvel inconscient, Lionel Naccache "nous invite [...] à une nouvelle odyssée, placée sous les auspices des neurosciences de l’esprit. C'est une découverte récente de la neuropsychologie que l'on pourrait appeler avec Nancy Huston, la dimension "fabulatrice" de notre activité mentale. En effet, notre perception consciente ne se déroule pas en deux temps comme semble l'indiquer le site scienceseravenir.fr. Létude de malades neurologiques a joué un rôle fondamental avec la description des sanyètes qui dévoilent et mettent en évidence les fictions-interprétations-croyances qui sont beaucoup plus difficiles à déceler chez des individus qui n'ont pas ces lésions cérébrales. Ces exemples tirés de la clinique permettent de proposer une définition de l'acte de connaissance. Cet acte met en scène trois unités, le sujet X tel qu'il était et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y, cet objet Y tel qu'il existe dans le monde extérieur au sujet et enfin le sujet X', le sujet tel qu'il est devenu après avoir assimilé l'objet Y. Au chapitre 2 de l'article 3, nous avons vu que nous interprétons et nous croyons, donc "nous sommes". Mais quel lien cela a t-il avec le "perdons-nous connaissance, le sujet de départ du livre? En philosophie, "la connaissance est l'état de celui qui connaît ou sait quelque chose. Elle implique le sujet, rouage essentiels de la condition humaine auquel ce détour neurologique permet d'accéder. Nous sommes des êtres pétris de fictions et de croyances. Dès que nous prenons conscience d'une information, que nous faisons connaissance avec elle en prenant connaissance d'elle, nous l'interprétons et l'incorporons dans des constructions fictionnelles. C'est la couche des représentations évoquée par Kant et Husserl. Nous sommes des êtres pétris de fictions et de croyances. Dès que nous prenons conscience d'une information, que nous faisons connaissance avec elle en prenant connaissance, nous l'interprétons et l'incorporons dans des constructions fictionnelles. Donc toute réflexion sur la connaissance et sur le sujet qui en est l'acteur, doit prendre en compte cette dimension de la fiction dans laquelle s'enracine notre subjectivité. Pas de connaissance sans sujet, donc sans système de fictions-interprétations-croyances!
2) Bienvenue dans la "société de la connaissance".
C'est ainsi que débute la troisième partie du livre de Lionel Naccache: Troisième partie
MALAISE CONTEMPORAIN DANS LA CONNAISSANCE
CHAPITRE PREMIER - Bienvenue dans la « société de la connaissance
2-1) Introduction. Le paradoxe de la société de la connaissance et de ses brûlures.
Nous venons de voir dans le chapitre 3-1) de mon article 3) que
L'acte de connaître met en scène trois entités:-le sujet X tel qu'il existait et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y-L'objet Y qui est le support de cet acte de connaissance.-Le sujet X' qui est le sujet ayant absorbé l'objet Y, c'est à dire le sujet ayant mis à jour ses représentations mentales à la lumière des nouvelles connaissances acquises.
Et Lionel Naccache ajoute: "Nous disposons d'une réponse claire et tranchée à la question de l'actualité des menaces de la connaissance. Plus encore, nous avons proposé une explicitation de l'essence même de ces menaces, d'où il ressort que, telles les deux faces d'une médaille, la connaissance nous expose à certaines menaces du fait même qu'elle nous offre dans le même temps la possibilité unique d'enrichir notre identité".
Alors que l'actualité en ce début 2019 pose de plus en plus de questionnements, ma lecture du livre va maintenant porter sur notre rapport actuel à la connaissance qui constitue encore une énigme, car, si la connaissance constitue un danger existentiel constitutif de son essence, pourquoi et comment sommes-nous devenus les premières générations de l'histoire de a culture occidentale à ne plus prendre conscience de la menace que représente la connaissance, alors que l'avenir de l'humanité semble menacé? Pourquoi et comment cette composante qui était présente à nos côtés depuis les récits bibliques et mythologiques antiques a t-elle disparu de notre discours contemporain? Sommes-nous devenus aveugles et insensibles? C'est que les "mauvaises solutions" imaginées au fil des siècles, que nous avons évoquées, ont perdu leur attrait et leur puissance, et sont aujourd'hui explicitement condamnées par les sociétés occidentales, même si certaines resurgissent trop souvent. Nous avons vu que c'étaient le cloisonnement de la connaissance, l'obscurantisme religieux, la censure politique ou la manipulation idéologique des esprits. Et maintenant nous faisons l'apologie de la connaissance comme jamais nulle société humaine ne semble l'avoir fait! Existerait-il une "mauvaise solution" contemporaine ainsi qu'un lien entre toutes ces "mauvaises solutions"? Nous allons maintenant essayer de découvrir, ce
MALAISE CONTEMPORAIN DANS LA CONNAISSANCE.
Nous vivons en effet un malaise inédit dans l'histoire de notre culture occidentale, qui se manifeste par un paradoxe entre d'une part un discours apologétique et univoque sur la connaissance ("nous sommes une société de la connaissance!") et d'autre part, la constatation que partout la connaissance continue de nous infliger les multiples brûlures dans chacun de ses champs d'action (brûlures de la connaissance amoureuse, familiale ou médicale, de la connaissance sociale ou médiatique et encore et toujours, brûlures de la connaissance scientifique qui continue à déstabiliser nombre de croyances individuelles et collectives très profondes).
2-2) « Nous sommes la société de la connaissance »
La stratégie de Lisbonne en 2000: L'objectif de cette stratégie fixé par le Conseil européen de Lisbonne est de faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale1 » [...] À mi-parcours, en 2004–2005, l'analyse de la stratégie de Lisbonne a montré que celle-ci avait été jusqu'alors un échec parce que les États membres n'ont pas tenu leurs engagements pris selon la méthode ouverte de coordination, non contraignante. La stratégie a été recentrée en 2005 sur la croissance économique et l'augmentation de l'emploi." Elle semble avoir échoué , mais adopté en juin 2010, surgit le nouveau projet, avec trois axes de la stratégie Europe 2020
visant une « croissance intelligente, durable et inclusive », est organisé autour de trois axes: l’innovation, l’accroissement du taux d’emploi, la durabilité de la croissance.
Apparemment, en ce mois de mars 2019, le renouveau n'est pas au rendez-vous.(Krach mondial : le fiasco de l’euro va faire mal). Pourtant, en France, jamais les citoyens français n'ont été aussi diplômés, ni l'âge d'entrée sur le marché du travail n'a été si tardif ni le nombre d'années d'étude aussi élevé qu'il ne l'est aujourd'hui. Les partis politiques eux-mêmes ont affiché le rôle majeur et vital de la connaissance (*le texte de la convention UMP d'octobre 2006 -Société de la connaissance : la nouvelle frontière, *le parti socialiste défend en 2008 l'idée d'une société de la connaissance ouverte, *et le PCF "Vers une société de la connaissance partagée". L'Institut d'Etudes Européennes de ULB a dédié l'année 2018/2019 à l’Europe de la Connaissance.
Ainsi, "nous sommes la société de la connaissance". chacun d'entre nous,"Diderot" en puissance, est invité à déposer sa contribution dans cette oeuvre collective qui va de wikipedia au site Gallica de la Bibliothèque nationale. Plus de deux siècles après les Lumières, notre époque confirme son non au cloisonnement, non à l'obscurantisme, non aux censures de toutes sortes. On assiste à l'explosion des supports et des formes de média, papier ou TV, radio, web... avec une multiplicité des horizons et des modalités de transmission et d'échange d'informations dans les temples modernes du savoir où sont célébrées leurs grands-messes (les "cités de la réussites", l'Université de tous les savoirs", l'UIP...). Mais on constate de plus en plus que personne ne semble plus faire mention de "menaces ou de risques" propres à la connaissance, bien au contraire, même si on constate des "fractures dans la société de la connaissance", et qui laisse apparaître également de nouvelles inégalités,.selon la revue Hermes. Mais ici encore, on ne fait pas mention que le risque soit dans le fait de connaître, comme cela était présent à nos côtés depuis les récits bibliques et mythologiques antiques. Nous sommes dans une société de la connaissance, terme qui est réapparu récemment en subissant une double réduction de cette économie du savoir qui apparaissait dans les années 1990 et confirmée par la stratégie de Lisbonne en 2000. Mais quelles valeurs associons-nous à cette devise moderne?
2-3) Comment est née cette "société de la connaissance"?
L'expression "société de la connaissance" succède à celle de "société de l'information", que la sociologue Daniel Bell introduisit pour la première fois, dans les années 1970, dans un ouvrage intitulé "vers la société postindustrielle". On assiste à la valorisation de ce ce qui permet la maîtrise de l'information et des connaissances théoriques avec un rejet des discours idéologiques qui deviendraient superflus. Comme l'explique le livre de Jean Staune "les clés du futur" au CHAPITRE 9 (MODERNITE, POST-MODERNITE ET TRANS-MODERNITE, la modernité est morte mais elle ne le sait pas encore. Ce ne sont ni les outils industriels, ni les croyances idéologiques qui primeront dans cette nouvelle économie disait Daniel Bell, mais les services fondés sur la connaissance, où l'information deviendrait une valeur suprême. Il Faudra attendre 1990, note Sally Burch, pour que cette conception visionnaire trouve un écho important (voir le livre Enjeux de Mots). Cela correspond au développement d'internet et des technologies de l'information et et à la fin de la guerre froide et à l'effondrement du bloc soviétique. Cette notion est alors mise à l'ordre du jour du G7 puis du G8 et intéresse la Communauté européenne, l'OCDE, l'ONU...D'autres variantes sont proposées comme la "société en réseaux" de Manuel Castells ou la "société de l'intelligence" proposés par André Gorz.
En parallèle avec ce concept, apparaît le terme et le concept de "société de la connaissance", pierre angulaire de la "société du savoir", dans des milieux universitaires Américains, expression adoptée par Abdul Waheed Khan (Sous-Directeur général pour la communication et l'information de l'UNESCO de 2001 à 2010). Sally Burch insiste: "Alors que je considère que le concept de "société de l'information" est lié à l'idée d'innovations technologiques, le concept de "sociétés du savoir" inclut une dimension de transformation sociale, culturelle, économique, politique et institutionnelle, ainsi qu'une perspective plus pluraliste et développementale . À mon sens, le concept de "sociétés du savoir" est préférable à celui de "société de l'information" car il rend mieux compte de la complexité et du dynamisme des changements en cours. (...) les connaissances en question sont importantes non seulement pour la croissance économique, mais également pour l'autonomisation et le développement de tous les secteurs de la société.” Mais c'est la "société de l'information", qui est la véritable révolution sociétale, car, sans la révolution technologique et la ruine idéologique qui ont donné naissance à la société de l'information, une société de la connaissance n'aurait pas pu être proclamée. Mais alors, qu'est-ce qui distingue les deux? C'est, comme nous l'avons déjà vu, la prise en compte du sujet. L'expérience de la connaissance est la relation d'un sujet, avec ses croyances, son identité, avec des données, des objets, c'est un jeu d'informations extérieures au contenu de sa conscience. On sait que c'est ce qui a donné naissance à la phénoménologie husserlienne pour laquelle la conscience est par nature intentionnelle: elle ne peut pas être isolée de l'objet qu'elle vise. Elle n'est pas intransitive, on est toujours conscient de quelque chose, d'un contenu auquel on n'accède que qu'à travers une relation subjective avec l'objet. Il existe certes, mais seulement par le truchement de notre subjectivité. Il est illusoire d'exclure celle-ci de l'expérience subjective d'une définition de la connaissance qui se concentrerait exclusivement autour des objets du savoir (des informations visées par le sujet). Une société de l'information n'est pas une société de la connaissance.
2-4) Le paradoxe de la transparence.
Toutes les informations renferment intrinsèquement une certaine quantité de données objectives, quelque soit leur contenu précis, qu'on y accède ou non et cela n'affecte en rien leur contenu propre. Cette valeur informationnelle intrinsèque ne dépend donc pas du sujet. Il devient donc logique et légitime, pour une société de l'information de se placer sous le principe de "l'absolue transparence".
Mais, attention! Ainsi définie, cette société fait abstraction des sujets que nous sommes, avec nos systèmes de fictions-interprétations-croyances respectives. Nous sommes ainsi soumis à un "grand écart" souvent douloureux, entre les aspirations de la société de consommation et sa nécessité de transparence la plus totale et les nombreux motifs de résistance de notre psychisme qui est orienté, sinon gouverné par la stabilité de nos croyances subjectives. C'est cette tension qui est à l'origine de notre discours ambivalent et paradoxal vis à vis de la transparence. Notre tension entre l'apologie quasi illimitée de la transparence et les brûlures qu'elle occasionne quotidiennement se manifeste dans le "malaise contemporain dans la connaissance" qui apparaît dans le titre de ce chapitre 2. Nous savons qu'au cours de l'histoire, l'absence de transparence dans les vies affectives, sociales, politiques et économiques a servi à protéger des intérêts corrompus, des inégalités masquées ou de nombreuses forfaitures L'opacité côtoyait la censure. Mais aujourd'hui la transparence est devenue la règle, que ce soit dans la sphère publique, dans les opérations financières, dans les prises de décision politiques, localement ou au niveau national. On filme tout, jusqu'au conseil des ministres sans que cela choque, bien au contraire. Mais c'est dans la sphère privée la transparence devient une exigence de plus en plus importante. Nous exigeons de pouvoir tout voir, sans aucune censure: transparence des salaires, des biens des personnes publiques, des histoires de famille, des origines, des adoptions, des dons de sperme...du couple et de l'alcôve et évidemment transparence médicale absolue. La technologie permet maintenant de tout voir, partout, ce qui se passe chez autrui, dans l'intimité et chacun peut devenir un spectacle de voyeurisme télévisuel où nous avons l'illusion de voir la "vraie vie", de "vraies personnes", une télé-réalité où se confondent réel et virtuel. Ceci est accentué par les innombrables caméras de surveillance, qu'elles soient dans les rues et tout notre environnement immédiat ou non, orientées vers les autres ou bien nous-mêmes. C'est une levée généralisée de tous les secrets, propre à notre société contemporaine. L'émergence de ce désir de transparence, contrairement à de nombreux pays, n'a pas été développé et mis en pratique à l'issue d'une longue période de dictature comme l'avait été l'URSS.en 1985, sous le signe de la glasnost (ce qui veut littéralement dire "transparence"). Pourtant, celle-ci nous taraude comme comme elle ne l'avait jamais fait encore alors que nous avons maintenant toutes les facilités techniques pour la mettre en oeuvre. Elle n'est pas sortie de rien comme nous le voyons au cours de la lecture du livre de Lionel Naccache, mais son apologie sans faille à laquelle nous attachons une grande importance est un peu paradoxale, car dans la même temps, nous vivons tous les jours, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, les conséquences parfois brûlantes et douloureuses de cette transparence. Notre résistance à la transparence se joue quotidiennement depuis les sphères immédiates et sensibles jusqu'aux plus abstraites.
On peut noter que l'essai de Pierre Levy Soussan, l'éloge du secret figure parmi les critiques du discours apologétique contemporain autour de la transparence (voir Le secret est indispensable et l’illusion, vitale et philosophie-spiritualite.com/cours/echange4.htm: la transparence et le secret par Serge Carfantan)
3) Les brûlures de la transparence (pedagopsy.eu/livre_perdre_connaissance.html chapitre 2)
Nous venons de constater au chapitre précédent que la société de la connaissance à laquelle nous nous identifions ressemble plus à une société de l'information. Nous avons vu aussi en 2-1) que, selon le modèle du triptyque de la connaissance, "l'acte de connaître met en scène trois entités: -le sujet X tel qu'il existait et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y -L'objet Y qui est le support de cet acte de connaissance. -Le sujet X' qui est le sujet ayant absorbé l'objet Y, c'est à dire le sujet ayant mis à jour ses représentations mentales à la lumière des nouvelles connaissances acquises". Une société de l'information se préoccupe presque exclusivement de d'assurer la libre circulation, la diffusion et l'échange des Y, sans considération majeure pour les sujets X qui pourtant en sont les citoyens. Dans une telle société, "Y-orientée" vers l'objet, l'absolue transparence de l'information doit devenir un principe incontournable sans que nulle menace ne puisse y être associée. C'est bien ce que claironnent à l'unisson les institutions et organismes qui règlent notre vie politique et les médias bien-pensantes de l'opinion dominante. Mais la connaissance ne devrait pas se limiter à cette circulation des informations. Elle doit incorporer la manière dont le sujet est affecté dans son système de fictions-interprétations-croyances par ces informations. De ce point de vue, l'expérience de la connaissance est toujours susceptible de menace, comme par le passé (voir mes articles 1, 2, 3), menace du sujet dans son identité.
3-1) Pour vérifier cette prédiction, Lionel Naccache recherche des situations qui nous révéleraient la manière dont des sujets peuvent être mis à l'épreuve, voire brûlés dans leur chair par la transparence de l'information. Ces "situations limites" vont jouer un rôle comparable à celui des malades neurologiques que nous avons vu avec mon article 3 au chapitre 1 (1-2) Neuroscience-fiction) et au chapitre 2 (Nous interprétons et nous croyons, donc nous sommes). En même temps qu'elles sous-tendent chacune de nos expériences de sujets conscients, elles nous montrent comment nous sommes inévitablement affectés par les informations que nous recevons même si nous ne sommes pas brûlés. Seulement, il est facile de s'en rendre compte quand ça brûle. Pour les décrire, on peut partir du centre qui constitue notre identité propre en traçant des cercles qui incluent nos relations les plus intimes en gagnant de proches les relations les plus éloignées voire celles qui nous sont inconnues. Un des premiers cercles est celui des brûlures de la transparence du sentiment amoureux. En embrasant et consumant notre existence, il peut ne laisser que des cendres dans un horizon de désespoir et de non-sens. Dans un second cercle, les secrets de famille peuvent nous exposer au péril d'énigmes dépourvues de solutions; savoir ou ne pas savoir? L'écheveau est presque indémêlable entre dans une histoire familiale qui utilise presque indistinctement le réel des fils de l'événement factuel et tranché et le récit imaginaire qui s'affranchit de la réalité, intègre et raconte une autre réalité, psychique, qui ne se superpose pas à la précédente.
Suite de l'article, voir mon blog principal;: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/05/article-4-perdons-nous-connaissance.html#.XST87-gzb4Y
article 3) Perdons-nous connaissance?
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache:
http://www.centrebethanie.org/2016/09/l-arbre-de-la-connaissance.html |
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que je souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Je livre ici "ma lecture" du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache: c'est-à-dire perdons-nous le sens de ce qu'est la connaissance (philosophie) alors que nous nous autoproclamons " société de la connaissance "? Aujourd'hui, la connaissance ne fait plus peur à personne, alors que depuis trois mille ans notre culture occidentale n'a cessé de la décrire comme vitale et dangereuse. Oui, dangereuse, qui s'en sou-vient encore? Cette rupture avec notre héritage constitue-t-elle un progrès ou une régression, une chute ou une ascension? La Mythologie et la Neurologie, sources de " connaissance de la connaissance ", nous offriront de précieuses clés pour résoudre ce paradoxe inédit dans l'histoire de la pensée.
Résumé de mes articles précédents en préambule: Pourquoi cette question "Perdons-nos connaissance?" alors que nous avons cette merveilleuse faculté qui nous semble aller de soi, la capacité de connaître ce que nous ne connaissions pas encore à l'instant qui précédait. Notre société s'autoproclame en effet "société de la connaissance" comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Et pourtant, depuis les origines de notre culture, la connaissance est représentée comme un danger, un "poison vital". Elle serait porteuse d'un certain danger existentiel qui a imprégné notre culture depuis plus de 3 000 ans jusqu'à l'époque moderne avec le siècle des Lumières que Bertrand Vergely a appelées "obscures Lumières", et dont j'ai présenté ma lecture dans l'article de mon blog. Ce danger multi-millénaire s'est exprimé dans trois grands mythes qui ont façonné notre civilisation. Les chapitres que nous avons vus dans l'article 1:
1) Avant-propos. 1-1) Adam et Ève face à l'arbre de la connaissance. 1-2) Le tragique destin d'Icare. 1-3) L'allégorie de la caverne de Platon. 1-4) La figure de Faust.
2) Ma lecture du livre de Lionel Naccache. Première partie; une menace vieille comme le monde.
2-1) La connaissance menace Athènes l'éternelle -chapitre 1-
2-1-1) I comme Icare est significatif pour la problématique de la connaissance. Pour l'instant retenons que Icare vient de nous enseigner que connaître sans limites est une démesure condamnable et dangereuse. Cette menace ainsi stigmatisée semble engager l'individu dans son rapport personnel et solitaire avec la connaissance.
2-1-2) L'homme qui en savait trop. chapitre 1 suite: la connaissance menace Athènes Conclusion: Pour Platon et Socrate, l'homme de connaissance serait l'inévitable victime de la violence du groupe qui l'entoure. Icare nous montrait les risques du rapport de l'individu face à la connaissance. Ici, Platon nous indique que l'homme qui connaît est également vécu comme une menace par ses congénères et que cette menace conduit à la disparition inéluctable de celui qui connaît, incapable de transmettre son savoir. Cela conduit à la préservation de l'ignorance, le fondement et la garantie de d'une certaine forme de paix ou de confort social.
2-2) La connaissance menace Jérusalem -chapitre 2-
2-2-1) Du paradis perdu au Pardes retrouvé."Le Pardès, littéralement jardin, verger, parc, qui s'apparente au mot paradis, désigne, dans la tradition de la Kabbale, un lieu où l'étudiant de la Torah peut atteindre un état de béatitude. Ce terme est tiré d'une anecdote philosophique et mystique qui trouve une explication dans le Pardes Rimonim du Rav Moshe Cordovero. Celui-ci prend l'image de quatre rabbis (Elisha ben Abouya, [Rabbi] Shimon ben Azzaï, [Rabbi] Shimon ben Zoma et rabbi Akiva) pénétrant un verger mais dont les "niveaux" respectifs de pénétration du sens des Écritures ne sont pas équivalents". Ainsi, après intérieure et la paix sociale, voici que la paix des ménages est en péril!
2-2-2) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance
2-2-3) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance suite: le cas de rabbi Akiva -La connaissance? Une vraie boucherie! Conclusion: A ses amis qui lui recommandaient de de se protéger et de suspendre l'enseignement de ses connaissances à la jeunesse de Jérusalem, Rabbi Avika répondait par une parabole: "Un renard, voyant un poisson se débattre pour échapper aux filets des pêcheurs, lui dit "Poisson, mon ami, ne viendrais-tu pas vivre avec moi sur la terre ferme?" Le poisson lui répond: "Renard, on te dit le plus sage, mais en réalité, tu es le sot des animaux. Si vivre dans l'eau qui est mon élément m'est difficile, que crois-tu qu'il en serait sur la terre?" Ce que l'eau est au poisson, la Torah l'est à Akiva. La connaissance semble ici prendre l'aspect de ce "poison vital". N'y a t-il pas ici une impression de déjà-vu? Les allégories sur la connaissance s'avèrent d'une troublante convergence entre Athènes (aux chapitres 2-1-1 avec Icare et chapitre 2-1-2 avec Platon et Socrate) et Jérusalem. Le mythe d'Icare se rapproche des dangers d'une trop grande proximité de l'individu avec la connaissance à laquelle répondent les sombres péripéties de Ben Azaï, Ben Zoma et A'her dans le jardin du Pardès et celles d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Par contre, à l'allégorie platonicienne de la caverne, qui, comme on l'a vu, représente la violence du groupe social à l'encontre de ceux qui répandent leur connaissance "corrosive pour la jeunesse", comme Socrate, répond le tragique destin de Rabbi Akiva, qui ne cessa pas, ce que Tumus Rufus lui fit payer très cher, de "corrompre la jeunesse de Jérusalem". On voit donc avec Lionel Naccache que ce n'est pas seulement dans les histoires que la connaissance tue ! Ainsi se termine ma lecture de l'Avant - propos et première partie chapitres 1 et 2 du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?"
Avec mon mon article 2 nous avons vu comment après la Grèce et Jérusalem, la connaissance menace outre-Rhin avec Johann Georg Sabellicus Alias Docteur Faust.
Quelle que soit la version exacte du mythe, Sybellicus, alias Faust, n'avait certainement qu'à s'en prendre à lui-même. Il était fin lettré, alors n'aurait-t-il pas pu ou dû relire la mythologie grecque et les récits allégoriques de la Bible et du Talmud, ou même faire attention aux best-sellers médiévaux se demande L. Naccache? En particulier, le Manuel des Inquisiteurs n'expliquait-il pas, sans aucune équivoque possible, "qu"il ne faut point savoir plus que de mesure, il ne faut ni trop savoir, ni s'abrutir. Par conséquent, nous ne devons pas en savoir plus qu'il ne faut." C'est probablement le pont le plus précieux qui nous permet d'établir une continuité directe entre les considérations plus antiques que nous avons examinées sur le pouvoir mortifère de la connaissance et notre époque actuelle. Dans la version moderne, Thomas Mann, l'une des figures les plus éminentes de la littérature européenne de la première moitié du xxe siècle, qui est considéré comme un grand écrivain moderne de la décadence, nous présente le Doktor Faustus (Adrian Leverkhün), dont l'existence sera marquée par l'audace (Khün en allemand) et qui, comme Nietzsche, braverait la folie. A la fin du récit, il est victime de son propre désenchantement, qu'il pousse dans un cri ultime dans "le chant de douleur du Docteur Faustus". Il est victime de sa croyance en un ordre caché de la musique et de la connaissance, qui vont le conduire à la plus horrible des découvertes: le néant, l'absence de signification du monde et de nous-mêmes. "Lorsque son neveu adoré, l'adorable Nepomuk, "dernier amour de sa vie", meurt d'une méningite cérébro-spinale foudroyante dans d'horribles souffrances, Leverkhün atteint l'étape ultime de son voyage. Le monde est un non-sens. Tel est l'ultime cadeau de la connaissance. Il peut alors mourir dément, atteint de paralysie générale..."
J"ai terminé et conclu "ma lecture" de cette première partie du livre (que j'ai exprimée dans ces articles 1 et 2) par le chapitre 2 de l'article 2: "Des mythes à la réalité ou l'art de la mauvaise solution".
-Dans l'antiquité le cloisonnement était "la mauvaise solution" antique au problème de la connaissance.
-Au moyen-âge, l'Europe a fait un autre choix. Sa "mauvaise solution" fut celle d'un obscurantisme religieux fondé sur la peur, peur de la mort et de l'enfer, la dichotomie bien-mal et sur le mécanisme de rédemption par la soumission à un discours religieux qui a stérilisé la pensée pour les masses incultes.
-La révolution des Lumières s'oppose à l'obscurantisme médiéval ("?") et aboutit à la tentative de débarrasser la connaissance des barrières que les périodes précédentes avaient avaient érigées. -Enfin, nous rencontrons les idéologies du XXè siècle marquées par deux régressions majeures, le nazisme et le communisme où la connaissance devient totalement asservie à l'idéologie et aux objectifs militaires, politiques, raciaux, sociaux de ces régimes.
-Finalement, mythes et réalité, même combat, même message: pendant plus de 3000 ans, la connaissance a été vécue comme un poison vital mais, désormais nulle menace à connaître ne semble plus habiter les discours dominants de nos sociétés, la connaissance ne poserait plus aucun problème au contraire? Vraiment?
-Ou bien... Il faudrait plutôt considérer l'autre hypothèse: la connaissance aurait conservé l'essentiel de ses menaces. Elle serait toujours mortifère, pour l'individu, pour le groupe social et pour le couple. Si tel est le cas, il faudrait alors expliquer pourquoi notre discours actuel ne contient aucun signal d'alarme ni aune zone d'ombre. Serions-nous capables de nous autoproclamer "sociétés de la connaissance" sans nous mettre en garde contre ses effets nocifs? Ce serait sans aucun doute tenir un discours "bonasse" inspiré de la méthode Coué, sans nous rendre compte de son inadéquation au réel de son caractère profondément erroné.
-Alors, comment procéder pour avancer? Commençons la lecture de cette deuxième partie du livre par ce premier chapitre.
1) La connaissance, une histoire de neuro-science fiction?
1-1) La dimension fabulatrice de notre activité mentale: Où nous découvrirons que lorsque nous réfléchissons à la connaissance, il est indispensable de prendre en compte la dimension de la fiction dans laquelle s'enracine notre subjectivité. Pas de connaissance sans sujet et donc pas de connaissance sans fictions-interprétations-croyances.
Avançons en commençant par approfondir ce que la Révolution des Lumières et la science nous ont apporté et changé avec les découvertes de la neurologie. Depuis le début du livre, le terme de connaissance ne cesse de nous accompagner. Jusqu'à maintenant, l'usage de ce mot est resté dans ses dimensions abstraites, mythologiques, historiques, sociologiques... Mais pour chacun d'entre nous, c'est une affaire quotidienne, concrète, qui touche chacun des individus que nous sommes. La connaissance se joue au cœur de chacune de nos subjectivités qui, malgré leur diversité, sont singulières, même si elles obéissent à des lois communes. C'est maintenant sous cet angle que nous allons aborder avec Lionel Naccache, la question de savoir en quoi la connaissance pourrait être un "poison vital". Il nous faut plonger au cœur de nos cerveaux, là où se joue notre subjectivité et donc contre connaissance. Ce cerveau, en fait, n'est pas tout seul, mais il appartient à un corps, qui est lui-même inséré dans un tissu social; il est dépositaire d'une biographie personnelle, tout en étant héritier des références culturelles, sociales et intellectuelles qui nous entourent et nous bercent. C'est en ce lieu, dans le cerveau, que s'élabore cette fonction mentale qu'est la connaissance.
C'est dans un ouvrage précédent, le nouvel inconscient que Lionel Naccache "nous invite [...] à une nouvelle odyssée, placée sous les auspices des neurosciences de l’esprit. Au-delà des analogies et des oppositions entre l’inconscient freudien et l’inconscient cognitif)[....]", Il montre que "la posture même du discours freudien détient une clé essentielle de notre faculté à construire notre pensée consciente. Cette clé de la conscience découverte par Freud, à son insu, peut aujourd’hui être pleinement comprise à la lumière d’expériences récentes des neurosciences de l’esprit. Cette nouvelle interprétation de l’inconscient freudien, conjuguée à l’exposition préalable de l’inconscient cognitif contemporain dessinent ensemble le portrait de ce Nouvel Inconscient [...]". Les mécanismes décrits ne sont autres que ceux que nous mettons en oeuvre dès lors que nous sommes conscients et donc que nous faisons acte de connaissance. Dans les descriptions cliniques exposées dans l'ouvrage, il apparaît que nous ne cessons de produire des interprétations du "réel", de ce que nous percevons et qui nous arrive et de ce à quoi nous pensons. Cela se produit même quand nous croyons nous livrer seulement à un exercice de connaissance. C'est une découverte récente de la neuropsychologie que l'on pourrait appeler avec Nancy Huston, la dimension "fabulatrice" de notre activité mentale. C'est un fait que, même lorsqu'on pense accéder en toute "objectivité" à des informations qui existent en dehors de nous, en s'imaginant atteindre la connaissance, nous continuons là encore à "emprunter le chemin de l'interprétation" et de la "fictionnalisation" pour construire nos représentations personnelles de ces savoirs, même dans le cas où on accède à l'information scientifique: l'atome d'oxygène contient 8 protons et 8 neutrons. Ces interprétations sont fictives, elle ne sont pas là pour être "vraies" ou "exactes" (même si elles sont par ailleurs), mais pour faire sens à nos yeux. dans notre désir de cohérence et d'explication. Nous les forgeons et les révisons sans cesse (n'est-ce pas déjà là les prémisses d'une attitude scientifique?). Lionel Naccache nous dit: "nous leur accordons un certain degré de croyance, voire un degré de croyance certain" (le doute scientifique est un prolongement conscient de cette étape à laquelle il ne faut pas renoncer). "A un instant donné, cette trame narrative, roman inachevé de notre vie, constitue l'essence de notre subjectivité, l'image de ce nous croyons être et de notre représentation du monde". Cependant, si ce processus fictionnel caractérise notre fonctionnement mental conscient, il opère à notre insu, comme pour M. Jourdain, qui faisait de la prose sans le vouloir et sans le savoir. Il n'est pas impossible de prendre conscience de cette couche de fictions-interprétations-croyances, mais il faut reconnaître qu'elle demeure le plus souvent bien cachée à notre introspection.
En effet, selon Lionel Naccache, notre perception consciente ne se déroule pas en deux temps comme semble l'indiquer le site scienceseravenir.fr si j'ai bien compris (le cerveau commence par analyser de façon inconsciente les détails, puis il va en quelque sorte livrer son bilan en le rendant conscient), ce qu'on peut traduire par "un je perçois", puis "deux, j'interprète". La définition de la perception varie selon les auteurs; mais l'une de ses constances et "des fonctions principales de l'activité perceptive est de nous permettre une connaissance du monde environnant, des objets qu'il contient en dépit des variations de leurs apparences et donc de la variété des sensations qui leur correspondent. Un objet perçu est une représentation mentale évoquée par des informations sensorielles dont elle ne constitue pas le reflet précis". Pour L. Naccache, "nous percevons et interprétons de concert". C'est pour cela que nous avons une grande difficulté à deviner l'existence d'une couche fictive dans notre représentation d'un objet perçu. Dans de nombreux cas, la part de fiction qui participe à notre perception est faible, voire infime. Voir ce qu'il écrit ci-dessous:
(Lionel NACCACHE invité des Jeudis de l’Imaginaire le jeudi 28 juin à 18h à Télécom Paris-Tech, amphithéâtre B 310): "Notre esprit/cerveau n’a de cesse de produire activement des interprétations signifiantes du monde, interprétations qui aussitôt formulées sont déjà le support de nos croyances subjectives : vous pensez et croyez d’ailleurs en ce moment même tout un ensemble de choses, à commencer par votre simple présence au monde, vous croyez être celui que vous vous représentez être, et d’une certaine façon cette croyance n’est pas infondée, puisque c’est ainsi que vous apparaissez à vos propres yeux, qui que vous soyez par ailleurs, par ailleurs dans l’esprit d’un autre ou dans aucun autre esprit. Les neurosciences cognitives, et plus particulièrement la neuropsychologie, c’est-à-dire l’étude des perturbations cognitives observées de manière reproductible chez des malades neurologiques ou psychiatriques nous ont livré en quelques décennies de formidables démonstrations de l’existence de « fictions interprétations croyances ». Ces fictions sont en effet plus simples à débusquer lorsqu’elles sont grossièrement erronées, lorsqu’elles transgressent les contraintes offertes par la réalité : un homme persuadé que son épouse qui lui fait face est un sosie ; un amnésique qui croît dur comme fer à des souvenirs produits de toutes pièces ; un hémisphère gauche déconnecté de l’hémisphère droit qui s’évertue à imaginer, – et à croire aussitôt -, à des interprétations farfelues et totalement inexactes d’un comportement piloté en réalité par cet hémisphère droit avec lequel il ne peut plus communiquer ; … Une fois découvertes par la neuropsychologie, il est plus simple de les mettre en évidence chez l’homme sain, lorsqu’elles se font plus discrètes, et qu’elles épousent les contours du réel. Nous sommes irrépressiblement narratifs : la prise de conscience d’une information s’accompagne immédiatement d’une attribution de sens assortie d’une certaine croyance subjective. Je ne qualifie pas ces représentations de fictionnelles parce qu’elles seraient systématiquement inexactes : nos fictions peuvent être parfaitement bien contraintes par le réel, mais elles n’en demeurent pas moins fictives en ce qu’elles demeurent toujours un matériau interprétatif et un objet de croyance. Nous sommes les interprètes du réel, et non ses porte-voix. Aujourd’hui, les premières pages de la physiologie cérébrale de cette narrativité consciente commencent à êtres écrites : une véritable conversation cérébrale cohérente à l’échelle du cerveau accompagne la prise de conscience subjective d’une information. De cette conversation proviennent des versions éditoriales successives du manuscrit de notre contenu mental conscient. La même information délivrée inconsciemment au sujet, – par exemple sous la forme d’une image subliminale -, peut faire l’objet de riches traitements mentaux et même de certaines interprétations, mais ces représentations inconscientes sont en général évanescentes, – elles disparaissent en quelques dixièmes de secondes, tout en pouvant laisser des traces -, et elles demeurent confinées à des zones limitées du cerveau sans faire l’objet de cette ignition cérébrale qui semble être la signature neuronale de l'accès conscient"
Comment pouvons-nous prendre conscience de cette couche de fictions? La réflexion philosophique peut nous y aider. Une première voie, avec Kant, on commence par distinguer le "phénomène" (L’effet produit par un objet sur la capacité de représentation, dans la mesure où nous sommes affectés par lui, est une sensation. L’intuition qui se rapporte à l’objet à travers une sensation s’appelle empirique. L’objet indéterminé d’une intuition empirique s’appelle phénomène. C'est la chose qui nous apparaît à l'esprit et qui fait référence à ce qui est connaissable) et le "noumène" (terme employé à l'origine par Platon pour désigner les « Idées », c'est-à-dire la réalité intelligible (par opposition au monde sensible), accessible à la connaissance rationnelle. Au contraire, chez Kant, auquel le terme de « noumène » renvoie le plus souvent, il s'agit de tout ce qui existe et que la sensibilité ne peut atteindre, restreignant par là les prétentions de la raison quant à la connaissance. « Noumène » est parfois considéré comme synonyme de chose en soi, faisant référence aux faits tels qu'ils sont absolument et en eux-mêmes et qui réside dans le monde extérieur, par opposition au terme de phénomène, faisant référence à ce qui est connaissable). Cette voie est empruntée par les courants de la phénoménologie, avec la conscience selon Husserl ou Lévinas.
Une seconde voie est celle de la neuropsychologie comme l'a expliqué Lionel Naccache dans l'encadré au paragraphe précédent. Et ces interprétations signifiantes, ces fictions-interprétations-croyances, "une fois découvertes par la neuropsychologie, il est plus simple de les mettre en évidence chez l’homme sain, lorsqu’elles se font plus discrètes, et qu’elles épousent les contours du réel".
1-2) Neuroscience-fiction.
1-2-1) Comme on vient de le voir, l'étude de malades neurologiques a joué un rôle fondamental pour découvrir cette couche de fiction dans nos interprétations signifiantes du monde. Chez certains patients, on peut observer, souvent sous forme caricaturale, les œuvres de composition originale de cette couche de fictions-interprétations-croyances. En étudiant comment ces malades élaborent leur "connaissance" à partir des "informations" qui leur sont soumises, on peut prendre conscience de la distance (irréductible, le pense Lionel Naccache) qui sépare l'information objective de la connaissance subjective. En effet, confrontés à la même information, leur construction consciente se distingue pathologiquement de la notre nous qui ne sommes pas affectés par les mêmes lésions cérébrales. Cela nous permet de comprendre que la couche de fictions existe et qu'elle est à l'origine d'interprétations grossièrement erronées. En poursuivant lucidement ce raisonnement, on peut franchir une étape et constater que cette couche de fictions doit également exister chez nous, puisque nos interprétations, même si elles se distinguent des aberrations ou des interprétations farfelues ou totalement inexactes, n'en demeurent pas moins elles aussi des interprétations! Elles restent des interprétations, même si nous en partageons la plupart du temps les grandes lignes avec nos voisins. Ainsi, chez un sujet neurologiquement sain, les mécanismes de construction de ces schémas fictifs sur lesquels le réel opère sont très souvent indistinguables de celles que les autres humains élaborent lorsqu'ils sont soumis à la même situation. C"est cet imaginaire qui colore chacune de nos pensées conscientes, irrépressible activité fictionnelle que nous accréditons avec toute la force du "JE".
1-2-2-) Le reste de ce chapitre neurosciences-fiction est consacré à la description de ces sanyètes qui dévoilent et mettent en évidence les fictions-interprétations-croyances qui sont beaucoup plus difficiles à déceler chez des individus qui n'ont pas ces lésions cérébrales, lésions qui ont compromis le déroulement habituel de leur vie mentale. Tous ces malades vont rencontrer des situations curieuses pour lesquelles leur cerveau les soumet à des informations contradictoires les unes avec les autres. Mais, au lieu de prendre en compte la nature pathologique de ces informations, et de dire: "c'est absurde! il y a un problème! je suis malade", ces personnes vont utiliser ces ingrédients, a priori incompatibles entre eux; pour imaginer une nouvelle fiction, riche d'une nouvelle signification, qui malgré son caractère irréaliste, saura satisfaire l'irrésistible besoin de produire un sens que chacun d'entre nous peut partager avec eux. Nous trouverons évident la nature proprement fictionnelle chez ces malades de ce constituant, pourtant essentiel de notre activité mentale consciente, parce que ces fictions sont fantastiques irréalistes et en contradiction avec la réalité. Mais ces malades ne peuvent s'empêcher de les produire, sans le savoir, et surtout d'y croire, car ils sont certains de leur réalité. Si leurs fictions nous apparaissent à nous, individus indemnes de lésions cérébrales, pour ce qu'elles sont, la description des cas qui vont suivre va nous permettre, sous la conduite de L. Naccache, de découvrir comment ces malades "font connaissance" avec des informations qui leur sont "présentées" et comment celle-ci procède nécessairement de la fiction. Cela permettra de révéler la généralité de cette fonction première de fictionnalisation, qui ne nous est pas évidente au premier abord, et donc de cette fonction de création de sens et de connaissance dans tous les champs de notre vie mentale. Il peut s'agir de la perception de nos congénères et voisins ou proches, de celle de nous-mêmes, du contenu de notre mémoire ou de notre faculté à exprimer , par des fictions, le sens de nos propres actions. Et, il faut savoir, que ce que ces malades révèlent à travers ces pathologies qui perturbent leurs capacités à produire des significations, vaut également pour chacun d'entre nous, sous une forme dissimulée, moins évidente à mettre au jour: chacun d'entre nous est un créateur de fictions.
Il faut lire les récits complets décrite dans la deuxième partie du livre. On y voit notamment comment les rationalisations, c'est-à-dire les histoires que se raconte un patient pour expliquer un déficit de perception ou d'interprétation sans l'imputer à un trouble interne qui en est la vraie cause mais qu'il ne peut observer lui-même, construisent pour ce patient un univers de connaissances très satisfaisant, mais qui repose évidemment sur une distorsion profonde de ce que nous appelons la réalité. Freud avait fait la même constatation à propos des rationalisations que dans certaines névroses et psychoses le malade invente pour la plus grande gloire de son moi. On sait que dans les rêves, chacun d'entre nous fait de même à tous moments et à tous propos, sans que cela, en principe, ne perturbe la bonne qualité de notre jugement lorsque nous nous réveillons.
"Ces exemples tirés de la clinique permettent à l'auteur de revenir sur la définition de l'acte de connaissance. Cet acte met en scène trois unités, le sujet X tel qu'il était et se représentait à lui-même avant de connaître l'objet Y, cet objet Y tel qu'il existe dans le monde extérieur au sujet et enfin le sujet X', le sujet tel qu'il est devenu après avoir assimilé l'objet Y. Les objets de connaissance sont multiples, mais tous modifient en le réorganisant le sujet qui s'en laisse pénétrer et quasiment coloniser. Si l'on veut tenter de comprendre le monde extérieur générant les objets de connaissance qui circulent à son propos, il ne faut pas se limiter à analyser les informations brutes en émanant, mais les sujets et plus précisément, dans le champ de la conscience, les "Je" de ces sujets qui reprennent et interprètent ces informations, en les présentant comme participant à un processus objectif de connaissance. Les sujets subissent en recueillant ces informations des transformations plus ou moins profondes qui se traduisent par des stratégies destinées à protéger ou renforcer leurs Je. Dans certains cas, ces informations leur semblent si dangereuses pour la salubrité de ces Je qu'ils les nient purement et simplement. C'est un déni de réalité, que nous pourrions illustrer par le fameux déni de grossesse dont on a fait mention récemment dans la presse"
Voyons un résumé succinct de tous ces récits:
- Un sosie qui s'impose! ...Ici, devant le visage de sa femme, le malade a un sentiment de familiarité, mais ne va pas procéder à une analyse cartésienne qui montrerait son trouble qui pourrait le mener à se poser les bonnes questions... Il va adopter un autre comportement. Il va imaginer et croire avec conviction que la personne qui lui fait face et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à à son épouse, est un sosie, imposteur qui a emprunté l'apparence physique de sa femme. Cette illusion, ou "délire de sosies" qui s'appelle le syndrome de Capgras amène souvent des situations rocambolesques.
Vertige des fictions que nos esprits ne cessent de produire, cela illustre la distinction fondamentale entre l'information et la connaissance. Présenter un visage humain à un sujet n'est pas une simple transmission d'informations, mais correspond à une élaboration subjective qui utilise le socle fictif et interprétatif du sujet qui perçoit, et son système de croyances. La connaissance, celle que le malade élabore ici à partir des informations présentes sur le visage, est irréductible à ces informations. Une personne saine ne voit pas de sosie dans le visage de sa femme ou de son mari. Ce que nous révèle ce cas clinique, c'est que la simple présentation d'un visage participe au flux ininterrompu des informations qui alimentent nos mécanismes interprétatifs et de fiction. Simplement, lorsque ces processus ne conduisent pas à la conviction inébranlable et délirante du sosie, il est plus difficile de deviner leur présence.
-Un homme à trois mains? Pourquoi pas! D'autres malades, encore plus nombreux, sont atteints du syndrome neuropsychologique qualifié d'héminégligence ou négligence gauche, consécutif à une lésion du lobe pariétal droit par exemple après un AVC, tel que je l'ai moi-même vécu en 2009, de façon partielle qui m'a laissé peu de séquelles. Pour moi, c'était la moitié droit de mon propre corps que je voyais, mais qui ne m'appartenait plus car je ne pouvais agir sur mon bras. Mais pour les malades plus gravement atteints d'anosognosie, ils n'ont pas conscience de leur paralysie et ne reconnaissant pas la moitié de leur corps et se livrent parfois à de formidables discours confabulatoires lorsqu'ils sont confrontés à leur hémiplégie par le médecin qui les examine. Il ira jusqu'à affirmer que la main paralysée que le médecin déplace n'est pas la sienne, car il possède une main gauche (ou droite) indemne. Et en prenant entre ses deux mains, il pourra aller jusqu'à dire : "Vous avez peut-être trois mains, en tout cas, ce n'est pas la mienne". La patient perçoit sa main gauche, mais son asomatognosie l'empêche de l'identifier comme étant la sienne. Il sait recueillir les données du réel, mais au lieu d'en dresser un état objectif; il les intègre dans une fiction-interprétation-croyance plutôt singulière. La puissance de la fiction structure ici la conscience en lui imposant un contenu qui arrive à faire vaciller des représentations qui pourtant paraissent inébranlables. La question pertinente n'est pas de savoir quelle est l'interprétation la plus correcte, mais pourquoi la même situation peut donner lieu à des croyances si distinctes? C'est parce que la connaissance que chacun élabore à partir de ce jeu d'informations met en oeuvre son propre système de fictions-interprétations-croyances. Lui et moi ne cessons d'interpréter, de fictionnaliser et de croire. Et simplement, cette couche de fiction est plus aisément visible et caricaturale chez le malade négligent; et donc plus facile à identifier que chez un individu en bonne santé neurologique.
-Oublier, c'est aussi confabuler! Dans l'amnésie de Korsakov, souvent liée à certaines complications cérébrales de l'alcoolisme chronique, on rencontre un phénomène aussi spectaculaire. Le patient ne garde aucun souvenir conscient de votre passage dans sa chambre par exemple et vous accueille à chaque fois que vous y entrez comme si c'était votre première visite. Il n'a pas conscience de son amnésie et si on l'interroge, il présente un discours confabulatoire qui révèle, là encore, l'activité irrépressible de notre (humain) système de fictions-interprétations-croyances. Les patients concernés ne mentent pas et ne se moquent pas de leurs médecins et interlocuteurs. Le contenu de leurs confabulations est réaliste et correspond au télescopage de bribes de souvenirs anciens avec des éléments qui leur sont associés dans le contexte du malade.
De très nombreuses situations ont été étudiées, dans lesquelles des scénarios fictifs ont été accrédités de toute bonne foi. La nature fictionnelle de nos constructions conscientes y était aisée à reconnaître parce que dans tous les exemples de "faux souvenirs", ces fictions étaient fausses. Mais elle ne change pas de nature lorsqu'elle est exacte: nous donnons sens aux choses qui affectent notre esprit, nous les interprétons, nous les accréditons et nous y croyons. Ce n'est pas parce que nos croyances épousent parfois les contours du réel et s'approchent de la réalité objective qu'elles cessent de d'être ce qu'elles sont avant tout: des croyances, produits de nos pensées conscientes.
-Quand j'explique avec assurance les raisons de ce que j'ignore absolument! Les travaux de Roger Sperry et Michael Gazzaniga et la démonstration clinique la plus forte du caractère fictionnel de notre réalité psychiques (années 1970). C'est en étudiant et essayant de traiter des malades atteints d'épilepsie sévère que ces chercheurs ont été amenés à opérer les malades en pratiquant la séparation des deux hémisphères du cerveau par une section chirurgicale des voies nerveuses qui les font normalement communiquer. Chez de tels malades au "cerveau divisé" ou split brain, L'objectif est de réduire le retentissement de leurs crises d'épilepsie quotidiennes. Ce sont des sortes de décharges neuronales au cours desquelles le malade perd connaissance et présente des convulsions des quatre membres. C'est pour éviter l'extension de la crise et sa généralisation au cerveau entier, qui commence à un endroit localisé, que les deux chercheurs interrompent le lien qui unit les deux hémisphères. Cette technique est aujourd'hui de moins en moins réalisée du fait des progrès des thérapeutiques chirurgicales et pharmacologiques, mais aussi de la mise en évidence des conséquences cognitives d'une déconnexion entre les deux hémisphères.
Pour ces études, Sperry et Gazzaniga ont reçu le prix Nobel de médecine en 1981. Ils ont considérablement précisé la spécialisation hémisphérique. Chez un sujet sain et non "splité", les deux hémisphères sont réunis dans un conscient unifié. Chez les malades de Sperry et Gazzaniga, cette unité semble brisée (au moins partiellement): "ces patients subissaient une sorte de dissociation de la conscience : ils pouvaient par exemple manipuler un objet dans leur main gauche en se montrant incapables de le nommer. La raison ? Chaque hémisphère du cerveau commande la partie du corps opposée. Ainsi, chez les patients split brain, l’information partant de la main gauche vers l’hémisphère droit ne peut ensuite parvenir à la « conscience » de l’hémisphère gauche, siège du langage, d’où l’impossibilité de désigner verbalement l’objet". L'un des symptômes de cette condition neurologique porte le nom d'apraxie dite diagonistique. On observe chez ces patients des plans d'action totalement contradictoires: le malade ouvre la porte de son réfrigérateur d'une main (pilotée par l'hémisphère situé du côté opposé), tandis que l'autre la referme violemment. Le même individu construit deux plans d'action intentionnels en compétition. Gazzaniga a révélé le rôle fondamental des mécanismes d'interprétation fictionnelle dans notre fonctionnement conscient et a élaboré des situations expérimentales où un hémisphère devait réaliser un comportement précis et ensuite il demandait à l'autre hémisphère l'explication de ce comportement dont il ignorait l'origine véritable. Le chercheur a découvert qui si on soumet l'hémisphère interrogé à d'insoluble énigmes, il répond très souvent en inventant une explication imaginaire fictive à laquelle il croit en toute bonne foi (voir Gazzaniga, Ledoux et Wilson 1977). Dans ces interactions complexes chez ces patients au cerveau "splité", (pages 89 à 92), on voit que l'hémisphère gauche, doté de facultés du langage, ne cesse d'élaborer consciemment des scénarios qui donnent sens au réel. Cette "réalité psychique", qui est en discordance manifeste avec la réalité objective que constate l'expérimentateur, est ici encore ce qui fait véritablement sens pour le patient, mais c'est une construction mentale fictive.
- Quand j'explique avec assurance les raisons qui m'ont conduit à prendre la décision opposée à celle que j'ai prise. Les cas que l'on vine de voir nous mettent souvent sous les yeux et de manière caricaturale, une propriété fondamentale de l'esprit, que sinon on a bien du mal à découvrir et à imaginer parce que peut-être on pense ne pas y être soumis. Cela s'applique en réalité à chacun d'entre nous, au-delà des cadres spectaculaires de la pathologie neurologique ou psychiatrique. Il existe un mouvement permanent de va-et-vient entre les malades et les sujets "sains" que nous sommes ou plutôt que nous croyons être. Ces liens qui rapprochent l'homme malade de ceux qui ne le sont pas sont une forme d'humanisme. Ce que nous apprennent les patients "split brain" vaut pour chacun d'entre nous. Petter Johansson [vidéo]: "psychologue expérimental, étudie la cécité de choix - un phénomène dans lequel nous nous convainquons que nous obtenons ce que nous voulons, même lorsque nous ne le sommes pas. Dans un discours révélateur, il partage des expériences (conçues en collaboration avec des magiciens!) Qui visent à répondre à la question: pourquoi faisons-nous ce que nous faisons? Les résultats ont de grandes implications sur la nature de la connaissance de soi et sur la manière dont nous réagissons face à la manipulation. Vous ne vous connaissez peut-être pas aussi bien que vous le pensez". Il a fourni une démonstration expérimentale de la dimension interprétatrice et fabulatrice de notre conscience.
A chaque essai, 2 photographies de visages féminins sont présentées à un sujet de sexe masculin, puis elles sont retournées face contre la table. Le sujet doit désigner du doigt la fille qu'il trouve la plus séduisante. L'expérimentateur retourne la carte choisie par le sujet et lui demande d'expliquer son choix (il a donc la photo sous les yeux). Après de nombreux essais survient un essai critique avec un petit tour de passe-passe. Le sujet vient de désigner la photo qui l'attire le plus (la fille A par exemple). L'expérimentateur (prestidigitateur), à l'insu du sujet, glisse alors dans sa manche la photo non choisie (la fille B) et demande au sujet d'expliquer pourquoi il a choisi cette fille, c'est à dire pourquoi il a choisi la fille B alors qu'il avait choisi en réalité la fille A. Dans la majorité des cas le sujet testé s'évertue à expliquer ce qui l'a conduit à choisir la fille B, ce qui correspond à l'inverse de ce qu'il a réellement choisi. Tous ces résultats ne s'expliquent pas par un simple effet de soumission à l'expérimentateur ni par un problème de mémoire ou de motivation, mais tout comme pour le cas du "split-brain" les expérimentateurs ont réussi à débusquer, à travers ce contexte, de nouvelles manifestations de la machine à interpréter, à croire et fabuler de notre activité mentale consciente.
Suite de l'article; voir mon blog principal: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/03/article-3-p
article 2) Perdons-nous connaissance?
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache:
première partie suite chapitres 3 et 4
fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_la_connaissance_du_bien_et_du_mal |
http://www.centrebethanie.org/2016/09/l-arbre-de-la-connaissance.html |
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que je souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache: c'est-à-dire perdons-nous le sens de ce qu'est la connaissance (philosophie) alors que nous nous autoproclamons " société de la connaissance "? Aujourd'hui, la connaissance ne fait plus peur à personne, alors que depuis trois mille ans notre culture occidentale n'a cessé de la décrire comme vitale et dangereuse. Oui, dangereuse, qui s'en sou-vient encore? Cette rupture avec notre héritage constitue-t-elle un progrès ou une régression, une chute ou une ascension? La Mythologie et la Neurologie, sources de " connaissance de la connaissance ", nous offriront de précieuses clés pour résoudre ce paradoxe inédit dans l'histoire de la pensée.
Résumé du premier article en préambule: Pourquoi cette question "Perdons-nos connaissance?" alors que nous avons cette merveilleuse faculté qui nous semble aller de soi, la capacité de connaître ce que nous ne connaissions pas encore à l'instant qui précédait. Notre société s'autoproclame en effet "société de la connaissance" comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Et pourtant, depuis les origines de notre culture, la connaissance est représentée comme un danger, un "poison vital". Elle serait porteuse d'un certain danger existentiel qui a imprégné notre culture depuis plus de 3 000 ans jusqu'à l'époque moderne avec le siècle des Lumières que Bertrand Vergely a appelées "obscures Lumières", et dont j'ai présenté ma lecture dans l'article de mon blog. Ce danger multi-millénaire s'est exprimé dans trois grands mythes qui ont façonné notre civilisation.Les chapitres que nous avons vus dans l'article 1:
1) Avant-propos. 1-1) Adam et Ève face à l'arbre de la connaissance. 1-2) Le tragique destin d'Icare. 1-3) L'allégorie de la caverne de Platon. 1-4) La figure de Faust.
2) Ma lecture du livre de Lionel Naccache. Première partie; une menace vieille comme le monde.
2-1) La connaissance menace Athènes l'éternelle -chapitre 1-
2-1-1) I comme Icare est significatif pour la problématique de la connaissance. Pour l'instant retenons que Icare vient de nous enseigner que connaître sans limites est une démesure condamnable et dangereuse. Cette menace ainsi stigmatisée semble engager l'individu dans son rapport personnel et solitaire avec la connaissance.
2-1-2) L'homme qui en savait trop. chapitre 1 suite: la connaissance menace Athènes Conclusion: Pour
Platon et Socrate, l'homme de connaissance serait l'inévitable victime de la violence du groupe qui l'entoure. Icare nous montrait les risques du rapport de l'individu face à la connaissance. Ici, Platon nous indique que l'homme qui connaît est également vécu comme une menace par ses congénères et que cette menace conduit à la disparition inéluctable de celui qui connaît, incapable de transmettre son savoir. Cela conduit à la préservation de l'ignorance, le fondement et la garantie de d'une certaine forme de paix ou de confort social. 2-2) La connaissance menace Jérusalem -chapitre 2-
2-2-1) Du paradis perdu au Pardes retrouvé."Le Pardès, littéralement jardin, verger, parc, qui s'apparente au mot paradis, désigne, dans la tradition de la Kabbale, un lieu où l'étudiant de la Torah peut atteindre un état de béatitude. Ce terme est tiré d'une anecdote philosophique et mystique qui trouve une explication dans le Pardes Rimonim du Rav Moshe Cordovero. Celui-ci prend l'image de quatre rabbis (Elisha ben Abouya, [Rabbi] Shimon ben Azzaï, [Rabbi] Shimon ben Zoma et rabbi Akiva) pénétrant un verger mais dont les "niveaux" respectifs de pénétration du sens des Écritures ne sont pas équivalents". Ainsi, après intérieure et la paix sociale, voici que la paix des ménages est en péril!
2-2-2) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance
2-2-3) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance suite: le cas de rabbi Akiva -La connaissance? Une vraie boucherie! Conclusion: A ses amis qui lui recommandaient de de se protéger et de suspendre l'enseignement de ses connaissances à la jeunesse de Jérusalem, Rabbi Avika répondait par une parabole: "Un renard, voyant un poisson se débattre pour échapper aux filets des pêcheurs, lui dit "Poisson, mon ami, ne viendrais-tu pas vivre avec moi sur la terre ferme?" Le poisson lui répond: "Renard, on te dit le plus sage, mais en réalité, tu es le sot des animaux. Si vivre dans l'eau qui est mon élément m'est difficile, que crois-tu qu'il en serait sur la terre?" Ce que l'eau est au poisson, la Torah l'est à Akiva. La connaissance semble ici prendre l'aspect de ce "poison vital". N'y a t-il pas ici une impression de déjà-vu? Les allégories sur la connaissance s'avèrent d'une troublante convergence entre Athènes (aux chapitres 2-1-1 avec Icare et chapitre 2-1-2 avec Platon et Socrate) et Jérusalem. Le mythe d'Icare se rapproche des dangers d'une trop grande proximité de l'individu avec la connaissance à laquelle répondent les sombres péripéties de Ben Azaï, Ben Zoma et A'her dans le jardin du Pardès et celles d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Par contre, à l'allégorie platonicienne de la caverne, qui, comme on l'a vu, représente la violence du groupe social à l'encontre de ceux qui répandent leur connaissance "corrosive pour la jeunesse", comme Socrate, répond le tragique destin de Rabbi Akiva, qui ne cessa pas, ce que Tumus Rufus lui fit payer très cher, de "corrompre la jeunesse de Jérusalem". On voit donc avec Lionel Naccache que ce n'est pas seulement dans les histoires que la connaissance tue !Ainsi se termine ma lecture de l'Avant - propos et première partie chapitres 1 et 2 du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?"
Je poursuis ma lecture avec mon article 2 dans lequel nous allons voir comment après la Grèce et Jérusalem, la connaissance menace outre-Rhin avec Johann Georg Sabellicus Alias Docteur Faust, avant d'examiner le chapitre 4: "Des mythes à l a réalité ou l'art de la mauvaise solution", qui précède ce qu'on connait de nos jours, "bienvenue dans la société de la connaissance" où connaissance et information sont confondues peut-être pour le meilleur et... pour le pire.
1) Le mythe de faust (Première partie une menace vieille comme le monde suite. chapitre 3 la connaissance menace outre-Rhin).
1-1) Nous sommes tous des Johann Georg Sabellicus, alias Docteur Faust.
Guy Lerdung, photographe: amisdesjardinsfamiliauxdesaverne.fr: méphisto brise la nuque de Faust, une fois le pacte écoulé |
C'est notre troisième et dernière excursion à la poursuite des sources historiques de ce concept de connaissance mortelle dont la présence remonte à des temps immémoriaux et qui est immortalisé par le mythe du fruit défendu goûté par Adam et Eve. Elle va nous conduire à explorer une odyssée dont le premier épisode s'est déroulé, dit lionel Naccache, "dans un ancien médiéval du sud-ouest de l'Allemagne, le duché de Wurtemberg [...] dans le village de Knittligen où serait né, vers 1480, Johann Georg Sabellicus.
Les données biographiques sont éparses et fragmentaires. Johann devient un fin lettré, alchimiste à ses heures. D'après le site s.ecriture.over-blog.com, "pour découvrir l'origine de ce mythe hors du commun, il faut remonter loin dans l’histoire. On suppose que la légende s’appuie sur la vie d’un certain Johann Georg Sabellicus surnommé Maître ou Docteur Faust. A-t-il existé ou non ? Personne ne peut l’affirmer. Il aurait étudié la « magie surnaturelle » à l’université de Cracovie en Pologne. On l’a ensuite accusé de pratiquer la magie noire. Méprisé par les réformateurs religieux tels Luther et Melanchthon qui le croyaient « possédé par le Démon », il avait tout de même réussi à s’entourer de fidèles adeptes et leur enseignait même les bases de sa croyance. Après quelques temps, il fut accusé de maltraiter ses étudiants et il quitta l’université où il enseignait pour éviter d’avoir affaire à la Justice." Selon Lionel Naccache, d'autres images de son existence, évanescentes et floues proviennent de l'université d'Erfut, en Thuringe, évêché catholique, en remontant vers le nord. Il ferait apparaître à ses élèves les fantômes de Priam, d'Achille et d'Ulysse tout en leur enseignant les poèmes d'Homère et en faisant participer à la fête le cyclope Polyphème qui emporterait selon son bon plaisir un ou deux étudiants arrachés de leurs bancs! Peur sur la ville! renchérit L. Naccache. Il rajoute que Sabellicus aurait confié à un moins franciscain: "Je suis allé plus loin que vous ne le pensez". Ce témoignage clérical, donc à l'abri de tout soupçon à l'époque, sera enrichi d'une fin de phrase en conformité avec les intentions des juges chargés d'instruire son procès en sorcellerie: "j"ai fait une promesse au démon avec mon propre sang, d'être sien dans l'éternité, corps et âme". Et c'est ainsi que Johann Georg Sabellicus va être mis à mort en 1540 sur la place publique de Staufen en Breisgau et son cadavre déchiqueté exposé aux bonnes gens de Staufen. Dans son site, Guy Lerdung, nous dit::"Dans ces ruelles tortueuses a vécu le légendaire mage et alchimiste docteur Faust auquel les seigneurs de Staufen ont fait appel afin de leur fabriquer de l´or. C'est dans l'auberge historique "Zum Löwen“ que vécut le docteur Faust jusqu´à sa mort. C´est ici qu´il fût rappelé en l´an 1539 par Mephisto, un des principaux disciples du diable. Une peinture sur la façade montre Mephisto brisant la nuque à Faust."
Autres visions:
Faust vu par Wikipedia. Faust, "héros d'un conte populaire allemand ayant rencontré du succès au xvie siècle, à l'origine de nombreuses réinterprétations. Cette histoire raconte le destin de Faust, un savant déçu par l'aporie à laquelle le condamne son art, qui contracte un pacte avec le Diable. Ce dernier met au service de Faust un de ses Esprits - dit Méphistophélès, afin de lui procurer un serviteur humain, l'étudiant Wagner. Wagner devient son famulus - et lui offre une seconde vie, tournée cette fois vers les plaisirs sensibles, au prix de son âme. Dans la plupart des versions populaires du récit fantastique, l’âme de Faust est damnée après sa mort, qui suit une longue période durant laquelle le Diable a exaucé la plupart de ses vœux.
Dans fabula.org André Dabezies retrace cinq siècles de production littéraire. " l’ouvrage s’organise selon un ordonnancement chronologique — du xvie siècle au début des années 2000 — et tient compte de l’historicité du mythe et de ses réécritures, une donnée essentielle car, comme le souligne l’auteur, le « contexte historique, sociologique et (inter)culturel » est primordial en ce que les œuvres en « reflètent plus ou moins l’actualité »
Faust, de la damnation médiévale à la consécration romantique".
Pour le site philophil.com, nous somme à nouveau dans le cadre de la dangerosité de la dangerosité que représente la connaissance: "[...] Le héros de la quête du savoir... Mais le mythe de Faust est aspiré par la dynamique de la Renaissance qui valorise la quête du savoir. Faust devient un héros de la connaissance assoiffé d’expériences. La veine romantique en fait l’incarnation de la condition humaine écartelée entre le plaisir immédiat et des aspirations plus audacieuses. Dans la version de Goethe le pacte avec le diable prend la forme d’un simple pari ( inspiré du livre de Job) : le diable parviendra-t-il à détourner les nobles aspirations de Faust vers la bestialité des plaisirs sensuels, les satisfactions matérielles et le plaisir de détruire? Dans la version finale du Faust de Goethe, Faust est sauvé : un cortège d’anges escorte son âme vers la lumière « celui qui s’efforce toujours et cherche dans la peine, nous pouvons le sauver ».
Avec cosmovisions.com, "La tradition représente Faust comme un magicien et nécromancien fameux, originaire de Kundlingen en Wurtemberg, ou de Roda près de Weimar, et qui aurait vécu à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe. On le fait étudier d'abord à Ingolstadt, puis à Wittemberg en Saxe, et on lui donne toutes les connaissances cultivées de son temps, théologie, jurisprudence, philosophie, astronomie; il s'attacha surtout aux sciences occultes, telles que l'astrologie, la chiromancie, la démonologie. Un oncle riche lui ayant légué sa fortune, il en profita pour se livrer à tous les genres d'excès quand son patrimoine fut épuisé, il fit, selon la légende, un pacte de 24 ans avec le Diable. Il reçut de lui pour serviteur le démon Méphistophélès, qui apparut sous la forme d'un petit moine gris, avec lequel il voyagea et mena une vie de plaisir. A l'expiration du pacte, Faust fut emporté par Satan, à Limling en Wurtemberg. C'est vers 1550 qu'on place cet événement. On donne pour amante à Faust l'innocente Marguerite, qu'il avait séduite, et pour compagnon un fidèle valet, Wagner, qui lui aussi avait un démon particulier, Auerhahn. On a parfois dit que Faust n'est autre que Jean Fust de Mayence, un des inventeurs de l'imprimerie, dont la vie aurait été défigurée par les contes populaires".
Epilogue à ce chapitre.
Quelle que soit la version exacte, de tout ceci, Sybellicus, alias Faust, n'avait certainement qu'à s'en prendre à lui-même. Il était fin lettré, alors n'aurait-t-il pas pu ou dû relire la mythologie grecque et les récits allégoriques de la Bible et du Talmutd, ou même faire attention aux best-sellers médiévaux se demande L. Naccache? En particulier, le Manuel des Inquisiteurs, rédigé en latin par l'inquisiteur Nicolas Eymerich en 1376 et enrichi par le juriste Francisco Peña en 1578 n'expliquait-il pas, sans aucune équivoque possible, "qu"il ne faut poins savoir plus que de mesure, il ne faut ni trop savoir, ni s'abrutir. Par conséquent, nous ne devons pas en savoir plus qu'il ne faut."
C'est du temps de son magistère universitaire que le Docteur Johann Georg Sabellicus avait été "affublé" de ce surnom propre à effrayer les étudiants: "le docteur au poing fermé", le docteur "Faust" en allemand. C'est là que de Sabellicus au Dr Faust, nous nous retrouvons face à l'un des plus grands mythes de la culture européenne. Il s'inscrit naturellement dans la recherche de "Perdons-nous connaissance?". En effet, tout d'abord, il recèle un discours sur les méfaits de la connaissance dont l'atteinte de la satiété ne semble possible qu'avec la disparition de celui qui s'y livre. Ensuite, il y a ce "maquillage" diabolique et hérétique du Dr Faust, coupable d'un pacte avec le démon, comparable à ce qu'on trouve chez ces fous de connaissance dans la culture européenne depuis le moyen-âge jusqu'à la renaissance et même jusqu'aux Lumières. Enfin, ce mythe présente avec nous une proximité historique plus grande que celle des récits bibliques, de "la voix d'Athènes" ou des pages talmudiques rédigées lors des premiers siècles, car si la légende de Sabellicus s'enracine dans le moyen-âge terminal, elle ne naît véritablement que vers la fin du XVIè siècle et ne cesse plus depuis lors d'inspirer les artistes, les musiciens, les écrivains et les créateurs. C'est probablement, le pense Lionel Naccache, le pont le plus précieux qui nous permet d'établir une continuité directe entre les considérations plus antiques que nous avons examinées sur le pouvoir mortifère de la connaissance et notre époque actuelle.
1-2) Variations faustiennes, morceaux choisis.
Dans cette illustration de la Haggadah, les rabbins ne sont pas quatre, mais cinq |
La première version écrite du mythe paraît plusieurs décennies après la mort de Sabellicus avec le Faustbuch (ou livre de Faust), un livre de colportage publié par Johan Spies en 1587. Le texte fait fureur, il est lu et raconté dans les villes et villages et mis en scène par des troupes de comédiens ambulants et des marionnettistes. Le dramaturge élizabethain Cristopher Marlowe l'adapte et le traduit en anglais sous le titre The Tragical History of Doctor Faustus (voir la pièce en ebook ici) entre 1589 et 1592. Le mythe, désormais clair, est l'histoire exemplaire de la damnation d'un savant qui ne pouvant résister à sa soif absolue de connaissance, n'hésite pas à signer un pacte avec le diable (ici Méphistophélès), qui lui livre l'accès aux secrets de la connaissance durant 24 années. On y trouve une étonnante vision du paradis! Après les quatre qui entrèrent au Pardès que nous avons rencontrés dans mon article 1 au chapitre 2-2-2, Faust serait-il le cinquième visiteur du Pardès (autrement dit du Paradis)? Finalement, son âme à lui, sera dévorée à jamais par les flammes de l'enfer.Cette identification de la connaissance aux forces démoniaques à l'époque médiévale signifie t-elle un "retour du refoulé?". Le démoniaque n'est-il pas le daïmon de Socrate que la scolastique médiévale connaissait certainement. ["Un [...] démon familier [...] est, dans bon nombre de croyances d'Europe occidentale, une entité, animal ou esprit, parfois imaginaire et invisible, à laquelle les hommes s'adressent pour demander des conseils ou obtenir des services, en particulier liés à la sorcellerie".] Le pacte de Faust avec le diable est une "injection de rappel" qui nous dit: "Ne faites point comme Faust qui a voulu en savoir trop, sinon vous tomberez dans l'univers du démo. Or l'horrible et terrifiant démon, ne l'oubliez pas, n'est autre qu'une créature marquée par un excès de connaissance, un daïmon".
Après le Faustbuch et la version de Marlowe naissent d'innombrables adaptations littéraires, musicales, cinématographiques qui vont marquer notre culture européenne. C'est Goethe qui donnera un souffle poétique et romantique au mythe en introduisant le personnage féminin de Marguerite que nous avons au chapitre 1-1 avec le site cosmovisions.com où on donne pour amante à Faust l'innocente Marguerite, objet de sa passion amoureuse. Cela le rapproche du mythe de Dom Juan avec lequel il partage de nombreuses autres similitudes. A ce sujet, consulter l'ouvrage de Jean-Pierre Winter "Les errants de la chair: Etudes sur l'hystérie masculine". Des ponts y sont jetés entre les figures du Marrane, de Dom Juan et de Faust.
Avant de quitter Goethe, il faut aussi consulter le faust de Goethe, ses origines et ses formes successives.et Méphistophélès, "le célèbre démon qui rend visite au docteur Faust dans l’opéra de Goethe et qui le tente. Dans la légende de Faust, on le fait passer pour un démon primitif, un démon de bas-étage, alors qu’il est en fait l’un des 7 princes des Enfers".
Voyons maintenant comment plus d'un siècle plus tard, en 1947, Thomas Mann livrera son "Doktor Faustus" rédigé durant son exil californien en 1943.
1-3) Le Doktor Faustus est mort à Büchel en 1940.
Thomas Mann (1875 -1955) "est l'une des figures les plus éminentes de la littérature européenne de la première moitié du xxe siècle et est considéré comme un grand écrivain moderne de la décadence. Rompant peu à peu avec les formes littéraires traditionnelles, ses ouvrages comprenant romans, nouvelles et essais, font appel aux domaines des sciences humaines (histoire, philosophie, politique, analyse littéraire) pour produire une image du siècle et de ses bouleversements. Son œuvre, influencée par Arthur Schopenhauer, est centrée sur l'étude des rapports entre l'individu et la société". Il établit des liens forts avec les versions antiques concernant la connaissance mortifère et une synthèse des 3 niveaux de menace que nous avons vus dans mon article 1:
-au chapitre 2-1-1, menace stigmatisée qui semble engager l'individu dans son rapport personnel et solitaire avec la connaissance.
-au chapitre 2-1-2, menace contre le groupe de l'homme qui connaît, vécue comme une menace par ses congénères, menace qui conduit à la disparition inéluctable de celui qui connaît, incapable de transmettre son savoir. Cela conduit à la préservation de l'ignorance, le fondement et la garantie de d'une certaine forme de paix ou de confort social.
-au chapitre 2-1-3, Menace contre Eros et le couple. Après la paix intérieure et la paix sociale, voici que la paix des ménages est en péril !
Mais nous dit Lionel Naccache, le plus important, c'est que "Mann "déniaise" ce mythe de la catéchèse infantile qui habitait l'ensemble de ses versions antérieures. La menace avec Satan devient totalement intériorisée Plus de pacte avec Satan i d'autre supercherie médiévale". C'est en fait un rapprochement avec les conceptions antiques du danger de la connaissance qui étaient naturelles et pas dues à un sortilège ou une malédiction. Icare tombe en raison de la fonte de la cire qui cimentait les plumes de ses ailes, argument physico-chimique au sein même de la mythologie grecque qui faisait pourtant entrer l'irrationnel propre au surnaturel. Quant à Rabbi Akiva, lorsque ses lambeaux de chair pendent aux étals de boucherie, ce n'est pas l'oeuvre du diable ou de ses créatures, mais celle des légionnaires romains.
De Même, Thomas Mann "sécularise et natularise la question de la connaissance mortifère". Chez lui, le Dr Faustus s'appelle Adrian Leverkhün, dont l'existence sera marquée par l'audace (Khün en allemand) et qui, comme Nietzsche, braverait la folie. C'est un musicien de génie; pétri de philosophie théologique, inventeur de la musique dodécaphonique (en réalité par Arnold Schönberg). Dans l'oeuvre, la vie de Leverkhün/Faust est narrée par son ami d'enfance Serenus Zeitblom; "pieux admirateur de son génie et authentique gentilhomme humaniste, citoyen désenchanté du IIIè Reich". Ce dernier, en fait, habite l'ensemble de l'oeuvre où Mann assoit clairement sa position antinazie. Zeitblom naît en 1883, devient docteur en philosophie et théologien, marié à Hélène et père de 3 enfants. Il est catholique, né dans une bourgeoisie "à moitié savante"? Son père anime un petit salon où participent le ciré et la rabbin, ce qui précise Mann n'eût pas été possible dans les milieux protestants (une "pique" vis à vis de l'irascible Luther). Puis un peu plus loin, Zeitblom dit à propos de la catastrophe qui guette sa nation (l'action du roman débute le 27 mai 1943): "Plus redoutable que la défaite allemande serait la victoire allemande". Cette fois c'est au Reich que Mann s'en prend.
Leverkhün/Faust, génie créateur fait passer la curiosité de l'esprit au-delà même de l'amour. La lecture qu'a L. Naccache du récit que fait Mann à propos de ce compositeur qui plonge à l'origine de la polyphonie pour inventer de nouvelles sonorités nous ramène à une métaphore du retour aux origines du mythe Faustien. La création musicale de Leverkhün y serait pour Mann l'une des modalités les plus élevées de la connaissance et elle reçoit immédiatement une connotation sacrilège et hérétique. Ce serait en précurseur des neurosciences de la subjectivité (comme le suggère l'épisode de la syphilis cérébrale), que Thomas Mann avait perçu que connaître procède d''avantage de la création (artistique, scientifique ou autre), que de la découverte.
Vient alors la version contemporaine du pacte avec Méphistophélès décrit dans les pages 54 à 56 de "Perdons-nous connaissance": Cherchant une auberge, Adrian Leverkhün tombe entre les mains d'un type louche avec une barbiche qui qui l'oriente vers un bordel où il découvre "une brunette au nez retroussé" qu'il surnomme Esmeralda. Adrian s'enfuit aussitôt; mais Esméralda s'est inscrite dans son esprit et cela l'obsède. Il retourne au lupanar, à Leipzig, mais elle partie dans une autre maison de filles, en Hongrie , suite à un traitement médical. C'est là qu'il retrouve, mais elle lui avoue être syphilitique et contagieuse. Mais, de même qu'il va au-delà des menaces de son exploration de la connaissance musicale, il va au-delà de cette menace. Adrian aime Esméralda et il fait sa connaissance, au sens biblique du terme, puis repart, mais en ayant contracté la syphilis. Le chancre se développe, Adrian consulte un médecin qui meurt 4 jours plus tard. Il s'appelait de Dr Erasmi (référence à Erasme l'humaniste, dont la conception de la connaissance aurait pu peut-être le sauver?). Un second médecin est arrêté devant son immeuble et il n'a que le temps de deviner le sourire inscrit sur ses lèvres (Méphistophèlès lui-même?) Alors, il ne se soigne plus et développe une forme de syphilis cérébrale, la syphilis tertiaire avec des complications neurologiques et surtout neuropsychiatriques.
On a vu que Le Dr Faustus est une biographie fictive d'un musicien, Adrian Leverkühn (1885-1940), racontée par son ami de longue date Serenus Zeitblom : celui-ci commence la rédaction du récit le 23 mai 1943, soit un peu plus de deux ans après la mort du compositeur, et la termine en 1945. ce n'est qu'après son décès que ce texte, censé être confidentiel tombe entre les mains de Zeiblom (qui ne manquera pas de le publier dans le roman de Mann en bon contemporain de Max Brod nous dit L. Naccache). Leverkhün, qui a écrit a postériori le récit de son hallucination, est alors partagé entre crédulité et conscience du délire. Il est en train de lire seul, l'essai de Kierkegaard sur Don Juan (nouvelle allusion aux liens entre les deux mythes) alors que l'un de ses rares amis Shildknapp vient juste de le quitter. Soudain, un froid cinglant vient le saisit et une fenêtre s'ouvre alors sur le gel du dehors... Shildknapp a dû revenir, car il n'est plus seul... Mais ce n'est pas Shildknapp, c'est méphistophélès en personne Il est assis au coin du sofa, les jambes croisées. Ce dernier fait déjà preuve (on n'est alors que dans les années 1910) d'un nationalisme assez prononcé; "Ne parle qu'allemand ! [...] Il y des moments où je ne comprends que l'allemand!" Puis, dans un long et profond dialogue Méphistophélès expose à Leverkhün la nature de son infection, notamment le fait qu'il soit porteur d'un foyer infectieux cérébral. La géniale réplique de Leverkhün résonnera, nous le verrons un peu plus tard, dans une signification visionnaire, lorsque nous plongerons dans le domaine des "neurosciences fictions": "Ah! Je t'y prends, idiot! Tu te trahis et tu m'indiques toi-même le point de mon cerveau, le foyer fébrile qui crée l'hallucination de ta présence et sans lequel tu ne serais pas. Tu trahis ainsi, que dans mon trouble, si je te vois et t'entends, il est vrai, tu n'es pourtant qu'un fantasme devant mes yeux." Et, quelques pages plus soin, le pacte est scellé: "L'illumination laissera intactes jusqu'à la fin tes forces intellectuelles: même, elle les stimuleras par périodes jusqu'à la transe clairvoyante". Puis Leverkhün perd brièvement connaissance (au cours d'une crise d'épilepsie du lobe temporel. A son réveil, Shildknapp, qui en fait était encore là et ne s'était aperçu de rien et à nouveau à ses côtés.
L. Naccache signale ici que "Man a replongé dans les sources médiévales du mythe pour en livrer une version contemporaine, cependant fidèle à la tradition originelle". Cela permet une relation directe avec avec la tradition grecque et judéo-chrétienne qui déjà a été évoquée dans mon article 1 avec les trois formes de connaissance: Chez Icare ont été identifiés les dangers inhérents à notre rapport individuel à la connaissance; Dans la caverne de Platon, c'est une menace de la stabilité de la collectivité humaine. Dans le récit biblique, la loi a été formulée pour et à deux êtres qui cohabitent; ici, après intérieure et la paix sociale, voici que la paix des ménages est en péril!. Leverkhün, lui, est victime de son désir d'explorer la musique dans la recherche d'un absolu, ce qui l'amènera à se retrancher du monde, à se soustraire à son bruit. Et à évoluer vers une abstraction qui le rend abscons et ridicule aux oreilles ... et aux yeux(?) de ses contemporains. L'interprétation de son Apocalypse en 1926, ne rencontrera que "cris malveillants et rires ineptes". [Rappel: La méthode de composition développée par Schönberg servit [...], par le truchement d'Adorno, d'inspiration à celle inventée par Adrian Leverkühn, le héros du roman Le Docteur Faustus de Thomas Mann, écrit à l'époque où tous les trois vivaient en relatif voisinage dans l'exil californien. Le compositeur poursuivra le romancier et le philosophe de sa vindicte, accusant l'un et l'autre de l'avoir « pillé », de s'être « appropriés indûment » son invention. Les tentatives de conciliation de Mann, notamment une dédicace explicite dès le second tirage, s'avérèrent infructueuses]. Ceci rappelle les moqueries des ignorants de la caverne de Platon, que Socrate évoquait avec Glaucon lors du retour de l'homme qui a accédé à la connaissance. Le rapprochement peut se poursuivre. En effet, Leverkhün est un homme seul, isolé du groupe. Il en fuit aussi la violence comme Socrate. Mais il s'en protège plutôt mal. La fin de son existence ressemble à un procès joué d'avance lorsqu'il invite la trentaine de personnes de son entourage et annonce dans un monologue halluciné son pacte avec Satan. Les jurés qu'il s'est lui-même choisi quittent la scène , comme s'ils en avaient assez entendu pour rendre leur verdict; "coupable." Ce discours terrible est bien sûr le fruit des complications cérébrales de sa syphilis. Mais il résonne comme les aveux que les inquisiteurs extorquent aux hérétiques. Leverkhün est aussi victime de son désir désir de connaître Esméralda, désir fatal qui incarne les liaisons dangereuses d'Éros et Thanatos. Il a consommé le fruit de l'arbre du désir de la connaissance de l'autre qu'a initié la Bible: "C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à la femme, et ils deviennent une seule chair" Livre de la genèse (ch. II verset 24).
Il est enfin victime de son propre désenchantement, qu'il pousse dans un cri ultime dans "le chant de douleur du Docteur Faustus", une mise en abyme merveilleuse du mythe, sous forme de pièce musicale fictive, comme l'est la sonate de Vinteuil, une œuvre musicale fictive pour piano et violon plusieurs fois évoquée tout au long de À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Leverkhün est victime de sa croyance en un ordre caché de la musique et de la connaissance, qui vont le conduire à la plus horrible des découvertes: le néant, l'absence de signification du monde et de nous-mêmes. "Lorsque son neveu adoré, l'adorable Nepomuk, "dernier amour de sa vie", meurt d'une méningite cérébro-spinale foudroyante dans d'horribles souffrances, Leverkhün atteint l'étape ultime de son voyage. Le monde est un non-sens. Tel est l'ultime cadeau de la connaissance. Il peut alors mourir dément, atteint de paralysie générale..."
Cela n'est pas sans rappeler la fin de Elisha ben Abouya plus connu sous le nom de ah'er, dans mon article 1 au chapitre 2-2-2) Vie et destin de quatre talmudistes en quête de connaissance: "A'her était devenu un être dépourvu de croyances, non seulement religieuses, mais aussi et surtout de croyances identitaires et existentielles. Il n'a pu remplacer les lois de la Torah par rien d'autre dans son esprit, tout en ne leur reconnaissant aucune valeur. Il attendait de mourir sans pouvoir croire croire en rien ni en lui-même. Il était devenu fou aussi mort dès sa sortie du paradis de la connaissance".
2) Des mythes à la réalité (sinon à la vérité) ou l'art de la mauvaise solution (Première partie: une menace vieille comme le monde. cf chapitre 4 pages 58 à 67 du livre)
Ce sera la conclusion de mon article 1 et de cet article 2 au terme de ce voyage que nous a proposé Lionel Naccache en ces trois lieux symboliques que sont Athènes, Jérusalem et le mythe germanique de Faust où nous avons été face à la dimension mortifère de la connaissance que 3 000 ans de civilisation nous ont transmise en héritage....
Suite, voir mon blog principal: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/02/article-2-perdons-nous-connaissance.html#.XSRscegzb4Y
article 1) Perdons-nous connaissance?
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache:
Avant - propos et première partie chapitres 1 et 2
http://www.centrebethanie.org/2016/09/l-arbre-de-la-connaissance.html |
J'écris mon blog pour partager ma soif de connaissances, mes réflexions et mes passions et mes lectures. Dans ces articles, je voudrais partager "ma lecture" du livre de Lionel Naccache "Perdons-nous connaissance?". Ecrire ce que je retiens de mes lectures me permet de réfléchir à la compréhension que j'en ai. je mets entre guillemets les passages qui me semblent importants ou qui me frappent. Et par dessus tout je fais des recherches sur internet pour compléter ma lecture avec le maximum de liens que je souhaite responsables, qui permettent aux lecteurs d'approfondir la connaissance du sujet.
Ma lecture du livre Perdons-nous connaissance? de Lionel Naccache: c'est-à-dire perdons-nous le sens de ce qu'est la connaissance (philosophie) alors que nous nous autoproclamons " société de la connaissance "? Aujourd'hui, la connaissance ne fait plus peur à personne, alors que depuis trois mille ans notre culture occidentale n'a cessé de la décrire comme vitale et dangereuse. Oui, dangereuse, qui s'en sou-vient encore? Cette rupture avec notre héritage constitue-t-elle un progrès ou une régression, une chute ou une ascension? La Mythologie et la Neurologie, sources de " connaissance de la connaissance ", nous offriront de précieuses clés pour résoudre ce paradoxe inédit dans l'histoire de la pensée.
1) Avant-propos.
Pourquoi cette question "Perdons-nos connaissance?" alors que nous avons cette merveilleuse faculté qui nous semble aller de soi, la capacité de connaître ce que nous ne connaissions pas encore à l'instant qui précédait. Notre société s'autoproclame en effet "société de la connaissance" comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Et pourtant, depuis les origines de notre culture, la connaissance est représentée comme un danger, un "poison vital". Elle serait porteuse d'un certain danger existentiel qui a imprégné notre culture depuis plus de 3 000 ans jusqu'à l'époque moderne avec le siècle des Lumières que Bertrand Vergely a appelées "obscures Lumières", et dont j'ai présenté ma lecture dans l'article de mon blog. Ce danger multi-millénaire s'est exprimé dans trois grands mythes qui ont façonné notre civilisation.
1-1) Adam et Ève face à l'arbre de la connaissance.
L'Arbre de la Connaissance, le fruit défendu: « Yahvé (le tétragramme) Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et à manger, et l’arbre de la vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. [...] Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : “Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien
et du mal tu ne toucheras pas, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort. » (Genèse, II, 8,9 et 15,17).
Examinons maintenant les interprétations de De Annick de Souzenelle.
Dans la revue3emillenaire.com on peut lire: "Tout est en nous. Nous avons en nous tous les symboles et tous les mythes, nous sommes habités par la connaissance, mais cette connaissance est en grande partie voilée. Il semblerait que l’embryon, le germe qu’est l’enfant dans le ventre de sa mère, soit totalement connaissant. Et puis cela s’en va. Quand ? C’est difficile à dire. Il y a perte totale de la mémoire et notre vie va consister à nous souvenir".
Dans les interviews en 2012 avec Jean Moutappa, que je présente dans mon blog, elle déclare: "Il n’y a pas de péché originel. Cela n’existe pas cette histoire-là. En fait c’est nous qui avons à chaque instant à choisir entre la vie et la mort. Alors je crois qu’il faut que nous rétablissions complètement notre regard sur ces textes sacrés pour comprendre que nous ne sommes pas les victimes de quelque chose qui s’est passé il y a des milliers d’années. Nous sommes responsables, dans l’instant, de faire ce choix : ou la vie, ou la mort [...] L’arbre de la connaissance que nous sommes, n’est pas celui du bien et du mal. Il est celui de ce qui s’accomplit de nous, de ce qui émerge à la lumière, au conscient, de ce qui est encore dans le potentiel. C’est qu’il y a en nous toute une information, comme le gland qui contient toute la promesse du chêne, et comme nous ne le savons pas, nous contrevenons continuellement à cette information. D’où les maladies, d’où les drames, d’où toute la souffrance !!"
Dans le site pagesorthodoxes.net, Antoine ARJAKOVSKY apporte encore plus de précisions dans le chapitre V (Exégèse biblique : La Genèse) : Qu’on me permette d’achever cette brève présentation des quelques implications de l’œuvre anthropologique de Annick de Souzenelle par une courte évocation de son exégèse et en particulier de son livre Alliance de feu, une lecture chrétienne du texte hébreu de la Genèse. Je ne prendrai qu’un exemple là encore celui de sa traduction de Genèse, chapitre 2, versets 8-17. Prenons la traduction de la Bible de Jérusalem :
« Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèces d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras. Le premier s’appelle le Pishôn. Il contourne tout le pays de Havila, où il y a de l’or ; l’or de ce pays est pur et là se trouve le bdellium et la pierre de cornaline. Le deuxième fleuve s’appelle le Gihon : il contourne tout le pays de Kush. Le troisième fleuve s’appelle le Tigre. Il coule à l’orient d’Assur. Le quatrième fleuve est l’Euphrate. Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : “Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort.”
Prenons cette fois la traduction de Annick de Souzenelle :
« Et plante YHVH-’Elohim un jardin en ‘Éden venant de l’Orient, Il place là l’’Adam que ’Il a formé. Fait germer YHVH-’Elohim, à partir de la Adamah tout arbre précieux pour la vue (ouvrir l’intelligence) et bon à manger (accompli et donc assimilable) et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance de l’accompli et du pas-encore-accompli (de la lumière et de son contraire, les ténèbres). Et un fleuve jaillit d’’Éden pour arroser le jardin ; et, de là, il se partage et devient quatre principes. Nom, le UN : Pîshon qui entoure (investit) toute la terre de Hawîlah. Là (se trouve) l’or, et l’or de cette terre est lumière accomplie. Là (se trouvent) l’ambre et la pierre d’onyx. Et NOM le fleuve le deuxième Guîhon, lui il investit toute la terre de Koush. Et le NOM du fleuve le troisième Hidequel =Tigre ; lui, il est le marchant, orient d’’Ashour, et le fleuve le quatrième, lui est Pherat. YHVH-’Elohim saisit le « Adam et le conduit dans le jardin de délices pour la travailler et la garder. Et commande YHVH-’Elohim sur l’’Adam en disant : de chaque arbre du jardin, manger absolument, tu mangeras. Mais de l’Arbre de la connaissance de l’accompli et du non-encore accompli tu ne mangeras pas de lui-de nous car dans le jour où tu mangeras de lui-de nous muter absolument tu muteras. »
L'auteur apporte un commentaire signifiant: "Je ne suis pas en mesure de commenter le bien-fondé de la traduction de Annick de Souzenelle. Une chose est sûre, cette lecture symbolique vaut mieux que la traduction traditionnelle qui fait de l’Irak contemporain l’héritier du paradis des premiers hommes ! Aussi, il me paraît éclairant d’attirer l’attention sur le caractère profondément mystique des commentaires de l’auteur, inspirés de la Kabbale et des Écritures, et sur leur indéniable originalité".
Retenons: Le danger de la connaissance: en mourir ou muter?
1-2) Le tragique destin d'Icare.
http://tpevolicare.e-monsite.com/http-tpevolicare-e-monsite-com-/partie-iii-1.html |
Icare est le fils de l'architecte athénien Dédale et d'une esclave crétoise, Naupacté.
"Le Mythe selon wikipedia: "Dédale est un célèbre ingénieur travaillant au service du roi de Crète, Minos. La reine de Crète, Pasiphaé, s'éprend d'un taureau blanc donné par le dieu Poséidon et demande à l'inventeur de créer un artifice lui permettant de s'accoupler avec l'animal sacré, requête à laquelle il accède. De cette union naît le Minotaure. Pour cacher le fruit de ce déshonneur, Dédale construit le labyrinthe qui enferme la bête. Dédale donne à Ariane l'idée du fil noué à la cheville de Thésée, lui permettant de fuir le labyrinthe après avoir tué le Minotaure. À cause de ses trahisons répétées, Dédale est jeté avec son fils Icare dans le labyrinthe dont il est l'architecte. Ne pouvant emprunter ni la voie des mers, que Minos contrôlait, ni celle de la terre, Dédale eut l'idée, pour fuir la Crète, de fabriquer des ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées avec de la cire et des plumes. Il met en garde son fils, lui interdisant de s'approcher trop près de la mer, à cause de l'humidité, et du Soleil, à cause de la chaleur. Mais Icare, grisé par le vol, oublie l'interdit et prend de plus en plus d'altitude. La chaleur fait fondre la cire jusqu'à ce que ses ailes finissent par le trahir. Il meurt précipité dans la mer qui porte désormais son nom : la mer Icarienne".
Dédale, fou de douleur, nous dit le site iletaitunehistoire.com, "alla repêcher le corps sans vie de son fils. Le jeune homme, par défaut d'expérience et de sagesse, avait brûlé l'innocence de son jeune âge à l'attirante chaleur de l'astre solaire". Ce mythe, s'il a hanté les rêves de l'humanité est resté, depuis des temps immémoriaux dans le domaine des peurs et des frustrations, tout comme le mystère de la connaissance. Ainsi que l'écrit les site Books.openedition.org, "les utopies politiques et techniques annexent Dédale et Icare, mais à l'Age industriel, c'est le seul Icare qui devient à la fois le pionnier de l'aéronautique et la figure impuissante de la sublimation artistique. La culture contemporaine, plus que jamais, retisse la fable". Et le chapitre III de.Émancipation de l’image d’Icare dans l’« œuvre ouverte » poursuit en ces termes: "Un des curieux renversements qui travaillent le mythe dans les transformations que lui imprime la culture européenne, c’est l’affirmation exubérante du fils : il s’approprie les ailes de son père et convertit sa chute en motif d’exaltation. Là où l’Antiquité et le Moyen Âge prononçaient une irrévocable condamnation, les Temps modernes renversent toute négativité en élan et en gloire, voulant à toute force que le fils vole de ses propres ailes. Icare devient le prête-nom, l’homme de plume(s) d’un rêve d’absolu qui ne porte plus le nom d’hubris".
1-3) L'allégorie de la caverne de Platon.
https://www.institut-pandore.com/philosophie/caverne-platon/ |
L'allégorie de la caverne (et non pas le mythe de la caverne comme on trouve parfois dit ou écrit) « Dans une « demeure souterraine », en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ils n'ont jamais vu directement la source de la lumière du jour, c'est-à-dire le soleil, dont: ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. Pourtant, « ils nous ressemblent », observe Glaucon, l'interlocuteur de Socrate. Que l'un d'entre eux soit libéré de ses chaînes et accompagné de force vers la sortie, il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, « ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure » ? S'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir « le monde supérieur », ce que Platon désigne comme « les merveilles du monde intelligible ». Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire : « Ne le tueront-ils pas ? »
Ici aussi on retrouve la menace de la dangerosité de la connaissance, menace qui apparaît explicitement dans l'analyse de l'allégorie de la caverne dans le site .philo-bac.eu: "Le monde sensible, représenté par la caverne, est une illusion et un piège pour les hommes. La vérité est à l'opposé de ce que nous considérons comme le réel. Notre âme doit sortir de cette prison pour trouver la vérité. Mais le chemin qui mène à la connaissance est douloureux. Il exige un guide. Celui qui arrive au bout acquiert : Le SAVOIR, la LIBERTE, le BONHEUR, et la COMPASSION".
1-4) La figure de Faust.
https://reseauinternational.net/le-mythe-de-faust-lor-et-la-prochaine-debacle/ |
Faust, "héros d'un conte populaire allemand ayant rencontré du succès au xvie siècle, à l'origine de nombreuses réinterprétations. Cette histoire raconte le destin de Faust, un savant déçu par l'aporie à laquelle le condamne son art, qui contracte un pacte avec le Diable. Ce dernier met au service de Faust un de ses Esprits - dit Méphistophélès, afin de lui procurer un serviteur humain, l'étudiant Wagner. Wagner devient son famulus - et lui offre une seconde vie, tournée cette fois vers les plaisirs sensibles, au prix de son âme. Dans la plupart des versions populaires du récit fantastique, l’âme de Faust est damnée après sa mort, qui suit une longue période durant laquelle le Diable a exaucé la plupart de ses vœux.
Dans fabula.org André Dabezies retrace cinq siècles de production littéraire. " l’ouvrage s’organise selon un ordonnancement chronologique — du xvie siècle au début des années 2000 — et tient compte de l’historicité du mythe et de ses réécritures, une donnée essentielle car, comme le souligne l’auteur, le « contexte historique, sociologique et (inter)culturel » est primordial en ce que les œuvres en « reflètent plus ou moins l’actualité »
Faust, de la damnation médiévale à la consécration romantique".
Pour le site philophil.com, nous somme à nouveau dans le cadre de la dangerosité que représente la connaissance: "[...] Le héros de la quête du savoir... Mais le mythe de Faust est aspiré par la dynamique de la Renaissance qui valorise la quête du savoir. Faust devient un héros de la connaissance assoiffé d’expériences. La veine romantique en fait l’incarnation de la condition humaine écartelée entre le plaisir immédiat et des aspirations plus audacieuses. Dans la version de Goethe le pacte avec le diable prend la forme d’un simple pari ( inspiré du livre de Job) : le diable parviendra-t-il à détourner les nobles aspirations de Faust vers la bestialité des plaisirs sensuels, les satisfactions matérielles et le plaisir de détruire? Dans la version finale du Faust de Goethe, Faust est sauvé : un cortège d’anges escorte son âme vers la lumière « celui qui s’efforce toujours et cherche dans la peine, nous pouvons le sauver ».
Conclusion de cet avant-propos. La question "Perdons-nos connaissance?" n'est pas fortuite. Il est devenu extrêmement difficile pour nous, "citoyens éclairés des démocraties de l'ère numérique" de trouver un sens au péril que nous avons évoqué dans les chapitres précédents, péril qui a hanté l'humanité pendant les millénaires de culture occidentale. Nous ne sommes plus prêts à admettre l'existence d'une menace que l'homme pourrait encourir à exercer sa faculté de connaître. Cette conception de la connaissance est absente de nos discours et de nos représentations dominantes, si ce n'est dans les discours qui visent les possibles conséquences apocalyptiques des découvertes "scientifico-technologiques concernant des armes de destruction massive, les risques d'extinction de la vie sur Terre, les risque de disparition de l'espèce humaine (ce siècle selon Frank Fenner mais aussi de Stephen Hawking), les risques technologies de manipulation de la vie (y compris le risque terroriste) ou la survie de notre planète dorénavant en danger....
Alors, "perdons-nous connaissance?", perdons-nous le sens de ce qu'est la connaissance alors que c'est maintenant, depuis qui les Lumières ont "balayé" l'obscurantisme, que nous croyons l'incarner? Nous verrons dans la troisième partie que les risques apocalyptiques que nous venons d'évoquer sont aussi le signe d'un malaise contemporain dans la connaissance.
Je vais maintenant, après cet avant-propos, entamer "ma lecture" du livre de Lionel Naccache qui s'est tourné comme il le dit, vers "les deux bonnes fées qui me semblaient les plus à même de m'apporter leurs lumières! la Mythologie, envisagée comme le véhicule de nos représentations culturelles de la connaissance et la neurologie, en tant que science des fondements de la connaissance". C'est ainsi que nous pourrons explorer l'énigme qui se cache derrière le symptôme que nous avons évoqué: avons-nous réussi à libérer la connaissance des menaces qu'on lui a associées depuis la nuit des temps, au point de ne plus pouvoir en imaginer l'existence, comme l'opinion commune le croit? Ou à l'inverse, serions-nous sous le coup de leurs inexorables et redoutables effets sans le savoir? Progrès ou régression? Chute ou ascension?
2) Ma lecture du livre de Lionel Naccache. Première partie; une menace vieille comme le monde.
Nous retrouvons ici la mythologie comme le véhicule de nos représentations culturelles, telle que nous avons amplement présentée au chapitre 1 dans l'avant-propos. Le risque intrinsèque à l'activité de connaissance traverse notre culture occidentale depuis ses origines et ceci sous des formes très variées qui produisent ensemble une formidable cohérence. Mais sommes-nous aujourd'hui capables d'attribuer une signification pertinente à ces menaces et que reste-il de ces mythes? Des ruines vestigiales, dernières traces d'un danger aujourd'hui disparu? Ou d'une sagesse antique qui ne demanderait qu'à nous parler et nous atteindre là où nous nous trouvons ici et maintenant. Cette première partie du livre rappelle le portrait de la connaissance brossé par les grandes traditions de pansée qui ont construit notre culture. Pour rechercher une signification intelligible de ce discours qui puisse résonner aux oreilles des citoyens occidentaux du XXIème siècle que nous sommes, Lionel Naccache a choisi trois sources, trois pôles et trois moments de la civilisation occidentale, sources que nous avons évoquées dans l'avant-propos: l'éternelle Athènes de la mythologie antique, Jérusalem avec certains récits bibliques de la Torah et plusieurs pages de de littérature talmudique qui fut en réalité rédigée au sein des académies d'Israêl et de Babylonie au cours des premiers siècles de l'ère chrétienne et enfin le mythe Faustien qui plonge ses racines dans le haut Moyen-Àge allemand. Commençons par Athènes:
2-1) La connaissance menace Athènes l'éternelle -chapitre 1-
Les récits de la mythologie grecque contiennent une profusion de personnages aux généalogies complexes, fruit des accouplements d'humains, de dieux et parfois de dieux qui empruntent l'apparence d'animaux. C'est une abondance de signifiants dont la connaissance exhaustive semble hors d'atteinte.
2-1-1) I comme Icare est significatif pour la problématique de la connaissance.
Icare, le fils de l'architecte athénien Dédale et d'une esclave crétoise, Naupacté. a été présenté au chapitre 1. C'est Ovide, qui est à l'origine de la narration de cet épisode dans les métamorphoses au livre VIII. Pour continuer, prenons la narration qu'en fait Lionel Naccache. "Minos, roi de Cnossos sur l'île de Crète, lui-même fils de Zeus et d'Europe (fille d'Agénor), refusait de sacrifier à Poséidon le taureau blanc qui lui était pourtant promis (voir le site les origines du minotaure: "À la tête d’une immense flotte, il (Minos) règne en maître sur les Cyclades et fonde des colonies aux quatre coins de la Grèce. Quand Astérion, le roi de Crète, meurt sans laisser de descendance, Minos voit là l’occasion rêvée pour devenir enfin roi. Il présente aussitôt sa candidature qui est rejetée par l’aristocratie crétoise. Qui sont donc ces misérables pécores qui osent s’opposer au fils de Zeus en personne? Minos est légèrement remonté et assure que les Dieux lui accordent tout ce qu’il souhaite. Pour le prouver, il demande à Poséidon de faire surgir un taureau de la mer qu’il lui offrira ensuite en sacrifice. Sous les yeux émerveillés des Crétois, un magnifique taureau d’un blanc immaculé jaillit des flots. « Les Dieux sont avec Minos! », « Gloire à Minos! », « Minos, Président! »… Des voix s’élèvent d’un peu partout dans l’assemblée. Sans surprise, Minos est aussitôt proclamé roi de Crète. Après un tel prodige, comment pourrait-il en être autrement? Minos doit maintenant tenir sa promesse à Poséidon et lui sacrifier la bête. Mais le taureau est si beau, si pur qu’il ne peut se résoudre à l’égorger. Poséidon entre dans une colère noire! Le roi récemment nommé paiera cher de ne pas avoir tenu les termes de son contrat! En guise de vengeance, le Dieu s’arrange pour que Pasiphaé, l’épouse de Minos, tombe amoureuse du taureau. Et la ruse fonctionne assez bien: cette dernière va trouver Dédale dans l’espoir que celui-ci trouve une solution pour que son union avec la bête sauvage devienne possible. Ingénieux, ce dernier conçoit et fabrique une vache en bois montée sur des roulettes dans laquelle vient se cacher Pasiphaé [...]. Neuf mois plus tard naît le fruit de cette union un peu bizarre: le Minotaure, au corps humain et à la tête de taureau. Forcément, Minos a un peu honte… Se faire cocufier par un taureau, c’est quand même pas très glorieux. Pour cacher le fruit de l’infidélité de son épouse aux yeux de ses sujets, il enferme ce monstre contre-nature dans un labyrinthe construit par l’architecte Dédale. Petit problème, il faut bien le nourrir, ce Minotaure! Minos déclare la guerre à Athènes, la gagne et lui impose un lourd tribut: la cité vaincue devra envoyer chaque année sept garçons et sept filles donnés en pâture au Minotaure."
Donc, comme on vient de le voir, épouse légitime de Minos, la belle Pasiphaé, fille d'Hélios (le dieu soleil) et de Persé), fit les frais de cette friction avec Minos et fut maudite par Poséidon en personne. Elle chercha alors à s'accoupler avec ledit taureau et y parvint grâce au leurre fabriqué par l'ingénieux Dédale qui lui confectionna une vache en bois. Et de cette union naquit ainsi le Minotaure, créature mi-homme mi-taureau. A nouveau sollicité pour trouver une solution respectable à ce drame conjugal, Dédale a conçu le fameux labyrinthe dans lequel Minos fit enfermer le rejeton de son épouse adultère. Comme on vient de le voir, la cité vaincue il fallait envoyer chaque année sept garçons et sept filles donnés en pâture au Minotaure. Mais le fier Thésée Jugeant qu’il n’est pas possible de faire endurer cette infamie à son peuple, se porte volontaire pour être parmi les quatorze "sacrificiés" avec la ferme intention d'en découdre avec le minotaure! Mais Thésée, promis à une mort certaine lorsqu'il doit entrer dans le labyrinthe pour combattre le Minotaure, séduit Ariane, la fille Minos et de Pasiphaé, qui avait posé des questions à Dédale, le constructeur du labyrinthe . Elle donne à Thésée un moyen de retrouver ensuite la sortie : il faut dérouler un fil le long du trajet. Au retour, il suffira de suivre le fil. C'est cette histoire qui a donné l'expression de « fil d'ariane ».Lorsque Thésée sort du labyrinthe et après avoir tué le Minotaure, il propose à Ariane de l'épouser. Il rentre chez lui mais, amoureux de Phèdre (la sœur d'Ariane), il abandonne Ariane sur l'île de Naxôs. Fou de rage,le malheureux Minos enferma Dédale et son fils Icare dans le maudit labyrinthe. Dédale l'architecte de génie, qui n'était pas résolu à mourir idiot, fabriqua alors des ailes avec des plumes et de la cire d'abeille pour son fils et lui. Et, ultime détail, dédale prévint Icare qu'il ne faudrait pas trop se rapprocher du soleil... Le jeune Icare s'envola donc dans les cieux, non pas de ses propres ailes mais de celles de son père. se rapprocha du soleil, bien trop près de lui, faisant fi de l'avertissement paternel; il voit la cire et ses ailes fondre et s'abîma au fond de la mer. Pour s'être rapproché du soleil, qui n'est autre que Hélios le père de Pasiphaé qui s'accoupla avec l'offrande promise à Poséidon, mais non offerte à ce dernier, Icare mourut dans le royaume de Poséidon! N'est-ce pas vertigineux?
Dédale « maudit un art trop funeste; il recueille le corps de son fils, l’ensevelit sur le rivage » selon Ovide. Il parvient ensuite à atterrir à Cumes, puis à gagner la Sicile. Il y est accueilli par le roi Cocalos, qui le cache et dont il devient l’architecte.
Signification et analyse du mythe.Depuis l'antiquité, durant des siècles jusqu'à nos jours les commentaires se sont accumulés sur ce que semble nous dire le mythe: une mortelle randonnée qui n'a cessé d'alimenter des œuvres variées dont I comme Icare (1979). On peut retenir: Icare ou les dangers de l'hybris humaine, la démesure aveugle à elle-même, le symbole de la puissance du désir de transgression de l'ordre paternel (nécessaire?), le symbole de la pulsion de mort chère à Freud. Icare, c'est aussi la menace de se frotter à l'astre solaire, source même de la vie. Cette mortelle randonnée vers une recherche illimitée de la Vérité nous présente Icare comme la victime de d'un exercice de connaissance absolue. Cette lecture du mythe repose sur l'identification du soleil et de la connaissance.
toile de Jules Joseph Lefebvre
La Vérité est, selon Pindare, fille du souverain des dieux, rarement personnifiée, Alètheia. En en se référant au site journals.openedition.org, on lit que c'est un mot composé du a- privatif et du nom propre « Léthé », ce fleuve mythique où l’âme humaine, après avoir contemplé les « idées vraies » et avant de revenir sur terre, doit se baigner dans ses « eaux oublieuses » le secret et l'Alètheia grecque. Il faut donc entendre que la Vérité, c’est ce que serait (saurait) une âme qui, revenue parmi les hommes, se souviendrait encore de ce « monde des idées ». Cette métaphore de la connaissance est fréquente. On la trouve dans le contraste entre les obscurantismes et la philosophie des lumières, peut-être pas aussi lumineuses qu'on le dit en général selon Bertrand Vergely. dans son livre: obscures lumières. Notre vocabulaire n'en finit pas de tourner autour de cette identification de la connaissance à la lumière et au soleil, source et symbole originaire de la lumière.
Pour en revenir à Icare, comment expliquer son comportement, au-delà des interprétations fondées sur son Hybris ou sa pulsion de mort? Dans la continuité avec les lumières et la pensée moderne, on peut le voir comme un acte plein de lucidité, dépourvu d'emportement et de plaisir auto-destructeur. Mais ne peut-on y voir aussi une anticipation sur la mort de Dieu et sur la désacralisation du monde post-moderne, Icare aurait saisi l'unique opportunité de prendre date dans l'Histoire en s'affranchissant de sa difficile condition de fils du génial Dédale, en fait de Dieu le Père. C'est un acte que Dédale, le père, trop attaché à la vie pour ne pas se rapprocher plus qu'il ne le faut de la connaissance ne commettrait jamais. Icare ne serait donc pas mort par par excès de confiance ou par plaisir masochiste, mais parce qu'il aurait décidé de se place sous le joug de la connaissance. Icare héros martyr de la connaissance: vivre pour savoir, pour connaître quitte à ne plus vivre! Son nom mythique est inscrit dans nos cerveaux depuis plus de 2 000 ans, rappelant ce danger de la connaissance, mais qui a été occulté de façon que beaucoup pensent définitive par les lumières de la science moderne.
Une autre idée à rapprocher de cette fin, d'une vie qui disparaît dans son mouvement vers la connaissance est celle de NDE ou mort imminente (cf Moody). "Cette expression désigne un ensemble de « visions » et de « sensations » consécutives à une mort clinique ou à un coma avancé. Ces expériences correspondent à une caractérisation récurrente et spécifique contenant notamment : la décorporationN 1, la vision complète de sa propre existence, la vision d’un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles, la vision d’une lumière, un sentiment d'amour infini, de paix et de tranquillité, l'impression d'une expérience ineffable et d’union avec des principes divins ou supranormaux." Les explications scientifiques proposées font appel à des mécanismes neurochimiques et à des similarités avec d'autres situations neurologiques plus simples comme le sommeil paradoxal.ou les simulations cérébrales qui provoquent un état d'autopsie. Ce phénomène suscite une extrême fascination dans notre société post-moderne où elle prend l'aspect d'un revival du projet d'Icare. Ainsi le sort d'Icare ne serait plus le nôtre? On pourrait se brûler les ailes et aller au bout du tunnel de lumière et en revenir sans séquelles? L'avenir avec les nouvelles technologies semble effectivement donner la possibilité.de l'immortalité.
Pour l'instant retenons que Icare vient de nous enseigner que connaître sans limites est une démesure condamnable et dangereuse. Cette menace ainsi stigmatisée semble engager l'individu dans son rapport personnel et solitaire avec la connaissance.
2-1-2) L'homme qui en savait trop. chapitre 1 suite: la connaissance menace Athènes
Suiite, voir mon blog principal: https://monblogdereflexions.blogspot.com/2019/01/article-1-perdons-nous-connaissance.html#.XSRVUOgzb4Z