· 10 LA NOTION D'INSTINCT CHEZ L'HOMME . COURS.
· 9 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON NIETZSCHE. COURS.
· 13 CROYANCES, RITES ET FÊTES DU JUDAÏSME
· NATURE HUMAINE ET CONDITION HUMAINE.
· 1 LES FONDEMENTS D'UNE DEMOCRATIE
· 10 LA FONCTION DU MYTHE
· 531 L'ART POUR L'ART OU ART ENGAGE?
· 5 LE BOUDDHISME: COMPARAISON AVEC L'HINDOUISME
· 12 MOÏSE, FONDATEUR DU JUDAÏSME
· 1 COURS DE PHILOSOPHIE: LA PHILOSOPHIE SPONTANEE.
· 286. LES MANIFESTATIONS DE L'INCONSCIENT PSYCHIQUE.
· 289. INCONSCIENT PSYCHIQUE ET CONNAISSANCE DE SOI.
· 411 LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE HUMAINE.
· 2 COURS DE PHILOSOPHIE: LE ROLE DE LA RAISON.
· 8 LE STATUT DE LA CONSCIENCE SELON KANT ET PASCAL. COURS.
>> Toutes les rubriques <<
· 29 Cours: La nature de l'homme (15)
· 8 Les grandes religions (24)
· 36 Cours: L'Art. (14)
· 31Cours: L'inconscient. (6)
· 3 L'esprit démocratique (23)
· 2 Cours: Pourquoi la philosophie? (5)
· 7 Le phénomène religieux (16)
· 30 Cours: La morale. (11)
· 45 Extraits de textes philosophiques (15)
· 35 Cours: La politique. (22)
center centerblog sur roman moi monde soi chez homme société histoire heureux demain texte pouvoir place
Statistiques
Date de création : 26.02.2011
Dernière mise à jour :
03.02.2025
4870 articles
Rubrique "La liberté". Suite du billet N°4095.
Extrait de Philosophie pour tous, Tome II, A.Mendiri, Amazon.
Prochain billet demain mardi 21 juin.
Bonheur ou liberté ?
Nous souhaiterions proposer un commentaire spécifique concernant letextede JP Sartre sur la liberté. Sans doute que les lecteurs quelque peu informés des idées philosophiques du XX° siècle connaissent la fameuse proclamation de Sartre selon laquelle nous serions condamnés à la liberté. Afin d'illustrer cette maxime, rappelons une affirmation du même auteur qui fait toujours scandale lorsque l'on n’en comprend pas immédiatement le sens : "Les français n'ont jamais été aussi libres que sous l'occupation allemande".
Bien entendu cette dernière affirmation ne concerne pas la liberté politique, celle qui permet d'exercer des droits fondamentaux, notamment le droit d'exprimer des opinions, de s'associer, de publier, de ne pas être arrêté arbitrairement etc. Sinon ce serait absurde. Il s'agit, chacun l'aura compris, de la liberté intérieure, de la liberté de choisir.
L'intérêt de la conception sartrienne consiste à distinguer les problèmes concernant la recherche du bonheur des problèmes relatifs à la liberté du sujet. Souvenons-nous: les classiques comme Descartes, Spinoza, héritiers en cela de la tradition grecque, considéraient, en dépit de leur divergence sur la capacité du sujet conscient à disposer d'une volonté et d'un pouvoir de décision, que l'homme était libre dès lors qu'il était en mesure de réaliser ce à quoi il aspirait profondément, à savoir son bien et ce, éclairé en cela par cette lumière naturelle qu'incarne la raison.
Rien de tout celachezSartre. Il va desoique la personne victime de deux pneumos et qui doit renoncer à être acteur ou sportif alors même que cela correspond à son idéal ne peut être qualifiée d'heureuse. Il s'agit d'un grand malheur, d'unmondepatiemment construit qui s'effondre. Les circonstances semblent avoir volé au sujet en question la liberté de faire ce qu'il désirait.
Mais pour Sartre, telle n'est pas l'interprétation que l'on doit tirer des évènements en question. Car ce serait confondre le fait d'êtreheureuxet d'être libre. L'auteur montre bien que quelle que soit la situation dans laquelle je me trouve, j'ai toujours des choix à effectuer : face au malheur, à la maladie, au handicap par exemple, je peux m'effondrer, je peux au contraire m'accrocher afin de guérir au plus vite et rebâtir mon projet initial, je peux former d'autres projets plus conformes avec mon nouvel état etc. Je suis donc condamné à effectuer des choix et donc à exercer ma liberté.
C'est à ce niveau de l'analyse qu'une objection apparemment de bon sens surgit : ce choix dépend de mon caractère, c'est-à-dire de ma manière habituelle de réagir, elle-même façonnée par l'éducation, mon milieu, les influences reçues, et pourquoi pas, par mon hérédité, même si ce dernier facteur est sujet à interrogation et critique. Donc, quelle que soit la raison qui me détermine à agir d'une certaine façon, mon choix n'est pas libre, il est le fruit de ces déterminismes.
Sartre qualifie de "salaud" celui qui raisonne ainsi. Le "salaud" est celui qui se décharge sur des facteurs extérieurs à sa conduite, à ses choix afin de ne pas assumer la responsabilité de ses actes avec des expressions du type "je n'y puis rien, je suis comme cela" ou bien "c'est plus fort que moi" etc.
Pourquoi ce reproche de la part de Sartre ? Tout simplement parce que je suis un être conscient et qu'à ce titre je peux toujours dire "non" à la pente qui m'entraîne. Certes, Sartre ne dit pas que nous ne sommes pas largement influencés par des facteurs psychologiques, sociaux, éducatifs etc., facteurs qui engendrent éventuellement ces habitudes prégnantes que l'on a coutume de désigner par le terme de "seconde nature". Ce qu'il veut dire, c'est que par la force des choses, ma conscience fait que je ne coïncide pas avec ces tendances, ces motivations, ces désirs, ces manières habituelles de faire. Je ne suis pas mes motivations ou mes désirs. Je les connais, je peux les juger, je peux également poser un nouvel engagement en rupture avec les anciens, bref poser de nouvelles manières d'accorder ou non de l'importance à telle ou telle attitude, poser en conséquence de nouvelles valeurs.
Sartre ne nous reproche pas de suivre éventuellement notre pente. Il nous reproche simplement le fait de s'abriter derrière les influences reçues pour dire que nous avons des excuses, que nous ne sommes pas responsables de nos choix, que nous ne faisons par nos choix que traduire ce que nous sommes de manière incontournable. Ce n'est pas nous qui agissons. A travers nous c'est lasociété, l'éducation, voire les gènes qui agissent.
Or, pour Sartre, la conscience n'est pas un simple miroir de nos désirs, tendances, motivations ou bien de savantes analyses critiques de ce que nous sommes (car on peut le déplorer peut-être), elle est un pouvoir de dire "non". Ce pouvoir ne se confond pas avec un pur libre-arbitre. Si nous pouvons dire "non" c'est tout simplement que notre appréciation de la situation nous conduit à poser de nouvelles valeurs. Par exemple, je ne suis pas victime de mon passé. Ce passé, je le juge. En fonction de ce jugement, je le laisse agir à sa guise ou je le réinterprète de telle façon qu'il n'a plus d'influence surmoiici et maintenant.
Nous comprenons dès lors la fameuse phrase sur la liberté des français sous l'occupation allemande. Car si je suis "condamné" à la liberté ou à faire des choix en permanence, il va desoique de telles circonstances exceptionnelles et dramatiques favorisent la prise de conscience de la nécessité de faire un choix. Les français devaient choisir entre la collaboration, la résistance, l'attentisme. Contrairement aux périodes calmes de leurhistoire, ils avaient une conscience vive d'avoir des choix à effectuer.
Certes, cette position philosophique accorde donc à la conscience un statut non seulement de miroir de l'action mais aussi d'un pouvoir en vue d'orienter et de donner sens à cette action. Il nous faudra donc revenir sur cette question lors d'un dernier billet consacré à cette question de la liberté et du statut de la conscience.
A.Mendiri