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L'Analyse de Contenu Comme Méthode D'analyse

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Lanalyse de contenu comme mthode danalyse

qualitative dentretiens : une comparaison entre les


traitements manuels et lutilisation de logiciels
Philippe Wanlin, chercheur et doctorant en sciences de lducation
Universit du Luxembourg
Rsum
Cette communication est subdivise en trois parties qui poursuivent chacune plusieurs
objectifs. Dune part, elle propose dexaminer la place de lanalyse de contenu dans le
traitement manuel de donnes dentretiens. Dautre part, elle tente de comparer
lutilisation de deux logiciels diffrents danalyse de donnes textuelles : NVivo7
(QSR) et Lexica (Le Sphinx) avec lambition de faire le point sur leurs possibles atouts
et dsavantages respectifs ou leur complmentarit. Enfin, elle se veut, non seulement,
une occasion pour sattarder sur les forces et faiblesses respectives de lutilisation de
logiciels ou du traitement manuel , mais aussi, une opportunit pour discuter des
apports potentiels de lutilisation combine de ces deux dmarches. Les donnes
dinterviews sont issues dune analyse valuative dun type de formation dispens au
Grand-duch du Luxembourg : lapprentissage pour adultes.
Mots-cls
ENTRETIEN, ANALYSE DE CONTENU, TRAITEMENT DE DONNES DENTRETIENS,
LOGICIELS DANALYSE DE CONTENU, LOGICIELS D ANALYSE DE DONNES
QUALITATIVES, ANALYSE DES SYSTMES D ENSEIGNEMENT

Introduction
Lintroduction de cet article est scinde en trois parties. La premire sattarde
sur ltude valuative qui a t commandite par les gestionnaires de
lapprentissage pour adultes afin den valuer la mise en uvre. La deuxime
prsente cette mesure telle quorganise au Grand-duch du Luxembourg.
Enfin, la troisime partie prsente les ambitions et les questionnements de la
prsente micro-recherche enchsse dans cette tude valuative plus globale.
valuation de la mise en uvre de lapprentissage pour adultes
En 2000, 227 personnes ont pos leur candidature pour intgrer lapprentissage
pour adultes. Les responsables croyaient avoir atteint pour lanne scolaire
2003/2004 avec 746 demandes un point culminant. Or, il faut constater quen
2004/2005 ce chiffre a encore progress puisque leur nombre slevait 852.
RECHERCHES Q UALITATIVES Hors Srie numro 3
Actes du colloque BILAN ET PROSPECTIVES DE LA RECHERCHE QUALITATIVE
2007 Association pour la recherche qualitative
ISSN 1715-8702

243

244

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

De plus, le nombre de personnes qui concluent un contrat dapprentissage


volue galement. Nanmoins, le taux de ceux qui trouvent une entreprise
dapprentissage oscille toujours autour de 40%. Ces lments font merger bon
nombre de questions auprs des responsables quant aux modifications
apporter ce dispositif. Cest pourquoi, les instances politiques ont dcid de
se pencher le temps dune tude biannuelle sur le dispositif afin de lever le
voile sur son fonctionnement (Wanlin & Houssemand, 2006a, 2006b, 2006c).
Ainsi, cette tude tente danalyser certains lments de la mise en
uvre du rglement grand-ducal qui rgit lapprentissage pour adultesi, et ceci,
afin darriver des conclusions qui permettront aux responsables de proposer
des adaptations du dispositif.
En vue de servir ces objectifs, cette tude valuative comporte deux
versants distincts. Le versant quantitatif tente danalyser le nombre dindividus
intresss par lapprentissage pour adultes ainsi que leurs profils, les secteurs
dapprentissage pour lesquels on enregistre le plus dintrt, Outre les
variables sexe et secteur professionnel, diffrentes variables individuelles telles
que lge, la nationalit, les historiques scolaire et professionnel, sont
investigues (Wanlin & Houssemand, 2006a, 2006b). Le versant qualitatif,
quant lui, est destin appuyer les constats effectus grce ltude
quantitative. Globalement, il tente, non seulement, de dgager la perception que
les diffrents acteurs intervenant dans le dispositif ont de la situation actuelle,
mais aussi dtayer les propositions damnagements du dispositif tel quil
existe actuellement (Wanlin & Houssemand, 2006c). Les entretiens que nous
analysons dans le cadre de cet article proviennent de ce versant qualitatif.
Lapprentissage pour adultes et sa problmatique sous-jacente
Cet article sinsre donc dans lvaluation qualitative et quantitative dune
mesure de qualification grand-ducale des non- ou peu- qualifis oeuvrant en
faveur de leur entre et/ou maintien dans la vie professionnelle. Les
paragraphes qui suivent prsentent plus prcisment cette mesure.
Lapprentissage pour adultes permet un accs aussi large que possible
aux adultes des formations sanctionnes par un diplme professionnel
officiel. Il est gr conjointement, dun ct, par deux services diffrents de
deux Ministres distincts dont lun soccupe des aspects scolaires et lautre des
aspects lis linscription et lenregistrement des contrats dapprentissage, et,
de lautre ct, par des responsables du Patronat et du Salariat qui encadrent le
suivi des apprentissages.
Cette mesure sadresse des personnes ges dau moins 18 ans (ge
limite dentre dans le dispositif) sorties du systme scolaire depuis au moins

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

245

12 mois (priode de latence minimale) et inscrites comme demandeurs


demploi.
Lapprentissage pour adultes est un type de formation professionnelle
dual, alliant une formation thorique et technique au sein dune institution ou
dun centre de formation et une formation pratique auprs dune entreprise sous
la direction dun patron formateur.
Il dbouche sur des diplmes de matrise dune profession technique
dans les secteurs artisanal, commercial ou agricole. Trois niveaux de formation
sont proposs aux adultes.
le Certificat dAptitude Technique et Professionnelle qui comprend des
cours thoriques et pratiques consistant, en gnral, suivre de 1 3
annes dapprentissage en entreprise avec des cours concomitants dans
une institution de formation allant de 8 16 heures par semaine.
le Certificat de Capacit Manuelle qui comprend une formation
pratique et des cours thoriques allgs daccompagnement denviron 8
heures dans un institut de formation pendant une dure de 1 3 ans. En
somme, ce certificat correspond la partie pratique du Certificat
dAptitude Technique et Professionnelle.
le Certificat dInitiation Technique et Professionnelle qui comprend
une formation pratique allge chez un patron et des cours thoriques
allgs tals sur 1 ou 3 annes.
Pour accder ce dispositif (voir Figure 1), ladulte doit adresser une
demande de candidature dans laquelle il met son (ou ses) choix
professionnel(s). Cette demande est ensuite value par une Commission
Consultative. Dans le cas o le candidat remplit les conditions daccs (avoir
au moins 18 ans et tre sorti au moins depuis 12 mois rvolus du systme
scolaire initial), la Commission Consultative donne communment un avis
favorable. Une fois admis lentre dans le dispositif, le candidat doit souscrire
un contrat dapprentissage auprs dun patron ou dune entreprise pouvant le
former dans les aspects pratiques du mtier. Pour avoir la possibilit
dapprendre, il doit trouver, lui-mme, de manire proactive, un patron
formateur. Lentre effective en apprentissage dpend de ce placement
auprs du professionnel.
Les buts finaux du dispositif de lapprentissage pour adultes sont donc
lapprentissage dun mtier ou dune profession, lentre dans la vie
professionnelle et la possibilit de poursuivre des formations en vue de
lobtention du brevet de matriseii. Lapprentissage pour adultes est grosso
modo un dcalqu de lapprentissage initial. La seule diffrence rside dans le
fait que les apprentis initiaux obtiennent une indemnit dapprentissage et que

246

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

les apprentis adultes obtiennent le salaire social minimum garanti. Cette


diffrence qui peut sembler minime, peut tre importante dans le chef des
apprentis : le salaire social minimum est prs de trois fois plus lev que
lindemnit dapprentissage.
lheure actuelle, certains des gestionnaires de la mesure estiment
donc quune grande majorit des jeunes en apprentissage initial abandonne
volontairement leur apprentissage initial vers 17 ans, pour le reprendre, un an
plus tard, 18 ans, sous le statut adulte pour bnficier ainsi de la rmunration
plus importante. Les personnes qui mentionnent cette problmatique sousjacente la gnralisent et estiment quil est temps damnager les critres
dentre (augmentation de lge limite et allongement du temps de latence) afin
denrayer ce quils estiment tre des abus du systme.

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

247

Conditions :
tre sorti de lcole depuis au moins 12 mois
Avoir au moins 18 ans

Dossier de demande

Commission consultative
(avis dadmission)

Avis favorable*

Avis dfavorable

Recherche dune entreprise dapprentissage+

Entre en apprentissage
(Si une entreprise
dapprentissage a t trouve)

Pas dapprentissage

Lgende :
* A noter que la commission consultative admet tout candidat qui remplit toutes les conditions formelles requises pour entrer dans le
dispositif.
Les avis dfavorables ne se prsentent que si le candidat ne remplit pas les conditions formelles dadmission. Il arrive parfois que la
commission mette des avis mettant le dossier en suspens afin de laisser le temps au candidat de fournir les pices manquantes son
dossier ou de clarifier certains lments.
+ Soulignons encore une fois limportance de la dmarche proactive de recherche dun patron formateur sous-jacente au placement
des candidats apprentis adultes.

Figure 1 Cheminement dun candidat lapprentissage pour adultes


Ambitions et questionnements de larticle
Ltude, dont la mthodologie est prsente ici, sinscrit dans un contexte
politique de gestion conomique et raisonne du budget de ltat notamment
par rapport cette mesure sociale relativement onreuse. Il est, entre autres,
question den limiter les critres dentre afin de contrler les abus qui
pourraient en tre faits. Dans ce contexte, il apparaissait important dtudier ces
critres dentre et les reprsentations de ses acteurs sociaux (gestionnaires
ministriels, formateurs, apprentis et patrons dentreprise) par rapport, non
seulement, au public cibl par la mesure, mais aussi, aux potentiels abus qui

248

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

sont faits de ce dispositif de la deuxime chance, de mme quaux solutions


proposes pour maintenir ces abus sous contrle.
Cette prsentation nambitionne nullement de faire le point par rapport
ces lments. Elle sinsre plutt en amont de ces considrations. En effet,
avant de vouloir analyser les donnes qualitatives issues dentretiens, nous
avons voulu choisir la (ou les) technique(s) de traitement et, vu le relativement
grand nombre dentretiens (environ 100), le (ou les) logiciel(s) les plus adapts
notre objet dtude. La mthodologie, pour les besoins de cette prsentation,
consiste donc en lanalyse de 10 entretiens selon les mthodes, dmarches et
logiciels retenus et se focalise sur un thme particulier : les critres dentre
dans le dispositif de requalification et les reprsentations par rapport aux
motivations des candidats.

Mthode
Cet article est divis en trois parties principales qui poursuivent des objectifs
diffrents et ayant fait lobjet de lutilisation de mthodologies distinctes.
Comparaison thorique de techniques danalyses qualitatives
Pour la comparaison de lanalyse de contenu par rapport aux autres mthodes
danalyse de donnes qualitatives, nous avons procd des lectures prsentant
des mthodes diversesiii. Pour structurer cette partie, nous nous sommes
inspir de lintervention de Mucchielli (2006). Ici, il est question dexaminer la
place de lanalyse de contenu dans le traitement manuel de donnes
dentretiens.
Comparaison thorique et empirique des traitements manuels et informatiss
La comparaison du travail danalyse manuel et le recours aux logiciels a t
effectu au dpart de la phase de pranalyse de 10 entretiens de gestionnaires
ministriels et reprsentants du Salariat et du Patronat (pris alatoirement au
sein des 20 interviews des gestionnaires de la mesure disponibles dans les 100
entretiens totaux raliss pour les besoins du versant qualitatif de cette tude)
concernant la conception par rapport la problmatique des abus dont nous
traitions plus haut, les critres dentre dans le dispositif (ge des candidats et
temps de latence) ainsi que les reprsentations concernant les motivations des
candidats-apprentis. Ici, nous avons mis en uvre de manire manuelle les
procdures danalyse retenues (accompagne dun encodage dans un tableur
afin de proposer des tableaux) et avons utilis les mmes procdures laide
des logiciels NVivo7 et Lexica sur les mmes 10 entretiens. Lobjectif tant,
pour rappel, de comparer les avantages, inconvnient et complmentarits entre
le travail la main et lutilisation de programmes informatiques.
Comparaison empirique des traitements laide de deux logiciels

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

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Il tait donc question de comparer lutilisation de deux logiciels


diffrents danalyse de donnes textuelles : NVivo7 (QSR) et Lexica (Le
Sphinx) avec lambition de faire le point sur leurs possibles atouts et
dsavantages respectifs ou leur complmentarit. Pour la ralisation de cette
partie, nous avons utilis les catgorisations des mmes 10 entretiens en vue de
comparer les outputs.

Rapport de lanalyse de contenu avec dautres mthodes danalyse


qualitative
Description de lanalyse de contenu
Lanalyse de contenu est un ensemble dinstruments mthodologiques de plus
en plus raffins et en constante amlioration sappliquant des discours
extrmement diversifis et fond sur la dduction ainsi que linfrence. Il sagit
dun effort dinterprtation qui se balance entre deux ples, dune part, la
rigueur de lobjectivit, et, dautre part, la fcondit de la subjectivit (Bardin,
1977). Lanalyse de contenu sorganise autour de trois phases chronologiques :
la pranalyse, lexploitation du matriel ainsi que le traitement des rsultats,
linfrence et linterprtation.
La pranalyse
Il sagit de ltape prliminaire dintuition et dorganisation pour
oprationnaliser et systmatiser les ides de dpart afin daboutir un schma
ou un plan danalyse. Cette phase a trois missions : le choix des documents
soumettre lanalyse, la formulation des hypothses ainsi que des objectifs et
llaboration des indicateurs sur lesquels sappuiera linterprtation finale. Ces
missions ne se succdent pas obligatoirement de manire chronologique mais
sont trs lies les unes aux autres. La pranalyse ambitionne dorganiser
linformation mais elle est compose, elle-mme, dactivits non structures et
ouvertes . Pour mener bien ses trois missions plusieurs tapes traversent la
phase de la pranalyse :
le choix des documents, o on prend contact avec divers matriaux
possibles pour dterminer celui (ou ceux) qui sera (ou seront) le mieux
mme(s) de correspondre aux diffrents critres en jeu (Robert &
Bouillaguet, 1997).
la lecture flottante pour faire connaissance avec les documents
analyser en laissant venir soi les impressions et certaines orientations
ainsi que pour dlimiter le champ dinvestigation, construire lobjet de
la recherche (Robert & Bouillaguet, 1997). En prsence des donnes, il
sagit donc de les lire et de les relire pour tenter de bien saisir leur
message apparent (Savoie-Zajc, 2000).

250

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

la formulation des hypothses et des objectifs, o il faut reprendre


chacun des pisodes dobservation et identifier le thme quil reflte,
regrouper les thmes proches ou semblables et identifier leur
substance, ce quils veulent dire. Cette dmarche sapplique selon
lexistence ou non dun cadre danalyse empirique ou thorique
pralable.
le reprage des indices et llaboration des indicateurs, o il sagit de
choisir les indices contenus dans le corpus en fonction des hypothses
(si celles-ci sont dtermines) et de les organiser systmatiquement
sous forme dindicateurs prcis et fiables (Bardin, 1977).
la prparation du matriel, o on accomplit notamment les oprations
de dcoupage du corpus en units comparables, de catgorisation pour
lanalyse thmatique, Bref, il sagit de la dcontextualisation
impliquant que des parties dentrevues ou des pisodes dobservation
soient physiquement dtaches de leur tout originel et regroups par
thmes (Tesch, 1990 ; Savoie-Zajc, 2000).
Lexploitation du matriel
Le but poursuivi durant cette phase centrale dune analyse de contenu consiste
appliquer, au corpus de donnes, des traitements autorisant laccs une
signification diffrente rpondant la problmatique mais ne dnaturant pas le
contenu initial (Robert & Bouillaguet, 1997). Cette deuxime phase consiste
surtout procder aux oprations de codage, dcompte ou numration en
fonction des consignes pralablement formules. Elle comporte deux tapescls :
lopration de catgorisation consiste en llaboration ou en
lapplication dune grille de catgories, cest--dire des rubriques
rassemblant des lments ayant des caractres communs sous un titre
gnrique, et en la classification des donnes du corpusiv dans celles-ci
(Bardin, 1977). Il sagit donc de la classification dlments
constitutifs dun ensemble par diffrenciation puis regroupement par
genre (analogie) daprs des critres dfinis afin de fournir, par
condensation, une reprsentation simplifie des donnes brutes
(Bardin, 1977).
le codage/comptage des units o on applique les catgories au corpus
et donc, o lon remplit les grilles danalyse selon, dune part, lunit
denregistrement retenue, cest--dire le segment dtermin de
contenu que le chercheur a dcid de retenir pour le faire entrer dans
la grille danalyse (Robert & Bouillaguet, 1997, p. 30), et, dautre
part, lunit de numration, cest--dire la manire dont lanalyste va

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

251

compter lorsquil a choisi de recourir la quantification ; lunit de


numration correspond donc ce quil compte (Robert &
Bouillaguet, 1997, p. 30).
Traitement, interprtation et infrence
Lors de cette phase, les donnes brutes sont traites de manire tre
significatives et valides. Ainsi, des oprations statistiques simples, tels que, par
exemple, des pourcentages, ou plus complexes, telles que, par exemple, des
analyses factorielles, permettent dtablir des tableaux de rsultats, des
diagrammes, des figures, des modles qui condensent et mettent en relief les
informations apportes par lanalyse (Bardin, 1977). Ces rsultats peuvent tre
soumis des preuves statistiques et des tests de validit pour plus de rigueur.
Suite cela, on avance des interprtations propos des objectifs prvus ou
concernant dautres dcouvertes imprvues et on propose des infrences.
Linterprtation des rsultats consiste prendre appui sur les
lments mis au jour par la catgorisation pour fonder une lecture la fois
originale et objective du corpus tudi (Robert & Bouillaguet, 1997, p. 31).
Cette phase de lanalyse de contenu est certainement la plus intressante
puisquelle permet, dune part, dvaluer la fcondit du dispositif, et, dautre
part, la valeur des hypothses.
En analyse de contenu, linfrence est un type dinterprtation
contrle lors de laquelle on accomplit une opration logique par laquelle on
tire dune ou de plusieurs propositions (en loccurrence les donnes tablies au
terme de lapplication des grilles danalyse) une ou des consquences qui en
rsultent ncessairement. Il sagit donc de justifier la validit de ce quon
avance propos de lobjet tudi en exposant les raisons de la preuve
(Robert & Bouillaguet, 1997, p. 32). Pour Bardin, les rsultats acquis, la
confrontation systmatique avec le matriel, le type dinfrences obtenues
peuvent servir de base une autre analyse ordonne autour de nouvelles
dimensions thoriques ou pratiques grce des techniques diffrentes
(Bardin, 1977, p. 100).
Lanalyse de contenu par rapport dautres mthodes : une comparaison
thorique
Lanalyse de donnes qualitatives est un processus impliquant un effort
didentification des thmes, de construction dhypothses (ides) mergeant
des donnes ainsi que de clarification du lien entre les donnes, les thmes et
les hypothses consquentes (Tesch, 1990). Ce processus comprend donc deux
moments distincts mais complmentaires : lorganisation des donnes
impliquant une segmentation et entranant une dcontextualisation , dun

252

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

ct, et, leur interprtation, ou encore catgorisation, menant une


recontextualisation , de lautre (Savoie-Zajc, 2000).
Pour Mucchielli (2006), toutes les mthodes qualitatives semblent
mettre en uvre des processus intellectuels communs. Ces processus, quil a
dgags de linduction analytique, de la thorie ancre, de lapproche
phnomnologique, de lanalyse structurale et de la systmatique des relations,
sont base de comparaison, de gnralisation, de mise en relation et de
construction corrlative dune forme et dun sens travers lutilisation des
autres processus (Mucchielli, 2006, p.15). Ils sont dcrits dans le Tableau 1.
Nous y incluons le parallle avec lanalyse de contenu.
Il semble que les mmes processus intellectuels fondamentaux mis en
vidence par Mucchielli (2006) apparaissent dans lanalyse de contenu. Il sagit
toujours de rassembler ou des recueillir un corpus dinformations concernant
lobjet dtude, de le trier selon quil y appartient ou non, de fouiller son
contenu selon ses ressemblances thmatiques , de rassembler ces lments
dans des classes conceptuelles, dtudier les relations existant entre ces
lments et de donner une description comprhensive de lobjet dtude.
Il existe diffrentes mthodes danalyse de donnes qualitatives
(Coffey & Atkinson, 1996 ; Langley, 1997) mais il nen existe aucune qui soit
meilleure que les autres (Trudel & Gilbert, 1999). Il y a seulement des
mthodes qui sont plus appropries que dautres compte tenu de la tradition
dans laquelle le chercheur travaille (Trudel & Gilbert, 1999) et, nous ajoutons,
des objectifs de recherche et du matriel disponible. Dans notre cas, lanalyse
de contenu semble pouvoir tre pertinemment applique.
Tableau 1
Les processus intellectuels fondamentaux sous-jacents aux mthodes
qualitatives et lanalyse de contenu
Processus intellectuels fondamentaux
Analyse de contenu
(Mucchielli, 2006)
Comparaison :
Choix des documents.
chantillonnage, constitution du
Lecture du corpus pour dgager les
corpus, dlimitation et recueil des cas, dissemblances et ressemblances des
dlimitation du champ des
units denregistrement pour la
observations faire, recherche
constitution ou lapplication des
danalogie par ressemblancecatgories.
dissemblance, reprage des lments
ayant quelque chose en commun.
Catgorisation :
Opration de catgorisation des
Procd de comparaisonlments du corpus, constitution des

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

gnralisation menant des


catgories, reprage de constantes
sous-tendant les phnomnes, thmes
redondants ayant un sens par rapport
la question de recherche et sa
rsolution. Formulation de la
ressemblance des lments structuraux
du tout en gnralisant ce que les
lments ont de commun.
Comparaison des changes rcurrents
se ressemblant par analogie.
Catgorisation-vrification.
Gnralisation des proprits de faits
multiples, extraction des lments
fondamentaux gnraux constituant
lossature des phnomnes, extraction
des proprits signifiantes dune classe
dobjets.
Vrification de la catgorisation.
Mise en relation :
Recherche de relations, dgager des
relations entre les catgories,
recherche de totalit, recherche de
causalit circulaire, mise en relation
des activits communicationnelle,
recherche des configurations de
relations dans une configuration
densemble.
Vrification de la mise en relation.
Synthse comprhensive ou invention
de forme et de sens :
Formulation de lanalyse, Rsultat
explicatif global concernant le
fonctionnement du phnomne,
abstraction gnralisante.

253

indicateurs. Vrifications.

Codage, comptage des units


denregistrement et de numration.
Traitement des donnes.

Interprtation et infrence des


rsultats.

Rsultats de lanalyse de contenu manuelle


La premire tape de notre travail fut de lire 10 entretiens (slectionns tel que
nous lavons expliqu plus haut) et de les analyser selon la mthode explicite
plus avant. Les indicateurs que nous avons choisis sont les frquences
dapparition des thmes principaux relatifs notre centre dintrt premier, les

254

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

abus du dispositif de qualification et ses deux solutions corolaires avances,


laugmentation de lge limite dentre dans la mesure et lallongement du
temps de latence minimum entre la sortie du systme scolaire initial et la
demande dentre dans le dispositif.
Une fois les entretiens cods, nous avons introduit les codes et leurs
extraits associs dans un tableur (Microsoft Excel) et dans un logiciel de
statistiques (SPSS). Ceci nous a permis de composer les tableaux que nous
commentons plus bas.
Tableau 2
Avis concernant les solutions classiquement avances pour matriser les abus
selon linstitution dappartenance des personnes interroges (traitements
manuels)
Entretien Allongement du temps Augmentation de l'ge Institution
s
de latence ?
d'entre ?
d'appartenance
E05
Oui
Oui
Ministre
E07
Oui (12 mois)
Non
Ministre
E08
Oui (12 mois)
Non
Ministre
E01
Oui (12 mois)
Non
Patronat
E02
Non
Non
Patronat
E03
Oui (12 mois)
Non
Patronat
E06
Oui (24 mois)
Ne se prononce pas
Patronat
E10
Non
Non
Patronat
E04
Oui (12 mois)
Non
Salariat
E09
Oui
Oui
Salariat
Le Tableau 2 montre que les personnes interroges sont essentiellement
pour le maintien de la limite dge dentre dans le dispositif et pour
lallongement du temps de latence. Il est difficile de distinguer des positions
selon lappartenance institutionnelle des interlocuteurs.
Les statistiques montrent que lon peut distinguer les thmes abords
durant le discours en fonction de linstitution laquelle les personnes
interroges appartiennent (Tableau 3).

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

255

Tableau 3
Thmes abords selon lappartenance institutionnelle des personnes interroges
(traitements manuels)
Appartenance institutionnelle
Total
Ministre Patronat Salariat
Intentions
Raisons apparition
Abus
Evaluation Abus
Solutions (ge/latence)
Non
pertinence
(ge/latence)
Autres solutions
Consquences
(ge/latence)
Total
216= 29,004 p<0,05

solutions
solutions

5
0
3
6
4

7
11
1
4
2

1
3
1
2
5

13
14
5
12
11

27

30

16

73

Les extraits des reprsentants des ministres rappellent les intentions


initiales de la mesure puisquils mentionnent son caractre dinsertion sociale
et de deuxime chance de qualification (intentions). Mme si les personnes qui
prononcent ces extraits avouent que certains abus sont possibles (abus), elles
demandent son valuation qualitative et quantitative statistiquement valide
(valuation abus). Elles restent ouvertes au dbat concernant les solutions
gnralement proposes (allongement du temps de carence et augmentation de
la limite dge mais en restant sceptiques par rapport cette dernire) tout en
soulignant leur inadquation par rapport aux intentions initiales de la mesure et
en tant les seules pronostiquer les rpercussions quune telle prise de
position aurait sur la prennit du dispositif de formation de la deuxime
chance (consquences solutions ge/latence).
Les extraits des reprsentants du Salariat et du Patronat sont les seuls
valuer les causes premires de lapparition de labus de la mesure : le haut
taux de redoublement, la relgation scolaire et le relativement haut taux
dabandons scolaires du systme ducatif initial. Tout en rappelant les
intentions premires du dispositif, les personnes qui prononcent ces extraits
signalent lexistence de labus en le gnralisant tous les candidats. Elles
prconisent dallonger la priode minimum de carence en estimant quil sagit
l de la meilleure solution pour combattre les abus de la mesure. Nanmoins,

256

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

quelques uns des extraits cods indiquent aussi quil faudrait rflchir la
pertinence de cette solution en regard de la philosophie du lifelong learning.

Description sommaire des logiciels compars et constats


NVivo7
Le logiciel NVivo7 est le mariage entre N6 (NUD*IST ; QSR) et NVivo2
(QSR). N6 sintressait aux donnes textuelles et permettait des tudes bases
sur le codage ainsi que la manipulation et le codage rapide des donnes, de
mme que lextraction qualitative instantane. NVivo2 permettait de combiner
les actions de codage, la constitution qualitative de liaisons, le faonnage et la
modlisation en vue de questionner et dinterprter en profondeur des donnes
pour uvrer en faveur de lmergence de thories et de la comprhension
profonde des phnomnes tudis.
Comme on peut le remarquer, nous avons choisi de compter les
sources, de dnombrer le nombre dinterlocuteurs mentionnant un thme prcis
et ce, peu importe le nombre de fois que ce thme est mentionn par les
interviews. NVivo7 permet, par simples clics, de dnombrer chaque extrait, de
fournir laddition du nombre de mots contenus dans chacune de ces rfrences,
de donner les pourcentages en colonnes et en ligne, etc. (Tableau 4)v.
Toutes les personnes mentionnent ainsi comme motivation principale
des candidats, la motivation idale et conforme aux intentions initiales de la
mesure, lide de la deuxime chance de qualification, mais la font directement
suivre de considrations quelque peu moins conforme celle-ci. Pour illustrer
les possibilits de NVivo7, nous allons prendre une des modalits de
motivation et lanalyser en fonction des deux critres lgislatifs (ge et priode
de latence) dentre dans la mesure : Deuxime chance de qualification . Le
premier constat est que sur les 10 entretiens analyss, 8 personnes sont pour un
allongement de la priode dattente entre la sortie du systme scolaire et
lintroduction du dossier de candidature (dont 5 se prononcent pour un
allongement de 12 mois), mais 7 sont pour le maintien de lge limite.
Nanmoins, le Tableau 4 montre aussi que les personnes qui se
prononcent en faveur dun allongement de la priode de carence semblent avoir
une image relativement ngative des candidats (elle semble plus ngative que
celle des interlocuteurs qui sont pour le maintien de la lgislation actuelle).
Pour eux, les adultes cherchent uniquement intgrer la mesure pour entrer sur
le march de lemploi, que mme sils se forment, la principale motivation est
le salaire attrayant, ide encore plus prononce lorsque les candidats
proviennent des pays limitrophes du Grand-duch du Luxembourg. Pour
certaines personnes interroges, les candidats souffrent dun manque de

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

257

Tableau 4
Motivations des apprentis selon les personnes interroges en fonction de leur
avis concernant les solutions classiquement avances contre les abus (NVivo7)
Allongement du temps de latence
Motivations
Deuxime chance de qualification
Dveloppement situation interne
l'entreprise
Envie dextirpation du milieu socioconomique actuel
Redirection suite une orientation
scolaire malheureuse ou peu adquate
au march de l'emploi
luxembourgeois
Envie dentrer sur le march du
travail
Formation qualifiante paye
Frontaliers recherchant emploi mieux
rmunr tout en se qualifiant
Manque de comptences sociales des
candidats
Non acceptation de l'autorit de la
part des candidats
Comportement en classe peu
acceptable de la part des candidats
Difficults dapprentissage
engendres par un manque de
comptences
Motivation provoque par un tiers
(femme, )
Incitation de l'entreprise
Rorientation pour raisons de sant
Conception relative aux comptences
sociales faibles des candidats remises
en cause

Augmentation
d'entre

de

l'ge

Oui

Oui
12

Oui
24

Non

Tot.

NSPP

Oui

Non

Tot.

10

10

0
0

2
1

0
0

0
0

2
1

0
0

0
0

2
1

2
1

Lgende :
Oui
: avis favorable laugmentation de lge limite dentre ou lallongement du temps de latence
Oui 12 : avis favorable lallongement de 12 mois de la priode de carence
Oui 24 : avis favorable lallongement de 24 mois de la priode de carence
Non
: avis dfavorable lallongement de la priode de carence ou laugmentation de lge limite dentre
NSPP
: Ne se prononce pas

258

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

comptences sociales, nanmoins, certaines autres, estiment que ce constat


nest pas gnralisable. Selon elles, les motivations des candidats ont
essentiellement des sources externes eux : un tiers, le patron actuel, lattrait
financier ou des problmes de sant telle que, par exemple, lapparition dune
allergie la farine pour un boulanger obligeant la rorientation.
NVivo7 donne la possibilit de retourner aux donnes brutes, aux
extraits cods dans les diffrentes catgories permettant de mieux interprter le
tableau. Cest ce que nous avons fait pour les colonnes Allongement du
temps de latence Oui /deuxime chance de qualification (n=2) et
Allongement du temps de latence Non/Deuxime chance de qualification
(n=2) (Tableau 5).
Que faut-il retenir ici ? Le principe de NVivo7 est relativement simple :
il sagit dun rangement dextraits des sources (donnes brutes initiales) dans
des catgories (donnes a priori ou constitues au fur et mesure). Par simples
clics, on peut retrouver tous les extraits rangs dans ces diffrentes catgories.
tant donn quil est possible de donner des attributs (sexe, classes dges, )
aux lments-sources, le logiciel permet de trier les extraits en fonction de ces
critres trs prcis. De plus, il y a moyen de croiser les catgories entre elles, de
les combiner en fonction des attributs, Enfin, on peut schmatiser les
observations (chose que nous ne ferons pas ici) et attribuer aux lments du
schma ainsi constitu les extraits qui y ont conduit. nouveau, par simples
clics sur les lments de ce schma, NVivo7 nous restitue les extraits que nous
y avons rangs.
Bref, ce logiciel permet de structurer les donnes, de constituer des
tableaux de comptage des extraits cods en fonction de catgories ou
dattributs, de schmatiser les observations en renvoyant aux extraits des
sources. Il fournit des lments de synthse des donnes partir desquels le
chercheur doit fournir ses observations, descriptions, constats, interprtations et
infrences.
Fondamentalement, les oprations de codage et de catgorisation sont
les mmes que celles que lon fait quand on travaille manuellement, mais la
vitesse de travail de traitement et danalyse des donnes est augmente. Les
possibilits offertes par ce logiciel sont multiples puisquil y a moyen de
changer les units de comptage et quil nous indique la portion de discours que
reprsente lextrait analys. Certes, toutes ces oprations sont faisables la
main, mais NVivo7 permet de produire les lments de synthse de manire
bien plus rapide mme pour un matriel volumineux et nimplique pas chaque
fois une nouvelle opration de comptage ou de fouille. Nanmoins, il incombe

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

259

Tableau 5
Possibilit de retours aux extraits bruts (NVivo7)
Allongement du temps de latence Oui /
Deuxime chance de qualification
E05- 1 reference coded [1,13% Coverage]
Reference 1 - 1,13% Coverage
Parce quils remarquent quils ont des problmes sur le
march de lemploi et quils se disent, en ayant raison, si vous
avez une qualification srieuse, pas seulement faire des
mesures de qualification, mais rellement des diplmes. Le
CATP est un diplme qui est recherch sur le march de
lemploi. Nous avons peu frquemment des personnes
longtemps au chmage avec un CATP.

Allongement du temps de latence Non /


Deuxime chance de qualification
E02- 1 reference coded [1,56% Coverage]
Reference 1 - 1,56% Coverage
Parce quils voient que sans diplme ils navancent pas, parce
quils sont le dos contre le mur. Et a cest dj un truc, parce
quils disent, ok, alors je suis pay pour obtenir un diplme,
pour faire une formation, ils vont donc saisir lopportunit.
Quils ont fait le tour et se disent que cela ne peut plus
continuer ainsi, cest l que je dis que cest une troisime
chance.

E09- 2 references coded [1,44% Coverage]


Reference 1 - 0,94% Coverage
La deuxime est effectivement pour se qualifier, parce quils
ont quand mme entendu, ladministration de lemploi leur a
dit et ils ont entendu de par les mdias, des personnes non
qualifies nous nen avons pas besoin de plus de 5% dans
notre socit, mme ceux-l doivent tre comptent, mme un
individu qualifi doit tre comptent, sinon il ne trouvera pas
de place. Mme lorsque est publie une place pour non
qualifi, si de nos jours un non qualifi na pas de
comptences, je pense surtout aux comptences sociales, alors
il naura toujours pas de places. Dans notre socit, ils doivent
quand mme sen apercevoir que ce serait quand mme utile
sil faisait une qualification.
Reference 2 - 0,51% Coverage
Pour des raisons personnelles o lon veut peut-tre se
montrer quelque chose soi-mme et se dire, pourquoi je nai
pas de diplmes, et je fais le mme boulot que mes collgues,
mais ils me reprochent sans cesse que je nai pas de diplmes.
Dans notre socit, tout le monde veut quand mme pouvoir
montrer un certificat ou un diplme, cest galement cette
motivation.

E10- 2 references coded [2,65% Coverage]


Reference 1 - 1,54% Coverage
Je pense quand mme que le gros de ces personnes veut
effectivement faire une formation, sils y arrivent, a cest une
autre chose, il faudrait peut-tre observer cela un autre
endroit. Mais, je trouve lide initiale trs judicieuse afin de
permettre que des personnes, qui voulaient faire un
apprentissage, mais qui ne pouvaient pas car ctait
impossible.
Reference 2 - 1,11% Coverage
Un bon nombre voit en cela rellement une chance, donc l il
y a une belle opportunit. Une srie de personnes ont exerc
un mtier et voient l une possibilit dacqurir une
qualification dans cette profession sans quils aient besoin de
reculer financirement.

toujours au chercheur danalyser les outils de synthse que le logiciel a permis


de produire et dinterprter ces rsultats.
Il convient dajouter que NVivo7 est trs convivial et quil est
relativement abordable du point de vue de son prix. Les atouts de NVivo7
ayant t mentionns, il faut maintenant en dvoiler ce qui, nos yeux, en sont
les principales faiblesses : les modlisations ou schmatisations quil permet

260

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

sont sommaires et pas suffisamment pousses puisquil ne permet pas de


valider statistiquement les rsultats obtenus. Des calculs lmentaires ou les
traitements statistiques ne sont pas possibles.
Lexica
Lexica t cr par Le Sphinx Dveloppement et permet de faire des
tudes qualitatives ainsi que le traitement de donnes textuelles. Il facilite la
conception et la mise en forme de questionnaires pour tout mdia (qualitatif et
quantitatif), sa diffusion en ligne, la collecte des rponses, le dpouillage et
lanalyse : il allie la fois des aspects quantitatif par lintermdiaire des
mthodes de base, des analyses multivaries, darbres dcisionnels, de cartes
conceptuelles, et des aspects qualitatifs par les analyses textuelles, lexicales,
syntaxique et de contenu. Enfin, il permet la prsentation et la communication
des rsultats.
Lexica permet danalyser, non seulement, les textes de questions
ouvertes, mais aussi, nimporte quel autre texte. Lune des possibilits offerte
pour ltude des textes est celle de lanalyse de contenu. Dans cet
environnement, on lit les rponses et on code leur contenu dans une nouvelle
variable qui en dcrit les principaux thmes. Cette thmatique peut tre enrichie
au fur et mesure de la lecture par lajout de nouvelles modalits.
Nous avons cod les variables des entretiens analyss dans les
catgories gnres et avons procd une analyse factorielle des
correspondances multiples (ou analyse dhomognit) qui ne peut pas tre
gnralise dans notre cas puisque nous ne nous trouvons pas dans les
conditions idales de son application. La carte, ralise partir de Lexica,
montre les positions des 15 modalits et les coordonnes des 73 observations
(extraits cods). Les deux axes reprsents expliquent 33,7% de la variance.
Chaque observation est reprsente par un point.
Laxe 1 explique 19% de la variance. Cet axe se caractrise par une
prise de position prnant le maintien de la limite dge dentre (accompagn
dun rejet marqu de son augmentation), la mise en doute du phnomne
dabus et la demande de faire prcder toute prise de dcision par une tude
fiable du phnomne. Cet axe renferme aussi des avis selon lesquels
lallongement de la priode de latence est non souhaitable. Globalement il y a
une mise en doute de la pertinence des solutions classiques avances
(augmentation de lge dentre et allongement d temps de latence)
puisquelles entraneraient des consquences peu souhaitables pour la mesure
en regard de la philosophie du lifelong learning. Peu de propos concernent la
recherche des sources des abus et la proposition de solutions alternatives.

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

261

Figure 2 Carte de lanalyse factorielle en composantes principales


Lgende :
L1
L2
A1
A2
I1
I2
I3

: Allongement du temps de latence


: Maintien du temps de latence
: Augmentation de la limite dge
: Maintien de la limite dge
: Ministre
: Patronat
: Salariat

C1
C2
C3
C4
C5
C6
C7
C8

: Intentions de la mesure
: Raisons dapparition des abus
: Description du phnomne abus
: Solutions (ge/latence)
: Non pertinence des solutions (ge/latence)
: Autres solutions
: Consquences Solutions (ge/latence)
: Demande dvaluation du phnomne abus

Laxe 2 explique 14,7 % de la variance et renvoie des propos


concernant lexplicitation du phnomne des abus, le fait quil faille y apporter
une solution quelle quelle soit mais avec une prfrence pour lallongement du
temps de latence (accompagn dun rejet du maintien de la priode de latence
actuelle), le questionnement sur limpact de lapplication des solutions
prconises et linterrogation sur des solutions alternatives. Peu dintrt est
accord, dans cet axe, la recherche des causes du phnomne et la ncessit
dvaluer son importance ainsi que sa frquence.

262

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

Lexica donne des rsultats relativement intressants, nanmoins, il ne


faut pas oublier que ceux-ci ont t produits suite un recodage des donnes
textuelles en codes dans des nouvelles variables. Ce recodage augmente le
temps de traitement des donnes et de leur analyse.
Tableau 6
Contributions relatives (positives et ngatives) des modalits
pour les deux axes factoriels
Contributions

Axe 1
(+19,0 %)
Maintien de la limite dge dentre
Ministre

Positives

+16,9
%
+13,5
%

Ncessit dvaluer la frquence et


limportance des abus avant toute prise de
dcisions

+10,5
%

Maintien de la priode de latence actuelle

+5,6%

Consquences des solutions classiques


(ge/latence)
Non pertinence des solutions classiques
(ge/latence)
Description des abus et dclaration de son
existence

Ngatives

Axe 2
(+14,7 %)

+4,1%

Ministre
Salariat
Lapplication des solutions classiques
entrane des consquences peu enviables
pour la mesure en regard du lifelong learning
Description des abus et dclaration de son
existence
Ncessit de rechercher dautres solutions
pour radiquer les abus

+3,9%

Allongement du temps de latence

+0,2%

Ncessit dapporter une solution aux abus

Augmenter la limite dge dentre

-20,7%

Maintien du temps de latence actuel

Raisons dapparition des abus

-12,8%

Patronat

Patronat

-4,6%

Salariat
Ncessit de rechercher dautres solutions
pour radiquer les abus
Intentions initiales de la mesure
Allongement du temps de latence

-3,5%
-2,0%
-1,0%
-0,6%

Ncessit dvaluer la frquence et


limportance des abus avant toute prise de
dcisions
Raisons dapparition des abus
Non pertinence des solutions classiques
(ge/latence)
Maintien de la limite dge dentre

Concernant Lexica, il faut dire quil est relativement cher (bien plus du
triple de NVivo7), quil est empreint dune culture quantitative et quil est

+10,2
%
+5,5
%
+5,3
%
+4,0
%
+3,7
%
+3,4
%
+2,9
%
31,7
%
21,3
%
-6,2%
-3,8%
-1,9%
-0,0%

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

263

surtout adapt aux analyses lexicales (frquences de mots, contigut, ). Ce


dernier type danalyse est sans conteste la force principale de Lexica.
Toutefois, dans le contexte de notre tude une telle analyse tait relativement
peu riche en enseignement. La principale critique que nous voulons adresser
Lexica est sa relative non convivialit. Un long temps dadaptation est
ncessaire sa matrise. Nous osons crire quil est complexe dutilisation.
Comparaison sommaire entre Lexica et NVivo7
Dans lensemble, les logiciels auxquels nous avons eu recours permettent
deffectuer les diverses tapes dune analyse de contenu puisquils autorisent
laccompagnement du chercheur dans ses dmarches intellectuelles
fondamentales.
Les deux logiciels permettent deffectuer peu de choses prs les
mmes dmarches, cependant, Lexica ayant un background quantitatif, permet
des comptages de mots plus automatiss, et plus puissants que NVivo7. De
plus, il permet le calcul de statistiques fondamentales, chose que NVivo7 ne
permet pas notre connaissance. On peut nanmoins reprocher Lexica dtre
complexe dutilisation et moins convivial malgr que ce soit un logiciel
puissant. De plus, il semble quune formation cet outil soit souhaitable pour
une matrise acceptable. Ce qui est moins le cas pour NVivo7 de par son aspect
convivial. De surcrot, la qualit de laide, les possibilits offertes aux
utilisateurs ce niveau (forum, questions, ) est non ngligeable (mme si
Lexica offre aussi de tels outils, allant jusqu la prise de contrle distance de
votre ordinateur). Enfin, la qualit des manuels de NVivo7 est fort leve. Les
aspects convivialit et qualit de rfrents a srement un impact sur le temps
ncessaire une matrise plus ou moins acceptable des deux logiciels.
Dans notre cas, aucun logiciel ne semblait prfrable lautre. Les
deux ont leurs forces et leurs faiblesses. Nanmoins, de par son aspect moins
complexe, le recours NVivo7 avec un recodage dans un logiciel de
traitements statistiques semble plus ais pour la suite des oprations.

264

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

Tableau 7
Comparaison entre Lexica et NVivo7
Lexica
Critres Miles et Huberman (1994)

Nvivo7

Codification

Oui (difficile, mot


par mot)

Gestion de bases de donnes

Oui (quantitatif et
qualitatif)

Recherche et extraction

Lexicale, codes

Rdactions de mmos et dannotations


Liaisons entre les donnes
Cration de matrices

Inconnu
Difficile
Oui

Diagrammes, tableaux,

Oui mais difficile

Concepteur de thorie
Autres critres
Temps dapprentissage
Aide lapprentissage

Oui mais difficile

Statistiques lmentaires et labores


Convivialit
Aides et manuels
Processus intellectuels fondamentaux (Mucchielli, 2006)
Constitution du corpus par comparaison et recherche
danalogies
Comparaison Gnralisation
Mise en relation et recherche dune totalit
Synthse comprhensive (forme et sens)

Long
Conseille
ncessaire)
Oui
6/10
+

Oui (units de sens


de
longueurs
variables, extraits)
Oui
(qualitatif,
attributs)
Lexicale,
codes,
catgories (nodes)
Oui
Oui
Oui
Tableaux (recours
Excel
pour
diagrammes)
Oui
Rapide

(voire

Pas indispensable
Non
9/10
++

Oui

Oui

Oui
Oui
Oui

Oui
Oui
Oui

Le recours un logiciel
Les logiciels ne sont que des outils qui peuvent servir dans une ou plusieurs
tapes du processus de recherche mais, aucun logiciel ne peut interprter les
donnes, cette tche reste rserve au chercheur (Van der Maren, 1997 ;
Bourdon, 2000). Nous avons pu constater que fondamentalement les dmarches
danalyses taient les mmes : les tches dorganisation des donnes sont
identiques et les tches danalyses gardent les mmes caractristiques (SavoieZajc, 2000). Ici il sagissait dune logique inductive de segmentation et de

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

265

dconstruction faisant appel aux mmes processus intellectuels fondamentaux


sous-jacents aux techniques et mthodes qualitatives (Mucchielli, 2006). Nous
avons affaire la mme imprgnation face aux donnes et au mme regard
attentif face aux thmes de la part du chercheur.
Les deux logiciels que nous avons utiliss ont chacun leurs spcificits
et produisent des rsultats la fois diffrents et complmentaires. Le choix du
logiciel et la manire de lutiliser dpendra du type de donnes analyser
(Coffey & Atkinson, 1996), de la tradition de recherche dans laquelle on
travaille (Trudel & Gilbert, 1999), des caractristiques des logiciels (Trudel &
Gilbert, 1999 ; Creswell, 1998 ; Mason, 1996), du matriel informatique dont
on dispose (Trudel & Gilbert, 1999 ; Van der Maren, 1997) et, pensons-nous,
des questions de recherche et, ventuellement, du budget disponible.
Les logiciels sont donc des outils utilisables (Trudel & Gilbert, 1999 ;
Savoie-Zajc, 2000) mais il leur est impossible de dpasser les ides et la
crativit des prises de conscience du chercheur (Savoie-Zajc, 2000). Enfin,
utiliser un logiciel namliore pas la validit des tudes (Trudel & Gilbert,
1999). Les analyses valent ce que valent les tapes qui les ont prcdes.
Tableau 8
Comparaison de lanalyse de contenu selon le recours ou non un logiciel
(avantages et inconvnients)
Analyse de contenu
Non assiste dun logiciel
Assiste dun logiciel
Avantages
Matrialisation des donnes
Tches mcaniques relies au
codage moins pnibles
Automatisation des analyses
mme les plus complexes
Rapidit de lobtention des
rsultats et des lments de
synthse (tableaux, cartes, )
Calculs et statistiques rapides
Inconvnients Fouilles
pour
les Lecture lcran
traitements et les analyses
Le recours un logiciel permet de soutenir les moments de codage et
de traitement des donnes. La vitesse danalyse est augmente surtout lorsque
lon est face un corpus de donnes volumineux. Le recours des lments
statistiques est facilit. Les traitements et les croisements des donnes sont
simplifis et nimpliquent pas dentreprendre des fouilles du matriel papier
qui prennent beaucoup de temps et dnergie. Le non recours un logiciel a

266

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

toutefois ses avantages puisque le chercheur nest pas oblig de lire lcran,
vu quil a les donnes en main lorsquon les analyse.
Quelques lments doivent tre pris en compte lorsque lon recourt
un logiciel danalyses qualitatives de donnes dentretiens. Ainsi, il ne faut pas
sattarder des fonctions qui ne conviennent pas sa propre tradition de
recherche (Trudel & Gilbert, 1999) et ne pas se dsengager de lanalyse des
donnes, par exemple en faisant appel un assistant (Trudel & Gilbert, 1999 ;
Bourdon, 2000). De plus, il ne faut pas se limiter et prendre pour balise les
subdivisions des fonctions et de la dmarche danalyse la plus vidente car les
logiciels ne possdent pas une logique de dpart, cest le chercheur qui
limpose (Bourdon, 2000). Enfin, il sagit de ne pas reprendre
systmatiquement les procdures observes, par exemple, lors de la formation,
et de ne pas simaginer que le fait que le logiciel sache effectuer une opration
particulire implique que celle-ci est ncessairement une analyse approprie
la problmatique traite.

Discussion
Les analyses qualitatives de ltude montrent que le phnomne des abus existe
dans le chef de reprsentants des Ministres, du Patronat et du Salariat et que
cette ide semble tre le fruit de reprsentations relativement ngatives des
apprentis et des candidats apprentis. Une augmentation de lge semble tre
rejete pour contourner ce problme mais un allongement du temps de latence
semble tre plus souvent avanc pour ce faire. Alors que les Ministres, qui ont
les cartes en main pour trancher en la matire, demandent une valuation de la
situation avant de prendre une dcision dfinitive, les reprsentants du Salariat
et du Patronat questionnent les sources du phnomne des abus : le systme
scolaire initial. Les Ministres rappellent les intentions initiales de la mesure,
savoir le lifelong learning, linsertion sociale et la requalification des personnes
dans loptique de diminuer le taux de chmage des non- ou peu- qualifis, et
prtendent quune intervention au niveau de la limite dge et du temps de
latence aurait des rpercussions non ngligeables pour la mesure et irait
lencontre de ces intentions initiales. Certains intervenants trouvent que les
solutions classiques de laugmentation de lge et que lallongement du temps
de latence sont peu pertinentes et proposent par consquent de discuter de
solutions autres pour mettre mal les abus.
Cest l que lon doit invitablement recourir aux constats issus du
versant quantitatif de ltude valuative (Wanlin & Houssemand, 2006a,
2006b). Pour cette partie de ltude valuative nous avons analys les bases de
donnes des gestionnaires des Ministres et du Patronat. Ces bases de donnes
contiennent notamment les historiques professionnels, scolaires de prs de

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

267

1600 candidats. Lanalyse de ces donnes permet trois constats majeurs relatifs
laugmentation de lge, lallongement du temps de latence et enfin au
phnomne mme des abus.
laugmentation de lge limite dentre est peu pertinente : dune part,
elle sappuie sur un prsuppos erron selon lequel lge est un
indicateur fiable pour estimer les abus en regard du retard scolaire du
systme ducatif initial, et, dautre part, elle dtrousserait la mesure de
prs de 75 % de son public qui recherche en premier lieu une
qualification. De plus, elle ne tient pas compte de la ralit sousjacente lapprentissage pour adultes puisque les 18-22 ans y ont des
perspectives meilleures (analyse logistique, entre 46% et 54% des
chances de trouver un patron pour les sujets ges de 22 ans et mois et
entre 27% et 37% pour les plus de 22 ans; p<0,001) ;
laugmentation de la dure de la priode de latence est peu
souhaitable : cette solution peut ventuellement tre accepte, mais
nouveau, elle ferme la porte environ 16% des candidats (faisant partie
des candidats les plus jeunes) qui recherchent un meilleur devenir
professionnel. De plus, les probabilits dembauche sont galement
conditionnes selon la priode de latence : moins celle-ci est leve
plus les individus ont une chance de trouver un patron formateur (mais
elle doit tout de mme tre plus leve que 12 mois) ;
la conception mme du phnomne des abus repose sur un prsuppos
erron : seulement 1 % des situations observes cumulent lentiret
des critres dfinissant les abus (ces critres sont : avoir visit un
apprentissage lors de la scolarit initiale, avoir abandonn cet
apprentissage, avoir introduit sa demande dapprentissage sous le statut
adultes un an aprs avoir abandonn sa scolarit initiale
dapprentissage peu importe lge du candidat au moment dintroduire
la demande dentre dans le dispositif). De plus, les apprentis sont plus
motivs par lventualit dobtenir une qualification qui amliorera
leur devenir professionnel.
En dfinitive, lapprentissage pour adultes na jamais bifurqu de son
objectif premier doffrir une seconde chance de qualification des personnes
adultes.
Lexprience que nous avons mene nous a permis, pensons-nous, de
tirer plusieurs enseignements. Ces enseignements se situent deux niveaux,
dune part, au niveau des outils mthodologiques, et, dautre part, au niveau de
la dmarche mthodologique.

268

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

Du point de vue des logiciels, on retiendra quil nexiste pas de logiciel


meilleur que dautres mais seulement certains qui sont plus appropries que
dautres en regard des questions et des objectifs de recherche. Lorsque lon a
peu de donnes, le recours aux logiciels peut tre vit. Nanmoins, ils ont
lavantage, dans tous les cas, daugmenter la rapidit de travail du chercheur,
mais, aucun logiciel namliore la validit des tudes. Le recours plusieurs
logiciels complmentaires tel que nous lavons test ici, quoique riche en
instruction, est chronophage et nest que trs peu imaginable lorsque lon
considre le timing et le budget gnralement mis la disposition des
chercheurs.
Du point de vue mthodologique, nous avons pu remarquer que le
choix de la mthode de traitement des donnes dpend des questions et des
objectifs de recherche. La pluralit des approches semble tre bnfique au
questionnement des phnomnes tudis. Si nous nous tions contents des
dclarations des intervenants interrogs, nous aurions conclu que lallongement
de la priode de latence tait la meilleure solution envisager pour un
phnomne qui nexiste que de manire insignifiante dans les faits, or quand on
entend les dires des responsables il serait quasi gnralis. Bref, exprim
autrement, pour tudier des situations humaines qui, par essence, sont
polymorphes et complexes, il semble ncessaire dutiliser tant des approches
quantitatives que qualitatives et, mme lintrieure de celles-ci, que la
pluralit optimale mthodologique ne peut tre que bnfique linterrogation
des phnomnes sociaux et humains. Pour Paquay (2006) comme pour Crahay
(2006) et Vandenberghe (2006), les faits sociaux ont des facettes objectivables,
mesurables et quantifiables mais sont aussi des construits subjectifs dont les
approches qualitatives peuvent dgager les significations. Il sagit donc pour
les chercheurs de construire des modles dintelligibilit des ralits, non
seulement, en confrontant ces modles des donnes empiriques via des
protocoles rigoureux de collecte en vue de contrler la construction thorique
et de tenter de la valider, mais aussi, en tenant compte des significations que les
individus confrent la ralit puisquelles sont une dimension importante de
la manire dont ils ragissent cette ralit. Ainsi, si lon considre que la
ralit est polymorphe, les mthodes danalyse de cette ralit doivent
ncessairement pensons-nous tre plurielles (Crahay, 2006, p. 52). Bref, il
serait prconis de fonder les conclusions de recherche sur une pluralit
dapproches et de mthodes complmentaires danalyse tant qualitative que
quantitative des ralits humaines.
Il nous apparat donc difficile de ne pas entrapercevoir une certaine
complmentarit entre les approches de la recherche qualitative et celles de la
recherche classique dominante positiviste et quantitative. Pour lune comme

WANLIN / Lanalyse de contenu comme mthode danalyse qualitative dentretien

269

pour lautre, il sagit de produire ou de valider des modles dintelligibilit de


la ralit. Et, pour ce faire, on utilisera tantt des modles explicatifs de
causalit multiple, tantt des modles interprtatifs prenant davantage en
compte les significations que donnent les acteurs (Paquay, 2006). Nous nous
rangeons lavis de Paquay (2006) lorsquil crit que tout processus de
recherche ncessite des boucles inductivo-hypothtico-dductives.
Ces lments ont, nous semble-t-il, un impact sur la posture du
chercheur. Ainsi, il nous semble que le matre-mot qui doit rgir le travail du
chercheur est la flexibilit. Cette flexibilit semble devoir se traduire, non
seulement, aux niveaux mthodologique, procdural et technique, mais aussi,
dans lutilisation des outils de traitement, et, plus encore, au niveau des
approches scientifiques.
Cependant, une telle posture de recherche accrot le travail de
traitement et danalyse, exige une bonne planification a priori de la dmarche
de recueil des donnes et une bonne clarification/dfinition a priori de lobjet
de recherche. De plus, cet idal mthodologique semble peu compatible avec
les ralits budgtaires et temporelles sous-jacentes la recherche.

Notes
i

ii

iii

iv

Rglement grand-ducal modifi du 17 juin 2000 portant organisation de


lapprentissage pour adultes, qui est la concrtisation partielle des modifications
prvues par larticle XV de la loi du 12 fvrier 1999 concernant la mise en uvre
du plan daction national en faveur de lemploi 1998, de larticle 26 de la loi du 4
septembre 1990 portant rforme de lenseignement secondaire technique et de la
formation professionnelle continue.
Le brevet de matrise est la formation qui s'adresse aux futurs chefs d'entreprise
dans les secteurs de lartisanat et de lagriculture ainsi qu' toute personne visant un
poste responsabilit dans l'entreprise. Cette formation modulaire est dispense le
soir ou les week-ends sur une dure maximale de 6 ans.
Mucchielli (2006) a abord ce point dans son intervention, par consquent, nous
napprofondirons pas cet aspect dans cet article, mais prfrerons nous attarder sur
le recours aux logiciels et sur les logiciels eux-mmes.
Comme le souligne Bardin (1977), la ventilation des composantes des textes du
corpus dans des rubriques ou des catgories nest pas forcment une tape
obligatoire de lanalyse de contenu. Nanmoins, toujours selon le mme auteur, la
majorit des procdures danalyse de contenu sorganisent autour dun processus de
catgorisation.
Ici, nous avons choisi de fournir une autre vision, celles des motivations des
candidats, car une prsentation des thmes abords concernant les abus, leurs
causes, leurs consquences et leurs solutions communment proposes nous donne
le mme rsultat que le Tableau 3 dont nous avons dj trait avec la diffrence que

270

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

nous ne pourrions pas y inclure une vrification statistique (2). Nanmoins, dans
notre cas, nous ne sommes pas autoriss prendre en compte cette statistique
puisque nous ne rpondons pas aux conditions idales de son utilisation. Nous la
fournissons titre dexemple uniquement.

Rfrences
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Luxembourg: Universit du Luxembourg, Facult des Lettres, des Sciences
Humaines, des Arts et des Sciences de lducation, Unit de Recherche
Educational Measurement and Applied Cognitive Science .
Philippe Wanlin est chercheur lunit de recherche EMACS (Educational
Measurement and Applied Cognitive Science) de lUniversit du Luxembourg et
assistant du Professeure Dominique Lafontaine lUniversit de Lige. Son travail au
sein de lUniversit du Luxembourg consiste analyser qualitativement et
quantitativement des systmes denseignement et tudier les mthodes de recherches.
Depuis prs de 5 ans, il rdige, lUniversit de Lige, une thse de doctorat qui
sintresse lanalyse qualitative et quantitative des processus cognitifs denseignants
du primaire lors de la planification et de limplmentation interactive de leur

272

RECHERCHES QUALITATIVES / HORS SRIE / 3

enseignement. Dans ce cadre, il assiste la Professeure D. Lafontaine dans le cours


danalyse des processus denseignement et se penche sur les mthodes qualitatives.

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