L'Analyse de Contenu Comme Méthode D'analyse
L'Analyse de Contenu Comme Méthode D'analyse
L'Analyse de Contenu Comme Méthode D'analyse
Introduction
Lintroduction de cet article est scinde en trois parties. La premire sattarde
sur ltude valuative qui a t commandite par les gestionnaires de
lapprentissage pour adultes afin den valuer la mise en uvre. La deuxime
prsente cette mesure telle quorganise au Grand-duch du Luxembourg.
Enfin, la troisime partie prsente les ambitions et les questionnements de la
prsente micro-recherche enchsse dans cette tude valuative plus globale.
valuation de la mise en uvre de lapprentissage pour adultes
En 2000, 227 personnes ont pos leur candidature pour intgrer lapprentissage
pour adultes. Les responsables croyaient avoir atteint pour lanne scolaire
2003/2004 avec 746 demandes un point culminant. Or, il faut constater quen
2004/2005 ce chiffre a encore progress puisque leur nombre slevait 852.
RECHERCHES Q UALITATIVES Hors Srie numro 3
Actes du colloque BILAN ET PROSPECTIVES DE LA RECHERCHE QUALITATIVE
2007 Association pour la recherche qualitative
ISSN 1715-8702
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246
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Conditions :
tre sorti de lcole depuis au moins 12 mois
Avoir au moins 18 ans
Dossier de demande
Commission consultative
(avis dadmission)
Avis favorable*
Avis dfavorable
Entre en apprentissage
(Si une entreprise
dapprentissage a t trouve)
Pas dapprentissage
Lgende :
* A noter que la commission consultative admet tout candidat qui remplit toutes les conditions formelles requises pour entrer dans le
dispositif.
Les avis dfavorables ne se prsentent que si le candidat ne remplit pas les conditions formelles dadmission. Il arrive parfois que la
commission mette des avis mettant le dossier en suspens afin de laisser le temps au candidat de fournir les pices manquantes son
dossier ou de clarifier certains lments.
+ Soulignons encore une fois limportance de la dmarche proactive de recherche dun patron formateur sous-jacente au placement
des candidats apprentis adultes.
248
Mthode
Cet article est divis en trois parties principales qui poursuivent des objectifs
diffrents et ayant fait lobjet de lutilisation de mthodologies distinctes.
Comparaison thorique de techniques danalyses qualitatives
Pour la comparaison de lanalyse de contenu par rapport aux autres mthodes
danalyse de donnes qualitatives, nous avons procd des lectures prsentant
des mthodes diversesiii. Pour structurer cette partie, nous nous sommes
inspir de lintervention de Mucchielli (2006). Ici, il est question dexaminer la
place de lanalyse de contenu dans le traitement manuel de donnes
dentretiens.
Comparaison thorique et empirique des traitements manuels et informatiss
La comparaison du travail danalyse manuel et le recours aux logiciels a t
effectu au dpart de la phase de pranalyse de 10 entretiens de gestionnaires
ministriels et reprsentants du Salariat et du Patronat (pris alatoirement au
sein des 20 interviews des gestionnaires de la mesure disponibles dans les 100
entretiens totaux raliss pour les besoins du versant qualitatif de cette tude)
concernant la conception par rapport la problmatique des abus dont nous
traitions plus haut, les critres dentre dans le dispositif (ge des candidats et
temps de latence) ainsi que les reprsentations concernant les motivations des
candidats-apprentis. Ici, nous avons mis en uvre de manire manuelle les
procdures danalyse retenues (accompagne dun encodage dans un tableur
afin de proposer des tableaux) et avons utilis les mmes procdures laide
des logiciels NVivo7 et Lexica sur les mmes 10 entretiens. Lobjectif tant,
pour rappel, de comparer les avantages, inconvnient et complmentarits entre
le travail la main et lutilisation de programmes informatiques.
Comparaison empirique des traitements laide de deux logiciels
249
250
251
252
253
indicateurs. Vrifications.
254
255
Tableau 3
Thmes abords selon lappartenance institutionnelle des personnes interroges
(traitements manuels)
Appartenance institutionnelle
Total
Ministre Patronat Salariat
Intentions
Raisons apparition
Abus
Evaluation Abus
Solutions (ge/latence)
Non
pertinence
(ge/latence)
Autres solutions
Consquences
(ge/latence)
Total
216= 29,004 p<0,05
solutions
solutions
5
0
3
6
4
7
11
1
4
2
1
3
1
2
5
13
14
5
12
11
27
30
16
73
256
quelques uns des extraits cods indiquent aussi quil faudrait rflchir la
pertinence de cette solution en regard de la philosophie du lifelong learning.
257
Tableau 4
Motivations des apprentis selon les personnes interroges en fonction de leur
avis concernant les solutions classiquement avances contre les abus (NVivo7)
Allongement du temps de latence
Motivations
Deuxime chance de qualification
Dveloppement situation interne
l'entreprise
Envie dextirpation du milieu socioconomique actuel
Redirection suite une orientation
scolaire malheureuse ou peu adquate
au march de l'emploi
luxembourgeois
Envie dentrer sur le march du
travail
Formation qualifiante paye
Frontaliers recherchant emploi mieux
rmunr tout en se qualifiant
Manque de comptences sociales des
candidats
Non acceptation de l'autorit de la
part des candidats
Comportement en classe peu
acceptable de la part des candidats
Difficults dapprentissage
engendres par un manque de
comptences
Motivation provoque par un tiers
(femme, )
Incitation de l'entreprise
Rorientation pour raisons de sant
Conception relative aux comptences
sociales faibles des candidats remises
en cause
Augmentation
d'entre
de
l'ge
Oui
Oui
12
Oui
24
Non
Tot.
NSPP
Oui
Non
Tot.
10
10
0
0
2
1
0
0
0
0
2
1
0
0
0
0
2
1
2
1
Lgende :
Oui
: avis favorable laugmentation de lge limite dentre ou lallongement du temps de latence
Oui 12 : avis favorable lallongement de 12 mois de la priode de carence
Oui 24 : avis favorable lallongement de 24 mois de la priode de carence
Non
: avis dfavorable lallongement de la priode de carence ou laugmentation de lge limite dentre
NSPP
: Ne se prononce pas
258
259
Tableau 5
Possibilit de retours aux extraits bruts (NVivo7)
Allongement du temps de latence Oui /
Deuxime chance de qualification
E05- 1 reference coded [1,13% Coverage]
Reference 1 - 1,13% Coverage
Parce quils remarquent quils ont des problmes sur le
march de lemploi et quils se disent, en ayant raison, si vous
avez une qualification srieuse, pas seulement faire des
mesures de qualification, mais rellement des diplmes. Le
CATP est un diplme qui est recherch sur le march de
lemploi. Nous avons peu frquemment des personnes
longtemps au chmage avec un CATP.
260
261
C1
C2
C3
C4
C5
C6
C7
C8
: Intentions de la mesure
: Raisons dapparition des abus
: Description du phnomne abus
: Solutions (ge/latence)
: Non pertinence des solutions (ge/latence)
: Autres solutions
: Consquences Solutions (ge/latence)
: Demande dvaluation du phnomne abus
262
Axe 1
(+19,0 %)
Maintien de la limite dge dentre
Ministre
Positives
+16,9
%
+13,5
%
+10,5
%
+5,6%
Ngatives
Axe 2
(+14,7 %)
+4,1%
Ministre
Salariat
Lapplication des solutions classiques
entrane des consquences peu enviables
pour la mesure en regard du lifelong learning
Description des abus et dclaration de son
existence
Ncessit de rechercher dautres solutions
pour radiquer les abus
+3,9%
+0,2%
-20,7%
-12,8%
Patronat
Patronat
-4,6%
Salariat
Ncessit de rechercher dautres solutions
pour radiquer les abus
Intentions initiales de la mesure
Allongement du temps de latence
-3,5%
-2,0%
-1,0%
-0,6%
Concernant Lexica, il faut dire quil est relativement cher (bien plus du
triple de NVivo7), quil est empreint dune culture quantitative et quil est
+10,2
%
+5,5
%
+5,3
%
+4,0
%
+3,7
%
+3,4
%
+2,9
%
31,7
%
21,3
%
-6,2%
-3,8%
-1,9%
-0,0%
263
264
Tableau 7
Comparaison entre Lexica et NVivo7
Lexica
Critres Miles et Huberman (1994)
Nvivo7
Codification
Oui (quantitatif et
qualitatif)
Recherche et extraction
Lexicale, codes
Inconnu
Difficile
Oui
Diagrammes, tableaux,
Concepteur de thorie
Autres critres
Temps dapprentissage
Aide lapprentissage
Long
Conseille
ncessaire)
Oui
6/10
+
(voire
Pas indispensable
Non
9/10
++
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Le recours un logiciel
Les logiciels ne sont que des outils qui peuvent servir dans une ou plusieurs
tapes du processus de recherche mais, aucun logiciel ne peut interprter les
donnes, cette tche reste rserve au chercheur (Van der Maren, 1997 ;
Bourdon, 2000). Nous avons pu constater que fondamentalement les dmarches
danalyses taient les mmes : les tches dorganisation des donnes sont
identiques et les tches danalyses gardent les mmes caractristiques (SavoieZajc, 2000). Ici il sagissait dune logique inductive de segmentation et de
265
266
toutefois ses avantages puisque le chercheur nest pas oblig de lire lcran,
vu quil a les donnes en main lorsquon les analyse.
Quelques lments doivent tre pris en compte lorsque lon recourt
un logiciel danalyses qualitatives de donnes dentretiens. Ainsi, il ne faut pas
sattarder des fonctions qui ne conviennent pas sa propre tradition de
recherche (Trudel & Gilbert, 1999) et ne pas se dsengager de lanalyse des
donnes, par exemple en faisant appel un assistant (Trudel & Gilbert, 1999 ;
Bourdon, 2000). De plus, il ne faut pas se limiter et prendre pour balise les
subdivisions des fonctions et de la dmarche danalyse la plus vidente car les
logiciels ne possdent pas une logique de dpart, cest le chercheur qui
limpose (Bourdon, 2000). Enfin, il sagit de ne pas reprendre
systmatiquement les procdures observes, par exemple, lors de la formation,
et de ne pas simaginer que le fait que le logiciel sache effectuer une opration
particulire implique que celle-ci est ncessairement une analyse approprie
la problmatique traite.
Discussion
Les analyses qualitatives de ltude montrent que le phnomne des abus existe
dans le chef de reprsentants des Ministres, du Patronat et du Salariat et que
cette ide semble tre le fruit de reprsentations relativement ngatives des
apprentis et des candidats apprentis. Une augmentation de lge semble tre
rejete pour contourner ce problme mais un allongement du temps de latence
semble tre plus souvent avanc pour ce faire. Alors que les Ministres, qui ont
les cartes en main pour trancher en la matire, demandent une valuation de la
situation avant de prendre une dcision dfinitive, les reprsentants du Salariat
et du Patronat questionnent les sources du phnomne des abus : le systme
scolaire initial. Les Ministres rappellent les intentions initiales de la mesure,
savoir le lifelong learning, linsertion sociale et la requalification des personnes
dans loptique de diminuer le taux de chmage des non- ou peu- qualifis, et
prtendent quune intervention au niveau de la limite dge et du temps de
latence aurait des rpercussions non ngligeables pour la mesure et irait
lencontre de ces intentions initiales. Certains intervenants trouvent que les
solutions classiques de laugmentation de lge et que lallongement du temps
de latence sont peu pertinentes et proposent par consquent de discuter de
solutions autres pour mettre mal les abus.
Cest l que lon doit invitablement recourir aux constats issus du
versant quantitatif de ltude valuative (Wanlin & Houssemand, 2006a,
2006b). Pour cette partie de ltude valuative nous avons analys les bases de
donnes des gestionnaires des Ministres et du Patronat. Ces bases de donnes
contiennent notamment les historiques professionnels, scolaires de prs de
267
1600 candidats. Lanalyse de ces donnes permet trois constats majeurs relatifs
laugmentation de lge, lallongement du temps de latence et enfin au
phnomne mme des abus.
laugmentation de lge limite dentre est peu pertinente : dune part,
elle sappuie sur un prsuppos erron selon lequel lge est un
indicateur fiable pour estimer les abus en regard du retard scolaire du
systme ducatif initial, et, dautre part, elle dtrousserait la mesure de
prs de 75 % de son public qui recherche en premier lieu une
qualification. De plus, elle ne tient pas compte de la ralit sousjacente lapprentissage pour adultes puisque les 18-22 ans y ont des
perspectives meilleures (analyse logistique, entre 46% et 54% des
chances de trouver un patron pour les sujets ges de 22 ans et mois et
entre 27% et 37% pour les plus de 22 ans; p<0,001) ;
laugmentation de la dure de la priode de latence est peu
souhaitable : cette solution peut ventuellement tre accepte, mais
nouveau, elle ferme la porte environ 16% des candidats (faisant partie
des candidats les plus jeunes) qui recherchent un meilleur devenir
professionnel. De plus, les probabilits dembauche sont galement
conditionnes selon la priode de latence : moins celle-ci est leve
plus les individus ont une chance de trouver un patron formateur (mais
elle doit tout de mme tre plus leve que 12 mois) ;
la conception mme du phnomne des abus repose sur un prsuppos
erron : seulement 1 % des situations observes cumulent lentiret
des critres dfinissant les abus (ces critres sont : avoir visit un
apprentissage lors de la scolarit initiale, avoir abandonn cet
apprentissage, avoir introduit sa demande dapprentissage sous le statut
adultes un an aprs avoir abandonn sa scolarit initiale
dapprentissage peu importe lge du candidat au moment dintroduire
la demande dentre dans le dispositif). De plus, les apprentis sont plus
motivs par lventualit dobtenir une qualification qui amliorera
leur devenir professionnel.
En dfinitive, lapprentissage pour adultes na jamais bifurqu de son
objectif premier doffrir une seconde chance de qualification des personnes
adultes.
Lexprience que nous avons mene nous a permis, pensons-nous, de
tirer plusieurs enseignements. Ces enseignements se situent deux niveaux,
dune part, au niveau des outils mthodologiques, et, dautre part, au niveau de
la dmarche mthodologique.
268
269
Notes
i
ii
iii
iv
270
nous ne pourrions pas y inclure une vrification statistique (2). Nanmoins, dans
notre cas, nous ne sommes pas autoriss prendre en compte cette statistique
puisque nous ne rpondons pas aux conditions idales de son utilisation. Nous la
fournissons titre dexemple uniquement.
Rfrences
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NVIVO7
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http://www.qsrinternational.com
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