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Hydraugéologie

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Bulletin de l'Institut Scientifique, Rabat, 1999-2000, n°22, pp. 71-80.

Etude hydrochimique des nappes de Témara et de la Chaouia côtière


(Meseta marocaine)
Fouad AMRAOUI
Mots-clés : Hydrogéologie, aquifères côtiers, hydrochimie, Témara, Chaouia côtière.

‫ﻣﻠﺨﺺ‬
.(‫ دراﺳﺔ هﻴﺪروآﻴﻤﻴﺎﺋﻴﺔ ﻟﻠﻄﺒﻘﺘﻴﻦ اﻟﻤﺎﺋﻴﺘﻴﻦ ﻟﺘﻤﺎرة واﻟﺸﺎوﻳﺔ اﻟﺴﺎﺣﻠﻴﺔ )اﻟﻬﻀﺒﺔ اﻟﻤﻐﺮﺑﻴﺔ‬.‫ﻓﺆاد اﻟﻌﻤﺮاوي‬
‫ وﺗﺒﻴﻦ دراﺳﺔ آﻴﻤﻴﺎء اﻟﻤﻴﺎﻩ ﻟﻠﻄﺒﻘﺘﻴﻦ أن ﺳﻠﻮآﻬﻤﺎ اﻟﻬﻴﺪروآﻴﻤﻴﺎﺋﻲ ﻳﺨﺘﻠﻒ ﻓﻲ‬.‫ﺗﺘﻮاﺟﺪ اﻟﻄﺒﻘﺘﺎن اﻟﻤﺎﺋﻴﺘﺎن ﻟﺘﻤﺎرة واﻟﺸﺎوﻳﺔ ﻓﻲ ﻣﻨﻄﻘﺔ ذات ﻣﻨﺎخ ﺷﺒﻪ ﺟﺎف‬
‫ وهﺬا ﺗﺤﺖ ﺗﺄﺛﻴﺮ‬،(‫ اﻟﻤﺮﻓﻮﻟﻮﺟﻴﺎ‬،‫ رﻏﻢ ﺗﻘﺎرﺑﻬﻤﺎ اﻟﺠﻐﺮاﻓﻲ وأوﺟﻪ اﻟﺘﺸﺎﺑﻪ )درﺟﺔ اﻟﺤﺮارة‬،‫ﻋﺪة ﻧﻘﻂ آﺎﻟﺴﺤﻨﺔ اﻟﻜﻴﻤﻴﺎﺋﻴﺔ وﻣﻘﺎدﻳﺮ اﻟﻌﻨﺎﺻﺮ اﻟﻜﺒﺮى‬
‫ وﻳﻤﻜﻦ هﺬا اﻟﺘﺤﻠﻴﻞ اﻟﻤﻘﺎرن ﻣﻦ‬.‫ وﻋﻤﻖ اﻟﻄﺒﻘﺎت وﻋﻼﻗﺘﻬﺎ ﻣﻊ اﻟﻤﻴﺎﻩ اﻟﺒﺤﺮﻳﺔ أو ﺗﻤﺎﺳﻬﺎ ﻣﻊ ﺗﺸﻜﻼت ﻣﻠﺤﻴﺔ‬،‫اﻟﻨﻮﻋﻴﺔ اﻟﺼﺨﺎرﻳﺔ ﻟﻠﺘﺸﻜﻼت اﻟﺠﻴﻮﻟﻮﺟﻴﺔ‬
.‫ﺗﻘﺪﻳﺮ ﺑﻌﺾ اﻟﻌﻮاﻣﻞ ذات اﻟﺒﻌﺪ اﻟﻤﺤﻠﻲ )اﻟﺠﻴﻮﻟﻮﺟﻴﺎ( أو اﻹﻗﻠﻴﻤﻲ )اﻟﻤﻨﺎخ( واﻟﺘﻲ ﺗﺴﻴﻄﺮ ﻋﻠﻰ آﻴﻤﻴﺎء اﻟﻤﻴﺎﻩ‬

RESUME
Les deux nappes côtières de Témara et de la Chaouia sont soumises à un climat semi-aride. L’analyse conjointe de la chimie de
l’eau des deux aquifères montre, que malgré leur proximité géographique et l’existence de quelques traits de ressemblance
(température, morphologie…), leur comportement hydrochimique diffère nettement sur certains points (faciès chimique,
teneurs absolues en éléments majeurs …), à cause de la nature lithologique des formations, de la profondeur des nappes sous le
sol, de leur relation avec la mer ou du contact de terrains salifères … Une telle analyse comparative a l’avantage de permettre
d’apprécier certaines influences d’ordre local (géologie), ou d’ordre régional (climat) sur l’acquisition de la chimie des eaux.

ABSTRACT
Hydrochemical study of the Temara and coastal Chaouia aquifer nappes (Moroccan Meseta). The Temara and Chaouia
nappes are located in a region of semi-arid climate. Comparative analysis of both aquifers shows that, despite their
geographical proximity ant the existence of some similarities (temperature, morphology..), their hydrochemichal behaviour is
clearly different in some aspects (chemical facies, absolute content of major elements…), because of the lithology of the
geological formations, the depth of the nappes and their relationships with the seawater or the contact with saliferous strata..
Such comparative analysis has the advantage of allowing one to estimate the local (geologic) and regional (climatic) influences
on the observed chemistry of the waters.

INTRODUCTION
L'analyse de la chimie des eaux constitue un Rabat Nappe de
complément indispensable à l'étude hydrogéologique Témara

des nappes et à la gestion des ressources en eau. Elle %

permet d'apporter de nombreuses informations sur le MEDITERRANEE

milieu aquifère, la nature de l'encaissant, les zones


E
U
IQ

d'alimentation et de circulation, la potabilité des


T
N

eaux, etc. MAROC


A
L
T
A

L'hydrochimie des nappes a été étudiée depuis


N
A

Casablanca
E

longtemps par un grand nombre d'auteurs


C
O

(SCHOELLER, 1962). Cependant, l'étude comparative


%

0 400
de deux aquifères proches soumis aux mêmes Km Nappe de
la Chaouia
conditions climatiques, mais possédant chacun
certains caractères géologiques propres, est une
démarche originale qui pourrait s'avérer fructueuse 0 20
pour une meilleure connaissance des nappes. Km

SITUATION GEOGRAPHIQUE Figure 1. Carte de situation des nappes de Témara et de la


ET GEOLOGIQUE Chaouia.

La région étudiée fait partie de la Meseta côtière littoral. Le climat est de nature semi-aride avec une
(Fig. 1), ensemble de bas plateaux inclinés vers le tendance vers le climat tempéré dans l'extrême nord.

Amraoui, F. (1999). Etude hydrochimique des nappes de Témara et de la Chaouia côtière (Meseta marocaine). Bulletin de l'Institut
Scientifique, n°22 (1999-2000), pp. 71-80.
Dépôt légal 36/1984 ISSN : 0253-3243
72 F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia

Située juste au sud de Rabat, la nappe de Témara par des marnes miocènes, puis par des formations
couvre une surface de 350 km2. C'est une unité bien plio-quaternaires (MILLIES LACROIX, 1974), alors que
individualisée, limitée au NE et à l'est par l'oued Bou pour la Chaouia, des lambeaux de Crétacé (partie
Regreg et son affluent l'oued Akreuch, au sud et au SW) surmontent le Paléozoïque, et l'ensemble est
SW par l'oued Ykem, et au NW par l'océan fréquemment recouvert par des terrains pliocènes et
Atlantique. Plus au sud, la grande partie de la quaternaires peu épais (LECOINTRE & GIGOUT, 1949).
Chaouia côtière s'étend de Casablanca à l'oued Oum La nappe de Témara se développe principalement
Er Rbia (Azemmour), sur une distance de 65 km et dans des calcarénites plio-quaternaires et au niveau
une largeur de l'ordre de 15 km, soit une surface de des schistes primaires dans la partie SW. Quant à la
quelques 1000 km2. nappe de la Chaouia, de nature plus hétérogène, elle
Les deux régions se caractérisent par la présence est contenue à la fois dans les formations gréso-
d'un Paléozoïque à prédominance schisteuse calcaires du Plio-Quaternaire, dans les marno-
fortement tectonisé. Pour la nappe de Témara, les calcaires du Cénomanien et dans les terrains
formations primaires sont surmontées en discordance primaires schisteux, gréseux et quartzitiques (Fig. 2).

COUPES SCHEMATIQUES DE BOU-REGREG A L'OCEAN ET A O. YKEM


Oued SE
NW Suissi Bou-
Régreg
150
100
Océan
50
0

0 0.5 1
Km

SW NE
Oued Témara Suissi Oued
Ykem Bou- 100
Régreg
50

0 1 2
Km
For mation calco-gréseuse Plio-Quaternaire

Marnes miocènes à bancs g réseux à la base

Schistes primaires

Niveau piézom étr ique


A

COUPE LITHOLOG IQUE AU NIVEAU DU LITTORAL ENTRE CASABLANCA ET AZEMMOUR

SW NE
1382 12 05 996 99 0 13 43 67 0 1337 335 112 9
0 0

20 20

40 40

60 60
Plio-Quaternaire
80 80
Cenomanien

0 3
Schistes primaires
6
Km
Echelle
Psammites primaires

B Niveau piézométrique

Figure 2. Coupes lithologiques au niveau des nappes de Témara (A) et Chaouia (B).
F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia 73

PRESENTATION ET CRITIQUE avec un coefficient de corrélation de 0,99. On peut


DES DONNEES considérer les données comme fiables tout au moins
en ce qui concerne l'aspect analytique.
Afin de caractériser les deux nappes sur le plan
hydrochimique, une analyse statistique portant sur les Les valeurs des résidus secs en g/l ont été
données chimiques a été faite. Les données collectées obtenues en multipliant par un facteur 0,67 pour
et traitées (DRPE, 1987), sont exposées ci-après. Témara et 0,64 pour la Chaouia (pentes des droites
de régression entre les conductivités électriques à
NAPPE DE TEMARA 25 °C et résidus secs des analyses totales).
Les nombreuses analyses chimiques disponibles
* 266 analyses (ions majeurs) effectuées entre 1962 sur la nappe de Témara présentent l'inconvénient
et 1987, dont 70 % pour les seules années 1971 et d'être asynchrones, mais presque toutes ont été faites
1987 et toutes faites en période de basses eaux. La
en période de basses eaux ; elles sont donc
répartition spatiale des données n'est pas homogène, représentatives de cette période.
mais la densité moyenne est assez importante (3
analyses/4 km2).
INTERPRETATION HYDROCHIMIQUE
* 127 mesures de conductivité électrique de l'eau, GENERALE
faites en avril 1987, couplées à celles des
profondeurs de la nappe. Le traitement statistique sur l'ensemble des
données chimiques des eaux des deux nappes, permet
NAPPE DE LA CHAOUIA de dégager les résultats suivants.

* 136 analyses effectuées en mars 1971. La TENEURS ABSOLUES EN ELEMENTS


répartition spatiale est homogène et la densité MAJEURS (Fig. 3)
moyenne est de 1 analyse/7 km2.
La concentration en un élément donné pour une
* 238 mesures de conductivité électrique faites au certaine fréquence relative est systématiquement plus
mois d'août 1986, couplées à celles des profondeurs élevée pour la nappe de la Chaouia que pour Témara.
de la nappe. Par conséquent, les eaux de la Chaouia sont
Les balances ioniques ont été systématiquement beaucoup plus chargées que celles de la nappe plio-
vérifiées pour les analyses totales (< 5 %). La quaternaire de Témara. Le tableau I résume les
corrélation linéaire entre la somme des ions en me/l teneurs moyennes en éléments majeurs des deux
et la conductivité électrique à 25 °C est très bonne nappes exprimées en me/l.
Tableau I : Teneurs moyennes des ions majeurs des deux nappes

Nappe Cl HCO3 SO4 Na Ca Mg Total


Témara teneur 3,9 4,1 0,8 3,9 4 2,5 19,2
% 20 22 4 20 21 13 100
Chaouia teneur 25,4 5,6 4 20,9 8,5 6,6 71
% 36 8 6 29 12 9 100

L'abondance des ions diffère d'une nappe à nappes. Quelques valeurs extrêmes éliminées (5 %)
l'autre ; à Témara, quatre ions de presque la même correspondent en général à des anomalies liées à des
importance dominent : les bicarbonates et les particularités géologiques. Suivant la classification
chlorures pour les cations, et le calcium et le sodium de WATERLOT relative à la potabilité, l'eau de la
pour les anions ; par contre, les eaux de la Chaouia se nappe de Témara est d'une qualité bonne à passable,
caractérisent par la prédominance des chlorures et du alors que celle de la Chaouia est d'une qualité
sodium. passable à mauvaise. Le tableau II résume les
résultats obtenus.
CARACTERISTIQUES GENERALES DES EAUX
(Fig. 4) FACIES HYDROCHIMIQUE DES EAUX (Fig. 5)
L'amplitude de variation des teneurs absolues en Le tableau III résume la fréquence des faciès
éléments majeurs a été déterminée pour les deux chimiques mis en évidence à travers les deux nappes.
74 F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia

Figure 3 : Fréquences cumulées des teneurs absolues en ions majeurs des nappes de Témara et de la Chaouia.

Eaux de la nappe de Témara Eaux de la nappe de la Chaouia


10000 10000

Teneurs Teneurs
(mg/l) (mg/l)

1000 1000

100 100

10 10

1 1
Ca Mg Na + k Cl SO4 HCO3 Ca Mg Na + k Cl SO4 HCO3

Figure 4 : Enveloppes de variation des teneurs en éléments majeurs dans les nappes de Témara et de la Chaouia.

Alors que le faciès chloruré sodique est de loin le CARTES DES CHLORURES (Fig. 6)
plus représentatif de la nappe de la Chaouia, celle de
Les teneurs élevées en chlorures dans la partie
Témara regroupe quatre faciès relativement
SW de la nappe de Témara en bordure de mer,
importants, avec une prédominance de la famille
peuvent être mises en relation avec les affleurements
bicarbonatée calcique, témoignant de l'importance
des calcaires massifs dévoniens, tectonisés et faillés,
des formations carbonatées dans l'aquifère.
facilitant une contamination locale par l'eau de mer.
F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia 75

Tableau II : Amplitudes de variation des teneurs en éléments majeurs des nappes de Témara et de la Chaouia.

Nappe Ion Cl HCO3 SO4 Ca Na Mg


Min 70 120 15 50 45 8
Témara teneur Moy 140 250 40 80 90 30
mg/l Max 400 400 90 120 200 55
Min 170 220 50 80 100 25
Chaouia teneur Moy 900 340 190 170 480 80
mg/l Max 2000 480 400 400 900 175

Tableau III : Fréquences des faciès chimiques des nappes de Témara et de la Chaouia.

Faciès HCO3 – Ca Cl - Na HCO3 – Na Cl - Ca Cl - Mg HCO3 - Mg


Témara 45 % 22 % 16 % 15 % 2% 0%
Chaouia 4% 86 % 2% 5% 2% 1%

alors qu'à l'extrême NE, dans les terrasses du lit du INTERPRETATION DE LA


Bou-Regreg, les teneurs élevées seraient en relation DIFFERENCIATION HYDROCHIMIQUE
avec le contact des sols salins.
La différenciation hydrochimique mise en
Pour la nappe de la Chaouia, des teneurs
évidence entre les deux nappes peut s'interpréter par
anormalement élevées atteignant 4 g/l sont localisées
des influences majeures, qui sont par ordre
particulièrement à l'ouest de Bir Jédid. Elles seraient
d’importance : géologique, climatique et anthropique.
en relation avec la faible profondeur de la nappe, qui
favorise les fortes évaporations et donc la
concentration en sels. De plus, le recyclage de l'eau CONTEXTE GEOLOGIQUE
par l'irrigation rend celle-ci de plus en plus chargée La nature géologique des terrains est responsable
(BENTAYEB, 1972). en grande partie des variations de la composition
chimique des eaux. Plusieurs spécificités propres à
CARTES DES RESIDUS SECS (Fig. 7) chaque nappe peuvent être avancées pour expliquer
en grande partie les fortes minéralisations des eaux
Pour Témara, le résidu sec dépasse rarement le
de la Chaouia par rapport à Témara.
seuil de 1 g/l. La contamination locale mise en
évidence par la carte des chlorures dans la partie SW
en bordure de l'océan se confirme. Les eaux de la Nature lithologique des formations aquiferes
Chaouia quant à elles sont beaucoup plus chargées, Alors que la nappe de Témara se développe
avec un résidu sec qui varie entre 0,3 et 5,5 g/l. Le presque exclusivement dans les calcaires gréseux, les
secteur SW où la nappe se développe dans les marno- eaux de la Chaouia circulent, suivant les secteurs,
calcaires est le moins minéralisé, alors que la région dans des formations gréso-calcaires du Plio-
à l'ouest de Bir Jédid et certains secteurs plus Quaternaire, dans les marno-calcaires du
localisés, présentent des eaux extrêmement chargées. Cénomanien et dans les terrains primaires surtout
Les différentes zones à résidu sec élevé se schisteux, gréseux et quartzitiques.
superposent à quelques détails près aux zones à fortes Les schistes, grâce à leur grande surface de
teneurs en chlorures. contact eau–roche et à leur lente circulation, ont en
Le traitement statistique des données (Fig. 7), général un résidu sec élevé. On comprend donc que
confirme la plus grande minéralisation des eaux de la les eaux de la Chaouia soient particulièrement
Chaouia par rapport à Témara. La minéralisation plus chargées. En terrain calcaire, la dissolution des
élevée de la nappe de la Chaouia est carbonates est limitée par la pression de CO2, et la
vraisemblablement liée à la faible profondeur de la vitesse de dissolution dépend de la nature de ces
nappe. calcaires. La circulation de l'eau se fait
76 F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia

NAPPE DE TEMARA
O
CAR TE DES FAC IES C HIMIQUES .B
Rab at ou
E -R
U eg
IQ re
g
T
N
A
L
T
A

N
A
E
C
O

h
uc
re
Ak
ed
0u
O. Ykem

Echelle
0 3
Km

Eau chlorurée s odique (86 %) NAPPE DE LA CHAOUIA


Eau ch loru rée c alcique (5 % )
Eau bicarbo naté e calcique (4 % )
CARTE DES FACIES CHIMIQ UE S
Eau bicarbo naté e sodique ( 2 %)
Eau chlorurée m agn ésienne (2 % )
Eau bicarbo naté e magnétique (1 %)
O C E A N A T L A N T I Q U E

O.
Ou
m
R'
bi
a

0 5
Km
Echelle

Figure 5 : Cartes des faciès chimiques des nappes de Témara (en haut) et de la Chaouia (en bas).
F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia 77

NAPPE DE TEMARA
O
CAR TE DES CH LORURES .B
Rabat ou
E -R
U eg
Cl < 0.5 g/l IQ re
g
T
N
0.5 < CL < 1 g/l A
L
T
A
Cl > 1 g/l

N
A
E
C
O

h
uc
re
Ak
ed
0u
O. Ykem

Echelle
0 3
Km

NAPPE DE LA CHAOUIA
Cl < 1 g/l
CARTE DES CHLORURE S ( Mars 71)
1 < C l < 2 g/l

Cl > 2 g/l

O C E A N A T L A N T I Q U E

O.
Ou
m
R'
bi
a

0 5
Km
Echelle

Figure 6 : Cartes des chlorures dans les nappes de Témara (en haut) et de la Chaouia (en bas).
78 F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia

NAPPE DE TEMARA
O
CARTE DES RESIDUS SECS .B
(Avril 87) Rabat ou
E -R
U eg
RS < 1 g/l IQ re
T g
N
1 < RS < 2 g/l A
L
T
A
RS > 2 g/l

N
A
E
C
O

h
uc
re
Ak
ed
0u
O. Ykem

Echelle
0 3
Km

RS < 1 g/l NAPPE DE LA CHAOUIA


1 < RS < 2 g/l CARTE DES RESIDUS SECS (Août 86)
2 < RS < 3 g/l

RS > 3 g/l

O C E A N A T L A N T I Q U E

CASABLANCA

O.
O um
R'
bi


a

0 5
Km
Echelle

Figure 7 : Cartes des résidus secs dans les nappes de Témara (en haut) et de la Chaouia (en bas).
F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia 79

essentiellement par fissures. Les surfaces d'attaque Evaporation


sont en général réduites par rapport au volume d'eau L'action de l'évaporation est particulièrement
circulant, le résidu sec est faible. C'est le cas des nette sur la composition chimique des eaux. Par
calcarénites de Témara et des marno-calcaires de la évaporation, la concentration des chlorures et des
Chaouia. sulfates et par là le résidu sec de l'eau contenue dans
la couche superficielle du sol augmente. Cette eau
Sols plus ou moins renouvelée des profondeurs à la
surface par capillarité, amène une véritable ascension
La production de CO2 est en relation avec la vie
des sels.
dans le sol, plus cette production est élevée, plus les
attaques chimiques le sont aussi et par conséquent la Les deux régions étudiées se caractérisent par une
concentration en HCO3 sera grande. Comme la nature période pluvieuse en hiver, où les mouvements
et le degré de développement des sols sont souvent descendants de l'eau prédominent et par une période
liés à la géologie régionale, ce facteur est à prendre sèche en été, où les pluies estivales ne parviennent
en considération pour justifier la différence de pas aux nappes.
comportement hydrochimique des eaux entre les La température mensuelle moyenne pour la
deux régions. période 1961-1975 (15 ans) à la station de
Casablanca est toujours légèrement supérieure à celle
Nature et géométrie du réservoir relevée à la station de Rabat, mais l'écart ne dépasse
jamais 0,4 °C, ce qui est insignifiant. Les durées
Alors que la nappe de la Chaouia a un substratum d'insolation annuelles relatives aux deux stations sont
constitué de schistes primaires, dont les eaux à son aussi très comparables.
contact sont très minéralisées, les eaux de la nappe
plio-quaternaire de Témara sont isolées des schistes Ces observations poussent à ne pas retenir ce
(sauf dans la partie SW) par la formation marneuse facteur d'élévation de température comme l'une des
miocène. A cause du faible nombre de sondages de causes responsables de la différenciation chimique
reconnaissance qui existent sur les bandes côtières entre les eaux des deux nappes, seulement
des deux nappes, on connaît mal la topographie du l'importance des phénomènes d'évaporation est
substratum à ce niveau et par conséquent, on ne peut d'autant plus grande que la profondeur de la nappe est
délimiter des secteurs plus ou moins vulnérables à faible et les conditions climatiques sévères.
une pollution marine. La figure 9 montre que dans l'ensemble, la nappe
de la Chaouia est souvent plus proche de la surface et
INFLUENCE CLIMATIQUE donc a priori plus sujette aux phénomènes
Précipitations d'évaporation, d'autant plus qu'elle est moins arrosée
et à climat plus aride que la nappe de Témara.
Le régime pluviométrique joue un rôle
prépondérant dans l'hydrochimie par le lessivage des INFLUENCE ANTHROPIQUE
terrains. Plus la pluviométrie est forte, plus la
dilution des sels restants passant en solution est Les activités humaines, notamment les rejets
grande. domestiques et industriels, et les pratiques agricoles
La figure 8 montre l'importance des pluies peuvent influer localement sur la qualité chimique de
relevées à la station de Rabat (nappe de Témara) et à l’eau de la nappe. Dans le cas d'un assainissement
la station de Casablanca (nappe de la Chaouia). Une collectif ou individuel défectueux, des substances
bonne corrélation apparaît entre les deux stations, indésirables contenues dans les eaux ménagères
mais avec une lame d'eau moyenne interannelle peuvent être transférées à la nappe (matières
établie sur 35 ans (1951-1985) plus importante à la organiques, détergents, solvants, antibiotiques,
station de Rabat (561 mm), qu'à la station de micro-organismes...). Le cas se produit avec les puits
Casablanca (434 mm). perdus, l'assainissement individuel avec infiltration
dans le sol mal conçue ou mal dimensionnée... Les
L'influence de la latitude permet d'expliquer, au ordures ménagères accumulées dans des décharges
moins en partie, la meilleure qualité de l'eau de la sauvages libèrent également des lixiviats riches en
nappe de Témara par rapport à celle de la Chaouia, polluants. Les pratiques actuelles des cultures et de
dans la mesure où l'importance relative de la pluie l'élevage influencent fortement le régime et la qualité
permet un meilleur lessivage des terrains et une plus des eaux. L'utilisation massive des engrais et des
grande dilution des sels. produits chimiques de traitement des plantes rend
80 F. Amraoui – Hydrochimie de nappes de Témara et de la Chaouia

900
Pluie
800 (mm)
700
600
500
400
300
200 Rabat-Salé
100 Casa-Anfa

0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985

Figure 8 : Pluviométrie interannuelle des stations de Casablanca et de Rabat.

Fréquence
Fréquence
cumulée (% )
100 cumulée (% ) 100
TEMARA
80 CHAOUIA 80

60 60

40 40

20 20
Prof ondeurs (m) Résidus secs (g/l)
0 0
10 20 30 40 50 60 1 2 3 4 5 6

Figure 9 : Fréquences cumulées des profondeurs et des résidus secs des deux nappes.

impropres à la consommation humaine les eaux de pouvoir apprécier la part des différentes influences
souterraines. sur la chimie de l'eau.

CONCLUSIONS REFERENCES
AMRAOUI, F. (1988) - Apports de l'analyse hydro-
L'importance de la minéralisation des eaux de la géologique comparative, exemples des nappes de
Chaouia par rapport à Témara trouve en grande partie Témara et de la Chaouia côtière. Thèse de 3ème cycle,
son explication dans la nature géologique des Univ. Sci. Techn. Languedoc, Montpellier, France.
terrains, qui influe fortement sur la composition BENTAYEB, A. (1972) - Etude hydrogéologique de la
chimique des eaux. D’autres facteurs de moindre Chaouia côtière. Thèse de 3ème cycle, Univ. Sci. &
importance peuvent être avancés, notamment Techn. Languedoc, Montpellier, France.
D.R.P.E. (1987) - Données hydrochimiques et climatiques
l’activité humaine (rejets domestiques, décharges,
de la région côtière entre Rabat et Azemmour. Rapport
rejets industriels, pratiques agricoles..), et la zonalité inédit, Rabat.
climatique qui est fonction du degré d'aridité, se LECOINTRE, G. & GIGOUT, M. (1949) - Carte
caractérisant par des concentrations et des dilutions géologique provisoire des environs de Casablanca
plus ou moins grandes des eaux (la Chaouia est (1/200 000) et notice explicative.
moins arrosée que Témara, elle est plus touchée par MILLIES LACROIX, A. (1974) - Carte géotechnique de la
les phénomènes d'évaporation et elle est plus sensible zone de Rabat (1/50 000). Notes & Mém. Serv. géol.
à l'effet de la température, en raison de sa faible Maroc, 238.
profondeur). SCHOELLER, H. (1962) - Les eaux souterraines. Masson,
Paris.
Il serait intéressant d'étendre ce genre de démarche
Manuscrit reçu le 27 janvier 1999
comparative à un plus grand nombre de nappes, afin

Adresse de l'auteur : Laboratoire d’Hydrogéologie, Faculté des Sciences Ain Chock. Casablanca, Km 8, route d’El Jadida.
BP 5366 Maarif. Casablanca, Maroc. E.mail : amraoui_f@hotmail.com.

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