Chapitre 1-Topologie
Chapitre 1-Topologie
Chapitre 1-Topologie
MAHDIOUI
Ce polycopié expose le cours de l’espace vectoriel normé destiné aux étudiants de la deu-
sième année des classes préparatoires ( Ecole Nationale des Sciences Appliquées (ENSA)
d’Agadir). L’objectif de ce travail est de présenter dans un carde général, des notions de to-
pologie (dont certaines ont été acquises dans Rn ) et d’approfondir des méthodes et concepts
utiles en Analyse, Analyse numérique et Optimisation. L’accent est mis sur les espaces mé-
triques, espaces vectoriels normés, aux notions des suites et séries dans les espaces de Banach
et espaces de Hilbert.
Pour une bonne compréhension de ce cours, des exemples importants, des commentaires
et des exercices sont mises dans chaque chapitre.
Nous attirons l’attention des étudiants sur le fait que ce document ne peut
se substituer aux cours magistraux et ne peut, en aucun cas, les dispenser
d’assister régulièrement à ces cours.
Par :
| H. MAHDIOUI |
Nous introduisons dans ce chapitre les notions de distances et normes, de suites et sé-
ries convergeantes de vecteurs, d’applications linéaires continues et de spectre d’opérateurs
linéaires bornés. Nous montrons le théorème de Riesz, l’équivalence des normes dans les
espaces de dimension finie, la formule de Neumann et nous présentons un grand nombres
d’exemples classiques d’espaces de Banach. Les résultats et notations du présent chapitre
sont les plus standarts et seront largement utilisées dans les chapitres suivants.
La notion de distance est introduite par Fréchet en 1905. Elle généralise à différents es-
paces la notion de proximité que Von exprime dans IK ou C par la valeur absolue ou le
module et elle rapproche notre intuition de celle que nous avons dans l’espace qui nous en-
vironne. Elle permet surtout de traiter l’étude de la convergence uniforme indispensable en
analyse fonctionnelle. On doit au mathématicien allemand Félix Hausdorff, en 1914, la défini-
tion actuelle d’espace métrique. Ceci Vinspirera pour définir la notion plus générale d’espace
topologique.
2
CHAPITRE 1. DISTANCES, NORMES, ESPACES : MÉTRIQUES ET VECTORIELS
NORMÉS. H. MAHDIOUI
Remarque Importante :
Si une distance d ne vérifie pas (P5 ), mais satisafaite à la propriété suivante :
et les autres inégalités obtenues par permutation circulaire de A, B etC, sont des inégalités bien
connues entre les longueurs des côtés d’un trianges.
Exemple. (Important)
— Soit E = R. L’application d définie par :
La fonction δ ainsi définie représente la longueur de l’arc de cercle unité entre u et v. Il est alors
clair que δ est une distance.
Démonstration : ∀u, v, w ∈ E, on a :
D’où
d(u, w) − d(v, u) ≤ d(u, v) et d(v, w) ≤ d(v, u) + d(u, w) = d(u, v) + d(u, w),
Démonstration : La démonstration se fait par récurrence. Le résultat est vrai pour les trois
points u1 , u2 , u3 , d’après (P5 ). Supposons-le vrai pour p points et démontrons le pour (p+1)
points.
En utilisant (P5 ), on a
d(u1 , up+1 ) ≤ d(u1 , up ) + d(up , up+1 )
et donc
p−1 p
X X
d(u1 , up+1 ) ≤ d(uk , uk+1 ) + d(up , up−1 ) = d(uk , uk+1 )
k=1 k=1
■
Exemple. (Important)
Soient E et F deux ensembles et soit f : E → F une application injective. On suppose donnée une
distance d sur F . La forme :
δ(u, v) = d[f (u), f (v)].
définit une distance δ sur E, appelée distance transportée par f (de F sur E). En effet :
∀u ∈ E : δ(u, u) = d[f (u), f (u)];
∀u, v ∈ E : δ(u, v) = d[f (u), f (v)] = 0;
δ(u, v) d[f (u), f (v)] = 0 ⇒ f (u) = f (v)
⇒ u = v car f est injective
∀u, v ∈ E : δ(u, v) = d[f (u), f (v)] = d[f (v), f (u)] = δ(v, u);
Pour l’inégalité triangulaire, on a :
∀u, v, w ∈ E : δ(u, v) = d[f (u), f (v)] ≤ d[f (u), f (w)] + d[f (w), f (v)] = δ(u, w) + δ(w, v).
Par exemple, toute fonction strictement monotone φ : IR → IR définit une distance dφ sur R
par :
dφ (u, v) = |φ(u) − φ(v)|.
-Or φ : IR → IR, donc φ est injective, et d’après ce qui précéde l’application dφ (u, v) = |φ(u) −
φ(v)| définit une distance.
Ainsi u 7→ φ(u) = u3 , u 7→ φ(u) = arctan(u), ...etc
Exemple. (Important)
Adjoignons à IR les deux symboles −∞ et +∞.( avec, pour tout x réel : −∞ < x < +∞) pour
obtenir la droite étendue E = IR (notation classique).
On munit souvent E de la distance :
x
d(x, y) = |φ(x) − φ(y)| où φ (x) =
1 + |x|
φ(−∞) = −1
φ(+∞) = +1
On peut tout aussi bien considérer la fonction ψ(x) = arctan(x) prolongée par
−π π
ψ(−∞) = et par ψ(+∞) = .
2 2
Il suffit d’après l’exemple 4, de vérifie que les fonction φ et ψ sont des applications injectives de IR
dans IR
— φ est bijective de IR sur [−1, +1], d’inverse :
u
φ−1 (u) = si u ∈] − 1, +1[
1 − |u|
Exemple. Soit E = Rn "usuel" muni de la distance enclidienne d. Soit, par exemple, le sous-ensemble
F de Rn suivant :
δ(u, v)
∀u ∈ E, ∀v ∈ E : avec u ̸= v : c≤ ≤ C.
d(u, v)
Exemple. ..
Sur E =IR, la distance usuelle d(x, y) = |x−y| et la distance discrète δ ne sont pas équivalentes.
En effet, supposons par l’absurde qu’il existe c > et C > 0 tels que pour tous x, y de IR, on a
1
Faisons x = 0 et y = n
(n entier ≥ 1). L’inégalité à gauche donne :pour tout n ≥ 1
1 1
c.δ(0, ) = c × 1 ≤
n n
Si on fait tendre n vers +∞ au aura que c ≤ 0. Absurde.
De même pour l’inégalité à droite, en faisant x = 0 et y = n : n ≤ C.δ(0, n) = C.
Si on fait tendre n vers +∞ au aura que C = +∞ ce qui est impossible.
Alors la distance usuelle d(x, y) = |x − y| et la distance discrète δ ne sont pas équivalentes.
Exemple. Considérons un cercle E de centre O et de rayon r. Pour u et v deux points de cercle, posons
Remarque importante :
Puisque, par définition, ρ > 0, les boules fermés et ouvertes ne sont pas vides car elles
contiennent au moins leurs centre. Par contre, une sphère peut être vide.
Définition 1.1.6. Soit (E, d) un espace métrique et soit A une partie non vide de E. Pour tout u ∈ E
on note d(u, A) et on appelle distance de u à A le nombre réel ≥ 0 :
Démonstration :
C’est une généralisation de la seconde inégalité triangulaire qu’on retrouve si on considère
A = {w}, w ∈ E. D’où ∀u ∈ E, ∀v ∈ E, ∀a ∈ A, on a
d’où
d(u, A) = inf d(u, a) ≤ d(u, a) ≤ d(u, v) + d(v, a)
a∈A
et
d(u, A) − d(u, v) ≤ d(v, a).
D’où finalement
|d(u, A) − d(v, A)| ≤ d(u, v).
Définition 1.1.7. On appelle le diamètre d’une partie A d’un espace métrique (E, d) la plus grande
valeur ( éventuellement infinie) qui puisse être prise par d sur A × A :
2. Si f est une applicaiton d’un ensemble X à valeurs dans l’espace métrique (E, d), on
dit que l’application f est bornée, si la partie f (X) est bornée.
Définition 1.1.8. Soit (E, d) un espace métrique et soit A une partie de E ; On appelle adhérence
de A et on note adh(A) le sous ensemble de E défini par :
adh(∅) = ∅, et adh(E) = E.
En plus
∁B
E est le complémentaire de B par rapport à E.
Dans tout ce qui suit nous supposons que E est un espace vectoriel sur le corps K, avec K = R
ou C.
1.2.1 Normes
Définition 1.2.1. Soit N une application de E à valeurs dans R+ , N : E → R+
On dit que N est une norme sur E si pour tout x, y ∈ E et tout λ ∈ K :
N (u + v) ≤ N (u) + N (v).
Lorsque N est une norme sur E, on dira que (E, N ) est un espace vectoriel
normé (en abrégé e.v.n).
Nous noterons N (x) =∥ x ∥ si aucune confusion n’est à craindre.
Pr: H. MAHDIOUI page 11 ENSA-S3 - (2023-2024)
CHAPITRE 1. DISTANCES, NORMES, ESPACES : MÉTRIQUES ET VECTORIELS
NORMÉS. H. MAHDIOUI
Commentaires :
— Contrairement au paragraphe précédent, E désigne ici un espace vectoriel (réel ou
bien complexe) et non un ensemble quelconque ! ! ! !
La notion de norme est beacoup plus spécialisée que celle de distance.
— Les seules difficultés de vérification des axiomes d’une normes sont (P5 ), parfois très
difficile à prouver, et (P3 ) parfois non trivial.
— Question de notation :
Le plus souvent, on note pas une norme avec une lettre N . Mais plutôt avec un signe
rappelant la valeur absolue et le module.
En général, on note une norme par ∥ • ∥, parfois simplement | • |.
Définition 1.2.2. [Distance associée à une norme] Soit E un espace vectoriel sur K, et soit ∥ · ∥
une norme sur E. On associe à cette norme, de manière natrelle, une distance d sur E par la formule :
∀u ∈ E, ∀v ∈ E : d(u, v) := ∥u − v∥.
d(u, v) = 0 ⇒ ∥u − v∥ = 0 ⇒ u − v = 0 ⇒ u = v
d(v, u) = ∥v − u∥ = ∥u − v∥ = d(u, v)
d(u, v) =∥ u − v ∥=∥ u − w + w − v ∥≤∥ u − w ∥ + ∥ w − v ∥= d(u, w) + d(w, v).
d est effectivement une distance sur E.
Preuve (T.D)
Preuve (T.D)
Définition 1.3.2. Deux normes sur un même espace vectoriel E seront dites équivalente si les deux
distances associées sont équivalentes.
C-à-d : ∥ · ∥ et ∥| · ∥| sont équvalentes si et seulement si : il exsite c > et C > 0 tels que :
Exemple. Soit n ∈ IN ∗ , considérons pour tout x = (x1 , ..., xn ) de IK n , les réels ∥x∥1 , ∥x∥2 et ∥x∥∞
définis par :
n n
! 21
X X
∥x∥1 = |xk |, ∥x∥2 = |xk |2 , ∥x∥∞ = max |xk |.
1≤k≤n
k=1 k=1
• On peut écrire :
n
X
∥x∥1 ≤ ∥x∥∞ = n.∥x∥∞ .
k=1
Donc :
∀x ∈ IK n , ∥x∥∞ ≤ ∥x∥1 ≤ n.∥x∥∞ .
n
! 12 v
u n
X uX √
∥x∥2 = |xk |2 ≤t ∥x∥2∞ = n∥x∥∞ .
k=1 k=1
• On en déduit : ∀x ∈ IK n :
1
∥x∥1 ≤ ∥x∥∞ ≤ ∥x∥2
n
√ √
≤ n∥x∥∞ ≤ n∥x∥1
Les normes ∥x∥1 et ∥x∥2 sont donc équivalentes.
Exemple. Soit E = C([a, b], IR) l’espace vectoriel réel de toutes les fonctions f : [a, b] → R qui sont
continues sur [a, b](a < b). Les normes classiques sur l’espace C([a, b], IR) sont :
Z b
Norme de la moyenne : ∥f ∥1 := |f (t)|dt
a
Z b 21
2
Norme de la moyenne quadratique : ∥f ∥2 := |f (t)| dt
a
(T.D) :Il est facile de démontrer qu’il existe c et C réels > 0 tels que :
∀f ∈ E, ∥f ∥1 ≤ c.∥f ∥2 ≤ C.∥f ∥∞ .
Exemple. Soit I un ouvert non vide de R et soit Cb (I, R) l’ensemble de toutes les fonctions numé-
riques continues bornées sur I. On définit sur Cb (I, R) l’application
On vérifie aisément que ∥ · ∥∞ est une norme sur Cb (I, R). Cette norme est appelée la norme de la
convergence uniforme.
i=n 12
2
P
∥x∥2 = |xn |
i=1
Ces trois applications sont des normes sur E. De plus E muni de l’une quelconque de ces normes
est un espace vectoriel normé.
On peut aussi définir sur E = Rn ou Cn , p ≥ 1 la norme
i=n
! p1
X
x 7→ ∥x∥p = |xi |p .
i=1
Soit E un espace vectoriel normé. Pour tout a ∈ E, r > 0 les ensembles B(a, r), B(a, r) et
B(a, r) = {x ∈ E, ∥x − a∥ ≤ r}
S(a, r) = {x ∈ E, ∥x − a∥ = r}.
Définition 1.3.3. Un sous-ensemble U de E est dit ouvert dans (E, d) s’il est vide ou si pour tout
a ∈ U , il existe r > 0 tel que
B(a, r) ⊂ U.
L’ensembles des ouverts de E est une topologie sur E dans le sens suivant.
2. Toute intersection d’un nombre fini d’ensembles ouverts de E est un ensemble ouvert dans E.
On verifie que B(a, r) est fermée et que B(a, r) = {x ∈ E, d(a, x) < r} est un ensemble ouvert de E.
Les propriétés ci-dessus seront démontrées dans le cadre plus générale des espaces mé-
triques (en exercices). Comme pour toute espace métrique, la topologie d’un e.v.n est sé-
r r
parée. En effet, si x ̸= y, r = d (x, y) ̸= 0 alors les boules B(x, ) et B(y, ) sont ouvertes,
2 2
disjointes et contienent respectivement x et y.
1.4 Exercices
Exercice 1.1. Soit d une fonction définie sur le produit cartisien E × E à valeur dans IR+ vérifiant
les propriétés suivantes :
1. ∀u ∈ E, d(u, u) = 0 ;
2. ∀u ∈ E, ∀v ∈ E, si d(u, v) = 0 ⇒ u = v ;
Exercice 1.2. Soit E un ensemble des polynômes de degré ≤ 2. Pour P (x) = ax2 + bx + c et Q(x) =
a′ x2 + b′ x + c′ dans E on pose
d(P, Q) = 3 si a ̸= a′
d(P, Q) = 2 si a = a′ et b ̸= b′
d(P, Q) = 1 si a = a′ et b = b′ c ̸= c′
d(P, Q) = 0 si P =Q
Exercice 1.3. Soit E ̸= ∅ un ensemble et soit δ une distance sur E. Soit d’autre part φ : [0, +∞[→ IR
une fonction croissante telle que :
(2) Démontrer que les fonctions suivantes possèdent les propriétés exigées pas φ :
t
t 7→ , t 7→ ln(1 + t).
1+t
Exercice 1.5. Soit (E, d) un espace métrique et soient A et B des parties non vides fermés de E
vérifiant :
0 ̸= d(A, B) = inf d(a, B) = inf d(A, b) = inf inf d(a, b).
a∈A b∈B a∈A b∈B
d(u, A)
Pour tout u ∈ E, on pose f (u) = .
d(u, A) + d(u, B)
(1) Démontrer que f est une fonction : E → IR telle que :
d(u, v)
(2) Démontrer que |f (u) − f (v)| ≤ ?
d(A, B)
Exercice 1.6. Soit E = C 2 ([0, 1], R). Pour tout f ∈ E, on définit les applications suivantes
Z 1 Z 1 Z 1
′ ′ ′′ ′
N (f ) = |f (x)|dx, N (f ) = |f (0)| + |f (x)|dx, N (f ) = |f (0)| + |f (0)| + |f ′′ (x)|dx
0 0 0
Exercice 1.8. Soit (E, ∥ · ∥) un espace vectoriel normé sur IK. Soient u, v ∈ E et ρ ∈ IR+ .
Montrer que :
lim [∥(n + ρ)u + v∥ − ∥n.u + v∥] = ρ∥u∥.
n→+∞
1 u v
(1) ∥u − v∥ ≥ max{∥u∥, ∥v∥}. −
2 ∥u∥ ∥v∥
1 u v
(2) ∥u − v∥ ≥ (∥u∥ + ∥v∥). − ;
4 ∥u∥ ∥v∥
1
2. En déduire que la constante dans (1) ne peut pas être remplacée par une plus grande constante.
2
1
De même pour dans (2).
4
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Soit E = C 1 ([0, 1], R). Pour tout f ∈ E, on pose
Z 1 21
2 ′ 2
N (f ) = f (0) + (f (t)) dt .
0
3. N et ∥ · ∥∞ sont-elle équivalentes.
Indication : On pourra utiliser l’inégalité de Minkowski : si u et v sont deux fonctions continues sur
[0, 1] à valeurs dans [0, +∞], alors
Z 1 12 Z 1 12 Z 1 21
2 2 2
[u(x) + v(x)] ≤ u (x) + v (x)
0 0 0
Et l’inégalité suivante :
√ √ √ √
∀(a, b, c, d) ∈ IR4 , ab + c. d≤ a2 + c . b2 + d.
Espace euclidiens
vérifiant :
1. [Positivité], ∀x ∈ E, S(x, x) ≥ 0;
20
CHAPITRE 2. ESPACE EUCLIDIENS H. MAHDIOUI
Remarque. (Importante)
Si E est muni d’un produit scalaire (·|·) ,
E → R+
l’application : p est une norme sur E.
x 7→ ∥x∥ = (x|x)
donc
p q α
X · Y = [x y]
q r β
p q
La matrice A = est symétrique ; son déterminant pr − q 2 est par hypothèse non nul, donc
q r
A est inversible.
Norme d’un vecteur. Par définition, on a
√ p
∥X∥ = X · X = px2 + 2qxy + ry 2
p 0
Par exemple, Prenons A = , où p et r sont des nombres strictement positifs. La matrice A
0 r
définit le produit scalaire X · Y = pxα + ryβ.
Exemple. .
est symétrique.
1 2π
Z
(f, g) 7→ (f |g) = f (x)g(x)dx
π 0
est un produit scalaire.
on note
t
A∗ = A = (ai,j ) ∈ Mp,n (K)
1≤j≤p
1≤i≤n
La matrice A∗ est appelée la trans-conjuguée de A. On remarque que si IK = R, alors A∗ = At .
considérons l’application φ définie par :
φ : Mn,p (IK) → IK
(A, B) 7→ tr(A∗ .B)
φ(X, Y ) = Y t .A.X
φ(X, Y ) = Y t .A.X
= (Y t .A.X)t (Puisque Y t .A.X est un réel)
= X t .At .Y
= φ(Y, X) (Puisque A est symétrique)
1. Pour x et y dans E, on a :
(x|y)2 ≤ (x|x)(y|y).
2. Cette inégalité est une égalité si, et seulement si, x et y sont proportionnels.
p
Si ∥x∥ = | (x | x) |, l’inégalité de Cauchy-Schwartz s’écrit aussi comme suit :
| (x | y) |≤ ∥x∥.∥y∥.
= (x | x) + 2.λ (x | y) + λ2 (y | y)
P (λ) = λ2 (y | y) + 2.λ (x | y) + (x | x)
△λ = (x | y)2 − (y | y) . (x | x) ≤ 0
• Sinon, le polynôme P a un discriminant nul. Il existe donc un scalaire λ tel que P (λ) = 0. On a
alors :
(x + λy|x + λy) = 0.
Exemple. .
1. L’application :
Rn × Rn → R
n
X
(x, y) 7→ xi yi
i=1
est un produit scalaire sur R appelé produit scalaire canonique de Rn . La norme euclidienne
n
associée est : v
u n
uX
∥(x1 , x2 , ..., xn )∥ = t x2i
i=1
n n
! 21 n
! 12
X X X
xi yi ≤ x2i . yi2
i=1 i=1 i=1
est un produit scalaire. L’inégalité de Cauchy-Schwarz correspondante a déjà été démontrée sur
l’intégration :
Z b Z b 21 Z b 12
f (x)g(x)dx ≤ f 2 (x)dx . g 2 (x)dx
a a a
n
Exemple. — L’espace vectoriel R muni de son produit scalaire canonique est un espace vectoriel
euclidien.
1.
∥x + y∥2 = (x + y|x + y)
= (x|x) + (x|y) + (y|x) + (y|y)
= (x|x) + 2(x|y) + (y|y).
2. Appliquer l’inégalité précédente à x et −y.
x2 + 2xy + 3y 2 = (x + y)2 + 2y 2
N (x + x′ , y + y ′ )2 − N (x − x′ , y − y ′ )2
S((x, y), (x, y)) =
4
= xx′ + xy ′ + yxf + 3yy ′
Comme cette dernière relation définit une forme bilinéaire symétrique S et que l’on a :
est une norme (immédiat), mais ce n’est pas une norme euclidienne.
En effet, pour u = (2, 1) et v = (1, 2), on a :
∥u + v∥ = 3, ∥u − v∥ = l, ∥u∥ = ∥v∥ = 2
et donc :
∥u + v∥2 + ∥u − v∥2 ̸= 2 ∥u∥2 + ∥v∥2 .
4. Dans un parallélogramme (ABCD), la somme des carrés des longueurs des deux diagonales et
égale à la somme des carrés des quatre côtés, comme il sera prouvé ultérieurement appliquée aux
−→ −−→ −−→ −−→
vecteurs AB = DC et BC = AD.
Exemple. 1. Dans Rn muni du produit scalaire canonique, les vecteurs de la base canonique sont
normés.
2. Dans l’espace vectoriel des fonctions continues et 2π-périodiques sur R, muni du produit sca-
laire : Z 2π
1
(f, g) 7→ f (x)g(x)dx,
π 0
les éléments sin et cos sont unitaires.
Définition 2.2.2. On dit que deux vecteurs x et y de E sont orthogonaux si (x|y) = 0. On note alors
x ⊥ y.
Remarque : Par la symétrie du produit scalaire, si (x|y) = 0, alors (y|x) = 0, ce qui justifie la
symétrie de la définition précédente.
Exemple. 1. Dans Rn muni du produit scalaire canonique, les vecteurs de la base canonique sont
orthogonaux deux à deux.
2. Dans l’espace vectoriel des fonctions continues et 2π-périodiques sur R, muni du produit sca-
laire : Z 2π
1
(f, g) 7→ f (x)g(x)dx,
π 0
les fonctions sin et cos sont orthogonales.
Définition 2.2.3. On appelle orthogonal d’une partie A de E, l’ensemble noté A⊥ ou AO défini par :
A⊥ = {x ∈ E | ∀a ∈ A, x ⊥ a }.
∥x∥2 = (x|x) = 0
Définition 2.2.4. • On appelle famille orthogonale, toute famille de vecteurs deux à deux orthogo-
naux.
• On appelle famille orthonormée (ou orthonormale) toute famille de vecteurs normes deux à deux
orthogonaux.
Exemple. 1− Dans R muni de son produit scalaire canonique, la base canonique est une famille
orthonormée.
2− Dans l’espace vectoriel des fonctions continues et 2π-périodiques sur R, muni du produit scalaire :
1 2π
Z
(f, g) 7→ f (x)g(x)dx.
π 0
la famille des vecteurs suivants :
1
x 7→ √ , x 7→ cos(x), x 7→ cos(2x), ..., x 7→ cos(nx)
2
, x 7→ sin(x), x 7→ sin(2x), ..., x 7→ sin(nx)
est orthonormée.
λi = (ei |x).
Preuve :
1. Par la bilinéarité du produit scalaire, on a
n
X
(ei |x) = λj (ei |ej ) = λi .
j=1
2. D’après ce qui précède, un vecteur de V ect{e1 , e2 , ..., en } s’écrit donc de façon unique comme
combinaison linéaire des ei , ce qui prouve que la famille est libre. ■
Définition 2.2.5. [Bases orthonormées] On appelle base orthonormée de E, toute base de E qui
est une famille orthonormée.
• Un repère (O, B) est orthonormé si B est une base orthonormée.
Par exemple, dans R muni du produit scalaire canonique, la base canonique ainsi que
le repère canonique sont orthonormés.
Proposition 2.2.5. 1. Un espace vectoriel euclidien E admet au moins une base orthonormée.
2. Tout sous-espace vectoriel d’un espace vectoriel euclidien est euclidien pour le produit scalaire
induit, et donc admet au moins une base orthonormée.
3. Tout espace vectoriel euclidien admet des repères orthonormés. En particulier, si E est un espace
→
− → −
vectoriel euclidien de dimension 2 muni d’un repère orthonormé (0, i , j ), on peut lui appliquer
tous les résultats précédents.
n
X n
X
t 2
(x|y) = xi yi = X .Y et ∥x∥ = x2i = X t .X,
i=1 i=1
où X et Y sont les matrices colonnes constituées des composantes dans B des vecteurs x et y.
Xn
Démonstration : L’égalité x = (ei |x)ei est une conséquence de la proposition 2.2.4 ; Les autres
i=1
résultats sont immédiats. ?
Remarque. (Importante)
Soit B = (e1 , e2 , ..., en ) une base orthonormée d’un espace vectoriel euclidien E.
1. L’application qui associe à un vecteur de E ses composantes dans B est un isomorphisme d’es-
paces vectoriels de E sur Rn .
Démonstration Cette démonstration par récurrence nous donne en fait une méthode pratique
de détermination d’une telle base : c’est le procédé d’orthonormalisation de Schmidt.
e1
▶ f1 doit être un vecteur norme colinéaire à e1 . Il suffit de prendre f1 =
∥e1 ∥
▶ Supposons construits (f1 , f2 , ..., fp ) orthonormés tels que :
Comme :
F = V ect{e1 , e2 , ..., ep } = V ect{f1 , f2 , ..., fp }.
tout vecteur de V ect{e1 , e2 , ..., ep+1 } peut s’écrire comme combinaison linéaire de , f1 , f2 , ..., fp
et ep+1 .
Cherchons donc gp+1 orthogonal à f1 , f2 , ..., fp sous la forme :
n
X
gp+1 = ep+1 − λi f i
i=1
En prenant λi = (fi |ep+1 ) on a donc bien un vecteur gp+1 orthogonal à f1 , f2 , ..., fp appartenant
à V ect{e1 , e2 , ..., ep+1 }.
Le vecteur gp+1 est non nul puisque :
ep+1 ∈
/ V ect{e1 , e2 , ..., ep } = V ect{f1 , f2 , ..., fp }
La famille {f1 , f2 , ..., fp } est alors une famille orthonormée (donc libre) de p + 1 vecteurs de
V ect{e1 , e2 , ..., ep+1 }. Elle en est donc une base et l’on a :
Exemple. Considérons l’espace vectoriel R3 muni du produit scalaire de la forme bilinéaire symétrique
S définie par :
1
S((x, y, z), (x′ , y ′ , z ′ )) = xx′ + yy ′ + zz ′ + (xy ′ + x′ y + xz ′ + x′ z + yz ′ + y ′ z)
2
dont la norme associée est :
p
∥(x, y, z)∥ = x2 + y 2 + z 2 + xy + xz + yz.
Construisons une base orthonormée (f1 , f2 , f3 ) par le procédé de Schmidt à partir de la base canonique
(e1 , e2 , e3 ).
g2 = e2 − λf1
1
On a (f1 |g2 ) = (f1 |e2 ) − λ, donc il suffit de prendre λ = (f1 |e2 ) = , ce qui donne :
2
−1 1
g2 = ( , 1, 0) et doncf2 = √ (−1, 2, 0).
2 3
— Cherchons g3 orthogonal à f1 et f2 de la forme :
g3 = e3 − λf1 − µf2 .
Il suffit de prendre :
1 1
λ = (f1 |e3 ) = et µ = √
2 2 3
ce qui donne :
−1 −1 1
g3 = ( , , 1) et doncf3 = √ (−1, −1, 3).
3 3 6
avec :
αx1 + βy1 ∈ F et αx2 + βy2 ∈ G
x = p(x) ⇒ x ∈ F.
Proposition 2.3.3. Soit p ∈ L(E). Alors p est un projecteur si, et seulement si, pop = p.
Démonstration
— Si p est la projection sur F parallèlement à G, alors pour tout élément x de F , on a p(x) ∈ F
et donc p(p(x)) = p(x). Par suite pop = p.
— Supposons pop = p. Les ensembles G = Ker(p) et F = Im(p), qui sont respectivement noyau
et image de l’endomorphisme p, sont donc des sous-espaces vectoriels de F . Montrons qu’ils
sont supplémentaires. En effet
— Soit y ∈ F ∩ G. Comme y ∈ F = Im(p), on peut trouver x ∈ F tel que y = p(x). Or
y ∈ G = Ker(p), donc :
0 = p(y) = (pop)(x) = p(x) = y.
— Si x ∈ F , alors :
x = p(x) + (x − p(x)).
on a x − p(x) ∈ G, puisque
Proposition 2.3.4. Si B = (e1 , e2 , ..., ep ) est une base orthonormée d’un sous-espace vectoriel F de
E, le projeté orthogonal sur F d’un vecteur x de E est :
n
X
π(x) = ( ei | x )ei .
i=1
Comme x − π(x) ∈ F ⊥ , on en déduit : (ei |x) = (ei |π(x)) = λi ce qui donne le résultat. ■
π(x) = (x|a)a
Si le vecteur a n’est pas normé, on peut soit le normer, soit trouver directement l’expression de
π en procédant comme suit :
pour x ∈ E, on a π(x) = λa, avec λ est tel que
(x|a)
(x − λa) ⊥ a, c’est-à-dire λ =
(a|a)
Donc :
(x|a)
∀x ∈ E, π(x) = ×a
(a|a)
Si (x1 , x2 , ..., xn ) (respectivement (a1 , a2 , ..., an ) ) sont les composantes de x (respectivement
de a) dans la base B, on a :
n
X
ai x i
i=1
π(x) = n a.
X
a2i
i=1
a21 a1 a2
. . . a1 an
a1 a2 a22 . . . a2 an
1 . . . . . .
La matrice de π dans B est donc n
X . . . . . .
2
ai
. . . . . .
i=1 a1 an a2 an . . . a2n
ce qui permet de vérifier qu’elle est bien symétrique.
n
X
2 2 2 2
∥gp+1 ∥ = ∥ep+1 ∥ − ∥π(ep+1 )∥ = ∥ep+1 ∥ − λ2i
i=1
— Pour tout vecteur u ∈ V , il existe un unique vecteur pW (u) ∈ W tel que u − pW (u) ∈ W ⊥ .
Le vecteur pW (u) s’appelle le projeté orthogonal de u sur W .
— Si e1 , e2 , ..., en est une base orthonormée de W , alors
n
X
pW (u) = ( ei | x )ei = ( e1 | u )e1 + ( e2 | x )e2 + ... + ( en | x )en
i=1
∥u − w∥ ≥ ∥u − pW (u)∥
Démonstration.(Exercice)
0 = (t X t A)(AX) = t
(AX)(AX) = ∥AX∥2 ,
où la norme est la norme euclidienne dans Rn . On a donc AX = 0. Puisque les colonnes de A sont
indépendantes, on en déduit X = 0. Cela montre que l’équation linéaire (t AA)X = 0 a pour seule
solution X = 0 : la matrice carrée t AA est donc inversible. ■
( t AA)−1 ( t A)X ′ = ( t
AA)−1 ( t AA)Y = Ip Y = Y,
x= x1 x2 .. .. xn
y= y1 y2 .. .. yn
Il s’agit de trouver une relation de la forme y = ax+b qui approxime le mieux la relation entre les
xi et les yi : précisément, on cherche à déterminer a et b pour que la somme des écarts [yi − (axi + b)]2
soit la plus petite possible.
— On a
t t
t X XY sxy
AY = t Y == t =
U UY sy
où sxy = x1 y1 + x2 y2 + ... + xn yn et sy = y1 + y2 + ... + yn . Il vient
t −1 t 1 n −sx sxy 1 nsxy − sx sy
( AA) ( AY ) = =
nsx2 − s2x2 −sx sx2 sy nsx2 − s2x2 sx2 sy − sx sxy
nsxy − sx sy sx2 sy − sx sxy
En posant a= et
nsx2 − s2x2 nsx2 − s2x2
a
On obtient projW (Y ) = A = aX + bU
b
La droite de régression a donc pour équation y = ax + b.
Par exemple, pour les données du tableau suivant,
x= 0,3 0,8 1,1 1,6 2,3 2,6 3,0 3,4 4,1 4,5
y= 1,2 1,5 1,2 1,9 1,3 2,4 2,0 2,5 2,1 2,0
la droite de régression a pour équation y = 0, 24x + 1, 23.
2.5 Exercices
2. Montrer que l’application (a, b) 7→ |a| + 2|b| est une norme sur E. Cette norme dérive -t- elle
d’un produit scalaire.
Exercice 2.2. Soit E un espace vectoriel de dimension n et soit {X1 , ..., Xn } une famille de n vecteurs
de E. Montrer que :
det({X1 , ..., Xn }) ≤ ∥X1 ∥ × ∥X2 ∥... × ∥Xn ∥
Exercice 2.3. 1. Soit E = C 1 ([a, b], R) l’ensemble des fonctions continues et de dérivées continues
sur ]a, b[.
Montrer que l’application :
Z b Z b
(f, g) 7→ ⟨f, g⟩ = f (t)g(t)dt + f ′ (t)g ′ (t)dt
a a
2. Sur C2π ([a, b] , C) l’espace vectoriel des fonctions continues et 2π-périodiques sur C,
n n
! 12
X √ X
xk ≤ n x2k
k=1 k=1
3. Soit f : [0, 1] → R une fonction de classe C 1 et telle que f (0) = 0. Montrer que pour tout
x ∈ [0, 1] on a Z 1
2 ′ 2
f (x) ≤ x (f (t)) dt
0
Exercice 2.5. Soit E = Mp,n (C) l’espace vectoriel des matrices de dimension n × p.
φ : Mn,p (IK) → IK
(A, B) 7→ T tr( t A.B)
avec T r(A) est la trace d’une matrice, est un produit scalaire sur Mn,p (C)