Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Civ 1961 1968 Onc Kor O3 Rapport de Synthese

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 55

RËPUBLIQUE

DE
COTE D'IVOIRE

Ministêre
des Finances,
des Affaires économiques
et du Plan

RÉGION DE KORHOGO
Etude de développement socio-économique

RAPPORT
DE
SYNTHÈSE
soc1~i: D'~UDES POUR LE Dt:VELOPPEMENT t:CONO·
MIQUE ET SOCIAL - 67, RUE DE LILLE - PARIS-7•
Décembre 1965
Le rapport de développement soc10-economique de la région de Korhogo a été rédigé par:
MM. Roland BARACHETTE directeur d'études à la SEDES, chef de mission.
Jean MAYMARD pédologue, ingénieur IAT, chargé d'études à la SEDES.
Guy PETITPIERRE ingénieur-agronome, chargé d'études à la SEDES.
Louis ROUSSEL démographe et sociologue, chargé d'études à la SEDES.
Gilbert RATHERY économiste, chargé d'études à la SEDES.
Benoit REYNARD statisticien, chargé d'études à la SEDES.
Jean TVC économiste, chargé d'études à la SEDES.
Yves BLAYO démographe-statisticien, attaché d'études à la SEDES.

L'analyse pédologique a été assurée par l'O.R.S.T.0.M. à ABIDJAN

Le présent rapport de synthèse a été rédigé par M. Roland BARACHETTE.


Sommaire
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...................... . .............. 5

1re PARTIE - LES CONCLUSIONS OPERATIONNELLES DE L'ANALYSE ..... . .............. 7


A. - La région de Korhogo dans l'ensemble ivoirien ............... . .............. 7
B. - Les données régionales ................................... . 9
C. - La solution de rupture ..................................... . . ............. 19

Il PARTIE • LES PROPOSITIONS D'INTERVENTION ..................... . . ............. 21

TITRE 1 - Les principes généraux ................................. . . ............. 21

TITRE Il - Les deux périodes du développement ..................... . . ............. 25


A. - 1re Période : Les actions sectorielles ......................... . 25
1. L'opération riz ............................................ . . ............. 25
2. L'opération coton ......................................... . . ............. 26
3. Le développement de l'élevage ............................. . 28
B. - 2e Période: Les actions intégrées ........................... . . ............. 30

TITRE Ill· Développement économique et promotion humaine ......... . . ............. 32


A. - Le résultat des actions - Les interventions aval (Crédit, commer-
cialisation, industrialisation) ............................... . . ............. 32
B. - L'animation rurale et les ajustements sociologiques ........... . .............. 35

TITRE IV - L'amélioration de l'infrastructure ......................... . . ............. 37

A. - L'enseignement et le procès culturel ....................... . . ............. 37

B. - L'élévation du niveau sanitaire ............................. . 38


C. - Les transports et l'infrastructure routière ................... . . ............. 39

O. - L'hydraulique humaine et pastorale ......................... . . ............. 40


E. - Quelques autres problèmes d'infrastructure ................. . . ............. 40

TITRE V • Le nouvel équilibre régional en 1975 ..................... . . ............. 42

CONCLUSION . ............. 51

-3-
1ntroduction

Dans le cadre du programme des études régionales positions de développement auraient à tenir
ivoiriennes, le Ministère des Finances des Affaires compte.
Economiques et du Plan, a confié à la S.E.D.E.S.
l'étude de la situation actuelle et des possibilités de La Division des Etudes de Développement de Côte
développement de la région de Korhogo. d'ivoire, maître de l'ouvrage, fournit le plan de
sondage et assura le dépouillement mécanographique
Cette région comprend les anciennes suhdivisi_ons de de ces enquêtes.
Korhogo et de Ferkessédougou (sous-préfectures Des études complémentaires portant sur !'Economie
actuelles de Korhogo, Ferkessédougou, Napiéolédou· générale, la Sociologie, le Commerce, les Transports,
gou, Sinématiali, Dikodougou, Sirasso, M'Bengué, !'Artisanat et !'Elevage furent également effectuées,
Ouangolodougou et Kong) ainsi que deux cantons soit pendant le premier séjour de 15 mois de l'équipe
(Kassomhélé et Pongala) des sous-préfectures de statistique à Korhogo, soit au cours des divers passages
Boundiali et Kouto. De contour irrégulier, elle s'étend sur le terrain des spécialistes de la S.E.D.E.S., plus
sur presque 300 km dans sa plus grande largeur et spécialement chargés des recherches dans ces do-
atteint 150 km dans sa plus grande hauteur. Elle maines.
couvre une superficie de l'ordre de 32 000 km.2 et
compte 305 000 habitants, dont 250 000 Sénoufos et La rédaction des rapports analytiques se trouva
55 000 Dioulas. génée par des retards imprévus dans la fourniture des
documents statistiques mécanographiques. Ces rap-
La zone entière fut soumise pendant un an à une ports comprennent :
série d'enquêtes statistiques par sondage qui compre- - un rapport démographique,
nait: - un rapport sociologique,
- une enquête démographique, associée à une étude - un rapport agronomique (production végétale et
des mouvements naturels de la population et des animale),
migrations; - un rapport pédologique (rédigé par l'O.R.S.T.O.M.
- une enquête agricole, devant déterminer les à la demande de la S.E.D.E.S.),
structures agraires à l'échelle du village et des - un rapport budgétaire, complété par une étude
exploitations, les cultures effectuées, les super- artisanale rapide,
ficies cultivées et les rendements des principaux
produits; - un rapport sur le commerce et les transports
(comprenant des annexes sur les marchés mon-
- une enquête budget de famille, dite cc budget- diaux du riz et du coton),
consommation », devant préciser la structure des
budgets et de la consommation, leurs fluctuations Ils constituent la partie proprement analytique
saisonnières, les échanges dans le circuit moné- de l'étude.
taire, et si possible les élasticités principales des Celle-ci s'est ensuite attachée, conformément aux
dépenses monétaires ; instructions gouvernementales, à dé.finir des propo-
- enfin, une enquête a temps de travaux» destinée sitions concrètes de développement et à juger de leurs
à saisir l'emploi du temps actuel des cultivateurs, effets dans le cadre d'une comptabilité économique
les goulots d'étranglements possibles ou, au régionale. A cet aspect de la recherche sont consa-
contraire, les potentialités virtuelles dont les pro- crés:

-S-
un rapport concernant les propositions d'inter- pement des données régionales a été opéré autour
ventions socio-économiques soumises à l'approba- de quelques faisceaux de constatations fondamentales,
tion des autorités ivoiriennes, afin de dégager les lignes de force de l'action future.
un rapport contenant les comptes économiques Dans la seconde, plus proche du résumé, il est apparu
régionaux 1963, 1970 et 1975. nécessaire de suivre assez étroitement le plan du
tome consacré aux « Propositions d 'Intervention » et
L'ensemble des rapports analytiques comme des de s'étendre quelque peu sur les conclusions écono-
rapports consacrés aux interventions ou à leurs ré- miques tirées de la comptabilité régionale.
sultats ne pouvait être que fort lourd. A moins de
sacrifier une partie des données statistiques collec- On ne saurait cependant trop recommander aux
tées, ou de renoncer à les éclairer par des éléments lecteurs de bien vouloir se reporter aux rapports
tirés des enquêtes annexes, ou encore de rendre eux-mêmes chaque fois que la nécessité leur en appa-
moins « opérationnel » le programme de développe- raitra.
ment proposé, il était difficile d'envisager une autre
présentation que celle qui a été retenue.
Aussi la nécessité est-elle apparue de tenter de *
présenter, en un petit nombre de pages, une syn- * *
thèse regroupant et résumant l'essentiel de la matière
des huit tomes analytiques et prospectifs que repré-
sente l'étude complète. En présentant cette étude, les rédacteurs tiennent
à remercier toutes les personnalités des secteurs pu-
C'est à ce travail, dont on voit bien à quel point blics ou privés, au niveau régional et national, qui
il ne peut être que fragmentaire et imparfait, qu'est ont bien voulu leur apporter leurs conseils ou leur
consacré le présent volume. Il est divisé en deux concours dans l'accomplissement de leur mission.
parties, l'une consacrée aux conclusions opération- Que toutes - et spécialement les autorités du dépar-
nelles de l'analyse, l'autre aux propositions concrètes tement du Nord - veuillent bien trouver ici l'expres-
d'intervention. Dans la première partie, le regrou- sion de la gratitude qui leur est due.

-6-
PREMIÈRE PARTIE

LES CONCLUSIONS
OPERATIONNELLES DE L'ANALYSE

A. • LA REGION DE KORHOGO DANS L'EN- Valeurs ajoutées par tête.


SEMBLE IVOIRIEN: COMPARAISONS Dl· Production Intérieure Brute par tête (population
VERSES. totale);
Korhogo . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 380 F
Si on reprend les conclusions de la comptabilité Ensemble Côte d'ivoire . . . . . . 49 750 F
économique régionale pour l'année 1963, on constate Soit le 1/3 environ de la Production Intérieure
qu'avec une Production Intérieure Brute très voisine Brute nationale par tête.
de 5 milliards de Fr CFA, la région de Korhogo ne
représente que 2,7 o/o de la Production Intérieure Valeur A joutée par l'agriculture (vivrière et
Brute nationale, alors que sa surface atteint environ d'exportation), l'élevage, la chasse, la cueillette et
10 o/o du territoire ivoirien et sa population 8,2 o/o la pêche, par tête (population agricole) (2) :
de la population totale du pays. La différence est Korhogo . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 200 F
encore plus considérable avec les régions forestières Sud-Est Frontalier . . . . . . . . . . 46 300 F
de Côte d'ivoire, telle que celle du Sud-Est Frontalier Soit entre le 1/3 et le 1/4 de la même Valeur
(Aboisso · Abengourou) que la S.E.D.E.S. a étudiée Ajoutée en zone forestière.
précédemment. Pour faire ressortir ces différences on
trouvera ci-après un certain nombre de comparaisons Production 1ntérieure Brute Commercialisée par
de valeurs ajoutées, établies par tête, de manière à tête (population totale) :
mieux souligner les écarts qui sont particulièrement Korhogo . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 830 F
significatifs (1). Ensemble Côte d'ivoire . . . . . . 38 510 F
Soit le 1/S• environ du chiffre national.
Revenus monétaires par tête (population agricole):
\ Korhogo . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 380 F
"
'1, ,..... . . _...1 -1 Zone rurale du Sud-Est Fron-
,
1
- '1 ta lier 26 600 F
1
1
' \..'_, Soit le l/6e environ des mêmes revenus en zone
"·,1 ,' forestière.
l "11
•,
, ........'! •• (1 ) Dans la comptabilité économique, la « Production
' , .. ,,
I
• Intérieure Brute » mesure le volume de la production d'un pays
ou d'une région; elle représente le total des a Valeurs Ajou-
,' tées » par les différentes activités productrices, qui sont ici
,- -../ ,
......

'\ COTE D'l.VOIRE


,•' les acth·ités de la région de Korhogo. A chaque stade, la valeur
ajoutée se détermine par difl'érence entre la valeur des ventes
• ' et celles des achats ; on peut la décomposer en salaires, revenus
,
1
Population = 3.800.000 habitants ,' bruts d'exploitation et impôts indirects nets de subventions.
( Superficie = 322.000 km2 ~ (2) Les 305 000 habitants de la région de Korhogo se
'·--· \
répartissent comme suit:
'" ... Type& de Population
'1 Population Population non Ensemble
I '' agricole agricole

•'
1 Zone rurale . 244.500 2?.500 212.000
Zone urbaine 5.500 27.500 33.000
t---""'"""'--' Total 250.000 55.000 305.000

-7-
Ces rapprochements font apparaître de manière cependant que le tiers environ (105 000 habitants)
démonstrative la pauvreté des populations du Nord de celle de Korhogo.
et la grande faiblesse de leurs revenus. Suivant la caté-
La faiblesse des exportations, due à la faiblesse des
gorie de population retenue :
surplus commercialisables est à l'origine de disponi-
- leur niveau de vie n'atteint que le tiers de la bilités monétaires réduites et du bas niveau de vie.
moyenne ivoirienne et entre le tiers et le quart de Le médiocre niveau des importations régionales en
celui de la zone forestière, si l'on tient compte de découle également : moins de 800 millions CFA.
l'autoconsommation;
- leurs seuls revenus monétaires ne représentent En rapprochant importations et exportations on
que le cinquième de la moyenne ivoirienne ou le pourrait conclure que la région vit de façon à peu
sixième des revenus agricoles dans la région d 'Ahen- près équilibrée, si la stagnation était synonyme
gourou. d'équilibre. On doit bien plutôt constater que la zone
de Korhogo végète à l'écart des grands courants
La nécessité de tout mettre en œuvre pour augmen- économiques nationaux, comme une marche frontière
ter le niveau de vie et accroître en priorité les isolée. De son intégration ou de sa non-intégration au
ressources monétaires des Sénoufos, surtout en zone mouvement de développement national dépend donc
rurale, en ressort à l'évidence. tout son avenir et l'équilibre harmonieux du pays
entier lui-même.
Autoconsommation et Revenus Monétaires. - Le
rapprochement des divers agrégats établis grâce Investissements. - Si on examine le rapport des
aux comptes économiques permet également de investissements bruts à la production intérieure on
déterminer le pourcentage de la valeur a joutée s'aperçoit que celui-ci est de 15,5 o/o au niveau na-
commercialisée par rapport à la valeur ajoutée globale, tional et seulement de 9,7 o/o au niveau régional.
autrement dit le poids respectif de l'autoconsomma-
tion et des revenus monétaires dans les budgets Ainsi, non seulement la région a déjà un retard
totaux. Les résultats sont les suivants: considérable par rapport au reste du pays mais
encore elle n'a actuellement aucune possibilité de le
combler; au contraire les pourcentages d'investisse-
Sud-Est Moyenne ments publics et privés nationaux, supérieurs de plus
Korhogo Frontaller Côte
d'ivoire du tiers au pourcentage régional ne peuvent
Autoconsommation 66% 42% 23% qu'accroître le fossé d'année en année.
Revenus monétaires 34% 58% 77%
Seul un renversement de cette tendance pourra
permettre un développement véritable de l'économie
Bien que les chiffres concernant la Côte d'ivoire régionale.
intéressent la population totale et non la seule popu- Une dernière comparaison doit être enfin effectuée
lation rurale comme pour Korhogo et le Sud-Est car elle intéresse un domaine essentiel pour la
Frontalier, l'inversion des proportions est, ici encore, croissance économique future: l'enseignement.
démonstrative. Schématiquement l'autoconsommation
représente environ les 2/3 des ressources des budgets Scolarisation. - Le taux d'inscription scolaire qui
Sénoufos et les revenus monétaires le 1/3 seulement. est de 97 o/o dans l'inspection primaire d'Agboville,
de 82 o/o dans celle d'Ahengourou, de 45 o/o en
Une semblable répartition de la valeur a joutée est moyenne dans l'ensemble de la Côte d '1voire, tombe
un excellent indicateur de l'archaïsme du système à 17 o/o seulement dans la région de Korhogo, soit
économique. Elle montre bien que le premier objectif 5 fois moins que dans le Sud est presque 3 fois moins
actuel des Sénoufos est d'assurer avant tout leur qu'à l'échelon national. Encore faut-il préciser qu'il
subsistance.
s'agit ]à d'un taux régional global et que les enfants
Les actions à mener en matière agricole devront . scolarisés en brousse atteignent à peine 10 o/o des
donc tenir compte de façon réaliste de cette attitude effectifs scolarisables. Il n'y a pas de progression
collective. Le développement des spéculations desti- économique possible lorsque plus de 99 o/o de la
nées à assurer des revenus monétaires supérieurs aux population rurale de plus de 15 ans est analphabète,
producteurs ne devra jamais les empêcher de pour- comme c'est le cas actuellement.
voir, en priorité, à leur subsistance.
Le progrès de la scolarisation n'intéresse pas
Exportations et Importations. - Les constatations seulement la promotion d'une partie de la population
sont les mêmes en matière d'exportations régionales. à moyen terme, il conditionne l'évolution des
Celles-ci n'atteignent que 715 millions CFA. techniques et la transformation de la région toute
entière. La construction d'écoles nouvelles doit donc
Par rapport au Sud-Est Frontalier ces exporta- revêtir un caractère de priorité absolue dans le Nord.
tions représentent moins du quart des seules ventes
de café et de cacao (3 100 millions environ en Ainsi, au terme de ce rapide tour d'horizon
1963) de cette zone dont la population n'atteint économique et culturel, quels que soient les chürres

-8-
examinés, ils sont alarmants : la reg1on de Korhogo Au contraire, existe-t-il des potentialités dont la mise
semble actuellement dans l'impasse à tous les points en valeur peut permettre la concrétisation des grandes
de vue. Que recouvrent les chiffres globaux présentés? lignes d'actions que la simple constatation des faits
Y a-t-il des contraintes sociologiques ou écologiques bruts a permis d'avancer? C'est à ces questions qu'il
telles que la situation apparaisse comme irrémédiable? convient maintenant de répondre.

B. · LES DONNEES REGIONALES. Ainsi se trouvait assuré le renouvellement des


générations sans modification de l'ordre défini, une
fois pour toutes, au moment de la création du village.
1. · LES DONNEES HUMAINES. Ainsi se gardait intact le modèle idéal malgré la
succession des promotions et l'acte de création se
Villages clos par une enceinte de terre, n'offrant trouvait-il indéfiniment renouvelé.
au regard que le dos aveugle de leurs maisons comme
Dans une telle société, la hiérarchie ne pouvait que
s'ils voulaient s'isoler volontairement du monde
coïncider avec le degré d'initiation. Comme ce niveau
extérieur ; bois tout proches, sombres et tranchant sur
était commun à toute une classe d'âge, on conçoit
la nudité ocre du sol d'alentour, que l'on sent
que pour l'essentiel, l'autorité était collective et appar·
préservés à dessein, sacrés au sens vrai du terme ;
tenait à la classe la plus vieille. La gérontocratie
telles sont les premières impressions qui frappent le
égalitaire qui en résultait excluait donc toute appari-
voyageur qui traverse le pays Sénoufo. tion de classes sociales.
A quel point cette impression est la traduction
Unité conceptuelle, le village était également l'unité
physique des concepts transcendantaux qui ont guidé
économique de base. Lorsqu'il comprenait plusieurs
et guident encore les Sénoufos, il faut pousser un
« narighas » ( 1 ), ceux-ci constituaient des cc quar·
peu la recherche dans le domaine socio-religieux
tiers », véritables ensembles collectifs et autarciques.
pour le découvrir.
Chaque quartier disposait d'une partie du terroir
Sociologie et Religion. - Le nom le plus courant villageois et son unité était fondée sur le champ
de la divinité, être transcendant à la création mais collectif (segbo ).
aussi force actuelle de structuration et de consolida-
tion du monde est par lui-même significatif: Ka Le droit éminent sur la terre était détenu par le
Tyeleo, la « Vieille Mère du Village ». Ce nom montre cc chef de la terre » descendant de l'ancêtre qui avait
bien que pour le Sénoufo la création est avant tout pris autrefois possession du terroir.
celle du village. Seule l'entité cc Village » mérite la Les chefs de quartier détenaient, au nom de leur
qualification d'être. Les individus, eux, n'ont d'exis- groupe, un droit collectif d'appropriation. Ils pou-
tence et de sens que dans la mesure où ils sont vaient accorder à des individus ou à des segments
partie intégrante de ce tout organique. Ainsi la de lignage un droit d'usage sur des parcelles de peu
religion Sénoufo ne se présente pas seulement comme d'importance où seules les cultures secondaires étaient
un système d'explication de l'univers, elle constitue pratiquées. Enfin, leur autorité en matière matri-
aussi le fondement de l'ordre social: la priorité du moniale était totale.
social sur l'individuel a un caractère religieux.
Tel était du moins le modèle traditionnel dans son
Tout le village ne reçoit pas l'influx de la divinité état initial. Il était parfaitement adapté à une société
avec la même intensité. Le bois sacré est le lieu fermée, vivant en économie de subsistance, désireuse
privilégié où la présence de Ka Tyeleo se manifeste avant tout de maintenir la cohésion du groupe et la
avec le plus de force. Du village aux champs proches sécurité collective.
et aux jachères lointaines, l'influence de la déesse
décroit jusqu'aux limites de la brousse où continuent Production et échanges. - L'attitude en matière
à régner les génies de la terre. de production et d'échanges qui en résultait était
sensiblement la suivante:
Un gradient analogue, non plus dans l'espace mais
dans le temps, se révèle à travers le système des - une fois la subsistance assurée, tout processus
classes d'âges. Les «vieux» longuement initiés dans d'accumulation était condamnable dans la mesure où
les diverses phases du « poro » représentent et inter- il tendait à rompre la solidarité égalitaire du groupe;
prètent l'ordre voulu par la déesse. Les jeunes, eux, - toute concurrence économique entre les per-
obéissent encore à leur spontanéité individuelle et sonnes ou les lignages constituait une atteinte grave
sont dominés par leurs sentiments comme la brousse à l'unité.
par les génies. La lente maturation des cycles d'ini-
tiation peut seule les rapprocher de l'ordre et de la (1 ) Lignage constitué des descendants utérins d'une même
connaissance véritables. aïeule, avec leurs épouses issues de malrilignages différents.

-9-
Les funérailles, par l'annulation brutale des ri- lorsque le quart de sa tranche d'âge la plus acfüre
chesses acquises et la consommation massive au profit l'abandonne. Ou bien les institutions évolueront et
du mort et des assistants de l'accroissement des le niveau de vie augmentera de manière suffisante
biens réalisé pendant le « temps » du défunt, jouaient pour canaliser ces migrations, sinon les rendre inutiles,
à cet égard un rôle régulateur considérable. Quel ou bien aucun espoir n'est permis dans ce domaine
sens, en effet, aurait pu avoir l'idée d'investir ou et il conviendra d'organiser les départs au profit des
d'accumuler indéfiniment? Le capital c'était la terre riches régions forestières du Sud. Est-il besoin de
et personne ne pouvait ni l'acheter, ni la vendre. dire que si les migrations devenaient véritablement
Quelle meilleure utilisation pouvait-on espérer des massives, on atteindrait rapidement le seuil au-delà
pagnes lissés, du mil stocké et des bœuîs inutiles que duquel elles deviendraient irréversibles ? Ce ne peut
cette fête communautaire, véritable apothéose du donc être qu'une sorte de solution ultime si aucune
mort où celui qui, de son vivant, avait mis toute autre n'était possible. On verra que tel n'est pas le
son obstination à se fondre dans l'anonymat commu- cas et que si des décongestions démographiques
nautaire était enfin autorisé à faire éclater par ce limitées demeurent souhaitables, des résultats non
« gaspillage » prestigieux ses qualités d'intelligence négligeables sur le plan de l'accroissement du niveau
et d'6conomie. Il y allait de l'honneur du défunt el de vie, peuvent être attendus des actions qui seront
de celui de son lignage que tout se passe dans la proposées au niveau régional.
magnificence. La migration, les Sénoufos l'ont connue plusieurs
Il faut bien reconnaître que l'ensemble de ces fois dans leur histoire. Aucune des raisons géolo-
comportements ne constituait pas une disposition giques ou hydrographiques souvent avancées pour
d'esprit spécialement favorable au développement expliquer l'existence d'une zone dense autour de
économique. Korhogo n'est, en effet, vraiment satisfaisante, si on
ne l'éclaire d'abord par un bref rappel des conditions
A part les funérailles, où ce qui se passe aujour- historiques d'occupation de la zone Sénoufo.
d'hui n'est pas foncièrement différent de ce qui vient
d'être décrit, ce « modèle» idéal cependant n'existe Bien qu'une partie importante de l'histoire du
pratiquement plus à l'état pur et les données statis- peuplement reste conjecturale, il est vraisemblable
tiques ont mis en valeur la diversité des situations qu'au xv11e siècle certaines tribus Sénoufos vivaient
locales. déjà dans le Nord en symbiose avec l'ethnie Dioula.
Au début du xvmc siècle la tribu Kiembara, refoulée
Suivant la densité démographique, le type d'habitat du pays de Kong obtint l'autorisation de s'établir
et la proximité ou non de Korhogo ou d'un axe autour de l'emplacement actuel de Korhogo. Dans le
routier important, les structures coutumières se sont même moment les tribus Nafaras, également refoulées
plus ou moins dégradées, l'autorité des « vieux » se par les Mandés musulmans s'infiltraient progressive-
trouve plus ou moins contestée. Quant à la solidarité ment à l'intérieur de la boucle du Bandama. C'est
de production, elle connaît tous les stades intermé- dans la con jonction de ces deux migrations sur une
diaires possibles, du maintien du champ collectif aire d'accueil étroite, épargnée ensuite par les expé-
initial à son abandon total et à la quasi-appropriation ditions de Samory, qu'il faut certainement rechercher
de parcelles par les ménages, en passant par divers l'origine de l'entassement démographique dans la
types de solidarité partielle entre le père et ses fils, zone dense.
entre les frères utérins, etc.
Celte explication historique et non physique permet
La dégradation des institutions traditionnelles s'est de conclure à la possibilité d'éventuels remodelages
traduite par la multiplication des conflits individuels démo~raphiques, comme la multiplication actuelle des
entre les vieux et les jeunes, ou les hommes et les << campements » extérieurs à la zone dense en est
femmes (1). Devant la volonté d'émancipation des déjà à la fois 1'indication et la confirmation.
jeunes, de moins en moins enclins à sacrifier leur
bien-être personnel à celui du groupe, et donc à celui Le départ physique n'est d'ailleurs pas la seule
des anciens, ceux-ci ont fait appel aux techniques réponse qui puisse être apportée aux difficultés
habituelles de protection, recettes magiques et usage présentes. Il en est une autre dont les anciens com-
du poison, qui créent un climat de peur générale. mencent eux-mêmes à prendre conscience sans en
apercevoir les moyens. Un peuple qui a plusieurs fois
Migrations et développement. - Les jeunes ont changé d'aire d'habitat ne peut pas ignorer que son
riposté en migrant. Sur les 2 200 hommes qui quittent salut dépend de sa capacité d'adaptation. Pour tout
la région chaque année, dont un millier de façon ce qui concerne leur mode d'existence, les Sénoufos
pratiquement définitive, la moitié ont entre 15 et
34 ans (2). Fait plus grave encore : le quart de l'ef- (1) L'autonomie économique de la femme s'est dévelop·
fectif de la génération ayant actuellement 20-24 ans pée. Elle dispose librement du revenu qu'elle tire de son
travail ou de son commerce. Cette autonomie lui permet
est absent. de parler d'égale à égal à son mari, de le menacer de
séparation et au besoin de le quitter.
Cette donnée particulière imposera très vite un (2) Les femmes elles-mêmes commencent à migrer, à la
choix: une région peut difficilement se développer cadence, en 1962 et 1963, de 250 à SOO par an.

10
ont su faire preuve d'une remarquable malléabilité, Le village au contraire apparaît aujourd'hui encore
l'adoption de l'igname à la place du mil, le dévelop- comme une unité organique véritable: l'espace y est
pement relativement récent du riz irrigué en sont une fini et le potentiel de travail en général fixé. C'est
preuve. Mais jusqu'à présent, tous ces changements donc bien à cet échelon qu'il faut intervenir.
n'avaient jamais remis en cause les fondements de Le nouvel équilibre. - Les jeunes voudraient
l'ordre et de la société. S'ils hésitent aujourd'hui à que toutes les conditions d'une promotion rapide
franchir le pas qui sépare l'économie de subsistance
soient mises en place à leur intention, sans qu'ils
d'une économie de profit, perturbant les rapports
aient à prendre des initiatives susceptibles de leur
sociaux traditionnels, c'est qu'ils sentent bien que le attirer une mauvaise affaire de sorcellerie. S'ils ont
passage est décisif et peut, s'il s'opère mal, ruiner bien souvent cessé de respecter les anciens, ils n'ont
les bases de leur culture. Le risque, il faut le dire,
pas encore fini de craindre leur puissance occulte.
est grave.
Malheureusement, le problème n'est plus aujour- Tout mouvement profond de transformation satis-
d'hui de savoir s'il est possible d'avancer ou de ne faisant les premiers devra donc veiller à ne pas léser
pas avancer, mais, devant le caractère inéluctable du les intérêts des seconds en leur donnant l'impression
mouvement (1), de faire en sorte que celui-ci ne soit d'être victimes d'une injustice. Les prestations que
pas inutilement destructeur. les cc vieux» d'aujourd'hui ont consenties dans leur
jeunesse pour leurs propres anciens et que les jeunes
Des transformations socio-économiques de cette
actuels refusent fréquemment de leur accorder en
importance ne peuvent être affrontées sans aide exté- retour, il faut qu'ils en trouvent dans la modernisation
rieure. Apporter cette aide dès maintenant aux de leur pays, et dans les avantages qu'ils en retireront,
Sénoufos c'est, une fois surmontées les difficultés de sinon la contrepartie, au moins une certaine compen-
départ, faciliter bien des transitions, et surtout éviter
sation qui modère leur amertume.
bien des difficultés sociales, sinon politiques, futures.
L'importance du village. - Les souvenirs des Il faut donc faire évoluer les villages par blocs
migrations anciennes et la malléabilité qu'elles ont entiers, vieux et jeunes, hommes et femmes progres-
entraînée présentent un aspect positif qui augmente sant du même pas, tous y ayant intérêt et se sentant
les chances de succès. A côté de cet aspect positif il à nouveau solidaires dans la nouvelle « migration
en est un autre, négatif celui-là sur le plan de l'action, économique interne » qu'ils doivent accomplir. Ce
qu'il ne faut pas sous-estimer. Le caractère souvent n'est que par une augmentation générale et concomit-
provisoire des installations, les menaces de l'environ- tante du niveau de vie de chacun que le nouveau
nement, ont en effet développé chez les Sénoufos un «voyage» aura toutes chances de s'accomplir sans
sentiment profond de méfiance à l'égard de tout ce affrontement majeur ni rupture traumatisante avec
qui est extérieur au village. les modes de vie anciens.
L'opposition entre la sécurité et la permanence
de celui-ci et les dangers et l'instabilité de tout ce Il. · LES DONNEES ECONOMIQUES GLOBALES.
qui lui est étranger était et reste encore souvent
ressentie avec force par les Sénoufos. Toute action Les agrégats - Les tableaux de la Comptabilité
d'animation et d'encadrement qui ne tiendrait pas Economique régionale ont permis d'établir les agré-
compte de cette donnée et n'agirait pas d'abord au gats concernant la structure de la Valeur Ajoutée
niveau du village pour se faire accepter par lui, se régionale qui sont présentés ci-après sous deux formes
fondre en lui, quitte ensuite à faire preuve de la différentes :
vigueur nécessaire pour lui faire secouer sa léthargie.
serait vouée à l'insuccès. - l'une, classique, avec la répartition en activités
primaires, secondaires et tertiaires,
Ce n'est d'ailleurs pas la seule raison qui impose
l'action globale au niveau du village. - l'autre, regroupant l'artisanat avec les activités
rurales et faisant apparaître séparément les activités
L'analyse de la structure des exploitations agricoles industrielles de type moderne (rizeries, égrenage de
a montré, en efl'et, que les facteurs de production coton, eau et électricité de Côte d 'Ivoire (EECI),
sont rarement définis au stade de l'exploitation fami- Travaux Publics, etc.).
liale. La terre reste propriété collective du groupe,
les transferts de travail sont fréquents d'une exploita- (1) Le simple développement de l'enseignement bouleversera
tion à l'autre. les structures du « poro » traditionnel.

Structure de la valeur ajoutée


Tableau n° 1 Valeur& en millions de F Cf'A
Activité Valeur % Activité Valeur %
Activités rurales et artisana-
Primaire . 3.141,6 62,9 les 3.907,1 78,2
Secondaire 922,5 18,5 Activités industrielle~ 15?,0 3,2
Tertiaire . 931,1 18,6 Commerce et Services 931,1 18,6
Total . . 4.995,2 100,0 Total . . . 4.995,2 100,0
On voit clairement que la présentation de gauche La valeur ajoutée par l'artisanat est de l'ordre de
suivant la nomenclature classique offre de notables 765 millions de F CFA. Il comprend plusieurs
difFérences avec celle de droite où le critère de regrou- branches ou sous-branches, dont certaines relèvent
pement des deux premiers postes rend mieux compte beaucoup plus de l'activité des exploitations rurales
de la répartition des activités régionales. que d'un artisanat véritable, ce qui explique la
sec~nde classification retenue dans la présentation des
A gauche, les différences sont en partie nivelées : agregats. Ces activités para-artisanales représentent
le secondaire et le tertiaire représentant chacun un le tiers de la valeur ajoutée totale.
peu moins du cinquième des activités régionales,
l'agriculture recueillant un peu plus des trois autres Parmi les productions purement artisanales, le
cinquièmes, cela n'apparaît pas comme une reparti- tissage vient en tête, suivi du travail du fer
tion spécialement défavorable dans une zone d'agri- (forgerons) et du bois, de la vannerie, poterie, etc ..•
culture de subsistance comme l'est le pays Sénoufo. Les plus menacés de ces artisans traditionnnels sont
Or, si ces pourcentages ne sont pas inexacts, ils certainement les tisserands dont les pagnes et couver-
dissimulent le fait que le secondaire ne comprend tures commençent à être sérieusement concurrencés
(contrairement à l'acception habituelle du terme) que par les produits manufacturés. La majorité de ces
17 o/o d'industriel véritable contre 83 o/o d'artisanat tisserands est composée de Dioulas (1) et la reconver-
individuel traditionnel. sion d'un certain nombre d'entre eux sera probable-
ment inévitable.
A droite on constate que les activités dites
« rurales », agriculture, élevage, chasse, cueillette, L'artisanat de type plus moderne (maçons, menui-
pêche (précédemment « primaires ») et l'artisanat siers, réparateurs divers déjà nombreux) est appelé,
représentent plus de 78 o/o des activités totales, soit par contre, à voir ses effectifs augmenter considéra-
presque les 4 / 5 ° de celles-ci, que le commerce et les blement ; mais il intéresse déjà les villes ou au moins
services ( « tertiaires ») ne changent pas, mais que les les très gros bourgs. Afin que les réelles possibilités
activités industrielles (secondaire vrai) dépassent à de croissance de cet artisanat de service aient leur
peine 3 o/o du chiffre global, soit environ le tren- répercussion sur les campagnes, les propositions né-
tième, au lieu du cinquième précédemment cité. cessaires seront faites pour donner un caractère plus
moderne à ces bourgs afin d'en faire autant de pôles
La part prépondérante des activités rurales de développement en zone rurale.
traditionnelles comme la quasi-inexistence de tout sec-
Le commerce. - En ce qui conceme le com-
teur industriel moderne sont, de ce fait, plus
merce, il faut d'abord rappeler que l'autoconsomma-
clairement mises en lumière. Une restructuration, au
tion représente actuellement les 2/3 des budgets
moins partielle, de l'économie régionale devra donc
familiaux. Le tiers seulement de l'économie est donc
être réalisée dans toute la mesure du possible.
monétarisé.
Le cadre général ainsi tracé, le rappel des princi-
La première conséquence en est que le troc, hier
pales données analytiques va maintenant être mené
presque le seul moyen d'échange, reste encore à
par ordre de valeur ajoutée croissante de chacun des
l'intérieur des villages un moyen commode de faire
grands secteurs d'activité : industrie, artisanat,
face à une certaine pénurie monétaire.
commerce et services, enfin agriculture et élevage.
Le secteur industriel. - Pour le secteur industriel La seconde conséquence intéresse la valeur des
transactions. Disposant de peu de numéraire, les
urbain, il n'est pas nécessaire de revenir sur ce qui
acheteurs n'acquièrent à chaque fois que de petites
vient d'être dit, autrement que pour constater que
la restructuration souhaitable de l'économie régionale quantités de produits ; le micro-détail est donc roi.
devra s'effectuer en sa faveur. Ceci explique que les boutiques, au demeurant peu
Etant donné la part prépondérante des productions nombreuses, soient presque toutes groupées dans les
végétales dans la région et la répartition actuelle des deux centres urbains de Korhogo et de Ferkéssedougou
valeurs ajoutées, cette progression du secondaire vrai et que les véritables centres économiques soient les
marchés. Par leur nombre (77 de toutes tailles à
ne pourra s'effectuer, au moins au début, qu'à partir
l'intérieur de la région), leur fréquence (tous les
d'un développement des industries de transformation
d~ cette même production végétale. On verra plus
lom comment cet objectif, qui implique l'émergence (1) Descendants des anciens habitants des principautés
de nouveaux disponibles agricoles transformables sur d~ Kong, Kadioha el Boron, ou immigrés récents, les
D1oulas sont en progression démographique constante. Ils
place, pourra être atteint. sont aujourd'hui plus de 55.000, soit le 1/6 environ de la
population régionale totale. Musulmans, mais vivant en
L'artisanat. - Parmi les activités du monde rural symbiose avec les Sénoufos, leurs aires d'habitat se sont
et à côté du secteur agricole et pastoral dont l'impor: pénétrées et enchevêtrées, sans jamais se mêler réellement.
tance vient d'être soulignée, l'artisanat représente Si, pou~ ~e! Sénoufo~, le tissage constitue presque toujours
actuellement une part non négligeable des revenus une .acliVIte secondaire pour de nombreux agriculteurs, il
represente au contraire l'activité principale pour les Dioulas
monétaires ruraux. qui le pratiquent.

-12
6 jours en moyenne) et leur dispersion, les marchés Dans aucun de ces deux domaines on en peut donc
permettent l'atomisation des achats et des ventes des déceler un véritable goulot d'étranglement majeur à
produits vivriers et manufac~és. la circulation ou à l'écoulement de la production. Les
voies de communication actuelles constituent plutôt
Les vivriers y sont vendus, soit au détail, dans les un facteur favorable et la traite en gros, quelles que
mesures traditionnelles (au volume), par les femmes soient ses imperfections, a quand même commercia-
des producteurs ou les revendeuses, soit en gros, aux lisé 20 000 tonnes environ de produits en 1963, soit
traitants qui les achètent au poids. De là vient le l'ensemble du disponible après la satisfaction des
malaise que le paysan ressent devant la bascule et ventes au détail (moins de 15 000 tonnes).
la crainte perpétuelle d'être dupé qui le mine au
moment de la traite, lui qui ne connait ni poids ni Que ce disponible soit faible, on pouvait s'y attendre
barème. après l'examen des structures sociologiques. Qu'il soit
développable, c'est ce qu'il convient maintenant
Justifiés ou non, ces sentiments ne sont certes d'examiner en étudiant d'abord les productions ani-
pas propres au paysan Sénoufo et tous les producteurs males et végétales puis le milieu naturel et l'écologie
du monde les ressentent peu ou prou. Si l'on veut régionale, enfin les techniques culturales et les temps
toutefois lancer un important mouvement de produc- de travaux qu'elles nécessitent.
tion agricole destiné avant tout à la commercialisation
et à l'exportation, aucune précaution ne doit être
négligée pour assurer son succès. Publicité des prix III. - L'AGRICULTURE ET L'ELEVAGE.
et fixation de prix de campagne, contrôle des achats,
commercialisation directe dans certains cas (riz, coton) La production végétale. - Il n'est pas possible,
par les organismes encadreurs devront être envisagés. dans le cadre de ce résumé, de pousser très avant
Tout doit être conçu pour mettre en confiance le l'analyse des différentes activités agricoles et pasto-
producteur et lui donner le maximun de raisons de rales. Quelques chiffres demandent néanmoins à être
produire plus. soulignés.

Il ne sera d'ailleurs pas nécessaire de suivre La valeur de la production végétale aux « prix
d'amont en aval l'ensemble des produits et lorsque producteurs» (il ne s'agit plus ici de valeur ajoutée)
la confiance existe déjà, les interventions devront est de l'ordre de trois milliards de francs CFA.
être réduites au minimum. Ainsi, en ce qui concerne En tonnage comme en valeur, la principale produc-
la viande et le bétail qui fournissent des produits tion régionale est l'igname avec 1 3 75 millions CFA,
non standardisés, dont la manipulation, le stockage et soit 46 o/o environ du montant total de la production.
le transport posent infiniment plus de problèmes que Les trois céréales principales, maïs, paddy et mil,
les céréales ou le coton, le marchand traditionnel représentent ensuite un peu plus d'un milliard CFA
Dioula sera irremplaçable, son efficacité ayant fait ses réparti à peu près également par tiers entre elles
preuves. Si une certaine modernisation des circuits trois.
doit être prévue, elle devra se faire avec son accord.
Les quatre produits cités représentent à eux seuls
Les Tranports et Voies de Communication. - Sur presque 80 o/o de la valeur de l'ensemble de la produc-
le plan des transports, la région est traversée du Nord tion végétale. Destinés en priorité à la subsistance
au Sud par la voie ferrée Abidjan-Ouagadougou. Elle ils indiquent la prééminence absolue de celle-ci dans
est bien désservie également par un réseau routier le choix des cultures. L'arachide (140 millions
suffisamment dense, en général, pour le trafic actuel: environ) et le coton Mono (65 millions environ)
2 400 km de routes, soit 1 km de route pour n'arrivent que très loin derrière. En 1962-1963 le
12,8 km2 (1 km de route pour 9,7 km2 à l'échelon coton Allen en était encore à sa première période de
national). Ces routes feront l'objet des propositions multiplication.
d'aménagement nécessaires, par zone géographique,
en fonction des croissances prévisibles de la produc- Un redressement en faveur des produits destinés
tion. La viabilité permanente des routes principales à l'exportation hors de la région après transformation
devra être assurée en priorité, afin de mettre un terme industrielle locale, spécialement du riz et du coton,
aux coupures actuelles pendant la saison des pluies s'imposera donc d'urgence.
qui apportent une gêne considérable au trafic, par La production animale. - Toujours en valeur à
les longs détours qu'elles entraînent. la production, l'élevage des bovins (150 000 têtes
environ), ovins, caprins, porcins et volailles n'atteint
Le parc de véhicules, par contre, est réduit et que 500 millions environ de francs CFA. Mais sur
vétuste. Tous les calculs de prix de revient montrent ce montant 345 millions sont commercialisés, dont
la supériorité du camion gros porteur diésel sur le
170 millions exportés (chiffres arrondis).
moyen porteur à essence, sauf pour les rotations
locales. Il serait souhaitable que le parc routier En comparant ces chiffres aux données correspon-
s'adapte à ces conclusions, lors de son indispensable dantes en matière agricole (765 millions commercia·
reconstitution. lisés, dont 360 millions exportés, chiffres également

-13-
arrondis), on s'aperçoit que la commercialisation meilleure maîtrise de leur plan d'eau, une interven-
locale de viande atteint 43 % de celle des produits tion en vue d'obtenir des labours et des semis plus
agricoles et l'exportation de bétail 4 7 o/o des mêmes précoces dans les cultures de plaine, devraient pour-
produits. tant permettre d'accroître les tonnages commercia-
lisables et d'obtenir les produits plus homogènes que
Ainsi pour une production animale dont la valeur l'industrie de transformation exige. Parallèlement,
n'atteint que le l/6c de la production végétale, les l'introduction de dispositifs antiérosifs dans tous les
exportations sont de l'ordre de la moitié de celles-ci. aménagements agricoles nouveaux devrait permettre
L'importance de l'élevage, spécialement bovins et de parer aux dangers réels d'érosion que l'intensité
volailles puis porcins, sur le plan des revenus moné- des précipitations fait peser sur les sols.
taires des producteurs comme sur celui des exporta-
tions régionales ressort clairement de ces chiffres. Ces sols, d'une fertilité moyenne mais très résis-
L'étude sur l'élevage a d'ailleurs démontré que, tants, n'opposent pas non plus d'obstacle particulier
contrairement à une opinion couramment admise, aux divers types de cultures pratiquées ou praticables.
il n'existe actuellement aucun disponible inemployé Après cinq années de culture sans compensation
dans les troupeaux de bovins. Le petit nombre de d'aucune sorte (pas d'engrais et presque pas de
mâles adultes, présents dans les parcs est, à cet égard, fumure), c'est à peine si les analyses physico·
le signe certain d'un cheptel exploité au maximum chimiques du pédologue sont capables de déceler une
de sa capacité. L'élevage ne devra donc jamais être dégradation que l'observation directe conduirait
considéré comme une spéculation annexe ; au pourtant à juger alarmante.
contraire une place de choix devra lui être réservée Plus que la résistance des sols, cependant, c'est la
dans toutes les actions de développement futur. pratique de jachères de dix, quinze ou vingt ans,
De plus, les troupeaux de bovins étant presque qui explique que toute fertilité n'ait pas été détruite
toujours possédés par les «vieux», l'augmentation malgré cette exploitation « minière ». Le sol, en effet,
des revenus qu'ils procureront permettra d'associer n'est pas ménagé, mais exploité. Le Sénoufo est un
leurs propriétaires au mouvement de croissance éco- cultivateur adroit qui sait favoriser la plante mais
nomique, conformément à ce qui a été dit précédem- r,:~;~~on:e. terre : quand celle-ci est épuisée, il
ment. L'accession des « jeunes » aux bénéfices des
actions purement agricoles devrait s'en trouver faci- Une parenthèse concernant les techniques pastorales
litée d'autant. s'impose ici. L'étude sur l'élevage a indiqué, en
Le milieu naturel et les techniques culturales. - effet, que le bétail n'est pas plus « élevé » que le
Pour mieux approcher ce que pourraient être ces sol n'est « ménagé ». L'élevage est resté du type
actions futures, quelques mots sur le milieu naturel « cueillette » et se fait par personne interposée : du
et les techniques culturales actuelles sont indispen- propriétaire au responsable du troupeau, de celui-ci
sables. Dans ce domaine, l'examen de la climatologie, au berger Peuhl. Cultivateur adroit le Sénoufo devient
de la géologie et de l'hydrographie, comme l'étude un éleveur absentéiste. Ceci explique que si la pro-
pédologique réalisée par l 'Orstom à la demande de duction de viande est importante, le troupeau fournit
la S.E.D.E.S., ne permettent de déceler aucun empê- peu de lait (encore va-t-il aux Peuhls), pas de travail
c~e~ent majeur au développement agricole de la
et une production de fumier bien trop faible en regard
regxon. des besoins. Il en sera tenu compte dans les propo-
sitions ultérieures.
La _pluviométrie (environ 1300 mm par an) n'est
~~s defavorable, quoique mal répartie et assez irrégu-
Le système était parfaitement équilibré tant que
~a pl~ce n'a pas manqué pour les cultures aux longues
liere: ~ mauvaise répartition des pluies, abrégeant
la per1ode favorable aux labours et semis, explique 1acheres et pour les vastes pâturages que réclame un
la faveur dans laquelle sont tenues les cultures asso- cheptel bovin toujours plus important. Dans la zone
peuplée où la terre est devenue rare, les paysans sont
ciées. ~ trav:iux so~t ains~ répartis sur plusieurs
prod~ctions : s1 le mais ne reussit pas, par exemple,
actuellement dans l'impasse. Dans certaines zones
le mil pourra compenser en partie la perte. moins peuplées un conflit culture-bétail, latent actuel-
lement, s'aigrira vite si la part des cultures augmente
Le même souci amènera le cultivateur Sénoufo au détriment de celle des pacages.
l~rsqu 'il pratiquera une culture pure, telle que l~ Les grandes lignes des actions destinées à faire
nz de marais, à mélanger les variétés. Bon an, mal
sortir les paysans de l'impasse où ils se trouvent
an, il assure ainsi ses récoltes, mais si le matériel seront exposées à l'occasion de l'étude des zones
végétal diversifié qu'il emploie est rustique il est
homogènes, après qu'il ait été traité des temps de
également d'un faible rendement et très hétcSrogène. travaux.
Ce.tte techniqu~. montr~ un effort d'adaptation Les temps de travaux. - L'enquête temps de
certam aux conditions climatiques locales. Elle a ti:_avau~ a
montré ~e le Sénoufo n'avait pas usurpé sa
assuré jusqu'à présent la subsistance et la croissance reputation de travailleur. On y voit que les hommes
du groupe. Un développement des rizières et une de 15 à 49 ans consacrent actuellement 220 jours

-14-
par an aux activités productrices, dont 125 environ km.2 • De 60 à 4 habitants au km.2 la disparité est telle
aux activités agricoles et que les femmes du même qu'elle ne peut pas ne pas entraîner des comporte-
âge accordent respectivement 270 jours dont 105 aux ments économiques différents.
mêmes activités. La moyenne régionale recouvre
cependant une répartition inégale des efforts de Zone Mil. - En examinant l'occupation de
production suivant les zones. On verra plus loin les l'espace dans les différentes zones par ordre de
caractères particuliers à chacune d'entre elles. densité croissante on trouve d'abord la zone mil. La
population y vit groupée dans de gros bourgs de
Cet emploi du temps chargé où les cultures 2 000 à 3 000 habitants, le long de l'axe routier vers
vivrières tiennent la plus grande place, ne laisse le Mali ou la Haute Volta. La résidence secondaire
donc presque aucun jeu pour l'introduction de sur des campements y est fréquente, l'individualisa-
cultures industrielles si une productivité accrue ne tion des exploitations relativement peu avancée. La
permet pas de produire plus pour un temps de travail terre s'y trouve partout abondante: cultures et bétail
égal. y sont à l'aise, bien que le bétail repousse fréquem-
ment les champs loin du village.
Seules les recherches ultérieures permettront de
préciser les méthodes et les outils les plus adéquats L'introduction de nouvelles cultures et spécialement
pour atteindre cette productivité supérieure. des cultures industrielles n'y sera donc pas limitée
par manque d'espace. En retour, la raréfaction des
En tout état de cause, la faible valeur des produits surfaces utilisables n'y constituera pas avant long-
actuellement cultivés ne permet pas une valorisation temps une motivation suffisante pour contraindre les
élevée de la journée de travail: moins de 100 Fr cultivateurs à perfectionner leur technique de culture
CFA si l'on considère l'ensemble des travailleurs, nomade.
environ 170 Fr CFA si l'on compte en journées
d'hommes adultes travaillant 8 h par jour (1). La Pour retenir leur attention, l'action agricole devra
productivité accrue, qui vient déjà d'apparaître donc s'attacher moins à la fertilisation d'un sol qui
comme une nécessité inéluctable, devrait donc entrai- ne manque pas, qu'à des regroupements de cultures
r&er également une valo1·isation supérieure de la jour- et des introductions d'outils et de techniques permet-
née de travail réduisant ainsi l'écart avec les res- tant d'exploiter une plus grande surface pour un
sources procurées par les cultures d'exportation de même travail. Les regroupements préconisés devront
la zone forestière. également avoir pour but de rapprocher les champs
des points de commercialisation, afin de favoriser le
Deux autres enseignements sont encore apportés plein emploi: malgré la disponibilité en terres, celui-
par la même enquête : ci est loin d'être atteint actuellement, car les cultiva-
- les femmes fournissant 40 % du travail agricole teurs n'ont souvent pas intérêt à augmenter une
et para-agricole, l'encadrement technique devra donc production que l'éloignement des parcelles des lieux
nécessairement leur accorder autant d'importance de vente ne leur permet pas d'écouler.
qu'aux hommes;
Grâce à un climat sec et sain, c'est une zone
- les jeunes de moins de 15 ans effectuant 20 o/o
favorable à l'élevage bovin où, en raison de la faible
des travaux agricoles et 65 o/o des travaux para-
densité humaine, se rencontrent encore les plus
agricoles; le développement de la scolarisation dimi-
grandes disponibilités de parcours. Trente quatre pour
nuera considérablement cet apport; un aménagement
cent des exploitations possèdent des bovins et leurs
du calendrier scolaire prévoyant les grandes vacances
troupeaux sont importants, avec une moyenne de 11
de novembre à janvier, au moment de la récolte du
à 12 bêtes par unité budgétaire. En fonction des
riz et du coton, serait donc souhaitable.
solutions apportées au problème de l'ahreuvement, on
pourra accroître plus ou moins considérablement et la
IV. - LES ZONES HOMOGENES. productivité et la taille du troupeau.
Zone 1gname. - En zone igname, les structures
Strates et Zones. - Pour la commodité de l'en- traditionnelles sont encore solides et l'exploitation au
quête statistique la région de Korhogo avait été niveau de la famille étendue fréquente. L'habitat est
séparée en trois strates: strate dense, strate igname groupé en gros villages permanents. C'est la zone la
et strate mil. L'étude des densités démographiques et plus riche, au point de vue agricole. L'analyse budgé 4

celles des paysages agricoles ont conduit à distinguer taire menée par strates, a montré que les ventes de
trois zones, différentes des strates mais portant le produits ruraux y sont supérieures du quart à celles
même nom : zone dense, zone igname et zone mil. de la strate mil et des 2/3 à celles de la strate dense.
(Voir la carte N° 1).
En zone dense (140 000 habitants, Korhogo (1) Les calculs en termes monétaires sur la valorisation
compris) la terre supporte 60 personnes au km.2, alors globale de la journée de .travail recouvrent des coûts de
qu'en zone igname (85 000 habitants) on en compte production variables selon. les cultures. Ils supposent aussi
que les coûts de commercialisation sont constants alors que
10 environ et qu'en zone mil (80 000 habitants) la divers éléments, tel l'éloignément des champs des lieux de
densité moyenne se situe autour de 4 habitants au vente, introduisent une assez grande disparité de fait.

15-
Parallèlement l'autoconsommation y est plus impor- C'est pourquoi l'action devra porter ses efforts sur
tante et les dépenses d'alimentation y sont beaucoup l'adoption de techniques authentiquement intensives.
plus faibles qu'ailleurs. Les différences auraient encore Cette intensification devra porter sur l'ensemble des
été accrues si la ventilation avait pu être effectuée spéculations agricoles, car il ne peut être question,
par zones. C'est également la zone la plus riche de du fait de la rareté du sol, de consacrer de grandes
façon absolue bien que ce soit celle où l'élevage des surfaces aux cultures industrielles, si l'on ne sait
bovins tienne le moins de place. Ecologiquement, les produire les vivriers indispensables sur une surface
conditions ne sont d'ailleurs guère favorable à l'éle· plus réduite que celle qui leur est consacrée actuelle-
vage (sauf dans le Nord); celui-ci n'y revêt donc ment. A l'inverse des zones peu peuplées, le dévelop-
aucun caractère prioritaire, à part les problèmes de pement agricole en zone dense ne peut se contenter
gardiennage du troupeau actuel. d'être sectoriel, il doit être nécessairement global. II
repose sur l'augmentation de la productivité de la
L'utilisation du sol y est plus poussée qu'en zone terre et pas seulement sur l'augmentation de celle
mil. Les paysans y travaillent plus qu'ailleurs, du du travail. II suppose plus qu'ailleurs une véritable
fait que le riz pluvial et le coton, qu'ils produisent révolution agricole.
en association avec l'igname, bénéficient de débouchés
assurés et suffisamment rémunérateurs. Une certaine Et cette révolution devra s'opérer non seulement
tendance à la sédentarisation apparaît. Cette conjonc- pour des raisons agricoles mais également pour des
ture peut favoriser une action proposant la fixation raisons pastorales. En effet, dense cette zone ne l'est
des cultures et l'intensification des techniques de pas seulement en hommes, elle l'est également en
production. La disponibilité en terre reste suffisante bétail: cultures et bovins se disputent la place. La
pour que l'introduction de cultures industrielles ne moitié des exploitations possède des bovins (dans la
concurrence pas les vivriers, Cependant le goulot zone urbaine de Korhogo on compte 73 bovins pour
d'étranglement risquant de se situer au niveau de la 100 habitants) ; ce pourcentage passerait à 80 o/o si
main-d'œuvre disponible, ici encore l'adoption de on tenait compte en plus des ovins et des caprins et
techniques permettant une meilleure productivité du il serait encore plus élevé si on y incluait les porcins
travail constituera un préalable nécessaire à un véri- du pays Nafara.
table développement agricole.
Toute solution à ce conflit aigu et tout progrès
Zone dense. - Si dans les deux cas précédents le supposent obligatoirement la conjugaison des intérêts
facteur limitant était la main-d'œuvre, en zone dense de ces deux spéculations. Contradictoires dans la
c'est la terre qui joue ce rôle. La superficie agricole technique traditionnelle, il est d'une nécessité absolue
utile est totalement exploitée, les cultures en grande qu'elles deviennent complémentaires dans la tech-
partie fixées, le terroir fragmenté jusqu'à émiette- nique moderne. En tout état de cause, celle-ci est
ment, l'habitat dispersé en nébuleuse. Les cultivateurs seule en mesure de soulager les paysans de zone
y sont contraints, soit à raccourcir dangereusement dense, si l'on veut éviter qu'ils ne migrent en masse
les durées de jachère, soit à aller s'installer dans des ou se transforment en ouvriers agricoles au service
campements en dehors de la zone, soit à louer leurs d'une classe nouvelle de propriétaires fonciers qui
bras là où la main-d'œuvre est rare, comme en zone commence à apparaître dans la riche zone igname
igname. voisine.

C'est la zone la plus pauvre. La production étant Envisager une diminution du nombre des bovins
faible et peu diversifiée, l'autoconsommation est n'est pas souhaitable non plus, car, outre les ressources
assurée avec peine et parfois en partie seulement. qu'ils procurent, la zone dense est, aussi surprenant
C'est là que l'élevage, l'artisanat (surtout tissage) et que cela paraisse, le milieu écologique le plus favo-
le petit commerce de revente atteignent leurs plus rable à l'élevage. La présence de bas-fonds nombreux
hauts niveaux. La vente de produits agricoles n'y favorisant l'alimentation en saison sèche, celle de
vient qu'en deuxième rang dans le budget, après points d'eau proches et accessibles, la disparition des
l'élevage. Malgré cela, l'enquête budgétaire montre glossines par déforestation constituent autant de
que la couverture des dépenses par les recettes est facteurs positifs. Encore aujourd'hui les ressources
très difficilement assurée. en pâturages sont suffisantes ( 2 ha environ par
animal) mais on atteint très évidemment le point
Toujours plus nombreux sur un terroir limité les limite. Des moyens simples permettent d'accroître
Sénoufos de la zone dense n'ont pas su trouver' un encore considérablement le troupeau (amélioration
nouvel équilibre du rapport terre-travail ( 1 ). Con· des soins et de l'habitat du bétail, apport génétique
traints par le manque d'espace à sédentariser leurs nouveau, etc.). Leur application dépend cependant
champs, ils n'ont pas fait suivre cette fixation des de ce qui pourra être fait au préalable pour l'alimen-
cultures d'une véritable intensification. Le temps de tation du croît prévisible.
travail incorporé par hectare reste faible. En consé-
quence le sous-emploi, générateur de migrations
temporaires ou permanentes, s'accroît avec la pro- (1) Celui-ci ne pourrait se maintenir au-delà d'une den·
sitê limite qui a été évaluée, avec les techniques traditionnelles
gression démographique. à 30 habitants au km2• '

16-
Carte N° 1.

a 1 i LA REGION DE KORHOGO
ZONES ET_s_ou..;;....s;;..._-...;_z_;;_oN;..__;E;::.:;S_:....;H~OMOG ENES

:
(
(
\

'

X
X X X X"
X

X,.~-X~··:·••:it~.
x)(,'x)C
X

XX
X

XX
X

~)(
X X

X
X
;-~···1t:~ te!••"'Jc.~•
XX XX
. XX XX
XX

X )( X
)( )( X
X X
X X
X X
)( X
X
X
X X
)( X )(
X X X
x" X X X X
X X
X X
"
)(
)(
X

)(
)( " )( "
X

X
)(
X
" )( )(
)( X X X X

)(
X X X " X
X
X
X

)( X x ,.. X
X X
X
)( " X
X
X
X
~
X
)(
" '·
X

X
X
X

X
X
X
X
X

X
X
X
)(
)( "
)( X X X )( X
)( X X X X
)( · X X
X X

- •- • - Limite dt sous- prtf1ctur1


- - - - - - Limite dt canton habitants ou km2
- +- • Limite d'Etat
W4l'/fJ Densité comprise tntrt · 50 tt 70 habitants ou km2

Limite de zone homogène f'.::::'.::::'.::::'.::::'.::::'.:J Densité comprise entre 20 et 49 habitants ou km2

~:!;.~: sous-zone 1111H111 J Densité comprise entre 10 et 19 habitants au km2

18NAME Produit principal f\\\l Densité comprise entre S et 9 habitants ou km2

ECHELLE approximative Igname Produit secondaire 1. •* , ": 1Densité inférieure à5 habitants ou km2

0 10 20 30 40 km '~____..I Secteur inhabité


S EDES
Seule la révolution agricole évoquée plus haut blèmes regionaux. Huit sous-zones homogènes ont
permettra d'innover dans ce domaine. Une véritable ainsi été délimitées. Elles se trouvent sur la carte
«solution de rupture» s'impose ici. n ° 1. Pour permettre une sous-régionalisation opti-
male du plan, elles seront scindées à leur tour en
Elle fera l'objet des propositions nécessaires mais un ou plusieurs secteurs opérationnels, qui seront
il est d'ores et déjà improbable qu'elle n'entraîne pas délimités au cours de ce rapport.
un remodelage démographique partiel comportant
des migrations limitées vers des secteurs de colonisa-
tion au Nord et au Sud de la zone super-dense. Celle- Ces secteurs, aux conditions écologiques et sociolo-
ci, située immédiatement à l'Est de Korhogo, atteint giques semblables, grouperont en moyenne une quin-
des densités de l'ordre de 80 habitants au km.2 et il zaine de milliers d'habitants. Ils devront permettre
faudra envisager de la ramener à un taux plus suppor- d'ajuster au mieux des conditions locales les formules
table. Des actions concertées entre terroir de départ agronomiques et techniques retenues en vue d'aug-
et terroir d'accueil devront être prévues. menter les productions et les reven'!s. Mais la défini-
tion de leurs caractéristiques, leur articulation dans
Sous-zones homogènes. - L'allusion qui vient le cadre d'organismes plus vastes, ne sont plus du
d'être faite à une zone super-dense indique que les domaine de ce résumé. Elles relèvent des propositions
études démographiques et sociologiques sont descen- concrètes à proprement parler. Ce bref rappel des
dues en-dessous du niveau zonal pour tenter de données analytiques essentielles qu'il faut maintenant
cerner de façon toujours plus pragmatique les pro- conclure, n'avait pour but que d'ouvrir la voie.

C. • LA SOLUTION DE RUPTURE. engagées, il faut aussi qu'elles aient des effets dura-
bles et, pour cela, qu'elles tiennent compte du contexte
sociologique et économique préexistant, ne serait-ce
Le but à atteindre. - Augmenter la production que pour le modifier à bon escient. Les précautions
présente tout en mettant en place les conditions de nécessaires devront être prises pour éviter qu'elles
son développement ultérieur, obtenir des résultats ne revêtent le caractère d'une offensive précipitée
de façon suffisamment rapide pour donner confiance contre le système social traditionnel, ce qui risquerait
aux populations rurales tout en assurant les trans- de provoquer un réflexe de défense violente ou de
formations de structures nécessaires, tels seront les dérobade. Enfin, l'efficacité dans le temps étant assu-
buts essentiels de toute action de développement rée, il faut qu'il en soit de même dans l'espace et que
dans la région de Korhogo. Même si cette conjonction les interventions revêtent un caractère de masse leur
du court et du long terme, cette recherche simultanée permettant de toucher la quasi-totalité des produc-
de résultats immédiats et de réformes profondes teurs dans un délai raisonnable.
paraissent difficilement conciliables, on verra cepen-
dant que ce sont les seuls objectifs vraiment raison- L'analyse a pu permettre de déceler un certain
nables qui puissent être retenus. nombre de solutions partielles, sur le plan technique,
aux problèmes soulevés. Certaines d'entre elles sont
Des objectifs de production peuvent, en effet, être connues et ont même parfois été déjà appliquées de
atteints, mais sans une transformation moderne de façon isolée. Mais la juxtaposition de solutions par-
l'ensemble des structures les ré~tats obtenus tielles ne fait pas un plan de développement, même si
risquent d'être précaires, sinon déséquilibrants. A chacune est bonne en soi. A l'échelon régional ou du
l'inverse, toute proposition qui soumettrait la réali- moins zonal, il ne peut très rapidement exister que
sation des objectifs de production régionaux à des des solutions véritablement globales et intégrées,
décennies de mise en place d'une infrastructure socio- coordonnant et planifiant pour des actions de masse
économique nouvelle serait purement et simplement assurées de durer, l'ensemble des propositions secto-
insoutenable sur le plan pratique. La solution réa- rielles et des réformes ponctuelles, en fonction d'un
liste doit se retenir à l'écart de ces deux extrêmes. monde donné et d'objectifs précis.

En raison du retard du Nord sur le Sud, que des L'application de ce plan où chaque intervention en
réalisations de caractère résolument intensif, comme entraîne une autre, et en subit l'effet à son tour,
celles menées par la Sodepalm pour le palmier à huile nécessite la mise en œuvre de moyens puissants.
en zone forestière, accroîtront encore, il faut agir vite
en zone de savane. Les instructions du Président L'indispensable intervention. ...:,__ Or, si un mot est
Houphouët-Boigny, dans son récent discours de fréquemment revenu dans les pages précédentes, c'est
Korhogo, sont formelles sur ce point : le plan de le mot faiblesse : faiblesse de la production intérieure,
développement du Nord doit être lancé sans retard. faiblesse des revenus, faiblesse des exportations,
Cependant pour valoriser pleinement les actions faiblesse des investissements, faiblesse de la scolarisa-

-19-
tion (1), etc. Le cumul de ces différentes faiblesses, résolus que par un changement de niveau technique
réagissant l'une sur l'autre, constitue le « cercle » qui comportant la mise en place de moyens humains,
est à l'origine du sous-développement et à l'intérieur financiers et matériels considérables. La détermination
duquel l'économie régionale tourne en rond. Par elle- définitive des actions techniques, leur réalisation, leur
même, elle n'en trouvera pas l'issue. Quelles que ajustement en fonction, entre autres, des réactions
soient les qualités des Sénoufos, et même leur prise de psychologiques et sociologiques enregistrées, nécessi-
conscience de la gravité de la situation, leur absence teront l'implantation d'organismes puissants et d'un
de moyens, leur retard technique, font que la solution important dispositif d'encadrement et d'animation
de rupture ne peut venir que de l'extérieur. Seule rurale. Pour assurer aux surplus de produits des
une action gouvernementale menée avec détermination débouchés rémunérateurs, la commercialisation devra
peut permettre de transformer les structures de pro- faire l'objet de soins aussi attentifs que la production.
duction et d'intégrer véritablement la région aux La question du crédit agricole se posera. Les imbri-
circuits économiques intérieurs nationaux. cations avec les problèmes de formation des cadres
ou de structuration villageoise seront multiples.
En synthétisant une dernière fois les principlJux
éléments que l'analyse a permis de dégager, il est Seuls l'Etat, ou une Société d'Etat, ou une Société
clair que, dans un premier temps, le développement ayant passé un contrat avec l'Etat, pourront mener à
de la production agricole, ou agro-pastorale, qui bien le type d'actions que la situation requiert.
représente plus de 60 o/o de la valeur ajoutée régio-
nale, conditionne tout. Les investissements nécessités par l'ensemble des
actions dont la complémentarité devra être assurée
Or les potentialités régionales ne manquent pas, seront forcément élevés, sans rentabilité à court terme.
comme ne manquent pas les besoins nationaux en riz, Qui, à part la Nation elle-même, pourrait les prendre
coton, produits de l'élevage, sinon en arachide et maïs, en charge? Elle seule peut rapprocher ce que coûterait
tels qu'ils sont exprimés dans les « Perspectives une action riz, par exemple, et les économies réalisées
Décennales de développement économique de la Côte sur les importations nationales de ce même produit.
d'ivoire». Même si ces spéculations, correspondant Elle seule encore peut apprécier à leur juste valeur
aux conditions écologiques régionales, sont pauvres des investissements qui permettront le développement
(sauf l'élevage) comparées au café, au cacao et au économique, social et culturel du Nord, et donc un
palmier à huile, ce sont elles qu'il faudra développer accroissement des échanges et un resserrement des
sans tarder. Par ce moyen la région contribuera à liens organiques entre les diverses 1égi9ns qui
l'enrichissement de l'Etat qui diminuera ses impor- composent le pays.
tations, comme à celui de ses habitants dont les
revenus augmenteront. Parallèlement on verra croître La disparité des potentialités entre le Nord et le
l'activité industrielle de transformation des produits Sud n'en sera pas abolie pour autant et la progression
agricoles: rizeries, usines d'égrenage du coton, de la région de Korhogo, partant de plus loin et
huileries (graines de coton et d'arachide), maïzerie, s'appuyant sur des produits moins riches qu'en zone
etc., qui entraînera à son tour l'augmentation des forestière, sera nécessairement moins spectaculaire.
revenus urbains. Cette croissance de l'ensemble des Les répercussions de la croissance dans tous les do-
revenus régionaux se traduira elle-même par une maines n'en seront pas moins primordiales dans le
demande accrue de biens importés du reste de la présent et décisives dans l'avenir.
Côte d'Ivoire, procurant ainsi des débouchés nouveaux
aux usines d'Abidjan ou de Bouaké. Les chapitres qui suivent ont pour but de définir
et d'examiner cette croissance de plus près.
Il est bien évident, comme on vient de le voir,
que la croissance de la part commercialisable de la (1) Il n'a pas paru utile de revenir sur les problèmes
production ne pourra être obtenue que si une produc- soulevés par le retard de l'enseignement dans la région. Ce
tivité accrue permet le maintien sans heurt à ses qui en a été dit en introduction était suffisamment alarmant
pour que les propositions d'intervention nécessaires soient
côtés des productions vivrières de subsistance. retenues de façon prioritaire. En ce qui concerne la situa-
tion sanitaire, qui est heureusement loin d'être aussi
Le rôle de l'Etat. - Augmenter la productivité inquiétante, les propositions utiles seront faites en fonction
pose des problèmes complexes qui ne peuvent être de ce que la situation appelle.

-20-
DEUXIËME PARTIE

LES PROPOSITIONS D'INTERVENTION

En schématisant à l'extrême les pages précédentes, à l'examen des moyens à mettre en œuvre pour réa-
on peut dire que les grands buts que doivent se fixer liser ces objectifs économiques, en liaison avec ceux
les interventions économiques dans la région du qui assureront parallèlement la promotion humaine
Nord sont les suivants : des producteurs. Les questions d'infrastructure (cul-
- accroître le niveau de vie et les revenus moné- turelle, sanitaire, routière, hydraulique, etc•.• ) seront
taires des producteurs ruraux, grâce à une augmen- traitées ensuite. On concluera, enfin, en comparant la
tation sensible de la production végétale et animale situation actuelle à ce que pourrait être le nouvel
commercialisée, tout en préservant la part des vi- équilibre régional en 1975, à l'issue du programme
vriers de subsistance ; d'action décennal soumis à l'approbation des autori-
- restructurer l'économie régionale en transfor- tés ivoiriennes (1).
mant industriellement sur place le maximum des
surplus agricoles obtenus, en vue de leur exportation Le bref résumé que l'on va en lire ne peut cepen-
hors de la région ; dant que donner une idée bien incomplète du volume
- intégrer véritablement la région aux circuits na- consacré aux « Propositions d'Intervention ». Le rap-
tionaux en faisant porter l'effort de production et port lui-même s'est efforcé d'être aussi précis et
d'exportation sur les produits dont le développement détaillé qu'il était possible dans la détermination des
comme les débouchés sont expressément prévus par objectifs et la définition des moyens d'action, comme
les « Perspectives Décennales» de la Côte d'Ivoire. dans les estimations des coûts et des résultats. Le
lecteur voudra donc bien s'y reporter pour toutes
Cette deuxième partie sera donc d'abord consacrée précisions complémentaires.

Titre LES PRINCIPES GENERAUX


A. • LE DEROULEMENT DES ACTIONS DANS LE pond à des habitudes de consommation très localisées,
TEMPS. sont de ceux-là. Quant au maïs, il ne pourra être
développé de façon importante qu'après la mise en
place d'une maïserie à Korhogo.
Dans une région comme celle de Korhogo, où les
trois-quarts de la population vivent de l'agriculture, Restent le riz (irrigué et pluvial), l'arachide et le
l'essentiel des efforts devra porter avant tout sur le coton. Ce dernier, grâce aux rendements de l'ordre
développement de la production végétale et animale. d'une tonne à l'hectare qu'atteint le coton Allen, est
pécuniairement intéressant, il est d'ailleurs en pleine
Les données présentées dans le volume consacré expansion ; mais les deux premiers produits comptent
aux « Propositions d'Intervention » montrent que, parmi ceux qui valorisaient le plus mal, en 1963,
paradoxalement, ce ne sont pas les spéculations ac- la journée de travail.
tuellement les plus rémunératrices qui paraissent
devoir faire l'objet des plus importantes propositions Avec le coton, le riz est pourtant la production
d~ développement. La confrontation entre les poten- dont la croissance est la plus souhaitable pour l'éco-
tialités régionales et les objectifs nationaux amène, nomie nationale, a.fin de réduire les importations de
en effet, à limiter l'augmentation de la production de
certaines cultures vivrières à un niveau sensiblement (1) Il faut rappeler qu'il ne s"agit ici que de propositions,
équivalent à celui de la croissance démographique destinées à éclairer les choix des autorités responsables. Celles-
ci auront à les examiner et à les confronter avec les données
~gionale. L'igname, faute de possibilités présentes et les projets intéressant les autre régions de Côte d'ivoire,
de transformation industrielle, et le mil qui corres- afin de prendre les décisions qu'elles jugeront opportunes.

-21
l'étranger qui dépassent 5 0 000 tonnes par an . Quant Les objectifs nationaux s'imposant en priorité, les
à l'arachide, outre que son doublement est prévu recherches ont donc été faites pour déterminer les
par les programmes nationaux, elle peut contribuer, conditions de production, de rendement et de prix
avec les graines de coton, à alimenter une huilerie de vente permettant de valoriser au mieux la cul-
locale, dont l'effet sur la valeur ajoutée régionale ture du riz . Les conclusions en ont été positives et
ne sera~t pas négligeable. autorisent de considérables projets intéressant en par-

I'la11c h e 11.• J

DEROULEMENT DES ACTIONS


DAN S LE TEMPS

PERIODE 1 PERIODE Il

Progression Développement rapide des actions secto rielllii! s lntêgrotion des action s ou niveau des secteurs
théorique au niveau des secteurs d' inte r vention. de modernisat io n.
de la couverture
de la région en % Ob je.et if : Au,gl\lentotion de la production Objectif : Mode rnisa tion du systêm e de
- - product i on.

50%

% TOUCHE A LA FOIS
- - --HP AR LE S ACTIONS INTEGREES
E T LES ACT IONS SECTOR IELLES

ACTIONS
SECTOR IELLES

1966 1969 1970 1971 1972 1973 197G 1975 Années

ticulier la culture irriguée. Associé au maïs, le riz difficilement envisageable. Si le riz irrigué est, par
pluvial pourra également retenir l'intérêt des pro- définition, pratiqué en culture pure, si le coton peut
ducteurs. Le doublement des rendements de l'arachi- être traité en culture isolée ou isolable (1), le riz plu-
de peut aussi être atteint.
(1) On dira plus loin l'in térêt qu'il y aurait à faire rentrer
Pour ces deux derniers produits, le développement également le coton dans un assolement comportant des cul-
de leur production de façon autonome est cependant tures vivrières.

- 22-
vial par contre, comme l'arachide ou le maïs, fait par- essentiellement sur des produits ou des productions
tie d'un assolement. C'est donc sur cet assolement isolables temporairement du contexte général ; la
entier qu'il faudra agir, même si l'on ne veut favo- modernisation et la croissance de ces productions
riser plus spécialement que certains des produits qu'il correspondraient à l'intérêt des producteurs ( aug-
comporte. Par suite, toute intervention concernant mentation de leurs revenus), à la nécessité d'assurer
ces dernières spéculations devra nécessairement être la restructuration de la région (développement des
plus globale que pour le riz irrigué et le coton. activités industrielles) et à la satisfaction des besoins
nationaux (fourniture de produits nécessaires à l'éco-
En matière de production animale, qui peut être
nomie du pays) ; parallèlement seraient réalisés les
considérablement développée, on retrouvera le même
investissements d'infrastructure essentiels ;
problème. Les bovins, par exemple, peuvent faire
l'objet d'actions spécifiques en vue d'améliorer l'état - de 1971 à 1975, la seconde période verrait le
sanitaire du troupeau et d'augmenter le nombre des lancement d'actions en profondeur touchant l'en-
bêtes. Mais très vite l'alimentation en zone dense, semble des facteurs de production et des spéculations
l'abreuvement en zone mil soulèveront des difficultés agricoles, végétales et animales ; tous les aspects de
insolubles si on ne replace pas l'élevage dans un cadre la vie rurale devraient progresser conjointement
agro-pastoral plus vaste. dans le cadre d'actions de masse à long terme; l'a-
daptation de l'infrastructure aux nouveaux besoins
L'amélioration de l'infrastructure régionale elle- intra-régionaux serait largement entamée.
même ne pourra pas être traitée isolément. Pour
des raisons de commodité, elle fait l'objet de chapi- Les interventions de la première période porte-
tres séparés. Mais s'il est clair que telles routes, par raient le nom « d'actions sectorielles ». Elles compor-
exemple, s'imposent de toute façon, la création de teraient trois opérations principales; l'opération riz
telles autres a été proposée en fonction des tonnages irrigué, l'opération coton et l'opération élevage. Leur
de produits qui ont été prévus comme résultat des réalisation s'effectuerait dans le cadre de cc secteurs
interventions. d'intervention» d'une vaste emprise géographique
En un mot si, dans un premier temps, les actions mais n'agissant que sur une seule spéculation.
pourront être menées de façon relativement autono-
Les interventions de la seconde période s'appelle-
me, dans un second leurs liaisons et réactions réci-
raient « actions intégrées ». Elles élimineraient le
- proques nécessiteront une grande complémentarité risque de concurrence entre les actions sectorielles.
dans les réalisations. Il devrait normalement en ré- Elles s'effectueraient grâce à des «secteurs de mo-
sulter deux périodes distinctes dans le développe- dernisation » intéressant l'ensemble des facteurs de
ment régional: production et des spéculations d'un espace géogra-
- de 1966 à 1970, les interventions porteraient phique limité.

B. · LA REPARTITION ET LA COORDINATION La répartition des tâches par secteurs d'intervention


DES TACHES DANS L'ESPACE. implique cependant qu'une règle essentielle soit re-
tenue avant tout: un seul organisme par village, un
seul encadreur par groupe de producteurs. Rien ne
Pour réaliser les actions sectorielles, deux orga- serait pire que de voir les paysans tiraillés de part
nismes existent déjà : le Service de !'Elevage (qu'il et d'autre par des encadreurs différents, leur donnant
faudrait toutefois renforcer considérablement) et la des instructions contraires ; ce serait le plus sûr
Compagnie Française des Textiles (CFDT), qui réa- moyen de courir droit à l'insuccès.
lise actuellement sur place un important programme
de développement du coton. Il sera donc proposé de Ce principe ne peut évidemment pas s'appliquer
confier l'opération riz à un organisme offrant une avec la même rigueur à la production animale. Quelle
souplesse d'emploi comparable à celle de la CFDT. que soit son importance présente et à venir, elle ne
Une Société d'Etat bénéficiant de l'autonomie néces- pourra pas remplir avant longtemps le rôle moteur
saire et gérant son propre personnel, présenterait de qui incombe aux spéculations agricoles. Dans ce
grandes garanties d'efficacité. Compte tenu des sens, il semble qu'on ne puisse pas parler véritable-
charges qui seraient les siennes au moment des ment d'une « opération» élevage, mais plutôt d'une
opérations intégrées, le nom de « Société d'Etat action de développement de la production animale,
pour le Développement des Cultures Annuelles» d'abord parallèle aux actions proprement agricoles,
(SODECAN) a été avancé. Mais si la SATMACI s'y intégrant ensuite au moment du passage aux
s'occupe déjà du riz à Korhogo, la poursuite de actions globales. La spécificité des interventions pré-
l'opération pourrait très bien lui être confiée, avec conisées pour améliorer la production animale rend
les moyens nécessaires à sa réalisation. d'ailleurs possible, sans inconvénient, le passage du

-23-
personnel du Service de !'Elevage dans les villages principales potentialités de chaque secteur. Il re-
où se trouverait à demeure un encadreur riz ou coton. viendrait donc à l'organisme responsable ( 1) de
On a donc été amené à conclure que les deux suivre l'ensemble des spéculations de sa zone (riz,
maîtres-d'œuvre principaux ne pouvaient être que la coton, arachides, maïs, cultures vivrières, etc ... ) en
SODECAN et la CFDT. En conséquence, pendant la formant et mettant en place les encadreurs polyva-
période des « actions sectorielles » il n'y aurait que lents nécessaires.
deux types de « secteurs d'intervention », les secteurs Quant au Service de !'Elevage, ses interventions
riz, dépendant de la SODECAN (ou de la SATMACI), sanitaires resteraient libres dans l'ensemble des sec-
et les secteurs coton, rattachés à la CFDT. teurs; à partir de 1970 cependant il serait préféra-
Pendant la période des « actions intégrées» il a ble que le problème de l'alimentation du cheptel.
été prévu que les « secteurs de modernisation » dé- inséparable de celui des jachères ou de l'aménage-
pendraient de même d'un maître-d'œuvre unique, ment des terroirs, soit pris en charge par les secteurs
soit la SODECAN, soit la CFDT, en fonction des de modernisation.

Planche n° 2
COORDINATION ET REPARTITION
des tâches dans l'espace'

Directions régionales des REPRESENTANT DU PLAN Directions des


SOCIETES DE DEVELOPPEMENît-------i~COMITE REGIONAL DE COORDINATION .,.__ _ _ _ _ _-1SERVICES TECHNIQUES ET
ET D'ANIMATION RURALE ECONOMIQUE ET TECHNIQUE ECONOMIOUES ~gionaux

Applicotion cfun progromm• commun


fourni por te plon de d4velopp1ment n!gional
1 1
1 1 1
INTERVENTION INFRASTRUCTURE

COTON
Riz Secteurs
Cultures vivrières----c
ELevo111 C.F.D.T.

R E G 1 0 N

Un point a jusqu'ici été laissé de côté : c'est celui service nouveau d'animation devra faire face à cette
qui intéresse l'animation rurale qui ne doit pas être tâche. Pour maintenir l'unité d'action nécessaire,
confondue avec l'encadrement technique, pris en il détachera un certain nombre de ses agents auprès
charge par les Sociétés de Développement. L'encadre- des Chefs de secteurs d'intervention ou de modernisa-
ment vise à diffuser des méthodes nouvelles et à
contrôler leur application. L'animation, elle, ne (1) Etant donné le rôle que jouera la CFDT dans le déve-
loppement régional et l'expérience qu'elle a par ailleurs dans
cherche pas à modifier une technique de l'extérieur, d'autres domaines que le coton, il a été prévu qu'elle pourrait
mais à transformer de l'intérieur les opinions et les prendre en charge un certain nombre de secteurs de moder-
attitudes qui rendront les producteurs favorables aux nisation (au besoin dans le cadre de la Sodécoton, dont la
mutations techniques. C'est le support humain qui création avait été un moment envisagée). Dans le cas où cette
formule s·avèrerait impraticable l'ensemble des secteurs de
est ici visé : il s'agit, avant tout, d'ajuster le milieu modernisation dépendrait alors de la seule Société chargée
d'accueil aux innovations qui lui sont proposées. Un initialement du riz.

-24-
lion pour remplir auprès d'eux, et sous leur autorité, fois qu'il serait nécessaire de faire le point, d'harmo-
un rôle de conseiller à l'animation psychologique et niser l'action entre Sociétés, ou entre Sociétés et
sociologique. Services, enfin d'aplanir une difficulté imprévue de
réalisation mettant en jeu plusieurs participants.
Un tel ensemble demande évidemment à être
coordonné. Ses relations avec les autres services ad. Un représentant de la Direction du Plan pourrait
ministratifs participant au développement devront également être installé au niveau régional. Son rôle
aussi être harmonisées. Pour assurer la cohérence des serait plus ou moins important, selon les tâches que
objectifs et la coordination permanente des moyens les autorités ivoiriennes décideraient de lui confier.
mis en œuvre, il a été proposé : Sans préjuger de la décision qui sera prise à ce sujet,
on pourrait très bien concevoir que cette fonction soit
- l'établissement par le gouvernement de « Pers-
confiée, au moins pendant la période de lancement
pectives régionales de développement» contenant le
des actions, à un véritable coordinateur de haute
programme et le calendrier des interventions (1);
qualification technique.
- de fréquentes réunions d'un « Comité régional
de coordination économique et technique » chargé de Les planches l et 2 résument ce que pourrait être
suivre sur place les réalisations prévues dans ces le déroulement des actions dans le temps, ainsi que la
perspectives. coordination et la répartition des tâches dans l'espace.
On commencera l'examen détaillé des diverses pro-
Ce Comité réunirait les dirigeants des deux sociétés positions d'intervention par celles qui correspondent
de développement et de l'animation rurale, comme à la première période du développement et concernent
ceux de tous les autres services techniques intéressés les actions sectorielles. La première sera cc l'opération
au développement régional. Il se réunirait chaque riz )).

Titre Il LES DEUX PERIODES DU DEVELOPPEMENT

Première Période : LES ACTIONS SECTORIELLES

A. • L'OPERATION RIZ. gements primaires; l'absence d'encadrement ne per·


mettait pas aux Sénoufos de terminer les aménage-
ments secondaires ; aucune maitrise du plan d'eau
La production de cette céréale est basée sur deux ne pouvait être obtenue; l'ouvrage s'en trouvait
types de culture, la culture sous pluie (riz de mon· inachevé et mal utilisé; les rendements en subis·
tagne) et la culture irriguée ou inondée (riz de saient les conséquences.
marais). Le premier type est connu pour son action
dégradatrice des sols ; ce risque rend nécessaire un
ensemble de précautions, spécialement au point de Aussi l'accent a-t-il été mis sur le rôle primordial
vue assolements, qui font rentrer cette spéculation de l'encadrement. Le programme proposé porte sur
dans la catégorie des « actions intégrées ». L'opéra- l'aménagement complet de 12 000 ha de rizières,
tion sectorielle riz visera donc uniquement le dévelop- exploitées de façon intensive et le principe suivant
pement et l'amélioration de la riziculture dans les a été retenu : aucun aménagement foncier ne sera
mis en service si un encadreur permanent ne peut
bas-fonds.
assurer le contrôle des plans d'eau, l'achèvement des
Les objectifs - En 1963, 8 250 ha de bas-fonds aménagements secondaires et l'entretien de l'ensemble
étaient cultivés en rizières. La production atteignait des canaux ; en conséquence aucune technique nou-
15 000 T de paddy avec des rendements moyens de velle, aucun moyen de production moderne ne pour·
18 quintaux à l'hectare. La fumure minérale com- ront être préconisés là où un encadreur ne pourra
mençait à être utilisée par les riziculteurs et de contrôler cette innovation et en assurer la réussite.
gros efforts avaient été faits par le Service de l'agri-
culture pour l'amélioration du matériel végétal. Les
services techniques avaient lancé un programme d'a· (1) En attendant que la confrontation entre les diverses
études régionales permette l'établissement de ces u perspec-
ménagement hydro-agricole, qui touchait déjà 2 600 tives », un certain nombre d'actions pourrait être lancé sur
hectares de rizières. Malheureusement, les ouvrages la base des propositions contenues dans le présent rapport,
étaient livrés aux villages après finition des aména· si celles-ci recueillaient l'agrément du Gouvernement.

-25-
De la sorte, toutes les techniques vulgarisées réuni- Par ordre de priorité, la réfection ou la rev1S1on
ront le maximum de chances de succès. Ainsi en sera- des ouvrages déjà réalisés, serait menée concurrem-
t-il de la diffusion d'un matériel végétal homogène, ment avec l'aménagement des bas-fonds nouveaux
de l'organisation de pépinières villageoises, de l'em- en zone dense ou peuplée. Les aménagements de sites
ploi d'outils mieux adaptés, de l"épandage de fumure en zones faiblement peuplées n'interviendraient
minérale, etc ... qu'ensuite. Dans ce dernier cas, il conviendra de ne
pas oublier l'aspect primordial des problèmes de sa-
Les rendements devraient passer de 18 à 30 lubrité.
quintaux de paddy à l'hectare et la production totale
de 15 000 T de paddy en 1963 à 36 000 T en 1975, Suivant le lieu et l'importance des travaux à réa-
soit une progression de 140 o/o en 12 ans. Parallèle- liser, le coût des aménagements pourrait varier de
ment, grâce à une diminution importante des temps 40 000 F à 150 000 F CFA par hectare. En regard,
de travaux à l'ha, la valorisation de la journée de on rappellera qu'en 1975, les ressources à l'hectare
travail irait de 75 F CFA en 1963 à 240 F CFA (1) atteindront 54 000 F CFA pour 30 quintaux de
en 1975 (et même 260 F CFA avec l'introduction de paddy.
batteuses mécaniques). Les tableaux suivants font ressortir le coût total
de l'opération et les augmentations de production et
Les instruments de l'intervention . . Les aména- de ressources annuelles à en attendre :
gements hydro-agricoles proprement dits continue-
raient à incomber au Service des Aménagements
Ruraux. Dès leur achèvement, ils seraient pris en /_,es <lépenses totales nécesûtées par l'Opération Ri:
charge par la Société chargée de mener à bien l'opé- Tal>leau n° 2 En millions de F. CF A.
ration riz, c'est-à-dire la Sodécan ou la Satmaci. Tout
1966-1970 1971-1975 Total
ce qui intéresserait la transformation des méthodes
culturales et l'encadrement reviendrait au « Service Investissements 759 323 1.082
Production » de cette Société. Les problèmes de Fonctionnement 320 315 635
crédit, de commercialisation et d'usinage du paddy Total 1.079 633 1.717
relèveraient d'un « Service Commercialisation>>. Ces
deux services dépendraient directement de la direction
régionale de la Société.
Ler cruis:çam·e cle la production du riz irrigué
Deux secteurs d'intervention, l'un à Korhogo, Tablea11 n° 3 (chiffres arrondis)
l'autre à Ferkessédougou seraient nécessaires au dé- Différence
part ; à partir de 1969 un troisième secteur devrait 1963 1970 1975 entre 1953
et 1975
également être prévu. Ils auraient évidemment besoin --- ---
d'avoir à leur tête des dirigeants de valeur, assistés Production (en T) 15.000 25.000 36.000 + 21.000
par des adjoints techniques et des conseillers à l'ani- Valeur de la pro-
mation. La formation de 50 encadreurs par an duction (en millions
devrait être assurée, soit par une série de stages brefs,
de F. CFA) (a) . 195 425 648 + 453
soit par des cours de plus longue durée dans une
école d'agriculture spécialement aménagée.
(a) Prix moyen retenu pour le kg de paddy : 1963 = 13 F ;
1970=17F; 1975 = I8F.

B. · L'OPERATION COTON. Mono jouissait de la faveur des cultivateurs, car sa


pratique systématique en association le faisait appa-
raitre comme une récolte obtenue de surcroît, ne
Le développement de la production cotonnière dans
nécessitant presque pas d'opérations culturales par-
la région de Korhogo se justifie :
ticulières. De plus, il bénéficiait de débouchés assu-
- au niveau national, par les besoins de l'indus- rés à des prix de campagne garantis.
trie cotonnière ivoirienne, actuellement obligée d'im-
porter la plus grande partie de sa matière première; Il ne fallait cependant pas attendre du Mono des
- au niveau régional, par les conditions écologiques accroissements sensibles de production. Aussi l'IRCT
favorables au cotonnier de cette zone de savane, si
pauvre par ailleurs en produits exportables. (1) Ce calcul tient compte de prix différents en 1963 (13 F
CFA le kg de paddy) et en 1975 (18 F le kg) grâce à une
Les objectifs - En 1963, 22 000 hectares étaient action sur la commercialisation et à des rendements en riz
occupés par le coton Mono, en association avec les supérieurs à l'usinage. Si les calculs concernant le système
traditionnel avaient été faits sur la base de 18 F on aurait
cultures vivrières. Ses rendements étaient très faibles: obtenu une valorisation de la journée de travail de 105 F
100 kg en moyenne à l'hectare. Malgré cela le coton environ en 1963.

-26-
ayant mis au point la culture de l'Allen (rendements ments escomptés permettraient de faire passer la
de l'ordre de 1 T de coton graine à l'hectare), est-ce valorisation de la journée de travail de 100 F dans
cette variété que la CFDT a entrepris de diffuser le premier cas à presque 200 F dans le second (avec
en grand. L'expérience et la compétence de cette une production de 1 Tonne d'Allen à l'hectare).
société la désignent tout naturellement pour prendre
en charge cc l'opération coton ». Les instruments de l'intervention - Le dispositif
de la CFDT pourrait être maintenu sans grand chan-
Présentement la CFDT préconise le coton en cul- gement tel qu'ils se présentait en 1963. Il compre·
ture pure, en champs collectifs, hors assolement. Ceci nait alors deux secteurs, divisés en sous-secteurs.
lui permet un contrôle efficace et lui facilite les
traitements phyto-sanitaires dont elle a la charge. Il a été prévu que la structure de ces secteurs
C'est cette pratique, qu'il conviendra de lui de- d'intervention serait comparable à celle des secteurs
mander de poursuivre entre 1966 et 1970, pour riz et que des conseillers à l'animation seconderaient
augmenter rapidement la production de !'Allen. les responsables techniques. Aucune modification ne
Dans cette formule, la culture du coton reste serait apportée à la densité d'encadrement actuelle-
cependant en marge du système traditionnel de pro- ment retenue: elle va de 10 ha par encadreur
duction (1). On peut donc craindre que la grande la première année à 60 ha la 6c année. Un moniteur,
masse des cultivateurs n'y consacre que le temps ayant toujours à sa charge personnelle la surveillance
minimum qu'ils pou1·raient soustraire de leurs cul- d'une certaine superficie superviserait 4 encadreurs
tures principales et ne lui réserve que les surfaces moins expérimentés, comme cela a été également
strictement nécessaires pour obtenir l'argent dont ils proposé pour l'opération riz.
ont momentanément besoin. Pour pallier cet incon-
En 1970, le nombre d'encadreurs atteindrait 200
vénient et en prévision de la période des actions
unités. Par la suite, une partie serait reprise en
intégrées il devrait donc être demandé à la CFDT
charge par les opérations intégrées.
d'entreprendre, parallèlement à son action sectorielle,
les essais nécessaires pour aboutir à une 11éritable On trouvera, dans les tableaux ci-après, le résumé
intégration du coton Allen dans le système de culture. du coût total des interventions rapproché des res-
L "établissement d'un objectif quantifié de produc- sources annuelles à en attendre:
tion doit tenir compte de cette donnée, mais égale-
ment des objectifs nationaux, des disponibilités en
I~es dépen.~es totales nécessitées par !'Opération Coton
terre et en main-d'œuvre et des besoins en encadre-
ment. Ta/Jleau n° 4 En millions de F. CF A.
1966-1970 1971-1975 Total
Les calculs menés, (en tenant compte des tonnages
récoltés du fait des actions intégrées) montrent que Investissements 85 83 168
la production pourrait atteindre un peu moins de Fonctionnement 362 499 861
IO 000 tonnes de coton graine en 1970 et plus de Total . 447 582 1.029
20 000 tonnes en 1975. Et ceci en retenant seule-
ment 10 ares de coton cultivés par habitant en zone
Igname, 8 ares en zone Mil et 5 ares en zone Dense.
On ne courrait ainsi aucun risque de compromettre (1) En 1963, les plus intéressés par cette culture étaient.
le développement de la riziculture ni d'entraîner soit les notables qui disposaient d'un surplus de main-d'œuvre
pouvant être distrait de la production des vivriers, soit des
d'importants travaux supplémentaires pour les agri- artisans. des tisserands en particulier, qui cherchaient à se
culteurs (2). reconvertir.
Malgré l'allongement des temps de travaux, qu 'im- (2) Il est bien évident aussi que ln culture de l'Allen ne
pourra se développer qu'au détriment de celle du Mono. La
plique le passage de la culture du Mono à celle de production de ce dernier décroîtra régulièrement de 1963
!'Allen (de 50 jours/ha à 135 jours/ha), les rende- (2300T) à 1975 (300T).

La crois.~a11ce de la production de coton


Tableau no 5 (chiflres arrondis)

1963 1970 1975 Différence


entre 1963 et 1975
Mono Allen Mono Allen Mono Allen Mono Allen

Production (en tonnes) . 2300 E 1300 8000 300 20000 -2000 + 20000
Valeur de la production (en millions de F.
(CFA.) (a) • • • • . • 64 e 36 256 8 640 -56 +640
(a) Prix moyen du coton Mono : 28 F ; prix moyen du kg de coton Allen : 32 F.

-27-
C. • LE DEVELOPPEMENT DE L'ELEVAGE. A elles seules, ces actions pourraient entraîner
une diminution de la mortalité faisant passer le taux
de croissance du troupeau de 3 % en 1963 à 5 %
Il a été dit dans la 1re partie quelle était l'impor- environ en 1975 ; une augmentation de 20 % du
tance de l'élevage dans les ressources monétaires des revenu global de l'élevage bovin en résulterait.
producteurs ( 345 millions CFA commercialisés sur
une production de 500 millions environ). Le cheptel Pour obtenir ces résultats, le nouveau Service de
représente donc un capital qu'il s'agit d'abord de la Santé Animale sera amené à se consacrer princi-
protéger, ensuite d'améliorer. Deux grands types palement aux bovins durant les premières années.
d'actions correspondront à ces deux préoccupations
principales :
JI. - LES ACTIONS ZOOTECHNIQUES.
- les actions sanitaires (protection des animaux);
- les actions zootechniques (amélioration du rende-
ment et augmentation du cheptel). Elles devraient relever d'un second service, le
«Service Régional des Actions Zootechniques», dont
Chacune revêtira des formes différentes selon qu'il la création est également proposée ; il comprendrait
s'agira du troupeau bovin ou du petit élevage (por- deux sections: élevage bovin et petit bétail. Son per-
cins, ovins, caprins, volailles) et les différences sonnel pourrait, en partie, se confondre avec celui
pourront même être considérables dans le cas des de la Région de ! 'Elevage du Nord. Il serait égale-
actions zootechniques. Le grand nombre de mesures ment important que la station d'élevage de Korhogo
spécifiques qu'exige le développement de l'élevage lui soit rattachée pour servir de centre de diffusion
oblige donc à une présentation plus détaillée et com- et de multiplication du matériel animal amélioré.
partimentée que précédemment. Six postes vétérinaires secondaires devraient être
créés pour soutenir son action.

L'organigramme ci-dessous résume ces diverses pro-


1. · LA PROTECTI~N SANITAIRE DES ANIMAUX.
positions.

Le cheptel actuellement le plus menacé est le


cheptel bovin. La situation sanitaire du troupeau se
dégrade et le nombre des foyers épidémiques aug-
PROPOSITIONS CONCERNANT
mente régulièrement. Pendant le même temps, les L'ORGANISATION R~GIONALE DU SERVICE DE L'~LEVAGE
moyens en hommes et en matériel du Service de Planche no 3
!'Elevage n'ont cessé de diminuer.
PROBLEMES SANITAIRES PROBLEMES ZOOTECHNIQUES

Pour assurer à nouveau une protection efficace


REGION 0' ELEVAGE
de l'ensemble des bovins, qui revêt aujourd'hui un DIRECTION
caractère de priorité absolue, la création d'un «Ser- ADMINISTRATION
vice Régional de la Santé Animale » doit être envi-
sagée. Ce service devrait être installé à Korhogo et
dirigé par un docteur vétérinaire dont ce serait
l'unique occupation. Il devrait disposer des moyens
nécessaires en hommes et en matériel lui permettant
d'intervenir rapidement dans toute la région (les
propositions nécessaires ont été faites à ce sujet).
Sa tâche comprendrait deux aspects distincts :
- la surveillance sanitaire de la zone forestière ( 1) *
et celle des routes de transit des troupeaux d'impor-
tation;
- les interventions sur le cheptel sédentaire local.

Ces dernières devraient se fixer pour objectif de


mettre le cheptel régional à l'abri des grandes flam-
bées épidémiques qui jadis le décimaient périodi-
quement - et dont justement le Service de !'Elevage
avait réussi à le préserver ces dernières années. Pour
cela des campagnes systématiques de vaccination,
(1) Grâce à des postes fixes.I • Lire: ione frontalière
touchant la totalité du troupeau seraient confiées
(2) Ces équipes pourraient procéder, parallèlement, à des
à des équipes mobiles dont la mise sur pied est éga- campagnes de traitement anti-parasitaires intéressant surtout
lement proposée (2). les jeunes animaux.

-28-
Les interventions du Service des Actions Zootech- couvrant la reg1on entière, le nombre de bêtes pas-
niques diffèreraient fondamentalement selon qu'elles serait de 150 000 en 1963 à 230 000 en 1975, et la
s'adresseraient à l'élevage bovin ou au petit élevage. valeur de la production de 236 millions à 545 millions
Bien qu'il y ait toujours appropriation individuelle CFA, soit une augmentation de 131 o/o ( + 7,2 o/o
des animaux, ceux-ci, dans le premier cas, sont grou- par an).
pés dans un parc, par village ou par quartier, et
sont conduits collectivement par un seul berger (1).
Au contraire dans le petit élevage, chaque proprié- Le petit élevage - Il relèverait de la Section
taire s'occupe personnellement, et souvent avec soin « Petit Bétail». Les réalisations en ce domaine
de son bétail. Des actions ont donc été prévues, au auraient pour principe commun de s'appuyer sur
niveau du parc, pour l'élevage bovin, afin de toucher le caractère fermier et individuel, déjà signalé, de
rapidement un pourcentage élevé du cheptel existant. cet élevage.
au niveau de l'exploitant dans les autres cas.
Pour les porcins l'effort porterait uniquement sur
L'élevage bovin - La Section «Elevage Bovin» les éleveurs de l'excellent animal métis mis au point
mènerait deux types d'actions: le premier concer- par la station de Korhogo. Les actions intéresseraient
nerait uniquement la zone dense, le second le reste l'accélération de la diffusion de géniteurs améliorés,
de la région. l'amélioration de l'alimentation et de l'hygiène des
porcheries, enfin la surveillance des conditions de
L'intensification de l'élevage bovin en zone dense commercialisation. De 1963 à 1975, la totalité des
serait recherchée par l'application simultanée, dans producteurs devrait être encadrée de la sorte et.
les villages touchés, des mesures suivantes : cons- d'après les prévisions faites, la valeur de la produc-
truction de parcs-abris plus rationnels (2), distribu- tion devrait passer, aux mêmes dates, de 27 à 120
tion de nourriture d'appoint aux animaux, amélio- millions de F CF A.
ration génétique du troupeau, encadrement des ber-
gers et des propriétaires ( 3 ). En 1963, on a estimé que l'aviculture représen-
tait une production de 145 millions CFA, soit pres-
Ces mesures forment un tout indissociable ; le que le quart de la production animale totale. Son
nom d'« unités-parcs » a été retenu pour les carac- extension est cependant considérablement freinée par
tériser. En 1975, ces actions toucheraient 90 000 la gravité des problèmes pathologiques. C'est pour-
têtes, soit les 3 / 4 du troupeau bovin prévisible en quoi les actions les plus importantes devraient por-
zone dense à cette époque. Elles permettraient une ter sur la lutte contre les épidémies. L'emploi de
nouvelle diminution de la mortalité des veaux et nouveaux vaccins, buvables ou aérosols, faciliterait
des jeunes qui ferait passer la croissance annuelle la tâche des équipes de vaccinateurs qui dépendraient
du troupeau à 6 o/o environ, ce qui correspondrait de la Section « Petit Bétail ». Parallèlement, l'amé-
à un doublement de l'effectif global en douze ans. lioration des conditions d'alimentation et d'habitat
(poulaillers mieux adaptés), l'introduction de races
L'amélioration de la production en dehors de la améliorées permettraient de faire passer la valeur
zone dense porterait essentiellement sur le troupeau de la production avicole à 400 millions CFA en 1975.
de la zone mil où les conditions écologiques sont
nettement plus favorables qu'en zone igname. Le La région de Korhogo est moyennement favorable
seul point noir est la difficulté de l'abreuvement. à l'élevage des ovins et caprins. De surcroît, les éle-
C'est pourquoi le programme d'amélioration de l'éle- veurs limitent souvent la multiplication de ce bétail
vage en zone mil devrait être entièrement articulé qu'ils trouvent vite envahissant. Ces raisons font
sur le programme d'hydraulique pastorale (4). Dans que les interventions seront limitées à peu de choses
les villages où serait réalisé un ouvrage important, (hygiène des bergeries, orientation de la commer-
avec pompage motorisé de l'eau et installation d'un cialisation vers un type d'animal plus âgé, d'un
abreuvoir public, on entreprendrait parallèlement format supérieur). Conjointement aux mesures sa-
une série d'actions secondaires tendant à améliorer nitaires générales ces quelques actions devraient
la productivité du troupeau : soins aux jeunes ani-
maux, déparasitages externes, fourniture de complé-
ments minéraux aux adultes et allongement du temps
de pacage des animaux. (1) Un parc comprend au maximum 60 têtes.

Peu à peu, l'action zootechnique serait étendue (2) Parcs traditionnels comportant un abri pour les jeunes
animaux et les vaches suitées, ainsi qu'une fosse fu.mière.
à la zone igname et la moitié du troupeau des deux
zones devrait être touchée par les interventions en (3) Le problème de l'affouragement sera traité dans le
1975. cadre des actions intégrées.

(4) Voir (infra) le paragraphe consacré à l'a hydraulique


Au total, à l'issue de ces diverses interventions, humaine et pastorale •·

-29-
cependant faire passer la valeur de la production de /Ja croissance dei productions animale•
90 millions en 1963 à 145 millions CFA en 1975. En millions de F. CFA.
Tableau no 7 (chiffres arrondis)
En résumé, les dépenses totales et les productions Différence
annuelles sont présentées dans les deux tableaux 1963 1970 1975 entre 1963
et 1975
suivants: - - - ---
Bovins (a) . 236 360 545 +309
Porcine :. (b) . 'O 60 120 + 93
/,es dépenses totales 11éceasitée11 par le dél•eluppemenl Volailles 145 300 400 +2.55
de lélevage Ovins-caprins . 90 120 145 + 55
--- ---
Tableau n" 6 En millions de f'. CF..t. Total 400 840 1.210 +112
1966-1970 1971-1975 Total (a) La valeur de la part capitalisée des jeunes femelles, qui
assure la croissance régulière du troupeau, passerait de 60
Investissements 65 96 163 millions en 1963 à 171 millions CFA en 1975.
Fonctionnement 216 338 554 {b) Par référence aux prix pratiqués en 1965, il a été re·
Total 281 436 71? tenu une augmentation, en 1970 et 1975, de 30 % par
rapport au prix du kilo vif observé en 1963.

Deuxième Période: LES ACTIONS INTËGRËES

De 1966 à 1970, la priorité a été donnée à des ques et de conseillers à l'animation. Grâce aux mo-
interventions permettant d'obtenir un accroissement niteurs et encadreurs mis en place, ces secteurs de
rapide de produits aux débouchés assurés. Toutefois, modernisation permettraient l'application de méthodes
il est clair que ces actions confiées à des Sociétés de d'aménagements «intégrées» à long terme de ter-
développement (élevage excepté) spécialisées par roirs et de bassins versants ainsi que des interventions
produit, de manière à obtenir l'efficacité maximum, sur la totalité des assolements. L'introduction de
ne pourront se développer à long terme de façon façons culturales et de cultures nouvelles s'en trou-
autonome ; à un certain moment leur extension sup- verait facilitée. L'emploi de la mécanisation devien-
posera leur intégration dans un système de produc- drait alors possible dans un milieu préparé à la
tion dont tous les facteurs devront techniquement recevoir.
être au même niveau.
D'où la nécessité d'intervenir dans une seconde f. - MECA~ISATION ET MOTORISATION.
phase de façon plus globale et plus complète. Par
opposition aux actions sectorielles qui auraient pour Actuellement, les Sénoufos ont déjà un emploi
but principal de « produire », les actions intégrées du temps chargé; pour leur permettre d'accroître
viseront à « transformer en produisant >>. De 1970 à leurs revenus monétaires et obtenir d'eux les produc-
1975, la seconde phase du développement devrait tions supplémentaires nécessaires à l'économie na-
donc voir le lancement d'actions en profondeur qui tionale, tout en leur permettant de préserver leurs
toucheraient l'ensemble des spéculations et élimine- cultures vivrières, on ne peut guère leur demander
raient le risque qu'une action sectorielle concurrence de travailler plus; on peut, par contre, leur demander
facheusement les autres ; elles rendraient aussi pos- de travailler mieux. Ils n'utilisent, en effet, que des
sible la conception d'aménagements, non rentables outils rudimentaires et l'introduction d'outils plus
nu regard d'une seule production, mais susceptibles perfectionnés apparaît comme l'un des moyens faciles
d'être valorisés par les effets plus ou moins directs d'augmenter la productivité du travail, comme cela
qu'ils exerceraient sur tout un ensemble. était déjà indiaué dans les « conclusions opération-
nelles de l'~.nalyse ». La question est de savoir jus-
Tel est l'objet des actions intégrées au cours des- qu'à quel degré de perfectionnement on peut aller.
quelles les « secteurs d'intervention » seraient rem- Au niveau des individus, pas plus loin, sans doute,
placés par des «secteurs de modernisation ». Ces que l'outil à bras; mais au niveau des collectivités
nouveaux secteurs grouperaient une quinzaine de villageoises . compte tenu de l'encadrement qu'en
de milliers d'habitants, installés dans une micro-zone
tout état de cause il faudra mettre en place - pourquoi
homogène, et relèveraient d'un maître-d'œuvre uni- ne pas choisir d'emblée la solution la plus moderne:
que, soit la SODECAN, soit la CFDT, selon les po- ~elle du tracteur ?
tentialités principales de la zone. Comme les secteurs
d'intervention, ils auraient à leur tête des dirigeants Certes on n'ignore pas toutes les critiques dont la
d'une bonne qualification assistés d'adjoints techni- motorisation a fait l'objet : les échecs, il est vrai,

-30-
furent assez nombreux. Leur cause tint souvent dans Le dispositif d'intervention qui vient d'être décrit
une mécanisation outrancière, ou dans l'emploi d'en- est schématisé dans l'organigramme suivant:
gins trop lourds ou mal adaptés, enfin dans un entre-
tien insuffisant du matériel. Pourtant quelques expé- Planche nD 4
riences comme celle de Grimari (République Centre
Africaine) montrent qu'il est possible dans des condi- SOCIETES DE DEVELOPPEMENT
tions semblables à celles de Korhogo d'aboutir à des ET COMITE DE COORDINATION

prix de revient raisonnables et même avantageux.


Compte tenu de ces résultats et de la nécessité d'agir
vite dans la région, il sera donc proposé d'axer les
diverses interventions suggérées au titre des actions
intégrées autour de l'utilisation du tracteur.
Toutefois, la prudence recommande de ménager r·-- ----..
les étapes. On en proposera deux: 1 ACTIONS
1
l1
ACTIONS INTEGREES
:SECTORIELLES!
- l'une d'expérimentation et de mise au point 1,, _ _ _ _ _ _ _ ..

des modalités techniques au niveau régional qui


pourrait s'effectuer dans deux secteurs expérimentaux
confiés à la SODECAN et à la CFDT ;
- l'autre de réalisation, qui suppose évidemment
que les résultats obtenus dans la phase précédente
aient été positifs ; c'est cette hypothèse favorable qui
a été retenue pour prévoir le déroulement de la
motorisation de 1970 à 1975.
Le matériel prévu serait composé de tracteurs agri-
coles, de puissance moyenne, à pneus - à l'exclusion
de tracteurs à chenilles, d'un entretien délicat et d'un
coût prohibitif. Le coût d'un tracteur agricole et de
ses outils serait de l'ordre de deux millions CFA
environ ( l). Un tracteur pourrait labourer 15 0 ha
annuellement. Son utilisation serait réservée aux tra-
CULT 1 VATEURS
vaux de préparation du sol et de remodelage des
terroirs et permettrait :
- des labours plus précoces et un meilleur étalement La motorisation n'est cependant pas concevable
des temps de travaux;
indépendamment d'un certain nombre de réalisations
- l'adoption assez rapide de techniques de culture qui doivent être envisagées également au titre des
anti-érosive ; actions intégrées, car elle exige :
- une augmentation des surfaces cultivées par tête. - des améliorations foncières ( essouchage, épierre-
Son effet psychologique serait considérable. Il ment, défense et restauration des sols) ;
concrétiserait aux yeux des paysans du Nord la né- - des regroupements de terroirs (surface minimum
cessaire révolution agricole qu'ils doivent entre- d'action);
prendre et l'intérêt qu'y prend l'Etat en les aidant - des assolements améliorés et l'emploi d'engrais
de la sorte. a.fin d'obtenir des rendements satisfaisants.
Cette motorisation implique très évidemment un
encadrement de qualité, une discipline d'emploi très II. · LES REALISATIONS COMPLEMENTAIRES.
stricte et un entretien attentü du matériel. Pour
assurer ce dernier, il a été prévu la création de « bases Une étude préalable serait nécessaire avant toute
de maintenance», à raison d'une base pour quatre intervention importante. Elle serait conduite conjoin-
secteurs de modernisation. Ces hases seraient dotées tement par la Direction des Aménagements Ruraux
d'un stock de pièces de rechanges, d'un camion-atelier (relevés pédologiques rapides, études de Génie Rural)
et auraient à leur tête des mécaniciens très compé- et par les Sociétés de développement (étude des fac-
tents. Elles représentent un investissement essentiel teurs humains, techniques et financiers).
à la réussite de l'opération.
(1 ) Le prix de revient de cette chaîne motorisée serait de
En 1975, 350 tracteurs pourraient être en service. 5 000 F CFA pour les labours d'ouverture et de 2 000 F CFA
Le personnel des 20 secteurs de modernisation pré- pour les déchaumages.
vus comprendrait, outre les chauffeurs et les méca- Les modalités de remboursement des travaux efl'ectués pour-
niciens, 20 chefs de secteurs, autant d'adjoints tech- raient être les suivantes :
- première année : prestations gratuites ;
niques et de conseillers à l'animation, 85 moniteurs - années suivantes: paiement d'une redevance couvrant rapi-
et 350 encadreurs environ. dement l'intégralité des frais.

-31-
La défense et la restauration des sols devraient dense et 204 F en zone igname, peut se comparer
être menées parallèlement aux actions agricoles et avantageusement à la valorisation actuelle qui est
au remodelage des terroirs : les tracteurs aideraient de 107 F CFA (le problème des temps de travaux sera
au redressage des billons en lignes isohypses ; le vu globalement par la suite).
reboisement des croupes et buttes interviendrait
ensuite. En ce qui concerne les cultures nouvelles, les
expérimentations devront porter essentiellement sur
La réussite de l'action d'intensification de la pro- le tabac industriel et les fibres jutières (Hibiscus
duction bovine en zone dense supposant que soit Cannabinus ou Dah qui pourrait rencontrer de
résolu le problème de l'affouragement, celui-ci fera bonnes conditions de développement dans la région).
l'objet de soins particuliers. Il est aujourd'hui possi- Les cultures maraîchères et fruitières feront égale-
ble d'améliorer les pâturages de manière à passer ment l'objet de certaines améliorations.
d'une charge de 1 tête pour 4 ha en parcours tradi-
tionnel à 2 · 2,5 têtes par ha en pâture améliorée; Au total, le coût de ces diverses actions attein-
et ceci avec de simples pacages enrichis par des drait le montant suivant:
semis de Stylosanthes et de Desmodium. Les pâturages
destinés à cette amélioration seraient d'abord installés Les dépenses totales nécessitée,, par les actions intégrées
dans les villages faisant l'objet des actions d'inten-
sification relatives à l'élevage bovin. Ils seraient Tableau n° 8 En millions de F. CF A.
isolés par une clôture de fils de fer barbelés. La 1966-1970 1971-1975 Total
préparation du sol des bandes à ensemencer (paral- Investissements 245 973 1.218
lèlement aux courbes de niveau), serait effectuée Fonctionnement (a) 179 1.422 1.601
par les tracteurs. En 1975, il devrait y avoir presque
autant d'actions de ce type que d'unités-parcs et le Total 424 2.395 2.819
relais commencerait à être pris par des jachères (a) Dont une partie concernant les tracteurs sera remboursée
ensemencées de plantes fourragères. par les utilisateurs.
Les propositions techniques faites dans le domaine
des assolements vont de pair avec l'emploi simultané En regard le supplément annuel de production
de semences de qualité et de fertilisants, un contrôle résultant des actions intégrées (coton compris) a été
phyto-sanitaire attentif, enfin la présence d'un enca- évalu.é à 1 245 millions de F CFA. (On trouvera
drement autorisant des façons culturales soignées. ci-après un tableau récapitulatif de l'ensemble des
Pour favoriser la production de riz pluvial, son asso- productions en 1970 et 1975). Encore faut-il préciser
ciation avec l'igname ou le maïs a été proposée. Le qu'étant donné le temps de mise en place des secteurs
coton Allen ferait partie de ces assolements améliorés. de modernisation, dont les derniers ne seront créés
Avec ces assolements, le revenu brut par tête et qu'en 1974, il a été prévu que le tiers seulement de
par an, qui s'établissait à 9 900 F CFA environ en la population agricole, soit 1 OO 000 personnes, se-
1963 (pour les principales cultures) passerait à raient véritablement touchées par les actions inté-
15 000 F CFA en 1975 pour 0,5 ha cultivé (riz irri- grées en 197 5. Dans les cinq années suivant cette
gué non compris), soit une augmentation de 50 o/o. date, lorsque le reste des producteurs serait atteint,
De même la valorisation moyenne de la journée de une nouvelle et importante croissance des productions
travail, qui atteindrait 187 F CFA en zone mil et devrait être enregistrée.

Titre Ill -- DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE


ET PROMOTION HUMAINE

A. • LE RESULTAT DES ACTIONS • LES INTER· se traduiront par une augmentation importante de
VENTIONS AVAL. la production agricole régionale. La croissance pro-
pre à chacune des spéculations principales est expri-
1) LES PRODUCTIONS AGRICOLES, VEGETALES ET mée en quantité dans le graphique N° 5 (1) et en
ANIMALES ET LE TEMPS DES TRAVAUX EN 1970 valeur dans le tableau suivant :
ET EN 1975.
(1) Ce graphique a été établi en tonnage disponible après
Les différentes actions que l'on vient d'examiner défalcation des semences et des pertes en stock..

-32-
Valeurs des principales productions agricoles (a)
Valeur& en,milliona de F. CFA.
Tableau n• 9 (chiffres arrondis)
1963 (rappel) 1970 1975
Produits Valeurs Valeurs Valeurs
absolues Indices absolues Indices Indices
absolues

Production végétale :
Paddy .. .. 347 100 653 188 981 283
Mil-sorgho 398 100 441 110 387 97
Mais 351 100 392 112 530 151
Igname . 1.375 100 1.575 115 1.946 141
Arachide (coque sèche) 142 100 198 140 450 317
Coton 64 100 292 460 648 1.020
Production animale :
Bovins 236 100 360 152 545 231
Porcins 27 100 60 225 120 450
Volailles 145 100 300 207 400 276
Ovins-caprins 90 100 120 133 145 161
Total 3.175 100 4.391 138 6.152 194

(a) La croissance du prix du paddy entre 1963 et 1975 a déjà été signalée (de 13 F à 18 F le kg) comme celle du prix
du porc. Il a été retenu une minime augmentation du prix du maïs (0,50 F par kg). Tous les autres prix retenus en 1975 sont
ceux de 1963. (En raison des arrondissements, les valeurs présentées ici diffèrent très légèrement des chiffres des Comptes Econo-
miques ).

PRODUCTION AGRICOLE EN TONNAGE DISPONIBLE 12 ans), l'arachide (indice 317), le paddy (indice
283), les porcins (indice 450), les volailles (indice
100 Planche n• 5
2 7 6) et les bovins (indice 2 31). Quant à la valeur
globale de la production, elle doublera pratiquement
au cours de la même période en passant de 3 17 5
MAIS
1 PADDY
millions de F CF A en 1963 à 6 152 millions de F
CFA en 1975. Le coût total (sur 12 ans) des dépen-
ses de l'Etat est à rapprocher de cette augmentation
annuelle de 3 milliards de F CFA de la valeur de la
production: il atteint 2 670 millions de F CFA pour
les investissements et 3 775 millions pour les dépen-
ses récurrentes de fonctionnement ( 1 ).
Une semblable croissance entraînera-t-elle des
temps de travaux notablement supérieurs ? Toutes
les précautions ont été prises pour que l'amélioration
des techniques conduise à une augmentation de la
productivité du travail. Aussi semble-t-il que, pour
l'ensemble de la région, les temps consacrés aux tra-
vaux agricoles et para-agricoles qui étaient de 123-
125 journées (par an) en 1963, ne dépasseront pas
138 à 140 journées en 1975. Un effort supplémen-
taire est donc demandé aux producteurs : il est mini-
me et de l'ordre de ceux qu'on peut raisonnablement
demander.
Ml----1~=-----------l-------+----l

~t----<----------+-------+----1 Il. · LE CREDIT ET LA COMMERCIALISATION DES


PRODUITS.

Pendant la période des actions sectorielles les ques-


1963 _ _ _ _ _ _ _ _1970
0.1..____.__ _,__ _ _ _ _ __,__ __.. tions d'encadrement, de crédit et de commercialisa-
tion intéressant le riz et le coton seront très certai-
nement indissociables. Comment imaginer, en effet,
Comme on peut le constater les résultats les plus
remarquables intéressent le coton (indice 1 020, soit (1) On verra en fin de volume quelles conclusions on peut
une valeur de la production multipliée par 10 en tirer de ces rapprochements.

-33-
que l'encadrement technique soit vraiment efficace. était erronée et le troupeau surexploité ; la seconde
si engrais et pesticides ne sont pas appliqués au mo- veut que lorsque l'éleveur, « contraint et forcé»,
ment adéquat. Comment être assuré, en dehors des décide de vendre un animal, il ait toutes les peines
avances de ces produits par les Sociétés de Dévelop- du monde à trouver un acheteur et que l'ayant
pements, que les producteurs disposeront toujours des trouvé, il soit obligé d'en accepter les conditions
ressources monétaires suffisantes pour les acquérir quelles qu'elles soient. Or, rien n'est plus faux. A
à temps. Comment enfin garantir le remboursement de très rares exceptions près, ce n'est pas le produc-
de ces avances, mieux que par des retenues corres- teur qui sollicite le marchand, mais bien le contraire :
pondantes au moment de l'achat de la récolte. le maquignon part à la recherche du bétail, et ce seul
fait met l'éleveur en position de force en face de lui.
On sait d'ailleurs de quelle façon procède actuel- En outre, les ventes se font au comptant et le prix
lement la CFDT dans les zones qu'elle encadre : elle est intégralement payé en espèces. La production,
avance, en cours de culture, les quantités d'engrais telle qu'elle est et sera encore pratiquée pour quelques
et de pesticides nécessaires à la bonne venue du coton temps, avec son absence de concentration et le man-
et récupère le montant au moment de la commercia- que d'homogénéité de ses produits, rendrait dangereu-
lisation, dont elle a le monopole. se et inefficace la suppression de ce système, dont la
Cette formule pourrait être étendue au riz irrigué. souplesse a fait ses preuves, et son remplacement
Compte tenu cependant des incidences du taux de par un quelconque office de commercialisation (3).
décorticage du paddy dans les rizeries sur le prix
d'achat de ce produit (1), un certain nombre de De même certaines améliorations techniques, con-
variantes ont été proposées. Elles ont toutes en com- cernant le traitement et le transport de la viande,
mun la prise en charge par la Sodécan de la totalité n'ont pas paru applicables dans le cas présent. Les
des opérations amont et aval intéressant le riz : enca- exportations de bovins de la région sont surtout
drement, crédit, commercialisation et traitement in- destinées à des centres secondaires de la Basse Côte.
dustriel. Un abattage industriel, en vue de l'expédition de
viande congelée ou réfrigérée, nécessiterait d'abord -
Des systèmes similaires pourraient être appliqués pour être rentable . l'abattage annuel de 40 000 bo-
au riz pluvial, au maïs et à l'arachide, tant que, du vins, soit très largement plus que le disponible ex-
moins pour le crédit, la nécessité s'en fera sentir. portable de la région, même en 1975. De plus, il
Après quelques années il est, en effet, parfaitement priverait radicalement ces villes secondaires, dépour·
envisageable que l'augmentation des disponibilités vues d'installations frigorifiques suffisantes, de leur
monétaires rende possible le paiement à la livraison ravitaillement en viande.
des engrais et matériels. Pour la commercialisation,
la garantie de débouchés sûrs, à un prix de campagne Ceci explique que les propositions faites ici, et qui
garanti, que procure aux cultivateurs l'achat de la se placent uniquement sous l'angle de l'efficacité,
production par la Société de Développement présente n'aient retenu aucune implantation d'industrie de
de tels avantages qu'elle devrait être maintenue le la viande.
plus longtemps possible.
Qu'on ne pense pas toutefois qu'il s'agisse là d'une
position de principe plus ou moins liée à des motifs Ill. · LA TRANSFORMATION INDUSTRIELLE DES PllO·
DUITS AGRICOLES.
idéologiques. Cette proposition ne concerne que des
produits précis, exigeant un gros effort d'encadre-
ment et qui seront nécessaires à l'approvisionnement Dans le domaine de la production végétale, par
des usines locales : d'abord le coton et le riz, ensuite contre, l'adaptation du potentiel d'usinage local en
l'arachide et le maïs. Pour les autres produits vivriers fonction des productions escomptées a été prévue.
(igname, mil, sorgho, fruits, légumes) destinés à et un calendrier d'implantation proposé.
l'exportation et même pour le riz, l'arachide et le
maïs, réservés à la commercialisation locale, il existe Les tonnages de produits destinés à l'usinage, tels
des circuits traditionnels qu'il n'est nullement envi- qu'ils ont été établis après déduction de l'autocon-
sagé de supplanter (2). Enfin et surtout, il est une
catégorie de produits, dont on a vu précédemment (1) Selon que le taux de rendement du paddy en riz est
l'importance, pour laquelle la commercialisation tra- do 60 % ou de 67 %, le prix d'achat du paddy peut varier
ditionnelle donne non seulement toute satisfaction, de 17 F à plus de 19 F le kg pour un prix « sortie usine »
mais encore parait actuellement irremplaçable: il identique. Or, l'un des buts de l'encadrement est de permettre
la production d'un paddy plus homogène et d'un meilleur ren-
s'agit des produits de l'élevage. Ce point mérite que dement à l'usinage.
l'on s'y arrête quelque peu.
(2) Seules, si la nécessité s'en faisait sentir, quelques inter-
Il est dans ce domaine deux légendes qui ont la ventions régularisatrices sur les marchés pourraient être envi-
sagées de temps à autre.
vie dure : la première, intéresse la non exploitation
(3) Il s'agit de l'élevage bovin. On a dit par ailleurs que
du troupeau bovin et l'existence d'un disponible im- l'élevage porcin demandait, au contraire, une surveillance
portant • on a vu dans l'analyse combien cette idée étroite des cours pour favoriser la production.

M-
sommation et de la commercialisation locale appa- balement 760 millions CFA (dont 13 000 T expor-
raissent dans le tableau suivant : tées, soit 487 millions).
Deux usines d'égrenage du coton d'une capacité
Tonnages des produits destinés à l'usinagC! local (a) de 12 000 T chacune et une huilerie mixte coton-
Tableau n° 10 En tonnes arachide (capacité 10 000 T d'huile) seront égale-
ment nécessaires en fin de période. L'extension de
Produits 1070 1975 l'usine d'égrenage déjà implantée à Korhogo a été
proposée. En 197 5 la production de coton fibre serait
Paddy (b~ 16.300 30.000
Coton grame 12.50;) 20.000 de 7 000 T (840 millions CFA) et la production
Arachide (coque) 4.500 15.000 d'huile de 6 400 T ( 463 millions) entièrement expor-
l\lais·. - 25.000 tées.
Fibre jutière (prévision) - 5.000
Au cours du second quinquennat, l'installation
(a) Y compris quelques importations de produits bruts des d'une maïserie, capable de fournir 20 000 T de
régions voisines (coton, arachide, mais). produits, d'une valeur de 450 millions, et d'une sa-
(h) Y compris le traitement d'une partie de la production cherie (si la production du Dah était suffisante) vien-
destinée à ln consommation locale.
drait compléter ce dispositif. Toutes ces usines sont
prévues à Korhogo. Les conséquences de cette aug-
mentation de la capacité industrielle locale sur la
A partir de ces tonnages, il a donc été prévu le
production d'électricité ont été envisagées.
fonctionnement en 1975 de cinq rizeries : une de
10 000 T et une de 5 000 T à Korhogo (extension Les investissements totaux correspondants s'élève·
des rizeries existantes), une de 5 000 T à Ferkessé- raient à 920 millions de F CFA (plus 150 millions
dougou (extension également) et deux de 5 000 T pour l'E.E.C.I.), pour la période 1966-1975. La
à Ouangolodougou et Dikodougou (créations). La valeur ajoutée par ces entreprises au cours de l'année
production de riz en 1975 atteindrait 19 500 T (avec 1975 (sacherie comprise) serait de l'ordre de 800
un rendement de 65 o/o au décorticage) valant glo- millions de F CFA.

B. • L'ANIMATION RURALE ET LES AJUSTE- quoi nul ne se harsarderait hors des chemins tradi-
MENTS SOCIOLOGIQUES. tionnels. De nombreuses raisons militent, de surcroît,
dans le même sens. Certaines innovations exigeront
d'être adoptées simultanément par l'ensemble de la
Pour réaliser les objectifs de production, qui ont population : entretien des aménagements rizicoles,
été retenus, il est indispensable que l'intervention utilisation du matériel végétal ou animal amélioré,
proprement économique s'accompagne d'actions con- remodelage du terroir, etc ... Impossible ici d'attendre
cernant directement le facteur humain. Le rôle de des progrès isolés; le groupe humain élémentaire
l'animation rurale sera de provoquer chez les pay- reste le village et le domaine d'action le plus petit
sans une prise de conscience du caractère inélucta- pour la majorité des interventions est bien son terroir.
ble des mutations qu'amènera la prochaine décennie.
Les ajustements sociologiques préconisés, comme l'é-
lévation des niveaux culturel et sanitaire devraient Une animation ponctuelle, c'est-à-dire au niveau
permettre, pour leur part, d'assurer la conjonction du village, restera nécessairement assez lente. Il est
du développement de l'économie régionale et de la donc apparu utile de la renforcer par une animation
promotion humaine des producteurs Sénoufos et plus globale, utilisant des méthodes que l'on pourrait
Dioulas. appeler de « propagande », qui s'adresseraient à de
plus vastes ensembles humains, et seraient plus en-
trainantes dans l'immédiat. En un mot, le but re-
1) L'ANIMATION RURALE. cherché a été de mettre en place un organisme
d'animation capable d'obtenir simultanément l'accord
de larges couches de la population et l'adhésion pro-
Comme il l'a déjà été dit, l'encadrement s'adresse
au comportement technique du paysan, l'animation
fonde de petites unités villageoises.
tend à modifier ses attitudes et motivations profon-
des. Si on se souvient, cependant, que l'individu L'animation ponctuelle - C'est la forme classique
n'existe que dans la mesure où il se fond dans la de l'animation rurale. Pourtant, ici encore, elle ne
réalité profonde du village, il parait difficile d'espé- pourra revêtir la même forme selon qu'elle s'adressera
rer le succès d'une série de «conversions» indivi- aux hommes adultes (c'est-à-dire passés par le poro ),
duelles. Aussi bien, l'analyse avait-elle déjà mis en collectivement responsables du village, ou aux femmes
relief la nécessité de convertir tout un village, sans et aux jeunes gens, dont la réaction actuelle est de

-3$-
se désolidariser. autant qu'il est possible, des hommes tant plus de chances de réussite, que les villageois
adultes. craindront qu'un refus de coopérer ne les coupent du
reste du pays Sénoufo, si celui-ci leur parait collec-
Les hommes adultes devront être convaincus en- tivement en mutation.
semble de la nécessité d'une mutation. Ce sera la
tâche, au cours de nombreux palabres d'explications, Cette animation reposera, en particulier, sur des
du Conseiller à l'animation des secteurs d'interven- moyens audio-visuels classiques (camionnette-radio.
tion ou de modernisation. L'aboutissement de ces cinéma éducatif), qui lui permettront d'effectuer un
palabres devra être l'établissement d'une sorte de travail permanent d'information et de persuasion.
'< contrat » entre la Sodécan, la CFDT ou le Service
En liaison avec l'animation ponctuelle, elle devra
de l'Elevage d'une part, et le village, d'autre part.
régulièrement analyser les réactions du milieu rural
Aux termes de ce contrat, les engagements de la
aux thèmes d'animation comme aux innovations
population en vue de réaliser tel aménagement rizi-
techniques. Cette analyse devrait permettre d'inter-
cole, ou telle « unité-parc » pour le bétail, par exem-
rompre à temps une action mal engagée, de rectifier
ple, seront consignés (1) • comme seront précisées les
un thème mal conçu, d'obtenir en un mot une rela-
prestations et l'aide technique que les Sociétés ou le
tive maitrise du milieu rural à l'égard des interven-
Service auront à fournir au village. Parallèlement.
tions socio-économiques entreprises.
le village désignera quelques hommes qui auront
pour mission d'être d'abord ses intermédiaires auprès Le coût de ce service d'animation el de ses deux
de la Société de Développement, a.fin d'assurer contact sections (ponctuelle et globale) est récapitulé dans
et échanges pour le plus grand profit de l'un et le tableau suivant :
l'autre. De façon absolue, un village aura toujours
au moins deux animateurs (2), pour éviter que le
délégué fasse figure de transfuge et apparaisse comme llf.rapitulation des clépeme,, nécessitées par
l'animation rurale
isolé ou coupé du milieu.
Tableau n° 11 En millions de F. CFA.
Pour les jeunes gens, le passage de l 'adolescencc Dépenses 1966-1970 1971-1975 Total
à la majorité pourrait être facilité par la constitution 40
Investissements 24 16
de sociétés de jeunes à vocation multiple, qui pour- Foncûonnemen t 60 65 125
raient trouver leur premier point d'application dans
des activités collectives rémunérées ( 3 ). Encore le Total 84 81 165
conseiller à l'animation, en les aidant dans cette
tâche, devra-t-il faire preuve de beaucoup de doigté,
pour qu'à aucun moment cette organisation ne revête II. - LES AJUSTEMENTS SOCIOLOGIQUES.
l'aspect d'une machine de guerre dirigée contre les
« anciens ».
Les propositions faites dans ce domaine se ramènent
Les femmes relèveraient, elles, d'une monitrice. à deux objectifs principaux :
Celle-ci organiserait, dans le vülage même, des stages - faciliter l'apparition en milieu sénoufo ou dioula
pratiques très brefs, axés sur des questions d'hygiène de nouveaux types de solidarité au niveau de la
infantile et domestique. Petit à petit, elle pourrait famille et du village;
doubler sa fonction de formatrice par une action plus - favoriser l'ouverture de ce milieu à la vie natio-
directement orientée vers l'animation proprement nale et, d'une façon plus générale, au monde mo-
dite. Elle pourrait ainsi aider les femmes à créer derne.
entre elles une société de type moderne, qui leur
permettrait de jouer collectivement un rôle dans En ce qui concerne le premier point, les sugges-
l'évolution du village et individuellement d'établir tions tendent :
avec leurs époux un rapport de solidarité plus éga-
litaire. Cette intervention de la monitrice devrait (1) L'éventualité de sanctions devrait être acceptée expli-
également être discrète et progressive. citement pour les cas de manquement aux engagements sous-
crits.
Son action, comme celle du conseiller à l'anima- (2) Les intermédiaires se transformeraient en animateurs au
cours de stages de formation, dans les chefs-lieux de secteurs.
tion, demande à être contrôlée et coordonnée avec
soin ( 4) ; l'unité et la cohésion du village sont à (3) Les membres de ces Sociétés, loueraient collectivement
leur travail, pour un ou plusieurs jours, dans le village ou
ce prix. dans une zone voisine. Le montant de l'argent gagné serait
immédiatement partagé entre les participants, leur procurant
L'animation globale - Le premier but de cette ainsi le minimum de ressources monétaires dont ils sont ac·
action sera d'obtenir un crédit de confiance à court tuellement dépourvus.
terme de la population, permettant d'intervenir d'em- ( 4) Bien que les Conseillers à l'animation soient mis à la
blée dans les cas urgents. Le second, et le plus im- disposition des Sociétés de Développement, un certain contrôle
e: technique » devrait continuer à pouvoir être efl'ectué par lea
portant, sera de toucher massivement le groupe Sé- spécialistes en psycho-sociologie que devraient être le Directeur
noufo: l'action ponctuelle sur les villages aura d'au- du Service régional de l'animation et son adjoint.

-36-
- pour les femmes, à leur assurer un nouveau sta- l'analyse, il faut que la coupure entre le village
tut ayant pour but de garantir leur sécurité maté- et la ville, entre le milieu traditionnel et le monde
rielle et de substituer à terme la solidarité du couple, moderne, perde progressivement toute signification.
telle qu'elle est prévue dans le nouveau Code Civil Il est donc apparu que le meilleur moyen de faire
ivoirien, à celle d'un matralignage dont la cohésion disparaitre cette coupure était de favoriser l'im-
se dégrade; plantation de structures urbaines dans un certain
- pour les jeunes gens, à leur permettre d'accéder nombre de villages.
plus tôt à l'autonomie économique et nu droit de se Ces villages-pôles, ou plus exactement ces bourgs-
marier et de fonder leur propre foyer : ce problème
relais, seraient tout naturellement les sous-préfectures
a été lié à celui des sociétés de jeunes déjà évoquées ;
les plus importantes ou les « capitales » des secteurs
- pour la génération âgée, à lui garantir des pres- de modernisation. De ce fait, ils auraient, dès le dé-
tations de travail régulières, de la part de ses enfants, part, un minimum d'installation de type urbain :
ce qui conjointement aux revenus supplémentaires bureaux, entrepôts, ateliers, logements des techni-
que devrait lui procurer le développement de l'éle- ciens. Ces bourgs seraient également des centres
vage, lui permettrait de ne pas ressentir trop d'amer- commerciaux : leur marché prendrait le pas sur
tume devant la perte progressive de ses anciens pri- celui des villages alentour; la présence du personnel
vilèges; administratif et technique, la venue en stages d'ani-
- pour le village enfin, à redonner une nouvelle mateurs paysans, les déplacements plus fréquents des
vigueur à sa cohésion ancienne (menacée à la fois ruraux, justifieraient l'installation d'au moins une
par les changements économiques et l'émancipation boutique permanente. Tout naturellement, ce serait
inéluctable des femmes et des jeunes gens) en pro- également là que s'installerait l'école principale du
longeant le contrat passé avec ln Société de Dévelop- secteur, etc ... Dès que ce paysage deviendrait familier
pement, par une sorte de contrat social liant cette aux villageois des environs, leur crainte traditionnelle
fois les différentes parties du village, en vue d'une de l'étrangeté cèderait. Le village, par le canal du
réorganisation de leurs rapports économiques inter- bourg-relais, déboucherait sur la ville.
nes.
Ainsi, après avoir connu une nouvelle manière de
Le second objectif - l'ouverture du village au produire, les ruraux découvriraient-ils une nouvelle
monde extérieur - part de la constatation que toute manière de penser, de consommer, en un mot de
économie d'échange appelle une certaine polarisa- vivre. Les ajustements sociologiques proposés n'ont
tion de l'espace. Pour faire sortir les Sénoufos de d'autre but que de leur permettre de continuer
leur volonté de repliement sur soi. soulignée dans également à vivre ensemble.

Titre IV L'AMELIORATION DE L/INFRASTRUCTURE


Les différentes propositions formulées pour assurer proposées (en matière culturelle, par exemple).
le développement économique et social de la région
On abordera ici les questions concernant l'ensei-
exigent une adaptation de son infrastructure aux gnement et la santé, les transports et les routes,
besoins nouveaux qui se feront jour de 1966 à 1975. l'hydraulique humaine et pastorale, l'urbanisme,
Dans de nombreux cas même, l'amélioration de cette l'habitat, le commerce et certains investissements
infrastructure conditionnera la réussite des mesures administratifs complémentaires.

A. • L'ENSEIGNEMENT ET LE PROGRES CULTU· économique que d'évolution sociologique possible sans


REL. progrès culturel, on voit tout de suite la part privi-
légiée qui devra revenir à l'enseignement primaire
dans une région comme celle de Korhogo: l'effort de
A l'heure actuelle, 99 o/o de la population de plus rattrapage devra être massif.
de quinze ans est analphabète. En brousse un seul
garçon sur dix est scolarisé et il y a davantage d'éco- Mais si, de surcroît, l'on sait que tous les enfants
lières dans les seules agglomérations de Korhogo et scolarisés ont quitté leur village et qu'on ne rencontre
de Ferkessédougou que dans l'ensemble de la zone pratiquement aucun « certifié » en .zone rurale, on
rurale. Comme il n'est pas plus de développement en conclut immédiatement que l'effort, non seule-

-37-
ment devra être massif, mais encore adapté aux - d'orienter la grande majorité des élèves vers
conditions locales, pour mettre fin à cet exode. l'activité agricole, une adaptation des programmes
dans ce sens étant plus aisée que dans l'enseigne-
A une situation aussi alarmante de l'enseignement ment normal ;
primaire devraient donc correspondre des mesures
exceptionnelles; ce sont elles que l'on trouvera ci- - de donner en trois ans aux meilleurs élèves une
dessous, après avoir constaté que les solutions clas- chance de rejoindre leurs camarades plus jeunes
siques s'avèrent insuffisantes dans le cas présent. scolarisés dans les écoles classiques et de les présenter
au concours d'entrée en sixième.
La scolarisation primaire classique - Dans le
cadre du système actuel, les « Perspectives Décenna- Il ne s·agirait pas de substituer définitivement
les )) prévoient une scolarisation totale des enfants cette formule à un enseignement plus long, mais
de la région en 1975. La réalisation de cet objectif d'assurer pendant une période de transition la sco-
rencontrera sans doute des difficultés insurmontables. larisation d'enfants qui, sans elle, resteraient anal-
Son coût serait très élevé et le recrutement d'un nom- phabètes.
bre de maitres suffisant constituerait un redoutable L'enseignement secondaire et technique - La
goulot d'étranglement à la réalisation de ce pro- construction du lycée de Korhogo, et son entrée
gramme. prochaine en activité résolvent le problème de l'en-
En réduisant cet objectif d'un tiers, en recrutant seignement secondaire. Quant à l'enseignement tech-
plus de 600 instituteurs et en consacrant d'ici 1975 nique, son développement est indispensable pour
un milliard environ à des investissements en cons- assurer la formation des ouvriers qualifiés et des
tructions (1) et presque 1 milliard 400 millions aux artisans de service dont la région va avoir le plus
dépenses annuelles de fonctionnement, on pourrait urgent besoin ; les prévisions effectuées dans ce do-
atteindre un taux d'inscription scolaire de 66 o/o maine rendent nécessaire un agrandissement consi-
environ à cette date. Mais le problème de l'inadapta- dérable du Centre Technique Rural de Ferkessédou-
tion de l'école n'en serait pas réglé pour autant. gou. Ce remarquable établissement devait voir sa
capacité portée à 200 élèves, au lieu des 40 actuels.
La scolarisation primaire pro posée - Une sco- Il serait également nécessaire que les cours de per-
larisation dite de rattrapage permettrait à la fois cette fectionnement qu'il dispense déjà à des ouvriers ou
indispensable adaptation et une scolarisation totale artisans, installés à leur compte, soient poursuivis
en 197 5. Pour y parvenir il suffirait de doubler et même augmentés au fur et à mesure que la néces-
l'enseignement actuel par un système plus bref des- sité s"en fera sentir.
tiné à des enfants de 10 à 16 ans.
Le coût total de ce programme est récapitulé ci.
Les travaux et expériences menés depuis dix ans après.
dans le domaine pédologique semblent montrer, en
effet, qu'un enfant qui débute son instruction vers
10 ans est capable, grâce à une intelligence plus mûre, ,\foutant total de.ç dépenses uécessitées par l'enseignemeut
de rattraper un élève qui a commencé ses études entre 1966 et 1975
deux ou trois ans plus tôt. Cette forme nouvelle Tableau n° 12 En millions de F. CF A.
d'instruction, deux fois plus courte, permettrait avec 1966-1970 1971-1975 Total
les mêmes crédits et le même personnel que ceux
qui viennent d'être indiqués: Investissements 450 560 1.010
Fonctionnement 480 1.327 1.807
- d'alphabétiser tous les enfants, qui n'auraient pu
entrer dans le système de scolarisation normal: Total 930 1.887 2.817

B. • L'ELEVATION DU NIVEAU SANITAIRE. - Action renforcée contre les grandes endémies


(lèpre, tripanosomiase, onchocercose).
- Assainissement des zones riveraines des princi-
Les objectifs que l'on s'est fixé dans ce domaine
paux cours d'eau de la région, en particulier de celles
sont les suivants :
du Bandama et du Solomougou.
- Réduction du taux de mortalité générale de 30 %o
à 22 %o et réduction parallèle du taux de mortalité Pour atteindre ces objectifs, l'équipement sani-
infantile de 200 %o à 120 %o environ. Ces modifica- taire de la région devra être renforcé et les Pers-
tions se traduiraient par une augmentation corréla- pectives Décennales ont déjà retenu un certain nom-
tive de l'espérance de vie à la naissance de 35 ans
à 45 ans. Les progrès porteraient essentiellement sur (1) Le programme nécessiterait la construction de 200
la réduction de la mortalité infantile et post-infantile. écoles environ et de 600 classes.

38-
IJre de réalisations à effectuer d'ici 1970 : construc- mobiles, munies de camions-cmemas, semblables à
tion d'un centre hospitalier régional (médecine celle qui avait entamé à Korhogo une très intéres-
curative) et d'un centre départemental de médecine sante action de ce type en 1963. Le rôle des anima-
préventive à Korhogo, adjonction d'un centre de trices rurales serait aussi important en ce domaine;
santé rurale au centre d'hospitalisation de Ferkessé- il a été défini précédemment.
dougou. Afin de valoriser pleinement ces réalisations
et d'étendre le plus loin possible leur zone d'influence Enfin, de vastes opérations d'assainissement par
il a paru nécessaire de prévoir un renforcement con- désinsectisation devraient rendre disponibles pour la
sidérable du parc d'ambulances. culture certaines plaines de débordement et une
partie au moins des zones riveraines des fleuves.
Cette infrastructure urbaine ne supprimant pas la Au total ces interventions sanitaires atteindraient
nécessité d'améliorer le réseau des postes ruraux, le coût suivant :
la création de six dispensaires a été proposée, plus
deux dépendant directement du Service des Grandes
Tottll tle.<t dépen.fes 11écesûtée., par l'actiou sanitairt•
Endémies. L'affectation régulière du personnel né- cle 1966 à 1975
cessaire dans ces dispensaires (anciens ou nouveaux)
TalJlt•au ,, .. 13 En millions cle F. CFA.
et l'assurance d'un ravitaillement plus régulier en
médicaments de base contribueraient singulièrement 1906-1970 1971-1975 Total
à en renforcer l'action. In ves tissemen ts 208 104 312
Fonctionnement 75 265 340
Pour compléter ces dispositions, l'éducation sani-
taire de la population devrait être le fait d'équipes Total 283 369 652

C. • LES TRANSPORTS ET L'INFRASTRUCTURE On trouvera dans la carte N° 7, en annexe, l'im-


ROUTIERE. plantation géographique exacte concernant ces di-
verses propositions. Au total, les investissements
correspondants (sous réserve d'une étude détaillée
Les liaisons intra-régionales - L'analyse ayant des projets par le service compétent des Travaux
montré que l'infrastructure routière répondait géné- Publics) atteindraient 570 millions de F CFA dont
ralement bien aux besoins actuels, les propositions l'échéancier de réalisation a été, pour la plus grande
faites ont d'abord eu pour but d'assurer la viabilité partie, concentré avant 1970.
des routes classées. Le franchissement permanent des
cours d'eau secondaires, grâce à la construction de La rentabilité des travaux préconisés a été appro·
ponts définitifs, a spécialement retenu l'attention. Un chée par divers calculs mais ceux-ci, au demeurant,
terme serait ainsi mis aux détours aussi longs que n'ont pu être effectués que pour les routes déjà
coûteux qu'imposaient chaque année les coupures existantes. Pour les créations nouvelles, il faut le
de routes au moment de la saison des pluies. souligner, les réalisations routières proposées sont
dans un premier temps, aussi indispensables à l'ob-
L'adaptation du réseau régional à la demande tention des productions escomptées que l'encadrement
future a été ensuite prévue en fonction des tonnages technique, l'animation rurale ou le matériel mis en
dont la commercialisation locale, l'exportation ou place. Sans ces routes, ou ces pistes, aucune inter-
l'importation, ont été calculées en fonction des pro- vention ne serait possible et on trouve là une nouvelle
ductions et des consommations locales. Il en est raison de la concentration des travaux dans les pre-
résulté un certain nombre de propositions. Celles-ci mières années du quinquennat 1966-1970. Ceci ex-
portent sur la création de 160 km environ de routes plique également que les calculs complets sur la
nouvelles destinées à assurer les liaisons avec des rentabilité des investissements ne puissent être
zones jusqu'alors peu ou mal desservies, et sur présentés que groupés et en fin de volume.
l'amélioration importante de 320 km de routes
Les axes inter-régionaux - Cette question est in-
anciennes, pour leur permettre de supporter un trafic
timement liée à la coordination rail-route et aux
plus intense.
transports à longue distance. L'intervention des
Enfin, l'ouverture de 400 km environ de pistes de camions lourds a été examinée, comme a été calculée
pénétration a été retenue pour faciliter l'encadrement une répartition probable des tonnages de produits
de la production et l'évacuation des produits dans bruts ou usinés à transporter par le chemin de fer
les zones peuplées, ou favoriser l'installation des ou par la route, en fonction des exportations prévi-
cultivateurs dans les zones vides (en liaison avec sibles par zone. Les avantages comparés de divers
les actions d'assainissement indiquées précédemment). tracés rejoignant Korhogo à Bouaké et Abidjan en

-39-
desservant la partie méridionale de la région, (par Au total, les investissements atteindraient le mon-
Dikodougou ou par Napié et Kiémou), ont été com- tant suivant (1) :
parés aux routes actuelles par Badikaha et Ferkessé-
dougou. On ne saurait reproduire ici le détail de ces
recherches. Les in1<·estis.,ements routiers de 1961 à .1975
Tableau. n° 14 En millions de F. CF A.

En définitive, il est apparu que les deux importants 1966-1970 1971-1975 Total
projets actuels des Travaux Publics, à savoir le bitu- Ponts 130 130
mage des 55 km de route séparant Korhogo de Fer- Améliorution de 320 km
kessédougou et la création d'un nouvel axe vers le de routes classées 160 160
Sud se trouvaient justifiés : le premier par un trafic Création de 160 km
prévisible de 500 evl (équivalents véhicules légers) de routes nouvelles 130 130
environ par jour en 1975, le second par un tonnage Ouverture de pistes 50 50 100
d'exportation non négligeable à partir de Dikodou- Classement de pistes 50 50
gou et du Sud de la région (sans compter un trafic Axes inter-régionaux 100 500 600
inter-régional avec Boundiali ou le marché de Ten- Bitumage centres ur-
bains 60 60
gréla). Compte tenu de ce projet de bitumage, sur
lequel il reviendra au gouvernement de se prononcer Total (a) 630 600 1.230
définitivement en fonction de l'étude nationale sur
les transports actuellement en cours, 600 millions (a) Les frais d'entretien à prévoir ne concernent que les
créations nouvelles. Ils seront d'un montant modeste: 18
supplémentaires ont été retenus au titre des inves- millions de F CFA pour le premier quinquennat, 39 millions
tissements routiers. de F CF A pour le second quinquennat.

D. • L'HYDRAULIQUE HUMAINE ET PASTORALE. plus favorable à l'élevage, l'implantation d'abreuvoirs


a été retenue.

On a déjà dit combien le développement de l'éle- En zone mil, où se trouvent déjà les 2/3 des points
vage dans certaines zones était lié à celui de l'hydrau- d'eau installés en 1963, l'effort devrait surtout por-
lique pastorale. L'application d'un important pro- ter sur l'hydraulique pastorale pour éviter la diva-
gramme d'hydraulique humaine permettrait de son gation du troupeau à la recherche de l'eau, pendant
côté de supprimer, ou de faciliter là où elle est par- la saison sèche, à des distances parfois élevées du
ticulièrement pénible, l'improductive corvée d'eau. village. Les postes d'exhaure manuelle ne sont pas
Des milliers de femmes seraient ainsi libérées d'une utilisés actuellement pour le bétail, parce que les
tâche anachronique; le temps économisé devien- bergers refusent d'effectuer les nombreuses heures
drait disponible pour les travaux agricoles, en par- de travail qu'exigerait le remplissage des abreuvoirs
ticulier pour les récoltes qui connaissent leur pointe (2) ; il a donc été prévu l'installation de postes de
en pleine saison sèche. L'amélioration des conditions pompage à moteur à grande capacité (avec vastes
sanitaires de la population, par la consommation réservoirs et abreuvoirs) dans sept localités impor-
d'une eau salubre, en résulterait également. tantes de la zone mil. En fonction de ces besoins
nouveaux, des forages sont à prévoir ; leur localisa-
tion a été proposée.
Les propositions ont tenu compte des disponibilités
naturelles en eau qui varient d'une zone et même
d'une sous-zone à l'autre. En zone dense, dont la Les postes d'exhaure motorisés étant à destination
situation est satisfaisante du point de vue hydrau- avant tout pastorale, la meilleure solution serait de
lique, les actions ont été limitées au captage des confier spécialement leur entretien aux représentants
sources les plus abondantes.
(1) Aucun investissement n'a été prévu pour les transports
En sous-zone igname Sud, jusqu'à présent assez aériens. Il a seulement été estimé hautement souhaitable que
peu équipée et où le problème de la corvée d'eau des liaisons hi-hebdomadaires puissent être établies entre Abid-
atteint parfois en saison sèche un point critique, jan et Korhogo, si possible avec des avions d'une capacité de
transport suffisante, du type DC 3 ou Nord 262.
l'accent a été mis sur l'hydraulique humaine. L'ins-
(2) L'abreuvement de troupeaux de plus de 100 têtes
tallation de nombreux points d'eau, à exhaure ma- représente, il est vrai, le fonctionnement permanent d'mie
nuelle, a été proposée. En sous-zone igname Nord, pompe à main pendant 11 à 12 h par jour !

-40-
du Service de !'Elevage des trois postes fixes installés de Coordination Economique et Technique. Le ser-
dans le Nord (Diaoualla, Niellé, Ouangolodougou). vice de l'hydraulique assurerait la responsabilité des
Les opérations journalières de mise en route, alimen- études, de l'exécution, du contrôle et de l'entretien
tation en carburant, etc... seraient confiées à un général des installations.
villageois rapidement formé à cet effet. Ces postes
motorisés pourraient être considérablement dévelop- Au total les dépenses s'élèveraient à :
pés par la suite en cas de succès des premières réa-
lisations. Dépenses totales nécenitées par l'hydraulique liumaine
et pa.,torale
Un certain nombre de pompes à mains, mises en Tableau n° 15 En millions de F. CFA.
place dans les villages secondaires, viendrait com- 1966-1970 1971-1975 Total
pléter le dispositif de cette zone. 270
Investissements 225 495
Fonctionnement 77 93 17{)
Pour l'ensemble de la région, l'ordre de priorité
Total 347 318 665
des installations serait décidé en réunion du Comité

E. - AUTRES PROBLEMES D'INFRASTRUCTURE. essentiellement) dans les principaux centres secon-


daires.
Les investissements en habitat des ménages ont été
La réussite des interventions qui vont se succéder estimés en retenant un taux de croissance parallèle
dans la région au cours des prochaines années né- à celui des ressources, c'est-à-dire faible au départ,
cessitera que l'Administration soit partout en contact mais augmentant régulièrement de 1963 à 1975.
direct avec la population. Pour rapprocher les sous-
Enfin des suggestions ont été faites concernant
préfets de leurs administrés et leur permettre d'ap-
l'infrastructure commerciale: boutiques permanentes
puyer de toute leur autorité les actions économiques
à prévoir dans le cadre des bourgs-relais, précédem-
engagées, deux suggestions ont été faites concernant
ment décrits, et surtout camions-boutiques pour faire
le découpage administratif actuel. Elles visent les
pénétrer plus commodément les marchandises d'usage
importantes sous-préfectures de Korhogo et de Napiéo-
courant en zone rurale.
lédougou.

Divers crédits ont été inscrits à titre de provision


pour des équipements administratifs complémentaires,
••*
intéressant en particulier les bureaux des sous-pré- Tous les éléments de base ainsi réunis, il convient
fectures et les bureaux de poste. Une somme forfai- maintenant de faire le bilan des interventions pro-
taire a été prévue pour des travaux d'urbanisme à posées aux autorités ivoiriennes pour le décennal
Korhogo et Ferkessédougou et divers travaux (voirie 1966-1975.

-41-
Titre V LE NOUVEL EQUILIBRE REGIONAL EN 1975
A. • LA RESTRUCTURATION DE L'ECONOMIE cc Conclusions Opérationnelles de l'analyse)), page
REGIONALE. 12. Ils concernent la valeur ajoutée par les activités
agricoles et artisanales, les activités industrielles
vraies, le commerce et les services.
Le résultat des actions sur la structure de l'éco-
nomie régionale sera étudié à partir des agrégats Le tableau N° 16 présente ces agrégats en 1963,
considérés comme les plus représentatifs dans les 1970 et 1975 :

Structure de la valeur ajoutée par type d'actil'ité dans


la région de Korlwgo en 1963, 1970 et 1975, av~c les
indices de croissance correspondants
Tableau n° 16 Valeurs : en millions de F. CF A.
1963 1970 1975
Activités Chiffres bruts et
pourcentages
Valeur % Valeur % Valeur %

Activités agricoles et artisanales 3.90? 78,3 5.109 71,3 6.6?2 64,6

Activi!és industrielles 15? 3,1 500 7,0 1.160 11,2

Commerce et Services . 931 18,6 1.557 21,7 2.501 24,2

Total 4.995 100,0 7.166 100,0 10.333 100,0

Activités Indices 1963 1970 1975


1

Activités agricoles et artisanales (a) 100 131 171

Activités industrielles 100 318 739

Commerce et Services . 100 167 269

Total 100 144 207

(a) Indices correspondants des activités agricoles seules: 100, 133, 182.

On y constate que la Valeur Ajoutée régionale a tes par le commerce et les services (indice 269) et
doublé entre 1963 et 1975, passant de 5 milliards surtout par les activités industrielles (indice 739),
à plus de 10 milliards CFA en fin de période. Le ce qui signifie que celles-ci sont multipliées par plus
taux de croissance annuel correspondant est remar- de sept entre 1963 et 197 5 ( 1 ).
quable, puisque supérieur à 6 o/o sur 12 ans. En La nouvelle répartition régionale des valeurs ajou-
fait, si on admet que l'augmentation de la produc- tées qui en résulte apparait clairement sur la planche
tion ne deviendra vraiment effective qu'avec le N° 6.
lancement des actions en 1966, les taux de crois-
sance atteindraient 6,6 o/o de 1966 à 1970 et 7 ,6 o/o Ainsi se trouve réalisé un des premiers objectifs
de 1971 à 1975. du plan de développement régional: amorcer la
restructuration de l'économie de la région grâce à
Des taux aussi élevés, qui constituent très pro- un développement des activités autres qu'agricole&
bablement un plafond en zone de savane, ne peuvent et spécialement des activités industrielles.
pas être atteints grâce à l'agriculture seule, bien que (1) Les 1 160 millions de valeur ajoutée par l'industrie
la valeur de la production végétale et animale ait en 1975 comprennent, en dehors des valeurs ajoutées par les
augmenté considérablement au cours de ces 10 usines de transformation de produits agricoles indiquées pré-
cédemment, celles des autres entreprises modernes régionales
années (indice 182). Aussi bien le tableau précédent (EECI, garages, entreprises de travaux publics et de construc·
montre-t-il que les plus fortes croissances sont attein- tion, etc ••• ).

-42-
Planche no 6

STRUCTURE DE LA VALEUR AJOUTËE

RËGIONALE
PAR GRANDS TYPES D ~A CTIVITË

Commerce et Servic•s

1970
Activifls industriell•s

1975
Planr.11r no 7

CROISSANCE DE LA PRODUCTION INTËRIEURE BRUTE


ET DE LA VALEUR AJOUT~E AGRICOLE PAR TETE

Valeurs (en F.CFA) Valeurs (en F.CFA)

30000 30000 - --------------- ---------, 1


1
1
1
27000 27000 1
1
1
1
1
24000 24000 -- - - - - -- - - - - - - - - ·- ·- - - -- - - - - - - - ·-,
1

21000 21000

18 000 -- -- - ___ . :, -'-'-..:.- - ----- 18000

15 000 15000

12000 ------- 12000 - .. -----

9000 9000

6000 ------- 6000

3000 3000

0
Années 1963 1970 1975 Années 1963 1970 1975

Total ProdtJcfion
Intérieure Brute
(Valeur ajoutée
totale)
lJ d?~t Production
/nterteure. B~u!e
commerc1al1see
Total Valeur{
Ajoutée
Agricole
~dont Valeur Ajoutée
Agricole commercialisée
B. • LA CROISSANCE DU NIVEAU DE VIE INDI· de population régionale, que l'on trouvera page 49.
VI DUEL. Le tableau N° 17 compare ces valeurs ajoutées par
Les valeurs ajoutées par tête - Elles ont été éta- tête, en valeurs absolues et en indices, aux trois
blies à partir des valeurs précédentes et des chiffres années 1963, 1970 et 1975 :

Comparaison des Valeurs Ajoutées


par tête 11en 1963, 1970 et 1975
Valrur& aluolues en chiffres arrondi& et: indice.,
Tableau no 17 Valeur& : en F. CFA.

1963 1970 1975


Agrégats -
VaJeurs In dlces
Valeurs Indices Valeurs Indices
absolues absolues absolues
1. Production Intérieure Brute (P.
I.B. ou Valeur Ajoutée totale) 16.400 100 20.800 127 27.600 168
2. P.I.B. commercialisée 7.800 100 11.900 153 18.300 235
3. Valeur Ajou!ée agricole • 14.200 100 16.800 118 22.100 156
4. Valeur Ajoutée agricole commer-
cialisée . . • . . . . . . . . 4.400 100 6.300 143 10.200 232
5. Valeur Ajoutée par les activités
non agricoles (au coût des facteurs) 21.400 100 28.9-00 135 33.700 157

Le graphique N ° 7, dressé à partir des chiffres de Autoconsommation et Rerenu& monétaires de la popula-


ce tableau montre que la Production Intérieure Brute tion agricole en 196:J, 1970 et 1975.
par tête (population totale) comme la Valeur Ajoutée Tableau n° 18 En pourcentage
agricole par tête (population agricole) ne croissent 1003 1970 1975
que dans la mesure où progressent les ressources mo-
nétaires des producteurs régionaux. L'importance de Autoconsommation 69 62 54
cette progression est particulièrement significative Revenus monétaires 31 38 46
dans le cas des agriculteurs (agrégat N ° 4 ), dont les Budget total • 100 100 100
revenus monétaires (ou assimilés tels) passent de
4 400 F par tête et par an en 1963 à IO 200 F CFA
en 1975, soit une augmentation de 132 o/o en 12 ans.
Ainsi l'autoconsommation qui constituait les 2/3
De la sorte se trouvera bien atteint le second ob- du budget total en 1963, n'en représentera qu'à peine
jectif visé par les interventions : accroître le niveau plus de la moitié en 197 5. Cette régression constitue
de vie de la population agricole et, en priorité, ses sans nul doute le meilleur indice de modernisation
ressources monétaires - tout en préservant l'auto- de la production que l'on puisse imaginer. Se déga-
consommation traditionnelle (1). geant peu à peu d'une économie dont l'aspect pré-
dominant de subsistance a été maintes fois souligné,
Les revenus de l'ensemble de la population régio- les agriculteurs sénoufos se seront bien engagés en
nale connaissent une progression de même ordre 1975 dans une économie d'échanges qui est la
( + 135 o/o) et même si on examine l'indice le plus condition essentielle du développement en profondeur
faible du tableau, qui intéresse la valeur ajoutée par et à long terme de leurs structures socio-économiques.
la population non agricole, il faut souligner qu'il
correspond au plus fort revenu par tête et surtout La consommation des ménages augmentera paral-
qu'il concerne une population essentiellement urbaine lèlement à la croissance des revenus monétaires et
qui aura crû considérablement entre 1963 et 1975. se traduira par une progression de plus de 100 o/o
La population régionale, dans son ensemble, bénéfi- de la consommation commercialisée. Ce doublement
ciera donc bien de l'expansion. des achats monétaires permettra à la région d'offrir
des débouchés nouveaux aux produits des industries
Autoconsommation et revenus monétaires - La ivoiriennes. Il marque aussi à quel point sera réelle
variation de l'autoconsommation de la population l'élévation du niveau de vie régional. Cette progres-
agricole, en pourcentage du budget total, est intéres-
sante à suivre pour confirmer ce qui vient d'être dit. (1) Dont la valeur augmentera même légèrement au cours
Elle apparait dans le tableau suivant: de la période étudiée.

-45-
Planche no 8

CHEMINEMENT DES GRANDS GROUPES


DE LA VALEUR AJOUTE:E,DES INVESTISSEMENTS
DES EXPORTATIONS ET DES IMPORTATIONS DE 1963 A 1975

En millions de F. CFA

20000r-~~~~~~--~-----~-~--------~-----~

Valeur A1oufée par le


Commerce et les
Services

••
LOOt--------------~.~--------~----------1
••
·"'
... ·"'
30Dr------------7#"'~·--------+-------···--------t

.""
."" ••

_,, .
200t-----.--·-·----------

,...
••

100--~~~~~~~~~~~~~~~~--'-~~~~~~~~~~~----'
1963 1970 1975 Anne.es
sion s'effectuant dans une économie ivoirienne elle- que l'écart absolu entre les Productions Intérieures
même en pleine croissance que deviendra, dans ces Brutes par tête de paysan d'une zone agricole de
conditions, l'écart relevé en 1963 entre les revenus savane et celles de citadins ou de planteurs du Sud,
régionaux et les revenus nationaux par tête ? puisse être comblé d'ici 1975. Les Comptes Econo-
Les comparaisons région-nation - De semblables miques montrent d'ailleurs qu'il ne l'a pas été.
rapprochements, intéressant une époque éloignée, Malgré cela il est d'un grand intérêt de constater
demandent une grande prudence et les réserves né- que l'écart relatif entre la région et l'ensemble du
cessaires ont été faites à ce sujet dans les « Comptes pays est en diminution constante, encore que les
Economiques». D'une ·part la stabilité probable des actions intégrées n'aient pas fait sentir tous leurs
cours des principales productions de la région de effets. Pour la période ·considérée, la croissance des
Korhogo, essentiellement liée au marché intérieur, valeurs ajoutées régionales a été plus forte que la
peut présenter un aspect positif non négligeable ; moyenne nationale de 20 o/o environ; un tel ren-
d'autre part, l'estimation à des cc prix producteurs » versement de la tendance précédente ne constitue
peu élevés d'une autoconsommation, qui représentera pas un mince succès. Le résultat le plus satisfaisant
encore plus de la moitié des budgets familiaux en est cependant obtenu dans le domaine des valeurs
1975, entraine une minoration presque automatique ajoutées commercialisées qui croissent de 135 o/o au
des ressources des familles régionales. niveau régional contre 60 o/o environ au niveau
Quoiqu'il en soit, il n'était guère possible d'espérer national ( 1 ).

C. - LE DEGRE D'INTEGRATION DE LA REGION gionale sur l'ensemble de l'économie nationale, indi-


DE KORHOGO DANS L'ECONOMIE NATIO· quent qu'en 1975 les progrès effectués par la région
NALE. lui permettront de ne plus vivre «en marge» en
étant à la charge du reste du pays. De 1963 à 1975,
la situation aura été redressée. Le total des effets
Importations et Exportations régionales (2) - Les primaires et secondaires de revenus, correspondant à
exportations régionales passeront de 715 millions la part de Production Intérieure Brute Nationale
CFA en 1963 à 4 milliards environ en 1975. Cette engendrées par l'activité régionale, aura été multiplié
forte croissance (les exportations seront mutipliées par quatre.
par cinq et demi) va de pair avec l'augmentation de
la Production et des Revenus monétaires qui a été Autrement dit, par le canal des effets multipli-
mise en relief dans les tableaux précédents. Elle cateurs, la Côte d'ivoire toute entière sera directement
constitue un excellent signe de la participation tou- intéressée au développement de la région de Korhogo
jours plus grande de la région aux courants d'échan- et l'argent consacré aux investissements régionaux
ges intra-nationaux et de la place qu'elle tient dans bénéficiera également à l'ensemble du pays.
la fourniture de produits aussi importants que le
riz, le coton, la viande, etc ... On se trouve devant le même type de problème
En fin de période, ces exportations dépasseront que celui que connut récemment l'Italie du Nord,
même les importations en valeur, bien que celles-ci en face du sous-développement de l'Italie du Sud.
aient été multipliées par trois et demi environ entre Schématiquement, on peut dire, en effet, que l'expan.
1963 et 1975 (d'un milliard en 1963 à 3,5 milliards sion définitive de l'économie italienne a coïncidé
en 1975). En fait, aux prix de marché - marges avec le moment où le gouvernement et les industriels
commerciales incluses - exportations et importations du Nord comprirent qu'en favorisant l'augmentation
seront sensiblement au même niveau en 1975 (3). du niveau de vie des habitants des zones méridio-
nales, c'étaient l'industrie et le commerce italiens
Les effets multiplicateurs - Les calculs effectués en entier qui bénéficiaient des actions entreprises dans
concernant les effets multiplicateurs de l'activité ré- le cadre de la « Casa del mesogiorno ».

D. · LA RECAPITULATION DU COUT DES INTER- - qu'il ne contient que les investissements de l'Etat,
VENTIONS. LEUR TAUX DE RENDEMENT des Sociétés de Développement et des Entreprises,
ECONOMIQUE.
(1) D'après les données des a: Perspectives Décennales ».
(2) Il s'agit des importations et exportations de la région
Les dépenses d'investissement et de fonctionne- avec l'a: extérieur» (reste de la Côte d'ivoire et étranger).
ment - On trouvera leur récapitulation dans le (3) La croissance de l'ensemble des agrégats qui viennent
tableau suivant en précisant: d'être présentés se trouve représentée dans le graphique N° 8.

-47
faisant l'objet de flux monétaires économiques ; les - qu'il ne restitue que les seules dépenses récur-
investissements des Ménages en habitat ne sont donc rentes entrainées par les actions proposées, à l'ex-
pas compris dans ce tableau, ni la capitalisation en clusion des dépenses de fonctionnement découlant
bétail des entreprises agricoles ; des organismes en place avant 1966.

Récapitulation de& lnve&ti&&ement& et cle& dépeme&


récurrente., de fonctionnement cle 1966 à 1975.
Tableau no 19 En million& de F. CF A.
1966-1970 1971-1975 Total
Activités Investisse- Fonction- Investisse- Fonction- Investisse- Fonction-
ments nement ments nement ments nement

Agriculture
Opéralion riz 759 320 323 315 1.082 635
Opération co:on . 85 362 83 499 168 861
Actions intégrées 245 179 973 1.422 1.218 1.601
Elevage . 65 216 98 338 163 554
Animation rurale 24 60 16 65 40 125

TOTAL 1 1.178 1.137 1.493 2.639 2.671 3.776

Enseignement 450 480 56-0 1.327 1.010 1.807


Santé • . . 208 75 104 265 312 340
Routes 630 18 ,600 39 1.230 57
Hydraulique • . ..... 270 77 225 93 495 170
Autres services administra tifs et
urbanisme 370 150 250 150 620 300

TOTAL 2 1.928 800 1.739 1.874 3.667 2.674

Industrialisation 391 - 679 - 1.070 -


Commerce et Transport 2.59 - 550 - 800 -
TOTAL 3 641 - 1.229 - 1.870 -
TOTAL GENERAL (1 +2+3) 3.747 1.937 4.461 4.513 8.208 6.450
·I 1 1 1 1 1

Ce sont ces 8 200 millions t:;nviron d'investisse- A partir de la différence ainsi obtenue et compte
ments et ces 6 450 millions de dépenses de fonctionne- tenu de la valeur résiduelle des investissements en
ment qui ont permis l'expansion constatée. Tous n'ont 1975, on a procédé à un calcul d'actualisation ; celui-
pas en vue l'augmentation immédiate de la produc· ci a donné un taux de rendement compris entre 35 et
tion et du niveau de vie, mais tous y concourrent 40 o/o, si on considérait que les dépenses de fonction-
à terme. Conditionnant la croissance des revenus nement, composées essentiellement de salaires, réap-
ne sont-ils pas disproportionnés aux résultats qu'ils paraissaient dans la valeur ajoutée (optique «Pro-
entrainent? Le redressement de la tendance, souli- duit Intérieur ») de 20 o/o environ dans le cas con-
gnée en 1963, qui faisait du Nord le parent pauvre traire (optique « Production Intérieure »). Dans la
en matière d'équipement ne dépasse-t-il pas son mesure où on peut interpréter l'inverse de ces taux
objectif? Autant de questions auxquelles la recherche en termes de coefficient de capital on obtiendrait, pour
de leur taux de rendement économique doit permet- l'ensemble du programme pluri-annuel proposé, des
tre de donner des éléments de réponse. coefficients variant de 3 à 5 selon le cas retenu.
Le taux de rendement en Valeur A joutée - Dans
le calcul, les investissements et les frais de fonction- Des taux et coefficients semblables sont excessive-
nement ont été considérés comme dépenses et la ment intéressants et indiquent que les fonds consa-
valeur ajoutée supplémentaire duP. au programme, crés au développement du Nord sont non seulement
de l'ordre de 7 o/o par an sur dix ans, comme recette. indispensables pour assurer la transformation socio-
On a comparé l'accroissement de la valeur ajoutée économique régionale, mais constituent de surcroît
ainsi obtenue à ce qu'aurait été cet accroissement une opération économiquement justifiée au niveau
estimé à 2 o/o par an, si le programme n'était pas des choix nationaux, si ceux-ci retiennent le critère
appliqué. « rendement en valeur ajoutée».

-48-
E. · LES CONSEQUENCES DEMOGRAPHIQUES. Ce tableau ne prend toute sa signification que par
comparaison avec l'effectif des emplois de qualifica·
Les actions massives qui ont été retenues, spéciale-
ment dans le domaine agricole, les demandes de per- lion analogue en 1963 ; à cette date ceux-ci pou-
sonnel de l'administration, des Sociétés de dévelop- vaient être approximativement estimés à 500 ; ils
pement, de l'industrie, du commerce et des services, devraient devenir huit fois plus nombreux en 1975.
influeront sur la répartition future de la population
régionale. Le besoin en cadres moyens et en person-
Un certain nombre de dispositions, ayant pour la
nel qualifié imposera un effort considérable dans le
domaine de l'enseignement et une restructuration plupart un rôle de suppléance ont été envisagées,
de la région en faveur des activités secondaires et en attendant que les effets de la scolarisation générale,
tertiaires. Les occasions de promotion humaine en telle qu'elle a été prévue, permette de combler défi-
seront multipliées d'autant pour les Sénoufos et les nitivement le déficit en personnel qualifié nécessaire
Dioulas.
à la réussite des interventions.
Le tableau suivant fait d'abord ressortir le nombre
des agents permanents dont le recrutement devra être Cette restructuration modifiera la répartition de la
assuré au cours de la décennie à venir :
population régionale et entrainera une augmentation
Perspecth·es sur les besoÎtls en cadre., moyens el per- de la population non agricole, urbaine le plus souvent.
sonnel quali/il- alphabète En fonction des données du rapport démographique
Tableau no 20
sur la croissance naturelle et avec toute la prudence
Personnel 1006-1970 1971-1975 Total
requise en ce domaine, des estimations ont été effec-
Sociétés de Dérnloppc- tuées concernant la résidence et l'activité de la po-
ment 750 450 1.2()0
pulation régionale en 1970 et en 1975. D'après ces
Fonctionnaires 470 430 900
Secteur privé 680 820 1.500 perspectives, l'effectif de la population totale aug-
menterait de 23 o/o alors que la populàtion non-agri-
To•al 1.900 1.70J 3.600
cole ne croîtrait que de 12 o/o :

/ltipartitio11 de la population selon la résidence et l'acti1,ité


TalJleau n° 21 En habitants
1963 1970 1975

pop. pop. pop. pop. pop. pop. pop. pop. pop.


agricole non totale agricole non totale agricole non totale
agricole agricole agricole

Milieu rural 244.500 27.500 272.000 270.000 30.000 300.000 270.000 40.000 310.000
Milieu urbain 5.500 27.500 33.000 5.000 4-0.000 45.000 10.000 55.000 65.000

Total 250.000 55.000 305.000 275.000 70.000 345.000 280.000 95.000 375.000

Les estimations par zone écologique tiennent com- ou la Basse Côte. Il conviendra de veiller à ce que
pte du fait que l'intensification rapide des méthodes ces migrations n'entrainent pas un déséquilibre dans
culturales en zone dense exigera, en fait, une densité la structure démographique.
démographique de l'ordre de celle qu'on y observe Dans le reste de la région les augmentations de
actuellement. Il a donc été prévu que le niveau de population seraient de 23 o/o pour la zone mil et
population y resterait à peu près stationnaire ce qui de 35 o/o pour la zone igname, où la progression sera
représentera, étant donné le taux de croissance natu- sensiblement plus rapide qu'ailleurs. Cette inégalité
relle de 15 900, un flux migratoire annuel d'un peu de croissance tendra à rétablir progressivement l'é-
plus de 2 000 personnes par an vers la zone igname quilibre entre les diverses zones.

- 49 --
CONCLUSION

Les déclarations du chef de l'Etat à Korhogo En tout état de cause, l'accroissement de la surface
même, comme les termes du contrat confiant à la cultivée par tête, si elle est concevable et même sou-
SEDES la présente étude, définissent clairement l'ob- haitable en zones igname et mil, devrait entrainer
jectif du gouvernement dans la région étudiée: re- dans l'avenir une diminution de la population agri-
dresser dans les plus brefs délais. une situation qui cole en zone dense. On a vu que dans une première
faisait de cette zone le parent pauvre de la Côte phase, l'intensification des cultures imposait le main-
d'I voire. Les propositions contenues dans ce rapport tien d'une certaine densité démographique dans cette
et soumises aux autorités ivoiriennes, doivent per- zone. Dans une deuxième phase, une fois la moto-
mettre ce redressement : le doublement de la Produc- risation et les techniques modernes entrées dans les
tion Intérieure Brute globale en douze ans (de 5 mœurs, une nouvelle répartition de l'espace s'impo-
milliards CFA environ en 1963 à plus de 10 milliards sera probablement. Le mouvement de décongestion
en 1975), les revenus monétaires multipliés par aura cependant déjà été amorcé en ·direction des zones
presque deux et demi pendant la même période, la d'accueil et de la zone igname. Il est donc possible
progression des secteurs secondaire (industrie) et qu'il s'inscrive dans un glissement insensible de la
tertiaire, la forte croissance des taux de scolarisation, population réalisant d'elle-même une répartition
en témoignent. intra-régionale optimum. L'augmentation de la pcr
pulation urbaine, le développement des secteurs se-
Encore faut-il souligner qu'en 1975, le tiers seule- condaire et tertiaire - que favorisera encore l'extension
ment des producteurs aura été atteint en profondeur de la mécanisation . joueront dans le même sens. Il
par les actions intégrées et que la décade 1966-1975 n'est toutefois pas exclu que des migrations plus
restera une période de mise en place des structures du lointaines soient à envisager. Si le Sud-ouest ivoirien
développement régional à long terme, de formation voit se concrétiser les espoirs fondés en lui, le gouver-
des cadres et de modification du comportement éco- nement pourrait alors favoriser ces migrations.
nomique des producteurs. Tout développement agri- Qu'on ne pense pas cependant que les propositions
cole et pastoral est, en effet, une œuvre de longue actuelles n'ont pour but que de reculer une éché-
haleine. Pour éviter de graves mécomptes, lors de ance. D'une part, il est possible qu'en 1975 la situa-
la réalisation, les propositions soumises au gouverne- tion économique et humaine ait évolué de façon à
ment ivoirien se sont efforcées de rester aussi prag- permettre sans heurt l'évolution ultérieure. D'autre
matiques et réalistes que possible, sans négliger pour part, même si à cette époque des migrations étaient
autant les techniques modernes de production. Si encore nécessaires, elles devraient se produire dans
la réussite de la mécanisation, ou plus exactement de de bien meilleures conditions qu'à l'heure actuelle.
la motorisation agricole, par exemple, est conforme De même qu'aujourd'hui la préoccupation du gou-
aux prévisions, il est cependant hors de doute qu'elle vernement .parait être, et à juste titre, de préserver
n'aura encore pu faire sentir tous ses effets en 1975,. l'avenir en assurant un développement équilibré de
toutes les parties du pays, de même, en 197 5, pourra-
Même en tenant compte de certaines contraintes t-il donner sa forme à cet avenir, en fonction du dé-
pédologiques, il est possible qu'après 1975 cette mo- veloppement enregistré selon ses directives dans
torisation puisse permettre un doublement de la sur· chacune des régions.
face cultivée par tête. D'ici là des espèces végétales
à plus haut rendement, ou plus souples et permettant Il ne sera pas inutile, d'ici là, d'avoir montré aux
un meilleur étalement des temps de travaux, peuvent habitants de la région de Korhogo qu'ils auront pu
également avoir été mises au point. On assisterait mieux gagner leur vie en restant chez eux qu'en s 'ex-
alors au moins au doublement des tonnages récoltés patriant comme manœuvres dans des conditions de
et par là même au doublement des ressources des vie et de travail souvent difficiles. Il ne sera pas
producteurs agricoles. Le rapport des indices de ri- inutile non plus de leur offrir des perspectives nou-
chesse, entre les habitants du Nord et ceux de la velles, après 1975, soit chez eux, soit dans un Sud
zone forestière, s'en trouverait profondément modi- prêt à les accueillir.
fié ; surtout si on se souvient que les possibilités de
développement de l'élevage seront encore considéra- Quant aux actions menées à Korhogo dans les
bles après 1975. dix années à venir, les calculs effectués ont montré

-51-
que les investissements consentis n'avaient pas seule- pourront alors s'effectuer avec le minimum de heurts
ment un objectif social, destiné à assurer la survie et, au bout de compte, la croissance économique per-
provisoire d'une région déshéritée, mais bien un mettra l'émergence de nouvelles structures qui, sans
objectif économique justifié par les taux de rende- rompre avec le passé, permettront une meilleure
ment obtenus. intégration des Sénoufos au monde moderne.

On n'a pas été sans remarquer également que ces Parallèlement, une infrastructure nouvelle aura
interventions impliquaient la mise en place d'orga- été mise en place: routes et points d'eau seront amé-
nismes de tutelle de caractère centralisé (comme les liorés ou créés pour faire face aux besoins, écoles et
Sociétés de Développement) appuyés par des dispo- dispensaires couvriront l'ensemble de la région.
sitifs de suppléance (comme l'animation rurale),
s'adressant plus à la collectivité qu'au producteur in- En ce qui concerne plus particulièrement l'ensei-
dividuel. Ces organes étaient destinés à assurer le gnement, le taux de scolarisation s'élèverait à 66 o/o
relais de structures communautaires dont l'emprise dans l'hypothèse d'un enseignement classique sans
se relâchait et à éviter une espèce de hiatus sociolo- modifications; il atteindrait presque 100 % dans
gique préjudiciable à la réussite des actions engagées. l'hypothèse d'un enseignement court pour une partie
des élèves. Ces pourcentages sont déterminants lors-
Avec prudence (surtout dans le domaine de l'en- qu'on sait à quel point le progrès de la scolarisation
cadrement) et en fonction des résultats obtenus com- conditionne l'évolution des techniques et la transfor-
me de l'apparition de producteurs de type « moder- mation de la région toute entière.
ne», il sera normal que vers 1975 on s'oriente vers
des organismes de type plus coopératif où les pro- Engagé de cette façon, à la fois progressive et
ducteurs individuels auront un rôle grandissant à massive, combinant objectifs de production et actions
jouer. L'évolution sera d'autant plus facile que la en profondeur, s'appuyant sur des produits aux dé-
réussite économique aura été réelle. L'augmentation bouchés assurés (riz, coton, élevage), même s'ils sont
collective du niveau de vie permettra d'éviter à la parfois d'un rapport moyen, le développement de la
fois la crispation de certains sur des structures archaï- région de Korhogo devrait donc être assuré de durer.
ques et la peur des autres de s'isoler par une réussite Le présent rapport n'avait d'autre but que d'aider
individuelle d'une communauté qui resterait, dans sa à la mise en place des structures pouvant permettre ce
majorité, stagnante. Les transformations nécessaires développement.

-52-
vers Sikasso

M A l I
H A u T E V 0 L T A

Wémélhoro

1/
,,
Walourouyavog9JI
q //
~~
1J tAOUALA
Noumousso '-..- jt"\
" .'•
'--•
.

,•J
Ouangolodougou
..········•······•························,,,
1
,, r•
,.,. '•-· \.-

Tiégbé~
\\
li
Il
Il
Il
li
Il
JI

v~rs
8our1diali

Bassélé

·~· ........ ·····.......

")
........····
Kourounc
'i:' Gama

'

Bouake'

.........
.............,
..........
··...........
S.E.DE.S (d partir d'une carte des T.P. des routes existantes)
Carte n° 2

H A u T E V 0 L T A
RESEAU ROUTIER

-+- Limite d'Etat


- Route Nationale A

,,
{'
v~rs Bobo-Dioulasso

--- Limite Direction Départementale


Nord
limite Subdivision des T. P.
Route Nationale B

Route Nationale C praticable


~~ en toute saison
JALA
Noumousso
.
'-'*' •4'1\
" .....
limite Sous - Préfecture
Route Nationale C difficilement
praticable en saison des pluies

,.J\ ISirassol Sous-Préfecture Route Nationale C impraticable


en saison des pluies

Bac et Force portante en tonnes

~-- 1 existant~
Chaussée submersible provisoire

Chaussée submersible définitive Amélioration de route


-=-=-

-· Route nouvelle

Piste nouvelle

Tiégbé~
Pont nouveau
\\
li
Il
11
n
li
Il
Il

<aha

j!
________ _
.;;,.....··

--------- \,.....-.,
\

"

re·

ECHELLE:

0 10 20 30 40 50 km
Achevé d'exécuter
sur les Presses de
l'IMPRIMERIE R. ROYER
47, me des Archives, PARIS-3
Décembre 196s

Vous aimerez peut-être aussi