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Canadiens Français: N.-E. DIONNE, M.D., LL.D

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LE

DIS S

CANADIENS FRANÇAIS
ou

LEXIQUE,
R S C A N A D I A N I S M E S , A C A D I A N I S M U S , ». W U C I S M E S , A M R R I C A N I S M R S
M O T S A N G L A I S IMS P L U S « N î c . i w R A U S E I N D E S K A M I I J . E S
C A N A D I E N N E S E T ACAVrtRNNKS F R A N Ç A I S E S

• ."* r - . i W R R V A N T HXVIi.: ' «•'•«''« y-.-îS E T EXPRESSIONS

Vt'C ••> ; N O M B R E U X R X K M P M Î S P O D U M I J i U X F A I R E C O M P R E N D R E LA
PORTER D R C H A Q U E MOT o r EXPRESSION

PAR

N.-E. DIONNE, M.D., LL.D.


Bibliothécaire d e la L é g i s l a t u r e d e la P r o v i n c e d e Québec
Professeur d ' a r c h é o l o g i e à l'Université L a v a l
, M e m b r e d e la S o c i é t é R o y a l e d u Canada

AVBC PRl'vPACE

PAR M . R A O U I , D R r.A GRASSIiRIÏÏ

Docteur e n droit, jujje ait T r i b u n a l civil d e N a n t e s , lauréat


de l ' I n s t i t u t d e France, a u t e u r d e plusieurs o u v r a g e s
s u r la l i n g u i s t i q u e française

«2UKNRO NEW YORK.


j.-i'. GARNUAU, L I B R A I R E C.-E. S T R C H E R T & Co
6, rue de la Fabrique 139-133- Ouest, 20e rae
A g e n t pour l e Canada A g e n t s pour l e s B'tats-Unis

; QUEBEC
L A F L A M M E & P R O U I . X , IMPRTMKURS

1909
LE

PARLER POPULAIRE
DES

CANADIENS FRANÇAIS
ou

LEXIQUE
DIÎS C A N A D I A N I S M E S , A C A D I A N I S M E S , A N G L I C I S M E S , A M É R I C A N I S M E S
MOTS A N G L A I S L E S P L U S E N U S A G E AU S E I N D E S F A M I L L E S
C A N A D I E N N E S E T ACADIENNES FRANÇAISES

COMPRENANT ENVIRON 15,000 MOTS ET EXPRESSIONS

AVEC D E N O M B R E U X E X E M P L E S P O U R M I E U X F A I R E C O M P R E N D R E L A
P O R T É E D E C H A Q U E MOT OU E X P R E S S I O N

PAR

N.-E. D I O N N E , M. D., L L . D.
Bibliothécaire de la Législature de la Province de Québec
Professeur d'archéologie à l'Université Lavai
Membre de la Société Royale du Canada

AVEC PRÉFACE
P A R M. R A O U L D E LA GRASSERIE
Docteur en droit, juge au Tribunal civil de Nantes, lauréat
de l'Institut de France, auteur de plusieurs ouvrages
.sur :â Higubdque Jrarspise , .

QUEBEC ' ' N E W YORK


J.-P. GARNEAU, L I B R A I R E G.-E. STECHERT & Co
6, rue de la Fabrique 129-133: Ouest, 20e rue
Agent pour le Canada Agents pour les Etats-Unis

QUÉBEC
LAFLAMME & PROULX, IMPRIMEURS

19C9.
PRÉFACE

'EST avec raison qu'après s'être longtemps


livré uniquement à l'étude des langues,
on a enfin abordé celle des divers parlers
d'uu même langage, des argots, des patois,
du langage populaire, soit dans sou voca-
bulaire, soit dans sa grammaire et sa stylis-
tique, soit enfin dans son folk-lore. Cette discipline nou-
velle, malgré ses immenses progrès, n'en est encore qu'à
ses débuts, mais elle mérite d'être encouragée, car non
seulement elle couronne les recherches de la linguistique,
m a i s elle jette un coup d'œil profond sur l a psychologie
h u m a i n e la plus latente, celle de l'ârne du peuple, non
seulement dans ses traits essentiels et communs, mais avec
toutes les modifications que les races, le sol, le milieu phy-
sique ou intellectuel lui ont fait subir. L'intérêt est plus
g r a n d encore lorsqu'il s'agit pour nous, non d'une simple
province, mais d'une partie de la France, détachée de la
m è r e patrie, à une époque déjà lointaine, par des circonstan-
ces fatales, mais que l'affection et un indestructible souvenir
unissent encore à travers l'Atlantique : nous avons nom-
m é le Canada.
A u s s i l'ouvrage de M . Dionne, l'auteur estimé de plu-
sieurs livres importants, dont l'un nous a déjà fourni
l'excellente biographie très documentée de S a m u e l Cham-
plain, le fondateur du Canada français, est-il bien venu et
apparaît à son heure, en nous donnant un dictionnaire, aussi
VIII PRÉFACE

complet que possible, du parler populaire des Canadiens


français, assez développé et illustré par de très nombreux
exemples, pour intéresser, non seulement les Français du
Canada, mais aussi leurs frères fidèles, les Français, savants
ou non, de France ; car on ne retrouve pas seulement dans
cette œuvre des éléments précieux pour la science du
langage, mais aussi la reinembrauce de-nos patois et de nos
façons de concevoir et de dire, usités depuis longtemps en
plusieurs de nos provinces, notamment dans la Bretagne et
la Normandie, et au prononcé de certains de ces mots,
nous sentons résonner en nous l'écho sympathique de ceux
qui nous ont bercés nous-mêmes dans l'enfance, que nos
paysans emploient toujours, et qui font qu'à travers les
mers nous croyons retrouver le même clocher.
L a méthode suivie par l'auteur est propre à nous éclairer ;
car il ne se borne pas à une sèche nomenclature, mais il
illustre presque tous les mots par des exemples, qui non
seulement nous fout comprendre, mais indiquent aussi la
portée exacte et nous donnent la sensation de l'expression.
Cela est nécessaire, surtout quand il s'agit d'un langage
populaire, car souvent le mot n'y est pas employé d'une
manière générale, mais seulement dans telle ou telle locution
d'une façon indivisible, ou tout au moins, il ne possède que
là une saveur complète. Puis, il en résulte u n argument, la
justification de ce que le mot est réellement usité, que toute
création ou emploi subjectif est écarté, et que nous avons
b i e n affaire au langage vivant et circulant,
Comme dans les parlers du même genre, le parler popu-
laire canadien présente des caractéristiques qui ressortent
de l'ouvrage publié, et dont nous allons esquisser les plus
saillantes.
C'est d'abord et avant tout, le penchant du peuple à
matérialiser, pour les rendre plus sensibles, les idées ab-
straites ou intellectuelles. Il le fait sans doute, et là est
l'UKKACK IX

son défaut, parce q u ' i l .Vélèvc diificiîemeut ou ne peut se


maintenir l o n g t e m p s à certaines hauteurs de l'idée, aux-
q u e l l e s son é d u c a t i o n ne l'a pas préparé ; mais il le fait
e n c o r e suiis I V m p i r e d'un instinct tout autre : celui de
sensibiliser ce qui est trop purement rationnel et cérébral,
le cœur d e v a n t ainsi y trouver sa place', et non seulement
le c t c t i r l u i - m ê m e , mais tout ce qui lui sert d'introducteur:
l'ouïe, la v u e s u r t o u t ; il ne suffit pas de désigner les objets,
il faut les v o i r , les entendre, parfois les palper, mais surtout
les voir. O u sait que la l a n g u e française se compose de
d e u x couches superposées, le fonds naturel, celui des mots
d ' o r i g i n e populaire, formés spontanément, par usure d'abord,
par n o u v e l l e i n t é g r a t i o n ensuite, du latin, et celui des mots
d a u i g i n e s a v a n t e et artificielle, tirés à nouveau du latin par
un e m p i unt po.-térieur v o l o n t a i r e . L e peuple ne comprend
gr.ère ces derniers, et connue il e x p r i m e ses idées sans leur
s e c a r s , ii faut q u ' i l se forme dans ce but un vocabulaire
spécial. I l y p a r v i e n t eu e m p l o y a n t des images, partout
des image*. Celles-ci d o i v e n t forcément être empruntées
au m o n d e m a t é r i e l et visible. E l l e s ont un immense avan-
t a g e , celui de d o n n e r au l a n g a g e une naïveté, une fraîcheur
q u ' o n c h e r c h e r a i t v a i n e m e n t dans le parler plus élevé, et
aussi une v i v a c i t é d e couleurs, enfin une é m o t i o n constante
et latente q u e le l a n g a g e littéraire n'obtient par une autre
v o i e q u e l o r s q u ' i l m o n t e à une très grande hauteur. Quel-
quefois, cependant, ces i m a g e s peuvent trop descendre, et
m ê m e simuler l e d é n i g r e m e n t eu abaissant les idées intel-
l e c t u e l l e s ; m a i s si cela se produit souvent dans nos argots,
il est juste de d i r e q u e dans l e canadien cela est beaucoup
p l u s rare.

L e s e x e m p l e s de cette tendance que nous avons indiquée


sont très n o m b r e u x . Ruse est un t e r m e intellectuel, au l i e u
d e d i r e les ruses, on dira donc les affûts, i m a g e empruntée
à la chasse. A u l i e u du m o t commode, o n emploiera une
X

circonlocution cette fois, niais combien plus sensible et


énergique : à main. Travailler beaucoup, c'est abattre de
l'ouvrage. S'attacher fortement à quelqu'un, c'est s'achicn-
nctcr. Subitement devient à coîtp, c'est-à-dire d'un seul
coup. Loin, c'est à desamain, c'est-à-dire qui n'est plus
à la portée de la main. Amadouer, chercher à concilier
quelqu'un, c'est Y affiler, de même qu'on affile, en promenant
doucement sur la main, d'oii cette expression: «pour le
convaincre, il faut d'abord Vaffiler». Saisir, c'est agrafer
ou agricher. Payer, c'est s'allonger, cela marque bien
l'effort moral et parfois matériel que cause un paiement.
Voici le mot amandier, tout matériel, il va signifier, avec
le manche, bien des choses pour lesquelles nous avons des
mots divers et abstraits : ajuster, arranger, habiller, même
donner un coup, ou tromper. Adoucir a un sens moral,
voici sou image sensible et matérielle un peu abaissée:
amollir. Battre, c'est aplatir ; cette fois on aperçoit l'homme
battu dans la position que les coups lui ont donnée. Beau-
coup était autrefois dans la langue latine une image;
maintenant cette image s'est plus affaiblie, le Canadien la
ressuscite par à plein. De même, l'idée avecforce se rend par
d'aplomb. Au lieu de fournir les preuves, mots tous de
raison, voici le mot amener ; amener les preuves, combien
plus énergique, on les voit arriver. Injurier, c'est abîmer.
Faire des propositions, c'est approcher. Se tirer d'embarras,
c'est s'arracher. Le repos, c'est l'arrêt, matériel et visible :
arrêtez de parler. Ce qui est simplement ennuyeux pour
nous est assommant pour le peuple, on voit tomber alors
sous le coup de l'ennui. Tout près, cela s'aperçoit sans doute
déjà, mais à ras, cela se voit bien davantage, et c'est plus
près encore, on rase l'objet. La dépense de travail, c'est
une attelée, de m ê m e maîtriser quelqu'un, c'est V atteler ; le
voilà attaché comme u n bœuf ou u n cheval, ou le voit
ainsi, on ne le pense plus seulement. Une foule est une
l'KI-rACK X I

avalanche, on sent qu'elle se précipite de loin. Appuyer,


c'est accoter. Même, lorsque le mot était déjà matériel, on
l'abaisse encore pour avoir une image plus saisissante.
S"accroupir devient s'accouver, tacher devient abîmer.
C'est là sans doute, en tout pays, la source la plus abon-
dante du parler populaire ; il en est de ;nêtne au Canada,
aussi insistons-nous sur ce point. L'idée intellectuelle se
trouve partout immatérialisée, et si elle l'est déjà, elle
descend encore. Dans tous les cas, c'est au moyen d'une
image sensible que l'on s'exprime. Le glossaire de M.
Dionne en fournit des exemples incessants. Citons encore
les plus frappants. Crier fort, c'est beugler, de même que
parler s'exprime par chanter. U n e petite quantité, c'est
un brin ; caduc signifie triste, et cailler c'est s'endormir ; en
effet le sang alors se fige, pour ainsi dire, dans les veines.
La bouche n'est plus qu'une boîte, le tableau qu'un cadre, et
la montre qu'un cadran. Le bruit devient bien terrible,
c'est un carnage. U n substantif, bœuf, se convertit en
adjectif énergique, dans un effet bœuf. Outrager devient
blasphémer, et être impatient, bouillir. La colère bleue est
la plus terrible, plus, sans doute, que si elle n'était que rouge.
Le diable apparaît bien plus réel, si on l'appelle bourreau.
Conter des mensonges, c'est bourrer. Etre insupportable
devient visible par cette expression avoir pas de bout, de
même que bête au bout, c'est être tout à fait bote. Quelquefois
l'explication semble plus lointaine. Pourquoi une attaque
de folie est-elle une branche de folie ? pourquoi fêter s'ap.
pelle-t-il brosser? On comprend q u e s'approcher d'un objet
qu'on c h e r c h e soit brûler, cela se dit aussi eu F r a n c e dans
les petits j e u x de salon. L e mobilier est bien un butin,
surtout pour c e u x qui ont économisé pour l'acheter pièce à
pièce. L e casque signifie tête, toupet, l'image est b i e n
naturelle. L e char semble très prétentieux, car le langage
populaire n'élève pas ainsi les expressions, sans qu'il y ait
XII PRÉFACE

ironie, cela s'applique à un -wagon, à un train de chemin de


fer, à un inwnvay. Au contraire, on abaisse lorsqu'on
donne le nom de charretier au cocher, de charriement, à la
course, de charrier, à aller trop vite, renvoyer, ou que la fenê-
tre devient un simple châssis, comme si elle avait perdu ses
vitres. Le tapage est si fort qu'il devient un carillon, ce
qui fait image pour les oreilles.
Certains mots prennent â la fois une foule de sens : caler,
c'est enfoncer, devenir chauve, perdre de l'argent, taudis
qu'eu français, c'est céder, avoir peur.
Parfois c'est un sens étymologique qui se trouve restitué:
casuel, c'est fragile, de même camper est jeter par terre.
Chaud, c'est cher, c'est aussi un peu ivre. La double analo-
gie est facile à saisir. Ce qui est trop cher brûle la main
iudif- • :e qui veut y toucher. E n passant ainsi du matériel
à l'i:: :ectuel, il s'opère souvent des déviations remarqua-
bles. Chétif a signifié d'abord en français captif, du latin
captivus ; il a maintenant le sens de faible de corps ; en
Canada, il passe au sens de méchant. De même, chavirer
prend celui de devenir fou, car l'intelligence fait naufrage.
Le circuit obtient le sens de pièce de terre qu'il ne possède
pas en français.- Comme interversion totale de la significa-
tion, citons : coquin, employé dans le sens de gentil,
chouette dans celui d^amie : ma belle chouette. Le chien
comparaît à son tour pour fournir des comparaisons vigou-
reuses, il devient l'adverbe beaucoup: un mal de chien,
une faim de chien, bête en chien (très bête), avoir du chien
dans le corps ; la pauvre bête ne se plaint pas d'être mise
ainsi à contribution par l'argot. L e mot clair passe du
physique au moral, lorsqu'il signifie libère. Auphistôt,
c'est au plus coupant; insinuer, c'est couler ; usé, c'est co-
lonne. A u lieu S'interdire sa porte, on la condamne, La
jambe animée descend au rang de compas, simple instru?
ment. La poitrine devient un simple coffre. La peau
l'KHl-ACIÎ XIII

n'est rien de plus qu'une couenne. Claquer forme image


pour rendre bien des idées diverses : courir, travailler vite,
tromper, frapper ; en quantité, c'est à pleine clôture.
Telle est la force de l'analogie et des images ; ce fut ici un
puissant facteur.
Un autre mode de matérialisation très curieux consiste à
employer des prépositions ou des conjonctions exprimant
le lieu, pour remplacer des verbes de sens immatériel et
provenant de la couche savante. E n français on dit pré-
valoir, le patois canadien dira avoir le desszts ; il remplace
excepté par la locution à part de ; celle-ci, eu effet, tombe
sous la vue. L a proposition : l'enfant est à terre, devient
l'enfant est à bas. Dans cet emploi, la préposition après
est d'un grand usage; au lieu de il me poursuit toujours,
on dira : il est toujours après moi ; au lieu de escaladons
le mur, montons après le mur. On dira encore: il est
après travailler, il est après manger. L'adverbe arrière
remplace le substantif retard, en vertu du même instinct :
il .1 de Varrière, au lieu de il a du retard. Parfois la
particule n'est pas matérialisée, mais on la décompose en la
rapprochant de sa signification primitive, on la retrempe,
pour ainsi dire. Parce que signifiait bien par le motif que;
mais ou eu avait perdu l'analyse, en prononçant cette con-
jonction d'un trait; le patois la redivise, inconsciemment
sans doute, mais énergiquement, en disant à cause que, de
même ; afin devient à seule fin, de même encore puisque
devient d'abord que, d'abord que tu le veux. La pré-
position chez possède dans notre langue une certaine
élégance, elle est moins naturelle, et le peuple dira aller
au médecin, comme il dit à soir nous irons. La prépo-
sition de marque dans la langue une relation savante,
celle du génitif, le patois la remplace par à, lequel a
mieux conservé l'emploi local, il dira : le chapeau à Pierre.
Le besoin d'images a fait emprunter certains mots tech-
XIV PRÉFACE

niques de tel ou tel métier, notamment à la marine. Ne


rien faire, c'est être à l'ancre ; le dommage de toutes sortes,
c'est Vavarie ; on dit amarrer ses souliers, au lieu de les
attacher; s'habiller, c'est s'agréier; les engins de pêche, les
outils, l'attelage, enfin une personne désagréable, tout cela
c'est des agrès.
Ce même instinct porte toujours à analyser les mots
d'origine savante, à les morceler en plusieurs, ces derniers
sensibles, et à se servir dans ce but de termes couramment
employés. Nous eu avons déjà des exemples eu français
dans les verbes aller, faire, etc., mais en patois ce sera plus
fréquent. Nous disons, par exemple : il est vieux, il est
très vieux ; pour tout cela le parler populaire canadien
emploiera le mot âge, et dira il est en âge, il est à bout
d'âge. L e mot cœur figurera à son tour. L'adjectif
tout est trop abstrait. Au lieu de tout le jour, toute
Vannée, on dira à cœur de joicr, à cœur d'année. L e mot
air remplira à son tour un pareil rôle; on dira être en air,
pour être en verve; avoir de Pair, pour se tromper; perdre
son air, pour perdre son aplomb. Le verbe faire entre
dans les locutions suivantes, où il sert à résoudre et à dislo-
quer un verbe unique abstrait. C'est ainsi que l'on dit
faire son affaire, pour s'e?iricliir; faire l'affaire à quelqu'un,
pour le punir ; les affaires, pour les effets d'habillement.
De même, le verbe aller : aller sur la soixantaine ; s'en aller,
pour mourir; se faire aller, pour se presser.
Au point de vue psychologique, les phénomènes que nous
venons d'indiquer ont une grande importance. D'autres
n'en possèdent pas une égale, mais ils ont cet effet de don-
ner à un patois une sorte de goût de terroir, en variant soit
les prépositions employées, soit les préfixes ou les suffixes
qui dérivent des mots. L'oreille est un peu surprise d'abord
et n'y sent qu'une faute ; mais ensuite elle découvre que le
mot, dont le sens étymologique s'était émoussé, y trouve
PRÉFACE XV

un nouveau ragoût. Citons seulement quelques exemples.


Voici la préposition avec, usitée là où le français emploie
par, de, dans, envers, de même, sans, et l'on dit : je vais
partir avec les chars ; que faire avec cela ? je suis quitte
avec lui ; il est resté coi, et moi avec; partir avec pas le sou.
Il en est de même des suffixes que le langage populaire
substitue â ceux du langage commun et qui peuvent ne pas
donner une expression plus vive, mais qui le modifient et
le rajeunissent. C'est ainsi que l'on peut comparer abatis
et abaiages, abordage et abordade, accablement et acca-
blalion, acharnement et acharnation, admissible et admet-
table. De même, les préfixes sont substitués à d'autres,
ou ajoutés, ou supprimés. On peut comparer dans ce sens :
aconnaître, au lieu de connaître ; alentir, au lieu de ralentir;
amonter, au lieu de monter; amorphose, au lieu de métamor-
phose ; avention, au lieu de invention. La nuance est indé-
finissable, mais elle est certaine ; au lieu de mots prévus
d'avance et indifférents, on a l'avantage de la surprise.
Mais un procédé qui doit fixer particulièrement notre
attention, est un emploi de ce que Ronsard et du Belley
appelaient le provignement et qu'ils essayaient de mettre
en honneur.
On sait qu'en français, tous les verbes ne font pas souche
d'adjectifs et de substantifs correspondants, ni à son tour, le
substantif, de verbes ; sauf le cas des parasynthétiques assez
nombreux, il faut, si l'on veut mettre dans la forme sub-
stantive un mot d'action, souvent recourir de nouveau à la
source latine, qui donne un vocable éloigné du premier ; par
exemple, le verbe boire ne produit pas boivable, ni même
buvable, mais potable. Est-ce bien logique que des sens
analogues emploient des mots tout à fait différents ? Lors
de la Renaissance, on avait pensé que non, et qu'il valait
mieux recourir au vieux fonds français et le faire provigner,
comme l'on fait de la vigne, c'est-à-dire lui faire pousser
XVI PRÉFACE

des rejetons d'eux-mêmes. C'est ce que, sans système et par


instinct, fait la langue populaire, notamment celle des Cana-
diens. C'est ainsi que & accommoder, on fait accommoda-
tion ; de bande, s'abander (aller en bande), d'aller, allable,
(capable d'aller) et allant (bien disposé). L e mot annexe
est savant, on créera plus simplement allonge. L a coutume
provigne le joli mot d'accotittimance. Se laisser surpren-
dre par la nuit, longue et lourde périphrase, cède la place à
ce mot pittoresque dans sa concision, s'annuiter. \Jappa-
rence devient Vapercevance. Pareil donne appareiller,
dans le sens S'égaler et de comparer. L'idée sujet à appel,
n'est plus périphrastique, on ne recule pas devant le mot
appelable, pas plus que devant le mot arregardable, pour
quimêriie d'être regardé. L e substantif argent donne l'ad-
jectif argenté, dans le sens de riche; c'est plus saisissant.
Couvrir en ardoises, c'est ardoiser. U n e grande quantité,
c'est une battèe. U n mot fort pittoresque, c'est l'adverbe
chevalement, tiré de cheval, pour exprimer terriblement.
Les exemples de ce procédé abondent, il est des plus heu-
reux. A u verbe boire, en français, correspond le substantif
ivrogne, la correspondance n'est pas tout à fait exacte.
Grâce au procédé de provignement, le parler canadien est
plus parfait, eu créant buveron. Une autre expression très
pittoresque, rentrant dans le même procédé, c'est celle de „
chatter pour aimer, dérivé de chat. A remarquer aussi
chérant, dérivé de cher, et signifiant celui qui exige un prix
trop élevé. YJ aurore boréale est un clairon, dérivé de clair,
et Vhomme de cœur s'indique énergiquement par l'adjectif
cœureux, que rien ne remplace chez nous, car courageux
n'a pas la même signification exacte. Cabaner, de cabane^
signifie habiller chaudement, et cornailler v e u t dire lutter
comme le font les animaux à coups de cornes. On peut
citer encore comme construits d'après le même plan : con-
tenancer, pour appuyer ; consommages, pour déchets de
PRÉFACE XVII

viande,- comprenage, pour entente ; comprenouère, pour


intelligence, et combien d'autres !
Noterons-nous qu'il existe bon nombre de mots archaï-
ques qui ont disparu, ou presque, du français? Non, car on
le devine, les premiers colons du Canada les ont apportés
de France, à une époque où il en existait encore des vestiges.
On s'attend,en raison de la situation politique et de l'histoire,
à rencontrer beaucoup d'anglicismes. Il y en a, en effet, et
de fort reconnaissables, le texte les indique par une astéris-
que ; mais ils ont été à peine défigurés, ils ne sont pas fondus
et gardent leur physionomie anglaise. L'auteur fait d'ailleurs
observer avec raison que plusieurs d'entre eux ont eu une
singulière odyssée. Ils étaient venus de France en Angle-
terre avec les Normands, de là ils furent importés en
Amérique, puis prêtés par les A n g l a i s d'outre-mer aux
Canadiens ; on peut dire qu'ils ont fait retour, par exemple :
bargain, marché ; bacon, lard. Mais tous ne sont pas
dans ce cas. Il y a des mots bien saxons, ou ayant adopté
un sens nouveau dans l'emploi anglais. On peut citer : aft,
à l'arrière ; drain, le cerveau ; barroom, buvette ; average,
la moyenne ; accomplissement, qualités ; apologie, excuse ;
applicant, candidat ; appointement, rendez-vous ; appraiser,
évaluer ; anticiper, prévoir ; bachelier, célibataire ; badlo-
que, malechance ; acte, loi ; affecter, influencer, et beaucoup
d'autres dont le glossaire donne une liste abondante, et dont
la plus grand nombre a conservé la forme anglaise, notam-
ment : beaver, castor ; bed, lit ; best, le meilleur ; better,
parier ; black-hole (trou-noir), cachot ; brandy, cognac ;
broker, courtier; bun, brioche; business, affaire; cake,
gâteau ; cash, argent comptant ; cheap, bon marché ; checker,
enregistrer ; clairance, quittance ; clairer, débarrasser ;
cleaner, nettoyer; coat, habit.
L e point de vue phonétique offre à son tour ses particu-
larités. Il faut remarquer la fréquence de la voyelle a,
XVIII PRÉFACE

qu'on substitue presque normalement à Ve : a, pour elle,


(a va aller), couvarte, vardir, avarse, airrhes, alan, alarte,
amant, pour Vaimant, omelette, apothèque. Une des con-
sonnes sur deux se supprime au milieu du mot abre pour
arbre. Enfin, les consonnes modifiées : agurir pour ahurir,
aiduille pour aiguille, amiquië pour amitié. Comme par-
tout ailleurs à la campagne, le vocalisme est plus ouvert
et le mot tend à s'abréger.
Telle est, dans son ensemble, la physionomie du parler
populaire des Canadiens français, que nous présente M.
Dionne dans son très intéressant ouvrage. Il faut ajouter
à ces traits principaux ce fait général que parmi ces mots
il en existe un grand nombre, soit qui ne servent plus dans
la langue française actuelle, soit dont le sens a été détourné.
Dans la première catégorie on peut citer : achaler, pour
importuner ; chouler, pour exciter les chiens ; caliché, pour
efféminé ; copper, pour payer ; escousse, pour espace de
temps; esquinter, pour fatiguer. C'est là le fonds tout à
fait propre et dialectal. Il est assez riche et, après le
séinantiste, intéresse à son tour le linguiste. Quelques-
uns de ces mots sont en usage sur le continent dans- le
parler populaire, d'autres sont tout à fait propres au
Canadien. N o u s ne pouvons nous empêcher de citer :
baucher, courir vite, travailler vite ; bazir, disparaître ; de
becco, de trop peu ; berlander, flâner ; bisquer, faire endêver,
contrarier ; bretler, fureter ; bringue, fille nonchalante ;
cabas, tapage ; cabochon, tête ; cani, moisi ; chalin, éclair
de chaleur ; chaloir, se soucier (vieux français) ; charlander,
ennuyer ; chiâler, pleurnicher ; chouenne, mensonge ; cotir,
pouïrir, dépérir ; couette, petite queue, touffe, etc.
Dans la seconde catégorie, voici chrétien, qui prend le sens
d'homme (comparer le roumain crastians), ainsi que catho-
lique dans le sens d'honnête; chaud, pour ivre; char, pour
wagon ; caboche, pour bourgeon ; créature, pour femme ;
PRÈPACB XIX

espérer, pour attendre. U n mot a eu une singulière fortune :


chenu, dérivé, croit-on, du latin camts, blanc ; il signifie
en français excellent, fort, riche, et au contraire, en cana-
dien, misérable.
On voit que l'étude du canadien-français apporte une
contribution précieuse à celle des patois et des parlers popu-
laires français. I l y a là une branche qui s'est détachée des
autres et qui a ensuite évolué à part ; cependant ou peut
admirer la persistance chez elle des mots et des caractéris-
tiques emportés de notre continent, et reconnaître encore
â ce trait le Canadien fidèle â son origine.
Nous devons savoir gré à plus d'un titre au savant auteur
de cet ouvrage d'avoir recueilli avec soin et un grand dis-
cernement, et d'avoir fixé désormais dans un véritable
monument le vocabulaire du Canadien français.

Raoul de la G R A S S É R I E .
OUVRAGES MIS A PROFIT

I
Les ouvrages, dont suit la liste, sout les seuls que l'au-
t e u r de ce L e x i q u e a consultés. Tous ne lui ont pas été
profitables au même degré. Il va de soi que les glossaires
canadiens préparés par Gingras, Manseau, l'abbé Caron,
Dunn, Clapin et Rinfret, pour ne citer que les principaux,
o n t plus servi à l'auteur que les dictionnaires publiés en
F r a n c e . L e Bulletin du Parler-Français lui a été beau-
coup plus utile que les glossaires de Borel, de Favre, de
Moisy, de Jaubert et autres de provenance française, bien
q u e ceux-ci aient été mis à contribution par l'auteur dans
ses études comparatives.
Quoi qu'il en soit, l'auteur exprime toute sa reconnais-
sance aux auteurs de tous ces ouvrages de linguistique,
quels qu'ils soient, et plus particulièrement à M. Clapin et
a u x lexicographes du Bulletin. Que ces messieurs, qui
savent ce qu'il en coûte de labeurs pour mener un diction-
naire à bonne fin, ne soient pas trop sévères à son égard,
e t ne lui tiennent pas rigueur parce qu'il a puisé un peu
largement dans leur fonds. Ils comprennent qu'il est bien
difficile, sinon impossible, de faire un pareil ouvrage sans
s'inspirer des devanciers. L'auteur,^du reste, n'ambitionne
r i e n de plus que d'apporter son humble contribution à
l'œuvre si généreusement entreprise par la Société du
Parler-Français, qui est d'épurer notre langage en le débar-
rassant des trop nombreuses scories'qui le déparent ou le
défigurent. Cette œuvre est possible, et elle se fera, sans
XXII OUVRAGES MIS X P R O F I T

a u c u n doute, pour peu que les hommes instruits la pren-


n e n t à cœur, et donnent le bon exemple, en parlant correc-
t e m e n t le français ; et ils le pourraient faire, s'ils vou-
laient s'en donner la peine.
On trouvera dans ce lexique un certain nombre de mots
et d'expressions qui ont actuellement cours en France, tout
aussi librement qu'eu Canada. Ces mots sont généralement
tirés du parler populaire et familier. On en retrouve que *
ques-uns dans Larousse, mais rarement dans le dictionnaire
de l'Académie. S i l'auteur a tenu à les faire figurer dans
son lexique, c'est dans le but de prouver que le langage du
peuple canadien ne diffère que très peu du langage français.
Q u a n t aux canadianismes et acadiauismes proprement
dits, on pourra facilement s'assurer qu'ils ont, pour la plu-
part, une origine française: normande, saintongeaise,
a n g e v i n e et percheronne. Ceci s'explique aisément, c a r
n'oublions pas que nos ancêtres aussi, pour le plus grand
nombre, sont originaires de la Normandie, de la S a i n t o n g e ,
de l ' A n j o u et du Perche. Donc, tel père, tel parler. R i e n
de plus naturel et de plus logique. Ce qui l'est moins, c'est
l'intrusion des anglicismes et des mots anglais dans n o s
conversations. C'est à ceux-là que nous devons faire l a
guerre, une guerre à mort, sans trêve ni merci. Que nous
adoptions quelques anglicismes, un tout petit nombre,
parce que nous en avons absolument besoin, passe ! M a i s
soyons prudents, parce qu'il pourrait arriver un jour q u e
notre langage populaire ne serait plus compréhensible, n i
pour les Français ni pour les Anglais.
I / a u t e u r manquerait gravement à sou devoir s'il n'adres-
sait pas ses plus sincères remerciements à M. Raoul de l a
Grasserie, qui a bienveillamment consenti à faire la préface
de son Lexique. On verra, en la lisant, combien il a eu l a
m a i n heureuse en s'adressant à Péminent juge nantais. Q u i ,
m i e u x que lui, même en France, eût pu débrouiller t o u s
O U V R A G E S MIS À P R O F I T XXIII

les mystères de notre parler, et en tirer des conclusions


aussi nettes et aussi justes? T o u s les Canadiens français
qui s'occupent de linguistique, sauront reconnaître et appré-
cier le mérite de son œuvre.

ÎOREi,. — Dictionnaire des termes du Vieux François ou Trésor


des Recherches et Antiquités Gauloises et Françoises.
BuiES. — Anglicismes el Canadia?iismes.
BULLETIN du Parler-Français au Canada. De 1902 à 1908.
[B. P. F.]
C A R O N . — Petit Vocabulaire à l'usage des Canadiens-Français.
C A S S E L L . — New French-English and Euglisk-Frenc/i Dictionary.
' X A P I N . — Dictionnaire Cajiadien-Français ou Lexique-Glos-
saire des mots, etc. [ C L ]
ÎDE G A S P Ê . — Mémoires.
)iï G A S P E . — Les Anciens Canadiens.
)E L A G R A S S E R I E . —Etude scientifique sur V Argot et le Parler
Populaire.
D I C T I O N N A I R E des Barbarismes et des Solêcismes les plus ordi-
\ naires en ce pays, avec le mot propre ou leur signification.
\ Montréal, 1855.
' D I O N N E ( C . - E . ) —Les Oiseaux de la Province de Québec.
D O N N . — Glossaire Franco-Canadien et Vocabulaire de Locutions
vicieuses usitées au Canada.
E D É L E S T A N D et D U M Ë R I E . — Dictionnaire du Patois Normatid.
F A U C H E R D E S A I N T - M A U R I C E . — Notes sur la Formation du
Franco-Normand et de V'Anglo-Saxon.
F A V R E . — Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de V Aunis.
F A V R E . — Dictionnaire de la Prononciation Française.
F U R E T I È R E . — Dictionnaire universel.
OlNGRAS. — Manuel des expressions vicieuses les plus fréquentes.
t
•XXIV OUVRAGES MIS À PROFIT

GODEFROY. — Lexique de l'Ancien Français.


HATZFELD et D A R M K S T E T E R . — Dictionnaire gênerai de la
Langue Française du commencement du XVIIIe. siècle j'usçu' à
nos jours.
H U G U F . T . — Petit Glossaire des Classiques Français du XVIle
siècle.
JAUBERT. — Glossaire du Centre de la France.
JORET. —Flore populaire de la Normandie.
I^ACURNE D E S A I N T E - P A L L A Y E . — Dictionnaire historique a,
l'Ancien Langage FrançaisJusqu'à Louis XIV.
LAROUSSE. — Grand Dictionnaire universel.
LAROUSSE I L L U S T R É . — Nouveau dictionnaire encyclopédique.
LusiGNAN. — Fautes à corriger.
MANSEAU. — Dictionnaire des Locutions vicieuses du Cayiada.
MARTIN. — Origine.et explication de 200 Locutions et Proverbes.
MÉLANGES sur les langues, dialectes et patois. Pans, 1831.
MÉMORIAL des Vicissitudes et des Progrès de la Langue Fran-
çaise en Canada.
MÉNAGE. — Dictionnaire. -
f

MOISY. — Dictionnaire du Patois Normand.


MOISY. —Dictionnaire comparatif anglo-normand.
MONTPETIT. — Les Poissons d'eau douce.
PROVANCHER. — La Flore Canadienne.
RECUEIL des expressions vicieuses et des Anglicismes les plus
fréquents.
RiNFRET.—Dictionnaire de nos fautes contre la Langue Fran-
çaise.
TIMMERMANS. — Dictionnaire étymologique. [Tim.]
U N CURÉ D E CAMPAGNE. — Botanique médicale au presbytère.
VERRIER et ONILLON. — Glossaire Etymologique et Hisloriqut
des Patois et des Par 1er s de V Anjou.
LE PARLER POPULAIRE
DES CANADIENS-FRANÇAIS
O 9

o O

A.
— Elle. E x . A v a aller se promener c h e z ses parents.
— Ce. E x . A soir, nous irons a u concert.
— De. E x . V o i c i le c h a p e a u à Pierre.
— E. E x . C o u v e r t e , v a r d i r , alarte, a v a r s e .
— Chez. E x . A l l e r au m é d e c i n , au prêtre.
Abajoue, n. f.
Bajoue, partie d e la tête d ' u n animal qui s ' é t e n d depuis l ' œ i l
j u s q u ' à l a mâchoire.
Abander, v . a.
— R é u n i r e n g r o u p e un certain nombre d ' i n d i v i d u s .
— S o u l e v e r une assemblée en l ' a m e u t a n t contre soi.
Abander, (s'), v . pr.
S e r é u n i r en g r o u p e , en bande. E x . N e Vabande pas a v e c
ces m a u v a i s garnements, c.-à.-d., ne te m ê l e pas à e u x , à
leurs j e u x .
Abandonner, v . a.
Cesser. E x . J'ai abandonné de fumer.
A bas, loc.
A terre. E x . I / e n f a n t est à bas, il v i e n t de tomber de sa
chaise. D a n s le v i e u x français on é c r i v a i t abas pour s i g n i -
fier en bas, ici-bas.
2 LE PARLER POPULAIRE

Abatages, n. m. pl.
Abatis, tête, cou, ailerons, pattes de volaille.
Abatteux d'ouvrage, loc.
Individu qui taille beaucoup de besogne en un temps donné.
En Normandie on dit un homme d'abat, qui travaille vite
et beaucoup.
Abattre, v. a
Faire, exécuter. E x . Voici un ouvrier qui abat beaucoup
d'ouvrage dans une journée. Allusion à ceux qui abat-
tent du bois.
A be!!e heure, loc. adv.
Tardivement, après l'heure voulue. E x . Tu arrives à belle
heure, toi ; pourquoi avoir tant retardé ?
Abîmer, v. a.
— Salir, tacher. E x . Prenez garde à'abîmer mon habit.
En Bretagne, abîmer comporte une signification identique.
— Injurier. E x . J e me suis fait abîmer par ce gars-là.
— Abîmer l"eau, faire eau. E x . Ma chaloupe abîme l'eau.
Abîmer (s'), v. pron.
Se blesser. E x . Il s'est abîmé les doigts en travaillant au
jardin.
Able.
La plupart des terminaisons en able se prononcent comme si
la lettre / n'existait pas. E x . agréabe, aimabe, capabe.
Aboiteau, n. c.
Mot de provenance acadienne, qui signifie digue. Nous
trouvons dans Littré, (vol. suppl.) « Aboteau, barrage,
obstacle mis au cours de l'eau dans la Saintonge. Etymo-
logie : a et bot qui signifie une digue, suivant le glossaire
Aunisien.» La Saintonge, pays natal de Samuel Champlain,
fondateur de Québec, a fourni à l'émigration française en
Acadie un bon nombre de ses enfants. F . Godefroy, dans
son Lexique de l'ancien français, cite le verbe aboiter qui
signifiait tromper. Tromper la mer ou un fleuve au moyen
d'une digue, ne serait pas après tout si mal ; de là, pour-
rait-on dire, un aboiteau. Le mot Saintongeois est aboteau,
petit batardeau fait pour retenir l'eau ; d'abotare de basse
D E S CANADIENS-FRANÇAIS
3
latinité. Du Caiige lui donne un sens juridique : aboium,
abotamentuvi.
A bonne heure, loc. adv.
De bonne heure. E x . Viens donc aussi à bonne heure que
tu pourras.
Abord, n. m.
— Grande réunion d'indiviius arrivant tous ensemble au
même lieu.
— Moment, court espace de temps. E x . Il commence à
tonner, ce ne sera qu'un abo?d.
Abord (d') que, loc.
Puisque : E x . D'abord que tu le veux, je me rends.
Abordade, n. m. —Abordage.
Aborder, v. a.
— Approcher. E x . Aborde ici que je te parle.
— Heurter par accident. E x S a voiture a abordé la mienne
au coin de la rue Couillard.
Abouler, v. n.
— Aboutir, finir. E x . Aboule et finissons-en.
— Payer une dette. E x . J e vais le presser tellement qu'il
finira par abouler.
About, n. m.
— Extrémité d'un terrain confinant au terrain d'un autre,
dans le sens de la longueur.
— Planche de labour à l'extrémité d'un champ.
Autrefois le mot habout signifiait fond de terre abandonné
à un créancier et désigné par ses tenants et aboutissants,
. dans la coutume de Lille.
Abouter, v. a,
— Joindre par le bout deux choses susceptibles d'être adap-
tées l'une à l'autre.
— Confiner. E x . Ma terre aboute à celle de Mathieu.
— Faire un about.
—Disposer une planche de labour à l'extrémité d'un champ.
Aboutir, v. n.
— Finir. E x . Aboutis donc, tu retardes mon ouvrage.
— Réussir. E x . Cette affaire a abouti heureusement.
4 LE PARLER POPULAIRE

— A v o i r le dessus, prévaloir. E x . S o n opinion n'aboutira


pas p l u s a u j o u r d ' h u i qu'autrefois.
A brasse-corps, loc. a d v .
A bras-le-corps. E x . A l l o n s , les enfants, v o u s allez colleter,
p r e n e z - v o u s à brasse-corps.
Abre, âbre, n. m.
A r b r e . C e mot est d ' o r i g i n e normande : « P o u r l ' a m o u r du
e
buisson v a la brebis à Y abre. » — P r o v e r b e d u X V siècle,
cité par L e r o u x d e L i n c y . (Prov. français, t. I, p . 9 7 . )
Abrier, v . a.
— A b r i t e r . Se dit surtout du fait de c o u v r i r u n e personne
c o u c h é e et qui v e u t se mettre à l'abri d u froid ou de l'air.
D a n s le sens propre, abrier signifie se mettre à couvert
sous un arbre. ( L a c . de S. P a l l a y e . )
— E x c u s e r . E x . N e cherche pas à Y abrier (ou Yabriller), il
est certainement coupable.
v r
Abrier (s'), - P - — S ' e n v e l o p p e r , se couvrir, se mettre à l ' a b r i .
Abriller, v. a . — V . A b r i e r .
Abriiler (s'), v . p r . — V . S'abrier.
Abroué, n. m .
A b r e u v o i r , mare d ' e a u . E x . V a mener le c h e v a l à Vabroué.
* Abuser, v . a. —Injurier, dire des paroles dures. E x . C ' e s t
u n polisson qui m ' a abusé. ( A u g l . )
* Abutment, (m. a.)
Culée, arc-boutant, but, borne, contre-fiche.
Acadien, enne, adj.
N o m d o n n é à tout F r a n ç a i s né d a n s les P r o v i n c e s Mariti-
mes, bien que l'ancienne A c a d i e ne comprît q u e la
N o u v e l l e - E c o s s e actuelle. Il se rencontre encore u n bon
nombre de familles acadiennes dans la P r o v i n c e de Q u é b e c .
Acagnardi, part. p a s . — B o u r r u et misanthrope.
Acagnardir (s'), v . pr.
D e v e n i r paresseux, bourru, d ' h u m e u r acariâtre, misanthrope.
L ' A c a d . dit s'acagnarder, se plaire d a n s la solitude.
A cause que, loc.
Parce q u e . E x . Je suis allé me promener à cause qu'il fai-
sait beau.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 5
Accablation, Q- f-
Accablement. E x . Ces enfants sont insupportables, ils
mettent tout à feu et à sang ; quelle accablation !
Accalmir (s'), v. pron.
1
Se calmer. E x . Le temps commence à s accalmir.
v a
Accaparer (s'). - -
Accaparer. E x . Il est défendu de s'accaparer le bien d'autrui.
Accent, n. m.
Action, ardeur, en parlant d'un cheval. Ex. Mon cheval
a un bel accent.
Acceptance, n. f-
Acceptation.
Accommodation, n. f.
— Confort. Ce steamer manque d?accommodation.
— Train d'accommodation, train spécial pour accommoder
les voyageurs d'une région restreinte.
— Billet d'accommodation, billet de complaisance, qui permet
au voyageur de se promener gratuitement.
Accomparager, v. a.
Comparer.
* Accomplissements, m. pl. (Angl.)
Talents, qualités, connaissances en général.
Accord, n. m.
Réconciliation. E x . Pourquoi vous chicaner, il faudra
ensuite que vous fassiez l'accord.
Accordant, adj.
Conciliant, facile en affaires.
Accords, n. m. pl.
Accordailles, fiançailles.
Accoster, v. a.
S'approcher de quelqu'un pour lui parler. Ex. Quel ennu­
yeux, il accoste tout chacun sur la rue.
Accoter, v. n.
— Appuyer, soutenir. E x . Cet homme jouit de hautes
influences, il est bien accolé.
— Egaler. E x . Cet individu a du talent, il est difficile à
accoter.
6 LE P A R L E R POPULAIRE

— Accoter une porte, la rendre stable au moyeu d ' u n meuble,


d'un morceau de bois, d ' u n e pierre.
Accoter (s'), v. p r .
— S'appuyer sur un m u r , un meuble, etc., de façon à se trou-
ver à l'aise et à rester en place p e n d a n t u n certain t e m p s .
— S'accoter l'estomac, bien manger.
Accotouer, n. c.— Dossier de chaise.
Accoupler, v. a.
Attacher, en parlant des w a g o n s de c h e m i n s de fer.
Accoupleur, n. m.— H o m m e d'équipe.
Accoutumance, n. f.
— Habitude.
— Caprice, fantaisie. E x . Ces enfants sont remplis d'accou-
tumances. Ce mot qui, d'après Vaugelas, était déjà vieilli
au x v i f siècle, est resté. Nous le trouvons d a n s Marot,
L-a Fontaine, Montaigne, Amyot et L a Rochefoucauld, de
même que dans la dernière édition du Dictionnaire d e
l'Académie.
v r
Accouver (s')> - P ° n .
S'accroupir, comme la poule qui couve.
Accrapoutir, v . a.
— Ecraser. E x . J e vais t'accrapoutir comme u n e p u n a i s e .
— Accroupir. E x . R e g a r d e Pierre, il est tout accrapouti
dans son banc.
Accreire, v. a,
— Accroire. E x . T u ne me feras pas accreire cela. Ce m o t
vient du roman. E n berrichon, accreire ; en wallon, acreure;
en provençal, acreire.
— S'en faire accreire, se donner de l'importance. E x p r e s s i o n
vieillie qui, d'après Hatzfeld, v e u t dire g a g n e r d u crédit,
de l ' a u t o r i t é .
Accrochât, n. c.
Crochet ou patère qui sert à suspendre un chapeau, u n
habit, etc.
Accrocheter, v . a.— Accrocher.
Accrochoir, n. m.— M ê m e sens qu'accrochât.
Accrochouer, n. m.— Accrochoir.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 7

Accroupiller (s), v. pron.


S'accroupir. E x . Accroupille-toi par terre.
Acculer, v. a.
Eculer. E x . Ses souliers sont acculés.
Acculoire, n. f.
Avaloire, pièce du harnais qui, fixée au brancard, descend
derrière les cuisses du cheval de tirnon, pour retenir la
voiture dans une descente.
A celle fin que, loc.
Afin que. E x . J e vais aller vous voir à celle fin que vous
me rendiez mes livres.
Acertainer, v. a.
Certifier. Mot vieilli, et dont l'usage semble disparu ici.
Achalage, n. f.—Ennui, embarras.
Achalant, adj.
Fatigant. E x . Il fait un temps achalant.— Un individu
achalant.
Achaler, v. a
— Blaguer, tromper. E x . Cet homme s'est fait achaler dans
cette affaire.
— Importuner. E x . Va-t'en donc, tu m'achales.
— Exciter le feu. E x . Cours donc achaler le poêle.
— Fatiguer, incommoder. E x . Il fait un temps qui m'achale
au point de me rendre malade.
Achalerie, n. f.—Ennui, fatigue.
Achargnement, n. m.—Acharnement.
Achargner, v. a.—Acharner.
Achargner (s'),—S'acharner.
Acharnation, n. f.
Acharnement. E x . Cet homme aime ses enfants, c'est une
véritable acharnation qu'il a pour eux.
Acharnement, n. m.
Attachement. E x . Ma mère avait beaucoup à'acharnement
pour ses enfants.
Achesser, v. a.
Assécher. E x . Mes habits sont mouillés, il faut les faire
achesser au soleil.
8 L E P A R L E R POPULAIRE

Acheter, v. n.
Devenir père d'un enfant. Ex. Les cloches sonnent un
baptênie, sais-tu qui vient i acheter ?
Achienneté, e, adj.
Expression acadienne pour marquer l'attachement ou mieux
Y acharnement. Ex. Cet enfant est achienneté à sa mère.
Achiffe, n. f.— Affiche.
Achigan, n. m.
— Poisson que la science a rangé dans l'espèce des microp-
tères Dolomiens. Ainsi appelé, parce qu'il est très com-
mun dans la rivière Achigan.
— Manger un achigan, ne pas faire de points au jeu de whist.
Achiquette, n. f.
— Se dit du bois que l'on corde sous forme d'échiquier,
c'est-à-dire en plusieurs carrés.
— Plancher en achiquette, parquet posé par carrés.
A clair (tout), loc.
Distinctement. Ex. Je l'ai entendu tout à clair.
Acmoder, v. a.
Accommoder. E x . Acmoder du poisson.
A cœur d'année, loc. adv.
Toute l'année. E x . Il me faut endurer ce paresseux-là à
cœur d'année.
A cœur de jour, loc. adv.
Toute la journée, du matin jusqu'au soir. Ex. Travailler
à cœur de jour.
A cœur jeun, loc. adv.
A jeun. Ex. Le docteur me fait prendre ses bolus à cœur jeun.
A compte (en), loc. adv.
Acompte. Ex. J'ai reçu dix piastres en à compte On peut
dire : J'ai reçu un acompte de dix piastres, ou dix piastres
à compte.
Aconnaitre, v. a.
Connaître. Ex. Pierre est revenu des Etats ; il a eu de la
misère à se faire aconnaitre.
Acouillau, acoyau, n. m.
Coyau, pièce de bois posée sur la base des chevrons et l'angle
DES C A N A D I E N S - F R A N Ç A I S 9

du mur, de manière à dépasser la saillie de l'entablement


et à former l'avance de l'égoût du toit.
A coup, d'à coup, loc.
Subitement. E x . L e vent s'est élevé d'à coup.
Acoustique, n. f.
Récepteur. Cylindre évasé qu'on appuie sur l'oreille pour
téléphoner.
Acquéreuse, n. f.
Acquéreur. Ce féminin a été rejeté par l'Académie.
Acquêt, n. m.
Gain, profit, chance. E x . T u as autant d'acçuél de ne pas
te mêler de cette affaire. Mot vieilli, mais français.
Acte, n. m,
Loi. Les Actes sont le journal où sont consignés des actes :
les Actes du parlement anglais, les Actes des Apôtres.
D'après le B . P. F . , acte pour loi est très approprié.
* Acter, v. n.
Tenir un rôle de théâtre. E x . Ce Monsieur acte à la perfec-
tion. (Angl.) Autrefois acter se disait pour dater lesactes.
A désamain, loc.
Qui n'est pas à la main. E x . J'irais bien me loger à Saint-
Roch, mais c'est trop à désamain.
A dire le vrai, loc.
A vrai dire, pour parler franchement. E x . A dire le vrai,
c'est une grosse besogne que de faire un dictionnaire.
Admettable, adj.—Admissible.
Admission, n. f.
Aveu. E x . L e prisonnier a fait Y admission de son crime.
Adon, n. m.
— Effet du hasard, de la chance. E x . Quel adon! Que j e
suis chanceux ! Adon voulait dire autrefois don, présent.
— Habileté, talent. E x . C'est un homme qui a de Vadon
pour faire de belles choses, des petits chefs-d'œuvre.
Adonner, v. a. et n.
— Etre favorable. E x . L a marée adonne, allons à la pêche.
— Jouer une carte de même couleur. E x . J ' a i joué du
cœur, adonne.
IO LE PARLER POPULAIRE

Adonner (s')» v. p.
— Convenir. E x . Cet individu t'adomie-t-il, toi?
— Effet du hasard. E x J e m'adonnais à passer par chez
vous, quand tu m'as appelé.
— S'accorder, marcher en harmonie. E x . Ces deux cousins
s'adonnent bien ensemble.
* Adresser, v. a.
Porter la parole devant une assemblée. (Angl.)
Adret, te, adj.
Adroit. E x . Ce menuisier est adret, ce médecin est adret.
S'entend non seulement de la dextérité du manœuvre,
mais aussi du savoir et deTiutelligeuce.
Adroisse, n. f.— Adresse.
Affaire, n. f.
— Faire son affaire, s'enrichir. E x . Ce marchand fait son
affaire.
— Faire Vaffaire à quelqu'un, le punir, le mettre à la raison.
E x . Si cet individu revient ici, je lui ferai son affaire.
— Etr: d'affaire, être habile en affaires.
— Avoir affahe à quelqu'un. E x . Si tu ne me payes pas,
tu auras affaire à moi.
— Pas d'affaire, non, j e ne veux pas.
Affaires, n. f. pl.
— Effets, lingerie. E x . Déménage au plus tôt toutes tes
affaires.
— Faire ses affaires, aller à la garde-robe.
Affecté, e, adj.— Prétentieux, vaniteux.
* Affecter, v. a.
Influencer. E x . Rien ne saurait affecter mon vote à la
Chambre, ni promesses, ni menaces, etc. (Angl. )
Afficolant, adj. — Inutile, nuisible. (Expr. acadietme)
Afficots, Affiquiots, n. m.
Affiquet, ajustement de femme. E x . Cette femme a mis
tous ses afficots, c.-à.-d. qu'elle affiche toutes ses parures,
colliers, bracelets, épingles, etc.
Affidavid, n. m.
Affidavit, déclaration avec serment faite devant une autorité.
DES CANADIENS-FRANÇAIS II

Affiler, v. a. et n.
— Tailler en pointe, aiguiser. E x . Mon crayon est mal affilé.
— Amadouer. E x . Pour le convaincre, il faut d'abord Vaffiler.
— Se préparer. E x . Affile-toi pour partir bientôt.
— Aligner, mettre à la file.
Affirmative (dans l ' ) , loc.
— Affirmativement. E x . Quelle réponse ferez-vous ? J e
répondrai dans P affirmative, cela vaudra beaucoup mieux.
Affligé, e, adj.
— Malade. E x . Une personne affligée des yeux, des oreilles.
Affrancher, v. a. —Hongrer, procédé qui vient de la Hongrie.
Affranchir, v. a.
— Châtrer, hongrer.
— Greffer.
— Civiliser les nations sauvages, les tirer delà barbarie.
Affranchisseur, n. m. — Cliâtreur de bestiaux.
Affronter, v. a.
•— Tromper impudemment.
— Aborder de front, rencontrer face à face.
Affûtage, u. m . — T i r à l'affût.
Affûteur, n. m.—-Tireur à l'affût.
Affûts, n. pl.
Ruses, dissimulation. E x . Vos affûts me laissent absolu-
ment froid, j e saurai m'y soustraire.
Afistoler, v. a
Arranger, se parer, se mettre beau, rafistoler.
— Enjôler.
— Raccommoder.
— Remettre à neuf. E x . Afistoler un vieil habit..
- * Aft. (m. a.) — A l'arrière. (Terme de marine.)
Agacer, v. a.
— Produire sur les dents une sensation désagréable prove-
nant de la saveur aigre ou acide. E x . L'alun agace les
dents.
— Eniousser une scie.
* Agate, CAugl.)
Parisienne ou Sédanaise. 5% points. (T. d'impr.)
12 LE PARLER POPULAIRE

Age, n. f.
A g e , n. m . E x . N o u s sommes tous d e u x de la m ê m e âge.
l o c
Age (à bout d'). >
T r è s v i e u x . E x . E t r e r e n d u à bout d'âge.
Age (être en), loc.
— A v o i r atteint la majorité, l ' â g e d e v i n g t et un a n s . E x .
Maintenant que tu es en âge, tu v a s j e û n e r p e n d a n t l e
carême.
Age (hors d'), loc.
T r è s v i e u x . S e dit s u r t o u t des a n i m a u x . E x . M o n c h e -
val blanc est hors d'âge, ménageons-le.
Agent, n. m .
— Agent de station, chef de gare.
— Agent de télégraphe, télégraphiste.
— Agent des Terres de la Couronne, officier préposé à la v e n t e
des terres.
— Agent des passagers, e m p l o y é p r é p o s é a u service des v o y a -
geurs.
Ageter, v . a . — A c h e t e r .
Ageteur, euse, n. m. et a d j . — A c h e t e u r .
Agets, ajets, n. m. p l .
L e s a g e t s sont les d o u z e j o u r s qui commencent a v e c l a N o ë l
pour finir a u x R o i s ; la température de c h a c u n d ' e u x sert
de pronostic pour les douze mois d e l ' a n n é e q u i v a c o m -
mencer. A i n s i N o ë l , c ' e s t janvier, le 26 décembre, f é v r i e r ,
etc., etc.
M. R i v a r d signale, dans le B . P . F . (v. 2. p. 39-41), q u e
le mot agel s'emploie différemment d a n s certaines parties
de l a p r o v i n c e de Q u é b e c : présage, pronostic, d a n s la
r é g i o n de S t - H y a c i n t h e ; êtres d'une maison, dans la r é g i o n
du S a g u e n a y et d a n s le comté de C h a r l e v o i x ; comble de la
mesure, dans le c o m t é de Dorchester.
Agel v e u t dire habitude, manière d ' ê t r e . O n d i t a/eu à
Caen, et agi dans le patois de P r o v e n c e .
Agever, v . a . — A c h e v e r . E x . Cette f e m m e est b e l l e agevêe.
Agir (en), loc.
E n user. E x . Il faudra que tu en agisses b i e n a v e c cet
DES CANADIENS-FRANÇAIS 13

homme-là, c'est-à-dire que t u t ' e n serves de manière à l e


satisfaire.
Agoïen, enne, n . m . e t f.
A c a d i e n . E x . C e doit être u n agoïen de M a d a w a s k a , il
p a r l e pas c o m m e t o u t le m o n d e .
Agoniser, v. a.
A c c a b l e r d ' i n j u r e s , agonir. E x . C ' e s t une m a u v a i s e l a n g u e ,
il m ' a agonisé de bêtises.
Agoucer, v. a.
E x c i t e r , irriter. E x . N'agouce p a s le chien, il est malin.
Agoucer paraît ê t r e une c o r r u p t i o n & agacer.
Agrafe, n. f . — F e r m o i r d ' u n livre, d ' u n porte-monnaie.
Agrafer, v . c.
— S a i s i r au p a s s a g e et retenir. E x . C e t importun m ' a agrafé,
c'est-à-dire, il m ' a retenu en s'accrochant à m o n bras.
— O r t h o g r a p h i e r . E x . U n h o m m e qui agrafe mal.
Agrains, n. m . p l .
Criblures, r é s i d u de ce qui est passé a u crible.
Agrayer, v . a.
G r é e r , garnir u n bâtiment, u n m â t , de voiles, poulies, cor-
dages.
Agréient, n. m .
I n g r é d i e n t , ce q u i entre dans l a composition d ' u n médica-
ment, d ' u n e boisson.
Agrément, n. m .
Plaisir, joie. E x . N o u s a v o n s e u beaucoup de plaisir, sans
compter Y agrément. V a u g e l a s a v a i t condamné ce mot
qui, de son temps, s ' é c r i v a i t agreement.
Agrès, n. m.
E n g i n s de p ê c h e .
— Outils. .
— Personne d é s a g r é a b l e .
— Attelage d'un cheval.
Agréyer, v. a . — ( V . A g r a y e r ) .
Agréyer (s')» v . p r . — S ' h a b i l l e r en v u e d ' u n e promenade.
Agréyer (se faire), l o c . — S e faire donner des c o u p s violents.
Agréiable, a d j . — A g r é a b l e
14 LE POPULAIRE

Agricher, v . a.—Saisir, mettre les crocs sur une proie quel-


conque.
Agripper, v . a.— Prendre avidement, accrocher. ( F r . fam.)
Agripper (s'), v. p r . — S ' a g r i f f e r , s'attacher a v e c les griffes.
v r
Agrouer (s'). - P - — S ' a c c r o u p i r .
Aguette (d'), loc.
E n tapinois. E x . C e t t e femme marche & aguette. L e v i e u x
français nous a laissé le m o t agait, g u e t , veille, et aguaiter,
guetter.
Aguettes (aux), loc.
A u x a g u e t s . E x . N o t r e servante est toujours aux aguettes
pour renifler nos paroles.
Agurir, v . a . — A h u r i r , e n n u y e r , troubler.
Agurissement, n. m . — A h u r i s s e m e n t .
Ahan, n. m .
Effort qui essouffle le travailleur, le b û c h e u r .
Aider à quelqu'un,
A i d e r q u e l q u ' u n , le secourir, l'assister. Aider à qtielqiï un
signifie contribuer à son travail.
Aiduille, n. f . — A i g u i l l e . . E x . Une aiduille à laine.
Aiduillée, n. f . — A i g u i l l é e . E x . U n e aiduillêe de fil.
Aigle pêcheur, n. m . — B a l b u z a r d (faucon) d e la C a r o l i n e .
Aigrefin, n. m. — E t r e faible, de c o m p l e x i o n délicate.
Aigrettes, n. f. p l . — F é t u s du chanvre o u d e lin.
Aiguillettes (en), loc.
E n pièces. E x . E n v o u l a n t réparer un meuble, j e l ' a i m i s
en aiguillettes.
Aillère, n. f.
— Gîillère, dent canine de la mâchoire supérieure.
— GËillère, visière.
Ailiis, u. m — T a i l l i s , broussailles.
Aïol, n. m . — A ï e u l .
Ain, n. m . — H a i m . h a m e ç o n .
Air, n. f.
S'emploie souvent au féminin, mais à tort. E x . L ' a i r est
fine ce matin, il fait un froid de l o u p . — J o u e r une belle air
de piano.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 15

Air, n, m .
— E r r e , allure, train, vitesse. E x . S i tu v e u x sauter plus
haut, prend p l u s d'air.
— A r r h e s . E x . Je l u i ai donné u n e piastre d'air.
— Souffle. E x . I m p o s s i b l e d ' a l l e r en c h a l o u p e aujourd'hui,
il n ' y a pas un air d e vent.
— Etre en air, ê t r e disposé, ê t r e en v e i n e . E x . Je suis en
air de t r a v a i l l e r ce m a t i n .
•— Se donner des airs, affecter certaines prétentions.
— Vivre de l'air du temps, v i v r e de rien ou de peu de chose.
— Monter en l'air, m o n t e r h a u t .
•— Etre en l'air, ê t r e t r è s g a i .
•—Avoir de l'air, se tromper. E x . Quelle h e u r e est-il ? Il
est d e u x h e u r e s . T''en as de V air ! il est q u a t r e heures.
— Donner un air d'aller, donner u n é l a n .
— Perdre son air, perdre son a p l o m b .
— Faire de l'air, laisser passer l ' a i r e x t é r i e u r . E x . Une
croisée qui fait de l'air.
•— Prendre l'air, laisser passer l ' a i r de l'intérieur à l ' e x t é -
rieur. E x . Une p o m p e qui prend l'air.
•— Avoir de faux airs, ressembler v a g u e m e n t . E x . L ' e n f a n t
a de faux airs de sa m è r e .
Airer, v . a.
A é r e r , ventiler. E x . Aire le salon comme il faut.
Airrhes, n. f. p.
. A r r h e s , a r g e n t d o n n é à l ' a v a n c e p o u r assurer l ' e x é c u t i o n
d'un marché.
Airs, n. m. pl.
E t r e s , aîtres. E x . Je connais tous les airs de cette maison,
c'est-à-dire la disposition des d i v e r s e s parties d ' u n e maison.
Ajambée, n. f.— E n j a m b é e .
Ajamber, v . a.— E n j a m b e r .
Ajouter à quelqu'un.
E x . Je lui ajoutai, p o u r j ' a j o u t a i â c e q u e j e lui ai dit.
AI, aile, p r o n . pers. f.
, E l l e , d e v a n t une v o y e l l e ou u n e h muette. E x . Aile est
allée à l a messe.
1.6 LE PARLER POPULAIRE

Alalime, adv. et adji


— Unanimement. E x . Notre candidat a été élu alalime.
— Unanime. Ex. Etes-vous alalimes pour régler cette
question ?
Alan, n. m.—Elan.
Alarte, adj. f.—Alerte.
* Alderman, (al-deur-mane).— (M. a.)
Conseiller municipal.
Alener, v. a. et n.
— Anneler, mettre un anneau dans le groin d'un cochon.
— Agneler.
Alentir, v. a.
Ralentir. Molière a employé alentir.
Alentir (s'), v. pr.—Se ralentir.
Alentour, adv.
Autour. Ex. Qu'as-tu à rôder alentour de moi ? Il ne faut
pas confondre autour avec alentour, dit la grammaire.
Alentours (dans les), loc.
Environ. Ex. Mon père a dans les alentours de cinquante
ans.
Algonquin, n. m.
— Personne d'apparence bizarre, mal vêtue.
— Langage incompréhensible. E x . Qu'est-ce que tu bara-
gouines? Parles-tu Y algonquin ?
Ali, e, adj.
Pâte mal cuite. E x . Ce pain est mal cuit, il est ali.
A Heur de, loc. adv.
Au lieu de. Ex. Je lui ai recommandé d'aller aux vêpres,
a Heur de cela, il est allé au Nickel.
Alimal, alimaux, n. m.
Animal, animaux.
Alise, n. f.— Bourdaine.
Alitré, e, adj.
Avivé, légèrement enflammé. E x . Cet enfant a les joues
attirées
* AH aboard al-a-bôtde (m. a.)
En voiture ! En voiture !
DES CANADIENS-FRANÇAIS 17

AHable, a d j .
A c t i o n d'aller. E x . I^es chemins sont dans u n état terrible,
ce n ' e s t pas allable.
Allant, part. pr. d u v e r b e aller.
B i e n o u mal disposé à marcher. E x . Mon c h e v a l n'est pas
allant, a u j o u r d ' h u i .
Allant à dire, loc.
D e n a t u r e à laisser croire ou entendre. E x . I l s'est servi
d ' u n e e x p r e s s i o n allant à dire que j ' a v a i s faussé la vérité.
AHébore, n. m . — E l l é b o r e .
Allège, a d j .
L è g e , à vide, n o n c h a r g é . E x . M a voiture est allège, embar-
que tes valises.
Allégeance, n. f.— A l l é g e a n c e .
Allégir, v . a.
A l l é g e r . E x . D e p u i s l a dernière fois que je me suis pesé,
j ' a i allêgi de d i x l i v r e s .
Allégir (s')> v. p r o n .
— D i m i n u e r son f a r d e a u .
— S e soulager. E x . Je lui ai d i t m a façon de penser, cela
m ' a b e a u c o u p allêgi, car j ' e n a v a i s gros sur le cœur.
Allégué, 11. m.
A l l é g a t i o n , E m p l o y é s u b s t a n t i v e m e n t , le mot allégué a
rencontré b e a u c o u p d'adversaires, parce q u ' i l n'est pas
r e c o n n u par l ' A c a d é m i e et q u ' i l ne se rencontre p a s dans
les dictionnaires, à l ' e x c e p t i o n de l e t t r é . L ' u s a g e que nous
en faisons en C a n a d a a r e n d u ce mot presque indispen-
sable, et allégué restera.
Allemagne, n. c.
— Ecole d ''Allemagne, é c o l e normale.
— Argent d'Allemagne. E x . C e t t e cuiller est en argent
d'Allemagne; m é t a l qui v i e n t d ' A l l e m a g n e .
Aller, v . n .
Ce m o t s'emploie d a n s différentes acceptions :
— E x . Aller sur la soixantaine, a v o i r dépassé cinquante-
neuf ans.
— Aller au prêtre, requérir ses services.
2
ï8 LE PARLER POPULAIRE

— Aller le train de la blanche, très doucement.


— Aller piamme-piamvie, aller petit train.
-— Aller au contraire, contester, contredire.
— Y aller, commencer. E x . Allons-y, mon cher, l ' o u v r a g e
commande.
— Aller de trian, de biais.
Aller (à), l o c
Où aller. E x . J'ai encore d e u x places à aller.
Aller (s'en), v. pr.
— Arriver. E x . Il s'en va midi.
— E t r e à l'article de la mort. E x . Je t'assure q u e n o t r e
malade s'en va.
Aller (se faire), loc.
E x p é d i e r vite une affaire, u n ouvrage quelconque. E x . Si
tu v e u x réussir, t u as besoin de te faire aller. Expression
populaire employée, en France, pour signifier berner.
Aller d'venir.
— E n sens opposé. E x . Mon mal part d u cou et vient finir
d a n s le bas du dos, frotte-moi avec du liniment aller
d'venir.
— Course rapide. E x . J'arrive du marché, j e n ' a i fait
qu'aller d'venir.
* Alley, ( m . a).—Bille en verre de couleur, boulet.
* Ail f o u r s , al jôrze (m. a.)—Impériale. ( T . de jeu d e cartes).
Allonge, n. f.
A n n e x e , prolongement apporté à u n e maison. E x . M a
maison fait face à la rue Hébert, mais j ' a i fait construire
une allonge sur la rue Eaval.
Allonger (s'), v. pr.
— P a y e r . E x . Il a bien fallu q u ' i l s'allongeât de c i n q u a n t e
piastres.
— Se coucher, s'étendre de tout son long. E x . N ' a y a n t
pas de lit pour m ' y coucher, je m e suis allongé p a r terre.
Allouance, n. f.
— Concession. E x . T u me feras bien u n e petite allouance
de cinq p a r cent.
— Réserve, espace de terrain réservé pour les chemins.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 19

Allumé, adj.
L é g è r e m e n t p r i s de v i n . E n France, la m ê m e expression
s'emploie p o u r dire être abreuvé.
Allumer, v. n.
S e reposer. E x . Pierre, entre donc allumer, nous allons
rire. L e m o t p i p e est é v i d e m m e n t sous-entendu, mais
comme la q u e s t i o n peut être aussi bien adressée à un pas-
sant qui ne f u m e jamais, le sens de se reposer nous paraît le
p l u s rationnel.
Allure, n. f.
— D é m a r c h e . E x . V o i c i une personne de belle allure.
— B o n sens, entrain. E x . Cette chanson n ' a pas à!allure,
cette danse a b e a u c o u p à'allure.
Almenach, n. m .
Almanach.
Alorsse, a d v . — A l o r s .
Alouette branle=queue, n. f . — M a u b è c h e tachetée.
Alouette des prés, n. f . — M a u b è c h e à poitrine cendrée.
Alouette pipi, n. f . — F a r l o u s e de la L o u i s i a n e .
Alouette solitaire, n . f . — C h e v a l i e r solitaire.
Alphabette, n. f . — A l p h a b e t , n. m .
Alsphate, n. m . — A s p h a l t e .
Altérage, n. m . — A t t e r r a g e , r i v e g l a c é e d'une rivière.
Altère, n. f . — A r t è r e .
Alton (fil d'), n. m .
F i l de laiton. A u t r e f o i s laton o u leton se disait.
Alumelle, n. f.
— L a m e d'un canif, d ' u n c o u t e a u .
— S u r p l i s sans m a n c h e .
Aluminum, n. m . — A l u m i n i u m .
A maille et à corde, loc.
— A bout de ressources. E x . C e p a u v r e diable est rendu
à maille et à corde. Clapin c i t e l'expression à mâts cordes
p a r m i les canadianismes, p o u r signifier la m ê m e chose.
— Péniblement. E x . T r a v a i l l e r à maille et à corde.
A main, l o c . — C o m m o d e , à la m a i n .
Amalgamation, n. f . — F u s i o n , u n i o n .
20 LE PARLER POPULAIRE

Amalgamer, v. a.
Unir, fondre ensemble. E x . Ces d e u x compagnies de
chemin de fer vont être amalgamées.
A m a n c h e r , v. a. et n.
— Ajuster, mettre en ordre. E x . Cette femme est bien m a l
amanchêe.
— A r r a n g e r . E x . C'est u n e affaire qui a été mal amanchêe,
— T r o m p e r . E x . Ce gars-là m ' a amanchéâe la belle façon.
— E m m a n c h e r , mettre un manche.
— Donner, flanquer. E x . Baptiste m ' a amanchê u n coup
de poing qui m ' a fait voir trente-six chandelles.
— Aboucher. E x . Amancher des t u y a u x .
Amancher ( s ' ) , v. p r .
— S'habiller. E x . I l fait un temps d e chien, j e n e sais
1
vraiment comment m 'amancher.
— P r e n d r e ses mesures. E x . Je vais .^amancher de telle
façon q u ' i l n ' a u r a pas le dernier mot.
— S'emmancher. E x . J e te dis q u e ça s'amanche pas de
même.
Amanchure, n. f.
— Manière dont u n e personne ou u n e chose sont t e r m i n é e s .
E x . Comme tu est mal habillé ! quelle amanchure ?
— Affaire mal arrangée et incompréhensible.
— O u v r a g e mal fait.
Amant, n. m . — A i m a n t . E x . Voici de la pierre à.'amant.
Amarînades, n. f-—Marinades, conserves au vinaigre.
Amarinages, n. f.—Marinades.
Amariner, v. a.
— M e t t r e des légumes en conserves.
— Semoncer. E x . J e me suis fait amariner par m o n père,
qui était de mauvaise h u m e u r .
Amarrer, v. a. et n.
— A t t a c h e r . E x . Amarrer ses souliers.
— A r r ê t e r . E x . Il y a assez l o n g t e m p s que n o u s travail-
lons, amarrons.
— Joindre les d e u x b o u t s . E x . A force d'économie, j ' a i
fini par amarrer.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 21

— A v o i r é g a l i t é de votes. E x . N o s d e u x candidats ont


amarré, ils o n t r e ç u c h a c u n 2250 votes.
D a n s le principe, amarrer signifiait préparer un navire pour
la mer, et p l u s t a r d arranger, mettre en ordre.
Amassis, n. m . — R a m a s s i s , a m a s .
A matin, loc.
C e matin. E x . Crois-tu q u ' i l fait beau, à mutin.
Ambiber, v. a . — I m b i b e r .
Ambine, n. f.
I,ien fait de b r a n c h e s flexibles q u i relie les bâtons d ' u n
traîneau.
Ambitieux, euse, a d j . — O r g u e i l l e u x .
Ambition, n. f.
— Orgueil.
— Rivaliser. E x . I l s sont tous d e u x à Y ambition, c'est à
q u i en fera l e p l u s .
— Persévérer, être c o u r a g e u x . E x . C ' e s t un homme q u i
travaille à'ambition, aussiréussit-il.
Ambitionner (s'), v . pr.
S'entêter, s'efforcer plus q u e d e raison. E x . P l u s j e tra-
vaille, p l u s j e m'ambitionne pour finir plus v i t e .
Amblette, n. f.
— H a r t tordue p o u r lier les p i q u e t s de clôture.
— C a r c a n de b o i s qui sert à a t t a c h e r les bêtes à cornes dans
l'étable.
Ambre, n. m . — A m b l e .
Ambrer, v . n . — A m b l e r , aller l ' a m b l e .
Ambreur, n. m . — A m b l e u r , c h e v a l q u i v a l'amble.
Ame en peine, n . f.
I n d i v i d u qui p r o m è n e son c h a g r i n u n peu partout.
Amelette, n. f . — O m e l e t t e .
Amen.
Jusqu'à amen, j u s q u ' à épuisement. E x . Je lui ai chanté
pouilles jusqu'à amen. Amen est u n mot h é b r e u .
Amendement (en).
C o m m e a m e n d e m e n t . E x . E x . N o u s proposons en amen-
dement à la m o t i o n , les mots q u i suivent.
22 I,E P A R L E R POPULAIRE

Amener, v. a.
Produire. E x . Puisque tu prétends cela, amène tes preuves.
Américain, u. m. et f.—Citoyen, citoyenne des Etats-Unis.
Américanisation, n. f.
Acte légal qui rend quelqu'un citoyen de la république des
Etats-Unis.
Américaniser, v. n.
Se faire naturaliser citoyen de la grande république des
Etats-Unis.
Amérique, n. f.
Pour les Canadiens-Français en général, l'Amérique se con-
fond avec les Etats-Unis. Partir pour l'Amérique, c'est
traverser la ligne frontière entre le Canada et les E . - U .
Ames (les), n. f. pl.
Les âmes détenues dans le purgatoire. E x . J e promets, si
j e réussis, de faire dire une messe pour les âmes.
Ames (les bonnes), n. f. pl.—Les âmes du purgatoire.
Ainet, n. m.—Lumière, balise, point de repère, jalon.
Ameuiller, v. n.
— Se dit d'une vache très avancée dans sa gestation.
— Arriver au but, finir. E x . Ameuille donc, termine ton
ouvrage.
Ami, n. m.
— Amis comme cochons, amis inséparables, par allusion au
cochon de saint Antoine.
— // n'y a pas à dire mon bel ami, inutile d'hésiter.
Amiauler, v. a.—Amadouer.
Amicablement, adv.— Amiablement.
Amiqué, n. f. — Amitié.
Amlette, n. f.
Omelette. E x . Manger des amlettes au lard.
Amollir (s'), v. pr.
S'adoucir. E x . L e temps s'amollit, le froid achève.
Ammunition, n. f.
Munition de chasse ou de guerre.
Amont, adv.
— Contre. E x . Ne grimpe pas amont la clôture.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 23

— Parmi. E x . I l était amont les autres g a r s .


•— A u milieu. E x . J'ai t r o u v é un nid d'oiseau amont le b l é .
l o c
A m o n t (d')> -
A u p r è s de. E x . V e u x - t u bien t'ôter â''amont moi ?
A m on t e r (s') v . pr.
1
Monter. E x . V o t r e billet s amonte à cinquante piastres.
Amorphosé, v . p .
Métamorphosé, absorbé d a n s ses pensées au point d ' ê t r e
comme i m m o b i l i s é . E x . R e m u e - t o i donc, es-tu amorphosêt
A m o u n e t e r , v . a.
A d m o n e s t e r . E x p r e s s i o n p l u t ô t acadieuue, signifiant cal-
mer.
A m o u r , n. m.
— Tomber en amour, devenir a m o u r e u x .
— Etre en amour, être a m o u r e u x .
—• Faire P amour, faire la cour â u n e personne du sexe.
— Pomme d'amour, pomme d ' a p i .
Ampas, n. m .
Appât.
— E n t r a v e s . L i e n s fixés a u x pieds d'un c h e v a l pour g ê n e r
sa marche.
L a m p a s . E n g o r g e m e n t de la membrane q u i tapisse le palais
des jeunes c h e v a u x .
Ampâter, v, a . — A m o r c e r , g a r n i r d ' u n e amorce.
Anipouille, n. f.— A m p o u l e .
Ampouîer, v . a.— P r o d u i r e des ampoules, des boursouflures.
A m u s a r d , adj. et n. N
H o m m e l o q u a c e , q u i prend d u plaisir à perdre son temps et
à faire perdre le temps des autres, un musard.
Amusement, n. f.
A m u s e m e n t , n. m . E x . C ' e s t une belle amusement.
A m u s e r (s') v . a.
— S'arrêter e n route. E x . Amusons-nous point, le temps
presse.
•— Amuser le temps, perdre l e t e m p s en niaiseries.
A m u s e a x , adj.
•— A m u s e u r , enjôleur.
LE PARLER POPULAIRE
24
— Musard, négligent.
Amusouère, n. m.—Amusoire, moyen d'amuser.
Anales, n. f. pl.
Annales. Ex. Je suis abonné aux Anales de la Bonne
Sainte-Anne.
Anbandon, n. m.—Abandon.
Anbandonner, v. a.—Abandonner.
Ancanter, v. a.
Appuyer, donner une position plus stable et plus confortable.
Ex. Ne bouge pas, nous allons t'ancanter avec des oreillers»
Ancanter (s') v. pr.
Se donner une position plus ou moins déclive dans un lit
ou un fauteuil.
Anchet, n. m.
— Appât.
— Ver de terre.
Ancre (à 1') loc.
Ne rien faire. E x . Pierre a perdu sa place, le voilà de
nouveau à l'ancre.
Ancre de perle, n. m,
Nacre de perle. Ex. Un chapelet en ancre de perle a été
perdu dans cette église. Prière de le remettre au bedeau.
Ancrer, v. n.— S'asseoir pour longtemps.
Andilie, n. f.—Anguille.
Andouille, n. f.
— Individu mou, sans ossature. E x . Va travailler, espèce
à! andouille.
— Dêpendeux d'andouilles, v. Dépendeux.
Ane, n. m.
— Faire l'âne pour avoir de l'avoine, feindre d'ignorer une
chose pour se la faire redire.
— Agir de bonne foi comme un âne qui pèle, avec la meil-
leure foi du monde.
Ange, n. m.—Papillon de nuit.
Ange cornu, n. m.
Individu, qui sous des apparences angéliques, mérite la
défiance.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

* Angel's cake endjele kêke (m. a. )— Gâteau des anges.


Angelu, n. m.—Angélus.
Angencement, n. m.—Agencement.
Angencer, v. a.—Agencer.
Angenouiller (s'), v. pr.— S'agenouiller.
Anges (gâteau des), n. m.
Gâteau léger, très sucré, sous forme d'anneau.
Anglaise, n. f.
Jouer à l'anglaise (Terme de jeu de balle). Frapper la balle
d'une façon particulière ettrès élégante. E x . Cet écolier
a une belle anglaise.
Anglification, n. f.
Fait de devenir anglais. E x . Il est souvent question au
Canada de V anglification de la race française.
Anglifier (s'), v. pr.
S'angliciser. E x . Les Canadiens-Français n'ont pas l'air
J
décidés de s anglifier de sitôt.
Anguille=brûle, n. f.
Cache-tampon. Jeu d'enfants où l'on cache un mouchoir
roulé en tampon, que l'un des joueurs doit chercher et
dont il frappe, lorsqu'il l'a trouvé, ceux qu'il peut at-
teindre.
Anguille de roche, n. f.—Ammodyte d'Amérique.
Animau, n. m.—Animal.
Anis sauvage, n. m.
Aralie à fleurs en grappe. Racine aussi grosse que le bras,
recommandée comme ingrédient dans la petite bière
d'épinette.
Ànmorcer, v. a.— Amorcer.
Anmorphoser, v. a.
Métamorphoser. V. Amorphosé.
Anmouracher (s'), v. pr.— S'amouracher.
Anneau, n. m.
Rond, coulant. E x . Passe-moi donc mon anneau de ser-
viette.
Année de la grande noirceur.
Il y eut plusieurs noirceurs en Canada, mais la plus célèbre
26 LE PARLER POPULAIRE

remonte à l ' a n n é e 1785 ( 1 5 o c t o b r e ) . E x . U n t e l est


v e n u au monde l ' a n n é e de la g r a n d e noirceur.
Année du g r a n d choléra.
A n n é e 1832, qui v i t mourir en q u a t r e mois p l u s de 3500
personnes.
Année du grand dérangement.
A n n é e 1755, qui a é t é témoin de la dispersion de nos frères
de l ' A c a d i e en terre étrangère.
Année du siège.
A n n é e 1 7 5 g . N o s ancêtres faisaient remonter à cette année-
là une foule de choses et d'objets antiques.
Année fiscale, n. f-
E x e r c i c e financier qui embrasse line période de d o u z e mois.
D a n s la Province de Québec, l ' a n n é e fiscale c o m m e n c e le
c r
i j o u r de juillet.
Années (les bonnes), n. f. pl.
D i c t o n populaire, q u i v e u t qu'autrefois les récoltes étaient
p l u s abondantes que celles d ' a u j o u r d ' h u i . A l o r s c'était
l ' â g e d'or, les bonnes années.
Annexion, n. f.
Incorporation des Canadiens au peuple de la r é p u b l i q u e des
Etats-Unis.
Annexionniste, n. m .
Partisan de l ' a n n e x i o n d u Canada a u x E t a t s - U n i s .
Annoncer, v . n.
B i e n paraître. E x . Cet enfant annonce bien.
Annuiter (s'), v. pron.
S e laisser surprendre par la nuit. E x p r e s s i o n d é j à d é m o d é e
e
en F r a n c e au X V I I siècle.
A noir, loc.
Entièrement, complètement. E x . N o u s a v o n s v e n d u nos
g a n t s à noir. J'ai claire à noir toute cette m a r m a i l l e .
Anouillère, adj.
S e dit d ' u n e v a c h e , lorsqu'elle c o n t i n u e de d o n n e r d u lait
sans avoir de v e a u . D a n s la V e n d é e , on dit uolïère. N o u s
disons aussi anoyère, ennafère.
Anpât, n. m.— A p p â t .
DES CANADIKNS-FRANÇAIS 27

Anpâter, v. a . — A p p â t e r .
Anpauvrir, v . a.— A p p a u v r i r .
v r
Anpauvrïr (s'). - P -
S ' a p p a u v r i r , p e r d r e s a fortune ou sa santé.
A n s e , n. m.— A n s e , n. f.
Ansiïlon, n. m.
E s p è c e de col de cornue par où l ' a n g u i l l e fait son chemin
pour aller s ' e m p r i s o n n e r dans u n coffre de bois.
A n t é c h r i t , n. m . — A n t é c h r i s t .
* A n t i c i p a t i o n , n. f. ( A n g l . ) — A t t e n t e .
* A n t i c i p e r , v. a. ( A n g l . )
— Prévoir. E x . y anticipe des embarras sans nombre.
— E m p i é t e r . E x . 'N'anticipons p a s sur nos r e v e n u s .
— Espérer. E x . ]'anticipe u n g r a n d succès dans cette
affaire.
* Antsmacassar, n. m . ( A n g l . )
Dossier ou voile de fauteuil.
A n t i q u i t é s , n f.
Antiquailles, v i e u x objets de p l u s o u moins de valeur.
Anvaler, v . a , — A v a l e r .
* Anxieux, adj. ( A n g l . )
D é s i r e u x . E x . Je s u i s a?ixieux d'aller v o u s voir.
Aouène, n. f . — A v o i n e .
Août, n. m .
N o u s entendons s o u v e n t dire a-oât pour oui. F a u t e de pro-
nonciation.
Aparcevance, n. f.
•— A p p a r e n c e . E x . L a récolte a u n e belle aparcevance.
•— A c t i o n d'apercevoir. E x . L a première aparcevance que
j ' e n ai eue, ce fut à l ' A u d i t o r i u m .
Aparcevoir, v. a . — A p e r c e v o i r .
Aparçu, n. m . — A p e r ç u .
Aparément, a d v .
Apparemment.
A p a r t , n. m.
R é s e r v e . E x . Je ferai un apart de cinq piastres pour toi
seulement.
28 LE PARLER POPULAIRE

A part de, loc. adv.


E x c e p t é , à part. E x . Personne ne viendra au lac, à pari de
Jean, de toi et de m o i .
Apartement, adv.
A p e r t e m e n t , au j u s t e . E x . Je ne sais pas apartement s'il
viendra.
Apçon, n. m . — H a m e ç o n .
Apetisser, v . a.—Rapetisser.
A pic, loc.
Susceptible. E x . C e t t e femme est à pic, il faut s'en défier.
Aplatir, v . a.—Battre, donner une très forte leçon.
Aplatir (s'), v. pron.
S'abaisser, s'humilier. E x . S'aplatir devant l e s g r a n d s de
la terre.
A plein, loc. adv.
B e a u c o u p . E x . Y avait-il beaucoup de monde à l'assem-
b l é e ? Il y en avait à plein.
Aplomb, n. m.
— A v e c force. E x . Je lui ai porté un coup aplomb.
— Perdre son aplomb, se laisser aller au d é c o u r a g e m e n t .
— Prendre son aplomb, reprendre ses sens, sortir d ' u n état
de faiblesse.
Aplomber (s*), v . pr.
— S e mettre d ' a p l o m b . E x . S'aplomber sur sa c h a i s e .
— Prendre ses précautions.
A poil, loc. A cru. E x . Je suis allé à c h e v a l , mais j ' é t a i s à poil.
Apola, n. f . — R a g o û t d'alouettes. M o t s a u v a g e .
Apologie, n. f.—Faire des apologies, faire e x c u s e .
Apothèque, n. f . — H y p o t h è q u e .
Apothéquer, v. a . — H y p o t h é q u e r .
Apothicaire, n. m .
P h a r m a c i e n . E x . C ' e s t un c o m p t e d''apothicaire q u e v o u s
m ' a v e z fait, c'est-à-dire, un c o m p t e sur lequel il y aurait
b e a u c o u p à rabattre.
Appareiller, v . a. e t n .
— Préparer, habiller. E x . M a r g u e r i t e , appareille l e petit
p o u r sortir.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 29

— E g a l e r . E x . C e t h o m m e est difficile à appareiller.


•— Dresser. E x . Marie, appareille la table pour le dîner.
— A p p a r i e r . E x . Appareiller une paire de bas, de gants.
— C o m p a r e r . E x . I l n ' y a pas m o y e n de m i e u x appareiller
ce g r o s h o m m e q u ' à une b a r r i q u e .
v r o n
Appareiller (s'). - P -
S e préparer à partir. E x . M a femme, appareillons-nous pour
le bal du G o u v e r n e u r .
l o c
Apparence (d')> -
V r a i s e m b l a b l e m e n t , selon les apparences.
Apparence que, l o c .
D ' a p r è s l ' a p p a r e n c e . E x . Apparence q u ' i l v a faire b e a u ;
il v a faire m a u v a i s , apparence.
Appartement, n. m .
P i è c e . E x . J ' a i u n e maison à louer ; il y a cinq appar-
tements, j e p u i s ne v o u s en louer q u ' u n seul.
Appelable, adj.
S u j e t à appel, en terme de jurisprudence. C e mot ne se
t r o u v e pas d a n s le Dictionnaire de l ' A c a d é m i e , ni dans
plusieurs a u t r e s g r a n d s dictionnaires, cependant le B . P . F .
dit q u ' i l est français ( I I I , p . 30).
Appeler, v. a.
— Convoquer.
—. Donner. E x . Monsieur, Jean m'appelle des noms.
l o c
Appelle (qui s'). -
E n règle, bien défini. E x . Pierre a r e ç u u n e raclée qui
s'appelle
Appétit, n. m.
D é s i r de posséder. E x . C e t h o m m e est p r ê t à tout sacri-
fier pour Y appétit d e quelques piastres.
* Applicant, n . m .
C a n d i d a t , solliciteur. E x . I l y a au moins vingt-cinq
applicants à la c h a r g e de g a r d i e n de nuit. ( A n g l . )
* Application (faire), loc.
F a i r e une d e m a n d e . E x . Je v a i s faire application p o u r
obtenir la p l a c e de messager. ( A n g l . )
Appliquant e, a d j . — Q u i e x i g e b e a u c o u p d'application.
30 I,B P A R L E R POPULAIRE

* Appliquer, v. n . — F a i r e une demande d'emploi. (Angl.)


Appoint, n. c.
— L / h e u r e favorable. E x . Je suis las d'attendre ses appoints.
— A v a n t a g e . E x . C ' e s t un g r a n d appoint q u e l a réussite
de cette affaire.
* Appointeraient, n. m .
— R e n d e z - v o u s . E x . J'ai un appointement a v e c l e ministre
des terres pour d e u x heures. (Angl.)
— Nomination. E x . J'ai reçu mon appointement à raison
de cent piastres par mois.
— C o m m o d i t é . E x . A t t e n d r e les appointements de Pierre
et de Jacques.
* Appointer, v . a. ( A n g l . )
— N o m m e r . E x . L,e docteur Isambart a été appointé coroner.
— F i x e r un rendez-vous. E x . Je lui ai appointé u n j o u r et
une heure pour u n e entrevue.
Apport, n. ni.—Etre à son apport, être à son c o m p t e .
* A p p r a i s e r , v. a . — E v a l u e r , estimer. ( A n g l . )
* Appraiseur, n. m . — E s t i m a t e u r . (Angl.)
Approbation, (en) loc.
A l'essai, sous condition. E x . J'ai acheté un c h a p e a u en
approbation.
Approchants (dans les), loc.
A p p r o x i m a t i v e m e n t . E x . C e t animal pèse dans les appro-
chants de trois c e n t s livres.
Approche, (faire I')
S o n d e r le cœur d ' u n e j e u n e fille. E x . Pierre a l'intention
de se marier, il v i e n t de faite l'approche d e m a s œ u r
Adèle.
Approcher, v . a.
F a i r e des propositions. E x . A u sujet de ce q u e j e t'ai
c o m m u n i q u é , as-tu approché ton frère.
Appropir, v . a.—Rendre propre.
* Appropriation, n. f.
A r g e n t , crédit v o t é par les corporations ou les g o u v e r n e -
ments. E x . N o u s serons p a y é s à m ê m e les appropriations
de l'année courante. (Angl.)
DES CANADIENS-FRANÇAIS 31
* Approprier, v. a . — A f f e c t e r à u n certain usage. (Angl.)
Appui d e chaise, n. m.
T r i n g l e en bois f i x é e au m u r pour le protéger contre le
frottement des c h a i s e s .
Apré ! int.—Juron sans conséquence.
Après, p r é p .
— P o u r s u i v r e . E x . I l est toujours après moi.
— À . K x . O n est après travailler.
— E e l o n g de. E x . Montons après le mur.
•— S u r . E x . V o u s a v e z de la peinture après votre habit.
A c c o t o n s - n o u s après la clôture.
—• P a r derrière. E x . Eerme la porte après toi.
— Présence. E x . A t t e n d s après m o i .
— Occupation. E x . Il est après manger.
Bossuet et R a c i n e ont écrit : Je suis après à conclure. Pen-
dant q u ' o n était après à me s a i g n e r .
Après vient-il de pressas, Serré contre, ou du sanscrit para,
en arrière, et parani, ensuite ?
Après (d'), loc.
Selon. E x . D'après moi, il fera b e a u demain.
Après (en), l o c . — E n s u i t e . E x . C e u x - l à viendront bien en
après.
Après (par), loc.
E n s u i t e , après. E x p r e s s i o n française, mais bien vieillie.
Apse, n. m.
A s t h m e . E x . Je souffre de Yapse depuis d e u x ans.
A pu près, loc. a d v . — A peu près, environ.
A quat'pattissement, n. m .
E e fait d'être à quatre pattes d e v a n t les pouvoirs publics, a
fait naître ce barbarisme qui n ' a pas d ' é g a l dans la langue,
à l ' e x c e p t i o n peut-être d u m o t struggleforlifer dont les
C a n a d i e n s - F r a n ç a i s ne sont p a s responsables.
Aquer, v . a . — A m o r c e r u n h a m e ç o n .
Aquette, n. m.
— Hoquet.
— Acquêt.
Aragan, 11. m . — V . O u r a g a n .
I/Ë PARLER POPULAIRE
32

Araignée, n. f.
— Avoir une araignée au plafond, n'être pas sain d'esprit.
Expression correspondante à la locution latine musca in
cerebro citée par Du Cange.
— Saxifrage sarmenteux. Plante de serres ou d'apparte-
ments, cultivée dans un pot suspendu.
A ras, loc. adv.
Tout près. E x . Mon verre est plein à ras le bord.—Coupe
cette tige à ras terre.— J ' a i coupé la queue de mon chien
tout à ras je t'en prie.
Arbe, n. m.—Arbre.
Arboutant, n. m.
— Terrain qui aboutit à un autre.
— Propriétaire du terrain.
— Aboutissant d'une terre.
Arbre de vie, n. m.
Cèdre blanc, ou thuja d'Occident ; se trouve dans la région
du lac Saint-Jean, et sert à la fabrication du bardeau.
Arcades, n. f.—Galeries de côté dans une église.
Arcajou, n. m.
Acajou. E x . Tous mes meubles sont en bois à!arcajou.
Arce, n. f.—v. Arse.
Arche, n. f.
Arc de triomphe, E x . C'est demain la procession du Saint-
Sacrement ; on a construit deux arches sur la rue St-Jean.
Archette, n. f.—Archet.
Archibête, adj.
Très bête. E x . Pierre est bête, mais Jean est archibête.
Archidiocèse, n. m.
— Diocèse à la tête duquel se trouve un archevêque.
— Province ecclésiastique sous la juridiction d'un arche-
vêque.
Arcompter, v. a.—Recompter, compter de nouveau.
Arçon, n. m.—Garçon. E x . Viens ici, mon petit arçon.
Ardille, n. f.—Argile. A u moyen âge on disait ardrille, arsille.
A M / | ] l f a < i v -t-t f-M o f ^ 1

— Argileux.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 33

— Orgelet, petite t u m e u r inflammatoire qui se forme a u


b o r d des p a u p i è r e s , en forme d e grain d ' o r g e .
— Orgueilleux.
Ardoiser, v. a. — C o u v r i r en ardoise.
Arèche, n. f.
— A r ê t e de poisson. E x . J'étouffe, j ' a i a v a l é u n e arldie.
— Pièce du parement d'un quai.
Aregnée, n. f . — A r a i g n é e .
A revoir, l o c . — A u revoir.
Arganeau, n. m .
O r g a n e a u , a n n e a u d e fer où l ' o n attache un câble.
Argardable, a d j . — Q u i mérite d ' ê t r e r e g a r d é .
Argardant, part.-—Regardant.
Argarder, v . a . — R e g a r d e r .
Argent, n. m .
—Jouer à l'argent, risquer de l ' a r g e n t au j e u .
— Argent de papier, papier monnaie.
— Argent dur, m o n n a i e d ' a r g e n t .
Argent, n. f.
A r g e n t , n. m . E x . E s t - c e de la bonne argent que v o u s
a v e z là ?
Argent mignon, n . m . — A r g e n t q u e l'on g a r d e au coffre.
Argenté, adj.
R i c h e . E x . C ' e s t u n h o m m e à l'aise, je t'assure q u ' i l est
argenté.
Argenteries, n. f. pl.
A r g e n t e r i e . E x . Je fais encan, et je vendrai toutes mes
argenteries. E o u i s e , frotte donc nos argenteries.
Argents, n. m . p l .
A r g e n t , fonds, deniers. E x . I l v i t à m ê m e les argents d u
public.
Argot, n. m.
— E r g o t . E x . Joseph est m o n t é sur ses argots, il devient
difficile de l u i parler. Argot et ergot se disaient é g a l e m e n t
bien au X V F siècle.
— E r g o t de seigle.
Argoté, a d j . — E r g o t é . E x . U n coq bien argotê.
2
34 LE PARLER POPULAIRE

Arguer, v. n . — A r g u m e n t e r , plaider.
Arias, a r r i a s , n. m.
— Embarras, contrariété. E x . M e s enfants m e causent
bien du arias.
— Attirail. E x . E m p o r t e tous tes arias avec toi.
— T u m u l t e . E x . Entends-tu le t a p a g e des enfants ? Q u e l
arias épouvantable !
En France arias s'emploie bien dans le sens de tracas. Ex.
Que d'afias ! L,e v i e u x français disait arie.
Aridelle, n. f.—Ridelle.
* Arlepape, n. m. ( A n g l . ) — H o r n p i p e , danse écossaise.
* Arlepatte, n. m. ( A n g l . )
Autre corruption du mot anglais hornpipe, danse t r è s en
vogue autrefois parmi nos Canadiens.
Arlevée, n. f . — R e l e v é e . E x . J'ai travaillé toute Yarlevée.
Arlovée, n. f . — V . A r l e v é e .
A r m a n a c h , n. m . — A l m a n a c h .
Armette g e r m a i n , adj.
Issu de germain. Corruption de maître germain, c o u s i n
germain.
Armière, n. f.—Ormière.
Armise, n. f.—Remise.
Armoire m o n t a n t e , n. f.
Monte-plats ou monte-charge hissant les plats de l a cuisine
à la salle à manger.
Armoniaque, n. f.
Ammoniaque. M é n a g e d i t : « L,' u s a g e v e u t q u ' o n dise artno-
niac, les Italiens disent de m ê m e armoniaco. Richelet
disait, en 1680, sel armoniac.» (Observ. sur la l a n g u e
française.)
Arouser, v. a.—Arroser.
Arousoir, n. m.—Arrosoir.
Arouter, v. a.—Routiner, former par l a routine.
Arouter ( s ' ) , v . pr.—S'accoutumer, s'habituer.
Aroutiner, v . a . — A c c o u t u m e r , habituer.
Aroutiner (s*), v . pr.
S'habituer, prendre l'habitude de quelque chose.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
35

Arpentage, n. m.
Levée des plans. E x . Pierre va faire Y arpentage de ma
terre.
Arpenteur, n. m.
Arpentettse, chenille des phalènes dite géomètre. Ces che-
nilles dépourvues de pattes au milieu du corps, ne mar-
chent qu'en se rapprochant les extrémités de manière à
se recourber le corps en forme d'un U renversé.
Arrache-braquettes, n. m.
Petit instrument en fer servant à arracher les broquettes.
Arracher (en), loc.
Eprouver de grandes difficultés. E x . Les nouveaux colons
ont une grosse besogne à remplir, j e te prie de croire
qu'ils en arrachent.
Arracher (s'), v. pr.
Se tirer d'embarras. E x . I l travaille tellement, qu'il finira
par s'arracher.
Arracher (se faire).
Se faire enlever de force. E x . J e me suis fait arracher ^our
accepter son invitation.
Arracher (se m')-
Disputer la présence. E x . On m'invite de droite et de
gauche, enfin on se m'arrache.
Arracheur de dents, n. m.—Menteur.
Arracheux bon-temps.—Roger Bon-Temps. V . ce mot.
Arrachis, n. m.
— Arbre arraché.
— Partie de forêt dont les arbres ont été dévastés par un
ouragan.
. — Branchages employés comme bois de chauffage par les
fabricants de sucre d'érable.
Arrainement, n. m.
Mise en accusation, au terme de la cour criminelle. Vieux
mot français introduit, comme bien d'autres, dans la pro-
cédure anglaise au temps de la conquête de l'Angleterre
par les Normands. E n le refrancisant, nous ne faisons
que prendre notre bien, notre butin, comme disaient
36 LE PARLER POPULAIRE

les Normands, et comme nous disons nous-mêmes. I<e


verbe arahnicr, cité par Godefroy, est un ancien mot qui
signifiait adresser la parole, accuser, assigner. C'est bien
l'origine du mot anglais arraignmcnl. On avait dans le
même temps le mot araisnement, action d'adresser la
parole.
Arrangeant, adj.
De composition facile. E x . Un homme bien arrangeant.
Arrangement, n. ni.
— Conciliation. E x . C'est un homme & arrangement.
— Arrangement d'hiver, d'été, service d'hiver, d ' é t é sur les
voies ferrées.
Arranger, v. a.
— Réparer, E x . Fais donc arranger ton habit.
— Mettre quelqu'un à sa place. E x . Il s'est fait arranger
de la belle façon.
v r
Arranger (s*). - P -
— Se parer, s'habiller pour sortir. E x . Arrange-toi de ton
mieux pour aller à l'église.
— Se tirer d'embarras. E x . Arrange-loi'comme tu p o u r r a s ,
je n'y peux plus rien.
Arrangeur, n. m.
Ouvrier qui réparc. E x . Voilà Y arrangeur de parapluies
qui passe, faisons-le entrer. Nous disons aussi, un arran-
geur d'horloges, de montres.
Arraroute.—Arrow-root. (Angl.)
Arrestation, n. f.
Arrêt. E x . he j u g e a lancé un mandat d'arrestation.
Arrût, n. m.
Repos, E x . Cet homme n ' a pas d'arrêt, il remue toujours.
Arrêter, v. n.
— Attendre. E x . Arrête, je ne serai pas absent bien
longtemps.
— Cesser. E x . Arrête de me chanter pouilles.
Arricot, u. m.—Pruche. Expression acadienne.
Arrlérages, n. m. pl.
Arrérages.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 37

Arrière, n. m.
Retard. E x . Ma montre prend de l'arrière. Ce locataire
a de Y arrière sur son loyer.
Arrimer, v. a.
— Arranger, réparer. Ex. Arrime-moi donc le toupet, que
j'aie l'air de quelque chose.
— Battre, malmener. Ex. Je me suis fait arrimer pro-
prement.
— Habiller, accoutrer. E x . Mon tailleur m'a arrimé de
son mieux.
— Avancer, se hâter.
Arrimer (s'), v. pr.
— S'habiller. E x . Arrimons-nous de notre mieux avant de
partir.
— Se placer, s'installer. E x . Les sièges sont remplis,
tâchons de nous arrimer autrement.
— Se mettre d'accord. Ex. Nos deux amis finiront par
s'arrimer, ils ont trop de bon sens.
Arisée, n. f.
Risée. V. ce mot. Le cheval qui se lance avec vitesse,
poussé par son conducteur, prend alors une arisée. Risée
:
se dit plutôt qu 'arisée, mot cité par Clapin.
Arriver, v. n.
— Obtenir une belle position. Ex. Cet homme est enfin
arrivé à force de travail.
— Concorder. E x . J'ai vérifié les deux comptes, mais ça
w' arrive pas.
Arriver avec quelqu'un.—L'égaler, lui tenir tête.
Arroser, v. a.—Arroser un marché, boire en le concluant.
Arroser (s'), v. pr.—S arroser la luette, le gosier, boire.
* Arrow=root, arorout. (m. a.)
Fécule comestible tirée des racines de la marante, du cur-
ctima, etc. Mot usité en France.
Arse, n. f.
— Espace, place. Ex. Veux-tu me donner plus à'arse?—Il
n'y a pas d''arse à se mettre.—Faites de Y arse, là-bas.
Arsoir, adv.,— Hier soir. Marot a écrit hersoir.
38 LE PARLER POPULAIRE

Artichoux, n. m.—Bardane.
Artifailles, n. f. pl.—Afficôts. V . ce m o t .
Artisse, n. m . — A r t i s t e .
Arupiaux, n. m. p l . — E r y p i a u x , oreillons.
Arvenlr, v. n . — R e v e n i r .
As de pique, n. m.
— Propre à rien.
— Etre planté quelque part comme un as de pique, se t e n i r
debout de manière à g ê n e r son v o i s i n .
A seule fin.
Afin. E x . Je t'ai fait demander à seule fin que t u r è g l e s
ton compte.
Asile, n. m .
Hospice d'aliénés. E x . C e t homme est fou, m e t t e z - l e à
l'asile. C ' e s t un craqué, il est mûr p o u r l'asile.
Asparge, n. f. — A s p e r g e .
Aspargès, n. m. — A s p e r g é s .
Aspect, n. m .
Apparence. E x . L,es récoltes ont u n bel aspect.
* Aspersions, n. f. pl.
A t t a q u e s malicieuses, diffamation. (Angl.)
Assaiye, n. m.
Essai. E x . N o u s allons te mettre à Vassaiye.
Assayer, v. a. — E s s a y e r .
* Assaut, n. m. — V o i e de faits. (Angl.)
Assavoir, v. et conj.
— Savoir. E x . Je v o u s écris pour v o u s faire assavoir d e
mes nouvelles.
— Savoir. E x . Ils étaient d e u x , assavoir Jacques et J e a n .
Molière s'est servi de ce mot dans son Tartufe:
" Ive bal et la grand'bande, assavoir deux musettes. "

Assemblée, n. f.
Faufilage. E x . Fais donc une assemblée p o u r que je p u i s s e
terminer ma couture.
Assembler, v. a.
Faufiler, faire une fausse couture à l o n g s points.
DES CANADIEN S- FRANÇAIS 39

Assermentation, n . f.
— Prestation d u serment.
— Action d'assermenter quelqu'un.
Assermenter, v . a.
A t t e s t e r par serment. E x . S o n t é m o i g n a g e a-t-il été asser-
menté ?
Assesseur, n. m . — E s t i m a t e u r officiel.
Asseyer, v . a. — E s s a y e r .
Assez, adv.
— T e l l e m e n t . E x . A i - j e é t é assez bonasse que j e l'ai c r u
s u r parole ?
— A s s e z b o n . E x . M i c h e l est assez poète.
Assinabe, n. f.
Grosse pierre e m p l o y é e par l e s s a u v a g e s pour retenir a u
fond de l ' e a u u n filet, u n e seine.
Assination, n. f.
A s s i g n a t i o n . E x . N o u s allons j o u e r a u x cartes, mais p a s
d'assination, s ' i l v o u s plaît.
Assiner, v . n.
T r i c h e r au m o y e n d e s i g n e s . E x . N o u s allons jouer a u
quatre-sept, m a i s il est d é f e n d u d'assiner.
Assir, v . a . — A s s e o i r . E x . T a i s - t o i o u j e v a i s t'assir.
v
Assir (s'). - P-
S'asseoir. C e m o t e s t fort e n v o g u e . Ronsard a dit : «Assi-
sons-nons s u r c e t t e molle c o u c h e . »
Assistance, n. f.
Présence. E x . Je s u i s allé à l a conférence d u j u g e Routhier,
l'assistance d e m i l l e personnes rendues pour l'écouter, l u i
fait honneur.
Assistant, n. m .
— A d j o i n t . E x . J e vais de c e p a s chez Y assistant-commis-
saire des terres.
— Assistant-bibliothécaire, sous-bibliothécaire.
Assister (s'), v . p r . — S ' a s s e o i r . E x . Assistez-vous, monsieur.
Associé, n. m . — C o m p a g n o n , a m i .
Associer avec, v . a.
S'associer a v e c .
40 LE PARLER POPULAIRE

Assommant, adj.
Accablant. E x . Cet orateur donne des raisons assommantes.
Assommer, v. a.
Abattre l'esprit. E x . E a perte de sa fortune l'a assommé.
Assouer, v . a.
Actionner, intenter un procès. E x p r e s s i o n acadienne.
Assumer, v. a.—Prendre charge. E x . I l a assumé m a dette.
Astérique, n. m.
Astérisque, signe typographique en forme d'étoile * pour
indiquer un renvoi, une lacune, etc.
Astheure, loc. adv.
A cette heure, maintenant, à l'heure présente. E a R o c h e -
foucauld, l'homme a u x maximes, a écrit : Pour ne v o u s
pas mentir, je me suis fort tourmenté qu'il serait b o n
d'être assuré asleure de ces affaires que d'attendre davan-
tage (Lettres, 24.) L a Boétie écrivait astlieure. Mon-
taigne a écrit asture.
Astination, n. f.— Obstination.
Astiner, v . n.—Obstiner. E x . Yastine pas.
v r
Astiner (s')> - P -—S'opiniâtrer à vouloir faire une chose.
Atoca, n. m.—Cauneberge à gros fruits.
Atosset, n. m.
Nom s a u v a g e d'un poisson que l'on trouve dans les e a u x
du lac Saint-Jean.
Atout, n. m.
A g r é m e n t s , qualités extérieures, attraits. E x . Voilà une
femme qui a beaucoup & atout. E n Normandie, le m o t
adous signifie ornements, parures.
A tout de reste, loc. adv.
Quand même, de toutes ses forces. E x . I l veut cela à tout
de reste.
A toute, loc. a d v . — A u s s i bien que possible.
A toute éreînte, loc. adv.
D e toutes ses forces. E x . T r a v a i l l e r à toute êreinte.
Attache, n. f.
— Attachement, affection. Boileau et Racine se s o n t servi
de ce mot pour exprimer la même idée.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 41

L i e n . E x . M e t s des attaches à ton c h a p e a u .


Attaque, n. f.— J o u e r à Vattaque. V . Tague.
Attaquer, v . a.
Meurtrir, dans u n é t a t voisin d e la c o r r u p t i o n . E x . Cette
pomme est attaquée, mets-la de c ô t é .
Attation, n. f.
A t t e n t i o n . E x . Je te dis que le feu d ' a r t i f i c e durant les
fêtes de C h a m p l a i n a été beau, attation !
Attelage, n. m.
Harnais. E x . M e t s Y attelage sur le dos d u c h e v a l .
Attelée, n. f.
Forte dépense de t r a v a i l . E x . P u i s q u ' i l y a t a n t à faire,
donnons une b o n n e attelée.
Atteler, v . a.
— Mettre le h a r n a i s au dos d u cheval. K x . Baptiste,
attelle la grise s u r l e quat'roues ?
— A s s u j é t i r q u e l q u ' u n , le maîtriser. E x . E n v o i c i un que
attellerai au p r e m i e r jour.
— Mettre dans u n e impasse, dans de m a u v a i s d r a p s .
Attelles (dans les), n. f. p l .
— T r a î n e r une e x i s t e n c e pénible. E x . I l e s t dans les
attelles.
— F a i r e un g r a n d effort. E x . I l v a falloir t i r e r dans les
attelles, la b e s o g n e est raide.
* Attendre pour quelqu'un.
A t t e n d r e après q u e l q u ' u n . ( A n g l . )
Attends bien (f).
T u me comprends.
Attifiaux, n. m. p l . — A t t i f e t s .
Attigner, v . n.
Forcer beaucoup.
Attikkameg, n. m .
Poisson blanc. N o m d ' u n e ancienne tribu s a u v a g e canton-
née sur la r i v i è r e S a i n t - M a u r i c e .
Attirer, v . n.
Faire suppurer. E x . S u r ton c l o u (furoncle), m e t s u n cata-
plasme de g r a i n e de lin, ça attire b i e n .
42 LE PARLER POPULAIRE

Attisée, n. f.
U n bon feu. E x . Il commence à faire froid, n o u s allons
faire une petite attisée.
Attorney, n. m.
P r o c u r e u r chargé de représenter une partie en justice. V i e u x
mot français atome. L'atorné, à C o m p i è g n e , e s t u n

m a g i s t r a t élu pour trois ans à la Saint-Jean-Baptiste.


Attraper, v. a.
— A t t e i n d r e : E x . J'ai attrapé mon but.
— Déshonorer.
Au, art.
•— L e . E x . Nous partirons au premier de mai.
— D e . E x . Une salade au poulet.
— D u . E x . V o i c i le livre au père Lemoine.
Aubarge, n. f . — A u b e r g e .
Aubargiste, n. m . — A u b e r g i s t e .
Aubel, n. ni.
A u b i e r . Aubel se disait jadis.
Aucun, a d j . — T o u t , n'importe quel.
Aucun t e m p s (en), loc. adv.
E n t o u t temps. E x . T u pourras venir en aucun temps.
Aucun autre, loc. adv. — T o u t autre.
Audience, u. f.—Auditoire.
* Auditer, v. a.—Vérifier les comptes. ( A n g l . )
* Auditeur, n. m.
C e l u i qui vérifie, e x a m i n e les comptes. (Angl.)
* Audition, n. f.— Vérification des comptes. ( A n g l . )
Auge, n. ni.— A u g e , u. f.
Augmentation, n. f. — Partie de paroisse n o u v e l l e m e n t a n -
n e x é e . E x . Vaugmentation de Somerset.
Augurer, v . n.— A v o i r belle ou mauvaise apparence. Ex.
C e t t e affaire augure mal.
Auieu de, loc. a d v . — A u lieu de.
Aujord'hui, adv. — A u j o u r d ' h u i .
A u Jour d'aujourd'hui, loc. adv.
A u j o u r d ' h u i m ê m e . C e mot se décompose en q u a t r e a u t r e s ,
d o n t d e u x , jour et hui ont la m ê m e signification.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 43

Aumône, n. f.
Aumône. Ex. Faire Vaumône aux pauvres qui passent.
Aunage, n. m.
— Aunaie, lieu planté d'aunes.
— Branche d'aune.
Auparavant, adv.
Avant. Nous devons nous habiller chaudement auparavant
que de nous mettre en route.
Auparavant moi, loc.—Avant moi.
Au ras.
V. A ras. On peut dire au ras de Veau, de manière à être
de niveau avec la surface de l'eau.
Auripiaux, n. m. pl.—Oreillons.
Aussi... comme, loc. adv.
Aussi. . . que. Ex. Il est aussi instruit comme toi.
Autant comme, loc. adv.
Autant que. E x . J'exigerai autant comme vous.
Autant comme autant, loc. adv.
Tant et plus. Ex. Je l'ai réprimandé autant comme autant,
et rien n'y fait.
Autant (en) que, loc. adv.
Autant que, en tant que. E x . En autant que je m'en sou-
viens, c'est vrai.
Autant dire, loc.
Ou peut dire, pour ainsi dire. E x . Autant dire que ma
fortune est compromise.
Aute, adj.
Autre. Ex. C'est une aute paire de manches. On trouve
aute dans l'ancien français.
Authentiquer, v. a.—Rendre authentique. Mot vieilli.
Aux environs, loc.
Près de. Ex. Il est aux environs de quatre heures.
Avachi, n. m.—Paresseux.
Avachir, v. n.— Rendre lâche, paresseux.
Avachir (s'), v. pr.—Devenir lâche.
Avalanche, n. f.
Troupe, ribambelle. Ex. Une avalanche d'enfants à in-
44 LE PARLER POPULAIRE

struire.—As-tu vu sortir les écoliers du séminaire ? Quelle


avalanche ?
Avalange, n. f.
Avalanche.
Avance (à I'), loc. adv.
D'avance, par anticipation. Ex. Je vais te payer à l'avance.
Avance (d'), adv.
— Vif, prompt à la besogne. Ex. Cet homme n'est pas
d'avance.
— Des patates à'avance. Y. Patates.
Avancé, n. m.
Allégation, assertion. Ex. Je vais répondre à tous ses
avancés.
Avancer, v. a.
— Approcher. Ex. Avance donc cette chaise pour que je
m'y asseoie.
— Commencer à se corrompre. Ex. Ce bifstek est pas mal
avancé.
Avancer à quelqu'un.
Fournir des fonds. Ex. Avance-K\oi donc cinq piastres,
j ' e n ai un grand besoin.
Avances, n. f.
— Racontars. Ex. Je n'ai que faire de tes avances, cela ne
prend pas.
— Arrhes. Si tu veux que je corrige tes épreuves, donne-
moi des avances.
Avant, adv. et n.
— Profondément. Ex. Creuse avant, si tu veux trouver
de l'or.
— Aller trop vite. Ex. Ma montre prend de V avant.
Avant (venir de 1').
Briguer les suffrages. Ex. As-tu entendu dire que notre
ami vient de l'avant pour les Communes.
Avant (en), loc.
— Briller. Ex. Cet élève est en avant de sa classe.
— Prévoir, savoir par avance. E x . Un tel est en avant de
son temps.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 45

Avant (par), loc.


Avant. E x . Il est v e n u par avant moi.
Avant-z-hier, loc. a d v . — Avant-hier.
Avarde, adj. f.
Avare. E x . Cette femme est avarde.
Avaricieux, euse, a d j .
Avare qui lésine sur t o u t .
Avarie, n. f.
— Malheur, d o m m a g e s . E x . Si nous n ' a v o n s p a s à?avarie,
nous serons b i e n t ô t prêts à partir.
— Besoin i m p r é v u . E x . E n tout cas & avarie, e m p o r t o n s
nos parapluies.
Avarse, n. f.
Averse. E x . Il t o m b e une avarse à boire d e b o u t .
Avé, p r é p . — A v e c . E x . Viens avê moi.
Avec, p r é p .
— Par. E x . J e v a i s partir avec les chars.
— De. E x . Q u e faire avec cela ?
— Dans. E x . J e n ' a i rien à voir avec cela.
•— Envers. E x . J e suis quitte avec lui.
•— De même. E x . I l est resté coi, et moi avec.
— Partir avec pas le sou, sans argent.
Aveindre, v. a.
Atteindre difficilement. E x . Cet objet est t r è s élevé, t o u t
de même je vais essayer de Y aveindre.
Aveindu, p. p.
Aveint. E x . L e docteur a eu de la misère à m ' a r r a c h e r
une grosse d e n t malade, finalemeut il l'a aveindue.
Aveine, n. f.— A v o i n e .
Avenant, adj. p a r t .
Advenant. E x . Avenant le jour où tu v o u d r a s m e voir, j e
serai là.
Avenante (à 1'), loc. a d v . — A l'avenant.
Avenir, v. n.— Convenir. E x . Cet habit lui avient.
A venir jusqu'à, loc. a d v .
J u s q u ' à . E x . I l s ' e s t bien comporté à venir jusqu'au jour
d'au jourd'hui.
4 6 LE PARLER POEULAIRE

Avention, n. f.
— A merveille. E x . Cet orateur parle comme une avention.
— Dextérité. E x . Voilà un enfant qui ira loin, il est plein
à? aventions.
Aventionner, v. a.
Inventer. E x . Cet ouvrier est très habile, il ne cesse p a s
d''aventionner quelque nouvelle machine.
v r
Aventionner (s')- - P -
Se mettre dans l'idée. E x . Aventionne-toi pas que t u puisses
me blaguer, je connais tes trucs.
Avents (les), n. m. p .
L'Avent. E x . Voilà les A vents qui arrivent, l'hiver v a com-
mencer. E n France, on dit les avents des grands p r é d i c a -
teurs.
Aventurer (s'), v. pr.
Aller loin. E x . J'arrive du lac à la Galette, je m e suis
même aventuré un peu plus loin.
A v é r a g e , n. m.
Borne moyenne, vraie et admise. E x . Ma terre m ' a r a p -
porté depuis trois ans trois cents minots de blé en avêtage.
Averdingle, n. f.
— Avarie.
•— Insulte, affront.
Avéré, adj.
Avéré, reconnu vrai. E x . C'est un fait avère que n o u s
sommes en temps d'élection.
Avertisation, n. f.— Avertissement.
Aveuc, p r é p . — A v e c .
Aviron, n. n.
Pagaie. L'aviron est u n e rame d'embarcation ; la p a g a i e
se manie sans qu'on l'appuie à l'embarcation.
Avis, n. m . — M ' e s t avis, je suis d'avis.
* Aviser, v . a.
— Conseiller. E x . Je vous aviserais d e n e pas p r é s e n t e r
cette loi devant les Chambres. (Angl.)
— Regarder. E x . E x a m i n e sérieusement ton affaire, avise-
la de près.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 47

* Aviseur, n. m . — C o n s e i l l e r . ( A n g l . )
Avisse, n. f.—-Vis.
Avisser, v . a . — V i s s e r .
Avocasser, v . a.
Défendre, a p p u y e r u n e théorie.
L e mot avocasser é t a i t l ' u n e des expressions favorites
de S i r G e o r g e - E t i e n n e C a r t i e r . N o u s t r o u v o n s dans
Godefroy le m o t avocassage p o u r signifier l ' a r t de plaider,
la profession d ' a v o c a t , et avocacion, plaidoyer, office
d'avocat. L ' A c a d é m i e a a d m i s avocasserie, en 1877, et
avocasser est français et signifie exercer obscurément la
profession d ' a v o c a t .
Avoine, n. f.
Faire manger de Vavoine à quelqu'un, le fait d ' u n jeune
h o m m e qui c o u r t i s e u n e j e u n e fille avec p l u s d ' a v a n t a g e
que t o u t autre.
Avoir, v. a u x .
S'emploie dans u n e f o u l e de l o c u t i o n s assez t y p i q u e s .
— Avoir le bras long, faire sentir son influence très au loin.
— Avoir du sable dans les yeux, s'endormir, c ' e s t l'homme
au sable qui p a s s e .
— Avoir du pain sur la planche, avoir de l ' a r g e n t de côté.
— Avoir du chien, ê t r e b r a v e , c o u r a g e u x .
— Avoir des mots, se disputer.
— Avoir mal aux cheveux, a v o i r l a migraine le lendemain
d ' u n e noce.
— Avoir restomac dans les talons, a v o i r une g r a n d e faim.
— Avoir les côtes sur le long, ê t r e p a r e s s e u x .
— N'avoir pas inventé la poudre, être imbécile.
— N'avoir pas inventé les boutons à quatre trous, m ê m e sens.
— N avoir pas la langue dans sa poche, parler b e a u c o u p .
Avons (j')> v . a u x .
N o u s avons, j ' a i . E x p r e s s i o n t r è s en v o g u e chez les A c a -
diens.
Avous ? v . a u x .
A v e z - v o u s ? D a n s l a farce d e P a t h e l i n , nous lisons : Avous
mal a u x dents, m a i s t r e P i e r r e ?
4 8 LE PARLER POPULAIRE

Avri, n. s . — A v r i l .
Avril (poisson d').
Courir le poisson d'avril, c'est aller à l a recherche d ' u n e c h o s e
qui n ' e x i s t e pas.
Ayau, n. m — N o y a u .
Ayère, n. f.
— CEillère, dent.
— CEillère, visière.
Azur, n. m . — A z u r . E x . Bleu comme Y azur.

o - — O

B
o o

Babiche, n. f.
Lanière étroite de cuir, de peau d'anguille, etc. E x . F o u r -
nir q u e l q u ' u n de cuir et de babiche.
Babicher, v . a.
— Corriger. E x . C e t écolier s'est fait babicher s é r i e u s e -
ment par son maître.
— Dire des paroles dures.
Babine, n. f.—Avoir la babine dépendue, pleurer.
Babines (ruine-), n. f.
Petit instrument de musique à b o u c h e dont se s e r v e n t les
enfants pour s'amuser plutôt que p o u r en tirer des s o n s
harmonieux. I l s'en trouve cependant qui p a r v i e n n e n t
à en tirer des airs connus.
Bâbord, n. m .
Courir de bord et bâbord, déborda bâbord, aller d ' u n c ô t é e t
de l'autre.
Babouin, e, n. et a d j . — E n f a n t turbulent.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 49

* Baboune, n. f. ( A n g l . )
P e r s o n n e m u n i e d e l è v r e s épaisses, a v e c toutes les apparences
d e l'idiotie. D u m o t a n g l a i s baboon, b a b o u i n .
Bac, bacq, n. m .
A u g e , petite c u v e t t e . Son d i m i n u t i f baquet est aussi fran-
çais ; v i e n t d e l ' a l l e m a n d back, q u i signifie t o u t e espèce de
vase.
* Bachelier, n . m .
G a r ç o n à marier. E x . I l y a u r a à Q u é b e c , l e 18 d u m o i s
courant, u n g r a n d b a l d o n n é p a r les bacheliers de cette
v i l l e . T r a d u c t i o n d u mot a n g l a i s batchelor.
Bâcher, v . a.
T r a v a i l l e r sans s o i n . E x . C e t o u v r i e r bâche tout ce q u ' i l
entreprend.
Bâcheur, n. m . — C e l u i qui b â c h e de l ' o u v r a g e .
Bachot, n. m . — B a t e a u d e r e b u t .
* Back=board,— borde, ( m . a.)
A t t e l l e avec d o s s i è r e pour p r o t é g e r la poitrine.
* Back=door,—dore, ( m . a . ) — P o r t e de derrière.
* B a c k g a m m o n , — g a m m e u n e , (m. a . )
T r i c t r a c , j e u q u i se j o u e a v e c des dames et des dés, sur u n
tableau d i v i s é e n d e u x c o m p a r t i m e n t s .
* Back=store, n. m . , (m. a.)
A r r i è r e - m a g a s i n , arrière-boutique.
\$aaox\,—-bêk-orine, (n. m.)
V i a n d e de p o r c f u m é e et s a l é e . On disait autrefois en
F r a n c e baconer p o u r saler. Bacon n'est donc p a s un m o t
e m p r u n t é à l a l a n g u e a n g l a i s e . Notre m a n i è r e de le p r o -
noncer lui d o n n e l ' a p p a r e n c e anglaise.
Bacul, n. m.
B a r r e de travers q u e l ' o n m e t en avant d ' u n e charrue o u
d ' u n e v o i t u r e , q u i forme u n e croupière a u x b ê t e s de trait.
V i e n t de baculus, bâton.
* B a d g e , n. f., (m. a.) — I n s i g n e .
* B a d l o q u e , n. f. (Angl.)
M a l c h a n c e , infortune. E x . Je suis dans la badloque. De
l ' a n g l a i s bad luck.
4
50 IH P A E I . B R P O P U L A I R E

* Badloqué, e, adj. ( A n g l . )
Malchancheux. E x . I l n ' y a personne de plus badloquê que
moi.
* Bâdrage, n. m. ( A n g l . )
Ennui, tracas. D e l ' a n g l a i s bother, ennui.
* Bâdrant, adj. ( A n g l . ) — E n n u y e u x , assommant.
* Bâdrement. n. m. ( A n g l . ) — M ê m e sens que bâdrage.
* Bâdrer, v . a. ( A n g l . )
E n n u y e r . E x . N e v i e n s pas me bâdrer.
* Bâdrerie, n. f. ( A n g l . )
Même sens que bâdrement et bâdrage.
* Bâdreux, euse, n. et adj. ( A n g l . )
E n n u y e u x , importun. E x . I l y a toujours q u e l q u e bâdreux
qui vient me faire perdre mon temps.
Bafouiller, v . n.
Bredouiller, parler c o m m e si on avait la b o u c h e pleine.
E x p r e s s i o n française, mais familière.
iBacker, v . n . — V . Baquer.
Bâfrer, v . pron.
Manger g o u l û m e n t et avec excès.
"* Bagage (chambre à ) , n. f.
Consigne. De l'anglais bagage-room.
* Bagage (char à ) , n. m .
F o u r g o n . D e l ' a n g l a i s baggage-car.
•* Bagamenne, n. m.
Trictrac. Corruption de l ' a n g l a i s backgammon.
Bagatelle, n. f.
Trou-madame.—Jeu qui consiste à faire passer d e petites
boules d'ivoire dans des arcades n u m é r o t é e s .
Bagne !
Onomatopée en parlant d ' u n e affaire soudaine. E x . Bagne!
il est tombé à plein v e n t r e par terre.
Bagosse, n. m .
— M a u v a i s w h i s k e y , préparé en c a c h e t t e .
— Etoffe de poil de b œ u f tissée sur d e la laine.
— C h o s e commune en g é n é r a l . ( B . P . F . )
Bagnère, n. f.— Bannière.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 51

Bagou, n. m.
V e r b i a g e , b a v a r d a g e effronté. C e mot n ' e s t p a s reconnu
par l ' A c a d é m i e .
Bagoulard, n. m .
B a v a r d , un h o m m e qui parle b e a u c o u p pour ne dire que des
sornettes. N e se t r o u v e p a s dans le Dict. de l ' A c a d .
Bagouler, v . n.
B a v a r d e r , parler à tort et à t r a v e r s .
* Bague d'engagement, n. f.— A n n e a u de fiançailles.
Baguette, n. f. et i n t .
— Interjection d ' u s a g e fréquent. E x . Baguette! que c'est
beau !
— Jalon, ( t e r m e d ' a r p e n t a g e ) .
Baguetter, v . a.
Poser des b a g u e t t e s . O u d i n et C o t g r a v e donnent à baguetter
le sens de frapper avec tine baguette.
Baguettes de tambour, n. f. p l . — Jambes frêles.
Baille, n. f.
Petite c u v e e m p l o y é e dans l ' i n d u s t r i e du sucrier ou fabricant
de sucre d'érable.
Bailler, v . a.
Donner. E x . Baille-moi cette m o r u e . Expression plutôt
acadienne.
Bâille, n. m.
Bâillement. E x . J'étais présent q u a n d il est mort, j ' a i v u
son dernier bâille.
Bâiller, v . n.
B a y e r . E x . I l est l à qui bâille a u x corneilles.
Bâillette, n. f.
Bâillement. E x . T u t'endors, m o n enfant, tu commences
à faire des p e t i t e s bâillettes.
Bailli, n. m.
Huissier. C e m o t était en v o g u e autrefois, et l ' o n pronon-
çait bâilli.
Bain, n. m .
Baignoire. E x . V a donc c h e r c h e r le bain pour le n e t t o y e r .
Baisage, n. m . — A c t i o n de se faire duper, tromper en affaires.
LE PARI.BR POPULAIRE
52

Baise-la-piastre, n. ni.
A v a r e , mesquin. E x . C ' e s t un dur baise-la-ptastre, il peut
tondre sur un œuf.
Baiser, v . n.
Duper, attraper. E x . II s'est fait baiser dans son affaire.
—Baiser les portes, sortir, être chassé de la classe, d u collège.
Baissant, n. m.
Reflux, jusant. E x . N o u s irons nous baigner a u commen-
cement d u baissant.
Baissière, n. f.
Enfoncement dans une terre labourée ; l'eau des pluies y
est retenue.
Bal, n. m.—Faire le bal, faire beaucoup de tapage.
Bai à gueule, n. m .
Réunion où l'on danse sans musique, au son d e l a v o i x ,
seulement.
Bal à l'huile, n. m.
Réunion où il ne se fait d'autre dépense que l ' h u i l e q u i sert
à éclairer la salle.
Balader (se), v. p.
Marcher en affectant un certain air d'importance. Ex.
Voici madame la Pompadour qui passe, se balade-t-ellQ un
peu ?
Baladeuse, n. f.
Femme ou fille qui se balade à travers les rues.
Balai (petit), n. m.
Vergette. Les^Montagnais de Tadoussac appelaient l e Père
jésuite L a Brosse la Grande Vergette : le Père a v a i t dû les
inspirer lui-même â propos de cette appellation.
Balan, n. m.
— Hésiter, être en suspens. E x . Je suis en balan si j ' i r a i
passer l'été à la campagne.
— Manque de solidité.
— Balancement. E x . L,e balan de la branche l ' a fait tomber
de l'arbre.
Balancille, n. f.— Balançoire.
Balanciller, v. n.— S e balancer.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 53

Balancine, n. f.
— Balançoire, siège s u s p e n d u entre d e u x cordes et sur
lequel on se balance.
— Bascule, longue pièce de bois mise en équilibre s u r u n
point d ' a p p u i , et sur laquelle se balancent d e u x personnes
placées a u x d e u x bouts.
Balanciner, v. n . — S e balancer.
Balanner (se), v . pron.
Aller et venir pour se faire voir.
Balcon, n. m.
Berceau e n t o u r é de verdure. Espèce d e tonnelle.
Balestron, n. m .
Perche qui sert à tendre la voile dans u n e embarcation.
Balet, balette, n. m .
— Branche de cèdre ou d ' é p i n e t t e dont on fait les balais.
— Aller au balette, aller couper des branches dans les bois
pour en fabriquer des balais. Figurêment, aller au diable.
E x . Va-t-en a u halette, a u p l u s vite.
— Fou comme balette, stupide.
— Cheveux taillés en balet, coupés en carré et un peu long
sur la n u q u e .
Balier, v. a.
Balayer. E x . Marie, balte la place, c'est-à-dire le parquet.
I^e Dict. de T r é v o u x dit : «Il ne faut point se servir de ce
mot.» Cependant il a toujours été employé, et il l'est
encore à Amiens ainsi q u ' a u Canada.
Balieux, euse, n. et adj.— Balayeur, balayeuse.
Balise, n. f.
— Petit arbre tiré des forêts.
— Erables, sapins, épinettes qui servent à orner les chemins
ou les r u e s à l'occasion d e fêtes publiques.
— Petits arbres plantés dans la neige p o u r guider les voya-
geurs.
Baliser, v. a.
•r-r Poser des balises le long des chemins et des rues p o u r une
fête nationale, ou pour l'arrivée d ' u n évêque en t o u r n é e
pastorale.
5 4 LE PARLER POPULAIRE

— Indiquer le chemin à suivre eu hiver au moyen de balises


plantées dans la neige ou dans la g l a c e .
Baliures, 11. f .'pl.— Balayures, ordures ramassées avec le balai.
* Ballast, n. m. (m. a.)
— Sable ou pierre concassées qui servent à empierrer les
chemins.
— Lest d ' u n navire.
* Ballaster, v . a. (Angl.)
Poser des pierres concassées, du sable, du gravier sur les
voies ferrées pour maintenir les traverses solides.
Balle, n. f.— Partir raide comme une balle, partir très v i t e .
Balleux, euse, adj.
Personne qui fréquente assidûment les bals.
Ballon, n. m . — Vaste jupon bouffant, crinoline.
* Balloune, u . f.— Bulle de savon. M o t anglais, balloon.
Balusse, u. f.
Balustre, ( u . m.) E x . A l l e z vous agenouiller à la balusse.
S'emploie souvent au féminin, bien que balustre soit m a s -
culin.
Balustre, u. f.
Balustrade, rangée de balustres unis par une tablette.
B a m b o c h e r , v . u.
Faire une v i e de débauche, de ripaille. L ' A c a d é m i e ne
connaît pas le verbe bambocher, mais bien bamboche, bambo-
chade et bambocheur.
Bambocheur, n. et a d j . — Qui bamboche.
Banc, n. m.
— Magistrature. E x . L ' a v o c a t D é s y a été appelé à monter
sur le banc.
— Cour de justice. E x . L e banc est a u complet. L e petit
banc.
— Gradin, tabouret, escabeau.
Banc de b r u n i e , n. m.—•Brouillard.
B a n c de neige, n. m.
Amoncellement de neige occasionné p a r le vent qui, soule-
vant la neige, la transporte comme de la poudre : d ' o ù le
mot poudrerie. V . ce mot.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 55

Banc=lit, n. m.
Meuble à double usage. Fermé le jour il sert de siège povir
s'asseoir ; ouvert la nuit, on y couche comme dans un lit.
Le mot anglais bed, d'usage fréquent, sert bien à distin-
guer le banc-lit de tout autre meuble.
Bandage, n. m.
Embatage, posage d'une bande de fer qui serre une roue
pour la tenir en état.
Bande, n. f.
Corps de musique, de musiciens. Quelques-uns récriminent
contre l'emploi du mot bande dans ce sens. Molière a dit :
« la bande des musiciens.» Ce mot a dû être importé de
France en Angleterre, comme l'a prétendu Blain de Saint-
Aubin dans l'Opinion Publique. Le même ajoute que ce
mot a été emprunté par les Français aux Italiens.
Il paraît certain que bande, dans le sens de corps de musi-
que, est du bon français, mais, comme le mot a vieilli, il
vaut peut-être mieux dire corps de musique, comme on dit
aujourd'hui en France.
— Bandage herniaire.
— Avoir de la bande, se dit d'un bâtiment qui penche d'un
côté.
— Prendre de la bande, même sens.
Bandelière, n. f.—Bandoulière.
Bander, v. a.
— Armer. E x . Ton fusil est-il bandé, fais attention ?
— Raidir. E x . Bande bien serrée la corde de ton arbalète.
* Bandeur, n. m. (Angl.)
Moulinet ou bâton sur lequel on passe une corde pour la
serrer en tordant. De l'anglais binder.
Bang ! int.— Coup. Pif ! Paf ! Pan ! V. Bagne.
* Bank=note, nète, (m. a.) Billet de banque.
* Banne, n. f.
Bande. Ex. Il y aura de la banne, ce soir, sur. la terrasse
Dufferin. De l'anglais band.
Banneau, n. m.
— Charrette garnie de planches dont on se sert pour trans-
PARLER POPULAIRE

porter le charbon, les détritus de la rue et des caves.


Diminutif de banne.
— Sellette carrée des harnais de travail.
Banque, n. f.
— Crête d'un fossé, d'un canal. Ne vient pas de l'anglais
bank, quoique les deux mots comportent la même signifi-
cation.
— Tire-lire des enfants.
Banqueroute, n. f.
— B. honnête, qui ne nuit pas à la réputation du failli.
— B. frauduleuse, punie par la loi.
Le mot banqueroute signifie faillite et, en France, ne com-
porte pas de divisions.
* Banqueter, v. a.
Donner un banquet. Ex. Nous allons banqueter notre nou-
veau maire. (Angl.) Banqueter signifie prendre part à un
banquet.
Banqueteur, n. m.
Celui qui aime à fréquenter les banquets. Ce mot était
admis jadis.
Baptême, n. m.
— Voiture qui transporte à l'église ou qui en ramène le
parrain, la marraine et l'enfant. E x . As-tu vu passer le
beau baptême?
— Juron fréquent. Ex. Baptême, que tu m'embêtes !
Baptêmer, v. n.
— Baptiser.
— Blasphémer.
Baptêmeux, n. m.—Qui blasphème à tout propos.
Baptiser, v. a.
— Donner des sobriquets.
— Jeter de l'eau à la figure.
— Couper le lait avec de l'eau.
Baptiste, n. m.
Nom donné â tout Canadien-Français. Ex. Paie, Baptiste!
Baquer, v. a. et n.
— Reculer, céder, lâcher. Ex. Nous allons nous entendre
DES CANADIENS-FRANÇAIS 57
pour tâcher d'arriver au pouvoir, mais ne bague pas.
— Aider. E x . Je vais te baguer, si tu veux me prendre
avec toi pour mener cette affaire à bonne fin.
Baguer n'est pas uu anglicisme, comme on l'a écrit. On
l'emploie encore dans l'arrondissement de Valognes(France)
comme ici pour signifier plier, céder. Backer était français
autrefois et signifiait reculer, céder. On a écrit que ce
mot vient de l'islandais bagaz qui veut dire être empêché,
être changé de position.
Baqueur, n. m.
— Celui qui aide quelqu'un dans une opération financière ou
autre.
— Celui qui recule devant les difficultés.
* Bar, n. f. (m. a.)
•— Comptoir de restaurant, de buvette. E x . Tu me rejoin-
dras à la bar du Frontenac.
— Bar, n. m. En France, le mot bar est masculin et s'em-
ploie dans le même sens qu'ici,
Baranguer, v. n.
Parler à tort et à travers. Expression très usitée autrefois
dans la région de Montréal.
Barattée, n. f.
Contenu d'une baratte, avant ou après la confection du
beurre. E x . J'ai à faire une grosse barattée de beurre.
En France, une barattée désigne le liquide qui reste au
fond de la baratte quand le beurre en a été extrait.
Barauder, v. a. et n.
— Aller et venir en tous sens. Ex. L,es chemins sont glis-
sants, la voiture baraude beaucoup.
— Fureter un peu partout, sans s'arrêter nulle part. E x .
Qu'est-ce que tu baraudes dans le grenier?
— Remuer un objet massif sur son centre ou de côté, pour
le changer de place.
— Flâner, se promener sans but arrêté. Ex. J'ai baraudê
dans les rues toute l'après-midi.
Barauder (se), v. pr.
— Se promener sans but arrêté.
58 LE PARLER POPULAIRE

— Marcher en se dandinant.
Baraudeux, euse, n.— Baraudeur, euse, q u i aime à flâner.
Barbe de C a p u c i n , u. f.
Nigelle de Damas, appelée aussi C h e v e u x de V é n u s . P l a n t e
d'ornement.
Barbeau, u. n i .
— L a r v e d'œstrides. E x . Mon cheval est malade, il a des
barbeaux.
— Barbeau de cuisine, le kokerlac,. appelé caffard en F r a n c e .
— T a c h e d'encre, pâté.
— Poisson dont se sert le pêcheur de morue.
Barbeau-volant, n. m
Hanneton.
Barbis, n. f.
Brebis. E x . C'est la batbis du B o n - D i e u que celui-là.
Barbotte, n. f.
— Poisson, genre des silures, qui ne diffère de la barbue que
par sa queue qui est carrée au lieu d ' ê t r e fourchue.
— T a s s e de lait dans laquelle on a mis tremper du pain.
Barbouiller, v . a.
Donner des nausées. E x . C e fricot me barbouille le c œ u r ,
chaque fois que j ' e n mange.
Barbouiller (se), v. pr.
Se gâter. E x . L e temps se barbouille, nous aurons d e la
pluie bientôt.
Barbue, n f.
Poisson de nos rivières, de la famille des Siluroïdes. L,es
savants l'appellent 1 'Irtalarus nigricans.
Bardasser, v . n . — V . Berdasser.
Bardasserie, n. f.— V . Berdasserie.
Bardasseux, n. et adj.— V . Berdasseux.
Bardassier, n. et adj.— V . Berdassier.
Bardatter, v . a.
— Couvrir de bardeaux.
— Poser des bardeaux, ( B . P . F . )
Bardeau, n. m.
—Casse de fonte, casseau; réserve dans laquelle on dépose
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 59

les caractères d'imprimerie inutiles à raison de leur multi-


plicité.
— Béret d'universitaire.
— Il lui manque tm bardeau, il a l'esprit faible.
Bardi=barda, loc. adv.
V. Berdi-barda.
Bardoiser, v. a.— Couvrir de bardeaux.
BardoIIer, v. a.
Couvrir de bardeaux, dans le langage des Acadiens.
Barène, n. f.
Marelle, jeu consistant à sauter à cloche-pied dans un rec-
tangle tracé sur le sol et partagé en diverses cases, en pous-
sant d'une case dans l'autre une pierre, un palet.
Barer, v. a.
Donner. E x . Veux-tu me barer quinze centins pour mon
porte-monnaie ?
Bargagner, v. n.— Commercer, trafiquer.
Bargagneux, n. et adj.— Qui se livre à tonte espèce de négoces.
Bargaine, n. m.
Marché. E x . Je viens de faire un beau bargaine. Bargai-
gne, vieux mot français, signifiait commerce, marché. On
trouve bargatnne.
Bargainer, v. a. et n.
— Commercer, trafiquer, faire du bargaine en général.
— Echanger. E x . Veux-tu bargainer ta montre avec la
mienne ?
Bargou, n. m.— Gruau.
Barguigner, v. n.
— Hésiter, se décider difficilement. E x . Il n'y a pas ^.bar-
guigner, il faut que tu me remettes l'argent que je t'ai
prêté.
— Marchander. Moi j'achète sans barguigner.
Bar-keeper, kipeur, (m. a.) — Cabaretier.
Barlan, n. m.
Brelan. E x . Jouons ce soir au barlan de pommes.
Barley, n. m.
Orge mondé ou perlé. Ex. Ce pain est fait de barley.
,00 L B PARLER POPULAIRE

Barley n'est pas la traduction anglaise d'orge perlé. C'est


un mot français par lui-même ; on le trouve d a n s l'ancien
langage français.
B a d i n e , n. f.— V. Berline.
Barloque, n. f.— Breloque. E x . U n e vieille barloque.
Barlot, n. m.— V. Berlot.
Barlue, n. f.—Berlue.
Barnèche, n. f.— Barnache, oie marine, à bec court et menu.
Barniques, n. f. p l . — V . Berniques.
Barouche, n. f.
— Voiture de famille, participant à la fois du caractère du
carrosse et de la malle-poste.
— Vieille voiture.
— T o u t e chose vieille, hors de service.
B a r o u e t t e , n. f.— Brouette.
Barouettée, n. f.— Brouettée.
B a r r a b a s à la Passion.
Etre connu comme Barrabas à la Passion, être connu de tout
le monde. Dicton conservé par le patois normand.
* B a r r a c k , (m. a. ) — Caserne.
B a r r e à tonnerre, n. f.— Paratonnerre.
B a r r e d u cou, n. f.
Cou. E x . Si tu ne te tiens pas tranquille, j e v a i s te casser
la barre du cou.
B a r r e du jour, n. f.
Point du jour. Allusion au pâle sillage qui paraît à l'hori-
zon, a u x premiers feux de l'aurore.
B a r r e a u , n. m.
Trictrac. E x . Maintenant que nous sommes tannés de
jouer a u x dames, faisons une couple de parties de barreau.
B a r r e a u t e r , v. a.— Poser des barreaux.
Barreautin, n. m.
Petit barreau, diminutif de barreau. Barreaux qui unissent
la rampe aux degrés d'un escalier de bois.
* Bar=room, (rounî) (m. a.)—Buvette, estaminet.
B a r r e s ( j o u e r a u x ) , loc.
Jeu de course pour enfants.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 6i

Barré, adj.
Tacheté, bigarré. E x . Voilà une belle vache barrée. D'où
le nom de barrette donné souvent aux vaches barrées.
* Barrenn'se, n. f.— V. Barène. E x . Jouer à la barrenn'se.
Barrer, v. a.
Fermer à clef, au moyeu d'une serrure ou d'un cadenas.
E x . Barra la porte, barre la valise, barre la commode, etc.
Barrettée, n. f.
Ee contenu d'une barrette. Dans certaines églises de cam-
pagne, on faisait autrefois la collecte au moyen d'une
barrette.
Barrique, n. f.
—Ivrogne invétéré, dont l'haleine rappelle l'odeur qui s'é-
chappe d'une barrique vide de liqueur forte.
— Plein comme une barrique, ivre.
Barrure, n. f.
Carré où l'on attache les chevaux et les vaches dans les
écuries.
Bas, n. m.
Pas, le seuil. E x . Ee bas de la porte est tout usé, il faudra
y voir.
Bas-côté, n. m.
Appentis, petit bâtiment adossé contre un grand.
Bas=de=soie, n. m.— Sobriquet donné aux Irlandais.
Bas=percé, n. m.— Dépensier, qui n'a jamais le sou.
Bas (descendre en), loc.
— Aller dans un étage inférieur. Ex. Descends en bas me
chercher mon chapeau.
— Aller dans le bas du fleuve. E x . Vas-tu descendre en bas
dans le courant de l'été ?
Bascule (donner la), loc.
Jeu d'enfants qui consiste à saisir la victime désignée d'a-
vance et à lui frapper le dos sur un mur autant de fois
qu' elle a d'années révolues. C est une manière de célé-
brer les anniversaires de naissance parmi nos collégiens.
Basculer, v. a.
— Renverser un véhicule mobile sur son axe.
62 LE PARLER POPULAIRE

— Se faire rouler d'un côté ou d'un autre au milieu d'une


foule remuante.
* Baseball, n. m. bêse-bâle., (m. a.)
Balle aux champs. E x . Le jeu de baseball est très en
vogue par le temps qui court.
•* Baseraient, n. m. bèsemènle, (m. a.)
Soubassement, sous-sol.
Basir, v. n.— Disparaître, être perdu.
"* Basse=carte, n. f.
Corruption de l'anglais post-card, carte-postale.
Bassine, n. f.
Urinai, vase à col relevé où les malades urinent.
Bassinée, n. f.
Contenu d'une bassin©.
Bastinguer, v. a.—Battre.
Bastonais, n. m.
Bostonais, citoyen de la ville de Boston. Sous le régime
français les Bastonais, c'est-à-dire les Anglais de la Nou-
velle-Angleterre, étaient fort redoutés de nos Canadiens.
'* Bat, batte, n. m. (m. a.) — Crosse, battoir, bâton, maillet.
Bataclan, n. m.
Attirail, ameublement. E x . Prends ton bataclan et quitte
ma maison.
Bataclan, d'après Timmermans, voudrait dire moulin
faisant claquer son traquet, dit batacle, d'où par méta-
phore, train, remue-ménage, branlebas.
•* Batch, n. f. (m. a.)—Fournée, tas.
Batèche.— Juron très répandu dans le peuple.
Bâtiments, n. m. pl.
Ecuries, granges. E x . Cours vite aux bâtiments atteler la
grise.
Bâtir, v. a.
Construire pour l'usage de quelqu'un. E x . C'est l'entre-
preneur Laroche qui va bâtir monsieur Earochelle.
Bâtir, v. n.
— Fortement charpenté. E x . Cet homme est bien bâti, il
doit être fort comme un cheval.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 63

— Prendre de l ' e m b o n p o i n t . . E x . A s - t u rencontré Henri, il


commence à bâtir.
Bâtir (se), v. p r o n .
Construire u n e m a i s o n , une résidence. E x . M . le curé v a
se bâtir pour se mettre chez lui quand il abandonnera sa
cure.
Bâtisse, n. f.
B â t i m e n t , édifice. E x . L,es bâtisses du parlement viennent
de passer a u f e u .
Bâtisse (jouer à la), loc.
Jeu de carte t r è s en v o g u e c h e z les tout petits enfants. Ils
se bâtissent en or, en argent, etc., etc.
Batiste, n. f.
E u s t r i n e . E a b a t i s t e est u n e toile très fine, d ' u n tissu très
serré ; elle diffère de la lustrine, tissu de coton employé
pour la d o u b l u r e des v ê t e m e n t s .
Bat=le=diable, n. m .
I n d i v i d u plein d e ressources e t d a n g e r e u x d e toute façon.
Bâton-bleu, n. m . — C o n n é t a b l e , suisse.
Bâton=de=crême, n. m . — B â t o n de sucre.
Bâton (tour du), n. m .
T o u r de bâton, profit illicite. D ' a p r è s Borel, cette expres-
sion serait f o r m é e de bas et ton, parce q u e lorsqu'on v e u t
faire un g a i n injuste on n e le dit q u ' à v o i x basse ( d ' u n
bas ton) à l ' o r e i l l e des p e r s o n n e s q u ' o n m e t dans ses inté-
rêts.
Battable, adj.
Q u i p e u t être surpassé en v a l e u r , en qualité. E x . V o i c i
un gas qui n' est p a s battable.
Batte=feu, n. m .
— Briquet.
— Individu remuant.
Batterie, n. f.
Partie d ' u n e g r a n g e o ù l ' o n b a t l e s grains, les céréales a u
m o y e n d u fléau.
Batteur=de-faux, n. m .
Oiseau qui, à l ' é p o q u e de l a fenaison, fait entendre un chant
6 4
L E PARLER POPULAIRE

comparable au son que retire le faucheur de sa faux en


l'aiguisant.
Battée, n. f.
— Grande quantité. E x . Y avait-il beaucoup de monde à
l'assemblée? Oui, il y en avait une battée.
— Chaudronnée. E x . J e viens de terminer une battée de
savon, de sucre.
— Airée, nombre de gerbes qui peuvent être battues d'une
seule fois.
Batteux, n. m.— Machine pour battre le blé.
Battois, n. m.
Battoir, instrument avec lequel on bat le linge.
Battoué, n. m.—Battoir.
Battouète, n. m.—Battoir.
Battre, v. a.
— Remuer. E x . Empêche donc la porte de battre au vent.
— Battre à plate couture, remporter une victoire complète.
— Battre la campagne, délirer, déraisonner : jeu de phrase
pour battre la campane, carillonner.
— Battre le blé, égrener les épis en les frappant.
— Battre comme blé, battre sans se lasser.
— Battre quatre as, ne pouvoir être surpassé.
— Battre la comète, même sens.
— Le diable bat sa femme, le soleil luit à travers un ciel plu-
vieux.
Battre (se), v. pron.
—Se battre la gueule, se dit d'un individu qui discourt lon-
guement et à tue-tête. On devrait dire se battre de gueule.
— Se battre les flancs, cherche à se donner du courage.
Battu, part. pas. de battre.
— Etre malade. E x . Cet homme est battu du rhumatisme.
— Etre surpassé en qualité. E x . Ici l'on vend des huîtres
qui ne sont pas battues.
Batture, n. f.
— Rivage laissé à découvert à la marée basse. E x . I >
batture aux loups-marins.
— Glace formée sur les rives du fleuve.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 65

Bauche, n. f.
— Course très v i v e . E x . M o n c h e v a l a fait d i x lieues d ' u n e
seule bauche,
— T r a v a i l rapide, dans un t e m p s limité.
— Course e n t r e h o m m e s . E x . V e u x - t u tirer une bauche
avec moi.
Baucher, v . n.
— Courir v i t e . E x . N o s c h e v a u x ont l u t t é d e vitesse, je
t'assure q u e ça bauchait.
— Travailler vite.
— Courir p o u r s'amuser. E x . V e u x - t u q u e n o u s bauchio?is
tous d e u x ?
Baudet, n. m .
L i t de sangle. E x . D e mon temps, au collège, n o u s couchions
sur des baudets.
Baume, n. m .
Pimprenelle, p l a n t e aromatique qui croît sur le bord des
chemins.
Baume du Canada, n . m.
B a u m i e r de G i l é a d ; c'est la g o m m e de sapin, dont on faisait
autrefois u n e térébenthine en u s a g e dans la peinture et le
vernis.
Bavaloise, n. f.
P o n t de culotte, dite à la b a v a l o i s e ou bavaroise. C e mot
indiquerait q u e l a mode e n a é t é empruntée à la B a v i è r e .
Bavaroise se dit é g a l e m e n t .
Bavardement, n . n i . — B a v a r d a g e .
Bavassage, n. m . — B a v a r d a g e .
Bavassement, n. m .
— B a v a r d a g e . E x . E n c o r e u n e affaire q u i v a soulever d e s
bavassements à n ' e n plus finir.
— Propos d é s o b l i g e a n t s .
Bavasser, v . n .
— B a v a r d e r . E x . Q u e l h o m m e d a n g e r e u x ? I l bavasse à la
grande journée.
— Dénoncer, faire des rapports. E x . C e t écolier passe son
t e m p s à bavasser a u maître.
5
66 LE PARLER POPULAIRE

Bavasserie, n. f.
— Bavarderie.
— Rapport, dénonciation.
Bavasseux, euse, n. et adj.
— Bavard, qui aime à parler.
— Rapporteur.
Baver sur quelqu'un, loc.
— Dire du mal de quelqu'un.
Bavures, n. f. pl.— Bave, matières vomies.
* Bay rhum, n. m., bé-rome, (m. a.)
Lotion alcoolique pour les cheveux.
* Bay-window, (m. a.)—V. Bow-window.
Bazir, v. n. — Disparaître. Expression acadienne.
* Beam, Mme, (m. a.)—Poutre.
* Bean, bine, (m. a.)
Haricot. Ex. Aimes-tu les beans, toi ? Oui, les beam au
lard.
* Beater, bîter, v. a. (Angl.)—Surpasser, l'emporter. V. Biter.
Béatis, n. m. pl.
Béatilles. Petits morceaux de viande, rejetés dans l'apprêt
des mets, et dont tire parti une économie bien entendue.
Beauté (une), n. f.
— Beaucoup mieux. Ex. Pierre écrit une beauté mieux que
Jean.
— Un grand nombre. Ex. Y avait-il beaucoup de monde au
concert ? Il y en avait une beauté.
* Beaver, u. m., biveur. (Angl.)
Chapeau de castor, haut de forme.
Bébelle, n. f.
— Jouets d'enfants. Ex. Voici le jour de l'an qui approche,
nous allons visiter un magasin de bêbelles.
— Histoires. Ex. Ne me fais pas de bêbelles.
Bébelieries, n. f. pl.— Jouets d'enfant.
Bec, n. m.
Gibier. Expression usitée par les chasseurs pour déplorer
l'absence du gibier. Ex. Pas un bec aujourd'hui.
— Donner un bec, un baiser.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 67

— Taire son bec, cesser de parler.


— Se rincer le bec, l e gosier.
— Cela m'a passé devant le bec, c e l a m ' a été refusé, j ' a i m a n -
q u é l'occasion.
— Un chapeau à bec, chapeau f e r m é .
— S'affiler le bec pour parler, se préparer à faire un discours.
— Faire le gros bec, montrer de l a répugnance à faire u n e
chose.
— Tomber le bec à l'eau, rater une affaire.
— Avoir du bec, de la jasette.
— Avoir le bec carré, avoir de la difficulté à parler, à raison
du froid q u i a raidi les muscles de la mâchoire.
Bec de corneille, n. m .
Petite moule comestible, d e forme allongée, et dont la
coquille ressemble au bec de l a corneille, d ' o ù son n o m .
Becco (de), a d v .
D e trop peu, d e moins q u ' i l ne faut. E x . V o i c i un b a s de
becco, dépareillé. L o c u t i o n t r è s usitée dans le comté de
K a m o u r a s k a ; v i e n t d u P e r c h e . On entend dire souvent
de bécotle, et beccotte, un b a s bêcotte.
Bec-fin, n. m .
Personne qui fait l a grimace sur tous les mets q u ' o n lui sert.
Bec-sucré, n. m .
— B o u c h e mielleuse.
— Personne q u i a i m e beaucoup le sucre.
Bêché, a d j . — E c l o s . E x . M e s poulets sont tous bêchés.
Bêcher, v . a.— Becqueter.
Bèchetée, n. f . — l , e contenu d ' u n e bêche.
Bêcher, v . n.
T o m b e r la tête la première. E x . Prends g a r d e de bêcherexx
courant trop v i t e .
* Bécouite, n . m . ( A n g l . ) — D e l'anglais buckwheat, sarrasin.
Becquer, v . a.— Becqueter. E x . Becoue-moi, mon petit.
Bec-scie, n. m . — - H a r l e d ' A m é r i q u e .
* Bed, n. m., (m. a.)
Banc-lit, E x . T o i , tu c o u c h e r a s ce soir dans le bed.
V . Banc-lit.
68 LE PARLER POPULAIRE

Béda, n. m.—Cochon mâle. Expression acadienne.


Bédainer, v. n.—Bedonner, prendre du ventre.
Bedonner, v. n.— Prendre du ventre. Français familier.
Béda me, bindame.
Mais. Ex. Aimes-tu cela ? Bindame, ça dépend.
Bédane, n. m.
Bec-d'âne, outil tranchant de charron, de menuisier, pour
creuser des mortaises.
* Bedder, v. a. (Angl.)
— Poser. Ex. Bedder une vitre.
— Asseoir, fixer. Ex. Bedder une pierre sur son lit de
mortier. (B. P. F.)
Bedeau, n. m.
— Faire quelque chose en bedeau, travailler avec soin.
— Le trou du bedeau, la fosse dans un cimetière.
* Bee, bi, n. m. (m. a.)
Corvée. Ex. Faisons un bee pour éplucher du blé d'Inde.
Béguer, v. a.—Bégayer.
Bégueux, n. m. etadj. — Bégayeux.
Beigne, u. m.— Beignet.
Beignet, adj. et n.
Benêt, homme peu intelligent. Ex. Ees Beignets de Sainte-
Rose. Sobriquet tombé en désuétude.
Belle (en), loc.
— Avoir en belle, avoir beau jeu, être situé favorablement
pour faire une chose. Ex. Tu as en belle, sauve-toi.
— Prendre son en belle, saisir l'occasion favorable. Ex. Je
saurai bien prendre mon en belle, quand l'occasion se pré-
sentera.
Nous disons encore attendre son en belle, pour signifier la
même chose. M. Chauveau, dans les Notes qui suivent
ses Légendes, écrit : « Embellie est un terme de marine,
c'est un changement favorable dans le temps, dans l'at-
mosphère ; on profite d'une embellie pour mettre à la voile.
De là peut-être l'avoir embelle ou avoir embelle.» Il est
plus rationnel de croire que, dans, le cas présent, belle est
substitué à beau, avoir belle pour avoir beau.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 6 9

Belle (avoir) l o c . — A v o i r b e a u .
Belle (faire la), loc.
E n f a n t que l ' o n fait tenir debout a v a n t q u ' i l ait appris à
marcher. S e dit aussi d ' u n chien q u e l ' o n fait asseoir s u r
son train d e derrière.
Belle (paru), loc.
E c h a p p é belle. E x . Je l'ai paru belle.
Belle-Angélique, n. f.
Plante aromatique cultivée dans nos j a r d i n s .
Belle heure, loc.
L o n g t e m p s . E x . I l y a belle heure q u e j e s u i s arrivé.
Belle heure (à), loc.
H e u r e indue. E x . T u arrives à belle heure, toi.
Béloné, n. m. — G r o s saucisson.
Beluet, n. m . — B l u e t .
Belzamine, n. f. — Balsamine.
Ben, adv.
Bien. E x . N o u s sommes ben ici, r e s t o n s - y .
Bénane, n. f. — B a n a n e .
Bénifice, n. m. —Bénéfice.
Béniquer, n. m . — B é n i t i e r .
Bénissoué, n. m .
Goupillon. E x . M . le c u r é n o u s a b é n i s a v e c son bénissoué.
Ber, bers, n. m.
Berceau. Quelques-uns ont cru que l e m o t ber était u n e
r
corruption de l'anglais bar. L e D D e v r o n a écrit dans les
Comptes rendus de l ' A t h é n é e L o u i s i a n a i s (janvier 1888),
que ce mot est usité en L o u i s i a n e d a n s l e s e n s de berceau,
et il cite les Mémoires de la M è r e T r a n c h e p a î n , l'une des
premières religieuses ursulines fixées à l a N o u v e l l e - O r -
léans, pour faire voir q u ' e l l e a é t é i m p o r t é e d e France. L e
docteur écrit ber et non p a s bers. C e p e n d a n t on t r o u v e
bers dans le R o m a n de la R o s e pour signifier berceau.
Berçante, n. f. — Berceuse.
Berceau, n. m .
— Partie d ' u n e charretée de foin, d u f o n d de' l a charrette à
la hauteur des ridelles.
70 LE PARLER POPULAIRE

— T o n n e l l e en verdure. E x . A l l o n s nous mettre à l'ombre


dans le berceau, a u fond du jardin.
Berceuse, n. f.
Chaise berceuse. E x . L,a berceuse de m a g r a n d ' m è r e .
Berdas, n. m.
— N e t t o y a g e , m é n a g e de maison. E x . A s - t u fait ton
berdas, ce matin ?
— Bruit, tapage. E x . Quel berdas est Ça ! j ' a i la t ê t e cassée.
— Série confuse. E x . J'ai fait des berdas de r ê v e s la nuit
dernière
L e mot berdas, d'après M . de Gerville, v e u t dire bavardage.
Il existait pendant les anciens E t a t s de Rennes u n e société
où se réunissaient tous les nobles des d e u x s e x e s pour
causer et parler politique, d'où est v e n u le m o t berdasse.
Berdassement, n. m . — Bruit e n n u y e u x .
Berdasser, v . a. et n .
— Faire le ménage. E x . J'ai u n e servante q u i n ' e s t bonne
q u ' à berdasser, elle ne sait pas faire la cuisine.
— V a q u e r à des t r a v a u x de peu d'importance. E x . Quand
tu auras fini de berdasser, nous nous mettrons à l ' o u v r a g e .
— S e faire secouer. E x . J'arrive de Lorette, j e m e suis
fait berdasser dans des chemins affreux.
— Inquiéter, tracasser. E x . J'ai quelque chose q u i me
berdasse.
— Disputer. E x . S i j e p e u x lui mettre la m a i n sur le
corps, j e vas le berdasser à mon g o û t .
— Faire d u bruit. E x . A c h è v e donc d e berdasser, t u me
fatigues.
Berdasserle, n. f.
V . Berdassement.
Berdasseux, adj. et n .
V . Berdassier.
Berdassler, n. et adj.
— Celui qui fait plus de bruit que de besogne,
— Celui qui fait toute espèce de métiers.
— Celui q u i se mêle des affaires d e s autres.
— Chicanier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 71

Berdi-Berda, n . m .
G r a n d bruit. E x . Q u e l berdi-bcrda ! O n ne se comprend
plus.
— Désordre. E x . J'ai eu b e a u chercher dans m a valise, j e
ne trouve rien, c'est un berdi-berda o ù une c h a t t e perdrait
ses petits.
Berdouiller, v . a.
Bredouiller. E x . Q u ' e s t - c e q u e t u berdouilles l à ?
Bergamaux, n. m . pl.
l i s i è r e s d ' é c o r c e s de b o u l e a u .
Berlan, n. m . — B r e l a n .
BerJander, v . n.
— Flâner, fainéanter. E x . Qu' est-ce q u e t u berlandes là ?
— Dire des b a l i v e r n e s . E x . Berîander d u matin au soir.
— Hésiter. E x . I l n ' y a p a s à berîander, il faut s ' e x é c u t e r .
Berlandeux, n. et a d j .
— Fainéant.
— Indécis.
Berline, n. f.
V o i t u r e propre a u x boulangers p o u r transporter leurs pains.
Berloque, n. f.
Breloque. S ' e n t e n d ordinairement d ' u n e montre de p e u d e
valeur.
Berlot, n. m . — V o i t u r e d ' h i v e r p l u s l é g è r e que la carriole.
Berniques, n. f. p l . — d u n e t t e s , besicles.
Berouette, n. f. — B r o u e t t e .
Bérouettée, n. f. — Brouettée, l a c h a r g e d ' u n e brouette.
Bertelles, n. f. p l . — B r e t e l l e s .
Bésique, n. m .
Bésigue, j e u de cartes qui se j o u e à d e u x , trois ou quatre
joueurs, a v e c d e u x , trois o u quatre j e u x de trente-deux
cartes.
Besoin (de), l o c .
Besoin. E x . Prête-moi ton canif, j ' e n ai de besoin.
Besoin (pour son), loc.
P o u r son u s a g e . E x . C ' e s t v r a i q u e j ' a i b e a u c o u p d e papier,
mais j ' e n ai pour mon besoin s e u l e m e n t .
72 LE PARLER POPULAIRE

Besson, ne, n. et adj.


J u m e a u , jumelle. L e Dict. de l ' A c a d é m i e dit q u e c e m o t a
v i e i l l i , mais il s'emploie toujours, en F r a n c e c o m m e en
Canada.
* Best, a d j . (m. a.)
L e meilleur. E x . N o u s sommes quatre bons j o u e u r s , mais
c ' e s t toi, Louis, qui est le best.
Bestage, n . m. — H a b i t u d e de bester.
Bester, v. n.
A v o i r beaucoup d'affection pour u n e personne d u m ê m e s e x e
q u e soi. (B. P . F . )
Besteux, adj. — Q u i a l'habitude de bester.
Bêtas, bêtasse, adj.
B ê t e , imbécile. E x . U n gros bêtas.
Bêtassetnent, adv. — Bêtement.
Bête, n. f,
— Bêle comme ses pieds, très bête.
— Bête à manger de V herbe, très bête.
— Bête à coucher dehors, sot.
— Une bonne bêle, u n bonasse.
— Bête comme tm chou, imbécile.
— Rester bête, éprouver une surprise q u i donne u n air b ê t e .
— Faire la bête, simuler le manque d ' i n t e l l i g e n c e .
Bêtement, adv.
T r è s , beaucoup. E x . Je me suis coupé bêtement.
Bête puante, n. f.
M o u f e t t e . C'est l'enfant du diable mentionné p a r n o s pre-
m i e r s missionnaires.
Bétille, n. f. — Béquille.
Bêtise, n . f.
— S o t t i s e . E x . N e fais pas la bêtise d'aller sur l ' e a u par un
t e m p s pareil.
— I n s u l t e . E x . Il m ' a chanté u n tas de bêtises.
Bêtiser, v . n. — Dire des bêtises.
Bêtiseux, n. et adj.
H o m m e qui tient des propos plutôt malséants.
Bétôt, a d v . — Bientôt. E x . T u viendras bêtôt.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 73

Bette, n. f.
Betterave. E x . Des bettes à vache, des bettes rouges.
* Better, v. a. (Airgl.)
Parier, gager. E x . Je bette avec toi cinq piastres contre
une.
Beu, n. m.
Bœuf. E x . Des souliers de beu. Ma foi à&beu.
Beugler, v. n.
Chanter très fort. Ex. Nous avons un chantre à l'église
qui chante bien, mais il beugle beaucoup trop.
Beurdas, n. m. — Berdas. V. ce mot.
Beurdasser, v. n. — Berdasser.
* Beurneur, n. m. (Angl.) — Brûleur, bec de lampe.
Beurre de mai, n. m.
Beurre fabriqué eu mai. Ce beurre aurait, dit-on, la pro-
priété de guérir les plaies, les ulcères. En France, on
prépare ce beurre avec du sel, on l'étend sur un morceau
de toile qui prend alors le nom de toile de mai, et que l'on
conserve toute l'année. l,a même coutume existe ici.
Beurrée, u. f.
Tranche de pain recouverte de beurre, de confitures, etc.
Ex. Une beurrée de beurre (pléonasme), une beurrée de
confitures (impropre).
Beurrer, v. a.
— Flatter. E x . Tu n'as pas besoin de vouloir me beurrer,
tu n'obtiendras rien de moi.
— Tacher. Ex. J'ai tout le visage beurré de sirop.
— Etendre sur un corps quelconque une substance grasse.
Ex. Beurreras, la graisse ou du beurre sur du pain.
Beurrerie, n. f. — Fabrique de beurre.
Beurrette, n. f. — Petite beurrée.
Biais (sur le), loc. adv.
En biais, d'une manière oblique. Ex. Tu poseras cette
étoffe sur le biais.
Bibelot, n. m.
Amas confus d'objets réunis ensemble. Ex. Quel tas de
bibelots ? Débarasse-moi de cela au plus vite.
74 1,8 P A R L E R P O P U L A I R E

Bibelotage, n. m.
Action d'amasser des bibelots. E x . Cesse donc de faire du
bibelotage, tu t'encombres inutilement.
Bibite, n. f.
— Insectes et petits animaux de rang inférieur. E x . Cette
maison fourmille de bibiies. Avoir des bibiies dans les
cheveux.
— Froid. E x . J'ai la bibite aux doigts.
— Individu suspect. E x . Je t'assure que c'est une vilaine
bibite que ce garçon.
Biblothécaire, n. m. — Bibliothécaire.
Biblothèque, n. f. — Bibliothèque.
Bic en blanc (de), loc. adv. — De but en blanc.
Bicher, v. a. — Embrasser.
Bicler, v. a. —Regarder du coin de l'œil.
Bicleux, euse, n. — Qui bicle.
* Bicouite, (Angl.) — De l'anglais buckwheat, sarrasin.
Bidette, n. m.—Flandrin.
Bien, adv. et n.
— Correct sous tous rapports. E x . T u connais Moïse,
n'est-ce pas que c'est un homme bien ?
— Juste. E x . 1/horloge est-elle bien?
Bière (petite), n. f.
Chose de peu de valeur. E x . Ce gars ne vaut pas grand'-
chose, en somme c'est de la petite bière.
* Bifsteck, n. m. (Angl.)
Bifteck. Tranche de bœuf grillée ou cuite à la poêle.
Biger, v. a. — Embrasser, baiser. ( B . P. F . )
* Bigne! bagne!
Pif, paf ; onomotapée exprimant un bruit éclatant. Bang
. est anglais.
Bigre, n. m.
Bougre. E x . Quel bigre d'enfant ! il mérite le fouet. Bigre !
c'est sérieux !
Bigrement, adv.
Bougrement, extrêmement. E x . Cet homme est bigrement
fort.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 75

Bijouetter, v. a.
•— Biseauter. Ex. Nous mettrons des vitres bijouettêes à la
porte.
— Bécheveter, mettre tête-bêche.
Bijouettre, v. a. — Bécheveter. (B. P. F.)
Bileux, euse, adj.—Bilieux.
Bill, n. m.
— Projet de loi. Ex. J'ai un bill à présenter à la chambre.
— Compte, note. E x . Prépare ton bill, si tu veux être
payé.
— Billet de banque. Ex. Un bill de cinquante piastres.
— Affiche, pancarte. Ex. Poster un bill.
— Menu, bill of fare.
— Connaissement, bill of ladîng.
— Acte d'accusation, true bill.
— Lettre de change, bill of exchange.
— Billet à vue, bill at sight.
Bille de billard, n. f. —Tête chauve.
Bille de bois, n. f. —Bûche de bois.
* Biller, v. a. (Angl.)
Poser un bulletin d'expédition. Ex. Voulez-vous biller ma
valise pour Cacouna ?
— Facturer. E x . Biller des caisses de marchandises.
Billet promissoire, n. m. — Billet à terme.
Billotte, n. m.
— Billot.
— Bille, pièce de bois rond d'une longueur régulière, qui
sert à hacher la viande.
— Etre prêt à mettre son cou sur le billotte, être sûr d'une
chose au point de risquer sa tête.
Bin, adv. — Bien.
Biner, v. n.
Lâcher prise, renoncer à une affaire.
Bindatne oui, bindame non.
Expression qui indique une grande hésitation à répondre à
une question. E x . As-tu fait cela? Bindame oui, bindame
non.
7 6 LB PARLER POPULAIRE

Binette, n. f.
T ê t e , v i s a g e . E x . Q u e l l e drôle de binette ? B i n e t é t a i t un
e
perruquier célèbre a u X V I I siècle.
Binheureux, adj. — B i e n h e u r e u x .
Bisc=en=coin (de), a d v .
D e travers, de biais. E x . N e me r e g a r d e pas de bise-en-coin.
E n F r a n c e on trouve bisacoin, bicacoin, en z i g z a g .
Biorque, n. m. — C o u a c . V . ce mot.
Birgitté, e, adj.
Brigitte. E x . U n c h a p e l e t birgitté.
Biscotin, n. m . — Petit biscuit.
Biscuit de matelot, n. m . — Biscuit d e m e r .
Biscuit (faire le), loc.
R é d u i r e à l'impuissance. E x . L a i s s e - m o i , je v a i s lui faire
son biscuit en pas g r a n d temps.
* Bisdille, n. f.
Maldonne. Corruption d u mot anglais misdeal. V . M i s d i l l e .
Bisque, n. f.
Farine de blé délayée avec de l'eau, et m a n g é e c u i t e , forme
un plat très peu appétissant. I l y a, en F r a n c e , u n e bis-
que qui est un p o t a g e fait avec d u coulis d ' é c r e v i s s e s .
Bisque en coin (de), loc. — D ' u n coin à l ' a u t r e .
Bisquer, v . a. — F a i r e e n d ê v e r .
Bistringue, n. f.
Bastringue. E x . Danser l a bistringue.
* Bit, n . f., (m. a.)
Morceau, peu. E x . T u v e u x d u pain, tu n ' e n a u r a s pas
une Ut.
* Biter, v. a. ( A n g l . )
Surpasser. E x . H e i n , mon cher, c e l a te bite.
* Bitters, —teursse, n . m . , ( m . a.)
Bitter. E x . Je viens de prendre u n b o n bitters.
* Black=ball, n. m., (m. a.)
Cirage en boule ou en boîte. N o u s disons aussi black-bol.
* Black and tan, annd-tanne, (m. a.)
Chien à p e a u noire et brune. E x . Q u e voilà u n b e a u petit
black and tan !
DES CANADIENS-FRANÇAIS 77

Blackbouler, v. a.
— Rouler. E x . Cet individu s'est fait blackbouler comme
il méritait.
— Bloquer. E x . J e me suis fait blackbouler à mon examen
de terme par le docteur Sanguinet.
* Black eye, aïe, (m. a.)
CEil poché. E x . T u as le tour des yeux noirs, as-tu reçu
une black eye ?
* Blackguard, blaggarde, (m. a.)—Polisson, voyou.
* BIack=hole, hôle, (m. a.)
Cachot. E x . Coucher au black-hole.
* Black=moon, moune, n. f., (m. a.)
A l'anglaise ( T . de jeu de balle). Cet écolier a une belle
black-rnoon.
Blague, n. f.
Bavardage de fanfaron. E x . Ce que tu me dis là, ça sent la
blague. I/'origine semble venir du fait que la blague des
fumeurs a souvent l'air d'une bourse bien garnie. Cepen-
dant elle ne renferme que du tabac.
Blaguer le service, loc.
— Ne pas s'occuper d'une affaire, bien qu'on s'en soit
chargé.
— Fausser la vérité.
Blanc, n. m.
— Document qui renferme des phrases imprimées et des
parties non imprimées qu'il faut remplir à la plume. E x .
Blanc de billet, blanc de chèque. (Angl.)
— Mettre du blanc, augmenter le nombre des interlignes,
(terme d'imprimerie).
Blanc de cirusse, n. m. — Blanc de céruse.
Blanc d'Espagne, n. m. — Craie.
Blanc~mange, n. m. — Blanc-manger.
Blanchissoir, n. m.
Espèce de pinceau dont on se sert pour blanchir les murs des
maisons et des granges avec de la chaux.
Blanchissoué, n. m. — Blanchissoir.
* Blank, (m. a . ) — F o r m u l e en blanc.
78 LE PARLER POPULAIRE

B l a s p h é m e r , v. a.
Outrager. E x . C e misérable m ' a blasphémé.
B l é d'Inde, n. m.
— M a ï s . E x . U n épi de blé d'Inde.
— Réprimande sévère. E x . Je lui ai fait m a n g e r u n bon
bU d^hide.
— A f f r o n t , insulte.
Blémichon, n. m. — P e t i t garçon très pâle.
Bleu, n . m . et adj.
— Ecchymose.
— I n d i g o . E x . V e u x - t u passer ce l i n g e au bleu.
— P a r t i s a n d'une fraction politique dite des bleus, des con-
servateurs.
— F l a m b é , coulé. E x . Notre ancien maire est c o u l é , il
e s t bleu comme la poule à Simon.
— T e r r i b l e . E x . Jean a eu une colère bleue. P i e r r e a eu
u n e p e u r bleue.
B l e u e t , n. m . — B l u e t .
Bleusir, v . a. — B l e u i r , faire devenir bleu.
Bleuvir, v . a.—Bleuir.
"* Blind, blaï?m'de, ( m . a.) — Abat-jour, persienne.
B l i n d e r , v . n.
Protéger. E x . Je suis blindé contre toutes les a t t a q u e s qui
p o u r r a i e n t ni'être adressées.
* Blizzard, n. m. (m. a.)
F o r t e t e m p ê t e de v e n t et de neige.
Bloc, n. m .
— P â t é , îlot. E x . U n bloc de maisons.
— G l a ç o n . E x . U n bloc de glace.
•* Blocade, n. f. ( A n g l . ) — A c t i o n d e bloquer.
Blond, a d j .
B a i - c l a i r . E x . M o n cheval est d ' u n beau blond. As-tu
r e n c o n t r é le blond à François L a r o u t e ?
B l o n d e , n . f.
J e u n e fille courtisée. E x . Ce soir j e vais aller v o i r ma
blonde. C e mot s'emploie sans distinction d e la couleur
d e s c h e v e u x ou de la peau de l a j e u n e fille. I l existe une
DES CANADIENS-FRANÇAIS 79

chanson où, après avoir fait le portrait d'une brune,


l'amoureux ajoute qu'il en fera une blonde.
Blondet, adj.— Diminutif de blond.
Blondiner, v. n. — Blondir.
* Blood, n. m. (bleude), (m. a.)
Homme courageux, sur lequel on peut compter. Ex. Qu'est-
ce que tu penses d'un tel? Un tel, mais c'est un vrai
btood.
Bloquer, v. a. et n.
— Enrayer. Ex. Nous étions à deux milles de la ville,
lorsqu'une de nos roues a Moqué.
•— Subir un échec. Ex. Imagine-toi donc que je viens de
bloquer mon examen de baccalauréat.
— Arrêter par la neige. E x . Un train bloqué.
— Se dit du fait de remplacer provisoirement une lettre pour
éviter le parcourement. Nos imprimeurs se servent égale-
ment du mot virer.
* Blotting, n. m. (m. a.) — Papier buvard.
* Bloumersses, n. m. pl. (Angl.) — Pantalons de femmes et
d'enfants durant la saison d'hiver.
Blouse, n. f-
—• Veston, pardessus.
— Réprimande.
* Blue book, n. m. (blou bouc), (m. a.)
Livre bleu, qui contient les documents parlementaires. Le
mot bleu vient de ce qu'en Angleterre, les livres qui con-
tiennent les documents diplomatiques portent une cou-
verture bleue.
* Blue nose, {blou nâse), (m. a.)
Habitant des Provinces Maritimes d'origine anglaise ou
écossaise.
Bluet, n. m.
Airelle du Canada. Fruit à confitures très commun dans
la Province de Québec. La croquette et la pomme de
terre sont deux variétés d'airelle. V. ces mots.
* Bluff, n. m., bloff, (m. a.)
—Parole ou action propre à intimider ou à provoquer l'illusion.
8o L E PARLER POPULAIRE

— Poker. E x . Jouons au bluff.


* Bluffer, v. a. (Angl.) — Illusionner.
* Bluffeur, n. m. (Angl.)—Qui bluffe.
Bob (passer au), loc.
Infliger une leçon sévère. Le mot anglais bob dans cette
locution, signifie coup, tape.
* Bodkin, (bodc-kinc), n. m., (m. a.)
Pointe. Outil dont se servent les imprimeurs pour la cor-
rection.
Bœuf, empl. adj.
Complet, parfait. E x . Il a eu un succès bœuf.
Bœuf de garde, u. m.
Taureau. Expression acadienne.
Bœuf de soupe, n. m. — Bouilli.
Bogane, n. f.—Ruisseau, flaque d'eau.
Boile, n. f. — Cuveau pour laver le linge.
Bois, n. m.
Corps. E x . C'est un monsieur qui porte bien son bois.
— De quel bois cet Iwmme se chauffe-t-il f Quelle espèce
d'homme est-ce ?
Bois (aller au), loc.
Aller chercher du bois dans la forêt. E x . Mon père est
parti ce matin pour aller au bois, il reviendra rien qu'à,
soir.
Bois barré, n. m. — Erable jaspé, appelé aussi bois noir.
Bois blanc, n. m.
Tilleul d'Amérique. Le bois blanc désigne d'une manière
générale tous les bois à fibre blanche, comme le tremble,
le peuplier, etc.
Bois-Brûlé, n. m.
Métis de sauvage et de blanc, habitant le Nord-Ouest du
Canada.
Bois debout, u. m.
Terre boisée. E x . Je viens d'acheter une terre en bois
debout.
Bois de calumet, n. m.
Cornouiller à feuilles arrondies. Les sauvages se servent de
D E S CANADIENS-FRANÇAIS 8l

la tige pour faire des tuyaux de calumet, après en avoir


enlevé la moelle.
m
Bois de Calvaire, »• -
Bois précieux. E x . Cet individu n'est certainement pas du
bois de Calvaire, c'est-à-dire qu'il est loin d'être un hom-
me de valeur.
Bois de corde, n. m.
Bois de chauffage. E x . J ' a i acheté tout mon bois de corde,
j'en ai pour l'hiver. Autrefois, en France, pour mesurer
le bois, on plantait quatre pieux en formant un carré de
huit pieds de côté ; et comme les dimensions de cette
mesure se prenaient avec une corde, on appela corde la
quantité de bois qu'elle pouvait contenir, bois de corde,
le bois de chauffage qui se débitait à la dite mesure. Telle
est l'origine de l'expression bois de corde.
Bois de fer, n. m.
Bois très dur dont on se sert pour faire des essieux, des
outils. On le rencontre au Cap Tourmente, près de Québec.
Bois de lune, n. m.
— Arbustes coupés la nuit, dans les bois autour de Québec,
par des maraudeurs.
— Se chauffer avec du bois de lune, avec du bois volé durant
la nuit.
Bois de Mai, n. m.
Aubépine commune, utilisée pour les haies. On l'appelle
encore Epine blanche.
Bois de Malte, n. m.
Aulne blanche.
Bois de plomb, n. m.
Appelé aussi bois-cuir. Arbrisseau commun dans Nicolet.
Bois des Iles, n. m.
Bois de Campêche, employé pour teindre en rouge.
Bois d'orignal, n. m. —Viorne.
Bols de poêle, n. m. — Bois de chauffage.
Bois franc, n. m.
Bois dur, y compris l'érable, l'orme, le merisier, le noyer,
etc.
6
82 I.B P A R L E R P O P U L A I R E

— Bois des arbres à feuilles caduques.


Bois francs, n. m. pl.
— F o r ê t s de bois durs.
— R é g i o n appelée aussi Cantons de l'Est, où le bois franc
est eu abondance.
Bois mou, n. m.
— Bois blanc, tendre, léger, comme l'épinette, le sapin, etc.
— Bois des arbres à feuilles persistantes.
Boisage, n. m . — B o i s e r i e .
Boisées, n. f. pl.
Arborescences qui se forment sur les vitres c o n g e l é e s à
l'intérieur des habitations.
Boisson, n . f.
— L i q u e u r forte. E x . C'est un ivrogne, il prend de la
boisson à cœur de jour.
— Etre en boisson, être pris de boisson.
Boisson forte, n. f.
Boisson enivrante, qui n'est pas le v i n , ni la bière, ni même
les élixirs.
Boisure, n. f. — Boiserie.
Boitasser, v. n. — Boiter légèrement.
Boîte, n. f.
— B o u c h e . E x . V e u x - t u fermer ta boîte ?
— B a n c des jurés. E x . L e s douze petits jurés étaient dans
leur botte.
— Banc des accusés.
— Banc des témoins.
— E t u i . E x . Boîte de pipe.
— C h e n i l . E x . Boîte à chiens.
•— Avertisseur. E x . Boîte d'alarme.
— Panier. E x . Boîte à ouvrage.
— C a s e . E x . Boîte postale.
— Caisse. E x . Boîte d'horloge.
Boiter tout bas, loc. — Boiter beaucoup.
Boiteux d'ermite, n. m .
B o i t e u x . E x . « O ù vas-tu, boiteux d'ermite? » Souvenir
de Girofle Girofla.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 33

Boitte, n. f.—V. Bouette.


Boitter, v. a.
Amorcer. E x . Nous allons boitter nos hameçons.
B o i t u r e , n. f.
— Boiterie, claudication d ' u n animal.
— Boitement, action de boiter.
Bol, n. f.
— Bol, n. m. E x . Une bol à lait.
— Bol à thê, tasse à thé.
— Bol à lait, écuelle.
— Cuvette.
Bolée, u. f. — Contenu d ' u n bol.
* Bôlt, bètie, (m. a. ) — Boulon, course.
* Boiter, v. a. (Angl.)
— Abandonner son poste. E x . Mon d é p u t é a bèltê sur la
question Riel.
— Se hâter, courir, travailler v i t e .
* Bôlteur, adj. ( A n g l . )
D é p u t é qui lâche ses amis p o l i t i q u e s sur u n e question vitale.
E x . Ne me parlez pas d e S a m MaClure, c'est un bôlteur
Bolus, n. f.
Pilule. E. U n docteur à bolus.
Bombarde, n. f. — G u i m b a r d e .
Bombarder, v. a.
Faire une r é p u t a t i o n . E x . On l ' a bombardé grand homme
sans trop de raison.
v

Bombe, n. f.
— Bouilloire. L e corps d e la bouilloire ressemble assez â
une bombe, et le bec à c e l u i d ' u n canard. Il est naturel
q u ' à Québec, ville militaire — q u e les bombes n'ont pas
épargnée — o n ait été frappé d e la première ressemblance.
Dans la région d e Montréal, on dit canard pour bouilloire.
— Bonde d ' u n tonneau.
Bombée, n. f.
Le contenu d ' u n e bombe. E x , U n e bombée d'eau bouillante.
* B ô m e , n. m. ( A n g l . )
Estacade flottante.
L E P A R L E R POPULAIRE
8 4

* Bommer, v. n. (Angl.)
— Flâner. E x . Cesse donc de bommer, tu perds ton temps.
— Faire la vie. E x . Si tu continues à bommer, tu vas rui-
ner ta santé.
— Faire un usage immodéré de liqueurs fortes.
* Bommeur, n. m. (Angl.)
•— Flâneur.
— Viveur.
— Buveur de spiritueux.
Bon, adj. et n. m.
— Fort, robuste, vigoureux. E x . C'est un bon homme.
— Avantages, réduction de prix. E x . Si tu acceptes mon
marché, je te ferai du bon.
Bon pour, loc.
Solvable. E x . Jean nie doit deux cents piastres, mais il
est bon pour.
Bon (plus), adj. — Meilleur.
Bondance.— Interjection pour exprimer l'étonnement.
Bon=Dieu, n. m.
— Dieu, l'Etre Suprême.
— Papillon de nuit.
— La Brebis du Bon-Dieu, personne douce et patiente.
— Manger le Bon-Dieu, être très dévot.
— Rendu devant le Bon-Dieu, disparu. E x . Dis-moi ce que
tu as fait de ta belle canne à pommeau d'or.— Ne m'en
parle pas, elle est rendue devant le Bon-Dieu.
Bonguienne. — Interjection pour exprimer la surprise.
Bonheurement, adv. — Par bonheur, heureusement.
Bonhomme, n. m.
— Vieillard, père de famille affligé de vieillesse. E x . Voilà
le bonhomme L,atulippe qui passe, c'est un bon bo?ihomme.
— Bouillon-blanc.
— Petit bonhomme vif encore. Jeu de société. E n pronon-
çant ces mots, on se passe un petit morceau de papier
enflammé, ou une allumette, et celui ou celle dans la main
de qui le feu s'éteint, doit donner un gage. Ce même jeu.
a commencé par s'appeler souffler le charbon.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 85

Bonhomme de chemin, n. m .
Tranquillement. E x . A l l e r son petit bonhomme de chemin.
Bonjour, int. et n. m .
— E x c l a m a t i o n . E x . Bonjour! q u ' i l fait beau !
— I n d i v i d u q u e l c o n q u e . E x . C e s bonjours-là m ' e m b ê t e n t .
— Simple c o m m e bonjour, de facile compréhension.
Bon sang. —• V r a i m e n t , en v é r i t é . E x . Bon sang de la vie.
Bon sens (sans), loc. adv.
Beaucoup. E x . I l y a d u poisson sans bon sens dans les
trois petits lacs, nous en a v o n s pris u n e cochonnerie.
Bonne, n. et a d j .
— E m p l o y é e l l i p t i q u e m e n t p o u r bon, dans le but d ' e x p r i -
m e r sa satisfaction. E x . C o m m e de bonne.
— P e t i t b a t e a u à fond plat.
•— B o n . E x . C e t t e fleur sent bonne.
Bonnefemme, n . f.
V i e i l l e f e m m e . E x p r i m e l ' i d é e de chef de famille p l u t ô t
sur l'âge.
* Boomerang, n. m . , (m. a.)
S o r t e de fronde d o n t se s e r v e n t les enfants pour tuer les
oiseaux.
Bonnement, a d v .
A u juste, p r é c i s é m e n t . E x . Je ne sais pas bonnement si je
t ' a i informé de cela.
Bonnes (être dans ses), loc.
D e bonne h u m e u r . R a b e l a i s a dit :
« Notre maistre est en ses bonnes,
Nous ferons tantôt une bonne chière,
Tout ira par escuelles. »

Bonnet, n. m .
— Avoir la tête pris du bonnet, être prompt à se mettre en
colère.
— Triste comme un bonnet de nuit, bien triste.
— Jeter son bonnet par-dessus les moulins, ne plus garder de
retenue.
— Bonnet blanc, blanc bonnet, l a m ê m e c h o s e .
Bonnet carré, n. m . — Barrette, bonnet de prêtre.
86 LE PARLER POPULAIRE

Bonneter, v. a.
Flatter. E x . A quoi sert d'aller le bonneter, tu n'obtien-
dras rien de plus.
Bonnette, n. m. — Bonnet.
Bonté, n. f.
— Exclamation. E x . Bonté, que voilà du bon t h é !
— Bonté divine, même sens.
Bonté divine !
J'ai cassé ma terrine.
Divine bonté !
Ma terrine est cassée.
Bonus, n. m.
Gratification offerte à des employés en sus de leur salaire.
E x . Penses-tu que nous aurons u n bonus au jour de l'an.
* Booby, bonèé (m. a.)
Booby-price, prix accordé au jeu de euckre à celui q u i arrive
bon dernier. Booby veut dire nigaud.
Bord, n. m.
— Côté. E x . Je vais me promener sur la rue, viens-tu d e
mon bord ?
— Bas-côté d'une maison.
— De part en part. E x . J ' a i traversé la rivière de bord en
bord.
— Dans. E x . Embarquons à bord du train.
— Ouvriers de bord, débardeurs.
Bord et bâbord, loc.
De tous côtés. E x . Jean court de bord et bâbord.
Bordage, n m.
Bord d ' u n e rivière en hiver, quand la glace forme comme
une bordure.
Bordas, n. m. — V. Berdas.
Bordasser, v. n. — V. Berdasser.
Bordasserie, n. f. — V. Berdasserie.
Bordasseux, n. et adj. — V. Berdasseux.
Bordassier, n. et adj. — V. Berdassier.
Bordée, n. f.
— Chute. E x . Nous allons avoir u n e grosse bordée de
neige.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 87

— Série. E x . J'ai reçu une bordée de coups d e canne.


Border, v. a. — Ourler.
Bordi=bordas, n. m . — V . Berdi-berdas.
Bordouiller, v . a. — Bredouiller.
Bordure, u. f.
Passementerie qui sert à border u n vêtement.
Borgnesse, adj. — F e m m e b o r g n e .
* Borneur, n. m . ( A u g l ) .
Bec-de-lampe.
Boss, n. m.
Maître, bourgeois, patron, chef d'usine, directeur, proprié-
taire.
Bosse, n. f.
—IEnivrement. E x . I l s'est flanqué une bosse numéro un.
— C o u p . E x . Je l u i ai flanqué des bosses à t o u t casser.
— Portefeuille.
Bosser, v . a.
— Bossuer. E x . J'ai bossé m o n castor en entrant dans le ba-
teau.
— Conduire, diriger des t r a v a u x . (Angl).
Bosser, (se), v . pron.
Se bosseler. E x . M o n c h a p e a u s'est bossé en tombant.
Bossuse, n. f. et adj.
Bossue. E x . C e t t e femme est bossuse. S e d i t surtout dans
la région de M o n t r é a l .
Botte, n. f.
Tomber en botte, arriver à la ruine, se briser, s'ébarouir. E x .
T o u t tombe en botte chez nous depuis que j ' e n suis parti.
I,a tinette de beurre menace d e tomber en boite.
Botter, v . n.
— A c c u m u l e r d e la n e i g e ou de la boue a u x p i e d s du cheval.
E x . L e c h e v a l botte.
— Rogner des p i è c e s de bois. ( A n g l . )
— A d h é r e r , coller à la chaussure. E x . I^a n e i g e botte.
Botteur, n. m. ( A n g l . ) — C e l u i qui rogne des p i è c e s de bois.
:

Bottes malouines. n. f. pl.


Bottes à l ' é c u y è r e . S o u v e n i r de Saint-Malo.
88 LE PARLER POPULAIRE

Bottes sauvages, n. f. p l . — Bottes molles, sans s e m e l l e s .


Boucan, n. m.
— Petite cabane o ù l ' o n fait boucaner l a v i a n d e .
— M a u v a i s lieu.
— Morceau de bois placé en arrière d u c h a u d r o n à sucre
pour protéger le feu contre le v e n t .
Boucane, n. f.
— F u m é e . E x . L,a maison est remplie de boucane, c ' e s t le
t u y a u qui a besoin d ' ê t r e v i d é .
— V a p e u r d'eau. E x . Vois-tu la boucane là-bas, c ' e s t un
bateau qui arrive d ' A n g l e t e r r e .
Boucane (être à la), loc.
E t r e suspendu sous l'impulsion d ' u n e personne assise à l ' e x -
trémité d'une balançoire spéciale tenue en é q u i l i b r e sur
un pivot et qui s'abaisse alternativement d ' u n c ô t é en s'é-
levant de l'autre.
Boucaner, v. n.
F u m e r . E x . L a cheminée boucane.
Boucanerie, n. f.
Etablissement où l ' o n e x p o s e des v i a n d e s ou d e s poissons
pour les faire fumer.
Boucaneux, a d j . — B r u m e u x .
Boucaraière, n. f. — B o u c a n .
Boucaud, adj. — B o u s c a u d .
Boucharde, n. f.
— O u t i l d'acier à l ' u s a g e des tailleurs d e pierre.
— Marteau dentelé et brételé, à l ' u s a g e des m ê m e s .
Bouché (être), loc.
E t r e imbécile. E x . C e t individu est bouché p a r les d e u x
bouts.
Bouchefroutte, n. m .
Diable. E x . A s - t u rencontré Bouchefroutte ? E x p r e s s i o n
dont on se sert l o r s q u ' o n s'adresse à u n e personne d e mau-
vaise humeur.
Boucher, v . a.
— Réduire à quia par des paroles d u r e s . E x . I l a v o u l u
m'insulter, mais je te Y abouché proprement.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 8 9

— Faire taire, fermer la b o u c h e . E x . Si t u n e te tais p a s ,


j e vais te boucher.
Boucher un t r o u , loc.
Donner u n a c o m p t e sur u n e dette.
Boucherie (faire), loc.
T u e r un bœuf ou u n porc, l'épiler, l'ouvrir, 3e dépecer. E x .
M a i n t e n a n t q u e les froids sont commencés, nous allons
faire boucherie.
Bouche=trou, n. m .
Q u i remplit u u e lacune. E x . C'est u n gas q u i n'est bon
q u ' à servir de bouche-trou.
Bouchon ( m e t t r e un), loc.
F a i r e taire. E x . Si tu n e te fermes p a s le bec, je vais te
mettre un houchon.
Bouchonner, v . a.
F a i r e son o u v r a g e à moitié. E x . Cet individu bouchonne
t o u t ce q u ' i l fait.
Bouchure, n. f.
Clôture. M o t u s i t é sur l'île d u P r i n c e . E d o u a r d .
Boucle, n. f.
N œ u d . E x . F a i s donc u n e boucle à ma cravate.
Boucler, v. n.
— Se dit de la m e r m o n t a n t e lorsqu'elle entoure des rochers
ou des îlots q u ' o n p e u t a t t e i n d r e à pied sec, à marée basse.
E x . Voilà l ' h e u r e où la m e r boucle.
— Conclure. E x . Notre affaire n'est p a s encore bouclée.
Boucoup, a d v .
Beaucoup. E x . J ' a i houcoup à faire pour arriver à la fin de
mon dictionnaire.
Bouctouches, n. f. pl.
H u î t r e s récoltées à Bouctouche, dans le Nouveau-Brunswick.
Boudin (faire du,) loc.
Bouder. E x . Mon petit, cesse donc de faire du boudin.
Boudinerie, n . f. — V i a n d e h a c h é e , boudin.
* Boudlage, n. m . (Angl.)
Commission ou revenu extraordinaire q u e l'on obtient p a r
des procédés illicites.
go LE PARLER POPULAIRE

* B o u d î e , n. m. (Angl.)
P o t - d e - v i n accordé à un personnage influent d a n s le but de
faire réussir une affaire, d'obtenir u n contrat.
* B o u d l e r , v. n. (Angl.) — Faire du boudlage.
* B o u d l e u r , n. m. ( A n g l . )
E n t r e m e t t e u r qui fait accorder u n contrat m o y e n n a n t un
pot-de-vin fixé d'avance et qui ne doit pas a p p a r a î t r e au
contrat.
B o u d r i e r , n. m. — Baudrier.
B o u e r (se,) v. pr. — Se crotter.
B o u e t t e , n. f.
— ' M é l a n g e de son et d'eau donné en p â t u r e a u x animaux
d e la ferme. Dans le Perche, cette expression n e s'ap-
p l i q u e q u ' à la mangeaille des pourceaux. L e vrai sens
d e bouette est appât pour la pêche de la morue.
— B o u e . E x . Marcher dans la bouette.
— N e i g e fondante.
— N e i g e accumulée en masses molles à la surface des
rivières.
B o u e t t e r , v. a.
D o n n e r un repas de bouette aux gros a n i m a u x .
Bouffée, n. f. — Accès. E x . Pierre travaille p a r bouffées.
B o u f f e r de rire, loc.
Pouffer. Cependant, on dit bien bouffer de colère.
Bouffie, n. f.
— B u l l e . E x . Une bouffie de savon.
— Boursouflure. E x . Il s'est brûlé, il a de grosses bouffies.
B o u f f r e , n. m. e t i n t e r j .
B o u g r e . E x . Quel bouffre d'enfant ! S i je te poigne, mon
p e t i t bouffre, tu te feras arranger.
Bouffrèse, n. f.
B o u g r e s s e . E x . Oh ! la bouffrèse de femme, elle devient de
p l u s en plus insupportable.
B o u f i o l e , n. f.
— A m p o u l e , cloche, boursouflure.
— B u l l e d'air ou de vapeur, sur les liquides en ébullition ou
en fermentation. (B. P . F.)
DES CANADIENS-FRANÇAIS 91
I o c
Bouger (ne pas), -
Se détromper. E x . Bouges pas, l'ami, vous êtes à côté de
la coche.
Bougon, n m.
— Bout d'homme.
— Pipe dont le tuyau est très court.
Bougonner, v. n.
Gronder entre ses dents. Mot français vieilli, qui, en patois
normand, signifie travailler mal, chiffonner.
Bougonneux, n. et adj. — Qui bougonne à tout propos.
Bougrant, adj.
Ennuyeux, fâcheux. E x . C'est-y pas bougrant que de se
voir pris dans cette sale affaire !
Bougre=à-bougre (être), loc. — A couteaux-tirés. (B. P . F.)
Bougrement, adv.
Beaucoup, très. E x . C'est bougrement ennuyeux que ce
temps de pluie.
Bougrer, v. a.
— Jeter. E x . Bougre-moi ça à l'eau.
— Donner. E x . Je vais te bougrer une tape. Bougre-moi
la paix. Bougre-moi patience.
Bougrer (se), v. pron.
Se moquer. E x . Je me bougre pas mal de toi.
Bougrèse, n. f.
— Bougresse.
— Grand, fort, sérieux. E x . J'ai une bougrèse d'envie de
te flanquer une gnole.
Bougrine, n. f.
Vêtement de dessus sans forme particulière. E x . Qu'est-ce
que tu as de l'air, avec cette vieille bougrine sur le dos !
e
Bouille, 3 pers. s. ind. prés.
Bout. E x . 1 / eau bouille à gros bouillons dans la bombe.
Bouillie, n. f.
— Bouillie pour les chats, travail inutile, peine sans profit.
— Bouillie sans sel, mets mal apprêté,
— Ramener la peau par-dessus la bouillie, donner des argu-
ments qui ont été plusieurs fois répétés.
92 LE PARLER POPULAIRE

Bouillir, v . n.
E t r e affecté par l'impatience. E x . Pendant q u ' i l parlait,je
bouillais.
Bouilloire, n. f. — Chaudière à v a p e u r .
Bouillon blanc, n. m.
Molèiie commune dont les fleurs teignent en j a u n e .
Boujour, n. m. — Bonjour.
Boulâcrer, v . a.
Bousculer. E x . Je n'ai pas envie de me faire boulâcrer plus
longtemps.
— E x é c u t e r un ouvrage sans soin.
— Bousiller.
Boulâcreux (euse), n. et a d j .
Celui ou celle qui boulâcre.
Boulanger, v. a.
Presser avec la main ou avec les coudes. E x . S e faire boulan-
ger le dos, la poitrine au milieu d'une foule de personnes.
Boulant, adj.
E n n e i g é . E x . L e s chemins sont boulants, a u j o u r d ' h u i .
Boule, n. f.
— T ê t e . E x . Perds-tu la boule ?
— Positton de fortune. E x . Il a une belle boule en mains.
Boule-de-cire, n. f. — Symphorine à grappes.
Boule-de-neige, n. f.
— V i o r n e stérile.
— Faire boule-de-neige, profiter, s'accroître. E x . E e peu
d'argent que j ' a i finira par faire boule-dè-neige.
Bouleau blanc, n. m. — Bouleau à papier.
Bouleau rouge, n. m. — Bouleau à feuilles de p e u p l i e r .
Bouler, v . a.
— Rouler en boule. V i e n t du mot débouler.
— Maltraiter.
* Boulezaille, n. f. ( A n g l . )
Bonbon en forme d ' œ i l de bœuf. D e l ' a n g l a i s bull's eye.
Boulettes, n. f. pl.
Sottises. E x . C e t écolier n'est bon q u ' à faire des boulettes.
Boulin, n. m. — T r o n ç o n d'arbre e m p l o y é pour le c l ô t u r a g e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 93

Boulinant, adj.
Synonyme de boulant, enneigé. Ex. Les chemins sont bou-
linants, la neige est très légère et très molle.
Boulotte, n. f.
Doigt de gant ou linge que l'on met à un doigt malade,
appelé par les enfants catiche. Les Acadiens emploient
encore le mot doyon pour signifier la même chose. •— Voir
ce mot.
* Boume, n. m.
Valeur factice et exagérée. Ex. Nous allons être témoins
d'un boume dans les chemins de fer, dans les banques.
(Américanisme).
* Boumer, v. n.
Donner une valeur factice et exagérée à des actions de com-
pagnies industrielles et autres. (Amér.)
Bouque, n. f. — Boucle.
Bouquer, v. n. — Montrer de l'humeur.
Bouquet, n. m.
—• Fleur, plante cultivée pour sa fleur. E x . Je vais semer
beaucoup de bouquets ce printemps.
— Tête d'arbre, de sapin ou d'épinetteplantée au faîte d'une
maison dont la charpente vient d'être posée.
Bouquette (avoir, tenir le), loc.
L'emporter sur les autres par son adresse, sa beauté ou toute
autre qualité. Ex. Ces trois sœurs sont très jolies filles,
mais l'aînée tient le bouquette. Elles ont bien chanté
toutes trois, hier soir, mais c'est mademoiselle Domisol qui
a eu le bouquette.
Bouquineux, adj. — Bouquineur.
Boura, n. m. — Borax.
Bouragan, n. m. — Bouracan.
Bourbassière, n. f. — Bourbier.
Bourdaine, n. f.
— Alise. Baie du bourdainier. Viorne nue.
— Courir la bourdaine, aller en bande, garçons et filles, cueil-
lir des fruits.
Bourdainier, n. m. — Alisier.
LE PARLER POPULAIRE
94

Bourdalou, n. m. — V a s e de nuit.
Bourdé, a d j .
G r a v é . E x . Mes bottines sont en cuir bourde, c'est-à-dire
à grains plus ou moins soulevés. D a n s le v i e u x français,
bourdé voulait dire embourbé.
Bourdignons, n. m. pl. — V . B o u r g u i g n o n s .
Bourgeois, n. m.
Caractères d'imprimerie de neuf points.
— H o m m e riche, censé v i v r e de ses rentes. E x . L.e voilà
devenu un gros bourgeois, il est bien c h a n c e u x .
Bourgeoiserie, n. f.
Bourgeoisie.
Bourgeronner, v. n.
Bourgeonner, pousser des bourgeons. E x . U n nez tout
bourgcronnê.
Bourgot, n. m.
— Porte-voix à coquille. On appelle burgau u n e grosse
coquille dont 011 tire une nacre g r o s s i è r e .
— Trompette droite, qui sert à donner des s i g n a u x . — A u -
trefois lorsque le service de la poste se faisait p a r des pos-
tillons qui parcouraient nos campagnes, ils é t a i e n t munis
de bourgots de fer-blanc.
Bourgotter, v. n.
— Parler ou crier dans un p o r t e - v o i x .
— Sonner de la trompette.
Bourguignons, n. m. pl.
— Mottes de terre durcies p a r la g e l é e .
— M o r c e a u x de glace pris d'un pain.
Bourlette, ti. f. — Ciboulette.
Bournichon, n. m. — Petit homme.
Bourrasse, n. f. — B o u r r a s q u e .
Bourrasser, v . a.
— Bousculer, brusquer. E x . Cesse donc de bourrasser tes
petites sœurs.
— F a i r e des reproches.
Bourrasseux, adj.
H o m m e d'une humeur difficile qui b r u s q u e tout l e monde.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 95

Bourreau, » .
- - Diable. E x . Q u e l e bourreau t ' e m p o r t e ! j ai eu une
peur du bourreau.
— Payerai bourreau, payer d'avance. B o n m o y e n , paraît-
il, p o u r ê t r e m a l s e r v i .
Bourreau d'ouvrage, n. m . — H o m m e qui travaille b e a u c o u p .
Bourreau d e s arbres, u. m .
Célastre du Canada. Plante grimpante qui s'enroule si
étroitement a u t o u r des arbres q u ' e l l e les fait périr.
B o u r r é e , n. f.
— Travail forcé et rapide. E x . Il v a falloir donner une
d u r e bourrée, si n o u s v o u l o n s finir d ' e n t r e r notre avoine !
— Réprimande, mercuriale. E x . Je lui a i d o n n é une boztr-
rée d o n t i l n e p e r d r a p a s l e s o u v e n i r .
— Beaucoup, grande quantité. Ex. U n e bourrée de c o u p s ,
de monde.
—• A c c è s . Ex. Pierre travaille bien, mais toujours par
bouriéc.
B o u r r e l e t de g o m m e , n . m .
Morceau de g o m m e durcie q u e l'on d é t a c h e des épinettes
et que les e n f a n t s m â c h e n t a v e c plaisir.
B o u r r e r , v . a.
Conter des b l a g u e s . Ex. Je l ' a i bourré dans les grands
p r i x , il a p a r u c r o i r e t o u t c e q u e j e l u i a i d i t .
B o u r r e u r , n. m .
Ouvrier qui r e m b o u r r e les sofas, les c h a i s e s .
Bourrichon, u . m .
Petit bonhomme. Ex. Sauve-toi, mon petit bourrickon.
V i e n t d e burric/wn, roitelet, d a n s le p a t o i s d u M a n s et de
l'Anjou.
Bourriers, n. m . p l .
Balayures, ordures. C e m o t v i e n t d e bourriers, pailles q u i
se m ê l e n t d a n s l e b l é b a t t u ; d u l a t i n burra, employé par
Ausone p o u r signifier des riens. Par extension, ordures,
mot usité e n B r e t a g n e .
B o u r r i q u e , n . f.
— Ignorant.
LE PARLER POPULAIRE

— Catholique comme une bourrique, catholique à gros grains.


Bourrolle, n. f.
Espèce de boîte à forme d'amphore sans anse, ouverte aux
deux bouts, dont l'un, le petit, débouche dans un coffre
où l'anguille va se prendre, et l'autre, le grand, est le réci-
pient de l'anguille qui s'y introduit pour être rejetée dans
le coffre par le courant. L,a bourrolle est fabriquée au
moyen de petites harts bien entrelacées et très étroitement
serrées les unes contre les autres.
Bourrure, n. f.
— Bourrage. Ex. L,a bourrure du harnais est finie, il va
nous en falloir un autre.
— Rembourrement. Ex. C'est un bon homme pour travail-
ler à la bourrure.
Bourse, n. f.
Crête-de-coq, dont les feuilles teignent en jaune.
Boursiller, v. n.
— Economiser. Ex. Pour arriver à joindre les deux bouts,
il vous faudra boursiller plus que de raison.
Boursoufle, n. f.
Boursouflure. E x . J'ai une grosse boursoufle sur le bras,
c'est un bourdon qui m'a piqué.
Bouscailler, v. a. — Bousculer.
Bouscaner, v. a. — Bousculer.
Bouscaud, n. m.
— Lourdaud, homme gros, trapu. E x . C'est un gros bous-
caud.
— Butor, grossier.
• Bœuf ou vache sans cornes.
— Courtaud.
Bousculage, n. m. — Action de bousculer.
Bousiat, n. m. — Homme malpropre.
Bousillage, n. m.
Ouvrage mal fait. Ex. Quel bousillage !
Bousiller, v. a. et n.
— Remplir les interstices entre les pièces de bois des pans,,
avec de la bouse.
D E S C A N A D I E N S - FRANÇAIS

— Corriger, arranger, mettre en bon ordre.


— Travailler vite et mal.
Bouskey, n. m. — Whiskey marchand.
Boussole (perdre la), loc.— Devenir fou.
Bout, n. m.
Mot employé dans différentes acceptions, que les dictionnai-
res ne mentionnent pas toujours.
— Bout-ci bout-là, en désordre, pêle-mêle.
— Un bout de temps, un certain temps.
— Un petit bout de temps, un court espace de temps.
— Prendre quelqu'un par le bon bout, savoir arriver auprès de
lui.
— Mettre les deux bouts ensemble, joindre les deux bouts, ne
pas s'endetter.
— Tourner un oMet bout pour bout, changer sa situation d'une
façon opposée.
— Au bout la fin y sera, il faudra bien que cela finisse un
jour.
— Au bout le bout, quand ce sera fini, on n'en parlera plus.
— C'est le bout du monde, c'est la fin.
— Cet enfant n'a pas debout, il est insupportable et incorri-
gible, d'une façon inexprimable.
— Bête au bout, absolument bête.
— De bout en bout, d'un bout à l'autre.
— Etre rendu au bout, être épuisé.
— Il y a un bout à tout, toute chose a une fin.
Bout-de-canot n. m.
Chacun des deux rameurs qui se placent aux deux bouts
d'un canot d'écorce pour le diriger.
Boute-feu, n. m.
Boute-en-train, celui qui met en gaieté tous ceux avec les-
quels il se trouve.
Bouteille, n. f.
— Burette. E x . l,a bouteille à ï'huile, au vinaigre.
— Flacon. E x . La bouteille d'odeur, de parfum.
— Vin, liqueurs. Ex. Ce garçon caresse un peu trop la
bouteille.
7
9 8 LE PARLER POPULAIRE

Bouteillée, n. f. — Le contenu d'une bouteille.


Bouteiller, v. a. — Mettre en bouteilles.
Boutelllerie, n. f.
Vieux mot français signifiant êckansonnerie, ou mieux boutil-
lerie, redevance en grains. Ex. Saint-Denis de la Bou-
teillerie, paroisse du comté de Kamouraska.
Boutique, n. f.
Maison mal tenue. E x . Quelle sale boutique !
Bouton, n. m.
— Fruit de l'aigremoine qui s'attache à la laine des moutons
en automne et s'enlève très difficilement.
— Petite inflammation commune aux serins à une certaine
époque de l'année.
Bouton d'or, n. m.
Renoncule à fleurs jaunes dont nos campagnes regorgent.
Bouton, fdernier).
A bout de ressources. Ex. Pierre est rendu au dernier
bouton, il est ruiné.
Boutte, n. m. — Bout.
* Bow=window, n. m., (winn'do), (m. a.)
Fenêtre en saillie, en rotonde.
Boxer, v. a. — Emprisonner.
Boxon, n. 'm. — Mauvais lieu.
Boyard, boïard, n. m.—Civière à porter le bois, la pierre, etc.
Boyau, n. m.
— Avoir toujours un boyau de vide, avoir toujours faim.
— Les boyaux me crient, avoir des borborygmes.
— Avoir des boyaux de pere, éprouver de la tendresse pour
ses enfants.
* Bracket, brakete, (m. a.)
Petite console, applique, étagère.
Braguet, breguet, brayet, n. m.—Caleçon de laine.
Braguette, n. f.
Fente de devant d'une culotte. En France, on appelle cu-
lottes à braguette celles qui n'ont pas de pont.
En Bretagne, bragez a la même signification.
Brai, n. m. —Poix des cordonniers.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 99

* Braid, brêde, (m. a.) — Soutache, passementerie.


* Braider, v. a. (Ang.) — Poser du braid.
Brâillade, n. f. — Action générale de brailler.
Brâillage, n. m. — Même sens que brâillade.
Braillard, e, adj.
— Qui braille, qui pleure. E x . Un enfant braillard.
— Qui implore du patronage auprès des gouvernements.
Braillard de la Madeleine, loc.
Expression appliquée aux enfants qui pleurent à tout pro-
pos. Par allusion aux gémissements proférés dans les
environs de la rivière Madeleine, suivant une légende
populaire rapportée par l'abbé Ferland.
Brailler, v. n. — Pleurer.
* Brain, braine, (m. a.)
Cerveau. E x . Celui-là, j e l'ai sur le brain, il me fatigue.
* Braker, brêquer. (Angl.)
— Serrer les freins dans un train de chemin de fer.
— Réprimer quelqu'un.
* Brakes, bréques, (m. a . ) — F r e i n s .
* Brakesman, brêke's manne (m. a.)—Serre-frein.
Brancard, n. m.
— Morceau de sucre d'érable à forme carrée. E x . Un
brancard de sucre.
•— Cartes qui restent sur le tapis après la donne aux joueurs.
E x . Qu'as-tu besoin de regarder dans le brancard ?
Branche, n. f.
— Division. E x . V a jau département des terres, branche
des arpentages.
— Attaque. E x . Jean a eu une branche de folie ; Joseph a
une branche de fièvre.
— Ami. E x . Bonjour, ma vieille branche.
Branché, adj.
Diplômé, porteur de certificat. E x . Un pilote branche.
Brancher (se), v. pr.
Brancher. E x . Les petits oiseaux commencent à se brancher.
Branchu (canard), n. m.
Canard sauvage remarquable par la beauté de son plumage.
lOO LE PARLER POPULAIRE

Brandiller, v . a.
Brandir. E x . N e brandille pas ainsi ce bâton.
Brandy, n. m., branndé.
— C o g n a c . V i e u x mot français q u i signifiait allumé, en-
flammé. « E t le feu soit si b r a n d y . » ( D ' A r g e n t r é , C o u -
t u m e de Bretagne, p . 1 0 5 1 ) .
— Danse. E x . N o u s allons danser un brandy.
Branle, n. m.
— T a p a g e . E x . Mener u n branle terrible.
— Ni foutre ni branle, absolument rien.
Branler, v . a. — Branler dans le manche, hésiter.
Branlette, n. f.
Oscillation de la tête. E x . Ce vieillard c o m m e n c e à avoir
la branlette.
Braque, n . m . — Imbécile. E x . I l est fou comme braqiie.
Braquer, v. a . — A b a n d o n n e r . E x . I l m ' a braqué l à .
Braquer, (se) v . pr.
Se fixer. E x . Il s'est braqué sur u n e chaise, et il s ' y est
installé.
Braquette, n. f.
— Broquette.
— Petite console, applique. ( A n g l . )
Braquetter, v . a. — Poser des broquettes.
Bras, n. m.
— Avoir le bras long, être influent.
— Par dessus bras, bras dessus bras dessous
— Bras d'escalier, rampe.
— Aimer gros comme le bras, aimer b e a u c o u p .
— Frapper à bout de bras, d u bout d u bras.
Brasse, n. f.
— Travailler à la brasse, journée de brasse, c o r v é e d e bras.
Brasse=corps (à), loc. adv.
A bras l e corps. E x . S e prendre à brasse-corps p o u r lutter
de force et d ' a g i l i t é .
Brassée, n. f.
Ribambelle d'enfants. E x . V o i l à V i c t o i r e qui passe a v e c
sa brassée.
DES CANADIENS-FRANÇAIS IOI

Brasseur, n. m. r

Phoque du Groenland qui entre dans le fleuve Saint-Lau-


rent en hiver.
Brassage, n. m.
Action de secouer, d'agiter quelque chose.
Brasse, n. f.
Main, au jeu de cartes. E x . A qui la brasse ?
Brassée, n. f.
Chaudronnée. E x . Une brassée de savon, de sirop, de
sucre.
Brâssement, n. m — Remuement, brassage.
Brasser, v. a.
— Mêler. E x . Allons, brasse les cartes.
— Disputer. E x . J e viens de me faire brasser de la belle
façon. J e me suis fait brasser le corps.
Brasseur, adj. — Celui qui, aux cartes, tient la donne.
Braver, v. n.
Faire le brave. E x . Il fait cela pour braver-
Braverie, n. f. — Bravade.
Braye, n. f.
— Broie ou macque. Instrument pour broyer le lin et le
chanvre, composé de deux bois retenus par une de leurs
extrémités, et s'enclavant l'une dans l'autre à la manière
d'une mortaise.
— Femme qui marchande sans acheter. E x . Voilà encore
une braye qui vient nous ennuyer avec ses marchandages.
Brayer, v. a.
— Broyer. E x . C'est aujourd'hui que nous allons brayer
le lin.
— Aller d'un magasin â l'autre sans faire d'achat.
Brayeur, adj. — Celui qui braye.
* Brécer, v. n. (Angl.) ,
Poser un bandage de fer sur la coque à l'intérieur d'un vais-
seau.
Brèche, n. f.
— Dent perdue. E x . Cet enfant a plusieurs brèches dans la
bouche.
102 LE PARLER POPULAIRE

— Brèche-dent. E x . C e t t e femme serait p l u s jolie, si elle


n'était brèche.
Bréché, a d j . — E b r é c h é . E x . Mon c o u t e a u est t o u t brêché.
Bredasser, v . a. — V . Berdasser.
Bredasserie, n. f. — V . Berdasserie.
Bredassier, adj. — V . Berdassier.
Bref, n. m.
Mandat, ordonnance, ordre. E x . Bref de sommation, bref
d'exécution, ^ / d ' a r r e s t a t i o n .
Brégade, n. f . — B r i g a d e .
Brelander, v . a. — R a c o n t e r les choses à sa façon.
Brelingant, n. m.
Mot cité par L,acurne de S a i n t e - P a l l a y e , q u e n o u s retrou-
vons en pleine v i g u e u r dans le c o m t é de K a m o u r a s k a .
E m p l o y é par les m è r e s de famille pour inviter l e u r s en-
fants à prendre des positions plus décentes.
Breloque, n. f. — Vieille montre.
Brenante, (à la), loc. — A l a brune.
* Bréque, n. m . ( A n g l . ) — Frein.
* Bréquer, v. a. ( A n g l . ) — Serrer les freins.
Bretter, v . n.
— Fureter. E x . V e u x - t u me dire ce q u e tu-érettes là ?
— Perdre son temps à des bagatelles.
— F a u c h e r . (Expression acadienne). D ' a p r è s O u d i n , bret-
ter signifiait jouer o u faire des armes.
Bretteux, a d j .
— Q u i furette.
— Q u i perd son temps. E x . A v a n c e donc à q u e l q u e chose,
espèce de bretteux f
— Faucheur.
Breumasser, v . n. — Brumasser.
Breume, n. f. — B r u m e .
Breunante, n. f. — B r u n e .
Breune, n. f. — Brune.
Bréviaire, n. m . — Dire son bréviaire, lire son b r é v i a i r e .
* Brevier, brevière, ( m . a.)
Petit t e x t e , 8 points ( T . d ' i m p r . )
DES CANADIENS-FRANÇAIS 103

* Brick, (m. a.)


— B r a v e g a r ç o n . E x . T o i , tu es un brick, donne-moi la
main.
—: Brick bâtard, t o u t e espèce de voiture sans caractère par-
ticulier, d é m o d é e et v i e i l l i e .
Bricoles, n. f. p l .
— Bretelles de pantalons. E n France, l a bricole est u n e
bande de c u i r qui se m e t a u x sabots au-dessus du cou-de-
pied.
Brigade, n. f.
T r o u p e de g e n s r é u n i s ensemble. E x . Y avait-il beaucoup
de personnes qui m a r c h a i e n t d a n s la procession? — O u i , il
y en avait u n e brigade.
* Brigade du feu. n . f. — C o r p s des pompiers. (Angl.)
Brigand, n. m . — E n f a n t terrible.
Brimbale, n. f.
— P e r c h e e n b a s c u l e pour tirer l ' e a u du p u i t s .
— Crémaillère.
Brimbalement, n . m . — - B r u i t , désordre.
Brin, n. m.
— P e u , petite q u a n t i t é . E x . T u n ' e n auras pas un brin.
— G r a i n . E x . U n brin d e p l u i e .
— B r a n . E x . D u brin de scie.
Brindezingues, n . f. p l .
Pris de boisson. E x . E n v o i l à encore un q u i est dans les
brindezingzies.
* Brinn'che, n . £.
Bien-aimée, p r é f é r é e . E x . Celle-là est m a brinn'che.
Bringue, n. f.
— F i l l e n o n c h a l a n t e . E x . C ' e s t une g r a n d e bri?igue.
— P i è c e s . E x . M e t t r e u n o b j e t en bringues.
Bringuer. — S ' a m u s e r , courir, g a m b a d e r .
* Briquade, n . f. ( A n g l . ) — B r i q u e t e r i e .
* Briquaille, n . f. ( A n g l . ) — Briqueterie.
Brique, n. f.
— Morceau taillé en carré. E x . U n e brique de lard, de l a
brique à c o u t e a u x .
io4 LE PARLER POPULAIRE

— Brique rêfractaire, brique à feu. (Angl.)


— Aller à la brique, aller travailler dans les briqueteries.
(Angl.)
Briqueler, v. a. — Briqueter.
* Briqueleur, n. m. (Angl.)
Briqueteur, ouvrier et marchand.
* Briquer, v. a. (Angl.)
Briqueter, paver, garnir de briques.
Briquerie, n. f.
Briqueterie. Briquerie se disait autrefois pour exprimer
la même chose.
Brisable, adj.—Fragile.
Brise, n. f.
Partir tout d'une brise, partir à la course.
Brise-fer, n. m.
— Qui brise tout ce qu'il touche.
— Qui use beaucoup, usurier. E x . Cet enfant ne peut rien
conserver, c'est un brise-fer.
Brisse, n. f.—Brisque. E x . Jouer à la brisse.
Broc, n. m. — Fourche en fer à quatre cornes.
Broche, n. f.
— Aiguille. E x . Apporte-moi mes broches pour que j ' a -
chève de tricoter mes bas.
— Bois pour enfiler le poisson que l'on prend à la ligne.
— Fil de fer. E x . Clôture en broctie.
— Epingle. E x . Broche à cheveux.
— Jeu de broches, cinq aiguilles.
Broche (faire de la), loc. — Faire l'amour.
Broche (travailler à l a ) , loc. — Exécuter à la hâte.
Brocher, v. n. — Faire l'amour.
Brochet, n. m.
Bréchet. E x . Il n'a pas épais de lard sur le brochet. I<e
bréchet est la partie saillante en avant du sternum des
oiseaux.
Brochetée, n. f.
— Brochette. E x . J ' a i pris une belle brochetée de poissons.
— Fourchée, la quantité de foin ou de paille que l'on enlève
DES CANADIENS-FRANÇAIS I05

a v e c un broc. E x . P r e n d s ila fourche et envoie-moi u n e


brochetêe d e foin.
— Grande quantité.
Brodure, n. f. — Broderie.
* Broker, n. m . , brôkeur, ( m . a . ) — C o u r t i e r .
Bronches, n. f- p l .
Bronchite. E x . E s - t u encore malade, moi j ' a i les bronches.
Bronchique, a d j .
A t t e i n t de b r o n c h i t e . E x . P i e r r e est m a l a d e , j e crois q u ' i l
est bronchique.
Bronze, n. m .
Bronche. E x . I / m i s a u n e maladie de bronze.
Broque, n. m . — T i r e - f i e n t e , f o u r c h e à fumier.
Brosse, n. f.
— Fête. E x . N o t r e ami v i e n t de sortir d ' u n e brosse qui
s'appelle.
— Prendre une brosse, faire la fête.
Brosser, v . a.
— Fêter. E x . C e s s e donc d e brosser.
— Brosser le chien, faire l a fête.
— Battre.
Brosser (se), v . p r o n .
— S e battre.
— Se brosser le ventre, se passer d e tout.
Brosseur, n. m .
C e l u i qui fait s o u v e n t des brosses, qui boit à intervalles assez
réguliers b e a u c o u p de l i q u e u r s enivrantes, et qui recom-
m e n c e a u m o m e n t où on l e croirait c o r r i g é de sa manie,
u n d i p s o m a n e enfin.
Brou, n. f.
— E c u m e , m o u s s e . E x . P ' t i t Pierre v i e n t d e tomber de
son mal, il a l a brou à la b o u c h e .
— B a v e à l a g u e u l e des a n i m a u x .
— S a v o n n u r e . E x . V o i l à d u savon qui fait u n e belle brou.
Brouasser, v . n. — B r u i n e r .
Brouch'ter, v . a. — T r a v a i l l e r à la h â t e et sans précaution.
Brouch'teux, euse, n . et a d j . — Q u i b r o u c h ' t e .
ro6 LE PARLER POPULAIRE

Brouch'te-brouch'te, adv. , v i e c'est-à-dire, il


h m J

E x . Cet ouvrier travaille brottcKte-broucfi te,


travaille sans soin et hâtivement.
Brouillasser. — Bruiner.
B
Bnnlme";". E x . 11 va y avoir du brouille d a n s cette dis-
cussiou.
Brouillon, adj.
Fougueux. Ex. J'ai un cheval qui est p a s m a l brouillon.
Brousse-poil (à), loc.
A rebrousse-poil. E x . Ce gas-là n ' e s t p a s f a c i l e a m e n e r ,
il faut toujours le prendre à brousse-poil.
Brouscailler, v. a. — Brusquer.
Brûlade, n. f. — Brûleraent, action de b r û l e r .
Brûlé, n. m.
Forêt, ou bois ou région rasée par le f e u . E x . L a paroisse
du Grand-ZMtf.
Brûle-gueule, n. m. — Pipe à tuyau t r è s c o u r t .
Brûler, v. a.
— Dépasser. E x . II m'a brûlé'le long; d e l a r o u t e .
— S'approcher d'un objet caché que l ' o n c h e r c h e . Ex. T u
brûles, c'est-à-dire tu t'approches. ( T e r m e d e j e u . )
Brûlette, n. f.
Ciboulette, ail civette.
* Brûleur, 11. m. (Angl.) — Bec-de-lampe.
Brûlot, u. m.
Espèce de cousin qui brûle la peau en l a t o u c h a n t d e s o n
dard. Genre simule.
Brûlure, n. f.
Ex. Ce mets est excellent pour la brûlure, c'est-à-dire qu'il
est absolument bon.
Brumasser, v. 11.—Bruiner.
Brun, adj. et n. f.
— Bai brun. E x . Un cheval brun.
— Brune. E x . Se promener à la brun.
Brunante (à la), loc.
A la brune. Cette expression n ' e s t p française, mais
a s
DES CANADIENS-FRANÇAIS 107

p o u r r a i t l ' ê t r e sans i n c o n v é n i e n t . F a u c h e r de S t - M a u -
rice en a fait le titre d ' u n de ses o u v r a g e s .
Brusquailler, v . a. — B r u s q u e r .
Brusse, a d j . — B r u s q u e .
Bubule, n. m . — F e u . ( L a n g a g e enfantin.)
Bu busse, n. m .
I,ait donné a u x petits enfants. E x . P r e n d s ton bubusse, m o n
petit.
Bue en blanc (de), loc. — D e b u t en blanc.
Bûchage, n . m .
— D é b i t a g e d u bois en b û c h e s .
— C o u p e d u bois, abattis.
Bûche, n. f.
Stupide. E x . C ' e s t une bûche, il ne c o m p r e n d rien, i l a la
tête dure.
Bûcher, v . a.
T r a v a i l l e r fort. E x . 1,'ouvrage est ardu, mais je v a i s bâ-
cher assez fort que j ' e n v i e n d r a i bien à b o u t .
Bûcheux, n. et a d j .
•— B û c h e u r , travailleur.
— Bûcheron.
* Buck-board, n . m., beuke borde, (m. a . ) — Barouche.
* Buckwheat, n. m., beukouit, (m. a.) — Sarrasin, blé n o i r .
* Buggy, n. m., beugghé, ( m . a.) — P h a é t o n .
* Bugle, èioug'l, (m. a.) — C o r de chasse.
* BuIPs eye, n. f., (m. a.) — V . Boulezaille.
* Bully, boullé, (m. a . ) — F i e r - à - b r a s . E x . Unbully d ' é l e c t i o n .
* Bun, n. f., bonne, (m. a . ) — B r i o c h e .
Bureau, n . m .
— Commode.
— Etablissement public. E x . Bureau de santé, bureau
d'hygiène.
* Business, biznesse, (m. a.)
R o n d èn affaires. E x . J ' a i m e à faire des affaires a v e c ce
marchand, il est business.
* Bus, beuce (m. a.)
A b r é v i a t i o n de omnibus, v o i t u r e publique qui transporte les
io8 LE; P A R L E R POPULAIRE

voyageurs hors d e l à ville, et s'arrête en route a u gré de


chacun.
* Bustle, n. m. beussl, (m. a.)
T o u r n u r e . E x . M a d a m e a mis sou bustle.
* Busy body, bizzé bodê, (m. a.)
Officieux. E x . Ce n ' e s t q u ' u n busy body.
Buteux, euse, adj. — Q u i b u t e . E x . U n cheval buteux.
Butin, n. m.
— Marchandises.
— Mobilier. E x . Q u a n d je déménagerai, je ne négligerai
rien de mon butin.
— L i n g e et v ê t e m e n t s . E x . Emporte tout le butin q u e tu
as à te mettre sur le dos.
— Bonne personne. E x . Cette fille-là, c'est du butin.
Butte (une), n. f.
Beaucoup, en q u a n t i t é . E x . Y avait-il beaucoup d e monde
à l'assemblée ? Oui, il y eii avait une butte.
* Buttercup, beutteurkeupe (m. a.) — Bouton d'or.
Butteux, euse, adj.
Couvert de buttes. E x . Le chemin est devenu butteux
depuis les dernières gelées.
Button, n. m.
Petite colline. E x . L,a paroisse du Button.
Buvable, adj.
Potable. E x . Cette eau-là n'est pas buvable.
Buvasser, v. n. — B o i r e s a n s cesse.
Buvasserie, n. f. — A c t i o n de boire outre mesure.
Buvasseux, a d j . — Q u i est dans l'habitude de boire.
Buveron, n. m .
• Biberon. E x . C e t enfant de d e u x ans est encore au
buveron.
— Ivrogne. E x . Çà, c'est un bon buveron.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 109

Ça, pron.
— II. E x . Ça g è l e fort ce matin.
— Celui-ci, celui-là, cette personne. E x . Ça parle sans
savoir ce q u e ça dit. C ' e s t ça qui est farceur.
— Cela, cette chose-là. E x . Ça m ' e m b ê t e gros.
— Ça y est-il? Ça y est. E n e s - t u ? — O u i , c'est convenu.
— Il a de ça, il a de la fortune.
— Quoique ça, m a l g r é cela.
* Cab, n. m., (m. a.)
Cabriolet d e place, à d e u x ou quatre roues. L e véritable
cab est c o n d u i t par un cocher qui a son s i è g e en arrière.
Q u e l q u ' u n faisait remarquer la forme extraordinaire de ce
véhicule importé d ' A n g l e t e r r e en F r a n c e . Un plaisant
répondit: « C ' e s t afin q u e de l'intérieur le supérieur ne
puisse v o i r le postérieur de son inférieur placé à l ' e x t é -
rieur. »
Cabalable, adj.
Q u i peut être cabale. E x . I l y a sept bleus dans cette p a -
roisse qui ne sont pas cabalables.
Cabalage, n. m.
Cabale. E x . D a n s la paroisse de Beaumont, il n ' y a pas de
cabalage possible.
Cabale, n. f.
Propagande e u v u e d ' u n e élection quelconque, politique,
municipale, etc.
Cabaler, v. a. e t n.
— Solliciter des votes en f a v e u r d'un candidat briguant l e s
ÏIO LE PARLER POPULAIRE

suffrages d ' u n e c o m m u n a u t é électorale. E x . A force de


\e caboter, j ' a i réussi à le faire voter pour mon candidat.
— Travailler à obtenir des suffrages, faire d e la propagande
d ' u n e manière générale. E x . J ' a i tellement cabale dans
ma paroisse, que j ' a i pu obtenir u n e majorité p o u r notre
candidat.
Cabane, n. f.
Etal de bouclier, de fruitier, de regrattier.
Cabane à morue, n. f.
Petite construction en bois placée s u r la glace des rivières
où le pêcheur s'installe pour pêcher la petite m o r u e .
Cabane à sucre, n. f.
Maisonnette érigée au milieu d'une sucrerie pour y fabri-
quer le sucre d'érable, t o u t en s'y m e t t a n t à l'abri. D'où
l'expression tire de cabane, assez souvent employée p a r les
amateurs.
Cabane, a d j . — Enfoncé. E x . Il a les y e u x cabanes.
Cabaneau, n. m.
Petite armoire pratiquée dans un m u r sous l'escalier de
service ou sous le rebord d ' u n e fenêtre, de m a n i è r e à ce
qu'on ne l'aperçoive m ê m e pas.
Cabaner, v. n.
— Habiller chaudement. E x . Aie le soin de te tenir la tête
et le cou bien cabanes, car il fait u n e t e m p ê t e .
— S'arrêter en route p o u r se mettre à l ' a b r i .
Cabaner (se), v. pron.
— S'installer chez soi. E x . Je vais q u i t t e r m o n b u r e a u à
quatre heures, et puis j ' i r a i me cabaner chez moi j u s q u ' à
demain matin.
— Devenir casanier. E x . P l u s je vieillis, plus j e cherche
à me cabaner.
— S'assombrir. E x . E e temps se cabane, nous allons avoir
quelque orage.
Cabanes, n. f. pl. — Latrines.
Cabarouet, n. m .
— H a q u e t . Eong camion qui sert à transporter les barils,
les grosses caisses, le truck des A n g l a i s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS III

— Cabriolet. P e t i t e voiture à d e u x roues, suspendue sur


des baguettes de bois, ou sur des ressorts, et à u n siège,
ou encore u a e voiture à d e u x roues, avec q u a t r e poteaux,
comme n o u s en voyons s u r nos marchés.
Cabas, n. m.
Bruit, fracas, t a p a g e . E x . Allons, les enfants, ne faites
pas tant d e cabas ? E n France, ce mot veut dire t?vmperie,
ou s'applique à u n meuble lourd et grossier. Dans l ' A n -
jou, c'est u n m a n t e a u .
Cabasser, v. n.
— F a i r e d u cabas, d u bruit.
— Fatiguer, abattre. E x . Cette fille me p a r a î t bien cabassée.
— Secouer fortement. E x . Je me suis fait terriblement
cabasser d a n s la voiture à Marois.
Cabinet, n. m .
Chambre à coucher, à la c a m p a g n e . E x . Monsieur, passez
dans le cab '.net du fond, c'est là votre c h a m b r e à coucher.
N o u s p r o n o n ç o n s souvent cabinette.
Câblegramme, n. m. — Câblogramme.
Caboche, n. f.
— Capsule de certaines plantes. E x . U n e caboche de pavot.
—• T ê t e . E:t. J e m e suis sonné la caboche en tombant.
Cabochon, n. :n.
— Caboche, t ê t e . E x . Ce q u e j e te dis là, fourre-moi ça
d a n s ton cabochon.
— Bosses, p r o é m i n e n c e s quelconques.
— N œ u d d e bois, loupe.
— Ouvrier m a l a d r o i t .
. — Imbécile.
Cabousse, n. i.
— A p p a r t e m e n t o u pièce a t t e n a n t e à un édifice, servant de
dépense.
Caca, n. m. et, a d j .
— Immondipe de t o u t e n a t u r e . E x . N e touche pas à cela,
c'est du ctica.
— I m m a n g e a b l e . E x . N e m e t s pas cela d a n s ta bouche,
c'est caca.
112 LE PARLER POPULAIRE

Méchant. Ex. C'est caca ce que tu as fait là, mon petit.


Cacasser, v. n.
— Croasser.
— Caqueter, en parlant de la poule.
— Bavarder.
Caehe, n. f.
Cachette, ou lieu secret connu seulement des trappeurs du
Nord-Ouest. Dans ces caches, ils déposaient ce qu'ils
possédaient de plus précieux.
Cache la BeIIe=Bergère.
Jeu de société qui consite à se passer de l'un à l'autre un
bijou ou un objet que l'un des joueurs, placé au centre,
doit saisir au passage. La personne prise en possession
du bijou doit payer un gage.
Cache=mainettes, n. f.
Tablier muni de poches dans lesquelles les femmes peuvent
introduire leurs mains tout entières.
Cache petit=pot.
Jeu d'enfant, où il est question de trouver un objet caché
dans la main de l'un des joueurs réunis en cercle. Le
chercheur est debout, au centre.
Cacher, v. a.
— Mettre des couvertures sur une personne couchée pour
la mettre à l'abri du froid.
— Cacher les fautes de quelqu' un.
Cacheter, v. a.
Jeter des couvertures sur quelqu'un pour le protéger contre
le froid.
Cachette, n. f.
Cache-cache, jeu d'enfants, dans lequel tous les joueurs se
cachent, à l'exception d'un seul, qui cherche à découvrir
les cachettes des autres.
Cachette (à la), loc. adv.
En cachette. Ex. Lire des romans à la cachette du maître.
Tu as fait cela à la cachette de moi.
Cadran, u. m.
Montre. Ex. Ton cadran est dérangé.
DES CANADIENS-FRANÇAIS "3

Cadre, n. m.
Tableau, dessin, gravure encadrés. E x . Voici un beau
cadre. Métonymie, le contenant employé au lieu du contenu.
Se dit très souvent eu France.
Caduc (la), n. f.
1/aqueduc. E x . V a donc voir si la caduc marche.
Caduc, adj.
Triste, abattu. E x . Cette femme est bien caduque depuis
que son mari est mort.
Cafière, n. f.
Cafetière, vase qui sert à faire ou à verser le café.
Cage, n. f.
— Train de bois, composé de billots liés ensemble pour
former un radeau.
— Planches ou madriers mis en pile et croisés à angles droits
avec de nombreux interstices, pour être séchés au soleil.
Cageage, n. m.
Tous les travaux particuliers à la mise en train des billots
en flotte.
Cager, v. a.
— Former une cage avec des billots liés les uns aux autres
pour en permettre le transport.
— Empiler des planches ou des madriers pour les faire
sécher au grand air et au soleil.
Cageu, n. m.
Pièces de bois attachées les unes aux autres et mises en flotte
pour être transportées d'un lieu à un autre. Ce mot peut
venir de cajeutes, vieux mot français employé pour dési-
gner les lits de vaisseaux ; du hollandais kajuit.
Cageur, u. m. — Employé sur une cage.
Cagouette, n. m. — Gorge. V . Gagouette.
Cahot, n. m.
Ce mot, qui est français, s'emploie surtout pour marquer les
inégalités qui se produisent dans nos chemins d'hiver par
les amoncellements de neige. On le trouve dans la fameuse
chanson :
. . .C'est la faute à Papineau
Si nous avons des cahots.
8
i r 4
LB PARIER POPULAIRE

Caille, adj.
Mélange de blanc et de noir. Ex. Marie, va tirer la grande
vache caille. Thérèse a les yeux cailles.
Cailler, v. n.
Se laisser aller au sommeil. Ex. Mon petit Jean, tu t'en-
dors, tu commences à cailler. Eu Anjou, caille se dit pour
sommeil profond.
Cailles, n. f. pl.
Caillebottes, masse de lait caillé. Ex. Vivre aux cailles et
aux patates.
Caillette, n. f.
N o m fréquemment donné aux vaches de couleur caille.
Cailloud'chouc, n. m. — Caoutchouc.
Caîsser, v. a.
Encaisser, mettre en caisse. Ex. Caisser des livres.
Caisson, n. m.
Tête. Ex. Se faire sauter le caisson avec un pistolet.
* Cake, kêke, (m. a.) — Gâteau. Ex. Un Johnny cake.
Calâbre, n. m. — Cadavre.
Calamel, n. m. — Calomel.
Calant, adj.
Qui cale, enfonce. Ex. Les chemins sont calants.
* Calculer, v. n. (Angl.)
Présumer. Ex. Je calcule partir la semaine qui vient.
Calèche, n. f.
— Cabriolet à ressorts, à deux roues, suspendu sur deux
bandes de cuir, à coffre gondolé, encore en usage à Qué-
bec.
— Diarrhée. Ex. Avoir la calèche.
Caléchée, n. f.
Calèche remplie de voyageurs, de promeneurs.
Caiemberdaine, n. f. — Calembredaine.
Calenas, n. m.—Cadenas.
Calenderier, n. m. — Calendrier.
Caler, v. n. et a.
— Ruiner. Ex. Ce marchand est calé à tout jamais.
— Enfoncer. Ex. Ea terre est molle ici, ça cale.
DES CANADIENS-FRANÇAIS "5

— Devenir chauve. E x . T u cales bien d e b o n n e heure, toi,


tu as la tête comme un genou.
— Perdre de l ' a r g e n t . E x . J ' a i calé g r o s d ' a r g e n t dans ma
dernière spéculation.
E n France, caler signifie avoir peur. E x . T u caleras
quand il faudra te battre. Caler peut v e n i r de cale, calotte
Brantôme parle de la cale ecclésiastique, b é g u i n ou coiffe
de soie que les hommes portaient sous le chaperon (camail).
Calfetage, n. m. — Calfatage.
Calfeter, v. a . — C a l f a t e r .
Calfeteux, n. m. — Q u i exerce le métier de calfat.
Caliberdas, Bruit, tapage. E x . Mon Dieu ! quel caliberdas !
Caliborgne, a d j . — L o u c h e , borgne.
Califourchon, n . m . — F o u r c h e des j a m b e s .
Califournie, n. f. — Californie.
Calimaçon, n. m .
Colimaçon. E x . Calimaçon borgne, m o n t r e - m o i tes cornes.
Cali-Mailla, n. m.
Colin-Maillard. E x . Courir le Cali-Mailla. L e Colin-Mail-
lard cherche à saisir un joueur, et, l o r s q u ' i l le tient, il
doit deviner son nom. S'il nomme le j o u e u r q u ' i l a pris,
ce dernier devient Colin-Maillard.
Calice, n. m. — Calice.
Câline, n. f.
Espèce de b o n n e t rond, n o u é sous le m e n t o n , dont nos
Canadiennes se servaient beaucoup d a n s le temps passé.
L a mode semble en vouloir disparaître.
Calmir, v. n.
Paire le calme. E x . La mer va calmir, e n s u i t e nous parti-
rons pour l'île a u x Corneilles.
Calmir (se), v. pron.
Se calmer. E x . I l finira par se calmir a v e c le temps.
Calotte, n. f.
—• Ronce odorante, appelée aussi cap, casquette, capuchon,
framboise.
— Casquette. E x . Les écoliers d u s é m i n a i r e sont obligés
de porter la calotte de drap bleu avec n e r v u r e blanche.
II6 I.E PARLBE POPULAIRE

Calumet, n. m.
— Toute pipe de bois, ou dont le tuyau est en bois ou en
roseau.
— Homme de très petite taille.
Caluron, n. m.
Petite casquette qui ne recouvre que le sommet de la tête.
Câlus, n. m. — Cal, calus.
* Calvette, n. f. (Angl.)
Ponceau. De l'anglais culvert.
Calvine, n. m.
Calville. E x . Des pommes de Calvine. Calville est un
petit village de Normandie, et la pomme Calville est par-
ticulière à la Normandie. Le nom a été apporté de France,
mais la pomme nous est étrangère.
Camail, n. m.
Capeline particulière aux jeunes enfants et qu'ils portent
durant l'été.
Cambuse, n. f. — Poêle rustique.
Camelotine, n. f.
Etoffe de laine très lustrée, en vogue autrefois.
Camomine, n. f.
Camomille. E x . Une bonne tisane de camomine pour la
migraine.
Camp, n. m.
— Habitation primitive élevée dans les bois pour y loger les
bûcherons, les voyageurs. Il y a les camps temporaires
et les camps permanents. Se prononce campe.
— Ficher le camp, se sauver, déserter.
— Sacrer le camp, même sens.
Camp-lit, n. m.
Lit de camp, préparé au moyen de branches d'arbres recou-
vertes de peaux de carriole.
Campe, n. m. —Camp.
Camper, v. n.
— S'installer dans un camp, près d'un lac ordinairement,
pour faire la chasse ou la pêche.
— Jeter. E x . Son cheval l'a campé par terre.
D E S CANADIENS-FRANÇAIS 117

— Appliquer. E x . J e lui ai campé une bonne claque.


Canâiller, v. n. — S e livrer à la canaillerie.
Canaoua, n. m .
S o b r i q u e t donné a u x s a u v a g e s en général. E x . L e s Ca-
naouas de R i s t i g o u c h e .
Canaouiche, n. m ,
Sobriquet d o n n é a u x s a u v a g e s . E x . Bonjour, canaouiche !
Canard, n. m. — Bouilloire. V . B o m b e .
Canard brancha, n. m. — Canard huppé.
Canard gris, n. m . — Canard pilet.
Canayen, enne, n. et adj.
Canadien, e n n e . E x . I^es Canayens sont pas des fous, par-
tiront pas sans prendre u n c o u p .
Cancanage, u. m .
Cancan, médisance que l ' o n colporte.
Cancanement, n. m . — Cancan.
Cancaner, v. n.
Bavarder, médire. Cancan est du français académique, m a i s
pas cancaner.
Cancaneux, a d j .
Cancanier, qui a l ' h a b i t u d e de faire des c a n c a n s .
* Cancellation, n. f. ( A n g l . )
Action de canceller, de contremander, de résilier, d'annuler,
de biffer.
* Canceller, v . a. ( A n g l . )
— Contremander. E x . Canceller une c o m m a n d e de livres.
— Résilier. E x . Canceller un bail.
— Annuler. E x . Canceller u n e loi.
— Biffer. E x . Canceller u n e disposition de la loi.
Cancre, n. m .
P a r e s s e u x incorrigible. S e dit aussi bien d'un homme fait
que d'un écolier.
Cancreté, n. f.
Iye fait d ' ê t r e c a n c r e . E x . C ' e s t la cancreté m ê m e .
* Candy, cann'dé, (m. a.)
Bonbon. E x . U n enfant qui se nourrit de ca7idy.
Caneçon, n. m . — Caleçon, avec permutation entre / et n.
n8 LE PARLER POPULAIRE

Cani, n . m .
Moisi. E x . Cette v i a n d e a une forte o d e u r de cani; voici
d u pain qui a g o û t de cani.
Canir, v . n. — S e g â t e r par l ' h u m i d i t é .
Canisse, n. f.
Canistre. Bidon de fer-blanc pour y mettre le pétrole et
toutes les huiles, les vernis, etc.
Canissure, n. f. — C h a n c i s s u r e .
Canitude, n. f.
Canicule. E x . N o u s resterons à la c a m p a g n e d u r a n t les
canitudes.
Canne, n. f.
— Cruche.
— Vivre la canne à la main, être assez riche p o u r pouvoir
s ' e x e m p t e r de travailler.
Canne de roche, n. f. — Canard histrion.
Cannée, n. f. — I,e contenu d'une canne, d ' u n e c r u c h e .
Cannelier, n. m.
Instrument en bois à double montant, troué à intervalles
égaux.
Cannelle, n. f . — F u s e a u , bobine.
Canner, v. a. — Donner des coups d e c a n n e .
Cannevette, n. f. — P l a t e a u à liqueurs.
* Cannuck, kannog?(e, (m. a.)
N o m donné a u x Canadiens-Français par les A n g l a i s .
* Canon, canonne, (m. a.)
Gros canon, 48 points. ( T e r m e d ' i m p r . )
Canon, n. m .
— V e r r e . E x . V i e n s prendre un petit canon chez L,ambert.
— Fessier.
Canonner, v . n.-— R e j e t e r des g a z a v e c b r u i t .
Canot, n. m.
Sorte de chapeau de femme, appelé aussi c h a p e a u d e mate-
lot.
Canoterie, n. f.
Côte de la Canoterie, nom donné â une c ô t e q u i fait com-
muniquer la partie basse de Q u é b e c a v e c la p a r t i e haute.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 119

A u t r e f o i s i l fallait l a d e s c e n d r e pour prendre les canots


destinés à faire l a t r a v e r s é e de l a rivière Saint-Charles.
Cant, n . m.
C ô t é , la partie l a p l u s étroite d ' u n e pièce d e bois, d'un bloc
d e pierre d e t a i l l e . E x . M e t t r e un bloc d e pierre sur le
cant, une m a i s o n bâtie e n madriers sur l e canl.
Canter, v . a.
— Pencher. E x . U n m u r q u i cante. L e v i e u x français
disait eschanteler pour e x p r i m e r la m ê m e i d é e .
— Mettre s u r le c ô t é . E x . Canter un meuble pour p o u v o i r
le passer p a r u n e porte é t r o i t e .
Canton, n. m .
— V o i s i n a g e . E x . N o u s d e m e u r o n s dans l e canton.
— T o w n s h i p . E x . L e s Cantons de l ' E s t .
* Canvasser, v . a. ( A n g l . ) — C a b a l e r .
Caoutchouquer, v . a.
C o u v r i r de c a o u t c h o u c .
Cap, n. m.
— C a p s u l e d e fusil.
— Ronce.
— Casquette.
* Cap, (night) naïte, ( m . a.)
Consommation prise a v a n t de se mettre a u lit. E x . P r e -
nons un night-cap et allons n o u s c o u c h e r .
Capable, a d j .
— Fort, m u s c u l e u x . E x . S i t u v e u x te battre, je t'assure
q u e j e suis aussi capable q u e toi.
— Instruit. E x . C e t écolier a fini ses études, il est très
capable.
— D a n s l a possibilité. E x . Je ne suis p a s capable d ' a l l e r
glisser.
* Capacité (en sa), loc. ( A n g l . )
E n sa q u a l i t é . E x . A g i r en sa capacité de président, de
secrétaire.
Câpe, n. f.
—Câpre. L e fruit se m e t en conserves d a u s le v i n a i g r e
pour l u i d o n n e r d u p i q u a n t .
120 LE PARLER POPULAIRE

— Cap. E x . Chemin des Capes, entre Saint-Joachim et la


Baie Saint-Paul.
Capharnaùm, n. m.
Maison spacieuse habitée par plusieurs ménages, où l'ordre
et la propreté font souvent défaut.
* Capiâsser, v. a. (Angl.)
Signifier un capias, mandat d'arrestation d'une personne en-
dettée qui manifeste son intention de quitter la province.
Capiche, n. f. —Coiffure de femme qui recouvre les épaules.
Capillaire, n. f.
La plus belle de nos fougères dont on fait un excellent sirop
pour le rhume. Les botanistes l'appellent adiantepédalé.
Capine, n. f. —Capeline.
* Capital politique. (Angl.)
Exploitation d'une question au point de vue et au profit
d'un parti. E x . Faire du capital politique en faveur des
conservateurs.
Capot, n. m.
— Capote. E x . Un capot d'écolier, un capot bleu, un capot
d'habitant.
— Pardessus de fourrure. E x . Un capot de poil, un capot de
chat, d'astrakan, de seal, de castor piqué.
Capot (faire).
Rester capot. Faire capot veut dire faire toutes les levées,
au jeu de cartes. Ici, c'est le contraire.
Capoter, v. a.
Mettre le capot sur le dos d'un autre.
Capoter ( s e ) , v. pron.
Mettre son capot. Même sens que s 'encapoter.
Capuche, n. f.
— Bonnet de nuit à l'usage du sexe.
— Sage-femme.
Capuchon, n. m . — V . Calotte.
Capuchonner (se), v. pron. Mettre son capuchon.
Caque, n. m.
Caca. E x . Faire son caque, dans le langage enfantin.
Caracolage, n. m.—Action de marcher eu caracolant.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 121

Caracoler, v. n.
A v o i r une direction tortueuse. E x . U n chemin qui caracole.
Caractère, n. m .
L e t t r e de r e c o m m a n d a t i o n . E x . V o u l e z - v o u s me faire l a
charité, v o i c i m o n caractère, lisez-le.
U n caractère se disait autrefois de la m a n i è r e d'écrire, et
aussi pour les lettres ou figures que quelques-uns croyaient
avoir une c e r t a i n e vertu en conséquence d ' u n pacte fait
a v e c le d i a b l e .
Caractère seul, loc.
H o m m e triste, f u y a n t la c o m p a g n i e du monde.
Carafée, n. f.
I,e contenu entier d ' u n e carafe. E x . U n e carafée d'eau, d e
cognac.
Caraquettes, n . f. p l .
H u î t r e s p ê c h é e s à C a r a q u e t , sur l e littoral de l ' A t l a n t i q u e ,
dans le N o u v e a u - B r u n s w i c k .
Caravane, n. f.
Bande. E x . V o y a g e r en caravane, glisser en caravane.
Carcajou, n. m .
Glouton, petit a n i m a l de nos forêts, mentionné par L a H o n t a n .
O n l'appelle encore le diable des bois, et les s a u v a g e s le c o n -
naissent sous l e nom de quaquasut.
Carcan, n. m .
— Collier en b o i s q u e l'on met a u cou des a n i m a u x de ferme
p o u r les e m p ê c h e r de sauter les clôtures.
— D é c h a r n é . E x . M a i g r e c o m m e un carcan.
Carcaner, v. a. — Mettre le carcan.
Carcasse, n. f. — P e r s o n n e t r è s m a i g r e .
Carcul, n. m . — C a l c u l .
Carculer, v . a. — C a l c u l e r .
Cardures, n. f. p l .
Retirons, laine restée dans le peigne, après le p e i g n a g e .
Carême, n. m . — F a c e de carême, figure très p â l e .
Carillon, n. m .
B r u i t , tapage. E x . Q u e l carillon faites-vous là, mes petits
enfants ?
122 LE PARLEE POPULAIRE

Carisé, 11. m.
Flanelle croisée très épaisse et très forte. E x . D e s caneçons
de carisé.
Carnage, n. m.
— Bruit, fracas. E x . Quel carnage est ç à ? Cessez, les
enfants, de vous chamailler.
— Dégât. E x . L e tonnerre a fait d u carnage cette nuit.
Carnas, n. m . — Cadenas.
Carottage, n. m .
Action de carotter, de tromper, d'escroquer.
Carotte-à-Moreau, n. f.
Ciguë. S a racine ressemble beaucoup à la carotte r o u g e .
Poison violent.
Carotte, n. f.
Mensonge. E x . Pousser une carotte.
Carotter, v . a.
Voler, obtenir'de l'argent sous de f a u x prétextes.
Carouge commandeur, n. m . — E t o u r n e a u à ailes r o u g e s .
Carpe de France, n. f.
Cette carpe est nommée par les botanistes maxostôme doré,
cousin germain de la carpe.
Carpiche, n. f.
Culbute. E x . Il a pris une carpiche en descendant l'escalier
de la petite rue Champlain, il a failli s'assommer.
Carrage, n. m .
Enjeu. E x . L e carrage est défendu à ce jeu-là.
Carré, u. m.
Place publique. E x . L e carré Nigtr, à Montréal. E n Nor-
mandie on Ait'carreau, d'où l'expression jeter sur le car-,
rcau.
Carreau, n. m .
— Imposte, partie fixe ou non qui surmonte la partie mobile
d'une porte, d'une croisée.
— Soupirail. E x . L e s rats entrent par le carreau d e la cave.
— Carré, morceau carré. E x . U n carreau de lard.
Carreautage, n. m.
Action de diviser une étoffe par c a r r e a u x .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 123

Carreauté, a d j .
Divisé en petits carreaux. E x . A v e z - v o u s d e l'indienne
carreautêe noir e t blanc ?
Carrette, n . f-
C a d r e de bois s u r lequel les p ê c h e u r s e n r o u l e n t les l i g n e s
destinées à tirer d e l'eau le poisson a p r è s l ' a v o i r h a r p o n n é .
Carrer (se), v . p r o n .
Mettre un enjeu, a u jeu d e cartes, au b r e l a n .
Carriole, n- f-
Traîneau d'hiver. E x . A t t è l e l a g r i s e à l a carriole; n'oublie
p a s la p e a u d e carriole.
Carriolée, n . f.
— U n e carriole remplie d e voyageurs,
— L ' e n s e m b l e d e s personnes q u e c o n t i e n t u n e carriole.
* Carte complimentaire, n . f . — C a r t e d e f a v e u r . ( A n g l . )
* Carte-poste, n . f . — C a r t e p o s t a l e . (Angl.)
Cartes (tirer aux), l o c . — T i r e r l e s c a r t e s .
Carteron, n . m . — C a r t o n . E x . U n e b o î t e e n carteron.
Casarner, v . a . — C a s e r n e r .
Caserner, (se) v . p r .
Se renfermer chez soi. E x . Q u a n d v i e n t l'hiver, j ' a i tou-
j o u r s e n v i e d e m e caserner.
Casernier, n . e t a d j . — C a s a n i e r , q u i a i m e à r e s t e r chez s o i .
* Cash, cache, ( m . a . )
— C o m p t a n t . E x . M o i , j e p a y e cash.
— C a i s s i e r . E x . J ' a i affaire a u cash.
Casque, n . m .
— Gros casque, h o m m e i m p o r t a n t .
•— Arranger le casque à quelqu'un, le m o r i g é n e r .
— Avoir du casque, a v o i r d u t o u p e t .
— Lever le casque à quelqu 'un, l u i d i r e s e s v é r i t é s .
— Se faire serrer le casque, s e f a i r e t a p e r .
— En avoir plein son casque, ê t r e r e n d u a u b o u t d e s a p a -
tience.
— Cela va lui prendre le casque, cela v a l e f o r c e r s é r i e u s e -
ment.
— M a u v a i s p l a i s a n t . E x . T ' e s p a s f o u , l e casque !
I2 I,B PARLER POPULAIRE
4

Casquette, n. f. —Ronce odorante. Voir Calotte.


Cassable, adj.
Qui peut être cassé. V Académie ne reconnaît pas ce mot.
Cassage, n. m.
Ne se dit que des minerais. Ici, nous étendons ce mot à
toute action de casser, verre, porcelaine, etc.
Casse, n. m.
Casque. Ex. Prends ton casse et va-t-en. V. Casque.
Casseau, n. m. — V. Cassot.
Casse-glace, n. m.—Brise-glace.
Casse-poitrine, n. m. — Boisson forte.
Casser, v. a.
— Fendre. Ex. Cours me casser un peu de bois pour allu-
mer le poêle.
— Renverser. Ex. J'ai tiré au poignet avec Arthur, et je
l'ai cassé.
— Avoir du succès à lotit casser, beaucoup de succès.
— Se casser le nez sur la porte, se voir refuser la porte.
— Casser sa pipe, rater son affaire.
Casserille, n. m. — Quadrille.
Casserole, n. f.
Cendrier. Ex. Marie, vide donc la casserole du poêle.
Casserolée, n. f. —Le contenu d'une casserole.
Cassette, n. f.
Boîte de merceries à l'usage des colporteurs, des marchands
ambulants. Ex. Tiens, tu sais bien que monsieur Darnour,
si riche aujourd'hui, a commencé par porter la cassette.
Cassis, n. m.
Cassis, Gadelle noire. Ex. De la gelée de cassis.
Cassot, n. m.
— Estomac. Ex. Avoir le cassot plein.
— Boîte en écorce de bouleau, dont se servent les fabricants
de sucre d'érable pour mettre la tire. Ou l'utilise, en
outre, pour la cueillette des petits fruits, des fraises, des
framboises, etc. En France, le cassot est une caisse à
compartiments où l'on trie les chiffons pour la fabrication
du papier.
CBS CANADIENS-FRANÇAIS "5

— Soulever le cassol, morigéner.


Castille, n. m.
— Savon de Castille, savon importé de France.
— Hache de castille, hache d'acier. De l'anglais cast steel.
Castonade, n. f.
Cassonade. Ménage, dans ses observations sur la langue
française, dit : « Le grand usage est castonade, et non pas
cassonade qui est pourtant le véritable mot. De casson,
cassonnade. Je dirais donc castonade, mais sans blesser
cassonade. »
Castor, n. m.
— Ricin. E x . Huile de castor. (Angl.) Castor OU.
— Parti politico-religieux. E x . Je te dis, moi, qu'il y a
encore des castors.
— Chapeau de haute forme. E x . T u as l'air de quelque
chose avec ton castor.
Castor errant, n. m.
Castor isolé des siens que le chasseur capture facilement.
Castor (petit), n. m.
Petit insecte qui pullule sur les mares d'eau et qui passe
pour très venimeux.
Castoriser (se), v. pron.
Avoir une tendance de plus en plus prononcée vers le casto-
risme.
Castorisme, n. ni.
Parti des castors, qui a pris naissance en 1886, et dont le
programme consistait dans l'application des principes
ultramontains dans la vie publique comme dans la vie
privée.
* Cast steel, castile, (m. a.)
Acier fondu. E x . Une faux en cast steel.
Casuel, adj.
— Volage. E x . Cette personne est pas mal casuelle. (De
Gaspé, Mémoires').
— Fragile. E x . Cette verrerie est casuelle.
, — Délicat, faible. E x . Ma femme n'a pas grand santé,
elle est casuelle.
126 X.E P A R L E R P O P U L A I R E

C a t a l o g n e , n . f.
— C r ê p e a u lard. ( T a c h é , For. et Voy.). E x . Marie, huche
t o n p è r e pour venir manger des catalogues.
— L i s i è r e de tapis fabriqué avec des bandes étroites de laine
o u de coton au moyen d'une machine dite métier.
O u d i n dit qu'il y avait jadis des couvertures de laine
b l a n c h e qui portaient ce nom, parce qu'elles venaient de
Catalogne.
C a t a p l a m m e , n. m . — C a t a p l a s m e .
Cataplasse, u . m . — C a t a p l a s m e .
C a t a p l e u m e , n. m.
C a t a p l a s m e . L,e v e r b e caiaplamer existait jadis et signifiait
f a i r e u n cataplasme.
C a t a p l u m e , n. m. — Cataplasme.
Catchime, n. m.—Catéchisme.
C a t e a u , cataut, n. f.
C a t h e r i n e . E x . Joséphine est habillée comme Cateau, c'est-
à - d i r e sans g o û t , quoique avec beaucoup de fanfreluches.
N o u s disons également : Elle est amanchêecomme Cateau.
C a t é c h i m e , u . m. — Catéchisme.
Catéchisse, n. m. — Catéchisme.
C a t é r e u x , a d j . — H o m m e d'humeur inégale.
C a t e r r e , n . m.—Catarrhe. E x . Je crois que j ' a i le caterre,
Catherine-serrée, n . f.
F e m m e à l ' é t r o i t d a n s ses vêtements. E x . Regarde Cathe-
rine-serrée qui passe.
C a t h e r i n e t t e , n. f. — Mûrette ou ronce d u Canada.
Catholique, adj.
H o n n ê t e , respectable. E x . Ce n ' e s t p a s catholique ce que
t u v i e n s d e faire.
C a t i c h e , n . f-
D o i g t d e g a n t ou simplement u n linge qui enveloppe un
d o i g t malade. Diminutif de Cataut.
C a t i c h e t t e , n . f. — V . Mainette.
Catichonner, v. a.
H a b i l l e r s a n s g o û t . E x . Cette m è r e catichonne ses enfants,
e s t - e l l e ridicule ?
DES CANADIENS-FRANÇAIS 127

Catichonner (se), v. pron.


S'habiller sans goût. E x . Une fille qui passe son temps à
se catichonncr.
Catin, n. f.
— Poupée. E x . Monsieur, avez-vous des cahns a vendre ?
— Sans doute. Passez par ici, la femme a u x câlins ? Dimi-
nutif de Catherine.
— Doigtier, fourreau eu forme de doigt de gant, dont on
recouvre un doigt malade.
Catiner, v. 3 .
Jouer à k. poupée, fabriquer des poupées avec du vieux
linge.
Catinette, n. m.
Petit garçon efféminé qui se plaît à catiner.
Catineux, n. et adj.
Petit garçon qui joue à la poupée avec ses sœurs.
Catsup, catsmpe, (m. a.)
Sauce de champignons, de tomates, etc.
Caucus, n. m.
Réunion intime des partisans d'un groupe de politiciens.
(Américanisme.)
Cause (à), oc. conj.
Pourquoi. E x . T u me refuses d'aller là-bas, dis donc, à
cause f
Cause que (;ï), loc. conj.
Parce que E x . J ' a i fait cela à cause que j ' a i voulu.
Cause que (d'à), loc. conj.
Pourquoi. E x . D'à cause que tu m'en v e u x ?
Causer, v. 11.
Causer à quelqu'un, causer avec quelqu'un. E x . Nous lui
causerons de notre affaire.
Causette, n f.
Courte conversation. E x . Entre donc, l'ami, nous allons
faire un bout de causette.
Caustique, ï. m.
Carbonate de potasse, et en général toute substance causti-
que. ï | x . Vous allez laver le plancher avec du caustique.
128 I.E PARI/flR POPULAIRE

Caution, n. m.
C a u t i o n , n. f. E x . Prête-moi donc cent piastres, j ' a i un
b o n caution à te donner.
* Cauxer, v . a. ( A n g l . )
Cajoler, enjôler. D e l'anglais to coax, amadouer.
Cavalier, n. m .
A m o u r e u x qui fait l a cour à une j e u n e fille. E x . E n voilà
u n e q u i n ' e s t pas chanceuse, elle a déjà eu trois cavaliers,
et elle n e se marie pas plus vite que les autres.
Cavée, n. f.
C r e u x , fosse, vallée. O n dit encore cavée en Normandie
p o u r signifier une fosse.
Cav'reau, n . m .
— C a v e a u . On employait autrefois les mots cavearot et
cavereau.
— C a v e à légumes.
— C h a p e l l e funéraire érigée dans u n cimetière.
Cayen, ne, n. e t a d j .
Acadien. E x . L e s Cayens de la Gaspésie.
Cazagot, n . m .
Boite e n é c o r c e où les femmes des s a u v a g e s déposent leur
petit e n f a n t pour l e transporter sur l e u r dos a u cours de
leurs p é r é g r i n a t i o n s .
Cèdre blanc, n. m. — T h u y a d'Occident.
Cèdre rouge, n. m. — Genévrier de V i r g i n i e .
Cédrière, n. f.
F o r ê t d e c è d r e s . E x . N o u s allons couper du balaitte dans
la cédrière.
Ceinture fléchée, n. m .
C e i n t u r e l o n g u e et large, a u x couleurs v o y a n t e s et variées,
f a b r i q u é e autrefois par les s a u v a g e s seulement.
, Ceinture, n . f.
. Un chemin de fer de ceinture, un chemin de fer circulaire.
Ceinturer, v . a.
E n t o u r e r a v e c une corde. E x . Ceinturer une v a l i s e .
Celle (la), p r o n .
Celle. E x . C'est la celle que je connais.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 129

Cellesse (la).—Celle.
Cémiquière, n. m . — Cimetière.
Cémitière, n. m . — Cimetière.
Cendrouillonne, n. f . — S e r v a n t e malpropre.
Cenelle, n. f.
Fruit de l ' a u b é p i n e . L ' A c a d é m i e a écrit senelle, mais en
renvoyant à Cenelle qu'elle a omis de r e p r o d u i r e .
Cenellier, n. m . — A u b é p i n e .
Cenille, n. f. — C h e n i l l e .
Cent, ccnn't, n. f., ( m . a.)
Centin. E x . Je n ' a i pas la cent, j e n'ai p a s c'ie cent.
Centin, n. m.
Traduction de l ' a n g l a i s cent, centième partie d e la piastre.
Centume, n. m. — C e n t u p l e . ( B . P . F . )
Cerceau, n. m.
Petit berceau de fer et d'osier en forme d e tonnelle qui em-
pêche les draps de lit de t o u c h e r à u n m e m b r e malade.
Cercle, n. m.
Cerne. E x . E s - t u malade, t u as u n g r a n d cercle autour des
y e u x . A s - t u v u le cercle q u ' i l y a a u t o u r d e l a lune ?
Cercle de quart, n. m . — Cercle de baril, de t o n n e a u .
Cérémonie (être de), loc.
A g i r en qualité d e parrain e t de marraine d a n s u n baptême.
E x . Pierre e t sa femme sont de cérémonie c h e z les Beaufils.
Cérimonie, n. f.
Cérémonie. E x . P a s de cérimonie, M o n s i e u r , entrez.
Cérimonieux, a d j . — C é r é m o n i e u x .
Cérimonitieux, euse, a d j .
Très cérémonieux.
Cerise, n. f.
Verre de v i n . E x . E n t r o n s c h e z B o i s d o n , n o u s allons
prendre une cerise.
Cerise à grappes, n . f. — Cerise de V i r g i n i e .
Cerise à grappier, n . f. — C e r i s i e r à g r a p p e s .
Cerise de France, n . f. — Cerise.
Cerner, v. a.
Culotter. E x . T a pipe est b i e n cernée.
9
13° ! , « PARIER POPULAIRE

Certifida, n. m .
A s s a f œ t i d a , résine antispasmodique et d ' u n e odeur fétide
e m p l o y é e par les chasseurs comme appât.
Ceule, p r o n . — Celle.
Çeuses (les), pron.
C e u x . U x . Les ceuses qui sont pour, levez l a m a i n .
Chacoter, v . a.
— F a t i g u e r l'esprit, donner à réfléchir. E x . C e t t e affaire
me chacote gros.
— R é p r i m a n d e r vertement.
Chacun (un). — Chacun. E x . Qu'un chacun donne son opi-
nion l ' u n après l'autre.
Chadron, n . m .
— Chaudron.
— Echarde.
Chadronnée, n. f. — Chaudronnée.
Chadrontiet, n. m. — Chardonneret.
Chagriner, (se) v. pron.
S'assombrir. E x . Il fera mauvais tantôt, l e temps se cha~
grine.
Chaîner, v . n.
S ' e u f u i r rapidement. E x . N o u s a v o n s été poursuivis par
des v o l e u r s , et nous avons pris la fuite, j e t'assure que ça
chaînait.
Chair,de cuir, n. f.
Partie m o l l e d'un cuir tanné. E m p l o y é e journellement
pour a r r ê t e r les hémorrhagies e x t e r n e s .
Chaise, n . f.
— C h a i r e . E x . M . le curé est monté dans sa chaise.
— Etre assis entre deux chaises, expression q u i définit bien
l a p o s i t i o n d'un homme qui, pour avoir couru d e u x lièvres
à l a f o i s , n'en a saisi aucun.
Chaland, n . m . — Embarcation à fond plat.
Chalin, n . m . — E c l a i r d e chaleur.
E n N o r m a n d i e , câliner veut dire faire des éclairs de chaleur.
C o t g r a v e définit chaline un tonnerre peu b r u y a n t au com-
m e n c e m e n t du jour.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Chalit, n. m. — Bois de lit.


Challe, n. f. — Semonce. (Cl.)
Challer, v. a. — Semoncer, réprimander.
Chaloir, v. imp.
Se soucier. E x . Il m ' e n chaut.
a
Chaloupée, n- f- — I< charge d ' u n e chaloupe.
Chaloupier.— Qui conduit une chaloupe.
Chamborder, v. a.
Border, entourer. E x . J ' a i fait chamborder m o n h a n g a r .
Chamaillerie, n. f.
Querelle, dispute, bataille.
Chambrai, n. m .
Cambrai, toile d e lin, blanche, fine, qu'on f a b r i q u a i t à C a m -
brai.
Chambranler, v. n.
Chanceler, aller d ' u n chambranle à l ' a u t r e . E x . Pierre
n'est pas ferme sur ses pieds, il chambranle.
— Branler, osciller. E x . U n meuble qui chambranle q u a n d
on le remue.
Chambre, n. f.
— Salon. E x . Passez, Monsieur, dans la chambre, dans l a
grande chambre.
— Avoir des chambres à louer, ê t r e u n peu fou.
Chambre (grande), n . f. — S a l o n .
Chambré, a d j .
Lamelle. E x . L,a glace est chambrée. (B. P . F . )
Champlure, n . f.
Chantepleure, robinet quelconque.
Chançard, a d j .
Chanceux, h o m m e que la chance poursuit.
Chance, n. f.
Billet de loterie. E x . Moi, j ' a i six chances, j ' a i acheté s i x
billets.
— Coup de chance. V. Coup de chance.
Chancre, n. m .
— Cancer. E x . U n chancre à la bouché.
— Manger comme un chancre, beaucoup.
132 LE PARLER POPULAIRE

L / o n disait autrefois boire en chancre, boire avec excès.


(Du Tillet, Hist. de la fête des Foux.)
Chancreux, euse, adj.
Cancéreux. E x . U n e plaie chancreuse.
Chandelle, n. f.
— Avoir des chandelles au nez, avoir le nez m o r v e u x .
— Ne pas manger de chandelles, se tirer du g r a n d .
E x . C'est u n gas q u i n e mange pas de chandelles, car la
mèche l'écœure.
Chandelles (en), loc.
— Glace à demi d é s a g r é g é e sous l'action de la chaleur et de
la pluie.
— Aiguilles de glace qui pendent des toits des maisons,
à la façon des stalactites. (B. P . F . )
Chandonnet, n. m. — Chardonneret.
Change, n. m . et f.
— Monnaie d'une pièce. E x . A s - t u d e la change p o u r une
piastre ?
— H a b i t s de rechange. E x . Je n ' a i p l u s de change, la
laveuse ne m'a pas a p p o r t é mon l i n g e .
— De la change, du c h a n g e .
Change pour change, loc.
Troc p o u r troc. E x . As-tu une m o n t r e échanger} si tu
v e u x , je changerai la mienne p o u r la tienne, change pour
change.
Changeaillage, n. m. — A c t i o n d ' é c h a n g e r d e m e n u s objets.
Changeailler, v. a. — E c h a n g e r de m e n u s objets.
Changer (se), v. pron.
Changer d'habits. E x . C'est a u j o u r d ' h u i dimanche, il faut
se changer.
Changeur de chevaux, n . m .
Qui fait profession d ' é c h a n g e r des c h e v a u x p o u r en tirer du
profit.
Chanquier, n. m.
— Sentier, chemin t r è s étroit formé d a n s les bois p a r un
long usage.
— Chantier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 133

Chanteau, n. m .
P a t i n . E x . L e chanteau de m a chaise b e r c e u s e est usé.
Chanter, v. a.
— Imiter le c h a n t . E x . L a p o u l e qui chante l e coq, c'est-
à-dire, qui i m i t e l e chant d u coq.
— Raconter. E x . Q u ' e s t - c e q u e t u me chantes l à ?
Chanter le coq, l o c .
C h a n t e r victoire. E x . C e s s e de chanter le coq, j e te ferai
bientôt rabattre le caquet.
Chanteux, adj.
Chanteur. E x . L o u i s est u n b e a u chanteux.
Chantier, n. m .
— E x p l o i t a t i o n d ' u n e forêt.
— Quartier o ù se r é u n i s s e n t les travailleurs.
— Cabane.
— Sentier.
Chape, n. f.
— Châle.
— S e m o n c e . E x . I l s'est fait l e v e r une chape en règle.
Chapeau, n. m .
Maladie de l a p e a u s o u s forme d e croûtes q u i forment sur
le crâne des enfants une e s p è c e d e chapeau.
Chapeau (passer le), loc.
F a i r e une c o l l e c t e .
Chapelain, n. m .
A u m ô n i e r . E x . M . le Chapelain des U r s u l i n e s .
Chap'lette, n. m .
— Rouler le chap'lette, dire s o u v e n t son c h a p e l e t .
— Claque-chap^ lette. V . ce m o t .
Chapelinat. n. m . — A u m ô n e r i e .
Chapelouse, n . f.
Chenille. E n N o r m a n d i e , carpeleuse et charpeleuse se disent.
D u latin caro pilosa, chair v e l u e .
Chapitre, n. m .
R é p r i m a n d e . E x . A s - t u e u ton chapitre d e Monsieur S t -
C y r , moi, j ' a i e u le m i e n . Corneille s'est servi de ce mot.
Chapitrer est français.
LE PARLER POPULAIRE
134

Chaque, pron.
C h a c u n . E x . Mes o u v r i e r s rne c o û t e n t d e u x piastres par
j o u r chaque.
Chaqueune, pron. f. — C h a c u n e .
Char, n. f. — C h a r , n. m . E x . V o y a g e r d a n s les petites chars.
Char, n. m.
— V o i t u r e d e chemins de fer, w a g o n . E x . E m b a r q u o n s
dans les chars, c h a n g e o n s de char, les chars s o n t c h a r g é s
de monde.
— G a r e . E x . Y a-t-il loin d'ici a u x chars ?
— T r a i n de chemin de fer. E x . T u connais B a p t i s t e , ce
n'est pas les chars. Dis-moi donc l ' h e u r e des chars. J'ai
un c h e v a l qui m a r c h e comme les chars. J'ai e u le mal-
heur de manquer les chars.
— T r a m w a y , char urbain. E x . L e s petits chars marchent-
ils aujourd'hui ?
— Char à bagage, fourgon.
— Char à bois, à charbon.
Char de Vénus, n. m. — A c o n i t N a p e l .
Charabia, n. m .
L a n g a g e bizarre, incompréhensible. C e mot, d ' a p r è s Pier-
quin de G e m b l o u x , v i e n t de S k a r a k i a d , v i l l e d ' A r a -
bie, q u i donna son nom a u x Sarrasins. Charabia se trouve
dans Larousse.
Charader, v . a.
Houspiller. ( D e G a s p é , Mémoires, p . 1 3 5 . )
Charbon, n. m .
— Huile de charbon, pétrole.
— Cha?-bon dur, houille maigre.
—; Charbon mou, houille grasse.
Charbonner, v . a.
C h a r g e r un bateau o u un steamer d e charbon.
Charbonnier, n. m.
Bâtiment qui transporte d u charbon. L a r o u s s e c i t e char-
bonnier dans ce sens.
Charcher, v a.
Chercher. E x . Q u ' e s t - c e que tu charches là ?
DES CANADIENS-FRANÇAIS 135

Chardonnet, n. m.
Chardonneret. M a r o t dit chardonnet,
Chardron, n. m.
— Chardon.
— Un chardron sec, une personne inabordable.
Chardronnet, n. m . — C h a r d o n n e r e t .
* Charge, n. f. ( A n g l . )
— Plaidoirie, réquisitoire.
— A l l o c u t i o n d u j u g e faisant le résumé de la cause.
— Etre à charge, être fatigant, e n n u y e u x .
Chargeage, n. m. — A c t i o n d é c h a r g e r .
Chargeant, a d j . part.
Indigeste. E x . J ' a i dîné a u dinde, c'est chargeant.
* Charger, v . a. ( A n g l . )
— Haranguer, charger le j u r y .
— Mettre a u d é b i t . E x . V o u s chargerez ces d e u x piastres
sur mon c o m p t e .
— R é c l a m e r . E x . I l m ' a chargé d i x piastres p o u r sa consulte.
Chargner, n, r n . — C h a r n i e r . V . ce mot.
Chargnère, n. f. — C h a r n i è r e .
Chariot, n. m .
— Corbillard.
— E s p è c e d e b a n q u e t t e roulante, à siège troué au centre,
et où l ' o n p l a c e debout u n enfant q u i est à la veille de
marcher.
Charlander, v .
— Ennuyer, importuner.
— Chalander se disait j a d i s .
Charlanter.— V . C h a r l a n d e r .
Charlimagne.
Corruption de Charly man, e x p r e s s i o n usitée pour e n g a g e r
les t r a v a i l l e u r s q u i d o i v e n t soulever u n lourd fardeau, à
faire un effort c o m m u n . E x . C h a n t e le charlimagne, ça
v a nous aider à m i e u x t r a v a i l l e r .
Chariot, n m .
D i a b l e . E x . M e s mitaines sont raides c o m m e la p e a u d u
v i e u x Chariot.
136 LE PARLER POPULAIRE

Charme, n . m .
Se porter comme un charme, avoir u n e excellente s a n t é .
C ' e s t charbe qui se disait jadis. E x . C e t enfant profite
c o m m e u n e charbe ( c h a n v r e ) .
Charme (d'un), loc.
D ' u n t o u r de main. E x . C'a été fait d'un charme.
Charnel, a d j . — C o n s a n g u i n . E x . C ' e s t m o n oncle charnel.
Charnier, n. m.
— C a v e a u où l'on dépose les membres d ' u n e m ê m e famille.
— C a v e a u à l'usage de tous les défunts durant l ' h i v e r . A u
printemps, les cercueils sont enterrés dans des fosses par-
ticulières.
Charnière, n . f . — C h a r n i e r .
Charpenquer, n. m. — Charpentier.
Charpente à tête.
Charpente grossière faite de bois rond ajusté a u x a n g l e s au
m o y e n d e simples entailles.
Charpiller, v . a. — Mettre en charpie, écharpiller.
Charpir, v . a.
Déchirer, mettre en charpie. E x . Charpir de la l a i n e .
Chârrequer, n. m. — Charretier.
Charretier, n . m.
— C o c h e r d e place.
— C o n d u c t e u r de voiture en général, quelle q u e soit sa
forme o u son usage.
Chârriable, a d j .
Qui peut être charrié.
V i e u x t e r m e de coutumes, qui désignait u n vassal o b l i g é
envers s o n seigneur à fournir des charrois.
Chârriement, n. m.
— C o u r s e . E x . E c o u t e , mon enfant, cesse tes chârriements
d'un q u a i à l'autre.
— A c t i o n d e transporter des objets, d e s meubles, d ' u n l i e u
à un a u t r e .
Charrier, v . a.
— Aller t r è s vite. E x . C e charretier a u n bon c h e v a l , il
nous a charriés j u s q u ' à l u r e t t e en p a s g r a n d temps.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 137

— R e n v o y e r , chasser. E x . V e u x - t u t ' e n aller, misérable?


charrie d ' i c i .
— A v o i r la diarrhée. E x . J'ai pris une bonne dose d ' h u i l e
de castor, c'est ç a qui fait charrier.
Chârrieux, n m .
Charrieur, q u i charrie. E x . U n chârrieux d'eau, de bois,
de neige, d e charbon.
Chârroyable, Q u i p e u t être charrié.
Chârroyage, n. m . — C h a r r i a g e , action de charrier.
Charrue, n. f.
— Chasse-neige.
— Mot souvent e m p l o y é p o u r exprimer le mécontentement.
E x . Charrue! il y a toujours quelque mauvaise affaire
qui me tombe ainsi sur les bras.
* Chartine, n. f. — D e l ' a n g l a i s shirting. V . ce mot.
Chasse-femme, n. f . — S a g e - f e m m e .
Chasse-galerie, n. f. — D a n s e des sorciers o u des loups-garous,
Chasse=paillasse !
Expression dont on se sert pour faire le v i d e autour de soi,
quand on est entouré d'enfants.
* Chasse=panne, n. f. — M a r m i t e . De l ' a n g l a i s saucepan.
Chassepareiile, n. f.
Salsepareille. E x . D u b a u m e de chassepareiile qui g u é r i t
de tous m a u x .
* Chasse-pinte, ( A n g l . ) — C a s s e r o l e . D e l ' a n g l a i s saucepan.
Châssis, n. m.
— Fenêtre. E e châssis est l'encadrement, la fenêtre est
l'ouverture pratiquée dans le mur p o u r obtenir de l ' a i r et
de la l u m i è r e .
— Encadrement de la charpente d'une maison, d'un h a n g a r .
Châssis doubles, n. m. p l .
— Fenêtre extérieure, p o u r garantir d u froid en hiver.
— Verres de besicles, et par extension, les besicles elles-
mêmes.
Chat, n. m .
— A m i particulier.
— Pas un chat, personne. E x . Y avait-il beaucoup d e
138 LE PARI.BR POPULAIRE

inonde an comité d'archéologie? A l ' e x c e p t i o n d u prési-


dent et d u secrétaire, il n ' y avait pas un chat.
— Avoir un chat dans la gorge, être e n r h u m é .
Chat (capot de), n. m.
Pardessus en fourrures, confectionné avec d e s p e a u x de c h a t
sauvage.
Chat sauvage, n. m. — R a t o n ordinaire.
Château, n . m.
— Chanteau. E x . C'est à mon tour d e d o n n e r le p a i n b é n i t ,
j ' a i eu le château a u j o u r d ' h u i !
— Patin de chaise berceuse.
Château branlant, n. m .
Meuble qui menace ruine. E x . Mets-moi la hache d a n s ce
château branlant, c'est bon p o u r le poêle.
Chatonner, v. n.
Marcher en titubant. E x . Cet enfant c o m m e n c e à chaton-
ner, c'est-à-dire marche comme les p e t i t s c h a t s . Expres-
sion d'origine acadienne. Vieux m o t français c i t é par
Godefroy, qui signifiait, en son t e m p s , marcher à quatre
pattes comme un chat.
Chatouilleux, adj.
— Délicat. E x . Je m'aperçois que l o r s q u ' o n parle d ' a r g e n t ,
tu deviens chatouilleux.
— Douteux. E x . Cette affaire est chatouilleuse.
Chatte (jouer à la), loc.
Jouer a u chat. V. Attaque, Tague, Taque.
Chatter, v. n.
— Aimer un confrère p l u s q u e tous les a u t r e s . Expression
de collégien.
Dans le principe, chatter signifiait être friand, manger des
friandises.
— Draguer avec une chatte ou grappin d é p o u r v u d'oreilles.
Chatterie, n . f.
Action de chatter. E x . ] > s chatteries s o n t e x p r e s s é m e n t
défendues dans tous n o s collèges.
Chatteux, n. et adj.
Qui chatte. E x . Je vous avertis dès le c o m m e n c e m e n t de
DES CANADIENS-FRANÇAIS 139

l'année q u e les chatteux passeront mal l e u r t e m p s avec m o i .


Chaud, adj.
— A moitié i v r e . E x . T i e n s , v o i l à José q u i est encore chaud.
— C h e r . V o i l à u n e affaire q u i m ' a coûté chaud.
— V i v e m e n t d i s c u t é . E x . E e s élections provinciales auront
lieu bientôt, j e crois q u e c e sera chaud.
— Avoir chaud, a v o i r honte.
— N'être pas chaud pour quelqu'un ou quelque chose, n ' ê t r e
pas très b i e n disposé. E x . Je ne suis p a s c^awrfpour l e s
nationalistes.
Chaudet, n. f. — B u v e u r u n p e u lancé.
Chaudière, n. f.
— Piano q u i n ' e s t pas d ' a c c o r d .
— S e a u . E x . V a c h e r c h e r l a chaudière a u x e a u x sales.
— V a s e de fer-blanc qui sert à puiser l ' e a u , à traire l e s
vaches.
Chaudiérée, n. f. — L e c o n t e n u d ' u n e chaudière.
Chaudronne, r±. f.
C h a u d r o n . E x . U n e chaudronne pour faire la soupe.
Chaudronnée, a. f. — C o n t e n u d ' u n e chaudronne.
Chaufaud, n. m .
— Plate-forme en forme d ' é c h a f a u d construite s u r le rivage
de manière à favoriser l ' a c c è s des v a i s s e a u x qui y dépo-
sent le poisson q u e les p ê c h e u r s viennent de prendre.
— C h e v a l e t s o ù l ' o n dépose l e poisson.
Chaurfaille, n . f. — A c t i o n d e chauffer très fort.
Chauffé, n. m .
Echauffé, o d e u r c a u s é e par u n e forte chaleur o u par la fer-
mentation. E x . Ç a s e n t le chauffé.
Chauffer, v. a. et n .
— Fermenter. E x . E a b i è r e commence à chauffer dans le
baril.
— Porter u n h a u t de forme. E x . T u as mis ton t u y a u , t u
chauffes.
— Chauffer le four, boire des liqueurs fortes.
Chaufferie, n. f.
C h a m b r e o ù l ' o n fait sécher le bois, le l i n g e .
140 LE PARLER POPULAIRE

Chauguère, n . f. — Chaudière.
Chauguèrée, n . f. — Chaudiérée. V . ce mot.
Chaumer, v . a.
C h a u l e r , p a s s e r le blé à l'eau de c h a u x a v a n t de l e semer ;
a i n s i d e s œ u f s . E x . Des œufs chaumes.
Chausser, v . a.
C o n v e n i r . E x . Si cela te chausse, tant pis.
Chaussette, n. f. — Pantoufle.
Chausson, n . m .
— I n d i v i d u mal dégrossi, rustre, i g n o r a n t et mal v ê t u .
— C h a u s s e t t e , demi-bas.
Chautasse, a d j . — A moitié ivre. ( B . P . F . )
Chavirer, v. n . — Devenir fou, avoir l a t ê t e à l ' e n v e r s .
Chayère, n . f . — C h a u d i è r e .
Chayérée, n . f. — Chaudiérée. V . ce mot.
C h \ pr. p e r s . — J e . E x . Ch 'suis e m b ê t é .
* Cheap, tshîpe, (m. a.)
A b o n m a r c h é . E x . C'est réellement cheap.
Chèche, a d j .
Sec, s è c h e . E x . D u linge cheche, une serviette chèche.
Chécher, v . a. et n.
Sécher. E x . L a lessive cheche, commence à chécher.
Chècheresse, n. f. — Sécheresse.
* Check, ( m . a.)
— C h è q u e . E x . U n check de cent piastres.
— B u l l e t i n d e bagage. E x . Mettre un check sur une valise.
— E t i q u e t t e . E x . Poser un check sur une pièce d e flanelle.
— F a u s s e rêne. E x . U n check de bride.
— F r e i n . E x . Mettre un check à q u e l q u ' u n .
— P o u s s é e ( a u jeu). Donner un check à quelqu' un. ( B . P . F.)
* Cheekage, (Angl.)
— E t i q u e t a g e . E x . Cheekage d'un s t o c k de marchandises.
— E n r ê n e m e n t . E x . Cheekage d ' u n c h e v a l .
— P o i n t a g e . E x . L e cheekage d ' u n c o m p t e .
— E n r e g i s t r e m e n t . E x . L e cheekage du b a g a g e .
— P o u s s é e (au jeu). E x . L e cheekage n ' e s t pas permis.—
(B. P. F.)
DES CANADIENS-FRANÇAIS 141

* Checker, ( A n g l . )
— Enregistrer. E x . Checker d u b a g a g e .
—Etiqueter. E x . Checker des marchandises.
—Enrêner. E x . Checker u n c h e v a l .
— Arrêter, calmer. E x . Checker quelqu'un.
— Vérifier. E x . Checker u n compte, une facture.
— Pointer. E x . Checker u n e liste électorale.
—Surveiller. E x . Checker q u e l q u ' u n .
— Pousser de l'épaule ( a u j e u ) . — ( B . P . F . )
* Checkeur, n. m . ( A n g l . )
— Celui, qui, le jour d u scrutin, soit pour une élection
municipale, soit pour u n e élection politique, se tient à la
porte du bureau de votation (poil), pour pointer les noms
des électeurs.
— Vérificateur. E x . U n checkeur de listes électorales.
— Facteur de gare. E x . U n checkeur des boîtes, valises,
arrivées en gare.
Chèfre, n. m . — C h e f .
Chèfrerie, n. f.
Fonction et p r i v i l è g e s propres a u chef d ' u n parti.
Chemin, n. m .
— Ecartement q u e l'on d o n n e a u x dents d ' u n e scie.
— Aller son petit bonhomme de chemin, faire son chemin
loyalement.
— Ne pas y aller par quatre chemins, aller droit au b u t .
— Etre dans le chemin, d a n s la misère.
Chemin couvert, n. m.
Corridor qui v a du p r e s b y t è r e ou de la sacristie à l ' é g l i s e .
Chemin (maître), n. m.
Chemin principal par o ù l ' o n transporte le bois, d u camp à
la jetée, dans nos chantiers.
Chemin de sortie.— C h e m i n qui communique au maître chemin.
Chemin du roi, n. m . — G r a n d chemin.
Chemin passant, n. m. — C h e m i n régulièrement suivi.
Chemine, n. f.
Chemin. E x . Dans la concession où j e reste, il n ' y a ni
chemin ni chemine, c'est-à-dire aucun chemin.
142 LE PARLER POPULAIRE

Chemise, n. f.
— Changer d'idées comme de chemise, c h a n g e r souvent.
— Tenir plus à sa peau qu'à sa chemise, s'occuper plutôt de
soi que des autres.
— Se promener en queue de chemise, en déshabillé.
Chemise de Notre-Dame.
C l o c h e t t e s ou liseron des haies. T e r m e de botanique.
Chemise fine, n. f. — Chemise de toile ou d e coton blanc.
Chenail, n. m.
C h e n a l . E x . L e chenail du nord, d u sud du fleuve Saint-
Laurent.
Chenâiller, v. n. — Courir, aller à la course.
Chenille à poil,—V. Chapelouse.
Chenilles, n. f. pl.
M a l a d i e des vaches et des moutons. L a r v e s d'œstrides.
Cheniquer, v. n.
A b a n d o n n e r la partie par couardise. E x . V e u x - t u faire
encore une partie ? T u refuses, tu cheniques.
O n a beaucoup ergoté sur l'origine d e ce mot. Est-elle
française, anglaise, allemande, hollandaise ? E n hollan-
dais, slikken, qui se rapproche un peu de cheniquer, veut
d i r e avaler, et slock, goutte. D ' a p r è s T i m m e r m a n s , slikken
signifierait sangloter, éprouver un spasme de la glotte. En
allemand schnilt v e u t dire coupure, rognure, schnitzer,
sculpteur, et aussi faute, bévue. L ' é t y m o l o g i e anglaise
semble plus rationnelle. Est-elle acceptable ? M . Rivard,
d a n s le Bulletin du Parler Français ( v o l . i , p . 146), nous
apporte le mot sneak, prononcé shneak par u n e certaine
classe d'Irlandais. Comme ce verbe signifie s'en aller
furtivement, se sauver, il donne assez bien l ' i d é e de cheni-
quer. Mais on est en droit de se demander comment il se
fait que le mot cheniqueux se rencontre aussi en France,
p u i s q u e Timmermans le cite pour désigner u n buveur
d'alcool. Il faudrait donc s'en tenir à l'origine hollan-
daise.
Cheniqueux, n. m.
Q u i chenique. E n France, ce mot signifie b u v e u r d'alcool.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 143

Chenu, adj.
— Mesquin, de qualité inférieure. E x . C ' e s t chenu, cela
ne vaut p a s g r a n d chose, c'est mesquin.
E n France, chenu signifie tout le contraire, c ' e s t bon comme
le chêne, d ' o ù chenu semble venir.
* Chéper. (A.ngl.)
De l'anglais shape. E x . C e t individu e s t curieusement
chêpê, a u n e drôle de mine.
Obérant, a d j .
Qui e x i g e u n p r i x trop é l e v é de ses c l i e n t s . E x . M . le
docteur, v o u s êtes un peu chêrant.
Cherche. — C ' e s t à savoir.
Cherchement, n . m .
A c t i o n de c h e r c h e r .
Chercher, v. a.
— Chercher des midis à quatorze heures, a v o i r d e s idées i m -
possibles.
— Chercher le soleil en plein midi, chercher u n e chose q u i
crève les y e u x .
Chère-épice, n. m .
Marchand q u i v e n d cher sa marchandise. L e s épices v e n a n t
de l'Inde coûtaient très cher autrefois.
Chérité, n. f.
Charité. E x . V o u l e z - v o u s m e faire la chérité p o u r l ' a m o u r
du Bon-Dieu.
Chesse, a d j . — S e c , sèche.
Chesser, v. a. e t n . — Sécher.
Chesseresse, n. f.
Sécheresse. E x . S i la chesseresse continue, t o u t v a périr.
Chétiment, a d v . — Chétivement.
Chétit, adj.
— Chétif. E x . U n enfant chétit.
— Méchant. E x . Sors d'ici, mon petit chétit.
— Malade. E x . L ' e n f a n t de Baptiste e s t m a l a d e depuis
huit jours, il est bien chétit.
Chétiver, v . n . — Devenir chétif, maladif.
* Cheurtine, n . f . — D e l ' a n g l a i s shirting: V . c e mot.
144 L E P A R L E R POPULAIRE

Cheux, prép.
— Chez. E x . Cheux nous.
— L,a famille, la paroisse, la maison. Les gens de cheux
nous sont tous faits comme ça. Cheux nous sont tous
malades de la grippe.
Cheval, n. in.
— Séchoir.
— Avoir une faim de cheval, une grosse faim.
— Cheval à cheval, manche à manche.
— Cheval fendu, cheval fondu, jeu où un certain nombre
d'enfants étant courbés à la suite des uns des autres, leurs
camarades sautent sur leur dos.
— Mes chcvals, mes chevaux. Expression acadienne.
— Mon chevau, mon cheval. Expression acadienne.
— E n Anjou, on dit aller à ch'vau, à dos d'chevau.
Cheval d'ivrogne, n. m.
Cheval endurant et de piteuse mine.
Cheval de quêteux, n. m.
Mauvaise rosse, qui s'arrête de lui-même à toutes lesportes.
Chevalement, adv.
Terriblement. E x . Il faut être chevalement bête pour avoir
battu cet enfant.
Chevalet, n. m. — Chèvre ou ixe.
Chevaucher, v. n.
Se croiser. E x . L,es lunes chevauchent.
Chevêche, n. f. — Chouette du Canada.
Chevelure de noyés, n. f. — Algues marines.
Cheveu, n. m.
— Spiral. E x . JCe cheveu d'une montre.
— T ê t e . E x . As-tu mal aux cheveux ? Expression qui
s'applique à un individu qui, au lendemain d'une noce, se
lève avec un gros mal de tête.
— Cela vient comme mi cheveu sur la soupe, sans à propos.
— Avoir les cheveux fâchés, embroussaillés.
* Chéver, v. a. (Angl.) — Prêter à des taux usuraires.
* Chéveur, (Angl.)
Celui qui prête à usure.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 145

Cheville, n. f.
— Individu que l'on place au milieu d ' a u t r e s pour l'obliger
à travailler.
Un trou, une cheville ; autant de trous, autant de chevilles,
avoir réponse à tout.
Cheviller, v. a.
Mettre. E x . Cheville-toi cela dans le coco b i e n à serre.
Chèvre, n. f.
— Chevalet p o u r supporter une cloche a v a n t qu'elle soit
placée dans u n clocher.
— Chevalet p o u r supporter d u l i n g e m o u i l l é .
Chevreuil, n. m . — C e r f d ' A m é r i q u e .
Chevreux, n. m. — C h e v r e u i l .
Cheyère, n. f. — Chaudière.
Cheyérée, n. f. — L - e conteuu d ' u n e c h a u d i è r e .
Chez (par), l o c . — C h e z . E x . P a s s e - d o n c / a r chez nous.
Chez soi (un), loc.
Appartement o u domicile à soi. E x . U n p e t i t chez soi v a u t
m i e u x q u ' u n g r a n d chez les autres.
Chiâler, v. n.
Pleurnicher. E x . Cet enfant a chiàlé t o u t e la nuit. E x -
pression acadienne. V i e n t d u normand quiauler pour chiau-
ler, chiailler. U n e quiaulée, en normand, est une ribam-
belle de petits pleureurs.
Chiâleux, adj.
Enfant qui est dans l'habitude d e chiâler.
Chic, adj.
— Bien fait, remarquable, d ' u n bel effet. E x . Voilà u n
homme chic. C ' e s t chic.
Chicailler, v . a . — D é c h i q u e t e r . ( B . P . F . )
Chicailler (se), v. p r o n . — S e chicaner.
Chicaneux, n. et a d j . — C h i c a n e u r .
Chicanier, n. et a d j . — C h i c a n e u r .
Chicher, v . n . — E t r e mesquin.
Chicherie, n. f.
Mesquinerie. Ex. Cet i n d i v i d u est d'une chicherie sans
nom.
10
146 LE P A R L E R P O P U L A I R E

Chiard, n . m.
Bœuf bouilli dans de l'eau avec des p o m m e s de terre, oignons,
sel, poivre, et le moins de beurre possible. Mets très
c o n n u des collégiens et pas toujours apprécié à sa valeur.
Chiarge, n. i n . — Cierge.
Chiben, n . ni. — Topinambour. Mot usité chez les Acadiens.
Chicoter, v. a.
— Contester sur des puérilités.
— D o n n e r à songer. Ë x . Cette affaire m e chicote.
Chicoteux, a d j . — E n n u y e u x , tracassier.
Chien, n. m .
— Avoir du chien, une tournure p r o v o q u a n t e .
— Se regarder comme des chiens de faïence, comme des chiens
en porcelaine de Chine, qui se r e g a r d e n t sans bouger.
•—• Manger à son chien de soûl, beaucoup.
— Mordu d'un chien ou d'une chienne, pas de différence.
— Une faim de chien, faim canine.
-— Garder un chien de sa chienne, garder rancune.
— Un mal de chien, une grande peine.
— Etre accoutumé à faire qqch. comme un chien à aller nu-tête,
avoir u n e longue habitude.
— Avoir du chien dans le corps, avoir le courage d e faire les
cent coups.
— Etre chien, être avare.
— C'est chien, c'est contrariant.
— Son chien est mort, il est ruiné.
— // fait un temps de chien, mauvais t e m p s .
— Il fait un temps à ne pas mettre les chiens dehors, t r è s mau-
vais.
.— Tourner en jeu de chien, tourner m a l .
— En chien, beaucoup. E x . Bête en chien.
— Les chiens en lèvent la queue, c'est ridicule a u point que
m ê m e les chiens s'en aperçoivent et e x p r i m e n t leur ma-
n i è r e de voir. E t si le ridicule est poussé j u s q u ' à son
comble, on ajoute : Et ils ne la rabattront plus.
Chien de France, n. m.
Avoir le nez froid comme un chien de France, très froid.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 147

Chien de poche, n. m .
Enfant qui s'attache à ses parents et les suit partout, comme
le chien qui suit son maître sans jamais se lasser.
Chien=fou, n. m .
H o m m e enragé, fâché et d a n g e r e u x comme un chien enragé.
Chiendent, n. m.
— Froment rampant.
— Difficulté. E x . Il y a d u chiendent là-dedans.
Chienne, n. f.
— H a b i t l o n g et d ' u s a g e journalier.
— Voiture formée de planches posées sur quatre roues.
— S i è g e dans les chantiers. ( T a c h é , For. et Voy.)
•— Avoir la chienne sur le dos, être paresseux.
— Promettre un chien de sa chienne, promettre de se v e n g e r .
— Une chienne d'habitude, une m a u v a i s e h a b i t u d e .
Chiennetée, n. f . — C h i e n n é e .
Chienneter, v . n. — Chienner.
Chiette, n. f. — L i e u x d'aisances.
Chiotte, n. f. — L a t r i n e s .
Chiffon, n. m.
N o m donné à une jeune fille. E x . Mon petit chiffon.
Chigner, v . n.
— Echiner. E x . I l y en a qui ne chignent pas à l ' o u v r a g e ,
— Pleurnicher. E x . Des enfants qui chignent à tous propos.
Chigneux, adj. — Pleurnicheur.
Chignon, n. m .
— Quignon. E x . U n chignon d e pain.
— T ê t e , cerveau. E x . T â c h e d e te fourrer cela dans le
chignon.
Chignon du cou.
Derrière de la tête. E x . Je l'ai pris par le chignon du cou
et j e l'ai c o u c h é par terre.
Chimaigre, n. m . — Maigre et chétif.
Chimères, 11. f • pl. — Idées noires, chagrins, inquiétudes.
Chiper, v. a.
V o l e r avec adresse. E x . I l m ' a chipé mon canif.
Chipotée, n. f. — E n abondance, e n quantité.
148 I,E PARLER POPULAIRE

Chipoter, v . n.
S ' o c c u p e r à des riens, à des t r a v a u x de p e u d'importance.
Chipoterie, n. f.
— B a g a t e l l e s , niaiseries.
— O b j e t s confus, désordre.
Chipoteux, n. m.
C h i p o t i e r , qui travaille avec lenteur, qui chicane lorsqu'il
marchande.
Chipouterie, n. f . — V . Chipoterie.
Chipoutîs, 11. m. — C h a i r à pâté.
Chique, n. f.
— P r o p o s désagréable. E x . N o u s a v o n s passé le temps à
n o u s faire manger des chiques.
• — R é p a r t i e offensante., E x . Je lui ai e n v o y é une chique.
— M a l a d i e sur les c h e v a u x . L a r v e s d'cestrides.
— Poser sa chique, se taire.
— Cela ne vaut pas une chique, ne v a u t rien.
—• Bout de chique, petit individu.
Chiquée, n. f.
C e q u i constitue une chique. E x . A s - t u une chiquée de
t a b a c ' à me passer.
C h i q u e m e n t , adv.
A d m i r a b l e m e n t . E x . Cette robe est chiquement faite.
C h i q u e t t e , n. f.
P e t i t e chique.
C h i q u e u x , a. m .
Q u i est dans l'habitude de chiquer.
* Chire, n. f. (Augl.)
— Embardée. E x . Pierre n'est rien que bon à p r e n d r e des
clitres.
— C o u r s e de vaisseau, de voiture, d ' a n i m a l ou d'un homme
q u i glisse sur la glace ou sur un terrain humide.
— Fuite. E x . Mon voleur a eu peur, et il a pris une chire.
* Chirer, v. n. (Angl.)
— Embarder. E x . Notre vaisseau a chirê sur son ancre.
— G l i s s e r hors de sa voie.
— A l l e r vite.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 149

* Chireux, n. et adj. (Angl.)


Qui v a à droite ou à gauche, sans pouvoir marcher dans le
droit chemin.
Chitit, adj. — C h é t i f .
Chiure, n. f-
Petite tache noire produite par des e x c r é m e n t s . E x . Des
chiures de m o u c h e s .
Chlori de chaux, n. m .
Chlorure de c h a u x .
Chlorure de chaux, n. f.
Chlorure de c h a u x , n. m . E x . U n bon désinfectant, c'est
de la chlorure de chaux.
Choc, n. m.
Prise de bec. K x . N o u s avons e u un choc ensemble.
Chofa, n. m . — S o f a .
Choisi, adj.
D e bonne q u a l i t é . E x . V o i c i du beurre choisi.
Choisir, v. a.
— Choisir son monde, manifester des préférences pour certai-
nes personnes.
— Choisir à la main, trier a v e c soin. E x . Des œufs choisis
à la main.
Choléra, n. m .
Diarrhée abondante. E x . L,e docteur m ' a fait prendre un
remède qui m ' a donné le choléra.
Choléra du pays, n. m .
Choléra analogue a u choléra asiatique, avec des symptômes
beaucoup moins graves.
Chonge, n. m . — S o n g e .
Chonger, v . n. — S o n g e r .
* Chop, tshope, (m. a . ) — Côtelette.
Choquer la gueule, loc. — Offenser.
Chose, n. m.
— Personne dont le nom ne revient pas. E x . Ecoute-moi,
Chose, ne fais pas cela ?
— Un pas grand chose, un h o m m e dont on ne s'occupe g u è r e ,
— Prendre quêq 'chose, prendre u n verre de v i n .
LE PARLER POPULAIRE

Chose (rester tout), loc.


Interdit, interloqué. E x . Quand j e lui ai r a p p e l é cette
affaire d'argent, il est resté tout chose.
Chosier, n. m.
Jolie expression fort usitée autrefois, surtout d a n s l district
e

de Montréal. «Il y a bien des choses d a n s u n chosier»


pour dire qu'il y a une multitude de choses q u i e x i s t e n t
et dont on ne se doute pas. L e chosier, c'est l'universitas
rerum des Romains. L e mot est du v i e u x f r a n ç a i s , qui
signifiait arbre gui porte des choses, comme M a d a m e de la
Sablière disait du bon L a Fontaine q u ' i l était un fablier.
Chou, n. m.
— Terme d'amitié, donné aux petits enfants. E x . Mon-
chou ! viens ici, mon petit chou.
— Pomme de chou, v . ce mot.
Chouayen, n. m.
Bureaucrate, ami du gouvernement. A i n s i d é s i g n a i t - o n de
1800 à 1837 les amis du pouvoir. C e nom se t r o u v e dans
quelques chansons politiques d u temps. E n l e r e p r o d u i -
sant, les puristes modernes lui o n t substitué le m o t Chouan.
C'est à tort. Chouayen n'est pas une a l t é r a t i o n d e Chouan.
Ce nom fut donné à une partie d u f a u b o u r g S a i n t - L o u i s ,
en l'honneur du fort Chouagen ou O s w é g o , p r i s p a r les
Français sur les A n g l a i s . L e s p a u v r e s g e n s q u i l'habi-
taient alors, votaient pour le g o u v e r n e m e n t .
L e nom Chouayen ou Chouéyen est a u j o u r d ' h u i d o n n é à un-
certain nombre de cultivateurs de la J e u n e - L o r e t t e . On
les appelle encore les Canons de L o r e t t e .
Chouche, n. f. — S o u c h e .
Chouenne, 11. f . — B l a g u e , mensonge v u l g a i r e .
Chouenner, v . n. — Dire des blagues..
Chouenneux, a d j . — B l a g u e u r .
Chouette, n. f.
— A m i e . E x . Ma belle chouette.
— D i g u e d'admiration. E x . C e l a est chouette.
Chouler, v. a.
— E x c i t e r . E x . N e v a pas chouter le chien a p r è s m o i .
DÈS CANADIENS-FRANÇAIS

— Bafouer.
Chouqu'ser, v. a. — Pousser deux chiens à se battre.
Chousse, n. f. — Souche.
Choutiam, n. m. — Chou de Siam, chou-navet.
Choux gras (jeter ses), loc.
Jeter des choses qui peuvent encore être utiles. E x . Ce
n'est pas lui qui jette ses choux gras, il est trop ménager.
Chréquien, n. m.
— Chrétien.
— Marcher sur le chréquie?i, marcher à peau nue. S a
France on dit marcher sur la chrétienté, sur la chrêtiennetê.
Chrétien, n. m.
— Homme en général. E x . Il n'y a pas à.^. chrétien capable
de soulever cette pierre.
— Parler chrétien, parler français de manière à être compris.
* Christmas, n. m. krissmeuss, (m. a.)
Noël. E x . Que vas-tu me donner pour mon Christmas ?
Chuilte, n. f. — Cheville.
ChuHler, v. a. — Cheviller.
Chuinée, n. f. — Cheminée.
* Chu m, n. m. tsheume, (m. a.)
Ami, camarade. E x . Celui-ci est mon chum.
Chute de neige, n. f. —Tombée de neige.
Chuter, v. n. — Tomber, faire une chute.
Ci, adv.
Aujourd'hui. E x . N'oublie pas de venir me voir entre ci
et demain. I l y a encore un mois entre ci et Pâques.
Cîarge, n. m. — Cierge.
Cigailler, v. a.
— Rudoyer un cheval en tirant sur la rêne en tous sens.
V. Zigailler.
— Couper maladroitement un objet.
Cigailleur, adj.
— Qui cigaille.
— Qui taquine, importune.
Cigale, n. f. — Cigare.
Cigane, n. f.—Cigare.
152 L g PARLER POPULAIRE

Cigare, n. m. — C i g a r e .
Cigarette, n. m .
Cigarette, n . f. E x . V e u x - t u fumer u n cigarette ?
Cigonner, v . a .
— T a q u i n e r , scier. E x . A c h è v e de m e cigonner ?
— A t t i s e r l e feu. E x . Cigonne donc l e poêle, on g è l e .
V. Zigonner.
Cileri, n. m. — C é l e r i .
Cimiquière, ri. m . — Cimetière.
Cimitière, n. m . — C i m e t i è r e .
Cinglée, n. f.
V o l é e , c o u p s d e fouet.
Cinmiquière, n . m . — Cimetière.
Cinquante, a d j .
Une foule. E x . Il se fourre cinquante choses dans le chi-
gnon.
Cinq cents, n. m .
Diable. E x . I l fait une tempête du cinq cent. J'ai u n m a l de
dents d u cinq cent. I l a une peur de moi d u cinq cent. Il
y a d u cinq cent dans tout cela. V o i l à u n enfant qui fait
ses cinq cents volontés.
Cintième, n. e t a d j .
C i n q u i è m e . L e s v i e u x manuscrits a y a n t supprimé l a lettre q,
on a formé cintïeme comme on a fait septième, huitième.
Cintre, n. m .
A b o u t , p l a n c h e de labour, ou sillon perpendiculaire a u x
autres au b o u t d'un c h a m p . V i e n t de chintre, mot m e n -
tionné par B o r e l et par I^acurne de S a i n t e - P a l l a y e .
Cintrer, v . n.
Eaire le c i n t r e . D ' a p r è s Jaubert, chaintrer c'est tirer u n e
ligne a v e c l e soc de la charrue.
* Cipaille, n. m . ( A n g l . )
R a g o û t c o m p o s é de viande et de petits carrés de pâte. C ' e s t
le mot a n g l a i s sea-pie francisé.
* Cipâre, u. m . ( A n g l . ) — Cipaille. V . ce m o t .
Circonstances (sous les), loc.
D a n s les c i r c o n s t a n c e s , dans l e cas présent.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 153

Circuit, n. m.
Pièce de terre. E x . A u j o u r d ' h u i n o u s allons labourer le
circuit.
Circulaire, n. m.
— Imperméable à l ' u s a g e des femmes.
— A m p l e m a n t e a u d ' h i v e r , doublé en fourrure, e t porté
seulement par les femmes.
Circulation, n. f.
T i r a g e . E x . U n e gazette q u i a une circulation considérable.
Circuler, v . a.
Faire circuler. E x . Circuler un document pour y faire
apposer des signatures.
Cire, n. f.
Chassie, petite sécrétion j a u n â t r e qui se concrète a u bord
des paupières, ou dans l e coin des orbites. E x . Mon
enfant a les y e u x pleins de cire tous l e matins.
Cirer ses bottes, loc.
S e préparer à mourir en recevant l'extrême-onction.
T u p e u x cirer tes bottes, le docteur l ' a dit.
Cireux, adj.
C h a s s i e u x . E x . Mon enfant a toujours les y e u x cireux.
Ciroter, v . n.
Devenir c h a s s i e u x . E x . Les y e u x lui cirotent toujours.
Ciroteux, a d j .
C h a s s i e u x . E x . A v o i r les y e u x ciroteux.
Cirurgien, n. m.
Chirurgien.
Cisaillage, n. m .
A c t i o n d e cisailler, de c o u p e r sans soin d u linge, du papier.
Cisailler, v . a.
— Couper sans cérémonie a v e c des c i s e a u x . E x . Cisailler
du papier, de l'étoffe.
— Conduire u n c h e v a l en tirant d'un c ô t é et de l'autre sur
les rênes. E x . Cisailler l a gueule d u cheval avec les
cordeaux.
— T a q u i n e r , ennuyer.
— Scier, irriter. E x . M o n col de chemise me cisaille le cou.
LE PARLKR POPULAIRE
154

Ciseau (crier), loc.


Dans le temps de le dire. I l est m o r t b i e n v i t e , il n ' a p a s
eu le temps de crier ciseau. J'ai fait c e l a en criant ciseau.
Ciseau à dents, n. m.
Outil d'acier à l ' u s a g e des tailleurs de pierre. V . B o u c h a r d e .
Ciseau à fret, n. m.
Gros ciseau à d e u x b i s e a u x , dont la l a m e q u i est mousse, sert
surtout à pratiquer l ' o u v e r t u r e des caisses et a u t r e s parties
clouées.
Cité de temps, loc.
Intervalle de temps dont la durée est t r è s l o n g u e o u peut
être incalculable d ' a v a n c e . E x . Je l ' a i attendu u n e cité
de temps.
Citoyen, n. m .
Homme considéré pour son honnêteté, sa v a l e u r m o r a l e et
même pour sa fortune. E x . Ça, c ' e s t u n citoyen.
Citronnelle, n. f.
Petite courge de forme bien arrondie q u i se confit dans le
sucre.
Citrouillère, n. f. — C o m p o t e de citrouille.
Civtlien, n. m.
Civil, bourgeois. E x . Je v i e n s de rencontrer u n officier
habillé en civilien.
* Clabord, n. m. ( A n g l . )
— Planche destinée a u lambrissage e x t é r i e u r des maisons,
par le système dit à clin.
— L a m b r i s à clin.
— Clous à bardeaux.
* Claborder, v . a. et n. ( A n g l . ) — L a m b r i s s e r à clin.
* Claim, cléme, (m. a.) — T i t r e .
Clair, adj.
— L i b é r é , libre. E x . I l n ' e s t pas clair d e son affaire. M e
voilà clair d e la douane. Cette p l a n c h e est claire de
nœuds.
— Jour. E x . Il c o m m e n c e à faire clair v e r s q u a t r e h e u r e s . t

Clair (tout à ) , loc.


Distinctement. E x . Je l ' a i e n t e n d u tout à clair.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 155

* eiairance, 11. f. (Angl.)


— Congé. E x . C'était un mauvais serviteur, je lui ai
donné sa eiairance.
— Décharge. E x . Le procès de Lafieur est terminé, le
juge lui a donné sa eiairance.
— Quittance. E x . Maintenant que tu es payé, donne-moi
une eiairance.
— Acquit. E x . Mon vaisseau va partir demain, j'ai obtenu
une eiairance.
— Défrichement. E x . Nous commençons à faire de la
terre, il y a par-ci par-là de bonnes clairances. (B. P. F. )
Ckûraud, adj.
— De nuance claire. E x . Cette étoffe est clairaude.
— Clair. E x . L a soupe est clairaude.
— Clairsemé. E x . Les oignons sont clairauds cette année,
Claircir, v. n.
— Devenir clair. E x . L e temps commence à claircir.
— Rendre clair. E x . Veux-tu claircir le poêle ?
* Clairer, v. a. (Angl.)
— Débarra;>ser. E x . Clairez le chemin, la chambre, la
place, la table.
— Absoudre, décharger. E x . Le juge a claire le prisonnier.
— Congédier. E x . Je viens de clairer ma servante.
— Déblayer. E x . Le chemin était plein de bois mort, je
l'ai fait clairer.
— Faire un profit. E x . Dans cette affaire j ' a i claire cin-
quante pilastres.
— Acquitter. E x . Louis me devait encore quelques pias-
tres, je l'ai claire.
Se tirer d'affaire. E x . L a chose était pas mal compli-
quée, je m'en suis claire assez bien.
— S'éclairdr. E x . Le temps se claire.
— Franchir. E x . J'ai claire la barrière d'un saut.
— Sortir d un mauvais pas. (B. P. F.)
— Clairer la bâtisse, sortir, s'en aller,
Claireur, adj.
Celui qui déblaye les chemins et fait métier de clairer le bois
L F Î P A R L E R POPULAIRE

r , ^ a u x bûcherons de travailler plus à l'aise,


u
afin de permettre
Clairifler, v. a . - C l a r i f i e r .
Ctalrinette. n. f. - C l a r i n e t t e .
Clairon, n. m.
— Aurore boréale.
— Eclaircie de b e a u t e m p s entre deux orages. E x . 11 y a
de beaux clairons d a n s le nord.
— Gomme à couleur t r è s claire trouvée sur les écorces d é-
pinette et r e c h e r c h é e . V . Bourlet.
Clairon du roi (le). . .
Jeu de société où l ' o n chante : Il a passé p a r ici, le
clairon du roi, M e s d a m e s ; il passe, il est passé, le clairon
du roi joli.
Clairté, n. f.
Clarté, lueur. R a b e l a i s et Régnier ont écrit clairté.
Clajeux, n. m . — I r i s versicolore.
* Clam, (m. a.) — M o l l u s q u e .
Clanche, adj.
Affamé, qui a les flancs creux faute d'alimentation.
Clapet, n. m.
Petite hache pour a b a t t r e les jeunes arbres.
Clapotage, n. m.
— Agitation légère d e l'eau, de la boue avec les mains ou
les pieds.
— Commérage. S x . Quel clapotage pour si peu de chose ?
Clapotement, n. m.
Mouvement de la v a g u e agitée par le vent.
Clapoter, v. n.
— Agiter l'eau, la b o u e , marcher dans des flaques d'eau.
— Parler à tort et à travers. E x . Qu'est-ce que t u clapotes
encore ?
— Rapporter tout c e qui se passe sans rien définir.
Clapoteux, adj.
— Un indiscret b a v a r d .
— Un homme de t o u s métiers.
Claque, n. f.
• - Chaussure de c a o u t c h o u c qui se met pardessus la chaus-
DES CANADIENS-FRANÇAIS 157

s u r e ordinaire pour se g a r a n t i r d e la boue, de l ' h u m i d i t é ,


d u froid, de la n e i g e .
— Soufflet. E x . Je lui ai flanqué cinq ou s i x claquespar l a
t ê t e qu'il en a v u trente-six chandelles.
Claque-chapelet, n. m . — B i g o t .
Claque=whiskey, n- m . — I v r o g n e .
Claqué, e, adj.
C o u v e r t partiellement en c a o u t c h o u c . E x . D e s chaussures
claquées, c h a u s s u r e s d ' h i v e r dont la semelle est en c a o u t -
chouc.
Claquer, v . a. et n.
— Courir.
— T r a v a i l l e r v i t e . E x . I l a claqué son o u v r a g e en un r i e n
d e temps.
— T r o m p e r . E x . Je me suis fait claquer dans cette affaire-là,
— C o û t e r . E x . I l en claquera,si j e ne réussis pas.
— Mettre des c l a q u e s . E x . E s - t u bien claqué ?
— T a p e r . E x . I l m ' a claqué p a r la tête, j ' e n ai v u des
chandelles.
— Se faire claquer la gueule, parler beaucoup.
— Se faire claquer la langue, produire un clappement de
langue.
— Claquer un somme, dormir.
— Claquer le coup, boire des l i q u e u r s fortes.
Claqueux, a d j . - D é l i c i e u x , d e très bonne qualité.
Claret, n. m .
C l a i r e t , v i n de B o r d e a u x . E x . Boire d u claret à la p l a c e
d'eau.
Clas, n . m . — G l a s . E n S a i n t o n g e et en A n j o u , on dit clas.
Classe, n. f.
Q u a l i t é . E x . N o u s ne v e n d o n s que de l'étoffe de première
classe.
Clavïgraphe, n . m .
D a c t y l o g r a p h e , m a c h i n e à écrire. C e mot, de création cana-
dienne, n'a pas fait fortune. Cependant on s'en sert
encore en C a n a d a .
Clavigraphie, n. f. — A r t du d a c t y l o g r a p h e .
15» US PARLER POPULAIRE

* Cleaner, v . a., cliner. ( A n g l . ) — N e t t o y e r . V . Cliner.


* Cleaneur, n. m. ( A n g l . ) — L a v e u r de voitures.
Clef (à la), loc.
A soi. E x . Il y a de l'argent à la clef, il fait donc bon de se
mêler d e cette affaire. E n musique, la clef indique l a note.
J'ai q u i n z e enfants à la clef.
Clencher, v . a. et n.
A g i t e r la clenche pour faire ouvrir une porte.
Clenchette de fusil, n. f — Détente de fusil.
Clerc avocat, n. m. — E t u d i a n t en droit.
Clerc de poil, n. m. — Greffier d u bureau de votation.
Clerc médecin, n. m . — E t u d i a n t en médecine.
* Cléricale (erreur), n. f. ( A n g l . )
E r r e u r de plume, faute de copiste. T r a d u c t i o n de l'anglais
clérical error.
Cléricature, n. f.
E t u d e d ' u n e profession. E x . J'ai fait ma cléricature sous le
docteur L,afrance.
C l i c h é , u . f.
D i a r r h é e . V i e n t du mot clichard, sobriquet donné a u x
h a b i t a n t s de B a y e u x , parce que, s u i v a n t une vieille tradi-
tion, p o u r les punir d'avoir chassé saint Gerbold, leur
é v ê q u e , Dieu les affligea de lienteries et d'hémorrhoides.
CHcher, v . n. — A v o i r la diarrhée.
Clinclan, n. m. — Clinquant.
Clins d'z'yeux, n. m. p l . — C l i n s d ' y e u x .
Cliner, v . a.
— C l i g n e r . E x . C e t t e femme cline des y e u x .
— N e t t o y e r . E x . Cliner un poêle, un chaudron. D e l'an-
g l a i s to clean.
Clinquant, n. m . — M i c a .
* Cliper, v . a. ( A n g l . )
T o n d r e , couper les c h e v e u x tout près du crâne. E x . Je
v i e n s de faire cliper mon c h e v a l . S e faire cliper la tête.
* Clipeur, n . m. ( A n g l . )
T o n d e u s e , instrument pour cliper.
Cliquart, n. m . — Qui appartient à une clique.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS

Clique, n. f.
— Bande d'individus. E x . Ils étaient une grosse clique.
— Partisan d ' u n e cause ou ami fidèle. E x . L a cliquet.
Sénécal.
Cloche, n. f.
Filets de morve qui pendent a u nez des enfants, e t prennent
tantôt la forme d e chandelles, tantôt celle d e cloches.
V. Chandelle.
Cloche d'eau, n. f.
Phlyctène, ampoule formée p a r de la sérosité.
Cloche (grosse), n. f.
Le père de famille. E x . A v a n t de décider cette affaire,
nous allons consulter la grosse cloche.
Cloche à vache, n. f.
Clarine, sonnette q u i pend au cou des a n i m a u x pour les
empêcher de s'égarer quand ils paissent dans les bois.
Clocher, v. n.
— Se déranger. E x . Sa santé et ses affaires clochent.
— Produire des phlyctènes sur la peau.
Cloque, n. f.
Pardessus d'hiver. Ce mot n ' e s t pas un anglicisme, comme
on le pourrait croire. Froissart s'en est servi. « S u r ton
dos jette ta cloque.» C'était alors une espèce d'habille-
ment arrondi comme une cloche, et qu'on appelait cloche
ou cloque.
Clore, v. n.
Faire de la clôture. E x . T u vas emplir la c h a r r e t t e d e
pieux, de piquets, de harts, et nous irons clore l'arpent du
sorouet.
Clos, n. m.
Lieu de p â t u r a g e . E x . Pierre, va mettre les v a c h e s au clos.
Clos à bois, n. ni. — Chantier.
Close, n. f.
Clôture, fin d ' u n e retraite, d ' u n e neuvaine.
* Closet, n. f., (m. a.)
— Latrines.
— Garde-robe, armoire.
i6o LE PARLER POPULAIRE

* Closeter, v . a. ( A n g l . )
Enfermer dans u n cabinet, prendre en particulier.
Clôturage, n. m . — A c t i o n de clôturer.
Clôture, n. f.
— Etre sur la clôture, être dans l'indécision sur le choix d'un
parti.
— A pleine clôture, en quantité. E x . L e blé est à pleine
clôture.
— Sauter par-dessus la clôture, faire f a u x bond, manquer à
u n engagement.
Clôture d'embarras, n. f.
Clôture faite de branches d'arbres.
Clou, n. m.
— Petite quantité de boisson alcoolique q u e l'on ajoute à
une eau gazeuse ou fermentée.
— Furoncle.
Clouer, v . a. — Clore. E x . Clouer le bec d ' u n g r a n d bavard.
Clouéson, n. m . — C l o i s o n .
Clouésonner, v. a.
Diviser par des cloisons.
C'mandement, n. m. — Commandement.
C'mander, v. a.
Commander. E x . Pourrais-tu m ' a i d e r à porter ce fardeau,
sans te c'mander?
C'mencement, n. m.
Commencement. E x . I l y a un c'mencement p a r t o u t .
C'mencer, v. a.
Commencer. E x . C'mence, toi? N o n , c'mence, toi.
C'ment, adv. — Comment.
C'mode, adj.
Commode. Kx. E n voilà u n q u i est pas c 'mode à m a n œ u v r e r .
C'modité, n. f. — Commodité.
C'modités, n. f. pl. — Commodités. V . ce mot.
Co, n. m . — Coq. E x . A l l o n s voir b a t t r e les cos f
* Coat, côte, n. m., (m, a.)
— Habit, veston.
— Frock coat, redingote.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 161

Coben, adv.
Combien. E x . Coben y avait-il de personnes à la confé-
rence ?— Je sais pas coben.
Cobi, e, adj.
Bossue. E x . Un chapeau cobi. E n Anjou, cobi se dit d'un
fruit meurtri.
Cocasser, v. n.
— Colporter des nouvelles fraîches.
— Tenir des propos cocasses.
— Chanter, après avoir pondu, en parlant de la poule.
E x . C'est la poule qui cocasse qui a pond.
Cocassier, n. m. — V . Coquassier.
Coche, n. f.
— Forte somme d'argent. E x . J e viens de finir mon pro-
cès, j ' a i dû payer une grosse coche à mon avocat.
— Cote. E x . T u es à côté de la coche.
Coche rendrait tout aussi bien l'idée que cote, si on s'en
rapporte à l'origine de l'expression. On faisait des coches
sur un morceau de bois fendu en deux dont chacun des
intéressés gardait une moitié pour marquer la quantité de
fournitures que l'on achetait chez le boulangerjet le boucher.
— Faire une coche mal taillée, commettre une bourde.
— Faire une coche à la fortune de quelqu'un, la diminuer dans
une certaine mesure.
Cochon, n. m.
— Homme vil, méprisable, ladre.
— Saigner le cochon, tirer de la liqueur d'un fût.
Cochons (petits), n. m. pl.
r
Sarracénie, nom donné par le D Sarrasin à cette plante de
nos savanes, très recommandée contre la petite vérole.
Cochonnaille, n. f.
Viande de cochon, charcuterie. E x . Acheter de la cochon-
naille, au marché Montcalm.
Cochonnement, adv.
Malproprement. E x . Travailler cochonnement.
Cochonner, v. a.
Mal travailler. E x . Cet ouvrier cochonne tout ce qu'il touche.
II
IÔ2 LE PARLER POPULAIRE

Cochonnerie, n. f-
Saleté. E x . J ' a i u n tas de cochonneries dans les y e u x .
— G r a n d e quantité, surabondance. E x . Penses-tu que
nous aurons des p r u n e s , cet a u t o m n e ? — N o u s en aurons
une cochonnerie.
* Cock=tail, têle, n. m. (m. a.)
Eau-de-vie, sucre, amers et eau qui, m é l a n g é s , forment un
breuvage apéritif. E x . Allons p r e n d r e u n cock-tail chez
Laforce.
Coco, n. m. et adj.
— CEuf. V. Coquaud.
— Estomac. E x . S'en est-il fourré d a n s le coco, de cette
bonne galette.
— T ê t e . E x . Cet h o m m e a le coco fêlé. J ' a i u n e idée sur
le coco qui me t a r a b u s t e .
— Chapeau de feutre dur.
— N i g a u d . E x . A-t-il l'air coco, celui-là.
Cocombe, n. m.
Concombre. E x . H é ! la mère, y a-t-il ben des cocombes
c' t ' a n n é e ? — Pour u n e année q u ' i l y a p a s de cocombes, il y
a des cocombes, mais p o u r u n e a n n é e q u ' i l y a des cocombes,
il y a pas de cocombes.
Cocote, n. f.
— Bourgeon. E x . Des cocotes de pin, d ' é p i n e t t e . J ' a i une
sœur qui fait des cadres avec des cocotes.
— Poule, dans le langage enfantin.
•Cocotier, n. m.
Coquetier, petit ustensile d a n s lequel on place l'œuf que l'on
m a n g e à la coque.
* C. 0 . D., (m. a.)
, Cash on delivery, paiement contre livraison.
* Code, n. m. (Angl.) — Berceau. V . Cot et Cote.
Co d'inde, n. m.
— Coq d ' I n d e . E x . Pourquoi v i e n s - t u r o u g e comme un
co d'Inde ?
— Imbécile. E x . T u n ' e s q u ' u n g r o s co d'Inde.
* Coercion, n. f. ( A n g l . ) — Coercition.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 163

Cœur, n . m.
— Dîner par cœur, se passer de dîner.
— Donner du cœur au ventre, d u courage.
— Avoir le cœur où les poules ont Vœuf, ne p a s avoir de c œ u r .
— Donner un coup de cœur, faire u n effort s é r i e u x .
— Avoir le cœur malade, avoir mal au cœur.
— Se dégraisser le cœur, se remettre l'estomac en changeant
d'alimentation.
— Avoir le cœur sur la main, être très g é n é r e u x , très hospi-
talier.
— Porter au cœur, é p r o u v e r u n e douleur qui affecte le s y s -
tème et porte à l ' é v a n o u i s s e m e n t . E x . Je me suis c o u p é
u n doigt a v e c m o n canif, ça m ' a porté au cœur. En
A n j o u , porter au cœur signifie ravigoter.
— A cœur d'année. V . A cœur d'année.
— A cœur de jour. V . A c œ u r de jour.
— A cœur jeun. V . A cœur jeun.
Cœur de poule, n. m . — P e r s o n n e très sensible à la douleur.
Cœur d'or, n. m .
H o m m e g é n é r e u x , rempli d e t o u t e s les qualités imaginables.
Cœureux, adj.
— Un homme de cœur, affectueux.
— G é n é r e u x , ardent, v a i l l a n t .
E n A n j o u , on dit un v i n cœureux pour u n v i n qui a d u
corps.
* Coffer=dam, coffeur, n. m . , (m. a . )
Batardeau, d i g u e provisoire établie pour m e t t r e à sec u n
endroit où l ' o n v e u t bâtir.
Coffre, n. m.
— Poitrine. E x . M a l g r é m o n â g e , j ' a i encore le coffre
solide.
— Avoir de Vargent au coffre, a v o i r des économies.
Coffrer, v. n.
— T r a v a i l l e r . E x . C e bois est v e r t , il v a coffrer,
— Etre é tanche.
Cognement, n . m .
A c t i o n de c o g n e r a v e c u n outil, u n objet q u e l c o n q u e .
164 L E PARLER POPULAIRE

Cogner, v. a. et n.
— F r a p p e r . E x . V a ouvrir la porte, ç a cogne.
— Battre. E x . E e c œ u r me cogne fort.
— Cogner des clous, des piquets, dormir assis, la tête oscillant
de tous côtés.
— Il en cognera si je ne réussis pas, j e réussirai à tout prix,
quelque effort q u ' i l soit requis.
Coiffer, v . a.
— Etre nê coiffé, avoir toutes les c h a n c e s .
— Se faire coiffer, se faire dire ses v é r i t é s .
Coin, n. m . — Maigre comme un coin, très m a i g r e .
Cointer, v . a . — M e t t r e u n coin, coincer.
Coix, n . f. — C r o i x .
Col, n. m .
— F a u x col. E x . J'ai u n col trop raide, il me g ê n e le cou.
— Manteau. E x . M e t s ton col p o u r sortir, il ne fait pas
chaud.
Colas=fiilette, u. m.
H o m m e efféminé, qui s'occupe des t r a v a u x propres a u x
petites filles.
* Cold=cream, côld-crîme, n. m., ( m . a.)
O n g u e n t d ' e a u de rose.
Coléreux, adj. — T o u j o u r s prêt à se f â c h e r . F r a n ç a i s vieilli.
Colidor, n. m .
Corridor. E x . L e s colidors du s é m i n a i r e .
CoINMailla, n. m. — C o l i n - M a i l l a r d . V . C a l i - M a i l l a .
Colique, n. f.
— Aimer comme la colique de son ventre, aimer b i e n p e u .
— Cela passera comme une colique, c e l a n e durera p a s .
Colique cordée, n. f.
Obstruction d e l'intestin par l u i - m ê m e , d ' a p r è s u n préjugé
populaire.
Collage, n. m.
— M e s u r a g e d u bois. ( A n g l . )
— A c t i o n de mettre a u rebut du m a u v a i s bois. (Angl.)
— A c t i o n de se coller a u flanc des a u t r e s .
Collant, a d j . p a r t . — V . C o l l e u x .
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 165

* Collatéral, e, a d j . ( A n g l . )
Supplémentaire. E x . N o u s l e u r donnerons u n e garantie
collatérale.
Colle, n. f.
— R e b u t . E x . D u bois de colle. (Angl.)
— B l a g u e . E x . F a i r e de la colle à t o u t propos.
* Collecter, v . a. ( A n g l . )
Percevoir, faire rentrer ses fonds, recueillir des aumônes.
E x . Je n ' a i m e p a s à me faire collecter trop s o u v e n t .
* Collecteur, n. m . ( A n g l . )
Q u i sollicite p o u r u n autre l e p a i e m e n t d ' u n e dette. E x .
E n c o r e un collecteur ! V o u s repasserez lundi prochain, et
j e v o u s dirai q u a n d revenir, mon ami.
* Collection, 11. f. ( A n g l . )
— Perception, r e c o u v r e m e n t de dettes. E x . E a collection
ne v a pas, l ' a r g e n t est rare.
Collège, n. m.
C o l l è g e . E x . D a n s mon petit t e m p s , nous é c r i v i o n s collège
avec un accent a i g u . T o u t c h a n g e en ce monde, jet sou-
vent s'aggrave.
Coller, v . a. et n.
— Chercher à faire accroire u n e c h o s e invraisemblable. E x .
I l m ' e n a collé u n e bonne.
— Mesurer. E x . Coller des p l a n ç o n s ( A n g l . )
— Infliger. E x . C e misérable s'est fait coller d e u x j o u r s
de prison.
— M e t t r e de c ô t é le m a u v a i s bois, l e bois de colle. (Angl.)
—- Donner des m a r q u e s d ' a m i t i é . E x . J'ai d e u x petits
g a r ç o n s qui a i m e n t ça, coller.
Coller (se), v. pr.
— S e fixer sur p l a c e et ne p l u s b o u g e r . E x . Pourquoi es-
t u toujours s. te coller sur c e t t e chaise ?
— S'approcher de t r o p près, d e manière à g ê n e r le m o u v e -
m e n t . E x . C e s s e donc d e t e coller amont moi, tu m e
fatigues.
Collerette, n. f.
P è l e r i n e . E x . Je v a i s mettre m a collerette en fourrure.
i66 LE PARLEE POPULAIRE

Collet, n. m .
— Faux-col.
— En avoir dans le collet, avoir b u assez pour se mettre
gaillard.
— En avoir plein son collet, avoir trop b u .
— Avoir le collet en roue, être g u i n d é .
Colletailler, v. n.
Se colleter, lutter dans le but de d é p l o y e r sa force et son
adresse.
CoIIeteur, euse, n. m . et f.
Qui collette. E n F r a n c e ce mot s ' a p p l i q u e à celui qui tend
des collets, au braconnier.
* Colleur, n. m. ( A n g l . )
Mesureur de bois. D e l ' a n g l a i s cutter.
Colleux, n. et. a d j . — E n n u y e u x , q u i ne l â c h e p l u s .
Collier, n. m.
— Prendre le collier de misère, se m e t t r e au travail.
— Tirer dans le collier, faire un t r a v a i l pénible.
Collouer, v. a.— Clouer.
Côlon, n. m .
Colon. E x . U n côlon d u lac Saint-Jean.
Colonie, n. f.
Attroupement, rassemblement. E x . Le b o n h o m m e Noël
du magasin P a q u e t est arrivé, il fallait v o i r la colonie
d'enfants qui le suivaient dans les r u e s .
Colombien (pain), n. m .
Petit pain de forme a l l o n g é e dont la confection remonte à
l'année 1893, lors d u q u a t r e - c e n t i è m e anniversaire d e l à
découverte de l ' A m é r i q u e par C h r i s t o p h e C o l o m b .
Coloué, n. m. — Couloir, passoire.
* Coltâr, n. m . ( A n g l . )
Coaltar, goudron e x t r a i t d e la h o u i l l e . E x . D u coltâr pour
goudronner les toits.
* Coltârer, v . a. ( A n g l . )
Couvrir de coltar. E x . Coltârer l e s toits des maisons.
* Colvette, n. f. ( A n g l . )
Ponceau, dallot. D e l ' a n g l a i s culvert.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 167

Comarce, n. m . — C o m m e r c e .
Combat, n. m .
B o r b o r y g m e , b r u i t produit p a r l e d é p l a c e m e n t des g a z intes-
t i n a u x . E x . L a soupe a u x pois m ' o c c a s i o n n e bien des
combats.
Combaturer, v . a. — C o m b a t t r e . ( B . P . F . )
Comben, a d v . — C o m b i e n .
Combien, a d v .
Comment. E x . Combien est n o t r e ami Pierre ?
Combien que, loc. a d v .
Combien. E x . Combien que ç a coûte ? Combien que j e te
dois ?
* Combine, n. m . et f. ( A n g l . )
T r u s t , cartel. E x . C e t t e m a i s o n ne fait pas partie de la
combine d u p é t r o l e .
* Combiner (se), v . p r o n . — E x é c u t e r en c o m m u n . (Angl.)
Comblance, n. f . — S u r c r o î t .
Comble (un,) n . m .
L e comble d u ridicule, de l a bêtise, de l a folie, et ainsi d e
suite. E x . P i e r r e offre son o u r s a u x électeurs du comté
de Québec, c ' e s t un comble. L o u i s v i e n t d'être nommé
sous-chef d u d é p a r t e m e n t des terres, c'est un comble.
Comète, n. f.
Battre la comète, dépasser l ' i m a g i n a t i o n . E x . Ç a bat la
comète, c e t t e histoire-là. Q u e l l e comète ? O n ne le d i t
p a s . T o u t e e s p è c e de c o m è t e sans doute.
Cométique, n. tn.
T r a î n e a u tiré p a r les chiens d u Labrador.
Commandable, a d j .
Qui peut ê t r e c o m m a n d é . E x . C e s ouvriers ne sont p a s
commandables.
Comme, c o n j . et a d v .
— Q u e . E x . Je j o u e aussi bien comme L o u i s .
— E n qualité de. E x . M o n p è r e a été choisi comme candi-
dat à l ' é l e c t i o n p r o c h a i n e .
— E n m ê m e t e m p s . E x . Je suis arrivé comme lui, v e r s
neuf h e u r e s .
i68 I,S PARI/ER POPULAIRE

Comme çà, loc. expl.


E x . Il m ' a dit, comme ça, que rien ne presse de partir.
Enlevons comme ça, et le sens reste le m ê m e .
Comme c'est que, loc. adv.
Comment, de quelle manière. E x . Dis-moi donc comme
c'est que tu t'y prends pour avoir d'aussi belles patates ?
Comme ci comme çà, loc.
— Ni bien ni mal. E x . Comment te portes-tu ?— Comme ci
comme çà.
— De qualité difficile à définir. E x . Comment trouves-tu
ce vin-là ? — Comme ci comme çà.
Comme de ben entendu, loc. — Comme cela est évident.
Comme de bonne, loc. adv.
Sans doute, assurément. E x . Aimes-tu beaucoup le sucre
d'érable ? Comme de bonne.
Comme de bonne raison, loc.
Assurément. E x . Si tu v e u x m ' e n croire, nous allons nous
payer une petite fête a u x huitres.—Comme de bonne raison.
Comme de faite, loc. adv. — E n réalité, en effet.
Comme de juste, loc. adv.
Sans aucun doute. E x . Trouves-tu q u e c'est raisonnable de
ne pas aller au bureau u n jour de c o n g é ? — Comme de juste.
Comme de raison, loc. adv.
Sans doute. E x . As-tu v u Jacques Cartier a u x Pageants ?
Comme de raison.
Comme de plus belle, loc.
Sans relâche. E x . Il mouille comme de plus belle.
Comme d'icitte à demain, loc. adv.
Locution pour exprimer u n e longueur de temps. E x . Un
discours long comme d'icitte à demain.
Comme dit la chanson, loc.
Quelle chanson ? Aucune en particulier. E x . U n chien
regarde bien un évêque, comme dit la chanson.
Comme dit l'anglais, loc.
Suivant l'expression consacrée par la l a n g u e anglaise. E x .
Comme on fait son lit on se couche, comme dit Vanglais,
as you make your bed, so you must lie.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Comme je te pousse, loc.


Misérablement, péniblement. E x . Ça marche comme je te
pousse.
Comme manière de, loc. adv.
Une manière de. E x . Il avait comme manière de chapeau
sur la tête.
Comme on dit, loc.
Locution très souvent employée comme suit : Je dirai comme
on dit, et puis on ajoute un proverbe quelconque, ou une
sentence passée en proverbe : E x . Je dirai comme on dit :
chacun son métier, les vaches seront bien gardées, ou
encore : Il y a plus de mariés que de contents, etc.
Comme par charité, loc.
Sans soin ni égard. E x . J ' a i fait mes emplettes au magasin
de la Dernière-Mode, et on m'a servi comme par charité.
Comme pour l'amour de Dieu, loc. — Comme par faveur.
Comme pour mourir, loc.
Avec instance. E x . Je l'ai supplié commepoiir mourir de
me remettre mon argent.
Comme qui, loc.
— A peu près comme. E x . C'est comme qui dirait une
espèce de fou.
— Comme si l'on. E x . C'est comme qui tirerait un fusil
chargé à poudre pour tuer un lièvre.
Comme tout, loc. adv.
Beaucoup. E x . Il est bête comme tout.
Comment, adv.
Combien. E x . Comment avez-vous de crayons dans votre
poche ? Comment voulez-vous pour ce piano ?
Comment-ce que, loc.
Comment. E x . Comment-ce que vous faites pour n'être
jamais malade ?
Comment que, adv.
Combien. E x . Comment que ça coûte pour aller à Québec ?
Commerce, n. m.
— Désordre, tapage. E x . Ces enfants mènent un commerce
d'enfer.
LE PARLER POPULAIRE
170

— Juron. E x . Apre commerce ! ^


— Troc. E x . Un enfant qui fait des commerces avec ses
petits camarades.
C o m m e r c e a u , n. m.
Petit commerce.
Commercer, v. a.
Troquer, échanger pour autre chose. E x . U n enfant qui
commerce tous ses bibelots, ses crayons, ses plumes, etc.
Commérer, v . n.
— Faire des commérages. E x . C e t t e personne passe tout
son temps à commérer.
— Etre commère dans un baptême.
Commeune, adj. f.
Commune. E x . V argent est pas commeune par le temps
qui court.
Commichon, n. m.
Commis inexpérimenté. E x . A u m a g a s i n de S i m o n , il y a
un tas de commichons qni v o u s servent comme par charité.
Commignon, n. f. — Communion.
Commissaire, n. m.
— Commissaire du havre, fonctionnaire c h a r g é de l'admi-
nistration du pilotage et des t r a v a u x des havres de villes.
— Commissaire des incendies, officier enquêteur sur les causes
des incendies.
— Commissaire d'écoles, fonctionnaire é l u par les citoyens,
qui voit au fonctionnement des écoles d e sa municipalité.
— Commissaire de la Cour Supérieure, fonctionnaire de la
dite Cour.
— Commissaire des petites causes, tribunal de juridiction
inférieure.
— Commissaire pour l'érection des paroisses, fonctionnaire
chargé de régler les affaires relatives à l'érection des pa-
roisses, à la construction des églises, etc.
— Commissaire de l'Agriculture, des Travaux publics, de la
Colonisation, des Terres de la Couronne, Ministre de l'Agri-
culture, des T r a v a u x publics, de la Colonisation, des Ter-
res de la Couronne. ( B . P . F . )
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 171

Commission, n . f.
— Course q u e l ' o n fait p o u r rendre s e r v i c e . E x . Quand
nous étions j e u n e s , en faisions-nous d e c e s commissions
pour tout l e m o n d e ?
— Emplette.
Commission scolaire, n. f.
Corporation des commissaires ou des s y n d i c s d ' é c o l e s .
Commugnon, n. f. — C o m m u n i o n .
Communs, n. m . pl. — L a t r i n e s .
Commussion, n. f. — Commission.
Commussion scolaire, n. f. — Commission s c o l a i r e .
Compagnêe, n. f.
— Compagnie, r é u n i o n de plusieurs p e r s o n n e s dans un
salon. E x . Bonjour, la compagnêe.
— Epouse, f i a n c é e . — E x . Dansez, m o n s i e u r , a v e c votre
compagnêe.
Comparage, n. m . — C o m p é r a g e .
Comparager, v . a . — C o m p a r e r .
Comparaison (sans), loc.
S a n s vouloir e x a g é r e r . E x . T u as un b e a u c h a p e a u , mais
le mien est encore plus beau, sans comparaison.
Comparition, n. f. — Comparution.
Compas, n. m.
Jambes. E x . A l l o n g e le compas, nous a v o n s u n e l o n g u e
marche à faire.
Compâssieux, a d j .
Compatissant. E x . Cette femme est bien compassieuse.
Compeau, n. m . — P i è c e de terre.
Compérage, n. m .
— Fête de l a f a m i l l e â l'occasion d'un b a p t ê m e .
— Le parrain, la marraine, le père et c e l l e q u i porte l'en-
fant.
E n France, le c o m p é r a g e est le lien s p i r i t u e l d u parrain
et de la marraine, avec le père et la m è r e d e l ' e n f a n t .
Compère-compagnon, n. m .
Compère et c o m p a g n o n . E x . E n voilà d e u x q u i sont com-
pares-compagnons, un peu trop.
172 I.B PAW.BR POPULAIRE

* Compéter, v. n. ( A n g l . ) — Faire concurrence.


* Compétiter, v. n. ( A n g l . ) — M ê m e sens q u e compiler.
* Compétition, n. f. ( A n g l . )
Concurrence, rivalité dans les opérations commerciales.
* Complétion, n. f. ( A n g l , ) — A c c o m p l i s s e m e n t .
* Complimentaire, adj. ( A n g l . )
— Billet complimentaire, billet de f a v e u r .
— A titre complimentaire, à titre de faveur.
Complimenteux, adj. — Complimenteur.
* Compliments de la saison, n. m. p l .
Souhaits de Noël et du Jour de l ' A n . E x . Je v o u s envoie
ma carte avec les compliments de la saison, (Angl.)
Comportement, n. m.
Conduite. E x . Cet écolier a un b o n comportement.
E n France ce mot v e u t dire bonne santé.
Comportement du temps.
Manière d'être de la température. E x . N o u s irons peut-
être pêcher demain, ç a dépendra d u comportement du
temps.
Composition, n. f.
A l l i a g e de métaux p e u p r é c i e u x . E x . Cette cuiller n'est
pas en argent, elle est en composition.
Compote (tomber en), loc.
— Perdre connaissance, tomber en s y n c o p e .
— Tomber en ruine.
Comprenable, adj.
Compréhensible.
Comprenage, n. m. — E n t e n t e .
* Comprendre, v. a.
Entendre dire. E x , Je comprends que v o u s a v e z de l'ar-
gent à prêter. ( A n g l . ) To understand.
Comprenette, n. f.
Compréhension. E x . M o n enfant fait des progrès, il com-
mence à avoir de la comprenette.
Comprenouère, n. f.
Intelligence, esprit. E x . C ' e s t u n g a r s qui a d e l a compre-
nouère.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 173

Comprenure, n. f.
Compréhension, intelligence. E x . A v o i r pas mal de com-
prenure.
Compris, prép.
Y compris. E x . J'ai tout acheté, compris le piano.
Comptant (son), loc.
Son soûl. E x . R i r e son comptant.
Compte, n. m .
En avoir pour son compte, être à l'article de la mort, ou
encore, a v o i r reçu des coups au point de ne pouvoir plus
recommencer l a bataille. E x . Paul et Jacques se sont
battus comme des chiens, mais Paul en a eu pour son compte.
— Faire le compte, suffire. E x . Voici encore trois piastres
et demie, ça fait-y le compte ?
Compter, v. n.
— Croire. E x . Je compte que t u ne me feras pas defaut.
— Sans compter que, en outre. E x . Je dois aller au théâtre
ce soir, sans compter que j ' a i plusieurs personnes à voir.
Conçarter (se), v. p r o n . — S e concerter.
* Concerne, n. f. ( A n g l . )
Etablissement, société de commerce. D e l'anglais concern.
Concession, n f.
Partie de paroisse éloignée de l ' é g l i s e et d u fleuve. E x . A s -
tu déjà é t é dans les concessions de Saint-Pascal ?
Concourir, v. n.
Partager l'opinion, au barreau et dans les délibérations d u
Parlement. C ' e s t du français légal. Cette expression
pourrait être adoptée tout aussi bien q u ' u n e foule d ' e x -
pressions parlementaires anglaises que la presse française a,
pour bien dire, stéréotypées et qui envahissent rapidement
le dictionnaire de l ' A c a d é m i e . Ce mot, d u reste, est
d'origine latine et n'a rien d'anglo-saxon. I l existe dans
la langue française dans plusieurs autres acceptions :
c o n v e r g e r v e r s un m ê m e point de l ' e s p a c e ; contribuer
avec d'autres à u n m ê m e résultat ; être sur les rangs en
même temps que d'autres pour prétendre à quelque chose,
u n prix, u n e nomination.
LE PARLER POPULAIRE
174

Condamner, v. n.
F e r m e r . E x . J'ai condamné m a m a i s o n pour l ' é t é .
— Déclarer hors de service. E x . C e t t e maison a été con-
damnée par l'architecte. Ce pont a é t é condamné par l'in-
génieur.
Condition, n. f.
Acheter sous condition, acheter à c o n d i t i o n , s o u s réserve de
p o u v o i r rendre a u marchand.
Conducteur, n. m.
— Chef de train. E x . D e m a n d e a u conducteur si le train
est en temps.
— Chef de tramway, celui qui p e r ç o i t l e s billets.
— Chef d u wagon-poste, conducteur de m a l l e s .
— Maître de cérémonie, conducteur d u deuil.
Conduire (se), v. pron.
S e rendre quelque part, se transporter d ' n n l i e u à un autre,
aller, marcher. E x . Je suis c a p a b l e de me co7iduire jus-
q u ' a u bout de la ville, bien q u ' i l n ' y ait pas de lumière. Je
vois pas bien clair, mais je suis c a p a b l e de me conduire.
Conduisable, a d j . — Q u i peut être c o n d u i t .
Confi, a d j . — C o n f i t , e. E x . D e s p r u n e s confies.
Confidentellement, a d v . — Confidentiellement.
Confirmer, v . a.
Donner un soufflet. E x . Je sais p a s ce qui m e retient de
te confirmer.
Confiteur, n. m. — Courte-pointe, é d r e d o n .
Confiture, n. f.
Mettre quelque chose en confiture, en b o u i l l i e , en compote.
Conformité à (en), loc.
E n conformité de. E x . En confor?nité à la loi de juillet.
Confortable, n. m. — C o u r t e - p o i n t e , é d r e d o n .
Conforteur, n. m. (Angl.)
Courte-pointe, é d r e d o n . D e l ' a n g l a i s co?n/orter.
Confusion, n. f.
— Convulsion. E x . M o n enfant est tombé e n confusion.
— G r a n d e quantité.
Contusionner, — F a i r e rougir, rendre confus.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
*75

Congit, n. m.
Condit, substance ou fruit confit dans du sucre cristallisé. •
Congress, n. f, pl. (Angl.)
Chaussures, bottines dont l'entrée est demi élastique.
Conjoint, adj. (Angl.)
••— Mixte. E x . Ees deux orateurs de la Chambre prési-
dent de droit le comité conjoint de la bibliothèque.
— Collectif. Ex. M. le curé a lu, dimanche, une lettre con-
jointe de nos évêques.
— Commun. E x . L'action conjointe de nos législateurs.
— Réuni. E x . L,es efforts conjoints de tous nos amis nous
feront arriver au pouvoir. De l'anglais conjoint.
Conjointement, adv.—Egalement.
Conjonction, n. f.
Congestion. Ex. Il est mort d'une conjonction de j>oumons.
Connaissant, adj. part.
Savant. Ex. Mon enfant est pas mal connaissant, il sait
lire, écrire et compter.
Connectable, n. m. •—Connétable.
Connecter, v. a. et n. (Angl.)
— Raccorder des trains. E x . L,e Pacifique connecte avec le
chemin des Piles, un peu avant d'arriver aux Trois-Ri-
vières.
— Joindre, réunir les deux bouts d'un tuyau, d'un fil élec-
trique.
* Connestache, n. m. (AnglJ
Corn-starch, amidon de maïs.
Connétable, n. m.
— Commissaire de haute police,'suisse, homme chargé de
faire la police dans l'église.
Connexion, n. f. (Angl.)
— Raccordement entre deux trains.
•— Action de réunir des tuyaux,
— Communication dans le service téléphonique. Ex. Vou-
lez-vous me donner la connexion avec le numéro un- neuf-
zéro- huit.
Consarver, v. a. — Conserver.
p A R M ^ POPULAIRE

Conscience, n. f.
— En conscience, efl v e n t e .
. , 114-0 grande conscience ! Ma conscience du
— Ma conscience ! Jvx^ b .
bon Dieu ! A p p e l à l a conscience pour affirmer la vérité
de ce que l'on d i t .
. TJ T ' a i tout mon dmer sur la conscience.
— Estomac. I i x . J
Conseiller-de-ville, n. ta..
Echeviu. E x . A u t r e f o i s , il y avait a Québec des échevms
' e t d e s c o u s e i l l e r s - d e - v i l l e ; aujourd'hui, il n ' y a plus que
des éclievius, les conseillers-de-ville ont vécu.
Conseilleux, adj.
Qui donne des c o n s e i l s . E x . Grand conseilleux pehtpayeux.
Consent, adj. — C o n s e n t a n t .
Consentant, e, adj.
Qui agrée, consent. S x . Consentez-vous à venir avec
moi ?— Oui, j e s u i s consentant.
En terme de j u r i s p r u d e n c e consentant s'emploie. E x . Les
parties consentantes.
Consentir à quelqu'un, v . n.
Consentir. Ex. Je l u i ai consenti un billet promissoire.
Conséquence (de), l o c .
Important. Ex. C ' e s t un homme de conséquence. Cette
affaire est de conséquence.
Conséquent, adj.
Important. E x . C e t t e affaire est conséquente.
Conserve (de), loc.
— Eu conserve. E x . D e s fruits de conserve.
— De réserve. E x . D e s légumes de conserve.
Considération (sous), l o c .
En considération. E ^ x . Je vais mettre votre demande sous
considération.
Consistance (sans), l o c .
Inconséquent, m a n q u e d e logique dans les idées. E x . C'est
un individu sans consistance.
Consistant, adj. — C o n s é q u e n t . ( A n g l . )
Consister, v. n.
Cela ne consiste en rien, cela n'a aucune importance.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 177

Consommage, n. m.
— Déchets de viande, graisse, soupe, q u e l ' o n fait bouillir
ou consommer pour en fabriquer le savon dit du pays.
— Action de consommer les déchets de viande.
Consomptif, ive, n. m. f.
Phtisique, consomptif n ' e s t pas français.
Consomption, n . f. et a d j .
—• Phtisie. O n peut dire : la phtisie a m è n e toujours la
consomption, c'est-à-dire le dépérissement progressif.
— Phtisique. E x . Mon cousin est consomption.
* Conspiration, n. f.
Complicité. E x . Il a é t é condamné à d e u x ans de péniten-
cier pour conspiration d e faux. (Angl.)
* Constable, n. m., (m. a . ) — C o n n é t a b l e , officier de police.
* Constituant, n. m.
Electeur, commettant. (Angl.)
Consulte, n. f.
Consultation. E x . I<e docteur L,alancette charge d e u x
piastres p o u r u n e consulte.
Contable, a d j .
Qui peut être raconté. E x . Des histoires comme celle-là,
ça n'est p a s contable.
Conte, n. m .
A son conte, d ' a p r è s ce q u ' i l raconte. E x . A son conte, c'est
Pierre qui est dans le tort.,
Conte, de conte, p r é p .
— Contre. E x . J e suis fâché conte lui.
— Près de. E x . Approche-toi de conte m o i .
* Contemplation, (en).
E n perspective. E x . J ' a i plusieurs projets de loi en contem-
plation ( A n g l . )
* Contempler, v . a. — Projeter. (Angl.)
Contenancer, v. a.
Appuyer, soutenir. E x . Contenancer q u e l q u ' u n en l'encou-
rageant de son mieux.
Content, e, a d j .
Faire content, donner des signes de contentement en se frap-
12
LE PARLER POPULAIRE
17»

pant les d e u x mains. E x . F a i s ton content, m o n petit.


L a n g a g e maternel.
Conter, v. a.
— Dire à quelqu'un son fait. E x . Je v a i s lui conter ça.
— Conter des contes, raconter des histoires, des l é g e n d e s , etc.
Conter et raconter, loc.
Conter à plusieurs reprises. E x . A q u o i sert de conter et
raconter toutes ces histoires-là ?
Conterbande, n. f. — Contrebande.
Conterbandier, n. m. — Contrebandier.
Conterbarrer, v. a . — V . Contrebarrer.
Conterbarrer (se), v . pron. — V . C o n t r e b a r r e r (se).
Contecœur (à), loc.
— A contrecœur. E x . T r a v a i l l e r à co?Uecœur.
Conterdiction, n. f.
Contradiction. E x . U n tel, c'est la conterdiction en personne.
Conterdire, v. a.
Contredire. E x . Conterdis-moi pas, c ' e s t inutile.
Conterdit, n. m.
Contredit. E x . N o u s a v o n s eu un p e t i t conterdit ensemble.
Conterfaire, v . a. — Contrefaire.
Contestation d'élection, n. f.
Procès intenté en v u e de faire i n v a l i d e r u n e é l e c t i o n .
Conteste, n. f.
— Protestation.
— Chicane, querelle.
Conteur de contes, n. m .
Individu qui, dans nos c a m p a g n e s , fait u n e spécialité de ra-
conter des histoires, l é g e n d e s , e t c , d e v a n t une assemblée
quelquefois assez nombreuse.
Conteux, a d j . — C o n t e u r . E x . Un co?iteux d e menteries.
Contiendre (se), v . pron.
Contenir. E x . J'ai p a s é t é capable d e m e contiendre plus
longtemps.
* Contingents, n. m. p l . ( A n g l . )
Dépenses imprévues. E x . V o u s m e t t r e z cette s o m m e au
chapitre des contingents.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 179

Continu (un).
S a n s interruption. E x . I l a parlé un continu pendant d e u x
heures.
Continuel (un), n. m.
S a n s r e l â c h e . E x . Il p l e u t un continuel.
* Contracter, v . a. et n.
Entreprendre. E x . C e s d e u x entrepreneurs v o n t contracter
pour construire ma m a i s o n ; un a u t r e a contracté m a
grange. (Angl.)
* Contracteur, n . m. ( A n g l . ) — Entrepreneur.
Contrat, n. m . — M a r c h é à forfait.
Contre, p r é p .
— A u p r è s de. E x . A s s e y e z - v o u s contre m o i .
— Ne pas aller contre, ne p a s contredire.
— Il n'y a pas à aller contre, c ' e s t sûr.
— Avoir contre son cœur, avoir à contre-cœur.
Contre (de), loc. a d v .
Contre. E x . N e te m o n t e p a s de contre l u i !
Contre=à=contre, loc. a d v . — C ô t e à côte.
Contre=à=côte, l o c . adv. — C ô t e à côte.
Contrebarrer, v . a.
Contrecarrer. E x . T u passes ton temps à m e contrebarrer,
à quoi b o n , en v é r i t é ?
Contrebarrer (se), v . pron. — S e contrecarrer, se contredire.
Contre bon sens, n. m .
Contresens. E x . T u v o i s bien que c'est un contre bon sens.
Contrebouter, v . a. — C o n t r e d i r e .
Contrée, n. f.
Petite é t e n d u e d e terrain. E x . S u r ma terre, il y a des
m a u v a i s e s contrées où rien ne pousse.
Contrefait, e, a d j .
B o u l e v e r s é . E x . A s - t u d u chagrin, t u as l a figure toute
contrefaite.
Contre-porte, n. f.
Porte e x t é r i e u r e qui se ferme a u t o m a t i q u e m e n t .
Contretenir, v . a . — R e t e n i r , e m p ê c h e r d ' a g i r .
Contretenir (se), v . pron.—Se retenir, se modérer, se réprimer.
i8o LE PARLER POPULAIRE

Contrevention, u. f. — Contravention. .
Contrôlable, a d j . - Q u i peut être c o n t r ô l é , assujet .
* Contrôle, u. m. ( A n g l . )
T . , • „ ^ o n d r e le contrôle du
— Direction. E x . Je vais bientôt p r e i i a ï c
magasin. A

— Dépendance. E x . Ce d é p a r t e m e n t é c h a p p e a u eontrole
du gouvernement.
— Influence. E x . M . X . exerce u n f o r t contrôle sur la
banque des ouvriers.
— Empire. E x . A v o i r du contrôle s u r s o i - m ê m e .
— Autorité. E x . Je ne puis exercer a.ucvm contrôle sur m o n
fils aîné.
— Sous contrôle, maîtrisé. E x . L , ' i n c e n d i e n ' a p u ê t r e
sous contrôle qu'après trois heures d e d é g â t .
* Contrôler, v. a.
Maîtriser, exercer de l'influence, de l ' a u t o r i t é , d e l ' e m p i r e ,
commander, gouverner, etc. ( A n g l . )
Controvarse, n f-
— Controverse.
— Prêcher la controvarse, contredire s a n s à. p r o p o s , p o u r l e
plaisir de la chose.
Convenir, v. a.
Fixer. E x . Convenir d'un jour pour s e r e n c o n t r e r .
Convention, n. f.
Réunion. E x . Ees élèves de R h é t o r i q u e d e 1888 a u r o n t
une convention en 1908.
Conventum, n. m.
Réunion d'élèves sortis du collège. E x . L , e cowoentum. des
élèves de la rhétorique de 1878.
* Conviction, n. f.
Condamnation, rapport de culpabilité. (Angl.)
Convlendre, v . a. — Convenir.
Convint, part. pas.
Convenu. E x . Nous sommes convint d e n o u s réunir
c
demain. ™
Convoiter, v. n . — C o n v o l e r .
Copérage, 11 m. — Compérage, baptême.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS l8l

Copère, n. ni. — Compère.


Copiage, n. m .
— Plagiat.
— Copie. E x . J'ai b e a u c o u p de copiage à faire.
— Imitation.
Copie, n. f.
E x e m p l a i r e . E x . Je v o u s enverrai d i x copies de m o n der-
nier o u v r a g e .
Copier, v. a.
Plagier. E x . Monsieur, Chose a copié son devoir sur celui
de Machine.
Copieux, a d j .
— Qui copie, copieur.
— Elève qui copie ses devoirs sur c e u x de ses confrères, ou
dans les livres.
Coppe, n. f.
Sou. E x . Je n' ai pas c 'te coppe. Ça n e v a u t pas une coppe.
Copper, v. n.
Payer. E . Allons, l'ami, coppe au p l u s vite.
Coq, n. m.
— Faire un coq, n e pas faire la moitié des points, au jeu de
whist.
— Faire son coq, faire le fanfaron. E x . T u n ' a s pas besoin
de tant faire ton coq, t u n ' e s pas si drôle.
Coq d'Inde, n. m .
H o m m e stupide. Il existe en français d e u x mots seulement
qui se terminent par la lettre q, cinq et coq. On prononçait
autrefois co oVinde. E t la chanson d e Bouffiers :
Or de ces nids, de ces coqs, de ces lacs,
L'amour a formé Ni-co-las.

Coq (petit), n. m.
J e u n e h o m m e q u i aide a u x ouvriers. E x . P a r ici, petit coq,
aide-moi à lever ce madrier.
Coq=I'œil, n. m . — L o u c h e u r .
Coq-nigaud ( e n ) , adv. — Incognito. V o y a g e r a coq-nigaud.
Coque, n. f. — Moule, moucle.
l82 LE PARLER POPULAIRE

Coquecigrue, n. m.
Drôle de pistolet, un o r i g i n a l . D ' a p r è s l ' A c a d é m i e , ce mot
signifierait baliverne.
Coq-en-pâte, n. m.
— H o m m e retiré dans son fromage.
— Lourdaud.
Coquassier, n. m.
Qui é l è v e des coqs. En France, c ' e s t u n marchand de
volailles.
Coquaud, n. m .
(Euf de poule. Comme ce mot d é r i v e d e coque, il est pré-
férable d'écrire coquaud et non coco.
Coquerelle, n. f.
— Blatte germanique.
— Homme a u x cheveux roux.
E n France, coquerelle est le nom donné a u x noisettes dans
leur capsule verte et réunies par trois.
Il y a un insecte assez semblable à la blatte q u i se rencontre
dans les Antilles et que les A n g l a i s appellent cockroaches.
C'est, peut-être, l'origine de notre coquerelle. I l ne serait
pas surprenant de rencontrer ce mot d a n s les colonies o u
dans quelque province française.
« Coquerelle, femme qui g a r d e les chanoinesses d e R e m i r e m o n t
depuis Pextrême-onction j u s q u ' à l e u r enterrement.» {Mé-
moires de la H o u s s a y e , t. I., p . 9. )
Coquerico, n. m.
Cocorico. Onomatopée imitant le chant d u coq,
* Coquerie, n. f. ( A n g l . )
Cuisine. V i e n t de l ' a n g l a i s cookery
Coqueron, n. m.
Petite armoire dérobée, destinée à recevoir toute espèce de
vêtements et de chaussures.
Coquin, e, adj.
Gentil. E x . C e t enfant est bien coquin.
Coquiner, v . n.
Manquer d'honnêteté. E x . Coquine p a s a v e c moi, je s u i s
honnête.
DES CANADIENS-FRANÇAIS I8 3

Corbigeau, n, m.
Courlis de la baie d'Hudson. D'après Cotgrave, ce serait
le cormoran.
Corde, n. f.
— Se mettre la corde au cou, trop s'engager.
— Filer sa corde, faire de mauvaises actions qui finalement
mènent à la potence.
— Toucher la grosse corde, parler d'une chose qui doit faire
du bruit, ou toucher vivement celui à qui on parle. (Fur.)
Corde à linge, n. f.
Corde tendue qui sert à suspendre le linge, cordeau.
Corde de pendu, n. f.
Corde qui porte chance. E x . Toi, tu as toutes les chances,
as-tu de la corde de pendu dans ta poche ?
Cordeau, n. m.
Guide. E x . Tire donc sur le cordeau à ta droite, tu vois
bien que le cheval marche à côté du chemin.
Cordé, adj.
— Filandreux. E x . Des navets, des raves, des carottes cordés.
— Colique cordée. V. ce mot.
Cordée, n. f.
— Pile. E x . Une cordée de bois.
— Cordeau. E x . Une cordée de linge.
Cordelle (traîner à la), loc.
— Hâler un canot dans les rapides au moyen d'une corde.
— Amarre tirée par un cheval.
Corder, v. a. et n.
— Empiler, mesurer du bois à la corde.
— S'empiler, se corder. E x . Voilà du bois qui corde mal.
Corderoi, n. m. — Velours de coton à côtes.
Cordeur, n. m. — Qui corde le bois.
Cordon, n. m.
— Mesure de bois, la quatrième partie d'une corde.
— Chemin de séparation au bout des terres.
— Tirer sur le cordon, être très économe.
Cordon de S. Antoine.
Eczéma à la surface du corps, tout autour de la taille, zona.
PARLER POPULAIRE
184 LE

Corduroi, n. m. - V . C o r d e r o i .
Corgnère, n. f. — C o r n i è r e .
Cornàiiler, v. a. et n. .... , , t l

— Lutter vivement. B x - Ç a va compiler, la lutte va être


chaude.
— Donner des coups d e c o r n e s a droite et à gauche.
— Se donner des c o u p s d e c o r n e s .
En Saintonge, cornàiiler v e u t dire essayer ses cornes.
Cornàiiler (se), v. pron.
— Lutter ensemble c o m m e d e u x bêtes à cornes.
— Se donner des c o u p s d e c o r n e s .
- S ' o b s c u r c i r . E x . " L e t e m p s se cornâille.
Cornas, n. m . — C a d e n a s .
Corne de çarf, n. f. — A m m o n i a q u e .
Corne de seigle, n. f.
Ergot de seigle, p r o d u c t i o n v é g é t a l e parasitale sous forme
d'éperon ou de corne s u r l e s épis de quelques graminées,
comme le blé et le s e i g l e .
Corner, v. a. et n.
— Donner des coups d e c o r n e s . E x . Cette vache a manqué
me corner.
— Corner les oreilles, c o r n e r a u x oreilles.
Cornet d'encre, n, m. — E n c r i e r .
Cornetée d'encre, n. f.
Encrier plein d'encre.
Corniche, n. f.
— Tablette de c h e m i n é e .
— Avoir du pain sur la comzche, avoir des économies.
Cornichon, u. m.
— Niais, imbécile.
— Concombre d ' A m é r i q u e .
— Ergot de seigle. V. C o r n e d e seigle.
Cornière, n. f.
Coin, angle. E x . E n l e v e r u n e cornière d ' u n objet. E n -
ployé adjectivement, comUr, cornière, ce mot est français,
Coronel, n. m. — Colonel.
Corporal, n. m . — C a p o r a l .
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Corporation, n. f.
— Municipalité. E x . J e m ' e n vas payer les taxes de la
corporation. (Angl.)
— Mine, apparence. E x . P o u r un homme malade, t u as
une jolie corporation.
— Conseil de ville. E x . I,e gros Jean est employé à la
corporation. (Angl.)
Corporé, a d j . — Taillé, bien découplé.
Corporence, n. f.
— Corpulence.
— Taille. E x . Cet h o m m e est bien bâti, il a une bonne
corporence.
Marot a employé corporence.

Il mourut veau par desplaisance,


Qui fut dommage à plus de neuf.
Car on dit (vu sa corporance)
Que c'eust été un maistre bœuf.

Corporent, a d j . — C o r p u l e n t .
Corporeux, a d j . — Corpulent.
Corps, n. m.
— Gilet. E x . Voilà l'hiver, tu vas mettre tes corps de laine.
Madame de Sévigné a écrit : Il faut lui mettre un petit
corps u n p e u dur qui lui tienne la taille.
— Cadavre. E x . Le service funèbre va commencer bientôt,
voici le corps qui passe.
— Corsage.
Corps, n. m.
Corps. E x . Avoir mal dans le corps.
— Avoir le corps dérangé, avoir la diarrhée.
Corps mort, n. m.
Arbre a b a t t u par la tempête ou par suite de vétusté.
Correct, adj.
— Exact. E x . Mon compte est-il correct ?
— Entendu. E x . J'espère q u e tu viendras a u comité d'ar-
chéologie ce soir. — C'est correct, j ' i r a i .
Correctable, n. m. — Connétable.
i86 m PARLER POPULAIRE

Correspondre (se), v. pron. S e corrompre.


Correyer, v . a. — Corroyer.
Correyeur, n. m. Corroyeur.
Corrigeable, a d j . — C o r r i g i b l e .
Corroie, n. f.
Courroie. E x . Des souliers à corroie.
Corson, n. m . — Cresson.
Corté, e, adj.
Bien habillé. E x . U n e fille cortêe. V. R e c o r t é .
Corton, n. m .
— Creton, rillon. E x . Je n ' a i jamais p u oublier nos cortons
de collège, t'en souviens-tu, P h i l i p p e ?
— Croton. E x . Huile de corton.
Corvée, n. f.
Travail fait en commun p o u r aider q u e l q u ' u n dans un
moment d'infortune ou p o u r d'autres fins utiles et pres-
santes.
Cossade, n. f . — B u s a r d des marais.
Cosse, n. f.
Cosse. E x . U n e cesse de pois, de fèves.
Cossin, n. m.
— Coussin.
— Homme impropre au t r a v a i l .
* Costarde, n. f. ( A n g l . ) F l a n . — D e l ' a n g l a i s custard.
* Cot, n. m., (m. a . ) — B e r c e a u suspendu, p e t i t lit d ' e n f a n t .
* Cotation, n. f. ( A n g l , )
Cote, part que l'on doit p a y e r d ' u n e d é p e n s e , d ' u n i m p ô t .
E x . I,es cotations de la B o u r s e .
* Cote, n. m . , (m. a.)
— Berceau suspendu.
— I<it de c a m p .
Côte, n. f.
— Ne pas en avoir épais sur la côte, être d ' u n e g r a n d e mai-
greur.
— Avoir les côtes sur le long, ê t r e p a r e s s e u x . E t a n t donnée
sa conformité p h y s i q u e p l u s q u ' é t r a n g e , l ' i n d i v i d u ainsi
affligé n ' e s t pas susceptible d e se r e m u e r rapidement.
DES CANADIENS-FRANÇAIS I8 7

C ô t e d u n o r d , n . f. — L a r i v e n o r d d u fleuve Saint-Laurent.
C ô t e d u s u d , n . f. — L a r i v e s u d d u fleuve.
C ô t e l e t t e s , tx. f. p l . — F a v o r i s .
Côtereux, a d j . — C a t a r r h e u x .
C ô t e u x , a d j . — R é g i o n o ù il y a b e a u c o u p d e c o t e s .
C ô t e y e r , v . a. — C ô t o y e r .
Cotil, n, m . — C o u t i l . Ex. U n sac en cotil.
C o t i l l e , n . f. — C o q u i l l e .
C o t i r , v . a. e t n .
— Pourrir. E x . N o u s n e f e r o n s r i e n d e b o n a v e c ce b o i s ,
i l e s t t r o p coti.
— Dépérir. E x . L a m a l a d i e m ' a coti.
E n F r a n c e , cotir s e d i t d e s f r u i t s . E x . L a g r ê l e a coti l e s
p o m m e s . S i g n i f i e a u s s i craquer, E x . F a i s cotir t e s d o i g t s .
C o t i s a t i o n s , n . f. p l .
Taxes municipales. E x . V o i c i l e t e m p s d e p a y e r s e s cotisa-
tions.
C o t i s e r , v . a.
Estimer la valeur d ' u n e p r o p r i é t é foncière, en v u e d e l a
taxe municipale.
Cotiseur, n. m. — E s t i m a t e u r .
Coton, n. m .
— Tige, trognon. E x . U n coton d e c h o u , d e p a t a t e s .
— Râpe. E x . U n coton d e b l é d ' I n d e .
— Nervure. E x . U n coton d e t a b a c .
— Queue d'animal.
— Vieux cheval.
— Etre au coton, p e r s o n n e d o n t la s a n t é v a e n d i m i n u a n t , e t
a u figuré, c e l l e d o n t l a r é p u t a t i o n e s t c o m p r o m i s e .
— Filer un mauvais coton, a v o i r d u m a l à s e t i r e r d'affaire.
Cotonnage, n. m. — Cotonnade.
C o t o n j a u n e , n . m. — C o t o n é c r u .
Cotonner, v. n.
— U s é . E x . M o n h a b i t e s t cotonnê.
— Avoir mauvaise apparence. E x . Quelle mine as-tu, ce
m a t i n , t u m e p a r a i s b i e n cotonné.
Cotonnier, n . m. — Asclépiade d e Cornuti.
i88 LE PARLEK POPULAIRE

Côtoyeux, adj. — M o n t a g n e u x .
* Cottage, (m. a.) — M a i s o n de c a m p a g n e .
Cou blanc, n. m . — P l u v i e r à collier, s e m i p a l m é .
Couac, n. m.
— Fausse note.
— H o m m e a u x l o n g u e s jambes.
— Charlatan. ( A n g l . ) quack.
— Oiseau de mer, dont la chair n'est g u è r e m a n g e a b l e .
Couchage, n. m . — A c t i o n de se c o u c h e r .
Couche, n. f.
— Avoir la couche épaisse, n ' ê t r e pas d é g r o s s i .
— Porter encore la couche, être trop j e u n e pour a v o i r autant
de prétentions.
— En avoir une couche, sous-entendu d e bêtise.
Coucher, v . a.
Envoyer coucher, e n v o y e r promener. E x . V e u x - t u aller te
coucher, tu m'ennuies g r o s .
Coucher (se), v. pron.
Prendre une position favorable au s o m m e i l . E x . I l y a des
écoliers qui se couchent sur leurs p u p i t r e s , c e sont d e b e a u x
paresseux.
Coucher dehors, loc.
— Se dit des choses inanimées, q u ' o n a laissées dehors, q u ' o n
ne m e t pas à l'abri. E x . Cette v o i t u r e a couché dehors;
je n ' a i pas rapporté m a pioche, elle a couché dehors.
— Etre bête à coucher dehors, à l'instar des a n i m a u x q u i sont
laissés sans abri durant la nuit.
Coucherie, n. f. — Hôtellerie.
Couchettée, n. f. — C o u c h e t t e remplie d ' e n f a n t s .
Cou-croche, n. m.
N o m v u l g a i r e donné à certaines c o u r g e s .
Coude, v . a. — Coudre. E x . U n dé à coude.
Coude (lever le), loc. — B o i r e des s p i r i t u e u x .
Coudon!
Ecoute donc. E x . Coudon, m'as-tu b i e n c o m p r i s ?
Coudre, n. m.
— Coudrier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

— Coutre, fer tranchant de la charrue.


Coudre, v. a. — Coudre le bec, réduire au silence.
Coudrette, n. f. — Petit coudrier.
Coudu, part. pass. — Cousu.
Couëffe, n. f. — Coiffe.
Couenne, n. f.
— Gazon. E x . Ea terre est prise en couenne.
—• Peau. E x . Un individu qui a la couenne épaisse. Se dit
au figuré.
— Chauffer la couenne à quelqu 'un, lui donner une forte
réprimande.
Couanne et couenne se disent en Normandie pour gazon. En
Anjou, une couenne est une fainéante.
Couenner, v. a.
Poser de la couenne, du gazon, sur le sol dénudé.
Couette, n. f.
— Touffe. E x . Coupez-moi cette couette de cheveux.
— Petite queue.
— Se faire prendre la couette, se faire morigéner.
— Se faire couper la couette, subir un grand affront.
Autrefois l'on portait la couette dans la province de Québec.
Couetter, v. a.
Disposer sous forme de couettes. Ex. Avoir les cheveux
couettes.
Couetteux, adj.
Qui se prend en couettes. Ex. Des chevenx couetteux.
Couillon, n. et adj.
Poltron, lâche. E x . Tas de couillons que vous êtes !
Couillonnade, n. f.—Lâcheté, traîtrise.
Couillonnage, n. m. —Action de couillonner.
Couillonner, v. a. —Tromper, trahir.
Coulant, e. adj.
Glissant. E x . Ee trottoir est coulant après cette pluie dé
trois jours.
Coulée, n. f.
— Eau ou sève d'érable recueillie en un seul jour parles-
fabricants de sucre.
190 X,n PARLER POPULAIRE

— Ravin.
— Coulée de lessive, l'action de faire la l e s s i v e .
Couler, v . a. et a.
— Glisser sur un terrain g r a s ou h u m i d e . E x . M o n pied
a coulé, j ' a i failli tomber.
— R u i n e r . E x . C e marchand est coulé â tout j a m a i s .
— Insinuer. E x . Je lui ai coulé ç a dans le t u y a u d e l'oreille.
— Se la couler douce, faire j o y e u s e v i e .
Couler (faire), loc.
Mettre en marche la fabrication d u s u c r e d ' é r a b l e .
Couleuré, e, adj.
Coloré. E x . Cet enfant est trop couleuré,
Couleurer, v . a. — Colorer, donner des c o u l e u r s .
Couleuve, n. f . — C o u l e u v r e . E x . D u raisin de couleuve.
Coulombage, n. m. — C o l o m b a g e .
Coulouer, n. m. — Couloir.
Coup, n- m .
— V e r r e de liqueurs fortes. E x . C e t h o m m e ne se fait pas
prier pour prendre un coup.
— Claquer le coup, boire p l u s s o u v e n t q u ' à son tour.
— Faire les cent coups, faire tous les m a u v a i s c o u p s possi-
bles.
— Avoir un coup, être l é g è r e m e n t i v r e . E x . Etais-tu ivre
l'autre soir quand je t'ai rencontré ? N o n , j ' a v a i s un coup.
— Avoir pris un coup de trop, a v o i r trop bu, a u point de
s'enivrer.
— Prendre un coup, trop boire. E x . V o i s C h o s e , il a encore
pris un coup, c'est p l u s fort q u e l u i .
— De ce coup-là, de ce coup-ci, cette fois. E x . De ce coup-là,
il v a se tuer.
Coup (du), loc.
A l'instant même. E x . Du coup, te v o i l à p i n c é .
Coup (un), n. m.
Une fois. E x . Un coup N o ë l a r r i v é e , n o u s partirons.
Coup que (un), loc. c o n j .
Dès que. E x . Un coup que tu a u r a s fini tes histoires, tu
auras la bonté de m ' é c o u t e r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS ICI

Coup d'eau, n. m.
— Maladie survenant après avoir bu trop d'eau. Ex. Un
cheval malade d'un coup d'eau.
— Masse d'eau arrivant à la fois à la suite de grandes pluies.
Coup de chance, loc. adv.
Heureusement. E x . Coup de chance que tu sois venu me
tirer de l'eau, car j'allais me noyer.
Coup de cochon, n. m. — Action lâche et déloyale.
Coup de fion, n. m.
Dernière main donnée à la toilette.
Coup de main, n. m.—Aide passagère.
Coup de marteau, n. m. — Grain de folie.
Coup de patte, n. m.
Critique acerbe. Ex. C'est un homme charitable, mais il
n' oublie pas son petit coup de patte de temps en temps.
Coup de poche, n. rn. —Action vile.
Coup de torchon, n. m. — Bataille, rixe.
Coup d'or, n. m. — Excellente affaire.
Coup du midi, n. m.
Heure du midi. E x . Tu viendras me prendre sur le coup
du midi.
Coupable, adj.
Qui peut être coupé. Ex. Cette viande-là n'est pas coupable,
elle est dure comme du cheval, ce doit être de la vache
enragée.
* Coupable (plaider). (Angl.)
Avouer sa culpabilité. E x . Des quatre criminels qui ont
comparu à la cour du banc du roi, deux ont plaidé coupable.
Coupâillage, n. m.
Découpage de linge, de papier. Ex. Veux-tu cesser tes
coupâillages, vilain garnement.
Coupâiller, v. a.
— Couper en menus morceaux.
— Couper maladroitement et sans ordre.
Coupant, adj.
— Mordant.
— Habile en affaires.
L,E PARIER POPULAIRE
192

Coupant (au plus), loc. adv.


Au plus tôt. Ex. Va me chercher ma c a n n e au plus cou-
pant, file au plus coupant.
Coupâsser, v. a.
Faire des petits ouvrages en coupant s a n s t r o p d e soin.
Coupe, n. f.
— Entaille faite au pied d ' u n arbre par le b û c h e r o n .
— Tranchée de chemin de fer.
— Couple. E x . Une coupe de jours.
— Etendue de bois coupé.
Coupe-feu, n. m.
Porte de fer qui enlève toute c o m m u n i c a t i o n entre deux
pièces.
Couper, v. a.
— Découper. E x . Couper la viande.
— Rogner. Ex. Couper les gages d ' u n s e r v i t e u r .
— Affranchir, hongrer.
— Clore. E x . Il s'est fait couper le sifflet.
— Couper son eau, boire à petites g o r g é e s .
— Couper la figure, se dit d ' u n vent t r è s froid qui frappe la
figure avec violence.
— Couper par, prendre u n raccourci. E x . T u couperas par
là, si tu v e u x arriver plus vite.
Couper (se), v. pron.
— Se contredire dans ses propres paroles. E x . Vous venez
de vous couper, mon ami, surveillez v o s paroles,
— Crotter ses chaussures en marchant d a n s des immondices.
E x . Regarde à tes pieds, si tu n e v e u x p a s te couper. •
Couple de jours, n. f.
Deux jours. E x . J e vous reverrai d a n s u n e couple de jours.
Coupler, v. a. — Accoupler. E x . Coupler d e s b a s .
Couplet, n. m.
Partie du collier qui fixe le timon a u h a r n a i s . E x . Des
cordes de couplets.
* Couque, n. m. (Angl.) — Cuisinier. D e l ' a n g l a i s cook.
* Couquerle, n. f.
Cuisine. E x . Faire la couquerle. De l ' a n g l a i s cookery.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
193

Cour (homme de), n. m. — Q u i a la surveillance des cours.


Courâillage, n. m . — A c t i o n de courâiller.
Courâiller, v . n.
— Courir de tous côtés.
— Mener u n e m a u v a i s e v i e .
Courâilleur, n . m . — D é b a u c h é .
Courâilleux, n. m .
— Mendiant de mauvaise mine.
— Homme débauché.
Courant, u. m.
— Coulant, t i g e frêle qui s'allonge en coulant sur le sol. —
(Dict. L i t t r é . )
-— Plante g r i m p a n t e en g é n é r a l .
Courante, n. f. — Diarrhée, cours de ventre.
Coureur, n. m .
E s p è c e d ' e s t u r g e o n à nez très aplati.
Coureur des bois, n. m. — Chasseur, trappeur.
Coureux, adj.
— Personne a u x m œ u r s dissolues.
— A g i l e , q u i p e u t courir v i t e .
Coureux de chemin, n. m.
— Chemineau.
— I n d i v i d u q u i v a g a b o n d e à droite et à gauche.
Couriace, adj. — Coriace.
Courir, v . a. et n.
— Pousser. E x . Pourquoi cours-tu ton cheval à pleine
vitesse ?
— F a i r e la t o u r n é e . E x . N o u s allons courir les érables, c e t
après-midi.
— Courir à travers. E x . C ' e s t un garçon qui n'est b o n
q u ' à courir les champs.
— Prendre part à u n concours hippique. E x . V a s - t u courir
ton trotteur a u x prochaines courses.
— Courir sur, s'avancer v e r s .
— Courir après ses cinquante ans, arriver à cet âge.
Courpion, n. m .
Croupion. E x . J ' a i mal a u courpion.
13
LE PARLER POPULAIRE
194

Courriette, n. f.
Petit morceau en forme de lanière. E x . S e faire enlever
une courriette de peau par un clou.
Cours de banc. — Cours d'études suivi sans succès.
Course, n. f.
— Tirer une course, courir, lutter de vitesse.
— Faire une course sur une banque, demander un rembourse-
sement de ses fonds.
Courson, n. m . — C r e s s o n .
Court, adj.
Le courVet le long, tous les détails. E x . Je te raconterai le
court et le long de cette affaire, p a r temps perd u.
Court (être de), loc.
Etre à court d'argent. E x . Prête-moi donc cinq piastres.
— Impossible, je suis trop de court.
* Court plaster, n. m. plasteur-, (ni. a.) — Taffetas g o m m é .
Courtes-pattes, n. m. pl.
Individu à jambes courtes. E x . V o i c i u n courtes-pattes qui
s'en vient.
Courtin, n. m. — Veste à manches.
Courvalline, n. f.
Dépuratif composé de racines de patience, de salsepareille,
de chiendent et de dent-de-lion, additionnées de sulfate
de magnésie.
Courvée, n. f.
— Corvée, tâche pénible.
— Corvée, travail collectif.
Cousable, adj. — Qui peut être cousu.
Couserai (je), futur d u verbe coudre. — Je coudrai.
Cousin, n. m .
Gâteau à forme particulière qui fait partie des pains bénits.
Coûtage, n. ni. — Coût, frais.
Coûtageux, a d j .
— Coûteux.
— Gênant.
Coûtance, n.f.
Gêne. E x . Ce n'est pas la coûtance q u i me fait a g i r ainsi.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 195

Coûtant, a d j . — Q u i coûte à faire.


Coutchou, n. m. — C a o u t c h o u c .
Coutchouc, n. m . — C a o u t c h o u c .
Coûte qui coûte, l o c — C o û t e que coûte.
Couteau, n. m.
— Boisson alcoolique mise d a n s u n v e r r e d ' e a u g a z e u s e o u
d'eau. E x . C o u p e ton e a u a v e c un p e t i t couteau.
— H o m m e retors.
— C'est un petit couteau, c'est u n homme d e p e u de valeur.
— Etre à couteaux tirés, être ennemi.
Couteau à poisson, n. m. — T r u e l l e .
Coûtément, n. m .
P r i x d'une chose, dépense à faire. E x . T o u t cela, ce sont
des coûtêments pour rien.
Coûter, v. n.
— Coûter les yeux de la tête, c o û t e r très c h e r .
— Coûter chaud, m ê m e sens. E x . T u v e u x acheter du
stock de la Caisse d'Economie, j e t ' a v e r t i s q u e ca v a te
coûter chaud,
Coute=pied, n. m .
Coup-de-pied. E x . S i tu m e donnes u n coute-pied, j e te le
rendrai.
Couture, n. f.
— T o u t ce q u ' i l faut pour c o u d r e . E x . E m p o r t e ta couture
avec toi.
— Rabattre les coutures, plaisanterie qui c o n s i s t e à presser sur
les coutures d ' u n habit neuf, pour en m a r q u e r l'étrenne.
A m u s e m e n t de collégiens.
Couvarcle, n. m , — C o u v e r c l e .
Couvarte, n. f.
Couverte. E x . U n e couvarte de laine, u n e couvarte a c h e v a i .
Couvarture, n. f. — Couverture.
Couvé, e, adj. — C o u v i . E x . U n œuf couvé.
Couvert, n. m.
— Couvercle. E x . Un couvert de plat, d e c h a u d r o n .
— C o u v e r t u r e . E x . U n couvert de livre, de boîte, de mai-
son.
196 LE PARLER POPULAIRE

— Boîtier. E x . L e couvert d'une m o n t r e . E x . J'ai acheté


une montre couverte, c'est-à-dire à d o u b l e boîtier.
— Donner à couvert, loger.
Couverte, n. f. — C o u v e r t u r e . E x . U n e couverte d e lit.
Couvre=pieds, n. m. — Courte-pointe, c o u v e r t u r e de l i t piquée,
Couyau, n. m.
Cojrau, pièce de bois qui porte sur l ' e x t r é m i t é inférieure des
chevrons, de manière à dépasser la saillie de l'entable-
ment pour former l ' a v a n c e de l ' é g o u t d u toit.
Couyon, n. m. — V . C o u i l l o n .
Couyonnade, n. f. — V . C o u i l l o n n a d e .
Couyonner, v . a. — V . Couillonner.
Crabe, int. — Crabe de chien ! Crabe de diable ! Crabe !
Crac, n. m.
— Faire un crac, embrasser une p e r s o n n e en lui entourant
le cou de ses bras. E x p r e s s i o n qui s ' a p p l i q u e p l u t ô t aux
jeunes enfants. E x . Crac, minouchc.
— U n instant. E x . J'ai fait cela d a n s u n crac.
Cracher, v . n.
— P a y e r bon gré m a l g r é . E x . J e finirai par le faire cra-
cher.
— C'est son pire tozit craché, c'est son portrait ressemblant.
— Ne pas cracher dedans, ne p a s d é d a i g n e r les liqueurs
fortes.
— Cracher des trente sous, cracher u n r h u m e .
— Cracher blanc, a v o i r soif.
— Cracher sur son prochain, le m é p r i s e r .
— Cracher la vérité, avouer, rendre le secret.
— Ne pas cracher sur, ne pas d é d a i g n e r . E x . Je ne crache
pas sur les petits profits que j ' a i faits à la b o u r s e .
Crachoué, n. m, — C r a c h o i r .
Crachouè, n. m. — C r a c h o i r .
* Cracknei, (m. a.)
Craquelin, biscuit au maïs, à bords d e n t e l é s et r e c o u r b é s .
* Crakers, n. m. pl., (m. a . )
— Biscuit.
— Craquelin.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 197

* Crâde, n. f. ( A n g l . )
M u l t i t u d e de p e r s o n n e s . D e l ' a n g l a i s crowd.
Crainte, n. f.
— Crainte de, crainte que, de crainte que. E x . Dans son
testament, il a t o u t donné à sa femme, crainte que ses en-
fants se c h i c a n e n t .
— En crainte, c r a i n t i v e m e n t . E x . Il fait tout en crainte.
Craion, n. m. — C r a y o n .
Craire, v. a.
Croire. E x . J a m a i s j e v o u s crairai. V . Creire.
Crâlée, n. f. — F o u l e .
Cramaillère, n. f . — C r é m a i l l è r e .
Crampe, n. m . — C r a m p o n .
Cramper, v. a.
— C r a m p o n n e r . E x . N o t r e poêle est cassé, il faudra l e
faire cramper.
— Se faire cramper, tromper.
— Cramper des pantalons, l e u r donner le pli a v e c un fer à
repasser.
Cramper (se), v . p r o n .
•— S e cramponner, s ' a c c r o c h e r à q u e l q u ' u n .
Crampon, n. m . — G r a p p i n .
Cramponner (se), v . pron.
— S e dit d ' u n c h e v a l qui se blesse avec les crampons de
ses fers.
— S e donner u u e entorse.
— S e rétrécir, se contracter, s e plisser. E x . U n e étoffe
q u i se cramponne.
Cran, n. ni.
— R o c h e r stratifié ou à fleur de terre qui borde le r i v a g e d u
fleuve S a i n t - L a u r e n t . E x . Courir d ' u n cran à l'autre, a u
risque de se casser le c o u .
— C ô t é . E x . M e t t r e son c h a p e a u sur le cran de la tête.
* Crank, {crangke) m . a.
Vif, gaillard, v o l a g e .
Cranque, n. f.
Crampe. E x . J'ai des cranques dans le mollet.
LE PARLER POPULAIRE

Crapaud, n. m.
Avoir les mains comme des crapauds, a v o i r les m a i n s enflées
par le froid.
Crape, interj.
Juron. E x . Crape de chien ! Crape c h i e n !
Crapet, n. m.
— Enfant malin q u ' o n ne p e u t prendre p l u t ô t p a r un bout
que par l'autre.
— Crapet jaune, poisson moins r é p a n d u d a n s la P r o v i n c e de
Q u é b e c que le crapet v e r t . D a n s l a r é g i o n d e Montréal
on l'appelle crapet noir.
Crapin, n. m . — Crapaud, g a m i n .
Crapotte, n. m .
Crapaud. E x . Faire u n saut de crapotte.
CrapouiHe, n. f. — C r a p u l e .
Crapoussin, n. m. — H o m m e de très p e t i t e taille, m a l tourné.
Craquant, n. m. — V . C r o q u a n t .
Craque, n. m.
— Instrument dont se servent les b l a n c h i s s e u s e s p o u r gau-
frer la toile ou la dentelle.
— Bruit produit par des bottes en m a r c h a n t . E x . M . notre
professeur a du craque d a n s ses b o t t e s ! — O u i , mon enfant,
mais j ' a i m e m i e u x avoir d u craque d a n s mes bottes que
dans ma tête.
Craque, n. f.
— Crevasse. E x . U n e craqtie dans u n m u r .
' — F e n t e . E x . Cette planche a u n e craque.
— D é r a n g e m e n t d u c e r v e a u . E x . C e t h o m m e a u n e craque
à la tête.
Craquer, v . a. et n.
— Crevasser. E x . E e s m u r s de la v i l l e s o n t craqués partout.
— Fendre. E x . S u r cent planches, il y en a a u moins v i n g t
qui sont craquées.
— Fendiller. E x . A p r è s cette g r a n d e sécheresse, l a terre est
toute craquée.
— Craqueler. E x . I l fait tellement c h a u d d a n s l e salon,
q u e nos peintures o n t fini par craquer.
DES CANADIKNS-PRANÇAIS '99

— T u y a u t e r . E x . Il faudra q u e ces dentelleslsoient cra-


quées.
— Etre craqué après quelqu'un, a v o i r une amitié particulière
p o u r lui.
Craquignole, n. m . — V . C r o q u e c i g n o l e .
Crasse, n. f.
H o m m e m a l h o n n ê t e . E x . C ' e s t une m a u d i t e crasse. Il
m ' a joué un tour de crasse.
Crasser, v. n. — E t r e m a l h o n n ê t e en affaires.
Crasser (se), v . p r o n .
S'assombrir. E x . L,e t e m p s se crasse.
Crasserie, n. f. — Canaillerie, coquinerie.
Crasseux, n. et adj. — M a l h o n n ê t e en affaires.
Crassin, n. m. — Crasse durcie.
Crassiner, v. n. — Bruiner.
Cravasse, n. f. — C r e v a s s e .
Cravasser, v . n . — Crevasser.
Cravasson, n . m . — V . C r e v a s s o n .
Crayon de mine.
C r a y o n de m i n e d e plomb o u plombagine. "
Crayon de plomb, n. m .
C r a y o n de p l o m b a g i n e ou de g r a p h i t e .
Crayonner, v . a.
E c r i r e en t o u s s e n s avec u n c r a y o n . E x . M o n petit frère a
crayonné m o n d e v o i r .
* Crazy work, crêzê weurke, (m. a.)
O u v r a g e fait a v e c des retailles de drap, de soie.
Cré, adj.
A b r é v i a t i o n de sacré. E x . Cré nom d ' u n chien ! cré mille
noms ! Cré m i l l e bombes ! Cré mâtin !
Créature, n. f.
F e m m e . E x . Je v a i s me p r o m e n e r a u x E t a t s , j ' a m è n e m a
créature a v e c m o i . Je m e s u i s souvent demandé, disait M .
C h a u v e a u , si l e s sermons sur les dangers d e s'attacher
trop fortement a u x créatures ne formaient p a s l'origine de
cette e x p r e s s i o n bien c a n a d i e n n e . M . C h a u v e a u se trom-
pait, car le m o t créature p o u r femme se dit en Normandie.
200 LB PARLER POPULAIRE

Créchard, n. m.
Qui v i t a u x dépens d u g o u v e r n e m e n t ; celui-ci est l a crèche.
Crèche, n. f.
Service civil en général. T o u t fonctionnaire est c e n s é man-
ger à la crèche gouvernementale. E x . V i v r e à la crèche,
manger à la crèche.
Crédit, n. m.
— Un bon crédit, un h o m m e qui p a i e b i e n .
— Un mauvais crédit, celui qui paie m a l , E x . N e lui avance
rien, c'est un mauvais crédit.
Créiature, n, f.
Créature, femme en g é n é r a l . N e se p r e n d jamais en mau-
vaise part. E x . C ' e s t m a créiature, c'est-à-dire m a fem-
me l é g i t i m e .
Créié, interj. —Juron très populaire.
Creire, v . a.
Croire. E x . C'est à creire que j e v a i s consentir à te donner
mon argent. J'te cré ! Cré-moê o u cré-moêpas, j e te dis
q u ' i l y a un revenant qui a p p a r a î t t o u t e s les nuits au
cimitiere.
Crémage, n. m. — Action de crémer.
Cré mâtin, interj.
Bégaiement pour sacré !
Crémer, v. a.
Couvrir u n gâteau de sucre.
Crémerie, n. f.
Etablissement où l'on fabrique le b e u r r e . E x . A v e z - v o u s
du beurre de crémerie à me v e n d r e .
E n France, la crémerie est l'endroit o ù l ' o n v e n d le beurre.
* Crémeur, n. m., ( A n g l ) .
Mouton de Perse. E x . U n capot en crémeur.
Crémeuse, n. f.
Ecrérueuse. E x . D u beurre de crémeuse.
Crémone, n. f.
Cravate de laine tricotée p o u r mettre a u t o u r d u cou, en hiver.
En France, la crémone est u n e e s p a g n o l e t e pour fermer les
croisées.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Créon, n. m .
C r a y o n . L,acombe donne créon p o u r crayon.
Crêpe, n. f.
— Virer une crêpe, a u j e u de brisque celui qui g a g n e cinq
brisques s ' e m p a r e d u t a l o n et l e tourne à l'envers ; alors
il a g a g n é la partie. S e dit encore de celui q u i glisse et
tombe de t o u t son l o n g .
— Jouer à la crêpe, jouer à l a brisque.
Crétlque, n. f. — C r i t i q u e .
Crétiquer, v. a. — C r i t i q u e r .
Créton, n. m.
Creton, rillon, p e a u croustillante q u i reste dans la graisse
quand on l a fait fondre.
Creume, n. f. — C r è m e .
Creumer, v . n. — C r é m e r .
Creuve-faim, n. m . — M e n d i a n t .
Creux, n. m. et a d j .
— S o u r d . E x . U n e v o i x creuse.
— Faire son creux, son t r o u .
— N'être pas dans le plus creux, n ' ê t r e p a s au bout de ses
peines.
— Sonner le creux, sonner c r e u x .
— Tousser creux, avoir une t o u x profonde.
Creuyabe, a d j . — C r o y a b l e .
Crevasson, n. m . — H o m m e d e p e u de valeur.
Crève=faim, n . m . — P a u v r e , mendiant.
Crevé, adj.
— Hernie.
— F a t . E x . U n petit crevé.
Crever, v. a.
— Crever la faim, mourir d e faim.
— Crever la soif, m o u r i r de soif.
Crever (se), v . p r o n .
Contracter u n e hernie.
Crever (se faire). S e faire mourir. E x . Il se fait crever à force
de travailler.
Crevure, n. f. — H e r n i e .
202 LB PARLER POPULAIRE

Crève=z=yeux, n. m.
— Asperge.
— Coléoptère.
Créyable, a d j . — C r o y a b l e .
Créyance, n. f. — Croyance.
Créyant, a d j . — Croyant.
Cri, n. m .
— P e r s o n n e irascible. E x . Cet enfant est m é c h a n t comme
un cri.
— Criée. E x . T u feras le cri à la porte de l ' é g l i s e que j ' a i
perdu m a vache.
Cri (aller). — A l l e r quérir. E x . V a cri mon chapeau.
Criage, n. m . — Criaillerie.
Criâillage, n . m . — C r i a i l l e r i e .
Criâilleux, n. et adj. — Criailleur.
Cribe, n. m . — Crible.
Crible, n. m .
— T a r a r e , instrument qui sert à vanner le b l é et à nettoyer
le g r a i n .
— Brette, petit train de bois flotté.
Cric, n. m .
Enfant maussade. E x . E t r e m é c h a n t c o m m e un cric.
Criocrac, n . m . — Crécelle.
* Cricket, crikete, (m. a.) — Jeu de balle à la crosse.
Crier, v . n.
— G r o n d e r , gourmauder.
— A n n o n c e r à la criée.
— Faire une chose en criant Jack ou en criant ciseau, c'est-à-
dire faire très vite.
— Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton, crier à
pleins p o u m o n s .
Crieur, n. m — A u d i e n c i e r .
Crieux, a d j . — Criard.
Crignasse, n . f. — Chevelure épaisse et e n désordre.
Crigne, n. f. •
— C r i n i è r e . E x . T u prendras le c h e v a l par la crigne et tu
me l ' a m è n e r a s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 203

— Chevelure. E x . Je l'ai pris par l a crigne et je l'ai cou-


ché par terre.
Crignière, u. f. — C r i n i è r e .
Crin, n. m.
Avoir les oreilles dans le crin, ê t r e sur ses gardes.
Crincrin, n. m. — V i o l o n .
Crion, n. m. — C r a y o n .
Crique, n. f.
— D e n t d'enfant. E x . M o n t r e tes petites criques à maman.
— Petite rivière.
— Fissure dans u n rocher.
Criquet, n. m.
— Enfant agité.
— Grillon domestique.
Crir, v. a. — C h e r c h e r , quérir.
Cristi, Juron.
Critiqueux, n. et adj. — C r i t i q u e u r .
Criyon, n. m. — C r a y o n .
Cro, cros, n. m.
— Vieille dent é b r é c h é e .
— Barbe. E x ; Je m e laisse pousser les cros. E n Norman-
die on se sert d u m o t barbacro pour désigner de grandes
moustaches, barbe en forme de crochet.
Croche, adj.
— F a u x . E x . C e t h o m m e a des idées croches.
— De travers. E x . I l a l'esprit croche.
— A v e c certitude. E x . Je te l'ai fourré dedans un peu
croche.
Crochet, n. m.
— Tire-bouton, crochet qui sert à boutonner des souliers,
des gants.
— Tirer au crochet, se prendre d ' u n doigt, généralement l e
m é d i u m , avec le d o i g t d ' u n autre pour lutter de force.
Crochir, v . a. — C o u r b e r , rendre croche.
Crochu, adj.
Bancroche. E x . C ' e s t un g a r ç o n bien m a l planté, il est
tout crochu.
204 LE PARLER POPULAIRE

* Crocket, n. m. (Angl.)
Mail ; jeu qui consiste à pousser une boule avec le mail, ou
petit maillet en bois, de forme cylindrique.
Croire (se) quelqu'un, loc.
Avoir confiance en soi.
Croisaillâge, n. m. — Croisement en tous sens.
Croisâiller, v. a. — Disposer en croix nombreuses.
Croisâiller (se), v. pr. — Se rencontrer de près sur la route.
Croisée, n. f.
Bois disposé en croix aux deux extrémités d'une cordée
pour l'empêcher de débouler.
Croiser, v. n.
Etre assez bien pourvu de provisions, de blé, d'avoine, etc.,
pour pouvoir attendre jusqu'après la nouvelle récolte.
Ex. J'ai encore beaucoup de blé, j'espère que je vais
croiser facilement.
Croiser (se), v. pron.
Faire le signe de la croix. Se disait à Québec au commen-
cement du dix-neuvième siècle.
Croison, n. m.—Cloison.
Croisonner, v. a. — Cloisonner.
Croix, n. f.
Personne assommante, pas endurable. E x . Encore ma
croix qui arrive.
Croix de Saint=Louis,
— Plante qui croît à travers les blés.
— Ce n 'est pas de la croix de Saint-Louis, cet homme ne
vaut pas grand'chose, il ne ressemble aucunement aux
chevaliers porteurs de cette croix. Sous le régime fran-
çais, ce genre de décoration était très en vogue, même
parmi les Canadiens.
Croquant, n. m.
Cartilage ou autres parties d'un animal qui résiste à la dent.
Croquecignole, n. m.
Croquignole, sorte de pâtisserie, ainsi nommée parce qu'elle
imite assez la forme que prennent les doigts lorsqu'on
veut donner une croqxiignole ou chiquenaude sur le nez.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 205

Dans la région de Montréal, on dit beigne pour croqui-


gnole. Beigne est une corruption de beignet, qui est une
tout autre espèce de pâtisserie. E n France, la pâtisserie
qui se rapproche le plus du croquignole, s'appelle casse-
museau.
Croquée, n. f.
Dentée. E x . Prendre une croquée amont un morceau de
sucre.
Croquette, n. f. — V a r i é t é d'airelle (bluet).
* Croqueurse, n. m. pl., (Angl.) — Crackers.
Croquignole, n. m. — V . Croquecignole.
* Crossing, n. f., (m. a.)
Croisière. E x . Prends garde à ton cheval quand ou arrivera
à la crossing, parce qu'il peut passer un train.
Crotte, n. f.
— Faire petite crotte, vivre péniblement.
— Avoir la crotte au nez, avoir des sécrétions nasales durcies.
Crotteux, adj.
Plein de crottes. E x . Cet enfant a le nez crotteux.
Crotton, n. m.
Petit enfant chéri. E x . Viens m'embrasser, mon cher
crotton.
Croupion (à), loc. adv.
A croupetons, position d'une personne accroupie. E x . E t r e
à croupion sur une chaise.
Croupis, v. n.
Demeurer longtemps dans un même endroit. E x . Ne me
laisse pas croupir là.
Crouston, n. m.
Croûton, l'extrémité du pain où il y a le plus de croûte.
Croûte, n. f.
— Neige durcie à la surface. E x . Marcher sur la croûte.
— Ecorce des arbres. E x . Se chauffer avec des croûtes.
— Casser une croûte, manger, faire un repas.
— Avoir bien des croûtes à manger avant d'arriver au succès r

n'être pas près d'arriver.


Croûtes, v. n. — Durcir. E x . Un sol qui croûte.
2 o 6 L E PARLER POPULAIRE

* Crow-bar, bâr, (m. a . ) - P i n c e , levier


* Crowd, eraude, (m. a . ) - F o u l e , rassemblement. V. Crâde.
Cru, adj.
Humide. E x . Le temps est cru, nous allons avoir de la pluie.
Cruchetée, n. f. — Cruchée. E x . U n e cruchetée de lait.
Cruchon, u. m. —Imbécile.
Cruel, adj.
Enfant difficile à élever parce qu il pleure, et ne dort pas.
E x . Une mère de famille qui n' a que des enfants cruels.
C'te, adj.
Cet, cette. E x . C'te d e m a n d e ! enfant, c '/'armoire.
C'tella, adj. f. —Celle-là.
C'tici, adj. —Celui-ci.
C'tilà,
Celui-là. Molière à dit : Il faut tirer l'échelle après ceti-là.
Cuer, v. a. — Tuer, éteindre. E x . Cuer le feu, la chandelle.
Cuiller à pot, n. m.
Grande cuiller pour servir la soupe.
Cuir à patente, n. m.
Cuir verni. Ex. Des bottes de cuir à patente.
Cuire, v. a. et n.
— Faire cuire le pain dans le four. E x . A u j o u r d ' h u i , nous
allons cuire, il fait mauvais.
— Se faire surchauffer. E x . Arrêtez d e chauffer le poêle,
nous cuisons.
Culsage, n. m. — Cuisson.
Cuisine, n. f.
Mets. E x . Nous allons faire de la bonne cuisine.
Cuissière, n. f.
L'une des jambes du pantalon qui recouvre la cuisse.
Cuite, n. f. — Excès de boisson. E x . Prendre u n e cuite.
Culasse, n. f.
Arrière-train. E x . J e l'ai pris p a r la culasse, et l'ai jeté
par terre.
Culot, n. m
Partie du pantalon qui entoure les cuisses. E x . Je l'ai
saisi par le culot.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 207

Culotte, n. f.
— Pantalon.
— Porter la culotte, se dit d ' u n e femme qui est la maîtresse
de tout dans un m é n a g e .
Culotteux, adj. — Q u i culotte les pipes.
Culotton, n. m . — E n f a n t q u i commence à porter des culottes.
Cumulard, n. m .
Fonctionnaire qui e x e r c e simultanément plusieurs emplois.
Cure=pipe, n. m.
Petit instrument pour vider les pipes et les écurer.
* Currant, keurrante, (m. a . ) — R a i s i n de Corinthe.
* Cut, keute, (m. a.) — G r a v u r e , vignette.
Cuvette, n. f. — Petite cuve, c u v e a u .
Cuvotte, n. f . — C u v e a u , baquet.
Cuyer, v. a.
Cueillir. E x . A l l o n s cuyer des prunes. R a b e l a i s a dit cuil-
Ictite pour cueillette.
Cyprès, n, m. — P i n gris, pin d e rocher.

o o

D
O ; -O

D'abord que, loc. adv.


— Puisque. E x . D'abord que tu v e u x bien m'écouter.
D u moment que. E x . D'abord que tu seras présent, nous
serons plus à l'aise.
Dague, daye, n. f.
Emporte-pièce, outil dont la tranche, forme exactement le
contour de l a pièce à découper.
Daguer, dayer, v . a. — D é c o u p e r avec la d a g u e .
208 LE PARLER POPULAIRE

Dagueur, dayeur, n. m .
Ouvrier employé dans les manufactures de chaussures.
D'aguette, loc.
A v e c précaution. E x . Cette femme m a r c h e toujours d'a-
guette, sans faire de bruit ; en réalité elle craint d ' é v e i l l e r
la curiosité des autres.
Dalle, n. f.
— Evier.
— Chéneau, conduit de bois ou de m é t a l , qui reçoit les
e a u x des toits pour les diriger v e r s le t u y a u de descente
(dalleau).
— Conduit alimentaire de la bouche à l'estomac. Ex.
A l l o n s nous rincer la dalle.
Dalleau, dallot, n. m.
— Conduit en ferblanc, en zinc, en tôle, en bois p a r où s'é-
coule l ' e a u des toits, et qui lui est arrivée par la dalle.
— D o i g t de gant ou linge, qui sert à envelopper u n d o i g t
malade.
— Ivrogne, buveur.
Dalmatique, u. f.
Chemise. E x . Ce soir, comme il fait chaud, j e v a i s me
mettre au lit en dalmatique.
Damage, n. m.
Dommage. E x . B e a u damage. N o u s trouvons damage
dans la chanson de R o l a n d .
Damageable, a d j . — D o m m a g e a b l e .
Damas, n. m .
Prunes de Damas, prunes violettes, d e grosseur m o y e n n e et
très succulentes, récoltées sur la c ô t e d e Beaupré, et sur
l'île d'Orléans.
Dame, n. f.
— F e m m e . E x . V o t r e dame est bien, j ' e s p è r e .
— Barrage, digue.
— C a g e eu bois servant de quai. E x . A l a baie S a i n t - P a u l ,
il y a, en plein fleuve, une dame de difficile abord.
— Grosse dame, dame riche et de h a u t ton.
— Dame ! interjection.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 209

Damnation !
J u r o n assez fréquent, prononcé dans un moment de colère ou
de douleur.
Damné, e, adj.
M a u v a i s . E x . V o i l à une damnée affaire q u i me casse les
bras.
* Dampeur, n. m . ( A n g l . )
Clef de t u y a u de poêle, registre de cheminée.
Dandeliner ( s e ) , v. p r o n . — S e dandiner.
* Dandy, dann'dê, (m. a.) — E l é g a n t .
Dangereux, euse, a d j .
— Probable. E x . C ' e s t pas dangereux q u ' i l fasse mauvais.
— Imprudent, é t o u r d i . E x . C e t enfant est dangereux, il
faut y faire attention.
Dangereux, a d j . — D a n g e r e u x .
Dans, prép.
— S u r . E x . G r i m p e dans l'arbre.
—• Par. E x . Je suis capable de p a y e r cinq chelins dans le
louis.
— A peu près. E x . C ' e s t un homme dans v o t r e taille, dans
v o t r e âge.
— A . E x . A l l e r a u m a r c h é un panier dans le bras.
Dans (par), loc. p r é p .
Dans. E x . T u passeras par dans le chemin G o m i n .
Dans la lune (être), l o c .
E t r e très distrait. E x . A quoi pensez-vous donc, êtes-vous
dans la lune ?
Dans le criminel, loc.
D ' u n e façon e x a g é r é e . E x . V e n d r e cher dans le criminel.
Dans le fil, loc.
A v e c beaucoup d ' h a b i l e t é . E x . C e t o u v r a g e a été hit dans
le fil-
Dans le sac (être),
R é g l e r , terminer. E x . Notre affaire est dans le sac, tapons-là.
Dans les, loc. p r é p .
E n v i r o n . E x . C e t t e maison m ' a coûté dans les cinq mille
piastres.
LE PARLER POPULAIRE
2IO

Dans les à peu près, loc. prép.


A peu près. E x . Il doit avoir quatre-vingts o u dans les à
peu pris.
Dans les environs, loc. prép.
A peu près. E x . M a maison v a u t dans les environs de cinq
mille piastres.
Dans les grands prix, loc. prép.
Autant qu'il y a moyen. Il s'est fait blaguer dans les
grands prix.
Dans le temps de le dire, loc.
En le disant. E x . J'ai appris ma leçon dans le te?nps de le
dire.
Dans mon opinion, loc. prép.
D'après moi. E x . Dans mon opinion, il mouillera avant
que le soleil se couche.
Dans par, loc. prép.
Par. E x . S i tu v e u x dire comme m o i , nous partagerons
dans par la moitié.
Dans un rien de temps, loc.
En moins dejrien. E x . J'ai fait mon o u v r a g e dans un rien
de, temps.
Danse, n. f.
Soirée où l'on danse. E x . Vas-tu à la danse, c e soir, chez
Boulé ?
Danse câllée, n. f.
Danse pendant laquelle q u e l q u ' u n appelle les figures. Ce
quelqu'un est désigné sous le nom de câlleur. (Angl.)
Danse carrée, n. f. — Quadrille, lancier.
Danse ronde, u. f.
Danse eu rond, cotillon.
Danse vive, n. f.
Valse, polka. E x . L,es danses vives sont tout simplement
tolérées, elles ne sont pas permises:
Danser, v. u.
~ Danser à la corde, sauter en faisant passer sous ses pieds
une corde qu'on tourne.
— Danser plus vite que le violon, aller trop vite en besogne.
D E S CANADIENS-FRANÇAIS 211

D'apparence, loc.
Selon les apparences. E x . I l fera beau avant le coucher du
soleil, d'apparence.
D'apparence que, loc. adv. — Apparemment.
D'arculons, loc. adv. — A reculons.
De raculons, loc. adv. — A reculons.
De reculons, loc. adv. — A reculons.
Darder (se), v. pron.
Se jeter sur. E x . I l s'est dardé sur Pierre pour le frapper.
Donne l'idée d'un dard lancé avec force et qui pénètre dans
les chairs.
Dardeur, n. m. —Celui qui darde le poisson avec la nigogue.
Dargnier, adj. et n.
— Dernier né. E x . Le| petit dargnier, chez nous, s'appelle
Benjamin.
— Dernier.
— En dargnier, en dernier lieu. E x . Quand même tu
arriverais en dargnier, ça ne fait rien.
Dargnlèrement, adv.
Dernièrement. E x . J'ai appris cela tout dargnièrement,
* Darner, v. a. (Angl.)
Repriser, raccommoder, ravauder. De l'anglais to dam.
Damier, adj. — Dernier. E x . Le damier de la classe.
Darrière, adv.
Derrière. E x . Passe par darrière la voiture. Moi, je n'ai
pas de porte de darrière, j e dis tout ce que j e pense.
Darte, n. f. — Dartre.
Darteux, adj. — Dartreux.
* Dash, dach, n. m., (m. a.)
— Trait, filet (terme d'imprimerie).
— E?ti dash. — T r a i t de la largeur d'un m.
Date (en) de, loc.
A la date de. E x . Je suis à peu près certain que Montréal
a été fondé en date de 1642.
* Date (up-to-), eupe-tou-dête, m. a.
De mode récente, dans les derniers goûts. E x . Le magasin
Morgan est up-to-date.
212 LE PARLER POPULAIRE

D'avance, loc.
— Prompt, expéditif. E x . J'emploie b e a u c o u p d'ouvriers,
sur le nombre il en est p e u qui soient d'avance.
— Hâtif. E x . J'ai récolté cent minots d e patates d'avance.
D'avant, loc.
A u p a r a v a n t . E x . V i e n s me voir à N o ë l ? — N o n , j ' i r a i la
semaine d'avant.
D'avant que, loc. adv. — A v a n t que.
Davantage, a d v .
Une plus grande quantité, plus. E x . A s - t u assez de pièces
de d i x c e n t s ? — N o n , j ' e n v o u d r a i s davantage.
* Day-book, dé-bouc, (m. a.) — B r o u i l l a r d , livre de commerce.
D'ci et là, loc. adv.
D ' u n côté et de l'autre. E x . Il v a d'ci et là sans trop savoir où.
D'dans, adv. et prép.
— D e . E x . Débarque d'dans la v o i t u r e .
— Dans. E x . E m b a r q u e d'dans les c h a r s .
— Dedans. E x . Je me suis fait fourrer d'dans d e la belle
façon.
De, prép.
— A . E x . Je suis prêt de m ' e n aller.
— A l a place de. E x . S i j ' é t a i s de toi, j e m ' e n irais.
— U n . E x . I l ne pourra avoir de s e r v i t e u r c o m m e celui-là.
— A u p r i x de. E x . Il est bien différent de ce q u ' i l était
autrefois.
— D e p u i s . E x . Il est malade de l a semaine dernière.
— D a n s . E x . Pierre est bien-affligé des y e u x .
* Dead lock, dèd, (m. a.)
A r r ê t forcé, impasse. E x . L,es affaires v o n t très mal, nous
sommes en plein dead-lock.
Débâcle, n.f.
Diarrhée considérable après une forte constipation.
Débagagement, n. m.
Déménagement. E x . L e s débagagements à Q u é b e c se font
d u i " au 3 mai.
Débagager, v. a.
— D é m é n a g e r , e n l e v e r son b a g a g e p o u r le transporter ail-
DES CANADIENS-FRANÇAIS 213

l e u r s . E x . C h a r r e t i e r , c o m m e n t me chargez-vous pour
rne dêbagager ?
— Déraisonner. E x . L,e v i e u x commence à dêbagager.
C o t g r a v e cite dêbagager p o u r serrer, mettre en paquets.
Débagoulard, n . m . — B a v a r d d e bas étage.
Débagouler, v . n.
Bavarder, p a r l e r a v e c passion de choses fastidieuses.
Déballé (nouveau), n. m.
N o u v e l l e m e n t a r r i v é , c o m m e si l ' i n d i v i d u était venu enve-
loppé dans u n e toile d ' e m b a l l a g e . E x . E n c o r e un nou-
veau déballé e n t r é au d é p a r t e m e n t des terres de la c o u -
ronne.
Déballer (se), v . p r o n . — S e d é c i d e r à agir.
Débaptiser, v . a.
C h a n g e r de n o m d e b a p t ê m e .
Débarbouiller, v . a. — Battre.
Débarbouiller (se), v . pron.
— S e tirer d ' e m b a r r a s . E x . Débarbouille-toi comme tu
pourras, moi j e m ' e n l a v e les mains.
—• S'éclaircir. E x . L e t e m p s se débarbouille v i t e .
Débarquement, n . m . — D é b a r c a d è r e .
Débarquer, v . a.
— Descendre d ' u n l i e u é l e v é . E x . Débarque de la v o i t u r e ,
nous s o m m e s t r o p de m o n d e .
— Oter. E x . Débarque-ïe. d e là, ou j e v a i s le débarquer.
— Descendre e n g é n é r a l . E x . Débarque de sur mes g e n o u x .
— Cesser d e s ' a p p u y e r . E x . Débarque de sur moi, tu m e
gênes d a n s m e s m o u v e m e n t s .
— Cesser d ' o c c u p e r une position. E x . T u v a s débarquer d e
ta place, si t u continues à te m a l conduire.
Débarras, n. m .
— Clairière. E n d r o i t o ù l ' o n r e l è g u e tout objet embarras-
sant.
— Diarrhée.
Débarrasser, v . a.
A b a t t r e des arbres. E x . N o u s allons construire dans cette
partie du b o c a g e , il faudra commencer par débarrasser.
214 LE PARLER POPULAIRE

Débârrer, v. a.
Ouvrir une porte, un meuble fermé à clef. E x . Voici mon
trousseau de clefs, débârre tous les meubles et toutes les
portes qui ont été fermés à clef avant notre départ.
* Debater, débéieur, (m. a.)
Orateur parlementaire, argumentateur.
Débattement, n. m. — Palpitation, battement du cœur.
Débattre (se), v. pron.
Battre. Le cœur me débat comme s'il voulait me sortir du
corps.
Débaucher, v. n.
Lancer, partir. E x . Une fois débauché, il n'y a plus moyen
de l'arrêter, celui-là.
•* Débenture, n. f. (Angl.)
Titre ou obligation émise par un gouvernement, une corpo-
ration municipale.
De besoin, loc.
Besoin. E x . Voulez-vous acheter des livres?—Merci, j'en
ai pas de besoin.
Débiffer, v. n.
Perdre sa bonne mine, son apparence de santé. E x . Comme
tu es dêbiffê ce matin, as-tu couché sur les ravalements ?
Débine, n. f.
— Misère, pauvreté, gêne. E x . L a débine me poursuit
depuis quelque temps.
— Binette.
Débiner, v. a.
— Médire, dénigrer. E x . Qu'as-tu à tant débiner sur le
compte de ton prochain ?
— Perdre contenance.
Débiscaillé, adj.
— Bouleversé de figure. D'où viens-tu, comme tu es
débiscaillé, ce matin ?
— Brisé, déformé. E x . Un chapeau débiscaillé.
Débitage, n. m.
— Action de dépecer.
— Action de fendre le bois.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 2ï5

Débiter, v. a.
— Dépecer. E x . E s - t u bon pour débiter un b œ u f ?
— Fendre. E x . Débiter u n e corde de bois.
Débiteur, adj. — D é p e c e u r , fendeur de bois.
Débloquer, v . a.
Mettre un c o n v o i d e c h e m i n de fer en état de s'avancer,
après avoir e n l e v é la n e i g e q u i l'arrêtait. E x . Enfin les
chars, retenus à S a i n t - C h a r l e s depuis d e u x jours par u n e
tempête de n e i g e , sont débloqués.
Déboire, v . n . — V o m i r .
Débord, n. m . — D i a r r h é e considérable.
Débordage, n. m . — Saillie.
Débordé, e, a d j .
Un lit débordé, u n lit dont les c o u v e r t u r e s sont pendantes.
Débotter (se), v . p r o n . — O t e r ses bottes.
Débouche, n. m . — D é b o u c h é .
Débouler, v . n . et a.
— R o u l e r de h a u t en bas. E x . L ' e n f a n t v i e n t de débouler
l'escalier, il a d é g r i n g o l é d e tout son l o n g . E n F r a n c e ,
ce mot v e u t dire s'enfuir a u p l u s vite, courir comme u n e
boule q u ' o n l a n c e .
— Devenir m è r e , en parlant de la femme.
Débouliner, v . n. — D é g r i n g o l e r .
Déboulis, n. m .
— A v a l a n c h e d e n e i g e , p r o v e n a n t des toits o u des roches,
qui c u l b u t e n t d u s o m m e t o u d u flanc d ' u n c a p ou d ' u n e
montagne.
— E b o u l i s . E x . U n déboulis de pierres.
— E b o u l e m e n t , c h u t e de ce q u i s'éboule.
Débourgeonner, v . a.
E n l e v e r les b o u r g e o n s de l'arbre. *
Débourrer, v . a.
— V i d e r l a p i p e d u tabac q u ' elle contient.
— T r a v a i l l e r à former l ' i n t e l l i g e n c e .
Débourrer (se), v. p r o n .
Croître en i n t e l l i g e n c e . E x . N o t r e petit Jean commence à
se débourrer, l a maîtresse d ' é c o l e est contente de lui.
2l6 LE PARLER POPULAIRE

Débouter, v . a.
Doubler un. c a p , en terme de marine. ( C l . )
Déboutonner, (se), v . pron.
— Faire p r e u v e de générosité dans u n e circonstance spé-
ciale.
— Dire t o u t c e qu'on pense. E x . S i j e perds patience, je
finirai u n b o n jour par m e déboutonner.
Débrager ( s e ) , v. pron. — S'agiter, se démener.
Débraqueter, v . a.
Enlever l e s broquettes. E x . Débraqueter un tapis.
Débrayer, v . n . — T r o p parler.
Débrette, 11. f. — G r o s repas, fête de famille.
Débricoler, v . a . — E n l e v e r la bricole.
Débricoler (se), v . pron. — Oter ses bretelles.
Débringué, e, adj.
Qui a u n e t o u r n u r e n é g l i g é e , nonchalante.
Débris, n. m . p l .
A b a t i s . E x . Un débris de veau.
Débriscaillé, a d j . part. — D é b i s c a i l l é . V . c e mot.
Débrousser, v . a.
Enlever l e s b r a n c h a g e s (brousse) des v i g n e a u x ,
pécacher, v . a.—• E n l e v e r les couvertures d ' u n lit.
Décacher (se), v . pr. — S e désabrier. V . ce mot.
Décaler, v . n .
— E n l e v e r l'écale d'une noix.
— E n l e v e r l e brou d ' u n e n o i x , d ' u n e noisette.
Décalotter, v . a.
Décoiffer, ô t e r le chapeau, le casque, la casquette.
Décalotter (se), v. p r o n . — S e décoiffer.
Décampe, n . f.
A l l u r e , d é g a i n e . E x . E n voici un q u i a u n e curieuse
décampe.
Décaniller, v. n.
D é m é n a g e r , déguerpir, fnir comme un chien ; du latin canis,
chien.
Décanter, v . a.
C h a n g e r d e position un objet mis sur le cant. V . Cant.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 217

Décapoter, v . a.
— Enlever le c a p o t ou le pardessus.
— Dépecer l a baleine.
Décapoter (se), v . pron.
Oter soi-même son capot. E x . Décapotez-vous, vous allez
avoir trop c h a u d .
Décapuchonner, v . a. — E n l e v e r le capuchon.
Décapuchonner (se), v . p r o n . — O t e r son c a p u c h o n .
Décarcaner, v . a. — O t e r l e carcan.
Décarêmer (se), v. pron.
Faire un repas c o p i e u x après quelques jours de privations.
E x . Il y a assez l o n g t e m p s que nous m a n g e o n s de la m o -
rue, décarêmons-nous avec d u jambon.
Décarrer, v. a.
E n l e v e r à q u e l q u ' u n sa carre. ( T . de jeu.)
Déceînturer, v . a. — Oter la ceinture, déceindre.
Déceinturer (se), v . pron.
Oter sa ceinture. E x . Déceinturez-vous, afin q u e vous res-
piriez plus à l'aise.
De cela (à part), loc adv.
A part cela. E x . A part de cela, qu'as-tu à me dire ?
De ce que, loc.
Comme, à q u e l point. E x . Je ne suis pas capable de te dire
de ce que m o n p è r e est fâché contre moi.
De delà, loc. a d v .
D e là. E x . Ote-toi de delà que j e m ' y mette ?
Décerner, v . a. — Cerner, entourer de toutes parts.
Décesser, v. n .
Cesser. E x . I l ne décesse pas de m'ennuyer.
Déchafauder, v . a. — E n l e v e r u n échafaud.
Déchagriner, v . a. — Consoler.
Déchagriner (se), v . p r . — S e consoler.
Déchaîné, a d j . part.
H o m m e en furie. E x . C e t h o m m e est u n véritable déchaîné,
il est capable d e tuer.
De chance que, loc. adv. — Heureusement que.
Déchanger (se), v . pron. — C h a n g e r d'habit.
218 LE PARLER POPULAIRE

Décharge, n . f.
R u i s s e a u o u rivière dans laquelle se déversent les e a u x d'un
lac, d ' u n étang. E x . L a Grande Décharge, d u lac Saint-
J e a n , d a n s la rivière S a g u e n a y .
Déchargeage, n. m. — D é c h a r g e m e n t .
* Décharger, v . a.
C o n g é d i e r , retirer à q u e l q u ' u n sa c h a r g e . E x . Je suis obligé
de p a r t i r d e Québec, mon patron v i e n t de me décharger.
(Angl.)
Décharger (se), v. pron.
D é c h a r g e r sa bile. E x . A la p r o c h a i n e occasion, je me
déchargerai sur l u i .
Dèche, n . f.
Gêne, m i s è r e . E x . D e ce temps-ci, je suis d a n s la dèche,
i n u t i l e d e me parler de souscription.
Déchesser, v . a . — D e s s é c h e r .
Décheter, v . a. — Repousser, mépriser.
Décheviller, v . a. — Oter la cheville.
Déchicoter, v . a. — Déchiqueter.
Déchiffrer, v . a. Défricher.
Déchoquer (se), v. pron.
Se d é f â c h e r . E x . T u te choques, t u n'auras p l u s q u ' à te
dêchoquer.
Décimale, n . f.
Volée d e c o u p s . E x . S i tu ne te tiens p a s tranquille, j e te
d o n n e r a i une bonne décimale.
Décirer, v . a. — E n l e v e r la cire des oreilles, des y e u x .
Decit et d ' I à , l o c — I c i et là.
Déclaquer (se), v. pron.
Oter s e s claques. E x . Déclaque-toi, tu as fini tes sorties
p o u r c e soir.
Déclarer faillite. — S e déclarer en faillite.
Déclaver, v . a.
E n l e v e r l ' a n n e a u qui sert à enclaver u n animal.
Déclencher, v . a. — E n l e v e r la clenchette d ' u n e porte.
Déclin, (en), l o c — A clin. E x . L a m b r i s s e r en déclin.
Décloquer, v. a. — E n l e v e r la cloque, le pardessus d ' h i v e r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Décloquer (se), v. pron. — O t e r sa cloque.


Décolérer (se), v . p r o n . — S e défâcher.
Décoller, v. a. e t n.
— Congédier. E x . A l l o n s , fiche-moi la p a i x , sinon j e t e
décolle d'ici. Décolle, o u j e v a i s me fâcher ?
— Courir à u n e g r a n d e vitesse. E x . Je viens de rencon-
trer un c h e v a l à l'épouvante, j e t'assure que ça décollait,
Décollouer, v . a . — D é c l o u e r .
Décompte, n. m .
Revision. E x . L ' é l e c t i o n est finie, les candidats ont pres-
que le m ê m e nombre d e v o t e s , il v a falloir faire l e
décompte.
Décompter, v . a. et n .
— Compter l e s bulletins de v o t e après une élection.
— Perdre la raison.
— Condamné à mourir. E x . M o n frère T h o m a s est bien
malade, le d o c t e u r l ' a décompté,
Déconçarter, v . a. — Déconcerter.
De conte, p r é p . — Contre, à côté d e .
Décoppé, adj. — S a n s argent, sans la coppe.
Décorder, v . a. — D é f a i r e u n e corde.
Décorer, v . n . — E n l e v e r les cors a u pied.
Décoter, v. a. e t n.
— Faire en sorte q u e celui q u i est accoté c h a n g e de posi-
tion.
— C h a n g e r d e position.
Découde, v. a. — Découdre.
Découdre (en), loc.
Grabuge. E x . I l v a en découdre, si j e n'arrive p a s à m o n
but, il y a u r a d u train, d u grabuge, on en entendra parler.
Découèffer, v . a. — Décoiffer, enlever son chapeau.
Découleurer, v . a. — Décolorer.
Découper, v . a.
Trancher. E x . C e t t e couleur bleuâtre découpe t r è s bien s u r
le jaune.
Découseral, fut. de découdre.
Découdrai. E x . I l en dêcousera, si j e n'arrive pas à temps.
220 LE PARLER POPULAIRE

Découvarte, n. f. — D é c o u v e r t e .
Découvert, n. m.
— A b a t i s d'arbres.
— C h e m i n tracé à t r a v e r s la forêt.
Découvrir, v . a.
Découvrir saint Pierre pour couvrir saint Paul, dérober à
l'un pour donner à l'autre.
Décrasser (se), v . p r o n .
Se mettre a u beau, en parlant de la t e m p é r a t u r e . E x . Le
temps commence à se décrasser.
Décravater (se), v . pron. — O t e r sa c r a v a t e .
Décrocher (se), v . pron.
— Se décrocher la palette de Vestomac, se casser l'appendice
x y p h o ï d e ou la pointe d u s t e r n u m .
— Avoir l'estomac décroché, avoir c o n t r a c t é une m a l a d i e des
voies digestives qui ruine la c o n s t i t u t i o n .
Décrocheter, v . a. — D é c r o c h e r .
Décroits, n. m . pl. — E c r o i t s .
Déculotter, v . a.
— Donner une verte semonce.
— T r o m p e r dans un m a r c h é .
— E x p o s e r en public les opinions d ' u n i n d i v i d u .
Dedans, a d v .
— D a n s . E x . V a dedans m a c h a m b r e .
— Donner dedans, tromper.
— Etre dedans, se mettre dedans, ê t r e en perte. E x . I l s'est
mis dedans pour une forte somme.
— Se faire fourrer dedans, se faire b l a g u e r .
— Ne pas cracher dedans, ne pas d é d a i g n e r le p e t i t verre.
— Mettre les animaux dedans, les e n v o y e r à l ' é t a b l e .
Dedans (en) de, loc. a d v .
E n moins de. E x . S o n c h e v a l f a i t son mille en dedans de
trois minutes.
De dedans. — D e . E x . S o r s de dedans le salon.
De de. — D e . E x . Je v i e n s d'arriver de de chez l u i .
De devant,
— D ' a v a n t . E x . Le d i m a n c h e de devant N o ë l .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 221

— D ' a u p a r a v a n t . E x . Il est mort dans la semaine de


devant.
Dédire (se), v. p r o n .
— Perdre sa b o n n e mine. E x . Cette femme, si élégante
autrefois, s ' e s t beaucoup dédit depuis u n an.
— N e pas a r r i v e r d a n s la m e s u r e que l'on pouvait espérer.
E x . Les récoltes avaient belle apparence, mais le blé s'est
beaucoup dédit.
De d'ia, loc. adv.
— D e l à . E x . Ote-toi de d'là.
— De cet endroit. E x . F r a n ç o i s dit qu'il est de la paroisse
de Saint-Pierre, toi, es-tu de d'là ?
Dédoubler, v . a.
— Doubler. E x . Dédoubler u n cap, un coin de rue.
Dédoubler (se), v . p r o n . — R e d o u b l e r d'efforts
D'ein.
Dans un. E x . J ' a i fait m o n o u v r a g e d'ein rien de temps.
D'eine.
— D ' u n e . E x . N o u s avons fait dix lieues d'eine seule
bourrée.
— Dans u n e . E x . Mets les patates d'eine poche.
Défâcher (se), v . p r o n .
Se remettre en b o n n e h u m e u r après s'être fâché.
Défaçonner, v. a. — F a i r e p e r d r e contenance.
Défaire, v. a.
— Ramener p l u s o u moins à l ' é t a t primitif. E x . Défaire
du beurre, l ' a g i t e r au point d e lui donner la consistance
de crème.
Défaire (se), v . p r o n .
— Oter ses h a b i t s e x t é r i e u r s . E x . Défaites-vous et venez
prendre le dîner avec moi.
— S'agiter ferme, se donner beaucoup de mal.
Défaisable, a d j .
Qui peut se défaire. E x . Ce nœud-là n ' e s t pas défaisable.
Défaite, n. f.
— P r é t e x t e , e x c u s e . E x . Ça, c'est encore u n e défaite de ta
part.
•222 I»E P A R L E R POPULAIRE

— Echiffes, vieux linge échifîé, cardé et tissé. (B. P . F.)


* Défalcataire. (Angl. ) — Concussionnaire.
* Défalcation. (Angl.) — Concussion.
Défaller (se), v. pron. — S e découvrir le cou.
Défarger, v . a. — Désentraver.
Défaut, n. m . — F a u t e . E x . Tomber en défaut.
Défaut d'une côte, n. m.
Endroit où le chemin commence à s'élever ou à s'abaisser.
Défendre (se), v. pron.
— Cesser de jouer. E x . Je ne j o u e plus, je m ' e n défends.
— Se défendre de son corps et de son sang, protester forte-
ment de son innocence.
Défendu, adj.
Impossible. E x . Je ne puis travailler plus de quatorze heu-
res par jour, cela m'est défendu. (Par q u i ? on ne le dit pas.)
Déficile, adj. — Difficile.
Défiger (se), v. pron.
Prendre de l'aplomb, de la vigueur. E x , Cet enfant com-
mence à se défiger, sa timidité s'en va peu à p e u .
Défint, te, adj.
Défunt. E x . Mon défint père qui est m o r t .
Défoncé, adj. part, et n. m .
— N ' a v o i r plus d e fonds en banque. E x . Demande-moi
pas d'argent, je suis défoncé.
— Manger comme un défoncé, m a n g e r avec excès.
Défoncer, v. a.
— Enfoncer. E x . Ne défonce pas la porte avec tes poings.
— Se défoncer. E x . L,es chemins défoncent ce m a t i n .
* Défranchisation, ( A n g l . )
Condamnation d ' u n électeur à la perte de ses droits politi-
ques ou civils.
* Défranchiser, v. a. (Angl.)
Enlever à uu électeur ses droits politiques ou civils.
Défrayer (se), v. pron. — Se divertir.
Défricher, v. a. — Déchiffrer.
Défriper, v. a.
Défaire les plis d ' u u vêtement chiffonné, d ' u n linge fripé.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 223

Défroque, n. f.
H a b i t s eu g é n é r a l . E x . O t e ta défroque, et entre au salon.
Défroquer (se), v. pron.
— Oter sa froc.
— S e dévêtir. E x . Défroquez-vous, nous allons nous met-
tre à table.
Défunt, défunte, n. m . et f.
E e défunt, la défunte, se disent pour le père ou la mère
défunts. E x . C e pauvre défunt, a-t-il souffert avant de
mourir. C e chapeau-là appartenait à la défunte.
Défuntisé, adj.
— Décédé. E x . M o n père et m a mère sont dêfuntisés de-
p u i s longtemps.
— Détruit, disparu à tout jamais. E x . T u te souviens de
mon beau c h a p e a u de castor, tu sauras q u ' i l est défuntisé,
le v e n t l'a emporté d a n s le fleuve.
Dégainde, n. f. — D é g a i n e . E x . U n e belle dêgainde.
Dégaine, n. f.
A t t i t u d e , façon de se tenir. E x . U n tel a une drôle de
dégaine.
Dégeancer v. a.
Détruire, désengeancer. N o u s finirons pourtant par nous
dégeancer des m o u c h e s .
Dégeler (se), v . pron.
S e dégourdir. E x . L ' e n f a n t commence à se dégeler, il parle,
il s'amuse c o m m e les autres enfants.
Dégendrer, v. a.
Détruire. E x . T â c h e donc de dégendrer les punaises de ma
couchette.
Dégêner, v. a. — M e t t r e à l'aise.
Dégêner (se), v . pron.
Prendre de l'aplomb, sortir de l'état de gêne. E x . Dêgênez-
vous, Monsieur, faites comme si vous étiez chez vous.
Dégèrer, v. a.
Digérer. E x . Docteur, j e dêgere mal.
Déglacer, v. a. — E n l e v e r la glace, la froideur.
Déglacer (se), v. pron. — S e donner de l'aplomb.
224 LE PARLER POPULAIRE

Degnier, n. m .
Denier. E x . L e degnier de Saint-Pierre.
Dégniasier, v . a.
Déniaiser. E x . D ' o ù viens-tu, tu n ' e s pas encore dégniaùéî
Dégniaiser (se), v . pron.
A c q u é r i r de l'intelligence en vieillissant.
Dégobillage, n. m.
Verbiage. E x . A s - t u entendu le discours de cet orateur ?
Quel dégobillage ?
Dégobiller, v . n.
— Parler mal. E x . C ' e s t un bavard q u i ne cesse de dégo-
biller sur mon compte.
— V o m i r abondamment, rejeter ce q u e l ' o n a g o b é .
Dégoiser, v . n . — Parler mal avec force et volubilité.
Dégommer, v . a.
— Dessoûler.
— F a t i g u e r , épuiser.
— Travailler à donner à quelqu'un l ' e x p é r i e n c e q u i l u i man-
que due à son manque d'intelligence. ( B . P . F . )
Dégonfler, v . a.
Percer à j o u r l'orgueil ou la vanité d ' u n individu.
Dégorger, v . a.
Forcer à p a y e r une forte somme. E x . J e l u i ferai bien dé-
gorger les cinq mille piastres q u ' i l m e doit.
Dégosiller, v . n.
Etouffer. V i e u x m o t français qui signifie égorger.
Dégoter, v . a.
— Chasser, perdre sa place. E x p r e s s i o n très ancienne, même
en Canada. E l l e est française, d ' a p r è s le Courrier de
Vaugelas. On la trouve dans la correspondance de V o l -
taire, dans Littré, mais non p a s dans le Dictionnaire de
l'Académie.
— Dégoiser.
Dégouailler, v . n. — Déblatérer.
Dégoubiller, v . n. — D é g o b i l l e r .
Dégouquière, n. f, — Gouttière.
Dégourmer (se). — Jeter sa gourme.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 225

Dégoût, n. m.
Avoir le dégoût, se dit d ' u n e f e m m e mariée incapable de
prendre des aliments sans les v o m i r aussitôt.
Dégoûtation, n. f. — Q u i cause d u dégoût.
Dégoûté, adj.
Difficile. E x . J ' a i m e b e a u c o u p les huîtres, les pâtés de
foie gras a u x truffes. — T u n ' e s pas dégoûté !
Dégouttière, n. f.
Gouttière. E x . P r e n d s garde a u x dégouttières, tu vas abî-
mer tes hardes.
Dégrader, v. a. et n.
— Dépasser. E x . V e u x - t u te laisser dégrader ? Sinon v a
plus v i t e .
— E t r e arrêté sur l a route. E x . Je n ' a i pu arriver à l'heure,
j ' a i é t é dégradé p a r l a neige.
— Entraîner par l e v e n t , les courants. ( S e dit d'une cha-
loupe).
Dégrader (se), v . pron.
T o m b e r par m o r c e a u x . E x . L,e mortier se dégrade d'après
la maison.
Dégraisser, v . a.
Voler. E x . I l s'est fait dégraisser d e la belle façon par des
voleurs.
Dégraisser (se), v . p r o n .
S e mettre au b e a u . E x . L e t e m p s se dégraisse.
Dégras, n. m.
— R e b u t . E x . Jette-moi cela a u dégras, ça ne v a u t plus
rien.
— Déchets.
Dans l'ancien français, dégras signifiait joie, plaisir, bom-
bance.
Dégreyer, v. a.
— Dégarnir. E x . Marie, dêgreye la table, le dîner est fini.
— E n l e v e r les h a b i t s . E x . Dégreyer les enfants.
Dégreyer (se), v . p r o n .
— S e dévêtir. E x . Dégreyez-vous, Monsieur, v o u s êtes le
bienvenu c h e z m o i .
15
226 LE PARLER POPULAIRE

— S e défaire*peu à peu de ses meubles. E x . Pierre descend


la côte, il se dégreye peu à peu de son m é n a g e .
Dégriller, v. a. — E n l e v e r le hâle sur la p e a u .
Dégrimoner, v . u. — Médire, déblatérer.
Dégrimoner (se), v . pron.
Se défendre avec v i v a c i t é , se débattre v i v e m e n t .
Dégripper (se), v. pron.
•— G u é r i r de la grippe. E x . Enfin me voilà dégrippé, après '
quinze jours de maladie.
— S e tirer d'affaires.
Dégroûler, v . n.
Dégringoler, descendre rapidement d ' u n arbre.
Déguarpir, v . a. et n. — Déguerpir.
Dégueuler, v . n.
— Bavarder.
— V o m i r à pleine bouche.
Dégueuleur, n. m. — B a v a r d de bas é t a g e .
Déhaler, v a.
— T i r e r d'embarras. E x . Déhaler q u e l q u ' u n d ' u n e mau-
vaise affaire.
— T i r e r . E x . Déhaler une j a m b e enfoncée d a n s la neige,
dans la boue.
Déhaler (se), v . pron.
Se tirer d'embarras. E x . Déhale-toi comme tu pourras.
Déhancher (se), v . pron.
Se donner un tour de reins.
Dehors, adv.
— Marcher dehors, sortir. E x . A z o r , marche dehors.
Dehors, adv.
Dehors. E x . T o i , sors dehors au plus coupant.
Dehors (en) de, loc a d v .
— H o r s de. E x . Je travaille en dehors des h e u r e s de bu-
reau, afin de réparer le temps p e r d u .
— E n sus de. E x . Je travaille en dehors de mes heures de
bureau, quoique j e n ' y sois pas o b l i g é .
— E n cachette. E x . M o i , j e ne fais rien en dehors de mon
associé.
DUS CANADIENS - FRANÇAIS 227

Déjà, adv.
D'ailleurs. E x . V o u s n'êtes pas déjà si drôle.
Déjeter, v . a.
Rejeter, mépriser. E x . Etre dêjetê du public.
Déjener, d'jeûner, v . n. — D é j e u n e r .
Déjeun-ner, v. n . — D é j e u n e r .
Déjeviller, v . a. — O t e r la cheville, décheviller.
Déjointer, v. a . — D é j o i n d r e . E x . Déjointe tes d o i g t s , ta pri-
ère est finie.
Déjointer (se), v . pron.
Déjoindre, disloquer. E x . Je me suis dêjointe l e pouce en
jouant.
Déjouquer, v . a. e t n.
Faire sortir d u j u c h o i r , déjucher.
Déjuiller, v. a . — E n l e v e r la cheville, décheviller.
Délabre (en), n. m . — Délabré, en ruine.
Délacer, v . a. — D é l a c e r .
Délibéré, adj.
— Disposé, d é c i d é à faire une chose.
— Débarrassé, libre de toute occupation. E x . Q u a n d t u
seras délibéré, t u viendras m e voir.
Délibérer, v. a . — D o n n e r la liberté, libérer.
Délibérer (se), v . pron. — S e libérer.
Délicatesses, n. f. p l .
Friandises. E x . N ' abuse p a s des délicatesses, t u v a s te bri-
ser l'estomac.
Délicat, e, adj.
Difficile à nourrir. E x . Cette personne est bien délicate, elle
ne mange d e rien.
Délicatesse (en), loc.
— Dans une position délicate. E x . Je suis e n délicatesse
avec mon v i e i l a m i .
Délécher (se), v . p r o n .
Se passer la l a n g u e sur les lèvres avec d é l e c t a t i o n , après
avoir b u u n e liqueur excellente, o u après a v o i r m a n g é u n
bon mets.
Délier, v. a. — D é l a y e r . E x . Délier de la p e i n t u r e .
228 L E PARLER POPULAIRE

Déligner, v . a.
L i g n e r , désigner p a r un trait. E x . T o i , B a p t i s t e , tu vas
dêligner la planche, c'est-à-dire m a r q u e r p a r u n trait au
c r a y o n l a partie qui doit être e n l e v é e p a r la h a c h e , l a scie
ou l ' é g o h i n e .
* Délivrer, v . a. ( A n g l . ) — Délivrer tm discours, prononcer.
* Déloquer, v . a. ( A n g l ) .
Desserrer une forme. ( T e r m e d ' i m p r i m e r i e . )
Délurer, v . a. — D é n i a i s e r .
Délurer (se), v . p r o n . — P r e n d r e de l ' a p l o m b , de l ' e x p é r i e n c e .
Demage. d'mage, n. m. — D o m m a g e .
Démailler, v . u.
E c h a p p e r des mailles d ' u n filet. E x . L e poisson démaille
souvent.
Démaller, v . a.
— O u v r i r une malle. E x . Démaller u n sac d e poste.
— A s s o r t i r les lettres dans un b u r e a u d e poste.
Démancher, v . a.
— L u x e r , disloquer. E x . J ' a i u n b r a s démanché.
— D é n o u e r . E x . Cette corde est difficile à démancher.
Démancher (se), v . pron.
— S e m e t t r e v i g o u r e u s e m e n t à l ' o u v r a g e . E x . P i e r r e s'est
mis à l a besogne a v e c ardeur, é v i d e m m e n t il s e démanche,
— S'agaillardir.
— S e d é v ê t i r . E x . Démanchez-vous au p l u s v i t e , nous
allons dîner.
— S e l u x e r un membre. E x . Se démancher u n b r a s , une
jambe.
Démanchure, n. f. — D i s l o c a t i o n d ' u n os.
Demande, n . f.
Faire la grande demande, demander u n e fille en m a r i a g e .
Demande (belle), n. f.
D e m a n d e inutile. E x . C te belle demande! L a belle demande!
Demande ( à ) , loc a d v .
— A u f u r et à m e s u r e . E x . S i t u a s besoin d ' a r g e n t , tu
en a u r a s à demande, tant q u e t u en v o u d r a s , m a i s de-
mande-le.
DES CANADIP;NS-FEANÇAIS 229

E n abondance, au gré de la personne. E x . Comme t u


n'es pas économe, j e t'enverrai de l'argent, mais seulement
à demande.
Demander, v. a.
Demander des qiiestions, poser. E x . N e nie demande p a s
de questions, j e ne te répondrai point.
Demander après quelqu'un, s'informer de quelqu'un a v e c
espoir de le rencontrer.
— Faire demander quelqu'un, le faire venir.
— Demander pour une soirée, inviter.
— Demander à ce que, demander que.
Démangeaison, n. f.
Grande envie. E x . A v o i r une grande démangeaison de
parler.
Démanger, v. n .
A v o i r une forte e n v i e . E x . La main me démange, j ' a i envie
de te frapper. La langue me démange, j ' ai envie de parler.
Démarcher, v . n .
Marcher d ' u n e façon inusitée, comme un enfant qui n'est
pas sûr de ses j a m b e s .
Démarrer, v. a. et n.
— Défaire, détacher. E x . Démarre mes souliers.
— Partir, s'en aller. E x . Il ne démarre pas de l à .
Démêler, v. a.
— M é l a n g e r en délayant. E x . Démêler de la fleur avec
de l'eau.
— Mettre les c h e v e u x en ordre au moyen d ' u n démêloir.
Démêler (se), v . pron.
— S e peigner a u moyen d'un démêloir.
— S e tirer d'embarras.
Déméliorer, v. a . — D é t é r i o r e r .
Démélouer, 11. m . — D é m ê l o i r .
Démembrer (se), v . pron.
S ' a g i t e r les bras d ' u n e manière e x a g é r é e durant la marche.
Démenabie, adj.
Q u i est susceptible d'être g u i d é . E x . Cet h o m m e n'est p a s
démenabie.
230 L,E P A R L E R P O P U L A I R E

Déménager, v . a.
Perdre la raison. E x . Chez ce v i e u x - l à , c'est la raison qui
déménage.
— Jeter à la porte. E x . T u ne paies pas ton l o y e r , déménage,
et tout de suite.
Démence (en), loc.
E n décrépitude, en ruines. E x . Cette maison est en démence.
Déménuer, v . a. et n. — Diminuer.
Déménution, n. f. — Diminution.
Demeurance, n. f. — Demeure.
Demeurant (le), n. m .
L e reste, c e qui reste.
Demeure (à), loc.
— B i e n fait, solidement. E x . C e t o u v r a g e est fait à de-
meure.
— T o u t à fait, absolument. E x . P i e r r e est b ê t e à demeure.
Demeure (en), loc.
E n position. E x . Je ne suis pas en demeure de faire cela.
B o s s u e t a dit : Je n'étais pas en demeure de ce côté-là, pour
en retard.
Demiard, n . m.
M e s u r e de liquides équivalant à u n e demi-chopine. En
roman, il y a le mot demion q u i y correspond.
Demi=lune, n. f. — T a b l e demi-ronde.
Demi-voix (à), l o c . — A m i - v o i x .
Demoiselle, n. f.
— Libellule.
— F i l l e . E x . C o m m e n t se porte v o t r e demoiselle ?
— Grosse demoiselle, demoiselle d u g r a n d monde, de qualité.
— Demoiselle à la mode, même sens.
Démon, n. m .
— G é n i e . E x . C ' e s t u n bon démon qui m ' a soufflé cette
idée.
— Etre en démon, fâché, irrité.
Démonne, n. f. — F e m m e maligne.
Démontant, adj.
D é c o u r a g e a n t . E x . I l pleut toujours, c'est démontant.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 231

Démonter (se), v . pron.


Se décourager. E x . Inutile de se démonter p o u r si peu de
chose.
* Demurrage, (ni. a.)
Surestarie. N o m b r e de j o u r s en plus des estaries donnant
droit à une indemnité pour le fréteur. Estarie est le laps
de temps s t i p u l é pour le déchargement d ' u n navire de
commerce.
Dénarfer, v. a.
Anglaiser, enlever â un c h e v a l les muscles abaisseurs de la
queue, pour q u ' e l l e se tienne dans une position horizontale.
D'en face, loc.
E n face. E x . Je v i e n s de louer la maison d'en face.
Dénicher, v . a. — F a i r e sortir d u lit.
Dénicheter, v. a. — Dénicher.
Dénicheux, n. et a d j . — D é n i c h e u r .
Denner, v . a.
Donner. E x . Denne-moi donc la main, denne-\\x\ une place
dans ta voiture.
Dénouable, adj. — Q u i peut être dénoué.
D'en par, loc. p r é p .
A partir de. E x . D'en par ce jour, je cesse de te considérer
comme mon a m i .
D'en par ici, loc. adv.
Par ici, ici. E x . T o u r n o n s d'en par ici.
D'en par où, loc a d v .
Où. E x . D'en par où m'arrêterai-je de marcher ?
D'en par là, loc. a d v .
Parla, là. E x . Finissons-en d'en par là.
Dent, n. f.
— Honnête jusque dans les dents, très honnête.
— Avoir la gale aux dents, a v o i r toujours faim. E n France
on dit n ' a v o i r pas la gale a u x dents pour signifier la même
chose.
— Avoir une dent contre quelqu'un, avoir de la rancune.
— Montrer les grosses dents, parler sévèrement.
Dent de cheval, n. f. — Grain de maïs durci.
232 LE PARLER POPULAIRE

Dent de chien, n. f.
Dent censée devoir pousser chez les enfants qui se refusent
de faire extraire leurs dents. S i Une dent t o m b e d'elle-
même, le premier chien qui passe l'avalera, et alors la
dent perdue sera remplacée par itne dent de chien.
Dent de l'œil, n. f. — Œ i l l è r e .
Denté, e, adj.
Endenté. E x . U n e personne m a l dentée, c'est p a s beau.
Dentelé, part. pass.
Garni de dents. E x . E n voici u n qui est bien dentelé, il a
des dents plein la bouche.
Dentisse, n. m.
Dentiste. E x . L e docteur I à n g u e t est u n bon dentisse, il
v o u s a r i a c h e les dents en criant ciseau.
* Dentisterie, ( A n g l . ) — A r t du dentiste.
Dénué, part. pass.
Dépourvu d'esprit. E x . Jean n ' e s t p a s bête, j e t'assure
q u ' i l n'est pas dénué autant q u ' o n le dit.
Déouacher, v. a.
Débucher, faire sortir l ' o u r s ou le castor de sa tannière.
Dépaler (se), v. pr.
Se mettre à l ' œ u v r e avec beaucoup d'entrain. E x . Enfin,
il s'est dêpalê, il travaille comme u n n è g r e .
Ce mot doit se dire d ' u n navire e n t r a î n é hors d e sa route
par les v e n t s ou les courants.
Dépareillé, adj. part.
— Q u i n'a pas d ' é g a l . E x . J'ai un remède dépareillé pour
la migraine.
— Déparié. E x . U n bas dépareillé.
Déparler, v . n.
— Délirer, dire des .choses insensées. E x . C e fiévreux
déparie, c'est g r a v e .
— E c o r c h e r les mots. E x . Q u ' a s - t u à déparler?
S'emploie en France pour dire d'un i n d i v i d u q u ' i l discontinue
de parler.
Département, n. m.
— Comptoir. E x . I^e département des tailleurs.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 233

— R a y o n . E x . I,e département d e s modistes.


Dépasser, v . a.
Désenfiler. E x . M o n fil est dépassé.
* Dépêche des affaires, n. f.
E x p é d i t i o n . E x . N o u s allons avoir une session pour la
dépêche des affaires. ( A n g l . )
Dépeindre, v . a.
Peindre, dessiner. E x . C ' e s t u n bon peintre q u e Charles,
il dépeint les o i s e a u x à m e r v e i l l e .
Dépeinturer, v . a. — E n l e v e r la peinture.
Dépendeux d'andouilles, n. m .
H o m m e de t r è s h a u t e taille et d é g i n g a n d é , niais. Cette lo-
cution v i e n t de c e que, c h e z les charcutiers, les andouilles
sont ordinairement accrochées assez haut. C o m m u n e dans
les environs de Montréal.
* Dépendre sur quelqu'un, loc.
Compter sur. E x . Puis-je dépendre sur toi pour ce mon-
tant-là ? ( A n g l ) .
Dépenillé, a d j . — D é p e n a i l l é , en loques.
Dépeniller, v . a. — Effilocher, échiffer.
Dépense, n. f.
Consommation. E x . J'ai fait assez de beurre pour ma
dépense de l ' h i v e r .
Dépense (de), loc.
— Dépensier. E x . J'ai u n garçon de dépense, c'est u n
usurier.
— C o û t e u x . E x . J'ai une servante de dépense, il y a du gas-
pille quelque part.
Dépenser, v . a.
Consommer, e u parlant de la nourriture d u bétail. E x .
Ives c h e v a u x dépensent b e a u c o u p d'avoiue durant l'hiver.
Dépester, v . a.
Débarrasser. E x . Enfin, nous sommes dêpestés des m a -
ringouins.
Dépigeonné, v . a. — D é l i v r é d ' u n prétendu sort.
Depis, d'pis, p r é p .
Depuis. E x . Depis quand es-tu marié ?
234 -LE P A R L E R P O P U L A I R E

Oépitaillé (se), v. pron.


Se démener, se donner beaucoup de peine.
Dépiter, v . n.
Décider. E x . E s - t u dépité enfin ? la besogne ne manque
pas.
Dépiter (se), v. pron.
Se démener. E x . T u as beau te dépiter, tu as tort.
Déplacer (se), v. pron.
Fréquenter des personnes qui tiennent u n r a n g inférieur.
Déplanter, v . a.
— Prendre la place. E x . A n t o i n e a réussi à m e déplanter
là o ù j ' é t a i s si b i e n installé.
— T u e r . E x . J ' a i tiré cet oiseau à u n e grande distance, je
l'ai déplanté tout de m ê m e .
— F a i r e tomber, jeter par terre.
Déplet, e, a d j .
— V i f , alerte.
— D e belle taille.
Dépleumer, v . a. — Déplumer, ôter les p l u m e s .
Déplomber, v . a.
— F a i r e perdre à une chose son a p l o m b .
— Déplanter.
— Surplomber.
— G r a t t e r l'intérieur des tripes, p o u r la confection de la sau-
cisse ou du boudin ( B . P . F . )
Déplomber (se), v . pron.
Se donner l a diarrhée. E x . Si tu m a n g e s trop de tire, tu
v a s te déplomber.
Dépoitrailler (se), v . pron.
.Se d é c o u v r i r la poitrine, être mal habillé, sans tenue.
Déposer, v. a.
Déposer de l ' a r g e n t à la caisse, à l a b a n q u e . E x O ù dépo-
ses-txi ? Je dépose à la B a n q u e N a t i o n a l e .
Dépôt, n. m .
— G a r e , station de chemin de fer. E x . Y a-t-il bien loin
pour aller au dépôt ?
— Endroit, chambre où l ' o n dépose les objets destinés aux
DES CANADIENS-FRANÇAIS 235:

élèves des couvents. E x . V a a u x Ursulines, tu jetteras^


ce paquet au dépôt.
Dépouillant (en), loc.
•— E n talus. E x . U n terrain qui v a en dépouillant, en pente..
— Obliquement. E x . C e chemin v a en dépouillant, descend
obliquement.
— S e dit d ' u n e v o i t u r e qui glisse sur une pente.
— S e dit de tout objet qui frappe une surface sous un grand-
angle d'incidence. ( B . P . F . )
Dépouille, n. f.
— V ê t e m e n t . E x . E m p o r t e ta dépouille.
— R a g e . E x . I l fait une v r a i e dépouille de v e n t .
Dépourvu, a d j . part.
D é p o u r v u d'esprit. E x . C e t homme n'est pas très futé, ce-
pendant il n ' e s t pas complètement dépourvu.
Déprendre (se), v . pron.
S e tirer d'affaire. E x . Déprends-toi c o m m e t u pourras, tu
as des ressources.
De profundi.
De profundis. E x . N o u s allons dire un de profundi pour la
défunte.
Depu, prép.
Depuis. E x . Depu le temps que je te c h a n t e cela, ç a n e
sert à rien.
Député, n. m .
— Sous-chef, suppléant.
— Député-ministre, sous-chef de département.
— Député-shérif shérif suppléant.
— Dêputê-protonotaire, protonotaire suppléant.
— Dêputê-rêgistrateur, régistrateur suppléant.
* Déqualification, n. ( A n g l . )
Perte de ses droits politiques.
* Déqualifier, v . a. ( A n g l . )
F a i r e perdre à q u e l q u ' u n ses droits politiques. E x . N o t r e
député v i e n t d'être déqualifié pour sept ans.
De quand, a d v .
Quand. E x . De quand tu seras pour venir, tu m ' é c r i r a s .
236 LE PARLER POPULAIRE

D'équerre, loc.
N'être pas d'équerre, être de mauvaise humeur.
De qui, loc. — Qui. E x . De qui t'a parlé contre moi ?
De quoi, n. m.
— Moyens, ressources. C'est un i n d i v i d u qui a de quoi, on
dit même qu'il est t r è s riche.
— Cause, raison. E x . Je vous remercie de v o t r e cadeau.
— Il n ' y a pas de quoi.
De quoi que.
— Qu'est-ce que ? E x . De quoi qu'il est question ?
Dérail, n. m.
Substances grasses q u i entourent l e péritoine et les viscères
abdominaux. E x . Q u a n d nous aurons fini d'enlever le.
dérail, nous ferons nos cortons.
Dérailement, n. m. — Déraillement.
Dérailer, v . n.
— Dérailler, sortir de l a bonne v o i e . E x . E e s chars sont
dêrailês à Saint-Charles.
— Déraisonner. E x . Ce pauvre enfant est mûr pour l'asile,
il dêraile à tous propos.
Dérailler, v . n.
— E n l e v e r le gras du péritoine et des viscères de l'abdomen
du gros bétail.
— Déraisonner, d i v a g u e r . E x . C ' e s t u n e espèce de fou que
ce garçon-là, il déraille à tout instant.
Déralingué, adj.
E n loques, en grand désordre. E x . D ' o ù viens-tu, petit cou-
reux de chemins ? vois tes habits, ils sont dêralinguês.
T e r m e de marine, q u i signifie dégarnir de r a l i n g u e s (une
voile).
Dérangement, n. m.
— Maladie particulière a u sexe.
— Dispersion des A c a d i e n s en 1755, l ' a n n é e du g r a n d déran-
gement.
Déranger (se), v. pron.
— S'enivrer. E x . T u bois trop, m o n cher, tu es presque
constamment dérangé.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 237

— Interrompre son travail. E x . N e vous dérangez pas, con-


tinuez votre o u v r a g e .
Déraper, v. a. et n.
— S e sauver à l a hâte. E x . Je réussirai bien à le faire
déraper de l à .
— Arracher, d é t a c h e r l'ancre du fond, afin de permettre au
navire de marcher.
Déraquer, v . a. — S o r t i r de l'ornière. (B. P . F . )
Dérélingué, e, a d j . — V . D é r a l i n g u é .
Dérêner, v . a.
l â c h e r les rênes. E x . Dêrêne ton cheval, si tu v e u x qu'il
reste tranquille.
Dergnier, a d j . — D e r n i e r .
Dérhumer (se), v . n. — S e désenrhumer.
De rien, loc.
Cela ne compte p a s . E x . J e te remercie de ton obligeance.
—De rien.
Dernier des derniers (le), n. m .
H o m m e de la pire espèce. E x . C ' e s t un homme vil, voleur,
menteur, i v r o g n e , enfin c'est le dernier des derniers.
Dérocher, v . a.
Enlever les pierres, les roches dans un champ.
Dérougir, v. n .
— N e pas cesser de boire des liqueurs enivrantes.
— Etre toujours en colère.
Dérouiller (se), v . pron.
— E n l e v e r d u gosier les glaires q u i le gênent.
— Reprendre l ' o u v r a g e a v e c p l u s d'habileté ou d'adresse.
Dérouter, v . n .
—• Faire perdre l'habitude. E x . Ça me déroute de changer
mes heures de travail.
Dérouter (se), v . pron.
Se déshabituer. E x . A force de faire de la paresse, tu fini-
ras par te dérouter complètement de l ' o u v r a g e .
* Derrick, (m. a.)
— Grue, m â t de c h a r g e .
— Martinet.
LE PARLER POPULAIRE

Derrière, n. m., prép. et adv.


— Le derrière de Véglise, le bas de l ' é g l i s e .
— Se lever le derrière le premier, se l e v e r de m a u v a i s e hu-
meur.
Des, art.
De. E x . C e sont là des braves g e n s .
Dés, art. — Des. E x . Dés hommes, dès enfants.
Désabrier, v. a. — Oter les couvertures, découvrir.
Désabrier (se), v . pron. — O t e r ses propres c o u v e r t u r e s .
Désacclimater (se), v. pron.
— Se déshabituer à v i v r e dans un l i e u o ù l'on se c r o y a i t ac-
climaté. L e s F r a n ç a i s qui v i e n n e n t s'établir au Canada
s'acclimatent très aisément, mais après douze ou quinze
ans, ils paraissent se désacclimater.
Désaccrocher, v. a.
Décrocher. Mot cité par C o t g r a v e .
Désagraffer, v . a. — D é g r a f e r .
Désagréiable, adj. — Désagréable.
Désagriabe, adj. — D é s a g r é a b l e .
Désairer, adj.
Qui se perd à travers les pièces d ' u n e maison dont on ignore
les êtres. (B. P . F . )
Désamain, adj. — D e difficile accès.
Désamain (à), loc. a d v .
Qui n'est pas à portée de la m a i n . E x . R a p p r o c h e cette
petite table près de mon pupitre ; c o m m e elle est mainte-
nant, elle est trop à désamain.
Désamancher, v. a. — D é m a n c h e r . V . ce mot.
Désamancher (se), v. pron. — S e tirer d'embarras.
Désâmer, v. a.
— Faire mourrir.
— E x t é n u é , à bout de forces.
— Détruire, mettre en pièces. E x . Désâmer u n jouet.
(B. P. F . )
Désancanter, v . a.
Relever q u e l q u ' u n d ' u n e position o b l i q u e .
Désanmârer, v . a. — D é m a r r e r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 239

De sans, loc.
Locution pour marquer l'oubli o u le manque d ' u n e chose sur
laquelle on a droit de compter. E x . Je lui avais recom-
mandé de m'apporter une boîte de marchandises de la ville,
et il est revenu de sans.
Expression usitée en Normandie et citée par Moisy.
Désapareille, a d j . part.
— Déparié. E x . Mes bas sont tous dêsaparcillés.
— Qui n'a pas son é g a l . E x . J'ai à mon service un servi-
teur dêsapareillé.
Désarber, v. a . — R e d r e s s e r (une f a u x ) (B. P . F . )
Désargenté, adj. p. — Etre à court d'argent.
Désarranger, v . a. — Déranger, changer de place.
Désarter, v. n.
— Défricher, abattre le bois dans les forêts.
— Déserter. E x . U n écolier qui dêsarte d u collège.
Désattacher, v . a. — Détacher.
Désatteler, v . a. et n.
— Dételer.
— Cesser tout travail (figur. )
Désavenant, a d j . — P a s agréable, pas avenant.
Désavisser, v . a. — Dévisser.
Descendable, a d j .
Qui peut être descendu. E x . C e t t e valise est trop pesante,
elle n'est pas descendable dans u n escalier.
Descendre, v. a.
A l l e r en aval d u fleuve Saint-Laurent. E x . Descendre de
Québec à C a c o u n a , de Cacouna à Matane.
Désembourber, v. a.
Tirer d'un tas de n e i g e le c h e v a l embourbé.
Désembourbé (se), v . pron.
S e tirer d'un embarras causé par u n amoncellement de neige.
Désemmancher, v. a. — E n l e v e r la manche d ' u n habit.
Désemmancher (se), v. pron.
Enlever ses h a b i t s e x t é r i e u r s .
Désempailler, v . a. — D é p a i l l e r , dégarnir de sa paille.
Désempaqueter, v . a. — Dépaqueter.
240 LE PARLER POPULAIRE

Désempester, v. a.
Enlever les mauvaises odeurs. E x . Désempester u n e cham-
bre de malade.
Désempêtrer, v. a. — Dépêtrer, délivrer.
Désempigeonner, v . a. — Enlever u n sort.
Désempiler, v . a. — E n l e v e r les pièces de bois mises en pile.
Désencadrer, v. a. — E n l e v e r le cadre d ' u n tableau.
Désencaisser, v . a. — Décaisser, tirer d ' u n e caisse.
Désencanter, v . a. — Décanter. V . c e mo t.
Désencapoter, v . a. — Oter son capot.
Désencapoter (se), v . a. — S e débarrasser de son capot.
Désencarcaner, v. a. — Oter le carcan.
Désencercler, v . a. — D é c e r c l e r , ôter les cercles.
Désenclaquer (se), v . pron. — O t e r ses claques.
Désencorner, v. a. — Décorner.
Désencrasser, v. a . — D é c r a s s e r . V . c e m o t .
Désendetter (se), v. pron.
S'acquitter de ses dettes. E x . Je m e désendette u n p e u tous
les ans.
Désendiabler, v . a. — D é t a c h e r .
Désenfarger, v . a.
Désentraver, ôter les enfarges à u n animal.
Désenfarger (se), v . pron.
Se débarrasser d ' u n embarras physique.
Désenfourner, v . a.
Défourner, tirer d u four. E x . Désenfourner u n e cuite de
pain.
Désengager, v . a . — D é g a g e r .
Désenganter, v. a. — O t e r les gants.
Désenganter (se), v . pron. — Oter ses g a n t s .
Désengendrer, v. a. — Détruire. V . D é g e n d r e r .
Désengerber, v . a. — Défaire une g e r b e .
Désengralsser, v . n. — Perdre sa graisse, m a i g r i r .
Désengrener (se), v . p r o n .
Se débarrasser. E x . Il se désengrène de ses mauvaises
habitudes.
Désenlaidir (se), v . p r o n . — D e v e n i r moins laid.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 241

Désenneiger, v . a. — E n l e v e r la n e i g e .
Désenrager, v . a.
Remettre q u e l q u ' u n e n son h u m e u r naturelle.
Désenrouler, v . a. — Dérouler.
Désentasser, v . a. — Détasser.
Désersterrer, v . a. — Déterrer, e x h u m e r .
Désentortiller, v . a. — Détortiller.
Désentourer, v . a. — C h a n g e r de milieu.
Désentourer (se), v . pr.
Faire le vide a u t o u r de soi.
Désenvelopper, v . a. — D é v e l o p p e r .
Désergoter, v. a. — E n l e v e r les o n g l e s d'un porc.
Déserrer, v . a. — Déserter.
Désert, n. m.
— Essarts, l i e u x défrichés.
— V i d e . E x . F a i r e le désert autour de soi.
Déserter, v . a. — Essarter, défricher.
Déserteux, adj. — D é s e r t e u r .
Déshabiller, v . a.
Dire à q u e l q u ' u n toutes ses v é r i t é s . E x . I l s'est fait désha­
biller, c'est-à-dire q u ' i l s'est fait dire ses v é r i t é s sans en
oublier aucune, afin de mettre à n u tous les mauvais côtes
de l'individu.
Déshabiller (se), v . p r o n .
Oter son paletot, son pardessus, son chapeau. E x . Désha­
billez-vous, Monsieur, nous allons faire la partie de cartes.
Désigner, v . a. — Dessiner.
Désoblier, v . a. — O u b l i e r .
Désolé au, loc.
Désolé. E x . Je suis au désolé de cette affaire épineuse, qui
m'arrive c o m m e u n coup de tonnerre.
Désorceler, v . a. — Désensorceler.
Désordre, adj. — S a n s ordre. E x . Cette personne est désordre.
Désosser (se), v . pron.
Ouvrir u n e articulation. E x . Se désosser le bras, la jambe.
Désoublier, v. a. — Oublier.
Désouler, v . a. — T i r e r q u e l q u ' u n de l'état d'ivresse.
16
242 LE PARLER POPULAIRE

Désouler (se), v. pron.


Revenir à son état normal après l'ivresse.
* Despatcheur, n. m. ( A n g l . )
E x p é d i t e u r de train, sur les chemins de fer.
* De spère, loc. ( A n g l . )
Chose dont on peut disposer. E x . A s - t u quelques piastres
de spire ?
Dessarte, u . f. — D e s s e r t e .
Dessein (sans), loc. a d v .
r
S a n s plan arrêté. E e D J. -C. T a c h é a écrit dans sa Légende
de Cadieux : «Sans dessein est la traduction d ' u n e expres-
sion sauvage qui v e u t dire sans plan arrêté, sans souci,
sans soin, sans but particulier, sans signification. » E'ex-
pression paraît assez dans le g é n i e de la l a n g u e et dans lt
caractère du l a n g a g e canadien, p o u r q u ' e l l e s ' e x p l i q u e sans
recourir à une traduction du s a u v a g e .
Dessoler, v . a. — E n l e v e r les fondations d ' u n e maison.
Dessour, prép.
Par-dessous. E x . E'enfant est c a c h é dessour le lit.
Dessous, " - e t prép.
— Dessous de plat, garde-nappe.
— Dessous la table, sous la table.
— Prendre quelqu'un par-dessous le bras, marcher bras dessus
bras dessous.
Dessous (en), loc. a d v .
— E n aval. E x . R i m o u s k i est en-dessous de Q u é b e c .
— H y p o c r i t e , sournois. E x . C e t t e personne m e fait l'effet
d'être en dessous.
— Etre en dessous dans une affaire, y perdre de l'argent.
— Etre e7i dessous dans ses affaires, marcher v e r s la ruine
complète.
— Aller en dessous, marcher vers l a ruine.
Dessur, adv.
— Dessus. E x . Ote-toi dessur m o i .
— S u r . E x . G r i m p e dessur le c h e v a l .
Dessus, n. ni. et a d v .
— S u r . E x . Monte dessus la chaise.
DKS CANADIENS-FRANÇAIS 243

— Prendre le dessus, améliorer son sort matériellement et


moralement.
— Dessus de fauteuil, voile de fauteuil.
— Dessics de plat, couvre-plat.
— Dessus d'oreiller, taie d'oreiller.
Dessus (en), loc. a d v .
—• E n amont. E x . Montréal est en dessus de Q u é b e c .
— E n voie de prospérité, au-dessus de ses affaires. E x . C e
marchand est en dessus dans ses affaires.
— A v o i r l ' a v a n t a g e . E x . J'ai c h a n g é mon c h e v a l , j ' a i en
outre donné cinquante piastres de retour, tout de même
je suis en dessus.
* Destitution, 11. f. ( A n g l . ) — Misère, dénuement, privation.
Détail (au), loc
E n détail. E x . C ' e s t un m a r c h a n d qui vend au détail.
DétaiJleur, n. et adj.
Détaillant. E x . U n marchand détailleur, qui v e n d en détail.
Détamer, v . a.
Perdre son étamine par un l o n g usage. E x . N o s casseroles
sont toutes dêtamées.
Détarauder, v . a. — E n l e v e r le taraud.
Détarder, v. n. — Retarder.
Détargetter, v . a. — S o u l e v e r l a targette.
Détasser, v. a.
Mettre plus d ' e s p a c e . E x . Délasser \t foin, les gerbes.
Détasser (se), v . pr.
Faire de l ' e s p a c e . E x . Dêtassons-nous, si nous v o u l o n s
être plus à l'aise dans nos mouvements.
* Détectif, n. m . ( A n g l . )
A g e n t de police secrète habillé en civil. E n anglais, détective.
Dételer, v. a.
— A b a n d o n n e r son ouvrage. E x . Dételons, il commence à
faire noir.
— S'enfuir, d é c a m p e r .
— Mourir. E x . C e pauvre malade a enfin fini par dételer.
— Faire banqueroute. E x . Si les affaires continuent à m a l
aller, je détellerai.
244 LE PARLER POPULAIRE

Dételer (se), v . pron.


— S e dévêtir, se dégarnir d'habits.
— S e mettre à l ' o u v r a g e résolument et travailler ferme.
Détendre, v . a.
— E n l e v e r du linge tendu à une corde. E x . Détendre des
serviettes, des chemises.
— Défaire une pêche à anguilles, à poisson en général.
Déterrer, v . a.
Tirer de la neige. ^Efx. Déterre la pelle qui est quelque part
dans le banc de $eige.
Déteurdre, v . a. — Détordre. E x . Déteurdre une corde.
Déteurdre (se), v . pron.
Se tordre. E x . I l s'est déleurdles reins, le corps.
Déteurse, n. f. — E n t o r s e .
Détiédir, v. n. — Refroidir, rendre tiède.
Détieindre, v . a . — D é t e n i r .
Détorse, n. f.
Entorse. E x . Je me suis donné une détorse en débarquant
de voiture.
Détour, u. m.
Tour, moment. E x . A quelque bon détour, j ' i r a i v o u s faire
une visite.
Détraqué, n. et adj.
Fou, névrosé. E x . C ' e s t un détraqué de la pire espèce.
Détraquer, v . n.
A v o i r l'esprit dérangé. E x . Il est de p l u s en p l u s évident
que ce v i e u x - l à détraque.
Détraquer (se), v. pron.
Se démantibuler. E x . Mes m e u b l e s vieillissent, plusieurs
se détraquent.
Détremper, v . a.
Délayer. E x . A l l o n s , Justine, détrempe de la farine pour
nous faire des crêpes.
Détruiraient, n. m. — Détriment.
Détruire (se), v. pr. — S e suicider, s'ôter la vie.
Dette, n. f.
Créance. E x . U n e dette p r i v i l é g i é e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
245

Deuce, a d j .
D e u x . E x . C o m p t o n s nos piastres ensemble: une, deucc,
troisse.
Deuel, n. m. — D u e l .
Deuil (en), loc.
— Avoir les ongles en deuil, non écurés.
Deux, adj.
— Se fendre, se mettre en deux, faire un grand effort, proba-
blement moindre que lorsque l'on se fend en quatre.
— Marcher en deux, marcher en prenant une position très
courbée.
Dévaler, v . n. — Descendre. Expression acadienne.
Dévaliser, v. a.
Enlever le c o n t e n u . E x . D e s voleurs ont, la nuit dernière,
dévalisé les troncs de l ' é g l i s e de I^imoilou.
Devant, n. adv. e t p r é p .
— Auparavant.
— A v a n t . E x . Devant mon mariage. Devant de consentir
à cet arrangement.
— Vent devant, v e n t contraire.
— J'ai un peu d'argent devant moi, en ma possession.
— S'en aller les pieds devant, mourir.
— Prendre le devant, prendre les devants.
Devant de chemise, n. m. — Plastron.
Devant que de, loc.
A v a n t de. E x . Devant que de venir, tu m'avertiras.
Devantière, n. f.
— Tablier de femme.
— Devant d ' u n édifice.
Devanture, n. f.
— Devant, partie antérieure d ' u n e personne ou d'une chose.
E x . Mon enfant, tu as sali ta devanture. E a devanture
d'une maison.
— Propriété de g r è v e qui confine à la terre d ' u n cultivateur.
E x . V e u x - t u me louer ta devanture, pour y tendre une
pêche ?
Dévargondé, adj. part. — D é v e r g o n d é .
246 LE PARLER POPULAIRE

Dévelouteré, adj. part.


E x . Avoir les boyaux dêvelouterês, avoir la m u q u e u s e intes-
tinale enflammée, r u g u e u s e .
D'venir, v. n.
— V e n i r . E x . D ' o ù ce que tu d'viens, petit coureux de
chemins ?
— A r r i v e r justement. E x . A s - t u été faire ma commission?
— Oui, j ' e n d'viens.
Devers, prép.
V e r s . E x . J'irai v o u s v o i r devers la T o u s s a i n t .
Déviander, v . a. — E n l e v e r la v i a n d e d ' u n os.
Dévider, v. a.
— Dévider son peloton, son chapelet, d é v i d e r toute la série des
choses q u ' o n a à dire.
Dévidoir, n. m.
H o m m e loquace, qui parle avec u n e g r a n d e v o l u b i l i t é . E x .
C e t orateur parle comme une m a c h i n e , c'est u n véritable
dévidoir.
Dévidois, n. m. — D é v i d o i r .
Dévidoué, n. m. — D é v i d o i r .
Devinade, n. f . — D e v i s e , é n i g m e , c h a r a d e .
Devinaille, n. f. — D e v i s e .
Devine, n. f. — Devise.
Devinette, n. f . — E n i g m e .
Dévirage, n. m.
— D é t o u r d'un c h e m i n .
— A c t i o n d'aller et r e v e n i r dans u n e direction opposée.
Dévirer, v . a.
— Détourner. E x . Il ne dévire p a s les y e u x d e dessus son
livre de messe.
— C h a n g e r de direction. E x . N o u s dévirerons a u coin de
la rue d u Trésor.
— Mettre sens dessus dessous. E x . Dévirer une pierre, une
pièce de bois.
— Revenir sur ses pas. Q u a n d t u seras rendu a u parlement,
tu. dévireras, et tu me rencontreras ici m ê m e .
— Retourner. E x . Dévire tes p o c h e s à l ' e n v e r s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 247

— Renverser. E x . N o u s n o u s sommes pris à brasse-corps,


et j e l'ai dêvirê en d e u x t e m p s et trois mouvements.
Dévirer (se), v . p r o u .
— S e retourner. E x . Dévire-toi d'abord, pour voir si ton
habit te fait b i e n .
— S e renverser e n l u t t a n t .
Déviron, n. m . — D é t o u r .
Dévisager, v. a.
— E n v i s a g e r . E x . Q u ' a s - t u à m e dévisager de pareille
façon ?
— Répugner. E x . C e t i n d i v i d u m e dévisage, j ' e n ai peur.
Dévisager (se), v . p r o n . — S e battre.
Devoir (en), loc.
— D e service. E x . Je suis en devoir ce matin, j e ne pourrai
pas m ' a b s e n t e r .
— E n faction. E x . Je suis en devoir comme sentinelle à la
porte S a i n t - l / o u i s .
— E n train d e . E x . Je suis en devoir de travailler à mon
dictionnaire.
Dévoration, n. f.
— Désir. E x . Q u e l l e est tout d ' u n coup cette dévoration
d'aller te p r o m e n e r ?
— D é m a n g e a i s o n . E x . O u ' e s t - c e que j ' a i sur l a tête depuis
d e u x j o u r s ? c ' e s t une vraie dévoration.
Dévorer, v. a.
Dire des p a r o l e s dures. E x . Prends garde de me dévorer,
a v e c ta m a n i è r e d e dire les choses.
— D é m a n g e r . E x . J'ai u n e p u c e qui me dévore le dos.
Dévorer (se), v . p r o n .
Se briser l ' é p i d e r m e a v e c les ongles. E x . J'ai une puce
entre les d e u x épaules, j e me dévore à force de me gratter.
Dévôtieux, a d j .
Qui inspire l a d é v o t i o n . E x . Crois-tu que la chapelle d u -
S a c r é - C œ u r est dêvôtieuse !
De vrai, loc. a d v .
T o u t de bon. E x . Dis-tu ça p o u r de vrai f
* Déwasher. ( A n g l . ) — E n l e v e r les rondelles (washer).
248 1M P A R L E R P O P U L A I R E

D'heure (être), loc.


L e temps est arrivé.
Dia, int.
Cri pour faire aller les c h e v a u x à g a u c h e . E n Bretagne,
c'est pour les faire aller à droite. Dia, mot g r e c , signifie
à travers, de côté. N o u s prononçons guia.
Diablant, a d j .
Contrariant, embêtant. E x . C ' e s t bien diablant, il faut que
j e paie les dettes de m o n frère.
Diable, n. m .
— Petit véhicule basculant sur d e u x roues, q u i sert à char-
ger et décharger des b a g a g e s , des m a r c h a n d i s e s . Ceux
qui le traînent, tirent é v i d e m m e n t le diable p a r la queue,
et comme ce métier n'a jamais d û être bien lucratif, peut-
être est-ce lui qui a donné lieu à la locution tirer le diable
par la queue, c'est-à-dire être d a n s u n état v o i s i n de la
misère.
— Etre en diable, être furieux.
—• Parler au diable, être d a n g e r e u x .
— Se vendre au diable, se tirer a u x c h e v e u x .
— Aller au diable au vert, s'en aller très loin. E n France,
on dit aller au diable Vauvert.
— Avoir le diable au corps, être m a l i n , r u s é .
— C 'est le diable à faire, c'est une chose bien difficile à faire.
•—• Que le diable t'emporte, va-t-en.
— Le diable s'en mêle, tout conspire contre m o n affaire.
— Il y a du diable là-dedans, il y a d u m y s t é r i e u x et du
mauvais.
— Le diable et ses morts. E x . I l n ' y a v a i t pas d e monde le
diable et ses morts, c'est-à-dire p a s beaucoup de personnes.
— Faire le diable à quatre, faire b e a u c o u p de bruit.
— Envoyer au diable, à tous les diables, congédier vivement.
— Le diable bat sa femme, il pleut et il fait soleil en même
temps.
— Le diable est aux vaches, il y a d u m a l h e u r o u du dom-
mage, l'affaire ne v a p a s bien.
— Le diable n'est pas pire, le diable n ' a g i t pas autrement.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 24g

— Méchant comme sept fois le diable, impossible d'être plus


méchant.
— Loger le diable dans sa bourse, être dans l a misère.
— Que le diable m'ampue ( m ' a m p u t e ) , que l e diable m'em-
porte.
— Pas diable, p a s extraordinaire. K x . D u v i n qui n'est pas
diable.
Diable (bon), n. m .
Une assez bonne personne. E x . C'est un bon diable, ne lui
faisons pas de m a l .
Diable d'homme, n. m. — H o m m e rusé, subtil.
Diable incarné, n. ni.
M é c h a n t . E x . C ' e s t le diable incarné que c e t animal-là.
Diabie (mauvais), — T r è s m é c h a n t homme.
Diable (pauvre), n . m .
Misérable. E x . Lâche-le, ce pauvre diable.
Diable (petit), n . m . — E n f a n t espiègle.
Diable (un), loc a d v .
E n quantité. E x . I l y a, cette année, des p o m m e s un diable.
Diable (que le), l o c .
Beaucoup. E x . C e monsieur m a n g e qice le diable.
Diablement, adv.
Beaucoup. E x . L o u i s est diablement e m b ê t é .
Diâbler, v. a.
Endiabler. E x . N e me fais pas diâbler de la sorte.
* Diamond, daïa-meunde, (m. a.)
Diamant, 3 points. ( T . d ' i m p . )
* Dickey, di-kê, (m. a.) — Chemisette, plastron.
Dicter, v. a.
Rédiger. E x . M o i j e ne suis pas capable d e dicter une lettre
comme il faut.
Différence, n. f.
Différend. E x . S i t u v e u x , nous allons p a r t a g e r la différence
d'en par la moitié.
Différencer, v . a. Différencier.
* Difficultés (enj, loc.
D a n s une g r a n d e g ê n e . E x . N o t r e fournisseur est en diffi-
250 LE P A R L E R POPULAIRE

cultes d e p u i s ce matin. D e l ' a n g l a i s to be in difficulties,


être g ê n é en affaires.
Difformer, v . a.
Déformer. E x . T u as difforme ton c h a p e a u .
Digérable, a d j . — F a c i l e à d i g é r e r .
Digession, n. f.— Digestion.
Dimanche, n. m .
Faire ses beaux dimanches de quelque chose, c'est-à-dire con-
s e r v e r soigneusement quelque chose p o u r s'en s e r v i r dans
les circonstances solennelles.
Diminuer, v . n.
S ' e n aller v e r s la tombe. E x . N o t r e m a l a d e diminue v i t e .
Dinde, n. m.
— P e r s o n n e peu intelligente. E x . D e s dindes de l a M a l b a i e .
S o b r i q u e t qui n'a p l u s s a raison d ' ê t r e .
— D i n d e , n. f. E x . A N o ë l , nous m a n g e r o n s u n beau gros
dinde. De mot dinde, p r i s au m a s c u l i n , semble vouloir
s'imposer a u j o u r d ' h u i . L ' A c a d é m i e r é g l e r a le l i t i g e .
Dindon, n. m.
H o m m e borné. E x . C ' e s t un g r o s dindon.
Dindonne, n. f.
F e m m e d ' u n e intelligence bien m é d i o c r e . E x . C ' e s t une
g r o s s e dindonne.
Dîner avec, loc.
Manger. E x . J ' a i dîné avec u n h o m a r d , a u j o u r d ' h u i ven-
dredi.
Dîner p a r cœur. — S e p a s s e r de dîner.
Dint, n. f. — Dent.
Dire, v . a.
— Plaire. E x . J ' a i voulu envoyer Pierre aux Pageanls,
m a i s ç a ne le lui disait p a s .
— E c o u t e r . E x . Dis donc, q u ' e s t - c e q u e t u me v e u x ?
— Cela ne me dit rien, cela n e me tente p a s .
— Si le cœur vous en dit, si cela v o u s p l a î t .
— Je ne te dis que cela, l e r e s t e serait s u p e r f l u .
— Dire du contraire, contredire.
— Il n'y a pas à dire, m a l g r é tout.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 251

Dire (pour), loc.


— Pour ainsi dire. E x . As-tu pris de l'argent dans mon
porte-monnaie ? — Presque pas, pour dire.
— Pour parler. E x . Ce que je te dis, c'est rien que pour dire.
* Directoire, (Angl.) — Almanach des adresses.
* Directory, teuré, (m. a.) — Almanach des adresses.
Disable, adj.
Qui peut être dit sans blesser la morale. E x . Il m'a raconté
des choses qui ne sont pas disables.
* Discarter, v. 11. (Angl.) — Ecarter. De l'anglais to discard..
Discompte, n. m.
Escompte. Ee mot discompte est français, mais vieilli.
Discompter, v. a.—Escompter.
Disconnecter, v. a. — Enlever la connection.
Discrétionnaire, adj.
Loisible. E x . Il sera discrétionnaire au directeur de faire
comme il l'entendra.
* Discrimination (sans), loc. (Angl.)
A la légère. E x . C'est agir sans discrimination que dé-
jouer à la Bourse avec l'argent de ses clients.
Dis donc!
Interpellation pour attirer l'attention. E x . Dis donc, qu'est-
ce que tu me chantes-là ?
Diseur, n. et adj.
Raconteur. E x . C'est un beau diseur que ce Français qui
a donné une lecture à l'Institut-Canadien.
Disez, 2e pers. pl. indic. prés, de dire.
Dites. E x . Qu'est-ce que vous discz-lh ?
* Disgrâce, n. f.
Honte. E x . C'est une véritable disgrâce que la conduite
de ce garçon. (Angl.)
* Disgracieux, adj.—Honteux. (Angl.)
Disputer, v. n.
Gronder, réprimander. E x . Ce vieux passe tout son temps
à disputer, il gronde toute la journée belle et longue.
Disputer (se), v. pron.
Se quereller, se chicaner. E x . Crois-tu en bonne vérité
252 LE PARLER POPULAIRE

que j e v a s me disputer avec toi p o u r u n e b l a g u e comme


celle-là ?
Disputeux, euse, adj.
Chicanier, grondeur. E x . V i e u x disputeux que v o u s êtes,
allez v o u s serrer ?
Disqualification, n. f. — V . Déqualification.
Disqualifier, v . a . — V . Déqualifier.
* Dissatisfaction, n. f. ( A n g l . ) — D i s s e n t i m e n t .
Dissiper (se), v . p r o n . — S ' a m u s e r .
Dittel, a d v .
Même chose, le ditto des A n g l a i s . I l p a r a î t assez probable
que ce mot dittel, dans le l a n g a g e a c a d i e n , est le m o t ditto
transformé par les A c a d i e n s dans l e u r s différentes migra-
tions.
Divorce, n. m .
— C h i c a n e . E x . A s - t u entendu l e s c h i e n s hier a u soir ?
c'était un divorce en r è g l e .
— E n colère. E x . Je suis en divorce ce matin, j ' a i passé
une triste nuit.
Dix, n. m .
Jeu. V a r i é t é de whist, où il importe s u r t o u t de s a u v e r le
dix d'atout, lequel c o m p t e d i x p o i n t s . L a partie est de 21
points.
* D'jammer, v . a. ( A n g l . )
A r r ê t e r p a r suite de resserrement o u d e pression. E x . L,es
billots sont d'jammés, l a roue de c e t t e v o i t u r e tstd'jammée.
De l ' a n g l a i s to jam.
D'jaque, n. m. et adj.
Individu à taille élancée. E x . V o i c i u n g r a n d d'jaque. Vient
tout probablement d u mot Jack ; p e u t - ê t r e aussi de jaque,
juste-au-corps autrefois t r è s p o r t é .
D'mi=carême, n. f.
Mi-carême. E x . D a n s q u i n z e jours, ce sera la d'mi carême.
Document, n. m .
Personne qui fait montre d e connaissances inattendues et
même étonnantes p o u r son â g e et s a position. E x . Sais-
tu que ce gas là, c ' e s t u n document f
DES CANADIENS-FRANÇAIS 253

Dodicher, v. a.
— Bercer un enfant dans ses bras.
— Flatter. E x . Je n ' a i p a s besoin d'être dodichê pour faire
ce q u e j e dois faire, je suis t r o p v i e u x maintenant.
Dodiner (se), v . p r o n . — S e dandiner, se balancer.
Doigt, n. m.
— Ne pas faire œuvre de ses dix doigts, ne pas travailler du
tout.
—- Se faire cogner sur les doigts, réprimander.
— Mettre le doigt dessus, faire connaître clairement.
— Montrer du doigt, m a r q u e d'infamie.
— Etre unis comme les doigts de la main, g r a n d s amis.
— Ne pas mettre son doigt attfeti, avancer une chose.
— Se mordre les doigts, regretter u n e action.
— Se mordre les quatre doigts et le pouce, être très en colère.
Doigte, n. m. — D o i g t . E x . J'ai mal au petit doigte.
Doler, v . a.
Dégrossir un m o r c e a u de bois a v e c une h a c h e ou un couteau.
Doleur, n. m.
Celui qui d é g r o s s i t l e s troncs d ' a r b r e s avec une hache.
Doltires, n. f. p l .
T o u t ce qui est e n l e v é par u n instrument tranchant en dolant
du bois, m e n u s c o p e a u x .
* Dollar, (m. a.) — Piastre.
Dommage (beau), loc.
Certainement, sans a u c u n doute, pourquoi pas ? E x . Penses-
tu que les f ê t e s d u tricentenaire produiront un bon effet à
l ' é t r a n g e r ? — Beau dommage !
* Dompleines, n. f. p l . (Angl.)
Pâtisserie faite d e p o m m e s e n t o u r é e s de pâte et cuite a u
bain-marie.
Don, adv.
Doue. E x . D o n n e - l u i don une claque pour moi, je te la
rendrai.
Donaison, n. f.
Donation. E x . V a chercher le notaire C h a m b a l o n , je v e u x
faire une donaison.
LE PARLER POPULAIRE
:254

Dondaine, n. I — Grosse fille ou f e m m e .


Dondine, n. f.
F e m m e ou fille qui a de l ' e m b o n p o i n t . Ex. U n e grosse
dondine.
Donner, v . a.
Prendre. E x . I l est temps q u e j ' a i l l e donner ma leçon
de musique.
F a i r e . E x . C ' e s t un pauvre diable, donne-\\x\ la charité.
— A b o n d e r . E x . L e poisson donne b e a u c o u p c e t t e année.
Donner (se), v. pron.
— F a i r e la donation de ses biens. E x . Je c o m m e n c e à être
v i e u x , je vais me donner à l ' a î n é de m e s g a r ç o n s .
— S e vendre à très bas p r i x . E x . E e s fraises se donnent, au
marché.
— E t r e c o n t a g i e u x . E x . Prends g a r d e d ' a t t r a p e r la picote,
car ça se donne.
— S e procurer. E x . C ' e s t un m e s q u i n , il n ' e s t seulement
pas capable de se donner un c h a p e a u q u i a d u bon sens.
Doré, n. m.
Poisson très recherché pour la délicatesse de sa chair. Dans
le monde des savants, on l'appelle sanger. Doré est féminin.
Dor et en avant, a d v . — D o r é n a v a n t .
Dormants, n. m. pl.
Pièces de bois qui servent d ' a p p u i et a u x q u e l l e s sont fixés
les rails des chemins de fer, les t r a v e r s e s .
Dormette, n. f.
Somme. E x . Fais une petite dormette, mon enfant.
Dormeux, euse, adj.
Dormeur. E x . M o i , j e ne suis p a s u n g r o s dormeux.
Dormeux (faire le). — F a i r e semblant d e dormir.
Dormir, v . n. — Dormir un somme, faire u n s o m m e .
Dos, n. m .
— Epine dorsale du dos, épine dorsale.
— Etre renvoyé dos à dos, comme o n é t a i t auparavant.
— Dans le dos ! N o n , ce n'est p a s cela.
-'* Dotche, n. f. ( A n g l . )
— E c a r t . E x . U n e pelote (balle) q u i fait une dotche.
DES CANADIENS*FRANÇAIS 255

— F u g u e c o n t r a i r e â la r è g l e . E x . U n écolier qui fait u n e


spécialité de la dotche.
* Dotcher, v . n . ( A n g l . )
— R e b o n d i r d e travers. E x . C e t t e pelote dotche trop, pre-
nons-en u n e autre.
— Prendre d e s libertés avec le règlement. E x . Il y a parmi
les élèves u n certain n o m b r e q u i aiment à dotcher, c ' e s t
mal.
— User de ruses p o u r s ' é c h a p p e r .
* Dotcheur, n. m . et adj. ( A n g l . ) — E l è v e qui dotche.
Douaine, n. f. — D o u a n e .
Double, n. m .
— A u t a n t . E x . Je v a i s te prêter cent piastres, tu m ' e n
remettras d e u x fois le double dans d e u x ans, c'est-à-dire
d e u x cents piastres et non quatre cents, comme le mot
double s e m b l e l ' i n d i q u e r .
— E p a i s s e u r . E x . L e d o c t e u r a recommandé de mettre
sur sa blessure u n e serviette pliée en q u a t r e doubles.
Double (en), l o c .
Courbé en d e u x . E x . M a r c h e r en double, quand on a la
colique.
DoubIe=châssis, n. m .
Châssis e x t é r i e u r pour l a saison d ' h i v e r seulement.
Double (lit), n. m. — G r a n d l i t l a r g e .
* Double sole, sole, ( m . a.)
Double semelle. E x . P o r t e r des bottes à double sole.
Douce, adj. f.
Se la couler douce, v i v r e sans travailler.
Douceur (en), loc. a d v .
Lentement e t a v e c p r é c a u t i o n . E x . V a s - y en douceur a v e c
cet homme-là.
Douceurs, n. f. pl.
Mets très d é l i c a t s . E x . C e malade ne p e u t se nourrir q u e
de douceurs.
Doucine, n. f.
C u i r à rasoir. E x . Prête-moi ta doucine, q u e j e repassemon
rasoir. E n bon français, la doucine est u n rabot de m e n u i -
256 LB PARLER POPULAIRE

sier s e r v a n t à faire des moulures c o n c a v e s par le haut et


c o n v e x e s par le bas'.
Douille, n. f.
Sorte de chandeliers accrochés au m u r .
Douleureux, adj. — D o u l o u r e u x .
Doutable, a d j . — D o u t e u x .
Doutance, n. f.
Doute, soupçon. E x . J'ai u n e forte doutance de cette affaire-
là.
Doute, n. f. s.
Doute, m. s. E x . Je n ' a i pas la moindre doute.
Doute (en), loc.
Demi intention. E x . Je suis en doute si j e ferai vendre ma
maison.
Doux, adj.
Vendre dans les prix doux, vendre à bon m a r c h é .
Douzaine, adj. — La douzaine du boulanger, treize pains.
Doyon, n. m. —-Doigt de gant. V . C a t i c h e , catin.
D'partir, v. n.
Venir de partir. E x . A s - t u été à ton b u r e a u ce matin ?
— M a i s oui, j ' e n d'pars.
* Drab, (m. a.) — Gris brun. E x . U n e robe drab.
* Draft, dra/te, (m. a . ) — T r a i t e , devis, dessin.
Drague, n. f.
Mélange d e déchets de cuisine, de lait et d'eau, donné comme
maugeaille a u x porcs.
Draguer, v . a. — Donner de la drague.
Dragueur, n . ni. — Celui qui drague.
Drame, n. m .
Cage de bois préparé pour l a descente des rivières.
Drap de pilote, n. m.
Gros drap é p a i s dont on confectionne les paletots d ' h i v e r .
Drave, n. f.
Dérive. Descente d'un train o u cage de bois dans nos rivières,
lorsque les e a u x sont grosses.
Draver, v . n. — Faire la drave.
Draveur, n. m . — C e l u i q u i fait la drave.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 257

* Drawback, (m. a.)


Mécompte, inconvénient, d é s a v a n t a g e . E x . D a n s toutes
ces choses-là, il y a toujours u n draivback.
* Dredge, (m. a.) — D r a g u e u r .
Drégaille, n. m.
Butin, effets. E x . Cette famille est partie a v e c tout son dré-
gaille. E n A n j o u , on dit drigal pour saint frusquin.
Drégaye, n. n i . — V . D r é g a i l l e .
Drès, p r é p . — D è s . E x . Je partirai drès demain.
Dressir, v. a. — Dresser.
Drette, adj.
Droit. E x . Il est l à planté drette comme u n as de pique.
Drette (à), loc. a d v .
A droit. E x . Passe à drette.
Drette (tout), loc.
T o u t droit. E x . L e train est passé toutdrette sans s'arrêter.
Drettier, ère, adj.
Droitier, opposé à gaucher. E x . Une personne drettïère.
Drigail, n. m . — V . D r é g a i l l e .
* Drill, n. m. et f., (m. a.)
— Coutil. E x . A c h è t e d e u x v e r g e s de drill p o u r doubler
les manches de ton habit.
— Foret, m è c h e .
— E x e r c i c e militaire. E x . M o n garçon est parti pour l a
drill.
Drille, n. m. — B o n compagnon.
* Driller, v. a. et n. ( A n g l . )
— Faire l ' e x e r c i c e militaire. E x . Nous allons driller, c e
soir, au m a n è g e .
— Commander s é v è r e m e n t . E x . Je me suis fait driller par
mon père.
— Forer, percer l a pierre.
— Dresser, former. E x . N o u s avons un m a î t r e qui sait
driller ses é l è v e s .
* Drill shed, ( m . a.)
Manège. E x . I l y aura, ce soir, une grande soirée musicale
au drill shed.
17
258 hU PARLER POPULAIRE

* Drink, 11. m . , ( m. a.)


Boisson. V i e n t d u v i e u x mot français drinc.
Driver, v. n.
A l l e r en tous sens sur un chemin g l a c é . E x . P r e n o n s garde
de verser, la voiture drive terriblement.
Drogue, u. f.
Substances diverses employées par les chasseurs p o u r attirer
les a n i m a u x des bois.
Droguer, v . a.
— D o n n e r de la drogue a u x bêtes des forêts.
— F a i r e prendre un remède.
Droguet, u . m .
Etoffe fabriquée à la campagne. A d r i e n C h a b o t écrivait, en
1886, dans la Revue des Deux-Mondes : « D r o g u e t , sorte de
tissu fabriqué par les tisserands des c a m p a g n e s , avec la
laine des bergers et le chanvre des j a r d i n s . » E x a c t e m e n t
c o m m e ici, mais en substituant ila laine des moutons à la
laine des bergers.
Drôle, a d j .
— Intéressant. E x . Cet h o m m e n ' e s t p a s drôle.
— C est un rien de drôle, sa conduite est blâmable.
— C'est pas drôle, la situation est bien triste.
— Un drôle de pistolet, un homme s i n g u l i e r .
Drôle, drôlesse, n.
— E x p r e s s i o n s employées par les A c a d i e n s pour désigner le
c a v a l i e r et sa blonde.
— P e t i t g a r ç o n . E x . A s - t u v u passer m o n petit drôle ?
Drôle (faire), loc.
E p r o u v e r une sensation curieuse et inaccoutumée. E x . De-
p u i s que j ' a i pris ce remède, ça me fait drôle d a n s le corps.
Drôleté, n- f . — D r ô l e r i e .
* Dross, u- f., (m. a . ) — E c u m e qui se forme à l a s u r f a c e d ' u n
métal f o n d u .
Drosser, v . a. — Donner une d é g e l é e , rosser.
Dru, a d v .
Rapidement, avec v i t e s s e . — E x . V o t r e c h e v a l file dru, cocher.
D'sour, p r é p . — Dessous.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 259

D'sur, prép. — D e s s u s .
Dû, part, passé de devoir.
Devoir arriver. E x . De train est dû à d i x heures.
* Dude, doude, (m. a.)
H o m m e élégant, fashionable, s y n o n y m e de petit crevé, en
France.
* Dull, dot, (m. a.)
— Sombre. E x . De temps est dull.
— Calme. E x . De commerce est dull.
* Dumb-bell, domm-bel, ( m . a.) — Haltère.
* D u m p l i n g , deum -pling, ( m . a.) — Chausson, pâtisserie.
V . Dompleines.
D'un sens, loc.
Sous certains rapports. E x . J'ai manqué mon v o y a g e
d'Europe, d'un sens j e n ' e n suis pas trop fâché.
Dur, n. et adj.
— Foie d'un animal. E x . N o u s allons manger du dur de
forçure.
— Difficile. E x . Des temps sont durs.
— Etre dur à son corps, ne p a s regarder à ses peines.
— Un dur à cuire, é n e r g i q u e .
— Dur à la détente, p a r c i m o n i e u x .
— Dur de gueule, c h e v a l difficile à contrôler par les rênes.
— Entendre dur, être presque sourd.
— Dormir dur, profondément.
— Coucher sur le dur, sur la dure.
— Taper dur, taper fort.
— Manger dur, m a n g e r beaucoup.
— Le vent souffle dur, violemment
— Etre dur à son mal, être peu sensible à la douleur.
Durante, p r é p . — D u r a n t . E x . S a v i e durante.
Durceur, n. f. — D u r e t é .
Durcir, v . n.
Devenir sourd. E x . Des oreilles l u i durcissent, il devient
sourd.
Durçon, n. m. — H o m m e sévère, qui tape fort.
* Duster, dosseteur, ( m . a.) — Cache-poussière.
2ÔO LE PARLER POPULAIRE

O Q

E
o o

Eau, n. f.
—/w* faire eau. E x . Notre chaloupe fait Veau,
vite gagnons terre.
— Faire de Veau, faire eau. E x . L e toit de ma maison fait
de Veau.
— Aller faire de Veau, aller puiser de l'eau dans un tonneau,
une barrique, pour abreuver le bétail.
— Etre tout en eau, avoir très chaud.
— S'en aller à Veau, courir à la ruine.
— Toviber de Veau, uriner.
Eau d'endormitoire, n. f.
Opium, ou tout médicament qui a l'effet de produire le som-
meil.
Eau de piaume, n. f.—Opium.
Eau d'érable, n. f.
Sève de l'érable recueillie au printemps, que l'on fait bouil-
lir pour fabriquer le sucre du pays ou d'érable.
Eau de vaisselle, n. f.
Tourner en eau de vaisselle, tourner à rien.
Eau salée, n. f.
Campagnes le long du fleuve Saint-Laurent où l'eau est
salée, E x . Nous irons passer l'été à Veau salée.
Eau (place d'), n. f.
Station balnéaire. E x . Cacouna et Malbaie sont deux pla-
ces d'eau toujours'populaires.
Eaux, n. m. pl.
Urines. E x . Etre gêné de ses eaux.
D E S CANADIENS-FRANÇAIS 2ÔI

Ebaroui, e, adj.
— Cuve, tonneau, tinette dont les douves, contractées par la
chaleur, laissent filtrer les liquides. E x . La tinette au
beurre est ébarouie.
— Courbaturé par un coup ou une chute.
Ebasourdir, v. a.
— Abasourdir, étourdir par le bruit. E x . Ebasourdi par
un fort coup de canon.
— Consterné. E x . La nouvelle de cette mort m'a ebasourdi.
Ebergiver, v. a. ( C l ) . — H é b e r g e r .
Ebouillanter, v. a.
— Infuser, échauder. E x . Marie, ébouillante le thé.
— Arroser par une évacuation d'urine. E x . Ce bougre
d'enfant m'a encore ébouillantée.
— Nettoyer un baril avec de l'eau bouillante.
— Brûler avec un liquide bouillant.
Eboulis, n. m.
Eboulement. E x . Il y a eu, cette nuit, un iboulis d'une
partie du cap Diamant.
Ebourifflant, e, adj.
Ebouriffant, extraordinaire, incroyable. E x . Une nouvelle
ébourifflante.
Ebouriffler, v. a.
Ebouriffer. E x . T u as les cheveux ébourifflés, tu as l'air
d'un sarpida.
Ebraillé, e, adj.— Déboutonné. E x . Avoir la gorge ébraillêe.
Ebrassement, u. m. (Cl.) — Embrassement.
Ebrèché, adj.
Brèche dans un râtelier. E x . Cet enfant a la bouche êbrechêe.
Ebrècher (s'), v. pron.
Se faire rouler. E x . Cette affaire est trop difficile à régler
pour lui, il va certainement s'êbrecher.
Ebriter, v. a.—Ebruiter.
Ebruter, v. a. —Ebruiter.
Ecale, n f.
— Coquille. E x . Cet œuf a Vêcale bien tendre, il doit être
frais pondu.
262 LE PARLER POPULAIRE

— Ecaille. E x . V a jeter les êcales d'huîtres dans l a cour.


Ecaler, v. a . — E c o s s e r . E x . Ecaler des pois, des fèves.
Ecarde, n. f . — C a r d e , brosse garnie de pointes métalliques.
Ecardée, n. f.
Cardée, quantité de textile qu'on prend à la fois entre d e u x
cardes.
Ecarder, v . a.
— Carder, peigner, démêler la laine a v e c des cardes.
— Battre, frapper à la tête, au sens figuré.
De Gaspé a écrit êcardit pour êcarda.
Ecardeur, euse, n. m. et f.
Cardeur, une personne qui carde. E x . U n e êcardeuse de
matelas.
Ecartade, n. f.—Incartade, folie, e x t r a v a g a n c e .
Ecartant, e, adj.
Endroit où l'on s'écarte facilement. E x . M o n t r é a l n'est
pas une ville aussi écartante que Q u é b e c .
Ecarter, v. a.
Egarer, perdre. E x . J'ai écarté mon parapluie.
Ecarter (s')> v. pron.
— S'égarer, se perdre dans une forêt, d a n s une v i l l e .
— Se fourvoyer. E x . Pierre vieillit, il lui arrive parfois de
s'écarter.
Ecartiller, v. a.
— Ecarquiller, écarter. E x . C e s s e donc à?ecartiller les
jambes.
— Ouvrir grand. E x . Ecartille donc les y e u x , si tu v e u x
bien voir.
Ecartillement et ecartiller étaient autrefois en u s a g e , en
France.
Ecartiller (s'), v. pron.
S'ouvrir, s'écarter. E x . S'êcartiller les y e u x , les jambes,
les bras.
Echaffourée, n. f.
Echauffourée, esclandre. L e véritable sens du m o t est u n e
réunion où l'on se dispute beaucoup, sans g r a n d s résul-
tats.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 263

Echalote, n. f.
— Partir en baie d'échalote, partir à la course.
— Passer en baie d'échalote, passer rapidement.
Echange, n. f.
E c h a n g e , n. m . E x . J'ai fait l à une bonne échange.
Echangeage, n . m . — E s s a n g e a g e , action d'essanger.
Echanger, v . a.
Essanger, passer à l'eau d u l i n g e sale avant de le mettre à
la lessive.
Echantillon, n. m . — E c h a n t i l l o n .
Echantion, n. m . — E c h a n t i l l o n .
Echappe, n. f.
— Echarde, petit fragment d ' u n corps quelconque qui est
entré dans l a chair.
— Déversoir, endroit par o ù s'épanche l ' e x c é d e n t de l'eau
d ' u n marais, d ' u n é t a n g .
Echappée, n. f.
Moment d ' a b a n d o n . E x . C e t écolier a fait un mauvais
coup, m a i s ce n ' e s t q u ' u n e échappée.
Echapper, v . a.
— Laisser é c h a p p e r . E x . I l a échappé le c h e v a l en le menant
à l'écurie.
— Laisser tomber. E x . J'ai échappé mon chapeau au v e n t .
Echardronner, v . a.
Echardonner, arracher les chardons d'un jardin, d'un champ.
Echarogner, v . a.
— Briser à la surface. E x . L e pain est tout êcharognê.
— Couper m a l . E x . Echarogner un rosbif, la barbe, les
cheveux.
Echarognure, n. f . — D é c h i r u r e , écorchure.
Echarpe, n. f. — E c h a r d e . V . E c h a p p e .
Echarpe (en), loc. a d v .
— Qui d é p é r i t . E x . C e t enfant est en echarpe.
— E n pièces, en loques. E x . J'ai mis mon habit en echarpe.
Echarpiller, v . a.
— Echarper, mettre en charpie. E x . Echarpiller de la laine.
— Maltraiter.
264 1 3 PARLER POPULAIRE

Echarpir, v, a.
— Echarper. E x . A u j o u r d ' h u i , nous allons echarpir ce qui
nous reste de laine.
— Battre. E x . Cet enfant est si incommode, que j ' a i envie
de l'echarpir.
Echauder, v . a. et n.
— Attraper. E x . Je me suis fait echauder d e la belle façon.
— Infuser. E x . Marie, tu êchauderas d u t h é pour le souper.
— Brûler au soleil. E x . L e blé a êchaudé depuis la dernière
pluie.
Echauffaison, n. f.
Pleurésie g r a v e provenant d ' u n refroidissement, d u c h a u d et
du frette ; le chaud-refroidi dans le l a n g a g e berrichon et
angevin.
Echauffé, e, adj.
A v o i r la peau irritée par une légère inflammation, dans les
aisselles, dans les plis du cou. E x . U n enfant échauffé
au cou, dans l'aîne.
Echelle, n. f.
Echelette. E x . N o u s allons commencer nos foins, prépare
la charrette et n'oublie p a s les échelles.
Echenilier, v . a.
Critiquer à outrance un ouvrage, un l i v r e .
Echerpiller, v . a.
Echarpiller, écharper, mettre en charpie. D ' a p r è s Borel, ce
mot aurait signifié voler sur le grand chemin.
Echevinat, n. m . — E c h e v i n a g e , fonction d ' é c h e v i n .
Echiffe, n . f.
— Chiffe, mauvaise étoffe que l'on m e t au rebut, bouts de
laine hors d'usage.
— Chiffons, en général, v i e u x m o r c e a u x de toile et de coton
qui entrent dans la fabrication du papier d e l u x e .
Echiffer, v. a.
— Effiler, défaire un tissu fil à fil. E x . Echiffer une étoffe.
— Echarper. E x . Echiffer de la laine, d u crin.
Echiffoir, n. m.
Peigne dont se servent les cardeurs pour echiffer.
DE;S CANADIENS-FRANÇAIS 265

Echigné, e, n. et adj.
Personne malingre, souffreteuse. E x . Ho ! la grande échi-
gnêc, là-bas, tu te meurs !
Echigner (s')- v. pron.
Travailler au delà de ses forces. E x . Il faut s'êchigner pour
faire certains ouvrages.
Echiquette (à 1'), loc.
Mesquinement. E x . Payer ses comptes à déchiquette.
Echiquette (en), loc.
En échiquier. E x . Corder le bois en echiquette, faire un
plancher en echiquette. V . Achiquette.
Echo, adj. — Sonore. E x . L e temps est écho aujourd'hui.
Echouer (s'), v. pron.
— Atterrir, en parlant des loups-marins qui viennent au
rivage.
— Prendre pied. E x . Comment se fait-il que tu es venu
t'échouer chez nous ?
Echoueries, n. f.
Roches que la mer ne recouvre pas, et où les loups-marins
viennent se reposer.
Echousser, v. a.
Enlever les souches qui sont restées dans un terrain après
qu'on a abattu les aibres.
Eci, écitte, adv.
Ici. E x . Passe par écitte. — Par écitte nous sommes tous
rouges.
Eclater, v. n.
Fondre en larmes. E x . Quand il apprit la mort de sa mère,
il éclata. Eclater, pris absolument, veut dire éclater de rire.
v
Eclater (s'), - pron. — Eclater. E x . Il s'est éclaté de rire.
Eclipe, n. f. — Eclipse.
Eclôre, v. n. et a. —Eclore.
Ecluse, n. f.
Lâcher l'écluse, ne vouloir plus se taire.
Ecocher, v. a.
Détacher les débris de la partie ligneuse du chanvre ou du
lin.
266 LE PARJ.KK POPULAIRE

Ifi vieux mot écocker signifiait écraser.


Ecochoir, n. m-
Instrument dont on se sert pour broyer le lin, le chanvre.
Ecochoué, n. m. — Instrument qui sert à écocher.
Ecœuranterie, n. f.
Ecœurement. E x . Quelle ecœuranterie que ce cirque ?
Ecole (montrer, faire 1'), loc.
— Enseigner. E x . Nous avons une bonne maîtresse, elle
montre bien l'école-
— Mettre un enfant aux écoles, l'envoyer à l'école primaire,
aux petites écoles.
Ecolfeter, v. a.—Décolleter. E x . Une robe écollctêe.
v r o n
Ecolleter (s')» - P - — Se décolleter.
Econome, n. et adj.
— Econome. E x . L'économe du séminaire.
•— Ménager. Un homme économe.
Ecopeau, n. m.
Copeau. E x . Ramasser des écopeaux pour allumer le poêle.
Ecore, n. f. et adj.
— Accore, berge. E x . Nous pécherons à la rivière en nous
tenant sur Y êcore. Monet cite le mot escore pour signifier
une côte à pic, taillée à plomb.
—Incliné. E x . L,es bords de cette rivière sont écores.
Ecorner, v. a.
— Blesser. E x . En voilà toujours bien un à'écorné.
— Donner des coups en général.
Ecornifler, v. a.
Espionner. E x . Qu'est-ce que tu viens ecornifler ici ? Il
n'y a rien pour toi. E n France se dit pour voler, rafler à
droite et à gauche.
Ecornifleux, se, adj.
— Ecornifleur, qui fait métier d'espion.
— Fureteur.
Ecosse, n. f. — Cosse.
Ecôsser, v. a. —Ecosser.
Ecossois, n. et adj. — Ecossais.
Ecot, n. m. — Parti. E x . Un écot de tire.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 267

Ecourté, e, a d j .
— T r o p c o u r t . E x . U n e robe écourtêe.
— E t r e affublé d ' u n h a b i t trop court. E x . U n e personne
écourtêe.
Ecourtiché, e, a d j .
Porter un h a b i t t r o p court. E x . U n e petite fille êcourtichêe.
Ecourtiller, v . a. — E c o u r t e r . E x . A v o i r une mine êcourtillêe.
Ecoute, n. f.
Filer grande écoute, aller u n train d'enfer.
Ecouter dire, loc.
— Ecouter p a t i e m m e n t . E x . I l m ' a p a r l é pendant u n e
grosse h e u r e , et je l'ai écouté dire tout le temps sans d i r e
un mot.
— E n t e n d r e dire. E x . Je l'ai écouté dire des choses insen-
sées.
v r o n
Ecouter ( s ' ) . - P -
S o i g n e r sa santé, en se c r o y a n t p l u s malade q u ' o n ne l'est.
E x . T u t écoutes trop, t u n ' e s t pas aussi malade que tu
penses.
Ecquêt, n. m .
A c q u ê t . E x . T u as p l u s d'ecquêt d'aller te coucher, il est.
tard.
Ecrabouiller, v . a.
Ecraser, m e t t r e e n bouillie. F o r m e du v i e u x français escra-
bouiller, acrabiller.
Ecrapoutir, v . a.
— Faire s u c c o m b e r dans la l u t t e . E x . S'est-il fait ecrapoutir,
ce vilain m e n t e u r ? I l a enfin trouvé son maître.
— A p l a t i r et d é f o r m e r u n corps par un c h o c violent ou u n e
pression. E x . J'ai r e ç u u n coup de p o i n g qui m ' a Sera-
pouti le n e z .
E n A n j o u , ecrapoutir c o m p o r t e l a même signification.
Ecrapoutir (s'), v . pron.
— S ' é c r a s e r p a r terre en p r e n a n t le moins d'espace possible.
— S'effacer d e v a n t q u e l q u ' u n a u point de faire disparaître
sa p e r s o n n a l i t é .
— S e déformer.
268 LE PARLER POPULAIRE

Ecriancher (s'), v. pron. — V . E g r i a n c h e r .


Ecrire, v . a.
Ecrire tme bonne main, avoir une belle écriture.
Ecrit, n. m.
Un papier, un assignation comme témoin, comme j u r é .
n m
Ecrit (mot d'). - -
Courte lettre. E x . Je v o u s adresse u n petit mot d'écrit pour
vous faire assavoir de mes nouvelles, q u i sont bonnes, Dieu
marci.
Ecrivain, n. m . — C o p i s t e .
Ecrivisse, n. f. — E c r e v i s s e .
Ecro, n. m.
Ecrou de vis. Autrefois êcro se disait.
Ecroît, n. m.
Croît, augmentation' d ' u n troupeau par la naissance de
petits.
Ecruelles, n. f. pl. — Ecrouelles, scrofules.
Ecu, n. m.
— Tu as perdu ton êcu, cours après ta piastre, tu as manqué
ton coup, eh bien ! reprends-toi et fais m i e u x .
— Voilà bien le restant des écus, il ne m a n q u a i t plus que cela.
Furetière, Scarron et Molière ont e m p l o y é cette expression.
Ecuelles, n. f. — Ecrouelles.
Ecui, n. m. — Etui.
Ecuisser, v . a.
Enlever les cuisses d ' u n animal.
Ecuisser est français, et signifie faire éclater le tronc d'un
arbre en l'abattant
Ecuisser (s'), v . pron.
Se briser les cuisses en tombant. E x . J'ai rasé m'ecuisser
en tombant.
Ecume, n. f.
Blanc d'écume, couvert d ' é c u m e . E x . U n c h e v a l blanc
d'écume.
Ecumer, v. n.
Se fâcher noir. E x . y écume rien q u ' à penser à cette sale
affaire.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 269

Ecumoire, n. f.
Avoir la figure comme une écumoire, avoir la figure marquée
par des pustules varioliques.
Ecurer (s'), v . pron.
S'éclaircir, E x . E e temps commence à s'éatrer.
Ecureu, n. m.
Ecureuil. E x . M a foi â'écureu !
Ecureuil volant, n. m. — Polatouche du Canada.
Ecuyer, n. m .
Ce mot était usité dans le p a y s avant q u e nous l'eussions
traduit de l ' a n g l a i s . C u g n e t et Berthelot, avocats, por-
taient le titre d ' é c u y e r avant la cession du Canada à l ' A n -
gleterre par l a F r a n c e . C u g n e t le prend dans son livre, un
des premiers imprimés à Q u é b e c . Il est v r a i que c'était
sous le r é g i m e anglais. N o u s lisons sur le Traité des Hy-
pothèques de B a s n a g e « H e n r y Basnage, E c u y e r , A v o c a t
au Parlement de N o r m a n d i e » . Les raisons que l'on donne
pour abandonner ce titre, n ' o n t rien à faire avec la gram-
maire et l ' é t y m o l o g i e . E l l e s s'adressent au bon g o û t
seulement ; du reste, c o m m e pour le mot Orateur. La
question se t r o u v e r é g l é e par la dernière édition l u Dic-
tionnaire de l ' A c a d é m i e . D a n s les Registres du Conseil
Souverain, plusieurs de ses membres et des parties qui
comparaissaient devant l u i , sont qualifiés d'écuyers. Le
titre n'est donc pas de provenance anglaise. A u contraire,
il est très probable que ce sont les A n g l a i s qui l'ont em-
prunté a u x N o r m a n d s .
Eduquer, v. a.
Instruire. E x . M o n enfant est bien éduqué.
Efface, n. f.
Gomme élastique qui sert à enlever les marques du crayon
ou de l'encre.
Effaçoir, n. m . — G o m m e élastique.
Effalé, e, a d j . — Q u i a la g o r g e découverte, l a /aile à l'air.
Effardocher, v. a.
Enlever les /ardoches, les broussailles, les j e u n e s pousses des
arbres v i v a n t s o u morts, essarter.
270 LE PARLEE POPULAIRE

Effet, o. m.
— Faire effet, produire de l'effet. E x . T u me diras si rues
remèdes ont fait effet.
— Faire de Veffet, produire de l'impression.
— En effet de, en fait de. E x . Ce que je préfère en effet de
sucreries, c'est le chocolat.
— Si c'est un- effet de votre bonté, si vous avez la bonté.
l o c ré
Effet que (à 1'). - P P-
— Clause statuant telle ou telle chose.
— A savoir, c'est-à-dire.
Effette (en), loc. adv. — En effet.
Effeuiller, v. a.
Feuilleter, tourner les feuillets.
Effieller (s') v. pron.
Se rendre malade. E x . Cet enfant s'est effîellê en jouant,
(comme si le fiel était en cause).
Effilandre, n. f.
Filandre, fibrille qui se rencontre dans une viande coriace.
Effilandrer, v. a.
Enlever les filandres.
Effleurer, v, a.
Affleurer. E x . Vois là-bas cette roche qui effleure l'eau.
Effrayable, adj.
Effroyable. E x . Il fait une tempête effrayable.
Effrayamment, adv.—Effroyablement.
Effrayant, adj. part.
C'est beau, effrayant, c'est extraordinairement beau, telle-
ment beau que je suis stupéfié.
Effuser, v . a.
Infuser. E x . Effusez le thé, Marie, et assurez-vous que
l'eau bouille à gros bouillons.
Egail, n. m.
Rosée. Mot employé par les Acadiens pour désigner la rosée
du matin qui se dépose en gouttelettes sur les feuilles.
Egail est cité par Monet dans le même sens.
Egaler, v. a.
Enlever les gales qui se forment sur une plaie, un ulcère.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 271

Egard de (en), loc. a d v .


P a r rapport à. E x . En égard de ce que v o u s m ' a v e z dit, j ' y
repenserai.
Egarouiller, v . a.
E g a r é , troublé. E x . Il a les y e u x égarouillés, comme s'il
devenait f o u .
Egermer, v. a.
E n l e v e r le g e r m e des pommes de terre.
Egoïsse, adj.
E g o ï s t e . E x . M ' e n parle pas, c ' e s t un égoïsse.
Egousiller (s'), v . pron.
S'égosiller. E x . V o i l à un quart d'heure que je m'égousille
à t'appeler.
Egousser, v. a. — E c o s s e r . E x . Egousser des pois, des fèves.
Egoutté, e, a d j .
Lait égoutté, f r o m a g e égoutté, lait caillé dont on laisse égout-
ter le petit lait.
Egraffigner, v . a.
E g r a t i g n e r . E x . I l a le v i s a g e tout êgraffignê, couvert de
blessures occasionnées par des égratignures. Dans l'an-
cien français, ce mot signifiait écrire mal.
Egraffignure, n. f. — E g r a t i g n u r e .
Egrandir, v. n — A g r a n d i r .
Egrandissement, n. m . — A g r a n d i s s e m e n t .
Egrémiller, v . a.
— Egrener. E x . Egrémiller des épis.
— Endetter. E x . Egrémiller du pain.
Egrener (s'), v . pron.
S e disperser, s'en aller les u n s après les autres.
v
Egriancher (s')> - pron.
F a i r e un g r a n d effort, se briser l e corps en lui donnant des
positions forcées. E x . Si t u continues à forcer comme cela,
t u v a s V egriancher.
Eguenillé, e, a d j . — D é g u e n i l l é .
Ehancher, v. a. — D é h a n c h e r , déséquilibrer les hanches.
Ehancher (s'), v. pr.
S e déhancher, se l u x e r l'articulation de la cuisse.
LE PARLER POPULAIRE
272

gjj n m _ cEil. E x . J'ai manqué me crever u n eil.


Ein, eine, art. et. adj. num.
Un une. E x . Ein bon homme, eine bonne personne, il y
en avait rien qu'eine de morte.
Eïoù, adv. — V e u x - t u me dire eïou ce que tu vas ?
Ejambée, n. f. — Enjambée.
Ejamber, v. a. — E n j a m b e r .
Ejârer (s'), v. pron.
S'écarter les jambes violemment, de façon à tomber par terre.
E x . Il s'est éjâré en patinant.
Ejeveau, 11. n i . — E c h e v e a u . E x . U n éjeveau de laine, de soie.
Elagne, n. m.
Instant. E x . Attends-moi un élagne. E x p r e s s i o n aca-
dienne.
Elaise, n. f. — Planche ajustée à une autre pour l ' é l a r g i r .
Elaite, u. f. — Eaite de poisson.
Elaiter, v . a.
Débarrasser le beurre du petit lait. E x . Marie, cours elai-
ter le beurre, il nous en faut pour déjeuner.
Elan, n. m.
Moment, instant. E x . Attends-moi u n petit élan.\Cette
expression cadre bien avec V élagne des A c a d i e n s .
Electrique, n. m .
T r a m w a y mû par l'électricité. E x . N o u s prendrons Vélec-
trique au bas de la côte d u Palais.
Elément, n. m.
Manière. E x . C'est son élément de parler mal du prochain.
Français, mais familier.
Eléphant, n. m. et f. — Personne très grosse et très lourde.
Elévateur, n. m.
Ascenseur. E x . Prenons Y élévateur p o u r nous rendre à la
haute-ville.
Elévateur n'est pas un anglicisme ; se dit d ' u n appareil pour
soulever les poids, les denrées, les navires.
Elèves, n. m. pl.
V e a u x , gorets, poulets, canards. E x . I l faut que j ' a i l l e
donner de la nourriture à mes élèves.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 2
73

Eléxï*"' n, m . — E l i x i r .
u é
E I i f ï ^ > e, n. m. et f.
p e r s o n n e grande et fluette. E x . C'est un grand élinguê.
TJne élingue est une corde pour soulever les fardeaux.
E l i s a W e , adj. — Qui peut être élu.
E l o ë z e , n. m.
g e l air. Expression acadienne. Borel cite le mot éloèse pour
éclair. Vient du latin ehteere, éclairer.
Eloridation, n. f. — Inondation.
g l o r i d e r , v. a. — Inonder. E x . L,e ruisseau est élondê.
E l o n g e r , v. a. — Porter. E x . Elonger un coup de pied.
E l o n g - e r (s'), v. pron.
_—• S'étendre de tout son long. E x . Il s'est élongê sur la
g l a c e en patinant.
S'étirer, s'allonger en étendant ses membres. Ex. Sê-
longer dans son lit.
E l u r e , v. a. — Elire.
E m a g i n a t i o n , n. f. — Imagination.
EiwagJner, v. a. — Imaginer.
E m a n a t i o n , n. f.
E m i s s i o n . E x . E'êma?iation d'un bref.
E m a n e r , v. a.
H,artcer, émettre. E x . Emaner un bref, un mandat.
Embahouiner (s')» v. pron.
S ' e n v e l o p p e r la figure avec soin, de manière à ne laisser voir
q u e le bout du nez.
E m bâclage, n. m.
E m b a r r a s , obstacle. D'après Oudin, embâcles disait jadis.
Smbâclage se dit encore d'un accoutrement singulier.
E m b â c l e r , v. a.
S e faire prendre dans une mauvaise affaire. E x . Nous
v o i l à bien embâcles, avec cette affaire sur les bras.
E m b â c l e r (s'), v. pron.
S ' e m b a r r a s s e r . E x . Je me suis embâcle dans une affaire qui
naenace de me ruiner.
E m b a r c a t i o n , n. f.
A - f f a i r e . Ex. J'ai acheté des actions de la Compagnie
18
274 LE PARLER POPULAIRE

minière de la Baie de Chaleur, c ' e s t une bien triste embar-


cation que j ' a i faite.
Embardée, n. f.
— E m b a l l e m e n t . E x . E n voilà u n q u i n'est bon qu'à
prendre des embardées.
— E c a r t brusque. E x . Notre carriole prend des embardées,
pourvu q u e nous ne versions p a s .
Embarder, v . a. — Faire des écarts b r u s q u e s .
Embarder (s'), v . prou.
— S e laisser emporter trop loin dans une affaire.
— Se mettre de travers, en parlant d ' u n canot.
Embardeux, se, a d j . — Q u i s'emballe facilement.
Embargo, n. m .
Embarras. E x . S ' i l continue à mal se conduire, je lui
créerai des embargo de façon à ce q u ' i l se corrige.
Embarlificoter, v. a. — V . Emberlificoter.
Embarlificoter (s'), v . pron — V . Emberlificoter ( s ' ) .
Embarquement, n. m. — E m b a r c a d è r e .
Embarquer, v . a. et n.
— Mettre, déposer. E x . Embarque-moi ces d e u x piastres
dans ton porte-monnaie.
— Entrer, faire entrer. E x . Embarque dans mes bras, dans
le t r a m w a y .
— Sauter. E x . Embarque sur le d o s d u c h e v a l .
— Embarqtier sur le dos de quelqu'un, l ' e n n u y e r p a r des dis-
cours, des plaintes, des doléances interminables. E x .
Q u a n d celui-là m'embarque sur le dos, il ne d é b a r q u e plus.
Embarras (clôture d'), m f.
Clôture grossière faite a v e c des b r a n c h a g e s et d u bois de
rebut.
Embârrer, v. a.
Mettre sous clef ou sous verrou. F}x. Embârre p a s l a porte
sur moi.
Embârrer (s'), v . pron.
Fermer la porte sur soi a v e c une clef, u n v e r r o u , une barre.
Embas (en),
En bas. E x . L e thermomètre m a r q u e s i x en embas d e zéro.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 275

Emberlicoter (s'), v . pron.


S'embarrasser. V . le mot suivant.
Emberlificoter, v . a.
— Embarrasser, empêtrer. E x . Je Y emberlificoterai au pre-
mier jour, s'il cherche encore à me blaguer.
— Enjôler. E x . Il m ' a conté un tas d'histoires, tellement
qu'il a fini par m'emberlificoter, et je lui ai prêté cinq pias-
tres. E e v i e u x français disait emburclicoquer. Ea l a n g u e
a conservé le mot emberlificoter dans le style familier,
et l'on t r o u v e en patois emberlander, emberliner et ember-
lofer, toujours pour e x p r i m e r la même idée.
Emberlificoter ( s ' ) , v. prou.
S'empêtrer. E x . S'emberlificoter les jambes dans les bran-
ches. S'emberlificoter dans son discours.
Emberné, adj. — D a n s l'embarras de mauvaises affaires.
Embêter, v . a.
A v e u g l e r q u e l q u ' u n en affaires. E x . Il l'a embêté propre-
ment.
Embiber, v. a . — I m b i b e r .
Embich'ter, v. a.
— A v a l e r v i t e . E x . J'ai embtch'té ce verre de vin avec un
grand plaisir.
— Mettre, déposer. E x . Embich 'te-moi ce cinq piastres dans
ton porte-monnaie.
Embobiner, v . a.
V ê t i r chaudement. E x . C e t t e femme est bien embobinée.
Embobiner ( s ' ) , v. pron.
S'envelopper a v e c soin pour se garantir du froid.
Emboîter, v . a. — Mettre en boite.
Embotter (s'), v. pron. — M e t t r e ses bottes.
Embouchage, n. f.
Embouchure. E x . E e j e u n e Dumais joue bien de la flûte,
il a une belle embauchage.
Embouffetage, n. m . — A c t i o n d'embouffeter.
Embouffeter, v . a.
Travailler les planches de manière à ce qu'elles puissent
être assemblées au moyen de rainures et de languettes.
276 LE PARLER POPULAIRE

Embouffeteur, n. m. — Q u i embouffette.
Embourber, v . a.
— E n g a g e r dans la n e i g e . E x . M o n c h e v a l est embourbé,
detelons-le.
— E n g a g e r dans un travail de l o n g u e haleine et rempli de
difficultés.
Embourber (s'), v. pron.
— S ' e n g a g e r dans un banc de neige.
— S e livrer à des t r a v a u x multiples dont on ne peut pré-
voir l'issue.
Embourrer, v . a.
Envelopper. E x . Embourre-moi ce p a q u e t de l i n g e ?
Embouveter, v . a. — V . Embouffeter.
Embrassement, n. m .
Embrasement, action d ' é l a r g i r de d e h o r s en dedans la baie
d ' u n e porte pour donner du jeu a u x battants.
Embrelicotage, n. m. — Confusion, brouillamini.
Embrelicoter, v. a. — E m b r o u i l l e r .
Embreunir, v . pron.
S'embrunir, se couvrir. E x . E e temps s'embreunit.
Embrocher, v . a.
Mettre du poisson en broche, pour former une brochelée.
V . Broche et Brochetée.
Embrouille, n. f.
Embarras, confusion. Imbroglio des Italiens.
Eméché, adj.
Pris de vin. E x . M o n garçon, tu c o m m e n c e s à ê t r e pas mal
émêché,
Emécher, v. a . — M o u c h e r . E x . Emêchcr la chandelle.
Emérillon, n. m. — E p e r v i e r brun, o u faucon des marais.
Emiocher, v. a . — E m i e t t e r .
Emîtation, n. f.
Imitation. E x . C e s meubles ne sont p a s en c h ê n e solide,
mais en imitation.
Emite, n. f.
Limite. E x . Il y a des émîtes à tout. Il fait beau sans
émîtes.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 277

Emiter, v . a. — I m i t e r .
Emmaigrir, v . a. et n. — A m a i g r i r .
Emmalicer, v . a . — R e n d r e malin.
Emmaler, v . a. — Mettre d a n s u n e malle.
Emmancher, v. a.
— Ktre pris d a n s une m a u v a i s e affaire. E x . S'est-il fait
emmancher u n peu ?
— Habiller, v ê t i r . E x . N e v a pas sortir emmanché c o m m e
cela.
Emmanchure, n. f.
— Affaire m a l conduite. E x . ije suis pris dans une triste
emmanchure.
— Manière dont u n outil est emmanché.
— H a b i t m a l fait. E x . Q u e l l e emmanchure as-tu sur le dos ?
Emméliorer, v . a . — A m é l i o r e r .
Emmenable, adj.
Qui peut être e m m e n é . E x . Habillé comme tu es, mon
petit, tu n ' e s p a s emmenable.
Emménager, v . a.
Mettre a u x b o n s endroits les collets, les trappes destinées à
prendre les a n i m a u x à fourrures. ( T e r m e de vénerie.)
Emmener, v . a.
A m e n e r . E x . C e t hiver, il n e i g e tous les jours que le B o n
Dieu emmène.
Emmerdement, n. m. — E n n u i profond.
Emmerder, v . a. — T r o m p e r grossièrement.
Emmerder (s'), v . pron. — S ' e n n u y e r beaucoup.
Emmiâler, v . a.
Tromper c o m m e un chat, chercher â séduire par des a v i s
d o u c e r e u x , leurrer.
Emmitainer, v . a. — M e t t r e des mitaines.
Emmitainer s', v . pron. — S e mettre des mitaines.
Emmitoner (s'), v . p r o n . — M e t t r e ses mitons. V . M i t o n .
Emmouracher (s'), v . pron. — S'amouracher.
Emmurailler, v . a.
Emmurer, enfermer entre des murailles.
Emouchettes, n. f. pl. — M o u c h e t t e s ,
278 LE P A R L E E POPULAIRE

Emoustillé, ée, adj. part.


Agité, remuant. Ex. Cet enfant est passablement emous-
tillé, il faudra le calmer.
Emouver, v. a. — Emouvoir.
Emouver (s'), v. pron. —S'émouvoir.
Emoyer (s'), v. pron.
S'enquérir, s'informer. Expression acadienne.
Empaffé, e, adj. — Enivré.
Empaffer (s'), v. pron.
Se bourrer de nourriture ou se gorger de vin.
Empaillure, n. m.
Empaillage, action d'empailler. Ex. 1 / e m p a i l l u r e d'une
chaise.
v
Empanner (s')» - pron.—S'en faire accroire.
Emparer (s'), v. pron.
S'empresser. Ex. Je me suis emparé de lui faire savoir ma
façon de penser. (Cl.)
Empas, n. m. pl.
Gonflement inflammatoire du palais des chevaux.
Empâter, v. a, — V . Ampâter.
* Emphase, n. f.
Conviction, énergie. Ex. Parle-t-il avec emphase cet ora-
teur là ? (Angl.)
* Emphatiquement, adv.
Catégoriquement. Ex. Je nie cela emphatiquement. (Angl.)
Empiétation, n. f. — Empiétement.
Empiffer, v. a. — Empiffrer. V. Empaffer.
Empigeonner, v. a.
Etre sous l'influence d'un être supérieur. Ex. Je ne sais
ce qui se passe, mais depuis quelque temps je ne puis rien
faire de bien, mes animaux meurent les uns après les
autres, je crois vraiment que je suis empigeonné.
Empilage, n. m. — Empilement, action de mettre en pile.
Empille, n. f.
Empile, ligne, fil qui s'ajoute au bout des ligues latérales.
(Terme de pêcheur. )
Emplâte, n. f.—Emplâtre.
DES CANADIKNS-FKANÇAIS 279

Emplâtre, n. m. et f.
— Personne gauche et un peu niaise. E x . Quel emplâtre
que j ' a i là à mon service.
— Emplâtre, n. m. E x . Une bonne emplâtre de moutarde.
Emplayer, v. a.
Employer. E x . Moi femplaye cinquante mains.
Emplette (faire), loc.
Devenir père d'un nouvel enfant. Ex. Me dirais-tu qui ce
qui vient de faire emplette f Entends-tu les cloches qui
sonnent le baptême ?
Empleyer, v. a —Employer.
Emplir, v. a.
— Ne pas tarir en racontars. E x . Ne viens pas m'emplir
comme tu as déjà fait.
Emplois, n. m.—Empois.
Empocher, v. a.
— Blouser. (Terme de billard).
— Mettre en poche, en sac. E x . Empocher des patates,
des carottes, des navets.
Empocheter, v. a.
Empocher, mettre dans sa poche. E x . Empocheter des mar-
bres.
Empoélure, n. f.
Substance charbonneuse qui se dépose à la surface extérieure
des chaudrons exposés au fèu.
Empoisonner, v. a.
Sentir mauvais. E x . Sauve-toi, mon petit salaud, tu em-
poisonnes tout le monde.
* Emporter, v. a.
— Adopter. E x . Cette motion .sera-1-elle adoptée ? Empor-
tée, carried. (Angl.)
— Enflammer. E x . Cet enfant a toute une joue emportée.
— Emporter le morceau, réussir d'emblée.
Emprêter, v. a.
Emprunter.
Empunaisé, e, adj. part.
Infesté de punaises.
2 g Q L ï î pARI-ER POPULAIRE

En, adv.
— Passer en belette, file* o ™ -
— Marcher en bedeau, marcher avec ordre.
— Passer en souris, f u i r honteux.
— Voir tout en soleil, avoir des éblouissements.
En aiguillettes.-V. A i g u i l l e t t e s .
En approbation.-V. Approbation.
En a r r a c h e r . - V . A r r a c h e r .
Enarvement, n. m. — lînervement.
Enarver, v. a . — E n e r v e r .
En bas de, loc. adv.
0
Au-dessous. E x . L e thermomètre marque 5 en bas de zéro.
Emu, e, adj. part.
Sous l'effet des s p i r i t u e u x . E x . J e commence à être légè-
rement ému, je m ' e n aperçois.
Encabaner (s'), v. p r o n .
— Se réfugier dans s a cabane, dans sa maison, pour y
séjourner.
— Se couvrir la figure d'une manière presque complète.
Encache, 11. f. — E n v e l o p p e de lettres.
Encadrage, 11. m. — E n c a d r e m e n t .
Encager, v. a. — M e t t r e en prison.
Encalifourchonner, v . a . — Mettre à califourchon.
v
Encalifourchonner (s')» - pron.
Se mettre à califourchon.
Encalmé, e, adj. — V a i s s e a u pris dans une accalmie.
Encan, n. m.
— Par encan, à l ' e n c a n . E x . Fais-tu vendre ton ménage
par encan ? Oui, par encan.
— Faire encan, v e n d r e à l'encan.
Encanter, v. a. — V e n d r e à l'encan. V . Aucauter.
Encanteur, 11. m.
Commissaire-priseur. E x . 1 * meilleur encanteur de Qué-
bec, c'est M. M a x i m e .
Encapoter, v. a.
Mettre un capot sur l e dos d'un autre. E x . J e vais Venca-
poter, afin de m é n a g e r ton rhumatisme.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 2

Encapoter (s'), v. pron.


S'habiller soi-même pour sortir. Ex. Encapote-toi c o m m
il faut, car il fait une tempête.
Encarcaner, v. a.
— Mettre un animal au carcan.
— Réduire une personne à l'impuissance. Ex. Si tu n e t e
1
retires tout de suite, je vais t 'encarcaner.
Encaver, v. a.
— Faire une entaille dans le bois.
— Enfoncer un objet dans un autre ou dans le sol.
Encenser, v. a.
Remuer la tête de h a u t en bas. Se dit du cheval.
Enchâsser, v. a. — Encenser.
Enchensoir, n. m. — Encensoir.
Enchiforné, adj. — Enchifrené.
En ci, loc.
D'ici à. E x . N o u s avons le temps de nous voir en ci et l e
jour de l'An.
Enclaquer (s'), v. prou. — Mettre ses claques.
Enclaver, v. a. — Anneler.
Enclope, n. f.
Abot, entrave au pied d'un cheval.
Enclos, n. m.
Fourrière. E x . Mettre un cheval à Y enclos.
Encombrance, n. f. — Encombrement, embarras.
Encombrer, v. a.
Mettre plus que la mesure. Ex. Tu vas me donner u n
minot d'avoine, mais tu mettras la mesure encombrée, e t j e
te paierai en êqtdpollent.
Encontre (à 1'). —Aller à rencontre, aller au contraire.
Encornailler (s'), v. pron.
Encorner. E x . La noire et la grise passent leur temps à
s'encornailler.
Encorner, v. a.
Frapper avec les cornes, sans blesser. Ex. Je me suis f a i t
encorner par une vache, elle ne m'a pas fait mal.
Encre de perle, n. f. — Nacre de perle. V. Ancre.
LE PARLER POPULAIRE
282

Encrotté, e, adj.
Rempli de crottes. E x . A v o i r le nez encrotté.
Encrucher, v. a. - Mettre en cruche.
En deci, loc. adv.
D'ici à. E x . Je te paierai en deci N o ë l .
Endécis, a d j . — Indécis.
En dedans de, loc. adv.
En moins de. E x . Mon cheval fait son mille en dedans de
trois minutes.
Endéhorer, v. a.
Sortir. E x . Endêhore-moî l a porte au plus vite, ou j e vais
me fâcher.
Endémené, ée, adj.
Espiègle, turbulent, évaporé. E x . C e t enfant est endé-
mené. Expression très en v o g u e autrefois en F r a n c e .
(Lac. de S. P.)
En démon, loc. — F u r i e u x .
En dessous, loc. adv.
Hypocrite, sournois. E x . Cette fille m e paraît en dessous.
Endéver, v . a.
Impatienter. E x . Je l'ai fait endéver de mon m i e u x . D u
français diable, de l'italien diavolo, de l'anglais devil.
En devoir, loc. — V . Devoir.
En diable, loc. — E n furie.
Endorniable, adj.
Qui peut être endormi. E x . Des eufants qui ne sont pas
endormables.
Endormir (s'), v. pron.
— Se rebuter, se lasser. E x . C ' e s t u n paresseux, il s'en-
dort sur son ouvrage.
Endormitoire, n. f.
;
Sommeil. E x . T u ne dors pas, prends de l ' e a u d 'endormi-
toire. V e r s d i x heures, Vendormitoire me prend, et j e me
flanque au lit.
Endos, n. m.
Endosse, trouble, peine, ennui. E x . C ' e s t toujours le pau-
vre qui a l'endos.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 283:

Endreit, n. m.
— Endroit.
— Pays natal. E x . Nous sommes tous les deux du même
endreit.
Endreitte (à 1'), loc.
Côté par lequel une chose doit être regardée. E x . Regarde
à Vendrette plutôt qu'à l'envers. En France on dit à
Vendrette pour envers, vis-à-vis.
Endurer, v. a.
— Tolérer. E x . Je l'endure, celui-là, mais ça force.
— Avoir besoin. E x . Il fait froid, /endurerais bien un
manteau pesant.
Endurer (s'), v. pron.
Supporter la douleur. E x . J'ai un si gros mal de tête, que
je ne suis plus capable de m'endurer.
En échiquette.—V. Echiquette.
Enfaîter, v. a.
Emplir jusqu'au faîte. E x . Nos foins sont terminés, la
grange est enfaîtêe.
Enfaller, v. a.
Se dit des volailles qui n'ont pas pu digérer les aliments
contenus dans leur falle (jabot)
Enfaller (s'), v. pron.—S'engouer.
Enfance, n. f.
Sénilité. E x . Ce vieillard est en enfance, c'est certain, il a
des paroles écartées.
Enfant de chienne, n. m.
Expression grossière à l'adresse d'une personne tarée.
Enfant du diable, n. m. —Bête puante, putois.
Enfarges, n. f. pl.
Entraves mises aux chevaux ou aux bœufs pour les empê-
cher de sauter les clôtures.
Enfarger, v. a.
— Mettre les enfarges à un cheval.
— Réduire quelqu'un â l'impuissance.
v
Enfarger (s'). - pron.
— S e fourrer dedans.
284 I.E PARLER POPULAIRE

— S'empêtrer. E x . C e charretier s ' e s t e?ifargê les jambes


dans ses cordeaux.
En fête, loc. — S o u s l'influence des l i q u e u r s fortes.
En fifre, loc. — De très m a u v a i s e h u m e u r .
Enfifreouâper, v . a.
Berner outre mesure. E x . Je l ' a i enfifreouàpè de la belle
façon, il ne s'est a p e r ç u de rien.
Enfifreouâpeur, n. m. — Q u i fait l ' a c t i o n d e tromper.
Enfilée, n . f. — Enfilade.
Enfiler, v . a.
— Accompagner.
— Enfiler des perles, flâner, s'amuser. D ' a p r è s O u d i n , enfi-
ler des perles se disait autrefois p o u r être un grand discou-
reur.
v
Enfiler (s'), - P*"on.
Manger. E x . Je me suis enfilé u n e t r a n c h e de rosbif sai-
gnant,
Enfioler, v . a. — A v a l e r a v e c rapidité.
Enflammable, a d j . — I n f l a m m a b l e .
Entlammation, n. f. — I n f l a m m a t i o n .
Enflammatoire, adj.
Inflammatoire. E x . Je souffre d ' u n r h u m a t i s m e enflamma-
toire.
Enfle, n. f. — Enflure. E x . C e g a r ç o n a u n e enfle a u visage.
Enflé, e, n. m . et f.
Enflé, adj. I n d i v i d u bouffi d ' o r g u e i l . E x . U n grot enflé.
Enfoncer, v . a.
— Réfuter, réduire à quia. E x . M o n s i e u r L a d u e a enfoncé
son adversaire sur t o u s l e s h u s t i n g s .
— Perdre son argent. E x . I l s'est fait enfoncer dans sa
récente spéculation à la B o u r s e .
Enfouir (s'), v . pron. — S ' e n f u i r .
Enfourner, v . a.
A v a l e r . E x . Enfourne-moi ç a d a n s d a n s ton gosier.
Enfrédir, v . n . — Refroidir.
Enfrédir (s*), v . pron. — S e refroidir. E x . L e tempss'enfrédit.
Enfroidir, v . n. — Refroidir.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 285
v r o n S e
Enfroidir (s'), - P - — refroidir.
En fusil, loc. — D ' u n e h u m e u r massacrante.
Engagé, e, a d j .
Serviteur, d o m e s t i q u e . E x . J'ai d e u x filles engagées à mon
service.
Engagement, n . m .
— F i a n ç a i l l e s . E x . M a d e m o i s e l l e , voici votre bague d'en-
gagement.
— R e n d e z - v o u s . E x . J ' a i u n engagement avec le rédacteur
de Y Action Sociale pour d i x heures.
* Engager, v . a.
— S e fiancer. E x . Pierre et L u c e t t e se marieront a u x j o u r s
gras, v o i l à d é j à p l u s d ' u n an q u ' i l s sont engagés. ( A n g l . )
— O c c u p é . E x . H e l l o ! v o u l e z - v o u s me mettre en c o m m u -
nication a v e c l e n u m é r o 1 8 2 8 ? — L a l i g n e est engagée.
(Angl.)
Engager, ère, a d j .
Domestique. E x . J'ai u n e b o n n e fille engagere que j e paie
d i x piastres par mois.
Enganter, v . a. — M e t t r e d e s g a n t s .
Enganter (s'), v . p r o n .
Mettre soi-même ses g a n t s .
Engearber, v . a. — E n g e r b e r .
Engencement, n. m . — A g e n c e m e n t .
Engenouiller (s'), v . p r o n . — S ' a g e n o u i l l e r .
Engin, n. m . — L o c o m o t i v e .
* English, Znn-gliske, (m. a.)
— S a i n t - A u g u s t i n , 14 points. ( T . d'impr.)
— Double englisk, palestine, 28 points.
Engouer (s'), v . p r o n .
S'étouffer en m a n g e a n t . B o r e l é c r i t : Engouer, se suffoquer
en m a n g e a n t .
En grand.
— Servir la messe en grand, remplir les fonctions de thuri-
féraire ou d e c é r é m o n i a i r e .
— D'une façon extraordinaire. E x . E n v o i l à un qui s'est
fait b l a g u e r en grand.
286 LE PARLER POPULAIRE

Engrandir, v. a.— A g r a n d i r .
Engrener, v. a.
S'enraciner. E x . Il ne faut pas laisser engrener le mal
avant qu'il soit trop tard.
Engrener (s'), v. pron.
— Accoutumer. E x . Je suis tellement engrené dans cette
affaire, que je me crois indispensable à c e u x qui l'ont
entreprise.
— Persister. E x . Pourquoi s'engrener dans cette mauvaise
habitude de trop boire de vin ?
En gribouille. — E u difficulté, en c h i c a n e .
Enguenillé, e, adj — D é g u e n i l l é .
Engueulade, u. f. — A c t i o n d ' e n g u e u l e r .
Engueulement, n. m . — A c t i o n d ' e n g u e u l e r .
Engueuleur, n. m.
Celui qui engueule, qui dit de grossières injures a u x autres.
Engueuler, v. a. — Dire de grosses injures.
Enguiabler, v. a. — Endiabler.
Enhuiler, v. a. — O i n d r e d ' h u i l e .
En j'haut, prép. — E n haut.
Enjôleux, euse, n. et a d j . — Enjôleur.
En l'air, loc.
— Evaporé. E x . U n e j e u n e fille en F air.
— Dans un endroit é l e v é . E x . M o n t e r en l'air, sauter en
l'air, grimper en l'air.
— Gai, j o y e u x . E x . C o m m e tu es en / ' a z > a u j o u r d ' h u i , s u r
quelle herbe as-tu p i l é ?
Enlargir, v. a. — E l a r g i r .
Enlever (s'), v. p r o n . — S ' e n aller.
Enlourdir, v . n. — A l o u r d i r .
En mains, loc. — E n caisse.
Enmialer, v . a . — V . A m i a u l e r .
Enmoyenné, e, adj.
En moyen. E x . Quand j e serai plus enmoyenné, j e te paierai.
Enneiger, v. a.
Couvrir de neige. E x . S i tu v e u x conserver tes viandes
durant l'hiver, mets-les dans un baril et enneige-les.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 287

v
Enneiger (s'). - p r o n .
Etre couvert de neige. E x . Il fait une t e m p ê t e épouvanta-
ble, me voilà t o u t enneigé.
Ennicher, v. a. — M e t t r e dans une niche.
En nuit. — D u r a n t l a nuit.
Ennuyant, adj.
E n n u y e u x . E x . D i e u , que c'est ennuyant !
Ennuyer (s') de quelqu'un.
Eprouver de l ' e n n u i de son absence.
Ennuyeux (être), loc.
S'ennuyer d ' h a b i t u d e . E x . Je suis incapable de m'absenter
de chez moi pour p l u s d ' u n e semaine, je suis trop ennuyeux.
Enondation, n. f . — I n o n d a t i o n .
Enonder, v . a. — Inonder.
* En opération, loc.
E u vigueur. E x . Cette loi sera mise en opération, aussitôt
qu'elle aura été sanctionnée par le lieutenant-gouver-
neur. (Augl.)
En outre, loc. a d v .
Outre. E x . Q u ' e s t - c e q u e tu v e u x en outre de ce que je
t'ai déjà d o n n é ?
En par (d'), loc. adv.
— D è s le m o m e n t m ê m e . E x . C'est fini oV en par là.
— A partir de. E x . D'en par a u j o u r d ' h u i , j e ne reconnaî-
trai plus tes dettes.
En petit, loc.
Servir la messe en petit, remplir les fonction d'acolythe.
En plein. — B e a u c o u p .
Enque, n. f. — E n c r e .
En quelque part, loc. adv.
Quelque part. E x . I l est allé en quelque part.
Enrager, v. n.
Etre tourmenté d ' u n désir violent. E x . J'enrage d'aller
me promener a u x Etats.
En rapport avec, loc.
A u sujet de. E x . M . l ' a v o c a t est v e n u à Québec, en rap-
port avec l'affaire de la b a n q u e de S t - P i e r r e .
288 US PARLER POPULAIRE

Enrefreidir (s'), v. pron.


S e refroidir. E x . L e temps s'est enrefreidi d e p u i s le matin.
Enrefroîdir (s',) v . pron. — S e refroidir.
Enregistrer, v. a.
— Recommander. E x . Je v i e n s d e r e c e v o i r u n e lettre
pleine d'argent, h e u r e u s e m e n t q u ' e l l e était enregistrée.
(Angl.)
— Enregistrer, porter sur u n registre.
Enrelaidir (s'), v . p.
S'enlaidir. E x . Mademoiselle L a r i v i è r e s'enrelaidit tous les
jours.
En relation avec, loc. — E n rapport a v e c .
Enretourner (s'), v . pron,
Retourner. E x . N o u s n o u s enretournerons c h e z nous demain
matin.
Enrevenir (s',) v . pron.
Revenir. E x . Je suis enrevenu avec mon p e t i t bonheur.
Enrhumé, e, a d j . — E n r o u é . E x . I l a le p a r l é enrhumé.
Enroser, v . a. — Arroser. O u d i n et C o t g r a v e citent enroser.
Enrouillé, e, adj. — E n r h u m é .
Enroutiner, v. a. — V . A r o u t i n e r .
Enroutiner (s'), v. pron. — V . S ' a r o u t i n e r .
Enseigner, v . a.
Donner une prescription. E x . L e d o c t e u r m ' a enseigné un
bon remède pour le r h u m a t i s m e .
Ensemble (se mettre), loc.
S e dit d ' u n homme et d ' u n e femme q u i se marient.
Breton et sa femme se sont mariés,
Se sont mis ensemble, c'est pour faire des paniers.

Ensembler, v. a . — A s s e m b l e r .
En snette, loc. — E n boisson depuis p l u s i e u r s jours.
En sorcier, loc. — E n furie.
* En style, staïle ( A n g l . )
— Bien habillé, bien mis.
— Bien disposé, en joie.
Ensumencer, v . a. — E n s e m e n c e r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 289

Entaille, n. f.
Incision faite à l ' é r a b l e pour permettre à la s è v e de s'écouler.
Entailler, v . a.
— Faire une i n c i s i o n à l ' é c o r c e de l'érable pour permettre à
la s è v e de s ' é c o u l e r .
— Fabriquer du sucre d'érable. E x . Entaillez-vous, ce
printemps? — S a n s doute, j e v a i s commencer demain.
Entarder (s'), v . p r o n . — S ' a t t a r d e r .
En temps, loc.
— A l ' h e u r e f i x é e d ' a v a n c e . E x . L e train est-il en temps ?
— A temps. E x . T u t â c h e r a s d'arriver en temps.
Entendement, n . m .
— O u ï e . E x . I l est un p e u d u r d * entendement.
— Entente. E x . I l n ' y a p a s d'entendement possible avec
un être c o m m e ç a .
Entendre, v. a.
— Entendre dur, a v o i r l ' o r e i l l e d u r e .
— Etre sourd d'une oreille et ne pas entendre de l'autre, être
complètement s o u r d .
— Ne pas entendre de cette oreille-là, ne pas l'entendre de
cette façon.
Enterfaite, n. f . — E n t r e f a i t e .
Enterprenant, a d j . — E n t r e p r e n a n t .
Enterprendre, v . a. — E n t r e p r e n d r e .
Enterprise, n. f . — E n t r e p r i s e .
Enterrable, a d j . — Q u i p e u t ê t r e enterré.
Enterrement, n. m .
Ereintement. E x . C e b e a u p a r l e u r n'a pas é t é h e u r e u x ;
son adversaire l u i a servi u n enterrement de première
classe, tout e n le c o u v r a n t de fleurs.
Enterrer, v . a.
C o u v r i r . E x . V a v o i r d a n s l a c o u r si ton traîneau n'est pas
enterré dans l a n e i g e .
— Fêter. E x . N o u s allons, ce soir, enterrer le mardi g r a s .
v
Enterrer (s'). - p r o n .
E t r e s u r c h a r g é . E x . Je s u i s enterré dans l ' o u v r a g e depuis
un mois.
19
290 LE P A R L E R POPULAIRE

* Entertainement, (m. a . ) — D i v e r t i s s e m e n t .
Entertiendre, v . a. — Entretenir.
Entêter, v. a.
Causer des m a u x de tête. E x . Ce parfum-là entête.
Enteur, prép.
Entre. E x . T u passeras enteur d e u x .
Enteurse, n. f.
Entorse. E x . Je me suis fait une enteurse à la j a m b e .
Entièrement, adv. — Entièrement.
Entôlage, n. m . — A c t i o n d'entôler.
Entôler, v . a.
Poser de la tôle. E x . Entôler un p o ê l e .
Entome, n. f.
Entame. E x . & entome d ' u n pain. R a b e l a i s a écrit entomme.
Entomer, v. a. — Entamer.
Entonne, n. f. — Entonnoir.
Entonnoir, n. m .
Buveur. E x . Quel entonnoir que cet i v r o g n e !
Entonnoué, n. m . — Entonnoir.
Entortiller, v . a. — Circonvenir, tromper.
Entortiller (s'), v . pron.
Se vêtir chaudement.
Entour, adv.
Autour. E x . Je l'ai toujours entour de m o i .
En tous les jours, loc.
E n habit de semaine. E x . Je suis dans mon en tous les
jours, j e n'irai pas à l ' é g l i s e comme c e l a .
Entrage, n. f.
Ouverture donnée à u n hameçon p o u r former la courbe
voulue.
En train (se mettre), l o c . — S ' e n i v r e r .
Entre ci, adv.
D'ici à E x . Entre ci P â q u e s , il y a q u a r a n t e jours.
Entre-cloison, n. f.
Cloison en bois lattée, et préparée p o u r recevoir le c r é p i .
Entre-deux, n. m .
Séparation entre d e u x stalles (barrures) d ' é c u r i e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 29I

Entregarder ( s ' ) , v. pron.


Se regarder réciproquement. E x . Ils s'entregardent comme
d e u x chiens de faïence.
Entregeler, v. a.
A moitié gelé. E x . De la v i a n d e entregelée.
Entre-manger (s'), v. pron.
Se dire des injures mutuellement. E x . A quoi bon vous
entremanger tous d e u x ? accordez-vous.
Entrée, n. f.
— Vestibule. E x . Essuyez vos pieds dans Ventrée.
— Inscription. E x . T u auras la précaution de faire cette
entrée dans le j o u r n a l .
Entremi, adv.
A travers. E x . L e pommes ne sont pas bien grosses, cette
année, mais il y e n a de fameuses entremi.
Entremordre (s*), v . pron.
Médire l'un de l ' a u t r e . E x . S'enlremordre entre voisins,
ce n'est pas édifiant.
Entre=plancher, n. m .
Entrevous, intervalle entre d e u x solives dans u n plancher.
E x . Vous m e t t r e z du mortier d a n s Ventre-plancher.
Entreprendre, v. a.
— User j u s q u ' à la corde. E x . Mon propriétaire ne fait
pas de trop b o n n e s affaires, j e crois qu'il en a grand d'en-
trepris.
— Réduire, m e t t r e à la raison. E x . Si tu v e u x dire comme
moi, nous allons Ventreprendre, celui-là.
Entrequien, n. m .
Entretien. E x . U n e maison â! entrequien.
Entrequien (dur d'). loc.
Difficile à soigner. E x . Mon cheval est dur d'entrequien.
Entrer, v. n.
— Enregistrer, inscrire. E x . Veuille donc entrer ce compte
au grand-livre.
— Faire entrer. E x . Entre le cheval dans l'écurie.
Entrer-sortir, v. n.
E n t r e r et sortir. E x . Il n ' a fait qu''entrer-sortir.
2Q2 LE PARLER POPULAIRE

Entresembler (s'), v, pron.


Se ressembler. E x . Ils s'entresemblent comme d e u x gouttes
d'eau.
* Entretenir, v. a.
— Recevoir. E x . N o u s avons passé d e u x jours chez lui,
il nous a entretenus princièrement. (Angl.)
— Concevoir. E x . y entretiens des doutes sur son compte.
(Angl.)
Entretint, part, passé.
Entretenu. E x . J ' a i entretint mon h o m m e pendant une
grosse heure.
Entreverdir, v. n.
Commencer à verdoyer. E x . Les arbres entreverdissent à
vue d'ceil.
Envaler, v. a.
Avaler. E x . Envale-vaaï ça, mon v i e u x , ça va te guérir.
Enutile, a d j . — I n u t i l e .
Envaliser, v. a. —Emballer, empaqueter.
Envarié, e, adj. — A v a r i é .
Enveiime, adj.
En furie. E x . Ne me parle pas ce matin, je suis enveiime.
Envelimer, v. a.
Envenimer. Vieux français. Un ancien proverbe disait :
Paroles rapportées
Sont envelimées.

Envelimure, n. f.
Plaie ou coupure infectée p a r le contact d ' u n insecte veni-
meux.
Envers (à 1'), loc. adv.
— Bouleversé. E x . Q u ' a s - t u ? t u m e parais tout àVenvers.
— Tourner son capot à l'envers, c h a n g e r de parti politique.
En v e u x - t u en v'ià, loc.
En grande abondance. E x . Des noisettes, cette année, il
y en a en veux-tu en v 'là.
Envieux, n. m.
Envie, petite pellicule qui se détache de la peau autour des
DES CANADIENS-FRANÇAIS 293

ongles. E x . J'ai u n envieux au pouce. Envieux se dit


en France, m a i s au féminin : une envieux.
En v'lime, loc. — V . E n v e l i m e .
Environs (aux), l o c .
E n v i r o n . E x . J'ai aux environs de quinze piastres dans ma
poche.
Environs (dans les), l o c .
A peu près, e n v i r o n . E x . I l y a bien dans les environs de
d e u x lieues p o u r aller au s a u t Montmorency.
Envoi, n. m.
— Facture. ( A n g l . )
— Note.
Envoirai (j')> futur d u verbe e n v o y e r .
J'enverrai. A n c i e n n e forme française. N o u s disons aussi
fenvoirais a u conditionnel.
Envolée, n. f.
E l a n . E x . J'ai p r i s mon envolée et j ' a i sauté par-dessus la
clôture.
Envoyable, adj.
Q u i est à e n v o y e r . E x . C e p a q u e t n'est pas envoyable, arran-
g é comme il est là.
Envoyer, v. a.
— Il s'est fait envoyer cela, compter avec des expressions
dures.
— Ça, c'est envoyé, c'est bien dit.
— Envoyer faire foute, chasser.
— Envoyer sous le four, chasser.
— Envoyer à la gomme, chasser.
— Envoyer le torchon, dire des mots durs.
— Envoyer au diable, envoyer au sucre, envoyer au sacre,
envoyer paître, toutes e x p r e s s i o n s qui signifient à p e u
p r è s la m ê m e i d é e : celle de chasser q u e l q u ' u n de sa pré-
sence.
v
Envoyer (s'). - p r o n .
S e mettre à l ' œ u v r e avec u n e g r a n d e v i g u e u r .
Envrâler, v . a.
A l l e r de droite et de g a u c h e dans le but de voir ou de faire
^ PABI-EK POPULAIRE
294 LJv

-FT-JC Ou'as-tu à v o u l o i r ainsi envrâler


des recherches. *^ *
tout le quartier. . ,
,, „ <=' e m p a r e r de t o u t ce qui se p r é s e n t e .
y
— Faire table r a s e , s ^
Envrâleux, se, n. e t a < i j -
^ • • i > a v e c ou sans b u t particulier.
4

— Qui rode ci et l a a v e * - r
n • , _ A * tout ce qui lui tombe sous la m a i n .
u i
— Qui s empare d e i o ^
Envriller, v. a . — V r i l l e r .
Epalller, v. a . — D i s p e r s e r .
Epailler (s'), v. p r o n . — S e disperser.
Epais, se, adj.
— E n quantité. E x . A force de d é p e n s e r son a r g e n t , à la
fin il ne lui en r e s t e r a p a s épais.
— Chargée, en p a r l a n t d e la l a n g u e . E x . Avoir la langue
épaisse.
— Saint-Epais, i n d i v i d u lourd, grossier.
— Ne pas en avoir é_pais sur le brochet, être très m a i g r e .
— Etre épais dans le plus mince, être très lourd d ' e s p r i t .
Epanouir (s'), v. p r o n .
Fromage qui p r e n d l a consistance d e la crème. E x . U n
fromage raffiné q u i .s 'épanouit.
Epargne, n. f. — S u r t o u t de table.
v

Eparpailler, v . a.
Eparpiller, r é p a n d r e s a n s ordre. E x . L e foin v&têparpaillê
dans la g r a n g e .
Eparpillage, n. m.
Eparpillement, a c t i o n d ' é p a r p i l l e r .
Epatant, adj. — E t o n n a n t . E x . C e g-as-lk est épatant.
Epaté, e, adj.
Abasourdi, dans u n g r a n d étonnement. E x . Je s u i s allé
voir lespageants, e t j ' a i é t é épaté.
Epatement, 11. m . — A c t i o n d'épater.
Epater, v . a. — E t o n n e r .
Epater (s'), v . p r o n . S'étonner.
EpatrouiHant, adj. — E p a t a n t , étonnant.
Epatrouiller, v. a. — K t o n n e r outre m e s u r e .
Epaule, n. f.
— Avoir les épaules larges, pouvoir e n d u r e r b e a u c o u p .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
295

— En avoir par-dessus les épaules, ne p o u v o i r endurer davan-


tage.
Epée, n. f. — Brave comme Vêpêe du roi, t r è s b r a v e .
Epées, n. f. pl.
Ridelles placées en avant et à l'arrière d ' u n e charrette pour
permettre u n e p l u s grosse c h a r g e de f o i n ou de gerbes.
Epelan, n. m. — E p e r l a n .
Epergne, n. f . — S u r t o u t .
Epervier des pigeons, n. m. — F a u c o n d e s p i g e o n s .
Epeurer, v. a.
Effrayer. E x . Epeure-moi point, j e s u i s t r o p nerveux. « O n
p e u t être é p e u r é sans être effrayé ». — (Jaubert.)
Epiceries, n. f. pl.
Epicerie. E x . O ù achètes-tu tes épiceries ? — Chez l'épicier
d u coin.
Epine, n. f. — A u b é p i n e . E x . U n e h a i e d'épines.
Epine du dos, n. f. — E p i n e dorsale.
Epine dorsale du dos. — E p i n e dorsale.
Epînette (petite), n . f. — E p i n e t t e b l a n c h e .
Epinette rouge, n. f. — M é l è s e d ' A m é r i q u e .
Epingle de bois, n. f.
P e t i t instrument en bois, a v e c o u v e r t u r e d a n s le sens de la
longueur, q u i sert à tenir en place l e l i n g e suspendu sur
u n e corde p o u r l e faire s é c h e r .
Epinglette, n. f . — B r o c h e , é p i n g l e .
Epingue, n. f.
— Epingle.
— Jouer aux êpingues, j o u e r à la p o u s s e t t e .
Epître, n. f.
Chanter une êpître, faire des r e m o n t r a n c e s .
Eplucher, v . a.
Peler. E x . M a r i e , épluche les patates p o u r le dîner, tu éplu-
cheras aussi u n p e u de b l é d ' I n d e et d e s pommes.
Epluchette, n. f.
R é u n i o n de p a r e n t s et d ' a m i s o ù on e n l è v e au blé d ' I n d e
en épi ses feuilles.
Eplucheux, euse, n . m. et f. — E p l u c h e u r .
LE PARLER POPULAIKE
2ç6
r e , n. f.
Epl« '
pelure. E x . Desêplurcs de patates, d'oignons.
Epoiler, v. a.
Enlever le poil.
- Battre, rosser.
Epoitrailler (s'), v. pron.
L a i s s e r sa poitrine découverte.
Epoitriner (s*), v. pron.
S e forcer les poumons à crier. E x . Je me suis êpoitrinê
à force de crier après lui.
Menacé de phtisie.
Epaumoner (s'), v. pron.
S'époumoner, crier à pleins poumons
Eponge, n. f.
B u v e u r invétéré. E x . C'est une vraie éponge, il boit depuis
d e s années et ne dêrougit point.
Epongeage, n. f.—Action d'éponger.
Eponger, v. a.
E n l e v e r avec un linge humide le lustre des draps, afin d'évi-
t e r les taches que la pluie y ferait sans cette précaution.
Epouffer (s'), v. pron.
Pouffer. E x . En entendant cette drôle d'histoire, il s'est
épouffê de rire.
Epoussetoir, n. m. — Epoussette.
Epoussettouer, n. m.—Epoussette.
Epoussièrer, v. a. — Epousseter.
Epouvante, n. f.
— Grande hâte. E x . Il fait tout à Y épouvante, ça devient
fatigant.
— Allure vertigineuse. E x . Mon cheval a pris Vépouvante,
n o u s avons manqué nous tuer.
Equarri, e, adj.
B i e n planté. Ex. Voici un gas qui est bien êquarri.
Equarriture, n. f.
S t a t u r e , carrure. E x . L,e garçon de mon frère a une belle
equarriture.
Equerre, n. f. — Tiré à Vêquerre, bien tiré.
D
CANADIENS-FRANÇAIS

Equeuter, v. a.
Enlever la q u e u e . E x . Equeuter des pommes, des cerises.
Equilatéral, a d j .
Indifférent. E x . C e l a m'est pas mal êquilatêral.
Equilibre (sur I ' ) , l o c .
Indécis. E x . J e s u i s sur Véquilibre pour pouvoir dire si je
partirai.
Equiôlé, e, a d j . — E t i o l é .
Equipage, n. f.
Dégât. E x . E e s e n f a n t s ont étendu toutes leurs bébelles au
beau milieu d e l a place, c'est pas qu'une petite équipage.
Molière a e m p l o y é ce m o t pour désigner costume, et La
Fontaine p o u r meubles.
Equiper, v. a.
— Salir. E x . C o m m e je passais au coin, je me suis étendu
tout de m o n long-, et j ' a i équipé mes pantalons.
— Dans une s i t u a t i o n pénible. E x . E n voilà un qui eu a
grand à! équipé.
— Malade, b l e s s é . E x . J e me suis fait mal à la main en
tombant, r e g a r d e comme j ' a i le pouce équipé.
Equiper (s'), v . prou.
— S e salir. E x . S'équiper les pieds en marchant dans la
boue.
— S e blesser. E x . Je m e suis équipé la jambe sur une
pierre.
Equipet, n. f.
Petit c o m p a r t i m e n t dans u n g r a n d coffre, où l'on dépose les
menus o b j e t s . P r o b a b l e m e n t du mot êclipequc, qui, en
France, v e u t a u s s i dire tiroir latéral d'un coffre.
Equipollent ( e n ) , l o c . adv.
A F equipollent, é q u i v a l a n t . E x . Tu me donneras ce que
t u voudras, m a i s en equipollent de ce que je t'ai donné.
Erable bâtarde, n . f . — E r a b l e à épis.
Erable sirop (d')> n . m .
Sirop fabriqué a v e c l'eau ou la sève extraite de l'érable.
Erablière, n. f. — F o r ê t d'érables.
Erailler, v. a. — E c o r c h e r légèrement, effleurer la peau.
298 LE PARLER POPULAIRE

v
Efailler (s'). - p r o n . — S'érafler.
Erbière, n. f.
Estomac des ruminants. E x . Je l u i arraché Y erbière. L,a-
curne de Sainte- Pallaye cite ce m o t .
Ereinte (à toute), loc.
De toutes ses forces. E x . Je l'ai p o u r s u i v i à toute êreinie,
et j e n'ai p u l'attraper.
Èrer, v . n.
Errer. E x . S i tu laisses erer tes a n i m a u x , tu seras pour-
suivi par la municipalité.
Erésipèle, n. m . — E r y s i p è l e .
Eridelle, n. f.
Ridelle. E x . Mets les êridelles à la charrette à foin.
Erien, a d v . — Rien. E x . Je travaille p r e s q u e pour erien.
Erifler, v. a. —Effleurer la peau.
Eriflure, n. f . — E r a f l u r e , l é g è r e é c o r c h u r e .
Eripiaux, n. m . pl. — Oreillons.
Erlevée, n. f . — R e l e v é e , l'après-midi.
Erocher, v . a.
Enlever les roches, les pierres d ' u n c h a m p .
Eronce, n. f . — R o n c e .
Eronde, n. f.
Aronde. E x . Ma maison de c a m p a g n e est bâtie à queue
àSêrônde.
Erre, n. f. — A r r h e . E x . Donner u n e piastre à'erre. V . A i r .
Erusser, v. a.
— Détacher les feuilles d ' u n e plante en faisant glisser dans
la m a i n , d e bas en haut, l a tige q u i les porte. L,'origine
de ce mot vient d u fait q u ' o n cueillait les feuilles d u lierre
(éru) a u m o y e n de ce procédé.
— User. E x . T u as érussé tes culottes a u g e n o u x .
Erysipère, n. m . — E r y s i p è l e .
Escabeau, n. m.
— Tabouret, petit meuble q u ' o n m e t sous ses pieds.
— E c h e l l e double, échelle de peintre, d e tapissier, de libraire.
Escafignon, n. m.
Cafignon, chausson. E x . Quelle odeur abominable ! ça sent
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Yescafignon. Rabelais s'est servi de l a m ê m e expression,


pour dire la m ê m e chose.
Escalier, n. f.
Escalier, n. m . E x . Crois-tu, quelle belle escalier.
Escandale, n. m . — Scandale.
Escandaleux, se, adj. — S c a n d a l e u x .
Escapulaire, n. m . — S c a p u l a i r e .
Escarres, n. m . p l .
E t a l a g e . E x . M a d a m e fait ses escâres.
Escarrer (s'), v . p r o n .
Affecter de g r a n d s airs. E x . M a d a m e P é p i n ne s'escarre-
pas q u ' u n peu, elle fait sa g r a n d e d a m e .
Escarreux, se, a d j .
Personne affectée, v a n i t e u s e .
Esclande, n. f . — E s c l a n d r e .
Esclipe, n. f. — E c l i p s e .
Esclopé, e, adj.
Eclopé. E x . U s se sont b a t t u s et vergés à coups de poing,,
et ils sont r e v e n u s pas m a l esclopês.
Escogriffe, n. m .
H o m m e m a l b â t i et de h a u t e taille. V i e n t d'escroc et de
gripon. ( O u d i n et C o t g . )
Escouer, v . a.
— Secouer. E x . Escoue m o n pardessus, il est couvert de
neige.
— Corriger, battre.
Escouer (s'), v . p r o n .
— S e donner d u mal. E x . C e garçon arrivera, il s'escoue
gros.
— S'agiter brusquement p o u r se débarrasser d'une chose.
E x . V a fescouer, ton h a b i t est plein d e poussière.
— Sortir, s'en aller au g r a n d air. E x . C o u r s t'escouer, t u
sens m a u v a i s .
Escousse, n. f.
Espace de t e m p s . E x . Je t'ai attendu u n e bonne escousse.
S e disait autrefois pour m o u v e m e n t , action, course qui sert
à m i e u x sauter. (Mad. de S é v i g n é . )
300 LE PARLER POPULAIRE

Escousses (par), loc. adv.


Par intervalles, à diverses reprises. E x . Docteur, j ' a i des
douleurs à l'estomac, mais seulement par escousses.
Escrofuleux, se, adj. — Scrofuleux.
Escrupuleux.se, adj. — S c r u p u l e u x , se.
Escuse, n. f.
E x c u s e . E x . Je v o u s demande escuse.
Escuser, v. a.
E x c u s e r . E x . Escusez, Monsieur, si j e v o u s coupe la parole.
Espace, n. f.
— Espace, n. m.
— Intervalle.
Espèce d e . . .
Locution pour exprimer toute espèce d'injures. E x . Espèce
d'imbécile ! Espèce de bon à rien ! Espèce de traîneux !
T o u t simplement Espèce.
Espérer, v . a. et n.
— Attendre. E x . Espérez-moi, j e serai à v o u s dans cinq
minutes.
— A i m e r à croire. E x . J'espère bien que v o u s ne me trom-
perez point.
* Espérette, n. f.
S p i r i t u e u x . E x . A l l o n s prendre u n v e r r e à.'espérette. ( A n g l )
spirit.
Espication, n. f. — E x p l i c a t i o n .
Espiègue, n. m. et f. — E s p i è g l e .
Espionneux, se, adj. — E s p i o n .
Esplicable, a d j .
Explicable. E x . U n e pareille conduite n ' e s t pas esplicable.
Esplication, n. f . — E x p l i c a t i o n .
Espliquer, v . a . — E x p l i q u e r .
Esprès, a d v . — E x p r è s .
Espress, n. m. — E x p r e s s .
Esprit d'épinette.
Finesse risquée. E x . C e t homme, qui en a pourtant pas
trop à vendre, se mêle de vouloir faire d e l'esprit, mais
c'est de l'esprit d'êpinette.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 30I

Esquelette, n. m .
Squelette. E x . E t r e maigre comme un esquelette.
Esquis, e, adj. — E x q u i s , se.
Essaye, n. m.
Essai. E x . J ' a i pris cet homme-là à Vessaye.
Esseau, n. m.
Ouverture m é n a g é e dans une digue, pour laisser couler
l'excès de l'eau.
Esseii, n. m . — V . Essaye.
Esseu, n. m. — Essieu.
Essiver, v. a. — Eessiver.
Essue-mains, n . m . — E s s u i e - m a i n s .
Essuer, v. a.
Essuyer. E x . Essue la table avant de mettre la nappe.
Essuifer, v. a. — E n l e v e r le suif.
Estampille, n. f.
Timbre-poste. L'estampille est un timbre employé pour at-
tester l ' a u t h e n t i c i t é , la provenance ou la propriété d ' u n
livre, d ' u n brevet.
Estampiller, v . a.
Poser un timbre-poste sur u n e enveloppe de lettre.
Estampille, n. f . — E s t a m p i l l e .
Estâtue, n. f.
Statue. E x . Pourquoi restes-tu là planté comme une estâ-
tue ?
Est-ce pas ? — N ' e s t - c e pas ?
Estèque, n. m.
— Fin. E x . N o u s avons fini de construire cette maison,
mettons-y le bouquet, ce sera V estèque.
— Dernière levée, au jeu de cartes. E x . J ' a i fait Vestiqtie.
— Plan, action. E x . N e fais pas d'estèques pour te casser
le cou.
Estèqueux, euse, adj. — Personne ingénieuse.
Estime, u. f.
Estimation. E x . Dans mon estime, je crois qu'il va mou-
rir a u j o u r d ' h u i .
* Estimebotte, n. m. ( A n g l . ) — Steamboat.
LE PARLER. POPULAIRE

;Estimer, v. a.
Croire, juger. E x . y estime que cela p e u t bien valoir une
piastre.
* Estimés, n. m. pl.
Etat estimatif des dépenses. E x . Les estimés seront soumis
à la Chambre, demain. (Angl.)
Estomac, n. m.
— Poitrine. E x . E t r e pris de Vestomac; cacher quelque
chose dans son estomac.
— Avoir l'estomac ouvert, avoir une mauvaise digestion.
— Avoir l'estomac dans les talons, avoir u n e g r a n d e faim.
Estra, n. m. — E x t r a . E x . J e paierai t o u s les estras.
Estradinaire, adj. — E x t r a o r d i n a i r e .
Estravagance, n. f. — E x t r a v a g a n c e .
Estravagant, e, a d j . — E x t r a v a g a n t , e.
Estravaguer, v. n. — E x t r a v a g u e r .
Estrémité, n. f.
Extrémité. E x . N o t r e malade est à V estrémité.
Estremeonction, n. f . — E x t r ê m e onction.
Estropié, adj.
Hernie. E x . Je me suis estropié en v o u l a n t lever le poids
d'un quintal.
Estropier (s'), v. pron.
Se blesser. E x . Je m e suis estropié a u doigt.
Estropique, adj. et n. — H y d r o p i q u e .
Etabli, n. f . — E t a b l i , n. m.
Etage, n. m.
— Phase. E x . Nous n e sommes encore q u ' a u premier étage
de la procédure. (Angl. )
— Etage, n. f. E x . Monte à la seconde étage.
Etain, n. f. — Etain, n. m . E x . Une cuiller d'éiain fine.
Etaler, v. a.
Laisser porter. E x . N o u s ne sommes pas beaucoup habil-
lés contre le froid, n ' i m p o r t e , étalons.
Etamper, v. a.
— Dire à quelqu'un s o n fait. E x . J e l'ai étampê de la belle
façon.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

— Frapper, b a t t r e .
Etamper (s'), v. p r o u .
S'étendre de t o u t son long. E x . Il est t o m b é dans une
mare de boue, il s 'est étampé comme il faut.
Etamperche, n. f. — V . E t e m p e r c h e .
Etancher, v. a.
Sécher. E x . FAanchc ton papier avec du p a p i e r buvard.
Etang, n. m.
Pièce d'eau artificielle. E x . N o u s avons j e t é des poissons
vivants dans n o t r e étang.
Etanies, n. f. pl.
Litanies. E x . Maintenant, mes enfants, n o u s allons dire
les étantes, c'est-à-dire les litanies de la s a i n t e Vierge.
Etarnîté, n. f . — E t e r n i t é .
Etarnuer, v. n. — E t e r n u e r .
Etats, n- m- pl.
Etats-Unis. E x . J e pars p o u r les Etats, j e m ' e n vas tra-
vailler dans les /aciéries.
Etau, n. m. — E t a l .
Etaye, n. m . — E t a i , appui, support.
Eté des sauvages.
Intervalle de d o u x temps vers la fin de l ' a u t o m n e , qui laisse
croire que l ' é t é v a renaître. Nos sauvages profitent de ce
temps pour faire leurs chasses et leurs p ê c h e s en vue de
l'hiver qui v a s'ouvrir.
Eteil, n. m. — V . E t a y e .
Eteindu, e, adj. part.
Eteint. E x . A s - t u éteindti la chandelle ?
Etemperche, n. f. — Tendoir, écoperche.
Etenderie, n. f.
— Etendage, assemblage de cordes tendues s u r lesquelles on
étend des choses q u ' o n v e u t faire sécher.
— Assemblage d e choses é t e n d u e s sur les m e u b l e s ou sur le
plancher.
Etendre, v. a.
Etendre le linge. E x . A u j o u r d ' h u i , il fait b e a u , nous allons
étendre.
304 LE P A R L E R P O P U L A I R E

Eternité de temps, n. f.
Ivong intervalle. E x . Crois-tu q u e je vais t ' a t t e n d r e une
éternité de temps ?
Etiré, e, adj. part.
;
— A b a t t u , fatigué. E x . Q u as-tu donc, ce matin, tu es
t o u t étiré ?
— T i r é , allongé. E x . Avoir la figure étirée,
Etoc, n . m. — Etau.
Etoffe du pays, n. f-
— Etoffe fabriquée chez les cultivateurs avec la laine de
l e u r s moutons.
— W h i s k e y blanc. E x . E n t r o n s p r e n d r e un c o u p & étoffe
dît pays.
Etoile à grand' queue, n. f. — Comète.
Etou, a d v . — A u s s i . E x . Moê étou, toé êtou.
Etouffer, v. a . — L a dévotion Vétouffe pas, il n'est pas dévot.
Etoupe de France, n. f.
E t o u p e très soyeuse employée p a r les rebouteurs dans les
cas de fracture.
Et pis, loc.
E t puis. E x . T u iras a u bureau de poste, et pis à l'église.
Etrange, adj.
E t r a n g e r . E x . Quel est celui-là qui p a s s e ? — C ' e s t un
étrange, ben sûr.
Etranger, v . a . — E t r a n g l e r , vendre cher.
Etre bien, loc. — V. Bien.
Etre bon, loc.
Bien disposé. E x . P e u x - t u m ' a i d e r à scier u n e corde de
bois ? — Je suis bon.
Etre bon pour, loc. — V. Bon pour.
Etre e n cherche, loc.
E t r e à la recherche. E x . Je suis en cherche d ' u n bon domes-
tique.
Etre pour, loc.
E t r e sur le point d e . E x . Je suis pour me marier la se-
maine prochaine.
Etreit, e, adj. — Etroit, étroite.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 305

Etreitement, a d v . — E t r o i t e m e n t .
Etriper, v. a.
T u e r de coups. E x . J'ai m a n q u é me faire étriper.
Etriqué, e, adj.
V ê t u . E x . C e t h o m m e est bien mal étriqué.
On petit dire êtriquer un habit, êtriquer un discours.
Etrivant, e, adj. part.
Contrariant. E x . Q u e c'est étrivant de se voir condamné
à entendre de pareils discours !
Etrivard, n. et adj — Q u i aime à étriver.
Etrivatipn, n. f. — A c t i o n d ' é t r i v e r .
Etriver, v. a.
Gouailler, taquiner. C e mot semble venir de l'islandais
strid, qui signifie guerre, attaque, ou m i e u x de l'anglais
to strive, disputer, g o u r m a n d e r .
v
Etriver (s'), - p r o n . • — S e plaisanter mutuellement.
Etriveux, se, n. et a d j .
Qui est dans l ' h a b i t u d e d'étriver.
E cetera, loc.
Et cetera. Jeu d e m o t s très involontaire c h e z celui qui le
commet.
1,
Eturgeon, n. m . — Esturgeon.
Eu,
U. S e prononce le plus s o u v e n t u. T r a d i t i o n du v i e u x
français. O n dit bien : j'eus, t u eus, il eut, gageure, avec
la son u. T o u t ce qui parle bien en F r a n c e , écrivait
e
T h é o d o r e de B è z e , a u X V I siècle, prononce hureux.
* Euchre, you-keur, (m. a.)
Jeu d e cartes o ù l e v a l e t d ' a t o u t j o u e un grand rôle.
Eune, adj. f. — U n e . E x . Je v o u s souhaite eune bonne année.
* Evaluateur, n. m. — E s t i m a t e u r . (Angl.)
Evangile, n. f.
E v a n g i l e , n. m. E x . Partir de l'église a v a n t l a dernière
évangile.
Eveiller, n. m.
Réveiller. E x . D e m a i n , tu m'éveilleras à s i x heures.
Eventaire, n. m . — I n v e n t a i r e .
20
306 LE PARLER POPULAIRE

Eventé, e, adj.
— E v a p o r é , léger. E x . U n e personne éventée.
— G o û t particulier que prend le lard a v a n c é . E x . D u porc
frais qui a pris le g o û t & éventé.
Eventer, v. a. — Pousser. E x . Eventer les cris.
Eventilateur, n. m. — V e n t i l a t e u r .
Eventiler, v . a. — V e n t i l e r , r e n o u v e l e r l ' a i r dans un lieu clos.
Eventouffle, n. f . — V e n t o u s e .
Eventouse, n. f . — V e n t o u s e .
Eviander, v. a. — E n l e v e r l a v i a n d e s u r u n os.
Exactitude, n. f.
Ce mot n'est pas encore reconnu par l ' A c a d é m i e . O n l'a
v u naître avec peine, et se c o n s e r v e r m a l g r é tous les efforts
e
contraires des puristes. A u X V I I I siècle, on a mis en.
circulation, pour en finir, les mots exactetê et exactesse. Us
ont tous d e u x disparu. Exactitude est resté, et restera,
parce que la langue en a besoin et ne p e u t le remplacer.
Exarcer, v . a. — E x e r c e r .
Excès (d'j, adv.
A l ' e x c è s . E x . Y avait-il bien d u m o n d e à l'assemblée
d'hier soir ? — N o n , il n ' y en a v a i t p a s d'excès.
Excitement, n. m . — E x c i t a t i o n .
Exciter (s'), v . pron.
Perdre son sang-froid. E x . N e v o u s excites pas, l'ami,
prenez v o s sens.
Excrimer (s'), v . p r o n .
S'escrimer, se remuer en tous sens.
Excuse, n. f.
— Demander excuse, demander p a r d o n .
— Faire excuse, s ' e x c u s e r . E x . Faites excuse, monsieur,
ce n'est pas cela q u e j ' a i v o u l u dire.
Excusez! v . a.
Pris à l'impératif e t sans r é g i m e , par voie d'exclamation
ironique. E x . Q u e l l e belle toilette, excusez ! excusez du
peu !
Exemple, m. f.
E x e m p l e , n. m. E x . U n e belle exemple à s u i v r e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 307

Exemple (par) ! loc.


— Exclamation pour exprimer l'étonnement, comme si on
disait : je vous en prie, vous m'étonnez. E x . Qu'est-ce
que tu me racontes là, par exemple !
— En retour. E x . J e vais te donner cent piastres pour le
loyer de ta maison, mais par exemple, tu en feras réparer
tout l'intérieur.
Exercer, v. a.
— Répéter. E x . Exercer un drame.
— Entraîner. E x . Exercer un cheval.
Exhibit, n. m. — Document.
Exhibition, n. f.
Exposition. E x . Vas-tu à Vexhibition du comté de Québec ?
Exil, n. m. — Pénitencier. E x . Partir pour Y exil.
Exiler, v. a.
Condamner au pénitencier. E x . Un tel va être exilé pour
sa vie.
Existence (en), loc.
Qui existe. E x . C'est le meilleur remède en existence.
* Exposé financier. — E t a t budgétaire. (Augl.)
Exprès, adv.
C'est fait exprès, c'est comme un fait exprès, c'est une action
accomplie expressément dans un but particulier.
Exprès (faire un).,
Aller expressément. E x . J ' a i dû faire un exprès pour faire
votre commission.
Exprès (par), loc.
Avec intention. E x . Monsieur, je ne l'ai pas fait par exprès.
* Express, n. f., (m. a.)
— Petite voiture à l'usage des enfants, pour simuler les
grosses voitures dont se servent les épiciers, les bouchers
pour distribuer leurs provisions aux chalands.
— Voiture de déménagement, voiture de factage, camion.
Extra, n. m.
— Supplément. E x . Extra de journal.
— Excellent. E x . Ce vin est extra.
— Compte additionnel. E x . Ce qui me coûte le plus cher
x
T ji PARLKR POPULAIRE
308 *
. ... o i c D q u e j e viens d e faire c o n s t r u i r e , c e sont
m 0 w l J
dans cette n i a i ~ H •>
les cxlras. .
. J ; — Extraordinaire,
0
hxtradinaire, a " J - , , . ,. . .
_ . ,,, ,, — A c t e de naissance, b a p t i s t a i r e .
m
n x r
Extrait d'âge, »- -
Extra superfin.
Supérieur Ex- N o u s vendons de la fleur extra superfine
pour faire d e b o n s g â t e a u x .

Face, 11. f.
— Foidrc la face à quelqu'un, lui d é p l a i r e b e a u c o u p .
— - l-'acc de peau de nanne, figure d é s a g r é a b l e .
— Face de carême, figure blême et m a l a d i v e .
— .Se marier en face de cheval, contracter u n m a r i a g e en-
dehors de t o u t e s l o i s civiles et r e l i g i e u s e s .
— Se marier en face de l'Eglise, contracter u n m a r i a g e sui-
v a n t les r è g l e s d e l ' E g l i s e .
Fâche, n. f.
Fâcherie, b r o u i l l e . E x . A l l o n s , les enfants, p a s te fâche
entre vous.
Fâchette, n. f.
Fâcherie. E x . F a i s donc une p e t i t e fâchette, m a chère.
Façon, n. f.
— Politesse, u s a g e du monde. Ex. Cet h o m m e a une
grande façon, il a d e la façon c o m m e p a s u n .
— Cérémonie. N e faites p a s de façon, a c c e p t e z sans
cérémonie, c ' e s t d e g r a n d c œ u r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 309

— Chaudronnée. E x . U n e façon de savon, une façon de


sucre.
Façonneux, euse, a d j . — C é r é m o n i e u x .
* Facterie, n. f. ( A n g l . )
— Manufacture, fabrique. E x . T r a v a i l l e r dans wa.0,facterie
d'allumettes.
— Usine.
— A t e l i e r s en g é n é r a l .
Fadir, v . n.
A f f a d i r , rendre défaillant. E x . I<e c œ u r m e / a ^ , rien q u ' à
l ' i d é e de prendre de l'huile d e castor.
Faffigner, v . n. — V . Faffiner.
Faffiner, v . 11.
H é s i t e r , tergiverser. E x . F a i s ce que j e te dis, n e f affine
pas.
Faffinerie, n. f. — Hésitation, tergiversation.
Faffineux, euse, a d j . — O u i f affine.
Fagot, n . m.
C a r t e q u i ne compte p a s pour faire u n point, parce qu'elle
se t r o u v e seule a u lieu d ' ê t r e accouplée à d e u x autres
similaires, au j e u d i t d u quatre-sept. E x . N o u s avons six
p o i n t s et d e u x fagots.
Fagulté, n . f.
F a c u l t é . E x . E a fagulté de droit, de médecine, des arts.
Faible, a d j . — E n faiblesse. E x . tombez faible.
Faignander, v. n. — F a i n é a n t e r .
Faigniant, e, a d j . — - F a i n é a n t , p a r e s s e u x .
Faignantise, n. f. — F a i n é a n t i s e , paresse.
Faillance, n. f.
D é f a i l l a n c e . E x . I l est tombé en faillance. C e mot se
disait jadis.
Faillette, n. f.
— F a i b l e s s e , m o m e n t de découragement. E x . A v o i r une
p e t i t e faillette. .
— I n t e r v a l l e de relâche, de répit. E x . L e capelan remonte
l e fleuve, la morue v a cesser d e mordre, alors n o u s aurons
u n e faillette.
I.1Î P A R L E R POLULAIRE

F U
Manquer 'rater. E x . Cette a f f a i r e est faillie. Expression
acadienue.
Falllot, fayot, n. m. ^ . .
Haricot, fève. M o t français, e m p l o y é s u r t o u t p a r les Aca-
dieiis.
Faim, n. m. . .
— Avoir une faim de loup, de chien, une vieille faim, une
faim d'enragé, avoir beaucoup faim.
— Avoir faim dans le ventre, m ê m e sens.
Fainéander, v. 11. — N e r i e n f a i r e .
Faintise, n. f. — F a i n é a n t i s e .
* Fair, (m. a.)
— Correct. E x . C ' e s t pus fair c e q u e tu dis l à .
— Raisonnable. E x . P o u r q u o i m ' i n j u r i e r s a n s r a i s o n ? c'est
pas fair.
* Fair play, férplê, n. m . , (m. a . )
Franc jeu. E x . J e lui ai donné fair play.
Faire, v . a.
— Proposer un p r i x dans u n e v e n t e . E x . S a i s - t u qu'il m'a
fait sa maison, s i x mille p i a s t r e s .
— Suffire. E x . J e te d o n n e r a i d e u x p i a s t r e s , ça va-t-y
faire ?
— C u l t i v e r . E x . J ' a i un j a r d i n q u i e s t l o n g à faire.
— Donner les cartes. E x . A q u i à faire f
— Habiller. E x . J e t ' a s s u r e q u e cet habit te fait bien.
— S i m u l e r . E x . Ne fais d o n c p a s l ' i n n o c e n t , l a bête.
— E m b r a s s e r une c a r r i è r e . E x . Faire un m é d e c i n , faire
un avocat, faire un p r ê t r e . E x . M o n g a r ç o n est décidé à
faire un prêtre.
— Faire soleil, faire d u soleil.
— Faire son homme, faire l ' i m p o r t a n t .
— Faire une fin, se m a r i e r .
— Faire le gros dos, faire l ' h o m m e i m p o r t a n t .
— Faire de la terre, défricher.
— Faire son pouvoir, faire son p o s s i b l e .
— Faire de la toile, tomber e n s y n c o p e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 3"
— Faire ni une ni deux, aller vite en besogne.
— Faire ses choux gras, se plaire.
— Faire la pluie et le beau temps, tout régler.
— Ne pas faire un pli, ne pas soulever d'obstacles.
— Faire des choux et des raves, disposer d'une chose comme
bon nous semble.
— Faire du sang de punaise, faire du mauvais sang.
— Faire danser l'anse du panier, faire des profits illicites.
— Envoyer faire foute, envoyer au large.
— Cela ne fera pas, cela n'est pas acceptable.
•— Faire les demandes et les réponses, s'emparer de la conver-
sation, et ne rien omettre de ce que l'on sait.
— Faire la grande demande, demander une jeune fille en
mariage.
— Faire laid, avoir mauvaise mine.
— Faire du fla-fla, parler d'une manière prétentieuse, arro-
gante.
— Faire « Au nom du Pere », se signer.
— Faire les cent coups, mener mauvaise vie.
— Faire la vie, mener joyeuse vie.
•—• Se faire vieux, paraître vieux.
— Faire sa religion, pratiquer sa religion.
— Faire la neuvaine, suivre les exercices de la neuvaine.
— Une chose ni faite ni à faire, une chose très mal faite, qui
n'a ni rime, ni sens.
* Faiseur, n. m.
Prometteur. E x . Nous avons ensemble un billet promis-
soire, tu n'oublieras pas que c'est toi qui en es le faiseur.
(Angl.)
Faiseux, n. m.—Faiseur. E x . Un faiseux d'embarras.
Fait, n. m.
— Vérités. E x . Dire à quelqu'un son fait.
— Cela est dû au fait que, cela est dû à ce que. (Angl.)
— Comme de fait, en effet.
Faite, n. m.
Fait. Ex. Comme de faite, par le faite, sur le faite. Je
l'ai pris sur le faite.
,»„ POPULAIRE
l w
312 LE P A R L f c K

Falbana, falbéna, n. m .
, A ,, , j i„ r n b e d e s f e m m e s .
Falbala, garniture dans la rout-
Falle, u . f.
— Jabot. E x . L a falle d e l ' o i e , d u p i g e o n .
— Avoir la falle basse, a v o i r u n e g r o s s e f a i m .
— Avoir la falle à l'air, a v o i r la gorge découverte.
Fameuse, n. f. - Pomme f a m e u s e , dite remette du Canada.
Fameusement, adv. - Extrêmement. Pas académique.
F a m e u x , euse, a d j . — F a m e u x .
Fanal, n . m .
— Lanterne, lanterne sourde.
— I n d i v i d u très é l a n c é . E x . Où v a s - t u , grand fanal ? de
ce t r a i n - l à .
— Attendre quelqu'un avec tene brique et un fanal, l'attendre
de p i e d f e r m e , p o u r l u i d o n n e r une raclée.
Fanau, n. m . — F a n a l .
Fanfarluche, n . f.
Fanfreluche, colifichets p r o p r e s aux femmes.
Fanil, n. m . — F e n i l , g r e n i e r à foin.
Fantasse, adj.—Fantasque.
Faraud, e, a d j . et n.
— Personne bien mise. E x . C o m m e t u e s faraud, aujour-
d'hui, pour un jour de s e m a i n e !
— Celui qui courtise u n e j e u n e fille. Ex. Mademoiselle a
u n faraud. Comme celui qui courtise u n e j e u n e fille ne
d o i t se p r é s e n t e r d e v a n t e l l e q u ' a v e c u n e m i s e s o i g n é e , o n
lui a a p p l i q u é le q u a l i f i c a t i f faraud pour le d é s i g n e r . D a n s
le J u r a , u n faraud est u n j e u n e h o m m e d e classe i n f é r i e u r e
qui se pare c o m m e les b a n q u i e r s et l e s n o b l e s o u q u i s i n g e
leur ton. L e mot s'y é c r i t farot. E n B o u r g o g n e , c'est
faro. L a r o u s s e é c r i t faraud, r e c h e r c h é dans sa mise.
Farauder, v . n . — F a i r e l e faraud.
Farbala, n. m . — F a l b a l a .
Farbena, n . m . — F a l b a l a .
Farce, n. f. — P l a i s a n t e r i e . E x . E n t e n d r e la farce.
Farcin, n . m .
S a l o p e r i e , c r a s s e . E x . C ' e s t u n s a l a u d , il e s t c o u v e r t d e / a :
Tarcin.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 313

Farcineux, euse, adj. — Qui fait des farces peu drôles.


Farda, n. m. — F a r d e a u .
Fardaine, n. f. — F r e d a i n e .
Fardassement, n. m. — F r e l a s s e m e n t .
Fardasser, v. 11. — V . Farlasser.
Fardé, e, adj. — H a r d é . E x . U n œuf fardé.
Fardoches, u. f. pl. — E c r u e s o u bois de croissance récente.
* Fare (bi!l of), fêre, (m. a.)
M e n u . E x . G a r ç o n , apportez-moi le bill offare.
Farine, n. f.
Farine de diable tourne toujours en son, le bien m a l acquis ne
profite à personne.
Farinier, n. m.
F a r i n i è r e . E e farinier est celui q u i fait m o u d r e le blé ou
fait le commerce d e farine.
Farlassement, n. m, — F r o i s s e m e n t de la soie.
Farlasser, v. a.
F a i r e un bruit de papier froissé. E x . C e t t e femme porte
b e a u c o u p de soie, ça fartasse.
Farine, n. f. — F e r m e . E x . E e s farmes du S é m i n a i r e .
Ferluquet, n. m .
F r e l u q u e t . J e u n e h o m m e l é g e r et sans mérite.
* Faro, n. m. (m. a.) — P h a r a o n . ( J e u de cartes.)
Farouche, adj.
P e u r e u x , craintif, o m b r a g e u x . E x , Mon c h e v a l est farouche,
t u ne pourras pas l e prendre dans le clos.
Faroucher, v. a. — Effaroucher.
Fars, n. m .
F a r c e , herbes h a c h é e s pour les préparations culinaires.
Fascine, n. f.
B r a n c h a g e o u harts entrelacées qui servent à tendre les
p ê c h e s , et forment une barrière au poisson. O n en fabri-
q u e aussi des claies qui sont utilisables pendant plusieurs
années.
Fatiquant, e, a d j . — F a t i g a n t .
Fatique, n. f. — F a t i g u e .
Fatiquer, v. a . — F a t i g u e r .
314 LE PARLER POPULAIRE

Faubourg, n. m.
V i l l a g e , endroit où les maisons sont g r o u p é e s près de l'église
paroissiale.
Fauchable, adj.
Qui peut être fauché. E x . Ce foin n ' e s t pas fauchable.
Fauchaille, n. f. — F a u c h a g e .
Faucher, v. a.
Faucher dans le champ du voisin, s'emparer d u bien des
autres.
Faucheux, adj. — F a u c h e u r .
Faucille, n. f.
Une bonne faucille, un h o m m e habile à manier l a faucille,
comme on dit tme bonne fourchette, pour d é s i g n e r un
h o m m e qui mange beaucoup.
Faufilage, n. m.
Faufilure, couture provisoire, à points espacés.
Fauloir, v. imp.
Falloir. E x . Il faulait bien se décider à faire quelque
chose.
* Fausse arrestation. ( A n g l . ) — A r r e s t a t i o n illégale.
Fausse=couche, n. f.
Personne mal bâtie et de très petite taille.
Fausse-porte, n. f. — Contre-porte.
Fautif, adj.
Coupable. E x . T o u s ces enfants sont fautifs, l a pénitence
sera générale.
Faut-y !
E x c l a m a t i o n qui e x p r i m e l'etbnnement, l'horreur, la pitié,
le regret. E x . Faut-y que j e sois m a l h e u r e u x ! Y en
avait-il de ce monde a u x p a g e a n t s , faut-y v o i r ?
Fégond, e, adj. — F é c o n d .
Feignant, adj. — F a i n é a n t . V . F a i g n i a n t .
Feillard, n. m. — Feuillard de fer.
Fêle, n. f . — F ê l u r e .
Feluette, adj. — F l u e t . E x . U n e enfant feluette p o u r son âge,
Femme (bonne), n. f.
F e m m e â g é e . «Parmi les femmes, l a q u a l i t é de bonne ne s'ac-
DES CANADIENS-FRANÇAIS

quiert ordinairement que par la perte de la qualité de belle,


et, parmi les hommes, depuis qu'on est bonhomme, on ne
doit plus guère prétendre à la bonne mine.» (Costar,
Apolog.)
Femme (la), n. f.
Ma femme. E x . Qu'est-ce que t'en penses, la femme f
Fendable, adj.
Qui peut être fendu. Ex. Voilà du bois qui n' est pas fendable.
Fendre, v. n. — S e fendre. E x . Cet arbre a fendu.
Fendre (se), v. pron.
Dépenser contre son habitude. Ex. Fends-toi d'une piastre,-
allons, sois généreux pour une fois.
Fenêtre, n. f.
fêter son argent par les portes et par les fenêtres, dissiper son-
bien follement.
Fénil, n. m. —-Fanil.
Fénir, v. n. —Finir. Ex. Je ne sais point quand cela fénira.
Fer, n. m.
— Cet homme ne vaut pas les quatre fers d'un chien, il ne
vaut rien.
— Une main de fer, un homme qui brise tout ce qu'il touche.
— Avoir trop de fer au feu, entreprendre plus qu'on est
capable d'exécuter.
Ferblanquier, n. m.—Ferblantier.
Ferblanterie, n. f.
Objets en fer-blanc. Ex. Acheter de la ferblanterie pour
monter son ménage.
Ferdaine, n. f.—Fredaine.
Ferdassement, n. m. — V. Farlassement.
Ferdasser, v. n. — V. Farlasser.
Ferdoche, n. f.—V. Fardoche.
Fergâiller, v. a.
— Fourgonner, exciter le feu dans un poêle avec le fourgon.
— Fouiller, fureter.
Fermer (se), v. pron.
Se taire. E x . Veux-tu te fermer, oui ou non ? bavard que
tu es.
3i6 LE PARLER POPULAIRE

Ferrée, n. f. — Bêche.
Ferrée (bière), n. f.
Bière dans laquelle on introduit une barre de fer rougie au
feu pour la tiédir.
Ferreur, n. m. - Maréchal-ferrant.
* Ferry, ferré, (m. a.)
Bateau traversier. E x . Il faut prendre le ferry pour traver-
ser le fleuve de Québec à Lé vis.
Fertiller, v. n. — Frétiller. V . Fortiller.
Fertilleux, euse, adj. — V . Fortilleux.
Fertillon, n. m . — V . Fortillon.
Fesser, v. a.
->— Mordre à l'hameçon. E x . L e poissou ne fesse pas au-
jourd'hui.
— Frapper, battre. E x . Mon maître de classe m'a fessé
dans les mains. Fesser dans le dos, fesser sur la tête.
Fesser dessus (se), loc.
Prendre son parti. E x . T u peux te fesser dessus, tu n'ob-
tiendras rien.
Fêtailler, v. u.
Faire la fête de temps à autre. E x . Il n ' y a pas à compter
sur celui-là, c'est un homme qui fetaille,
Fêtailleux, n. m. — Qui fetaille.
Fête, n. m.
— Etre en fête, se mettre en fête, être ivre, s'enivrer.
—• Faire une fête, se griser.
Fêtes (Jes), n. f. pl.
L'intervalle qui s'écoule entre Noël et les Rois. E x . Vous
descendrez nous voir aux Fêles.
Fêter, v. n. — Faire un abus des liqueurs fortes.
Fêteux, n. m.
Homme qui est dans l'habitude de fêter.
Feton, n. m.
Cheville qui retient les traits du collier aux limons de la
charrette.
Feu, n. m.
— Sonner le feu, sonner l'alarme.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 317

— Passer au feu, incendier, avoir un nouveau-né.


— Jeter son feu, d é c h a r g e r sa colère.
— Mettre le jeu aux êtoupes, allumer la chicane.
— Station du feu, poste d e s pompiers.
— Assurance contre le feu, c o n t r e l'incendie.
— Brigade du feu, corps des pompiers.
— Aller au feu, être t é m o i n d ' u n incendie.
Feu chalain, u. m. — E c l a i r de chaleur.
Feu des dents, n. m .
E c z é m a q u i se produit a u t o u r d e l à bouche et du nez, à
l ' é p o q u e de l a dentition, c h e z les scrofuleux.
Feu des Roussi.
F l a m m e b l e u â t r e qui s ' é l è v e parfois a u sein de la mer, à
mi-distance e n t r e C a r a q u e t ( N . B . ) et Paspébiac, sur la
rive de l a B a i e de C h a l e u r . D ' a p r è s une tradition, ces
f e u x m a r q u e r a i e n t l'endroit ou périt une barge conduite
par de h a r d i s marins d u nom de Roussi.
Feu sauvage, n. m .
V a r i é t é d ' e c z é m a au bord des l è v r e s . E n France on dit feu
volage.
Feubîe, a d j . — F a i b l e .
Feublement, a d v . — F a i b l e m e n t .
Feublesse, n . f . — F a i b l e s s e .
Feuillard, n . m . — F e r feuillard.
Feuille de chou, n. f. — G a z e t t e é p h é m è r e et insignifiante.
Feuiller, v . a. — F e u i l l e t e r .
Feuilloter, v . a. — F e u i l l e t e r .
Feuvrier, n. m . — F é v r i e r .
Fève, n. f.
Haricot. C e q u e n o u s a p p e l o n s g o u r g a n e est la vraie fève.
E n F r a n c e , l a g o u r g a n e est u n e fève de marais.
Fève rameuse, n . f. — H a r i c o t c o m m u n .
Fève (tirer la).
T i r e r le g â t e a u d e s R o i s . C e l l e à qui la f è v e échoit, est pro-
clamée reine.
Fève d'odeur, n. f.
C o u m a r o u , e m p l o y é p o u r aromatiser le tabac à priser.
3i8 LE PARLEE POPULAIRE

Fève en côsse, n. f.
H a r i c o t vert.
Févérier, n. m . — F é v r i e r .
Fiable, a d j .
D i g n e de croyance. E x . C e t homme n ' e s t ^as fiable, défions-
nous !
Fiacre ! interj.
M a r q u e l'étonnement, l'admiration. E x . Fiacre, quel beau
temps !
. Fiarté, n. f. — Fierté.
Fiat, n. m.
Foi, confiance. E x . C ' e s t un h o m m e qui n'a pas de paro-
le, i l n ' y a pas de fiât à faire sur l u i . N o u s prononçons
fiate. Dans le cas présent, on j o u e sur le passage de l'O-
raison dominicale, fiât voluntas tua : il n'y a fias de fiât
dans son Pater.
Fichant, a d j . — T r è s contrariant. E x . C ' e s t - y p a s fichant!
Fiche (aller se faire), loc.
E n v o y e r promener. E x . Va te faire fiche, tu m'ennuies.
Ficher, v . a.
— Mettre. E x . N e fiche p l u s les pieds i c i .
— Ficher le camp, décamper, déguerpir.
— Ficher la paix, donner l a tranquillité.
— Aller ficher les pieds ailleurs, s'en aller.
— Ficher le jeu, mettre l e feu.
: Ficher (se), v . pron.
— L-aisser entrer, mettre. E x . I l s'est fiche cette idée dans
le coco.
— S e moquer de. E x . Je me fiche de toi comme de ma
première chemise.
. Fichtre, inter j .
Juron, amalgame de fiche et de foutre, p o u r e x p r i m e r l'éton-
nement, l'admiration, la douleur. Fichtre n ' a rien de
grossier, q u o i q u ' e n d i s e D u n n dans son Glossaire.
-Fichu, n . m. et adj.
— C r a v a t e portée p a r les hommes. E x . M e t s ton fichu,
mon i vieux,, pour„aUer. à la -.messe.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 319

— Perdu. E x . J'ai laissé m e s g a n t s dans les chars, ils sont


bien fichus.
— Coulé, ruiné. E x . Pierre est fichu pour l e reste de ses
jours, car il y a trop l o n g t e m p s q u ' i l abuse du public.
— Mourant. E x . Jean est fichu, le docteur me l ' a dit.
— Etre mal fichu, être mal v ê t u , être dans une situation
critique.
Fichument, a d v .
Beaucoup. E x . C e s poires sont fichument bonnes.
Fictivement, a d v . — Effectivement, réellement.
Fiel, n. m. — Se ronger le fiel, r o n g e r son frein.
Fielleux, euse, a d j . — R a n c u n i e r .
Fier, ère, adj.
— H e u r e u x , content. E x . Q u e j e suis fier d'aller me pro-
mener à la c a m p a g n e !
— V a n i t e u x . E x . Q u e cette femme est fière! elle est tou-
jours habillée c o m m e une reine.
Fier-à=bras, n. m .
Individu toujours prêt à faire le coup de poing, surtout en
temps d'élection. E x . A l'assemblée politique de diman-
che, à la halle d u marché Jacques-Cartier, il y avait u n e
gagne de fiers-à-bras s o u d o y é s par les partisans de M . X .
Fiéraud, fiérot, a d j . — Fier, v a n i t e u x .
Fiéret, ète, adj.
Fier. Diminutif. C o t g r a v e et Oudin citent fiéret.
Fierpet, te, n. m . et f.
Personne toujours bien mise. E x . C'est u n fierpet, u n e
ficrpette.
Fièvre, n. f.
— Inflammation. E x . J'ai la fièvre dans ce doigt-là, j e
souffre d'un panaris.
— Peur. E x . R i e n q u ' à y penser d'avance, j ' e n ai la fièvre.
— Sentir la fièvre, se dit d ' u n malade retenu a u lit par u n e
fièvre quelconque.
Fièvres typhoïdes, n. f. p l .
Fièvre t y p h o ï d e . E x . I^e docteur a déclaré que mon frère
avait les fièvres typhoïdes.
320 I,Ë PARLJÎR POPULAIRE

FifiHe, n. f. — Fille.
Fifollet, 11. m. — Feu-follet.
Fifre, n. ni.
Diable. E x . Je l'ai e n v o y é au fifre, ce misérable qui m'en-
nuyait.
Fifre (en), n. m.
D ' u n e humeur terrible. E x . Je suis en fifre depuis deux
jours, tu sais pourquoi.
Figer, v. n.
Cesser de remuer, devenir immobilisé comme de l'eau cou-
gelée ou du suif figé. E x . N o u s sommes restés figés sur
nos chaises, à la v u e de ce spectacle étrange.
Fignoler, v. n.
— Faire le fin.
— A r r a n g e r avec beaucoup de soin.
Fignoleux, euse, adj.
U n élégant, le coq du village.
Fignon, ne, adj. — Pimpant, personne qui fignole.
Figuration, n. f.
Idée, conception. E x . J'ai comme une figuration que vous
réussirez à l'avenir.
Figure, n. f.
— Feuillure, entaille dans laquelle les portes et les fenêtres
sont encadrées pour fermer j u s t e .
— A u jeu de cartes, le roi, la dame et le valet. E x . Joue
une figure, n'importe laquelle.
Fil, 11. m.
— Fait dans le fil, très bien fait.
— De fil en aiguille, peu à peu, de propos en propos.
— Finesses cousues de fil blanc, finesses q u i ne s o n t pas drô-
les et faciles à découvrir.
Filasse, n. f.
— C h e v e u x trop clairs.
— Filasses de tire, filaments ténus f o r m é s par la tire.
* File, n. f. ( A n g l . )
Liasse, dossier, série de j o u r n a u x . E x . Apportez-moi la
file de la Vigie et celle des j o u r n a u x d u Conseil législatif.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 321

File (de), loc. adv.


D'affilée, de suite. E x . J'ai marché deux heures défile.
_ A la file. E x . Vous ferez attention de marcher de file
durant la procession.
F i l é e , n. f.
R a n g é e de personnes ou de choses disposées à la file. E x .
A s - t u vu le triomphe des bleus, y en avait-il une filée de
voitures ?
Filer, v. a.
Produire. E x . Filer un rapport, un plaidoyer, une
opposition. (Angl.)
.— Marcher vite. E x . File dehors, tu m'embêtes !
—• JFiler un mauvais coton, passer un mauvais quart-d'heure.
Filer doux, baisser le ton.
— Tenir en langueur. E x . Rien ne presse, au contraire, il
f a u t que nous fassions filer cette affaire aussi longtemps
q u ' i l y aura moyen.
-— JFUer sa corde, se conduire de manière à arriver sûrement
à la potence.
Filïe, n. f.
— Servante.
— Grande fille, jeune fille parvenue à l'âge de puberté.
— JFille d'enfant, bonne.
— JFille générale, servante bonne à tout faire.
— Aller voir les filles, fréquenter la société des jeunes filles
a v e c des intentions matrimoniales.
Filleu, n. m. —Filleul.
Fillol, e, n. m. et f.
F i l l e u l , e. Autrefois on disait filole. Molière a dit fillol,
après Brantôme.
Filoseille, n. f. — Filoselle.
Filou, adj. — Trompeur et flagorneur.
Fin ( à sa), — Fini, achevé. E x . Cet homme est bête à sa fin.
Fin (au), loc.
T r è s bien. E x . J'ai réussi au fin. Il travaille au fin.
Fin (tout), loc.
A b s o l u m e n t . E x . J'étais tout fin seul quand il est venu.
21
322 LE PARLER POPULAIRE

Fin (faire le), loc.


Dissimuler, ne pas procéder franchement. Ex. Ne/«wp a s

le fin avec moi, je connais ces histoires-là.


Fin (un pas), n. m.
U n homme inhabile et peu sensé.
Fin cœur, loc. — Milieu. E x . L e fin cœur de l ' h i v e r , de l'été.
Fin des fins (à la), loc. — F i n a l e m e n t .
Fin finale. — F i n définitive.
Fin fond (le).
L e tréfonds. E x . Je verrai le fin fond de cette affaire, ou
il en dêcousera.
Financer, v . n.
A r r a n g e r son affaire de façon à p a y e r tous ses billets ou à
les renouveler à échéance. E x . C ' e s t une grosse journée
de billets, il v a falloir financer pour arriver juste.
Finasser, v. n. — User de subterfuges. — ( F a m i l i e r . )
Finasserie, n. f. — F i n e s s e cousue d e fil blanc.
Finasseux, euse, adj.
I n d i v i d u qui a recours à des s u b t e r f u g e s pour tromper son
monde.
Finement, adv.
D ' u n e manière claire et distincte. E x . Jacques ne voit et
n'entend pas finement.
Fine mouche (une). — U n homme rusé, très fin.
Finfin, n. m.
F i n , pris en m a u v a i s e part. E x . C ' e s t u n beau finfin, il
mourra jeune.
Finfoin, n. m . — S a i n f o i n , herbe f o u r r a g è r e .
Fini, part. pass.
T r è s , complètement. E x . C e t t e f e m m e est b e l l e finie.
Finiraient, adv. — Parfaitement, t r è s bien fini.
Finir, v . n.
fi en ai fini avec vous, j e ne v e u x p a s avoir de rapports avec
vous.
Finisseux, euse, a d j . — Q u i donne l e dernier fini à un ouvrage.
Finition, n. f.
F i n , terme. E x . I l doit y avoir u n e finition à ces histoires-là.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 323

* Finnan haddie, finnann addê (m. a.) — M o r u e fumée.


Fiole, n. f.
Sécrétion nasale. E x . Cet enfant a des fioles au nez.
Fion, n. m.
— Fini. E x . D o n n e r le fion à un o u v r a g e .
—• Chic. E x . C e t t e demoiselle a d u fion.
— Homme a g i t é , remuant. E x . C'est un vrai fion que ce
gaillard-là.
— Traits de p l u m e que le calligraphe ajoute a u x lettres
majuscules.
— Dessins. E x . C e patineur fait toute espèce de fions avec
ses patins, il v a m ê m e j u s q u ' à écrire son nom sur la glace.
— Notes d ' a g r é m e n t . E x . N o u s avons un curé nouveau
qui chante très bien, il fait de b e a u x fions.
L e mot fion ne se t r o u v e pas dans le Dict. de l ' A c a d é m i e .
Fionner, v. n.
— Ecrire en a g r é m e n t a n t ses lettres de beaucoup de fions.
— Chanter en intercalant des notes d'agrément.
— Patiner en tous sens.
— Jouer du v i o l o n , de la flûte, en faisant des fions.
Fionner (se), v . p r o n .
Se vêtir r i c h e m e n t . E x . Je pars pour le bal, j e vais me
fionner.
Fionneux, euse, a d j .
Celui qui fionne e n chantant, en jouant d u violon, de la
flûte, en patinant, en écrivant.
Fioper, v . n.
Faire un certain bruit avec sa bouche lorsqu'on mange avec
un grand appétit.
Fisque, adj. — F i x e .
Fisquer, v . a. — F i x e r .
Fissure, n. f.
Apparence. E x . Je viens d e tomber du toit du hangar, et
je n'ai pas attrappé une fissure de mal.
Fiston, n. m.
Fils. E x . E c o u t e , mon fiston, ne v a pas a u théâtre, tu es
bien trop j e u n e .
324 LE PARLER POPULAIRE

Fixer, v . a.
Regarder eu face, avec attention. E x . Fixe-moi pas c o m m e
ça.
* Fixtures, fixtieure, ( m . a.)
Comptoir, rayons, meubles, a m é n a g e m e n t .
Flac !
Interjection pour imiter le bruit d ' u n corps tombant d a n s
l'eau o u tout liquide.
Flacotage, n. m. — A c t i o n de flacoter, d e clapoter.
Flacoter, v . n.
— Clapoter. E x . L ' e a u entre d a n s mes bottes, c'est b e a u
de voir ça, aussi les pieds me flacotenl.
— Flotter. E x . C o m m e tu es m a i g r e , tu flacotes dans t e s
bardes.
Flacoteux, euse, adj. — Q u i flacote, clapote.
Flagoter, v . n. — V . Flacoter.
Flague douce, n. f.
Sans caractère. E x . P o u r te dire ce que je pense de c e t
homme, ce n'est ni plus ni moins q u ' u n e flague douce.
Flairer, v. a.
Flairer de la douceur, manger d u s i r o p . A c a d i a n i s m e .
Flamaçon, n. m. — Franc-maçon.
Flambaison, n. f. — F l a m b é e , feu clair d e menus bois.
Flambant neuf, loc.
Battant neuf, absolument neuf. E x . J'ai mis ce matin u n
habillement flambant neuf.
Flambe, n. f • — F l a m m e . Rabelais a écrit flambe.
Flambé, e, part. pass.
— Perdu. E x . M o n chapeau est flambé, on me l'a c h a n g é
pour un autre.
— R u i n é . E x . L a b a n q u e du P e u p l e a fermé ses p o r t e s ,
j e suis flambé.
Flamber, v. a.
— Lancer des éclairs. E x . L e s y e u x lui flambent.
— Flamber quelqu'un des yeux, d é v i s a g e r q u e l q u ' u n d ' u n
• regard passionné, o u rendu flamboyant par la colère.
— Flamber le poisson, le fumer.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 325

Flamber (se), v . pron.


Se flamber la cervelle, se brûler la cervelle, se tuer avec un
pistolet.
Flamboter, v. n.
Faire la pêche de nuit, dans u n canot qui porte un flambeau
d'écorce ou de bois r é s i n e u x à son avant. ( C l . )
Flamme, n. f.
Flegme, crachat, pituite. E x . C e malade tousse beaucoup,
il renvoie s o u v e n t des flammes.
Flamme, n. f. — F l a m m e .
Flanc, n. m.
— Un flatte mou, sans é n e r g i e , qui a de la misère à se
remuer.
— Se battre les flancs, se remuer, s'agiter.
Flancher, v. n.
Céder, fléchir. E x . N e flanche pas, ou nous sommes perdus.
Flancheux, n. m . — P o l t r o n .
Flanc=maçon, n. m . — F r a n c - m a ç o n .
Flancon, n. m. — F l a c o n . E x . U n flancon de gin, de brandy.
Flandrin, n. m.
Individu de taille élancée, p e u alerte, et le plus souvent
paresseux.
Flanquer, v. a.
— Donner. E x . Je lui ai flanqué une maîtresse tape.
— E n v o y e r . E x . Je l'ai flanqué à la porte de mon bureau.
— Mettre. E x . Hanque-moi ça l à ?
— Laisser. E x . Je l'ai flanqtcê là sans cérémonie.
Flanquette (à la bonne).
A la bonne franquette, sans cérémonie.
Flaquer, v . n.
— Voltiger en ondoyant. E x . S e s pantalons sont bien trop
larges, ils l u i flaquent sur les jambes.
— Bruit produit par l ' e a u comprimée et remuée. Ex.
L ' e a u flaque dans mes bottes.
Flaquet, te, adj.
Qui flotte dans ses v ê t e m e n t s . E x . N e v a pas te montrer
flaqtœtte c o m m e t u es ?
326 LE PARLER POPULAIRE

* Flâse, n. f. ( A n g l . ) — Soie plate. D e l ' a n g l a i s / / W J .


* Flâser, v . a. ( A n g l . ) — C o u d r e a v e c de \a flâse.
* Flask, flassque, (m. a . )
Gourde, flacon. E x . U n flask de brandy.
* Flasque, n. m . ( A n g l . ) — G o u r d e e n v e r r e .
Flasque, adj.
Estomac vide. E x . Je smsflasque, j e n ' a i pas m a n g é depuis
douze heures.
Fiasse, adj. — F l a s q u e .
* Fiat, flatte, (m. a.) — B a t e a u plat, b a c h o t .
Flau, n. m . — F l é a u à battre le g r a i n . E x . B a t t r e au fl.au.
m
Flaubage, »• « — A c t i o n d e battre.
Flauber, v . a.
— Battre, rosser. E x . C e misérable s'est fait flauber en
grand.
— Voler, soustraire. E x . Je m e s u i s fait flauber mon para-
pluie.
E n A n j o u , on dit flauper pour b a t t r e .
Flaubeur, n. m. — C e l u i q u i fiaube.
Flèche, n. f.
— S e dit pour l ' a r c l u i - m ê m e q u i sert à lancer la flèche. E x .
L a corde de ma flèche est trop t e n d u e .
— Passer flèche, sans obstacle. E x . J ' a i passé flèche mon
e x a m e n de terme.
-— Envoyer une chose flèche, e n v o y e r directement, comme
avec une flèche.
Fléchée (ceinture).
Ceinture fabriquée a v e c des fils d e d i v e r s e s c o u l e u r s . D'ori-
g i n e indienne.
Flème, n. f. — P h l e g m e . V . F l a m m e .
Fleume, n. f . — V . F l a m m e .
* Fleur, n . f. ( A n g l . )
Farine. E x . J ' a u r a i s besoin de d i x l i v r e s d e fleur pour les
F ê t e s . On peut dire d e la fleur de farine.
Fleur de la Passion, n. f. — Passiflore b l e u e .
* Flinn'cher, v. n. ( A n g l . ) — V . F l a n c h e r .
* Flinn'cheux, ( A n g l . ) — V . F l a n c h e u x .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 327

Flique, n. f.
— Bande de l a r d . E x . M e t s l e s fliques dans le chaudron
pour faire de l ' h u i l e .
— Sécrétion nasale. E x . M o n enfant, t u as toujours la
fligue au nez.
Flôbage, n. m. — V . F l a u b a g e .
Flôber, v . a . — V . F l a u b e r .
Flôbeur, euse, a d j . — V . F l a u b e u r .
Flomentation, n . f.
Fomentation, a p p l i c a t i o n d ' u n médicament c h a u d sur une
partie du corps, p o u r l ' a d o u c i r .
Flomenter, v . a.
Fomenter, a p p l i q u e r u n m é d i c a m e n t chaud pour fortifier,
adoucir.
Flon^flon, n. m . — F l a - f l a , é t a l a g e , ostentation.
Flottan, n . m. — F l é t a n , gros poisson propre a u x mers froides.
Flotter, v . a. — C o n d u i r e u n e c a g e de bois sur l e s rivières.
Flotteur, n. m . — C e l u i q u i d i r i g e l a c a g e ou le c a g e u .
Flouer, v . a.
— V o l e r . E x . I l m ' a floué p o u r u n e grosse somme.
Flouer est p r o b a b l e m e n t une contraction de filouter. I^e mot
est français, m a i s i l est p e u u s i t é en France.
* Flouque, ( A n g l . )
Coup inattendu. ( T e r m e de b i l l a r d ) . D e l'anglaisyfe&r.
* FIoux, n . m. ( A n g l . )
C o u p de hasard. E x . I l e s t p a r v e n u à réussir à la suite
d'un floux.
* Flush, fleuche, ( m . a . )
— Bien pourvu d'argent.
— P r o d i g u e , g é n é r e u x . E x . C o m m e t u es flush, maintenant !
Flûte, n . f.
— G r i v e des b o i s , a p p e l é e flûte parce que son c h a n t tient u n
peu d e la flûte.
— Jambes. E x P r é p a r e tes flûtes p o u r partir.
Flûter, v . n. — A v o i r l a diarrhée.
Flûteux, euse, a d j .
— Q u i a la d i a r r h é e c h r o n i q u e .
328 LE PARLER POPULAIRE

— Flûtiste, qui j o u e de la flûte.


Foi, n . f.
— Ma foi du Bo?i-Dicu ! en v é r i t é .
— Ma foi de piquette !
— Ma foi !
— Ma grand' foi de Dieu, m ê m e sens.
Foies, n. f. pl.
P o u m o n s . E x . D o c t e u r , j e crois q u e j e suis pris des foies,
je tousse à cœur de nuit et de j o u r .
Foin, n. m .
Avoir du foin dans ses boites, ê t r e d a n s une e x c e l l e n t e posi-
tion de fortune.
Foin de caribou, n. m .
Mousse q u i croît dans les savanes, aussi les j e u n e s pousses
d'arbustes et d ' a r b r i s s e a u x .
Foin d'odeur, n. m.
H o u q u e boréale, g e n r e de grarniuées v o i s i n des avoines.
Foins (les,) n. m. p l .
— E p o q u e de la fenaison.
— Travailler atix foins, faire la f e n a i s o n .
Foirer, v . n.
— S e briser, s'écraser. E x . C e t œ u f , en se cassant, m'a
foire dans la m a i n .
— Renoncer à u n e affaire après a v o i r donné à croire qu'on
la transigerait.
Foireux, euse, adj. — O u i c h a n g e d ' i d é e sans raison valable.
Fois, n. f.
— M o m e n t . E x . I l y a des fois q u e j e s u i s p l u s frileux que
d'autres.
— La fois des grandes fois, dans u n e circonstance exception-
nelle, connue de t o u t le monde.
— Quelquefois. E x . V a s - t u s o u v e n t à l ' a u d i t o r i u m ? — Des
fois.
Folâtreux, euse, a d j . — Q u i aime à badiner.
Folle=avoine, n. f.
— R i z d u Canada.
— N o m donné autrefois à une t r i b u outaouaise.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 329

Foncé, n. et a d j .
— H a b i t d ' u n e c o u l e u r foncée. E x . Moi, j ' a i l'habitude de
porter d u foncé.
— H o m m e q u i p o s s è d e des fonds. E x . T u p e u x lui vendre
ta terre, c ' e s t u n h o m m e b i e n foncé.
Foncer, v. a.
Mettre un f o n d à u n e chaise, à un plat de ferblanc, à une
chaudière en tôle.
Foncière, n. f.
Fond. E x . ~L,z. foncière d ' u n pantalon. (De G a s p é , Mém.)
Fonctionner, v . n . — S o u l a g e r la nature.
Fonçure, n. f.
— Fond. E x . L a fotiçure d ' u n traîneau, d ' u n e carriole,
d'un chapeau, d'une culotte.
— Culotte. E x . Je l'ai p r i s par la fonçure et je l'ai fait
pirouetter s u r l u i - m ê m e . '
Fond, n. m. — Avoir le fond noir, être très m é c h a n t .
Fond de Penouil, n. m .
F i n m a l h e u r e u s e d ' u n e entreprise. E x . L a i s s e faire, m o n
v i e u x , a v e c l e t e m p s t u finiras comme les autres par arri-
v e r un j o u r d a n s le Fond de Penouil. L a n g a g e des p ê -
cheurs d e G a s p é q u i entre e u x se confient leurs contre-
temps. Penouil v e u t dire péninsule.
Fondé, e, adj. — Riche fondé, t r è s riche.
Fondement, n . m . — R e c t u m .
Fondeux de cuillers, n. m .
O u v r i e r en l ' a r t de fondre le p l o m b pour fabriquer des cuil-
lers, qui p a r c o u r a i t j a d i s les campagnes en y e x e r ç a n t
son métier.
Fondre, v . a.
Perdre contenance. E x . I l fond devant moi.
Fondu, part. p a s . de fondre.
Dissipé, p e r d u . E x . L ' a r g e n t q u e tu avais à la banque est-
il fondu f
Fontaine, n. f.
— Puits. E x . V a c h e r c h e r de l ' e a u â la. fontaine.
— Plume-fontaine. V . ce m o t .
LE P A R L E R POPULAIRE
330

Fontange, n. f.
N œ u d de ruban que les femmes m e t t e n t sur le d e v a n t de la
tête pour attacher la coiffure.
* Foolscap, foule, (m. a.)
Papier écolier, papier ministre.
* Football, foute bail, ( m . a.)
— Ballon en caoutchouc qui se gonfle et se dégonfle à volonté.
— Jouer au football, ballon au pied.
Forban, n. m . et f. •— P e r s o n n e très é v a p o r é e .
Forbu, e, adj. — F o u r b u .
Forçante (au), loc a d v .
Au forçaille, au grand for caille, je le ferai, quoi q u ' i l en soit,
m a l g r é l'effort q u ' i l faudra d é p l o y e r , j e me mettrai à
l'œuvre.
Forçant, e, adj. verb.
Pénible, très fatigant. E x . C e t o u v r a g e est trop forçant
pour toi.
Forçaye, n. m . — V . F o r ç a i l l e .
Force, n. f.
— V i g u e u r . E x . C e t t e loi entrera en force aussitôt après
la session. ( A n g l . )
— F o r t . E x . N o u s s o m m e s dans l a force de la chaleur.
Forcer, v. a.
— Plier. E x . J'ai forcé l a clef en v o u l a n t ouvrir l a porte.
— G â t e r . E x . J ' a i forcé la serrure a v e c u n e m a u v a i s e clef.
— M e t t r e en abondance. E x . I l f a u d r a forcer s u r le beurre
si t u v e u x faire un bon g â t e a u .
— Jouer une carte p l u s forte q u e celle q u ' i l y a s u r le tapis,
ou encore l o r s q u ' o n j o u e d ' u n e c o u l e u r d o n t l ' u n des
autres joueurs n ' a pas, afin de l ' o b l i g e r à couper.
— Ça force, ce n'est pas brillant. E x . A s - t u u n e bonne
santé de ce temps-ci ? — P l u s ou m o i n s , ça force.
— Ça ne force pas, c e n ' e s t pas a b o n d a n t . E x . T a récolte
de l é g u m e s est-elle b o n n e ? — Ça ne force pas f
Forcer (se), v. pron.
— A t t r a p e r un effort, u n tour de reins.
— S'efforcer. E x . J'ai b e a u me forcer, j ' a b o u t i s point.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Se l u x e r . E x . Je me suis forcé l a jambe.


Forçure, n. f.
Fresssure, foie de v e a u , de m o u t o n . E x . A c h e t e r du dur
de forçure s u r le m a r c h é .
* Foreman, n. m . , (m. a.)
— Prote, dans u n atelier d ' i m p r i m e r i e .
— Contre-maître, d a n s u n atelier ou un chantier.
— Chef, dans u n e boutique, d a n s un jury.
— Inspecteur, s u r v e i l l a n t des t r a v a u x .
Forestier, n. m .
r
H o m m e de chantier, chasseur, coureur des bois. M. le D
J . - C . T a c h é s'est servi de c e m o t pour intituler un de ses
ouvrages : Forestiers et Voyageurs. E n France, ce mot
s'emploie p o u r d é s i g n e r c e l u i q u i a un emploi dans l'ad-
ministration forestière.
Forgeon, n. m . — F o r g e r o n .
Forger, v . a.
Forger dans sa tête, r u m i n e r l o n g u e m e n t une affaire.
* Forget me not, forghett, ( m . a.)
Myosotis, s o u v e n e z - v o u s - d e - m o i .
Formage, n. m . — F r o m a g e .
Formance, n. f.
F o r m e , apparence. E x . I l n ' a pas formance d'homme.
Forme, n. f.
Cahier, en terme d ' i m p r i m e r i e . L,a forme est le châssis d e
fer où sont r a n g é e s les p a g e s composées t y p o g r a p h i q u e -
ment.
Fort, n. m .
— V i l l a g e . L,'origine de c e m o t v i e n t de ce qu'autrefois il'
y avait d a n s certaines paroisses plus e x p o s é e s que les
autres a u x a t t a q u e s des s a u v a g e s , un petit fort que l ' o n
élevait en p l e i n v i l l a g e , l à o ù la population était p l u s
dense.
— L i q u e u r forte. E x . P r e n e z - v o u s du fort quelque fois ?
— R a n c e . E x . D u beurre q u i a g o û t de fort.
Fort, e, adj.
— H a b i l e . E x . I l y en a q u i sont forts sur le violon, d ' a u -
2 LE PARLER POPULAIRE
33
très sur le piano, moi, mon fort c'est de rire du monde.
— Friand. Ex. Es-tu fort sur le sel ?
— Un fort temps, une tempête.
— Envoyer fort, travailler ferme.
— Parler fort, parler d'autorité.
Fort=à=bras, n. m. — Fier-à-bras. V. ce mot.
FortiHer, v. a.
Remuer. E x . Ne fortille pas tant des jambes.
Fortilleux, euse, adj.—Qui fortille.
Fortillon, n. m. — Enfant qui est sans cesse en mouvement.
Fortuné, e, adj.
Riche. L'Académie a admis fortuné pour signifier être heu-
reux. Riche et heureux sont deux expressions qui ne vont
pas toujours de pair.
Fosse, n. f.
— Etang ou pièce d'eau dormante.
— Fosse à part, fosse particulière dans un cimetière.
Fossé, n. m. — Fossé. Ex. La rue des Fosses.
Fossette, n. m.
Fossé. E x . Ma vache est tombée dans le fossette.
Fosseyer, v. a. — Fossoyer.
Fosseyeur, n. et adj. —Fossoyeur.
Fou, n. m.
— Avoir du fou, être un peu fou.
— Un fou de l'asile, fou interné dans un asile d'aliénés.
— Fou à lier, fou furieux.
— Fou à mettre aux loges, à interner dans un asile d'aliénés.
Fou de rire.
Fou rire. Ex. J'ai été pris d'un vrai fou de rire en aperce-
vant sa binette.
Fouailler, v. a.
— Expédier promptement la besogne. Ex. J'ai vite ter-
miné mon ouvrage, mais ça fouaillait dur.
— Frapper, fouetter.
Fouaillon, n. m.
Individu qui ne porte que des loques, et plus ou moins
vicieux.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 333

Foudre, e, adj. — V e r s é . E x . N o s blés sont foudres.


Foué, n. f.
— Foi, croyance.
— Fois, expression d e q u a n t i t é .
Fouer, v. a.
Donner, accorder. E x . Foue-moi la paix, la patience.
Fouer (se), v. p r o n . — Se moquer. E x , Je me foue du monde.
Fouiller (se), v. p r o n .
Chercher i n u t i l e m e n t une échappatoire. E x . T u peux te
fouiller, tu n ' a u r a s pas ce q u e t u demandes.
Fouiilouse, n. f.
Poche, escarcelle. E x . Va chercher mes ciseaux dans le sac
a u x fotdllouses. D ' a p r è s L a c u r n e de Sainte-Pallaye, fouii-
louse veut dire poche, escarcelle.
Fouine, n. f.
Fureteur et malin. E x . Défie-toi de cet homme, c'est une
fouine.
Fouiner, v . n.
Se sauver comme u n e fouine a u premier signe de danger.
Fouler, v. a.
— Aplanir. E x . V a passer le rouleau dans l'avenue, et
foule le chemin.
— Maltraiter.
— Foulé de m o n d e . E x . J e suis allé au théâtre, c'était
foulé.
— Foulé £ ouvrage, accablé de besogne.
Foulon, n. m. — Fouloire.
Foulons, n. m. pl.
Suite de petites anses entre Québec et Sillery, qui servaient
jadis de refuge a u x r a d e a u x de bois descendus des rivières.
Foulure, n. f.
Phlegmon du tissu cellulaire qui se loge le plus souvent dans
la main. V. F o u r c h e t t e .
Four, n. m.
— Envoyer sous le foitr, envoyer promener.
— Avoir la clef du four sur la figure, avoir des taches noires
sur la figure.
LE PARLER POPULAIRE
.334
— Chauffer le jour, boire des spiritueux.
— Faire un four, subir un échec.
Fourche, n. f.
— Soigner au bout de la fourche, sans précaution.
— Branche. Ex. La rivière Saint-Charles a des fourches,
Fourchemise, n. f.
Fausse chemise, plastron.
Fourcher, v. n.
— La langue m'a fourché, j'ai dit un mot pour un autre.
Français familier.
Fourchetée, n. f.
Fourchée. Quantité de paille ou de foin qu'on enlève avec
une fourche.
Fourchette, n. f.
— La fourchette du père Adam, les doigts.
— Maladie inflammatoire des doigts de la main.
— Une bonne fourchette, un homme de grand appétit.
Fourchon, u. m.
Enfourchure. Entre-deux des jambes d'un pantalon.
Fourgâiller, v. a.
— Fouiller, fureter. E x . Fourgâiller dans un coffre, un
tiroir.
— Agiter, remuer. E x . Fourgâiller le feu dans un poêle,
fourgâiller des bûches de bois.
Fourgoter, v. a.
Fureter, déplacer les objets sans soin et sans nécessité.
Fournaise, n. f.
Calorifère à eau, à air, à vapeur. Ex. Une fournaise à air
chaud, une fournaise à vapeur.
.Fourneau, n. m. — Gros fumeur.
Fournée, n. f.
— Réserver à quelqu 'un un pain de sa fotirnêe, lui réserver
une surprise désagréable.
— Perdre un pain de sa fournée, être dans la tristesse, paraî-
tre embêté.
^Fournil, n. m.—Cave à légumes.
,; Fourniment, n. m. — Fourniture, provisions.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 335

Fournir, v. a.
—• Arriver. E x . J ' a i tellement d'ouvrage que j e ne fournis
point.
— Jouer une carte de même couleur. E x . Joue une carte
et fournis. V . Adonner.
— Aller assez vite. E x . J e ne puis te fournir à ramasser
des pommes.
Fourniture, n. f. — A v o i r de la fourniture\ fournir, aux cartes.
Fourreau, n. m . — E t u i .
Fourrer, v. a.
— Donner. E x . J e lui ai fourré un bon coup de pied.
— Fourrer dedans, tromper.
— Fourrer son nez partout, se mêler d'une affaire qui ne
nous regarde pas.
Fourrer (se), v. pron.
— Se fourrer dedans, se tromper.
— Se fourrer le doigt dans l'œil jusqu'au coude, se tromper
grossièrement.
Fourrole, n. f. — Coiffure d'homme, ou tuque de laine bleue.
Foutant, adj. verb.
Cest-y pas foutant ! expression pour marquer l'ennui, l'em-
bêtement.
Foutée (une), n. f.
Beaucoup. E x . I l y avait une foutée plus de monde que tu
penses.
Fouter, v. a.
— Donner. E x . Foute-moi la paix.
— Jeter. E x . Foute ce gas-là dehors.
— Fouter le camp, se sauver.
Fouter (se), v. pron.
— Se moquer. E x . J e me foute du monde.
— S'entredonner. E x . Ils se sont foutes chacun une bonne
claque.
Foutre, n. m.
— Envoyer faire foutre, congédier.
— Ni foutre ni branle, personne.
— Un fean Foutre. V . Jean Foutre.
336 LE P A K I . B R P O P U L A I R E

Foutu, e, adj. et v. a.
— F i n i , ruiné. E x . C e t h o m m e est foutu.
— Donner. E x . Il m ' a foutu un c o u p de p o i n g sur le nez.
— Ignorant. E x . Un foutu notaire.
Foutument, adv.
Extrêmement. E x . C e t i n d i v i d u est foutument bête.
Fouyer, n. m.
Foyer, dalle scellée d e v a n t la c h e m i n é e p o u r isoler le feu du
parquet.
Fraîche, n. f. — Frais. E x . Sortir p o u r prendre la fraîche.
Fraîcheur, n. f.
Chaud et froid. E x . A t t r a p e r des fraîcheurs a u x pieds.
Frais, îche, adj. et adv.
— Se mettre en frais, se disposer. E x . I l faut se mettre en
frais de partir demain.
— Etre en frais, être en train. E x . Q u a n d j ' a i r e ç u votre
lettre, j ' é t a i s en frais de v o u s écrire.
— N o u v e l l e m e n t . E x . D e s œnîs frais p o n d u s .
* Fralic, frali, n. m. ( A n g l . )
— B a n q u e t , festin, fête de famille. E x . N o u s allons avoir
des noces chez les L a p i e r r e , et n o u s s o m m e s i n v i t é s à un
grand fralic.
— Désordre, tapage d a n s u n e r é u n i o n . E x . A u pique-
nique d ' h i e r , on s'est a m u s é , il y a e u u n g r o s frali.
Franc-foin, n. m . — A g r o s t i s c o m m u n .
Framacie, n. f. — P h a r m a c i e .
Framacien, n. m . — P h a r m a c i e n .
Franc, che, a d j .
— Un cheval franc, franc d u collier.
— Bois franc, bois d u r .
— Franc comme l'êpêe du roi, l o y a l .
Français (souliers).
Souliers à boucles i m p o r t é s de F r a n c e s o u s le r é g i m e fran-
çais. C e soulier ne se fabrique p l u s ici, mais le mot est
resté p o u r d i s t i n g u e r l e soulier de l a b o t t e s a u v a g e .
Française, n. f.
A u j e u de balle, frapper la pelote ou b a l l e a u bout d u bras,
DKS CANADIENS-FRANÇAIS 337

c'est frapper à la française. E x . Cet écolier a une bonne


française.
Francheté, n. f. — F r a n c h i s e .
* Franchise, n. f. ( A n g l . ) — I m m u n i t é , liberté politique.
Franchitude, n. f. — F r a n c h i s e .
Franger, v. a . — E f f r a n g e r . E x . Sa robe est toute frangée
du bas
Frappe-d'abord, n. m .
Hanneton qui p i q u e en se p o s a n t sur la peau.
Frapper, v. a.
— Frapper un coup, faire un effort.
— Ne pas frapper coup, n e pas travailler.
Frasil, n. m.
Menus morceaux d e glace qui se rencontrent à la surface des
rivières, l ' a u t o m n e et le p r i n t e m p s . Ge mot'semble tirer
son origine de fraisil, m e n u e s parcelles de charbon qui
restent sur la place où le bois a é t é carbonisé. E n France,
on dit phasil p o u r d e la braise.
Frayant, e, adj.
Effrayant. E x . I l fait m a u v a i s aujourd'hui, frayant.
Fredasser, v. n. — F r o u f r o u t e r .
Frédir, v. a. et n. — Froidir.
Fredoche, n. f . — V . F a r d o c h e .
* Freezeur, fri, n. m . ( A n g l . ) — Glacière.
Frégade, n. f. — F r é g a t e .
Freidir, v. a. et n. — F r o i d i r .
Freite, n. m. et a d j . — V . F r e t .
Frelasser, v. n.
Faire entendre u n b r u i t semblable à des feuilles sèches que
l'on r e m u e . E x . Cette femme a une robe de soie qui
frelasse beaucoup.
Frémille, n. f. — F o u r m i .
Frémillement, n. m . — F o u r m i l l e m e n t .
Frémfller, v. n. — F o u r m i l l e r .
Frémillière, n. f. — F o u r m i l i è r e , nid de fourmis.
Frêne blanc, n. m . — F r ê n e d ' A m é r i q u e .
22
338 LE PARLER POPULAIRE

Frêne gras, n. m. — F r ê n e à feuilles de sureau.


Frêne rouge, n. m. — Frêne pubescent.
Frênière, n. f.
Frênaie, terrain planté de frênes.
Fréquentation, n. m.
Action de fréquenter une jeune fille en v u e du mariage.
Fréquenter, v . a. — C o u r t i s e r une j e u n e fille.
Frérot, n. m.
Doubles cousins, ou enfants des d e u x frères mariés aux
d e u x sœurs. L-ittré dit : « F r é r o t , diminutif de frère,
familier. Dans le Glossaire du Nord de la France, fré-
reux, cousins germains, ou enfants de d e u x frères. » Dans
l'ancien français nous trouvons frêreus, cousin fréreux,
cousin germain, etfréreur, avec la m ê m e signification.—
E n A u v e r g n e , on dit frarot. « L a frarot et lai seurotte se
ressounent bien », c'est-à-dire, se ressemblent.
Fret, n. m.
— Colis, marchandises, fret, cargaison.
— Convoi de marchandises. E x . V o y a g e r par le fret.
— C h a r à marchandises.
— Agent de fret, commissionnaire de transport.
Fret, te, adj. — F r o i d . E x . J'ai fret a u x mains.
Fri (ma). — M a foi.
Fricasser (se), v. pron.
Se laver les mains c o m m e F o n c e - P i l a t e . E x . Q u ' i l dise ce
q u ' i l voudra, je m ' e n fricasse. D ' a p r è s l ' A c a d é m i e , fri-
' casser signifie, figurement et populairement, dissiper son
bien en débauches et en bonne c h è r e .
Friche, n. m.
Friche, n. f., terre n e u v e ou v i e r g e . E x . Cette année, nous
allons semer du grain dans le friche.
Frichnou, n. m .
Fricot qui donne une odeur plus ou moins nauséuse. E x .
Qu'ça sent le frichnou !
Fricot, n. m.
— M e t s particuliers a u x cuisinières canadiennes, et dont le
mot fricot, pris généralement, c o u v r e la v a r i é t é .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 339

— Festin, dîner où sont conviés les parents et amis à l'oc-


casion d'une fête de famille, d'une noce, etc.
— Confusion, désordre, pêle-mêle.
En France, fricot signifie bombance ; c'est le plat qui résulte
de l'action de fricoter.
Fricotage, n. m.
Action de préparer les mets pour un repas ordinaire ou de gala.
Fricoter, v. n.
— Préparer des ragoûts, etc.
— Tenir des propos oiseux. E x . Qu'est-ce que tu. fricotes
encore, avec tes discours qui n'ont ni queue ni tête?
Fricoteux, euse, n. m.
— Qui prépare les fricots.
— Qui perd son temps à tenir des discours frivoles.
Frigousse, n. f.
— Ragoût de viande, de pommes de terre.
— Tout plat mal apprêté.
Friler, v. u. —Grelotter.
* Frille, n. m. (Angl.)
— Petit collet tuyauté ou craqué porté par les petits garçons.
— Morceau de fer-blanc arrondi et craqué qui entoure le
tuyau de poêle à l'endroit même où il communique avec
la cheminée.
* Frilling, n. m., (m. a.) — Fraise, ornement d'un jabot.
Frimasser, v. n.
Se couvrir de frimas. E x . Ce matin, les arbres sont tous
frimasses.
Frine (ma). — Ma foi. Juron déguisé.
Fringaleux, euse, adj.—Sujet à avoir la fringale.
Fringue, n. f.
— Joie. E x . As-tu vu l'ami Gaspard? je te dis qu'il est en
fringue, ce matin.
— Crise, excès. E x . J'ai eu une dure fringue de mal de
dents, depuis deux jours.
Fripe, n. f.
Tomber sur la fripe de quelqu'un, lui donner des coups ou
lui dire de grosses vérités.
34° L E PARLER POPULAIRE

Fripé, adj. verb.


Avoir triste mine. E x . Comme te voilà fripé, as-tu fait une
fête ?
Fripouille, n. f.
Gredin, homme sans valeur ni considération.
Frique, n. f. — Plaine de sable.
Friser, v. n.—Rejaillir, en parlant des liquides.
Frisette, n. f.
Papillotte, chiffon de papier autour duquel on enroule les
cheveux pour les tenir frisés.
Frisonner, v. a.
Poser des frisons sur la jupe ou sur le corsage d'une robe de
femme.
Frisons, n. m. pl.
— Moutons, écume blanche qui se forme à la crête des va-
gues quand l'eau de la mer est très agitée.
— Bandes d'étoffes de laine, de coton ou de soie plissées et
qui servent à garnir les bas de robes de femmes.
Frisson, n. m.
Enfant émoustillé. E x . Un petit frisson.
Frissonneux, euse, adj.
Pris de frisson. E x . J e suis frissonneux ce matin.
Frit, n. m. —Fruit.
Fritage, n. m.—Fruitage.
Fritier, n. et adj. — Fruitier.
Frivolent, e, adj.
— Coquet. E x . Une femme frivolente.
— Vif et sec. E x . Un vent frivolent.
Frivolité, n. f. — Sorte de dentelle, broderie.
Froc, n. f.
— Vêtement de dessous, en laine ou en coton. E x . Mets
ta. froc si tu ne veux pas prendre le rhume.
— Blouse avec ceinture à la taille.
— Frockcoat, redingote, appelée aussi Prince Albert.
Froid, n. m.
— Jeter un froid, produire une impression qui glace les es-
prits.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 341

— Prendre froid, a v o i r froid.


— Un froid noir, temps obscur et très froid.
— Prendre du chaud et du froid, contracter une inflammation.
— N'avoir pas froid (frette ) aux yeux, avoir un certain
toupet, n'être p a s e n g o u r d i .
Froidir, v. n .— Ne,pas froidir en place, remuer sans cesse.
Frôler (se), v. pron.
Se coller au flanc des autres sans invitation.
Frôleux, euse, adj. — P e r s o n n e q u i se frôle.
* Frolic, n. m. ( A n g l . ) V . Fralic.
Fromage, n. m . — Tête en fromage, fromage de cochon.
Fromage raffiné, n . m .
Petit fromage à l a c r è m e , que les seuls cultivateurs de l'île
d'Orléans savent bien fabriquer.
Fromage, e, adj.
Tête fromagêe, f r o m a g e de cochon. Fromage n'est pas fran-
çais.
Fromagier, n. m. — F r o m a g e r , qui fabrique le fromage.
Fromentation, n. f . — F e r m e n t a t i o n .
* Fromenter, v. n. — F e r m e n t e r .
Fronde, n. f.
Furoncle. E x . J ' a i le c o u couvert de frondes.
Fronder, v . a. — L a n c e r a v e c la fronde o u avec la main.
Front, n. m.
Avoir un front de bœuf, être a u d a c i e u x à l ' e x c è s .
Fronteau, n. m.
l i m i t e extrême d ' u n e pièce de terre, prise sur sa plus grande
longueur.
Frontière, n. f.
. Frontail ou frontal, partie de la têtière du cheval qui passe
en avant de l a t ê t e et au-dessus des y e u x .
Frotter, v. a.
— Cirer. E x . G a r ç o n , frotte m e s bottes.
— Nettoyer. E x . Marguerite, frotte le poêle, il est très
malpropre.
Frotteur, n. m. — C i r e u r de bottes.
Frou=frou, n. m. — Personne a g i t é e .
342 LE PARLER POPULAIRE

Fruit, adj. — V i e u x . E x . U n code civil trop fruit.


Fruitage, n. m.
— Fruits. E x . Courir les fruitages.
— Fruits, en général. E x . Il ne fait pas bon manger du
fruitage quand il fait bien c h a u d .
Fruster, v . n. — Fouiller partout, fureter.
Frusteux, euse, a d j . — Q u i fouille partout.
Frutage, n . m.
F r u i t a g e . E x . I l y a beaucoup de frutagcs cette année.
Fugère, n. f. — F o u g è r e .
* Full dress, foule, ( m . a.)
Grande tenue, bien habillé. E x . Je suis en full dress ce
matin.
* Full speed, spîde, (m. a.)
A toutes jambes, à bride abattue. E x . U n train qui va
full speed.
* Full steam, slîme, (m. a . ) — A toute vapeur.
Fumelle, n. f. — Femelle. Froissart a écrit fumelle.
Fumer, v . u.
— S e reposer en causant. E x . E n t r e donc fumer un peu,
nous allons jaser.
— F a i r e preuve d ' i g n o r a n c e dans u n e x a m e n oral. E x . Un
écolier qui fume e n classe, quand son maître l u i fait réciter
ses leçons.
Fumeux, a d j .
— F u m e u r . E x . U n g r o s fumeux.
— Ecolier qui ne sait p a s ses leçons.
* Fun, fonne, (m. a.)
— Divertissement, amusement. E x . C ' e s t u n e personnede
fun. Faire un v o y a g e de fun. Prendre u n parti de fun.
Funérailles, n. f. p l .
Objets divers. E x . V a chercher la boîte a u x funérailles,
j ' e n ai besoin pour avoir des c l o u s e t des v i s .
Fur et à mesure (à), loc. a d v .
A u fur et à mesure. E x . V o u s v i e n d r e z à fur et à mesure
que votre nom sera appelé.
Fureteux, euse, a d j . — Fureteur.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 2
43

Furir, v. n. — E n t r e r en fureur.
Furnonche, n. f.
Espèce de confiture faite avec d u sirop et u n peu de farine,
auxquels on ajoute du raisin.
* Fuse, fiouse, ( m . a.)
— Mèche.
— Coupe-circuit.
Fuseau, n. m.
Bobine. E x . Donne-moi donc mon fuseau de fil.
Fusée, n. f.
Etre au bout de sa fusée, ne savoir plus que faire, que dire.
Fusil, n. m.
•— Estomac, v e n t r e . E x . Fourre-toi ce verre de vin dans
le fusil.
— Fusil sans plaque, u n bon à rien.
1
— Partir comme un fusil sans plaque, subitement.
Fusil à air, n. m. — Fusil à vent.
Fusil (en), loc.
— E n diable, i r r i t é . E x . Personne n ' a su ses leçons, notre
maître était en fusil.
— Avoir les yeux en fusil, avoir l'air très fâché.
Futaille, n. f.
Ivrogne invétéré. E x . Sors d'ici, vieille futaille.
344 LE P A R L E R POPULAIRE

*O O

G
o o

Qa, Qas, n. m.
Gars, petit garçon. S'applique aussi a u x personnes d'un
certain âge. E x . T u es u n beau gas, toi ; pourquoi n'es-
tu pas venu me chercher pour aller au club ?
Gaban, n. m . — Mauvais sujet, vagabond.
Qabander, v. n.
Vagabonder, errer. E x . A u sortir de la classe, ne gabande
pas par les rues.
Gabandeux, euse, adj. — Qui gabande.
Qabare, n. m.
Maison, machine quelconque mal construite et d'apparence
grossière. E x . Est-ce u n e boîte que tu as voulu faire ?
Quel gabare ? Un gabare de maison, u n gabare de voi-
ture.
Gabarot, n. m.
Un bon à rien, querelleur et dissipé. E x . E n voilà u n beau
gabarot.
Gabion, n. m .
Petite cabane où s'installe le chasseur en attendant le gibier
près d ' u n e mare.
Gabionner, v . a.
Envelopper quelqu'un d e vêtements c h a u d s , de fourrures.
Gabionner ( s e ) , v. pron.
— S'emmitoufler. E x . Gabionnons-no\xs comme il faut,
car il fait un froid noir.
— Se cacher a u x regards du gibier en s'installant dans un
gabion.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 345

Gabotter, v. n.
— Aller et venir sans t r o p savoir où s'arrêter. D a n s 4 ^ - "
Perche, gabotter veut dire se balancer en dansant. I
— E x é c u t e r des ouvrages sans importance. f'^ ^
Oabotteux, euse, a d j . — Qui gabotte. | ;
; ^
Gâcher, v. a. — T r a v a i l l e r grossièrement.
Gâcheux, euse, a d j . \ î-,
— Qui gâche, travaille grossièrement. ' ^
— G â t e u x , personne à l'intelligence affaiblie.
Gâchillage, n . m .
Gâchage, action d e gâcher.
Gâchiller, v. a. (Cl.)
Gâcher. E x . Il a gâchillê cette besogne. Se dit dans le
centre de la F r a n c e .
Gadelle, n. f.
Groseille à g r a p p e s . N o u s avons la gadelle rouge, la gadelle
noire et la gadelle sauvage.
— Avoir les yeux à la gadelle, faire les y e u x en coulisse.
Gadelle noire, n . f. — Cassis.
Gadelle sauvage, n. f.
Groseille sauvage dont le fruit est rouge et recouvert d ' u n
léger duvet.
Gadellier, n. m . — Groseillier à grappes.
Gadousier, n . m . — V . Galousier.
Gaffe, n. f.
Maladresse. E x . Faire u n e gaffe. Français populaire et
familier, d i t Larousse.
Gaffer, v. a.
— Saisir avec la gueule. Se d i t d ' u n chien qui saisit rapi-
dement l'aliment q u ' o n l u i jette.
— Empoigner. E x . J e l ' a i gaffe par le bras et l'ai sorti de
l'eau. Gaffer, en F r a n c e , se dit pour manger en glouton,
comme u n chien.
Gaffer (se), v. p r o n .
— Se prendre à bras-le-corps. E x . Ils se sont gaffes tous
les deux p o u r s e colletailler.
— S'emporter outre mesure.
346 LE PARLER POLULAIRE

Gaffeux, euse, adj.


Qui saisit avec sa gueule ou avec ses mains.
Gafre, adj. — Glouton, safre.
Gage, n. m. — A n n e a u de fiançailles.
Gage que, loc.
E m p l o y é adverbialement par une sorte d'ellipse de : je gage
que. E x . Gage que tu n ' e s pas capable de te lever à cinq
heures d u matin.
Gager, v. a.
Mettre au d o i g t d'une j e u n e fille l ' a n n e a u des fiançailles.
Gages, n. f. p l .
Gages, n. m. pl. E x . L e s servantes e x i g e n t de grosses
gages, p a r le temps qui court.
Gagnage, n . m . — G a i n , salaire.
* Gagne, n. f. ( A n g l . ) — V . G a n g .
Gagne, n. m .
Gain, salaire. E x . T o u t ouvrier a droit à son gagne.
Gagné (vieux), loc.
Economies. E x . Je n'ai p l u s rien à faire, j e suis o b l i g é de
vivre sur le vieux gagné.
Gâgne-paln, n. m. — V . Gangne-pain.
Gagner, v. a.
— Convaincre. E x . I l hésitait à me s u i v r e , j ' a i fini par le
gagner.
— Aller, s'en aller, fuir. E x . Gagne l e bois, j e t ' y rencon-
trerai. Gagne la porte, ou j e t'assomme.
— Gagner de l'avance, prendre le devant.
Gagouette, n. m.
J
Gorge. E x . Je lui ai serré le gagouette, a u point que j a i
cru qu'il allait étouffer.
Gaillard, adj. e t n . m.
— Qui a u n e légère pointe de v i n . E x . N o u s avons pris
quelque chose ensemble, et nous étions t o u s gaillards.
— Botte sans semelle, appelée soulier d e beu (bœuf.)
* Gaiters, guêieurses, n. f. p l . , (m. a.)
Chaussures montantes, à boutons ou à élastiques.
Galafre, a d j . — G o u r m a n d . E x . U n enfant galafre.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 347

Galafrée (à la), loc.


A la dérobée, sans faim, pour le plaisir de satisfaire une
gourmandise e x a g é r é e .
Galantine, n. f . — B a l a n ç o i r e .
Galanter, v. a. — Galantiser, faire le galant, courtiser.
Galantise, n. f.
Galanterie, politesse. E x . Ce jeune homme est plein de
galantises pour tout le m o n d e . Qu'il est donc poli !
Galapiat, n. m .
Rustre, h o m m e sans valeur. Dans le Berry, on dit galapiat
pour mauvais sujet. D a n s l'Anjou, c'est un vagabond, un
chemineau.
Gale, n. f.
— Croûte, s q u a m e formée à la surface des plaies. E x . Je
ne sais pas ce q u e ça veut dire, j ' a i le dos couvert de
gales.
— Se carrer comme un pou sur une gale, être heureux dans
sa position.
— Avoir la gale aux dents. V. Dent,
Galendard, n . m . — G o d e n d a r d .
Galer, v. n.
Couvrir de gales. E x . T o n bobo est mieux, il commence à
galer.
Galère, n. f. — G r a n d e varlope à l'usage des menuisiers.
Galerie, n. f.
Sorte de balcon qui fait le tour d'une maison, ou seulement
longe sa façade. E x . Allons nous promener sur la galerie.
Galetas, n. m .
— Mauvais lit, paillasse d u r e .
— Grenier à foin.
E n France, le-galetas est u n logement misérable ou u n l o g e -
ment sous les combles.
Galette, n. f.
— Crêpe. E x . As-tu j a m a i s mangé des galettes de sarrasin
à la station de London ? ça n e se bal pas.
— Terre h u m i d e ou neige amoncelée sous forme de galette,
Galfétagê, n. m . — C a l f a t a g e , action de calfater.
348 I,K PARLER POPULAIRE

Oalféter, v . a.
C a l f a t e r , calfeutrer, garnir d'étoupe. d e goudron, les fentes
d e l a coque d'un vaisseau, ou les interstices entre les
m a d r i e r s ou les pièces de bois dans la construction des
maisons.
Oalféteur, n. m. — Calfateur, calfat.
Galibardi, n. a i . — Garibaldi. V . ce m o t .
Galimafrée (à la), loc.
Manger à la galimafrée, prendre une b o u c h é e à la dérobée.
E n F r a n c e la galimafrée est u n r a g o û t c o p i e u x de toutes
s o r t e s de viandes.
Oalipote, n . f.
P r é t e n t a i n e . E x . Courir la galipote, rôder à droite et à
g a u c h e sans b u t arrêté.
Galoche, n . f.
Jouer à la galoche, au foot bail.
* Galogne. — Corruption de l'anglais £z> along. V . Gologne.
Galon, n . m.
R o u l e t t e , qui sert à prendre les mesures de superficie et qui
s ' e n r o u l e dans un boîtier circulaire en bois o u en cuir. O n
l ' a p p e l l e galon de mesure.
Galop, n. m . — D o n n e r un galop, semoncer.
Galoper, v . n. — Courir les chemins.
Galopeux, euse, adj. — I n d i v i d u qui court les chemins.
Galottsier, n. m. — Méchant garnement.
Galureau, n. m . — G o d e l u r e a u , désœuvré, v a u r i e n .
Galvauder, v . a. et n.
— F l â n e r . E x . Pierre passe son temps à galvauder ici e t l à .
— T r i p o t e r . E x . Qu'est-ce q u e tu galvaudes dans la com-
mode ?
— E n n u y e r , incommoder. E x . J'ai u n e p u c e qui me gal-
vaude.
Galvauderie, n. f. — Action de g a l v a u d e r .
Galvaudeux, euse, adj.
— C e l u i q u i furette partout et met le désordre.
— C e l u i q u i parcourt les chemins a v e c toutes les allures
d ' u n voleur.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 349

Gamache, n. rn.
Raide comme les culottes à Gamache, vêtement raidi p a r la
gelée ou p a r la boue séchée.
* Gambler, bleur, (m. a.) — J o u e u r .
* Game, ghème, (m. a.)
— Brave. E x . Cet homme-là est bien smart, c'est imgame.
— G é n é r e u x . E x . Es-tu assez game pour payer la voiture ?
* Gamer, ghêmer, v. a. (Angl.)
Empoigner avec adresse en jouant.
Gamine, n. f.
Chanter une gamme, admonester, dire de rudes vérités.
Ganache, n. f.
Personne peu intelligente. E x . Une vieille ganache.
Gandolle (en), loc.
E n mauvais ordre. E x . Mes vêtements s'en vont en gan-
dolle. Gandoler, en Normandie, signifie balancer, remuer ;
le provençal gancillar signifie chanceler.
* Gang, ganngne, (m. a.)
Bande, troupe, clique, escouade. E x . L a gang du clos, u n e
gang de voleurs, une gang d'écoliers.
Gangne, n. m . — G a g n e . V . ce mot.
Gangne=pain, n. m .
Gagne-pain. E x . Laisse lui au moins sa hache, c'est son
seul gangne-pain.
Gangner, v . a.
Gagner. E x . Q u a n d t u seras capable âegangner ton tabac,
t u fumeras.
Ganif, n. m.
Canif. M é n a g e dit : « Il faut écrire et prononcer gannif et
non pas cannif, » Ce mot doit venir de knife, couteau.
* Gangway, ganng'oué, (m. .a.)
Passavant, passerelle. E x . Embarquez, Monsieur, nous
allons enlever le gangway.
Ganse, n. f.
Tirant. E x . J e viens d'arracher une ganse à mes bottes.
Gants de la Vierge, n. m. pl.
Ancolie du Canada.
.350 LE PARLER POPULAIRE

Garanti, n. m.
Garant. E x . Mets un châle, ce sera un garanti contre le froid.
Garcette, n. f.
Cordes ou lanières de cuir dont on se sert pour corriger les
enfants .vicieux. E x . M a n g e r de la garcette n'est pas
agréable.
Garçon (vieux), n. m. — V . V i e u x g a r ç o n .
Garde, n. f.
Se donner de garde, se garder. E x . Je me donnerai bien de
garde de sortir sans votre permission.
Garde-chien, n. m . — S u i s s e .
Garde=robe, n. m .
Garde-robe, n. f. E x . J'ai un beau garde-robe en acajou.
Garde-soleil, n. m .
— Parasol, ombrelle.
— Store, rideau ou toile placée dans une fenêtre p o u r tami-
ser ou obscurcir les rayons d u soleil.
Garde-vase, n. m.
Bande de cuir fixée en a v a n t d ' u n e v o i t u r e p o u r garantir de
la boue.
Garde-z-yeux, n. m. — CEillère.
* Garden party, (m. a)
Fête mondaine donnée dans un jardin, d a n s u n parc.
Garder, v. a.
— Veiller et prier. E x . Garder un m o r t .
— Regarder. E x . Garde ce q u e tu fais l à .
Garder, v. a. — Regarder. E x . Gârde-moï pas, misérable !
Gardeux, euse, adj.
Gardien, gardienne, qui prend soin d e l a maison, quand
toute la f umille s'absente.
Gargancua, n. m . — G a r g a n t u a , gros m a n g e u r .
Gargaton, n. m . — G o r g e .
Gargote, n. f.
Cuisine. E x . N o u s irons au lac à la G a l e t t e , et c ' e s t moi
qui se c h a r g e d e la gargote.
E n France, une gargote est un lieu où l ' o n m a n g e malpro-
prement.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 351

Qargoter, v. 11.
— Faire un bruit semblable à celui qui se produit lorsqu'on
se gargarise. E x . Ç a me gargote dans la g o r g e .
— Faire de l a cuisine plus ou moins grossière.
Gargoton, n. m .
Gosier. E x . M e voilà incapable de parler, j ' a i le gargoton
au vif.
Gargouche, n. f.
G r o s pain de sucre d'érable. E x . Hacher d u sucre amont
la gargouche.
Gargousser, v . n. — G a r g o u i l l e r .
Garguienne, n . f.
— Fille d ' h o n n e u r .
— Gardienne.
Garibaldi, n. m . — C o r s a g e d e laine.
Garni, n. m.
— Pierres concassées destinées à remplir les vides d ' u n e
maçonnerie.
— Morceau de toile ou de coton plié en plusieurs doubles et
piqué qui fait partie de la lingerie particulière au s e x e .
Garnouille, n. f. — G r e n o u i l l e .
Garocher, v . a . — L a n c e r des roches, des pierres.
Garocher (se), v . p r o n .
S ' e n v o y e r des pierres. E x . D e s enfants qui se garochent.
Garouage, n. m .
V a g a b o n d a g e , flânerie. E x . M o n mari est parti an.garoua-
ge, cherche où. C e mot v i e n t probablement de l ' e x p r e s -
sion courir le loup-garou. E n France, aller en garouage,
c'est se dissiper, courir l a prétentaine. — I c i , l'expression
ne veut rien dire de p l u s que flâner, courir d'une maison
à l'autre.
Garuage, n. m. — V . G a r o u a g e .
Gars, n. m. — G a r ç o n . V . G a .
Gaspareau, n. m . — A l o s e t y r a n .
Gaspillard, e, a d j . — G a s p i l l e u x , euse.
Gaspille, n. m .
Gaspillage. E n N o r m a n d i e , jeter à la gaspille veut dire
LE PARIER POPULAIRE
352
d e s d r a g é e s ou d e s s o u s à u n e t r o u p e d ' e n f a n t s qui
se b a t t e n t p o u r les r a m a s s e r .
Gaspilleux, e u s c adj -Gaspilleur.
Gâte-sauce, n . ta. et i.
Qui gâte t o u t ce q u ' i l touche. E x . T u n'es qu'un gâte-
sauce, n e t e m ê l e de rien.
C a s , n. m. — G a r s . V. Ga.
Gaton, n. m .
Bâtonnet q u i s e r t à assujettir les mênoiresau t r a î n e a u . Dans
le P e r c h e , gaton signifie bâton ; l e gaton s ' e m p l o i e pour
serrer l a c o r d e qui tient l a c h a r g e d ' u n e v o i t u r e . En
N o r m a n d i e , o n dit galon.
Gaudrier, n. m .
Baudrier. E & x . Des s e m e l l e s de bottes en b o n gaudrier.
Gaudriole, n . f.
Mélange d e s o n et d ' e a u p o u r l ' a l i m e n t a t i o n du bétail.
E n F r a n c e , " l a g a u d r i o l e est une p a i s a n t e r i e un p e u libre.
Gaupe, n. f. — F e m m e s a n s ordre. ( D e G a s p é , Mémoires.')
Gavache, n . m . — L â c h e .
Gavagner, v . a .
— Détériorer. E x . M e s vêtements sont p a s mal gavagnés.
— Troubler. E x . J ' a i une idée qui m e g a v a g n e .
E u F r a n c e , c e m o t s i g n i f i e gaspiller, gâter.
* Qazelier, n . m . ( A n g l . ) — L u s t r e â g a z , c a n d é l a b r e .
Gazette, n. f.— P e r s o n n e b a v a r d e .
* Gazetter, v . a . ( A n g l . )
Publier u n a v i s , une a n n o n c e dans la Gazette Officielle.
Gazon, n. m .
Bloc de n e i g e d u r c i e . E x . N o u s allons f a i r e une c a b a n e de
neige, c o u p e d e s gazons à force.
Geangar, n . m .
Hangar. E x . V a porter le harnois d a n s l e geangar.
Gearbe, n. f.
Gerbe de b l é . E x . L a fête d e la g r o s s e gearbe s e m b l e être
disparue d e nos c o u t u m e s r e l i g i e u s e s .
Gearce, n. f. — G e r c e , c r e v a s s e .
Qeargaude, n . f . _ v . Gergaude.
D1ÏS CANADIENS-FRANÇAIS 353

Geargeau, n. m .
Gesse, l é g u m i n e u s e cultivée c o m m e fourrage et même com-
me aliment.
Gearmain, e, a d j . — G e r m a i n . E x . Mon cousin gearmaifi.
Oégnièvre, u. f. — G e n i è v r e .
Geigneux, euse, a d j . — G e i g n a r d , plaignard.
Geint, n. m.
Plainte, lamentation. E x . A v a n t de mourir, il a envoyé un
geint,
Gelasser, v. n. — G e l e r l é g è r e m e n t .
Gelaudé, e, adj. — U n peu g e l é .
Geler, v. n.
— Couvrir de g i v r e . E x . I,es vitres sont gelées.
— E t r e timide à l ' e x c è s . E x . U n e n f a n t ^ / / .
— S'éloigner de l'objet cherché. E x . T u gelés, c'est-à-dire,
tu t'éloignes de l'objet c a c h é et qu'il s'agit de trouver.
(Terme de j e u . )
Gendarme, n. m .
V i r a g o . E x . Q u e l gendarme que cette femme !
Gêner, v . a.
Etre gêné de ses eaux, souffrir d ' u n e rétention d'urine.
Génie, n. m.
Se prend dans u n sens tout différent du sens véritable. N o u s
d i s o n s : c'est un petit génie, c'est-à-dire un homme de peu
d'esprit. E x . Je ne suis p a s un grand esprit, mais je ne
suis pas non p l u s un petit génie. Il faut connaître nos
cultivateurs pour bien comprendre le vrai sens de cette
phrase.
Geniève, n. m . — G e n i è v r e .
Gens, n. f. pl.
— Personnes de la m ê m e famille. E x . A l l o n s , nos gens,
préparez-vous à partir pour la messe.
— Personnes de l a même paroisse. E x . E e s gens de par
chez nous sont pas aussi bêtes qu 'on croit.
— Les bonnes gens, les maîtres d ' u n e maison, les chefs de la
famille. E x . Je m ' e n v a i s consulter les bonnes gens, et j e
vous donnerai une réponse, oui ou non.
23
354 LE PARLER POPULAIRE

— Les gens des noces, les invités à u n e noce.


— Les gens de nos gens, les amis d e nos amis.
Gentilhomme, n. m.
Homme droit, honorable, bien élevé, de bonne compagnie.
Gentilhommerie, n. f. — Qualité de gentilhomme.
Gentillesse, n. f . — D r o i t u r e , loyauté.
* Gentleman, n. m., (m. a.)
Gentilhomme, un galant homme.
Georges, n. f. pl.
Orges. E x . L,a semaine qui vient, n o u s ferons nos georges.
Gérémium, n. m. — Géranium.
Gergaude, n. f.
Fillette qui aime à folâtrer avec les petits garçons de son
âge, une garçonnière.
Gergauder, v . n. — Faire la gergaude.
Gergauderie, n. f. — A c t i o n de gergauder.
Germage, n. m. — Action de germer.
Germe, n. m.
Bourbillon. E x . Aussitôt que t o n clou (fronde) sera mûr,
tu feras sortir le germe.
Germine, a d j . f.
Germaine. E x . Celle-là, c'est ma cousine germine.
* Gerrymander, n. m . , (m. a.)
Redistribution de la carte des districts électoraux de manière
à ne pas nuire au parti qui en est l ' a u t e u r . Ce n o m vient
de Gerry, gouverneur du Massachusetts, qui, le premier,
s'avisa d'avoir secours à ce procédé p o u r favoriser le parti
démocratique.
Gester, v. n.
Faire des gestes, afficher des prétentions ridicules.
Gestes, n. m. pl.
— Cérémonies. E x . Allons donc, n e fais pas t a n t de gestes,
tu as pourtant envie d'aller te p r o m e n e r .
— Grimaces, contorsions. E x . M é n a g e tes gestes, t u te
brises la figure.
— Prétentions ridicules.
ûesteux, euse, adj. — Personne affectée, maniérée.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 355

Gevaux, n. m. p l . — C h e v a u x . E x . U n e course àt gevaux.


Giant, n. m.
Géant. E x . Conte-moi le conte où il y a des gianis.
Gibbar, n. m. — Cétacé très gros, appelé orque épaulard.
Gibelotte, n. f. — T o u t e sorte de ragoûts de volaille.
Gibier, n. m.
— Enfant difficile, dur à cuir, espiègle. E x . Quel gibier
que ce garçon !
— Gibier d'eau douce, m ê m e sens.
— Gibier de malheur, h o m m e de malchance.
Giboire, n. f.
Chasser à la giboire, au moyen d'un piège ou lacet suspendu
a u bout d ' u n e perche.
Giffe, n. f.
Coup avec la m a i n ouverte sur la joue. E x . Donner, rece-
voir une giffe.
Giffer, v. a.—Souffleter, donner une giffe.
Gifler, v. a.
— Voler, dérober. E x . I l m'a. giflé ma. plume-foniaine.
— Donner u n e gifle.
Gigailler, v. n . — S'agiter, se remuer beaucoup.
Gigier, n. m.
— Gésier.
— Poumons. E x . Cet orateur peut parler trois heures en
plein air sans se fatiguer, il faut qu'il ait u n bon gigier,
c'est-à-dire, d e bons poumons, une forte poitrine.
Gignoler, v. n.
— N e pas ê t r e sûr de ses jambes. E x , Cet homme gignolc,
il a les j a m b e s molles.
— Se disloquer. E x . I,a p a t t e de la table gignole, elle me-
nace de tomber.
Gigotage, n. m.
Action de gigoter. E x . Cesse donc tes gigotages.
Gigotement, n. m . — V. Gigotage.
Gigoter, v. n.
Se remuer, se donner beaucoup de mal pour arriver au suc-
cès.
356 LK PARLES POPULAIRE

Gigoteux, euse, adj. — Q u i g i g o t e beaucoup.


Gigue, n. f.
Faire danser tine gigue, battre, rosser d'importance.
Gigues, n. f. pl.
Jambes grêles. E x . C a c h e tes g r a n d e s gigues, m o u petit
gas, tu v a s te geler.
Gilet, n. m .
V e s t e ou veston. E x . M e t s ton gilet, mon v i e u x , il fait
encore trop froid pour sortir en v e s t e . E n F r a n c e , le gilet
correspond à ce que nous appelons la veste.
Gingen, n. ni. — Gingembre.
Gingeolent, e, a d j . — G a i , folâtre.
* Ginger bread, djinn djeurbrède, (m. a . )
Pain d ' é p i c e .
Gingue (en), loc.
— G a i e t é . E x . Comme tu es en gingue, ce matin, t u v a s
nous faire passer une triste journée.
— V i f d'allure. Notre poulain est terriblement en gingue
depuis que nous le mettons au clos.
Ginguer, v. n.
Courir en sautant. E x . M e s enfants, v o u s p o u v e z aller dans
la cour, et gingvez-y tant que vous v o u d r e z . D a n s le Per-
che, ginguer c'est j o u e r en montrant son adresse ou sa
force.
* Ginnerabette. ( A n g l . )
Caoutchouc. E x . J'ai une grosse pelote en ginnerabette
pour jouer à la palette. C e mot est u n e corruption de
Indiafi rubber, caoutchouc.
Giole, u. f.
— Trébuchet.
— Geôle, prison.
Giotier, n. m . — Geôlier.
Girafe, n. f.
F e m m e a u cou long et é l a n c é .
Glacé (être).
A v o i r froid par tout le corps. E x . J ' a r r i v e d u froid, j e suis
glacé d ' u n bout à l'autre.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 357
Glaine, n. f.
Graine. E x . Allons cuyer des glaines sur la montagne à
Coton. Glaine serait synonyme de petit fruit sauvage.
Qlainer, v. a.—Glaner. Autrefois glainer se disait.
Glainure. n. f. — Glanure.
Glajeul, n. m. —Glaïeul. V. Clajeul.
Glandes, n. f. pl.
Ganglions hypertrophiés. Ex. Mon enfant a la gorge cou-
verte de glandes.
Glas, n. m.
Sonneries glas, sonner le glas funèbre. Kx. Nous avons
une servante qui casse toutes nos assiettes, elle ne sonne
pas les glas chaque fois qu'il lui arrive de ces sortes
d'accidents. (Figur.)
Glissée, n. f.
Piste formée par le passage des animaux des grands bois.
Ex. Une glissée de loutres, une glissée de visons.
Glissette, n, f. —• Glissade.
Glissoire, u. f.
Auge de forte dimension par où l'on fait glisser les cribes
d'un cageu.
Globe, n. m. — Cheminée. Ex. Un globe de lampe.
Gloire, n. f.
Partir pour la gloire, être sur le chemin de l'ivresse.
Glouglouter, v. n.
Imiter le bruit d'un liquide qui s'échappe d'une bouteille.
Gnasse, n. m. et f.
Niais. Ex. C'est un gnasse. En Normandie, gniot, et dans
le Berry, gniogniot, ont le même sens.
Gniangnian, n. m. —Homme sans énergie, lambin.
Gniasse, n. m. et f. — V. Gnasse.
Gniochon, n. m. — Homme peu intelligent.
Gniole, n. f.
Taloche. E x . Si tu ne t'arrêtes pas, je vais te flanquer une
bonne gniole. Eu Normandie, gniole signifie niaiserie.
Gnognote, n. f.
— Bagatelle, chose de peu de valeur.
358 LE PARLER POPULAIRE

— Mensonge.
Qnochon, n. m. — V . G n i o c h o n .
Qnole, n. f . — V . Gniole.
Go, n. ni.
Gosier. E x . Fourre-toi ce bonbon dans le go, g o u r m a n d
que tu es.
* Go ahead, go éhedde, (m. a.)
— Etre entreprenant. E x . J ' a i un enfant q u i a du go ahead.
— Aller de l'avant. E x . Fouette t o n c h e v a l un p e u , char-
retier, go ahead.
* Go along, go élonng, (m. a.)
Avance, poursuis ta route. V . G a l o g n e et G o l o g n e .
Gobe, n. f.
— Coup de v i n . E x . N o u s allons p r e n d r e une gobe.
— Grosse bouchée.
— Gobe d'imprimeur.
Dans l'ancien français gobe voulait dire vaniteux, vain,
délicat.
Gobette, n. f.
Histoire pour rire, chose que l'on fait g o b e r a u x g e n s . E x .
Nous en avons dit des gobettes, c'est-à-dire, n o u s nous
sommes amusés à conter des histoires en l'air. E x p r e s s i o n
fort en v o g u e autrefois d a n s les c a m p a g n e s a u t o u r de
Montréal.
Goce, n. f.
Entaille dans le bois faite a v e c un couteau.
Gocer, v. a.
Travailler le bois avec u n couteau. E x . D a n s les collèges,
les élèves aiment beaucoup à gocer l e u r s pupitres, ils gocent
aussi pendant les récréations, les arbres, des b o u t s de bois.
Goceur, n. m. — Celui qui g o c e .
Godd, n. m. — Pingouin c o m m u n .
* Goddeni, n. m . ( A n g l . )
Sobriquet donné aux A n g l a i s , à cause d u j u r o n q u i l e u r est
propre.
* Goddémer, v. a. ( A n g l . )
Jurer en langue anglaise, E x . Cesse donc de goddémer.
DBS CANADIBNS-FRANÇAIS 359

Godendard, n. m .
— Grande scie qui sert à tronçonner ou à fendre le bois dans
le sens de sa longueur.
— H o m m e t r è s e n n u y e u x . Depuis que l'on dit : c'est une
scie, pour u n e homme e n n u y e u x , on a trouvé pour quali-
fier un h o m m e t r è s e n n u y e u x l'expression : c'est un goden-
dard. Ce n ' e s t pas du v i e u x langage canadien, c'est u n
néologisme populaire greffé sur une importation française.
Dans le Perche on dit godendardes. E n Normandie, le
godenda est une scie de maçon.
Godille, n. f. — Aviron servant à godiller.
Godiller, v. n.
Faire avancer u n e embarcation à l'aide d ' u n e godille.
Oodron, n. m. — Goudron.
Godronner, v. a. — Goudronner.
Goglu, n. m.
— Oiseau appelé Ricebird par les anglais. Appartient au
genre Dalichonyx. Il siffle admirablement.
— Mauvais plaisant, hâbleur.
Goinfre, n. m.
Goinfre, n. f . — E x . Quel mangeur terrible, c'est un vrai
goinfre !
Goitte, n. f.
Goitre, n. f. — E x . As-tu remarqué comme j ' a i la gorge
enflée, je crois que j ' a i u n e goitte.
* Gologne.
Corruption d e l ' a n g l a i s ^ along, va-t-en, poursuis ton che-
min. E x . Gologne sauve-toi au plus vite. Il n'y a pas
de gologne, c'est-à-dire ce n ' e s t pas tout ci, tout ça, j e
reste où je suis.
Gomme, n. f.
— Aller à la gomme, s'en aller loin. E x . Va à la gomme,
tu m'achales.
— Envoyer à la gomme, envoyer promener.
Gomme arabique, n. f-
Mucilage. E x . Prête-moi t a gomme arabique pour coller
du papier.
360 LV: PARLER POPULAIRE

Gommé, e, adj.
Pris de boisson. E x . A s * t u rencontré S e m , il est encore
gommé, ce soir.
Gommeux, euse, adj.
Boueux, vaseux, gluant. E x . L e s c h e m i n s sont gommeux
dans les concessions de Saint-Pancrace.
Gonce, n. m.
Faire le gonce, pleurnicher pour obtenir quelque f a v e u r . E x .
N e fais pas le gonce c o m m e cela, t u m ' e n n u i e s à la fin.
Gonfle, n. m.
Gonflement, action de c e q u i est gonflé.
Gonze, ni. m. — V . G o n c e .
Gordiche, n. m. — P e t i t g o u j o n .
Gordon, n. m . — G o u j o n .
Gorec, u. r n . — G o r e t .
Goret (petit), — Goret.
Gorge (grosse), n. f. — G o i t r e .
Gorgerette, n. f . — B r i d e .
Gorgette, n. f.
— Bride, attache de chapeau de femme.
— Sous gorge, dans l ' a t t e l a g e des c h e v a u x .
Gorgoter, v . u. — V . G a r g o t e r .
Gargoton, n. m. — Gosier.
Goriot, n. m . — G r e l o t . E x . D e s gorlots d e patates.
Oorlotter, v . n. — Grelotter.
Gornaille, n. f. — Gens de peu de v a l e u r .
Gorton, n. m. — Creton.
Gosse, n. m . — J e u n e garçon.
Gosser, v . a. — V . Gocer.
Gouaiche (à la), loc.
A gogo, à satiété. D e G a s p é a écrit à gouêcke d a n s ses Mé-
moires (p. 4 1 7 ) .
Gouâiller, v . a. — Railler, plaisanter.
Gouâillerie, n. f . — R a i l l e r i e .
Gouailleur, a d j . et n. — Q u i gouaille.
Goudille, n. f.
— Godille, aviron placé à l'arrière d ' u n canot et a u q u e l on
DES CANADIENS-FRANÇAIS

imprime des m o u v e m e n t s qui imitent c e u x d'une hélice.


— Goudrelle. V . ce mot.
Goudiller, v. n.
Godiller, faire avancer u n e embarcation en se servant de la
godille.
Goudrelle, n. f.
Chalumeau fixé a u x érables qui permet de recueillir la sève
des érables en vue de la fabrication du sucre.
Goudrier, n. m . — B a u d r i e r .
Goudrille, n. f. — Goudrelle. V. ce mot.
Goudriole, n. f. — Gaudriole. V. ce mot.
Gouffre, n. et a d j .
— Gros m a n g e u r . E x . C'est un gouffre, il mange comme
quatre.
— Obtus, émoussé. E x . Le taillant de c e couteau est
gouffre.
Gouine, n. f . — F e m m e de réputation perdue.
Goujon, n. m.
Mot piquant, sarcasme, lardon. E x . Faire avaler un goujon.
Goule, n. f.
Bouche. E x . F e r m e ta goule. Corruption de gueule, gula.
Goulée, n. f.
Le contenu d e la bouche remplie de solide et de liquide. E x .
I l me vient des goulées d e bile quand je digère mal.
Gouleron, n. m . — G o u l o t . E x . Legouleron d ' u n e bouteille.
Gouliaffre, a d j . — Glouton.
Gouliat, n. m. — G l o u t o n .
Goulon, n. m . — Goulot.
Gourde, n. f.
Calebasse c o m m u n e , dont il y a plusieurs variétés, suivant
la forme.
Gourgane, n. f.
— Fève.
— Bajoue de porc fumé.
Gourgousser, v . n.
— Glousser. E x . Nos poules gourgoussent fort.
— Grogner, m u r m u r e r t o u t bas.
362 LE PARLER POPULAIRE

Gournaille, n. f.
Gournable, cheville de bois dur e m p l o y é e dans la construc-
tion des navires. E x . A l'assemblée politique d'hier soir,
les chauds partisans de X étaient a r m é s de gournailles.
Goût, n. m. — Faire passer le goût du pain, tuer.
* Goûter, v. a.
Avoir le goût. E x . Cette viande goûte le rance. (Angl.)
Gouterelle, n. f. — Goudrelle.
Goutte, n. f.
Spiritueux. E x . C ' e n est u n qui aime la. goutte.
Grâce (en), loc.
Par grâce. E x . En grâce, laisse-moi tranquille.
Gracieusement, adv. — Suffisamment, grassement.
Gracuit, adj. — Gratuit.
Graduer, v. n.
Prendre ses degrés. E x . Mademoiselle vient de graduer
a u x Ursulines.
Graffigner, v. a.
Egratiguer. V i e u x français qui v i e n t d u breton graffina,
ou d u provençal graffinar. R a b e l a i s a dit : « I l l e u r mor-
doit les aureilles ; ils lui graphinoient le nez. »
Graffignure, n. f. — E g r a t i g n u r e .
Graillon, n. m .
— Odeur de graisse brûlée.
— Cuisinière malpropre et peu entendue.
Grain, n. m.
— Cheminée d'un fusil sur laquelle on place la capsule.
— Goutte. E x . Iya pluie tombe à g r o s grains.
— Serrer le grain, marcher les j a m b e s serrées l ' u n e contre
l'autre, et au figuré, se tenir sur l a r é s e r v e en faisant bien
attention.
— Fourrer son grain partout, fourrer son nez là où on n'a
pas d'affaire.
Grain d'orge, n. m. — Orgelet.
Graine, n. f.
— Menue monnaie.
— Mauvaise graine, mauvais sujet.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 363

— Pas la graine, pas du tout.


— N'avoir plus une graine de quelque chose, n ' a v o i r p l u s r i e n .
E x . V e u x - t u me v e n d r e un minot de p o i s ? — N o n , j e n'en
ai plus u n e graine.
— Monter à graine, rester v i e i l l e fille.
— Avoir de la graine dans la tête, être p o u i l l e u x .
G rainer, v. n.
Donner d u fruit. E x . I^es pois negrainenl pas, cette a n n é e .
Graissages, n. m . p l .
Substances grasses. E x . R a m a s s e tous nos graissages p o u r
le savon.
Graisse, n. f.
— Saindoux.
— Graisse de mort. E x . I<es cierges sont-ils faits a v e c de
la graisse de mort f
— Tache de graisse, personne qui semble v i s s é e sur sa chaise
et ne part p l u s .
— Crever dans sa graisse, être très gras.
Graisser, v . a.
— Donner de l ' a r g e n t à q u e l q u ' u n pour l ' a m a d o u e r . E x . .
Je l'ai graissé comme il faut avant de partir, m a i n t e n a n t
je suis sûr de l u i .
— Graisser ses bottes, se p r é p a r e r à partir o u à mourir.
— Graisser la patte, donner un pot-de-vin.
Graissou, a d j . — G r a i s s e u x .
Grâler, v. a. — Griller. E x . N o t r e café est il bien grâléf
Grand, e, a d j .
— Bon. E x . J ' a c h è t e t o u j o u r s à grand m a r c h é .
— Beaucoup. E x . C e t h a b i t a n t a grand de terre.
— En avoir grand d'entrepris, être bien à plaindre.
— Se tirer du grand, a v o i r de fortes prétentions.
— Dans les grands prix, d ' u n e façon complète. E x . Il
s'est fait b l a g u e r dam les grands prix.
Grand (en), loc.
Beaucoup. E x . C e t i n d i v i d u est bête en grand,
Grand'biche, n. f.
Jeune fille é l a n c é e .
364 LE PARLER POPULAIRE

Grandement, adv.
Bien l o g é , confortablement. E x . N o u s sommes grandement
dans notre maison n e u v e .
Grandet, ette, adj.
Grandelet. E x . N o t r e fille c o m m e n c e à êtregrandette.
Grand'hache, 11. f.
Bûcheron qui dégrossit les arbres d e nos forêts.
Granmaire, n. f. — G r a m m a i r e .
Grand'père, n. m.
Pâte bouillie découpée en m o r c e a u x r o u l é s ou carrés, qui
s'apprête avec du sirop.
Grande=grande-mère, n. f.
Mère de l ' a ï e u l ou de l'aïeule.
Grand=grand-père, n. rn. — P è r e de l ' a ï e u l ou de l ' a ï e u l e .
Granulé, n. m. — S u c r e g r a n u l é .
Grappe, e, adj.
Bien fourni de grappes. E x . J'ai, d a n s mon c h a m p , de
l'avoine qui est bien grappêe.
Grappigner, v. a. — A g r i p p e r .
Grappin, n. m.
— Crampons. E x . E e s c h e m i n s s o n t c o u v e r t s d e glace,
mettons nos grappins,
— M a i n . E x . Mettre le grappin s u r q u e l q u ' u n .
Oraquia, n. m.
— Bardane.
— E n f a n t intelligent.
Gras, se, adj.
— Gras à lard, très g r a s .
— Eaux grasses, eau d e vaisselle.
— Gras à fendre avec l'ongle, très g r a s .
— Gras à pleine peau, très g r a s .
Oras-cuit, adj.
Mal cuit. E x . D u pain gras-cuit, c'est-à-dire, g l u a n t et
graisseux en apparence.
Gras=de=jambe, n. m.
Chose profitable. E x . C e t t e affaire v a m ' a p p o r t e r un beau
gras-de-jambe.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
365

Grati, n. m.
G r a t i s . E x . A u j o u r d ' h u i j ' a i travaillé pour d u grati.
Gratigner, v. a.
Egratigner. C e m o t était usité autrefois. — (Du Bellay,
Palsgrave.)
Gratignure, n. f. — E g r a t i g n u r e .
Gratte, n. f.
—- D é g e l é e . E x . J ' a i a t t r a p p é u n e gratte en r è g l e .
— Petite h o u e , binette. E x . V a chercher la gratte p o u r
renchatisser les patates.
— I n s t r u m e n t q u i sert à g r a t t e r les chemins d ' h i v e r en enle-
v a n t un e x c è s d e n e i g e .
Grattelle, n. f.
Maladie de la p e a u q u i occasionne une v i v e démangeaison.
Gratter, v. n.
— Lésiner. E x . A force de gratter, il s'est enrichi.
— Chercher. E x . Q u ' e s t - c e que tu grattes ici ?
— Gratter quelqu'un où ça lui démange, toucher au point
souhaité, flatter la passion dominante.
— Gratter à la bonne place, m ê m e sens.
Gratter (se), v . p r o n .
Renoncer. E x . T u p e u x te gratter, tu n'obtiendras pas ce
que tu désires.
Gratte-pieds, n . m .
Décrottoir, l a m e de fer ou boîte garnie de brosses à l'entrée
d ' u n appartement o u d ' u n e maison, pour ôter la boue des
chaussures.
Gratteux, euse, a d j .
— Mesquin, q u i m é n a g e o u g r a t t e sur tout.
— Gratteur.
Grattures, n. f. p l .
Mucosités intestinales. E x . D e s grattures de tripes, de b o y a u x .
Grave, u. f.
Etablissement d e p ê c h e à l a morue. C e mot signifiait
d'abord une certaine é t e n d u e de terre près d u rivage, pré-
parée pour faire sécher l a m o r u e ; ce n o m a été ensuite
donné à l ' é t a b l i s s e m e n t t o u t entier.
366 LE PARLER POPULAIRE

•Gravé, n. m.
Chemin macadamisé. E x . De Québec à Sainte-Anne, c'est
du gravé tout le temps.
Graver, v. a.
Macadamiser. E x . L,a compagnie des chemins à barrières
est obligée de graver nos chemins autour de la ville.
Gravois, n. m.
Pierres concassées avec lesquelles on recouvre les routes,
«îravouiller, v. a.
— Gratter. E x . L,e dentiste m'a gravouillé une dent avec
ses outils.
— Chercher. E x . Qu'est-ce que tu gravouilles là ?
Gréau, n. m . — G r u a u .
Grébiche, n. f. — Femme acariâtre.
Gtedin, e, adj.—Avare, ladre.
Grediner, v. n. — Résiner sur tout.
* Green, grine, (m. a.)
Inexpérimenté. E x . C'est un green que ce garçon, il au-
rait besoin d'être déniaisé.
* Green=back, (m. a.)
Billet de banque américain émis au cours de la guerre de
sécession. C'est la couleur verte (green) à son verso
(back), qui l'a fait ainsi nommer.
* Green goods, (m. a.)
Greenback contrefait.
Gréier, v. a. — V. Gréyer.
Grêle, n. f.
Personne méchante. E x . Cette femme-là, c'est la grêle.
Grêlon, n. m.
Misérable, mal vêtu. E x . Ce quêteux a-t-il 1''air grêlon un
peu?
Grelot, n. m.
— Eangue. E x . Retiens ton grelot, achève de faire sonner
ton grelot, on n'entend que ton grelot.
— Fruit de la pomme de terre. E x . Des grelots de patates.
Grêlou, n. m . — V . Grêlon.
Greluchon, n. m. — Enfant à mine grêle.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
367

Grèmeleux, euse, adj.


Grumeleux. E x . Cette poire est grèmeleuse.
Grêment, n. ni.
— Ajustement. E x . Voilà une personne qui a un drôle de
grêment.
— Habillement. E x . Quand tu viendras chez nous, tu
pourras mettre ton grêment de tous les jours.
— Ensemble de choses qui constituent un tout complet.
E x . Si nous allons à l'île, tu emporteras ton grêment de
pêche et de chasse.
Grémiller, v. a.
Emietter, réduire en petits grains comme du grémil.
Qrémilleux, euse.
Grumeaux qui se posent à la surface des liquides.
Qrémillons, n. m. pl. — Grumeaux de glace.
Qrémir, v. a.
Ecraser, réduire à rien. E x . S i tu ne te tais point, je vais
te grêmir.
Grenaille, n. f.
Menue monnaie. E x . T'aurais pas de la grenaille de reste ?
Grenier à foin, n. m. — Fenil.
Grenouilles, n. f. pl.
Grenouillettes, tumeur qui se forme sous la langue par la
dilatation du canal de Wharton ou conduit excréteur de
la glande sous-maxillaire.
Greton, n. m. — Creton. (De Gaspé, Mémoires, p. 167.)
Gréviste, n. m. — Celui qui se met en grève.
G r e y e r , v. a.
— Habiller. E x . Ma femme, greye le petit pour aller chez
le beau-père.
— Meubler. E x . S i je fais un peu d'argent, je vais greyer
ma maison.
— Disposer, mettre en ordre. E x . Marie, greye la table
pour le dîner.
G r é y e r (se), v. pron.
— S'habiller. E x . Grêyons-nous pour aller à la messe.
— S'approvisionner, se donner du luxe. E x . J e vais me
3 68 LE PARLER POPULAIRE

grêyer comme il faut et m i t u x q u ' a u p a r a v a n t , pourvu


que j e trouve à vendre mes v i e u x meubles.
Gribouille, n. f.
Chicane. E x . Nos d e u x voisins sont en gribouille.
Griche-dents, n. m. — Grince-dents.
Oriche=poil, 11. m . — E n f a n t malin, difficile.
Griche-poil (à), loc.
A rebrousse-poil. E x . Il y a des g e n s q u ' i l faut toujours
reprendre à griche-poil.
Gricher, v . a.
Grincer. E x . Cet enfant a des vers, il griche des dents.
Gricheux, euse, adj. — Q u i grince d e s dents.
Grichoux, n. m .
— Diable.
— Personne incommode, d ' u n e h u m e u r acariâtre. Ex.
C ' e s t u n v i e u x grichoux.
Grichu, e, a d j . — De m a u v a i s e humeur, g r i n c h e u x .
Grignard, n. m. — G r o g n o u , pleurnicheur.
Grigne, n . f. — Croûte de pain.
Grigner, v . n. — Grincer, serrer les dents.
Grignier, n . m .
Grenier. E x . L e grignier est plein de souris.
Griguenaude, n. f.
Gi'iuguenaude, petite ordure qui s'attache a u x émonctoires,
par malpropreté.
Grillade, n. f.
Morceau de peau. E x . Je m e suis fait enlever u n e grillade
sur l a j a m b e .
Griller, v. a.
— H â l e r , brunir le teint. E x . J ' a i les mains et le cou
grillés.
— F u m e r la cigarette. E x . Es-tu b o n pour eu griller une ?
Grimaceux, euse, adj. — Q u i fait des g r i m a c e s .
Grimoner, v . a . — G r o n d e r , murmurer.
Grimpigner, v. a.
Grimper, gravir, en s'aidant des m a i n s et des pieds.
Grincher, v. n . — Grincer. E x . Grincher des dents.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 369
101111 e
Grî* ' ' adj. — Grincheux.
O r i n g a ' e t , n. m. —Petit homme maigre et chétif.
Oriwgueux, se, adj.
Misérable, sans le sou.
• Ladre, mesquin.
é e ad
a r i p P > > J-
A v o i r la grippe. E x . Me voilà grippé pour au moins huit
jours.
G r i p p e r , v. n.—Grimper.
G r i p p e r (se), v. pron.
-— Monter. E x . Je vais me gripper sur cet arbre-là.
— Se ratatiner, en parlant d'une étoffe.
O r i p p e t t e , n. m.
IDiable. E x . Si tu ne cesses pas de faire du bruit, je vais
envoyer chercher le grippette.
G r i s e s , n. f. pl. — E n voir de grises, subir des malheurs.
G r i v e , n. f. — Soul comme une grive, en état d'ébriété.
* Qrocerie, n. f. (Angl. ) —Epicerie.
* Groceries, n. f. pl. (Angl.)—Articles d'épicerie.
* Groceur, u. m. (Angl.) — Epicier.
G r o g n e u x , euse, adj.
Q u i grogne à tout propos. E x . Ne t'occupe pas de cevieux
g-rogneux.
Groiselle, u. f. — Groseille. Champlain a écrit groiselle.
Groïsellier, n. m. — Groseillier épineux.
G r ô l e r , v. a. — Griller. V . Grâler.
G r o s , se, adj.
Beaucoup. E x . Il y a gros de charbon dans ma cave.
— Riche. E x . Ce monsieur est bien riche, il en a gros.
— Gros casque, homme important.
Gros comme pire et mère, gros enfant.
Groseillier sauvage, n. m. — Groseillier ronce de chien.
Qrosse=tête, n. f.
G r a n d e capeline fourrée portée autrefois par nos grand'-
mères pour affronter les rigueurs de l'hiver.
G r o t , adj. m. s.
G r o s . E x . Voilà un grot homme, un grot arbre.
24
37° LE P A R L E R POPULAIRE

Grouillant, e, part
— Couvert, infesté. E x . Cet enfant est tout grouillant de
poux.
— Vivant. E x . J'ai cinq enfants t o u s grouillants.
Grouiller, v. u.
Remuer. E x . N e grouille pas d'ici, je vais revenir bientôt.
Group, n. m. — Croup.
Gru, n. m.
Farine d'avoine détrempée dans l ' e a u pour la mangeaille des
a n i m a u x de ferme.
— Monter. E x o r . acadienne.
Grue, n. i- — Héron blanc.
Guénif, n. m . — V . Gannif.
Guenille, n. f.
— Butin, attirail de ménage, saint frusquin. E x . Prends
tes guenilles et fiche ton camp au plus vite.
— H o m m e sans caractère, mou.
Guénilloux, n. m . — Q u i porte des guenilles, loqueteux.
Guère (pas), l o c . — T r è s peu, pas b e a u c o u p .
Guerlotter, v. a. — Grelotter.
Guernier, n. m. — Grenier.
Guernouille, n. f. — Grenouille.
Guernu, adj. — G r e n u .
Guérouage, a. m. — Garouage. V . ce mot.
Guesse.
Prendre le bord de guesse, se sauver bien loin, de manière à
ne pas être retrouvé, assez loin q u ' o n ne devine pas l'en-
droit ou l'on court se réfugier. E x . Notre voleur a pris
le bord de guesse.
* Guesser, v. a. ( A n g l . )
Gager. E x . Je guesse q u e tu vas p e r d r e tout ton argent à
la Bourse.
Guetter (se), v. pron. — S e tenir s u r ses gardes.
Gueulard, n . m.
— Qui parle haut et souvent.
— Ramas de gens soudoyés pour faire du tapage dans les
assemblées politiques.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 371

Gueule, n. f.
— Bouche.
— Ma belle gueule ! E x p r e s s i o n très familière employée en
manière de c o m p l i m e n t à l ' é g a r d d'une jolie personne.
— Se battre la gueule, faire d e v a i n s efferts de parole.
— Avoir bien de la gueule, parler beaucoup et très fort.
Gueule de fer-blanc, n. f. — B a v a r d intarissable.
Queule noire, n. f.
F r u i t s du m y r t i l l e , lesquels noircissent la bouche.
Gueulée, n. f. — G o u l é e . V . ce mot.
Queuler, v. n. — P a r l e r h a u t et fort, crier.
Oueurdin, e, a d j . — G r e d i n .
Gueurlot, n. m . — G r e l o t .
Gueurlotter, v . n. — Grelotter.
Gueurnasse, n. f . — G r e n a s s e , petite bourrasque en mer.
Gueurnouille, n. f. — G r e n o u i l l e .
Gueurton, n. m . — C r e t o n .
Gueuserie, n. f. — B a g a t e l l e .
Guevale, n. f. — C a v a l e .
Guia, int. — D i a . V . ce mot.
Guiâblant, a d j . — Diablant. V . ce mot.
Guiâble, n. m .
Diable. E x . V a chez le guiâble ! Q u e le guiâble te char-
rie ! V . D i a b l e .
Guiâblement, adv. — E x c e s s i v e m e n t .
Quiâbler, v. — Diabler. V . c e mot.
Guiâblesse, n. f. — D i a b l e s s e , femme méchante.
Guiâblotin, n. m. — E n f a n t v i f et espiègle.
Guiârrhée, n. f. — Diarrhée.
Quibou, n. m . — H i b o u .
Guiamant, n. m.
Diamant, E x . U n guiamant pour couper la vitre.
Guichet, n. m . — V a s i s t a s .
Guieu, n. m. — D i e u . E x . J e dois à Guieu et à ses saints.
Guignolée, n. f.
Autrefois, dans notre p a y s , l a g u i g n o l é e se disait de c e u x
qui se réunissaient durant la nuit du 31 décembre pour aller
372 Lit PARLER POPULAIRE

souhaiter la bonne année a u x parents et a u x amis. Au­


j o u r d ' h u i , ce sont les agents de commerce qui, dans la
nuit de Noël, font, de maison en maison, une collecte
pour les pauvres de la ville.
Guignoleux, n. m. — L e s hommes q u i courent la' guignolée.
Guillaume, n. m.
G u i n g a m p , étoffe fine et lustrée fabriquée à G u i u c a m p , en
France.
Guillaume trop mince. — Delirium tremens.
Guinque, loc. adv.
Rien que. E x . C o m m e n t te trouves-tu, l à - b a s ? — J e suis
guinque bien.
Guipée, n. f. — Corde de violon entourée de fil métallique.
* Gum=drop, gomme, (m. a.)
Bonbon composé de g u i m a u v e et d e sucre.

O O

H
o— o

Habeçon, n. m. — H a m e ç o n .
Habiller, v. a.
Couvrir d'invectives. E x . E n v o i l à un qui s'est fait habil­
ler de la plus belle façon d u monde.
Habiller (s'), v . prou.
Endosser ses habits e x t é r i e u r s , c o m m e un paletot, un par­
dessus d'hiver. E x . I l fait u u froid de loup, habillons-
nous chaudement pour sortir. Se déshabiller, dans notre
parler, est l ' a u t o n y m e d e s'habiller, d a n s l'acception pré­
sente.
Habit à queue, n. m .
Frac, habit de soirée, de c é r é m o n i e , ou simplement habit.
DKS CANADIKNS-FRANÇAIS 373

Habitant, u. m.
Cultivateur vivant à la campagne. Cette appellation remonte
aux premiers temps de la colonie. Du temps de Chatn-
plain, il y avait deux espèces d'immigrants : les véritables,
les sérieux, et les oiseaux de passage. On les distinguait
en nommant les premiers, les habitants, et les seconds, les
hivernants, c'est-à-dire qu'ils ne faisaient qu'hiverner dans
la Nouvelle-France, avec l'intention de s'en retourner
dans l'Ancienne, à la première occasion favorable. Les
habitants sont restés attachés au sol, et les hivernants sont
disparus les uns après les autres sans laisser de traces
bien profondes.
— Faire Vhabitant, ne pas faire l'habitant, sont des expres-
sions assez communément employées pour dire : être mes-
quin en affaires, ou ne pas l'Être.
— Un gros habitant, un habitant riche.
— Un petit habitant, un habitant plus ou moins pauvre.
— Un habitant à l'aise, qui vit dans l'aisance.
— Habitant dos blanc, terme de mépris d'usage assez fré-
quent chez les jeunes gens.
Hache, n. f.
— Grand' hache. V . ce mot.
— Avoir un coup de hache, être un peu fou.
Hache (à la), loc.
— Dénué de tout, réduit à n'avoir qu'une hache pour gagner
son pain. E x . J ' a i tout dépensé mon bien, je suis rendu
à ta hache.
— Grossièrement. E x . Un ouvrage fait à la hache.
* Haddock, n. m., (m. a.)
Aiglefin, morue de Saint-Pierre. D'aucuns disent hadieck.
Haguissable, adj.—-Haïssable. V . ce mot.
Haguir, v, a. — Haïr. E x . J e t'haguis, toi, comme la peste.
Ha t Ha !
Interjection qui ne s'emploie que dans un sens négatif,
comme suit : E x . Ce docteur n'est pas un docteur ha !
ha ! Mon frère est seigneur, mais ce n' est pas un seigneur
ha ! ha ! il saigne les cochons.
LE P A R L E R POPULAIRE
374

H a ï r , v. a.
N o u s disons : je te haïs, tu le haïs, il m'haït, p o u r je te hais
t u le hais, il me hait. Dans le v i e u x français, on pronon-
çait haine et haineux.
Haïssable, adj.
Incommode, insupportable. E x . Sors d'ici, p e t i t haïssable
q u e tu es, tu me fais damner.
Halener, v. n. — Haleter, être essoufflé.
Haler, v. a. et n.
— T i r e r à soi un objet quelconque. E x . Haie-moi d'ici,
j ' a i un pied pris d a n s le trottoir.
— T i r e r fort. E x . Ea charrette est t r è s chargée, ça haie,
c'est-à-dire le cheval est obligé de tirer fort p o u r avancer
d a n s sa marche.
E e s uns prononcent haler et les a u t r e s hâler. (Terme de
marine.)
Halitre, n. f. — Gerçure causée par le froid ou le frottement.
Halitré, e, adj.
— Gercé par le froid. E x . J ' a i les m a i n s halitrêes.
— Enflammé par le frottement. E x . Cet enfant a les cuis-
ses halitrêes.
Ce mot est usité en Normandie.
* Hall, halle, n. f., ( m . a.)
— Salle publique.
— City hall, hôtel-de-ville.
-— Market hall, halle.
~ Music hall, salle de musique.
* Halloo, hallou, (m. a.)
H o l à ! holà ho ! Cri d'appel t é l é p h o n i q u e .
Halloter, v. n. — N ' a v o i r plus que le souffle.
Hangarage, n. m.
Action de mettre dans un hangar. E x . J ' a i un lot de mar-
chandises à mettre en hangarage. — Il vous faudra payer
p o u r Vhangarage de vos meubles.
H a n g a r e r , v. a. — M e t t r e dans u n h a n g a r .
* Hansard, n. m., (m. a.)
R a p p o r t des délibérations de la C h a m b r e des Communes du
DES CANADIENS-FRANÇAIS 375
Dominion. Ce nom provient à' u n homme H a n s a r d , auteur
de ce système de rapporter Verbatim les discours des
députés à la C h a m b r e .
Haquet, n. m.
— Hoquet.
— Traîneau ou sleigh dont se servent les sucriers en le pous-
sant à bras.
Harage, a. m.
Race. E x . C'est u n cheval de bon garage. Vient du mot
haras, établissement où l'on garde des chevaux.
Harbage, n. f. — H e r b a g e .
Harbe, a. f.
H e r b e . E x . Cette soupe est douce comme de Y harbe.
Harbière, n. f. — E r b i è r e . V . ce mot.
Hardé, e, adj.
Œ$uf sans coquille. E x . U n œuf hardé. Du Cange écrit :
« Les œufs h a r d e l é s n ' o u t pas de coquille ; ils sont pondus
par des coqs et on les met dans du fumier de cheval, il en
sort des serpents dont l'huile est excellente pour composer
des philtres et transmuer les m é t a u x . » Les coqs du
Canada n ' e n sont pas encore rendus là.
Cotgrave dit œuf hardrê.
Mardes faites, n. f. pl.
Confection. E x . M. L é p i n e tient un beau magasin d e
hardes faites.
Hardi 1 Int. — Courage !
* Hard up, oft, (m. a.)
A bout de ressources. E x . J e n ' a i pas le sou, je suis hard
up pas rien q u ' u n peu.
* Hardware, zvère, n. m., ( m . a.)
Quincaillier. E x . Va m e chercher du clou chez le hard-
ware.
Harer, v. a.
— Frapper avec u n e hart.
-— Attacher avec une hart.
Harguesse, n. f. — Hardiesse.
Harias, n. m . — V. Arias.
1,15 PARLER POPULAIRE
376

M I + 11 « ÎT-1 •
^T.v°de b o i s , d e bûches. E x p r e s s i o n p l u t ô t acadienne.
.« f-t f. — Ridelles.
Haridelle, » •
Harié, h o I . .
Se d i t o r d i n a i r e m e n t par c e u x qui conduisent un c h e v a l pour
le f a i r e a r r ê t e r ou reculer. C e t t e expression viendrait-
elle d'arrière f E l l e pourrait peut-être provenir d'une
i n t e r j e c t i o n hippique qui aurait u n sens tout contraire.
On l i t d a n s //tires, Ibêrie, p a r A d o l p h e G a r r i g a n (p. n o ) ,
o u v r a g e d a n s lequel l'auteur p r é t e n d identifier les Bas-
q u e s d ' A f r i q u e avec les Basques descendants des Ibères :
« U n a u t r e terme usité chez nos p a y s a n s de montagnes
( A r r i è r e ) , harri p o u r presser la m a r c h e trop lente d'une
b ê t e d e s o m m e , est aussi l ' e x p r e s s i o n dont se servent les
B e r b è r e s . » L e nom de l ' A r r i è g e l u i - m ê m e donne à penser.
Harnais, n . m .
E m b a r r a s , a t t i r a i l . E x . Y a-t-il m o y e n d e travailler avec
un harnais d'enfants comme j ' e n a i un s u r le dos ?
Harnie. n . f. — Hernie.
Harnols, n- m . — H a r n a i s .
Harpie, n . f.
— F e m m e a c a r i â t r e et bavarde.
— Une voix d'harpie, u n e v o i x criarde.
Hârrier, u . m .
Hallier, r é u n i o n de buissons serrés e t touffus.
Harse, n. f . — H e r s e .
Harser, v . a . — Herser.
Hart r o u g e , n . f . — C o r n o u i l l e r blanc.
Hasard ( ! ' ) , n . m . — L e hasard.
Haur, a d j .
Sale, m a l p r o p r e . S e dit des chemins en mauvais ordre.
Hausses, n . f. p l .
D e m i - g u ê t r e s d ' u n soulier de caribou o u mocassin.
Haut, e, a d j . a d v . et n. m .
— Hautain. E ) x . C ' e s t un fat, il est haut.
— A p p a r t e m e n t qui n'est pas au rez-de-chaussée.
— Porter haut, être fier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 377

— En avoir haut, être écœuré. E x . Ce garçon m'embête


avec ses exigences, j'en ai haut.
— Avoir des hauts et des bas, éprouver des succès et des
revers.
Haut du jour, n. m. —Temps où le soleil est le plus ardent.
Haute, n. f. — Haute société. E x . Appartenir à la haute.
Hauteur, n. f.
— Opulence. E x . Ce garçon est d'une hauteiir qui le rend
inabordable.
— Hauteur des terres, ligne de séparation des eaux,
Héguissable, adj.—Haïssable.
Hémorrhagie de sang, n. f. — Hémorrhagie.
Hémorrhuites, n. f. pl.—Hémorrhoïdes.
Herbailles, n. f. pl. —Herbes de rebut, sarclures.
l o c
Herbe (à I'). -
Au pré, au champ. E x . V a mettre les vaches à l'herbe.
Herbe à barnèche, n. f.
Herbe marine recueillie sur nos grèves ; séchée, elle est uti-
lisée pour faire des matelas.
Herbe à chat, n. f. — Chataire commune.
Herbe à cochon, n. f. —Renouée des oiseaux, traînasse.
Herbe à dinde, n. f. — Herbe à mille feuilles, achillée.
Herbe à la clef, n. f. —Chimaphile en ombelle.
Herbe à la puce, n. f. — Sumac vénéneux.
Herbe aux écrouelles, n. f. — Scrofulaire aquatique.
Herbe aux oies, n. f. —Potentille ansériue.
Herbe aux teigneux, n. f. — Rapace, bardane cotonneuse.
Herbe aux verrues, n. f. —Eclaire, chélidoine commune.
Herbe aux vers, n. f.
Tanaisie, aussi appelée herbe de S. Marc.
Herbe de la Trinité, n. f. — Hépatique des jardins.
Herbe du diabie, n. f. — Stramoine.
Herbe Saint-Jean, n. f.
Millepertuis perforé, armoise commune.
Herbe sainte, n. f.
— Absinthe.
— Aurone des jardins.
378 LE PARLER POPULAIRE

Héridelle, n. f. — Ridelle.
Hérisson, n. m. — H o m m e taré, v i l , l â c h e .
Hérondelle, n. f. — Hirondelle.
Hersoir, a d v .
Hier au soir. E x . E t e s - v o u s v e n u c h e z m o i , hersoir f
Heure, n. m.
Heure, n. f. E x . V o u s viendrez à un heure de l ' a p r è s - m i d i .
Heure (à belle), loc. — V . A belle h e u r e .
Heure (à bonne), loc.
De bonne heure. E x . V i e n s à bonne heure, s'il y a m o y e n .
Heure (à la bonne), interj. — T a n t m i e u x .
Heure (à 1*), l o c
A l'heure convenue ou fixée par u n règlement. E x . I l y
a des fonctionnaires civils qui n ' a r r i v e n t jamais à Vheure.
Heure d'horloge (une). — U n e heure.
Heure de temps (une). — U n e heure.
Heure des poules, loc.
De très bonne heure. E x . S e lever à Y heure des poules.
Heure des vaches, n. f.
Sur le soir, à l'heure o ù , à la c a m p a g n e , les c u l t i v a t e u r s
traient les vaches.
Heure de soleil (une), n. f.
Une heure après le lever ou avant le c o u c h e r d u soleil.
Hibou blanc, n. m.
Grande chouette blanche des régions- boréales, le h a r f a n g .
Higner, v . n.
Crier par intervalles, à la manière d e s enfants g â t é s .
Himeur, n. f. — Humeur.
* Hint, hinnt, n. m., (m. a . )
Demi-mot, aperçu. E x . Je v a i s l u i donner un hint a v a n t
de commencer.
Hirondelle des cheminées, n. f.
Martinet des cheminées.
Hirondelle bleue, n. f . — H i r o n d e l l e pourpre.
Hirondelle à ventre blanc, n. f . — H i r o n d e l l e bicolore.
Hirondelle des rochers, n . f. — H i r o n d e l l e à front blanc.
Hirondelle rousse, n. f . — H i r o n d e l l e d e s g r a n g e s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 379

Histoire de, loc. conj.


Pour, afin, d a n s le b u t . E x . Je lui ai tordu le bout du nez,
histoire de rire.
Histoires, n. f.
Blagues, mensonges. E x . Lâche-moi avec tes histoires qui
n ' o n t ni q u e u e ni tête.
Hivernement, n. m .
Hivernage. E x . N o u s allons mettre notre bateau en hiver-
nement dans le bassin Louise.
Hiverner, v. a. et. n.
— Garder à l'abri d u r a n t l'hiver. E x . Combien vas-tu
hiverner d ' a n i m a u x , cette a n n é e ?
— Passer l'hiver. E x . J ' a i juste assez de patates pour
hiverner.
— E t r e à l'abri des coups. E x . J'ai un m a î t r e dur, il me
reproche t o u t e s sortes de choses, je ne suis pas hiverné.
* Hives, haïves, (m. a.)
Varicelle pustuleuse. E x . Mou enfant a des hives sur t o u t
le corps.
* Hockey, (m. a.)
Jeu de balle à la crosse dont les règles rappellent celles d u
foot-ball.
Homarderie, n. f.
Etablissement où l'on prépare le homard p o u r le mettre en.
conserves.
* Home (at), n. m., (m. a.)
Réception chez soi. E x . M a d a m e de la Gorgechaude d o n -
nera un at home jeudi soir.
Homme, n. m.
— Mari. E x . T i e n s , voici m o n homme qui arrive d e la chasse,
— Faire son homme, tirer d u grand, avoir de la prétention.
E x . Ne fais pas tant ton homme, tu n'es, au fond, q u ' u n
poltron.
— C'est mon homme, voilà'celui qui va me tirer d ' e m b a r r a s .
Homme à la neige, n. m.
Celui qui enlève la neige a c c u m u l é e sur les trottoirs et d a n s
les cours.
38o LE PARLER POPULAIRE

Homme au bois, n. m . — S c i e u r de b o i s .
Homme au lait, u. m.
Laitier o u celui qui fait la distribution d u lait c h e z ses clients.
Homme au pain, n. m .
Celui qui distribue le pain à domicile.
Homme de cage, n. m.
H o m m e q u i travaille à la mise en flotte des billots et qui
conduit les cages de bois sur n o s r i v i è r e s .
Homme de cour, n. m .
H o m m e q u i prend soin d e s cours, d e s é c u r i e s , etc.
Homme de paille, n. m .
H o m m e sans valeur, q u i ne compte p a s , u n m a n n e q u i n .
Honneur, n. m .
— Ma foi d'honneur ! ma parole d'honneur ! j u r o n s u r l'hon-
neur.
— Etre dans les honneurs, servir d e p a r r a i n et d e marraine
au baptême d'un enfant.
Honte, n. f.
Timidité. E x . T u v a s j o u e r ton p e t i t m o r c e a u de piano, tu
n'as p a s besoin d ' a v o i r honte.
Honteux, a d j .
T i m i d e , intimidé. E x . Je suis honteux d e v a n t le monde.
* Horehound, hôraou?tde, ( m . a.) — M a r r u b e blanc.
Horlogier, n. m . — H o r l o g e r .
* Hornepipe, palpe, ( m . a.)
Danse écossaise.
Hors d'âge, loc.
T r è s v i e u x . E x . D a n s mon troupeau d ' a n i m a u x , il y en a
trois q u i sont hors d'âge.
* Horse=radish, diche, ( m . a.) — R a i f o r t , r a v e à c h e v a l .
* Hose, hôse, n. f., ( m . a.)
B o y a u , t u y a u d'arrosage. E x . E m p o r t e m a hose, q u e j ' a r -
rose la rue.
Hôtel, n. m.
A u b e r g e , estaminet. E x . C o u r i r les hôtels pour s'enivrer.
Hôtelier, n . m .
Celui qui tient un hôtel, u n e a u b e r g e , u n d é b i t d e boissons.
D E S CANADIENS-FRANÇAIS

Hoter, v. n.
Voter. De Gaspé donne ce mot dans ses Mémoires.
Houananiche, n. m.
Saumon particulier au lac Saint-Jean et au Labrador.
Houille, e, adj.
Ecœuré. E x . J ' a i mangé beaucoup de fruits, j e commence
à être houille. Autrefois, il y avait okié : un homme ohiê
de son corps, homo corporeaffecto, maieaffectus. (Rob. Est.)
Houiner, v. n.
Hennir. Se dit d'un cheval vicieux qui hennit de colère.
Houmelon, n. m. —Houblon.
Houpe! interj.
Expression pour marquer un bond que l'on fait soi-même ou
que l'on fait fait faire à un autre.
Huart, n. m. — Plongeur à collier.
Huche, n. f.
Profiler comme pâte à la huche, se dit d'un enfant qui croît
très vite en proportion de sa santé.
Hucher, v. a.
— Appeler de loin. Expression très usitée chez les Aca-
diens. E x . Monte sur le haricot pour hucher ton père.
L'expression est commune à la Baie de Chaleur et à la
Baie Saint-Paul. Ce mot vient de huchet, cornet qui sert
à appeler les chiens à la chasse.
— Frapper à la porte.
Hue ! interj,
Cri des charretiers pour engager les chevaux à aller à droite.
E x . Charretier, tirez à hue.
Huiler, v. a.
— Donner l'extrême-onction.
— Amadouer quelqu'un en lui donnant de l'argent, en lui
graissant la patte.
Huissier, n. m.
Huissier de la Verge Noire, huissier à verge noire. Autre-
fois, l'on disait à Québec, huissier à la baguette noire.. A
Québec, on dit l'huissier, mais à Montréal il fut un temps
ou l'on disait le huissier, même à la cour. Alexandre
382 LE PARLER POLULAIRE

Dumas prononçait avec affectation les-huissiers en aspi-


rant Y h. Et quand on lui demandait sa raison, il répon-
dait fièrement : Je ne veux avoir aucune espèce de liaison
avec ces gens-là !
fiuitre, n, f.
— Imbécile.
— Crachat épais et copieux.
•*• Humbug, heummbeughe, n. m., (m. a.)
Hâblerie, charlatanerie. E x . C'est un faiseur de humbug.
(Humeur, n. f.
— Etre en hitmeur, être bien disposé.
— Avoir des humeurs, des moments de mauvaise humeur.
— Avoir l'humeur à Venvers, être de mauvaise humeur.
Huppé, e, adj.
— Bien habillé.
— Jaseur du cèdre.
Humucreté, n. f.—Humidité.
Hureusement, adv. — Heureusement.
Hureux, euse, adj.—Heureux, euse.
Hurleau, hurlot, n. m. — Individu d'un caractère difficile.
Hussier, n. m.'—Huissier.
* Husting, heustigne, n. m., (m. a.)
Estrade pour haranguer les assemblées en plein air. Ex.
Monte sur le husting, descends du husting, un orateur de
husting.
* Hydrant, n. m., (m. a.) — Bouche d'incendie.
Hyme, n. f. — Hymne.
Hynpothèque, n. f. — Hypothèque.
Hynpothéquer, v. a. — Hypothéquer.
Hynpothiquer, v. a. —Hypothéquer.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 333

I, s'emploie très s o u v e n t pour il, ils, il y a, il y avait. E x . I


viendra, I v i e n d r o n t .
— I avait beaucoup de monde.
— / passe son t e m p s à faire f â c h e r les autres.
* Iceberg, n. m . , aïce-beurghe, ( m . a.)
B a n c de glace, g l a c e flottante.
* Ice=cream, crime, ( m . a.)
Glace, crème g l a c é e . E x . A l l o n s manger de Yice-cream
chez mon o n c l e W i l l i a m ,
[ci, adv. — C i . E x . C e village ici, cette église ici.
Ici dedans, loc. a d v . — I c i . E x . V e u x - t u venir ici dedans?
Icite, adv.
I c i . E x . J e t ' a t t e n d r a i icite.—Je demeure tout proche
d'icite. — V e u x - t u venir icite ?
Idée, n. f.
— Goût, penchant. E x . J ' a i pas à!idée pour l'étude de la
médecine.
— Intelligence. E x . C ' e s t u n garçon qui a perdu Vidée, il
ne se rappelle de rien.
— Pressentiment. E x . C ' e s t pas mon idée que tu réussisses.
— Avoir Vidée, supposer, s ' i m a g i n e r . E x . J ' a i idée qu'il
fera son c h e m i n , q u ' i l fera m é c h a n t temps dans une
demi-heure.
— Passer par Vidée, ê t r e oublié. E x . C'est une chose qui
m ' a passé par Vidée, j e ne m ' e n rappelle plus.
— N'avoir pas ses idées à soi, ê t r e un peu fou.
— Avoir dans son idée, être d é c i d é .
384 LE PARLER POPULAIRE

• Iée, pron. — I/Ui. E x . Jiée promis d ' a l l e r le voir,


lien que, loc. adv.
Rien que. E x . Je suis ien que ben o u j e suis,
leu, part. pass. du verbe être.
E u . E x . Il a ieu raison, j ' a i ieu tort.
Ignolée, n. f. — V . G u i g n o l é e .
Ignoleux, euse, adj. — V . G u i g n o l e u x .
Ignorer, v . a.
Ne pas sembler reconnaître. E x . J ' a i rencontré Madame
Chose sur la rue Buade, elle m ' a ignorée.
— Laisser de côté. E x . A s - t u é t é i n v i t é au b a l des méde-
cins ? moi, on m ' a ignoré.
H, pron. pers.
Ils. E x . Il ont dit ci, il ont dit ça.
Ilet, n. m. — Ilôt, très petite île.
Image, n. f.
Récompense. E x . Mériter d ' a v o i r u n e image parce qu'on
ne parle pas au cours d ' u n e conversation plutôt bruyante.
Imbaisable, adj.
— Q u i ne peut être attrapé en affaires. E x . I l y a des ha-
bitants qui sont rudes en affaires, i l s sont imbaisables.
— Impossible. E x . U n e histoire imbaisable.
Imbarrable, adj.
Qui ne peut être barré, fermé à clef. E x . U n e valise
imbarrable.
* Imbitable, adj. ( A n g l . )
Personne ou chose dont les q u a l i t é s n e sauraient être surpas-
sées. E x . N o s p o m m e s fameuses, cette année, sontimbi-
tables.
Imbranlable, adj.
— Q u i ne peut être r e m u é .
— F e r m e dans ses opinions.
Imbûchable, adj. — Q u i ne peut ê t r e b û c h é .
Imite, n. f.
Ivimite. E x . I l y a toujours bien d e s imites à se faire bla-
guer comme cela. Je l ' a i m e sans imite.
Imiteur, n. m . — Peintre q u i fait d e s o u v r a g e s d'imitation.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 385

I m m o r t e l l e , n. f.
Graphale polycéphale. Plante à fleur variable, très com-
mune dans nos jardins.
Imparfait, e, adj.
Incommode. E x . Est-il imparfait, cet enfant ?
Impassable, adj.
Qu'on ne peut passer, ni franchir sans de grands inconvé-
nients. E x . Des chemins impassables.
Impayable, adj.
Etonnant. E x . Cet homme est impayable avec ses histoires
drôles.
* Impeacher, v. (Angl.) — Mettre en accusation.
* Impeachment, (m. a.) — Mise en accusation.
Imperméable, n. m.
Manteau en tissu imperméable pour se protéger contre la
pluie.
I m p i t é y a b l e , adj.—Impitoyable.
Impliable, adj. — Qui ne peut être ployé,
Imposer (en).
Inspirer du respect. E x . C'est un homme qui m'en a tou-
jours imposé beaucoup. D'après I^arousse, en imposer
veut dire tromper, en faire accroire.
Imposition, n. f.
Charge. E x . Ils sont venus chez moi dix de la campagne,
durant les fêtes du Tricentenaire, c'est une véritable impo-
sition.
Impossible, adj.
— Rempli de défauts. E x . C'est un être impossible.
— Bizarre, ridicule. E x . Cette femme a un chapeau im-
possible.
I m p ô t , n. m.
Abcès interne en pleine efflorescence.
I m p o t h è q u e , n. f. — Hypothèque.
I m p o t h è q u e r , v. a. — Hypothéquer.
I m p o t h î q u e r , v. a. — Hypothéquer.
Impourrissable, adj.
Qualité de ce qui ne peut pas pourrir.
25
386 I,E P A R L E R POPULAIRE

Impraticable, a d j .
H o m m e dont le commerce est très difficile. E x . C ' e s t un
être impraticable.
Imputable, adj.
Une somme imputable au revenu, au budget, s u r l e revenu,
sur le b u d g e t .
In, pronom.
B n . E x . Allons-nous-m, donnez-nous-in.
— U n . E x . In h o m m e fort.
Inattention, n. f.
A t t e n t i o n . E x . C e n ' e s t rien, c e s o n t des fautes d'inat-
tention ; on peut dire par i7iatte7ition,
Incarculable, adj. — I n c a l c u l a b l e .
Incendiât, n. m.
Fait d ' u n incendie. E x . C e t h o m m e s'est r e n d u coupable
d''incendiât.
Incendie, n. f.
Incendie, n. m. E x . Ç a été une grosse i?icendie que celle
du faubourg Saint-Jean, en 1 8 8 1 .
Inc'modant, e, adj.
Incommodant.
Inc'mode, adj.
Incommode.
Incomprénable, adj.
Incompréhensible. E x . C e t t e affaire e s t incomprénable.
Inconsistant, e, n. et a d j .
Inconséquent. E x . C ' e s t un inconsistant, il se contredit et
dans sa conduite et dans ses d i s c o u r s .
Incontrôlable, adj.
— Indomptable. E x . C e c h e v a l est incontrôlable.
— Impossible à arrêter, à maîtriser. E x . L ' i n c e n d i e d'hier
au soir a été incontrôlable.
* Incorporation, n. f.
A c t i o n d'incorporer, de donner u n e v i e c i v i l e . ( A n g l . )
* Incorporer, v . a.
E r i g e r en corps politique. E x . L'Action Sociale vient de
se faire incorporer p a r l a C h a m b r e provinciale. ( A n g l . )
DixS CANADIENS-FRANÇAIS 387

Incorrigeable, a d j .
Incorrigible. E x . C e t enfant est incorrigeable. U n devoir
incorrigeable.
Incoupable, adj.
Qui ne peut être c o u p é . E x . D u rosbif incoupable.
Incousable, adj.
Qui ne saurait ê t r e c o u s u . E x . U n e étoffe incousable.
Incréyable, a d j . — I n c r o y a b l e .
Indécis (être sur I'), loc.
Etre indécis. E x . Je suis sur V'indécis pour savoir si j ' i r a i à
confesse oui o u n o n .
Indécrassable, a d j . — Q u i ne p e u t être nettoyé facilement.
Indéfaisable, adj.
Qui ne peut être d é f a i t . E x . V o i c i un nœud qui est indé-
faisable.
Indenture, n. f.
Acte passé entre l'officier d ' é l e c t i o n et la personne élue, en
présence de p l u s i e u r s é l e c t e u r s , sous leurs seings et sceaux
respectifs, d o n t u n e e x p é d i t i o n est remise à c h a q u e partie
et l'autre a n n e x é e a u w r i t d ' é l e c t i o n pour être transmise
au greffier d e la C o u r o n n e eu chancellerie. Autrefois
on disait endenture. 1 / u s a g e d e couper en forme de dents
les obligations s o u s s e i n g p r i v é , l e s fit appeler endenlures.
* Indictement, n. m . ( A n g l . ) — A c t e d'accusation.
Indifférent, e, a d j .
Ordinaire, m é d i o c r e . E x . C e t t e j e u n e fille n'est pas indif-
férente. Ces p o i r e s ne sont p a s indifférentes.
Indigérable, adj. — I n d i g e s t i b l e .
Indigesse, adj. — I n d i g e s t e .
Indigession, n. f . — I n d i g e s t i o n .
Indigne, n. m. et f.
Mauvais g a r n e m e n t . E x . S a u v e - t o i , mon petit indigne.
Indisable, adj. — Q u i n e peut ê t r e dit, inénarrable.
Indivisable, adj. — I n d i v i s i b l e .
Indormable, adj. — Q u ' o n ne p e u t endormir.
Inducation, n. f . — E d u c a t i o n .
Induquer, v . a. — E d u q u e r , i n s t r u i r e .
388 LE PARLER POPULAIRE

Indulgencier, v. a.
B é n i r un chapelet, en y attachant les indulgences accordées
par l'Eglise catholique.
Inendurable, adj.
Q u i ne saurait être enduré. E x . D e s enfants incndurables.
Infatiquable, a d j . — I n f a t i g a b l e .
Infect, e, adj.
Détestable. E x . C e s proposrlà sont infects.
Infecter, v . n.
Affecter de grands airs. E x . C e t t e personne porte de belles
toilettes, mais elle a u n drôle de parler, elle infecte.
Infendable, adj.
Difficile ou même impossible à fendre. E x . U n e bûche de
bois injendable.
Inférieur, adj.—Indifférent. E x . C e l a m'est bien inférieur.
Infliger, v. a.
Donner. E x . Je lui ai infligé u n c o u p de p o i n g terrible.
v r o n
Infliger (s'). - P -
S e faire, se donner. E x . Je m e suis infligé une blessure en
tombant sur une pierre.
* Informalité, n. f. ( A n g l . )
Manque de forme. E x . 1 / a c t i o n a été r e n v o y é e par suite
d'une informante.
* Informeur, n. m. ( A n g l . ) — Dénonciateur.
Infoucable, adj. — Maussade.
Infraction, n. f.
F a u t e . E x . C ' e s t une infraction à l a langue française.
Ingant, e, adj. — I n g a m b e , alerte, dispos.
Ingardable, adj. — Q u i ne peut être g a r d é .
Ingeance, n. f. — E n g e a n c e ,
lngen, n. m . — E n g i n .
Ingénieur, n. m.
Mécanicien. E x . D a n s toute l o c o m o t i v e , il y a le chauf-
feur et Vi?igênieur.
Ingénument, adv.
A b s o l u m e n t , sans restriction. E x . J'ai perdu toute ma
récolte ingénument.
DRS C A N A D I E N S - F R A N Ç A I S 389

Ingérer, v . a.
Gérer. E x . D a n s notre affaire, c'est le secrétaire qui va
tout ingérer.
Ingérer (s'), v . p r o n .
— S'occuper. E x . V a trouver le premier c o m m i s , c'est lui
qui s'ingère d e tout.
— Faire en sorte, prendre les mo)'ens. E x . Ingércs-voits
donc de savoir quelle espèce d ' h o m m e est celui-là ?
Ingot, n. m.
Cornet d'écorce de b o u l e a u dans lequel on v e r s e le sucre
d'érable au m o m e n t où il doit devenir solide.
Ingréient, n. m.
Ingrédient. E x . L e docteur m ' a donné u n e fiole de remè-
1
des dans laquelle il a mis toute espèce d ' ingréients.
Inguienne, n. f.
Indienne. E x . Je v i e n s d ' a c h e t e r cinq v e r g e s A'inguienne
â meubles p o u r c o u v r i r m o n sofa de salon.
Injurier, v. a.
Gâter. E x . Injurier son pantalon a v e c d e l ' e n c r e .
Inlabourable, a d j . — Q u i ne p e u t être l a b o u r é .
Inlevable, adj. — Q u i ne peut être s o u l e v é facilement.
Inlisable, a d j . — I l l i s i b l e .
Inlogeable, a d j . — O ù l ' o n ne p e u t pas loger,
(nmâchable, a d j . — Q u ' o n ne p e u t m â c h e r .
Inmaginable, a d j . — I m a g i n a b l e .
Inmangeable, a d j . — I m m a n g e a b l e .
Inmanœuvrable, a d j . — Q u ' o n ne p e u t faire fonctionner.
Inmanquable, a d j . — I m m a n q u a b l e .
Inmanquablement, a d v . — I m m a n q u a b l e m e n t .
Inmarchable, a d j .
Où l'on marche péniblement. E x . D e s c h e m i n s inmatcha-
bles.
Inmariable, adj. — Q u ' o n ne p e u t marier.
Inmarquable, a d j . — Q u i ne p e u t être m a r q u é .
Inmastiquable, a d j . — Qui ne peut être m a s t i q u é .
Inntédiatement, a d v . — Immédiatement.
Inmêlable, adj. — Q u i ne p e u t être m ê l é .
39° L,Ë P A R L E R POPULAIR E

Inmenable, adj.
Difficile à conduire. E x . Mon cheval est inmenable.
Inmesurable, adj. — Q u i ne peut être mesuré.
Inmettable, adj.
Qui n'est pas mettable. E x . Cet habit est inmettable.
Inmontable, adj.
Difficile à monter. E x . Une côte inmontable.
Inmense, a d j . — Immense.
Inmensément, adv. — Immensément.
Inmontrable, adj. — Q u ' o n ne p e u t montrer.
Inmouchable, adj. — Qui est difficile à moucher.
Inmourable, adj.
Qui a la vie très d u r e . E x . Ce vieillard a sept vies, il est
inmourable.
Innayable, adj. — Qui ne p e u t être noyé.
Inné.
l i e n . E x . Penses-tu qu'il a de l ' a r g e n t à prêter ? — Inn'a
ben sûr.
Inniable, a d j . — Qui ne peut être nié.
Innommable, adj. — Q u i n e peut ê t r e n o m m é .
Inôtable, a d j . — Qui ne p e u t être facilement enlevé.
Inquemode, adj. — Incommode.
Inquemoder, v. a. — Incommoder.
Inquemodité, n. f. — Incommodité.
Inquiétudes, n. f. pl.
Picotements nerveux de la peau. E x . J'ai des inquiétudes
dans les jambes.
Inquilibre, n. m.
Equilibre. E x . Peut-être que j ' i r a i à la pêche, peut-être
que je n'irai pas, je suis encore s u r Y inquilibre.
Inrachetable, adj. — Q u i ne peut être racheté.
Inraccommodable, adj. — Qui ne saurait être raccommodé.
Inracontable, adj. — Q u ' o n ne p e u t raconter.
Inraisonnable, adj. —Irraisonuable.
Inrassaisiable, adj. — Insatiable.
Inréalisable, adj.—Irréalisable.
Inrebutable, adj. — Q u i ne peut ê t r e r e b u t é .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 391

Inréconciliable, adj. — I r r é c o n c i l i a b l e .
Inrecevable, adj. — N o n recevable.
Inrécitable, adj. — Q u i ne p e u t être raconté.
Inréconciliable, a d j . — I r r é c o n c i a l i a b l e .
Inreconnaissable, adj. — P a s reconnaissable.
Inrecousable, a d j . — a d j . — Q u i ne peut être cousu.
Inrecouvrable, a d j . — Qui ne peut être recouvert.
Inregardable, a d j . — Q u i ne peut être regardé sans répugnance.
Inrémédiable, adj. — I r r é m é d i a b l e .
Inréfutable, a d j . — Q u i n'est p a s refutable.
Inremuable, adj. — Q u i ne p e u t être remué, c h a n g é de place.
Inréparable, a d j .
Irréparable. E x . T e s bottes sont inrêparables, mon petit
ami, va t ' e n a c h e t e r un autre paire.
Inrepréhensible, adj. — I r r é p r é h e n s i b l e .
Inreprenable, adj.
— A u q u e l on ne peut faire a u c u n reproche. E x . Des
agents inreprenables.
— Q u i ne p e u t être uni après a v o i r été brisé. E x . Une
fracture d e la cuisse inreprenable,
Inréprochable, a d j .
Irréprochable. E x . T â c h e , m o u enfant, d'avoir une con-
duite inréprochable.
Inrésistible, a d j . — Irrésistible.
Inrespirable, a d j . — Irrespirable.
Irresponsable, a d j .
Qui n'est p a s responsable.
Inrévocable, a d j . — I r r é v o c a b l e .
Insécrable, a d j .
Exécrable. E x . Q u e l tas d'enfants insécrables !
Insensible, a d j .
Q u i a perdu connaissance. E x . N o u s l ' a v o n s relevé, il
était encore insensible.
Insentiel, adj.
Essentiel. E x . L''insentiel p o u r nous, c'est d'arriver à
l'heure j u s t e .
Insertion, n. f. — E n t r e - d e u x .
392 LE PARLER POPULAIRE

Inservable, adj.
Iuserviable, insupportable. E x . Des enfants inservables.
Insinifiant, adj.—Insignifiant.
Insolenter, v. a.
Dire des insolences.
Insoudable, adj.
Qui ne peut être soudé.
Insouffrable, adj. — Insupportable.
Insoulable, adj.
Qui ne peut être enivré facilement, à raison d'une longue
habitude de boire.
* Installement, n. m. (Angl.)
— Versement. E x . Il nous faudra payer par installe-
mcnts.
— Installation.
Instant que (de 1'), loc. couj.
Du moment que, alors que. E x . De Vinstant que tu m'as
dit cela, j ' a i compris toute l'affaire.
Instrument, n. m. — Instrument.
Intenable, adj.
Qui n'est pas tenable. E x . Une situation intenable.
* Intention.
Esprit. E x . Dans l'intention de la loi, il faudrait se sou-
mettre à ne rien demander de plus. (Angl.)
Interboliser, v. a.
— Interdire. E x . Après l'avoir entendu, je suis resté
interbolisê.
— Ennuyer. Ex. Ne viens pas m'interboliser de sitôt.
— Déranger, distraire de ses occupations. E x . Eaisse-moi
travailler, tu vaïinterbolises.
Intérieur, n. m.
For intérieur. E x . J'ai dans mon intérieur qu'il vaut
mieux payer cette réclamation.
* Interview, iou, n. f.. (m. a).
Conférence avec un personnage. E x . L e rédacteur de
Y Evénement a eu une interview avec le Ministre des
postes. (Néol.)
DES CANADIENS-FRANÇAIS 393

Interviewer, ( N é o l . )
Avoir une conférence avec un personnage pour l'interroger
sur sa vie, ses actes, ses idées, etc.
Intirable, adj.
— Q u ' o n ne p e u t tirer à soi.
— Q u ' o n ne p e u t traire. E x . Une vache intirable.
Intouchable, adj. — Q u i ne peut être touché.
Intraduisable, adj. — Intraduisible.
Intrigant, adj.
H o m m e habile, qui a du savoir-faire. E x . C'est un intri-
gant, il réussira.
* Introduire, v. a.
Soumettre. E x . Introduire u n projet de loi à la Chambre.
(Angl.)
Introduisable, a d j . — Q u i peut ê t r e introduit.
Invectiver, v. a.
Invectiver, v. n. E x . Il m ' a invectivéde bêtises.
Inventer, v. a.
N'avoir pas inventé la poudre, les boutons à quatre trous, les
pelures d'oignon, ce qui fait pouf, être très naïf.
Inventionner, v. a. — I n v e n t e r , imaginer.
Inventionner (s'), v . p r o n . — S'aviser.
* Investir, v. a.
Placer, faire u n placement. E x . Investir ses capitaux.
(Angl.)
* Investissement. — Placement. (Angl.)
Invictimer, v. a.
Invectiver. E x . Il m ' a invictimé en paroles.
Invitant, adj. — Qui aime à inviter.
Invitimer, v. a. — Invectiver.
In vocable, adj. — Q u e l'on p e u t invoquer,
loù, adv. — Où. E x . Ioîi vas-tu, de ce train-là ?
Ioùs que, loc. adv.
Où est-ce que. E x . loàs que t u restes, maintenant ?
Irerions, cond. p r é s , d u verbe aller. — Irions.
Iroquois, n. m. — Parler iroquois, parler en termes baroques.
* Isse, n. f. ( A n g l . ) — L e v u r e de bière. De l'anglais yeast.
LE PARLER POPULAIRE
394
Itanies, n. f. pl. — Litanies.
Item, n. m.
Chose qui mérite considération. Ex. Je te l'avouerai fran-
chement, il te faudra payer quatre cents piastres de frais
à l'avocat, c'est un item.
Itou, adv.—Aussi. Ex. Moi itou.

O 0

O 0

Jacassage, n. m.
Jacasserie, bavardage de personnes qui jacassent entre elles.
Jacasse, n. m. et f.
Homme ou femme qui bavarde. En France, ne s'emploie
que pour les femmes.
Jacasser, v. a.
Bavarder. En pur français, ce mot ne s'emploie que pour la
pie. Nous disons familièrement et par analogie d'une
personne bavarde qu'elle jacasse comme une pie. Ce mot
semble venir de l'islandais jagg, qui signifie jargon, ou de
l'italien gazza, pie.
* Jack, n. m., (m. a.)
Jack of ail trades and master of noue, propre à tout et bon à
rien.
* Jackass, (m. a.) — Bête, imbécile.
* Jack=in=the=box, (m. a.) — Boîte à surprise.
Jaconette, n. m.
Jaconas, étoffe de coton fin, intermédiaire entre la mousse-
line et la percale.
Jacoter, v. u. — Bavarder.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 395

Jalouserie, n. f-
— Jalousie, o m b r a g e que n o u s donne celui qui jouit d ' u n
avantage q u e n o u s désirons pour nous-mêmes.
— Treillis de bois, contrevent formé de planchettes parallè-
les qu'on p l a c e derrière u n e fenêtre.
Jamaïque, u. f.
R h u m de la J a m a ï q u e . E x . V e u x - t u prendre uu coup d e
bonne Jamaïque.
Jamais, adv.
— Jamais de la vie, jamais.
—Jamais, au grand jamais, j a m a i s .
—Jamais de ma vie ni de mes jours, même sens.
Jambage, n. m .
— Jambage de roues, montant d'une-roue.
— Droit de jambage, droit de se mêler d ' u n e affaire. E x .
N o u s sommes e n conciliabule secret, tu p e u x t'en aller,,
car tu n ' a s pas le droit de jambage.
Jambe, u. f.
— S'en.aller rien que sur line jambe, partir après avoir pris
un unique v e r r e d e vin o u de s p i r i t u e u x .
—Jambe de botte, t i g e de botte.
— Un beau gras de jambe, u n e bonne aubaine.
Jambette, n. f.
Croc-en-jambe. E x . Je l u i ai donné une jambette, et l'ai
couché p a r terre d u c o u p .
E n Normandie, le mot gambet s'emploie pour croc-en-jambe.
O n disait en v i e u x français jatnbet.
* Jammer, djammer. (Angl.)
Serrer, presser, fouler. S e dit bien des pièces de bois pres-
sées les u n e s contre les autres dans une rivière et formant
une d i g u e .
Jangar, n, m. — H a n g a r .
Jappe, n. m.
Jappement. E x . L,e chien de C h o s e a un jappe terrible.
E n provençal, jap est e m p l o y é pour aboiement, cri.
Japper, v. n.
Japper après quelqu'un, appeler q u e l q u ' u n à grand cris.
396 LE P A R L E R POPULAIRE

Jaquette, n. f.
Chemise de nuit pour hommes, femmes et enfants. L,a
jaquette en France jest un vêtement e x t é r i e u r tant pour
hommes que pour femmes et enfants.
Jardes, n. f. pl. — Hardes.
Jardinages, n. m. pl.
— Jardinage, n. s. E x . J'ai fini mes jardinages, j e vais
m'occuper de ma terre.
— Jardin potager. E x . V i e n s voir mon jardinage, il est
magnifique, cette année.
Jardinier, n. m.
Terme de dénigrement autrefois e m p l o y é par les trappeurs
et les coureurs de bois p o u r désigner le colon, le défri-
cheur. (Cl.)
Jargaude, n. f.
Petite fille un tant soit peu l é g è r e , aimant le j e u et le plai-
sir. V . Gergaude.
Jargauder, v. n.
A g i r en jargaude. V . Gcrgauder.
Jargeau, n. m .
Vesce à quatre graines.
Jargonnage, n. m . — B a r a g o u i n a g e .
Jargonner, v . n.
Parler de manière à ne p a s être compris, baragouiner.
Jargonneux, adj.
Qui baragouine, parle d ' u n e manière inintelligible, prononce
mal ses mots.
Jarnicoton, n. m.
Intelligence. E x . Cet i n d i v i d u n'a pas de jarnicoton.
Jarnigoine, n. m.
Esprit, intelligence. S ' e m p l o i e dans le m ê m e sens que
jarnicoton, et p l u s souvent. E x . N e p a s avoir de jarni-
goine, manquer de jarnigoine.
Jareng, n. m . — H a r e n g .
Jarrets noirs, n. m. pl.
Habitants d e la Beauce canadienne, les Beaucerons.—Sobri-
quets
DES CANADIENS-FRANÇAIS 397

Jâs, n. m.
Jars. Nos habitants disent aussi un jâs d'oie, pour désigner
le mâle de l'oie domestique.
Jase, u. f.
Causerie. E x . Hé ! l'ami, entre donc faire la jase.
Jasant, e, adj.
Qui aime à causer. E x . C'est un homme bien jasant, nous
avons du plaisir à le rencontrer.
Jasement, n. m.
Jaserie. E x . Ce sont des jasements à n'en plus finir.
Jaser, v. u.
— Médire. E x . Jaser sur le compte de quelqu'un.
— Causer. E x . Nous avons du temps à nous, jasons.
Jasette, n. f.
Causette. E x . Si nous faisions une petite jasette.
Jaseux, euse, adj.
Jaseur, causeur. E x . C'est un beau jaseux, il m'amuse.
Jaspiller, v. n. — Parler à tort et à travers en murmurant.
Jaspiner, v. u. — Bavarder. Forme extensive àe jaser.
Jaunasse, adj.
Jaunâtre, qui tire sur le jaune. E x . Avoir les cheveux
jaimasses.
Jaune, adj.
Rance. E x . Voilà du saindoux qui a goût de jaune.
Jaunir, v. n. — Rancir. E x . Du lard qui jaunit.
Jaun'zir, v. a . — J a u n i r . Expression acadienne.
Javasse, n. f. — Babil. E x . E n a-t-il de la javasse, ce bambin ?
Javasser, v. n.
Bavarder, parler avec excès de choses frivoles.
Javasserie, n. f. — Choses insignifiantes, dites ou écrites.
Javelier, n. m. — Machine qui sert à javeler le blé.
Javelle, n. f
Réunion de choses qui peuvent être juxtaposées les unes aux
autres. E x . Une javelle de poissons.
J e , pron.
Nous. E x . y avons réussi à merveille, f allons commencer
notre ouvrage.
398 LE PARLER POPULAIRE

* Jean, djêne, {m. a.) — Coutil satiné.


Jean Poutre, n. m.
Mauvais drôle. E x . T u n'es qu'un Jea?i Foutre.
Jean l'évêque.
Faire son petit Jean l'évêque, faire l'important.
Jenne, adj.
Jeune. E x . Un jenne homme. L,es jennes. T ' e s ben trop
jenne pour m'en montrer.
Jennesse, n. f.—Jeunesse. E x . Voilà une belle jennesse.
Jeofflu, e, adj.
Joufflu, e. E x . Un gros jeofflu.
Jergon, n. m . — J a r g o n .
Jergonner, v. a. — Jargonner.
* Jersey, djeursê, n. m., (m. a.)
Veste de laine qui se moule sur le buste.
J e t à brebis, n. m. — Bergerie. E x p r . acadienne.
J e t à gorets, n. m. — Porcherie. Acad.
J e t à poules, n. m. — Poulailler. Acad.
Jetée, u. i.
Endroit du bord d'une rivière où s'amassent les pièces de
bois amenées des chantiers, pour être ensuite jetées à l'eau
toutes ensemble lors de la fonte des glaces. (Cl.)
Jeteux de sorts, n. m. — Sorcier.
Jeu, n. m.
— Etre en jeu, enjoué.
— Etre vieux jeu, en retard sur le progrès moderne.
— Tourner en jeu de chien, tourner mal.
Jeu d'eau, n. m. — J e t d'eau.
Jeudi, n. m.
La semaine des trois jeudis, trois jours après jamais, époque
qui n'arrive jamais.
Jeun (à), loc.
Sobre. E x . Cet homme n'est pas souvent à jeun, mais
quand il l'est, on peut en tirer quelque chose de bon.
Jeun ( à cœur), loc.
A jeun. E x . L,e docteur m'a dit de prendre son remède à
cœur jeun*
DES CANADIENS-FRANÇAIS 399

Jeune, a d j .
— Faire la jeune, u n e femme â g é e qui fait la mignarde.
— Etre trop jeune, m a n q u e r d'expérience.
Jeûner, v. n.
Faire jeûner quelqu'un, le priver d ' u n e chose. E x . T u ne
remets pas n o s livres au t e m p s dit, eh ! bien, tu n'en
auras plus, t u vas jeûner u n bon bout de temps.
Jeunesse, n. f.
— Jeune h o m m e ou jeune fille. E x . Voilà une belle jeu-
nesse qui s'en v i e n t .
• — Petite jeunesse, enfance. E x . Du temps de ma petite
jeunesse.
* Jib, djibe, n. m . , ( m . a.)
Foc, voile t r i a n g u l a i r e qui se place à l'avant, le long d ' u n
cordage.
Jignaque, m m . — Idiot, t i m b r é .
* Jin, djinne, n. m . , ( m . a.)
Gingham ( g u i n g a n ) , coton croisé.
* Jingoe, (m. a.)
— H o m m e qui fait p l u s de b r u i t q u e de besogne.
— By Jingoe ! interjection q u i e x p r i m e la surprise.
* Job, n. f. et m . (Angl.)
— Entreprise v é r e u s e . E x . M o n t e r u n job.
— T â c h e . E x . J ' a i une d u r e job sur les bras.
— T r a v a u x d'impression, o u v r a g e de ville.
— Petits o u v r a g e s faits à forfait ou â la pièce.
— Travail, o u v r a g e . E x . J e viens d'entreprendre une
bonne job.
— Affaire. E x . C'est une b o n n e job.
— Entreprise. E x . E n t r e p r e n d r e u n e job.
* Jobbage, ( A n g l . ) — Action d e travailler à la job.
* Jobbeur, ( A n g l . )
— Entrepreneur.
— Agioteur.
— I n t r i g a n t politique.
— Revendeur.
Jobard, n. m. — N i a i s qui se laisse facilement duper.
J.E PARLER POPULAIRE
400

Joculot, n. m.
Dernier garçon de la famille chez les Acadiens de Paspebiac.
* Joindre, v. a.
Devenir membre. E x . Messieurs X et Z vont joindre notre
syndicat. (Angl.)
Jographie, n. f. — Géographie.
Joint, n. m.
Trouver le joint, la meilleure manière de prendre une affaire.
* Joker, djokeur, (m. a.)
La plus forte carte au jeu de euchre.
Joli, adj.
— Singulier. E x . T e voilà ; un joli garçon, toi ! M a i s d'où
viens-tu ?
Jonction, n. f.
— Au séminaire de Québec, c'est la participation, à certaines
fêtes de l'année, à une table commune, des prêtres et des
élèves du grand séminaire.
— Point d'intersection d'une voie ferrée avec la voie publi-
que.
Jongler, v. n.
— Rêver, songer creux. E x , Qu'as-tu donc à jongler ?
— Penser, réfléchir. E x . Que penses-tu de notre affaire?
Es-tu d é c i d é ? — J ' y ai déjà beaucoup jonglé.
Jonglerie, n. f.
— Sorcellerie chez les sauvages.
— Méditation profonde.
Jongleur, n. m.
— Sorcier sauvage.
— Songeur.
Jonte, n. f. — Honte.
Jonteux, euse, adj.
Honteux, euse.
Jornée, n. f.
Journée. E x . J ' a i travaillé toute la jornée belle et longue.
Expression acadienne.
Jotte, n. f.
Joue, grosse joue. E x . Un enfant qui a de grosses jolies.
DÎÎS CANADIENS-FRANÇAIS

Jouai, n. m. — C h e v a l .
Joue, n. m.
— Juchoir, perchoir.
— Pièce de bois eu forme d'arc, d o n t on se sert à la campa-
g n e pour porter d e u x s e a u x à la fois.
Jouer, v. n.
— Jouer quelqu 'un, le tromper.
— Jouer à l'argent, j o u e r de l ' a r g e n t .
— Jouer dti violon, déraisonner.
— Jouer de Varchet, m ê m e sens.
— Jouer des totirs, s'amuser a u x d é p e n s de q u e l q u ' u n .
— Jouer un tour de crasse, t r o m p e r en affaire.
—Jouer le tout pour le tout, j o u e r son v a t o u t .
— Jouer des coudes, reculer les a u t r e s pour s'avancer.
— Ne plus jouer, se retirer d ' u n e affaire.
— Jouer des jambes, s'enfuir.
Jouir, v . n.
— Maîtriser. E x . C e t enfant est bien difficile à élever, on
ne peut pas en jouir.
— Posséder. E x . Jouir d ' u n e m a u v a i s e santé.
Jouque, n. m . — V . Joue.
Jouquer, v . a. — J u c h e r .
Jouquoir, n. m. — J u c h o i r .
Jouquoué, n. m. — J u c h o i r .
Jour, n. m.
— Jour pour jour, à l a m ê m e date q u e l ' a n n é e précédente.
E x . I l y aura u n an demain, jour pour jour, q u e j e suis
entré au parlement.
— Au jour d'aujourd'hui. V . Aujourd'hui.
—Jour du ciel, jour de Dieu, jour de la vie, j a m a i s de la
vie.
— Au petit jour, d e g r a n d matin.
•—• Le haut du jour, le matin.
— Long comme tin jour sans pain, fort l o n g .
Journalier, ère, a d j ,
I r r é g u l i e r . E x . C e t ouvrier est u n peu journalier, son
o u v r a g e s'en ressent.
26
LK PARLKK POPULAIRE

* Journalistique, adj. ( A n g l . )
— Article de journal.
— Carrière du journalisme.
Journée, »• f- . f

— Aller en journée, aller travailler à la j o u r n é e .


— S'amuser toute la journée, belle et longue, s'en donner
à cœur joie.
— Interjection. E x . Journée ! qu'il fait froid.
f 1
Jousent, 3 P- P - i«dic. prés, du verbe jouer.
Jouent. E x . Les enîants jousent t o u s ensemble.
Jours (être en tous les), loc.
Porter des vêtements dont on fait u n u s a g e j o u r n a l i e r . Ex.
Crois-tu que je vas aller à la messe en tous les jours c o m m e
je suis là ?
Jubé, ». m.
Galerie qui longe les m u r s latéraux de n o s églises,
juc, ». ni. — V . Joue.
Judas, ». m. — Qui crache dans le visage d ' u n a u t r e .
Juge à paix, H. m. — J u g e de paix.
Juge en chef, ». m.
Président d'un tribunal, d ' u n e cour de j u s t i c e .
Jugement, n. m.
— Confesser jugement, reconnaître u n j u g e m e n t .
—Jugement renversé, réformé.
Jugeotte, ». f-
Jugement. E x . T u connais Salomon, il n ' a p a s u n e g r o s s e
jugeolic.
Jugerie, n. f.
Place de juge. E x . Cet avocat a r r i v e r a s û r e m e n t à u n e
jugerie.
Juif, ve, a d j . — Avare.
Juiffé, e, adv.
Qui renferme un vice caché. E x . U n e m a r c h a n d i s e juiffée
Juille, n. f.—Cheville.
Juiller, v. a. — Cheviller.
Jument, n. f. — Couteau à ressort à g r o s s e s lames.
* Jumper. (Angl.) — Sauter.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 403

Jun, n. m. — J u i n .
Junior, adj.
Fils, cadet. K x . O n a c é l é b r é , ce matin, le mariage de
F r a n ç o i s L,ebon, junior, fils de François L e b o n , senior.
Jupe, 11. f.
— Se mettre sous la juj>e de sa femme, se dérober en affaires,
en s u b s t i t u a n t l e n o m de s a femme au sien propre.
— Porter la jupe, j o u e r le second rôle dans l e ménage, en
parlant d u m a r i .
Juque, n. m . — V . J o u e .
Juquer, v . a. — J u c h e r .
Juquoir, n. m . — J u c h o i r .
Jura, n. m. — J u r é . K x . U n g r a n d jura, u n petit jura.
Jury, n. m.
— Grand jury, j u r y d'accusation.
— Petit jury, j u r y d e j u g e m e n t .
Jusse, a d j . — J u s t e .
Juste, a d j . — R a i s o n . E x . C o m m e de juste.
Juste et carré, loc.
T r è s juste. E x . C e q u e v o u s dites est parfait, c'est juste et
carré.
Jûter, v . n.
l a i s s e r c o u l e r d u j u s . E x . M a pipe jûte. Français, mais
familier.
Juyette, n. m . — J u i l l e t .
J'val, n . m. — C h e v a l .
J'valet, n. m . — C h e v a l e t .
J'veu, n . m . — C h e v e u . E x . F e n d r e Xtsj'veux en quatre.
J'ville, n. f. — C h e v i l l e .
J'viller, v. a. — C h e v i l l e r .
404 LE PARLER POLULAIRR

K
o o

Ka'iac, n. m. — Gaïac. E x . U n e t o u p i e en kaïac.


Kakawi, n. m. — C a n a r d à l o n g u e q u e u e .
* Ketsup, ketsop, n. m., ( m . a. ) — C a t s u p .
* Kicker, v . a. ( A n g l . ) — T r o m p e r , t i r e r a c ô t é .
* Kickeur, n. m. ( A n g l . ) — Q u i k i c k e .
* Kid, (m. a . ) — C h e v r e a u . E x . D e s g a n t s de kid,
* Kiss, (m. a.)
— Baiser. E x . Donne-moi un kiss, m o n petit.
— G â t e a u sucré et soufflé.
— Contre, choc en d o u b l e de d e u x billes qui reviennent par
contre-coup l'une sur l ' a u t r e . ( T e r m e d e billard.)
* Knickerbockers.— G u ê t r e s qui emprisonnent toute la jambe.

O- 0

O — O.

La, art. f. s.
A r t i c l e féminin e m p l o y é p o u r d é s i g n e r u n e femme mariée
ou u n e fille de condition inférieure, p o u r remplacer Mada-
me et Mademoiselle. E x . La B r i n d a m o u r , pour l a femme
de Brindamour ; la R o s e , pour R o s e . Q u e l q u e f o i s le nom
propre lui-même est f é m i n i s é . E x . La Bouchère, la fem-
me B o u c h e r ; la Gagnonne, la femme G a g n o n .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 405

* Label, lébbel, n. m . , (m. a.)


Etiquette, é c r i t e a u . E x . M e t t r e un label sur une fiole de
remèdes.
Laboureux, n. m . — L a b o u r e u r .
Lac, «• f-
Petite quantité de l i q u i d e r é p a n d u e sur le parquet. E x . U n
lac d'eau, u n lac de café, d e thé.
Laçage, n. m. — L a ç a g e .
La celle, pron. déni. — Celle.
Lacer, v . a. — L a c e r . E x . Lâce mes bottines.
Lacet, n. m . — L a c e t .
Lâche (de), loc.
D'arrêt, de r e p o s . E x . A v e c cet ouvrier il n ' y a pas de
lâche.
Lâcher, v . a.
— Relâcher, cesser. E x . Il y a bien huit j o u r s que la pluie
ne lâche pas.
— A b a n d o n n e r . E x . L e r h u m a t i s m e ne m e lâche pas. S e
dit des choses fâcheuses s e u l e m e n t .
Lâcher (se), v . p r o n .
Se mettre à l ' o u v r a g e avec ardeur. E x . Lâche-toi, c'est le
temps ou j a m a i s d ' a r r i v e r à faire quelque chose.
* Lading, lé-digne, ( m . a . ) — B i l l of lading, connaissement.
* Lady's finger, n. m . , lêdese-fingheur, (m. a.)
Doigt de dame, b i s c u i t à la c u i l l e r .
* Lager, n. m., lagheur, (m. a . )
Bière douce. E x . L e lager est moins pesant que la bière
ordinaire.
Laidir, v . n. — E n l a i d i r .
Lainu, a d j . — L a i n e u x .
Laisser, v . a.
— Quitter. E x . Je v a i s laisser Q u é b e c pour un mois.
— Partir de. E x . L e train laisse L é v i s à six heures précises.
— Se laisser aller, se n é g l i g e r , se décourager.
— Se laisser faire, souffrir p a t i e m m e n t .
— Se laisser mourir, mourir.
— Laisser en arrière, n é g l i g e r .
406 LE PARLER POPULAIRE

Lait (au), loc.


A u r é g i m e du lait. K x . L e docteur m ' a mis au lait.
Lait de beurre (petit), n. m .
Babeurre, lait qui reste dans la baratte quand le beurre est
pris.
Laitte, n. m. et adj.
— L a i t . E x . U n v a i s s e a u de laitte.
— L a i d , laide. E x . C e t t e personne est laitte à faire peur au
diable.
Lait veriou, n. m.
L a i t que donnent les v a c h e s les p r e m i e r s j o u r s a p r è s la déli-
vrance.
Laize, n. f.
Catalogne. ( V o i r ce m o t . ) L a l a i z e e s t la l a r g e u r d'une
étoffe entre d e u x lisières. C o t g r a v e a dit : « A la grande
laize, c'est à la g r a n d e mesure.)) N o u s disons indifférem-
ment laize et catalog?ie.
Lambine, u. f. — V . A m b i n e .
Lambineux, n. et adj. — L a m b i n .
Lamblette, n. f. — V . A m b l e t t e .
Lambre, n. m . — V . A m b r e .
Lambrer, v . n. — A l l e r l ' a m b l e .
Lambreur, euse, adj. — Q u i v a l ' a m b l e .
Lambreux, adj. — V . A m b r e u r .
Lambriche, n. f.
Morceau d'étoffe en l a m b e a u x . ( C l . )
Lancé, e, adj.
H o m m e l é g è r e m e n t ivre. E x . E n v o i l à un q u i est pas mal
lancé, quand s'arrêtera-1 il ?
Lancement, n. m.
Elancement, douleur lancinante. E x . M o u panaris me
cause des lancements i n s u p p o r t a b l e s .
Lancer (se), v . pron.
F a i r e un g r a n d effort. E x . T u v a s s u b i r ton e x a m e n , tâche
de te lancer.
Lancette, n. f.
A i g u i l l o n de g u ê p e , de bourdon, d ' a b e i l l e , de maringouin.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 407

Langages, n. m . pl.
Etre pris dans les langages, faire parler mal de soi par les
autres.
Langue, n. f.
— Tirer la langue, être d a n s la misère, attendre vainement.
— N'avoir pas la langue dans sa poche, parler avec facilité.
— Faire la langue à quelqu'un, le mettre au courant d ' u n e
affaire p o u r lui permettre de parler avec connaissance de
cause.
— Avaler sa langue, se taire, ne pas parler.
Languette, n . f.
Marcher sur la layiguette, marcher sans osciller. E x . J'ai
pris q u e l q u e c h o s e , je l ' a v o u e , mais je suis encore capa-
ble de m a r c h e r sur la languette.
Langueur, n. f.
L o n g u e u r . E x . T r a î n e r u n e affaire en langueur.
Lapin, n. m .
Bougre. E x . C ' e s t un rude lapin que ce garçon-là.
Laqueulle, p r o n .
Laquelle. E x . Laqueulle de v o u s d e u x s'appelle Françoise?
Lard, n. m.
— Cochon g r a s . E x . J'ai trois gros lards à vendre.
— Faire du lard, 11e rien faire, paresser.
— Maigre de lard, partie m a i g r e du porc.
Lardon, n. m .
Sarcasme, p r o p o s ironique. E x . Manger des lardons, avaler
un bon lardon.
La rebours (à), loc. adv.
A u rebours. E x . N e parle donc pas à la rebours du bon sens.
Largir, v. n . — S ' é l a r g i r . E x . I l largit des épaules.
Largue, n. f.
A r r ê t . E x . L ' o u v r a g e n o u s commande, il n ' y a jamais de
largue p o u r n o u s .
Larguer, v. a. — L â c h e r . E x . V e u x - t u me larguer le bras ?
Larme, n. f.
Petit verre. E x . E n p r e n d s - t u ? — S a n s doute, mais seule-
ment u n e larme.
408 LE PARLER POPULAIRE

Laudalun, n. m . — L a u d a n u m .
Lasard, n. m . — L e hasard.
* Lastine, n. m., ( A n g l . )
De l'anglais lasting, étoffe l é g è r e d e laine.
Lastique, n. m. — E l a s t i q u e .
Latineux, adj.
Qui cite beaucoup de latin. E x . Notre nouveau c u r é est
un bon latineux. Latineur se disait autrefois dans le
m ê m e sens.
Latteur, n. m.
Qui pose des lattes.
Laudunum, n. m. — L a u d a n u m .
* Laundry, latin dré, (m. a . )
Buanderie. E x . A v e z - v o u s d u s a v o n d e la laundry f
On dit beaucoup landri pour laundry.
Lavage, n. m.
— Blanchissage. E x . Je paie d e u x piastres par semaine
pour mon lavage.
— R e n v o i d'ffice. E x . L e g o u v e r n e m e n t est décidé à faire
un lavage général.
— Perte de sa mise de fonds à la B o u r s e .
Lavasse, n. f.
T h é ou café très faible, sans g o û t appréciable, tout b r e u v a g e
insipide.
Lave=mains, n. m . — L a v a b o .
Lavement, n. m . — Personne e n n u y e u s e .
Laver, v. a.
— Laver son linge sale en famille, ne p a s r é v é l e r a u x étran-
gers ce qui la divise.
— Se faire laver, en terme d e bourse, ê t r e forcé d e vendre
à perte ses actions.
Lavler, n. m.
Evier. Lavier se dit dans le patois d e L a n g r e s et d e Reims.
Laver (se), v . pron. — S e confesser.
* Lawn, (m. a.)
— Linon.
— Lawn-tennis, j e u t r è s populaire.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Lé, art. \\j


Le. E x . V a m ' a c h e t e r u n dictionnaire anglais chez G a r - % -
neau, et apporte-/*? tout d e suite. \^
* Leader, lîd'eur, (m. a.)
Chef de p a r t i . E x . M. B o r d e a u x est le leader des bleus à
Ottawa.
Le celui, pron. d é m . — C e l u i .
* Lecture, n. f. ( A n g l . )
— Conférence. E x . M. G r a n d a donné une jolie lecture,
hier soir, à l ' A c a d é m i e des Muses.
— Délibération. E x . Ce bill est rendu à sa deuxième
lecture.
* Lecturer, v. n. ( A n g l . ) — F a i r e u n e conférence.
* Lectureur, n. m . (Angl.) — Conférencier.
* Ledger, ledfeur, n. m., ( m . a.)
Grand livre. E x . Inscris-moi cela au ledger.
Légal, e, adj.
Profession légale, profession d'avocat, carrière du barreau.
Légearte, adj. f.
Légère. E x . Voilà une chaise qui est légearte comme une
plume.
* Leghorn, ( m . a.)
Paille d ' I t a l i e . E x . J e viens de m'acheter u n chapeau de
Leghorn.
* Législater, v . n. ( A n g l . ) — Légiférer.
Lentine, n. f. — Lentille.
Lenvers, n. m.
Envers. E x . J e t ' a s s u r e q u e c'est le lenvers de l'étoffe.
Lequeul, pron. — L e q u e l . E x . Lequeul prends-tu ?
Les ceuses, pron. — C e u x - l à , celles-là.
Lés, art. pl. — L e s . E x . Ces gens-là, je lés aime point.
Lessie, n. m. — Lessive.
Lessiver, v. a.
Monder. E x . Lessiver du blé d ' I n d e .
Létanie, n. f.
Litanie. E x . A v e c celui-là c'est toujours la m ê m e létanie
qui revient.
LU PARLER POPUJVAIRK
4io

Lettre, »• f- , t
l e t t r e d e r e b l l t
— wwfc» '
— Bureau des lettres mortes, bureau des lettres de rebut.
— La lettre en est grosse, facile à comprendre.
Leune, ». f. .
Lune. Ex. Il fait un beau clair de ce soir.
Leux, adj. poss.
Leur. Ex. Vous leux direz que je suis bien.
— Eux. Ex. A leux deux, ils doivent être capables de
m'aider à me sortir d'embarras.
Leux leurs, pron.
Les leurs. Ex. Ces chevaux-là ne nous appartiennent pas,
ce sont à nos deux voisins, je t'assure que ce sont leux
leurs.
Levable, adj. — Qui peut être soulevé.
Levage, n. m.
Action de lever. Ex. Le levage d'une maison par corvée.
Levain, n. m.
Venin. Ex. Prends garde, le crapaud va nous jeter son
levain.
Levé, n- m.
Levée, n. f., main qu'on a levée au jeu de cartes. Ex. J'ai
fait un levé.
Levée, n. f. — Rebord. Ex. Marche sur la levée du fossé.
Lever, u. m.
Réception. Ex. Le gouverneur donne ce soir un grand
lever.
Lever, v. a.
— Nettoyer. Ex. La corporation a donné l'ordre de lever
les rues et les trottoirs.
— Mettre la charpente. Ex. Aujourd'hui je levé ma nou-
velle maison.
— Lever le chemin, y passer le premier en temps de neige.
— Lever le camp, s'en aller.
— Lever le coude, boire.
— Lever une chappe, disputer.
— Lever une prairie, la labourer pour la première fois.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

— Lever la peau d'un animal, l'écorcher.


Levier, n. m. — Evier.
Lèze, n. f. — V. Laize.
Liane, n. f. — Bourdaine.
Libarau, n. m. — Libéral. E x . Je suis libarau, moi !
Libèche, n. f. — Bande de cuir, lisière de drap.
Libéra, n. m.
Chanter le libéra, considérer une chose comme perdue. Ex..
J'ai perdu mon parapluie dans les chars, je peux bien
chanter son libéra.
Libéral, e, adj.
Avantageux. Ex. Vendre à des conditions libérales.
Libéraliser (se), v. pron. — Devenir libéral.
Libérau, adj.
Libéral. Ex. De quelle politique es-tu ? — Moi, je suis un
libérau.
Libore, n. f. — Hellébore.
Licencié, e, adj.
Autorisé à vendre. Ex. Licencié pour la vente des boissons
fortes.
Lichade, u. f. — Embrassade un peu longue.
Liche=coquin, n. m. — Bâton destiner à frapper les voleurs.
Liche-cul, n. m. — Flatteur de bas étage.
Liche=frite, n. f.
Lèchefrite. Lichefrite est cité par Cotgrave.
Licheplats, n. m.
Qui nettoie bien net les bourses aussi bien que les plats,
Ex. On dit que les avocats sont des licheplats, mais c'est
autant pour la rime que pour la frime.
Licher, v. a.
— Flatter. E x . Licher quelqu'un pour eu obtenir une
faveur.
— Lisser. E x . Tu as les cheveux lichés.
— Licher un verre, boire.
Licher (se), v. pron.
— Se licher les quatre doigts et le pouce, s'en retourner avec
un désappointement général.
412 LE PARLER POPULAIRE

— Aller se licher, s'en aller sans avoir obtenu ce q u ' o n espé-


rait avoir. E x . T u voudrais bien avoir ma montre, tu
peux aller te licher, tu ne l'auras pas.
Licherie, n. f. — Flatterie.
Lichette, n. f.
Petite quantité, valeur d ' u n e petite l a n g u e . E x . Donne-
moi une lichette de pain.
Licheux, euse, adj. — F l a t t e u r , servile.
Lieu de (en), loc. prép.
— E n position. E x . I l est en lieu de faire du mal a u x
autres.
— A u lieu. E x . En lieu de dire la v é r i t é , il m ' a conté un
tas de mensonges.
Lieur de (au), loc. prép.
A u lieu de. E x . I l est allé se promener au lieur de tra-
travailler.
Lieux, u. m. pl. — L i e u x d'aisance, latrines.
Lièvre, n. m . — P e u r e u x .
* Life préserver, làife-preseurveur, (m. a.)
Ceinture de sauvetage.
Ligne, n. f.
— Voie ferrée. E x . Il y a trois cents o u v r i e r s qui travail-
lent sur la ligne du Pacifique.
— Branche de commerce ou d'industrie. E x . L a meilleure
ligne à prendre, c'est celle des fourrures.
— Frontière. E x . T r a v e r s e r les lignes, passer les lignes.
Lignée, n. f . — F i l e . E x . U n e lignée d'arbres.
Ligner, v. a.
Donner de l a ligne à un poisson.
Lignette, n. f.
Filet fait de lignettes, ficelle ou crin, pour prendre les
oiseaux de neige au printemps.
Ligneu, n. m .
L i g n e u l , fil enduit de brai, à l ' u s a g e des cordonniers.
Lime (à la), adj. et adv. — V . A la lime.
* Lime-juice, laime-djiouce, n. m . , (m. a . )
Jus de citron, eau de cédrat.
DES CANADIRNS-FRANÇAIS 413

Limer, v , n.
Pleurer à demi, sans larmes, pour témoigner d u méconten-
tement. E x . A c h è v e de limer, mon petit, c'est ennuyant
à la fin. Limer s'entend pour pleurer, d a n s l'arrondisse-
ment de P o n t - l ' E v ê q u e , en France. Peut être une corrup-
tion de himer o u gimer, g é m i r , pleurer.
Liméro, n. m . — N u m é r o .
Limeux, euse, a d j . — E n f a n t q u i lime, qui pleurniche.
Limité, e, adj. — Une société limitée, anonyme.
Linceuil, n. m. — l i n c e u l .
Lindi, n. ni. — L u n d i . E x . Q u i a fait lindi a fait mardi.
Lingot, n. m. — S o m m e d'argent considérable.
Lino, n. m. — L i n o n , batiste très fine.
Lippe, n. f. — Pendre la lippe, venir tout prêt de pleurer.
Lis d'eau, n. m . — N y m p h é a odorante.
Lisable, adj.
Lisible. E x . I l n o u s arrive parfois des livres, parole d'hon-
neur, qui n e sont p a s lisables.
Lisse, n. f.
— Rail de c h e m i n d e fer.
— Bande de fer fixée au-dessous des membres d ' u n traîneau
ou des carrioles d ' h i v e r .
Lisser, v . a.
Poser des lisses à u n traîneau, à une carriole.
Lite, 11. m. — L i t .
Livre, n. m.
Lire dans les gros livres, être savant.
* Lobby, (m. a . )
Antichambre, couloir, salle d'attente, foyer.
Local, e, adj.
Provincial. E x . L a C h a m b r e locale siège en ce moment.
T e présentes-tu p o u r le local ?
Loche, n. f. — L o t e maculée.
* Lockjaw, dja, n. m . , (m. a . ) — T é t a n o s .
Locre, n. m.
Ocre. E x . T u mettras d u locre dans la c h a u x pour lui
donner de la c o u l e u r .
4H LE PARLER POPULAIRE

* Lofer, v. a. (Angl.)
— Vagabonder. E x . Un voici deux qui perdent leur temps
à lofer.
— Paresser. E x . Travaille au lieu de lofer.
— Vivre aux dépens des autres. E x . Il y en a qui passent
leur temps à lofer des coups ici et là.
* Lôfeur, n. m. (Angl.)
— Qui flâne, ne travaille pas.
— Qui vit aux dépens d'autrui.
— Qui court les rues, vagabonde.
Logeable, adj.
Lieu ou meuble propre à recevoir avec facilité divers objets,
à les loger. E x . Cette armoire est bien logeable.
Logement, n. m.
Espace. E x . Il y a pas mal de logement dans ma nouvelle
maison.
Loger, v. a.
— Construire. E x . J e vais loger une maison dans le cou-
rant de l'été..
— Contenir. E x . Cet hôtel loge trois cents personnes.
— Déposer. E x . Je logerai ma plainte à midi.
Loges, n. f- pi-
Asiles d'aliénés. E x . Pitre Larive est allé aux loges, c'est
un fou vrai.
Loi, n. f.
— Faire des lois, faire la loi, vouloir imposer ses volontés.
— Il y a toujours ben de la loi, il faut que cela finisse, ça n'a
pas le sens commun.
Lolo, n. ni. —L,ait.
Long, ue, adj.
— Lent. E x . Qu'il est long dans son travail, cet ouvrier-
là !
— Au long de, le long de. E x . Marchons au long de la
rivière.
— A son long, tout de son long. E x . I l se couche par terre
à son long.
Longée, n. f. — U n e certaine longueur.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 415

Longitude, n. f.
Langueur. E x . M o n enfant est malade depuis s i x mois, je
crois qu'il est en longitude.
Longtemps, a d v . — A v a n t longtemps, sous peu.
Longuebiche, n. f.
Une chose plutôt l o n g u e et étroite. E x . V e u x - t u d u pain ?
— O u i , donne moi-z-en une bonne longuebiche.
Longuette, n. f. — V . L o n g u e b i c h e , libèche.
* Loose, lou'se, a d j . (m. a.)
Ample. E x . J'ai un habit q u i est loose.
* Loquer, v . a. ( A n g l . ) — S e r r e r une forme. ( T . d'impr.)
Loquet, n. m.
— Médaillon. E x . U n loquet en or.
— Hoquet. E x . A v o i r loquet.
Lorgnon, n. m.
Pince-nez, binocle q u ' u n ressort fait tenir sur le nez.
Lot, n. m.
Lopin de terre. E x . J'ai un lot dans le cimetière Belmont.
Loucher, v . n.
Faire loucher, tirer l ' œ i l . E x . Q u a n d je lui ai montré mon
rouleau de piastres, ça l ' a fait loucher.
Loucheux, euse, n . — L o u c h e u r .
Louise, n. f . — C E i l l e t parfait. A p p e l é aussi bouquet parfait.
Loups, n. m.
— L e s loups de l a B a i e S a i n t - P a u l . Sobriquet.
— Voir le loup, v o i r des choses extraordinaires, indescrip-
tibles, le diable.
— Ce n''est pas le loup, ce n'est rien de bien extraordinaire.
Lourne, n. f . — , H u a r d .
Loup-marin, n. m . — P h o q u e c o m m u n .
Loupe, n. f. — K y s t e , t u m e u r arrondie.
* Loyaliste, n. m . ( A n g l . )
Personne attachée a u g o u v e r n e m e n t de son p a y s . E x . L e s
loyalistes américains ont été bien accueillis par le gouver-
nement du C a n a d a .
Loyer (à), loc.
Locataire. E x . Je s u i s à loyer sur la rue C h a m p l a i n .
416 LE PARLER POPULAIRE

* Luck, leuke, n. f., (m. a.)


— Chance. Ex. C'est pour la luck.
— Good luck, bonne chance.
* Lucky, leukê, adj., (m. a.) — Heureux, chanceux.
Luette, n. f.
Se mouiller la luette, prendre un liquide plutôt alcoolique.
Lui, adj.
Le même. E x . Ce n'est plus lui, depuis qu'il a été malade.
Lumière, n. f.
— Perdre lumière, perdre connaissance.
— Un bâtiment de lumière, un phare.
* Lunch, n. m., (m. a.)
Collation, second déjeûner. E x . Où vas-tu prendre ton
lunch ?
* Luncher, v. n. (Angl.)— Prendre le lunch.
L'un portant l'autre, loc.
En moyenne. Ex. J'ai vendu au marché quatre porcs, ils
pesaient bien deux cents livres, Vun portant Vautre.
Lune, n. f.
— Etre dans la lune, être distrait.
— Voir la lune en plein jour, attraper un horion.
— Face de lune, figure ronde, joufflue.
Lunette d'opéra, n. f.
Jumelles, lunettes de spectacle, lorgnettes.
Lurette (belle), loc.
Longtemps. Ex. Il y a belle lurette que j'ai fini ma beso-
gne.
L'expression est usitée en France, mais familièrement.
Lurette signifie en rouchi une chose sans durée, sans con-
sistance.
Lyre, n. f.
Chanson ennuyeuse, langage répété. E x . C'est toujours la
même lyre qu'on entend, avec celui-là.
Lyreux, euse, adj.
Qui se perd en paroles pour arriver à ses fins.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
417

Mabre, n. m.
e
Marbre. A u X V I I siècle, on prononçait mabre.
Macadem, n. m.
Macadam, s y s t è m e d'empierrement des chemins, d'après le
nom de l'inventeur Mac A d a m .
Macadémiser, v . a. — Macadamiser.
Macardi, n. m. — M e r c r e d i .
Machabée, n. m.
Oiseau de mer très c o m m u n dans le bas du fleuve. Espèce
de couac.
Mâche, n. f. — Mâchenient, action de mâcher.
Mâche (en), loc.
E n appétit. E x . Je t'avouerai ingénument que je ne suis
pas en mâche, ce soir.
* Mâche-mâlo, n. m .
Corruption de l ' a n g l a i s marsh-mallow, guimauve.
Mâchée, n. f.
Morceau de g o m m e . V . Bourrelet.
Mâcher, v . a.
Meurtrir. E x . D e s fruits mâchés, la peau de la main
mâchée.
Mâcher, v . a.
— Dire crûment une chose. E x . Je ne lui mâcherai $asm&
mauière de v o i r .
— Réfléchir. E x . I l est quelquefois plus prudent de mâ-
cher ses mots a v a n t d e parler.
— Mâchouiller. E x . Mâcher de la g o m m e .
27
LE P A R L E R POPULAIRE
4i8

Mâcheuse de gomme, n. f. — F e m m e commune et i n d o l e n t e .


Machin, n. ni.
Objet dont on ne trouve pas tout de suite le nom p r o p r e .
E x . Quel est ce machin-lk ?
Machine, n. m.
Nom familier donné à toute personne dont on a o u b l i é le
nom. E x . Dis donc, Machine, qu'est-ce q u e t u fais là?
Machinerie, n. f.
Machine d ' u n bateau, steamer.
— Intrigue, conspiration, ensemble de mauvais desseins.
Mâchouiller, v. a.
Mâchiller, mâcher lentement et s a n s broyer. E x . Mâchouil-
ler du tabac, de la gomme.
Mâchouilleur, euse, a d j . — Q u i mâchouille c o n s t a m m e n t .
Machure, a. f.
— Meurtrissure, contusion. E x . Des machures s u r une
jambe, sur le dessus du pied.
— T a c h e causée sur u n fruit par le froissement.
* Mackintosh, makinntoche, n. m., ( m . a.)
Imperméable. E x . Mets ton mackintosh, il pleut à Dieu
miséricorde.
Maçonne, ti. f.
Maçonnerie. E x . Voilà de la maçonne bien faite.
Madame, n. f.
Dame. E x . Regarde donc la belle madame qui passe.
Mâfflu, e, n. et adj. — Qui a les joues pleines, r e b o n d i e s .
Maganer, v. a.
— Tourmenter, causer d u chagrin. E x . N e magane pas
ta vieille tante, bieu qu'elle soit bien déplaisante.
— Briser, détériorer. E x . Les écoliers sont h e u r e u x quand
ils ont maga7iê leurs livres de classe.
Magasin, n. m.
Magasin de, seconde main, magasin de revendeur.
Magasinage, n. m. — A c t i o n de magasiner, de faire des achats.
Magasiner, v. n.
Courir d ' u n magasin à l ' a u t r e pour y faire ses achats. Ex.
Il n ' y a rien qui m ' e n n u i e plus q u e de magasiner.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 419

Magasineux, euse, a d j . — H o m m e o u femme qui magasine.


* Magazine, n. f., (m. a . ) — P é r i o d i q u e .
Magies, n. f. p l . — T o u r s de m a g i c i e n . E x . Faire des ma-
gies.
Magniable, adj. — Maniable.
Magnier, v . a.
Manier. E x . I l faut q u e tu magnes cela avec tes mains.
Magnieux, euse, a d j .
Manieur, euse, q u i manie. E x . U n magnieux d'argent.
Magnière, n. f.
— Manière. E x . P o u r q u o i faire tant de magnières f
— Espèce, genre. E x . C ' e s t u n e magnière d'homme qui
est pas mal d u r à cuire.
Magniser, v . a.
Magnétiser. E x . T ' e s - t u fait magniser, l'autre j o u r ?
Magré, prép. — M a l g r é . E x . Il est v e n u magrê moi.
* Mahogany, mâgnê, ( m . a.)
Acajou, bois d ' a c a j o u . E x . U n set de chambre à coucher
en mahogany. N o u s entendons ce mot prononcé mâgnê,
magnê, mangnê.
Mai, conj.
Mais. E x . Mai q u e t u viennes chez nous, t u me le feras
assavoir.
Maigrechine, n. m . et f.
Maigre échine, personne m a i g r e , chétive, échinée. E x .
U n petit maigrechine.
Maigre d'eau (à), l o c .
Petite quantité d ' e a u . E x . P ê c h e r à maigre d'eau.
Maigrichon, ne, n. m . et f.
Enfant très m a i g r e . E x . H o l à ! petit maigrichon, viens
manger ta soupe.
Maigrion, ne, n. m . et f. — Maigrelet, u n peu trop maigre.
Maigue, a d j . — M a i g r e . E x . Maigue comme un cent de clous.
Maille et à corde (à), l o c . — V , A maille et à corde.
Maillé, n. m.
Jeune esturgeon appelé maille dans la région de Montréal.
O n l'appelle ailleurs escargot.
420 LE PARLER POPULAIRE

Mailler, v. n.
Se prendre dans les mailles d ' u n filet. E x . E e poisson
maille bien.
Mailloche, n . f.
Tête, crâne. E x . S i tu ne cesses de crier, mon gas, je vais
te c o g n e r la mailloche.
M a i n , n. f.
— O u v r i e r . E x . J'emploie cent mains dans ma manufac-
ture. (Angl.)
— Etre mal à main, n ' ê t r e pas o b l i g e a n t .
— Etre à main, dans le v o i s i n a g e .
— De main à main, sans passer par un intermédiaire.
— Avoir la main dure, ne p o u v o i r travailler sans tout briser.
— En un vire-main, en u n instant.
— Mains de beurre, mains qui ne savent rien retenir.
— Passer sa main, passer son tour d e j o u e r à un autre.
— Acheter argent à la main, acheter comptant.
— A main, commode.
— Avoir en mains, tenir en m a g a s i n .
— Se laver les mains d'une chose, comme Ponce-Pilate, décla-
rer q u ' o n n ' y a pas participé.
— Mettre les clefs à la main, l i v r e r à son propriétaire une
maison d e construction récente.
— Etre à sa main, être placé de m a n i è r e à agir librement,
aisément de sa main droite, si l ' o n est drêtier, de sa main
g a u c h e , si l'on est g a u c h e r .
— Tenir qicelqu'un dans sa main, avoir b e a u c o u p d'autorité
sur lui.
— Se payer de ses mains, par ses mains.
— Ecrire tme bonne main, avoir u n e bonne écriture.
— Mettre sa main au feu, être s û r d ' u n e affaire. E x . Si tu
joues à l a Bourse, t u v a s certainement perdre ton argent,
j ' e n mettrais ma main au feu.
— Avoir la main, avoir le droit d e distribuer les cartes.
— Acte fait par main de notaire, acte notarié.
— Par sous-main, en sous-main.
— Rester dans les mains, tomber en ruine, se démantibuler.
?
DES CANADIENS-1 KANÇAIS 421

E x . N e touche p a s à ce v i e u x meuble, car il v a te rester


dans les mains.
Main chaude, n. f.
Jouer à la main chaude. Jeu d'enfants qui consiste à frapper
dans la main d ' u n j o u e u r qui se cache les y e u x , et qui les
ouvre pour d é c o u v r i r celui qui l ' a frappé.
Main morte, n. f.
Main molle. E x . Main morte, main morte, tape le sot.
Amusement d'enfants.
Mainette, n. f. et m .
— Petite main d ' e n f a n t .
— H o m m e efféminé qui s'occupe de t r a v a u x particuliers
a u x femmes, q u i c o u d , tricote, etc.
Mainquain, n. m .
Partie d u fléau q u e l ' o n tient dans la main. D a n s le Perche
on dit maintain, et e n N o r m a n d i e maintint.
Mainquien, n. m .
Maintien. E x . T â c h e donc de t'asseoir comme il faut sur
une chaise, tu as l à u n joli mainquien !
Maintint, part. pass.
Maintenu. E x . I l s'est maintint solide sur ses jambes.
Mainuit, n. m.
Minuit. E x . N o u s partirons bientôt pour la messe de
mainuit.
Mairerie, n. f.
Mairie. C o t g r a v e cite mairerie pour désigner l'office et les
fonctions de maire.
Mairesse, n. f.
Femme du maire. D a n s le v i e u x français, mairesse se
disait pour maîtresse de maison.
Maison, n. f.
— La maison du Bon Dieu, l ' é g l i s e .
— La fille de la maison, la fille qui est à marier. E x . Si tu
ne te comportes p a s m i e u x , t u n'auras pas la fille de la
maison.
— Maison de sucre, petite maison en sucre d ' é r a b l e fabriquée
par les sucriers à l'intention des enfants.
422 LE PARLER POPULAIRE

Mais que, l o c . adv.


Lorsque, quand, après que. E x . Mais que tu viennes, nous
irons glisser sur les B u t t e s à N e p v e u . V a u g e l a s rejetait
cette locution.
Maître, n. m .
Monsieur. E x . A s - t u rencontré maître Pierre Latulippe?
Maître canot, n. m.
Canot principal dans u n e e x p é d i t i o n de canotiers.
* Maître de poste, n. m.
Directeur d e la poste. ( A n g l . ) post-master.
Majescule, n. f. et adj. — Majuscule.
Major, n. m .
Jeu de cartes, dans lequel le roi d ' a t o u t joue u n \ g r a n d rôle.
Il y a l e grand et le petit major.
Mal, n. et a d j .
— Avoir du mal, être u n peu avarié.
— Etre mal avec quelqu 'un, en brouille.
— Tomber d'un mal, être frappé d'épilepsie.
Mal (beau), n. m.
Maladie d e s organes a b d o m i n a u x c h e z la femme.
Mal (pas), l o c .
Assez, passablement. E x . Il y a v a i t pas mal de monde au
concert. Je suis pas mal e m b ê t é .
Malachigàn, n. m.
Poisson d o u é d'une v o i x puissante ; d ' o ù ses noms de thun-
der pumper, grondin, tambour des lacs. O u attribue à ses
os d'oreilles des propriétés c u r a t i v e s pour la maladie
dont le nom commence par la lettre censée g r a v é e sur
ces os.
Maladret, te, a d j . — M a l a d r o i t .
Maladrettement, adv. — M a l a d r o i t e m e n t .
Maladroisse, n, f. — Maladresse.
Malaucœureux, euse, adj.
Sujet a u x nausées sans cause appréciable.
Malcommode, adj.
— I n c o m m o d e . E x . Q u e l enfant malcommode !
— D ' h u m e u r acariâtre. E x . U n v i e u x malcommode.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 423

Malcompris, n. m .
Malentendu. E x . I l doit y avoir du malcompris entre v o u s
deux.
Mâle (un), n. m . — U n homme. E x . Un beau mâle.
Malému, e, adj. — D ' u n e h u m e u r maussade.
Malendurant, adj.
H a r g n e u x , p r o m p t à se révolter, difficile à v i v r e . Ex. En
voilà un qui est malendurant, on n'est seulement pas^capa-
ble de lui parler.
Malengueulé, e, a d j .
— Mal e m b o u c h é , q u i parle pour dire des choses désobli-
geantes ou malhonnêtes.
— M o n o n g a h é l a . E x . L,a bataille de la Malengueulé.
Mâlenquerre, adj. — M â l e entier, cheval étalon.
Malentente, n. f . — M a l e n t e n d u .
Malentrain, loc. a d v .
Légèrement souffrant. E x . Je ne sais pas ce que j ' a i ce
matin, je s u i s malenirain.
MaWaicteur, n. m . — Malfaiteur.
Malgré que, loc. a d v .
Quoique. E x . J ' i r a i v o u s voir, malgré qu'il fasse mauvais.
Malgré que ne se dit que dans l'expression malgré qu'il en
ait, quoique ce soit de m a u v a i s g r é .
Malheur, n. m .
Faire un malheur, se proposer de commettre une action cri-
minelle, sans p o u v o i r préciser. E x . S i v o u s ne me lais-
sez pas tranquille, j e ferai un malheur.
Malhureux, euse, adj. — M a l h e u r e u x .
Malhureusement, a d v . — Malheureusement.
Malicerie, n. f. — M a l i c e . E x . F a i r e des maliceries.
Malin, adj.
Difficile à faire. E x . Sauter cette clôture-là, ce n'est pas
malin.
Maline, adj. f. — M a l i g n e .
Malle, n. f.
— Courrier. E x . A t t e n d s q u e j ' a i e dépouillé ma malle.
— Poste. E x . T u v a s aller à la malle chercher mes lettres.
424 LE PARLER POPULAIRE

— La malle anglaise, l e courrier d ' E u r o p e o u le train m ê m e


qui transporte ce courrier des ports m a r i t i m e s d ' E u r o p e
ou d ' A m é r i q u e .
* Maller, v. a. ( A n g l . ) — Jeter une lettre à la poste.
Malmol, n. f.
Espèce de linon p a r t a g e a n t l'apparence d u linon et de la
mousseline c o m m u n e .
Malobligeant, e, adj. — D é s o b l i g e a n t .
Malouines (bottes,) n. f. p l . — Bottes à l ' é c u y è r e .
Malpèques, n. f- pl.
Huîtres p ê c h é e s à M a l p e c , sur la c ô t e d e l ' I l e d u Prince-
Edouard.
Malvat, n. m . — M a u v a i s sujet.
Malvenu, e, part. pass.
Mal reçu, mal accueilli. E x . S û r e m e n t si v o u s allez à cette
assemblée, v o u s serez malvenus.
Marne, n. f.
Madame. E x . E c o u t e z , Marne C h o s e , v o u l e z - v o u s me
ficher la p a i x ?
Mameselle, n. f. — M a d e m o i s e l l e .
* Manager, manedjcur,\\.m,, ( m . a . ) — G é r a n t , chef, directeur.
Manche, n. m.
— Etre gros manche avec quelqu'un, e n très bon termes.
— Avoir quelqu'un dans sa manche, p o u v o i r compter sur lui,
ou l ' a v o i r en son p o u v o i r .
— Se mettre du côté du manche, du c ô t é l e p l u s fort.
— C'est une autre paire de manches, c ' e s t b i e n différent.
Manche (gros,) n. m. — H o m m e i m p o r t a n t .
Manche (petit,) n. m. — H o m m e qui ne c o m p t e g u è r e .
Manche de chemise, n. f.
Bras de chemise. E x . S e mettre eu manche de chemise pour
travailler.
Manche de pipe, n. m. — T u y a u de pipe.
Manche de plume, n. m . — P o r t e - p l u m e .
Manchon, n . m .
Alanche. E x . L e manchon d e la c h a r r u e . D a n s le v i e u x
français on rencontre machon, esmanchon.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
425

Manchonnier, n. m .
F o u r r e u r . Manchonnier v i e n t d u fait que le fourreur fabri-
que des m a n c h o n s ; mais il fabrique aussi d'autres choses.
Manchotte, a d j .
N'être pas manchotte, ne p a s manquer d'esprit, au con-
traire.
Mandat-poste, n . m . — M a n d a t de poste.
Mande, n. f. — M e n t h e .
* Manéger, v . a. ( A n g l . )
Conduire; administrer. E x . Manège cette affaire du m i e u x
que tu p o u r r a s .
Mangeaille, n. f.
A c t i o n de m a n g e r . E x . A v e c ces enfants on n'entend par-
ler que de mangeaille.
Mangeard, n. m .
— Dépensier, p r o d i g u e .
— Fort m a n g e u r .
Mange=chrétîen, n. m .
Usurier. E x . C e s juifs-là sont tous des mange-chrétiens.
Manger, v. a.
— F a i r e tomber. E x . E a c h a l e u r v a manger le vent.
— Recevoir. E x . Manger des coups.
— Dépenser. E x . Manger son bien.
— Médire, c a l o m n i e r . E x . Manger le prochain, manger au.
prêtre, du j é s u i t e .
— S u r c h a r g e r de t a x e s . E x . Manger le peuple.
— Prendre. E x . Manger u n e dame. ( T e r m e de jeu.)
— Détruire. E x . U n fruit mangé des vers.
— Manger à même, p l o n g e r sa cuiller ou sa fourchette sans
se servir d ' a s s i e t t e .
— Manger le Bon-Dieu, être très d é v o t
— Manger de la misère, être p a u v r e .
— Manger des pissenlits par la racine, être mort.
— Manger de la vache e?iragée, rouler dans l a misère.
— Manger à tous les râteliers, d e tous côtés.
— Manger quelqu'un. E x . Je ne v o u s mangerai pas, c'est-
à-dire, j e ne s u i s p a s aussi m a u v a i s que v o u s pensez.
426 I.S P A R T I R POPULAIRE

Manger (se), v. prou.


— Se manger l'un Vautre, se ruiner.
— Se manger le sang, s'impatienter, s'inquiéter outre mesure.
Manger-aux-mouches.
Arrêter en chemin. E x . Laisser son c h e v a l manger-aux-
mouches.
Mangeur de maringouins, n. ni.
Engoulevent d'Amérique.
Mangeux, euse, n. m. et f.
Mangeur, euse. E x . E o u i s est un g r o s mangeux.
* Mangler, ( A u g l . ) Calandrer. V . M i n g l e r .
Manière de (comme), loc.
Comme u n e espèce de. E x . Il a v a i t comme manière de
chapeau sur la tête.
Manière (d'une), loc.
D ' u n e certaine façon. E x . D'une manière, il peut avoir
raison, mais pas de l ' a u t r e .
Manière que (de), loc.
E n sorte que. E x . 'Je lui ai donné toutes mes raisons, de
manière qu'il m ' a p a r u comprendre.
Manière comment que (la),
Comment, la façon dont. E x . Pourrais-tu me dire la ma-
nière comment que t u t ' y prends p o u r a v o i r de si beaux
animaux ?
Manière de (en), loc.
Comme, pour ainsi dire. E x . I l est v e n u m e dire en manière
de c o m p l i m e n t . . .
Manifacture, n. f.
Manufacture. C o t g r a v e d i t que manifacture et manufacture
sont s y n o n y m e s .
Manifactureur, n, m. — Manufacturier.
Manifacturier, n. m. — Manufacturier.
Manificat, n. m .
Magnificat. E x . P o u r v u que nous arrivions au Manificat.
Manifique, a d j . — M a g n i f i q u e .
Manigance, n. f.
Manœuvre secrète, mystérieuse. F r a n ç a i s , mais familier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Manigancer, v. a.
— Tramer dans l'ombre.
— Agir. Ex. T u maniganceras cette affaire comme je te
l'ai dit.
Manitou, n. m.
Divinité protectrice des Indiens, l'Etre suprême, le Grand
Esprit.
Manivelle, n. f.
Charriotmû au moyen d'une bielle sur les voies ferrées, à
l'usage des hommes de section (manœuvres). Hand-car
des Anglais.
Manivolle, n. f.
Poussière très ténue provenant de la mouture des grains.
Manne, n. f.
Mouche qui abonde à la surface des rivières et dont les pois-
sons font ample nourriture.
Manquable, adj.
Probable. E x . Manquable qu'il va venir comme il nous-
l'a promis.
Manquablement, adv.
Probablement. E x . Il viendra manquablement sur le soir,.
à la brimante.
Manque, m f.
Faute. Ex. Vous avez fait cela, c'est une manque sérieuse.
Manque (ben,) loc.
Beaucoup. E x . Y avait-il du inonde sur la terrasse hier
soir ? — Il y en avait ben manque.
Manqué, e, part. pass.
— Très fatigué, épuisé. E x . J'ai fait le tour du Cap-Rouge
à pied, aussi je suis manqué, ce soir.
— Sans valeur. N'achète pas ce cheval, il est manqué-
Expression acadieune.
* Manquer, v. a.
— Faire défaut. Ex. Vous n'étiez pas chez l'orateur, hier
soir, on vous a manqué. (Angl.)
— Etre dans la misère, manquer de tout. Ex. Depuis que
j'ai été placé, je ne crains plus de manquer.
428 LE PARLER POPULAIRE

* Manslaughter, manslâteur, n . m., (m. a.)


Homicide involontaire.
Mantelet, n. m.
Costume d'intérieur fait sans trop de l u x e e t beaucoup porté
par les femmes, à la c a m p a g n e . E x . M a femme portait le
grément complet, la jupe et le mantelet. Ou prononce
plutôt mantelette.
Manthe, n. f. — Menthe.
Mappe, n. f. — Carte g é o g r a p h i q u e .
Maquière, n. f . — M a t i è r e . V . ce mot.
Maquièrer, v . n . — V . Matièrer.
Maquièreux, euse, adj. — Q u i sécrète d u p u s . V . M a t i è r e u x
Mâr, n. m. — Mars. E x . N o t r e - D a m e de mâr.
Marabout, n. et adj.
H o m m e d ' u n e humeur insupportable. E x . Quel marabout
est ç a ! Quelle humeur marabout !
Marander (se), v . pron.
Se pavaner. E x . E n voilà u n e qui se marande un p e u fort.
Marâtre, n. m. et f.
Brutal pour les hommes et les a n i m a u x .
Marbe, n. m. — Marbre.
Marbre, n. m . — Bille. E x . Jouons a u x marbres.
Marcassin, n. m.
Petit cochon. E n F r a n c e , c e mot s ' a p p l i q u e au petit du
sanglier.
Marchable, a d j .
O ù l ' o n peut marcher. E x . Passons p a r u n chemin plus
marchable.
Marchage, n. m. — A c t i o n de marchâiller.
Marchâiller, v . n . — M a r c h e r péniblement.
Marchance, n. f. — Malchance.
Marchanceux, euse, adj. — M a l c h a n c e u x , euse.
Marchand, n. m.
— Marchand en gros, de g r o s .
— Marchand en détail, détailleur.
— Marchand de /tardes faites,de confections.
— Petit marchand, colporteur.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 429

— Marchand de seconde main, revendeur.


Marchandises sèches, n. f. pl.
Plusieurs sont sous l'impression que marchandises sèches est
la traduction de l'anglais dry goods. Nous trouvons mar-
chandises sèches dans les Registres du Conseil Souverain.
Donc l'expression était usitée dans la colonie avant l'arri-
vée des Anglais â Québec. On veut lui substituer nou-
veautés. Or, ce mot ne peut guère s'appliquer qu'à des
articles de mode, et ne rend pas bien l'idée des marchan-
dises sèches. A mon avis, mercerie vaudrait mieux.
1,'expression marchandises sèches prête le flanc à des bizar-
reries de langage assez originales. N'a-t-on pas vu des
annonces conçues dans la forme suivante : Grande vente
de marchandises sèches mouillées ! . . .
Marchant (mal), loc.
Chemin raboteux, vaseux, ou rempli de neige. E x . Le
chemin est mal marchant, aujourd'hui.
Marche, n. f.
— Promenade. E x . Allons faire une marche vers le monu-
ment des Braves.
— Course. E x . D'ici au Saut Montmorency, c'est une
bonne marche. I
Marché, n. m.
— Mettre le marché en mains, déclarer ne pouvoir faire une
chose.
— Grand marché, bon marché. E x . Les œufs se vendent
grand marché.
Marchedon, n. m.
— Botte sauvage. V . ce mot.
— Cheval.
Marcher, v. n.
— Circuler. E x . Les tramways ne marchent pas, ce matin,
il n'y a pas assez de pression.
— Suivre les exercices. E x . J ' a i deux enfants qui vont
marcher au catéchisme, ce printemps.
— Fonctionner. E x . J ' a i un employé dans mon bureau
qui marche tout de travers.
430 LE PARLER POPULAIRE

— S e sauver. E x . Marche à la m a i s o n , p e t i t imparfait.


— S e g â t e r , pourrir. E x . V o i c i d u f r o m a g e q u i marche
tout seul.
— Marcher mal, le c h e m i n est m a u v a i s . E x . Ça marche
mal.
— Marcher avec quelqu'un, être d ' a c o r d , aller au m ê m e but.
— Marcher sur le chréquien. V . Chréquien.
— Marcher sur, approcher d e . E x . Je marche sur la soi-
xantaine.
Marchette, n. f.
— P é d a l e p o u r faire m o u v o i r la roue d ' u n rouet à filer.
— G r o s t u y a u d ' o r g u e o u basse d ' u n instrument, q u e l'on
fait sonner à l'aide d ' u n e touche q u e l ' o n baisse a v e c le
pied.
Marci, n. f.
Merci. E x . Marci ben des fois, marci mille fois !
Marcou, n. m .
Matou. N o s anciens, dit L a c u r n e , faisaient des n o m s d'ani-
m a u x de . noms de saints. Marcou v i e n d r a i t d e Marc,
comme matou de M a t h i e u .
Mardi gras, n. m .
— H o m m e masqué. E x . A v e z - v o u s r e ç u des mardis gras
chez v o u s , hier soir ?
— Enterrer le mardi gras, donner u n e s o i r é e à l'occasion du
mardi g r a s .
Mardiflier, n. m. — M a r g u i l l i e r .
Mare, n. f. — M a r e .
Marécager (se), v . pron.
Se gâter. E x . L e t e m p s c o m m e n c e à se marécager.
Marêche, n. f.
Requin d u S a i n t - L a u r e n t .
Marée, n. f.
L e contenu d ' u n e mare, u n e flaque d ' e a u , d'urine, etc. E x .
U n petit enfant qui fait des marées.
Mârence, n. f. — Marelle.
Marène, n. f. — Marelle. V . B a r r è n e .
Margau, n. m. — F o u de Bassan.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
431

Marge, «• f-
Spéculation r e n d u e p l u s facile par le paiement incomplet
des actions a c h e t é e s . E x . S p é c u l e r sur marge.
Marginer, v. n. — S p é c u l e r sur m a r g e .
Margot, n. m.
Baie j a u n â t r e q u e l ' o n cueille d a n s les savanes. A p p e l é e
mûre de savane d a n s le c o m t é d e K a m o u r a s k a .
Margouilles, n. f. p l .
Margouillis, i m p a s s e , position embarrassante. C e mot était
très usité à M o n t r é a l , il y a cinquante ans.
Margoulette, n. f.
Mâchoire, b o u c h e , b a s d u v i s a g e . E x . Je lui ai cassé la
margoulette.
L e mot est français et populaire en F r a n c e , et signifie l a
m ê m e chose q u ' e n C a n a d a .
Marguerite, n. f. — P â q u e r e t t e v i v a c e .
Marguerite jaune, n. f.
Renoncule acre. P e s t e de n o s campagnes.
Marguillage, n. m . — Q u i ressort d e la c h a r g e de marguil-
lier.
Marguillière, n. f.
F e m m e du m a r g u i l l i e r . E x . V o i c i madame la marguillière.
Maréal, Mariai. — M o n t r é a l .
Marier, v . a.
Se marier a v e c . E x . Je g a g e q u e Joseph v a marier la petite
Lafleur.
Marie Quat'Poches, n. f. — F e m m e m a l v ê t u e .
Marie Souillon, n. f. — F e m m e malpropre.
Marie Torchon, n. f. — F e m m e laide et malpropre.
Marieux, euse, a d j .
H o m m e qui a des dispositions pour le mariage. E x . C e
garçon-là n ' e s t p a s un g r a n d marieux.
Mariilier, n. ni. — M a r g u i l l i e r .
Marinades, n. f. p l .
Conserves a u v i n a i g r e , o i g n o n s , choux-fleurs, concombres.
Marine, n. f.
— Inflammation des tissus d e l a main. E x . Docteur, j ' a i
432 LE PARLER POPULAIRE

été à l ' e a u salée, r e g a r d e z ma main, j e crois q u e j ' a i la


marine.
Marinos, n. m .
Mérinos, étoffe de laine. E x . U n e robe d e mérinos.
Marinquin, n. m . — M a r o q u i n .
Marionnette, n . f. — A u r o r e boréale.
* Market, markèle, (m. a.)
— T r a i n d u m a r c h é . E x . Ce soir n o u s prendrons l e market
pour la Rivière-du-L/Oup.
— Marché.
Marie, n. m . — M e r l e .
Marleau, marlot, n. m .
Hypocrite e t trompeur. E x . C e t individu-là, c'est un
marleau,
Marmette, n. f.
Guillemot ordinaire, a p p e l é en a n g l a i s murre, à cause de son
cri.
Marmotte (croquer), loc p r o v .
Croquer le marmot, attendre l o n g t e m p s en v a i n .
Marmousin, n . m . — M a r m o u s e t , petit g a r ç o n .
Marque, n. f.
— C r o i x . E x . V o u s ne s a v e z pas s i g n e r , faites v o t r e mar-
que ici.
— Faire sa marque, faire son chemin dans le monde, fournir
une belle carrière.
Marquer, v . n .
— A v o i r b o n n e ou m a u v a i s e apparence. E x . U n homme
qui marque mal.
— Informer. E x . D a n s t a lettre, t u lui marqueras que je
suis t o u j o u r s en bonne s a n t é .
— G r a v e r . E x . O n v o i t bien q u ' i l a e u la picote, il est
resté marqué.
— Prendre n o t e . E x . Marque bien ce q u e je te d i s .
Marques, n. f. p l .
Marques de c o u p s . E x . T u v a s porter longtemps de mes
marques.
Marron, n. m . — M a r m i t o n d e collège.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
433
* Marsh=maIlow, marche mâlo, n. m., (m. a,) —Guimauve.
Marsouin, n. m.
Les Marsouins de l'Ile-aux-Coudres. Sobriquet.
Martagon, n. m. — Lis des prairies.
Martello (tour), n. f.
Tour d'observation, de vigie. K x . A Québec, il y a plu-
sieurs tours Martello.
Martrière, n. f. — Piège pour prendre les martres.
Marveille, n. f.
Merveille. E x . Je me porte à marveille, et toi ?
Marveilleux, euse, adj. — Merveilleux.
Mascouabina, n. m.
Sorbier à fruits rouges en grappes. Origine sauvage. Si-
gnifie grain que les ours aiment à manger. Nous disons
souvent mascoubina, mascou, mascoua.
Maskinongé, n. m.
Espèce de brochet que l'on pêche dans nos rivières.
Maskoutin, n. m.
Sobriquet donné aux habitants de Saint-Hyacinthe. Vient
du mot Yamaska, rivière qui traverse la ville.
Massacre, n. m.
— Diable. E x . V a au massacre.
— Massacre des innocents, rejet en bloc de tous les projets de
loi qui n'ont pas encore été adoptés à une date fixée
d'avance.
Masse (en), loc.
— Beaucoup, en quantité. E x . Il pleut en masse, il y avait
du monde en masse.
— Pas des masses, peu, guère.
Masser, v. a. — Frapper.
Massif, ive, adj.
Pesant, lourd. E x . Un enfant massif, un livre massif.
Mastas, n. m. — Enfant gras et gros.
Mastic, n. m.
Une face de mastic, figure replète et d'un jaune pâle.
Masticot, n. m. — Homme de police, sergent de ville.
* Mat, matte, (m. a.)—Natte, paillasson.
28
434 LE PARLER POPULAIRE

Matador, n. m . — H o m m e p r é t e n t i e u x et batailleur.
Matagon, n. m. — Quatre-temps, r o u g e t .
Mâtaine, u. f. — Mâtine, luronne.
Matamore, n. m. — B r a v e à trois poils.
Matapan, n. m.
H o m m e fort, gros et bouffi. E n N o r m a n d i e , on dit mas-
tapan,
* Match, (m. a.)
— L u t t e , joute. E x . U n e match de crosse, de h o c k e y .
— Mariage. E x . Pierre et Louise v o n t faire u n match à
mon goût.
— Concours. E x . U n match d ' a n i m a u x d a n s une exposition.
— A l l u m e t t e . E x . Donne-moi donc u n e match pour allu-
mer m a pipe.
* Matcher, ( A n g l . )
— T e n i r tête. E x . Celui-là, je t r o u v e r a i moyen de le mat-
cher.
— Assortir. E x . Matcher des couleurs, des c h e v a u x .
— Se marier. E x . Jean et Pauline s'aiment, matchons-hs
ensemble.
— A p p a r i e r . E x . Matcher des étoffes d e couleur.
— Se mesurer. E x . S i t u v e u x , n o u s allons nous matcher
ensemble.
Matelas, n. m . — Q u e n o u i l l e .
Mater (se), v. pron.
— Se cabrer. E x . M o u c h e v a l se mâte à tout propos.
— S'irriter. E x . N e v o u s mates pas, l ' a m i , nous allous nous
entendre.
Matéreaux, n. m. pl.
M a t é r i a u x . E x . A s - t u tous tes matéreaux de p ê c h e ?
Mathieusalé, n. propre.
Mathusalem, patriarche aïeul de N o é . E x . V i e u x comme
Mathieusalé, Maqueusalé.
M'a=t-i ? — Est-ce q u e j e vais ? E x . M'a-t-i m ' e n aller ?
Matière,- n . f.
Pus. E x . L e docteur A l o è s m ' a l a n c é u n abcès, il en est
sorti beaucoup de matière.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 435

Matièrer, v. n.
Qui donne du p u s . E x . J'ai u n e plaie qui matière toujours.
Matièreux, euse, a d j .
Qui fournit du p u s . E x . U n ulcère matièreux.
Matillon, n. m. — M a q u i l l o n .
Matin (à), loc.
Ce matin. E x . Comment êtes-vous, à matin ? Est-ce du
lait d'à malin ?
Matin ( d u ) .
— Ce matin. E x . J ' a i u n enfant né du matin.
— Un de ces quatre matins, u n de ces jours. E x . Nous
irons vous voir un de ces quatre matins.
Matin (petit).
Point du jour. E x . T u viendras me prendre a u petit malin.
Mâtin !
Interjection pour e x p r i m e r le dépit, l'étonnement. E x .
Mâtin, que c'est beau !
Matinée, n. f. — Corsage.
Matou de grève, n. m.
Rôdeur de nuit q u i cherche à dérober le poisson pris dans
les pêches.
Mâts=cordes (à). — V . A maille et à corde.
* Matte, n. m. ( A n g l . )
Paillasson, n a t t e placée à la porte des appartements pour
q u ' o n s'y essuie les pieds.
Maturité (à), n. f.
Echéance. E x . V o t r e billet viendra « maturité dans quinze
jours, voyez-y.
Maucœureux, euse, a d j .
V. Malaucœureux. Cotgrave dit que ce mot signifie lâche.
Maudissements, n. m . pl.
Jurons. E x . Ce sont des maudissements à n'en plus finir.
Maudit (du).
— Terrible. E x . J ' a i eu une p e u r du maudit.
— Diable. E x . I l y a du maudit là-dedans.
Maudisseux, n. m.
Qui maudit à t o u t propos.
436 LE PARLER POPULAIRE

Mauditement, adv. — T e r r i b l e m e n t .
Maussade, adj.
Déplaisant. E x . C e t h o m m e est bien maussade.
Mauvais, e, n. m. et f.
Méchant. E x . C'est un mauvais, une mauvaise.
Mauvaisement, adv. — M é c h a m m e n t .
Mauvaiseté, n. f. — M é c h a n c e t é , malice.
Mauve, n. f. — Mouette. ( T e r m e de v é n e r i e . )
Maxime, n. f. — V a c c i n e . E x . U n e bonne picote maxime.
Maximer, v . a.
Vacciner. E x . Je v a i s faire maximer tous mes enfants.
Mâzette !
Interjection pour m a r q u e r l ' e t o n n e m e n t , l'admiration. E x .
Mâzeiie ! ce n'est p a s le premier v e n u q u e cegas-lk \
* Mean, mine, (m. a.)
Bas, v i l , mesquin, avare, sans v a l e u r .
Mécanique, n. f. — M é c a n i c i e n .
Mécardi, u. m. — Mercredi.
Méchant, e, adj.
Mauvais, en mauvais ordre. E x . I^es chemins sont mé-
chants, le temps est méchant, le p a i n est méchant.
Mèche, n. f-
— Coup d e vin. E x . Rentrons prendre une mèche chez
Boissec.
— L o n g espace de temps. E x . I l en a pour une mèche
avant d ' a v o i r fini son livre.
Mécredi, mécrédi, n. m .
Mercredi. A u t r e f o i s mecredi se disait. V a u g e l a s préférait
mecredi à mercredi. T h o m a s Corneille était favorable aux
d e u x , mais il disait q u e mecredi é t a i t p l u s d o u x .
Médeciner, v. a. — F a i r e prendre des remèdes.
Médeciner (se), v. p r o n . — S e soigner soi-même.
Médi, n. m .
— Midi.
— Su /'médi, vers midi.
— Su Vcoup du médi, à l ' h e u r e du m i d i .
* Meeting, mîtîgne, ( m . a . ) — A s s e m b l é e , réunion.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 437

Mégard, n. m.
Mégarde. E x . J ' a i p u me tromper, mais c'était par mégard.
Méguiocre, a d j . — M é d i o c r e .
* Meilleur, adj.
Au meilleur de ma connaissance, si je me rappelle bien. (Angl.)
Meincredi, n. m. — Mercredi.
Meinnuit, n. m. — M i n u i t . E x . L a messe de meinnuit.
Mékerdi, n. m. — Mercredi.
Mêlâillage, n. m. — Action de mêler.
Mélâiller, v. a. — Mêler. E x . Mon fil est tout mélâillé.
Mélanges, n. m. pl. — Bonbons assortis.
Mêle (en), loc.
A u milieu. E x p r e s s i o n acadienne. E x . Il y avait dans le
chemin trois femmes ; celle qui était au milieu était
vieille. Elles sont vieilles en mêle, dit le conducteur, c' est-
à-dire celle du milieu est vieille. Expression très an-
cienne qui doit venir de in medio.
Mêlis-mêlo, n. m . — Confusion, désordre.
Membre, n. m.
— Patin. E x . U n membre de carriole, de traîneau.
— Député, r e p r é s e n t a n t du peuple. E x . N o u s avons un
bon membre à la C h a m b r e , mais il ne parle pas souvent.
Membrer, v. a.
Poser des patins à u n traîneau, à une carriole.
Même (de), loc. a d v .
— De semblable. E x . Nos enfants sont tous gros et gras,
mais le petit dernier bat tous les autres, on n ' e n voit pas
souvent de même.
— Ni bien ni mal. E x . Comment est ta femme ? — Elle est
de même.
— De cette façon. E x . Mens donc pas de même.
Même (du).
Ea même chose. E x . C'est toujours du même et du pareil.
E n Anjou ou dit du pareil au même.
Même chose (la).
T o u t de même. E x . J e ne suis pas invité à la conférence
du Père A n t o i n e , j ' i r a i la même chose.
438 LE PARLER POPULAIRE

Mémère, n. f.— G r a n d ' m è r e .


Menable, adj.
Qui peut être mené, conduit. E x . U n être comme cela, je
te dis que ce n'est pas menable.
Ménage, n. m .
Mobilier. E x . J'ai acheté mon ménage c h e z V a l l i è r e .
Ménagement, n. m.
Economie. E x . D a n s cette maison, on n'entend parler que
de ménagement.
Menasse, n. f. — Mélasse.
Menchonge, n. m. — M e n s o n g e .
Mener, v . a.
— S e promener. E x . V e u x - t u aller mener, mon petit ?
— Mener quelqu'un par le bout dît nez, le dominer.
— Mener la vie, v i v r e a v e c l u x e .
— Mener du bruit, faire d u tapage.
— Ne pas mener grand bruit, être tranquille et silencieux,
— Mener le sorcier, faire beaucoup de bruit.
— Mener le diable, m ê m e sens.
— Mener sur Pair. — V . Mettre.
— Conduire un c h e v a l . E x . Sais-tu mener f
Ménoire, n. f.
— T i m o n . A Québec on dit timon, à M o n t r é a l , travail.
— Mémoire. E x . M a n q u e r de ménoire.
Menon, n. m. — Melon.
Menoque, n. f.
Manoque, petite botte de tabac en feuilles.
Menotte, n. f.
— Demi-gant de femme q u i ne c o u v r e p a s l ' e x t r é m i t é des
doigts.
— Petite main d'enfant.
Menterie, n. f.
Mensonge. Français familier. E x . V l à Chose, il a le corps
plein de menteries, écoute-le.
Menteux, euse, adj.
Menteur. E x . Faut-il être menteux p o u r dire cela?
Mentir, v. a. — Mentir, v . n. E x . T u mens cela, l'ami.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 439

Ménuït, n. m.
Minuit. Ex. T u viendras sur le coup de mêmtit.
Menuserie, n. f. — Menuiserie.
Menusier, n. m.—Menuisier.
Menutés n. f. pl. — Petites choses, bagatelles.
* Mépris de cour, (Angl.)
Injure au tribunal. E x . Condamné à huit jours de prison
pour mépris de cour.
Méquier, n. ni.
Métier. Ex. Travailler au méquier, avoir un bon méquier,
un corps de méquier.
Mer, n. f.
Fleuve Saint-Laurent, dans sa partie la plus large, là sur-
tout où l'eau est toujours salée et donne une assez juste
idée d'une mer.
Mercier, v. a.
Remercier. E x . Mercie-le de t'avoir donné de belles étrenues.
Mère, n. f. — Femme. Ex. Holà! la mère, veille au petit.
Mère moutonne, n. f. — Brebis.
Mère oie, n. f.—Oie.
Mère ourse, n. f. — Ourse.
Mère rangearde, n. f.
Petite fille qui fait la pluie et le beau temps chez ses parents.
Merise (petite), n. f.
Cerise du Canada.
Merisier blanc, n. m. — Bouleau élancé.
Merisier rouge, n. m. —Bouleau merisier.
* Mérite, n. m.
Plaider au mérite, entrer dans le vif de la plaidoirie, plaider
au fond. (Angl.)
Merle, n. m. — Grive erratique.
Merle chat, n. m. — Grive de la Californie.
* Merry Christmas, mère, (m. a.) — Joyeux Noël !
Mes, adj. — Mes E x . Mes hères, mes soeurs.
Mesquinage, n. m.
Mesquinerie. Mesquinage se disait jadis pour service, se
mettre en mesquinage.
440 LE PAKLER POLULAIRE

Mesquiner, v . u.
E t r e chiche. E x . C ' e s t un v i e u x b o n h o m m e q u i mesquine
sur tout.
Mesquineux, euse, n. et adj.
Ladre, sordide. E x . L e b o n h o m m e R i c h a r d est un vieux
mesquineux.
Messe, n. f.
Tourner en basse messe, arriver à p e u p r è s à rien. Allusion
au fait q u ' i l arrive quelquefois, à la c a m p a g n e , qu'une
grand' messe, p o u r des raisons e x c e p t i o n n e l l e s , se termine
en basse messe.
Messieurs, u- m. pl.
— Les Messieurs du Séminaire, les p r ê t r e s du Séminaire de
Q u é b e c . E x . C e t t e après-midi, à c i n q heures, il y aura
u n salut solennel à l a chapelle des Messieurs du Séminaire.
— Les Messieurs de Saint-Sulpice, l e s prêtres de l a Société
des Sulpiciens.
— L e fort des Messieurs ( M o n t r é a l ) .
— Extrait des Messieurs, o u v r a g e d e loi publié à Londres
en 1772, i n t i t u l é : An Abstract of those Parts of the Cus-
tom of the Viscounty and provotship of Paris, etc. Cette
compilation fut faite par F.-J. C u g n e t , D e s c h e n a u x , Pres-
sard, Jacrau, et plusieurs autres M e s s i e u r s .
Messire, n. m. — M o n s i e u r l ' a b b é .
* Mesure, n. f. — P r o j e t de loi. ( A n g l . )
Mesure que (à la), loc.
A mesure que, au fur et à m e s u r e .
Mesurement, n. m. — M e s u r a g e , action de mesurer.
Mesure, n. f, — Mesure.
Met, n. m .
Pétrin, h u c h e où l'on fait l a pâte. D a n s le patois de Berry,
ce mot signifie h u c h e a u pain. R a b e l a i s l ' a employé
dans son Gargantua :
« Et croissoit comme pâte dans le met. »

Dans le Jura on écrit maid, de l ' i t a l i e n madia. Cotgrave


écrit maye.
DKS CANADIENS-FKANÇAIS 1
44
Métail, n. m. — Métal.
* Meter, miteur, n. m., (m. a.) — Mesureur, compteur.
Métier, n. m.
— Faire du métier, travailler pour l'argent, et non pour
l'art.
— Faire un métier d'enfer, faire un travail pénible.
— Faire trente-six métiers, essayer de faire de tout.
m
Métif, n. - — Métis. E x . I^es Métifs du Nord-Ouest.
Métiver, v. n. — Moissonner, couper le grain. Acadianisme.
Métraisse, n. f.
Prononciation renversée de maîtresse. E x . Une métraisse
d'école.
* Mètre, n. m.—Compteur. (Angl.)
Mettre, v. a.
— Mettre dedans, tromper.
— Mettre la puce à l'oreille, avertir.
— Mettre de F eau daus son vin, se modérer.
— Mettre dans son sac, recevoir des injures.
— Mettre dans de beaux draps, dans l'embarras.
— Mettre les pieds dans les plats, faire une sottise.
— Mettre les mains à la pâle, travailler soi-même.
— Mettre tous ses œufs dans le même panier, ne pas diviser
ses risques.
— Mettre sur les dents, fatiguer.
— Mettre dans sa poche, empocher un affront.
— Mettre de l'argent, en dépenser.
— Mettre une chose à ne pouvoir s'en servir, la rendre inuti-
lisable.
— Mettre sur l'air, chanter justement et correctement d'après
la musique. E x . Si vous avez un tant soit peu d'oreille
vous pourrez facilement mettre sur l'air la chanson Vive
la Canadienne !
— Mettre tout dehors, employer le vert et le sec.
Meubelier, n. m. — Meublier, ébéniste.
Meublerie, n. f.—Ameublement.
Meublir, v. a. — Ameublir.
Meurir, v. a. et n. — Mûrir.
442 LE PARLER POPULAIRE

Mézamain (à), loc. adv. — C h o s e qui n ' e s t p a s à la main.


Mézelle, n. f . — M a d e m o i s e l l e .
Miâlement, n. m. — M i a u l e m e n t .
Miâler, v . n.
Miauler. E x . E n t e n d e z - v o u s le c h a t qui miâle ?
Miâleux, a d j . — Miauleur.
Micament, n. m . — M é d i c a m e n t .
Mi-carême, n. f.
H o m m e m a s q u é . E x . E e s mi-carêmes v o n t passer ce soir,
préparons-nous à les recevoir. A u t r e f o i s , en F r a n c e , il y
avait les carême-prenants, c'est-à-dire c e u x qui couraient
en masque, mal h a b i l l é s , dans les r u e s , pendant les jours
gras.
Michetanflûte. — Mistanflûte. V . ce m o t .
Micmac, n. m .
— Sortilège, maléfice, sort. E x . I l y a d u tnicmac là-de-
dans. C o t g r a v e cite ce mot pour signifier intrigue.
— L a n g a g e incompréhensible. E x . P a r l e s - t u micmac, que
je ne te comprends p a s ?
— M e n u s objets mêlés p ê l e - m ê l e . E x . U n tas de micmacs.
Micouanne, n. f.
Grande cuiller. M o t s a u v a g e . C ' e s t l a mouvette des Nor-
mands.
Micouannée, n. f. — L e c o n t e n u d e l à m i c o u a n n e .
Micouenne, n. f. — V . M i c o u a n n e .
Micouennée, n. f. — M i c o u a n n é e .
Miette, n. f.
— Petite quantité. E x . V e u x - t u u n v e r r e de v i n ? O u i ,
j ' e n prendrai une petite miette s e u l e m e n t .
— Pas la miette, pas d u t o u t . E x . A s - t u q u e l q u e s sous à
me prêter ? — J'en ai pas la miette.
— Un p e u . E x . Il a u n e miette de b o n sens.
Mietton, n . m.
M é l a n g e de pain et de lait donné a u x e n f a n t s . O n dit aussi
miton.
Mieux (de), loc.
D e plus. E x . Pour en finir, j e mettrai d i x piastres de mieux.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
443

Mignonnette, n. f. — R é s é d a odorant
Mil, n. m . — F l é o l e , g r a m i n é e fourragère.
* Milage, u. m . ( A n g l . )
Allocation p o u r frais de v o y a g e . De l ' a n g l a i s mileage.
Mille gueux, n. m .
I n d i v i d u s u s p e c t . E x . M o n mille gueux, si je te poigne l
Milleur, adj. — M e i l l e u r .
Mimacament, n. m . — M é d i c a m e n t .
Mi-mal (à), l o c . — A d e m i - m a l .
Mimiographe, n. m .
Machine à i m p r i m e r le manuscrit en le reproduisant à plu-
sieurs c o p i e s .
Mi-mot (à), l o c — A demi-mot.
Mince, adj.
En avoir épais dans le plus mince, être peu intelligent.
* Mince=pie,paie, ( m . a.)
P â t é de fruits et d e v i a n d e s h a c h é s .
Mincir, u. a. — A m i n c i r .
Mincredi, n. m . — M e r c r e d i .
* Mind (never), mdinde, (m. a.) — N ' i m p o r t e , ça ne f a i t
rien.
Mine, n. m . — C h a t . E x . D o n n e à manger au petit mine.
Mine, n. f.
Avoir mal à la mine, avoir u n e triste apparence.
Miner, v. n.
— Paraître. E x . C e t t e femme mine mal.
— S'enfoncer. E x . U n terrain q u i mine.
Minette, n. f. — P e t i t e chatte. E x . Donne ta patte, minette.
Mingle, n. m.
Grand châssis e n b o i s p o u r faire sécher les rideaux.
* Mingler, v . a. ( A n g l . )
Calandrer, faire passer à l a m a c h i n e pour lisser et lustrer
les étoffes, g l a c e r les papiers. E x . Je ne porte pas d'au-
tres cols q u e d e s cols minglés.
* Minion, n. m . ( m . a.)
Mignonne, 7 p o i n t s . ( T e r m e d'imprimerie.)
Meinkerdi, n. m . — M e r c r e d i .
444 LE PARLER POPULAIRE

Minoter, v . n.
Prendre de meilleures proportions. E x . Ç a commence à
minoter.
Minou, n. m. — Chat. V . M i n e .
Minouche, n. f.
Caresse. E x . Fais crac, minouche. V . Crac.
Minoucher, v . a. — Caresser, chercher à amadouer.
Minoucherie, n. f. — Minauderie.
Minoucheux, euse, adj. — Minaudier.
Meinpriser, v . a. — Mépriser.
Mirobolant, adj.
Etonnant, p r o d i g i e u x . E x . U n e n o u v e l l e mirobolante.
Miret, n. m.
Passement, tissu plat et étroit de fil de soie dont on orne des
meubles, des habits.
Miroué, n. m. — Miroir.
Miséricorde.
Mot employé pour e x p r i m e r la douleur, l a contrariété. E x .
Il pleut à Dieu miséricorde. Miséricorde, que le temps est
mauvais !
* Missedile. ( A n g l . ) — M a l d o n e .
Mise, n. f.
F o u e t . E x . Cocher, donne de la mise, n o u s sommes pres-
sés.
Misérable, n. m.
Petit verre qui contient la 32° partie d ' u n litre.
Misère, n. m.
— Difficulté. E x . E n avons-nous eu de la misère pour finir
notre o u v r a g e ?
— Faire des misères à quelqu'un, le tourmenter.
— Misère d'un nom ! j u r o n e x p r i m a n t la douleur. E x . Je
me suis fait mal, misère d'un nom !
Misette, n. f. — Herbe des prairies, p â t u r a g e . Acadianisme.
* Mistake, misstêke, ( m . a . ) — E r r e u r , faute. V . Mistèque.
Mistanflûte !
E m p l o y é comme interjection, pour e x p r i m e r la surprise.
E n F r a n c e , l'expression à la mistanflûte s'applique à une
DES CANADIENS-FRANÇAIS 445

chose faite d ' u n e façon e x t r a v a g a n t e . V i e n t de miston,


compagnon d o n t on fait peu d e cas ; sa v u e suffit pour
rebuter q u e l q u ' u n et lui fait dire suie ! flûte ! (Thn.)
* Mistèque. ( A n g l . )
Erreur. E x . I l n ' y a pas de mistèque là-dedans.
Misti, n. m.
L e valet de trèfle. Misti est l ' a b r é g é de mistigri, jeu de
carte.
* Mitaine, n. f.
— Office r e l i g i e u x dans les é g l i s e s protestantes. E x . A s -
tu déjà é t é à la mitaine? (Angl.)
— Eglise protestante.
Mitan, n. m.
Milieu. V i e u x " m o t français que l ' o n retrace dans Brantôme :

n L e boufon qui v i n t , cela dit : E t nioi je v o u d r a i s être


au beau mitan. »

Mitasse, n. f.
Guêtre en p e a u ornée de rassade ou de poil d'orignal teint
en diverses couleurs.
Mité, adj.
Rongé par les m i t e s . E x . D e s fourrures mitées.
Miton, n. m.
— Onguent miton mitaine, q u i ne fait ni bien ni mal.
— Chaussure d ' h i v e r en laine o u en feutre pour protéger
contre le froid. S e met pardessus la chaussure ordinaire.
* Mob, (m. a.) — P o p u l a c e .
Mocassin, n. m .
Soulier de p e a u d e caribou, d ' o r i g n a l o u de chevreuil, la
meilleure c h a u s s u r e p o u r chausser la raquette.
Moche, n. f. — P e t i t pain de b e u r r e .
Modeuse, n. f. — M o d i s t e .
Modisse, n. f. — M o d i s t e .
Mogniac, n. m . — V . Moniac.
Mognon, n. m .
Moignon. C e q u i reste d ' u n m e m b r e a m p u t é .
Mohair, n. m . — P o i l de c h è v r e angora.
LE PARLJÎH POPULAIRE
446

* Moi pour un, loc.


Quant à moi personnellement. (Angl.)
Moindrement (le), loc.
U n tant soit peu. E x . Cet homme se tairait, s il avait le
moindrement de bon sens.
Hatzfeld dit que le moindrement signifie le moins du monde,
de la moindre manière. E x . Je n ' y suis pas le moindre-
ment intéressé
Moine, n. m.
— Petit insecte employé pour la pêche des chevesnes. O n
l'appelle aussi mouche des haies.
T o u p i e d ' A l l e m a g n e , toupie creuse et percée d ' u n côté,
qui fait du bruit et même de la musique en tournant.
Moins (à), l o c adv.
De moins. E x . C'est pas cher, tu l ' a u r a s pour une piastre,
mais pas un sou à moins.
Moi-z-en.— M ' e n . E x . Donne moi-z-en donc un morceau.
Moisir, v . n.
Rester longtemps. E x . Je v a i s aller a u K e n t avec toi, mais
nous u ' y moisirons pas. Français, mais familier.
Moitié, n. f.
— Femme. E x . C'est ta femme ? — O u i , c'est m a tendre
moitié. F r s . fain.
— Moitié de ligne, gens qui perçoivent la moitié des profits
des pêcheurs ou maîtres de grave.
MoHette, n. m.
Mollet. E x . J'ai des crampes dans le mollette.
Mollettement, adv. — T r è s mollement.
MoIHère, n. f.
Terrain détrempé recouvert d'un g a z o n trompeur ; lieu
m a r é c a g e u x et mou o ù l'on peut s'embourber. Cotgrave
emploie ce mot pour fondrière, marais.
Moment que (du), loc. conj.
A l o r s que, dès lors que. E x . Du moment que tu me le dis,
je le crois dur comme fer.
Mon mien.
L e mien. E x . Je te dis que ce livre-là, c ' e s t mon mien.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 447

Mondaine, adj. f. — Mondée. E x . De l'orge mondaine,


* Monardeur, n. m.
Mandat de poste. Corruption de l'anglais moncy-order.
Monde, " m.
— Public. K x . Cette soirée est-elle pour le monde?
— Gens. K x . Voilà du bon monde.
— Son monde, les membres d e la famille. E x . Vous invi-
terez tout notre monde à la fête.
— Un monde fou, beaucoup d e personnes.
— Un monde de choses, beaucoup de choses.
— Comme du monde. E x . J e ne souffre pas comme du
monde, c'est-à-dire je souffre beaucoup.
— N'être pas du monde. E x . Ce n'est pas du monde que cet
animal-là, c'est u n diable.
— Soulever mer et monde, remuer ciel et terre.
— Mettre quelqu'un au monde, le faire connaître, le pousser
dans le chemin de la notoriété.
— En monde. E x . I l n'est pas bête en monde, très-bêle.
— Dans le monde, en vérité. E x . Je vous demande, dans
le monde, s'il n ' e s t pas s u r p r e n a n t que telle chose soit
arrivée.
Monde (grand), n. m. — L e s g r a n d e s personnes.
Monde (petit), n . m.
— Les enfants.
— Les petites gens, la classe moyenne.
* Money order, monê ordeur, ( m . a.) — Mandat de poste.
Moniac, n. m.
Oiseau du genre c a n a r d qui se tient dans le golfe Saint Lau-
rent et sur les côtes d u Labrador.
Monsieur, n. m.
— Un vrai monsieur, un gentilhomme.
— Ce n'est pas monsieur ce que tu fais là, ce n'est pas le fait
d ' u n gentilhomme d ' a g i r ainsi.
— Faire son monsieur, affecter des airs de gentilhomme.
— Le monsieur de la maison, le maître.
Monstresse, n. f. — Monstre femelle.
Montaigne, n. f. — Montagne.
448 LE PARLER POPULAIRE

Monté, adj.
U n peu étourdi par les v a p e u r s de l ' a l c o o l .
Montée, n. f.
— Canot de montée, canot e m p l o y é p a r les v o y a g e u r s , trap-
peurs, g e n s de chantiers pour remonter le cours des
rivières.
— Police montée, gendarmerie à c h e v a l .
Monter, v . a.
— Monter une scie, mystifier.
— Monter sur ses ergots, être fier.
— Monter à graine, vieillir sans se marier.
— Monter une gamme, gronder.
— Monter sa maison, la meubler.
— Monter sur ses grands chevaux, se fâcher, se montrer
sévère afin de faire reconnaître son autorité.
Monter (se), v . pron.
— Prendre feu. E x . N e te monte p a s contre moi, tu n'as
pas raison.
— Se monter le coup, s'illusionner.
— Monter. E x . A combien se monte m a note d ' h ô t e l ?
Montrance, n. f. — A p p a r e n c e .
Montrial, n. m . — M o n t r é a l .
Montréaliste, n. m. et f.
Montréalais ou Montréaliste, c i t o y e n d e Montréal. L,equel
v a u t m i e u x ? M . C h a u v e a u a écrit dans son Charles Gué-
rin : « O n devrait peut-être dire Montréalais ; mais Mon-
tréaliste est le terme usité dans l e p a y s . Québecquois a
été reçn de tout t e m p s et v a très bien a u x Iroquois et
avec Canadois que l ' o n t r o u v e dans les vieilles narrations. »
On ne dit plus maintenant que Montréalais.
Montrer, v. a. et n.
— Paraître. E x . C e t t e personne montre bien. ( A n g l . )
— Montrer l'école, enseigner. E x . J ' a i une fille qui montre
V école a u x Bois-Francs.
* Mop, n. f., (m. a.) — B a l a i à laver.
* Mopper, v . a. ( A n g l . )
Battre, frapper.
DKS CANADIENS-FRANÇAIS 449

Moquer (se), v. prou.


Rester indifférent. E x . D e celui-là je me moque comme de
l'an quarante.
Moqueux, euse, adj. — M o q u e u r , euse.
Moquié, n. f. — M o i t i é . V . ce mot.
Morceau, u. m.
P i è c e de vaisselle. A s - t u v u l e set de vaisselle chez Thomas ?
Il y a là d e u x b e a u x morceaux.
Morciller, v . a.
Couper en menus m o r c e a u x . E x . Morciller du bois, du
pain.
Mordée, u. f.
Bouchée. E x . Passe-moi ta p o m m e , que je prenne une
petite mordée.
Mordre, v. n.
Prendre. E x . Ç a ne mord pas, inutile de vouloir me conter
des blagues.
Mordre (se), v. pr.
— Se mordre les quatre doigts et le pouce, se repentir.
— Se mordre le derrière de la tête, m ê m e sens.
Mordu, part. pass.
F é r u d'amour. E x . Je crois q u e cette jeune fille lui est
tombée dans le g o û t , car il m e paraît mordu.
Mordure, n. f. — M o r s u r e .
Moréal, Morial, n. m . — M o n t r é a l .
Moréginer, v. a. — M o r i g é n e r .
Moret, n. m.
Saleté accumulée d a n s les plis des aines, derrière les oreilles.
Morfondre (se), v . p r o n .
S'efforcer de faire quelque chose. E x . Je me morfonds à
l'ouvrage. P o u r q u o i se morfondre quand on a du temps
devant soi ?
Morfondu, e, adj.
Fourbu, épuisé, à b o u t de force. E x . M o u cheval est
morfondu, il a t r o p forcé.
Morguienne ! — Interjection pour exprimer l'étonuement.
Morgueux ! — M o r g u e ! juron.
29
LE P A R L E R POPULAIRE
45o
Moriginer, v. a. — Morigéner.
Morné !
Juron commun. Ex. Crêmornê! acre morné ! sacré morné !
Doit venir de mort-né.
Mornifle, n. f.
Soufflet appliqué sur le nez. Corruption du mot mourniffle
employé dans le Jura. Vient de mour, muffle, et de nif-
fte, nez.
* Morning coat, (m. a.)
Jaquette.
Morpion, n. m.
— Enfant plein de défauts et surtout importun. E x . Mon
petit morpion, sors d'ici, car je vais t'écraser comme un
ver.
— Gros pou de corps.
Ce mot est dans Rabelais.
Mort, part. pass. et n.
— Lourd. Ex. Le temps est mort, nous allons avoir de la
pluie.
— Eteint. Ex. La chandelle est morte.
— Ruine. E x . Faire ces sortes de gâteaux, c'est la mort au
beurre.
— Se dit d'une personne très lente. E x . Avance donc, la
mort, remue-toi.
— Faire un mort, faire jouer un absent.
— Travailler à mort, travailler au point de compromettre
gravement sa santé.
— Corps mort, arbre tombé ou coupé qui pourrit sur place.
—• Faire le mort, ne plus rien dire, ne plus agir.
Mort (à), loc. adv.
— En graude abondance.
— Pour en mourir. E x . Travailler à mort.
Mortalité, n. f.
Mort, défunt. Ex. Il y a de la mortalité chez nous.
Morte-charge (à), loc.
Maîtresse charge. E x . Ma voiture est chargée à morte-
charge.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS
451

Mortel, le, a d j .
— Passionné. E x . C e gas-lk est mortel p o u r prendre de la
boisson.
— T e r r i b l e . E x . Je lui ai d o n n é un mortel coup de poino-.
Mortelle, n. f.
Immortelle, fleur dont l ' i n v o l u c r e ne c h a n g e pas avec le
temps.
Morte-paye, n. f.
— Saison o ù l a p a y e se fait m a l .
— Personne q u i p a i e mal ses dettes.
* Mortgage, ( m . a . ) — H y p o t h è q u e .
Mortir, v. a. — A m o r t i r . E x . Mortir les coups.
Mortoise, n. f. — Mortaise. Mortoise se disait jadis.
Mortoiser, v . a. — Mortaiser.
Mortrir, v . a. — Meurtrir. E x . J'ai les doigts mortris.
Mortrissure, n. f.
Meurtrissure, c o n t u s i o n a v e c tache livide.
Morts, n- m . p l .
Chapelle des morts, chapelle où se fait la l e v é e du corps.
Morue, n. f-
— Habit à queue de morue, ou simplement queue de morue,
habit de c é r é m o n i e .
— Interjection p o u r marquer l a souffrance. E x . Crêmorue!
que je m e s u i s fait mal !
Morue (petite), n. f.
A p p e l é e loche d a n s le bas d u fleuve, petit poisson a u x T r o i s -
Rivières, tom-cod a u x E t a t s - U n i s .
Morvaillon, n . m . — P e t i t g a r ç o n m o r v e u x .
Morvasson, n . m .
Petit g a r ç o n i n c a p a b l e d e se défendre o u de faire acte de
valeur.
Morver, v. n.
Laisser é c h a p p e r s a m o r v e . E x . A v o i r u n nez qui morve
toujours.
Morveux, n . m . — J e u n e enfant.
Morviat, n. m . — H u m e u r v i s q u e u s e qui sort des narines.
Morvice ! — J u r o n a n n o n ç a n t u n commencement de colère.
452 LE PARLER POPULAIRE

Mot, u. ni.
— Avoir des mots avec quelqu'un, se disputer.
— Dire des gros mois, réprimander avec sévérité.
— Dire le fin mot, donner la raison.
— Prendre quelqu'un au mot, accepter ses dires on le marché
qu'il propose.
— Fourrer son mot, donner son avis.
Mote, n. m. — Mot. E x . Il a dit mole.
* Moteur. ( A n g l . ) — P r o p o s a n t .
Motivé, n. ni. — Motif. E x . L e motivé d ' u n jugement.
* Motorman, (m. a.)—Mécanicien.
Mottant, e, adj.
Prendre en motte, eu boule. E x . La neige est mottanle.
Motte, n. f.
Boule de neige. E x . Les enfants s ' a m u s e n t beaucoup
durant l'hiver eu s'jenvoyant des mottes.
Motter (se), v. p r o n . — S ' e n v o y e r des boules de neige.
Motto, n. m.
— Papillote, bonbon enveloppé d ' u n papier frisé.
— Devise.
Motton, n. m.
Toute substance susceptible de se prendre en boule, en motte,
gruau, farine, laine, neige.
Mottonné, n. m.
Moutonné, tissu de coton à surface frisée.
Mottonneux, euse, adj.
Moutonneux. Qui se p r e n d en boule.
Mou, n. m.
Poumon, par opposition au foie que l'on appelle dur.
Mouche, n. f.
— Prendre la mouche, se piquer pour rien.
— Mouche de la viande.
— Punaise.
— Bourdon.
Mouche à feu, u. f.
Luciole, ver luisant ailé et phosphorescent.
Mouche à miel, u. f . — B o u r d o n .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
453
Mouche à patates, n. f. — Punaise à patates.
Mouche à vers, n. f.
— Espèce de mouche voisine de la mouche ordinaire.
— Personne qui parle très bas et d'une manière incompré-
hensible.
Mouche de mai, n. f. —Hanneton employé pour la pêche.
Moucher, v. a.
— Pêcher au moyen de mouches.
— Souffleter.
— Corriger, remettre à sa place.
— Moucher le sang, moucher du sang.
Moucher (se), v. pron.
— Ne pas se moucher avec des quartiers de terrine, avec des
pelures d'oignon, se tirer du grand.
— Ne pas se moucher du pied, ne pas se priver, se donner
des compliments.
— Donner le temps au curé de se moucher, demander du délai.
Mouchoué, n. m. — Mouchoir.
Mouchouet, n. m. — Mouchoir.
Mouchouette, n. m. — Mouchoir.
Moucle, n. f.
Moule, mollusque comestible à coquille de forme oblougue.
Moudre, v. a. —Moudre un air, jouer de l'orgue de Barbarie.
Moué, pron. pers. — Moi. E x . C'est pas moue qui ferai cela.
Mouelle, n. f.
Moelle. E x . La mouelle d'un os, de la mouelle de bœuf.
Mouette, n. f. — Goéland.
Mouillasser, v. imp. — Pleuvoir légèrement.
Mouiller, v. n. et a.
— Pleuvoir. E x . Il mouille à siaux depuis le matin.
— Inaugurer une bonne affaire, un achat. Ex. Tu as
acheté un beau castor, allons le mouiller tout de suite.
Mouiller (se), v. pron.
— Sonffrir d'une incontinence d'urine.
— Etre trempé par la pluie.
Moulange, n. f. — Meule de moulin.
M»ule-à=plomb, n. m. — Personne criblée de vérole.
454 LK P A R L E R POPULAIKK

Moulé, e, a d j .
Bien fait, bien arrangé. E x . T u m ' a s fait un bel habit,
c'est moulé.
Moulée, n. f.
— Son pour les porcs.
— Mouture.
Moulée de scie, n. f. — Sciure de bois.
Moulée de vers, n. f.
Bois pulvérisé p a r des vers rongeurs. L e s mères de famille
l'utilisent comme poudre asséchante et m ê m e curative dans
l'intertrigo.
Mouler, v. a.
Mouler son écriture, s'appliquer à bien écrire, calligraphier
avec succès.
Moulin, n. m.
Etre dans le moulin, faire partie d ' u n e combinaison, d'une
association plutôt é p h é m è r e .
Moulin à battre, n. m.
Batteuse, machine pour égrener les céréales, par l'effet"de
chocs r é p é t é s .
Moulin à beurre, n. m.
Baratte, vaisseau de bois d a n s lequel on bat la crème p o u r
en e x t r a i r e le beurre.
Moulin à coudre, n. m.
Machine à coudre, qui remplace le travail manuel de la cou-
ture.
Moulin à écarde, n. m.
Carderie, établissement où l'on carde la laine.
Moulin à paroles, n. m.
Grand parleur, grand discoureur.
Moulin à scie, n. m.
Scierie, usine, où plusieurs scies mécaniques débitent le
bois.
Moulin de Chine, n. m.
— Personne qui n'arrête pas d e parler, comme le moulin d e
Chine ou de Machine, qui marche toujours.
— Personne qui fait b e a u c o u p d ' o u v r a g e dans un temps
DES CANADIENS-FRANÇAIS 455

donné. E x . Donne-moi le temps de finir mon ouvrage ;


j ' a i beau travailler, t u n ' e s jamais content, je ne suis pas
le moulin de Chine.
Moulinant, e, a d j . — Qui mouline, se crevasse.
Mouliner, v. n.
T e r r e qui se crevasse d u r a n t la sécheresse. En Normandie,
mouliner v e u t dire tourner sur soi-même, pirouetter.
Moulure de scie, n. f. — Sciure.
Mouman, n. f . — M a m a n .
Mouque, n. f. — M o u c l e .
Mourant, adj. — E n n u y e u x . E x . Il fait un temps mourant.
Mouron, onne, n. m . et f.
Peureux. E x . T u ne v e u x pas colleter avec ton petit cou-
sin, tu es u n mouron.
E n Normandie, c'est u n terme d'injure. Mouron est le nom
donné à la salamandre, petit animal inoffeusif, mais que
l'on croit v e n i m e u x . I,a répulsion qu'il inspire a fait
appliquer son nom à tout individu répugnant,
Mourue, n. f. — Morue.
Mouscaille, n. f.
Objet sans valeur et malpropre. Ce mot signifie boue.
Mouscaillon, n. m. — E n f a n t méprisable et peu estimé.
Mousseline, n. f. — F u m i e r .
Moussu, adj. — M o u s s e u x .
Moustache, e, a d j . — Moucheté.
Moutarde, n. f . — S é n e v é des champs.
Moute ! moute ! — C r i d'appel a u x moutons.
Mouton, n. m.
— Homme t r è s d o u x et sans caractère.
— Les Moutons des Eboulements. Sobriquet.
Mouton de garde, n. m . — B é l i e r . Acadianisme.
Moutonne, n. f.
•— Femme sans énergie et d ' u n tempérament très doux.
— Mire moutonne. V . Mère.
Moutonner ( s e ) , v. pron.
Devenir floconneux. E x . I,e ciel se moutonne, c'est-à-dire,
se couvre d e g r o s nuages, de cumulus.
456 LE PARLER POPULAIRE

Moutonneux, adj.
Qui se c o u v r e de n u a g e s d'aspect floconneux. S e dit du
ciel seulement.
Mouvant, n. m. — Biens meubles.
Mouve, h. f. — M a u v e .
Mouvée, n. f.
T r o u p e a u . E x . U n e mouvêe de m a r s o u i n s .
* Mouver, v. a. ( A n g l . )
D é m é n a g e r . E x . A s - t u e n g a g é le c h a r r e t i e r pour mouver ?
* Mouver (se), v . pron. — S e hâter. ( A n g l . )
Mouvette, n. f.
Palette de bois pour brasser le sirop, le s a v o n .
Moyac, n. m. — Eider. V . M o g n i a c , m o n i a c .
Moyen, n. m .
— Ressources pécuniaires. E x . U n h o m m e de moyetis.
— Avoir les moyens de faire tine chose, être en état de la
faire.
— Il y a moyen, c'est possible.
Moyennement, adv.
Médiocrement. E x . I l est moyennement instruit.
Moyenner, v. n.
A r r i v e r à u n arrangement. E x . I l n ' y a pas m o y e n de
moyenner avec mon h o m m e .
Moyette, n. f. — Petite m e u l e d e g e r b e s .
Mucre, adj.
Humide. E x . I,e t e m p s est mucre. C e m o t doit v e n i r de
mucidus, comme a c r e d'acidus, c a r on disait en v i e u x
français ramucrir p o u r rendre m o i t e .
* Muffin, moffine, ( m . a.) — E s p è c e de b r i o c h e .
Mule, n. f. — M e u l e . E x . U n e mule d e foin.
Muleron, n. m . — M e u l o n .
Mulon, n . m. — M e u l o n , petite meule d e foin fané.
Mulotter, v. n. — A l l e r l e n t e m e n t au t r a v a i l .
Munier, n . m . — M e u n i e r .
Mûr, e, adj.
Usé j u s q u ' à l a corde, e n p a r l a n t d ' u n h a b i t .
Mûre, n. f. — R o n c e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
457

Muscade, n. f.
Un melon mitscade, u n m e l o n ressemblant à une
par sa f o r m e et sa c o u l e u r .
Muser, v. n. — S ' a t t a r d e r , perdre sou temps.
Musiau, n. m .
— M u s e a u . E x . P r e n d r e u n chien par le musiau.
— V i s a g e . E x . V i e n s ici q u e j e te frotte le musiau.
Musique, n. f.
— Entendre la musique, comprendre une affaire.
— Musique à bouche, h a r m o n i c a . V . Ruine-babines.
* Mutton chop, meut'n tshopc ( m . a . ) — Côtelette de mouton.

Nagane, n. f.
F i l e t dans l e q u e l l e s mères indiennes déposent leurs jeunes
enfants p o u r l e s transporter d ' u n lieu à u n autre.
Nage, n. f.
Nage. E x . Je suis tout en nage, se jeter à la nage.
Nager, v . n .
Ramer, p a g a y e r . E x . P r e n d s la rame et nage un peu.
Nager, v . n . — N a g e r
Nageur, n. m. — R a m e u r .
Nageur, n. e t a d j . — N a g e u r .
Naim, n. m . — C o r r u p t i o n d e haim, h a m e ç o n .
Naissance, n . f.
Essence. E x . P r e n d s d o n c u n p e u de naissance depimper-
mane p o u r t a colique, c ' e s t souverain.
Naître, v . a.
Insinuer, p r é t e x t e r . E x . I l a fait naître q u ' i l s'ennuyait
trop p o u r rester a u c o l l è g e .
45» LE PABLSR POPULAIRE

Nanane, n. m. — Nanan, bonbon en général.


Nanne, n. f. — Chèvre.
Naque, n. m. — Nacre de perle.
Narcisse, n. f.
Narcisse (fleur), n. m. E x . Des narcisses blanches.
Narrées, n. f. pl.
Contes, récits. Ex. Finis tes narrées, tu m'ennuies.
Narl, n. m. — Nerf.
Narveux, adj. — Nerveux.
Nasonner, v. n.
— Nasiller, parler avec le nez bouché, ou comme s'il l'était.
— Parler un langage difficile à saisir.
Nasonneux, euse, n. et adj.
— Qui nasille, qui parle du nez.
— Qui se fait comprendre difficilement.
Nation, n. f.
— Engeance. Ex. Quelle nation détestable que les coque-
relles !
— Espèce de jurement. Ex. Nation! qu'il fait chaud !
National, n. et adj.—Partisan du nationalisme.
Nationalisme, n. m.
Préférence donnée à ce qui est propre à un parti formé pour
sauvegarder les intérêts de la nation canadienne-française.
Ex. Le nationalisme de Mercier.
Nationaliste, n. m.
Qui appartient au parti dit des Nationalistes, de récente for-
mation dans la Province de Québec.
Nations, n. f. pl.
Sauvages en général. E x . Les cinq Nations ou tribus iro-
quoises.
Naveau, n. m.
— Navet.
— Ecolier nouvellement entré au collège. E x . Il y a beau-
coup de naveaux, cette année, nous allons les faire endiâ-
bler.
Navelure, n. f.
Nervure sur la couture d'un habit, d'une robe.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
459

Navrer, v. n.
Avoir la respiration gênée p a r u n liquide qui provoque u n
commencement de suffocation. E x . T u vois bien que le
petit est navré, cogne-lui d a n s le dos pour le faire revenir.
Nayau, n. m. — N o y a u .
Nayer, v. a. — N o y e r . Rabelais a dit nayer.
Nayer (se), v . p r o n .
Se noyer. E x . P r e n d s g a r d e de te nayer, tu ne sais pas-
nager.
Nécessaire, u. m.—Nécessaire de voyage, réticule.
Nécessités, n. f. pl.
— Besoins n a t u r e l s .
— Latrines.
Nègre, n. m.
Un plan de nègre, u n plan q u i n ' a ni queue ni tête, irréali-
sable.
Neiche, n. f-
Neiche de fenêtre, allège, petit m u r d'appui sous la baie
d'une fenêtre.
Neige, n. f.
— Homme à la neige, charretier qui enlève la neige des rues,
des trottoirs e t des cours.
— Premières neiges, commencement de l'hiver.
— Battre les neiges, marcher â travers une forte couche de
neige.
— Les neiges, le t e m p s des neiges.
— La neige tombe à pelletées, avec une grande abondance.
Neigeasser, v. n.
Neiger m o d é r é m e n t .
Né-natif, a d j .
Originaire. E x . Je suis né-natif de la paroisse de S a i n t -
Denis de la Bouteillerie.
Nèr, n. m. — Nerf. E x . U n ?ièr d e bœuf.
Nerfé, a d j .
Avoir du nerf. E x . Cet h o m m e est résistable, il est s u r t o u t
bien nerfé.
* Net, n. f., ( m . a.) — Résille.
460 LE PARLER POPULAIRE

Net (à), loc. adv.


E n entier. E x . Se faire couper un doigt à net par une
scie ronde.
Net comme torchette, loc.
Très propre. E x . J ' a i fini de manger ma soupe, regarde
mon assiette, elle est nette comme torchette, c'est-à-dire,
comme si elle avait été essuyée;
Nettéyer, v. a. — Nettoyer.
Nettoyer, v. a.
— Ruiner. E x . Monsieur Ruel s'est fait nettoyer à la
Bourse.
— Dévaliser. E x . L e s voleurs ont nettoyé les troncs de
l'église, la nuit dernière.
— Condamner.
Neu, adj.
— Neuf. E x . Si tu es sage, mon Chariot, je te donnerai
un beau petit rien tout neu entre deux plats.
— Tout flambant neu, tout neuf.
Neune, adj.
Nulle. E x . Toi, tu n'es bien neune part.
Neuvaine, n. f.
Veine. E x . Si cela continue, nous allons avoir une neuvaine
de beau temps.
Néyau, n. m. — Noyau.
Néyé, n. m. — N o y é .
Néyer, v. a. —Noyer.
Nez, n. m.
— Museau. E x . Un nez de chien.
— Se piquer le nez, prendre un coup de trop.
— Le bout du nez lui tremble, il a menti.
— Nés en trompette, nez en l'air.
— Avoir du nez, avoir du flair.
— Se casser le nez, avoir une déception.
— Avoir quelqu'un dans le nez, éprouver de l'aversion pour
lui.
— Ce n'est pas pour ton nez, ce n'est pas pour toi.
— A vue de nez, au j u g é . E x . Mesurer à vue de nez.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 461

Niaiseux, euse, a d j . — Q u i s'amuse à des riens.


Nie, n. m.
N i d . E x . U n nie de poule. Nie est le radical de nichée, nicher.
Nie à procès, n. m. — Affaire embrouillée.
Nie à rats, u. m.
Maison abandonnée o ù les rats semblent avoir élu domicile.
Nicher, v . n.
L o g e r . E x . O ù niches-tu par le temps qui court ?
Nichetée, n. f.
N i c h é e . E x . U n e nichetée de merles, une nichetée d'œufs.
Nichoué, n. m. — N i c h o i r .
Nichouè, n. m. — N i c h o i r .
Niger, v . n. — N a g e r . A c a d i a n i s m e .
* Night cap, natte, n. m., (m. a.) — V . Cap.
Nigog, n. f.
Dard pour saisir l ' a n g u i l l e d a n s la vase des g r è v e s .
Niolle, n. f. — V . G n i o l l e .
Nippe, n. f.
Consommation. E x . J'ai pris une bonne nippe, me voilà
tout réconforté. C e mot est resté chez les A n g l a i s : « W i l l
y o u take a nip ? » Nippe v i e n t probablement de kneipe,
nom des restaurants fréquentés par les étudiants en Alle-
m a g n e . C ' e s t la partie prise pour le tout.
Nipper (se), v . p r o n .
Habillé. E x . A u j o u r d ' h u i c'est la fête d u travail, je me
suis nippé de m o n m i e u x .
Niqse, adv.
P a s du tout, n o n p a s . E x . Il a v o u l u me blaguer, mais
niqse ! E n A n j o u , on dit nisco ! pour e x p r i m e r la même
idée.
Nique, n. m.
N i d . E x . U n nique de g u ê p e s , u n nique d'hirondelles.
Nique, e, adj. — N i q u e t é .
Nivelasser, v . n. — F a i r e un o u v r a g e de l o n g u e haleine.
Niveleux, euse, a d j .
Difficile, l o n g à faire. E x . L ' o u v r a g e que je viens d'entre-
prendre est niveleux.
46 2 LE PARLER POPULAIRE

E n Normandie, niveler v e u t dire perdre son temps à des


riens, et niveleries, minuties, bagatelles.
Ni vu ni connu, loc.
Inutile de rechercher l ' o b j e t ou la personne disparus. E x .
As-tu v u passer cet h o m m e qui porte u n e grande barbe,
avec un g r o s porte-manteau sur le d o s ? — N o n , ni vu ni
connu.
No, n. m.
Entrailles d ' u n e morue. N o u s trouvons dans Godefroy :
« No, l e s entrailles, le foie et l a l a n g u e d'vine morue. »
* No bill, ( m . a.) — Déclaration de non l i e u .
Noce, u. f.
Faire des noces, faire u n m a r i a g e . E x . Est-ce vrai que
nous allons faire des noces ?
Noceux, adj. — N o c e u r , q u i aime à faire la fête.
Noir, adj.
Couvert, rempli. E x . A s - t u v u défiler l a procession, les
rues étaient noires de monde.
Noir (à), loc. a d v .
— Complètement. E x . N o u s avons v i d é la maison à noir.
— E n nombre complet. E x . L,es é l e c t e u r s des Remparts
ont v o t é à noir pour M a l o .
Noir à souliers, n. m.
Cirage. N o u s disons é g a l e m e n t noir à chaussures.
Noirceur, n. f.
Obscurité. E x . N o u s allons arriver à la noirceur. 1 / année
de la g r a n d e noirceur.
Noircir, v. a.
— Devenir obscur. E x . L,e temps c o m m e n c e à noircir de
bonne heure.
— Cirer. E x . . Faire noircir ses chaussures.
Noiret, te, adj. — U n p e u noir.
Noiron, n. et adj. — N o i r a u d . E x . U n petit noiron d'enfant.
Noisettier, n. m . — C o u d r i e r .
Noix blanche, n . f. — C a r y e r t o m e n t e u x .
Nom, n. m.
— Sobriquet. E x . D o n n e r des noms, appeler des noms.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 463

— Aussi vrai que je m'appelle par mo?i nom, affirmation


solennelle.
— Nom de nom / Nom d'un nom ! Nom d'un chien ! Nom
d'une pipe! Nom d'un petit bonhomme! Nom de Dieu!
Cré mille noms, j u r e m e n t s d ' u n caractère b é n i n .
Nombre, n. m.
Pour la plupart, p o u r le g r a n d nombre. E x . Il y avait là
nombre d ' i n d i v i d u s suspects.
* Nombrer, v . a. ( A n g l . )
Etre au nombre de. E x . L e s Canadiens-Français doivent
nombrer a u j o u r d ' h u i trois millions d'âmes.
Nombril, n. m .
Ne pas avoir le nombril sec, être trop jeune p o u r réussir en
quelque c h o s e .
Nommable, adj. — Q u i peut être désigné par son nom.
Nonpareil, n. m . — Nonpareille, 6 points. ( T . d'impr.)
Non sens, n. m .
Absurdité. E x . T o u t ce q u e cet orateur v i e n t de dire est
un non sens.
Noque, adj.
Semble v e n i r de nouque, impair. E x . Pique ou noque,
comme si l ' o n disait pair ou impair. V o i r Pique.
Nordet, n. m . — N o r d - e s t . A u t r e f o i s on é c r i v a i t ?iordeth.
Normaux, n. m . p l . — E l è v e s de l ' E c o l e normale.
Norouet, n. m . — Nord-ouest.
Nortureau, n. m .
— Cochon de lait. E n France, on dit nourturiau et notù-
reau, avec l a m ê m e signification.
— Enfant e s p i è g l e . E x . Sauve-toi, mon petit nortureau.
Nos deux (à), l o c .
N o u s d e u x . E x . N o u s allons faire cela à nos deux.
* Nose (blue), blou, ( m . a.) — V . Blue.
Note, adj. poss. — N o t r e .
* Notice, ti. f., (m. a . ) — A v i s .
* Notifier, v. a. ( A n g l . )
• A v e r t i r . E x . V o u s me notifierez par lettre, q u a n d le temps
sera v e n u .
464 LE PARLER POPULAIRE

Notre, adj. pass.


Nôtre. E x . T u as un joli cheval, mais le notre est encore
plus beau.
Notre=Dame de mars.
1 / A n n o n c i a t i o n de la vSainte V i e r g e . E x . V o u s me paierez
à la Notre-Dame de mars.
Nourolle, n. f.
Brioche. E n anglais ncza roll, petit pain frais. E n Picar-
die, on dit norolle, et dans la H a u t e - N o r m a n d i e , nourolle
comme ici.
Nourreture, n. f. — N o u r r i t u r e .
Nourrir, v . n . — A l l a i t e r .
Nous (par chez), loc.
— Dans notre localité. E x . Si v o u s v e n e z par chez nous,
vous irez visiter notre église.
— Chez nous, à domicile. E x . Q u a n d v o u s passerez par
chez nous, arrêtez donc me voir.
Noyer (se), v. pron.
— Boire avidement. E x . N e te noie pas dans le lait, on
t'en gardera.
— Se ruiner de fortune. E x . C e marchand fait de mau-
vaises affaires, il est é v i d e n t q u ' i l se noie.
Noyer dur, n. m . — C a r y e r amer.
Noyer tendre, n. m. — N o y e r cendré.
Nuage, n. m.
T o u r de c o u en laine tricotée pour se protéger en hiver
contre l e froid et les tempêtes de n e i g e .
Nu bas.
Marcher nu-bas, marcher sans chaussures.
Nu-pattes.
Nu-pieds. E x . P r e n e z g a r d e d e v o u s montrer nu-pattes
devant l e monde.
Nuisance, n . f.
Dommage, préjudice. V i e u x mot français, repris a u x
A n g l a i s , q u i l ' a v a i e n t retenu des N o r m a n d s .
Nuisant, n. m .
E n v i e u x , pellicule q u i se détache à la base de l ' o n g l e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 465

Nuit (en), loc.


De nuit. E x . J ' a i été o b l i g é de v o y a g e r en nuit.
Nuit (à la), loc.
D u r a n t la nuit. E x . N o u s arriverons à la nuit noire.
Nuit (grand).
D u r a n t la nuit. E x . Il faisait grand nuit quand nous
sommes a r r i v é s .
Nuit (la). — D u r a n t l a nuit. E x . A l l e r se promener la nuit.
Nuite, n. f.
N u i t . Autrefois nuite se disait, et s'écrivait ainsi.
Numéro, n. m. — I n d i v i d u a v e c qui il faut compter.
Numéro un.
D e premier ordre. E x . J'ai u n tailleur qui m ' h a b i l l e numéro
•un.
* Nun's veiling, nonne's, ( m . a.)
V o i l e , étoffe a n a l o g u e à celle dont se font les voiles des
religieuses. E x . U n e robe de voile, acheter d u voile.
Nunne part. — N u l l e part.
* Nurse, neurse, ( m . a.)
Bonne d'enfant, garde-malade, infirmière.
* Nursery, neurserê, (m. a.) — C h a m b r e des enfants.

O : : O

O O

Oâ.
O i . E x . Moâ, toâ, soâ. L e s A c a d i e n s et les habitants de
la Baie S a i n t - P a u l prononcent ainsi.
Obéir, v . n.
Plier, céder. E x . U n plancher q u i obéit sous les pieds.
Obituaire, n. m .
A n n o n c e d'un d é c è s a v e c b i o g r a p h i e . Obituaire se dit du
466 LE P A R L E R POPULAIRE

registre renfermant les noms des morts, le j o u r de la sépul-


ture, la fondation des obits, etc.
Objecter, v . n.
Refuser, s'opposer. E x . J'objecte à ce q u e tu ailles au
théâtre.
Objecter (s'), v. pron.
S'opposer, se prononcer contre. E x . Je m'objecte à ce que
tu viens d e dire.
Obli, n. m. et f.
— Oubli, action d'oublier.
— Oublie, pain à cacheter.
Oblier, v. a. — Oublier.
Obsarvâtion, n. f . — O b s e r v a t i o n .
Obsarver, v . a. — Observer.
Obstination, n. f. — Dispute, discussion à n ' e n plus finir.
Obstiné, e, adj. — T ê t u , discutant sur tout.
Obstiner, v . n.
—• Soutenir quelque chose avec obstination. E x . Il m'a
obstiné qu'il faisait beau hier.
— Nier, refuser de croire. E x . Je te dis que c'est la pure
vérité ! Obstine pas.
Obstineux, euse, adj.
Q u i obstine sur tout, pour le plaisir de la discussion.
Obtiendre, v . a . — O b t e n i r .
Obtint, part, passé. — O b t e n u .
Occasion, n. f.
— Circonstance. E x . Je pense que cela pourra te servir
dans d ' a u t r e s occasions.
— Motif, sujet. E x . P o u r quelle occasion lui as-tu parlé
comme ça ?
— Commission. E x . E n v o y e r un p a q u e t par une bonne
occasion.
Occasionner, v . a.
Induire, pousser. E x . Je ne voudrais pas t''occasionner à
faire une si grosse dépense.
Occupation, n. f.
Inquiétude. E x . J'ai beaucoup d'occupation de ce temps-ci.
DES CANADIKNS-FRANÇAIS 467

Occupant, adj. verb.


Inquiétant. E x . Il y a des affaires qui sont bien occupantes.
Occuper, v. a.
Inquiéter. E x . Je suis occupé du résultat de cette affaire
d'héritage.
Occuper (s'), v. pron.
S'inquiéter, se tourmenter. E x . Je t'assure que nous réus-
sirons, ne t'occupe pas.
Ocrer, v. a. — Peinturer avec de l'ocre,
Octroyer, v. a.
Voter une somme d'argent, accorder eu général.
Odeur, 11. f.
Senteur. E x . Des pois d'odeur.
Œil, n. m.
— Avoir l'œil, surveiller.
— Ouvrir l'œil, faire attention.
— Ne pas fermer l'œil, ne pas dormir.
•— Taper de l'œil, s'endormir.
— Tirer l'œil, attirer la curiosité.
— Faire de l'œil, regarder avec amour.
— Tomber dans V œil, plaire.
— Ne dormir que d'un œil, veiller.
— Se fourrer le doigt dans l'œil, s'illusionner.
— Risquer un œil, ne pas trop risquer.
— Avoir le compas dans l'œil, juger juste.
— Avoir un œil à Paris et l'autre à Versailles, loucher.
— Avoir les yeux plus grands que l'espace, manger sans faim.
— Faire les yeux en coulisse, les y e u x doux.
Œillet d'Inde, n. m. — Tacète étalé et dressé.
Œu, n. m.
Œuf. E x . Je prendrai un œu pour mon déjeûner.
Œuf de coq, n. m.
CEuf de poule. CEuf sans jaune, bien conformé du reste,
avec ses cordons en spirale aux extrémités.
Offartoire, n. m—Offertoire.
Offense, n. f.
— Enfance. E x . Ce bon vieux est en offense.
468 LE PARLER POPULAIRR

Faute. E x . E x c u s e z , monsieur, je n e v o u s v o y a i s pas, —


Pas & offense.
— Délit, contravention à l a loi. (Augl.)
Office, n. m .
Place. E x . Pierre est entré en office depuis huit jours.
— Etude. E x . Voffice d u notaire.
— Cabinet de travail. E x . Voffice d ' u n avocat.
— Bureau. E x . Voffice d ' u n médecin.
Officier, n. m .
— Directeur. E x . L e s officiers de l a B a n q u e de Q u é b e c
sont M M . . .
— Officier-rapporteur, président d'élection.
— Sous-officicr-rapporieur, président d u scrutin.
Oie sauvage, n. f. — Oie d u nord, oie b l a n c h e .
Oignon, n. m.
— Grosse montre.
— Oignon à patate, o i g n o n très fortjet d e m o y e n n e grosseur.
— Une affaire arrangée aux petits oignons, a v e c beaucoup de
soin.
— Ne pas se moucher avec des pelures d'oignon, se tirer du
grand.
— Espèce de callosité douloureuse q u i v i e n t a u x pieds.
Oignonnet, n. m.
Petit oignon. O n trouve oignonner d a n s les v i e u x diction-
naires.
Oir, v. a . — V o i r .
Oise, n. f. — O i e femelle.
Oiseau, n. m .
Etre aux oiseaux, être confortable, a v o i r bonne santé, jouir
de la v i e .
Oiseau à mouche, n. m. — O i s e a u - m o u c h e .
Oiseau blanc, n. m. — B r u a n t , e x c e l l e n t à manger.
Oiseau bleu, n. m. — Pinson indigo.
Oiseau bleu et roux, a. m . — R o u g e - g o r g e b l e u .
Oiseau de misère, n. m. — O i s e a u blanc.
Oiseau de neige, n. m. — O i s e a u blanc.
Oiseau de nuit, n. ta. — R ô d e u r de n u i t .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 469

Oiseau de tempête, n. m. — Pétrel et puffin.


Oiseau gris, n. m . — P i n s o n à couronne rousse.
Oiseau moqueur, a . m . — G r i v e polyglotte.
Oiseau mouche, n. rn. — Colibri à gorge rubis.
Oiseau rouge, n. m . — Pinson pourpré.
Oka, n. m.
F r o m a g e fabriqué à O k a par les R R . P P . Trappistes de
l ' O r d r e de C i t e a u x .
Olivette, n. f. — G o d e t .
Ombrageux, euse, a d j .
— O m b r e u x . E x . C e petit bois est très ombrageux.
Omelette, n. f.
Faire une omelette, renverser un panier d'oeufs ou d'autres
objets qui se cassent en tombant.
On, pron.
N o u s . E x . S i tu v e u x m ' e n croire, mon a m i , on va rester
ici, on est bien.
Oncle Sam, n. m . — E e peuple des Etats-Unis.
Ondain, n. m.
A n d a i n , r a n g é e de foin, de trèfle, coupée avec la faux et
disposée en l i g n e .
Ongue, n. m.
O n g l e . E x . A v o i r d e l'esprit j u s q u ' a u b o u t des ongues.
Onguent, n. m .
Dans les petits pots sont les bons onguents, une personne petite,
une chose de faible dimension peut avoir d'excellentes
qualités.
Onguent du pauvre homme. — O n g u e n t de rose.
Onguenter, v. a.
A p p l i q u e r de l ' o n g u e n t sur u n e plaie, un ulcère.
Onque, n. m . — O n c l e .
Opérateur, n. m . — T é l é g r a p h i s t e .
Opération (en), loc.
E n v i g u e u r , en force. E x . L a loi des mines v a entrer en
opération le p r e m i e r jour de juillet.
Opération (sous I'), loc. — E n vertu, durant l ' e x e r c i c e .
Opignion, n. f. — O p i n i o n .
470 LE P A R L E R POPOLAIRK

c
Opinion (dans I')» l ° -
De l ' a v i s . E x . L,e discours de M . B o i s est absolument dans
l'opinion de la majorité des députés.
Opinion (être d'), loc.
D ' a v i s . E x . Je suis d'opinion q u ' i l v a u t m i e u x ne rien dire
dans le moment.
Opposer, v . a.
— Combattre, faire de l'opposition. E x . Pierre v a opposer
Paul a u x prochaines élections.
— E m p ê c h e r . E x . Je Vopposerai bien de faire la lutte
contre mon ami.
Opposition, n. f.
Concurrence. E x . I l y a quatre épiciers collés l ' u n sur
l'autre, Vopposition v a être rude.
Opulent, e, n. et adj.
Fat, orgueilleux, p r é t e n t i e u x . E x . N o u s avons un échevin
qui s'en fait accroire, c'est u n opulent.
Or, n. ru. — Or de poignée de porte, c u i v r e .
Orage, n. f.
Orage, n . m. E x . N o u s allons avoir u n e grosse orage, le
temps est noir, effrayant.
Orateur, n. m .
Président de nos C h a m b r e s basses et hautes.
L e Dict. de l ' A c . dit a u m o t Orateur : « E n A n g l e t e r r e ,
l'Orateur, le Président d e la C h a m b r e des Communes. »
N o u s ne devons donc avoir aucun scrupule à employer ce
terme que nos pères, a v e c beaucoup d e bon sens, ont adopté
pour traduire le m o t speaker, qui n ' a p a s l e m ê m e sens
que président, et d é s i g n e une fonction toute spéciale, celle
de parler a u chef de l ' E t a t pour l a C h a m b r e . Mirabeau
était d e u x fois Orateur lorsqu'il d i t à M . de D r e u x -
Brézé : « N o u s s o m m e s ici par l a v o l o n t é d u peuple, et
nous n ' e n sortirons que par la force des baïonnettes. »
Orde, n . f. — O r d r e . E x . U n cochon de la grande orde.
Ordilteux, n . m. et adj.
•— O r g e l e t .
— Orgueilleux.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 471

Ordinaire, n. f.
— Ordinaire, n. m. E x . J ' a i une cuisinière qui fait de la
bonne ordinaire.
— Habitude. E x . J ' a i ordinaire de faire cela.
Ordo, n. m.
Eiste des élèves des classes du Séminaire de Québec, dressée
par le professeur d'après le rang que chacun d'eux occupe
à la fin d'un semestre. E x . Etre le premier sur Vordo,
lire Vordo devant toute une classe.
* Ordonner, v. a.
— Donner l'ordre, commander. E x . J ' a i ordonné un habit
chez le tailleur. (Angl.)
— Faire l'atout. ( T . de jeu).
Ordre, n. m.
— Commande. E x . J e viens de donner mon ordre pour
mes épiceries. (Angl.)
— Poursuite. E x . J ' a i reçu un ordre de mon tailleur, à
qui je dois vingt piastres.
— Commandement. E x . J ' a i reçu ordre de me tenir prêt
à partir.
— Etat. E x . Mes effets sont en ordre, en bon ordre.
Ordre (être d'), loc.
Avoir de l'ordre. E x . Cette femme n'est pas A'ordre, sa
maison est très mal tenue.
Ordre=en=conseil, n. m.
Décret, arrêté. E x . J ' a i été nommé bibliothécaire par un
ordre-en-conseil du 29 septembre 1892.
Ordres du jour, n. m. pl.
Ordre du jour. E x . V a consulter les ordres du jour, afin
de voir si notre bill va être appelé.
Oreille, n. f.
— Versoir. E x . Une oreille de charrue.
— Avoir l'oreille de quelqu'un, être dans son intimité.
— En avoir par dessus les oreilles, être très ennuyé d'une
affaire.
— Entrer par une oreille et sortir par Vautre, ne pas demeu-
rer en la mémoire.
472 LE PARLER POPULAIRE

— Avoir les oreilles dans le crin, être sur ses gardes.


— Avoir les oreilles molles, être paresseux.
— Ne pas entendre de cette oreille-là, ne pas vouloir com-
prendre.
Oreille d'ours, n. f. — Primevère.
Oreilles de casque, n. f. pl. — Garde-oreilles.
Oreiller, n. m.
Coussin. E x . Un oreiller de voiture, de sofa.
Oreillette, n. f. — Oreiller.
Oreries, n. f. pl.
Ors. E x . Pour cette occasion, Madame la présidente a sorti
toutes ses oreries.
Orfèvre, n. m.
Horloger. E x . Faire réparer une montre chez un bon
orfèvre.
Orgriée, n. f.
Araignée. E x , Des toiles d'orgnée.
Orgueil, u. m.
Monter en orgueil, pousser trop haut. Se dit des plantes.
Orgueilleux, n. m.
Orgelet. Autrefois on disait orgueuil (Cotgr.) et orgueillir,
se couvrir d'orgelets, de furoncles.
Orguilleux, n. m.
— Orgueilleux.
— Orgelet.
Orier, n. m. — Oreiller.
Originer, v. n.
Tirer origine. E x . Ce mot origine du sauvage.
Orillier, n. m.—Oreiller.
Oripiaux, — V . Auripiaux.
Orme blanc, Q. m. — Orme d'Amérique.
Orme rouge, n. m. — Orme roux.
Ormière, n. f.
Lieu planté d'ormes. E x . Allons à la Jeune L-orette, nous
passerons par l'Ormière,
Ormoire, n. f.
Armoire. On disait ormoire autrefois (Oudin).
DES CANADIENS-FRANÇAIS
473
Orogane, n. f.
— Organe. E x . Un orateur qui porte une belle orogane.
— Ouragan, V . ce mot.
Orteil, n. f.
Orteil, n. m. E x . J ' a i un cor sur la grosse orteil.
Ortolan, n. m.
Alouette de Virginie, alouette ordinaire.
OrypJaux, u. m. pl.
Oreillons, inflammation de la glande parotide située près des
oreilles.
Os, n. m.
— Cliquette. E x . Jouer aux os.
— Etre aux os, très maigre.
Os gras, n. m. —Exostose.
Osé, adj.
Effronté, audacieux. E x . I l faut être osé pour venir me
raconter de pareilles histoires.
Oseille, n. f.
La faire à l'oseille, essayer d'en faire accroire. E x . Tu me
la fais à Y oseille, mais l'histoire est trop forte (acide) pour
que je la gobe.
Os mignon, n. m.
Coccyx, petit os qui termine la colonne vertébrale, à l'extré-
mité du sacrum.
Ossailles, n. m. pl. — T r è s petits os de rebut.
Ostination, n, f. — Obstination.
Ostiné, e, part. p a s s . — V . Obstiné.
Ostiner, v. a.—Contredire, contrarier.
Ostiner (s'), v. pron. — S'obstiner.
Ostineux, euse, adj. — V. Obstineux.
Ouac, n. m.
Cri de surprise ou de douleur. E x . J e me suis fait écraser
la main dans la porte, je te dis que j ' a i lâché un ouac !
Ouananiche, n. m.
Saumon du lac Saint-Jean et de ses tributaires.
Ouaouaron, n. m. — Gros crapaud.
Oubliable, adj. —Qui peut être oublié.
474 LE PARLER POPULAIRE

Oublie, 11. f. — Pain à cacheter.


Oubligation, n. f. — Obligation.
Oubliger, v . a. — Obliger.
Où ce que, loc.
Où. E x . P e u x - t u rue dire où ce que t u v a s ?
Ouette, n. f . — O u a t e .
Ouetter, n . m.
— Ouater.
— Voter. E x . Moi j ' a i ouettêpour le docteur Blanchet.
Ouiche, u . f. — C a b a n e de s a u v a g e s .
Ouida ! Oui I — E x c l a m a t i o n e x p r i m a n t l'incrédulité.
Ouïe, u. £. — Cou, gorge. E x . Se faire serrer les ouïes.
Ouigouam, n. m . — Cabane de s a u v a g e . Wigwam.
Ouillé, e, a d j . — V . Houille.
Où que, l o c . — O ù . E x . Ou que tu v a s , m o n cher ?
Our, n. m . — Ours. E x . A s - t u peur des our ?
Ouragan, n. m.
Panier d'écorces de bouleau solidement liées, pour l ' u s a g e
des cuisinières.
Ourdissoir, n. m.
Instrument qui sert à ourdir les pièces de toile.
Ours, u. m . — Travailler comme un ours, travailler ferme.
Ourson, n. m. — Homme q u i fuit la société.
Outarde, n . f. — B e r n a c h e d u Canada.
Outre de cela (en), loc.
Outre cela. E x . Q u ' e s t - c e que tu as à me dire en outre de
cela f
Ouvarte, part. pass. f. — O u v e r t e .
Ouvarture, n. f. — O u v e r t u r e . ,
Ouvrage, n . f.
O u v r a g e , n. m. E x . C ' e s t un peintre qui fait de la belle
ouvrage.
Ouvrir, v . a.
Entrer. E x . Q u e l q u ' u n frappe à la porte. Ouvres !
Ouvrier, n . m.
— Menuisier.
— O u v r a b l e . E x . D e m a i n est un j o u r ouvrier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 475

* Overalls, âls, (m. a . ) — Pantalon de travail, salopette.


* Overcoat, côte, ( m . a.) — Pardessus.
* Overshoes, choûze, (m. a.)-—Claques, galoches.
*ÏOyer and terminer, (m. a.) — Audition de j u g e m e n t .

o o

p
. . . o

Pacager, v. a.
S'installer chez les autres. E x . Quand le petit Philippe
vient chez nous, il n e part plus, comme s'il venait y paca-
ger.
Pacan, n. m.
Paresseux, lourd, grossier. Ce mot semble dérivé de paga-
nus, villageois romain, d ' o ù a été tiré païen. l,es payant
s'étaient faits chrétiens p l u s lentement que les gens des
villes. De paganus vient peut-être aussi le m o t d o n t
se servent les troupiers français pour parler des bons gars.
On connaît la réponse de M. de Talleyrand à un militaire
à qui il avait d e m a n d é ce q u e voulait dire ce m o t de pékin.
« N o u s appelons pékin tous c e u x qui ne sont p a s militaires. »
« C'est comme nous, aurait dit Talleyrand, nous appelons
militaires t o u s c e u x qui n e sont pas civils. » On trouve
d a n s Godefroy le mot pacant, h o m m e du pays.
Pacaner, v. n.
Parler ou agir grossièrement, comme un pacan. E x . Voilà
u n individu qui pacane sans bon sens.
Pacotille, n. f.
— Ensemble de m e n u s objets que l'on peut emporter avec
soi.
476 LE PARLER POPULAIRE

— G r o u p e de petits enfants conduits par leur mère de porte


en porte.
— Ensemble de marchandises offertes en v e n t e par un col-
porteur.
* Pad, (m- a.)
Bloc-notes, paquet de feuillets faciles à détacher, sur lesquels
on prend des notes.
* Pad-away, éwé, (m. a.) — J e u de l a m è r e G a r u c h e .
* Paddy, (m. a.)
Irlandais. E x . C'est u n Paddy from Cork. Sobriquet.
* Padlock, (m. a.) — Cadenas.
Pal!
Interjection q u i représente l e bruit d ' u n corps qui tombe,
d'un coup. E x . Ç a fait pif, paf, pouf!
Pagée, n. f.
T r a v é e . E x . Pagée de c l ô t u r e . Q u e l q u ' u n demandait à un
nommé Page quel était son nom. « Je m'appelle Page, dit-
i l . — O h ! alors v o u s êtes de la noblesse et v o u s a v e z droit
à la particule.— C o m m e n t cela, dit l ' a u t r e é t o n n é . — V o u s
ne savez donc pas q u ' i c i , a u Canada, nous n'avons que des
Pagêes de clôture ! »
Pagnier, n . m . — P a n i e r . E x . U n p a g n i e r percé.
Pagniérée, n. f.
I,e contenu d ' u n panier. E x . U n e pagniérée de tomates.
Pagote, n. f.
Pagode, manche étroite j u s q u ' a u coude, large v e r s le poi-
gnet.
Paillasse, n. f.
— Paillasse à spring, sommier.
— Traîne-paillasse, h o m m e qui porte des guenilles.
— Chasse-paillasse. V . ce mot.
Paillassée, n. f. — I<e c o n t e n u d ' u n e paillasse.
Paille, n. f,
— Prendre un repas qui n 'est pas de paille, un repas soigné.
— Tirer à la courte-pâille, tirer a u m o y e n de pailles de lon-
gueur inégale.
— Avoir le derrière sur la paille, ê t r e d a n s la misère.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 477

Paille«en=queue, n. m. — Canard Pilet.


Pain, n. m.
— Demander son pain, mendier.
— Avoir du pain de cuit, être rentier.
— Perdre un pain de sa fournée, avoir une déception.
—- Se prendre en pain, en une masse.
— S'ôter le pain de la bouche, se priver pour d'autres.
— Avoir du pain sur la planche, avoir de quoi vivre, du
bien acquis, sans être obligé de travailler.
— Passer en pain bénit, aller d'une maison à l'autre, s'y
faire héberger pendant des jours et des semaines. Se dit
des mendiants à la campagne.
— Grossier comme un pain d'orge, très grossier.
Pain à chanter, n. m. —Pain à cacheter.
Pain de boulanger, u. m.
Pain acheté chez les fournisseurs ou chez le boulanger.
Pain de couleuvre, n. m.
Actée rouge, très beau fruit par l'apparence, Jjquia empoi-
sonné beaucoup d'enfants.
Pain de ménage, n. m.
Pain fabriqué à la maison avec le blé récolté par le cultiva-
teur.
Pain de perdrix, n. m.
Baie rouge dont les perdrix sont très friandes.
Pain de sucre, n. va..
Morceau de sucre de forme carrée, fabriqué avec la sève de
nos érables, et dont le poids varie de deux à dix livres.
E x . J e ne voudrais pas aller à ce concert pour un pain de
sucre.
Pain=de-suif, n. m. — Homme lourd de corps et d'intelligence.
Pair, n. m.
— Pis. E x . L e pair d'une vache.
— Député qui s'entend avec un autre député pour ne point
voter sur une question. E x . I l va falloir trouver quatre
pairs pour le reste de la session, (Angl.)
Paire, n. f.
Une paire de pantalons, un pantalon.
478 I,E P A R L E R POPULAIRE;

* Pairer, v . u. ( A n g l . )
Expression pour désigner q u e d e u x d é p u t é s , de partis oppo-
sés, | s e sont entendus pour ne point v o t e r sur une question
ou durant un certain espace de temps.
Paître, v. n. — Envoyer paître, e n v o y e r promener.
Paix, u. f. — Ficher la paix, laisser en p a i x .
Patenter, v . a.
Hisser un objet au m o y e n d ' u n palan, palanguer. On dit
palanquer en A n j o u .
Palette, n. f.
— Tablette. E x . U n e palette de c h o c o l a t .
— Visière. E x . U n e palette de casque.
— Garde-vue. E x . L,e docteur m e recommande de me
servir d'une palette pour me p r o t é g e r les y e u x contre la
lumière.
— Cosse. E x . Des fèves e u palette.
— La palette d'un poêle, la partie saillante d u fourneau.
— La palette du genou, la rotule.
— La palette de Vépaule, l ' o m o p l a t e .
— Se faire prendre la palette, se faire tancer d'importance.
Pallot, te, adj. — Qui a une démarche pesante et très lente.
Pampadour, n. f.
Pompadour. E x . E l l e est fière c o m m e l a Pampadour.
Pamphlet, n. m.
Brochure. E x . M . le c u r é de S a i n t - S a m u e l v i e n t d'écrire
un pamphlet sur le modernisme.
Panage, n. m.
Panache. E x . U n panage de caribou, d'orignal.
Panagérique, n. m. — P a n é g y r i q u e .
Pancarte, n. f.
T a b l e a u des élèves d ' u n e classe, dressé d'après le succès
obtenu à un concours. E x . C e t t e semaine, j e suis le
premier de ma classe, et c'est moi q u i v a i s porter la pan-
carte chez M . le D i r e c t e u r .
Pandore, n. m. — Pandour, h o m m e brutal, pillard.
* Panel, (m. a.) — T a b l e a u d u j u r y .
Paniérée, n. f. — I^e c o n t e n u d ' u n panier. T,ittré citefiannerêe.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 479

Panneau, n. m.
— Partie mobile d'une table, abattant. Rallonge est le mot
pour la partie détachée qui s'ajoute au besoin.
— Bavaloise. V. ce mot.
Panse, n. f.
Avoir les yeux plus grands que la panse, prendre d'un plat
plus qu'on en peut manger.
Panser (se), v. pron. — Manger beaucoup.
Pantalons, n. m. pl.
— Pantalon, n. m. s. Ex. Tailleur, faites-moi des pantalons
pour samedi soir.
— Culottes qui descendent jusqu'au genou seulement.
Pantomine, n. f. — Pantomime.
Pantoute.
Pas du tout. Autrefois on disait pas en tout, d'où/«s en
toute, et pantoute.
* Pantry, panntrê, (m. a.) — Garde-manger, office, dépense.
* Paper (blotting), (m. a.)—V. Blotting.
Papier, n. m. — Papier sablé, papier de verre.
Pâques, n. f.
Faire des pâques de renard, faire ses pâques après le temps
défini par l'Eglise.
Pâques bis.
Le dimanche de la Passion, quinze jours avant Pâques.
Paquet, n. m.
— Plier son paquet, s'en aller, fuir.
— Faire son paquet, être moribond.
— Avoir son paquet, être ivre.
— Recevoir son paquet, être congédié.
— Porter des paquets, dénoncer les autres.
— Lâcher le paquet, abandonner.
— Soulever le paquet, apostropher vivement.
— Faire des paquets sur tout le monde, médire.
Paqueter, v. a.—Serrer, presser. V. D'jarnmer.
Par, prép.
Pour. Ex. Mes actions à la banque me rapportent cinq par
cent.
480 LE PARLER POPULAIRE

— Du côté de. E x . Je vais par là-bas.


— A u milieu. E x . Cet enfant jette tout par les places et
par les fenêtres.
Par ailleurs, prép.
Ailleurs. E x . Tu peux t'en aller par ailleurs.
Par après, prép.
Après, ensuite. E x . Vous viendrez tous les uns par après
les autres.
Par contre, loc.
Au contraire. E x . J'ai fait cent piastres dans une affaire,
mais, par contre, j ' e n ai perdu deux cents dans une autre,
Par devant. — Devant. E x . Il est passé par devant moi.
Par exemple, loc.
A mon sens. E x . Il fait beau, mais, par exemple, ça ne
durera pas. V . Exemple.
Par exprès, loc.
Exprès. Ex, Pardonnez-moi, car je ne l'ai pas fait par
exprès.
Par ici, loc.
Ici. E x . Par ici il n'y a pas d'hommes de profession.
Par places, loc,
Par-ci par-là. E x . Les pois ont bien germé, mais il en
manque par places.
Paradis, n. m.
— Paradis des Anglais, paradis à part.
— Paradis des oies, qui n'existe pas.
— Ne pas porter une chose en paradis, payer avant sa mort.
Paragon, n. m.
— Gros romain, 72 points.
— Double paragon, tristnégiste, 144 points.
Paragraphe, n. m. — Alinéa, en terme d'imprimerie.
Paraître, v. n.
— Echapper. E x . Je l'ai paru belle.
— Bien paraître. E x . Mettre tout en œuvre pour paraître
dans le monde.
Paralatif, n. m. — Préparatif.
Paralésie, n. f. — Paralysie.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Paralétique, n. m . et f. — Paralytique.
Paramment, adv. — Apparemment.
Paraneige, n. m.
Construction en bois pour prévenir l'amoncellement de la
neige sur les voies ferrées.
Parapel, n. m.
Trottoir. Champlain emploie le mot parapel pour parapet,
muraille.
Parapuie, n. m. — Parapluie.
Parasol, n. m. — Champignon.
Parc, n. m.
. — Porcherie. E x . I,e parc {par) a u x cochons.
— Enclos où le gibier semble se donner rendez-vous.
Parcevance, n. f. •—Apercevance.
Parchaude, n. f. — Perchaude.
Parche, n. f. — Perche.
Parcher, v. n.
Sangler une charretée de foin avec une corde. E x . La
charrette est pleine de foin, parchons.
Parcourement, n. m.
T e r m e d'imprimeur pour exprimer le fait qu'il lui faut
déranger plusieurs lignes s'il se trouve eu face d'épreuves
remplies de corrections.
Par-dessus, n. m. pl.
Chaussures à semelles en caoutchouc, portées en hiver.
Pardonner, v. a.
Demander pardon. E x . Pardonnez, Monsieur, est-ce que
je vous ai fait mal ?
Pardre, v. a. — P e r d r e .
Pardrix, n. f. — P e r d r i x .
Pardu, e, n. m. et f.
— Perdu, égaré. E x . Je sais pas ce qu'il a, mais il crie
comme un pardu.
Paré, e, adj.
— Prêt. E x . Etes-vous prêt à partir ? — Oui, je suis paré.
— A l'abri d ' u n danger. E x . J'ai été bien malade, me
voilà paré m a i n t e n a n t .
3i
8
4 ,2. LE PARLER POLULAIRE

Pareil, le, a d j . et adv.


— Semblable. E x . Voilà d e u x enfants qui s'entressemblent,
ils sont presque pareils.
— Pareillement. E x . Bien qu'il fasse u n e t e m p ê t e , nous
partirons pareil.
Parent, n. m.
Etre parent avec quelqu'un, être p a r e n t de q u e l q u ' u n .
Parer belle (la). — L ' é c h a p p e r belle.
Parfait, e, a d j .
Parfaitement. E x U n parfait h o n n ê t e homme, u n homme
parfaitement honnête.
Parfait (au), loc.
Parfaitement. E x . Cette blouse est faite au parfait.
Parlas, n. m. — Prélart.
Parlant, e, a d j .
Affable, de commerce agréable. E x . Crois-tu que ce gar-
çon est parlant ?
Parle, n. f. — P e r l e .
Parlement, n. m.
Assemblée où il se p r o n o n c e b e a u c o u p d e discours. E x .
Viens-tu à Beauport, n o u s allons avoir u n beau parlement.
E n France, ou dit d ' u n bavard q u ' i l est u n parlement sans
vacance.
Parlementaire, adj.
— Les bâtisses parlementaires, les édifices du parlement, le
palais législatif.
Parler, v. n.
— Entendre parler, e n t e n d r e dire.
— Parler français, parler librement.
— Parler à tâtons, s a n s science.
— Parler du bout de la langue, zézayer.
— Trouver à qui parler, trouver son m a î t r e .
— C'est bien parler à vous, vous d i t e s bien.
— Ça parle tout seul, c'est évident.
Parler (se), v. pron.
Discuter ensemble. E x . P o u r q u o i t ' e m p o r t e s - t u si vite?
attends, nous allons nous parler.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

Parlette, n. f.
B a b i l l a g e . E x . C e t h o m m e a u n e grosse parlette. Cotgrave
cite parolette, petite parole.
Parlotte, n. f. — V . Parlette.
Parmettre, v . a. — Permettre.
Parmi, prép.
E m p l o y é q u e l q u e f o i s en sous-entendant son régime. E x .
Ces p o m m e s s o n t mauvaises, il y en a cependant de bon-
nes parmi.
Paroisse, n. f.
— E g l i s e de la paroisse de N . - D . de Québec. E x . Moi, j e
me suis m a r i é en 1824, à la paroisse.
— N'être pas de la paroisse, ê t r e étranger.
Paroissien, n. m .
I n d i v i d u q u e l c o n q u e . E x . E n voilà un drôle de paroissien !
Parole, n. f.
— Perdre la parole, ne pas v o u l o i r se résoudre quand on de-
mande q u e l q u e c h o s e .
— La parole n'en pue point, il faut moins s'attacher a u x
mots q u ' à c e q u ' i l s e x p r i m e n t .
— Parole écartée, insensée,
— Paroles en V air, paroles pour ne rien dire.
Paroles, n. f. p l .
— D é b a t , discussion. E x . A v o i r des paroles ensemble.
Parolette, n. f. — Parlette.
Paroli, n. m.
— Conversation. E x . C e t h o m m e a du paroli.
— F l o t de paroles. E x . Q u e l paroli est cela ! on ne peut
se c o m p r e n d r e .
Parpailler, v . a. — Eparpiller.
Parrainer, v. n. — E t r e parrain.
Par rapport que, loc. conj.
P a r la raison q u e . E x . M o n imprimeur n ' a v a n c e pas vite
en besogne, par rapport qu'il a trop d ' o u v r a g e sur le métier.
Par=sour, p r é p .
Par-dessous. E x . L e s rats passent par-sour le solage de la
maison.
4^4 LE PARLER POPULAIRE

Par=sur, prép. — Par-dessus. E x . Passe par-sur la clôture.


Part, n. f.
— Parti. E x . Si tu as le front de l'attaquer, je vais pren-
dre sa part.
— Action de banque. E x . J'ai cent parts à la banque
Nationale.
— En quelque part, quelque part.
— A part de lui, à part lui.
— A part de cela, à part cela.
— Faire des à part, partager eu gardant des parts pour
d'autres.
Partable, adj.
Action de partir. E x . I l fait un temps à ne pas mettre les
chiens dehors; ce n'est pas partable.
Partenaire, n. m.
— Celui ou celle avec qui l'on fait vis-à-vis à d'autres dan-
seurs.
— Associé dans le commerce. (Angl.)
Parti, n. m. et part. pass.
— Partie. E x . Un parti de plaisir.
— Pris de boisson. E x . Celui-là est encore parti ; quel
ivrogne !
Particulier, ère, adj.
Minutieux, soigneux. E x . J e le connais, il est trop particu-
lier pour accepter un tel cadeau.
Partir, v. u. et a.
— Commanditer. E x . Partir un jeune homme dans le com-
merce. (Angl.)
— Fonder. E x . Si tu veux m'en croire, nous allons partir
un journal, nous l'appellerons «Ee Québecquois». (Angl).
— Ouvrir. E x . Partir un magasin.
— Partir pour la gloire, faire la fête.
— Se faire partir, se faire enlever. E x . Il s'est fait partir
un ongle du doigt.
Partir (en), v. u.
Venir de faire quelque chose. E x . As-tu fini ton ouvrage ?
J'en pars.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 485

Partisannerie, n. f.
E s p r i t de parti. E x . Moi, j e vote sans partisannerie.
* Partner, neur, ( m . a.) — Parteuah-e, associé.
Parvint, part. pass. — P a r v e n u .
Pas, n. m.
Faire le pas, entrer dans les ordres majeurs, en parlant d'un
séminariste.
Pas de rien.
Grosse affaire. . E x . C e que tu dis là, ce n'est pas de rien.
Pas fin (un).
U n homme p e u sensé. E x . V e u x - t u que je te le dise carré-
ment ? t u es un pas fin.
Pasfinerie, n. f.
Simplicité. E x . Cesse donc tes pasfineries, mauvais drôle.
Pas grand'chose (un), loc.
U n h o m m e d e p e u d e valeur.
Pas guère, loc. — G u è r e , peu.
Pas mal, loc.
— E u assez g r a n d e quantité. E x . Y a-t-il beaucoup de
cerises dans le jardin ? — Il y en a pas mal.
Pas que (pour), loc.
Pour q u e . , n e . , p a s . E x . Je t'ai raconté cela eu secret,
pour pas que ç a soit connu.
Pas rien.— R i e n .
* Pass, (m. a.)
Billet gratuit. E x . V o y a g e r avec une pass sur le chemin
de fer.
Pas un (comme), loc.
M i e u x que qui q u e ce soit. E x . Je suis capable de faire
cet o u v r a g e com?ne pas un.
Passable, adj.
Praticable. E x . L e s chemins sont bien passables cet automne.
Passablement, a d v .
E n nombre assez considérable. E x . Il y avait passablement
d'invités à la soirée des L a tour.
Passage, n. m.
— A d o p t i o n . E x . L e passage de la loi.
486 1,E PARLER POPULAIRE

— Vestibule. E x . Accroche ton chapeau dans le passage.


— Peausserie, préparation des peaux.
Passager, n. m.
— Passant. E x . Ce chemin est très passager.
— Voyageur en chemin de fer, en bateau, en tramway.
— Train de voyageurs.
— Maison où ou loge les cultivateurs de passage. E x . A s -
tu mis ton cheval chez Bolduc le passager ?
Passe, n. f.
— Etat, situation. E x . Il nous a mis dans une belle passe !
— Permis de circulation sur les voies ferrées, les bateaux,
les tramways. E x . Je voyage à -bon marché, j ' a i des
passes tant que je veux.
Passe-fleur, n. f. — Eychnide coquelourde.
Passe-galon, n. m.—Passe-lacet.
Passe*partout, n. m.—Scie à chantourner.
Passe petit passe gros.
Locution pour dire qu'une chose est faite sans aucun soin.
Passe-pierre, n. f. — Pierre-ponce.
Passe-port, n. m.
Passe-passe. E x . Jouer des tours de passe-port.
Passé, part. pass.
Passé, et au delà. l î x . Ma maison a quarante pieds passés.
Passée, n. f.
Intervalle de courte durée. E x . Le bonhomme est enragé,
mais ce ne sera qu'une passée.
Passer, v. a.
— Adopter. E x . Les députés vont en chambre pour passer
des lois.
— Faire. E x . Ne passe pas de remarques sur son compte.
— Souscrire. E x . T u me dois cent piastres, passe-moi ton
billet.
— Mourir. Ë x . Notre malade est passé hier soir.
— Morigéner. E x . T u vas te faire passer par le directeur.
— Passer au feu, incendier.
— Passer chemin, avancer.
— Passer par les màiks, avoir affaire.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

— Passer par-dessus une chose, la considérer légèrement.


— // faut en passer par là ou par la fenêtre, se soumettre.
— Nous avons passé par là, nous avons fait l'expérience.
— // faut que le médecin ou le prêtre y passe, il faut le secours
d u médecin ou d u prêtre.
— // veut passer pour quelque chose de bon, se faire une bonne
réputation.
— Passer en belette, fuir rapidement.
— Passer en souris, s'évader furtivement.
— Passer au bob, se faire tancer d'importance.
— Il passe une heure, il est u n e heure passée.
— En faire passer, tromper u n confident peu défiant.
— Passer bien ou mal dans le monde, passer pour honnête ou
malhonnête.
— Passer la porte, sortir. E x . Passe la porte, mon petit in-
solent, je te chasse de la classe.
— Passer en pai?i bénit. V . Pain.
Passer et rapasser.
Passer et repasser. E x . E n voilà un qui cherche quelque
chose d e p u i s u n e h e u r e , il ne fait que passer et rapasser.
Passion, n. f.
Pension. E x . U n e bonne maison de passion.
Passionner, v . a . — P e n s i o n n e r .
Pas vrai ? — N ' e s t ce p a s vrai ?
Pataclan, n. m . — V . Bataclan.
Patacle, n. f. — Mauvaise m o n t r e . V . P a t a t e .
Patafioler, v. a.
Que le diable tepatafiole ! t ' e m p o r t e . L e verbe ne s'emploie
pas dans d ' a u t r e s sens.
Pataplouf, patapouf, n. m.
— H o m m e g r o s e t lourd, un p a t a u d et u n bouffi.
— S e dit aussi d ' u n enfant. E x . U n gros patapouf.
Pataque, n. f. — P a t a t e .
Patarafe, n. f.
Semonce p a r é c r i t . E x . J e vais lui envoyer u n e patarafe
dont il se s o u v i e n d r a l o n g t e m p s .
— Balafre, t a c h e à l'a figure.
488 LE PARLEE POPULAIRE

Patate, n. f.
— Mauvaise montre. Ex. Combien demandes-tu pour ta
patate ?
— Pomme de terre. Cependant le mot patate semble admis.
C 'est l a morelle tubéreuse.
— Patate d'avance, qui, semée plus à bonne heure, mûrit
beaucoup plus tôt.
— Patate de quarante jours, patate qui prend quarante jours
pour sa production, depuis la semaille j u s q u ' à la récolte.
— Etre dans les patates, dans l'erreur, faute de compréhen-
sion.
Patati, patata !
Onomatopée employée p o u r rendre des b a v a r d a g e s , des bruits
qui s'entrecroisent. (I,ar.)
Pataud, n. m.
— Lourdaud.
— Il n'y a pas qu'un chien qui s* appelle Patatid, il y a plu-
sieurs manières de d é s i g n e r une c h o s e ou une personne.
Pâte, n. f.
— Trop de mains à la pâte, ça la gâte, les entremetteurs sont
souvent de trop.
— Une bonne pâte d'homme, un h o m m e d ' u n bon caractère.
* Patente, n. f. ( A n g l . )
— Brevet d'inventeur.
— Cuir à patente, cuir v e r n i .
— Bureau des patentes, des brevets.
Patenté, e, adj.
— Breveté. ( A n g l . )
— E u r è g l e . E x . Je t ' a s s u r e que tu as fait là une bêtise
patentée.
* Patenter, v . a. ( A n g l . )
Prendre uu brevet. E x . A s - t u fait patenter ta dernière
invention ? Adresse-toi au bureau d e s patentes.
Pâté, u. m .
— Enfant g r o s et gras.
— Caractères d'imprimerie mêlés.
— T a c h e d'encre sur u n e feuille écrite.
DBS CANADIRNS-FRANÇAIS 489

Patience, n. f.
— Jeu de patience, j e u du solitaire.
— Plante à racine antiscorbutique, très commune.
Patinade, n. f. — A c t i o n de patiner.
Patiner, v. a. — Manier malproprement.
Patiner (se), v . pron.
S e dépêcher, se hâter. E x . N o u s avons besoin de nous
patiner si n o u s v o u l o n s terminer notre o u v r a g e pour la fin
du mois.
Patinoir, n. m .
P a v i l l o n des patineurs, eu France. L e mot patinoir pour-
rait être accepté par tout le monde.
Pâtir, v. n.
Pâtisser. E x . J'ai une bonne cuisinière, elle sait pâtir.
Patirat, n. m .
Souffre-douleur. E x . C ' e s t un vrai patirat.
Patliache, n. m . — Patriarche.
Patoche, n. m .
— Grosse m a i n .
— P i e d d'enfant.
Patriotage, n. m . — F a u x patriotisme.
Patronage, n. m .
Pratique d ' u n chaland, clientèle. E x . J ' o u v r e un magasin,
v o u s me donnerez votre patronage.
Patronniser, v . a. — Patronner, recommander, appuyer.
Patte, n. f.
— Pied. E x . E e s pattes de la table. U n ragoût de pattes
de cochon.
— Main. E x . O t e tes pattes dessus ton visage.
— Aller à pattes, marcher à pied.
— Coup de patte, c o u p de l a n g u e .
— Patte de poêle, Irlandais.
— Patte d'oie, ride.
— Homme à pattes, h o m é o p a t h e .
— Marcher à qtiatrepattes, s'aplatir.
— Marcher sur une patte, à cloche-pied.
•— Pattes de mouche, écriture m a i g r e et peu lisible.
49° LE PARLER POPULAIRE

Patte, e, adj.
Pattu, qui a des plumes sur les pattes. E x . Un pigeon
patte.
Pattots, n. m. pl. — Petits pieds.
Pau mon, n. m. — Poumon.
Paumonique, n. et adj. — Pulmonique.
Pau p'tit.
Pauvre petit. E x . Pau p'tit enfant, que tu es à plaindre !
Paupiller, v. n.—Agiter les pupilles.
Pauve, n. et adj. — Pauvre.
Pauverté, n. f. — Pauvreté.
Pavé, n. m. — Gratter le Pavé, être dans la misère.
Paver, v. a.—Joncher. E x . I,es rues sont pavées de fleurs.
Pavillon, n. m. — Couche. Expression acadienue.
* Pawnbroker, pâti'-brôkeur, (m. a.) — Prêteur sur gages.
Payant, e, part. prés.
Qui donne de bons profits. E x . Une spéculation payante,
un commerce payant.
Paye, n. f.
— Jour où se payent les salaires. E x . C'est demain qu'on
fait la paye.
— Dur de paye, mauvais payeur.
— Une bonne paye, un homme qui paie bien.
— Une mauvaise paye, qui paye mal.
Payer, v. a.
— Rendre. E x . Je te paierai ta visite au premier jour.
(Angl.)
— Adresser. E x . Payer un compliment.
— Réjouir. E x . Il fait beau!—Oui, ça paye, un temps
comme ça.
— Rapporter du profit. E x . Voilà une spéculation qui va
payer.
— Payer pour, être puni. E x . T u veux absolument te
conduire mal, je t'avertis eh ami que tu paieras pour.
Payer (se), v. pron.
S'offrir. E x . Je viens dé faire un peu d'argent, je vais me
payer un chapeau neuf.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 491

Payeux, n. m .
P a y e u r . E x . C r é d i t est mort, les mauvais payeux l'ont tué.
* Pay-list, (m. a.) — Bordereau de salaire.
* Pay-master, pémasteur, (m. a.) — Payeur, agent comptable.
Pays, u. m.
— Les pays d'en haut, r é g i o n occidentale d u Canada, j u s -
q u ' a u lac H u r o n .
— Les vieux pays, l ' E u r o p e .
* Pea-nut, pi-note, (m. a.) — P i s t a c h e de terre.
* Pearl, peurle, (m. a.) — Perle, 5 points ( T . d ' i m p r . )
Peau, n. f.
— Une peau, u n h o m m e qui n ' a p l u s que la peau et les os.
— Faire peau neuve, c h a n g e r de conduite, d'opinions ou de
vêtements.
— Traîner sa peau, flâner.
— Etre dans la peau d'un autre, à sa place.
— Ne savoir que faire de sa peau, paresser.
— Avoir la peau dure, être insensible à tout.
— Etre plus attaché à sa peau qu 'à sa chemise, soigner ses
propres i n t é r ê t s plutôt q u e c e u x des autres.
— A fleur de peau, sur l'épiderme.
— Avoir de la peau de reste, être très maigre.
— Saliver sa peau, se tirer d'embarras.
— Traîner quelqu'un en peau de chien, l'amener à a g i r
malgré lui.
Pécane, n. f.
e
A m a n d e o b l o n g u e . A u X V I I siècle, nos ancêtres avaient
la pacane.
Pécaud, n. m.
— Cheval usé.
— Pingre.
Péco, n. m. — Petit: ours rusé, difficile à saisir.
Pêche, n. f.
Bordigue, enceinte de claies sur l e bord d u fleuve pour pren-
dre du poïsson. E x . U n e pêche à anguilles.
Pêcher, v. a.
— Pêcher dans le site, saisir à lâ défôSée.
492 LE PARLER POPULAIRE

— Pêcher dans le las, saisir à p e u près.


Pêches, n- f. pl. — Filets, sennes.
Pêcheux, n. m. — Pêcheur.
* Peddler, v . a . — V e n d r e à domicile. ( A u g l . )
* Peddleur, n . m . ( A u g l . ) — C o l p o r t e u r .
* Pedigree, pedigri, (m. a.) —- G é n é a l o g i e .
Peigne, n. m .
P i n g r e . E x . T u as affaire à un beau peigne, j e t ' e n sou-
haite !
Peigne=cul, n. m . — P a r e s s e u x , usurier.
Peigner, v a.
— Battre, maltraiter. E x . J e l'ai peigné a v e c soin.
— Mal peigné, h o m m e de mauvaise m i n e .
— Peigner du lin, du chanvre, Sérancer.
Peigner (se), v . pron. — S e battre.
Peine, n. f.
— Cri en peine, appel a u secours.
Peinture, n. f.
— Fait en peinture, très bien fait, c o m m e si tout o u v r a g e
de peinture était parfait.
— Peinture à l'eau, aquarelle.
— Peinture à l'huile, toile.
Peinturer, v . a. — P e i n d r e .
Pèlerinage, u . m . — P è l e r i n a g e .
Pelle, n. f.
— Donner la pelle, v o u e r u n a m o u r e u x à u n échec.
— Recevoir la pelle, a m o u r e u x é c o n d u i t par sa blonde.
Pelle-à=feu, n. f . — S a g e - f e m m e .
Pelote, n. f. — Boule. E x . U n e pelote d e n e i g e .
Peloter, v . a.
S e prendre en boule. E x . L a neige pelote bien, les enfants
vont s'amuser à faire des bon/tommes d e n e i g e , des c a b a n e s ,
etc.
Peloter (se), v . pron. — S ' e n v o y e r des p e l o t e s de n e i g e .
Pelotonner, v . a. —Pelotonner un peloton de laine, p l é o n a s m e .
Pendants, n. m . p l .
Pendants d'oreilles de dame, fuchsia é c a r l a t e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
493

Pendard, n. m .
H o m m e d a n g e r e u x , qui cependant n'a pas mérité la corde.
E x . Mon petit pendard, tu te feras pincer à quelque
détour.
Pend'oreilles, n. ni. pl. — P e n d a n t s d'oreilles.
Pendriloque, n. f. — Pendeloque.
Pendrioche, n. f.
— E t a t de ce q u i pend.
— L o q u e s q u i pendent d ' u n vêtement, d'un rideau usés.
— E c h a f a u d . E x . Je serais bien surpris si ce criminel v a
pouvoir se s a u v e r de la pendrioche.
Pénican, u. m. — P é l i c a n , ancien instrument de dentiste.
Penille, 11. f.
L i s i è r e s de l a i n e ou de coton qui entrent dans la confection
des c a t a l o g n e s .
Pénitentiaire, n. m . — P é n i t e n c i e r , maison pénitentiaire.
Penouil. — V . F o n d de Penouil.
Penoute. — N o m d o n n é à un p a y s a n naïf.
Penser, v . n. — V e n i r sur le point. E x . J'ai pensé mourir.
Pension, n. f. •— M a i s o n de pension privée.
Pensoire, n. f. — C o m p r é h e n s i o n , j u g e m e n t .
Pente, n. f.
Ornière particulière a u x c h e m i n s encombrés par la neige.
Pépelier, péplier, n. m . — Peuplier.
Pépère, n. m. — G r a n d ' p è r e .
Pepi. — V . P i p i .
Pépite, n. m. — P u p i t r e .
* Peppermint, mimite. (m. a.) — Tablette de menthe poivrée.
Pèque, n. f . — V i s i è r e de casquette.
* Percentage, n. m . ( A n g l . )
P o u r c e n t a g e , commission, remise, t a u x d'intérêt.
Percer (se), v . p r o n .
Creuser une fosse d a n s la vase, d'environ trois à quatre pieds
de profondeur, o ù le chasseur se blottit pour surprendre l e
gibier méfiant, c o m m e l ' o u t a r d e et l'oie s a u v a g e . ( D e
G a s p é , Anciens Caftadiens.)
Percet, n. m. — C a m a r i n e à fruits n o i r s . .
LE PARLER POPULAIRE
494

Perchaude, n. f.
Perche jaune, d ' o ù perchaude par corruption.
Perche, n. f.
— Personne fluette et très g r a n d e .
— Pieu q u i entre dans une clôture.
— Tendre la perche, v e n i r en aide.
— Aller à la perche, conduire un canot a v e c une p e r c h e .
— C'est bon que la perche en lève, c'est très bon, s u c c u l e n t .
Perche de ligne, n. f. — L,igne à pêcher.
Perdition, n. f.
Avoir des yeux à la perdition de son âme, avoir des y e u x
extraordinairement b e a u x .
Perdre, v . a. et n .
— Avoir une hémorrhagie, c h e z la f e m m e .
— Perdre une motion, la voir rejeter.
— Perdre son nom, périr, disparaître. E x . T u tiens à ta
pipe, serre-la, si tu ne v e u x pas q u ' e l l e perde son nom.
— Perdre la carte, la boule, perdre la t ê t e .
Perdre (se), v . pron.
Périr. E x . U n steamer v i e n t de sombrer, c i n q matelots se
sont perdus.
Perdrix blanche, n. f.
L a g o p è d e des saules et l a g o p è d e des r o c h e r s .
Perdrix de bois francs, n. f.
Gelinotte fraisée. A u s s i appelée perdrix de montagne.
Perdrix de savane, n. f. — T é t r a s du C a n a d a .
Père, n. m .
— H o m m e d ' u n â g e assez a v a n c é . E x . E c o u t e z , l e Père.
Dutil, v o u s a v e z bien s o i x a n t e ans, asteure ?
Pérentoine, n. tn.
Péritoine. E x . U n e enflammation d u pérentoine.
Perfection, n. f.
Ouvrage fait à la perfection, en perfection, s u i v a n t l ' A c a d é -
mie.
Péri, n. m . — P é r i l . E x . J'irai au péri d e ma v i e .
Péritieux, euse, adj. — P é r i l l e u x .
* Périwinklei pêriouinnkl, (m. a.) — Bigorneau.
DES CANADIKNS-FRANÇAIS
495

Perlasse, n. f. — Potasse p u r e .
Perlasserie, n. f. — Etablissement où l'on fabrique la perlasse,
perlât, n m. — P r é l a r t .
Perle, n. î-
— Enfiler des perles, flâner.
— La perle de la famille, celui ou celle qui semble avoir le
plus de qualités.
Perroquet de m e r , n. m.
M a c a r e u x arctique e t m a c a r e u x à gros bec.
Personne (grande), n. f. — P e r s o n n e d ' u n certain âge.
P e r s o n n e l l e , a d j . — I n t i m e . E x . C'est m o n ami personnel.
Persouhaiter, v. a.
Assurer. E x . Jevoiispersoukaite que c'est la pure vérité.
Perte, n. f- — H é m o r r h a g i e chez la femme.
Pesant, e, adj. et n. m .
— Lourd. E x . L e t e m p s est pesant, nous allons avoir de la
pluie.
— Malaise d u r a n t le sommeil, particulier a u x personnes qui
dorment c o n c h é e s sur le dos. Borel se sert du mot pesart.
— Acheter pesant, acheter b e a u c o u p .
Pesas, n. m. pl. — T i g e s sèches de pois.
Pesée, n. f. — M a c h i n e pour peser le foin, les a n i m a u x .
Peser, v. a.
— Hisser. E x . Pèse la voile, voilà le bon v e n t qui arrive.
— Peser son pesant d'or, avoir u n e grande valeur.
— Peser le poids, avoir de l'importance.
Pétaque, n. f. — P a t a t e .
Pétard, n. m.
Claquet, digitale pourprée, d o n t les enfants s'amusent à faire
claquer les fleurs.
Pétasser, v. n.
Fêler. E x . C e t t e assiette est pêtassêe à trois places.
Petau, n. m. — P i e d d'enfant.
Pet=en-gueule. — E x e r c i c e gymnastique.
Péter, v. n.
— Fêler, fendre. E x . N o u s avons un poêle q u i pète par-
tout.
496 LE PARLER POPULAIRE

— Eclater. E x . Cet œ u f m ' a pété d a n s l a m a i n .


— Avoir fini de péter, mourir.
— Que le diable mepete un singe ! j u r o n .
Pet su'l'trèfle, n. m. — Personne susceptible à l ' e x c è s .
Péter sur le trèfle.
Viser à la délicatesse par des manières doucereuses et
affectées.
L e trèfle est u n v é g é t a l inférieur, à c a u s e de sa petite tige.
Il faut peu d e vent et de secousse pour l'abattre. En
France, on dit grêler sur le persil, p o u r exercer une auto-
rité contre des gens faibles et dans l e s affaires sans impor-
tance.
Péteux, euse, n. m. et f. — L â c h e , timide.
Pétillard, n. m. et f.
Pétillant, h o m m e qui brille par son esprit, et dont le regard
est pétillant.
Petit, e, adj. ,
— Les petits, écoliers d u séminaire qui sont dans les basses
classes.
— Au petit jour, au point d u jour.
— Au petit matin, de grand matin.
— Faire son petit, se faire petit, humble.
Peti-peta. — A petits pas. E x . A l l e r peti-peta.
Petite*santé, n. f.
Personne maladive. E x . M a femme, j e t'assure, c ' e s t mie
petite-santé.
Petitement, a d v .
A l'étroit. E x . N o u s sommes petitement dans cette maison.
Petits pains, u. m. pl. — Calcéolaire t r è s v i s q u e u x .
Peton, n. tn. — Pied d'enfant. « Mon peton», a dit R a b e l a i s .
Pétot, n. m. pl. — P e t i t s pieds.
Petun, n. m . — T a b a c brésilien.
Pétuner, v. n. — Fumer.
Peu, n. m-
— Excusez du peu, ne v o u s g ê n e z p a s .
— Un petit peu, très p e u . E x . Je prendrai un petit peu
d'eau.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 497

Peupelier, n. m. — Peuplier.
Peuplier argenté, n . m . — P e u p l i e r blanc.
Peuplier de Lombardie, n. m. — Peuplier pyramidal.
Peuplier liard, n. m . — Peuplier à grandes dents.
Peur, n. f.
— Partir en peur, s'échapper. E x . Mon cheval est parti
en peur.
— Avoir peur à, redouter. Y ai peur à mon cheval, il est
vicieux.
— Donner la peur, effrayer. E x . L e tonnerre me donne
toujours la peur.
— Une peur bleue, une forte peur.
Peur, n. f. — Peur.
Peureux, euse, a d j . — Poltron.
Philippina.
Philippine. « V o u s cassez une amande, elle est double :
vous offrez une moitié à votre voisine de table. L e lende-
main, à la p r e m i è r e rencontre, elle ne manque pas]de vous
dire : Bonjour, Philippine. V o n s êtes pris, v o u s avez
perdu, vous d e v e z u n g a g e » — ( R o z a n . )
Phramacien, n. m . — Pharmacien.
Physonomie, n. £.
Physionomie. E x . E n voilà une qui a une helle physonomie
dans le v i s a g e .
Pi, adv. — Puis.
Piaillard, n. m. — Piailleur.
Piailler, n. m. — C r i e r continuellement.
Piailleur, euse, n. m , et f. — Q u i piaille.
Piam-piam, loc.
Doucement. D e l'italien piano. E x . A l l e r piam-piam.
* Piano cottage, (m. a . ) — Piano droit.
Pianoter, v . n.
Jouer d u piano sans soin et sans talent, plutôt pour s'amuser.
Pianoteux, euse, n. m . et f. — Q u i pianote.
Pian-pian, loc.
V . Piam-Piam. R e m y Belleau a dit : « M a i s i l me faut par-
ler pian-pian. »
32
498 LE PARLER POPULAIRE

Piasser, v . n.
Se dit d u cri des petits poulets et des m o i n e a u x .
Piastre, n. f.
— Avoir les yeux grands comme des piastres françaises, ne pas
vouloir dormir.
— Cherche ta piastre, ton êcu est perdu. V . Ecu
— Un baise-la-piastre, avare.
— Cheval de quatre piastres, de v a l e u r médiocre.
Piaule, n. f. — Bouffée de v e n t .
Piaume, n. m . — Pivoine.
Pic, n. m .
Outil d o n t se servent les déblayeurs de trottoirs quand ils
e n l è v e n t la glace, et aussi les ouvriers q u i font des tran-
chées dans le sol p o u r les fins de l'aqueduc, d u g a z , etc.
Pic (à), loc. adv.
—•• E s c a r p é . E x . U n e côte à pic.
— D ' a b o r d difficile. E x . U n e femme à pic.
* Pica, (m. a.)
— Cicéron, 12 points.
— Smallpica, philosophie, 11 points.
— Double small pica, petit paragon, 22 points
— Five Unes pica, double canon, 60 points.
— Eight Unes pica, triple canon, 96 points.
Picâillon, n. m.
A r g e n t . E x . Il en a, des picaillons.
Picâillon était u n e monnaie s a v o y a r d e valant u n demi-
liard.
Picasser, v . a.
Marqueter, tacheter. E x . Il est picassê comme u n œuf de
dinde.
Picasse, n. f . — V i e u x cheval usé.
Piccolo, n. m . — P e t i t e flûte.
Pichegrue, n. f.
Personne d ' h u m e u r acariâtre. E x . U n e vieille pichegrue.
Pichenoque, n. f.
Pichenette, chiquenaude. N o u s disons aussi pichenolle,
pichenelle et pichenotte.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
499

Pichou, n. m. — P e t i t e personne habillée d ' u n e façon bizarre.


* Pickle, pikl, (m. a . ) — M a r i n a d e , conserves a u vinaigre.
* Pickpocket, pokette, (m. a . ) — F i l o u , coupeur de bourses.
Picocher, v . a.
— Becqueter, piquer avec le bec.
— Picoter, piquer légèrement et à plusieurs reprises.
Picosser, v. a — Becqueter.
Picot, n. m.
— Maladie é r u p t i v e de la peau qui occasionne une forte
démangeaison.
— Point. E x . J'ai acheté une indienne couverte de petits
picots.
Picote, u . f.
Variole, petite v é r o l e . Godefroy donne picote pour petite
vérole. C e mot nous vient de France. U n de ses princi-
p a u x attributs est de bien dépeindre les effets de cette
terrible maladie.
Picote volante.
Varicelle ou variolette, petite vérole volante qui a quelque
ressemblance a v e c la variole.
Picotin, n. m.
Patronage g o u v e r n e m e n t a l accordé à u n individu dans la
mesure des services rendus.
Picoté, n. m.
Qui a la picote. E x . I^e cimetière des picotés. C e mot se
trouve dans l ' H i s t o i r e de l ' H ô t e l - D i e u de Québec, publiée
en 1671 (p. 408).
Picouille, n. f . — A n i m a l décharné.
Picra, n. m.
A l o è s . E x . S i v o u s voulez v o u s purger, prenez une bonne
dose de picra.
Picuite, n. f. — P i t u i t e .
Pie, n. f. — G e a i d u Canada.
* Pie, pâïe, (m. a. )
— Pâté.
— Mutton pie, p â t é a u mouton.
— Oysterpie, p â t é a u x huîtres.
LE PARLER POPULAIRE
5°°

— Sea pie. — V . C i p a i l l e .
P i è c e , n. f. — E t r e près de ses pièces, être très intéressé.
Pied, u ni.
— Etre bête comme ses pieds, p a t a u d .
— Avoir les pieds attachés, a v o i r p i e d s e t p o i n g s liés.
— Mettre les pieds dans les plats, a g i r i n c o n s i d é r é m e n t .
— Avoir bon pied bon œil, n e r e s s e n t i r l'effet d e l ' â g e n i
d a n s les p i e d s ni d a n s la v u e .
— Prendre tout aie pied de la lettre, j u g e r d u s e n s d ' a p r è s
une mesure uniforme.
— Avoir les quatre pieds blancs, n ' ê t r e p a s c o u p a b l e .
— OU gue tu mets les pieds ? D e q u o i t e m ê l e s - t u ?
— Ne pas se moucher du pied, t r a n c h e r d u g r a n d
— Prendre des pieds, s ' i m p o s e r c h e z l e s a u t r e s .
— Lever le pied, se s a u v e r a p r è s a v o i r fait u n m a u v a i s c o u p .
P i e d (à), l o c .
Etre à pied, se t r o u v e r d a n s u n e m a u v a i s e p o s i t i o n p a r la
faute d ' u n autre. E x . T u as e n g a g é c e d o m e s t i q u e , je
t ' a s s u r e q u e t u v a s ê t r e à pied.
Pied d'alouette, n. m. — Daupbinelle.
Pied-de-roi, n. m
Mesure de douze pouces à v i n g t - q u a t r e p o u c e s q u i se replie
s u r e l l e - m ê m e . Roi s e d i s a i t a u t r e f o i s p o u r s i g n i f i e r règle,
mesure.
P i e d - d e - v e a u , n. m. — C a l l a d ' E t h i o p i e .
P i e d - d e - v e n t , n. m.
N u a g e étroit et très allongé. Effet d u s o l e i l q u i s e p r o d u i t
par u u t e m p s n u a g e u x , lorsque l ' a s t r e est p e u élevé au-
dessus de l'horizon, ses r a y o n s p a r a i s s a n t alors s'y ratta-
cher. S i g n e de v e n t .
P i e r r e à c h a u x , n. f. — P i e r r e c a l c a i r e .
P i e r r e à f a u x , n . f. — P i e r r e p o u r a i g u i s e r l e s f a u x .
P i e r r e à f e u , n . f. — S i l e x .
Pierre à m o u l a n g e s , n . f. — P i e r r e m e u l i è r e .
Pierre à t o n n e r r e , n. f. — P y r i t e d e f e r .
Pierre b l e u e , n . f. — I n d i g o .
Pierre d ' é p o n g é , n . f. — P i e r r e - p o n c e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 501

Pierre de rang, n. f.
Pierre calcaire e x t r a i t e des carrières de B e a u p o r t , du Châ-
teau-Richer.
Pierre d e s a b l e , 11. f. — G r è s .
Pierroter, v . a. — Empierrer, macadamiser.
Piéter, v . a.
Bien habiller. E x . N o u s allons te piéter, m o n enfant, pour
aller à l ' é g l i s e .
Piéter ( s e ) , v. pron.
— S e tenir s u r ses gardes. E x . S i tu v e u x réussir, tu as
besoin de te piéter.
— S'habiller a v e c l u x e .
Piétonner, v . n. — Piétiner.
Pigatoire, n. m . — Purgatoire.
Pigeon, n. m. — J a l o u x .
Pigeon d e mer, n . m. — Guillemot noir.
* Pigeon-hole, pidjonnc-hôle, (m. a.)
Trou-madame, b a g a t e l l e .
Pigeonne, n. f.
— Maléfice, tour. E x . Je te dis que c'est u n e pigeonne que
ce v i e u x m e n d i a n t lui a donnée.
— Femelle du pigeon.
— Femme jalouse.
Piger, v . a.
Prendre une carte dans le j e u . E x . J'ai pigé l ' a s de pique.
Pignoche, n. f.
— Chiquenaude.
— Morceau de s u c r e d u pays a y a n t la forme d ' u n cornet.
P i g n o c h e v e u t dire cheville, en France.
Pignocher, v. a. — Donner une dégelée.
Pignonner, v . a. — Mettre le p i g n o n .
Pignouf, n. m . — R u s t r e , grossier, mal é l e v é , e t c .
Pigras, pigrat, n . m .
Dégât. E x . Q u i a renversé l e crachoir s u r notre beau
tapis ? — E n v o i l à un pigras ! Dans le P e r c h e , ce mot est
pris dans le sens de bourbier.
Pigrasser, v . n. — P a t a u g e r dans la boue.
502 LE PARLER POPULAIRE

Piguerie, n . f . — P o r c h e r i e .
Pilasse, n. f. — T r a c e s d ' u n pied humide o u b o u e u x .
Pilasser, v . a. — Piétiner s u r place.
Pile, n. f.
Pilier. EOx. L,es piles d u pont Dorchester.
Pileau, n . m. — T a s .
Piler, v . a. e t n .
— Ecraser a v e c le pied. E x . Piler s u r les pieds de son
voisin.
— Mettre e n pile. E x . Piler du bois, des madriers.
Pilot, n. ni.
— Pilote.
— C o n d u c t e u r . V . le mot suivant.
Pilot de bœuf, n . m.
Conducteur. E n Normandie, on se sert des mots cacheux et
cabreux p o u r exprimer la m ê m e idée.
Pilote, n. m.
— Pilote branche, pilote L,anianeur.
— Drap de pilote, gros drap pour la confection des pale-
tots.
Piloter, v . a.
— F o u l e r a v e c ses pieds. E x . I l a d û venir q u e l q u ' u n dans
la cour, l a n e i g e est toute pilotée.
— Conduire, servir de cicérone. E x . Pilotez-moi donc à tra-
vers la v i l l e , j e suis toujours écarté.
Pilune, u . f. — Pilule.
Pimbina, n . m . — V i o r n e obier.
* Pimpermanne, n. f. — Peppermint. ( A n g l ) .
* Pimpermenne, n. f. — Peppermint. ( A n g l ) .
* Pin, pinne, (ni. a.) — E p i n g l e .
Pin blanc, u . m . — Peuplier d u Canada.
Pin gris-cyprès, n. m. — P i n d e s rochers.
Pin jaune, n . m . — P i n d o u x .
Pin résineux, n . m. — P i n r o u g e .
Pince, n. f.
— ï ) o i g t s . E x . Je vais te serrer la pince.
— Pinces de canot, les d e u x e x t r é m i t é s d u canot.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 503

Pinceau, n. m.
Barbiche. E x . C h a m p l a i n , fondateur de Québec, portait le
pinceau, tout c o m m e beaucoup de Canadiens.
Pincée, n. f. — F e m m e maniérée. E x . Une pincée.
Pincer, v . a.
Se faire pincer, se faire prendre à la suite d ' u n e mauvaise
affaire.
Pincette, n. f.
Etre d'une humeur à prendre avec des pincettes, être de très
mauvaise h u m e u r .
Pincette (à la), loc.
S'embrasser à la pincette, en se pinçant légèrement les joues.
* Pinch, (m. a.)
Pincée, prise d e tabac. E x . Prends donc une petite pinch.
Pintocher, v. a . — B a m b o c h e r , boire des liqueurs spiritueuses.
Pintocheux, euse, n. m . et f. — Q u i pintoche.
Pinule, n. f. — P i l u l e .
Pioche, n. f.
— H o u e , béchoir.
— Tête de pioche, t ê t e dure, peu. intelligente.
Piocher, v . a.
— Piaffer. E x . M o n cheval pioche quand il v e u t s'en aller.
— Prendre des cartes au talon. E x . F a i s attention ! c'est
ton tour de jouer, pioche donc.
Piôles, n. f. pl.
H e u r e s favorables à l a pêche, l e matin, au lever du soleil, le
midi, et le soir a u soleil couchant. (De G a s p é , Mémoires).
Pioneer, v . n. — Dormir.
Piou=piou, n. m . — G r i v e de W i l s o n .
Pipée, n. f.
I<e contenu d ' u n e pipe. E x . Donne-moi donc une pipée de
tabac ?
Pipet, n. m. — Q u i f u m e sans cesse.
Pipi, n. m .
Urine, pisse. E x . F a i s pipi, mon enfant, p o u r faire plaisir
. à ta g r a n d ' m è r e .
Pipite, n. m. — P u p i t r e .
504 1 3 PARLER POPULAIRE

Pique, n. f.
— C h i c a n e , altercation, E x . Je v i e n s d ' a v o i r u n e pique
avec l u i .
— As de pique, personne q u i ne b o u g e p a s de l ' e n d r o i t où
elle s'est placée d ' e l l e - m ê m e .
Pique-bois, n. m . — P i v e r t .
Pique ou noque.
Jeu enfantin a u m o y e n d ' é p i n g l e s . Pique est la pointe, et
noque la tête. I / u n des joueurs c a c h e une é p i n g l e entre
le pouce et l'index, de façon à ce q u e la tête o u la pointe
soit à l ' e x t r é m i t é des p h a l a n g e s . V . N o q u e .
Piqué, n. m.
Garniture de lit confectionnée avec p l u s i e u r s doubles de coton
cousus et piqués, q u i servent à g a r a n t i r les matelas contre
les accidents nocturnes particuliers a u x enfants.
Piquée, n. f. — Entrure d u soc de la c h a r r u e dans le sol.
Pique=ni, n. m . — Pique-nique.
Pique=niquer, v. n . — A s s i s t e r à un p i q u e - n i q u e .
Piquer, v . a.
— Pousser des pointes a c é r é e s .
— Piquer au plus court, marcher s a n s prendre d e voies
détournées, en finir, passer à t r a v e r s .
— N'être pas piqué des vers, être s o i g n é .
Piquer (se), v. pron.
— S'irriter. E x . L,ui, il se pique p o u r r i e n .
— Se piquer le nez, s ' e n i v r e r .
Piquet, piquette, n. m,
— Pieu.
— Planter le piquette, s'arrêter, s'installer.
— Planter des piquets, dormir assis, p a r e x e m p l e p e n d a n t les
sermons à l ' é g l i s e .
— Ma foi de piquette, j u r o n c o m m u n .
Piqueur, n. m .
Bûcheron qui dégrossit les abatis dans u n chantier.
Pire, adj.
— Pis. E x . T a n t pire pour toi. N o t r e malade v a de pire
en pire.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 505

— M a u v a i s . E x . C ' e s t bien p l u s pire que tu pensais.


Pire aller (au), loc. a d v .
A u pis aller, en supposant les choses au plus mal.
Pire (du), loc.
Etre die pire, ê t r e t r è s m é c h a n t .
Pirgatoire, n. m . — P u r g a t o i r e .
Piroli, n. m.
P i l o r i . S e d i s a i t ici du temps où les voleurs étaient con-
d a m n é s à s u b i r ce c h â t i m e n t .
Pirouche, n. f.
O i e . E n F r a n c e , on trouve le mot piron, pirotte, pour dési-
g n e r l'oie femelle.
Pirouette, n. f. — Planter la pirouette, pirouetter.
Pirouys, n. m .
A p p e l é aussi c h e v a l i e r . P i r o u y s est l'imitation d u cri de
ce g i b i e r b i e n c o n n u .
Pis, c o n j . — Puis.
Pissat, n. m.
U r i n e d e toute n a t u r e . E n F r a n c e , ne se dit que des ani-
maux.
Pisse, n. f. — P i s t e .
Pisse-vinaigre, n. m . — H o m m e atrabilaire.
Pissenlit, n. f.
Aller manger des pissenlits par la racine, mourir.
Pisser, v . a.
— D é g o u t t e r . E x . M e s habits pissent l ' e a u .
— C h e n i q u e r . V . ce mot.
— Pisser dam ses culottes, faiblir.
— Pisser dans le violon, manquer d e courage, se retirer de
la lutte.
— Pisser fin, filer d o u x .
Pisseux, n. m . — P o l t r o n , lâche.
Pissou (petit), n . in.
— S i z e r i n à t ê t e r o u g e . V o y a g e au printemps avec les
oiseau blancs.
— E n f a n t q u i u r i n e d a n s ses pantalons.
Pistolette, n. m . — Un drôle de pistolette, un singulier h o m m e .
506 IiE PARLER POPULAIRE

Pistrine, n. f. — Mauvaise boisson.


* Pit, pitte, (m. a.) — P a r a d i s des théâtres français.
Pitéyable, adj. — Pitoyable.
Pitié, n. m. — P i q u é .
Piton, n. m.
— Monnaie de carte très en v o g u e autrefois dans la l é g i o n
du vSaguenay parmi les bûcherons.
— La Banque à Piton, une banque i m a g i n a i r e .
Pituche. — L,e fond de Pituche. V . P e n o u i l .
Pitrau, 11. m. — Jeu de carte.
Pivart, n. m. — Pivert, pic doré, poule de bois.
Pivelé, e, adj.
T a c h e t é , moucheté, marqué de taches de rousseurs. E x .
T u as la face pivelée comme un œ u f de dinde.
Placage, n. m.
Armoire fixe dans l'encoignure d ' u n e pièce.
Placard, n. m.
— Flaque d'eau ou d ' u n liquide q u e l c o n q u e renversé sur
une table ou sur le parquet. E x . U n placard d ' e a u , de
graisse.
Placarder, v . a.
— Couvrir de placards, de taches. E x . U n tapis placardé
d'huile, de peinture.
— Produire des marques sous l'effet d ' u n coup. E x . Pla-
carder la figure avec le poing.
Place, n. f.
— Parquet, plancher. E x . Balte la place, Marioche.
— Endroit. E x . L,e lac Saint-Joseph est une belle place
pour passer l'été. L e s g e n s de la place sont pas mal chê-
rants.
— Place d'eau, station balnéaire.
— Tout jeter par les places et les fenêtres, tout mettre en
désordre.
— Par places, par endroits.
— En place, en service.
Placotage, n. m
— Racontars ridicules.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 507

— A c t i o n de placoter, de piétiner dans l ' e a u o u dans l a


boue.
— A c t i o n de s'immiscer dans certaines affaires sans obtenir
de résultat.
Placoter, v. n.
— Parler à tort et à travers.
— Piétiner sur place, faire p l u s de bruit que de besogne.
— Jouer dans l ' e a u avec ses pieds ou ses mains au risque
d'éclabousser les passants.
Placoteux, n. et adj.
— Q u i jase à tort et à travers sans souci de la vérité e t
m ê m e des convenances.
— Qui joue dans l ' e a u .
— Q u i parle inconsidérément.
Plafond, n. m.
Cerveau. E x . A v o i r une a r a i g n é e au plafond.
* Plaid, plêde, ( m . a . ) — E t o f f e écossaise.
Plaider, v. a.
— Plaider coupable, s ' a v o u e r coupable.
— Plaider non coupable, protester de son innocence.
— Plaider les circonstances atténuantes, invoquer.
— Plaider au mérite, au fond.
Plaiderie, n. f. — Plaidoirie.
Plaideux, n. m. — Plaideur, q u i aime la discussion.
Plaie, n. f. — P e r s o n n e insupportable.
Plaignard, e, n. m . et f.— Q u i se plaint pour des causes futiles.
Plaigneux, euse, n. m . et f . — V . Plaignard.
Plain, n. m.
R i v a g e , endroit où le flot v i e n t expirer. E x . C e matin, il y
a une quantité de billots q u i ont terri au plain
Plaine, n. f.
— Savane.
— Erable r o u g e .
— Plane, instrument pour polir le bois. O n t r o u v e plenne
dans les v i e u x auteurs.
Plainer, v. a.
Planer. Plenner se disait d a n s le v i e u x l a n g a g e français.
508 LE PARLER POPULAIRE

Plaint, n. m.
Plainte, gémissement occasionné par la souffrance. E x . Il
est mort sans faire entendre un plaint.
Plaisant, e, adj.
A g r é a b l e , qui plaît. E x . Cette personne est plaisante, elle
me v a .
Plaisir (au), loc.
A u revoir, c'est-à-dire, au plaisir de se revoir.
Plaît-il ?
Se dit pour faire répéter ce q u ' o n n ' a p a s bien entendu,
comme si l'on disait : V o u s plaît-il de répéter ce que
v o u s venez de dire ?
Plâmusse, n. m.
Verte semonce. Doit provenir de blamuse, ancien m o t fran-
çais cité par L,acurne de S a i n t e - P a l l a y e , signifiant coups
de la paume de la main.
Plan, n. m.
E x p é d i e n t . E x . C e g a r s est pleins d e plans pour se tirer
d'affaire.
— Plan de nègre, plan irréalisable.
— Plan sans queue ni tête, m ê m e s e n s .
— Plan-brouillon, plan minute.
Planche, n. f. et adj.
— Plan, à surface unie. E x . L-es c ô t e s sont terminées, nous
allons nous promener sur un terrain planche.
— T a b l e a u noir. E x . V a â la planche, et fais-nous le pro-
blême demandé.
— Planche de couchette, g o b e r g e , fonçaille.
— Avoir du pain sur la planche.
— Faire la planche, n a g e r sur le dos.
— Etre sur les planches, sur un lit d e mort.
— V o i t u r e faite d ' u n e p l a n c h e élastique suspendue sur qua-
tre roues.
Plancher, n. m .
— Plancher de haut, plafond.
— Plancher de bas, parquet.
— Plancher en pierre, d a l l a g e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 509

— Plancher en briques, carrelage.


— Plancher en bois, parquet.
— Plancher des vaches, le sol.
Plancher, v. a. — Planchéier, garnir de planches.
Planir, v. a . — A p l a n i r , égaliser.
Plant, n. m.
— Plant la racine en Vair, une chose impossible.
Planter, v . a.
— Planter le poireau, faire la culbute.
— Arrive qui plante, advienne qui pourra.
— Planter des clous, dormir.
— Planter la pirouette, faire une pirouette.
— Planter le piquet. V . Piquet.
Planter (se), v . pron.
S e poser. E x . Se planter au beau milieu d u chemin.
Planteur, n. m . — Chasseur de loups-marins.
Plaque !
Onomatopée p o u r exprimer u n changement de condition,
E x . J'étais plein de santé hier soir, quand, tout-à-coup.
plaque ! me v o i l à malade comme un pauvre chien.
Plaque, n. f.
— Platine. E x . U n e plaque de fusil.
— T a b l e t t e . E x . L,es plaques conrmémoratives de l'histoire
de la ville de Q u é b e c .
— M a r q u e p r a t i q u é e sur les arbres avec une hache pour
guider le chasseur à travers les bois.
— T a c h e , marque. E x . U n e plaque d'encre sur les doigts.
Plaque-bande, n. f. — Plate-bande.
Plaquer, v . a.
— T a c h e r , salir. E x . A v o i r l e visage plaqué de boue.
— Plaquer un arbre, lui donner des coups de hache afin d e
reconnaître son chemin dans les bois de haute futaie.
— Abandonner, lâcher. E x . Plaque-moi ç a ailleurs. Je
l'ai plaqué l à s a n s cérémonie.
Plaquer (se), v . p r o n .
— S'installer confortablement. E x . L,e voici qui s'estplaquê
sur m a chaise, c o m m e si elle lui appartenait.
LE PARLER POPULAIRE

— Se tacher, se salir. E x . Je me suis plaqué la main avec


de l'encre.
Plârine, n. f.
— Praline.
— Saucisse plate, crépinette.
— Sucrerie faite de sucre et d'amandes.
Ce mot vient du maréchal du Plessis-Praslin, qui, le premier,
s'est avisé de faire cuire des amandes dans du sucre. On
disait d'abord amandes à la praline; nous en avons fait
plârine.
* Plaster, plass-teur, (m. a.) — Diachylon sparadrap.
Plat, n. m.
— Etre assis à plat terre, à plate terre, sans siège.
— Faire des plats, amasser un tas d'histoires sur le compte
de quelqu'un, de manière à ce que le tout soit complet.
— Nettoyer les plats, tout manger.
— Tomber à plat ventre par terre, tomber à plat ventre.
Plat de l'épaule, n. m. — Omoplate.
* PIate=forme, n. f. (Angl.)
— Terrasse. E x . Viens-tu faire une marche sur la plate-
forme.
— Plate-forme politique, projets sur lesquels un candidat
s'appuie pour solliciter les suffrages des électeurs.
Platin, n. m. — Plateau.
Platine, n. f.—Platine de tabac, torquette.
Plâtrage, n. m.—Action de plâtrer, de flatter.
Plâtrer, v. a.
Chercher à amadouer quelqu'un par des paroles mielleuses,
collantes comme du plâtre. E x . C'est bien inutile de me
plâtrer, je serai inflexible.
Plâtreux, euse, n. m. et f.—Flatteur.
* Play, plê, (m. a.)
Jeu, récréation. E x . Nous avons eu une petite play en-
semble.
* Pledge, (m. a.)
Engagement, vœu de tempérance. E x . J ' a i pris le pledge,
je ne boirai plus.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
5H

Plée, n. f. — Savane.
Plein, e, adj.
— Ivre. Ex. T u vois bien qu'il est plein.
— Couvert. Ex. J'ai les mains pleines d'encre.
— Grouillant de. Ex. Cet enfant a la tête pleine de pous.
— Plat. Ex. Tomber à //«'«ventre.
— Plein comme un œuf, ivre-mort.
— En plein midi, au milieu du jour.
— Etre plein de vie, se bien porter.
— En avoir plein le dos, être très ennuyé.
— En avoir plein son sac, être ivre.
Plein (à), loc.—Beaucoup. Ex. Aimes-tu les oranges?—A
plein.
Plein (tout), loc.
Beaucoup. E x . Avez-vous des pommes à vendre ?— Nous en
avons tout plein.
Plein bord (à), loc.
Jusqu'au bord. Ex. Verse de l'eau dans le pot à plein bord.
Pleine-tête (à), loc. — A tue-tête. Ex. Crier à pleine tête.
Pleumage, u. m. —Plumage.
Pleumas, n. m.
— Plumas. Ailes d'oie ou de dinde, dont on se sert pour
enlever la poussière. Vient de plumasseau ou de plumeau.
— Garçon qui courtise une fille.
Pleume, n. f. — Plume.
Pleumer, v. a.
— Plumer. E x . Pleumer une volaille, une oie, une dinde.
— Cueillir. E x . Pleumer de la gomme sur les arbres.
— Ecorcer, peler. Ex. Pleumer un arbre, un bouleau.
— Ecorcher. E x . Pleumer une anguille, un lièvre. Au
figuré, pleumer un client.
— Rôtir, chauffer trop fort. Ex. Veux-tu cesser de chauf-
fer le poêle, tu vas nous faire pleumer.
— Se faire pleumer le casque, se faire attraper dans une
affaire d'argent.
Pleumet, n. m.
— Plumet.
512 LE PARLER POPULAIRE

— Avoir un joli pleumet, être pris de v i n .


Pleumeur, n. m .
— Qui p l u m e une v o l a i l l e .
— Qui pèle u n arbre.
— Qui é c o r c h e une a n g u i l l e .
— Qui cueille de la g o m m e s u r les arbres.
Pleurer, v . n. — S u i n t e r . E x . U n e p i e r r e q u i pleure.
Pleureuse, n. f. — L - o n g v o i l e noir p o r t é p a r les v e u v e s
Pleureux, n. m . — Qui p l e u r e à tout p r o p o s .
Pleurnicheux, euse, a d j .
Qui p l e u r n i c h e , s'efforce de pleurer.
Pleuvasser, v . n . — P l e u v o i r l é g è r e m e n t .
Pleuvier, n. m . — P l u v i e r .
Pli, n. m .
— Habitude. E x . M a i n t e n a n t q u ' i l a p r i s ce pli-là., ce sera
difficile de le faire c h a n g e r d ' i d é e .
— L e v é e . E x . J ' a i fait cinq plis, e t toi d e u x s e u l e m e n t .
( T . d e j e u d e cartes.)
— Cela ne fait pas u?i pli, cela ne souffrira a u c u n e difficulté.
— Cela ne me fait pas un pli, cela ne m ' e m b a r r a s s e p a s .
Plie, n. f. — P l u i e .
Pliguer, v . a . — Plier.
Plissé, e, a d j .
— R i d é . E x . T u vieillis, mou v i e u x , tu as l e s tempes
toutes p lissées.
— Mourir la peauplissêe, mourir d'apoplexie.
Plissonner, v . a. — P l i s s e r l é g è r e m e n t .
Plissoter, v . a. — F a i r e b e a u c o u p de p l i s .
Pliyer, v . a. — Plier.
Pliyeur, euse, a d j .
Plieur, p l i e u s e . E x . U n e pliyeuse d e j o u r n a u x .
Ploc! interj.
Bruit p r o d u i t p a r u n c o r p s q u i t o m b e d a n s l ' e a u . E x . ÇaL
fait ploc.
Plomb, n . m .
— Moule à plomb, personne qui a la figure criblée de trous
par l a v a r i o l e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
513

— Crayon de plomb, de plombagine.


— Prendre du plomb, acquérir de l'expérience.
— Mettre du plomb dans la tête de quelqu'un, lui montrer à
vivre.
— Vendre du plomb, ne pas se prononcer.
— Etre d'à plomb, à plomb, verticalement.
Plombé, e, adj. — M a r q u é par la variole.
Plomber, v. a.
— T o m b e r à p l o m b . E x . L e soleil plombe fort.
— T a p e r fort. E x . I l s'est fait plomber comme il faut.
— Recevoir u n diplôme. E x . N o t r e maîtresse d'école a été
plombée à l ' E c o l e normale.
— Fouler la terre avec ses pieds.
Plombeur, n. m .
— Plombier. O n s'est servi autrefois du mot plombeur.
— Un plombeur de dents, un dentiste.
Plonge, m f.
Plongeon. D e la première plonge à la mer s'est jeté.
Plongeon, n. m .
Faire le plongeon, mourir ou tomber dans la misère, après
avoir connu l ' a i s a n c e .
* Plucky, pleucké, (m. a.) — C o u r a g e u x , brave.
* Plug, plogue, (m. a . )
— T o r q u e t t e d e tabac.
— Femme commune.
— Candidat de paille dans une élection.
Pluie, n. f.
Faire la pluie et le beau temps, être maître de la situation.
Plume, n. f.
— Fille courtisée.
— Manche de plume, porte-plume.
Plume-fontaine, n. f. — Porte-plume à réservoir.
Plurésie, n. f. — Pleurésie.
Plurier, n. m . — P l u r i e l . Marot a écritpluriers.
Pochard, n. m.
I v r o g n e . M o t non académique.
Pocharder, v. n. — F a i r e le pochard.
33
LE PARLER POPULAIRE
514

Poche, n. f-
Blouse. E x . U n e poche de billard.
. Etre à la poche, à la mendicité.
La poche sent toujours le hareng, on g a r d e toujours quel-
que chose de c e u x parmi lesquels on a v é c u .
— Payer de sa poche, à ses frais.
— Au plus fort la poche, c'est le plus fort q u i l'emportera.
— Marie Quat' Poches. V . Marie.
— Mettre son quat poches, son habit qui est censé avoir qua-
tre poches.
—- Aller à la poche, s'en aller vers l'infortune.
— Acheter chat en poche, sans connaître l'objet q u ' o n achète.
— Tirer quelque chose de sa poche, d e sa tête.
— Un cotdeau de poche, canif, petit c o u t e a u .
— Une poche molle, un h o m m e sans é n e r g i e .
— Un coup de poche, u n e action traîtresse.
— Tomber comme une poche, dormir comme tmepoche, tomber,
dormir lourdement.
Pocher, v. n.
Faire de f a u x plis, des poches. E x . Porter des habits qui
pochent.
Pochetée, n. f.
L e contenu d'une poche, d ' u n sac. E x . Une. pochetée de
farine, de patates.
Pocheton, n. m . — H o m m e mou, sans courage, sans valeur.
* Pocket=book, bouk, ( m . a . ) — P o r t e - f e u i l l e , carnet.
* Pocket-money, — né, (m. a.)
Argent de poche, pour les m e n u s plaisirs.
Pocque, n. f. — V . P o q u e .
Pocquer, v. a. — V . P o q u e r .
Poêle, n. f.
Tenir la queue de la poêle, être c h a r g é d u soin principal d'une
affaire.
Poêle, n. m.
— F o u r n e a u . E x . U n poêle de cuisine, u n poêle à g a z , Uû
poêle à charbon.
— Un poêle à deux ponts, à d e u x é t a g e s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 515

— Porter les coi?is du poêle, les cordons.


Poêle sourd, n. m .
Boîte carrée o u cylindrique, en tôle, chauffée p a r u n p o ê l e
placé dans u n e a u t r e pièce.
Poêlon, n. m. — Q u e u e de poêlon. V . ce mot.
Poids, 11. m.
Ne pas peser le poids, ne pas compter pour g r a n d ' c h o s e .
Poignasser, v . a. — E m p o i g n e r , manier avec ses m a i n s .
Poigne, n. f.
— Main.
— Avoir de la poigne, une bonne poigne, avoir la m a i n f e r m e .
— Serrer la poigne, ê t r e très économe.
Poignée, n. f.
— Poignée de bêtises, une abondance d'injures. E x . Je lui
ai fait m a n g e r une poignée de bêtises.
— Prendre le beurre à poignée, aller trop vite en b e s o g n e .
Poignet, n. m.
— Poignet de chemise, manchette.
— Tirer aupoignette, j e u de mains.
Poil, n. m .
— Querelle, bisbille. E x . Il y aura demain une a s s e m b l é e
politique à S a i n t - R o c h , il y aura d u poil.
— Fourrure. E x . U n capot de poil.
— Fripe. E x . T o m b e r sur le poil de q u e l q u ' u n .
— Semonce. E x . L e v e r un poil.
— Inflammation de la glande mammaire.
— Avoir du poil aux pattes, être brave.
— Monter à poils, sans selle.
— Ne pas avoir un poil de sec, avoir peur.
— Cela se vend comme du poil, en grande quantité.
— Avoir le poil raide, de mauvaise humeur.
— Un brave à trois poils, un f a u x brave.
— Prendre quelqu'un sur le sens du poil, ne pas le c o n t r e d i r e .
— Avoir le poil luisant, être g r a s .
— Prendre du poil de la bête, boire l e jour d ' a p r è s q u ' o n a
fait l a noce.
— Poil fou, poil follet.
5i6 LE P A R L E R POPULAIRE

Poil de chèvre, n. m. — Cordonnet.


Poiler, v. n.
Couvrir de poil. Ex. Un oiseau qui commence à poiler.
Poing, n. m. — Jouer du poing, se battre à coups de poing.
Point fin, n. m. — Nigaud.
Pointe, n. f.
—Insinuation malicieuse. Ex. Pousser des pointes.
— Pointe de bois, bocage.
Pointer, v. a.
— Pousser des pointes.
— Se tenir en faction pour examiner les passants.
* Pointer, poïnnteur, (m. a.)
— Chien d'arrêt.
— Baguette pour montrer les lieux sur une carte géographi-
que.
* Pointeur, n. m. (Angl.)
Qui fait la revue des passants comme un chien d'arrêt.
Pointu, e, adj.—Susceptible. Ex. Une f e m m e ^ w t e .
Poiras, n. m. — Gueule noire. V. ce mot.
Poire (petite), n. f. —Amelanchier du Canada.
Poireau, n. m.
— Planter le poireau, faire la culbute.
— Vert comme poireau, très pâle.
Pois d'odeur, n. m. — Gesse odorante.
Poison, n. f.
— Poison, n. m. E x . Cet enfant a pris de la poison, il
pourrait bien en mourir.
— Peste. Ex. Cette personne est une vraie poison.
Dans l'ancien français, poison au féminin, signifiait bois-
son, breuvage, philtre magique, et au masculin, empoison-
nement.
Poisson, n. m.
— Un petit poisson, homme sans valeur.
— Finir en queue de poisson, arriver à un résultat nul.
Poisson armé, n. m.
Lépisdosté osseux, redouté des pêcheurs, parce qu'il met
tous les autres en fuite.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 517

Poisson castor, n. m .
Poisson chien de la famille des A m i a d é e s , appelé encore
poisson de v a s e .
Poisson rouge, n. m . — D o r a d e , poisson de C h i n e .
Poivrer, v . a.
V e n d r e cher. E x . E e marchand du coin, chez qui j ' a c h è t e
rarement, ne m a n q u e pas de me poivrer quand j ' a i le
malheur de m e fourrer dans ses pattes.
— C o u v r i r de c o u p s .
Poivreux, euse, a d j . — Q u i aime à poivrer ses aliments.
* Poker, pô-keur, ( m . a . — T i s o n n i e r , fourgon, j e u .
* Pôle, pôle, (m. a.)
T i m o n , bâton, flèche, barre, baguette à rideaux.
Police, n. f.
— Policier. E x . R e g a r d e donc la belle police qui passe.
— Poste de police, des gardiens d e la p a i x .
— Police riveraine, gendarmerie militaire.
— Police montée, gendarmerie à c h e v a l .
* Policeman, (m. a . ) — S e r g e n t de ville, policier.
Polisson, n . m.
Bande d'étoffe, g a r n i e de baleines o u de ouate, dont se
servent les femmes pour faire bouffer leurs robes.
Politicien, n. m.
H o m m e politique. Politicien n e se prend pas en mauvaise
part.
Politiquer, v . n. — F a i r e de la politique.
Politiquerie, n. f.
Politique de bas é t a g e . E x . I l y a de ces hommes qui ne
sont bons qu' à faire de la politiquerie.
Politiqueur, n. m. — U n homme q u i fait de la politique.
Polka, n. f. — J e r s e y o u gilet de laine faisant justaucorps.
* Poil, (m. a.)
Bureau de votation. E x . Dans Québec, il y a a u moins
cinquante pèlls.
* Pôller, v . a. ( A n g l . ) ;
Enregistrer son v o t e . , E x . A l l e r pôller son vote pour un
candidat.
5i8 LË P A R L E R POI,Ul,AIRE

Pomme, n. f.
— Paume. Ex. ~L,&pomme de la main.
— Tête. Ex. Une pomme de choux.
Pomme d'Adam, n. f.
Saillie qui se trouve à la partie antérieure du cou de
l'homme, et qui est formée par le cartilage thyroïde.
Pomme d'amour, n. f.
Pomme d'api, petite pomme rouge et blanche, ferme et
sucrée.
Pomme de chou, n. f. — Chou pommé.
Pomme de terre, n. f.
Variété d'airelle ou atoca, pain de perdrix.
Pomme pourrie, n. f.—Engoulevent criard.
Pommé, e, adj.— Complet, parfait. Ex. Une bêtise pommée.
Pommettier blanc, n. m. — Aubépine ponctuée.
Pommettier rouge, n. m.—Aubépine écarlate.
Pomon, n. m. — Poumon. Ex. Une inflammation depomons.
Pomonique, n. m. et f. — Pulmonique.
Pomper, v. a.
Tirer les vers du nez. Ex. J'ai pu le pomper à mon goût,
j'en ai appris long.
En France, pomper, c'est manger des yeux.
Pompette, adj. —Un peu ivre.
Pompeur, n. m.
Qui essaie de faire parler. Autrefois, pompeur voulait dire
qui aime l'ostentation.
Pompon, n. m.
Houppe de couleur dont on orne la tête des chevaux en signe
de réjouissance.
Ponce, n. f.
Punch. Boisson faite de vin ou de liqueur forte, addition-
née de sucre et d'eau chaude. E x . Veux-tu prendre une
ponce chaude ?
Pond, part. pass.
Pondu. E x . Ma poule caille a pond ce matin pour la pre-
mière fois. C'est la poule qui cacasse qui a pond.
Poney, n. m. — Petit verre. Ex. Un poney de cognac.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 519

Ponger, v . a.
E p o n g e r . N o u s trouvons ponger, en F r a n c e , pour presser,
exprimer.
Pongeux, euse, a d j .
— S p o n g i e u x , euse, qui s'imbibe comme u n e éponge. E x .
U n sol pongeux.
— D e la nature de l ' é p o n g e . E x . U n tissu, une étoffe
pongeuse.
Ponneuse, adj. f.
Pondeuse. E x . M e s poules sont toutes des bonnes ponneuses.
Ponner, v . a.
Pondre. E x . M e s poules ponnent régulièrement depuis un
mois.
Pont de glace, u . m .
G l a c e épaisse q u i se forme à la surface des rivières et suffi-
samment forte p o u r permettre a u x v o i t u r e s de passer
d ' u n e rive à l ' a u t r e .
Pontage, n. m .
— P a v a g e en bois d ' u n chemin, d ' u n e étable.
— T a b l i e r d ' u n p o n t , d'un enfant.
Pontifier, v. n.
Poser, essayer d e faire croire q u ' o n dirige tout, quand en
réalité on ne fait rien, et q u ' o n laisse faire l a besogne par
les autres. E x . Maître F r a n ç o i s passe p o u r être le rédac-
teur du Vingtième Siècle, mais, en réalité, il ne fait q u ' y
pontifier.
* Pop, n. m., ( m . a.)
E a u gazeuse s u c r é e .
* Pop-corn, (m. a.) — Maïs g r i l l é .
Pope, n. f. — P u l p e .
Popote, n. f.
— M a u v a i s e cuisine.
— R i e n qui v a i l l e . E x . T o u t cela, c'est de la popote, ça ne
v a u t rien.
Populacerie, n. f. — D é m a g o g i e .
Populacier, adj.
Q u i berne le peuple pour se faire une popularité.
520 LE PARLER POPULAIRE

Poque, n. f.
— T r o u , enfoncement. E x . N o u s v e n o n s de j o u e r à la
toupie, nous en avons fait, des poques.
— Marque d ' u n coup. E x . Je viens de m e battre avec le
petit D a v i d , il m'a fait trois grosses poques dans la figure.
Dans l'ancien français, poque signifiait petite vérole. En
Saintonge, ce nom est donné au trou dans la terre où les
enfants jettent leurs billes dans le j e u de ce nom.
* Poque=chèvre. ( A n g l . )
Plane allemande. Corruption de l ' a n g l a i s spoke-shave.
Poquer, v . a.
Appliquer des coups, des poques. E x . Je l'ai poquê à la
figure, sur les jambes, dans le dos.
Porcage, n. m. — P a c a g e .
Porcager, v . a. — Pacager.
Porceline, n. f. — Porcelaine.
Porc=épi, n . m. — Porc-épic.
Porchelet, n. m . — Porcelet, j e u n e porc.
Porchette, n. m. — Porcelet.
Porcupie, n. m. — Porc-épic.
Poreau, n. m. — Poireau.
Porichinelle, n. m. — Polichinelle.
Porquière, n. f. — Matrice c h e z les v a c h e s .
* Porridge, redje, (m. a.) — Bouillie d ' a v o i n e .
Portage, n. m.
Endroit d ' u n e rivière où les rapides forcent les v o y a g e u r s à
transporter leur canot sur leurs é p a u l e s .
Portager, v . a. — Faire l e transport d u canot.
Portant, v . a. et adj.
— L'un portant Vautre, en moyenne. E x . J'ai vendu
quatre poules cinquante cents, l'une portant l'autre.
— Un homme portant, bien portant. E x . Comment êtes-
vous c e matin ? — Je suis toujours portant.
Porte, n. f.
— Porto. E x . N o u s a v i o n s autrefois, au Canada, un excel-
lent v i n de Porte.
— Aller aux portes, mendier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 521

— Passer la porte, sortir de la maison.


— N'avoir pas de porte de derrière, ne pas avoir d'arrière-
pensées.
— Petite porte du poêle, tirette.
— Porte de carosse, portière.
— Porte de prison, homme inabordable à cause de soi
h u m e u r acariâtre.
Porte-champagnier, n. m. — Dénonciateur, délateur.
Porte-cassette, n. m . — Colporteur.
Porte=chapeau, n. m . — Patère.
Porte-crottes, n. m .
B a s d u dos, là o ù il perd son nom. E x . S i cet animal vient
encore me bâdrer, j e lui soulèverai le porte-crottes.
Portefaix, n. m .
A n s e s de la dossière, dans lesquelles on fait entrer les timons
de la v o i t u r e .
Porte-feu, n. m .
E s p è c e de casserolle en tôle avec couvercle pour transporter
des tisons enflammés.
Porte=feuille, n. m . — P o r t e - m o n n a i e .
Porte=nouvelIes, n. m . — Rapporteur.
Porte-ordures, 11. tu.
Pelle à main p o u r ramasser les balayures.
Porte=panier, n. m. — R a p p o r t e u r , cancanier.
Porte-paquets, n. m .
B a v a r d , rapporteur, dénonciateur.
Porte-paroles, n . m . pl.
Celui qui porte l a parole au nom des autres.
Porte=queue, n. m . — C r o u p i è r e .
Porte-voix, n. m . — T u y a u acoustique.
Porter, v . a.
— Porter la boisson, s'enivrer difficilement.
— Porter au cœur. V . Cœur.
— // ne la portera pas loin, je me vengerai bientôt. •
— Porter bien son bois, avoir une belle prestance.
— Porter à la tête, attaquer le cerveau.
— Porter le six sous, être maniéré.
522 LE PARLER POPULAIRE

— Porter haut, avoir une allure affectée.


* Porteur, n. m. ( A n g l . )
Porter, b i è r e brune plus alcoolique que la bière ordinaire.
Porteux, a d j . — Porteur.
* Portfolio, (m. a . ) — P o r t e f e u i l l e .
Portion, n. f.
Mangeaille des bêtes : foin, avoine. E x . N o u s arrêterons à
l'hôtel S a u v a g e a u , et nous ferons donner une portion à
notre c h e v a l .
Portrait, n . m .
Faire tirer son portrait, faire faire son portrait.
Poser, v . n .
— A t t e n d r e . E x . J'espère que tu n e m e feras pas poser
trop l o n g t e m p s .
— Se faire photographier. E x . V i e n s - t u poser a v e c moi
chez E i v e r n o i s ?
Positif, tive, adj.
Certain. E x . Je suis positif que Q u é b e c a été fondé, en
1608, p a r Champlain, enfant de la S a i n t o n g e .
Possédé, e, a d j .
Diable. E x . Sauve-toi, mon petit possédé; si je t'attrape
encore à venir voler mes pommes, c ' e s t moi qui te donne-
rai u n e rince.
Possible (au), loc.
A u superlatif. Ex. U n e personne b ê t e au possible.
Possible (si), loc.
S'il y a possibilité, si c'est possible. E x . Je te paierai
demain, si possible.
Possible que, loc.
I l est possible que. E x . Possible que nous irons ce soir
veiller a u Château.
* Postage, (m. a.)
Frais de timbres-poste, d'affranchissement. E x . Cela va
nous c o û t e r cher pour le postage de 1500 circulaires.
* Post=card, poste, (m. a.) — Carte postale.
Poste, n. f.
— Petite balle de plomb à l ' u s a g e d e s chasseurs d'outarde.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 523

•— Poste aux paquets, département des colis p o s t a u x .


— Courir à poste de cheval, courir très rapidement, même à
pied.
Poster, v . a.
— Mettre u n e lettre à la poste. (Angl.)
— K t r e au courant. E x . E n voici un qui est bien posté s u r
la question d e s licences.
Postérieur, n . m . — Fessier.
Postillon, n. m .
— F l o t t e s q u i retiennent à la surface de l'eau la ligne de
pêche.
— F a c t e u r , q u i distribue les lettres et les j o u r n a u x à domi-
cile.
— Courrier sur les chemins de fer.
* Post=master, pôste-masteur, ( m . a.)
Directeur local des postes.
* Post=office, ( m . a . ) — B u r e a u de poste.
Postume, n. f. — P u s provenant d ' u n abcès o u d ' u n ulcère.
Postumé, part. pass.
C r e v é (en parlant d ' u n abcès). E x . Docteur, j e crains q u e
mon abcès ait postumé durant la nuit.
Pot, n . m.
— Tourner autour du pot, hésiter.
— Sourd comme un pot, très sourd.
Pot à brai, n . m .
Ornière remplie de boue semi-liquide, o ù les roues de v o i -
tures restent prises comme dans du brai.
Potagère, n. f. — C u i l l e r à pot.
Potasserie, n. f . — E t a b l i s s e m e n t où l'on fabrique la potasse.
Potée, n. f.
— Petite potée, m é l a n g e de peu de valeur.
— Potée de lard, morceau de lard qui sert, chez les cultiva-
teurs, à préparer le pot-au-feu.
Potence, n. f.
— Monter sur la 'potence, subir la peine de la potence, m o n -
ter sur l ' é c h a f a u d .
— Potence ! e x c l a m a t i o n a y a n t toute l'allure d ' u n juron.
524 LE PARLER POPULAIRE

Pottine, n. f. — P o u d i n g .
Pou de poussière, n. m.
P e t i t insecte q u ' o n voit courir sur les l i v r e s , l e s meubles,
appelé atrope par les s a v a n t s .
Poudre, n. f.
— Poutre.
— N e i g e s o u l e v é e par le v e n t .
— Jeter de la poudre aux yeux, endormir l a méfiance.
— N'avoir pas inventé la poudre, être b ê t e .
Poudrer, v . n.
Effet de la n e i g e soulevée par le vent s o u s forme de poudre.
Poudrerie, n. f.
S e dit pour désigner la n e i g e soufflée p a r l e v e n t sous forme
de poussière en tourbillonnant. E n F r a n c e , poudrerie est
une fabrique de poudre. A l'île M i q u e l o n , on emploie le
mot poudrin dans le m ê m e sens q u e poudrerie en C a n a d a .
Poudreux, euse, adj.
— R e m p l i de neige. E x . I,e temps est poudreux.
— V o l a g e , l é g e r . E x . A v o i r les pieds poudreux.
Pouf, n. m.
— N' avoir pas inventé ce qui fait pouf, n ' ê t r e p a s futé.
— Pouffer de rire, pouffer.
Pouillasse, n. f. — Chose de n u l l e valeur.
Pouillasserie, n. f. — P i n g r e r i e .
Pouillerie, n. f. — Misère profonde.
Pouilleux, n. m . — Misérable q u i n ' a p a s le s o u .
Poulain, n. m .
— P h l e g m o n de l'aine.
— Etre à cheval sur le poulain, être h a u t m o n t é .
— Débarquer de dessus le poulain, tomber de h a u t pour arriver
bas.
Poule, n. f.
— Bleu comme la poule à Simon, perdu, r u i n é .
— Poule mouillée, lâche.
— Cela se fera quand les poules auront des dents, j a m a i s .
— Avoir le cœur où les poules ont l'œuf. V . C œ u r .
Poule d'eau, n. f. — F o u l q u e d ' A m é r i q u e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 525

Poule de bois, n . f. — Pic à h u p p e écarlate.


Poule de mer, n. f. — Lump des A n g l a i s .
Poulémon, n. m .
Petite morue, loche. Ce poisson abonde à là Baie de C h a -
leur. Il a q u e l q u e ressemblance avec la morue et semble
u n e morue en miniature. O n en trouve partout dans le
fleuve S t - L a u r e n t , surtout à Québec et d a n s le voisinage
des T r o i s - R i v i è r e s . L a p ê c h e à la petite morue, dans des
cabanes q u e l ' o n élève sur la glace en hiver, est une insti-
tution q u é b é c o i s e . Poulémon vient de la Baie de C h a -
leur.
Poulette grasse, n. f.
A n s é r i n e b l a n c h e . A p p e l é e aussi chou gras.
Poume, u. f. — P o m m e . E x p r . acadienne.
Poupa, n. m. — P a p a .
Poupe, n. f. — P e u r . E x . A v o i r eu une bonne poupe.
Pour, p r é p .
— D u r a n t . E x . I l s'est absenté pour d e u x heures.
— E n v e r s . E x . I l est cruel pour les a n i m a u x .
— Aller pour voir, aller voir.
— Pour ça, q u a n t à cela.
— Etre pour, s u r l e point de.
Pour de bon, loc. a d v . — S é r i e u s e m e n t .
Pour de vrai, loc. a d v . — C ' e s t la v é r i t é .
Pour erien, l o c . a d v . — Pour rien.
Pour le sûr, l o c . a d v . — A s s u r é m e n t .
Pour or ni pour argent. — A a u c u n p r i x .
Pourceau, n. m . — I v r o g n e .
Pourceline, n . f.
Porcelaine. A u t r e f o i s pourceline se disait pour nacre de
perle.
Pourcha, n. m . — H a b i l e t é , adresse.
Pourcil, n. f. — M a r s o u i n c o m m u n .
Pourillon, n. m . — M a u v a i s c h e v a l .
Pourlicher (se), v . pron.
S e p o u r l é c h e r . E x . S e pourlicher'les babines.
Pourpier, n. m . — Pourpier potager, portulaca.
526 LE PARLER POPULAIRE

Pourquoi (la raison).


Pourquoi. E x . Je voudrais bien savoir la raison pourquoi
tu m'en v e u x tant.
Pourri, e, adj.
— Sali. E x . Des mains pourries.
— Malade. E x . Un h o m m e pourri d e rhumatismes.
— Couvert. E x . Une personne pourrie de dettes.
Pourrir, v . n.
Rester longtemps en place. E x . Je ne pourrirai p a s â la
crèche d u gouvernement.
Pourrite, adj. f . — P o u r r i e . E x . U n e p o m m e pourriie.
Poursui, part. pass. — P o u r s u i v i .
Poursuire, v . a. — Poursuivre.
* Pourvoir, v. a.
Statuer, régler. E x . I l a été pourvu par l a loi. ( A n g l . )
Pousculer, v . . — P o u s s e r , bousculer.
Pousculer (se), v . pron. — S e bousculer.
Poussâiller (se), v. pron.
Se presser, se bousculer en j o u a n t des c o u d e s .
Pousser, v . a.
— Dire, proférer. E x . Je lui ai poussé une bonne blague.
— Ça va comme je te pousse, comme ça p e u t .
— Pousser du pain, produire le blé q u i sert à faire le pain.
— Pousser un somme, dormir.
Poutine, n. f.
— Pudding.
— Personne grosse et grasse. E x . U n e grosse poutine.
Pouvoir, n. m.
— Courant électrique. E x . L e pouvoir fait défait, les tram-
ways v o n t m a l .
— Pouvoir d'eau, force h y d r a u l i q u e .
M. H . de L a m o t h e t r o u v e cette e x p r e s s i o n très j u s t e et
conseille de l'accepter.
Praticien, n. m.
Homme habile au travail. S e disait, autrefois, de celui qui
pratiquait la médecine, et de celui q u i connaissait la
manière de procéder en j u s t i c e .
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 527

Pratiquer, v. a.
• — S e former par l ' é t u d e . E x . Je pratique le piano depuis
d e u x ans, j e commence à j o u e r passablement.
— Pratiquer sa religion. E x . I l ne va plus à l'église, il a
cessé de pratiquer.
Prébytère, n. m . — Presbytère.
Précautieux, euse, a d j .
Q u i se précautionne avec soin.
Précaution, n. f.
Etre de précaution, se précautionner.
Précautionneux, euse, adj. — Q u i se précautionne.
Prêche, n. m.
— Prédication, sermon.
•— R é p r i m a n d e .
Prêchement, n. m .
R é u n i o n de personnes où il se fait beaucoup de discours.
Prêcheux, adj.
Prédicateur. E x . N o t r e curé est u n gros prêcheux.
Précipite, n. m. — Précipice.
* Préférentiel, le, a d j . (Angl.)
P r i v i l é g i é . E x . U n tarif préférentiel.
Prélat, n. m.
P r é l a r t ou prélat, grosse toile peinte dont on recouvre les
parquets.
Prélèvement, n. m .
E e v é e . E x . E e prélèvement d ' u n e t a x e , d ' u n impôt.
Prélever, v. a. — L e v e r .
Premier, n. m.
— Premier M i n i s t r e .
— Premier nom, p r é n o m .
Premier (en), loc.
T o u t d'abord. E x . J'ai appris en premier que cette nou-
velle était fausse.
Premièrement, a d v . — A v a n t .
Prémices, n. m . p l .
Habitation, l o g e m e n t . E x . I l faudra quitter les prémices
au premier j o u r d e mai.
5 28 LE P A R L E R P O P U L A I R E

Prendre, v . a.
— Ouvrir. E x . Je prendrai un m a g a s i n de fruits à l'au-
tomne.
— S'embarquer. E x . Dépêchons-nous, il faut prendre les
chars à huit heures précises.
— V e n i r . E x . L ' i d é e m''apris de v e n i r t e voir.
— Survenir. E x . L e mauvais temps n o u s a pris en route.
— Manger, boire. E x . Notre m a l a d e v a m i e u x de sa
gorge, il commence à prendre.
— Prendre racine. E x . L e s petits p o m m i e r s que nous avons
plantés sont tous pris.
— Epouser. E x . Q u a n d il a Pris cette fille-là, il ne savait
pas ce q u ' i l faisait.
— Causer du chagrin. E x . J'ai p e r d u tout mon argent au
jeu, ça m ' a pris.
— Prêter. E x . Un h o m m e qui prend le serment, un homme
pris à son serment.
— Cailler. E x . D u lait pris.
— Prendre quelque chose, prendre u n v e r r e de liqueurs fortes
ou de v i n .
— Prendre ses degrés, prendre ses g r a d e s .
— Prendre une marche, faire une p r o m e n a d e .
— Prendre l'épouvante, prendre peur.
— Prendre une brosse, s'enivrer.
— Prendre en considération, e x a m i n e r .
— Prendre des gants, des mitaines, y aller avec douceur.
— Prendre en feu, prendre feu.
— Prendre sur le fait, pincer.
— Prendre la part de quelqu 'un, son parti, sa défense.
— Prendre ses précautions, se précautionner.
— Prendre en mal, en m a u v a i s e p a r t .
— Prendre pour quelqu'un, son parti.
Prendre (se), v. pron.
— S'assurer la possession. E x . Je me suis pris une terre
dans le cinquième r a n g de Saint-Morissette.
— S e chicaner. E x . Je me suis pris a v e c le maître d'école,
et j e lui ai chanté pouilles.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 529

— Savoir se prendre, savoir comment travailler.


Près, n. f.
Proie. E x . I l y a u n oiseau de près qui rôde par ici depuis,
d e u x ou trois jours.
Présent, n. m.
Petite tache b l a n c h e qui vient sur les ongles, et l'on prétend,
dans le peuple, q u e chaque tache représente un présent à
v e n i r . C h e z nos compatriotes d'origine anglaise, l'horos-
cope est u n p e u différente. U n e tache sous l'ongle d u
p o u c e annonce aussi un cadeau. Mais sous l'ongle de
l ' i n d e x , c ' e s t u n ami qui v a se déclarer ; sous celui d u
médius, u n monsieur ou u n e demoiselle à marier ; sous
celui de l'annulaire, un ennemi ; et enfin la tache sous
l ' o n g l e de l ' a u r i c u l a i r e , fait présager une jolie promenade.
E n France, cette tache blanche s'appelle un mensonge.
Présentation, n . f.
Mise en nomination. E x . Quand a lieu la présentation ? Il
paraît q u ' i l y a trois candidats sur les rangs : un bleu, un
r o u g e et u n nationaliste.
Présenter (se), v . p r o n .
Poser sa candidature. E x . Je me présente a u x prochaines
élections, et j e serai élu.
* Préserves, (m. a . ) — Confitures.
Presquement, a d v . — Presque.
Presse, n. f.
— A c t i v i t é . E x . D a n s l a presse des affaires, comme nous
sommes, il est difficile de s'amuser.
— Précipitation. E x . Dans l a presse, j ' a i oublié mon para-
pluie.
Presser, v . n.
A v o i r besoin. E x . T u me donneras cela plus tard, je n'en
presse pas m a i n t e n a n t .
Preune, n. f.
P r u n e s . E x . C e sont des bonnes prennes que v o u s avez là.
Prête, n. m . — P r ê t r e .
Prêteux, adj. — Q u i aime à prêter.
Preunier, n. m. — Prunier.
34
530 LE PARLER POPULAIRE

Preuve, n. f.
— Etre en preuve, p r o u v é .
— A preîive, comme p r e u v e .
— Preuve Ç7te, ce qui p r o u v e que.
Prévaloir,
Se faire prévaloir, se flatter. E x . S ' i l parle ainsi comme
ça, c ' e s t pour se faire prévaloir.
Prévenir, v. a.
Provenir. E x . S i ça v a mal, ça prévient de ce que tu ne
t'en m ê l e s pas.
Prévint, part.
P r é v e n u . E x . Je t ' e n avais pourtant prévint.
Prier, v . a. — Inviter. E x . Je suis prié des noces.
Prime, a d j .
— T r è s sensible. E x . Je suis ordinairement prime au froid.
— Intelligent. E x . C e garçon-là est assez prime, il com-
prend v i t e .
Primer, v . a.
— Obtenir u n prix. E x . T o u s m e s a n i m a u x ont été primés
à l ' e x p o s i t i o n de S h e r b r o o k e .
— Préparer. (Angl.)
— Imprimer. (Angl.)
* Primer, ( m . a.)
— Great primer, g r o s t e x t e , 18 points.
— Double great primer, petit canon, 36 points.
— Long primer, petit romain, 10 points.
Primitif, ve, adj.
A r r i é r é . E x . Cet être me paraît p a s mal primitif, il n'est
pas encore dégrossi.
Primo d'abord.
y
Premièrement. E x . Primo d abord, m a femme, nous irons
acheter des étrennes pour les enfants.
Prise, n . f. ,
Mauvaise odeur. E x . J'arrive d e la salle de dissection, j'en
ai p r i s u n e prise !
Priser, v . a.
Priser d u tabac. E x . Prisez-vous, la m è r e ?—Oui, mon enfant.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 531

Priseux, 11. m. — Priseur de tabac.


Prison, n. f. — Une porte de prison, un individu inabordable.
Prisure, n. f. — Présure.
Privé, e, adj.
— Particulier. E x . Le secrétaire privé du Lieutenant-Gou-
verneur est un brave cœur.
— Personnel. E x . Lettre privée.
— Maison privée, chez soi, domicile.
Privilégier, ère, adj.
Privilégié, e. E x . Une dette privilégier e.
Prix, n. m.
— Au prix de, en comparaison de.
— Prix de départ, mise à prix. E x . Messieurs, l'encan va
commencer, le prix de départ pour cette table est de cinq
piastres.
— Dans les grands prix, d'une manière sérieuse, E x . Je
me suis fait jouer dans les grands prix.
Probable, adj.
Probablement. E x . Probable que j'irai avec toi à la pêche
' aux bars.
Probytère, u. m.—Presbytère.
Procédé, n. m. — Procédure, délibération.
Proche (au), loc.
Auprès. E x . Il reste tout au proche de chez nous.
Profession, n. f.
Profession libérale. E x . Moi, je ne raffole pas des hommes
de profession, surtout des médecins.
Profit, n. m.
Porter profit, être profitable. E x . Ce que tu fais là ne te
portera pas profit.
Profiter, v. n.
— Prendre de l'embonpoint. E x . Mon enfant profite tou-
jours.
— Croître. E x . Le blé ne profite pas, manque de pluie.
* Progrès, n. m.
Rapporter progris, avancer d'un pas. (Angl.)
Prolongation, n. f.—Prolongement.
532 LE PARLER POPULAIRE

Promener (se), v. pron.


S'en aller. E x . V a te promener, laisse-moi tranquille.
* Prometteur, n. m. •—Souscripteur à un billet. (Angl..)
Prometteux, n. m.—Prometteur.
Promettre, v. a.
— Assurer, certifier. E x . J e vous promets que je suis un
peu embêté.
— Promettre phes de beurre que de paift, faire des promesses
exagérées, que l'on ne tiendra pas.
* Promissoire, adj. ( A n g l . )
Billet promissoire, billet à ordre, à échéance. Promissoire
n'est pas français.
* Promoteur, n. m. (Angl.)
Auteur, proposeur d'une motion.
* Promouvoir, v. a.
Favoriser, seconder, développer. E x . Promouvoir les inté-
rêts d'une société commerciale. ( A n g l . )
Prononcé, adj. — Réglé, statué, ordonné.
Prope, adj.—Propre.
Properté, n. f.—Propreté.
Propice, adj. — Propre à.
Propet, te, adj.
Propre. E x . Une petite fille bien propette.
Propiétaire, n. m. — Propriétaire.
Propiété, n. f. — Propriété.
* Proposeur, n. m. (Angl.)
Proposant. E x . Quel est le proposeur de ce billf
Propre, n. m.
Voici du propre, voici une affaire qui n'est pas nette.
Proprement, adv.
Vertement, rudement. E x . Se faire habiller proprement, se
faire traiter rudement
* Prospecter, v. a. (Angl.)
Chercher des métaux précieux dans les terrains miniers.
* Prospecteur, n. m. (Angl.)
Orpailleur, homme qui recherche des traces de mines dans
certains terrains ou dans le lit des rivières.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 533

P r o t e s t e r , v . a.
Protester une personne, p r o t e s t e r u n b i l l e t c o n s e n t i p a r cette
personne.
Protêt, n. m . — P r o t e s t a t i o n .
Prout, n. m . — B r u i t insolite.
Prouter, v. n. — E â c h e r u n vent avec bruit.
Provint, part. pass. — Provenu.
* P r o v i s i o n s , n . f. p l . ( A n g l . )
D i s p o s i t i o n s . ( T e r m e j u r i d i q u e ) . E x . L e s provisions d'une
loi.
P r u c e , n . f. — E p i n e t t e , d a n s le l a n g a g e a c a d i e n .
Pruche, n. f . — P r u c h e d u Canada.
Prunes (aux), loc.
A l ' é p o q u e où les p r u n e s mûrissent. Ex. Ce consomptif
v i v r a b i e n jusqu'aux prunes.
P'têtre, adv. — P e u t - ê t r e .
Pu, adv. — Plus.
P u b l i c , a d j . — Notaire public, n o t a i r e .
Publier, v . n.
Publier les bans. E x . P i e r r e e t M a r i e publieront, dimanche
prochain.
P u c e , n . f. — Secouer les puces à quelqu'un, le g o u r m a n d e r .
Puceux, euse, adj.
Qui a des puces. E x . J ' a i u n c h i e n puceux.
Puer, v. n.
Puer au nez, r é p u g n e r , ê t r e o d i e u x . E x . Cette personne
m e pue au nez ; c ' e s t u n t r a v a i l q u i m e pue au nez.
* Pufî, poffe, ( m . a.)
Réclame. E x . A q u o i b o n faire t a n t d e pufff
* P u f f e r , —feur, ( m . a.)
— Faiseur de réclames.
— Petit vaisseau toueur.
* P u g , pog, ( m . a . ) — R o q u e t , c a r l i n .
P u i s s a n c e , n . f.
La Puissance du Canada, l e D o m i n i o n , le C a n a d a c o n f é d é r é .
* P u l l m a n , ( m . a . ) — W a g o n d e l u x e . E x . V o y a g e r e n pull-
man.
LE PARLER POPULAIRE
534

Punaise, n. f-
Faire du sang de punaise, faire du m a u v a i s sang.
* Punch, (m. a.)
— Poinçon, emporte-pièce.
— Punch and Judy show, théâtre d e G u i g n o l .
— P o n c e . V . ce m o t .
* Puncher, v. a. ( A n g l . )
Poinçonner. E x . Puncher un b i l l e t de c h e m i n de fer.
Puret, n. m .
Bouton qui vient sur la peau. E n F r a n c e , on dit puron.
Purgade, n. f. — P u r g a t i o n . (De G a s p é , Mémoires, 406.)
Purger, v . a.
E x t r a i r e le suc, le j u s , l ' e a u d ' u n e chose en la pressant. Ex.
Purger une éponge, purger un c i t r o n .
Purification, n. f.— P u r g a t i o n .
Purésie, n. f. — Pleurésie.
Purisie, n. f. — Pleurésie. B r a n t ô m e a é c r i t purisy.
Purjuter, v . n.
Suinter, transsuder. E x . U n fruit qui purjutc.
Purjuteux, adj. — Q u i p u r j u t e .
Puron, n. m. — P e t i t abcès, p u s t u l e .
* Purser, peur-seur, (m. a . ) — A g e n t c o m p t a b l e .
Pusque, prép. — P u i s q u e .
Putôt, adv. — Plutôt, p l u s tôt.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 535

Q
o—
. _ _o
Quac, n. m. — H é r o n d e nuit. V . Couac.
Quai, m.
C o n s t r u c t i o n en bois de plus ou moins grande longueur,
s u i v a n t l a profondeur de l'eau, et contre laquelle accostent
l e s n a v i r e s , les goélettes, les bateaux, les chaloupes.
* Q u a l i f i c a t i o n , n. f. ( A n g l . )
C e n s é l e c t o r a l , cens d'éligibilité.
* Q u a l i f i e r , v . a. ( A n g l . )
P r o c u r e r à q u e l q u ' u n les moyens d'acquérir le cens d'éligi-
b i l i t é , e n lui fournissant des fonds.
* Q u a l i f i e r (se), v . pron. ( A n g l . )
S e p o u r v o i r des ressources propres à acquérir le cens élec-
toral.
Q u a n d c ' e s t que, locconj.
Q u a n d . E x . Quand c'est que v o u s serez prêts à partir ?
Q u a n d Q u e , loc.
Lorsque. E x . J ' i r a i chez vous, quand qu'on se comprendra
m i e u x .
Q u a n q u i è m e , n. m .
Quantième. E x . Q u e l est le quanquième, aujourd'hui ?
Q u a n t e s t de, loc.
Q u a n t à. E x . Quant est de moi, tu p e u x y compter
sûrement.
Q u a n t e t , loc.
j j j ! r n ê m e t e m p s . E x . Viendras-tu quant et m o i ? Montai-
g n e a é c r i t d a n s ses Essais : « Combien treuve je plus
n a t u r e l et p l u s v r a y s e m b l a b l e que deux hommes mentent,
q u e j e n e fois q v ' u n homme en douze heures passe quant
536 LE PARLER POPULAIRE

et les v e n t s d'Orient ou d ' O c c i d e n t ». E n V e n d é e , quant


et se dit pour à côté, auprès de.
Quant et quant, loc. — E n même temps, ensemble.
Quarante Qrecs.
Calendes grecques. E x . Je n'ai p a s pris de temps à le
renvoyer a u x Quarante Grecs.
Quarquier, n. ni.
Quartier. E x . L e premier quarquier de l a lune, u n quar-
quier de bœuf.
Quart, n. m.
Baril. E x . U n quart de farine, de sirop, de bière, de lard,
etc.
Quartiers, n. m . pl.
Jambes. E x . E c a r t e tes quartiers, p o u r que j e puisse te
chausser.
Quart-pensionnaire.
E l è v e d u collège qui suit les classes et les études, couche au
collège, m a i s se nourrit en dehors.
Quarteron, n. m .
— Quatrième partie de la livre.
— // ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron,
pourquoi faire tant d'efforts pour arriver à u n aussi maigre
résultat.
Quartette, n. m . — P e t i t quatuor.
Quate, adj. — Quatre. E x . Marcher à quate pattes.
Quatre, adj.
— Battre quatre as. V . Battre.
— Faire le diable à quatre. V . Diable.
— Se fendre en quatre, faire un g r a n d effort. A u t r e f o i s , l'on
écartelait les coupables pour certains crimes, et cela s'ap-
pelait les mettre en quatre quartiers. Par suite d'une
ellipse qui a porté sur le mot quartier précédé de quatre,
on est arrivé à dire se mettre en quatre.
— Un de ces quatre matins, un bon m a t i n .
— Cela ne vaut pas les quatre fers d'un chien, cela ne vaut
rien.
— Ne pas y aller par quatre chemins, aller droit au but.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 537
— Faire le diable à quatre, mettre tout à l'envers, se déme-
ner comme un furieux.
— Cela ne se trouve pas dans les quatre fers d'un cheval, cela
ne se trouve pas partout.
— Fendre les cheveux en quatre, se perdre en des considéra-
tions inutiles.
— De pied en quatre, de pied en cap.
Quat' poches, n. m.
— Vêtement extérieur sensé être fourni de quatre poches.
— Marie Quat'poches, femme mal vêtue, peut-être même
du quat'poches de son mari, comme cela se pratique assez
souvent à la campagne.
Quat' roues, n. m.
Voiture légère à quatre roues, à un ou deux sièges. Ex.
Embarquez dans mon quat'roues, Monsieur, il y a de la
place pour quatre.
Quatre=saisons, n. m.
Hortensia des jardins, appelé aussi Rose du Japon.
Quat' sept, n. m.
Jeu de carte, où le joueur qui a les quatre sept dans son jeu
gagne la partie.
Quat' sous (de).
De rien, de nulle valeur. Ex. Un marchand de quat'sous,
un magasin de quat'sous.
Quatre-temps, n. m.
Rougets, matagons, cornouiller du Canada, pain de perdrix,
pain d'oiseau.
Que, conj.
— Où. Ex. Au moment qu'il est mort.
— Au point que. E x . Nous avons ri que les yeux nous en
pleuraient.
— Puisque. Ex. Tu es donc paresseux que tu ne te remues
pas.
— Où que tu vas ? Où vas-tu ?
— A qui que c'est cette canne ? à qui est-ce ?
— Qui-ce que c'est ? qui est-ce ?
— Quand que tu iras f quand iras-tu?
538 LE PARLER POPULAIRE

— Pourquoi que tu me blagues ? p o u r q u o i me b l a g u e s - t u ?


— Quoi ce que tu veux ? q u e v e u x - t u ?
Que, pron, rel.
— A u q u e l . E x . Il m ' a raconté un t a s d'histoire que je n'ai
rien compris.
— Dont. E x . L,es l i v r e s que j ' a i besoin.
Que, conj. — Qu'est-ce. E x . Que q u ' o n fera demain ?
Québecquois, e, n. m. et f.
Citoyen de Québec. Doit-on écrire Qziébccquois ou Qué-
bécois ? Comme ce m o t vient d u s a u v a g e , il est bon de
rappeler que képak est u n temps d u v e r b e képao. On en
a fait kêbecq, kêbeck, kêbek. Il semblerait donc que l'on
dût s ' e n tenir au préfixe kêbek, y ajouter ensuite la ter-
minaison ois, comme on a fait Anversois de A n v e r s , et
écrire Québécois. M a i s d ' u n autre côté, i l y a tant d'ex-
emples o ù le caprice plutôt q u ' u n e r è g l e a p r é v a l u , qu'il
serait téméraire de vouloir blâmer c e u x qui tiennent à
Québecquois. Donc, à m o n sens, l ' u n e ou l ' a u t r e ortho-
graphe peut s'écrire sans inconvénient. In dubiis libertas.
Quenotte, n. f.
Dent d'enfant. L e v i e u x français a v a i t quennes. C e mot
semble venir de l'islandais kenni, mâchoires.
Quenouille, n. f.
Massette à larges feuilles, appelée aussi roseau des étangs,
canne de jonc.
Queque, adj.
Quelque. E x . N o u s aurons qùeques amis à dîner.
Quequefois, adv. — Quelquefois.
Quequ'un, une, pron. i n d .
Q u e l q u ' u n , e. E x . C e t homme-là, c ' e s t quequ'un.
Querelleux, euse, a d j . — Q u e r e l l e u r .
Question, n. f.
Comme question de fait, a u reste, d u reste, de fait.
Quêteux, euse, n. m. e t f.
— Mendiant, e.
— Quêteur, qui mendie pour les autres, pour u n e œuvre de
charité, soit à domicile, soit dans les é g l i s e s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 539

— Les quêtcux de Saint-Gervais. Sobriquet. l,a race en


est éteinte.
Queu. — Queu ! Queu ! vache ! Queu ! Cri d'appel à la vache.
Queue, n. f.
— Finir en queue de morue, venir à rien.
— Je n'en ai pas vu la queue, le moindre bout.
— Une affaire qui n'a ni queue, ni tête, une affaire incompré-
hensible.
Queue d'anguille, n. f.
Appelée loche à Montréal, et queue d'anguille ailleurs. Son
vrai nom est lote commune ou comprimée.
Queue de morue, n. f. — Habit de cérémonie.
Queue de poêlon, n. m. — Têtard, petit du crapaud.
Queue de renard, n. f.
Mélampyre des prés. Appelée encore blê de vache, parce
qu'où croit qu'il augmente la sécrétion du lait chez les
vaches. Plante nuisible.
Queue d'éronde, n. f. — Queue d'aronde, sorte de tenon.
Queue de veau, n. f.
Personne agitée, sans cesse en mouvement.
Queue=du=loup, n. f . — J e u qui consiste à marcher à la file.
Queul, adj.—Quel. E x . Queul être est cela ?
Queuque, adj.—Quelque. E x . Aller en queuque part.
Queuqu'un, une, pron. — Quelqu'un, une.
Queuq'zuns, pron. pl. —Quelques-uns.
Quevalle, n. f. — Cavale.
Quiaulée, n. f.
Suite, file. E n Normandie c'est aquiaulêe, pour exprimer
la même idée. E x . Une quiaulée d'enfants.
Quibus, n. m. pl.—Argent. E x . As-tu des quibus ?
Qui ce que, ;— Que. Qui ce que tu dis ?
Qui ce qui. — Qui est-ce. E x . Qui ce qui me dira cela?
Qui c'est qui, loc.
Qui, qui est-ce? E x . Qui c'est qui a fait cela?
Quien, adj.
Tien. E x . Ce livre est à moi, mais cet autre est le quien.
Quienbendu, part. pass. — Tenu.
54° LE P A R L E R POPULAIRE

Quienbondu, part. pass. — Tenu.


Quiendre, v. a.—Tenir.
Quiens, v. a. impér. de tenir.
Tiens. E x . Quiens bon, quiens fort, si la corde casse, t'es
mort. Cette année, j ' ai pu attacher les deux bouts ensem-
ble, mais ça été die! quiens ben, c'est-à-dire ça été juste.
Quiers=point, n. m. — Tiers-point. V. ce mot.
Qui fait que, loc. — Ce qui fait que.
Quiier, v. a.—Cueillir. E x . Allons quiier des pommes.
Quilles, n. f. pl.—Jambes grêles.
Quintaux, n. m. pl.
Mettre en quintaux, mettre des gerbes de blé en tas, et les
disposer de telle façon que la pluie ne puisse endommager
le grain.
Qui perd gagne, loc.
A qui perd gagne. Ex. Maintenant jouons qui perd gagne.
Qui qui, pron.
Qui, qui est-ce qui. Ex. Qui qui t'a fait pleurer ?
Quitte, n. f. —Avantage. E. J'ai plus de quitte de le lâcher.
Quitte à, loc. prép.
Sauf à. E x . La pluie vient de cesser, quitte à recommencer.
Quitte pour quitte, loc.
Jouer quitte pour quitte, jouer une dernière partie où tout ce
qu'un des joueurs a perdu est acquitté s'il gagne.
Quitter, v. a.
Laisser. Ex. Quitte-moi faire, je vais t'arranger cela.
Quoi, pron.
— Avoir de quoi, des moyens d'existence.
— // n'y a pas de quoi, il n'y a pas sujet de se fâcher ou de
remercier.
— Il y a bien de quoi, voilà un sujet de s'offenser ou d'ad-
mirer.
Quoi ce que. — Que. Ex. Quoi ce que tu veux ?
Quoi que. — Que. Ex. Quoi que tu veux, dis ?
Quoique ça, adv.
Néanmoins. Ex. Tu as bien réussi, quoique çà, tu aurais
pu faire encore mieux.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 541

Quoi faire que, l o e .


P o u r q u o i . E x . Quoi faire que tu me lâches ainsi à la der-
nière m i n u t e ?
* Quotation, n. f. ( A n g l . ) — Citation, passage tiré d'un auteur.
Quouette, n. f. — Q u e u e , tresse de c h e v e u x . V . Couette.
Qu'ri, v . a. — C h e r c h e r . E x . V a çu'rima canne dans le salon.

o . — o

O O

Rabâchage, n. m .
A c t i o n de rabâcher, discours, écrit où l'on rabâche.
Rabâcher, v . n. — R e d i r e fastidieusement la m ê m e chose.
Rabâcherie, n. f. — V . R a b â c h a g e .
Rabâcheur, euse, n. m . et f. — Celui, celle qui rabâche.
Rabâter, v . a.
— Corriger sévèrement. E x . T u v a s te faire rabâter de la
belle façon.
— Rabâcher. E x . Qu'est-ce que tu rabâtes l à ?
Rabâtée, n. f.
— Correction m a n u e l l e .
— Réprimande.
Râbe, n. m.
R â b l e , colonne v e r t é b r a l e chez les animaux, depuis le b a s
des épaules j u s q u ' à la queue.
Rabituer (se), v . p r o n . — S'habituer davantage.
Rabonner, v . a.
R é a b o n n e r q u e l q u ' u n à un journal.
Rabonner (se), v . p r o n .
S ' a b o n n e r de n o u v e a u à un journal.
2 LE PARLER POPULAIRE
54

Raboudinage, rt. tn.


— Récit incompréhensible. E x . Quel raboudinage est ça ?
— Ouvrage mal fait.
Raboudiner, v. a.
— Raconter des sornettes. E x . Qu'est-ce que tu raboudines
là ?
— Travailler mal. E x . T u raboudines tout ce que tu tou-
ches, travaille donc à faire de meilleur ouvrage.
Raboudiner (se), v. pron.
— Se contracter, se retirer. E x . J ' a i les mains toutesrabou-
dinêes.
— Se recoquiller. E x . Regarde-le donc, il est tout rabou-
dinê dans son lit.
Rabourer, v. a. — Labourer de nouveau.
Rabouter, v. a.
Rajuster, rapprocher les deux extrémités d'un morceau de
bois pour en former une seule pièce.
Rabrier, v. a. — Mettre de nouveau à l'abri.
Rabrier ( s e ) , v. pron.
Se couvrir de nouveau.
Raccord, n. m.—Réconciliation, accord.
Raccordable, adj. — Réconciliable.
Raccordage, n. m. — Réconciliation.
Raccordement, n. m. — Réconciliation.
Raccorder, v. a.
Réconcilier. E x . Nos deux amoureux sont mieux disposés,
je vais essayer de les raccorder ensemble.
Raccorder (se), v. pron.
Se mettre d'accord. E x . Raccordez-vous, les enfants, il y a
assez longtemps que vous vous battez ensemble.
Raccourci, n. m.
Chemin de raccourci, chemin qui sert à abréger la longueur
de la course. E x . S i vous prenez le chemin de raccourci,
vous arriverez plus vite.
Race, n. f.
Mauvaise engeance, racaille. E x . Quelle triste race que
cette famille où il n'y a que des voleurs.
DES CANADIENS-FRANÇAIS
543

Racroc, n. m.
— Détour, coude. E x . La rivière Saint-Charles fait un
grand racroc vers Eorette.
— Grand repas après les noces. E n Normandie on dit racrot,
recrot. Lalleman a écrit: «C'est la noce aujourd'hui,
c'est demain le rêcrot. »
— Chemin de traverse qui raccourcit les distances.
Raccueil, n. m.
Accueil, réception. E x . Notre curé a un bon raccueil, il est
plaisant.
Râche, n. f.
Impuretés qui se déposent au fond des plats provenant de
l'eau ou de toute boisson.
Rachétique, n. et adj. — Rachitique.
Râcheux, euse, adj. — Rude. E x . J ' a i les mains radieuses.
Rachever, v. a. — Achever. E x . C'est une beauté rachevée.
Râchu, e, adj.—Acariâtre. E x . Quelle humeur râchue ?
Racinages, n. m. pl.
Racine. E x . Ce charlatan guérit toute sorte de maladies
avec des racinages.
Racler, v. a.
— Râteler, ramasser avec le râteau.
— Maltraiter, rosser.
Raclée, n. f. — Coups multipliés donnés à quelqu'un.
Râcleur, euse, n. — Personne qui râtelle le foin.
Raclure, n. f.
— Ce qu'on ramasse avec le râteau.
— Mucosités intestinales rejetées à la suite de l'inflamma-
tion des glandes et de l'épithélium. E x . Des raclures de
boyaux.
Rac'modage, n. m. — Raccommodage.
Rac'modement, n. m. — Raccommodement.
Rac'moder, v. a. — Raccommoder.
Rac'modeux, euse, adj. —Qui rac'mode.
Racoin, n. n.
Recoin. E x . Dans cette maison, il y a un tas de coins et de
racoi?is, on s'y perd.
544 LE PARLER POPULAIRE

Racolîer, v. a . — R é u n i r , joindre.
Racoller ( s e ) , v. pron.
S'unir ensemble, se bien accorder.
Racoquiller, v. a.
Recoquiller, replier s u r soi-même. E x . Cet h o m m e a les
jambes racoquillêes.
Racoquiller (se), v. p r o n .
Se recoquiller. E x . Racoquille-toi u n p e u , n o u s pourrons
te transporter plus à l'aise.
Racotiller, v. a. — Recoquiller.
Racotiller ( s e ) , v. pron. — S e recoquiller.
Raculer, v. a. — Reculer.
Raculons (de), loc. adv.
A reculons. E x . M a r c h e r de raculons. V. Reculons.
Radotte, n. f.
Racine fusiforme et d o n t le goût est t r è s p i q u a n t . U n e de
ses nombreuses p r o p r i é t é s consiste à r a j e u n i r c e u x qui en
font usage. On l'appelle encore p o u r cette raison, herbe
qui rajeunit.
Radouer, v. a. — Radouber.
Rafale, a d j .
Descendu bas, ravalé. V . R a v a l é .
Rafaler, v . n. — V e n t e r p a r rafale.
Râfe, n. f. — Rafle.
Râfer, v. a. — Rafler.
Raffiler, v. a. — Affiler d e nouveau.
Raffiné, n. m .
Fromage raffiné, fromage p r é p a r é par les cultivateurs de
l ' I l e d'Orléans.
Raffiner, v . a.
Procurer des connaissances, essayer d ' i n s t r u i r e . E x . S'il y
a mo)ren, j e le raffinerai.
Raffiner ( s e ) , v. pron.
— Se raviser. E x . T â c h e de t e raffiner, la prochaine fois,
t u réussiras.
— A c q u é r i r de l'intelligence. E x . Celui-là n e se raffinera
jamais.
D13S CANADIENS-FRANÇAIS
545

Raffutage, n. m .
A c t i o n de raffuter, de raccommoder des vieilleries, des v i e u x
l i n g e s , des v i e u x meubles.
Raffuter, v. a. — R a c c o m m o d e r , mettre en état.
Rafistolage, n. m .
R a c c o m m o d a g e fait sans soin et avec précipitation.
Rafistoler, v . a.
R a c c o m m o d e r grossièrement. Corruption d u mot afistoler,
parer, e n d i m a n c h e r .
Rafistoler (se), v . pron.
— S e mettre e n meilleur état, s'habiller m i e u x que de cou-
tume.
— Refaire sa f o r t u n e .
Rafle, n. f.
T i r a g e au sort d ' u n objet quelconque au m o y e n de dés, ou
de n u m é r o s distribués d ' a v a n c e .
Rafler, v . a.
V e n d r e des billets n u m é r o t é s qui donnent droit de tirer au
sort un objet. E x . Je v a i s faire rafler ma montre.
* Raftman, n. m . , (m. a . )
H o m m e qui t r a v a i l l e sur les c a g e s de bois.
Rage, n. f.
— Un mal de dents de rage, u n e r a g e de dents.
— A c t i o n forte, violente. E x . U n e rage de vent, de pluie,
de tonnerre.
Ragoton, n. m .
— R o g a t o n , d é b r i s de mets, objet de rebut, bribe. E x .
Q u a n d j ' a r r i v e tard à table d'hôte, on ne me sert que
des ragotons.
— Personne infirme, m a l faite. E x . I,e bonhomme Petrus
n ' e s t p l u s q u ' u n ragoton.
Ragripper (se), v . p r o n .
— S'accrocher.
— S e refaire. E x . I l m ' a soutiré de l'argent, mais je me
ragripperai q u e l q u ' u n de ces j o u r s .
* Raid, n. m., ( m . a.) — I n c u r s i o n . E x . L e raid des Féniens
en 1866.
35
546 U î PARLER POPULAIRE

Raîde, adj.
— Difficile. E x . C ' e s t raide à croire, ce q u e tu dis l à .
— E x t r ê m e m e n t . E x . E n voici un q u i est raide p a u v r e .
— Raide comme balle, rapide.
En avoir tout son raide, avoir b e a u c o u p de difficultés.
Raidement, a d v . — B e a u c o u p .
Raie, n. f. — Sillon.
* Rail, rèle, n. f., ( m . a . )
— Rail, (raille). E x . M a r c h e r s u r les rails du c h e m i n de
fer.
— Raie, l i g n e tracée sur u n e surface. F a i r e des rails sur
du papier avec u n c r a y o n , faire d e s rails avec u n cou-
teau sur un meuble, faire des rails sur u n e g l a c e a v e c un
diamant.
* Railer, v . a. ( A n g l . )
R a y e r , marquer d ' u n e ou de plusieurs raies. E x . Railer
une v i t r e .
* Railroad, raude, ( m . a.)
— V o i e ferrée.
— G â t e a u roulé, dont l'intérieur c o n t i e n t des confitures.
Railure, n. f.
R a y u r e . N e fais pas d e railures sur t o n ardoise.
* Railway, oué, n. m . , (m. a.)
Chemin de fer, voie ferrée.
Rainse, n. f. — V . R i n c e .
Rainser, v. a. — V . R i n c e r .
Raisin de couleuvre, n. m . — M é n i s p e r m e d u C a n a d a .
Raisin d'ours, n. m. — Uva ursi, busserole.
Raisin sauvage, n. m .
V i g n e des r i v a g e s . L e s premiers missionnaires fabriquaient
leur v i n de messe a v e c ce raisin.
Raison, n. f.
— Comme de raison, certainement. E x . N ' e s t - c e p a s que
j ' a i bien a g i ? — Comme de raison.
— Se faire une raison, se calmer, se r é s i g n e r .
— En droit et en raison, r a i s o n n a b l e m e n t .
— Hors de raison, a v e c e x c è s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 547

Raisonner, v . n.
R é p l i q u e r sur tout, essayer d ' a v o i r le dernier mot.
Raisonneux, n. m .
R a i s o n n e u r , pris e n m a u v a i s e part, qui réplique sans cesse.
Raisons, n. f. pl.
Chercher des raisons, essayer d ' e n g e n d r e r chicane.
Raj'ter, v . a.
R a c h e t e r . E x . Je p e u x l'a/'ter et le raf ter trois fois.
Rajeun'zir, v . n . — R a j e u n i r . A c a d i a n i s m e .
Rajouter, v . a . — A j o u t e r .
Rajuster, v . a.
R e m a n i e r . E x . Rajuster le tarif des douanes.
Raj'ver, v . a. — A c h e v e r .
Râleux, n. m . — P a r e s s e u x .
Rallonge, n. f. — V . A l l o n g e .
Rallonger, v . a.
D e v e n i r p l u s l o n g . E x . E e s j o u r s rallongent.
Rallonger (se), v . p r o n .
R a l l o n g e r son c h e m i n . E x . N o u s allons nous rallonger, si
nous passons p a r ce c h e m i n .
Ramancher, v . a.
— Reboîter, replacer. E x . I l s'est fait ramancher le poi­
gnet qu'il avait démanché.
— T e n i r un s i n g u l i e r l a n g a g e . E x . Qu'est-ce que tu
ramanches là ?
Ramancheur, n. m .
Rebouteur, dont l a spécialité est de mettre à leur place les
os l u x é s ou f r a c t u r é s .
Ramancheux, n. m . — R a m a n c h e u r .
Ramanchure, n. f.
A c t i o n de ramancher. E x . C ' e s t une mauvaise ramanchure,
j e crois q u e l e d o c t e u r s'est trompé, allons chercher un
ramancheur.
Ramârrer, v . a. — A m a r r e r de n o u v e a u .
Ramasse, n . f.
V o l é e de coups. E x . Je lui ai d o n n é une ramasse qui s'ap­
pelle.
548 I.E P A R I E R POPULAIRE

Ramâsse=poussière, n. m.
Objet ou endroit où la poussière s'accumule facilement. E x .
Ce v i e u x fauteuil n 'est plus qu'un ramâsse-poussïère.
Ramasser, v. a.
— Battre.
— Serrer. E x . Ramasser le foin, les patates.
— Arrêter et mettre au clou. E x . E a police a ramassé deux
voleurs, la nuit dernière.
— Ramasser mer et monde, ramasser beaucoup, faire de beaux
profits.
Ramâsseries, n. f. pl.
Tas de choses réunies ensemble et qui deviennent encom-
brantes plutôt qu'utiles.
Ramâsseux, adj. — Ramasseur.
Rambourde, n. f. — Lambourde.
Rambris, n. m. —Eambris.
Rambrissage, n. m. — Eambrissage.
Rambrisser, v. a. — Eambrisser.
Ramenable, adj.
Que l'on peut ramener.
Ramender, v. n.
Devenir à meilleur marché. E x . C'est le temps d'acheter
du blé, il ramende.
Ramender (se), v. pron.
S'améliorer. E x . Cet enfant se ramende à vue d'ceil, nous
allons en faire quelque chose.
Ramender voulait dire autrefois raccommoder.
Ramener, v. a. —Remettre quelqu'un à sa place.
Rameuil, n. m. — Pis de la vache. Acadianisme.
Raminer, v. a.—Ruminer.
Ramoindrir, v . a.—Amoindrir.
Ramonage, n. m.
— Réprimande.
— Confession générale à un prêtre.
Ramoner, v. a.
— Corriger durement, réprimander.
— Se faire ramoner la conscience, se confesser.
DKS CANADIENS-FRANÇAIS
549
— Ramoner la cheminée, se purger.
Vient de ramon, sorte de balai.
Ramoneur, n. m. —Hirondelle de cheminée.
Ramuchage, n. m.—Action de raccommoder le linge.
Ratnuche, n. m.
Reprise d'un bas, raccommodage d'un vêtement fait à la
diable.
Ramucher, v. a.
Raccommoder le linge d'une façon très imparfaite.
Ramucheries, n. f. pl. — Ensemble d'objets mal réparés.
Ramucrir, v. a.—Ramollir par l'humidité.
Ramussier, n. m. — Rat-musqué.
Rance, n. f.
— Levier.
r
— Prendre en rance, lever un objet pesant au mo3 en d'une
pièce de bois ou d'un levier.
Rancer, v. a. — Prendre en rance.
* Ranch, n. m., (m. a.)
Ranche, établissement consacré à l'élève du bétail dans le
Nord-Ouest canadien.
Rancuneux, n. et adj.
Rancunier. 1/ Académie u' admet pas rancuneux. Girault
Duvivier dit que c'est un barbarisme. Nous lisons dans
le Courrier de Vaugelas : « Le suffixe eux est plus fré-
quent que le suffixe ier pour la raison qu'en latin us, d'où
vient eux, est surtout réservé à l'adjectif, tandis que arius,
d'où vient ier, est un suffixe particulièrement adopté pour
les noms.»
Rang, n. m.
Disposition des maisons, à la campagne, sur une même ligne.
Chaque paroisse comprend de un à dix et même douze
rangs. Ex. Pierre Latour demeure au quatrième rang.
Rangaillardir, v. a. — Ragaillardir.
Rangaillardir (se), v. pron.—Se ragaillardir.
Rangearde, adj. fém.
Petite mère rangearde, jeune fille qui fait la pluie et le beau
temps dans la maison.
550 LE PARLER POPULAIRE

Ranger, v . a.
— Se déplacer. E x . Range-toi à.'ici.
— Placer. E x . Range les assiettes dans l'armoire.
Rangrandir, v . a. — R a g r a n d i r .
Ranjeunir, v. a. et n. — Rajeunir.
Ranjuster, v . a . — Rajuster.
Ranlentir, v . a. — Ralentir.
Ranlonger, v . a. — R a l l o n g e r .
Rantnasser, v . a. — R a m a s s e r .
Ranmollir, v . a. — R a m o l l i r .
Ranmonner, v . a. — R a m o n e r .
Ranqueune, n. f. — R a n c u n e .
Ranqueuneux, n. et adj. — R a n c u n i e r .
Ransembler, v . a. — E n s e m b l e r .
Ranvaler, v . a. — R a v a l e r .
Rapace, n. f.
— B a r d a n e commune.
— I n d i v i d u avide d e g a i n . E x . C e monsieur B i g o t , c'était
une v r a i e rapace.
Rapâillage, n. m.
— Restes d ' u n repas.
— A c t i o n de grouper des g e n s s a n s c o n s i d é r a t i o n que l'on
recueille de droite et de g a u c h e p o u r travailler ensemble.
Rapâiller, v . a.
R é u n i r ensemble des choses ou des personnes d e peu de
valeur.
Rapâilleux, n. et adj. — Q u i rapâille.
Rapapilloter, v . a. — R é c o n c i l i e r .
Rapapilloter (se), v . p r o n .
Se réconcilier. D a n s l e Perche, c e m o t signifie, améliorer
ses affaires.
Rapareiller, v . a. — A p p a r e i l l e r , assortir, trouver l e pareil.
Rapasser, v . — Repasser. E x . I l ne fait q u e passer e t rapasser.
Râper, v. a.
— U s e r . E x . Des pantalons râpés.
— Erafler. E x . Je m e s u i s râpé u n e j a m b e e n sortant du
tramway.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 551

Rapièceter, v . a.
R a p i é c e r , m e t t r e des pièces. E x . Des culottes toutes rapiè-
ceties.
Rap'tisser, v . a.
— Rapetisser.
— Rabaisser. E x . T u tiens une conduite qui finira par te
rap Hisser a u x y e u x des g e n s .
* Rappel, n. m .
A b r o g a t i o n , r é v o c a t i o n . E x . L e rappel d'une loi. ( A n g l . )
Rappeler, v. a.
— A p p e l e r d ' u n e d é c i s i o n judiciaire à un tribunal supérieur.
E x . Je vais en rappeler du j u g e m e n t de l a cour de révi-
• sion.
— A b r o g e r . E x . Rappeler u n e loi.
— Révoquer. E x . L e s d é p u t é s travaillent à faire rappeler
ce bill.
Rappeler (se), v . p r o n .
Se rappeler de quelque chose, rappeler quelque chose. E x .
Je m e rappelle d e c e l a comme si c'était hier.
Rapport, n. m .
— C o m p t e - r e n d u , procès-verbal de délibérations. E x . M .
le secrétaire, v o u l e z - v o u s lire v o t r e rapport.
— A t t e r r i s s e m e n t . E x . Je v i e n s de trouver un beau gros
m o r c e a u de c h ê n e sur le bord d u rivage, c'est l e dernier
rapport qui m ' a v a l u cela.
— R e n v o i . E x . J ' a i des rapports de jambon qui me fati-
guent.
Rapport à, loc. p r é p .
— A c a u s e de. E x . P r e n e z v o t r e parapluie, rapport au mau-
vais temps.
— E n c o n s i d é r a t i o n d e , par é g a r d pour. E x . Je ne pourrai
p a s aller a u t h é â t r e ce soir, rapport à ma femme q u i n'est
pas bien.
Rapport avec (en), loc. prép.
R e l a t i v e m e n t à, p a r suite, à la suite de. E x . S i je pouvais
dire f r a n c h e m e n t m a façon d e penser en rapport avec c e
que l ' h o n o r a b l e d é p u t é v i e n t de d é c l a r e r . . .
552 LE PARLER POLULAIRE

Rapport que, loc. conj.


Pour la raison que, parce que. E x . J e ne suis pas allé aux
Pageants, rapport que ça coûtait trop cher.
Rapportable, adj.
Devenir échu. E x . Cette ordonnance est rapportable, le 3
juillet prochain.
Rapporté, e, part. pass.
Entré par alliance dans la famille. E x . Dans notre famille,
tout le monde est respectable, il n ' y a que ce cousin-là,
mais c'est un rapporté.
Rapporter, v. a.
— Reporter, communiquer des nouvelles a u x journaux.
— Atterrir. E x . L a mer rapporte de ce temps-ci, il faut
surveiller la grève.
— Engendrer. E x . S i ton casque rapporte, tu sais, j'en
retiens un.
Rapporteur, n. ni.
— Reporter, (m. a.)
— Dénonciateur.
Rapporteux, adj.
Rapporteur, dénonciateur. E x . Cet écolier est un rappor-
teux.
Raquetteur, n. m.
Qui marche à la raquette. E x . L e s clubs de raquetteurs
vont parader ce soir.
Rare, adj.
— Etroit. E x . L a place est rare, tassons-nous ?
— Peu, pas beaucoup. E x . L e nommé Jacques est borné
comme rare de créature.
Rarranger, v. a. —Remettre une chose en place.
Rarriver, v. n. — Revenir.
Ras, e, adj.
— A u niveau de. E x . T u couperas le foin ras terre.
— A ras le bord, près du bord. E x . J ' a i été à ras le bord
de l'eau.
— A ras terre, à fleur de terre.
— A ras la tête, à fleur de tête.
DKS CANADIENS-FRANÇAIS
553
— Près. E x . J ' a i été à ras d'arriver trop tard.
— A ras je t'en prie. E x . J'ai coupé la queue de mon chien
tout à ras je t'en prie.
* Rascal, ras-cal, n. m., (m. a.) —Coquin, polisson, drôle.
Ras=cul, n- m.
Vêtement court, qui ne dépasse pas la hauteur des reins.
Rase, n. f. — Racloire.
Raser, v. n.
— Remplir jusqu'au bord.
— Approcher. E x . J e rase soixante ans.
— Rasé bel, échappé bel. E x . J'ai rasé bel de me casser le
cou.
Rasoir, n. m.—Homme ennuyeux.
Rasoué, n. m. — Rasoir.
Rassaisier, v. n. — Rassasier.
Rassayer, v. a. —Essayer de nouveau.
Rassir, v. a.
— Rasseoir.
— Devenir rassis, plus ferme. E x . I^e pain commence à
rassir.
Rassis, e, adj.
Sage, tranquille. E x . Mon enfant est plus rassis depuis
quelque temps.
Ratapias, n. m.—Galimatias, bavardages.
Rat, n. m. — S e n t i r le rat. flairer le mystérieux d'une affaire.
* Ratan, tanne, (m. a.)
Rotin, rotang. E x . Une chaise en ratan.
Ratatouille, n. f.
Personne vicieuse, qui ne vaut rien. En France, c'est un
ragoût grossier, ordinaire du soldat. I^e cuisinier ratisse
le fond pour qu'il ne brûle pas, et le touille (mêle, agite)
pour que les ingrédients soient bien mélangés.
* Rate, rète, (m. a . ) — F i r s t rate, de première classe.
* Râtelle, n. f. ( A n g l . )
Mèche de mineur. Corruption de l'anglais rat-tail.
Ratour, n. m.
Tour. E x . C'est un joueur de tours et de ratours.
LE P A R L E R POPULAIRE
554
— Détour, chemin qui oblige à se retourner.
Ratoureur, n. et adj.
Qui joue des tours, qui est rusé dans les petites choses.
Ratoureux, n. et adj. — Ratoureur.
Ratteler, v. a. —Atteler de nouveau.
Rattiser, v. a. —Attiser de nouveau.
Rattraper (se), v. pron.
Se reprendre, se refaire. E x . J'ai perdu, cette fois ; mais j e
me rattrapperai bientôt.
Raugmenter, v. n.
Renchérir. E x . La vie devient de plus en plus chère, tout
raugmente.
Ravage, n. m.
Traces du passage des gros animaux des bois, qui servent à
guider les chasseurs dans leurs chasses d'hiver. E x . , Un
ravage d'orignal.
Ravalement, n. m.
Petit grenier qui sert de décharge. E x . V a coucher sur les
ravalements.
Ravaler, v. a.
Descendre. E x . Mes bas sont ravalés jusqu'aux talons.
Ravaud, n. m.
Faire le ravaud, se dit d'un chat qui vagabonde durant la
nuit, et d'une personne qui met tout à l'envers dans sa
maison en furetant dans tous les coins.
Ravauder, v. n. —Faire le ravaud.
Ravauderies, n. f.
— Petits travaux manuels.
— Furetage fait sans but particulier.
— Objets de rebut.
Ravaudeur, n. et adj.
Qui vagabonde à droite et à gauche, avec toute la mine d'un
voleur ou d'uu malfaiteur.
Ravaudeux, n. et adj. — Ravaudeur.
Ravauger, v. a. — Réparer.
Rave, n. f. —Radis cultivé.
Rave noire, n. f. — Raifort.
DSS CANADIENS-FRANÇAIS
555
Raveindre, v. a.
Atteindre de nouveau, prendre de nouveau.
Ravenir, v. n.
— Arriver. E x . Que cela ne vous ravienne plus !
— Faire. E x . Voilà un habit qui lui ravient plus.
— Coûter. E x . Ce surtout me ravient à vingt piastres.
— Piaire. E x . Cette figure-là ne me ravient pas.
Ravisé (de), loc.
Risqué. Ex. C'est bien de ravisé qu'il vienne ce soir.
Rayé, e, adj.
Réglé. Ex. Je n'écris jamais autrement que sur du papier
rayé.
Razzia, n. f.
Faire une razzia, faire main basse sur tout ce que l'on désire
emporter.
Ré.—Abréviation de cré, acre, sacré. Ex. Ré bête ! Ri fou !
* Ready, ridé, (m. a.)
— Prêt.
— Semi-ready, magasin de confection où l'on se procure des
habits à quelques heures d'avis. Ex. Se faire habiller au
Semi-ready.
* Réaliser, v. a.
Se rendre compte. E x . Je ne sais pas si vraiment il réalise
bien sa position. (Angl.)
Rebarrer, v. a.
— Fermer à clef de nouveau.
— Parer un coup.
Rebattre (se), v. pron.
Se corriger. E x . Inutile d'insister, il ne se rebâtira jamais.
Rébicheter (se), v. pr.
Regimber, ne pas vouloir. Ex. Tu as beau te rébicheter,
tu n'obtiendras rien.
Rebondir, v. a.
Envoyer rebondir quelqu'un., lui refuser sa demande en lui
montrant la porte.
Rebours (à la), loc.
Au rebours. E x . Il fait tout à la rebours du bon sens.
556 LE P A R L E R POPULAIRE

Rebrasser, v. a.
Brasser de nouveau. E x . Rebrasse les cartes.
Rebuffer, v . a. — F a i r e essuyer une rebuffade.
Recauser, v . n.
Causer de nouveau. E x . N o u s eu recauserons.
Réchappe, n. f.
Possibilité d'échapper. E x . Notre voisin est très malade,
le docteur a dit q u ' i l n ' y avait pas de réchappe possible.
Réchapper (en).
Réchapper. E x . Penses-tu q u e notre m a l a d e v a en réchapper.
Rechausser (se), v . pron.
Remettre de nouveau ses chaussures.
* Recherche (en).
A la recherche. E x . Je suis en recherche d ' u n scieur de
bois. (Angl.)
Rechigner, v . n. — R e c h i g n e r à Poîivrage, d e v a n t l a besogne.
Rechigneux, euse, adj. — Q u i rechigne.
Rechuter, v. n. —. Redevenir malade.
Récidiver, v . n.
Retourner au plat. E x . C ' e s t excellent, n'est-ce pas, v e u x -
tu récidiver f
Réclaircir (se), v . p r o n . — S ' é c l a i r c i r .
Réclisse, n. f. — Réglisse.
Reclôre, v . a. — C l o r e de n o u v e a u .
Reçois-feu, n. m .
Casserole placée devant la porte d ' u n p o ê l e pour recevoir
les cendres et les tisons.
Récollet, n. m .
— Mangeur de cerises, oiseau h u p p é . C e nom v i e n t de ce
que la h u p p e de cet oiseau ressemble a u capuchon des
Récollets.
— T u y a u en tôle ou en g r è s q u e l ' o n place au s o m m e t des
cheminées pour activer la tire.
RecoIIouer, v . a. — Reclouer.
Recommande (de), loc.
S u r commande. E x . C e s chaussures ont été faites de re-
commande.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 557'

Recomptage, n. m.
Action de compter de nouveau devant un juge les votes don-
nés dans une élection politique.
Recompte, n. m.
Faire le recompte, compter de nouveau les votes donnés dans
une élection politique.
* Réconsidérer, v. a. — Considérer de nouveau. (Angl).
Reconsoler, v. a. — Consoler de nouveau.
Reconsoler (se), v. pron.—Se consoler de nouveau.
Reconter, v. a. —Conter de nouveau.
Recopié, e, adj.
Ressemblant. Ex. C est sa mère toute recopiée. En France
on dit recopi, du verbe recopir, recracher.
* Record, n. m. (Angl).
— Registre, archives, dossier.
— Demeurer'jie record, enregistrer aux archives, au dossier.
— Avocat de record, procureur en titre.
— Mettre de record, placer dans le registre.
* Recorder, deur, n. m., (m. a.)
Magistrat de la ville. Ex. Un délinquant qui comparaît
devant le Recorder.
Recorté, e, adj.
Propret, bien mis. Ex. Cette femme que tu vois là est
recortêe. Vient â'acort, acorte, il a l'humeur acorte.
Recoucher, v. a. — Coucher de nouveau.
Recoucher (se), v. pron, — Se coucher de nouveau.
Recoude, n. m. - Angle d'un tuyau de poêle.
Recoupure, n. f.
Débris, morceaux d'étoffe qui tombent quand on taille un
vêtement.
Recouru, part.
Achalandé, recherché. Ex. Je suis pas mal recouru de ce
temps-ci, les gens {savent que j'ai fait de l'argent et ils
veulent m'en emprunter.
Recousse, n. f.
Rescousse. Procurer forcément la liberté, en contravention
à la loi, à une personne appréhendée suivant la procédure-
558 LE PARLER POPULAIRE

et le c o u r s d e la loi. (Perrault, Droit criminel). C e mot


était t r è s usité autrefois.
Recouvrir, v. a . — R e c o u v r e r , entrer en possession de son bien.
Recracher, v . a.
Restituer. E x . Je lui ferai bien recracher ce q u ' i l me doit.
Recrépissage, n . m. — Réparation d ' u n crépissage.
Recrochir, v . a. — Plier de n o u v e a u .
* Rectifier, v . a.
Rectifier, e m p l o y é sans r é g i m e , est u n a n g l i c i s m e . E x .
V o u s avez tort de parler ainsi, v e u i l l e z , s'il-vous-plaît,
rectifier. (Angl. )
Reculons.
— Aller en reculons, à reculons.
— Marcher de reculons, à reculons.
Redévirer (se), v. pron.
Se retourner complètement. M ê m e sens q u e se revirer.
Redéviron, n. m . — V . R e v i r o n .
Rédicule, adj.
— Ridicule.
— Réticule.
Redire, v . a.
Trouver à redire, regretter, être sensible à la perte d'une
chose, en remarquer la privation. E x . D e p u i s que ma
femme est morte, j e la trouve bien à redire.
* Redistribuer, v . a. ( A n g l . ) — Distribuer d e n o u v e a u .
* Redistribution, n. f. ( A n g l . ) — N o u v e l l e distribution.
Redouble, n. m.
Double. E x . I l a fait beaucoup d ' o u v r a g e , c'est vrai, mais
j ' e n a i fait au moins le redouble de l u i . Redouble voulait
dire, autrefois, la doublure d'un v ê t e m e n t .
Redouter, v . a.
Si l'on rencontre un p r é t e n d u sorcier, un jeteur d e sorts, il
faut dire t o u t bas : Je te redoute, p o u r se mettre à l'abri de
ses maléfices.
Redresser, v . a.
Dresser. E x . L e s c h e v e u x m'en redressent sur la tête.
Redressir, v . a. — Redresser.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 559

Réduit, n. m.
Châssis à pièces mobiles dont se servent les menuisiers pour
prendre leurs m e s u r e s .
* Réel, rîle, (m. a.)
Moulinet, dévidoir, bobine, danse à d e u x .
Refaufiler, v. a. — Faufiler de nouveau.
Refaufiler (se), v . pron. — Se faufiler de nouveau.
Réfection, n. f. — M a n g e r à sa réfection, manger sa réfection.
Refente, n. f. — R e f e n d . E x . U n mur de refente.
Refoncer, v . a. — F o n c e r de nouveau.
Réforcer, v . a.
— S u p p l i e r . E x . I l m ' a tant rêforeê, que j ' a i fini par dire
oui.
— E x c i t e r à m a n g e r . E x . C'est inutile de me réforcer, j ' a i
pas faim.
Refoul, n. m . — R e f l u x des grandes marées. Acadianisme.
Refoulis, n. m.
M o u v e m e n t de recul sous l'effort d ' u n e grande pression.
Refoulure, n. f. — F o u l u r e , contusion.
Refreidir, v . a. — Refroidir.
Refreidir (se), v . p r o n . — S e refroidir.
Refreidissement, n. m . — Refroidissement.
Réfrigérateur, n. m . — Gardé-manger ou armoire à glace.
Refus, n. m.
N'être pas de refus, ne pouvoir être refusé. E x . Voulez-
v o u s accepter u n v e r r e de bonne Jamaïque ?— O u i , certaine-
ment, ce n'est pas de refus.
Regagner, v . a.
R e g a g n e r . E x . L a faim me regagne.
Regangner, v . a.
R e g a g n e r . E x . N o t r e malade en regangne.
Regard, n. m .
Au regard de, q u a n t à, relativement. E x . Au regard de ce
que v o u s m ' a v e z dit, j ' y songerai encore.
Regardable, adj.
Q u i peut être r e g a r d é . E x . V o i l à une personne q u i n'est
pas regardable, elle est laide à faire peur a u x chiens.
560 LE PARLER POPULAIRE

* Regarder, v . a.
Paraître. E x . Cela regarde mal, cet h o m m e regarde mal,
(Angl.)
Régencer, v . a. — Remettre q u e l q u ' u n à sa place.
Régenter, v . a. et n.
Faire l a leçon sévère. E x . Je m ' e n v a i s l e régenter, car il
est c o u p a b l e .
Regingler, v . a. — E n v o y e r a u l a r g e .
Reginguer, v. n.
Sauter. E x . Je v o u s l ' a i r e n v o y é reginguer en l'air.
Régistraïre, n. m.
Officier c h a r g é d'enregistrer les d o c u m e n t s officiels de la
L é g i s l a t u r e provinciale de Q u é b e c .
Régistrateur, n. m.
Officier qui est à la tête du bureau d ' e n r e g i s t r e m e n t des do-
c u m e n t s des cours de j u s t i c e .
Régitre, n. m . — Registre.
Règle, n . f.
F é r u l e . E x . J'ai m a n g é v i n g t c o u p s de règle pour avoir
badiné pendant la classe.
Règlement, n. m.
R è g l e m e n t , d'une manière r é g l é e .
Réglementaire, n. m .
C o l l é g i e n c h a r g é de sonner la cloche q u i annonce le lever
des é l è v e s , l'heure de l'étude, de l a classe, du coucher, etc.
Régler, v . a.
Aller régler, aller r é g l e r u n compte. E x . I l y a longtemps
que je traîne mon compte, il est bien juste q u e je vienne
régler.
Règne, n. m .
— Faire un bon règne, durer plus o u moins l o n g t e m p s . E x ,
U n h a b i t qui a fait un bon règne.
— Faire son règne, durer aussi l o n g t e m p s q u ' o n p e u t l'espé-
rer. E x . T u p e u x j e t e r ce chapeau, i l a fait son règne.
Régner, v . n.
— H a b i t e r . E x . I l y a d i x ans q u e j e règne dans cette
m a i s o n avec ma famille.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 561

— Administrer. E x . Voilà cinquante ans que M. de la


Pagerie règne au département des terres.
— Durer. E x . Mes habits de noce ont rêgnê au moins
vingt ans.
Régnier, v. a.— Renier.
R é g r a n d i r , v. a. — Agrandir.
R e g r e y e r , v. a. —• Habiller de nouveau.
R e g r e y e r (se), v. pron.—Se rhabiller.
Regriche=poil (à), loc. adv.
A rebrousse-poil. E x . Prendre quelqu'un à regriche-poil.
Regricher, v. a.
Relever sans ordre. E x . T u as les cheveux bien regrichés,
ce matin.
Regricher (se), v. pron.
Se crisper, se retirer. Autrefois, on disait regrigner.
R e g r i m p e r , v. a. — Grimper de nouveau.
R e g r i p p e r , v. n.
Contracter de nouveau la grippe. E x . Me voilà regrippê,
c'est ma deuxième grippe depuis les neiges.
Reinche, n. m.
Rumination. E x . L e bonhomme Chose a toujours son
reinche.
On trouve runge, dans le Perche, et runger, ringeret roinje
pour signifier ruminer.
R e i n e - M a r g u e r i t e , n. f. — Akène de la Chine.
Reinquier, n. m.
La partie du rein. E x . J'ai mal au reinquier, je crois que
c'est du rhumatisme.
Reintier, n. m. — Région rénale.
Rejetoir, n. m. — Piège à prendre les lièvres. V . Ripousse.
Relâcher, v. a.
Souffrir de diarrhée chronique. E x . Docteur, mes intestins
sont toujours relâchés.
Relais, n. m.
— Sans relais, sans relâche.
— De relais, de reste. E x . As-tu quelques sous de relais f
Relance, n. f.— Renvi, action de mettre au-dessus de l'enjeu.
36
562 JVE P A R L B R POPULAIRE

Relancer, v . a.
Renvier, mettre au-dessus de l ' e n j e u ( T . de j e u . )
Relargue, n. f. — L a r g u e .
Relarguer, v . a. — L a r g u e r .
Relentir, v . a. — Ralentir.
Relève, n. f.
— Jour à la relève, en se remplaçant, l a partie finie.
— Travailler à la relève, en se r e m p l a ç a n t par g r o u p e ou
p a r série.
Relever, v . a.
Remplacer. E x . C e l u i - l à , il v a certainement relever le père.
Relever un acte.
Se faire délivrer u n e copie a u t h e n t i q u e d ' u n acte de nais-
sance, d ' u n contrat de mariage, d ' u n testament.
Reliable, a d j .
Q u i peut être relié. E x . V o i c i un tas d e l i v r e s q u i ne sont
pas reliables.
Relingue, n. f.
R a l i n g u e , cordage c o u s u autour d e s b o r d s d ' u n e voile, d'un
filet, pour les renforcer.
Reliquas, n. m.
S u i t e s . E x . L e s reliquas d ' u n e fièvre, être m a l a d e des reli-
quas de la r o u g e o l e .
Reluiser, v . n.
Reluire. E x . L e s y e u x lui reluisèrenl quand il aperçut ce
tas d'argent.
Reluqueux, euse, n . m . et f.
I n d i v i d u qui regarde a v e c curiosité.
Remâcher, v . a . — R é p é t e r à s a t i é t é .
Remailler, v . n.
Refaire les mailles d a n s les parties u s é e s d ' u n tissu tricoté.
Remaître, v . a.
Cousin remaître germain, remué de germain.
Rembarrer, v . a. — M e t t r e sous clef.
Rembellir, v . a. — D e v e n i r plus b e a u .
Rembotter, v . a. — B o t t e r de n o u v e a u .
Rembotter (se), v . p r . — R e m e t t r e ses bottes.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 563

Rembreunir, v . a. — R e m b r u n i r .
* Remercier, v . a.
Remercier pour, remercier de. E x . Je v o u s remercie pour
v o t r e joli c a d e a u . (Aagl.)
Remettre, v . a.
V o m i r , restituer. E x . Donne-moi pas ce remède-là, car j e
v a i s le remettre, c ' e s t sûr et certain.
Remettre ( s e ) , v . p r o n .
Se remettre de quelqu'un, se remettre q u e l q u ' u n . E x . Je
me remets parfaitement de c e t homme ; toi, t'en remets-tu ?
Reminer, v . a. — R u m i n e r , songer.
Rempiècetage, n. m .
R a p i è c e t a g e , a c t i o n d e rapièceter.
Rempièceter, v . a.
Rapièceter, r a c c o m m o d e r en mettant de petites pièces.
Rempiéter, v . a. — Refaire l e pied d ' u n bas.
Rempirer, v . n.
A l l e r d e mal e n p i s . E x . N o t r e malade, docteur, rempire
toujours.
Rempironner, v . n .
R e m p i r e r . E x . D i e u , que ç a v a mal, ça rempironne tou-
jours.
Rempleumer, v . a. — R e m p l u m e r .
Rempleumer (se), v . pron.
Refaire sa s a n t é , rétablir ses affaires.
Rempleyer, v . a.
R e m p l o y e r , e m p l o y e r de nouveau, remplir.
Remployer, v. a. — R e m p l i e r , faire u n rempli.
Remuable, a d j . — Q u i peut être r e m u é .
Remué de germain (cousin).
C o u s i n issu d e c o u s i n g e r m a i n .
Renâflement, n . m .
A c t i o n de renâcler, renifler b r u y a m m e n t .
Renâf 1er, v. n. — R e n â c l e r .
Renard, n. m .
—- U n h o m m e q u i fait ses p â q u e s après le temps consacré
par l ' E g l i s e .
564 LE PARLER POPULAIRE

— Tirer au renard. Jeu enfantin, où d e u x enfants, affublés


d ' u n mouchoir noué autoiir du cou, tirent en sens inverse
pour faire valoir leur force.
— Faire le renard, faire l ' é c o l e buissonnière.
— Pâques de renard, pâques faites après le temps f i x é .
— Plumer un renard, grand d é r a n g e m e n t d'estomac à la
suite d ' u n e soùlade.
— Queue de renard. V . Queue.
Renâré, e, adj. — Rusé, fin comme le renard.
Rencercler, v. a. — Cercler de nouveau ( u n baril.)
Renchaussage, n. m.
Rechaussement, action de rechausser.
Renchausser, v. a.
Rechausser, remettre de l a terre au pied d ' u n arbre, d ' u n e
plante. E x . C'est u n e belle j o u r n é e pour renchausser les
patates.
Renclaircir, v . a. — Eclaircir de n o u v e a u .
Renclaircir (se), v . pron. — S'éclaircir.
Rengaillardir (se), v. pr.
Devenir plus g a i .
Renclore, v . a.
Enclore de nouveau. E x . Renclore u n jardin, u n c h a m p .
Renclos, n. m . — E n c l o s .
Renclouer, v . a. — C l o u e r de n o u v e a u .
Rencontre, n. f.
— P a y e m e n t . E x . F a i r e l a rencontre d ' u n billet, d ' u n e
dette échue. ( A n g l . ) .
— Réponse. E x . Faire l a rencontre d ' u n e objection. ( A n g l . )
— Mariage. E x . C e j e u n e homme a fait l a rencontre d ' u n e
jolie personne.
— Aller à la rencontre, à l'encontre.
— Faire la rencontre d'un déficit, le combler.
— Faire la rencontre d'une approbation, recevoir.
Rencontrer, v. a.
— Payer. E x . Rencontrer u n billet à s o n échéance. ( A n g l . )
•— Remplir, • E x . Rencontrer ses e n g a g e m e n t s . ( A n g l . )
— Obtenir. E x . Rencontrer l'approbation. (Angl.)
DES CANADIENS-FRANÇAIS 565

— S e conformer à. E x . Renco?itrer une disposition de la


loi. (Angl.)
— V e n i r au-devant. E x . Rencontrer les désirs. (Angl.)
— S e marier. E x . Cette j e u n e fille a mal rencontré.
Rendable, adj. — Q u i peut être rendu.
Rendoubler, v . a.
Mettre une n o u v e l l e doublure. E x . Rendoubler un capot
d'hiver.
Rendre, v. a. et n.
— Chanter. E x . E e chœur de l ' o r g u e a bien rendu la messe
de G o u n o d .
— Percer, o u v r i r . E x . Rendre un chemin.
— Suppurer. E x . Docteur, mon abcès est c r e v é enfin, je
v o u s dis q u ' i l a rendu.
Rendu. — A t t e n d u . E x . Rendu q u ' i l devra venir.
Renduit, n. m .
E n d u i t , c o u c h e de mortier, d e plâtre. Renduit se disait
jadis, et renduire est français.
Renfermé, e, a d j .
S i l e n c i e u x . E x . C'est un h o m m e renfermé, il ne parle
point.
Renfiler, v. a.
— Enfiler de n o u v e a u .
— Affiler, donner l e fil à un instrument tranchant.
Renfler, v . n.
Gonfler, é p r o u v e r de la peine. E x . A s - t u d u chagrin, tu
es tout renflé ?
Renforcir, v . a. — Renforcer, fortifier.
Renforcir (se), v . p r o n . — S e fortifier.
Renfort, n. m.
Contre-fort, m o r c e a u de cuir q u i donne plus de force à la
chaussure, au-dessus du talon.
Renfourner, v . a. — Remettre a u four.
Renfraîchir, v . a. — Rafraîchir.
Renfraidîr, v. n . — Refroidir.
Renfreidir (se), v . pron. — S e refroidir.
Renfroidir, v. a. — Refroidir.
566 LE PARLER POPULAIRE

Renfroidir (se), v . pron.


Se refroidir. E x . E e temps se renfroidit à v u e d ' œ i l , c'est
l'hiver.
Rengainer, v . a.
Arrêter. E x . Rengaine, m o n ami, t u as é t é trop loin.
Renhardîr, v . a.
D o n n e r de l'assurance, plus de hardiesse.
Renifler, v . a.
— S a i s i r a u passage. E x . O ù as-tu reniflé cette nouvelle-
là ?
— D e v i n e r . E x . Je v i e n s de renifler u n e bonne affaire.
Renifleux, euse, n. m. et f.
Renifleur, qui a l'habitude de renifler.
Renipper, v. a.
— S ' h a b i l l e r de neuf. E x . T e v o i l à t o u t renippé, as-tu
t r o u v é u n trésor ?
— P r é p a r e r avec soin. E x . J'ai renippê m a maison d u h a u t
en b a s .
— M e u b l e r . E x . Renipper u n salon, u n e chambre â cou-
cher.
Renjeunir, v . a . — R a j e u n i r .
Renlaidir (se), v . pron.
D e v e n i r de plus en plus laid.
Renlargir, v . a. — R é l a r g i r , élargir de n o u v e a u .
Renotage, n . m . — R e d i t e .
Renoter, v . n.
R é p é t a i l l e r , redire les mêmes choses. E x . Cesse donc de
renoter, t u m'ennuies. Renoter se disait, autrefois, pour
chanter en refrain.
Renoteux, euse, n. m. et f.
Q u i renote sans cesse. E x . C'est u n v i e u x renoteux, il
c h a n t e toujours la m ê m e chanson.
Renouveau, n. m .
Le renouveau de la lune, l a nouvelle l u n e .
Rensemblement, n. m. — A s s e m b l e m e n t .
Rensemblage, n. m. — A s s e m b l a g e .
Rensembler, v. a . — Ensembler.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 567

Renterrer, v . a. — C o u v r i r de terre.
Rentourer, v . a. — E n t o u r e r .
Rentourner (se), v . pron. — S ' e n retourner.
Rentrait, n. m.
Retrait, pièce de b o i s qui ne touche au bord de l ' e a u que par
l'une de ses e x t r é m i t é s .
Rentrer, v. a.
Entrer. E x . Rentres-tu ? on ne l ' a pas v u depuis s i x mois.
Renvaler, v . a. — A v a l e r .
Renverdir, v . n. — R e v e r d i r .
Renvers, n. m . — E n v e r s .
Renverser, v . a. — Casser. E x . Renverser un j u g e m e n t .
Renvoi, n. m.
Pente. E x . U n c h e m i n plein de renvois.
Renvoi d'eau, n. m . — Larmier.
Renvoyer, v . a.
V o m i r . E x . C e t enfant renvoie t o u s ses aliments.
Réparage, n. m. — Réparation, raccommodage.
Réparer, v . a.
— Rapiécer. E x . Réparer un habit.
— Orner. E x . L a n o u v e l l e maison du maire répare tout le
village.
Réparer (se), v . pron.
S'éclaircir. E x . V o i l à l e temps q u i se répare.
Repasser, v . a.
Donner d u lustre. E x . A s - t u fait repasser ta peau de vache ?
Repatrier, v . a. — Rapatrier.
Repenti, n. m . — R e p e n t i r .
Repentu, part. pass. — Repenti.
Répétable, adj.
Qui peut être r é p é t é . E x . Ces histoires ne sont pas répé-
tables.
Replaider, v . a. — Plaider de n o u v e a u .
Repimper (se), v . p r o n . — S e parer avec plus de soin.
Repleiimer (se), v. pron. — Se remplumer.
Réplique, n. f.
Un homme sans réplique, qui a toutes les qualités désirables.
568 LE PARLER POPULAIRE

Replomber, v . a.
Plomber de n o u v e a u . E x . Replomber u n e dent.
Réponant, part. prés.
R é p o n d a n t . E x . Je suis réponant p o u r un tel q u i est à la
g ê n e dans le moment.
Répondre, v . n.
— Donner sa parole. E x . Je paierai m o n c o m p t e demain,
je v o u s en réponds.
— Offrir sa marchandise à un c h a l a n d . E x . C o m m i s , ré-
ponds donc à M a d a m e .
Réponé, part. pas.
R é p o n d u . E x . M a d a m e , v o u s a-t-on réponé? H é ! le com-
mis, là-bas, réponez à M a d a m e .
Réponses, n. f. pl.
Répons. E x . T u v a s servir la messe, mon enfant, sais-tu
tes réponses ?
Reposade, n. f.
S e d i t des c h e v a u x q u i montent u n e côte, en traînant un
lourd fardeau, et sont obligés d e s e reposer. (Taché,
For. et Voy.)
Repose, n. f. — Repos.
Reposer, v . a.
Poser de nouveau. E x . Je retourne c h e z B e a u d r y pour
faire reposer mon portrait.
Répousse, n. f . — B o u r r a s q u e .
Repoussis, n. m. pl.
Ecrues, bois récemment poussés d a n s des terres labourables.
Repoussoir, n. m. — T i g e q u i repousse s u r un arbre abattu.
Repousson, n. m . - — P o u s s e .
Reprenable, adj.
— Q u i p e u t être repris.
— Répréhensible,. b l â m a b l e .
Reprendre, v . a.
Reprendre du poil de la bête, retourner à ses habitudes.
Reprendre (se), v. p r o n .
Prendre sa revanche. E x . T u t ' e s fait battre, mon gail-
lard ; e h bien ! tu te reprendras p l u s tard.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 569

Reprêter, v . a. — P r ê t e r de n o u v e a u .
* Reprint, (m. a.) — Réimpression.
Reprisable, adj.
Q u i p e u t être r e p r i s é . E x . U n e étoffe qui n'est pas en-
sable, un b a s reprisable.
Reprocher, v. a.
S e dit de certains aliments qui causent des renvois. E x .
L ' o i g n o n m e reproche souvent. Je ne m a n g e pas d'ali-
m e n t s a p p r ê t é s à l ' a i l , parce que ça me reproche à chaque
fois.
République, n. f.
Vivre en rêpubliqïie, se dit des familles dont les membres
semblent v i v r e indépendants les uns des autres, vont et
v i e n n e n t , n e se réunissent q u ' à l'heure des repas, et se
parlent le m o i n s possible.
Requemandation, n. f. — Recommandation.
Requemander, v . a. — Recommander.
Requemencer, v . a. — Recommencer.
Requien=ben, l o c .
F e r m e t é , sang-froid. E x . J'ai pas mal de requien-ben, sans
cela, j e me s e r a i s f â c h é dur comme fer.
Requiendre, v . a. — Retenir.
Requinquer (se), v . pron.
R e v e n i r à la s a n t é , rétablir sa fortune.
Requis, a d j .
Chose de requise, r e c h e r c h é e .
Réquisition, n. f.
R e q u ê t e , d e m a n d e . E x . Je désire avoir une place à l a
C h a m b r e , ce serait m i e u x d ' a v o i r une réquisition.
Requitter, v . a. — Q u i t t e r de n o u v e a u .
Resaler, v . a . — S a l e r d e n o u v e a u .
Réserve, loc.
A l a r é s e r v e . E x . M o n chien, réserve le baptême, a beau-
coup d'intelligence.
Réserve, n . f.
E t e n d u e de t e r r e r é s e r v é e a u x sauvages. E x . L a réserve
des H u r o n s à l a Jeune-Lorette.
57° LE PARLER POPULAIRE

Réservé, part.
Billet de siège réservé, billet de location.
Résidence, n. f.
Domicile. E x . M-a résidence est au n u m é r o 29, rue C o u i l l a r d ,
à Québec.
* Résident, e, n . f. — Q u i habite, réside, résidant. (Angl. )
Résolu, e, a d j .
Gros et g r a s . E x . C e t enfant est résolu, il doit avoir bonne
santé.
Resonger, v . n. — S o n g e r de n o u v e a u .
Résolution, n. f.
Projet de loi soumis à la C h a m b r e . E x . L,a C h a m b r e a
déjà v o t é c i n q ou s i x résolutions.
Resortir, v . n. — Sortir de nouveau.
Resoudure, 11. f . — S o u d u r e .
Résous, part. p a s .
Décidé. E x . Je suis bien résous, cette fois, j ' i r a i j u s q u ' a u
bout.
Respec (sous vot'). — S a u f le respect q u e j e v o u s dois.
Respir, n. m.
Respiration. E x . Arrêtons-nous ici, cette course m e coupe
le respir. Marot a e m p l o y é respir pour signifier souffle.
Respirer, v. a.
Attendre, différer. E x . Pourquoi e x i g e r q u e je te paie tout
de suite? donne-moi toujours le t e m p s de respirer.
Responsabilité, n. f . — S o l v a b i l i t é .
Responsable, a d j . — S o l v a b l e .
Resse, n. f. — Reste.
Ressorer, v . a. — Essorer.
Ressort, n. m .
— Maléfice. E x . Jeter u n ressort.
— Casser le grand ressort, se d é c o u r a g e r .
Ressource, n. f. — Source.
Ressoudre, v . n .
— Se tirer d'embarras. E x . C e m a r c h a n d a u n e grosse
machine s u r les bras, mais i l en ressoudra.
— Rebondir. E x . T a pelotte ressoui-éllz bien ?
DES CANADIENS-FRANÇAIS 571

— A r r i v e r . E x . Q u a n d j e te le dis q u ' i l v a ressoudre


tantôt.
Restant, n. m.
— Le restant des êcus, le dernier attendu. E x . V o i c i le
restant des êcus.
— Cest bien le restant, il ne manquait plus que cela.
Reste, n. m .
— A disposer. E x . A s - t u de l ' a r g e n t de reste ?
— A toute reste, à tout p r i x . E x . Je v e u x mon argent à
toute reste.
— A l'origine, reste était féminin, d'où l a locution féminine.
Reste à savoir.
Locution qui sert à e x p r i m e r un doute sur le s u c c è s d'une
entreprise. E x . Réussira-t-il ou ne réussira-t-il p a s ?
reste à savoir.
Rester, v . n .
— Demeurer. E x . Je reste à Q u é b e c depuis quarante-deux
ans.
— T r è s f a t i g u é . E x . Mon cheval est resté, il a fait une
grosse journée.
— Rester bête, d e v e n i r abasourdi, é p a t é .
— Rester d'en par là, rester là.
Restituer, v . a. — D é g o b i l l e r , vomir.
* Résumer, v . a.
Reprendre, continuer. E x . L e d é p u t é de L a v a l a su résu-
mer le débat. (Angl.)
Résypèle, n. m. — E r é s y p è l e .
Résypère, n. m . — E r é s y p è l e . E x . A v o i r un rêsypere blanc.
Retaper, v . a.
— T r o m p e r , abuser, embêter.
— Se faire retaper, se faire rouler dans une transaction.
Retaper (se), v . pron. — S ' h a b i l l e r m i e u x q u ' à l'ordinaire.
Retatiné, a d j . — R a t a t i n é .
Retéléphoner, v. n.
T é l é p h o n e r de n o u v e a u . E x . T u me retêléphoneras tantôt.
Retenable, adj.
— Q u i retient, en parlant de la mémoire.
'572 LE PARLER POPULAIRE

— Q u ' o n peut arrêter, retenir.


Reteurdre, v . a.
Retordre. E x . C e t enfant nous donne pas mal de fil à
reteurdre.
Reteurs, a d j . — R e t o r s . E x . D u fil reteurs.
Réticent, a d j . — Circonspect, prudent.
Retiendre, v . a . — R e t e n i r .
Retint, part. pass. — R e t e n u . E x . Je l ' a i retint à souper.
Retintoin, n. m.
— U n reste, un peu. E x . U n retintoin de fièvre.
— T i n t o i n , embarras, inquiétude. E x . V o i l à une affaire
qui m ' a donné b e a u c o u p de retititouin.
Retirance, n. f. — D e m e u r e , logis.
Retirer, v . a.
-Retirer le pain de la bouclie, empêcher de v i v r e .
Retirer (se), v . pron.
— L o g e r . E x . Je m e retire à l ' h ô t e l N e p t u n e .
— Etre pâle, avoir l'air malade. E x . T u es tout retiré, es-
tu malade ?
Retombée, n. f. — C ô t e .
Retontir, v . n.
— R e t e n t i r . E x . L e bruit du canon m ' a retonti dans les
oreilles.
— Rebondir. E x . M a pelote retontit m i e u x que la tienne.
Retour, n. m.
Rapport. E x . Connais-tu le retour des poils ?
* Retournable, adj. ( A n g l . )
Rapportable. E x . L e s w r i t s sont retournantes dans un mois
j o u r p o u r jour.
Retourner, v . n.
— R e n v o y e r . E x . T u m e retourneras m o n canif quand tu
en auras fini. ( A n g l . )
— Retourner son capot, c h a n g e r d ' o p i n i o n une seconde fois.
Retourner (s'en), v . pron.
Vieillir. E x . Me v o i l à rendu à s o i x a n t e ans, j e comprends
que je m ' e n retourne.
* Retracer, v . a. — R e m o n t e r à l'origine, à la source. (Angl.)
DES CANADIENS-FRANÇAIS 573,

Retravailler, v. a . ' — R e c o m m e n c e r l ' o u v r a g e .


Rétréci, n. m .
Endroit où le terrain se rétrécit, comme entre d e u x lacs.
Rets, n. m .
Rets. E x . T e n d r e des rets pour prendre du poisson.
Retumber, v. n. — R e t o m b e r .
Réussi, n. m . et adj.
— S u c c è s . E x , B o n j o u r , Monsieur, bien du réussi!
— E x é c u t é avec art. E x . U n tableau bien réussi. 1/Aca-
démie a toujours condamné cette expression.
Reuminer, v. a. — R u m i n e r , examiner.
Revange, n. f . — R e v a n c h e .
Revaucher, v . n.
Se croiser. E x . E e s lunes revauchent dans ce mois-ci.
Revanger, v. a. — R e v a n c h e r .
Revanger ( s e ) , v. p r o n .
— S e revancher, r e n d r e la pareille.
— S e dit d ' u n e personne qui porte une toilette tellement bi-
zarre, e x t r a v a g a n t e q u ' o n recule stupéfié. S e dit aussi,
d'une partie de c e t t e toilette. E x . U n e femme, un cha-
peau qui se revange sur le monde.
Réveille-matin, n. m .
Variété d'euphorbe dont l e suc, frotté s u r l'épiderme, provo-
que une inflammation assez sérieuse.
Reveillé, e, a d j . — E v e i l l é , espiègle.
Réveillonner, v. n.
Faire le réveillon a u r e t o u r de la messe de minuit.
Revelà, adv. — R e v o i l à . E x . T i e n s , te revelà !
Revenez-y.
— L i e u de reprise. E x . Pense bien à ton affaire, car une
fois faite, il n ' y a u r a p l u s de revenez-y.
— R e t o u r au m ê m e sentiment. E x . Un.revenez-y d'amour
ou d ' a m i t i é .
— E n v i e de se délecter de nouveau. E x . V o i l à un mets ,
qui a un petit g o û t de revenez-y.
Revenge, n. f. — R e v a n c h e .
Revenger, v. a. — V . R e v a n g e r .
574 LE PARLER POPULAIRE

Revenger, (se), v. pron. — V . Se r e v a n g e r .


Revenir, v. n.
Reviens-y! Reviens-y-voir! ne r e c o m m e n c e pas, ou je te
flanque une mornifle.
Revenir de sans.
Retourner sans avoir réussi â avoir ce q u ' o n attendait. Ex.
Je suis allé à la gare chercher u n e boîte de marchandises,
et j e suis revenu de sans.
Révéras, as, a, futur de réveiller, v . a.
Réveillerai, as, a. E x . T u me rêveras à cinq heures.
Révérend, n. m. et f.
Monsieur l'abbé. E x . I,e révérend Monsieur Tranchemon-
tagne vient d'être nommé curé d e l a paroisse de Saint-
Gérard de Majella.
Revire, n. f.
— Retourne. ( T . de j e u . ) E x . J'ai u n brelan de revire.
— Parler à la revire, tenir la main. ( T . de j e u . )
Revirer, v . n.
— C h a n g e r de religion. I l s sont c i n q dans la paroisse de
Saint-Cloud qui ont reviré.
— Malmener en paroles. E x . Je te l ' a i reviré en trois temps
et quatre mouvements.
— Retourner. E x . Revire ta carte.
— Changer de parti politique. L,a paroisse de Saint-Paul
est toute revirée.
Revirer (se), v . pron.
Se retourner. E x . Revire-toi, pour v o i r si ton habit te fait
bien dans le dos.
Reviron, n. m . — D é t o u r .
Revise, n. f.
— Seconde épreuve, troisième é p r e u v e . ( A n g l . )
— Revision. E x . N o u s allons c o m m e n c e r aujourd'hui la
revise de nos livres.
Revoir (à), l o c . — A u revoir, au plaisir de se revoir.
Revoler, v. n.
Iyancer avec force, faire voler. E x . Je te l'ai fait révoler à
d i x pieds de moi.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 575
En Normandie avoler signifie la même chose.
Révolution, n. f.
Révolution de bile, dérangement du foie causé par un excès
de bile.
Revoyure (à la), loc.
Au revoir. E x . Bonsoir, les amis, à la revoyure !
Revue, n. f.
Revoir. Ex. Nous allons nous dire bonsoir ; donc, à la
revue ! Nous sommes des gens de revue.
Réxaminer, v. a. — Examiner de nouveau.
Rhumatisse, n. m.
Rhumatisme. E x . Ce pauvre diable est tout couvert de
rhumatisses.
Ribote, n. f.
Excès de table et de boisson. Ex. Un individu qui sort
d'une ribote.
Riboter, v. n. — Faire ribote.
Riboteux, n. m.
Riboteur, qui aime à riboter, à faire la noce.
Rîcanage, H. m.
Ricanement. E x . Hé ! là-bas, les petits dissipés, cessez
donc vos ricanages.
Ricaneux, euse, adj. — Ricaneur.
Ric«à=rac, loc.
Peu à peu. E x . Il paie ses dettes ric-à-rac.
Larousse dit ric-à-rac ou ric-à-ric, avec une exactitude
rigoureuse. E x . Payer ric-à-ric.
Riche, adj.
Extraordinaire. E x . As-tu appris la nouvelle ? c'est riche,
n'est-ce pas.
Richement, adv.—Beaucoup. Ex. Paul est richement pauvre.
Rideau, n. m.—Rideau en net, rideau à filet, de dentelle.
Ridicule, n. m. — Réticule, sac à mains de dames.
Rien, n. et pron.
— Rien que, â l'instant. Ex. Il fait rien que d'arriver.
— Rien que, seulement. Ex. Il y a rien que lui qui soit
capable d'arriver juste.
576 LE PARLER POPULAIRE

— C'est pas rien, v o u s m ' e n direz t a n t , c ' e s t donc s é r i e u x .


— En un rien de temps, d a n s le temps de l e dire.
— Pour un rien, si j e ne m e retenais p a s .
— Donner un petit rien tout neu entre deux plais, ne rien
donner.
— U?t rien qtd vaille, un v a u r i e n .
Riflard, n . m .
G r a n d p a r a p l u i e . R i f l a r d est le n o m d u héros d e l a p i è c e
de P i c a r d , intitulée Petite Ville, r e p r é s e n t é e à P a r i s p o u r
la p r e m i è r e fois, le 1 8 m a i 1 8 0 1 . F r a n ç o i s R i f l a r d , le
h é r o s , s ' a v i s a , p o u r c h a r g e r son rôle, d e p a r a î t r e a r m é
d ' u n é n o r m e et r i d i c u l e p a r a p l u i e . D e là le nom de
riflard.
Rifle, n. m .
E r u p t i o n c u t a n é e , qui se produit a u p r e m i e r â g e d e s enfants.
E x . J ' a i u n enfant q u i a le rifle d e s e p t ans, n o u s allons
a v o i r d u trouble a v e c .
Rifler, v . a.
— E n l e v e r prestement, v o l e r .
— Effleurer.
Riflure, n. i. — E r a f l u r e , l é g è r e é c o r c h u r e .
* Rigging, riguine, (m. a . )
G r é e m e n t , attifement. E x . Une d r ô l e d e rigging.
* Right, raïte, ( m . a.)
— AU right, c'est bien ! e n route ! allez !
Rigoler, v . n. — S e d i v e r t i r , s ' a m u s e r .
Rigolet, n . m .
— T o u t petit ruisseau. E n France, c'est un grand verre.
On t r o u v e rigolet p o u r signifier p e t i t r u i s s e a u , d a n s l e
patois normand.
— P e t i t e t r a n c h é e p o u r i r r i g u e r les p r a i r i e s .
Rigollot, n. m .
Papier-Rigollot, synapisme.
Rigouaiche, n . f.
P r e m i è r e s v o i e s d i g e s t i v e s , J d e p u i s l a b o u c h e j u s q u ' à l'esto-
mac. E x . J e me suis b r û l é la rigouaiche en b u v a n t du
café t r o p c h a u d .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
577
Rimette, n. f.
Rime faite par amusement et sans souci des règles ; de la
prose où les vers se sont mis.
Rimetteux, euse, adj. — Faiseur de rimettes.
Rin de vent, n. m.
— Rumb de vent.
— Direction. E x . Puisque rien ne vient de ce côté, je vais
prendre un autre rin de vent.
Dans le vieux français, rin se disait pour rumb, quartier
en général.
Rince, n. f.
Rincée. Ex. Si tu ne te tiens pas tranquille, tu vas man-
ger une rince.
Rincer, v. a.
Battre, frapper. On écrivait autrefois rainser pour dire
donner une volée de coups de bâtons. Vient de rain
(ramus) un bâton.
Rincer (se), v. pron. — Se rincer la luette, boire.
Rinsarde, n. f.—Rincée. (De Gaspé, Mémoires.)
Rinviter, v. a.—Réinviter.
Rion, n. m. —- Rayon.
Rip et de rap (de), loc.
De peine et de misère. Ex. Gagner son pain de rip et de
rap.
Ripe, n. f. — Planure, copeau, raboture.
Riper, v. a.
Gagner. Ex. J'ai réussi à lui riper tous ses marbres. (T.
de jeu.)
Ripousse, n. f.
— Eclair. E x . Il est parti comme une ripousse, c'est-à-dire
comme une chose qui apparaît et disparaît tout aussitôt.
— Rejetoir, piège à prendre les lièvres.
Rire, v. n.
— Rire dans sa barbe, sous cape.
— Rire jaune, se forcer à rire.
— Rire au nez du monde, se moquer ouvertement.
— Histoire de rire, pour rire.
37
578 LE PARLER POPULAIRE

— Pour rire, pour badiner.


— Rire à belles dents, à g o r g e d é p l o y é e .
Rirerîons, condit. de r i r e . — R i r i o n s .
Risée, n. f.
Course. E x . Mon c h e v a l est bon pour prendre des risées.
Risette, n. f.
Rire d'enfant. Ex. F a i s u n e petite risette, mon cher.
Risquer, v . a.
Risquer u?i œil, s'avancer prudemment dans une affaire.
Risqueux, adj. — Qui risque facilement.
Rivage, n. m.
Traces d'aliments ou de liquides autour des lèvres.
R'mette germain,
Issu de germain. E x . U n cousin r'mette germain.
R'nouvlement, n. m. — R e n o u v e l l e m e n t .
R'nouvler, v . a.
Renouveler. E x . Je r' nouvle m a demande.
* Road, rôde, ( m . a.) — C h e m i n .
Robe, n. f.
Une robe de carriole, c o u v e r t u r e de v o y a g e e n fourrure.
Robinet, n. m .
Mettre le robinet, ajouter à la mesure d ' u n liquide, afin de
donner la juste mesure. E x . L a i t i e r , donnez-moi une
pinte de lait, et mettez-y u n bon robinet.
Roche, n. f.
Pierre, caillou. Ex. A l l o n s , les enfants, cessez de v o u s tirer
des roches.
Rôdeux, euse, n. m. et f.
— D u r à cuire. E x . C ' e s t un rôdeux d ' i n d i v i d u , il n'est
pas commode à mener.
— Grand. E x . J'ai e u une rôdeuse d e peur, hier la nuit.
Rôdeusement, a d v . — B e a u c o u p .
Roger-Bontemps,
Bon compagnon, gaillard et un peu i n s o u c i a n t . Pasquier dit
que R . B . dénote l ' h o m m e de b o n n e chère, se dit aussi
par abus au lieu de rouge bon temps. (%. de S. P . )
Rognable, adj. — Q u ' o n p e u t retrancher.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 579

Rogne, n. f.
— Canaille, vaurien, trompeur.
— Une rogne à patente, u n voyou.
Rognon, n. m .
Rein. E x . Docteur, je crois que j ' a i une maladie de rognons.
Rognon de castor, n. m .
Matière onctueuse et odorante contenue dans de grosses
vésicules que les castors ont près de l'anus. Antispasmo-
dique de peu de valeur.
Rognon=de=coq, n. m . — Streptope rose.
Rognon de peau, n. m . — Oreillon d e peau, rognure de peau.
Rognonner, v. n. — M u r m u r e r entre les dents.
Rois (les), n. m. pl.
Le jour des Rois. E x . Nous irons nous promener a u x
Rois.
Rôlle, n . m.
— Un rôlle de tabac, tabac roulé en carotte.
— G â t e a u a u beurre, sans sucre.
* Rolly-polly, rôlê-pôlé, (m. a . ) — G â t e a u roulé, railroad.
Romaine, n. f . — B a l a n c e à ressort, dynamomètre.
Roman, n. m .
Mystère. E x . Il y a u n roman e n t r e e u x , vous savez cela ?
Romanesque, adj.
Romantique. E x . U n point de v u e romanesque.
Ronce, n. f. — Mûre s a u v a g e .
Rond, e, a d j .
— S u r le chemin de l'ivresse.. E x . Celui-là me paraît rond.
— Aquilin. E x . U n nez rond.
Rond de course, n. m . — Hippodrome.
Ronde, n. f.
Rouelle. E x . Dites a u boucher de prendre mon steak dans
la ronde.
Rond à patiner, n. m.
Patinoir. Autrefois, ce q u e nous appelons aujourd'hui pati-
noir, avait une forme arrondie.
Rond de chien ( e n ) .
— E n rond, comme le chien. E x . Secoucher en rond dechien.
5 8o LE PARLER POPULAIRE

— E n forme parfaitement arrondie. E x . Un p l a t fait en


rond de chien.
Rondet, te, adj.
Rondelet. E x . A v o i r u n e mine rondette, une personne
rondelle.
Rondiner, v . a.
Battre a v e c u n rondin, ou u n bâton q u e l c o n q u e .
Rondir, v . a . — S ' a r r o n d i r .
* Rondouce, n. f. ( A n g l . )
Dunette, partie d ' u n n a v i r e située à l ' a r r i è r e , sur l e pont,
et p l u s é l e v é e que le reste d u pont.
Ronge, n . m .
Mémoire. E x . C e v i e u x - l à a perdu son ronge, c'est-à-dire
il n ' e s t p l u s capable de ruminer, d e s o n g e r à son affaire.
Ronger, v . a.
— A c c a b l e r . E x . E t r e rongé par les d e t t e s .
— S o n g e r , faire un g r a n d effort de m é m o i r e .
* Ronne, n. f. et m. ( A n g l . )
— C o u r s e . E x . I l m ' a fallu faire u n e b o n n e ronne pour me
rendre jusque-là.
— V e n t e à réduction d ' u n e marchandise pendant u n e période
déterminée. E x . F a i r e u n ronne d a n s les cotons, dans
les tweeds, dans les tapis.
* Ronner, v . n. ( A n g l . )
Courir. E x . Charretier, ronne un p e u p l u s v i t e .
* Ronneur, n . m. ( A n g l . )
Coureur, messager, courrier. E x . M o u c h e v a l est un bon
ronneur. I,e ronneur d u F r o n t e n a c .
Rosarié, e, a d j .
Chapelet rosarié, c h a p e l e t auquel sont a t t a c h é e s des indul-
gences spéciales à la d é v o t i o n d u rosaire.
Rose sauvage, n. f. — R o s e a g r é a b l e .
Rose simple, n. f. — R o s e brillante.
Rose de tous les mois, n . f. — Rosier des d a m e s .
Rosée, n. f.
— Une rosée de mal. E x . Je n ' a i p a s e u u n e rosée de mal,
pas l e m o i n d r e mal.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 581

— Tendre comme la rosée, léger, très tendre. E x . C e gâteau


est tendre comme la rosée.
Rosine, n. f. — R é s i n e .
Rossignol, n. m. — P i n s o n c h a n t e u r .
Rossignol des champs, n. m . — P i n s o n des guérets.
Rossignot, n. m . — R o s s i g n o l . Rossignot se disait autrefois.
Rote, n. m .
Rot. G a z qui s ' é c h a p p e de l'estomac avec bruit, éructation.
U n b o n c u r é s ' é t a i t permis d ' e n v o y e r un rote en présence
de son g r a n d - v i c a i r e . — « M . l e curé, dit celui-ci en sou-
riant, feriez-vous, p a r hasard, partie de la C o n g r é g a t i o n
des R o t e s . »
Roter, v . n. — F a i r e u n rot.
Roteux, euse, n. m . e t f.
Qui rote p a r h a b i t u d e c o m m e par nécessité.
Rôter, v . a. — R e p r e n d r e ce que l ' o n a donné.
Rôtir, v . a.
— G e l e r . E x . L a g e l é e a rôti notre blé, la nuit dernière.
— A v o i r t r è s c h a u d . E x . Diable ! q u ' i l fait chaud ici, on
rôtit, quoi !
Rouape, n . f. — R â b l e , instrument en fer, pelle.
Rouche, n. f. — F o i n d e g r è v e .
Roue, n . f.
Avoir le collet en roue, se dit d ' u n c h e v a l qui se redresse le
c o u , d ' u n i n d i v i d u q u i se monte.
Roue d'erre, n . f . — V o l a n t , régulateur.
Roue de fortune, n. f. — R o u l e t t e .
Rouelle, n. f. — P e t i t e r o u e de charrue.
Rouette, n. m . — R o u e t .
Rouge, n. et a d j .
Parti politique, a d v e r s a i r e d u parti b l e u .
Rouget, n. m .
— U n jeune rouge, libéral.
— Quatre-temps.
— Bai.
* Rough, roffe, (m. a . )
-—Rustre. E x . C ' e s t u n individu q u i est rough.
582 LE PARLER POPULAIRE

— M a u v a i s . E x . L e temps est rougk.


Rougir, v . n. — Devenir rouge, se libéraliser peu à p e u .
Rouille, n. m .
Rouille, n. f. E x . Il y a du rouille sur ton l i n g e .
Roulant, u. m .
Matériel de ferme. E x . J'ai acheté la terre de Jean Bart,
avec son roulant.
Roule-billots.
Passer par le moulin de roule-billots, se faire déniaiser.
Rouleau, n. m . — E t r e au bout de son rouleau, être d é c a v é .
Rouler, v . a.
— M a r c h e r vite. E x . M o n cheval roule grand train.
— V i v r e grand train, mener j o y e u s e v i e . E x . D e p u i s que
Pierre a hérité, il roule gros.
— Rouler ensemble, aller de compagnie.
— Rouler sa bosse, c h a n g e r de place e t de lieu.
— Rouler avec les gros, aller en c o m p a g n i e de g e n s riches.
— Se faire rouler, se faire embêter.
Rouler (se), v . pron.
Se tordre de rire. E x . A u théâtre, hier, on a j o u é une co-
m é d i e très drôle, on s'est roûlê tout le temps.
Roulette, n. f. — Rondelle.
Roulière, n. f. — C h e m i n de voiture.
Roulif, n. m . — B o i s r o u l é .
Roulis, n. m. — Petit hareng.
* Round-house, raound-haouse, (m. a . )
Dunette. V . R o n d o u c e .
* Round robin. (m. a.)
Pétition en rond, couverte de signatures en rond.
Roupie, n. f. — Roupie de coq d'Inde, caroncule.
Roupiller, v . n.
Sommeiller. Dans le Perche, roupiller v e u t dire pleurer,
répéter sans cesse la même chose.
Rousée, n. f. — R o s é e .
Rousine, n. f. — R é s i n e .
Rousselé, e, adj. — M a r q u é de taches de rousseur.
Rousseler, v . a. — Roussir, devenir r o u x .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 583

Rousselure, n. f . — R o u s s e u r .
Roussi. — V . F e u des R o u s s i .
Roustaud, n. m . — R u s t a u d .
Rouster, v. — M a l m e n e r .
Route, n . f. — Cheval de route, de v o y a g e .
Router, v . n . — A l l e r son train.
Routeur, n. m. — C h e v a l de route.
Routi, n. m. — R.ôti.
Routir, v . a. — R ô t i r .
* Rover, rôveur, (m. a.)
Corsaire, au j e u de croquet. L e joueur qui a fini le pre-
mier, emploie ses c o u p s à aider son partenaire, en roquant
ou croquant ses adversaires, de façon à les retarder. C'est
ce qui s'appelle être corsaire ou rover.
Royalement, a d v .
T r è s , b e a u c o u p . E x . C e t être-là est royalement bête.
R'source, n. f. — S o u r c e , ressource. E x . De l'eau de r'source.
R'ssouvint, par. pass.
R e s s o u v e n u . E x . Je m'en suis r'souvint.
R'suer, v . a.
S u e r . E x . D u r a n t les chaleurs, j e ne cesse pas de r'suer.
R'suinter, v . n. — S u i n t e r .
R'sumeler, v . a . — S e m e l e r de n o u v e a u .
R'tige, n. f. — T i g e s . E x . Couper les r*tiges d ' u n e plaate.
R'tiger, v . n. — P o u s s e r des t i g e s .
Rubandelle, n. f.
Petite bande d ' u n tissu quelconque, de papier, sôus forme
de ruban. E x . Tailler des rubandelles de papier avec des
ciseaux.
Rude, a d j . — - F o r t , v i g o u r e u x . E x . C'est un rude individu.
Rudement, a d v .
T r è s . E x . C e t t e soupe a u x huîtres est rudement bonne.
Ruelle, n. f . — R o u e l l e .
Ruer, v . a.
— R e g i m b e r . E x . I l v a ruer, c'est sûr, si tu lui demandes
ce service.
— Ruer dans les timons, regimber.
LB PARLER POPULAIRE
584

Ruer (se), v. pron.


S'envoyer. E x . Ces gamins s'amusent à se ruer des mottes
de neige.
Ruette, n. f. — Ruelle. Se disait jadis.
* Rug, rog, (m. a.)
— Tapis.
— Paillasson.
— Moquette.
— Descente de lit.
— Tapis de foyer.
— Carpette.
Ruine-babines, n. m. — Petit instrument à bouche.
* Ruler, rou-leur, (m. a.)
Règle, instrument pour régler le papier.
Rumeur, n. f.
Etre rumeur, le bruit court. E x . Il est rumeur que nous
allons avoir la guerre.
* Rumpsteak, (m. a.) — Ronde de bœuf.
* Run, ronne, (m. a . — V . Ronne.
* Runner, (m. a . ) — V . Ronneur.
Rupture, n. f. — Hernie.
* Rupturer, v. a.—Rompre, fracturer. (Aagl.)
Russeau, n. m. — Ruisseau.
* Russet, reussette, (m. a.) — Pomme reinette grise.
Russi, adj. part.
Réussi. E x . Je vous souhaite bien du russi.
Rustique, n. et adj. — Difficile à vivre.
* Rye, raie, (m. a.)—Whiskey fait avec du seigle.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 585

Sable, n. m .
— L'homme au sable va passer, l'heure du sommeil arrive.
— Avoir du sable dans les yeux, s'endormir.
Sablier, n. m . — S a b l i è r e , ferme.
Sabot de la Vierge, n . m . — C y r i p è d e acaule.
Sabotage, n. m.
C a h o t a g e , oscillation produite par le mouvement d ' u n e voi-
ture mal suspendue.
Saboter, v . a.
Cahoter, se faire secouer dans une voiture mal suspendue,
ou d a n s des c h e m i n s raboteux.
Saboteux, euse, a d j .
C a h o t e u x . E x . I,es chemins d ' a u t o m n e sont très saboteux,
surtout après les gelées.
Sabrer, v . a. — B a t t r e .
Sac, n. m .
— E s t o m a c . E x . J'ai un bon dîner dans le sac.
— M u s e t t e , sac q u ' o n suspend à la tête du cheval pour lui
servir d e m a n g e o i r e .
— Avoir le sac plein, être ivre.
— Vider son sac, dire tout ce que l'on sait.
— Voir le fond du sac, v o i r ce qui en retourne.
— L'affaire est dans le sac, conclue.
— Avoir dans son sac, posséder.
— N'avoir rien dans le sac, être â jeun.
— En avoir plein son sac de quelqu'un, être d é g o û t é .
Sac à feu, n . m . — S a c contenant tabac, pipe, batte-feu.
586 LE PARLEE POPULAIRE

Sac à flaubage, n. m.
Sac à tout mettre. E x . O ù vas-tu, ce matin, avec ton sac à
flaubage f
Sac à papier ! — Juron familier.
Sac à punaises, n. m. — V . Punaise.
Sac à tabac, n. m. — B l a g u e .
Sac à vin, n. m. — I v r o g n e .
Saccacoumi, n. m.
Raisin d'ours, uva ursi, plante que fumaient autrefois nos
sauvages, faute de tabac. O n entend s o u v e n t dire sacca-
comi.
Saccage, n. m.
Grande quantité. E x . Y a-t-il encore b e a u c o u p de pom-
mes dans le verger ? — O u i , un saccage, il y en a pour les
fous et les sages.
* Sackcoat, côte, (m. a.) — Paletot s a c .
Sacrable, adj.
Détestable. E x . U n sacrable d'enfant, u n sacrable de fou,
une sacrable de bête.
Sacrant, adj.
F â c h e u x , e n n u y e u x . E x . E n c o r e u n e m a u v a i s e affaire,
c'est-y pas sacrant f
Sacre, n. n.
— Diable. E x . V e u x - t u ben aller au sacre.
— Avoir le sacre au corps, l e diable.
— Etre en sacre, en fureur.
— Un temps du sacre, très m a u v a i s .
— Lâcher des sacres, sacrer.
— Il y a du sacre là-dedans, du diable.
— Il y en avait un sacre, u n e grande quantité.
— C'est bon comme le sacre, très bon.
Sacrement, adv.
Très, beaucoup. E x . L e temps est sacrement beau, aujour-
d'hui.
Sacré, e, adj.
— F l a m b é , ruiné, perdu de réputation. E x . C ' e s t un
homme sacré.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 587

— Juron vulgaire. E x . Sacré mâtin ! Sacrée bête ! Sacré


chien ! Sacré tonnerre !
Sacrer, v. a.
— Donner. E x . Sacre-moi patience.
— Jeter, envoyer. E x . Sacre-v\o\ ce chien-là dehors. Sacre
cette pipe-là à terre.
••— Sacrer le camp, déguerpir.
Sacreur, euse, adj. — Qui jure, sacre.
Sacreux, euse, adj. — Sacreur.
Sacristi ! — Juron sans conséquence.
* Safe, séfe, (m. .a.) —Coffre-fort.
Safre, adj.
Gourmand, glouton. I,'Académie a rejeté safre, en 1877.
Safrement, adv.
Goulûment. E x . Mange donc moins safrement.
Saîreté, n. f.
Gloutonnerie, gourmandise. — Safreté se disait jadis.
Sagamité, n. f.
Pâte de maïs que mangeaient les sauvages. On dit, en
plaisantant, sagamité ou de la sagamité, pour dire, au figuré,
un mélange, comme une olla podrida. Il paraît cependant,
d'après l'abbé Cuoq, que ce mot n'a jamais été identique-
ment un mot sauvage, et que celui qui s'y rapporte voulait
dire autre chose. Sagamité serait une corruption de
kijagamite, qui signifie le potage est chaud. Il n'est pas
surprenant que les voyageurs aient transféré la significa-
tion au potage lui-même, comme les Anglais et les
Américains, qui ont appelé nos calèches des marchedons.
Sagamo, n. m.
Chef de tribu indienne, et surtout de la tribu souriquoise ou
micmacque. E x . Le plus célèbre sagamo micmac s'ap-
pelait Membertou. Il avait connu Jacques Cartier en
I
535> vécut à côté de Champlain, en 1605-1606 et 1607, et
mourut catholique en 1611.
Saganer, v. a. > •
Qui brise ses habits, les froisse à plaisir. E x . Un enfant
qui sagane ses hardes. Ce mot semble venir de sagon,
588 LE P A R I E R POPULAIRE

dénomination primitive d u sagouin, petit singe à l o n g u e


queue.
Sagant, e, a d j . et n. m.
Malpropre, p e u soucieux de ses v ê t e m e n t s . E n Normandie,
on dit sagot.
* Sage, sèd/e, (m. a.) — S a u g e .
Sagoter, v . a.
Faire de m a u v a i s o u v r a g e . D ' a p r è s C o t g r a v e , sagoter se
disait dans le sens de heurter, secouer rudement. E n France,
sagoter veut dire mal travailler. E n N o r m a n d i e , u n sagot
est un h o m m e malpropre.
Sagoteux, euse, n. et adj. — Q u i sagote, travaille mal.
Sâguine, n. f.
Sanguine, hématite, d o n t on fait les c r a y o n s r o u g e s .
Saignant, n . m .
Morceau de bœuf saignant, peu c u i t . E x . M o i , j ' a i m e
m i e u x d u saignant.
Saincrlstie, n. f . — S a c r i s t i e .
Sainsurin, n. m . — P é r i n é e .
Saint Epais, n. m .
H o m m e grossier, ignorant, p e u intelligent.
Saint Jean, n. f.
Chose sans valeur, popote. E x . Ce n'est que de la Saint-
Jean à côté de ce que je te vends.
Saint Lambert, n. m.
C'est aujourd'hui la Saint-Lambert,
Qui quitte sa place, la perd.

E x c u s e de c e u x qui s'emparent de la place d'un autre.


Saint Laurent, n. m .

C'est aujourd'hui la Saint-Laurent,


Qui quitte sa place la reprend.

Réponse à c e u x qui o n t i n v o q u é saint L a m b e r t .


Saint Pierre, n. m .
Prendre S. Pierre pour S. Paul, prendre u n e personne pour
une autre.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 589

Sainte Accroupie, n. f.
F e m m e qui fréquente beaucoup les églises, ou qui a l'habi-
tude de s'asseoir sur ses talons.
Sainte Bénite !
Invocation t r è s usitée, comme nous disons : Mon Dieu !
Sainte Espérance, n. f.
Patronne des e m p l o y é s publics, la veille du j o u r où ils reçoi-
v e n t leur traitement mensuel.
Sainte Nitouche, n. f.
Personne qui affecte des airs d'innocence.
Sainte Touche, n. f.
Patronne bien-aimée des ouvriers et des employés publics, l e
j o u r de la paye, alors qu'ils touchent ou sont censés toucher
leur salaire.
Sainte vie.
E m p l o y é pour affirmer ses dires. E x . Jamais de sa sainte
vie, il n ' a dit la v é r i t é .
Saintuaire, n. m . — S a n c t u a i r e .
Saison, n. f.
— P i è c e de foin. E x . J'ai une saison à faucher, d'ici à la fin
de l a semaine.
— Une peau de saison, peau d'animal tué durant la saison d e
chasse.
Salaire, n. m.
— G a g e s . E x . L e salaire d'une servante.
— A p p o i n t e m e n t s , traitement. E x . L e salaire des employés
publics.
— S o l d e . E x . L e salaire des officiers.
— Honoraires. E x . L e salaire des juges.
— V a c a t i o n . E x . L e salaire des avocats.
— Pension. E x . L e salaire des fonctionnaires retirés.
— C o u r t a g e . E x . L e salaire des courtiers.
— L i s t e civile. E x . L e salaire du roi.
— F e u x . E x . L e salaire des acteurs.
Salange, n. m. — S e l marin.
Saler, v . a.
— Frapper la balle de manière à ce qu'elle r.e dépasse pas, à
590 LE PARI,BR POPULAIRE

son point d'arrivée sur le j e u , une h a u t e u r d ' e n v i r o n u n


pied, m a r q u é e par un trait o u une barre horizontale.
— Surcharger un client.
Saleté, n. f.
— Poussière de charbon ou autre. E x . J'ai une saleté dans
l'œil, ça me nuit pour v o i r .
— Procédé grossier. E x . C e misérable m ' a fait u n e saleté.
Saleux, n. m . et f.
— Qui sale ( T . de j e u ) . V . Saler.
— Qui s u r c h a r g e ses clients dans ses p r i x .
— Qui sale beaucoup ses aliments.
Salin, n. m .
Mer ou eau salée du fleuve. E x . Ç a sent l e salin, le mau-
vais temps n'est pas loin.
Salir (se), v . pr.
Faire ses besoins. E x . C e t enfant s'est sali, q u ' o n y voie,
au plus v i t e . Marie ! Marie !
Salissant, e, a d j .
Facile à salir. E x . U n e étoffe, une robe salissante.
Salive, n. f.
Paroles. E x . T u dépenses ta salive inutilement, parlons
d'autre chose.
Salle à dîner, n. f . — S a l l e à manger.
* Saloon, loune, (m. a . ) — S a l l e de réception, salon, buvette.
Salop, e, n. et adj.
H o m m e immoral. N ' e s t p a s s y n o n y m e de salaud, homme
malpropre.
Saloperie, n. f.
Corps étranger, poussière. E x . J'ai les y e u x pleins de
saloperies.
Salopin, n. m . — E n f a n t malpropre.
Salouer, n. m .
Saloir. M é n a g e a écrit q u ' u n salouer est un pot destiné à
garder l a viande salée.
Salsepareille, n. f . — A r a l i e à t i g e nue.
* Salve (lip), ( m . a . ) — P o m m a d e pour les lèvres.
* Sample, sammpl, (m. a.) — Echantillon.
DBS CANADIENS-FRANÇAIS 591

Sanctus (au), loc.


A u centuple. E x . Je te rendrai cela au sanctus.
Sang, n. m .
— Se faire du mauvais sang, se tourmenter.
— Suivre au sang, poursuivre un animal blessé par les traces
de son sang.
— Mourir au bout de son sang, mourir d'hémorrhagie.
— N'avoir plus une goutte de sang dans ses poches, avoir une
g r a n d e peur.
— Mon sang n'a fait qu'un tour, j ' a i eu une grande surprise.
— Tourner les sangs, affecter v i v e m e n t au point de donner
u n e maladie.
—• Hémorrhagie de sang, hémorrhagie.
Sang-de=dragon, n. m . — S a n g - d r a g o n .
Sang-dragon, n. m . — S a n g u i n a i r e d u Canada.
Sang-gris, n. m .
M é l a n g e de v i n o u d'eau-de-vie, de sucre et d'eau chaude.
Sang-mêlé, n. m . — M é t i s .
Sanriette, n. f.
Sarriette, plante bien connue par l ' u s a g e q u ' o n en fait dans
la préparation d e s mets.
Sans cœur, n. m .
Q u i m a n q u e de g r a t i t u d e . E x . T u es un sans cœur.
Sangsue, n. f.
Personne qui s o u t i r e de l'argent sous divers p r é t e x t e s .
Saouyane, n. f . — V . S a v o y a n e .
Saperlipopette I — J u r o n .
Saperlotte!—Juron.
Sapin, n. m . — Etre rendu au sapin, arriver à la misère.
Sapin blanc, n. m . — S a p i n baumier.
Sapin rouge, n. m . — S a p i n d ' A m é r i q u e .
Sapinages, n. m. p l . — A m a s de branches de sapin.
Sapinette, n. m . — V a r i é t é de sapin.
Sapper, v . a.
F a i r e claquer sa l a n g u e en buvant ou en mangeant.
Sapré, e, a d j . — E m p l o y é pour sacré. E x . Une saprée bête.
Saprement, a d v . — B e a u c o u p . E x , E t r e intelligent.
2 LE PARLER POLULAIRE
59
Saprer (se), v. pron. — Se moquer. E x . J e me sapre de toi.
Sapristi ! — Juron familier.
Saquerdié ! — Juron.
Saquerdienne ! — Juron.
Sarabande, n. f.
Dégelée, volée de coups. E x . Tu vas en attraper une sara-
bande, mon petit siffleux. Sarabande était une danse très
e
en vogue aux X V I P et X V I I I siècle. 1/ enfant qui
reçoit des coups, danse, d'où l'expression.
Sarabander, v. a. — Donner une sarabande.
Sarcinette, n. f.
Tissu de soie très léger et luisant comme la gaze, pour dou-
bler les manches d'habit de cérémonie ou pour toute blouse
de luxe. On disait autrefois sarcenet pour désigner une
étoffe fabriquée chez les Sarrasins.
Sardine, n. f.
Mis en rang de sardines, disposé par rangées comme des sar-
dines en boîte.
Sarge, n. f. — Etoffe en laine croisée.
Sargent, n. m.
Sergent, serre-joint, instrument dont se servent les menui-
siers pour tenir des planches serrées les unes contre les
autres ou un encadrement de châssis.
— Sergent, officier de l'armée.
Sarpent, n. m. — Serpent.
Sarpida, n. m.
Bête inconnue. E x . Avoir les cheveux êbourifflês comme
un sarpida.
— Enfant effronté.
Sarsifis, n. m.—Salsifis.
Sarvable, adj.—Utilisable.
Sarvice, n. m. —Service funèbre.
Sasaqua, n. m.
Tapage, d'après Dunn, cri de guerre, d'après J.-G. Shea, et
qui vive ! selon Hennepin. Celui-ci écrit sasacouest.
Sâsse, n. f. — Sas, tamis.
* Sâssepanne, n. f. (Angl. ) — Casserole.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 593

* Sassepinte, n. f. ( A n g l . ) — Casserole.
Sâsser, v. a.
Cahoter, saboter. E x . As-tu jamais été en tombereau ? Si
tu v e u x te faire sâsser, vas-y.
Sâssure, n. f - — C e qui a été sassé, passé au sas. E x . Des
sâssures de charbon.
* Satchel, n. m., (m. a.)
Sac de cuir ou d'étoffe, valise, porte-manteau.
* Satine, n. f., (Angl.)
Satinette, étoffe de coton offrant l'aspect du satin.
Satinette, n. f. — Fiancée.
* Satisfaire, v. a.
Persuader, convaincre. E x . J e suis satisfait que le journal
de M. X . t'a rendu justice. (Angl.)
Satré, e, a d j . — S a c r é .
Sauce, n. f.
Temps d'arrêt. E x . S i tu veux m'en croire, nous arrête-
rons chez Lavallé, nous avons le temps de prendre une
petite sauce.
Saucée, n. f.
— L e fait de se faire mouiller par une forte averse.
— E e fait de plonger sa plume dans l'encre, ou son pain
dans la sauce.
* Saucepan, sâce-panne, (m. a.) — Casserole.
Saucer, v. a.
— Plonger. E x . Sauce ta plume dans l'encre.
— Tremper. E x . Saucer son pain dans un liquide avant
de le manger.
— Echanger une carte de son jeu avec la carte qui retourne,
au jeu de brisque.
Saucer (se), v. pron.
Se plonger. E x . Vas-tu te baigner? — Oui, je vais me
saucer bel et bien.
Saucette, n. f.
— Petite sauce, court temps d'arrêt.
— Trempette.
Saucier, n. m. — Saucière, pot à sauce.
38
594 LE PARLER POPULAIRE

Saucisse, n. f.
Ne pas attacher ses chiens avec de la saucisse, être économe de
son argent.
Sauditt —Juron équivalant à maudit.
Saufre, prép. — Sauf. E x . J e les ai tous pris, saufre deux.
Saule, n. m. — Saule blanc.
Sault, n. m.
Saut. E x . L,e sault Montmorency, la rue Sault-a.n-Matelot.
I,a lettre / est de trop.
Saut, n. m.
— Faire le saut, mourir.
— Faire le saut de la carpe, sauter très haut.
— Un saut de crapaud, fuir en sautant.
* Saut-morissette, n. m., (Angl.)
Corruption de l'anglais somerset, saut périlleux.
Sauter, v. a.
— Descendre. E x . Nous avons sauté les rapides de Eachine.
— Sauter à pieds-joints, sauter les jambes serrées l'une contre
l'autre.
Sautereau, n. m.
— Vison.
— Sauteux d'escalier. V . ce mot.
Sauterelle, n. f. — Criquet.
Sauteux d'escalier, n. m.
Nom injurieux donné par les habitants aux jeunes citadins
qui ne les insultaient que trop souvent dans les rues de
Québec. (De Gaspé, Mémoires.)
Sauvage, adj.
— Timide. E x . Mon enfant est sauvage, impossible de lui
arracher un mot devant le monde.
— Soulier sauvage, soulier non ressemelé.
— Botte sauvage, botte non ressemelée, avec jambes longues.
Sauvagine, n. f.
Venaison. E x . Donne-moi une tranche de sauvagine. (Cl.)
Sauver, v. a.
Epargner. E x . J ' a i sauvé cent piastres depuis deux mois.
Savane, n. f. — Mûre de savane. V . Mûre.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 595

Savaneux, euse, adj. —Marécageux.


Savate, n. f.
— Pantoufle, vieille ou neuve.
— Réglisse en gros bâton.
Savater, v. a.
Saveter, gâter un habit, une robe, froisser.
Savateux, euse, adj. —Qui savate ses habits.
Savoie, n. f.
— Pain de Savoie, gâteau de Savoie très riche en œufs et en
sucre, qui se met sur la table d'honneur dans les grands
dîners, plutôt comme ornement.
— Pain de Savoie de noce, gâteau très épicé, bien fourni de
fruits confits, limon, etc.
Savon, n. m.
— Réprimande. E x . Papa n'est pas content, j ' a i peur d'at-
trapper un savon.
— Savon de France, savon fabriqué à l'étranger.
— Savon du pays, fabriqué chez les cultivateurs avec des
graissages.
Savonnade, n. f. — Réprimande sévère.
Savonner, v. a. — Réprimander vertement.
Savonnure, n. f. —Savon dissous dans l'eau.
Savoyane, n. f.
Coptide à trois feuilles, dont la racine sert à teindre en jaune,
et la tige souterraine, appelée fil d'or, est recommandée
pour la dyspepsie.
Scabreux, euse, adj.—Volage. Ex. Une femme scabreuse.
Scalper, v. a. —Détacher la peau d'un animal.
* Scarf, (m. a.) — Grosse cravate.
* Scarfer. (Angl.)
Abouter deux pièces de bois par deux extrémités.
Scène, n. f.—Décor. Ex. Une scène de théâtre.
* Scheme, skime, (m. a.
Plan, projet. E x . C'est un beau scheme que tu me proposes,
mais avant de l'entreprendre, je consulterai, j ' e n parlerai à
ma femme.
* Schemer, —meur, (m. a. ) — Faiseur de projets.
596 LE PARLER POPULAIRE

Sciable, adj.
Qui peut être scié. E x . U n e b û c h e qui n'est pas sciable.
Sciant, e, adj.
E n n u y e u x , fatigant. E x . Il me faut aller au comité des
marchés tous les d e u x soirs, c'est scia?it.
Scie, n. f. — Personne e n n u y e u s e à l ' e x c è s .
Scie à raser, n. f . — S c i e à araser,
Scie-de-long, n. f.
Scie q u i sert à scier des billots en p l a n c h e s .
Scie ronde, n. f. — P e r s o n n e très e n n u y e u s e .
Scier, v . a.
— E n n u y e r . E x . E n v o i l à un qui me scie à cœur de jour.
— Railler. E x . Je v a i s le scier, tu v a s rire.
— Scier le dos, ennuyer b e a u c o u p .
Scieux, n. m. — S c i e u r .
* Scotch, (m. a.)
— W h i s k e y écossais.
— Hot scotch, un verre de w h i s k e y c h a u d .
— Scotch-reel, danse écossaise. V . Casserille.
* Scotch-cap, (m. a.) — Bonnet écossais.
* Scrap-book, (m. a.)
A l b u m à collection, à découpures de j o u r n a u x .
* Scrape, scrêpe, (m. a . ) — D i f f i c u l t é , guêpier, chicane.
* Scraper, scrêpeur, (m. a . ) — Grattoir.
* Scréper, v . a. ( A n g l . ) — Racler.
* Screw, scrou, (m. a.) — H é l i c e , v i s , é c r o u .
* Scrïp, (m. a.) — T i t r e s , valeurs, inscription.
Sé, adj. poss. p l .
— Ses. E x . Sé bottes, sé hardes, sé livres.
— S'est. E x . Il sé fait tort.
— Sept.
— S a i s . E x . Je le sé aussi bien q u e toi.
* Seal, die, ( m . a.)
Manteau en loup-marin, piqué et teint.
Sec, sèche, adj.
— Froid. Ex. E e temps est sec, ce matin.
— Etre à sec, n'avoir p l u s d'argent.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 597

— Sec comme nord-est. E x . Voilà du pain qui est sec comme


nord-est, c'est-à-dire très sec.
Sèche, adj. f.
— Sec. E x . Du pain sèche.
— Tapé. Ex. Des pommes sèches. (Augl.)
* Seconder, v. a. (Angl.)
Appuyer. Ex. Veux-tu seconder ma motion ?
* Secondeur, adj. (Angl.)
Qui appuie une motion. Ex. Tu seras le moteur et moi le
secondeur.
Secouer, v. a.
— Gourmander.
— Secouer les puces, même sens.
Secoupe, n. f.—Soucoupe.
Secoupée, n. f. — L e contenu d'une soucoupe.
Secousse, n. f.
Espace de temps. E x . Ce système dure depuis une bonne
secousse. V. Escousse.
Secret, n. m. — Sorcellerie. Ex. Guérir du secret.
Sectembre, n. m. — Septembre.
* Section, n. f.
— Article de loi. (Angl.)
— Homme de section, homme qui travaille sur les voies fer-
rées dans un parcours déterminé.
Secundum, adj.
Convenable, Ex. Ce que tu as fait là, ce n'est pas secundum,
c'est-à-dire, secundum régulant, suivant la règle.
* Sécurités, n. f. pl.
Garanties. Ex. La banque prête de l'argent, pourvu qu'elle
ait des sécurités. (Angl.)
Ségo, n. m.—Sagou.
Secondement, adv. — Secondement.
Segonder, v. a. — Seconder.
Segret, n. m.
— Secret.
— Soigner du segret, avoir des remèdes secrets pour guérir
toutes les maladies. Segrê se disait.
598 LE PARLER POPULAIRE

Segrétaire, n. m . — Secrétaire.
Segrètement, a d v . — Secrètement.
Seigner, v . a. — S i g n e r .
Seigneurerie, n . f. — S e i g n e u r i e .
Seillon, n . m .
Sillon d ' u n c h a m p de b l é . Seillon et sillon sont rapportés
par C o t g r a v e .
Seine, n. f. — F i l e t pour retenir les c h e v e u x des femmes.
Seleratusse, n . m.
Poudre à p â t e à base de bicarbonate de soude. Corruption
de sal aeratus.
* Self made man, (m. a.)
Fils d e ses œ u v r e s , artisan de sa fortune.
Selon, c o n j .
C'est selon, c e l a dépend. E x . Peut-être q u e nous irons nous
promener, c'est selon. C'est selon comme tu en décideras.
Semaine, n. f.
La semaine des trois jeudis, trois jours après jamais, c'est-à-
dire j a m a i s .
Semaine (sur).
E n semaine, u n jour ouvrable. E x . Célébrer u n e messe sur
semaine.
Semblance, n . f.
— Ressemblance.
— Apparence.
Semblant, n. e t a d j .
— A mon semblant, à ce q u ' i l me paraît.
— Rien qu'un semblant, seulement pour dire.
Sembler, v . n .
— Ressembler. E x . Baptiste semble p l u s à son père qu'à
sa mère.
— Me semble, il me semble. E x . T u devrais v e n i r avec moi
à la p ê c h e , me semble.
Sémedi, n . m . — S a m e d i .
Semelle, n . f.
—• Semelle de bas, pied de bas.
— Semelle de botte, m a u v a i s bifteck, dur, trop c u i t .
DES CANADIENS-FRANÇAIS
599

Semences, n. f. pl.
Semailles. E x . Travailler a u x semences.
Sèment, à s'ment, adv.
Seulement. E x . Je ne l'ai sèment pas vu. Il ne m'a pas
s'ment regardé.
Semer, v. a. — Planter. E x . Semer des patates.
Séminariste (grand). — Ecclésiastique du grand séminaire.
Séminariste (petit). — Elève du petit séminaire.
Senellier, n. m.
A u b é p i n e ergot-de-coq. Appelé aussi culs-longs.
Sénificatif, ive, a d j . — Significatif.
Sénifier, v. a. — Signifier.
Senior, a d j . — P è r e . E x . Alexandre Taché, senior.
Senoreau, n. m. — Individu plus ou moins vil.
Sens, n. m.
— D'un sens, à u n certain point de vue. E x . Ceci peut
être vrai d'un sens, mais pas de l'autre.
— Avoir du bon sens, être raisonnable. E x . Ce que tu dis
là, c'a du bon sens, c'est plein de bon sens.
— Sans bon sens, beaucoup. E x . Boire sans bon sens.
Sensibilité* n. f.
Douleur. E x . J ' é p r o u v e beaucoup de sensibilités, depuis
que j ' a i reçu u n coup sur la jambe.
Sensible, n. et a d j .
— Côté sensible. E x . Si tu sais le prendre par son sensible,
tu réussiras avec lui.
— Point d o u l o u r e u x . E x . J ' a i des sensibles par tout le
corps.
— Qui supporte mal la douleur. E x . Cet enfant est sensible,
il pleure pour u n petit mal de rien.
Sensud'sous, loc.
S e n s dessus dessous. E x . N e mets pas tout sensud'sous.
Sentaine, n. f.
— Pli, endroit. E x . J ' a i perdu la sentaine de mon fil.
— Clef, explication. E x . Je n e sais plus où j ' e n suis, j ' a i
perdu la sentaine de cette affaire.
— Idée, mémoire. E x . Perdre la sentaine en vieillissant.
6oo LE PARLER POPULAIRE

Sent=bon, n. m. — Parfum.
* Sentence, n. f.
Recevoir sa sentence, entendre prononcer. (Angl.)
Senteux, euse, n. m. et f.
Fureteur, qui cherche â surprendre les secrets des autres.
Sentiment, n. m.
Odorat. E x . J'ai un gros rhume, j ' e n ai perdu le senti-
ment.
Sentir, v. a.
Endurer. E x . C'est un homme impossible, je ne puis plus
le sentir.
— Sentir mauvais, devenir grave.
— Ne pas sentir bon, même sens.
— Annoncer. Ex. Chez vous ont fait boucherie, ça sent les
noces. Les coqs chantent, ça sent le mauvais temps.
Sept, adj.
Sept ans et sept carêmes, longtemps. E x . Ça va être long,
j'en ai pour sept ans et sept carêmes. E n France, on dit
sept ans pour un carême ; en Anjou, sept ans et un carême.
Sépucre, n. m.—Sépulcre.
Sèque, adj. f.
Sèche. E x . De l'herbe sèque, de la terre sèque, de la morue
sèque. Baptiste Plourde demeure à la Pointe-Sèque.
Sercher, v. a. — Chercher.
Serein, n. m.
Sur le serein, sur le soir.
Sereine, n. f.
Sirène. Ex. Cette femme chante comme une sereine.
Sergent d'armes, n. m. — Massier.
Seringle, n. f. — Seringue.
Seringler, v. a. — Seringuer.
Sermenter, v. a. — Assermenter.
Seron, n. m . — U n homme peu intelligent.
Serper, v. a. — Couper avec une serpe.
-
Serre, n f.
Meuble pouvant servir à la fois de garde-robe et d'armoire à
linge.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 601

Serre (à), loc.


S e r r é . E x . Je te l ' a i pris à serre ; monte l'horloge p a s trop
à serre ; b o u c h e la bouteille à serre.
Serre=la=poigne, n. m . — E c o n o m e à l ' e x c è s , très économe.
Serré, e, a d j . — A v a r e , très économe.
Serrer, v . a.
— E p a r g n e r , m e t t r e à l'abri. E x . Serrer le foin, les
patates.
— Serrer la poigne, économiser.
— Serrer le grain, a v o i r peur.
— Serrer les ouïes, serrer le cou, la g o r g e .
— Serrer le screw, {scroti), se montrer sévère.
Serrer (se), v. p r o n .
Aller se serrer, partir. E x . V a te serrer, c'est-à-dire va-t-
en, et que j e ne te revoie plus.
Sersifis, n. m . — S a l s i f i s . C o t g r a v e donne sercifi.
Servable, adj.
U t i l e . E x . C e t habit-là n'est pas servable.
Servant, n. m. — Servant de messe, acolythe.
* Servante, n. f.
Servante générale, b o n n e à tout faire. (Angl.)
Service, n . m.
— Etre de service, p r ê t à rendre service.
— N'être pas de service, incontrôlable, qui ne peut plus être
utile. E x . U n h o m m e qui n'est pas de service, u n meu-
b l e q u i n'est p l u s de service.
* Service civil, n. m . — A d m i n i s t r a t i o n publique. ( A n g l . )
* Servir, v . a.
— Servir un mandat, signifier.
— Servir un terme d emprisonnement, purger une sentence.
(Angl.)
* Set, (m. a.)
— Garniture.
— Clique, parti.
— Set de salon, a m e u b l e m e n t de salon.
— Set à coucher, a m e u b l e m e n t .
- Set de vaisselle, s e r v i c e de vaisselle.
602 LE PARLER POPULAIRE

— Sel de bijoux, parure.


— Set d'amis, association d'amis.
— Set de cotdeaux, coutellerie.
* Setter, —teur, (m. a.) — C h i e n d ' a r r ê t .
* Settler, v. a. ( A n g l . )
Régler un compte. E x . S i tu v e u x dire comme moi, nous
allons settler.
Seu, seux, adj. — Seuls. E x . Restons tout seux.
Seul, e, adj.
— P e u comtnunicatif, q u i aime la solitude, i î x . T u con-
nais notre ami, tu sais q u ' il est seul.
— Par ses propres efforts. E x . C e t enfant commence à
marcher tout seul.
— Ça parle tout seul, cela v a sans dire.
Seulement (en), loc.
Seulement. E x . C ' e s t en seulement p o u r v o u s saluer, à la
vôtre !
Seurment, a d v . — S e u l e m e n t .
Seurouet, n. m . — Sud-ouest.
Seurplis, n. m. — S u r p l i s .
Seurplus, u. m . — S u r p l u s .
Seurprendre, v. a. — S u r p r e n d r e .
Seurprise, n. f. — Surprise.
Séverer, v . a . — A r p e n t e r . A c a d i a n i s m e .
* Shabby, shabbê, (m. a.)
Usé, râpé, fripé. E x . C o m m e t u es shabby, as-tu perdu
un pain de ta fournée ?
* Shaft, (m. a.)
— A r b r e de couche, dans un bateau à v a p e u r .
— Puits, d a n s une m i a e .
— A r b r e moteur, dans u n e usine.
— Puisard d ' u n é g o û t .
* Shake hand, chèque hann'de, (m. a.)
P o i g n é e de mains.
* Shame, chême, (m. a. ) — Honte.
* Shampoo, pou, (m. a . )
Massage, friction de l a chevelure.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 603

* Shape, chépe, (ni. a.)


Forme, mine, carcasse. E x . Une shape de chapeau. Cet
i n d i v i d u a u n e drôle de shape,
* Shaper, chêper. ( A n g l . )
Habiller. E x . U n individu drôlement shapé.
* Sharp, (m. a.)
Précis, à la m i n u t e . E x . T u viendras à d i x heures sharp.
* Shave, chêve, (m. a.)
— S e faire raser la barbe. E x . Je viens de me faire shaver
c h e z Drolet.
— S e faire écorcher par un usurier.
* Shaver, veur, ( m . a . ) — B a r b i e r , usurier.
* Sheating, cheitin'ng, (m. a.)
D o u b l u r e . M o t fréquemment usité chez les Acadiens.
* Shed, n. f., (m. a.)
— A p p e n t i s , h a n g a r , remise.
— Drill-shed, manège.
* Shed à grains, n. f. ( A n g l . )
Grenier. A c a d i a n i s m e .
* Shépe, chépe, ( A n g l . )
T o u r n u r e , figure, forme. V . S h a p e .
Shérifat, n. m. — F o n c t i o n de shérif.
* Sherry, (m. a.) — V i n de X é r è s .
* Shine, chaîne, (m. a.) — E c l a t , clarté, lustre.
* Shiner, v . a., ( A n g l . ) — C i r e r les bottes.
* Shineur, n. m . , ( A n g l . ) — C i r e u r de bottes.
* Shipper, v . a., ( A n g l . )
— E x p é d i e r . E x . N o u s allons shipper nos marchandises,
cet après-midi.
— Congédier. E x . Shtppe-moi au plus v i t e ce mauvais
drôle.
* Shire, (m. a.) — V . Chire.
* Shirer, ( A n g l . ) — V . Chirer.
* Shireux, euse, a d j . ( A n g l . ) — V . C h i r e u x .
* Shirting, sheurtigne, (m. a.)
Calicot, toile p o u r chemises.
* Shocking, cho-king, (m. a.) — F i ! quelle horreur !
604 LE PARLER POPULAIRE

* Shoe-claque, chou, n. m. ( A n g l . )
C h a u s s u r e l é g è r e dont l a semelle est en caoutchouc, et dont
la forme est celle de l a claque. V . ce mot.
* Shop, chop, (m. a.)
— Boutique, atelier.
— Barber shop, boutique de barbier.
* Short, chort, ( m . a.)
Court d ' a r g e n t . E x . A u j o u r d ' h u i j e suis short, tu v i e n d r a s
me trouver demain.
* Short bread, chortbred, (m. a.) — B i s c u i t sec, très s u c r é .
* Shut up, chot opp, (m. a.) — T a i s e z - v o u s !
Si, adv.
— Si grand. E x . I l n ' a p a s si tort q u ' o n l e dit.
— Aussi. E x . Il ne fait pas si froid q u ' o n croit.
Si • • • comme, loc.
A u s s i que. E x . Il n ' e s t p a s si aimable comme son père.
Siau, n. m .
S e a u . E x . Il mouille à siaux depuis l e m a t i n .
* Side-board, saïde-bôrde, n. m . , (m. a . )
Garde-manger, armoire, buffet.
* Siding, saïding, n. f., ( m . a . ) — V o i e d ' é v i t e m e n t .
Siège, n. m.
— Mandat. E x . N o t r e membre a p e r d u , son siège à l a
Chambre. ( A n g l . )
— S i è g e de Québec. E x . L ' a n n é e d u siège. (1759).
Sièque, n. m .
Siècle. E x . V o i l à bientôt u n sïèque q u e j e t ' a i v u .
Si fait, loc.
O u i . E x . V o u s n ' a v e z pas m a n g é d e p u i s le m a t i n ? — S i
fait.
Siffle, n. m . — S i f f l e m e n t . E x . Je l ' a i fait v e n i r d ' u n s p .
Siffler, v. a.
— Boire. E x . Siffler u n verre de v i n .
— Souffler, au j e u de d a m e s .
— Dérober. E x . Il m ' a sifflé mon parapluie.
Sifflet, n. m .
Parole. E x . Je lui ai c o u p é le sifflet.
DKS CANADIENS-FRANÇAIS 605

Siffleux, euse, n. m. e t f .
— Personne s a n s parole, sans cœur.
— Pinson â g o r g e blanche.
S i l e m e n t , n. m .
R â l e , provenant des bronches. E x . J'ai des silements dans
la g o r g e .
Siler, v . n.
— Râler. E x . Ç a me sile dans l'estomac depuis mon rhume.
— T i n t e r . E x . L e s oreilles me silent.
— Siffler. E x . L a balle est venue siler à mes oreilles.
Silon, n. m. — Silon d'une batteuse, tambour batteur.
S i m p l e , n. m. et adj.
— E c h a n t i l l o n . ( A n g l . ) Sample.
— Simple comme bonjour, très simple, très facile â com-
prendre.
— Simple comme ses pieds, comme un bonnet de nuit, très
simple.
Sin, n. m . — S i g n e , tache naturelle sur la peau.
Sinature, n. f. — Signature.
Sinaux, n. m . pl. — S i g n a u x .
Sine, n. m. — S i g n e .
Siner, v . a . — S i g n e r . E x . Sais-tu siner ?
Singe botté, n. m . — Laid et méchant.
Singeard, e, a d j . — S i n g e u r , euse.
Singeresse, n. f. — F e m m e maniérée, mijaurée.
Singeux, a d j . — S i n g e u r .
* Sink, n. m., ( m . a.) — E v i e r . E x . Verse l ' e a u dans le sink.
Sirer, v . a.
R e c e v o i r des titres^honorifiques du roi d ' A n g l e t e r r e . E x .
L e maire de Q u é b e c a été siré à l'occasion du Tricente-
naire.
* Sirloin, seurloïn, n. f., (m. a . ) — S u r l o n g e .
Sirop, n. m .
— Sirop d'érable, sirop fabriqué avec la s è v e de l'érable.
— Sirop de mélasse, de canne à sucre.
Siroter, v. n.
— Pleurer à t o u t propos.
6o6 LE P A R L E R POPULAIRE

— Boire en dégustant, avec gourmandise.


— Suinter, en parlant d ' u n e pipe saturée de jus de tabac.
Siroteux, euse, adj.
— Ciroteux.
— S i r u p e u x , qui a la consistance du sirop.
Sirotte, n. m . — S i r o p .
Sirouenne, n. f . — S u r l o n g e .
— E m p l â t r e de gomme q u ' o n applique sur la partie malade.
Sirurgien, n. m.
C h i r u r g i e n . Sirurgien, résiliation, mecredi, se sont répandus
dans le peuple un peu par la faute de M a d a m e de Sévigné,
qui, paraît-il, avait la tendance d'écrire comme l'on pro-
nonçait de son temps.
S i t e , n. m .
E m p l a c e m e n t , terrain. E x . Québec a des sites historiques
remarquables.
S i t ô t c o m m e , loc. — Sitôt que, dès que.
S i t u a t i o n , n. f.
Position, emploi. E x . L e g o u v e r n e m e n t a plusieurs situa-
tions à donner, faisons application t o u t de suite.
* S k a t i n g rink, skêting, n. m . , (m. a.)
Patinoir, rond à patiner,'pavillon des patineurs.
* S k e t c h , n. f., (m. a.)
Esquisse, ébauche, croquis, plan, aperçu.
* S k y - I i g h t , skai-laïte, n. m., (m. a.)
L u c a r n e en tabatière, écoutille vitrée.
* Slab, n. f., (m. a.)
Dosse, planche que l'on enlève la p r e m i è r e ou la dernière
dans le sciage des arbres, et qui conserve son écorce. On
prononce le plus souvent slap,
* Slaque, a d j . et n. m. ( A n g l . )
— D i m i n u é , en baisse. E x . Les affaires sont slaques depuis
q u e l q u e temps.
— R e l â c h é , faibli. E x . T i r e sur la corde, elle est trop slaque.
— Lâcher le slaque, larguer l'amarre susceptible d'être s laquée.
* Slaquer, v. a. (Angl.)
— L a r g u e r . E x . Slaque cette amarre, elle est trop tendue.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 607

— L â c h e r , mollir. E x . I l finira bien par slaquer si nous le


serrons de p r è s .
* SIeepers, slipeursse, (m. a.) — T r a v e r s e s de c h e m i n s de fer.
* Sleeping=car, n . m . , (m. a.) — C o u p é - l i t .
* SIeigh, slé, n. f., (m. a . ) — T r a î n e a u .
* Slice, slaïce, n. f., (m. a.)
T r a n c h e de pain, de viande, tartine de beurre.
* Slide, slaïde, n. f., (m. a.)
— V o i t u r e formée d ' u n e planche sur quatre roues.
— Glissade.
* Sling, n. f., (m. a . ) — C e i n t u r e .
* Slip, n. f., ( m . a.) — Cale, placard.
* Slippers, n. f. p l . , ( m . a.) — Pantoufles.
* Slush, sloche, n. f., (m. a.)
N e i g e fondante. E x . Marcher dans la slush q u a n d le prin-
temps arrive.
* Smart, adj., (m. a.)
A d r o i t , intelligent. E x . U n garçon smart.
S'mitière, n. m . — Cimetière.
* Smoggler, v. a. ( A n g l . )
— F r a u d e r la douane.
— Filouter.
* Smoggleur, n. m . , ( A n g l . ) — Q u i filoute.
* Smoking, (m. a . )
— Smoking-cap, bonnet grec, fez, toque.
— Smoking room, fumoir.
— Smoking-, m ê m e sens.
* Snap, ( m . a.) — Ginger snap, biscuit au gingembre.
* Snaque, n. m. ( A n g l . )
E x c e l l e n t repas. E x . Faire u n bon snaque.
* Snaquer, ( A n g l . ) — Faire un snaque.
S'nellej n. f. — S e n e l l e , fruit du senellier.
Snette (en), loc. — D a n s les brindezingues.
* Snock, snoque, n. f., (m. a.)
T a p e t t e . E x . Jouer à la snoque. L e colonel J o h n Sewell
prétendait q u e c ' é t a i t un j e u français. De G a s p é dit que
c'est u n j e u a n g l a i s .
6o8 LK P A R L E R POPULAIRE

S'noreau.—-V. Senoreau.
* Snug, snog, (in. a. ) — Gentil, agréable, sûr en affaires.
Soc, n. m. — E c h i n é e . E x . U n de porc.
* Socket, n. m . , (m. a.) — E m b o î t u r e .
* Soda, n. m., (m. a.)
—- Eau de Seltz.
— Soda à pâte, carbonate de soude.
— Soda à laver, carbonate de potase.
— Soda-water, eau de soude.
Soé, n. f. — Soif.
Soie, n. f.
Personne intelligente et t r è s aimable. E x . Holà ! la soie !
viens ici q u e je te parle !
Soignable, adj.
Difficile à soigner. E x , Il y a des personnes qui ne sont
pas soignables.
Soigneux, euse, n. m. et f. — Charlatan, guérisseur.
Soin, n. m.
Ne pas y avoir de soin, ne pas être inquiet. E x . Y a pas de
soin, t u sais, tu p e u x te servir d e m o n nom a u p r è s du
ministre.
Soir, n. f.
— Hier soir, Mer a u soir.
— A soir, ce soir, à ce soir.
Solage, n. m.
Fondation. E x . Construire des solages, p a r l e temps qui
court, ça coûte cher.
Soldart, n . m. — Soldat. Soldor se disait jadis.
* Sole, sole, ( m . a.) — Double sole, d o u b l e semelle.
Soleil, n. m.
— H é l i a n t h e annuelle dont la g r a i n e fournit u n e huile
comestible.
— Entre les deux soleils, e n t r e le lever et le coucher d u soleil.
Solide, adj.
Massif. E x . T o u t e s mes argenteries sont en argent solide.
Solider, v . a.
Solidifier, consolider. E x . Ce mur a besoin d'être solide.
D£S CANADIENS-FRANÇAIS 609

Solier, n. m . — Grenier, étage supérieur.


Solitude, n. f. — S o l i d i t é .
Soliveau, u. m. —• S o l i v e , petite solive.
Sombrir, v . n . — S ' a s s o m b r i r .
* Somerset, n. m . — D e l'anglais somersauli, c u l b u t e .
* Somme, n. f.
Problème d'arithmétique. E x . L,a maîtresse m ' a donné
cinq sommes à faire. ( A n g l . )
Son, n. m .
Pisser dans le son, reculer par peur, renoncer à une entre-
prise par crainte de l'insuccès.
Sonder, v. a.
— A u s c u l t e r . E x . I,e docteur m ' a sondé, il m ' a dit que
mes poumons étaient bons.
— P l o n g e r au fond de l'eau pour en retirer des objets per-
dus.
•— Sonder la charge, examiner si la charge est en bon ordre.
Sondeur, n. m.
— Vidangeur.
— Plongeur.
Songeard, e, adj. - S o n g e u r , pensif, rêveur.
Sonnable, adj. — Q u i p e u t être sonné.
Sonner, v . a.
— Battre, maltraiter. E x , Je v a i s te sonner, si tu ne te tais
pas.
Sonner (se), v . prou.
Se faire m a l en tombant. E x . Je me suis sonné en culbu-
tant sur la g l a c e .
Sonneux, n. m . — S o n n e u r .
Sorcier, n. m .
— D i a b l e . E x . Q u e le sorcier te charrie ! J ' a i un mal de
dents d u sorcier. Il y a du sorcier là-dedans.
— Les sorciers de V'Ile d'Orléans, les habitants. Sobriquet.
— Mener le sorcier, faire le diable, tapager.
Sorcière, n. f . — T r o m b e , cyclone, bourrasque.
Sorcilège, n. m . — S o r t i l è g e .
Sorieusement, a d v . — S é r i e u s e m e n t .
39
6io LS PARLER POPULAIRE

Sorieux, adj.
Sérieux. E x . Est-ce bien sorieux, ce que tu dis-là ?
Sort, n. m.
— Sorcier, diable. E x . Il y a du sort là-dedans.
— Malheur, mauvaise chance. E x . Un homme qui jette
des sorts.
Sortable, adj.
Possibilité de sortir. E x . Il fait un temps de chien, ce n'est
pas sortable.
Sortant de, loc.
— Immédiatement après. E x . J e partirai sortant de souper.
— En sortant. E x . Nous partirons sortant de table.
Sorte, n. f.
Faire en sorte, tâcher. E x . Fais en sorte de l'amener avec
toi.
Sorteux, euse, adj.
Qui sort souvent. E x . Moi, j e ne suis pas sorteux, j'aime
la tranquillité.
Sortie, n. f.
Discours inconsidéré. E x . Ne fais plus de sorties comme
ça, tu te fais tort.
Sortir, v. n.
— Publier. E x . I / a m i Romain va sortir un journal, la
semaine qui vient.
— Aller en soirée. E x . J e ne sortirai pas, cet hiver, ça
m'ennuie.
— S'affubler, mettre. E x . J e vais sortir mon castor, voilà
le printemps.
— Laisser sortir. E x . Sortez-vous les livres de la biblio-
thèque du parlement?—Non, mais nous les laissons sortir.
— Venir de. E x . Veux-tu un verre de vin ? — Merci, j e sors
d'en prendre. Il sort de sortir.
— Faire sortir. E x . Sortons nos chevaux de l'écurie.
— Cancer, émaner. E x . Sortir une lettre.
— Sortir les pieds devant, être porté au tombeau.
— Il n'y a pas à sortir de là, il est certain.
Sottereau, n. m . — P e t i t sot.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 6ll

Sottiseux, euse, adj. —Qui dit des sottises à tout propos.


Sou, n. m.
— Le sou de chance, le seul qui reste dans le gousset et dont
on ne se départ pas.
Sou, n. f. — Souille, loge à porc.
Souberquet, n. m. —Sobriquet.
Soubriquet, n. m.—Sobriquet.
Souccer, v. a . — V . Chouler.
Souci, n. m. — Sourcil.
Soucisse, n. f.
— Saucisse.
— Sourcil.
Soucisson, n. m. — Saucisson.
Soucoupée, n. f. — L e contenu d'une soucoupe.
Soudrille, n. m.
— Mauvais soldat.
— Tempête de neige subite.
Soue, n. f. — Porcherie.
Soué, n. f. —Soif.
Souffle, n. m.
Pousse. E x . J'ai un de mes chevaux qui a le souffle.
Souffler, v. a.
— Souffler la chandelle, l'éteindre.
— Souffler dans le fusil, épreuve par où l'on fait passer les
enfants, afin de trouver celui d'entre eux qui a commis un
vol. Le coupable refuse de souffler dans le canon.
Souffrable, adj.—Supportable.
Souffrant, adj.
— Endurant, patient. E x . Cet homme n'est guère souffrant.
— Douloureux. E x . J'ai eu la grippe, c'est une maladie
souffrante.
Soufré, e, adj.
Phosphore. E x . Des allumettes soufrées.
Souhaite ( à ) , — A souhait. Ex. Il est heureux, lui, il a tout
à souhaite.
Souillonne, n. f. — Femme malpropre.
Souincer, v. a. — Morigéner, réprimander.
6l2 LE PARLER POPULAIRE

Soûl, a d j .
— Soûl mort-ivre, profondément ivre.
— Soûl comme dans les bonnes années, m ê m e sens.
— Manger à son chien de. soûl, manger beaucoup.
Soulade, n. f.
Action de se soûler. E x . Je te dis q u ' a u dîner d ' h i e r soir,
chez les L,atreille, c'a été une soulade en r è g l e .
Soulager, v . a.
Voler l'argent d'un autre. E x . P e n d a n t q u e je dormais, on
m'a soulagé des cinq piastres que j ' a v a i s dans mon porte-
monnaie.
Soûlerie, n. f. — V . Soulade.
Souleur, n. f.
Frayeur subite. Ce mot se disait autrefois pour solitude.
R. Belleau.
Soulever, v . a.
— Soulever le cassotte, réprimander.
— Soulever le train, m ê m e sens.
Soulier, n. m.
— Souliers de bœuf, bottes s a u v a g e s .
— Souliers mous, souliers fabriqués p a r les sauvages avec de
la peau de caribou ou d'orignal.
— Souliers à l'iroçuoise, bottes s a u v a g e s a y a n t la forme de
souliers mous.
Soûlon, n. m. — Soulard, i v r o g n e .
Soûlot, n. ni. — Soulard.
Soupanne, n. f. — B o u i l l i e de blé d'Inde.
Soupe, n. f.
— Soupe au lait, individu qui s'emporte facilement et se
calme aussi v i t e .
— Soupe à Vivrogne, soupe à l'oignon.
— Manger la soupe chaude, se faire v e r t e m e n t réprimander.
Soupirau, n. m. — Soupirail.
Souple, adj.
Moite, l é g è r e m e n t humide.. E x . L,e temps est souple.
Souplir, v . a . — A s s o u p l i r .
Soupoudrer, v . a . — S a u p o u d r e r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 613

Souquer, v . a . — V . C h o u l e r .
Souqu'ser, v . a . — V . C h o u l e r .
Sour, p r é p .
Sous. E x . Castor, marche sour la table.
Souraîn, n. m. — U n p e u sourd.
Souranner, v . a . — S u r a n n e r . E x . U n porc souranné.
Sourceux, a d j . — R e m p l i de sources. E x . Un terrain sourceux.
Sourd, n. et adj.
1
Une personne sourde d'une oreille et qui ri entend pas de V autre,
un sourd complet.
Sourd et muet, n. m . — S o u r d - m u e t .
Souricière, n . f.
Fente pratiquée sur l e devant du pantalon d'homme.
Souris=chaude, n. f.
C h a u v e souris. E a Fontaine a dit souris-chauve. A B a y e u x ,
on dit souris-gangue. E n A n j o u , souris-chaude, comme
en C a n a d a .
Sourlendemain, n. m . — S u r l e n d e m a i n .
Sourlinguer, v. a.
— F r a p p e r avec des cordes.
— Sourlinguer le cassotte, morigéner.
Sourouet, n . m. — S o r o u e t , sud-ouest.
Sous, prép.
— E n . E x . Je prendrai cette affaire sous considération.
(Augl.)
— Sauf. E x . Sous votre respect, Monsieur.
— D a n s . E x . Sous les circonstances, j e dois dire oui. ( A n g l . )
— E n v e r t u de. E x . Sous l'opération de cette loi. ( A n g l . )
— Sotis un jour d'avis, à un jour d ' a v i s . ( A n g l . ) .
Sous (par), loc. p r é p .
Sous. E x . Je l u i ai donné un coup de fouet par sous le
ventre.
Sous-main (en), loc. a d v .
Par d e s m o y e n s secrets, détournés.
Sous=veste, n. f. — V ê t e m e n t de dessous, espèce de veste.
Sous=vêtements, n. m . p l .
V ê t e m e n t s de dessous, froc, caleçon.
614 LE P A R L E R POPULAIRE

Soutenir, v . a.
Soutenir la vue de quelque chose, p o u v o i r regarder q u e l q u e
chose.
Soutiendre, v. a. — Soutenir.
S o u t i n t , part. pass.
S o u t e n u . E x . Cet orateur ne s'est p a s soutint j u s q u ' à l a
fin de son discours.
S o u v e n t , adv. — Ne pas venir souvent, tarder à venir.
Souventefois, loc. adv. — S o u v e n t . V i e i l l i , m a i s encore usité.
S o u v i n t , part. pass.
S o u v e n u . E x . Je m ' e n suis souvint, c o m m e si c'était d'hier.
S o u y e r , n. m . — S o u l i e r .
* Span, span, n. m. et f., (m. a.)
— Paire de c h e v a u x , travée, arche de pont.
— G r o u p e de d e u x personnes.
S p a s ? — N ' e s t - c e pas? E x . V o u s viendrez, spasf
* Spécification, n. f . , — D e v i s . ( A n g l )
Spéciau, adj.
T r a i n spécial. E x . Je vais prendre le spéciau qui part à
cinq heures tous les soirs pour R i m o u s k i .
* Spéculation, n. f. (m. a.)
E x a g é r a t i o n . (De G a s p é , Anciens Canadiens, p. 267.)
* Speech, n. m . , (m. a.)
D i s c o u r s quelconque, harangue, remontrance. E x . Notre
professeur nous a fait un grand speech ce matin eu classe.
* Speecher, v. a. ( A n g l . )
D i s c o u r i r , haranguer. E x . E e directeur nous a speechês, hier
soir, à propos de chatterie.
* Speecheur, n. m. ( A n g l . ) — Q u i fait un speech.
* Speed, n. f. (m. a.) — Fullspeed. V . Full.
* Spencer, spenceur, n. m . , (m. a.) — C o r s a g e sans j u p e .
* Spère (de). (Angl.)
D e reste, d e trop. E x . N ' a u r a i s - t u pas une couple d e
piastres de spire ?
* Spinner, neur, n. m., ( m . a . ) — O u v r i e r dans les filatures.
* Spoke-shave, spôke-chéve, n. m., ( m . a.)
P l a n e allemande, outil de menuisier.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

* Sponge=cake, n. m., (m. a.) — Gâteau de Savoie.


Sportique, adj.
Qui a rapport au sport. Ex. Des jeux sportiques.
* Spot, spotte, n. m., (m. a.)
— Eieu. Ex. Je l'ai pris sur le spot.
— Mouche, au billard.
* Spree, spri, n. m., (m. a.)
Fête, noce. Ex. Prendre un spree.
* Spring, n. m., (m. a.)
Ressort, élastique. Ex. Une couchette à spring.
* Spunk, sponk, n. m., (m. a.)
Courage. Ex. C'est un jeune homme qui fera son chemin,
il a du spunk.
* Squall, n. m., (m. a.)— Coup de vent, grain.
* Square, n. m., (m. a.) — Carré, place publique.
Squatteur, n. m.
Premier défricheur dans des régions nouvellement colonisées.
* Squaw, n. f. (m. a.) — Femme sauvage.
* Staff, n. m., (m. a.)
— Rédaction. E x . I<e staff de la Presse.
— Etat major.
— Personnel.
* Stage, s/éd/e, n. m., (m. a.)
Omnibus. Ex. Allons prendre le stage à la barrière Sainte-Foy
* Stamp, n. m. et f., (m. a.) — Timbre, timbre-poste.
* Stand, n. m. et f., (m. a.) —Poste de cocher, huilier, hippo-
drome.
* Starch, n. f., (m. a.)—Corn starch, amidon.
* States, stête, n. f. pl., (m. a.)
Etats-Unis. Ex. Aller se promener dans les States.
* State=room, n. f., (m. a.) — Cabine.
* Station, n. f., (Angl.) — Gare de chemin de fer.
* Steady, steddy, adj., (m. a.) — Ferme, assuré.
* Steak, stéke, n. m., (m. a.) — Bifteck.
* Steam, stîme n. f., (m. a.)
— Vapeur.
— Steam-boat, n. m., bateau à vapeur.
6i6 LE PARLER POPULAIRE

* Stèke, n. m . — M o y e n , e x p é d i e n t . V . Estèke.
* Step, n. m . , ( m . a . ) — S a u t .
* Stew, stiou, n . f. (m. a.)
Ragoût, g i b e l o t t e , matelote, é t u v é e .
* Steward, n . m . , ( m . a.)
Maître d ' h ô t e l , c o m m i s a u x v i v r e s .
* Stewardess, u . f., (m. a . ) — F e m m e de chambre.
* Stick, n. m . , ( m , . ) a

— Canne, b â t o n .
— Composteur.
* Stiff, a d j . , ( m . a . ) — Raide, inflexible, opiniâtre.
* Stimer, v . a . ( A n g l . )
Passer à la v a p e u r . E x . N o u s a v o n s fait stimer n o t r e l i n g e .
* Stimuleux, a d j . m. — S t i m u l a n t .
* Stock, n. m . , ( m . a.)
— Faux col. E x . M o n v i e u x , v a à la g r a n d ' m e s s e , et
n 'oublie p a s d e mettre ton stock.
— A c t i o n d e bourse. E x . J e s p é c u l e sur les stocks de
bourse.
* Stocker, v . a . ( A n g l . )
Assortir. E x . N o u s v e n o n s d ' o u v r i r u n m a g a s i n , nous
sommes b i e n stockés.
* Stopper, v . a . ( A n g l . )
Arrêter. E x . Stoppe, l ' a m i , tu vois bien que ton c h e v a l est
tout d é t e l é .
* Stoppeur, n . m . ( A l i g l . )
Bouchon. E x . S i tu ne te fermes pas le bec, j e v a i s te
mettre u n b o n stoppeur.
* Store, n. m . , ( m . a.)
— Magasin, b o u t i q u e .
— Back-store, arrière-boutique.
* Strappe, n ^ | . ( A n g l . )
Lanière, n y r t i t o n n i è r e , tirant, cordon, attache, cuir à rasoir,
oreille d e s o u l i e r , sous-pieds, courroie de transmission.
E x . D e m o n temps, à l ' é c o l e , l e maître j o u a i t de la
strappe.
* Strapper, v . a . ( A n g l . ) — M e t t r e u n e strappe.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 617

* Strike, straïke, 11. m., (m. a.) — G r è v e o u v r i è r e .


* Strippeur, n. m . ( A n g l . ) — T i l l e u r .
* Strop, n. f., ( m . a.) — C u i r à rasoir, à repasser.
Strordinaire, a d j . — E x t r a o r d i n a i r e .
Strordinairement, adv. — E x t r a o r d i n a i r e m e n t .
* Stud, steudde, n. m., (m. a.) — B o u t o n à manchettes.
* Stuff, n. m., (m. a.) — Etoffe, m a t é r i a u x .
* Style, staïle, n. ni., ( m . a.) — Etre en style, être bien mis.
* Stylish, adj., (m. a . ) — E l é g a n t .
Su, prép.
— C h e z . E x . Je v a i s aller su le v o i s i n .
— S u r . E x . I l pleut su le toit d u h a n g a r .
Subir, v . a.
— E s s u y e r . E x , Subir un refus.
— Adopter. E x . Projet de loi q u i subit une première
lecture.
Subpœna, n. m .
Assignation, citation d'un t é m o i n d e v a n t un tribunal de
justice.
Subriquet, n. m . — S o b r i q u e t .
Suce, n. f. — Biberon.
Sucée, n. f . — A c t i o n de sucer.
Sucer, v . a.
— Soutirer de l ' a r g e n t . E x . P r e n d s g a r d e de t e faire sucer ?
— Sucer son pouce, se retirer d ' u n e affaire sans avoir obtenu
de profit.
Sucette, n. f. — Petite suce.
Suceux, euse, a d j . — Suceur.
Sucrage, n. m.
C h o s e s sucrées, dragées, confitures, sucrerie. E x . J'aime
ça, les sucrages !
Sucrée, n. f . — P e r s o n n e affectée.
Sucrer (se), v. p r o n .
Mettre du sucre dans son b r e u v a g e . E x . Sucrez-vous, mon-
sieur ?
Sucrerie, n. f.
Bois d'érables, erablière où se f a b r i q u e le sucre.
6i8 LE P A R L E R POPULAIRE

Sucres, n. m. pl.
— Le temps des sucres, la saison propre à la fabrication du
sucre.
— Aller aux sucres, prendre part à un parti de tire.
— Travailler aux sucres, travailler à sa fabrication.
Sucrier, n. m. —Fabricant de sucre d'érable.
Suée, n. f.
Corvée. E x . Je viens de prendre une dure suée à travailler
au delà de mes forces. Dans le Perche, le mot sucée se dit
pour suée.
Suer, v. a.
Essuyer. E x . Quand j'étais jeune, tous mes frères et sœurs
ont sué la picote.
Suerie, n. f. — Bain chaud suivi de transpiration.
Suète, n. f.
Suède, petit bois entre les paroisses de Sainte-Foy et de
l'Ancienne Eorette, traversé par un chemin dit route de la
Suète, parce que la terre y est toujours humide.
Suggérer, v. a. — Proposer, conseiller. Ex. On m'a suggéré
de m'adresser au docteur D.
Suggestion, n. f.
Conseil, proposition. E x . C'est à ma suggestion qu'il a fait
cela.
Suggestion ne s'emploie qu'en mauvaise part, comme dans
l'exemple suivant : Ne vous laissez pas influencer par les
suggestions du démon.
Suif, n. m.
Suif de chandelle, graisse dont ou fait la chandelle.
Suiffé, e, a d j . — Soigné.
Suillîer, u. m.—Soulier.
Suir, v. a.
Suivre. E x . Nous l'avons fait suir par la police.
Suisse, n. m. — Tamias rayé.
Suisse barré, n. m.
Collégien dont la capote est en drap bleu avec nervures
blanches.
* Suit, sioute, n. m., (m. a.) — Habillement complet.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 619

Suivant, prép.
Selon. E x . C ' e s t suivant ce qu'il m e dira q u e j ' a g i r a i .
Suivez-moi, n. m .
I^ong ruban de soie ou de velours attaché a u cou avec de
l o n g s pendants en arrière, dans l a toilette féminine.
Sujet, n, m.
C a d a v r e . E x . A u r e z - v o u s bientôt d e s sujets pour disséquer ?
* Sulky, solkê, n. m., (m. a.)
V o i t u r e légère à d e u x roues, qui sert a u x courses de
chevaux.
Sumeler, v. a. — Ressemeler. Sumeler se disait jadis.
Sumelle, n. f.
Semelle. E x . Je ne reculerai pas d ' u n e sumelle, c'est-à-dire
j e demeurerai ferme. Sumelle est d a n s C o t g r a v e .
Sumences, n. f. p l . — S e m e n c e s , s e m a i l l e s .
Sumer, v . a . — S e m e r .
* Sundries, sonn'dréze, (m. a.)
Diverses choses, divers, faux frais.
* Sundry, sonn'dré, (m. a.) — D i v e r s .
Suparbe, adj.
S u p e r b e . E x . Cré-iu qu'il fait b e a u ! — O u i , un temps
suparbe.
Supartitieux, euse, a d j . — S u p e r s t i t i e u x , e u s e .
Supartition, n. f. — Superstition.
Supéna, n. m . — V . Subpœna.
Supertitieux, euse, a d j . — S u p e r s t i t i e u x .
Supertition, n. f . — S u p e r s t i t i o n .
Supeser, v. a . — S o u p e s e r .
Support, n. m. — Partisan.
Supporter, v . a.
— S u b v e n i r a u x dépenses.
— A p p u y e r l e son influence. E x . J e m e présente pour les
élections, v a s - t u m e supporter ?
Supposé, n. m. — Un supposé que, en s u p p o s a n t que.
Sur, p r é p .
— D a n s . E x . J'ai lu surle journal d u s o i r ; je demeure sur
la rue du R o i .
620 l,t PARLER POPULAIRE

— Sous. E x . A g i r sur sa propre responsabilité.


— À . E x . J'ai d e u x c h e v a u x sur ma v o i t u r e .
— V e r s . E x . N o u s étions là sur les d i x h e u r e s .
— Dans le courant. E x . Chanter des g r a n d ' m e s s e s sur
semaine.
Sur (par), loc. p r é p .
Par-dessus. E x . Passer par sur la c l ô t u r e .
Sûr, e, adj. et adv.
— Certainement. E x . Ils viendront sûr.
— Pour le sûr, sûrement. E x . Je te rejoindrai pour le sûr.
— Sûr et certain, très sûr.
* Sure (to be), (m. a.) — A c o u p sûr.
Sureau blanc, n. m . — S u r e a u dit C a n a d a .
Surette, n. f.
— Oseille. E n France o n dit surelle, surielle et suret.
— Bonbon acide.
Surfiler, v . a.
Passer un fil à dos de c h e v a l . Mode p a r t i c u l i è r e de faufiler.
Surjette, n. m.
Surjet, point de couture q u i sert à assembler d e u x lisières
d'étoffe. E x . Coudre en surjette.
Surmonter, v . a.
S e consoler. E x . Pierre a u n g r o s c h a g r i n d ' a v o i r p e r d u
sa femme, il ne pourra p a s surmonter ç a .
* Surprise party, n. m., ( m . a . )
Soirée i m p r é v u e , faite sans invitation. E x . Nous organi-
sons u n surprise party p o u r P â q u e s c h e z madame I x e .
Surtout, n. m . — H a b i t des dimanches, r e d i n g o t e .
Survenant, n. m.
Personne qui arrive au m i l i e u d ' u n b a n q u e t ou d ' u n e r é u -
nion d ' a m i s , sans y a v o i r é t é i n v i t é e , et qui d a n s nos
campagnes, est toujours bien reçue.
Survenu, part. pass. — P a r e n t par alliauce. V . R a p p o r t é .
Suscomber, v. n. — S u c c o m b e r .
Suse, susent, i n d . prés, d u v e r b e suer.
S u e , suent. E x . I^es c h e v a u x susent a v e c u n e si l o u r d e
c h a r g e à traîner. .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 621

Suspec, a d j .
S u s p e c t . E x . C ' e s t u n g a s qui est m a l suspec, il faudra l e
surveiller de près.
Sustance, n. f . — S u b s t a n c e .
Suvenir, v . a. — S u b v e n i r .
* Sweater, souiteur, n . m., (m. a.)
G i l e t en laine tricotée, porté p a r les petits garçons.
* Sweep, souipe, n . f., ( m . a.)
Faire une clean sweep, faire table rase.
* Sweepeur, n. m . ( A n g l . ) — B a l a y e u s e .
* Sweet=briar, n . m . , ( m . a . ) — E g l a n t i e r odorant.
* Sweet=heart, n . m . et f., (m. a . ) — A m o u r e u x , amoureuse.
* Swell, n . et a d j . , (m. a.)
F a s h i o n a b l e , é l é g a m m e n t m i s . E x . Comme t u es swell, ce
m a t i n , vas-tu a u x noces ?
* Switch, n. f., (m. a.) — A i g u i l l e s de chemin de fer.
* Switcher, v . a. ( A n g l . ) — A i g u i l l e r .
* Switchman, n . m . , (m. a . ) — A i g u i l l e u r .
Sycomore, n. m . — E r a b l e sycomore.
Système, n. m .
— C o n s t i t u t i o n . E x . U n e maladie comme celle-là pourrait
bien l u i affecter le système.
— I d é e . E x . Rafraîchir le système.
— Institution. E x . N o u s a v o n s dans la province le système
de j u r y .
622 LE PARLER POPULAIRE

Tabac du diable, n. m.
Jusqiiiame noire. Dans le c o m t é de K a m o u r a s k a , on dit d u
tabac-diable.
* Tabaconiste, n. m. ( A n g l . )
Marchand d e tabac. U n de nos plus d é t e s t a b l e s a n g l i c i s m e s .
Tabagan, n. f . — V . T o b o g a n .
Tabaquière, n. f. — T a b a t i è r e .
Tabaquiérée, n. f. — L e c o n t e n u d ' u n e t a b a t i è r e .
Tabatière, n. f.
— Petite boîte en métal o ù l ' o n met le t a b a c à fumer.
— Porter la tabatière, priser d u tabac.
Tabélier, n. m . — T a b l i e r .
Tabilier, n. m . — T a b l i e r .
Table, n. f.
— Oter la table, enlever les p l a t s .
— Défaire la table, m ê m e sens.
* Table du temps, n. f. ( A n g l . )
Indicateur, brochure ou feuille imprimée q u i sert de g u i d e sur
les chemins de fer. T r a d u c t i o n de l ' a n g l a i s time-table.
Table tournante, n. f.
Plaque tournante. T e r m e de chemin d e fer.
Table (petite), n. f.
— Console, table de salon.
— Guéridon, table ronde à pied central u n i q u e .
Tablée, n. f.
— E n s e m b l e de personnes q u i p r e n n e n t u n repas à l a m ê m e
table.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 623

— E n s e m b l e d e personnes qui s'approchent de la sainte


T a b l e . E x . C e matin, à l a messe de sept heures, il y a
e u c i n q tablées de communiants.
Tac, n. m . — T a c t . E x . A v o i r b e a u c o u p de tac.
Tachant, adj. v .
Q u i est facile à tacher. E x . N e mets pas cette robe au
m a u v a i s temps, tu devrais savoir qu'elle est bien trop
tachante.
Tache, n. f.
— Tache de graisse, personne qui s'installe.
— Tache d'huile, m ê m e sens.
* Tack, n. f., (m. a.) — Broquette.
Tagne, n. f. — T e i g n e .
Tague, n. f.
Jouer à la tague, a u c h a t . A ce j e u , l ' u n des j o u e u r s pour-
suit t o u s les autres, et aussitôt q u ' i l en a t o u c h é u n , il
s ' é c r i e chat. C e l u i q u i est chat poursuit les autres à son
t o u r . V . Chatte, attaque.
Taillage, n . m.
T a i l l e , action de tailler des habits, des arbres.
Taille de robe, n. f.
C o r s a g e de robe, q u i recouvre la partie supérieure d u corps,
d e s é p a u l e s à l a ceinture.
Tailler, v . a.
— C o u p e r . E x . Je v i e n s de m e faire tailler u n habit chez
le tailleur. Tailler du pain.
— Se faire tailler, recevoir une forte réprimande.
Taire, v . a.
Taire son bec, taire sa gueule, se taire, garder u n secret.
Tairir, v . n .
— T a r i r , mettre à sec. E x . L a sécheresse a fait tairir les
ruisseaux.
— A t t e r r i r , p r e n d r e terre. Ex. D e s pièces d e bois qui
v i e n n e n t tairir au r i v a g e .
Talent, n. n.
A p t i t u d e s spéciales. Ex. Mes enfants ont beaucoup de
talent.
624 LE PARLER POPULAIRE

Talet, n. rn.
Tolet, fiche en bois ou en fer, fixée d a n s le plat-bord, et qui
sert à recevoir l ' e r s e a u d ' u n aviron.
T'à l'heure, a d v . — T o u t à l'heure.
* Talk, tâke, n. f., (m. a.)
Conversation, causerie. E x . A v o i r u n e talk avec un ami.
Talle, n. f.
A m a s , certaine quantité. E x . U n e talle de bluets, de
fraises, de framboises.
Talon, n. m .
— Avoir l'estomac dans les talons, a v o i r g r a n d e faim.
— Montrer les talons, porter des bas p e r c é s a u x talons.
Talonnière, n. f. — T a l o n de bas.
Tamarac, n. m.
Mélèze d ' A m é r i q u e . N o u s l ' a p p e l o n s encore êpinette rouge.
Tambour, n. m .
— Petite construction en bois qui sert d ' a b r i avant d'entrer
dans les maisons.
— Mener tambour battant, nùche allumée, m e n e r r u d e m e n t .
— Tambour basque, t a m b o u r de basque.
Tambouret, n. m . — T a b o u r e t .
Tambourinage, n. m. — A c t i o n de battre.
Tambourine, n. f. — T a m b o u r de b a s q u e .
Tambouriner, v. a. — B a t t r e .
* Tam-O'Shanter, (m. a.) — C a l o t t e ronde, sorte de b é r e t .
Tamponne, n. f. — Grosse f e m m e .
* Tandem, n. m . , ( m . a.) — A t t e l a g e e n flèche.
Tandis, a d v . — Tandis ce temps-là, pendant c e temps-là.
* Tank, n. f., (m. a.)
Réservoir, espèce de c u v e carrée ou ronde pour g a r d e r d e
l'eau en réserve. E x . L,es tanks à l ' u s a g e des locomotives,
le l o n g des v o i e s ferrées.
Tannant, n . et a d j .
E n n u y e u x , importun. E x . U u h o m m e tannant, u n e affaire
tannante.
Tanne (à la), loc.
Sans relâche. E x . Je l ' a i averti à la tanne, rien n ' y fait.
DSS CANADIENS-FRANÇAIS 625

Tanner, v . a. — E n n u y e r . E x . V a - t - e n , tu nie tannes.


Tannerie, n. f.
E n n u i . E x . Q u e l l e tannerie que de vivre ainsi à travers un
m o n d e insupportable !
Tanque, a d v .
T a n t . E x . I l y a v a i t du monde tanque et plus.
* Tansy, tann'zy, (m. a.)
T a n a i s i e , plante à rieurs jaunes, d'odeur ^forte, et dont on
confectionne u n bonbon recommandé contre le rhume.
Tant, a d v . — S i . E x . D e tant loin que je l'ai aperçu.
Tant (jusqu'à), loc.
J u s q u ' à ce q u e . E x . Je l'attendrai Jusqu'à tant q u ' i l vienne.
Tant comme, loc.
A u t a n t que. E x . J'ai de l ' o u v r a g e tant comme j e p e u x en
faire.
Tant pire, loc. a d v .
T a n t p i s . E x . Tant pire pour toi, l'ami, si tu v e u x absolu-
m e n t t'enfoncer.
Tant qu'à, loc. — Q u a n t à. E x . Tant qu'à moi, j ' y consens.
Tant que, loc. a d v .
J u s q u ' à ce que. E x . N e parle pas tant que j e te dise d'ou-
vrir la bouche.
Tant seulement, l o c . a d v .
S e u l e m e n t . E x . Je v a i s prendre u n verre tant seulement
, p o u r v o u s saluer.
Tantonnement, n. m . — T â t o n n e m e n t .
Tantonner, v. n. — T â t o n n e r . V . ce mot.
Tantons (à), loc. a d v . — A tâtons. V . T â t o n s .
Taon, n. m .
G r o s s e m o u c h e q u i s u c e le s a n g des g r o s mammifères.
Tape=cul, n. m.
I n s t r u m e n t de c o r r o y e u r , de tonnelier, de maréchal-ferrant.
Tapé, part. pass.
B i e n fait, bien dit. E x . V o i l à un beau surtout, d e l'ou-
v r a g e c o m m e ç a , c ' e s t tapé !
Tapée, n. f.
G r a n d nombre. E x . U n e tapée d'enfants.
40
626 LE PARLER POPULAIRE

Taper, v . a.
— Taper dans le tas, p r e n d r e au hasard.
— Taper dans la main, a v o i r la m ê m e i d é e .
— Taper dans les yeux, plaire, éblouir.
— Taper là, l'affaire est r é g l é e .
— Taper de V œil, dormir.
— Taper sur le nez, confondre.
Tapin, n. m . — Coup de l a m a i n . (De G a s p é , Mémoires.)
Tapis, n. m .
— Tapis de piano, c o u v e r t u r e de p i a n o .
— Tapis de moquette, en moquette.
— Tapis de tapisserie. (Angl.) V i e n t de l'anglais tapestry.
Tapisserie, n. f.
Papier de couleur c o u v e r t de dessins v a r i é s , que l e tapisseur
pose sur les murs et l e s plafonds des p i è c e s d ' u n e maison.
Tapisseur, n. m . — T a p i s s i e r , qui pose l a tapisserie.
Tapocher, v. a. — T a p e r en b o u s c u l a n t .
Tapon, n. m .
Paquet. E x . U n tapon de laine, u n tapon d e g u e n i l l e s .
Taponer, v . a.
— Prendre dans ses m a i n s u n e chose p o u r la mettre en tapons.
E x . Taponer du mastic.
— Mettre en paquet d u l i n g e sans a u c u n soin. E x . Taponer
une robe, u n e chemise, p o u r la m e t t r e dans u n tiroir de
commode.
* Tap-room, —roume, ( m . a.)
Estaminet, buvette de b a s é t a g e .
Taque, n. f . — V . T a g u e .
Taquinard, n . m . — T a q u i n .
Taquineux, euse, n. m . e t f . — T a q u i n , q u i aime à taquiner.
Tarabusquer, v . a . — T a r a b u s t e r , f a t i g u e r , i m p o r t u n e r .
Tard, a d v .
— P a s tard, d e bonne h e u r e . E x . N o u s irons v e i l l e r chez
vous ce soir, mais attendez-nous pas tard.
— Sur le lard, dans l a soirée, un p e u tard. E x . T u viens
un p e u sur le tard, d i x minutes p l u s tôt, t u aurais rencon-
tré notre ami des E t a t s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 627

Tarder, v . n.
— Ne tarder que Vheure, être sur le point de. E x . Il n e
tarde que Vheure d'arriver.
•— Tarder Theure, m ê m e sens.
Tarèse, n. f. — V . T h é r è s e .
Targetter, v. a. — Pousser la targette d'une croisée.
Tarteau, n. m. — P e t i t e tarte a u x pommes.
Tartine, n. f.
A r t i c l e de j o u r n a l . E x . U n journaliste qui sert des tarti-
nes à ses l e c t e u r s ,
Taruelle, n. f. — T r u e l l e .
Tas, n. m .
T a l o n , a u j e u d e cartes. E x . P i g e dans le tas, ramasse le
tas et brasse les cartes.
Tasque, n. f. — T a x e .
Tasquer, v . a. — T a x e r .
Tasqueux, n. m . — T a x e u x .
Tassage, n. m. — A c t i o n de tasser. E x . L e tassage du foin
Tasse, n. f.
— La grande tasse, la mer.
— Boire à la grande tasse, se noyer.
Tassée, n. f.
C o n t e n u d ' u n e tasse. E x . U n e tassée d'eau, de lait. Tassée
est un v i e u x m o t .
Tasser, v . a.
S e r r e r d e près a u c o u r s d ' u n débat, d'une discussion.
Tasser (se), v . p r o n .
S e presser, se serrer les uns contre les autres. E x . Allons,
tassez-vous, les enfants, l'espace est étroit, il n ' y a pas
b e a u c o u p à'arce.
Tasserie, n. f.
C o m p a r t i m e n t dans u n e grange où l ' o n tasse le foin qui y a
é t é déposé.
Tâte=mînette, n. m .
H o m m e efféminé, qui fait des o u v r a g e s de femme.
Tatiller, v . a.
T a t i l l o n n e r , s ' o c c u p e r avec minutie des moindres détails.
628 LE PARLER POPULAIRE

Tâtiner, v. a. — Tâter, manier très doucement.


Tâtonner, v. n.
— Hésiter à faire une chose.
— Travailler comme un paresseux, ne pas avancer à l'ou-
vrage.
Tâtonneux, euse, n. m. et f.
— Tâtonueur, qui hésite à entreprendre une besogne.
— Qui travaille en paresseux, quitte son ouvrage, le recom-
mence, et le quitte encore.
Tâtons (à), loc. adv.
Dans l'obscurité. E x . Marcher à tâtons durant la nuit.
* Tatting, n. m., (m. a.)
Frivolité, espèce de dentelle, de broderie.
Taupin, n. m.
— Homme d'apparence dure et de forte stature, un lourdaud.
— Il y a plus d'un bœuf qui s'appelle Taupin, il y a plus
d'une personne qui porte le même nom.
Tauraille, n. f. — Petite taure.
Taux, n. m.
Chiffre. E x . Avez-vous calculé le taux de la mortalité pour
l'année 1907 ?
Tavelle, n. f.
L,isière de coton ou de laine qui sert à border les robes.
Tchèque, n. m. —Chèque.
Té, adj. poss. pl.
— Tes. E x . Té pommes, té livres.
— Tais. E x . 7ï-toi.
*^Team, tîme, n. m., (m. a.) — Attelage.
Te Deum (chanter un).
Remercier Dieu. E x . T u as réussi à obtenir un emploi du
gouvernement, tu peux faire chanter un beau Te Deum.
* Teetotaler, ti-tô-tê-leur, (m. a . ) — B u v e u r d'eau, abstème.
Teigne, n. f.
Personne qui ne lâche pas d'un pouce, se colle aux flancs
comme une teigne.
— Personne très méchante. E x . Ce gaillard-là est mauvais
comme la teigne.\
DES CANADIENS-FRANÇAIS 629

Teindu, e, part.
T e i n t , e. E x . Je m e suis teindu les c h e v e u x .
Télégraphe, n. m .
Personne qui v o t e sous le nom d ' u n e autre, la personnifie.
Télégrapher, v . a. et n. — T é l é g r a p h i e r .
Télescope, n. m . — L , u n e t t e d'arpenteur.
Temps, n. m.
— O u v r a g e . E x . Je vous donnerai une piastre pour votre
temps.
— Salaire. E x . V o t r e temps commencera à courir depuis
ce matin.
— H e u r e s ou j o u r s de travail. E x . Qui est-ce qui va tenir
le temps des h o m m e s ?
— En temps que, dans le temps que.
— Faire tous les temps, tempêter.
— En un rien de temps, dans le temps de le dire.
— Avoir du bon temps, avoir des loisirs.
— Il y a de la pluie dans le temps, la pluie est menaçante.
— Le temps est écho, il y a beaucoup d'écho.
— La dureté des temps, affaires mauvaises.
— En temps, à l ' h e u r e . E x . L,e train est-il en temps ?
— Gros temps, tempête. ( C a s g r a i n , Jongleuse.)
— Tenir le temps, ne rien n é g l i g e r .
— Un coup de temps, une tempête subite et forte.
— Un bout de temps, un certain temps.
— De temps en temps, de distance en distance. E x . Com-
mis, avez-vous de l'indienne à fond bleu, avec des petits
picots noirs de temps en temps ?
— Un temps mort, lourd.
— Un temps bas, couvert.
— Le petit temps, la prime jeunesse.
— Il est grand temps, il est u r g e n t .
— Le temps d'aller, de se retourner.
— Jusqu'à temps que, j u s q u ' à ce que.
— A temps, un temps convenable.
— Un temps fut, autrefois.
— Il y a beau temps, il y a l o n g t e m p s .
630 LE PARI.BR POPULAIRE

— Prendre le temps comme il vient, savoir se plier a u x cir-


constances.
Tendre, adj.
Sensible. E x . T u ne sais p a s ce q u e je suis tendre vu. froid.
Tendre, v. a. — Tendre u n e pêche.
Tendresse, n. f.
Tendreté ; qualité de ce q u i est t e n d r e , en p a r l a n t des
viandes.
Ténèbres, n. f. pl.
Office des ténèbres. E x . J ' a i ' a s s i s t é a u x Ténèbres, hier, à
la Basilique de N o t r e - D a m e .
Tenir, v . n .
S'y tenir sans relâche. E x . Voilà u n bon travaillant, il
tient à son ouvrage.
* Tennis, n. m., (m. a . ) — J e u de p a u m e .
Tentatif, a d j .
T e n t a n t . E x . Aller se faire b a t t r e a u j e u , ce n ' e s t pas
tentatif.
Tenture, n . f.
Disposition des pièges destinés à c a p t u r e r les a n i m a u x des
bois.
Téribe, a d j . — T e r r i b l e .
Térif, n. m. — Tarif.
Térir, v. a.
Tarir. E x . N o s vaches térissent d ' u n e j o u r n é e à l ' a u t r e .
Terme, n. m.
— Session. E x . Sais-tu q u a n d commence le terme de la
cour supérieure? ( A n g l . )
— D u r é e d'office. E x . E e g o u v e r n e u r finira son terme l'an
prochain. (Angl.)
— Parler en termes, t e n i r u n l a n g a g e m a n i é r é , à la façon
des Précieuses.
Ternuche, n. f. — E t e r n u e m e n t .
Terra cotta, n. f. — T e r r e cuite. E x . U n b u s t e en terra cotta.
Terrain, n. m.
— Terrain des vaches, sol.
— Etre sur les terrains, s u r les lieux. (Angl.)
DUS CANADIENS-FRANÇAIS 631

Terre, n. f.
— P l a n c h e r , p a r q u e t . E x . Baise l a terre, m é c h a n t enfant.
— Terre neuve, terre non défrichée.
— Faire de la terre, défricher.
— Terre noire, terreau.
— En terre, s u r terre. E x . I l n ' y a pas d ' h o m m e plus
m a l h e u r e u x en terre que lui.
— Il fait noir comme terre, l'obscurité est très profonde, on
n ' y v o i t a b s o l u m e n t rien.
— Trouver terre, atteindre le fond de l'eau avec une rame.
Terrir, v . a. — A t t e r r i r . E x . D u fumier terri. V . Tairir.
Terroué, n. m.
T e r r e a u . E x . S i t u v e u x avoir de belles fleurs, ajoute du
lerrouê.
Teruelle, n. f. — T r u e l l e .
Tête, n. f.
•— Ne pas avoir de tête, manquer de tête, manquer d'intelli-
gence.
— Perdre la tête, n e savoir plus que faire.
— Se casser la tête, se fatiguer outre mesure.
— La tête me fend, j ' a i un gros mal de tête.
Tête de pioche, n. f.
P e r s o n n e entêtée, enfant têtu qui n ' é c o u t e personne.
Tête d'oreiller, n. f.
T a i e , sac de l i n g e qui enveloppe un oreiller.
Tête en fromage, n. f. — H a c h i s de porc frais, têtes et pattes.
Têtes d'anguilles, n. f. p l .
S o b r i q u e t d o n n é a u x habitants de la petite rivière Saint-
François.
Teurdre, v . a.
T o r d r e . E x . C e l a me teurd l'ambition ; cette colique me
teurd le v e n t r e .
Teurse, part. p a s s . f.
T o r s e . E x . C e t t e corde est trop teurse, déteurs-\k.
* Thanks=giving, n. m., (m. a.)
A c t i o n s d e g r â c e s . E x . L e 26 octobre sera, cette année, le
jour du thanks-giving.
632 LE PARLER POPULAIRE

Thé, n. m .
— Petit thé, t h é de G a u l t h i e r .
— Thé canadien, spirée à feuilles de s a u l e .
* Thébord, n. ni. ( A n g l . ) — P l a t e a u . D e l ' a n g l a i s tea-bord.
* Thépot, n. m. ( A n g l . ) — T h é i è r e . D e l ' a n g l a i s tea-pot.
Théquière, n. f. — T h é i è r e .
Thérèse, n. f.
Coiffure fourrée pour l ' h i v e r , à l ' u s a g e des femmes.
Thétière, n. f. — T h é i è r e .
* Thrash, n. m . , (m. a.)
— Moulin à battre.
— O u v r a g e m a l fait.
— Marchandises non v e n d a b l e s .
Ti.
Vous avez-ti été là-bas ? E s t - c e que v o u s a v e z été là-bas ?
Tiaude, n. f.
Mets composé d'un r a n g de morue fraîche, d ' u n r a n g de
tranches de lard, superposés alternativement, et q u ' o n
fait étuver. (De G a s p é , Anciens Canadiens.)
* Ticket, ti-ket, n. m. et f., ( m . a.)
— Etiquette. E x . U n e ticket sur u n e bouteille.
— Bulletin. E x . L,e ticket d ' u n candidat.
— Return ticket, billet d'aller et retour.
— Ticket-offi.cz, bureau d e billets.
* Tidy, taï-dê, n. m., (m. a.) — Dessus d e fauteuil.
* Tie, taï, n. m . et f., ( m . a.)
— E g a l i t é de v o i x , partie é g a l e . E x . E n 1878, u n candi-
dat b r i g u a d e u x fois les suffrages d e s électeurs, et chaque
fois il eut u n tie.
— T r a v e r s e en bois o ù l ' o n pose les rails. E x . Ç a me
fatigue b e a u c o u p d e s a u t e r d ' u n e tie à l ' a u t r e .
Tienbendu, p a r t . pass. — T e n u .
Tienbondu, p a r t . pass. — T e n u .
Tiendre, v . a. — T e n i r .
Tiendu, part. pass. — T e n u .
Tieue, n. f.
Queue. E x . Q u i a p u c o u p e r la tieue d e m o n chien ?
DES CANADIENS-FRANÇAIS
633

Tiger, v . a. — P o u s s e r des t i g e s .
* Tight, taï-te, ( m . a.)
S e r r é , g r i s , à moitié i v r e , raidi, tendu, justaucorps.
Tignasse, n. f.
— I^aine, filasse m ê l é e .
— C h e v e l u r e e n d é s o r d r e et e m m ê l é e .
Tigue, n. f. — D o l o i r e à l ' u s a g e des tonneliers.
Tille, n. f.
P e t i t e h a c h e dont se servent les couvreurs en bardeaux.
Timber, v . n . — T o m b e r . E x . P r e n d s garde de timber.
* Time=keeper, tdime-kipeur, n. m., (m. a.)
Surveillant, contrôleur.
* Time=table, tébl, n. m . , (m. a . )
I n d i c a t e u r , t a b l e a u des heures.
Timeur, n . f. — T u m e u r .
Tinette, n. f.
— C u v e t t e o ù l ' o n m e t le beurre, l e poisson en provision.
E x . U n e tinette d e sardines.
— Ne pas prendre goût de tinette, ne pas prendre de temps à
s e faire.
— La recette, c'est la tinette, secret d u succès dans l'art culi-
naire.
Tinettée, n. f. — P l e i n u n e tinette.
* Tinque, n. f. ( A n g l . ) — R é s e r v o i r . V . T a n k .
Tint, p a r t . pass.
T e n u . E x . J ' a i tint le cheval par la bride.
Tinton, n. m .
— T i n t e m e n t . E x . N o u s partirons pour la grand'messe au
dernier tinton.
— Tintouin.
Tipsy, sé, a d j . , ( m . a.) — G r i s , i v r e .
* Tip top, adj., ( m . a . ) — E x c e l l e n t , de premier ordre
* Tiquette, n. m . ( A n g l . ) — V . T i c k e t .
* Tiqueter, v . a. ( A n g l . ) — Etiqueter.
Tirage, n. m . — A c t i o n de traire la vache.
Tiraille, n . f.
T i r a n t , nerf dans la v i a n d e de boucherie.
LE P A R L E R POPULAIRE
634

Tirant, n. m.
— Aurore boréale.
— Trait, longe de cuir, avec laquelle les chevaux tirent.
Tire, n. f.
— Tirage. Ex. La tire de la cheminée,
— Trait, action de tirer. Ex. Il y a de la tire pour monter
la côte.
— Bonbon fait avec du sucre ou du sirop, avec consistance
plus ou moins molle. S'appelle rhumqirin aux îles de
Saint-Pierre et Miquelon. Maurice Caperon, dans Chasses
et Pêches aux îles Saint-Pierre et Miquelon, dit: «Vers le
milieu, l'isthme se rétrécit et s'amincit comme un bâton
de rhumquin. » En note : « Espèce de bonbon que les
ménagères Saint-Pierraises font avec de la mélasse. » La
mélasse étant proche parente du rhum, le mot rhumquin
s'explique facilement.
Tire=point, n. m.—Tiers-point, petite lime triangulaire.
Tire=pois, n. m.
Sarbacane, long tu3?au qui sert à lancer, en soufflant, des
pois ou autres petits projectiles.
Tirer, v. a.
— Se diriger. Ex. Tire sur la droite ! Tire à hue ! Tire à
dia!
— Traire. E x . Marie, va tirer la vache.
— Lancer, ruer. Ex. Ne tire pas de pierres comme ça.
— Faire. E x . Nous allons tirer une course tous les deux.
— Tirer dti grand, trancher du grand.
— Tirer aux cartes, tirer l'horoscope.
— Tirer la langue, être pauvre.
— Tirer le diable par la qzieue, vivre misérablement.
— Tirer une carotte, carotter, escroquer.
— Tirer la couverture de son côté, accaparer.
— Tirer quelque chose de sa poche, inventer.
— Tirer sur, avoir de la ressemblance. E x . Cette couleur
tire sur le bleu.
— Tirer au renard, jeu d'enfants.
— Tirer au bout, tirer à la fin.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 635

— Tirer par les cheveux, exagérer.


•— Tirer à la loterie, tirer au sort.
— Tirer aux poignets, j e u de mains.
— Tirer un portrait, photographier.
— Ça tire. I l y a des difficultés à résoudre des d e u x côtés.
— Tirer de long, apporter du délai, retarder.
Tiretaine, adj.
G ê n é dans ses v ê t e m e n t s . E n F r a n c e la tiretaine est le nom
d e plusieurs étoffes anciennes en laine ou m é l a n g é e ou
pure. N o u s disons d'une personne que ses vêtements
s e m b l e n t étouffer, qu'elle est tiretaine.
Tireur, n. m. — Tireur de portraits, photographe.
Tiribe, a d j . — T e r r i b l e . E x . C e s t - y pas tiribe ?
Tirif, n. m . — T a r i f .
Tirine, n. f. — T e r r i n e .
Tirinée, n. f. — T e r r i n é e .
Tiroué, n. m . — T i r o i r .
Tisonner, v. a.
A g a c e r q u e l q u ' u n c o m m e pour le faire fâcher, de m ê m e qu'on
t i s o n n e le feu p o u r l'activer.
Tissure, n. f. — F i l de trame.
Tit, a d j . — P e t i t . E x . U n p a u v r e tit enfant.
* Tit for tat, l o c , (m. a.)
U n p r ê t é p o u r u n rendu, à bon chat bon rat.
Titi, n. m . — P e t i t .
Titite, n. f. — P e t i t e .
* Toast, n. f., (m. a.) — T r a n c h e de pain rôti.
* Tobogan, n. f., (m. a.)
T r a î n e a u pour g l i s s e r , de fabrication indienne.
Tocson, ne, n. m . et f.
— Grossier, v u l g a i r e .
— B œ u f ou v a c h e qui n'a pas de cornes.
* Toddy, n. m., ( m . a.) — G r o g .
* Toffy, n . m., (m. a . ) — C a r a m e l au beurre.
T o g u e n. m. — V . T u l a d i .
r

Toile, n. f.
Faire de la toile, perdre connaissance ou à p e u près.
636 LE PARLER POPULAIRE

Toilette, n. f.
— R e p l i s d u péritoine q u i tiennent l e s intestins en place.
— Avoir la toilette décrochée, souffrir de douleurs intes-
tinales.
— Papier de toilette, papier de latrines. (Angl.)
Toiletter, v . a.
Habiller q u e l q u ' u n a v e c u n grand l u x e , l'affubler de ses
plus b e a u x habits.
Toiletter (se), v . pron. — F a i r e sa toilette.
Toiletteux, euse, n. e t a d j .
— Qui se toilette b e a u c o u p .
— Vaniteux.
* Token, n. m., (m. a.) — Jeton.
Tôle, n. f.
S o u . I l e x i s t a i t autrefois, à Q u é b e c , des sous taillés dans
des feuilles de tôle. C ' e s t avec ces s o u s q u e les habitants
payaient les barrières. D ' o ù le mot tollgâte, E x . Peux-
tu m e prêter une piastre ? — Impossible, j e n'ai p l u s une
tôle.
Tôlée, n. f.
L e contenu d ' u n e lèchefrite en tôle, d e dimensions variables.
Tôler, v. a.
Tâler un poêle, l'entourer de tôle, afin d e p r é s e r v e r l'enca-
drement de l a chaleur trop v i v e .
Tôleur, n. m.
Tôlier, qui travaille la tôle, q u i tôle l e s p o ê l e s .
* Toll=gate, tôle-gaite, n. f., (m. a.) — B a r r i è r e de p é a g e .
Tombe, n. f. — P i è c e de bois d a n s un p i è g e à castor.
Tomber, v . n.
— A r r i v e r j u s t e . E x . T u ne p o u v a i s p a s m i e u x tomber,
j ' a i u n bon dîner à t'offrir.
— A r r i v e r . E x . A s - t u s u l a g r a n d e n o u v e l l e ? le Mercredi
des Cendres, cette a n n é e , tombe le d i m a n c h e .
— Tomber d'un mal, ê t r e frappé d ' é p i l e p s i e .
— Tomber dessus, bien t o m b e r .
— Tomber dessus quelqu 'un, l e maltraiter.
— Tomber dans l'œil, p l a i r e .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 637

— Tomber de Veau, uriner.


Tomberée, n. f. — P l e i n un tombereau.
* Tombleur, n. m . ( A n g l . ) — G r a n d verre.
Tonde, n. m.
A m a d o u . E x . Passe-moi d u tonde pour allumer ma pipe.
E n F r a n c e , tonde est féminin. D e l'islandais tundr, allu-
mer.
Tondeur, n. m . — Tondeur d'œufs, tracassier.
Tondreux, euse, a d j .
Q u i a l a consistance du tonde. E x . Ce navet est tondreux.
Tondrière, n. f.
E n d r o i t où le tonde est en abondance.
Tondu ! — Crê tondu ! E x c l a m a t i o n de surprise.
Tonne, n. f . — T o n n e a u . E x . U n e tonne de v i n .
Tonnerre !
— Tonnerre d'un nom /
— Tonnerre de Brest !
— Crê tonnerre ! E s p è c e de j u r o n pour e x p r i m e r l'étonne-
ment.
Ton quien.
L e tien. E x . C e canif-là, c'est-y ton quien f — O u i , c'est
mon mien.
Toque, n. f.
— M o r c e a u . E x . U n e toque de tire.
— P e t i t arbuste qui fournit une capitule garnie de piquants
que l e s enfants se lancent par l a tête. C ' e s t la scutellaire
en casque.
Toquer, v . a.
— F r a p p e r de l a tête. E x . U n bélier qui toque.
— C o g n e r fort. E x . L e c œ u r m e toque.
Toquer (se), v . p r o n .
— S ' e n t h o u s i a s m e r pour q u e l q u ' u n o u quelque chose.
— D e v e n i r pensif.
Toquet, n. m . — T a q u e t .
Torcher, v . a.
— Torcher un plat, le nettoyer.
— Torcher la gueule à quelqu'un, le frapper au v i s a g e .
6 8 LE P A R L E R POPULAIRE
3

— Affaire bien ou mal torchée, bien ou mal faite.


Torcher (se), v. pron.
Se résigner, prendre son parti d'une perte, d'un échec. Ex.
Tu pensais qu'il allait te payer, mais tu peux aller te tor-
cher.
Torchette, n. f.
— Papier de latrines.
— Net comme torchette, V. Net.
Torchon, n. m.
— Flocon. Ex. Des torchons de neige.
— Personne malpropre, une Marie Torchon.
— Torchon de vaisselle, de cuisine.
— Se donner un coup de torchon, se battre.
— Servir de torchon, faire une besogne que personne ne veut
faire.
Torchonner, v. a.
Eaire de la mauvaise besogne, sans soin et souvent malpro-
prement.
Tordeuse, n. f.
Essoreuse, instrument pour tordre le linge après qu'il a été
lavé.
Tord=nom, n. m.—Crê tord-nom ! Juron.
Tord-vice, n. m . — J u r o n .
TorgnoIIe, n. f.
Soumet porté à la tête. E x . Je lui ai allongé une torgnolle
qui peut compter. Dans le Berry, on dit également tor-
gnolle. Ailleurs, on dit torniolle pour soufflet qui fait
tourner la tête ; en Normandie, torgniole, soufflet.
Torniole, n. f. —V. Torgnole.
Torquette, n. f.
Bloc de tabac pressé, à l'usage des chiqueurs. E x . Passe-
moi ta torquette que je prenne une chique.
— Ficher la torquette, jeter un sort, un maléfice. (T. de
chasse.)
Torrieu !
Juron qui serait blasphématoire, si les mots qu'il renferme
n'étaient pas défigurés.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 639

Tort, n. m .
— Etre dans son tort, avoir tort.
— Si? mettre dans son tort, m ê m e sens.
Tortiller, v . a.
— Tortiller du derrière, marcher en tournant à droite, à
gauche.
— Il n'y a pas à tortiller avec lui, il n ' y a pas de détours à
prendre avec celui-là.
Tortillon, n. m. — G â t e a u en forme de couronne.
Tortu=bossu, n. m.
— Tortillé irrégulièrement.
— H o m m e contrefait.
* Touch, teutsche, n. f., (m. a.)
— Q u a l i t é s é p r o u v é e s , trait, coup de pinceau.
— H a b i l e t é . E x . Je ferai faire cet ouvrage par Pierre, il a
la touch pour cela.
Touche, n . f.
— P e t i t e b a g u e t t e en bois p o u r permettre a u x enfants de
s u i v r e la l i g n e en lisant.
— Tirer une touche, fumer la pipe.
— La Sainte- Touche. — V . S a i n t e - T o u c h e .
Touche=à«tout, n. m .
P e r s o n n e qui m e t la m a i n partout en furetant.
Toucher, v . a.
— F a i r e avancer u n cheval attelé. E x . Touche u n peu,
cocher, j e suis pressé.
— Cela s'appelle touchez-y pas, inutile d'essayer d'obtenir une
chose.
— Touchez-là ! il n'en sera rien, pour dire q u ' o n ne v e u t
p a s faire une chose, parce q u ' o n a coutume de retoucher
d a n s l a main p o u r conclure u n marché ou en signe de
bienveillance. (Fur.)
Toucheux, n. m .
T o u c h e u r . C o n d u c t e u r des c h e v a u x ou des b œ u f s qui
labourent o u hersent.
Touée, n. f.
Prendre de la touée, prendre de la liberté, de la latitude.
640 LE P A R L E R POPULAIRE

* Tough, feu/, adj., (m. a.)


— E p i n e u x , difficile.
— Dur, grossier. E x . L e s gars des c h a n t i e r s sont tous des
tough.
Toujours, a d v .
— Toujours est-il, toujours est-il v r a i . E x . Toujours est-il
que j e s u i s arrivé à faire quelque c h o s e . Cette forme est
c o n d a m n é e par E v a n Martin, dans le Courrier de Vau-
gelas.
— E n v é r i t é . E x . Je n'ai toujours j a m a i s v u u n e chose
pareille.
Toujous, a d v .
Toujours. E x . Toujous est-il que j ' a i fini par m ' e m b ê t e r
dans c e v o y a g e .
Toupet, n. m .
— Toupet fâché, c h e v e u x en désordre.
— Une partie de toupet, une chicane en r è g l e .
— Avoir un toupet d'enfer, une audace p e u c o m m u n e .
— Se pre?idre au toupet, se battre.
— Se faire arranger le toupet, se faire m o r i g é n e r .
Toupette, n . m . — T o u p e t .
Toupetter, v . a. — F a i r e l e toupet.
Toupie, n. f.
Femme a g i t é e et hargneuse. E x . N e me parle p a s de la
mère A n g o , c'est une vieille toupie.
Toupinage, n . m . — A c t i o n de toupiner.
Toupiner, v . n.
Toupiller. T o u r n e r sur soi-même c o m m e u n e toupie, c'est-
à-dire n e rien faire tout en ayant l ' a i r de faire beaucoup.
L e toupin, en France, est le sabot o u toupie que l'on fait
tourner à c o u p s de fouet.
Toupineux, euse, adj. et n. — Qui toupine.
Tour, n. m .
— O c c a s i o n favorable. E x . Peut-être trouverai-je le tour
d'aller v o u s voir.
Moyen, m a n i è r e . E x . Q u i connaîtrait les tours, on prendrait
les l o u p s .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 641

Tour=de=cou, n. m .
E s p è c e de boa en fourrure, qui e n t o u r e l e c o u .
Tour de crasse, 11. m.
Canaillerie. E x . Jouer des tours de crasse.
Tour de Jarnac, n. m. — C o u p de J a r n a c .
Tour d'ongle, n. m . — T o u r n i o l e .
Tour de reins, n. ni.
D o u l e u r forte dans la région des r e i n s , o c c a s i o n n é e par un
m o u v e m e n t brusque et f a u x .
Tour de soleil, n. m . — T o u r n e s o l .
Tourbentine, n. f.
Térébenthine. Tourbentine se disait a u t r e f o i s .
Tourlour, n. m . — Individu à allure b i z a r r e .
Tourloute, n. f. — S o r t e de béret d ' e n f a n t .
Tourmaline, u. f. — T o q u e ronde et p l a t e .
Tourmentine, n. f. — T é r é b e n t h i n e .
Tournailler, v. n.
A l l e r dans un sens et dans u n autre. Tournaille signifiait
courbe, d'après C o t g r a v e .
Tournâilleux, euse, a d j .
Q u i tournaille, v a et vient à droite et à g a u c h e .
Tourne, n. f. — Retourne, a u x cartes.
Tourne-avis, n. m . — T o u r n e - v i s .
Tourne-clefs, n. m . — Guichetier.
Tourne-soleil, n. m. — T o u r n e s o l .
Tournée, n. f.
Q u ê t e , collecte. E x . E e s marguilliers v o n t faire une tournée
p o u r les pauvres de la paroisse.
— Promenade. E x . O ù est votre m a r i , m a d a m e ? — Il est
parti en tournée dans les paroisses v o i s i n e s .
Tourner, v . a.
— Retourner.
— Tourner et ratourner, user de n o m b r e u x d é t o u r s avant de
se décider.
— Tourner autour, hésiter, balancer.
— Tourner autour du pot, même sens.
Tournette, n. f. — D é v i d o i r .
4i
642 LE P A R L E R P O P U L A I R E

Tourniquet, n. m.
— Poteau vertical au sommet duquel sont fixées des cordes
qui retombent à hauteur d ' h o m m e , que les g y m n a s t e s
saisissent et au moyen desquelles ils tournent en sautant.
— Vire-vire, remous, tournant où l ' e a u tourne continuel-
lement.
Tournure, n. f.
— T o u r n i o l e , variété de panaris qui se d é v e l o p p e autour de
l'ongle.
— Présure, matière acide e x t r a i t e de la caillette des jeunes
ruminants pour faire cailler le lait.
Tours et ratours. — Détours, f a u x - f u y a n t s .
Tourquière, n. f. — V . T o u r t i è r e .
Tourte, n. f. — Pigeon v o y a g e u r .
Tourtière, n. f. — P â t é de v i a n d e de porc h a c h é e m e n u .
Toussâiller, v . n.
Tousser légèrement, q u a n d l e rhume est à p e u près g u é r i .
Tousseux, euse, n. et adj.
Tousseur, qui tousse, qui est e n r h u m é .
Tout, adj., adv. et pron.
— Tout plein, beaucoup.
, — Pas en tout, pantoute, p a s d u tout.
— Tout dreite, sans se détourner.
— Tout partout, partout.
— Tout à clair, distinctement.
— Tout à bon, tout de b o n .
— Tout probable, probable.
— Tout comme, équivalent, la même chose.
— Tout beau ! doucement !
— Tout de même, cependant, malgré t o u t .
— Tout entour, autour.
— Tout fin, tout à fait.
— A toutes heures, à toute heure.
— A tout le moins, au moins, tout au moins.
Toutou, n. m.
— C o c h o n de lait.
— Petit enfant.
DKS CANADIENS-FRANÇAIS 643

— P r é f é r é . E x . C ' e s t le toutou de la famille.


Tout un chacun, loc.
T o u s . E x . Q u e tout un chacun passe à la file par la porte
de la cour.
Toutoune, n. f. — Petite fille lourde d'allure.
* Township, n. m . , ( m . a.)
C e mot n ' a pas d ' é q u i v a l e n t en français. M . de T o c q u e v i l l e
dit que le t o w n s h i p tient le m i l i e u entre le canton et la
c o m m u n e de F r a n c e . •— Canton est le mot qui semble le
m i e u x rendre l ' i d é e . Conservons township.
Tout=vice, n. m.
— H o m m e habile à tout faire, mais nullement v i c i e u x d'or-
dinaire.
Tracas, n. m.
— U n petit nombre. ( D e G a s p é , Mémoires.)
— S o r t e de g a l e t t e découpée a u coupe-pâte et cuite dans
l ' h u i l e de marsouin très é p u r é e . Ce g â t e a u est particu-
lier a u x g e n s du comté de K a m o u r a s k a , où se fait la pêche
d u marsouin.
* Track, n. f., (m. a . )
— V o i e ferrée.
— P i s t e d ' u n c h a m p de course.
* Tract, n. f., ( m . a.) — Opuscule, brochure.
Traduisable, adj. — T r a d u i s i b l e .
Trafiquage, n. m . — Trafic.
Trafiquer, v . a.
E c h a n g e r des objets. E x . Trafiquons nos montres, combien
m e donnes-tu de retour ?
Train, n. m .
— M é n a g e des étables. E x . V o i c i l'heure d u train, soigne
les v a c h e s c o m m e il faut.
— Etre en train, être ivre.
— Se mettre en train, s'enivrer.
— Le train des bœufs, train qui v o y a g e de nuit.
— Train de nuit, qui ne circule que la nuit.
— Etre en train de, être occupé à. E x . Je suis en train de
déjeuner.
644 LE PARLER POPULAIRE

— Faire le train, faire d u bruit, s o i g n e r les a n i m a u x dans


l'écurie.
— Un train de vie, conduite.
Traînard, n. m.
H o m m e qui manque d ' o r d r e , m e t t o u t à la traîne.
Traînasser, v . n . — T r a î n e r , l a n g u i r .
Traînasseries, n . f. p l .
Objets laissés à l'abandon, et mis h o r s de l'endroit d é s i g n é .
Traîne, n. f.
T o b o g a n . Planche de bois l é g è r e m e n t recourbée à sa partie
antérieure, employée soit pour glisser, soit pour charroyer
des f a r d e a u x sur la n e i g e . M ê m e signification q u e traî-
neau.
Traîne (à la), l o c .
Hors de sa place. E x . L a i s s e donc p a s ton l i n g e à la traîne.
Traînée, n . f.
— C h e m i n d ' h i v e r à t r a v e r s bois.
— L e c o n t e n u d ' u n traîneau. E x . U n e traînée d'enfants.
Traîne-fesse, n . m . — C u l - d e - j a t t e .
Traîne=sauvage, n. f. — T o b o g a n .
Traîner, v . a. et n.
— Promener q u e l q u ' u n en traîneau. E x . V a traîner ton
petit frère dans le traîneau.
— V a g a b o n d e r à la m a n i è r e des i v r o g n e s . E x . T o u s ces
b u v e u r s de w h i s k e y finissent par traîner.
— Traîner la savate, t i r e r la j a m b e .
Traînerie, n . f.
Action de laisser traîner des choses. E x . L e s enfants passent
leur temps à faire des traîneries d a n s l a c o u r .
Traineur, euse, n . et a d j . — V . T r a î n a r d .
Traîneux, euse, n . et a d j .
I v r o g n e r e n d u au dernier é c h e l o n d u v i c e .
Traintrain, n . m.
Train, v i e ordinaire. E x . C e t homme v a son traintrain.
Trait, n. m.
Traite. E x . J'ai lu le l i v r e d e C o p p é e t o u t d ' u n trait.
Traitant, n . m. — V . T r a i t e u r .
DES CANADIENS-FRANÇAIS 645

Traite, n . m. et f.
— C o n s o m m a t i o n . E x . Payes-tu la traite, a u j o u r d ' h u i ?
— E c h a n g e . E x . F a i r e la traite a v e c les s a u v a g e s .
— L a i t donné p a r u n e v a c h e le matin ou le soir. E x . M a
v a c h e m ' a d o n n é u n e bonne traite, ce matin.
E n A n j o u , on d i t traisse.
Traiter, v . a.
— P a y e r une consommation.
— F a i r e la traite.
Traiteur, n. m .
C e l u i qui é c h a n g e des marchandises avec les s a u v a g e s pour
des fourrures.
Traître, adj.
— Brutal.
— Prendre quelqu'un en traître, le frapper par derrière.
— Une chose qui n'est pas traître, q u i ne v a u t g u è r e . S e
dit aussi des personnes.
— Traître à son corps, d u r pour soi-même.
Traîtrement, a d v . — T r a î t r e u s e m e n t , brutalement.
Trâle, 11. f.
L o n g u e l i g n e à laquelle on attache un grand nombre de gros
h a m e ç o n s p l a c é s à u n pied d'intervalle.
Trâlée, n. f. — L o n g u e suite. E x . U n e trâlée d'enfants.
Trâler, v . a. — M e t t r e l a trâle à l ' e a u .
Trame, n . m . — T r a m p .
Tramontaine, n. f.
T r a m o n t a n e . E x . A s - t u perdu la tramontaine ? c'est-à-dire
divagues-tu ?
* Tramp, n. m., ( m . a . ) — V a g a b o n d , chemineau.
Tranche, n. f. — C o u t e a u pour couper l a viande.
Trangiverser, v . n . — T e r g i v e r s e r , hésiter, prendre des détours.
Tranquillement, a d v .
F a c i l e m e n t , sans effort. E x . I l m ' a j e t é par terre tranquille-
ment.
* Transactions, n. f.
M é m o i r e s . E x . L e s transactions de la Société R o y a l e du
Canada. (Angl.)
646 LE PARLER POPULAIRE

Transfert, n. m .
— Billet de correspondance sur les t r a m w a y s ,
— T r a m w a y . E x . N o u s allons prendre le transfert.
Transiger, v . a. — Transiger une affaire, transiger.
Transmettable, adj. — T r a n s m i s s i b l e .
Transportation, n. f — T r a n s p o r t .
Transquestion, n. f. — N o u v e l e x a m e n .
Transquestionner, v . a.
Poser d e nouvelles questions.
Transverser, v . a — T r a n s v a s e r , t r a n s v i d e r .
Trapper, v . a.
Chasser a v e c des trappes. E x . Trapper l'ours, le castor.
Trappeur, n. m .
Celui q u i fait la chasse a u m o y e n de trappes.
Trauler, v . a.
D é v i d e r la l i g n e de p ê c h e et l ' e n r o u l e r sur la traule.
T r a u l e r est u n v i e u x mot français, d ' o ù est sorti l'anglais
troll, tourner, rouler.
Travail, n. m . — Brancard, ménoires.
Travaillant, fl. m. et adj.
— Ouvrier. E x . U n bon travaillant,
— l a b o r i e u x . E x . U n ouvrier travaillant.
Travailler, v . a et n.
— Travailler des mâchoires, m a n g e r a v e c ardeur et précipi-
tation.
— Travailler pour la gloire, g r a t u i t e m e n t .
— Travailler pour le roi de Prusse, p o u r rien.
Travarse, n. f. — T r a v e r s e .
Travarser, v . a. — T r a v e r s e r .
Travaux, n. m . pl.
Récolte, moisson. E x . P r é p a r o n s - n o u s à travailler a u x tra-
vaux.
Travers, n. m . et adv.
— Partie d ' u n champ, d ' u n terrain. E x . L,a terre est bonne
dans l e travers que t u v o i s là-bas. :
— Par, sur. E x . I l m ' a donné u n c o u p de canne traversin
tête.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 647

Travers (au), Ioc. p r é p .


A travers. E x . R e g a r d e au travers la vitre.
Travers(de), loc. adv.
— E n contradiction. E x . I l y a des gens qui sont toujours
de travers d a n s les timons.
— Indiquer u n e fausse heure. E x . L,'horloge d u salon est
t o u t de travers, depuis quelque temps.
Travers (en), l o c . p r é p .
A travers. E x . N e va pas passer en travers le chemin, t u
v a s te faire écraser par les v o i t u r e s .
Traverse, n. f.
Traverse de chemin de fer, pièce de bois qui sert d'appui a u x
rails.
Traversier, n . m .
B a t e a u passeur. E x . N o u s prendrons le traversier de
Québec à Lévis.
* Tray, trê, n. m . , (m. a.) — P l a t e a u .
Trayage, n. m . — T r i a g e , action de trier, de choisir.
Trayer, v. a. — T r i e r , choisir parmi plusieurs.
Trèfe, n. m.
T r è f l e . E x . U n trèfe à quatre feuilles, c 'est rare, mais ça
se trouve.
Trèfle d'odeur, n. m . — Mélilot blanc.
Trèfle à quatre feuilles, n. m.
E e trèfle ne porte ordinairement que trois feuilles ; le trèfle
à quatre o u cinq feuilles est une anomalie. Celui qui le
trouve est sûr d ' é p r o u v e r quelque joie, le j o u r même.
* Trémaine, n. f-, ( A n g l . ) — Passementerie.
Tremblant, e, a d j . — F i è v r e tremblante\ intermittente.
Tremble, n. m . — Peuplier baumier et peuplier faux-tremble.
Tremblement (tout le), loc.
R é u n i o n des personnes qui, d'après l ' u s a g e ou l'étiquette,
ont été i n v i t é e s à une noce, à une fête de famille.
Trembler, v . a.
Tre?nbler les fièvres, avoir l a fièvre intermittente.
Tremblette, n . f.
Avoir la tremblette, grelotter, trembler de froid.
648 LE PARLER POPULAIRE

Trembleux, euse, adj. — T r e m b l e u r .


Trème, n. f.
Bobine à l ' u s a g e des personnes qui font des c a t a l o g n e s , des
couvertes, etc.
Trémeau, n. m . — T r u m e a u .
Trémer, v . a. — E n r o u l e r d u fil sur la t r è m e .
Trémontade, n. f . — T r a m o n t a n e . (De G a s p é , Mémoires.)
Trémue, n. f.
T r é m i e , sorte d ' a u g e carrée, très étroite p a r le bas, d ' o ù le
blé t o m b e petit à p e t i t entre les m e u l e s d ' u n moulin à
farine.
Trempe, n. f.
T r e m p é , mouillé. E x . I l est trempe c o m m e une navette.
Tremper, v . a.
— Songer. E x . V e u i l l e z tremper j u s q u ' à l u n d i .
— Servir. E x . Trempe l a soupe, M a r i e .
Trempine, n . f. — T r e m p e t t e .
Trentain, n. m .
Série de trente messes dites dans les t r e n t e j o u r s qui suivent
la mort d ' u n e personnne.
Trente-six, adj.
•S<? mettre sur son trente-six, se mettre en g r a n d e toilette.
N o u s disons aussi se m e t t r e sur son trente-et-un, sur son
soixante-quatorze.
Tressaillement, n. m. — L é s i o n d ' u n nerf.
Tressaillir, v . n.
R u p t u r e r d ' u n e manière c o m p l è t e ou partielle un nerf ou un
tendon. E x . A v o i r l a c h e v i l l e du pied tressai/lie.
Tresse, n. f. — Grappe. E x . U n e tresse d ' o i g n o n s .
Tresser, v . a . — L i e r ensemble. E x . Tresser des o i g n o n s .
Tret, n. m .
E x c é d e n t de poids ou de m e s u r e au profit de c e l u i qui achète.
E x . L a i t i e r , donnez la m e s u r e , et m e t t e z le tret. Tret se
dit aussi en A n j o u .
Treufle, n. m . — T r è f l e .
Triage, n. m . — T r a y a g e .
Trian (de), loc. a d v . — D e biais. E x . A l l e r de trian.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 649

Tribord à bâbord (de), loc. adv. — D e droite à g a u c h e .


* Tributs floraux, n. m. pl. ( A n g l . ) — C o u r o n n e funéraire.
Tricentenaire, n m.
T r o i s i è m e centenaire. E x . N o u s irons a u x fêtes du Tri-
ce7itenaire de l a fondation de Q u é b e c .
L e mot Tricentenaire ainsi e m p l o y é constitue-t-il réelle-
m e n t une faute contre la grammaire ? L e s opinions sont
p a r t a g é e s là-dessus. Si l'on peut dire trisannuel pour une
période de trois ans, un triduum, pour trois jours, pour-
quoi ne dirait-on p a s un tricentenaire pour u n e période
de trois cents ans ?
Trichard, a d j . — T r i c h e u r .
Tricheux, euse, n. et adj.-— T r i c h e u r , euse.
* Trick, n. f., (m. a.).
S u p e r c h e r i e , t o u r . E x . Je v a i s lui jouer une trick.
Trîcoler, v. n . — C h a n c e l e r , tituber.
Tricon, n. m.
B r e l a n ; on a tricon quand on a dans sa main trois cartes d e
m ê m e espèce que l a retourne. T r o i s as dans sa main avec
l ' a s de la retourne, forment l e tricon.
Tricotage, n. m .
T r i c o t . E x . S e r r e ton tricotage dans la commode. Tricotage
est l'action d e tricoter.
Tricoter, v . a . — Tricoter des jambes, danser, s'enfuir.
Trictrac, n. m. — C r é c e l l e .
Trier, v . a. — C u e i l l i r . E x . Trier des pommes.
Triller, v . a. — T r i e r . V . ce m o t .
Trillon, n. m. — V . T r i o n .
Trimbalage, n. m . — A c t i o n de trimbaler.
Trimbalement, n. m . — M ê m e sens.
Trimbaler, v . a.
T r a n s p o r t e r d ' u n lieu à un autre. E x . Q u ' a s - t u besoin d e
tout trimbaler dans la maison? Est-ce que tout n'est pas
à sa place ?
Trimbaler (se), v . p r o n . — S e remuer beaucoup eu tous sens.
Trime, n. f.
Etre en trime, m i s à point, être d ' h u m e u r â faire quelque chose.
650 LK P A K L E K POPULAIliB

Trimer, v . a. et n.
— Parer. E x . Cette j e u n e fille est b i e n trimêe.
— A r r a n g e r . E x . Cette affaire a été m a l trimêe.
— Rafraîchir. E x . Je me suis fait trimer les c h e v e u x .
— Travailler dur. E x . J'ai d û trimer toute la j o u r n é e .
Trimousser, v. a . — T r é m o u s s e r , secouer.
Tringue, n. f . — T r i n g l e .
Trion, n. m.
P i s de la vache. N ' e s t pas une corruption de trayon, car le
v i e u x français avait aussi trian, p o u r e x p r i m e r la m ê m e
chose.
Tripatouiller, v. a . — T r i p o t e r .
Tripâille, n. f. — L ' e n s e m b l e des tripes, des b o y a u x .
Tripe, n. f.
— Entrailles de l'homme.
— Renvoyer tripes et boyaux, vomir b e a u c o u p .
Tripe de roche, n. f. — Mousse comestible.
Tripied, n. m . — T r é p i e d .
Tripoter, v. n.
S ' o c c u p e r a de petits détails, â des t r a v a u x p e u importants.
Tripoteux, n. et adj.
— Qui tripote, qui mêle diverses choses d ' u n e façon peu ra-
goûtante.
— Qui se fait l ' é c h o de racontars plus o u moins absurdes.
Tri-tri, n. m. — T y r a n de la Caroline.
Troc à troc, loc.
T r o c pour troc, sans retour. E x . J'ai c h a n g é de c h a î n e de
montre avec mon cousin, mais j ' a i c h a n g é troc à troc.
Trognon, n. m.
— Petit trognon, jolie petite fille.
— Un trognon d'enfant, u n petit enfant.
Troisse, adj.
T r o i s . E x . T u as r e ç u quatre piastres, moi j ' e n ai eu
troisse.
* Trôlle, n. f. ( A n g l . ) — C u i l l e r .
* Trôller, v. a. ( A n g l . )
P ê c h e r avec une cuiller, à la cuiller.
DES CANADIENS-FRANÇAIS

* Trolley, n. m., (m. a.)


Organe formé d'une tige flexible munie d'une petite roulette
ou d'un contact glissant, et qui sert à transmettre le cou-
rant du câble conducteur au moteur de la voiture. (I^ar.)
Trompe, n. f.
Erreur. Ex. Tu dis que tricentenaire n'est pas un mot
acceptable, je crois que c'est une trompe.
Trompeux, euse, adj. — Trompeur.
* Tromship, n. m., (m. a.) — Township.
Trompette, n. f. —Jouer de la trompette, se moucher fort.
Tronc, n. m. — Tirelire.
Trop, adv.
— Trop nombreux. Ex. Ils sont trop contre moi.
— Trop à coup, trop tôt.
— Trop d'un, un de trop.
Trotte, n. m. et f.
— Trot. E x . Un cheval qui va au trotte.
— Faire une trotte, une course.
Trotteux, euse, n. et adj. — Trotteur.
Trou, n. m.
— Position. Ex. Il finira par se trouver un trou.
— Lacune. Ex. Il y a des trous dans cette affaire.
— Un trou de chambre, mauvaise chambre, peu confortable
et mal située.
— Autant de trous autant de chevilles, ne rien laisser passer.
— Faire passer quelqu 'un par le trou de la serrure, le réduire
à rien.
* Trouble, n. m. (Angl.)
— Peine. E x . Je me suis donné beaucoup de trouble pour
arriver où j ' en suis.
— Ennui. Ex. J'ai eu bien du trouble avec ce gas-lk.
— Désagrément. Ex. Il m'a causé du trouble depuis que
nous vivons ensemble.
* Troubler, v. a. (Angl.)
— Déranger. Ex. Je vous troublerai pour un morceau de
pain.
— Ennuyer. Ex. Cesse de me trottbler avec tes histoires.
652 LE PARLER POPULAIRE

Troufignon, n . n i . — C r o u p i o n de volaille.
Troupe, n. f.
Militaires. E x . L a troupe v a sortir dans les r u e s .
Trousse, n. f.
Aller en trousse, aller sur la eroupe d ' u n c h e v a l , derrière
l'éciiyer.
Troussepet, n. m. — T o u p e t .
Trouvable, adj. — Q u i peut être t r o u v é .
Trouvaille, n. f.
Etre amanchê comme une trouvaille, être h a b i l l é sans g o û t .
* Truck, treuke, n. m. ( m . a.) — C a m i o n , brouette, plate-
forme.
* True-bill, n. m., (m. a.) — V . B i l l .
Truie, n. f.
— Personne malpropre.
— Jouer à la truie, jouer à l a bille au pot.
Trussequin, n. m. — T r o u s s e q u i n .
* Trust (in), treuste, (m. a.) — F i d é i - c o m m i s .
Trut, n. m. — J e u de cartes.
Tu, pron. pers.
L a lettre u s'élide devant u n e v o y e l l e . E x . T'es, t'as, t'aras,
pour tu es, t u as, tu auras. — T'as ben fait de v e n i r . —
Z ' a r a s bientôt de mes n o u v e l l e s .
Tue-chrétien, n. m . — O u v r a g e t r è s dur.
Tue=monde, n. m.
Besogne tellement dure q u ' e l l e est de n a t u r e à ruiner l a
santé.
Tuer, v. a.
— Eteindre. E x . Tue la chandelle, tue l e f e u .
— Lasser. E x . C e t o u v r a g e m e tue le corps.
— Tuer le temps, s'occuper.
Tuladi, n. m .
T r u i t e des lacs, truite s a u m o n é e , appelée togue par les b û -
cherons et morue de rivière p a r les s a u v a g e s . C ' e s t le
Namaycush.
Tumber, v. n. — T o m b e r .
* Tumbler, tombleur, n. m., (m. a.) — G r a n d v e r r e à boire.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 653

* T u n e , tioune, n. m . , (ni. a.)


A i r . E x . P r e n d s ta flûte et joue-nous une petite tune.
Tunique, n. f.
T o g e d'universitaire. E x . S o y e z avertis que personne n e
pourra assister a u x cours s'il n ' e s t revêtu de la tunique.
Tunne.
T u en. E x . T u dis que tu n ' a s pas d'argent, mais j e sais q u e
tufin'as.
Tuque, n. f.
B o n n e t de laine. C e t t e coiffure était beaucoup portée autre-
fois. Il y en a v a i t des bleues, des rouges et des blanches.
E a r o u g e était portée dans la r é g i o n de Q u é b e c , la bleue à.
M o n t r é a l , et l a blanche a u x T r o i s - R i v i è r e s .
Turbentine, n. f . — T é r é b e n t h i n e .
Turc, n. m.
— Fumer comme un ttirc, beaucoup,
— Fort comme un turc, très fort.
Turé, n. m .
C u r é . E x . C ' e s t Monsieur le turê q u i a donné le sermon,
ce matin.
Turlure, n. f.
R e f r a i n e n n u y e u x . E x . C e b o u g r e - l à chante toujours l a
m ê m e turlure.
Turlutage, n. m . — A c t i o n de turluter.
Turluter, v. a. — F r e d o n n e r un air.
Tutéyer, v. a. — T u t o y e r .
Tutéyeux, n. m.
P e r s o n n e qui t u t o i e tout le m o n d e , sans s ' o c c u p e r de leur
condition ni d e leur âge.
Tuyau, n . m.
C h a p e a u h a u t de forme. N o u s disons aussi tuyau de poêle-
E x . T u as m i s ton tuyau, es-tu parrain ? — C o m m e n t e s -
ta, y au de poêle ?
Tuyère, n. f. — C u i l l e r .
* Tweed, touide, n. m., (m. a . )
E s p è c e d'étoffe en laine ou m é l a n g é e de laine et coton, dont
on se sert p o u r la confection des v ê t e m e n t s d ' h o m m e s .
^54 LE P A R L E R POPULAIRE

* Twist, n. f., (m. a.)


— Cordonnet.
— Avoir la twist, avoir l'habitude de bien faire quelque
chose.
— Jouer une twist, jouer un tour.
Tympan, n. m.
^Défoncer le tympan, parler trop fort. E x . Ne crie pas si
fort, tu me défonces le tympan.
Type, n. m.
Individu remarquable par quelque particularité. Ex. Ça
c'est un type, que Pierre Lareau !
* Type, taïpe, n. m., (m. a.)
Ecrire au type, au moyen d'une machine.
* Type-writer, raïteur, n. m., (m. a.) — Machine à écrire.
Typo, n. m.
Typographe. Ex. Il y a beaucoup de types parmi les typos.

Q- — O

O •O

Ucharistie, n. f. — Eucharistie.
* Ulster, olsteur, n. m., (m. a.)
Eong pardessus en forme de robe de chambre.
Un, adj. num,
—-Un chacun, chacun. Ex. Qu'ww chacun de vous réponde
quand j'appellerai son nom.
— Comme pas un, comme personne. Ex. Je t'aime comme
pas un.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 6
55

— N'être qu'une poussière, qu'un glaçon, être recouvert d e


poussière, de glace.
* Union Jack, younieune d'jake, n. m., (m. a . ) — P a v i l l o n
anglais.
* Up scotch, n. m., (m. a.) — J e u de marelle.
Urselines, n. f. pl. — U r s u l i n e s .
Uaance, n. f . — U s a g e établi.
User, v . a.
User ses bottes, faire de longues démarches. E x . Crois-tu
q u e je vas user mes bottes à quémander u n e place d e
messager.
Usure, n. f.
Etre d'usure, détériorer vite ses vêtements en général.
Usufrit, n. m. — Usufruit.
Usurfrit, n. m. — Usufruit.
Usurfritier, ère, n. m. et f. — Usufruitier.
Usurier, ère, n. et adj.
Q u i use beaucoup et vite. E x . Des enfants usuriers.

Va, impér. du verbe aller.


— Va-t-en voir s'ils viennent, Jean ! n ' y comptez pas.
— Va-t-et vient, va et vient.
— Vavite.-—V. ce mot.
Vacabond, n. m .
Vagabond. Vacabond est la p l u s ancienne forme française.
Vacabonder, v. n. — Vagabonder.
665
LK P A R L E R POPULAIRE

Vacance, n. f- s.
Vacances, n. f. pl. Ex. Les écoliers vont avoir une vacance
au jour de l'an.
Vacances, n. f. pl.
Vacance, n. f. s. Ex. Les tribunaux ne siégeront pas durant
deux mois, c'est, pour eux, le temps des vacances.
Vache, n. f.
— Personne sans courage, lente au travail. Ex. Travaille
donc, vache que tu es !
— Le saut Montmorency, à six milles de Québec.
— Bette à vache, betterave champêtre.
— C'est trop fort pour ma vache, c'est trop fort pour moi qui
suis un peu lâche.
— Le diable est aux vaches. — V. Diable.
Vache à lait, n. f.
Personne à exploiter, dont on peut longtemps tirer du profit.
Vache enragée, n. f. — Mauvaise viande, coriace.
Vache espagnole, n. f.
Basque espagnol. Ex. T u parles français comme une vache
espagnole.
Vache marine, n. f. — Morse de l'Atlantique.
Vache morte, n. f.
Tirer quelqu 'un à soi comme une vache morte, tirer très fort
et sans précaution.
Vacher, v. n.
Paresser, flâner. Ex. Pierre n'est bon qu'à vacher.
Vacherie, n. f.
Seigneurie appartenant aux Jésuites, et qui comprend une
partie du faubourg de Saint-Roch de Québec, près de la
rivière Saint-Charles.
En Normandie, une vacherie est la réunion de vaches se
trouvant sur une ferme.
Vagnolle, n. f.
— Chose de nulle valeur. E x . Quel tabac fumes-tu ? —
C'est du canayen. — Oh ! de la vagnolle !
— Personne lâche. Ex. Cet ouvrier-là, c'est une vagnolle t

je le connais.
DES CANADIBNS-FRANÇAIS 657

Vague, n. f. — Vague froide, c o u c h e d ' e a u froide.


Vaillant, e, adj.
T r a v a i l l a n t . E x . S u r cette terre d u Canada, il y a des
paresseux et des vaillants, c o m m e partout ailleurs.
Vaillantise, n. f.
Ostentation de force, de souplesse. E x . N e fais donc pas
de vaillantises, tu es incapable de traverser la rivière à l a
nage.
Vaille qui vaille, loc. — V a i l l e que vaille.
Vaisselle, n. f.
Tourner en eau de vaisselle, v e n i r à rien.
Vaissellerie, n. f.
L ' e n s e m b l e de la vaisselle. E x . J ' a i acheté à l ' e n c a n toute
la vaissellerie d u c u r é .
Valant, part. p r é s . — V a i l l a n t . E x . Je n'ai p a s u n s o u valant.
Valentin, n. m.
L e t t r e ou i m a g e en caricature e n v o y é e le j o u r de la Saint-
V a l e n t i n à des personnes dont on recherche l'amitié o u
que l ' o n v e u t mystifier. L e v i e u x français Valentin,
signifiait amoureux, futur êj>oux.
Valeur (de), loc.
D o m m a g e . E x . C ' e s t bien de valeur, de v o i r que tu as
perdu tant d ' a r g e n t . L a g r ê l e a ruiné toute la récolte,
c ' e s t de valeur.
Valganiser, v . a. — Galvaniser. E x . D e la tôle valganisée.
Valise, n. f.
Malle. L a v a l i s e est une petite malle de v o y a g e q u ' o n peut
porter à la m a i n ; la malle est u n coffre en bois o u en cuir.
Valoir, v. n.
E t r e riche de. E x . C e marchand vaut un million.
Valtrer, v. n.
C o u r i r les chemins, v a g a b o n d e r . E n N o r m a n d i e , on dit
valter, dans l e m ê m e sens.
Valtreux, euse, n. m. et f.
— Poltron, lâche, vaurien.
— Orgueilleux.
* Van, vanne, n . f., ( m . a.) — F o u r g o n .
42
6 8
5
LE P A R L E R POPULAIRE

Vannures, n. f. pl.
Débris d e capsules servant d'enveloppe au grain, et en géné-
ral tous les résidus d u v a n n a g e .
Vant, n. m .
Vantardise, jactance habituelle. E x . U n h o m m e plein de
vants.
Vanteur, adj. — V a n t a r d .
Vapeur, n. m.
Bateau à v a p e u r . E x . N o u s p r e n d r o n s le vapeur q u i p a r t à
cinq h e u r e s pour M o n t r é a l .
Vardaud, a d j . — V e r d â t r e .
Varder, v. n. — Courir çà et là sans b u t a r r ê t é , vagabonder.
Vardette, n. m.
L,anière de cuir dont on se sert pour corriger les élèves des
écoles.
Vardir, v . a. et n. — V e r d i r , devenir v e r t , r e n d r e v e r t .
Vardon, n. m. — Enfant r e m u a n t , agité à l'excès.
Vardure, n. f. — V e r d u r e .
Varette, n. m . — Varech.
Varge, n. f. — Verge.
Varger, n. m.
— Verger, n. m .
— Frapper avec une v e r g e ou tout a u t r e i n s t r u m e n t .
Vàrjeux, euse, a d j .
Savoureux, j u t e u x . E x . Cette poire est varjeuse. Nous
allons avoir u n varjeux de dîner.
Varglas, n. m . — V e r g l a s .
Varjeusement, adv. — E x t r ê m e m e n t .
Varjuter, v. n.
E t r e d é g o u t t a n t du j u s d ' u n fruit, d ' u n e liqueur quelconque.
E x . U n e poire qui varjute.
Varlopures, n. f. pl.
Rubans de bois enlevés p a r la varlope.
Varmifuge, n. m. — Vermifuge.
Varmine, n. f. — Vermine,
Varnir, v. a. — Vernir. •
"Varnis, n. m . — Vernis.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 659

Varser, v . a. et n . — Verser.
Varte, a d j . f é m . — V e r t e .
Vartu, n. f . — V e r t u .
Varveau, u. m . • — V . V e r v e a u .
Vaurienner, v . n . — L i b e r t i n e r .
Vas et de viens (de), loc.
D e droite â g a u c h e , de tous les c ô t é s . E x . C o u r i r de vas et
de viens,
Vâser (se), v . pron. — S'enfoncer dans la vase.
Vauriennerie, n . f . — A c t i o n de vaurienner.
Vaurienneté, n . f. — Même sens.
Vauvert,
Aller au diable Vauvert, au diable au vert. V a u v e r t était
l'endroit o ù le roi Robert a v a i t fait bâtir u n palais ; mais
c o m m e il y avait beaucoup de carrières a u x alentours e t
que le vent, s ' y engouffrant, faisait u n g r a n d bruit, l e
p e u p l e s ' i m a g i n a que les diables y revenaient. S . L o u i s ,
p o u r les en chasser, donna le palais a u x C h a r t r e u x . (Mé-
n a g e , Dict.) D e p u i s lors, l e diable de V a u v e r t passa e n
proverbe. I c i , nous disons plutôt aller au diable au vert.
Vavite, s. f.
Diarrhée, cours de ventre. E x p r e s s i o n e m p l o y é e dans cer-
tains c o u v e n t s .
Végniel, le, a d j . — V é n i e l . E x . L e péché végniel.
Veillée, n. f.
S o i r é e . E x . L e s Boullé v o n t donner u n e g r a n d e veillée,
demain. E s - t u i n v i t é ?
Veiller, v . a.
— Passer l a soirée. E x . A l l e r veiller chez le voisin.
— Surveiller. E x . L e s p o u l e s sont constamment dans l e
jardin, il v a falloir les veiller.
Veilleux, euse, n . et a d j .
V e i l l e u r , q u i v i e n t passer la soirée. E x . N o u s aurons d e s
veilleux, ce soir.
Veilloche, n. f. — Petite meule de foin.
Veinard, adj. — C h a n c e u x .
V'Hme, n. f . — E t r e en v'lime, eu furie. V . E n v e l i m e .
66o 1E P A R L E R POPULAIRE

V'limeux, euse, n. etadj.


— Homme méchant, fourbe, calomniateur, intrigant. E x .
Sauve-toi, v'limeux que tu es !
— Venimeux. E x . Une bête, un insecte v'limeux.
— Vénéneux. E x . Un fruit v'limeux.
Velours, n. m.
Faire un velours, produire un effet agréable. E x . Hier soir
j ' a i mangé quelques bonnes huîtres, ça m'a fait un petit
velours.
Velouteré, e, adj.
Velouté. E x . Une rose velouterêe.
Velvetine, n. m.—Velvantine.
Venants, n. m. pl.
Tenants. E x . L,es venants et les aboutissants.
Venderdi, n. m. — Vendredi.
Vendeux, n. m.—Vendeur.
Vendre, v. a.
— Vendre du plomb, ne dire ni oui ni non.
Vendu, e, adj. part.
Confus. E x . Tu as l'air tout vendu, qu'est-ce que tu as?
Venette, n. f. — Peur. E x . J ' a i eu une dure venette.
Venir, v. a.
— Devenir. E x . Viens-tu fou ?
— Profiter, pousser. E x . Voilà du blé qui vient bien.
— Venir de l'avant, être candidat dans une élection.
— Venir à jusqu'à, venir jusqu'à.
Vent, n. m.
— Tuer le vent, le maîtriser. E x . I^a lune va tuer le vent.
— Fendre le vent, action d'une personne dont la démarche
dénote la prétention.
— Etre du vent qui vente, être du bon côté.
— Du vent ! rien.
— Avoir vent d'une affaire, avoir des nouvelles.
— Prendre son vent, respirer.
— Reprendre son vent, respirer après une course.
.— N'avoir ni vent ni nouvelles, n'avoir aucunes nouvelles.
Venter, v. a. — Eventer.
DES CANADIRNS-FRANÇAIS 66l

Ventre, n. m.
— Cours de ventre, diarrhée.
— Ventre de bœuf, vasière.
— Se faire un ventre, faire u n repas à tout manger.
— Un couteati qui coupe comme un mal de ventre, qui n e
coupe pas.
Ventrèche, n. f. — V e n t r e de poisson.
Venue, u. f.
Juridiction. E x . Dans le procès de Bigot, l'avocat va
demander au j u g e un c h a n g e m e n t de venue. (Augl.)
— Etre tout d'une venue, d ' a p p a r e n c e simple, sans aucune
élégance de forme.
Vêpes, n. f. pl. — V ê p r e s .
Vêpres, u. f. pl.
— Aller aux vêpres, à vêpres.
— Assister à vêpres, a u x vêpres.
Ver à choux, n. ni. — Enfant p â l e et malingre.
Véreux, a d j . — V é r e u x .
Verge, n. f.
Doigtier, ou d é sans fond, p o u r coudre.
Verge d'or, n. f.
Plante très c o m m u n e à fleurs j a u n e s , et d ' u n usage vulgaire
dans la dyspepsie. Solidago.
Verger, n. et v. a. — V . V a r g e r .
Vergette, n. f.
La grande vergette, nom d o n n é a u jésuite E a Brosse. Ver-
gette est u n e petite brosse p o u r épousseter les habits.
Vèrine, n. f. — Mauvais tabac, t r o p vert.
Verjeusement, a d v . — V . V a r j e u s e m e n t .
Verjeux, euse, a d j . — V . V a r j e u x .
Verjuter, v. n. — V. Varjuter.
Vermine, n. f.
— Individu q u i se faufile p a r t o u t .
— Souris, r a t s qui habitent nos maisons.
Vermée, u. f. — V . V e r m e t t e .
Vermette, n. f.
Pêcher à la vermette ou à la vermée, pêcher au moyeu de
(

662 LE PARLER POLULAIRE

saucissons que l'on fabrique avec u n fil passé à l'intérieur


de vers lombrics. ( M o n t p e t i t , Les Poissons, p . 286.)
Vernailler, v . n . — S'occuper à des riens.
Verre, n. m .
— Cristal. E x . D u verre taillé.
— Vendre au verre, débiter d u v i n , d e s liqueurs dans un
restaurant.
Verrette, n. m . — V a r e c h .
Verreuse, n. f. — V a r e u s e .
Verrure, n . f . — V e r r u e .
Vers, n. m .
1
— Cela ri est pas piqué des vers, cela est beau et bon.
— Moulée de vers.—V. M o u l é e .
Versant, e, a d j .
Chavirant. E x . Notre c h a l o u p e est versante.
Verser, v . n . — Chavirer. ( T . de mar.)
Vertigo, n. m . — V e r t i g e .
Vertu, n. f.
Force, courage, v i g u e u r . E x . C e t h o m m e n ' a p a s de vertu.
Verveau, n. m.
V e r v e u x , sorte de filet en entonnoir, p o u r prendre d u pois-
son.
Vèse, n. f. — Cornemuse. S e disait j a d i s .
Vesse-de=loup, n. f.
L,ycoperdou. S i on presse ce c h a m p i g n o n , il s'en^échappe
une fumée brune.
Vessie, n. f.
— Sac à tabac fabriqué avec des v e s s i e s d e cochon. E x .
Prête-moi ta vessie q u e j e c h a r g e m a p i p e .
— P h l y c t è r e produite sur la p e a u p a r le feu, la moutarde,
les mouches cantharides.
Veste, n. f.
— Gilet.
— Remporter une veste, n e p a s obtenir d e s u c c è s . E x . C e t
orateur a remporté u n e veste m o n u m e n t a l e .
Vêtes, n. f. p l . — Vétilles, b a g a t e l l e s .
Veuille, n. f. — V e i l l e . E x . Je suis à l a veuillede m ' e n aller.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 66 3

Veuve, n. m. — V e u f . E x . I l est veuve depuis u n an.


Veûle, a d j .
F a t i g u é , mou, é n e r v é . E x . Je v i e n s de me b a i g n e r , ça m ' a
rendu veûle. E n N o r m a n d i e , veûle signifie grêle, étiolé.
Viandeux, viandu, a d j . — C h a r n u , couvert de v i a n d e .
Viande, n. f.
C h a i r v i v e . E x . E n passant par-dessus la haie, j e me s u i s
enfoncé une épine dans la viande.
Viandis, n. m.
P â t u r e de cerf et autres bêtes des forêts.
Viarge, n. f. — V i e r g e .
Vice, n. m.
T a l e n t , adresse. E x . C e t h o m m e - l à a tous les vices, il sait
faire de tout ; il j o u e du piano, il est h a b i l e de ses d i x
doigts, il répare les horloges, les montres, etc.
* Vicinité, n. f. ( A n g l . ) — V o i s i n a g e .
Victorine, n. f.
Palatine, fourrure q u e les femmes portent sur le cou et les
épaules, mise à la mode par la princesse P a l a t i n e en 1676.
Vidé, e, a d j . part.
F i n i , ruiné. E x . C e joueur a perdu toute sa fortune, le
voilà vidé à tout j a m a i s .
Vider (se), v. pron.
— D i r e tout ce q u ' o n a sur le c œ u r .
— S e d é c h a r g e r le système digestif.
Vie, n. f. ' -
— Avoir sept vies, avoir une très forte santé.
— Etre en vie, être alerte.
— Condamner pour la vie, c o n d a m n e r à l a détention perpé-
tuelle.
— Faire la vie, mener j o y e u s e v i e .
— Vie de chien, v i e malheureuse.
Vieille, n. f. et adj.
— Ma vieille, m a femme. E x . V i t e , ma vieille, prépare-toi
à sortir.
— Avoir une vieille peur, u n e p e u r terrible.
Vieii'zir, v . n. — Vieillir. A c a d i a n i s m e .
664 LB P A R L E R POPULAIRE

Vient, prép. — La semaine qui vient, la semaine prochaine.


Vieux, n. m. et adj.
— Son vieux, mon mari. E x . Es-tu content, son vieux ?
— Sentir le vieux, avoir mauvais goût.
— Vieux comme le chemin du roi, très vieux.
— Se faire vieux, se renfrogner.
Vieux-garçon, n. m. — Romarin officinal.
Vif (au), loc. — Enflammé. E x . J'ai le nez au vif.
Vifement, adv.
Vivement. E x . Cet homme travaille vifement.
Viv'argent, n. m. —Enfant déluré.
Vigoureux, euse, adj.
Alerte, fringant. E x . M o n cheval est très vigoureux. Je
ne me sens pas vigoureux, ce matin.
Vilaine, n. f.— Faire une vilaine, ne faire qu'une ou deux
levées dans lesquelles on ne peut former un seul point, au
jeu dn yuatre-Sept.
Villégiaturer, v. n . — A l l e r en villégiature.
Vinaigre, n. m. — Sirop de vinaigre, sirop de framboises.
Vinaigrier, n. m. — Sumac amarante.
* Vindication, n. f. (Angl.)
Rancune. (De Gaspé, Anciens Canadiens, p. 277.)
Vinguienne !
Expression équivalante à bonguienne, pour marquer la sur-
prise, etc.
Violon, n. m.
— Epinette rouge. Acadianisme.
— Jouer du violon, tomber en enfance.
— Pisser dans le violon. — V . Pisser.
— Danser plus vite que le violon, aller trop vite.
Viragauche, n. f . — V i r a g o .
Virâiller, v. n.
Se tourner et retourner en tous sens. E x Qu'as-tu à virâil-
ler de tous bords et de tous côtés?
Vire, n. f.—Retourne, au j e u de cartes.
Virebrequln, n, m.
Vilebrequin. Cotgrave mentionne virebrequin.
DES C A N A D I E N S - F R A N Ç A I S 66 5

Viremain (dans un), loc.


Dans le temps de le dire. Ex. Tout c e t ouvrage, c'est moi
qui l'ai fait dans un viremain.
Virer, v. a.
— Renverser. Ex. Nous nous sommes colletés pendant un
gros quart-d'heure, et j ' a i fini par virer mon homme.
— Mal virer, mal tourner.
— La corde à virer le vent, quelque c h o s e qui n'existe pas.
— Tourner de bord. • E x . Vire ta c a r t e , que je la voie.
Virer la voiture, virer des crêpes.
— Rebrousser chemin. E x . T u vas aller au monument des
Braves, et, rendu là, tu vireras p o u r t ' e n revenir eu ville.
— Virer de long, faire de longs détours pour arriver.
— Aller virer loin, prendre beaucoup d e temps. Ex. Le
Père Michel te doit cinq cents p i a s t r e s , mais ça va virer
loin avant qu'il te paie.
Virer (se), v. pron.
Se retourner. Ex. Vire-toi, afin que. j e voie si ton habit te
fait bien.
Viretape, n. f. —Tape donnée avec le d o s ou le revers de la
main.
Viron, n. m. et adv.
— Tournée, ronde.
— Environ, à peu près.
Vironner, v. n.
Tourner autour, faire le tour. Ce m o t se trouve dans
Froissart.
Visage, n. m.
— Trouver visage de bois, trouver p o r t e fermée.
— Un homme à deux visages, qui est d'humeur dissimulée.
— Visage pâle, un blanc.
Vis-à-vis, loc. prép.
Envers. E x . Il a eu de grands torts vis-à-vis moi.
Viser, v. a.
— Surveiller tout spécialement. Ex:. Mon maître de classe
m'a visé pendant que je lisais ma l e ç o n dans le livre de
mon voisin.
666 L E P A R L E R POPULAIRE

— Viser au trou, chercher le bon endroit.


Viseux, n. m. — Qui vise.
Visite, n. f.
— Mantille de soie pour dames, devenue plus tard dolman
et marquise.
— Examen stéthoscopique des poumons.
— Payer une visite, rendre une visite. (Angl.)
Visiter, v. a.
Examiner les organes du corps humain au moyen du sté-
thoscope.
Vitam œternam, loc. adv.
Toujours. E x . Il est planté là vitam œternam, et ne bou-
gerait pas pour un canon.
Vite, adj. — Vite et pis dru, à l'instant même.
Vitiaire, n. m.
Vicaire. E x . Crois-tu que nous avons un bon petit vitiaire f
il prêche comme un ange.
Vitrau, vitreau, n. m.
— Vitrail. E x . Notre église n'a qu'un seul beau vitreau.
— Vitrine. E x . As-tu examiné les vitreaux chez Paquet ?
Vitre, n. f.
Verre pilé, cassé. E x . Prends garde de te fourrer de la ,
vitre dans les pieds.
Vitré, adj.—Vitreux. E x . Avoir les yeux vitrés.
Vit-toujours, n. m. — Immortelle, joubarbe des toits.
Vivant, adj. part. — B o n vivant, individu remuant et joyeux.
Vive=la-joie, n. m. — Homme joyeux.
Vivocher, v. n. — Vivoter, vivre péniblement.
Vivocheux, n. m. — Qui vivoche.
Vivres, n. m. pl.
Aliments. E x . J e suis un peu porté à mal, digérer mes
vivres.
Via, prép. — Voilà.
Vocation, n. f.
Disposition, talent. È x . T e sens-tu la vocation pour faire
un livre sur l'Ange des Batailles ?
Volîer, n. m . — V o l é e . E x . Un volier de canards, d'outardes.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 667

Voilier, n. ni. — V . V o l i e r .
Voir, v . a.
— Il paraît. E x . Je vois bien qu'il a publié un livre, m a i s
cela ne v e u t pas dire q u ' i l l ' a v e n d u .
— I^ire. E x . A s - t u c o u t u m e de voir Y Evénement? il y a,
ce soir, un bel article signé « C h a m p i g n y ».
— Voyons voir, v o y o n s cela.
— Voir trente-six chandelles, être étourdi.
— N'y voir que du feu, n ' y rien comprendre.
— T'as qu 'à voir, v a s y v o i r .
— Aller voir les filles, les courtiser.
Voirai, fut. prés, de v o i r .
Verrai. E x . Je voirai bien à ton affaire.
Voirie (à la), loc.
— A la v u e . E x . S i nous nous mettons à la voirie, n o u s
allons nous faire poigner.
— A u rebut. E x . T u p e u x jeter ces choses à la voirie,
elles ne valent plus rien.
— H o r s de sa place, à la traîne. E x . A force de laisser ta
montre à la voirie, tu finiras par te la faire briser.
Voisinage, n. m .
Dans le voisinage de, environ. E x . Je dois au C r é d i t F o n -
cier dans le voisinage de cinq cents piastres.
Voiturée, n. f.
Une voiture remplie. E x . U n e voiturée d'enfants.
Voiturier, 11. f. — Charron.
Voler, v. a.
Rejaillir. : E x . Faire voler de l'eau a v e c u n bâton, en frap-
pant la surface d ' u n e rivière, d'un é t a n g .
Volet, n. m . — C o n t r e v e n t .
Voleux, n. m. — V o l e u r .
Volin, n. m . ; — R e v o l i n , répercussion d u vent, du c o u r a n t .
Volontaire, n. m.
Qui n ' a niifeu ni lieu. (De G a s p é , Mémoires.)
Volonté, n. i.
Faire ses cinq cents volontés, agir à sa g u i s e .
Voltaire, n. 111. — Pot de chambre.
i,K IWKI.KR Î'OI'UI.AIKK

Vométif, i!. m. - Vomitif.


Vomi, n. in. Matièies vomies. E x . Du vomi de c h a t .
Vomissage, u. m. — \'omisscineiU.
Vomissure, n. f. —Vomissement.
Vornusscr, v. n. — Fureter.
Votation, n. f.
Scrutin, vote. E x . C'est aujourd'hui le j o u r de la votation.
n'oublie pas (l'aller voter pour moi.
Vote, adj — V o t r e .
Votre, prou
Votre. I'",x. Ceci est mou bien, mais j e crois que cela v.st
le votre.
* Voucher, raoulsheur. n. m., (m. a.)
Pièce justificative, garantie, titre.
Vouderiez ( v o u s ) , conditionnel de vouloir. Vous voudriez.
Voui. - Oui.
Vouloir, v. a.
— Accorder, admettre. E x . J e veux bien que cela soit
ainsi.
— Annoncer. E x . Voilà un individu qui est malade, sa
figure le vint.
Voyage, n. ni.
— Charge. E x . Un voyage de foin, de bois.
--Charretée. E x . Un voyage de c h a r b o n .
— Fois. E x . Avez-vous commis ce péché bien souvent ?
— Deux voyages, mou Père. — E x p r e s s i o n attribuée s\ une
certaine classe de pêcheurs de la Gaspésie.
V o y a g e a i e n t , n m.
Transport d'un lieu à un autre sans trop de nécessité. E x .
T u finis par être fatigant avec tous ces voyageineuls inu
tiles.
Voyager, v. n.
Aller à la garde-robe au cours d'une purgation s é v è r e .
Voyageur, n. m.
Homme de chantier et de cage, à la solde des compagnies du
Nord-Ouest et des traiteurs. j
Voyou, H . m. — I n d i v i d u taré, vicieux, etc.
i
I
DES CANADIENS-FKANÇAIS 669

Voyoucratie, n. f. — L a classe des voyous.


Vrai (de), loc.
Tout de bon. E x . Dis-tu cela pour de vrai f
Vrai (pas), loc. int.
N'est-ce p a s ? E x . As-tu entendu le discours du ministre?
il parle bien, pas vrai f
Vraisemblague, adj. — Vraisemblable.
Vue, n. f.
— Rencontre. E x . A notre première vue, je te raconterai
tout cela.
— Paysage. C'est un photographe habile pour prendre des
vues.
Vue de nez ( à ) , loc. adv.
Autant qu'on en peut juger. E x . J e ne puis pas t'assurer
si cette maison a quarante pieds de front, mais à vue de
nez, je le crois bien.

O " • . Q

O O

* Wafer, ouêfeur, n. m., (m. a.)


Pain à cacheter, oublie, hostie.
* Wagon=sleigh, ouagonne-slé, n. f., (m. a.)
Gros traîneau pour charroyer les billots ou bois de grume.
Langage acadien.
* Waguinne, n. f. (Angl.)
Wagon, voiture à quatre roues, et à un ou deux sièges.
* Waiter, ouéteur, n. m., (m. a.) — Garçon, domestique.
* Waiting=room, ouaitinng-roume, n. f., (m. a.) — Salle d'at-
tenÊe.
670 LE PARLER POPULAIRE

* Warehouse, wêreaouse, n. f., (m. a.)


Entrepôt de douane, entrepôt.
Warou, u. m . — L,oup-garou. E n France, varou et warou,
* Warrant, n. ni., ( A n g l . )
Warrant de recherche, m a n d a t de perquisition.
* Washer, ouasheur, n. m., (m. a.) — R o n d e l l e .
* Watcher, v . a. ( A n g l . )
Veiller, observer, guetter, g a r d e r à v u e . E x . Watche c e t
individu, il est à r e d o u t e r ; qui s a i t ? c 'est peut-être u n
voleur.
* Watcheur, n. m. ( A n g l . ) — Q u i watche, o b s e r v e , guette, é p i e .
* Watchman, n. m., (m. a . )
H o m m e de guet, sentinelle, gardien de nuit, veilleur.
* Water=closet, clos, n. f. , (m. a.)
Cabinet d'aisance, l i e u x — W . C .
* Waterproof, prouf, u m . , (m. a.) — M a n t e a u imperméable.
* Waybill, ouêbil, n. m., (m. a.) — F e u i l l e de route.
* Welsh=rabbit, n. m., (m. a.) — Rôtie au fromage, r a m e q u i n .
* Whip, n. m., (m. a . ) — C h e f de file.
* Winch, n. f., (m. a.) — C a b e s t a n , treuil.
Wonwaron, n. m . — R a n a pipieus d e L i n n é e .
* Wrench, n. m., (m. a . ) — Clef anglaise.
* W rit, n. m . , (m. a.) — O r d o n n a n c e , m a n d a t .

o- •• • -o

O ô

Y. — L u i . E x . Prêtes-j/ donc ton canif, pour u n e m i n u t e .


Yankee, n. m . — A m é r i c a i n , habitant les E t a t s - U n i s . :
Yankéfier (se), v. p r o n . — D e v e n i r Y a n k e e .
* Yeast, yîsie, 11. f., ( m . a.)
L e v u r e , l e v a i n . E x . F a i r e d u pain a v e c de la yeasi.
DES CANADIENS-FRANÇAIS 671

Yeux, n. m . p l .
L u n e t t e s . E x . Je vais m e t t r e m e s yeux afin d ' y voir clair.
V . CBil.
* Yoke, yôke, n . m . , ( m . a . ) — J o u g . T e r m e d e confection.

O o

o o

Zarzais, n. m . — Jersiais, h a b i t a n t de l ' I l e d e Jersey.


Zelles, pron. p e r s . — E l l e s . A c a d i a n i s m e .
Zéro, n. m . — H o m m e sans a u c u n e valeur.
Zétanies, n. f. p l . — L i t a n i e s .
Zigaillage, n. m . — V . C i g a i l l a g e .
Zigailleur, n. m . — V . C i g a i l l e u r .
Zigonner, v . a . — V . C i g o n n e r .
Zigonneur, n . m . — V . C i g o n n e u r .
ZJgue, n . m .
B o n compagnon, d ' h u m e u r accommodante. E x . Louis est
u n bon zigue, j e m ' a c c o r d e bien avec l u i .
* Zink, zinn'que, n . m . , (m. a.) — E v i e r .
Ziguezaguer, v . n. — F a i r e d e s z i g z a g s .
Ziguezonner, v . n. — F a i r e d e s z i g z a g s en m a r c h a n t .
Zingue, n. m . — Z i n c .
Zoléventes, n . m. p l .
L o d s et v e n t e s . E x . P a y e r a u seigneur l e s zolêventes.

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