Faire Ville Dense Desirable 011926
Faire Ville Dense Desirable 011926
Faire Ville Dense Desirable 011926
DURABLE
DÉSIRABLE
FAIRE LA VILLE
CLÉS POUR AGIR
DENSE DURABLE
ET DÉSIRABLE
Ce document est édité par l’ADEME
ADEME
20, avenue du Grésillé
BP 90 406 | 49004 Angers CEDEX 01
Coordination technique : Anne Lefranc, Pôle Aménagement des Villes
et des Territoires, Ademe.
Table
des matières
E.
AMÉLIORER LE CADRE DE VIE
C. CONSIDÉRER LES LIMITES DE LA VILLE ET LE BIEN-ÊTRE EN VILLE 64
DENSE POUR MIEUX DENSIFIER 24
1.
Garantir un accès de proximité
D.
FAIRE UNE VILLE DENSE ET DURABLE à des services de qualité 64
ET DÉSIRABLE : LES ENJEUX 25 2. Promouvoir une mobilité favorable à la santé
1.
Préserver et valoriser les espaces naturels, en ville dense 66
agricoles et forestiers et le patrimoine existant 25 3. Concevoir un espace urbain
2. Limiter les émissions de gaz à effet de serre 26 dense plus inclusif 68
3. Assurer la santé et le bien-être en ville 27 4. Intégrer un maximum d’espaces
4. Adapter les villes et territoires partagés et végétalisés 71
au changement climatique 28
5. Garantir l'accès à des infrastructures CONCLUSION 73
et à des services de qualité et inclusifs 28
BIBLIOGRAPHIE 74
I INTRODUCTION ET CADRAGE
I. INTRODUCTION
A. AVANT-PROPOS
Limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols grâce à des villes répondant à l’urgence
climatique et aux envies de leurs habitants : tel est l’objectif désormais affiché par la plupart
des collectivités et des acteurs de la planification et de l’aménagement du territoire.
Ville de Belfort
L’ADEME au travers de ce guide propose une approche multi-critères Ce guide constitue une mise à jour du guide « Faire la ville dense,
de la densité comme un des leviers clé de l’atteinte de l’objectif du durable et désirable » publié par l’ADEME en 2018 1. Il s’adresse à
Zéro Artificialisation nette (ZAN). l’ensemble des acteurs de l’urbanisme, aux décideurs et élus des
collectivités territoriales ainsi qu’aux citoyens. Il vise à montrer les
Ce guide apporte sa pierre à l’édifice en proposant des éléments d’analyse grandes dynamiques à l’œuvre et à proposer des pistes pour poursuivre
et des leviers pour lier densité et formes urbaines face aux enjeux posés la transition des territoires vers un modèle de développement durable
par la transition écologique et au travers de l’objectif de ZAN posé dans et désirable. Il propose des éléments de compréhension concernant
la loi climat et résilience. La gestion durable des ressources notamment le l’étalement urbain et les enjeux induits par ce phénomène, ainsi
sol, la résilience des villes, le développement des énergies renouvelables, qu’une approche opérationnelle des questions de densité et de
l’offre de mobilités alternatives à l’usage individuel de l’automobile, formes urbaines. Il ne réalise pas un inventaire exhaustif de bonnes
une agriculture de proximité et le basculement vers une économie pratiques immédiatement reproductibles, mais met en lumière certains
et un urbanisme circulaire sont des sujets sur lesquels il est essentiel exemples concrets de mise en œuvre inspirants. Il propose ainsi une
de continuer la diffusion des connaissances acquises et de renforcer approche structurée pour comprendre et impulser des projets qui
la mobilisation des territoires, acteurs économiques et concitoyens. répondent aux enjeux d’un urbanisme durable et favorable au bien-
être et à l’amélioration du cadre de vie, en 3 volets :
La densification de l’habitat est ici abordée prioritairement car la
construction de nouveaux logements reste à l’échelle nationale le → Les différentes problématiques environnementales, économiques
principal moteur de consommation d’espaces naturels, agricoles et et sociales liées à l’étalement urbain, et les objectifs nationaux
forestiers (ENAF). Les leviers d’action, illustrations et retours d’expérience de lutte contre l’artificialisation des sols ;
traitant de la densification des équipements publics, des zones d’activités
économiques, logistiques et commerciales y sont également abordés → Cadrage théorique des notions de densité et de formes urbaines,
mais de manière partielle notamment par manque d’études et de ainsi que les enjeux à prendre en compte dans la définition de
références sur le sujet. la ville dense, durable et désirable et les écueils à éviter ;
Ce guide traite des principaux enjeux environnementaux qui structurent → Les différents leviers à mobiliser pour agir sur la densité réelle et
l’objectif ZAN (biodiversité, énergie, atténuation et adaptation, sol, la densité vécue, à partir de projets inspirants, selon différentes
eau, pollution), en proposant une vision intégrée de la densité comme formes urbaines. Une grille de lecture permet d’identifier l’échelle
durable et désirable. En complément de cette approche holistique, d’application (planification et/ou aménagement opérationnel)
des publications techniques complémentaires (...) et/ou sectorielles de chacune des solutions présentées.
apparaissent nécessaires pour poursuivre la construction de solutions
efficaces et efficientes à déployer massivement sur le territoire.
B. CONTEXTE
80 % 61 %
des Français résident au des Français
sein d'une zone urbanisée l'étaient en 1960
Quartier de Bordeaux
3D
OBJECTIF
Réduire les émissions de GES
Séquestrer le carbone
ZAN
Transitionner
vers une économie circulaire
Ce chapitre aborde les principaux enjeux liés au phénomène d’urbanisation, à l’étalement urbain
et à l’artificialisation des sols sur le plan environnemental et socio-économique. Il présente
également l’objectif « Zéro Artificialisation Nette » inscrit dans la Loi Climat et Résilience.
Il convient en premier lieu de définir les deux notions Emission de CO2 renforcées : L'ADEME (et le CITEPA, 2021) estime(nt)
d’artificialisation et d’imperméabilisation des sols : que l'artificialisation d'un ha d’espace naturel agricole et forestier
émet de 190 à 290 tCO2. En effet, les changements d’affectation
→ L a loi Climat et Résilience définit l’artificialisation est définie des sols modifient les stocks de carbone contenus sur ces derniers.
par le Code de l'Urbanisme comme « l'altération durable de L’artificialisation des espaces naturels agricoles et forestiers
tout ou partie des fonctions écologiques d'un sol, en particulier empêche la séquestration de CO2. Aussi, la préservation de
de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi ces sols contribue à la lutte contre le dérèglement climatique.
que de son potentiel agronomique par son occupation ou
son usage ». À l’échelle d’un territoire, elle fait donc référence
à l’ensemble des atteintes portées aux sols (friche, prairie
naturelle, zone humide, forestier ou agricole, etc.) et dont
la (les) fonction(s) change(nt), qu’ils soient bâtis ou non
et qu’ils soient revêtus ou non. Les surfaces artificialisées
incluent les sols bâtis à usage. D’autres types de surfaces non
construites mais façonnées par les activités humaines sont
également assimilées à des surfaces artificialisées à l’image
des chantiers, des mines et des terrains vagues, ou encore
des espaces verts artificiels (parcs et jardins urbains, jardins
privatifs, équipements sportifs et de loisir, etc.).
L’urbanisation croissante du territoire est liée à de multiples facteurs. Non maîtrisée, elle contribue
à l’artificialisation des sols et à la progression de l’étalement urbain, voire au mitage des territoires.
13 Source : CEREMA Hauts-de-France (2020) L’artificialisation et ses déterminants d’après les Fichiers fonciers.
14 Source : Agreste (2021). Cartes 1 et 5 « L’occupation du sol entre 1982 et 2018 ».
15 Source : Agreste (2021). Carte 2 « L’occupation du sol entre 1982 et 2018 ».
16 Source : Données issues de l’observatoire de l’artificialisation. Répartition du flux de consommation d’espaces par destination entre 2009 et 2020.
Vérone, Italie
Légende :
De 0 m2 (entre 0 à 1 ha)
Légende :
Légende :
2,2
S’il est étroitement lié à la progression découle sont notamment étudiées au regard
démographique globale, le phénomène des scénarios prospectifs de Transition(s)
de périurbanisation et de diffusion 2050 dans le rapport en question 22. En
de l’habitat est également corrélé aux matière de dynamique sur la question du
évolutions des modes de vie et aux besoin de construction en bâtiments neufs, Taille moyenne d’un ménage
aspirations des Français. tous les scénarios de l’ADEME, y compris en France en 2018, contre 2,4 en 1999
le tendanciel, s’orientent à la baisse (en et 3,1 dans les années 1950/1960
La modification de la structure des ménages raison notamment du ralentissement de
qui s’est opérée au cours des dernières la dynamique démographique et de la
décennies est un facteur de pression stabilisation de la décohabitation liée à la
foncière. L’augmentation du nombre baisse des naissances et de la divortialité). Progression de
de ménages est amenée à se poursuivre
235 000
dans les prochaines décennies : d’après le La diminution du nombre de personnes par
Commissariat général au développement ménage, l’attrait pour la maison individuelle
durable (CGDD), cette progression pourrait et la hausse du niveau de vie a aussi entraîné
être de l’ordre de 235 000 ménages par an une augmentation de la surface occupée
en France d’ici 2030, correspondant à un par personne : la surface des résidences ménages par an en France d’ici 2030
rythme d’accroissement annuel moyen principales est ainsi passée d’une moyenne
de 0,80 %, soit un rythme deux fois plus de 72 m² à 91 m² entre les années 1970
important que la croissance démographique et 2010 23. L’offre de logements en ville,
estimée à 0,43 % par an 21. Au regard de ces tantôt excessivement onéreuse, tantôt
La France compte plus de
différentes données, il est très probable insatisfaisante du fait de logements vacants
29M
que la demande de logements augmente anciens et dégradés (représentant 8,5 % du
au cours des prochaines décennies. parc 24), conduit les ménages à se tourner
davantage vers des logements individuels
La répartition des types d’habitats et neufs construits en périphérie, accentuant
l’évolution de l’artificialisation des sols qui en le phénomène de périurbanisation. de ménages
Port de Nice
21 La demande potentielle de logements à l’horizon 2030 : une estimation par la croissance attendue du nombre des ménages. CGDD (2012).
22 Source : Transition(s) 2050 : Sols - Quels enjeux pour une gestion durable des sols à l’horizon 2050 ? ADEME (2022) 21.
23 Source : Insee. (2012 )
24 Source : Tableaux de l’économie française. INSEE (2020).
Par ailleurs, si la mise en chantier de logements a pendant longtemps services, à des temps de transport au centre de l’aire urbaine
été dominée par des typologies de logements individuels, la et à l’emploi raisonnables, etc. Selon une étude TNS Sofres 26,
tendance s’inverse depuis quelques années. Une étude menée près des deux tiers des personnes souhaiteraient disposer des
par le Commissariat général au développement durable révèle services quotidiens essentiels (école, commerces, médecin…)
une hétérogénéité des préférences selon si l’individu interrogé et avoir accès à des infrastructures de mobilité. L’accès à des
vis en maison ou en appartement 25. Les personnes vivant en espaces verts de détente et de loisirs conditionne également
appartement seraient moins sensibles au fait d’habiter dans leur choix : le rapport à l’espace extérieur est prépondérant
une maison individuelle. En effet, si les Français souhaitent vivre pour les Français qui choisissent comme raison prioritaire pour
au sein d’une maison individuelle isolée, ils aspirent également quitter leur logement le fait d’avoir accès à un jardin ou à un
à une certaine proximité des écoles, commerces et autres espace extérieur privatif.
Cette tendance et ces désirs d’intimité, d’espace et de nature mais également de proximité des services ont été renforcés par
la crise sanitaire depuis 2020 27. Cela implique un enjeu fort de conception (formes intermédiaires, espaces privatifs, qualité des
espaces publics, nouvelle conception de la rue…) de la part des collectivités et des aménageurs pour répondre à ces aspirations,
tout en préservant les sols, les espaces naturels, forestiers et agricoles.
25 Source : Préférences des ménages en matière de logement : résultats d’une enquête par expérience de choix. CGDD (2013).
26 Source : TNS Sofres : Les Français et leur habitat. Perception de la densité et des formes d’habitat pour l’Observatoire de la Ville (2007).
27 Source : Observatoire des Usages et Représentations des Territoires : Qualité de vie et transition écologique des territoires. Infographie (2021).
La préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers est essentielle dans un contexte
de lutte contre le changement climatique, de préservation de la biodiversité et de résilience
alimentaire. La priorité est donc de limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols
et à terme de renaturer des espaces artificialisés.
L’artificialisation des sols participe à la fragmentation et à la La conciliation de ces différents leviers doit répondre aux besoins
perturbation des espaces naturels et des écosystèmes. L’étalement en logement et en activité tout en limitant l’artificialisation et
urbain et le développement des réseaux de transports génèrent en préservant le cadre de vie. Le CGEDD résume ces leviers
une dégradation des habitats naturels. Les voies ferrées, les ponts au travers trois mots d’ordre : Densifier ; Utiliser les espaces
et les routes forment des barrières difficilement franchissables par vacants ; Désartificialiser et renaturer.
les différentes espèces provoquant l’isolement des populations
ainsi qu’une perte de diversité génétique. Le changement La loi Climat et Résilience définit un cadre juridique sur la
d’usage des terres est aujourd’hui considéré comme une trajectoire de l’artificialisation des sols qui doit être déclinée
des cinq pressions principales pesant sur la biodiversité en à différentes échelles territoriales. Les objectifs à horizon 10
France, avec la surexploitation des ressources, la pollution, les ans, puis pour 2050, que fixe cette loi sont à appliquer de
espèces exotiques envahissantes et le changement climatique. manière différenciée et territorialisée. Afin de répondre à ces
Au dernier recensement, 32 % des espèces d’oiseaux nicheurs objectifs, des mesures sont à intégrer dans les documents de
du territoire métropolitain, 24 % des espèces de reptiles et 23 % planification des villes et des territoires 29 au sein des SRADDET,
des espèces d’amphibiens sont estimés menacés de disparition des SCoT et des PLU/PLUi. Celles-ci seront déclinées à l’échelle
par l’urbanisation des territoires, la dégradation des milieux de l’aménagement opérationnel et de l’îlot bâti au travers
aquatiques et le changement climatique. Outre la perte, la des opérations de construction neuve, de rénovation, de
dégradation ou le morcellement des habitats, la gêne et les requalification etc.
pressions générées par l’artificialisation (passage de véhicules,
piétinement, bruit, lumière, proximité de l’homme, pollution…)
affectent aussi la biodiversité animale et végétale.
→
Le renouvellement urbain ;
→ La qualité urbaine ;
→
La protection des sols des espaces naturels,
agricoles et forestiers ;
Saint-Aignan-sur-Cher
28 Le plan biodiversité est défini dans la loi sur la biodiversité adoptée le 20 juillet 2016. Cette dernière prévoit plusieurs mesures phares pour la préservation de
la biodiversité dont la création de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) qui doit veiller à la sauvegarde des espèces animales et végétales sur le territoire
français. Cette loi intègre les sols dans le patrimoine commun de la nation : les écosystèmes du sol doivent être protégés pour eux-mêmes comme l’air, l’eau,
les espèces végétales et animales…
29 Se référer à la partie dédiée « IV. 1.2 Les documents d’urbanisme et la réglementation de la constructibilité comme outils d’optimisation de l’usage des sols ».
Quantifier les différents impacts d’une stratégie d’aménagement, qu’elle soit basée sur l’extension
urbaine ou le renouvellement urbain, nécessite une analyse des effets environnementaux, sociaux
et économiques, directs et indirects, à court moyen et long terme. Une étude à l’échelle du
territoire pourra dans un premier temps s’inspirer ou se reposer sur une approche par projet
qui allie approche en coût global et analyse coût-bénéfices.
Pour un examen exhaustif des enjeux économiques associés à un projet, En outre, l’éloignement des services et des activités, le temps passé dans
il convient d’adopter une approche en coût global 30 et d’estimer les les transports et la segmentation résidentielle observée en fonction
coûts directs et indirects sur l’ensemble de la durée de vie de l’opération, des revenus impactent la qualité de vie des habitants et constituent
au-delà de l’investissement initial, mais également sur tous les acteurs des effets indirects de l’étalement urbain. Cette fracture sociale et la
concernés, notamment les ménages et les collectivités territoriales. monofonctionnalité des espaces peuvent aussi bien se dessiner dans
Un projet coûteux à l’investissement peut ainsi s’avérer être source le cadre d’un projet de densification, et une attention particulière doit
d’économies majeures et finalement avoir un coût global inférieur à un être portée à ces potentielles conséquences lors de tout projet, dans
autre projet dont l’investissement initial serait plus faible. Par ailleurs, l’optique de favoriser la mixité fonctionnelle et sociale et de rendre
des bénéfices sociaux ou environnementaux importants peuvent la ville plus inclusive.
également contrebalancer certains coûts. La prise en compte de
l’ensemble des coûts et avantages d’un projet dans le cadre d’une La densification représente ainsi une opportunité pour réaliser des
analyse coût-bénéfices permet ainsi d’éclairer une prise de décision économies d’investissement et de fonctionnement des réseaux et voiries
par exemple à l'aide de l'outil BENEFRICHES 31. Pour toutes les options pour les collectivités. Bien que les études soient encore manquantes,
considérées, il s’agira donc de définir les caractéristiques du projet sur la base de coûts normalisés plutôt que réels, les études existantes
(surface, population…), d’identifier les effets économiques, sociaux concluent que l’étalement urbain coûte plus cher que des formes
et environnementaux, puis de monétariser ces effets. d’urbanisation plus denses (PSRC, 2005 ; Jaglin, 2008 ; Calvet, 2010).
Les principales publications 32 illustrent les coûts d’investissement
Dans le cadre d’un projet d’aménagement, les bénéfices potentiels liés à dans les infrastructures physiques (routes et réseaux) pour lesquels les
un coût de l’immobilier plus faible en périphérie qu’en centre-ville pour différences entre zones denses et zones étalées sont les mieux mesurées.
les accédants à la propriété, et notamment les primo-accédants, sont À l’échelle du ménage, la prise en compte du « coût résidentiel » 33
à mettre en regard avec d’autres effets. Le coût des transports, qu’ils argumente également sur un plan économique en faveur de formes
soient individuels ou collectifs, est susceptible d’être plus élevé lorsque les urbaines plus compactes.
distances entre le domicile, le lieu de travail et les services augmentent.
En outre, l’aménageur a également un intérêt à optimiser la densité afin Augmentation de la fracture sociale et de la facture énergétique :
de financer la qualité du bâti et des équipements publics. La facture énergétique des ménages serait 10 % plus faible sans
l'étalement urbain des 20 dernières années (Insee, portrait social 2010).
L’éloignement des activités économiques et des espaces résidentiels L’habitat individuel, en périphérie des villes, pèse sur le budget des
comporte également un coût non négligeable pour les collectivités locales, ménages, en frais de chauffage et de déplacement. Cette charge
notamment pour l’aménagement et l’entretien des voiries, les réseaux d’eaux s’aggrave avec la précarité énergétique. Si la décision d’habiter en
et d’assainissement ou la construction d’équipements pour les nouveaux périphérie est souvent moins coûteuse à l’achat ou à la location, elle
résidents tels que des écoles, des crèches, des centres de loisirs, etc. peut s’avérer plus coûteuse à l’usage.
Figure 7 : Évolution des sols artificialisés entre 2008 et 2018 Figure 8 : Évolution des sols agricoles entre 2008 et 2018 selon
selon les régions et les départements les régions et les départements
Source : Agreste - Teruti séries longues Source : Agreste - Teruti séries longues
30 Source : « Cahiers techniques de l'AEU2 : pour une approche en coût global dans les projets d'aménagement » (2015).
31 Source : « Évaluer les bénéfices socio-économiques de la reconversion de friches pour lutter contre l’artificialisation – Outil BENEFRICHES », ADEME (2022).
32 Source : Breuillé et al. (2019) « Impact de la densification sur les coûts des infrastructures et services publics ». www.cairn.info/revue-economique-2019-3-page-345.htm
33 Source : CEREMA (2016) « Le coût résidentiel : de quoi parle-t-on ? »
La densification de la ville joue un rôle clé au regard des enjeux environnementaux, sociaux
et économiques cités précédemment, intégrés dans l’objectif « Zéro Artificialisation Nette »
à horizon 2050. Toutefois, l’optimisation de la densité des espaces urbanisés, qui constitue
un des leviers exprimés par la loi Climat et Résilience pour limiter l’artificialisation des sols,
n’est pas le seul qui peut et qui doit être activé. Densifier en considérant les enjeux de
préservation des espaces naturels et de renaturation des espaces artificialisés constitue
ainsi un objectif à part entière.
Ville de Nantes
Nombre de logements
Densité =
résidentielle
Surface (hectares)
Nombre d’habitants
Densité =
de population Surface (km2 ou hectares)
Nombre d’habitants
Densité =
de population Surface de la parcelle
(m2 ou hectares)
→ La densité d’emplois renseigne sur le nombre d’emplois de → La densité végétale : se calcule par télédétection au moyen d’une
la surface d’étude. Cet indicateur permet de donner une image satellitaire qui repère les masses végétales en volume
idée du niveau d’activité sans pour autant présager de sa et en qualité. Cet indicateur n’opère pas de distinction entre
nature ou de sa diversité. la végétalisation des espaces publics et des espaces privés :
il prend en compte l’ensemble des espaces verts présents sur
un périmètre défini.
Nombre d'habitants
Densité + nombre d'emplois
+ nombre de visiteurs Figure 9 : Schéma représentant la densité bâtie
d’activité =
humaine
Surface (km² ou hectares)
→ L
a densité brute : se rapporte à l’ensemble des espaces
constituant la surface d’étude, et comprend donc les
équipements publics, les voiries et les espaces verts construits
dans la surface d’étude. Cet indicateur est très dépendant
de l’échelle considérée.
→ La densité nette : spécifique à l’échelle de la parcelle ou de Ces différentes définitions de la densité ont trouvé une
l’îlot. Elle prend en compte l’ensemble des surfaces occupées traduction réglementaire au sein des documents d’urbanisme par
par une affectation spécifique, sans y intégrer les espaces l’intermédiaire de notions telles que le Coefficient d’occupation du
publics. Elle concerne donc les logements, les activités, les sol (COS) et le Coefficient d’emprise au sol (CES) ou le Coefficient
commerces et autres équipements. de biotope qui décrit la proportion entre toutes les surfaces
favorables à la nature sur la parcelle et la surface totale de la
parcelle. Ces notions ont aujourd’hui évolué grâce à la mise en
œuvre de dispositifs plus fins d’encadrement des gabarits et de
la volumétrie (recul, prospect, hauteur, continuité écologique…).
Il est à noter que la densité s’exprime avant tout par rapport à une
référence et un contexte local. Dans le présent guide, l'ADEME
privilégie l'indicateur de la densité bâtie.
Habitat collectif
récent R+9 Habitat
haussmannien
Habitat collectif Habitat collectif
Grands ensembles
rural en récent R+5
d’habitat
Habitat centre-bourg
collectif de tours Habitat
pavillonnaire et de barres collectif en
Habitat entre-deux Tissu mixte Habitat collectif centre-ville
individuel Habitat -guerres habitat - Habitat en plots type
individuel artisanat ou maisons résidence
des bourgs de ville
et villages
Aussi, donner une description uniforme pour tout type de tissu De plus, la densité est largement conditionnée par le traitement
urbain ne saurait être satisfaisant : la densité est dépendante de entre les espaces construits et les espaces non construits. Aussi,
son contexte territorial (centre-ville, polarité urbaine, banlieue, la forme urbaine dans son acception large, c’est-à-dire depuis
périurbain, rural…). À noter que ces spécificités territoriales ne la forme géographique et paysagère d’un territoire jusqu’à
sont pas systématiquement concentriques selon le modèle l’organisation entre masses bâties et non bâties (autrement
d’une ville centre dense, au périurbain moins dense et rural appelées vides urbains), la hauteur des bâtiments, la quantité
peu dense. Des pôles de densités variables peuvent s’intercaler, d’espaces publics, va conditionner la perception que l’on aura
en fonction notamment des infrastructures de mobilité, des de la densité.
spécificités foncières (zones à fortes nuisances), polarisant des
activités industrielles par exemple, héritage historique de zones La frise ci-dessus permet de caractériser les différents niveaux
pavillonnaires pourtant à proximité d’un centre-ville dense… de densité bâtie par rapport aux différentes typologies de
logements définies par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme
d’Île-de-France (IAU).
Centre de Besançon
À cette échelle peuvent s’observer les grandes tendances La grille communale de densité de
d’évolution liées à la démographie, à la législation, à l’économie, l’INSEE classifie les communes Françaises
aux modes de vie… Elle présente des enjeux de réglementation en 4 catégories de densité : les communes
et de gouvernance forts en raison de la diversité des acteurs
qu’elle fait cohabiter. C’est, par ailleurs, l’échelle qui correspond densément peuplées, les communes de
à la notion d’aire urbaine (selon la définition de l’INSEE 35). densité intermédiaire, les communes peu
denses, et les communes très peu denses.
L’échelle « quartier » correspond plutôt à l’îlot ou à un quartier
présentant des caractéristiques morphologiques singulières. À
cette échelle, le rapport entre espace public et espace privé est
déterminant, les aspirations des populations en matière de cadre
de vie s’expriment à ce niveau de vision et l’aspect énergétique Dans une métropole densément peuplée comme Paris, densifier la
(bâtiments et transports) constitue une problématique importante ville se traduira par des solutions différenciées (agissant par exemple
à prendre en compte. L’échelle micro intègre également la question sur les dents creuses, la surélévation…), ainsi que par l’importance de
de l’interface bâtie, c’est-à-dire du rapport entre l’espace bâti et favoriser une « densité végétale », afin de répondre à la fois à des enjeux
l’extérieur : les cœurs d’îlots, les toitures, les façades, etc. Il s’agit de sobriété et aux aspirations et au bien-être des citoyens pour une
ici d’intégrer non seulement les dimensions techniques propres densité désirable. Dans une commune très peu dense, les stratégies de
au bâti (stabilité, performance énergétique, éclairage naturel…) densification pourront se construire autour d’une revitalisation de la ville
mais aussi des enjeux formels qui ont un impact important et d’un resserrement des liens sociaux. Dans un contexte périurbain peu
sur les modes de vie, sur la représentation que l’on se fait du dense, il s’agira à travers la densification de garantir un meilleur accès aux
paysage. C’est également un espace propice à la production services et une meilleure connexion au reste de la ville. Il est par ailleurs
décentralisée de ressources (principalement énergétique, mais clé lors des choix de densification de veiller à l'insertion architecturale
aussi de biodiversité, de stockage d’eau…). Ces deux échelles de sorte à préserver le patrimoine et l'esprit des lieux.
interagissent fortement entre elles et composent plutôt un
spectre au sein duquel de multiples nuances s’expriment. Dans De plus, les villes s’inscrivent dans un contexte territorial spécifique et
le cadre de l’aménagement durable, il doit être recherché une ne font pas face aux mêmes risques climatiques, environnementaux,
articulation entre les documents d’échelle « ville » (de type sociaux et économiques selon l’histoire de leur territoire et leur
planification territoriale SRADDET, SCoT, PLUi) et ceux de l’échelle localisation géographique. Ce contexte constitue un cadre global
« quartier » (PLU, ZAC, lotissements, permis d’aménager…). à considérer dans l’application des leviers d’action présentés et ce
guide s’attache à fournir une représentation la plus large possible
des problématiques potentiellement rencontrées.
35 Source : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c2070
36 Source : INSEE, Grille communale de densité (2022) https://www.insee.fr/fr/information/2114627
37 Source : INSEE. Statistiques locales. https://statistiques-locales.insee.fr/#bbox=-1328474,6661347,3149071,1619645&c=indicator&i=grille_densite22.degre_
densite&selcodgeo=02465&view=map1
4. La densité vécue
La densité « vécue » ou densité « subjective » correspond à la élaborée à partir de ses représentations mentales mais aussi
perception des citoyens, à leur ressenti vis-à-vis d’une forme des différentes sources d’information sensorielles (la vue,
urbaine et de leur appréciation positive ou négative. Bien que l’odorat, le toucher et l’ouïe) et culturelles qui nous informent
cette dernière soit généralement fidèle à la densité réelle, la sur notre environnement. La vue, l’odorat, le toucher et l’ouïe
notion de « densité vécue » rappelle qu’un facteur subjectif nous informent sur notre environnement. C’est ce qu’Edward
existe, qu’il est non mesurable et peut être parfois trompeur. T. Hall 40 appelle la dimension cachée de l’espace, c’est-à-dire
Elle renvoie aux processus de représentation, de perception les dimensions non visibles (intimes, sociales et publiques) de
et d’évaluation qui peuvent dans certains cas aboutir à un l’espace, déterminées par chaque individu. On peut aussi parler
sentiment de rejet. En France, environ 65 % de la population de sentiment de « promiscuité ». Tout ceci renvoie aussi à la
considère la densité comme quelque chose de négatif 38. Parmi notion d’ambiance urbaine, explicitée notamment dans les
les principaux facteurs de gêne identifiés en ville dense, sont cahiers de l’AEU2 41.
notés le bruit, les incivilités, la pollution, l’insécurité ainsi que
le coût du logement. Cette enquête apparait en outre datée. Une trop forte densité d’individus au sein d’un même espace peut
Des études plus récentes dont une menée par le CEREMA font également perturber les mécanismes de régulation de la frontière
apparaître des facteurs d'appréciation du cadre de vie : les entre soi et les autres. L’espace vital propre à chaque individu,
principaux critères de satisfaction sont la proximité de la nature, qualifié par certains chercheurs de « bulles invisibles », n’est
une offre offre de services et commerces ainsi que la desserte plus respecté générant un sentiment de malaise et d’intrusion.
par les transports en commun 39. La densité renvoie à la question des interactions sociales et
personnelles. Enfin, la tolérance aux fortes densités peut être
Le sentiment d’« entassement » s’explique par ailleurs par liée à des référents socio-culturels spécifiques ou aux rapports
différents mécanismes psychologiques. La densité vécue résulte entre une société donnée et l’espace bâti.
d’une construction complexe propre à chaque individu et
Figure 11 : Schéma des différents types de formes urbaine à densité de logements égale
La figure ci-dessus explicite les variations de formes que l’on peut observer pour une même densité de 76 logements/ha. Différents
paramètres interviennent ainsi directement sur la perception de la densité d’un quartier. Les paramètres liés à la forme, au volume
et à la hauteur des bâtiments, et la qualité des espaces publics au sens large sont déterminants pour fonder une perception de
la densité. Le rapport entre les espaces libres et les espaces construits, la distance entre les constructions et la structuration
des espaces publics (dimensionnement, végétalisation ou non, largeur des voies…) sont des facteurs déterminants de la densité
vécue. D’autres paramètres jouent également un rôle important tels que l’entretien des espaces publics, les nuisances (bruit,
pollution de l’air…), le trafic automobile ou une trop importante fréquentation du quartier par les piétons, nocturne notamment
(villes touristiques, par exemple). Un travail de conception urbaine et architecturale sur les « morphologies » et les pratiques
spatiales permet de maîtriser ces nuisances et apporter des réponses adéquates et contextualisées.
38 Source : Observatoire des usages et représentations des territoires (ADEME, 2002) ; Enquête Sofres, 2007.
39 Source : CEREMA (2021) Densification urbaine : https://www.cerema.fr/fr/actualites/conditions-acceptabilite-densification-urbaine-etude-du
40 Source : Edward T. Hall. La dimension cachée. 1966. 256p.
41 Source : Ambiances urbaines, Cahiers techniques de l’AEU2, ADEME (2014).
Tirer des enseignements d’une possible perception négative de la densité est utile pour
mieux dessiner la ville dense autour de leviers garantissant sa durabilité et sa désirabilité.
Plusieurs interrogations légitimes se posent en effet au regard de la densité et de la ville
dense : peut-on réellement densifier davantage ? À quel prix pour le bien-être des habitants ?
La densification présente-t-elle plus d’avantages que d’inconvénients ?
Bien que répondant à la lutte contre l’étalement urbain, la Il s’agit donc de repenser la densification en lien avec l’aménagement
concentration d’activités et de population peut générer certaines global de la ville et du territoire en privilégiant des modes de
nuisances. La centralisation des activités est susceptible de générer construire, de rénover et d’aménager compatibles avec ces
des pollutions qui affectent la qualité de vie, parmi lesquelles le différentes exigences. Le « droit à la ville » et à ses services doit
bruit, la pollution de l’air, la surchauffe urbaine et l’effet d’îlot de être associé à un « droit à la nature » et la densité de population
chaleur urbain, les odeurs… La concentration d’activités et de s’accompagner d’une intensité de services, d’équipements,
population peut également conduire à une augmentation de la d’espaces naturels. En ville dense, les réseaux écologiques,
vulnérabilité avec une exposition plus importante des personnes et notamment la trame verte, bleue et brune 46, doivent être
aux risques, d’autant plus si certains risques sont localisés. En outre, pleinement intégrés de sorte à proposer des espaces apaisés,
la ville dense, lorsqu’elle implique des hauteurs importantes, n’est agréables et accueillants pour la biodiversité 47.
pas toujours compatible avec les îlots de fraîcheur et les circulations
aérauliques ni avec ce qu’on appelle le « droit au ciel » 42. La prise en compte de ces atouts et faiblesses est ainsi nécessaire
lors de l’élaboration des projets d’aménagement.
Tant sur le plan social qu’environnemental, la densification (bâtie,
résidentielle, etc.) doit donc être pensée et planifiée selon certaines
conditions de mise en œuvre afin de garantir un cadre de vie agréable Ville de Paris
pour ses habitants. De même que les actions de « mal adaptation »
au changement climatique peuvent générer des effets négatifs
aussi sérieux que le problème, un risque de « mal densification »
existe. Ce risque est à anticiper par les décideurs et les aménageurs.
Prenant en compte les principaux risques potentiels liés à la ville dense évoqués précédemment,
il s’agit ici de rappeler les principaux défis à relever pour construire une ville dense et
durable et désirable, en mettant en évidence de manière systémique les opportunités et
les avantages liés à la densification et au changement de paradigme sur la fabrique et la
gestion de l’espace urbain.
1. Préserver et valoriser les espaces naturels, L’étalement urbain et l’artificialisation entraînent également une
agricoles et forestiers et le patrimoine existant perte de productivité agricole. À l’échelle nationale, l’urbanisation
s’est principalement réalisée au détriment des zones agricoles.
La densification constitue un levier alternatif à l’étalement urbain visant Entre 1981 et 2012, les surfaces agricoles ont perdu une superficie
la préservation des sols, des ressources naturelles et des paysages. de deux millions d’hectares, équivalente aux espaces artificialisés
En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont consommés chaque sur la période, tandis que la superficie de sols naturels est restée
année 48. L’artificialisation des sols peut entraîner via la résidentialisation globalement stable. Les superficies agricoles ont décliné de
une imperméabilisation croissante (dans le cadre de densification 6,9 % au cours de cette période, passant de 30,2 à 28,2 millions
en construction neuve comme en réhabilitation). Les conséquences d’hectares. L’artificialisation des surfaces cultivables engendre
sont notamment une mauvaise gestion des nappes souterraines, une recomposition des activités agricoles : les activités d’élevage
déjà mises sous pression dans les territoires densément peuplés, se réduisent au profit des productions végétales, un phénomène
et l’augmentation des ruissellements. Les nappes souterraines accentué par les conditions du marché et l’augmentation du
peuvent souffrir d’un manque de rechargement par l’infiltration des prix des céréales au cours des dernières années. Par ailleurs,
eaux pluviales, sur des territoires trop imperméabilisés, mais aussi la déprise de l’activité agricole combinée à la forte pression
suite à des rabattements trop fréquents. De nouveaux matériaux foncière a pour conséquence la vente des terres fertiles. La
perméables existent pour limiter l’impact de ces aménagements, valeur des terres agricoles proches des centres urbains intègre
mais ne pourront jamais remplacer des terres fertiles consommées. généralement les plus-values de construction potentielles sur le
terrain. Ces mécanismes économiques forment une barrière au
développement d’une agriculture en lisière des villes, notamment
en cas de maraîchage, le prix des terrains étant prohibitif pour
Paysage en Dordogne les agriculteurs. La sauvegarde des terres agricoles est un enjeu
à la fois sectoriel et environnemental, dans la mesure où ces
surfaces participent à la capacité d’adaptation des territoires
au changement climatique et à l’approvisionnement locale en
aliments (projets alimentaires territoriaux).
Les collectivités locales ont à leur disposition d’autres leviers que les
outils d’urbanisme pour préserver les terres agricoles. Les Périmètres
de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels
périurbains (PAEN) peuvent être instaurés par les départements ou
les intercommunalités afin de conserver une maîtrise du foncier avec
l’accord des communes concernées. Les Zones Agricoles Protégées
(ZAP) instaurées par le préfet, les intercommunalités ou les communes,
visent à protéger un espace agricole et forestier en milieu périurbain.
Un espace classé ZAP est exclusivement dédié à l’activité agricole.
Enfin, les collectivités locales peuvent également avoir recours aux
Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural (SAFER)
sous la tutelle des ministères de l’agriculture et des finances dont la
mission consiste à faciliter l’accès des terres aux agriculteurs.
2. Limiter les émissions de gaz à effet de serre L’augmentation du prix de l’immobilier dans les centres urbains,
le développement des espaces périurbains et l’augmentation
L’aménagement de la ville et la construction de bâtiments des vitesses de transport et des réseaux routiers ont poussé
neufs ne sont pas sans impact en matière d’empreinte carbone, les ménages à habiter plus à l’écart des centres urbains. Cette
principalement liée aux matériaux utilisés. En effet, au-delà des harmonisation des temps d’accès est possible sur un large
émissions liées à la consommation d’énergie lors du fonctionnement périmètre grâce aux infrastructures de transport principalement
du bâtiment, les émissions grises émises lors de l’extraction des routières et à la généralisation de l’automobile. L’offre de transport
matériaux et la construction du cadre bâti ont un impact qui au sein des secteurs périurbains est largement dominée par
peut être prépondérant. Ainsi, faire la ville sur la ville - travailler à la voiture individuelle et leurs habitants ne disposent pas
toutes les échelles sur la sobriété en favorisant le renouvellement suffisamment de modes de transports alternatifs pour les trajets
urbain, la reconversion des friches, la lutte contre la vacance du quotidien. Selon la dernière Enquête nationale transports et
etc. - est un enjeu primordial afin de réduire les émissions de déplacements (ENTD) de 2018-2019, dans les espaces ruraux, la
gaz à effets de serre et l’épuisement des ressources et s’adapter voiture est le mode utilisé pour 4 déplacements sur 5 (comme
au changement climatique. en 2008), alors que son usage baisse de manière notable dans
les agglomérations de plus de 20 000 habitants, en raison de
Afin de tenir les objectifs de neutralité carbone à horizon 2050, les la proximité entre les lieux de travail, domicile, loisir, services
rénovations doivent être massives et performantes 49. Un réel travail ainsi que la concentration des infrastructures de transports
sur le bâti existant est donc à prendre en compte, afin de limiter en commun. Ce mode de déplacement est notamment induit
les pertes d’énergies liées à une mauvaise isolation thermique et en raison de la distance entre le lieu de travail fixe hors du
faire de ces espaces de vrais lieux de vie agréables et plus sobres. domicile, pour lesquels les actifs se rendent en voiture, faute
d’alternative et plus généralement par le manque de services
de proximité à disposition des habitants des territoires peu
denses contraignant les usagers à effectuer des kilomètres pour
trouver les services du quotidien dont ils ont besoin dans les
DÉMARCHE ECU communes voisines ou en périphérie.
(ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET URBANISME)
Cet usage et dépendance de la voiture, au-delà du coût qu’elle
Au regard de la multiplication récente des situations représente pour le budget des ménages, sont source importante
de crise, il semble que les projets d’aménagement d’émissions de GES et de polluants atmosphériques et des
urbain n’ont d’autres choix que de s’inscrire dans ressources fossiles et de dépendance aux ressources fossiles.
une démarche globale de sobriété, c’est-à-dire une
réflexion collective sur nos besoins (requestionner nos L’enjeu de la décennie à venir consiste à promouvoir d’autres
modes de vie ainsi que les fonctions) afin d’adopter modes de mobilité en repensant l’aménagement territorial et
des nouvelles pratiques de modération et de mesure. en développant des services de proximité 50 51.
https://experimentationsurbaines.ademe.fr/economie-
circulaire-et-urbanisme/
40 000 147,1Mds€
décès chaque année est le coût social
Parc de Colmar dûs à la pollution du bruit en ville estimé par an
52 Source : « World Health Organization (2017) Urban green spaces: a brief for action ».
53 Source : ADEME (2021) « Dépasser les idées préconçues entre santé et aménagement urbain : les clefs de l’urbanisme durable ».
54 ADEME (2021) « Coût social du bruit en France. Estimation du coût social du bruit en France et analyse de mesures d'évitement simultané du coût social
du bruit et de la pollution de l'air ».
55 La loi Climat et Résilience a introduit un objectif de baisse de 50 % des émissions de particules fines en lien avec le chauffage domestique au bois
entre 2020 et 2030 dans les territoires les plus pollués.
56 Source : ADEME (2021) « Coût social du bruit en France. Estimation du coût social du bruit en France et analyse de mesures d'évitement simultané du
coût social du bruit et de la pollution de l'air ».
LA DÉMARCHE TACCT
(TRAJECTOIRES D’ADAPTATION
AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
DES TERRITOIRES)
https://tacct.ademe.fr/
La densification est un processus qui doit être envisagé à toutes les échelles : à l’échelle du
territoire, de la ville, du quartier, de l’îlot et du bâtiment. L'articulation entre les différentes
échelles est la clé pour garantir la cohérence des dispositifs locaux et une densification
maîtrisée. Plusieurs outils et leviers réglementaires sont à la disposition des collectivités
locales pour la mise en œuvre d’une densification maîtrisée.
60 Source : www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Guide_technique_planification_r%C3%A9glementaire_-_application_circulaire_du_7_janvier_2022.pdf
61 Source : Fédération des SCoT (2022) « S'engager dans de nouveaux modèles d'aménagement. Zéro artificialisation nette et zéro carbone en 2050 ».
62 Source : Le décret n° 2015-1783 du 28 décembre 2015 qui réaffirmait les objectifs nationaux de renforcement de la mixité sociale et fonctionnelle, de
maîtrise de la ressource foncière et de lutte contre l’étalement urbain et la préservation des ressources ; L’ordonnance du n° 2020-744 du 17 juin 2020
vise quant à elle à moderniser les SCoT.
63 Source : Décrets réglementaires suite à la publication de la loi climat & résilience et de la loi 3DS.
FOCUS
LE PLU BIOCLIMATIQUE
DE LA VILLE DE PARIS
La procédure de révision du PLU a pour objectif d’adapter le Intégrer la prise en compte du ZAN dans le
futur plan d’action aux nouveaux engagements et aux nouvelles processus de révision du Plan
dispositions réglementaires (loi Climat et Résilience) et de
traduire réglementairement les objectifs de la Ville en matière Le PLU bioclimatique de la Ville de Paris doit être compatible
de logement et d’activités, d’adaptation au changement avec les exigences du Zéro Artificialisation Nette encadrées
climatique, de préservation des espaces naturels et des sols par la Loi Climat et Résilience. Le PLU devra ainsi revoir les
et d’environnement. exigences intégrées dans le SRADDET de la région Île de France
et initier une évolution dès 2022. Les modifications devront
entrer en vigueur dans un délai de six ans pour les PLU et les
Un plan stratégique pour « refaire la ville sur la ville » cartes communales (soit à la mi-année 2027). À défaut, aucune
autorisation d’urbanisme ne pourra être délivrée dans les zones
Le PLU bio climatique en cours d’élab oration cible la des PLU ou des cartes communales où les constructions sont
transformation plus que sur la construction dans une démarche autorisées.
de reconstruction de la ville sur elle-même. Il définit à l’échelle de
la Ville de Paris, ville la plus dense en matière de population dans
la région française la plus dense, les caractéristiques urbaines et Un processus de révision du PLU ouvert favorisant
les évolutions proposées pour les différents secteurs de la ville, l’implication des habitants
le maintien et la répartition des espaces verts ; l’emplacement
des futurs équipements ; le volume des bâtiments hauteur, En amont de la démarche de concertation préalable, une conférence
distances… ; et selon la localisation de projets, les fonctions citoyenne a été organisée de sorte à faire émerger des propositions
qui doivent être encouragées ou limitées. Parmi les opérations devant alimenter le futur Plan Local d’urbanisme (PLU).
emblématiques, le projet de rénovation de la Tour Montparnasse
a été jugé conforme au PLU de Paris. La programmation compte
plusieurs dispositions parmi lesquelles un épaissement de la
Tour des niveaux R +3 à R +13 visant à améliorer l’isolation DENSITÉ DE POPULATION :
thermique et acoustique et une surélévation de la Tour en
R +59 en dédiant un espace de serre agricole. Concernant la
surélévation, le règlement du PLU prévoyait notamment une
règle spéciale pour les serres de production agricole installées
D Paris
EN S Ihabs/km²
: 20 600 TÉ
sur les toitures de constructions existantes en dépassement
localisé de la hauteur autorisée.
2. Des outils fiscaux pour faciliter le Une autre incitation à la densification du territoire peut être l’instauration
renouvellement urbain de taux différenciés pour la taxe d’aménagement. La taxe d’aménagement
a remplacé depuis le 1er mars 2012 d’anciennes taxes telles que la Taxe
Au-delà des principaux documents d’urbanisme, d’autres locale d’équipement (TLE), la Taxe départementale des espaces naturels
types de leviers, notamment fiscaux, peuvent être mobilisés et sensibles (TDENS) ou encore la Taxe départementale des conseils
par les collectivités territoriales pour densifier leur territoire. d’architecture d’urbanisme et de l’environnement (TDCAUE). Elle est
Ces leviers peuvent être de différente nature. On compte par perçue à l’occasion d’opérations de construction immobilière, afin de
exemple les mesures fiscales dissuasives pour la vacance et les permettre aux collectivités locales de financer les actions et les opérations
terrains non exploités, les mesures fiscales de renchérissement contribuant à la réalisation des objectifs des SCoT. La taxe est applicable
du coût de l’artificialisation, et les mesures fiscales incitatives aux demandes de permis et déclarations. Elle se compose de trois parts
à la densification ou au recyclage urbain. (communale, départementale et régionale) chaque part étant instaurée
par délibération de l’autorité locale : le conseil municipal, le conseil
Les mesures dissuasives incluent par exemple la taxe foncière départemental et le conseil régional. Le taux ne peut dépasser 1 % pour
sur les propriétés non bâties qui permet, sur décision du conseil la part régionale et 2,5 % pour la part départementale. En revanche,
municipal, de majorer la valeur du m² non bâti pour l’imputer concernant la part qui revient aux communes et aux intercommunalités,
aux propriétaires qui font de la rétention foncière. L’objectif le taux (entre 1 et 5 %, pouvant être porté jusqu’à 20 % dans certains
de cette taxe est ainsi d’inciter les particuliers à vendre leur secteurs) peut être modulé de la manière suivante :
terrain à bâtir. Pour les terrains constructibles situés en zone
tendue (c’est-à-dire dans les zones où il existe un déséquilibre → Un taux faible (par exemple 1 % minimum) dans les secteurs
marqué entre l’offre et la demande de logements) classés dans de renouvellement urbain,
une zone urbaine ou à urbaniser depuis plus d’un an, la base
d’imposition de la Taxe foncière sur les propriétés non bâties → Un taux de 5 % pour les parties plus périphériques proches du
(TFPNB) est majorée à hauteur de 25 % de la valeur cadastrale centre qui nécessitent l’implantation d’équipements nouveaux,
du terrain.
→ Un taux majoré de 20 % pour les secteurs les plus éloignés
La taxe sur les logements vacants (TLV) est due par les propriétaires ou dépourvus d’équipements.
privés disposant d’un logement non meublé vacant depuis au
moins un an. Elle est un levier à la réduction de la vacance dans Enfin, certaines taxes sont incitatives à la densification et à
les communes de plus de 50 000 habitants. l’utilisation des espaces bâtis existants. La taxe sur les surfaces
commerciales (TaSCom) en est un exemple : calculée à partir
D’autres leviers fiscaux de renchérissement du coût de de la surface de vente, elle incite les propriétaires à limiter la
l’artificialisation constituent également des mesures dissuasives surface utilisée et à l’optimiser pour un usage plus intense.
à l’artificialisation des sols. La taxe sur les friches commerciales
permet de lutter contre la vacance commerciale, pour faire en
sorte que les propriétaires de biens inexploités louent leurs
locaux. La taxe sur les cessions à titre onéreux de terrains nus 3. La logique ERC comme source d'inspiration
devenus constructibles participe à protéger les secteurs jusque- de la planification urbaine
là libres de toute urbanisation.
Le ZAN ne s'applique pas à l'échelle des projets, mais à celle de la
Ville de Paris planification. La séquence « Éviter - Réduire – Compenser » (ERC) est
une démarche visant à minimiser les impacts environnementaux d’un
projet d’aménagement. Introduite dans la loi française en 1976, elle
est consolidée par la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la
nature et des paysages de 2016. Elle se base sur le principe d'action
préventive et de correction inscrit dans le Code de l'environnement,
qui implique l'application de l'évitement d’impacts environnementaux
et climatiques, puis de leur réduction et enfin de leur compensation.
Outil mobilisé pour la non-perte de biodiversité, elle constitue un
raisonnement qui peut inspirer la déclinaison opérationnelle de
l'objectif « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN). Une bonne prise en
compte des sols et des écosystèmes est également à opérer, dans
le respect de l'esprit de la démarche.
L'évitement étant la première étape de la séquence, elle est la plus Enfin, dans le cadre de l'application ERC, la compensation des effets
importante. Il s'agit de questionner l'opportunité et le besoin du négatifs sur l'environnement grâce à des projets de restauration
projet en premier lieu, et ce en amont lors des phases de définition écologique est la dernière étape. La compensation est régie par
de l’opération. Toutes les options alternatives au projet pourront les principes d'équivalence de la qualité des milieux restaurés par
être étudiées : la densification verticale, le renouvellement urbain, rapport aux milieux impactés, de proximité des milieux impactés, de
l'optimisation de l'existant, etc. Le choix de l'aménagement et de pérennité et de faisabilité technique et de mesures de suivi des impacts.
sa localisation est également discriminant pour éviter de potentiels Cependant, il est essentiel de comprendre que la compensation n’est
impacts négatifs sur l’environnement. On distingue plusieurs types pas aussi satisfaisante que l’évitement ou la réduction, puisque les
d'évitement : l'évitement stratégique, à l'échelle du territoire et l'évitement dommages du projet sont tout de même réalisés et ne peuvent pas
géographique, en identifiant des secteurs naturels à éviter, au profit être « annulés » par la compensation. Un écosystème détruit au profit
d'espaces déjà artificialisés par exemple. d’un projet d’aménagement constituera un effet négatif du projet
sur l’environnement et la biodiversité du lieu, quand bien même un
L'action de réduction consiste à limiter les atteintes à l'environnement projet vertueux de compensation est développé dans un autre lieu.
inévitables grâce à des solutions de minimisation, de par la densification Le plus souvent, dans le cadre de la planification, il s’agira d’anticiper
horizontale (Ex : BIMBY) et par la minimisation des surfaces artificialisées les démarches de compensation. On parlera alors de territorialisation
et le choix de solutions techniques peu impactantes. Dans une moindre de la compensation.
mesure, et en dernier recours, la construction sur des espaces de
moindre valeur au regard des fonctions écosystémiques rendues par Différents types d'actions relatifs à l'évitement, la réduction et la
les sols et de la biodiversité, ou encore la limitation de la dégradation compensation peuvent être mis en place en s’inspirant de la démarche
des sols et des écosystèmes lors du chantier etc. ERC et en intégrant la reconversion de friches dans un objectif de ZAN :
Compensation
Évitement Réduction
(avec gain écologique)
Densification verticale
Réutilisation du bâti existant
Solutions - rénovation, réutilisation
techniques grises bâtiment vacant, surélévation, Densification horizontale
(rénovation, intensification des usages… (division parcellaire,
réhabilitation, habitat dense individualisé…).
construction, Reconversion de friches 65 Éviter de construire sur les sols
déconstruction, et les milieux de bonne qualité
• Dépollution (éventuelle)
reconstruction) au sein de la parcelle.
• Déconstruction (éventuelle)
• Reconstruction (ex. bâtiment)
64 Source : ADEME (2021) « Objectif zéro artificialisation nette (ZAN) et contribution de l’ADEME », ADEME.
65 Avec ou sans changement d'usage
https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/4577-
planification-urbaine-et-transition-ecologique-et-
energetique-tee.html
TERRITOIRES PILOTES
DE SOBRIÉTÉ FONCIÈRE 66
https://www.atelier-territoires.logement.gouv.fr/
IMG/pdf/plaquette_1_.pdf
66 Source : https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/territoires-pilotes-de-sobriete-fonciere-guide-de-la-demarche-560
67 Le guide « Intégrer les friches à risque de pollution dans les démarches de planification territoriale » de l’ADEME fournit un exemple de prise en
compte d’un gisement spécifique dans la planification du territoire. https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/5223-integrer-les-friches-a-risque-
de-pollution-dans-les-demarches-de-planification-territoriale-guide-9791029715600.html
68 Source : https://artificialisation.developpement-durable.gouv.fr/
FOCUS
ÉVALUATION DE LA
RESSOURCE FONCIÈRE
À BOURG-SAINT-MAURICE
L’évaluation de la ressource foncière a pour objectif de faire L’analyse de la dynamique foncière comme
un état des lieux du foncier sur le territoire, comprenant les potentiel de maîtrise de la tension du marché
logements ainsi que l’immobilier lié au tourisme, et d’analyser
ses dynamiques afin de caractériser la pression foncière de L’analyse des dynamiques de constructions neuves et des marchés
l’espace borain. immobiliers, réalisée dans le cadre de cette évaluation, donne
l’opportunité à la commune d’anticiper la tension immobilière
à venir et ainsi de prévenir ses effets au regard de l’équilibre
L’identification des parcelles disponibles comme économique de la commune. De plus, la réhabilitation des
potentiel de densification espaces vacants et des friches permet de redynamiser le centre-
ville et améliorer la qualité de vie des habitants en leur offrant
L’ambition de l’évaluation du foncier n’est pas de stopper la de nouveaux usages et services.
dynamique de construction sur un territoire mais de produire
des éléments pour optimiser les espaces bâtis en amont de
toute extension urbaine. Elle donne une représentation de
l’ensemble du bâti sur la commune, en distinguant le type DENSITÉ DE POPULATION :
d’habitation et l’état d’occupation.
« Forts de ce regain d’intérêt, les rez-de-ville constituent un levier stratégique et de convergence à l’articulation entre
espaces privés et publics. Toute centralité, qu’elle soit historique ou non, peut dès lors se [ré] affirmer grâce à ses
rez-de-ville ; sous réserve toutefois de modes opératoires adaptés aux évolutions de nos sociétés, de ses moyens et
à la nécessaire transition vers un développement sobre, résilient, inclusif et créatif. »
FOCUS
CHÂTEAUROUX MÉTROPOLE
NANTES MÉTROPOLE,
MÉTROPOLE
D’AIX-MARSEILLE-PROVENCE
La Métropole de Châteauroux, la Métropole de
Nantes et la Métropole d’Aix-Marseille-Provence
ont été accompagnées par les partenaires du
projet MUSE (Cerema, IRSTV, BRGM, Univ Aix
Marseille, INRAE, Chambre d’Agriculture de
l’Indre) pour prendre en compte les sols dans
Dense Potentiel de densification
l’aménagement de leur territoire.
Le projet MUSE propose ainsi une méthode pour renseigner et cartographier accordée aux revêtements semi-perméables, prise en compte des
la multifonctionnalité des sols pour les zones urbaines et non urbaines fonctions du sol et des enjeux liés à l’eau dans les futurs projets etc.).
https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/5415-muse-integrer-
la-multifonctionnalite-des-sols-dans-les-documents-d-urbanisme.html Aix-Marseille Provence Métropole prévoit également dans son
SCoT métropolitain certaines actions telles que : la renaturation de
A ainsi été établie pour chaque territoire (périmètres géographiques des certains espaces, le « réensauvagement » de certains secteurs et
PLUi) une carte de multifonctionnalité des sols associant 4 indicateurs: l’utilisation de matériaux perméables aux abords des cours d’eau
le potentiel d’infiltration, le potentiel agronomique, le stock de carbone pour préserver la biodiversité et réduire les risques d’inondation.
organique et la biodiversité (abondance et la diversité lombriciennes).
L’objectif est ensuite pour les collectivités de préserver, au travers
leurs documents d’urbanisme (PLU/PLUi/SCoT), les zones identifiées Une forte mobilisation de la société
présentant les sols les plus multifonctionnels et de valoriser l’adaptation pour améliorer la qualité de leur environnement
de projets en fonction des caractéristiques de chaque sol.
Châteauroux Métropole a fortement mobilisé les élus sur les
enjeux de fonctionnalité des sols, enjeux dont la compréhension
Des projets de renouvellement urbains attentifs a été facilitée au travers des cartes et des indicateurs identifiés
aux différentes fonctionnalités des sols et sous-sols (dont des indicateurs nouveaux et « rares »). Les élus ont ainsi
pu considérer voire intégrer les multiples dimensions entourant
L’ensemble des documents de planification affiche comme un de les fonctions du sol dans le PLUi.
leurs principaux objectifs le renouvellement urbain. En effet, Nantes
Métropole met la priorité sur la densification des zones d’activités En matière de qualité paysagère, Aix-Marseille Provence prévoit dans
pour poursuivre son développement économique tout en préservant son SCoT métropolitain en cours d’élaboration le développement
ses espaces naturels et agricoles. Cette dynamique est également de respirations le long des axes routiers avec notamment des
étendue à l’ensemble des zones urbaines, dans un but de ville « plus percées visuelles et des cheminements piétons. Ces initiatives
compacte ». Châteauroux Métropole fixe de son côté dans les objectifs sont également présentes dans le PLUm de Nantes Métropole,
de son PADD la réhabilitation d’espaces actuellement non utilisés, au travers de la mise en place d’une « Trame Verte et Bleue et
notamment les « dents creuses ». Une des premières orientations paysage ». En effet, Nantes Métropole vise à améliorer la qualité
du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) paysagère de son territoire par la valorisation des cheminements
du SCoT d’Aix-Marseille-Provence Métropole en cours de révision entourant et/ou longeant les espaces de biodiversité et les axes
consiste en l’adaptation du développement du territoire au regard de mobilité, et développer une végétalisation de qualité dans
des ressources du sol et du sous-sol, dans un objectif d’intégration de des espaces réservés du centre-ville.
la multifonctionnalité des sols dans les décisions d’aménagement.
DENSITÉ DE POPULATION :
Un objectif commun de préservation
et de développement de la nature en ville Châteauroux Métropole : 136 habs/km²
Nantes Métropole : 1 254 habs/km²
Nantes Métropole a adopté une orientation d’aménagement et de
programmation (OAP) « Trame Verte et Bleue et paysage » dans l’objectif
de joindre l’ensemble des services offerts par la nature pouvant être
DENSITÉ
Métropole d’Aix-Marseille Provence : 600 habs/km²
FOCUS
RECONQUÊTE DU BÂTI
EXISTANT À POITIERS
Cette démarche vise à lutter contre l’étalement urbain au Une volonté forte d’améliorer la qualité
travers des solutions de renouvellement du bâti existant. de vie des Poitevins
Ce renouvellement peut prendre différentes formes : en
priorité la réhabilitation, ou à défaut, la reconstruction ou le Certains quartiers sont davantage affectés par le bâti ancien et
remplacement urbain. peu dense, souffrant notamment de précarité énergétique ou
du manque de services de proximité. La collectivité s’emploie
donc à moderniser le bâti ancien, pour proposer davantage de
Une priorisation donnée à la densification logements et de commerces de meilleure qualité aux habitants
des espaces déjà artificialisés les plus défavorisés. Pour cela, elle met en exergue des critères à
atteindre dans la conception d’un projet tels que les matériaux
Dans son objectif de renouvellement urbain, formalisé au sein utilisés, le design proposé et la performance énergétique.
d’une orientation d’aménagement (OA), le PLUi de Poitiers vise la L’amélioration de la qualité de vie est également recherchée
densification de l’habitat autant que des locaux commerciaux. dans le développement d’infrastructures sécurisées pour les
Pour cela, la collectivité recherche l’intensité urbaine dans piétons et les cyclistes.
les zones déjà urbanisées, de préférence à proximité des axes
de transports en commun afin de limiter l’augmentation du Chaque opération d’aménagement doit répondre à des critères
trafic routier. d’utilité et de bonne insertion dans le paysage poitevin. Elle
cherche aussi à satisfaire les attentes de la population et doit
La collectivité vise à favoriser les travaux de réhabilitation d’îlots leur être agréable, confortable et adaptée.
dans un objectif de reconquête de zones urbaines, à l’image du
projet opéré dans la commune de Saintes. Cette opération permet
notamment de répondre à la demande foncière des particuliers
au travers de la densification des logements résidentiels : l’îlot DENSITÉ DE POPULATION :
de l’Arc de Triomphe, à l’abandon, a ainsi été réaménagé pour
accueillir 64 logements (38 en location, 26 à l’achat).
CU du Grand Poitiers : 182 habs/km²
à l’environnement local
Poitiers, en modernisant les zones urbanisées, cherche également
à renforcer la présence de la nature en ville, au travers de la
renaturation de certains espaces pour offrir des points de
respiration mais également du développement de la végétalisation
FAIBLE MOYENNE FORTE
dans les projets (espaces réservés ou sur le bâti). Le but premier
est de renforcer l’effet de climatisation des espaces végétalisés
dans des zones urbaines fortement sujettes aux îlots de chaleur.
Densifier signifie ici optimiser l’espace, intensifier les usages et renouveler la ville existante de sorte
à appuyer les territoires dans des objectifs de sobriété foncière. Refaire « la ville sur la ville » est
une opportunité d’optimiser l’espace mais également d’engager des politiques de rénovation et
de requalification de certains quartiers afin d’améliorer la qualité de vie des habitants. Dans une
démarche d’urbanisme circulaire76, il s’agit donc de travailler sur la ville qui est déjà là plutôt que de
l’étendre, en réduisant la consommation d’espaces naturels et agricoles et en limitant la part de
friches urbaines et d’espaces vacants, au profit du recyclage urbain, de la transformation de l’existant
et de l’intensification des usages. Le renouvellement urbain poursuit donc un double objectif: il s’agit
de reconstruire la ville sur la ville, tout en répondant aux exigences de gestion économe de l’espace.
1. Planifier l’intensification urbaine autour des pôles 2. Redynamiser les centres-bourgs anciens
de transports collectifs dans les centres urbains
Les centres anciens des petites et moyennes communes du territoire
Face à l’allongement des distances domicile-travail dans la majorité perdent en attractivité. Ce phénomène de déprise est principalement
des centres métropolitains et au poids de l’autosolisme dans dû à l’inadaptation des centres-bourgs aux modes de vie et aux
les déplacements quotidiens, notamment au sein des espaces besoins actuels des habitants. Le bâti qui caractérise ces centres
périurbains, les modes alternatifs et notamment les transports souffre de dégradations et de vacance, les espaces publics sont
collectifs sont amenés à jouer un rôle clé dans l’aménagement inadaptés et les commerces de proximité se réduisent. Cette perte
des territoires. Pour limiter l’étalement urbain, la densification d’attractivité des centres s’explique en partie par la périurbanisation,
maîtrisée autour des pôles de mobilité fait figure d’objectif la multiplicité des pôles commerciaux ou d’activités économiques et
stratégique inscrit dès la loi dite « Grenelle 2 ». En l’espace de le départ des ménages les plus aisés. Face à la lutte contre l’étalement
quelques décennies, les transports collectifs en site propre urbain et au besoin des populations d’accéder au logement et aux
(tramway, bus à haut niveau de service) sont devenus des outils équipements, la requalification des centres anciens devient un
d’aménagement de l’espace urbain. Ils permettent d’une part de enjeu prioritaire pour les collectivités territoriales.
redynamiser des quartiers historiques et requalifier des espaces
résidentiels existants, sans pour autant modifier le bâti déjà Cette démarche de revitalisation passe notamment par des
restauré. D’autre part, ils participent à un nouveau partage de stratégies de rénovation et de densification du tissu existant.
la voirie et de l’espace public, dans lequel la voiture et les deux- La situation géographique des centres est un atout majeur, et
roues motorisés prennent une place plus modeste, au profit le potentiel de mixité des fonctions est élevé au regard des
du développement de modes de déplacements alternatifs et équipements et des services déjà présents. Par des opérations
de la restitution de la place du piéton en particulier. de rénovation spécifiques et la modernisation des équipements,
la redynamisation des centres anciens permet à la fois d’agir sur la
Outre les bénéfices environnementaux et sanitaires des mobilités qualité et l’organisation du bâti et de participer au renouvellement
actives et collectives au regard de la voiture individuelle, des pratiques urbaines des habitants. En outre, la réhabilitation
la promotion des transports collectifs permet d’assurer le lien du bâti ancien s’inscrit dans une volonté de réaffirmer l’identité
entre les quartiers de la ville en réduisant les temps de trajet. culturelle et patrimoniale de la ville et se situe dans la droite ligne
Moins consommateurs d’espaces, ces modes de transport des objectifs d’un développement urbain durable.
sont également compatibles avec l’aménagement d’espaces
publics de qualité, avec une attention particulière à la qualité
paysagère et environnementale.
FOCUS
LE PONTET SUD
À PESSAC
Situé à proximité des axes de transports en commun, l’enjeu De plus, les constructions prévues dans le cadre de ce projet
principal du projet d’aménagement urbain est l’intensification suivent un impératif de conformité avec l’environnement urbain
urbaine de ce secteur conjuguée avec la préservation des immédiat, afin que l’introduction des nouveaux logements ne
qualités paysagères et environnementales des lieux et la qualité détériore pas les qualités préexistantes du territoire. Ces sentiers et
d’usages des espaces publics. bosquets préexistants ont formé l’armature du projet et plusieurs
d’entre eux ont été préservés dans l’aménagement du site.
La protection du climat par la densification Enfin, la durabilité de ce projet est également recherchée à travers
autour des dessertes en transports en commun la mise en place de récupération d’eau de pluie afin de réduire
l’effet îlot de chaleur, fréquent en zone urbanisée.
L’objectif d’aménagement principal du projet porte sur
l’intensification urbaine autour des axes de transports en commun,
des parcs et des terrains de sport. En effet, l’opération se trouve La végétalisation des espaces environnant
le long du tramway B et du stade Bougnard. Elle présente donc les logements : un cadre de vie apaisé
des opportunités urbaines intéressantes, d’autant que la capacité
de densification n’était pas exploitée à son maximum : ce site a la Le projet du Pontet Sud vise également à offrir un cadre de
capacité réglementaire d’accueillir trois fois plus de constructions. vie de qualité en développant des espaces publics (2,7 ha) et
des aménagements paysagers. Ces aménagements permettent
Le projet propose donc une offre de logements de qualité, également de créer des liaisons entre axes routiers qui prennent
abordable économiquement et à proximité du centre-ville par la forme de voies de déplacements doux (cheminements piétons
les transports en commun. et cyclables).
MOYENNE
FOCUS
RÉHABILITATION
DE LA FRICHE
DE DAVAL-SAUCY
EN CENTRE-BOURG 77
©Mairie de Cornimont
dans la commune de Cornimont (Vosges), le site
n’était plus en activité depuis plus de 20 ans à
Saulcy et plus de 30 ans à Daval. Le site représente
Dense Revitalisation centre ancien
Construction en dents creuses un potentiel de 1,8 ha au centre du village et à
proximité des commerces et services.
Durable Augmentation de la résilience au
changement climatique
Ce projet rend compte d’un réaménagement de friche dans La rénovation du centre-ville, source
un village visant à la revitalisation du centre-bourg de Daval/ de dynamisation pour l’ensemble du territoire
Saulcy. Celle-ci s’est structurée autour de la réhabilitation de
l’espace public et la création de nouveaux logements mixtes. Le projet redynamise le quartier par une connexion aux services
essentiels : amélioration de la desserte du collège en matière
de viabilité et de sécurité ; construction d’une maison de santé
L’opportunité de répondre aux demandes en plein centre-ville améliorant l’accès au soin des populations
de logements, de commerces et de services aux alentours.
Ce projet de réhabilitation de friche, achevé en 2019, vise à la Il offre également un cadre de vie de qualité aux nouveaux
densification du territoire par la réalisation de travaux sur un arrivants ainsi qu’aux habitants à proximité en modernisant
espace déjà artificialisé. 6 nouveaux logements sociaux mitoyens des quartiers anciens (quartier Daval et quartier de la place du
sont composés de logements individuels privés, réservés aux Plaid) et en réaménageant les cheminements le long du cours
personnes âgées et disponibles à l’achat ou à la location. À la d’eau la Moselotte.
construction d’habitats s’ajoute la création d’une maison de
santé, renforçant ainsi les services proposés au cœur du village. Enfin, ce projet présente un caractère social fort en permettant
notamment l’accès au logement et en particulier à la propriété
pour les personnes âgées.
Une solution de réduire l’étalement urbain
tout en renforçant la résilience du centre-ville
La lutte contre l’ar tificialisation est par ticulièrement DENSITÉ DE POPULATION :
importante pour la commune de Cornimont compte tenu de
son environnement : ce territoire se situe dans le Parc Naturel
Régional des Ballons des Vosges. DCornimont
E N :S78 habs/km²
ITÉ
La commune, à travers ce projet, vise à réduire les émissions de
GES et de polluants atmosphériques en enrichissant son offre
de mobilité active par le prolongement d’une piste cyclable. La
résilience du territoire est améliorée au travers la renaturation
du centre du village permettant de réduire les impacts d’une
crue en offrant une zone perméable.
FAIBLE
77 Pour aller plus loin sur le thème de la réhabilitation des friches, se référer à l'étude dédiée de l'ADEME (2018) : La reconversion des friches polluées au
service du renouvellement urbain : enseignements technico-économiques - Bilan des opérations aidées dans le cadre du dispositif ADEME d’aide aux
travaux de dépollution pour la reconversion des friches polluées.
Au sein des SCOT, c’est aussi l’opportunité grâce au DOO de préconiser Cet outil, dont l’élaboration s’est appuyée sur 4
l’utilisation d’instruments dans ce sens: stratégie foncière intercommunale, outil opérations 82, est applicable à tout type de projets de
de préemption, étude de mutabilité des emprises foncières afin d’anticiper la reconversion, pour tout type d’usage projeté.
mise en place de stratégies foncières. Il s’agit aussi dans l’intérêt des changements
d’usages notamment en cas de travaux de dépollution des sols, d’inciter En éclairant les choix des décideurs et acteurs de
la mise en place d’outils permettant une souplesse de programmation. l’aménagement, l’outil BENEFRICHES aide à la concrétisation
de projets jusque-là bloqués du fait d’un prisme d’analyse
78 L'ADEME apporte des aides financières pour la réalisation des études uniquement fondé sur le bilan économique.
préalables, les travaux de dépollution, la réalisation d'inventaires
historiques urbains, l'évaluation du gisement de friche du territoire, etc.
https://agirpourlatransition.ademe.fr/
79 Source : ADEME (2021) « Intégrer les friches à risque de pollution
dans les démarches de planification territoriale : Guide ».
80 Source : https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/3772-
evaluer-les-benefices-socio-economiques-de-la-reconversion-de-
friches-pour-lutter-contre-l-artificialisation-outil-benefriches.html
81 Se référer à la partie du présent guide II.C (page 17) « Les enjeux
économiques et sociaux de l’étalement urbain ».
82 Source : Évaluer les bénéfices socio-économiques de la reconversion
de friches pour lutter contre l’artificialisation.
Outil BENEFRICHES, ADEME (2020).
FOCUS
AMÉNAGEMENT DE FRICHE
AUX DEUX-RIVES À STRASBOURG83
©Vincent Muller
Dense Mixité fonctionnelle
années 1990, Strasbourg œuvre pour réhabiliter
ces espaces en friche, afin de pallier la demande
Durable Augmentation de la résilience au
de logements tout en limitant l’étalement urbain.
changement climatique
Ce projet dont la mise en œuvre s’étend sur 40 ans (1990-2030), Est également prévue dans l’ensemble des quartiers en transformation
concerne l’aménagement de 250 ha de friches portuaires. De la création de plus de 20 ha d’espaces verts et publics (notamment
nouveaux quartiers se sont développés, avec pour objectif 2 nouveaux parcs et 3 grandes promenades) ainsi que la plantation
de concilier ville et nature, espaces de loisirs, d’habitat et de de plus de 2 000 arbres. Pour accentuer cette renaturation forte des
travail. Ce projet vise à donner une impulsion à Strasbourg en quartiers, la Ville entend limiter la circulation automobile, en restreignant
créant une dynamique autour du Rhin, 2e port fluvial de France. leur accès dans les quartiers Citadelle et Petit-Rhin et en assurant une
desserte de tramway.
D E3 638
Nhabs/km²
SITÉ
83 Pour aller plus loin sur le thème de la réhabilitation des friches,
se référer à l'étude dédiée de l'ADEME (2018) : La reconversion
des friches polluées au service du renouvellement urbain :
enseignements technico-économiques - Bilan des opérations aidées
dans le cadre du dispositif ADEME d’aide aux travaux de dépollution
pour la reconversion des friches polluées.
MOYENNE
PAS
84 Source DE VACANCES
: INSEE, 2021. https://www.insee.fr/fr/statistiques/5761272 https://otelo.developpement-durable.gouv.fr/
85 Source : https://pdvplv.org/
FOCUS RÉDUCTION
DE LA VACANCE À BASTIA
L’objectif final de cette étude est d’identifier les opportunités Pour améliorer la résilience du bâti en centre-ville face aux
de remobilisation des logements vacants pour répondre aux températures extrêmes, la Ville de Bastia a progressivement mis
enjeux de lutte contre l’étalement urbain par la densification, l’accent sur le développement des espaces publics afin de créer des
la redynamisation de son centre ou encore le renforcement respirations en centre-ville et ainsi diminuer l’effet îlot de chaleur.
de l’attractivité de son territoire.
5. Privilégier des formes de construction sa densification. La ville d’Auxerre a quant à elle élaboré une OAP
économes en foncier et en espace favorisant la mutualisation des services, propres aux zones d’activités
et aux zones commerciales. 87
La sobriété foncière mène à privilégier des formes de construction L’artificialisation selon les fichiers fonciers est principalement due au
économes en espace, que ce soit pour la construction de logements développement de l’habitat (70%), de l’activité économique (24%) et
ou la construction de bâtiments tertiaires. des usages mixtes (2%). Pour rappel cette méthode d’identification
exclut les infrastructures de transport et les espaces publics.
En matière de logements, la plupart des enquêtes d’opinion86 soulignent
l’attachement des Français à la maison individuelle. Or la construction Un autre levier de construction sobre en foncier est la surélévation de
de logements pavillonnaires toujours plus éloignés des centres participe bâtiments existants. La suppression des seuils de densité réglementaire
fortement à l’étalement urbain. Les enjeux liés à l’aménagement inscrite dans la loi ALUR offre une nouvelle opportunité de densifier
durable des territoires imposent de s’interroger à la fois sur les modes les tissus urbains en procédant à des surélévations des bâtiments,
de gestion plus efficaces du foncier, sur les besoins réels de nouvelles c’est-à-dire à une augmentation de leur gabarit enveloppe, que la seule
constructions et sur la qualité architecturale, la performance énergétique règle des COS empêchait de réaliser. L’article 61 de la loi ALUR inscrit la
et environnementale et la modularité et évolutivité de celles-ci. surélévation dans une démarche globale de densification pour freiner
l’étalement urbain et favoriser la création de logements dans les zones
Au-delà de l’habitat pavillonnaire du périurbain et des logements denses où les besoins en matière de logements sont élevés et où le
collectifs du centre-ville, d’autres formes d’habitat parviennent à foncier disponible est rare. La surélévation des bâtiments permet ainsi
concilier qualité urbaine et besoin d’intimité, d’espaces privés. L’habitat de créer des logements neufs sans augmenter la surface du sol occupée
individuel dense en particulier répond aux deux injonctions a priori par des constructions (et donc sans augmenter l’imperméabilisation de
contradictoires d’intimité et d’optimisation des espaces Ce type d’habitat surface supplémentaire). Le procédé consiste à augmenter le volume
propose à chaque foyer de disposer d’une entrée indépendante, d’un et la hauteur des bâtiments en créant des étages supplémentaires.
intérieur fonctionnel et modulable selon ses besoins mais également
d’un espace extérieur privatif (jardin, patio, etc.) qu’il pourra être La surélévation doit cependant respecter les règles prescrites dans les
intéressant de gérer de façon vertueuse par rapport à la biodiversité documents d’urbanisme: elle doit se conformer aux prescriptions locales
(en favorisant le déplacement de la petite faune entre des espaces figurant dans le zonage du PLU et aux règlements afférents (règles de
extérieurs voisins, en limitant l’éclairage des jardins ou en optant hauteur, volume, gabarit, aspect extérieur et qualité d’insertion dans
pour de bonnes pratiques en termes de gestion des espaces verts). le paysage urbain et architectural…). La surélévation relève également
L’habitat individuel dense s’intègre au tissu urbain existant en tirant des droits de la copropriété et peut être réalisée par les syndicats de
parti d’un entre-deux, en valorisant une ancienne friche industrielle ou copropriété. La règle initiale de l’unanimité des membres de la copropriété
un espace délaissé. Objet d’une attention particulière, la conception prévoyait, pour toute surélévation, un droit de veto aux propriétaires
d’opération d’habitat dense individualisé s’accompagne toujours de du dernier étage en vertu de l’article 35 de la loi de 1965. L’article 61
la réalisation d’espaces publics adaptés. de la loi ALUR assouplit ces règles de décisions des copropriétaires, qui
seront désormais prises à la majorité des 2/3 des membres.
Concernant les activités économiques (industries, commerce,
artisanat, entrepôts, etc.), celles-ci représentent un pourcentage Les règles d’application de la surélévation de bâtiments existants
d’artificialisation moindre que l’habitat. L’artificialisation due à l’activité permettent de respecter un « droit au ciel » pour les citadins. Ainsi,
se fait majoritairement via la construction de vastes zones d’activités. cette option est à privilégier pour des secteurs où la hauteur des
De nouveaux usages participent également à l’artificialisation tels que bâtiments est faible à modérée, notamment en homogénéisant les
le développement des datacenters ou des entrepôts logistiques. 87 hauteurs avec une élévation douce, afin de conserver un paysage
urbain de qualité.
Toutefois, comme souligné par l’état de l’art ZAN de l’ADEME, si au
niveau national les entrepôts et aires logistiques ne représentent pas En effet, les zones commerciales et industrielles sont souvent très
une cause majeure d’artificialisation, c’est moins vrai dans certaines peu denses sans réelle structuration verticale. Une superposition des
régions (Île-de-France, Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et fonctions peut être recherchée pour ces complexes qui peuvent
Grand-Est) (MEEM, 2017) où ils représentent une part importante. regrouper différentes activités industrielles, mais également proposer
En Île-de-France le premier facteur d’artificialisation entre 1999 et des espaces de loisirs et différents services. Apporter de la verticalité
2012 était dû à l’ensemble des zones d’activités, gazons et parkings grâce à des projets multicouches permet alors de limiter la part de sols
associés (majoritairement des entrepôts et entreposages), suivi par artificialisés. En ville, un bâtiment tertiaire peut alors assurer plusieurs
l’habitat avec 25% des surfaces artificialisées durant cette même fonctions afin de garantir l’occupation de tous les espaces intérieurs
période (Colsaet, 2017). (notamment en rez-de-chaussée) et réduire la vacance commerciale,
tout en assurant un accès aux services optimal pour les citadins et en
Dans un objectif de ZAN et de nécessaire préservation de l’environnement, dynamisant le quartier.
il s’agit ainsi d’intégrer au maximum l’ensemble du foncier dans le tissu
urbain, au plus proche des bassins de consommation (pour éviter Par ailleurs les zones d’activités sont avant tout guidées par un rapport
l’augmentation des distances de livraison), en cherchant à densifier fonctionnel très lié aux flux routiers. Généralement éloignées des villes,
et diversifier ces zones. elles contribuent à la création de nouvelles infrastructures de transport
et de stationnement qui excluent l’échelle du piéton, participant à
Dans ce cadre, peuvent être proposées des mutualisations de services l’imperméabilisation des sols. Ainsi, la verticalisation des parkings (en
(par exemple, une conciergerie, un restaurant d’entreprise, des parkings, hauteur ou en sous-sol) et la conception de parkings perméables ou la
etc.) qui contribuent à la réduction de la consommation foncière. désimperméabilisation des parkings existants, permettent de limiter
l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols. Des parkings poreux
Pour ce faire, plusieurs solutions existent tel que le changement de permettent en outre d’améliorer leur insertion paysagère par leur
la disposition des parcelles : par exemple, privilégier les espaces de végétalisation, de gérer les eaux pluviales et d’améliorer le confort des
stockage en fond de parcelle et regrouper les espaces bâtis. À titre automobilistes en rafraîchissant l’air ou en ombrant les voitures en été.
d’exemple, Montpellier Agglomération a établi un diagnostic territorial
de la zone d’activités du Salaison en vue de sa requalification et de
86 Source : sondages TNS Sofres, CREDOC, Observatoire des Villes, Enquête Logement (INSEE). Il s’agit toutefois de bien nuancer le discours d’une
préférence « absolue » de la population sur ce type d’habitat, en prenant en compte des limites de ce discours (voir « Les Français et l’habitat
individuel : préférences révélées et déclarées » Julien Darmon (2017) : https://doi.org/10.4000/sociologies.5886).
87 Source : Fiche technique AEU2 « Fiche technique. Densification des zones d’activités économiques. PLU d’Auxerre, Communauté de l’auxerrois.
(2018) 4. Orientations d’Aménagement et de Programmation
FOCUS
ÎLOT MA11 À NANTES
©Schnepp Renou
un même étage des logements et des bureaux.
Au total, l’immeuble comprend 4 397 m² de
Dense Verticalisation. Mixité fonctionnelle
bureaux, 1 760 m² de logements (28 logements)
Durable Performance énergétique ainsi que 197 m² de commerces.
Désirable Qualité des espaces de nature. Pratiques urbaines
récréatives. Accessibilité des services publics
DNantes
E N: 4819Shabs/km²
ITÉ
s’insère le projet MA11 est en mutation et favorise les modes
de déplacement actifs et notamment la piétonnisation.
FOCUS
6. Densifier le pavillonnaire
La démarche « BIMBY (Build In My BackYard) » ou « densification → La transformation de fonciers privés de toute taille pour la
douce » est par définition un mode de densification de zones mise en œuvre de projets divers et sur-mesure, adaptés aux
pavillonnaires existantes ayant pour but la division de parcelles pour besoins des habitants ;
construire de nouveaux logements. Elle s’applique principalement
à des terrains habités dont les habitants n’ont pas de pleine → La promotion d’une offre de logements abordables dans des
utilité. Elle permet aux habitants de dédier une partie de terrain quartiers existants, à proximité des aménités ;
au profit de la construction d’un nouveau logement, qui permet
la valorisation de l’espace existant et l’accès à la propriété pour → La revitalisation de quartiers pavillonnaires ou de centres-bourgs
un plus grand nombre de ménages. grâce à l’évolution de leur morphologie.
Pour garantir une mise en œuvre en accord avec les principes du Par ailleurs, un effort de préservation du paysage urbain et de
ZAN et le respect de la biodiversité locale, plusieurs principes la trame verte et bleue des espaces alentours est primordial
définissent la démarche BIMBY : afin de garantir un cadre de vie agréable pour les habitants et
respectueux de la biodiversité locale.
→ La mobilisation de gisements existants dans l’optique d’éviter
l’extension de la ville et de préserver les espaces naturels et agricoles; Le guide PROFEEL « Rénover et densifier les quartiers d’habitat
pavillonnaire » 88 constitue une boîte à outils visant à inciter, motiver
→ L’implication des habitants et la valorisation de leurs biens et accompagner les propriétaires de maisons individuelles dans
fonciers, sources de financement pour la rénovation énergétique la mise en place de projets combinant rénovation énergétique
du bâti existant ou pour permettre le maintien à domicile performante et son financement grâce à la valorisation foncière
de personnes âgées ; ou immobilière.
www.renover-densifier.fr
FOCUS
OPÉRATIONS BIMBY
À PÉRIGUEUX
©Villes Vivantes
le début de l’opération.
Dense Densification douse. Division parcellaire
Afin de garantir la durabilité de la ville dense, une réflexion doit être menée autour de
la résilience du territoire, qui a besoin de sols vivants pour s’adapter aux changements
climatiques et aux événements extrêmes et limiter la fragmentation des habitats naturels. Une
fois la préservation des milieux naturels assurée grâce à la limitation de l’étalement urbain,
il s’agit d’aborder l’importance des continuités écologiques pour favoriser la biodiversité
en ville. Par ailleurs, la nature en ville participe à accroître la résilience de la ville dense face
aux effets du changement climatique, en limitant la surchauffe urbaine, en améliorant la
qualité de l’air et en réduisant le risque d’inondation.
1. Assurer les continuités écologiques en ville La trame verte et bleue est donc un outil de planification et
grâce aux trames vertes et bleues d’aménagement facilitant la prise en compte de la biodiversité
dans les projets, grâce à l’identification des continuités écologiques
La prise en compte des trames vertes et bleues est indispensable et leur préservation. Par exemple, définir des interdictions de
pour éviter la fragmentation des habitats naturels et préserver la construire sur certaines zones (zones « N ») ou favoriser les
biodiversité en ville. C’est également un prérequis pour favoriser projets de renaturation d’espaces urbanisés sont des mesures
le bien-être en ville, grâce à des lieux d’aménité essaimés dans contribuant à renforcer la trame verte et bleue.
la ville, et des espaces de respiration et/ou récréation. Les
espaces végétalisés contribuent en outre à rafraîchir la ville et Par ailleurs, ce dispositif offre des co-bénéfices non négligeables
lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain. pour les riverains : amélioration du cadre de vie et du bien-
être, îlot de fraîcheur en période chaude, lieux propices au
Dans un contexte d’érosion de la biodiversité 89 et de fragmentation ressourcement et à l’activité physique…
des espèces, lié notamment aux activités humaines et à l’extension
urbaine au détriment des milieux naturels, découle un véritable
enjeu de préservation de la biodiversité. L’artificialisation des
sols caractéristiques des milieux urbains participe souvent à
reléguer la faune et la flore au second plan. Avec la trame verte
et bleue qui a vocation à être intégrée dans les documents de
planification à toutes les échelles, il s’agit donc de redonner
sa place à la nature en conciliant les enjeux écologiques et les
activités humaines, en intégrant un ensemble de continuités
écologiques terrestres et aquatiques au projet de territoire.
FOCUS PRÉSERVATION
DES ESPACES VERTS
BAGNEUX
©Sébastien Bellanger
de nature. L’inscription de cet objectif dans
une OAP Trame Verte et Bleue du PLU de la
ville, révisé en 2016, a encouragé l’émergence
Dense Renouvellement urbain
de projets d’aménagement et de rénovation
Durable Préservation et valorisation des espaces verts d’espaces verts essaimés dans la ville.
Désirable Cadre de vie apaisé
Les préconisations de l’OAP incluent à la fois la préservation des Ainsi le développement de dispositifs de gestion alternative
réservoirs de biodiversité et corridors écologiques existants, des eaux pluviales végétalisés tels que des noues, bassins de
le renforcement de la trame verte et bleue grâce à la création rétention paysagers, etc. est inscrit dans les différents projets
de nouveaux espaces végétalisés de qualité et en lien avec d’aménagement.
le réseau existant et l’aménagement de ces espaces pour
garantir leur accessibilité pour les habitants et les services
écologiques d’infiltration des eaux pluviales. Plusieurs opérations Des itinéraires de promenade
de rénovation des espaces verts ont ainsi été menées depuis
2019, participant à la valorisation du patrimoine de la ville. Afin de mettre en valeur les espaces de nature auprès des
habitants en favorisant leur bien-être, la ville de Bagneux propose
des itinéraires de promenade permettant de profiter pleinement
Une politique de renouvellement urbain en ligne des parcs et jardins offerts par la ville, et accessibles par tous.
avec les prescriptions régionales
Les espaces verts de Bagneux agrémentent le paysage urbain,
Le schéma directeur de la région Île-de-France SDRIF de 2013, faisant de la ville de Bagneux un lieu de vie désirable et attractif.
énonçant les grandes orientations de la région pour 2030,
prévoit d’augmenter la densité humaine et la densité moyenne
des habitats de 10 % minimum sur le territoire balnéolais.
Dans cette optique, Bagneux soutient une politique de
renouvellement urbain de certains de ses secteurs en faveur DENSITÉ DE POPULATION :
de la densification de la ville.
FOCUS
L’OAP Trame verte et bleue présente ainsi les diverses solutions L’OAP tend également à répondre à l’enjeu d’adaptation au
existantes sur le territoire pour que les projets répondent aux changement climatique à travers la proposition de solutions
enjeux environnementaux de développement de la biodiversité fondées sur le nature. En effet, la présence d’espaces végétalisés
et de protection de la ressource en eau. Portant le surnom de au cœur de la ville ou à proximité des cours d’eau permet
« ville jardin », Orléans Métropole dispose d’un vivier remarquable d’assurer la perméabilité d’une partie du territoire et ainsi
d’espaces verts et est traversée par un des fleuves les plus réduire les risques d’inondation. La gestion des eaux de pluies
importants du territoire français (la Loire). Elle affiche également permet également de diminuer la pression sur le sol tout en
de fortes ambitions, illustrées en particulier par la volonté récupérant cette ressource vitale au bénéfice du territoire. La
de créer un Parc Naturel Urbain dans l’espace métropolitain. présence d’une végétation importante sur et à proximité des
bâtiments permet également de créer des zones de fraîcheur
et ainsi diminuer les effets du phénomène d’îlot de chaleur.
L’intégration de la biodiversité dans la conception
des bâtiments
Une qualité de vie améliorée par la présence
L’OAP Trame verte et bleue propose des formes architecturales renforcée d’espaces végétalisés
adaptées au développement de la biodiversité sur le territoire. Par
exemple, une architecture présentant des reliefs ainsi que la mise La renaturation du territoire orléanais poursuit également une
en place de nichoirs créent des espaces refuges pour les insectes volonté de préservation voire de développement de la qualité
et oiseaux. Le développement de surfaces végétalisées sur les murs paysagère de la Métropole. Cette démarche permet d’offrir
ou les toits ou en remplacement de constructions (cloisonnement aux habitants orléanais un cadre de vie de qualité à travers
des terrains notamment) est également valorisable pour la par exemple l’amélioration des connexions entre les quartiers
protection de la biodiversité. D’autres solutions sont également et les espaces verts, ainsi que la création de nouveaux espaces
envisageables pour adapter l’urbanisme à l’environnement : de biodiversité.
l’utilisation de matériaux biosourcés, l’adaptation de l’éclairage
(intensité, direction).
DENSITÉ DE POPULATION :
2. Désimperméabiliser les sols et restaurer Afin de la mettre en œuvre, deux typologies de techniques sont
la trame brune possibles : des solutions fondées sur la nature (végétalisation,
noues d’infiltration etc.) ou des solutions grises (revêtements
Dans le cadre de la mise en place du ZAN la désimperméabilisation, poreux, ou pavés etc.) Ces techniques ont pour objectif de
une action préalable indispensable permettant de réhabiliter diminuer le phénomène de ruissellement des eaux pluviales
une ou plusieurs fonctions écologiques des sols (circulation et et le risque inondation.
infiltration de l’eau, support physique stable pour les végétaux,
réservoir écologique, etc.). En outre, le simple retrait du revêtement imperméable est
insuffisant pour assurer les fonctions attendues. Il s’agit dans la
L’imperméabilisation des sols est également un facteur de surchauffe plupart des cas de décompacter voire d’apporter de la matière
urbaine et désimperméabiliser permet alors de contribuer à organique de sorte à permettre au sol de recouvrir ses fonctions.
rafraîchir la ville. Le phénomène d’îlot de chaleur urbain est
défini par une élévation de température de l’air et de surface Rendre la ville plus perméable permet à l’eau de mieux s’infiltrer
des centres-villes par rapport aux périphéries, particulièrement dans le sol et ainsi pérenniser les ressources en eau dans le
la nuit. De manière plus large, la surchauffe urbaine désigne sous-sol. Le concept de « ville éponge » désigne la capacité
à la fois le phénomène d’îlot de chaleur urbain et l’inconfort du milieu urbain à gérer les eaux pluviales grâce à l’infiltration
thermique des citadins en journée, lors d’épisodes de fortes dans les sols, dans le respect du cycle naturel de l’eau 90 .
chaleurs. L’îlot de chaleur urbain est renforcé par la minéralisation En effet, l’imperméabilisation entraîne des dysfonctionnements
de l’espace public, sa configuration qui limite les circulations et des risques d’inondations en favorisant le ruissellement des
d’air, et la densité du bâti qui absorbe la chaleur en journée et eaux de pluies et en participant à la saturation des réseaux
la restitue lentement au cours de la nuit. Ainsi, réduire le taux d’assainissement. Cela contribue également à renaturer les
d’artificialisation en ville participe à diminuer ce phénomène. espaces imperméables afin de contribuer à la lutte contre la perte
de biodiversité et à la lutte contre le changement climatique.
Désimperméabiliser les sols est ainsi un levier majeur pour rendre
la ville plus résiliente aux effets du changement climatique. Trois
principales fonctions peuvent être identifiées par lesquelles la
désimperméabilisation concourt à l’adaptation au changement
climatique : la réduction du risque d’inondation en limitant le
ruissellement sur les surfaces imperméabilisées ; la préservation
des ressources naturelles en permettant le rechargement des
nappes phréatiques ; la réintroduction de la nature en ville et
l’amélioration du bien-être des habitants.
90 Pour plus d'informations, se référer au plan national de gestions des eaux pluviales : https://www.ecologie.gouv.fr/lancement-du-premier-plan-
national-dactions-gestion-des-eaux-pluviales
FOCUS
LYON, VILLE PERMÉABLE
GRAND LYON
Lancé en 2014, le projet « Ville perméable » s’inscrit dans cette La perméabilité des sols, condition indispensable
continuité et vise à désimperméabiliser l’espace public pour à la résilience du territoire
une meilleure gestion des eaux pluviales.
L’enjeu de ce projet est de restaurer la qualité des sols et leur capacité
Au cœur des politiques publiques de la Métropole, le projet de filtration des eaux de pluie, facilitant la recharge des ressources en
est organisé autour de 4 axes transversaux : la protection des eau douce. La préservation de la ressource en eau est un défi majeur
milieux naturels et de la ressource en eau, la lutte contre le pour cette métropole située dans un bassin fortement vulnérable
phénomène d’îlot de chaleur urbain, le retour de la nature en aux problématiques de disponibilité en eau, d’après le constat
ville et l’adaptation et la réduction de la vulnérabilité aux risques établi dans le SDAGE 2016-2021 du bassin Rhône-Méditerranée.
d’inondation. Le projet comprend des retours d’expérience
des actions passées, des travaux de recherche et des éléments De plus, accorder une plus grande place à la végétation via la
de maîtrise des coûts et bénéfices associés, dans le but de plantation d’arbres, arbustes et plantes couvre-sol, et la mise
promouvoir les actions en faveur de la désimperméabilisation en place de jardins de pluie et de placettes inondables, comme
des sols de la Métropole. dans le quartier de Lyon-Gerland, permet en outre de créer de la
fraîcheur et d’accueillir la biodiversité. En réduisant la vulnérabilité à la
surchauffe urbaine, les actions de désimperméabilisation contribuent
La gestion des eaux de pluie, à augmenter la résilience au changement climatique de Lyon.
enjeu stratégique de la ville dense
Lyon est une ville densément peuplée caractérisée par un tissu urbain Des espaces verts qui améliorent le confort
bâti dense en particulier en centre-ville, au détriment d’espaces verts, thermique et favorisent le bien-être
parcs urbains et végétation urbaine peu présents. L’imperméabilisation
croissante des sols, conséquence de l’urbanisation du territoire, La diminution du phénomène d’îlot de chaleur urbain induite par
favorise le ruissellement des eaux de pluie, ce qui contribue à la les opérations de végétalisation des espaces urbains participe à
surcharge du réseau d’assainissement. Afin d’adapter l’espace urbain l’amélioration du confort thermique des habitants. Une étude
à la densification de la population, le projet « Ville perméable » est d’Aurélien Macé réalisée en 2016 a permis de mettre en évidence
un outil de résilience aux risques d’inondation. le pouvoir rafraîchissant des éléments de nature en ville : les rives
du Rhône affichent une température de l’air de 3 à 5 °C plus
En plus d’impacter la gestion des eaux pluviales, le fort taux basse que le centre urbain tandis que les végétaux contribuent à
d’imperméabilisation des sols contribue à une perception une baisse de température de 1,5 °C à proximité. Ceci contribue
négative de la densité vécue en ville par ses habitants. Introduire à améliorer le ressenti des Lyonnais en cas de fortes chaleurs.
davantage de nature en ville encourage une « densité végétale »
qui permet d’améliorer la « densité vécue » au travers des espaces
de nature, intégrés dans l’environnement urbain grâce à des DENSITÉ DE POPULATION :
projets d’aménagement essaimés sur le territoire de la métropole.
FOCUS VÉGÉTALISATION
D’UNE COUR D’ÉCOLE
À LILLE
L’espace initialement imperméabilisé a ainsi laissé place à des Métropole, a permis de réaliser un profilage thermique de la
arbres et arbustes, pensés par les élèves dans une démarche ville et d’identifier les îlots de chaleur et de fraîcheur.
participative, permettant d’améliorer leur cadre de vie quotidien.
Des temps d’échange avec les équipes pédagogiques et les Les conclusions et différences de température constatées entre
enfants ont permis d’élaborer un diagnostic de la cour et des les surfaces bétonnées et les surfaces arborées ont participé à
besoins de tous puis d’aboutir à un guide d’usage commun encourager la démarche de végétalisation des cours d’école comme
pour permettre à l’ensemble des membres de la communauté stratégie d’adaptation au phénomène d’îlot de chaleur urbain.
éducative de s’approprier les nouveaux usages de la cour.
Les arbres et arbustes plantés dans la cour de l’école Turgot, en
plus de constituer un îlot de fraîcheur, contribuent à protéger
La densification du territoire : la biodiversité en renforçant la trame verte de la ville de Lille
concilier densité et cadre de vie et à préserver la ressource en eau en permettant l’infiltration
et la récupération des eaux de pluie.
La densité du territoire lillois est un sujet central dans l’élaboration
et la révision de ses documents d’urbanisme. De fait, on constate
une densification du tissu urbain : de 28 logements par hectare Un projet collaboratif, pédagogique et inclusif
en 2008, la densité résidentielle moyenne sur l’ensemble du
SCoT est passée à 29,2 logements par hectare en 2015. En vue La végétalisation de la cour de l’école Turgot favorise le bien-
de l’atteinte de l’objectif du SCoT de production de 130 000 être des élèves et de l’équipe pédagogique, qui font de cet
logements à l’horizon 2035, cette densification devra s’accélérer. espace un usage quotidien. La participation des enfants et
les bénéfices éducatifs constituent un point fort du projet.
L’enjeu de concilier densité urbaine et qualité de vie est alors Ce dernier contribue à la sensibilisation autour des enjeux de
indispensable pour garantir l’acceptabilité voire l’aspiration à la biodiversité et de préservation de l’environnement, de par
densification. Comme précisé par l’Agence de Développement l’intégration du projet dans l’activité pédagogique comme
et d’urbanisme de Lille Métropole, « la densité repose sur deux support d’enseignement.
appuis : l’un lié aux pleins et l’autre aux vides, autrement dit le
bâti et les aménités compensatrices qui l’accompagnent (espace
libre, privé et public). Si le premier est particulièrement étudié
depuis plusieurs décennies, son acceptation attend encore la DENSITÉ DE POPULATION :
prise en compte du second ».
Éléments incontournables du développement durable des → ARBOClimat, développé pour la Région Hauts-de-
territoires, la préservation des éléments de nature déjà présents, France et l’ADEME, qui permet aux collectivités,
la valorisation et la restauration de la qualité écologique et aménageurs, et élus d’évaluer l’impact d’un scénario
esthétique des milieux naturels, et enfin la création de nouveaux de plantation d’arbres sur le stockage de carbone.
lieux de nature grâce à des opérations de désimperméabilisation Les essences sont en outre caractérisées par
et/ou de réhabilitation écologique des sols, servent de support plusieurs autres indicateurs :
à une dynamique de renouveau urbain.
Impact sur les îlots de chaleur urbains, résilience au
Les opérations de renaturation et d’aménagement d’espaces changement climatique, intérêt pour la biodiversité,
verts favorisent par ailleurs la résilience de la ville par la création capacité à lutter contre la pollution atmosphérique
d’îlot de fraîcheur let le bien-être des urbains 91. et potentiel non allergisant.
FOCUS
UN ÉCOQUARTIER
PROTÉGEANT LA NATURE,
TERRE SUD À BÈGLES
Le label « Écoquartier » permet ainsi de reconnaître les projets Des équipements et aménités au service d’un
alliant d’un côté développement de l’habitat et de l’autre, habitat inclusif
aménagement et urbanisme durable. L’écoquartier Terre Sud
a été reconnu en étape 3. Afin de favoriser le cadre de vie, parmi les services présents sur le
site de l’écoquartier on retrouve de nombreuses parcelles allouées
aux jardins familiaux, un maraîcher à proximité, la présence de
Le lotissement vertical, nouvelle forme d’habitat 2 lycées (dont 1 créé dans le cadre du programme et qui sera
dense individualisé le premier lycée à énergie positive d’Aquitaine), plusieurs parcs
notamment par l’aménagement de passerelles entre le quartier
L’écoquartier Terre Sud propose un projet de densification intéressant: et les espaces verts, etc. En plus d’un environnement vert,
près de 1 300 logements sur 10 km², soit 73 logements par hectare. l’écoquartier propose pour la plupart des logements une double
exposition ainsi qu’une vue de qualité sur les espaces verts.
Cette densité s’explique notamment par la conception de
lotissements verticaux : inédits en France, ce type d’habitats L’écoquartier se présente également comme un lieu de mixité
consiste à proposer des maisons non pas côte à côte mais les sociale : en effet, près de 7 hectares de logements sont attribués
unes sur les autres. en logements sociaux. De plus, certaines habitations seront
réservées aux étudiants, jeunes travailleurs et personnes âgées.
Cette mixité sociale s’accompagne d’une mixité d’usage avec
La protection de la trame bocagère et la promotion l’attribution de plusieurs centaines de m² de locaux aux activités
de modes de vie respectueux de l’environnement commerciales et aux équipements publics.
4. Réserver des espaces à l’agriculture urbaine Dans la réalisation de projets et lors de la mise à disposition de parcelles
pour favoriser la résilience alimentaire par les collectivités, une concertation entre les acteurs concernés
(collectivités pour la dédication de parcelles et l’analyse de la qualité
La résilience alimentaire est un enjeu à l’échelle du territoire et plus des sols, professionnels agricoles pour l’expertise et l’organisation
particulièrement pour les villes, éloignées des espaces agricoles éventuelle de formations, professionnels de l’aménagement urbain,
nourriciers et approvisionnées majoritairement par des circuits associations et citoyens) est nécessaire pour faciliter la mise en place
longs potentiellement vulnérables. de projets, définir la gestion des espaces concernés, et travailler
ensemble à la reconnaissance de cette agriculture. De plus, une
Par ailleurs, dans un contexte d'artificialisation croissance et de attention particulière doit être portée sur la qualité des sols concernés
perte d'espaces agricoles, la priorité est à la préservation de ces afin d’éviter tout risque sanitaire lié à la contamination des milieux
terres fertiles et à la lutte contre l’étalement urbain, permettant (eaux et sols). En effet, des sols fertiles peuvent être pollués par des
également de renforcer les liens avec la production locale (exemple des retombées de polluants atmosphériques, la présence de déchets de
ceintures maraîchères). L’éloignement entre les centres de production remblayage contaminés, l’usage répété d’engrais ou de pesticides, ou
alimentaire et les lieux de consommation génère un système peu encore la contamination des eaux pluviales et des eaux d’arrosage.
résilient face aux crises mondiales (comme l’ont montré la crise Ainsi, toute opération nécessite une étude préalable sur la qualité des
sanitaire du COVID-19 et les conflits géopolitiques). milieux, dans le but de garantir la qualité des denrées. Une réflexion
doit aussi être menée avec les porteurs de projets afin de promouvoir
la mise en place de pratiques agricoles favorables à une gestion
durable des sols et de la biodiversité (agroécologie, …)
L’enjeu de la distribution et de
l’approvisionnement, en particulier
dans les centres urbains, est alors OUTIL CRATER
capital pour garantir la sécurité
CRATer (Calculateur de résilience alimentaire des
alimentaire de la population. territoires) est un outil de sensibilisation et d’aide au
diagnostic de la résilience alimentaire, à destination
des collectivités territoriales, citoyens, élus etc. Les
territoires analysés sont aussi bien des communes et
L’enjeu de la distribution et de l’approvisionnement, en particulier dans EPCI que des départements, régions, jusqu’au territoire
les centres urbains, est alors capital pour garantir la sécurité alimentaire national métropolitain. Afin d’évaluer la situation d’un
de la population. En particulier, développer et protéger des ceintures territoire, 4 composantes du système alimentaire sont
maraîchères autour des villes permet de favoriser l’approvisionnement de étudiées et notées sur 10 :
denrées alimentaires en circuit court, en réduisant les transports nécessaires
à leur distribution, favorisant ainsi la résilience du système alimentaire. → L’adéquation entre la production alimentaire et
les besoins des habitants locaux, rendant compte
En plus de la production de logements, de services et d’infrastructures de notamment de la part d’importations et d’exportations;
transport, l’espace urbain « intra-muros » peut également accueillir une
activité agricole. Autour du concept de « ville nourricière », l’agriculture → Les pratiques agricoles, avec notamment le modèle
urbaine peut également constituer un terreau propice à des initiatives de production, l’utilisation d’intrants chimiques, et
citoyennes et associatives, facilitées par les collectivités locales. Une la diversité de denrées produites ;
multitude de modèles d’agriculture urbaine existe selon le type de
foncier mobilisé (espaces publics, toits, parcelles dédiées, espaces → La population agricole, en nombre et en âge, ainsi
intérieurs), les acteurs impliqués et les systèmes de production mis que la taille des exploitations ;
en place : jardins collectifs (familiaux, partagés ou d’insertion), espaces
productifs interstitiels (le plus souvent dans des bacs aménagés essaimés → La politique foncière du territoire, en caractérisant la
dans la ville, avec des initiatives comme les Incroyables Comestibles 93), disponibilité des terres et l’évolution de l’artificialisation
micro-fermes urbaines ou encore fermes urbaines spécialisées (production au regard de l’étalement des villes et des activités.
sous serres et en intérieur, fermes verticales) 94.
Des leviers d’amélioration de ces 4 composantes
Au-delà de la production alimentaire qui ne saurait être suffisante à nourrir sont ensuite proposés, pour permettre au territoire
la population des villes95, l’agriculture urbaine apporte de multiples co- d’identifier des mesures concrètes et adaptées et
bénéfices pour les habitants et participe à rendre la ville plus désirable. faciliter leur application.
Les démarches d’agriculture urbaine permettent de consolider les liens
sociaux, en incitant les habitants à participer à la vie de quartier dans https://crater.resiliencealimentaire.org/
un contexte convivial, mais également de se reconnecter à la terre,
en sensibilisant aux enjeux de résilience alimentaire (saisonnalité, de
localisme…). Certaines démarches permettent également de développer
des emplois, notamment en faveur de la réinsertion sociale. Enfin, les
jardins fournissent un support à la biodiversité, contribuent à lutter
contre les îlots de chaleur urbain, les inondations (pour les systèmes
en pleine terre), etc.et constituent des espaces verts qui participent
à un cadre de vie agréable en milieu urbain.
93 Les Incroyables Comestibles sont une association promouvant des projets citoyens d'agriculture urbaine participative, en incitant les habitants
à planter dans l'espace public, afin de fournir des récoltes partagées, à disposition de tous les citadins.
94 Pour mieux comprendre, voir la vidéo du Cerema « Les grandes familles d’agriculture urbaine » https://www.dailymotion.com/playlist/x58amj
95 Environ 400 fermes urbaines en France portées par 81 structures adhérentes à l’Association française d’agriculture urbaine professionnelle, 43 ha
exploités et 470 emplois (AFAUP, 2020). 1 303 jardins collectifs sur près de 1 000 ha en Île-de-France dont 697 jardins familiaux et 338 jardins
partagés (IAU, 2020). ; 132 vignes en Île-de-France dont une dizaine à Paris (Ville de Paris, 2020). Source : https://www.inrae.fr/actualites/sols-nourrir-
monde#:~ : text=Environ%20400%20fermes%20urbaines%20en,partag%C3%A9s%20(IAU%2C%202020).
©Mairie de Fort-de-France
de Desclieux à Fort-de-France prévoit de créer
une micro-ferme sur un ancien site militaire
de 2 ha. L’opération, démarrée en 2021, est
Dense Construction en dents creuses
soutenue par la ville de Fort-de-France et réalisée
par l’association « Ypiranga Martinique ». Elle
Durable Restauration du potentiel écologique
des sols. Résilience alimentaire
comprend plusieurs actions.
Une étape cruciale de dépollution du sol devra être engagée En outre, la micro-ferme agricole s’inscrit dans le concept de
au préalable, afin de réhabiliter le sol et s’assurer que les « ville comestible ». Bien qu’initiative locale ne suffisant pas à
denrées produites n’auront pas d’impacts sanitaires sur les subvenir aux besoins de toute la population, elle participe à
consommateurs et les exploitants du site. Le site sera ensuite la résilience alimentaire du quartier tout en fournissant un lieu
valorisé grâce à la rénovation du bâti existant et la mise en de verdure pour les habitants et la biodiversité locale. Le site
place d’espaces de production agricole, d’espaces d’élevage constitue un espace vert particulier en laissant sa place à la
(poules, lapins…), et d’espaces de vie et de rencontre. pleine terre et contribuant à renforcer la trame verte et bleue
de Fort-de-France.
Les leviers de l’aménagement détaillés précédemment – l’habitat, En outre, cette recherche de proximité peut se faire en favorisant
les espaces publics, la mixité fonctionnelle, la présence de la « mutabilité » 98 99 des espaces et en valorisant du foncier
continuités écologiques influencent les déterminants de santé d’infrastructures existantes de proximité. Les cours d’école constituent
(pollution de l’air, pollution sonore, alimentation, activités notamment au sein des quartiers et villes des espaces valorisables
physiques, interactions sociales, etc.) et donc l’état global qui hébergent des infrastructures de qualité pour les habitants. La
de la santé, au travers de toutes ces composantes (bien-être ville de Paris a par exemple lancé en 2021 une phase expérimentale
physique, social et mental). Pour que densification aille de pair pour ouvrir des espaces de récréation le samedi. Au terme de
avec désirabilité, santé et bien-être, la manière de densifier doit l’expérimentation, il a été décidé d’élargir le dispositif à des cours
accorder une attention spécifique à ces déterminants de santé. d’école supplémentaires ainsi qu’à des crèches. 47 cours d’écoles (15
cours en période hivernale) et 23 crèches sont désormais accessibles
Tel que souligné en introduction de ce guide, la densité influence aux familles. Ces visions de la « densité sociale » sont ainsi compatibles
les déterminants de santé en offrant des opportunités de avec l’ambition de la densité de « fabriquer la ville sur la ville ».
déplacements actifs, d’interactions, de proximité, de solidarités,
d’inclusion etc. C’est donc bien dans le mode de densifier, qui La qualité des services en ville s’inscrit également autour d’une offre
doit être cohérent avec le contexte local, qu’il est possible de commerciale qui favorise des comportements individuels sains, et
favoriser les effets positifs de la densité tout en limitant ses notamment les produits alimentaires de qualité. Cela constitue des
externalités négatives. leviers urbains éprouvés pour améliorer la santé publique et réduire
le nombre de maladies chroniques : maladies cardiovasculaires et
respiratoires, diabètes, cancers 100.
Dans une enquête menée par l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) 97,
plusieurs critères ont été mis en évidence permettant d’apprécier
les critères rendant la densité « désirable ». L’étude conclut que
les fortes densités sont bien vécues si elles s’accompagnent d’une
diversité d’activités et d’usages. La qualité des services et des
équipements constitue ainsi un argument permettant de faire le
choix de l’habitat collectif.
FOCUS
UN PARC HABITÉ
LES SÉCHERIES - BÈGLES
Le projet d’aménagement urbain des Sécheries se structure autour d’un « Parc habité »
de 9 hectares. En matière d’habitat, le parc rassemble 350 logements, dont 34 logements
en locatifs sociaux, 46 logements en accession sociale et 270 logements en accessions libres.
Le quartier se situe à proximité de l’hôtel de ville de la commune de Bègles et de la ligne C
de tramway desservant le quartier en direction du centre-ville de Bordeaux. Ce projet se
caractérise par son ambition écologique, sa mixité de produits et sa dimension participative.
Les usages du logement individuel sur du collectif Un projet participatif, inclusif et collaboratif
visant à définir les principes et invariants du projet
Des typologies d’habitat intermédiaire ont été développées selon
un principe dit des « immeubles de maison » superposées et
de quartier
accolées, avec un partage des espaces. Les espaces des « clairières
habitées » constituent des formes compactes d’habitat individuel Dans le cadre de l’opération des Sècheries à Bègles, plusieurs
visant à conjuguer les qualités d’usage de la maison individuelle ateliers se sont initialement tenus avec l’ensemble des acteurs
et la densité d’un habitat collectif. Les espaces des parcelles pour définir philosophie du projet, les ambitions et tracer les
d’immeuble de logement ne sont pas dédiés aux voitures des grandes orientations. Plusieurs idées ont ainsi été retenues,
résidents (parking de 415 place dédiées, équipées en bornes définies comme des invariants à être tenus tout au long du
de recharge électrique à proximité des habitations) de sorte projet : la création d’un « parc habité », la mutualisation du
à privilégier les espaces de nature et de verdure au pied des stationnement et la possibilité d’offrir les usages du logement
immeubles ainsi que des cheminements piétons et doux. Ces individuel sur du collectif. Concernant les espaces publics,
« venelles » sont conçues pour faciliter les promenades. Sur le quartier donne la possibilité aux résidants de moduler les
le site de la « Morue Noire », seront créés quatre logements espaces de sorte à favoriser une meilleure appropriation des
sociaux en duplex, treize logements libres et 350 m² de locaux espaces collectifs et constituer des alternatives de qualité aux
d’activité seront créés. espaces privatifs. On compte des espaces « en plus » dans les
immeubles. Locaux collectifs dont l’usage et la fonction sont à
définir entre les habitants. Enfin, une gestion collaborative du
Un « parc habité » quartier a été pensée au travers un site internet dédié.
MOYENNE
Le développement des modes de déplacement actifs au sein des Pour utiliser l’outil, plusieurs données sont nécessaires
centres urbains à forte densité est crucial et contribue à améliorer parmi lesquelles, une estimation du nombre de
l’ambiance urbaine et le cadre de vie en garantissant des villes plus personnes pratiquant la marche ou le vélo (enquêtes,
apaisées. Au sein des secteurs périphériques ou à plus faible densité, comptages routiers, scénarios), une estimation de
les liaisons en modes actifs permettent de recréer du lien et une la durée moyenne passée à marcher ou à faire du
cohérence au sein des tissus urbains peu denses et fragmentés. vélo dans la population étudiée (cette donnée peut
provenir de la durée (temps moyen) du parcours,
101 Source : Enquête « Mobilité des personnes » 2019. (Publiée en 2021). de la distance moyenne parcourue, etc.).
102 Source : ADEME (2021) Le coût social du bruit en France : « Le coût
social du bruit est estimé à 147,1 milliards d’euros. La majorité (66,5 %) Pour des retours d’expérience : plusieurs collectivités
de ce coût est liée aux transports : le bruit routier représente 54,8 % Françaises ont déjà expérimenté l’outil parmi lesquelles
de ces coûts, le bruit ferroviaire 7,6 % et le bruit aérien 4,1 % ». Nantes et Grenoble.
103 Source : OMS, Outil d’évaluation économique des effets sanitaires (HEAT)
liés à la pratique du vélo et à la marche. https://www.villes-sante.com/
wp-content/uploads/HEAT_manuel_2013_OMS_francais.pdf
FOCUS
UN ÉCOQUARTIER VALORISANT
LE PATRIMOINE BRESTOIS -
LES CAPUCINS
Le quartier s’inscrit ainsi dans une opération de renouvellement urbain. Un projet favorisant les sociabilités,
l’inclusion sociale et générationnelle
Des choix de desserte et d’aménagement visant La réhabilitation du quartier s’est construite autour de démarches
à favoriser le recours aux TC et modes actifs participatives, parmi lesquelles le chantier participatif de
construction. De telles initiatives ont eu pour vocation d’imaginer
Afin de garantir une bonne attractivité du quartier dans une les usages du quartier par et pour les habitants. La Fabrique
optique de densification résidentielle, une desserte efficace citoyenne et poétique des Capucins a animé une démarche
et un désenclavement étaient indispensables. Le Quartier des artistique participative d’aménagement des espaces publics
Capucins doit en effet accueillir à terme plus de 770 logements. des Capucin pendant 4 années (2016-2020).
La desserte a ainsi été assurée par un réseau de transports
collectifs de bus, tram (ligne A) et téléphérique urbain reliant En matière d’habitat, l’inclusion sociale est favorisée par la
le Plateau et le bas de Siam, visant à limiter le recours aux création d’une résidence intergénérationnelle : une résidence
modes motorisés. étudiante de 150 appartements doit venir s’adosser à une
résidence pour personnes âgées de 96 logements, autour d’un
Les choix d’aménagement retenus sur site ont permis de favoriser jardin commun et 18 logements en accession libre. L’intégration
les mobilités actives en privilégiant des parkings enterrés ainsi que dans la ville se fait également aussi avec les autres quartiers
de larges places publiques. Les services de proximité développés via les constructions et les aménagements et le partage les
au sein du quartier rendent par ailleurs propices les usages de équipements : écoles, collèges, lycées, piscines, marchés,
la marche et du vélo. En outre, l’offre de stationnement vélos commerces de proximité (quartier de Quéliverzan au nord et
au sein du quartier apparaît encore insuffisante par les usagers, quartier Recouvrance au sud).
tel qu’indiqué dans le Schéma Directeur Vélo de la métropole
brestoise. Le déploiement d’aménagements dédiés de qualité
permettra de poursuivre la transition du quartier.
DENSITÉ DE POPULATION :
Un projet favorisant développé en vue
d’une meilleure maîtrise énergétique
Dans le cadre de l’urbanisation du quartier, des besoins importants
D E2N SITÉ
820 habs/km²
se sont présentés en matière d’optimisation des réseaux de
distribution électrique. Sur le plan de la maîtrise énergétique, les
différents espaces sont alimentés par le réseau de chaleur urbain.
Trois centrales photovoltaïques sont installées sur les toits des
Ateliers, de la médiathèque, et de la Cité internationale. Celle de
la place des machines est équipée d’une technologie « smartgrid »
permettant son autoconsommation. La volonté de réaliser un MOYENNE
quartier « exemplaire » a été reconnue par l’obtention du label
« écoquartier » décerné par le Ministère de l’Égalité des territoires
et du Logement et de la Caisse des dépôts et consignations.
3. Concevoir un espace urbain dense plus inclusif Les espaces publics jouent un rôle prépondérant dans les milieux
urbains denses. Ils participent à l’animation du quartier ainsi qu’à
L’ « inclusion » se déploie à plusieurs échelles dans les projets d’urbanisme l’ambiance urbaine. Dans un milieu urbain dense, une gestion efficace
et d’aménagement, de la plus locale avec les questions d’accessibilité des espaces publics permet de profiter des espaces interstitiels pour
des bâtiments, jusqu’à l’échelle de la métropole ou de la région lorsqu’il définir des lieux de vie tournés vers les quartiers. Ils permettent
est question de mixité ou de ségrégation spatiale, de mobilité, d’accès de recréer du lien dans un tissu urbain dense mais fragmenté,
aux ressources et services urbains selon les quartiers ou communes. caractéristique des secteurs de grands ensembles de logements
collectifs. Ils permettent également de recréer des centralités locales
L’ADEME identifie notamment trois volets dans son « Carnet d’inspiration à l’échelle des quartiers locaux (zones de détentes ou de commerces
pour des territoires plus inclusifs » permettant de caractériser les etc..) qui renforcent in fine la qualité de vie des habitants.
territoires engagés dans une démarche d’inclusion et de transition
écologique : la conduite de projet ; la conception et l’animation des Il concerne dans une moindre mesure la qualité architecturale
espaces de vie; le développement économique et partenarial local104. des bâtiments qui peuvent jouer un rôle sur la densité vécue. Les
espaces publics végétalisés, le choix des plantations et leur gestion
L’appropriation des espaces publics par les habitants est l’un des enjeux permettent d’atteindre d’autres avantages environnementaux
forts de la ville dense, durable et désirable. Il s’agit de promouvoir (inscription dans la trame verte et bleue, biodiversité urbaine,
et de développer ces espaces qui constituent à la fois des lieux de gestion des eaux pluviales urbaines, régulation des îlots de chaleur
passage, de rencontre et de détentes caractéristiques de la « vie » urbaine, préservation de la qualité des sols, etc.).
urbaine. Les espaces publics doivent proposer des usages et des
activités utiles à la population, qui représentent un intérêt public
et qui soient adaptés aux besoins des quartiers.
Pour cette raison, les usagers sont aussi de véritables experts dans la
conception des espaces publics : familiers des lieux, ils en connaissent LES NOUVEAUX USAGES DE LA RUE
les manques et les besoins. Certaines études démontrent que les
usagers sont également très volontaires en ce qui concerne la gestion La réappropriation de la rue par ses habitants (zones
de ces espaces. Si la gestion des espaces publics est principalement du piétonnes, aménagements ludiques pour les enfants…)
ressort de la puissance publique, les habitants souhaitent s’impliquer participe à rendre la ville plus apaisée et à favoriser
davantage dans leur gestion via des actions d’entretien ou d’animation. le lien social entre les habitants pour une meilleure
qualité de vie en ville.
La création d’espaces publics multifonctionnels vise à rendre possible
différents usages dans un même lieu pour répondre à des besoins Le guide « La rue commune » 105, projet sélectionné
variés. Une action sur les espaces publics peut être de nature diverse : dans le cadre de l’Appel à communs résilience de
réaménagement d’une place publique, création d’espaces de vie, de l’ADEME, permet également aux acteurs de la ville
détente, de promenade, lieux de rencontres intergénérationnelles, d’appréhender les principes clés de restructuration de
restructuration et aménagement de rues repensant le partage de la rue en ville, en croisant une approche « technique »
l’espace entre différents usagers, requalification d’un parc urbain en (dimensions, orientation, nature des sols, façades,
lien avec son environnement, projets de résidentialisation, création gestion des eaux) et « usage » (fonctions de services
d’itinéraires lisibles, simples, directs, « naturels »… Toutes ces démarches et fonctions relationnelles).
visent à produire des espaces publics variés, adaptés aux besoins et aux
usages des habitants et support d’une fonction technique spécifique. La réappropriation de l’espace public et de la rue,
qu’ils soient des « quartiers ou rues libres », « rues aux
La production d’espaces publics multifonctionnels est réalisable enfants » ou « rues scolaires » est notamment rendue
au sein de toutes les typologies de ville indépendamment des possible au travers des politiques locales adaptant
niveaux de densité. notamment la politique de stationnement en ville.
À Paris, la moitié de l’espace public est réservée à la
La conception d’espaces publics multifonctionnels concerne en voiture. Favoriser les mobilités douces au détriment
priorité le champ des pratiques urbaines (pratiques et usages des de la voiture individuelle et aménagés des parkings en
espaces publics). Par extension, la dimension qualitative de ces dehors des centres-villes participe à rendre l’espace urbain
espaces joue sur la qualité du cadre de vie, et permet de limiter les plus agréable, à diminuer le bruit et la pollution de l’air.
besoins de déplacement.
Le Guide du CEREMA « Aménager des rues apaisées.
Zones 30, zones de rencontre et aires piétonnes » publié
en 2020 donne plusieurs possibilités d’aménagement,
principalement orientées autour des politiques de
mobilité visant à reconquérir les espaces à vivre.
https://www.cerema.fr/fr/actualites/amenager-rues-
apaisees-guide-du-cerema-collectivites
104 Source : ADEME (2020) : « Carnet d'inspiration pour des territoires inclusifs. Leviers de la planification urbaine et de l'aménagement durables »
Ces trois volets sont déclinés en 10 leviers d’action illustrés par l’analyse de 16 projets.
105 Source : https://www.ruecommune.com/projet
Le quartier a été construit de sorte à permettre une mixité Un quartier construit avec et pour ses habitants,
fonctionnelle et une cohabitation entre les logements, bureaux, favorisant la convivialité et le bien-être
commerces et activités, parfois au sein des mêmes îlots ; les
habitats sont diversifiés avec 50 % de logements aidés et des Les espaces publics du quartier s’articulent autour de lieux de
résidences services pour étudiants et seniors. rencontres, d’échange et de convivialité : aires de jeux, itinéraires
de promenade, skatepark… Des cheminements piétons et jardins
ouverts permettent de relier les bâtiments et les habitants afin
Une forte densité de logements et de services d’investir l’espace extérieur comme lieu de vie. Le quartier
articulée avec la présence de la nature valorise les initiatives culturelles et festives autour de lieux
« emblématiques » du quartier : Cartoucheries ; Halle Courrouze.
Comptant 5 000 logements et 40 commerces et services, le En tant que zone d’aménagement concertée, la Courrouze est
quartier de la Courrouze fait l’objet d’une forte densité de animée depuis les années 2000 par une démarche participative,
logements et de services. Pour y parvenir tout en préservant et où les habitants sont impliqués dans les choix d’aménagement,
valorisant les espaces verts, un travail sur l’aménagement a été notamment liés aux usages et modes de vie. Ces initiatives
mené autour de formes architecturales variées : immeubles en contribuent à faire de la Courrouze un lieu inclusif et facteur
R+11, résidences-patios ou habitat individuel et intermédiaire. d’appartenance et de bien-être pour ses habitants.
La diversité des formes urbaines et la mise en valeur des espaces
de nature contribuent à l’attractivité de ce quartier.
FOCUS LA RECONVERSION DE
L’HÔPITAL DE SAINT VINCENT
DE PAUL - PARIS 14E
La programmation du quartier s’est structurée en deux a été proposée dans une optique de maîtrise du coût global.
temps : l’occupation temporaire faisant du quartier un lieu Le scénario retenu est celui d’un un scénario de production
d’expérimentation (2015 à 2017) ; la préfiguration de la ZAC énergétique centralisée, mettant à profit le réseau parisien d’eau
(2018-2020). Cette posture a permis d’engager avant la phase non potable « eau brute » qui présente une température de 15 °C,
de préfiguration des occupations temporaires des bâtiments pouvant être récupérée au travers des pompes à chaleurs pour
et de l’espace public accessible au public. les usages sanitaires ainsi que le chauffage. Le scénario revoit
en complément l’installation de panneaux photovoltaïques
ont vocation à couvrir 40 % des besoins d’électricité sur le
La réhabilitation d’espaces déjà artificialisés : site. Lors des pics de froid hivernaux, le système pourra être
une réponse aux besoins de logements autant complété par le réseau du CPCU (Compagnie Parisienne du
Chauffage Urbain).
que de locaux commerciaux
4. Intégrer un maximum d’espaces partagés Cette implication des citoyens dans l’entretien des espaces
et végétalisés publics est réalisable au sein de toutes les typologies de ville
indépendamment des niveaux de densité.
Aller vers des formes urbaines de qualité implique de porter
une réflexion sur les espaces libres de constructions, les espaces Les bénéfices environnementaux attendus seront plus ou moins
publics et privés, afin qu’ils constituent des espaces créant importants selon la localisation des espaces végétalisés, les choix
des ambiances urbaines agréables propices au bien-être des de plantations et leur mode de gestion (inscription dans la trame
citoyens et au lien social. La notion d’ « ambiance urbaine » verte et bleue, biodiversité urbaine, gestion des eaux pluviales
est notamment définie dans le guide technique de l’AEU de urbaines, régulation des îlots de chaleur urbaine, préservation
l’ADEME 106 comme « l’expression de la vie urbaine » (au travers de la qualité des sols, résilience de l’essence face au changement
des lumières, sons, volumes, flux, présences, etc.), « formée par climatique, capacité à stocker du carbone etc.). Les espaces
des paramètres physiques, humains, spatiaux et temporels ». verts agissent également sur la santé psychologique et le bien-
L’ambiance urbaine relève des dimensions physiques (ensoleillement, être en jouant sur la «capacité restauratrice », c’est-à-dire sur la
vent, pluviométrie, humidité, etc.), humaines (usages d’un lieu, récupération après un stress et sur la restauration de l’attention.
sensations, interprétations), spatiales, temporelles (rythmes, Cette capacité dépend notamment de la qualité esthétique de
alternances jours/nuit, temporalités). ces espaces verts et de l’ambiance qui y règne.
Ville de Besançon
Le projet de la revalorisation de l’île, ancré autour d’une réaffectation Une concertation engagée pour construire
des espaces, a vocation à être achevé à horizon 2030. le projet autour de la nature, des activités de loisir
et de la mobilité
La réhabilitation de l’ile du Ramier autour de quatre
nouveaux espaces Les travaux engagés au parc des îlots visent à « ouvrir » les
belvédères du Nord de l’île pour offrir des points de vue sur
Le projet de l’Île du Ramier se structure autour de quatre principales la Garonne et dégager des espaces piétonniers favorables à la
zones réhabilitées : le parc des îlots (Nord de l’île) ; le cœur du promenade. Il s’agit également de garantir une accessibilité vers
parc (l’ancien parc des expositions) ; le parc des sports (organisé le Quartier Saint Michel au travers la création de passerelles
autour du parc des sports et de la piscine Nakache) ; l’éco-parc piétons-cycles.
de la poudrerie (2 hectares au sud de l’île visant à être requalifié
en jardin public). Le « cœur du parc » est le secteur de l’île qui La mise en œuvre de ce projet s’est voulue participative : une
vise à connaître le plus de transformations avec la démolition visite de site et plusieurs ateliers ont été organisés afin de
des halles et du parc des expositions, la suppression des parkings recueillir les avis et idées des habitants de la Métropole et de
ainsi que d’une grande partie de la voirie de sorte à recréer un co-construire un projet adapté aux usages. La concertation a
nouvel espace avec une esplanade centrale de plus de 10 000 m2. permis de préciser des axes forts du projet : la préservation
de la nature et de la biodiversité ; les activités du parc : sports,
loisirs, culture ; l’accessibilité et les mobilités. L’ensemble des
Valorisation des espaces naturels et de la trame verte contributions et synthèses des ateliers sont disponibles en libre
et bleue s’inscrivant dans le cadre de la feuille de accès sur le site internet de la métropole. 108
route Économie Circulaire.
Conclusion
Faire une ville « dense,
L’objectif de Zéro Artificialisation nette (ZAN) durable et désirable »,
à l’horizon 2050 engage tous les acteurs des c’est faire une ville qui
territoires, y compris économiques à mieux
appréhender la préservation des sols tant répond à la fois aux enjeux
dans la vision stratégique qu’opérationnelle de climatiques, écologiques
l’aménagement et de planification des territoires.
Cet objectif vise en priorité l’utilisation des
et aux nouvelles pratiques
espaces déjà artificialisés et il nous amène et aspirations des citoyens.
collégialement à repenser nos modes d’habiter
et d’aménager la ville dès à présent.
Parmi les leviers d’atteinte du ZAN, une approche La préservation des sols, ainsi que la diminution
renouvelée, multicritère et plus qualitative de la de la consommation des ressources naturelles et
densité est déterminante et s’inscrit dans le temps des matières premières doivent constituer dès
long de la fabrique de la ville et son territoire. à présent des principes clés des stratégies de
planification. Il s’agit de systématiser l’identification
Un des principaux levier d'action, la densification, des espaces disponibles, leurs usages et leurs
n’est pas seulement une problématique technique, potentiels écologiques de sorte à déterminer le
elle demande de dépasser le cadre réglementaire potentiel de densification du territoire et « refaire
pour impliquer les citoyens et en faire une réelle la ville sur la ville ». De multiples approches sont
question de société. Ceci implique de repenser ensuite mobilisables: maximiser l’utilité des zones
nos imaginaires collectifs en déconstruisant un aménagées préexistantes ; réemployer l’existant
certain modèle d’aménagement jusqu’alors au travers des opérations de réhabilitation,
plébiscité, souvent associé à la maison individuelle requalification ou rénovation ; le cas échéant,
en périphérie en proposant des modèles alternatifs dimensionner de manière optimale les nouvelles
plus sobres et plus soutenables. La ville déjà opérations jugées indispensables, etc.
constituée représente en réalité une partie majeure
de l’espace urbain sur laquelle il faut agir pour La ville dense doit également être une VILLE
améliorer l’existant. DURABLE offrant un cadre de vie soutenable
pour les générations futures. Il s’agit de rendre
Faire évoluer les espaces bâtis vers un modèle la ville plus sobre en matière de consommation
plus intense et compact répond ainsi aux enjeux d’énergie et de ressources au travers des modèles
de développement durable, de cohésion sociale, d’économie circulaire. Les villes doivent également
de préservation de la biodiversité et d'accès s’adapter face au réchauffement climatique en
aux services essentiels. limitant les îlots de chaleur urbaine et en favorisant
le rafraîchissement et la perméabilité de la ville,
Il ne s’agit en outre pas de densifier tout type en préservant la biodiversité, un cadre de vie
d’espace, mais bien d’identifier les opportunités agréable et désirable.
de densification dans les zones adéquates.
Ces solutions de densification sont à construire La VILLE DÉSIRABLE suppose l’accès à des
selon des contextes territoriaux et urbains qui infrastructures et des services de qualité pour tous,
présentent des histoires, des formes urbaines et dans une démarche d’inclusion et d’urbanisme
des enjeux spécifiques. Il s’agit en somme de mieux favorable à la santé. Cela implique d’agir sur
densifier en appréhendant de manière systémique la qualité des formes urbaines et des espaces
les usages, les flux et les économies dans une logique publics pour préserver l’intimité et le lien social,
d’urbanisme circulaire, de sobriété foncière, de mais également sur la réduction des sources de
préservation de la biodiversité et de qualité de vie. nuisances comme la pollution sonore et de l’air,
afin d'agir sur un maximum de déterminants
Cela demande également une prise en compte de santé et de bien-être des citoyens. Réduire
des facteurs générant une appréhension vis-à-vis la place de la voiture en centre-ville et déployer
de la densification afin de tracer les contours massivement des « systèmes » vélo et piéton
d’une densité choisie et planifiée, garantissant lorsqu’ils sont applicables en sont des exemples
un cadre de vie agréable. Au-delà du calcul de concrets qui permettent de remettre véritablement
la densité, le processus de densification est ainsi les citoyens au cœur des villes.
essentiel pour en faire un projet partagé.
Ce guide donne des clés et des exemples inspirants
La VILLE DENSE est d'abord une ville plus sobre pour pouvoir faire des contraintes des opportunités
en foncier, questionnant l’adéquation entre les dans une approche systémique, citoyenne et
besoins actuels et futurs et les ressources du répondant aux spécificités et aux besoins de
territoire, en particulier la qualité des sols disponibles. chaque territoire.
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EXPERTISES
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CLÉS POUR AGIR
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979 -10 -297-2019 -2
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