TRABELSI
TRABELSI
TRABELSI
en chirurgie buccale
Sharon Trabelsi
Prise en charge
des patients insuffisants rénaux
en chirurgie buccale
THESE
Présentée et publiquement soutenue devant la
TRABELSI Sharon
née le 23 décembre
1993 à MARSEILLE
EXAMINATEURS DE LA THESE :
Président : Madame le Professeur A. RASKIN
Prise en charge
des patients insuffisants rénaux
en chirurgie buccale
THESE
Présentée et publiquement soutenue devant la
TRABELSI Sharon
née le 23 décembre
1993 à MARSEILLE
EXAMINATEURS DE LA THESE :
Président : Madame le Professeur A.
Assesseurs : Monsieur le D.
Monsieur le Docteur J.-H.
Monsieur le F.
ADMINISTRATION
(mise à jour Janvier 2018)
DOYENS HONORAIRES Professeur R. SANGIUOLO
Professeur H. ZATTARA
Professeur A. SALVADORI
* Responsable de la discipline
57ème SECTION :
CHIRURGIE ORALE ; PARODONTOLOGIE ; BIOLOGIE
* Responsable de la discipline
À la Présidente de thèse,
Madame le Professeur Anne Raskin,
INTRODUCTION.........................................................................................................1
1. L’INSUFFISANCE RÉNALE...............................................................................2
1.1. RAPPELS : ANATOMIE ET FONCTION RÉNALE............................................................2
1.1.1. Anatomie rénale..................................................................................................................................... 2
1.1.2. La fonction rénale.................................................................................................................................. 4
1.1.2.1. La fonction excrétrice....................................................................................................................................... 4
1.1.2.2. La fonction endocrine....................................................................................................................................... 5
CONCLUSION............................................................................................................47
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................I
INTRODUCTION
La prise en charge des patients en odontologie de nos jours, et notamment en chirurgie orale,
nécessite de replacer ces patients dans leur contexte général en prenant en compte les
pathologies générales desquelles ils sont atteints, leurs traitements et leurs relations avec l’état
bucco-dentaire.
Dans cet objectif, notre travail est centré sur la prise en charge du patient en odontologie
atteint d’insuffisance rénale chronique.
L’insuffisance rénale chronique est caractérisée par une diminution chronique et irréversible
du nombre de néphrons fonctionnels. Il en résulte ainsi une diminution progressive de la
fonction rénale mise en évidence par la baisse du débit de filtration glomérulaire (DFG).
Nous ne traiterons pas de l’insuffisance rénale aiguë puisque les patients sont en générale
hospitalisés et les problèmes dentaires sont alors secondaires.
L’insuffisance rénale chronique est un problème sanitaire mondial. Elle est en perpétuelle
augmentation dans les pays développés. Grace aux progrès de la médecine, il est possible
aujourd’hui de traiter les patients au stade terminal de cette maladie. Ainsi, l’espérance de vie
de tous ces malades s’en est trouvée nettement allongée.
De ce fait, le pourcentage de ces patients dans la population générale est en augmentation
constante et le chirurgien-dentiste peut être confronté aux patients atteints de cette pathologie
dans leur exercice.
La description de cette pathologie constituera la première partie de notre travail.
Dans un second temps, les manifestations de l’insuffisance rénale chronique seront traitées
avec leurs répercussions sur la cavité orale à savoir les modifications qu’elle provoque sur le
milieu buccal mais également ses manifestations muqueuses, parodontales et enfin dentaires.
Enfin, la troisième partie traite de la prise en charge d’un patient atteint d’insuffisance rénale
chronique en chirurgie buccale. En effet, les patients présentant une ou plusieurs pathologies
médicales diagnostiquées ou suspectées sont considérés comme des sujets dits « à risque ».
Dans cette configuration, la pratique de l’odontologie quotidienne doit être adaptée. Nous
analyserons alors les risques auxquels sont soumis les patients insuffisants rénaux, les patients
dialysés, ceux en attente d’une greffe et de ce fait les précautions qui en découlent.
1
1. L’INSUFFISANCE RÉNALE
Les reins sont deux organes aplatis, en arrière du péritoine, de chaque côté de la colonne
vertébrale et contre la paroi abdominale postérieure, dans la loge rétro-péritonéale entre la
dixième et la onzième côte.
Chaque rein a la forme d'un grain de haricot, de couleur rouge sombre de consistance ferme et
de poids représentant environ 4,5% celui du corps.
Ces organes sont coiffés par les glandes surrénales.
Au niveau macroscopique, le rein est entouré d’une capsule de collagène et encastré dans du
tissu adipeux.
C’est un organe multilobé dont la base de chaque lobe forme la surface du rein et le sommet
de chaque lobe constitue la papille qui est percée d’orifices assurant l’ouverture des canaux
collecteurs.
Le hile est une fente longitudinale localisée au niveau du bord interne et qui s’ouvre dans le
sinus rénal, par lequel entrent artères et nerfs et sortent veines, lymphatiques et uretères.
D’un point de vue macroscopique, la vascularisation se fait à partir d’une artère rénale qui
nait de l’aorte en dessous de l’artère mésentérique supérieure et des artères surrénales
moyennes. La topographie du drainage correspond à celle de la vascularisation artérielle et les
veines rénales rejoignent la veine cave inférieure.
Au niveau microscopique, chaque rein est composé d’environ un million de néphrons qui
constituent les unités fonctionnelles du rein.
Chaque néphron, est composé d’une part d’un glomérule qui est formé d’un bouquet d’anse
capillaire alimenté par une artériole afférente et drainé par une artériole efférente et entouré
par la capsule de Bowman; et d’autre part de tubules composés successivement du tubule
proximal, de l’anse de Henné, du tubule distal et du tube collecteur, les différents tubes sont
entourés de vaisseaux péritubulaires jouant un rôle primordial dans les mécanismes de
sécrétion et de réabsorption des substances dissoutes. Le contrôle de ces échanges est assuré
par des hormones et des médiateurs, d’origine systémique ou locale.
2
Schéma 1 : schéma d’un lobe rénal d’après Godin-Ribuot (3)
3
1.1.2. La fonction rénale
4
Les substances toxiques qui ne peuvent pas être filtrées se retrouvent au niveau des vaisseaux
peritubulaires et peuvent passer dans la lumière tubulaire par un phénomène de sécrétion.
Les substances filtrées sont réabsorbées en grande partie (l'eau à 90%) et chaque segment du
tubule a une fonction particulière dans cette réabsorption. Ce sont ces phénomènes de
réabsorption et de sécrétion qui ont à l'origine de la régulation et de l'excrétion des produits.
Il existe une réabsorption facultative régulée par deux hormones : l’hormone antidiurétique
(HAD) et l’aldostérone. L’HAD synthétisée par les noyaux supra optique et para
ventriculaires de l’hypothalamus, est une hormone antidiurétique qui augmente la
perméabilité du tube rénal collecteur et favorise la réabsorption de l’eau. Elle influence donc
la concentration d’urine sécrétée, le volume sanguin et la pression artérielle. Elle permet
d’augmenter la réabsorption de l’eau dans le sang pour pallier une déshydratation ou une
hypotension. L’aldostérone quant à elle, est sécrétée par les corticosurrénales. Elle favorise la
réabsorption active du sodium dans le tube contourné distal et favorise ainsi une réabsorption
passive de l’eau.
La vitamine D :
La vitamine D3 (forme active de la vitamine D) est produite dans les cellules tubulaires
proximales. Elle permet l’absorption du calcium alimentaire par l’intestin et sa fixation sur
l’os mais également l’absorption intestinale de phosphate.
Les reins interviennent donc dans le maintien d’une structure osseuse normale.
5
1.2. DEFINITION ET ÉPIDÉMIOLOGIE
1.2.1. Définition
L’IRC est caractérisée par une diminution chronique (> 3 mois) et irréversible du nombre de
néphrons fonctionnels ; quelle qu’en soit la cause. Il en résulte ainsi une diminution
progressive de la fonction rénale mise en évidence par la baisse du débit de filtration
glomérulaire (DFG) (< 60 ml/min). Le DFG n’est altéré que lorsque près de 75% des
nephrons sont atteints (6).
Cela aboutit à un défaut de maintien de l’homéostasie hydro-électrolytique.
Elle représente la complication commune à toutes les néphropathies, qu’elle qu’en soit
l’origine. (7,9,11)
1.2.2. Épidémiologie
L’insuffisance rénale chronique totale (IRCT) est en augmentation constante dans les pays
industrialisés et représente un problème majeur de santé publique.
Jusque très récemment, la connaissance de l’épidémiologie de l’insuffisance rénale chronique
se limitait à celle, visible, des traitements de suppléance par dialyse ou greffe rénale.
En 2005, l’incidence de l’insuffisance rénale chronique était de 337, 90, 107, et 95 patients
par million d’habitants respectivement aux USA, en Australie, en Nouvelle Zélande et au
Royaume Uni (9).
Depuis 2002, le registre "REIN" (Réseau Epidémiologie Insuffisance rénale et Néphropathie),
qui a été mis en place pour estimer et évaluer la prise en charge de l’insuffisance rénale
chronique par traitement de suppléance, enregistre de façon exhaustive et continue l’ensemble
des patients traités par dialyse ou greffe rénale, à l’exclusion des cas d’insuffisance rénale
aiguë (8).
En France, fin 2015 plus de 45 862 personnes bénéficiaient d’un traitement par dialyse et 36
433 étaient porteurs d’un greffon rénal. En tout, on dénombre, en France en 2015, 82 295
malades en traitement de suppléance avec 54% traités par dialyse et 46% porteurs d’un
greffon rénal fonctionnel (8).
En 2015, l’incidence annuelle d’IRCT (nouveaux cas par an) était de 166 patients par million
d’habitants en France, soit environ 11 093 nouveaux patients chaque année (8).
En revanche, en France le nombre de patients insuffisants rénaux chronique reste inconnu à ce
jour. Cela s’explique par le fait qu’à un stade autre que terminal, il n’est pas rare que la
personne ignore son état pathologique. Ceci s’explique par le phénomène d’« adaptation »
6
rénale.
7
En effet, durant les stades précoces de l’IRC, les signes cliniques sont très discrets voire
absents et non spécifiques de la maladie puisque la majorité des néphrons restent fonctionnels.
Ceux propres à la pathologie n’apparaissent que très tardivement. Ce phénomène s’explique
grâce à l’adaptation du fonctionnement des néphrons. Cependant le système d’adaptation va
être dépassé à un certain stade d’évolution de la néphropathie et c’est là que vont apparaitre
les désordres métaboliques responsables de nombreuses manifestations viscérales extra-
rénales.
L’âge médian à l’initiation du traitement de suppléance était de 70 ans (8).
L’incidence augmente avec l’âge, le taux d’incidence étant plus élevé chez l’homme que chez
les femmes avec un ratio variant de 0,9 à 2,4 en fonction des régions. Elle varie également en
fonction de l’origine ethnique et de la localisation : en effet, par exemple aux USA l’incidence
de l’IRC est plus élevée chez les caucasiens ou les noirs américains que chez les asiatiques ou
les américains natifs ; en revanche au Royaume-Uni, elle est plus élevée chez les asiatiques
que chez les caucasiens. (9)
Par ailleurs, en 2015 le nombre de décès lié à l’IRC était de 7730 dont 691 était porteur d’un
greffon (8).
8
1.3. PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INSUFFISANCE RÉNALE
Ainsi, l’IRC correspond à la dégradation irréversible de la fonction rénale. Ceci est important
pour deux raisons : l’atteinte de la fonction rénale peut provoquer des manifestations directes
au niveau général et qui seront décrites par la suite ; et la diminution du DFG est progressive
et peut aboutir à l’insuffisance rénale terminale.
L’insuffisance rénale chronique est due à une réduction du nombre de néphrons fonctionnels
dont le mécanisme est double :
- destruction initiale liée à la maladie causale quelle qu’elle soit
- hyperfonctionnement des néphrons restants aboutissant à la glomérulosclérose.
9
1.3.2. Les différents stades de l’IRC
PUF dépend:
- de la différence de pression hydrostatique entre le capillaire glomérulaire (Pcg, voisine de de
45 mmHg) et la chambre urinaire du glomérule (Pu, voisine de 10 mmHg)
- et de la différence de pression oncotique entre le capillaire glomérulaire (PIcg, environ
25 mmHg) et la chambre urinaire (PIu, qui est nulle a l’état normal)
- d’où Puf = (Pcg-Pu) - (PIcg-PIu)
Le débit sanguin rénal n’apparaît pas directement dans l’équation du DFG, mais la pression
hydrostatique du capillaire glomérulaire dépend du flux sanguin et de la différence de
résistances entre les artérioles afférentes (RAF) et efférentes (REF).
Ainsi la filtration glomérulaire baisse ou s’annule quand :
- le débit sanguin rénal diminue (hypovolémie, état de choc)
- les REF diminuent (vasodilatation de l’artériole efférente glomérulaire);
- les RAF augmentent (vasoconstriction pré-glomérulaire) ;
- ou encore si la Pu augmente (obstacle intra-tubulaire ou sur la voie excrétrice).
Kf est un coefficient de filtration qui intègre la perméabilité du capillaire glomérulaire et la
surface de filtration. On ne connaît pas de baisse primitive de la perméabilité comme cause
d’IRA.
1
La formule de Cockcroft permet également de faire une estimation du DFG à partir de la
clairance de créatinine.
Cette formule prend en compte le poids, le sexe et l’âge du patient et permet l’adaptation des
posologies.
Cependant, l’équation CKD-EPI est l’équation la plus fiable pour estimer le DFG.
Pour estimer le DFG à partir de la créatininémie par l’équation CKD-EPI, on peut utiliser la
calculette de la Société Française de Néphrologie, accessible en ligne :
http://www.soc-nephrologie.org/eservice/calcul/eDFG.htm
Le résultat, étant déjà indexé à la surface corporelle, ne doit pas être réadapté à la surface
corporelle du patient.
Attention ! L’équation CKD-EPI (comme les autres modes d’estimation du DFG) n’est pas
encore complètement validée dans certaines populations de patients :
-
patients de type non caucasien (le facteur de correction ethnique fourni pour l’équation
n’est validé que pour la population afro-américaine) ;
-
patients âgés de plus de 75 ans ;
-
patients de poids extrême ou dont la masse musculaire est élevée ou faible ;
-
patients dénutris ou ayant une alimentation pauvre en protéines animales. (13)
À partir de cette définition, cinq stades d’insuffisance rénale sont établis par la HAS en 2012
(11) :
Stade DFG (ml/min/1,73 m2) Définition
1 ≥ 90 Maladie rénale chronique avec DFG normal ou augmenté
2 Entre 60 et 89 Maladie rénale chronique avec DFG légèrement diminué
Stade 3A : entre 45 et 89
3 Insuffisance rénale chronique modérée
Stade 3B : entre 30 et 44
4 Entre 15 et 29 Insuffisance rénale chronique sévère
5 <15 Insuffisance rénale chronique terminale
Tableau 2 : stade de l’IRC en fonction du DFG
avec marqueurs d’atteinte rénale : albuminurie, hématurie, leucocyturie ou anomalies
morphologiques ou histologiques ou marqueurs de dysfonction tubulaire, persistant plus de 3
mois (deux ou trois examens consécutifs).
1
1.4. Manifestations générales de l’IRC
1
diminution de survie des érythrocytes. (17)
Troubles de l’hémostase : 20% des sujets urémiques ont une thrombopathie. On observe un
trouble de l’hémostase primaire chez les IRC avec un allongement du temps de saignement.
En cas d’IRC avancée, la teneur en sérotonine et ADP des plaquettes est réduite ce qui
provoque des troubles de l’agrégation plaquettaire. Étant donné que ces défauts sont
partiellement corrigés par la dialyse, ceux sont les facteurs présents dans le plasma urémique
qui contribuent à la dysfonction plaquettaire (18). Cela se manifeste essentiellement par des
ecchymoses, des épistaxis, des purpuras, des hémorragies digestives ou des hémorragies lors
d’interventions chirurgicales. Ces troubles de l’hémostase sont dus à une thrombocytopénie.
D’autre part, il existe une thrombopénie induite par l’héparine, toutefois cette pathologie est
rare et peu de cas ont été décrits dans la littérature. (19)
Les manifestations osseuses au niveau des maxillaires seront développées dans la partie sur
les manifestations bucco-dentaires de l’IRC.
1
1.4.5. Manifestations immunitaires
L’IRC entraîne en déficit immunitaire. En effet les infections sont une cause importante de
morbidité chez les patients insuffisants rénaux. Cette susceptibilité accrue à l’infection est due
à une rupture de la barrière naturelle cutanée par des techniques invasives de dialyse dans un
environnement hospitalier propice aux infections nosocomiales mais est surtout lié à l’état de
déficit immunitaire provoqué par l’urémie observé chez ces patients. Cette anomalie du
système immunitaire se manifeste dès le stade débutant de l’insuffisance rénale. Elle
s’intensifie avec la
progression de l’insuffisance rénale et s’accentue encore chez le patient hémodialysé. Cette
immunodéficience porte sur l’immunité humorale et cellulaire, tous les types de cellules
immunocompétentes sont atteints.
Les déficits de la phagocytose et de la fonction cytolytique jouent un rôle important dans les
anomalies de l’immunité innée. Une régulation inhibitrice des cellules T et B et une
présentation antigénique défectueuse semblent principalement impliquées dans les déficits de
l’immunité adaptative
Enfin, au niveau de l’immunité innée humorale, un déficit du complément, qui est le principal
auxiliaire de cette immunité, est également mis en cause. En effet, l’activation en cascade du
complément entraine la formation du complexe d’attaque membranaire. Différentes voies
d’activation existent. Les sous unités C3a et C5a libérés ont notamment un effet agoniste sur
de nombreuses cellules et surtout sur les neutrophiles. Les dialyseurs de par leur composition,
ont la capacité d’activer le complément. Toutefois cette activation in vitro lors de
l’hémodialyse provoque une altération cette action complémentaire et cette inhibition persiste
plusieurs heures après la dialyse. Ceci participe à une susceptibilité accrue aux infections
bactérienne constatée in vivo chez les patients urémiques hémodialysés. (21)
1
Tableau 3 : Toxines urémiques et cytokines impliquées dans la modification de l’immunité
cellulaire et humorale, d’après Rieu et Touré (21)
1
Tableau 4 : Rôle de la dialyse dans les modifications de l’immunité cellulaire et humorale,
d’après Rieu et Touré (21)
1
1.4.6. Manifestations dermatologiques (22)
Ces patients peuvent présenter des hyperpigmentations cutanées, un prurit, des ecchymoses,
des œdèmes, une pâleur cutanéo-muqueuse (liées à l’anémie).
Les patients atteints d’une insuffisance rénale chronique présentent en générale une acidose et
troubles électrolytiques.
D’autre part, environ 70 % des patients urémiques ont une intolérance au glucose. En effet, la
glycémie à jeun est normale mais la glycémie postprandiale est augmentée en raison d’un
mécanisme de résistance périphérique à l’insuline. Cette anomalie du métabolisme du glucose
est partiellement améliorée par l’hémodialyse.
De plus, une fraction importante de patients avec une insuffisance rénale a une hyperlipidémie
de type IV avec augmentation de la concentration de triglycérides et une diminution du
cholestérol HDL qui pourrait être la conséquence d’une anomalie du métabolisme hépatique
des lipoprotéines. (22)
Les symptômes initiaux sont modestes et comprennent une labilité émotionnelle, une
insomnie et un manque de concentration. Si l’état urémique progresse, des anomalies plus
marquées apparaissent avec une hyperréflectivité tendineuse, des clonies, un asterixis et une
altération de la conscience qui évolue vers le coma, les convulsions et le décès.
La polyneuropathie périphérique urémique est une autre complication invalidante de l’IRC.
La manifestation la plus précoce est le “syndrome des jambes sans repos” (le patient a
tendance à éviter l’inactivité des membres inférieurs en raison d’une sensation
d’engourdissement). (22)
1
1.5. INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE : DIAGNOSTIC ET PRISE
EN CHARGE
1.5.1. Le diagnostic de l’IRC (23)
Pour établir le diagnostic positif de l’insuffisance rénale chronique, il faut tout d’abord réaliser
l’anamnèse médicale :
- Connaître les antécédents médicaux personnels et familiaux du patient en termes de
néphropathie
- Connaître l’état de santé actuel du patient
1
Ensuite des examens paracliniques sont réalisés :
- des examens biologiques et sanguins : une électrophorèse des protéines sériques, une
glycémie à jeun
- des examens biologiques et urinaires : protéinurie des 24h, cytologie urinaire quantitative
sur urines fraîches pour rechercher et quantifier une hématurie, une leucocyturie et
rechercher des cylindres
- une imagerie qui peut comprendre notamment échographie rénale, urographie intra
veineuse, scanner, biopsie qui permettront d’apprécier la morphologie rénal et de
rechercher un éventuel obstacle dans les vies excrétrices.
Le diagnostic de l’IRC sera confirmé par analyse biologique : la fonction rénale est appréciée
par la mesure du DFG qui correspond à la capacité d’élimination dans le temps du glomérule.
On observera une diminution permanente du DFG mesuré par les différentes techniques vues
précédemment.
- préparer le patient à un traitement par Épuration Extra Rénale (EER) ou à une transplantation.
1
1.5.2.1. Prise en charge et stade d’IRC
La stratégie thérapeutique est choisie en fonction du stade de l’insuffisance rénale :
2
Cet échange permet l’extraction de produits azotés et des toxines ainsi que l’ajustement de la
concentration des électrolytes du plasma à celle du bain de dialyse.
L’hémodialyse
C’est aujourd’hui la méthode de suppléance la plus répandue.
Lors de ce traitement, le sang du patient est mis en contact avec un dialysât grâce à une
membrane semi-perméable, et les électrolytes et les autres substances diffusent à travers la
membrane jusqu’à ce que l’équilibre soit atteint. Cette technique d’épuration nécessite au
préalable un accès aux vaisseaux par une fistule artérioveineuse (ou un cathéter si cette
dernière est impossible). La fistule est obtenue par une intervention chirurgicale, au moins
deux mois avant le début des dialyses, sur l’avant-bras non dominant du patient.
Pour que le sang circule dans le dialyseur et dans les tubulures, il doit être rendu incoagulable
pendant toute la durée de la dialyse. On utilise alors un traitement par héparinisation :
- soit une héparinisation générale discontinue : une injection de 5000 UI d’héparinate de
sodium dans la ligne artérielle immédiatement après son raccordement au dialyseur suivie de
l’injection de 2500 UI à la fin de la deuxième heure de dialyse.
- soit une héparinisation générale continue avec perfusion d’héparinate de sodium au débit de
1000 UI/h, avec ou sans injection initiale de 5000 UI.
Deux types d’héparine sont utilisés : soit l’héparine non fractionnée (HNF) dont la demi-vie
est de 90 min soit l’héparine à bas poids moléculaire (HBPM) et dont la demi-vie est deux
fois plus longue. La surveillance se fait par mesure du TCA (Temps de Céphaline Activée) et
la mesure de l’efficacité peut se faire par mesure de l’activité anti-Xa circulante.
En cas de risque hémorragique, il est préférable de recourir à des héparines de faible poids
moléculaire qui ont la propriété d’inhiber l’activité du facteur Xa sans allonger le temps de
saignement.
Les séances de dialyse sont réalisées trois fois par semaine avec des sessions de quatre heures
minimum.
En outre, la thrombose est la complication la plus fréquente et est provoquée par une sténose
de la veine c’est pourquoi le patient doit vérifier plusieurs fois par jour que la fistule est
vibrante et bien battante, il contribue ainsi à prévenir les problèmes infectieux et surtout
thrombolitiques.
2
La dialyse péritonéale
Elle concerne moins de 7% des patients traités par dialyse en 2015 selon le réseau « REIN »
(8).
Elle repose sur une épuration du sang au travers du péritoine du patient, qui est une membrane
naturelle au niveau de l’abdomen. La solution de dialyse stérile est introduite dans la cavité
péritonéale à l’aide d’un cathéter. Ce dernier est préalablement posé lors d’une intervention
chirurgicale. Ce traitement s’effectue à domicile et peut être soit sous forme d’une Dialyse
Péritonéale Automatisée cyclique pendant la nuit (DPA), soit sous forme d’une Dialyse
Péritonéale continue ambulatoire (DPCA) 4 à 5 fois par jour. La dialyse permet d’épurer les
déchets urémiques, de normaliser l’équilibre électrolytique et de contrôler le volume des
liquides extracellulaires. Enfin, le moment venu, la solution de dialyse est drainée et la cavité
est ravitaillée avec une autre solution.
Cette technique ne fait pas appel à des anticoagulants.
Cette technique présente l’avantage de pouvoir être réalisée en ambulatoire et de permettre au
patient de garder ses activités. En revanche, les performances de cette dialyse sont moins
bonnes que celles de l’hémodialyse pour les petites molécules et de nombreuses
complications telles que la péritonite ainsi que l’hernie abdominale sont fréquentes.
2
Les principaux immunosuppresseurs utilisés sont les suivants (28) :
- Les corticostéroïdes (prednisolone et prednisone) : se lient à des récepteurs aux stéroïdes et
inhibent la transcription des gènes et la fonction immunologique des cellules T, des
macrophages et des neutrophiles. Toutefois, en raison de leurs effets secondaires nombreux
(HTA, ostéoporose, diabète, ulcères, amyotrophie) et surtout chez l’enfant, les protocoles
immunosuppresseurs visent à réduire voire supprimer la corticothérapie après plusieurs
mois.
- La ciclosporine (Neoral®) : c’est un inhibiteur de la calcineurine qui permet la croissance et
la différenciation des cellules T. Elle possède toutefois de nombreux effets secondaires :
néphrotoxicité, hyperkaliémie, hypomagnésémie, hypertension, hépatotoxicité, hyperplasie
gingivale, hirsutisme. Ses concentrations plasmatiques doivent être monitorées
soigneusement.
- Le tacrolimus (Prograf®) a un effet similaire à celui de la ciclosporine et est également
responsable de nephrotoxicité et d’hypertension.
- La rapamycine (Rapamune®) inhibe la voie de signalisation du recpteur de l’interleukine 2
et bloque la progression des cellules T dans le cycle cellulaire et inhibe les cellules B.
- L’azathioprine (Imurel®) inhibe le métabolisme des purines, la synthèse des acides
nucléïques et la prolifération cellulaire en particulier des lymphocytes et neutrophiles.
- Les anticorps poly ou monoclonaux ont un effet immunosuppresseur puissant mais sont
surtout utilisés en débute greffe avant la prise d’anti-calcineurine.
Enfin, on compte de nombreuses complications associées à la transplantation rénale :
- Complications rénales : rejet, récidive de la néphropathie initiale, néphropathie chronique,
hypertension.
- Complications résultantes de l’immunosuppression : susceptibilité aux infections, aux
tumeurs et aux infections opportunistes.
2
3. MANIFESTATIONS BUCCALES DE L’INSUFFISANCE
RÉNALE CHRONIQUE
En 2011, pour Alamo, jusqu’à 90% des patients atteints de pathologies rénales présentaient
des symptômes oraux (29). Ces symptômes sont en général fonction de la sévérité de la
maladie. Ainsi, étant donné le nombre croissant de personnes atteintes de pathologies rénales,
la connaissance de leurs manifestations buccales est nécessaire pour une prise en charge
adaptée par le chirurgien-dentiste.
2
2.3. LES MANIFESTATIONS MUQUEUSES
Au niveau des muqueuses buccales, des manifestations sont susceptibles d’être rencontrées et
sont liées aux modifications physiologiques provoquées par l’insuffisance rénale chronique.
2.3.1. L’anémie
La pâleur des muqueuses est un signe très fréquemment rencontré chez les patients atteints
d’insuffisance rénale chronique en raison de la baisse de production d’EPO et de l’anémie qui
s’en suit. (33,35)
L’anémie de l’insuffisance rénale chronique peut-être observée dès que le DFG devient
inférieur à 60 ml/min/1,73 m2. (33)
2
Figure 1 : Stomatite urémique sur la face dorsale de la langue d’après Sudarshan (37)
2.3.3. La macroglossie
Certains patients se plaignent de macroglossie (33,72).
Figure 2 : Macroglossie.
Service d’Odontologie Chirurgicale Faculté de Médecine Dentaire de Rabat (34)
2
2.4. LES MANIFESTATIONS PARODONTALES
2.4.1. Les manifestations gingivales
2.4.1.1. Les gingivorragies
Les gingivorragies sont la conséquence des troubles hématologiques chez les patients
insuffisants rénaux mais sont également liées à un défaut d’hygiène.
Il s’agit d’une altération des fonctions plaquettaires consécutive à un état urémique grave mais
qui est devenue rare.
Un cas a néanmoins été reporté. Le mécanisme est le suivant : il s’agit d’une altération du
métabolisme de l’urée qui provoque alors une augmentation du niveau de GSA (acide
guadiniosuccinique) ce qui provoque une inhibition de la fonction plaquettaire et provoque
ainsi ces saignements gingivaux (38).
2
d’Epstein et al. doivent être pris en compte. Ils montrent l’importance et la rapidité de
dépôts de tartre après détartrage (42). Les modifications salivaires, avec notamment
les variations de pH ainsi qu’une augmentation des concentrations de phosphate et
d’urée, jouent un rôle important dans le dépôt tartrique. (43)
Toutefois, la littérature est discordante. En effet, l’étude cas- témoin de Garcez et al.
(44) portant sur des patients non dialysés, n’a pas mis en évidence de différence
significative entre les patients insuffisants rénaux et le groupe contrôle.
2
2.4.2.3. Atteintes osseuses liées à la pathologie parodontale
De nombreuses études ont essayé de montrer la corrélation qu’il pourrait y avoir entre IRC et
parodontite chronique. Une étude américaine de Loannidou et Swede a évalué le taux de
patients atteints d’IRC présentant une parodontite chronique modérée dans trois groupes
d’origines ethniques différentes: les résultats ont montré que quelle que soit l’origine
ethnique, le taux de patients présentant une parodontite chronique modérée est plus élevé chez
les patients atteints d’une IRC que chez les patients sains. (48)
D’autre part, Bastos et al. en 2011, dans une étude réalisée sur 66 personnes visant à comparer
la sévérité de la parodontite chronique entre les patients insuffisants rénaux et les patients
sains, ont montré que le taux de parodontites chroniques sévères est plus élevé chez les
patients insuffisants rénaux que chez les patients sains avec un taux de profondeur de poche
supérieur à 5 mm plus élevé chez les patients insuffisant rénaux que chez les patients sains.
Après test PCR (Polymerase Chain Réaction), les résultats ont montré une plus forte
prévalence de micro- organisme appartenant au complexe rouge tels que Treponema
Forsythia, Treponema Denticola et Porphyromonas Gingivalis chez les patients atteints
d’IRC ce qui pourrait expliquer la sévérité des parodontite chronique chez ces patients-là. (49)
Ces résultats peuvent également être vérifiés chez les patients hémodialysés où le pourcentage
de site dentaire où la profondeur de poche est supérieure ou égale à 6 mm est de 36,3% chez
un patient insuffisant rénal chronique dialysé contre 9,7% chez un patient sain (50).
Cette prévalence plus importante de la maladie parodontale chez les patients insuffisants
rénaux pourrait en partie expliquer un taux de dents absentes plus élevé chez ces patients là et
un pourcentage important de patients édentés (22%). (40)
Enfin, Bastos et al. en 2013 ont tenté de mettre en évidence l’implication de la vitamine D
dans ces résultats (51). En effet, il a été admis que les patients insuffisants rénaux présentent
une déficience en vitamine D puisqu’elle est synthétisée par le rein. Or la vitamine D, et en
particulier la vitamine D3, joue un rôle dans la réponse immunitaire (elle stimule la
production de molécules aux effets anti-bactériens par les monocytes/macrophages) et la
réponse inflammatoire (elle a un rôle anti-inflammatoire en inhibant l’expression de cytokines
pro- inflammatoires). Ainsi, il a été montré que la supplémentation en vitamine D et calcium
améliore la santé parodontale, augmente la densité osseuse, inhibe la résorption osseuse
alvéolaire et réduit la sévérité de la maladie parodontale chronique. C’est pourquoi, chez les
patients atteints d’IRC ayant une parodontite chronique le taux de vitamine D dans le sérum
se trouve insuffisant voire déficient (51-56).
3
Figure 3 : Parodontite chronique avec mobilité dentaire et augmentation des dépôts tartriques,
d’après Chbicheb (34)
3
2.5. LES MANIFESTATIONS DENTAIRES
2.5.1. La carie dentaire
De nombreuses études ont montré une baisse de l’activité carieuse chez les enfants atteints
d’une IRC (30,60,61,62).
En effet, une étude de Al Nowaiser et al., parue en 2002, réalisée sur 70 enfants de 4 à 13,6
ans a montré une proportion plus importante d’enfants sans caries chez les enfants atteints
d’une IRC par rapport aux enfants sains (40% contre 8,5%). De plus, le CAO (caries,
absences, obturations) des dents temporaires des enfants atteints d’IRC est significativement
moins élevé que celui des enfants sans pathologie, celui des dents permanentes l’est
également mais moins significativement (30).
Ainsi, on a remarqué que le nombre de caries est d’autant plus faible que la maladie se déclare
précocement tandis que si la déclaration est tardive, la fréquence carieuse est semblable à
celle des enfants non malades.
Pourtant, chez les enfants atteints d’IRC, de nombreux paramètres tels que la baisse des
apports en eau, la diminution du flux salivaire ainsi que la minéralisation imparfaite des dents
auraient pu favoriser la survenue de caries.
Lucas et al. en 2005 ont alors cherché une explication à ce phénomène paradoxal (63).
En effet, la salive des patients atteints d’une insuffisance rénale chronique contient un taux
d’urée plus élevé que celle des patients sains du fait de sa non élimination par le rein. Ainsi, le
pH salivaire se retrouve plus alcalin et le pouvoir tampon de la salive augmenté (64). C’est
pourquoi selon Peterson et al., le pH de la plaque est également plus élevé (60). De ce fait,
même s’il y a consommation de sucres, le pH de la plaque qui normalement s’abaisse, ne
descend pas en dessous des limites cariogènes. De plus, cette modification salivaire serait
responsable d’une modification de la flore bactérienne. En effet, on retrouve une plus faible
quantité de Streptococcus mutans chez un patient atteint d’insuffisance rénale chronique que
chez un sujet sain. L’augmentation du pH inhiberait alors la croissance de S. mutans qui joue
un rôle important dans l’initiation et la progression carieuse. (65)
3
Elle se caractérise notamment par un défaut de développement de l’émail allant des opacités
blanches à des décolorations brunes. Pour Al Nowaiser et al., la prévalence de ces hypoplasies
est de 57% chez des enfants atteints d’IRC contre 33% chez des enfants sains (30). De plus,
pour Lucas et al., sur 50 enfants inclus dans leur étude, 52% présentaient une hypoplasie
amélaire (63).
L’emplacement de ces hypoplasies sur la denture permanente dépend de l’âge du début de l’IRC
: les dents sont donc atteintes uniquement si la maladie est présente au moment de la période
de minéralisation dentaire. L’hypoplasie sera donc d’autant plus franche que l’insuffisance
rénale chronique apparait plus tôt. L’importance du défaut permet également d’avoir un
aperçu de la sévérité du dérèglement sous-jacent. (63)
En outre, une étude allemande de Koch et al. publiée en 1999 montre que les enfants atteints
d’une insuffisance rénale chronique précoce présentent des hypoplasies sur les dents
temporaires. Ces défauts sont le plus souvent rencontrés sous la forme d’une cupule dans
l’émail de la face vestibulaire des canines temporaires. Toutes ces hypoplasies sont différentes
de celles rencontrées en denture permanentes. (65)
Une concentration élevée en fluorure sérique, provoquant une fluorose, pourrait être
responsable de ces hypoplasies puisque les reins jouent un rôle important dans l’élimination
du fluor inorganique du corps. Enfin, le dysfonctionnement phosphocalcique causé par les
troubles rénaux serait également responsable de ces opacités amélaires par perturbation des
améloblastes. (62,66)
3
Figure 5 : Lucas et al:
Hypoplasie émail modérément sévère d’après Lucas et al. Toutes les incisives ont été
touchées à l'âge d'environ un an lorsqu'une insuffisance rénale chronique a été
diagnostiquée. Les différents niveaux de défauts apparents sur les incisives centrales et
latérales supérieures reflètent le fait que les incisives latérales supérieures commencent à se
calcifier 11 mois après la naissance, alors que les incisives centrales supérieures commencent
à se calcifier à 4 mois après la naissance.(63)
3
2.5.4. Retard et malposition dentaire
On observe un retard dans le développement de la dentition chez des enfants atteints d’une
insuffisance rénale chronique. En effet, les dents temporaires sont parfois retenues de manière
prolongée, et la maturation radiculaire des dents permanente se fait tardivement. Selon
Cadenat et al. en 1977, ceci serait dû à un retard de formation et de minéralisation de l’organe
dentaire et surtout de la racine qui, insuffisamment formée lors de l’éruption de la dent,
pourrait être responsable de mobilités (69).
3
3. PRISE EN CHARGE DU PATIENT INSUFFISANT RÉNAL
L'importance de l’IRC pour le chirurgien-dentiste réside dans le fait qu'un nombre croissant
de patients atteints de cette maladie devront bénéficier d’une prise en charge bucco-dentaire.
Comme nous l’avons vu précédemment jusqu'à 90% d'entre eux présenteront des signes et des
symptômes oraux affectant les tissus durs ou mous. La majorité des personnes atteintes ont
une maladie qui ne complique pas les soins bucco-dentaires ; néanmoins, la gestion dentaire
de ces patients exige que le clinicien comprenne les multiples systèmes qui peuvent être
affectés. Compte tenu de la clairance rénale compromise, le clinicien devra tenir compte des
effets secondaires indésirables de la pharmacothérapie et adapter les posologies.
Pour prendre toutes les précautions qui s’imposent chez ces patients, le chirurgien-dentiste
doit les identifier et évaluer les risques auxquels ils sont exposés pendant les soins. Il en va de
sa responsabilité. Cette identification et cette évaluation ont aussi pour objectif de définir si
les soins peuvent être réalisés au cabinet dentaire en ville ou si le patient doit être traité en
milieu hospitalier.
3
- Connaître les complications associées
- Définir la nécessité de certaines précautions (antibioprophylaxie, compléments en
corticoïdes, procédures particulières d’hémostase…)
À partir de ces informations, le praticien pourra alors classer le patient dans une des
catégories sous-jacentes et prévenir ainsi les risques potentiels auxquels ils peuvent être
exposés :
- Le patient présentant une IRC modérée à sévère traité par un traitement conservateur
- Le patient traité par hémodialyse et dialyse péritonéale
- Le patient en attente d’une greffe rénale
Par ailleurs, selon la classification élaborée par la société américaine des anesthésistes
(classification ASA), les patients présentant une insuffisance rénale chronique terminale mais
non traitée appartiennent à la classe IV. Cependant, si les patients sont sous dialyse ou s’ils
font l’objet d’une transplantation sans signe de rejet, ils appartiennent à la classe III. Il faut
rappeler que les patients appartenant à la classe III sont considérés comme ayant une affection
systémique sévère nécessitant la prise de précautions au cours des soins, une exposition
minimale au stress ainsi qu’une consultation médicale. Les patients classés ASA IV sont
considérés comme ayant une affection systémique affaiblissante, à laquelle est associé un
risque vital. Il s’agit de patient chez lesquelles une consultation médicale s’impose, et pour
lesquels le traitement, nécessitant la prise de précautions strictes, doit être réalisé en milieu
hospitalier. (71)
3
Le risque infectieux comprend (73) :
- La transmission d’infection par transmission croisée ou pathologie bactérienne ou
virale : pour les éviter il faudra respecter les règles d’hygiène et d’asepsie strictes ;
- Les complications infectieuses suite aux actes réalisés par le praticien ;
- Un risque infectieux lié à une mauvaise hygiène bucco-dentaire du patient ou à la
présence de foyers infectieux.
Le risque infectieux dépend
- De la nature de l’acte à réaliser (invasif ou non) en sachant que les actes non invasifs
sont sans risque infectieux spécifique
- Durée de l’acte : plus l’acte est long, plus les tissus sont exposés à une contamination
bactérienne
- Du niveau d’hygiène bucco-dentaire du patient
- De l’âge du patient car on observe avec l’âge un vieillissement du système immunitaire
- Enfin, surtout de la susceptibilité à l’infection du patient qui est lié à ses antécédents
médicaux et à ses habitudes de vie (tabagisme, éthylisme…)
3
Figure 7 : risque infectieux supplémentaire par rapport à une dent saine sur arcade, de 0 à 10,
d’après la société française de chirurgie orale (SFCO) (73)
4
Le risque hémorragique dépend de différents paramètres (74) :
- Des caractéristiques du patients : de son âge ; de sa pathologie pouvant provoquer des
troubles de la coagulation ou de l’hémostase, de son traitement (si prise de traitement
anti-agréguant ou anti-coagulant) ; de sa compliance au traitement antithrombotique,
de son alimentation, des conditions locales bucco-dentaires (présence d’une
inflammation gingivale, la présence de pericoronarite, de granulome ou kyste…)
- De la chirurgie réalisée avec plusieurs points à considérer : durée de l’intervention ;
risque hémorragique associé (l’élément d’appréciation majeur est la possibilité d’un
contrôle du saignement par des mesures simples d’hémostase telles que la
compression et la suture), la localisation du saignement (certaines localisation sont
dites « critiques » telles que le plancher buccal avec le passage de l’artère sublinguale
en rétrosymphisaire et de l’artère submentale, la langue et le sinus avec le passage de
l’artère antrale), le type de tissu (dur ou mou) et enfin de la technique chirurgicale
utilisée (± décollement).
4
invasif et impliquera une prise en charge adaptée pour minimiser ce risque
hémorragique s’il existe.
- Un risque infectieux : à partir du stade modéré de l’IRC (DFG<60 ml/min) le patient
est exposé, du fait de son état urémique, à un risque infectieux. Cette situation
n’implique pas forcément la nécessité d’une antibioprophylaxie mais devra être
discuté avec le néphrologue en fonction de l’état du patient, de son hygiène bucco-
dentaire et de l’acte à réaliser.
- Un risque pharmacologique : étant donné le ralentissement de l’activité rénale, il peut
y avoir une accumulation de médicaments normalement métabolisés ou éliminés par le
rein et qui deviennent ainsi néphrotoxiques. De ce fait, il faudra éviter l’utilisation ou
adapter la posologie de certains médicaments. (cf. annexe 1) (76,77)
4
D’après Vidal 2016, Médicaments et fonction rénale : arbre décisionnel (78)
4
- Un risque infectieux lié au fait que les patients hémodialysés présentent un risque
majoré d’endartérite mais également un risque plus élevé de développer une
endocardite infectieuse (79). De plus, le risque d’hépatite virale est également
augmenté.
En effet, en raison de la morbidité et de la mortalité associées aux infections liées à
l'accès vasculaire, l'utilisation d'antibiotiques prophylactiques pour prévenir de telles
infections est courante avant les interventions chirurgicales générales. Toutefois, en ce
qui concerne les soins dentaires la question se pose. Bien que certaines interventions
dentaires puissent induire des bactériémies, les lignes directrices de l'American Heart
Association (AHA) indiquent que la prophylaxie antibiotique n'est pas
systématiquement recommandée pour les interventions dentaires chez les patients
hémodialysés. (83) En effet, Shariff et al. d’une part en 2004 (16), puis D’Amato et al.
en 2013 (84), ont montré par des études rétrospectives et comparatives que les
bactéries de la cavité orale sont rarement voire jamais retrouvées sur le site d’accès
vasculaire et ainsi responsables de l’infection. Cependant, Klassen et Krasko en 2002
ont souligné qu'une bonne santé bucco-dentaire réduit le risque d'infection par voie
orale et, par conséquent, le risque de septicémie, d'endocardite ou d'endartérite au site
d'accès à la dialyse vasculaire (85). Il n'y a donc pas de réponse simple à la
nécessité d'une antibioprophylaxie pour les procédures dentaires produisant des
bactériémies chez les patients atteints d'insuffisance rénale chronique. La décision se
prendra donc après consultation du néphrologue responsable et évaluation du risque
infectieux en fonction de l’acte à réaliser du terrain du patient et de son état bucco-
dentaire.
- Un risque lié à l’anesthésie : les patients hémodialysés présentant un risque
hémorragique certain du fait de l’administration d’héparine, l’anesthésie loco-
régionale est déconseillée (72).
- Un risque pharmacologique : étant donné le ralentissement de l’activité rénale, il peut
y avoir une accumulation de médicaments normalement métabolisés ou éliminés par le
rein et qui deviennent ainsi néphrotoxiques. De ce fait, il faudra éviter l’utilisation ou
adapter la posologie de certains médicaments soit en espaçant les prises soit en
réduisant les concentrations.
4
3.4. PATIENT EN ATTENTE DE GREFFE
Avant l’inscription définitive sur la liste d’attente de transplantation rénale, le patient doit
avoir un bilan de pré-transplantation évaluant chaque fonction de l’ensemble du corps.
Dans cette optique, il a été recommandé que les patients nécessitant une greffe rénale
bénéficient d’une évaluation et des soins bucco-dentaires nécessaires avant la chirurgie (9).
C’est pourquoi la plupart des centres de transplantation dans le monde prévoit un bilan bucco-
dentaire dans leur protocole de pré-transplantation (86).
Ce qui souligne peut-être aussi le besoin de professionnels de la santé bucco-dentaire qui
collaborent avec les néphrologues. L'examen bucco-dentaire devrait être programmé de
manière appropriée pour permettre à tous les soins dentaires invasifs nécessaires d'être
planifiés et réalisés avant transplantation (85).
Le chirurgien-dentiste devra procéder à un examen clinique complet
exobuccal : avec palpation des aires ganglionnaires et recherche de tuméfaction ou de fistule
cutanée ;
endobuccale : avec examen des muqueuses (à la recherche de signes d’infection ou
d’inflammation) mais également un examen dentaire méticuleux avec réalisation de test de
sensibilté, de percussion et sondage, mobilité, recherche de caries ou fêlures.
Cet examen clinique sera complété par un examen radiographique : radiographies
panoramique et rétro-alvéolaires.
L’objectif de cet examen bucco-dentaire est l’élimination de tous foyers infectieux bucco-
dentaire avant la greffe rénale.
Les gestes chirurgicaux destinés à assainir la cavité buccale doivent être entrepris au plus tôt,
de façon à ce que la cicatrisation muqueuse soit acquise avant la transplantation ou
l'instauration d'un traitement immunosuppresseur (72).
4
ANNEXE 1 : Tableau récapitulatif des précautions vis-à-vis des prescriptions
médicamenteuses en pratique quotidienne chez les patients insuffisant rénaux d’après Azar et
al. (77)
4
CONCLUSION
Le rein assure une multitude de fonctions qui font de lui un organe vital et indispensable.
Lorsque celui-ci se dégrade irréversiblement, ses diverses fonctions ne sont plus assurées et le
patient souffre d’insuffisance rénale chronique. La maladie rénale chronique est un problème
de santé publique mondial important et croissant qui est associé à une perte marquée de la
qualité de vie et à une augmentation des maladies cardiovasculaires prématurées et de la
mortalité.
Cette pathologie suit une évolution, passant par différents stades et pouvant aboutir à une
insuffisance rénale terminale. À ce dernier stade des traitements de suppléances sont mis en
place pour se substituer au rein et maintenir le patient en vie. L’épuration extra rénale et la
transplantation rénale permettent d’améliorer le pronostic de survie des patients atteints
d’insuffisance rénale terminale. En effet, l'insuffisance rénale terminale, la forme la plus
sévère de maladie rénale, est associée à une survie profondément réduite et à un lourd fardeau
de symptômes.
En raison du coût humain et social de l’insuffisance rénale terminale, ainsi que de la mortalité
qui lui est associée, tous les efforts devraient être faits pour mettre en œuvre des mesures de
prévention de l’atteinte rénale, en particulier dans les populations à risque (diabète,
hypertendus, cancers, uropathies).
Les manifestations buccales de cette pathologie sont nombreuses, elles peuvent être
muqueuses, parodontales ou encore dentaires, et peuvent représenter une cause d'altération de
la qualité de vie.
5
De plus, l’avis du chirurgien-dentiste sera souvent demandé pour le dépistage des foyers
infectieux bucco-dentaires en vue d’une greffe rénale et motiver le patient à maintenir une
bonne hygiène bucco-dentaire. Le praticien peut participer au diagnostic de certaines
pathologies rénales par la reconnaissance de leurs manifestations buccales.
5
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V
Liste des schémas et figures
V
SERMENT MEDICAL
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux ne verront pas ce qui s’y passe, ma
langue taira les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à
corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.
Résumé :
L'insuffisance rénale chronique est un problème de santé important dans le monde et à ce jour
le nombre de patients atteints d’IRC, dialysé ou transplanté est en hausse. Au cours de la
progression des lésions rénales, des manifestations cliniques sont observées dans
pratiquement tous les organes et systèmes du corps, et 90% de tous les patients affectés
présentent des symptômes buccaux. Les options de prise en charge existantes vont de simples
mesures basées sur les changements de régime alimentaire et de style de vie, à différentes
formes de dialyse, ainsi qu'à la transplantation rénale. Compte tenu des multiples
manifestations buccales et systémiques de l'insuffisance rénale chronique et des différentes
répercussions de son traitement sur la cavité buccale, ces patients nécessitent des
considérations et des précautions particulières face au traitement dentaire. Une consultation
avec le néphrologue est essentielle avant tout traitement dentaire, afin de déterminer l'état du
patient, définir le meilleur moment pour le traitement dentaire, introduire les ajustements
pharmacologiques nécessaires, ou d'établir d'autres aspects importants pour prévenir les
complications dans le dentaire clinique.
Mots clés :
Insuffisance rénale chronique
Etat urémique
Manifestations buccales
Prise en charge spécialisée
Adaptation pharmacologiques
Trabelsi Sharon- management of patients with chronical renal failure in oral surgery
Abstract :
Chronic renal failure is a major worldwide health problem and nowadays the rate of patients
with CKD, dialyzed or transplanted is increasing. During the progression of kidney damage,
clinical manifestations are observed in almost all body’s organs and systems, and 90% of all
affected patients have oral symptoms. Support options go from simple measures based on
changes in diet and lifestyle, to various forms of dialysis, and kidney transplantation. Given
that the multiple oral and systemic manifestations of chronic renal failure and the different
repercussions of its treatment on the oral cavity, those patients require special considerations
and precautions in dental treatment. Consultation with the nephrologist is essential before any
dental treatment, to determine the patient's condition, define the best time for dental treatment,
introduce the necessary pharmacological adjustments, or establish other important aspects to
prevent complications in the clinical dentistry.
MeSH :
Chronical renal failure
Uremic state
Oral symptoms
Specialized support
Pharmacological adjustments
Adresse de l’auteur :
18 boulevard de la Pugette
13009 MARSEILLE