Toutonarchitectes Florencelazime Mémoire
Toutonarchitectes Florencelazime Mémoire
Toutonarchitectes Florencelazime Mémoire
- Florence Lazime
N’avez vous jamais observé les façades des logements collectifs en vous attardant sur
le mobilier ou les objets qui investissent les balcons, loggias ou terrasses?
Ces appropriations sont des marquages des habitants et traduisent leur culture de
l’habiter. Cependant, de nombreux paramètres influencent également ces expressions.
Mémoire encadré par Amélie Flamand,Rémi Laporte et Bertrand Rétif dans le cadre du
séminaire du domaine Eco-conception des territoires et des espaces habités.
Lazime Florence
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2014-2015
École Nationale Supérieure
ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE CLERMONT-FERRAND
d’Architecture de Clermont Fd
DOMAINE D’ÉTUDES ECO CONCEPTION DES TERRITOIRES ET ESPACES HABITÉS 2014-2015
71 Boulevard côte Blatin
63000 CLERMONT-FERRAND
« Le passage qu’offre l’ouverture dans une clôture permet
la continuité spatiale entre deux univers. Ainsi, issue de la
conjonction entre la limite et le parcours, l’ouverture est un
seuil, qui réclame une ‘‘épaisseur’’. Il est un espace qui lie
deux espaces différents. Il évoque et engendre des pratiques
et des usages divers aux significations multiples. »1
Remerciements
Je tiens particulièrement à remercier Rémi Laporte
et Amélie Flamand pour leur investissement et leur
aide dans l’établissement de ce travail de mémoire. Je
remercie également mes parents, Vincent Lazime et
Régine Cassière et ma tante pour leurs relectures et
commentaires. J’ai, au cours de ce travail beaucoup
apprécié les dialogues et entretiens avec les architectes
et chefs de projets des maîtrises d’ouvrage, toujours
ouverts et disponibles ce pour quoi je les remercie,
et tout particulièrement H. Touton qui m’a reçue
plusieurs fois dans son agence à Bordeaux. Au
delà des questions sur l’opération, il m’a aidé dans
ma réflexion et la constitution de mon propos. Je
1. Patrick Mestelan,
remercie également Chloé Nédélech un soutien et L’ ordre et la règle,
une présence salutaire pour l’établissement de ce Presses polytechniques et
travail. universitaires romandes,
Lausanne, 2005, p. 252
AVANT PROPOS
2 - AVANT PROPOS
des usages futurs n’indiquent pas une manière de procéder ou de formaliser un
lieu. Cette connaissance oriente la conception et dégage les enjeux auxquels
la surface bâtie répondra. L’appréhension des usages éclaire la conception du
projet mais n’en dicte pas une traduction formelle.
« L’appropriation, pratique active d’intervention de l’habitant,
est précisément le concept, révélé par le réel, qui a fait éclater au grand
jour la division entre acteur et spectateur/utilisateur. L’appropriation,
en s’exprimant quelques fois de manière sauvage, est précisément cette
4. Pinson D., Usage et ar-
revanche que l’habitant prend pour compenser l’exclusion totale de la chitecture, Paris, éditions
maîtrise préprojectuelle de son espace. »4 l’Harmattan, collection
villes et entreprises 2002,
Daniel Pinson exprime ici une notion qui est associée à celle de l’usage et p.184.
qui en découle : l’appropriation. Lorsqu’on se pose la question de la qualité
d’usage, l’appropriation peut être une manière, pour les habitants du lieu, de
la révéler. L’expression de l’appropriation faite par les usagers du logement
témoigne d’une façon d’habiter et de la notion de confort. Ce langage peut
également faire ressortir de manière marquante, les limites de la prise en
compte des usages, en amont, par l’architecte. On voit alors apparaître par
exemple des éléments opaques pour se protéger des vis à vis ou de la lumière,
ou encore pour palier à un manque d’intimité etc.
A travers le travail de recherche que j’ai mené dans ce mémoire, j’ai tenté
d’étudier un point qui me questionne tout particulièrement : la confrontation
de l’expression de l’appropriation avec la forme architecturale. L’architecte
conçoit un logement en tenant compte des futurs usages et pratiques des
lieux, il adapte les espaces et les pense dans cette logique. Mais une fois
l’espace investit par l’habitant, l’expression de son appropriation joue avec
l’architecture mise en place : ce sont deux registres ou catégories esthétiques
qui se juxtaposent et composent la vie du bâtiment.
Un type d’espace regroupe et met en exergue pour moi les questions liées à
ces différentes notions : ce sont les espaces intermédiaires attenants à la cellule
du logement. En effet, ce sont des lieux de transition entre l’espace public
et l’espace privé du logement, où l’espace conçu (par l’architecte) et l’espace
vécu (par l’habitant) confrontent leurs esthétiques, leur fonctions et leurs
pratiques. Ces actions prennent place sous les regards des usagers de l’espace
public ou des habitants de l’opération (voisins). Visible depuis l’espace public,
l’appropriation interpelle, elle fait alors l’objet de nombreuses questions et
réflexions de la part des personnes qui les mettent en place.
Comment analyser le « conçu » et le « vécu » dans des espaces où l’expression de
ces deux notions sont confrontées et imbriquées sous les regards de différents
spectateurs ?
AVANT PROPOS- 3
SOMMAIRE
4 - SOMMAIRE
Des dispositifs qui traitent la transition entre espace public et P. 65 à 72
espace privé.
-Développer un confort privé et se sentir «chez soi» ou apporter des
qualités d’usage collectif?
Comment l’expression de l’appropriation prend-elle place P. 73 à 83
P. 86 à 102
Les espaces intermédiaires incarnent des rôles différents pour
chaque acteur.
-Que représente d’espace intermédiaire dans un opération de
logement collectif, pour qui?
Confrontation des discours de chacun de la conception à P. 103 à 109
l’appropriation.
-Que détermine l’association des postures de chaque acteur sur la
réussite du dispositif d’appropriation?
P. 112 à 114
Comment l’espace intermédiaire d’aujourd’hui sera t’il décrit
demain?
L’espace intermédiaire, convergence des exigences de chacun. P. 115 à 117
SOMMAIRE - 5
INTRODUCTION
INTRODUCTION- 7
FIGURE 1
Photographie de la serre bio-climatique d’un logement rue de l’Ourcq, Paris.
Source : http://sigalonenvironment.soup.io/tag/France
FIGURE 2
Photographie des circulations et balcons destinés à être végétalisés.
Auteur : Nicolas Castet. Source : http://europaconcorsi.com/
Pour les architectes, le coût de ces espaces dans l’économie du projet est à
mesurer, l’entretien et la pérennité de ces dispositifs sont à appréhender, «Ils
ne doivent pas représenter un coût trop important»6 pour les habitants. Ce 6. Propos extrait de
l’entretien téléphonique
sont des espaces qualitatifs et appropriables soit de manière commune, soit réalisé avec X. Leibar,
à titre privé. En ce sens, des précautions sont à prendre pour les mettre en architecte.
place dès leur conception en amont. Les espaces intermédiaires sont rarement
mentionnés explicitement dans les programmes et ne sont donc pas financés,
en opposition aux surfaces «habitables» ou «utiles» des logements.
Cette omission est volontaire de la part des maîtrises d’ouvrage et contraint
l’architecte à rationaliser ces espaces et leur coût qui influent sur l’économie
du projet. Leur justification est donc un enjeu pour les architectes, elle
permet de démontrer parfois que ces espaces peuvent générer des économies
directement bénéfiques au projet. Le fait de ne pas fermer une cage d’escalier
commune par exemple, représente une économie dans le coût total du projet.
C’est un dispositif bien moins coûteux qu’un espace de distribution fermé et
isolé. Cette économie peut également directement impacter la vie des usagers
des logements : un jardin d’hiver développé dans l’épaisseur de la façade du
bâtiment induit des économies d’énergies et la baisse des charges.
INTRODUCTION- 9
sont également très attentives à ces espaces et veillent à ce qu’ils ne génèrent
pas des images négatives sur le domaine public. Cette situation a également
un impact sur l’usage de ces lieux qui se traduit dans l’appropriation des
habitants. Ainsi, pour chaque acteur qui intervient dans ces espaces, que ce
soit pour leur conception (architecte), leur gestion (Maîtrise d’ouvrage) ou
encore leur pratique (habitant), la visibilité du lieu depuis l’espace public
détermine leur action.
Les espaces intermédiaires, constituent-ils des «vitrines» pour diffuser l’image
(de l’écriture architecturale) d’une agence d’architectes?
Ces dispositifs, appréhendables depuis l’espace public, peuvent être un
moyen pour les architectes de divulguer de manière marquante leur travail
lorsque, comme nous l’avons vu, les dispositifs de transition constituent
l’application d’une vision propre à l’architecte (conception bioclimatique,
forte végétalisation etc.), elle est alors mise en scène dans cet espace sous les
regards des usagers de l’espace public.
Pour les architectes, les dispositifs de transition constituent aussi un lieu où
l’on peut donner du sens au projet et «expérimenter». En effet, la «cellule»
du logement est un espace qui est aujourd’hui assez figé, elle «n’évolue que
7. Eleb M., Simon P.,
Entre confort désir et
très lentement»7 ou bien, son évolution passe souvent par l’application de
normes, le logement nouvelles normes d’accessibilité. Les cahiers des charges ou programmes
contemporain 1995- rédigés par certains maîtres d’ouvrage sont très directifs, quant à l’organisation
2012 Bruxelles, éditions
Mardaga collection archi- des logements (distribution, surfaces des pièces etc.).
tecture, Mars 2013, p
81.
« L’évolution de la cellule est pour une grande partie liée à la
8. Citation du président réglementation de l’accessibilité des personnes en situation de
de la SIEMP, Romain Levy handicap : réduction de la taille des séjours, augmentation des surfaces
dans l’ouvrage : Eleb M.,
Simon P., Entre confort dé- dédiées aux circulations, pièces d’eaux et chambres. »8
sir et normes, le logement
contemporain 1995-
Comme l’exprime Romain Levy, président de la SIEMP, maître d’ouvrage
2012 Bruxelles, éditions
Mardaga collection archi- de nombreuses opérations de logements sociaux à Paris, les modes d’habiter
tecture, Mars 2013. évoluent et des ajustements s’effectuent pour appliquer les modifications
de réglementations. Cependant, la disposition des pièces dans le logement
par exemple est très souvent la même : la cuisine est attenante au séjour, on
ne passe pas par la salle de bain pour aller dans la chambre etc. Les marges
de manœuvre sont plutôt restreintes. L’espace qui semble pouvoir varier et
se réinventer dans chaque projet c’est le dispositif attenant à la surface du
logement (extérieur ou intérieur) qui traite de la transition entre espace privé
et espace public ou commun.
FIGURE 3
Photographies personnelles: deux opérations de l’agence TETRARC réalisées à Nantes, vues des façades avant et arrière de
chacune des opérations.
« L’expression d’un bâtiment, qu’elle soit de l’ordre du spectaculaire 12. Eleb M., Simon
ou de celui de la retenue, est perçue par les architectes comme un P., Entre confort désir
engagement pour un paysage de qualité, varié et riche de sens. »12 et normes, le logement
contemporain 1995-
2012 Bruxelles, éditions
Cet intérêt porté à l’image de l’architecture et à son rapport avec le contexte Mardaga collection archi-
tecture, Mars 2013, p.
dans lequel il s’implante explique pourquoi dans les constructions actuelles, 69.
INTRODUCTION - 11
nous trouvons de nombreux dispositifs d’espaces intermédiaires de natures
très variées.
La position de cet espace en contact direct avec les regards de l’espace public
ou commun fabrique une entité où l’expression de l’appropriation est mise
en scène. A travers les appropriations qui prennent place dans les dispositifs,
peut on déterminer dans quelle mesure elles sont liées aux espaces dans lesquels
elles s’établissent?
L’appropriation est une expression de l’usager dans son habitat. Elle témoigne de
la façon d’évoluer dans l’espace et renvoie soit, à des qualités d’usages apportées
par le lieu, (on place des pots de fleurs, des objets, une table et des chaises etc.)
soit, elle résulte d’un manque d’intimité ou d’espace (amoncellement d’objets
quand les rangements dans le logement sont insuffisants, ajouts de brise-vues
etc.). Ce sont ces nuances que nous analyserons à travers les différents cas
ainsi que l’impact d’une architecture (morphologie de l’espace) sur l’usage et
l’appropriation des usagers.
INTRODUCTION - 13
La première typologie sera analysée à travers les opérations suivantes : le projet
du «M» Building réalisé par Stéphane Maupin (la fantastic agence) et les
logements du Tasta conçus par Hugues Touton ( Teisseire et Touton). Ces
deux projets peuvent être mis en relation par plusieurs points comme par
exemple leurs contextes de construction. Ils font partie de deux opérations de
construction à grande échelle qui mettent en place de nombreux logements
de différents types (sociaux, en accession etc.) et qui structurent fortement ou
créent un quartier. Un autre élément les réunit : l’implantation du dispositif
d’espace intermédiaire dans le volume bâti. Ils ont, au delà de l’intention d’offrir
des qualités d’usage, un rôle architectural fort qui influence la morphologie du
projet. Les deux sites sont opposés : l’un est très contraint, l’autre beaucoup
plus spacieux et libre. Pourtant, les deux architectes développent tous les deux
des espaces intermédiaires au coeur des projets, charnières entre deux volumes
dans lesquels les logements s’implantent. Nous verrons pourquoi deux
contextes distincts peuvent mener à la mise en place d’une même typologie
d’espaces intermédiaires.
Ces quatre opérations et leurs dispositifs vont être décrits et présentés ci-après.
L’analyse de ces espaces se fera à travers les visions des acteurs qui y sont
liés, de la conception jusqu’a l’usage. Les avis des architectes, chefs de projets
de la maîtrise d’ouvrage ainsi que des habitants seront donc les témoins des
différents temps de conception de ces lieux et me permettront d’appuyer mon
analyse.
J’ai pu, pour alimenter mon propos, réaliser des entretiens téléphoniques,
envoyer des questionnaires par mail ou bien prendre des rendez-vous avec
les architectes des opérations étudiées13, les chefs de projets des maîtrises
d’ouvrage14 et des habitants.15
13. Pour les architectes, j’ai recueilli l’avis de Stéphane Maupin («M» Building) à l’aide d’un ques-
tionnaire envoyé par mail, d’Hugues Touton (Le Tasta Bruges 33.) au cours d’un entretien et enfin le
témoignage de Xavier Leibar (Ilot St Jean et Près Lacoste, Bordeaux) via un entretien téléphonique.
14. Lauwrence Descuilhes : chef du projet du Tasta chez Domofrance, (entretiens téléphoniques),
Franz Charbonnier : chef du projet de l’ilot St Jean, Domofrance, (entretien téléphonique), Pierre
Dariel chef du projet le «M» Buidling, Paris habitat (questionnaire par mail) et enfin Parvine Parandi:
chef du projet Les Près Lacoste Saemcib (questionnaire par mail).
15. Mme Lepic à travers un entretien téléphonique (Habitante de l’opération Le Tasta), celui d’un
couple, propriétaire d’un appartement dans l’opération de l’îlot saint Jean à Bordeaux, et également
d’un habitant locataire vivant seul (dans cette même opération)
INTRODUCTION- 15
16 - PRÉSENTATION DES TERRAINS
PRÉSENTATIONS DES TERRAINS
Fiches descriptives
INTRODUCTION - 17
«M» BUILDING -STÉPHANE MAUPIN- PARIS
DISPOSITIF ÉTUDIÉ : TERRASSES EN VIS À VIS.
3.00
2.3
1 .8
0 .2
2.6
0.95
5.8 FIGURE 4
0 .3
5 Axonométrie schématique
d’une terrasse du R+2. Maté-
FIGURE 5
riaux: Façade: acier galvanisé,
Photographie façade Sud. Source : http://www.
sol : carrés de bois sur plots
stephanemaupin.com/spip.php?article18
FIGURE 8
Axonométrie de la cage d’escaliers
commune entre deux bâtiments de
logements. 0 .2
0 2 .6
Matériaux : béton, garde corps et 5 0
3.2
escaliers métalliques.
0.9 4.2
0 1
0
1 .0
1.30
8
2 .6 7 .2
1.00
0
1.8
4.2
2.50
0 0.2
1 0
2.00
1.10
5
3.2
FIGURE 9
Vue depuis le coeur d’îlot
Livraison : 2006
Maîtrise d’ouvrage : Domofrance
Architectes : Teisseire et Touton
(mission type Mop)
BET : B.P.IC - BER fluides : VRD BE
d VIVIEN
rar
Bruges
O
Ren
ée Coût : 5 045 000€ HT
arie
Rue
M Nombre de logements : 53
Type d’habitat/statut : logements en
accession, logements locatifs, logements
sociaux (9 maisons individuelles, 24
logements collectifs, 20 logements
semi-collectifs).
Contexte de construction : Le projet
fait partie d’une ZAC de 47ha, et 2000
logements.
FIGURE 11
Plan masse opération Bruges Tasta, Teisseire et Touton. échelle 1.5000eme
INTRODUCTION - 19
ÎLOT ST JEAN- LEIBAR ET SEIGNEURIN - 1.8
5.0
0
1.27
0.2 0
BORDEAUX
0
0.2
0
DISPOSITIF ÉTUDIÉ : LOGGIAS APPROPRIABLES
1.13
2.60 0 0
2.00
6.0 12
.0
1.8
0.2 0 1.27
0
0.2
0
FIGURE 12
Axonométrie schématique d’une loggia au dernier niveau d’un des bâtiments de
l’îlot. Matériaux: Béton enduit, menuiseries et encadrements des baies: bois.
FIGURE 13
Vue de l’intérieur de la loggia L’intention des architectes pour cet espace intermédiaire
était d’apporter confort et qualité d’usage dans un espace «en
plus» généreux. Le projet constitue à lui seul comme son
nom l’indique, tout un îlot. Il a été réalisé en deux phases
de construction : la première a été la mise en place de 34
logements sociaux, la deuxième, la création de 92 logements en
accession à la propriété. Ce projet offre des loggias largement
FIGURE 14 dimensionnées et appropriables coté coeur d’îlot, et des espaces
Vue de la loggia depuis le coeur d’îlot de distribution communs extérieurs cotés rues.
Cours de la Marne
Adresse : Rue Eugène le Roy,
33000 Bordeaux.
Livraison : 2007 (phase 1) 2012
(phase 2)
Maîtrise d’ouvrage : Domofrance.
Architectes : Leibar et Seingeurin
Coût : 12 700 000 €
Gare St Jean
Bordeaux
Surface :8 614 m²
Nombre de logements : 126
Type d’habitat/statut : logements
Ru
e Eu sociaux (34, phase 1 2007),
gè logements en accession (92, phase
ne
Le
ro 2012).
y
Contexte de construction :
Réaménagement d’un quartier :
destruction d’une barre de logement
FIGURE 15 de 1950 et création d’un îlot de 126
Plan masse - opération «Îlot St Jean», Leibar et Seigneurin.
Échelle 1.5000ème logements en 2 phases.
1.60
0
0.8
0.90
0.20
2.60
0
0.35
7.2
0.20
1.5
0
FIGURE 17 0.2
FIGURE 16 0
Vue de la loggia depuis la rue
Axonométrie schématique d’une serre froide, niveau r+1.
Matériaux: Béton banché, menuiseries pvc, stores métalliques.
Certification : THPE
Bègles
Nombre de logements : 20
me D
sociaux.
y
INTRODUCTION- 21
CHAPITRE I
LES ESPACES
INTERMÉDIAIRES
OU LA PROMESSE
D’UNE QUALITÉ
D’USAGE.
QUELS ESPACES INTERMÉDIAIRES?
FIGURE 20 FIGURE 21
Plan de l’opération . Source (plan redessiné): Vers de Photographie projet «Les diversités» à Bordeaux, architectes Hon-
nouveaux logements ociaux, Silvana Editoriale, Milan, delatte et Laporte. Chaque interstice entre les logements est consti-
Juin 2009. tué de polycarbonate et forme un espace polyvalent : rangements ,
garage , atelier ou autre selon les souhaits des habitants...
Source :www.sudouest.fr/2010/06/16/logement-le-bilan-mitige-
des-diversites-118022-2780.php
FIGURE 22 FIGURE 23
Plan de l’opération . Photographies des coursives communes qui desservent
Source (plan redessiné): Vers de nouveaux logements sociaux, Sil- les logements de l’opération «Coming Out» à Grenoble
vana Editoriale, Milan, Juin 2009. réalisée par l’architecte Edouard François.
Source : http://www.edouardfrancois.com/projets/loge-
ments/
24 - QUELS ESPACES INTERMÉDIAIRES?
Les espaces intermédiaires ont été définis et de nombreuses réflexions ont été
réalisées sur ce sujet. C. Moley par exemple définit ces espaces comme «cour,
terrasse, balcon, écoles, parc, escalier, seuil, trottoir, espace lié à la mobilité,
espaces liés aux relations sociales selon le contexte d’études, l’échelle choisie et
les auteurs pris en référents»16. La définition des «espaces intermédiaires» est, 16. Moley C. Les abords
de chez soi, en quête
pour lui, différente selon les courants idéologiques (culturalistes, progressistes, d’espaces intermédiaires,
marxistes etc). Paris, éditions la Villette,
Octobre 2006.
En d’autres termes pour C. Moley, les espaces intermédiaires représentent
l’enchaînement des espaces (séquences) qui séparent l’habitant de son habitat
de la rue (ou de l’espace public) jusque dans son logement.
La définition mobilisée ici des «espaces intermédiaires» a le même sens que
celle de C. Moley mais elle s’applique plus directement aux logements et à
l’habitat collectif. Ce sont donc les surfaces attenantes à celles du logement,
prolongements privés ou communs juxtaposés à l’habitation qui font transition
entre des sphères d’intimités différentes.
les espaces étudiés ici, celle d’intermédiarité. Le mot « intermédiaire » signifie : et notions principales rat-
« Qui est entre deux choses et forme une transition de l’une à l’autre, qui tachées au sujet : http://
Ces deux notions confrontées nous amènent à parler d’un espace de transition 18. Ibid.
entre deux lieux dont les degrés d’intimité sont différents comme par exemple
le passage de la sphère privé et intime de l’appartement à la sphère publique
de la rue.
Les espaces intermédiaires représentent donc le lien et la matérialisation
spatiale de cette transition.
Cependant, l’apport de qualités d’usage dans ces dispositifs est à nuancer. En
effet, il dépend de leurs statuts : espaces privés ou espaces communs. Lorsque
le dispositif est commun aux habitants de l’opération, l’appropriation est
souvent plus faible et moins attendue.
Ces dispositifs représentent des lieux où l’expression de l’appropriation par
les habitants se manifeste de différentes façons. Cette expression étudiée dans
chacun des cas, est en confrontation directe avec, soit l’espace public soit,
l’espace privé ou commun de l’opération ainsi que la forme architecturale.
CHAPITRE I - 25
D’autre part, cette présence visuelle dans l’espace urbain que nous
pratiquons quotidiennement justifie pour moi le choix d’étudier ces espaces,
appréhendables par tous. La question de la visibilité de ces espaces n’est pas
sans conséquences sur la formalisation des dispositifs. C’est ce rapport qui est
à analyser.
FIGURE 24
Plan de la maison «Diagoon» concept de plan avec pièces indéterminées pour que les habitants
s’approprient aux mieux les espaces. Plans avec relevés d’appropriations : elles sont très variées.
Source : http://archivesma.epfl.ch/2010/004/bauda_enonce/
CHAPITRE I - 27
L’appropriation des espaces intermédiaires fera l’objet d’une analyse et d’une
réflexion mise en parallèle avec la morphologie de l’espace lui même. Comment
les éléments architecturaux mis en place par le concepteur (proportions,
ouvertures, matériaux, constitution des limites de l’espace etc.) influencent-ils
l’appropriation des lieux ?
Pour mieux définir cette notion, on peut dire qu’elle est un processus
d’adaptation de l’habitant à son habitat qui lui permet de se sentir en sécurité,
de se sentir «chez soi». Ce processus d’appropriation se traduit par différentes
expressions, propres à chacun (décorations diverses, mise en place de mobilier
etc.). Pour cela, cette expression réagit aux différents éléments mis en place
par l’architecte.
Cependant, l’appropriation des espaces intermédiaires peut être de différents
types : elle peut résulter d’un «manque» d’intimité et être un moyen de conférer
plus de privacité à un espace jugé trop exposé aux vis-à-vis par exemple, en
apposant des canisses, des brises vues etc. Elle peut constituer un moyen de
réguler la qualité de l’espace : appliquer des éléments pour se protéger de la
lumière, ou également être la résultante d’une surface exiguë du logement
lorsqu’on perçoit des objets entreposer dans cet espace qui n’y est pas voué.
Ces appropriations sont donc en réaction avec la forme, l’orientation, les vues
et toutes les dispositions définies par l’architecte durant la conception de ces
surfaces.
FIGURE 25
Photographie des terrasses en vis à vis du projet «M» Building . Des panneaux de bois ont été
apposés par les habitants pour se cacher des regards.
CHAPITRE I - 29
24. Extrait de l’entre- « Il nous est arrivé de faire des logements avec des ‘‘serres froides’’ c’est
tien téléphonique réalisé
avvec X. Leibar, archi-
à dire des loggias qui sont vitrées, un certain niveau d’appropriation
tecte de deux opérations ne pose de problème à personne, mais quand on commence à voir
étudiées. apparaître des vélos, des cartons stockés, des aspirateurs, là ça devient
un peu plus délicat, ce n’est pas tellement pour nous, mais c’est le
retour que nous pouvons avoir des bailleurs et de la collectivité. »24
FIGURE 26
Photographie des serres froides du projet des Près Lacoste à Bègles . Les espaces intermédiaires
sont totalement vitrés et ouvert sur la rue : l’appropriation est mise en vitrine par ce lieu.
A travers ces propos, et les relevés habités qu’il effectue, Henri Lefebvre met en
avant le fait que l’habiter s’exprime dans un langage, celui de l’appropriation.
Les expressions des habitants sont, pour lui, des réactions à un courant de
pensées architectural qui a standardisé le logement et en a oublié ses usagers: les
habitants. Ce langage deviens une clef d’entrée dans la question du logement
collectif.
CHAPITRE I - 31
La question de l’appropriation est une problématique récurrente de la
question du logement. Nous pouvons illustrer ceci par les travaux plus
récents de Stéphanie Lacombe (photographe) qui a réalisé des séries de clichés
intitulés «Une journée dans la vie de la Grande Borne», où elle immortalise
les différentes formes d’appropriation des appartements réalisés par Emile
Aillaud dans les années 1970. A cette période, la question du logement est
traitée à travers l’enjeu de loger les enfants du baby-boom, une quantité très
importante de logements collectifs est alors construite. A travers ce reportage,
cette photographe constate les façons dont des personnes d’origines différentes,
transforment leur lieu de vie. Ce travail est présenté (sur le site : http://www.
taiga-press.com; qui recense de nombreux reportages photos) comme : « Une
victoire contre l’uniformité géométrique qui a permis aux habitants de La
Grande Borne de changer la réputation médiocre de l’ensemble des bâtiments
29. Présentation du tra- et de donner à l’endroit un aspect plus humain.»29 S. Lacombe questionne
vail de recherche de
S. Lacombe sur le site: tout comme H. Lefebvre la notion d’identité de l’habitant et comment elle
www.taiga-press.com/ s’expriment à travers des logements rationnels, produits en quantité très
features/grande_borne/
importante.
FIGURE 27
La Grande Borne, Paris. Ensemble de plus de 3000 appartements sur un site de 90 hectares.
CHAPITRE I - 33
Affiner le discours : les termes «usage» et «utilité».
30. Extrait d’entre- « L’usage c’est l’expérience qu’on fait de quelque chose en fonction de
tien avec l’architecte sa raison d’être, l’utilité renvoie à la raison d’être. »20
H.Touton.
Deux notions sont importantes à évoquer et à mettre en lien avec mon propos
afin d’appuyer mon intérêt à recueillir les postures de chacun des acteurs qui
fondent les dispositifs d’espaces intermédiaires. Ces notions sont : usage et
utilité. Ces termes dévoilent une subtilité à prendre en considération.
L’usage d’un lieu dépend de chacun, il est propre à l’usager, à la personne
qui pratique ou habite le lieu, il se traduit par des actions et par une vision à
travers un spectre propre à l’usager.
L’utilité d’un espace est sa finalité, sa fonction, elle est similaire pour tous les
usagers de l’espace mais n’est pas forcément pratiquée par tous. Par exemple :
l’utilité du logement est d’habiter (ce qui engendre un enchaînement de
notions et de valeurs : appropriation, usages, pratiques etc.), l’usage qu’on
peut en faire peut être de différentes natures selon l’usager du lieu, par exemple
si je me rends dans ces logements dans la cadre de ce travail de recherche, mon
usage est d’analyser, d’étudier et de relever les surfaces dans lesquels je me
trouve, mais à aucun moment je n’habite ce lieu.
Tout au long de ce travail d’analyse, les notions d’usage et d’utilité seront sous
entendues et utilisées pour appuyer le propos. Dans les espaces intermédiaires
cette subtilité est présente : l’architecte donne une utilité à ce dispositif (un
espace : de détente, un espace qui permet de réguler la consommation d’énergie,
un espace de circulation, un espace de déambulation etc.). Cependant, les
usages qui prennent place dans ces lieux, sont très divers et propre à chacun
des habitants : stockage d’objets, espace de jeux pour le chien, espace de
circulation, espace de repas ou autres activités multiples qui font la richesse
de ces dispositifs.
Les visions des différents protagonistes qui nourrissent ces espaces tant au
niveau de la conception que de l’imprégnation, me permet d’appréhender les
intentions premières de chacun avant d’en faire ma propre analyse critique.
CHAPITRE I - 35
apparaître la période des grands ensembles : de 1953 à 1973 durant laquelle
seront construit quatre millions de logements sociaux sous des formes urbaines
issues de la Charte d’Athènes. Durant cette phase, les concepteurs développent
des espaces intermédiaires peu qualitatifs et loin des avantages que peut
offrir l’habitat individuel. On devait alors vivre en promiscuité avec d’autres
personnes : ses voisins. La question de l’ouverture du logement sur la rue et
sur cour n’est plus prise en compte. Dans le sillage du mouvement moderne,
les grands ensembles sont construits avec l’idée de privilégier l’orientation (il
n’y alors plus de rapport rue/cour) et avec des contraintes de coût très fortes.
Après 1971 avec la fondation du Plan Construction (agence de l’état) puis
l’apparition du postmodernisme, l’architecture du logement s’est diversifiée
ainsi que celle des équipements. De nombreuses expérimentations sont alors
une fois de plus réalisées dans le logement social « Où les habitants sont captifs
au sens où le logement social se situe en dehors du marché du logement. »31
31. Extrait de propos tenu
Ce sont ces expériences qui ancrent un peu plus les questions d’usages dans le
par J.M Léger lors d’une
logement collectif.
conférence à Montréal,
Le développement des espaces intermédiaires et de la théorie architecturale
«Le logement collectif :
autour de ceux-ci a donc été important suite à la pensée architecturale forte
architecture remarquable
développée dans les années 1970.
et critères d’usage».
Durant ce temps (aprèsn 1971), les expérimentations en matière de logements
collectif se sont intensifiées. Ce mouvement a développé une standardisation
du projet d’architecture dans la société industrielle où la dimension sociale
de l’espace s’est perdue dans l’homogénéisation des modes de vie. Le concept
de «confort» a été mécanisé dans le but de construire «le logement du plus
grand nombre», ce qui a finalement posé problème. Suite aux constats des
dysfonctionnements créés par le logement des grands ensembles, le concept
d’usage a été appréhendé comme une pratique concrète qui symbolise
32. Pinson D., Usage et
et signifie l’habiter : « les pratiques réelles se substituent alors aux normes
architecture, Paris, édi-
abstraites. »32 De nombreux architectes ont alors porté attention à l’importance
tions l’Harmattan, collec-
des pratiques des habitants et ont considéré cette notion comme une clef
tion villes et entreprises
de la question du logement (voir travaux d’H. Lefebvre évoqués plut tôt
2002, p.182. p.184.
par exemple). L’expression de l’appropriation est devenue un indicateur de
solutions potentielles comme l’exprime D. Pinson, architecte et enseignant
chercheur dans son ouvrage Usage et architecture où il étudie à travers
différents temps de l’architecture la notion d’usage :
intermédiaires. Ces observations ont « redonné à la ville et à l’habitat, une architecture, Paris, édi-
dimension culturelle et anthropologique »35. Une ère de réflexion intense tions l’Harmattan, collec-
question de son usage social et symbolique, à l’échelle de la ville comme de 2002, p.179.
l’habitation »36, une période riche en projets et en études donc, portants sur les 36. Ibid, p.179.
notions de relations entre dispositifs spatiaux, entre espaces publics et espaces
privés. Cette période est importante dans le développement de l’attention
CHAPITRE I - 37
portée aux espaces intermédiaires puisqu’une terminologie particulière liée
au traitement de ces espaces est apparue : «espaces intermédiaires», «espaces
de transition», «espaces semi-collectifs», espaces «semi-publics», ou encore
«prolongement du logement». Ces termes sont employés depuis, autant par
les sociologues que par les architectes. Ils sont associés aux espaces privatifs
en extension au logement (comme les terrasses par exemple), ou encore aux
espaces collectifs résidentiels (parties communes d’immeubles par exemple).
CHAPITRE I - 39
VISIONS D’ARCHITECTES.
40 -VISIONS D’ARCHITECTES.
habitant doit contribuer à son cadre de vie ou à un cadre de vie commun.»43 43. Ibid.
Pour lui, l’appropriation doit permettre à l’usager de participer réellement
à la conception de son habitat. Il pousse donc l’appropriation de manière
très forte : une architecture doit se faire pour et avec l’habitant, l’espace
conçu par l’architecte doit laisser une marge d’adaptabilité, de modularité à
l’habitant. Par exemple, l’occupant du logement doit pouvoir moduler lui
même une partie de son espace, ajouter une cloison ou composer sa façade où
les ouvertures pourraient être modulées et placées selon les désirs de chacun.
En bref, l’architecte doit laisser l’occasion aux habitants de marquer fortement
leur empreinte, pour Hertzberger cette «flexibilité» est une motivation à
habiter son logement.
« La forme de l’espace ne peut déterminer sa fonction qui a elle même 44. Ibid.
une évolution imprévisible. »44
FIGURE 29
Vue d’une coursive commune vouée à de nombreux usages et rencontres.
Image extraite du livre Hertzberger H., Leçons d’architecture, infolio éditions, Rotterdam, 2010.
CHAPITRE I - 41
Daniel Pinson :
L’usage, outil d’une qualité architecturale.
Daniel Pinson est architecte, sociologue et professeur d’urbanisme (né en
1946). Il a réalisé un ouvrage qui déploie la notion d’usage à travers la réflexion
45. Pinson D., Usage et architecturale et notamment avant, pendant et après le Mouvement Moderne,
architecture, Paris, édi- il porte donc un regard à travers le temps d’une question fondatrice de
tions l’Harmattan, collec- l’architecture qu’il appelle « la finalité sociale de l’architecture. »45 Sa position
tion villes et entreprises peut se déterminer comme étant contre la codification de l’usage (exemple: le
2002, p.179. Neufert), ou encore contre l’utilisation de ce concept comme «prétexte d’une
46. Ibid, p 179.
démarcation esthétique»46. Au contraire, pour Pinson :
42 - VISIONS D’ARCHITECTES.
Postures architecturales des concepteurs des
dispositifs étudiés.
Hugues Touton :
«Nous, on est dans l’intimisation.»50
Hugues Touton est architecte (né en 1962), il est diplômé de l’école
d’architecture de Paris la Villette. Il dirige aujourd’hui une agence bordelaise
avec deux associés. Cet architecte a réalisé au 308 (espace d’exposition dédié
à l’architecture à Bordeaux) une exposition appelée L’esthétique de l’usage.
Cette notion est donc ancrée dans son propos, sa posture d’architecte, et
elle s’applique dans les projets qu’il réalise tous les jours dans son agence.
Un article réalisé par Caroline Mazel dans le magazine Architecture à Vivre
(Janv. fèv. 2008) en fait état lorsqu’elle parle des projets réalisés par l’agence FIGURE 30
(Teisseire et Touton). Hugues Touton
Extrait du book de
l’agence :
« Véritable fil rouge, le plaisir d’usage prime dans leur oeuvre et montre www.teisseire-touton.
qu’il est possible d’être moderne tout en produisant une architecture com/references.html
accueillante et agréable à habiter. P. Teisseire et H. Touton conçoivent
51. Article qui figurent
des maisons qui se gardent de toute surenchère démonstrative. »51
dans la présentation de
l’agence et de leurs pro-
Lors de l’entretien que j’ai réalisé avec cet architecte, il a pu revenir sur sa
jets pour définir le loge-
posture, sa vision par rapport aux qualités d’usages des espaces intermédiaires:
ment collectif : http://
« Les espaces intermédiaires ne sont pas tous voués à une appropriation,
www.teisseire-touton.
parfois on met en place une cage d’escalier ouverte par soucis d’économie par
com/doc/Teisseire-Tou-
exemple. Mais il y a des espaces qui ont pour vocation l’appropriation, pour
ton_Carnet.pdf
ceux-ci, nous mettons en place des qualités qui peuvent rassembler différents
CHAPITRE I - 43
52. Extrait de l’entretien buts : architectural, d’usage collectif, ou encore d’usage individuel.»52
réalisé avec l’architecte «Offrir des espaces extérieurs généreux, c’est devenu systématique
H. Touton. maintenant.»53
« Il y a différents dispositifs qui permettent l’appropriation, pour ma part je
53. Ibid.
considère l’appropriation comme l’intimisation, c’est à dire la possibilité de
54. Ibid. ne pas montrer tout son «bordel». Les gens aiment avoir accès au soleil mais
sans être trop vus. »54
« L’intimisation c’est penser l’adaptation des espaces intermédiaires aux
futures appropriations. Certains architectes sont au contraire dans l’exhibition
et montrent beaucoup, nous non. Je comprends le charme et le coté amusant
de ces dispositifs, mais je ne suis pas sur que les gens le vivent bien. Parfois je
55. Ibid. pense que l’appropriation trop montrée peut faire un peu de mal au projet.»55
Hugues Touton définit donc son architecture par le mot «intimisation»,
privilégier des espaces en prolongement du logement partiellement ouverts
afin qu’ils se soustraient aux regards des voisins ou usagers de l’espace public
signifie pour ce concepteur : qualité d’usage et appropriation réussie. Son
architecture prend soin de ne pas mettre en scène l’appropriation et l’usage
mais de la préserver dans un espace réservé à l’habitant.
Stéphane Maupin :
Un dispositif pensé pour l’appropriation.
Stéphane Maupin est architecte, diplômé de l’école d’architecture de Marseille
(né en 1966), il enseigne également dans différentes ENSA. Pour ce concepteur,
FIGURE 31
Stéphane Maupin. l’espace intermédiaire est un moyen d’ « Affirmer que le logement social n’est
Source : https://pfrunner. pas réduit à la construction d’un pauvre bloc. »56 Quant à l’expression de
wordpress.com
l’appropriation dans les terrasses en vis à vis qu’il met en oeuvre dans son
56. Extraits de réponses
projet, elle est pour lui « fondamentale ! le projet a été conçu de manière à se
donné par S. Maupin à
soustraire à la coercition de la façade contrôlée. »57 L’orientation de ces espaces
un questionnaire envoyé
tournés les uns vers les autres fait abstraction du contexte, ils développent ainsi
par mail.
des qualités d’usages et une possibilité d’appropriation très large. Ce dernier
57. Ibid. aspect est voulu et affirmé comme une intention forte par S. Maupin :
58. Extraits d’une inter-
view : http://www. « Le projet a été conçu pour donner des espaces extérieurs aux
dailymotion.com/video/ appartements. Tout a été fait pour l’appropriation jusqu’à fixer des
xohb77_design-et-moi- potences pour accrocher velum et lampadaires personnels. »58
s-2-e-16-m-comme-mau-
pin_lifestyle
44 -VISIONS D’ARCHITECTES.
S. Maupin est, dans les réponses qu’il apporte tout au long de l’entretien
parfois provocateur, souvent radical, mais lorsqu’on analyse plus précisément
l’application de ses intentions dans le projet, elles sont effectives et tenues. Il
laisse ensuite l’appropriation et le vécu prendre place dans ces espaces marqués
d’un geste architectural fort.
« Tous les espaces supplémentaires ont des valeurs ajoutées très fortes pour 60. Ibid.
le logement, à la fois pour le résident mais également pour fabriquer du lien 61. Ibid.
social, du vivre ensemble. »62 62. Ibid.
« Si c’est simplement de la surface pour de la surface en disant ‘‘ce sera
facilitateur et c’est mieux’’, ca ne marche pas. Il faut réellement que ça fabrique
du vivre ensemble : démontrer que c’est bien orienté, bien dimensionné, que
ca ne va pas gêner les voisins d’a coté... Démontrer que ca apporte vraiment
une valeur ajoutée. »63 63. Ibid.
CHAPITRE I - 45
65. Extraits de l’entretien « Je pense que si la qualité de composition et la qualité graphique
téléphonique effectué du projet, sont très fortes, alors, la vie devient l’aléas qu’il pouvait
avec X. Leibar. manquer, ca sert à poétiser l’expression architecturale. »65
Pour cet architecte le propos est donc clair : l’architecture se doit d’être
tenue et dessinée pour contrôler l’omniprésence intempestive de l’expression
de l’appropriation faite par les habitants. Les qualités d’usages des espaces
intermédiaires sont au coeur des intentions architecturales de ce concepteur,
seulement l’appropriation est perçue comme un «aléas» et non comme le
témoignage d’un confort ou d’une valeur ajoutée à l’espace architecturé.
46 -VISIONS D’ARCHITECTES.
CHAPITRE I - 47
48 -
CHAPITRE II
ENJEUX DE
CONCEPTION ET
MORPHOLOGIE
SPATIALE
- 49
L’INFLUENCE DU CONTEXTE SUR LA
CONCEPTION DE CES DISPOSITIFS.
CHAPITRE II - 51
Clichy
Porte de
Clichy
Batignolles
17e Montmartre
Paris
FIGURE 33
Plan de situation de l’opération «M» Building, 18 rue Rebière, Paris, échelle 1.200 000e
FIGURE 34
Axonométrie schématique du projet et de son contexte, direction des ouvertures des dispositifs.
CHAPITRE II - 53
celui du voisinage. Grâce à cette configuration, il préserve les dispositifs des
réglementations urbaines (PLU) puisqu’ils s’inscrivent ainsi dans le volume
même du projet.
C’est ce rapport direct, ce face à face entre voisins que D. Trottin, architecte
conseil auprès de la maîtrise d’ouvrage remarque et questionne :
69. Extrait d’un entretien
de l’architecte conseil «Les architectes de la Fantastic Agence se sont posés la question de la
auprès de la maîtrise
d’ouvrage : David Trottin.
relation qu’il allait y avoir au sein des deux programmes de logements,
Source : www.pavillon- l’ensemble des appartements se greffent comme des petites maisons
arsenal.com/videosen- à la toiture et se regardent de part et d’autre d’un espace vide qui va
ligne/collection-2-423.
php devenir un lieu de sociabilisation.»69
e
ièr
R eb
rre
e Pie
Ru
40m 12.5m
FIGURE 35
Parcelle du projet M Building, implantation, proportions - échelle 1.5000ème
S. Maupin, en tournant les espace privés extérieurs les uns en face des autres
articule également des espaces communs qui intensifient l’idée d’usage collectif
et de sociabilisation.
Deux autres éléments influencent la morphologie et l’implantation du projet
et de ses espaces intermédiaires. D’une part, comme nous l’avons évoqué, ce
sont les proportions particulières de la parcelle étroite de 12.5m de large et
longue de 40m (rue de 620m de long, longue bande constituant une opération
de construction de 190 logements). D’autre part, l’orientation du bâtiment
qui est également un point déterminant pour la conception de ces logements.
Les façades les plus grandes (40m), Nord et Sud sont les plus contraintes par
logement social n’est pas réduit à la construction d’un pauvre bloc.»72 En plus 72. Ibid.
de contourner la réglementations du PLU et d’offrir des espaces extérieurs aux
proportions généreuses.
Lorsque le vis-à-vis «forcé» est évoqué, l’architecte répond (de manière
humoristique et volontairement provocante) :
« Ils sont bien moindre que dans n’importe quelle rue Parisienne
Haussmannienne. Le vis-à-vis est parfait pour croiser ses gènes, il n’a
aucune importance. Tout occupant épie son voisin. Il y a toujours un
collabo qui sommeille chez les bobos. Quel délice que de mater les
fesses bronzées du locataire d’à côté. »73 73. Ibid.
FIGURE 36 FIGURE 37
Vue du projet et de ses espaces intermédiaires depuis le cimetière des Batignolles. Vue du projet et de ses espaces intermé-
diaires depuis la rue Pierre Rebière.
CHAPITRE II - 55
Outre les arguments chocs que Stéphane Maupin mobilisent pour expliquer
l’implantation et la morphologie des espaces intermédiaires, le but est
clairement ici d’offrir, malgré les contraintes, des espaces extérieurs généreux
et qualitatifs pour chacun. L’enjeu sous entendu par la maîtrise d’ouvrage dans
la mise en place de ces surfaces est donc largement pris en compte et traité par
l’architecte qui développe un confort individuel en prolongement de chaque
appartement.
Centre ville
Bordeaux
Floirac
Bègles
FIGURE 38
Plan de situation de l’opération Ilot St Jean, Rue Eugène le Roy, Bordeaux, échelle 1.200 000e
CHAPITRE II - 57
La parcelle sur laquelle l’opération s’implante est large : 71m sur 57m, aux
abords de celle-ci, d’autres opérations de logements génèrent des vis-à-vis.
Un canal, espace naturel qualitatif, est accessible depuis la parcelle par une
promenade aménagée.
Les bâtiments s’implantent de manière à dégager un maximum d’espace au
centre de la parcelle, ce lieu est travaillé comme terrain de jeux végétalisé
comme l’explique l’architecte Hugues Touton :
« Le désir était de dégager un cœur d’îlot le plus important possible : il peut
y avoir des enfants qui jouent, il y avait donc un objectif d’appropriation de
76. Extrait de propos
tenus par Hugues Touton
cet espace central, on avait même planté des arbres qui dessinaient des cages
lors de l’entretien. de foot naturelles.»76
FIGURE 39
Axonométrie schématique du projet dans son contexte et la direction de ses ouvertures.
71m
57m
FIGURE 40
Parcelle du projet Le Tasta, implantation, proportions - échelle 1.5000ème
CHAPITRE II - 59
La conception d’espaces intermédiaires est un outil pour affirmer l’intention
de l’architecte de traiter la problématique de «l’intimisation» et pour apporter
des qualités d’usage à d’autres espaces comme les espaces de distribution.
Les dispositifs de transition permettent par exemple de palier à une mono-
orientation (apporter des qualités d’usages individuels), d’éclairer les espaces
de distribution de manière naturelle (qualités d’usages communs), ou encore
d’adapter le volume du bloc de logements à l’échelle du lieu en lui donnant des
proportions plus réduites. Autrement dit, ces dispositifs dégagent trois buts :
architecturale, d’usage collectif et d’usage commun. Les terrasses travaillées
sous tous ces aspects sont, pour Hugues Touton les lieux « qui étaient à
79. Extrait de propos
tenus par H. Touton lors s’approprier. »79
de l’entretien. Dans un espace peu contraint comme ici, les architectes apposent leurs
intentions architecturales, de cette façon, il forment le cadre de leur conception
qui a pour finalité l’apport de qualités d’usages. C’est ce qu’explique l’architecte
ici : « Dans le système de contraintes que nous avons mis en place nous avions
différentes volontés, offrir un bel espace : de très belles terrasses très généreuses
par rapport à du logement social et amener de la lumière naturelle dans les
FIGURE 41
Vues des espaces intermédiaires des logements du Tasta à Bruges, en haut à gauche : vue depuis la rive du Canal opposée au
projet, eb bas à gauche : vue depuis la promenade piétonne devant l’opération, à droite : vue depuis le coeur d’ilot.
CHAPITRE II - 61
FIGURE 42
Vues depuis la rue des appropriations des terrasses en vis à vis : des éléments ajoutés pour appor-
ter plus d’intimité.
Séjour/ Séjour/
cuisine cuisine
Chambre
Séjour/ Séjour/
cuisine cuisine
FIGURE 43
«M» Building, S. Maupin : Plan schématique échelle 1.500e R+2
62 -L’INFLUENCE
- DU CONTEXTE SUR LA CONCEPTION DE CES DISPOSITIFS.
L’appropriation est effective et largement exprimée par les habitants sur les
terrasses. L’effet de volumes «fabriqué maison»83, se dessine peu à peu avec 83. Ibid.
les divers canisses, panneaux de bois, plantes ou autre objets qui habillent les
limites des espaces intermédiaires (les garde corps métalliques ajourés).
FIGURE 44
Vue depuis l’espace commun des terrasses travaillées pour éviter les regards curieux
Ch.
Séjour Séjour
SDB
Ch.
Séjour
SDB
Séjour
Ch.
Cuisine
FIGURE 45
Bruges Tasta, H. Touton : Plan schématique échelle 1.500e R+1
CHAPITRE II - 63
totalement ouverts (ils se situent au niveau le plus bas des gradins que forment
les terrasses et les escaliers s’insèrent entre les terrasses, dans cette opération)
une fois de plus les pratiques des espaces se font sous le regards des voisins.
CHAPITRE II - 65
Une transition qui constitue la façade de l’opération.
Espace intermédiaire
Espace commun
Espace public
Espace public
Espace privé
Espace privé
Espace privé
FIGURE 46 Espace privé
Schéma du dispositif de transition du projet de l’Ilot St Jean : des loggias en façade coté coeur
d’îlot- échelle 1.1000e -
Espace commun
Espace commun
Espace privé
Espace privé
Espace privé
Espace privé
FIGURE 47
Schéma du dispositif de transition du projet du Tasta : les terrasses comme articulation
volumétrique-échelle 1.1000e-
66 -DES DISPOSITIFS QUI TRAITENT LA TRANSITION ENTRE ESPACE PUBLIC ET ESPACE PRIVÉ.
Développer un confort individuel : les loggias de l’îlot St Jean ou, 84. Extrait de l’entretien
téléphonique réalisé avec
comment gérer les «aléas du quotidien».84 X. Leibar.
La loggia dans l’ilot St Jean a été conçue dans un souci de confort d’usage et
comme un prolongement généreux de l’habitat en espace extérieur. La mise
en place de tels dispositifs est fréquente pour les concepteurs bordelais. Ces
lieux font, dans chaque nouveau projet, l’objet de différentes attentions. Dans
l’opération de l’îlot St Jean par exemple, les concepteurs fondent leur propos
sur le développement d’un confort d’usage tandis que pour les «serres froides»
du projet des Près Lacoste ils souhaitent apporter aux habitants l’opportunité
de faire des économies d’énergie. Ce sont ces différences de réflexions que
l’architecte explique ici :
espaces sur tous les projets mais avec des réponses différentes.»85
Dans l’ilot St Jean, les loggias constituent l’épaisseur de la façade donnant sur
le cœur d’îlot commun (elles se superposent les unes aux autres). Le dispositif
longe la totalité de la surface de l’habitat, il constitue ainsi le prolongement de
différentes pièces : le séjour/cuisine, bureau ou la chambre.(figure 48)
FIGURE 48
«Îlot St Jean», Leibar et Seigneurin : Plan schématique de niveau et repérage de la loggia étudiée
(en rouge) - échelle 1.500e, niveau R+4.
CHAPITRE II - 67
Implantation Deux types de loggias différentes sont mises
en place dans ce projet. La majorité d’entre
elles sont ouvertes et transparentes. La limite
qui séparent ces espaces de l’espace commun
de l’îlot est un garde corps métallique
Chambre
FIGURE 51
Photographie prise de puis le coeur d’îlot, des loggias (positionnées sous la loggias étuidée)
CHAPITRE II - 69
Implantation Développer des qualités d’usage
individuel : Le projet du Tasta
ou, comment associer espaces
Terrasse
Chambre
individuels et communs tout en
Séjour 13.1m²
SDB travaillant «l’intimisation».
Palier 14.3m²
Hugues Touton a expliqué que dans cette
Séjour
Terrasse
13.1m²
SDB opération, les espaces où les qualités d’usage
Chambre
et d’appropriation étaient attendues, étaient
les espaces intermédiaires (individuels et
communs). Ces surfaces sont liées dans
Proportions le projet afin d’en améliorer les qualités
3.00m 3.00m
d’usage. L’espace de distribution et les
paliers communs profitent d’un éclairage
Chambre Chambre naturel dégagé par le creux dans lequel
Séjour Surface totale
Séjour
SDB
45m² SDB
45m² les terrasses prennent place. Les espaces
Surface totale
70 -DES DISPOSITIFS QUI TRAITENT LA TRANSITION ENTRE ESPACE PUBLIC ET ESPACE PRIVÉ.
volume, elles sont ainsi retirées de la sphère commune.
Les espaces communs des paliers ont l’avantage, grâce au dispositif de
l’architecte, de générer un espace agréable et lumineux où les appropriations
bien que moins attendues (en raison du statut commun de l’espace) ont
émergées en investissant les lieux de façon raisonnée et partagée (figure 53).
FIGURE 53
Photographies prise dans l’espace de distribution, marques d’appropriation sur le palier mais
également à travers les plaques translucides qui donnent sur les terrasses privatives.
CHAPITRE II - 71
l’opération. L’implantation du dispositif dans les projets participe également
à conférer de l’intimité à ces lieux : à Bruges un vide creusé dans le bâtiment
contient les terrasses, à Bordeaux, les loggias en façade sont placées coté coeur
d’ilôt et cette position (façade) met en scène les appropriations des usagers aux
regards de leurs voisins. Cette typologie d’espace intermédiaire a un impact
important dans l’appropriation de ces dispositifs. C’est avec les différents
éléments architecturaux que les architectes doivent composer pour octroyer
aux espaces des degrés d’intimités précis (privé ou commun par exemple).
Les différentes typologies d’espaces intermédiaires ne déterminent pas
la réussite des dispositifs d’appropriation, même si elle y participe, elle est
cependant fortement déterminée par les éléments qui composent les limites
de l’espace.
Pour le projet du «M» Building par contre, apporter un confort privé et intime
dans des espaces extérieurs attenant aux logements est plus complexe. En effet,
à travers les terrasses en vis-à-vis, l’architecte met en place des lieux privatifs
puisqu’ils sont retirés du domaine public et s’implantent dans le volume
bâti. Mais, l’orientation des dispositifs (face à face) développe des espaces
partagés visuellement, ouverts à la vue de la communauté. Se mêlent alors
dans un seul espace (la terrasse) deux degrés d’intimité différents : des usages
privés confrontés à la vue de tous les autres locataires. Pour l’architecte, cette
ambiguïté est à gérer par les habitants à travers leurs appropriations (ajouter
des éléments pour conférer un statut plus privé).
FIGURE 54 FIGURE 55
Axonométrie schématique du projet du M Photographie depuis une salle de classe du
Building. Lycée St Honoré, source : http://www.e-archi-
tect.co.uk/paris/m-building
72 -DES DISPOSITIFS QUI TRAITENT LA TRANSITION ENTRE ESPACE PUBLIC ET ESPACE PRIVÉ.
COMMENT L’EXPRESSION DE
L’APPROPRIATION PREND-ELLE PLACE DANS
CES ESPACES?
Les choix architecturaux, déterminants de
l’appropriation.
Mettre en scène l’appropriation ou la contenir ?
CHAPITRE II - 73
86. Extrait de l’entretien Les loggias de L’ilot St Jean – Bordeaux
téléphonique réalisé avec
X. Leibar. «Développer des qualités d’usage dans un espace généreux.»86
FIGURE 56
Coupe transversale projet Ilot St Jean, rapport de la loggia au contexte Echelle 1.500e
Volume de la loggia
FIGURE 57
Axonométrie éclatée de la loggia avec les principaux éléments constituants de l’espace.
Les dispositifs mis en place ici sont très grands et se développent comme
nous l’avons vu sur toute la longueur du logement. La surface est cependant
divisée en deux parties (par un mur opaque en béton) ce qui induit des
usages divers. Le haut garde corps en béton de 1 .27 m, met en retrait les
usagers de l’espace commun de l’îlot et dégage un espace introverti et intime
dans lequel l’appropriation s’exprime. Elle s’établie à travers des éléments
différents dans chacun des espaces que la loggia prolonge : une table et des
chaises en prolongement du salon/cuisine, un transat et des pots de plantes en
prolongement de la chambre, ou encore une niche et des jouets pour le chien
des habitants en face du bureau. La loggia est donc ici une réelle continuité
extérieur des usages qui prennent place à l’intérieur du logement.
Cet espace offre un confort supplémentaire et une valeur ajoutée à
l’appartement en accession à la propriété qu’elle complète. Les proportions
généreuses du lieu et les éléments architecturaux opaques protecteurs qui le
composent permettent aux habitants de pratiquer l’espace dans une intimité
cadrée, contenue. Elle permet d’apporter un confort d’usage privé qualitatif.
CHAPITRE II - 75
X. Leibar et son agence mettent donc en place à travers ce dispositif une
transcription de valeur architecturale dont la qualité d’usage est importante
mais où le dessin en élévation prime. La loggia étudiée ici constitue, comme
nous l’avons vu, l’espace intermédiaire des logements se situant au dernier
niveau d’un des bâtiments de l’îlot. Tous les autres appartements sont, eux,
prolongés par des loggias toujours aussi généreuses puisqu’elles s’inscrivent
dans la même épaisseur de façade, mais largement plus ouvertes. En effet,
comme nous l’avons vu, le garde corps ajouré accentue la sensation de vis-à-
vis.
L’architecte a donc pour objectif premier d’apporter de grandes surfaces à
travers ces loggias. La question d’intimité et de retrait de l’usager des regards
voisins n’est que «secondaire». On peut souligner que les concepteurs travaillent
88. Extrait de propos te- ces loggias de façon qualitative au niveau des matériaux choisis, notamment
nus par un habitant, loca- avec les menuiseries où des cadres épais marquent les ouvertures. Sur ce
taire d’un appartement de
l’ilot St Jean.
point, un habitant locataire soulève le fait que cela peut constituer un sujet de
controverse : «Je vais vous dire autre chose, toutes les menuiseries aluminium
ce sont les propriétaires, et toutes les menuiseries bois des locataires.»88
Pour les propriétaires de l’appartement dans laquelle la loggia est relevée et
analysée, ce lieu constitue un espace privilégié préservé des vues qui correspond
à leurs souhaits : l’achat d’un appartement situé au dernier niveau était une de
FIGURE 58
Photographies : d’en haut à droite jusqu’à celle d’en bas à gauche : (photo 1) situation de la log-
gias étudiée dans le volume de logements; (photo 2)Porte fenêtre avec menuiseries bois et store
intégré; (photo 3) sol en béton brut et seuil travaillé, rigole de 5cm de large et 1 cm de haut pour
évacuation de l’eau; (photo 4)revêtement de la loggia : béton peint de peinture blanche, garde
corps en béton surmonté d’une protection métallique.
Menuiseries bois
1.33
0.20
1.27
Evacuation eau
1.80
0.20
FIGURE 60 FIGURE 61
Coupe avec appropriations. Photographies prises depuis la loggia et depuis le séjour d’un appartement au R+4.
Echelle 1.50eme Vue très cadrée, lumière naturelle distancée/indirecte.
CHAPITRE II - 77
leurs exigences premières (figure 58 photo 1).
Les «serres froides» des Près Lacoste – Bègles
90. Extrait de l’entretien Appliquer à l’espace intermédiaire la fonction de régulation
téléphonique réalisé avec
X. Leibar. thermique et « réaliser des économies d’énergie. »90
FIGURE 62
Coupe transversale projet des près Lacoste : rapport des loggias à la rue. Echelle 1.500
Volume de la loggia
Garde corps
Mur béton crépis métallique extérieur
blanc
FIGURE 63
Axonométrie éclatée de la loggia avec les principaux éléments constituants de l’espace.
transparente).
L’architecte X. Leibar, donne son point de vue sur les qualités d’usages de
ces dispositifs : « Quand il nous est arrivé de faire des logements avec des
«serres froides» c’est à dire des loggias qui sont vitrées, un certain niveau
d’appropriation (canapé, tables) ca ne pose de problème à personne. Mais,
CHAPITRE II - 79
quand on commence à voir apparaître des vélos, des cartons stockés, des
aspirateurs, là ca devient un peu plus délicat, ce n’est pas tellement pour nous
mais c’est le retour que nous pouvons avoir des bailleurs et de la collectivité.
92. Extrait de l’entretien Il y a quand même une assez forte difficulté à accepter une expression du
téléphonique réalisé avec
X. Leibar. quotidien trop forte, c’est une question de mesure. »92
Dans les espaces intermédiaires conçus dans cette opération, l’architecte ne
peut mettre en place une intimité ou des espaces protégés des regards de
l’espace public. C’est la fonction thermique qui prime sur ces concepts qui
définissent pourtant les qualités d’usage du lieu. Les pratiques des usagers sont
ici exposées à la vue de tous les passants sans aucun filtre. Prendre en compte
la réticence de la maîtrise d’ouvrage sur la visibilité de ces objets entreposés
est une réalité, mais ce n’est pas un principe appliqué systématiquement par le
concepteur. Parfois, la mise en scène de l’appropriation est une conséquence
de la fonction supplémentaire qui s’attache à ce dispositif ( ici la performance
thermique). L’exposition ou la mise en «vitrine» de l’appropriation est alors
justifiée et assumée par l’architecte qui choisit même des vitrages dépourvus
FIGURE 64
Photographies : d’en haut à droite jusqu’à celle d’en bas à gauche : situation de la serres froide
étudiée dans l’opération de logements; zoom sur le garde corps et sa fixation sur le rebord béton;
exemple d’une occultation du garde corps avec des canisses; détail du vitrage qui s’étend sur
toute la surface de l’espace et qui peut coulisser et s’ouvrir totalement.
Panneaux de
verres amovibles.
Revêtement intérieur,
2.50
0
0.8
0.10
0.20
0.35
1.50
0.35
FIGURE 66
Coupe de l’espace de la serre froide avec
emprise des éléments d’appropriation.
FIGURE 67
Photographies prises depuis la rue Guillaume Desbiey : les appropriations sont
au niveau du regard des passants, plongés ainsi directement dans l‘intimité des
habitants.
CHAPITRE II - 81
de toutes menuiseries verticales (nuisibles à l’esthétique de la façade?).
Au regard de ces analyses, on relève une dualité forte dans la conception de
ces dispositifs : des espaces pensés pour exposer les usages ou bien les contenir
à l’abri des regards?
Une position claire est à prendre et à assumer dès le départ par l’architecte.
Si le concepteur souhaite exposer l’appropriation ce n’est pas sans le justifier
par une intention forte (les performances climatiques comme nous avons
pu le voir par exemple). De la même façon, si l’architecte désire établir
l’appropriation au sein d’espaces protégés des regards de l’espace public,
ceci s’applique par les outils architecturaux qui structurent le lieu (limites,
hauteurs, vues, proportions etc.). Une posture architecturale peut engendrer
des espaces très variés mais à travers ces différents traitements, il peut s’avérer
difficile pour l’architecte de maintenir ses convictions et de les transcrire dans
l’espaces qu’il conçoit. Appliquer des fonctions complémentaires aux espaces
intermédiaires ne doit pas annihiler les qualités d’usages en superposant les
espaces qui se retrouvent mis en «vitrine». L’appropriation comme nous
avons pu le constater est en grande partie la résultante des composants ou
outils architecturaux déployés par l’architecte. C’est pour cette raison que le
rôle du concepteur est fondamental dans cette surexposition de l’expression
des habitants. Livrer des espaces totalement ouverts sur l’espace public sans
aucune possibilité d’occultation ne peut pas engendrer des espaces qualitatifs
pour les usagers.
Une autre interrogation été soulevée ici : comment une posture architecturale
se traduit-elle à travers les espace intermédiaires?
Les architectes Leibar et Seigneurin fondent leur manière de concevoir ces
espaces sur un dessin poussé et précis des façades (et du projet lui même), pour
tenir et gérer les appropriations. Cette posture est effectivement appliquée dans
les espaces conçus par ces architectes. Cependant, comme nous l’avons vu à
travers les «serres froides», parfois les usages sont soumis à des confrontations
brutales (avec l’espace public) et cela en appauvrit les pratiques et le confort
pour les habitants. La qualité esthétique des projets, qui prime dans la posture
de ces concepteurs, peut donc parfois être au détriment des qualités d’usages
et d’appropriation des espaces intermédiaires.
FIGURE 69
Terrasses prises depuis la
rue Rebière et le cimetière
des Batignolles en Octobre
2014. Les appropriations
s’installent.
FIGURE 68 FIGURE 69
CHAPITRE II - 83
84 -
CHAPITRE III
ACTEURS
ET ESPACES
INTERMÉDIAIRES.
- 85
LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT
DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE
ACTEUR.
Que représente l’espace intermédiaire dans une
opération de logements collectifs, pour qui?
Comme nous l’avons vu en introduction, analyser et comprendre ces
dispositifs dans toutes leurs dimensions signifie connaître les visions de
chacun des acteurs qui y sont liés. Pour ces différents protagonistes, l’espace
intermédiaire est appréhendé par le prisme de sa fonction (concepteur,
gestionnaire ou habitant). Celle-ci définie l’usage qu’il fait du lieu et la prise
de position de chacun. Le maître d’ouvrage voit dans ce dispositif l’occasion
d’une libre expression des habitants qu’il faut gérer et contenir. Pour cela, il
émet des exigences sur les éléments architecturaux qui composent ces lieux
comme l’explique par exemple F. Charbonnier (chef de projet Domofrance
94. Extrait de l’entretien pour l’opération de l’ilot St Jean à Bordeaux) : « Nous, en tant que bailleur
réalisé avec F. Charbon- social, on est assez vigilants à ça, et on essaie toujours, mais les architectes ont
nier, chef de projet de la
maîtrise d’ouvrage Do- parfois du mal à le comprendre, de faire en sorte que les balcons ne soient pas
mofrance pour le projet totalement transparents parce qu’on sait l’usage qui en sera fait. »94
de l’ilot St Jean.
Pour l’architecte, l’espace intermédiaire peut constituer l’expérimentation
d’une façon de concevoir, il peut occasionner le développement d’une écriture
architecturale ou encore permettre l’application de valeurs (comme nous
avons pu le voir par exemple avec le traitement de la question thermique avec
les «serres froides» de X.Leibar). Enfin, pour l’habitant ce dispositif représente
un espace supplémentaire, des qualités d’usage privé dans un prolongement
extérieur au logement.
Nous avons déjà largement évoqué les problématiques ou enjeux auxquels
les espaces intermédiaires répondent, nous allons maintenant les associer aux
acteurs qui y sont liés. Pour cela, nous procéderons par étapes en analysant par
acteur, le rôle de l’espace intermédiaire. Les protagonistes seront abordés dans
l’ordre du processus de projet : de la commande (du besoin) formulée par la
maîtrise d’ouvrage, en passant par le dessin et la conception de ces espaces
réalisés par les architectes pour aller jusqu’à la pratique et l’appropriation de
ces lieux par les habitants.
Le plus souvent, les maîtrises d’ouvrage tels que Domofrance, Paris Habitat ou
la SAEMCIB, évoqués à travers les dispositifs étudiés ici, voient dans les espaces
86 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
intermédiaires différents aspects : comme un espace de « libre disposition»95 95. Eleb M., Simon
P., Entre confort désir
pour les habitants où le dépôt et l’accumulation d’objets peuvent être faits, et normes, le logement
mais également comme une surface en plus, complémentaire au logement contemporain 1995-
qui apporte une valeur ajoutée à celui-ci et justifie un coût ou des charges 2012 Bruxelles, éditions
Mardaga collection archi-
plus élevées. La présence de ces espaces correspond également à une demande tecture, Mars 2013, p.
claire de la part des habitants qui souhaitent bénéficier d’un confort d’usage 254.
extérieur attenant à leur logement. Les maîtrises d’ouvrage ne peuvent pas
négliger ces attentes. Ce sont des types d’espaces qu’ils redoutent souvent
pour les libertés d’appropriation qu’ils offrent aux habitants. Cette expression
constitue un enjeu important pour eux puisqu’elle participe à l’image de
l’opération perceptible depuis l’espace public.
A travers les espaces intermédiaires que nous étudions ici, les chefs de projets se
soucient différemment de la gestion de l’expression de l’appropriation. Dans
tous les cas, ces manifestations sont soulignées dans leurs propos à travers leur
rapport direct à l’espace public, raison pour laquelle l’appropriation «doit»
être tenue.
Nous verrons donc via les discours des chefs de projets des maîtrises d’ouvrages
de chacune des opérations analysées, quelles sont les exigences et les attentes
sous-jacentes à ces dispositifs. Quelles sont les points sur lesquels les maîtrises
d’ouvrage interviennent pour que les espaces intermédiaires répondent à leurs
attentes?
En d’autres termes quels sont, pour eux, les solutions pour éviter une
appropriation trop débordante sur l’espace public?
CHAPITRE III - 87
« Ça ne me gêne pas moi l’appropriation, si elle est bien faite, à la
limite. Entre celui qui met des fleurs sur son balcon et celui qui met des
canisses et son vélo derrière voir son vieux mobilier dont il ne sait pas
97. Extrait de
l’entretien réalisé avec
quoi faire et que sont balcon lui sert de rangement, il y a une marge
L. Descuilhes, chef de entre les deux. »97
projet, Domofrance.
FIGURE 70
Photographies prises depuis l’espace commun (projet du Tasta) vers les cages d’escaliers
qu’évoque L.Descuilhes.
88 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
pour lui, la résultante d’un espace conçu de manière trop généreuse (surfaces
trop grandes). Il exprime sa posture et ses souhaits à travers ces extraits
d’entretien :
« La première question qu’on peut se poser c’est : est ce que cela a un intérêt
que ces espaces soient si généreux? Oui, c’est intéressant pour les habitants,
les gens aiment avoir des espaces généreux, la contrepartie par contre, c’est
l’usage qu’ils peuvent en faire qui peut parfois avoir des conséquences graves.
[…] Le problème c’est que plus les espaces sont généreux, plus finalement on
donne l’occasion parfois à certaines personnes d’y faire l’usage qui n’est pas
forcément le bon, ou en tout cas, d’y mettre des objets qui n’ont rien à y faire,
ca c’est un vrai problème cette relation. Notamment lorsqu’on est usager de
l’espace public et qu’on a la vue sur ce type d’objet et à la fois pour des gens
comme nous qui avons un parc en gestion locative important. On essaie d’agir
auprès de ces gens là pour faire en sorte qu’ils changent leurs habitudes et ca 98. Extrait de l’entretien
deviens compliqué, ce n’est pas toujours facile. »98 réalisé avec F. Charbon-
nier, chef du projet de
Pour lui, la question des choix architecturaux est également importante dans l’ilot St Jean, Domofrance
la conception des espaces de transition. Ces éléments ont un impact sur
l’appropriation :
« Peut être effectivement qu’à un moment, si certaines parties seraient un
petit peu plus opaques, les gens pourraient éventuellement mettre des choses
et les dissimuler. C’est toujours cette difficulté qui vient lorsqu’on fait ce type
d’espaces, ce n’est pas non plus uniquement lié à la générosité de la surface.
Une surface classique avec un balcon à barreaudage qui a l’intérêt de dégager
une vue, c’est très sympa, mais on se retrouve malheureusement parfois avec
derrière ou devant le barreaudage : 3 ou 4 cageots, une machine à laver etc.
C’est tout cela qui est vraiment la difficulté.»99 99. ibid.
CHAPITRE III - 89
(rires) ou des très beaux parasols etc.[…] Moi je travaille sur un secteur qui
est un secteur dit «social» donc c’est ou du locatif social ou de l’accession
100. Extrait de l’entretien sociale. […] Des gens en difficultés d’insertion, plus vous leurs donnez ce type
réalisé avec F. Charbon- d’espaces plus ils vont se les approprier pas forcément de la façon dont vous
nier, chef du projet de
l’ilot St Jean, Domofrance
l’avez imaginée. C’est une remarque, c’est une réalité. »100
FIGURE 71
Photographies prises depuis l’espace commun (projet Ilot St Jean) vers les grandes Loggias
ouvertes, on vois apparaître de nombreux signes d’appropriations (opacification des garde corps).
Pierre Dariel, chef du projet du «M» Building (Paris Habitat), souligne lui
l’importance du contexte de construction très particulier dans lequel le projet
s’établit, (un travail de réflexion collective a été mené sur les espaces extérieurs
attenants aux logements, avec les différents architectes des opérations de
logement de cette rue mais également avec les futurs habitants).
Pour lui, dans un site contraint comme celui-ci, ce sont les questions de vis-
90 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
à-vis et de pérennité des matériaux qui sont fondamentales : « Les vis-à-vis
proches comme vous le soulignez, devaient respecter une certaine intimité
par le traitement des vues, des niveaux et des types de matériaux utilisés.
Nos attentes étaient fixées sur la qualité d’usage des espaces extérieurs depuis 101. Extrait de l’entretien
le logement mais aussi sur la pérennité des matériaux utilisés. Ces terrasses réalisé avec P. Dariel,
chef du projet du M Buil-
représentaient pour nous un surcoût nécessaire mais maîtrisé. »101 ding, Paris Habitat.
FIGURE 72
Photographie prise depuis le cimetière des Batignolles depuis lequel on peut observer les
appropriations des habitants sur les terrasses (panneaux de bois ou autres matériaux, plantes,
toujours dans une opacification des éléments qui forment les limites de l’espace).
Dans le projet des Près Lacoste, comme nous l’avons vu l’enjeu développé
dans les espaces intermédiaires est celui de la conception bio-climatique,
les appropriations dans ces espaces semblent acceptées par Parvine Parandi,
chef du projet (SAEMCIB), qui souligne néanmoins les divergences entre les
usages qui prennent place dans ces lieux : « Certaines familles jouent le jeu de 102. Extrait de l’entretien
les vivre comme ‘‘un espace de vie’’ d’autres comme un débarras, c’est la vie réalisé avec P. Parandi,
chef du projet des Près
du collectif ! »102 Lacoste, SAEMCIB.
L’usage et l’appropriation des espaces intermédiaires ne faisaient pas partie
des enjeux de conception principaux. Apporter des qualités thermiques à
l’appartement et établir des performances énergétiques était, pour eux, le
moyen d’occasionner implicitement des usages qualitatifs des lieux. P. Parandi
évoque peu la question de l’usage de ces espaces, mais décrit plutôt les moyens
techniques mis en place pour attendre la qualité «THPE».
CHAPITRE III - 91
« Notre objectif était d’atteindre une performance énergétique avec
un coût maîtrisé mais aussi une «architecture de qualité», c’est une
valeur ajoutée et utile qui apporte un confort thermique. […]Dans la
pratique, la manipulation des panneaux coulissants s’avère difficile,
103. Extrait de l’entretien ça se déboîte, ce qui génère un mécontentement des locataires et un
réalisé avec P. Parandi,
chef du projet des Près entretien difficile. »103
Lacoste, SAEMCIB.
FIGURE 73
Photographie prise depuis la rue qui longe l’opération des Près Lacoste. Les objets nient
totalement l’ouverture : ils s’appuient sur celle ci comme sur un mur opaque.
Les pratiques qui prennent place aujourd’hui dans ces surfaces se retrouvent
mises en scène, affichées à la vue de tous les passants de la rue.
92 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
toutes implicitement des intentions communes qui font de ces dispositifs
d’appropriation des lieux qualitatifs. Souvent, ces idées traduisent la nécessité
d’une certaine intimité, elles soulèvent aussi la question de l’entretien et de la
pérennité des dispositifs. Une attention particulière est portée à la question de
l’image du projet sur l’espace public, c’est une «esthétique» à préserver, pour
eux en modérant les appropriations excessives.
A travers les entretiens réalisés avec les architectes, une notion s’avère
être récurrente : l’évolution des réglementations réduit les possibilités
d’expérimentation dans l’espace du logement. L’espace intermédiaire devient-
il alors un des derniers espaces d’expérimentations architecturales? Les normes
d’accessibilités, par exemple, influencent le dimensionnement des pièces du
logement, une des chambre doit être très grande et la salle de bain également.
Ces proportions modifient la composition du logement dans le sens où,
les surfaces dédiées au séjour et à la cuisine se réduisent. De plus en plus
souvent, ces deux lieux sont alors associés : le séjour et la cuisine forment un
seul et même espace. Dans cette composition du logement, le prolongement
extérieur peut traduire une façon de rééquilibrer la proportion de l’espace
commun (ou partagé) dans le logement par rapport à l’emprise importante
des espaces privatifs (partie nuit et sanitaires) qui s’accentue. Mettre en
place un espace extérieur attenant au séjour/cuisine permet en quelque sorte
d’apporter plus de confort aux usages communs de l’habitat. Cependant, ces
dispositifs peuvent également être des prolongements d’autres espaces du
logement comme par exemple la continuité extérieure d’une chambre ou d’un
bureau. C’est le cas dans certains logements de l’opération «M»Building où des
terrasses prolongent uniquement des chambres. La morphologie complexe qui
génère ces espaces pensés comme des boites, ou comme un «village vertical»104 104. Extrait d’une inter-
view de stéphane Mau-
peut expliquer ces prolongements. Il sont moins avantageux puisqu’ils ne pin source : http://
profitent pas à tous les usagers de l’appartement. Cette disposition a entraîné www.dailymotion.com/
un travail important pour la mise en place des évacuations : disposer les gaines video/xohb77_design-
et-moi-s-2-e-16-m-comme-
techniques sans qu’elles ne tombent au milieu d’un espace dans le logement maupin_lifestyle
du dessous.
CHAPITRE III - 93
Stéphane Maupin l’explique ici : « Cet immeuble est un vrai rubix-cube
puisqu’il a fallu assembler un à un les appartements et faire en sorte que les
conduits techniques fonctionnent parfaitement sans les individualiser, sinon
105. Ibid cela aurait été trop complexe. »105
Séjour/ Séjour/
cuisine cuisine
Chambre
Séjour/ Séjour/
cuisine cuisine
94 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
assez bien ce qu’il veut et ce qu’il attend par typologie. Il y a des marges
d’ajustement, mais globalement il a une idée assez forte de la manière dont
le logement est structuré. Ca ne veut pas dire qu’ont essaie pas de pousser
les lignes et le rapport des pièces entre elles, mais, la structuration globale
du logement est relativement pré définie. Donc les espaces d’invention et de
travail, sont plutôt les espaces d’interfaces soit entre les circulations verticales
et le logement (cages d’escaliers hall), soit les interfaces entre le logement et
107. Extrait de propos
l’extérieur (loggias) qui sont, en plus, souvent les espaces qui qualifient les tenu par X. Leibar lors de
projets. »107 l’entretien réalisé avec lui.
Séjour/ Séjour/
Ch. Ch. Cuisine Cuisine Ch. Ch.
FIGURE 75
«Îlot St Jean», Leibar et Seigneurin : Plan schématique échelle 1.500e R+4
FIGURE 76
«Près Lacoste», Leibar et Seigneurin : Plan schématique échelle 1.500e R+2
CHAPITRE III - 95
« Ce qui est intéressant c’est de voir l’évolution des espaces intermédiaires,
car nous construisons depuis 20 ans. Ce qui a évolué dans la demande c’est
l’évolution du programme en quelques sorte avec l’agrandissement progressif
de ces espaces extérieurs, l’évolution des normes d’accessibilités aux handicapés
également, mais celles-ci plus dans la structure interne du logement : les
chambres sont plus grandes, les salles d’eau aussi et ceci au détriment du
séjour. Ce qui a un peu découplé la question de l’usage de l’extérieur par
nature. C’est-à-dire que dans la réflexion, par nature, l’intérieur d’un logement
doit être appropriable, l’extérieur, comme c’est justement l’interface entre le
domaine public et le domaine privé ça fait l’objet d’une petit ‘‘guéguerre’’ avec
l’arrivée des canisses en façades. En revanche, si c’est une façade intime en
cœur d’îlot ou une façade privé tout le monde s’en moque. Si c’est une façade
108. Extrait de propos
tenu par H. Touton lors de
publique, c’est moins sain. »108
l’entretien réalisé avec lui. Il évoque aussi le fait que les espaces intermédiaires deviennent des surfaces de
plus en plus attendues et mentionnés dans les programmes de concours par
exemple, avec des attentions précises pour les proportions minimum que ces
surfaces doivent avoir : «Aujourd’hui c’est indispensable, pour un logement,
en tout cas dans les derniers concours qu’on ai faits, il faut que l’espace soit à
109. Ibid. peu près de la taille d’une pièce, il faut que ca fasse environ 10m². »109
Ch.
Séjour Séjour
SDB
Séjour
SDB
Séjour
Ch.
Cuisine
FIGURE 77
Bruges Tasta, H. Touton : Plan schématique échelle 1.500e R+1
96 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
Les espaces intermédiaires, vitrine pour l’image de son architecture?
CHAPITRE III - 97
Les architectes, au cours du processus de conception ont donc toujours en tête
d’un coté la qualité architecturale que ces espaces doivent dégager, et de l’autre
les qualités d’usage qu’ils doivent apporter. L’image, l’écriture architecturale
ou, en d’autres termes, l’esthétique de ces espaces évolue et se modifie après
leurs conception à travers l’appropriation des habitants. Les architectes
réfléchissent-ils au devenir des espaces qu’ils conçoivent (après leur réception)?
Quelles sont leurs postures face à l’appropriation?
A travers l’analyse des différents dispositifs, nous avons appréhendés les visions
des architectes par rapport à ce langage des habitants.
110. Extrait de l’entretien
téléphonque réalisé avec
« Les aléas de la vie sont une manière de poétiser une architecture
X. Leibar. déssinée. »110
111. Extrait de l’entretien
réalisé avec S. Maupin. « L’appropriation est fondamentale ! Le projet a été conçu de manière à
se soustraire à la coercition de la façade contrôlée. »111
112. Extrait de l’entretien
réalisé avec H. Touton. « Je comprends l’appropriation comme l’intimisation. C’est-à-dire la
possibilité de ne pas montrer tout son bordel. »112
Les différents points que nous avons abordés ont des retentissements sur la
manière dont les architectes présentent leurs projets. Ils mettent souvent en
avant les espaces intermédiaires comme image représentative ou forte de leur
conception (par exemple sur leurs sites internet). Comment ces espaces sont-
ils mis en valeurs par les architectes?
Montrer des espaces toujours vides et tout justes réceptionnés est une façon
de mettre en valeur leurs réalisations : neuves, propres, neutres et dénuées
de toutes appropriations. Cela signifie-t-il que l’appropriation véhicule une
image péjorative pour l’architecte également? Après la réception d’un projet,
l’architecte n’a plus de prise sur sa conception et ce sont les chefs de projets des
maîtrises d’ouvrage qui gérent les aléas de la pratique des bâtiments. La mission
de l’architecte s’arrête, son intérêt pour l’élément réalisé aussi. Dans l’idéal, un
architecte n’a pas à se soucier du vécu du projet qu’il a réalisé, les espaces créés
doivent générer des qualités d’habiter qui ont été prises en compte et réfléchies
par ce dernier. Ce n’est qu’a travers des travaux de recherches comme celui-ci
que les questions de pratique et de vécu sont comparées et analysées avec la
mise en forme des intentions du concepteur.
A travers de simples comparaisons d’images, nous constaterons les contrastes
ou évolutions entre l’espace neutre, fraîchement livré, et l’espace habité,
approprié.
98 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
FIGURE 78
De gauche à droite (en partant de l’image en haut à gauche) : vue du «M» Building avant l’arrivée des habitants,
source : www.stephanemaupin.com/; même vue avec appropriations des habitants source: www.flickr.com/photos/
clementguillaume/11416627823/; Les loggias de l’ilot Saint Jean sans habitants, source : www.leibar-seigneurin.com/; loggias
avec habitants image personnelle; Les serres froides des Près Lacoste source : www.leibar-seigneurin.com/; une serre froide
appropriée, image personnelle.
CHAPITRE III - 99
L’habitant et l’espace intermédiaire : pratiquer et approprier.
« C’est très silencieux, on ne donne que sur la cour, nous sommes dans
113. Extrait de propos la discrétion totale, ca se perçoit dans notre décoration d’ailleurs nous
recueillis auprès d’habi- sommes très branchés minimalistes, design italien. Les architectes
tants propriétaires d’un ont très bien réussis, c’est un beau réseau qui est créé autour des
logement de l’opération :
l’ilot St Jean à Bordeaux. logements. »113
Pour ces acquéreurs, l’espace de la loggia qui prolonge toutes les pièces de
l’appartement fait partie intégrante du logement et leur permet de profiter
d’un espace extérieur en toute intimité. Cependant, ces dispositifs de transition
ne sont pas toujours bien acceptés. Au-delà de la qualité qu’ils apportent,
ils représentent également un coût important, une charge supplémentaire
comme l’explique ce locataire de la même opération (l’îlot St Jean) dont la
loggia représente une surface de 13.5m² (3mx4,5m) : «C’est un espace qui
nous compte une pièce en plus, c’est bien plus cher ! Je paye 1350€ d’impôts,
de taxe d’habitation pour un T3, et ma belle mère qui habite au dessus, elle,
100 -DES FONCTIONS DIFFÉRENTES SELON LES ACTEURS LIÉS AUX ESPACES INTERMÉDIAIRES.
elle paye 1000€ pour exactement la même surface. Vous, vous avez votre avis 114. Extrait de propos
recueillis auprès d’un ha-
parce vous étudiez, moi je pense que des gens ne vont pas pouvoir rester, ils bitant locataire d’un ap-
vont partir car c’est trop cher en taxe d’habitation. »114 partement de l’opération
Ce locataire soulève la question du poids des charges associées à ces espaces, il : l’îlot St Jean à Bordeaux.
représente d’abord pour lui, une surface problématique plutôt qu’un apport
de qualités d’usage. L’usager a également fait part de son point de vue sur les
appropriations des loggias de l’opération qui sont très variées dans le cœur
d’îlot. Elles se juxtaposent d’une telle façon qu’on à l’impression de regarder
une collection soigneusement rangée dans des «boites» (on retrouve ici la
formalisation de l’importance de la valeur esthétique pour les concepteurs).
La loggia de ce locataire est très décorée (figure 79), lorsque je lui demande
pourquoi, il répond : « Domofrance ne voulait pas, on s’est battus pour ça,
ils avaient mis une affiche pour interdire les pots de fleurs. Nous n’avons pas
écouté, ils ont ensuite fait un concours du plus bel appartement et ils ont 115. Ibid.
laissé tombé, moi j’ai mis de quoi me cacher sinon tout le monde voie à
l’intérieur.»115
FIGURE 79
Vue de la loggia de l’habitant interrogé depuis le coeur d’îlot.
116. Extrait d’entretien
On peut alors comprendre ici que, lorsque l’habitant évoque le « concours » réalisé avec F. Charbon-
lancé pour que les habitants décorent leurs loggias, il s’agit du «travail avec les nier.
habitants»116 évoqué par F. Charbonnier (Domofrance) pour gérer les usages
dans ces surfaces.
Les postures, ou bien les statuts (comme le suggère F. Charbonnier) des
habitants à travers leurs degrés d’attachement à l’espace habité, locataires ou
FIGURE 80
Différentes appropriations (zooms) des loggias de l’îlot saint Jean à Bordeaux.
102 -LES ESPACES INTERMÉDIAIRES INCARNENT DES RÔLES DIFFÉRENTS POUR CHAQUE ACTEUR.
CONFRONTATION DES DISCOURS DE CHACUN
DE LA CONCEPTION À L’APPROPRIATION.
Mais comment ses espaces sont finalement vécus et appropriés? Quand ces
dispositifs sont-ils considérés comme «réussis» par les acteurs qui participent à
leur conception? Y a t’il, pour eux, une bonne façon de s’approprier un espace
intermédiaire?
FIGURE 81
Les terrasses des logements semi-collectifs du Tasta, les appropriations sont limitées, par petites
touches et sont principalement faites à travers des pots de plantes.
FIGURE 82
Les terrasses en vis-à-vis du «M»» Building, des appropriations marquées visibles et abondantes.
Source : http://www.flickr.com/photos/clementguillaume/11416627823/
FIGURE 83
Vue des appropriations variées des loggias de l’îlot Saint Jean prise depuis le coeur d’îlot. Les
expressions des habitants oscillent entre parements pour se protéger des vues et plantations pour
agrémenter un espace pratiqué.
FIGURE 84
Photographie d’une «serre froide» appropriée où du mobilier est entreposé et accumulé. On
remarque que la commode s’appuie sur la paroi de verre comme si c’était un mur opaque.
ENTRE IMAGE,
EXPÉRIMENTATIONS
ET VALEURS.
- 111
Comment l’espace intermédiaire d’aujourd’hui
sera t’il décrit demain? (Synthèse)
L’architecture est une pratique subjective dans le sens où elle se fonde sur
l’assimilation de paramètres (contexte, orientation, vues, implantation,
programme, coût, exigences de différents acteurs etc.) avec lesquels les
concepteurs, détenteurs d’une posture qui leur est propre, doivent composer.
La conception architecturale formalise donc une réponse qui traduit une
interprétation singulière.
L’analyse de ces dispositifs est également subjective puisqu’elle révèle le
développement de la vision d’une étudiante, chercheuse, appuyée par des
sources choisies : quatre terrains, instruits par différents éléments sélectionnés:
entretiens, relevés, visites, photographies, documentations. Ces études sont en
ce sens à nuancer et relativiser.
CONCLUSION - 113
FIGURE 86 FIGURE 87
Le tasta. Cages d’escalier ouverte qui dessert quatre Ilot St Jean. Espace de distribution ouvert de la rue à l’entrée du
logements. logement. Ilot St Jean.
CONCLUSION - 115
pour moi, l’expression de l’appropriation était avant tout une affaire de
culture et de mode de vie. A travers les recherches menées pour réaliser ce
travail de mémoire j’ai pu m’apercevoir que de nombreux paramètres entrent
également en jeu dans l’expression de ce langage de l’habitant. Elle dépend
notamment beaucoup de la morphologie du logement (surface, espaces de
rangements etc.) Les espaces intermédiaires, quand ils sont profusément
appropriés et encombrés d’objets, mettent en exergue des enjeux qui ne sont
pas forcément liés à la culture de l’habiter de l’usager mais parfois par exemple
à la taille restreinte du logement. J’ai également pu constater que l’espace
intermédiaire pouvait constituer un outil qualitatif qui peut compenser cette
surface lorsqu’elle est exiguë. Ce dispositif prolonge et équilibre la proportion
125. Eleb M., Simon des espaces communs attribués à un appartement. C’est ce que souligne M.
P., Entre confort désir
et normes, le logement
Eleb et P. Simon à travers cette citation :
contemporain 1995-
2012 Bruxelles, éditions « Vivre dehors sur son balcon, sa terrasse, dans un patio, sa loggia, son
Mardaga collection archi-
tecture, Mars 2013, p. jardin,sa cour. »125
281.
En commençant ce travail de recherche, j’avais également de nombreuses
attentes quant à la question de la transcription de valeurs architecturales dans
un projet de logement collectif. Pour moi, les réglementations constituaient
une chape lourde, subie par les concepteurs et ceux qui réussissaient à
apporter tout de même des qualités d’usages à travers leurs propre valeurs
architecturales représentaient une minorité d’architectes. Ne pas se contenter
de composer avec les contraintes et demandes de chacun en faisant des
compromis et appliquer aux espaces conçus une vision personnelle qualitative
pour l’usager s’est finalement avérée être assez explicitée et développée par
les architectes interrogés. Pour ma part, ces espaces constituaient des lieux
d’expérimentation ou d’expression pour les architectes, une forme de liberté
conceptuelle dans un contexte où la surface du logement est très réglementée.
Mais ces dispositifs constituent finalement un complément à des recherches
sur l’habitat lui même. Ils révèlent des qualités qui dépendent de leurs relation
à l’espace de l’appartement. Cette flexibilité a également été remise en cause
car, comme nous l’avons abordé, ces espaces font l’objet d’une accumulation
de réglementations : thermique, étanchéité, accessibilité, incendie etc. qui
s’entrecroisent et s’opposent parfois. Ces concepts cadrent la conception et ont
pour but de lui apporter des qualités, mais elles sont parfois en «contradiction»
les unes par rapport aux autres, ce qui oblige les acteurs qui les conçoivent
CONCLUSION - 117
l’opération de B. Bulher rue chanzy à Paris. Les espaces de transition sont
coupés de l’espace public par des plaques métallique déployées (figure 88).
... Ou qui les interdiront ?
D’autres solutions, radicales, sont également apportées pour répondre à
l’enjeu de maîtrise et de gestion des appropriations jugées trop excessives.
Celle du Maire de Béziers par exemple qui a mis en place un arrêté municipal
FIGURE 88
Vue de la loggia étroite coté rue (1m de large) utilisée par les habitants en prolongement des
espaces intérieurs. Source : http://www.batiactu.com/edito/l-habitat-collectif-vu-de-l-interieur--
diaporama--p9-27874.php
visant à interdire au habitants du centre ville d’étendre leur linge en journée
aux balcons et aux fenêtres.
Une solution extrême qui à pour but de limiter les appropriations et usages 129. Extrait de l’article, À
Béziers, Ménard interdit
des habitants dans les espaces intermédiaires. Ces étendages constituent la d’étendre du linge aux
plupart du temps la résultante d’un manque d’espace intérieur dans lequel une fenêtres. Source :
telle pratique s’avère difficile à mener : faire sécher son linge dans son séjour, http://www.lefigaro.fr/
Souvent, comme nous avons pu l’aborder, ce n’est pas le règlement public qui
limite l’étendage du linge sur la voie publique mais les règlements des résidences
privées qui imposent des contraintes. Dans de nombreuses copropriétés, les
séchoirs à linge sur les façades ou dépassant du balcon sont interdits.
L’architecte peut être acteur de l’amélioration de ces expressions et de
leur intégration dans l’espace public. Mais, il ne peut résoudre toute les
problématiques quand il doit faire face à des réglementations surchargées.
CONCLUSION - 119
également, quand il a pour rôle d’apporter des performances bio-climatiques
par exemple,une impulsion vers un changement des modes d’habiter jusque
dans l’espace du logement. Habiter autrement, moins consommer, respecter
les saisons, réaliser des économies d’énergie etc. grâce a des espaces comme les
jardins d’hiver par exemple.
134. Ibid.
CONCLUSION - 121
TABLE DES MATIÈRES
2 Avant propos
4
Sommaire
6 Introduction
110 Conclusion
Annexes 126
Restitution des entretiens
-Le «M» Builing, Paris (75). 128
Entretien avec S. Maupin, architecte. 128
Entretien avec P. Dariel, chef de projet Paris Habitat. 131
-Le Tasta, Bruges (33). 134
Entretien avec Hugues Touton, architecte. 134
Entretien avec L. Descuilhes, chef de projet, Domofrance. 138
Entretien avec Mme C. Lepic, habitante, propriétaire d’un
143
appartement.
-L’ilot St Jean, Bordeaux (33). 146
Entretien avec X. Leibar, architecte. 146
Entretien avec F. Charbonnier, chef de projet Domofrance. 150
-Les Près Lacoste, Bègles (33). 156
(Architecte : X. Leibar, voir entretien Ilot St Jean).
Entretiens avec P. Parandi, chef de projet SAEMCIB. 156
Bibliographie 164
TABLE
70 DES MATIÈRES - 125
ANNEXES
126 -ANNEXES
ANNEXES - 127
«M» BUILDING, PARIS (75)
ANNEXES - 129
L’ennui naquit un jour de l’uniformité. »
Antoine Houdar de la Motte, Les Amis trop d’accord, Fables, 1719,
-Pourquoi ces espaces sont-ils le théâtre d’expérimentations par rapport
à des enjeux comme le développement durable ?
Le développement durable est une ineptie pour élu attardé.
-Ces espaces sont-ils mis en avant pour créer des façades novatrices qui
mettent en avant une architecture, une image?
Je me contrefous de l’allure de la façade.
-L’appropriation de ces espaces (terrasses) : quelle «conséquence», quelle
impact sur votre projet pour vous ?
Le projet a été conçu pour donner des espaces extérieurs aux appartements.
Tout a été fait pour l’appropriation jusqu’à fixer des potences pour accrocher
velum et lampadaires personnelles.
-Que pensez vous de l’expression de l’appropriation?
Fondamentale ! le projet a été conçu de manière à se soustraire à la coercition
de la façade contrôlée. Elle renforce l’image assez radicale du projet ? elle ne
renforce rien du tout puisque je l’ai voulu.
-Elle correspond a vos attentes ?
… Oui.
- Quelles ont été vos attentes par rapport à ces espaces ? (très particuliers
du fait de leurs vis-à-vis très important)
Dans le cadre des ateliers nous attendions des architectes de concevoir et de
développer des escaliers ou coursives en commun, des jeux et des dialogues
entre les façades des immeubles voisins. Les propositions de SM est une des
réponses. Les vis-à-vis proches, comme vous le soulignez, devaient respecter
une certaine intimité par le traitement des vues, des niveaux et des types de
matériaux utilisés
ANNEXES - 131
- Que pensez vous de l’appropriation de ces espaces par les habitants
des opérations ? (Ces appropriations ont elles fait l’objet de problèmes/
discussions particulières? Quelle attention y est portée?)
Les usages et l’appropriation de ces espaces extérieurs sont vraiment diffé-
rents suivant le projet, le locataire, la qualité du programme (celliers/caves)
et de l’espace proposé. Chacun doit se l’approprier comme il le ressent en
respectant des règles de convivialité avec ses voisins.
- Que pourriez vous tirer comme bilan sur la mise en place de ces espaces
si particuliers ?
L’appropriation de ces espaces et la qualité des relations humaines qui existe
entre voisins semblent donner un bilan positif à cette disposition. Mais
j’insiste sur le contexte particulier de ce projet de renouvellement urbain
de la porte Pouchet qui a associé dés la conception les occupants et futurs
locataires et qui comme partenaires ont permis d’élaborer des programmes
qui répondaient à leurs besoins et attentes et construire ainsi de nouveaux
modes d’habiter.
ANNEXES - 135
Donc ces projets ne sont pas les mêmes que les notre. Nous, nous n’y avons
pas accès. C’est pas les mêmes types de projets, pas les mêmes types de finan-
cements : assez exceptionnels, ils peuvent donc mettre en place des dispositifs
qui eux aussi le sont : exceptionnels. Ces dispositifs ne peuvent pas être une
réalité, parce que quand un maître d’ouvrage demande à Lacathon et Vassal
de faire un projet de ce type là ils ont plus d’argent au mètre carré. Il y à là une
notion de côte : quand le maître d’ouvrage fait appel à un architecte connu
c’est pour certaines opérations de prestige. Ce n’est pas la même économie
que celle de nos projets. Mais d’un coté tout le combat d’un architecte c’est
d’atteindre des projets au niveau de financement exceptionnel.
Ah oui ? Ça représente des charges en plus pour vous ? Ce n’est peut être
pas très utile comme espace ?
Ben je sais pas mais je veut dire, qu’on multiplie... Bon une cage d’escaliers
pour six logements, pour quatre logements d’ailleurs ! Euh… C’est un peu
limite, je pense qu’on aurait quand même des solutions, on pourrait le refaire
aujourd’hui en BBC, on le résolverai. C’est difficile… De toute façon je suis
convaincu que le même projet posé à un autre endroit ne serait pas le même
projet (phrase répétée deux fois).
Peut être qu’avec une autre orientation, peut être que si on est avec la cage qui
au contraire, récupère du fermé au Nord et récupère du plein Sud et qu’on a
en définitive quelque chose qui est un peu… Encore une fois, c’est un espace
intermédiaire entre l’extérieur complet et le cocon du logement privatif donc
euh… je sais pas.
Vous êtes bien avancée avec ça. (rires)
Oui ! Ce qui compte c’est que j’ai votre avis, votre vision, mais ces espaces
j’y suis allée. Dans ces cages d’escaliers, ce n’est pas très approprié, un pot
de fleur par-ci par-là des choses comme ça, est ce que vous pensez que ca
apporte vraiment quelque chose ?
L’appropriation de ces espaces peut être un problème ? Voir l’expression
de l’appropriation…
Non ça à la limite, si il y avait une co-pro… il faudrait presque qu’il y ait
ANNEXES - 139
une co-pro par cage d’escaliers quoi. Parce que ça à la limite ça pourrait être
au contraire une espèce de vécu interne à l’escalier avec : je mets ça, toi tu
mets ça, moi je met une petite table etc. Je veux dire on voit dans des vieux
immeubles à certains paliers des gens qui mettent leurs objets avec l’accord de
tout le monde. Un qui et une table avec un joli pot de fleurs sur un palier, on
passe à un coté plutôt sympa, il y a une appropriation commune de la cage
d’escaliers par cinq ou six personnes mais ça nécessitera plus une gestion peut
être par bâtiment. Ça, ça ne me gêne pas moi l’appropriation, si elle est bien
faite, à la limite, encore une fois si elle est bien faite. Entre celui qui met des
fleurs sur son balcon et celui qui met des canisses et son vélo derrière, voir, son
vieux mobilier dont il ne sait pas quoi faire et qui lui sert de rangement sur son
balcon euh, il y a une marge entre les deux.
Oui, bien sur, d’accord.
Mais c’est vrai qu’il faut avoir euh… je sais pas …
Orientés différemment je me poserai peut être la question, c’est vrai que bon,
moi je n’y suis pas allé honnêtement. Je suis passé devant mais il n’y a pas très
longtemps parce qu’on est allés voir une autre opération pas loin il y a un mois
ou deux, j’ai simplement vu au loin je me suis dis ‘‘ pffff oula...’’
Ah oui !
Non mais ca a vieilli en façade, je pense que es orientations, le manque d’en-
tretien font que les murs extérieurs sont passablement usés.
Oui c’est vrai que moi je n’ai d’abord vu que les images du projet sur le
site d’Hugues Touton, une fois sur place c’était un peu difficile de retrou-
ver cette image.(rires)
Si vous aviez un mot à me donner pour qualifier ces espaces intermé-
diaires qu’est ce que ça serait ? Est ce que c’est utile, inutile…
Non non, ça dépend encore une fois de l’appropriation que vont pouvoir en
faire les copropriétaires, c’est la même chose encore une fois, on a une rési-
dence où à un étage tous es copro ont mis des plantes vertes dans des pots, ils
ont essayés de mettre des pots à peu près semblables et c’est hyper sympa, les
gens ce sont vraiment installés, ils ont pris possession des parties communes et
d’une façon positive et non pas en y mettant simplement la poubelle.
Alors après ce qui est intéressant c’est de savoir comment faire en sorte de don-
ner envie aux copropriétaires de s’approprier cet espace de façon commune,
de toute façon il y a toujours un caractériel. Mais non je ne dis pas que ce soit
inutile, je dis simplement qu’il faut en avoir un traitement qui permette à la
fois d’un point de vu bêtement matériel d’être à l’abri et d’un point de vue
appropriation qui permette cette appropriation, quitte à ce que ce soit peut
ANNEXES - 141
Entretien complémentaire le 09.12.14
Les espaces de distribution et terrasses dans le bâtiment face au canal,
collectif, que pouvez vous m’en dire ?
Pas d’interrogations ni de la part des acquéreurs ni de la notre sur ces espaces,
ces fonctions la, ils sont orientés, ils sont éclairés, c’est intéressant ca permet à
la copro de faire des économies les seuls qui ont eu besoin de petites modifica-
tions sont ceux des semis collectifs : cage d’escaliers ouvertes.
Par rapport aux terrasses qui sont dans ces espaces, les gardes corps et
leurs hauteurs sont prévus pour qu’on ne voit pas la personne qui est en
dessous. Mais, est ce que ces garde corps ont des bacs à fleurs intégrés ?
Non ils ne sont pas intégrés, en fait c’est très compliqué en terme de responsa-
bilités de mettre des choses comme ca parce que dès qu’il y a une infiltration,
on ne s’en sort pas. En fait ce sont vraiment des portes pots, c’est-à-dire une
étagère sur laquelle les gens peuvent venir poser des plantations. Effective-
ment, ils sont toujours à deux tiers de hauteur du garde corps, ce qui empêche
aussi de se pencher suffisamment pour plonger chez le voisin.
Mais ca c’est vraiment un truc qui était hyper intéressant. Alors qu’on a des
balcons qui sont les uns à coté des autres, qui ne sont pas obligatoirement
empilés, il y a vraiment un souci d’intimité, et ca franchement c’est impor-
tant. C’est quelque chose qu’on essai de reproduire même, voyez quand on a
des balcons et qu’on en peut pas faire autrement bon… Mais, dès qu’on peut,
à un moment donner se dire : ‘‘comment fait on pour que chacun puisse jouir
de son balcon tranquillement sans que tout le monde plonge le nez dans son
transat quand on est en train de buller ?’’ C’est quelque chose qu’on essai de
reproduire.
D’accord, et quel usage vous en avez de ces escaliers? A part pour rentrer
chez vous et passer par là. Est ce que vous vous êtes approprié cet espace,
votre palier ou pas plus que ca ?
Alors mon palier oui, approprié oui, disons que j’ai mis un panier, j’ai fait une
petite chose en plus euh… On a décoré finalement notre palier, puisque nous
sommes deux finalement par palier, voila avec le bâtiment qui est en face qui
a l’escalier rattaché de bloc donc sur mon palier j’ai la personne du bloc d’en
face. Donc le palier est petit, donc le dernier est bien sur le mieux entretenu
puisqu’il y a moins de passage, un revêtement au sol acoustique apparemment,
plastifié.
Alors au début il y avait un petit peu de bruit donc du coup Domofrance à
rajouté une mousse sous les escaliers. Voilà, parce que moi je n’entends pas
hein, au deuxième étage, les escaliers c’est vraiment un bruit très minime hein,
quand quelqu’un cours dans l’escalier c’est un bruit mais vraiment minime,
alors que ceux qui habitent en dessous de chez moi donc au 1er, eux ont
vraiment l’escalier raccroché à leurs murs et sont peut être plus incommodés
que moi. Mais bon après je sais pas si c’est avéré parce que bon, des gens qui
ANNEXES - 143
pensent que dans le collectif il y a un label c’est zéro bruit mais ca n’existe pas.
Voilà donc moi je ne vois que des avantages, au niveau de l’entretien qui est
minime et c’est mieux que le collectif purement, fermé. Je trouve qu’il y a
quand même, même si il y a un mur avec un plexiglas , il n’y a pas de vent
hein, je trouve que c’est ouvert, il y a quand même un coté qui est ouvert donc
c’est plus aéré, c’est plus propre.
Donc pour vous cet espace est un avantage et un plus, est ce que ça a joué
dans le choix d’habiter dans ce logement ?
Non, je ne connaissait pas le collectif en fait donc j’ai toujours habité dans de
l’individuel , je ne savais pas ce que c’était donc, non non parce que je travail
chez Domofrance et je fais confiance, donc voila mon choix non non je ne
savais pas du tout l’avantage de cet espace. J’ai quand même préférer acheter
un semi-collectif qu’un collectif parce que c’était des blocs délimités, des blocs
de 4 logements, on été que 2 par palier, oui j’ai préféré quand même, alors que
les logements du collectif sont très bien ils ont des plus grands balcons ceux
qui ont des T3, mais je me sentait plus, moins renfermée dans un semi-collec-
tif que dans un collectif du fond là oui, c’est vrai que j’ai fait un choix dans le
semi-collectif, de par cette forme de structure.
Donc voila on a abordé l’appropriation, le coté technique, les qualités d’usages,
après l’entretien vous me dites qu’il n’y en a quasiment aucun.
Ah, rien c’est du fer les escaliers en fer, donc l’entretien franchement… Ils
nettoient juste les paliers, il viennent .
Et ça vieilli bien ?
Le revêtement, c’est vrai que le bloc où je suis, bon, le palier du dessous,
honnêtement le revêtement il y a eu des petits soucis parce qu’il y avait une
cuvette qui prenait l’eau, donc après ca été réparé mais ils ont découpés, ca
serait à changer, là aujourd’hui ca serait à changer sur le palier de mon accès,
les autres sont mieux. Bon là il y a eu un petit loupé dans le sol du premier
étage, le palier du premier étage. Mais sinon moi mon palier du 2e étage il est
Ils ont leur fonction de desserte des logements, mais ils sont largement
proportionnés, ils offrent quand même une qualité en prolongement du
logement.
Oui, oui, c’est agréable mais on ne l’utilise pas autrement que pour circuler,
pour descendre ou monter, on a pas mis une petite table par exemple, déjà
nous avons tous un balcon, C’est un passage, voila.
ANNEXES - 145
ILOT ST JEAN, BORDEAUX.
Vous avez une écriture architecturale forte qui cherche quand même à
avoir une maîtrise de la façade, est ce que l’expression de l’appropriation
est invasive et nuit au projet ?
C’est une question de mesure là aussi, c’est à dire que quand un projet est
très dessiné, relativement tendu, très composé, moi je pense que, à la limite il
se porte presque mieux dans les aléas de la vie que si il n’est pas bien dessiné.
Si il n’est pas bien dessiné et qu’en plus il y a cette forme «d’intrusion» du
quotidien dans le projet là on commence à friser la cata quoi hein. Je pense
qu’a la limite la qualité de composition, la qualité graphique du projet, si elle
est très forte justement, la vie deviens l’aléas qu’il pouvait manquer, ca sert
à poétiser l’expression architecturale. Mais jusqu’à un certain point c’est à
dire que ce qui est assez communément admis et ce que nous avons souvent
ANNEXES - 147
comme retour par exemple sur les loggias qui sont l’interface la plus visible
entre l’enveloppe de bâtiment et l’espace public c’est : ‘‘attention a ce que les
loggias ne deviennent pas de manière trop forte l’expression du quotidien’’. En
France on a encore du mal à accepter par exemple le linge en façade, ça c’est
très compliqué. Quand il nous est arrivé de faire des logements avec des ‘‘serres
froides’’ c’est à dire des loggias qui sont vitrées. Un certain niveau d’appro-
priation (canapé table) ca ne pose de problème à personne, mais quand on
commence à voir apparaître des vélos, des cartons stockés, des aspirateurs,
là ca devient un peu plus délicat, c’est pas tellement pour nous mais c’est le
retour qu’on peut avoir des bailleurs, de la collectivité. Il y a quand même une
assez forte difficulté a accepter une expression du quotidien trop forte. C’est
une question de mesure, je pense que plus l’architecture est tenue et dessinée,
plus elle peut accepter ces expressions du quotidien.
ANNEXES - 149
Entretien réalisé avec F. Charbonnier, chef de projet
Domofrance pour l’opération de l’ilot St Jean.
Type : entretien téléphonique.
J’étudie les espaces intermédiaires dans des projets concrets dont celui de
Leibar et Seigneurin : l’ilot St Jean. J’interroge les différents acteurs pour
avoir différentes visions et points de vus sur ces espaces.
Je voulais donc avoir le votre : sur les loggias et grands paliers communs
mis en place dans les bâtiments de cet îlot de logements.
Avez vous eu l’occasion de visiter le bâtiment ?
Oui, je m’y suis rendue , ai rencontré des habitants, j’ai également eu l’avis
des architectes.
Alors oui, effectivement, sur la partie locative on a des loggias qu’on appel des
grands balcons, des loggias qui sont généreuses. Pour moi, la première ques-
tion qu’on peut se poser c’est est ce que ca a un intérêt que ces espaces soient
si généreux ? Oui c’est intéressant pour les habitants, les gens aiment bien
avoir des espaces généreux, la contrepartie par contre, il y a un inconvénient,
c’est parfois l’usage qu’ils peuvent en faire qui peuvent avoir des conséquences
graves parfois. Enfin pas dramatiques il ne faut pas exagérer mais , suivant
l’usage qu’ils en ont fait, et leurs positions notamment sur l’espace public, c’est
pas toujours très agréable d’avoir des vues sur des choses qui ne devraient pas
être sur un balcon ou sur une loggia. Le problème c’est que plus les espaces
sont généreux, plus finalement on donne l’occasion parfois à certaines per-
sonnes d’y faire l’usage qui n’est pas forcément le bon usage ou en tout cas,
d’y mettre des objets qui n’ont rien à y faire, ca c’est un vrai problème cette
relation, notamment lorsqu’on est usager de l’espace public et qu’on a la vue
sur ce type d’objet et à la fois pour des gens comme nous qui avons un parc
en gestion locative important, on essaie d’agir auprès de ces gens là pour faire
en sorte qu’ils changent leurs habitudes et ca deviens compliqué, ce n’est pas
toujours facile.
Donc c’est bien et c’est pas bien (rires) ... Mais surtout en locatif je dirai.
L’occupant locataire n’a pas forcément , pas toujours en tous cas, le même
comportement qu’un occupant propriétaire, pour autant il ne faut pas en faire
une généralité ce n’est pas toujours vrai non plus mais cela arrive.
D’accord, parce qu’ici, dans ce projet, c’est sur ces espaces que les archi-
tectes ont appuyés leurs propos, ils disaient : donner des espaces exté-
rieurs attenants aux logements avec des qualités d’usages diverses et im-
portantes avec des espaces extérieurs privés en continuité du logement etc.
Lorsqu’on lis des interview, ils mettent toutes ces notions en avant pour
ce projet là en tout cas.
Oui, ce projet là effectivement il répond à cet objectif mais avec des avantages
et des inconvénients. Alors est ce que c’est quelque chose qu’il faut reproduire
ou pas... Ce n’est pas forcément reproductible ou en tout cas, peut être qu’il
faut ... Moi je trouve aujourd’hui que les loggias sont probablement un peu
trop généreuses. Si il fallait refaire le projet peut être qu’on les feraient un petit
peu moins généreuses, ou en tout cas sur certaines qui sont assez profondes.
Peut être effectivement qu’à un moment certaines parties seraient un petit
peu plus opaques où les gens pourraient éventuellement mettre des choses et
les dissimuler. C’est toujours cette difficulté qui viens lorsqu’on fait ce type
d’espaces, c’est vrai d’ailleurs avec un balcon classique, je veux dire que ce n’est
pas non plus lié à générosité de la surface, la surface classique avec un balcon
à baraudages qui a l’intérêt de dégager une vue, ca c’est très sympa mais on se
retrouve malheureusement parfois avec derrière ou devant le barraudage il y
a trois ou quatre cageots, une machine à laver,,,(rires) C’est tout cela qui est
vraiment la difficulté.
Donc des espaces extérieurs oui, il en faut, c’est vrai que c’est la continuité du
logement, c’est un espace de transition donc il en faut, mais il faut à la fois
bien les dimensionner et avoir des zones qui soient protégées pour permettre
une appropriation. Parce que, parfois ca deviens l’extension du logement parce
qu’on a pas trouvé la place de mettre le meuble à chaussures donc on le met
sur le balcon, et sur un balcon transparent totalement ouvert ca peut poser un
problème, balcons, loggias ou terrasses hein...
Il faut toujours se projeter sur l’usage qui peut en être fait et donc faire un
espace qui répond à cette contrainte. Et c’est très ennuyeux lorsque c’est sur
l’espace public. Vous devez le voir dans certaines villes que finalement il y
a des ensembles, des résidences, avec des balcons sur l’espace public, et ces
balcons sont pas toujours bien utilisés. C’est pas toujours les géraniums les
rois du balcon, il suffit de quelques uns pour donner une image qui en soit
pas la bonne.
ANNEXES - 151
Pourquoi c’est gênant pour l’espace public ? C’est en confrontation avec
l’architecture et l’image du bâtiment ou c’est parce qu’on a pas envie de
voir les objets des gens ?
D’un point de vue esthétique, moi, voir une machine à laver, des cageots sur
un balcon des meubles etc., je ne trouve pas que ca donne une bonne image
au logement et que ce soit très agréable à regarder. Ca ne me gêne pas de voir
quelques vélos, ca ca ne me pose pas de problèmes mais parfois voir des ca-
nisses sur une façade d’immeuble qui est bien composé et élégant, si vous avez
un coup des canisses jaunes, un coup des canisses verts , du cartons , parce
que les gens se protèges des vues, je trouve que ce n’est pas du tout esthétique.
D’accord, ok.
Moi les vélos ca ne me gêne pas du tout ! (rires) Mais malheureusement ce
n’est pas toujours ca.
C’est un fouillis d’objets en général?
Oui, parfois, on ne va pas généraliser, mais c’est un fouillis d’objets ou de parts
vues de gens qui finalement ne veulent pas être vus de l’espace public ou com-
mun, et finalement, en mettant ces éléments pour se protéger, ces éléments
sont disparatres sur la façades et ne sont pas beaux.
Nous, en tant que bailleur social, on est assez vigilants à ca, et on essaie tou-
jours, mais les architectes ont parfois du mal à le comprendre, à ce que les
balcons ne soient pas totalement transparents parce qu’on sait l’usage qui en
sera fait.
D’accord.
C’est moins gênant quand on est dans un coeur d’îlot, à St Jean on est sur
un coeur d’îlot donc ca va quand on est au coeur d’îlot, c’est vrai qu’on en a
pas sur les extérieurs. En coeur d’îlot, c’est moins grave que quand c’est sur
l’espace public.
Est ce que pour les espaces de l’îlot St Jean , il y a eu durant le chantier des
problèmes techniques ou des choses qui ont été modifiées par rapport aux
souhaits initiaux des architectes ?
A ma connaissance non, pas jusqu’à la fin u chantier, aujourd’hui on a une
demande (on avait des parties en locations de parties en accession à la pro-
priété. Les accédants à la propriété ont du mal à accepter le principe de la
coursive et plusieurs fois ils nous on demandé pourquoi c’était ouvert et qu’il
fallait les fermer. On leur répond que non c’est le principe... Il y a un rapport à
la coursive qui n’est pas naturel. Ils ont du mal en tout cas pour la partie acces-
sion, pas de retour coté locataires mais certains accédants ne réagissent pas très
bien au principe de la coursive parce que c’est exposé au vent, c’est exposé à la
pluie et finalement les gens se retrouvent avec un peu d’eau de pluie qui viens
battre le sol devant leurs logements, et ils ont le sentiment que comme ils ont
franchis la grille de leur immeuble ils sont censés se retrouver au sec et à l’abri
du vent, ce qui n’est pas le cas sur les coursives.
ANNEXES - 153
Moi sur place, c’est drôle, j’ai rencontré les propriétaires d’un appartement
très contents de cet espace de coursive qu’ils appelait «la toile d’araignée»,
heureux d’avoir un espace aussi beau avant d’entrer dans leur logement.
Oui oui bien sur il ne faut pas tirer des conclusions, il y aussi des gens qui
vont trouver que c’est plutôt un espace intermédiaires et qu’il est intéressant.
Il n’y a pas d’unanimité en tout cas. On a eu ces quelques retours là sur un des
bâtiments bon c’est vrai un peu exposé aux vents (rires) Quand vous êtes dans
la partie la plus exposée et que vous prenez régulièrement la pluie et que vous
avez quelques millimètres d’eau... C’est normal.
- Quelles ont été vos attentes par rapport à ces espaces ? (notamment par
rapport aux serres froides)
Avoir une partie protégée de « vue extérieur » sur les terrasses et la qualité
d’usage de ces espaces
- Quelles étaient vos exigences principales ?
Notre objectif était d’atteindre une performance énergétique avec un coût
maîtrisé mais aussi une « architecture de qualité ».
- Comment ces espaces sont-ils perçus en tant que maître d’ouvrage? Une
valeur ajoutée pour l’usager? Un espace coûteux? un espace utile/inutile?
Indispensable? Un plus ?
En effet c’est une valeur ajoutée et utile qui apporte un confort thermique. Le
petit plus pour un locataire….
- Que pensez vous de l’appropriation de ces espaces par les habitants des
opérations ? ( Ces appropriations ont elles fait l’objet de problèmes/ dis-
cussions particulières? Quelle attention y est portée? )
Globalement ces espaces ont été appropriés de manière positive. Certain fa-
mille joue le jeu de les vivre comme « un espace de vie » d’autre comme un
débarra, c’est la vie du collectif !
-Ces espaces ont-ils soulevés des problèmes particuliers? (Problèmes tech-
niques ou d’usages) Si oui, lesquels?
La manipulation des panneaux coulissantes s’avère difficile, ça se déboîte, ce
qui génère un mécontentement des locataires et un entretien difficile
- De manière plus générale quel est votre point du vue sur des espaces tels
que ceux-ci dans un projet de logement collectif ?
Si nous avons piloté l’opération dans ce sens, c’est que nous cherchons à don-
ner le petit plus à nos locataires en associant la contrainte technique à une
fonction qui apporte un plus.
Introduction
1 : Photographie de la serre bio-climatique d’un logement rue de l’Ourcq, Paris.
Source : http://sigalonenvironment.soup.io/tag/France
2 : Photographie des circulations et balcons destinés à être végétalisés.Source : http://europa-
concorsi.com/ Auteur : Nicolas Castet
3 : Photographies personnelles: deux opérations de l’agence TETRARC réalisées à Nantes, vues des
façades avant et arrière de chacune des opérations.
4 : Iconographie personnelle : Axonométrie schématique d’une terrasse du R+2. Matériaux: Façade:
acier galvanisé, sol : carrés de bois sur plots.
5 : Photographie façade Sud. Source : http://www.stephanemaupin.com/spip.php?article18
6 : Photographie personnelle prise depuis la rue P. Rebière.
7 : Iconographie personnelle : Plan masse - opération «M» Building, Stéphane Maupin échelle
1.5000eme
8: Iconographie personnelle : Axonométrie de la cage d’escaliers commune entre deux bâtiments
de logements. Matériaux : béton, garde corps et escaliers métalliques.
9 : Photographie personnelle : Vue depuis le coeur d’îlot.
10 : Photographie personnelle . Vue depuis la cage d’escaliers vers l’espace vert à l’intérieur de
11 : Iconographie personnelle Plan masse opération Bruges Tasta, Teisseire et Touton. échelle
1.5000eme
12 : Axonométrie schématique d’une loggia au dernier niveau d’un des bâtiments de l’îlot. Maté-
riaux: Béton enduit, menuiseries et encadrements des baies: bois.
13 : Photographie personnelle . Vue de l’intérieur de la loggia.
14 : Photographie personnelle. Vue de la loggia depuis le coeur d’îlot.
15 : Iconographie personnelle. Plan masse - opération «Îlot St Jean», Leibar et Seigneurin.
Échelle 1.5000ème
16 : Iconographie personnelle. Axonométrie schématique d’une serre froide, niveau r+1. Maté-
riaux: Béton banché, menuiseries pvc, stores métalliques.
17 : Photographie personnelle. Vue de la loggia depuis la rue.
18 : Photographie personnelle. Vue de la façade sur rue où prennent place les «serres froides».
19 : Iconographie personnelle. Plan masse opération «Près Lacoste», Leibar et Seigneurin. Échelle
1.5000ème -
Chapitre I : Les espaces intermédiaires ou la promesse d’une
qualité d’usage.
Double page avec titre : Iconographie personnelle. Plan de niveau de l’opération de l’îlot St Jean
E chelle 1.100e (R+4) associé à la vue des loggias en façade.
20 : Iconographie personnelle réalisée à partir du plan de l’opération «les diversités» des archi-
tectes Hondelatte et Laporte, tiré de l’ouvrage : Vers de nouveaux logements sociaux, Silvana
Editoriale, Milan, Juin 2009.
21 : Photographie projet «Les diversités» à Bordeaux, architectes Hondelatte et Laporte. Source :
www.sudouest.fr/2010/06/16/logement-le-bilan-mitige-des-diversites-118022-2780.php
22 : Iconographie personnelle réalisée à partir du plan de l’opération «coming out» d’Edouard
François, tiré de l’ouvrage : Vers de nouveaux logements sociaux, Silvana Editoriale, Milan, Juin
2009.
23 : Photographies des coursives communes qui desservent les logements de l’opération «Coming
Out» à Grenoble d’ Edouard François. Source: Vers de nouveaux logements sociaux, Silvana Edito-
riale, Milan, Juin 2009.
25 : Photographie personnelle. Terrasses en vis à vis du projet «M» Building . Des panneaux de bois
ont été apposés par les habitants pour se cacher des regards.
26 : Photographies personnelles. «Serres froides» du projet des Près Lacoste à Bègles, les espaces
intermédiaires sont totalement vitrés et ouvert sur la rue : l’appropriation est mise en vitrine par
ce lieu.
27 : La Grande Borne, ensemble de plus de 3000 appartements sur un site de 90 hectares.
Source : http://grigny-wood.skyrock.com/3038605687-La-Grande-Borne-decrypter.html
28 : Photographies de S. Lacombe «Une journée dans la vie de la Grande Borne» Source : http://
www.taiga-press.com/features/grande_borne/
33 : Iconographie personnelle. Plan de situation de l’opération «M» Building, 18 rue Rebière, Paris,
échelle 1.200 000e
41 : Photographie personnelle. Vues des espaces intermédiaires des logements du Tasta à Bruges,
en haut à gauche : vue depuis la rive du Canal opposée au projet, eb bas à gauche : vue depuis la
promenade piétonne devant l’opération, à droite : vue depuis le coeur d’ilot.
44 : Photographie personnelle. Vue depuis l’espace commun des terrasses travaillées pour éviter
les regards curieux.
45 : Iconographie personnelle. Bruges Tasta, H. Touton : Plan schématique échelle 1.500e R+1
46 : Iconographie personnelle. Schéma du dispositif de transition du projet de l’Ilot St Jean : des
loggias en façade coté coeur d’îlot- échelle 1.1000e.
47 : Iconographie personnelle. Schéma du dispositif de transition du projet du Tasta : les terrasses
comme articulation volumétrique-échelle 1.1000e.
48 : Iconographie personnelle : Plan schématique de niveau (projet «Îlot St Jean», Leibar et
Seigneurin) et repérage de la loggia étudiée (en rouge) - échelle 1.500e, niveau R+4.
49 : Iconographie personnelle. Plan d’implantation et de proportions des loggias de l’îlot St Jean
échelle 1.500e. Elévation et coupe de la loggia échelle 1.100e
50 : Photographies personnelles. vues prises depuis la loggia analysée, vers le coeur d’îlot.
51 : Photographie personnelle. vue prise de puis le coeur d’îlot, des loggias (positionnées sous la
loggias étudiée).
52 : Iconographie personnelle. Plan d’implantation et proportions des terrasses du projet du Tasta
échelle 1.500eme. Elévation façade ouest et coupe de la terrasse du R+1 échelle 1.100e.
53 : Photographies personnelles. Vues prise dans l’espace de distribution, marques d’appropria-
tion sur le palier mais également à travers les plaques translucides qui donnent sur les terrasses
privatives.
54 : Iconographie personnelle. Axonométrie schématique du projet du M Building.
55 : Photographie depuis une salle de classe du Lycée St Honoré, source : http://www.e-architect.
co.uk/paris/m-building
56 : Iconographie personnelle. Coupe transversale projet Ilot St Jean, rapport de la loggia au
contexte Echelle 1.500e
57 : Iconographie personnelle. Axonométrie éclatée de la loggia avec les principaux éléments
constituants de l’espace.
58 : Photographies personnelles. En haut à droite jusqu’à celle d’en bas à gauche : situation de la
loggias étudiée dans le volume de logements; Porte fenêtre avec menuiseries bois et store intégré;
sol en béton brut et seuil travaillé, rigole de 5cm de large et 1 cm de haut pour évacuation de
l’eau; revêtement de la loggia : béton enduit de peinture blanche, garde corps en béton surmonté
d’une protection métallique.
59 : Iconographie personnelle. Coupe perspective de la loggias avec appropriations. Echelle 1.50e
60 : Iconographie personnelle. Coupe avec appropriations. Echelle 1.50eme.
61 : Photographies personnelles. Vues prises depuis la loggia et depuis le séjour d’un apparte-
ment au R+4.
62 : Iconographie personnelle. Coupe transversale projet des près Lacoste : rapport des loggias à
la rue. Echelle 1.500.
63 : Iconographie personnelle. Axonométrie éclatée de la loggia avec les principaux éléments
constituants de l’espace.
69 : Photographies personnelles. Terrasses prises depuis la rue Rebière et le cimetière des Bati-
gnolles en Octobre 2014. Les appropriations s’installent.
72 : Photographie personnelle. Vue prise depuis le cimetière des Batignolles depuis lequel on peut
observer les appropriations sur les terrasses.
73 : Photographie personnelle. Vue prise depuis la rue qui longe l’opération des Près Lacoste. Les
objets nient totalement l’ouverture : ils s’appuient sur celle ci comme sur un mur opaque.
74 : Iconographie personnelle. «M» Building, S. Maupin : Plan schématique échelle 1.500e R+2.
75 : Iconographie personnelle «Îlot St Jean», Leibar et Seigneurin : Plan schématique échelle
1.500e R+4.
77 : Iconographie personnelle. Bruges Tasta, H. Touton : Plan schématique échelle 1.500e R+1
80 : Photographies personnelles. Différentes appropriations (zooms) des loggias de l’îlot saint Jean
à Bordeaux.
81 : Les terrasses des logements semi-collectifs du Tasta, les appropriations sont limitées, par
petites touches et sont principalement faites à travers des pots de plantes.
83 : Photographie personnelle. Vue des appropriations variées des loggias de l’îlot Saint Jean prise
depuis le coeur d’îlot. Les expressions des habitants oscillent entre parements pour se protéger
des vues et plantations pour agrémenter un espace pratiqué.
84 : Photographie personnelle. Vue d’une «serre froide» appropriée où du mobilier est entreposé
et accumulé. On remarque que la commode s’appuie sur la paroi de verre comme si c’était un mur
opaque.
85 : Photographie des «boites» véritables pièces en plus à ciel ouvert mises en place par E. François
à Montpellier. Source: http://jardinet.unblog.fr/2014/11/27/facades-vegetalisees-exemple-de-
limmeuble-qui-pousse-dedouard-francois/
86 : Photographie personnelle. Le tasta. Cages d’escalier ouverte qui dessert quatre logements.
87 : Photographie personnelle. Projet Ilot St Jean. Espace de distribution ouvert de la rue à l’entrée
du logement. Îlot St Jean.
88 : Vue de la loggia étroite coté rue (1m de large) utilisée par les habitants en prolongement des
espaces intérieurs. Source : http://www.batiactu.com/edito/l-habitat-collectif-vu-de-l-interieur--
diaporama--p9-27874.php
OUVRAGES
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- Léger, J.M., Yves Lion, Logements avec architecte, Le Govic , St Herblain
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WWW.cairn.info/
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http://daniel.pinson-urb.perso.sfr.fr/repgen/UsageCRA2007.pdf
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http://www.ykkap.co.jp/madoken/window/window12.html
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VIDÉOS
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www.pavillon-arsenal.com/videosenligne/collection-423.php
BIBLIOGRAPHIE - 165