HDR VF Allege
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mesures optiques
Laurent Robert
Présentée par :
Laurent Robert
Titre :
Caractérisation mécanique des matériaux à partir de
mesures optiques
Je souhaite adresser en premier lieu mes remerciements aux membres du jury qui m’ont
fait l’honneur d’accepter d’évaluer ce travail d’habilitation à diriger des recherches. Je
remercie donc particulièrement le Pr. John Botsis de l’École Polytechnique Fédérale de
Lausanne, le Pr. Pascal Casari de l’Université de Nantes ainsi que le Pr. Émérite Jean-Luc
Lataillade des Arts et Métiers ParisTech pour avoir accepté de rapporter ce mémoire. Je
remercie le Pr. Yves Berthaud de l’Université de Paris VI - ENS Cachan pour avoir accepté
de présider mon jury. Je remercie enfin les Prs. Jories Degrieck de l’Université de Gand
en Belgique, Michel Grédiac de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, Philippe
Olivier de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Jean-José Orteu de l’École des Mines
d’Albi, le Dr. Jean-Noël Périé, Maı̂tre de conférence HDR de l’Université Paul Sabatier de
Toulouse et enfin le Pr. Bertrand Wattrisse de l’Université de Montpellier 2, de m’avoir
fait l’honneur de participer à mon jury.
Le travail présenté dans ce mémoire d’habilitation à diriger des recherches est le résultat
de plus de dix années passées à l’Institut Clément Ader sur le site de l’École des Mines
d’Albi, l’ICA-A (anciennement Centre CROMeP). Je tiens donc à témoigner ici ma pro-
fonde reconnaissance aux personnes qui m’ont accueilli et qui m’ont permis de développer
mes activités de recherche au laboratoire : Gérard Bernhart puis Thierry Cutard, direc-
teurs du Centre, et Jean-José Orteu, parrain de ce travail d’HDR mais aussi ami, envers
lequel je serai toujours profondément reconnaissant pour son soutien sans faille. Je tiens
bien évidemment aussi à remercier l’ensemble de mes collègues enseignants-chercheurs du
Centre, en particulier ceux avec lesquels j’ai eu plaisir à travailler plus directement, je
pense à Jean-José bien sûr, Vincent Velay, Gilles Dusserre, Vanessa Vidal, mais également
Thierry Cutard, Gérard Bernhart, Fabrice Schmidt, Thierry Sentenac, Philippe Lours, Luc
Penazzi etc., nos ingénieurs Jean-Paul Arcens et Florian Bugarin, ainsi que Didier Ade,
Jean-Michel Mouys et l’ensemble des techniciens du Centre, sans oublier Esther Ramirez
et Cathy Maffre pour la partie administrative et financière. Merci à vous tous, garants de
la bonne ambiance du Centre. Merci aussi à l’ensemble du personnel de l’École des Mines
d’Albi qui nous permet de travailler dans des conditions que beaucoup nous envient.
Ce mémoire est sans nul doute aussi le fruit des travaux des étudiants – doctorants et
stagiaires – avec lesquels j’ai eu plaisir à travailler et sans lesquels ce travail n’aurait pas
cette importance. Je voudrais les remercier sincèrement tous, en premier lieu Mustafa
Demirel, Nicolas Decultot, Sébastien Triollet, Yannick Balcaen et Chistoph David, mais
aussi Fabien Nazaret, Matthieu Mulle, Samia Hmida, Jacques Harvent, Anvar Hamasaiid
et Charles Vergnes.
Avant de finir, je souhaiterais citer ici certaines personnes qui ont compté particulièrement
pour mon parcours professionnel, je pense à Arnaud Poitou et Paco Chinesta à l’ENS
de Cachan, puis Rudy Valette, Bruno Vergnes, Yves Demay, Jean-François Agassant au
CEMEF. Je tiens ici à leur exprimer toute ma reconnaissance.
Enfin, je remercie chaleureusement mes amis et ma famille pour leurs soutiens respectifs,
en particulier mes parents ainsi que mes enfants Adrien et Quentin auxquels je dédie ce
mémoire.
Table des matières
I Dossier personnel 1
1.1.1 Formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
I
II Dossier de recherche 43
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3 Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites 139
II
Présentation du document
Ce manuscrit tente de faire le bilan des activités que j’ai menées depuis ma thèse de
doctorat, lorsque j’ai rejoint l’École des Mines d’Albi cela fait maintenant plus de dix ans.
Sa rédaction est notamment l’occasion de faire le point sur ses activités de recherche, dans
ce métier passionnant mais qui laisse parfois peu de temps pour cela.
Dans la première partie qui constitue mon dossier personnel, je présente mon Curri-
culum Vitæ, puis je détaille mes activités d’enseignement, mes activités administratives,
celles contractuelles ainsi que celles liées à l’animation de la recherche. J’expose enfin une
synthèse de mes activités de recherche et d’encadrement incluant la liste des mes publica-
tions.
La seconde partie est consacrée au dossier de recherche. Elle présente en détail mes deux
thèmatiques de recherche qui sont la corrélation d’images pour la caractérisation méca-
nique des matériaux et les capteurs à fibre optique pour le suivi de procédés composites, et
la manière dont je les ai développées, et propose quelques perspectives de recherche.
La troisième partie regroupe enfin une sélection de mes publications les plus significa-
tives, dans lesquelles le lecteur intéressé trouvera les détails des travaux, suivant les deux
thématiques présentées dans la seconde partie.
Première partie
Dossier personnel
1
1.1. Curriculum Vitæ
Cette première partie du manuscrit présente mon dossier personnel. Celui-ci est scindé
en deux sections, dans lesquelles je résume mes activités professionnelles menées en tant
qu’enseignant-chercheur depuis que j’ai été recruté en septembre 2002 à l’École des Mines
d’Albi.
La première section présente mon Curriculum Vitæ étendu, dans lequel je décris la for-
mation que j’ai reçue, mon statut administratif et un résumé quantitatif de mes activités.
Puis j’expose plus en détail mes activités d’enseignement et mes activités administratives
et collectives. Le point suivant est consacré aux détails des projets et contrats de recherche
auxquels j’ai été associés. Je termine enfin en décrivant mes activités liées à l’animation
de la recherche.
Laurent ROBERT
Maı̂tre-Assistant (hors classe) de l’École des Mines d’Albi
Institut Clément Ader (ICA)
Adresse Professionnelle
École des Mines d’Albi
Campus Jarlard - Route de Teillet
81013 Albi CT Cedex 09
Tél : 05 63 49 32 84 Fax : 05 63 49 32 42
e-mail : laurent.robert@mines-albi.fr
URL : http://www.enstimac.fr/~robert
1.1.1 Formation
3
1.1. Curriculum Vitæ
1997- D.E.A. de Physique et Génie des Matériaux (4ème année ENS de Ca-
1998 chan) option Mécanique et rhéologie des métaux et polymères (UNSA–
Écoles des Mines de Paris) mention TB, obtention d’une allocation de re-
cherche MENRT
1993- Elève fonctionnaire stagiaire à l’ENS de Cachan (installé dans ses fonctions
1998 le 23/09/1993).
4
1.1. Curriculum Vitæ
Thématiques de Recherche :
Projets et Contrats :
Encadrement :
5
1.1. Curriculum Vitæ
Enseignement :
Autres activités :
Mes activités d’enseignement ont débuté lors de mon monitorat à l’Université de Nice
Sophia Antipolis, entre septembre 1998 et septembre 2001, au sein du département de
Mathématiques auquel j’étais alors rattaché. J’y ai effectué 192h de cours/TD de Pro-
babilités et Statistiques appliquées aux Sciences de la Vie en deuxième année de DEUG
Sciences de la Vie et de la Terre (1er cycle). Cette première expérience fut particulièrement
intéressante pour ma formation au métier d’enseignant-chercheur. Je fus en effet amené à
préparer mes premiers cours, TD et énoncés de DS, me rendant ainsi compte de la charge
de travail, sur certaines périodes, que l’enseignement demande au détriment des activités
de recherche – en l’occurrence à cette époque mes travaux de thèse.
À partir de septembre 2002, j’ai effectué presque la totalité de mes activités d’enseignement
au sein de l’École des Mines d’Albi, principalement en formation initiale pour les élèves
sous statut étudiant, avec une petite partie en formation initiale sous statut apprenti.
Le section suivante détaille ces enseignements, celle d’après mes autres activités liées à
l’enseignement.
6
1.1. Curriculum Vitæ
Par an à l’École des Mines d’Albi, j’effectue en moyenne environ 140 heures d’enseignement
devant les étudiants, réparties principalement en TD (70%), TP (20%) et cours (10%). Je
détaille l’ensemble des cours, les heures indiquées correspondant à des heures étudiants.
Certains cours ne sont plus d’actualité depuis le passage de 4 ans à 3 ans de scolarité à
l’Ecole.
o Niveau Master 2, dans le domaine “Ingénierie des Matériaux Avancés et des Structures”
(IMAS), ou bien auparavant dans l’option “Ingénierie des Matériaux” (IM) et “Matériaux
pour l’Aéronautique et le Spatial” (MAS) :
– Au sein du cours “Rhéologie et mise en forme des matières plastiques” (12h) : proprié-
tés physico-chimiques des polymères, écoulement et rhéologie cisaillement, procédés
d’extrusion.
– Au sein du cours “Mesures cinématiques sans contact en mécanique, Photomécanique”
(10h) : mesures de champs et identification en mécanique, mesures de champs cinéma-
tiques par corrélation d’images numériques, photoélasticimétrie, méthodes optiques en
mécanique des fluides, capteurs à fibre optique, TP de corrélation/stéréo-corrélation
d’images.
– Au sein du cours “Composites” (3h) : les polymères thermoplastiques et thermodur-
cissables utilisés en aéronautique (jusqu’en 2008).
– Au sein du cours “Modélisation et Simulation en Mécanique des Matériaux” (9h TD) :
comportement linéaire des matériaux, critères de plasticité orthotrope (depuis 2011).
D’autre part, je dispense des cours/TP de photomécanique (13h étudiant) depuis 2007,
dans l’UE “Mesures Analyses Protocoles” du Master 2 Professionnel de formation en In-
génierie du Diagnostic, de l’Instrumentation et de la Mesure (IDIM, IUP de l’Université
7
1.1. Curriculum Vitæ
Mes autres activités liées à la formation au sein de l’École des Mines d’Albi sont princi-
palement des activités d’encadrement et de tutorat d’étudiants, de correction de rapports
et de jury.
8
1.1. Curriculum Vitæ
Le troisième volet concerne la gestion des projets de recherche (gestion des personnels,
des investissements en équipement et fonctionnement) et des contrats industriels directs,
détaillés dans la section suivante.
Mes travaux de recherche sont menés pour partie dans le cadre de projets de recherche
étatiques ou industriels. Cette volonté des Écoles des Mines à proposer une recherche scien-
tifique sur des problématiques industrielles dans un cadre contractuel permet de soutenir
fortement l’activité de recherche du laboratoire. Mon implication dans ces projets s’est
faite à des degrés divers, de simple participant à responsable de projet, sans compter la
participation à des montages de projets contractuels qui n’ont pas abouti. De plus, j’ai
répondu à un certain nombre de prestations industrielles ou contrats de R&D directs, une
de nos missions dans les établissements du Ministère de l’Industrie (Écoles des Mines).
Rifocs 475L, un soudeuse Fitel S182K, un OSA Advantest Q8384, un banc de micro-traction Thorlabs,
une source supercontinuum Leukos, une centrale d’acquisition NI, une analyseur diélectrique Netzsch DEA
230/10, et deux centrales d’interrogation SmartFibers (Smartscan et Smartscope), auxquels il faut rajouter
l’ensemble des petits équipements nécessaires à l’utilisation et la mise en œuvre de fibres optiques.
9
1.1. Curriculum Vitæ
10
1.1. Curriculum Vitæ
par J.-N. Périé et dans lequel j’interviens pour le co-encadrement d’une thèse). Afin de
valider le concept essai/instrumentation couplé, trois problématiques scientifiques sont
proposées par les autres partenaires (WP3) : la propagation des grandes coupures sous
sollicitations complexes, le calcul à rupture par approche multi-échelles, et la validation
de modèles d’endommagement par des chemins de ruptures complexes.
Durée : 48 mois, main d’œuvre : 260 hm, montant total du projet 2624 ke, subvention
986 ke.
Ce projet permettra le financement d’une thèse en co-encadrement entre J.-N. Périé,
J.-C. Passieux et moi-même sur le WP2, ainsi que 6 hm d’ingénieur de recherche (F.
Bugarin) sous la forme d’une prestation Armines de 40 ke.
11
1.1. Curriculum Vitæ
J’ai honoré un contrat direct (avec Astrium Satellites) et neuf prestations industrielles,
pour un chiffre d’affaire d’environ 80 ke TTC.
o Prestation CEAT/Airbus
– “Mesure de déformation par stéréo-corrélation lors d’essais de traction sur jonction
composite en T” (2007, rapport [98])
– “Mesure par stéréo-corrélation sur éprouvette composite en T impactée en flexion 4
points” (2007)
o Prestations Cryospace
– “Mesure de champs de déformation par stéréo-corrélation sur éprouvettes aluminium
en traction bi-axiale” (2007, rapport [99])
– “Mesure de champs de déformation par stéréo-corrélation sur éprouvettes aluminium
en traction bi-axiale” (2009, rapport [104])
– “Essais de traction simple sur éprouvettes lisses et entaillées Al-Li par stéréo-
corrélation” (2009, rapport [106])
– “Essais de traction simple sur éprouvettes lisses et entaillées Al-Li par stéréo-
corrélation - Deuxième campagne” (2010, rapport [107])
– “Essais de traction et mesure par stéréo-corrélation sur éprouvettes aluminium sou-
dées” (2010, rapport [108])
12
1.1. Curriculum Vitæ
en ce qui me concerne principalement pour les activités liées aux méthodes de corrélation
d’images. Cela inclut l’organisation, la gestion et l’animation scientifique du groupe (19
réunions plénières du GT1 ou du sous-groupe corrélation seul depuis mars 2007), incluant
la préparation de présentations scientifiques, la rédaction des comptes-rendus de séance,
la préparation des dossiers pour le CNRS, la proposition de travaux de type benchmark,
leur analyse et leur valorisation sous forme de publications. Cette activité, relativement
chronophage, est extrêmement enrichissante de par l’ensemble des discussions auxquelles
j’ai pu participer et à travers lesquelles j’ai beaucoup appris. Elle a donné lieu à un article
de revue [9] (qui a d’ailleurs reçu le “Hetényi Award” 2011 de la Society for Experimental
Mechanics (SEM)), un soumis [22] et deux autres en préparation, trois communications
dans des congrès internationaux [38, 47, 56] et deux dans des congrès nationaux et sé-
minaires [93, 73].
Depuis 2011 je suis aussi membre du comité international du Digital Image Correlation
DIC Challenge. Ce challenge pour la corrélation d’images, créé fin 2011 par Phillip Reu
(Sandia National Laboratories, USA), a pour vocation de fournir à la communauté inter-
nationale des utilisateurs/développeurs de méthodes de corrélation d’images un ensemble
d’images tests pour la vérification, les tests et l’amélioration des logiciels. Il se déroule
sous les auspices de la SEM et sous la direction d’un comité international, dont le rôle est
de créer les challenges et donc les jeux d’images tests, de modérer et compiler les résultats
des tests, et enfin d’en interpréter les résultats et d’en assurer la diffusion.
o Jurys de thèse :
– M. Demirel, “Contribution à l’optimisation des mesures de température et de défor-
mation par capteur à fibre optique à réseaux de Bragg : application au procédé de
fabrication de composite par infusion de résine”, thèse Mines Albi / Mines Saint-
Étienne soutenue le 25/09/2009, examinateur.
– M. Fazzini, “Développement de méthodes d’intégration des mesures de champs”, thèse
ENI de Tarbes soutenue le 01/12/2009, examinateur.
– N. Decultot, “Formage incrémental de tôle d’aluminium : étude du procédé à l’aide
13
1.1. Curriculum Vitæ
– Membre du GDR CNRS 2519 depuis 2004 (en tant qu’auditeur jusqu’en 2007).
– Représentant élu des maı̂tres de conférence au Conseil du laboratoire de l’ICA depuis
2010.
– Membre de l’Association Française de Mécanique (AFM) et de la Société Française
d’Optique (SFO).
– Prix de thèse 2002 du Groupe Français de Rhéologie (GFR), qui décerne annuellement
un prix destiné à récompenser les travaux de recherche effectués dans le cadre d’une
thèse dans le domaine de la rhéologie.
– Prix “Hetényi Award” 2011 décerné par la SEM pour l’article le plus remarquable publié
dans la revue Experimental Mechanics, article collectif écrit dans le cadre des travaux
commun du GDR CNRS 2519 “Assessment of digital image correlation measurement
errors : methodology and results”, Exp. Mech. 49(3), p. 353–370 (2009).
14
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Cette deuxième partie de mon dossier personnel présente les thématiques de recherche que
j’ai développé au laboratoire ICA-Albi, puis mes activités d’encadrement. Elle se termine
par la liste de l’ensemble de mes publications et communications.
Très rapidement j’ai été confronté aux limites de ces méthodes optiques, notamment en
terme de résolution et d’incertitudes de mesure : les mesures par corrélation d’images ont
l’immense avantage d’être des mesures de champs denses mais l’inconvénient de présenter
des erreurs nettement plus importantes que les méthodes classiques d’extensométrie élec-
trique ou mécanique. D’autre part, résolutions et incertitudes de mesure sont délicates à
quantifier car la chaı̂ne de mesure est complexe. J’ai donc rapidement cherché à comprendre
le fonctionnement de ces méthodes de corrélation, à analyser leur performance métrolo-
gique et quantifier les erreurs de mesure, ce qui constitue le premier axe scientifique de ce
thème.
Le deuxième axe scientifique est l’apport de ce type de mesure de champs par corrélation
d’images, pour la caractérisation des matériaux au sens large : il s’agit d’utiliser le potentiel
des méthodes de corrélation pour aider à la caractérisation mécanique des matériaux. J’ai
donc surtout œuvré sur des matériaux hétérogènes, comme les bétons et les composites
4. Axe “Mesure des sollicitations Appliquées aux Outillages (MSAO)” lorsque le laboratoire était le
CROMeP (Centre de Recherche Outillages, Matériaux et Procédés).
15
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
organiques, ou sur des matériaux réputés homogènes mais lorsque la sollicitation méca-
nique induit une forte hétérogénéité du champ cinématique (formage incrémental de tôles
métalliques par exemple). Les études que j’ai menées vont des phases exploratoires du com-
portement, avec un fort aspect phénoménologique, jusqu’aux tentatives de comparaison
avec des résultats de simulations numériques.
Il est clair que l’intérêt des mesures de champs est essentiel lorsque les éprouvettes (ou
les structures), comme les sollicitations qui leurs sont appliquées, sont représentatives des
conditions réelles que celles-ci pourraient rencontrer en service. Dans ce cadre, il est parti-
culièrement judicieux de chercher à modéliser correctement le comportement (intrinsèque)
du matériaux. Cette problématique est abordée dans mon troisième axe de recherche sur
ce thème : le couplage entre mesures de champs et simulations numériques pour l’identifi-
cation, par méthodes inverses, de paramètres constitutifs du matériau.
Néanmoins, nous avons aussi rapidement fait le constat qu’un besoin existait au sein du
laboratoire pour des mesures confinées et sans accès visuel, car un certain nombre de pro-
cédés de transformation étudiés au laboratoire utilisent des moules et des outillages fermés
(mise en forme des polymères et des composites par exemple). Après une phase de réflexion,
nous avons fait le choix de nous intéresser aux capteurs à fibre optique afin de pouvoir
effectuer des mesures in situ et faiblement intrusives, en même temps que le laboratoire
commençait à orienter, vers 2004, ses activités de recherche vers les procédés d’élaboration
des pièces composites à matrice organique. Notre choix s’est porté naturellement sur les
capteurs à réseaux de Bragg, qui sont potentiellement parmi les plus intéressants pour les
mesures cinématiques et thermiques. Bien que non opticien à la base, j’ai donc commencé
à développer ce deuxième grand thème de recherche : les capteurs à fibre optique pour le
suivi de cuisson des composites, parallèlement au premier thème, à partir de 2004.
Ce thème se décompose en deux axes. Le premier axe de recherche s’intéresse aux me-
sures de température et de déformations par capteur à réseaux de Bragg, la température
étant l’un des paramètres clés des réactions de réticulation, et la mesure des déformations
permettant notamment d’estimer les contraintes résiduelles de cuisson, critiques pour les
matériaux composites. Le second axe de recherche concerne le suivi de la réticulation, lors
de la cuisson des résines thermodurcissables, par capteur de Fresnel. Cet axe a été déve-
loppé plus récemment devant le constat qu’il n’est pas possible d’interpréter correctement
les réponses des réseaux de Bragg si nous n’avons pas d’information sur l’avancement de
la réaction de polymérisation.
Mon activité de recherche s’est ainsi articulée autour des deux thèmes principaux :
16
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
contrôlées pour caractériser les erreurs en corrélation d’images 2D [9, 12], et une ap-
proche plutôt expérimentale pour caractériser les erreurs en stéréo-corrélation [7, 19],
l’approche à partir d’images synthétiques en stéréo-corrélation étant en cours de dé-
veloppement [91].
– Axe 2 : la caractérisation du comportement des matériaux à partir de mesures par
corrélation d’images. Dans cet axe de recherche des efforts sont faits pour s’assurer
de la confiance que l’on peut avoir dans les mesures, afin de pouvoir effectuer les
bonnes observation et tirer les bonnes conclusions. J’ai travaillé sur de nombreux cas
où la corrélation d’images a été utilisée afin d’analyser la réponse comportementale
de différentes classes de matériaux sous sollicitation diverses : céramiques (béton ré-
fractaire) [6, 7, 19] et composites (à matrice organique) [10, 11, 16] pour des essais
mécaniques, métalliques (alliages d’aluminium et titane alpha) lors de sollicitations
induites par le procédé de mise en forme [13], polymère (élastomère) [25] pour des
analyses de comportement linéaire (élastique) ou non-linéaire (endommagement, plas-
ticité, fluage), en petites ou grandes déformations. La plupart des résultats sont plutôt
phénoménologiques, quelques démarches de comparaisons avec des résultats de calculs
ont aussi été menées.
– Axe 3 : l’identification inverse de paramètres constitutifs à partir d’essais hétérogènes
et de mesures par corrélation d’images. Dans cet axe de recherche j’ai privilégié une
méthode qui me paraı̂t la plus intuitive et versatile, la méthode de recalage de modèles
éléments finis (FEMU en anglais). Je l’ai appliquée à l’identification de paramètres
de comportement en plasticité pour un alliage d’aluminium [17], et actuellement en
élasticité orthotrope pour un composite stratifié [57].
o Thème 2 : les capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites, avec 2
axes de recherche :
– Axe 1 : la mesure de température et de déformations par capteur à réseaux de Bragg.
Les premiers travaux ont consisté à estimer les incertitudes de mesures que l’on pou-
vait obtenir avec ces capteurs. Dans un deuxième temps, nous avons essayé d’analyser
la réponse spectrale complète afin d’estimer les gradients de température ou de défor-
mation vus par le réseau, en développant un modèle de type matrice de transfert. Ce
modèle fut ensuite intégré dans une boucle d’optimisation à des fins d’identification
inverse des gradients [69]. D’autre part, nous avons œuvré sur la problématique du
découplage des informations cinématiques et thermiques, principalement en dévelop-
pant un capteur intrinsèque à base de réseaux de courte et longue période superposés.
Ce capteur a été caractérisé puis validé avec succès intégré à une éprouvette [14] ou
lors de l’élaboration de pièce composite par voie liquide [18].
– Axe 2 : le suivi de réticulation par capteur à fibre optique. Nous avons développé pour
cela un capteur de Fresnel en bout de fibre, et proposé une méthodologie couplant
la mesure à un modèle thermo-cinétique de cuisson [20]. Cette démarche permet le
suivi de réticulation dans des circonstances de cuisson isotherme et anisotherme. A
partir de l’ensemble des informations issues des capteurs à fibre optique, nous avons
pu évaluer correctement des déformations induites lors de la cuisson [23].
17
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Tout d’abord, il faut noter qu’un certain nombre de travaux de recherche du centre ICA-
Albi se sont appuyés, depuis mon arrivée au laboratoire, sur des mesures de champs ciné-
matiques par corrélation/stéréo-corrélation d’images. J’ai donc naturellement été sollicité
de manière régulière pour aider les doctorants à effectuer ce type de mesure, en appor-
tant ma contribution technique et scientifique. Sur ce type d’activité lié à la mesure, mon
implication est en général relativement ponctuelle. Certaines fois néanmoins, des études
scientifiques plus considérables sur ce thème ont pu être menées, en lien avec différents
travaux de thèses qui se sont déroulés au sein du laboratoire ou hors du laboratoire, bien
que celles-ci ne constituèrent pas le cœur du sujet de la thèse. Ce sont ces travaux, dans
lesquels j’ai contribué de manière plus limité, que je détaille à présent.
– Mesures et analyses des déformations locales par corrélation d’images à l’échelle me-
soscopique sur une fonte FGS dans le cadre de la thèse de Karine Bavard (dir. G.
Bernhart). Ces mesures ont montré que le développement d’une certaine hétérogénéité
spatiale des déformations coı̈ncidait avec l’apparition puis le développement de la plas-
ticité.
18
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
– Travaux liés à la thèse de Talel Ben Mbarek. Cette thèses’est déroulée en co-tutelle
entre la Faculté des Sciences de Tunis (dir. H. Sammouda) et l’Université de Pau et
des Pays de l’Adour (dir. B. Charrier), avec une collaboration avec l’ICA-Albi (J.-J.
Orteu et moi-même) pour nos moyens et notre expertise en corrélation d’images. J’ai
été amené en réalité à encadrer toute la partie expérimentale du travail du doctorant,
qui s’est déroulée sur trois périodes de quatre ou cinq mois à l’ICA-Albi 5 . La thèse
intitulée “Utilisation d’une méthode optique sans contact pour décrire le comportement
mécanique de composite bois/plastique” s’est soutenue le 16 décembre 2011 à Mont de
Marsan. Dans cette étude, les propriétés mécaniques et la microstructure du compo-
site bois/plastique à base de Polyéthylène Haute Densité (PEHD) et de fibres de Pin
Maritime ont été caractérisés. Le comportement en traction et en flexion 4 points a
été étudié en utilisant des mesures par corrélation d’images pour un certain nombre de
formulations (dépendant du pourcentage de bois, de l’ajout d’additif permettant le gref-
fage par copolymérisation, ou bien le greffage de chaı̂nes carbonées par acétylation). La
5. Dans les faits, j’ai largement co-encadré cette thèse, jusqu’à la correction complète du manuscrit.
19
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Sont maintenant listées les thèses que j’ai co-encadrées entièrement, depuis la définition
du sujet jusqu’à la correction du manuscrit complet. Chaque travail de thèse est détaillé
dans la suite du manuscrit par un fiche synthétique.
20
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
21
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Contribution :
– Formation aux techniques de stéréo-corrélation d’images
– Participation aux essais de traction et de bullage d’élastomère
– Traitement et interprétation des résultats des mesures cinématiques
– Participation à la mise en place de la procédure d’identification inverse à partir de la
mesure du contour de la bulle
22
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Contribution :
– mise en place des équipements optiques, formation aux technologies fibre optique et
support pour les travaux concernant l’acquisition et le traitement du signal
– analyse des résultats (budget des incertitudes et aspects métrologiques, travaux de dé-
couplage de la température et de la déformation)
– développement et mise en place du banc d’étalonnage
– participation aux développements de la méthode des matrices de transfert, identification
inverse et expériences de gradients thermiques (point chaud) et cinématiques (essai de
traction, corrélation d’images) et interprétation
Résumé : Les procédés de fabrication des matériaux composites peuvent être instrumentés
par capteur à fibre optique (CFO) à réseaux de Bragg (FBG) pour la mesure de la tem-
pérature et la déformation in situ au cœur des matériaux. Dans ce travail, nous détaillons
les principes physiques des capteurs FBG ainsi que ses sensibilités. Une étude métrolo-
gique permet d’optimiser les incertitudes de mesure, qui interviennent dans la chaı̂ne d’ac-
quisition : interrogation, traitement du signal (échantillonnage, modèles d’ajustement du
spectre) et étalonnage (banc de micro-traction mécanique et thermique). La non-linéarité
des réponses, la sensibilité croisée et la dérive thermique sont abordées. Puis, nous nous
intéressons à l’intrusivité du capteur dans son environnement. Il est ensuite question du
découplage de la température et de la déformation. Parmi les techniques de découplage,
deux sont retenues : celle qui combine un thermocouple et un FBG, et celle basée sur des
réseaux de différentes longueurs d’onde superposés sur une même fibre. Le capteur FBG
est appliqué au suivi de déformation/température lors de la cuisson de résines époxydes.
Enfin, les capteurs FBG sont introduits dans le procédé de fabrication de composite de
type LRI (Liquid Resin Infusion) afin de suivre les cycles de températures et de déforma-
tions au cours de la cuisson. La dernière partie des travaux traite de la mesure de gradient
de température ou de déformation à partir du spectre du FBG. L’identification inverse
des gradients, basée sur la méthode de simulation par matrices de transfert couplée à une
méthode d’optimisation, est proposée. Après avoir validé la méthode sur des cas pure-
ment simulés, l’identification des gradients est testée à partir d’expériences permettant
d’appliquer un gradient thermique ou mécanique au capteur FBG.
23
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Contribution :
– Formation aux techniques de corrélation/stéréo-corrélation d’images
– Dépouillement d’essais (traction hétérogène, formage)
– Interprétation des résultats des mesures cinématiques
– Participation à la mise en place de la procédure d’identification FEMU, analyse et
publication
24
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Titre : Développement d’un capteur à fibre optique à base de réseaux de Bragg superposés
de courtes et longues périodes : application à la mesure discriminée de température et de
déformation
Encadrement : L. Robert (50%) ; E. marin (40%) et Y. Ouerdane (dir., 10%) (équipe
“Composant à Fibres Optiques et Photosensibilité” du Laboratoire Hubert Curien - UMR
CNRS 5516, Université de Saint-Étienne)
Financement : Allocation Mines Albi, puis ATER de l’Université de Saint-Étienne
Thèse de Doctorat : École doctorale de Saint-Étienne SIS 488, Université Jean Mon-
net de Saint-Étienne, Spécialité : Optique, Photonique et Hyperfréquence, soutenue le 3
décembre 2010 (rapporteurs : J. Botsis et D. Leduc)
Situation actuelle : Ingénieur d’études chez Alliance LED
Publications associées : 2 RICL [14, 18], 4 ACI [44, 46, 49, 52], 1 ACN [75], 1
OSA [87]
Contribution :
– participation aux expériences sur éprouvettes métalliques et lors de procédés composite
– mise en place des expériences sur procédés composites
– analyse des résultats expérimentaux et publication
Résumé : Les capteurs à fibre optique (CFO) présentent des qualités intéressantes pour le
suivi des procédés d’élaboration des matériaux composites à matrice organique. Parmi eux
les plus prometteurs sont les capteurs à base de réseaux photo-inscrits (multiplexalbles et
sensibles à la température et la déformation). Cependant ces deux sollicitations nécessitent
d’être découplées. Le travail de thèse traite du développement d’un CFO basé sur la
superposition d’un réseau longue période (LPG) et courte période (FBG) discriminant
intrinsèquement la température de la déformation. Dans un premier temps, les travaux
portent sur le développement (i) du capteur proprement dit (optimisation de l’inscription,
de la reproductibilité, des sensibilités et de l’efficacité du découplage et de la mise en
œuvre d’un tel composant) et (ii) du traitement du signal. Nous montrons que ce type de
structure permet le multiplexage d’au moins trois capteurs sur une FO. Les étalonnages
mettent en évidence une erreur de l’ordre de 2 % sur la sensibilité à la température et de
3 % sur la sensibilité à la déformation, soit des erreurs de l’ordre de 0,3 °C et 3 µε sur
une plage de [25 °C - 130 °C] et [0 - 1800 µε], respectivement. Dans un souci applicatif,
le capteur LPG/FBG est d’abord utilisé pour instrumenter une éprouvette métallique
soumise simultanément à des variations de température et de déformation. Les valeurs
mesurées présentent une incertitude maximale de 0,45 °C et de 3 µε sur la plage de [30 °C
- 100 °C] et [0 - 1500 µε] respectivement, ce qui valide le composant. La seconde application
est relative à l’instrumentation de pièces composites stratifiées de type verre/époxy pour
le suivi des procédés d’élaboration voie liquide : RTM (Resin Transfer Molding) et LRI
(Liquid Resin Infusion). Après une analyse de la cuisson de la résine seule, lors des procédés
l’évolution de la température et de la déformation est suivie par le capteur LPG/FBG.
Des mesures diélectriques sont également réalisées. L’ensemble de ces mesures permet
d’appréhender l’analyse du comportement du matériau au cours de ces procédés.
25
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Titre : Etude des mécanismes de déformation d’un alliage de Titane en Formage Incré-
mental
Encadrement : P. Lours (dir., 10%), L. Robert (30%), V. Velay (30%), V. Vidal (30%)
Financement : Demi-allocation Mines Albi et demi-financement Région Midi-Pyrénées
dans la cadre du projet RTT “Formage Avancé du Titane” (FAT)
Thèse de Doctorat : École doctorale MEGEP (Mécanique, Energétique, Génie civil,
Procédés), Université Paul Sabatier - Toulouse 3, spécialité : Génie Mécanique, Mécanique
et Matériaux, soutenance prévue en juin 2013
Situation actuelle : ATER à l’ENI de Tarbes
Publications associées : 2 ACI [54, 55], 1 OSA [88], 1 ASA [92]
Contribution :
– Formation aux techniques de corrélation/stéréo-corrélation d’images
– Essais de traction sous MEB et mesure de champs associés
– Dépouillement d’essais (traction, formage)
– Interprétation des résultats des mesures cinématiques
Résumé : Cette thèse traite du procédé de formage incrémental simple point (SPIF Single
Point Incremental Forming) d’un titane commercialement pur (grade 2) et l’approche vise
à mettre en relation les mécanismes de mise en forme de la pièce avec la réponse micro-
structurale du matériau. Dans un premier temps, l’anisotropie des tôles et la viscoplasticité
du matériau ont été quantifiées et expliquées. Puis nous nous sommes attaché à décrire
la mécanique du procédé SPIF par des campagnes d’essais sur le pilote de formage incré-
mental instrumenté pour les mesures des efforts de formage et des champs de déformation
à la surface de la pièce par stéréo-corrélation d’images numériques. Les principales avan-
cées de cette étude concernent la quantification des champs de déformation en tête de
poinçon, la mise en relation de l’effort de formage avec les niveaux de déformation ob-
tenus, ainsi que la quantification des effets de l’anisotropie du matériau et l’estimation
des champs de vitesse de déformation induite par le procédé. La deuxième partie de cette
étude a été consacrée à la réponse microstructurale du matériau. Ont été comparées les
microstructures de pièces formées par SPIF à celles d’échantillons sollicités à des niveaux
de déformation comparables mais de manière monotone et sous conditions de contraintes
planes. L’analyse microstructurale a été menée principalement à deux échelles : d’une
part l’échelle mésoscopique (polycristal) par des techniques de microscopie électroniques
à balayage (MEB, EBSD) et diffraction des rayon X (DRX), d’autre part l’échelle mi-
croscopique (mécanismes de déformation élémentaire) par des techniques de microscopie
électroniques en transmission (MET). A un premier niveau d’analyse, on montre que seule
la sollicitation de SPIF engendre une accommodation de la déformation par des méca-
nismes de maclage, on observe aussi des arrangements particuliers de dislocation. Cela a
permis aussi de caractériser à ces échelles l’influence de l’anisotropie du matériau et du
niveau de déformation.
26
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Contribution :
– Formation aux techniques de corrélation d’images
– Essais de traction, instrumentation et mesures
– Interprétation des résultats (caractérisation métrologique, identification inverse)
Résumé : L’objectif de cette thèse est de proposer et tester des solutions d’identification
inverse de paramètres constitutifs à partir de mesures de champs obtenues par technique
de corrélation d’images, appliquées à des matériaux composites stratifiés. Dans ce travail,
une des originalités vient du fait qu’on propose d’utiliser une approche multi-échelles (donc
multi-résolutions) pour identifier ces paramètres matériaux, en couplant les mesures avec
un calcul éléments finis. Dans un premier temps, les travaux sont menés sur un composite
stratifié élastique orthotrope, à partir de l’essai classique de plaque perforée en traction
uniaxiale. Concernant l’approche multi-échelles, la mesure en champ lointain (c’est-à-dire à
l’échelle de la structure) fournit des conditions aux limites pertinentes aux calculs éléments
finis. Les mesures en champ proche, quant à elles, d’une part focalisent sur les zones qui
font réagir la structure, afin d’augmenter la sensibilité de la méthode d’identification, et
d’autre part assurent des incertitudes de mesure acceptables puisque la résolution spatiale
est largement améliorée. Reposant sur une technique de corrélation 2D globale avec une
description cinématique basée sur des fonctions de forme éléments finis, la méthode de
recalage de modèles éléments finis (FEMU) que nous développons utilise donc un seul et
unique maillage lui-aussi multi-échelles (et donc plus ou moins raffiné), ce qui permet aussi
de s’affranchir des erreurs d’interpolation. Pour cela une attention particulière est portée
au recalage des images par rapport au maillage. Dans un deuxième temps, une méthode
intégrée est proposée : la fonctionnelle à minimiser intègre la partie relative à la mesure et
la partie traduisant l’équilibre mécanique de la structure, régularisant mécaniquement le
champ cinématique à trouver et donnant les paramètres optimaux associés. Les derniers
travaux porteront sur l’application de ces approches à un modèle de comportement non-
linéaire.
27
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Contribution :
– Formation aux techniques de corrélation d’images
– Essais statique de coupe sur machine de traction et mesure par corrélation d’images
– Interprétation des résultats
28
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
– Charles Vergnes : 6 mois sur contrat inter-Carnot ANR ELICo-CP 2007 P2IC 003,
et 3 mois sur contrat Carnot-Mines N° 08 AI 3 6 CROMeP pour mener des travaux sur
le suivi de polymérisation de résine époxy et de composites stratifiés verre/époxy par
multi-instrumentation (capteur à fibre optique FBG et capteur réfractomètre de Fresnel,
capteur diélectrique). Travaux sur le contrôle de cuissons isothermes et anisothermes par
réfractomètre à fibre optique et capteur FBG exploités dans [20, 23].
Stages de Master 2
29
1.2. Synthèse des activités de recherche et d’encadrement
Stages de Master 1
– Cyril Forest : “Mesure de champs de déformation par corrélation d’images lors d’essais
de traction sous MEB : mise en œuvre et application au titane T40”, Master 1 “Sciences
pour l’ingénieur, Matériaux, Management de Projet et qualité, Energies Renouvelables”
spécialité matériaux, Université de Poitiers, année universitaire 2010-2011 (co-tutrice V.
Vidal, ICA-Albi/SUMO).
– Benoı̂t Jouanicou : “Intégration de fibre optique à réseaux de Bragg dans des ou-
tillages métalliques”, Master 1 IUP “Génie des Matériaux et Management”, Université
de Poitiers, année universitaire 2005-2006 (co-tuteur J.P. Arcens, ICA-Albi/MICS).
30
Types de publication Sigles Nombre
Articles de revues internationales avec comité de lecture RICL 20 (+3)
Articles de revues nationales à comité de lecture RNCL 2
Articles de revues de vulgarisation scientifique RVS 2
Brevet BR 1
Communications avec acte dans un congrès international ACI 29
Communications avec acte dans un congrès national ACN 19 (+2)
Communications orales sans acte dans un congrès OSA 11 (+2)
Communications par affiche sans acte dans un congrès ASA 1
Séminaires et exposés SE 2
Édition d’ouvrage ou d’acte de conférence ED 1
Rapports de recherche interne RI 2
Rapports de projets, contrats et prestations RPC 17
La liste des références est détaillée dans la suite. Comme je l’ai déjà précisé, toutes mes
publications sont repérées par un nombre en gras entre crochet qui est gardé dans tout le
manuscrit, par exemple [1]. Les autres références bibliographiques sont désignées par des
lettres combinées à des chiffres (par exemple [Ras99]) afin de les différentier de mes propres
références.
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8p., International Conference on Experimental Mechanics (ICEM’14), Poi-
tiers, France (july 2010). EPJ Web of Conferences 6, 34003 (2010).
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XVème Congrès Français de Mécanique, Nancy (sept. 2001).
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technologique instrumentée par réseaux de Bragg : comparaison et validation de mé-
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tale par photoélasticimétrie de la localisation de la pression de contact d’une tôle en
glissement sur un rayon de matrice d’emboutissage, 8p., Colloque Photomécanique
2004, Albi (mai 2004).
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de Bragg fibré, 3p., 25èmes Journées Nationales d’Optique Guidée (JNOG),
Metz (nov. 2006).
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2008 (31 pages).
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des éprouvettes en résine, rapport de prestation Schneider Electric, janvier 2009 (11
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25 p.
42
Deuxième partie
Dossier de recherche
43
44
2.1. Introduction
2.1 Introduction
6. J’utilise des guillemets ici car, d’une part la condition classique de Diriclet pour les fluides est le
contact collant, et d’autre part le glissement de ce genre de fluide complexe est différent du glissement
observé pour les solides, et ses mécanismes physiques sont encore controversés.
45
2.1. Introduction
46
2.1. Introduction
à caractériser est impossible. De cette constatation a émergé l’idée qu’il fallait savoir aussi
mesurer in situ, au cœur des structures et des matériaux, et de manière simple et peu
intrusive, afin de caractériser le matériau lors de son élaboration ou de son comportement
en service. Le domaine d’application par excellence est celui des procédés de fabrication
des composites, et les candidats les mieux adaptés pour cette tâche sont les capteurs à
fibre optique, et en particulier les capteurs à réseaux de Bragg. J’ai ainsi développé ce
deuxième thème de recherche à partir de 2004.
– Dans la première partie, après avoir rappelé les principes des méthodes de cor-
rélation et stéréo-corrélation d’images, je décris les travaux relatifs à l’estimation
des performances métrologiques de ce type de méthode, premier axe de recherche.
La maı̂trise de ces outils de mesure est en effet primordiale avant la mesure en
elle-même et surtout les interprétations que l’on en fait. Une partie des travaux sur
ce thème de recherche s’est faite à l’École des Mines d’Albi, afin de comprendre et
maı̂triser les outils que j’avais à disposition, mais la majeure partie de ces travaux
s’est faite au sein du GT1 du GDR 2519 auquel je me suis rattaché à partir de 2004
et qui m’a permis une ouverture sur la communauté photomécanicienne Française et
l’opportunité d’apprendre et de travailler avec des collègues brillants. Il s’agit donc
bien évidemment de travaux communs.
– La deuxième partie présente l’ensemble des études que nous avons pu mener grâce
à l’utilisation directe des mesures de champs par corrélation d’images, afin de
caractériser le comportement de divers matériaux sollicités lors d’essais mécaniques
(composites, céramique) ou lors de procédés de fabrication (matériaux métalliques),
en collaboration avec des collègues du laboratoire ou extérieurs.
– J’ai séparé de cela, dans la troisième partie, l’utilisation plus particulière des mesures
de champs par corrélation d’images pour l’identification de paramètres de modèles
de comportement par méthode inverse, troisième axe de recherche, afin d’insister sur
la spécificité de la méthode de recalage de modèles éléments finis que nous avons
développée, toujours en collaboration avec des collègues du laboratoire.
o Le deuxième chapitre porte sur la thématique des capteurs à fibre optique et de leur
application pour la caractérisation des matériaux composites lors de leur élaboration.
Je décris tout d’abord mes travaux sur les mesures de température et de déformation
par capteurs à réseaux de Bragg fibrés, qui constituent le premier axe de recherche de
ce thème : développement de capteurs adaptés au découplage des effets thermiques et
mécaniques, et apport de ces mesures thermiques et cinématiques pour l’analyse et le
suivi de procédés de fabrication de pièces composites par voie liquide. Le deuxième axe
concerne le suivi de la réticulation, lors de la cuisson de résines thermodurcissables, par
47
2.1. Introduction
capteur de Fresnel. L’ensemble des informations issues de ces capteurs à fibre optique
permet d’accéder aux paramètres clés des procédés de fabrication des pièces composites.
Ces travaux sont aussi tous issus de collaborations scientifiques inter- mais aussi extra-
laboratoire.
o Enfin, le troisième chapitre établit un bilan de mes travaux et dresse quelques perspec-
tives de recherche.
48
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
49
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Une fois un peu mieux maı̂trisée la technique et quantifiées les incertitudes de mesure, je
décrirais dans la section 2.2.3 page 89 l’apport qu’ont constitué ces mesures de champs par
corrélation d’images pour l’analyse et la caractérisation du comportement de matériaux,
deuxième axe de recherche. Ces matériaux sont sollicités lors d’essais mécaniques (princi-
palement des céramiques et des matériaux composites) ou bien lors de leur mise en forme
par le procédé de fabrication de formage incrémental en ce qui concerne les matériaux
métalliques (aluminium et titane).
La dernière partie, section 2.2.4 page 121, traitera de l’identification inverse de paramètres
constitutifs par la méthode de recalage de modèles éléments finis et utilisation de mesures
de champs par corrélation d’images, troisième axe de recherche. Cette méthode est appli-
quée à l’écrouissage d’alliage d’aluminium, puis à l’élasticité orthotrope de stratifié avec
une approche multi-résolutions actuellement en développement.
10. La plus petite variation mesurable du mesurande, ici déplacement ou déformation. On peut convenir
de caractériser cette résolution par l’écart-type du bruit de mesure [Sur05].
11. L’incertitude de mesure est la plage probable dans laquelle peut se trouver la valeur vraie du mesu-
rande du fait des différentes erreurs de mesure. La composante aléatoire de ces erreurs correspond au bruit
de mesure pouvant être évaluée par la résolution lors d’une étude de répétabilité (ensemble des paramètres
le plus invariant possible). La composante systématique est égale à la dispersion des erreurs systématiques
(par exemple liées aux erreurs sur les valeurs des paramètres de modèle géométrique), qui peut être évaluée
par une étude de reproductibilité (N opérations de mesure différentes du même mesurande) [Sur05].
50
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Cette section s’inspire largement des ouvrages de référence et des articles de revues que
l’on peut trouver sur le sujet, principalement [BHR06, SOS09, RRH09, PQXA09, GH11], et
pour ce qui concerne les manuscrits de thèse [Dou00, Gar01, Cor05, Har10].
La technique expérimentale
Cette technique de mesure s’est énormément développée dans les laboratoires de méca-
nique et dans les entreprises depuis la fin du siècle dernier, en grande partie grâce à son
extrême simplicité apparente dont l’idée majeure est la suivante : sous certaines hypo-
thèses, la déformation de surface d’un échantillon est la même que la déformation de son
image. Proche dans le concept de la vélocimétrie par images de particule (PIV ) utilisée en
mécanique des fluides et dont elle s’inspire, cette technique permet d’obtenir une mesure de
champ cinématique c’est-à-dire en un nombre de points relativement dense (par opposition
aux méthodes de suivis de marqueurs ou de grille [Par82]). C’est une technique optique
sans contact et faiblement intrusive, permettant des mesures sur de grandes plages de
dimension d’échantillon : de l’échelle nanomètrique 12 ou micrométrique à partir d’images
en microscopie optique [YKH10] ou électronique (MEB) [Dou00, Jin04, SLG+ 06, BJH10],
12. Pour la mesure aux très petites échelles, les techniques optiques basées sur la phase de la lumière
(techniques interférométriques) présentent en général des franges (contours des déplacements) avec un
bon contraste pour des déplacements jusqu’à un ou deux ordres de grandeur inférieurs aux longueurs
d’onde des lasers utilisés (typiquement jusqu’à 10 nm), mais elles sont souvent impossibles à mettre en
œuvre pour des longueurs d’onde en dessous du spectre visible. Par contre, pour les techniques basées sur
l’amplitude (corrélation d’images), la résolution de la mesure de déplacement n’a en théorie pas de limite
dès lors qu’on peut augmenter le grossissement en utilisant des techniques d’imagerie adaptées (MEB,
AFM, MET), puisque cette résolution est directement liée à la dimension physique du pixel dans l’image.
Attention, la résolution en déformation, par contre, est constante, toute chose étant égale par ailleurs,
puisqu’elle s’exprime comme un rapport proportionnel à la résolution de la mesure de déplacement dans
l’image (en pixel) sur la base de mesure dans l’image. Dans la pratique, cependant, la résolution de la
mesure de déplacement peut être largement limitée, par exemple par les fluctuations d’intensité lumineuse,
le bruit aléatoire, et la déformation à mesurer elle-même.
51
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
d’images AFM [XSL08] ou même d’images MET [CBL+ 12] à des échelles allant jusqu’à
plusieurs mètres [HSM03a], et sur de grandes plages d’échelles de temps d’expérience en
utilisant des techniques d’imagerie ultra-rapide [TSM07, HM08, RM08, PST11].
Depuis son développement en vision monoculaire dans les années 1980 [PR82, SWPM83],
puis en stéréovision dans les années 1990 à 2000, et pour l’imagerie volumique (tomogra-
phie) depuis 1999 [BSFS99], l’utilisation des méthodes de corrélation d’images n’a cessé
de croı̂tre en mécanique, comme l’atteste, figure 2.1, l’évolution du nombre d’articles de
revues scientifiques répondant à la phrase-clé “digital image correlation” référencés sur le
site ISI Web of Knowledge (recherche effectuée en novembre 2012, 1435 articles au total,
et bien plus si on élargit la recherche).
Figure 2.1 – Nombre d’articles de revues scientifiques avec la phrase-clé “digital image
correlation” référencés sur le site ISI Web of Knowledge (nov. 2012).
Pratiquement tous les domaines de la mécanique des structures et des matériaux font
maintenant appel à cette méthode expérimentale. Le lecteur intéressé pourra trouver dans
l’ouvrage de Sutton, Orteu et Schreier [SOS09] ou dans l’ouvrage collectif coordonné par
Grédiac et Hild [GH12] un large panorama des applications. On se limitera à citer, en étant
loin d’être exhaustif, quelques applications de la corrélation d’images dans les domaines
suivants :
– la mécanique des sols [BVGNM10] et le génie civil [LS06, YKI+ 07] ;
– la mécanique de l’endommagement/fissuration : déformation en pointe de fis-
sure [LCS+ 89, LCSP93], évaluation de propagation de fissure [DMPA12], de fac-
teurs d’intensité de contrainte [YMT06, RGMC05, RRH09, DDBP11] et de l’integrale-
J lors d’essais CTOD (Crack-tip Opening Displacement) et CTOA (Crack-tip Ope-
ning Angle) [CCTD93, DS94, HSC94, TZHT10], évaluation de l’endommagement [ZXL+ 04,
WCC11] ; suivi de fatigue [KYM+ 02] et fissuration [VVLG09] ;
– la localisation et les instabilités en déformation plastique de métalliques : stric-
tion [Wat99, WCMNG01], bande de ludders [APSY08], bandes de Portevin - Le Cha-
telier [BHR06] ;
– la caractérisation des procédés de fabrication : analyse de la coupe des matériaux (métal-
liques [HM08] ou composites [Zit04]), mise en forme de tôle [ABGW99, GOP02, RSS+ 11],
52
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Lorsque cette technique est utilisée à partir d’images 3D volumiques (Digital Volume
Correlation) [BSFS99, SBR02], ces dernières peuvent provenir de tomographe à rayons
X haute résolution, comme celui de l’Installation Européenne de Rayonnement Synchro-
tron de Grenoble [LBD+ 07, LR+ 10], de µCT (micro-Computed Tomography) de labo-
ratoire [VvRH04, FMA+ 08, HBD+ 10, SSF12, HBM12], d’images 3D obtenues à l’aide de
microscope confocal à balayage laser [FHM+ 07], d’imagerie par résonance magnétique
(IRM) [BGG+ 09], d’images médicales ultrasonores (échographie 3D) [HKK12], ou bien
d’images en lumière diffuse dans des matériaux modèles transparents [GDD07]. Les appli-
cation concernent par exemple la mécanique des sols [LBD+ 07, HBD+ 10], du bois [FMA+ 08],
la bio-mécanique [VvRH04, BGG+ 09, HBM12, HKK12], les matériaux granulaires [SSF12], la
propagation de fissure en fatigue de fonte [LR+ 10], etc. Le passage des images 2D (ou 2D
surfaciques) aux images volumiques pose principalement des difficultés liées à l’imagerie
tomographique elle-même : application limitée aux matériaux présentant un contraste en
volume, bruit et artefact d’acquisition et de reconstruction et qui peut nécessiter d’impo-
ser des régularisations mécaniques [RTTB+ 11], volume de données à traiter important qui
peuvent justifier l’utilisation de méthode de réduction de dimension [PP12].
53
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Afin de trouver la transformation apparente Φ(x) entre les deux images, la méthode uti-
lise un algorithme de traitement d’image spécifique. Celui-ci est basé sur un critère de
ressemblance (critère de corrélation) entre les deux images (ou entre deux domaines cor-
respondants aux voisinages du point matériel considéré), ce qui nécessite notamment un
contraste d’image à l’échelle de la mesure qui accompagne le mouvement matériel (conser-
vation du flot optique [HS81, LK81]). Il n’y a donc, par hypothèse, dans l’image déformée,
aucune altération de l’image de référence autre que celle due à son advection par la dé-
formation : pas de changement du contraste, de la luminance, de modification du bruit,
de reflet spéculaire, etc. Cette texture d’image (ou mouchetis) doit être aléatoire (pour
l’unicité de la solution), non répétitive, isotrope et de fort contraste. Elle est, pratique-
ment, obtenue soit de manière naturelle (béton, bois), soit par projection de peinture en
spray, par dépôt de poudre, par photolithographie, soit par un éclairage par un laser (effet
speckle 14 ), ou à l’aide simplement d’un stylo (par exemple pour les élastomères [25, 39]),
ou par des techniques spécifiques suivant la provenance des images, comme il est proposé
pour des images MEB dans [SLS+ 07]. Nous verrons que le contenu de cette texture en
fréquence, amplitude, gradient de niveaux de gris et bruit joue un rôle important sur les
performances de la méthode en terme d’incertitude de mesure des déplacements.
Une fois le champ de déplacements u(x) trouvé, le champ de déformations (quelque soit
la forme choisie) en est déduit, le plus souvent par dérivation discrète sur un certain do-
maine définissant ainsi la résolution spatiale 15 en déformation, c’est-à-dire la taille de la
jauge optique. Comme le champ de déplacements est bruité, des méthodes de lissage du
13. Il est d’usage anglo-saxon de qualifier la stéréo-corrélation de 3D-DIC bien qu’il ne s’agisse que d’une
mesure du champ de déplacement 3D en surface uniquement, par opposition à une mesure volumique que
l’on appellera Digital Volume Correlation (DVC) voire Volumetric Digital Image Correlation (V-DIC).
14. Figure d’interférence complexe créée par réflexion d’une lumière cohérente sur une surface non par-
faitement plane et liée à la rugosité de cette dernière. La texture suit donc la matière si la rugosité est
conservée.
15. La résolution spatiale est communément définie par la plus petite distance séparant deux points que
l’instrument de mesure arrive à distinguer ou à mesurer de manière indépendante. Elle peut être aussi
définie comme l’inverse de la fréquence de coupure spatiale du signal à partir de laquelle les fréquences
plus élevées (correspondant aux gradients importants) ne sont pas vues [Sur05].
54
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
champ de déformations sont utilisées pour filtrer le bruit des données brutes de dépla-
cement [AFPV10, ZZP+ 12]. Ces méthodes peuvent être classées en deux catégories : les
méthodes de lissage locales, dans lesquelles le filtrage est réalisé sur un petit domaine (par
exemple par ajustement aux moindres carrés du champ par une fonction appropriée sur
ce domaine, ou bien par la méthode d’approximation diffuse), et les méthodes de lissage
globales qui prennent en compte l’ensemble du champ (typiquement, en approximant le
champ sur des bases de fonction de type éléments finis). Reste que le choix de la longueur
de base et la définition de la résolution spatiale réelle est souvent problématique.
On décrit ici la technique d’appariement par corrélation d’images [LK81, PR82, BMSP89,
RRH09]. Cette technique consiste donc à analyser une série d’images numériques (un ta-
bleau de pixels auquel on associe à chacun un niveau de gris discret) prises d’une même
scène évoluant en fonction du temps (typiquement, les images d’une éprouvette sous sol-
licitation). À partir de ces images, les champs de déplacements u(x) sont évalués en ap-
pariant la première image, considérée comme l’image de référence (typiquement, l’éprou-
vette à l’état non-chargée), aux images suivantes. Eventuellement, si les amplitudes des
déplacements sont trop importantes, les champs de déplacements peuvent être évalués en
appariant les images par paires consécutives, le déplacement final étant la somme des dé-
placements élémentaires. Cela permet de simplifier le processus mais additionne les erreurs
de mesure. Dans tous les cas, on cherche à apparier une image dite de référence f (x) avec
une image dite déformée g(x) pour trouver u(x), vecteur déplacement inconnu, tel qu’on
ait conservation de la luminance :
Ici f (x) et g(x) sont des fonctions réelles de l’espace 2D. Une conservation relâchée peut
éventuellement s’écrire, si il y a des changements d’illumination, par l’équation (2.2), c, b
et n étant respectivement les termes de contraste (échelle), de brillance (offset) et de bruit
de faible amplitude, que l’on considère constant car très faiblement variable spatialement.
Une image numérique est l’échantillonnage d’une image analogique à une certaine fré-
quence. Elle est donc représentée par un tableau de pixels qui discrétise l’argument x
de l’espace 2D, et à chaque pixel (i, j) on associe un scalaire, son niveau de gris fij
ou gij , discret lui aussi. Cette double discrétisation du champ de luminance continu f
(discrétisation spatiale et discrétisation en amplitude du niveau avec saturation basse (si
f ≤ fmin ⇒ fij = 0) et haute (si f ≥ fmax ⇒ fif = ngmax ) 16 ) est l’un des éléments
majeurs limitant la qualité des mesures.
Pour obtenir de bons résultats, l’image doit présenter un champ de luminance texturé avec
un contraste net et variant spatialement assez rapidement, c’est-à-dire avec une longueur
16. Les images issues des caméras CCD actuelles sont en général codées au moins en 8 bits (ngmax = 255),
plus généralement en 12 bits (ngmax = 4095) ou 16 bits (ngmax = 65535).
55
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Trouver un champ vectoriel u(x) uniquement à partir d’un champ de scalaire donné par
l’équation (2.1) ou (2.2) est un problème mal posé en soit, et nécessite une régularisation,
sous forme de restriction du champ u(x) à des fonctions choisies dans un espace fonctionnel
donné, que l’on peut noter u(x; p), p étant un vecteur de paramètres. Comme il y a des
imperfections dans les images, et que le déplacement réel inconnu ne peut être modélisé par
les fonctions restreintes à l’espace choisi, la conservation de la luminance de l’équation (2.1)
ne peut pas être parfaitement assurée. On écrit alors plutôt sa forme faible sur le domaine
de l’image étudié Ω, comme un problème de minimisation de la différences quadratique
des luminances donné par l’équation (2.3).
Z
2
η = [g(x + u(x; p)) − f (x)]2 dx (2.3)
Ω
Les développements qui suivent sont ceux de l’algorithme de Lucas-Kanade [LK81], un des
plus utilisé dans la communauté de la vision par ordinateur, et qui propose une approche
additive de la minimisation par descente de gradient 18 . En effet, minimiser η 2 est un
problème non-linéaire car même si u(x; p) est linéaire en fonction de p, l’intensité des
niveaux de gris de g est spatialement non-linéaire. Soit le vecteur des paramètres p évalué
à l’itération précédente, on résout l’équation (2.3) sur un incrément δp suivant l’équation
(2.4) :
2
2 R
η = Ω [g(x + u(x; p + δp)) − f (x)] dx
(2.4)
avec la mise à jour : p ← p + δp
17. La longueur de corrélation décrit la distance moyenne (en px) qu’il faut parcourir dans l’image pour
que la texture puisse changer de manière significative. Elle représente de manière équivalente la taille
moyenne des taches.
18. Une approche par composition inverse est aussi parfois proposée [Har10], son intérêt réside dans sa
vitesse d’exécution car elle permet un pré-calcul (une seule fois) des matrices Jacobienne et Hessienne et
du gradient de l’image de référence.
56
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
voisinage de p :
Z 2
∂g(x + u(x; p)) ∂u(x; p)
η2 = g(x + u(x; p)) + δp − f (x) dx (2.5)
Ω ∂x ∂p
avec ∂g(x+u(x;p))
∂x = ∇g le gradient de l’image déformée au point x+u(x; p) et ∂u(x;p)
∂p = ∂u
∂p
est la Jacobienne de la transformation. On dérive alors l’expression (2.5) par rapport à
δp, en simplifiant les notations :
∂(η 2 )
Z
∂u ∂u
= 2 g(x + u) + ∇g δp − f (x) · ∇g dx (2.6)
∂δp Ω ∂p ∂p
Le passage d’une description continue des champs de luminance aux images discrètes
transforme simplement l’intégrale sur Ω des équations (2.4) à (2.7) en une double somme
sur les pixels compris dans le domaine considéré. Cela entraı̂ne plusieurs approximations :
– celle due à l’intégration spatiale imparfaite (type méthode des rectangles),
– celle due à la valeur des niveaux de gris fij ou gij qui est différente des valeurs continues
de f ou g sur un pixel (valeur moyenne),
– celles dues à la nécessité de calculer les valeurs des niveaux de gris de g et de ses gradients
∇g aux pixels non entiers, ce qui nécessite, nous l’avons déjà souligné, des méthodes
d’interpolation d’images puissantes et rapides.
Dans cette méthode, l’évaluation de δp (équation (2.7)) est relativement coûteuse en temps
de calcul (calcul de la Jacobienne, de la Hessienne, des gradients des images déformées).
Sans restriction sur Ω, qui peut à la limite être toute l’image, en réalité ce qu’on appellera
la région d’intérêt (region of interest, ROI ) c’est-à-dire la zone dans l’image de l’ensemble
des pixels qui vont être traités, la méthode ne peut être effective, si on considère un
champ cinématique réel à trouver quelconque, que si la description de la cinématique
u(x; p) est d’une infinie richesse, ce qui implique un vecteur de paramètres p à identifier
de taille immense entraı̂nant des coûts de calcul rédhibitoires sans compter les problèmes
de convergence. D’un autre côté, il est évident que la réduction de la richesse du modèle
cinématique risque de provoquer rapidement un biais par rapport à la déformation réelle
qu’il y a dans l’image (donc la mesure de celle de l’objet) dès lors que Ω est un peu grand
par rapport au contenu fréquentiel de la déformation.
Pratiquement dans l’approche locale, la méthode est toujours mise en œuvre sur un petit
domaine de l’image de taille d, en général carré, qu’on appelle zone d’intérêt (zone of in-
terest, ZOI ), fenêtre de corrélation ou subset, avec une restriction du modèle cinématique
u(x; p) à un nombre de paramètres raisonnables, classiquement en utilisant une base po-
lynomiale. On cherche donc à estimer les paramètres p de la transformation sur la ZOI de
manière itérative en calculant l’incrément δp à partir de l’équation (2.7), et ce en chaque
point de calcul souvent défini par une grille de pas p sur la ROI. On aboutit à un champ
cinématique discontinu par morceau, chaque calcul en un point donné étant indépendant
57
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
du calcul en un point voisin (s’il n’y a pas de superposition de fenêtre, c’est-à-dire si p > d).
La résolution spatiale en déplacement est donc égale à la taille de la fenêtre de corrélation.
L’intérêt de la méthode réside dans la vitesse de calcul dès lors que la fenêtre de corrélation
choisie est petite (pratiquement, de 10 × 10 px à 30 × 30 px) et le modèle cinématique,
c’est-à-dire la transformation de la fenêtre, ou fonction de forme (shape function) associée
raisonnable.
Rappelons par exemple qu’un modèle de transformation de la fenêtre de degré zéro corres-
pond à une translation pure constante sur Ω sans déformation de la fenêtre, et donc deux
∂u
paramètres p sont à estimer. Dans ce cas u(x; p) = p constant, donc ∂p = 1 et l’équation
(2.7) se simplifie par l’équation (2.8) :
Z −1 Z
∂p = ∇g ⊗ ∇g dx [g(x + p) − f (x)] · ∇g dx (2.8)
Ω Ω
Le calcul est alors aisé mais ne converge plus dès que la déformation réelle de l’image dans
la fenêtre de corrélation est un peu importante (typiquement, quelques %). En général,
une transformation du premier ordre est implémentée dans les codes de corrélation de la-
boratoires ou commerciaux, soit 6 paramètres à déterminer (transformation bi-linéaire en
x). Une transformation d’ordre 2 a été implémentée en premier par Lu et al. [LC00] avec
12 paramètres (bi-quadratique en x). Schreier et Sutton [SS02] ont montré que cette for-
mulation diminuait les erreurs systématiques par rapport à une transformation du premier
ordre. Une transformation d’ordre supérieur à deux est rarement implémentée à cause de
difficultés de convergence.
sachant que
Z Z
2
CSSD (p) = f (x) dx + g 2 (x + u(x; p)) dx − 2CCC (p) (2.10)
Ω Ω
Dans l’équation (2.10), le premier terme est constant et on peut montrer que le second
terme l’est presque. Par contre, l’optimum de CCC (p) est insensible aux variations de
contraste c (conservation de la luminance relâchée, équation (2.2)). Pan [Pan11] montre
que le produit scalaire normé centré (critère CZN CC (p)) admet un optimum insensible
58
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
La plupart des codes de corrélation commerciaux mais aussi académiques existant sont
basés sur cette approche locale. Cependant, il est possible de proposer des fonctions de
déplacement u(x) explicites pour tout x de la ROI Ω, assurant ainsi intrinsèquement
la continuité du champ mesuré, ces approches sont référencées sous le nom d’approches
globales.
où les un sont les degrés de liberté associés. Dès lors, l’équation (2.3) est simplifiée puis-
qu’on pourra toujours sortir les un de l’intégrale sur Ω. Aucune restriction n’est alors faite
59
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
sur Ω, qui peut être le domaine complet de l’image où le champ cinématique est recherché,
c’est-à-dire la ROI. Il est important de bien faire alors le distinguo : l’approche locale
consiste à discrétiser la ROI en un grand nombre de zones d’intérêt (ZOI ) sur lesquelles
un problème d’optimisation simple (i.e. à peu de paramètres) est résolu à chaque fois,
ce qui permet d’utiliser des méthodes d’optimisation non-linéaires robustes et rapides. A
contrario, l’approche globale consiste à rechercher en une seule fois l’ensemble des nom-
breuses inconnues du problème (l’ensemble des degrés de liberté) sur le domaine complet,
ce qui nécessite plutôt une approche itérative qui convergera si le champ trouvé à l’itéra-
tion précédente est proche de la solution, mais permettra une continuité du champ car les
fonctions ϕn (x) le sont sur Ω.
Comme pour l’approche locale, il faut linéariser le problème (2.3) puis le résoudre de
manière itérative. On suppose que l’on est assez proche de la solution à l’itération actuelle
ui , et on cherche à calculer l’incrément de déplacement δu tel que ui+1 = ui +δu, l’équation
(2.3) se réécrit donc :
Z
2
2
g(x + ui + δu) − f (x) dx
η = (2.14)
Ω
sous l’hypothèse que comme on est proche de la solution, g(x + ui ) ≈ f (x) donc ∇g(x +
ui ) ≈ ∇f (x), ce qui permet d’éviter de recalculer ∇g(x + ui ) à chaque itération. En
décomposant δu comme proposé dans l’équation (2.13), et en simplifiant la notation g(x +
ui ) = gui (x) on obtient :
Z "X #2
2
η = un ϕn (x) · ∇f (x) + gui (x) − f (x) dx (2.16)
Ω n
En dérivant η 2 par rapport aux un comme on l’a fait précédemment pour l’équation (2.6)
puis en l’annulant, on obtient le système linéaire suivant :
avec
Z
Mmn = [∇f (x) · ϕm (x)] [∇f (x) · ϕn (x)] dx (2.18)
Ω
et
Z
bim = [∇f (x) · ϕm (x)] [f (x) − gui (x)] dx (2.19)
Ω
où {ui } est le vecteur colonne de l’amplitude des déplacements uin . L’approche ne fonc-
tionne que si l’incrément de déplacement δp est petit, ce qui nécessite une étape d’initia-
lisation, qui peut être faite par l’utilisation de procédures multi-échelles comme proposé
dans [BHR06] : un premier calcul est fait sur les images en ayant effectué un moyennage des
60
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
pixels (binning) pour obtenir des “macro-pixels” et pouvoir ainsi estimer les grands dépla-
cements, puis la taille de ces “macro-pixels” est successivement réduite, jusqu’à effectuer
les calculs avec les images à la résolution initiale.
Le choix le plus simple est d’utiliser des éléments carrés à 4 nœuds linéaires avec un
maillage structuré [BHR06]. Le système se résout comme on résout un problème éléments
finis linéaire :
– calcul des matrices élémentaires dont les composantes font intervenir les fonctions de
formes et les gradients de f (x) au carré (voir équation (2.18)).
– calcul du second membre qui fait intervenir gui (x) = g(x + ui ), et donc nécessité d’in-
terpoler le niveaux de gris de g aux pixels non-entiers, et de mettre {bi } à jour à chaque
itération,
– assemblage avec la connectivité pour le calcul de [M], qui n’est effectué qu’une seule
fois,
– résolution du système linéaire avec une méthode adaptée puisque la matrice est une
matrice bande.
Il faut noter que le calcul des intégrales sur Ωe (matrice locale et second membre) n’est pas
effectué par les méthodes traditionnelles de sommes discrètes aux points de Gauss, mais par
une somme des pixels. L’élément Ωe peut être perçu, ici, comme la fenêtre de corrélation
pour les méthodes de corrélation locales (ZOI ). La résolution du système linéaire global
permet de trouver l’ensemble des déplacements aux nœuds ueαn , et par connaissance des
fonctions de formes Nn (x), le champ cinématique est mesuré en tout point de la ROI
et est strictement continu. Des maillages non structurés ont également été proposés, par
exemple avec des éléments triangulaires [HPRH09].
Sutton et al. [CSSM02] ont été les premiers à proposer une méthode globale dans laquelle
la cinématique globale sur l’image était assurée par des B-spline 20 . Sun et al. [SPWS05]
en 2005 et Hild et Roux [BHR06] en 2006 ont mis en œuvre l’approche par décomposition
sur une base éléments finis, ensuite élargie aux éléments finis étendus [RHR08] pour gérer
19. Cela met aussi à disposition de cette méthode de mesure l’ensemble des développement liés aux
méthodes éléments finis.
20. L’approche sera d’ailleurs reprise avec des NURBS plus tard par Réthoré et al. [RESC10].
61
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
les fissures, aux méthodes dites intégrés [HR06] couplant une mesure globale éléments
finis avec le calcul éléments finis à des fins de régularisation mécanique ou d’identification
mécanique, à la corrélation volumique [LPRH11], et volumique étendue [RTR+ 08], etc.
La stéréo-corrélation d’images est une technique qui utilise les principes de la vision sté-
réoscopique, afin de reconstruire la surface d’un objet vu par deux caméras de deux points
de vue différents, dans laquelle l’appariement est fait par corrélation d’images. Les trois
problèmes à résoudre sont donc (i) le calibrage du capteur stéréoscopique, (ii) la mise en
correspondance (appariement), et (iii) la reconstruction 3D par triangulation. Le calibrage
d’un capteur stéréoscopique consiste à estimer (a) les paramètres de la transformation ri-
gide qui existe entre les deux repères liés aux deux caméras (paramètres extrinsèques) et
(b) les paramètres internes du modèle de caméra choisi, pour les deux caméras (paramètres
intrinsèques). Les premiers travaux sont proposés à la fin des année 80 par Kahn-Jetter et
Chu [KJC90] puis par l’équipe de Sutton en 1993 [LCSP93]. Dans notre groupe, l’activité de
recherche en vision artificielle pour la métrologie 3D et la photomécanique s’est développée
à la naissance du laboratoire sur les thèmes du calibrage géométrique de caméras 21 puis
de la stéréo-corrélation [OGD97, OAHL98, Gar01, GOP02, Ort02, Ort09].
21. Le calibrage radiométrique de caméras dans le proche infra-rouge et dans l’infra-rouge pour la mesure
de champs de température est aussi une activité de recherche forte de notre groupe.
22. Écrit classiquement avec les coordonnées homogènes dans l’espace projectif et non dans l’espace
Euclidien.
62
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
centrées sont prises en compte (jusqu’au degré 3, nécessaire pour les objectifs à courte
focale). La relation entre m̆ et M devient alors non-linéaire.
Une des méthodes la plus efficace pour identifier les paramètres de ce modèle non-linéaire
de caméra est alors de le faire par optimisation non-linéaire d’un problème de type pho-
togrammétrique (ajustement de faisceaux, bundle adjustement) [TMHF00]. Cela consiste
à minimiser l’erreur de reprojection globale par rapport à l’ensemble de points 3D et des
paramètres caméra, et se fait en deux étapes. Tout d’abord, on fait l’acquisition avec
la caméra de n images d’une mire indéformable qui fournit des points 3D suffisamment
connus pour pouvoir initialiser la méthode d’optimisation non-linéaire, et on extrait de ces
n images les p points caractéristiques. Ensuite, on cherche à minimiser la distance entre les
mesures m̂ji (j fait référence aux positions des p points extraits dans chacune des n images,
i fait référence à l’image en question) et la projection, dans les images par le modèle de
caméra g(k, d, Ri , ti , Mj ) dont on cherche à trouver les paramètres θ, des points 3D de
l’objet de calibrage, suivant l’équation (2.22) :
p
n X
2
m̂ji − g(k, d, Ri , ti , Mj )
X
arg min (2.22)
θ
i=1 j=1
L’estimée initiale de ce problème de minimisation non-linéaire est donnée par les para-
mètres du modèle linéaire (sans distorsion) qui peuvent être estimés analytiquement.
p
n X
X
arg min [δg (i, j) + δd (i, j)] (2.23)
θ
i=1 j=1
2
avec δg (i, j) = m̂jgi − f (kg , dg , Ri , ti , Mj )
2
avec δd (i, j) = m̂jdi − g(kd , dd , Ri , ti , Rs , Ts , Mj )
et θ = (kg , kd , dg , dd , R1...n , t1...n , Rs , Ts , M1...p )
Le problème d’appariement entre les images stéréoscopiques est réalisé par méthode de
corrélation d’images présentée au paragraphe précédent, en considérant a minima une
transformation (locale) d’ordre 1 pour tenir compte au mieux de la projection de l’objet
63
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
dans les images 23 . Il est souhaitable de tenir compte de la contrainte épipolaire 24 , connue
une fois le banc calibré, lors de l’appariement des points par corrélation, par exemple
en forçant les points de l’image de droite à être à une distance minimale de la droite
épipolaire dans l’image droite. Il est possible aussi, pour éviter les mauvais appariements
et pour accélérer la vitesse de traitement, de rectifier les images de telle sorte que les
droites épipolaires soient horizontales (les deux épipoles sont à l’infini). La recherche est
alors simplifiée autour d’une ligne de pixels horizontale.
Une fois les points appariés, la reconstruction 3D se fait classiquement de deux manières :
(a) dans le cas où le modèle considéré est linéaire (sans distorsion), les deux équa-
tions m̃g ∼= K g T g M̃ et m̃d ∼ = K d T d M̃ (reconstruction dans Rw ) aboutissent à un
système surdéterminé de 4 équations à 3 inconnues (les coordonnées de M ) de la
forme hAM = b qui iest traditionnellement résolu par la méthode de la pseudo-inverse
−1 T
M = AT A A b.
(b) par optimisation non-linéaire d’ajustement de faisceaux, en minimisant l’erreur de re-
projection globale par rapport à l’ensemble de points 3D à reconstruire et des paramètres
caméra, donnée par l’équation (2.24) :
estim 2 estim 2
n o
arg min mextrait
g − m g + m extrait
d − m d (2.24)
M
64
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Le calcul des déformations de surface est effectué a posteriori par exemple par dérivation
d’une fonction bi-quadratique (ou bi-linéaire) approximant le champ de déplacements sur
un voisinage de points corrélés. Les calculs sont effectués dans un système de coordon-
nées local (tangent localement à la surface non déformée de ce voisinage) obtenue par
approximation aux moindres carrés de cette surface.
On peut considérer que les sources conduisant à des erreurs systématiques (biais) en cor-
rélation d’images sont les suivantes [SOS09] :
1. biais dû à une fonction de forme ne pouvant pas décrire correctement la déformation
sous-jacente de l’image (e.g., biais intrinsèque en stéréo-corrélation si une fonction de
forme affine est utilisée), minimisés par exemple en réduisant la taille de la fenêtre de
corrélation [SS02][9] ;
2. biais dû à l’interpolation d’image dans l’algorithme de corrélation (intrinsèquement
imparfaite). D’après [WSBS09], le biais est introduit par des erreurs de phase, c’est-à-
dire de position, et qui donne les classiques courbes en S (évolution en sinus de l’erreur
systématique en fonction de la position sous-pixel), et par des erreurs en amplitude
lorsqu’il y a du bruit d’image important ;
3. biais induit par le bruit d’image (bruit de quatification, bruit de lecture, bruit de courant
d’obscurité, bruit de photons, smeering, blooming, etc.). Même si le bruit d’image est
aléatoire, le bruit sur le déplacement ne l’est généralement pas ;
4. biais dû à l’aliasing (crénelage) lorsque le contenu haute fréquence du mouchetis ne peut
pas être représenté par la résolution du pixel de l’image. On peut le corriger en agran-
dissant le mouchetis, ou en utilisant un filtre passe-bas, au détriment de la résolution
spatiale.
5. biais dû aux erreurs d’étalonnage (par exemple, distorsion de l’image non ou mal prise
en compte) ;
6. biais dû à des contaminations sur l’image (par exemple, poussière sur le capteur) et à
d’autres facteurs externes (par exemple, dégradation du mouchetis, changements d’éclai-
65
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Les erreurs aléatoires proviennent surtout des fluctuations spatiales du bruit d’image (point
3.) et bien évidemment de la manière dont ce dernier est traité par les points 1. et 2., ainsi
que de l’information que contiennent les images (gradients de niveaux de gris).
Bien qu’une littérature très abondante existe sur la corrélation d’images, ses différentes
formulations et ses applications, assez peu proposent une étude systématique de ses per-
formances métrologiques 26 . Plusieurs approches sont cependant rapportées dans la littéra-
ture. La première façon, et la plus naturelle, consiste à comparer les mesures par corrélation
d’images, soit à d’autres mesures mettant en œuvre des expériences avec des tables micro-
métriques permettant des mouvement de corps rigide (e.g. translations, rotations, mou-
vements hors-plan), parfois des déformations homogènes [CRSP85, BMSP89, CS97, HB08],
voire à des déplacements théoriques relatifs à une expérience [SWPM83]. Certain tentent
aussi de développer des montages expérimentaux spécifiques calibrés afin d’obtenir un
champ de déformation contrôlé [PHB+ 07]. Bien que cette approche englobe toute la chaı̂ne
de mesure (caméra, mouchetis, conditions d’éclairage, bruits divers, etc.), il est très difficile
(i) de maı̂triser parfaitement les conditions expérimentales (e.g. déplacement dans le plan,
champ de déformation contrôlé, etc.) et (ii) d’assurer que la résolution du moyen de mesure
concurrent soit d’au moins un ou deux ordres de grandeur supérieurs à celle provenant de
la corrélation d’images. Puisque la vérité terrain ne peut être connue exactement, cette
approche nous semble à éviter.
Une approche plus appropriée consiste à considérer une image réelle d’une expérience réelle
(qui comprend ainsi toutes les caractéristiques du mouchetis et de l’expérience) et de lui
imposer numériquement un champ de déplacement (ou de déformation) connu. Cette ap-
proche a largement été utilisée, principalement pour imposer des translations sous-pixel
de solide rigide permettant d’obtenir la classique “courbe en S”, 1-pixel périodique, de
l’erreur systématique [SMJB88, CS97, SBS00]. La transformation peut être générée dans le
domaine fréquentiel par transformée de Fourier [RH06, PLX10] ou dans le domaine spatial
en appliquant une méthode d’interpolation d’image [LSB+ 06, KA08, LCC+ 09]. Par exemple,
il est proposé dans [WLC+ 12] des images d’états de déformation hétérogènes réalistes obte-
nues à l’aide de simulations éléments finis reproduisant un essai mécanique, et nécessitant
une double interpolation (ici bi-linéaire) : le champ des déplacements nodaux est d’abord
interpolé aux positions pixels de l’image de référence, puis pour l’images déformée les
niveaux de gris aux positions pixels entières sont obtenues par interpolation des images
non-entières 27 . Bien évidemment, il n’est jamais assuré que la méthode d’interpolation
utilisée ne génère pas, elle-aussi, des erreurs. Reu [Reu11] a notamment montré récemment
26. Les études collaboratives effectuées par le GT1 “Métrologie” du GDR CNRS 2519 visent à contribuer
à cette question et à proposer des procédures génériques pour évaluer les erreurs de mesure, notamment
en corrélation d’images.
27. Les auteurs indiquent d’ailleurs que cette procédure d’interpolation peut introduire des erreurs sup-
plémentaires, qui sont très réduites si le maillage éléments finis est assez fin, mais que la procédure n’assure
pas in fine une estimation de l’erreur absolue.
66
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Sur cette thématique, nos premiers travaux ont consisté à caractériser le bruit et à analy-
ser la texture des images, pour en comprendre l’influence sur les erreurs du déplacement
estimés par corrélation d’images, en même temps qu’analyser l’influence des paramètres
du logiciel de corrélation que nous utilisons (Vic-2D [Vs10]). Bien que nous ayons mené des
travaux préliminaires au laboratoire, les travaux présentés ci-dessous se sont déroulés en
général dans le cadre des travaux proposés par le GT1 “métrologie” du GDR CNRS 2519.
Nous utilisons donc des images synthétiques créées par Texgen [35]. Ce logiciel a été dé-
veloppé pour produire des mouchetis synthétiques maı̂trisés permettant de limiter l’intro-
duction d’un biais provenant des interpolations d’images. Un bruit de Perlin cohérent mo-
28. Nous avons aussi montré cela récemment dans des travaux menés au sein du GT1 du GDR CNRS
2519 [56]. À partir d’images synthétiques translatées notamment par différents schémas d’interpolations
d’images et traitées par un logiciel spécifique intégrant ces mêmes schémas d’interpolations, nous avons
montré que lorsque la corrélation s’effectuait dans le sens direct (c’est-à-dire image initiale = image non-
déformée, et image finale = image déformée), les erreurs dépendent de la combinaison des schémas d’in-
terpolation utilisés pour générer les images translatées et pour traiter les images. Si l’on impose que la
corrélation s’effectue dans le sens réciproque (c’est-à-dire image initiale = image déformée, et image finale
= image non-déformée), l’erreur systématique s’annule totalement sauf pour l’interpolation par Fourier.
Les erreurs sont donc liées aux hypothèses sous-jacentes prises pour générer les images de synthèse et non
entièrement représentatives du comportement réel du logiciel de corrélation.
67
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
difié [Per85] est utilisé pour générer une fonction de bruit continue t = noise(x), x ∈ R2 .
Des transformations sont appliquées à cette fonction noise pour la modifier (type de
texture, histogramme, etc.). L’image proprement dite est générée par mapping photomé-
trique et numérisation en 8 bits de la fonction noise calculée pour chaque pixel de l’image.
L’intégration de la fonction de bruit sur le domaine d’un pixel (équivalent à la zone photo-
sensible d’un élément de CCD) se fait avec sur-échantillonnage (pour éviter l’aliasing) et
éventuellement un facteur de remplissage. L’image du mouchetis de référence, représentée
par la fonction de niveau de gris Ir (x) est donc d’abord générée. L’image du mouchetis
déformé est ensuite construite. Elle est représentée par une fonction de niveau de gris
Id (x) continue à laquelle on a appliqué une transformation donnée Φ(x) qui conserve le
flot optique et donc telle que Id (x) = Ir (Φ−1 (x)) avec Φ(x) = x + u(x). Φ est donc
appliquée à la fonction de bruit continue et non pas aux valeurs discrètes des niveaux de
gris des pixels de l’image de référence. Ce mouchetis déformé continu est enfin projeté par
mapping photométrique et numérisé pour former l’image déformée [35].
Pour corréler les images, nous utilisons le logiciel commercial Vic-2D [Vs10]. Ce logiciel est
basé sur la minimisation d’un critère de corrélation avec l’approche locale. Nous choisissons
toujours d’utiliser le critère normé centré CZN SSD (donnant d’ailleurs les mêmes résultats
que le critère CSSD pour les images synthétiques dont la brillance et le contraste sont
gardés constants), avec une transformation locale de fenêtre soit constante, soit affine ou
soit quadratique, et une méthode d’interpolation d’images par polynômes bi-cubiques ou
par B-spline quintiques. Les trois autres paramètres à choisir sont la taille de la fenêtre
de corrélation d, le pas de la grille des points corrélés p, et le nombre de points corrélés
nc dans le domaine servant pour le calcul des déformations (jauge optique) 29 . La taille
de la fenêtre d définit la résolution spatiale en déplacement. Le nombre de points corrélés
nc et le pas p donnent la taille N × N (en px) de la surface de la jauge optique carrée,
N ≈ (nc − 1) × p (en px) où N/g (en mm, g étant le facteur de grandissement) définit la
résolution spatiale en déformation 30 .
Pour l’analyse des textures des images, une application a été développée sous Matlab,
à l’origine lors du stage de T. Topaurau en 2005. Elle permet notamment d’estimer le
rayon moyen r des taches d’un mouchetis (calculé ici par le rayon du cercle à 50% du pic
d’auto-corrélation) et sa dispersion spatiale, l’histogramme, les gradients de niveaux de gris
moyens, ainsi qu’un certain nombre d’autres paramètres statistiques (comme l’entropie,
permettant de caractériser le degré de granularité de l’image, et d’autres paramètres liés
à l’homogénéité de la texture).
L’estimation des erreurs de mesure des déplacements est effectuée de la manière suivante :
les déplacements Uimes calculés par corrélation d’images sont comparés aux déplacements
imposés Uiimp en tout les n points corrélés dans la ROI. On définit alors les écarts par :
68
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
– d’erreur aléatoire σu (incertitude-type [GUM95]), qui est évaluée par l’écart-type des
écarts, défini par l’équation (2.26)
v
u
n
" n #2
1
u X X
σu = t n (∆Ui )2 − ∆Ui (2.26)
u
n(n − 1)
i=1 i=1
– d’erreur systématique (ou biais) Bu qui est évaluée par la moyenne arithmétique des
écarts, définie par l’équation (2.27)
n
1X
Bu = ∆Ui (2.27)
n
i=1
– d’erreur RMS (racine carrée de l’erreur quadratique moyenne), définie par l’équation
(2.28) v
u n r
u1 X n−1
RM SG = t (∆Ui )2 = (σu )2 + (Bu )2 (2.28)
n n
i=1
De manière classique, nous avons donc travaillé en premier lieu avec des images synthé-
tiques issues de Texgen et simplement translatées de Uimp entre 0 et 1 pixel, en évaluant
l’erreur aléatoire σu (Équation (2.26)) et le biais Bu (Équation (2.27)), et en faisant varier
les paramètres relatifs :
– aux images : taille moyenne des taches (petite r = r0/2, moyenne r = r0, grandes r
= 2 r0 avec r0 ≈ 1,9 px, voir tableau 2.2), bruit d’image de type gaussien d’écart-type
σn = {0; 2; 4; 8; 16} niveaux de gris 31 (voir Figure 2.2) ;
– au traitement par corrélation : taille de la fenêtre d = {7; 15; 31} px, transformation
locale de la fenêtre (constante, affine ou quadratique), et schéma d’interpolation d’image
(polynômes bi-cubiques (p3) ou B-spline bi-quintiques (s5)). Le pas est choisi tel que
p = d sans chevauchement, assurant ainsi l’indépendance statistique des mesures.
On déduit de la figure 2.3 la dépendance nette du biais vis-à-vis du bruit et son indé-
pendance par rapport à d. On peut montrer aussi que la forme en S mais surtout son
amplitude dépendent du schéma d’interpolation d’image.
31. Pour des images sans bruit ajouté, le niveau de bruit réel est de 0,4 niveaux de gris, correspondant
au bruit de quantification en 8 bits [Ami05].
32. En réalité les résultats sont légèrement moins bons lorsqu’on utilise une transformation plus riche –
mais inutile dans ce cas – à cause des difficultés supplémentaires liées à l’optimisation car les paramètres
sont plus nombreux.
69
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
r0/2 r0 2r0
no zoom
192x192 px
no noise
Y
zoom 6x
32x32 px
no noise X
zoom 6x
32x32 px
noise 16 GL
auto-
corrélation
radius
16x16 px
Figure 2.2 – Illustration de la nature de la texture des images synthétiques, rayons d’auto-
corrélation et bruit.
b0d7
0.06
b0d15
b0d31
0.04 b2d7
Erreur systématique [pixel]
b2d15
b2d31
0.02 b4d7
b4d15
b4d31
0 b8d7
b8d15
b8d31
−0.02 b16d7
b16d15
b16d31
−0.04
Sur la figure 2.4, l’erreur aléatoire σu présente, elle-aussi, une nette dépendance vis-à-vis
du bruit, mais aussi vis-à-vis de la taille de la fenêtre (erreur proportionnelle à 1/d). σu
est approximativement indépendante du déplacement imposé sauf lorsque le bruit devient
grand (apparition de lobes à proximité des valeurs entières de déplacement). Nous avons
montré, au sein du GT1 du GDR CNRS 2519, que cela est dû à la non-unicité des solutions
du critère au voisinage de 0 (1-périodique) car le critère n’est pas parabolique avec un
minimum en zéro : il y a en réalité deux solutions −a et +a équiprobables, l’écart-type
étant donc égal à a (voir aussi [SOS09]).
70
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
b0d7
1.5 b0d15
Rigide, r0, interp. spline quintique
b0d31
b2d7
b2d15
Erreur aléatoire * d [pixel2]
b2d31
b4d7
1 b4d15
b4d31
b8d7
b8d15
b8d31
b16d7
b16d15
0.5 b16d31
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Déplacement imposé [pixel]
L’analyse des courbes des erreurs systématiques et aléatoires peut alors se faire simplement
en évaluant, d’une part, l’amplitude maximale du biais (Figure 2.5(a)) et, d’autre part, la
valeur de l’erreur aléatoire pour un déplacement imposé de 0,5 px (Figure 2.5(b)) [47].
La figure 2.5 amène les commentaires suivants, tout d’abord concernant le biais (Fi-
gure 2.5(a)) :
– Bu évolue de manière non-linéaire (approximativement quadratiquement) avec l’écart-
type du bruit dans l’image, sauf pour d et r petit. En effet, dans ce cas la texture
ressemble à l’image d’un bruit puisque la longueur de corrélation est faible, inférieur au
pixel,
– pour une même interpolation, le biais est indépendant de d (courbes [r0 s5]),
– le biais augmente avec la taille r de la texture et donc avec le gradient moyen de l’image,
– le biais diminue lorsque le degré d’interpolation d’image augmente [SBS00] (courbes [r0
s5] et [r0 p3]).
Concernant l’erreur aléatoire pour un déplacement d’image de 0,5 px (Figure 2.5(b)), on
observe sur que :
– σu évolue de manière quasi-linéaire avec l’écart-type du bruit dans l’image (sauf pour d
et r petit, pour les mêmes raisons qu’exposé précédemment),
– comme vu sur la figure 2.4, σu est proportionnelle à 1/d. En effet, en traçant σu d en
fonction de σn pour les trois tailles de fenêtre, on obtient une courbe maı̂tresse de pente
moyenne 0,0366 px2.ng-1.
– les pentes des droites à r/d constant sont assez proches, 0,0029 px.ng-1 (sans tenir compte
des résultats à faible bruit), 0,0026 px.ng-1 et 0,0020 px.ng-1 respectivement pour [r0/2
d7], [r0 d15] et [2r0 d31],
– σu est indépendant de l’interpolation d’image (courbes [r0 p15 s5] et [r0 p15 p3] super-
posées),
D’après [RH06, WSBS09], l’erreur aléatoire du déplacement due exclusivement à un bruit
71
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
0.08
0.4 r0/2 d7 s5 r0/2 d7 s5
0.07 r0 d15 s5
Amplitude de l’erreur systématique [pixel]
r0 d15 s5
0.35 2r0 d31 s5
0.03
0.15
0.1 0.02
0.05 0.01
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Bruit image [NG] Bruit image [NG]
Figure 2.5 – Évolution de l’amplitude du biais (a) et de l’erreur aléatoire pour un dépla-
cement imposé de 0,5 px (b) en fonction du niveau de bruit dans l’image, pour différentes
valeurs de taille de tache (r), de fenêtre (d) et de schéma d’interpolation d’image (s et p).
où h∇f 2 i est la valeur moyenne sur la fenêtre de corrélation, des carrés des gradients de f .
L’expression (2.29) est déduite de la propagation d’un bruit d’image dans l’expression ana-
lytique de la minimisation du critère CSSD , et est basée sur deux hypothèses principales :
reconstruction parfaite des images f (x) et g(x) quelle que soit la position x (flot optique
parfaitement conservé), et modèle statistique de bruit d’image (moyenne nulle avec bruit
blanc uniforme d’écart-type σn ). Dans ce cas, l’erreur systématique est nulle. Wang et
al. [WSBS09] ont étendu cette approche à des situations un peu plus réalistes en intro-
duisant des schémas d’interpolation polynomiaux des niveaux de gris (linéaire et cubique)
dans l’expression analytique de l’erreur de déplacement, et pour une fenêtre de corréla-
tion donnée (c’est-à-dire une seule situation de distribution de niveau de gris) 33 . L’erreur
systématique est calculée par l’espérance de l’erreur de déplacement sur l’ensemble des
réalisations de bruit, et l’erreur aléatoire par sa variance. Dans le cas d’une reconstruction
imparfaite avec interpolation des niveaux de gris, l’erreur aléatoire a la même expression
que l’équation (2.29), mais l’erreur systématique n’est pas nulle et a pour expression :
hh(τ )∇f i σn 2
Buth = − + %(τ ) (2.30)
h∇f 2 i h∇f 2 i
33. Il convient de souligner que cette façon de définir l’erreur systématique diffère des approches classiques
où celle-ci est évaluée pour toutes les positions des fenêtres de corrélation dans l’image, chacune comportant
donc des distributions de bruit aléatoires et de niveaux de gris différents.
72
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Si l’on compare les courbes expérimentales présentées figure 2.3, dont les allures sont com-
parables quels que soient les schémas d’interpolation d’images que nous avons utilisés, avec
le modèle de l’équation (2.30), on constate que pour un faible bruit d’image, la compo-
sante (en erreur systématique) d’erreur d’interpolation est prépondérante et correspond
bien à une erreur en sinus en fonction du déplacement sub-pixel, indépendante de d. A
fort bruit, le deuxième terme de l’équation (2.30) devient prépondérant et suggère d’ob-
tenir (au moins pour une interpolation linéaire) une erreur systématique symétrique en
0,5, maximum positive en 0 et négative en 1 et à peu près linéaire décroissante de pente
−σn 2 /2h∇f 2 i passant par 0 en 0,5 pixel. Dans ce cas le modèle ne peut pas décrire correc-
tement la courbe expérimentale au voisinage des déplacements de pixels entiers (0 et 1).
Nous avons en effet montré, au sein du GT1 du GDR CNRS 2519 comme vu précédem-
ment, que la forme du critère au voisinage de zéro n’est pas parabolique avec un minimum
en zéro, et que l’existence des deux solutions −a et +a équiprobables impose une erreur
systématique exactement nulle en 0 et en 1 pixel quelque soit le bruit d’image, ce qui est
bien observé sur la figure 2.3.
D’autre part, dans tous les cas, l’erreur aléatoire théorique (Eq. (2.29)) est indépendante
du déplacement imposé, ce qui n’est pas non plus observé sur la figure 2.4 dès lors que le
bruit est important. Comme souligné plus haut, on sort ici des hypothèses du modèle. Par
contre, lorsque le modèle est valide (e.g. pour τ = 0, 5 px), on peut comparer nos résultats
avec l’expression (2.29). Le tableau 2.2 rapporte l’ensemble des résultats obtenus avec le
logiciel Vic-2D, y compris pour des images sur lesquelles est appliqué un filtre passe-bas
(cas notés [f3] et [f5]) dont nous parlerons dans la suite.
texture [r0/2 f0] [r0 f0] [2r0 f0] [r0/2 f3] [r0 f3] [2r0 f3] [r0 f5]
d (px) 7 15 31 7 15 31 15
p r (px) 0,96 1,87 3,56 1,33 2,08 3,69 2,42
h∇f 2
p i (ng.px )
-1 40,7 27,3 14,9 17,8 20,0 13,7 12,3
d h∇f 2 i (ng) 285 410 462 125 300 425 185
(pente)-1 (ng) 347 382 488 190 315 360 225
Table 2.2 – Bilan de l’ensemble des résultats des analyses des courbes d’erreur aléatoire
pour un déplacement imposé de 0,5 px.
Pour la courbe maı̂tresse obtenue en traçant σu d en fonction de σn pour les trois tailles
p de
fenêtre, inverser la pente de 0,0366 px.ng-1 permet d’estimer le terme de gradient h∇f 2 i
à 27 ng.px-1 ce qui est égal à la valeur estimée à partir des images (tableau 2.2 pour [r0 f0]).
Pour les autres tailles d’images non filtrées à ratio r/d constant, on retrouve aussi approxi-
73
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
mativement l’inverse des pentes des courbes de la figure 2.5(b) à partir de l’estimation du
gradient moyen des images (les ordres de grandeur sont clairement conservés).
Il peut être intéressant d’appliquer a priori un filtre passe-bas aux images pour diminuer
le bruit et les erreurs de corrélation lorsqu’il y a de l’aliasing dans les images. Pour vérifier
cela, nous avons filtré les images brutes en appliquant un filtre de noyau 3 × 3 px isotrope
ou 5 × 5 px isotrope convolué avec les images, respectivement noté [f3] et [f5]. L’analyse
des courbes d’erreur en fonction du déplacement imposé peut aussi se résumer à évaluer
l’amplitude du biais (Figure 2.6(a)) et l’erreur aléatoire pour un déplacement de 0,5 px
(Figure 2.6(b)).
0.09
0.4 r0/2 d7 f0 r0/2 d7 f0
Amplitude de l’erreur systématique [pixel]
0.2
0.04
0.15 0.03
0.1 0.02
0.05 0.01
0 0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Bruit image [NG] Bruit image [NG]
Figure 2.6 – Évolution de l’amplitude du biais (a) et de l’erreur aléatoire pour un dépla-
cement imposé de 0,5 px (b), en fonction du niveau de bruit dans l’image. Comparaison
entre images filtrées passe-bas ([f3] et [f5]) et images standards ([f0]).
À partir des résultats présentés Figure 2.6 mais aussi des évolutions des erreurs en fonction
du déplacement sous-pixel, on peut faire les remarques suivantes concernant l’effet d’un
filtrage des images :
– les erreurs systématiques sont globalement largement diminuées à fort bruit 34 ,
– elles deviennent quasiment indépendantes du bruit, voire même légèrement augmentées
pour les images à petites taches,
– les erreurs aléatoires deviennent indépendantes du déplacement sous-pixel,
– les erreurs aléatoires sont perceptiblement augmentées, car, comme on peut le voir dans
le tableau 2.2, le filtrage diminue les gradients d’autant plus que ces derniers sont im-
portants, c’est-à-dire pour les images à texture fine (r0/2), et dans une moindre mesure
la dynamique des images, et augmente légèrement la taille moyenne des taches.
– l’accord avec la valeur théorique de l’erreur aléatoire (équation (2.29)) est moins bon car
il faut tenir compte, dans le développement théorique, de la longueur de corrélation de la
34. Le bruit réel dans les images est évidemment diminué de 3 et de 5 respectivement pour les filtres
3 × 3 et 5 × 5, avant la corrélation.
74
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
texture, qui n’est plus égal à 1 pixel dès lors que les images sont filtrées par moyennage
spatial.
L’effet d’un filtrage des images apporte donc un gain sensible si les images sont assez
fortement bruitées. Dans le cas contraire, la diminution des gradients et l’augmentation
de la longueur de corrélation peuvent aboutir à des erreurs systématiques et aléatoires
légèrement plus importantes.
Il est bien établi que l’erreur aléatoire diminue en fonction de la taille de la fenêtre de
corrélation en 1/d, cf. Figure 2.4. Cela amène au compromis classique entre incertitude
et résolution spatiale : diminuer la première ne peut se faire qu’en dégradant la seconde.
C’est ce que nous vérifions sur la figure 2.7, qui présente les erreurs aléatoires pour un
déplacement imposé de 0,5 px (images Texgen) en fonction de la taille de la fenêtre de
corrélation d ∈ {9, 11, 15, 21, 25, 31, 41, 61} px et pour 10 tailles de texture r différentes.
0
10 45
Rayon 0,67 pix
d’autocorrelation 0,86 pix 40
1,48 pix
1,96 pix 35
−1
10 2,87 pix
3,72 pix
30
5,6 pix
8,8 pix
17,8 pix 25
−2
10 20
15
10
−3
10
5
1 2 0
10 10 0 5 10 15
Taille fenêtre de corrélation [pixel] Rayon d’autocorrélation (px)
On constate que la taille optimale du mouchetis est d’environ r = 2 px (en réalité entre
1,5 px et 3 px les courbes sont minimales). Pour les petits rayons, l’écart-type augmente
au fur et à mesure que r diminue, et une pente de -1 dans le graphique log-log est toujours
observée. A l’extrême, la taille du mouchetis est donc trop petite par rapport à l’échan-
tillonnage de l’image, ce qui signifie que la texture n’est pas codée sur un nombre suffisant
de pixels (sous-échantillonnage). Pour des rayons supérieurs à 2 px (diamètre moyen des
taches de 4 px), l’écart-type ré-augmente de nouveau avec r, jusqu’à obtenir évidemment
des erreurs très importantes lorsque la taille de la fenêtre de corrélation est plus petite que
la taille moyenne de la texture. On illustre la règle empirique maintenant bien établie :
75
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
la texture doit être la plus fine possible (afin d’augmenter les gradients, Figure 2.7(b))
tout en étant correctement codée sur les pixels de l’image (c’est-à-dire sur au moins 3 px),
la taille de la fenêtre de corrélation étant choisie en fonction du compromis erreur (ou
incertitude de mesure) et résolution spatiale que l’on s’impose.
Jusqu’à présent, nous nous sommes focalisés sur l’erreur obtenue à partir de simples trans-
lations d’images. Dans ce cas, le modèle de transformation (shape function) n’est jamais
mis en défaut puisqu’il intègre toujours, même dans le cas le plus simple, la transforma-
tion réelle de l’image. En réalité, pour une image quelconque d’un objet se déformant de
manière quelconque, un régime d’erreur que les membres du GDR CNRS 2519 ont qualifié
de mismatch error regime (erreur de discordance, de modèle) apparaı̂t. Afin de quantifier
cette erreur, un travail spécifique a été mené sur des images synthétiques en considérant
un déplacement sinusoı̈dal de type élongation/contraction suivant la direction horizontale
ex , déplacement infiniment dérivable. D’autre part, en faisant varier la période du dé-
placement, il est possible d’évaluer la résolution spatiale, ou plutôt la dépendance de la
résolution avec la fréquence spatiale du signal dans les images. Le déplacement est donné
par :
2πx
u(x) = αp sin ex (2.31)
p
où p est la période en pixel et 2πα l’amplitude de la composante xx de la déformation.
L’amplitude du déplacement dépend de la période, mais pas celle de la déformation. Les
composantes des premier et second gradients du déplacement suivant x s’expriment alors
par :
∂u 2πx M ax 2πx
u,x (x) = = 2πα cos = u,x cos (2.32)
∂x p p
∂2u −4π 2 α
2πx M ax 2πx
u,xx (x) = = sin = −u,xx sin (2.33)
∂x2 p p p
Les valeurs choisies pour l’amplitude α et pour la période p sont respectivement α ∈ {0,02 ;
0,01 ; 0,005 ; 0,001} et p ∈ {10, 20, 30, 60, 130, 260, 510} px, pour des images de taille
512 × 512 px. Les valeurs du maximum des gradients de déplacement correspondants sont
respectivement de 12,6%, 6,3%, 3,1% et 0,63%. Les images sont construites à l’aide de
Texgen sans processus d’interpolation. La figure 2.8 présente le type d’image obtenue, à
titre d’illustration pour un cas de déformation maximale de plus de 31%. La taille moyenne
des taches est la même que précédemment (r0/2, r0 et 2r0).
76
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.8 – Illustration des images synthétiques sinusoı̈dales, extrait de l’image initiale
en haut, et d’une image avec déformation α = 0.05 soit uM ,x
ax = 31.4% et p = 130 px en
Les résultats pour une fenêtre rigide (φ = 0) sont schématisés sur la figure 2.9 où est
représentée l’évolution de l’erreur RM SG normalisée par l’amplitude maximale du premier
gradient de déplacement (2πα). Trois régimes d’erreurs apparaissent en fonction de la
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! 8'9
!!"#$% ! #$%
!"
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,3.,$7
,3.,$77 ,3.,$777
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!
" #$%&"
6%(). 23,0)(1(%0 433%3$(0'.*5$%&$!
Figure 2.9 – Représentation schématique de l’ensemble des observations pour une trans-
formation locale d’ordre 0, d’après [9].
77
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
période du signal :
– si d < p (zone I Figure 2.9), il n’y a pas de mesure possible et l’erreur RM SG est égale
au RMS du déplacement sinusoı̈dal lui-même, d est donc la résolution spatiale ultime.
– si d < p < 15d (zone II Figure 2.9), il y a une zone de transition avec décroissance en
fonction la période, et l’erreur est proportionnelle à α.
– pour p assez grand (zone III Figure 2.9), une valeur asymptotique indépendante de
p et de d (mais dépendante de r) est obtenue, toujours fonction de α. Pour α et d
suffisamment petits, cette valeur asymptotique devient indépendante de α et de d et est
donc assimilable à l’erreur ultime obtenue dans le cas de translation pure (voir page 69).
Pour une fonction de forme d’ordre zéro (translation), un champ modérément hétérogène
et une fenêtre suffisamment grande, l’erreur aléatoire est donc contrôlée par :
RM SG (φ = 0) = Sup kr (r) uM ax t
,X , σ (d, r, i) . (2.34)
avec kr ≈ 0, 2r. Il s’agit d’une borne inférieure dans le cas de situations plus hétérogènes.
Dans la plupart des cas, l’erreur est régie par le premier terme de la borne supérieure, le
second étant pertinent pour de très petites déformations.
De la même manière, les résultats pour une transformation affine (φ = 1) sont schémati-
sés sur la figure 2.10, mais dans ce cas l’erreur RM SG est normalisée par un coefficient
proportionnel au maximum du second gradient uM ax 2
,xx = 4π α/p multiplié par le carré de
la taille de la fenêtre, soit 4d2 π 2 α/p.
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Figure 2.10 – Représentation schématique de l’ensemble des observations pour une trans-
formation locale d’ordre 1, d’après [9].
78
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
RM SG (φ = 1) ≤ Sup ka d2 uM ax t
,XX , σ (d, r, i) (2.35)
Le premier terme est prépondérant pour des gradients de déformation importants, il aug-
mente fortement avec d. Le second terme est prépondérant lorsqu’il y a de faibles gradients
de déformation dans les images. Il est d’autre part démontré dans [9], et nous l’avons vu
aussi pour les erreurs aléatoires en translation d’image, que le terme σ t (d, r, i) diminue
avec d en 1/d, il existe donc une valeur optimale de d qui dépend de |u,xx |, ce qui suggère
que l’on peut affiner d en tenant compte à la fois de la taille des taches du mouchetis et
du champ de déformation à analyser.
Toujours pour une transformation affine, des images de transformation sinus en cisaille-
ment avec un déplacement de la forme u(x) = αp sin (2πy/p) ex ont aussi été construites
et corrélées, et nous avons montré dans [12] que les conclusions étaient identiques : les
termes de cisaillements étant pris en compte dans le modèle de transformation affine de la
fenêtre, les erreurs restent proportionnelles au second gradient du déplacement et à d2 .
Enfin, pour une transformation quadratique, le régime où l’erreur RM SG est propor-
tionnelle à d3 uM ax
,xxx est finalement marginal (voir § III page 209, [9] § Quadratic shape
function). En effet, on observe expérimentalement que l’erreur devient très rapidement
indépendante de p et α, et dépendante de d, comme c’est le cas de l’erreur aléatoire en
translation pure.
Au bilan, dans tous les cas, l’erreur de modèle induit une erreur proportionnelle au gradient
d’ordre juste supérieur à celui qui n’est pas présupposé dans le modèle de transformation
de fenêtre, sauf dès que l’erreur ultime devient prépondérante.
Une analyse locale, c’est-à-dire en considérant les résultats par colonne de l’image, per-
mettant ainsi de séparer les erreurs aléatoires des erreurs systématiques, a aussi été menée
dans [9] (voir § III page 209, § Local Gradient Analysis). La conclusion générale est que les
erreurs sont dues en grande partie aux erreurs systématiques (et non aux erreurs aléatoires)
qui dépendent du premier et du second gradient du déplacement (si φ = 0), ou du second
gradient seulement (si φ = 1). Les erreurs aléatoires et systématiques sont indépendantes
des gradients et du même ordre de grandeur lorsque φ = 2.
Enfin, notons qu’un bruit introduit dans les images a exactement la même influence sur
l’erreur RM SG asymptotique lorsque celle-ci correspond au régime d’erreur ultime, que
sur l’erreur en translation : l’erreur est simplement proportionnelle à l’écart-type du bruit.
Par contre, lorsque le régime d’erreur correspond à l’erreur de modèle, si la déformation
α (cas φ = 0) ou son gradient (cas φ = 1) est grand alors l’influence du bruit devient
négligeable car l’erreur de modèle devient prépondérante : l’erreur RM SG asymptotique
79
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
est d’autant plus dégradée par le bruit que la déformation et ses gradients sont faibles et
que la fenêtre de corrélation est petite. De ce fait la zone de transition (zone II sur les
figures 2.9 et 2.10) est aussi modifiée par le bruit d’image.
Bien moins de travaux ont pour objet l’analyse des erreurs de mesure en stéréo-corrélation.
Trois principales approches sont possibles et décrites ici.
Tout d’abord, il est possible de proposer des expériences réelles sur un test de référence
dont on a a priori la connaissance exacte, puis de les comparer avec les mesures obtenues
par le traitement des images. Cette approche déjà proposée pour des mesures de champs
2D [PHB+ 07], et bien qu’englobant toute la chaı̂ne de mesure, est tributaire des conditions
expérimentales, des résolutions des moyens de mesure concurrents (voire des résultats de
calculs), et des variabilités des géométries et matériaux. En stéréo-corrélation et dans
certains cas particuliers, comme on va le voir par la suite, cette approche peut donner des
minorants des incertitudes de mesure.
Il est aussi possible de modéliser le processus de mesure complet et faire propager les erreurs
dans ce processus. La problème de cette approche réside dans le fait qu’il est difficile, sinon
impossible, de modéliser avec précision le processus de mesure réel, les erreurs trouvées
pouvant être issues d’une inadéquation entre le modèle proposé et la situation réelle. On
peut citer ici les travaux récents de l’équipe de Sutton et al. [WSK+ 11, KSSW11]. Dans
ces travaux, une configuration simplifiée de stéréovision est prise en compte (seul l’angle
de vergence est non nul, pas de distorsion), le calibrage est considéré comme parfais (pas
de variance dans les paramètres du modèle de projection perspective), et les erreurs sont
uniquement introduites par la variance et l’espérance des erreurs d’appariements dues à
un bruit dans les images suivant les relations proposées dans [WSBS09] et décrites par
les équations (2.29) et (2.30) page 72. Une méthode de Monte-Carlo permet de faire les
tirages, le point 3D étant reconstruit par ajustement de faisceaux. Les résultats concernent
l’influence de l’angle de vergence, de la distance plan focal/objet et de la distance focale
sur le biais et l’erreur aléatoire du point reconstruit. La limite de ces travaux provient du
fait qu’il n’y a pas de déplacement puisque l’erreur est uniquement due au bruit d’image,
ni de variabilité dans les paramètres de calibrage. Hu et al. [HXL+ 11] s’inspirent de cette
démarche. Dans leurs travaux, deux approches sont proposées, à partir du modèle non-
→
−
linéaire (avec distorsion) Φ( θ ) exprimant la position d’un point de l’espace 3D M =
→
− →
−
Φ( θ ) et dépendant du vecteur de paramètres θ : la première est aussi basée sur une
méthode de Monte-Carlo où est affectée à chaque paramètre une distribution d’erreur
Gaussienne centrée réduite d’écart-type σ(θi ) (la variance est V (θ) = σ 2 (θ)). Dans la
seconde approche, la matrice Jacobienne J = ∂M ∂θi peut être calculée numériquement
i
80
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Il est enfin envisageable de proposer des expériences virtuelles (donc exactement maı̂trisées)
en utilisant des images stéréoscopiques simulées et de comparer les mesures obtenues par
le traitement des images simulées avec les formes et champs imposés. Cette approche, que
nous avons présentée dans la section 2.2.2.2 précédente pour la corrélation 2D, a été récem-
ment étendue à la stéréo-corrélation par Hu et al. [HXL+ 10, HXL+ 11]. Dans ces travaux, une
technique de lancer de rayon est utilisée conjointement avec la description d’une fonction
de surface de l’objet ξ(M ) = 0 : un rayon issu de chaque pixel m des caméras intersecte la
surface de l’objet à travers un modèle de projection-perspective linéaire m̃ ∼ = KT M̃ , une
texture basée sur la somme de taches Gaussienne individuelles [WCMNG01, ZG01] étant
définie par la fonction réelle I(M ). L’image déformée est obtenue par l’intersection sur la
surface ξ(M 0 ) = 0. Une approche similaire généralisée est actuellement développée au sein
du GT1 du GDR CNRS 2519 par B. Wattrisse et Garcia et al. [91].
Afin d’illustrer ce type de tests, deux applications sur la caractérisation des résolutions
(estimées à partir de la mesure du bruit ambiant) et des incertitudes de mesure sont
présentées dans la suite. Elles sont toutes deux issues de travaux sur la caractérisation
81
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Cette première analyse a été proposée afin d’évaluer résolutions et incertitudes de mesure
que l’on pouvait obtenir en stéréo-corrélation sur les éprouvettes de flexion, car ces ma-
tériaux pré-endomagés par la cuisson présentent des très faibles niveaux de déformation
élastique non-linéaire avant adoucissement (endommagement majeur de la matrice conso-
lidée par les fibres) (voir § 2.2.3.1 page 91). La configuration est la suivante : deux caméras
CCD Qimaging Qicam (résolution 1360 × 1036 px, 8 bits, objectifs Computar 25 mm f1.3),
angle de vergence de 16,4°. Une image de l’éprouvette est donnée Figure 2.11, la ROI est
d’environ 125 × 25 mm2 , soit un facteur de grossissement g =10,3 px.mm−1 . La texture est
obtenue par projection de peinture : le rayon d’auto-corrélation moyen est estimé à 1,9 px
et les gradients de niveaux gris moyens à 22 ng.px-1. Les expériences sont les suivantes : test
de bruit ambiant (noise floor ) sans mouvement de l’objet, puis test de 50 petits déplace-
ments de solide rigide (typiquement, déplacement horizontaux de l’éprouvette d’amplitude
inférieure au mm). Les images sont traitées avec le logiciel Vic-3D [sof11]. Dans ce cas, on
fera varier la taille de la fenêtre de corrélation (d ∈ {11, 17, 25, 35, 51, 65} pix). Le pas de
la grille de calcul est fixé à p = 5 px, et on fera varier aussi le nombre de points corrélés
nc utilisés pour le calcul des déformations (nc ∈ {5; 9; 15; 23; 31; 61}), tel que la résolution
spatiale en déformation [(nc − 1) × p]/g prenne pour valeurs respectivement {1,9 ; 3,9 ; 6,8 ;
10,7 ; 14,6 ; 29,1} mm. La figure 2.12 présente les résultats de la mesure du bruit ambiant.
L’écart-type du déplacement σu diminue avec la taille de la fenêtre, cf. équation (2.29)
page 72, mais semble saturer à partir d’une fenêtre de 25 px. Pour les tailles supérieures
ou égales à 25 px, σu est inférieure ou égale à 0,5 µm (5×10−3 px). L’erreur systématique
est indépendante de d et est comprise entre -1,2 et 0,3 µm (-13×10−3 et 3,2×10−3 px). La
résolution en déplacement, estimée comme strictement supérieure à la mesure du bruit,
est donc d’au moins 0,5 µm (5×10−3 px).
On s’intéresse maintenant aux déformations. Les champs de déformation sont calculés avec
le post-processeur du logiciel Vic-3D [sof11] en faisant varier le nombre de points nc utilisés
pour le calcul de la dérivée discrète. Comme pour l’estimation des erreurs de mesure des
déplacements, les déformations calculées sont comparées aux déformations imposées (dans
ce cas, exactement nulles) en tout les n points corrélés dans la ROI. On définit alors de la
même manière l’erreur aléatoire σε et le biais Bε respectivement par les équations (2.26) et
(2.27) dans lesquelles il convient de remplacer ∆Ui par εmes i (voir page 69). Comme prévu,
σε diminue aussi avec l’augmentation de la longueur de jauge, par calcul des incertitudes
σε ∝ σu /nc [Dou00]. Le biais Bε est compris entre -8×10−6 et 6×10−6 . L’ordre de grandeur
de la résolution en déformation peut aussi être estimé par l’écart-type σε , pour un choix
82
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
−3 −4 −4 −6
x 10 x 10 x 10 x 10
2 5 1.2 6
Displacement standard deviation [mm]
4
1
1.5 0
Strain bias
1 −5 0.6 −2
−4
0.4
0.5 −10 −6
0.2
−8
0 −15 0 −10
10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Subset size [pixel] Number of neighboring matched points
La figure 2.13 présente maintenant les résultats de la mesure du déplacement, la figure 2.14
ceux concernant la déformation calculée à partir du champ de déplacement. Pour d petits,
−3
x 10
5
Displacement standard deviation [mm]
4
25 pixels
3.5
2.5
1.5
0.5
10 20 30 40 50 60
Subset size [pixel]
83
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
3,5 µm. La valeur moyenne pour ces 50 expérience est de σu ≈ 1,6 µm pour d > 25 px
avec un écart-type pour toutes les expériences indépendant de d et égal à environ 0,5 µm.
Comme l’incertitude-type du déplacement est évaluée à partir de σu , une bonne estimation
en est de 1,6 µm, soit 1,5×10−2 px (3 fois plus que pour l’écart-type sur l’estimation
du bruit ambiant). Nous avons montré d’autre part (voir Figure 2.7(a) page 75) que
la taille optimale des taches d’un mouchetis synthétique, pour ce moteur de corrélation
(en 2D), était d’environ r = 2 px, et que l’erreur σu en translation pure pour d = 25
px était évaluée à environ 7×10−4 px. La taille moyenne du mouchetis peint sur cette
éprouvette est de r = 1,9 px et s’en rapproche donc, et bien que les gradients moyens
soient moins importants (22 ng.px-1 contre 31 ng.px-1, voir Figure 2.7(b)), du fait du
contraste de la texture non optimal, la taille de ce mouchetis réel est assez optimale.
Pourtant, l’erreur aléatoire obtenue pratiquement en stéréo-corrélation par translations
de l’éprouvette (1,5×10−2 px) est au moins un ordre de grandeur supérieur à l’erreur
ultime en translation provenant des images synthétiques traitées par le même moteur de
corrélation (Vic-2D) : les erreurs de calibrage et de reconstruction sont donc probablement
prépondérantes, elles s’ajoutent aussi aux erreurs liées au bruit dans les images réelles, à
la texture et aux gradients non optimaux, etc.
Concernant les erreurs en déformation, comme la déformation est nulle le biais Bε peut
être ici évalué (Figure 2.14(a)). Bε est bien entendu indépendant de la taille de la jauge
−5 −4
x 10 x 10
3
6
Correlation window size = 25 pixels
Correlation window size = 25 pixels
5 2.5
Mean and standard deviation from
Mean and standard deviation from the 50 experiments
4
Strain standard deviation
the 50 experiments
2
3
Strain bias
2 1.5
1
1
0
−1 0.5
−2
0
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Number of neighboring matched points Number of neighboring matched points
Figure 2.14 – Évolution de l’amplitude du biais (a) et de l’erreur aléatoire (b) pour 50
déplacements de corps rigide, en fonction de la longueur de la jauge optique (nombre de
points N ), d’après [7].
optique, avec des valeurs comprises entre -2×10−5 et 6×10−5 , mais une valeur moyenne
pour l’ensemble des expériences inférieure à 10−5 avec un écart-type de 2×10−5 . Pour l’er-
reur aléatoire, σε diminue bien évidemment lorsque la taille de la jauge optique augmente,
et la dispersion sur l’ensemble des expériences est relativement faible et constante. Pour
84
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
nc = 15 (jauge de 6,8 mm), la valeur moyenne σε est proche de 10−4 , avec une faible
dispersion (écart-type de σε de 0,25×10−4 ). Pour cette étude, il semble que cette taille
de jauge optique présente un bon compromis entre résolution spatiale en déformation et
incertitude type (10−4 ). En conclusion, sur une expérience réelle avec un mouchetis rela-
tivement optimisé, nous montrons qu’un bon compromis aboutit à une résolution spatiale
en déplacement de d/g = 2,4 mm (d = 25 px) et une incertitude type pouvant être estimée
à 1,5 µm (1,5×10−2 px). La jauge optique qui assure un bon compromis donne une réso-
lution spatiale en déformation de 6,8 mm pour une incertitude type sur la déformation de
10−4 et une erreur systématique inférieure à 10−5 .
Une deuxième analyse a été proposée pour évaluer l’erreur due au repositionnement d’une
éprouvette sur son support de mesure, dans le cadre de l’évaluation de l’asymétrie de fluage
de béton réfractaire fibré (voir § 2.2.3.1 page 94). La configuration est la suivante : deux
caméras CCD Pike AVT (résolution 1388 × 1036 px, 8 bits, objectif Fujinon 50 mm f2,3),
angle de vergence de 9,7°. Une image de l’éprouvette est présentée Figure 2.15, la ROI est
d’environ 130 × 40 mm2 , soit un facteur de grossissement de 10,3 px.mm−1 . Comme le
fluage s’effectue à 1020 °C, la texture naturelle de l’éprouvette, bien que non optimale, est
obligatoirement conservée : le rayon d’auto-corrélation moyen est estimé à environ 4 px
mais avec une forte dispersion spatiale, et les gradients de niveaux gris moyens à 9 ng.px-1.
Plusieurs images de l’éprouvette, après retrait et repositionnement selon la même procé-
dure, sont acquises. Dans chaque cas, afin de diminuer les erreurs dues au bruit d’image,
une image moyenne est construite à partir de la moyenne arithmétique pixel-à-pixel de 25
images acquises sans aucun mouvement. L’écart-type du bruit d’image est ainsi évalué à
environ 1,25 niveau de gris sur 8 bits, valeur classique pour ce type de caméra CCD. Les ex-
périences sont les suivantes : évaluation du bruit de fond (sans déplacement de l’éprouvette,
avec images moyennées ou non), et évaluation du repositionnement (sans déformation de
l’éprouvette). Les paramètres de corrélation d’images entraı̂nent une résolution spatiale
en déplacement de 1,5 mm (d = 15 px) et en déformation (jauge optique) de 4,5 mm.
Les résultats (moyenne arithmétique µ(u) et écart-type σ(u) du déplacement horizontal u
puisque le déplacement théorique n’est pas connu, et erreur systématique Bε et aléatoire
σε de la déformation transversale ε puisque la déformation théorique est connue et nulle)
sont résumés dans le tableau 2.3.
Comme
√ prévu, pour les images moyennées, l’écart-type du déplacement est divisé par
25, et par conséquent l’erreur aléatoire sur la déformation aussi. Le biais est quand à
lui peu influencé par le bruit d’image. D’autre part, on retrouve une valeur de l’ordre
du micromètre en résolution de mesure du déplacement (bruit de fond), soit compte-tenu
85
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
µ(u) σ(u) Bε σε
Aucun mouvement (bruit de fond)
0,6 µm 1,5 µm 1×10−5 2,7×10−4
Images non moyennées
Aucun mouvement (bruit de fond)
1 µm 0,3 µm 4×10−6 4,9×10−5
Images moyennées
Éprouvette repositionnée
(mouvement de corps rigide) (–) 1,1 µm 4×10−6 2,0×10−4
Images moyennées
Table 2.3 – Erreurs de mesure estimées en l’absence de mouvement (bruit de fond) et par
expériences de repositionnement, d’après [19].
Puis nous nous sommes focalisés au § 2.2.2.2 sur l’analyse des performances et la caracté-
risation des erreurs de mesure en corrélation 2D. Les principaux résultats que nous avons
mis en évidence et qu’il convient de garder en mémoire sont les suivants :
– aucune mesure n’est possible si le mouvement dans l’image a un contenu fréquentiel
supérieur ou égal à la taille de la fenêtre de corrélation (ou de l’élément) ; pratiquement
sa période doit être au moins 5 fois plus grande.
– erreur aléatoire (incertitude-type) et résolution spatiale sont toujours liées, que ce soit
pour le déplacement ou la déformation, et un compromis sera toujours à choisir par
l’utilisateur.
– le premier facteur jouant sur les erreurs provient de l’inadéquation entre l’hypothèse
cinématique choisie dans le processus de corrélation et la déformation réelle de l’image.
35. On ne cherche pas ici à connaı̂tre la valeur du repositionnement mais son influence sur les erreurs à
attribuer aux champs de déformations.
86
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Cette erreur de modèle est proportionnelle au gradient d’ordre juste supérieur à celui qui
n’est pas présupposé par l’hypothèse cinématique choisie, sauf lorsque l’erreur ultime
devient prépondérante. Pratiquement, il faut choisir une transformation cinématique
adaptée au problème à traiter ; plus son degré est élevé et plus cette erreur devient
faible mais le problème difficile à résoudre (beaucoup de paramètres). Assurément, cette
erreur de modèle diminue avec la taille de la fenêtre ou le nombre de pixels par élément
(sauf dans le cas de translation pure, peu utilisé pratiquement), mais au détriment de la
quantité d’information disponible. Il faut noter enfin que pour cette erreur de modèle,
sa partie systématique est plus importante que sa partie aléatoire.
– lorsque la transformation réelle de l’image s’approxime suffisamment bien par l’hypo-
thèse cinématique choisie, l’erreur prépondérante est l’erreur ultime, celle qui est obser-
vée lorsqu’on considère de simples translations d’images. Dans ce cas, le bruit dans les
images est l’un des principaux facteurs de l’erreur (alors qu’il est peu influent lorsque
l’erreur de modèle est prépondérante). L’autre facteur est directement lié aux gradients
contenus dans les images et donc à la taille et la discrétisation des taches. Pour un
bruit raisonnable (c’est-à-dire celui que l’on trouve dans les images obtenues avec des
caméras industrielles) et contrairement à l’erreur de modèle, sa partie aléatoire est plus
importante que sa partie systématique. L’erreur aléatoire est enfin inversement pro-
portionnelle à la taille de la fenêtre (compromis erreur aléatoire/résolution spatiale).
L’erreur systématique est la somme d’une erreur due au schéma d’interpolation d’image
utilisé dans le processus et d’une erreur due au bruit, lorsque le déplacement est suffi-
samment loin d’une valeur entière de pixel : pour un déplacement d’un pixel périodique
l’erreur systématique est nulle.
87
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Pour conclure, les aspects métrologiques liés aux techniques de corrélation d’images res-
tent encore un sujet ouvert. En effet, il n’existe pas à l’heure actuelle de protocole ou
de norme permettant ni de garantir une configuration matérielle et logicielle optimale,
ni de proposer à partir d’une configuration expérimentale donnée, une estimation des er-
reurs associées aux mesures. C’est je pense le plus grand reproche qu’on peut faire aux
méthodes de mesures optiques et un des points fondamentaux auquel il convient de conti-
nuer à s’intéresser. A ce propos, au sein du GT “métrologie” du GDR CNRS 2519 nous
avons étendu les travaux menés sur la corrélation 2D [Bor06][38, 9, 12, 47, 56, 22] à
la stéréo-corrélation, avec deux approches en parallèle : d’une part une approche de type
benchmark expérimental permettant de mesurer les performances des différents systèmes
de mesure de la communauté photomécanicienne Française sur une forme “étalon” à des
fins de comparaison, d’autre part une approche basée sur des images stéréoscopiques simu-
lées et dont les caractéristiques sont ajustables [91]. Une action internationale vient aussi
d’être lancée fin 2011 sur ces problématiques, il s’agit du DIC Challenge. Ce challenge a été
créé par Phillip Reu (Sandia National Laboratories, USA) dans le but de fournir à la com-
munauté internationale des utilisateurs/développeurs de méthodes de corrélation d’images
un ensemble d’images tests pour la vérification, le test et l’amélioration des logiciels. Il
se déroule sous les auspices de la Society for Experimental Mechanics (SEM) et sous la
direction d’un comité, dont je suis membre, et dont le rôle est de créer les challenges, de
modérer et compiler les tests, et d’interpréter et diffuser les résultats. A l’heure actuelle
nous sommes en train de définir les jeux d’images pour les tests de corrélation 2D.
Enfin, il convient de noter que les travaux menés sur la caractérisation des erreurs de
mesure ne concernent que la mesure des champs de déplacements. Bien qu’il soit toujours
préférable de s’en tenir aux données brutes des déplacements, le mécanicien souhaite aussi
caractériser les erreurs de mesure des champs de déformations, et notamment justifier
les choix à faire et qui sont liés au filtrage, quelque soit la technique de dérivation spa-
tiale utilisée 36 : comment lisser le bruit de mesure (inconnu) sans dégrader l’information
mécanique, elle aussi inconnue ?
36. Pour le lecteur intéressé, le passage du déplacement à la déformation est traité par exemple dans le
chapitre 7 de [GH12].
88
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Les bétons réfractaires sont largement utilisés dans une gamme de température de l’am-
biante à 1200 °C, comme matériaux de revêtement de centrale thermique [MC04, NMC06] ou
bien comme matériaux d’outillage pour des procédés de mise en forme à chaud [BNC07]. A
ces températures, il est important d’évaluer le caractère endommageable de ces matériaux.
Cependant, il est parfois délicat de mesurer les très faibles déformations de ces matériaux
sollicités en traction par les mesures classiques d’extensométrie mécanique, car la mesure
est handicapée par son caractère local alors que le matériau est fortement hétérogène. De
plus, ces matériaux sont sujets à la fissuration qui mène à la localisation de la déformation,
ce qui complique l’interprétation de la mesure extensométrique puisque cette dernière est
sensible à la position de l’extensomètre par rapport à la fissure. Enfin, pour les essais de
flexion, il est observé des écrasements en dessous des appuis qui biaisent les mesures de
déflexion. Les mesures de champs par corrélation d’images vont alors permettre d’accéder
à l’ensemble du champ de déformations surfaciques et de ne plus être dépendant de la
position du capteur extensométrique. Ici, l’utilisation de la stéréovision permet de s’af-
franchir des défauts classiquement liés à la corrélation 2D (positionnement de la caméra,
mouvement hors-plan, distorsions optiques, etc.). Dans la suite je présente des résultats
de travaux que nous avons menés sur ces matériaux en collaboration avec T. Cutard, G.
Dusserre et F. Nazaret (Aurock).
La stéréo-corrélation d’images est ici appliquée lors d’un essai de traction sur une éprou-
vette en béton réfractaire silico-alumineux à basse teneur en ciment à base d’andalou-
site [MC04], cuite à 700 °C. Sur ce type de matériau, après un comportement linéaire
élastique dont la limite dépend du type du béton et de la température de cuisson ou d’es-
sai, un endommagement se développe, se traduisant par une non-linéarité de la courbe
89
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
La figure 2.16 présente la courbe de comportement obtenue par LVDT et trois cartes en
fausses couleurs des champs de déformation longitudinale correspondant respectivement
aux points 1, 3 et 4 de la courbe de comportement. La figure 2.16(b) montre que le phé-
Figure 2.16 – Courbe de traction (a) et cartes des champs de déformation longitudinale
(b–d), d’après [65].
90
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
La figure 2.17 donne un aperçu des géométries et des ROI des éprouvettes de traction et
de flexion 4 points. La configuration expérimentale est détaillée au § 2.2.2.3 page 82.
25 mm 25 mm
(257 pixels) (700 pixels)
Figure 2.17 – Zones d’étude (ROI ) en pointillé pour les éprouvettes de flexion (à gauche)
et de traction (à droite). Un mouchetis à la peinture en bombe est appliqué afin d’aug-
menter la résolution de la mesure, d’après [7].
On s’intéresse tout d’abord aux essais de traction. La figure 2.18 compare les courbes de
37. Cette particularité provient des différentiels de dilatation des matériaux en présence et l’endomma-
gement diffus est créé pendant la cuisson. Le comportement est alors élastique non-linéaire, mais passé la
contrainte maximale l’adoucissement est raisonnable puisque les contraintes sont transférées via les fibres
métalliques.
91
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
5
Measured by the extensometer
4.5
Measured by 3−D DIC after smoothing
4
3.5
Stress [MPa]
2.5
1.5
0.5
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5
Strain [m/m] −4
x 10
Figure 2.18 – Courbes de traction obtenues par mesure de champ et mesure ponctuelle
sur échantillon cuit à 500 °C en traction uniaxiale, d’après [7].
deux courbes se ressemblent, bien que les valeurs des déformations permanentes soient
plus élevées pendant le chargement/déchargement sur les boucles dans le cas des mesures
de champ. Une différence entre les deux méthodes est également observée pour la défor-
mation au pic de contrainte. Ces différences sont très certainement liés aux phénomènes
de localisation de la déformation qui se produisent pendant la fissuration : l’extensomètre
mécanique est plus dépendant des sites de location des fissures et de son positionnement
sur l’éprouvette que la mesure de champs, qui en fait la moyenne sur la ROI. D’autre
part, il ne faut pas oublier que les déformations ne sont pas mesurées sur la même face
de l’échantillon (flexions parasites éventuelles). On montre sur le tableau 2.4 pour plu-
sieurs température de cuisson, que les modules d’Young évalués par les deux mesures sont
très proches, puisque les valeurs obtenues par corrélation d’images sont dans les plages
de variabilité, toute à fait standards pour ce type de matériau, des valeurs obtenues par
extensomètre mécanique.
On s’intéresse maintenant aux essais de flexion 4 points. Dans ce cas, le champ de défor-
mation est particulièrement hétérogène. En conséquence, et en raison des spécificités du
comportement des bétons réfractaires fibrés pré-endommagés par la cuisson, des précau-
tions doivent être prises pour la détermination de leur module d’Young à partir d’essais de
flexion. Classiquement, les données qui sont mesurées sont la force et la flèche, mais sur ce
type de matériau il est souvent observé un écrasement au niveau des rouleaux qui biaise
la mesure de la flèche et conduit à des erreurs importantes sur l’évaluation du module
92
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Table 2.4 – Comparaison entre les valeurs du module d’Young déterminées à partir des
mesures extensomètre en traction (moyenne et dispersion sur 5 essais), corrélation d’images
en traction et corrélation d’images en flexion, d’après [7].
Nous avons donc proposé d’identifier le module à partir d’essais de flexion en utilisant la
mesure par corrélation d’images sur une zone de l’éprouvette à proximité de la surface
inférieure en traction et entre les appuis inférieurs, comme présenté sur la figure 2.19
(voir § III page 209, [7] § Four point bending test results).
Figure 2.19 – Champ de déformation longitudinal lors d’un essai de flexion 4 points :
description de la zone (45 mm de largeur de 1 mm de hauteur) considérée pour calculer la
valeur moyenne de la déformation longitudinale afin de déterminer le module en flexion,
d’après [7].
Le module d’Young E est alors déterminé à partir des valeurs de l’effort appliquée P
et de la déformation mesurée par corrélation d’images εxx , en appliquant la théorie de
l’élasticité :
3P (L − l)
E= (2.36)
2εxx bh2
où b et h sont respectivement la largeur et la hauteur de l’éprouvette, et L et l les distances
entre les appuis inférieurs et supérieurs. La mesure de εxx ne donne pas exactement la
valeur de la déformation sur la surface en traction, puisqu’il y a un gradient linéaire,
sur la face latérale, entre la fibre neutre et le bord en traction. La valeur trouvée est
donc minorée, et celle du module d’Young devrait être surestimée. Or dans cette zone de
traction maximale, Nazaret et al. [NMC06] ont montré qu’en raison de l’endommagement
qui se développe pendant les cycles de cuisson, la microfissuration se produit dès le début
du chargement mécanique même si un domaine linéaire existe sur le début des courbes de
comportement. Or la microfissuration est favorisée sur le bord extérieur de l’éprouvette,
c’est-à-dire précisément dans la zone ou l’on collecte les mesures de champs, qui sont de
facto surestimées. Ainsi, comme ces deux phénomènes produisent des effets opposés, les
valeurs du module d’Young obtenues à partir des essais de flexion et corrélation d’images,
93
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
rapportées aussi dans le tableau 2.4, sont très proches de celles obtenues à partir des essais
de traction (d’autant plus surestimée que la température de cuisson est faible).
Afin d’appuyer notre propos, on présente dans la figure 2.20 l’évolution de la déformation
sur la face en traction, lors d’un essai de flexion monotone d’une éprouvette cuite à 110 °C,
mesurée soit à partir de la mesure de champ (même protocole que précédemment, cf.
Figure 2.19), soit à partir de la valeur du module d’Young estimée en traction uniaxiale
(Tableau 2.4, première colonne), de l’équation (2.36) et de la mesure de l’effort P . En
−4
x 10
From the theory of elasticity and load measurements
From the 3−D DIC method
5
4
Strain [m/m]
0
0 10 20 30 40 50 60
Time [s]
Figure 2.20 – Évolution de la déformation élastique lors d’un essai de flexion 4 points
monotone effectué sur un échantillon cuit à 110 °C. Les valeurs des déformations sont soit
calculées à partir de la théorie de l’élasticité (équation (2.36)) et mesures de l’effort, soit
déduites des mesures de champ suivant la méthode définie Figure 2.19, d’après [7].
comparant les deux courbes, on peut conclure que les niveaux de déformation obtenus
par corrélation d’images sont en effet sous-estimés. Par contre, les modules d’Young sont
correctement identifiés, en tout cas bien mieux qu’en utilisant comme donnée la déflexion
mesurée de la poutre, biaisée par les déformations locales aux niveaux des appuis.
Les travaux qui suivent visent à caractériser le comportement asymétrique du fluage d’un
béton réfractaire à haute température (1030 °C – 1200 °C) [19]. Comme la mesure est im-
possible à chaud, les essais de flexion 4 points standard sont interrompus afin d’effectuer
la mesure des champs des déformations résiduelles sur la surface des éprouvettes refroi-
dies à température ambiante, par stéréo-corrélation d’images. En effet, dans ce cas nous
re-positionnons l’éprouvette pour chaque mesure et la stéréo-corrélation nous assure de
ne pas introduire de déformation apparente. La configuration expérimentale et les para-
mètres utilisés pour la corrélation ont été introduits précédemment au § 2.2.2.3 page 85. En
premier lieu, le fluage n’est possible que si l’éprouvette n’est pas fissurée de manière macro-
scopique : il est sinon nécessaire d’augmenter la température et de diminuer le chargement.
94
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
+Model
JECS-8933; No. of Pages 11 ARTICLE IN PRESS
8 G. Dusserre et al. / Journal of the European Ceramic Society xxx (2012) xxx–xxx
Pour cela, la visualisation de la discontinuité des champs de déplacement au niveau de la
(ou des) fissure macroscopique a été particulièrement utile (voir §fields
The displacement/strain III measured
page 209, [19]
at points § C4.3.
A, B, and
D are depicted in Fig. 9. The method is not accurate enough to
Strain fields at 1030 °C ). Lorsque le champ de déplacement reste continu (à l’échelle de
measure the very low displacements involved by creep tests per-
la mesure) au cours du fluage, nous avons misformed en évidence
under 2 MPa l’asymétrie du fluage
(point A), as discussed in Sectionen 3.4.me-
The
surant l’évolution de la position de l’axe neutre discontinuous displacementau
de l’éprouvette fieldcours
along the horizontal
fluage. axis, uce
Dans x,
shows that the specimens at points B, C and D already undergo
cas, il faut évidemment s’assurer que l’effet, sur damagela despite
position de l’axe
quite small neutre, The
creep deflections. dupropagation
déchar-
gement élastique et de la relaxation est négligeable. Cette
of the largest crackhypothèse
from point C to est raisonnable
point car
D involves a stress
les contraintes emmagasinées sont très faibles.redistribution D’autre that part,results
onins’est
a closure of the crack
assuré aussiat que
the mid-
le
dle of the specimen. The large asymmetric strains observed are
comportement élastique linéaire est équivalentmainly en traction et en compression.
due to cracking phenomena and do not allow to conclude
on the asymmetry of creep. Indeed the strain in the cracked area
does not have a physical sense and only results from the discon-
Outre le soin apporté au protocole expérimentaltinuity et àinlatheprise d’images
displacement field. It(diminution
is thus necessarydu bruit
to perform
d’image par moyennage, voir § 2.2.2.3 page 85), alacreep difficulté majeure
test at higher en under
temperature corrélation d’images
very low stress to avoid
est liée aux phénomènes de mouvement locaux damagedesoccurrence and getphases
différentes sufficient du displacement
matériaux amplitude
et
after unloading to obtain reliable full-field measurements. Nev-
surtout à l’oxydation
Fig. 10. Creep curves at 1200 ◦ C obtaineddes
during fibres métalliques
continuous (a) and interrupted entre
erthelessl’état initial
these results et l’état
highlight aprèsof this
the usefulness chauffage
technique
àtests (b), respectively, of specimens 11 and 10 (the origin of the graph is the
haute température,
beginning of the test, before the loading).
les conditions de to monitor du
conservation the mechanical
flot experiments.
optique n’étant pas du tout
respectées par endroit.
curves plotted in Fig. 8. The points A, B and C are represen- 4.4. Strain fields at 1200 ◦ C
tative of the material at the beginning of the stationary creep.
Les résultats les plus marquants sont présentés sur
The point D is representative of the stress state after the spec-
la figure 2.21, qui montre les champs ré-
Fig. 10 compares the creep curves of two specimens under-
siduels desIt isdéplacement
imen failure. noteworthy that horizontaux et de déformation
the failure of the specimen longitudinale
going respectively a continuous permanente associée,
creep (a) and a discontinuous
under 8 MPa (point D) après
respectivement was significantly
fluage accelerated
de 25 etby50theminutes
test creep (b), under
sous 1 MPa a nominal bending
à 1200 °C stress of 1 MPa
sur une 1200 ◦ C.
desat éprou-
interruption as deduced from the comparison of both curves at Before the first unloading (point E in Fig. 10), both specimens
vettes testées.
1030 ◦ C and 8 MPa ofBienFigs. 6que
and 8.les champs de déformation exhibit soient
a similar particulièrement hétérogènes
behaviour despite a significant gap betweenet
Fig. 11. Displacement and strain fields measured at points E and F after respectively 25 and 50 min of creep under 1 MPa at 1200 ◦ C (specimen 11).
Figure 2.21 – Champs résiduels des déplacements horizontaux et de la déformation lon-
Please cite this article
gitudinale in press as:
associée, Dusserre G, et al. Applicability
respectivement après offluage
image correlation
de 25 techniques
(point toE)
characterise
et 50 asymmetric refractory
(point F) creep
minutes
during bending tests. J Eur Ceram Soc (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.jeurceramsoc.2012.09.011
sous 1 MPa à 1200 °C, d’après [19].
ce à l’échelle du matériau, ce qui a déjà été observé pour ces bétons réfractaires [7], il
95
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
n’y a pas ici de discontinuité des champs de déplacements : le bruit présent est lié aux
micro-déformations des différents constituants lors de l’étape de chauffage/refroidissement,
les lacunes dans les cartes d’isovaleur de ux apparaissant lorsque la corrélation d’images
ne peut aboutir. Par contre, les champs de déformation correspondant aux deux durées
de fluage (points E et F) montrent un décalage de la ligne d’isovaleur de déformation
nulle εxx = 0 vers la zone de compression (cartes du bas de la figure 2.21), perceptible
au point E et bien prononcé au point F. Le déplacement de cette ligne par rapport à la
ligne médiane de l’éprouvette est d’environ 25% de l’épaisseur de cette dernière. Il est
attribué au fluage asymétrique puisque aucun endommagement n’est mis en évidence. On
montre enfin, à partir des mesures de champs, que la moyenne arithmétique de εxx le long
de lignes comprises entre les deux rouleaux supérieurs présente une évolution linéaire en
fonction de l’épaisseur de l’éprouvette, avec une position de l’axe neutre décalée vers le
haut, 75% de l’éprouvette subissant donc une déformation résiduelle de traction, position
qui est indépendante de l’intensité du fluage (voir § III page 209, [19] § 4.4. Strain fields
at 1200 °C ).
Ces travaux débutés en 2003 se sont déroulés en collaboration avec l’ex-équipe Pro2 Com du
LGMT 38 (M. Mulle, J.-N. Périé, R. Zitoune et F. Collombet) [24, 10, 11], dans le cadre
de leurs travaux au sein du Plan d’Etude Amont AMERICO (Analyses Multi-Echelles :
Recherches Innovantes pour les Composites) piloté par l’ONERA, concernant le dévelop-
pement de méthodologies de calculs multi-échelles et de dialogue essais/calculs. Pour la
partie expérimentale de ce projet, des démonstrateurs technologique (DT) en composite
carbone/époxy représentatifs de structures industrielles car présentant des singularités
conceptuelles (prises de plis, bords libres, forte épaisseur, trous) et multi-instrumentés
(capteur FBG (voir section 2.3.2 page 141), jauges électriques, corrélation d’images) ont
été développés.
Les travaux auxquels j’ai participé ont eu comme premier but de confronter et valider
les différentes techniques de mesure lors d’essais de flexion 3 points, sur deux types de
démonstrateurs réalisés en pré-imprégné HexPly UD M21/T700GC cuit en autoclave et
homothétiquement équivalents : un de grande dimension (nommé DT1, taille 800 mm ×
80 mm, épaisseur zone courante 9 mm (36 plis) et prise de pli 18 mm (72 plis)) et un de
dimension plus petite (nommé DT2, taille 300 mm × 30 mm, épaisseur zone courante 5 mm
(20 plis) et prise de pli 7 mm (28 plis)). Les mesures par stéréo-corrélation d’images sont
proposées à l’échelle structurale macroscopique, et les difficultés proviennent du niveau
relativement faible des déformations à mesurer sur un essai hétérogène par nature et
présentant des déplacements relativement importants.
Pour le DT1, les FBG sont notamment disposés à l’intérieur dans le plan de symétrie de
96
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
l’éprouvette, dans la zone courante entre les plis 12 et 13 (RB1) et 30 et 31 (RB2), ainsi
que dans la zone de plis (RB3 entre les plis 30 et 31, une jauge J1 étant collée sur la face
inférieure au droit de RB3). Pour le DT2, un seul FBG est intégré dans le plan de symétrie
de l’éprouvette dans la zone courante, et directement dans le pli 3 c’est-à-dire proche de
la face inférieure. L’interrogation des FBG est réalisé grâce à un système d’acquisition
Micron Optics Si425. Pour la mesure par stéréo-corrélation d’images, la configuration est
la suivante : caméras CCD Hamamatsu C4742-95 refroidies (résolution 1280 × 1024 px,
8 bits), objectif Nikon Micro 60 mm, les images étant traitées par Vic-3D [sof11] (critère
NSSD, interpolation par splines cubiques, transformation affine).
Dans ce qui suit, on compare les mesures issues des FBG et des jauges aux valeurs obtenues
sur la surface latérale par corrélation d’images. Préalablement, nous avons observé, à
partir de la forme 3D de l’éprouvette, que la surface latérale n’est pas parfaite (défauts de
découplage/polissage), ce qui justifie aussi l’utilisation de stéréo-corrélation. On s’intéresse
à la zone courante. La figure 2.22 présente le champ de déformation longitudinale ainsi
que son évolution mesurée par les FBG et par corrélation d’images 39 à différents stades
du chargement. Les paramètres sont les suivants : grandissement 32 µm/px, fenêtre de 21
Figure 2.22 – Mesure en zone courante à charge maximale sur DT1, d’après [24].
px soit 0,67 mm, jauge optique de 4 mm. Un excellent accord est observé pour le RB1, et
moins de 10% d’écart pour le RB2 positionné à proximité de la fibre neutre, et qui peut
être due à la résolution spatiale limitée de la mesure de champ, comme on va le voir plus
loin.
Pour la zone de prise de plis, le champ de déformation longitudinal ainsi que son évolution
mesurée par le FBG (RB3), la jauge J1 et par corrélation d’images à différents stades du
chargement est présenté Figure 2.23. Les paramètres sont les suivants : grandissement 48
39. La valeur de la déformation prise pour tracer les figures 2.22(b) et 2.23(b) est la valeur moyenne du
champ sur un disque de 1 mm de diamètre, ajusté au mieux au droit du (des) FBG et de la jauge le cas
échéant.
97
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.23 – Mesure en zone de plis à charge maximale sur DT1, d’après [24].
µm/px, fenêtre de 15 px soit 0,72 mm, jauge optique de 4 mm. Les déformations maximale
et minimale semblent être situées non pas dans la zone courante, mais au début de la zone
de prise de plis. La symétrie du champ de déformation semble aussi un peu perturbée.
On note quand même un très bon accord entre mesures de champ et mesures par jauge,
un peu moins bon pour le FBG car le niveau des déformations est moindre (le FBG est
assez proche de la fibre neutre). D’autre part l’aire du calcul de la déformation est petite
et on atteint les limites en terme de résolution/résolution spatiale en déformation de la
technique de stéréo-corrélation.
98
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.25 – Effet de la taille de la jauge optique sur la mesure de déformation le long
de la ligne correspondant à la projection de l’axe du FBG sur la tranche de l’éprouvette,
à charge maximale sur DT2, d’après [24].
aussi évalué l’incidence d’une erreur de positionnement du capteur FBG dans l’épaisseur
du pli ainsi que axialement. Il s’avère que ces incidences sont négligeables par rapport à
celle liée à la taille de la jauge optique, qui joue donc un rôle primordial. Les meilleures
corrélations entre mesures de champ en surface et mesures à cœur par FBG sont obtenues
pour des longueurs de jauges optiques faibles car, bien que les incertitudes soient les plus
importantes, la valeur moyenne sur la longueur projetée du FBG diminue ces incertitudes
et assure aussi une description correcte de l’hétérogénéité du champ.
99
Fig. 2 On left, 3-D DIC longitudinal strain field ɛxx in the reinforcement zone for a 16-mm displacement. On right, ɛxz shear strain fields obtained
by 3-D DIC for the2.2.
same Thème
displacement1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
needed. Finally, the following test–calculation dialogue will to reveal the influence of free edge effects which promote
rely on the FBG measurements. inter laminar shear stresses. Numerical results are related to
In the following step, an adjustment procedure is internal shear strains.
undertaken to identify a set of properties which allows a An attempt to adjust the shear modulus did not
good correlation between results obtained at the global significantly improve the numerical results. Finite elements
scale (1% variation) and results obtained at the local scale derived via the first order shear theory are probably not
of strains (3% max. variation). The newly identified set of adapted to fully describe the behavior of this thick specimen.
properties (fitted properties) is then used to simulate the
three-point bending test. When comparing results at the
global scale, the simulation shows a good agreement with Conclusion
experimental values. At the local scale, significant discrep-
(a) Champ de déf. longitudinale εxx (b) Champ de cisaillement εxy
ancies are noted, mostly for the external plies (about 18%). The central reinforced zone of a carbon–epoxy structural
Shear strain fields were analyzed by 3-D DIC while the specimen is subjected to three- and four-point bending tests.
Figure 2.26 – Champs de déformation
specimen was subjected to the four-point bending test. A
dans la zone de pli à charge maximale sur DT2.
Measurements are obtained with optical FBGs that are
Les 4 lignes représentent
non negligible presence of shearing effect is observedla projection sur
embedded laat tranche delevels
four different la positions des 4andFBG
of the ply stack. also situés dans
(Fig. 2, right).l’épaisseur
Shear strains are
respectivement dans les with
divided into longitudinal plis3D-DIC.
3, 10, Both
19 ettechniques reveal a[10,
26, d’après linear11].
distribution
bands symmetrically distributed over and below a middle of longitudinal strains but intensities are slightly different.
horizontal plan. This effect probably results from the non A numerical simulation of the test is carried out and shows
linear geometryparof the specimen which integrates
corrélation d’images sur la face a central a better match
latérale dewith the FBG results.
l’éprouvette le long Thedes
3-D FBG.
DIC Les résul-
reinforced patch of plies. A similar strain distribution is measurements are naturally influenced by free edge effects.
tats, ainsi que ceux provenant du calcul
obtained by FEM but amplitudes are much lower than those
EF, sont présentés Figure 2.27 pour 4 niveaux
A test–calculation dialogue based on the in-core FBG
de chargement. Chaque méthode
given by the 3D-DIC technique. This last technique is able donne
measurementsrésultats
des enabled to compatibles
determine a avecset of un comportement
elastic
5 Ply 19
Height (mm)
4
neutral axis for a constant section
3
Ply10
2
Displ. 4 mm Displ. 12 mm
Displ. 8 mm Displ. 16 mm
1
20 mm Ply 3
0
-7000 -5000 -3000 -1000 1000 3000 5000 7000
Strain (10-6)
linéaire. Toutefois, pour une méthode donnée, les lignes de la figure 2.27 se croisent au
même point mais présentent des pentes dépendant de la méthode : le point de croisement
qui correspond à la fibre neutre théorique est parfaitement trouvé par le modèle EF qui
n’intègre pas de dissymétrie de comportement traction/compression. En effet, les défor-
mations mesurées par corrélation d’images coı̈ncident assez bien dans la partie en traction,
et moins bien dans la partie en compression (jusqu’à 8% de différence). On peut attribuer
cela aussi au fait que les mesures par FBG et la simulation EF donnent des résultats
dans le plan de symétrie de l’éprouvette et ne sont pas influencés par les effets de bord,
alors que la corrélation d’images intègre les effets de bords qui existent réellement sur la
surface latérale. En effet, comme on peut le voir sur la figure 2.26(b), les déformations de
cisaillement mesurées sont importantes et distribuées en bandes longitudinales réparties
100
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
symétriquement par rapport au plan médian. Les amplitudes obtenues par le modèle EF
sont bien plus faibles (environ 30 µm/m) car il s’agit de déformation de cisaillement in-
terne, elle n’ont donc rien à voir avec celles mesurées en surface que le modèle ne peut
reproduire et les FBG ne peuvent mesurer.
Figure 2.28 – Schéma du tube et des deux échelles de mesures par stéréo-corrélation
d’images, (à gauche) champ des déplacements dans la direction de traction mesurés à
l’échelle de la structure et montrant une flexion parasite, (à droite) champ des déformations
longitudinales en traction à l’échelle de la cellule, d’après [10] et [Pér10].
101
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Pour l’ensemble des formulations, les courbes de traction macroscopiques sont obtenues
en évaluant la déformation ε par la moyenne arithmétique du champ sur toute la ROI. Le
comportement est fortement non-linéaire comme on le voit Figure 2.30(a). Ainsi le module
d’Young E est estimé par la tangente à l’origine (ab) d’un modèle de Maxwell-Bingham
σ = a(1−e−bε ) ajusté aux courbes expérimentales. On retrouve des résultats classiques : E
augmente certes avec la présence d’agent de couplage, mais plus sensiblement encore avec
la fraction massique de fibre, l’agent augmentant surtout la contrainte maximale (voir § III
40. Nous montrons d’ailleurs dans [16] que la surface des éprouvettes injectées est loin d’être plane, et
que le hors-plan maximal mesuré lors des essais induirait une déformation apparente d’une amplitude de
l’ordre de 0,1% si la corrélation 2D était utilisée.
102
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
On montre que pour un matériau sans agent de couplage (WPC30), l’amplitude (maxi -
mini) des déformations est du même ordre de grandeur qu’avec agent de couplage tant
que la déformation est raisonnable, typiquement ε < 6% comme on le voit sur la fi-
103
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
gure 2.30(b), en réalité tant qu’il n’y a pas création d’une macro-fissure interfaciale. La
25 14
12 aWPC30
aWPC30
15
8
6
10
4
5
2
0 0
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 2 4 6 8 10
Déformation Déformation moyenne (%)
figure 2.30(b) illustre clairement que l’agent de couplage repousse l’arrivée de la macro-
fissure. Pour ce type de matériau, la structure interne s’endommage sous traction avec
une augmentation de la densité de fractures microscopiques entre les fibres et la matrice
(augmentation de l’hétérogénéité du champ de déformation avec la déformation moyenne),
tant que la contrainte maximale, qui correspond à la propagation d’une fissure macrosco-
pique se propageant, n’est pas atteinte. Cette contrainte dépend des liaisons interfaciales
fibres/matrice, mais aussi de la distribution spatiale des fibres dans la matrice dont on sait
qu’elle n’est pas identique en surface et dans l’épaisseur à cause du procédé de fabrication
d’injection.
104
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
8
0.06
HDPE HDPE + 10% wood HDPE + 30% wood
6 0.25
6 1
0.05
6
4
4
0.15 0.6 4
0.03
0.1 0.4
0.02
2 2
2
0 0 0 0 0 0
0 50 100 150 200 0 50 100 150 200 0 50 100 150 200
Time (s) Time (s) Time (s)
(a) PEHD pur (b) PEHD + 10% fibre (c) PEHD + 30% fibre
évolution plutôt exponentielle, cf. Figure 2.31(c). Le scénario est le suivant (passé le do-
maine élastique linéaire) : si la fraction de fibre est faible, les localisations de déformation
sont dues à des défauts internes microscopiques (micro-cavités dans la matrice, fissures
microscopiques, décohésion interfaciale locale entre le bois et le PEHD) dont la densité et
la sévérité augmentent proportionnellement avec le niveau de déformation, l’endommage-
ment du composite résultant de l’ensemble de ces phénomènes microscopiques. Par contre,
il n’y pas coalescence des micro-défauts et aucune rupture n’est observée au cours des
essais de traction pour les échantillons contenant 10% de fibres. Par contre, pour 30% de
fibre, les localisations de déformation augmentent plus vite que le niveau de déformation,
car en même temps qu’apparaissent et se développent ces localisations de déformations
liées aux défauts internes microscopiques, le niveau de déformation impose la coalescence
d’un certain nombre de ces microfissures (ou l’augmentation de la taille des décohésions
interfaciales) jusqu’à ce qu’une fissure macroscopique soit créée.
105
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Le formage incrémental
En formage incrémental, la pièce est donc obtenue par déformations successives locales
du flan sous l’action d’un petit poinçon piloté suivant des trajectoires définies et dont
l’enveloppe donne la forme finale. On décrit dans la suite le procédé, des présentations
plus détaillées pouvant se trouver dans les thèses de Decultot [Dec09] et Balcaen [Bal13] ou
dans les références [JMH+ 05, MBSS08].
41. Pour ces simulations une description fine de modèles de comportement élasto-plastique a été effectuée,
de manière classique mais aussi en particulier par l’utilisation d’une méthode de recalage de modèles
éléments finis utilisant les mesures de champ et développée au § 2.2.4.
106
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
D’un point de vue industriel, l’avantage principal de cette technologie réside dans sa flexi-
bilité de production : cycle de mise en production très court et coûts d’outillages pouvant
être très faibles. A priori les formes complexes sont possibles, sous certaines réserves :
dépouilles suffisantes, limites de formabilité du matériau, stratégies de programmation des
trajectoires adéquates, etc. Par contre, les temps de procédés sont très longs (de plusieurs
minutes à plusieurs heures), il réside des difficultés d’obtention de pièces présentant des
formes convexes/concaves, et la précision géométrique des pièces est souvent délicate à
obtenir (fond de forme, flexions non contrôlées, retours élastiques, etc.). D’autre part, la
déformation des pièces étant principalement obtenue par étirage de la tôle, ces dernières
peuvent présenter des variations d’épaisseurs finales importantes en fonction de l’angle α
que forment ses flancs par rapport à son plan de base : par analogie avec l’emboutissage, il
n’y a pas de rétreint (glissement de la tôle entre poinçon et matrice) mais uniquement de
l’expansion. D’un point de vue plus technique, les machines permettant la mise en œuvre
du procédé de formage incrémental peuvent être des fraiseuses à commande numérique,
des bras robotisés, ou des machines spéciales (Amino).
Les différences fondamentales entre le SPIF et les procédés d’emboutissage sont les sui-
vants :
– les états de déformations finaux de la tôle sont, comme pour le formage par étirage, dans
le premier quadrant du diagramme des déformations principales (ε1 et ε2 positives) et
il n’y a pas, pratiquement, de déformations en rétreint.
– les courbes limites de formages (CLF) en SPIF sont situées au-dessus de celles relatives à
l’emboutissage, surtout dans la zone de déformation uniaxiale (ou traction large, ε1 > 0
et ε2 ≈ 0) 42 .
– en SPIF les chemins de déformation vus par les différents points de la tôle sont parti-
culièrement complexes et non-rectilignes.
– les hypothèses en emboutissage, permettant de se passer des informations dans l’épais-
seur du flan (contraintes planes) et simplifiant la modélisation des conditions de contact,
ne sont plus valides, car la déformation plastique est ici localisée au voisinage de l’outil
petit par rapport aux dimensions de la tôle, qui subit un état de contrainte tridimen-
sionnel.
42. Il convient de souligner que les hypothèses sous-jacentes aux CLF ne sont pas assurées dans le cas
du SPIF car les contraintes dans l’épaisseur de la tôle ne sont pas négligeables et ce d’autant plus que le
diamètre de l’outil est petit.
107
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Plus précisément, les contraintes subies par la tôle sous l’outil lorsque ce dernier est im-
mobile sont les suivantes (sous l’hypothèse d’un modèle de Hertz du contact sphère-plan) :
sous le contact, compression dans l’épaisseur et traction biaxiale dans le plan, et cisaille-
ment tout autour du contact normal au plan de la tôle. Lorsque l’outil se déplace, s’y
rajoutent un cisaillement dans l’épaisseur (frottement de l’outil sur une face de la tôle)
et des flexions alternées en amont et en aval du chemin d’outil. On trouvera dans les
travaux d’Emmens et Van den Boogaard [EvdB09] une analyse des phénomènes pouvant
expliquer les performances du FI (striction repoussée, flexion sous tension, cisaillement
dans l’épaisseur, effets cycliques, etc.).
Enfin, le SPIF se caractérise par les paramètres procédés suivants (hors température,
matériaux à former et conditions de lubrification) : la taille du poinçon φ, ainsi que sa
vitesse d’avance v et de rotation N , la taille des incréments ∆p et l’épaisseur de la tôle t0 .
Pratiquement, la formabilité, caractérisée souvent par l’angle de formage α maximum ou
bien la déformation principale maximale en déformation uniaxiale (ε1 = F LD0 quand ε2
= 0) [JMH+ 05], est augmentée si t0 et ∆p restent petits (au détriment du temps de cycle)
mais φ/t0 ne doit pas dépasser un certain seuil. ∆p est assez lié à φ et à t0 , avec une certaine
latitude dans son choix pour privilégier ou non les états de surface (comme en usinage)
à la rapidité du formage. v doit impacter les matériaux visco-plastiques. La littérature
recense pour de nombreux matériaux 43 la F LD0 , par exemple à partir de travaux sur des
cônes [HG07] où les conditions s’éloignent pourtant des conditions de traction large lorsque
le rayon de courbure du cône diminue. Les efforts de formage augmentent logiquement avec
∆p, t0 , α, et φ. Enfin, la littérature décrit largement d’un point de vue plutôt technique
comment optimiser les stratégies de FI (choix du balançage de la pièce, des trajectoires
à fournir au poinçon, stratégies muti-passes) souvent à partir de résultats de formage (le
critère étant généralement la forme finale de la pièce) ou de simulations numériques.
Dans nos travaux, nous nous sommes principalement intéressés à analyser les déformations
en FI (déformations locales ou champs de déformation résultants) à partir de mesures
par corrélation d’images in situ, c’est-à-dire lors du formage des pièces. Les seuls autres
travaux publiés sur ces aspects sont ceux de l’équipe de Duflou [HGS+ 07, VGB+ 09, DVV+ 10,
VVG+ 10, EBH+ 11, GGD+ 12, PB12]. Cela a permis tout d’abord de déterminer les états de
déformation des pièces formées et l’influence de certains paramètres procédé. Puis nous
avons focalisé sur l’étude des déformations locales en FI (zone d’influence du poinçon),
l’analyse des chemins de déformation (déformation cumulée) et l’impact de la vitesse de
déformation.
Un pilote de procédé SPIF a donc été développé au laboratoire afin de reproduire des
trajets de chargement complexes proches de ceux induits dans un environnement industriel
43. Principalement les alliages d’aluminium et les aciers (notamment pour emboutissage profond, DDQ),
les cuivres et les laitons. Le FI du titane concerne surtout la nuance Ti6-4, à limite d’élasticité élevée et
peu ductile à froid, les recherches se focalisent donc surtout sur le chauffage lors du formage. Concernant
le FI du titane pur, peu de travaux sont rapportés dans la littérature (principalement [HGH+ 08] pour des
problèmes tribologiques).
108
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
(voir Figure 2.32). La déformation de la tôle est effectuée en standard grâce à un poinçon
hémisphérique de diamètre 10 ou 20 mm en acier à outil X38CrMoV5, lubrifié par graisse.
Un mouvement de l’outil suivant les trois axes (X, Y, Z) est obtenu par l’intermédiaire
de trois broches à vis à billes, permettant un déplacement vertical (enfoncement) et un
déplacement horizontal dans le plan de la tôle. La zone de travail fait 400 x 400 mm2 et
une profondeur d’embouti de 100 mm peut être atteinte. Une configuration de formage du
bas vers le haut a été privilégiée, en conséquence les déformations de la tole sont facilement
observées et mesurées in situ par le dessus.
Figure 2.32 – Le pilote de procédé de SPIF. CAO du pilote (à gauche), détails vus de
dessus (à droite), d’après [50].
Pour l’instrumentation, le pilote est équipé d’un capteur tri-axial permettant de mesurer les
efforts lors du formage et d’évaluer les frottements. D’autre part, 4 caméras AVT Marlin
F-145B2 (8 bits, résolution 1392 × 1040 px, objectifs 16, 25 ou 50 mm) sont installées,
en configuration de double-banc stéréoscopique. En effet dans le cas où il est nécessaire
d’effectuer une mesure sur l’ensemble de la pièce formée, le champ de vue obtenu à l’aide
d’un seul banc stéréoscopique n’est pas suffisant. Il est alors possible d’utiliser un deuxième
banc stéréoscopique. Encore faut-il exprimer les deux nuages de points obtenus dans le
même repère (recollage de nuages de points, cloud stitching). Le logiciel Vic-3D [sof11]
propose une solution (Multi-View option) basée sur l’utilisation d’une zone commune de
la pièce mouchetée vue par les deux bancs et servant de mire de recalage. Cela permet
d’estimer la transformation entre les repères associés au banc maı̂tre et au banc esclave. Le
nuage de points 3D issu du banc esclave est ensuite exprimé dans le repère du banc maı̂tre.
Deux inconvénients à cette méthode : l’estimation de la transformation est d’autant plus
“précise” que la zone commune est grande mais au détriment du champ de vue global des
deux bancs ; d’autre part il n’y a pas de correspondance physique entre les deux nuages
de points, donc à cause des erreurs dans la transformation et dans les deux nuages de
points 3D coexistent dans cette zone commune deux champs de déplacement/déformation
légèrement différents. Pour palier à cela, mes collègues J.-J. Orteu et F. Bugarin ont
proposé (dans le cadre de la thèse de J. Harvent [Har10] pour la partie calibrage), une
109
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Les études expérimentales que nous avons menées sur les alliages d’aluminium ont per-
mis, entre autres, de déterminer les états de déformations des pièces formées à l’aide des
techniques de stéréo-corrélation d’images [50]. Les résultats principaux concernent l’ana-
lyse des champs de déformations sur toute la surface de la tôle formée. Les expériences
présentées dans la suite ont toutes été conduites sur des tôles d’alliage EN AW-5086-H111
d’épaisseur 1 mm. Dans tous les cas, un mouchetis de peinture suffisamment fin relati-
vement à la ROI est appliqué afin d’optimiser la résolution spatiale, et les paramètres
expérimentaux sont les suivants : fenêtre de corrélation comprise entre 11×11 px et 15×15
px suivant les essais, grandissement typique de 8 px/mm assurant une résolution spatiale
en déplacement comme en déformation de l’ordre de 2×2 mm2 . Les images sont traitées
par Vic-3D et on s’intéresse principalement aux évolutions spatio-tempotelles des champs
des déformations principales maximale ε1 et minimale ε2 .
Une rapide étude à partir de déplacements de type solide rigide menée par Decultot [Dec09]
a permis de retrouver les ordres de grandeurs habituels pour les erreurs de mesure en
déformation par stéréo-corrélation : environ 10−5 pour les erreurs systématiques et 10−4
pour les erreurs aléatoires, en configuration standard. Ces valeurs sont très faibles en
comparaison des grandes déformations obtenues en formage, cependant on portera une
attention particulière sur les mesures locales en champ proche, car dans ce cas les champs
de déformation sont fortement hétérogènes.
Une première analyse des déformations locales est réalisée pendant le formage d’une
croix [FFM02], telle que la trajectoire du poinçon se résume à deux lignes perpendiculaires
de longueur 100 mm, parcourues successivement, en imposant à chaque fois un enfonce-
ment suivant Z de ∆p = 0.5 mm. Elle est présentée sur la figure 2.33(a) un peu avant
la rupture ductile. Sur la figure 2.33(b) on définit plusieurs zones spécifiques : zone A :
minimum de ε2 , zone B : premier maximum de ε2 , zone C : maximum de ε1 , zone D :
passage à 0 de ε2 et zone E : maximum de ε2 et égalité entre ε1 et ε2 . Cet essai met en
avant un certain nombre de particularités génériques du formage SPIF. Tout d’abord, au
44. La méthode est en réalité efficiente pour un système de N-caméras, N ≥ 2, sans autre restriction sur
N.
110
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
D’autre part, une analyse globale des champs de déformation a été menée sur plusieurs
types de pyramides, avec les paramètres procédés suivant : angle de formage α = 45° (la
loi sinus donne une déformation théorique de 1 − sin(π − α) = 29%), φ = 20 mm, ∆p = 2
mm sur 25 passes et v = 50 mm.s−1 . Les pyramides se différencient principalement par le
rayon de courbure R imposé entre les flancs droits, qui est soit constant (grand, ou petit
c’est-à-dire égal à φ/2), soit variable. La figure 2.34 présente les résultats principaux en
terme d’isovaleurs de ε1 et ε2 sur les différentes pièces formées.
On observe que les champs de déformations ne sont pas homogènes sur les flancs droits
des formes obtenues. Ce phénomène lié au frottement et appelé twist effect a déjà été
111
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.34 – Isovaleurs de ε1 (en haut) et de ε2 (en bas) pour différentes pyramides
formées. (a) pyramide (base 100 × 100 mm2 ) avec R = φ/2. (b) pyramide tronquée (base
240 × 240 mm2 ) avec R = 50 + φ/2 mm. (c) pyramide tronquée (base 200 × 200 mm2 )
avec R décroissant de 50 + φ/2 à φ/2 mm, d’après [50].
montré par plusieurs auteurs et plus particulièrement récemment investigué par l’équipe
de Duflou [DVV+ 10]. D’un point de vue de la géométrie de la pièce obtenue, celle-ci peut
donc présenter un vrillage plus ou moins marqué autour de la direction de formage. D’autre
part, on retrouve des états de déformation en pure traction large sur les flancs droits, qui
évoluent vers de la traction biaxiale dans les coins lorsque R diminue. Par exemple, ε2 /ε1 ≈
0,1 pour la pyramide à R constant (Figure 2.34(b)) et ε2 /ε1 ≈ 0,8 pour la pyramide dont
le rayon de courbure du coin est celui de l’outil (Figure 2.34(a)), pour le cas du rayon
variable ε2 /ε1 évolue entre 0,2 et 0,65 de manière non-linéaire.
Enfin, une première comparaison entre essais et calculs a été menée par N. Decultot [Dec09],
à partir d’une expérience de formage très simple comportant 3 étapes de chargement
(voir Figure 2.35 de gauche) : du contact avec la tôle le poinçon (φ=20 mm) s’enfonce
verticalement suivant Z de 16 mm (point A), puis se déplace horizontalement selon l’axe X
de 50 mm (point B), et enfin ressort verticalement hors contact (point C). Pour la mesure,
deux bancs stéréoscopiques sont utilisés : un banc en champ lointain observe toute la tôle
(ROI 500×500 mm2 ), l’autre banc en champ proche uniquement la zone déformée par
l’outil (ROI 140×100 mm2 , Figure 2.35 de gauche). A l’aide du banc en champs lointain,
on remarque que la mise en place et le serrage de la tôle dans le serre-flan génère une
déformation moyenne de celle-ci de l’ordre de 0,03% et un bombé d’environ 3 mm. La
simulation de l’essai est réalisée à l’aide du logiciel éléments finis ABAQUS Explicite. A
cause de l’influence prépondérante de l’élasticité sur la forme de la pièce finale et parce
112
6.2.3 Simulations éléments finis d’une trajectoire simple de poinçon
La simulation de la trajectoire du poinçon pour l’essai de référence est réalisée à l’
logiciel éléments finis ABAQUS. Le maillage EF de la tôle ainsi que ses dimensions (60
mm2 ) sont présentés sur la figure 6.16, il est constitué de 740 éléments et de 798 nœ
poinçon est considéré comme un solide rigide indéformable. Les éléments utilisés sont des é
2.2.coques
Thème
(S4R) 1 –à 4Corrélation d’images linéaire
nœuds à interpolation et caractérisation mécanique
possédant 9 points d’intégration dans l’é
[LIE 02] (tôle de 1 mm d’épaisseur).
Figure 6.16 − Maillage éléments finis et localisation de la coupe sur laquelle seront ext
Figure 2.35 – Définition de l’ROI, du contour du maillage l’ensemble
EF et desdes résultats
points A etdesBcalculs
de la
trajectoire du poinçon (à gauche). Modèle EF et localisation de la coupe sur laquelle sont
extraits les résultats des confrontations essais - calculs (à droite), d’après [Dec09].
Le modèle de frottement de Coulomb définit dans ABAQUS [ABAQUS] est utilisé (
TION), la variable µ est définie par le rapport des contraintes de cisaillement sur la
que la zone formée est particulièrement réduite
de contact, cette valeur est en comparaison
choisie égale à 0.2àcomme
la taille du flan,
évaluée le
précédemment. Le con
modèle EF ne prendra engéré compte qu’uneune
en associant petite partie
surface de (la
esclave la tôle)
tôle à(de
unedimension 111×60
surface maı̂tre (le poinçon) par le
mm2 ) englobant la zone formée
*CONTACT PAIR,
et inclue la ROI en champ proche 45 . Ceci est réalisé
INTERACTION=NAME.
dans
Les valeurs de *MASS
de telle sorte que le matériau au niveau du contour SCALING sont zone
de cette choisies de façon
reste dansàlerespecter
domaine la règle de Prior [
à savoir que l’énergie cinétique associée au corps déformable ne dépasse pas 5% de l
élastique lors de l’essai (déformations maximales ≤ 0,25%, voir Figure 2.35 de gauche dont
interne.
le champ est seuillé à 0,5% de déformation pour plus de lisibilité). La taille des éléments
Les simulations numériques vont porter sur deux études. La première repose sur l
(coques à 4 nœuds à interpolation
de l’influencelinéaire
du jeu àde9paramètres
points d’intégration
du critère de dans
Hill48l’épaisseur)
et la secondeest concerne l’influen
choisie égale à la résolution spatiale 2 soit 740
trajectoire du en déformations
poinçon de la simulés.
sur les résultats mesure Dans (3×3lesmm deux) cas, la loi d’écrouissage
éléments et de 798 nœudsconstituée
(Figure 2.35 de termes
de deux droite).exponentiels
Le poinçon estest rigide indéformable. Le
utilisée.
modèle de contact est de type frottement avec glissement constant, ce qui est cohérent
6.2.4Le Influence
avec les mesures des efforts. coeficient de de frottement
la méthode estd’identification
ajusté de telle sorte des paramètres
que la du crit
Hill48
valeur du ratio d’efforts Fx /Fz calculée soit égale à celle mesurée par le capteur dans la
plupart des situations, soit 0,2.
Deux Les conditions
simulations aux limites
éléments en déplacement
finis de ”l’essai de référence”sur
sontleréalisées
contourà partir des deux
de la zone maillée sont imposées
paramètresà du
partir
critèredes mesures
de Hill48 par stéréo-corrélation
identifiés pour l’alliage 2024-T3[BCC dans+le00] :
chapitre 4, l’un en u
une procédure permet de les cœfficientsled’anisotropie
rechercher plus proche(méthode 1) etchaque
voisin entre l’autre ànœuds
partir du
des maillage
limites d’élasticité (méth
Pour chaque
EF et les nœuds du maillage jeu de paramètres,
3D surfaciques du champ des simulations de l’essaiexpérimental,
de déplacement de référence dans les directi
90° sont ainsi réalisées. Les résultats sont présentés ci-dessous.
ce dernier étant beaucoup plus dense, pour les trois étapes du chargement du cycle de
Les figures 6.17 (a) et (b) présentent les évolutions des efforts dans les trois directions
formage. Le matériau estdeux
un alliage d’aluminium EN AW-2024T3 décrit par un modèle
simulations numériques. Quel que soit le jeu de paramètres utilisé, les efforts génér
de comportement élastoplastique
les essais simuléscritère
avec dans les orthotrope
directions 0°quadratique de Hill48
et 90° sont presques identiques, et
[Hil48] l’influence des par
écrouissage isotrope de Ludwik (voir § 2.2.4.1 page 124 et [Dec09] pour les valeurs des
paramètres). 195
La figure 2.36 présente les principales confrontations entre les résultats de simulation
et de mesure. Les tendances générales sont approximativement retrouvées. Les efforts
issus de la simulation numérique sont, dans l’ensemble, supérieurs de 10% à ceux mesurés
expérimentalement. Sur la forme finale de la pièce, Figure 2.36 de gauche, on observe que
la simulation surestime la profondeur de l’embouti, même à proximité des nœuds où sont
imposées les conditions de Dirichlet. L’anisotropie est plus marquée expérimentalement
45. Les simulations prenant en compte la tôle complète encastrée au niveau du serre-flan se sont révélées
difficilement comparables aux résultats expérimentaux.
113
1
0
!30 !20 !10 0 10 20 30
Coordonnées de l’axe x (mm)
Figure 6.20 − Forme finale de la pièce après mise en forme de la tôle le long de la coupe
perpendiculaire
ITRE 6. MODÉLISATION ET SIMULATION au déplacement
D’UNE TRAJECTOIRE horizontal
SIMPLE du poinçon
EN FORMAGE
INCRÉMENTAL
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
8 12
3 simulation ! 0°
simulation ! 0°
simulation1 expérimental ! 0°
10
expérimental
expérimental ! 0° ! 0° expérimental ! 90°
Déformations de cisaillement (%)
2 expérimental
expérimental ! 90° ! 90°
6
8
1 5
6
4
0
4
3
!1
2
2
!2 0
1
!3 0 !2
!30 !30 !20 !20 !10 !10 0 0 10 10 20 20 30 30 !30 !20 !10 0 10 20 30
Coordonnées
Coordonnées de l’axe
de la coupe (mm)x (mm) Coordonnées de la coupe (mm)
simulation ! 0°
simulation ! 90°
reproduire à partir
10 résultats expérimentaux présentés
expérimental ! 0°
simulation1 ! 90° dans le chapitre
3. direction de déplacement du poinçon par rapport à la tôle. Par contre,
expérimental ! 90°
expérimental ! 0° les effets de flexion
expérimental ! 90°
à la base de la forme (εxx ≤ 0)8 clairement observés expérimentalement ne sont pas du
Les simulations numériques sont réalisées sur ”l’essai de référence” mais en considérant un ou
tout reproduits, de même que les valeurs de la déformation aux nœuds où sont imposées
plusieurs incréments verticaux (profondeur de passe ∆z variable) avec un déplacement total du
les conditions de Dirichlet. Afin6 d’expliquer cela, on peut d’abord mettre en cause le fait
poinçon de 8 mm et des conditions limites classiques d’encastrement de la tôle dans le serre-flan.
d’appliquer les conditions aux 4limites expérimentales directement dans le modèle EF :
Les simulations sont réalisées en considérant le modèle de comportement mécanique isotrope de
d’une part les contraintes sont dépendantes sur une certaine distance de la façon dont sont
l’alliage 5086-H111 et 3 cas sont étudiés2 :
imposées les conditions aux limites cinématiques (violation du principe de Saint-Venant),
d’autre part le modèle de coque suppose d’introduire aussi une relation cinématique entre
– simulation 1 : 1 incrément (∆z=80 mm)
déplacement et rotation. Les écarts entre simulations et mesures peuvent aussi provenir de
– simulation 2 : 4 incréments (∆z=2 mm)
l’inadéquation du 30modèle (hypothèse
!2 coque,!10modèle de comportement et de frottement),
!20 !10
– simulation
0
Coordonnées dedu
10
3 :2010 incréments (∆z=0.8!30
mm)
!20 0 10 20 30
retour
la coupe (mm)élastique dont on sait qu’il est prépondérant
Coordonnées de la sur
coupela géométrie des pièces finales, et
(mm)
de la manière de comparer les deux formes 46 . En (b) conclusion, s’il est très naturel de vouloir
Le(a)
principe
comparer deslestrajectoires du mesures
résultats des poinçon dansest présenté
ce cadresur là la figure 6.22
(champs pour deux incréments.
de déformations sur surface
6.21 −LeComparaison
déplacement des profils (a)duetpoinçon
horizontal des déformations
est toujoursprincipales
réalisé maximales
de 0 vers C. (b)
gauche) aux résultats de simulations numériques, la mise en œuvre d’un véritable dialogue
expérimentaux et simulés après mise en forme de la tôle
essais - calculs s’avère assez délicat à effectuer et nécessite d’autres travaux spécifiques qui
restent à mener. 198
cipe des trajectoires du poinçon est présenté sur la figure 6.22 pour deux incréments.
ment horizontal du poinçon est toujours réalisé de 0 vers C.
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Sur les faces planes des pyramides (murs) formées pour 20° ≤ α ≤ 60°, on retrouve un état
de déformation de traction large (ε1 > 0, ε2 = 0) qui suit la tendance de la loi sinus avec
des niveaux moindres. En effet, en l’absence de serre-flans spécifiques une grande partie
de l’effort fourni par le poinçon sert à ce que la tôle se déforme globalement de manière
élastique, au détriment de la déformation plastique locale en tête d’outil. Pour les cônes
(α = 20°, 30° et 40°), ε2 ε1 , mais ε1 tend à décroı̂tre sensiblement en étant compensée
par l’augmentation légère de ε2 à l’approche du sommet. En traçant ε2 en fonction de
la courbure du cône, on montre que celle-ci évolue de manière linéaire avec une pente
fonction de l’angle de formage α [Bal13]. Cette courbe peut être extrapolée et passe bien
par l’origine du repère (courbure nulle = flan droit).
A l’échelle plus locale, on peut observer par exemple sur la figure 2.37, le champ de
déformation ε1 généré à la surface de la tôle lors d’un passage du poinçon sur une pyramide
déjà en cours de formage (α = 45°, φ = 20 mm). Une attention particulière a été portée
pour augmenter les résolutions spatiales en déplacement et en déformation, respectivement
de 0,6 mm et de 2,37 mm, afin de décrire le plus correctement possible l’hétérogénéité de
la déformation.
On retrouve les trois zones qui subissent l’influence du passage de l’outil : zone en flexion
en avant du poinçon (ε1 = 0, ε2 < 0), zone en traction biaxiale sous le poinçon (tension
sous la tête de l’outil et flexion de la tôle) et zone de traction large dans le sillage de
l’outil. Il est important de comprendre que cette traction large est obtenue car la pièce
formée ne peut admettre de déformation dans le sens de déplacement du poinçon de par
sa géométrie : c’est donc le matériau tout autour de la zone d’influence du poinçon qui
va faire réduire ε2 après le passage de l’outil, en générant notamment des contraintes
internes. Enfin, on note l’apparition de deux maximums locaux de ε1 en tête et dans le
sillage du poinçon [HGS+ 07], résultant probablement du contact poinçon - tôle et de l’effet
de structure de la pièce formée, délicats à appréhender.
47. FASTCAM SA3 de résolution 1024×1024 px, 8 bits, objectifs SIGMA macro 105 mm, fréquence 125
images par seconde, résolution spatiale en déplacement et en déformation respectivement de 1,44 mm et
3,93 mm.
115
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
3% 5
Déformation ! (Hencky) 2% 0
Altitude (mm)
!1
1% !2 -5
Profil
0% -10
-1% -15
-10 -5 0 5 10
Coordonnées (mm)
3% 5
Déformation ! (Hencky)
2% 0
Altitude (mm)
!1
1% !2 -5
Profil
0% -10
-1% -15
-15 -10 -5 0 5 10 15
Coordonnées (mm)
Le dernier point concerne l’influence de la vitesse de déformation. Dans ce cadre, des essais
ont été menés d’une part sur un matériau réputé insensible à la vitesse de déformation
(alliage 5086-H111) et sur le T40 à l’aide du banc stéréoscopique rapide. Les champs de
116
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
(b)
(a) (c)
Figure 2.38 – (a) Chemin de déformation relevé sur une pyramide formée à 30°. (b) Che-
min correspondant au cycle 7. (c) Schématisation des zones caractéristiques de déformation
autour du poinçon, d’après [Bal13].
vitesse de déformation locaux sont obtenus par différences finies des champs de déforma-
tion, avec un pas de temps ∆t ajusté en fonction de la vitesse d’avance v du poinçon afin
d’obtenir une description suffisamment fine des vitesses de déformation tout en limitant le
bruit de mesure (∆t = 0,01 s pour v = 25 mm.s−1 et ∆t = 0,08 s pour v = 2,5 mm.s−1 ).
La figure 2.39 illustre un champ de vitesse de déformation ε̇2 typique mesuré sur un flan de
pyramide en 5086 en cours de formage (φ = 15 mm, v = 25 mm.s−1 ). Les vitesses de dé-
formations sont importantes et le champ est très hétérogène. Les vitesses de déformations
non nulles sont très localisées autour de la zone locale d’influence effective du poinçon. ε̇2
est positive en avant du poinçon, puis négative en arrière, et passe par exemple de 17,5%
s−1 à -10,2% s−1 sur moins de 3 mm de déplacement, soit une décélération de l’ordre de
3 s−2 (Figure 2.39 de droite). Le champ de ε̇1 est souvent plus bruité, ε̇1 est nulle sauf
sous le poinçon où son amplitude monte, dans le cas présenté, jusqu’à environ 10% s−1 .
Pour résumer, on montre dans la thèse de Y. Balcaen [Bal13] et à partir de l’ensemble des
expériences, que pour le titane T40 :
– l’amplitude de ε̇2 est comparable, pour une configuration de formage donnée, avec celle
obtenue pour l’alliage 5086-H111 réputé peu sensible à la vitesse,
– l’amplitude de ε̇2 est à peine sensible à l’anisotropie du T40,
– typiquement, diminuer la vitesse d’avance v du poinçon par 10 revient à diminuer l’am-
plitude de ε̇2 par environ 11,
– diminuer le diamètre du poinçon augmente très légèrement l’amplitude de ε̇2 (mais
surtout la valeur et la localisation de ε1 ).
En conclusion, il faut retenir de ce travail que les vitesses de déformation en FI sont
importantes et très localisées dans la zone de déformation plastique : en avant, en arrière
117
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.39 – Champ de vitesse de déformation ε̇2 mesuré sur un flan de pyramide en
5086 en cours de formage (déplacement du poinçon suivant la direction 2) et évolution des
valeurs le long des lignes selon les directions 1 et 2, d’après [88].
et dessous la zone d’influence effective du poinçon. Par contre, ses effets sur le T40 ne
semblent pas beaucoup influencer le formage dans la plage de vitesses testée.
Pour finir, on rapporte succinctement les conclusions majeures concernant les relations
entre déformations macroscopiques imposées au matériau et mécanismes de déformations
à l’échelle de la microstructure, obtenues par analyses au MET et par DRX. L’analyse
des microstructures issues des pièces formées par FI ainsi que d’échantillons provenant
d’éprouvettes sollicitées à des niveaux de déformation comparables mais sous sollicitation
monotone en contraintes planes (éprouvettes entaillées sollicitées en traction) montre peu
de différence en ce qui concerne les systèmes de glissement activés. Par contre, les arran-
gements des dislocations sont différents et on note très clairement aussi la présence de
plusieurs systèmes de maclage qui semblent être induits typiquement par le procédé de
FI. Ces caractéristiques résultent probablement des chemins de déformation complexes su-
bis par le matériau et que nous avons observé ici (cycles de déformation plastique ε2 ), du
champ de contrainte local généré lors de la déformation plastique (notamment compression
et triaxialité) pendant le FI, ainsi que des vitesses de déformation.
Nous avons appliqué la méthode de corrélation d’images dans un certain nombre de situa-
tions afin d’analyser les manifestations phénoménologiques du comportement de différentes
classes de matériaux (minéraux, composites organiques, métalliques) sous différents types
de sollicitations. La plupart de ces travaux ont été menés en collaboration avec des col-
lègues (du laboratoire ou extérieurs) dont la thématique de recherche concerne en général
118
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Dans la première classe de matériaux nous nous sommes intéressés au § 2.2.3.1 aux bé-
tons réfractaires renforcés ou non. Matériaux hétérogènes, élastiques non-linéaire pré-
endommagés, une des principales difficultés de la mesure par corrélation d’images pro-
vient des faibles niveaux de déformations de la zone élastique de ce matériau hétérogène,
en comparaison aux incertitudes de mesure. Cependant, les mesures de champs ont permis
d’observer les zones de localisation de macro-fissuration lorsque celle-ci apparaı̂t en surface,
puis de donner des valeurs de module en traction ainsi qu’en flexion par une nouvelle ana-
lyse de cet essai hétérogène. Elles ont permis, enfin, de caractériser l’asymétrie du fluage
en flexion à haute température. L’ensemble des expériences s’est déroulé à température
ambiante, mais il serait d’un grand intérêt de pouvoir effectuer ces mesures de champs
aux températures d’utilisation de ces matériaux réfractaires. Cependant, les phénomènes
convectifs, la saturation du capteur dès lors que le rayonnement émet dans le visible 48
ainsi que la dégradation du mouchetis sont les principales limitations techniques à son
application à haute température [LLS96, GSWP09, PBC10, BWWX11, SKK09, Lep11]. Un
premier travail de thèse a d’ailleurs été mené très récemment au laboratoire sur la mesure
et la modélisation des phénomènes convectifs et leur correction possible pour la mesure de
champs cinématiques à haute température [Del12].
Pour les matériaux composites stratifiés (§ 2.2.3.2), hétérogènes à plusieurs échelles pour
certains, les mesures par corrélation d’images permettent de proposer des études du com-
portement d’éprouvette représentative à différentes échelles d’intérêt. Bien évidement, pour
ces matériaux aussi la principale faiblesse de la corrélation d’images réside dans l’impor-
tance relative des incertitudes de mesure, car les déformations rencontrées sont là aussi
petites. Par contre, ces mesures permettent d’observer les conditions dans lesquelles l’essai
s’est déroulé (rôle de validation) et peuvent donner des conditions aux limites réalistes.
Pour les composites bois-plastique à base de PEHD et de sciure de bois, dans la phase
exploratoire du comportement, nous montrons que le degré d’hétérogénéité des champs de
déformation est directement une manifestation de leur niveau d’endommagement, et des
scénarios de fissuration peuvent être proposés.
Enfin, les mesures par corrélation d’images ont permis de mener une caractérisation fine
du comportement mécanique de tôles métalliques lors du procédé de formage incrémen-
tal (§ 2.2.3.3). Les états de déformation obtenus sur les pièces finales ont été mesurés et
analysés en fonction du rayon de courbure locale de la pièce formée. Le procédé de FI
impose des chemins de déformation particulièrement complexes et présentant une défor-
mation plastique cyclique en traction - compression. Enfin, les vitesses de déformation en
FI sont importantes et très localisées autours du poinçon, mais ses effets influencent assez
peu le formage. Les premières confrontations entre essais et calculs, menées en imposant
comme conditions aux limites cinématiques les résultats des mesures, se sont révélées en
partie infidèles (environ 10% d’écart) : conditions aux limites mal adaptées, inadéquation
du modèle EF, retour élastique mal maı̂trisé. Pouvoir comparer correctement des résultats
de mesures de champs par stéréo-corrélation à ceux de simulations numériques nécessite,
encore plus dans le cas de surfaces gauches, de véritables stratégies de dialogue essais - cal-
119
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
culs nécessitant des approches spécifiques qui restent en grande partie à développer dans le
futur. En réalité, le travail à faire n’est pas très éloigné de celui qui consiste à utiliser à bon
escient les informations fournies par les mesures de champs lors d’essais inhomogènes, pour
les comparer aux informations provenant d’un calcul, à des fins d’identification du compor-
tement des matériaux. Cette approche permet, d’une part, de réduire le nombre d’essais
nécessaires à l’identification des paramètres constitutifs, et d’autre part de se mettre dans
des situations d’essais ou de sollicitations plus représentatives des sollicitations subies par
les structures réelles. C’est cette démarche qui est présentée dans la section suivante.
120
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
121
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
champ de déformations virtuel associé). Bien que directe (non itérative) et ne nécessitant
pas la création d’un modèle de simulation numérique, cette méthode requiert de connaı̂tre
le champ de déformation sur tout le volume (ou toute la surface pour un problème plan).
Enfin, il faut rappeler ici la méthode de l’écart à l’équilibre [CHR04], bien adaptée à des
mesures de contrastes de propriétés locales. Cette méthode repose sur l’écriture de l’équi-
libre mécanique à l’intérieur de la structure étudiée : on cherche un champ de propriétés
mécaniques qui conduit, à partir d’un champ de déplacement donné (mesuré), à l’équi-
libre interne de la structure. Elle permet par exemple d’obtenir une distribution spatiale
d’endommagement [Cro08, APG+ 11].
Parmi les méthodes citées précédemment, la plus intuitive et versatile est certainement
la méthode de recalage éléments finis (FEMU), car elle n’impose aucune contrainte que
ce soit à la mesure. En toute généralité, cette méthode consiste à recaler les paramètres
constitutifs utilisés dans une simulation par éléments finis afin de réduire, de manière itéra-
tive, l’écart entre les mesures expérimentales et les résultats de la simulation EF associée.
A convergence, cet écart tend vers zéro et on admet que les paramètres trouvés sont les
bons 49 . Cette méthode est d’autant plus performante que les données expérimentales sont
nombreuses et que les sollicitations appliquées font “réagir” suffisamment la structure. Elle
est donc mise à profit en particulier lorsque ces données sont des champs cinématiques
mesurés par exemple par des techniques de corrélation d’images, sur des zones pertinentes
où l’évolution des champs sous chargement est sensible aux paramètres à déterminer. Cette
méthode offre donc un cadre très général, mais peut souffrir de problème de sensibilité,
de convergence, d’unicité de solution, et est coûteuse en temps de calcul (résolution d’un
grand nombre de problèmes EF de manière itérative).
Nous avons mené les premiers travaux sur la méthode de recalage éléments finis afin
de caractériser le comportement plastique de tôle d’alliage d’aluminium, en collabora-
tion avec V. Velay pour la partie numérique dans le cadre de la thèse de N. Decul-
tot [Dec09] [37, 84, 41, 17]. Un travail préliminaire avait aussi été abordé en parallèle
pour identifier le comportement hyper-élastique d’élastomères, dans le cadre de la thèse
de Samia Hmida [82, 37], qui n’a pas été menée jusqu’à son terme et dont je ne parlerai
pas ici.
122
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
123
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
thode de mesure 3D surfacique [PVT+ 12]. Tout ces développements utilisent une mesure
de champs cinématiques provenant de techniques de corrélation d’images (ou suivi de mar-
queurs [MOB+ 98]) car celles-ci permettent d’accéder aux grandes déformations produites
en plasticité d’alliage métallique.
Pour nous, une des motivations originale était d’étudier l’influence de la géométrie de
l’éprouvette fournissant les champs de déformations hétérogènes sur l’identification des
paramètres de plasticité. On se restreindra à ceux liés à l’évolution de l’écrouissage. Le
modèle de comportement élasto-plastique est basé sur un critère orthotrope de Hill [Hil48]
avec écrouissage isotrope 50 . On se mettra dans les hypothèses de contraintes planes, et
les éprouvettes seront des éprouvettes de traction à géométries modifiées. L’évolution de
l’écrouissage R est isotrope et défini par l’équation de Ludwik :
n
R = R0 + K εpeq (2.37)
où R0 est la limite d’élasticité, K et n sont les paramètres du matériau à identifier et εpeq
est la déformation plastique équivalente.
Des essais de traction standard sur des éprouvettes aux angles de prélèvement de 0°, 45°
et 90° par rapport à la direction de laminage de la tôle permettent de fournir un premier
jeu de paramètres identifié de manière traditionnelle : les paramètres élastiques (E et ν),
les 4 paramètres de Hill, et les 3 paramètres d’écrouissage, à partir des limites d’élasticités
conventionnelles à 0,2% de déformation permanente et du coefficient d’anisotropie à 45°
(voir § III page 209, [17] § Identification from standard tensile tests). Les valeurs trouvées
pour les paramètres d’écrouissage sont K = 769 MPa et n = 0,62.
Les deux paramètres d’écrouissage ont alors été optimisés par la méthode FEMU, en
favorisant une réponse plus locale du matériau et différents chemins de déformation. Plu-
sieurs identifications inverses ont été menées, toutes basées sur des géométries provenant
de la littérature et qui induisent des champs de déformation hétérogènes à partir d’es-
sais de traction uniaxiale (géométries proposées dans [MOB+ 98] et dans [BHGV08]). Les
champs cinématiques sont mesurés par stéréo-corrélation d’images numériques à l’aide de
Vic-3D [sof11] afin de s’affranchir des problèmes de hors-plan éventuel.
124
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
exemple Figure 2.41) 51 . Cela permet de tenir compte particulièrement des mouvements
de l’éprouvette dans les mors de la machine, et de décrire les dissymétries observées dans
la plupart des expériences, liées aux géométries d’éprouvettes et à l’imperfection de l’essai,
comme on peut le voir sur les iso-contours des champs de déformation des figures 2.42(a)
page 128 et 2.43(a) page 129. Pour calculer la fonction coût (mais aussi pour imposer cor-
rectement les conditions aux limites en déplacement), la connaissance des composantes Ux
et Uy du déplacement mesuré par corrélation d’images est nécessaire à chaque nœud k du
maillage EF où est calculé U k = (Ux ex + Uy ey )k . Comme le maillage expérimental (grille
de pas 0,2 mm) est plus fin que le maillage EF, une interpolation bicubique du champ de
déplacement mesuré est effectuée.
L’écart entre les champs de déplacement est ensuite quantifié par une fonction coût Φ(P )
exprimée comme la somme des carrés des différences entre les données expérimentales et
numériques : déplacements nodaux à l’intérieur d’une zone choisie, et force globale. Cette
zone choisie peut être au maximum la zone d’étude, mais pas forcément 52 . En outre, un test
d’identification peut être conduit à partir de plusieurs incréments de chargement Ni lors de
l’essai complet (c’est-à-dire à partir de la mesure de plusieurs champs de déplacements) :
à chaque étape i en général associée à un déplacement donné de la traverse de la machine,
correspond un état de chargement, et donc une valeur de l’effort mesurée par la cellule
de charge, associée à un champ de déplacement mesuré U exp i = (Uxexp ex + Uyexp ey )i . La
fonction coût globale est définie par l’équation (2.38) :
1
Φ(P ) =
[ΦF (P ) + ΦU (P )] (2.38)
2
Le premier terme explicité par l’équation (2.39) est la moyenne sur l’ensemble des incré-
ments de l’essai i, de la distance euclidienne normalisée entre la valeur calculée (exposant
sim) et mesurée (exposant exp) de l’effort global.
Ni
1 X F exp − F sim (P )
ΦF (P ) = (2.39)
Ni F exp i
i=1
Le second terme donné par l’équation (2.40) est la moyenne, sur l’ensemble des incréments
de l’essai i, de la distance euclidienne normalisée entre la valeur calculée (sim) et mesurée
(exp) du déplacement des nœuds Nk dans la zone d’étude.
v
u NXi ,Nk
1 u 1 2 2
ΦU (P ) = t (Uxsim (P ) − Uxexp )i,k + Uysim (P ) − Uyexp i,k (2.40)
σ(U ) Ni Nk
i,k=1
avec
σ(U ) =
v 2
u
NX
i ,Nk NX
i ,Nk r
u 1 1
u
2 2 2 2
t (Uxexp ) + (Uyexp ) − (Uxexp ) + (Uyexp ) (2.41)
Ni Nk i,k Ni Nk i,k
i,k=1 i,k=1
51. Cette approche n’est satisfaisante que lorsqu’on analyse les résultats du calcul suffisamment loin de
la zone d’introduction des efforts (hypothèse de Saint-Venant).
52. C’est d’ailleurs là l’un des intérêts principaux de la FEMU, qui ne postule aucune hypothèse vis-à-vis
des mesures.
125
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Nous avons choisi de normaliser ΦU (P ) non pas par le déplacement expérimental nodal,
comme par exemple proposé dans [DBAV09], ou maximal comme dans [SO08], mais par
l’écart-type des déplacements expérimentaux dans la zone d’étude, donné par l’équation
(2.41). En effet, lorsqu’il y a de grands déplacements de corps rigide de la zone d’étude qui
ne peut être qu’une partie réduite de la surface de l’éprouvette, ΦU (P ) est largement sous-
estimée par rapport à ΦF (P ) 53 . On peut remarquer aussi que souvent, dans la littérature,
les variables cinématiques considérées dans la fonction coût sont les déformations mesurées
et non les déplacements [HBGV05, HB12, LSS+ 07, CLS+ 08, MLRVL05], alors que la méthode
de mesure de champs en général utilisée donne accès au déplacement. Le logiciel EF résout
aussi le problème mécanique en déplacement. Il est donc implicitement supposé dans les
travaux cités que les schémas de dérivation pour calculer les déformations et la résolution
spatiale des déformations sont les mêmes pour les algorithmes de corrélation d’images et
le post-processeur EF, ce qui n’est pratiquement jamais le cas. En outre, le rapport signal-
sur-bruit du déplacement mesuré est nettement meilleur que celui de la déformation. Nous
avons donc décidé de travailler avec les déplacements plutôt qu’avec les déformations.
La fonction coût (équation (2.38)) est alors minimisée de manière itérative par rapport au
jeu de paramètre P jusqu’à convergence (critère : différence entre les valeurs de la fonction
coût à deux itérations successives). Nous utilisons ici une méthode d’optimisation d’ordre
zéro (méthode du simplexe de Nelder-Mead) et non une méthode de gradient du premier
ordre. En effet, pour ces méthodes certes plus rapides, la Jacobienne et la Hessienne ne
peuvent être évaluées que par des schémas numériques de type différences finies, ce qui
peut ajouter des erreurs numériques au processus d’identification.
L’approche est d’abord testée sur une géométrie d’éprouvette provenant des travaux des
Meuwissen et al. [MOB+ 98], dont on présente à titre d’illustration, sur la figure 2.41(a),
le champ de déplacement vertical expérimental obtenu par corrélation d’images 54 pour
le dernier incrément de traction. Pour la même sollicitation, la figure 2.41(b) montre le
champ de déplacement vertical simulé par EF sur la même zone d’étude intégrant les
déplacements mesurés comme conditions aux limites, ce qui permet comme on le voit de
prendre correctement en compte les mouvements de corps rigides.
53. Kajberg et Lindkvist [KL04] ont aussi proposé une fonction coût sur les déplacements, normalisée
par |Uiexp,max | − |Uiexp,moyen |, et qui prend donc en compte les mouvements de corps rigides.
54. Configuration et paramètres : caméras AVT Dolphin F-145b 8 bits, rés. 1392 × 1040 px, objectifs
Tamron 38-200, ROI de dimension environ 24 × 30 mm2, grandissement d’environ 25 px/mm, fenêtre de
corrélation de 19 × 19 px soit 0,76 mm et pas de 0,2 mm.
126
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.41 – Champ de déplacement vertical pour l’éprouvette type Meuwissen (dernier
incrément). (a) Mesuré par Vic-3D. (b) Résultat de la simulation EF prenant en compte
le déplacement mesuré comme conditions aux limites, d’après [17].
au cours des itérations jusqu’à une valeur dix fois plus faible que celle de ΦU (P ). Cela
peut s’expliquer car dans le modèle EF, la géométrie de l’éprouvette et les conditions aux
limites provenant des mesures, le champ cinématique simulé est donc globalement cohérent
avec son homologue expérimental. Par contre, les efforts de réactions simulés induits par
ces champs de déplacement sont à corriger à chaque itération par rapport au modèle de
comportement et aux efforts mesurés.
127
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Quel que soit le jeu de paramètre initiaux, l’optimisation donne dans ce cas les résultats
suivant : K = 936 MPa et n = 0, 49. Là encore, comme pour le choix des incréments de
chargement, une différence de plus de 5% est observée pour le paramètre K.
D’autre part, nous avons aussi, à partir de cette expérience, étudié l’effet sur les résul-
tats d’identification, d’un bruit gaussien, avec différentes valeurs d’écart-types, ajouté aux
champs cinématiques mesurés. Les résultats sont présentés dans l’encart sur la figure 2.44,
avec pour le bruit le plus élevé majorant des erreurs de mesure par corrélation d’images
128
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Figure 2.43 – Géométrie Haddadi. (a) Champ de déformation principale maximale mesuré
par corrélation d’images au chargement maximal. La zone entourée en blanc correspond à
la zone du champ de déplacement utilisés pour l’évaluation de ΦU (P ). (b) Maillage EF. Les
points en gras correspondent aux nœuds utilisés pour l’évaluation de ΦU (P ), d’après [17].
Figure 2.44 – Carte de Φ(P ) dans l’espace des paramètres pour l’éprouvette Haddadi. Les
résultats de l’identification par FEMU sont superposés sur la figure. Un agrandissement
montre l’effet d’un bruit gaussien introduit dans les champs cinématiques expérimentaux,
d’après [17].
(0,1 px, soit 2,6 µm), huit tirages différents de l’ensemble des 10 champs de déplacement.
On constate que tous les résultats semblent se positionner sur une ligne à l’intérieur de
cette vallée de minima. L’ajout d’une incertitude d’écart-type 0,1 px aux champs de dé-
placement mesurés diminue les deux paramètres K et n d’environ 4% en valeur moyenne,
avec une incertitude (écart-type) d’environ 4% aussi. Evidemment, le bruit ajouté aux
champs de déplacement modifie non seulement ΦU (P ), mais aussi ΦF (P ) car il impacte
129
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Pour résumer, il apparaı̂t que la procédure FEMU est relativement sensible aux données
d’entrées expérimentales que sont (i) le nombre d’incréments de chargement, (ii) la zone
d’étude à prendre en considération pour le calcul de la fonction coût de déplacement et
(iii) le bruit lié aux champs de déplacement mesurés. Tout ces facteurs impactent les
résultats des paramètres optimisés, mais leur dispersion reste tout de même acceptable
(chaque facteur a un effet de l’ordre de 5% de la valeur des paramètres). Il s’avère que
l’influence de la géométrie de l’éprouvette est beaucoup plus important. Comme on peut
le voir sur la figure 2.45, les deux géométries étudiées présentent presque la même gamme
de déformation principale maximale. Par contre, la géométrie type Meuwissen admet des
déformation principales maximales quasiment bornées aux alentour de 7% parce que les
grandes déformations, sur cette géométrie, sont très localisées près des encoches et four-
nissent peu de points de mesure. Au contraire, la géométrie type Haddadi présente une
répartition des déformations plus uniforme. Cette hétérogénéité du champ mais répar-
tie relativement uniformément dans la zone d’étude semble avoir un impact important
sur l’identification inverse. En ce qui concerne la diversité des chemins de déformation,
les deux géométries présentent un domaine assez similaire dans le plan des déformations
principales maximale/minimale (entre traction uniaxiale et traction large), mais leurs ni-
130
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Ces travaux qui ont démarré en 2011 sont issus de la collaboration avec mes collègues J.-N.
Périé et J.-C. Passieux, du laboratoire, qui co-encadrent avec moi la thèse de C. David.
L’originalité des travaux réside ici dans l’utilisation de mesures à plusieurs échelles afin de
se positionner à la bonne résolution spatiale au niveau des échelles du matériau à analyser,
ici un composite stratifié verre/epoxy.
131
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
les incertitudes de mesures (d’autant plus petites que la résolution spatiale est faible)
dépendent de la zone imagée de la structure, et sont donc choisies volontairement.
Nous souhaitons donc utiliser des mesures de champ multi-échelles pour l’identification
inverse de paramètres constitutifs par recalage EF. Plus en détail, il s’agit de proposer
(au moins) deux niveaux de résolution spatiale de la mesure par corrélation suffisamment
différentes, sur des applications qui nécessitent effectivement ces deux échelles : une large
à l’échelle de la structure (qualifié de champ lointain, far-field ) et une réduite à l’échelle
des phénomènes mécaniques plus locaux (qualifié de champ proche, near-field ). Le champ
lointain permet d’estimer correctement les conditions aux limites de la structure (et assure
ainsi un bon contrôle des simulations EF), alors que le champ proche permet de focaliser
là ou s’exprime particulièrement le comportement de ladite structure, plus localement, et
en s’assurant d’avoir des incertitudes de mesure faibles. Le but est de réduire ainsi les
incertitudes sur les paramètres identifiés.
Les premiers développement [57] concernent une éprouvette stratifiée rectangulaire plate
percée en son centre, sollicitée en traction uniaxiale. Utiliser cette configuration pour
identifier le comportement élastique peut s’avérer difficile, car on sait que dans le domaine
élastique, les déformations sont relativement faibles (par rapport aux performances de la
corrélation d’images) et les gradients de déformations sont très fortement localisés à proxi-
mité du trou [MLRVL05]. Deux caméras identiques (AVT Dolphin F-145B, 1392 × 1040 px,
8 bits) mais avec deux objectifs de focales différentes permettent de faire l’acquisition des
images (différence de grandissement 1:5). La figure 2.46 montre les images de l’éprouvette
obtenues en champ lointain et en champ proche avec le maillage EF servant pour la mesure
et pour la simulation.
Figure 2.46 – Images de l’éprouvette percée en champ lointain (à gauche) et en champ
proche (à droite), d’après [90].
Pour des raisons pratiques évidentes, la caméra filmant en champ proche est déplacée à
chaque acquisition d’images pour laisser la caméra en champ lointain voir l’éprouvette.
132
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
*+,-."#-)'/
Mechanical test
0-/1
Measured B.C. !"#$%&'"()
Extraction
Reaction force
calculation Simulation near field
data
1
Figure 2.47 – Processus d’identification inverse par FEMU multi-résolutions, d’après [90].
Dans un premier temps, la procédure FEMU est celle présentée sur la figure 2.47, dans
laquelle les conditions aux limites du modèle EF sont les déplacements mesurés en champ
lointain aux nœuds du même maillage (pas d’interpolation). Le comportement introduit
dans le modèle EF est un comportement élastique linéaire orthotrope avec 4 paramètres à
identifier (E11 , E22 , G12 et ν12 ). Les paramètres constitutifs du modèle EF sont mis à jour
à chaque itération, et la fonction coût exprimée de manière équivalente par les équations
133
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
(2.38), (2.39) et (2.40) page 125, ne porte ici que sur le champ de déplacement mesuré en
l’ensemble des nœuds du champs proche, nettement moins bruité que son équivalent en
champ lointain, ainsi que sur l’effort global mesuré par la cellule de force de la machine de
traction (voir § III page 209, [57] § 3. Application on an open-hole tensile test).
Dans un second temps, une méthode intégrée, inspirée de [Rét10, RME+ 13] est développée.
Cette méthode est basée sur la minimisation d’une fonctionnelle qui est décomposée en
deux parties : une partie permettant de trouver un champ de déplacement par corrélation
d’images et une partie (avec pénalisation) assurant que le déplacement trouvé satisfait
bien aux équations d’équilibre statique, les inconnues recherchées ensemble étant les dé-
placements nodaux et les paramètres constitutifs. Cette méthode est appliquée avec succès
en considérant, comme avec la méthode FEMU, la mesure sur la zone en champ proche et
en champ lointain.
La méthode de recalage de modèles éléments finis a été appliquée dans un premier temps,
au § 2.2.4.1, à l’identification de paramètres constitutifs en élasto-plasticité d’un alliage
d’aluminium, à partir d’essais de traction statiquement indéterminés en utilisant des géo-
métries générant des champs hétérogènes. Il apparaı̂t que cette méthode inverse est assez
sensible aux données expérimentales choisies : gamme des déformations et diversité des
chemins, répartition de l’hétérogénéité des champs cinématiques, géométrie des éprou-
vettes, zone d’étude intégrée dans la fonction coût, etc. De plus, la fonction coût dans
l’espace des paramètres ne présente pas une convexité bien marquée. Ce problème inverse
étant un problème mal posé, il est donc nécessaire de s’assurer avant toute chose qu’il est
suffisamment bien conditionné. Un des moyens de le faire est de régulariser le problème
en y introduisant un contenu mécanique.
À relativement court terme et par rapport à ce qui a déjà été fait, les perspectives de
l’application de la méthode FEMU à l’identification de paramètres de loi de comportement
élasto-plastique sont les suivantes :
– on peut appliquer la méthode à partir de plusieurs essais (plans) : traction uniaxiale,
traction biaxiale sur géométrie optimisée, essais de cisaillement, afin de permettre (i)
de générer des champs de déformations très hétérogènes, (ii) d’assurer une diversité des
trajets de déformation, (iii) d’assurer une bonne sensibilité des champs cinématiques
aux paramètres du modèle. La méthode peut prendre en compte l’ensemble des essais
avec pondération si nécessaire.
– on peut mettre en œuvre la méthode à partir d’essais in situ de formage incrémental et de
mesures par stéréo-corrélation, afin d’identifier d’une part les paramètres du modèle de
comportement et d’autre part ceux liés au procédé (je pense au coefficient de frottement
par exemple). L’idée est que les paramètres constitutifs d’un modèle sont d’autant plus
pertinemment identifiés que la sollicitation fait réagir le matériau comme elle le ferait
pour les simulations numériques postérieures (pour lesquelles le modèle de comportement
doit être connu et validé). Bien entendu ces mesures 2D-surfaciques peuvent aussi être
couplées aux mesures relatives aux essais plans.
134
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
Bien entendu, il faut garder à l’esprit qu’un des intérêts de la méthode de recalage de
modèles éléments finis à partir de mesures de champ est de limiter le nombre d’expériences
à réaliser. Il y a donc un compromis à trouver entre pertinence des paramètres identifiés et
nombre d’essais nécessaires. Pour aller plus loin, il serait intéressant de comparer plusieurs
méthodes d’identification paramétrique (typiquement, recalage de modèles EF, erreur en
relation de comportement ou méthode des champs virtuels). En effet, parmi ces méthodes,
la méthode de recalage de modèles EF, bien que très générique (elle n’impose rien à
la mesure), est un problème particulièrement mal posé et qui nécessiterait une certaine
régularisation (qu’il est préférable de donner par un contenu mécanique) pour converger
proprement.
Dans un deuxième temps, la méthode FEMU a été appliquée, au § 2.2.4.2 avec une ap-
proche multi-résolutions (multi-échelles), pour identifier les paramètres élastique ortho-
trope d’un composite stratifié à partir de l’essai classique de la plaque perforée en traction
uniaxiale. L’intérêt de la multi-résolutions réside dans le choix qu’il est possible de faire
pour la résolution spatiale de la zone observée en champ proche afin de réduire les in-
certitudes de mesure et par conséquent celles sur les paramètres identifiés, la mesure en
champ lointain permettant d’estimer des conditions aux limites réalistes. Dans ce travail
en cours, la corrélation d’images est basée sur une approche globale avec une cinématique
éléments finis, son couplage avec la simulation par éléments finis imposée par la méthode
FEMU est donc évidente. Enfin, le problème inverse a été régularisé par une approche
intégrée qui inclut directement à la fonctionnelle à minimiser pour la mesure, l’estimation
des paramètres à identifier (Integrated mechanical image correlation [RME+ 13]).
135
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
La corrélation d’images, développée à partir des années 85-90, est maintenant devenue la
technique de mesure de champs cinématiques certainement la plus utilisée pour la méca-
nique des matériaux, des structures et des procédés 57 . Son développement dans les années
85-90 s’est poursuivi jusque dans les années 2000. Depuis, largement démocratisée, c’est
son utilisation en tant qu’outil de mesure pour des problèmes mécaniques qui est le plus
rapportée dans la littérature. Son apparition dans l’industrie est un plus tardive, mais à
l’heure actuelle cette technique devient aussi incontournable dans les grands centres de
R&D.
136
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
garder à l’esprit que les mesures par corrélation d’images (et les mesures de champs de
manière générale) ne remplaceront jamais les techniques de mesures ponctuelles mais les
compléteront. Il faut alors imaginer, en même temps que l’on conçoit les essais, à l’ins-
trumentation qu’il faudra leurs fournir, typiquement des mesures ponctuelles (en surface
mais aussi au cœur des éprouvettes), et des mesures de champs là où c’est pertinent d’avoir
ce type d’information : la richesse des essais mécaniques viendra d’une part de la multi-
instrumentation associée et d’autre part de la conception optimisée de ces essais grâce à
la simulation numérique.
Le troisième frein provient des difficultés qui existent concernant le dialogue que l’on peut
proposer entre les mesures de champs et les simulations numériques utilisées en mécanique.
En effet ces deux domaines (expérimental et calcul) se sont développés historiquement de
manière relativement séparée, et il est encore hélas courant de se borner à comparer des
cartes en fausse couleurs. Actuellement, ces préoccupations sont partagées par la commu-
nauté des photomécaniciens, mais intéressent aussi beaucoup les industriels. Il est donc
particulièrement important de lever rapidement les verrous liés aux problèmes du dialogue
essais/calculs dans ce cadre là, notamment pour favoriser la diffusion des méthodes de
mesure de champs dans l’industrie, très utilisatrice de code EF. Jusqu’à présent, la plu-
part des moyens de mesure (e.g. un système de stéréo-corrélation) et ceux de calcul (un
code éléments finis) sont complètement disjoints, et les chercheurs développent des passe-
relles entre les deux outils souvent au cas par cas en utilisant en général des procédures
d’interpolation entre les résultats de type nuages de points, champs de déplacements ou
de déformations. Un moyen plus efficace serait de développer une plate-forme logicielle
commune qui intègre la mesure et la simulation. C’est notamment ce que permettent les
méthodes de corrélation d’images globales basées sur des fonctions de forme éléments finis
(Hild et Roux [BHR06]). En rendant le champ cinématique mesuré continu, elles régula-
risent aussi le problème mal posé de la corrélation d’images et propose une mesure avec un
filtrage mécanique. Il est montré qu’en général ce filtrage améliore les erreurs de mesure
dues au bruit dans les images [HR12]. Cependant, il ne faut pas s’affranchir de vérifier
a posteriori l’allure du champ du résidu local ρ(x) = |f (x) − g(x + u(x))| [RRH09] et
de corriger éventuellement l’hypothèse cinématique concédée. Enfin, lorsque la méthode
de corrélation est une méthode intégrée, la régularisation mécanique sous-jacente permet
d’obtenir une certaine mesure des champs cinématiques sous l’hypothèse que le modèle
mécanique soit représentatif de l’essai et du comportement réel du matériau : si un autre
modèle est considéré alors la mesure est différente, le champ du résidu de la mesure étant
ici encore le seul juge de paix. Cette approche permet habillement, en s’appuyant sur des
décompositions cinématique adaptées, de mesurer par exemple précisément des champs
de très faibles niveaux de déformations. Elle permet aussi de résoudre des problèmes de
mesure, dans le cas où l’information contenue dans les images est insuffisante à elle-seule
(par exemple pour des mesures à hautes températures [Lep11]) : la corrélation d’images ne
converge que si on impose une régularisation en supposant ici encore une certaine forme
au champ cinématique. Elle permet également d’identifier des paramètres constitutifs de
manière directe, sans avoir recours à une méthode d’identification inverse itérative comme
la méthode de recalage de modèles éléments finis.
137
2.2. Thème 1 – Corrélation d’images et caractérisation mécanique
138
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Les procédés visés sont les procédés de fabrication des pièces composites à matrice or-
ganique thermodurcissable. Ce choix s’explique naturellement par la simplicité du posi-
tionnement des fibres optiques au sein des plis ou des préformes lors de la fabrication,
mais aussi pour les plages de mesurandes largement compatibles. De plus, nos travaux ont
rapidement coı̈ncidés avec le développement de projets de recherche et d’investissement
concernant les composites stratifiés à matrice organique voie liquide dans le laboratoire,
les perspectives pour les applications des matériaux composites ne cessant de se multiplier,
notamment dans le périmètre de l’industrie aéronautique régionale.
Ce type de pièce composite présente une particularité 58 : la pièce (la structure) est éla-
borée en même temps que le matériau. Les propriétés des pièces composites sont donc
déterminées lors du procédé, pendant la phase de remplissage et/ou de mouillage d’une
part, puis pendant la phase de réticulation de la résine thermodurcissable d’autre part,
quelles que soient les méthodes d’élaboration utilisées. Une réticulation incomplète pro-
voque une diminution de la résistance mécanique des pièces composites. Une température
de cuisson élevée peut aboutir à un emballement de la réticulation. La réticulation de la
résine produit par ailleurs des contraintes résiduelles de cuisson (CRC), résultantes du re-
trait chimique de polymérisation et du retrait thermique durant le refroidissement, et cela
à plusieurs échelles : d’abord à l’échelle microscopique au niveau des fibres de renfort et de
la résine (due au retrait chimique de cette dernière et dans une large mesure à la différence
entre leurs coefficients de dilatation thermique respectifs), et à l’échelle macroscopique au
niveau des plis (due à l’anisotropie du coefficient de dilatation thermique de chaque pli).
À cela il faut ajouter les problèmes d’interaction entre l’outillage et le composite pouvant
engendrer des gradients de contrainte dans l’épaisseur. Une mauvaise maı̂trise de ces CRC
58. En réalité, on la retrouve dans la plupart des pièces issues d’autres classes de matériaux, le procédé
d’élaboration pouvant fortement interagir sur ses propriétés.
139
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Depuis plus d’une décennie, un nombre considérable de travaux ont été publiés sur l’ap-
plication des réseaux de Bragg en tant que capteur introduit dans les résines, renforts
et composites, pour mesurer un certain nombre de paramètres pendant l’élaboration des
pièces composites. Sans être exhaustif, on peut citer par exemple : les déformations rési-
duelles [OMJ+ 98, OYT+ 02, GM02, CHGB06, CHB07, MCOG09, MCO+ 09, PBB10], la contrac-
tion de résine thermodurcissable au cours de la polymérisation ([AKL+ 08] sur des résines
bio-compatibles pour le dentaire, [WHK+ 08]), le remplissage des moules et outillage d’éla-
boration des pièces de composite [NCV+ 00, DLK+ 01, GS09], et bien évidemment la tempé-
rature.
Nous nous sommes donc intéressés dans un premier temps aux capteurs à réseaux de
Bragg pour la mesure in situ de température et de déformation, premier axe de recherche,
en travaillant particulièrement sur la problématique de découplage de deux informations
sus-citées, puis sur l’estimation du gradient de l’un ou l’autre des mesurandes. Les cap-
teurs ont toujours été intégrés au sein de résine thermodurcissable et de composite afin
d’analyser les réponses des capteurs et mieux estimer l’état de la pièce lors du procédé
de fabrication. Pour ces travaux, j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec un certain
nombre de collègues Enseignant-Chercheurs ayant des compétences sur ces questions 59 .
Dans un deuxième temps, c’est le degré de conversion qu’il a été nécessaire d’estimer
et qui fait l’objet du second axe de recherche, afin de pouvoir analyser correctement les
informations de température et de déformation que nous avions recueillies. Ces travaux
furent réalisés à l’aide d’un capteur de réfraction de Fresnel par fibre optique que nous
avons développé au laboratoire 60 .
59. Je citerais en particulier Emmanuel Marin, spécialiste des composants photo-inscrits sur fibre optique,
et Youcef Ourdane, du Laboratoire H. Curien de Saint-Etienne pour la thèse de Sébastien Triollet ; et
Jérôme Molimard et Alain Vautrin, de l’École des Mines de Saint-Etienne, ainsi que Jean-José Orteu et
Emmanuel Marin pour la thèse de Mustafa Demirel.
60. Ces travaux, initiés lors du stage de Charles Vergnes, furent aussi l’occasion de collaborer avec mon
collègue Gilles Dusserre.
140
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Un réseau de Bragg sur fibre (FBG) [OK99, Rao97] est une modulation périodique sub-
micronique, locale et permanente de l’indice de réfraction du cœur d’une fibre optique.
Celle-ci est principalement créée en illuminant de franges d’interférence en lumière UV, per-
pendiculairement à la fibre donc par le côté, une fibre optique photosensible. Ce motif peut
être créé en utilisant notamment les méthodes suivantes : la méthode holographique trans-
verse (la première fois par Meltz et al. [MMG89]), la méthode du miroir de Lloyd [Dem09],
ou la méthode par masque de phase [HM97] (franges obtenues par interférence des deux
ordres de diffraction générés par l’illumination du masque). La photosensibilité de la fibre
optique, définie comme l’absorption de la lumière par les éléments constitutifs de la fibre,
est liée à l’existence d’impuretés, de défauts dans l’arrangement structural, de transitions
électroniques de l’oxygène, et de transitions vibrationnelles. Elle est en général obtenue
en chargeant la fibre en hydrogène sous haute pression (140 bar) jusqu’à saturation (1
mois) [Tri10]. Lorsqu’une lumière avec un spectre large est injectée dans une fibre optique
monomode et interagit avec le réseau, ce dernier agit pour coupler le mode fondamental
se propageant vers l’avant avec le mode de contre-propagation de cœur. Ce couplage a
lieu à une longueur d’onde spécifique, définie par la condition de Bragg pour le réseau en
question, le FBG agissant alors comme un filtre de réflexion à bande étroite (on parle de
pic de Bragg en réflexion), et un filtre d’élimination à bande étroite lorsqu’il est observé
en transmission. Cette longueur d’onde de Bragg λB est définie par la période du réseau
photo-inscrit Λ, de l’ordre du micromètre (typiquement 0,5 µm) et par l’indice de réfrac-
tion effectif du mode de propagation nef f (environ 1,46), selon l’équation de Bragg (2.42)
bien connue.
λB = 2nef f Λ (2.42)
141
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
deux orientations existent particulièrement dans les fibres fortement biréfringentes, mais
aussi dans les fibres optiques monomodes standards faiblement biréfringentes. Comme ces
dernières sont homogènes et isotropes, le décalage en longueur d’onde de Bragg suivant
les axes de la polarisation induite dans la fibre est donné par l’équation (2.43) [GM02] :
∆λB,2 n2ef f,2
λ0B,2
= ε1 − 2 [p11 ε2 + p12 (ε1 + ε3 )]
(2.43)
∆λB,3 n2ef f,3
= ε1 − [p11 ε3 + p12 (ε1 + ε2 )]
λ0B,3 2
où ε1 , ε2 et ε3 sont les trois composantes normales du tenseur des déformations (les trois
autres composantes ε4 , ε5 et ε6 sont généralement négligées), ∆λB = λB − λ0B est le
décalage en longueur d’onde du pic de Bragg, λ0B la longueur d’onde de référence du pic
de Bragg, et p11 et p12 sont les coefficients de Pockels.
Il est clair qu’à partir de l’équation (2.43), une élongation uniaxiale de la fibre optique
(ε1 > 0, ε2 = ε3 = −νε1 ) ou une compression hydrostatique (ε2 = ε3 = ε1 < 0) provoque
respectivement un décalage du pic de Bragg vers les longueurs d’onde plus élevées ou moins
élevées, l’équation (2.43) se réduisant à une seule puisque la fibre optique est élastique
isotrope et donc il n’y a pas de retard pour la vitesse de propagation de l’onde lumineuse par
rapport à − → et −
x 2
→ (pas de biréfringence). Une élongation uniaxiale de la fibre aboutit donc
x 3
à une variation linéaire de la longueur d’onde de Bragg qui se décale avec la déformation
axiale (la déformation initiale correspondant à λB0 est choisie nulle) :
" #
∆λB n2ef f
= ε1 1 − (−νp11 + (1 − ν)p12 ) = ε1 (1 − pe ) ≈ 0.78 × 10−6 ε1 (2.44)
λB0 2
142
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
avec αf = Λ1 dT
dΛ
le coefficient de dilatation thermique de la fibre (approximativement
−6 1 dnef f
0, 55 × 10 K pour la silice) et ξf = nef
-1
f dT le coefficient thermo-optique, qui dépend
du type et de la concentration en dopant (approximativement 7, 3 × 10−6 K-1 pour la
SMF-28™ 64 ). Notons que la variation de l’indice est de loin l’effet qui domine. A partir
de l’équation (2.45) on déduit que la sensibilité linéaire en température KT d’un FBG nu
dans la bande C est d’environ 12 pm.K-1.
La section suivante détaille les cas où la sollicitation n’est plus homogène le long du cœur
de la fibre optique, ou bien est tridimensionnelle.
Dans certains cas expérimentaux d’intégration d’un FBG à pas uniforme dans un composite
stratifié, il arrive que le spectre, ayant initialement la forme d’un pic de Bragg standard
(Figure 2.48(a)), présente un doublement du pic (Figure 2.48(b)), voire une signature
spectrale très distordue (Figure 2.48(c)).
Le premier cas se retrouve lorsque le milieu environnant est (au moins à l’échelle de la fibre
optique), globalement isotrope. Dans le second (Figure 2.48(b)) on retrouve pour un FBG
gravé sur une fibre monomode standard, un spectre avec deux pics bien distincts créés
par la biréfringence induite par un chargement radial non isotrope souvent observé lors du
refroidissement de stratifiés en empilement symétrique [GM02, OYT+ 02, Vac04] 65 . Pour un
FBG gravé sur une fibre hautement biréfringente ou à maintien de polarisation (Polari-
zation Maintaining (PM), Hi-Bi, Bow-Tie, Penda), le spectre présente toujours deux pics
distincts (un pour chaque mode de propagation, lent/rapide), une sollicitation isotrope
ayant pour effet de décaler ensemble les deux pics alors qu’une sollicitation anisotrope
les faisant se rapprocher ou s’éloigner. Le problème de la mesure des trois composantes
reste délicat car il n’y a que deux équations (2.43) pour trois inconnues (en isotherme).
63. Sur des plages de température plus importantes, la sensibilité ne reste plus expérimentalement li-
néaire [PSG+ 04].
64. Single Mode Fiber de chez Corning® , Inc., la fibre optique monomode standard de référence.
65. À noter que dans le cas où les déformations transverses ne sont pas égales, le spectre présente ces
deux pics bien distincts (cf. équation (2.43)) si on envoie une lumière polarisée séparément le long de
chaque axe de la polarisation. Si la lumière est envoyée le long d’un chemin arbitraire, le spectre résultant
sera un mélange de la lumière réfléchie le long des deux axes. Il présentera probablement aussi deux pics
mais ne pourra pas être interprété correctement, d’autre part il pourra ressembler, par exemple, au spectre
résultant d’une déformation longitudinale non uniforme le long du réseau ...
143
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6,$&'*%"$'"45$,/2/,$"$&,%,"%2,-$/."4%"740,5"45"$&,"5,;$"%,-$4'59"
2.3. ThèmeFigure
2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
7. C2,-$/(6"'3".5"(5-'.$,*"<=>",6+,**,*"(a)"45"."(54*4/,-$4'5.)").645.$,!"(b)"45"."
-/'%%D2)1").645.$,!"(c)"45"."-/'%%D2)1"8'0,5"3.+/4-").645.$,9
E.F" E+F"
8 22 Carbon-epoxy
Carbon-epoxy
Uni-dir [0]16 20 Cross-Ply [902,02]2S
7
18
6 16
5 14
Power [nW]
Power [nW]
12
4
10
3 8
2 6
4
1
2
0 0
1532.2 1532.4 1532.6 1532.8 1533.0 1532.6 1532.8 1533.0 1533.2 1533.4
Wavelength [nm] Wavelength [nm]
E-F"
6 Carbon-PPS
Woven-Fabric [(90,0)]4S
5
4
Power [nW]
0
1549.2 1549.4 1549.6 1549.8 1550.0 1550.2
Wavelength [nm]
G9H9G9"=/.77"I.0,),57$&"J,$,/645.$4'5"
Figure 2.48 – Spectres d’un FBG noyé dans un stratifié (a) unidirectionnel, (b) en nappes
croisées, (c)
K&,"en nappes croisées
45$,/2/,$.$4'5" tissées,45"d’après
'3" $&," %2,-$/(6" [LVLD10]
<47(/," AE.F" .
4%" %$/.47&$3'/8./*9" J(/457" ." )'574$(*45.)"
-.)4+/.$4'5!"$&,"%&43$"'3"$&,"%2,-$/(6"-.5"*4/,-$)1"+,")45L,*"84$&"$&,"7.(7,"3.-$'/"'3"$&,"<=>9"C,0,/.)"
6,$&'*%" ./," /,2'/$,*" $'" .5.)1M," $&," %&43$" '3" %(-&" ." %2,-$/(6" '3" 8&4-&" $&," N<())" I4*$&" .$" O.)3"
Le troisième cas (Figure 2.48(c)) correspond à une sollicitation faisant apparaı̂tre des
P.;46(6Q"E<IOPF".)7'/4$&6".5*"$&,"N-,5$/,"'3"7/.04$1Q"ERS>F!"'/"N-,5$/'4*Q".)7'/4$&6"./,"$&,"6'%$"
2'2()./"'5,%"TUU!UVW9
gradients de déformation le long du réseau, gradients axiaux ou même radiaux. On peut
normalement I," 5'$," $&.$" $&,"
arriver 6,.%(/,6,5$" '3"l’un
à différencier $&," =/.77D8.0,),57$&" 34/%$" '3" .))" *,2,5*%"
ou l’autre en utilisant '5" $&,"laser
une source %$.+4)4$1" .5*" lumière
avec
/,2/'*(-4+4)4$1" '3" $&," ,62)'1,*" 45$,//'7.$'/%9" K&," 6,.%(/,6,5$" .)7'/4$&6" '3" $&," 45$,//'7.$'/!"
polarisée [LVLD10]. Un gradient de déformation (ou de température) perturbe le FBG, un
&'8,0,/!"4%".%"462'/$.5$9"K&,"*,$,/645.$4'5"'3" $&,"=/.77"8.0,),57$&"(%457"."<IOP".)7'/4$&6"-.5"
peu comme s’il devenait étiré de manière non-linéaire, et le spectre se déforme. C’est sans
*433,/" 3/'6" ." =/.77" 8.0,),57$&" *,$,/645,*" +1" ." -,5$/'4*" -.)-().$4'5" .)7'/4$&69" K&4%" 4%" *(," $'" $&,"
aucun doute à l’EPFL que l’équipe du Pr. Botsis a le plus étudié cet aspect : tout d’abord
"
en utilisant la méthode des matrices de transfert pour simuler le spectre et identifier les
gradients le long du réseau de Bragg [PPBG00, PSB+ 01], puis en développant une méthode
de réflectométrie optique à faible cohérence (OLCR) qui permet de mesurer l’évolution de
la longueur d’onde de Bragg λB (x1 ) le long du réseau et donc ε1 (x1 ) ou T (x1 ) avec une
excellente résolution spatiale de l’ordre du micromètre [CHGB06, CHB07]. Cette technique
a par ailleurs aussi été développée à l’université de Nantes [CCL+ 06].
Demirel [Dem09] durant sa thèse a mis en œuvre la méthode des matrices de transfert, pour
tenter aussi d’identifier, par analyse inverse des spectres expérimentaux et optimisation,
les gradients thermiques ou mécaniques les ayant engendrés. L’approche, bien que n’ayant
pas complètement abouti, est intéressante, c’est pourquoi on rapporte ici ses principaux
résultats, sans trop les détailler par souci de concision.
Le spectre d’un FBG uniforme peut se déduire de la théorie des modes couplés [Erd97] qui,
elle, donne une formulation analytique de la réflectivité r(λ). La méthode des matrices de
transfert permet, elle, de simuler numériquement le spectre des réponses de FBG à pas non
144
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
uniformes [Erd97]. Elle nécessite une discrétisation du réseau, ainsi que de la déformation
(ou de la température) appliquée, en N segments (sous-réseaux), chacun se comportant
comme des réseaux de Bragg classiques, et dans lesquels les grandeurs sus-citées sont
uniformes. A chaque sous-réseau correspond une matrice de transfert Ti , dont les termes
sont calculés à partir des caractéristiques de chaque sous-réseau et de la connaissance de la
déformation (ou température) homogène, modifiant ainsi les valeurs locales de période et
d’indice de réfraction. On peut ainsi relier, pour chaque sous-réseau, l’intensité lumineuse
en entrée à l’intensité lumineuse en sortie du réseau et dans les deux directions positives
et négatives, PE , NE , PS et NS , suivant l’équation (2.46) :
PS PE
= Ti (2.46)
NS NE
La matrice Ti est donnée par l’équation (2.47), elle ne dépend finalement que de la longueur
d’onde λ et de quatre paramètres intrinsèques au sous-réseau : sa longueur li , son indice
de réfraction du cœur nef f , sa variation δnef f , et sa période Λ.
πνδnef f
cosh(γ(λ)li ) − i σ̂(λ)
γ(λ) sinh(γ(λ)li ) −i γ(λ)λ sinh(γ(λ)li )
Ti (λ) =
πνδnef f σ̂(λ)
i γ(λ)λ sinh(γ(λ)li ) cosh(γ(λ)li ) + i γ(λ) sinh(γ(λ)li ) (2.47)
q 2
2πnef f π 2π π
avec σ̂(λ) = λ − λ + λ δnef f et γ(λ) = λ νδnef f − σ̂ 2 (λ)
La réponse globale du réseau est donnée par la matrice T , qui est égale au produit matriciel
de toutes les sous-matrices, T = TN TN −1 ...T1 . Le coefficient de reflectivité complexe r(λ)
d’un FBG de longueur L peut être obtenu en imaginant que l’onde incidente transmise
provient de l’infini (soit PE = 1 en z ≤ 0) et en supposant qu’aucune onde n’est réfléchie
après le réseau (soit NS = 0 en z ≥ L). Comme r(λ) = N PE , et que de l’équation (2.46)
E
avec les hypothèses vues précédemment on tire NS = T21 PE + T22 NE , alors r(λ) = −T T22 ,
21
Cette méthode de simulation numérique a été validée dans un certain nombre de situations,
comme par exemple sur un cas de biréfringence induite par un chargement anisotrope [66],
145
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
203
146
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
La méthode est validée sur des cas tests de spectres simulés pour des gradients thermiques
divers et montre de bons résultats, mais elle s’avère intrinsèquement sensible à la symétrie
de la sollicitation par rapport à l’axe médian de la fibre. La correspondance entre le profil
de sollicitation et son spectre associé n’est pas bijective. Cependant, deux applications ont
été développées :
– l’estimation de gradients thermiques le long d’un FBG par l’utilisation d’un montage
avec anneau chauffant se translatant et trois micro-thermocouples de référence position-
nés le long du FBG,
– l’estimation de gradients de déformation longitudinale par un FBG noyé à proximité
d’un perçage dans une éprouvette composite sollicitée en traction simple.
La figure 2.51 illustre un des résultats d’identification d’un gradient thermique. On peut
observer sur les figures 2.51(a), 2.51(b) et 2.51(c) la démarche d’optimisation par ajus-
tement des spectres expérimentaux et simulés. On remarque que le spectre simulé initial
diffère déjà du spectre expérimental car le FBG utilisé est apodisé 66 . Les résultats des
températures obtenues sur chacun des 10 sous-réseaux donnent un profil de température
(la solution identifiée) faux mais symétrique à celui qui est estimé par la mesure issue des
trois thermocouples (la cible), puisque à ces deux profils correspond le même spectre en
puissance. Il n’y a donc pas unicité de la solution. Celle-ci est assurée uniquement si la par-
tie réelle et la partie imaginaire du spectre de réflectivité complexe r(λ) sont connus. Or la
partie imaginaire fait intervenir la phase, qui n’a pas été considérée dans ce travail, puisque
le spectre d’intensité de réflexion mesuré ne fournit que l’intensité spectrale, |r(λ)|2 , sans
information de phase [BHCG05]. Il est donc nécessaire d’apporter des informations supplé-
mentaires concernant le signe des gradients à identifier. Nous avons pu effectivement faire
ce type d’observation de non-unicité sur les gradients à identifier.
Pour la validation des gradients de déformations, un essai de traction est effectué sur une
éprouvette de composite UD obtenue par compression de préimprégnés carbone/époxyde.
Dans cette éprouvette un trou a été réalisé, le FBG étant noyé entre le trou et le bord
libre de celle-ci. Les gradients sont mesurés par stéréo-corrélation d’images en surface de
l’éprouvette, et aussi estimés par une simulation par éléments finis, puis comparés à ceux
issus de l’identification inverse [69]. Tous les résultats sont à peu près cohérents, mais la
faible amplitude des profils de déformation (de l’ordre de la résolution des mesures) rend
finalement délicate la comparaison.
66. L’apodisation consiste à inscrire le FBG avec une distribution lumineuse du spot UV de forme
gaussienne afin de supprimer les lobes latéraux du spectre.
147
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Avant
sollicitation
Après
sollicitation
(µm) (µm)
(µm)
148
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Ce qui fait l’un des intérêts mais aussi l’une des difficultés des FBG réside dans la super-
position des sollicitations thermiques et mécaniques dans le signal de Bragg, puisque le
décalage spectral s’écrit :
∆λB = KT ∆T + Kε ε. (2.48)
On ne peut donc malheureusement pas faire un découplage de ces deux grandeurs, avec
un FBG, lorsqu’elles varient simultanément. On ne peut pas non plus (théoriquement)
avec deux FBG puisque le système de deux équations (2.48) n’est inversible que si les
sensibilités KT1 et KT2 en température et Kε1 et Kε2 en déformation, respectivement pour
le réseau (1) et (2), qui forment la matrice de sensibilité K, sont telles que det K 6= 0.
Or pour deux réseaux de Bragg inscrits approximativement aux mêmes longueurs d’ondes,
lorsqu’on écrit les équations (2.45) et (2.45) pour deux FBG, on obtient det K = (αf +
ξf )λ1B0 λ2B0 (1 − pe ) − (αf + ξf )λ2B0 λ1B0 (1 − pe ) = 0.
De nombreux travaux ont été menés pour proposer des solutions élégantes de découplage
des deux informations : pour plus de détails on fera référence aux thèses de Demirel [Dem09]
et de Triollet [Tri10], ou à [OK99, ZL04]. On classe généralement les méthodes de découplage
en deux catégories : les méthodes intrinsèques (utilisation de la fibre optique uniquement),
et les méthodes extrinsèques dont l’exemple le plus courant utilise deux FBG, le second en
bout de fibre étant protégé mécaniquement [SLCL97, MCOG09]. D’autres solutions extrin-
sèques existent, par exemple en utilisant un capteur de type interféromètre de Fabry-Pérot
extrinsèque couplé à un FBG [LA02], ou une sonde de température (thermocouple en gé-
néral comme dans [MCO+ 09]) ; et aussi au moyen de montages plus ou moins complexes
et encombrants (FBG enrobés par, ou gravés sur des matériaux distincts, FBG gravés sur
des fibres de diamètres différents soudées, poutre en flexion et bilame, cantilever, FBG dis-
posés spatialement en rosette, etc.). Les techniques intrinsèques, quant à elles, présentent
en général une très bonne résolution spatiale car la mesure est effectuée dans une seule et
même zone de la fibre optique, au détriment parfois d’un découplage moins efficace ainsi
que la nécessité d’utiliser des systèmes d’interrogation plus complexes. Il peut s’agir de
graver deux réseaux de type différents au même point (par exemple un FBG et un réseaux
longue période 67 , ou bien des FBG de type I, Ia ou II), d’utiliser un FBG à pas variable,
ou bien un FBG incliné (Tilted TFBG, que l’on arrive à rendre insensible à la tempéra-
ture), ou une fibre super-structurée de réseaux de Bragg (SFBG), des FBG gravés sur des
fibres optiques biréfringentes (ou micro-structurées type Photonic-crystal fiber, PCF ), ou
encore d’utiliser les différents ordres de diffraction d’un réseau à pas court ou à pas long
(cette liste n’est pas exhaustive). L’ensemble des références bibliographiques se trouvera
dans [Dem09, Tri10].
L’instrumentation des composites stratifiés par transducteur FBG, pour le suivi de fabri-
cation lors de la mise en œuvre, les éventuels essais mécaniques et le suivi de la pièce
en service, impose de facto une très faible intrusivité des capteurs utilisés, en terme de
67. Long Period Grating (LPG), ils se différencient des FBG par le fait qu’ils présentent des modes de
propagation dans la gaine par couplage avec le mode de cœur.
149
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
taille comme de compatibilité des matériaux. Dans ce contexte, nous nous sommes intéres-
sés plutôt aux méthodes intrinsèques de découplage des effets thermiques et mécaniques,
l’utilisation de capillaires isolants et de thermocouples étant délicate à proposer pour une
instrumentation en conditions industrielles.
Au préalable, nous avons travaillé sur les aspects métrologiques des transducteurs FBG,
en même temps que je montais le laboratoire “capteur à fibre optique” à l’École des Mines
d’Albi. Dans un premier temps, l’ensemble de la chaı̂ne d’acquisition a été développée et
caractérisée. Les différentes sources d’incertitudes qui peuvent intervenir dans la chaı̂ne
d’acquisition ont été isolées : celles qui sont liées au matériel d’interrogation (au démarrage
de l’activité, une source fine accordable de résolution 1 pm et un mesureur de puissance
optique), au traitement mathématique du spectre, ou à l’étalonnage.
Concernant ce dernier point, un banc destiné à caractériser les sensibilités des FBG a été
conçu et développé au laboratoire. Il est composé d’un module permettant une traction
uniaxiale de la fibre optique et un module imposant la température au capteur, éventuel-
lement en simultané. Pour la composante mécanique, on utilise une micro-cellule de force
(résolution 0,24 N, équivalant à 28 µε) et une platine de translation micrométrique. Pour
la composante thermique, la zone centrale qui contient le FBG est placée à l’intérieur d’un
four résistif constitué d’une ampoule de verre sur laquelle est fixée une résistance chauf-
fante souple (Minco). La mesure de la température se fait à l’aide de micro-thermocouples
K de 110 µm de diamètre positionnés à proximité du FBG.
Pour le découplage des effets thermiques et mécaniques, dans un premier temps nous avons
tenté d’utiliser deux FBG gravés à des longueurs d’onde de Bragg assez écartées. Cette
solution s’inspirait de celle de Xu et al. [XARD94] qui ont utilisé deux FBG respectivement
aux longueurs d’onde de Bragg de 850 et 1300 nm, nécessitant évidemment deux sources
et deux récepteurs différents. En effet il est rapporté que certains coefficients intervenants
dans les équations (2.45) et (2.44) dépendent (faiblement) de la longueur d’onde de la
lumière. Il y a principalement le coefficient thermo-optique ξf (puisque l’indice de réfraction
dépend de la longueur d’onde – dispersion chromatique), et le coefficient photo-élastique
pe , qui dépend de l’indice effectif. L’idée ici était d’intervenir d’une part sur l’écart des
longueurs d’onde de Bragg, comme dans [XARD94], tout en restant dans la bande spectrale
permettant l’utilisation d’un seul équipement d’interrogation de plage maximale de 120
nm. D’autre part, nous avons joué sur la forme des spectres des FBG (profondeur et
largeur) en changeant les durées d’exposition et les puissances des faisceaux lors de la
photo-inscription des FBG par UV, mais sans aller en réalité jusqu’à la fabrication de
réseaux spécifiques de type I et IIa comme l’ont proposé Shu et al. [SZZB04], solution
150
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
λB1 - λB2 1460 - 1500 1460 - 1500 1500 - 1540 1540 - 1580
Rapport réflectivités [60% - 90%] [90% - 90%] [30% - 90%] [30% - 90%]
40 nm
erreur δT (°C) 40 26 29 41
erreur δε (µε) 335 327 293 355
λB1 - λB2 1460 - 1540 1460 - 1540 1460 - 1540
Rapport réflectivités [30% - 90%] [60% - 90%] [90% - 90%]
80 nm
erreur δT (°C) 14 19 20
erreur δε (µε) 102 177 232
λB1 - λB2 1460 - 1580 1460 - 1580 1460 - 1580 1460 - 1580
Rapport réflectivités [30% - 90%] [60% - 90%] [90% - 90%] [90% - 30%]
120 nm
erreur δT (°C) 10 20 19 7
erreur δε (µε) 83 146 187 49
Table 2.5 – Erreurs de mesure pour les différentes combinaisons de double FBG super-
posés étudiés (écart en longueur d’onde de 40, 80 ou 120 nm), d’après [Dem09].
qui semble finalement peu efficace [WTMV11]. Concrètement, les deux FBG sont photo-
inscrits l’un sur l’autre sur le banc d’inscription à miroir de Lloyd disponible au laboratoire
H. Curien de Saint-Étienne avec un laser UV Argon de 0,12 Watt à 244 nm suivant les
protocoles standards d’inscription (SMF-28™ hydrogénée, suivi de gravure, stabilisation
thermique à 210 °C). Plusieurs configurations sont testées avec deux facteurs principaux :
l’écart en longueur d’onde (40, 80 et 120 nm) et la différence de réflectivité (30, 60 et 90%)
entre les deux pics. La qualité du découplage est analysée à partir des quatre termes de la
matrice des sensibilités, évalués par étalonnage des FBG à l’aide du banc ad-hoc.
(2.49)
KT2 δλ1B KT1 δλ2B
δε = + / det K
On suppose que les mesurandes ∆λ1B et ∆λ2B admettent une erreur de mesure δλ1B et δλ2B
qui sera prise égale à la résolution du système d’acquisition, soit 1 pm. Les principaux
résultats sont résumés dans le tableau 2.5 extrait de [Dem09].
Il est clair que les erreurs sont très importantes, et la méthode de découplage peu efficace.
On remarque que les erreurs de mesures les plus importantes sont obtenues pour un écart
de longueur d’onde de 40 nm, et les moins importantes pour un écart de 120 nm. De plus
les erreurs semblent dépendre du rapport des réflectivités, le moins bon résultat étant pour
le couple [90% - 90%] et l’optimal pour le couple [30% - 90%]. Le cas [90% - 30%] avec 120
nm d’écart en longueur d’onde donne le meilleur découplage. On conclut que les erreurs
diminuent si l’écart entre les réflectivités des pics et l’écart spectral augmentent, les résul-
tats sont cohérents. Cet échec nous a donc poussé à développer une méthode de découplage
151
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
intrinsèque nettement plus performante, basée sur l’utilisation d’un FBG et d’un réseau
longue période (LPG) superposés, et qui a fait l’objet de la thèse de Triollet [Tri10].
Les réseaux longue période (Long Period Grating, LPG) ont des périodes de l’ordre de
quelques centaines de micromètre (typiquement de 100 µm à 1000 µm) [JT03]. Les LPG se
différencient des FBG car ils présentent des modes de propagation de la lumière dans la
gaine et dans le cœur. Il y a donc des couplages entre mode de cœur et modes de gaine. En
conséquence, lorsqu’on injecte de la lumière en entrée, le spectre en transmission présente
plusieurs bandes d’atténuation (pics de résonance) qui représentent les couplages du mode
de cœur avec les différents modes de gaine, l’énergie lumineuse passant dans la gaine étant
perdue (il n’y a donc pas de spectre en réflexion). Cette situation est représentée par
l’équation (2.50).
λL = nef f,coeur (λ) − nief f,gaine (λ) Λ
(2.50)
avec nef f,coeur l’indice de réfraction effectif du mode de propagation de cœur à λ, et
nief f,gaine l’indice de réfraction effectif du ième mode de propagation de gaine. Il a été
montré que la forme du spectre transmis et les pics de résonance des modes de gaine
sont sensibles aux paramètres d’inscription du réseaux [BV96, Bha96] : pas, longueur de
réseaux (entre 10 et 50 mm), méthode d’inscription, puissance du laser, etc. D’autre part,
ces LPG sont sensibles à la température et à la déformation de la fibre optique comme vu
précédemment pour les FBG, mais avec des sensibilités différentes [Bha99], mais aussi à la
courbure et à l’indice de réfraction du milieu qui entoure le réseau [JT03], car ce dernier
interagit sur les modes de gaine, qui eux-même influent sur le mode de cœur.
Le capteur que nous avons développé repose donc sur la superposition d’un LPG et d’un
FBG afin (i) d’augmenter la résolution spatiale et (ii) de minimiser les erreurs de mesure.
Une étude bibliographique dans [Tri10] a montré la bonne efficacité de découplage de ce
genre d’architecture, notamment parce que les LPG peuvent présenter une sensibilité en
déformation négative. Une des difficultés réside dans le fait que la gravure des LPG et
les sensibilités obtenues sont plus difficilement reproductibles que pour les FBG, puisqu’il
faut sélectionner un seul des pics de résonance. D’autre part, la largeur intrinsèque des
pics de résonance et la possibilité du multiplexage en longueur d’onde (nécessairement
limité) requièrent un système d’interrogation spécifique. Enfin, pour le multiplexage, la
définition de chaque pic correspondant à chaque réseau en série le long de la fibre optique
est délicate. Sur ce sujet de recherche nous avons collaboré avec l’équipe “Composant à
Fibres Optiques et Photosensibilité” du Laboratoire Hubert Curien - UMR CNRS 5516,
de l’Université de Saint Etienne, pour tous les aspects définition et photo-inscription des
LPG.
Dans ce schéma, l’utilisation d’un LPG impose une source suffisamment large pour l’obser-
vation de sa réponse, mais également suffisamment puissante pour celle du FBG. La lecture
du spectre, à cause du LPG, ne peut également se faire qu’en transmission. La source de
lumière utilisée est donc une source blanche supercontinuum de chez Leukos, obtenue en
injectant la lumière provenant d’un laser pompe pulsé ultra-rapide en entrée dans une
fibre optique microstructurée (PCF). Les effets non-linéaires dans cette PCF élargissent le
spectre du faisceau de départ donnant ainsi une source ultra-large bande (1200-1700 nm).
Une source large-bande standard de 40 nm (amplified spontaneous emission, ASE ) est
152
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
aussi utilisée éventuellement pour les FBG. Nous utilisons ensuite un analyseur de spectre
optique placé en sortie avec une résolution de 10 pm suffisante pour la lecture des deux
types de réseau de Bragg. Des routines spécifiques de traitement des spectres (ajustement
sur des fonctions gaussienne ou lorentzienne) permettent d’obtenir une mesure de λL avec
une résolution meilleure que 15 pm pour le LPG et de λB de 1.5 pm pour le FBG.
Un travail important a d’abord consisté à réaliser et optimiser l’inscription des LPG et les
superpositions, en fonction du nombre de périodes (ou pas), de la puissance du laser, et de
la durée d’inscription. Après hydrogénation de la SMF-28™ , la photo-inscription du LPG
est réalisée dans un premier temps, par la méthode point à point avec un laser UV à 244
nm incident focalisé sur la fibre optique que l’on translate n fois du pas désiré (typiquement
entre 250 et 350 µm pour n entre 38 et 60), sur une longueur optimale autour de 12 mm.
L’inscription du FBG est réalisée dans un deuxième temps, par l’utilisation d’un masque
de phase, sans démontage de la fibre optique, et sur la même longueur. L’inscription du
FBG modifie certes un peu le spectre du LPG, mais dans le cas contraire où le FBG est
inscrit avant le LPG, le premier est effacé par l’inscription du second.
!65
10
!66
!67 8
Atténuation (dBm)
!68
Atténuation (dBm)
!69 6
!70
4
!71
!72 10 pas 2 1 mm
20 pas 3 mm
!73 30 pas 5 mm
40 pas 0 7 mm
!74
50 pas 9 mm
!75 60 pas 11 mm
1270 1280 1290 1300 1310 1320 1330 1340 1350 1532 1532.21532.4 1532.61532.8 1533 1533.2 1533.41533.61533.8 1534
Longueur d’onde (nm) Longueur d’onde (nm)
(a) (b)
La profondeur des spectres dépend donc de la longueur du réseau, une grande dynamique
optimisera la résolution de la mesure de la longueur d’onde de résonance au détriment de la
résolution spatiale. Pour un LPG une trop grande longueur peut entraı̂ner un découplage
des modes cœur/gaine.
153
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
!66
!58
!68 !60
!62
!70
!64
Atténuation (dBm)
!72
Atténuation (dBm)
!66
!74 !68
!76 !70
!72
!78
P = 50 mW !74
!80 P = 60 mW
P = 70 mW !76 durée d"inscription : 2s
P = 80 mW durée d’inscription : 3sec
!82 !78
1200 1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650 1700 1200 1250 1300 1350 1400 1450 1500 1550 1600 1650 1700
Longueur d’onde (nm) Longueur d’onde (nm)
(a) (b)
La figure 2.53(a) met en évidence non seulement un déplacement des longueurs d’onde
de résonance mais également, par voie de conséquence, une variation dans l’écart entre
chaque résonance consécutive. L’effet du temps d’inscription réside dans la profondeur des
pics (10 dBm pour le spectre à 2 secondes et 12 dBm pour celui à 3 secondes), et aussi
par voie de conséquence dans leur largeur à mi-hauteur qui varie pratiquement du simple
au double. L’estimation de la position de la résonance sera facilitée si celle-ci présente une
atténuation forte et une largeur à mi-hauteur faible.
Pour obtenir plusieurs pics de LPG correspondant à plusieurs LPG gravés en série sur
une fibre optique (un pic intéressant par LPG) et sans chevauchement, il est nécessaire
d’ajuster les pas et de déplacer la résonance correspondant à l’ordre le plus élevé hors
de la fenêtre spectrale. Les FBG superposés, eux, sont toujours vus, mais leur porteuse
varie suivant leur position spectrale par rapport aux spectres des LPG. On présente à
titre d’exemple sur la figure 2.54(a) les spectres en transmission de deux LPG distribués
de pas 310 et 330 µm, et sur la figure 2.54(b) les spectres en transmission des deux FBG
superposés distribués correspondants.
Sur la figure 2.54(a) le premier LPG est inscrit avec une puissance de 60 mW pour un
pas de 310 µm, tandis que le second LPG est inscrit avec la même puissance pour un pas
de 330 µm. Les écarts entre les pics de résonance des deux LPG sont de 106 nm pour les
pics notés 2a et 1a, de 90 nm pour 1a et 2b et de 61 nm pour 2b et 1b. Les écarts entre
chaque résonance sont donc suffisants pour éviter tout risque de recouvrements dus aux
décalages des pics induits par les sollicitations extérieures. Les résonances à suivre dans ce
cas pourront être les 1a, 2a, 1b et 2b, mais nous allons voir que leurs sensibilités ne sont
pas les mêmes. Par contre, suivre deux pics par LPG permet de diminuer les erreurs de
mesure. Les positions des pics de résonance des FBG superposés et correspondants sont à
λB égal à 1533 nm et 1552 nm, et aucun recouvrement n’est possible, comme l’illustre la
figure 2.54(b). Des architectures à trois doubles LPG/FBG en série ont été développées,
en s’assurant de réserver une bande spectrale suffisante pour chaque pic de résonance des
154
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
!4
!6
!8
Atténuation (dBm)
!10
!12
!14
!16
FBG superposé au LPG 1
FBG superposé au LPG 2
!18
1530 1535 1540 1545 1550 1555 1560
Longueur d’onde (nm)
(a) (b)
Figure 2.54 – Spectres transmis de deux LPG distribués de pas 310 et 330 µm (a), et des
deux FBG superposés correspondants (b), d’après [Tri10].
155
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Sur la figure 2.55 sont indiquées les sensibilités à la température des deux réseaux de Bragg
(coefficient de la régression linéaire). On constate que les résonances du LPG d’ordre élevé
présentent une plus forte sensibilité à la température, KTL est généralement comprise
entre 30 pm/°C et 60 pm/°C pour un tel réseau ; ce qui correspond aux observations de
Bhatia et al. [Bha99]. Les sensibilités varient en raison de la condition d’accord de Bragg
qui, pour un LPG, est définie par la différence entre l’indice effectif du mode de cœur et
celui de la gaine, équation (2.50) page 152. Cette différence n’est donc pas la même pour
chaque mode. Cependant, pour une même résonance, la réponse à la température peut
aussi différer en raison des paramètres d’inscription du LPG mais également de ceux du
FBG superposé. On retrouve classiquement pour le FBG une sensibilité KTF d’environ
10 pm/°C. L’incertitude sur les sensibilités thermiques a pu être estimée en moyenne à
environ 2% [Tri10].
Sur la figure 2.56 sont aussi indiquées les sensibilités à la déformation des deux réseaux
de Bragg (coefficient de la régression linéaire). On constate ici que la sensibilité à la
déformation du LPG, KεL , est négative pour les résonances d’ordre faible, c’est-à-dire
celles à 1213 nm et 1293 nm, pour devenir positive (mais presque nulle) pour celle d’ordre
plus élevé (1444 nm), cette différence provenant toujours de la condition d’accord de Bragg
des LPG (équation (2.50)). La sensibilité du FBG, KεF , est de 1,5 pm/µε. Les sensibilités
à la déformation du LPG restent donc très faibles (entre - 0,3 pm/µε et + 0,5 pm/µε)
par comparaison à celles des FBG. L’incertitude sur les sensibilités à la déformation a pu
être estimée en moyenne à environ 2,7%, mais avec une erreur plus importante pour la
résonance d’ordre élevé du LPG.
Pour obtenir un découplage optimum, il est nécessaire de choisir une résonance pour la-
quelle la sensibilité à la déformation Kε est négative. C’est pourquoi on choisira de préfé-
156
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
rence des résonances situées entre 1200 nm et 1400 nm comme présenté sur la figure 2.54(a),
les pics 1b et 2b par exemple. Un point important, les étalonnages se sont révélés néces-
saires à chaque fois car la reproductibilité des doubles photo-inscription n’est pas suffisante
et ne permet pas une reproductibilité parfaite des sensibilités. Par contre la répétabilité
des étalonnages, pour un composant donné, a permis d’obtenir des écarts relatifs pour les
sensibilités thermiques et mécaniques de l’ordre du pour cent, de même qu’une étude a
montré la très bonne linéarité et l’absence de sensibilité croisée (terme en ∆T × ∆ε), sur
les plages étudiées ([0 - 1500] µε et [20 - 120] °C).
La validation du découplage a été démontrée dans [14] (voir § III page 210, [14] § 3.
Experimental characterization). On y définit notamment l’efficacité de découplage E par
l’équation (2.51) :
2 2
2 2
−1/2
E = | det K |. KTL + KTF . KεL + KεF (2.51)
La détermination des incertitudes de mesure en température et déformation est obtenue
à partir des incertitudes sur la mesure des longueurs d’onde de résonance (1,5 pm pour le
FBG et 10 pm pour le LPG) et de la connaissance des quatre sensibilités [BKW+ 97, Tri10].
Le tableau 2.6 résume les sensibilités, les efficacités, et les incertitudes en température et
déformation associées du composant en question.
det K E |∆T | |∆ε|
Réseaux K 2
(pm /°C/µε) (%) (°C) (µε)
LP G − 1444 nm 59, 2 0, 06
88,79 97,88 0,26 2
F BG − 1533 nm 9, 93 1, 51
LP G − 1293 nm 45, 2 −0, 225
70,48 99,75 0,33 2,4
F BG − 1533 nm 9, 93 1, 51
LP G − 1213 nm 36, 2 −0, 358
58,22 99,94 0,39 2,8
F BG − 1533 nm 9, 93 1, 51
Table 2.6 – Récapitulatif des matrices de sensibilités, des déterminants et des efficacités
de découplage du composant.
On pourra comparer les valeurs des trois et quatrièmes colonnes à celles issues de la litté-
rature et présentées dans [14] (voir § III page 210, [14] § 3. Experimental characterization,
Table 1 ).
Dans tous les cas l’efficacité de découplage du transducteur LPG/FBG est très bonne, et
sa résolution spatiale d’environ 12 mm est correcte eu égard aux dimensions des pièces
et outillages composites ainsi qu’aux gradients thermiques attendus. L’observation du ta-
bleau 2.6 met en évidence qu’il est préférable de prendre en compte la résonance du LPG
157
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
située entre 1200 nm et 1300 nm, pour laquelle la sensibilité à la déformation est négative
et donne une meilleure efficacité. Les incertitudes de mesure sont estimées à environ 0.3 °C
et 2,5 µε [14].
Une validation de ce type de composant a été effectuée en intégrant celui-ci à une éprou-
vette en acier de section 10 × 4 mm2 et de longueur 150 mm, dans laquelle une rainure de
section carrée de 1 mm2 a été usinée. La fibre optique est noyée dans cette rainure à l’aide
d’une résine époxy. L’éprouvette est ensuite positionnée dans une enceinte thermique (un
cylindre fermé en partie aux extrémités et muni d’un collier chauffant), et attachée en ses
extrémités aux mors d’une machine de traction électro-mécanique. La mesure de tempé-
rature est effectuée par un thermocouple collé sur l’éprouvette au droit du composant,
celle de la déformation à l’aide d’une jauge de déformation compensée en température
et collée sur l’éprouvette sur l’autre face. Les sensibilités du composant avant intégration
dans l’éprouvette sont estimées : KTL = 39,8 pm/◦ C et KTF = 13,1 pm/◦ C sur la plage
[22 ◦ C - 120 ◦ C] et KεL = -0,206 pm/µε et KεF = 1,11 pm/µε sur la plage [0 µε - 1400
µε]. Un déterminant det K = 44 pm2 /◦ C/µε ainsi qu’une efficacité E de plus de 99%
sont retrouvés. Après intégration, elles sont ré-estimées lors d’essais de traction et cycle
de chauffage de l’éprouvette métallique : KTL ∗ = 37,8 pm/◦ C et K ∗ = 23,7 pm/◦ C sur
TF
la plage [22 ◦ C - 120 ◦ C] et KεL = -0,187 pm/µε et KεF = 1,19 pm/µε sur la plage [0
µε - 2000 µε]. La petite différence trouvée pour les sensibilités en déformation provient
des différents appareils et procédures utilisés pour appliquer et mesurer la déformation :
lorsque la fibre est nue, la déformation est déduite d’une mesure de force en supposant
connu le module d’Young, alors que lorsque le composant est collé la déformation lon-
gitudinale est mesurée directement par la jauge électrique 68 . Par contre, les sensibilités
thermiques dépendent évidemment de la dilatation thermique de la résine et surtout de
l’éprouvette métallique (ainsi que du couplage thermo-mécanique avec la fibre optique) :
l’expansion thermique de ces matériaux est nettement plus importante que celle de la fibre
optique, la fibre optique est donc déformée mécaniquement par cette expansion thermique
extrinsèque qui fait donc intervenir la sensibilité en déformation (négative pour le LPG),
c’est pourquoi KTL ∗ diminue alors que K ∗ augmente.
TF
Enfin, une validation est effectuée en imposant après étalonnage des chargements méca-
niques et thermiques aléatoires à l’éprouvette, et en comparant la mesure de la température
et de la déformation estimée par le capteur LPG/FBG (par inversion de K et mesure des
variations des longueurs d’onde) et par les capteurs conventionnels. Les résultats sont
présentés Figure 2.57.
Dans ces conditions expérimentales, l’erreur maximale est de 0.5 ◦ C et 3 µε sur les plages
respectives de [30 ◦ C - 100 ◦ C ; 200 µε - 1500 µε], ce qui valide le composant LPG/FBG.
Celui-ci est donc utilisé pour le suivi de paramètres de fabrication de pièces composites
présenté dans la section suivante.
68. Elle peut aussi provenir du couplage entre la fibre optique, la résine époxy voire l’éprouvette, qui
modifie l’équation (2.44), voir page 142.
158
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Les capteurs à base de réseaux de Bragg étudiés et/ou développés dans les travaux des
thèses de Demirel [Dem09] et Triollet [Tri10] l’ont été afin de pouvoir instrumenter in fine
des pièces en composite stratifiés verre ou carbone/époxy, pour l’analyse des paramètres
procédés et le suivi de cuisson. Une des motivations est de pouvoir quantifier les défor-
mation résiduelles de cuisson [MCOG09]. On peut ici rapidement rappeler que la mise en
température de la résine provoque une réaction chimique de nature en général exother-
mique. Après une phase de fluidification due à la température (facilitant le mouvement des
molécules) et permettant notamment la mouillabilité des renforts, la réaction augmente
la viscosité de la résine, qui de l’état liquide passe à l’état de gel en formant un réseau
moléculaire tridimensionnel. Ce passage à l’état de gel correspond au croisement des mo-
dules visqueux et élastique, à un degré de conversion en général un peu au dessus de 0,5.
La réaction se continue et le matériau devient solide. En même temps, la température de
transition vitreuse Tg de la résine augmente tout au long de la réaction, et la réaction se
ralentit fortement si la température de cuisson devient inférieure à Tg car il y a vitrifica-
tion et la réaction ne peut se continuer que par diffusion. Pour obtenir une polymérisation
complète, il est donc nécessaire d’augmenter la température de cuisson (sans dégrader le
matériau), afin qu’elle dépasse Tg , et que le degré de conversion tende vers 1.
Pour les premières expériences dans le domaine de la cuisson des résines et des composites,
dans le cadre de la thèse de Demirel [Dem09], l’ensemble des travaux a été mené à l’École
des Mines de Saint-Etienne, sous la responsabilité scientifique de Jérôme Molimard et
Alain Vautrin.
159
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Avant toute chose, les perturbations (intrusivité) qui peuvent être engendrées par les fibres
optiques lors de leur insertion dans les pièces composites ont été décrites et quantifiées.
Celles-ci consistent en poches de résine ou, dans certains cas, en porosités à proximité des
fibres optiques. Un critère simple de quantification (taille du défaut rapporté à la section
de la fibre optique) a été défini, les paramètres influents étant le nombre de plis, l’angle
entre la fibre optique et les fibres de renfort, le diamètre de la fibre optique, le matériau
utilisé et le procédé utilisé. En réalisant des observations post-mortem par microscopie
optique, il a été montré que les défauts introduits varient principalement en fonction de
l’orientation de la fibre optique par rapport aux fibres de renfort (cas favorable fibres //,
cas critique fibres ⊥), mais aussi en fonction du type de tissu employé (notamment à
cause des fils de trame). Enfin en terme d’influence des fibres optiques sur la contrainte à
rupture de l’éprouvette composite, l’étude menée sur 21 éprouvettes et cinq configurations
ne permet pas de conclure sur la tendance ou non au renforcement à cause de la disparité
des mesures.
Dans un deuxième temps, toujours dans le cadre de la thèse de Demirel, des expériences
de cuisson de résines pures ont été menées. Elles ont permis de mesurer les déformations
mécaniques subies par les FBG, mais pas de les relier correctement à un degré d’avance-
ment de la réaction ni à une estimation claire de l’origine des déformation mesurées. En
effet, lors de ces expériences, des phénomènes exothermiques sont apparus en même temps
que la réaction de polymérisation de la résine, aboutissant à des cuissons anisothermes dé-
licates à analyser (variation simultanée de la température, du degré d’avancement, etc.).
Les expériences de suivi de procédé composite (procédé d’infusion de résine) ont montré
qu’il était quand même possible de déduire des résultats l’évolution de la déformation
mécanique : celle-ci semble rester constante sauf lors de la montée en température après
l’infusion (contraction inexpliquée à l’époque, mais qui résulte probablement de la di-
latation – négative – des fibres de carbone comprimant le FBG), et au refroidissement
(contraction thermique du composite résine réticulée). Dans tous les cas, le découplage a
été effectué avec l’adjonction de thermocouples, car la méthode de découplage basée sur
l’utilisation de deux FBG superposés ne fonctionne pas.
Les retours d’expériences de la thèse de Demirel ont été mis à profit, ainsi pour la thèse de
Triollet [Tri10], toutes les expériences de cuisson de résine et de suivi de procédé composite
ont été conduits à l’ICA-Albi sous ma responsabilité. C’est pourquoi je ne présenterai en
détail que les travaux que nous avons menés dans ce cadre là.
160
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
une étuve avec le cycle suivant : chauffage à 2 °C/min, isotherme à la consigne de 130 °C
pendant 400 min, refroidissement à l’air ambiant. A partir de la mesure des variations des
longueurs d’onde et par inversion de la matrice des sensibilités K issue de l’étalonnage, on
déduit l’évolution de la température et de la déformation mécanique que subit le capteur
au cours de l’expérience. Ces résultats sont tracés sur la figure 2.58.
160
FBG&LPG #!!! -
TC 6789:;8
140 6789)<
!
120
!#!!!
Temperature (°C)
1234*/-."! -+5+0
100 !%!!!
!'
80 !'!!!
60 !(!!!
40 !"!!!!
t1 t2 t3 t4 2" 2# 2$ 2%
20 !"#!!! -
0 100 200 300 400 500 600 ! "!! #!! $!! %!! &!! '!!
Time (min) )*+,-.+*/0
Les mesures par le composant optique (cercles FBG&LPG sur la figure 2.58) sont validées,
pour la température, par la mesure thermocouple (TC sur la figure 2.58(a)). Pour la
déformation, le découplage est aussi effectué de manière plus classique par le thermocouple
et le FBG uniquement (FBG&TC sur la figure 2.58(b)). Il y a un très bon accord entre les
résultats, sauf lors du pic exothermique, probablement parce que les capteurs ne sont pas
positionnés strictement à la même place et qu’il y a présence de gradients thermiques dans
la résine à ce moment. On peut faire les commentaires suivant concernant ces résultats :
– la déformation est nulle et non affectée par l’évolution de la température de t = 0 à t2,
qui correspond à la température maximale du pic.
– entre t2 et t3 on observe une contraction d’environ 3600 µε, avec une diminution de
20 °C de la température. Cette déformation mécanique vue par le capteur est la somme
d’une contraction chimique et d’une contraction thermo-mécanique induite par la résine
réticulée ou partiellement réticulée.
– entre t3 et t4, température et déformation sont constantes, donc on ne distingue pas de
retrait chimique.
– lors du refroidissement, à partir de t4 jusqu’à la fin de l’expérience, température et dé-
formation diminuent ensemble jusqu’à une amplitude de déformation thermo-mécanique
d’environ 6500 µε, soit un total de plus de 1% de déformation au retour à température
ambiante, favorisé ici car le moule est souple et qu’il n’y a pas de renfort.
En traçant l’évolution de la déformation mécanique en fonction de la température comme
présenté Figure 2.59, on peut poursuivre cette analyse. Lorsque la résine est solide (réti-
culée), et sous les hypothèses que la déformation de la résine est égale à celle de la fibre
optique et qu’on peut négliger la contribution de la fibre optique au renfort de la résine,
la pente de la droite en fin de refroidissement (63 µε/°C) peut représenter le coefficient
de dilatation thermique apparent de la résine, valeur un peu élevée mais d’un bon ordre
de grandeur pour la RTM6 [Vac04, MVF12]. Par contre une pente de 180 µε/°C entre les
161
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
!""" /
-& -!
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!" #" $" %" &"" &!" &#" &$"
'()*(+,-.+(/0123
temps t2 et t3 n’est pas réaliste quel que soit l’état du matériau, et prouve qu’il y a
conjointement contraction chimique et thermo-mécanique. Il n’apparaı̂t pas de contrac-
tion chimique détectable avant t2 car probablement pas de transfert des contraintes entre
la résine, possiblement gélifiée, et la fibre optique. Pour pouvoir observer ce transfert de
contrainte, il faut pouvoir réaliser une cuisson isotherme, ce qu’on verra par la suite.
Le capteur LPG/FBG ayant fait ses preuves lors de cuisson de résine pure, nous l’avons
testé en situation plus réaliste, c’est-à-dire intégré dans une pièce composite élaborée par
procédé d’infusion de résine (liquid resin infusion, LRI ) [WSG96]. Ce procédé consiste à
imprégner le renfort sec par de la résine liquide sous l’action du vide. L’empilement est
constitué des fibres préformées auquel vient s’ajouter un tissu drainant qui permet une
infusion homogène de la résine. L’aspiration du vide provoque l’écoulement de la résine
dans le tissu drainant, puis son infusion dans les renforts. Ce procédé offre la possibilité
d’élaborer des pièces de tailles et d’épaisseurs importantes mais il ne permet pas toujours
un contrôle efficace et répétable de l’épaisseur de la pièce élaborée. Ce procédé, comme
tous les procédés composite, reste complexe à cause des phases de réticulation et de re-
froidissement, qui figent (i) les déformations mécaniques exercées par l’outillage, (ii) les
déformations d’origine chimique provenant de la réaction de polymérisation elle-même (re-
trait chimique), et (iii) les déformations d’origine thermo-mécanique provenant d’une part
de l’écart entre les différents coefficients de dilatation thermique des différents constituants
unitaires (fibre, matrice) et d’autre part de l’anisotropie d’empilement des plis. L’outillage
LRI est une plaque en aluminium traitée par agent démoulant. Le renfort est constitué de
fibres de verre en mats tissés orientés [0/-45/90/+45] d’épaisseur 1 mm. Deux mats de 200
× 200 mm2 sont empilés symétriquement. Entre les deux mats sont positionnés le capteur
LPG/FBG (parallèlement aux fibres), un capteur diélectrique pour le suivi de l’avance-
ment de la réaction et un thermocouple, à proximité du capteur LPG/FBG. L’ensemble
est placé sur l’outillage avant d’entourer la plaque avec du mastic. Ensuite, on dispose le
162
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
tissu d’arrachage, le tissu drainant, puis enfin un film plastique (bâche à vide) sur le tout.
Ce dernier est collé au mastic d’étanchéité, et percé à deux endroits opposés pour la prise
de vide et pour l’arrivée de résine. Le moule est placé au centre d’une table chauffante. La
plaque chauffante est alors portée à une température de 80 °C, afin de faciliter l’infusion.
La RTM6 est aussi chauffée à 80 °C et dégazée grâce à l’installation d’injection RTM du
laboratoire (Isojet Equipement). Cette température atteinte dans le moule, l’infusion de
la résine liquide est réalisée par aspiration de celle-ci par le vide à l’aide de l’unité d’in-
jection RTM. L’ensemble, sur la plaque chauffante, est enfin soumis à une température
de consigne de 150 °C (montée en température puis isotherme pendant environ 2 heures),
puis refroidi par convection naturelle jusqu’à l’ambiante.
La figure 2.60 présente le suivi en température et en mesure diélectrique pendant les phases
de montée en température et de plateau de cuisson isotherme du procédé LRI, à partir de
l’infusion de la résine. Pendant la montée en température la viscosité diminue et atteint un
160 10
120
gel time
heating 8
100 Temperature
Ionic viscosity
t1 t2 t3 t4
80 7
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Time (min)
163
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Les résultats de mesure de température par le transducteur optique (noté LPG&FBG sur
la figure 2.61) sont bien validés par comparaison aux mesures thermocouple (noté TC), ex-
cepté sur un intervalle lors du refroidissement. La mesure de la déformation par le capteur
LPG/FBG est validée par comparaison à la déformation obtenue en découplant le signal
du FBG avec celui du thermocouple (noté TC&FBG sur les figures 2.61(b) et 2.61(d)).
Alors que la température est quasiment stable sur le plateau isotherme, on identifie entre
t2 (temps de gel) et t4 (fin de réaction) une déformation mécanique, faible, qui pourrait
correspondre au retrait chimique, uniquement détectable à partir de t2 . Ce retrait est
faible car le module d’Young de la résine partiellement réticulée et à haute température
(au dessus de la température de transition vitreuse Tg ), le moule et surtout les renforts
s’opposent à ce retrait (puisque nous sommes isotherme), enfin on ne connaı̂t pas le trans-
fert de charge entre la résine et la fibre optique entre t2 et t4 . A la fin du process, le retrait
total est de 2250 µε (Figure 2.61(b)) ; cette valeur est nettement inférieure à celle mesurée
pour la résine pure, car les renforts et l’outillage s’opposent à ce retrait, créant un état de
traction résiduelle relativement important dans la matrice (et compression dans les ren-
forts). On confirme par une mesure in situ que la part principale des contraintes résiduelles
est attribuée à la discordance entre les coefficients de dilatation thermique des différents
constituants du matériau composite et aux interactions entre ce dernier et l’outillage, lors
du refroidissement.
Une autre validation du transducteur a été effectuée lors d’une expérience de fabrication
de composite grâce au procédé de moulage par transfert de résine assisté vide (VARTM)
pour laquelle un moule RTM spécifique avec des passages dédiés pour les fibres optiques
et un capteur diélectrique monobloc a été développé. L’expérience consiste, préalablement
au positionnement du transducteur et d’un thermocouple de contrôle au sein de la pré-
69. On fait ici l’hypothèse que l’équation de sensibilité à la déformation longitudinale (équation (2.44))
reste quand même applicable dans ce cas de composite stratifié quasi-isotrope, avec les réserves d’usage qui
s’imposent. Lors de l’expérience, les spectres ont présenté une petite évolution de leur forme (élargissement
de l’ordre de 20 à 30%) lors du refroidissement, signature de la présence d’effets transverses (voir § III
page 210, [18] § 3.2. Liquid Resin Infusion monitoring, Figure 7 ).
164
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
(a) (b)
Temperature (°C)
Strain (µε)
t2 = 60 t4 = 130 t2 = 60 t4 = 130
(c) (d)
forme, à fermer le moule, tirer le vide et injecter la résine chauffée et liquide (80 °C), puis
chauffer l’ensemble et le maintenir à température de cuisson (150 °C) pendant un certain
temps avant refroidissement. Les résultats sont équivalents à ceux du suivi de procédé LRI,
puisque la température et la déformation sont correctement mesurées par le transducteur
LPG/FBG (pour plus de détails se référer à [Tri10][52]). On note seulement que pour le
RTM, on n’identifie pas clairement de déformation d’origine chimique, les déformations
résiduelles étant du même ordre de grandeur que celles rencontrées en LRI.
L’ensemble de ces observations nous ont amenés à développer un capteur à fibre optique
par réflexion de Fresnel pour suivre l’avancement des réactions de réticulation, moins
intrusif que le capteur diélectrique, et tenter d’obtenir des valeurs quantitatives du degré de
conversion à l’aide d’un modèle thermo-cinétique. Ces développements, effectués pendant
le stage de Master de Charles Vergnes, puis menés en collaboration avec mon collègue
Gilles Dusserre, constituent le second axe de recherche du thème 2 et sont présentés dans
la section suivante.
165
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
L’idée de départ était d’avoir accès à l’évolution du degré de conversion de la résine lors de
sa cuisson, au sein ou non d’une pièce composite, afin de lier ce paramètre à la tempéra-
ture et à la déformation mécanique mesurables par capteur FBG. Nous souhaitions aussi
le faire de manière moins intrusive qu’avec la technique diélectrique présentée au para-
graphe 2.3.2.4, et donc à partir d’une méthode utilisant de l’optique guidée. Une recherche
biographique sur ce sujet, menée par Anwar Hamasaiid, alors en contrat post-doctoral
financé par le Carnot-MINES, montrait que plusieurs solutions de capteurs à fibre optique
pour le suivi de réticulation existaient [97], toutes étant basées sur la loi de Lorentz-
Lorenz reliant la densité (évoluant au cours de la réticulation) à l’indice de réfraction n
de la résine [CBG+ 00]. Sur la plage de variation de ce dernier (typiquement de 1,54 à 1,58
rapporté par [GNC+ 00, ALB+ 07] pour la RTM6 pour un degré de conversion α variant de
0 à presque 1), on peut facilement déduire de la loi de Lorentz-Lorenz une relation linéaire
entre variation d’indice et de densité. Il est aussi rapporté par Aduriz et al. [ALB+ 07] que
lors de la polymérisation de ce type de résine époxyde, la variation du volume spécifique
est directement proportionnelle à celle de α : la connaissance de l’indice suffit donc pour
connaı̂tre celle du degré de conversion.
Plusieurs méthodes par fibre optique existent pour suivre l’évolution de l’indice de réfrac-
tion d’un milieu. Une des meilleures référence sur ce sujet se trouve dans le travail de
thèse de Buggy, à Cranfield [BCJT07, Bug08]. La méthode la plus répandue est la réflexion
de Fresnel. La méthode classique consiste à installer une fibre optique, dont l’extrémité
est parfaitement clivée, dans le milieu à tester (il existe d’autres variantes). Lorsqu’on
injecte de la lumière dans la fibre, une petite partie (≈ 1%) est réfléchie en bout de fibre
à cause du saut d’indice, et voit son intensité changer en fonction de l’indice de réfraction
du milieu, le reste de la lumière étant absorbé [GNC+ 00, CBG+ 00, Vac04, BCJT07, ALB+ 07].
Pratiquement, un coupleur est installé entre la fibre capteur et la source pour récupérer et
transférer la lumière réfléchie vers un mesureur de puissance optique, l’intensité mesurée
respectant les lois de Fresnel avec des conditions d’angle droits [KS04]. Evidemment la
qualité de la mesure dépend fortement de la situation à l’interface fibre optique/résine
(peu de reproductibilité du clivage) ; la mesure reste une mesure de puissance sensible
aux pertes diverses. Le rapport signal sur bruit reste aussi assez faible (très peu de lu-
mière est réfléchie et il existe des réflexions parasites), bien que des montages améliorent
grandement ce dernier point [Vac04]. Enfin, il faut savoir que la température produit une
évolution du signal de manière similaire, et qu’il faut donc compenser la mesure en cas de
cuisson anisotherme.
Les autres techniques sont basées sur l’utilisation des réseaux de Bragg qui couplent
des modes de cœur et de gaine, c’est-à-dire les LPG, dont on a déjà parlé au para-
graphe 2.3.2.3 [BCJT07], et les réseaux de Bragg inclinés (TFBG) [BCJT07, LF01b]. Ces
derniers présentent des modulations d’indice inclinées par rapport à l’axe de la fibre (ty-
piquement entre 5° et 15°), et deux couplages existent en leur sein : un couplage contra-
166
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Dans tous les cas ces méthodes permettent théoriquement de mesurer la variation de
l’indice du début à la fin de la réaction de polymérisation, mais en aucun cas ne donnent
la valeur du degré de conversion, ni au début (bien qu’on puisse éventuellement la supposer
nulle) ni surtout à la fin de la cuisson, alors que c’est une valeur déterminante vis-à-vis de la
pièce fabriquée 70 . La mesure quantitative du degré de conversion d’un thermodurcissable
se fait généralement par calorimétrie différentielle à balayage (DSC), l’inconvénient de
cette technique résidant dans les quantités de matériaux utilisées très différentes de celles
des procédés industriels, mais qui peut servir d’étalon pour les méthodes basées sur le suivi
d’indice, comme pour les méthodes diélectriques d’ailleurs.
Le réfractomètre de Fresnel que nous avons développé au laboratoire est d’une extrême sim-
plicité : un circulateur optique est connecté à une source laser accordable stable (Nettest®
Tunics Pluc CL) d’une puissance de 10 mW, et à un mesureur de puissance optique haute
résolution (Rifocs 575L), la troisième branche étant reliée à un pigtail SMF-28™ parfaite-
ment clivé que l’on plonge dans la résine. Comme nous allons le voir il n’est pas nécessaire
de mesurer une valeur absolue de l’indice, ce qui nécessiterait un étalonnage délicat. La
puissance de réflexion de Fresnel est donc simplement enregistrée, lissée par filtrage, et
cela suffit pour contrôler l’évolution relative de la cuisson. Pour valider ce capteur, des
mesures conjointes ont été menées avec le capteur diélectrique commercial Netzsh (voir
page 163) lors d’essais de cuisson de résine RTM6. On présente par exemple Figure 2.62,
l’évolution de la viscosité ionique et de la puissance de Fresnel (a), et de la température
(b), pour un cycle complet de cuisson de RTM6 à 140 °C.
On démontre ici que les deux signaux sont très bien corrélés sur le plateau de cuisson
isotherme [20], ce qui valide parfaitement le capteur. La puissance de Fresnel P peut se
corréler à l’indice de réfraction du milieu n de manière linéaire, en première approxima-
tion [GNC+ 00], car l’amplitude de variation de n est environ 40 fois plus faible que sa
valeur. Le signal de Fresnel varie donc de manière à peu près linéaire avec le degré de
conversion α à température constante, comme la viscosité ionique.
70. Pour les pièces de structure Airbus, le cahier des charges stipule que le degré de conversion soit d’au
moins 96%.
167
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
12 22
C
B
10 20
8 Dielectric analysis 18
A Fresnel refractometer
(a)
6 16
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Time (min)
140
Temperature (°C)
100
60
20
0 50 100 150 200 250 300 350 400
(b) Time (min)
Figure 2.62 – Viscosité ionique et puissance de Fresnel (a), température (b), enregistrées
au cours d’un cycle de cuisson de RTM6, d’après [20].
Afin d’effectuer des suivis de cuissons isothermes ou anisothermes, nous utilisons des
moules différents en faisant aussi varier la quantité de résine. Il y a deux moules métal-
liques : un rigide (appelé RM) consistant en une plaque en acier d’un millimètre d’épais-
seur, et un moule facilement déformable (appelé SM), consistant en une coupelle en papier
d’aluminium. Le troisième moule (appelé SI) est en silicone très souple. Le volume de
résine versé dans les moules métalliques (conducteurs) est faible alors que pour le moule
silicone isolant le volume est important (6 fois plus en épaisseur soit environ 12,8 mm),
ceci afin d’augmenter fortement l’auto-échauffement lors de la réaction dans le moule SI.
Dans chaque moule sont installés un capteur de Fresnel, un capteur d’analyse diélectrique
le cas échéant, un thermocouple et un FBG afin d’évaluer les déformations induites, dont
les résultats sont présentés dans la section 2.3.3.3.
D’autre part, afin de relier le signal de Fresnel au degré de conversion, et pour comparer
nos résultats avec ceux de la littérature, un calcul numérique de la thermo-cinétique de
cuisson a été développé [20]. Un modèle simplifié, dans lequel l’hypothèse principale est
que l’échantillon de résine est homogène et admet une température uniforme dans l’épais-
seur, a été proposé 71 . Cet échantillon est soumis globalement à un transfert thermique
71. Cette hypothèse a été vérifiée par un calcul éléments finis 2D, elle est validée pour les expériences dans
les moules métalliques. Pour le moule silicone, les résultats ont été déduits du calcul éléments montrant
un fort gradient thermique, en s’attachant à identifier la position exacte des capteurs dans l’épaisseur de
la résine.
168
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
avec son environnement (l’étuve). Le calcul du degré de conversion est donné par un mo-
dèle de Kamal-Sourour modifié pour tenir compte des mécanismes de diffusion en dessous
de Tg . Cette dernière évolue suivant la loi de DiBenedetto. Les propriétés thermiques de la
RTM6 et les coefficients du modèle proviennent tous de la littérature, par exemple [KP00]
et [Lec99]. L’équation de la chaleur couplée avec Kamal-Sourour modifié est résolue par un
schéma d’intégration temporelle par différences finies. La température dans l’étuve et dans
la résine étant mesurée expérimentalement, le modèle doit être ajusté en identifiant une
dernière inconnue, le coefficient d’échange moyen (ou effectif) entre la résine et son envi-
ronnement. On effectue cela en minimisant au sens des moindres carrés par une méthode
de Newton l’écart entre la température maximale de la résine mesurée et celle donnée par
le modèle, dans les trois expériences correspondant aux trois moules RM, SM et SI. (voir
[20] pour les détails du modèle).
On s’intéresse tout d’abord à la cuisson isotherme (par exemple dans le moule SM) dont
le cycle de cuisson a déjà été présenté Figure 2.62. La figure 2.63(a) prouve la robustesse
du modèle thermo-cinétique, sur les phases de montée en température et de plateau de
cuisson où on peut détecter la (faible) manifestation exothermique. Sur la figure 2.63(b)
on montre la proportionnalité rigoureuse entre la puissance de Fresnel mesurée et le degré
de conversion calculé à partir du modèle, dans ce cas αinitial = 0 et αfinal = 0, 84. Tgfinal est
évaluée à environ 125 °C.
0.9
140
0.8
130 0.7
Degree of conversion
Temperature (°C)
0.6
120
0.5
110 0.4
T calculated 0.3
100
T measured
0.2 linear fit
90
0.1
80 0
0 50 100 150 200 17 18 19
Time (min) Fresnel reflected power (microwatt)
(a) (b)
On considère maintenant une cuisson anisotherme, illustrée par la cuisson dans le moule
SI. On présente Figure 2.64 l’évolution de la puissance de Fresnel avec la température de
la résine T . Dans ce cas de figure, pendant le chauffage de la résine supposée non réticulée
(αinitial = 0), P diminue linéairement avec T . Pendant la réaction exothermique, P croit
en présentant trois pentes différentes pendant le pic d’exothermie, T et α évoluant simul-
tanément. Lors du refroidissement à l’air, P augmente linéairement avec T qui diminue
en supposant le degré de conversion maximal atteint (αfinal = 1) à partir de T = 210 °C,
169
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
19
!=1
18.5
Fresnel refected power (microwatt)
> 1 hour at 150°C
18 Cooling
17.5
17
Heating
Exothermic
16.5 reaction
!=0
16
15.5
80 100 120 140 160 180 200 220 240
Temperature (°C)
car la résine est montée à plus de 240 °C. En écrivant que P varie linéairement avec α,
et que P évolue aussi linéairement avec la température (voir Figure 2.64), on peut écrire
l’équation (2.52) dans laquelle les termes P (αinitial , T ) et P (αfinal , T ) sont linéaires en T .
αinitial − α αfinal − α
P (α, T ) = P (αfinal , T ) + P (αinitial , T ) (2.52)
αinitial − αfinal αfinal − αinitial
Dans un premier temps, on considère dans cette expérience que αfinal = 1 (la tempéra-
ture ayant atteint 244 °C), et que αinitial = 0 car on suppose la résine neuve. Les termes
P (αinitial = 0, T ) et P (αfinal = 1, T ) de l’équation (2.52) sont déduits des données expéri-
mentales présentées Figure 2.64 par des fonctions affines de T représentées respectivement
par les lignes en pointillés et en traits discontinus. En inversant l’équation (2.52) connais-
sant la courbe expérimentale P (α, T ) de la figure 2.64, on peut remonter à l’évolution
temporelle de α corrigée des évolutions thermiques, ceci en se basant uniquement sur les
mesures expérimentales de la puissance de Fresnel et sur les hypothèses concédées pour
l’équation (2.52) (combinaisons linéaires en α et T ). Le résultat est tracé sur la figure 2.65,
superposé avec la variation de température de la résine.
Le degré de conversion oscille autour de zéro jusqu’à une température T = 125 °C, à partir
de laquelle α augmente assez brutalement, pour se stabiliser à 1 dans la décroissance du pic
exothermique. Il est alors naturel de confronter cette mesure de α avec la valeur déduite du
modèle thermo-cinétique. Le modèle est donc d’abord calibré à partir de la connaissance de
la consigne thermique et de la valeur maximale de la température atteinte par la résine au
pic exothermique, afin de déduire le coefficient d’échange lié à cette configuration de moule
SI, en considérant comme habituellement, que αinitial = 0. Les résultats expérimentaux et
de simulation sont présentés sur les figures 2.66(a) et 2.66(b).
Les allures des deux courbes des figures 2.66(a) et 2.66(b) sont très similaires mais pré-
170
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
200
Degree of conversion
Temperature (°C)
100
0
0 20 40 60 80 100
Time (min)
sentent un décalage en temps de presque 14 minutes. Nous concluons que le modèle avec
les hypothèses actuelles ne peut décrire correctement l’expérience. En laissant mainte-
nant libre le degré de conversion αinitial ainsi que naturellement le coefficient d’échange
et en ajustant l’écart entre la température de la résine expérimentale et celle calculée,
on obtient la courbe présentée sur la figure 2.66(d) et un αinitial de 6,25% et non 0. En
imposant αinitial = 0, 625 dans l’équation (2.52), on obtient la figure 2.66(c). Les courbes
de l’évolution de la température et du degré de conversion expérimentales et simulées sont
maintenant très proches, le modèle est donc validé. L’hypothèse que αinitial était non nul au
départ de l’expérience s’avère très réaliste puisque la résine avait séjourné assez longtemps
à plus de 100 °C avant que l’expérience ne commence.
Nous avons donc montré qu’un capteur de Fresnel permet d’évaluer expérimentalement
l’évolution du degré de conversion même dans des conditions anisothermes. Pour obtenir
une valeur réelle et absolue, il est nécessaire de calibrer thermiquement le capteur de Fresnel
en imposant une variation de température pour deux degrés de conversion différents et
restant constants. Si l’un d’eux est connu exactement, le modèle permet de trouver l’autre,
notamment dans le cas pratique où la résine sort du pot et donc αinitial = 0. Dans ce cas,
la méthode donne une mesure absolue du degré de conversion à la fin de la réaction.
171
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
1 240 experiment
FEA (point B)
0.9 FEA (point A)
220
0.8
200
Degree of conversion
Temperature (°C)
FEA (point D)
0.6 180
FEA (point C)
0.5 160
!(0)=0
0.4
140
0.3
120
0.2
0.1 100
0 80
0 50 100 150 0 50 100 150
Time (min) Time (min)
(a) (b)
1 240 experiment
FEA (point B)
0.9
220 FEA (point A)
0.8
Degree of conversion
experiment 200
0.7
Temperature (°C)
0.5 160
!(0)=6.25%
0.4
140
0.3
120
0.2
100
0.1
0 80
0 50 100 150 0 50 100 150
Time (min) Time (min)
(a) (b)
Pour l’évaluation des déformations résultant de la cuisson, on utilise ici pour le découplages
T/ε et par souci de simplicité un thermocouple et un FBG, et non un capteur LPG/FBG
ou bien deux FBG dont l’un est isolé des déformations mécaniques. En effet, pour la
dernière solution, il nous est difficile techniquement de ne pas séparer les deux FBG de
manière importante (car nous les soudons bout-à-bout), et la résolution spatiale obtenue
est incompatible avec les gradients observés lors des cuissons dans l’étuve. D’autre part, si
pour les transducteurs LPG/FBG nous avons démontré leur performance de découplage et
leur bonne résolution spatiale, ces derniers présentent trop d’inconvénients pratiques pour
être utilisés facilement : grande sensibilité à la courbure, système d’acquisition développé
au laboratoire moyennement performant (fréquence d’acquisition limitée). La déformation
172
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
140 250
TSI T calculated
g
T measured
Temp. (°C)
200
Temp. (°C)
120 T calculated Tg
T measured
Tg 150
100
100
80
0 50 100 150 200 250 0 20 40 60 80 100 120
0 0
Strain (10−6)
Strain (10−6)
−50 −2000
−100 −4000
−150
t
ST
−6000 t
ST tTmax
1
Degree of conversion
0.8
0.6
0.5
0.4
0.2
0 0
0 50 100 150 200 250 0 20 40 60 80 100 120
Time (min) Time (min)
Les résultats relatifs à la cuisson dans le moule RM (isotherme à 148 °C) ne sont pas
présentés ici (voir [23]), mais les observations sont assez similaires à la cuisson dans le
moule SM, sauf lors du refroidissement (voir plus loin).
L’analyse de la figure 2.67 supporte les commentaires suivants :
– dans les trois cas le modèle thermique est en très bon accord avec les mesures (moule
RM non présenté ici) ;
– dans la phase de chauffage, la déformation mesurée est toujours presque nulle, aux
erreurs près dues à la position relative du thermocouple et du FBG dans le moule et
aux gradients thermiques éventuels ;
– dans les trois cas, à un instant noté tST on détecte un transfert des contraintes (Stress
Transfer ) de la résine à la fibre optique correspondant à un degré de conversion α(tST )
variant entre 0,63 et 0,68. Cette valeur déjà assez élevée est au-dessus de αgel = 0,59 pour
une cuisson à 150 °C rapporté dans [KP00], mais en-dessous de celle (0,775) rapportée
par Aduriz [Adu07] pour une cuisson à la même température ;
173
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
– pour les deux moules métalliques, peu d’overshoot de température, mais une déformation
mécanique de retrait chimique, puisque sur le plateau isotherme, très faible, de l’ordre
de -160 µε, pour un αf inal de 84,6% pour le SM et de 88,4% pour le RM. De plus, sur
la figure 2.67(b) on observe un retrait alors que la température continue d’augmenter
sur le pic exothermique, entre tST et tTmax , sachant que α(tTmax ) ≈ 94%. En utilisant
les résultats d’Aduriz et al. [ALB+ 07], on montre que le retrait chimique théorique est
environ 20 fois plus grand que celui vu par les FBG.
– lorsque la température diminue après tTmax , Figure 2.67(b), TgSI croise la température
de cuisson de la résine et on observe un point inflexion sur la courbe de déformation.
Les plus de 6000 µε mesurées sont principalement des déformations d’origine thermique
puisque la réaction est quasiment terminée à tTmax .
– TgSM est estimée à 125 °C, mais est toujours ici en dessous de la température de cuisson
de la résine.
La phase de refroidissement est analysée à partir de la figure 2.68 qui présente les déforma-
tions mécaniques induites en fonction de la température pour les trois expériences. On y
0 Start
cure Heating
−2000
TgSM TSI
g
−4000
Total strain (10−6)
Debonding
−6000
Cure
−8000 plateau
End
−10000 cure
SI mould
−12000 Cool RM mould
down SM mould
−14000
25 50 75 100 125 150 175 200 225 250
Temperature (°C)
Figure 2.68 – Déformation induites en fonction de la température pour les cycles complet
de cuisson dans les moules SM, RM et SI, d’après [23].
retrouve un certain nombre de points déjà discutés : déformations nulles pendant la phase
de chauffage, déformations chimiques mesurées très peu perceptibles par rapport aux dé-
formations d’origine thermique, températures de transition vitreuse au refroidissement qui
montrent un point d’inflexion pour les expériences dans les moules SI et SM mais pas dans
le moule RM puisque dans ce cas TgRM est à peu près égale à la température du plateau
de cuisson (145 °C). Phénomène intéressant et rapporté par exemple dans [KdOMH11], la
rupture de pente à 80 °C avec un saut d’environ 3000 µε lors du refroidissement dans le
moule RM, correspond à un décollement de la résine réticulée du moule (préalablement en-
174
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
duit d’agent démoulant). Enfin, les pentes en fin de refroidissement peuvent donner accès
aux coefficients de dilatation thermique αr de la RTM6 pour différents degrés de cuisson.
Nous avons alors montré dans [23] :
– qu’il est toujours possible de négliger les effets des moules et de la fibre optique sur la
valeur mesurée (car le rapport module d’Young sur section, pour la fibre optique, est
négligeable par rapport à celui pour la résine),
– qu’il est important de tenir compte de la variation de αr avec T , ce qui n’est pas toujours
fait dans la littérature.
En considérant une variation linéaire entre αr avec T [HFH+ 05], qui ajuste parfaitement
les courbes expérimentales de la figure 2.68, on déduit les évolutions des coefficients de
dilatation thermique αr (α, T ) de la RTM6, présentées Figure 2.69. Les résultats sont co-
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hérents avec ceux de [HFH+ 05]. On montre donc que des mesures in situ avec des FBG
peuvent être facilement mises en œuvre pour évaluer le coefficient de dilatation thermique
de résines thermodurcissables vitrifiées quelque soit leur degré de cuisson. Par contre, il
semble bien que les FBG ne sont pas adaptés pour évaluer le retrait chimique lors de la
cuisson, car le transfert des contraintes ne se fait que tardivement, entre autres à cause
du module élevé de la fibre optique ramené à celui de la résine gélifiée, et du caractère
visco-élastique de cette dernière qui présente très certainement de la relaxation visqueuse.
175
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
Après avoir mis en place le laboratoire “capteurs à fibre optique” à l’ICA-Albi, nous avons
en premier lieu étudié l’effet de sollicitations non-homogènes le long des réseaux en les
simulant par la méthode des matrices de transfert (voir § 2.3.2.2). La simulation directe
permet de décrire correctement le spectre expérimental. Par contre, l’approche inverse ne
fonctionne pas de manière satisfaisante (sauf en connaissant a priori le signe du gradient)
car il n’y a pas de solution unique : un spectre en intensité peut résulter de plusieurs
sollicitations différentes. La méthode qu’il convient d’utiliser dans ce cas est la réflecto-
métrie optique faible cohérence (OLCR), qui utilise les informations de l’intensité et de
la phase de la lumière, avec de très bon résultats (voir les travaux de l’équipe de Bot-
sis [CHGB06, CHB07] ou de l’Université de Nantes [CCL+ 06]). Cependant, pour notre pro-
blématique, les gradients dans le plan des pièces composites étant relativement faibles par
rapport à ceux dans l’épaisseur (surtout les gradients thermiques), une solution technique
alternative est d’utiliser plusieurs FBG courts et gravés bout-à-bout, et de positionner
plusieurs chaı̂nes de ce type dans l’épaisseur. Concernant les gradients de déformations,
ceux-ci peuvent être importants à l’échelle des constituants du composite. Nous pour-
rions envisager de les analyser par OLCR, par exemple en collaboration avec l’équipe de
l’Université de Nantes [CCL+ 06].
D’autre part, il est maintenant clair qu’il n’est pas possible d’interpréter correctement les
réponses de FBG si nous n’avons pas d’information sur l’avancement de la réaction de po-
lymérisation. Cette constatation a motivé l’utilisation de capteur diélectrique industriel,
176
2.3. Thème 2 – Capteurs à fibre optique pour le suivi de cuisson des composites
puis le développement d’un capteur de Fresnel (§ 2.3.3) moins intrusif. La méthode est
présentée au § 2.3.3.1 et le suivi de cuisson isotherme et anisotherme au § 2.3.3.2. Une
fois connue l’avancement des réactions, il est possible d’évaluer les déformations induites
lors de la cuisson de la résine (voir § 2.3.3.3). On montre que les déformations mécaniques
mesurées par les réseaux de Bragg ne peuvent évaluer correctement le retrait chimique de
cuisson, car le transfert des contraintes du fluide visco-élastique sur la fibre optique est
longtemps négligeable et ne se fait qu’à partir d’un avancement de réaction d’environ 65%.
Par contre, les FBG sont bien adaptés à l’estimation du coefficient de dilatation thermique
de la résine vitrifiée, quelque soit leur degré de cuisson, et donc des déformations résiduelles
d’origine thermo-mécanique. Ceci est valable pour un polymère de faible rigidité par rap-
port à la fibre optique. Pour un composite stratifié, les contraintes résiduelles de cuisson
ne peuvent être obtenues que via un modèle thermo-mécanique permettant de statuer sur
l’état de déformation du milieu entourant le FBG. C’est bien évidemment une voie que
nous souhaitons explorer et qui consiste à utiliser des FBG gravés sur des fibres haute-
ment biréfringentes (Hi-Bi ou microstructurées), interrogées par un système d’acquisition
à maintien de polarisation (voir les travaux récents de Mawatari et Nelson [MN08] ou de
Luyckx et al. [LVLD10]).
177
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
Ce document décrit mes activités de recherche depuis ma thèse de doctorat en 2001. Elles
se séparent en deux grandes thématiques qui semblent relativement disjointes, mais dont
l’ambition in fine est similaire : une caractérisation mécanique des matériaux à l’aide
de mesures optiques. Mes perspectives de recherche s’inscrivent dans la continuité des
travaux présentés dans ce document et donc sur les deux grandes thématiques. L’inflexion
générale que je souhaite donner dans le futur est de coupler plus intimement les mesures
optiques aux calculs numériques. En effet, si traditionnellement les calculs sont validés
par les résultats d’essais expérimentaux, j’ai la conviction maintenant qu’une conception
intelligente des essais couplée à une multi-instrumentation ad-hoc, tout comme la com-
préhension des mesures associées, nécessitent a priori l’apport de calculs numériques. On
imagine par exemple une conception d’essai optimale permettant l’identification robuste
de modèles de comportement, ou des calculs permettant la compréhension de réponses
provenant de capteur à fibre optique.
Mon premier thème de recherche porte sur les mesures de champs par corrélation
d’images. Ces techniques fournissent depuis maintenant presque vingt ans des données ex-
périmentales de champs denses. Elles sont en train, à ce titre, de faire évoluer la mécanique
expérimentale, car elles autorisent aussi une mesure théoriquement à toutes les échelles
que permettent les systèmes d’imagerie, et pour toutes les dimensions de l’espace (2D, 3D
surfacique et 3D volumique).
Sur ce sujet, mon activité de recherche s’est orientée sur la mesure en elle-meme, en
focalisant sur l’analyse des performances et la caractérisation des erreurs de
mesure, à partir, par exemple, de l’influence des paramètres liés aux algorithmes de
corrélation ainsi qu’aux images. Je pense qu’il faut continuer nos efforts dans cette activité
surtout pour les mesures par stéréo-corrélation, car :
– primo cette technique est maintenant parfaitement diffusée dans les laboratoires univer-
sitaires ou industriels (et il existe une demande forte sur ce sujet),
– secundo car contrairement à la corrélation 2D, la stéréo-corrélation impose des choix à
effectuer par l’utilisateur concernant notamment la configuration géométrique à adopter
pour une expérience donnée, le calibrage, etc.,
– et tertio car les erreurs induites par les procédures de calibrage et de reconstruction par
triangulation ne sont pas à l’heure actuelle parfaitement caractérisées.
C’est, comme je l’ai déjà indiqué dans le manuscrit, l’objet des travaux du troisième qua-
driennal (2011-2014) du GT “Métrologie” du GDR CNRS 2519 que je co-anime. Nous
proposons de les réaliser suivant deux approches complémentaires : une de type bench-
mark expérimental et une par utilisation d’images stéréoscopiques de synthèse. L’objectif
est de contribuer à une meilleur compréhension des origines des incertitudes en stéréo-
corrélation et à leur maı̂trise. La perspective de ces travaux est de pouvoir produire des
procédures (guide de bonnes pratiques) permettant d’optimiser et de garantir les mesures,
et de pouvoir associer à toute mesure une incertitude. Le but à terme est d’aller vers
une certification ou une normalisation concernant l’utilisation des méthodes de corrélation
d’images et des méthodes de mesure de champs en général.
178
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
Tout d’abord, mes perspectives en terme d’application des mesures de champs par corré-
lation d’images sont nombreuses dans le laboratoire. Elles concernent particulièrement les
petites échelles ainsi que les mesures à chaud, en lien direct avec les domaines d’application
historiques du laboratoire ICA-Albi (outillages de forge, procédés de mise en forme à chaud,
bétons réfractaires). En particulier, je pense tout d’abord aux essais micro-mécaniques
couplés à des techniques d’imagerie électronique (MEBE) grâce auxquelles on peut obtenir
des mesures de champs cinématiques par corrélation d’images, qui seraient aussi couplés
avec des analyses des microstructures (EBSD et DRX). Nous avons initié récemment des
travaux préliminaires allant dans ce sens avec V. Vidal, en analysant l’évolution des défor-
mations à l’échelle mésoscopique (ensemble de grains) sur du titane T40 en traction sous
MEB. Nous souhaitons poursuivre ce type de travaux, une platine d’essais in situ adaptée
pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une proposition d’équipement prochainement. D’autres
travaux à petite échelle nous intéressent également, ils concernent l’identification de la
zone plastique en tête de fissure sur des aciers à outils soumis à des sollicitations de type
fatigue cyclique (thèse de M. Baccar en cours), à température ambiante actuellement, puis
aux températures d’utilisation (600 °C) prochainement. Des difficultés techniques liées à
la mauvaise qualité des images pourraient alors nécessiter l’utilisation de techniques de
corrélation intégrée adaptées. D’autres applications pourraient aussi concerner des essais
de traction sous microscope optique numérique (Keyence). Enfin, des mesures à chaud
ou mi-chaud sur des alliages de titane ou d’aluminium habituellement utilisés en forgeage
superplastique (SPF) pourraient être envisagées dans le futur, dans le but d’identifier
des modèles de comportement visco-plastiques (collaboration V. Velay). Pour les me-
sures aux grandes échelles, le compromis incertitude/résolution spatiale peut devenir
critique, et nous y répondons en proposant une instrumentation multi-caméras (collabora-
tion J.-J. Orteu). A titre d’exemple, une étude proposée par l’entreprise Ratier-Figeac est
en discussion concernant des mesures globales 3D par stéréo-corrélation (et donc avec plu-
sieurs bancs stéréoscopiques) des déformées de pale d’hélice en dynamique avec couplage
essais/calculs. La problématique du recalage des champs mesurés et simulés est donc aussi
présente dans cette étude. C’est un point qu’il me paraı̂t important de développer. Il faut
donc aller vers des analyses mécaniques plus quantitatives et donc créer un couplage plus
fort entre mesures par corrélation et simulation numérique : par exemple, une application
qui nous tient à cœur avec mon collègue V. Velay concerne la simulation des procédés
de formage de tôle (formage incrémental et emboutissage) et leur validation grâce à des
179
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
essais et des mesures par stéréo-corrélation in situ qui sont maintenant, disons, mieux
maı̂trisés. Bien évidemment, il est clair pour moi que les orientations futures à prendre
concernent d’une part les essais et d’autre part leur instrumentation. Typiquement, il va
s’agir de définir de nouvelles stratégies autour des essais mécaniques en vue de reproduire
des situations plus proches de l’utilisation finale des matériaux et des structures (voire des
mesures sur structure réelle travaillante), en y intégrant une multi-instrumentation. Sous
ce vocable j’entends une instrumentation multi-échelles (c’est-à-dire multi-résolutions) et
multi-capteurs : mesures de champs et mesures ponctuelles, en surface ou dans le maté-
riau, par capteur à fibre optique ou tout type de capteur enfouissable (cf. les travaux à
l’ICA de mon collègue P. Marguerès sur les capteurs impédancémétriques). Cela permet-
tra d’étudier finement et à différentes échelles des mécanismes de déformation dans des
systèmes complexes, je pense tout particulièrement aux mécanismes d’endommagement et
de fissuration dans les céramiques et les composites. C’est dans cet esprit que le projet
ANR VERTEX auquel je suis associé a démarré en janvier 2013 pour quatre ans. Dans ce
sujet nous allons même plus loin puisque nous proposons d’effectuer une instrumentation
et des mesures par corrélation d’images globale 3D surfacique multi-résolutions pour le
pilotage des sollicitations à appliquer sur une éprouvette technologique composite par un
banc d’essai dédié. Cette étude (mesure pour le pilotage) passera par une approche inverse
(cf. point suivant). Je n’oublie pas, enfin, l’intérêt considérable que les mesures de corré-
lation 3D volumique sont en train d’apporter dans bien des domaines (notamment pour
les matériaux composites et la bio-mécanique pour ce qui est développé à l’ICA par mes
collègues J.-N. Périé et J.-C. Passieux).
En premier lieu, il est tout d’abord nécessaire de rendre plus robustes les approches que
nous avons développées, en analysant systématiquement l’influence des paramètres intrin-
sèques à la méthode FEMU, qui sont les géométries d’essais que l’on doit rendre optimales,
et les zones du champ cinématique mesuré qui sont à prendre en compte. Ceci doit se faire
par l’analyse de la sensibilité aux paramètres recherchés et à l’aide de la simulation numé-
rique. Il est aussi souhaitable de pondérer la mesure dans la procédure FEMU en fonction
des incertitudes de mesures évaluées.
180
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
En second lieu, il est nécessaire de comprendre de quelle manière le bruit associé aux
mesures de champs influence les résultats de l’identification afin de pouvoir évaluer les
incertitudes sur les paramètres constitutifs. De mon point de vue, cela peut se
faire soit par le développement de mécanismes de propagation d’erreur dans la procédure
d’identification FEMU en elle même, soit en utilisant des approches statistiques de type
Monte Carlo.
Enfin, il est intéressant de se positionner aussi sur les méthodes intégrées. Basées
sur l’approche de corrélation globale, ces méthodes permettent la régularisation des
champs cinématiques et l’identification de propriétés mécaniques en même temps. Cette
régularisation permet de compenser, par exemple, le déficit d’information provenant des
images (ou bien le bruit d’image) en postulant un comportement mécanique a priori. La
convergence est donc grandement améliorée et la technique évite les faux appariements.
Les premiers résultats que nous avons obtenus sont effectivement prometteurs. Cependant,
on n’oubliera pas de vérifier a posteriori si le modèle est représentatif du matériau en
analysant le résidu local de mesure.
181
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
Pour les informations thermiques et mécanique, nous avons choisi naturellement les cap-
teurs à réseaux de Bragg. A partir de nos travaux, les principales conclusions que
nous pouvons faire concernent les problématiques (i) de l’estimation de déformation (ou
température) hétérogène le long du réseau, (ii) du découplage des informations thermique
et mécanique et (iii) de la mesure réelle du champ de déformations lorsque le capteur est
noyé dans un milieu environnant.
Concernant le premier point, la technique à utiliser est sans aucun doute la réflectométrie à
faible cohérence (OLCR). Cependant, pendant la fabrication, les gradients dans les compo-
sites stratifiés sont majoritairement orientés suivant l’épaisseur, et le positionnement d’un
réseau de Bragg perpendiculairement aux plis est techniquement délicat et rédhibitoire
en milieu industriel. Lorsque les FBG sont positionnés parallèlement aux plis 72 et qu’ils
sont relativement courts, dans la plupart des cas les spectres sont peu modifiés au cours
du temps et le gradient longitudinal peut être négligé. La technique d’OLCR est donc à
privilégier plutôt pour les essais mécaniques sur éprouvette composite instrumentée par un
FBG de grande longueur et lorsqu’on s’intéresse, par exemple, à détecter et caractériser le
délaminage ou la fissuration (en positionnant ce dernier à proximité de points singuliers).
La deuxième point, le découplage des informations, a été traité par le développement d’un
transducteur basé sur la double photo-inscription d’un LPG et d’un FBG superposés.
Ce capteur a été testé lors de suivis de cuisson de résine puis de composites stratifiés
voie liquide. Il a donné de bons résultats en terme d’efficacité de découplage et de ré-
solution spatiale, mais sa sensibilité à la courbure à cause du LPG le rend en pratique
difficilement utilisable dans les procédés industriels. L’utilisation d’un thermocouple ou
d’un FBG supplémentaire protégé mécaniquement est encore une bonne alternative si la
résolution spatiale de l’ensemble est compatible avec les gradients thermiques en présence.
Le troisième point est à mon avis le point le plus critique et mérite que l’on s’y intéresse
activement : la réponse d’un FBG est tributaire du milieu qui l’entoure. Lorsque le FBG
est intégré dans une résine thermodurcissable pure pour le suivi de cuisson, l’isotropie
de la résine et le rapport du module sur la section, négligeable pour la fibre optique par
rapport à celui pour la résine, permettent directement de déduire la déformation longitu-
dinale du milieu à partir de la sensibilité du FBG. Ce n’est plus le cas lorsque le FBG
est intégré au sein des composites stratifiés. Cependant au cours de nos expériences, nous
n’avons pas noté d’évolutions très marquées des spectres dues à des effets d’anisotropie
transverse (biréfringence induite), mais nous ne pouvons pas non plus déduire les défor-
mations transverses (même isotropes) et la déformation longitudinale simplement à partir
de la variation de la longueur d’onde de Bragg. En toute rigueur l’état de déformation est
donc difficilement interprétable sans l’aide d’information supplémentaire, et plus particu-
lièrement d’une modélisation. Je pense que ce point est fondamental et j’y reviendrai par
la suite.
De plus, dans nos travaux, nous avons montré qu’il est nécessaire, pour pouvoir inter-
préter correctement les réponses des FBG, de connaı̂tre assez précisément l’avancement
72. (et dans le pli parallèlement aux fibres – on montre alors qu’ils sont peu intrusifs dans un pré-
imprégné, un peu plus dans les tissus utilisés en procédés voie liquide à cause des fils de trame).
182
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
Nous l’avons déjà évoqué, de manière générale pour les composites stratifiés les défor-
mations (contraintes) résiduelles de cuisson ne peuvent être obtenues, lorsqu’on utilise
les informations provenant d’un capteur FBG enfoui, qu’avec l’aide d’un modèle thermo-
mécanique. De plus, l’analyse de l’état de déformation transverse nécessite l’utilisation de
FBG gravés sur des fibres hautement biréfringentes (Hi-Bi, microstructurées). Mes pers-
pectives de recherche s’inscrivent donc dans le cadre de la mesure des déformations
triaxiales par FBG. Je souhaite donc d’une part développer les mesures en lumière
polarisée, ce qui nécessite un équipement spécifique, et d’autre part coupler ces mesures
avec des simulations éléments finis puisque il n’est pas possible, sauf sous certaines hypo-
thèses, de remonter simplement au tenseur des déformations à partir des équations opto-
mécaniques. Le modèle permet donc de déduire l’état de contrainte dans le composite
pendant la fabrication. Plusieurs applications sont visées. La première concerne les com-
posites thermoplastiques à fibres longues de type carbone/PEEK obtenus par le procédé
de compression sous presse et chauffage par induction qui est disponible à l’ICA-Albi. Dans
ce procédé, il est important de pouvoir suivre d’une part les différents états de la matière,
mais aussi le développement des contraintes résiduelles dont l’origine est intra-laminaire,
inter-laminaire et à l’échelle du stratifié (retrait d’origine thermique et de cristallisation).
Sur ce sujet nous souhaitons déposer, avec G. Bernhart du groupe “Matériaux et Struc-
tures Composites” de l’ICA-Albi, un projet de thèse. Ce projet visera aussi à mettre en
place une collaboration scientifique, actuellement en discussion, avec l’équipe du prof. De-
grieck de l’Université de Ghent en Belgique [LVDWD10, VLDWD10]. La seconde application
pourrait concerner l’évaluation des contraintes résiduelles dans les pièces composites fa-
briquées par des procédés utilisant des solutions d’outillages prototypes béton/composite
auto-chauffants.
Enfin, et pour conclure sur ce second thème, je rappellerais qu’actuellement, les certifica-
tions industrielles aéronautiques imposent la connaissance de la température de transition
vitreuse (et du degré de conversion) de tout composant structural fabriqué en composite
thermodurcissable. Pour les composites thermoplastiques c’est le taux de cristallinité qui
est important. Actuellement ces paramètres sont obtenus sur des éprouvettes suiveuses
découpées de la pièce, par exemple par analyse thermomécanique dynamique (DMTA).
Pour le suivi de ces paramètres, il me semble important de poursuivre notre réflexion sur
les possibilités que peuvent offrir les capteurs à fibre optique s’appuyant sur l’interaction
rayonnement/matière, que ce soient les méthodes de diffraction (pour caractériser l’orga-
nisation de la matière) ou les méthodes spectrométriques (pour caractériser leur nature
183
2.4. Conclusions et perspectives de recherche
chimique). Je pense par exemple à des capteurs à fibre optique qui seraient basés sur la
spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier déportée.
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Troisième partie
Sélection de publications
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209
Thème 2 – Axe 1 : capteurs à fibre optique de température et de défor-
mation pour les procédés composites
210
Résumé
——————————————————————————————————————–
Abstract
The experiment in mechanics provides first observation, understanding the phenomena and the
possible establishment of models. These models require experimental input data (parameters) and
validations. Ultimately products from predictions / dimensioning are also tested. In this context,
optical methods for the characterization of materials and structures (photomechanics) are of great
interest. The work presented in this thesis falls within this scope and emphasizes the two main
themes of research I developed : (A) full-field measurements by digital image correlation (DIC) and
its use for the behavior analysis and the mechanical characterization of materials, and (B) optical
fiber sensors for monitoring composite manufacturing processes (in the case of restricted measu-
rements without visual access). The first part of the thesis presents my personal file summarizing
my general activities as an assistant professor at the Ecole Mines Albi. The second part presents
my research activities around these two themes. The first theme is divided in three main areas of
research : (A1) full-field kinematic measurements by DIC and metrological characterization, (A2)
characterization of materials behaviors using DIC measurements, and (A3) inverse identification of
constitutive parameters from statically indeterminate tests and measurements by DIC. The second
theme is divided in two main areas of research : (B1) the measurement of temperature and strains
by fiber Bragg grating sensors applied to the monitoring of composite manufacturing processes,
and (B2) the measurement of the conversion degree by Fresnel refractometer. The thesis ends with
a general overview and some research perspectives.