Analyse Des Systèmes de Production de Semences Certifiées de Riz (Oryzae Sativa) de Bas-Fond Dans La Commune D'adja - Ouèrè Au Bénin
Analyse Des Systèmes de Production de Semences Certifiées de Riz (Oryzae Sativa) de Bas-Fond Dans La Commune D'adja - Ouèrè Au Bénin
Analyse Des Systèmes de Production de Semences Certifiées de Riz (Oryzae Sativa) de Bas-Fond Dans La Commune D'adja - Ouèrè Au Bénin
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FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
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DEPARTEMENT DE PRODUCTION VEGETALE
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Composition du Jury
Superviseur : Prof. Dr. Ir. AHOHUENDO Président : Prof. Dr. Ir. AHOHUENDO
Bonaventure C. Bonaventure C.
Maître de stage : Ir. Serge SOGNIGBE Rapporteur : Dr. Ir. SAIDOU Aliou
Le superviseur
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Dédicace
A mes très chers parents BANKOLE O. Gabriel et MOULERO Olawoumi.
Page ii
Remerciements
Honneur, gloire et tout salut à Dieu pour ses merveilles et sa miséricorde dans ma vie, surtout
pour la bonne conduite du présent travail.
Nous remercions :
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Résumé
Au Bénin, la production du riz ne comble pas les attentes des consommateurs qui
restent toujours dépendants des importations de cette denrée, occasionnant ainsi une sortie
massive des devises. L’intensification de la production des semences certifiées de riz de
qualité pourrait permettre une autosuffisance du pays en riz. La présente étude vise à
comprendre les techniques de production des semences certifiées du riz au Bénin tout en
ressortant ses différentes contraintes et d’en proposer de solutions à travers le diagnostic de la
Coopérative des Multiplicateurs de Semences Certifiées du Riz (CoMuSCeRi) d’Adja-Ouèrè.
50 producteurs ont été interviewés pour la collecte des informations. Des entretiens de groupe
et individuels et des observations participantes ont permis la collecte des différentes données
nécessaires pour la présente étude. Il ressort des résultats que la production est bien organisée
avec un respect plus ou moins satisfaisant des normes en vigueur en dehors de certaines
irrégularités concernant surtout l’isolement des parcelles et les antécédents culturaux. Les
variétés produites sont IR 841 et NERICA L20. Les producteurs utilisent les engrais minéraux
pour la fertilisation et les herbicides pour la gestion des adventices. De nombreux atouts
existent pour cette activité dont l’essentiel se résume en la disponibilité d’une superficie
importante de bas-fonds aptes pour la culture du riz et l’existence d’appui à sa production.
Cependant, les producteurs restent toujours confrontés à d’énormes contraintes dont
l’insécurité foncière, l’indisponibilité des intrants, le manque de financement et de main
d’œuvre et la forte pression des ravageurs surtout les oiseaux granivores. Ainsi, des solutions
sont proposées pour l’amélioration de la filière et abordent le renforcement de l’encadrement
des producteurs, la mise en place d’un crédit répondant aux exigences agricoles et
l’instauration d’une production écologique par la réduction de l’utilisation des intrants
chimiques. Enfin, cette utilisation quasi-unique des intrants chimiques qui polluent
l’environnement de production des semences certifiées du riz dans la Commune, avec un
risque de dégradation de la fertilité des sols, a incité à la rédaction d’un micro-projet sur la
production écologique des dites semences.
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Abstract
In Benin, rice production does not meet the expectations of consumers who are still
dependent on imports of this commodity, thus causing a massive outflow of foreign exchange.
Increased production of certified quality seeds of rice could allow self-sufficiency in rice for
our country. This study aims to understand the techniques of certified seeds of rice production
and find out its constraints in order to suggest solutions by the diagnosis of the cooperative of
certified seeds of rice multipliers (CoMuSCeRi) in Adja-Ouèrè’s District. 50 farmers were
interviewed to collect information. Group and individual interviews and participant
observations allowed the collection of various data necessary for this study. The results show
that the production is well organized with a more or less satisfactory compliance with current
standards apart from some irregularities concerning mainly the isolation of plots and field
history. Varieties produced are IR 841 and NERICA L20. Farmers use mineral fertilizers for
the fertilization and weed management is primarily by herbicides. Many advantages exist for
this activity which essentially boils down to the availability of a large area of lowland suitable
for rice cultivation and the existence of the supports of its production. However those
producers are still facing huge constraints such as land insecurity, unavailability of inputs,
lack of funding and hands works and high pest pressure mainly seed-eating birds. And
solutions are proposed to improve the sector and address strengthening the supervision of
producers, the establishment of a credit responding to the agricultural needs and the
development of ecological production by reducing the use of chemical inputs. In the end, that
sole use of chemical inputs which let an environmental pollution of certified seeds of rice
production in the District, with a risk of degradation of soil fertility, incite to the drafting of a
micro-project on ecological production of so-called seeds.
Key words: certified seeds of rice, production systems, pollution, ecological production.
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Table des matières
Certification ................................................................................................................................. i
Dédicace ..................................................................................................................................... ii
Résumé ...................................................................................................................................... iv
Abstract ...................................................................................................................................... v
1. INTRODUCTION .............................................................................................................. 1
Page vi
2.2.4. Phase d’analyse et de traitement des données ...................................................... 7
3.1. Historique de la production des semences certifiées du riz dans la Commune d’Adja-
Ouèrè.. .................................................................................................................................... 9
Page vii
4.7. Conclusion ................................................................................................................. 35
Annexes .................................................................................................................................... 41
Page viii
Liste des tableaux
Tableau 1. Profil historique de la production des semences certifiées du riz dans la Commune
d’Adja-Ouèrè ............................................................................................................................ 10
Tableau 5. Répartition des producteurs enquêtés selon les superficies emblavées .................. 15
Tableau 6. Comparaison de la dose moyenne des herbicides totaux appliquée par les
producteurs enquêtés à celle recommandée ............................................................................. 20
Tableau 7. Comparaison de la dose moyenne des herbicides spécifiques appliquée par les
producteurs enquêtés aux doses recommandées. ..................................................................... 22
Tableau 8. Comparaison de la dose moyenne de l’engrais NPK appliquée par les producteurs
enquêtés à celles recommandées .............................................................................................. 23
Tableau 9. Comparaison de la dose moyenne de l’urée appliquée par les producteurs enquêtés
à celles recommandées ............................................................................................................. 24
Tableau 10. Gestion des principaux ravageurs et maladies de riz rencontrés dans la commune
.................................................................................................................................................. 25
Tableau 11. Forces, faiblesses, opportunités et menaces liées à la production des semences
certifiées du riz dans la Commune ........................................................................................... 29
Page ix
Liste des figures
Figure 3. Répartition des modes d’acquisition des terres en fonction des producteurs enquêtés
.................................................................................................................................................. 16
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Liste des sigles et acronymes
ABSSA : Agence Béninoise de Sécurité et Santé des Aliments
AG : Assemblée Générale
CA : Conseil d’Administration
Page xi
MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
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1. INTRODUCTION
Le riz est une culture bien connue à travers le monde. Il est la deuxième céréale
cultivée (149.000.000 ha) et la troisième produite (380.000.000 tonnes), consommée et
exportée dans le monde après le blé et le maïs (MAEP, 2011). Le riz a longtemps été l’aliment
de base dans de nombreuses sociétés traditionnelles et dans la majorité des villes d’Afrique de
l’Ouest (Diagne et al., 2010). En 2013 et 2014, la consommation moyenne est estimée à 57 kg
de riz blanchi par personne (FAO, 2013 cité par Kouiho, 2013), soit 6,1 millions de tonnes
dans la région ouest-africaine alors que la production ne représente que 61% de cette
demande. La production de riz est alors loin de devancer la demande en Afrique de l’Ouest
(Worou, 2012 cité par Kouiho, 2013).
Au Bénin, les habitudes alimentaires des populations ont été modifiées et le riz qui
autrefois était considéré comme un repas de fête est aujourd'hui consommé au quotidien tant
en milieu rural qu’en milieu urbain (MAEP, 2011). Du coup, les besoins en consommation du
riz sont devenus élevés allant de 25 à 30 kg/habitant/an, soit 175 000 à 210 000 tonnes l’an
(MAEP, 2011). Malgré la production nationale qui a triplé au cours des dix dernières années
grâce aux efforts du Gouvernement à travers le Programme d'Urgence et d’Appui à la Sécurité
Alimentaire (PUASA) et la Recherche-Développement, les besoins en consommation ne sont
couverts qu’à hauteur de 47% (MAEP, 2011). Cette situation impose des importations du riz
pour combler le déficit en besoins alimentaires nationaux créant du coup une sortie massive
de devises.
Selon la FAO (2009), le Bénin pourrait devenir autosuffisant en riz et même exporter les
excédents de sa production rizicole grâce à une stratégie d'intensification de la production et
de la commercialisation des semences de riz de qualité. En effet, la production de semence
consiste à mettre à disposition des producteurs des semences de la meilleure qualité possible
et selon les variétés demandées (Lacharme, 2001). Ainsi, dans la perspective de la
modernisation de l’agriculture, la performance des semences constitue un défi majeur à tout
Etat souverain (Biaou et Saïdou, 2011). Ceci place la filière semencière au centre de la
souveraineté de l’Etat béninois et constitue en même temps une priorité pour l’atteinte de la
sécurité alimentaire. Une politique nationale semencière a été donc dotée par l’Etat béninois
en décembre 2005 et constitue ainsi un grand atout pour la multiplication des semences
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certifiées de riz qui, malgré cela, est toujours limitée par d’énormes contraintes. Cette activité
implique les opérateurs privés qui regroupent essentiellement les producteurs individuels ou
en groupements. C’est le cas de la Coopérative des Multiplicateurs des Semences Certifiées
de Riz (CoMuSCeRi) de la Commune d’Adja-Ouèrè qui fait l’objet de la présente étude.
Cette étude diagnostique, qui marque la fin de notre formation en Licence professionnelle
à la FSA (Faculté des Sciences Agronomiques) de l’UAC (Université d’Abomey-Calavi) se
propose d’étudier les systèmes de production des semences certifiées du riz dans ladite
commune afin de contribuer à l’amélioration de la compétitivité de la filière rizicole béninoise
sur le plan international.
d’étudier les systèmes de production des semences certifiées de riz de bas fond ;
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2. MILIEU D’ETUDE ET DEMARCHES METHODOLOGIQUES
Elle est subdivisée en six arrondissements à savoir Adja – Ouèrè centre, Ikpinkè,
Massè, Tatonnonkon, Oko – Akaré, et Kpoulou. Elle compte 47 villages. La CoMuSCeRi, qui
est notre structure d’accueil, est située dans l’arrondissement d’Adja-Ouèrè plus précisément
dans les villages de Houéli Gaba et de Dagbla (Figure 1).
Cette Commune couvre une superficie de 550 km2 dont 415 km2 cultivable. Elle a un
climat de type subéquatorial et est caractérisée par deux saisons de pluies inégalement
réparties sur l’année (de mars à juillet et d’août à novembre). Les deux saisons de pluies sont
intercalées par deux saisons sèches. Le relief de la Commune d’Adja –Ouèrè est fait en partie
de plateau qui s’incline vers la dépression de la Lama. Les sols sont ferralitiques dans la zone
du plateau mais argilo-humiques (les vertisols) dans la zone de dépression de la Lama
(Afrique Conseil, 2006) dans les arrondissements de Kpoulou, Massè et Adja–Ouèrè. La
Commune d’Adja –Ouèrè est pauvre en cours d’eau, on y trouve quelques rares rivières. La
végétation est essentiellement constituée de palmeraies, de cultures vivrières, des végétations
naturelles, puis une forêt classée (Itchèdè – Toffo).
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des cultures industrielles, on rencontre le coton qui se cultive dans la partie nord de la
Commune et des palmeraies sélectionnées gérées par les coopératives d’aménagement rurales.
Quant à l’élevage, les principales espèces conventionnelles élevées sont la volaille, les
caprins et ovins, les lapins et les bovins. L’élevage d’aulacodes est en plein essor dans la
commune. En matière de pêche, on rencontre quelques promoteurs de pisciculture avec
quelques étangs piscicoles. Le domaine de transformation est surtout l’apanage des femmes.
Les principaux produits transformés sont le manioc et les fruits du palmier à huile.
Page 4
Figure 1. Localisation du milieu d’étude
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2.2. Démarches méthodologiques
Cette phase, qui s’est déroulée durant toute la période de stage, a consisté en la
consultation de documents traitant de la production des semences du riz. En effet, elle et
nous a permis de nous procurer des articles et des revues scientifiques relatifs à notre sujet.
Les premiers résultats de cette étape nous ont permis ensuite d’élaborer les guides d’entretien
et la fiche d’enquête individuelle utilisés pour la collecte des données.
Elle a démarré par une prise de contact avec les agents de Secteur Communal pour le
Développement Agricole (SCDA) d’Adja-Ouèrè en particulier le Responsable du
Développement Rural (RDR) et les Présidents des deux groupements des producteurs
semenciers rizicoles de la Commune, ce qui a facilité notre intégration dans le milieu. Ensuite,
un aperçu général a été fait sur les groupements surtout en ce qui concerne leurs tailles, les
zones de production et l’adresse des producteurs impliqués et les itinéraires techniques de
production. Cela nous a permis de tester notre fiche d’enquête individuelle et nos guides
d’entretien et de les adapter aux différentes réalités de cette zone. En fonction de ces
dernières, un échantillonnage de 50 producteurs a été réalisé pour l’étape d’enquête
individuelle à raison de 25 producteurs par groupement tout en tenant compte des variétés
produites, du genre et des producteurs ayant une expérience minimale de deux ans dans la
multiplication des semences certifiées.
Les observations participantes nous ont permis de toucher du doigt la réalité par notre
participation effective à certaines activités. Divers entretiens non structurés ont été également
menés au cours de cette phase dans le but d’enrichir les différentes informations collectées.
Elle a démarré par la comparaison des informations collectées lors des enquêtes
individuelles à celles obtenues par les focus group, appuyée de nos différentes observations.
Ensuite, une base de données a été établie avec le tableur Excel qui nous a permis également
de faire des analyses statistiques descriptives nécessaires à la rédaction du présent mémoire.
Toujours grâce à la comparaison, les écarts entre les pratiques des producteurs et celles
recommandées sont ressortis pour servir de base aux différentes suggestions réalisées. Le
diagramme de Venn a été utilisé pour montrer les relations de la CoMuSCeRi avec ses
différents partenaires. La triangulation des données relatives à l’organisation de la coopérative
et les contraintes de la production collectées auprès de plusieurs acteurs a permis d’en faire
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une synthèse unique. Par usage de l’outil FFOM, les forces, les faiblesses, les opportunités et
les menaces de la production des semences certifiées du riz ont été identifiées, et nous ont
permis de connaître les atouts que dispose cette activité. Le logiciel Minitab 16 a été utilisé
pour la réalisation des tests statistiques ici présents. En effet, ils ont permis de faire une
comparaison entre les doses des engrais appliquées et les pesticides utilisés par les
producteurs à celles recommandées et de voir s’il en existe une différence significative. Les
tests réalisés concernent le test t de Student à un échantillon et celui de Wilcoxon à un
échantillon choisis respectivement selon la normalité ou non de chaque échantillon. Ils ont été
réalisés tous au seuil de 5%.
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3. PRESENTATION ET ANALYSE DES PRINCIPAUX RESULTATS
Dans la Commune d’Adja-Ouèrè, les semences certifiées du riz ont été réellement
produites pour la première fois en 2008 par les producteurs du groupement SEGBEYA de
Houéli Gaba.
En effet, dans les années 1980, les habitants de ce village n’avaient que le maïs
Comme culture vivrière qui servait d’alimentation de base. Vus les conditions édaphiques de
ce milieu, cette culture n’est pas appropriée à une partie importante de leurs espaces
cultivables. Ainsi, ils ont été toujours victimes des pertes de cultures dues aux inondations qui
se répètent à chaque petite saison pluvieuse dans ladite zone qui est en majorité une pleine
inondable. Les conditions de vie se détérioraient pour cette population dont la majeure partie
obtenait des prêts sans pouvoir les rembourser. Pour remédier à ces contraintes, le Projet
d’Activités Génératrices de revenus (PAGER), reconnu aujourd’hui sous le nom de Projet
d’Appui à la Croissance de l’Economie Rurale (PACER), leur proposa la culture de riz de
bas-fonds.
C’est ainsi qu’a été adoptée la culture du riz de consommation dans le village où on
comptait déjà en 2000 sept producteurs dont trois femmes, organisés en groupement du nom
de SEGBEYA. Cette activité était donc encore limitée par de nombreuses contraintes. Par la
suite, plusieurs producteurs l’avaient ainsi abandonnée, avec pour conséquence, l’exode rural
occasionnant le départ massif de plusieurs jeunes vers le Nigéria.
Pour motiver ces producteurs à poursuivre les activités rizicoles, et surtout à cause de
leur dévouement à entretenir le riz de consommation, le Projet d’Appui au Développement
Rural (PADER) les avaient initiés dans la production des semences certifiées du riz, en
réduisant ainsi les charges liées aux décorticages et écoulement de la production. Leur
première campagne s’était tenue en 2007-2008 avec la variété BL 19 sur une superficie de 2,5
ha. Faute de certification, la production n’a pas été vendue comme semence certifiée. Cela a
été rectifié pendant la campagne 2008-2009 où la production avait réellement commencé. Le
Tableau 1 présente les évènements marquant et leurs impacts sur l’évolution de la production
des semences certifiées du riz dans la Commune d’Adja-Ouèrè.
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Tableau 1. Profil historique de la production des semences certifiées du riz dans la Commune
d’Adja-Ouèrè
2007-2008 Production de riz non vendus en tant que Démotivation des producteurs
semences certifiées
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semenciers s’annonce par le détachement de certains producteurs des groupements pères. Le
premier groupement (SEGBEYA) est enregistré au CARDER Ouemé-Plateau sous le
N°05/01/01/2012/2011/DG-CeRPA-OP/DIFAOP/SAACOP/LIAOP le 15 juin 2011 alors que
le second l’est le 30 juin 2011 sous le N° 05/01/01/2021/DG-CeRPA O-
P/DIFAOP/SAACOP/LIAOP.
Africa CAFRO
Rice P/UCR
SONAPRA/ Marché
local
CAIA
Marchands
nigérians
INRAB
CoMuSCeRi
SCDA
PACER/ IMF
CISV/
PADA/ProCAD
ABSSA
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Les cercles représentent les structures et organismes. La taille des cercles décrit
l’importance de ces structures et organismes pour la coopérative. Les intersections entre les
cercles définissent l’intensité des relations entre les structures.
Page 12
3.4. Production des semences certifiées de riz
La CoMuSCeRi se distingue par les producteurs qu’elle regroupe en son sein. Les
Tableaux 2 et 3 présentent une catégorisation par groupement de ces derniers selon l’âge, le
genre et le niveau d’instruction.
Classe Genre
d’âge
SEGBEYA AYIDJEDO Total (%)
(années)
Homme (%) Femme(%) Homme (%) Femme(%)
19-30 16 0 14 04 34
31-50 14 12 16 06 48
>50 06 02 06 04 18
19-30 08 02 06 10 0 08 34
31-50 16 02 08 16 06 0 48
>50 08 0 0 08 02 0 18
Page 13
Il ressort de ces tableaux que, dans cette commune, ce sont les hommes qui
interviennent le plus dans la production semencière et dans les deux coopératives. Ainsi,
parmi les producteurs enquêtés, 72% sont des hommes contre 28% des femmes. Cela
s’explique par le manque de volonté et la dépendance des femmes dont la possibilité de
s’installer est limitée par l’obligation qu’elles ont à travailler dans les champs de leurs maris.
Aussi, 48% des producteurs enquêtés ont-ils un âge compris entre 31-50 ans faisant donc de la
majorité de ceux-ci des producteurs adultes et constitue ainsi un atout pour la production de
semence de riz surtout à cause de force de travail que dispose cette couche sociale. De plus,
34% des enquêtés sont instruits avec 22% au niveau secondaire. On assiste alors à
l’installation de nouveaux types de producteurs semenciers de riz avec pour conséquences la
diffusion facile de nouvelles technologies agricoles et la facilité des activités de suivi de la
production, garantissant ainsi une bonne qualité des semences produites.
Il en résulte que la taille des ménages des producteurs enquêtés varie d’une à 28
personnes avec une moyenne de 6,6±4,7 personnes. Quant aux expériences professionnelles
des enquêtés, elles varient de deux à sept ans avec une moyenne de 3,8±1,5 ans. Ces nombres
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d’années d’expériences relativement élevés traduisent le degré de technicité des producteurs
concernés et la maîtrise de la conduite des différentes opérations culturales.
Pourcentage des 12 44 44
répondants (%)
Les modes d’accès des multiplicateurs semenciers à la terre dans cette commune se
résument à l’emprunt, l’héritage, l’achat et la location des parcelles à exploiter. La Figure 3
présente la répartition de ceux-ci chez les producteurs enquêtés. On en déduit une
prédominance de la location et de l’héritage due respectivement à la rupture du contrat
d’utilisation gratuite des terres sur les sites semenciers rizicoles de cette commune et à la
dominance des autochtones dans la production semencière.
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Figure 3. Répartition des modes d’acquisition des terres en fonction des producteurs enquêtés
Pour l’exécution de leurs travaux, les producteurs font recours aux différents types de
main d’œuvre. Ces derniers concernent les mains d’œuvre familiale, salariale, occasionnelle
et les entraides réciproques. Celle salariale ici mentionnée est spécifique à la chasse des
oiseaux granivores. Certains producteurs engagent des ouvriers pour cette activité et les paient
mensuellement. La figure 4 présente la répartition de ces différents types de mains d’œuvres
chez les producteurs enquêtés.
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Les multiplicateurs semenciers du riz de cette Commune n’utilisent que l’urée
(46% N) et le NPK (10-20-20 ou 15-20-15) pour la fertilisation des cultures. Ils s’en
approvisionnent aux SCDA environnants (surtout celui d’Adja-Ouèrè). Ordinairement, le sac
de 50 kg coûte 12.500 FCFA aux producteurs pour l’urée ou le NPK mais dans l’informel le
prix varie jusqu’à 17.500 FCFA.
Comme les engrais, les semences sont fournies par l’INRAB ou le PADA à
1000 FCFA/kg toutes variétés confondues. Leurs pouvoirs germinatifs sont jugés satisfaisants
par l’ensemble des producteurs.
Les outils de travail utilisés se résument aux houes, haches, bottes, pulvérisateurs,
coupe-coupe, crocs, rayonneurs et filets. Il existe également des motopompes, quelques
batteuse-vanneuses et un motoculteur que la Coopérative d’Amélioration de la Filière
Rizicole dans l’Ouémé et le Plateau (CAFROP) met à la disposition des producteurs
seulement que le motoculteur n’est pas approprié aux conditions édaphiques de la zone.
Pour être semencier du riz dans la Commune d’Adja-Ouèrè, il faut avoir reçu de
formations en la matière avec une expérience minimum de trois campagnes en production de
riz de consommation. Cela permet de connaître le degré de dévouement du producteur à
entretenir le riz afin de savoir s’il sera ou pas en mesure de tenir une bonne conduite de la
production semencière. C’est compte tenu de cet aspect que le groupement SEGBEYA a été
identifié en 2007 parmi tant d’autres dans la Commune pour produire les semences certifiées
de riz.
Page 17
Le choix du site de multiplication est fonction de son accessibilité et de la nature du
sol. Ils sont, dans ce cas, des plaines inondables avec la présence plus ou moins abondante
d’eau dans la petite saison de pluie. Ils sont souvent inondés au moins dans les trois premiers
mois du cycle de riz. Leur accessibilité est souvent difficile en période de pluies à cause de
l’état des pistes rurales dues aux conditions édaphiques de la zone.
Le riz est une plante autogame qui n’est, de ce fait, pas très exigeante en matière
d’isolement de champs semenciers. La réglementation exige cependant une certaine distance
(3 m au minimum) entre les parcelles de cultures de deux variétés différentes, de deux
générations différentes et les champs semenciers et ceux de riz de consommation. Mais ces
distances ne sont pas respectées sur les sites à Houéli Gaba comme à Dagbla. On y trouve par
endroits des parcelles de deux variétés et générations différentes qui sont séparées par de
simples diguettes. Cela constitue un facteur d’augmentation des risques de pollution des
semences en production. Cet acte s’explique par l’introduction de la production des semences
de pré-base de NERICA-L14 sur les sites par l’INRAB et la culture de deux variétés par le
groupement SEGBEYA sans une résolution concrète des conflits d’attribution de terre qui
siège dans le milieu.
Le précédent cultural adopté par tous les producteurs sur les sites de multiplication est
le maïs même s’il est souvent détruit par l’eau. Ce précédent cultural est cultivé au cours de la
grande saison pluvieuse et permet selon les producteurs de bénéficier de l’arrière effet des
engrais utilisés pour la production de riz. Cette pratique est techniquement peu recommandée
car le riz et le maïs sont tous des plantes de la même famille. Selon le MAEP (2011), la
parcelle choisie ne doit pas avoir porté lors de la campagne précédente, de cultures de riz, sauf
s'il s'agit de la même variété. Mais la culture de deux variétés et générations différentes sur le
site de Houéli Gaba pour cette campagne a fait que les parcelles utilisées pour le NERICA
L20 la campagne passée sont maintenant mises en culture pour les variétés IR 841 et
NERICA L14.
La préparation de sol
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de toute sorte d’herbe et de certains arbres tout en élaguant les branches des arbres non abattus
et celles des palmiers pouvant entraver le développement normal des cultures. S’il est fait en
période sèche, les matières végétales séchées sont brûlées par la majorité des producteurs
contre une faible minorité qui la conserve en guise de fertilisation organique. En période de
pluie ou lorsque le labour est prêt à être réalisé, ils ramassent la biomasse défrichée pour faire
les diguettes ou les disposent sur les diguettes selon que ces dernières ont été construites ou
non. Selon la durée de la matière végétale sur le sol, elle laisse des débris, surtout des feuilles
que les producteurs incorporent au sol, en plus des repousses des herbes, pour servir la part
organique de leur fertilisation. Ainsi, ceux qui tardent à défricher ne laissent pas beaucoup de
temps avant le ramassage et enregistre moins de biomasse qui peut servir de mulching pour la
conservation de l’humidité du sol. 38% des producteurs enquêtés observent une période d’au
moins 15 jours avant le ramassage et augmentent ainsi leur chance d’amélioration de la
stabilité structurale de leurs sols.
Les diguettes sont réalisées avant la période d’inondation des parcelles sous forme de
couche de sol en billon pour délimiter chaque casier rizicole sur les parcelles concernées.
Elles sont l’œuvre de plusieurs projets ou des producteurs eux-mêmes.
Quant au labour, il n’est réalisé que sur les parcelles non inondées et consiste en un
retournement léger du sol. Certains producteurs font usage du NPK en fumure de fond avant
le labour. Par contre 58% des enquêtés s’abstiennent de cette pratique, ce qui peut conduire à
une dégradation de la fertilité des sols. Si ceux-ci pouvaient faire usage d’un engrais
organique, du cas de composts, en fumure de fond, ce sera un atout pour l’agriculture
écologique et en même temps, pour la filière semencière béninoise. L’application des
herbicides vient boucler cette phase de préparation du sol pour empêcher la levée rapide des
herbes et rendre le sol apte au repiquage. Il se fait avec les herbicides totaux (surtout Force
Up) à l’aide d’un pulvérisateur dont on remplit d’eau mélangée avec le produit. Le Tableau 6
présente la comparaison de la dose recommandée pour ces herbicides à celle appliquée, en
moyenne, par les producteurs enquêtés. Il en résulte que cette dernière est largement
supérieure à la dose recommandée au seuil de 5% et constitue donc un risque de pollution et
de toxicité pour les sols de cette zone et les eaux environnantes.
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Tableau 6. Comparaison de la dose moyenne des herbicides totaux appliquée par les
producteurs enquêtés à celle recommandée
Doses des
herbicides
totaux 4,2 ± 1,9a 3b P < 0,01 P = 0,0001
*= Moyenne ± Ecartype
« Supériorité significative entre les chiffres portant les lettres différentes sur la même ligne
pou le test des rangs signés de Wilcoxon au seuil de 5 % »
Cette opération se réalise de façon échelonnée en une ou deux étapes selon la volonté
ou la disponibilité du producteur. La première étape concerne la pré-germination qui permet
d’accélérer la germination des graines. Elle consiste au trempage des semences dans l’eau
pendant 12h environ, ensuite elles sont sorties et mises dans des sacs de jute en suspension
pendant 48h. Pendant cette durée, les graines s’imbibent et sous l’effet de la chaleur, la
plupart d’elles annoncent déjà l’émission des hypocotyles. Elles sont ensuite envoyées au
champ pour la pépinière. Cette étape est facultative.
La pépinière proprement dite est la mise à terre des graines pré-germées ou non. En
effet, elle se fait par le remuage d’une légère couche de sol en surface et le planage de celle-
ci. Sur cette dernière est fait l’épandage des graines qu’on recouvre ensuite avec une légère
couche de sol. L’ensemble est couvert avec des pailles, de préférence les branches de palmiers
à huile, si l’humidité du sol est adéquate. Dans le cas contraire, l’apport d’eau est nécessaire
avant la couverture. Pour favoriser le développement rapide des plantules à la levée, certains
producteurs épandent du NKP avant ladite couverture. Les pailles sont enlevées cinq ou six
jours après et le tout est maintenant protégé contre le soleil de façon à permettre l’aération des
plantules. Cette opération se fait souvent en période de faible ensoleillement tôt le matin ou
tard dans l’après-midi. Les pépinières sont conçues sous une forme irrégulière plus ou moins
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ronde ou sous forme allongée d’environ 1 m sur 7 m. La Photo 1 montre une pépinière de
neuf jours.
Le repiquage
C’est la transplantation des plantules d’environ 15 à 25 jours des pépinières sur les
sols préalablement préparés. Elle se fait en ligne à l’aide des ficelles qui permettent de
maintenir les lignes droites (Photo 2). Les plantules sont repiquées à raison d’une plantule par
poquet avec un écartement d’environ 25 à 30cm entre les plantules et pour les interlignes, soit
111111 à 160000 plantules à l’hectare. Notons que ces densités varient au cours de cycle de
production du riz à cause du phénomène de tallage. Seules les racines des plantules sont
enfoncées dans le sol afin de favoriser un bon tallage de celles-ci.
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Le désherbage
Il consiste à débarrasser les casiers rizicoles des mauvaises herbes qui empêchent le
développement normal des cultures. Il se fait suivant deux modalités : le désherbage chimique
et le désherbage manuel. Si les parcelles repiquées sont enherbées, le premier désherbage
qu’effectuent les producteurs, c’est celui chimique qui utilise les herbicides spécifiques
surtout l’Amino force dans le cas présent. Il faut noter que la fréquence des traitements est
réduite par l’inondation des parcelles qui inhibe la levée de plusieurs herbes. Les doses
recommandées pour ces pesticides sont comprises entre 1 à 3 L/ha (dépend de l’herbicide). Le
Tableau 7 présente la comparaison de la dose moyenne des herbicides spécifiques appliquée
par les producteurs enquêtés à ces dernières. Il en résulte que les doses de ces herbicides chez
les producteurs enquêtés sont significativement comprises entre les limites recommandées au
seuil de 5%. Ce fait constitue un atout pour limiter les effets néfastes de ces produits sur la
pollution et la dégradation des sols, favorisant ainsi la croissance de la production nationale de
semences certifiées de riz.
Tableau 7. Comparaison de la dose moyenne des herbicides spécifiques appliquée par les
producteurs enquêtés aux doses recommandées.
*= Moyenne ± Ecartype
« Supériorité significative entre les chiffres portant la même lettre sur la même ligne pour le
test des rangs signés de Wilcoxon au seuil de 5% »
Le désherbage manuel fait souvent suite au désherbage chimique et consiste à
l’arrachage des mauvaises herbes des parcelles traitées avec la main. Il est fait sur tout le
cycle de production et devient exclusif à partir de l’initiation des panicules ou l’enherbement
est désormais empêché par la couverture spatiale de la culture.
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La fertilisation des cultures
Elle est essentiellement chimique et emploie l’urée (46% N) et NPK (10-20-20 ou 15-
20-15) avec une application à la volée. Il n’est noté aucune fumure organique à part
l’incorporation des débris végétaux dans le sol lors du labour. L’engrais NPK qui devrait être
utilisé en fumure de fond est malheureusement utilisé en fumure d’entretien. Même ceux qui
en font exception ne respectent pas les doses recommandées et fractionnent leurs doses en
deux ou parfois en trois applications souvent tardives pour être utilisées par le riz. Ces faits
s’expliquent par la fourniture souvent tardive des engrais due à leur indisponibilité
momentanée mais aussi et surtout au manque de technicité des producteurs. Les doses
recommandées pour ces engrais sont de 150 à 200 kg/ha (Ayenan, 2012). Le Tableau 8
présente la comparaison de la dose moyenne de l’engrais NPK appliquée, au total, par les
producteurs enquêtés à celles recommandées. On en déduit que les doses totales d’engrais
NPK appliquées par les producteurs sont significativement comprises entre les limites
recommandées au seuil de 5%.
Tableau 8. Comparaison de la dose moyenne de l’engrais NPK appliquée par les producteurs
enquêtés à celles recommandées
*= Moyenne ± Ecartype
« Différence non significative entre les chiffres portant la même lettre sur la même ligne au
seuil de 5% mais supériorité significative entre les chiffres portant les lettres différentes sur la
même ligne au seuil de 5% pour le test des rangs signés de Wilcoxon »
L’urée est utilisée en une ou deux applications selon les producteurs. D’autres le
mélangent avec le NPK qu’ils utilisent en fumure de couverture. 62% des producteurs
enquêtés utilisent l’urée en une seule application. Elle est appliquée au tallage et surtout à
l’initiation paniculaire (72% des enquêtés). Les doses d’urée recommandées sont de 75 à
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100 kg/ha (Ayenan, 2012). Le Tableau 9 présente la comparaison de la dose moyenne de
l’urée appliquée, au total, par les producteurs enquêtés à ces dernières. Il en ressort que les
doses de l’urée appliquées par les producteurs sont significativement comprises entre les
limites recommandées au seuil de 5%.
On conclut alors que les producteurs, malgré l’indisponibilité des engrais souvent
constatée, essaient généralement de respecter les doses recommandées en donnant donc une
chance d’amélioration à la filière semencière rizicole.
Tableau 9. Comparaison de la dose moyenne de l’urée appliquée par les producteurs enquêtés
à celles recommandées
*= Moyenne ± Ecartype
« Les chiffres portant la même lettre sur la même ligne ne sont pas significativement
différents pour le test T à un échantillon au seuil de 5%.»
De la pépinière au stockage, nombreux sont les ravageurs qui attaquent le riz et qui
portent atteinte aussi bien à la quantité qu’à la qualité du riz produit. Quant aux maladies,
elles sont en nombre réduit en riziculture. Cependant leurs attaques sont gravement nuisibles
aux semences produites. Pour lutter contre ces ravageurs ou maladies, les multiplicateurs ont
recours à diverses méthodes. Le Tableau 10 présente les principaux ravageurs et maladies de
riz rencontrés dans la commune avec les méthodes de lutte adoptées par les producteurs.
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Tableau 10. Gestion des principaux ravageurs et maladies de riz rencontrés dans la commune
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Photo 3. Protection des cultures
à l’aide des filets
L’épuration
Elle consiste à l’élimination sinon à l’arrachage manuel des hors types des parcelles
des cultures, de la pépinière jusqu’à la récolte. Ils sont reconnus par les producteurs à travers
l’aspect de leurs feuilles, la couleur des talles et graines, une épiaison plus précoce ou plus
tardive et surtout leurs tailles.
L’irrigation
En dehors des pluies, les irrigations sont quasiment inexistantes sur ces sites. Elles
sont réalisées quelques rares fois en période de sécheresse par quelques producteurs surtout
les dirigeants des groupements. Cela s’explique par le manque des motopompes à la
disposition des producteurs. Les quelques motopompes qui y existent sont prioritairement à la
satisfaction des dirigeants.
La récolte
Elle est réalisée sur l’ordre de l’ABSSA quand toutes les panicules sont sèches. Elle se
fait par un recépage des panicules ou des gerbes en fonction de la présence ou non de l’eau
dans les casiers rizicoles. Dans ces derniers, les plantes sont coupées et regroupées en bottes
au sol s’il n’est pas humide. Dans le cas contraire, elles sont mises sur ou debout contre les
diguettes. Parfois, les gerbes sont au fur et à mesure attachées séquentiellement avec des
ficelles pour faciliter le battage surtout mécanique.
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Les opérations de post-récoltes
En effet, le séchage est essentiellement fait sur pied au champ quand la récolte n’est
pas encore effectuée. C’est d’ailleurs pour s’assurer de la qualité de cette opération que
l’ordre de la récolte doit provenir des agents de l’ABSSA. Il se poursuit après la récolte à l’air
libre ou au soleil sur les tas des panicules dans les casiers rizicoles ou sur ou contre les
diguettes jusqu’à l’ensachage des graines.
Le battage permet de séparer les graines des gerbes recépées. Il est essentiellement fait
sur les bâches étendues au sol où les producteurs disposent d’un bois contre lequel ils battent
les panicules dont ils tiennent les tiges. Certains s’abstiennent des bois au profit de leurs
pieds. En effet, ils piétinent les panicules de riz pour en enlever les graines.
Le vannage quant à lui se fait au vent naturel ou grâce aux ventilateurs et permet de
séparer les graines recueillies du battage des débris végétaux se trouvant en leur sein. Il est
réalisé sur les bâches, dans les paniers, les bassines et les plastiques disposés de telle sorte que
le vent ne puisse ramener les impuretés enlevées. Les graines sont envoyées en l’air et laissées
en chute libre sous le vent qui emporte les matières légères dont les débris des pailles. Il se
fait à plusieurs reprises et prend fin quand la main plongée dans les graines est exempte de
poussière.
Le triage est réalisé après le vannage et consiste à enlever les mottes de terre, les
graines cassées, les graines rouges ou noires et les débris végétaux n’ayant pas été emportés
par le vent lors du vannage. Les graines sont conservées sous forme paddy dans les sacs de
jutes et les paniers.
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En effet, chaque année et au début de campagne et pour chacun des cycles de cultures,
les coopératives de multiplication de semences certifiées de riz remplissent certaines
formalités administratives avec l’ABSSA qui est l’organe de contrôle et de certification. Ces
formalités concernent la signature de trois documents importants à savoir : le contrat de
multiplication, la déclaration de culture et la demande d’admission au contrôle.
Quant aux contrôles des cultures, ils sont effectués aux champs par les agents de
l’ABSSA. A l’issue de chaque inspection, les observations relevées et les recommandations
sont consignées dans un rapport dont une copie est laissée aux multiplicateurs. A défaut d’un
rapport d’inspection, une fiche de notation de culture peut en tenir lieu. En termes du nombre
de contrôle au champ, la réglementation semencière prévoit au moins quatre inspections tout
le long du cycle. Elles ont eu lieu respectivement avant le semis, en préfloraison, à la floraison
et juste avant la récolte pour ordonner celle-ci.
Enfin, ont eu lieu les contrôles des lots après la récolte et conservation des semences
produites ou les échantillons sont constitués en vue des analyses au laboratoire. Seuls les lots
reconnus conformes et retenus comme semences de qualité seront certifiés, et ensuite marqués
par la pose de l’étiquette de reconnaissance de l’ABSSA.
Quant à la commercialisation, elle concerne uniquement les lots certifiés par l’ABSSA
comme semences de riz. La livraison se fait à domicile et de façon groupée. Les semences
sont achetées par la SONAPRA ou le CAIA à un prix de 300 FCFA le kilogramme (toutes
variétés confondues). Parfois, le ProCAD s’en approvisionne à un prix de 350 FCFA le
kilogramme (toutes variétés confondues). Elle a eu lieu après l’ensachage des graines dans
des sacs de 60 kg et la pose de l’étiquetage.
Le Tableau 11 présente les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces liés à
la production des semences certifiées dans la Commune d’Adja-Ouèrè. Il en résulte que cette
activité dispose d’énormes forces et opportunités pouvant garantir la bonne conduite des
opérations. Quant aux faiblesses et menaces, les producteurs doivent consentir assez d’efforts
afin de réduire leurs impacts sur la production.
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Tableau 11. Forces, faiblesses, opportunités et menaces liées à la production des semences
certifiées du riz dans la Commune
Forces Faiblesses
Manque d’équipements
agricoles
Opportunités Menaces
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Insuffisance de main d’œuvre
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4. RESUME DU MICRO-PROJET D’INSTALLATION
De nos différentes analyses, il ressort que les producteurs pratiquent à fond une sorte
d’agriculture conventionnelle qui exploite d’une manière quasi unique les produits chimiques.
En effet, il n’est noté aucune utilisation significative des engrais organiques et la gestion de la
fertilité des sols et des adventices est principalement basée sur l’utilisation des engrais et des
pesticides. Ces produits sont de nature à s’infiltrer dans le sol pour polluer les nappes
phréatiques et les eaux de surfaces (surtout qu’il s’agit ici des bas-fonds) et à s’accumuler
dans le sol pour favoriser sa toxicité. L’azote et le phosphore sont des polluants des eaux issus
des diverses activités humaines, dont l’agriculture (Lenormand, 2008). Ainsi, il se pose donc
le problème de pollution de l’environnement de production des semences certifiées du riz
avec un risque de dégradation de la fertilité des sols.
Pour limiter ou réduire les conséquences néfastes de telle situation et assurer en même
temps une grande production de semences, l’adoption d’un nouveau type d’agriculture
s’impose. Celle qui doit combiner une utilisation conjointe des intrants chimiques avec ceux
organiques tout en respectant et en protégeant l’environnement : c’est l’agriculture
écologiquement intensive. C’est pour faire preuve d’application par soi-même des différentes
suggestions réalisées, surtout pour la production écologique des présentes semences, que
s’inscrit le présent micro-projet afin d’assurer une production quantitative et qualitative des
semences certifiées de riz tout en respectant l’environnement.
La variété à multiplier est le NERICA L20 à cause de ses capacités de résistance aux
conditions difficiles. L’exploitation sera sise à Houéli Gaba avec une taille de 2 ha.
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respecter les normes en vigueur pour la production de semences certifiées de riz.
4.3. Méthodologie
La méthodologie à suivre emploie deux promoteurs tous deux ayant une Licence
Professionnelle en agronomie, spécialité production végétale. Nous mettrons ensemble nos
moyens, qu’ils soient technique et financier afin de pouvoir venir à bout de ces travaux. Il sera
recruté des ouvriers dont nous deux serons les encadreurs. Le suivi de l’exploitation se fera
suivant un calendrier qui inter changera nous les promoteurs. Il sera lancé un appel de
demande de financement auprès des banques et des bailleurs de fonds le plus tôt possible afin
de se procurer à tant, de tous les outils et équipements nécessaires.
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désherbages seront manuels et se tiendront chaque 15 jours. 50 kg/ha d’urée seront apportés à
l’initiation paniculaire. Les bandes de cassettes et les poses de filets japonais seront utilisées
pour lutter contre les oiseaux granivores. La récolte quant à elle prendra en compte le
recépage des gerbes attachées en lots. Une à deux semaines de séchage sera observée avant le
battage. Ce dernier sera effectué avec le vannage à l’aide d’une batteuse vanneuse. Les
graines seront conservées en sacs dans les magasins.
Il est question ici d’évaluer les coûts de production et de prévoir les revenus afin de
connaître les bénéfices à tirer de cette activité. Les Tableaux 12 et 13 présentent
respectivement les charges variables et fixes de la production des dites semences pour les
2 ha.
Opérations - - - 1092500
culturales
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Compostage - - - 200000
Autres - - - 30000
Total - - - 1730500
*= équipements à louer
Autres - - - - 30000
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Tableau 14. Compte des résultats prévisionnels
On déduit donc de ces Tableaux le taux de rentabilité (Revenu net/ (Charges fixes + Charges
variables) qui est de l’ordre de 0,41, ce qui n’es pas négligeable pour une production agricole
surtout du cas d’une production écologiquement intensive. Notons aussi que pour une
campagne, le bénéfice varie selon la production mais sera surement satisfaisant.
4.7. Conclusion
Le présent micro-projet est arrêté à 1993000 FCFA. Le montant disposé est de 500000
FCFA pour un besoin de financement de 1493000 FCFA. La production générera un bénéfice
sûrement satisfaisant, avec ses nombreux avantages liés à l’agriculture écologiquement
intensive.
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5. CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
Cette étude nous a permis d’apporter notre pierre à la construction de l’édifice qu’est
le développement de la filière semencière rizicole béninoise. Elle a l’avantage de nous
permettre de maîtriser le fonctionnement des organisations des coopératives agricoles et les
systèmes de production de semences certifiées du riz, et d’en identifier les contraintes qui y
sont afférentes. Elle nous a permis de cerner également les forces et opportunités de cette
activité de même que ses faiblesses et menaces au niveau communal, donc en partie sur le
plan national. Notre capacité technique de la conduite et de la gestion des exploitations
agricoles à titre semencier a été renforcée.
De ces différents résultats, il ressort que les producteurs s’organisent mieux pour la
conduite de la production des semences certifiées de riz. Les variétés de riz en cours de
multiplication sont IR 841 et NERICA L20. Ces producteurs tentent de respecter les normes
et règles en vigueur pour la multiplication semencière au Bénin mais se trouvent encore
empêchés par de nombreuses contraintes parmi lesquelles se trouvent le manque
d’équipements agricoles adéquats et de formations techniques des producteurs et les conflits
d’attribution des terres. L’analyse des forces, opportunités, faiblesses et menaces de ladite
activité montre qu’elle dispose de nombreux atouts pour être facteur de la compétitivité de la
filière semencière béninoise sur le plan international. Mais de nombreux efforts restent donc à
fournir pour l’accomplissement de ce noble rêve.
Sur ce et aux vues de ces différents résultats, nous faisons des suggestions ci-après.
Utiliser les engrais organiques pour maintenir le niveau de fertilité des sols.
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Recycler les pailles pour augmenter la fertilité des sols et réduire la dépendance face
aux engrais chimiques.
Faire une utilisation conjointe des engrais organique et minéral de façon à protéger
l’environnement.
A l’endroit de la CoMuSCeRi
Organiser plus de formations aux producteurs et prendre des mesures pour les obliger
à respecter les normes en matière de production de semences du riz.
Respecter les lois en vigueur pour la création de coopératives rurales surtout celle
relative à l’organisation du foncier au Bénin.
A l’endroit de l’Etat
Mettre en place une banque agricole qui puisse prendre en compte les spécificités liées à
l’agriculture.
Diffuser les règles et normes en matière de production semencière à travers des formations
techniques au profit des producteurs.
Mettre à la disposition des multiplicateurs en temps opportun des intrants de qualité moins
chers et appropriés à la riziculture.
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Encourager la mécanisation agricole en mettant à la disposition des coopératives des
machines agricoles appropriées comme les batteuses vanneuses et les motopompes.
Mobiliser des fonds spécifiques à la production écologique des semences certifiées de riz.
Page 38
Références bibliographiques
INSAE (2013). Résultats provisoires du RGPH4, Rapport de travail, Bénin, Juin 2013,
p1.
Page 39
MAEP (2010). Règlement technique de la production, du contrôle de la qualité, de la
certification et du conditionnement des semences de riz. Cotonou, Bénin, 11p.
Worou O.N. (2012). Experimental analysis and modelling of the rainfed rice cropping
systems in West Africa, Thesis of the requirements for Agronomic Doctor, Faculty of
Agriculture, University of Bonn.
Page 40
Annexes
Annexe 1. Guides d’entretien à l’endroit des producteurs et des agents du SCDA d’Adja-
Ouèrè
N° de la fiche…………………………………………………………………………………….
Date de l’enquête……………………........................................................................................
Enquêté : Nom…………………Prénom(s)………………………..............................................
Productions antérieures :
2012-2013
2013-2014
2012-2013……………………………………………………………………………………….
Isolements culturaux
Facteurs de production :
Main d’œuvre
Outils et équipements
Semences Fournisseurs
Coûts
Pouvoir
germinatif
Organiques
Engrais
Chimique
Pesticides + Coûts
Pratiques culturales
Pourquoi :………………………………………………………………………………………
Pourquoi :……………………………………………………………………………………….
Opérations culturales
Défrichage
Construction
des diguettes
non
Labours
Durée trempage:…
Q Urée/ha :…......
Nbre de
plantules/poquets.
Profondeur ……
Repiquage
Interligne………
Inter plantules…
Mode
d’application……
Mode d’appl…
N°2 Q/ha :……………
Engrais Q/ha :
organiques
Mode
Noms :…… d’appl………
Fertilisation
Epurations
Irrigations
Couper tige
Autres :…………
Activités
post récoltes Méca
nique
Vannage Ventilateur
Naturel
Triage
Stockage
Mesure de protection :
Commercialisation
Prix
unitaires :………………………………………………………………………………………
Certification
Processus :………………………………………………………………………………………
Stades de contrôles :…………………………………………………………………………..
Contraintes
Foncier
Intrants Engrais
chimiques
Semence
Pesticides
Engrais
organiques
Main d’œuvre
Ravageurs
Commercialisation
Certification
Opérations post-récoltes