Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

1765 - Traité de La Formation Mechanique Des Langues, Et Des Principes Physiques Et L'etymologie - de Brosses

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 1152

y.).

%- X
»'

> ..

;',-

U
;», i

\ f

'^^

.^-^

\ /--

«^
Tn^

\"

>f'.

*^*

V ,''-)

S.
>^
f..

i^\

A
Ji

y^

^
^
/
'^
V

r ., i

:)


\

\. r

r"

\
^ ^
-Ji

"./^

\'

c> ( .

/
V ,

V
"
t

k ^ ' \

/
;4"
.M
V

- -f

V.

». f
. A

V
À

>\ '1^
#
10 I G•
^M


#

Pari r
eu
U
r #~

>-^

*l

>-

1 .
J

\
.

* -a

f
ri.
Or'

,^'

( ,

Il «1 (I

:y '7 :.":

«
."
il n
" "

<
"

t
II
Il

/i
*> -a
••"'br'''FÎf ^>*

I.- " * .•^•j^*^-.


. :'
t.- -i ' TJl'


i'

ê
\
^ ê

4
^•

p.' >»^

9 • m

m-

#
},'^'-

V ^

Si

, /

, /

':;./

.'0
.

<

% %<

-r
/

%'
., ^ t

k
"7 I
ji.

••il;-
ii*

"<

IV
m V
*


^v

%
\
R "'!

'
\b

r
f

V-
'
te'

..(

L>

des;

Chez^

./'. >

làlyci
*.


TRAITÇ
DM LA FOSMATION
' •
MÉCHÀ|^IQ"UE« ,
.

I)ESB4NGUESr
DES EfllNCIPES PHySJ42yES
, iaSl^'i: TrMOLOG JE. , ,
.,

TOME PREMIER.
*.

A P A R IS, #
Saillant, rue S. Jean deBeauvaîS|
/
!Vincent, rue S. Severin. *
Des AIN T, rue S. Jean cIj Beauvais.

M DCC Lxy.
iÀrec Jpprvbaùon y 6* Privi 4'c^ du. Roi.
%

i»t

i"

^
'
Ne quîs tam parva^ajlidiat tUmtnta : non

I
quia magna JiLppcfœ confonanus a vocaiibus

\ difccrnercy ipfafquii cas in femivQçniium nume^


\
rum mutarumquc pàrtiri ; fcd quia inftriora

velut facrî hiijusaMun^hus apparehit multa


rerumfuhtiUiàs , quœ non rnoih acmningcnla ^ teins co
I

fcd cxirctrè'aitijjimam quoque trudltioncm a^


I bréde g
Ifciennam fit, QuiNTlL, m. 7, cap. 4i

J fieurs an

lie

derufag
vafte &
^ raffembL
connoiffi
t> trouve qi

les expr(
' %
'i
f>
M •

7 >'•

^— ,1
r îv D I s c o y R s

vres rétens y' dcMi^ k fujct enga- veno


gedîï â parler , foit de la mariere idées

} ou de ,1a fjrme duJaiigage foif , fions

de la philorophie du'difcours. o iin Ci

Les vues de rautcur ont porte furpi

fur ces tjqis points , eti campofant .


port
Touvrage qu'on„ va lire ; mais il &c<
^ s'ejl: fur^tout occupé di^s deux pre- étan
miers, comme d'un préliminaire étoni
indifpei^blc , avg^^î^que d'arriver desu
au troi(îeme. Le vrai ou le faux bizai
des idées dépend , en grande par- mole
tle> de la véi^té ou de la faufleté ne Cl

des expreilions, c'eft-à -dire de rapp


Teifafte correfpondançedes pte- Traii
miercs notions contenues dans D
chacun des termes qu'on emploie, jufqi
avec les nouyeHes qu'on
idées qu'ai

^ veut tranfmettre , ou avec les opi« Texp


nions qu on veut établir. Si Ton inati<
m

venoit â décompofer les premières


idées contenues dans les expreT-
fions mifes en ufage pour établir
iin fentiment^, an feroit fouvent
furpris de trouver Ji peu de rap-
port entre ces premières idées ,

& celles qu on cdihme en


reçoit '0- "

étant une fuite.On feroit du moins


'T

étonne de la imgularité du paffage


des unes aux autres,8c de la marche
bizarre de Teiprit humain, Véty^
mologie tient , de plu5 piès qu*oti
<î^ ,

ne croit, -à ïqg[qûe : c'eft à les


la

rapprocher tout- à -fait que et


.,/î'

""'S '.

;, . •»> >' •
-J

Traité eft deftiné.


Dans cette vue , on y- remonte
jufqu'aux premières caufes, juf-
qu'aux principes élémentaires de
rexpieflîon des idées , par la for-
mation des mots, afin d'en déduire
.. . aiij ;
'-0 Cftf

v) Di SCO V */?
/ avec plus de connoiflance & de voulpîl
juft^jTe les rapports & le degré propol
deforce que ceux-cidoivent avoir, &le cl

lorfqu'ils fo|ît raffemblés en trou- répani


pes aombreyfes* Car on ne par* a prisi

vient à conhoître là force dudif^ fonder


fcors r^fultailt^%|[Wem des fabriqi

termes y qu'autant qu'on a com«<i invent


i^.
mencépar bien connoître la force dans r
des termes même }feur valeur réelle de COI
& primitive } leur accegtion con« pour f

)^iioi|eUe4k dérivée , qui ne s*efl les ob)

i^al^lie , bien ou mal- à - p|-opof i


jque fur le véritable & premier
iens phyHque dii tnpt , que iur un tout d<
rapport réel entre les terines , les il y a
chofés & les idées. (impie
L'auteur a donc penfé que c'é- décon
toit à Texamen de ces. rapports ,
même
V,
qu il devoit d'abord s'arrêter , s'il Qombi
V

PRÉLIMÏNAÏJIE. vit
voulpît conduire au but
», le left^ur

propofé. Pour découvrir laîTourGc:


& le cours de quantité d'opinions
répandues parmi les hQmmes , il

a pris la voie d'en obferver les


fondemens vrais ou fa^«<^dans la
fabrique même des mots qu'ils ont
inventés pour exprimer leurs idées,
dans raflcmblagê & les nuanças
î-.;.-'^'

de couleurs gujils j^
eïaiiloyées
pour peindi-ieaiijt autres hommes
les objetsde Ja nature ,ïèï$qu^i^
A-
le» voydct^é ètn^ihêmes^ Gàr , eft
<pMslquc langage que ce ïbit> for-
tout dans ceux des peuples policés,
ii y a'bien peu tfexprefTions fi

Hmples , qu'on ne trouve , en les


décompofant, qu'elles' font elles-
mêmes un affemblagp d'un certain
«ombre de îraits , d'objets & d'i-
a iv
V
,

(I

^11 :
'
.. /

.,''

1/ „ '»

'"
*

dé es, réuni (daes mi f^^


bleau^par lequel oavéïît taire une
impreffion prompte & ^ '.I

refpfit Iqiii on le prëfente.


Pour réuffir à cette elpeccd ana-
lyfevil afallu remonter jufqu'aux
racines qui ont produit les mots
r- (

ufités dans le langage humain j en


découvrir Je premier germe V 8c
fûivre fjs développemens de bran*
ches en branches \ otrervçrcom*.
nient & pourquoi ils ont été pro^
doits 4u ils frappent noup
têts

oreille} e^ un mot , arrivi^r au


dernier degré de l*analyfc , au»
/
principes les plus fimples & vrai^.

ment primitifs ,
ppfquHl eft très-

vriai qpici, comme dans tous les

effets naturels, les grands déve^


loppemens ,
qui nous aifeclentj

«?
,

# .

1> RE LIMINAIRE. IX.

H^une tnaniere fî fenfible /ne "font


tque la fuite nécefTaire , & rex-
tenfîpîi des premiers germes im- /
perceptibles. *

Reconkoissant alors
^
Que ces germes de la parole (i

variée , & des langages^ultipliés


chez tant de peuples , ne font
autres que les iniîexîbns \{împlés
& primitives de la voix humaînei
Que la forme de chaque infle-
xion ou articulation vocale , donf
le brxiit arrive à loreillc par Ion-'

dulaîion de l'air , dépend de la


forme & de la conftru6tion de
Tor^ane qui le produit; ..

Que la conflruftion de chaque


organe eft déterminée par la na^
ture , en telle forte , que lefFet
fuivant néceflairement d'une caufe
av
[
x Dis cours >

donriée & mife en aftion , un pN


gané ne peut produire d'autre
effet, ni moduler Tair d'une autre

manière que de celle que fa ftruc-

ture naturelle lui a rendue pof-

Que chacun des organes dé la


voix humaine a fa ftrufture pro*
jpre, de laquelle réfulte la forme
ésx foA qu'il rend , déterminée par
Ja ferme même f*.e fa cunilruc*

>r Que les organes qui compofent


jTuiftrument total , & le mécha*
'
A mi)|c coiaplet de la voix humaine^
ibët en petit nombre
, ni^Q**^ f P^^ conféqiJicnt , le nom- ^
jbredes articulations vocales doit
|r correfpbadfe , & ne peut être
|klitf. grande pvifque cVft-Ià tout
,,

PRÉLIMINAIRE. Xj
Teffet gue la machine peut pro-
duire.
Ces premières obfervatîons ,

foiidées fur les principes phyfi^


ques des chofes , telles que la na*
ture les a faites , amènent les con-
féquencés fuivantes. ^\

Que les germes de la parole


{

ou les inflexions de la voix hu-


naine , d'où font écios tou^ les
mots dés langages , font des effets
phyfiques &néccffaires , réfultans
abfolumcnt , tels qu'ils font , de
la conftruttion de l'organe vocal ;

& duméchànifmc de Tinflrument


indépendaihmèht du pouvoir &
du choix de rintelHgence qui le
met en jeu ;
' ' f

Que
,,

tes germes étant entrés*


i>étit^ nombre , rkitelligence ne
ayj

V.
.

Di s C O VR s
\
\ peut faire autre chofe que de les

répéter, de les aiTemblpr, de les


combiner dé tout#^ les manières
paflîbies pour fabriquer les mots
tant primitiœ que dé/ivés^ &tout
! Tapparcil du langage.
Y
\ Que , dans ce petit nombre de
germes ou d'articulations, le choix

de celle qij'on veut faire fervir à


la ftibriqùe jdVn mot , c eft-à-dire
au nom d'un objet réel , eft phyfi»
quement déterminé par la nature
& par la qualité de lobjet même ^
de manière k dépeindre y au;aqt
qu^fi éft poffible^,UVbjet tel qu^il

tûi fans quoi^ Iç ni<>i n en ^ùH^fh


coic aucime idéjÇ : teilemem qùp
rhomiiie,qui fera a|ans le cas»c}*ii||f»
'k
'^''^^fofev ic premier noni^ une chofe
,rude , emploiera ugf inflf )^$^

C
> R i L M K Al R té Xlif
I I ,

n;de & non pas une inflexion dou-


ce ; de même qu'entre les fept
couleurs prin>itives,un peintre,qui
'veut peindre l'herbe , eft obligé
d'employer le vert &"^on pas le
violet. Sanschcrcher plus loin , on
en peut juger par le mot rf/^e& par
le mot doux : l'un n eft-il pas rude
& Tautredoux? Suppofons un Ca-
raïbe qui voudra nommer à un
Algonkin ïtn coup de canon, ch\tt
nouveau pour ces deux homiiies
.qui ne s^entendeiu pas ; il ne Tap*
pel lera pas Ni^atie , mais Poutuue. .

Que le fyftéme de la première


f;i|hrique du tahgafge humain & de
l'impofition des rfbms attx chofes
n eft donc pas arbitraire & con-
vfmionely comme on a coutume
At fe le figurer \ mais un vrai iyi^^
v,-^

iy Di s c o u RS
téme de néceffité déterminée par
deux caufes. L'une eft la conftruc-
tîon des organes vocaux qui ne
'

peuvent rendre que certains fons


analogues à leur (Iruélure : lautre
eft la nature & la propriété des •».

chofes réelles qu on veut nommçr.


Elle oblige d'employer A leur
nom des fons ^i les dépeignent,
en établifTant entre la chofe & le
mot un rapport par lequel le mot
pmffe exciter une idée de la

chofe.
Que la première fabrique du
langage humain n j| donc pu con-
tfifter 9 comme l'expérience & les

obfervations le démontrent, qu'en


une peinture plus ou moins CQm^ iv

plette des chofes nommées ; teHe.


q« il étoit poilible aux orgaties v<h
,1-

t;

"^

flléLIMINAIRE. X*
eaux de TcIFeéluer oar un bruit
4mitatif des objets réek. /
Que cette peinture imitative
s eu étendue de degrés en dégrés , /
de nuances en nuances ,
par tous
les moyens pofliblcs , bons ou
mauvais , depuis les noms des cho-
fes le plus fufceptlbles d*être imi-
tées par le fon voc^l , jufqu'aux
noms des chofes qui Te font le
moins ; & que toute la propagà«
tiôn du tangage s'eft faite, de ma-^
niere ou d'autre \ fur ce premier
plahd'nnitationdiôépar la nature}
ainfi que restperience & les obfer^
»

rations le prouvent encore.


Il

Que les choftps étant aiaft / il

exifte une langue primitive , orga«


nique ^ phyfique & néceiTaire ,
r
coaimime à tout le genre humain ^
<•*-
'iPasif
Srvj D I s jC o u R s I

qu aucunpeuple au mdfidë ne cort^ pas , (


«!0

hoît ni ne pratique dans fa pre- par \xni

mier^ ïîinplicité que tous les obliqui


;

iommçs parlent néanmoins, 6ç quaiîtit

^i fait le premier fond du lan- tés pr<

gage de tous les pays: fond que di verg(

Tappareil immenfe des acceffoires dive^fi

dont il ij'eft chargé laiffè à peine entre t(

appercevoir. moins

\ ;Que ces. acceflbires fortis les ladive


^.

uns des autres de branches en rente ,


-'
'
' " '^-^
-, . ' '

branches, d'ordre en fous-ordres, en revi

font tous eux-mêmes fortiis des'


commi
premiers germes organiques '6c m- écartée

diçaux', comn?e de leur tronc Que


;

ne font qu'une ample éxten-


qu'ils mental
«on de la première fabrique du lapren
langage primitif tout compoféde nûllem

racines-: extenlîon établie par néceflî


un
fyftême de dérivation fuivi pas à même

V
,

PRELIMINAIRE. XVl/

pas , d analogies en analogies ^

par une infinité de routes direâtes


obliques , tranCverfaîes y dont la--

quantité innombrable^ les varié-


tés prôdîgieulesl &: les étranges
divergences conf^itucnt la grande
dive^fité apparente quon trouve
entre tous TeHrnigages: Que nw M*'

moins toutes les routes y ^algi^


la diveriîté de leiijr tendance tppa^
rente , râmçipien^jauioursi m^i
en revenant iur feâ pas ^^mi poiii|
coinmun dont elles fe font
^ fi for|
ëcarteesA'.- ;. ,. ../; •'•".^•t^jv, .;•'..:,; .•:? ,' **.*':>

Que puifque lelfyjftême fo^^

mental da lan^g^ humain & i|e


la première fabti^ii| des mots n'eft
nullement arbitlfeairlp ^ mais d'une \ -

néceflîté déterminé^ par la nature


même , il n'eft pas poflible que le

\
, }

i .'
xvîii ,D I s c o URi
fyftême acceflbjre de dërîvatîon tîons , toi

ne participe plus ou moins à la %. nomsrad


nature du premier doatiteft fortî jets réels

en fecotid ordre ; & qu'il ne foit vation vi


comïne lui plutôt néceffaire que \.des obJ3t
conventionnel , du moins dans une dans la m
partie de fesbranches* fur des
Que le langagehumain la & n'ont d*e3
£Drme des noms impofés aux cho* humain
fcsin'eii donc pas, autant qu'on fe abftraits <

Wiglirè^^l'opératîon de la volonté l'çnfendei


arbitraîré de rhomme que dans : intérieurs,

fal|)remiere fabrique du langage Qu'apt


humain & des noms radicaux miers prii

cette forme eâ refiet nécefTaire de4'orgai


îSes fenfations venues des objets la propri^

«teneurs , fans que la volonté y il ëft imp^


ait eu prefque aucune pan: qu'elle redefcênd
ea a même eu beaucoup moins /cesprinci]
t^Qfi ne rimagine aux dériva- deladériv
;

*
PRÉLIMINAlftE.'^^ XÎX «s.

tiens , toujours tirées âes premiers


noms radicaux & itnitatifs des ob-
jets réels , mêmej5>rfquè la déri-
vation vient à s'exercer ,. nop fur
des objets phyfîquement exiftans >:

dans la nature , maisfur des idéer^


fur des objets intelieâuels qui
n'ont â*exiftencc que dans refprit
humain } en un mot ^ fur dbs êtres
«bftraits quî^n*appaftiennent ip'^

rçntendement ou aux autrçs Êm


f
intérieurs. #
Qu'après être remonté aux pHi^
mîers principes du langage ^ tiréi

de 4*organifation humaine/ & ds


la propriété des chôfes nommées,
il éû impôrtatlt & convenable de 'K *
redefcrêndre au développement de
ces principes } d^Qbferver les effets
delà dérivatiori|après avoir connu

1
a - —-. -, ^

XX « vD I s C O U R s V

. fes caufps Scjks élemens ; d*exa- la fo'


miner pa# quelles voies elle apafféï^;^ pandi
-|
du phyfique au moral , &dtima- ce qu
^iériel àrintelleftuel : de.démêler^ de pi
par i'analyfe des opérations fuc- COIJHÎ
cjsîiïîres , l'^ppire ou Imfluen -
fans (

K.. de la nature dans le méchanifme diver


de la|^|||| & de la fbrniarion des u:

* de? i^^lll^^ec cequerhomrae &de


j^^^^^i^arbijtraire par "fo^^ lier d
ioix ,
pfx Tufage,, par iat fonne
cpOY^iîfioa reçue } âe montrée que c
q[ueite^ 4éteniuiiatig>ns ^ par dans
queues .tiîéthodes;^ & j ufqu'à^el aînfi ]

poist rarbitraifèa travaillé fur le forme


;^r fead pb7r,queq.e« & guide
néçeflaire/nent donné par la na« pied <

; ture.. Un
Cest fur ces; principes étudiés obfer
& reconnus^que Tou confidere ici étoiei
«
n
• *** ,
'

TRfeLIMINAIRE. xx)
la foule immenfe des langues ré-
pandues fur toute la terre , dans
ce qu elle a feulement de générai,
de primordial & de comrilun ,

coijuîie fî c'étoit un objet unique ;

fans égard à ce que la grande


du climat , des mœurs
diverfité & ^ '

^^^ u^ges , deIafaço^^:4^pen(er


& de procéder a mis ^dé' particu-
lierdans chacune. PlufieurSvjger-
fonnes éclairées ont trouve'qtél-
que chofe de neuf & d'interefîant
dans cette méthode d'appliquer
aînfi ranalyfe &
la fymhèféâ la

formation du langage , fan.s autre


guide qiie la nature fuivie pied à
pied dans {t% opérations/
VinQ partie des principes & des
obfervations ci- devant expo fées
étoient dëj a connues j mais elles

< 5
xxij D I s c o u R s

avoient été faites fans fuite , & facfât

d'une manière ifolée. On a vu àladil


qu'elles acquéroient un grand de- invent
gré de force par VerifÊhhle i^pâr yerra^
Fenchaînenient. Leur liaifon fette que Lei

une nouvelle luraieréphilofophi- fuivi i

que fur tout le fyftême du langage ble. C


humain^j^découvrant de quelle langue
xnaniî^^l^hyfîque & la meta- qu'ils

p}y|ppiO(e font d'elles-mêmes, Se m^inlei

c^lj^tt par inflin6^, adaptées à la auffi V]

grammaire. On a trouv^ que cette ileft


méthode traçoit une large voie avoit f

pour entrer à découvert dans un dans le


)i j"»

yaile canton de la métaphyfîque mespc


j|Q{<|,i*alors peu connu , & où on que fe

n'avoit encore pénétré que par Cequ<


des rentiers. tâche (

Leibnitz difoit qu'il feroit à les fyr

jEbuhaueTque la pkiiofophie con^^ tîon qi


c*

PRÉLIMlNVlftE. XXÎÎ|
iacfât une partie tle|cs recherches
à la difcuffion des méthodes & des
inventions grammaticales. On
verra, non fans quelque furprife,
que les Indiens âvoient autrefoiSf
fuivi une idée i*peu-près fembla-
hle. Ce qu'on nous raconte de la
A
langue des Bracfimai^^j^ique
qu'ils y avoient pro^^HÉbe
manière prefque auffi

auffi vraie qu'il étoit poffibîe

il cft vrai que la haute antiqu


avoit fait de plus grands progisè%
dans les fciences que nous ne foiii«*
mes portés à le croire, aujourdliui
que {es monumens font perduw^
Ce que LeiLnitz demandoit y 'éqi|

tâche de le faire ici , non pour


les fyntaxes dont il ne fera ques-
tion qu'en paflant. mais oourle^
%>

jf^r
,

ïxiv Discours
mots qui font la matière première y a

des fyntaxes. On ne s'occupe pas


ainfi <iue l'ont fait quelques gram- en

y
mairiens , à fabriquer par art une (

langue faftice ,
qui , par Tufage de.
univerfel qu'on en pourroit fciire, iaf
tant verbalement que par écrit ^ pan
tïtnàMÊ^^zm le commerde & mer
daiÉ^^HlnoifTahces de toutes les que
même lieu que Talgè- i^s ]

Tnt da;;s les fciences numé. '


res

rares ; projet qu'on ne peut efpé- ^moi


#sr de faire jamais adopter aux mo€
hommes dans la pratique. On fe les

borne à montrer ici , que ce foofl^ cha<


fixe
4|| langage ?iniverfel exifte^n
•ffct. Au lieu de^ perdre le tems que
à eflayer , fans fruit , ce que l'art com
pourroit faire ^ on y met à dé^ dpu:
>>
couvert ce qu'a fait la nature^ U des
PRELIMINAIRE. 5CXV

y a au moins plus jde réalité dans ^


lé réfultat de ce travail quai n'y
,

en auroit dans l'autre. \


On y décrit d'abord. Torgant
de la VOIX humaine >. le nombr^,
la forme Ô^ le jeu de chacune des
parties qui compofent cet inftru-
ment admirable ; Torc^âytans le-

quel la nature les déve|il^nikj&:


les m^i en jeu ; les effets
' res de chaque pàttie daiïs
y mouvement matériel , danslei &
modulations qu'il imprime à l'air |^
les différences & les propriétés de
cha^îue articulation ; le nombre
fixe & vrai, tant des voyelleji,
que des accens & des confonnes ;
comment, &par quel mouvement
dpuic, rude ou moyen, chactjne
des consonnes pact de chaque Or.
Tomel, ^1
1 s C O U R s

gtiie «rifforme fîmple , ou fe flé-

^ .<hit wn organe voilin ^ pour


fur
prendre une forme compofée. On
-^
^hûtvë fesf variétés que produit
ànià^à^K^oUc le paffage du Ton
|>tr' l'un ôu par l'autre des deux

tuyatix -de rinftruinent vocal, la

^^'^IIÉÉIF ^^ ^^^* ^" indique


î|iti|^^5pl^ent être les caufés de
/<l||^n|pi^fice. û ienûble , qui fe fsût

Mpindl^ entre la voix pariante ^ &


; l(|NNt>Ètt chantante* On donne une
^fo*Éàîte d'écriture organique trcs-
^tÊÊÊpi'i dont chaque éJiément tot^
mipmd fuffae à chaque organe^
l^ nat
ifiNIl^JRiouvefiienr propre j fbfnàule tai]

1^^^ 11^ d'autre ufage que de fervir mel


^^éi^hff^fnttre pour mvefurer le de- taii

f)|ié^^CDniparaifon eiirre le» làn- niO(

{^gtSy 6f vérifier la juilefle des qu(


v'
PRELIMINAIRE. XXvij
étymologies &, dérivations.
Tout
cecieft le technique de la
chofe,
fatiguant & ennuyeux pour le
^ Icfteur ; mais indifpenfable ,-puif.
qu'il décrit les opérations
de Ja
nature, Mquelks fondent
les prin-
cipes d oiî. fortent les
conféquen-
ces & les déveiopperaens.
On cherche enfuite quelle
eft
la langue primitive ; & , après
avoir indiqiié où Ion doit
la cher-
cher, on montre comment
elle
procède ; en quel ordre , en
queUe
fuite d'ordres par quels rapports
,

naturellement établis entre


cer-
tains organes, certains fenti-
mens, certain<ts fenfations,
cer-
taines exiftences phyfiques
modalités d'exiftence.
, &
On prouve ^
que tout éft primitivement fondé

' i

^^W
xxvîij D r s c o u R s

fur rimitation des j)b)et$ exté-

rieurs , tant par les ions vocaux


que par les figures écrites ;
que
/

[
rimppffibilité de faire parvenir à ^

ouïe^par un bruit imitatif , les


l
1

*
objets de la vue , a forcé d'avoir
recours à un autre genre d'imita-
,tiort fufccptible de tomber fous
cet autre feus, & donné naiffancc
âtécriiure. On fuit les d^fférens

ordres ,
gradations & dèveloppe-
*'-
mens, de ce nouvel art,, depuis
récriture primitive en figures, jaf-
4ju*aux caraâeres alphabéhqyesi;
jQn montre que les ordres les & .

fuites font du même genre dans


récriture ,gotnme dans la parole j

en ce que la nature a de m.ême


fi(^vi de guide , en donnant les

principes & les dévcloppemens,


PRELIMINAIRE. XXÎK
par de femblablcs procédés d'imi- -

tàriôn , d'approximation & de


comparaifon ;
jufqu'à ce qu'enfin
\

rhomme ait totalement changé le m-

fyrtéme de l'écriture , en l'atta-


• chant à peindre, non les objets
extérieurs comme ci-devant, mais ^
P'
les mouvemens de chacuii des
organes vocaux , par l'invention
K
.
d'un alphabet. On remarque com-
ment s'eft faite cette admirable:
'

réunion 'des deux fens de la vue "^

& de Touje , qui afTujettit les ob-


jets de l'un & de l'autre fous un
même point , en jnêmc tems que
hs objets & les fenfations refient
réellement très-féparë^. On re*
marque encore combien le genre
des procédés & des fenfations qui -

ont principalement fervi à la for-


i? lij .

i
XXX D I se O JJ K s

mation de chaqueJangage , con-


tribuent à le caraâtérifer , & fer-
vent à ranger les langues' foiis deux
clafles principales , dont Tune s'a-^

dreffe aux yeux , & l'autre aux


T
oreilles. On traite de la formule
d'écriture de chaque nation an-
cienne & moderne, brute, fau-»

vage & j^licée des variations


j

& des progrès fucceffifs de Tare j


des chiffres ou forcnules d'écriture
numérale de chaque peuple.
fr Les objets généraux ayant ainfi
été préfentés on defcend à Texa-^
,

men un peu plus particulier de la


formation d'une langue quelcon-
que , ( à là fuppofer primordiale )
& de fon progrès.'^ On e^f aminé

fon enfance , fon adolefcence ,

fa maturité ^ les caufes qui con-


4-

#
i^

*ItELlMIKA^RE. XXJcj

courent à fôn accroiffement , i


fa.fyntaxc, à Ùl richcffe j
puis à fon

altér?iridn , à. ion déclin , & enfin


à fa perte î celles qui la conftituent

en apparence langue mdf-â^ celles

qui la (ubdivifent réelfement en


âialeftes.On marque ce qui conf*
titue l'identité d'une langue parlée^ «

en fixant le point de l'époque où


elle exiftt» & celui de l'épo^c
où ilfemble qu'elle n'cxifte.plus ,

Tîuoiqu'on n'ait pas difcontinuéde


la parler^ mais avec tant d'alté^

tation /qu'elle ne paroît plus reA


fcmbler à ce qu'elle étoit dans
l'époque précédente* On fuit les

efietsde la dérivation & dcladcf-


cenddnce des langues Tune de
l'autre. On démêle la fuite des

altéifatîons fucceffives que fubif-


.^- h iv
,

p
Cent les termes , dans le fon , dan$ On tr
Je fens, d^ns la figuré ; le paflage fés au
des unes srux autres j leur marche exifle
naturelle ou bizarre , les caufes la nat
'f-é
des fréquentes anomalies. On intelh
traite de toutes les formes d'ac- les re
croilTemens qu'un mot primitif eft ralçs 5

fujet à recevoir ; des nourelles noms


forces que ces formes additio- ni d'à
îielles donnent au mSt ,
par les que k
idées acçelloires qui s'y jcrignent & ph
à chaque accroiflement qu'il re* rièufe
çoit y de la valeur fignificative de propr
chaque augmentatif & de fes cau- en m
fes. On 4Qnne la formula g^né- valeu
raie & particulière des fyntaxes, jets (

avec l'exemple d'un fon radical caufe


fuivi dans tous les développemens diver
qu'il reçoit , en un fcul kns prin- pratic
cipal, & en une ïeulè fyntaxe^. pies.

X
PRELÏ MIN AIRE. XXxiij

On traite enfuite des^poms impo-


fés aux chofes qui n'ont pas une
exiftence réelle phyfique dans &
la nature , telles que font les êtres
intelletluels, abftraits , moraux j

les relations , les qualités géné-

rales , &G. On prouve que ces +


noms n'ont pas pas d'autre origine
ni d'autre principe de formation
que le^ norbs des objets extérieurs
& phyfiques , ( matière très cu-
riieufe.) De-là on pafle aux noms
propres de perfonnes & de lieux,
en montrant qu'ils ont tous une
valeur fignificative , tirée des ob-

jets fenfibles ; en indiquant les

caufes de leur impofition, & les

diverfes manières Ue les iriipofer,

pratiquées par les différens peu- y

pies. ^

#•
^^•
xxxW ' D I s c o u Ê. s
PR
tîons abi
^Revenanlt enfuite aiix^pnncipcs
Tefprithi
généraiix , pc aux régies de l'art
des être
étymologique, on traite des raci-

de ment pas
nes , de leur premier germe ,
«^ moins en
leurs branches fortics du primitif
prefque
ou pricmiôr tronc , & foiivent pri- , i

fes elles-même's, dans ftifage


etfet. On
,
'
.pliquer i
pour amant de pHmîtifs; des bran-
chages fubdivifés prefqu'à rinfini
i gie. On t

;
Vadonnei
deieur écartprodigieuxj des cau-
cette efp
fes de leurs étfonantes divergences;
doivent
"de la manière de les fuivre & de t

trc aux C3!


les rappellera leurs principes. On
extrémité
ùbferve que les racines > qui font
le fond des langues , y font elles-
le fil &h
quclconq
ni|mes prefque par-tout inufîtées,
caraftere
& que la pklpart d'cntr'elles ne
de juftefl
font que des outils généraux fer-
iicurâjéty
\ânt k former les mots d'ufages ;

femblrtblcs en cela aui'c concep*

*
,

;^.

PRELIMINAIRE. XXXV
dons abftraites & gëuérale^ de
refprit humain ,qui , en nommant «5»

des êtres qui n'exiftent réelle-


ment pas eux-mêmes font néan- ,

moins employées à Texpréffion de


prcfque tous ceux qui exiftetlt en
etTct. On enfeigne la manière d'jap-
cliquer Tart critique à 1 etymolo-
gie. On tâciie de guider ceux qui
s'adonneront aux recherches de
cette efpece dans les r ou tqs qu'ils
doivent tenir pour arriver du cen-
tre aux extrémités , & revenir des
extrémités au'centre } pourtrouver
le fil & la fource d'une dérivation
quelconque ; pour difcerner les
carafteres de virité & de faufleté
de jufteffe & d'erreur entre pluv^

iieurâjétymologies données ,d'un


^

xkxvj D*i s C G u*^R s »

^ même mot. On termine ce Traité ^ langu


en traçant !e plan & y méthode un tex

très -détai liée de forme un yoca. t| ne pç


hulaire général d0 toutes les lan^ Leî
gués, ou une nomenclature uni- cepteî
verfelle par racines. On fait voir fur- te
« r
-qU'Un diftionnaire de çe^te elpece partie
& dé cette forme , loin d'être un propii
ouvrage immenfe & impraticable, rendre
\
comme on le croiroit , eft nonr pies ,

feulement poflible fans une très- £oisa|


grande peine,mais c[ù*il feroit fort la féi

utile t i avancement & à la facilité abftra


de ta tçience ; .& qu'il eft même Tputc
devenu néceflaire , vu k muitipli- ingrat
cdtiori des langages & des coi> fidéra
noiffatices humaines, qui iront guant
en croiffant , à tel point , ^^% quanc
fans c<ette aidc^^ Tétude feule des pourt4
pique
4

«
PRELIM
.
INÀIIIE. XXXVll »

langues abforberoit ,\ à ravcnir,


un teins auquel la vie de Thomme
ne pourroit plus fuffire.

Les observations & les pré-


ceptes généraux font foutenus ,

fur- tout dans les deux dernières k

parties de louvrage, d'exemples


propies à les prouver & à les
rendre* plus, fenftbles. Les exem-
ples , fouvent curieux ,
quelque-
fois agréables , adpuciffent un peu «f

la fécherèffe des raifonneméns


abjftraits, dont ce Livre eft remplL
-i
Tpute matière grammaticale eft
ingrate par elle-mcme. Toute coii-
fidération métaphyfique eft fati-

guante. Qu'en doit -il arriver ,

quand elles font réunies ? C'eft

pourtant leur réunion qui doit


piquer ici la cUriofité du lefleur y
,

xxxviij Discours
& qui peut rendre ceLivreutile,au d'aboî
casquerauteiirâîtpti parveniràle Iiazarc
rendre tel.Ily afi peu de peffoiUçs & véi
qui fe plaifent aux fu jets 'de cette
yeux
e/peçe & traités de cette manière, coure;
qu'il n'ofe fe promettre d'être lu humai
•^ par beaucoup de geiis.Toùtramu- ])oint
femcnt qu'ils pourront cfperer de Hf(
cette lefture^eft celui qu'on trouve ccu\1r
à Voir développer , dans toutes Icsagt
fes conféquenccs , un lyftême nou- de fuli

veau , fondé fur des priticipes très-


& s

fimples & très-vrais ; à fuivre foi- prop


même le fil des liaifons qui joi- la faui
gnent Tune à l'autre des ^chofes
rare q
encre lefquelles on n'entrcvoyoît blés
à convaincre i
aucun rapport V fe
gramr
à.mefure qu'on avancera dan^ d'élég
cette lefture , q^s des proposi- dans'
tions, que leur fingularité avoit Céfar
? R EL1MINAIR S. XXXÎX
/
d'abord fait prendre pour V^s-
Iiazardées , font néanmoins juftes
& véritables; à tenir devant fes
yeux un tableau naturel & rac*

courci du langage de & Tefprit >'.


( '

humain , préfenté fous un nouveau


•'
])oint de vue. \ .

Il fefoit à defirer qu'on eût pu 4

ccu\|rirraridité de la matière, par


les agrémens du ftyje. II n'y a point
de fuiet qui n*en foît fufceptible ;
**-

& s'il manque de ceux qui font


propres au genre ^ c elt toujours
la faute de récrivain. Mais il eft

rare d'en trouver qui foicnt capa-'


blés de mettre dans un Livre de
gramipaire autant de grâces &
d'élégance que nous en. vo^^ons
dans' Quintilrèn ;, & que Jules
Céfarl en avoir mis, fans îoutc ,
,

xl Dis cours
daos Ton Traité^ de rAnalogle.
Dans cetôuvrage-ci, on a feule-
ment tâché d'être clair , & de
rendre, avec le plus de netteté
poffible, des idées abftrak^s, fou-
vent difficilesà exprimer j & peut-
être n'y a-t-on pas toujours réufli.
SiTouvrage a peu de lefteurs

en revanche peut-être trouvera-


beaucoup de critiques. On ré-
t-il

pond d'avance} A ceux qui blâme-


ront les traduftiôns un peu in-
exaftes d'un mot comparé d'une
langue à une autre ,
par exemple
d'un indicatif rendu par un infini-

tif, qu'on n'a pas befoin de plus


die précifion , lorfqu'il ne s'agit

que de confîdérer le fcns ahfolu

& la forme radicale des mots. A


ceux qui jugeront que les exemples
,

tRELIMlNAlREé xlj

cités ne font pas toujours auflî

bien choifis qu'ils pouvoient l'être


pour rendre la^propofition plus
fenfible ,
que cela eft quelquefois
vrai, pa^rce que les exemples,
qui av oient d'abord offert à lefprit
une vérité claire , n'y reviennent
pas toujours, au moment qu'on
écrit , tels qu'on lès defireroit ; &
que, las de ne pouvoir fe les rap-
peller, on fc contente trop faci-
lement de ceux qui^ préfentcnt

en leur place. A ceux qui rejet-

teront les étymologies' données ,

parce qu'ils en préfèrent d'autres


que tel eft leur avis , différent de
celui de l'auteur qui eft en droit
comme eux, d'avoir le fien fur

cette matière , laiffant au Public à


décider de la préférence j & que,
,,

Discours^
dans le cas où l'auteur fe feroit

trompé fur certaines dérivations

rapplication fauffeou mal choifie


d'un exemple particulier nedé-
truiroît pas la vérité d'une propo-
-fitiop ou d'un principe général
ariquel on Tauroit mal appliqué.
A tous enfin, qu'on n eft nullement
dans„ Tintention de répondre aut
critiques qui porteront fur les dé-
tails épifodiquès au fujet; mais
feulement à ceÛes qui , en atta*
quant les fondemens delà théorie
qu'on établit ici,renverferont fédi-
J fice par le pied. Or c'eft ce qu'on

ne fera pas, à moins qu'on ne


rompe la chaîne qui joint toutes
les parties; ce qui ne feroit l'ou-

vrage de quelques phrafes , ni


ni

de quelques pages, mais dcman-


,

t
fi

f\

yRELIMINAIRI. xKî)

deroit un Traité tout auffi étendu


celui-ci.
tout aufli fuivi que l'eft
le ^xo-
11 n'y a qife le lems ,

grès des cortnoiffances gramma-


ticales , les obfervations multi-

pliées fur un grand nombre de


langagefortdifparates,quipuiffent

.affûter ou détruire cette théorie

d'une manière parfaitement cora-


plette. On préfenteici un fyftême
générai. U fe trouve fort bien
d'accord avec la nature & avec

lesexpériences faites fur les lan-


gages familiers &
connfS , d'où
font tirés la plupart des
etcmples.

qu'on cite. La nature étant par-tout


la même on , a quelque droit 4*e}i

conclure que les mêmes expé-


riences ,
répétées fur tout autre

langage ,
donneront les mêmes
xliv Discours
'
réfultats. Mais c'eil le fait qui

refte à vérifier.. Les gens, qui


feront verfésdàn^Ies langues bar-
bares & tout-à-fait |étrangeres, ver-
. ront un jour n elles fe rapportent,
auiTi-bienque celles que nous con-
noiffons , à une théorie qui pofe
*' <' pour principe , que la premicre
fabrique des mots conGfte par-tout
à former des images imitatives de^
objets nommés , & que la fuite &
le développement d'un langage
quelconque n'elT: qu'une fuite 6^
uri dleveloppement de ce même
méchanifme, employé mêine dans
les cas où il femble le moins propre

& le moins applicable.


Mais obfervons qu'il faut s'être

rendu bien profond dans la con*


noilTance d une langue barbare »

\
V

PRELIMIKAIRE. xlv
avant que de l éprouver fur cette
théorie; qu'il faut ^n cou noître
parfaitement les racines , les four-

ces , la compofition mélangée,


les procédés , les acceptions , les
dérivations idéales & matérielles,
les analogies & les anomalies j

& connoître au/fi fur-tout quel cft


le jeu àes organes familier à ce
peuple-là : qu*il ne faut pas fe dé-
cider fur le peu der^/Titedes pre-
miers effais, mais réfléchir qu'il
n'y a point de langue fî pauvre
& fi barbare , qui ne foit déjà iiiê^

langée, par dérivation, dune foule


d'autres langages , tous infiniment
éloignés de leur ancienne foi^ma-
tio.i & de leur première origine
j

que, puifque, dans nos langues


pratiques^nous avons tant de peine
xlvj Discours
les racines prefque
à découvrir ,

toutes inufitées dans le difcours,


&
étouffées fous lafoule des
rameaux
r^ la
qui les couvrent, à difcemer
première opération de la nature
des
au milieu du mélange confus
acceffoires qui la cachent , il
nous

eft bien di^icile dé ramener les

fim"
chofes.à ce premiet point de
plicité fans tfne connoiffance
,

complelfe du langage examiné.


Souvenons-nous encore qu'avec
lé même deffein , il eft tout ordi-

-nairc de parvenir au même but par


des moyens differens , lorfque dif

verfes routes 5' mènent toutes éga-


^iement ;
qu'il fuiïit ici que les pro

cédés foient mfpirés parla nature,


ée. du même trenre , malgré
le?

variétés qui fe montrent dans


la
PRELIMINAIRE. xlvij

inaniere d'exécuter. Peindre un


objet par Tune )Ou par l'autre de
^ip

{es qualités apparentes , c'eft tou-

jours en vouloir tracer l'image.


L'un tirera 4e nom roc de £a du- ^
.reté ; l'autre ^ de la difficulté d'y
grimper. Comparer la vuejf: à un
'

oîfeau ou à une JlécAe ; nommer


Yefpru\ comme en langue égyp-
tienne papillon , ou comme en
chaldéeiine fouffle aérien^ c'cft tou^ /

jours comparer. Toutes les nations


ont pour procédé naUl^el & con>
mun, lorfqo'elles veulent maïqucr k-^

le degré fupcrlatif d'une chofe ,

de redoubler d'effort dans la pro


nonciation & de charger davan«
,

t?ge la compo(î|ion du nom. A


cet effet, les Américains. répètent
4eux fois de fuite le mot fimplô.
Les Grecs & les Latins augmeiv-
.

xlvii) Dis cours


tcntle mot en , le terminant par un paré p
coup d'organe fortement appuyé j on acq
mais, avec le même deffein d'eX" ileft I
prifher méchaniquement le degré- les mol
ïapërlatif , les Grecs le peignent cilemei
par T<x^roç ; les Latins par crrïmus chacun
oxx'ijfifnus. Tous parviennent au dans le

même but par différentes efpeces jufqu'à^

de moyens du même genre. au coin V

On en viendra un jour à com- n'omet


parer toutes les langues les unes #
ce pfoj
aux autres à mefure qu'elles fê-
\,. lent y
tent bien connues ; à lesdifpofer ceffifd
.toutes enfemble, & à la fois, fous Une la
les yeux dans une forme parallèle^.
ne pas fi
Sijairiaison exécute rarchéologue que dii
iiniverfei,ou tableau de nomencla- cl

ture générale ,
par racines organi- naurap
«

ques, poulies langues qui nôusfont interm^


connues, tel que Tàuteur Ip pro- xQConnt
pofe , ce fera un magaiin tout pré- Torrii
paré

/
\
\
,

^'

T à^L IM I N A I R E. xUx
paré pour y joindre celles 4fmt
r
on acquerra^ la connoiflarice j & o
*
il eft plus que probable que toiïs
-
\

les mots de chacune viendront fa-


cilement d'eux -mêmes fe ranger
chacun fous leur racine organique,
dans leur café propre & préparée,^
jufqu'àce qu'enfin on foit parvenu* <^ .%

au complet fur cette matière. Mais


n'omettons pas de remarquer , à
ce* jjpropos ,
que les langages veu-
lent y venir dans leur ordre fuc*-

celfif de defcendance & d'affinité»


Une langue pourra bien d'abord J
nepasfoutcnir reffai,& ne prendre
que difficilement place ^ dans l*ar-.
chéologue , parce que le rédaéleur
n'aura pu y placer d^utr^sidiomjîs ^
întermédiîtrres, qui lui fontencore
inconnus. Ceux-ci lui donneront
Tomcl. '
c
, f

1 D I s Cs^ vJr s PS
après la découverte , le fil continu à la ihy th
de la dérivation, le paflage naturel anciennes

d*une forme à l'autre : ils rempli- mîgratior


*
ipnt par des nuances infenfibles des peuph
4 ,

rintervalle vuide ,
qui féparoit au. ^ partie de
paravant deux langues déjà con- diflféfens ]

nues. Ainfi tout viendra peu-à-peu yement 1

fe ranger , en bon ordre , dans traces de

le glôffaire général. dans les r

^ Sans la crainte de retenir trop aux lieu^


long-tems le leôeur fur un fujet tous une

fi. pieu fait, (il faut l'avouer nable à lèi


)
poui être d#goût de tout je monde^ antérieurs
fubfiftant
t'au teuravo it deffein d'a/oûter
deux autres volumes à ces deux-ci tesdaTes*
9

pour donner l'application (indt ies noms


<juéë Chap.n,) de fatKéorjie gram^ que des D
maticak à plufîeurs autres fcien* !« en faifant

ces , fyr r tout à la géographie en gence de


<:e-' qui concerne les noais de lieux, <fe ces ne

)
<^

miLIMIN AlUl. X)
/"

à la ihythologié , à rhifloire d»
anciennes nations ^ à celle de Fé*
migration & de la tranfplàntatiôh
des peuples. Il a cherché dans cette
partie de Touvrage lar fuite des
difFépns peuples qui ontfucceflir
yement habité une région j •les

traces de leur langage cpnfei'vées


dans les noms qu|Is ont impofés
aux lieu^ , lefquels ont pref^u^
tous une force fignificative conve-
nable à leur pofition j les langages
antérieurs , dont chaque idiome
fubfîflant eft c^mpofé en différen-
tes dofes. Il examine & explique
ies nonas anciens, tant des Rois ">ii

«f
que des Divinités de chaque pays ^
en faifant voir, combien Tintelli-

gence de la- lignification propre


de. ces noms explique «aturelt (>
cij
'*
, ,

£J Di SCOu R f
aient les faits hiftôrîq^es & le*
voir d
une c
ufagès ; montre Torigine des fa-
Thifto
bles qui les défigurent , & fait éva- ^
que la
nouir le faux merveilleux ; fert
ci , fo
en un mot, à lever ce voile obfcur
Ce!
ijuè la nuirdes f ems , Terreur & te
premi
tnenironge ont jette fur des événé-
lettres
mens très- ordinaires* L'hiftoire des
colonies & de leur parcours fur la
l'hifto

furface de la terre , tient de fort


&des
verii
p^s à l'hiftoire des kngagea. Le
que r
meilleur moyen de découvrir Tori-
fort bi
:gine d'une nation eft de f|iivré>
définit
en remontant , les tracés cfe fa
la def
langue comparée à celles des peu--
montr
pies avec qui la tradition des faits
firme
nous apprend que ce peuple a eu
le rai
quelque rapport. 11 y ateême des
cas où y par la conformité du lan-
gage , onreconnoît, à n'en pou*
(
}

préliminaire; liî)

yoîf douter , que deux peuples ont


une origine commune, quoique
Thiftoirç n'en apprenne rien, quoi-
que la mère de ces deiix-
langue ,
-^>*

ci , foit inconnue ou perdue.

Ces deTniers volumes , fi les


premiers font goûtés des gens de
lettres , font deftinés à expliquer
rhiftoire par fîgnifîcation des mots *

& des noms impofés aux chofes


à vérijfîer ce qu'on a dit,( n^ 199,)
que Tanatomie du mot donnoit
fort bien , pour l'ordinaire, foit la
définition de la chofe nommée,foit
la defcription du fait allégué; à
montrer que la littérature con-
firme , en grande partie , ce que
le raîfonnement feul avoit fug-

C lij
% DE
Cor
y
Chapitjf

logique
-->
certain*

Chap.II
Tare ity

ces»
r

Chap. II

de Vopi
W • _!,
qui le Ci.

Chap. I\
J gane du

Chap. V
univerfe

\fx conl
ir

T A B t< E
DES CHAPITRES
Contenus dans ce Volume*
y
Chapitre I. jp Lan giniraldc cet Ou*
*^ vragc. Que Fartitymo^
logique ritfl pas un art inutile m in'*

certain. Page I

Chap. IL Utiliti qu*on peut retirer de


Fart étymologique poiir les autres fcien^^
'"•
35
r

Chap. III. Z?« Vorgane


de la voix S^
de l'opération de chacune des parties
qui le compofent, IOq

Chap. IV. De la voix na^aU & deCor^


ganedudumt* ijî

Chap. V. De Valphabet orgdnique 5*


univerfcl compofé d'une voyelle & de
J^ conformes. ijj
T

lv3 TABLE DES CHAPITRES.


CHAPé VI, De la langue jprimiuyê & de
Vonomatopée. I95

CaAV. Vil. De récriture Jymbolique &


mtérale. 29Î

Chap. VIII. De l'écriture numérale par


chiffres. 4^3

Fm de laTabîc du Tome I.

t^
,

Ivij

APPROBATION,
lu par ordre de Monfeigneur le
JAl ,

Chancelier , un Manufcrit intitulé :


Traité dt la Formation mïchanique des
Langues &des Principes phyjîques de
VE^ymologie. La philofophie Sc I érudition^ .-.
o*

qui régnent dans cet Ouvrage , me per-


fuadent qu'il fera utile au Public , &:
qu'on peut en permettre Timpreffion ; le
30 Septembre 1763.

MICHAULT.
1 .
y

pr(^filege du rot.
LOUIS, PAR LA eR'Aei x>t Diiu;
Roi de France & de Navarre
î A
j os amés.
& féaux CoQfeilIets les Gens tenant nos Cours
de Parlement» Maîtres des Requêtes ordinaire»
de notre Hôtel, Grand-Gonfeil , Prévôt de Parii^'
Baillifs , Sénéchaux , leurs JJeutenans Civils
& autres nos Tufticicrs qu'il appartiendras Saiut.
Notre amé fc lieur Vincsnt, Libraire i Paris,
nous a fair expcfer qu*il defireroié faire imprimer
$t donner au Public un outrage; qui a pour titre,
^
'
IV^il^ de U Formation mécht^niqui ieflmniun
& des Prificifês fh^iquis de fltymêlogU . s'il
ROUI piaifoitlii accorderDOi Lfttres de Privil^e
,

I««*.'
VllJ
pour ce tiéceflaiies. AeEsCitTsis^ voulâot
favorablement traiter l'Expofant, nous luiavon»
permis & permettons par ces Préfêntes de faire
in^primer Itih Ouvrage autant de fois que bon
lui fèmblera » & de le vendre , faire vendre &
débiter par tout notre Royaume » pendant le tems
de neuf armées coafëcutives , à compter du jout
de la date des iPréfcatcs. Faifons dérenfesàtout
Imprimeurs , Libraires k autres perfonnes » de
quelque Qualité $r. condition qu elles foient ,
d'en introduire d'impredion étrangère dans aucun
lieu de notre« obéiflânce i comme au({i d'im-
piimer ou faire imprimer , vendre, faire vendre,
débiter ni coiurêraire ledit Ouvrage, ni d>i
faire aucun extrait , fous quelque prétexte que
ce pui^Te être , fans Ja perriiiilion expfeffe Se
par écrit dudit Expsfant ou de ceux qui aafont
droit dé lui, à peine de confifcation des exem-
d'amende
plaires contrefrf its,de trois mille livres
Contre chacun ^es contrevenans , dont un fiers
à Nous y un tiers iirHôtel*Dieu de Paiis, âcTau*
tre tiers audit Expofant ou à celui qui aura droit
de lui^ & de tous dépens, dommages le in ter
rets. A la charge que ces P^rcfentes feront énre-
giftrées tout au long fur le Regifhre de la Comr
munanté des Imprimeurs êc Libraires de Paris ,
^lans trois mois de la date d'icelles ; que Tim-
Srefllion dudit Ouvrage fei^ faite dans notre
loyaume > & non ailleurs y en bon papier 5e
beaux caraderes, conformément I la fenille
iniprimée , attachée pour modèle fous le
contre fccl des Pré fentes ; que ilmpétrant fe
conformera en tout aux Règleniens àt la Li^
braiiie, 8c notamment 1 celui dn lo Avril 171 p
qu'avant de Ve\ooCtt en vente t le Manufcrît
Â^i aura fcrvi de copie à riœprefli«a dudic
Ourrage» fera remis dans mCmeitac où l*Ap-
le
probation y aura été donnée , es mains de notro
très-cher & féal CKevalier, Chancelier de France
le ficur P 1 L A M OIGNON & -, qu'il en fera
enfuite reqnîs deux Exemplaires dans notre Bi<
bliothcque publique , un dans celle notre Châ-
teau du Louvre f un dans celle dudit Sfeur D«
LamoignoN) & un dany celle de notre trés-chec
êc féal Chancelier , Vicç- Chancelier & Garde
des Sceaux de France le Tieur De MAUPaou»
le tout à peine de nullité des Préfcntcs. Dif
contenu dc(quj:lles vous mandons & enjoignons
de faire jouir ledit Expofant & ifês ayant caufe,
pleinement &
pâihblement , fans fouffrir ^u'il
leur foit aucun trouble ou empêchement.
fait
Voulons que la copie des Préfeutes» qui fera
imprimée tout au long an commencement ou
à 4^ ^dudit Ouvrsge , foit tenue pour dûe-
mcnt figniâée » & qu'aux copies ccllationnéet
par l'un de nos :.més & féaux Conseillers Se«
crétaires , foi foit ajoutée comme à l'Original;
Commandons au premier notre Huiflicr Ou Scr*
gcuii fur ce requis , de faire pour l'exécution
d'iccUes tous aàcs requis & néceiïjires , (ans
demander autre permiflion, &nonobflant clameur
de Haro , Charte Normande & Lettres â ce
contraires: Car tel eft notre plaîfir. Donni^
à Paris, le vingt-feptieme jour du mois de Fé«
vrier , Tan de grâce «il fept cent foixantc cinq
,
& de notre Règne le cinquantième. Par le Roi
en fon Confeil. Siiné LE BEGUE.
Kigifiréfler U Regiftre de XVl
CfjMmhrê U
^êysle (^ Syndicale des Libraires (^ Imprimeur
$
de Psris , tf, conftrméwent
toi, 45^., 167^ am
B.éfUmen( dt 17*3. A farts ce 6 M^rs 17^^,
/ 3 igné i4 BKBTON, Syndic,
•v

^ V.

^ • \

\
DE
/

•••'

*. L
iu

^' ^ TRAITÉ
t

h. •
\
TRAITÉ
^£ LA FÔRMATIOJNt, r
MÉCHANT QUE
DES LANGUES.
Et j

DÈS PRINCIPES PHYSIQUES


' DE VÊTYMOLOGIE.

CHAPITRE PREMIER.
^ LA N général de cet Ouvrage.
Que l'art ét^^mologique n'eft
pis uh art inutile ni
incertain-
J|. La fabriqué di ouU fur quart
ilimtni
bllkhlts tn^
Tomi /r»
A
i

ï kÉ CHANTS ME
tn lux ; titn riel» tidéi,
'

la lettre. ^/
a. leur réunion en un même point

prouve , qut maigri leur dijfemblance ,

tlles fe tiennent par


un lien Jicret ,
des
principe nicejfaire de la fàb^que
mots^ qu'il& queftion de découvrir.
eft

Caufe de îtur réunion &


des premier»
r
y
germes ou rudnes dis'inots.
leur écart i^mthfe
Arts te.
4 CiUife de
des Langues
I
progris (f le dèveloppemmt
maruere de les réduir0par
Vandyfe aux

Ulmei principes ginitdùx'& eoinmàns.

t. NioêJ^ti de
raptnblerdepetUuchfer'
*
parwulieres rpour
votions
déduira ^
Us principes généraux,
^. ÇàrSiroiUtfurropiMoh'màiirieUç
:

tuelle de Came qui U dirige,


7. La vérité dtf 'mots efi^l€»rMn(i,rj!iité
a\u les chofes nommus.
8.
Létymol^i^ff^miiM'nthutrtai't^
-9. VctymoimvMminwmtd''
t) V L ANC AGE.

|. La fabrique dis mots rouit fur quatre

ilimtns cntUrcmtnt diJfimUailes entre


€ux ; ritre riel , Cidie , lefon, & U
lettre.

E but principal de ce X^té


dft d'escamincr le mat^iel de U
parole , ce grand appanage djp

ITîumanitë , qui contribue à ëleverATiommc


au-defTus des autres animaïuc , au même
clégré qu'ila plû au Créateur de douer
l'eTpece Kumaine Jpar- defllis toute aotre^ y
de cette importante fiicuUë hatureUe.Soii
ufage confifte 4 rendre par la voix ce que
Tame a re<çu par tes fens ; à repréienter 4c
nouvemi^au-deiiors ce qui eft au^edans ,

icUc
^ qui y ëeok déjà venu du dehors, L'objwt
• • extérieur ftc phyiîque ;, Timpreâion jque'
Ton ims^ po^e &c kwflfe dans le cerveau ;
Texpreffion de cette tmagepar un fon vocal
Ui
qui s'y rapporte réetlenient^ou conven-
tioncUement; la peinture de ce mâme fou
lift.
fixé par des earaôçres qui lui donnent de
h pcrmiîftciîCt i ^ montrent tout à la fois
,, ,

"O

4 MÉ C H ÀN l'S M li

Tobjet , ridée de l'objet , & rexpreffiofS produie


vocale de l'idée . dans le tems même où organes
tout cela eft abfent: Que de chofes éloi- rapport
. grtées , dilparates , iiialliables , à ce qu'il aérien
iemblè , & pourtant réunies en un fort vifible i

petit point , & par 4es moyens fort petits


1. Leur \

en apparencç ! Que de merveilles ^ qui


qui n
pour être devenues trop communes , ne
louchent plus que ceux qui s'appliquent i
nicejjl
confîdérer de -près le jeu admirable des
qu'il i
reflbrts d'une Më^chaniqiiefi compofée dans
fes effets ^ fi (Impie dans Tes principes , â IJ faut
"ëtcndue dans Ton progrès , fi naturelle toutes ce
dans Ton opération ! Comment tant de ait pu co
lignes fi divergentes ont- çlles pu Te ren- une relat
\
contrer dans un même centre ? Comment fon pren
' ''«

l'être réel . l'idée , le fon , 6c la lettre arbitraire


quatre fhofes d'une nature fi oppofé^, 6c nous Tapp
qui parbiflent fi peu conciliakles ^ Ce font* l'homme
elles ainfi rapprochées? Je laiflè à j>artla d inadvert
tranfmiiffion des objets corporels à l'ame : Tédifice ii

c'eft une Métaphyfique encore plus haute langages


que celle qui m'occupe ici.) Mais quel fondemen
rapport entre l'idée 6c le fon vocal \\ ceffité de [

différent ie Tiâé^ t fi différent de robjçt, feules dan


/

to Ù L À N C A G t.
J
produis par le mouvement matériel des
organes fitués dans la bouche ? Quel
rapport entr^ le fon invifîble , mobile ,
aérien & la peinture littérale , fixe 6c
vlfible ?

1. Leur réunion en un mime point ,fprouve


V-
que malgré leur dijftmhlance , elles fc
ii^fienr par un lien fecret , principe
néceffaire de. la fabrique des mots ^ Sf
qu'il ejl quejlion de découvrir.

U faut bien néanmoins qu'il y i!t entre


toutes ces chofesune relation cachée qui
ait pu conduire de Tune à Tautre. Je dit

une relation phyfique néceffaire dan* &


fon premier principe , non fimplement
arbitraire ic conventionn^îUe , telle \jue
nous Tappercevons aujourd'hui , depuis que
l'homme , à force d'ufage , d'habitude &
d^inadvertance , a bâti , détruit , rebâti
rédifice immertfe & toujours ruineux de$\
langages quelconques , en s'écartant du
fondement folide fur lequel il avoit été né^
ceffitéde pofer les premières pierres qui ,
,

feules dans toute la conftruftion ^ reftene


A ii]
,

/ '^

6 M É C-H A N I S M E
éternellement ftables fans s'écrouler. Quel- fi peu fufce

ques écarts dans compofition point de réi


qu'il y ait la

des Langues , dan^ la fabrique des mots nent p^r un


9
de déçouyri
quelque pan que Tarbitraire puiffe yavoir,
la convention n'a pu s'établir qu'en Vertu, 3. Caufi de
d'une raifon effeftive , née-de l'exiftenoc gcrmi
même &c de la propriété de$ chofes. L'ex*
EflTayons (
përience nous montre qu'on retrouve cette
cj-deffus étal
raifon , en fulvant le fil pied à pied juf-
dç la parole
qu'aux premières fources. Sans elle Tar-
exafte de çl
bitraire môme ,
qxii la caché ou la défigure
vocale , de
n'auroit jamais eu lieu. L'homme ii'eft
aux divçrfes
pis créateur de la matière ; obligé d'em-
ment de leur
ployer Tôrgahe vocal , tel qu'il Ta reçu
qu'elle iera
éc b nature ^ il n'eft pas même ici Tartiftc
rorgane de l
de rinftniment dont il fb fert : il i>e fait
de chacune c
donc qpe donner bien ou mal, I4 forme
dont le fujet eft fufceptible ; car c'eft la organique.

madère qui détermitic la fonnie ; c'eft Noiis y \

dam fès propriétés que réfide le principe organe de L

phjriîque Se primordial de toute rdpération* VA, certain n


Qusiid la nature a mis des barrières itiAir- iWtMrp 4g fei c

montablf^ aitre les êtres nul pouvoir pareillena|înt<


,

humain ne peut les réunir ; & puifqu'il tibie que d'u

t'a Eût ici pour des efpeces qui puroiâèor Jjruits fpnt^f

V
/

p U L AN G A q E. 5f

fi peu fufceptibles d'être amenées à ce


point de réunion , il faut qu'elles fe tien-

nent p^r un lien feçret , qu'il eft quçftion


de découvrir. ' "./'
. ,
'

3. Caufi de leur nuniori 6^ d^s premicn


germes ou racines des mots.

EflTayons cfy parvenir , félon la maxime


cj-deflus ëtaM^èTpar rexîûhen <k^ matériel
de la piarole & ^es mots ,
par Tanalyfc
cxafle de chaque .partie de la machiné
vocale , de chaque mouvement propre
aux divçrfes parties , réMfant nëceffaîre-
ment de leur coriftruftion naturelle , telle

qu'elle iera décrite dans les chapitres d$


rorgaTH de la yoix, : de ropirafion f^oprf
de chacune 4i f$s parues i de talphabet
*',' ''.'''

organique.

Nous y verrons d'abord que chaque


organe de U bouche , inipriiTîant 4 Ta^t -

iin^ certain mouvement d^tefifliné par la

W^je 4| j^ cpnj^ruition » pw4wi| W feriait;

pareillement déterminé ^ & qui n*^ft Tufcep-


:i]bW que d'une légère variatio^i. Que ces
;ruit$ font çn ^it noml?fe. Que , dè^
A îv/
,

1 M É C fit A M ï s MÊ
qu'une fois la conftruftion & le mouve-^ - fa voîji

ment propre de chaque organe eft corinu veut n(

Foreille qui entend les bruits reconnoît n'en fi

fans peine dç.quel organe chacun d'^ux eft dont c

parti. Qu'elle peut facilement difcemer ce origina

qui lî'eft qu'une variété du même mou- doDter


vement , d'avec les bniits effentielle- s'adrefl

ment différens , comme étant pro^^enus nomm<


d'un autre organe ; & ranger aihfî tous peller ^

les mouvemens imprimés à l'air par la ôifeau,


voix humaine , chacun fous la clafle de a fait I

Torgane qui les a modulés. Chaam de ces méthoi


fons ou mouvemens articulés , eft le prié* format]
Qiier germe d'un certain nombre de ra- L'or
çiflies. I>p nombre des racines ainft pro-^ figure <

4uitef nVft pas grand ; mais celui des peindre


Branches , ou dérivés qui fortent lies radnei creux l

eft prefque infini. "T eft rude


Nous verrons enfuite , que lorTque de lafc
fhomme veut repréfcntcr |>ar la voix Torgan
àiielque objiet réel , & fiiire paifi^ dans l'objet ;

roreille tfautrm Ti^lée de cet objet qu'il le bruit

a lûi-inéme àsms FeTprit^' il ne peut em- choifîe

ploye;r de méthode plus naturelle , plus pour ne


efficace, plus prompte, ijue de faire avcft de fes
V '

^ .
,

è
\

BtJ LA>Ï(Î AÔR 9


fa voix le même bruit que fait l'objet qu'il

veut nommer. C^r il y a peu d'objets qui

n'en faffent ; & c'eft de ce bruit fur-tout


dont on fe fert «^ur impofer les noms
originaux. Rien de plus fîmple- que d'a-
dopter cette méthode , puifque la parole
s'adrefle à ^'ouïe. Un Sauvage qui veut
nommer un fiifil , ne manqu^ pas de l'ap-
peller pouh. pn veut %ommer un certain

ôifeau 9 on dit Coucou , parte que l'oifeau


a ftiit entendre im pareil fon. Pren>içre
méthode méchanique & iw^irelle de bk
formation des mots. ;

L'organe prend , autant qu'il peut, la


figure qu'a l'objet même qu'il veut dé-
peindre avec la voix : il donne un fou
creux fi l'objet eft crieux , ou rude (i robjet
éft rude ; de forte que le fon qui réfulte
de la forme & du mouvement natiu-el de
l'organe mis en cet état , devient le nom dé
Tobjet ; nom qui reflemble à l'objet par
je bruit rude ou creux que la prononciation
choifie porte à l'oreille. A cet effet , la voix vk
* "X
pour nommer^ emploie par préférence celui
de fes organes dont le mouvement propre
Av
,

<io M i en kuis mi
figurcn îe mieux à Toreillc , (oit la chofe , d'ëcritu

foit la^qxialité où l'effet de la chofe naturel


qfu'rl

veut nommer. C'eft la nature qui conduit la caraâè


voix à fe fervir par çxemple , d*un organe car la ]
,

^ont le mouvement foit rude pour former de figi

l'expreâlon T^/«r. Seconde méthode. objets I

Ces principes auxquels je joins en La V'Ue


,

paiTant quelque exemple évident & fami- lojîjet

caraftè
lier, propre à les éclaircir , font généraux
naturels & phyiiques. Ce n'eft pas ici le
elle av(

lieu de leur donner tout Ij^ développe- cienne

ment. J'y viendi*ai dans là fuite pied IcquS


,

à pied. Il en iàudra condive que fi ksfons fe pror

Vocaux fîgnifient les idées reprÀèntatives folUL


ée$ objets réeb, c'efl parce que l'organe a corè ,
fcommencé par s'efforcer de fe figurer lui* fauvagé
mAne, autant qu'il a pu , femblablc eux cette f<

t>l^ets fignifiés y pour rendre aufii |Mr-li auxhié


les fons aériens qu'il moule le 1^ f^Rii on aei
blaUes qu'il lui efl poffibk à ces objets. caraAè
Nous en aurons h preuve dans les Cha- Le t

pitres di la Langue primitive & de /'O- l'écHtui

nomoiopie* reflfeml

• Avant que d'aller plus loin , paffons un caraé^è

;inom^t des fous vocaux au c^eïl: d


lyv La ng a g êi u
d'ëcriturA Nous verrons Iç même fyftème
naturel de reffemblaiijce s'établir entre le
*•
.

caraûèué & Tobjet qu'il veut dëfigner ;


car la première méthode d'écriture a été

de figurer grofliérement aux yem les

objets même qu'on voulpit faire connoître.


La V4ie de la figure réveillant l'idée de
l'objet dépeint , la voix ^ppl^ju^it auf
caraftères tracés le même fon par lequel
elle avoit nommé l'objet! Airifi dans l'an-
cienne écriture Chinoiièy le caractère par
lequfl on écrit SoUil en ,a la figure , 6c

fe prononce par le même fon qui fignific

faJîiLCfite rtiéehode-4 W riBgarde en-


core que réaiture npfifintativ^ la plus
fauVagéT^iais nous vemom bientôt que
cette forrnufe gFC^efe a donné haiiTance
aux hiéroglyphçs'plus compofés^ deiquels
on a enfin, tiré la figure des plus anciciis

caraflères alphabétiques.

Le tput donc tendoit dVbord , dans


l'écKtupe comme dans la voix , à cette
reflbnblance avec Tobj^rt exprimé. Si le
caraél:ère écrit fignifie les fons vocaux ^

i^eft donc ^aroe i|u'il a commencé par


A y\
ti' M £ C HA N I S M J?
reflembler , autant qnHta été poflîblé, à
l\)bjet nommé & li^nilîé * ainfi que Je
le mantçerai dans le Chapitre de Récriture

primitive* De forte que la réunion de


trois efpeces par elles -même auffi difpa-

rates que le font Tidéè , la voix , & la

lettre , réfulte de ce commun effort tfai^

fitrilation 9 & de leur tendance vers Tobjet


signifié ^ où elles trouvent un centre corn*»

niun , établiffant entr'elles ^une relation

non feidement intuitive , mais réelle ,


ïit dont reflet eft -d*une extrême ptom-
'

ptitudc* ••-' ''.- i(M . i

^
La parole commence Àè% Venfanoe ^ dès
que les organes de la voix ont acquis
aflêz de force pour articuler. Mais fous les

organes vocaux n'acquièrent pas à la fois

cette faculté d'opérer ;ei]|Ç|ie fe développa


cpie fucceifivemçnt^ félon que j'organc,
eft plus mobile , ou fon çpéraûoA/j^
aifée. Uenfaiit qui ne peut encore mMre
qu'un de fes organes en jeu^ ft^jd dansb
nécefllté de rendre les feuls fons que cet
organe peut produire. Q»t enfant yeul
parier & nommer* Commfijt ie pourroit^ .
"0

pV L A N G ÀVp E. 1|
il faire autrement qu*en employant les
feules articulation» dont il tft encore ca-
pable) Il faut qu'il dife papa & marna ,
qui font les inflexions iîrpples de Torgane
'f
labial , le premier & le plus mobile àp
tous : il feiit que cei fyllabes deviennent:
lesnoms qu'il impofe aux objets qu*iï
nomme. Ihn'y a ici aucun choix de fa
part, car il ne peut articuler autrement:
c'eft Topëration nëceflaire de la Éature ;
opëfation qui doit être à-pcu-prè$ la mémç
dans tous les langages , dans tous les pays ,
puifqu'ell^ n'ariend'arbitraire, de convenu
tionel, ni d'autreiflent poflible. Troifiemc
méthode nîiturçlle de former les mots. <

Jéx dis donc que y a ctj^tm


s'il

.cxpreffion3 qui fe déà^^loppent régufo /v,

remcnt les preniiei^ïis^^ facult^^


de parler commence Ij^^ trtcttre en âkt^
1
*

cice; que fi ces cxpreflîoi/s fe .rctroin


vent effentiell^mcnt les mimes chez les
peuples des quatre angles de la terre , il

en faudra conclure qu'elles font natives au


genre himain ; néceffaircmënt réfultantet
fle h ftruéhire phyfique de l'organe vocal ^
TonHh /. f A vii
,

\ t.

t4 MÉCHANISME
& du produit de fon plus fimple excrci;:e.
Uexameh àçs premiers mots du langage
en&ntm pous en fournira la preuve.
Une des obfervations précédentes ( fça*
voir, que chaque organe, en raifon de fa

conilru^ion, a un mouvement qui lui eft

p|K)|>re p d'où il réfulte dans l'air un fon


d^tçrminé ) nous conduit à de plus étçn-

J
jEn comparant le fon rendu par un organe
avec le nom donné à cet organe , nous
aurons lieu de remarquer qu'ik font fcm^
blablçs ; qu'on s'eft fervi de ce fon naturel
jk l'organe, pour le ncipmcr luiiittême;

que l'articulation ghe;: eft, par exemple,


Fjirticulation proprei la gorge; &: qi|ie le

fi^ot gorg€ a pour bafç ou racine çcttç


jirtiçularion , & la &it entendre. Yotlà
donc une telation habitiieUf: entre le mop-
ycment propre d*un ovg^ff yj:xlfxjf le fon
produit par ce moitvemait 4 6^ les njiots

fiprv^t à exprimer liisnon^^t^nt de c«


prgane que dç$ cfcofes relatives à (on
^(ï'idn j i fy figure , j6cc. comme ie« nom
mômé donnés à ces organes ^ au» déri^
-n-^ ^

>
tiv Lan g a o é. tf
varions , aux comparaifons qui en font y: , 1

tirées , nous TiiMiquerons ci-après. Il eft

clair que le mouvement propre de For*


gane , & le fon qui en rëfulte , ont tout
naturellement déterminé à nommer Tgr-
gsCne par un tel fon. En deux mots , le

n^iouvement d'un organe produit un certain


fon : on veut nommer Torgane: on fe fert

de ce fon pour le nommer ; avec raifotl

affurément ; car il ne pouvoit être mieux


défîgné que par fon opération propre:
Quatrième méthode.
Nous avons vu que Tinilniment vocal f
lorfqu'il veut nommer , cherche naturel
lement à imiter les bruits aifés à contre-
faire. U va plus loin fur le même principe;
L'expérience &c les obfervations en très-^

grand nombre , nous monti-eront encore


une liaifon. habituelle entre un certain fon
provenant d!un certain organe ^ & tout
un genre d*i4ées oti de chofes confîdérées
fous une certaine face. Nous obferverons
que la plOpart de^ objets qo'on a pu
confidérer comme étant par leur nature
àMs un état ùc fiabihU (par aonpleV
,

415 Ut CH AN ÎSMf
tirent leur nom d'une certaine racine ,
dH
mouvement d'organe plus
d'un certain
état.
propre que nul autre à défigner. cet
Que ceux qu'on a pu confidérer comme
étant dans un état defluidité y à' excavation ,

de rudefe, 6cc. fourniflent dépareilles ob-

feryatiohs.Qu'en chacun de ces cas , on a ,


pour former la racine du nom de l'objet
naturellement fait ufage du mouvement de
Torgane le plus fixe , ou le plus mobile ,

ou le plus creux, ou le plus rude, &c. com-


me étant fuMout propre à dépeindre l'effet
qu^une
qu*on vouloit défigner. Ceci n'eft
cxtenfion de la féconde méthode
un peu
plus développée.
Nous aurons un jufte fujet d'en Induire

que la nature a mis un rapport entre U

forme du fon & la manière Jcxifterdes

objets nommés , 5^ que ce rapport cft


fur une ef-
naturellement fondé entr'elles
telle que
pcce de reffemblance imparfaite,
par pré-
le mouvement d'organe employé
férence pewt la produire
mi^ux qu'aucun

autre. Ceft en effet


ce qu'il fera difficile

la vue ff une foulc^d'excmplc^


de nier it
w w

:m

D U L A N G A G Ë. tj

quî nous montrefont que chaque claffe de


chofes , ou de confidérations fur les chofes ,

rapporte quant aux noms qu'elles ont


fe

reçus, à ^n
,

"certain njouvement propre


%
à l'un des organes , 6c sVticule prefque

toujours par ce même mouvement vocaL


Arrêtons -nous, quanta préfjnt à ce
petit nombre de premiers
principes ; 6C

n'indiquons dans le début que le^ plus


.
j
fimples & les plus communs. Comme
premiers germes généraux du langage
humain , ilsont produit les racines d'oi
font fortis les mots ufitës dans le langage^

Il pas tems eftcore d*indiqucr par


il*eft

quelles médîodcs fccondaires ,


en vertu &
de quelle force, nat^irelle les mots font
immédiatement fortls de leurs racines f

pour former l'appareil immenfe de toutes


les langues. Car dans le mélange & Taf-
fcmblage confus de toutes les branches

déri^éé$ , on ne parvient à connoître la.

caufe efficiente 6c conftitutive de Tétat

iftuel de chacune , qu'en remontant à fa


ratine , où Ton découvre conimcnt &
t>ourquoi elle a été fannéc fellc que nou|
Y

t^ \AK
M i C^ ï s M E
la voyons; comment & pourquoi il ^rrivc

fi fouvent qu'un terme dérivé ,


pris dans

\ fon acception commune & vulgaire , ne


paiticipe plus à la nature fpécialè de fa
racine ,
que par la forme ^ 8r iion par le
kns ; car chaque principe fimple du genrie
db ceux que je me fuis contenté d'expofer^
eft devenu la fource d'une dérivation fort
étendue, où la nature de fa caufe première
fiibfifte encore ,
quoique fouvent cachée
& difficilement apperçue , à moins qu'on

ne foit exercé à cette efpéce d'cxamenrLes


ijtremiErs germes originaux font en fort

petit nombre , corre|pondant pu petit

liombre de leurs w\(t% poujlativts ; mais

kur développement eft prodigieux, TeUe


une grâîne d'orme produit un grand arbre
4[ui pouvant des nouveaux jçts de chaque

(Vkont produit à la Içngue une véritable


forêt.
Si les expériences 6c les obfervatloni
réitérées njom montrent !« çhofijs telles

que je viens de les e<poicrn.D*^fons-^ï^ou$


pis un jufte liau 4^ cti^w que , dans les

$è$ çi-ikftAi tf ào^ f topt roule primor^


¥ •»». *

'
^..f

DU Langage./
dlalement fur deux principes matériels ;
rimitatîoityes objets par la voix , Scie mou^
vôment propre à chaque orgai:ie en confor-
'mité de fà ftrufture ; qu'ainft les premières

opérations. fur lefquellts s'eft propagé tout


-le fyftême de la parole , font nées de la

nature phyfiqûe des chofes , ou de la

néceffité des effets réfultans d'unc^ caufe


>

donnétt , bien plas que de la réflexion


ou d'un choix arbiçrâte fait par Tefprit

buinain ? jjt tf

Mais puifque c'eft la nature qui a pofîé


les premiers fondcmens, puifqu'eHe efll'au-
tcMr véritable des premiers germes 6c àtS
vrais mots primitifs que les grammairiens
ont avec raifon nommé racines ; piûf-

qu'on lui doit tous les termes qui (bnt


incontcftablcmcnt radica\ix ; n'en faut-il

pas tirer cette conféquençc ,


qu'elle a
beaucoup influé daas le développement
du totié\ qu'il eft à propos de s'attacher .

fuKout à fuivrc , à démêler fon opération


dans le progrès immenfe des langacSes

quelconques , fi multipliés , fi variés , f!

'diffcmbùblcs • mais peut-^ei au moyea


^ MÊ C H A N I s M Ë
de cet examen , rëduftibles à un mémï
principe ? Les branches participent toujours
plus ou moin^ à la nature de leur racine,
quoique plus elles s*en^ éloignent ,
plus les

formel en deviennent arbitraires, bizarres

& anomales,-
Uexamen* des premières queftions que

|e viens d'expofer ,
joint aux obfervations

détaillées qui en donnent la folution , fera

voir tfoft: vitnmnt les, mots qu'on peut

.\ appeUer primitifs , comme étant immé-


diatement engendrés des fignes radicaux^
comme étant des troncs fortis de la racine,
|k qui vont pouiTer un nombre infini

de branches. '

L*examen de la demî^ere queflion mon*


érçra où vont ces marnes mots primîtife ;

comment lei.bnuichesfe propageant iur


le tronc même, & ft fub<ïi\ifarit/Cn une
infinité de dirivis , forment enfin fur un
^ctit nombre d*priginë$ Paffemblage im-
menfe & total d'une langue quelconque ,

& de tous fes dialeftes. Je traiterai ces

matières dans les chapitres des racines : de la


dérivation: & 4^ Caccroijfcmmtdes mots^

1
bu La n gage* ti

4. Caufe de leur écart immenfc dans le

progris & le développement des langues ;


manière de tes réduire par l'analyfe aux
mêmes priricipes généraux & communs.

On ne pbuvoit , au premier coup d'œil


comprendre comment quatre chofes auffi

diverfel que l'être réel ,


fon ,
l'idée , le

& la lettre a voient pu converger^en un

même point pour y .produire un même


,

éfFet/ Mais quand on z percé ce myftère

difficile, on n'eft pas moins étonné, dans

le progrès de robfervatiqn , de reconnoître


à quel excès ces quatre chofes , après

s'être ainfi rapprochées d'un "centre com-


mun , s'écartent de nouveau par un fyftême
de dérivation qui raffemble toutes les irré-

gularités que peuvent accumuler à l'envi


leur totale difparité d'aftions , & qu'on
trouvera développées dans les chapitres
de la dérivation & du nom des êtres

moraux. Chaam' des quatre principes

élémentaires de la fabrique des mots


tr^YîûJle à jnultipUer /irrégularité de cett^
,,

il MÉ C ïl ANI s M É
fabrique ; chacune diverge fur fa propre fon total , q
trace, ou, qui plus eft , s'égare fur la dans f^s part

trace de l'un des autres. L'efprit dérive s'écarter de

d'idée eh idées la voix , de fons en fons d'une manie


; j
la main , de figurés en figures. Que fera-^e > vera.cepend

'lî ridée vient k s'écarter fur la route du celles-ci ,


qu

fon , ou fur celle *de la figure , lorfque commune


Jeurs opérations n'ont aucune reflemblance compôfant
^ avec la fienne? De4à tant de locutions s'eft écartée
M •

-'fi peu an^ogues à leur origine, mais à celles qu'il


% pourtant invétérées par l'ufag^- Difons pofer, ne fe

' plus ; de-là tant d'opinions bizarres , tant par l'ânàlyf

d'éxiftences imaginaires , nées de l'ena-


mêmes réfu

r pire que les mots ufités prennent fur Te/prit Vent^ alnfi

humain , qui s'accoutume fort vite , ficiàns aux mêmes


tfëflexion , à prendre dé fimples ,parole« muns?
-pour des êtres très-effeiftifs .lors même
cjuV^es néfignifient rien de réel. La paroje rations f
J & récriture font les inftruiîlçns de reprit ;
les
' fouvent f ouvrier guide l'inftrumént ; fou-

vent auffi l'inftrumcnt guide Pouvriet ,


Ceft tel
qui aurdit opéré d'une toute autre manière i fens que je

s'il eût eu en main un tel outil au lieu d'un voudrois ds


11

tel autre. Cependant l'ouvrage refte y bien viens de fai


:

ou mal fait ^ pajÛfable brdinaixement dani lorfqu'àî U


'^

î>v Lan g ag ë* ^
ton total ,
quoique par-fois mal aflemblé
dans fes parties. S'il y en a qui paroiffent
/'

s'écarter ou n'y tendre que


de leur but ,

d'une manière trop indireftc, on en trou-


vera cependant un grand nombre parmi
celles-ci ,
qu'on peut raniener à Fanalogie
commune , en les examinant , en les dé-
compbfant , en repaflant fur la pifte qui

s'eft écartée de la route ordinaire. Quant


à celles qu'il n'^ft plus poflible de décom-
pofer, ne fera-t-il pas joftç de croire que j
par l'ànàlyfe , elles aiifoietit doanë les

mêmes réfiiltats connus , & qu^ëlles peu-


vent-, ainfi que les autres , être ramenées
aux mêmes principes généraux &c com*r

muns?

5. Nictffiti d^ rajfembltr de petites ohfer^


rations particulières^ poiiren diduire r
les principes généraux.

C*efl: le but que je me propofe ; & je


fens que je luis phïS obfcur que je ne. le

voudrais dans l*eipôfition rapide que j'en


viens de faire , cohime t)n l'êft toujours ^

lorfqu'à U vue des conféquences , on veut


,,

/
%4 MÉC tt À NI s M ç
tout tfun coup remonter aux fources^ exige (

& feire toucher les deux extrémités fans minutie


paffer par les propoStions- intermédiaires comme
fans parcourir le fil qui les tient Tune parfont
Tautre. Mais je demande qu'on m'écoute de répc
jufqu'au bout. Alors la* liaifon clairement, inutile ,

apperçue entre des çhôfes où Ton n'çn ne m'a


auroit pas foupçonné , & les traces de aux ch(
Fefprit humain mifes à découvert, malgré c'eft da
rkTégularité de fa marche, rendront in-, vrira c<

leUigible ce qui ne Tétoit pas d'abord. telligen

Ix ftuno dan luctrfCcogitàt» Oh verra Sicqui

la thefe que je me propofe d'ët^lir


n'a pas le déiaut ordinaire des fyftômcs Ceft fa

d'être gratuite &c de s'éloigner de la fait pen


nature & de l'expérience. ,
la fôrm
ï^oUr l'ordinaire on juge des efprits moins bien qu
par eux-mêmes que par la grariddur ou fcience

par la petitefle des objets fur lefquels ils de rédif


s'exercent. En ce cas , un étymologifte que l'ex

doit s'attendre fur le feul titre » à ^tsc taiis. O


peu favoi-ablemcnt jugé de la plupart des tans an
gens. Dans le cours de cet ouvrage ,
je qu'en n
ferai ibuvent obligé de procéder à l'ana- détaillé<

%Qmt des mot^i Le genre de mon fujet les idéei

*- ^xige Te
/
y/
exige cette eTpece de travail , réellement
minutieux aux yeux de tout le monde
comme aux miens , 6c t|ue beaucoup de
perfonaes , à qui je ne ferai pas en peine
de répondre bientôt, regarderont comme
inutile , même |lans> fon objet. Mais je
ne m'arrête aux mots que poui;. arriver

aux chôfes. Si j'en examine la Ê^rique ^


c'eft dans refpérance qu'elle me décou-
vrira celle des idées , & au lofleur in-.
telligent celle des opmions: . c

Sicqiu adopinamur de caufis makumapârvls^


'

:(-:{ -/JLucaET. .

Ceft fans doute ce qui a^ilès-long-4cm$


fait penfer à de très-bons efprits , que
la forme matérierlle du langage tiiéritèroit

bien que la philofophie hii confacrât une


fcience particulière. Mais il £iut fe garder
de rédiger cette fcience eni fyftême , avant
que l'expérience n'en ait recueilli lés dé-^
tVlls. On ne fait point de grands bâtimens
tans amaflèr de petites pierres. Ce n'efl
qu'en rafTemblant de petites obfervations
détaillées y qii^on [parvient à généralifer
les idées. Les réflexions naiiTent des faits ;;

Tom4 /. %
vwioincni ^a^TJlH

-*' ,
%6
~
MtCH AN
< .
'' '
I S M E
fes propofitions générales ,
prefque toth^ tïécou\
|Our$ abftraites , ne feroient ni facilement homme
cntenduesyni fuffifamment prouvées fans la vérit

le ftcôuproes exemples partiàilicrs , dont bde &


k concours uniforme donne la conclûdfion principe
demandée, Mon ^deflein eft de me porter que des
toujours , autant qu'il fem (K>flible , au cen->
tre où tautçs Içs lignes viennent aboutir :
6. Ce Tn
de la %
de tlcher par des obibrvations ,. des
tu
anÀlyf^'*& des exemples ^ de mettre à
}a m^in le noeud de toutes les petites
J'ayert
vérités à% détfiil qu'on auroit à recher- eft d^obfî

(cher fur cette i^iatiere : de montrer les de l'orga


les vues généiatâ^, qui embraflant les opération
fappofts iloignés , &c le^ réuniflant en de la parc
I9ie m^ç çlaife fous leurs principes «ï^^ft que
^mrnuns , décident Jk la fois uhê infinité conftitutii<
de queftions . Que s'il vient i m'trrivet voix hum
^ m'arréter parfois à «les remarques ^^nt rin
qui pàroi0ênt nWôir trait Ar: aucune faire ték
propofition générale , quelle eA la fcienée ture a m|
dont 41 foiU^éi|chire \ U ngucMC toute 'irer parti

feciiercfiie de pur amufismfiiif ># âe fimplo ^we Terril


euriofinf \ Souvent m^meil arrive qu'elles fons quyj
ont Tayantaipie imprévu 4'amenei ijuçlqui fuidé ou

^:
c eir Qonc parce qu h a ^commeiice par
A Yj

t D t; Lan ft ace, 17
découverte qu'on n'attendoit bas/
Un
homme réfléchi , s'il s'adonne àWbfeiver
la vëritë avec des yeux exerces Wr l'ë*
tude & par rexpërience, dëcouvHra
des
principes généraux ou d'autres ne Went
que des foits particuliers,

6. Ce Traita roulefur roperatïon matirielU


de la voix , non fur ropératianfpin- -

tuelle de l'àme qui la dirige.

J'avertis d'avance que mon prcmieibut


eftd^obferver les opérations corporiu^
de l'organe vocal.
Celui d'obferverTie»
opérations de l'efprif humain
dans ru4ge
de la parole & dans la fabrique des mois,
n'eft que le fécond. C'eft en vertu de lia
confHtution phyfique des organes
de L
Yoix humaine que je veux
examiner côii-
,v.
nient l'intelligence
fpirituelle parvient
faire réfbniier un
\
inftrument que la na-
ture a mis «n fa difpofition
, pour e
tirer parti ftlon fa fabrique : d'où il arriv
que l'e^it intellçauel
, dans la fuitç de.
fons qu'il lui tait rondrè , «ft fouven
««idé OU entiaîii^ par
les propriétés

- B ij
.

parier u nopmçu\fimmm \^ y^o\xffliiU .

iS M É C H AN I s M£
l'inftmment , comme l'inftrvunent Teft
lui-môme, par- les propriëtës dès objets
fenfibles. Ain{i Texamen de la fuite &c
de la gënëratipn des fons doit fouvent
comluire à recoiv^foitrè quelles été )a fuitç

& la générs^tion des penfées , &c faire

iJëbouVrirrla marche de refprit humain


dans fpn pp^tion ^ car on ferait (ifTez

que la raifon Iç làifTe guider par Timagi^


hatioii , Se Timagination par les organes
^' par les Cens. Pe^ ^f^mptes. à milliers
|)ourrQient confirmer cette mëihode d'pb^
iSirvationsW^ n'en citerai dm^ (çet Ou-
vrage qu'un petit nombre. L'efptit humain
tire de Tindrument vocal d^ confonances
i&: des diffcngnces j car on*peut ^peller
çonf0Tumccs les mot> jprifir ^af^}f^t km
•vrai , ^yiîque , propre &j primfq|di|d : 6c

jdijfûMncts, les i^lpts prif^ di^|i|^


détctimé y relatif, raur^^ àbftraiti moral
& fnëtapliyfiqu([^ ^ cnim Ikiçt^ KMt ce qu'en
fermes de/ griuiimiEÛi|e<^^ 0«|îr>i9]g^er
irap€ àam le difc«>im* lues açixxrdsy qui
Dal
les c(
^) t4fultent du ip^^lange ^^eflù$ , forment le
fonda
kmgage commun ,
par leqiitl. ropératio»
cngen
Se hilruôure phjriique de Torgane vocal
^
TçmrJw fAvij

Du LAN G A O E» X9
extérieure & corporelle rend fenfîble ^

rop^ration intérieure & fpiritudle. Ce


n'eft que de Topération matérielle qu'il

fera

marques
queftion dans ce Traité.
qu'il contient Torganè de la voix
Dam les re-
^
n'eft confidéré que comnie un inftrument
méchanique ^ que comme une machine
propre par fa eonftruftion à rendre, des
fons articulés & , à Icfs rendre nécéflai-
remeht tels qu'il les rend , w vertu d'une
organifatloh donnée; & abftraftion foite
de l'opération toute (î>irituélle de Tame
humain(;. qui dirige le jeu de lu machinée
Maii il arrivera fouyent que les effets

nou3 feront découvrir lès caùfes ; & qu'au


moyert du Jeu' de l'inftruinen^ nous ^con*»
noîtrons la conduite &: {a direâion de
la puiflànce intérieure qui ié régie.

7. La vérité des mots ejt leur cor^ormité


avec Us chofts nommées* ,
'

Dans le langage <iomme dans l'fcûràiômé


les conforiances fônt lés preÀricrs fons
fondamentaux : les diflbnances n'y font
/* engendrées qu'en fécond ordre pv Ici
m$më donnés à ces prgançîi^ aui d^r;?

l\

fÔ M i C« A Kl s ME
itonfoftances même. La vraie fignilîcatiorl
propre & phyfique des mots , les noms
8-
appellatifs des objets réels qui ont une
cxifteitce fenfible , y font antérieurs au
fens détourné de ces mômes mots , au
développement prodigieux que la culture

Au langage a produit dans les mots pri-

mitifs , en faifant jeàer à leurs racines


des Branches très-étendues & très-diver*
genteSé La première régie , la plus iimjple

cpi*indique la^ nature dans la formation


des mots eft qu'ils fôient vrais ; c*eft-

à-dire qu'ils tepréfentent la chofc nom-


mée , auffî-^Vien tffA eft poffible à Tinf-
trument vocal de la fepréfenter. La vérité
des mot9 ^ ainiî que celle dés idées ^

coniifte dans leur confbmtité avec le$

chofes : aufli Taft de dériver lès mots


a^-âl été nommé itymolofft , cVi| i dire
MfcoutsviruabU;1r*fkêt^vérm;>^iyH^fêrmo

( ^Vf êf > verus , quoi tjl ou d*iV* yî«»» )


N^ doute jdfyk les premien nottè^lt MTent
convenable à la nature, ides chofes qu'ils

exprimait : eh juger autrement ce (èroit

croire les hommi^ i^fenfés : czs ce Aroil


.' .'
f^s^ un ^ ^JMUiU Xpar açinple| X!

!>v La If G A^O.i. jt
dire que leur but en parlant n*ëtoit p^
de fe faire entendre.
8. Vitymologie ncfl pas un art incertain*

Mais comme il y a dans les choies une

de points que nous n'avons )amais


^quantité

connus ou dont la connoiflance eft perdue 4


feut-il sVtonner fi nous ne pouvons cou-
noîtrc la caufe de tous les noms ; fur-

tout fi Ton donfidere cpiVlle fe tke non-


feulement des objets, mais encore dé
mille circonftances de feiit qui y font re-
latives , qui ont paru propres à le^ rcpré-
fenter lors de la première intoutton y &
que nous ne pouvons ^*ignorer pour la
plupart ? Des exemples clairs & (ans
nomhjre ^ en nous montrant là vérité d«
de ces deu:^ proportions dans les cas
particuliers auxquels elles font appli-
cables 9 nous apprennent ce que nous
devons juger dés autres ci% paretb , où Id

fil de l'application fe trouve interrompu*


N'eft - il , donc pas plus jufté d'admettre
rëtymologie comme un art certain , par
les exemples afllirés que l\>h en donne ,

fufe de le mer fur ceux ilont on ne peut


. V B iv
iduilw* v> viu *••» •••
tfe nier à^ la vue tf une foule^tfexemple^

)t Mi C H AN I S M fi

rendre raîfonr Igitur de originihus vif'^

borum qui multa dixmt commode , poiiàs


boni confulenduni , quàm qui aUquid nc^
quivcrit r€prchendcndum;praf€rtim càm di"
cat itymolo^ù non omnium vcrborumpojfc

dicicaufas, Varro , (X. lat, L vj , c. i. )


Cependant mille gens vont jufqu'à croire
que cette fcience n'a pref<|ue rien de réel
même à l'égard des mots. On ferait com-
bien Ménage eut de railleries à, elTuyer

quand il donna fon curieux &c fcavant


Ouwage fur l'origine des mots de notre
"7
langue françoiiê; y a encore aujour-
Il

>v d'hui des perfonnes qui par. ignorance ou


Ëiute d'y avoir réfléchi , ib figurent que les
étymologies font chimériques, ou purement
arbitraires* Elles croient i^tis doute que
les noms ont été impofés aux objets (ans
raifbn fuâifante , & par hazard Ceft, à
'
proprement parler , dire qm*i,l^|$ furoxluit

des effets fans çxnxk ; ce qui iu contre


/les premières iiot^ons du feçs commun.
9, JLUiymologit rCtft pat un art inuiiU.

D'autres perfonnes, en convenant que


les expreffions dérivent véritablemem let
pourquoi «Uc a été formée ïsUe que nom

^ DIT 1 A MO A Ot. Jl
unesdeiatttBdnehi&ilt pas de ie figures

pour rordînsire que kirediàrche Relieur


origine n'ett cju'un pur amufeiiiélït gram-»
matical aflez frivole ,
puifqu'il ne r(kile que
ftir des mots. Quelques télexions où je
ne ferai que jettér k pmnier gemie do
mes idées, fiitxcefujetiuffirontppuci&i^

voir oonri^iea' cette âiiçQn; de penfeci eA


peu )ufte# Certaines obfervatiorvs <tttè[ Voh
peut faire fur cette matière^ ècq/KL^pt
paroiffcnt d'abord que de fonplte queff
tions de grammaire ^ s^tfeirênt to Jkl
genëralifant juTq^'à b^ plus' fiibtik' n|^^
phyTique, 'jdqaàWn^Om
nos idées. Non ieul^mèn^
-^ la' fdienc*
étymologique n'éft pas ihotUe dans ^ettq
partie de la philofàplitCi où eUe. nmif
montre tes rappoirtsiddi noms aux içtioibsl^
h nous développctk iUides iàéàiimmok
nés ; mai» elle i e# d'un ii grandi Ju&gft
dans prefque> toiiy^ lés partiesr dea fal

littérature , fur-tôu^: pour ce qui l^ariîe


Thiftoire ancienn^^ 9^"^'^ V ^^^ (pour
ainfi dire) d'inftràiitfriti|lft'erfeU comme
Tatgcbre &c la géométrie en fervent à b&uj^
f» ^-à^!ii$iïi9pUif toHt roule jfxmot^

%'

14 UkcnJMlSMË. UV tAKCAGC; '

quis^klotinentaux iciaicesmathëmatique^;
C'eft ce qiCil faut, montrer en peu de mots
dan$ le Chapitre fiiivant , qui pourra
*
me
fervir d^apôlôgie près d*un grand nombre
de perfonnes 9 il je parviens à faire voir

que 1-ait en queftion n'eft imaginaire , më«


prifàble^^ ni' frivole ; & qu'il n'y a guères
é» iciénces auxqueUes^cnl n'en puiiTe ëten-
àti^ïubge. Peut-être ce réfultat feroit^^il

mieux placé à la fin de ce Traité, comme


un corollaire ôc une application des con«
féquenc^ qu'on doit tirer des principes
qiii^r'font établis. Mais je ne puis m'emr
pêcber de k £iire précéder dans l'unique
tM^ dfàdouctr la fédiTreffe de la matière
par la coofidération préalable du profit que
pcor apporter cette méthode afièz nouvelle
dVdbfierver de ce côté méchanique rcxpref-
£<m î^Ptrbale de nos cbntxoiflaiices 6c de
008 tfèiitimens , ainfi que la ftruékire de
h machine complette d6iit la nature nous
à doués pc>ur une cueille opéialioa»
t-
idiiTemblables j mais peut-être, au moyen

CHAPITRE 11.

Utilité ^on peut retirer dç


~A

^
Tart étymologique pour les
autres*fciertccs.

10. Uiiliti de Ttxéumn michAniqut dis


'
màts„ _
ri* l/rifité métaphyjlqui de réeymologU
"firvant à fairt Cùnnottn Us diffirents

ordres ^d^idtes hurkaimês ^ fimfits &


tompoÇits. ha fahirufut des Gram^
maires une fnUe de cet ^rdre^
tjt

ix.Vufage dis snois ditermim f&ttnm


fufage des tkofts , &
peut faire croire
ta réalité de ce qui nUxifie' pas. ^

13. Les mots font lis fondemens de là


fcience ; leur examen découvre ctsfor^
dcmtns^
tr\.Vexdmen des exprejfions découvre U
faux u le frivflt des opinions.

ExmpU tiré dé fJJlroIùgie.


J< *iiCH AN 1 s M i:
t^.Eràur des hommes , nie de a qu'Us
vMmis dans l'expr^n a qui nUtoU
\ fa% dans la chofe ; & de ce qu'ils ont
tnfuitepris rexpreJUionpourlàréaliti.
Exemples & effets de^^cni^-^

xC« Moyen de reconnoîere Us erreurs mi'*'

taphyfiqi/(4s en remontant à Pan^Uyfe

-M
des idies par la ^icompojîtîon des^

mots*
17. Cireùfaeion des idées vraies çu/aaffes^
par le commerce des mots qui efi le

< fdus grofii lien de lajoâiti unîver'^

felU^ "

^.mtui de Fitymolbpedans la Pky^


-^
J^qàt. ..•* *v .,..
tf^^ÙhymolùpeJtrtà fkirt eonnoitre les
. variitis dé conformation ana$pntiquc
êcins Forgane vocal fiion les diffirens
climaes*- ^ \.

70. ElU inique le emtS^n 4'4m 4^


^^^ ".
' peuples*- •;'
•'.•':V<v:*'V;\ ,%:^:

ai. Qui efi auffi^ tris --marqiU par Us

^
idiod/mêS &parUJ5i^n$^s;^e chaqm^
. iangm.
u« Varrangement des :em4S fropru i
9V La KG AG !• jgr
chaque langue , indique quel genre
:^
de conjidiraiion prévaut dans Ce/prit
de chaque"^peuple. Quel tarrari"
efi
gement qu'on doit no^nmer oxàxt ou
inverfion ? Faut il pour plus de clarté
du difçôùrs le tirer de la uature dei
^éruptions ^^ ou de la nature des
aff0i6ns. •

%l. Elle indique attjjî la police pfus oU


.
fmoîfts Mncienne des peuples , leurs
inventions yfeur^connoijjiances.
14. J/tifitJ de Citymptofft dans rhificirê
ancienne & dafts btmythqlo^p

ï6. Nkeffd d'entrer dans teàanim des


termes.appellatifss& des pfp^is propres^
dont ^akhatia^ ii^^gn^ con^

tienne. i.
'* \,
'i

17. UtiUtidefitymolùpepour recouvrer m I !

partie tes anciennes langues perdues^


Manière d'y parvenir.^

i^'N^-
jt Mien A N t s M È

lo/t/tillti de Vexamtn michanîqiu des


'
motSk
iules Cëfa

A deluid'éa
plupart d^ gens font ,
>Siots*Me/i
comme je Tai remarcjué ^

regarder
eii a \x(é de
dans ITiabitude, de
terie, fani
les obfervations ^tymologi-
tiues Comme firî votes dans leur objet
d'homme i
,
idUi dt,an
6c inutiles dans leurs conféquènceft. A
regard de la frivolité , il eft vrai gué Mcjl'atanil

te détail des remar(|ues particulières qiii


nonvtrbist

tje roulent que fur les mots a toujours


.dédit? Si \

lin aîr de petiteft affez propre à le faire ques ^e <

dédai^f par leur bu


des îeâeurs ,
qui ne vont pas
difcours
*^ apparence des
jî'ilf Jf"^ P^™^^^ favorable
,

c
cliofes. Cependant y quoique les obfer-
vations de logiques qu
grammaticales foient toi|te$
feftion des
ce genre , beaucoup de peripnnes fpin-
tuelles & fijavantes' n'ont pas laîfp que que je me p
d'en faire Tobjet de leurs études* JDcux dans cet G
des phw illuftres cAmpagni^ de gens ciplinmpir

Je lettres qu'il y h^rtnsUfUs


ait en JEv«^|^t^ j^
demie Françoîfe & celle de Crufca ont
que pourror

choifî cette matière pQtir le fujet dé leur obfcrvation

ti-avail habituel. Le pîus grand homme m'arrête ic

de Tunivérs à tous i^Às , le plus grand méprifabks '1

#
toi; Lan o A a lé |^
gifnie gu'ducun fiéçle ait jamais pro4iiitf
iules CéÙLT , n'a pais çruqu*il fût aiHkiïbus
de Jui d'écrire un ouvrage fur l'analogie det
^ots. Meflala, dit Quliitiliôn , L. j, ch. jg,
eii aufédeniéme ,fansétreîaxë de pëdan-»
terie , fans rien -perdre de la réputation
d'hpiDine fçAi.jtn vim C. CafarisfregiruH^
idUi dt,analogia libri ? Aut ideo mînù^
MtJJalamtidtiSy qutaquofdamtotoslibtUoâ
non vtrbismodojingulos ^ftd €iiam Untris
dcdit? Si Ton regarde les p^tite$ renmr-:
ques ^.e Granunaire comme ahnobfteS'
par leur but ^ qui ten^ à la tyf^fe&MWi dii:-
difcoursV on; doit vpir #|^ '^^^los) '
'i\

favorable encore les remarcp^'etymo-»


logiques qui tendent à Texamen 6c à lapera
feâion dest id^s : car c'eft fous cette fiice
que je me propofc fuMout dé les employer
dans cet Ouvrage.^ ,A^j?i» objlant ha^dif*
dplinmpêr iUas euntihûs yfed circa ill^ê

fuénnribus, îbld^ Ainfi toutes minutleuièf^


«,

que pourront pairoître la plupart cfes petites

obfervations auxquelles il faudra que je


m'arrête ici 9 elks n'eu feront pas plut \
méi»rtfàbks« Les grands bidets qui excitent
'40 M t t MA K I S Mf
notre admiration ne font comj)of(é5 a/Temb
depetities paffties qui n'ont rien d*adi
-^|ai)le. Ce n'eft qu'en dëcompol^ii^ î'af-
femblage, & qu'en obfervW*e dëtait

yi'on peut parvenir à eonnoître fart dé


la fabrique ^' &C la ftruftufe intérieure des;

fciences. Ce^ix qui fontfrappe$ d'éton-


iiemetit â la vue d'un Hqperbc édifice ,

ne fongent guères aux fondations que la


terre couvre , &
qui d'ailleurs n'ohf^^
rien de capable^ d'attirer les yeux. G'eft
néanmoins la bafe fur laquelle tout porte f 4al

iàmi|t^i l'édifice n'auroit pu être élevée


Quititil^ j^ie à ce propos , L.] , ch^ 4^ :

MiniU jPmj^i fm^ hane arum ut -

ttnutm fyjejunatn caviUdntur j^


qtm niji

Jkndamema fidcluer Jeccrii -^ jjp^d^uid


r. fuftrfiruxtrh corrnti/Ntqtà$ if^uriam
naryà faflidiai étttfUtuu > é^ 4^Qyez^
Pépi^rapfte )• Le fehttmeRt dé ce i^avant
iliéteur fert de réponffi if ceux, qui^

croient l'art: étymobgique inutile dans (ts

cônféquences. U fçavoit nneux que^r**


l&nne combien l'examen' fuivi de fes

letiti élémenis « &c àx w$9xk$ delcMr


) //.

/^ V
su L A NO k C E« f Aï
affemblage met de connoiflance à décou-
vert : il fçavoit que Cet examen 'montre
ce qu'a de ibUde ou de mal fondé rédificè /
des fciçrices^^ ftç des opihions humaines
dcHit il détetre , poux amfi dire , la bafe* ^
Les fciençes fe prêtent un fecoursjni^uel,

& tidinent toutes Pune à Tautre par quel-


qu'endroit 9 enchaînées comme elles le
font par un lien e^icyclopédiquê ; mais^
fur^tout elles tiennent toutes à cet art-cy

qui s'exerce fur les mots, comme étant


ial peinturé natui;ell€ ou métaphyiîque
dès idées ; à cet art qui recherche 4as)i^

la dérivation des noms imp|0i^ aux


chc^fesi^ quelles o9it été les perceptioni^'
\
primitives de l'homme ; quel germe celles^
ci ont produit clans fon efprit ; quel déve*^'
loppemetit ce germe a donné i Tes fenti^.

mens &: à Tes connoifTancès»

II» Ùiifiii méiaphy^que de tétymologiê


firv^tmà Jairt CQnnokn ks dijifirms'
. ordrûs fidks humaines Jîmples &
compofhâ* La fahnpu des granli^,

Maires §fi
une jmt^ de ces ordre.

Ceft en «ifirt aflei povr imKquer dcr


'8
m- :

4t Mi CI* À Ni s M*t . '

iquelle utilité l*étymologie peut être dans un fecc


J rétude de la philofophie. M. Lbkc a le prei

fçllement Teiiti combien l'examen des cntr'eu

mots étoit pour parvenir à


néceflaire d'idées
, \
la connoiflance de refprit humajn , qu'il Cor
n'a pas craint d'y employer une partie m troi

Confidërable de fon Traité de Tenten- tlonnel

dernent. Indépendamment de ce qu'il en binîfes

à dit ^ à ^uoi le lefleur pelât /avoir re- troifiei

recours y il eft confiant que cette matière Cor


èonSdérée avec des vues métaphyfiques rinfîni

devient une partie efTendelle de l'hiftoire poli<jo;


^
ée Vefpïit himiain. (joîent

Elit nous indique comment Ibs hom« d'un fi

Ikies douéi ^Ic ta fiiculté de fe fer^dr des tances


Ai-
Ibns comme des fignes de letnr$ cj^ncep* lent ne

t^m Intérieutes , font parveiWÉf'par çtr^ déclins

tsàws eonfidérations natuwUçs & primi-' ou aijg

tiy^ à appliquer certaiiti fomr à ceitains la cho


. :Coi
'
^, " >' •
" ' 'à

«^
Çommtfitapi^aycnri^ établie
% #idre d'idi^ fimples^ étant Vtnu» à con- réglé,

Mércr uti objet d'unç iaknicffie réâédiie \ langue

teUtive &c comlHiiëe av«€ un^


ils çQt établi w icçond ordre .^idé^i ^ granuî
Bij

t> t; La n g a g fc. 4%
un fécond ordre de fons qui conferve avec
le premier la même corrélation qu'ont

cntr'eux le premier & le fécond ordre


d'idées. -
_ _
"
^
Comtnent de ce fécond ordre eft né
m troifieme ordre pareillement propor**
tionnel & corrélatif d'idées plus com-
binées , & de fons plus compofës ; de ce
troifieme un quatrième ; Se ainfi de fuite.

Comment les hommes les variant à


l'infini à mefure que leurs mœurs fe

poli<joient , & que leurs efprits s'exer-

çoient , ont trouvé le fecret d'exprimer


<i
d'un fcul mot une quantité de circonf-»
tances de leurs idée^ ,
par ce qu'ils appdk
lent noms I pronoms , verbes , adverbes^
déclinaifons, conjugaiibns^ Sec. en variant
ou a^gnlentant un feu le fon radical d#
la chofe*-^ .

:G>nfinlcnt ces terminsdfôns une foii


établif$ chofe ont fervi de
1^^
réglé poiiffet^^^^^

languie -|Jk 4^Bpttm^^


7 -
\

langiies ; M <pn a donnié i^iflànce fitt

r
r^ >
,

44 Mi Ç H AKI s M É
Comment on eft venu à bout d'e^i-

I^rimer par le fon non-feulement léi ob-


Y \

jets réels , mais môme la négatioïi de


ces objets , en joignant par la dérivation

une id^ pofitive à rabfencé de la chofe


dont cette idée eft le fiwet.
Comment jJour reîh^dier à rincon-
Véniènt de la multiplicité des fons ,
qui ijl;

en auroit trop cnijiarraflfié Tufagç , On a

inventé les termes généraux qui comprcn-


lient fi^ un raénte fîgrte une multitude
•tfétre^ particuliers : comment ces termes

Sont devenus d'un ufage encore pins

fréquent que tôui les autres ; & comment


fdprit humain dans les dérivations a tantôt
$>
tN>Àclu du général au particulier , & tantôt
Ar particulier au général: tantôt a lire les
àofns généraux des qualités , de celm (te

certaines jfubftahèes où elles dominoi^t


ée plus fouvent tes noms dès fubftaJ^pes de
cMui de^ qualités qrfil y àppefcfevoit.
^Ên effet le$ cjualités ftn^les d<^ jbtps
felfes cjue leur couleur , leur %w y fcur

étendue font ce itiui a d*abord frappé les

hommes, plui promptement même ^ ea


»s

t\-
/.r
4*'
,

pu L AN G A q £• /iy
quelque façon , que la fubftance fimple qui

en eft le fujet. Ceft ce que Ton apperçoit


dès. que Ton commence à fentir Tufagç
de (es fens & à jouir de là faculté de
concevoir! Les termes qui expriment ces
qualités fcjnt néanmoins de ceux que nous
regardons comme deftinés à n'exprimer
que des accident ; ce font des s^djeâifs.
Mais dans Tordre primitif de tu^s conr
îîoiflances , ils ont la priorité fur les

fubftantife : ils fervent à former le conççpf


&c enfuite la (définition de chaque objet
particulyst* Kien n*eft donc plus naturel
que de penfer que ces adjcftife ont fôu«
vent fervi 4e racines 3àxx noms d'une —ir
infinité^ d'olijèts particuliers ; foit que ce
nom fe trot^ /e tiré d'une des principalos
qualités extérieures de robjet, également
frapp^te pour tout le mondç; foit comme
il arrive parfois , qt»e le premier qui a
donné le nom à h chofè ait été par
hazard frappé d'abord ^e quelque parti-
cularisé finguliere^ qui n^auroit peut-être

^pa$ tant aâfeAé d'autres perfonnes. Car


rien né vous inôntré mieux la marche
Mie ItA HIS M E
<îç refprit de f homme dans la fuite de
fes idées , que la fuite exafte de certaines
dérivations ; & alors on eft étonné de
voir la bizarrerie de la route qu^il a

|p»ivewt [>rile ; & de quelle manière la

lilpindrtB circon (lance fuper6cielle des


qiiQitës extérieures d'un certain objet a
fuJ#^|K>ur lé faire ranger dans unç cer-
fainç *felafle,
'
;
^ .
-

11. L'ufage J<s mots Jcurmine fouvcnt


tufagt d^s chofcs & peut faire croire
' la réalité de ce qui nexijiepas^
\' ' .'
- *

Rarement cette acception incomplette

•réelle manqué d'entraîner d'un certain


^té la direftion des connoiflanccs , &
quelquefois celle des ni<|îurs & des ùfàges :

liiir-tout , par U f^^^i ^^ laquelle on


nient à fç figurer qu6 les paroles Signifient

hilÉ la réaUtÀ des chofes » 6c fPe les

choies exiftent dans la nature » parce


-qu'elles ont yfii nom àsm Ifk langue.
oCt dertûer point eftdi plus grafid(^
iconféquence qu!on ne le fçauroit dirr*
^Fide N« 4t ) Avec un peu d*atttntioPf

4.*
• «-*;
^m^^lf^^n^'wmw.n- mm^

OU Lan G A GE, 47
Ton feccMnoîtra que dans tous les fiécles

la plupart des difputes dans les Ecoles


ne roulent que fur des mots dont les
chofes n*çxiftent point*^^; quoique Ton en
ait une fois donné une définition reçue y
qui

fur
bien approfondie ne
laquelle néanmoins on ne
iignifie rien

cefTe
, Se
de
»
(liiTertcr. Il n'eft donc pas étonnant que
les difputes autrefois élevées fur de telles

matières n*ayent jamais pu prendre fin^


puifqu'il n'y a poin^d'originaux auxquels
on ait pu compareKv^le? termes de U
ddfiiiition feçue , ftç vérifier lequel des ,

deux partis avoit tort ou raifon. Çn peut


en dire autZint de .ce qui a fondé quantité
de dogmes & dWages reçis parmi les
nations. hQ tangagq , dit Michaëlis f
dt Cinfiupét4d€s opinions fur le langage ^

perpétue les err^rs comme les V/érités :

Iorfqu*une faufle opinion s*e{l gliflfée ^ \


foit dans la dérivation d*un terme, foit

dans Mnç phr^ .eati^e^ , elle s'enraci/oiç


&c paiTe à^ ki.poftérité la plu« reculée ;

eUe Àtyl^VW préjugé populaire ; qud«>


^uefois uii,|^réju|é fcavant \. pùfe ^v^
f

*h-.
,
les eKpremons acnvcm yviiccuw^^nwm «w«

48 Mi CH AN! SM«
le préjugé populaire ; & par malheur 11

y a des préjugés pires encore que les

préjugés fçavans. .<

lyLcs mots font Us fondcmtns de la

fiicncCf leur cxamcn découvre


. c^s fondcmtns»

Quoique les mots ne foîent en eux-


même que les lignes dont on eft convenu

pour s'entendre , ils ne font devenus que


trop fouvent les fondemens de la fcience.

A la vérité cela ne devroit pas être

nuis comme Timpoiition' des noms a

fouvent été faite fur des rapports arbi-

traires , & en conféquence des diffiércns

pôin» de vue fous lefquels on s*eft âvifé

de cbnfidérer les objets ,-


là towté fèft H'
ouverte fur les traces de ces r^pwtt ; rilc
a tourné àe ce côté ârtèfàli linfi k
que la fuite des idées fubféquentes : m
a frayé le chemin oii îl étoit ouvert î

on Ta étendu dam la même ligne. Les


dimts des hommes k toélkrmjéf
fur

let^déei de leurs prédécéiRùrsi Ceft

ràifi que de pcu-à-pe\^îfcft'çonftruit


> rédificc

^
¥
f

iVdifice éirtîer deî châqt» opinion g<fi /


nérale. Car les hommes ne font cjue
porter au tas où les autres avoient fait
un amas r rarement font w Us quelque
conftniftiôn ^n^^mrijjle ;- 6c encore n'eft^
ce la plûpâit du tenjs que furies yieil^
les niiries d'un anden^ édifice.
Nos ' oï^itrions générales Vembraflêht
d'ailleurs que des idées générales ; ôc
celles-ci V n'étant composées que des
idées particuliëre^, font ^relatives i Vé^ \,

chellë continué 4è$ objets particuliers , 6c


des homs c^'drt Uût^ a fouvent 4onhé d'une
manière WèWm^arfeite en ne coîifidérant
quune petite D^rtié de Tobjct.

14. l'^a/^ y^f ;^^r^^w découvre

^
Ainfl -^at tétirouvfer le fondement
d'une opiiiilofr V pour déterrer la bafe
de tous 16 accèflbires dont on Ta groffie;
pour comnoîtrefla liaifon j|u'8nt
entr'elles V
les diVeifei parties de la înadUne > pour
fui vrele plar* 'iar Jequcl elle eft cUrtftruite^
j
Tome /. C
,
\

fO Mi C H A N IStM^S
& fentir ccmbien k pivot £ir lequel elhr
porte eft 6>ible » il ne faut quelquefois
que remonter à ta fource Jes expreffions
qu'une^ fçience ou qu'une croyance met
en iiiàge.; ou que démêler 'toutes les dii^

férentes ramifications d'une même racine


en confidërant combien de .matières hë-

..-^-
térdgenes jeiles ont élevées avec elles en

% s*ëc5fetant

Y
de leur tronc.
eut -il panais ^'art phfi Ê^uc. t plus
jnfênfé , pàisidénué de Uaiâm dans ù
pratique^ plus f énéralemlsnt reijuen méiiK
tems yfAt phis împérieuac fior la conduit^

des honmtes que celui de Tafirologie jur

diciaire ? Comment art41 pu s'établir une

première fois /oc fubftfter encore parmi


c]es peuples qui ne Yoftt pas imbédltes ?
Comment nVt-on pas vu qull fiV'* P*^
la moindre relation entre les précepte^ i

-i
4e cette prétendue fdenoe^ kiM ré-

iUltats ? On n'a pour le fqwoir qu'i ft-

chercher l'origine &c la fignificâtioft dei

premiers noms donnés aux «ftrei » des


riches éptthétes àttffibiiéei â taJurtiere

^kfanirable de xes Jbepnx ofafets Mon n*i

: --A0

I
>» /

''^'* '*'*'*
f^^^^

qu'à rëâéohir à l'id^ de.puiilânce natu*


rellemcnt jointe à de telles expref-
iions qu'on ,avoit empbyées conmiie les

plus belles ; à Taffinité de dérivation


entre les termes qui expriment le refpe^
&c ceux qui expriment le pouvoir ; ^^
culte des aftres établis en conféquen
à Tidentité des titres donnés aux rois
aux aftres : identité de mots qui a fait

naître l'opinion connue de l'ancien


orient qupsi Ifs rois devenoient des aT-

tres ; c'eftià-<lire que les aniesdes grands


fouverains alloient après leur féparatioo
d'avec le corps habiter , animer , régir
les étoiles ; d'où elles conttnuoient ^i

gouverner le moiide comme auparavant»


$
à y envoyer les influepcérd^nt elles dii-
pofoient» Ces inâuâices ne peuvent man-
quer d'avoir les qualités conformes à la
figni^caûon du terme arbitraire employé
pour nominer T^ftre ; trlftes û elles vien-

nent 4li vkillard Saturnfï , fanglantes


fi elles partent du guerrier Mars. Les
principe ehimériques de
(ont -ils iwidés .fiir autre
cette

chofe
fcience
que
%
J
.-.i-

J^ ^"

\
v *Çl \ M Ê C K A N I S M
ont
l

/ur'ies noms que. certaines alluûons poiivoii

jadis fbit donner aux étoiles? On le. figura :


nue
1 *•
a<f

que ces noms exprimoient leurs fonc- marque


Le. propos
tions &- fpécirioient lep^ influences.
décifif à choiBr pour •
encore
moment le plus

les influences puflTent déterminer la on 1<^ c


•^ que
deftinée générale d'un h(^mmè ^ parut être pu!é. C

celui de fa liaiflance : &


lejmoment dans leî

\ 'marqué du pouvoir- de l'étoile qu'on )


le plus

celui ou elle monte fur l'horifon. Ainfi profefl[ii

rhomme W à Vïnftant où \t
LeîeO^ion
lion;fe. d'appar
tellemei
leva devoil être courageux.
.

des cet art


mai-faifant ne pouvoir donner ;C(ue

inclinations pareilles ; au lieu que [à>% apparen


donner
'lance.étoit le préfage d'un efprit d'ordrç

& à'érÀà. On rafina davantage fur l'art dre fur

l'étoile avec feuls n


en combinant Tafc^nfion de
celle du foleil & des planètes; au moyen faux ai

un peu mieux
,de quoi on parvenoit à rendre
c

qui biflé
'
mieux raifon de la grande différence q
>>\ / .
article iort qiïi s'ei
r'
fe trouve entre les deflinées;

embaraffant pour Içs artlftes. Comme les rcfpcft

-aftr^s, décidolént des mclinations


de K prcjug^

fortune générale d'un, homme


au mo- entière]
la
l^peéV du cid les Pçi
ment de fa owffiUKe ,
,
'

"^ : -, .

: . DU La NO À g e; 55

poiiVoit auflî avoir fon influence fur cha-^'

que^aftion particulière de la vie,^&..


marquer l'inftant effentiel où il étoit à
propos cle rentreprendre. Qn attend
encore auiourd'hui cet inftant en Afié ;

on 1(^ combine avec ie plus grand fcni-


pulé. CVft un ufagCv cotnijiun , reçu & -

(lans les aftions ordinaires de la vie , dè$


qu'on y atta<:he quelque importance. La
profeffion d'aftrologiie demande beaucoup^
d'appareil , diexaftitiide' & de calculs :

tellement qu'on eft patycnu à joindre i


cet art ridicule un travail réel & une
apparence de fcavoir qui n'a fait que lut
•1

donner plus de relief. Que fert de s'éten-*

<îre fur*de telles abfurdités où les mot^


feuls n^ayant qu*un rapport abfolùment
iaùx aux chofesdéfignent ( gour
qu'ils

mieux dire n*y en ayant aucun) n'ont pas


Ijiflé que d'élablir une fcience reçue ^
qui s'eft long-tems attiré par -tout un
rcfpcft aveugle ? L'Europe infatuée de ce
préjuge pendant tant de (iécles n'en eft
entièrement guérie que depuis peu. Mais
\
ks Pcrfans , peuple fpirituel & » <
policé f
C.
'
\

54 VM t C H A N.IJ Ml
font auffi crédules que jamais ïïir ce poînt. cette^exj\re

Le raeilleuE moyen de faire revenir ceux me le comj.

de montrer dire d'une


qui y croient , (èroit leur,

Torigine des mots dont celle de leur I! eft fî


,

croyance n'eft qu^iine fuite. les cho%


15. Erreurs des hômm^nèes de ce qu^lls
yen^ mém(
voir autrei
ont mis dans Fexprd^orp ce qui né^
les envifafi
toit pas dahs'4a£fk^';^& de ce

qu^ils ont ehfuitt pris Vex^-effioTt


lations' m
pour la réalité, Exemple,s &r effets de
ordre de" c

cecu fait pour n


prefque to
. Nous fomtnes les créateurs^ des mots.
pofbns \ts
Il eft vrai que nous les appliquons aux
relations n<
chofes réelles fuiVànt ce que tious <y
n'ont rien
voyons. Mais foùvent nous croyons y
de
V-
voir ce qui n'y eft point ; & c'eft en
preffion

ration qui!
vertu de cette ^préoccupation que nous
împofons le nom : de forte; que.fouvent
claffe en 1

auffi il n'y a dans Texpreflion des chofes


claffe guide

que ce que nous y avions mis nous nxémc. jugement d


enfuite bi<
Cependant l'expreflièn dé la chofe V^^^ ,

June confidération qui lui eft étrangère Prenons


,

vient à tenir lieu de la chofe même & & de charte


, de la réalité. Toute la fuite *de nos foi ; iageme

flifonnemens fe fait en confêquencc àt jufte exerd


>
-*

b tX t^ N A G Çf E.

cette^expfeflîon ,
que nous regardons com-
me îe comptndi}in^ài [^ clëfinitîon c'eft-à-

dire d'une. courte defcriptibn de l'objet.

I! efl: fi vrai que nous voyons dans


lescho% ce cjui n'y eft pôirir, que fou-
yen^ même nous; ne ch^chons pas à \q$
voir autrement.:^ fur-tout lorfque noitt
lés en vifageôns eu égard à certaines" re-
lations' imaginatires ou à un certain

ordre de clafTe^ que nous nous çfommes


fait pour notre -propre commodité. Oefl
prefque toujours là^-deATus que nous im-
pofbns les no^msl Mais cet ordre , ces
relations ne font point dansJTobjet , &
n'ont rien à faire à lui. Cepcndîint Tex-
preflîon de la chofe, née d'une confidé-
ration qui. lui efï étrangère détermine la

clafle en laquelle on\la range/ Cette.


'
claffe guide la j&<jon de penfer fur l'objet ,

jugement dont les branches fe propagent


enfuite , bien du mal , fort au loin..*
A-
Prenons pour exemple l'idée de pudeur
& de chafleté , idée bonne & vertueufe cri

foi ; fs^ement réglée par la !égi dation au


V.
jufle exercior d'une faculté naturelle dt r
^

k
Civ
f

))
i

fS ; M É C H A N iS M »
manii^re à prévenir Fabus qu'on pourroit confort

faii^ de eetté. faculté par deux jexcès le defir

également contraires l'un à la politique des exe

&L l'autre aux mœurs. Le prc

,
Mais cette idée , ce préjugé raifonnable nations

& réfléchi eft - il naturel , comme on de fe ]

convient qu'il eft nfiôral ? Comment a- natiireb

t-iî pu naître, au tems de la loi de pure en honi

nature ( ** ) ; s'établir fortement enfuite cette ca

humain
(**) Le premier hpoime première & la
pas les
femme étoient niids Ôc n*en avpient point de
iace de
honte. Erat autsm uurqju nudus^ Adam fcïlïcei
cette ob
&
uxor ejus , &
non eruhejçanu Dans la fuite
me l'ho
après leur défobéiflance ils fe tirent des vê-
lle natui
temens avec de larges feuilles lorfque la : & '
après 1
crainte de paroître devant Dieu , à qui ils
que les
avoitnt défobéiles eut porté à fe cacher en en-
le défau
tendant fa voix , ils direct pour excufe qu'ils
que la <:
"^ s'étoient mis à couvert dans le bois parce qu'ils
première
étoient nuds. Mais leur faute n'ayant rien de
les anci<
relatif à certains endroits du corps humain , '
re'^evinr
'
n*avoit rien qui pût leur infpirer la pcnfée
abfolumi
à^ les dérober promptement à la vue, ni leur dans les
faire naître aucun fentiment de honte fur
reflé le
leiir ufage naturel. t)*ailleurs , quoiqu'il
eut prol
^foit certain que nos premiers parens ont
temsava
> connu l'ufage des vctemens , ce n'eft pas aU
famille
tems même de la formation de l'homme qu'il totale d
faut prendre les inflitutions les coutumes & l'habitud
kun^^es : c'eft à U rénovation du geme
D U L A ÎSf G A G Ê. îf
conformément à la loi pofitlve, & malgré
le defir de la nature ; fe porter même à
des excès quelquefois nuifibles à la fociétë*

Le préjugé prefque général parmi les

nations non lauyages ,


qu'il eft glo/ieux
de fe priver des b^pDrns & des plaifirs
naturels , a contribué fans doute à mettre
en honneur le célibat. Mais convenons que
cette caufe n'eft ni la plus ancienne ni la

humain après le déluge qui remit au premier


pas les hommes difperfés Si ifolés fur la fur-
tace dé la terre. On ne fait que rarement
cette obfervation qu'on devroit toujours faire ,
(lue rhomme , fi on le dans Tétat
coiifidere
de nature , doit être pris non avant , mais
après Tinondation qui cléDeupla la terre , lorf^
que les arts furent néceil ai rement perdus par
le défaut même des matières premières, Sc

que la difperfion du genre humain loin de ia


première demeure eut effacé pxefque par-tout
les anciennes connoifiances acquifes. Alors ils

redevinrent (îuvages , &


vécurent nuds , même
abfolument nuds comme on les trouve encore
dans les contrées de la terre où l*hornme eft
redé le plus brute ; quoique l'art de fe vêtir
eut probablement été bien perfcftionné long-
tems avant eux , 6t qu'on ne puifle douier que la
hmille unique qui furvécut à la deftniftion
totale du refte des hommes , n'eût coniervé
l'habitude de fe couvrir de vctemens.

„ Cv
,

5« MÈ tn ÂHi s
pltK naturelle. Il eft aifé d'en affigncr ici à ce

dfàujtres qui le font' davantage. I^ufage pudor 1

néceflaire , mais dëfagréable aux fens ce qu'il


J.
'
pour lequelia nature*a difpofëjles conduits c'eft pré

^ inférieurs du corps humain ; les change- fynonin


jfiens involontaires auxquels les parties des fil'ons'^

fexes font affujettis ; la facilité de les i^ais i

bkfler en dedans on en dehors , lorfqu'on une cet


habite tout nud au milieu des bois , a gréable.'

porte les hommes à les couvrir les pre- tances d

mières^ tant pour les cather que pour mer étoi

les garantir. On ne troirve guères d'hom- même U


ilies afle^ brùte$ pour ne pas vouloir des bien

éviter eux -mimes ou cacher ai« yeux phyfiquc

l*exceffive mal-propreté. Parce que ces à-^it toi

parties étoient la fentine du corps humain l'occulta

& parce qu'elles étoient par préférence toutes c<

dérobées à la vue , on y a attaché une exprimé


idée de turpitude , & on les a nom ^lées là fouv<
\%
hftnttufts. Mais il ne ftiut pas prendre mélange
ici la caufe pour Teffet ; la nature n'a dirigé U
point tait d'ouvrage dont elle doive rougir. tramée i

> Ce qui eft néceflfaire peut être déplaifant fouvent

convenable à cacher , mais non pas

honteux , félon le Çtns que l'on attache aUquoM


^
,^

DU LA N 6 À6 E. 5^
kî à ce terme. Et fi Ton y prend garde,
»
pudor ne fignifioit dans fon origine que
ce cfu-il devoitrëeliempnt figiiifier (*) : car
c'eft prëcifément le même mot que /^«/or,
fynonime de yîçr(>r. Ainfî le mot pudeur
{\ l'on s'en fût t^u à ion origine , n'auroic
jamais été employé que pour exprimer
une certaine elpecé de fenfation déià-
gréable.' Mais ayant égard aux circonP
tances dont la chofe qu'on vouloit expri-
mer étoit accompagnée , on s'eft fervi du
même terme pour exprimer Cahftrvation
des bUnJeanccs. Or perdant de vue le
phyfique de Texpreffion , oïl Ta tout-
'
-.i
à-^it tournée du côté moral. Le befoin
l'occultation , la honte , la bienféance
^
toutes ces idées , fort différentes , mais
exprimées par un même terme , & par*
\.

là fouvent confondues , ont formé un


mélange dans la tête des hommes , ont
dirigé la fa^n de penfer , & l'ont en-
traînée fort loin. Ceft ce qui arrive très-
fouvent au moyen du pouvoir que les
^ —
,
Il -r-- Il I j
'

*
Les Litins définifTent ce mot
( ) : Ok
aliquam nm ford^dam timor.
*
Cvj
/^
Mec H A Ni s ME
tnots oiit èir lès ïdëes ^ fùr-tout lor{qu*lls

font pris du côté moral , oii les ternes


ne fônt pas fixes &, déterminés comme
,

^Is le font dans le fens phyfique. Ne


pourroit-ce donc pas être de cette faufïe

A application d'idée , faite en conféqaence


de rintroduftion d'un terme ou épithéte

impropre , que pourroient être néi^s en


première origine les idées prii]hordiales de
pudeur , c'eft-à-dire honte honnête , le plus

fouvent très-bonnes en foi , & conformes


à riiumanité mais qui s'étendent fi loin

parmi certain^^s nations ? Ne feroit-ce

pas auffi de -là qu'eft venue la. gloire

iîérile mife dans la virginité ,


qui a produit

X
tarit d'effets dans les mœurs & dans l'état

des hommes ; ainiî que Phonneur attaché


au non -exercice de l'une des foçultés

naturelles les plus utiles au g^^^^^^^ huinaiii.

l6. Moyen de reconnoître Us erreurs me-


taphyjiques , en rerhontdr^t I^V analyft
des idces par la dccompojiiuindes mots.

Nous pouvons bien fur tqui ceci faire

une réflexion pareille à çelïe'qu^un écri-

"

»
\>> ,

K-

! yn

DU La n g a g e. ^1*

vain célèbre fait fur les fciences nuniéniles.


Sçavoir bien diftlnguer ce qu'il y^ de
réel dans un fu jet d'avec ce que noas y
,, mettons d'arbitraire en le conÏÏdérant^
démêler l clairement les propriétés qcd'
lui appartiennent,, de celles qu'on pour-
roit lui prêter , feroit le meilleur fonde-
inent de la méthode d'impofer \q% noms.
Si les premiers impofiteurs des noms
avoient été en état de fixer leur vue
fur ce principe , on n'auroit pas vu
paroître enfùite tant d'erreurs fbuvent
reçues pour des vérités; tant de fauffes
peintures des objets réels , tant de para-
doxes , d'opinions , de fauffes croyances ,

tant de queftions infolubles parce qu'elle;;s ne

roulent que fur des mots pris pour des cho-


{t% y quoique ces mots ne foffent pas applica-

l)les avec juftcffe aux objets réels : on


n'auroit pas tranfpôrté dans le fujet réel

<:e xéfultat idéal qui n'eff que dans Iç

terme , & dont on a par dérivation


tiré tant de fouffes conféquences : on
s'entçndroit mieux aujourd'hui fur la mé-
taphyfique des fciences ; on auroii nioini
ê% M £ C HA N I s ft 1
à feire à décompofer no<; idéei par la

décompofition dçs irtots qui les expriment,


pour en fuivre ainfi le fiî , qui mieux
qu'aucuç autre guide nous peut feire re-

monter-aux premières traces de nos opi-


nions, & rcconnoître les préjugés & les

erreurs que nous avons nops même-portées


dans les fciences réelles.

17. Circulaûdn xUs idées vraies ou faujjis


par le commerce des mots , qui ejl le

plus grand lien de la fociSti uni"


verfelU,

Enfin fpit qu'il foit queftîon d*idée$


abftraites ou de toute autre CQ^piffancc
^fenimaine quelconque , & phis ufitée , la

l>6r<ne ou mauvaife maniéré de procéder à


Pimpofition des noms , a jette de profondes
racines éternellement' durables. L'étymo-
logie n^us montre comment les nations fè

pétant un fecours mutuel , 6c Êiiiant entre

elles plus de commerce des mots que de


foute autre chofe que ce puifTe étr#Vcliaqiie
peuple pour augmenter l'étendue de-fes idées
Combinées a profita des idées ôc dei fom
^.
. 4»

< >

lyV L A'S^<x A G E. 6f
originels de fon voilîn ; en les détournant;
par des dérivations conformes à fa pro-
pre manière de penfer & d'articuler : 6c
comment il a fait par-là de ia faculté de
parler le grand inftrument univerfel , &
le lien commun de la fociété.

i8. Utiliti de Vctymoiogie dans ht phyr


fique.

, Ce n'eft pas feulement à la partie în-

telleâùelle de la philofophie que Tart


en queftion \peut devenir utile. Il Teft

encore à fa partie matérielle dans les


fetences phyfiques lorfquçles nomencla-
tures font bien faite^. L'étymologie en
inflruifant du vfai fens 6c de la jufte

fignification des mots , apprend à con-*


noître les propriétés des chbfes , dont
le nom , $*il eft bien impofé \ doit être
un compcndium déjà définition , & com-
me une courte cîefcription de la chofe
nommée. la connôiffance de
Aînfi,«•. la

force des noms donnés aux chofes na-


turellcs^ft déjà d'un grand avancement
pour les connoifTances phyfiques. Les
pjiyfîcitns 6c en pacticuHer les botanifies
.

•'

|£?w«&^5pte%, ^fi^^.
«

64 M É'C n AN I S M E
ont été plus exaft/ dans les dénomî-
nations que^nuk autres artiftes ; s'ëtant

f attachés à drefFer leur nomenclature fur


les qualités de chaque plante les plus

jpropres à la diftinguer. Par exemple, le


nom ortie c'eft-à-dirç brûlante annonce
d*abord le fuç Cauftiquer^ contenu dans
* les pointes dont cette plante eft couverte.
Urtica dérivé <lWo vient du Çhaldéen ur
"^
ignh ^ que les Grecs articulent avec un
mouvement labial en difant en leur lan-
gue T\»f. Il eft vrai que l'opération des
nomenclateufs devient plus aifée à pra-
^
tiquer ,
quand il ne s'agit que de former
'
logiquement ,
par cbfervation & par
ëtude un nouveau langage techniqye que
»' le vulgaire n'a pas encore gâté : & c'eft

ce ^ rend le langage des arts ignorés


plus jufte dans (ts expreflions
du peuple ,

*
& plus facile à compofer.

i^.LUtymologU fin à faire connaître Us


. variétés de conformation anatomiquc
dans r organe vocal félon Us differens
climats.

Ajcûtpns qu'onpeut indireâement tirer


DU Lan gag e. 6ç
de l'art étymologique quelques connoif-
lances de la ftrufture intérieure d'une
partie du corps humain ; 5>c qu'il n'eft

pas fans quelque ufage pour Thiftoire


phyfique de la conformation de rhominet
On pbferve que chaque peuple procède
à la fabrique de fon langage propre avec
une certaine méchanique qui lui eft par-
ticulière ; & qu'on p6urroit comparer à ce
que Içs peintres appellent manierc^ laqiklle
fait reconnoître la main ou l'école Mo
Tartifte. Uobfervation montrant de quel!

niaî^iiere un peuple a coutume d'altérer les


/
mots qu'il tire^ d'une .nation voifme, elle
fera connoître l'aptitude que la natui>e a
donnée à l'homme , félon la diverfité
des climats où elle l'a feiit naître , à fe
fervir facilement de teb ou tels des organes
de la parole. Car c'eft de-là que* dépen-
dent les acceas <ïui caraftérifent unenation.
Chaque peuple a fon alphabet qui n'çft

pas celui d'un autte ^ & dans lequel


plufieurs lettres font impoffibles à pro-
noncer pouT tout autre. (Voyez n^ ij.)
Le climat I Tair ^ les lieux ^ les eaux,
66 M É c ït A N r s M E
le genre de vie &; de nourriture pro-
duifènt des variétës> dans la fine ftrufture
de Torganifation. Ces caufes donnent plus
de force à certaines parties du corpç ou
en afFoibliflTent d'autres. Ces variët^s qui
échapperoient à l'anatomie peuvent être
fecilémçnt remarquées dans les organes
fervans à la parole , en obfervant quels
font ceux dont chaque peuple fait le plu5^

«fufàge dans les mots de fa langue , &


rfe quefle manière il les emploie. On
erra pa^-là que THottentot a le fond de
h gorge & TAnglois l'extrémîtë des
fevres doues d'une très-grande aftivité.
On verra que dans Tëmigration des mots
rfun langage k un autre , d'une contrée à
une autre , à mefiire qu^ib s*aVancent vers
Ife nord . l'homme les charge de fifflement
fabial & nafal } comme au contraire â
mcftirç quils s^vancent vers le midi , il

fes recule au fond du canal vocal , en les

chargeant d'afpiraèions gutturales; (Voyez


n^ f I.) d'où il fuit qu'en général vers
lè fcptcntrion le bout extérieur de Hnf-
munent focal eft plus agile , 6c ft met
w .

--
t
t

ia'i'vû>

J;
B Ù L A N O A G Ë.
's:*^
'^A.V^

plus aifément en'jeu ; & que vers les centrées


méridionales c'eft au contraire rextrémité
intérieure du canal que la nature ^ formé
plus facile à mouvoir : difpofition géné-
rale qui ne peut naître que de rinfluence
qu'a le climat fur Torganifation humaine.
Ces petites remarques iiir tes variétés de
la ftrufture humaine peuvent quelquefois
conduire à de plus importantes. En une
irrariérè auffi difficile à corinoître que l'ei^
la cônfiguratiOii de notre propre çorps^, 6c
Cm
où lei:^ moindres détails ont tant dlntérét
pour nous , on ne doit pas négliger d^y
applique!' les obfervations & les méthode*
-des arts étrangers : for-tout à des pointy

où les opérations propres à Tart même,


/broient probablement infoffifantes*

10. Elle indique U caraBcrc d!amt des


peuplés.

Cette habitude d'un peuple d'employer


certains fons par préférence , ou de fléchir
certains organes plutôt qwe d'autres , itant
donc un bon indice du climat , il Tcft tn
m(mt teniê cbcasaAer^dt la* nation ^ <ptt'
M -

61 M É C H A N I SM E
d'ctre a
^ % en beaucoup de chofes eftsdétermSrtë par
plus bell
le^climat ; comme te gënie de lajangue
La lai
Teft par le'caraétere de la nation.^
.ayant d(
.( Ùufage habituel des lettres rudes dé-
n'ayant (

figne un peuple fauvage &c non policé.


conilitut
Les lettres liquides font dans la nation
le génie
qui les emplçie fréquemrfient une marque
de moUeffe & de delicâteffe tant dans
ôeft-à-c
mâles ^ 1
lés otgahes que dans le gotit.. Citons pour
moins q
exemple d'une part les languesdu nord ;
& d'autre^ part la langue italienne , &'
'
que la n
dent qu
fiir-tout la chifioifè. On peut tire:* un
légères*/
fort bon indice du caràâere mol de la
que not
nation Chinoife , aflez connu d'ailleurs V
blable ^à
de ce'^qu'élle i*'a aucun ufage de Farticu-
quoique
lation rude R. La langue italienne qui
l'ordre
ii*eft qu'un latin corrompu a perdu fa
i

amollie en vieilliffant ,. en peuple r


fori:e , s'eft
femblan
même proportion que le peuple qui la

parle a perdu de la vigueur des anciens


commur
à leur a
Romains. Mais comnie elle étpit plus

près de fa fcufcé qu'elle a mpins con- que je


,

traâé de barbarie moUeflè reflèmbl


,
que fa efl
certaine!
^ >, tombée fur une langue fort mâle , dont le
tent 1%
caraâere févere avoit peut-être befoin
'
t
-'..
bV Lan"',.
,
g a g
.
'^
ë. .

'
"
6^
'.
,
"
jk-

cVctre adouci , elle eft encore reftée la


plus belle entre les dialééles de l'Europe.
La langue latine eft franche & ieche
'

.ayant des voyelles pures &c nettfes , 6c .

n'ayant que peu de diphtongues. Si cette


conftitution de la^langue latine en rend
le génie fembîable à celui des Romains^ ^ i

©eft-à-dire propra.aux choijbs fermes 6c


mâles , elle Veft dun autre côté beaucoup
moins que la grecque , 6c même moins
'que la nôtre , aux chofes qui ne demsÉ-
dent que de l'agrément 6c des grâces
legereSé/Auffi notre langue eft-elle > ainfi
que notre nation , beaucoup plus fem-
blable à la grecque .qu'à la romaine ;
quoique plus éloignée de celle-là dans
l'ordre de la filiation. Mais le génie du .

peuple l'a emporté 6c a déterminé la ref» -

femblance ; outre que 1^ exemples font


communs de gens qui refiemblent plus ^
à leur aïeul qu'à leur père. On fent affet^ /

que je n'entends parler ici que d'une


reflèmblance dans l'idiotifine .& dan^
certaines tournures de phrafes qUt.déno^
t€nt 1« ^auÀere d'une nation i non 4^

\
fO M É C M A N 1*5 M E :>.

cheî félon l'opi]


la reffemblance dans les terines qui

mots de fur toutes


îieus eft plus grande avec, les
la clarté
la langue latine dont les nôtres font ;

immédiatement fortis. niérites\qu

La langue /^grecque /53ïi ple'me de La réun


diphtongues qiii en rendent la pronon- feul , ou.

ciation plus allongée plus ibnore plws compofés;


, ,

gazouiUée : c'eft ce qui rend fà poéfk beaucoup d

plus belle , plus harmonieurc encore que une hume


ia poéûe latim^. i^ langue greccpie a idées; tek

(or «Ue-même un certtdn ramage facile (5n rem

JL «écoiinoître en li&nt à haute voix lés mots y ion


wct^ d'Hômere» La langue /rançotfe portion ^gJ

pleine^e diphtongues &: de kttr^ mouil* comme la

lées«proche davantage en cietle partie Lliabitu

MlsL prononciation du grec quedec^Ue dis en voix'it

Ibltin. Que fi k poéfieFrançoife dl, itudgré tfun orgam

xiela 9 fort aa-^éflbus de celle ^ Latins > ferrties

venant
poi

5WCi ne ^ent <jue du peu de profodic d?i

jdej notre langue, de la numotofiie de affeôée ou


toujours équivaten^ aux an- force dans
fUis pied^
^ats fpond4it , &c du tetOMf fàt^;uant CunipidogL

4e nos rimes plalies 5. infuppcHliibte à l'o- pour Dcmr


ci foieait tii
jetlfe dans un poëkie de kmgue haleine

m xm boxametres/ Qumt à ootr^.proSis encoreju^


. r f^

.t
V La 9 G A e E. 71
". . *
fel,qn Topinion commune ^elle femporte
4
fur toutes celles des ai^ti^s nation^ par
la clarté : & c'eft un dés principaux:

mérites\que puiffe avoir un Jaiigage. :

La réunion de pUîfieurs mots en un


feul , ou Fuiage fréquent des adjçftîi&
compofés; , marque dans une nation
beaucoup d'e/prit , une ?ippréhenfion v i/Vej
une humeur impatiente , & de fortes
idées; tek font les Grecs &: les .Anglois«
On temargue 4aiis refpagnol que les
'«*

mots y font longs , mais d'une belle pro-


portion ,,gra:v:e&yibiiores & emphatiques ^
comme la nation qui les émploje. /
Lliabitude de changer la vpîx franche
fen yoix itaiale , Jatténuer Farticulatipn
d'un organe , de tran^fer ks inflexions
ferrties pour les rendre plus fou^lçs», pn
venant d^ime pronoitciation vicieufè.:^
^-^ m
affeôée ou molle ., eft un fign^ de pen de'
\...

force dans la nation qui en ufe. E5temple ,

CiUiipidcgUo pour Capitalium ; Dnsnto


pour DtnwQi Quoique œ^ deux exemples*
V.
ci foiciit tirés de Titalien , qu!on fe garde \
TOcore,iU)çi;^iç,j> de.aoiw fpiei« vçuill^

-)
^^
, ,

t 71 M É c H À K is lif t
înfînuer par-là ',
qui; 4a langue italienne rontemp(
eftiîhe langue foible ou médiocre' Vi . indices d

elle abonde en diminutifs &c en paroles, Les Fran<

molles y fi elle fe prête aifément aux appellent

petits jeux de mots §c d'imagination fion qui,

aux pointe^ puériles & recherchées ([u'on leur con^

appelle çial-à-propos du beau nom de '


eft propn
conccûi , c'eft qu'elle eft fouple , infi- dans auci

» )
nuante , fpirituelle , & exagérée comme femmes
%t

la nation qui la parle. Mais ces foibleffes joli n'eft

n'empêchent pas que d'un autre côté elle s'entendei

ne fbit &nore , vooate plui qu'aucune qu'ils ne


•autre ,
'
vjye 6t pathétique au dernier précife de
point , dans les fiijets grandi 6c fublimes. munes , ,

Pour fc convaincre qu'elle eft. propre à femme ; c'

tous les ftykî? pc à tôt* les fiijets y il n'; qu'on ne


1 .1

#
.

a qu'à lire rArfofte. [évidente,


1 I

ni de la
particulier
c qiUpdrhsiiiotifrii^sà^
de chaque lanffu*
exaftemen
D n'eft pas inutile non plus d'obferver n'ont poi
r les idiotifines tant de confttuftibft que dérivés d*
\~
di'cxpreflion particulière^ îààiifiA^ confinés* (

t-rplûpart lïaïffans de fes ihOeiîrt-ovi d^ rendu pro


A'
Tome

j
M «wv

.*

D é t ANvG A à Ë. 71?

Ton tempérament peuvent être d'auezbons


indices de fa façon générale de penfer»
Les François fe plaifent fur-tout à ce qu'ils
'appellent avoir de VefprU. Cette expreA
fion qui, caraftérife le ton habituel de
leur converf^tion 6c de leurs livres ,

eft propre à leur langue & ne fe trouve


dans aucune^autre. Ils aiment leà JoUôs t^

femmes , plus que les belles : & ce mot 'i


joli n*eft pas ailleu^ que chez eux. lU'
s'entendent eux-mêmé beaucoup moinp
qu'ils ne le croient fur la fignificatioit

précife de ces Êiçons de parler fi com-


munes , un homme Se/prU , me joUc
femme ; c*eft une chofe qu'on fent mieux
qu'on ne la définit ; &c pour marque
l^idente, très-fouvent ils ne font d'accord
ni de la définition , ni Me l'application
particulière. Les mots anglois , humour ,
fplcn , 8ic. ne <è peuvent traduire
exaftement. Les termes de cette efpece
n'unt point d'équivalens ni môme de
dérivés dans d'autres langues : ils relient
confinés chez la nation qui fe les eft

rendu propres par fon caraftere d'ame.


Tome L D
'-^
ov

X
/• 74 Mie H AK I9ME
&/

22^ ^Arrangement des termes propres i ( Cours


>

chaque langue indique quel genre de ouvrage


critique
conjidirhtion prévaut dans Vefprit de

chaqiie^eupU. Quel ejl C arrangement le défau


,' qu*on doit nommer orArt^ ou inverfion ? tinguer

Faut-il pour ptui de clarté du difcours nous a f

U tirer dfjt^,, riatifn des perceptions. ^ naturel


q
ou de ia ncaure des afftSions.
eft dans 1

^, latine cd
Nous vantons par exempli^ la clîqté de ./nets étai

Teipiit de notre n&tioh indiquée par Tex- pour les c

tiéme cl^é de notre langue qui procède dans, le <

toujoun^ comme les chofiKfcprpicedent elles- des objet


tnêmedanslanaLture, & ne iè permet points mune de^
\ l'exemple de beaucoup d'autres , d'^en fucceffioU
intervertir Tordrt. Notre phrafe préfente pidité de
4*abord l'adeur qui agk ( le nominatif) cœur, I^

puis fon aftion*(le y^f*^ j'piik fe^^^^^ tableau


niere d'agir {Xadverh^\ ^vîmÀb fujct préférant
fur lequel il agit ( ^àccufatif^i; puis la plus natu
qualité de ce lùjet (r^^icfc/)^ &c. i^s crain
Nous fommes fortement perfùadës que ft'^ termi
V.
c'eft la manière la plus midH^Ilè) de prd" diftinftiot
céder. Cependant ceiùL4ui auront lu le nominatif
Jr^té de l'Inveriioti àa lA. \fi
\^dtxs^ On pe
V

p V La no a 6 E. ff
( Gdurs des Belles - Lettres , tome II,
)
ouvrage rempli d'une métaphyfiqûe trè^-
critique & très-fine-, verront que c'eft
le défaut de termînaifohs propres à dis-
tinguer 1^ nominatif de Taccufatif qui
nous a forcé à piendte cet ordre moins
natùrelqu'on ne le croit: quei^verfion V'
"

eft dans notre langue , non dans la langue


latine comme on fe le figuré : que les
mots étant plus pour ITiommc que
fiiits

poiir les chc^, fôrdre eflcntiefà iùivrc; ::yr::r'^

dans le difcomi i^ dé ridée


des objets n'eft pas jtaintk marche €<wn^
mune des chofes dans la, nature qmi^
,
focc:effio4 véritable des penfëc^ ^ la ra-
pidité des fentimens ou de fintérêt dii
cœur , la fidiyité de rimage dans le
tableau de l!aôïon
'

que
: le latin en
préférant ces points caf^itaux procède
plus naturellemeot que le françois , &c
fans crainte de Tamphibologio , parce que
fes terminaifons annoncent d'avance la
diftinaion de Tagent fja fujet , du &
noininatjf & xfe J^çi^uû(if , 6cç.
. On peut cctf^ûilter b-deffus le livre
,,

76 . :„ ..MÉÇ.'ïf'A:|î:rSMÊ
de M. Ptùche de la inaniere d'étudlef
les langues. Il y raportè cet exemple ,
Le 1

Golïàihum froct'^ Le jeune David (2)


ntAiH înujltatdt vi^ renverfa (4) d*un coup
rum {i) David ado* de fronde au milieu du
tifans {%)imp^Bo in front (3) Goliath hom-
tjusfrontem lapide{ 3 ) me d'une taille prodî-
r proftravi; {4): & al" eiedc(i)&tua(7)cct
iqphylum ckm inermis etriflp,er avec Ton pro-
puer effet {^)eidetraC' pre (abre qu'il lui ar-
to Éladlo (6) t cofi" racha {6): car David
ffcsi (7). étoit un -enfant dcfai-;

»> Dans la marche que l'on èît prendre

>» à la phrafe françoife , on renverfe entié-


» rement l'ordre des chofes q^'on y rap-

H porte ; &
pour avoir égard au génie
M OU plutôt à la pauvreté de nos
langiie5

/
» vdgaires , on met en pièce le tableau
Dans le fran<;dis le jeune
»» de la nature. ,

renverfe avant tpf«m fâche


qu'il
»> homme
grand
^ y an que\qu'un à renyerftr : le
en-
» Goliath eft déjà par terre , qu'il n'a
aucune mention ni dç
la
M core été feit

H frondfc , ni de « feit le
Êi pierre qui
queTfoanget
», coup : 6c çc n'eft qu'^rès
# 4

t) U L A N G AU n: 77
H a la tête coupée ,
que le jeune homme
» trouve une épëe au lieu de fronde pour
/
» l'achevet . Ceci nous conduit à une
p> vérité fort remarquable ,
qife c'eft fe

» fe tromper de croire , comme on fait ^

>f qu'il y ait inverfion ou renverfemcnt


ff daus la phraie des anciens tandis que
n c'eft très-réellement dans Votre langue
» moderne qu'eft ce défordre. Le latin

» préfente . dans fa fimplicité tjiftorique

» un vrai tableau du fair; & fi vous


y
H confidércz Tadreffc avec laquelle la lan-

^> gue latine difpofe fes termes , vous y


» trouverez plus que Tart des peintres
w même ne peut fournir. Ceux-ci n'ont
^ qu'un inftant à vous livrer : au lieu que
»» vous avez ici la continuité de Taélion ^

> & le progrès des clrconftances qui fe

M fuccedent. Vous: voyez d'abord (rSc 2)


» félon l'ordre de la nature les deux
» champions en préfence , &: la difpro-
V portion de l'un à l'autre : puis on les

n met aux prifes. (3) La pierre partie de


» la fronde du jeune homme , brife fe

p front du géant : il tombe (4). Le jeune


Diij
78 MtC H AN I s M E
M Hébreu fe trouvant fans armes (5) lui

» enlevé fon ëpëe (6) &


l'achevé (7).

> Ici Tordre grammatical du latin fe rend


n efclave de la nature ; & quoiqu'il

» confèi: ve fes droits en donnant \ cha-


» que terme l'inflexion ôc la terminaifon

>» qui en caraftërife l'ejuploi , cependant


J
H la (uitcTdes chofes fignîfiées n*eft point
n dérangée par Tordre du latin au con- :

w traire la marche de la phrafe eft pré-

^ cifément comme celle de Taftion.


Je ne voudrois pas néanmc^ins conclure
de ceci que ks Romains avoient plus de
clarté que nous dans Tefprlt , mais feu-

lement qu'ils y avoient plus de vivacité y

qii'ils ne regardoient pas Its objets du,

même biais , ni d»is le même ordre que


flous les regardons , 6c que concevant
plus vivement les chçkès , ils foivoicne

4ans leurs exprtffioi^ Tordre des fenti-

mens préférablemsilt à celui des chofes.

Durum ftà Uvius . Tout ce cpii eft fans

Jff fotUnuâ quiitivxd féme^e èft crud , mais


^rrig€f< efi nefas» la; patience Tadoocit.

Les idées font rangées dans le latin


î>u LA K d À G t. 79
(êlbn rotdre qui a frappé refprlt. La
plus vive eft la premicre , duruni : celle

qui aflfeâe le plus ptomptement enfuite

cft Tadou iffémenf cherché à Paffliftion >

Uvius : puis le moyen d'obtenir cet adou-


ciflTeinent , paiiêntia. Ce n*eft qu'après
/'

que Tefprit a marqué àinfi lei principaux

objets dont il eft frappé qu'il ajoute les


autres mots qui ont fait naître fcs af-

feftions. Le françois fuit l'ordre de l'in-


telligence ; mais lé latin fuit Tordre du
fentiment 6t'd«i mouvement du cœur : en
quoi il eil plu^ vif & plus noble. Dé même.
La mort eA-elle donc
ofi fi grand mal ?

Le fran^is pille d'abdrd dis Tobjet


tonfidértf qui sft i^ mpte, ^ mais le Romain
/ënt &, 5*écne iUfqitâ adioru ? Danct
de qui j'cmpfunfis ces o^mples &c ces
reflexions (Pré&c. du Dift. fr.) ajoute

ingénieuficnieiit : 4< Le latin eft un langage


>t de gen rpàffioonés ^ :<|m ic prefTent

^ d'eacptinier pe qi^ils ièotent davantage.


DLe fraoçdir e& ua laoga^t .de pbik>«
Div
,

^^

^ „

80 .Mi C BAK ï s M 1 ^ ,

v^ fophes tranquilles ,
qui tend à faire

» connoître les chofe^^elles qu'elles font


» en eflfet , &c dans un ordre tout-à-fait
'
y^ naturel.

^ Je n'en dirai pas davantage fur une


V matière fort curieufe qui appartient aux
tropes &c à Ia*fyntaxe des langues, plus
encore qu'aux mots {impies dont je m'oc-
cupe. « Mais les mots même ^ félon la

remarque.de M. Falcone;, ^ ne méritent


jtpas moins ici ^e coilTidiération par-

» ticoliere. La formation àtt^ m<^ ne


>» icauroit être approfondie, fi Ton n'en

n examine les relations avec le caraftere


» d*efprit des peuples &. la dîfjpipntiôn
v^ primifive de Icur$ orga^iéi ; en un mot

H Ton étudié 'l'homme 4^ tous les


fi

>$écle£ 6c de liHu ie^ cltàiats ^ polir aûnfi


>diii^ en %nvf(ageant cle couples côtés
^ c'eft-là peut-être un des olqets les plus

H dignes de Tefprijt phitoiophiquiç^ Quelle


H vafte carrière dVôUetirs ler rechercnes
â^de l'origine' des mots tfqwvtent^ellei
t^pasi U Vraie critique qu^on doit ret

garder comme l^^rcice dç ce même


DU Lan A G b; 8i
h efprlt. » ( Mérii. de TAcad. des B, L.
tom. XX).
ll^EUe indr^ut auffi ttur poliu pluÈ ou
moins ancienne: leurs 'inventions ^ ^

' leurs connoiffances^


• *

On peut juger de là police ancienne


».

ou récente d'un peuple,. de l'ancienneté


ou de la nouveauté de fa langue par ,
la quantité plus
ou moins grande des mots ,
par la variété plus ou moins
nuancée des
conftniélions. L'abondance des mots , b
richeffe dVxpreffipns nettes & précifes
fuppofenf dans la nation un efprit qui
s'exerce depuis long^-tems un
, |fr»id
progrès de CQnnoiflances d'idée».
&c
(Buflfbn, Hift. n^ tom. I, Difc. i.) De
m^me pour connaître à quel peuple uii
art doit fon inventiojn Ôc {t^^ développe*-
ïîiens , ou du moini pour remonter à
ce lUjet autant qu'il eft poflible , la meit-
léure méthode eft d'examiner en quelle
langue fe trouvent les plus anciens termes
de cet art. Nous voyons par-là de
corn.
J^iOn de chofcs les Grecs avoient des
Dv
ff

1
ê
tl ^MÉCBANISM I
jdëes précifes ,
qu'ils ne pouvoient avoir
acquifes que gar une étude de ces mêmes
objets , par une langue fiiitc d*obfervat iom
êc de remarques, v^ Ils ont même ^ dit

rauteur que )'ai cité , n des noms pour >

1^ les vaariétés ,^ &: ce que nous ne peu-


#ft vons leprëienter que par vme. phraf^r

n ie nomme en teut langue par un feul

f» iiibftahtif. h It^remarque ailleurs que la

.iMilleùre preihfe que b bouflble , par

ccemple , eft une invention moderne dik


Italiens , 6c que les Arabes n*en Of|t irvas ,.

comme le rapporté Bergeron » ancien-


nement connu Tiiiâge , eft i(i/il n'y a

dans Tarâbé aucun mot reUitif à cette

connoifiance ; les Ar^ibes qui Te fervent

de la bouflble fe fervant auffi du mot


italien qui la nomme.
. Il eft certain que le langage d'un pe\>-

pk contient , s^ m'eft permis /de m'ex«»


primer de la forte y les véritaUes dimen-
fions de fon eiprit«^Il eft la mefitre de

f étendue de âi logiqœ i( de &s connoif-


(ânces. Lafcarif diibit de b langue grecque
qu'dle eft aux fticnces éc aux afin ce que
,,

.t. ,

-^

Il luniiert efi aux Coukitfs : qM^elle paroic

avoir été formée moins par 1^^ befoin &c


par la convehtion que par knatui même.
\]n écrivain vpjùàtxne , qui po(re<le le
talent d'approfondir Wobiets qu'il traite

enchérit «ncore for cet éloge^ Sdon lui^

la langue grecque fot tncontcftabiement


louvragedes liommes les plus ièniible^ &c
les plus heuitdèiient otganiii&Sf 0n diroit
qiie la natmt s^étoMt qffifittt à.eux par Tes
côtés les plus frapaiif &>lei jplMfiicbes; qu'a-

vant quf d'avoir lien iiommé ils avoient


parcouru ISmivcrfàlité des choies , &: en
avoient âûft 1^ rapports*^^ les différences t

renchalnetilentr^ en uatnot tottes les pro^


priétéf t tant/ cette langi^ eft Timage
fidelle de t'aôion 4es objets for les fens (I
»

&c de Psârofi de Tame for elle mètnt^


Des mots qui par le m^lattge heureux des
élémens qui les compofont, htmtnt , ou
plutôt deviennent des tableaux ; qui s*é«*
r\
tendent^ fe nuancent 6c fo ca«»t/ient»

confonnément à la nature des fonfatioiu


ou des idéti , ddnt ils font qpn^feulement
IVnftntfoeiié ^ mais la plus vive ima|;e ;,

D vj
J
,

y-aiw

S^
î M^ r
qui ipar leur aptitude à? $Wr & à iue iquiin'efl

foÀncr ^u'un corps aVec une infinité d?au- donné à

trH mots ^ obtiennent le <doul4t avantage d'une jn

d)e rài|^pîo<^er &c de muhipli«! i^s idées y objet pi

& Je devenir en mértit tems ^


ptiis ma- à l'autre

jeiKieil^i Ik' plW ibnôres^ qui pawla traïif- fait la m;

poiitioti à laquelle ils fe prêtent ^ taiitôt venons


procèdent •comme '
la raiibn tianquille
«
langue \
«fc ,

tanièt s'éhiioètft^ fe traubknt.>.ië ^or- d'abond;

donnent; C6tomeJlc5L|iaâîons^ Dtrfyftêmes dans la

entiers wviikttHî^ààniaw - ûtin i des compof^


combinttif6ns>'' ^variée» j à Pinfim -d'où lorfqu'iL
fi

mais relatifs
jëfulte une harmmiie^richanteréffe ,

(lesacc^is) qu'il lui


dont fa partie la phirlcnfible

a pét'u Ufwf marchei ploiiTiî; j^ jittoï^ i


les déno
Arnauisl fourni ëtri^^* ) fingulien
ntont y &éi. >(
La fôurcé de tant deloiiahg)9s{ t}onn$ie$ à auroit ej

plus fimi
la langfud grecque, la ph» bcUlè en ^ffét

de celles que les hommes ont )ai«aiES parle, mations

du moirts de notre connoiflatice, A^ent de quelquef

ce qu'elle eft plus facile à jrcconnoître nées , l

peut Pouroagri de la nature > de c^ qu'elle ment éç


les elle a tr<
a mieux rëuflx 'qu-vme autre à peiddire
objets extérieurs'^ en fe tenant îHt^chée nation q

V de plus près* au fyftéme de U .pâture «i


ti s*ent^
:;-. X.'.

/^

iqui in'eft autre que ee penchant qu'elle a


donné à rhomme de combiner la forme.,
d'une inÇexion vocale avec la forme d^un \

objet phy&que , pour les aflkniler Tune


à iWre : fyftéme dont le développement
fait la matière du Traité que j écris. Con-
venons cependant de bonne foi que la

langue grecqur>s. à force de culture* &


d'abondance * devenue bien moins fage
eft

dans la fabrique de l'énorme quantité de


compofés & . de dérîyés qu'elle poflede,
lorfqu'ils ont à exprimer des noms d*êtres

relatifs , abftraits , métaphyfi^s , &c :

qu'il lui eft fpuvent arrivé d^èi>) former


les dénominateurs fiir desconfidérations
fmgulieres 6c peu apparentes : qu'elle

auroit en, les formant pu faire un choix


plusfimple §cplu$i heureux des appro»-,
mations ou des comparaifons : qu'elle a
quelquefois pris des routes trop détour-
nées , & pouffé des branches bi;jarre-
. V

ment écartée^ du tronc : quen un mot


elle a trop obéi au génie vif & fin d'i'ne

nation qui s'exprimoit avec promptitude


Êc s'çntmdoit à dçmi-mot ,
par la èiçi:j
firë <iu*eile avoit à faifik* lel objets , lots &Iaftgtie^t

même qu'ik n'étoient préfentés que fous tion-feule|i

les plus petites 6ce§. Mais ce n*eft pas dérivationj

ici le lieu Centrer dans les dlfcuffions qiie laiyntaxe^

demanderoit une pareille^ tfièfe. que les mo


parvient à
#4. UiiUié de ft^mologU dans rhiftoiu
poflîble,r
y ancUi^im & dans la mythologie. langes , le

Venons à Phiftoîré 'ancienne. Il feu- fances , la

droit .n*en avoir qu'une bien médiocre fource de


teinture pour ignoret tous les feCour&que dogmes p :

V
lui fournit ta matière étymologique com- : étymologiq
bien elle fert à débrouiller le chaos de folides &c r
\
à des événemens
.

la mythologie ; à ^réduire pas emport


fort (impies le faux merveilleux dont fe que Ton
pare fantiquité ; à reconnoître la ilature vouloir , (

&b fituation dés climati , les noms des fouvent , to

Villes & des nations , leurs moeurs, leu.:^ que l'on ^

ufeges, leurs rits religieux. Rien &Mout d'autres ore

ne contribue davantage à ftous mettre l'excellent i

au feit des émigrations des peuples § de !


^ Avec une
leurs navigations Çc des colonies qu'ils langues oric
,

ont portées en des cliniats éloignés. H de Tétymolc

n'y a point de meilleure manier^ de fuivre homme n*a

oir|>eui)le que de le fuivre à la trace dc^ Thiftoire an<


,

I
X
/ X r

& laiîgtM^En ceci il eftàpropc$ d*obfcrver^ '«N*

tion-feirienient les. termes primitifs & leuit


dérivations , mais ^i les idiotifmes ÔC
.
la lyntaxe , non moins effentick & Aéciftà )
^
que les mots fimples. Ceft par-là que Pom
parvient à connoîtr#| le mieux qu'il eft
poflîble l'origine des peuples, leurs
, mé-
langes le progrès de
, leurs connoif-
fànoes , la varjation de leurs ufages , la
fource de leurs coutumes & de leui^ ^
dogmes : poun^a toutefois que les preuves
étymologiques que Ton ^portc fôient
folides & réitérées; que l'on ne fe laîfle
pas emporter à l'efprit de fyftéme ; ÔC
que l'on ne prenne pas à tâche de
vouloir , comme il n'arrive que trop
fouvent , tout ramener k un feul principe
que l'on ^'eft 6it ne
II fout donner
d'autres^reuves de cette propofition que f
rexcellent ouvrage du célèbre Bochart.
Avec une profonde connoiflànce des
langues orientales & par le feul fecours
de Tétymologie. quelle bimiere ce
fçavant
homme n'a-t-il pas jette fiir ce que
rhiftoire ancienne a de plus» ôbicur ? &
A
,

\
a
« s

c*i H MIê CH AN! S MÈ


dérivés
malgré le petit reproche qu'on peut lui
Phénici
faire d'avoir trop embraffë de chofes dans
Perfiqu<
'
Yon fyftême , y a-t-il un autre livre fur
tirer autant
^ ou ua
cette matière dont on puiffe
don'^ée
tfutilitë^
fonifiés
25, lifctmpU.
\^ «..A
n'entén*
Àraidè des explications que Bochart &
C\ font de
les autfes perfonnes verfées dans les ancien- culicres
nes langues^'orient nous ont données des ces adj(
termes de cfes langues , il ne feroit peut- par flat

être pas difficile de mpntrer^ fi c'étoit ici^


convenî
\ le lieu de le faire ^
que tous les noms des
rois d'
anciennes divinités^ n'exprinientqu une & enfi]

feule même idée relative au loleil &


& entendu
aux aftres^ pu aux épithétes qu'on leur altéré^
donnolt : Que dans les premiers teni!» il
portés p
n'y a eu chez tous les peuples d'orient ignorant
fi on en exceptfî
* V
les
<
Hébreux , d'autre
mots de
ri

religion que ht Sabcïfmc^ ni d'autre^


le fon ^
divinité que le foleil , objet naturel àa fur les !

Culte dé tous les peuples qui ne font ni


tances f
tout-à-fait groffiers , tii aflez philofophes:
puériles,
« Que prefque" tous ces noms de divinités
erpçce..:

fiiyjçufes Grecques & Romaines font

-y
,

dérivés de ' cerjîras mots Egyptiens y

PhéniciiertrT^haldéens , Aflyriens , ou
Perfiques^ qui tous fignifient le foUil ,

ou ua adj^dif exprimant une épithéte


don'^ée au foleil : Que ces adjeAife per-*
fonifiés d«ui5 la fuite par |fes peuples qui
n'enténdoîent pas les langues orientales
^t
font devenus autant de divinités parti-
culicres , d'où eft né le Polythcifrnt : Que
CCS adjeftife donnés pour épith^tes^, ibit

par flatterie , foit par honneur , foit par


convenance de figniâcatiôn , aux anciens
rois 3*orient ont introduit VidoUurie :

&: enfin que ces mêmes adjedi^ mal


entendus , pris dans un fens équivoque
altéré^ dans la prononciation, ou rap«
portés pai les Grecs (peuple menteur fie

ignorant en hiftoire étrangère) ^ certains


mots (le leur langue afièz femblable poof
le Ton ^ leur ont donné lieu de débiter
fur les h^ftoires anciennes mille circons-
tances ^auiles &c fidipules ; n;ûlle contes
puériles , méta^norphofes^ 6ç &bles de toute
efpece : ce quj a donné nailTancf à I4
ipytkploi^ , c'^fli-à-dire à la chôfc di|
^ MÉ C H À HI S ME
monde la plus abfurâe &c la plus dénuée fi bien (i
de liaifon , fi Ton n'y porte le flambeau de BvocJtous
J'étymologie. ^ (l'une raci

fortunatus
z6* Nic^pU Jtentrer dans Pcxamen dis
des équiva
termes appeltatifs & des noms propns
gué les noi
dont Caltération a itiunf foum
d'une vill<
continuelle d'erreurs dans Vhijloin
(ignific po
ancienne^
pellent R
On ne i^urok croire combien Taverfion iitvQpxi^ lï

pour les (bns barbares &c la grande fen- culieres ; <

iîbilhé pour Peuphome ont introduit tribué à u


d^errcurs dans l'hiftoireV par la mauvaifc erroné y ei

habitude d'eftropier les noms propres héfiter, k


étrangers , à qui récfiTain veut donner ime de tous I

tbnmnre & une temmuiiibn cenfoiW' s'empêche


^jment à (on kfiome iiationâL Lai langue fonnages {

grecque afÉbftiMtini^oiitceèé^âScateiïe^ un air nati

|On voit ^iflterodote ^ctàié^ qudque- queuntdl


feis d'êtreobGgé de rapporter des noim en eflSet l
qui rendent un ion étranger : il 7 a même flateufe p
âé( cas d6 U amié mieux l^ omêttic fi vaiho 1

ioat4h&!t. Les écrivsto^Grecs aherent patriotiân

'les noms barii^ares; 3rld' plient ï U opiiiioas i

bnt pour
I
^ DU L AK O A fit. 51
fi bien (par exemple eutychios , pour •o

EvocJtous) qu'ils fembleiù alors dérivés


d'une racine grecque { eu-^yckius .^ btnt
fortunatus: ) ou bien , ils rendent par
des équivalons ou tràduifent nen leur lin-

giié les noms des lieux. Parce quç le nom


d'une ville d'Egypte Bahcl ^ Babylon\
fignific pont ou vilU du fpUil , ils rap-
pellent Hcliopolis. Cette habitude eft
devennc la fource de mille-^rfçur^ parti-»-

culiercs ; & n'a pas médiocrement con-


tribué à un préjugé général encore plu$
erroné ^ en vertu duquel les Grecs , uns
héfiter , fàifoient Jionnciir à leur nation
de tous les faits étrangers. Comment
s'empêcher de crowe que tant de per-
fonnages célèbres dont les nomç avoient
un air nattoâal^ i^>ptftenotent à ta nation ;

que unt de villes êcde peuplés lui dévoient


en effet leur origine ? Quelle idée phis
flateuTe peur tmé nadoa namrellemeitt
fi vaine 1 Efie avok d'aiUeurl un air de
patriotiâne i (Miehailis^dc ^influence des
»*

opintons tôt le bm^agis.) Il n^eti fàUoitpds

tim pour rétablir conunè ptifà^é po>*


i^

|1 M É C H A» î S M E
pulaire généralement reçu. Les Grecs J
comme on Ta déjà remarqué ailleurs,

* '
\
( Mémoires de, l'Académie des Belles

Lettres , Li v. XXV
, page 68 )
ont par-là

tellement brouillé les temps , les'^rfon-


nes , & les feitsi jCfu'ils ont rendu Thif-

toire ancienne , déjà fi ténébreufe ,


pref-

«fU*entiérement méconnoiffable. De forte

qu'il eft difficile de dire , il dans l'étude

des anciennes origines & des premiers


fiécles , les auteurs Grecs , de qui nous
tenons préfque tout ce qui en refte , ( les

originaux des autres nations étant perdus )


nous fervent plus ,
par ce qu'ils nous ap-
prennent réellement ,
qu'ik ne nous nm-
fem en nous le tranfmettant d'xme teflc

msiniere.

Tout ceci pour être développé 'autant


qu*il le èiùt , demanderoit des explications
fort étendues , ou plutôt un livre entier.

JTjypourrai revenir, quoique fiiccintement,


>>
dans un chapitre particulier vers la fin

dô ce Traité : mais ce n^eft pas le cas

tfarréter phis long-tçmps le lefteur au

début Je ne le dis ici que pour montref


r
DU LamgXô 1. 9i
que h Icience étymologique eft la vraie-
clef de l'hiftoire ancienne. Cm ce que
je me proçofe d'expliquer avec plus
de détail dans un Mémoire fur les
dieux Cahires ou je ferai voir
, que le
de ces dieux n'étoit autre chofe
culcc;

que Tadoration du foleil fous là


figure!
du'feù, & la religion aauelle des
Guôbrcsy dont le nom, comme on le
voit , e(t le même que celui des CMnu
Tout l'ancien monde a èfl^ partagé entre
^ette religion Sabctnnt
, & le culte plus
de certaines divinités matérielles^
groflîer

animées ou inanimées , t^Is qu'un animal ,'


un arbre, un lac, &c. culte aflez fem-
Wable à celui que les peuples Nègres
rendent ir leurs FitichtSy dont on nous
a depuis peu donné l'Hiftoire. Ces d^ux
religiom font aiuérieures à Yidplatrie
proprement dite , c'eft-à-dire au culte des i
hommes déifiés : le développement \1«
1 origine de ce dernier culte appartient
plus proprement à Thiftoire dès règnes
& des évenemens particuliers de cbaguç
pays. ^

V
9# Mi CHÂH-ÏSMl
Vj.Udliti ic rltymolopt pour recouvref
^ en partie Us anciennes Lingues
perdues ; manière dy parvenir*

A ne regarder l'étymologie qu^en ce

qu'elle a de grammatical ^ il eft certain

qiu'outre Ton ufage îe plus commun qui

«ft'de Élire la généalogie des mots / elle


en peut avoir un autre beaucoup plus
oirieux ; ce feroit de recouvrer en partie
ks anciennes, langues, en décompofant
Icf langues modernes. Voici la
méthode

que Je propoferois pour y parvenir. Que


Von ôte du ftancjois j
par exemple, tout

le grec &: lé latin qu'y ont apportés les

Marfeillois &: les Romains, tout le faxcn


mi le theuton qu'y ont apportés Us Francs :

qM Ton 6tt du réfidu tout ce que I'oa

leconnoîtra par la comparaifon des


lan^

Phe-
gnes d'orient venir des colonies
àidèimes, il eft prefijue certain que le

anciens
feibilt feroit le ppr celtique des

\'# Gaulons. Par de ^ateiâles opérapons on


tai<^ le combrique.o^ 4imxait en Angle^
Iç^canubre en Efpagne ; Toiquei
terre ;
.> '
:V

Dv L A N é A or; ^f
k fabin, Pumbre en Italie ; nilyrîen en
Ifclavonie ; le runique en Scandinavie.
La confufion que le mélange des peuples
a mife çntre leui> langues ji*empêche
pas
d'enpouvoir dëna^ler-rorigine 6c le fopd^'
en feparam Talliage qui lesî .d^guife.
Il
laudroit chôifir ^ en faiiànt ce travail , le
langage de la campagne dans les provriK»
ces de chaque royauinè où la vieille
langue s*eft le mieux ccnTervée telles
;
que la Bretagne , le p^ de Gallei, Ui
Bilcaye. Peut-être ticeMitHon auffi tfaffcas

grands fècou» de i*irlandoi$ : mais c'eflk


fur quoi: îe
ne puis rien dire , n'ayant
aucune connoif&nce de cette langue.
Je citerai encore ub exemple de la
môme méthode qu^oi^paarrdit employer
parrapport à la langue punique. Uifle de
Malte , au r^ Jk» ^e Diodore , 1.
5 ^
eft originairetoent une colonie de Phé*
niciens qui dans l'habitude où ils ëtoient
,
<%
de voyager jnfqu'au grand océan occi-
dental pour les af&ire$ de leur commerce
^
y établirent un entrepôt commode, parce
qu'elle eft ântée en haute mei i moitié

;
)^ MÊ CM ANï1Sll€
chemîn de Tyr à Gades , 6c qu'on y
trouve de bons ports. Ce récit de Dio-
dore eft confirmé par Tétymologie du
nom des trois ifles de-«e canton de la

mer Af^r en
: Phénicien, i. e. Rtfugium :
Goulot, i.e^ RotUnda: Lampas ou Lam*
ptdufn vient de Lapid , i. e* Lampas. U
gébgraphe Scylax rapporte en effet qu'il

y avôit dans cette dernière ifle deux


grandes tours qui probablement fervoient
de phar(e$.^ (Voyez Bochart^ Chdn. 1. 16.

Se Sddam ^ DcUa lingua Panica ufata


da Malt(^.) Le langage de Tifle de Nfalte ^

dit Jean Quintin dans la defcription qu'i|

nous a donnée de cette ifle y eft fort

mêlée d'afiicain. Pai vu à Maheen 153}


certaines colonnes de pierre £ir lefqueUès
font gravées des lettres puniques avec des
e^ces de points ^, leur figure approche
aflèz de l'hébreu. Et il eft (i vrai que

ridiome maltois participe du phénicien


que les iniulaires entendent ^
prononcent
/ort bien, & ont dans leur langue quel'

^ques-uns des mêmes termes que Von trouve


dans la fcene de Plautc 1 dam Avicenne ^
FEvangitt Etoi , i^phia ; humk On fatik
<iue les

nHôb de c^te e^^^ec^ ne s^ëctl vetH

Bas âicfkmentien carââeres lâtifls^ 6c aé


fe proti^3ii€)em bien qae par iMx à ^t
hlangiue eft mhatOew 5î les^ reftes Ak
ymx littgltge qu'on retrôUvel jt Malte
viennent Writablement àt h toibmtt
Phœnkiennr y cônnm Qùîntin ^
le croît
il ferck feit à Ibuhakél ^*un t«»imn# <
habite dans ks tangues ^otiènr eV
tranij>oitài: fKntr Técbetcher kt veftiges
du phtetidèn âft du f«iâ^)Hib Mab 'à at
àudroit p^ i|uM hûintt h tcniriê ^ ié -c.

ieul éndcok* Peiit^^étre les éétouvettii


feroient-tUei phis affina dbnà dèufc
autres iflcside h MéfHttrranrfe ^ k Sa^
daigne &t la CôHb. U eft eûfaâaat ^ â b
vérité paf lia tappon ife':inark mdckkl
>[ue le langa^vMigaîie àéhUtbtéA.à
demi mêlé (Fockntàl : inak le$ Acdbee
&c les Saraaâns ont occupe cette iûell y
a peu de fiecks^S^ ce peut èttéjat raifod
pour lax^lk'kr Modcbis enteddrfnt fliâeà
ks temm-dTAvioenae^ IleAÂ onaiube qob

î
I

'0 M'É C H A Kl s M«
l^rîentat qu'on trouve mêlé dan$ leurlan^
gU^^é vienne au moins ûufent de ces der-
ifier^ que des Tyriens oii des Cartaginois,

r
Pbur travailler avec fuocès $jr cette matière
il Êiudroit fép»er tous lés m6tc Mahois
qdi peUvenfvtert?r des raciiïcs^teeques ou
Iwtihei par les langue? mo<kîn«s d^Europe.

Pirts r^^pret tous le«^ termes qwi font pure^


mencan4)ie$ & ne laiiTei^fue ceux qurne fe

tîdmMult point 3aA Tarabe , auraient ua


rapport anafegîqtie pour la figure, te ion

aolxlignifteiition avec lés langues d't^rient ;


fbiHbut avfccte fmifritaih &' lèxhaldëen.
Aloh on pouitoit aAIrèr que ces mots
fixit vraiment phœnLchens» Mais <ïoninie

ib iêroient fans doute idifficiks i démêler


iftrec 1^ termerctd'U bngàraitibe qui

lihbts^u^Wliltieb ^^on^fv^l^ioitavetf
ince^'à';MMfirfr te .4br/«ft<ipiiiiique en

obfavant avec fom^ les langues 'ârde &c

cprfe moins mélmgëes que ceQ» de Malte.

Leiiqpeupks ds'^çes deux tfes '^ iiirKouc

et celle jAelCorie ^ ibtit 4mûmem>le reftc

dei «ooiens 5ftavaget/<k l'Eikrépc Nul


•^ '. \\\ i %
«PRCfWRvnr^^^Rw "" 4 "

Wv

lan-î
T)ouvoir ri*a pu les afli^ettÎT parfaitement :

der- nul gouvernement les polîcer. Les grandes


nois,
puiflànxes Cartaginoife '& Romaine aux-
itiere
quelles ils ont «té ibumis n'ont pas autr^»
akois
fois mieux ràiffi à cet égard que leurs
les ou
maîtres modetnes4Lès contrées in téricuret
irope.
Ae rifle de Gorfe'ne fontpasiréqueatées
pare-
par les étrangers ; les Sarazins Tont pof-
inefe fédée trop peu dç temps: pout qye leur
mt ua lâQgucJr »t pu^iûre.dç gtao^ifu^ofr^
leftn ^Avant les Cartaginois, on n'y avoit vu
prient;
d'autres étrangers qu'une colonie de Pho-
Idéen.
céens &: une dïtrqiques. Ainfi je re-
mots
\
garde la langue» de^ Corfe comme une
des moins méUngée parmi ceIleA)ù Ton
éjn.êler
peut iaki^ 'j^HX^^
bc qai
doit itatiçwÊMM;'^:!^^ Jancienne
fem-»
la ligue

itavea
De 't|nèlquJ|i.fBWn|fre a?* phocéen
pie en
TA fie , i^^rr^f, 3^^-I^e punique.
rdeôc
4^ De grec , latm & italien qui y do-
Malte.
niir/e\ Mais comîneiÛ^ïangue barbare des
'
ilulaires étoît (ans doute auflî pauvre que
c rcftc
'e font d'ordinaire les langues des Sau-
Nul
vages , & que ce n*eft que par le moyen
i fc

. Eij ^
w
#
^00 MfeCHAIllJME DU LANGAGE,
ides Cartaginois/dont les étabUflemens

é^r& la Saniaignc & la Corfe furent i

glands & durables, qim les naturels

/ ^a pays cxttnmencerent à acquérir un


plus grand nombre d'idées 8c connoif-
£mces , & par confëquent de mots , il De ro
y m appareiKe que langue corie doit lopéi
abonder en termes puniques , &c qu'ils y
par
Vivent étic moins difficiles à démêler
il ^ comparer que nulle part atUcurs* iS. Dccou
des an

tatoBt
atpwtiv

19. Ckaqu^

'\* ^•''
>'r.<. JO. li n'y

fonnts
^ ...*
foc ori

31. La tv'

cartel

11» La con

tftaf^i
tnrtfû

^
CHA^ÏTITE III.

De lorganè de la voix & dç


VopéfMîon de chacune deà
parties qui le compofent
' . '' '

iS. Découverte de falphabet & dU fumhn


des articulation de ta tâix» MMêéê
dejigwtr ekoffité artieutaâem f)ttr uM
tatoBtre. IHfam de cuumkhode d'uM
atpka&e^ gtnirath
19. Chaque peuple a fin ,^^pkaht pro/nt
ajfe^ différent de celui d'u» autre*

10. Il, ny a qu^ttne toyetU 6rfix cort^

fonnes pUmieiHs t^m^&udaoêes auM


fx ofpmes.
3X» La y^oyettt efi te fin conduit dans Ar
canot de la parole»,

)1. La confinnejSimmaniere dont le fin


efi affiHi pd^^rjjm^^ la forme qu'^
m ^(Wfvfg
4'7 ^"t
t». '
'
^tc li À'Ni s MÉ ^
5> ir

^33. J[?« variations infinies de la voyillc»


34. Des Jix confonnts produites par les
i8. Découver
Jîx organes du canal voCaL
dès artici
i^*La multiplication des lettres , nef que
de figure
Pefftt'du moUvemerît plus fort oriplus
^un caracti
r foible dans chaque organe,
d'un alph
^f.De rarticulation ptopfe a chaque

organe ou deVefprit qu*il affecte natu- ?ïfeiÊé^»'A


rellement, j
jj

'iJ* Effet du mélange des efprits de divers

"-^ . organes. .;

5$«/7< la confonnt namU. .^ de Talphabet


39, Des muettes & des Mquides ^ de$ rudes peindre les cl
& des douces & de leur mélange,
y fixé Se dëteriï
'40* Des di" lettres ou conjannçs douilles* dre. Ge <}ii'il

"
41 • Des accents, ^ mon grë |da
41. Des 4fpht(^g^e^ ^^^y \ à-dire dtiir 1

, 43. Pfla.'^jftyMe^r^ r. l'efprit himiâi


figuré des cara
45. Compojition de Calphfi^fit^ÇauJe articulations d

l'ordre des Uures»^^ difcernér 'la vi

forment une [x

l articulatioii fii

l'auteur de cet
riveà towiéi
i
7
-N

b ir L A N G A Ô !• tC^

^
l'S. Découverte de Vatphahet 6* du nombre
des articulations de la yoiôc. Mtthodt
de figurer ckaqUe articulation pdf
un caractère. Défaut de cette méthode
. , ^ .
_
*

d'un alphabet général. ,

^\^ f
&< fixe la. parole fuppofe une

^ j^
Çdccdiiviîrte antérieure, & tout
^^^^^^^âuffi jncrveilleufe : c*eft celle
le l'alphabet , par laquelle avant 'que
de
•eindre les objets on a obfervë^ feconnu^
ixé & déterminé te qu'on auroit àpclni^ [ ,

Ire. Ge qu'ay a de plus * admiraj^le it


i
^on gré I danr Fait de iPécriture tMlh^
-dire àh» lu pltis •belle ttventiaii de
efprit humain:^ n'eft» pai tant tfavoir
guré des caiaftœ* pour rcpréfemer fl»
rticulations de layoix,, que d'avoir fçu
interner Ta variété des nioûvëmei^ qiu
\
ment une parole'^ & diftingu'er chaque
ticulatioii fimple.) Mais il| eft arrivg à
luteur de dette dëcjouvmey éeqm ar*
^e à toui léirpîiçnjieis; invehietirs^
^ni
E iv
,

K ke4 . ;l^£ CR AU f s M»
apf^ avoir-, p^ u» €oup^ àe g^nie , J^
ççuvert lé principe originel (Tun art,
jp'eni^loyent enfiûte dans le détail & Quintili
rni ati(t€
iâans la prsitique qu^une méthode affez

44feôueiife. Ea éfFqt iî feroit difficile que


jouer d'

le talent d*invçnter fe trouvât joint à la


Homme
jwrtience neceffaire pour perfcârionner. Uumttuf

£es-HTvf ntntts de Taiphabet cmttnt avoir miyorun


^coivé 1^ nomb(Fe des artîcul^tiol^ de avoitt en

b y^y tkpgtfent qufil ni redcnt plu$ poflîWei

\ iqu'4 fexprimer par autant (fe fignrc^ con* ibus rtôs

irentîqneUes*. H^.ccrtaiao^9nmoîfi$ qut fe$ inflei

^un côté ifa otjtété an-^drià du vrai


s'ils n^cmt voi^. cçnche qsc h$ mouve* ^i ftit'i

mens prinûtifi é^ la pafiolfei 8e quf d'uà^ du bout


mâS ctté îts KMtt vdàifsk 'mBm^mt an* fe ^r
te

deflbut 9 s'ijb ont ctft ^luror %ûatfs ki


wariaiiQm dont] <ft filibfl|[<^ ^ id Al franc
parfaitéHï

8c chaejt

ttn mot

<!ui eii^ap
du même
Y.

Ait^i ©rt'rtèvîerttpasfirtit(iû3^ à bôti^, dît


Quintili«t%, de profiôitcérlefinots coitiiW
an MttQ Itommc lifs pï*ofiotlcc , qufe d«
jouer dW mftrUfWttit c^nihlt! tù^atttt^B

Eunttum Joft^ ^nbrt H^tUt r^^t^UàM


nenorum, (Q^itiAY. li > t c»4*) Noifei
avom en Europe d« lettres qt^'ïl éfl-iifl-
poffiWei arM: Chirtob- de i^tt<3fnte^ : Ôe
ibus n^5 effbi^ icèit iiMtiks |k>û# cdpi^
k$ kiâdKioUtf dél Hoteèfttotti S»n$ aDétt
filoifr, (jpidlé difiëiheft^

^i M^fbktîf tcmtts fespfttotes'eh^finùftf


eu hoiit dés lérres V & im Flàremiilf qi >

k$ ^ tbitteâr reiftttt dam^ le fend de fai


gorge ^ I^ coiilfêMtM KbHeiilÉulié^

parfaiteiiiem Ib mérheit^ non ânn^dbtt^é';;


ic chaqtit penpié qm •vfcut proilWcer
un mot dSme- lahgaé* voifih^ ne- (tàfk
f^emfhfmlèsiàmts daisLpropfelahgtt^
<!ui eii^ap^cw|KDtJer|^>^tnre retins
fp6 Ma CH ANxs Hi^
peut4l entendre un Allemand qui lui çarle fimple &
«n latin à caufe de la grande différence cipe iny;
de prononciation. Plus les naiioi^font caufe efi
éloignées , plus la différence eft remar- ou des o
quable. Quant aux voyelles tput le^onde ment à i

en Europe emploie les mêmes figures : des hom


mais tel peuple donne à une de ces figures ks lettn
k fon qu'un autre peuple donne à uiie nombre
autre. Il eft donc coiiftant q^e chaque différem
nation a fon alph^ibe^ qui !i^ dl propre ( claffes io

& (ans doute le premier jimw^nteur tt*ayoit que le, t

porté Cf>n attention que^ fur fy.


propre faut l'iqf

bngue. Il s'enf^iit de-là que fi Toii vouloit

compter combien il y a de lettres qui quent du


ne font pas par&itement les méfpes, il iut^en;ien

Êuidroft compter combien il y; a de foiis d autant*


^Jane les voix , & coifthicn ily ar^'mâpxions artlciiti^

difiërentes dans jbL^inanier^ dâat:.€haque

fmpkàçJiat^j^^yQrit^fSP^yS^ de langues ,

chacun de Tes organes :/ce qui produiroic démontrj


jan nombre de lettres in^i» / dans tou

JO. // ny a qu*'unê vcyclU &rmitfixcoh' toutçs k


fonnts primiiiyes ^^rr^imf^V^^^ ïipncer^
conforme

R^eÀons les ciK>resà4fieiiiMiede{rfi


r
fimple &c plus certaine^'eft-à-dire au prkw
cipe invariable de leur. origine &c de^lçur

caufe efficiente, par rexamendefrprgatrte^

ou des organes qui s*eliiplo^em iucc^flive-r


ment à former la parole^ par-tout ouily.fi
des hommes. Nous trouverons qiie toi^te$[

ks lettres oU inflexions poffibles , dôftti#


nombre eft ijifini , en raifon de le;|ar Jj^gete

diffêrencô , pcjuyent être rang^e^^ g^


claffes ibus l'organe primitif qui lesfcomi^^^
que le, aoaibre de ; ^itsr organes Cottipon
faut riqftfUtaent 4e M parple , .fcftjffrèir

P^^ & qu'il eh cft de Jiiéme par^<?bniï-


quent du nombre des lettres cjui cptr^fpoiicl
**

jui^ement , fai^iplus ni moii^^À odKi


d'autant d'plgaae# dont chacun ji^odMit fo$^
articiiIa^Q|iSpr0p(Ç^ Aifi^ po^r %\mtum
^^^^^^ ^9^^^î9P]icfifWkM>ut^ Iff
langues , dpnt la^v^ri^é içra bientôt
démontrée, ]e,^ifQik^pom. i^môfSk^c
dans tous le^ lan|;9iges de Tipiver^y dîjns
^^

noncerV i} n^ aqu'u^,yoy^i|k ,: §c,qp^^^


*/
confopes çprrc^cm^itf^ àa^t^nt
4**ft - ••' •
^68 lifie»i^»iisiirt
^uiei ftrvant à la parole, h n^explkpiiii
M^ avant que de commencer ^ ]m
pY^i^ns le leôairque je fuis oblige tf«i-^
^dàAs Ufydetaitd^bfervations curiem;
n^effim-e, maiw^mniitîeux Se peu amu^
lù Le maîtrtyde philc^phiedè M.
A^mlàiii fe wrtid ridicule , lorfque- dé*
'
plôyanr im^tppareit dëplaré, il remonte
TÊÊBt principes phyfiq^es^, 8t explique Po-
pérWén des organes à^m.hoorgeeis^, qui
opertf ^rt l)ien iàn^i^voir comment , fit

qà ^he^ deniside .qti*à apprendre vn* peu'


À>idK>gr^phe. IF n^ Peu* pss ééé, s^tleût

étt Âi tr»l«r des principes Si de» /iregles

diWait^ lequel ne confiftequ'en/ol^e!^


vitiiâiM dtt pratiqw^ natwitBfa & prir

M»rdialei q<n e» fbnt- là fiHkkttiiienl^

j!rt Itf véyèlkièfi'hjbà condmé^iiM U

-'^HH^bydle eh générât n'fcff abttie chofir

qâéiaf voit , c'efl^i-dht qile fe fbn ftitple


é£^t>erfn^!entdè fo'boui^^^
tiit^ durer', £ms >ttciin nàCh^flb inoih^
filent d^ organes aoft kni^^èms que la
loltrîfie péiit fournir Pain Le» conioitimi
fent 1» artieokitions dé ce mém« foi»
que Ton feit palftr parim certain^organe^,
comme à travers d'oM ffliére> ce qu»
kii dénne m# fonnev C«ttd fomie ft^

donne cjMmïkd mâsmt 6c fie pent êtt^


ï^ermaiente. Que fi elle paroît Pêtre dân*
^juelques-artÎGiilatHms fortes qo'on a^peite^
efprits rudes , ce n'eft plus un foftcfcif*

& diftluA ; ce i/tft^ qw^ni fflteienu


oMigé dVqipeKer'chrfmtr
fourd q^'oneft^
contradtétom de voy$Uè mm9êè\ Ainfi 1#
yoix & la« conf&iîHt fonf! comme & marr^
tiere S^ kk forme , fe fi^f^nce '8t ?#
mode. LThftwnent général dé là vwÉf
doit éfre^eontidll^ comment»!' tuyau Ibng^
qui s'ééénd^. cièpiHs \t ÀikT de là gcrg^t»

jufqu'au bérd^^rtMèW' dè9 tévres^ Gd^


tuyau. e^^atptîMlk<iM{NL ftâkrrf Mo«
un diamètre plîl» grand e^ fliomdihe^
(rétf^e^enA^M raeoiHCt folàn «ne lèft*^

gueiip phn gmié# oa^MmiÀev Jiiiifi bi

îeillè r<t«t<^ ûfi' âtiuni le ttQFw^nj^


r.'"t;A«

^
îftù M t CM à If 15 MU
pouuànt Tair. Les différences du fon fimple
font comme les différences de cet' état;

d'ow il /uit qu'elles font infinies ; '^m-


qu'un juyau flçxib}e peut être conduit par
dégradation infen/ihle, .depuis fon plus

large diamètre & faplui grande longueur,


jufqu'à fon état le plus refferrë & le plus

lacourci. Oh remarque communément


fopt (^yiiions plus moquées du fon fim-
ple^ cm fept états dû tuyau qu'on appelle
. voy^Ues.^ a. %. t. L 0. y.Mai$ il .eft
i^,

çUîT' qu'une ligne ayant autant de parties


qu'il y a de points indiviiibles qui la

compcfent dans toute £l longueur , il


y
a autant de voyelles qu'il peut y avoir
Q> de cbviiîons ifitermédiairesen^.^ fept

ci-deflus ; d'où il fiôt qrfil ,


y ^ a une

^
v^iUi. On re»açq«er^ilem«at m effet

^'iHie futfion ne diyife f>as piètrement


^pmme une autre le <iiapjifo9 pu échelle
MA yoix & , qiie l^ivpyeliii^ des An-
^iS f. pai-.exenvley nHf^ p9$ ç^Iie-

^f ra]i^<»ii<ë AiMSK) ae r«c4tpqpN3ii plus

j|^ dans, te (6nir^:^iiviiks:^fa0tae


Wot prononcé dans deux làn^s diflS^
rentes»

]i.La conforme ejl ta manière dont léjhri

tft affeUé par rorgàneÇf la forme


^
qu'il en reçoit.

Je dis cîonc qu'il eft à propos pour


,

éviter l%nibarras de ces variétés infinies,


de confidérer la voyelle ou le (osi iimple.
comme u^qùe:^ quel que fait Tétat oit
chacun tient iectuyaù de Ùl voix i 6c r

dobferver feulenjent^^ppurfixcc un alpha»;


bet, rétat partfcu&erde chacune des parties
qiii composent le tuyau ou inftrument.
Car ce cki ^^ formé par plufieurs parties
ou orgaiies9 4rbacun.derqueIs a'^nmou^
vemeat 41» hâieftipamculienv tmè altt^ .

culatiOQ! qéfilHrieftiptdpte^^i ëc/qm^ièrrw


à faire iMinpicr^e 4e fêÉi.fimpleeit
pafTant par le tuyau a été«9âe£^éL par cet
organe , & non par ui\ des autres. Il y
a donc iitaat it manrercV d^aflfeftet le

^^:M>^te^PW , PP*^^rdifç(,
dn fuyjRrt-Sr il n^y ett a p* pl«i C*
font ces mouvemens imprimés au fon que
Ton appelle lettres aa confannes. Elles ne
font par ellesiiiânes qpe des fonnes qui
n'exiâeioiènt paa (ans la voix qui en eft
h matière & le fùjet. Ainfi tout le mé-
donirme ds la parole peut être , quoi*

q^'împar&itenient , comparé à ibic flûte.

i/àîr poi^ dans'le tuyan de cette flôte^

tm eft k fcn fimplè , ou br i^oû& Les

trmB par Icfqiielr il fort font les xHvifions-


étLcetm yfmz fitnpfe : fie ces dm&>ns
peuvent aufi^bkn être dms «n endroit
du: tuyau que dans un autre» I;a<pofition
OK^figuoedef doigts fi» ces trous fooÉ tes
ùtnwpo^eati/otuus qurdonneDfclaifofme
forme qui par eOMifime
il-toot le foit:

rfmagok aucune enftence pour te fous de


Foiiiey £ttB Vxr ou voîjl qpî uu. èft h

314 ZTiKf vanadonsii

cofBparafif la^ wix>oir Ife foriê


une cordîC tendue % «n infknan»t oà
ks divifions font marquées par des tou*
ches àms ^ute ft lofig«eur. U n> a
perfonric <(ui n» fe foit app^r^ que poi»
former dans leur ordre lea cinq; voydkl
vulgaires , on ne feit qu'accourcir fuccef^

fivement la cwdft* # eft la roa pl«me


& «itiorc, ott b corde tenue ^^Wi
toute & tonguettr depuis la forge an
lèvres* i eft lecorfe raccoiiwiede moitié #
tenue d» pelait âm leweà^i » «• W k«<
de la cordeàrestrémitédes lerreit Koiit;
altongeoni les levffei eR dékors V & tiioiii^
pour amftdite > k boitt d'enrhaat dfe eetiar
corde pour ftire fonner deffus j^ (vo^peUt
partfcCidi<m mvt Frani^oie f ^ ^fm nVot
pas les amtr^ ivitions) ; tandte 9» laA
OrbMMbpfobfiseRètafiC'qu ils p^irene
d*en-l>a$ |oiir former Mbs «m tim pce>»

iond^knent piftitfdi» A
Aidi ks denu
extrémités m l/kê^ marfa^ di^ bi eoede^^
^91^ «tWl^u «#«

• ^ V;v,:) ^
t

ft4 MECf<ÀNI^Wt«
lion ff. Elles font le par-deflîis & là

baffe-contre fonnés fur la corde de la

^* parole.
Cômitie la Corde dans (oute fa longueur
tftdiviiible à Finfini , il y a dans la ligne une
infinité de poiittsoùPonpeut placer la divi-

fiori: de forte que les dlvcrfes voyelles de

tous les peuples de runiver5,qiioiq[ue variées


i Finfini^ rto différent' cependant , qu'en
ce^qu^un peuple drt^ &' corde dbns un
•ffldroit , &c un auire dans un sttitre. Auifi-

cIh and^ Orientatu dam leur écriture


foëgllgârent -^ ils de marquer la voix ,

iqii^en IHànt ils fupplëoient par intervalles


fntre les vraies lettres qui font les cort^

foniuî»
'kxk refte, ce n*eft que pour itM inf^-
Kgence pht9 fiicile que j'ai comparé la

oi^e à une fimple ligne «


ëttuldue ,

divifible dans (a longueur. La véritable

image de la ^oix , conforme ^ c^lle de

la bouche ouverte ^' eft:m entonnoir


ilenble dont on diminue^ i^ Volonté lei

deux diamètres podir^ dëgnukr le fo»


ses , oc que ce n'eit que par le moyen '

^
I Eij '

"\»
"OV L AIN G A 6 *. îiif

Voyal : en forte que^ eft le plus graimi

entonnoir , & Uj^ le plus petit.

^ \_-

( \

Maïs je me cbntente jcî (Texprîm^ Ù m

grandfeu? ^ 'c^coin' de ctes cntortftoiri

conceéWiiûA' ï»anïnc Irgjne ôirarit i>artie

de ra*^V|ûi'l<J^'irav*jfe tous. .' '

34. DesJixconfonntsprcJuiuspar Itsfix


orstanis du cernai vocal.

Je vien%,4c, iim S^^^àxèf^ organe


^ui efl: dflM U 1^QM((^« ê ^ ^8^^^ ^ ^^
S-..

tî6 Mi c Uhuismt
wicHnrenienj propre formaiît «ne lettre (fà
Wlrume»
lui eft (Mtfticuliefe : qu'il y a autant de
uconfôni
lettres OVL conformes que d'organes : &C qu'il
ce xjai la
n'y en a pas plus. Ce font i. Us lèvres.
les ^atior
r 1. la gorge. 3. Us dents. 4. U palais. 5. la
cafa^i«
langut. Il y en a un fixieme , f<javoir , le
égarons ai

ne[ ,
qui doit être regardé comme un
dent De
p
fécond tuyau à rinftnxment. Car ainfi ««{ f Se»
qu'on pouke Pair du fond de la gorge à lés faire ib
fextrémké des kvres , on petit le pouffer
que nous
éxj&aà de la gorge à Textrëmité des
lettres , U
fiarmei. Cet organe a fa confonne ; il a
tement ni\
fnémr , cûfCtfne nous le ycrrons bientôt
peu liqiaii^

Jai^OyeUt tf», in^em^icc oufonfimple


qu'étant o
^
^

lui eft propre ; & dont je traiterai


mouvemei
^particulier dap» le àv^pt fiiivant.
un peu pÊk
• lin ce %w
on doit dire ^'A i ^téâ- Toix fisur^
loiumt #iuk voyettcs ; cettei deJ^ 1^ précédwm
èc celle du ncx cependant ^ «qi^^ W
:
it^antinét
^yelle foit TuTceptible d^rne mwipence
tfeAive Céon h cujw par Ibiuel Tair
eft conduit , je ne bîtferti i» de
la reffe^i
poàj

vement fi

/
•^•^

» t; ti }f 6 Ae t;

Wlrumem. On peut nommer chaque kÊû


uconfonnc du nom de fon organe propre ^ O
ce qui la rendra reoonnaiflkble à toutes A.

les nations de ht terre , fous quelque


CdXdBere que Ton la figure. Nous les
figurons airifi : Uvrc^ Se ; gorge , Kt ;
dent p Dt ; péUais , Jt ; langue ^ Le ^
nt{^ , Se. h jo'ns ici aux lettres , pour
^
lés faire fontier un peu , la voyelle fourda
que noui^ appelions e muet^ De ces fii
lettres , les trois premières font p9râû«
tement rtwettes ; les trob autres ibnt un
peu liquides & permanentes ^ en ce
qu'étant coulées ou ffîées ^ la ferme cht
mouvement de Torgane peut iê comimûér
un peu plus long^ems par une. e$>eee de
Toix âiurde ; au Ueu que dam lel troi»
précédientes ^ la ferme efi purement
^
La muàipfication des lettres n\fi
Peffei Uii màuvem^^ plus fort ou
^
pUi^fùJkUiansehaque organe. W. \

Chaqu(t«|iyme jpeut donner fon mou'*'


vement firopôe dîme k.jBÛere douct^
DU l
Xtt M É C HÀ K T S M Ê
grecque , n^ l'e
moyenne, rude; plus ou moins douce, autres^ on yfi i

plus ou moins rude. Les modifications Lèvre doux, ]

rudes font celles qui pouffent le fon eji


Gorgfi doux y ;
'

*
dehors ; y< , u , n , JKe ; ckc ^ fe^i les
moyen Ce JCe, ,
douces fôntccUes qui femblent le^etenir ;
^Dcnf douxl
ye:, ehi , /le, g/iii ^e* Ges manierez pro-
en grec moyen
;
duifent dans chaque lettre des variations
Palais doux \

qui ont fait croire qujl y. en aVoit jm


Langui doîix
nombre plus grand qu'il h^eft en effet. Dans t«i lettre
Et fi Poft^i'ouloit diftinguër p^t ttn< carac" môyen'L^'s'opi
Hre p^ticutler^thacun dés degtis >^ ces
le doux Nti d^i
&fféTiûot$: ;t^ ^n
*
atiî-oit 161'' tt^îftb^e' infini
peu foulevéeoo
de lettrei cofiTonné^; f apk mdâfi^^aifon
flàe fai tàpportée pks' tiaut en (^^tsnt ciii
de la raéip«;.ae \

iiombire in^ desvcyelfes^ Mais 4<ion*


fant Tair de I^
fioëtier' ^feulement ; le^ h^i$><ili^0fHieiis

moinstâehîbk^
diittrenc^' dans chaqhe littr^^ ^i\tièûve ,
ment nâfJdii'i^
& on les appelle lettres p^rmiiié^iJil^ <^
Le pa^is qui
de même organe. Elles s'emploient très-
que le n<*2'^":«*a^
louveiit lune pour 1 autre ,dan<î l^o même de la langw? f ^
mot , '& dans la ^nemê laiiuue k i plus
que confîdérer
forte raiforr quand le mot paile cTuiie lan-
lettre de ifri^jW
gue àunekutrei Cbtte x>)3&xi^^aikfnfi' qw'hn
tncnie ç^ufc^^]
ijgmi;éb[t.:trh,ifèïiiMéi d»i|>il» langue^'

/
y
©u II A N a A s Ei fii
:({uç , n^ l'eft guères moins daiis les
es ^ on y fait attention.
fi
;

,evn doux, Be 5 moyen , Pc ; rw^^ Fet


doux y Que pu Gamipa. Çrec i
gii, ;

^e/z , Ce , ICe j /^i^ Qqe pi grec Xv ^

^e/2/ XHe çnangloisj:ouThetî|


^o^jr
jrec ; moyen Dq r^</e Te» ;

W^ii Ze ; moyen Je , n/</e CHe.


^o//jc

'.anguc douxife , moye(i Le ; rz^^/e Re,

is lettre de langue Le Ne lU ^.le


ttfi

yen Le s^ppere du bo>it de la langue :

loiix N/^ d^' m|nieu,,^e la jangue us%


foulevée <)Qîitr!c le palais ; eh rechaA
:
iVï^'paf" l?î tdy^û dii ûeïy fe rude /?«
la ^dpe>.ae. Ig langue gondée ^u ch^
t l'air de ta gorge par foubrefairft>
2uant i^nelt^cpiimkq^ brgaûç.
/
insâekibki^ U n^ vsprie pits-rpti fifle^

ntnâfili'ïe^'v'-l:-'^--'-'^^ 'P
Le palais ^im^cpre.plus immobtléfc i^r

ï le ne2>'É*a^ôit guères fans le fecour^


la l^gv^ ; dis fçrte que 1 on peut'pref-
'.
confidérer la lettre de paùm 6c I*
re de kjmj^'^çôiîni^
«(k

, i -< . i' «

^
ï

ïjt% iknts infixées auxmllèkôire^ ^ ttoril


'i 15 flexil
le mouvement eft peu^ varié , slsrident

ïb^aucoup «uffi pour la lettre qui leur eft quand on i


on peut é
|>ropre du iècours cle la lan|;ùe , qu'on
Texpérience
fe|[arde avec ttofon corttne Tagent gë-^ celui de la
de l'inflrum
^éwl de 1% pattjïe. {*) C^eft eft efcet k
effectuer le
f'ecours de j

tider que i

{ *
) On
a£bel)emem dan» les ]yapiers
Ik l'exercice ,
imbiks (Décembre 1763.) le récit dHm phé- toiit-à-tait.
fliomaat fort dKtraofdiliairt » s'tt^ bien exac« s'articulent
temfttt rapporté , d'ùna <fÀ paHe
Tant W0 comme cell<
«voir de lancue* Voici en tjods termes il e(l celle de dei
k^«pponé. n Do
voit ém» eettie ville ( de làns elle. À
M Haoics) lia |Mto«eiie"*miaénte.de fixer on pourroit
^la curiofité m^Hqiie c'euT une Oit et 19 : un peu en (

* ans ùaa langiut^ A la fiate de la


qui parte la langue ,
ii.pechtvém#^ qt^Oeeut^tasusialanj^ imparfaite :

•itocaba an poanîtiifemfcft^kta^jtntiere- noncer les U


aqiCKm. PeMiaat kt deux MtanMa'^années F. V. M. G
émi^ «
Aivireat tet mcdétml
• & K
. '
fans
Ain a>
comp'ofés ; r

»fiiler , h'a^wii nAai crièqioaitt ki muets ; L. N R. J.


a» au bouc de ce tifraMT»
^"i^ #rài>arler» accoutumés
» &deaufida lort diftaéten^^ paui à Ta aux mots qu'<
m #«Mi#^ dèikiai eltè aeMfiKVt Ptifi^ de la '1
y a moins
iiMaal» , & duma latina îflmyr. ^^tte point d artic
mSie, nommée Marii Çfdhr , net dans m trompe voca
n h paroHTa de faiat Màaoe » prto de Mortagne ctbnna'ht que
t^ine facilita

. Oa ne peut p^ iaotttJfé^ la |ar^e ne entendre le


ftît le prindpal agent de la pkfule; & Yoa paroles , ce c

t^ayrott pai ou cpH ftt poffiMt m parler


ifomc
,

DU Langage. ixt

y^ 1$ flexible de tous , & celui n:n fe

quand on manque de cet organe. Cependant


on peut éprouver , fen avois déjà fait&
l'expérience , que l'organe de la lèvre , même & '^
celui de gorge , fitùés aux deux extrémités
la
de l'inflrumerit peuvent , abfolument parlant
effectuer leurs arSculations propres fans le
'

recours de la langue , ou du moins fans s^en


tider que fort peu : & peut-être que par
*

Texercice , on peut parvenir à $*en palTcr


tout-à-fait. Mais les lettres intermédiaires qut
s'articulent au milieu de Imûrument vocaf
comme celle de langue , oalais , même &
celle de dents font impodlbles à prononcer
làns elle. Ainû fans avoir vu Marie Greflar

on pourroit aflurer d avance que fi eUe parle


»
un peu en effet , après avoir totalement perdu
la langue , ce n*eu que d'une manière trè$-
impariaite que fa toculté fe réduit à pro-
:

noncer les lettres labiales ou gutturales B; P.


F. V. M. G. Q. K. & les mots qui en font
compofés ; mab qu'eHe ne peut faire entendre
L. N. R. J. CH. ni Z. D. T. que Ls gens

accoutumés à rentendfe fuppiéent peut-être


aux mots qu'elle veut dire. A
l'égard des voyelles
«1
y a moins de difficulté. Comme il n'y faut
point d articulation , mais un fimple fon
, la
trompe vocale peut y fuffire. Ainfi il eft moii.s
étonnait que cette fille chante^ avec une cer-
taine facilité. Mais «bti fuppofe quelle fait
entendre le chant d'un ;ur fans jomdre les
y
paroles , ce qui lui efi probablement impoflible.
i^mc L F
,,

111 M iCH A NI S ME
Pinftrument. Il
trouve placé au milieu de Exprîml
n'y a que la gçorge & les lèvres fituées Maèills
puiffent paffer
aux aeux extrémités qui fe ForfAattti

pas même
- * de fon fecours. Mais aucun ,
ne peut fe paffer des poumons
la langue ,

efpéc'e
i^]6. De l
qui font les foufflets de cette
ofgan
refferré &
f d'orgue vocal qui pouffent l'aiv
étroit du
rendu jjus fort dans Je canal
larinx. Ceft du larinx & ies poumons Outre 1

que vient Tintenfité & le volume de la duler app2

voix , le fort &c le foible de l'intonation y a encor


"
V qu'il ne faut pas confondre avec le/' ou tournu
V

le foible de l'articulation. L'mtonaï n duire l'air.


êc
forte ou foible n'appai rient qu'à la voyelle: ployer ici
n'appartient
l'articulation forte ou foible tfprits^ qt
la bngiie
qu'à la conforme- Vainement
le plus fo

ferôit-elle dans l'ait libre fes


mouvemens organe a/S

& fes figures , il n'en réfutera rien de convienne!


cet air n'eft^ en Les lèvres
fenfible à l'oreille , fi

tems chaffé au-dehors par


l'ex-
même afpirc ; U
des poumons, &; refferrc au frdppc ; la
fpiiation
' Ceft ce rcflcrrement qui couUru
paffage du larinx. , fi

donne le fon à la voix , & qui la diftiuguc chacun de

de la frniple, exfpimion non fonore. nianier^ diQ

cun decei
r

DU Lan G 4G E. Î15
Exprîmlmus , révoque foras emîttimus ore :

Mobilu articulât verborum dœdaU iingua ;


Foràaturaque Ubrorum pro parte
figurât.

\
Lu CR£ T.
s^](>. De rarticulation propre â
ckaqJt
organe y ou Je Te/prit qu'il afeSc
naturellement.

Outre manière particulière de mo-


la

duler appartenante
â chaque organe, il
*
y a encore dans la voix certains tfprits^
ou tournures dans 'a manière de con-
duire l'ar. Que l'on me permette d'em-
ployer ici pour les confonnes ce terme
«ipmi, que la langue grecque
applique
le plus
fouvent aux voyelles. Chaque
organe aflfefte communément ceux
qui
conviennent le.ffliew à fa
conformation.
Les lèvres bmau o« fifitnt ; la gorge
<!/?">< ; les dei»s kat^ps ; la langue
frappe; la langue Ôc.le
palais enfemWe
couUnt froUfif ou
, fifitnt ; le nez fifie :
chacun de ces/efièt» fe produit d'une
manier? dfflice;,
moyennis où mdc. Cha-
cun de C€î,gfl«iiçn,,
m cvafterc piOf)re
Fi)
,,

V24 MÉCÏIANI5ME foit d


à l'organe qui opère , 6c qui chafle l'air
mens
^ configuration
avec un bruit réfultant de fa
:
Rc : c

ce qui contribue encore l^aucoup à


la
^ feit ei
exemple:
variété de la lettre primitive. Par Jair p

fi deux Uvrcs battent fort rudement


les eft pp
particulier 6c pref-
elles produifent un fon racine
Mt,
que impermutable que nous figurons
!es lèvres font 37. ^J
Les mâchoires auxquelles
attachées fervent alors à lui donner ce

de forte qu'elles
mouvement plus fort ; lia
articu-
font rinftrument propre de cette fert fi

larioA dans la claffe des lettres des


hvns.
font h

Le mouvement de la mâchoire inférieure


qu'ave
la produit en fe joignant à celui de la
d'un a
lèvre qui y eft attaché. La mâchoire
s'empl
un organe folide 6c bien moins^
étant fi vite
flexible que la lèvre , IW devient par-là
paflTé

lettre plus forte, ÔCmoihs permutable


une pendai
que les autres lettres de ikvrw. Si les Uym plicatii

ftflcnt doux , au lieu de fifler rude, Comme <i-de(I


elles produifent le io^
c'eft l'ordinaire , cdra3e
figuré yc , qui auroit été /V , fi on Tefit
pie: Cl

fiflé rude. Mais aucun de ces fiflemens doux ^


qu'il
ne donnera à l'air chaffé la fortne Je pal
auffi
reçoit des autres organes qui fiBent
p U L A N G A G E; Ilfjf

foit du fiflement nazal Se , ou des fifle-

mens de langue & de palais Zcy Jcy Che^


Rc : chacun même de ces quatre derniers ,

feit entendre une variété à mefure que


Fair pouffé entre la langue & le palais ,

eft pouffé du bout , du milieu, ou de la

racine de la langue.

IJ. Effet du mélange des efprits de divers


organes*

Il arrive Touvent auflî qu'un organe fe


fert fubitemcnt de deux efprits qui lui
font habituels; ou qu'il employé ,
quoi-
qu'avec n(oins de facilité , Vefprit habituel

dun autre organe; ou que deux organes


s'employent en même tems à articuler
fi vite, qu'qn^^^fcoit que H voyelle n'a
paffé que par une feule filière. Ce-
pendant on s'appertçoit fi bien de la com-
plication ^ que le plus fouvent dans les cas

<i-deffus on eft obligé d'employer deux


cdraderes pour Hgurer la Uure, Par exem-
ple: fi \tpaUis doux tÇi battu avec l'efprit

doux , au lieu d'être Ze il eft DZe ; d


le paUU moytn eft bauu avec l'efprit
n)
F...
Il6^ M £ C H AN I s M E
doux , au lieu d'être Je , il eft DJc , i

l'italiene : fi le palais rude eft battu.

avec efprit rude , au lieu d'être CHc ,


il eft TCHe encore plus rude , à l'ita-

lienne.
Si la gorge douce afpire en battant doux ,
au lieu d'être Ge , elle eft DGHc : fi la

gcrgt moyenne afpire rw^e , au lieu d'ctre

Ke y elle eft CHe , Q^ue.

Si la /^ivrf moyenne frôle au lieu d'être


-P^ elle eft FRt : fi elle fifle rude ^ au

lieu d'être Pc , elle eft PSc : fi la levn


douce fifle ^<>7/x" au lieu de Ne , elle eft

GNe à refpagnole ou N mouillée.


Si la langue moyenne afpire doux , au lieu

cle Le funple , elle eft G Le à ritalieniic


ou mouillée : ainfi du -tefte.

Dans le mélange des lettres & des ejprits^


on trouvera toutes les inflexions poflibles
de la vo;\ humaine de quelque pe\iple
que ce foit fur la terre. Toutes feront

rëduftibles fous la cîafle d^rnic 'des /iîx

lettres primitives que Von tiira nommée


du nom de chaque organe. Toutes feront

permutables entr*eUes4an$ chaque clafle ,


duLangage. 117

& pafleront. d'autant plus facilement

<laiis une claflfe voifine ,


qu elles en ap-
procheront davantage , foit par ellcs-

mcmes , foit par les efprits étrangers

q\i'elles afFetlent le plus habitycllement :

remarque très-efféntielle pour l'étyinologie.


Cette eipece de permutation eft dans la
nature. Il ne faut pas la confondre avec
quelques autres altérations qui ne naiflent
que de la mauvaife habitude d'un certain
peuple , ou de la méthode défeftueufe
qu'il met en ufage , au moyen de laquelle

il y a des lettres qui fans 6tre du même


organe , font devenues permutables par

fabus de la prononciation vitieufe d'un


peuple ou de fon orthographe habituelle.
,

Tel eft parmi nous le G. permutable en J;


h le C.^ &
le T. permutables en S.

Nous nous fervofts des ptemieres de ces


lettres dans l'écriture , & nous les lifons

comme fi nous avions écrit les fécondes.

L'exception produite par cet abus, ou


par tel autre de même efpece qui peut
fe trouver dans d'autres langues , mérite

auflTi beaucoup d'attention en étymologic ;

Fiv
,

IlS MÉCHANISMÏ ^

mais elle ne doit entrer pour rien clam


TexâÉtn du fyftéme général de la nature
u
dont il s'agit ici.

Il arrive fouvent qu'un peuple habitué

par l'éducation à moduler fes organ^^s

d'une certaine manière , figure tQUt à U /

fois nar un feul caractère la lettre , l'efprit

&: l'afpiration. Alors* un autre peuple fc

voit obligé de figurer trois caractères pour


écrire celui-ci , & encore très-imparfai-
tement ; l'alphabet d'une nation n'étant

pas celui d'un autre. Par exemple : le Ci

des Italiens eft chez nous TCffi. Cicero ,

Tchitchcro. De-là vient que certaines lan-


gues étrangères , fur-tout celles qui em*
ployent beaucoup d'afpiiations & d'efprits
rudes , nous paroiflenf ?voir tant di
^
confonnes.

38. De la conformé na^alu

Le nez fait un fécond tuyau à l'inftm-

tnent : fon fiflemcnt ou lettre nazale St


eft par-tout d'un très-grand ufage ,
par

l'habitude que l'on prend de pouffer le

fon de la bouche au nez , ou de le riA-


DU L AN G X G ë; 119
mener du nez à la bouche. Ce qui fait que le
nez n'ayant pas le pouvoir de varier par lui-
mcme là lettre moyenne ,
parvient à la
x
rendre douce , ou rude en s'aidant d'un

autre organe. Elle eft doucf'e , il Tair pafTe

du nez à la boiiche. Exe/nple : Su ou r

{figmatau ) des Grecs ; elle eft rude fi

Tair paffe de la bouche au nez. Ex.


TSc ou y ( tfddc ) des Hébreux. Si on la

rend fort rude , ramenanc une féconde


fois Tair le long du palais après l'avoir y

pouffé de la gorge aux narines , c'eft

TSCH des langues barbares. Par la fa-


cilité qu'on a dans l'ufage de la parole
^ fe fervir du fécond tuyau , il arrive que
le fiflement nafal fe trouve mêlé dans une
graAdc partie des mouvemenî combinés
ou lettres doubles , 6c fe marie volon-
tiers à l'articulation de tout autre organe.
BSc y PSc , SBc ^ SPc , SFc , SP'c ,
CSe ^ SCc f SGc j STe , TSc , SDc^
seHt , SNt y SLe. Auffi la lettre S. eft-

elle la plus commune de toutes^ Elle ne


diffère du ^. qu'en ce qu'elle eft \\n

çouU rudi Iç long des narines , au lieu


Fv
,^

130 Mechanisme'
qiie le Z. eu. un coulé doux le long ^u
palais.

3 9^. Des muettes & des liquides des rudes :

& des douces & de leur mélangé.


j

Des fix lettres primitives^ trois étant


muettes , & trois autres liquides feml-

voyelles , vous ne verrez prefque jamais

de confonne combinée qui ne participe

des deux efpec^s ; & fi la confonne ert de

trois figures , la muette eft entre deux liqui-

des^ q«j lui donnent dii corps, comme dans


eSCRlme , aSTRIngent , eSCLav/
SPLcndeur. Que fi dans quelques niofs

grecs ou orientaux on trouve une confonne


combinée de deux muettes, hvoixfourJej
ou e mu^ qui les fëpare sV fait forte-
ment fentir ; corhme dans PTOlomic
CTeJiphon , BDellion. Mais jamais il

n'arrive qu\me confonne double foit com-


pofée de deux figures du m^me organe:

comme fcroit , BP. TD. CG. LR. ZJ.

Car un organe fe replie bien fiir un autre,

mais ne peut fe replier fur lui-même ;

tion plus que l'œil qui voit tout n< p€»it


y
f

D€r L AN G À G Ë. I3Ï

fe voir lui-même : ce qui eft une fuite

de rimpénétrabilité phyfique des corps.


De plus quand les deux inflexions pro-
cèdent du même organe , fans être iden-

tiques ^il faut bien que l'une ibit rude y

&c l'autre douce. Or la rude pouflfe le

ion au-dehors , & là douce le retient au


dedans. (Voyez n^ 35. ) Des mouvemens
'

{\ oppofés ne fcjauroient être effe6lués en-


femble. AuflTi eft-il bien rare que deux
articulations difpî^ates puiflcnt être rap-

prochées aflez vite pour en former une


double fans aucune fëpararion, fenfible.

Si le fïflement nazaf fe joint un peu mieux


aux autres inflexions , c'cftque l'organe
dont il dépend n'eft pas dans la bouche ,

&: que deux inftiumens oiit plus de fa-

cilité pour exécuter en un même inftant

des chofes différentes qui ne pourroicr t

être que fucceATives fur le même- inOru-

ment. Vous avez pu remarquer que dans


les fyllabes de trois confonncs doîU je

viens de citer quatre evomples ,^ Tune des


trois eft toujours la lettre S. Vous ne
trouverez prcl'quc jamais tror. conloiuics
F V1
131 MÉ C H A N l.S M E .3

îtinfi cumiilces , à moins que l'organe du que l'prd

nez fitué hors de rinftniment principal, tiennent f


,

r/y joigne Ion opération propre. n'a lieu c

Obfervez encqre que les trois confon- fyllabe. f


1'
nes muettes ou fixe^ font principales dans du grec

la parole ,
plus que les trois liquides ou mais les 1

femi-voyelles : c'eft-à-dire ,
que quand Tordre o
ime fixe^&r une liquide font immédiatement en faifant

joinfes enfemhte dans la même fyllabe, elW, Ci


la fixe affefte le premier rang , & la liquide caraftereî

les la n gag
qui lafuit ne paroît quafi qu'une modulation
Singulière de la fixe. Jamais en commen- viennent

çant le mot ou la fyllabe, la liquidé de feptentrio

langue ou ait palais ne précède la fixe.


40. Des
Du moins je ne connois pas d'exemple
cl'aflTemblage initial , tel que feroit LPa y II n'y

RTa , &c. dont le fon feroit horrible- marquées

ment dur , diffonam , & difficile à exécu- ion formes

ter; au lieu que les-Ê*xemples de l'arran- compofée


gement contraire PLa , TRa , font tré- de même
quens & doux tant à la bouche qu à la double
l'oreille. Si la liquidé S. peut précéder fans qu'or

les fixes j'en ai dit la raifon , fçavoir entre les (

la produif
qu'elle eft produite pai l'organe nafal qui
cet ^gard>
a fon opération à part, Il eft vrai anfli
,

D U L A N G A G E. 13J'
que Tprclre que les fixes & les liquides
tiennent prefque invariablement entre elles
n'a lieu qu'en commençant le mot ou la

fyllabe. Nos langues grecques & dérivées


r\u grec robfervent de même en finilfant :

mais les langues barbares fuivent fouvent


l'ordre contraire à la fin de la fyllabe y

en failant précéder la liquide aLT^oLD^


cRD, C'eft même ici un des principaux
carafteres qui marque la différence entre
les langages venus du grec , & ceux qui
viennent de la langue barbare de l'Europe
i'eptentrionale. ...

40. Des di-lcttns ou confonnes doubles.

Il n'y a peut-être de vtsliqs di-lettres


marquées , c*eft - à - dire , de véritables
confonnes doubles que celles qui font
conipofées de deux muettes , de deux
de même organe ; celles en un mot dont
la double articulation ne peut s'éxecuter
fans qu'on entende une divifion fenfible
entre les deux mouvemens d'organes qui
la produifent. Il y a de fréquens abus à
cet ^gard dans la méthode vulgairei Si

l
'N
/

t}4 Mechanisme DU
c'eft une erreur dans Tufage de ne faire
organe au lieu
qu'une fyllabe de certaines di-phtongucs confonne clou
formant deux fons, (Voyez n^ 41) ce n>Mi lettres muette
eft pas une moindre que d'écrire deux contrarie & n(
figurçs pour une feule lettre , comme les
dans CTifias ,

Latins dans leur QU. les François dans


confonnes fé]
leur CH. ou comme les Italiens dans
vrais fons &^
leur cri. que les Grecs écnvoient plus
mouvemens c

correftement paV X. J'ai même peine


céder fans un
à regarder comme vraies di-Uttrcs les
articulations ,
conlbnnes doubles lorfqu'elles ne fe
,
labes. De tel?

forment , comme c'eft l'ordinaire ,


que
quand ils paf
du qiêlange d'une lettre muette avec une autre , Celle-
lettre liquide ; par^.e qu'alors lés deux double inflexi
articulations fe replient l'une fur l'autre
exécuter. Exe
fans effort &c fans intervalle ; agiffant pur
Pjalfhus 5 Sal
des mouvemens qui fe peuvent effeftuer

enfemble fans fe contrarier. Ces mouve-


mens ajoutés viennent prefque toujours De même
de la langue ou du nez , comme dans aux ejprits yh
Flambeau & dans SPirale. Les deux il n y en a qv
confonnes font ici fondues : on pourroit mais ils peux
dire qu'il n'y en a qu'une : car en effet
moins graves
c'eft un organe qui agit , en joignant à fon félon que le 1

aftioii l'articulation habituelle d'un autre grand ou me


DU Langage. ijç

rgane au lieu de la fienne propre. Mais f\ la


informe double eft compoiëe de deux
!ttres muettes , dom le mouvement fe

3ntrarie & ne peut être fimultané çomi


ans CTéJîas y a réellement deux
, alors il

onfoiines féparées par un e muet , deux

rais fons &^éeux fyllabes. Car ces deux

louvemens d'organes ne peuvent fe fuc-

éder fans un certain effort qui fepare les

rticuîations , & par conféquent les fyl-


ibes. De tels mots font fort rares , &
Liand ils paflent d'une langue dan^ une
atre , Celle-ci leur ôte auffi-tôt cette
ouble inflexion contrariante , difficile à
^écuter. Exemple PtoUmcus , Tolomci ;
Yalfhus 5 Salmo ; ir nr*»» , lifane.

41. Des acccns.

De même que les lettres font fujettes

ux efpritSy la voix efc fujette aux accens.


I n'y"en a que deux; le grave &c Y aigu:
lais ils peuvent être à Finfîni plus ou
loins graves , êc plus ou moins aigus ,

îlon que le diamètre du tuyau eft plus


rand ou moindre : ainfi que tout inf-
%

';'::• D
^3^ M É C H A N I s M E
plus d'un c
trument miifical eft grave ou aigu , félon
dansyiîr^.
que fon coffre eft plus moins gros. La
Seigneur j
voix peut auffi allonger ou abréger le fon ,
rouille jel
le rendre fourd ou diftinft. Le fon grave ,

& le fon allongé paroiffent redoubler la


voix fimpl

voyelle. ( Exemple : mdle , faire , négrc dans un ai


,

ifî^ 9 prônt , voûtt yfiûte, ) & devroier


« un feu\ can
42. Des diphtongues.
toujou
y à

Les diphtongues doivent être foigneu- prononce h

fement diftinguées. Il ne faut pas donner foit qu'on 1'

dans Terreur ordinaire des grammairiens pour difly

qui dès qu'ils voyent deux ou plufieurs chi-ourme ,

voyelles écrites de fuite paffi-onjri


les appellent
diphtongues ; & qui d\in autre côté par
lo-i , ou-ai

une maxime contraire enfeignent que ces à la grecqi^

compofitions de trois ou quatre voyelles par un déi

de fuite ne font qu'une feule fiUabe; nous ne fça

erreur à la vérité autorifée par notre


par abus q

ufage général tant en vers qu'en profe. monofyllab

Maii les défauts de notre écriturv & de


fon marque
nos ufages ne font point dans la chofe ment fentir
de deux VQ.
même. Règle générale ; fi le fon eit
tiquement à
fmiple ^ foit qu'il foit bref ou long , il n'y

a pas diphtongues bien que Ton employé (Jme vpii


,

r
,

: DU Lan gage. 157


! plus cl un caraftere pour le figurer comme
\hm faire, fi H 9
pigeon ^ fleur, eau , coup.
Seigneur, Reine , orgeat , deux , auil
rouille, jeun^ Tous ces Tons n'ont que la V
voix fimple touchée dan$ un endroit ou
dans un autre Air là corde de la parole ,

h devroient régulièrement être ilotes par


un feul caractère. Si le fori eft double , il

y à toujours diphtongue ; foit qu'on le


prononce bref ou allongé , grave ou aigu ;

foit qu'on l'employé pour monofyUabe ou


pour diflyllabe , comme dans li-ard ,
^ chi-ourme , hu-is , bi-ais , cordi-aux ,

paffi-on , ri-en ^pi-ed , Di-eu , ou-i , bo-is ,

lo-i , ou-ais , lo-in. Ecrivez ces derniers


à la grecque B»if< » am, nh^ ht»; car c'eft

par un défaut de l'alphabet francjois que


nous ne fçavons pas les écrire jnfte ; &
par abus que nous les employon pbur
monofyllabeSjpuifque la voix, dont chaque
fon marque une fyllabe , s'y fait évidem-
ment fentir. deux fois. Vuu françois eft
*. \
de deux voix (i on le prononce empha-
tiquement à la latine , aotorité. Il n'eft que
d'uae vpii çn prononçant couramment
I
\

\ tjg M t en A n 1 s M t
^
orom/. La Voix fe redoubié auïfi frequem- la T>ouch'»
ment qu'elle le veut , en employant i \/oix efl fi

chaque fois le pur fon fimple , fans le (comme 1

faire paffer par aucune des filières propres vient de li

aux organes particuliers. On peut faire entière a,

^ de fuite autant de voyelles que l'on veut. doute parc


Il n'y a nul doute qu'ail ne pût exifter un & entière
langage entièrement compofé de voyel- rendre feni
les combinées entr'elles fans aucunes peut plus a
confonnes. de cette m
43. Dt la voycUc muette. fait après
Il y a dans notre langue certaines voix ou e muet
que l'on prendroit d'abord pour des diph- ce. n'efl p;

tonales quoiqu'elles ne foyeoLréellement qu'il n'en


qu'une feule voix allongée. Ce font toutes nous paro
cellesoù après avoir fait entendre une plui, grand
voix franche^ on finit en raflburdifTaht ce qui ne
par une voix muette : comme dans raye , (|ue nous
fie , vie , hleut , Jotu , ru€ qui n'ont au- Plufieurs n
,

cune différence avec Rài^Fi^ n^Heûf dation pn


joû , ru : fur quoi il n*eft pas inutile de mots. \^m
JV des lita
remarquer i^quc nous ne pafTons jamais
de voix muate à dans ces-
la la voix franche :

mais toujours de la voix franche à la


muette ain

roix muette ^ en laiiTaot mourir le fon dans Anglois &


,
f • vrj' 4V»

» V Langage. 139
la T>ouch". x^ Que toute divlfion de la

voix eft fufceptible de finir fourdement ;

(comme le prouvent les exemples qu'on


vient de lire) , mais que la voix pleine &
entière a Teft moins qu'une autre ; fans

doute parce que le fon de la corxle pleine


& entière efl; trop net & trop franc pour y
rendre fenfible un affourdiffjment ,
qui fe

peut plus aifément exécuter fur les divifions

de cette même corde. Quant à l'efTet que


fait après la confone cette voix fourdc
ou c muet fi fréquent dans neutre langue
ce n'eft pas la peine de s'y arrêter puif-

qu'il n'en produit aucun. La voix muette


nous paroît être dans notre langue d'un
plui. grand ufage que dans nulle autre:
ce qui ne vient que du peu d'habitude
que nous avons des langues étrangères.
Plufieurs nations élidentpar une pronon-
ciation précipitée la voix finale de leurs
mots. ]Jus des Latins , Vos des Grecs ,

JV des Italiens^ terminaifons habituelles


dans ces langues , n'ont qu'une voix
mutttt ainfi que Xt des FVanqois , des

Anglois & dc5 Allemands. Nous en avom


reçoit des autres organes qm iiuwk auM* y

I
>^^

•^> .:. ,.

i.Jiir

c I40 MÉ C H AN 1 S Mï
la preuve flans certains mots terminât
en os ou en us ,
qui ont palfé dans notre
langue fans aucune altération; fur -tout
dans plufieurs noms propres qui en perdant
feulement Yo ou Vu ont confervé Y s finale

dans l'orthographe ,
quoiqu'on n'y ait au*

cun égard dans la prononciation : tels que

Nicolaos^ Nicolas; C^ro/^^x, Charles, &c,


Ueu eft un fon fimple ^'qui appartient

proprement à la voix muette plus forte*

ment pouffée. ^ i

44. Des trois caractères de la voyelle.

Pour plus de prëcifion on doit compter


trois différences dans la voyclU comme
dans la confonne. De mémo que celle-ci

eft douce , moyenne ou rude , l'autre eft

fourit ^ francht^xx fonore ; cette dernière


eft la voix natale & chantie. Nous
figurons les trois voiic ainfi, c ^ i^ en,

La voix fourdt & la voix franche fe

peuvent également produire foit par le

flux foit par le reflux de l'air , foit en

înfpirant foit en exfpirant ; mais prefque


toujours de cette dernière manière ^ ï
bu Langage. 141
la différence de \i voix nh/ale , qui ne peut
fe produire qu'en exfpirant l'air 6c no.i en
rinfpirant, ..

45. Comj}ojition dt Valphabet. Cauft de


l*ordre des lettres.

Ualphabet ,^tel gue nous Tavons , a


réfulté d'une partie des principes ci-defltis ,

infpirés par la nature même & paç la


conftruftion méchanique de Tinfirument
vocal, encore plus que reconnus enfuite
dun examen médité. L'ordre qu'on y a
fuivi dans la difpofition des le'ctres a
d'abord été plutôt n^ceffaire qu'arbitraire ,
fur-tout dans le commencement. Dans
la fuite l'indication de la nature n'étant
plus fi forte , l'application s'cft relâchée :

on a fait ufage de la méthode défèâueufê


de particulariser un trop grand/ nombre
d'articulations fans afTez d'égard â* ia
,

clafTe d'organes à laquelle chacune appar*


tient ; on a fucccffivement inventé de
nouveaux caraôeres ; car je fuis perfuadé
(fu'il n'y en avoit d'abord eu que ^è$-
peu , lôrs de la première invention. Tout
f41 M fe C H A N I s M E
rangée dans Talphabet d'une manière un
peu confufe.
Nul doute que la voyelle ne dût oc-
cuper le premier rang dans l'alphabet,
fur-tout la voyelle pleine , où la corde
eil tenue dans toute Ùl longueur iaris

-/
aucune divifion. Efi A ^ dit Scaliger ^ (de
Caufisling. lat. i .
38.) prima notijfimaquc .

infantis vox , cum qud vita hujusfpintum #j


primum haujimus ; ne que n ulldcgètalid^
quàm hiatu oris foto Jinc ullo çœurorum
motu injtrumcntorum. La voix A étant
le premier & le plus fimple de tous les

fons , c'eft donc avec raifon qu'on en


a fait la prenj^ere lettre dans preique fous
les alphabets. Voici comment s'exprime
Plutarque à ce fujet , Sympofiac. ix . 1.

» Il eft certain que les voyelles précédant

»i jufte titre les muettes & les domi-


>> voyelles , l'alpha doit erttre celles - 11

># tenir le rang de capitaine ,


puifqu'elle

»^a toujours devant & jamais après les

>* deux autres : car fi vous la joignez avec


>»iota , ou ipfilon pour ne faire qu'une -

r-w 1 II A
TÏY
I

>
h

î> V L^ N G A G El Mî
)» qu'elle aille devant , ai , du ; mais elle
>Mic veut jamais féconder, ni iuivre les

» autres. . . . Lainpria; mon grand-pere


>»(liroit que la première voix diftinfte
%>& articulée que l'homme prononce
» c eft A : car le vent & refprit qui fort
» de la bouche par le fimple mouvement
»de l'ouverture desjevres, eft le premier
»fon fimple qui n'a befoin de l'aide d'au-
^> cun autre inftru.nçnt , n'app^llant pas
>»méme la langue à Ton fecours. Auflî
» eft-ce la première voix que les enfens
» jettent : & nous avons dans notre langue
» plufieurs termes que je crois n'avoir été
»ainfi nommés , qu'à caufe de l'entre-
» bâillement & ouverture des lèvres par
» laquelle fort le (on de ces mots, n
Exemple. Aw , Ai..^*, , Hiatus , &c;
Voici déjà une première indication de
la langue primitive donnée à l'homme par
la nature , & de la manière , conforme
à Ton orgaiîifation , dont elle l'a guidé
dans la fabrique des mots : méchanique
qu'il faudra bientôt fuivre avec foin dans
les diyerfes branches de fon oDération*
u

i'44 M è C H AN I s M it

Pour ce moment ne quittons pa$ de vue H dit

notre objet aftuel qui nous montre que enfuit

la voix y/ de voit nécefTairement précéder qii 11

toutes les autres daas la compofition de (\xr le

l*alphabet ,
puifqu'elle eft la première dans par la

Tordre de Cur non eaprinccps^


la nature. À\x pa
dit Jufte-Lipfe, qua, naturct duHu prin- praiiqi

cipium voci dot? Infantes vide ; per hanc partie!

vagi uni : pueros ; pcr hanc babanc, lallant, munéi


tatant : viros fœminafquc ; pracipuos affec- de pn
tas effcrunt per ijlam. Dans Tàlphabet hé- de for

breu Aleph n'eft pas unelettre , mais une périen

afpiration qui ne défigne que la fimple ièrver

ouverture du gofier. du dé^


Parmi les confonnes la lettre 5. ou de eaux

hvrt douce eft la première dans Tordre ili ex(

que nous montre la nature ,


partant de faciljtél

Torgane le plus extérieur, & très -facile '•* gorj


à mouvoir. C'cft le premier qu'un enfant Au bo]
met en jeu Ba Ba ^ Pa Pa ^ Ma Mu cnfuitei

Et fi le climat , la conformation ou feulemi

l'exemple lui refufe la facile habitude de remar<

ce mouvement des lèvres , le premier encorel


organe qu'il met en jeu eft le plus voiiin ^oncei
- ^ * * ' ^9_a A ^% «« ^ k«P I ^^ m^^ .^%. h««^ ^ M 99 r yf /
mu mal m mi m n^Aiiti
FV
, au ucu
,

D V L Jt*» À ai. 14^


H dit aTTa , TaTa ^DàDal II fe fort

enfuite de f articulation et gorge ; de forte

qu'il commence à toucher Tindrument


fur les deux extrémités ; puis au milieu
par la lettre Jt langue L. N. ou par celle

du palais Z. /. Ce n'èft qu^après avoir

pratiqué ces trois-ci qu^il fait ufage A^$ j-


parties iiiCermédiaires ; employant comr
munément Tarticulation d<^uce avant ([ue
de pratiquer la rude qui yiemande plus
de force. & d'exercice«> Peiiitti fait Tex-
përiencé (unies en&ns a|rantéri$foin à^ob^
ierver de iùite &c arrec exaâmide Tordre
du développement de leurs c^cganes vo-
caux ; il eft tel que je' viens de le décrire.
Ils exécutent de bonne heure\ & avec
facilité les artuzulatibns 6ç h ferre , 4e
U gorgé 6^ 6€$'dsnîs fBa^'.Ga ^ Da.
Au bout .d*un ofitain temsils exécutent
enfuite ràrttculation dé lanfpue ; mais
feulement Particulation douce , A^^. J'ai
remarqué avec (urprife quM leur faut

encore du tems 6c de bi peine p6ur pro-


noncer la pure lettre de langue La^ qui
nfwte »v««i .;*. «fta.B^.^k «^M^V« *:^i%'tt ** A ^laB ** »^m >* I -».
iion plus que 1 œil quTvôîttôût^î^pekr

J
146 M É C H A If I 5 M B \

exercice dW organe (i flexible. Ils paN


vielincnt nitme plutôt à prononcer Tar*
ticiiluion rude d- cet organe Ra: il eft

v'^ai que cFahoïc! ils le prortoncent mal


6c en graÏÏeyant. Mais depuis le moment
où ils font pvir venus à prononcer les lettres

iimples , il fe pafl'e encore un long tem$


avant qu' ils puiffent exécuter les di-lettre$

ou confonnes doubles. Ce n'eft que quand


l'âge a donne une certaine force à leurs

organes , tfiiHis acquleient la iacultë d'en

cirployer deux à la ibis , & d'effeAuer

<^ fortes de mouvemens combinés.


L'ordre naturel a d'abérd été bien fuivi trois

dan$ la diipodtton des lettres de Tâlphabet, paU


en mettant la voix la première ; la kvn ?«^ ;

la (èconpde; hgor^e^lm ttoiûtm^ilesMnts Dan


la quatrième^ éinfi que ren&igne la nanire. font

Mais bientôt on s'en «ft écarté dans les fois

détails fuite . d*avoii nffez extoiiné b cmpl


matière. Cependant Cft ordiè ne di^re que j

pas enentiellemcnt ma fond de celui Ai II

notre ^Iphabet vulgftine 6c grammaticaLf Je r

que nous tenons des PK«eniciens. ' Cet niueti


^ — ^— ' «- Jk.*^ ^l«4««AMAaM * ^ t ^k. W\ «M ««
wm^m^^^T'^T
F v)

.
>***>,

t> ANS A G Ê, -147


Ç. L
ffvîe nous connoiiHons & doit être cité par
,

prcféfcncc. Nous verrons qu'il n'a pas été


difîx)fé fans étude ni (ans jufteffe , fi nous
Texàminons dans la dirpofition de (et

clémens firiiples , laiffant à récart lef


répétitions de lettresorgane ^ de même
qui ne font que des variétts d'un élément
déjà figuré , comme eft A^. par «apport
a I. Nous trouverons j^û débute par
les trois muettes. 3- b, b. Beth , buth , Bé^

Uvrc ; i. r. G, Gimel , Vf^f^ , Gé , gwgeç

% A.D. Daic^h , AfXr» , Dé , dent: En-


fuite dans Tordre nous trouverons les
trois liquides T- ?• Z. Zain, C«r*, Zed^
palais ; 7- ^» Ï-. Lamed , a«^/»^«», çX^Lutr
gue; 0*^*S. Samech, riv^,effc. A^^^.'

Dans Palphabet grammatical les con(bnnes


iont mêlées & réi/étées ; mais à chaque
fois qu'il commence à indiquer le premier
emploi^ d'un organe , c'eft dans l'ordre
q^e je viens de décrire.
Il réfulte de b méthode des rédaâeurs
^e Talphabeth i^ ôc en général que les

muettes doivent précéder les liquides :


ft* /t«i ^Ék ..-^: .
I

>48 M* CH ANISMl »

x" Qu'ils ont jugé,, que la


première hors & à

partie la plus mobile , la


plus aifée de tamment 1

bout extérieur , levrc


eft le Ja I «« leti
i'inftrument ,

.
en quoi leur obfervation eft cert^nement l'alphabet

- iufte.
-•
,f
.

tau r. Ma
. Dê4àont étf à l'autre bout de
Ils cpmpofée
de U de
-
rinftrument , au bout intérieur variété

gorge , &
lui ont affigné le fécond
rang. quée dans

Les expériences -que j'ai feites ne m'ont à ce que ]i

lias toujours donné le même ré&ltat. J'en fonnçs mu


•mirois quelquefois pu conclure q\x\\ falloit fouven^t p(
voifine
mettre au fécond rang 1» touche icompofée

àa premier organe, qui eft U touche principale.


raug U Les
i/ea* .& né mettre qu'au troifiemç leti

touche du fond ,
gorge. comme Tj

. Quant aux liquides ,


î'auroJs cru que la hébreu; .

iangui y.r^ grand & prinriffâl organe de viennent <\

fa machine ', devoit tenir le premier rang toutes les s

l'ont affigné Pour


fntre ccUes-ci. Les rédafteurs
le
qu'il
ê MM palais. Il feut.refpeaer autant Falpliabet 1

eft ppffible rancien ufage , & leur travail Varrangem<

ingénieux: ils ont peutr^tre mieux difcerné employé f

que mpi fe méchanifine & le vrai jevi ont mis t

l'inftrumejit, figne qui


de » ,

qiti eft un fecottd tuyau ; fimpie ou^


L'organc/wt^,
DU Langage. 149
hors & à côté de rinftrument , eft cons-
tamment le dernier des fix. Le nt^ ferôit

Ja i«« lettre dans l'ordre des liquides de


l'alphabet grec fi Ton s'arrétoit au y%r/i^
tau r. Mais je crois que cette inflexion
cpmpofée n'eft que X^fijU-bàttu , &c qu'une
variété de l'articulation «/r/2/^<c déjà marr
quée dans l'alphabet, htjifii na{al n'eft î
à ce que je crbiy ,
qu'acceflbire ^Wjc coîi-
fonnes muettes , auxquelles il fè inéle û
foiivei^t pour leur donner une inflexion
icompofée : en pareil cas la muette ej$

principale. j ;1
:i-

Les lettres fort rudes ou co^ipôrées


comme T/aJe , Khof, Rtfch , Schin eil

hébreu ; Phi , Chi , Pji en grec , ne


viennent c{u'à la fin de l'alphabet y après
toutes les autres. \

Pour les voyelles ^ les réda^eurs de


Falpliabet hébreu ont à-peu-près fuivi dans
^arrangement le même- procédé par eux
employé pour celui des conforuies, 11$

ont mis en tête de tout l'alphabet un


figne , qui n'indique chez eux que la
finiple ouverture de la trompe yocalc ;
G***
11]
auioii 1 arucuiduuu uduiiucuç uwu ««i.*
grand ou me

tÇÔ ^M É C M A N I s M E
premier mouvement néceflTaire à la parole. l'alphabet grec

Mais ce mouvement , dès qu'on le rend profondément j

fonore,produifant naturellement le fon A^ H : nous lui i

fa voix Ahph^Alpha^ A , fetrouve entête eonfervé la fig

des alphabets. Les Hébreux ont marqué dans le grec.

trois divifions de 'la corde vocale , aus voyelle appart

deux ijottts & au milieu. Sans avoir des langue françoifi

voyelles proprement dites (car les points plus doux, plu

ÎQXit une invention- poftérieure dont le fonné fur l'extr

à)mmerce avec les peuples occidentaux il eft inoycn en


leur a donné Thabitude) ils indiquent par Latins en faifoi

trois caraâercs , i'\\ faut donner le (on bre de mots coj

à la conTonne au bout , au fond , ou nu où il a ce fon


milieu de la trpmpe. Dam l'ordre de tilien. Médius
leur alphabet la première indication H Hi fonus : non cm
efl au fond dans la gorf^ ; la féconde y Vau optimum ; Ve
eft w bout extérieur fur les hvms ; la à peu^près le ft

troifieme ^ loi eft au milieu fur la langue. grec. Fidctur,


Quand aux rédaâeurs grecs , ils ont lituram çu<ê à)

très-bien diipofé les voyelles félon Tordre Voici Fordr


3t la dimiîiution de la voix 6c des diame- trois alphabets
es de la trpmpe vocale aa^« a: ivrixê» é : où , à quelque?
mtM i ; êféim^êf : v^^\»î y. HT# devroit pré- trouvera le m
céder f^'iAo , s'iT'étoit notre voit ai On y obferv
intermédiaire entre a ôc ^« Mais dj^nsi ëlémens n eft (
rana ou momcire : aimi que loui iiur

DÛ 1 A !f GAGE. ÎÇI

phabét grec , il repréfente rafpiratiott / •v^i


fondement gutturale que nous figurons
; nous lui ?vons dans notre alphabet
ifervé la figure & le rang qu'elle a
is le grec. Quant a Vu fiflé , cette

yelle appartient en particulier à la

gue françoife. Vupfilon grec a un fou


s doux, plus tenu, quoique labial ÔC

më fur l'extréntité de la coràe vocalç :


îft moyen entréiiotre i & notre u. Les

tins èo faifoientrufagô dan^ grand nom-


\ de mots zoramtSulla^maxwn^^ &c#
il a ce fon moyen dont parle Quin-
'^i
en. Médius ed quidern \\ & i liturcR . ^

lus : non tnïm fie O'piyxmyxm dicwius ut


timum ; Verrius Flaccus dit qu'il eft

)€u^près le x^ême que celui de Vupfilon


?c. Fidctur, tandem tjft apud nos u
uram qiùt àpud Grùtcos y.
Voici Fofdre des confonnes dans les,

)is alphabets, hél^reu, grec &c latin ;-

1
, à quelque? jkîtit^ variétés ^^rès , on
mvera le même fond d'arrangement,
n y obferve que la fuite totale des
^mens n eft qu'un compofé des mêmes
<yiv /
a pas àiphtongu€s , bien que Ton employé ^'MïTevpû
r^

1 «» MÈCHANISistîf QJJ iA;^îGAGt.


indicarionis d'organes , répétées lelon que
(«I ***
Tarticulation eft moyenne ^ douce , ou Hi
rude : mais qu'à chaque répétition du vé-
ritable alphabet.haturel^ compofé de iix
C Hi
confonilies feulement, Tordre des organes De la voi
^i deflus décrit eft confervé dans Tàlphabet
w

grammatical , fur-tout dans Thébreu qui


4f>,Dtla vù
eft le plus ancien.
quoi on
"*.

Heheu. - €rec^ Zatïni


47. Diffirtm
. . na^aie.
j^^.Lavoixf
àf^j.Duchan
viennent.

JO. Z^5 tf Ctff ;:

^ chani*,

y lîf ?! "^ ^ '


"^^i
1 . ^

u.Caufisdi
^i*Analyfe
lions don
de diant
celles qu
férence ei

des corpt
^ y cipes nia
wMijç vpia^ en prononçant courarameni
."\

=*:

f^£
s ************* #.

C HAPiTRE IV.
De la voix nazale & de l'organe
du chant.
46. Z>^ la voyelle natale & lyrique. Pphr^^
quoi on r exprime par les confohnes^

i^'j.Diffirence de U voix pure à la vfl^A?^

. . natale. / j ^ ,

48. La voix natale exprmtPidie négatiyù,


49. Du chant & des paroles ^ui
: lui
f<y*-,
viennent.

^0, Les auens forment uj^ ffpcce d'af-fii^


lation mitoyenru entre
Jq, F^^olfi^ &: Ifi

ï I . Caufisdu chant. J)ffpinorfiaffepiff>pre;


51. Analyfe des drfioripanf^s & madi^c^^^
lions dont la voix de parole & ^^Vf^f^
de chant fontf^f<^pj^k{f?. Quefk^^t^
celles qui forme^Je çar^Her^^4j^ qj^
firence entre Us det^ ^at. De U, loi

de^ corps fonores qui conflifUf lespfi/f^


cipes nécejfaires dtl Tharntonie, r
,
,

mais toujours de la voix franche à la


muctu ain

roijcmuçtu y en laifTaat mourir le (on dans Anglois'&

fêi'

îf4
^^"^
MeCH AWTS M Ev

f y V ,
i.

N on , oun j u
'46. De la voyelle naiaU & lirique, Pour^ la voix n*a
quoi on exprime par
l* les & qui ne
confonnesli.&M} tien de làn
UiM
danslaméi
^.^^^.^^XptïQUONS ce que jVi
voivlolt fè
«^ 17 n ^^^^ ^''^
,
haut n^ 18^ qu'a pro-.
pour figur
^iii^^v:r\ prement parler il y avoit deiix
•^^'^^'^ jufte d'y e
voyelles correfpondantes aux
douce de
fuy^x de Pinftrumeht. L*air pouffé
par cônféq
de la gorge à rextrémité des lèvres
plus de la
^<i6tftt une ligne à -peu -près droite*
beaucoup
SiaîS^ Tair pouffé de la gorge à rextrémité
genre , la
des narines fe courbe au de^là de (on
tninient a
milieu & forme un angk aigu; Cette
de rinveni
A
€ouih\it€ change beaucoup te fôii fifrtjrfe
par aucune
qui , outre cela , retentit dîins lès narines ^
jenepenfe
éottîii^e diani otl^ îiiftrumehf fonore ; la
pour lors,
ftrûâàrc propre des narines & leur fëpa* lettre -Vn'
ratîfcJn^|yay ah mince diaphragme les ren-
liazales , i
iant t^^s-fufceptiblfei (fdfciUktions.Ce n'eft
n'y agît {
plus tmç vpix franche > mais une voix
le nez. L
^mi-^rhlmt^é & nasrale : de-là vient que
lèvre dou
cèft'e efpéce de Voyelle eft fi propre à la
fyllabe^
poefie lyrique* Au lieu de foire 4> « > ^> ]
muette ainli que ïe des rTan<;ois , cies

AngloiS & dc$ Memands. Nous en avom

ï) u L X N ô ^ G éV jr5f

î, y V, «, tl!e fait an y ain, en, in,


on y oun , un. Pourquoi figurons-nous ainfi
la voix nazale ,
qui eft une pure voyelle

& qui ne pafle nullement par l'articula-

tien de làngîù figurée N? Ceft un défaut


dans la méthode ordinaire r mais dès qu'on
voulolt fe fervir d'un capâ(Slere.confone
pour figurer une vraie voyelle, il étoit

jufte d'y employer par préférence la plus


douce de toutes les lettres liquides ^ 6c
par cônféquenr celle qui fe rapprochoit le

plus de la voyelle. En cejci, comme en


beaucoup d'autres chofe$ de ce même
genre , la méchanique même de l'inf-^
tmnient a entraîné par inftinft le choir
de l'invcntear ;
plutôt qu'il n^a été décidé

par aucune obfervation phy{îquc,à laquelle


je nepenfepasqu^on fe (bk beaucoup arrêté
pour lors. Une marque évidente que la
lettreA^ n'entre pour rien dans les voyelles
«azales , àn^ in , an , eft que la langue
n'/ agît pomt Ai tout > mais feulement
le nez. La lettre de mâchoire^ on de
lèvre double Af ^ fi elle eil finale dans ht
- fyllabe > prend > pw 1^ manière dont oâ
înfpirant foit en cxfpirant; mais prefque
peu , 1(
toujours de cette dermere mamere^ i
C.cci fai

15e Mie »AMI SMl


la prononce ,
quelque chofe de nazal qui- en na;
la diftingue des autres articulations du gIobé(
même organe. Auffijj^n fert-t-on quel- qui n
quefois , quoique ttuu à propos pour figurer fonnei
les voix nazales
'
am > im , um ; & rc- fui>Te
maïquez que Iprfque dans les langues nombr
latine, françoife, &cc. onfefert de l'M chamb
au Jieu de ÏN pour figurer la voyelle

nazale , ce n'eft jamîds que lorfque la voix


nazale précède uiiê lettre labiale , comme
dans imbicilU , imprudent y ambigu > em- \ Une
pêcher > &c.^ors au lieu de figurer la queroi
-voix nazale ordinaire Ja , ou la figure pourrc
nazale - labiale par im , à caufe de la niN.
confonne de même organe qui va fiiivre fîiais il

& i5m_rattire : ce qui eft bien une mar- pureté


que de cet inftinâ dout f^ai parlé tout prime
à ITieurc , par lequel une lettre d'un orgaiic du ru[
en tttire une autre de même organe* '
parlerc
s. I

Car j'ai peine à croire que cet ^ge Te S'il eft

foit introduit enfiiite d'aucune ûl;)fèrvatfett^ bremei


méditée; mais plutôt parce que lorsqu'un 11 faut
^ mot porte la forte labiale M précédée voix p
d*une voyelle pure , s'il paffe d'une langue ment p
eu une autre , il "^change fa voyelle pure fion. >

i
^'il ny en avoit d'abord eu que ^^è$-
peu , lors de la première invention. Tout
C.cci fait qu*une jWtie^içs lettres fe trouve

© tr L A N G A G Ë.' Içy
en nazale formée par M qui y refte en-
globëe : & on y fubftitue , au lieu de VM
qui ne fonne plus comme elle dç^voit
fonner , une moindre labiale pour la
fuivre&c la remplacer. Exemple. Numerus;
nombre. Cumulus , comble. Caméra g
chambre.

47, Différence de la roix pure à la voix,


natale.

Une perfonne à qui le fécond tuyau man-'


queroit dans l'infthiment de la parole ne
pourroit avoir dans fpn^ langage ni M.
ni N. finales , ni *S, ni voyelles nazales ;
ftiais il pourroit facilement prononcer avec
pureté toutes les autres lettres. On s'ex-
prime à contre-fens , quand on dit yparUt
du zre^ ; c'eft une efpece d'antiphrafe : on
'
parleroit du liez fi on n'en avoit point.
S'il eft bouché , fî l'air n'y paflTe pas li-
brement , on parlera on chantera du nez.
^
Il faut pour parler^ ou pour chanter i
voix pure &C nette que l'air paffe libre-
>
ment par ce tuyau farts y fau-e d'impref-
fion. Ntais l'ofcillatio^ nazale qu'il y,

\
car vousjoi^ez av^^
la
» deux autres : li

>*iota, ou ipfilon pour ne faire quune


pourvu
,> feule fiUabe, elle s'y accordera

i^lf MÊCHANISME
caufe; entremêlée avec la voix pure, ff

elle eft bien ménagée , donne de Tagré^


ment ^ & une certaine mélodie à !a

tou-
paroFé ;iau lieu quelle nuit prslqùe
jours au chant ; comme on le
verra ci-

après.

48. La voix natale cxpririitr idée négative.


^'t >
'
L'idée privative s'exprime volontiers
d'un
avec la voix riazale qui a Tair
gefte de négation. Exeniple. incroyable ,

;;«prouver , mfidcle. Parcettertiôme raifon


naturellela confone nazale S eft
devenue en

certaines langues le fîgne & le caradere

ëe Fidée privative ; dans Fltalienne par


"

temple : Sfortunau>yfmontar,f/aligiato ,

fnaturalt yjpropofito , &c. Cette rencontre


de V voyelle & de la confonne nazale
^
d'une
dans les etpréflÇons toutes différentes
inême idée marque lènfiblemcnt que la

nature a déterminé cet organe chez plu-


lieurs nations pour ^primer la négative.

Car il a nulte reflembiance entre la


nV
voyelle nazale in &
la confonne nazale
5.

Ceci n'eft donc pas l'effet d'un choix


qu'il faudra bientôt fuivre avec foin dans
les diyer^a branches de fon opératioûé

pu La W g a or. tf^
tolontaire ni raifonbë , mais la fuite d'une
analogie fecrette , rélultante du phy fique de

la machine, comme on le verra, n^ 189*

lui
^f.Dié chant-: &\ des paroles qui
conviennent,

La voix nazale efi harmonieufe & r^


t«ntiffante ;
par-là Convenable au genre-

lyrique , mais plutôt à la poëfie , où elle,

met une efpéce de ijaufique ,


qu'à la mu-
fique même. Le, chant & la parole font

deux chofes fi différâtes dans leurs pre-

miers principes , qu'il n'cft pas aifé d'ea

comparer les inflexions , le^ ël^mens , ÔC


ks organes. Le chant pour être pur , ne
doit fortir qu'a plein canal , de la bouche
ouverte, & non d'àucnn autre tuyau ou
partie de Vinftrumcnt.. Il ne veut^qpc
^ae des voyelles (impies & franches. Car
li iie porte que fur la voix ^ fans qu'il y
ait d'aakn ni de réaction entre le chant

& les inflexions 4€s fut organes que-

nous appelions confonnes': même dans,

les mots chantés fc'eft la parole feule

qui articule Icj confirmes j le chant »>


mouvement dcs levres , ic i»ii.i...-
ce
le plus voifin nonce,
organe qu'il met en jeueft |
dtnial: bous p
de celui-ci , fqavoir , le mouvement
il T

l«0 Mi C M A H t $ M B
prend point de part , & ne s*exerce qiïé

fur la voyelle. Les voyelles nazales peu-


vent le contrarier, en Ce qu'elles font
retentir dans le nez un fon qui ne doit

fortir que par la bouche en ce que : le nez


eft un fécond tuyau à Tinfirument mal
tfaccord en mufique avecrautretuyau.il la

contraint & Timportimc : elle n*airae pas

à s'en fervir. Auffi les vo»yelles pures dont


la langue italienne eft remplie ont-elles
affuré la prééminence à la mufique de
t'y
cette nation : auffi notre mufique fran-
çoife quand elle fait des roulemens Tur
certaines fyllabes nazales familières à I^

poëfie lyrique , telles que chan-tcr^ triom-


pha , &:c. né fait entendre dans le rou-

leràént que h voix fratichc j4 ^ O; &


ce n eft que lorfquVlle s*apjiuyc fur une
tenue ou en finiffant le roulement qu'elle

£ùt fonnér la voix nazale an , cm. On


en peut faire rexpëriencc : elle fera con-

noître que fi en rouknf fur là première


lyllabe dû mot chanter oft faifbit entendre
la voyelle an au lieu de la voyelle pure a^
on chanteroit , non gutturalemçnt , mais
-...„. v^Auwm Ut ueu peine péur-pro-
iiôncer la pure lettre de langue La, qui
nous.paroit aifife
, provenai^t du finiple
Tom$ 1% ^
Q

"U-

BT7 Lan gag s.' \^t


tout-à-fait nazalement d'une manière très
défagréable* La mufique fe déplaît fi fort

à certaine^ fyllabes dures , quoique lyriques,


comme zmour , erreur , où Tarticulation

frolëe eft jointe à la voyelle fourde , la

parole a tant à travailler dans de tels fons ,

que le chant , dont le fon eft déjà {\

(iifFérent de celui de la parole, ne peut venir

à bout d*y adapter fon opération propre.


La mufique en effet a fa mélodie pro-
pre. Elle ne veut être gênée dans fa

marché ni par aucun effort , ni par au-*

cune mélodie trop marquée dans les pa-


roles ; l'opération du chant 6c i^^ prin-
cipes efTiciens étant bien moins variés & en
plus petit nombre que ceux de la parole ,

ne peuvent la fuivre dans toutes fes marches.


Par cette raifon elle veut des mots doui;
coulans 6c feciles ; fe trouvant également
gênée , s'il y a trop^de rythme dans
les paroles, 6c s'il n'y en a point du tout :

car ce dernier poinf feroit contraire i


fon eTence. Les vers latins d'un genre
profodique 6c fortement mefuré ne lui

«onvieunent pas ; la profc âran^oifc tou|


,
notre filphabrt vulgaire «. çtohi»»-
' Cet
que nous tenons des Phseniciens.
plphîiet de CbMW» «ft te plus aacia»

i6l M É C H AN î s M E
à fait plate & fans quantité ne lui convient
pas. Mais elle s^accommode de la proie

latine & des vçrs françois ,


parce qu'à
vrai dire notre poëfie nVpas plus de mé-
fiire que la profe des Latins. Elle ne fe

plaît pas aux vers hexamètres des langues


\^lgaircs trop longs pour elle ,
parce que
le difcows mufical , bien plus borné que
celui des idées ^ fait fes phrafes courtes
les chargeant à tout momens de petits

repos : ce qui fera facilement reconnu par


'
ecux qui voudront prendre une pièce de
fymphonic &c y mettre des points , deux
points, &
virgules partout ou le fens
mufîcal le demarldefa. Ils y verront la

raifon primordiale pour laquelle la mufi-


que veut dj petits vers coupés : combien
elle fe plaît aux rimes redoublées , à caufe
de leur analogie avec le chant : combien
die exige que da!)s ks phrafes le fais &
les demi-repos des paroles foient d'accord
avec ceux du chant, rien n'étant plus cho-
quant a roreille que» de trouyer comme il
a'arri ve que trop , une virgule muficale qui
«oupe un mot par le milieu; Auffi eftU né-
- *-upiwucui IV OC en génétkï que les
"luettes doivenè précéder les liquides ;
^e qui eft vrai;
Gij

0.

DU LANG AC lé X6i,

eeffalrc que le plus tort accommode fa mar-

che à celle du plus foime , s'ils veulent


aller

enfemble. Dai\s nos opéras , les chanfons


fort mélodieufes ne fe font qu après Tair
mufiçal &cfurfi i4rche : de-là vient qu'ily

peu de bonnes quant à la poefie*


eu a fi

de faire fur la mur


Mais s'il eft fi difficile

d^ chànfons,
V
fique les vers de ces fortes

qu'on appelle parodies , il le feroit encore

plus de fiure précéder la po'éfie. Quinault

cft-venu à bout de faire fur une glguc de


L Phaëton la (^hanfon , C4 biau jour n$
permet qu'à l'auron , 5cc : mais on peut
\

aTurer que Lulli , tout grand maître ^l'il /


étoit, li'auroit pas fuit, fon chant tclqu il

dl fuj lc« paroles de Quinault.

Dans rimpoflibilité de faire fur nos

poèmes d'auffi beaux chants que ceux des


Italiens , nous commen(jons depuis peu
telles qu'elles fur les
à taire des paroles , ,

chants Italiens. Ceux de cène nation n ont


pas cette peine ne leur importe guèrcs
: il

par où ils commencent ; fc mufique fym-


pathiffUit tout-à-fait avec leur langue.

U noue I au çoauaire , n'eft guàrc»


,, ,

IN54 Mic « AN î s ^t Ë
fc ne croi
prôpfe cpi'à cette déclamation chantarite J
ou pCUtH
jtonforme à fon rythme :& à notre goût ,q\ie
la nôtre à
noùç. appelions récitatif & rtcit. Datis le
dans U n
grand nombre q,ue noUs^vôns de bons
morceaux de mufiquechintante^expreffifs,
iatU
nobles ^ bienfaits ,
prefque tous font des
récits dans ce genre déclamatoire. A peine
pourrions-nous citer dans tous nos operai^^ Les a<

dirai ci-a
une douzaine d'airs de mufîqifie vocale faits

turelsde!
fur la poëfie , &c qui méritent véritablement
entrent
le nom d^airs chantans. Nous en avons i

Maisfelo
davatitage à proportion dans nos cantates,
au (on vo
dont la fabrique approche plus de celle
les confc
de la mufique italienne. Je n'entends pas
des parodies car notre mufique fois avec
r
parler ici :

excelle par la variété & le nombre infini même cl


L. de charmantes T/mphonies , menuets parole n
chacônnes , rigodons & autres ballets à chant: fi

danfer , pleins de mélodie & de cadence. pasunhc

deviennent de fort jolis airs à chanter la voix d


Ils

lorfqu'on parvient ^ feire ^ bonnes l'on reiï

dont la
paroles fur la nmfique ,-e^qui n^eft

pas commun. La langue latine nette & plaifant

agréable
fonore, eft auffi très-propre à la mufique
néamnoi
ilu genre noble ^ harmonieux &C fubliise«*
nv t A H G âge; %^
fc ne crois pà$ qu'aucune nation ait mieux,
ou peut-être inéme aufli bien réuffi que
la nôtre à faiig^àûge de cette belle langue
dans If inùfique. .

^Ofl4S4Ucms forment une efpccc d'^tictti

iation rnitayenne entre la parole


& le chanta
Les accens qui forment , comme je le

dirai ci-apr^$ , un des ordres de mots na-»


turels de la langue primitive (voyez n^ 84}

entrent pour beaucoup jdans la mufique.


Mais félon mon fentiment ils appartiennent
au fon vocal ; & je croirois qu'il ne feut pas
les confondre , comme on a fait quelques
fols avec le ton mufical , qui n'eft pas la

même chofe que le fon vocal ; Torgane de là^


parole n'étant pas le n^éme que l'organe du
chant: fi bien. que nous ne reconnoîtrions
pas un homme à la voix du chant , bien que
ê
la voix de p«u-ote nous fut fiimiliere 9 & que
l'onremarque quelquefois des perfonnes
dont la parole eft d'un fon rude dé- &
plaifant, quoiqiiç leur chant foit ttè$-

vrai /
agré^ble ou au contraire. Il
; eft

néanmoins qu» les l[ccjens ibnt U mH


f_.

\
,
«Kwmecuaire entre « U f. Mm dm M «il^mens n'efl

iii^

ViSô MâGMANÎSMl -y

diikratîon du fon vocal qui approche le font toutes d


plus de la mufique , tellenWt qu'ils pa- d'accens^quoi
roiflent former dans la n^re une efpece "&:queIalecoi
moyenne , intermédiaire entre la parole doive point «

*^& le chant comme leur nom même ie le même genre


;

défigne. {Accentus id t&:,ad tantum^propc vous pleurci\


cantum.^ Convenons encore que loffque chang€j[dtvifA
1*accent eft poufle fort lojn dans le mou- e^ridecjèmon

vement d'une paffion véhëniaflfe de clou- <ic Renaud, Ji
leur ou de joie, il devient affez fonorc exemples nou
pour fe coiive^r prefque tout-à-fait en eftdure1?ort(
€hM:it. Auililebon goût des accens eiitrè- au débit de la
triLpour beaucoup dans la compofition les mouvemen
mujkale , fur-tout dans le récitatif & dans niens , il prodi
' les airs paffionés. Le compofiteur & le teur par une i

chanteur y doivent avoir le plu$ grandi


-

puyée. On doit
ëgard , s'ils veulei^ rendre avec ^"vérité de déclamatio
iVxpreifîon du fentiment. Mais on doit ici avec force. En
lei diftinguer avec foin > Comme féparcs» en mufique u
dans l'examen des principes qui ne font ï^^diocre , c'el
peut-étfe pas les mêmes; ou dont l'aélion ici Lully , me
s'ils font les mêmes, eft infiniment plus chant qui indi
'
atténuée dans le difcours que dans le chant. demandé par
Cela eft fi vrai , que la déclamation de ntême à faifif

;i'<>péra & la dédamâtion de la tragédie furplusjonia'a


.;
émens n eft qu'un compolé des mêmes
<jiv

D 17 Langage. i6f ' .i

nt toute? deux extrêmement chargées


accens, quoique la première ait
du ehant,
qiie la Seconde pour être bonne \
n'en
:

, ,
)ive point avoir. Il y a de l'accent &c
même genre d'articulation dans : Zaïre ^
us plmrci , & idans
Scigw^r , vims :

ang€^ di vifage
, que dans : Quoi! S^n^
ridt cfi mont ? U dans :
Le vainqueur
Renaud y fi quelqu'un h peut être. Ces
emples nous mc«itrent que l'accent À
idu rèffort de la parole, appartient' &
dëbit de la déclamation parlée. Dans
rmouvemens de l'àipe fubits ;& véhé-

\
iîHs, il produit un grand eflfet furjFaudi-»
ir par une intonation imprévue & ap-
yé€. On doit l'employer en toute e^éce
déclamation^ li l'on veut émouvoir
ce force. En pareil cas , ce qui diftinguc
mufiquc
un boii-^çompofiteur d'un v
^diocre,c'eft de fçavoir, commeaftit -
/
LuUy , mettre fur de telles paroleî un
ant qui indique au chanteur l'accent
mandé par le^ fentiment
\
; qui le force
îme à faifir cet acfcent particulier. Au
plus , on la'a pas pour le marquer autant
'^68 liÉCHAKÏSME
:de ^cilité que pour écrure les paroIes^OM
fla chai
^podt noter le chant. On ne prefcrit pas
la tenfn
Fexpreffion du fentiraent. L'accent qui le
Iglotte». (

inanifefte eft le langage du fens intérieur.


M. Ferr
Noiis n'y ;fominft$ conduits que par ^'é-
le cham
'^notion qu!excitent en nous les paflio^s
snimmu
-qi]^ nous agitent. tIas stSburs ne mettent
des coq
'db yérité dans leur jeu, qu'autant qu^Is
membra
excitent en nous les mêmes émotiom,
:

(Voyest n^ p,. Us.)


tiens &
tout fen:

mI • Ciiufes du tham. Dtjbn orgdm propni àc vio|o


\ rapiditë'
*>\VoicL ce que l'on peut remarquer fur
t)unM)m
4*organë propre ihi chant» 1^; yotx chan-
r font le c
ade plus qtie la iimpfe voix parlante ^
Htanté
Jnoteur
cun mouvement de tout le bdnx y dp cette
pouffe 'a\
iftartîe de la tranch^efortere qui fe termine
'rapidité
'^à h glotte ^ :qi|îrealBavebp{^^ la n?ain
/lés amfdes. jbe balaiicemmt& les vibra-
dofe de
1 I

^'^ons dn larinx y proditt&nt me efpece^


- fint^

d'ondulation qui n^eft pas dans |a voix de en Un
. h, parole , fi ce n'cft. qu'f^Ue fe &it pi peu le vol
lêntir dans la voyelle navale y oil le paflage '
^"ffiqUel
, '}ée l'air fait bnditlei un^ett4e# narines 6c

'4e diaphragme dû nez, MsûsftHput la voix


T ,
t: irrr r^

cipes nicejfaim d^TharmonUp,^


G V

Sn diant conijfte dans les vibrations &c


h tenfion plus grande on moindre de la
<^

^glotte». On doit cette b^He-ilécouverfe à


M. Ferrein. Il eft parvenu à faire entendre
le chant hùbudn, & ««éme les <:ri^d0s
animaux , en ïoiÎÉflîaht dans lés krynx tires
des corps & fiiij&nt onduler les rubans
membraneux des glottes. Les contraç-^
rions & les dilatations de ces tiibans en
tout fens .^ibfcJbles à celles des cprdes
de vio^ns v^<«nent awç iinc mrêii)e
rapidité daniUttçtefcit oipace> Jes lOns plus

t)Uînoim gravissdsi^ijimt l^ vibrations y


p
r font le cKant to&hc ; Taif y feît Toffice de \
jnoteur ou d'archet :^ le pùiamon qui je
pouffe avec phâ ou moiïîis de force , de
rapidité , i>^ 4*^ .^piautit^
y Jut celui
'
^ 4c
h main <ÉW)î«e <îu^ mwie. IWdk^. De Ja
dofe de: cçc|« fèrç^ OU ^Uai^tité^ réfuke
- Kmenfitè db: fon ^ %
tm fi* k dow^
en un mot ce ^*on appelle en mufique
le vohiipe dç YQijCt. H «ft vrsvf^WiblaWc

. I^ï^jw.^lô; jlw j<HiiJe njpins de diamçirc


,,
tcne eipece ue voyelle ell ii propre i 11
poèïTe lyrique. Au lieu de ^re «> « , />

^
fO^o MiCHA N î S M^-ï

que Ton donne au tuyau , contribùentlk •Uètui


former le grave ou l'aigu,
cxœll
AinCi la voix de chant eft un orc;iie à
&Fe
cordes, qui a des foufflets pour infpirer <les f(

y l'air ^ un tuyau pour le conduire y & des


Ça, .^.
Tubaiis ofcillatoires. Ceft un- inftrument
lie
inonté de cordes mues par le vent ; deux
conditions qu*^n n'«^ jamais cnjj^ouvoir 4c

réunir darw la fabriqué d'aucun Infiniment, xti


"'T'A
&i qu'on regarde comme les^plus propres fer
(
• \
à lui donner la plus gra|ide per&âion
P0fnble , en y r^imifïânt la rondeur &
lakigëreté. Lelpreriiieif eft un attribut de
Dai
.-<v.. ^Taîr , le iècooa eft; celui des iils tendus
Itittts
&c la diverfité qûi>tô rencontre dans la
ol)fèrv
corftruâion de nos inftrumens faAices fur 1^
ibit à vent , (oit à OOrdes ^ e:idut l'une
^
tient]
ou Vautre de ces pn}pitëtéî(qi^^\l faudroic tant. îj
y'pouvèlr rtffi*nlbl€fK Auffl Vôybns-nous ùîati(
< i^ l'orgue eft meèUeûii^^&: pl^dema^ lemen^
jeftë, mais il n'eft pas&ille claveflin eft
» al

brillant 6c legçr , ntiûs il eft^ Tec. L'inP > VOK


trUment chantât dé bWic ihiiinaine ,
par
^^
fa conftfu^oni rérink tiA<ice«)avaiiUg«s« M ëmoj
i *.

) >^lâmi
dont oâ
fyllabe y prend > pw t^ manière

Ni

to U t Ajwr G À G lÉw
,f5|r
Il état èonfuteer Air cette cbnftniftion I^s
^xeellcns Mémoires de MM^ Dodart
Se F^réin ^ans fe Recueil de racad^miè
<les fciencés,

Ça, Anàt^fe des dfcoi^ancts'& fnodîfica^


^ lions dont la voix de paroU 6* il^ voix
4c chant fontJi^cejH*iths. i^ukUesfotit
celles qui forment U tdraSere'de dif-
férence etitre fcï deux yàix ? 2?< fa loi
ydés corps fhnores , <peïcoriflhtteiiisJpnn^

» «ï/M niceflaires de tKarmùnie. .


lettres
Dons
,
ceûj^

ttoaii
de
xx) ,
t^^dèm^
M.
^ W^
Ducl,o$! a dbnHié dj^
obfervatiôtts très-ingénieufts & trè»*)uftes
fur ït g^nre cara^éi^iquei <^ j^ ^cl^i[m^~
tion théâtrale , foit enparlaç^foij e(i> çh^ip-

tant. îi aâUt j»aftoni^t^^^^^^ ^cla-


niatiofl^ ïiL<€ 4uti M i^Uj«f>nyî|^ ^91-
lemerit âufc aocau^ ^ Q^4 ^it-jl^ une
» afl^ric>€t Ou iuie itlddificajtiQn qù^ ;la /
^ voiici^pLlytôrTqué noW fomn^ies ëifius
H 4e <|iiiél(|iie pailtoiti^ & qui aiUK>nite cette
>> émotion à ceux qui tiw$ ét^tçnt 9 d«
H la même manière qu^ i» dirpçj&tÎQn 4»$
Hfj*
tn une autre , il '1:hange fa voyelle purç

1^.

V7I *ïicH ANI s I^E


ceèd

»> traits de notre vifage l'annoncent à
avec
« »^ qiii nous regardent, h Analyfons
qui fe trouve dans le fon
de
Iwi tout ce
la voiMumaine , c'eft-à-dire dans le paf-

fage de IVir pouffé par lei


poumons , Çc
,

de la glotfe.
fortapt du tuyau par la feiite

Nous y rçra»querons , en décompofant


pour les confidérer
{es modifications ,

i:hacune à part.

I® I^e fon (impie,


\ a^ Le volume & la force du fou , félon
^
que les poumons en donnent plus ou
' moir.s

rctemi^dans les cavernes


4 Tûk^ 6c qifit

de la bouch<?.
3^ La lenteur &
la rapidité , félon cjne
-
Tait cft chaffé du poumon
avec plus ou
c

fifèifis et ptécipitjition.

.' 4^ ïi^âifiKrens degrés tfabbaiffcment
J #uff«évat\on, félon <jue la fente*de la
que
glotte eft pfiw'6u moins ouvertô ;
J^ '
fout le conduit Aa canal eft tenu dans on

fétat plus ou moins <P® le fôu
reflerré ,

plus près ou plus loin de


Forifice
retentît
Toutes ces circonftances font
extérieur.

^tam<fc modifiattions différentes, qu^«i^

«I
/ion, Ntgis rofcillation nazale qu'il jç

D U L A K G A G )E. tjf
r» -doit pas prefidre Tune pour l'autre*

De la féconde provient le fort & le doux t

de lairoîfieme la tenue &c la vîteffe : dei

la quatrième le gfave &ç l'aigu^ Toutes,


appartiennent également à la parole 6c
au chant ^ piano e forte , adagio ed al/egrop
foprano $ baffo : la troifieme appartient
#
i--',

fur-tout à la tadique mufîcale ^ à ce qu'on


appelle mefure &c mouvement qui forme
le vrai rythme de la mufique. Laqus^trieme
caraftérifc la différence desefpeces de voix
& d^inflrumens : elle appartient ainfî que
la féconde i Tintonation tant de la pk-
role que du chant ; mais aucune ne doit«
ctre confondue a\ ec le chant , puifque leurs
variétés fe remarquent dans la prononcia-!:

tion du difcoi^s orcUnaive.


^^ Uacceâ*;t &c la déclamation ^ qui en
faifant ufage de tout ce que je viens de
dire en y participant ^ paroît encore
,

former une nouvelle modification dans la


iib/lance ^.éme de la voix; modification
Jnfpirée par le fentiment de Tame , difFé^
lente de la parole& du chant puifqu'elle ,

peut s'unir à ïime & à Fautte^^ôu en étry


.il)
,
voyelle nazale 1/2 U la toiriOUliii lltLUUt ui

Gcci n'efl donc pas TefFet ét\xry choiaf

if4 Mi en xni ^li^ f


letranchée. « Ceft «île aflfeftion qia
}f arrive à notrç voix , lorfque paflant d'un?
^ état tranquille à un état agité , 4iotre

5^amé eft éhme de qadque paflîon ou de


^ quelque fcritimcnt vif. Ces changemens
i> de la voix ibnt involontaires. Ils accom-
M pagnent nécdfairement Tes émotions
« ^ ^.naturelles. Dans le chant comfrie dan^
li^ta vok ^ fcx^re^on du chant efl quelque

Wèhoâr <fe di/fërent du ch;uit niéme> &:


i^dciiiittbfladoh^ harmoniques. L'aâeur ^
\
« iSmt iJÀati^uer ce i^ qat confHme le chant
H peut ajouter rrcpreiXo^ o^ y munquer.
'^ij^ te chant , qui ajoute aa (onvoc^

âne moduhitan tonte portiôiliere ^une


on^idittbii m^todei^ i \ine intonation

beaneoup ph» variéPéc ph» étendue ^


la^iielle ne procède que par certains in--

lerviUia s^égléi. Les foix de ces inter-

/ VaHei font données p9r la namre : elles

làrtitnt toutes d'un cerr4in princit>e tbn«

fl amtoût ? phyfiqne 6c néceflaire , appelle

la UAdês (offsfonons : fçàvoir ,qu^m corpi


iretentif&nt , ibppé d'un feul coup , fait

^QKndre Bon^feutemcnt le fon {mnqîpaJ^t


qui articule lc$ confdMcs y le
chant »y

D tJ L A N G AG t/ 17f
ftiak encore la quinte aiguë de 1 oftave ^

& la tierce plu$>aigiie de la double o^avc ^


que le même coup : (ait (rémn m autrtf

corps fonore voifîn ^'il eft plus grave d*unif

quinte que le corps frappé.


nanct des aigus , de ce frémijjcmtnt des
De cette rcfo^
^
graves naiffent la progreffion harmonique |>

l'ordte réel & véritable des gammes quel-


conques y la variété des modes majeur 6c
mineur , les régies dé accords , en unimot
taus les prindpesdc la mélodie i& dr
rharmonie (*). Ceft, comme Pont obfcrvé
les deux hsiiles phjfficiens que j'ai cités,

le balancement du laryhx , la vibration ic


fes rubans oTcillatoiies qui ajoute jau fon
vocal cette eipece d'onduktioii paitîciif%
liere qui n'cfi pas dans la fimplc parole;
On peut imprimer ou n'imprimer pas le
coup harmonique an rorps fbnore : c'e(b-

à-dire , â la machine vocale dn corps faiH


I «>
*
n<>t^tv6îrtéipife|ï^
teDîaiMtidifft Etocydtipèdiqiti^ tûi- bc ttaiiiere
ilont toutes Ifs, moAulatioi^ majeures (ont fuc*
cefliTetnent enfl^drécsJc^nes des autres par !•
féfonanotét% a^gi» , ^Hes moddations misKurev
^%ï kfrémijffemini des g^ves^ /
Hiy
^r.
^^
,

la voyelle an au lieu de la voyelle pure a^


on chanteroit , non gutturalemçnt , mais

176 MicHAwrsMt nu Langage;


main : alors la voix fera chantante ou
iîfnplement parlante^La différence entre
les deux voix vient .de celle qu'il y a
irntre les rubans du larynx mis en vibrar
lion ou laifTës en repos fur leurs attaches^
Que la voix (bit de chant ou de parole
(ellet vient toute entière de la glotte tam
pour le fon que pour le ton. Mais Tondu*
ktiicm vient entièrement du balancement
de tout le larynx. Ccfft une modification
qu'on n'ajoute quequandon veut. Sans faire

une partie néceflïûre de la voix , elle en al-


/(^'latotalité &: lalubftanceméme du fon.
t^ Toutes les variétés que }e viens de
jdécme a'afl^ent que la voyelle^ fans

wcan rapport aux confonncs qui la £gu-


itnt. EUe reçoit feule les modificationi i

ibit d'accens dans la fimple parole , foit

^intonation muficale dans le^-ebant. J'ai

4iSja obièrvé , n^ 49 , que la çonfonnc


jDi^avoît aucune paît w chant, EUç n'en

« d'autre à l'aecent produit par l'ëmotion


de l'ime , que d'être phis appuyée ,
plui

Ibrtçment articulé^ daniupctprQnpni^i^^i^^^


véh^îpente,.
piV71ViVit\|UV «?S »Vf p, *.%»# «ft^rftAb •»»»'J

«onvUiuicnt pasî la profc françoifc tom

C HAP ITR E V.
De 1 alphabej-^ot^anique & uni--

verfel corrrpofé d'une voyeHe


& de fîx confdnnes.
\].Ma/^icrc de figurer la vqyclTc di Pal-r
phatcc organique.
54. Conformes de V alphabet organijue*^
.55. Alphabet factice.
j6.l/fagc de cet alphaSet^
^j.Exeniple.
58. Autre tablature décrit tire crganiqjff^
59. Du point dagefch.
Éo. t/tUité de faféconde, tablaturtw^

64 . Exemples des langues conferUtpar Hgf


A>
féconde tablature*
* I
I Il mmtmmmmmmm^mllmmÊm

f 5. Manière de figunr Ik vdyiOk iêtal^


^phaltt organique'. " '

ÇjiiÎAÏj! fnousvôuronSjfiirlèsoB^rvatrottt'
V
^ Sjg que je viens de fidre, fabriquer Ifes
w'nir^ carafteres radicaux d'uh ali)Hàhie[t

primitif 'apgl^paBle i toutci lés lingues* itr


aiii v». ^uK, uuij , uuc-virguie muncaie qui
fioupeun mot par le milieu; Auifi eil-il nér

Jîumvets on y pourra .figurer la voix or^


,

dinaim ou franche par une ligne droite,


Planchcljjfg.l :1a voix ïomn-e&nazale
tià iç cours dferairefbcourbé formant un
angle aî^^ k>rfqu -après être^monté par la

trancàéé?-aat^cUdèfcen^:par les narines,.

^ m(iyfi$^ i: : &
Ik;voix fourdfe ou e muet

%"qiii mëritë peu qv'onsV arrête-, ne.fail'aiit

prefquWcun dfet ,
par une fimpk ligue

pliis courte, ji^gt 3*.

Si la ligne droite aï un- petit trait au


milieu, plus haut ou plus bas , tout eir haut

ou tout on bas^, ainfi,/ff- 4> îi 6* Cette

tfâton ^'éfigncràia Ibn^^


on tient* là^ corde ou le tuyau telle- mon^
^^rm.quioi lè fôii fe dômilBL au milieu, un
îWu i^kis haut ou tm pe^'plus bas , tout
cw hauroutout en bM. Gar7aî dît (it^ 3 3 J

voyelles vulgaires , qntt/ê bit qu accouror

fooçefflvanœt: la cordé ^t là. voix en la

.{iHK^aiit fur (et diyifions pliis grandes ou

^nioipdrcs., hà^g^^fi ^^^ !' ^^ ^


^Vt>cii-é^ k mificw d'à! 1^( <^rœ > ^" ^^

Jiyiâon ^v. la moïtiié» La jf-f. Tf ,


qui^cfl
. . . - ,
. .

U nôttQ t au çonuaire , n'eft guère»


r

Pâiru:J}c V, TomJ.p. lyS.

J^ûicc ou T^yeJ/e ^^u/icAc


La fatjc ju J^^e^e
avet J-fé S^Jt (ù/vt • ^' I
f^our nata/e au j-om^r .

stonà (fut peuvent -^J^ ^• /5tr ^ûun/f


I .

eùr ut/emiftùairt • F ta. ^ V Poiac donnée au mtAfu c/u ^


fJtSf 0uJr la /rointSe 7oca/c:

I 7oùr iéan.^ Aura' /a /on^ufu/'


du ùi/>e

Ftjir. 0- r /Sw j-imnrf /ou/am />ou/i^


tixtenour dit iufie .

'
^uùâra/r

^y <^ 1^
DtirrstJ votac tn/krmt^
. dutfrt^ mire /c ffuùfu e/^ #
ou rccàoninéf^a du àd/^e .

Jtiç. jo j
jniv^je»v(»urçf'ai>tjfd^
i^^iéàm^iYJ, sift/iian^ touêt Ai

Fia. M. 4- lonyun.'/', jvt/au mduru


Win/ju Aou/ e*vimfur- du >

àtAe t/u tr\t/rt^f vocu/f


jy ^» ^
T \N
: «5

v
,. *.

h ligne
<^' ,;; tout à 1
-
y

M. cléfigtja
\ \

«>^

X
/*
/

/V
/

'x:
,
VA

«5»

© tr L AN G A G t. ijf
la ligne droiti^ ayant (k touche ou divifion ~

tout à rextrémitë marque la corde à.vuide,


'

défigoant la voix pure & franche a. L^


7 , différenciée d^a par
fig, la divifiorl mar-
quée à gauche , au lieu de l'être à droite ,

eft rafpiration A profoi^de & gutturale,


complément du bas :h^fig» 6 eft le fifle-^

ment u complément de l'aigu. La feâ:ion


placée plus haiit ou plus bas
^fig: 8, 9 ,

marque les voix intermédiaires , dont \é ^

nombre peut êtreînfini &: Teft en effet


puifqpu-'il y a dans la ligne une infinité
• de points où la touche peut être placée.
Son placement marquant ainfi le caradere
„ particulier du fon fimple , on aura dé cette
forte par une clef preique unifoqne toutes
ks voy\îlles poffibles de, toû$ les peuples,
rie fuiiivers qui les varient à l'infinr.

Si la voyelle eff d'un accent grave 6c


d'unjbn allongé qui paroît la redoubler
comme dans les exemples cités, n^ 41,
il faut allonger la feftion tranfverfalement \
de côté & d'autre de la ligne verticale
,
& la^urer ainfi dan^ l'alphabet faftice,
U.l^^
H tj.
iÎQ
'

'M' è c n A 'U t s'u- r

S'il V a véritable (Irplitonguc où la,:VO-it

.fé. faffe entendre deu>î* lois 'cominc dain


Jés exenipte Cft4/n'' 41, iinmt'hgui^r
aiifli dc4x foi« le caraftere voydk édm.
ralphal^et VaQÏGi^marqiicr double le hit
qui eft tel -t;n effet , &C ne pas donner

7. roi^ V four de fumcHe iSc IC'*


des trois ,

Les confonnes primitives ne ferohf


fix
yi
méins faciles à''ttgukr dans 'notre

î^as

aiphabetïaajce. Plandu \t Lcvr^, fig-' i*

Gorge y fiî^. x.Pcnt, fig. 3 P^z//î/V ,


.
fig! 4*
.

X^r/^wir, fig. 5 . 2V^{^fig. 6. II eA akë de dut


v^
tmgtier par un point adroite, fi Ja letti:e cil:

clouce^.y, Ci par^inpbintàgavKhe,{îelle:
eftrudè/^.8;fi elle eft fort douce ou foit
rude, on peutre<loublérle point. Les
e/>;v;v

penvenr le nrairquer ainfi \ Battu , fjg. 9*


Aiyirc,\\%. loMoidiy fig. i r. FrôUM- ^ ^*

Frapt\ fig! 13 Slflc,


. fig. 1 4. Quand un or;^
gane nVmploiëque lVy/>mqiM lui eft propre/'

^a. eft mutile de le figurerv'Oues'ilagêfte ct-

tui d'un autre orgaiie il faut IV.jovucrà]^ k /

. ]kuîepnmitivei.
\
3

:. • 1

»> f
/h / -cù. X , of/ /i\ 1 l 'ûi/i '//(\^ (/// n ( v/ ; 'f / .

T4
""
/liit.i/,-
/,v<r /'///ï rv/ //iJ.'icAr fôi.x , i/A'/tt/cr "/'l/.^

I
compoi
a V_ ua Voyez
\

i axîi
:\i I
" Il
'I

Vous
eu
chofe d
que,enc
F. t 11
%

tien par

o oo u> • fa proc
I
t
comme
t
ou ^ I
otioil 8 i
('Uri'
ou divi

fil long!
n I un
f I
Dans h
"V .' par le i

fcMte la
//'A I .>,>t/A'.i/' (V»
</ /<' if.ytAi t

met. L'
flntëe c<

nez côrr
// //XVPfAf I?
> \ ,// f,'-lifl
lettre d
lettre A/

U Le bi

>
îurvir à
5 5.
j4/phabcL factice.

Tel fcrolt donc un alphaî^et fadice

I
compofé (les lettres les plus communes..
Voyez Planckefm & IV.

^6» Ufdgù de cà alphabets .^

Vous voyez que cette tablature a quelque


chofe de fécriture figurée & hieroglyphî-
que,en ce que j'y repréfente chaque articula*
tionpariine groffiere image de l'organe qui*
fa produit. La voix franche y ell: ffgurée
comme une corde tendue , ayant fa touche^
ou divifion marquée dans l'eiijLlroit (]c

fil longueur où le Ton doit être frappé;


Dans la voix nazale , ou la ligne décrite
par le fon fè plie dan$ le nez , on repré-'

fcwte la ligne brifée etl angle à Ton fom*»

met. L'articulation de langue eft repré-


fciitéccomme Planche ll-fig* 5. Celte de
nez comme Planche U^fg- 6.H^a doubler
lettre de levrc. comme vous voyez 1^

lettre M Planche IV.L'efpritfrolé, refprit


iiiié,&c. comme vous le voyez , ihlif.

Le but d'ua tel alphabet n'eft pas de

îurvir à IVagc ordinaire dan« JeqQ«] U.


1^2 M Ê C H A Hï 5 M È
„ne s'établira jamais. Mais je^le propofc îî faudra
\ ici à ceux qui \-oucIrï)nt s'adonner aux en çarafti
'
reclierchÇç crétymologie . comme un ini- la confoi
mmjent trcs- propre a les vérifier. Qui-. enlembk
conque voudra vérifier fi une dérivatioi. ainfi trar
eft jufte , n'a qu'à écrire avec les carac- ^ dlx'î lout
tères d-clcfrus le dérivant & lé déri\v , qyatre for
par où il verra fi on emploie pour Ym
& pour l'autre le même- ordre dans
fe ,
mouvement des organes. C'eft apics Pour (

l'identité de fignification , la meilleure feiçilitéqu


preuve que J'on puiiïe avoir que deux reconnoli
mots viei}ifent d'une même fource ; Je autre je
,

quand 1^3entité de fignitication s'y trouve . celui qu'.


jointe , la preuve efl démonftratl\c. altératior
Observons feulement en employant cette font fujc
iriéthoxle qu'il ne^ faut pas avoir ^'ga^-d à ccmtre c<

cettaines prononciations anomales qu'il- ner en r


feftent quelques langues , & doMt il .\ difent d
été parlé, (n^ 37.) On peut aufli fe fer- sempor^
vir utilement de l'àlphabet organique pour de mécli
> comparer les diverfes langues. LoHi{uc })cu alté
rc?> aura un modèle de (chaque langue grment
Élit fur un même dircours,\foit far fO- une auti
laifbtL Domini<;a!c, ou fui; tout autre ;y dans le
D 1; L A N G A G E,

traclacîiai-k^ ).
îî faudra écnrcrchacune in
cIqs
.i

en çarafteres de cet alphabet. Moi^f^]


la contbriv.itc" preiqirentiorc qu'auront

enlembk un grand nombre des copies,

ainfi tranfcrites ,^n verra d'un coup-


^ dlx'î toutes les langues réduites à trois ou
quatre formant au tan.t de claflesgcrtéraleç,.

r\
57. Exemple,

Pour donner un exeniple de Textrcme


fiiçilltéque donne Talphabet organique
de
reconnoltre fi un mot eft formé fur un
autre , n en choUirai pas un autre que
je

. celui qu'a cité Wachter , en parlant des


altérations multipliées auxquelles les mots
font fujets. Ce Icavant Homme s'élevc

contre ceux qui voudroient nier ou tour«


ner en raillerie ce que les étymologiftcs
-
difent dc5 changemens de lettres, ii

vcmpor^ jufquà les traiter de Wtes ou


de médians. Il fait voir combieii un mot
\Ki\ altéré fv)uffre néanmoins de chan-
gement en partant d'une i.mgue à
,^
'
en remarque ju^iu'à icpt
une autre, 11

dans k changement du Ijd'm Pcngrinus


/"^

'^^ri^.BH È. ^ lieu de P> 2.^ T

au: lieu 4^ j"^ L, au lieu de R- 4^ «^

iuppfbl)/ 5^^ a au lieu dV. 6*^ M au lien

de Ay7^ /^^ ilippriiné. Mais les deux mots


jufMt-îls plus di.flfc:ens qu'on nd^ies voit
dc/loii & de figr. e ,
quelle tacilité n'au-

roit-on pas à les reconnoître pour le

/nienle par l'opération iuivantc , après

avoir oie y comme il' eft rallonnable cic

le faire,, les voyelles, &:. la terminaiiba

en ;/3- affeclec au latin ?

Pc'reigr' iiuis. Bi |
1 - gr a ni
2 4"-
2. i 3 l
4- ';
3

i. Lcvré P. I. Lèvre -
B.

2, Langue . R. i> Langue L.


^ GR. GR.
5. Gorge frolce ^. Gorge frc!>lée

4.yoix nazalc in-


'
- 4^.'':^'%ïbr. n^alQ. am.

Ecrivons ces deux mo&lefen ralphahct


organique , les lettres feulemèt^t fans voyel-

les franches , &: ceci nous ^iVntrera com- /


bien ils font iemblables.VoyiDi /^/<//it:At' V.
"

.
'
Il
" "„

5,8: Aum Oibliiturçd'écniurcorçraniquc. '

".-" '. "

vVoici une i'^condctablatkr.c a alphabet


h
w^-

'
\

\
i 0i^

x.

P/a^i^Ae /. Tiwi T. /^> iS^

Pe ic

*<2 S:

^ S.

S ^

/
ne,

,1:,
-^-.

% «.

© u Lan o \g e. î^Ç

brganiqiie, la plus fimple , l\pius métho-

dique & la plus expéditrVe, ccVne femble^ '

que l'on puifTe iniiagincr. Voyez P^anckcYU


Obfcrvon^ crahor cl, pour la faire (^^mprcii-

(Ire ,
que des iH lettres conlonnes , trois

jont muettes, f^Tivoir icvre ^ dent ?Agorge^

trois font liquidas fq^nvo'n langue , palais Sr.

n(i. Cela étant, je figure les muettes par une

ligne droite-: les liquides par une Ifgne


anirbée à fon extrémité inférieure. Voilà
(lc]a les dv^ux cara6>er^s diftingués à VçinL

On diftinguera de même n la lettre eff

\louce ou rude; par un point à droite >\


fi elle eft douce ; par un point à gauche ,

(i elle eft rude ; & fi elle eit moyenne,


elle fera feule fan^ aî^cim point.* La ligne

droite perpendiculaire repréfente la lèttre^

/iV/Y oblique de 45 degrés penchant à


;

droite par fon fommet , la lettre dent ':

(•Llique penchant à gauche par fon fommet,


Li \^xtTC gorge, La hgnc courbe perpendicu-
I.iiie rej>rélente la Wtixii langue ; inclinée à
ilîiJite, la Icttrcpaliiis : inclinée àgauche^
1^ letCi'C nei, Jt; ne çlungc rien aux figures.
,

'«»•

1^6 M1 C H AN I s ivrE
voyelles , les lairfTant telles qu'elles foiir

formées dans la tablature précédente ^

avec quelque lege|*e différence qui fera .

expliquée cy-après. J'en forme les traits i

plus longs & plus déliés que ceux des <

çonfonnes , & je placf chacune d'elle

au-defiTus de fa conibnne , pour repréfentcr


les points mafTorettes , & former une forte
d'écriture fyllabique. Uafpiration labiale

ou t mua eft marquée par le mi^me trait

voyel plus court Se incliné A droite par'

fon fommet : de m<2îhc , incliné, à gauche


il marque I\if|>iration gutturale A. Quant
aux e/prits au lieii de les figurer comme
clans la première tablature ,
je m^s au-»
deffoiis de charjue \f\tï^. lé trait repré-*

fentatlf de l'organe étrang^^r dont la lettre

affefte Tefprit. Refte'unè obfervation à


faire fur la confonne M. lèifrc de Icvre ,

ou , fi l'on veut , de mdchain , articulation


tr<}s-forte , prefque impermutable, at^if

flmt par elle même , s en tenant a /oi

propre elprit Yortement b\imt des deu?


kvres , fajis jamais aiFcftcr ceux des aiitrcsi

I
s S

P/û/ic/iey. PI' ,

neutre taùlalui^ dl4l^Âa6c/

Ml
\e.
a ai f i P ^^U u C ^rrtu^/ il

yoioc où
Il l t t I (/•; X
elle

itcr LETTIŒS ou CpXSON NT-


3rte

laie
•/' - - .?,«•

trait
|..K .
^.
'
par' P B M.»r. v.i ri. 1^1' l'iï !•' î^*

he, T i r
LKVIUv I i < ! 1 1. !

lant
eu. C
ime
au-
pré-»
GOîvoi:
C.

\.\ \
Gh .K.Qii

A cl. 61

!\ \
îttre
DExr / / / .
/ / ^

»n à
Cî' «iV L.l
\re ,,
l,AN(a:E l" ^
tionj X X.

r' h . i> ' /v

ron PALAIS />. /^ /? y^ y


Ieu\
8b*^
^^^^"N st. t. i ' •

itrcsl
N ri X 11 M
.

r-

- \J

VI

'aùtoài/T d^i/j/ia/^c/
s-:!
.C4.-C •

a ai e i o ou u

X 1
Il II t t // I
.
i

LIiTTIlF>Sou COKSONNÈS

I \ / n h "v
r' 13 MIT. v.i rl.3>l^ Vil n. ni. ri. nz. Pt. i

I M, 1 1 ! fi! r I
i I
,

Ç. g1i .K.Qu cl. cl Cl'. Ci Cl. Cl".

\ \ A \ !\ \ v v \
I)' t1i. t. •
I^i-. Tr. tL tIÙ.

/. / / / c . f / ;
i

X y y
>
"z clu/XÇ. diCXF. cinL
. /^;
j

/^
.

/"
<li.*/.X

f^
Spl. S|U.
>
>sj. .*^tT.
>^
\SL
st. f.S. Sb. 5p '

^
^
,S .

<\^^<\'\'^ "X "N "X


r- \

^•.
5(.
y»-

Sv

'iï t^ ti"?!, t^ 4l ^s- s-^^


an aa a., T-^ a

1 i J : 1/
a/Jo>tif<'i\'i

J7n/ 2/.I r/ÏU.

'a /^rrf côarôe.


S

PlVnz.
I

Cl
1-

.
I M
Pt. B(i.

Cl".
Fr

(C Z
î
f1.

.Cf.
Yr.

1
r c.cl. 'i

\ \ \ \
ri. tIû
Thi. . ui.
I)
ï
DZ l).<î i)ii

Y-/ X /^
/ /
\A Kl. Uirli. Kj .

\
1 '^l ^ %/•
<
/

iCXT. ( lay^ 27
>

.*^tT. .mT '


.•^li Sm. Si. Su. ;s(r. .s jr. .s» U ^t . Si "Sv.
\ organes. Dai

ti'
Égiirc M par
D)l?ire ayant i

L'organe de
exécute Irès-É
variétés diflin

|u lieu que i

ifuif trois. Rier


k riflemcnt f^
par un poim
ligne droite p4
'
I.

D Ettereft^ii
càtenie } à Ci
>4^'
conde\tibIat«
(liviiton mai^<

voyçl peint II

mariquée à gav
dans la <j^Wb
la voi)t intern

doux confomi
Sa ; iuitial d
iiic. Voyez

il feroit hh

. \.

'^

, (^

m
^V t A KC A G t,
%.
IJ7
organes. Dani h féconde tabla^iiré je

Sgiirc M par la hgttt droite pcrperid\-


ri)l?irc ayant un point â fon bout inférieur*.
L'organe de lèvre eft bien mobile : iî

txecute Irès-Êcîlement : auffi a-t-il cincf

miétés diftinftcs Pi y Bt y Fc ,f^e,Mc^


jd lieu que les autres, organes n'en ont
%
ifue tniis. Rien n'empêche qu^on ne figure

l€ fiflement fVdu bout extérieur des lèvres


par un point mis au bottt fupétieur nk:^
tigne droite perperidktdak'e*
Etlercftei comme dam latâtl^uarcpre-
càtmte} à cette différeitce que Oittt; fô-

conde\tibIatuve«cy étant ryllftbiqucs îa


(liviitoii iiui^quée i ^ite <^^ k trait
voyçl peint In voii âinide dam h fyilabe ;
mariquée i gauche y elle peint ta voix initiale
dans ta ffilsix^ ; des deux côtés etllât^emi
la voi)t intermédiwe dans la <yllabe entrcj
^
deux confonnesi, Excmph. A find dans /

Sd ; iuitiai dajiis iw ; intermédiaire dans*


iiic. Voyez Planclu VK
59, Du point dagefch,

il feroit bkn façik d^ns cçttç tabUturè

\
^ir
7

ï?8 MÉ C ft À^iSM fe

de marquer la confonne redoublée cominë-


'^n >; & qui ^an
j*ai tnarqué la voyelle ajtongée par un
qu'au premier
point aiî-deflus ou au-deffous dont l'çffet
Jcvrc îhodule c
feroit le même qiw ce^ôWu dagefckh'éhrcu,
dans prejù , |
Mais cetteStiéthode feroit fouvenf détcc*
pendaimiient (

meure. Le mot où fe trouve la confonne


quoique la i

redoublée eft communément un mpt coijii-


quelquefois d
pofé. La confonne double appartient
ivappartientps
deiix fyllabes^^iflferentcs , le mot étalj
Exfinpfe. j4c
pour Tordïnaire un verbe précédé de la

une tablature
.^épofitiôn , applicopowT ad-plico ; irmus
propos de coi
pour //2-ri^5 ; colïata pour con-lata.;
. doit donc fkin
uppTc£îî poux fub-preJpr.jOn a trouvé ^|
<fuand la voye
pjus à'cuphakie k- ne f^re qu'une articu-
la même fylla
lation fortement appuyée qu'à les marquer
^rendre la pr<
toutes deux par deux coups d'organe*?.
appuyée, 5c'l
Mais^ dàfis h tablature , ou en fe confor-^
mant à l'ufaae il ne faut s'écarter qde le 60. Utilité
moins qu'il eft poffible du principe des
La premle
thofes , il vaut mieux figuter dciix fois
chofe d'hiéro
h lettre répliquée , x|iie de repréfcnter le

figure de lettrt
redoubl^ent par un point dngefih \ qui
les articule. C
dans deux, des quatre exemples ci-deffus
fi cette peintu
lie reprélenterqit pas Ia*voix nazalot/zî ÔC
hhnui po\ir
n *; & qui ^ans les deux autr<^s ne convieat
iuu premier /, non au lecond où la n
t*

me îhodule asQcXefprit dc'langut , rùd<* ^

lans prtflu\ plu$ doux dans /^//<(?. Indé-


)en(lainment de ceci* là lettre redoublée,

juoique' là môme en «figure , dlffcre

]iicl(jiiefois dans 4a prononciation/, Se


vappartient pas toujours à la même fyllabe.
Exfinpfe. Jcce£ît^ ac-ccs-fit. Or dans
me tablature fyllabique il fcroit hor^ de
sfopos de confondre les fyllâbes. On ne
Joit donc fkireu&ge"du point dagefch que
fiïafid la voyelle fé trouve redoublée dans\.

la même fyllabe , fans autre cauie que de^


rendre la prononciation plus fortei?ici>t

appuyée, 6c'lesjexe!iiples en feront 4arcsi^

60. Utilité de la fccondc tablature.

La- première tablature ayolt,, quelque


'

chofe d'hiéroglyphique en ce que chaque


figure de lettres y repréfente l'organe qui
ies articule. Ce feroitHm grand avantage,,
fi cette peinture pouvoitctre affcz reflem^
bl«4r.tiî po\ir que toute nation vit.pv *

!k'

"^ )
beaucoup d'
-4^imc*ige jcté lit lettre quel organe **il huit
>^^ idéales ,
pat
»* , ^mployex pbivt 11 prononciation ; Jélle-
} nccelTaire c
ment qiip laniAne écriture devînt iilibje
expérience
.pour tous les peuples! Mais outre cfS h
dalité.^ gêné
lediirc ne cîônne pas lantelligence des

ïîiqts, (îceh'eft dans les m<^inés dialectes


certamc§- m
^

rieurs appr<
Ort feilt afTez que Tlmag^ ne peut lître que
ces modaiit
très - imparfaite'. Ainfi - j'abandonne cet
ment là-def

avantage en faveur de réxtrcme fîmplicité^
Cette é(
*de la méthode. &' dé la tàcile expëdition
écriture litt
<i['éct\tufe couran^<|ui fe trouve dans ta

rable de *]0
fecwJd^, tablature. Voyez "l'exemple rap-
quelques-ur
porté ei-après. En môme itxx^, qûe-cette
qu'ont les
<fcritureeft organique., ce qui eft, la pro-
les carafte
.priété partituliere^ laquelle je nr«attache
yeux des
<>dAns tout mon fyft^me ^ elle réunit 1er
i

Voyez Chap.
lettres ou <
di verfes formules ( VII. )
^xiX^t écrîti
des peuples de la tefre : elle efl iyllabique :

ckparveni]
'elle eft alphal>et}querellè eft par clefs, non
écriture eui
pas à la vérité par elefs idéales mais par.

clpale de p;
/clefs^d'organes ôcde; prononciations vo-
en fuppofi
r'
cales; & elle eft fi fimple quelle nen
paroles écri
contient que fix avec la voyelle qui faitji
^u milieu <

Septième. L^sclets d'organes amènent â

I V
j
,

heaiicoupcregardslaconnoifrance des cleft %.

idéales ,
par la liailbn phyfique 5^ prefque
iiccefîalre que nous avons reconnue par
expérience fe trouver entre certaines mo-
dalités générales des objets extérieurs, $C ,

ccrtaine§^ modifications des organes inté-


rieurs appropriées par la nature à exprimer
ces modalités. Je m'expliquerai fiiffifam- I ^ "

incnt làrdeffus dans les Chapitres iuivans. . 5


Cette écriture^ organique en reftant

écriture littérale a donc l'utilité confidc-

rable de joindre à ks propres avantages &

quelques-uns de ceux de l'écriture idéale

qu'ont les clefs chinoilés. On fçait que


^
les caraftere% chinois . repréfentent aux
yeux des idées de l'efprit , & non des
lettres ou articulations de l'organe vocal.

Cette écriture a pour opération principale


(le parvenir à lame par ies yeux ; & notre
écriture européanne a pour opération prin-
cipale de parvenir à l'ame par les oreiller

en iiippofant d^-ns la méthode que les

paroles écrites feront prononcées tout haut,


^u milieu de mille Ôc mille incbnvéniQîis
&./

k '
qui ie trouvent dans l'aitre mëthocfe

"employée par lés Chinois^, il en ré fui fe

poiirtant , à ce qu'on dit j cet avantage

^xtfcme ,
que parmi tous les peuples de
'

, difFërefit langage q\ïi fe fervent des ciels

chinqiifes' pour leur écfiture chacun peut

lire fanlôàdû^ion lès çaYacterés figuré*:

.
'
du m(^me livre en m.ots de fon propre^ |

fe. langage. Cela eft (iicW^ à concevoir par

la comparaiïon des figures d'algèbre, où



d'arithniétique qui n'expriment que des
idées & des rëfultats. Si j'écris ly'jieii

chiffres arabes , \\n François lira mi/fy-c

cent cinquanU'dcux , & un Anglois ton-


I'

fand fcvm hundrcd fifimn two- Tous


deux entendront égalemm bieiî ce que

fai vouîu exprimer. Voilà wi prodigieux
avantage de l'écriture 'idéafei Dans l'écri-
^>

ture organique, iî ne fera pas à la \érité

fi étendu : mais on le retrouvera, à p^'i

de chofe près , dans tous les diale(îlc$

d'une m^nie tangue. Tellement qu'un

•Latin, un Italien, un Efpagnol ,


un

François pourront lire l'écriture organique,


'
..^,'*

ATLX

ta \ -,
1

/^.
^A'î^^' fios/c/: 9^ Cii /// r^îi'^

r riALŒK
i tt r II If H t
'>^ \ ^ \n
/!osâu' cAc *ÏV ///7 r///'/

RsrA(;x(.)i:

il t \\\\ \
M\/
>/!U- (,t/i/.i (yt cu/o.f •
sa/u/t/ùxiuii

q
/'<v.
0.1
>!^
/ik\//\-^
\
(7ZU
K' \< A
CJ' i7l c/cu<r sa/icù/{c S(h
ï

n i
[1 \\\ )
y
[1

4i /Y\y s.

^icaùmz cT// ù/a/?i' /kj/^hvi (h/ihvua/ ////////,

V
K 1
1

y "W
/io//ie
w
ve/i4/u
y
///<> uyyt
/\'(//(0
,

?/' .

H.
1 '

41
î\/ y '\\\ 1\
c"///
'^.:

1 ' '

II 1 1
1-

y/A' <rr^^/ /l^/f //Y'/.'*' j v/c/un /o/!


k.

^ ,
/

J
ou Lan g a g e. |

193
chacun claks leur idiome propre,! non
pas tout-à-feit à la vérité fans
execltion
d'aucun mot , ni l^icn corVcaeiient
pour la fyntaxe; mais a/Tcz pour fort
bien entendre ce qu'on
aura voulu ^ex-
primer ; & il n'en faut pas davantage. I.

Exemple tiré de
première phrafe la
\clu
Pater, Voyez Planche VIL

61. Exemple des langues comparées p\r


la féconde tablature, ^

,
Exemple de l'écriture organique Tur la
•ncnic phrafe en quatre dialedes de la
incme langue. Planche VIL
On voit dans eet exemple
légère la
(iifFcFcnce qui fe trouve entre les
quatre
(iiilcacs difparoitre prefqu*entiéremcnt
pi! Tulage de l'écriture organique.
Je pour-
rois nommer cette tablature un ç/^j/^w/cm^,
"iflîumcnt d une grande commodité pour
î'i^îurcr le degré de comparaifon entre
les
^
'''^^«^"^
, pour voir d'un coup d'œil entre
1 '"'^lours idiomes moins rapprochés que les
''if'C cy-deffu6 ce qu'ils ont de com-

104 MÉCHAM^ME DU LANGAGE.


niiin.,.la,)nanicre* dont ils nuancent leur';

ch'angenu'ns , ce qu'ils ont de tout-à-tait

cVitlerent , leurs procédés particuliers , leurs

carcK^leres fpécihques , leurs articulations

tav.oraes 3 Ôcc,

-"
6t.
.

CHAPITRE
• *
VI.

De la langue primitive &: de'


ronomatopée. ;

61. Sur quoi fc fonde Vâffcrùon qu'il y


a eu une Linf^uc primitive, "

6].Il ncjt plus ppJlJihU à préfcnt Je rc-


connourc quelle ejl la plus ancienj2c
-kingue fur laquelle toutes les autres
fe^fora formées. '

64. // n'y à nulle preuve en faveur , foit


de Vhibreu foit d'aucun autre lamT-me
connu ^qu^lfoit la langue primitive,
^5- ^^ f^^^t recnh-cher par l'examen de la
nature comment elle ^rocêderoit à- la
formation d'une langue primitiv,,
66. Les mots font prerûierement faits pour
défigner ce qui ejl en nous y ou ce qui
- eft hors de nous»
Cj.Les caufes de rimpofition des noms
font- de deux efpêccs : foit immédiate
I
'i
^1^
I

I9i M K C H A N I S M E

par la peinture ou imitation Je ta


chojc rncnic : ou médiat t'. par Jimplc
dérivation tirée d'un mot déjà reçu.

68. Observation fur la langue primitive


telle 'que les enfans la parlentx
69. Premier ordre des mots primitifs : lesin^
terjeclions qui expriment le jcntunent,

70. Rapports généraux entre certains fen^


timens &1Certains organes
71. Liaifon nécejjaire entre. Us fentimens.
& les fois de la voix.

jl. Second ordre. Les mots néceffiiires

nés de la conformation de l'organe in-


dépendamment de toute convention' :

les racines labiales : les mots enfantins»


73. Des mots Papa & Mamaii.
74. A défaut de l'organe de la levrt , le plus

voifin de celui-ci $^emploie le premier


dans ^'enfance.

75. Fopnation des mots primitifs ch^^un


peuple qui nauroit point d'organe
labial.

76. Dans tous les fiéçles , & dans^ toutes

les contrées on emploie lu lettre de

Icvrc i^u à fon défaut la lettre de clciit


' "^

D U L A N G A G E. l
Ï97
eu toutes les deux. cnfcmbU pour\
. exprimer les premiers mots enfant uT^
Papa 6' Afaman. '
• •

^

^7. Troijiemt ordre. Les mots prefque néccf--^


fàires : les noms donnes aux organes^
tirés même de rorgane,
de rinjiexLon
78. Qjiatrïeme ordre 1 Les noms qui tiennent

,
'
au phyjique de V objet. Les mots' qui
peignent par onomatopée,
j^. Exemple des mots ^qui peignent les
chofes par rimprejjion qu elles font
fur les fens.
•80. Cinquième ordre. Les mots confacrés
. parla nature à Vexprefjlon de certaines
'
-modalité des êtres*

Si, Il y a de certains mouvemens des


organes appropriés à déjigner urtairus
<\
*

claffeji des chofes*


^

81. Vé:nigrat}on des peuphs e(l prouvée par

riderititédes mots conventlonels ^^ mais


'

tîon par celle des mots nécefjaires &


r
naturels.
LreLs,

.83. Fabrique des noms d'objets qui naglf


fnt que par h fens de la vue,
04. L altération dci mots néce^aires ntfl.
'^ 1 iij
vy

T
«o

198 MÉ C HA N I s ME
que dans la temiinaifon. Exemple tlrl
du mot Mamdn, n

85. Sixième ordre fervant d'appendix au


premier ordre : le^s acçens où Pex--
frejjîon jointe àla parole. De Vaccent
né ^/-^ Affections de rame.
86. De raccent né du climat. Qu'il pour-
toit y avoir un langage ou la diverjité
des mots ne conjijleroit prcfifue quen
la variété des accens,

^'7,Puiffance.& effets dt Taccent.


S8. Comment lejyjtime de dérivation fom-
mence à s*établir fur les mois nécef-
faires & naturels, '

9^. Comment lefyjléme de dérivation peut


influer fur les opinions hîtmaines.

90« Difficulté dans la fabrique des noms


qui n^appartiennent qu'au fens aé la
"
-'
'
Mue, V -
'

91. 0/z les fabrique par compàraifon ou


parapproximation,r '
\

, ^^* l^infuffifance de cette méthode fait


naître Cécriture primitive \ c'eft^à-^dire
V
'/
celle qui si^fxprime par la peintvre de$
objets. ^
/

DU L A N G A G É. 199

41
Cl* Sur quoi fc fonde Va [ferdon qu'il y a
'eu une !anguc primitive.
é.

\^ H'A-T-IL une langue primitive,


quelle eft-elle ? Deux quel-

* tioiis que je ne prétends exa-


ininer ici ni e^ -théologien , ni en litté-

rateur : mais feulement félon la méthode


que j'ai jufqu'à prélent fuivie , en în'at-

tachant a prendre toujours la nature pour


guide, & à fuiyre .daris icur ordre les
opérations de Torgane vocal réluita!ites de
fa propre conftruftion. J'ai déjà remarqué , u
& la chôfe eft évidente en foi ,
qu'aucune
langue connue n'a été formée en bloc &c
tout d'un coup ; qu'il n'y a point de
langage noviveau qui rie foit Taltération
d'un autn" plus ancien ,
précédejnment
ufité ; &c que toute langue efl étendue
ou bornée en m^me proportion que le

font les idées de ceux qui la jfcirlent , &:


l'exercice qu'ils font de leur efprit. Si en
remontant de degrés eu degrés la filiation
-
. 1 iv
,,

-r -^00 ^ M É CH A N î S M E
'r^nca'('-iqin:
un^ des

,',;, î.in^a^^cs , on parvenoit
de faire la
a ^.1 rapponci joutes les brandies, à une
européen!!
/eiile fouclie ou langue primitive, cVit-Ià
pendant c
-
/<iiv, c!oute qu'il faudroic^ cherciier les'vé-
cinquante
rual !e; ra-ines desinots. Qui la fçauroit
alors rtU-d
parfaiteir.ent , verroit avec évidence la
comme ce
càufe de runoofition des noms laquelle
,
OU vouloit
doit être tirée des qualités extérieures
jnere des
des chofes. Mais ^prés les révolutions"
grecque Vf'
qi.îe les élémens i dans une longue fuite
V primitive.
de.- ficelés , ont caufées liir la lurface de
Tune des h
,
la terre, , révolutions dont il iubfifte tal^.t
de toutes ï
de traces phyfiq'î::»s , où chercher cet>e
pas à dii
^ langue primitive ? Il n'eft que trop ordi-
foit elle-n
naire aiix hommes d-appçller./;rr/7//e/- dans
plufieurs a
ïVTi féns iil^folu , ce qui n'cft premier que
la langue
» relativement à l'ordre de leurs connoif-
plufieurs i(

fances qui ne s'étendent pas fort loin. Si


:

cvélation ne fixoit nos idées à


la
nyine : &
j
cet, égard
port avec
il ne feroit pas , à parler philofophique-
la langue
ment', plus aifé de décider s'il n'y a eu
elle aucun
autrefois qu'une feule langue primitive
en Guinée
que de (ftcider s'il n'y a eu qu'uîi feul
rapport à,
.--iiomme primitif On voit bien que toutes
à fcavoir
*
ks langues orientales font dérivées les
«y
DU L A N G A G E. 101

un^ des autres. Mais' n'eft-ii pas aifé

de taire la même remarque far les langue.^

européennes d?l pays méridionaux ? Ce-


pendant on raiibnneroit fort mal dan^ x:
cinquante fiécles , fi ; ne connoiffant rien
alors au-delà dg. notre tenis moderne «

comme cela pourroit abfolument arriver,

ou vouloir prouver par-là que la langue


jnere des" dialeft^ européens , foit la.

grecque ^^ foit la latine , eft l'unique^angue


primitive. Quoiqu'il foit .
confiant que
Tune des langues orientales eft la primitive
de toutes sTutres du même pays , ce n'eft
pas à dire que x:ette vieille langue ne
foit elle-même un mélange dérivé de
plufieurs autres plus anciennes , ainfi*que

la langue latine n'eft qu'un compofé de


plufieurs idiomes Ou le grec éoliq.ue do-
nyine : & comme le latin n'a aitcun rap-
f
port avec la langue Malaye ^ de même
la langue mère dç Khanaan n^n avoit- %
t'Ue aucun avec celle qu'on parloit alors
en Guinée, Ainfi toute la queftion par
rapport à, la langue primitive fe réduit ^
à fcavoir fi tous les*liommes viennent
I V
.

t .V,
V t

y
c*i

lOZ M É GHANISMl^
crime première & .«nique famille ; 5c ce vccure:
i^
n'elVnue par la foi"* que nous fommjcs , eontré(

eu une langue, ^l^ngag(


J âiTui'VS qu'il y a telle .

puiTqil^ n'y ayant eu qu'une feule famille homm(


très-certain eu alors
connnl
il eft qu'il n'y a
qu'une feule langue en div(
, dont toutes les autres
uns d(
mais ave.c des aIttTations
.

font dérivées ;

écartét
.. ' -#• fi fortes s^que fouyent il ne refte "plus

*au€une trace , qu'elles ayenVeu rien de com- /dit pa'

premie
mun, &c quV)n ne l'auroit nieme jamais invi-
^-'fait i
giné , fi la religion rie nous l'eûtsippris.
piincip
63. // ncjlplus J^ojjiblc à prcfcnt de ic^
entr'eu
connokrc quelle ejl la plus aîicicnru
langue
'
Lingue, jur laquelle toute les autres U
(ju'auti
font formées,
tateurs
La premierç des deux queftlons eft
piques
donc^ fixée par le dogme qui /une fois
que R(
annoncé [ ne permet plus d'examen. ACifi
p en fer
i! eft inutile de Confidérer plus long-temps
la div(
les ch'ofes Ibiis cette flice. Il n'y a donc
à la dij
d'abord eu qu'un leul langage commun
teurs c
aux pri^Muieis hommes & a leur pofténtc.
qujfoi
ïl eft naturel, & le témoignante de l'hiftjir'J

de la
paroît sV joindre ,
que le langage Wnr
les ho
refté le '
même / tant que les hoinmci
-*
*
DU L AN G AGE. lOJ

vccurent enfemble réunis dans une mcme


, eontrée. L'époque de la diverfité des

langages eft. mafqué^^ au ,tems où les

hommes j abandonnant leur projet de


continVier l'édiliGe de^-Babel , ie léparerent

en drveVles colonies, &: alleient loin ICs

.. uns des autres habiter des régiolis fort


écartées. Mais Thiftoire facrée ne nous •

/dit pas que la langue oT^igihelle de la

première famille ait été pour lors tout-

^-l^ait abolie , ni détruite julquesdans fes

principes. Les fcjavans difputent encore


cntr'eux fur la queftion de fçavoir fi cette

langue driginelle eft Thébraïque ou quel-


cju'autre. Parmi les pjus habiles commen-
tateurs de la Bible, grammairiens ou cri--

^tiques, il y en a mcrne pfufieurs ,.tel^

(fue Réland , le Clerc , & autres, qui ne

pcnfent pas que , fuivani le texte facré ,

la diverfité des langages ait aucun rapport


à la dijlenfion qui fe mit entre les conftruc-

teurs de Babel Selon leur fentiment ceux


quj folitiennent Tcxiluftion totale & fubite
<le la première langue au moment que
les honimcs abandonnèrent la conilruc-

f-
.

i04 ' M É C H A'N I S M E


tiou du grand bâtiment qu'ils élevoîent conftru
dans la plaine de Chaldée., pour le dif- diviièn
perfer en différentes peuplades fur la ouvrag
furlàce de la terre ^entendent inal-à-
, ^ cord. "I

propos, d'une uniformité & d'une diverfité . n'en fu

,;
de langage cette expreflion deThiftoire ceux qi

facrée, Genefe xj. i. Erat autcm univerfii de 1?^

terra ^unius Idbïi corumdcmqu^fcrmonum, . enfeml:


Ils Unolcnt dans tout le pays le mimi & fur(
langage. . . , I/s fe dirent Fun à rautre , que !'(

Allons'. ... Bâtïjfonk pour nous une produii


ville & une tour IK eft plus naturel organe:
& plus fimple d'entendre cette narration qui en
d'une conformité de volonté dans l'exé- bon ni

aition du même projet de bâdr un t\is^' texte f


grand édifice , qui leur fervit de fignal , v ejufde.n
de lieu de ralliment & de retraite dans (le {i^n

les vaftes plaines de Sennaar. Ce projet pcnfer


n'avoit en foi rien de mauvais , comme on dit RéI
le voit par le filence delà Bible qui ne con- » habit
damne pas l'entreprife Comme téméraire en » en p
elle-m(?me, & ne dit nulle parc que Dieu eut V & qi
foit quelque défenfe à cet égard. Si le bâti- » créé^
ment (ut abandonné , c'eft que Jes hommes » a le
.nprès avoir eu une volonté imanime de le » ils ql
,

DU Lan G A G e; ioy
CQnftruire ^ changèrent de penféè , fe

diviièrent fur cet objet fk laifTerent un


ouvrage fur lequel ils n'étoienc plus d'ac-
cord, ie gefîTie du langage ufitë entr'eux

n'en fubfifta pas moins , fur-tout parmi


ceux qui ne s'étant pas beaucoup éloignés
de h première demeure , conferveréiit
enfemble de plus fréquentes relations ,

& furent moins e^ofés aux altérations


que l'extrême diverfité de climat peut
^ produire dans la difpofition native des
organes vocaux , &c dan^ les articulations
qui en font l'effet. Le Clerc rapporte iin
bon nombre de paflTages parallelles da
texte facré , où les mots unius lab'ù ,

cjufdcmfermônis ne lignifient qu'un accord


(le fentiment ,
qu'une même faqon de
penfër & de parler. Ceux qui' Ifcient ,

(lu Réland , » que l'ancienne largue des


» habitans du monde fut tout-à-coup abolie
» en punition de leur deffein téméraire

» & que de nouveaux langages fubitement


%'>

» créés les forcèrent , faute de s'entendre,


» à fe difperfer fur la terre , donneront-
» ils quelque raifoii plautible d'un fait
106 M É C H A NI S M E'

H trcs-conflant , & qui «iétruit leur ôj>î-

» nion? Les langages des cHyeries coloivies


* 1
» placées aux' enviions de l'Euphrate
'

» avoient entr'eux beaucoup d'afFinité ,

M tandis que ceux qui erl' étoîent bien


y> loin ne leur felîenjjoloi^it juillemeiil.

n II auroit au contraire fallu laifTer ceux-


» ci fur place & tranfporter au loin ceux-'à :

î> mettre les Chinois vers l'Euphrate &


» les Chaldéens à l'autre bout de l'Afic :

» fans quoi il étoit à craindre que les

» hommes ne repriflent airément fexe-


> cution de leur premier projet.
Mais quelle eft cette jangue primor'-
cViale ? Subfifte-t-elle encore ? Et pièfmi

les langages connus entre lefquels on peut


le plus vraifemblablement choiiif , y en

a-t-il iljllqui par de juftes raifons donc


obtenSna prëtérence ? C'eft une fécond.'
^ueftion fur laquelle la littérature peut

s'exercer en' diflertations infinies , uns


que le tait en foit par-là mieux vénhc.
A force de v.uiéré , de mclaiv^e , de

multiphcité dans ics langages , les iiis

font" devenus trop Mom!)fcux , tr^)p tn»-


DU L A N G ACE. y 107
brouillés ^pour efpérer demies démêler. Sr

^
ronf^ipporoit que la langue quelconque,
'
Indienne , AfTyrienne , Phœnicienne ^ ou
d'Eeypte . que l'on croira devoir mériter
1.1 préférence, étoit encore alors reftée dans
les premiers principes de l'opération de
la nature tels q^fils font par-tout &c que
:^e vais bientôt les décrire , on pourj-oit.

peut-être efpérer de réuflir dans une telle

recherche. Mais cT4>-lors fans doute , elIfÇ

étojt déjà fort chargée d'altérations-, de


dérivations & d'ornemens. C'eft-à-dirç

que le,s premiers^principes y feroient déjà


très-difficiles à reconnoître , & les germes
(le la nature fort dépravés. N'eft-ce donc
. p.;s une chimère que de croire comme

hiehn (Prefut, ad Evang,11"


Ulphilœ\x\\\k
force d'examen & de comparaifon des
laiv.^iies aftuelles , on pu,ifrel?s ramener
t(nites à la (èule lanp:uc primitive que les

hoiMmes parloient .ivanfh^lékige. Outre


(jiK- d'autres lingues primitives ont pu
11' torilter par l'ai^andon de quelrfues

cii!.ufi dans les défcrts , affcz nature! à


,,

ioS MÉCHANISME
ruppofer au milieu ide tant d'émigra-
tions qui ont fuivi de près le déluge ,

rmtervalle de tant de fiécles a 'tellement


îra^illé furies langues , & lésa dénatur;ées
de cette primitive i tel point ,
que* ce
feroit un projet abfurde que de prétendre
les y ramener. Stiernhielm convient lui-

même que ceci^ ne lui paroît praticable


que pour les langues d'Afie , d'Eu;*ope &
d'Afrique, 6c q^u'ayant bien examiné la

chofe. pour ks langages d'Amérique &


des ifles il n'y a trouvé aucune efpece de
rapport avec celui de Noe. Il n'a même
dans les trois parties de l'ancien monde
probablement obfervé que les dialeftes

orientaux , les dérivés du grec & du


latin qui par-là tiennent au phoenicien ,

& lès dlale<ftes maures dérw.és de l'arabe.

S'il eut jette la vue fur ceux des Foui i


s

des Mandigos & autres^ barbares au-delà-

du Sénégal , il .en auroit peut être porté

I? même jugement que de ceux de l'Amé-


rique : 6c je douD? que dans l'exairien des

langages chinois & de leurs dialeftes ufitcs


dans l'Arte orient. ilc, il eût trouvé plus JV
,,

D U L A N d A G I. 109

niloi^ic avec les ol^jets de fa recherche.

64. // ny a nulle preuve m faveur ,


jnlt

de ihchrtu fait d'aucun autre langa'^^^^


connu ,
qu'il fait la- langue prïmither.

La queftion de Icjavoir quelle ctoit la

b:v.(iîc que parloLt Abraham a été a',5itée ,

(lu^s la ruppofition que cette langue, étant

ij mOme que parloient Heber & Noe


Icroit aufli le langage de la première

fiiiillle du genre "humain. Les Rabbins


ioiiti«:ni^nt avec opiniâtreté que le lai>
p \?^Q de la première famille étoit Thébrcu
cVd a-dire le Cunarltain ou phœnicjcn du
piys de Chanaan. Ils jugent la gloire
''.*
la nation Juive intéreffée à le prétendre

ainli ; comme fi les autres peuples a.iciens

nedeîcendoientpasmeme de la première
famille &ç n'avoienr pu .aulli a:lé;n-nt, &C
,

aaflTi probablemeîit que les Hébreux ccm-

fervcr ce premier langage. Les Rabbins


«%
pppuient beaucoup fur certains jeux de

mots fréquens dans la Bible , lefquels

icl(MA eux fe rapportent- mieux à Ua langue

hébraïque qu'a nulle autre. 0\\ en trouve


en effet plufieurs fur Adain , iur Eve, Seth,
,

210 M £ C H A N I S ME
Japhet, Babel, &c.Ilpàroîtquelesanciciv,
peuples crOrientaimoient les jeux de mots:
on reconnoît ce même goût chez nQs.S;ni"-

\'ages modernes : & dans le cours de nie> '

obiervations je l'ai fou vent remarqué chez'


Icseiifans., qui ie plaifent à corrompre les

mots qu'ils fçavent fort bien , à dépraver


les terminaifons , à rapporter les mots à

d'autres à-peu-prés femblables à l'oreille;

& rient de bon cœur de leur procédé. Mais


ces jeux de mots qu'on allègue cq preuve
font fouvent forcés & fans juftefTe ; on "y
a quelquefois plus d'égard à la panté de
iiiots qu'à celle du fens. D^autr^s fe àé-

duifént aufli-bien d'ime autre langue que


de l'hébreu : ce qui eft fort naturel ftous

ces dialeftes voifms lès uns des autres


étant déduits des mêmes primitifs. Aiiifi
le nom d'Eve (vie) donné à la première
femme comme mère de tous les vnuins
fera aufîi heureufement tiré du Chakleen
Hhavilh {vivcns) que de l'hébreu Hf'uu
(yivcns). On le tireroit encore aurti-hien
des mots parallèles venus de la même
fource , tels qu'Aiii^r {vita) & le latia
? •

:d U L AN GAGE. 1r^

<ivum;(^m en être mieux fonde à dire

que ia première famille parlait grec ou

latin. Il eft vrai que :1e mot Adamah -

fterre) ne fe.trouve aajourd'hui que dans


le dialefte hébreu , qu'il y apar hazard& ^

phnùe Jaoh
m jeu de mots daiis cette ,

Elohim fit Adam poufnerc de terre ,Adam


'piilvcrcTU ex adamah. Mais cet argument ,.

le pliis fort de ceux employés par les V ^

;. Ra!;!;ins, prouve- 1- il davantage que ne


tcK^it le raifonncment d\ul Latin, s'il

s\ivii;)iVdé dire L'hommç: a été formé

(!e terre ^ Homo ex humo , & ce • n'eft


<
'

qucn notre langue latine qu'on trouva

un tel rapport entre ces deux mots.


On ne fçait fi le langage de la première

fiir.ille a été confervé ou perdu lors de

la dllperfion des peuples. Les Juifs avan-

cent fans aucune authorité q^i'Héber 1«^


ccHifcrva dans le fein de fa feule famille.

Mais Héber , comme le porte fon nom


qui \\j,x\\^Q.r homme d'au de4à ^ habitoit

au dc-làde TEuphrate dans un pays où


Ton ne parloit pas hébreu. Il eut deux
fils Phaleg 6c Joktan. Ce dernier cft la

1
,

m M É C H A M I S.M £
tige, des Arabes, ,
qui ont leur, tangue
particulière , différente de rhëbreu: Abra-
ham & Laban clelcendoient tous deux
de Phaleg. Laban parloit "
•> , non rhëbrcu
mais la langue de'fon pays natal. Il s'ex-

prime en pur Gbaldéen (Genef. xxxj. 47.)


Comment douter qu'Abraham né à Urcic
Çh^^ée y d'une famille qui y étoit c'tahiie
depuis plufieurs générations ne pari U auffi

Ici lacie:ue du pays* Il én^fortit feunc avec


Tharé (on peré, qui cherchoit a s'étaMir
ailleurs. Ils vinrent d'abord demeurer 4

Charran en Méfopotamie ; f uis i ^icIkii


en Chanaan. Enfin toute fa famille ii ù
po/lcrité fe fixa dans cette dernière ou-
trée, ôii , comme i arrive toujours,!!
famille Abrahamite prit rbabinulc !-

parler la langue du pays &c perdr u'!o


du langage dfc fa patrie. Or la lau-^ue c'a

pays, aujourd'hui Thébraïque , étoit !e


chananécn de la race de Cham ; race qui
félon les Juifs eux-m<îmes , n'avoit nulle-
ment mérité les faveurs particulières du

vrai Dieu. Car les Rabbins voudroicnt


gu on regardât cette conicrvation i!u
ï
«>

V^v

DU i A N G A G E. Ht
lingage primitif dans leur nation , comme
une cfpece de grâce spéciale. Les Grit-iques
rcw'onnoiffent encore dans Tes icliotifmes

de rhcbreu les traces des anciennes mœurs


Car.anéennes fort différentes en certains
points capitaux de celles des Hébreux.
Rien n'étoit plus éloigné dé la fa^on cte

pcnfcr de ceuxrci que d'admettre comme


les Canattéens*la pluralité ^es Dieux.
Cependant la Bible parle fouvenCïIeDieu
nu pluriel; ce qui ne vient que divgénie
(!c l'ancienne langue du pays qu'on lulvoit
par habitude dans le langage vulgaire. On
peut aufTi regarder toutes les locutions
hébraïques qui tendent à re\iûtir Dieu
d'une forme humaine, ou des pa/Tions des
hommes, comme un défaut inhérent au
langage qui devoir fa formation à un
peuple idolâtre. Les Hébreux ,
par leurs
mœurs propres , abhorroient la feule
plwicc que Dieu pût être repréfenté fous
iiKunc tonne. (Voyez le Clei c, Dijffxrt^ ^^
/.v
;^ hebraïc) Cette langue de Chanalii
^V()u fcs jargons dans le pays m(?me , tels

q^*e celui d'Azot, ville des Philiftins ,


ar4 MÉG H A ni s ME
dont Néhémie fe plairi^, (Efdr. xiij. 14.) tendoient

On ne peut donc pas dire que rhebreu tems de 1

foit la langue primitive. Il: y a même des bois à la r

raifons qui font plutôt préfumer qu'elle encore fai;

ne Teft pas. Il en faut dire autant des parler; &c

langues voifines de celle-ci., où l'on n'àp- par dévelc

ptrçoit autre cliofe que Paffinîté qui fe re- veritef & 1

marque par-tout entre les langages des pays Ct^m pron

voijRns ,
qui tous rappcMtent leur origina Mutum ac
à un ou plufieurs autres langages plus propte,

pey-à-peu formés, Unguibus


anciens , dont ils fe font
(

& c'eft en Vain que par b critique ou par Pugnahan


Donec ver
la -comparaifon x>n voudroit rechercher
Nqminaqu
auquel tfentr'eux appartient ians contef-
N, tation le droit dé primogëniture.
Vôyon
6$. Il faut^rciJurcher par ttxamtn de
ufités fur
-
la nature comment elle procéderoU
édore un
À lafomnation d'une langueprimitive.
&:delafa
Abandonnons cette méthd<le întfïic-
d'en vari<
tueufe. Ratnenom de nouvtmi la chofe
En ex]
à (es premiers principes : confidérons-
réfultans <

la en elle '-même iêulenieht içomme fi


Imftrume
elle en ëtoiuàfon origîn^. Suppofons
le mécha]
niéme pour un mçîifent l'étrange hypothèk
gage que
die quelques ancîeiis fhilofophes , qui pré-

".
DU L AN G^A G E. Il J

teiidoient que rhomme dans les premiers


teins de l'humanité vivoit ifolé dans les

bois à la manière dés brutes , fans fcavoir

encore faire un ufa^e utile de fa faculté de


parler ; &C que ce ne fut que petit à petit &C
par développement qu'il commença d'in-

ventef & de dreider les fignes de la parole*

0m prorepfttunt primis anîmalia terris ,

Mutum ac turpe pecus , glandem atqiic cuhilfa

pfopter ,
Unguibus &pugnu^ deînfujlibus atque itaporrô
Puj^nabant armis , qua poft fabricaverat ufus :

Donec verha , quibus voces fenfufque notarent


Nqminaque invenere. Dehinc ahjîjlere btllo

H OR AT. Serm. i. 3;

Voyons abftraftion faite des langages


ufités fur la terre comment il en peut
édore un du premier germe des organes ,

&: de la fabijité naturelle donnée à l'homme


d'en varier les articulations.

En expofant ("Chap. III. ) les tStts

réfultans delà fabrique de chaque partie de


rinftrument vocal, je cherchons à^énétrer
le méchanifme intertie & primitif du lan-
gage quelconque. Après l'avoir connu.
, <

• $•

il6 M É C H A N I s M E
D
clierchons à prëfent à falfir rinftant oii
66. Lis mo
les premiers mots naiffent des premières
déjignci
feniations. Voyons nos fentimens oc nos

^ premières perceptions créer par Torgane


Unelang
rie la voix leurs fignes repréfentatifs , tels
(iifcerner la
qu'ils. peuvent convenir aux chofes figni^
des termes
fiées , & autant qu'il eft poffible à la
nos idées,
voix creflé(ftuer cette convenance , feloii ^
to mirent fc
fes facultés r\2XMrç\\QS. .Hos nàtura modosj
povir fairè^
primàm dtdit (Virgil.) Suivons pas à pas
ce qui eft
les premières variétés des fentiméns &
lui ; c'eft~à
des perceptions , pour voir les modifî-
perçoit , Cl
cations de la parole fuivre infenfiblement
prend les ti
celles de la penfée ; fans que la nuance
la volonté
des uns ni des autres s'écarte encore.
S'il eft qiiefli
beaucoup de la première forme. De-là
ricLire (caril
defcendaft à la formation progreffive &
XI on nid'id
développée du langage , nous verrons
1 ienparleg
l'analyfe des mots nous donner celle de
cette partie d
l'opération de l'efprit , & réciproquement comme à V
les opérations de l'efprit nous donner les
ofejict éxt^éri
caufes de la propagation infiniment variée
danslepètt-
du très-petit nombre des germes de la

parole , & nous découvrir jufque dans


le rtiot & :

^oins du 'il
fa fource tout le fyftême grammatical.
^u V
peinture'

T9TTU J
,

D u L AN G A e t: %%j ^
66. Lts mots font faits premièrement pour
défigner ce qui eji en nous > ou Ce

qui ejl hors de nous.

Une langue primitive fi nous en pouvons


(iifcerner la trace nous donnera' les rsicines
des termes habituels fervaut à exprimer^

nos idées, ou à dénommer liés objets qui


tombent fous nos feiisl L'hdirwr^eï parle
pour fairè^connoître à un autre hoiumê
ce qui eft en lui, ou ce qui eft hors de
lui ; c'eft~à-clire , ce qu'il knt ., ce qii'U
perçoit , ou, ce qu'il a perçu. Cecfi com-
prend les trois kns intérieurs, qui fcnr
la volonté , l'intelligence , &: la mémoire. «
S'il eft qUeflion d'une fimple Tenfation inté-
rieure (car il ne s'agit pas eiKore ki cle réfle-
xion ni d'idée combinée) il la dénote fort
1 ien par le gefte , Taccent , le fimpl cri ; &
cette partie du langage eft donnée à ranimât
comme à l*hontmér S'il feut dénofcr un
ofeict éxtîérieur & lui donner un nom
dans le peu de t-elation qui fe trouve entre
le rtiot & la chofe, l'homnie imite au
^olns du mîèux''qù!il peut avec fa voix
îa peinture'^ ae iWjer^ Ceft ce qu'oii,

T9m^ /. tu, f
<^

ll8 M é C HA NI s M E
dit qii'
zppeWc onomatopée on vox rcpcrcnjjit
d*érivé
natura, ht rnot grec ondînatopée WgxvSvz
^formation du //o/yz. Mais on lie encore
à la lettre
lorfqiie
l'applique que lôrfque le nom etl formé par

même. Ainfi mciné


la peinture fonore de Fobjct
le mot même cronomatopée & fon accep- franco!

faurcr
tion particulière concourent à nous mon-
:

cctt
que cette manière de j^rwer Us noms
(!c
trer

a été la plus naturelle & la premicrc la chef


\ mi tifs i
employée.
ancicnr
ij. Les caufcsdcrimpofuion des nomsfont ficurs^li

de deux cfpccçs : foit immédiates par langues


*
la peinture ou imitation de là c/ioff
ciKKiue
"^ même : où médiates par fimple de qu'on ;

'
rivation tirée d'un mot déjà reçu, p^-iiniti^

niouvei
la fabrique des mots qui fervent à
extérieurs , ou (ce qui
le nom ^

3éfignéiRes objets,
im- que la (
cft le même) les caufes qui put hiit
aurions
pofer les noms aux choies iopt donc de
lorû^ue primitiv
deux efpeces. Elles font médiates
nliuroit
le terme eft fabriqué fur un autre terme
efpece.
loii con
déjà fait. Les termes de cette
ait en (
compofeiit le plus grand nombre, fans
aiTure qi
coirparai<bn : 6c c^eft de ^ç^ix-ci que j-û
• » U La H GAGE. irç
dit qu'il n'y avoit aucun mot quj ne fût

d'érivé de quelquVirtre : il n^cn (^(ï pas


encore queftion ici. Elles font immédiates
lorfqiie le terme eft fabrique à l'imituiori

mcmé de l'objet , comme dans les mots


françois hruit , tricirac\ taffetas ^ ra.Lr ^
fidircr ïdiits par onomatop^V*. Lc\s terme i;
^
(!c cette efpecc direft-^munt formé > fur
la ciiofe même , font véritablement pri-
mitifs & radicaux* Il n'y a aucune langue
ancienne ou moderne qui nQw pofiedeplu-
ficursjlçiquels ont dès dérivés dansd'autr^c^
langues voifines. Ceft eît raflemblant de.
ciiaque langue tous les^mots ainfi fermés
qu'on aurolt une langue vérïtablcnient
Car le premier & le plus naturel
p^^imitive.

mouvement de l'homme eft d'imiter dans


le nom qu'il donne aux chofes l'impreirioa
que la chofe même fait fur les kns, Nou^
aurions ainfi , par abftraftion , une langue
primitive que perfbnne ne parleroit , ni
nliuroit jamais parlé , du moins dans tout
Ion contenu quoique tout le monde en
,

^it en foi tous les germes primitif^. On


aiTure qu\m tel langage formé par abftrac-^

/ Kij
T

MÉ M AN 15 M E ^
ftlO C
. m '

tion contiendroit en -foi beaucoup de


ou que
racines hébraïques ; ce quT.el^ès-naturcl
nous v(
àpenfer. Skitùus dixit e^ omnibus lin^ms
iatisfailci
ficri pcr ahjlraciionùrn pojji Ihiguam uni"
Il peu (

yerfakm matruem radïcaUm quani ncmo


nous pa:
'
loquatur ; fcd qua fit omnium radix. In
la'n^ue
, hacplurima Hehma. (Lettre de Leibnitz.)
phyfiqu(
Ge que je remarque ici fur. la formation
que la
primitive & naturelle des mots par ono- r

cherche
matopée n'eft qu'une obferyation préli-
eu ni me
minaire que je jette, d'abord en avant :

defb f
mais dont l'application fe rencontrer;! li

tourner
fréquemment dans la fuite que je crois h
moncen
devoir faire précéder avant que d'entrer
puis ce
en matière. ^Venons à prendre les chofcs
font les
d'une manière tout-à-fait générée & daiis

'
voix hu
leurs premiers gçrnijes.
ce font

68. Obfeiyation fur la Iknght prîmulvt fleures \

tdlt que Us tri funi U parlent. ne {ont


ni conf
Pulfqu'il faut renoncer à ché^hcr b
rai ion 1

langue primitiviC dans f hiftbire , les tradi-


donc pa
tions & les grammaires ;
puifciuV-iious
d ordinî
Manquons de mémoires fur la langue que
qui expi
parloient les preniicrs d!çntre k$ hcw^î^*^^ ;
qui font
DU L A N G A G Ëf 111
OU que du moins les enfeigîiemens qu'on
nous veut donner la-deftus font û peu
iatisfailans,& les auteurs qui s'en prévalent
il peu d'accord entr'dnix ; ne pourrions-
nous pas. employer a la recherche de cette
langue une méthode générale & meta-/
phyfique prife au fein deda nature ? C'eft-li
que la raifon nous dit qu'il auroit fallu f,^

chercher d'abord , S: que pour fçavoir


cunnnent le langage humain a commencé
de fe fprnjer , ils fcillojt premièrement
tourner nos yeux vers ceux qui com- m^
mencent à le parler ^ ce font les enfans :

puis confidérer en fécond lieu quelles


font les premières eaufes qui excitent la
voix humaine à faire ufao;e des facultés :

ce font les fentimens ou fenfations inté-


rieures ,' & non les objets du deiiors qui
ne font ^
pour ainfi dire , encore apperçus
ni connus. Entre les huit p^rîks de Vq"
raifon les noms des fubftantifs ne font
donc pas
ci ordinaire
la première,
mais ce
comme on le croit /
: f($nt les interjeftions
qiii expriment la fenfation du dedans , &c
qui font le cri de la nature. L'enfant corn-
•••
rr
,

21X MÊ r, H À N I S M E
mence par elles à montrer tout à la fois

qu'il eft: capable de fentir & de parler.


Éxaininons-Ies fous ce coup d'œil : nou>,«.,

verrons qu'elles font les^emiers mors de


la langue primitive, &' nous les trouverons
les mcmèS^chez tous les peuples. Ce pre-

mier pas noils mettra peut-être dans la

bonne route , Se pourra nous conduire


plus loin.

69. Premier ordre des mots primitifs : les

interj sciions qui expriment lefentiment.


'
1

Les interjetions méritent d'être fort exa-


minées, non pas feule inent comme fimple
cri & vagilfcmcnt d'un enfant nouveau-né
qui lui eft commun avec d'autres animaux,
mais telles qu'elles font dans nos langues
formées •& articulées , où Ton ne les

apprend pas par fa propre audition & par


rintonation d'autrui ; mais tout homme
les tient de foi-môme Se de fon propre
fcntiment ; 'du moins dans ce qu'elles ont

de radical & de fignificatif qu'bn trouve


le même par-tout ,
quoiqu'il puifle y avoir

quelque légère variété dans la terminaiion.


D U LA NG A G E. liy

Les înterjeftions font courtes : elles partant

du mouvemem machinal & tiennent par-


tout à la langue primitive. .Ce ne font
pas des mots , mais cfuelquc cliofe de plus ,

puijciïi'eries expriment le fentiment (ju'on

a d'une choie ; & que par une fimple voix


prompte ,
par un fcul coup d'organe
elles peignent la manière dont on s'en
trouve intérieurement "afFefté.. Toutes.
font primitives en quelque langue que
et' foit ,
parce que toutes tiennent im-
jfîcdiatement à la fabrique générale cle
l
I.i machine organicpc , & au fentimeiit
c'e la nature humaine qui eft par-tout le
incme dans les grands &: premiers hiou-
vemens corporels. Les interjeftions , quoi-
que racines , n'ont que peu de dérivés.
J'en viens dédire la raifon. Elles n'expri-

ment pas des objets extérieurs , mais des


affeftions intérieures. Or Thomme lia

fort volontiers les appréhenfions de fon


cfprit qui lui viennent du dehors : il les

ti-e les unes, après les aujtres comme avec


un cordon , les combine , & les emm<?le.
M II > les mouvemeng de fon ame qui font
Kiv
I

\
.
A
214 M É C H A N I S M1
ail-dedans tle lui ,
qui appartiennent a fon
cxirtance,.y font fort diilinfts , j .jfteî>t

ifoli^s cliacun dans leur claffo, félon le

genre d'aflFeûiôn qu'ils ont produit tout

d'un coup , &c dont l'effet quoique per-


manent ^ a été fubit. La douleur, la fiir-

prliè , le dégoût , le -doute n'ont rien de


commun , chacun de ces ientimens eft

un , & fon effet a d'abord été ce qu il

devoit être. Il n'y a ici ni d^^ivàtion dans


les^fentimens , ni connoUTançe acquife, ni

combinaison faftice, comme il y en a daii^


les idées.

Q 70. Rapports généraux entre certains fai'


ti/nens & certains organes.
^C'eft une chofe curieulê fans doute que

d'obferver fur 1^ fyftéme expofé dans le

Chapitre deCorganifation vocale fur quelles


cordes de la parole fe frappe l'intonation
de^chacun des divers fentimens de l'anie;

& de voir que ces rapports fe trouvant

les mêmes par-tout où il y a des machines


humaines , établiffent ici , non plus une

relation purement conventiomiellc ,.


telle
r \

t) V Langage. iif
qu'elle eft d'ordinaire entre les choies 5fc

les mots , mais une relatio^i vraiment


phyfique & de conformité entre certains
fentimens de l'ame ôc certaines parties de
rinftrument vocal.
La voix de la douleur friippe fur lei

baffes cordes : elle efttraînée, afpirée &£;

profondément gutturale\, heu! hélas / S» •

'
b^louleur eft trifteffe & gémiflement ,

ce qui efl: la douleur douce ou à propre-


ment parler FafBiftion , la voix quoique
toujours profonde devient riazale,parce que
la plainte qui deia nature approche du charvt
emploie le plus fonore des deux tuyaux.
La "voix de la furprife touche la co^dc
fur une divifion plus hai^te : elle eft franche
& rapide, ^ih Ah : Eh : oh oh. Celle de
la joie en diffdîre en ce qu'étant auffi

rapide elle eft fréquentative , & moins


brève ^it Ha Ha Ha, Hi Hi Hi Hi>
La voix du dégoût & de l'averfior eff
bbiale : elle frappe au-deflfus de rinftnir
mtnt fur le bout de la corde , fur les

kvrcs allongées y Fi , va ,
pouah. Au lieu

Kv
,

2l6 M£ C H A N I S ME
que les autres interjetions n'emploient

que la voyelle^ celle-ci le fert aufli de la

lettre labiale ia plus extérieure de toutes,


parce qu'il y a ici tout à la fois fenthnent
& aftion ; fentiment qui répugne , &
mouvement qui repoufle : ainfi dans le

fon y a tout à la
il fois voix & figure:

voix qui exprime , & figure qui rejette

par le mouvement extérieur des lèvres


allongées. .
«

La voix du doute & du dificntement


eft volontiers nazale hum , hjm , in , non :

à la différence ,
que lé doute eft allongé
étant un fentiment incertain, &t que le

pur diiTentementeft bref, étant un mouve-


ment tout déterminé. Je l'ai déjà remarqué
que le fon nazal appartient naturellement
à la négation. Cela eft fi vrai que dans ie

latin , dans le françois , &c. la négation ,

Fidée privative s'exjk'ime par la voix du


nt^i , in ; ( Exemple* Ingratus , infcfldrc ,

infini , inumpirit ) & que dans Fiia-

Ben ces mêmes idées s'expriment par

la içttre de nci^ 5*. ( Exemple. Smontan ,


^ ' u Lan gag e. t-Èf

fplantato^ sfortunato. ) CvCpendaiit ce ii'eft

le rapport ni de fou ili de ligure qui a


conduit ici , car il n'y en a aucun .entre la
coïi'ionwQ & la voyelle nazaJe ; &: il feroit

abfurde de fe figurer queces formules fi diffé-


rentes enr apparence &c les mômes au fond
fc fuffent introduits dans les langues enfuite

d'une obfervatipn réflëcîiie telle que je


la viens de faire. §i la choie eft arrivée
aiiifi , c'eft tout naturellement fans y
fonger ; c'eft qu'elle tient au phyfique
mane de la machine , & qu'elle réfulte

de (^ conformât i4tn , du moins chez une


p irtie confidérable du genre humain.
71 . Liaifan néccjfairc encre Us fcntimtns &
les fons de la voix.
Telle eft la connoiffance métaphyfique
qu'on peut tirer de l'examen des intcr-
jcftions. Elles nous démontrent fort bien
qu'il y a dans la conformation de l'homme
certains rapports généraux entre certaines
parties de Torganc vocal &C certains feiiti-

rricns , dont on ne ^eut qu'aflez difficile-

incnt afTigner les cmifes , mais dont oi\

Kvj
T

ll8 MÉ C H A NI s M ÏT

voit clairement , les effets. Elles nous


donnent les premières traces d'une liaifon
néce/Tairc , indépendante de toute- con-
vention , entie certaines idées de Tame &c
certains fons de la voix , elles font les
^
premières expieflions des langues , les

plus anciens mots de la langue primitive,


de tout l^igage enfin quel qu'il foi t. Car
elles exjfriment des Tentimens &c non
pas ôùs idées /externes : & ^'ôn a des
icntimens avant que d'avoir des idées.
Le Itiigage d'un enfant avant qu'il puifTe

articuler aucun mot, eft tout d'interjec-

tions» Les cris même qu'il tait en naidant


(ont-ils autre chofe ? N'annonce-t-il pas
bien. aux autres qu'il fent , & ce qu'il fent ,

avant. qu'on le puifle foup<;onner dKavoir


acquis aucune idée des objets placés hors
•Vw
<|e lui , bien moins encore, d'avoir l'art

& Tinveption d'y appliquer des fons ;

art que la nature lui fuggéreroit fans doute


de trcs-bonne heure iridé^ndamment de
rexemple, & quand m^me il exifl^ioit

k:\ii Jià inonde ,


puifque c'efl une
T

n y La n g a g £. ii^r

(liite nécefjTaiTe de fa nature qui iVfait

animal Mant , tout autant qi^^iln)^

voyant ?

L'enfant commence donc l'exercice de

fa faculté de parler par des fons ^ ne

font d'abord que de fimples accens , mais


'

qVil figurera bientôt avec une facilité &C


N»,

une variété que la naiure n'a


donnée à
iiicun autre animal. La peintvre
d'aucun

objet n'eft encore entrée en lui


par les

portes des fens : extérieurs , fi ce n'eft

peut être la fenfation d^un toucher


fort

incliftina. Il n'y a que la volonté ,


ce

fcns intérieur qûi^t avec l'îyiimal y qui

pas lui donne des idées , ou ,


pour parler plus
«»

jiifte , des fenfations , des afFeftion?i aux-

quelles il impofe des noms par le fon de fa

voix,nonvolontairemcnt,mais par une fuite


ntceifairede fa conformation méchanitîue,.
fcw de la faculté que la nature lui a don-
née de proférer des fons. Cette faculté
lui eft cooimune avec quantité d autres

àniiiiaux. Aufli ne peut-on gueres douter


que ceux-ci n'ayent requ de la nature le
,

îjo ^M é eu A K I s ïtt E
don 4fe la parole à quelque petit degré 71. Seco,
^

n'examine nés û
plus où moins grand : mais je

sT
ici que ce qui regarde le développement
racin
de cette faculté dans Thonmic qui !a

poilede à un degré fort ëminent. Je dis Mais I:

que les noms des afTeâions do &ns in- bien pit

térieur lent les premiers mots ^ les plus animal ^

anciens , les plus origit^uK de la l^gue étant plu

primitive : qu*ils font invariables : qu'ils mfence i

ont une liaifon nécèflaire & phymfae en figurer il

vertu de la conformation humaine avec mettre €

Paffeâiôn îiitëricure dcmt ib fontl'expref- &c enfin

fion : & qu'ainfî W fofn , la formation des point e


mots premî^einent primitif eft indépen- commet]
dante de toute convention des peuples Foffice^!

& née de k conftkuthMi die}niomiiic. II deviéne

y a donc dam It lanp primitive des parole 9

mots iié(»#iii«l^^#|^^^^ i^ qui auifi^


^%nifient lès idées nées cfe Taffeâii^n in- lieu psas

r h premi^ de tous les {em\ qui


térieure i moov
pdgnent la doutoir ou^ Ir ^oie^ FaverJiton fe fcrvi:

éti le de&« Ct ne font éHdbc^ que 6iùs gittturadK


l accens , des vùk^mpfes^ tc& qu'en pro* que de
firent aufll beaucoup dfautsis animaux* ployeca
%ui«rcj
,

V
ou L AN G A G É. IJf
o
7%. Second ardre. Les mots nécefaires ,
nés de la conformation de forgane in-'

rdipendamment de toute convention: le&

racines labiales : Us mots enfantins^


Mais bientôt rhomme figure (qs accens
bien plusdivedèm^t qu'aucun autre
animalcules parties de fon inftrument <>
étant plus fines &c plus flexibles. Il com-
mence â Cctfaftérifer {çs accens; i les
figurer fijr les jMOtîes les plus feiciles è
mettre ai jeu , d'abord fur les lèvres^
& enfirite &r la gorge. Quoicpi'il n*ait
point enc<H« de dents , les- gencives
commencent par en fiiire imparfaitement
Toffice. La langue ^ toute flexible qu'elle
devient enfiiiJbe aux: in<»ivemen$ de la
parole , n'e|S pasHFdbonf d'un ^t^
^^M 4;àié\jt^^ efs^^ Le pabd$
tt'eft pas flÉo&rk^lt «tea fo^ Se ^fiScile
ï nK)ovoir. E^tCkÊRst comniencè dimc "
*
h
k fervir A» lettres hbiiAes , «puis des^

gitttursdesé Mais il ne sVft cfabord (ërvi


que de ta filipfc voyelle ^ fk
. il n- em-
ployexst Ton (dei ces dein^ organes à la
%uer 4u*aarès avoir acquis on peu plus
IJÏ M i C H A N i^J* ^
de force & d*exercice. Ceft un fécond pas* & qui imit

« quMl feit naturellement fans avoir besoin animaux , i

d'être guidé par Texcmple , & duquel il


^ dorrcrterta

faut conclure qtie la formation drs paroles font les pre

labiales efl: encore nëceflairement dérivée en quelque


de la conformation huitoine indépendante examine to
de toute convention. Suivons les premières par les enfe

produdicns de la voix humaine par Texa- difent les, n

^ men des enfans au berceau. Tous en quel- les amufèr


que pays que ce foit ay^it pour premier fimples 9 o
" mouvement plus fecile d'ouvrir la bouche &c dentale

& de remuer les lèvres ^ forment la voix bobo • poi

L pleine.^ articulent la hsttrelabi^le. Cùnr donc ençor


cibujji & potwntm buas & papas vount; exiftans inc

matremmamnyimy patron papam. (Cato, j^rimitive^J

dt Uber. caucand.) Ainiî dans toutes les Jttai Ta


langues les fyOabcir y JÊkfPJÊp'fam ^ma f racines pri
'
pivnoncenc. De^ humaine )
fimt les prcfttki s qu^ils

tt viemiefit
; Papa y nuàmm & 9ucr«i qur con(équen

ont rapport à ccux-Cf; Ukrij phyiiqiie


a^ point de 9

langue en aucune contrée oir les mots de nous ces

Pt,n , nun y &r mammetli ne viennent de langues^&c

ces racines; X'biftoire dîr VenSaot qu'un


73. -i

y ancien roi curieux de coniioitre b langue


primitive fil élcyar parmi dci chèvres ^

A
y

DU L ANC A G f. 133

& qui imita le cri btk que Vendoient ces


animaux , ne peut contrarier ceci. Il eft

doïTcrtertain que les fyllabes cy-d<iffus

font les premières racines qui ayent exifté

en quelque langue que ce fait. Qu'on


examine tous les premiers mots prononcés
par les en^, 6c les petits mots que leur
(lifent les, nourrices pour les contrefaire &
les amufèr , on les trouvera tous de voix
{impies , ou liées avec les lettres labiale

6c dentale {baba ^ uur ; mamma tctùn; ^


bobo poupon ; papoutt ^ &c.) Voici
:l

donc encore un ordre de mots néceffaires,


cxjftans indijfpeniableMaent dans la langue
primitive* {4^% mots Baba% Pa^a » Marna ,
Attai TataiGagay Nana f.
font dçs
'U
racines primordiales nées 4^ la nature

humaine, & dent la naiflancc eft unc*^


conféquençc jrt^f^ Â^ cette vérité'
'

phylîqiie , Vhommê parle* Àuffi verrons-

nous CCS racine^ croire dans toutes les


langues &
y étoidre des branches infinies»

73. Zùs mots Papa & maman.


4e ceci cpxe ces petit$
U faut iwÉérv
,,

1) V

i34 MÉ C ttA N I s M E
mots Papa &i^MamanJami\iers auxenfani en qu'
& les premiers qu'ils foient en état d'ar- auflî-b
tkule^, font primitifs & radicaux pour les an
toutes* es langues du monde; qu'il n'eft les a
pas b foin d'admettre ici de dérivation ordina
d'une langue à une autre; & qu'il ferait l'Ame
inutilede dire (par exemple) que nous les me tel
tenons anciennement de l'Egyptien , lan- Mai
gue en laqiîelle ils ù trouvent pareille- sçievi
ment , & où ^/i , ^pa^ fignifie pater mande
;
J
Anij Ama fîgnife mater ; ou plutôt tous jours
les deux fignifient indifféremment l'un & les eni
l'autre , comme le latin panns. Je fuis les difl

très - perfuadë que tout cnSnt aban- la Co]


onné à lui-même , fans qu'on lui (a Je fervati
entendre aucune voix humaine ni animale » dref
commencera de faire ufagè de la parole par » rivi<

» les fyllabes , Papa 6c Ma^a ^ conipofées » des


de fons pleins & dé lettres labiales , c'eft- » lang
à-dire de la, voix & de confonne la la » CCS
plus facile : car ils fe forment néceffairc- » figni

ment dès qu'on emploie le fimple mou- »;téri(

vement des leyres. Ainfi, fans recourir » ferv


à aucune raifon d'ëtymologie , on doit » ^at
lc3 regarder comme vraiment primitils w i n
,

s V L AN G A G E. 135
en quelques langues qu'ils fe trouvent
auflî-bien <îans les modernes que dans^
les anciennes. M. de la Condamine qui

les a retrouvés avec leur> iîgiiification

ordinaire dans les langues barbares de'


l'Amérique méridionale , les regarde corn*
^
me tels avec raifon. ^

Mais une difficulté (înguliere paroît

s'éiCver en même temps. On peut de-


mander s'il eft vrai que Pdpa fignifie tou-
jours ptriy & marna y fncre; & pourquoi
les enfant qui n'ont aucune idée de fexe
les difFérenci^foient ainiî par-tout : M. de X.

la Condamine paroit frappé de cette ob-


fervation qui ne lui eft pas échappée. « J*ai

MdreiTé, dit -il dans fa Relation de la


» rivière des Amazones , un vocabulaire
» des mots les plus d'ufage de divérfês
» langues indiennes. La comparaifon de^
» ces mqt{ avec ceux qui ont la même
» figniikation en d'autres langues de Tin-
» térieur des terres , peut non-feulement
y> Tervir à prouver les diverfes tranfmî-

» gfrations de ces peuples d'une extrémité


»> ÙL l'autre de ce vaftc continent » mais
,

236 Mê G H A N I s ,M Ê
j> .dans
>i cette même comparaifon ,
quand ell«
au c
% »fe .pourra faife avec diverfes langues^

» qu'ai

» d'Afrique, d'Europe & des Indes oriciK
» taies , moyen de J
eft peut-être le feul
» pas ;

» découvrir l'origine des Américains. Unt ,


» mirt
'

» conformité de la langue avérée décideroit


>> y ol
» fans doute la queftion.JLe mot ahba ou » com
» Atfitf ou papa^ & celui dit marna y qui d'Ei
>>

> des anciennes langues d*orieilt,femblent voyagi


» avoir paflTé avec de légers chan^fânis
fort fi

» dans la plupart descelles de TE^pe,. iiîvarii


» font communs A un grand nombre de le cro
» nations d'Amérique , dont le langage voir i]

>> eft d'ailleurs très-difRrcnt. Si Ton re-


cienm
H garde ces mots , comme les premiers
Apai
v^ fons que les enftins (meuvent
articuler nient
I» & par conféquent comme ceux qui ont deux,
» dû par tout payis , être adoptés préFé-
,
domx
>> rablement par les parens qui les cnten-
Dieu
1^ doient prononcer pour les fiiirc fervii
,
hiAj
» de fignes aux idées de /»eré & de mtriy que t
>> il reftera à fçavoir pourquoi dans toutes nom
n les langues d'Amérique où ces mots fc
&vdei
^ rencontrent , Icwr fignification s'eft coli-
Tuivai
ns forvée ans f« croifcr. Par quel hazard
Kiii

nv Lan gage* 137


j> dans la langue Omogua par exemple i

» au centre du continent ou dans quel-


» qu'autre pareil , où les mots de papa
» &: de marna font en ufàge ^. il n'efl;

» pas arrivé quelquefois que Papa lignifiât


» rnere ^ •
&C Mamfa ^
pcre , mais qu'on
y> y obferve conflamment le contraire ,

» comme dans les langues d'Orient &


» d'Europe- » Voilà ce que dit ce célèbre
voyageur philofophe. Il feroit en effet

fort fmgulier que ces moti; fuflent aufli

invariables dans leur fignification qu'il le


le croît. Mais ne venons -nous pas de
voir un exemple du contraire dan^; l'an-

cienne langue égyptienne, où ces mots


Jpa &c ji.na fe croifent , fignifient égale-

ment ou le père ou la mère , ou tou5 les

dewx, ainÛ5(ue le latin parcns* L'Egypte


dom»it à Drifft]^ k'nom de ptrc^ &c foa
Dieuétoitle.(bleUqu!elieuommoU ^pis^
&c Amman. Cet aftrc ^ été gdorë de pres-
que tous 4e$ peuples Orlen^aiu ious ce
nom 6^ ^m , .coiiint«r|pçre «^e U nat^iîe
&. d^^oufc j?jl[(Miiu(^aij ^ «ai'iUxint pi;onpncé
iuivant' les différens dû^eâes « Ammon 4
T

138 M E C H A N 1 S M 1
Oman , Omin , Iman , &cc. De-là , en
général Iman chez les orientaux fignific

Dieu , rÊtré fàcri. Ar^-iman chez les

anciens Perfes , c't^fortis Dcus. Ce mot


Iman fe retrouve encore dans le dialefte

turc pour Sacerdos comme chez nous


,

on trouve dans le même fens le mot Ahéé.


Tous deux dans leur fens primordial lont

fynonymes de Pater j & forment un exem-


ple de ce croifé qu'on difoit ne fe rencon-
trer jamais. Mais outre ceci, loin qu'on
obi'erve conftamment &c fans auctAe ex-
ception cette diftihftion des deux racines
papa &c mama exclufîvemertt Tune de
l'autre pour défigner h père 6c la mère ,

nous trouvons au contraire quelques peu-


ples qui fe fervent <dc b racine phyfique
mamm pour figmiier pert , & non pas

mère. Le Géorgien 6c ITbérien difent


mamaô pour paeer Le Tartarc Mant-
:

Cheou Jma : Le Tunguz Amin^ 6cc. Au


rapport de Dampiere ^ 1. 1 ^ p. i]0 » dans

le' Meang ; aux


langage de Tifle Indes

orientalea 9 nuuM fignifie homme p pire ;

%L hM f femm$ ^ mire.
^u Lan GiA G E. ^39

74. A défaut de rorgarït de la lèvre le

plus voijin de celui-ci s\mploie h


premier dans F enfance.

Tel eft l'effet que piiocluk la nature


chez la plupart des peuples de l'univers
an leur faii'ant articuler avec l'organe de
lèvre le premier mot que Thonme ef
capable de prononce/en l^n enfance. On ,

peut vérifier dans le reciiell des traduc-


tions de rOrailbn domir^icale en toute?
liiig(ues,publié par Chambef-layn,que parmi

les nation^ de la terre il y en a plus qui fe


fervent du feul organe labial pour articuler
ce premi er mot enfantin , qu'il n'y en a
qui l'énoncenc par tout autre organe
quelconque. Que {\ par la variété légère
que la diverfitë des climats^ peut apporter

dans la conftniâion ou .d|uis rhabimde


phyfique des corps humains t il fe trouve
in autre organe autant ou phis £icile que
l'organe labial à être le premier mis en
jeu , ce ftni prdqu'irUaiUiblement k plus
Yoifm dei celui-ci I 6c celui auquel la

Icvre eft adhérente » Tçavoir Torganc de


ViK

140 M é C H A N I S M t
dent ou de gencive: tellement que Tenfant
né dans un tel climat au lieu de dire

^/ya ou papa , dira atta oU tata, Ainfi

comme nous avons vu que le plus grand

nombre des peuples de la terre commence


d'articuler la première parole de l'enfance

par la lettre de levrc y de même verrons-

nous que le plus>grand nombre dû reftant

fait la même opération par fa lettre de

dent. Quant au petit nombre de peuples

qui ne fe trouvent ni dans l'un ni dans


l'autre des deux cas ci-deffus, & qui fe fer-

vent pour le mot en queftion de tout

autre organe que de la Uvre «u des dents;


il faudroit fçk^oirleur langage pourpouvoir
indiquer la caufe de cette fmgularité , ou

plutôt il faudroit d'abord être affurë qu'elle

y exiftc en cflfet : car ceux qui nous

donnent ces f^dflkifes eidrraordinaires (ont

ibuverit feut^6 U vnA inftvnits- D'autres

fois au lieu du mot pTO|>re' 6c naturel iU


nous donnent des fynonymcs équivalens.
S'r un Braehnun« me demande comment
on Aipere en làtîn , & que je lui réponde
|i/i/i«r 9 je lie mentirai pas; mais je lui

'.
.
répondrai
x>v Langage. 141
répondrai très-mal ; &: s'il concluoit de
nia réponfe que la raifon éternelle de la

fabrique néceiTaire de ce mot eft démentie


par l'examen du mot en langue latine , il

feroit dans l'erreur en raifonnant jufte


far ma rëponfc.

j^. Formation des mots primitifs che:^un'


peuple qui n^auroit point d'organe
labial.

Au reôc la nature eft fi variée , qu'il

n'y a aucune de ks opérations, même


les plus communes où elle ne mette
quelquefois des abomalités furprenantes.
Ce font des exceptions iirgulieres qui
n'empêchent pas que la régie n'exifte
M
&
ne puiile^^étre donnée^comme générale.
On aiTure que la lettre labiale , la plus

tirife de toutes &c que doimée pour


)'ai

principe Ats mots néceiTaires ^ manque


al)lblument dans la langui: huronne » où
1 on ne trouve aucun; de ces caraAeres-
c. y^ P. F. Af. La^ Hontan qui le rapporte
^infi 9 ajoute qM'aucune nation du Canada
Tomi /, L
. ,

tAi M i C H A N I S M E

^ ne fait iirnge de la lettre F, (la plus exté-

•rieiire des quatrçs labiales: ) que les Hu-


quatre
"
rons à qui elles manquent toutes
ne ferment jamais les lèvres en parlant :

fort
que néanmoins leur langue- paroît
belle &: d'un fon tout-à-fait beau
Dq
qu'un fait (\ étonnant , fi peu conforine
à la nature humaine eft véritable , il faut

que ce peuple foit Un peu cngaflrymythc ,

comme le font certains peuples de l'Atii-

qiie qui partnt.du dedans de l'èftamac;


peu-
& qu'à force rfhîJîitude contrariée
à-peu dans une longue fuite de ficclcs

en-dedans le diapalbn de li
il ait reculé

faire fonner
voix jufqu^au point de ne plus
le bout extérieur de
riûftnnnem : ce qui
Yatcorde affea avec bc qtt'obfervc U
Hontan qu« k boffuc hiironnc fe parle
prefque
avec b«auco^> de gravité; &^l«
afpirations , ^H
tous les mots ont des
devant être articulée le plus quniiîftpof-
rendre
'\
fible : circonftaacc qui ne doit pas
langiteàuffibeau
à Portille le ion de cette

quM ledit.Quoiquniettfoèt^p n^ fui3


pas
h
I

» U L A N G AG F. 14:5

jroins pcrfuack- qu'un enfant Huron livre


à lui-méine formcroit iiaturclîcn.cnf les
lettres labiales; que ce
&:. n'e/l que .p:ir

lesexemples'de-ruiage coutrair.^ iir/ccérc


parmi fa^iation , ^i^ilen peut perdre lufai^e
iiatiirel.-En examinant dans la .langue hu-
ronne les termes de refpece de ceux dont
j'ai formé les dein:> p^mkrs ordr<«s do
termes primitifs , je filis periUadé ^u'on les
trouvera forn\ès fiir riiiflèxion^e Torgane
qiie lanature d^^v^lôppe le premier dans
les enftns de cette nation. Je me le
pcrfûade ^d*aiitaiiti>W -fecileniein
qù&
motperc en langue huWnn^ fe^'unUa/iii:
le formant comine en beaucoup d'aurres
1 nigiies av«^ Pdfg^è '-^^ voffirt de*
1 organe ât Mns^St% pfijs cxte^ricur dC»
tous après îceTiii-cîl l^btV ir k
principe méëhkhiqàe^'âb là langlie priÂik*
tive fubfifté tëîqué'jë Pkt po/? , 8c qijé'
'a nature êhëz un peuple ainfr conftitté
rférive le!? premiers nioti^njcâffûiré^^ih
^on oriprie le |pTu$ Àtérieur ttoirf^^ël/e
dcvcloppc le* hiotivcmens a\-ant roui
iutres, • >44 >

Lij
/
,,
:

«».

144 M É C H A N T s M E

76. Dans tous lesjiéclcs, & dans toutes

les contrées on emploie la lettre de

lèvre ou à fon defautda lettrt de dent


ou toutes les deux enfemidcpour expri-

mer les premkrs mots efifyntins Papa ,.

& Maman.
Parcourez les peuples de Tunivcrs ar-

clens &: modernes.' : le Cliananéen , l'Hé-


breu , te Syriaque , T Arabe, 6c. autres

dérivé6 de TAflyrien & du Phoenicien


que nous n'avons olus , . ils diront Jh ,

Abba, Ava , Abbh , Ahou , &c. Le Grer


le Latin , l'Italien , TEfpagnôl , le Francjois

diront : Pater y Padre , Ptrcy &c. L'If-

trîen^le Catalan , le Portugais , le Gafcan


Ptfrr, Parky^Pae^ Paire. LeTudefque,
le Francifque ^l'Anglo-Saxon , le Belgique,

le Flamand , le Frifon , le Runiquc ,


le

l'Anglois l'Aile-
Scandinave , l'Ecoflbis , ,

mand , le Perfan , & autres qui paroiffent


dérivés <'.u Scythe diront , Fader^ Fatu ,
Vatter Vader Pader , Payer ,
Pttr ,
, ,

fur Fçedory Fadiir, Faiher , Fattcr


y

Pader , &c. L'Orcadien , Fa\or^ Le


I

fft.

D U L À N G A G E. 145
Malabare , Pitawe. JLe Chlngulais de Tifle

Ceylan Pita, L'Ethiopien , l'Abyflîn , le

Mélindien des côtes d'Afrique & autres qui "

paroifferit dérivés de l'Arabe diront Abi ,


jihba , Aba , Baba , &:c. Le Turc Baba.
Le Morefque Abbo. Le Sarde Babu, L'an-
cien Rhœtique Papa. Le Hongrois Apa.
Le Malais de l'Inde & de Bengale /î^/?pi7.
Le Balie des Siamois Poo. Le Mogol Baat.
Le Tangut Ifapa. Le Thibe^ P/^^. L'Hot-
tentot Bof Le Chinois , l'Annamitique du
Tonquin Fu Le Tartare Baba. Le
9 -TAw.

Manttheou u4ma. Le Tunguz Amin* Le -

Géorgien & l'Ibérien Marna. Le Caraïbe


i?4^tf. Le Groenlandois Ubia. Le Galibis

jPiZz^tf Le Sauvage de la rivière de$ Ama-


.

zones Pape. Le Kalmouck Abega. Le


S^moiede Abam. Le Moluquois Bapa»
LeTamoul ^//tf, A7i/tf. Tous en fe ferrant .,

<le la lettre de Icvrt douce , moyenne


>•
ou nide.
#
L'Egyptien , le Coplithe , l'Africain

d'Angola diront Taaut.^ Theut , Thoc^^


Tôt , 6cc. Cchii du Congo Tai. Le Cel- '

tique f le Cimraiec | rArmprique > le bas


L iij
,

dois iMsuJc^nô^^Le Go^^


rote Uùu^ i^jbflilbtt HmitMje
> ^akiqqe

V . TiUiU^EMàfiSXil, k.Rtrfl[e^lé Polonbis


-ie Bohién&ii^ lé Dàlmsàè^ J^ Croate y le
'

. Vkidale^i^^Bulgare^le Servite^fe Gat-


rnique^ le Lu&cieû9 & autres dërivés de
yraildéo: llfyfiôm^ fie -ée iFanckn Samiate

«jijroùi 0/5^> Otfcht, £teiÀe ou paï* cor-

iiiplicni^âj^^y^^'j^^ Oesky,
ijr€ffck£^ ftc& 14[Sauv9ge cl|^ bN* 2^mble
^A/^ lie^l&lpÉÉ'^j^ le

dKoilR^N-^ if^ ^Sanvages

L^ MexicAa Tahiti. Lç Bcàûlien Ti^^^.


iiiNCy^ Le
jyflè <9^^{f;I« £âpoifi Or^j^v &^.Tous
-énJè^^t de te IkifTe^kt^^fii^^^i^^^

embyeoM cil M(^. ObierVôz-h^in^ «^"^^^


dont Ë
le hngues qm em^Iotent à
la formation diif mot bs deux organes, û

eft tout namreLqpi^onL^ti cc^cmdei'exer-

j
dce 9 #ÉMout.dbp|i la i^resiiËBfer en&tic)».^

Le ^iiap&ns tPiiTifw
î Hivonkii ZVt^
L' Anglo-Sàfett jRi ieii T®iis employait
la li$m^fm»àe% fylbheâ ^i ?& ik i^/
à fautii^uDe niémè fsoittes deux &iiitjeQih

}>loyë^ M& te^mot m^


^ Aiter«^t4«f» i%ypdwÉi JsCbi^ ^^id✠le

RuiTe ilf4/i 5 dans le Tàmiil î9&i/«i &C.


Um ^nfonnité â fe^pahte cailre. les

peuj^ de to%« les ^ëcieiL &c de toutes les


œntvéïi «ke^^miiiefS^ ékveiiH j^ hatU
' degré #éyidM«r% ddwÉnftratifi» ^des
princ^ ci-deflu$ Ajdilii*bi ao v uçi\
;.ft4jl/,n>^^ff;
77, Trouicm mh* Xfi w^^ prévue
nittffains : jus noms dormit aux àr^
gancSj. tirés d^ tînMcxio^ mime di

dam fei'lfr«âfiriaft^^idi& ^wk


L iv
^«4^ Ma c « A H
' f s Mi
. idées de Pâme & à tout le fy&ême de Vor* donner aui

gani&tion humaine ; puifque cçs mots font la nature a

les premier^&c les plus originaux) n'^ A-il machinalei


pa$. rài/bnnable dêupenfer qa^à mefure
.
doit par-là
que Torgane fe dëvèlq[>pè, le mêmç pro- néceflaires

. grèstinëctJsmiqueal&fiontinuatioa^^ mitiv^V^
plus difficile fans douté à diicerhèr lorf- maine. Noi
^qu'elle s'ëlmgne &s'étend i N'eft-il pas gii gh à- ét^

julle de Ali vre la route tracëe par. la na- de l'orgam


tftte dans la recherche de Fdri^ne des langues. H
ndms impofés aaix choies, & dans Fexa-
inen de la naifiàn^ des ;f2icines de la gargiuronA
langue primitivei^ .1 ;fo . ^ & 3e tout
1^ L'homme l^nne.volontiers les noms finité de i

-
qu'il donne à chaque organe de ùl parolô de langues
1

iiijr le ca^aâere ou Fmâfio^ luropr^ cet tout ce qi

e4)9gané:Joûmme ffàf^^JangUe ^ dent, celui queci


9

touche ou ^ict^îiM^ (Je pjjÉids lf4t e;femples des nomsr^i

dans notrekngue fans afieâatioii^) Qti voit inflexion-^

que le caraAërifiique r«u£cal de chacun de îe racine :ç


ces jpots €ikhJ0i^^^ garg4roi:(p
gaiîe que le m^c'âgrii^e. Une rencontre iiloutofi^
£ jufle ne pei)t Manquer dji; ifàpjper &c de cliof€s,;ft>ii

^bntarer qu'^^y]^>artjf^t^^^li^ i^^ A^^- .clontFi4|é€

.^oiqiie les bpmm^^^ fiift «i9aYqi^i(

.A
o i; La h o a a«. 149
donner auffi d'autres noms à ces organes,
la nature a été le guide qui le plus fouvent a

machinalenieiit déteriBiiié ces mots^ qu^on


doit par-là regarder comme mots prefque
nécefTaires appartenans à la langue pri*
mitiv^V^ né$ de la conformation hu-
maine. Non-feulement Tinflexion gutturale
gugh à été par exemple la racine du nom
de l'organe l'i^n^é (& ainfi dans^autres
langues. Hébreu , gkara/i. Grec » glom$»
Latin 9 Efpagnâf
^p^<n^. Jtalien » gola^
gargiur0^kn^o^ygullu*A\itmxià^^
& 3e tout ce qui y cft relatif par une in-
finité de mot$ dérivé? pn ^toutes fort#s
de langues ; Aiaif encore on a donné â
tout ce q# £ùt im J^oruit r^e^femblant à
celui <{ue cette inflexion fait dans la gorge,
des noms ^x^^^i^^mç^^gorp ou cette
inflexion^ prialbridénient gutturale fert

^^"^^^^^^f^^^ t^^x oty autres


clîofes,;jfe^1^^^^ fojt

.dont Fià^e/^rtie V<^Jpm^^ celle de


• Lv
I

profondeur. On en peut aifément trouver McTito)

un grand nombre d'exemples dérivés du feau f


nom de cet ofgâne-d ^ ^ou applicables De
au figne radical des noms des autres
'

or- chofes
ganes de la parofë. Voyez les mots qui lioms'^
*
figiiîfient Dmt ; vous les trouverez en qui lui-

la pkVart des langues formés par l'arti- Lâchât


culation 7?. TH. T. qui eft pîopre à cet go. ^k
ôrgailè. François Dem, Latin 'Dentés. (en Al
Gj-éc iWfj lihrH j 8t de même Tf r>« (co- (en E
medo, rodo,) Anglois Tooth Teuh.Y)dim, Loglqi

T^«^.Per{an Dàndan. Turc Difck , &c. & 'tOH

Obfervez les mots relatifs à îa mdchoin dire /

tou à fon aftion , vous les verrez formés (c'efl-

pa^ rarticulation '


jW <}ui jlui eft propre. rer
Maxilla. Matai MafihaiH, Mkfiico m^^- grand
wmftoè , Màfcher , Mvtcir ^ {en Efpagnol) que (î

MangérlMàhià. MÉnààcèlMi^ï, Mafi- bottéli

çuer. ( Voilà im exémplie deis dérivés qHÎ plus l

'fe forntélil' mWîatement fiir imç caufc tidieu

prîmitive à lâquèÏÏe. ik*h*dnt plus de rap- €htfcr

'^hera (en Italien.) J^ii^Uè , Màjiaré (en <)uarit

larigii

/^

^
,

i>i;* L AK ÇA^ t. af
Menton. Mordco. Morceau. Muffle. Mu^

les
De inéoje pour la langue o\x^o\xt
chofes relatives à fon aftion, dont
les

noms- ^t formées par IWiculàtion I.


qui lui-èft preste ; JJngfuu Lafchon. LaL
Lachach (enHëhfèiî.)^«A;*'- Aia;»!**. Un-
go. BguîiôvLàmbo. Laniftr. Laper. Lecken
(en Allemkiidl) Làp (en A^.glois.) Lamer
(enEf^piél^ iiiy*f*Loquii éLoqmnct.

Logique: iS^IIjoj^ifMêi^. Ugu.^ Logut


Wtoiis\eàti c^ftipofés. Ai»xi# (c'eft*à-

dife >^r/^r> >&C tous fes dérives- A-cx-f


(c'efl-à-dire c/^)> &c, &:c. /
\

fen- pdûrrëi^^ citer iW'bieàttcoup plus


grand hoti*te ttut^ cà ^ux pTgancs<i
qiîc- (\it\é%^ti^^ 'darts Ja

plus longûfe éhûnliéràtkw d<Mêfidroit


fef-

tidicufe aint LeÔeuts, ^11 eft aifé fur Tindi-

x
^^
àuarititë dclcnftès i^
.' vi' ".y
I

Lv)
1* ittrvec ms f€ croilçr. Fiw qticl hazord

4T^ MÉCM Aï^i SM x"

70 Quatrième ordre. Les noms fui tiennent


.
Tous 1

être r
^^':
P^yfy^^ <^* Vobjet. Les mots
ijulpeignent par ànomatopée, format

^
.
^
"

.
^ '-
^-
'
'^
-- -
-Ji r .
f abfolu
1^ Ç^eft raie vw-ité flç fadt
'
lafe ionr fans jq
nue (jue Fhohune cfl: par fa natlue porté quoiqi
^ i'iraitation ma- : ôiî le remarque de la neràl
nière la plus frappant^ dans la %mation chofes
des mots. S'il faut imppfer ua/Hom i un féquer
x)bjet inconnu , 6c,que cet^bipç agifle le mo
;fo dé Touï^ donj^^rappif^r^^
fe iens les en
faimédiai avec rorganc,dc> païak pour chofe!
^
former; le nora.di cet qbjet Thonnue font.
nVfite , ne réfléchit^ fd ne. compare; a jam
il imke avec fa voi^i le bruit qui a frappé ilùsTc
fonoreiUç^,;^ I^fl^,^.^!^^^ ejî (lépra

qu'elh
i 3 Gjfecs ^4P9(^9»ti-pw^w^t & Jç^Ii?- des h(
mcniQn^maufpée , ç'efl^à^^rc j^i^^/o;^ terme
Ju nom; reconnpiOknt Igrfqu'Us rappel- nomh
lent ainfi ,^hatJcK^;^t.i8c|^ tous
ai^ono- i

m^^^ qtte qaolfptùy ait pli^urs autres natun


peu al

la manière vraie, primitive & onguxalet laiîgu*


,

D^ LAN |i^ i^ £• 15 J
Tous les mots de ce genre peuvent donc
être regardés comme néceflaires ; leuc
formation étant purement mechanique &c
fabfolument liée au phyîique des chofes ,

fans jque rarbîtraire y ai^ aucune part ;

qiioiqiie les hottimespuiffentd^aiUeurs don-


ner à leur guife d'aulres noms à ces mêmes
chofes. Les mots appartiennent par con-
féquent à la langue primitive : fi vrai, que
le mouvement naturel & général à to»s
lesenfens eft d'appeller d^eux-mêmes ks
chofes bruyantes du nom dû bruit qu'elles
font. Sans doute qu'ils leur îaifferoient

à jamais cçs noms que la nature a difté


dès Tenfarice , fi Tinftruftion ôc Tiexemple,

dépravant la nature , ne leur apprenoit

qu'elles peuvent çn vertu de la convention


des hom;iî^es ètj^^ appellées autrement. Les
termes onomatopées Tant en très -grand
nombre , tous origmaux & primitifs y

ious faïfant jpaçtie de la langue primitive


naturefle : leurs dérivations font étendues

peu altérée^, Se CT quantité dans quelque


^i3''î*t:
langue qu|ef ce/fcât»
j

^babifftmmê^ men.

•\
r-
\.

1Î4 Mi CHAH i$'u%


7$, Exemple des mots qui peignent Us
ckofcs par CimpreJJion qiûelUs

font fur les fens.

Les exemples de« mots , ëvlç^emment


formés par Texpreflion imitée du' bruit

qu'on entend , s'offi-ent à chaque inftant


dans toutes les langues,jCitoas-en quelques-
uns , foit fubftantife^ foit yejbes. Je mets
les verbes àJ'impçratif; parce que c'eft

à ce tems qvi'eft le vrai primitif du verbe.

(Voyez n^ 31.36O
*

Noms.
Bruit- Fracas.'

1
Sonore. '
-
Tintouin,
". > », -'
i

a,iguetis.i ri.

CarïlIoriV Q^que.
j'-t
îv
Fredon. '
Dmdetfés.
^ \ Murmure. Rot.
Taffetas. TymT)ale.
•.
'f .
* "
<» i < . »

Triftrac.
').'
Tambour,
. ^iL^.;-
^^alop. Tympanonr
tt < k . i;à

Ecîat. Trompettes.
Ruinci Tapage,
itvic cii iKmerciucp iiia^utr ivr^ïm*

©u L Al^ c A. p «. Ml
"
Tonnerre. Coucou.
Bombe. Coq.
Chouette. ^ Choc , &c. »
V

Ver b e s.
_
Sifle.

Tombe.
Eh latin.
Frôle.

Frappe. Claî!gor.

Grince. Fragor.
Miaule. Stridens.
Grogne. Pipire.

Déchire. Clamare.
R6mp. Gannire.^
Jape. Tintinnabulumu
Bourdonne. Sugitlare. ^

Hurle. Câchinnus.
Gazouille, i' Crepitus.
I
Bêle. Ulija.

Rugi. Ejulare.

Henni;, Latrare.

Frenii . ^ Coaxare.
. B^ubari»
En gr<Ct
Turtuf.
Vpupaj &Cft
fêniior f ]c ne m^mirai pasf nmh ]^ ^^^ m
répondrai

>

^.> à0 M^ C H A N I % M E
"
En Italien. En Allemand.

Troinba. Bellen.

Sibilar. Heulen.
Riiibombar, Sec. Knallen.
Quackçn,
En Anglais.
Rollen.
Splttle.
y Thïnen, &c.
Bellov &c.
,
M
Et ainfi de toutes les autres langues.
Rien n'eft plus naturel ni plus commun
que le nom des chofès rendu par le bruit

qu'elles font à rorcille. Cefl en ces oc-


cafions qi:e Forgane vocal a beau jeu pour
la fabrique des mots ,
puifque l'ouïe eft

le fcns dont le rapport eft inv^^diat avec


la voix qui eft un bruit. Mais, quoique
le rapport foit infiniment moitis marqué
pour les autres feiis on peut cependant
,

y reconiioître des termes irnïta^^ifs. Dans


le fens du goût , âpre, acre , aigre ^ aurbus ,

faiir y Wè. Dans le fens di^touchçr , ^'ude ,

glijfer y taclus , racler , grater , grimper ,

X'^ft» x^^»** >> gfiffe y kerijfen {en Vcrfànj


^ h m^iw quen Allemand jgreiffm i. «•
v##»» art

> /-*

d"^ La ng a g t; 1Ç7
capere.) frangcre yjtringcre , falcbra , mi^or,

fcabrcux , &c. Dans le fens de Todorat


flairer y &c.
Tous cesmots viennent cependant
d'une oi^omatopée d'oreille. On fent qu il|
procèdent d'un mouvement fonore opéré
par les autres fens & dont l'ouïe fe trouve
afFeftée. Flare , d'où vient le mot flairer^
vient évidemment à fon tour de Tar-
ticulation labiale modulée paç l'articu-

lation de langue FL^ que j'ai appelle ci-

deffus le ^fié-catilé. (Voyez n^ 36 & 54-)


Le moifiarc cft un bmit , imitatif de cehii
qu'on feit en foufflant avec le bord des
lèvres. Nous verrons bientôt les racines
organiques de cette efpece produire^ une
innombrable quantité de dérivés : 6c pour
le dire d^avancc, ii y; a lieu de croire que
toutes les racines rpurement organiques
dont j'aurai à parler dans la fuite , de
quelque inflexion de l'inftrument vocal
qu'elles procèdent , ne viennent prefquc
toutes , dans jeut première origine , que
d'une onomatopée d'oreille C'eft là-deffus
que U parplc agit dir^âernent & par t\ar
%

.t r

%^i Mie NAKl SMI


ture. Les premiers principes origînaut &
radicaux des noms ayant fans doute eu
leur fource daas qiielqu'iinpwîflion pre-
mière que les chofes nommées ont faite

fur les fens , il cft naturel que la voii

humaine ait ramené tant quVlle a pu cette

impreflion au' ihtifidc Touïe , pour ct^picr

par un briiit femblable Tobjet qu'elle avou


à dépeindre. Car le bruit eft fon opénitjôn
propre & (fi Ton me permet de parler
mnCx) la feule couleur que lui ak donnée
la nature pour repréfentef les objets ex-,

«tmes. Par exemple mot JinUe nVfl le il

pas une onomatopée fenfible, où la v( ix


à voulu peindre les propriétés de la choie

mttne , par le bruits par U râcjpe FL , par


le coup d'orgâncj(Ç(C^iii^, en yfmployint

laplus liquide 6c la (nhli pcnilanteidts arti-

culations qu^iï lui foit poffible d^cflfcéhicr,


C'èft par cette raiion quM e^ A'Sak
de trouver des exemptes cfonomatopée
relatives au iêns de la vue^ Uopiirarioti
de^ ce fens eft û fubtile ^ que dam les

imprefTions qu'il reçoit ^ on ne diroit pat

que tes objets arrivent à lui > la lunuvr^


autres, ' > 41. >, •» V

Lij
y-

c/ui le.« ttV^fi«^« »« faiCmt aucun mouve-


ment /ciifible fur l'organe. Dans ce qu'il

lui faut wti


y a cii* relatif i la parole , il

tout autre (Slément ((uc le jL»ruit. Ceft la


,

fik^nic ; & je traiterai cette matière à part.


M.U3. (i, relativement Ma Vue, il y a quelque
inpuvement qui puiïïe prodai/e quqlquç

à rohomatopée
J
l)rmt, il donnera lieu ,

Comme daas nuUtx , clignoter ^ &c.


^ Non-Icukment les" langues peiiinerrt par

rojionutopcJe ks chofcs fonores , majs


.
audiles chofes en mouvement. Car il ny
a Hoirop de «OH^emem Jf^is quelq^w ^fwiy
1 femblo (par exemple) que dans la plupart
1

(les langues on ait tâché dans le non(!>

(lu v</i/ tf imiter vttî mouvement de l'ali».

lus FUé^ijffi^tuà^Jof^ilifus^ &c.


j

V L'onomatpp^ iit^t^ m^^mc ai;yiom«


(les chofes qvû romucii^ les fciis intérieurs,

lorlquelcurcflFctcftdc produire au dedans


(lu corpi quclauOwouvenKntinufité* Alorj
les notjw îbtît>in>i^tifi^ cWf «^^^
roder occ. JL v^rcaaien , ravui.-
,

160 Mé C H A N I s M £
Exempte. Horror , Palpittr ^ Frémir
,

Trembler, &c.
80. Cinquième ordre. Les mots çonfacm
par la nature à VexpreflîôrÈ de
certaines modalités des êtres.

Toutes les obfervations ci-defliis proih

vent qu'il y a des figures de mots , des

caraftériftiques de fon^ liés à Texiftence


des fenfation$ intérieures : qu'il y eu a

de liés à rexiftence des objets ei{;térieurs

on du moins à Teffet qu'elles produifent


fur le fénforifim. P'autres obfervatiôns
parOfiTent nous' montrer qu'il y en a auffi

de liées à certaines modalités des êtres;


Um qu'il foit quelquefois pofliblc de dé:

înêl«r nettement le principe de cette liai-

fon entre de^ chofos où l'on n'apperçoit


aucun rapport \ telles que font certaines
lettres , & certaines figures ou modes des

objets extérieurs. Mais lors môme qu'en


ce cas la caufe refte inconnue (car elle

ne l'cft pas toujours ) l'effet ne laiflTe pas

^Ue d'être fort fenfible. Ceft«ce que Platon


a fort bien reconnu , & ce qu'il obfervc
TT- >^«*^MW ^ '«V ^ Liij
TW^ ^y

^,

..'i'
'

^ D U t A N . A G E. 16 1
Frimîr ,
en CC5 tenv.^s Qn^ridum nomintmKpro^
,

prmaum ex revus ipfib^aLam cfjc, Plat.


:onfacrcs
ïnCratyL Les e.>^emple<; {oxw jn fi grand
tde
ti
.
nombre
cachée ait
qu'il

ici
iauc que qiù'lqu^ néceflité
coopère^ à h. foimation des
%
us proih
mots. Par exeniple , pourquoi la fermeté
>ts , des
& la fixité ibnt-elles le plys fouvent dëfi-
rxiftence
gnées par & c^rîftere St? Pourquoi ce
-
y eu a
caraftere St. eft-il lui-même rinterjeftior^
?;tér!eurs
dont on fe fèrt pour faire refter quelqu'un
oduifent dans un état d'immobilité. Exemples Start^
rvatiôns
fiabilité^ ftips^fupide y r«r«(, mxi , Jla^
ti a auffi-
mcn , Jlagnum. ( eau dormante ) ftellœ
s êtres;
( les étoiles fixes ) Jhcnuus ^ fiapia ,
e de (lé:
flructurc , efiat , conjîfiance , tfiime , y?/^c ,
ette liai-
ficriU^ th^ét y Jiay ^ ficad ,Jlqnc y iic.r^n
pperçoit
pourrois citôr une infiuité en toute forte
rertaines
de langues , faiH5 parler de leurs dérivés.qui
^des (les
n ont plus ie rapport à ceci, qui^'iTont &
\t qu'en fans nombre, tels c^tfiçtHo^JUpcndium^
.car elle
tftahU, tjlaficry &c. .

aifle pas
Pourquoi le creux- & rexcavation le
e Platon font-ilà par le caraaefc Se ^ Exi rum»<m
,
obferve
uom ti

l '.4

-> t, , .
.< r M'

16Ï
» r

employé
pour 4^

plus crâi

« 5'
joint, v^l
ont

t".

^ecaU '
où:

Fii^ ,feaieillé

^?iS?'&

r bnhz à 'fi' to'«^ «««ntWiliC»


''^'; •fi^'^ti'

*'*f^

^iltitjieinples en ùl l^guë que Mn peut



'ft-Kfï^H^i«9^n?*<#^ Mais <r««Ile
^««iF-'»

UK^v-,*^," '
: 'm-

M •

or

OUI

çai

fc««*^i«waN'^
•î^,^^ -.-y

ti:,if{
quoique *^ iH>jiiiiw2ssyentÊiji(<a?nyepir
* : ,.A

,,:"-.-,J,.M':

lanpe allé

joindre en ai
Gn peint 1

'par l'articula

Il n'en faut
mots de çet(
«fibién roc , rompre
chofe nideflfe eft f

les deux: cMi


^tude I
hrofus^ Si\i
,5|b# rude pem(m#y en
""dation tcrifticpies i;

^arfa mouvement
âéatHipudes rud#^lii|-l
Brifer^ Src
On redcHîb
peindre^Cft
plui(îeiia!s fer

# ,1.* •: I r> .
manière d'(

1 fucoxcsfàÇoïtenfUr(ss] réitérai^; k
4^f Pharphàr, i

réjouir Ti^âiâltt»|^d>i
jurfur, fiii

exemple^ |.J

quideiK
-.-.
.:,;vt!'î?^..^'^ï^*r?-.; -n-^ipp, langue Tome
!
' >.' 'l''
.

L¥^

langue ^èiriaiidé ^ îHïltquels on peut,

joindre en angloisi'/We, Slink,Slip^ &c.


Gn peint la rudeffe des chofes extérieures
'par l'articulation R. la plus rude de toutes.
Il n'en fkitfKMiit'tfautre preuve que îes
mots de cette dpéce : Rude, acre, âpre,
roc ^ rtmtpf^ë^^ &c. Si la
tà^hr f irriser ^

rudeflè eft jointe à la cavité, on a joint

les deux, citaftériftiqués. Exemple : fim^

brofus^ Si k fudéfie <^ jointe a Téchap-*-


pem^it, Al |i4è inéfM|0int|^eux carac"»

tcriffi<îw^ 'ffî^pte ;>^'


fçavdît i^ icaâîÉ^ Îk:
mouvem0ht Wal flt§ 4l^'ilitité^|oi^

On reâoi::fa|ilf<ig^#^^^ ^fi^êsê-
'

peindre^tMéâk' au |Éti|N^|^
pluTieii^''B|îiM^ii'^^^ màïêmi
Xiimkm d'e<gttiiar te llafiÉfhri^ quW
réitérai^piét^Abifi< l^^^MlpHl^^^^^^^^
Pharphdr^ pour hfifisrfmtnienu \ mouihp

exemples , de p«ii|ftfenmiyèT
qui de^ ^hême éf trmi^Mli
y
Tortic
"
L
'
H''^ "
v^
y' > '
M
'l^\^:'
,

/N

9/ MtCRANXS^l
dans ceux'-ci qu« Torgmie labial y peînt Les

tQUJours la modalité; qu'il la peint rude p^^r la iett

fra^gcrt , & la peint douce dauis pure. Golfe

S'il y a mouvement avec dureté , quelques dela/J

lapgues y joignent 4*»y. Eiemipk» <^^ {refpk

Sragcn. J^ y^mio^^ & çomm


nidefle.^ ks trc^ çaraftériftiqiJtô^K è^ Te fîgu

vent accumulés Tun fur l'autre , comme veut X

âm^Jki^fm^p^ Cette même de faîr<

îillfe^ion^ IL déi^ripûe^k nom des chofey iefon<


ratiis t

ia conf

4^ pt^'^iÊ^^ defiHe

\Vs
>^,
^m le «ftWJ^.çft vicient :i#iiif.îi iWi/ï, Souffle
lui-môi

Mif4|iii»4
'
i

(lit Tair pt
f i' bbuc^
nazalk
Leibnit
les cho
^t( carjàfte
Iii.iitlil<ii1ipiiii

m
.^yr

abfofde «tue <set auteur &

îbttl^tchaque Jettre.^^' ^ .

•' .! . ' .-, ,J'>.. .' -


'
Mk '. , !.. • l' 1' .1. I
1- VJ .^

pu L AH C A tt. %6y
l-esichofes.entr ouvertes fe deignent par
la lettre de gorge, comtr^ Goufre
,
Golfe , ou encore mieuK par le caraftcre
de 1 afpiratioii ^ comme dans ffiamu/A a
{rcfpkit^^ m tmine mikatifpour lequel j^
Qommiis&^Man^Tmû^ or^miquÉ^
fe figure en hUtus comme
l'objet tpi'a
veut repréfenter : ce qu'il tâche toujoitrs
de faire dans mots phyfiqi^ dont
toi^s les

ie fon ou Finflexion peuvent être


rq>rëfenh
ratifi de hx^ê^x^k^^^
Uorgmœ^te ne2 ioû fettre 5. dl par
ia conftruôkm propr«î à pi^ia^m les fe|jp^.
de fiflement. Ejcemple^^ Së^irk , S^er^
^ougU. Dam ces mots l'organe exécuta
lui^jip, Jaajai|:fighîfîée:#ii citafiam

Leibnit?,ies sim^éÊèém^Atm
les chores Ife^ 4l(roûdc^tf"^ilit^ le

& fe icmd''m'm$%9i^^^ \


:^i''*^m"^V':'i'^iiM>f M IM'-. '
ils-..
la mwiere vraie, primitive & pciginal»

168 MÉ C M AN I S M E
Il y a une onomatopée radicale qui

vient du mouvement de Taîr dans la bou-
che, foit qu'il foit figuré , foit même qu'il
\ ne foit qu'une pure voyelle fimple &
non figurée. Le fimple mouvement de
\-'
refpirer , d'exhaler l'air ,
produit dans le

lâhgage trois racines qui abondent en dé-


rivée. Si on le pouffe de la go/g^e à bouche
ouverte y il fait Xm* Si on le pouffe des
lèvres il fait FLo : fi on le pouffe du nei ,

il fait SPiro. Voilà trois verbes établis

par onomatopée dans le langage en confé-


quence du fimple mmivement de refpirer :

ils y t>roduiront de nombreufes familles.

Par exemple on voit bien que le verbe

00M^argere
lanjgiie jprimitivejfiiw,'
jcft ^
fiût

&
Jf 1^
c|ù*on a cherché
de

#flpitomt àttétôns qu*au inouve-


;*

llll' wgiàê ^'HÊMet'ét^Êuî , 'i>dîn' '6ire

iMnm^'"'
'^:S^É^^-^
iJ..U.i-
laiigùe qu£f ce^ fait

D U L À N G A G E. 169
3
radical dans le langage primitif; que le^
mots qu'elle y engendre font phyfiques
& naturels au genre humain. De ce germe

Viennent Ila/o, exhalo, HalituSj Haltihc^


JJaliurytochalaifon^ HâU (fouffle de vent
chaud) i/i/^ (brûlé , dpffechë par l'air)

/*^« (j^xhclo;) là-d<?flus h langue flaiiiande


appelle un licvre Haa{t à Ciaufe de Todeur
qu'il exhale & laiiTe après lui : le François
ne donnç le nom d^tf^^ qu*à la femelle
é: -

du lièvre. Antlq (refpirér avec peine)


txantlo ( faire un travail forcé qui coupe
la refpiration) AntUa (pompe) anhelifus
(r^ifpiration difficile). Ici la racine fimplc
fe charge d'artioUajTiQns dûi^rs & pënibflw
pour peindre la ptm % fa^ioti vioNri^
Si Pon veut pcindne quîjne chple éft

profondémii«|'||§^^
de la profoili^
Exemple: m
'W i'-J x
^'Im.:

(*) Catulle dit en badinant fiir la mort d'un


homme qutfif*^^ & qui venoit d'être ^
englouti iwk k:^^ ".•(,1 .' *•
,

VIO Mechanismc ^

8i. Il y a de ctrtaiûs mouvemens àcs


organes appropriés À défîgncr
certaines claffes de chofes.

Tant d'exemples dériver de chaque


organe ,^ conformes \ (e% proprit^tés

démontrent jufqu'à l't^vjdence que la

nature agif primitivement fur le langage


humain , indépendamment de tout ce que
la réflexion ou la convention y ont enfîiite

ajouté fur le plan déjà dreffé par la

nature , qui en a toutefois été (buvent


altéré. Ils iïous donnent lieu (de pofer pour
principe , qu*jil y a de certains mouvemens
des organes appropriés à défigner une
certaine claffe de chofes de même efpece
ou de même qualité. Ils nous font voir
Comment rhommc fans coiîvcnfion , fans
s'en appercevoir , forme màchinaleme)if
.
fes mots le plus, femblablesm'il peut aux

'Chofes fignîfiées ; 8c que fit vohc-itant un


Ton modifié propre à peindre quelquefois
^ lés objets , rorgane effectue cette peinture
tout auffi fouvent que Poccafion de lé

feirë fc préfente, Publius Ntgidîus ancien


grammairien Latin pouflbît péut-^trc ce
> ^
T» &' Wl
TurtûfT

fXfXvÇ#i'. Upupa , 5tc*

I>U L A N G AXÏE. 171

r3rftéme trop loin , lor{qu*il vouloit rap-


pliquer j
par exemple , aux pronoms per-
fonnels, 6c qu'il remarquoit que dans les
mots ego & nos le mouvement d*organe
fefait avec un retour intérieur fur foi-

même , au lieu que dans les mots tu H vos


l'inflexion fe porte au dehors vers la per-
fonne à qui' on s*adrefli;. Mais il eft du ^

moins certain qu*il arencontrë jufte dans


la réflexion gënërale qui fuit : Nomina
rcrbaqut non pûjita fortuitb 9 fed qud-^

iam vi & rationc naturafacta ejf'c P. Ni-


gidiusingrammàticis Commentarihdoceif
rem fanï in philofophia dijfenationibus
celebrem.Quart enim folitum apud philor
fopkos ^•varm ité^^ Jînt n lô-^rw (^noturâ
nominàjintan impofitione). In tamrt^
miiUiu argumenta dich ,yidm pojJint
cur
vivha tjft ndturalia magis quàm arbi"
^
traria. . . . hfam Jicuti cùm adnuirnus &
abnuimus , motùs quidtm ilk vd capitis,

yd oculorum à naturd rd quam Jignificat


non abkorret ^Ita in voàbus quajî gejlus

quidam oris &fpiritns naturalis cfi, Eadem


ratio efi in Grads quoqut vodbus ,
quam
Miv
,

^vrtf» ^«^^pM^grift y kcrijten (en Pèrian,


le lu^îM qu'ea Allemand ^rciffin i.ç.

ajri Mi eu À NI SUE
tffe in noflris animadvcrtimus. A. Geh,
L. x,cap. 4»
Les Grecs dont le gaût étôït extrê-
itiement fin & délicat , regardaient les

noms ïmpofés par cette méthode naturelle,


comme les plus juftes &: les plus vrais.

Quand ils trouvoient que le fon d'un. .

- mot avoit quelque rapport avec lachofc


qu*il exprimoit , ils le nommoient *««
( l'image , la peinture de cette chofe :
)

ils coifcevoient qu*un terme n'étoit

pas parfaitement expreffif , à moins quil


ne fût compofé de lettres propres a lui

donner un fon qui eût du rapport avec


la chcfe qu il deyoit fignifier : ils netrou-
voient pas que le mot répondît pleinement
à l'idée , à moins que le fon 6? les lettres

n'imitaflent ÔC ne repréfentaflent l'objet

défigné. Ceft la remarque de Shuckford


(Hift. of the Vorld. Tom. pag \%Sj)
ij
,
«I
qui obferve avec jufteffe à ce fujet com-
bien les anciens étoient philofophes en <.^

qui regarde les mots &c les lettres.

8l. V émigration des peuples ejl prouvai

• . par Cidentiti de mots convuntioncls ,


d'une onomatopée d'oreille. Ceft là-deflus
quel^ païTQlc a^t ^direâsment & par w

DU L A N G A G Ê. 175
mais non par Cille des mots nccejfains
/
S* naturels.

Qu'on né s'étonne <lanc pas de trouver


les , des termes de figure & de (îgnificatlon
iemblable dans les langues de peuples fort
diftans les uns des autres, qui ne paroifleut
avoir jamais eu de communication enfem-
ble. Car bien que la conformité dans les ter-
mes arbitraires foit une preuve aflurée d'émi-
graiion ou de communication entre deux
peuples , on n'en peut tir,cr aucune con-
^ féquence pareille , fi dans l'oxamen des
mots lemblables on découvre qu'ils font
tous du genre de ceux que la nature pfo-
cluit d'elle-même , auxquels i'ai .par cette

taifon donné i'epithète de néccffaires.


J'aurois pu les appeller ver^^ nativa , mots
naturels, pour les diflinguer des mots
conventionels qui font çn bien plus grand
nombre , &c que les hommes ont for-
més enfuite d'une comparaifon arbitraire
entre l'objet qu'ils vouloient nommer ,
confidéré fous une certaine face,/&
l'.'é'
d'autres objets extérieurs. Chaque (?bjet

a tant de faces 6c de quatités, & chaque


MV
imprefTions q^w(^p onne <!iroit pas

que ks objets arrivent à lui » la lumicre

•^
. J .

174 M É C H A N 1 S M E r
homme tant cleTnanieres cren être dlver-
fcmcnt afte*ftc qu'on' ne '^loit pas être
,

fiirprîs de trouver tant de variété dans


les mots conventionels , même dans les
racines ; s'il eft vrai toutefois qu il puifie

y en avoir de cette efpece parmi les racines


vraiment primordiales. Ceft une matière
que je me réferve d'examiner bientôt , q\\

recherchant les caufes générales de l'im-

pofition des noms aux objets, phyfiques

que le mouvement de la voix ne pcii[

çfpérer de peindre , tels que font ceux qui

tombent purement fous le fens de la vue

fans mouvement , bruit ni fon.

83 ^Fabrique des noms (Tobjets qui nag^f-


.

fene que fur le fens de la vue.


Alors même, à coque je crois, Thomnie
fe départ le moins qu'il peut dit plan

greffe par la nature ainfi que de l'envie

$c de l'habitude qu^il a de peindre. Pour


ne pis interrompre afluellement le hl
de mes idées je temets à montrer ci-après
(n*^ 89) qu'il falfit méchaniquement l'objet
vifible par la face ou la qu^lit^ apparente

qui lui donne le plus de jeu pour en


,

ini|ww<»su,C!^P?.pari'«#Ç^<W.4«^'*'^'*^!

»•

DU LAN C Ai G Ê- 27c X.

K'

fonner le nom par comparaifon ou par


approximation avec d'autres mots naturt^is
déjà faits. Il y a de V arbitraire à la vérité

dan^ cette méthode ; cependant la nature


à ce qu'il femble, n'y en fouffre que le
'"
moins qu'elle peut. •

84. Ualtération des mots héççffaircs ncjt


que dans la terminât/on. Exemple ,

tiré du mot Maman.


Mais i il n'y en a point, d^nsies purs
mots naturels, La comparaifon n'y entre
pour rien : la fpontanéité de l'homme n'y
a point de part ; s'ils font tels , c'eft qu'ils

ne peuvent être autrement. Il n'eft pas au


pouvoir de Tenfant qui commence d'ar-
ticuler de dire autre chofe que Papa^
Ba ba , Ma ma. Cependant il veut nom-
mer & parler, parcç que fa faculté confti-
tiitive l'y pouflfe , comme à tout autre
mouvement raûltant de Ton organifation.
Il dit ce q\i'il peut dire : il nomme ce qu'il
f
(Voyex n^
)

connoit. 3 &c 71.) Les Latins


ont adopté des mots d'enfans qui n'ont
rjpport qu*i leur petit jargon priînitif: .

Papare , La IIare , Ta tare , A^anare, L'en-


Mvj '
,

a fort bien reconnu, & ce qu'il obfervc

• <('

176 M É C H A NI S ME V
faut appelle également ma ma la meie
qui l'allaite Se la mammelle qu'il liicc.

Ce font les deux fciils objets dont le

belbin & la familiarité lui ayént dctnnJ


l'idée permanente. Il <fe fervira de cette

expreffion fimple pour nommer fa //ztvv,

jufqu'à ce que l'âge & Tufage lui apprenne


à-joindre aux mots une terminaifoa finale.

Mais la variété arbitraire ne fera que dans


la terni inaifon. La racine organique &
phyfique fubfiftera par -tout. L'Egyptien
dira Amma & , Muth : lé Chaldé<5n A/u.
Le Grec , le Latin & les dialectes d'Eu-
vope leurs dérivés diront Mater y Madrc ,

Mcrc Le Perfan Maddr : Le Germain


:

Mudenou Mother: Le Sarmate TV/^ /«;r{ 011


Mati. Le Ruffe Mau, L'Arménien Mair:
L*Epirote M^me. Le Celte Mam , Mamus,
Ama : Le Cantabre Amar. Le TanguT
le Thilxît , le Tonquinois , Ma Hama ,

Man, Le Nègre Imma* Le Moliiqii()ii>


Marna j Mata. Le Samoiede Imam. Le
Lapon & le Finnois A m ,Ama. Le Peru-
vicn Ma^ma, Le.Paraguai Immer, Hamma :
Le Maltois Omma : Le Guianois £iH:
, -
iviu-ns par le caractère c^c r tL\. r«#»4»^
obferve

\ DU Langage. 177

Le Turc j4va : Le Japonois


Fava ( tou-
i m de
Sec. 6cc
jours avec r *gane labial )

ii liicc.
d'appendix au
lont Je 85. Sixième ordre fervant

(IctnnJ premier ordre. Les acceris , ou l'expref,

e cette fion) ointe à la parole. De V accent ne'


des affections dt l'orne,


- ..'
i merc ,
chaut
Les accens font une cfpece
,cle
prenne
parole, co^nmeie marque
leur
. fi mi le. joint à la

le dans nom : Jccentus etiam in dicendo cantus


eft
OraÇ)\h lui donnnent
que & ^hfciiriorrlClc. de

yptiai une vie & une aftivi4,plus grande. Ils

n -^/i/. (bnt de lalanguç priiriitive, étant chez

d'Eu- tous les hon.mes l'expreffion pure pre- &


ladre mière de la y forment up
nature : ils
,
'
iixieme ordre de fons prunitife ;
ou , pour
irniain
mots , ils
:t;r{ cmi mieux dire , n'étant pas des
ordre qui
Miiir: doivent être joints au premier
car ils Ibnt.
amiiSj eft celui des interjeaions ;

conune elles l'expreffion du (èntiment in-


LUguT

^ama térieur. On peut dire qu'ils font l'ame des


,

au difcours ce que le coup


mots. Ils fot^t

7. Le d\irchet & l'expreffion font à la muficiue.

ils lui donnent


Peru-; Ils en marquént^'efprit :

lima : le gofit , c'eft-à-dire l'air


de conformité
Ce qui a fajis doute porte
3iH : avec la téri'té.
^|p|ffl^*y il' •l*Br;donhér''^: éôfe iqui

Gi^cj^ à ^ appelât ^i^,^J^


::& Ton içait afl^
'

-m'^

patôîe^eint les dbj<


:*fi¥^^

«•*v.
fté 9 ou dont il voiulroit en aflfefter

^fuoi animorum (Çlc. îjii/.) Ib naîJÉeht

i^l ^ h {enfibHité dç PcniiÂmiatioii ^ fls


-y
"^qpifllll^ h CDiifiii^aiioit f^y^ili
iioÉ font^ls lik» ^^^^^^
néceffains appre-
nons à la langue primitive I & fe tiâù-
*' %enMls. plus ou moins dans iadÊÊIt0$:
I' N langi;^ iIuçlcoii||^ à mefiiré iq^i%
tfiifeàt tend une nation plus fiifi:eptiWe%

par la délitatôfle de ftl prg^îits , d^


: fortement a^6lëc dëJ^objets extéricu^.
" Le langage des accens eft général , expr^^
)fif, intclligrbfe encore plus <îue celui des

'mots. Les wotS des langues éérangctC|

?,
font^ûittites à tlp^ÉÉcer de vAtt miar ^
j (ii,^ii,| l
'VKVttWMii '

^1

•S^'n^'WîPff^i

nejes aiit p^ afSf|iA«r|iAii^


expfdiva daN(^^IMttîi^^
les inta^biU viJiit' bÉ|^ uâl^NHÉÉÉi ^

. auffi iKit' à iiiéhdf<é qull eft aifë de

'A

commt lu autres leu^ caraôerç pf^p^V


^l^éséc kArtMaiieès^iftmâ^
leurs
"i
ië genre de^ai&àion^
.

ik^iiMi^^
siinîmik 0^ eu le moins dtg^ibiWdè
chaétif^ ^qùd le 4^ateuf & I^idl^
ne je ti^fÉ^3fliè^ , tfamâ ils folÉ:

rtÊimw&évé^ Ot îfe te font p^^


icmjcKirs^ puiiqu^jn^^^^m^ (ait eh delà qi)è

-H;

i^lf:yavûit un tangage ou la 4i'^ir/tii A

\,'''V''\Lft*
variété Jés Àcçéns* : - ^

lan^ge, qw^lcftàqûe climat a le fien patf

; •> k *
m^m-'m Si^*^- quidemt*r
ij*

.'i-;-;.'-;^.^-j^(

(..;'''

3fe€ïir*mji«j|îfi
' \,

in f
il l"
"lu h Vf < '(. ' ' .-*^ •!, " i -if ivoi

v^

pnTm0e$m^ ;& dont les mots varient du


tout pii t^ p(^ la figiM^ation i^îqfi

l'accent diiint m^ accompagne. Il t|l

probable ou'ime langue prirmtive^ au-


roit beaucoup plus qi^ùne langue for^#.
Cellè-là|n*ayant que peu deter^ges , met*

^rtnaturel; ^ fervant à Ie$ p?B»lariïer.


Mais; W éx^^^^i^^
Vabolk à iiiipB cpie k?$ ex|||b^ |ê
imtltipUesit dsmmi^^
'\m^^M' Eut iSir le chant des accens une
^c|i&i^atio ^ l^^
JCture • dit-U« H donné aux hommes Im
j^ton^ de la voix pour manifeûer léï^
HM^prentes (èn^:^on$ ; ain£^les enâifé
» mar^iimt par de^
:f--
#1^ ou tti^ 9 leurs fent^men$ ^ teurs

>^d^||iÎM^ Ceft le langage


Jlr^Mature :^j||îift de tou$ les paj^&c
J>de tous les tem** Les fociétés une fois
n^!mi^,*à^^ de nouveau3^ h^
^foins^ de nouvelles idées ; les iîmpteî

i^miculations d^tops »
If.
.Vif
i%.iM^^''i'MP<S' ^^^^*

'
'V ..
.','.- :v'', 1, . ! ""i, .»- -K
'"

>;.- .-jv

wi

^^
^i^pordioii» «Ses i!^é«i^^«^^
leur di

lepla|
le aoti

accent»

ro!e^ a

plus d<
ÊJf Piûffu^u 6* c^^ ^ raccent,
fe paiS

a feit^

'yttwt ii^<^fcoatiK)flJ perdit b^iËaûpde



\ pas xék

tout

''IniiBnifttw tÉànâ^ JlMirvéc. jLa'nafure

'

^iiili le germe is^kat , ioiii <réu« aboli C*el


';||,<fprcduifeiri(Mt -mc^nétt^ÉPM y les {sll

%nge : 6c l'accent interprète Se oi«ane œ Pélocpi^

iMHlv temét daiis toutes les aédions


yi'

¥ive$9 les grandes paffions, tes in^lvemens leur in

&bits^les intérétstc^^ : ^eftf^r-lâque


encore la doulear ^ rflWn ^ le^
^bHiF , la )oie j ficc Piti les nations ion) Stleil
fi ,* ,'
i

M^^^tïBIesd^^ peupti
V de ^eftigjes de ce <;bmit namrel :xvà

...,,,.-,>>
'>;,y>r^'->::)
». A'A(J.
;'••«;
^t'^:,*"'

'M
'i- t;f:-îrr

kuf dHcours , mime

accentuée #!^^ m^ {^« ^fie


rôle f
ainfi ^wfe leur miillque^ a beauèôl^
plus ^t chant. C'eft qi^Us. (çnat Mca A '"<
(t paflioraw

extérië#i '>. '!

pas même
'','.^;

tout
\

. fois, ^fi :«l%>''^ • ^


r''mi:M'l ^#fc'îiP*^^S':^.:;\y.'r ê
:^iM** B,-;v^'.^m
Cefilc^ien
les puiiTatis eflfets de la mufique ^
rëlo<picitc» 4:he^ Ics^^plea Grecs, WA-
qu'oi) raconte des merveUles opëré^ pal
leur mttfique
"^
ne prouve pas qu'elle (Qt ?^
,./>'•.
^

^x^meiUetiie qne la nôtre ; nlai^ r€i4^eht J^-

v-qtie^life-'^teim^M^^ plus mei%:^mm î'\ f ".'


^'7:-'

& leurt fteÉrÀ plus fenfibtes. d'atllidlfe Us


'W;i"i|j,«.r*'

peupléi ribiihUcatns £bm plm^^ittc^iP


^mouvoV qilie lei autres, Ainfi le^ çaufes
"
:,t-^

' .•,
: •
,.,.,.^.1. .-.• '^--UV'v vteiî:JKi¥ '• ', " '

'.:-/-.
•i:;"-'-.

Ikl'f •e'^^A i#'ir '«


iil|fiqi]es* Dn peut juger de la vive îm*
lirlâiQn ^u€ leis oilèrteuTS Grecs étoient
. \

Cî^qpables de Êiii^ lorfqu'à la fiiblime élo-

quence que nous admirons dans leurs


y ^ liârangues , ils )oig!loient la véhémence du
gêfte , la force 6c la vëf itë dé Taccent.
t
reconnoît datii^ Poétique
V

:e ,
que

toités fe càuies qui peuvent faire

l^b une pÂéce^y aucime ne contribue

qiïfii^ ip tatètit m détlarna-

r : Maximi àmem dcUSax melopeïa ;

IpH^ toiù; les |c>u|rs^l^ re-

Ipréfentations théâtrales ^
i',:,
où le public at
..j:*^

^^^^^^^^^
i^^ refprit d'un

ÏS>- ^'flipuvcrnemc^^ .
-

g I» Sil^^ dinVéuion com^

Ip^iiiii^ diiSKrentes eipecci de."

P|||?litt^»^ dW manière necéflbirç-


^ |i||g
. »
- if
^ çoaûitutiQninéchariiqocdc ITiomnie;
motl quil 1% le conmiencëftertt i

'1
^'il fpmiera radicalement les mdines J
.:^

\:^-yii::L, i'>^:u if/i-^-^V"


.

>

& non la y<>bnté réfléchie cpii le porte


àce faire, te? intmedions & les accens
nés du fentiment întérieur. en ont formé
le premier ordre. lie fécond eft celui des
l mots enfenf ins , d^t^rminés par la mobilité
plus grande ou mcfindre de chaque partie
de l'inftmment voc^ , jointe au \3à&m
intérieur ou i la néèeffité d^appcller lès
^
objets extériéi^*:4^ Woifieme eft cduL
du nom des organe^ n^éme de la voix j^

de tout |Cf
1^ tdSffm.w^
eux ad xpu^leur i^eniible iflfonhation |t

• »i.„y
l'organe nommé
':^;,,y,/ „
6c cnû kd
~.
;«ft proprei;
''* t'
l*^%'^l) ::*,.'/. «''''Ai-''-,' rii'^''''!-- >;;»3^>

Le quàifeme.,|^^|i:|i»7iï^^'^
'
chofei extétioires; âui oéintçnt pro^uiit'^ .

fr.

mou vemeot ^ mi le fi-éimlement de$ nexà^ >

vt
/>» itclantf^ um penchant
par
/
vrai a^^P^ nati^.i fe^
ft>nt lei chbfes' que Eoii w A'

méthodis k meilleure de toutes |i6ur les > ,


«"

curé proc^tement fèc»fl»irffc w


' .i'
•';' Vr .''^'''•" "{^''•''î'.'/''*''''' •• » "• '-'; „• '• /- '

:. - ->^^-^ .#';W- .; •' • :*' •


-"-^' . -,
,
Ti ^
grammâîtién latih'pouÏÏoit peut-être ce
^^•^r ^ *•• « ^^«-^

f, ,« 'f
'i^

l'v

Mit
,
IC^H
,
1
•..
A If I S
.
M
.

ft

tpàeme ordr€ qui eft une conféquence


f<wde; du précédent , mieux connue par

fes effets innémbrablcs que par fa caufe,


#: naît de ce que la ftruâure machirfale de

Cfifitmt$ 6rfpnt^ les approprie . nâturelle-

meni à |3iommer certaine ddSk$ éecho-


/
% âaînême
1*'
genre ; l'inflexidn propre a

rèrgane étant indiquée parla nature pour le


âériftique de cette clapet Ize qui vient
au ^pd de ce que les cho&s contenues
4m^ teilitick^ ont qiHrlqiïe ^alité ou

quelque motiveinent femU^le i celui qui

«Ihprc^tQtâl^rg^^ dmc là nature


quîrmaîtnfè id ; qui dans cette (^ération

iliillfiràha la (
nnité ouverte y fonnaot ^ par ijâceno^le , lé

.'^^ ^
.
,
. ,.,
,.^r ^^il^y^a^^^ raéi»i. de
,^ lu .chbiê y fiir lemôm déia fonné de la

'' •;,>

Idjl'
* k / ' A

• ^• .'f. i
ratio cjl in Grach quoquc vocibus ,
quam
M i V

^
D If La NO A G E^^ 287
Elle mettra (pidijuiç variëté dans la ter-

minaifon du mot toujours répétée dans


les mêmes cas 9 &c qui lui fervira de;

caraftériflique pour; diftinguer par claffe

chaque genre jje combinaifon : & dès*


lors voilà le fyftén^ de dérivation bieî||^
'

établi , ayant toujours ik iburce première


dan« les mots nëceflaîres qu'a fabriqués
la nature.

Que s'il eft.^ftion de trouver de


nouveaHx j|jqti| powr^^^ ^Ique/
combit3aifi«t;;|||^ Ipkm .

relative au bniîtyaui;;^ m^ oà
Torgaxiiet^ l^^fle^^ co>flfm}e âût robjet |^
il s'écartera toujwrs le moins qu^il poiiii^

du plan d|^,ng|i^: J^
çlrcQnftaiice de re^Gbmblanc^ a^^ ]|i^

-
;

& s'ei fervira pour jW^riqucr le nourcatt^


'

iiom. Mais ^ /(M ûomxqît le im^t dam


t
ces routes égarées m- orbitrâ'â^ ^ où it^

fort yojçjjî^
de 1^ déprave.,'
pour ainfi^;^pp^.i^^ en
'
iuiyant.fen ri^ ou r^^lrav^iJ^ dcpiiis
il

Mgyi^^
'

^m de
• . par ridentité de mots cony&ntiomls

288 M Ê CH A N I s M E
pas écartés , en marchant &: remarchant
par-deflii? , en changeant & rechangeant
y les langues ? Cependant nous diftinguons

encore quelquefois fa trace , comme je

]te ferai voir par quantité d'exemples en


traitant du nom des êtres moraux.

89. Comment le fyjlémc de dérivation peut


injluerfur les opinions humaines.

De plus nous reconnoiffons par-tout


\ avec évidence que les. métaphores &
figures oratoires^ quelconques , où Ton
emploie les termes en un fens détourrlé du
ièns propre 4e la racine , procèdent Je

quelque tr^ de Tiniagination , qui a tou-

/
.'
jours^ la ^Temblancc pour fondement;
\jt% exemples des mots formés par méta-
phore font extrêmement communs Dans
là fiiite j'en i^apporterai quèjques-uns de

,
diveifeseipeces; maisunleôeurphilofophe
nèfles aura pas attendu pour /téfléchir fur

les conféquences prodigieufei du paflTàge

4e$ termes y 4u fimplè au fifi;uré , du réel

\ rabftrait.»îl n'aura troùVë que trop


d*ex0mples des effets dç ce paflag(
,
a taiit de laces C^c de qualités , ôc cnaqtie
Mv

PU L A N G ÀG E. 189
Son influence fut les opinions humaines ,
(n^ 4 & 10.) Toute expreflîon figurée
dont on fe fert dans le difcours , foit or^
(hnaire^^ foit oratoire ou dogmatique , e^
fans danger tant qu'on la prend comme on
la doit prendre , ceft-à-dire comme une
COI nparaifon ; fans s'écarter de fon origine
ni du fimplebujqu'onavoitenremployant.
Mais on ne s^p tient pas toujours là. Vn
perd le fil dfe Tapplicâtion quand Texpref-
,

non a pris force par Tufage habituel quand


,
elle frappe desauditeurs ignoram ou cnthou-
Les opinions des Hommes font un
fiaftes.

étrange chemin , dès que les abftraaions


les métaphores , les métonymies & autres
figiires comme exiftences
font regardées
^
réelles , font employées comme
principes,'
&c deviennenHa bafe du raifonnement.

90. Difficulté dans la fabrique des noms


qiii n'appartunncnt qu^au ftns
de U vue*
î
i^ lefteur Veft appcrçu , & j'en ai dit /'
^ïn mot*' dans les réflexions précédentes
c
Tome I, N
':iç^ ;

\ A
qui lui donne le plus de ]eu pour ca

190 M É C H A NI S M E

(n^ 82/, ) que le (eni de la vue n'entro'.t


pour rieii dans tout le fyftéme de la pre-

mière fabrique des mots néccffaires. Ce


ktis eft le plus différent qu'il foit pofiible
de celui de Touïe ; car enfin on peut faire

quelqive bruit en touchant , en flairant , &c.


au lieu que les objets extérieurs qui entrent

en nous par le fimple fens de la vue ne pro-


duifent en arrivant ni bruit ni mouvement
fcnfible. L'âpreté qui affefte le goût tré-

mouffe les nerfs : c'eftun frémi fiemçnt;

c'eft quelque chofe un peu analogue au

fon, Mais à l'exception de là lumière

éclatante , les otjets rudes , même ceux


f
dont on détourne la vue par fentiment
d'averfion , ne font pas frémir Toeil ;
quoi-

qu'un aveuîgle^né interrogé fur (es fcn-

fations fe fût une fois figui é que le rouge

vif reflembloit au fon d'une trompette.


\ la rétine prei-
\ Les objets fe peignent fur
Gu'avcc aaflî peu de fenfibilité qUe fur un

miroir. L'organe vocal n'a donc pomtcle


moyen primitif poui; pendre le$ objets

rifibles ,
VI puifque la nature ne lui a. donne

^
rapatif Laiiare , i dtate , jnanafe. l, en-

Mvj •

K.

D u La kg a g e. 291
de faculté que pour peindre les objets
bruyans. Cependanf les objets vifibles (ont
; innombr^Mê^; le fens de la vue étant le plus

étendu de tpus. 15 faut les nommer. Corà-


nient là voix s prendra-t-elle ?
y
91.(3// Us fabrique par comparaiCon ou
par approximation.

Je l'ai dit , par comparalfon par appro-»


,
ximation s'il eft poffible , en s^écartaht
leiTioins qu'elle pourra du chemin qu'elle
fçait tenir. Une^//rn'a rien que la voix
puifle figurer , fi ce n'eft fa mobilité qui
en rend là tigç flexible à tout vent. La
voix faifit cette circonftance
, & figure
l'objet i roreiUe avec fon inflexion
liquide FL que ia nature lui a donnée
pour caniftériftique des chofesjfliîides
&
mobiles. LorfquVlle nomme cet objet
%s , elle exécute le mieux qu'elle peut
^y
ce qu'il en fdn^ pouvoir d'exécuter.
eft
Mais qui ne voit combien cette
peinture ^
f/ui ne s'attache qu'à unç petite circon-
ftance prefqu'étràngere
, eft infidellc^&:
, éloignée de celle que rendent les tnoi^

Nir
,,
juv iTi,«i*ivw syiurtitu, • JUiW AJrkU«lliUi> ÂJUt'*

191 Mi C H A ff I s ME
tymbaUyfraçaSygaTpuilUment^ rackr^ &CCr
Toute imparfaite qu'elle eft néanmoins

on eft rarement clans le cas de pouvoir


faire ufage de cette approximation. Il faut

en venir à la comparaifon ; appeller une

fleur immortelle , à caufe de fa longue

% durée ;

(en phénicien)
bdfamïnt ou
;
reine
œilkt parce qu'elle
des cieux

eft

ronde comm^ Toeil ; anémone ou ven-


teùfe parce 4"'^!"^ s*ouvre du côté du

vent ; renoncule ou grenouillette parce


qu'elle.croît dans4es terreinç marécageux

j,
& quefa patte reffemble à la grenouille, &c.

Obfervons ici une chofe fort fmguliere.

La fleur .eft un être qui agit immëdiate-

raent fur un d« no$ fens ,


par fa qualité

odorante. Pourquoi donc n'eft-ce pas de


la relation direfte à ce fens qu'elle a tiré

fon nom ? parce que l'homme voit de


loin &ne fent que de près: parce qu'il
a vu avant que de fentir ; 6c que toujours
preflé de nommer ce <fi\\ voit de nou-
•veau , il s'attache à la première circonf-

tanCe forte ou foiblc qui faifit fon ap-

préhension.
,,
«iv^\» xa fv«A,k.vff

D u Lan gag ë. 193

91. Vinfuffifancc de cette méthode fait


noihs par la <
^naître récriture primitive
•ouvoir
peinture des objets.
Il faut

er une Dans cette méthode arbitraire & cbm- '

longue parative d'impofer les rioms , fi commune


cieux Cil toute efpece de dérivation , la nature

îlle eft eft encore plus dépravée que dans la

Il ven- précédente & l'objet plus défiguré. l'


X
ôté du fallut donc avoir recoure à un autre , &
parce J'homme Teut bioitot trouvée, Ceft ici
ageiix qi|e la nature lui ouvre wn nouveau fyftéme
«
le,&c. dun tout autre genre , primitif comme le

2[uliere. précédent, (car la* réflexion 6c la com- $


ëdiate- binàifon n'y ot>t-attCune. part) & pref-

qualité quaufli niceffairc ; quoiqu'à vrai dirç la

pas de volonté de rhomme y ai^t «n pe^i plus de


î a tiré •»
part qu*à 4'autfe, Avec fa^main & de la

roit de coiJeur il figura ce aifiioie pouvoit figurer


:c qu'il avec fd voix. Il pana des chofes vifibles

mjours aux yeux par la vue , puifqu'il rt*cn pouvoit


nou- aux oreilles par fon comme (\t%
î

Irconr-
parler

chofes bruyantes. Ainfi la nature .entra


le ,

4
on ap- dans Tes droits , offrant à chaque feus
ce qu'il étoit fiifccptiblc de recevoiç/:
Niij
. «5»

\-
a9| MÉCHAKISME DULanOAGÊ.
Ainfi récritute primitive naquit <I\ma

manier^ prefque /téceffaireÀç;\\mpo(fihj\\ié


de faire aùtrèmén^Cetté' matière impor- GH
tante demande un examen S' part , & vm
un Chapitre fëparë pour y être fuivic d^ns De y
'

tout fon progrél.^


'''%
^

93 .Naiff.
Q mitifi
^

d'avpir lu
roglyphei
que ]• fin
Dartit des
iiir*tout en
fculptées I
puUiques t

iriyftéricufi
do^httie fe
qu'expofer
-V on vouloit
roi!^ renvo
d'érudition
-fnon fujet
ici entes foi

gén<^rale fi

n'étolt dan
plus à pr<
vations qv
;^:.W'.->' tire^raut
^xV
l»i/

'*'•,

1 Hgiîl^-^ îSMIh^--

CHAPITRE n
VII.

DE iymboliqùe &
^r,

l'Écriture
V . littérale*
A
^yNaiffance nictjfairc de Técritun pri'^

mUiPe. Elle p^a. J^abord lU aucune

(*) ravoii écrit ce Chapitre ivant tpé


d'avpir lu rEflai d^WarbUrthon fur les hié-
roglj^ei E^fKkfltt. Tài vu a^c fatitfa^oii
que ]« m*étoit rencontré avec lui fur une
Dartie des quef^ioni dont il s'agit ici :

îiir-tout «n ce ipiSlpcnfc que les inlcriptions


fculptées fur \m obélifques d^
ks places
pudiques n'étoknt point du tout une écriture \

iriydéricufe , fit que loin de contenir une


doftrit» feiwttfe , H^ Inferiprion^ne ^fe^^

qu'expofcr aux yeux du peuple, dont


leai cbo(ib«
on vouioit qy il conferyàt le fouvenir. I(î pour-
roi!^ renvoyer te leÔeitt'i cet ,ouvrage, plein

d érudition &
de fagacité. Mais (a nature ^do
-fm>n fujet m*ayant engagé à traiter des dif-
fci entes formules d'écriture d'une,manière plus

générale & étendue que Warburthon


plus \
nétolt dans le cas de le faite » il me femble
plus à propos d'ajouter ici Quelques obfer-
vations qui m'étoient échappées que je &
tirent iteur Anglois &de ion commentateur.
N iV " »
'Ï96 ^i c H ^ H w
I s. .
M fe '
.
t

ptimurc dis
duxyeux. \
objtts ftuUment
.
rtfaùvl
turé pa
H
94. // n 'tûtpas itipluspoffibUparutupn^ toi* De Tii
fnien invention de faire Mttndrt ùux
preiffêsles objets de lu vue que de mon- Ecritttti

trer aux; yeuStles objets du fon. lOJ^^Desmé}


^^. Gradation de]fil^vemion..i^ var fuivi^ £
ptimure. in tAus^ ^ ^ 10^. Bcriihn
96. 1^ Par écriture où ieschcfes font prifis 1 06. F^rnïuli
^pourjyrnboks., - -/
^ X
y *.»
les
-

97. 3^ Pdr dirivaùon ides figures fymh(i^ ^ lettes\ n


\li(tà€s tû traits ptm.finpUs & .cUfs av A

^
chinoifiin '^ '\ i. \ Chine.
'

^^ - "
-
"

» -, <

98, 4^ Ptu- ifipplicdtion des traits firfi/lcs Kfj.De tic


n iaj-epréfintation desjyllabes&des loS. Elle eji
V artictU^ioi^ e^^ ^: éfué l^itt

r ^rRiuMon dti fkni jU M^m &^u^ iO()y De lafo


BttêJmi

> ^
M.èaraafrèrtnM0
'-«

tingul^par leurfainijue primitive fur


tangues , ^ no. Les Égy
4*écfkur
le fensdt la vue , 6u fur celui Jt 1 1 î. ils étena
louu. *
fens^pt
Tpi.Dtsfix 0rdresd'icriturey I blémAtiq
IQX. Les trois forma Récriture chrnf" m. Explica,
pondent aux trois emtcicfis de rcfprii.
r

tl LÀff-c À« t. 197
^
Çauptfonic âêTinytnùon dt ftcri^
turc par lettres^

lOJ^De TicritUft pat figurt des objas

j Ph^fi^J^^^yf(>rmaritdtsm^sfimpUs.
EcrieutidtsPaiagonx^ r

iOJ^*l>es mêmesfipirtsfofmamxihdij^oûn

fmvi. JSlrituie dès Iroquais.


lO")* Bcriikre dts Miximns.
1 06. Fprrhule JinguUerA d'écriture ufiiét
the^^es Péruviens. Quipàs àu corde-'
i liïees} nouées. Cttte formule paroit
a\^ éeéujitéê en Egypu^ à la

iQfj. De récritureJ^^&Uque. -
fi
108. Elle efi rUceJjTairemini plus ancienne

qeu timmts^ lii^éraU.x X A :

109. De hJormukd'i^riiuHlEgypètnne;
BUeiàokimlgei^eé^npnrnyfii^
^^0.Lesɧy^kTm^4v<^ient qtCunff^nre
4'écfiiurê fervani à tous Us 'Màs.;^
1 1 r . Iffy éundoient chaque figulre à divers
fins f propres , métaphoriques jou^en^
Blêmatiqui^. ,
\
\-
1 1 1. Expiicaiion de divers fHiraScres hiéro^.
ffyphiquâiw ; •
\ ,

Nv • f)
1

A
\' \

113. Mônumens dUcritun B^tunnc.


Direction des lignes. i

TraMtion difaneiijHiUJur ce que


i 14.
Us fmmmtns çontienHcj^. .
'

115. Traduction de Finfcriptijn hiérogly


phiqiu gr^iWe Jia- un oHUfquù autre-

/ fi^s élevé tnl^hannmrd^JioiRameJli,


l\6.Moyûts qu'ofi pôurroii tenter pour
tff(tyir dt déchiffrer Us hiéroglyphe^,

Il j.PluJfiÉers anciens ptupUs\ autres.^uc


^
Us Egyptiens^ ont fait ufage de fc-

mmn far hiéroglyphes.


1 lî. Les figures fimhoUques ridttites en

clefs plus jjmptes. Ecriture chinoifc.

1 9. JLf mHlûjfticatian des idées réfléchies

& moràUs iMige dMhMionner te-

Cdimcfyniko&quÊ^:' >^^
tW.iâfaffAp iesem^'aBmt^otm^ ^ux
^ caraSeres JlmpUs a Juif nommer ces
'
derniers lettres. < .a,,^^^

1 il . On ne peut indiquer en quil temsm


> \ par qui récriture UttéraU a été in-

troduite. \

tn. Traditions hifloriques Jur^ U tranf-


i\
miffion detart de ^u^Uetî ptupU*
©V L A N ÂGÉ. 1^
ii'^. lits Imrts phanicicmics font Us /
e-i
jfius anciennes aujourd'hui connue^,
y &celiés d'Europe tn jircnt Uur orU
gmi.
1 14. Preuve f^e-les lettres grecques, étrt^
ques <$• latines , viennent du caria--

nien ou mcenicien.
1 1^. Preuve àuyfaffage des figures jym-'
r aux figures littiraies.
t^oliques A'.
.-^
116* ji^h^bu cananéen compare avec le
.
•-'
f
fw;, .,^,,-;.

1 27. Origjinedija figure de noscaracUres* *

/.
ii'^. De la direXon des lignes*
1 19« Manière de connoitrede qui un peuple
tUne la Uclure& [écriture.

93. Naijfanu ntuffairt de Vécriture pri-^

tmtive. Elle n'u d*abord été qu*une

peinture des objets feulement relative


aux yeux.

;# r^éjUSQU'lck la voix a fait (wt

J |ç Pîmpoiîtion des noms tout ce


qu'il ëtoit en Ton pouvoir
d'eitécutcr pour tranfinettrc les fons à
,

> .

^-.

h .

//
-f

Mée Ht À w î/î ivT E n


l Toreille / ea s'efibrçant dé les former fc dansfesdrc
'«plus reiTemblans ^y lui étoTt pofliWc y guidoit
aux chofès ^^le youloit défignèr. Soit fait dans 1;

rDpjératioh Vie Va pas pl^$fôîn. Ui inftru- fimple I,


n^

flnenf itivifible & totalement acôuftiqne fignifiés.


'1

(fevènoit inûtÛe dès qu^ ËiQoit fignifier aux yeux ]

des choies qui ne peuvent affefter que ^û , ce me


le'fens de la vue : 6c c*eft fe plus ^nd du nom d
^
nombre. La méthode^ peindre le^ objets en fixer ou

par ïmitâtic^n voca:k du brtiit qu'ils pa- fois que c


tent à roreiUe manquant tout^à-feit ici néceffaire
*
îl fallut chercheï' une autre méchanîque plus dans
'
& trouver te moyen de parler aux yeux rimpofitioi

Tirée un gtàrc inftrumént que la larigirc. tionelle (

La ITidmmç fi âgîlé , fi flexible


main'^dé quVUc n'a

'inieuftûftmemià^^ mëtbode p

Me préfeijf de la nar|^> aftiquel Phoinrae tarifs.

^^àokainfi qu'à foà étfaulir^v^ ftipé: Il me pa


Tioritë corporelle ItelesJttitres'anima^^^ qui a été fà

/ étôit un infiniment appfôp^Ntpour mettre •


été de tra

* •

en pratique la nouvelle itiétfeode. Elle abfentjdc


pouvpit figurer le» o^élà 1^^^
On voulq
>
'géôe^ du en tra<jant leur îniâiet Cétoit ^ qu'il n'éto

ui^e nouvtUe route ouverte p^ur la tranf- ni de lui fa


'
c
-<% miflSon des* idées : & la nature rentrant
^-.

/•— ' -
'

-

•- •"

.;.•. '.'

dans fcs droitSjfens s'écartcrde fort procédé,

y giûdoit Thomme , comme die avoit


fait dans la précédente , <l'unef' manière
fimple , néceffs^re & imitative des objets-^
fignifiés, 'La figure de l'objet préfentce

aux yeux pour en faire naître iWe, a


3û , ce me ièmblê , précéder rimpofition
du nom donné à ce même objet pour
en fixer ou pour en révcilleir l'idée chaque
fois cfue ce mot fc^roit prononcé. Ici le

néceflfaire eft dans la peinture, àc nStt


plus dans le nom de l'objet. Aiait
rimpofition en peut devenir conven-
tionelle &( beaucoup plus arbitraire
!.
qu'elle n'avoit cy-devant été dans la

méthode purement vocale des fonsimir


tatifir. -, ,

Il me paroît évident que le premier p^


qui a été fait dans cette nouvelle carrière a
érë de tracer la fig^re même de fobjet
abfent , aont on vduloit faine naître Pidée.
On voulqit dire à Ton compagnon ce
qu'il n'étoit. pas poflible de lui montrer
ni de lui faire entendre. Qu'auroiént fervî


$-
\

* •

|0X IVtÉCMAHISME
les. paroles ^ ou même les noms coiivcn-
i / >

tîonels <lonn6 à la choie , fi roii n'eût

eu quelque première notion de ce. à quoi

%i les donnoit? La convention d'appliquer


jâest nom^ aux objets; , de les figniiier par

dCNi mots qui ne les peignent pas , ftippcfc

'
A riéceilairement quelque contioiflance àn-
tëriewre de ces mémeîi objets parvenue
par run des fens ; finon4e motn'eft qu\iii

/ bruit vague $ tout-à-fait dënuë de fa re-

lation f (Kns laquelle ion e0ec n'exi Ae pas.

On a donc commencé par figurer grof-

fiérement à la vue quelque portrait de

Tobjet ; 6c fiir cette première connoîl-

/ance donnée (nu: les yeux , on a com-


mencé dV ap|#t|iier d«f paroles un peu

^ plus explicatives 1^ de pouvoir fe feire

enfendlre. Ceft wiîi qu'oft montre à un

enfiott une planctîé^ifô? quatre pieds : on

lui dit iatU : il regataiS^obict ; il répctc

machinalement i^&^i^il joint la vujî a

tbuîe, le ion àfobjit: la convention


cft faite: il vomWteAdra déformais U-

t\
.

4. \

94. // n*èû: pas ittplus pojjihh par cette

prtmurt inytntioft dt faire entthdrc

aux oreilles les objets de ta vue qui


démontrer au^ yeux les otjees dufon.

Quoi qu'on en veuille dire, les prç^

miers élëmens de Tinvention de l'écri-


rure Jie font dûs ni à une méditation
fuivieu ni aux regrets de i abfence , ni au

befoinVje ttarifmettre au loin fes paroles.


L'hon^me auroit plutdt cru qu'il jiui ëtoit

poflibk de voler dans les airs, que d'ima^


giner qu'il lui ëtoit poflible de tranfpor-
ter 6c de fixer (a parole loin de lui 9 hors
de lui &c (ans lui. L'efprit humain ne Êiit

pas toQt d'un coup de fi grands pas. Il

(j^fe par hasard o» par nëçeiËtë une petite


pierre à F^fice de (es «onnoiiTahces 4
&c quand U eft monte deiTus il s'apper<;oit

qu'il peut en poiêr une autre , nlonter &


un peu plus haut. D'ailleurs l'écriture t^IIe
que nous l'avons, fie bi peinture primi-

tive des^ iimples objets viables font des


chofes tout-i*âât différentes. L'homme
de ce tems4à auroic été aufli embarraiTë
/)

depuis fon invention de) montrer aux yeiix

les objets du fon, qu'il Tavoit été de


faire eiiraidre aux oreilles les objets de

là vue* ;

95. Gradation de rinycruion ^ i ^ par p cm"


turc. In rébus. ...
y . -, ,

Des peintures groffieres d< cette efpecc,


& même ifolées,fans aucune fui^ deçhrafe,
ibnt le premier élément de Tâk d'écrire,

la'premiere notion de bj>oflShilité de le

faire que nousltrouviôns ch^ «s peuples


très-brutes 6c. très-Éiuvagés. Les Auftra^,

liens^de la Magellanique ,
peuple de la

plus brute nature , & qu'on peut regarder


comme étant au premier pas fur les con-

fu>ii&fices de Thumanité avoient figiïré

fur les bnîyeres avec de la terre rouge

le vaiUreau d'un -capitaine Ariglois. Or


j'appelle ceci uneAvrsiie écriture. Toute

peinture mérite ce rioni. Toute opération

faite pour exciter de^ idées par I i vue eft

une véritable formule d'écriture ;


Ôc'^e

n'eft pas une métaphore que de dire en

ce fens que le mond^ eft un grand li^re


}

« •u '

\ -vp

nv L AViù Ai} È4 J05


vivant ouvert à tous les yeux. On voit
f*-
qifei'ak avoir fait un peu plus de progrès
chez lek Américains moins barbares de
la partie fe^tentriônnale.Ils avoient des

peinnires fui vies , faites à deffein de repré-


feiiter une fuite dés chofcs connexes,
écrites , poar ainfi dire , m nbus , par des
hiéroglyphe^ naturels y fans fynibole.

96. 1^ Parjiçriturc ou Us chofcs fontprîfcs


^ pour fymhoUs*
, '
-
<• •

Mais les Egyptiens peut)le police &r de


longue main exercé dans les<irts avoient

étendu bien loin cette pratique , en faifatit

iervir les figutl^s naturelles, non pas feu-


lement à ce qu^elles repréfentoient , maiii

comme fymboles & alhifioos à diverfes


choies non fufceptibles d'être peintes ; par
une méthode arbitraire d'approximation y
(c de comparaifon tout-JMait femblable à
celle dont j*ai montré la fuite dans la fabri-

que des mot$ formés par Torgane vocal.


Les monument Egyptiens font les plus an- , 1

ciens qui nous rcftent de l'emploi des tropes

dans le difcoitfm'écrhy en faifant fervir

\.
"miér^,
•»

J06 '
MÉCHÀK I s M E
•^*./0
all^gôriqùeirfent des peintures d'objett

phyfiques à fignifîer des êtres mtelleii-

tuels qui y avalent quelque rappport. Les^

premiers Sauvages n'avoient pas eu grand


befoin de pouffer rinvention jurqucrfi,
n'ayant que p^u ou jp oint d'idées intellec-

tuelles. Mais tous les peuples qui ont


a
commencé à Te polieer, & à faire un
'

\'

grand, commerce réciproque de leurs


,

idées, ont été contraints d y recourir,


du moment qu'ils ont commencé à exercer
\ieur efprit , non plus fiir les êtres réels &
1 Wérioin ieulement, maii^iiir léuiî pro-

pres concepts intérieurs & réfléchis. Faute


•4e pouvoir peindre Jà prévoyanct on
peignit lin mil*^ 6t un (Hftau pour la

^yft^i. La route eft la même 6c la marche


en gradation ;
pareille , dans ce que la

jtiam a £ût four la vue , & dans ce que


la voix a Élit poâr l'ouïe* La nature &
la néceffité y ont fiut d'abord ce que
l'arbitraire fie la convention ont continué
(iar le même plan. La rppntanéitédeFhom-
me ^ qui n'y avoit Sabord eu que peu de
N parti y en a pris WifiBt»^^ plw grande;
;>
"^êi^ f
1 •

-i "

97. 3^ 1^^ dinvmioH des figures fymbo^


tiques en traits plus JimpUs

& ciefs chinoifes*


Quand une fois les figures naturelles

ont été reçues coriimc fyinboles d'autres

objets , on a <u «suit de chofes à leur faire é

dire qu'il a ÉiUu abréger, aîtéiter, dépraver


la nature V ÔtVréduire les m^^^
më-
^ .*r

traits pUtt iîmples qui les rehdoient


pref-
connoiffables. Auffi-biennVa^oit-il

que plus de nçpott dntre ces tr«ts com^


pofés & la chofe qulîs défignoient mai,s :

la pratique étoit connue & ytux fai- les

le feni de la repréfentation ; ce
fiffoiéi^

qui devoit fuffirc , & ce qui fuffit encoije

à récriture çlAnoife qui sVft


confervée

fur cet aérien plan*.

4^ Par appUcaiion its traits fimples


98,
i la npréjentaiion Jesjyllahes &
des articulations organiques.

Enân quand il a été rç<;u dans l'ufage


fignifier
qiiedesttaittinfoa^pouvoient
des cW^, ^moB^^W >cttù)uriS:é
iun
, .

/'..

/a

308 M É CH A Ht S M I
delà imultlplkité des chofes & des traits,

a eflayë fi de$ traits ne pourroient pas

fignifier les fyllabes des mots ^ & les

articulations divçrfes de Torgane vocal

qui font en petit nombre ;• au moyen


de quoi on n'auroit befoin que d'un très-
.petit nombre de traits , les mêmes fervant
' '
» '

pour tous les mots & pour toutes les

clhofes ; Se il a trouvé que cela fe pou voit;


foit en convenant de certains traits figurés

qui repréfenteroicnt à la fois le fon vocal


& la figure confonante qu'on lui donne ;
c^ qui cft Pécriturc fylfcibique telle qiie

la Siairioife : fait en féparartt b voyelle de


h confonhe , en figurant d^lnc part le fon

& d'une autre part la forme articulée qu'il


'

reçoit dç Tiin des orgatnes vocaux ; ce qui


eft Pécritiire littérale telle que la nôtre.

99. Réunion
t
du tins d^
.
la vue
'
&
-
du fens

di rouie» ^

Or ceci eft la plus Aiblime invention


où fe foit jamais élevé Fefprit humAin
|ile quil ait jamais

entrepris d'exéçfldP<fQWÎl eft parvenu


f.
, ,

•,\

/;,

DU La ngao
'!•.*,•

à réunir , autant qif il étoit po dans


& des traits;
,

un ieul art deux chofes tout-à-fait difpâ-


urroient pas

ots, & les


rates , & dont la nature icmbloit rendre
la jonftion impoffible ; je veux dire le
rganc vocal
fens de. la vue 6c cel^ de rouie : ou s'il
r au moyen -\^

ne les à pas réunis eux-mêmes , il «n a


je d'un très-
du moins affujetti les objets fous un même
fmes fervant
point fixe; eii même tems que ces deux
r toutes les.
genres d'objets reftent très-fëparës Tun de
ife pou voit;
Tautrç , dans les deux effets de l'art q^i lés
traits figurés
joint ; car l'écriturç , 6c la lefture c^ui eft
le fon vocal
\.
la parole, font deux chofes toUt>-à-fait \^
1 lui donne ;
^ifFéfCfïtes7& autant que le font \ts deux
le telle que
organes dominent fouverainement
qui
a voyelle de
-dans chacune de^ deux } l'œil dans Fun y
c part le fon
Tpreille dans Paiitre.
ticulëe qu'il

:aux ; ce qui 100. CaraSert ou clafft dis langues , Jif-


la nôtre. tingtU pur leur fabrique primitivefur
U fens 4^ la rue , ou fur celui de
t 6* du ftns
rouie.

Ne perdons jamais de vue cette dif-


e Invention
(inélion importante qui , entr'autres points
•it humain
^xc *K, caraâere des langues ^ &c leurs
^I ait jamais
cft parvenu
daffes i indique leur filiation ^ leur

\'
I

54Ô MicH^AN I s ME
employé cor
iongine, en montrant (î|ur<îcriture eft
que je traite
enten-
jaite/pour être vue ou pour être
dres de cara
due : fi elle défère plus au fens de Vœ\\
main &C faii
comme celle des Chinois , ou au iens

Car
que de me
de Toreille domine celle d'Europe.
voix & fa
chaéune tient encore infiniment de fou
PeïntuiJ
- origine immédiate ; Pon difceme dans & I.

1. Peinture'
û Tufage du peuple ide cpii vient
fa fabrique
'

préfentative
le langage déféroit plus à la voix qui
peint

à Toreille ou à la main qui


teres à la M
les objets ,
goriques , h
peint les; mages aux yeux,
qualités des c
'

loï.bcs Jïx ordres dUcrit^cs. tienne. 4«


dès idées ;
Je me fuis hâté d'expofer rapidement
5. Traits re
les articles ci^KÎcffus tout le
plan de la

dans
carafteres à
febrique de ratt d^écrire & de fcs progrès de
tachées org2
néceffaire
d^résen 4egré$j depuis fa caiïfe teres à l'Eui
& fon premier élément le plus groflier ,
mais
les deux pte
cnmêmctems le plus naturel, jufqu'au point
extérieurs ;
où il s- eft fixé. voulu donner d\in
J'ai
térieures; h
coup d'oeil le tableau progreffif d un art
vocaux. Il
'

des
qvi a tant influé fur l'accroiffement
turc partis
langues, fur Taffemblagé des perceptions,
lérens. L'ui
fy ft^nie
fur la culture des efprits , fur tout le

habituel de dériivation , & qui doit ctrc ^0

, 1>
PU Langage. 311
employé comme principe dans la matière
que je traite. En deux mots mêmes or- , •

dres de caraéleres primitifs formés par la

main & fiaifant leur effet par les yeux,


que de mots, primitifs formes par la

voix & faifàrit leur effet à Toreille.

I. PeïntuiJ fimple , ou image ifolée.

1. Peinture fuivie , éc^ture in rébus re- ^

préfentative des chofes même ; oucarac-


tercsà la Mexiquaine, 3. Symboles allé-

goriques /hiéroglyphes repréfentatifs des


qualités des chofe!5 ; ou carafteres à TEgyp-
tiemie. 4« Traits , clefs reprëfèntatives
dès idées ; ou cafaôeres a Ja Chïnoifc.
5. Traits repréfentatife des fyllabes ;.ou

carafteres à la fiamôife. 6. Lettres dé-


tachées organiques &: vocalei:; ou carac-
Lrevà l'Européenne. De ces fix ordres,^
les deux premiers le rapportent aux objets
/
extérieurs ; les deux autres aux idée» in-
térieures ; les deux derniers aux organes
vocaux. Il y a donc deux genres d'écri-
ture partis de principes abfolument dif-
iérens. L'un eft l'écriture figurée repré-

\
,

^I 1 MÉ C H ÀN I s M E f. ^ 1b V
fentàtrve dès objets ^ qui indique par la xm fen^'extéri(

vue ce qu'il feut penfer& dijfe : ce genre kns intérieur .-

cojn prend les quati^remiers ordres


>
ci- perceptions qt

deffus ; Vmrtp'k qui appartiennent les deux jugement. Tani

derniers oTifres , eft Técpture organique que fur. les obj


repréfentative dés articulations de Finftru- qu'elle connoît
nlent vocal ,
qui indique"^ aufli par la vue noître aux autr»

ce qu'il fout eflfeôuer 6c prononcer. Uim ; l'image. pour er

en fixant tellement quellemcnt là vue des & les peuples 1

jôbjets en excite nom l'autre va plus


le : d'autres idées â

,
loin ^il fixej;a vue du nom même de l'objet. Quètî l'homme^

<;^eft par (on moyeii qu'ott opère cette


|
non-fenfibles qu

î^mirable jonftion de 1-ouïe 6c de la vue été occafionné<

dont j'ai P^W ( n^ ^ )•


ïl

cces idées-ci
peut encore V
; To
IQl.L^ trois formes J^écriiurt comfpon^^
écrit , en figurai
dmt aux trois exercices de Cefprit,
a occafionnées
€mje forcée de Finvéntion de ikj:i^
mieux ^ comme i
^
tare par lettres.
^n chien pour

Obfervons encore que ces trois formules toutefois d'^xpli

d'écrimt€, figurée , l^inbolique , & litté- tionelle qu'il éft

rale répondent très-bien àiux divers exer- ^enfiWe , & robj


cices de la pWée auAjuels elles lont du ioit qu'il les trani
par Servant
leur naiiTance) : fçavoir la perception d'un tei
'
un ' olijet extérieur :

. Tome /,
-

>v

* -

^ .
% ' .

un feni extërietir , la pcVeeptîon par uti


ibnsjmërïeur^ & le mélange meeme dejs
perceptions quW appelle réflexion ou
jugemeftt. Tantcjuela penfëe ne «'exercé
que fiirles objets extérieurs & f^nfiWes
qu'elle connoît & qu'elle, veut tkir^cdrïi
noître aux autres, iflui fuffitîen' figurer
l'image. pour en e^cjttr Tidëe en autrui ;
& les peuples fort fauvages n'ont guères
d'autres idées à tranfinettre
que celle^<!i
Quèïï l'homnie v^ut communiquer
les i<féeî
non-fenfibles quT font en lui ,-&: gài ont ^

été occafionnëes ]>ar les objets fenfibles^.'


il peut encore venir à bout de tranfmettre
€cs idées-ci vfoit qu'il les tranfmette par
écrit, en figurant l'bbjet extérieur qui/e^g
^
a occafionnëes
ou qui y rehemble le
mieux , comme un ai/pour
hprévojynme \
m chUn pour \2l fidiliti
, charge^. Ha
toutefois d'expliquer la relation
conven-
tionelle qu'il établit entre Ton idée rton
renfiWe , & Tobjet fenfible qu'il a dépeint^-
<oit qu'il les tranfmette Verbalement , en (t
lervant d'un terme dérivé du nom c!^
objet extérieur
f ce qui denne a entendre,
Tomt L ^
O :
,

c
a.

JI4 .
MÉC^H AKISME
^"une m^ierè vive &c courte 1» relation n'offrent
l Ceft ainfi
*4
qu'on^établit^entre les deux. l'e/pritll
vice de,
noys appelions coquturie une n
^ ner
que \f.

caraftere qui porte -à changer d'a©Gurs laremphi


.

comme change de poules. Mais


le toq: générale
pour expri-
cette méthode des fymboles la nécéflît
être de
mer une idée non-fedlible ne peut ont clonn<
fe trouve
^lelque ufage qu'autant que l'idée foit jamaiî
'

avoiravec l'objet extérieur un large rap- direàTinv

à faifir. Tout imparfaite & 103 . Dt


port facile
tire bientôt
arbitraire qu'ell|^, on n'en phyfiqu
pU&cuniecburs , lorfque l'opération de i

fur. lui-mâme Rêverie


l'efpi4, fe concentrant
s'exer<;ant repréfente
éloigne ou atténue les rapports;
réfléchies, a tableau d:
à réfléchi des qptions déjà
cambmées ,va^ fur cha
combiner des chofes déjà
ier

c'eft-à-dire ,/ faire d'écriture,


porter des jugemen?^
en lui une notion nouveUe
reful- de quelle
naître
première?
tartte d'un grand-^nombre de en déveloj
Alors les
idées fimples déjà mélangées. dults , aini

abandonnent le fymbohfte , en peut tii


explications
au
6c le& figures ne
peuvent phu fuffire Il o eft
r
peintre. Elles fe brouiUent
à force d'are Tauvages v

multipliées fur un môme poim . ^ "'^


paroles pai
elles
préfentaftt pltts ri|^ de net aux yeux* ployer jj

,/
.

» I

r
/»^^ Langage;' jiç ^

n'offrent laùffi plus rien de pérclîptible à


refprit, H a donc feUu pour lors abandon-
ner une méthode devenue infuffif%ote, Se
la remplacer par que Iqu*autre méthode plus
générale & moins diflGufe. Les efforts que
la nécéflîté a contraint de faire à cet égard
ont donné lieu à la plus bellç invention qui
foit jamais fortie de refprit humain je veux
;

direàrinvcntiondeWcriturealphabétiqiic.'^
103. De
ricfUurc par figure des objets
phyjiquts , formant des motsfwipUs.
EcrUure des Patagons, &

Revenons à préfent furnos pas. Il faut


repréfenter une féconde fois le
même
tableau dans toutes {es parties , & repaf- ^

fer chacun de ces ordres , ou méthodes


fur

d'écriture , en montrant avec plus de


détail
de quelle manière chacune a procédé ;
en développant les effets quelles ont pro- '
duits , aînfi que les conféquences que Ton
en peut tirer.

Il eft confiant que lorfque les hommes 1

fauvages voulurent autrefois exprimer ^


leurs
paroles par des figures , ils ne
fçuï-cnt em-
ployer d'a^tre méthode plus fecile &
Oij
^o •

c^

-&?
Îl6 ' M ÉC H AN lêkÉ
i> Vîmes , <

'^plus naturelle que celle de tracer deç


» les. habit
images grôfliereç de$ chofes qu^ils vouloient
» notre va
figiiif^'^Cela n^ëtoit alors ni fort difficile^
» buiflbns
j)i fort3)mpliquë. Il n'étoit^refque jamais"
»en guife
'queftion-que Hé repréfenter des objets fa-.
* » Cette re
miliers^ vifibks , (enfibles , (ur lesquels '

; » fouvenir
roulent i&^e^r les penfë^- bornées des
M magine
gens groffiefsyqui n'ont prefque aucune;^
\) fervent
*. de ces'idées combinées ^, relatives , mo- <

primitive d
raies , méaphyfiques ,
gétiérales, mathe-
Patagons
iHatiqùes & pfîilofophiques ,
que les na-
plutôt qui;
r

tions en fe c'.yilifant acquièrent peu-à-peu


trouvons «
par rexerbice derefpnt, jk qui ont fuc-
fuivie cheî
ceflivement introduit dans nos langues
Mexicaim
ime foule fi étonnante de mots impoflibles *

K autres Ara(
à dépeindre 1)^ des images fëhflWes&C
fouvent méine peu entendus par ceux qui
en font ufiije. Côiifidérons'Ies prémices fuiv
connus de tous le^ peuples anciens &
La Hont;
modernes. Geujç qui font tout-à-'feit bar-
ture des Sa
bares n'ont aucun ufage de récriture. Ceux
peintures toire d'une
qui le, font moins écrivent par
V, quelque^'» Fr
& par fymboles.
Iroquoifes.
» Durant le féjour que nous fîmes au
» .1:

nous <iix lignes fij


» port Saint*Julien en Magellanique ,
V

PV LA I^ G À 6 E. 3t7
i> yîmçs , dit Narbpro.ugh , des figures que
»Ies.habirâns fauvages avoien: faites de
» notre vaifleâu, fur la terre Se dans l^i
» buiffons où ils avoient mis des bâtons
» en g^ife de mâts ,"& rougi les buiffons.
• » Cette repr^fentation étoit^ppur fe ref-

; » fouvenir de nos vaiffeau^ car je m'i-


M magine que ce;s -forres de figures leur
» fervent de mémoriaux. » Cette forme
primitive d'écriture fi fimple qui chez les
Patagpns ne dit que d<es i^ i/blës ^ ou \"'>

plutôt qui „ indîqiifdfes choies fipusc la


,

trouvons ètt i%fe d^in


fiiivie chez les AlgonMm , & chez les
^ .//•
Mexicaim moins greffiers c|u0 tous M^
autres AraëricaittSé
"'
.
-"",..''
'
"
' -''^ "
'^ '•

1 04. Des mimesfigunsformant un difcours ,

fuivi. Ecrieun des Iroqûois.

La Hontan donne un modèle dç récri-


ture clés Sauvages du Canada. C'eft l'hif-

toire d'une expédition guerrière faite par


quelque^'. François corftre une des nations
Iroquoifes. Elle eft écrite, in rcbus , en
<lix lignes figurées de la manière fui vante.
"^
Oiij
'p^^ armes de France;
& une hach^ i^^ eft le

j^nt^le de la guerre parmijes Sauvages,


céJTime le Cialuinet eft cdiii de la paix ;

air i; cela fignifie que les François ont


levé là hache , c'eft-à-dire qu'ils ont été

à la guerre au nombre d'autant de dixaines

d'hommes que vous voyez de marques aux


r environs, leiquellès étant au nombi^
de 1.8, font i8o guerriers François.
Lig. 1. Une montagne qui repréfentc
la yille de Montréal (ielon les Sauvages)
& l'oifeau partant du foilimet fighifîe le

départ. Une luftc fur le dos d'un cerf

fignifie le tems du premier quartier de


celle de Juillet , appelles la Lune au

cerf.

Lig* 3 • Un canot qui (îgnifie qu'on a

voyagé par eau autant de journées que vous


voyez de cabanes , c'eft-à-dire vingt &
un jours,

, Lig. 4. Un pied qui fignifie qu'on a

marché enfuite autant de jours que vous

y voyez de cabanes , c'eft-à-dire fept jour-

nées de guerriers ; chacune valant cinq


DU Lança g e. 319
lieues communes de France, ou de 10
au degré. .

Lig. 5. XJûe main & trois cabanes, ce


qui fignifié qu'on eft apjproché jufqu'à
trois journées du village" des Iroquois

Tfonontouans , dont le blafon c'cft-à-


dire le Tigne repréfentatif font la cabane
avec les deux arbres panchés que vous
y découvrez. Enfuite un foleil marque
que c'eft juftement à Tprient du village
qu'on a été. Car il faut ^em^rquer que
fi l'on eût marché à l'occident , les armes
des Sauvages feroient placées à l'endroit
cerf où eft la main , .& la main feroit tournée
de & placée à l'endroit où font lefdites ar-
au moiries 9 fçavoir, la cabane & les Jeut
t.
arbres. .
'

Lig. 6. Douze tiiarques ^ qui fignifient


douze dixaînes d'hommes , comme à la
première ligne. La caba]^.e^>ec les deiïx
arbres étant les armes des Tfonontouans ^
fignitie que ce font des gens de cette
nation ; &c l'homme qui paroit couché
marque qu'ils ont été ftirpris. \^ ,

Lig, 7. Une maiTue 6c onze têtes qui


Oiv
^

, -* ..

jlO Mi C M A N I S Jf 1

fignifiènt qu'on a tué onze Tfonontouans


& les cjnq hommes debout fur cinq

inarques , fignifient autant de dixainesde


prifonniers de guerre qu'on a emmenés.
Lig. 8. Neuf têtes dans un arc , c'eft-

à-dirt que neuf des aggreffeurs ou diw


parti vainqueur , ont été tués; & les douze
marques qui paroiflent au-deffous font le

même nombre ëe$ bleffés.


(

J
T-tig. 9. Des flèches décochées en Ifair,

les unes deçà, les autres de-Ià, qui figni fient

une bonne défenfo , & une réfiftancc

yigoureufe de part &c d'autre. I

- Lig. 10. Les flèches filant toutes d'un


* _
, - -»( .

même côté ^ fuppoferotent que )c$ vaincus


•'f

Ji'ofK été en fiiyaht ^ ou en fe battant en

retraite, en confuiion &c en défordre.


~^ i^ToUt ceci réduit ea <|t^iatrexmot9
!
.>(ryettt dire que 180 François étant partis

p 4e Mùneréalm premier jqqanier de la

^nlune de JuUlei^ naviguèrent ii^urs-


>^.Enfuite aprèi, avoir fait trente^cinq
> lieues à pied, ils furprixent cent vingt
» Tfonontoi^ans à l'orient de leur village,

V d'entre kfqucUonze d'entr'eiw perdirent


S V ^ Aïfô A 6 fe; 311

tnsi if h vié^ .& Cinquante furent pris , avec

cinq » perte' do 1^ part dds François de neuf

es de
M hôthm&s $L^c douze bleffés ^ le combat
nés.
» ayant été fort opiniâtre.

c'eft-
>f Cohcluotis de-là vous &c mol que nous

Il du. f) devons bi^ rendre grâce à Dieu de nous

louzc n avoir dci^niié les moyens d'exptimer nos


)i^t le
H penféôs &:>hQ5 :{èrttimens paj* le ilmple
}f arrang^tpwfde yingt-trois lettres : fur-

l^air,
» toui de 'pouvoir écrire en moins d*une
lifiènt
>> minutf un difcQUTS dont le$ Américains

[lance
» ne fqauroient donner Tiiltelligence dans
f> une heur€ av<e6 Iwrs ifup^inens biéro-

cf un
. » glyphes. Le nombre qu'ils en ont quol*

_i

dncus ff quWi^^fxiiédioicreed àipable dVmbarraA


Mfer €ftctrémeiiienti*ef{H?ît d'un Européen.»
nt en

e.
{Voyage Je la Hontan» totTé^ % ^pag, 1 9 1 •)
mots ioy Ecriture' d^s Mexicains.

partis Les peuple^ dn Mexique plus artiftes i

delà plus civilifés ctuë jceux du Canada faîfoient

mrs- aulTi d^ fécriture figurée un ùÙKge plus


cinq fréquent ScploS'ëtèndu. Antonio deSolis
I
vingt parle avîec ^logc de leur induftrie it cet

liage f égard dans fou Hifloire d^ la conquête ^

irent

Os
,
,

-••

311 MEC» A NI «MI


» Les Officiers de Motëiuma , avoîent ;
dit - il ^ H ^eminenë avec eux
%u camp

» Efpagnôl de Cortex des peintres Mexi-

f> c?ms qui travailloient avec une diligence

>> t imirabic , à reprëfenter les vaiffeaux

> les foldats , les chevaux , r^rtlllerie , ^


>> gënéralçment tout ce qui ëtoit d?ns le

V ff camp : pour cet eflfet , ils avoient ap-

y> porté des toiles de coton préparées


&
n imprimées , où ils traçoient des figures
»> des payfages & d'autres fujets , cruh

M deffein & (Ptm coloris qui pouvoient

M mériter quelque approbation des con-


Mnoifleurs.
> Les pcintufcs fc fkifoîenf par Tordre

» de Teutilé qui voiiloît donner à Moté-


zijma une connoiffance entière de
toiit
>f

^ce qui regardoit les Efpagnok. Les

» peintres y ajoûcoient en: certains endroits


yf quelques caraétetes , i deffein , comme
pouvoit
fP ilffemWok, d'cxpfiquer ce qui
H manqucifaiaiîcurcs.e'étort

n Jécrire^A ri'avoicnt point encore


If ruWdcs lettre» ni cet art qui par
,

autres
>f désignes ou des élémens^quc Ici
,

DV L AN G A G t. 3l|

oient i >> nations çnt inventés , peint la voix, 6c

camp }> rehd vifibles les fons,

Mexi* » Ils ne laiflbient pas nëantmoiniide (e

igence » faire entendre avec le pinceau , en repré-

féaux » fentant les objets matériels par leurs

•ic, &C » propres images; & le refte par des nom-


Ijns le
> bres ou par <i'autre$ fignes , avec une dif-

int ap- » pofition fi jufte ,


que le nombre , le c^^

'ëes & » raâcre & la figure s'entr'aidpient réci-

igures » proquement à exprimer la penfée 6c for- .

, cruh » moient un raifonnement entier. On peut


ivoient » juger du génie de ces peuples ,
par la fub-

s con-^
» tilité de cette invention afifez femblable
>» aux hiéroglyphes des Egyptiens dont les

l'ordre M Mexicains faifoient un ufage ordinaire ;

Moté* y> pratiquant cette manière d'écrire arec

de toiit
» tant d'habileté , qu'ils avoient des Kvres

i. Les » entier^^e ce ftyle , où ils confervoient

îicïroits
yf la mémoire de leurs antiquités , & don-
:nnimc » noient aia poftérité les annales de leurs
'

Hnrvolt » rois. 'H '


.

nanierc » On avertit Cortez du travail de ces

encore » peintres. Il fortit pour les voir & fiit

qui par » fiirpris de la £icilité avec laquelle ils

S autres
i> V écutoîent leurs defleins. On lui dit

Ovj
,p,4 MÉ c H A^ ni s H n
>> qu*ils exprimoient Tur ces toiles non-
, » feulement les figures , mais encore la
» converfiition qu'il avoit eu avec Tcu-
» tilé , afin que Motezuma fût inftruit cie
» tout ^\ &ç fcjut en même temps le clef-

» fein^ôt les forces de l'armée Elpagnole.


» Sur quèî Cortez qui irouloit Soutenir k
» fierté qu'tl avoit t::moigJniée , & qui

* » avoit refprit vif &


préfeitt > comprit
V» H d'abord que ces images fans aiftipn & fans
» mouvement , donneroient i^ilc idée qui
» ne fefoit pas avantagcufe à fesdeffeins.
.« » II réfolut d'ai^imec la repréfentatioa eii
.
H faifant faireTeiterciceàfes/foldàts, pour

n faire poroitre lotr aditeflre& leur valeur,

,H &c donner en métne tems une grande


'm yivacité à la pemture.

» On vit alors les peintres Mexicains

>> inventer (jp nouvelles ôgurcs


> & de

. i> nouveaux !f»raAerè& ^ pour donner de


» nouvelles expreflîons de ce qu'ils ve-

.
If n<Hetie^;V)dirrLe9Uns dcfHnoiem les

>> foldats armés & rahgi^en bafoille; les

ff autres Ipeignoient lés chevaux dans le

.j

> s
*•
*•:•

E DU Lan c a g t. jiç ^ '

oiles' non- !> coup de canon par dii feu & 'de la ftimée, 4

encore la » & mente le bruit par quelque chofe qui


avec Teu- » repréièntoit un éclair , fans oublier;
inftrui; cie » aucune de ces terribles circonftances qiïi

ips le ckl- » pouvoient exciter les foins , ou fatif-

Elpagnole. >> faire la curiofité de leur Empereur.


foutenir la Les recueils de Purchas & de Melchi-
e y & qui fedec Thevenot contiennent lin curieux

[^. comprit eflai des livres hiftori^es des Mexicains


lion & fans écritF par peinture m rchtis dont Antoine
le idée qui c!e Solis vient de parler cy-deffus. Le-
w'deffeins. Gouverneur du Mexique, envoya cet eflai
mtatxoa eii en Efpagne avec une interprétation que
idats, pour les Mexicains tnàvoient donhée, nécef-
cur valeur, faire à Fimelligence dé ces groftieres ûgu^
me grande res ^ & traduite en efpagnol. L'original
Mexicain a été focccifiveinent entre les

Mexicains mains d*Àndré Thevet , d*Hacklutt , d«


res 6c de chev4icr tUldgh , JHenri Spelman &
donner de de Purchas qui Pa fait graver en foixante^
qu'ils ve- trois planchas Les unes rèpréfentcnt Thif*
inoieiH les toire , les conquêtes 6g la fucceffioh des
amille ; Us rois , 6c môme leur chronologie aflez

ux dans le adroiternent répréfentéc autour de chaque r


planche VP^ U répétition d'une période
h

'fjttf

tsO'
516 M i CH A N 15 M 1
de cfuatre années. Dans les planches fuî- rcpréfefttat

vantes on a peint les- produftions natu« un fens fyi

relies du pays , les revenus de chaque niere nette

• contrée & les tributs qu'elle payoit. On ra- rirt de r


conte quelque cho^fe d'à-peu-près pareil des montre a
figures gravées lur les ôbëlifques del'Egypte. avoit chez

Les autres images contiennent ce qui «t rap- loin qi^c


port à réducation , aux moeurs, aux ufiges, qu'il falloi

y
â la difcipline & aux loix pénales. Toutes prefqueipa
ces figures font extrêmement groffieres. figurée de
On n'y diftingue que des images d*objets » recherch •

iënfibles & vifibles , fans aucune idée iii- n Indiens î

tdleftuelie . finis aucune liaifon de fyntaxe » & tant c

dans la narration figurée. Cdle-cijncme > core qu'

feroit inintelligible pour nous , fi la tradi- » ni fi curi

tion n'en avoitconfervé l'explication dans n cependai


le pays d'où elle nous ^ été tranfinife. » lettre &
Mais en examihant cette efpece d'écriture M fervoieni
avec la verfiohyà côté , on fent/ combien » prédécei
il ferbit aujourd'hui mal-aÙé de pénétrer » catan ^ il

le fens des hiéroglyphçs égyptiens ,


pour )j d^arbres

/ Texplication defijuels ^tws n'avons que » où les fs

fort peu de fecours , & q^ doivent être » & dédui


encore phis difficiles , puifque les figures y »> la conni
V
font employées nonrTeulemoitVelon leur » mauX| {
,
,

iDt t; Lan gag e. -5*7


reprcfentation naturelle, mais encore eti
un fens fymbolique & détourné. La nla-

niere nette & curieufe dont Acofia décrit


l'art de l'écriture figurée des Mexicains
montre au jufte quelle étendue cet art
avoit chez eux:, &: qu'il n'alloit pas auili

loin qu!Acofta le prétend; fur-tout lors-


qu'il falloibexprimer des chofes qu'il n'eft
prefqueipas jyofEbledc rendre par l'image
figurée de quelque objet matétieh ^ En
» recherchant, dit-il, de quelle façort les

>> Indiens avoient confcrvé leurs hifiôires i & ' /

» & tant de particularités, j'appris qu'en* . . /

y^ core qu'ib ne-^&éfent point fi fubtils ,

» ni fi curieux que les Chinois, ils avoient


» cependant entr'eux qyelqù^ forte de
>> lettre & de livre par lefqucls ils con^ ^

» fervoient à leur mode les chofçs de leur^


» prédéceffeurs. En la province de Yu-
» catan^ il y avoit des livres de feuilles

)j d'arbres à leur mode plies & équarris

» où les fages In^ens tenoient comprifet


» & déduites la diftribution deleur temps
» la connoiiTance des planètes , des ani-

» maux I & des autres chofçs naturçUçs^j;


¥

\-

518 ' MÉ c M A«ris ut ~ Bu '^

>^ avec leurs antrqiritë<î : chofe pleine de >) leur<; figure


>^ grande curiôfitë & diligence. Il fembla » qiielles ils ;

» à quelque pédant que tout cela étoit ^> cette manie


» uiî enchantement art de magie , è(^ & » Celles qi
>f foutint obftinément que l'on ks dévoir >^étoient repi
» brûler ^ de forte qu'ils furent mis au » images; &c
^ feu : ce que depuis non'- feulement les >vétoient rep
^
'>> Indiens reconnurent avoir étë mal fait, » qui les figni
>^mais auffi les Efpagnols curieux qui »li^roient 6
> defiroient c5onnoître les fecrets du ôavs. M loient.^Et p<
>> Il en eft arrivé autant ailleurs ; car les M quelque chç
V >p nôtres penfant que le tout fût fuper-
, » roues peint
» flition , ont perdtt plufieurs ihénuoires » fiecle,, qui <

» des chofés anciennes & fa€r^e$ dont on >rcompofé d(


» pouvoit beaucoup profiter. Cekprocède >^ ans , chaqu
•»dW zèle fol & ignorant v*qui fans » caraâériftiq
» fçavoir ni vouloir entendre les chofes » le rofeaii ^
M des Indiens difent que ce font toutes ^ maifon. A
^ fbrcelleries. Un de nos père» Jefiiites M gnoienr ave<
h homme habile & citrieuis v lifRitibla les >Meurs à Vem
4f anciens de la province dit Mexique f » mémorabiei
M & conféra foriàmplenriiefitâ[^C4éux. Ik » Ils marquer
\ ^ lui montrèrent leurs livres cPhtftdirés & » gnols entret
\ » cal^riers , qui ëtoient chofés fort » gnant un hc
^dignes de voir , en. ce qu'ils avo^nt >>une jupe r
. ,


#

::>

BU LAN €r A C f 5^^
>) leur<; figvires hiéroglyphiques ,
par Icf-

» qiielles ils repréfentoient les chofes en


» cette manier^
» Celles qui avoient forme ou- figure ,'»

>^étoient repréfentées pc" leurs propres

» images ; & celles qui n'en avoient point \


9
>vétoient reprëftntées parades earafteres

» qui les fignifioient ; ik par ce moyen ils

»liguroie|it 6c écrivoient ce qu'ils vou-


M loient.^Et pour marquer le temps aùqueK
» quelque chpfe arrivoit , ils avoient des
» roues peintes , chacune contenant \m *>•

» fiecle,, qui ëtoit de cinquante-deux ans y

> compofë de treize périodes de quatre


>^ ans , chaque année diftinguée par fan
» caraâëriftique propre , f^ayoir le lapin ^

» le rofeau y la pîerré de flèche ^ & la


' maifon. A côté de ces roues>îls pei-
M gnoienr avec figures ^^ caractère i & c6ii-
>neurs à Tendroit de Tânn^ , le^ choies
» mémorablei arrivées en cette annce.
» Ils marquèrent Tannée , que les Efpa-
» gnols entrèrent dans leurs pays en pci-
» gnant un homme avec un chapeau , &
» une jupe rouge ^ au. figne du rofeau
.

«*i JJO MÉ CH AN I $ M E s

>^qui couroit alors, & ainfi des autres > Indiens é^

» évënemens. Mais comme leurs écritures Vf Mais ils é

» & caraftères n'étoient pas aufli fuffifam ^» leur mode


>* qiiq no^ lettres & écritures , ils ne pou- ^ J'ai vu les'
J » yoiêrtt exprimer de fi près les.paroles, isMaria , i
» mais feulement la fiibftaïice des coricçp- » cette façc

>^tîons: 6c d'autant qu'ils avoient accou- » quiconqii<

C\ •> »tumé de raconter par cœur dans ^


des »pour fign
» difcours , & dialogues compofés par >» confifc ,

» leurs ôrateurs.&: rhétôriciens anciens & w genoux d


» dans beaucoup de cA/î/7a5 dreffés parleurs >> qu'un qui \

/-
»poëtes ce qu'il étoit imp^ffible cj'ap- »ci, A Dii
» prendre par les hiérogl3rphe$ & cârac* » trois vifaj

\^ teres. Les Mexicains étoient fort curieur » façon de


f# que leurs enfêuisr appriiTent par mémoire » yitrgi A
f^ces^corhpofitions : raifbn pourqudi ils »de Notre
»» avoient des écoles où les anciens en* > petit enfa

)» feignoieht aux enfam ces oraiibns , & y^Paul^ de;

1^ beaucoup d'autres chofes qui fe cpiifç^ -w une clef J


\
M voient ehtr'eux par la tradition des ùnt. » ne poùvo
Vf aux autres aufli entièrement que fi ellei » des caraf

M eulTent été coiyihées par écrit. Tellement »ces pafol

>> que qpând les Efpagnols vinrent en leur Cett^ deri

»pays & qu'ils leur. eurent enfeigné i cl*Acofta*, I

v^ lire &: écrire notre lettre ^ plttûeursde ces Tart des M


DU
I

LA N G A G iV , 331 s
> Indiens écrivirent alors ces harangues*

» Mais ils ëcrivoient auffi nos difcours à

^» kur'ttiode par (ie§ âmages & carafteres.

^ J>i vu les Oraiibns ànPaternofitr , Avi ,


^Maria , Cr^^/o Se Confiuàr , écritips en
» cette fa<;on d'IndienaV à la vérité &
» quiconqiie les verwi 9 s'émerveillera. Car
»pour iîgnifier ces paroles moi Je mt
iiconfcjfz^ ils peignent un l»d\cn aux
w genoux d'un religieux , comîne quel*
\

>> qu'un qui fe cqnfeffe; & puis pourcelles- t

H ci , à Dltu toîU^puijjant , ils peignent


>> trois vifages avec leurs couronnes , en

» façon de la Trinité ; &c^ 4 /a glorituft


» r/V/y< Harit , ils peigilent un vifagc

>» Notre-Dame 6c un demi-corps d«


de
> petit enfent ; 6c à faint Pierre &faint
^PatU^ài^ têtes avec des couronnes,
^ une clef 6c imc épée ; & où les images
» ne poùvoient exprimer 9 ils mettoient
» des carafteres de nos lettres comme à
» ces pajolcsr^/2 quoi /aipuhi ^ 6cc, »
Cett^ dernière circonftancc du récit

d*Acofta- , montre bien à quo^fe bornoit


l'art des M^îâcains ; 6c qu^îi k trouvoit
i^i Mien AN! s Ml PU
en défaut , auflirtôt qu*il falloit exprimer f> qu'il avoi

quelque terme ou quélqu^dëe , intellec- » dément..

tuelle ^ morale , relative ou abftraite;


io6. Formu
en un mot toute autre idée que celles
«^ chez le
des objets ifibks & fenfibles. Et quoi-
ieletiei
qu'Acofta ait dit ci-deffus fue les chojis
avoir <

fui n^avoieni point We figures itoient n* 6* à L


prifenties par des caraSeres qui les fyit-

fioieml lîçus n*en voyons aucun exemple Les Pén


dans les monumens Mexicains , à l'excep- lance de ce

tion de quatre ou cinq marques , q^'» ^^ & groflien

Ion ravertiflfement donné par letradiK^cuT beaucoup p

font les (ignes conventionels de certains laquelle éto

nombres. De plus tous les mots y font cipes ëléme


iiblés. Il nVa rien qui lie le difconrs*, rapportoit ;

artificielle
«Il qui raiTuîétifle à audiine formercTe Tyn- ,
I

ttocç ou de grammaire. #lf)lt ^ a« Pérou, rapports nu


continua kt méiiie hiftoritn >r^lt cônfef- parmi nous
cFhabitude
n fion de tèm k% péchés qu\m Indien

nappôrtoit pour fe confeiTer , écrite en compter. <

» la même forte de peintures , & de (lifFcrenies

de FEgyptc
» caraôere? , en peignant chacun des dix
» G>nimattdemens d'une certaine facjon j ^in'on poui
cependant
>f où il y avoit certaines marques comme

main trace
M des chiftes > qui étoienc les péchés
OV L A » 5 A ci; 333f

f> qu'il âvoit faits contre ^e Comnun-»


«clément,.

106. formule Jingullcre d'icriturc iijitét

che^ les Péfuviens^ Q_uipos ou cor-»

deleties nouies\ Cette formule paroii


avoir autrefois été ujitie en Egypte
& à la Chine.

Les Përuvicns fupplëoicnt à rinfuffi-^

lance de cette méthode d*ëcriture fimple'


& grofliere par une autre méchanique
beaucoup plus induftrieufe à mon gré ;

laquelle étoit d\w> genre & avoir des pri^t-


cipes ëiémentaires tout diffërens. Elle (t
rapportoit aux couleurs , à la mémoire
artificielle , 6c flir-tout au calcul , aux
rapports niunéraires , & aux jettons dont
parmi nous les perfonnes qui ont* peu
cFhabitude de PécritHrc fe fervent pour
compter. Ces formules , quoique très-
(lifFcremes de celles du Mexique &
de FEgypte , 6c de beJUoup d'auùres

fi"'on pouvoir inventer , fê rapportent ". ¥»

cependant toujours aux images que la

main trace pour lès préfenter à la

/
,

334 M i C H AN 1 s ME . i.

vue , & exciter ainfi rid^c des objets &


h connoiffance des thofes. Ainfi c*eft le cas
A^en rapporter ici la defcription d*apr<^s le

même Acofta & d'après rYncaGarcilaffo.


» Les peuples du Pérou fuppléoient au

M défaut d'écriturer & des lettres ^ en

f> partie pa:r la pfinttM:e^ comme ceux du

fn Mexiqije (bien que ceux du Për^u y

H iuffent fort groffiers 6c burds ) & eii

yf parde &c le plus communément par des

itquipbs. Ces quipos font des mémo-


» riaux , ou regiftrcs &its de rameau^
H où il y a divers nœuds 6c diverfes

ji couleurs qui figniâent divedcs diofes.


H On eft étonné d^ ce qu'ils oi>t exprimé

n 6c repréfcnté par ce môyerf; car les


>» quipos leur fervent pour livres tfhif-

n toiTÇs , de lotx 9 de cérémonies ^ &


nAe$ comptes ^e leurs affaires. Il y avoit
n des Officiers députés pour garder ces
n quipos ^ lefquels étoient obligés de tenir
M 6c rendre wmpté de chaque choie
>* conune les tabellions en Europe. On
>> leur ajoûtoit entière foi 6c créance ; car

n félon diverfes fortes d'af&ires , comme


D U L AN AG f:. 335
V de guerre , de police ^ de tributs > de
» cérémonies &c de terfes , il )y avoit
> divers quipos , ou rameaux en chacun
» defquels y avoit
il tant de nœuds petits
»&c grands, de & filets attachés, les
» uns rouges , les autres verds , les autres

w azurés & les autres blancs ; &c finale-


» mçnt tant de diverfités que comme nous
'.,

M tirons une infinité de mots des vingt*


>» quatre lettres en les accommodant en
Mdiyerfes fa<;<ms)^hfi ils tiroient des
>» fignifications innombrables de leurs
V nœuds & divedès couleurs. Encore
H aujourd'hui au^ Pérou , quand , au bout
)> de deux ou trois ans , un commilTaire
» va pour informer, les Indiens viennent
w avec leurs cordelettes rendre un compte
wcxaft de çç que chaque bourgade ôUi
» chaque perfonne ont déjà fourni ou
» doivent de refte , foit en argent , foit en
» denrées de diverfes efpéces. i^a preuve
> étant faite fur le champ par cette quan-
» tité de nœuds & de poignées de cordes ,
» cela demeure pour témoignage 6c écri-
»ture girtaine. Je vis une poignée -de

V
,

ÎJ36 M i CM AKï 5MÊ


H ce^ filets par lefqueU» une Indienne
M portoity écrite la confeffion générale d^

>f toute (à vie , comme j'eûffe pu faire

^» en du papier écrit, & lui demandai ce

>> que c'étoit ^e quelques filets qui me

f^ fembloient un peu diftérens ,


'
elle me
» dit que c'étoit certaines circonftances

>> que le péché rcquéroit pour être entiére-


» ment confeffé. Outre ces quipos de fil

» ils ont une autre certaine manière d'écrire


>> avec de petites pierres par le moyen
^ defquclles ils apprennent ponftucllement
nies paroles qu'ils veuler^t ftjavoir par

» cœur. Ceft une chofe plaiiknte de

nies voir avec une roue feite (le

h petities pierres apprendre Pater noflcr y

n avec une autre , Avt , Maria , & avec

» une autre le Credo , & de retenir quelle


H prière eft ,
Qui ftu- conçu du faint
» ÈfpriCj & laquelle \fouffrit fous Ponce
v^ Pilote : de les voir corriger quand en
» contemplant leurs petites pierres , ils

H voyent qu'ils ont manqué. Je n'ai pas

)> moins ité furpris d'une autre forte de

n quipos qu'ils font de grains i» mais.


Car
,

''Ht'
pv La n o a g e; ^37
lîenne v'Car pour feiire un compte difficile ,

aie d^ » auquel un bon arithméticien feroit bien

a faire w empêché avec fa plume , Se pour faire

dai ce » une partition^ afin de voir combien u%


jui me » chacun doit contribuer -
-1
,
'
ils tirent tant

lîe me » de grains d'un côté , & en ajoutent tant


ftances »de raufre , & ils s*cn vont avec leur
ntiére- » compte certain^ faiw^illir d'un point. »
ae. fil [Acojla^ Hifi. dfs Indi^^^ liv, vjy cA. 8.)

irëcrire » Lorfque les InAens vouloient faire leurs


moyen comptes qu'ils niarquoient par le mot
lement ({uipu qui (ignifiè -/zo«rrr ou nœud ^ &c fe

DÏr par prend pour le compte même parce que

te de les noeuds fe faifoient de toutes fortes de


ite de chofes , ils p-:iioicnt ordinaircr ent des
fils de emes couleurs ; car les uns
diffiéf

avec n'enavoiwt gu'^e feule, les autres deux ^


quelle les autreli f cmt te atnii du refte. Chaque

faim couleur ^^Ibit^qu'etteifftt fimple ou mêlée ^

Ponce a voit fa^ figlAilïcation particulière. Ces

md en cordons quti ëtoilent de trois où quatre 4k

, ils fils retçita I gfos comme de la moyenne


\% pas ficelle 6c , <)c la bi^gueur de trois quarts
'

>rfe de d'aune étoieat enfilés par ordre t en long,

maïs* ^ns une autre! ficcUe; ce qui &ifoitime


Car Tom$ r. P
,

5î8 M te H A K'i*i^ Ml
cfpece de frangé ; on jugeoit du contenu
de chaque fil parla couleur , comme par
exemple , le jaune défignoit for , le blanc

marquoit l'argent , & le rouge lés gens cfe

guerre. »
»Que s'ils vouloient dëfigncr des chofes
dont les couleurs ne fuffent point remar-
quables , ils les mettoient chaame félon

fon rang , commencjant par les plus con-

fidërables jufqû'aux moindres; ,^infi par

exemple s'û fe fût agi de bled ou de


légumes , ils auroictit mis plt^ieremcnt
le froment , puis le feigle , les pois , les

fëvcs , le millet , &c. De même quand


ils avoient à rendre compte^ des armes
ils méttoièht les premî^lfi cotlés qu'ils

eftimoient les^'pktf iioblér; ^eciinme k^


lancti , fic*^ onfaite }és> flëcbifis ; tes' sites ,

les jairelots, 1^ maniiiiJV'^^^i^ÀcheS'^ ki


frondes , &c. Que «^ifeviiiiteftn» faire un^
compte des vâffàux ^ Ub coînmençoient
par les habitans^ ifei^diaquet vinle, puis

par ceux de «ha^w province, àe 4pi'iK

firfkient ain& ibinrusitoieiic M'^pvemiér


filles vkiQarda &t (aakxM rnip^ 6c rur
t) U L A N G A G £• 539
deflTus, au fécond ceux de cinquante, au
troiiîeme ceux de quarante ^ 6c ainfi des
I »
autres , defcendant de dix en dix ans y
eii

jiifqu aux enfans à la mammelle ; ils te-


noient le compte des femmes félon leurs
âges dans le môme ordre, y^

>i II y avoit dans quelques unes de ces


ficelles d'autres petits fils îox\ déliés d\Mie
mémo! coultur ôc qui fembloient être
(les exceptions dé ces autres règles gêné-

raies ; comme par exemple les petits fils

qui étoient au îcprdon des femmes ou dei


hôrnmôs mariés , de tel & tel âge, figni-i

fioient ce qu'il y avoit de veufs & dé -<^_.

veuves cette année-là. Car ces comptes


étoient comme des annales qui ne ren-»
doient raifbn qttéd'Une année iettlement. n
» On oWervOîttoujoutiydam ces cordodl^^
ou dans ces fileté , Fofdre d^unîté , comme
qui dirort dixaine , centaine , tnjjle, dixainov
de mille \ ils paffôient rarement la centaine
de mille , parce que chaque ville ayant
Ton compte particulier , & chaque capitale
fa province , fe nombre ne montoit jamais
fi haut que Cdi; Ce li'eft pas pourtant que

•' i ^
J40 MÉ C H A N I s ME
s'il leur eût fallu compter par le nombre
<, (le centaine de mille ^ ils ne Teuffent pu
faire de même parce que leur langue eft

capable de tous les nombres d'arithmétique.


Chacun de ces nombres qu'ils comptoieut^
T
par les noeuds de filets étoit divifé de

l'autre ; & les nœuds de chaque nombre


dépéndoient d'un, comme ceux d'unr'

cc^deliere, ce qui fe pouvoit faire d'autînt


jamais
plu9 facilement qu'ils ne paflbient
neuf, non plds que les unités, ni les

dixaines , &c. Ils mettoient le plus grand

nombre qui étoit la dixaine de mille au


plus haut des filets , & plus bas le mille

& ainfi du refte. Les nœuds de chaque


fil &: de chaque nombre étoicnt égaux

les uni ^^ autres , &c placés de la même


cou-
ifUnierc qu'un bon arithméticien a
ttune de les pofer pour foire
une grande
fiipputation. h .
.

» Parmi les Indiens , il y avoit des hom-


ou
mes exprès qui gardôicnt ces quifus
ces cotdons à nœud. On lç$„ appcUoit

quipucamayu y c'cfï'k'^ïC mïui qui a


la

de ces
charge dts compus; Iç nptobïc

•f
w^
t> u La kg ag fe, 54^
\
e nombre HUipucamayus ou de ces maiîtres des
gaffent pu comptes devoit être propof tîoné aux
langue eft
habitans de' toutes les villes des provinces ;
hmëtique. pour fi petite que fut une ville, il fàlloit
3mptoiei>t^
qu'il y en eût quatre,. & ainfi toujours
divifé (le
en montant jufques i vingt & à trente.
le, nombre Bien qu'ils euffent tous un même régiftre
eux d'unf & que par conféquent ils n'euffênt pas*
re d'autînt
befoin de plus d'un maître de comptes ;
ent jamais yVnca néai^pioins voulôit qu'il y eh eflt
tés ni les
dans chaque villc^^ottr couper
.

plufieufs
plus grand
chemin aux fupercheries , difant que s'ils
î mille au
étoient peu ., ils pôurroient s entendre
as le mille
enfemble , au lieu que cela n'étoit pas fi
de chaque facile à plufieufs ôc: qu'il falloit ainfi
, ,
ient égaux
ou qu'ils ^ fiiflent tous fidelçs , ou qu'ik
e la même
trempaflent tous dans une même mé^
ien a cou-
chanceté. »
ine grande
»II$ comptoient. par nœuds tous- les
• •

tributs que J'JOictf recevoit d'eux chaque


[tdeshom-
aimée ; fans qu'il y eût aucune maifbn
fuipus ou qui n'y fflt fpécifiëc félon fon genre & fa
( appclloit
1 qualité , on y voyoit le folle des gens de
ui qui a l^
guerfc , de ceux qu'on y avoit^tué^des
brc ck ces cnfans qui oaiflbicnt ÔC de ceux qui
P iij
,

MÉC H A NI S ME P
^4%
où ces chc
, mouroient tous les ans dont ils défignoient
mémoire s
le nombre félon les mois. En un mot on
autre cont
compr^enoit dans ces nœuds toutes les
« /
fep iquoier
chofes qui pouvoient être fupputées par
nom- » Lorfqi
des nombres ,
jufqu'à y marquer 1**

& des rencontres,


, hommes '^

bre des batailles clés

ambaffades de la part de T 1^2(^4 , & des , leurs aïeux

plus remarc
déclarations que le Roi avoit données.
ils alloient
Mais on ne pduvoit pas exprimer par des
^i^^s , qu:
nœuds le contenu de Tambaffade , les pa-

roles exprefles de la déclaration & tels


gardoien^ J
<D
toires, d!aji
autres pvenemens hiitoriques parce que
*'- rendre un l
ces chofes confiftôient en des termes
if
arti-

& que nemens lei


culés de vive voix , ou par éd-it ;

ncms pucamayus
les noeuds marquoient bien les
de leurs ch
^ais non psts la parole. Pour fuppléer i
ce qu'on lei
i;e défaut, iU,ay oient certaines marques
connoiffoient les aftions mé-
Afin de s'er
par où ils

&v les déclara- ils étudioie


piorables , les ambjtfTades

tions faites en tems de paix & de guerre. bien reteni

par avoient de*


Les quipucamayus en apprenoient
on
cœur la fubftance & les enfeignoient les
les exei

de tous aut
uns aux autres par tradition & de père
mais^la fe faifoit particuliére-
le loifir de
en fib ;

joaent dans le§ villes ou dans les province$ ^> Parcç


» •

*
,

où ces chofes sétoient pailees : & où la

mémoire s'en confervoit plus qu'en toijite

autre contrée à caule que ceux du pays


fe p iquoient naturellement de les f<javoir. »
» Lorfque les çuracas qu les gentils-
hommes vouloient fçavoir l'hiftoire de
leurs aïeux , ou ce qui s'étoit paire de
plus remarquable dans quelques provinces
ils alloient trouver 3ttiffi-tôt ces quipuca--
îTi^yus 5 qui par le moyen des noeuds qu'ils

gardoien^ & qui leur tenoient lieu d'hif-


tûires , d'ajinal^ ôcde regiftrçs , pouvoient
rendreun fidèle compte de tous les évér
nemens les plus mémorables. Ces qài-»
pucamayus étoient oUig^s par le devoir
de leurs charges de rendre raifoa de tout
ce qu'on leur demandojt fur leur hiftoire.
Afin de s'en acquiterayec plus (J'honneur,
ils étudioient fins cefle les, noeuds pour
bien retenir par coeur la tradition qu'ils

avoient des exploits de leurs ancêtres •

on les exemptoit du tribut ordinaire &


de tous autres fervices , afin qu'ils eùffent

îe loifir de s'y perfedionner. »

f} Par cç même mqyen ils fe rendoienl


PiY
• #

344 M É C MA N^ 1 S M Ê pu
capables de discourir de leurs loix, de ma jeuneflFe de
leurs ordonnances de leurs coutumes & l'art de manier
de leurs cérémonies. Car par la couleur Indiens- fujets d
du filet &: par le nombre des nœuds ils curacas venoien
^
apprenoient ce que telle oiv telle loi pour y payer le t
défendoit, & quelle punition devoit être
'
qu'elle me Comti
faite de ceux qui la violoijent. Ils fçavoient ;7:/5,parcequ'éta]

encore quels facrifices il f?ljoit faire au ils ne prenoicftt


Soleil à certaines fêtes de Tannée ; quelles gnols les mani;
J
ordonnances , ou quels édits ëtoient en cordo^is trè^-vc

faveur des veuves -, des étrangers & des tionnois avec k


pauvres ; enfin rien n-échappoit à leurs la conformité a
*f* connoiflances , & ils pouvôient parler toient ; de forte

p<:rtinermnelît de toutes les chofes de je m*y rendis a\

leur pays qu'ils avoient rnprifes par coeur Garcilajp)^ Hi:

, & par tradition ; car chaque filet ou cliaque chap. 8 & 9.


nœud fcur remettoit en mériioire ce qu'il Ge n'éft paî

centenoit. . . . •
'.
Comme ils n'avoient indices que cet
aucun ufagfe dès ldh"'es',ib fanoient tout ture en quipos
leur poffible pour emp«?cher quelles ne nœuds a été c
leur éehappafl'ent de la mémoire ;' parce des Chinois d;

qu'un Indien qui n'avoit pas appris par Ott\ croit apper

tradition leurs comptes ou îcufs hifloiics de ces fils tre

s'y trouvoit a\ifli ignorant qu'un Efpngtiol gravures des ol

^\x un autro étraBgex,- J'èiw^occafion dans a ité établi en 1

".
. i
,

pu L A ^e À G t. 345

ma jeuneffede tnc rendre fçavant dans


l'art de manier ces ncfeuds. Lorfqne les
Indiens fujets de won père & les autres

curacas venoient à la ville , à la faint Jean


pour y payer le tribut , ilsprioiérit ma mère
qu elle me Commandât de revoir leurs ^ui--
puSj-p^LTce qu'étant d'un naturel afîez défiant,
ils ne prenoicftt pas plaifir que les Efpa-
gnols les maniaflent, ce' que je leur ac-

cordcris très-volontiers & je les colla-V

tionnois aveclejurs noeuds ,,pour en voir


la conformité avec le tribut qu*ils appor-
toient ; de forte qu*à force de les manier
je m*y rendis auffi h^ile qu'eux, w ( Vnca
Garcilajp)^ Hiftoire du Pérou, liv. vj,

chap. 8 & 9.
Ge n'éft pas tout. Nous avons dés
indices que cette étrange formule d'écri-
ture en quipos ou cordelettes garnie de
nœuds a été connue des Egyptiens &*
ces Chinois dans leur haute antiquité,
Ott\ croit appercevoir encore les figures
de ces fils trèfles & noués parmi les

gravures des obélifques. Leur ufage , s''iî

acte établi en Egypte comme un flçours


Pv .
,
,
'^5^

k 734^ Mè C H A Kl Vu É i
ê
mklium A
de plus pourexprimer ks pcnfécs , y aura
vcrba fug
été mélangé dans les monuinens publics

tracés en creu^ fur lés pierres , avec les moduni\ à i -\


'

figures ordinaires de l'écriture reW/^ re-

préfentative des objets nommés. 11 lemble à curiosd

4nême que le?^ prêtres du pays ayenl

confervé Tufage d'exécuter enfémble ces les premi


eu ceçe;
deux anciennes formules , long-tems encore
(

après rintroduaion publique vulgaire de &


'récriturev<r*^/c; puifqu' Apulée, (Mcum.
\ appellf^
Xiv. !>,) P^^?^ ^* décrire toutes deux à la

fois dans le paffage fuivant, « Un vieux diyerfcf;,

du fond du fanflualre trouvant


» piètre d'Ifis tira

écrits en caraft^resincon-
efpécesr <(

« > certains livres


^ >> nus : les uns en-figures d'animaux de toute foit cerç|<

Il TeSçm
-.» efpece repréfentant à reô^rit une fuite

» d'idées & de dHcours; leSyautres.entafies lettest Le

cn|raits.ou acceiis .l<es uns fur les autres


nœuds 01

n txÂés ,cîi noeuds , en roues ^ortueufes les nœud


qu'en
» & en fpirales comme )e$ iqrilles de b fai

p dit Fre
,» vigne. Cîétoit pour çmpêçhfcr les pro-
les "lire* pag- 609]
I» fanes curieux de pouvoir >*

adyù j^ profoat
Saccrdcs ftnex prctirms de o)p<rtis

us ^ delette
pro/ûrt quofdamlibros lituris ignorât iUt
fmnotaioSffuriimfigHris^cu/ufmodiani^
, ^

mklium co/^cpn fcrmomSy'compcndiôfy


vcrba fuggcnrucs ; .jfortitti nodojis ^ in
modum rotc^ , tariuofis ^ ,
ca^poL^imc^m
X^li^ fapfùalalim ) cpfiduijis apidbus
à curicMpraf^n^ icçUone muaUa*
Qi^^aij^rÇi^nois ^ içmi f^ure que daii^
les premieis fteçles de levr police , ils pnt
eu cet^e^ éaiture doiu l^^imajje & la for-

mule >'cft jCQi^fervée ù>m 1? noi?a de


^ffi>^ftwt^. dM^^ de J^^t|iVii^x livres

appe^^j/^^^iï^V ^ /^^ <^c

diY«%<ligii<?î,os^i^^^d^ fe

trouvent Ac di^ance en ^lifbnce dps


cfpéces, de nûeu(;U <<îjve]fts oy fermés ^
foit cerc}e$;& ^b^lf^^9 H^î^ ou noi^s*
Il refl^blç J^ im ai&^hj^ge dç corder
lettes* L^:cercle^ J^laacs fon( ^pmme les
nœuds ouverts, Seules cercle*^ noirs c;ojmmp^
les nœuds ierm^. Telle ei^ la'defcriptioa

qu'en fait le père Gaubii.. << On aflvu-e ,

p dit Freret , (MJ/w. de VAcad^ tome vj,


p3g*6o9) ^^ que ]e$ Chinois dans la plus

^ profonde ^iquité iè fervoient de corr


» delette^ nouées en guife d'écriture. Le
^ UQiiibfe d^^ uceud$ de chaque cordp
^ P vj

/
,

j> ftiîfoît uii taraftcre , & raflemblagie de? appliqué


>rcôfdés tènoit lieu cPune ç&ecé'cle livré méthode
V> Qj^i fervoît à faf>peller V ovr% fixer dani déféâv^l
MFefjh-jt des hothmes 'des homrties dei
M chofes qui iàns ideia ^ fè iferoîéntdfecées. w» quel(]^a
On nèpait^^e fbtt&rj)ni5'de't^ autrefois
l'i.

une nianièfe d'écrire (J extraordinaire en bérie ori

des fiëclcs &t en des lieux auffi diftam fepténti^ic

les uns des^ zmës cj(u*il fôîr poffiWe ,' i la lations 4'

Chine, enEgypte ^ àu^ Pérou. Si lè'ftiteft M. deC


vtai ,^ on feoif tèmé^^é pnriéfitmèr que ^xtraits^

cette formiiîe d'écrthw'é eft tiï! rèfte dei Cke-gùei


invention^ de Pancien thondè ,^''un art entînqit'
échappé k la demiirtre révolution ^qué les une écrit
eaux ont caufée fur fet ferfiice de notre de bois

-globe; Aii réOt ^ 'cette ^formùte'


'
n^ pas idées par

d*un genre d'invention qvt doive haturël- Ceci Inefl

leiriëitt tottîbfef dans Tefprit humain, en plusieurs

tanttle lieux éloigna et diffiïrens , à moins leur fl^


que ce ne foit pour marquer des nombres. moyen d
Auffi apprenons-nous dèl'DwnC^arcilaflb port d*A

que c'étoit à Cet ufâgé qWon Tavoit prer toient IX

mîeremcnt & principalement cmployécf. relations

y a donc grande apparence qu'après s^en


(11 pelle Foi
^re fcrvi à nom* ir, on Ta dans la fuite la Chine
:t

H^ tHJ^ G A Ô C 349
appliqué 4 (fautres (ignificationf, où cette
méthodp ne peut être que tout-à-àit
déféô^fe: i . ;

N<i«$ avons encore une indication de


quelcfUô 5Âiti« efpecë de formule d'écritur*


aUtr^fs ttfitée chez les peuples de la Si-

bérie orientale , ôc chez les Américains


feptenti^ionaux. On lit dansées anciennes re«
lations d'anàemr voyageurs Chinois ^ do^ît
M. de Guignev nous a donné de curieux
extraits, qtie les peuples Sibériens appelles
Che-gôd , placés au no^rd du fleuve Amilr
en tîrsuitVers les bords de laLénaavoient
«*-

une écriture compofée de petits morceauk


de bois , qui exfSrimoient leurs différentes
idées par la manière dont on les difpofoit.

Cecilpefli^jmble aflfez à Parrangement de


plufieurs petites pierres i, portant chacun
leur flj[ne mémorial & fignificatif , au
moyen defquelles les Péruviens , au rap-
port d^Acofta , lifoîent
'
, ou .gU^tôt réçi-

toient rOraifbn Domintcale. Les méhies


relations

pelle
Chinoises parlent d'un pays apr
FowrSang^ àécoaytvt à l'orient de
/
la Chine iiir -la. fm du cinquième fiéclc à^
,

950 Mi c « A VI simE
fève vulgaire par les navigateur Chiilois ;
& qui paroît être rAmérique fepten-

trionale de Toueft aujourd'hui inconnue;


où les peuples , difent ces relations i^votent
fuiage dîme e^pece4^écrituc^!C€^ peut
être vrai. Mais il ^K avôiitr que ces

Telatioos^ probablemoit vraies quant au

fend ôc à la découverte , contiennent


plufieurs dâails fort fiiipeâs^ c^oiquln?
finiment moins abfurdes que la fatie dé
ce prétendu voyage de l'amiral tle Fuente

6^ de fbn compagnon Bemardo dans cette

"même partie occidentale de rAmérique.


Il efti honteux pour la nation Franqotfe

4)u*ayant poflédé ii hmpttmps le Canada


^tte n'ait pas daigne fe mettre^u fait de

ce que contient cette v«fte ; partie du ils

globe y âtuée â roccidmt des Àflimboils tcri

& des Sioux. i

107. Oe ricritùnjymholîq^ue.

^ ' Plus les anciens peuples, oiit eu de police,


dTe^prit^ & de connoiflance» , plus, ils ont

Àendu Tufage de cette formi^e primitive


iTécritiire Âguri^e^ en la découmant par ui^

/
BV I4
fM Q ÀG B. l^i
fyfiéme général de dérivation, par TappU-
cation des figures non-feulement aux objets
réels qu'elles repréfentoient f ipais encore
aux qualités les plus fripantes de ces mêmes
objets. Cétoit encore fuivre la nature en
commençant^e Taltérer ; & il efl aifé

de pènfcr que la dépravation , commencée


fur un plan jii(quev-là fupportable , n*a ceflfé
d'augmenter avec le befoin d'exprimer
tant de coniidérations idéales , qui n'ont
plus qu'im rapport fort compliqué avec
les objets de U vu^ f feuls fufceptibles de
lui être- fidèlement repréfentés. Teft ce
qui eft arrivé aux Egyptiens. Après s'être

d'abord (ervi y comme les barbares , de^


figures des objets pour exprimer les objet^^
ils ont emplo)^^ jçcs mêmes figures comme
termes généraux iêryant à tignifier les

qualités dominantes dans ces objets ; puis


ils en ont fait des applications plus dé-
touméçs , particulières à leurs idées ; ap-
plications difficiles fans doute, qui n'é-
toient guère$ entec^dues qu'à force d'exr

plications & de conveotîons , & qui ne,

font plus été 4¥ i9]A k>rfque l'ufage d^


,s

cette méthode allégorique a ceffé cTétre

Colnmun^ ôc qiie la mémoire des inter*

firétations traditionellcs s'eft efiacée avec

le tems. jCene ^méthode , quoique fi em-


barraflfée qu'elle abicntôt dégénéré en
éijigmes 6c en myftere , étoit très-ingé-

nîeulè eh foi , 6c paroiflbit d*abord s*é carter


de la nature , moins qu'aucun^ autre pof-
'.f'
fible. Les Egyptiens paflcnt pour avoir
eu l*honneur d'une invention qui donnoit
une large étendue aux formules auparavant
fi bornées de récriture fauvage , ayant été
les premiers , dît Tacite , qui ayent inventé
d'exprimer les idées de Tefprit par h
V figure des objets phyfiqûes* Primi pcr
figuras artfnutlium JEgyptii mentis ftnfv
t;.^

iffingebant fiÊ^^àntiquiffima monumenta


J memoriœ humàitm faxis infculpta tranu
(Tacit. AnnûL £• i.) Il paroit même qu'ils
ne s'eiî font pas tenui»-là , & qu'ik ont fait

de ces figures des clefs générales , telles

i-peu-près que celles des Chinois , fiifcep-

tibles d'im certain nombre d'acceptions


de dérivations 6c de (ynonimes, fouvent
auffi mélangées par la réunion de plufieurs
Car Tomi I.

^v Lan AGif 35Î


fymboles fur une feule figure rendue
monftmeufe , t< .î qu'un homme à tête
(le chiea ou d'épervier , afin d'exprimer
'"
par un feul caractère toutes une idée
compliquée : ce qui leur a fervi à tracer ,*

tellement queUement , rexpofition de leurs ,

fciences. Les maîtres la feifoient entendre '

aux étudians à force d'explications. Après


quoi le monument imparfait qui reiloit
fervoit.à leur en conferver la mémoire. ,

io8» Elle ejl niceffainmcnt plus ancienne

qu€ ticriture liniraU,


Lucain, Tacite, MarceMin & beaucoup
d autres nous difent nettement que l'écri-
pcr ture ^fymboîiqne a précédé l'écriture litté-

rale ; 6^fi leur témoignage noas manquoit,


te fait n^ti ^sêèftM pRSpoiii^ nous nloins d'e\/V»
deiîcè y 'à^ cèttfidéfer 'la nature même des
chofefi tJn ait ëft mpdxfSkt à mefiirc qu'il
cft plus voifin de (k nai (Tance» Ce n*eft

qu'à force d'eiTais & d'hal^itude q,u'on par-»

vient à lui donner plus de précifion, de


promptitude & de netteté dans Texécu-
iion^ L'écriture pîirlîgiifes hiféroglyphiques

étaintpbJtidiâafCyftill comptkfUs^^itioinsi
)54 Mie HAK I s »( E
nette que ceîle par petites lettïes con*
ventionelles eft donc conftamment plus

^cienne. Outre que la convention qu^on


doit nécdliitrement fuppofer dans Fufage
introduit des caraâeres de lettres en eft

une preuve , je ne puis me perfuader

qu^il y ait jamais eu d'affez puiiTant génie


pour imaginer tout d'un coup , Ikns aucun
préalable , de réduire à de petits traits

coaventic^eb tous les fons de la voix,


tous les noms des objets extérieurs

& les noms des combinâiibns .qu'en fait

Tefprit humain 9 c'eft-^à-dire les pa-

roles 6c leur fyntaxe* Cette invention


ieroit fi merveilleuse qu'on ne doit pas
^'étonner fi quelques auteurs ont voulu
rattr)bufir % I>ieu m/ême , en diiànè que

la première écriture littérale s|voit été

celle qu*U avoiPtDàcée iiu* Iqs tables de

la loidonnée à Moyië. (Voyez Eujchii


Pr^par. Evang. cap. iV,) {IfiJor. Ori*
gin^ i. |.) ta nature va pied à pied de
petites inventions en petites inventions*
'
LVrprit humain ne fait pas de fi grands

pas. L'homme de géoie qui.chof ua


,9

>

/pu Langage. 35?

greffier s'eft avifé le premier


s con* peuple
it plus d'écrire des mots , 6c de donner de la

i qu*on permanence àiu noms des çhofes , na


Fufage fan;5 doute pas imaginé
pouvoir figurer
noms appellatifs des
en eft rien autre que les

rfimder objets réels qui tombent fous k.fens de


Ccft feulemeiit à ce fens fi, net
it génie la vue.
étendu, que récriture a d'abord
été
i aucun fi

5 traits relative , n'ayant p^r but que


de montrer
Tidée*
I voix, un objet ibfent , ^
œil,
d'crt exciter
main
jér leurs L'inventeur pour éc(tire olfeau,
'en fait a figuré un oifeau j un œil , une main^

les pa- Cela n'étoitxp^ t^p difficile à imaginer.

^ention Cependant celw qui a fait ce premier pas


oit pas a tout fait car^U a guidé les autres-
:

t voulu Comment prendre quand il a fallu


$V
écrire d<t noms 4e cbofes qui ne tombent
iru (lue

oit été point fims le fens de h vue , telles que

btes de font par exemple les qualités ? On a figuré


les objets vifibles ou ces qualités domi-
Kufchii
on a figuré un oifeau pour
noient :

pied de fignifier vÙ€p ; un œil pour atuntion ;


un
întjpns* une main ppur pui£anc$ ou aSion ;
grands vieillard pour la mon : peut-être, &
pour le dire en paflant^ eû-ce de
cesfiijures
Mf lia
.m

3V< M É CHAH SMk I

qu'eft venue Thabitucle de perfonalifcr tant

d'êtres qui n'exiftent point , comme lamort,


Famour , la fortune , la nature , & tant
^<.
d*autres relatifs qu'on a fini par prendre
pour autant d^êtres perfonellement exiftans.
Quoi qu'il en foit, rapportons ici une phrafe
entière écrite en formule fymbolique , telle

qu'on la trouve dans Clément d*Alexan-


àrie\Siromat. liv, v.) «^On voit , dit-il,

^ à Dfoipôlis en Egypte dans un temple


» appelle PyMn> une infcription portant
n les figures d'un etifant, d*un vieillard,
wfd'un ëpervier , d'un poiffon , & d'un
>f crocodile. En ce langage , enfimt fignifie

» la naijfance , vieillard la mort , ëperviei


f> JDUu ,
poiffon haine , crocodile impu*
f>.J$nce. t)e fotte que cette infcription
» paroît fe devoir traduire par iC maxijne^
If iiiivante. O vous tous qui naiffei Çc qui
» mourei^(o\x plus fimp!cment)/ftt/2^j &
» vij^r , Dif^u haie les impuJens. » Les
bonnes ou mauvaifes quàlit^^s Homme
d'un
fè figuroient en peignant cet homme avec
la tète ou quelque ^utre niembfe de
'

Paruntal rccomftumdable par ces qaâlit^ i


,

DU Lan g a g e. 357
avec une %ètt de chien ou d'épervier^
alifcr tant
avec une patte d'oie , &:c. Les adjeAifs
lelamort,
exprimantjçiijours des qualités s'écri voient %
, & tant par la figure d'un animal.
r prendre

itexiftans. Nondum flumtneas Mtmphîs càntexen hîklos


une phrafe Nûveraif & fûxis tant^mvolucrefqiie fentfue^
Sculpta^U^ervabdnt msgicasammalia iinguaj.
ique , telle

d*Alexan-
-'" LuCAN, Lib. iij.

' *

)lt , dit-il
Alors la route sVft élargie. On Ta
un temple fui vie par habitude &C comme uiage reçu ,
m portant peut-être même loftg-tent|>s après avoir
vieillard, reconnu qu'elle étoît difficile , & qu'elle
, & d\m menoit mal : & quand on a pris la ré-
ant fignifie folution de lajrendre moins embarrafTée^
, ëperviei de la frayer par uiMhouvçIle tnéthode ,
îile impu" on a fans doute en la redre^ànt fuivi tant a

nfcription que Ton a pu les direâions de l'ancienne


i, maxiine^ OÙ Ton avoit aCt^iitumé de marcher.
ffil Çc qui Les Égyptiens n'ont donc eu dans les
) Jeunes & premiers temps d'autre écriture que la
tns. » Les fyniboliqui. hcs prêtres d'Egypte la con-
Lin homme fervereijt parmi ei'x , ihême après v> que
nime avec l'écriture littérale fut devenue la (èule
èmbre de vulgaire &c cootioueref^ à ce qu'on
I ^
s qùâlicés I
,

358 M i C H AN I s M E
affure, de remployer pour les chofes fa- "es énigm
crées ; les vieux ufages fe retenant toujours uns doute
par-tout pour les chofes de religion, les mœurs
tant par reipeft -p que parce qu'ils ont •ftyle & la

; . Tair de myftere qui lui eft convenable. célèbre ^ d


Alors cette écriture fat nommée fculpturc police mon
facrit , en grec hiiroglyphcs. trompe , h

109, Dtjla formule d"écriture égyptienne, /bphie ; et.

ElUétàitvulgairty&nonmyjlcricuCe, digieufe de
Elle eft devenue pour les fiécles pof- mauvais go\
te'rieurs un grand objet de curiofité : & i demi^ro
comme cette formule d'écriture fymbo- arts, 6ns I

Fique d'un peuple déjà policé tient , d'une àquiksautri


part à la méthode tout-à-fait grofliere les connoi]
d'écriture primitive in rekits dont elle eft àepiâs fur[

(dérivée; & Jautre part à fécriture lit- toujours le

térale dont elle a dans la fîiit^ donné l'idée ks fbndai(

& fourni , leîon Tapparwice , les plus cefferon^j;

anciens caraAeres Ç Voyez n^


& ce^ qu'i

je ne craindrai pas de i^'arréter encore plus dignes


far cette matière qui tient de fi près à Par mat
mon fujet, tant pour la fàire^ corinoître trop éloigni

avec, plus de détail Cbie de


, que pour mettre fur d(

^Jis voies les perfonnes curieufes qui vou- ^écriture

droîént tenter de déchiffrer ces ancien- que ccHK


q
/
,

DU L AN G A G È| JÇÇ
nés énigmes. Elles nous apprendrôient O
uns doute y des cho&s fort iingulieres, fur

les mœurs , les ufiiges , les opinions , Je


ftyle & la façon de penfer d'un peuple
célèbre ^ dont on ne peut aiïez louer la

police morale; mais dont on a , ii je ne m^


trompe , beaucoup trpp vanté la philo-
fophie ; étonnant par la grandeur pro- '
<^
digieufe de fcs entreprifes , &£ par le
mauvais goât de leur exécution ; peuple
l demi-groifier , fans élégance dans les
arts, ^ns logique d^ms les fciences; mais
à qui lesautres nations reconnoiflent devoir
les connoiiEmces dans lefquelles ils Tont
depuis (urpaiTc. Les fcieiices lui rendront
toujours le refpedl qu^un empire doit à
Tes fondateurs ; &c les gens de lettres ne
ccfTeront^ {«mais de feg^rder fes monimens
& ce" qu'ik contiennent comme ua des
plus dignes objets de leur attention/
Par malheur les fiécles de l'Egypte font
trop éloignés de nous pour qu'il foit pof-
dhle de donner im détail de la formulé
d'écriture Eigyptienne , auffi-bien. fuivi

que ceiitic que je viens de rapporter de


,
t;?^

I f* ««k

360 MÉG H A N I S M Ê
logue d'hiér(
rëcriturè des Américains. Nous' n'avons
faite en une commentaire
.lucune traduftion (Hivie ,
*
.

Il on grecque p;
langue connue , de quelqûçs-uns des grcinds
Ge vocabulair
iTionumcns hiéroglyphiques qui nous rtf-

(jii'une partie
tent ,
qu'un tong fragment de celle qu'Her-
car il n'expliqi
nrapion àvoit donnée de robélifque au-
( V ft l'ouvrag
jourd'hui élevé à Rome devant l'églifc de
puiire confulh
Latran. Mais quoique le tradufteur oir eu

liii'iogiyphiqiK
le foin de marquer dans fa verfion les

un grand; non
faces de l'obélifque qu'il traduifoit, eu

de
il parok néan;
égard À la pofitton qu'il avoit /on
pliages cle Tant
tems , tomme le monument a changé
plncative s'éto;
que les figures qu'il explicrie
L de clace ,^ qu'au, tcm.*: de
ne font liï ïnentiorînées ni jointes à l'ex-

plication on ne f<jait plus à quel endroit ^^ n'a été ^n


,
Ij^iivafion des J
des fculpnircs il faut rapporter le fragment
dans veroit auffi d
de traduftion |;recque qu*on lit
<lans quantité
Ammien Marccllin. Gn renco^itre dans c

tiailier dans le
!es* anciens écrivons quelques explications
de Clément Al
ifolées du fensque \ei Egyi^tiençdonnoient
On verra
à certaines figures. Horapôllon Panopo-
d;

mit ^gures fignifien


litain , qui , au rapport de Suidas ,
puis qu'elles r^préfe
une école de grammaire à Alexandrie,
feulement les
à Gonftantinople au tems de Théodofe
1

Mire naître l'id


> a drcffé en fa langue maternelle àncata-
, logue Tome 1. 1

1
/'

, DU L A H G À C E. 36!
loguc d'hiéroglyphes accpmpagné d'un
commentaire exphcatif , dont la traduc-
tion grecque par Philippe nous cft parvenue.

Ge vocabulaire en deur livres paroît n'être

qu'une partie d'un ouvrage plus étendu ;

car il n'explique que des figures d'animaux.


Ç'cft l'ouvrage le plus détaillé que l'on
puUrc confulter fur le génie de la langue
hiéroglyphique , dès-lors inufitée depuis
un grand* nombre de fiécles, mais dont
il parok néanmoins par plufieurs témoi-
gnages de Tantiquité que la tradition ex-
»
plicative s'étoit en partie confervéé juf- •

qu'au. tem.*: de la domination P-omaine,


Se n'a été entièrement perdue que par
Ij^nvafion des Arabes en Egypte. On trou*-
veroit auffi des explications répandues '/Ê3

dans quantité d'anciens livres , 6c en par- »C


ticulier dans le cinquième des Stromatcs
(!c Clément Alexandrin.
On verra dans ce vocabulaire qiif^ les

ligures fignifient , non-feulement les objets

qu'elles r^préfentent naturellement ; non -


feulement les chofes dont elles peuvent
iiiire naître l'idée par des allufions faciles

Tome IJ Q
w • awi
j ^ • J o y ^ ,

3^1 MÉCMAjt^ISME ^1
mais encore qu'on les prenoitTI trine fècrettc
à faihr :

en des fens tout-à-feit détournés , éloignés, tluite abfurd

& dont la vue de ces figures ne nous^doiW doftrinç dar


moindre idée tant ils font graver da
neroit pas la , la

énigmatiques à notre égard. Ils ne f ne


k de la teni

des p'ropr jtcs


fouvenf fondés que fur Je penfe do
fingulieres ou imaginaires que les Egyptiens burton , qui

attribuoient aux animaux ; fur de ç)rc-


matière qi
,

naturelle fur des qu'une in véni


tendus faits d'hiftoire ;

opinions
préjugés puériles, des eontes ou convenable ;

populaires qui dévoient néantmoins


ctrc
& à laquelle

généralement répandues ,
puifqu'clles de dans le tetn
^
venoient la bafe du langage commun. (Icfaut des le
Egyptienne
Elles décèlent dans la nation vention n'étc

une exceffive crédulité , en même teins


qu'elle le fut

^'une affez mauvaife méthode de ra- cienne pratiq

foni^cr 6c de déduire les analogies. C'eil grofliere mëtl


hiéroglyplu^
ce qui a^r-tout rendu les, cjriologiquej,

my'ftérieux pour noiis. Car je ne puis


fi

pour la nation qu
croire qu ik le fuffent
c d'ccrUur
en ni qu'on fe (ut avi
faifoit ufag'é ,

d^expofer en. public des infcriptions


que On ne dôi
pas fçu lire. Cette feule que deux geii
le public n'auroit

fîxpofition çft une preuve que l'écriture en Egypte, f<;

doc-
hiéroglyphique ne cpnterioit pas une
les fiecles qui
,

DU Lan GA G É. 36^*
trine ftcrette, puifque ce feroit une con-
duite abfurcle que de placer une telle
doftrinç dans les carrefours , au lieu de
la graver dans rintéiieur des temples , '-^•>*

k de la tenir cachée dans les fanftuaires.

Je penfe donc avec Wilkinds & War-


burton , qui a excellemment traité cette
matière , que les hiéroglyphes ne font
qu'une invention imparfaite & défeftueuf^
convenable aux fiécles à demi-fauvages
& à laquelle les Egyptiens ont eu recours
dans le tems de là haute antiquité^ k
défaut des lettres alphabétiques dont Tin-
vention n'étoit pas encore trouvée. Lorf-

qu'clle le fut , elle leur fit abandonner Tan-


cienne pratique, qui n'étoit au fond que la
groflierc & Amplement
méthode primitive
c jriologiquej^unpcufafînée & plus étendue.

no. Lc^ ^Syp^icns navoient qiiun genre

d'ccrUurcftrvanCdtousUsJlyUs,,

On ne doit , à vrai dire , reconnoître;


que deux genres d'ëcïituf^î ayant eu cours
in Egypte , fçavoir le figuré , en ufagc dans
Iv.*^
fiecles qui ne nous font peut-être plus

\
,

^€4 MiCHAKI ? ME
connus 6c ralphabëtique proba- dont not
giières ;

lors de rëtablil- propre ;'i


blement déjà invente
Egyp-
fcmcnt des plus anciennes colonies preiqu*airi(

4 tiennes dans la Grèce , où Ton n'apperqolt foit en V


m I

figurée. Si War- hardi qu


aucune ttacedeTëcriturc ,

^n
burton admet quatre efpeces d'écriture . la poëfie.

Egypte , c'cft qu'il divife , après Porphyre


. iw.Ils éi
Técriture figurée
>'
6c Clément Alexandrin ,
fins
en trois efpeces ; fçavoir la curiologiquc.

^ui repréfentoit Içi chofçs énoncées


lous

( k»c«^ propnus Laforn


leurs propres images ;

%4^i»\êyi^propriuifirmo;) laJfiSteliquc tellement 1

qui par la repréfentation ^un objet ^toit oblig

donnoit à entendre , non Tobjet rè- en plufftui

préfcnré , mais un autre objet ou quel- qui n'avoti

que idée qui y avoit un rapport


aflcz n'en avoie
compliqucc figuré.
clair V &C rénigmatiquf plu»
jet

que la précédente, loriquc le rapport étoit kmtcur , )

hazardé & difficile à fàifir. Mais ces trois victoire ,

le befoin unique^ n
manières de s'exprimer felon
en conftituant trois ufages des mots ou me , &c. l
caràfteres , nô font pas trois manières hornc , ^on

décrire. Ccft le ftyU qui change & C'tl.piui^

comme nous n'avons Horapolloi


non récriture ;

les mots Uire les m


qu'une mime manière d'écrire
A
1p4j Lan g Ad i. 36c
dont notïs nous ferions ^ foït en ferts

propre ;'foit en fens figuré ou tropique


preiqu*airi(fi commun que le fcrts propre;
foitén un fens encore plus figure 6c très-
hardi , qu*on n'employé guèrci que dans

. la poëfie. \-' f

.
III. I/s ittndoUnt chaque fipurt à divers
fms propres y mithapHofiquts ^
ou emblématiques,

Lafisrmule d'écriture Egyptienne étoit


tellement bornée ^ar fa nature même jqu'on
^toit obligé d'employer une même ^gure
en pluficurs fens &c acceptions diffié|^ntes
qui n'avotent aucun rapport entr'ellès , &
n'en avoient auffi prerqu*aucun avec l'ob-
jet figuré. Un iptrviêr fignifioit Dieu ,
hauteur , profondeur , Excellence , fang ,
vicloire , ame. Un efcarbot fignifioit //i
unique , naijfanu^ p^n , monde , Ao/n-
r^Jt , &c. \Jn vautour fignifioit mère , li^ ^
horm y ^onnoif'anu de l'avenir , année ,
cîtlpuU U poids de deux dragmes , &c.
, ,

Horapollon rapporte dans fi^n Commen-


taire lç$ motifs de chacune de ces accep-
,,

>tion$ , &c nous apprend aufli qu'onpouvoft etoien


icrire un même mptpar ifférens cgraftcres pour 1

figurés, îl eft affez vraifemblaWe cfuc c'eft avoien


dans Tart de troi^r des emblèmes & tion j

. 4'appliquer aux objets desTignifications df traditi^

tournëes que ccmfiftoit une partie de la doc- les le<

trine facerdotale & myftérieufe des Egyp- pas de


tiens. Le befoin d*exprimer les penfées par peuple

écrit' qui augmentoit toujours avec la très-lo

culmre de fefprit ; la nëceflîté de les ren- obfcur

dre par les images des %ures nan^relles, fimple.


<:i
feule in^ ntion alon connue ; Textréme fe foiei

difficulté d'y réuflSr par cette méthode Ils avo


inruffifame , ca^gjfoit le génie des prt%e$ nois , [

& des dofteurs du pays k chercher dans trieux,

les propriétés d^ ^re$ des rapports au garden

moyen defqueU on pftt parvenir à ex- d'écriti

primer certaines locutions par la peinture carafti

naturelles. C'étoit faire


de certaines images f

chez eux , fans doute une grande preuve


, métho
44||iige(re &C de pénétration que d'ctre à chaq
- unes
venu à bout de trouver quelques ordina

de ces formules difficiles & d'en enrichir Tiirplif

le langage écrit. Cependant les rapports niétho

quoique fondés fur les opinions nationales des let


D tr L AN G A G t.

ëtoient tellement forces, qu'il falloit bien-


pour les fiiire entendre , que ceu\ qui les

avoient trouvas en donnafient rexplica-»


tion publique. Elle fe perpëtuoit par
tradition, & par le foin d'en renouveller
les leçons de tems à autre. Il ne faut
pas demander comment les Egyptiens,
peuple inftruit & police , ont pu ^rder
très-long tems une manière d'écrire auffi»

obfcure & auffi embar^fTëe. Cela eft tout


fimple. Il eft au contraire furprenant qu'ils

fe foient enfin dëterminësi l'abandonner.


Ils avoient jufqucs-là fait comme les Chi-
nois, peuple non moins inftruit &c indus-
trieux , qui , malgré ie^exemples contraints^
gardent encore aujourd'hui leur efpece
d'écriture fymboliqoe chargée de 80000
carafleres. Rien n'eft plus difficile que de
faire prendre aux nations de meilleures
méthodes de faire les chofes qui fe font

à chaque inftant. Tout ce que Ton peuf


ordinairement leur perfuader c'eft dtf

fiirplificr & de reôifier peu-à-^peu lfi|

méthode habituelle. Mais enfin l'invention


des lettres 6c leur uiàge infiniment préfe*

Qiv {?
,,

)68 MiCHANISMt
table fit oublier au public le fens de ces
fculptures groffiçres , où nous reçônnQifTons
a peine aujourd'hui les images des objets
propres , tant ils font mal figurés. Les
prêtres feuls en conferverent le kns parmi
eux : xe une partiêAConfidérable de
fut

leur doftrine que d'avoir Tintelligence de


cette vieille écriture des fiécles fauvages
qu'on nonuna hiérogrammaeique oufacréc^
pour la diftinguer de Yécriture littirau.

112. Explïcanon des divers caractères

hiéroglyphiques.

Dans le grand nombre d'exemples que


contient Iclivrçd'HorapoUon fur lamaniere
des'exprimerparécritfelonlafiormulcEgyp-
tienne , j'en vais citer quelques-uns con-

tenant des allufions , tantôt affez vifèles


tamtôt pl)u ou moins forcées qu'on ne devi-
ncroit jamais fi l'auteur du voCîdbulaire n'eût
ajouté le commentaire explicatif. Ils fervi-

rônt à faire çonnoitre la tournure d'efprir du


peuple Egyptien ; fon goût particulier pour
l'hiftoire naturelle, dont il tiroit la plflp'^rt

da allttfions ; 6c en même tems ù, facilité


,

iu Langage. 369
de CCS i donner im libre cours à toutes les
pifTom fables qu*on débitoit alors fur les propriétés

objets des animaux.

'S. Les L'aveuglement eft repréfenté par une


1 parmi taupe. L'amour par un iacct. La vigilance
ble (le & l'exaftitude par une tête de lion. La
rice (le un cœurfufptndii à un gcjier.
franchiie par

vages La vengeance par une corne de vache.


facricj La cruauté , le caraftere impitoyable par
raie. un homme à mi - corps tenant une épie
nue. L'impoflîbilité de faire quelque
"tf cître$
chofe par deux pieds marchansfur L'eau.
L'impudence eft défignée par une mouche
les que qui revient toujours quoiqu'on la chafle.
ianiere La pénétration d'efprit par une fourmi
DEgyp- qui fe gliffe dans les lieux les mieux fermés

s con- pour manger ce qu'on y a reflerré. La


filjles, deftruftion par unefouris qui ronge tout.

edevi- L'imprudence par un pélican parce que


y

e n'eût lorfqu'on allume du fini autour de fon nid


fervi- il
y va brûler fcs ailes , & ne peut plus
pritdu i*pr(î$ cet accident échapper au chafTeur

r pour qui le pourfuit. La doftrine & l'érudition


)Iilpart par un ciel vêffant de la pluie qui nourrit
^acilité les plantes comme laicience fait frudifior
570 Mè C H A Kl s M n

les çfprits. La mort par le corbeau de riult

{niclicorax) <\\x\ enlevé tout-à-coup les

^ comme la mort enlevé


petits <le la corneille

les hommes.
/ \
Une langue & un œil , ou une langue
& une main J\%n\fimt M/cours ; la langue
y faifant le principal office & le fécond ;

ëtant rempli , main qui trace


foit par la

les images des chofes dont on parle,


foit par l'œil qui les apperçoit.
S'ils parlent d'un tumulte ,
d'une fcdition

populaire , ils peignent un homme ami


lançant des flèches.
Pour défigner un vieux muficien , ils
mourant.
peignent un cygne qui chante en
mange qu'on
Un homme qui fignifie

avertit d'une heure marquée ;


parce qu on

prend fcs repas à deiv heures réglées.

Une chauve-fouris fignifie une bonne


cet oifeau étant le feul qui
ait
nourrice ;

des dents 6c des mammelles. la chauve-


fouris fignifie encore un homme foibh
forces,
qui entreprend au-deflfus de fes
vokr ikn$ avoir
parce que cet animal veut
clc véritables ailes.
y

DU Lan GÀG É. 37f


de nuit Une ligne fighifie un nombre ; & s'il
y
oup les
a une ligne tranfverfale fur Us autres ^

t enlevé elle décuple le nombre.


Le nombre feiie fignifie le plaifir ^le^
Taînour , parce qire l'homme en devient
fufceptible i fe: ^^ ansqui eft l'âge de la
puberté. Ce nomlre figuré deux fois Çigmdt
riiabitade qu'ont enfemble un homme Se
mQ femme. Si Ton veut faire entendue
que un mari qui a commerce aveè
c'eft

fcdition fa femme , on peint deux corneilUs parce


,

ne arnii que ces oifeaux sîaccouplent dans la même


attitude que Tefpece humaine. ;

S'ils veulent dire qu'une femme ^ft


accouchée d'un garçon , ils peignent uk
taureau tourmmt la titt À droite^ Mais
lis la tournent à gauche fi la femme a feitune
fille. Car lorfque le taureau a couvert fe
femelle, en defcend à droite, c'eft
s'il

»me marque qu'il a engendré un mâle


,
& une femelle s'il en defeend à gaucha.
Si la femme dont on veut parler a fait
une fauffc couche , on peint une cavalle
fnarchantjurun Uup; jparce qu'une jument
rîciiiQ^vortc fur le ckmip lorfqii'elle viept

Qvj

/
%^% M i C H AM f s M 1
feulement à fouler la pifte récente cruii

loup. Le mot avorton j


siéent par b
ligure if une grenouille, cet animal n'ayaiu
pas tous (ts meipbres développés au teins
de ùt naiflance;
Pour dire ,qu une femme ajlcs inclina*
-

lions d'un homme Se qu'elle veut être la

nfaîtrefle , ils peignent une belette; parce


que le mâle cU la belette a la partie du

fexeoffeufe. S'ils veulent faire entendre


qu'elle a iaufond^de Tame de la haine pour

fon mari qu'elle feint d'aimer , ils peignerit

une vipère ,
parce qu'au fortir de l'accou*
plemet^t la femelle mord le mâle & le

tue. -

S'il» veulent dire qiAme perfonne fc

laiffe trop tacilcment aller aux difcours des


flateurs , ils peignent un cerf& un homme

qwjom df^lajtûte; car le cerf fenfibleà

la mélodie des inftrumens fc lîûffe fiir-

premlie par le chafleui.

S'ils veulent dire qu'un homme firp-

pocte les malheurs qui lui^ arrivent fuis

en être abbatu \ ils figurent la peau d'une


hyennt , parce qu'elle a la propriété de
I

1 bl7 L An gage. 371


:ente criiii tenlre invulnérable celui qui en eft revêtu;
rit par b tellement qu'il peut paffer au travers d'une
lal n'ayaiu armée ennemie fans recevoir de bleffuresr
es au teins S'ils veulent par]ei\d'un juge qui rend
bien également juftice à tout le nionde
,
5S inclina* '
ils peignent une aile d'autruche avec les
eut être la barbes égales de part & d'autre de la
ute; parce tige : au lieu qu^elles font toujours Inégales
i partie (Itt aux plumes de l'aîle des autres oifeaux.
î entendre Le même auteur fait encore riiiention

haine pour d'une manière très-fingidiere que le hazard

Is peignent fourniffoit quelquefois de rendre par


de l'accou* écrit certaines expreflîoils en figurant un
îiâle & le objet dont le nom fiifoit une équivoque
ou un jeu dé mots avec ceux qu'on vou-
rerfonne fc loit faire entendre. Par exemple : Bai en
lifcours Jes Egyptien fignifie Ame: Eth figniSe arj/r,

un homme & le mot Baitik qui réunit les deux fyllabes
f fenfibleà {\p\\î^ éperyieri Là-deffus les Egyptiens
lîûffe fUr- pour écrire les mots une ame vigoureufe ,
ou un cœur b'un anime, {^v^if tyMm^^n^^
3mme firp- qu il n'auroit pas été«pofHbIe de/rendre

TÎvçnt .^uis direâement par aucune figure </ifible ,

peau d'une peignoieht un ipervier. En lifint , ir'eft-

ropriété de à-dire en voyant ce^e image d'im


^ ^
/
T

374 M É C H A N i s M E '

entendre aux CToyoient


ëpervier baicth y on fairoit

auditeurs les mots bai & cth , amc 8:.


car elle eft

foi-mcme prciens dans une


cœur ; ou on les avoit
ou fculptés
à la pcnfée. Les Egyptiens croyoieiit cjuc

dans gypte à R(
le fiége' principal de l'ajne étoit le

deux ou tj
cœur. De plus , ils etoiént , ainii que la

culaire fur
plupart dt^s anciens Orientaux, dans Tidée
indiquer qi
que l'aine eft entretenue &c nourrie par le

dans' la c
fang : ce qui conftituoit encore un Julie

rapport entre Va/ne & Vcpervier qui ,


écriture ,

dilent-ils, ne boit jamais que dw fang au & deshabi


par Diode
lieu d'eau.
cette dire6
113. Moniimcns d'ccrltiire égyptienne.
par la fori
Direction des lignes, tiens ne p
une manie
, tl refte encore en Egypte un grand nombre
de leur écr
de monumens de cette ancienne écriture ,

fonféjour
& fur-tout en Thébaïde , dont' perfonnc
autant fieurs figi
n'a décrit les antiquités avec
chargés d'<
d^exaftitude que Norden voyageur Danois
par lignes
qi^i remanta le Nil juïqu'aux Cataractes
en 1737. Ceux que nous avons en Europe
Il y a pat
vêtue d'vi
font peints fur les handelettes de quel-
far d'écriture
ques monnoïcs , ou incruftés en argent
les fçavans
firis qui ei
la fahieufe table Ifiaque (que
#
D U L A N G A G Ë. 375
CToyoient perdue ,
je ne fçais pourquoi ,

car elle eft publiquement expofée à Turin


dans une fale du trëlor des archives ; )

ou fculptës fur les obélilques amenés d'E-


gypte à Rome. Ceux-ci contiennent une ,

deux ou trois lignes d'écriture perpendi-.


culaire fur chaque face : ce qui fembleroit

indiquer que tel étoit Tufage dçs Egyptiens


dans- la dire<^iotî des lignes de leur

écriture , femblable à celui des Indiens


& deshabitansdelaTaprobane mentionée
par Diodore , /. i , 71""
57. Cependant
cette direftion peut avoir été déterminée
par la forme des obélifques. Les Egyp-
tiens ne paroiffent pas s'être attachés à
une manière Invariable de diriger les lignes

de leur écriture. Richard Pococke , durant


fon féjour en Egypte , a fait defliner plu-

fieurs figures dont les vétemens font


chargés d'écriture hiéroglyphique difpofce
par lignes horizontales comme la nôtre.
Il y a parmi celles-ci une très-belle Ifis

vêtue d'une efpcce de juppe couverte

d'écrimre horizontale. Mais la ftatue d'O-


firis qui eft à côté , & qui paroii évidem^
,,

logue Tome L '

376 M É CM AN I 5 M E du;
.ment fabriquée de la même main pour Iciir fépulture ,
être le pendant de l'autre porte fur le dos
, quelles furent
une bande chargée de deux lignes per-
(le ces rois : c
pendiculaires , & par devant , au milieu étendu jufqu'en
d'une autre
d'une elpece de tablier pliffé ,
ri n de & fur le f
ligne d'écriture aufli perpendiculaire. lonie : quels {

Les trois lignes failptées fur chaque payoit/SrTa c


face des obélifqvies à Rome , commencent entretenoient
probablement du haut en bas , ( ce qui (Phommes. Oai
eft plus naturel" que de les prélumer
bon que ces infc
écrites du bas en haut) & fe fui vent
de même genre
probablement aufli de droite à gauche
trouvées chez 1

félon l'ufc^e ordinaire de l'écriture orien-


s'accorde avec
tale.
/?.
53 ,
que Séf{

tantiquité fur que obélifques de


114- Tradition de ce \

ces monumens contiennent. vingt coudées


le dénombremt
Les auteurs qui ont écrit dans un tems tité des tributs <

où Ton n'avoît pas enco|-e perdu l'intel-


(les nations par
ligence de ces infcriptions lapidaires ,
portQ (^inTim.l
parlent à-peu-près du même ton de ce éh Egypte reft(
qu'elles contenoient. Selon Strabon ,
mémoire des I

liv. xvi/ypageSi6 , celles qu'il a vues fur


voit le fovfcv^nii
les obélifques drefles au-devant des ca-
elle-même au rr

vernes de la Thébaïde , où les Rois ont


fur lefquelks o
D U L A N G A C5 E. 377
IciiT fépulture , apprennent au voyageur
quelles furent la puiffance & la richefle

(le ces rois : comment leur empire s'eft


étendu jufqu'en Scy,thie,en Baftriane, clans
rinde & lur le pays qu'on appelle à prefent
lonie : quels font les tributs qu'on leur
payoit/SrTa quantité de troupes qu'ils

entretenoient , allant à près d'un million

(Phommes. On voit par ce récit de Stra-


bon que ces infcriptions étoient à-peu-près
(te même genre que celles que nous avons
trouvées chez les peuples du Mexique. Il

s'accorde avec Diodore qui raconte, /.y,


/?.
53 ,
que Séfoftris avoit fait élever deux
obélifques de pierre dure, hauts de fix-

vingt coudées , fur lefquels on avoit infcrit

le dénombrement de fcs forces f la quan-


tité des tributs qu'il recevoit tk le nombre
(les nations par lui foumifes. Proclus rap-
porte (i/2 Tim, Platon.^ que les faits arrivés
éh Egypte refloient toujours préfens à la

mémoire des habitans , qu'on en confer-


voitie foi*venir par l'hifloire , & l'hiftoire
elle-même au moyen de certa,ines colonne5
fur lefquelks on avoit dçcrit tous les boru
,

î
" 4f

378 Mi 6 H AN 1 s M E
cnfeignemens & tout ce qui ëtoit dlgae
fa i foit voii

netoient
de remarque, foit en aftions , foit en f
celles des
inventions. Lorfque Germanicus alla,
\
dit

Tacite ,
{Jnn, //. 60,) vifiter 1rs magni-
noient en
fiques refies de Tancienne ville de Thèbes,
placés danî
il y trouva des maffes de pierres couver-
je parlerai
tes d'écriture égyptienne qui atteftoit en-
deux , dit-i
core l'ancienne opulence du pays. Le
plus ancien des prêtres
donner l'expo tation , dit
mandé pour
que cela fifni-
^ de chofès
la philofoj

avoit eu à Thèbes fept cent Infcripù û


fioit qu'il y
mille habitans en âge de porter les annes :
tionemjEs
Il a voulu
que le Roi Ramsès en avoit fait une arm^c
avoit expri
à la tête de laquelle , il avoit conquis la

Perfe Médie tions hum;


Lybie , l'Ethiopie , la , la

la Baftriane & la Sc^fthie ; fournis les


d'objets n;

peuples de Syrie & d'Arménie & tout le


& en un {

la philofopl
oays depuis la Ca^padoce jufqu'aux mers

de Bithynie & de\ Lycie : qu'on y lifoit


découvert

imi)ofés aux nations le


je ne puis 1

auflî les tributs ^

poicls- des fommes q'or & d'argent ; le


flans la dé

aux temples
fan ce de ce
nombre des préfeni faits ;

fiftoit fur-t
Il quantité d'yvoire \& de parfums ,
de
cette fcieni
grains & d'uftenfiles que chaque province
détail qui
TaDcienne
devoit fournir ; en uni mot , un
m
r^

^
,

».'>

bu LA N G A G E. 379
faifoit voir que les richeires de l'Egypte
n'étoient pas moins grandes que l'ont été

celles des Parles &c des Romains. Pline


(xxxiij, 10^ )tious apprend ce que conte-
noient en particulier les deux obelifques
placés dans le grand Cirque à n'orne , dont
je parlerai bientôt plus \ au long. Tous
deux , dit-il , contiennent des explications
de chofès naturelles , Telon les idées que

la philofophie égyptienne en donnoit,


Infcripti ambo rttum nature interpréta-'

tionem jEgyptiortim philofophia continent.


Il a voulu dire , ce me femble ,
qu'on y
avoit exprimé les paroles & les concep-
tions humaines par des repréfentaiions
d'objets naturels , pris allégoriquemcnt
& en un fens relatif aux propriétés que
la philofophie égyptienne s'imaginoit avoir
découvert dans les chofes naturelles. Car
je ne puis m'empêcher de croire que c'eft

flans la découverte & dans la connoif-


fance de ces prétendus rapports qu^* con-
fiftoit fur-tout cette fageffe fi vantée ,*.& 'N

cette fcience myftérieufe des prêtres de


TaDcienne Egypte. Àmmian Marcellia
mois
qu'une même manière d'&nre les tairç Jes in

38a M É C H A-^N t^S ME


' paioît Tcntendre ainfj , lorfqu*iI s'exprime j^iine pi"

en ces termes , ( L. xvij , c- 4, ) qui ex- » tillons


pliqjLient aflçz bien ceux de Pline. «Un » thode.

» vieux refpeft dû aux monumens des » nature


» premières connoifTances a rendu célèbre » que fel
-r.
» cette prodigieufe quantité de notes & de » il n'y
» petites figures que nous voyons fculptées » fej^e iT

» de toute part en Egypte. L^ufage écoit » p^igîiei

» autrefois de graver des repréfentations >; figmfie

» d^animaux & d'oifeaux , même fantai- » joindre


» tiques .
, ou qui n^exiftent que dans » rend n
» un .litre monde , quand on vouloit Le mêmi
» tranfmettre aux races fuiVantes , la TEgyptiq
H mémoire publique & la connaiffancc fon hifto

» des grands événemens. C^s notes ap- des obéli

» prennent auffi quels font les voeux faits pompeux


» ou acquîtes par les rois du pays. Au- roi Ram
» jourd'hui un petit non; re de lettres que le n<

» convenues & d'un emploi facile , fuffit paroiflTen

» pour exprimer toutes les conceptions &: celle c

» de l'efprit humain. Il n'en étoit pas de Gcrtnani


» même autrefois , &c les Egyptiens n'é- venance
» crivoient pas Comme nous. Chacun de a/Turer qi

» leurs carafteres fait unnom ou mot plication

yf complet y
quelquefois même un km ou Ce que
taire les motifs dç chacune de ces accep-

» t; tÀKG A c K. 38t
j^une phrafe entière. Voici deux ^chan-
» tillons de leur Icience & de leur mé-
» thode. Chez eux- pour écrire le mot^
» nature , on figuroit un vautour , parce
» que félon leurs connoiffances phyfiques
» il n'y a point de vautour qui ait le

yik^e mâle : pour écrire un Roi, ils

» p^iglient Une rnoffche à miel ; ce qui


>; {\pmt que celui qui gouverne doit
» joindre la douceur à l'aiguillon qui le
» rend redoutable , & ainfi du refte. >y

Le même Marceilin a tire d'un livre de


TEgyptiqn Hennapion , & inféré dans
Ton hiftoire , la verfion grecque de l'un
des obélifques dif Cirque, contenant un
pompeux éloge kie les dieux font du
roi Rameftes. Mais malgré les rapports
que le nom de ce roi &: ks conquêtes
paroiiTent établir entre cette explication'
&: celle qu'un prêtjre Thébain donnoit à
Gcrîtianicus , on n'y trouve pas une con-
venance dans les détails fuffifante pour
aiTurer que toutes les deux foient l'ex-

plication du même monument.


Ce que nous difent tsjit d'auteurs bien
quoique fondés fur les opinions nationales

jgt MèCHANïSMK
inftruits , fuffit au moins pour nous affurer

que les hiéroglyphes font une écriture

réelle , telle quelle a été


inventée &
premiers fiécles avant
ufitée dans les

l'invention de l'écriture littérale ; & pour


nous inftruire en général de ce que con-
tiennent les monuméns de cette écriture.
foutenir
C'eft en vain que Pluche à voulu
qu elle contenoit tc^te autre chofe que ce

ni le père
que nous en avons dit ici. Ni lui ,

Kirker quiaccufe Hermapion d'impodure^


& traitent de rêverie fa traduction n'en

pas aut'ant là - deffus qu'en


fçavent ,

on de
fqavoient les auteurs dont ^^ient

lire les témoignages^ On va reconnoitre


à la lefture de cette verfion, qu'Her-
mapion , s'il l'a forgée, ne pouvoit
d'ndrefle
déguifer la fuppofition avec plus
& de vraifembUnce. Tout ce
qu'on y

merveille avec ce que


lit s'accorde a
\
nous apprend de la façon de
l'hiftoire

pcnfer, &
de l'ancienne croyance
de^

le teins
Egyptiens. Le pcre Kirker malgré
& l'érudition qu'il a perdu à faire
etFort

k^
pour recouvrer dans ces monumens
(les lettres ÔC leur Mlage uifiniment prétt*
Q iv

DU L AN O A G E. 385
chimères de la philofophie Porphyrienne ,

n'eft pas non "^lus mieux fondé à croire


qiie cette écriture étoit lettres clofes pour
le peuple & qu'elle contenoit une doc-
trine profonde , fublime & myftérieufe
qu'on vouloit cacher au public. On l'ex-

pofoit au contraire par-tout à (es yeux, /

grande Aarque qu'elle n'apprenoit que des -

taits célèbres dont on vouloit qu'il con-


servât la mémoire. Les prêtre» Egyptiens
ont eu , fans doute , des myfteres qu'ils
ne révéloient pas volontiers. Le rapport
(le rantiquité ne laiffe aucun doute à cet
égard. Mais on peut affurer que ce qu'on
expofoit ainfi a;^ milieu des places,, n'é-
toit pas ce qu'on vouloit dérober à la
connoiffance du public. ^

115. Traduction de rinfçriptlon hUrogly"


pJiiquc gravit fur un obclifque. autre-'

fols élevé en rhonneur du rçi Ramcfle.

Toutes les tentatives ont été jufqu'à


préfent inutiles pour trouver l'art de dé-"

chiffrer cette écriture énigmatique , & fi

(iiisuliere. Ce problème ,
peut-être ai»
,
aes JUiuiions ; oc en même tenis U facilite

>

5^4 MèCHANÏSME
fond plus curieux qu'utile , eft , fans doute

d'une extrême difficulté tant par les rai-

fons que j'ai déjà toU/Chées que par quan-


tité d'autres faciles ^ feniir : mais n'eft-ce

pas aller trop loin que de le croire nu-

paffible à réfoudre. Lorfque les tennès


d'une langue littérale font perdus , & ne

peuvent être retrouvés par analogie ,


:1

devient impoflible de retrouver la laivjne;


j
quand môme les carafteres de Ti^criture

nousrefteroient connus. Mais , par la ra)lon

qu'une écriture fymbolique exprime fes

penfées par des figures , & non par des

mots formés de lettres détachées, ne

pourroit'on pas abfolument parlant ,


la

deviner ; comme on devineroit les prin-

cipes de géométrie par les figures d'Euclide


dénuées de leur explication, ou les principes
d'aftronomie à la vue d'une fphere ai-
mlllaire ; comme on rctrouveroit un joui

à venir les intervalles & la jufte into-

nation du chant d'un de nos airs à la vue

des lignes &c des notes qui nous ier-


Ycnt à les écrire dans notre méthode
ordinaire ; ce qui ferolt , fans, doute
infiniment'
,

ï^iantës comme iskicience tait tnidifier

>

doute
es rai-

quan-
l'eft-ce

re Im-

terinès

,
&c ne

gie , :l

an<nie ;

ic rit lire

a railbn
rai

ne fes

ar des

s , ne

nt , h

s prin-

lEucliclc

rincipcs

erc al-

un joui

e into-

la vue

us l'er-

léthode

doute
,,

ce véritables Ail

. 1

386 MÉ C H AN î S M E
par rEmpereur Confiance , du grand
obélifque de Thebes à Rome , où il le
plaça dans le grand Cirque C'eft le m(?me
que le Pape Sixte V a depuis fait élever

dans la place de faint Jean de Latran


Cette infcription en forme de difcours

direft fait par le Soleil divinité de TEgyp te,


contient un panégyrique du Roi Rameftes.
Elle eft très-propre à nous montrer quel
étoit l'ancien ftyle des Egyptiens 9 la ma*
gnificence emphatique de leurs expref-

fions , &c des titres (ûperbes qu'on don-


nait à leurs Souverains. Le tradufteur a

eu foin de numérofôr chacune des trois

lignes de chaque face & de faire mention


qu'il commleuçoit par la face expoféc au

midi ; il finit par celle d'orient ; ce qui

montre qu'après avoir lu la face du midi


il continuoit à lire par la face d'occident;

tournant ainfi fur la gauche à mefure qini


parcouroit fucceffivcment les quatre faces:

&: ceci confirme ce que j'ai conjeifhiré

que les lignes fè fuivoient de droite à

f^auche. On ne fera pas fâché de voir

•ici cette pièce finguliere qui n'a jamais


/

©U L A N C'A G E. 387
été traduite en notre langue. Voici quel
en à-pêu-prêç le fens. Je le rends
eft
1^
plus littéralement qu'il m'eftpoflîble
, en

fuppléant quelque chpfe à la fyntaxe


, qui
dans le langage hiéroglyphique ne peut
,

manquer d'être nuigre^ obfcure & em-


barraffee. Le défaut de liaifon dans les
phrafes s'apperçoit aifément à la lefturc
de 14 verfion grecque, ^
J

'
\,

Ri;
,

ki . -^
A

%
388 MÉeH A N 1 s M E

A commencer ducô^é du Midi.


'

;
. 'première ligne.

Le Soleil au Roi Ramestes.


Je t'ai donné de régner fur la terre

au gré des nations.


Toi que le Soleil aime.
Qu'aime Apollon le fort , ramateur
de la vérité , le fils de Héron , le
fils

de Dieu.
Lui qui a fait le monde.
Roi
Toi que le Soleil a choifi,
Raiheftes , courage de Mars
Dont la forccA Taudace ont fournis
toute la terre ;

RoiRamcftes,immortelfilsduSoleiI.

\Dcuxume ligne.

Apollon le fort, vrai Seigneur des



diadèmes ;

Qui poffede l'Egypte & la remplit


de fa gloire;
' ^
Qui embellit la rillc du Soleil ;
,

y*»3

'
M,

t) V L A N G A G E. 3S9
f^

iu Midi. ^,
Qui donne la forme à la terre

entière
Qui/honore les Dieux habitans de la

li^ESTES. ville du Soleil;


Q"c 'è Soleil aime.
fur» la terre

Troifiemc ligne.
me.
,
ramateiir Apollon le fort , fils du Soleil tout

ron , le fils lumineux^ *

Celui que le Sôleila choifi, que le vail-


lant Mars a comblé de faveurs ;
:hoifi, Roi Celui dont la fortune n*eft' point
e de Mars, fujette aux viciflîtudes :

e ont fournis Qu*Ammon chérit ;


*
Qui remplit les temples des richeffes
îlsduSoleil. delà Phœnicie ,

j
A qui les Dieux ont. donn? une
longue vie;
eigneùr des Apollon le fort , fils de Héron.
Rameftcs le Roi du monde ;

& la remplit Qui a fauve l'Egypte & vaincu les

étrangers;
du Soleil;^ ^ Que le Soleil aime,
Riij
fçavans fuis qui ei
la fahieufe table Ifiaqiie^que le$

390 MÉ C H àK I s M E
J'ai donné
A qui les Dieux ont 4onné de
Ja
» longs jours :
A ce Roi
"
Rameftes rimmortel Seigneur du v<
.f monde. Et Vul
ch
Sur une autre face de rObélifque.
A c6 Prii
'
Seconde ligne.
Se

1 1-
Moi le Soleil, le grand Dieu, le
I
Seigneur du Ciel,
Je t'ai donné une vie exempte de

traverfes :
A la vii
^
' Di
Moi Apollon le fort, rîaoompârable,
le maître des trônes Etd'A
;

Le Seigneur d*Egyptc nous a élevé Que c


des ftatues dans ces Palais;
Que
Il a embelli la ville du Soleil :
Qui(
f
Il a rendu bornage au Soleil , au Que ee 1
'

ê ch
Seigneur du Ciel.
Ton ouvrage nous plaît. Que
Regr
O fils du Soleil , ô Roi immortel !

^ , Troijieme ligne* Ainfi

lui
Mol le Soleil, Seigneur du Ciel,
, , , ,,

fuis qui eft à côté , .oc qui paroit évicieiiv

DU L A N G AGE. 39I
J'ai donné au Roi Rameftes la force &c

la toute-puiflancc

A ce Roi qu'ApoUoh l'oracle de la


/
,

vérité, le Seigneur des tems.


Et Vulcain le père des Dieux ont
choifi en faveur de Mars
A ce Prince tout gracieux , fils du ^

Soleil, favori du So4eiK

Du côté d'Orient/

^ Première ligne.

A la ville du Soleil ; voix du grand


Dieu célefte , ^
Et d'Apollon lefortjfîls de Héron.
Que celui que le Soleil a nourri
Que les Dieux honorent
Qui commande 4 la terre :

Que ce Roi vaillant que le f^leil à


choifi en faveiw: de Mars ,

Que ce Prince chéri d'Ammon


Règne à jamais dans la ville du
Soleil: ^

Ainfi Pordonne le maître de la


lumière.
Riv
,

vcrnes de la Thébaïde , où les Rois ont ' ^^^ lefquellfes o

391 M ÉCH A N I S M E D V
verain de l'Ej

pieux r^ppor
N O T E S
Ramejie.]
Sur F Infcription Egyptienne. hauteur , l'ék

Le Soleil au Roi Rameps.'] On lit pour de dignité , il

titre dans plufieurs exemplaires de Mar- ujUc^èl à ceh

cellin. i^oici ce que nous avons donm le grand feigr

Ramep.Ce Dieux qui rOrient , le J.


au Roi font les
parlent: Le P. Brunelli JéCuite , {r^l le nom de la

Lindenbrog. Obferyî in Jmmian.y {ii (le père du i

Bargaeus dans fon Traité de VGbéllfqiu latine ^cjhi^i

Flaminien ) ( Vid. Grcev. Thef Ant. t. iv,) perpétuel.) Lé

ont fuivi cette leçon dans leurs traduc- &: ont fait là-

tions latines qu'on peut comparei: à la Le pur oricn

On légères notre langue


lîiieme. y trouvera quelques ]

différences. Mais je n'ai fait que donner ^M-EST e{


aux paroles un fens un peu plus intelli- rendre par ce

gible & fuivi , en me te^iant le plus près d'Jluffe crier

qu'il eft poflible des termes grecs. cfiption ce 1

Le Soleil.] Je ne doute pas que le mot titres de //i^i

Egyptien ne foit EL ou ELOAH {Deus) Qn ne peut §

d'où les Grecs ont tiré leur mot haioz ne foit le fan

(le Soleil.) £/eftuneëpithetequidéfigne jugué l'Afie;

U force & prife comme titre


y
de dignité dans le tcmp
^
tapuifjlncc. Le Soleil eft le fécond Sou- grands obélii<
fur lefquellfes on avoit dçcrit tous les boiu

DU Lan g âge. 395


de l'Egypte dans la dynaftle des
Y<îrain

pieux rapportée par Manethon. ^

Ramejie.'] Le mot Ram dëfigne la

kauteur , l'élévation. Pris comme nom


de dignité, il répond à notre titre d'^l^
ujjc , &: à celiii de fa Hautcjfç , que porte
le grand feigneur Ottoman. EJl ^ fignifie

l Orient , le Soleil , le Feu, De-là vient


le nom de la Divinité grecque hepkejios
(le père du feu) & celui de la Divinité
latine Feftn (le feu par excellence , le feu
,

perpétuel.) Les Latins prononçoient/^Ae^^


& ont fait là-deflus le mot fcjiiis (fe/le. )

Le pur oriental EJl eft parvenu jufqu'à


notre langue pour i\ji,mfier le côU d^ Orient*

^M-EST eft donc un titre qu'on pourroit


rendre par celui d'JlteJfe lumineufe , ou
d'AUeffe orientale. Dans la fuite de l'inf-

cfiption ce Prince eft. auffi décoré des


titres à^fils du Soleil & de tout-^lumlneux.
Qn ne peut guères douter que ce Prince
ne foit le iameux Séfoftris qui avoit (l^b-

jugiié l'Afie ; en l'honneur de qui on éleva


dans le temple du Soleil k Thèbes deux
grands gbélifques, foit de fon vivant, foit
Rv
grains ôc U ulteniiies que cnaque province

de voit fournir ; en uri^ mot , un détail qui

594 Mi C H ANÎ s ME
fous le régne de Phéronfon fils,comme
le rapporte Hérodote ( ij
, 3 .) Le vrai nom
deceRoieft Seth-Ochris , c'eft-à-dire ,

Setk furnommé le f^ictorUux. Je l'explique


ainfi d'a^jrès les même qui nous
anciens
apprennent que le nom de ÙKeme Nitocris
fjgnifioit la filU viciorUufi\ (Neitli Virso
Ochris Ficfrix,)Les Egypti^s appellolent
Scth {Sothis) la plus belle des étoiles fixes,

fur le lever de laquelle ild régloient leur


/
grande période j[i'or/ii^c^l^) des tem«^
comprenant une révolution de 1460 ans.
Ils nommoient aufli comme nous cette

étoile Sir Siris , Sirius c'eft-à-


^A ,

dire , Royale. On voit donc que les

noms des Rois OJiris & Séfoflris font

à - peu - près .fynohimes. Àuffi ces deux


ont -ils fouvent été pris l'un
Princes
O-Siris fignifie à la lettre
pour l'autre. ,

U Roi\ U Sire, Il y a apparence que les

Egyptiens- écrivoiçnt ou prononçoient


Y-SER , comme on «n peut juger par le

notn d'un très-ancien Roi d'Egypte appelle


Y-Ser-Cherets , ce qui fignifie le Roi de là

urrê. Quant au nom de la Reinç i(/f^>

#
,

TaDcienne Egypte. Àmmian Marcellia

D u Lan g a g-e. 395


c'eft le nom générique de la femme &.
celui de tout le ^enre féminin. (Ifcha ,

fœmina.) Raifon pour laquelle on ne doit


plus être furpris de le voir appliqué chez
les Egyptiens à tant de perfonnes & de
choies différentes.

'ApoUon,^^ Je crois que le mot original

elï A-BELEN (/e Divin , tiré du primitif


i^c7(Diei]) dont les Grecs ont fait A-n»^XA»r

'û les Latins A-Pollint. Apollon eft le

cinquième Souverain dans la dynaftie des


demi-Dieux , &c le fuccéÏÏeur immédiat
d'Hercule. L'infcrrption joint toujours à
l'on nom l'épithete de fort. Homère a
fuivi cette coutume de joindre au nom
d'un perfdnnage principal une épithete
confacrée à le désigner particulièrement
Achille aux pieds Ugtrs , &c. Virgile &
TAriofte fuivent en ceci l'exeniple d'Ho-
mère : Plus jEneas ; il buon Ruggiero.
L amateur de la veV/V^'.]Ceci nous rappelle ..i

une ancienne coutume Egyptienne. Le


prtfïdent des tribunaux portoit an coi une
petite image de Divinité ,
|-epr^idfrtant

le fymbole de la vérité , &1^ préfen*


,
^

» leurs ciirifteres fait un nom ou mot


^ complet , quelquefois même un {tva^ ou

a O

.*•
396 MÉ C H A N 1 S M l
tôi'ent à bàiler à Tune des deu5c parties

plaidante? , po^^^^ marque quelle avoir

%^'2,\\i la caufe. Cette image étoit proba-

blement celle d'Apollon. Ce qu'en dit ici

rinlcrlption fait voir que félon ridée des


*E^>;yptiens , cette Divinité préfidoit à la

juftice. Les Grecs & les Latins ont con-

Tondu Apollon ayec le. foleil ,


quoique ritil-

criptron les diftingue nettement. Mais elle

n'en donne pas moins à entendre qu'Apol-


lon eft w\\ des.aftres. Elle lui donne le titre

de Tout4umincîiXy & de Seigneur des tcm s

comme elle appelle 1*^ foleil , Seigrieur dit

Ciel : ce qui me fait préfumer qu'Apollon


étoit l'étoile Seth ou Sirius àorit le lever

marquoit le commencement de la grande

année égyptienne , & dont îa révolution

formoit la grande période des tems.


Le fils de Héron, 1^ C'eft-à-dire , félon

l'opinion commune , le fils d'Hercule,

En effet , dans le catalogué de Manéthon


Hercule (H^aticA^f) eft le quatrième Sou-
verain de la dynaftie des demi - Dieux
prédécefleur immédiat d'Apollon. Ce
fcntiment eft le plus
'
vraifembbblc.
plication du même monument.
Ce que nous difent tant d'auteurs bien

ii u L A >? à A G E. 397
Cependant ([uelques Critiquer, croient
qu'il faut lire ici le nom de Héron avec
une articulation labiale Piiéron , c'eft-à-
diré , Pha-Kaon (le Roi\ ) Hérodote
wommt Phiron le Roi qui fit élever deux
obélifques à Thèbes , & dit qu'il étoit

fij^ de Séfoftris. Ro ou /î.:ït? (& en


faifant précéder l'article gramrnatical de
la langue Egyptienne PA^ ou Pi)Pha-Ra.o
PÏ-R6) eft le titre générjque des Souve-
rains de l'Egypte ; comfpe il l'eft. encore
d.t% Souverains de l'Europe , Rcx , Jioi ,
& même de ceux de ^\x\àt Raia» Dans
les dialeftes Arabes R^s eft àufli un titre

d'honneur. Plufieurs Princes Egyptiens


*
portent dans l'ancienne hiftoire les nonis
de Pht-RoTt, Pho-Rohécy P'Rot, &c.
D'autres penfent que par fils de Héron
on peut entendre fils d'Horus , ou fils de
if ères , deux noms très-com.muns dans
la haute antiquité de l'Egypte. Horus eft
le premier Souverain de la dynaftie des
demi-Dieux. Son nom qui fignifie lumière
e(l la racine d'une infinité
4
de termes
ufités. Hprœ , les parties du jour. Oriens \'

le côté de la lumière , le côté du foleil


Jfegyptiens. LAi pfcre ivukvi niai^.

& l'érudition qu'il a perdu à/faire effort

pour recouvrer dans ces monumeus


le«

398 MÉCHAN ï S ME
levant ; oriri en général , naître , le

lever': fiurum métal qui a la couleur du

foie!! .. &c.
Hcrcs , ou—avec rafpi ration ,
gutturale

Chères , Veres , eft le nom propre de la


une (erets , ttrra^ Le nom du Roi d'E^
gyffte Mer^chercs fignifie le maître dûpays^
Dominus terra. Cerès , c'efï-à-dire la terre

qui produit le bled, eft devenue 'chez' les

Mythologues une Reine qui a ii^it pré-


fent au genre humain de cette nourriture
fi utile ; la déeffe f^ l'inventrice àe
l'agriculture.

JWjri.J Le mot Egyptien doit être

AiARES ou Mœris nom comrnun dans


la langue du pays ; de la vl Mar qui en
langue orientale & en tant d'autres fignific

Dominus ^ Herus. La verfion grecque de


Tinfcription , & celle du catalogue de
Man<^thon inférée dans la Chronique de
Syncelle porte Af»<, De céoîiot fprtent ceux
qui en langue grecque exprurienf la force

& la vertu. L'épithete jointe au i^om de


^ Mars eft ixKifA$i (courageux.) Elle peut
avoir déterminé les Grecs & les Latins à
faire de Mars le Dieu de la f^ucrre. Il eft
chiffrer cette écriture ënigmatique , &c ft

Singulière, Ce problêm^/, peut-être au»

le le fécond des Souverains dans la dynaftle

des demi-Dieux. Le nom de Mares fe re-

trouve dans le Catalogue des Rois ,donné


par Eratofthene' qui Tinterprete don du
Soleil. Il

le
y a beaucoup de, rapport entre
nom Mives^ Macris , Miriâ, , Se le nom
m
:^,

M/Ar qui eft celui du Soleil.

La ville du Soleil, ] C'eft le titre de


la ville de Jhèbes. Les Grecs l'ont tra-

duit à la lettre Heliopolis^ & Diofpolis^


^:~>

C'cft auffi le^fens de l'expreffion Egyp--


tiennç NO-AMMON dont Jes prophètes
Uébréux'fe fervent en patrîant de Fune
des principales villes d'Egypte ; quelle

que foit celle dont ils ont voulu parler*


Ammon eft le Soleil. Ainfi les prophètes
nou? apprennent que No en langage

^
Egypftién fignifie ville* Du moins eft-il

certain qne les cités ou banlieues s'ap-

pelloient nomes, Sefoftris avoit divifé tout


le pays en trente- fix nomes (Civitaus)»
Le texte d'Ifaïe (xix, i8,) appelle une
"
des principales villes d'Eg>'pte Ir-Hares :

&: le Targum d'Onkelos traduit ce nom


par Heliopolis , ville du Soleil, C'eft un
:ft
ujuivalem du fcns littéral terre du feu;
,

Ycnt à les écrire dans notre inéthôde


ordinaire ; ce qui feroit , (àn^, doute
ii}fîninient'

i\

400 Mi C H A NI s M K
car c'efl ce que paraît fignifier Ir-karcs
(IJr ignis; QTCts terra).

Jîmmon*^ AmmQn le grand Dieu de h
Thébaïde^eft le fixleme Souverain de la

dynaftie des demi-Dieux. Il a plu aux


Grecs de l'appeller/z^/^/Ver. Son'flom AM
fignifie en efFet Pater, On Ta confondu
avec le bélier qui étoit l'animal divin,
ou le fétiche de cette contrée. Mais il

n'eft pas queftjon de la religion des

fétiches dans notre monument qui fe

rapporte par-tout au Sabéïfme qui eft le

(?ulte des Aftres &c du feu. Ammon eft

un titre d'honneur que l'Egypte Sabéifte


a fouvent donné au
«
Soleil comme au

père de la nature. D'autres dérivent ce


titre de cham , chemi ( calidus ) autre
ëpithete tonvenable au foieil. D'autres
*^
4
enfin ont cru que Cham fils de Noë étant

le premier auteur de la nation , les Egyp- P


tiens en avoient fait leur Dieu Ammbn.
* i

,De la Pkœnicie,'] Le mot Egyptien eft il

probablement CHNA. C'éft ainfi que les P

anciens Oric'ntaux appelloient la Phœnicie


& la Pal>ftine ,
que nous noinmons
encore indifféremment de ce dernier nom,
, ,,,

Ainmian Marceilin nous l'a tranfinife


en faifant le
récit du tranfport , ordonné
Tome L R

DU Lan g a g !• 401

ou de celui de Chanaan, Au tems de faint

Auguftin lorfqu on demandoit aux payfans


\ de h (lu territoire deCarthage (colonie Punique
1 de kl ou Phœnicienne) de quel pays ils étoient

lu aux ils répondoient : Nous fommcs Chnanins^


m A\i (Chananéens).

rifondu Vaincu Us étrangers. ] Uhilloire parle

divin fort au long des conquêtes* de Séfoftris^

Mais il
Tua des plus célèbres guerriers de la haute

3n des antiquité. On peut confulter , entr'autres

qui fe Hérodote & Diodore. Ils détaillent les

ieft le richeffes immenfes ik la quantité de pri-

ion eft sonniers qu'il en ramena, &" qu'il em-


labëifte ploya pour élever les monumens dont il

ime air eft ici queftion. Ils parlent auffi des inf-

/çnt ce criptions hiéroglyphiques qu'il laiflbit en

autre différens pays. Il y faifoit graver fon norn


)

)'autres celui de fa patrie , ceux des peuples

\é étant Vaincus , en faifant mention de la réfiftance

s Egyp- plus grande ou moindre que la nation

non. foumifc avoit oppofée à fes armes. Quand


>tien eft
il Tavoit trouvée fans courage , on l'ex-

que les primoit fur la colonne en repréfentant la

lœnicie partie naturclje d'une femme. Hérodote

liimons dit avoir vu en Palcftiue deux^de x^es

ernoni,
,
vo,r
gauche. On ne fera pas fâché de
qui n'a jamais
ici cette pièce finguliere

4<>^ " M É C H A N I s M E
infcriptions Tune avec la marque du fexc
' féminin & l'autre en lonie , fur une ftatiie

de ce Roi haute de cinq palmes. Elle eft


armée à l'Egyptienne à rÈthiopienne; &
tenant une flèche de la main droite k
,

un arc de la gauche. On a écrit fur fon


dos, d'une épaule à l'autre, uneinfcription
en lettres hiéroglyphiques d'Egypte qui
fignitie ; J*ai conquis ce pays par mes
ipauUs ; c'eft-à-dire , probablement , à
foret de travaux.
A élevi dts fiatues dans ces palais,']
Hérodote le raconte de même. Sefoftris,
dit-il , fit élever au-devant du temple de
Vulcain fa propre ftatue & cçlle de fa
femme , cliacune haute de trente coudées
& les ftatues de fès quatre tnhns , de
vingt coudées de haut. Darius Roi de
Perfe ayant dans la fuite voulu fiiire mettre
fa ftatue au même lieu , au-devant de cel-
les-ci , le prêtre de Vulcain ne le voulut
pas fouffrir , dh'int que Darius n'étoit pas
lin conquérant tel que Séfoftris , & que
n'ayant pas encore fait des chofes qu'on
pût comparer aux grandes aftions de ce
•v .
,,

iu fexe Prince céîéfete , il n'étoit pâ^ jufte de?met-


e ftatiie tre dans le temple fon offrande au-devant
Elle eft de celle de Séfôftris. Darius ne s'oflfenfa

>iènne; pas de la liberté côurageufe du prêtre de


ire , k Vulcain. Liv. îj , x. I lo.'
'

fur fon Vtilcain. 1 Je rendî ici ; félon Tufage ,-

ription le grec ri+Ww par le francjois Vultainl


fte, qui L'un & Faiitre nom font orientaux. Ainfi
«r mes le mot de Toriginal peut être APH-ESTA
mt , <i (le père du feu) oti BAAL-KHAN (Dieu
puiflant.) Baal efl: un no^ de Dieu chez
alais,^ les Orientaux; '& le r.om de Khan eft

bftris encore ufité parmi eux comme titre or-


pie de dinaire des Souverains. Les Latins , qui

de fa ont conferré beaucoup plus exaftement


idées que les Grecs les noms des Divinités

s , de orientales , ont retenu celdrde Balcan qui


oi de n'ert que légèrement altéré dans mot le

Tietire latin Vulcanus. Comme il eft fynonyme

le cel- à'Htphâïfios qui ftgnifie pcre du feu , on


voulut voit la raifon jjfcur laquelle les Latins ont
)it pas fait de Vulcain la Divinité du feu , &: des

k que urts où Ton etnploie la forge. Vulcain eft

qu'on le preinier Souverain de l'Egypte dans la


de ce dynaftic des Dieux-, dont notre infcription
de fa gloire;
1^
embellitla ville du Soleil;
^
Qui


f
/^

464 MÉC H AN I S M 1^

rappelle . U pcrc ; & le Soleil qui lui

fuccedeimmédiatemerrt dans le catalogue

de cette dynaftie y eft nommé fils de

J^ulcain.
Fils du SoU'iL ] En comparant ici un
paffage de Pline , on a lieu deconjefturer

que le mot Egyptien derpjigir^al QfiNUN-


CORES, On lit dans Pline (xxxvij ,11,) ,

le nom d'un Roi d'Egypte Nuncorçusj

qui ne fe trouve en aucun^ autre ancien


écrivain. H étoit , dit-il , fils de Séfoftris.

Etant devenu aveugle , il fit vœu d'élever


un obélifque dans le temple du Soleil;
ce qu'il exécuta , après avoif recouvré la

vue. On voit par ce récit que ce Prince


eft celui qu'Hérodote , qui en raconte
précifément les mêmes chofes , a nommé
Phiron. On voit aufli que ce fiirnom de

fils du Soleil étoit up titre de dignité


aflfez ordinaire aux Rois d'Egypte, éga-
lement porté par Séfoftris-Ramefte , &C

par Phéron fon fils. C'eft ce' que fignifle

Nuncons ( Nun fils ; Corcs , Soleil, ) au

rapport de Plutarque qui nous apprend


que le vrai nom de Cyrus Roi de Perfe
.

/^

bV L ÀN G A G E. 4OÇ
efl: Corcs qui veut dire Soleil. Quoique
leil qui lui

e catalogue
Plutarque tje nou5 donne pas ce mot
mé Jils de
comme tiré dp la langue égyptienne , &ç
que Nun (oit auffi un mot chaldéen ou
hébreu je n^liéfite pas à croire que les
irant ici un ,
^
anciennes langues d'Orient. ne différoient
conjefturer
pas plus entr'elles qu'elles diffèrent^ au-

jourd'hui ; c'eft-à-dire qu'elles avdicnt ce


cxxvijjii,)
Nunconus , même rapport que nous appefcevons fans
peine entre les dialeftés d'un même langage,
utre ancien
l^ous avons plus d'une^^reuve que les
le Séfoftris.

œu d'élever peuples d'Egypte & ceux de Chapaan ,

du Soleil
(i voifins l'un de l'autrç^, parloientà-peu-
;

recouvré la
près Ig même langage. Selon l'apparence

e ce Prince
ils différoient comme l'italien diffère du
en raconte
francjois ; c'eft-à-dire, moins que ces

a nommé cleux<i ne différent de l^mglois.


,
'NouslifoTls dans Ifaie (xix, 18,) que
furnom de
de dignité
cinq villes du territoire de TEgypte par-

^ypte éga- loicnt la langue Phœnicienne du pays de


,^

Chanaan. Il appelle une des cinq villes i


amejfte, &C
que fignifie
la ville du Soleil. Mais il n'y a nulle
apparence que PHéliopolis dont il parle
Soleil,) au
us apprend foit celle de la Thébaide ; car il y avoit
)i de Perfe
en Egypte plufieurs villes dé ce nom.
Regardons en général la langue de l'Orient
^ »^ ^-"
^^ , 1

lui
Moi le Soleil, Seigneur du Ciel,
/ ;'

MÉ c H ik N If ^^' D
jifi(>'

comme nous devons regarder celle de 1 6. Moy^j

TEurope ; c'cft-à-dire , comme une feule ej/ayer d


\,

langue partagée en plufieurs dialeûès, Si quelq


tant que mot5 quelle emploie fortent
les de compar
tous des mêmes primitifs. Quant au titre grecque à
de//i du SoUlI,\^ Rois d'Egypte n étoient feroit'le r

pas feuis en poffeffion de le prendre. On à déchiffiei

le voit par Texepple de Gyrus. C'étoit qu'il comr


un ufage commun dans les fiécles & dans quatre col

les pays où le Sabéïfme, qui rapportbit cune ; \t\

itout aux aftres , étoit en vogue. Les gauche, &


Princes Arfacides fe qualifioient/r^r^i du pendiculair
Soleil G dt la Lune. Chofroes fils d'Hory haîit en bî

\ mifdas intitule ainfi une de ks lettres; mots & t<

is Rois des Rois y qui fe levé avec pour plus \

U Soleily Çf qui illumine la terr€ pendant k iembl(e\, &


4.
iLv/( Voyez Thcophyl^ft.S^ liv. doit y être,

iV.YLeç patiwis employéesparlcs anciens plufietirs fc


^ àns^mme titres feftpeux , ont été aufli trouv
ibuvent prifes à la^ttre par ceux qui les pareilles er

ont luei dans dej fifdes fort ppttérieurs On les y \

& font de vemîeJ^dès-lors une fo^çc| & fi la trac

jâ?çii|barras & d'abfurdité dans l^anci^iinç trouver prc

inythologie* nombre, di

FladeJtMtis/urtinfirifthnfigyfikHt^i. des diilanicc


. ,

lumière.
. R iv

D Ù L À K G A G E. 407
116. Moyens qu'on pourroit ttnttr pour
ejfayer de déchiffrer Us hiéroglyphes
Si quelqu'un vouloit avoir la patience
de comparer foigneufement ,1a tradudion
grecque à roriginal Egyptien (ce qui
,

feroit le oieillcur moyeri de* parvenir


à déchif5:er les hiéroglyphes) il faudroit
qiiil commençât par écrire le grec fur
quatre colonnes de trois lignes chà-^
cune ; les lignes allant de droite à
gauche , & les mots grecs diipofés per-
pendiculairement les un$ fur les autres du
haut en bas. On numérotcroit tous les

mots & toutes les figures de l'original


pour plus de facilité à les coinbiner ien-
iembl(e, 6c à retrouver h corrélation' qui
doit y être j car les m^es mots rèvertant
pliifieiirs fois daiis l'infcription , on doit
1^
auffr trouver for l'obélifque des 'figures

pareilles en même retour &: difpjoïktem


On les y vpii en effet fduvent répétées ;
& fi la traduâion cil julte , <on les y doît
trouver proportioneUement dans le même
nombre , dans la même oombinaifon , &à
dés diilanices cor refpondantss. Chaque face
, ,

la, force y ocprile comme titre de dlgiHiiJ ^lans le iérA

lajyuijjmci. te Soleil efl: le fecoiul Soii- grands obéli

408 M i C HA N I s M E
commence en haut par un tabjeau femblable, Ics^ propôrti.
& diftiiigué des trois lignes de figures : cequi^ Je penfe que
paroît êtrele type d'un titre répété à chaque parimages
Dans
face,/ traduftion , la la face du midi phrafesyoû
commence par un titre qu'on n'a peut- droit ]o\pàri
être pas répété en tradi^fant
, les autres divifcffcs^ tic^
faces. Sur robélilque , on voit deux loyjfpiîrn trS,
figures humaiilçs debout coëffées d'un bon- Mais c'ai]
net élevé , pointu & refendu en forme . propofe de r
de mitre > ay;ant chacune un bâton royal.
j^e feittéiixp
L'uil^ a l'air de parler, & l'autre d'/cpiuer. difficultés*^ t
La première tient la feconde par le bras
maKfeïté^ ,^^

& levé l'autre main. Ce type a la forme de qu'eues tè^i


ceux que les Romains appelloient adloauio^ dont le ftyle
& pourroit être Texpreffion hiéroglyphique livre eft mu
du titre que le tradufteur a rendu par ces
kre mm'-
mots : ^e SoUil au Koi Ramcfies, On trân/poitâe-
trouve d^ns le corpsdel'infcription certains '

placer ékm
mots pluuëufs fois répétés tels que ceuj^ tant d'tfesm
m

çÀ** Apollon Ujortj fils du Soleil , Roi


'
mettre au''

it

fismcfies yfih de Héron y vilU du Soleil y


d'huiàlaiilà^
jOUu Soleil^ A choifi f tout ^lumineux ^ autres tipM
immortel^ &c. qui doiinei^oit à une per«
Rome t zp^i
fosme vçrfée dans l'art de déchiffrer traduHkhfA
plui de facilité à comparer fur l'original du livre d'Hi
'

•.. : ,
les
Tome /.

^
,

vivant, loit
trands
'
obélifques, foit de fon
Rv
^-_-

les, propoitîorts ,, 6c les reiations du tout.


Je penfe que récriture hiéroglyphique ét(;at
par J^ages qui rfepréfenteilt de courtes
phrafcs^ oâ dés mbts coinj^ofés , il feu-
droit joitidré^ èoihtne je .viens de faire,
di viftrfcs^ twfcjpfèffioès iqui fe rettx>uvent
totrjoUris* enièhtiite dartslà Verfion grecque.

Mais c'autre part ^ le moyen que je

propofe de mettre en ufege po6r réfoudre


j^e femétix problême , foudre d^ grandes
diffifcidtés^t^-Lè^ figurer font fouvent fi

maKfeîté^ ,^

^*<A a^^péine à deviner ce

qu^cilte rëpréftfifeit. i^MarcelUn, auteur


dont le ftyle éft fans hettétë , & dont le
livre eft mutilé en cent endroits ,
peut-
être ëém' ftiî
V ^riciWléftnl Fhiftoirè du
trânfpbk de Fél>élifqtlét^iè^ Cbiiftancé

fit

placer «aïlî^lë^iS'talSt ffil^ ^^jklè àuffî

tant d'tift artiéré'^' At^^lté âvoît^dé/a feit

mettre au' même ttéii fichtjùl eft aujour-


d'hui à ta jilàte'rfrfi^^ifc ,;que dé plufieurs
autres téj^àttdus èfV^îyers endroits Vie
Rome r ajjte^ quoi it kjbutfe Voici la :

traduH^h^éi^tèti^m de Cirque. j tirée


du livre d*Hetirùtpiôfit (^no\({\x\\ femblc
Tome /• S
'
h Roi de la ""^
4
Y'S^r-'Chtms , ce qui fignifie | l^^'^"^

urre. Quant au nom de la Reiae,i/?^, 1 '^ ^y^^'^^'

vcnoît
évidemment parler de celui qu'on expliqu(

"A d'y placef , & qui eft l'objet de Jon meftes;

récit , quelques
Çïitique^modernes penfenf au terne
eçu
qu'Heiniapi.onayant, »<e qa'on^i'oU ,^ifèt
••
,

Augu# , la îraduaion eft celle cju pays


autems d'
nicus c
del'obéWque delB^poUhm*^^^^^'^'^
,
N* celMe l'obélifqHè d« vent pc
fit transférer , «on
Conftance.U/aifo^ contfarii
Latran transféré .par
qu'ils allèguent ne m détwmmerpif d'Hi^rmapion
pas verfion 1

Le nom
'
être çpï
à le p-gnf^r ainfi. ^^

affez comm«o«» Egypte' P«t av«>ir ete même o


ont vçcu nioas vi
\ porté par des psrfoRnw qm.
Uùei< Qvao4 l« tP«luaeur Je ne
en différ^tis
dèsqu J meftcs n
auroit vécu «u tems d'Aoguftp ,

avoit fiîit un livre çpntetiantrlaiverhon qu'ott Ti

prince
dNinç oti d« ,*iïfi«i» anoienn*}?:^^ i

que la y
Hons lapidai>«r;4eJE«!^'-^^^-^ Pf
pas.nat»*l^.Marc#»^ait m^ «jH^ mée< pai

qui au teflts eà,H


^VÀit 6^f(Mt iob^ct bméme
de la euriofiti
publique? & n'a^il P<1« Pliré dit

appelle* cB vieux
monnmcnt , WWî?» lifques d
pu
place da
«?•
"
wm il faille ab{oluni|s*îr««t<««»f« "W*^* vient d'é
cft celui
/
> deux obéliftpaes (pi'ôfï ia^t.fja^^^^jl'f

inier dans le Qrquç^i De pli» ;l.<\^ll^«^' I


le grand
^ , :\ (_' - •
_

>
le fymbole cte la vérité , & <^ préien-

Rvj

.
.,^.

au Lan g a g è» 411
expliqué par Herniapion eft celui, de Ra-
meftes; commet aurbit-il pu être à Rome
au tems d'Augufte ^ s'il éft le même qui
^i^ encore, à Thèbes lorfqu'un prêtre
(Ju pays en doupa rexplication à Germa-
niais , comme plufieurs convenances peu-
vent porter à le çroir^, Bianchini fe

contrarie lui-même lorfqu'il fidt porter la

verfion fur robëlifque Jcl Popola , après


être convenu qu'Hermapion a traduit le
même obéiifque de Ramçfte que Ger^na-
nicws vit it Thèbes* >

Je ne préte^ids pas-difconyenlr que Ra-


meftes ne (bit le même roi que Séfoftris
j \

qu'on n'eût ëlevë en l'honneur de ce


prince plus d'uiv pbëli(qu^ à Thèbes ;

que la yil^e^oàf Augufle les tira, aom-


mée< par MarçoUin Hëlippôlis , ne (bit

h même que Dipfpolis ou T^hèbes, Mais


Pliré <Ut exprçiTénx^^nt que des deux obé-
lifques dont A\iguipe cimbellit Rome , l'up;

placé dans le ch^if^p ^t Mars^^ôc qui


'
vient d'être d^tfrrd vei]ç Monté ^Gîtorib)
cft celui df JSéfoilris ; l'autre placé dans
le grand CirfiU^' (aujourd'hui à la place
feiitiment eft le plus '

vraifemblable.

I..

4Tt
J
dcLPopolo) eftxelul du roi Sennefertcî
. les de
Au pas touché de Targu-
i occic
refte je ne fuis

ment qu'on tire du rTôm d'Héliopolis donné premî(


. \

à la ville, tant dans rinfcfiptroli traduite dufteu

en grec, que dans de Mar- fec^ d


y le texte latin
\ trois i
cellin. Plus dV^e ville d'Egyt)te a porté
la face
ce nom , qui convient fort bien à la ville

de Thèbes; étant fynorçraie de celui de


en Egi

Diorpptis qu^ioh lui donne ordinairement. cepend


ce prei
m*èn Ûendroîs fur cetteî? imeftiôn
Ain(î. je.

plutôt à ropinion du chevalier Mafsham immon


qu'4 celle .de Bareaeiïs/Ceft-i-dîre que ni?re
tant in
je crois qiie rbbélifaiic eii quèftîôn eft

Ai. plutôt celui de Latran qye celui delPopolo. niot fl


derniei
Quoi.mùl en foit , il re(te néaflmolns

quelque incçrtîjtiiclé^ur lè'tlioix iie\:elui


premie

de^ deux origmà\ix auquel il faut com- mot fi


être le
parer la tàau^ioà.S^' w y lacune
ce méi
dans 1 endroit ou Marçeuiii a cdpie la

Ges
& met!
ex»ft J

. »
N'a)ran|

dp MafcelfiA ^Véa^'^on^; lei ïroij


àRôm<
le texVe
premières înfcVitès Itif ta faceîtiériifiôtialt :
voulu d
cil la racine aune innnite ae rermcs
ufités. Hora^ , les ^rties du jour. Oriens ^
le côté de la lumière , le côté du foleil

Thv La n gage. 413


. les deux dernières d'une autre face, foit

l'occidentale ou la fcptentrionale , & la

prèmîer'c de celle d'orient* 4^ Le tra-

dufteur avertit qu'il a commencé par ]^


hcK du midi* Mais la pierre a changé
trois fois de place. Qui fçait quelle e|l
la face qui étoit expofëe au midi , foit

en Egypte, foît dans le Cirque ? Il y a


cependal^t une rcflburce pour retrouvi^r
ce premier. c6të , au moyen du n^qt
immortel qui fiait la première ftc la der-
nière des trpis ligues de ce côté. P*«|u-
tant mieux que ce mot efl précédé du
iliipt flamejlcs^ , immédiatement dans la

dernière ligne^&c médiatement dans la

premietjî ; n'y ayant entre dfux que le


mot fils dut^oUil y qiû fe tfouve au^
.
Itrç, ie fécond dans la dernière ligne 4^
ce même côt^p i
^^ -^ : .1.1 ,

Ges petites obfetvations peuvent gUïd<!W

6c mettre fur lef voîiês uîi t^omixie pàtie^x^.»

exaôci ^ Kàbile 4^ts l'art de déchi/^^f. (


^
N'ayant pas ce talent , je dois avouear qu'étant
àRôme j'yai moi«métne écllpué,&c qu'ayant
voulu comparer fut place la yerfion gfeçque

•'•»
avoir déterminé
faire de Mars le
^^

les
^
Diew de
Grecs &
T

les
V^ D—

Latins à
la sfuerre. Il eft

414 MÉC ï! AN 1 s Ml
aux Sculptures des deux obélifques, tant de
Latran que dtl Popolo, je n'y ai reconnu ,
ni même entrevu aucun rappprt. Hfpe
m'eft pas même pôffible Id'imagincr com-
V telles figures peiivent fignifier
de
ment dé
tels mots : & il/ faut convenir que nous
le (même embarras dana
trouverions
les hiéroglyphes Américains ^ fion ne
nous en àvoit donné la clef. Le nom-
de
bre des figures de <:haque ligne
^

Tobélifque fiirpaffe de beaucoup celui dfts


îhbts de la verfion -grecque. H faut qiAn
aitemployé un b6n nombre d| figules
pour fignifiet un feul mot , ce qwi (êroit
Marcellin.
tout le contraire de ce que dit
"Il y eh a qui fe trouvent parallèles &
C
'
placées en fymm^rie aux menées endroits
de§ quatre feceJ : telles font certaines figurés
leP
de lambcls , peignes , ou râteaux , par
/^èls il fcmblerott qu'on'cÛt voulu expri-
On y trouve à tout
> jner des nombres.
thomenll plufieurs fi j[ure$ renfermées dans

des ovales pofiJs fur une bafe: En un moj


.-••r^
fi Vàh nVtoit affuré ^zx mille témoigna-

.1^, ges fie par Pcx^mplc des Mexicains qfic


^i't i^r

Y^dx Hdiopolis ^ ville du Soleil, C'eft un


eft tquivulent du fcns littéral urrc du feu;

DV LA K GAG 1» 4îÇ
ces fculptures reprëfentent un difcours (iii-

vi , on les prendroit pour une pure phan-


taifie des artiftes d*un fi^le groffier ,
qui

fe font avhës de difpofer à leur guife de'


tels omeniens for les pierres, comme nous
tn mettons fur nos toiles peintes & fur

nos tableaux en découpures. ;

117. flujicurs anciens ptuplts , adirés que

les Egypeitns f çntfait ufagt dt


fiçmurt par luérçglyphes.

Ce nVft pds aux Egyptiens Teuls parmi


les anciens peuples que cette imniere
d'écrire ëtoit affeôée : peut-être /même
ne Tavoient-^ils que par imitation de leurs
voifins. Ils la tcHioient des Chaldéens ,

s*il faut prendre à la lettre les termes de


^affiodore , lorfqu'il dit. ^ Les aiguilles

H de pierre d'une hauteur (urprenantc ^

qu'on avoit élevées dans le Cirque, font


» dédiées , la première au Soleil , IVitrei
» la Lune. On y a gravé les anciens rites
» facrés en carafteres chaldéens qui te-
» noient lieu de lettres. » Le fiécle de
Siv
«lUClVMJVVl JVIll«WA wp|-» ^A««>'*«'*>^ ••

&: la Palîftine que nous noi.imons


,

encore indifFéremmçnt de ce derniernom,

.-y»

416 m ^ HA NI 5 M «
Caffiodore pouvoit avoir confervë
[
^ mo-
numens propres à prouver ce qu'il avance,
que le^^çârafteres dont*bn fe fervoit en
Egypte font ceux des Chaldéens. Les
Mahométans aexijftoient pas alors , &
n'avoient pas encpre détruit les vieux
édifices des Orientaux. Mais i|,y a plus

d'apparence encore que l'Egypte tenoit


immédiatement les hiéroglyphes des

Ethiopiens. «J'ai lu en Ethiopie, dit

Héliodore, >> une bande ëCfitô'tfn carac-

» teres non wdgaires, ipa^s qu'pn appelle


\ » royaux , .& qui reflemblent beaucoup
i> à l'écriture façrée des Egyptiens. »
Thrafile, dans Diogene-^Laërce , cite wi
Traité écrit par Démocriieffir les. lettres

facrées eaoï&ge k '}AetQé §n IS'ti^opk.

Gomme ^.paroît que les Çgyptiens


/ontun peuple moins anc;ipa> que ceux
de Thébaïde &
d'Ethiopie ( le Delta
étant un don du Nil , au rapport d'Héros
dote , &t croiflant tous les Jpurs , ainfi

que M* Maillet l'a vérifié par d^ bonnes


o preuves ) }e crois très-vr^ii^ixd>liible que
iinmons dit avoir vu en Paleftiue deux^de i/es

ernôni,

rfp u LAi« a A G 1. 4^7


c'eft de Thébaïde que les Egyptiens , ÔC
que c'eft de Méroë que ceux de Thébaïde
rance,
avoient tiré leir ancienne &c primitive
oit en
écriture figurée. Ils pèir/ent bien leur
. Les
8, & devoir cette invention , ii , comme. Içs
Ethiopiens le foutenoient , l'Egypte terA
vieux
d'eu» une grande partie de fès loix , de
a plus
fes rits religieux , des cérémonies de ja
tenoit
cour , &c entç'avitres la manière {m^xtit
; des
f\ dit
d'enf^pvelÎT les morts^ Le rappoit d^^

carac-
Dlodon ( îijr^f ) cft fi détaillé ^r ce

ippelle
qui regarde Técriture que, je n^ puis

lucoup
m 'empêcher de le trapfcrire ici. ^ Lçs
cns. »
» Ethiopiens difent que \^ Egyptiens fqjpt

rite un
» un^ de leur? Colfpi^^fjui fut raienf^e
h CB Egypte par Ofiris. *. Ik 5\Uégij^t •
lettres
>> diye^es preuves ^e IjBur ancicpnpi^ (yr
[popie.
M les l^gyptiensr • . . Nous dirons >Am|«;r>pt

ceux
» des caraâercs éthiopiens Se de qc^fx^^
z
'#> que les égyptiens appellent hiéf c«ly-
Delta
Héfo-
» phcs. . ^. Ces for^fi» de lettres ceifetp"»

» blent , iei.ifpc^ à. ,4ifl^r^tes,.€fpçQP*'


, ainû
*> d'^nilmaujty d'aotrcs aufi.^îxtréjnj^ës ,^u
t)onnes
» corpk humain , d^futrcs à.jjdesL^ii^ni-p'
)le que
H mem n^chaniqu^, Ainii ils congtpojf^

>
^
— Sv
j'ï

i .*fc.
^V
;
.
pût comparer aux grandes aftions de ce

M É C H A N 1 S M E

M leur écriture , non d'un aflemblage de


mais d'un arraiige-
•» lettres &c de mots ,

a gravé
» ment de figures ddht un long ufage
mémoire. En
» la fignifi cation dans leur
un
w effet s'ils repréfentent un milaii ,
v> un ferpent ou quelque par-
crocodile ,

un œil,
» tie du corps humain , comme
H une main, un vifage d'autres chofes &
que le milan par une
n fèmblibles ; c'eft ,

fignifie tout
n nîîiSphore affe* naturelle,
» ce qui eft prompt U
fabit ; d'autant qu'il

«vole le plus légèrement dé


tous les
j
dénoté toutes
» oîtêaux : le crocodile
l'œil marque
» fortes de méchancetés :

1, uit obfei^ratcar tic b juftice , & tout

te corps. Entre les au-


^^teqài défend

W frei l>artié$ ', ù main dWiite avec les

% doi4t*#fé*Mlûs exprime l'abohdance


la mam
dès

vie;
^¥tti««« hécefl&ires à la
l'œconomie fit

6 «âche fermée , indique
'
ÎTÎ^argne. W en eft ài)ett-prés <k$ autrts
dis
»«î?ï>jrrtie$ do corps'; a»flt-bien que

"» Les Ethiopiens recherchât


ïnftHirtieni.
/
"^'avec^feln la fignificatidn de
Aacune de
l'éfpw
iVttt 'figures 6c fc l'imprimant dans

^
T^
de ce dynaftic dcsDieu^-, dont notre infcription

DU LAN ^ A O ï. 419
blage de M par une longue application , connoiff^nt
arrange- » d'abord ce quelles reprëfentent.
;e a gravé Les* Phœniciens avoient comme en
cire. En Eçypte des figures d'animaux pour lettres*

laii , un Philarr4e>Biblo'î, dans fa Préface , dit que


Ique par- Sanclioniatan fouilla dans les archives ^

un œil, & y trouva plufieurs chofes fecrettes

es chofes écrites en lettres Ammonëenes qui n'é^

,
par une toient pas entendues ;de tout le monde»
;nifie tout Par lettres Ammonéenei^^ on peut entendre

jtant qu'il des caraÀeres figures , ouïes hiéroglyphes ^

tous les en ufage dans leiameux temple du Soleil ^

tt toutes connu fous le Nnom de temple de Jupiter


à marque Hammon ,
{Hamma , i. e. Pdter SoL
^ '
&c tout Hamman ^ i. e. T^mplum SoHs. Hant'-
e les au- manim j u e. Simulackra Solir^ ftc
/'

i avec les en %éniéi%\Simulûckra , Ânaglypta). Lef

;d^ce dès auteurs font auiii mention de récriture


; la maki facrée des Babyloniens. Les Hébreux pré-
Miomic 6c tendetif en avoir eu une dans les premiers
des autres tems , & diiènt que le Samaritain n'étoit

n que dies que le caraâere vulgaire poftérieurement


cherchait mis en ufa^» Les Arménien!^ dont U
hzcatic de langue porte un caraâere original, outre

\im rcfpKt les lettres eoiiramts , en ont d'autres^


que le vrai nom ée Cyrus Roi de Perfe
^

410 M É ç B| A-¥ TS M\E


iSglirées &c repréfentatives , fort curieufes*

Les hiérophantes, des Crées v au rapport


de Théodoret: , co^ifei-yQient dans- leur

temple un caçai^erè ^'ik appfeUpient facré


"TSc difierent dy jvulgaifCv H y a gr^de ap-

parence ,,fi U feit eftyriai , ^e ce carac-


lere n'étoit que celui d'Egypte qu'avoieiit

apporté en Grèce les premières, colonies


Egypliennes<JN|iiiis U eô plus- vraifenir
% blable que dès-Jomrétritur^littérukiivoit
cours en Egyptf, On a. dit que les Ti^aces^
s'ëtoient aufli' fervi de carafteres. fymbor
kques : c'eft-à-dire feulement , qu'ils oiu
1 1
pu , comme les Scythes , employer des

- fignes allégoriques ^. comnie iîgnci de k\its


:€xpr«(fions.' \' . .* .

Nous n'apprenons, p^^l^iï'ep^r mi nos


peuples du N^rd> Latins, Celtes , Teutons
& autres , cette écriture fymbdlique ait

été d'ufage. AuilV, malgré rantiquité que


quelques auteurs veillent dpnniir auxRui^^
iêptentrionales , dont le nom ,qiie$pelman
en fon Gloffaire cxfJique ^ myfitn ou
choftfacrU , fignifîe plutôt raie , rainure ^

gravure /)e fuis perfuadé <f^ l%$ Sauvages

r-
en Lgypte pimieurs villes de ce nom.
Regardons çn général la langue de l'Orient

DMU . L4 N G A 6 r. J^i
;
curieufes* drEuTOpe /n'ont point eu l'ufage de l'écri*

au rapport ture iyaait les voyages qu'y firent lei


sV ,

dans- leur Phœniciens &c les Grecs , tems auquel


pient facré l'ufage de l'écriture /ir/<rr»//<r avoit déjg^
grande ap- pfévalu. Mais les anciens Barbares Sep-

j ce carac- tentrionanx uns avoir l'ufage de l'écriture


quavoient ne laifToient pas que d'employer les ligures

es,colonies fymboliques p©ur exprimer verbalement


s- vraifenir leurpenfée. Phërécide , (cap. CUm.Atix.
tériileîivoit StromiL.v^p. 567,) rapporte qu'ldanturas
es TJKaces^ coi de«r S<7the$ ^ habitans au de-U' du

:res, fynibor Danul^ y envoya au roi de Pîrle Darius ,'

y qu'ils oîU qui étoit entré à main amlëe dans (o

ployer d^is pays , une fouris ,un€grenouille>iui oifeauj


neidç-kuts une 0ëche &cune charrue pour Itii annoncer
quel ktoxt le n)auvais iiicdès' de fon $
pàritii nos entrepriit. Cci^u:'V0it}oic dire : A moins
2S , Teutoiv que vpHS^jÊ^ichappUi tn Vak comme dts"

iboUque ait o'ifcaux y fous terre comme des rais , ou


Hiquité que fous fcau comme des grenouilles ^ ^out
tr aux Ry lies pcrirei P^ ^^ flèches ; e^^ la terre que

|Mc5pcUnaii nous labourons ne vous apparttene pas*

myfitn ou Clément Alexandrin remarque que non- M


feulement Egyptiens qui ont été fort
\éj rainure^
adonnés à
1«$

la
,

philofophie y mais toutes les


^
\\
i
'

!.

IWV^r fytitBoies. n (f^^a^él^ M


foie fèi WiwrdSèf #^^

s/

El

Q »^fi* .>.

»;!

iiir''Oni

i
4 •

^ «Éit ibir eMMoia» 8e bicti

, nVM^ dMftripdii ««MmI <|ue

A
téfâtion jA^ltâlt^ efi

n'ait dé lOçt ife^^i^^^^ fti:pl}<ïlf il||if^


V,

l<i
6-

mie i4i''ikSaNI' ^
écmo^
mnt
MiniatMCt

V. '\ '
, « .;!j <*rv,<i

acniicfc in IcriJnAttfat

«ySè di^^Am «trigiii*; iMlgi^lriiiM

piOyCT ji CVflCipOVI^HR "H 'IHIfuDfC WmWI •> \.

honnie tie feflHiit


j^ liji»i|ypipeiidrt 4>
Noos STon^^^iiSÉ" extrânîtés'dC' roritRC *
'i

/
>

V»» ..>.

ijfcwat à If mm'tXM, Qiioqis, fc plus


J
fVfffliUll 'df la /««é £c lè
'

f
^

--\

*,

<wiw
^n^^
-^r^ ^'•^
?^.
.'X/

M t C H A N t S M £ •
A- j
<

I « * *

-^
.r

f
y

i -;.

^
/^

4.

--i

^ ,

• «.

%>
t

•«>..

T 0t; Lawg A G 1. 419


.

P/anrJie IX, '

TbmyZp. /a5

éure CÂi/ioùe

'^^^Ô
Gpt^,^/^\mu^.

^^^0
Oau/^

O P
, /

lé-

'lièréie*»
CÀaruf/.

W'u
y ^
Gvmête , JSiUt.

y*'CJ

J'O/Xiô/.
'/'r/rr t/e /l/rc. F/u/ru'

\-,

s
-K

«*..
r--/
.^ -.- A
./ V

qu'QiEin^)»o«wfl|||é^ les ima^

f%

nripfffiiti iiniiÉijM lÉÉiilÉlliiifiMi iki

plufieitrtf^lignëi dlà^ lie pat^^ , |^


L

"oit ]fwiiftr^^
donné ikfa à Ifi^^roibétîon x)e ]a:jM;ii|r
ture |sf 4gn«» 9^ le^^^ regtéfmtmt , k|i
unes emî»i?ei t i<^ autres j^rî^es pour
I

I-king ^ émt^^mt^SÊl^ cÀ perdue y ttt


icrit npariic Cfî i^i^iif 0|a çqrdflettc& ^iivoç
.j"
, ,

V f

":«iCftkll|':ii|l*;:,:
"'
,. "!i

& nG^^pxmtx
,

Tancïefl
des ncepds blancs
M

eu lignes, ï^it entières, (bit Wfites. Chaque


& Cha
Ce çàî-
ligne eft céitnpafée ifiiti , de deux ; ou
uniform
'ée trois pbm«ff^C'eft-i«-^dîre, èourtCj
'«ttoyenric 0u longue. Laligné eft eti^ere
cicii Q
elle eft de cloi?
fi les poirtts font contigus : fi

Ces clc
brifi^e ,.c'èft en deux où en trois pièces.
dinës p
On a conftbinë pàrallelem^Mit eniemblc
^ diflfiérentes manières des lignes entières
autre;
haut
1

ou rbmpées, pour en former chaque ; (

le felloitjuf-
ou enfi
-». * caraÔerç , en ctnployant s'il
trois , <
qu'i fix Këies parallèles des deux efpeces
de forte que
ment qi
j)our un ftul caraftcrr : la

d'âffeml
va/iétë des comWtfeiî|bns poflibles ne

nombre nombre
hiiToit pas' de donner' un .certain
blc d*a>
•^ caraftcires élémentaires i dlaam dd-
inconnu
tîoeb étoit ^ dînin , approprié à défigner
Les
chofc ou une ctttmne mo-
(

^imc certaine;
réelles
dalité géfférale des êtres. Tdiîfe In&fr
6c plus
iantc qu*étoiC cette méthode , èti ne peut
ingémeufe. Chine,
nief cïuela înéchânique n'en iftt

regnoît
'
Elle^e paroît avoir du rapport avec
perfefti(
les carafteres inconnus: grai^ Ife^fo
^ ruiner de
caraAer
monumens de J^ttlminar , ou
Chinois
\-'

«^
,

D T7 L À HO A G E. •417
rancîenne Perftpolis , dont le Bruyn
& Chardin nous ont donné les figures.

Ce çataftere d'écriture n'a qu'un trart

uniforme , comme l'eft la Ijgne de l'an-

cicii Chinois. C'eft toujours une efpéce


de cloy ou triangle oblong & fort étroit.
^:^'
Ces clous (ont perpendiculaires où in-
clinés plus î)u*moins d'un côté ou d'un
autre ; la pointe en bas ou la pointe en
haut ; plus grands ou plus courts ; ijeuls

ou enfcmble , deux à deux , trois i


trois , quatre à quatre. On connoît ^ifé'
ment ^u'il peut réfulter de cette vartété
d'aflemblage 6c de* pofition un certain
nombre dé caraftcres élémentaires cppa-
t
blc d'avoir formé Pécritufc de ces ii^des
inconnus. |

Les caraé^f rés dégénérés des in^ages


réelles , réduites à des traits plu^ fiinplcËi^

&c plus expéditifs , font fort ancienjs i h


Chine. On raconte qu'un Souverain qui
regnoît 18 fiecles a^nt l'ère vulgaire

pcrfeflionna cette écriture, multiplia les


caraAeres &c en varia les figures. Les
Chinois ont encore un des livres écriu
,?

iuiyan|là forme ai<^^^^^^^ la (mit

les procès ne firent que i^étendrc : ce fuf

félon eu^i dans le coilri d^ douzième


fiécle avauir rère vu{g2^^ -que récriture

fe trouva portée au plus haut point de


vperfeftion. Ik ajoutent que les cara Aères

alors en u(%e étoient j^ous foiidés (ur^

(des raifons phiîofophiques : qu'ils expri-

moicnt la nature des chofes qu'ils figni-

fioient ; ou du mains la déterminoient

en défignant les rapports de ces m(3nie$

chofes avec d'autres mieux, connueu


{Frtnty ibid.) On ne peut mreux définir

que par ces paroles l'écriture réeUe-curlolo^

& l'écriture j[y/n^a//V««; le


giqre fens

jpropre & le km figuré, Cpmment.nier

que les carafteres dont oti parle ici ne

fuflcnt dérivés des images réelfes diç chaque


^ .

chofc , & que tout le (yftôirt^ àe cette

méthode ne portât fur un fondeïtiie|if t?lutôt

néceflaire 6ç phyfiquc /c'eft-à^^ |>ncl<f

fur la -epréfentation même deVp^Jtjets


'
naturels, qu'arbitraire & convenlioïtnel
Je m'étonne que Frçret, le plu$ fçavant

homme qui ait vécu de notre (fias &


nnwn,. " "^liHi^j

' *{^

b u L À M c A c it: 41^.
l'un des meilleurs raifonneurs quand il

n'étoit pas pïëôccup^» , ait pu availcer


corifme un principe, que ces lignes formes
par de fimples traits, n'ët^i^nt que des.
figurer arbitraires ^^n'ayaht qu'un rajjport
convjîntionel &* de p^re inftiiutiori avec
a^
fur
!t;s chofès fignlfiëés.
L*écriture chinoife foufFrit un grand
échec dans le troifieme iïëcle , s'il eft^
^
vrai , comnie on le prétend , qu'un em-
pereur ennemi dès lettres fit brûler tous ^

les livres, &c que ce ne que 50 ou 60^


fut

ans apfiJs , dans le cours du deuxième fieclc


qi'*un autre empereur fit rechercher ceux
qu'on avoît pu caèher & fauver de fa
pcrfécution. A ràidc de ces reftes & de
la tradition^ em rcftltua de^ mémoire oii
(l'x!xempie une partie dés caraôeres pei^

dus ; mais faute d*ét^^ ilrfBfaniiHcnt inftniiii

du véritable fyftéme de Tancienne écriture


primitive , ou iVy avoir donné une foi-

gneufe application , oh y introduifii uii

grand nombre de caraîAerts bizarres qui


n'avoient laùcttil^ analogie naturelle avec
'
lc5 anciens. '
,

430 Mie HA.K iS ME.


Il ne faut pas croire que ce nom^c
irfirti de clefs qu'on dit monter à 80000,
foient primitives fit; indépendantes les unes

des autres. Comme ce^nt des mots, &ç


vtai
non des lettres-, noWs. en avons , à
langues. La
H
dire, tout ailtawt dans nos
plupart de ces defe font composes
de

plufieurs autres plus fimples , 6t fervent

pintes, à faire.le tableau d'une idée


ainfi
H
combinée dé plufieurs idées fimples. y
combinai-
a donc une analopc danç ces
fons qui «a ïàit aifément deviner le
,

connwŒmce que l'on a de


féfultat par la
fitnples dont cj^i^cune
la valeur des traitii

d'elle eft compoféc : comme dans la

plupart de no» mots , prefqpé tous com-


y a une dérivatiou
poTés &c àlloniiés, il

^
ron
«n tend
éoniiok
Tintelligence iacUe dès que

le tenue fittipU dont ils font

dérivés. Or chez nous lè^ termes pri-


mitifs , fie chet les Chinoi* les traits
impies font «n petit nonibii correfpon-
fun-
dant ai petit nombre de no« idées
raciries,
ples qui ont <êrvi à fonner les
ibrtie'la
ou les premiers tràts d'où'eft
¥ . 4*

* feniille Snnpiîébrable.des mots dérivés en


)om^c
îoooo, toutes langues. Le pcre Lecon.je adonne
la ^ablc des e^preffions qui ne mentent
les unes

ots, &C
qu'à 3i^ , dont ^.
lia combinaifon variée
i vrai
produitun nombre .prodigieux, U en eft
les. La 4? m^ême <les^,trmit« iî»n|)^les , compofés
de I4 ligne droite, de la ligne>courbe 6c
fées de

crvent , .
^" Ppff'^ y placés & variés en 114 ma-
ine idée
nières. Ce foiit, autant de carafteres ra-
dicaux cofr^ppndens aux notions géné-
les. Il
y
mbinai-
rales, quç Içs .hommes peuvent fe pro-
/iner le
po% d>xpritqçA ( Fr^ref^ ibid. )^ Il fiait

oji i de çbfjirvj^.caapprc; deux fingularités de cette


(d^l^cune
langue. L'une qu'il n'y a point de rapport
conftinié entre le fig^e qui repréfeiîte un
dans la

is com- objet i.ljf vue ^ le fon que le nom de


rivation
cet ob^et feit ^ntçndre aux qrciiles en 1<^

dès que
prorioi^çant, lAu licii que chez nous 9
: ils font
k >^,j tPtfî $4 ^;W )Cçttc . lapgiie dcujf

ics pri-
traits, ayai>t chacun leur npm , s'ils font

traits
joints enfemble , fe prononcent par un
îs
Ip.n cj^ui^ ^'^ gucl^^ef^is. rien dô^ deux
rrcfpon-

ée$ fun-
autr<î^..i^•|j^^p^u'cn C9^^ de Qç
défaut dc./fupprt jfmrc Jcs fignes-fic Ie|
raciiies,
fons^ dûiis:\}^ fçrt dq
fortic" la
,

^

i*«^-.
w

'43a Mê CM aWi^m;!.:
CCS forteij de caraftcres, les prononce
avec les fons de fa propre langue en y
attachant le même féns -dans lequel on a

écrit ; de forte que toutes comprennent


foit bien ce que Ton à écfît , fartf rien

entendre à te qu'une tfentr^cllés.'diroit


en le lifant. La direftiôil des ligjj^i de

cette écrimre eft perpendiculaire du haut


en bas , les lignes continuées dé droite
à gauche , comme jé^fai fouiwjonné dcf

fiiétoglyphcs Egyptien^ ; ijuoique je fois

bien éloigné de croire* qcfe ces deui

peuples aient lihe origine ëommxinè. A la

/ vérité, il y a quelques traits de feffem-


hlance entre ces deux notions ancienne-
ment civilifées , comitié il y en ientte
Cd^^^^ des
les riarièns'fav^vages^ dei'

Àméricàim.; Mail pbur iééàblîr W thefe

ço--
itiodcme que ieV 'Ch^nbli forli^Hine
^

lonîe Efyptiennc (thefc abfoliiment dé-


mentie par Thiftoirt, '6c aflteï (cjittilable i

ë^é de Uflîteau <)TO 'vciuteJi


iïiie les

Xniëficaim faffeiîiuriè^cbfoiflèW^éU^^^
Greèi) il faudrait ^' ^ur li «ft/c àddpter
Hcs preuves-
aùffi déhtonftr«t^ri^; ^^Ai
irréfiftiblci.
,

n V L A N G A CE. 4J5
ononce irrëfiftibles que celles qu'on a jufqu'à

e en y prëfent apportées font peu concluantes.

el on a Telle eft^ la forme afluclle de l'écriture -

renricnt Chinoife d.ont lescarafteres font les fignes

il^ rien immédiats. des idées qu'ils expriment &


I
'
diroit n'onf aucun rapport avec l'écriture verbale
• r

fjj^i de dont les caractères font les fignes immé-

du haut diats dés mouvemens exécutés par l'organe


ï droite vocal., Telleeft enfin la plus ancienne mé-
nné dei thode, plus ou moins compliquée, qu'ont .w

5 je fois
fuivie tous les peuples de la terre affez

^s deux civilifés' pour avoir un uïage de l'égriturc

lè.Ala habituelle & commune.


feflem-
119. La multiplication Jcs idées réfléchies
icienne-
& morales oblige d'abaAdonntr ré-
i- entre
criture fymbolique. Caufe de Vlnven^
lion dt récriture iitcéraie.
M'thefe
tine ço- Mais les défauts de^cette formule , ou
icnt dé- de toute autre qui s'exprime par tymbole;

ilable i a. forcé d'autres peuples d'abandonner


<^ les ranbienne route où ils* ne faifoient que
^élafge< s'égarer Mavantage ^ plus ils alloicnt ca
ïddpter, avant ; Sc de s^n frayer une nouvelle
jS^; ^anfli d'un genre abfolumènc diffcrcnf. En effet
éfiftiblc^ T\^mt /. T
,

434 Mie HA li 1 SM È

l'augmentation des connoiffances ayant de


mieux civilifé certains
jour en jour en jour
peuples , leurs efprits s'exercèrent auflt

les objets extérieurs ; ce


davantage fur
q\iiJeur infpira un plus
grand nombre

d'idées- firaples , 6c un
nouvel ordre

d'idées combinées. A mefure que les idées


fallut multiplier les mots
fe multiplièrent, il

qui les expriment , & les figures repréfen-,


tatives de ces inots. Mais on fe trouva

bientôt arrêté.' par un inconvénient inCc-

. /
pafable de la méthode fymbolique. Quel-"
borner le
que foin que l'on prît de
nombre des fymboles , de faire &
adroitement fervilr le même caradere ou

la même clef aux chofes qui a voient


entr'elles quelques l'apports , en ajoutant

étant , ou variant feulement un attribut


-la figure fymboliqùè
ou une pièce de ,

impraticable par
cette écriture devenoit
figures' qu'il falloit
multi-
la quantité de
plier ou varier non-feulement comme
,

les objets ,
maij^comme les jugemcns
refprit porte de ces objets. A Icr^
que
dans ledcfir de tsouver une nouvelle
, ,

D U L A N G A G E,
45Ç fit iH wî'

ayant de m?thodé on
kf'm
, étudia /ans doute avec foin"'
; certains forgane de la parole ;.& l'on découvrit
^
ent au (fi ou du moins Ton crut découvrir, que
îurs .; ce les fons de la voix , avec lefqUels nous
,
nombre pouvons fignifier tout
-
ce qui nous plaît
el - ordre n'étoient qu'en petit nombre. On s'avifa
î les idées donc de repréfenter ce petit norhbre de
r les mots fons par un égal nombre de caradereî>
repréfen-, (impies, ou lettres , dont le mélange
fe trouva combiné , portant aux yeux , à force d'iia-
ient inlé- J)itude tout ce que les articulations des
, :

ue. Quel-* organes portent aUx oreilfes préfente ,


:)orner le a l'efprit l'idée des objets extérieurs
d'unc^
de faire manière plus ^mple , plus courte, plus &
raftere ou ficile que ne fcrolt la figure même de
li avoient ces objets. On trouva d'abord douze ou I
i ajoutant feize cTe ces carafteres fimples : puis
1 attribut, avec un.plus grand examen ou par ûne'^
iiboliquè , plus grande facilité , on
y ajouta peu-i-.
icable par peu un plus grand nombreV qui , à ce qu on ^

loit multi- croit ne pafTe pas 14 ou 16. J'ai fait voir


,

fit comme ailleurs (n^ 18 &


fuiv.) que cette opinion
jugemciis commune ne va pas affez loin , ou qu'elle
Alor<i
jets.
y va beaucoup trop. Au rcfte je ne m'ar-
nouvelle' rCte pas à traiter fépan^^neiu
î
de récriture
1 IJ

-*
m:
I
4r6 M É CH À Kl S ME
•fyllabîque , & de récriture littérale. "Routes
dtîux foat organiques 9 & ri*ont, à vrai^^

dire, entr*elles prefgu'aucuiie diffërçnce.*^


-ij^Ce que jobfervefuf Tuae convient à-peu-
*
près également bien à l'autre. Elles n'ont

. ^ét différence que Idans la multiplicité des

carafteres alphabétiques qiîe la première


cft obligée d!avoir pour ne pas fëpàrer

le fon vocal de la forme que l'organe lui

donne de : forte qu'il faut multiplier chaque

J confonnepar lenombre.des voyelles qu'elle


Eût fonner; ou réciproquement^

1 10. Lepaffkge des caraBeres compofisaux


c^raBSrtAjvnpUs a fait nommer^
: c€S derniers lettres*

LoHque les noiiveainc çarafterés orga-

fûques. plus (impies furent d'ufage pour


remplacer les hiéroglyphes ou carafteres le
figurés de la grande & écriture fymbolique, dir<

on les nomma lettres , litera . ou autre m2


inot fynonyme : ce, qui fignifie les fgurcs loni
^ * Jimples f les petites figures , pour lés dif- dai
tînguer des anciens caraôeres plus coni- ou
*'»
. pliqués : nom dérivé parmi nous du grec
.

©u La n g a^ e; 457
y fret u e. JimpUx , Unuis , cxilis : &C de
Mura on a fait lé y^rhe legcn par le

fiipin U3i4m. CettQ-étymologie du mot


Ve/rre, à laquelle' Voffius s'arrête par
préférence , eô évidemment la bonne* •> "

Elfe rcînd ui^ jufte raifo© du nom^impofë


aux nouveaux traits pour les dîftinguer

des anciens , en même temps qu'elle in-


dique fort men la tracé du paffage des
uns aux autres.

Ï2I, On ne peut indiquer en quel ums


ni par qui Récriture littéraU
a été i.ftroduiH.

On ne peut douter que la nature n*aît


de bojine heure indiqué les premiers
élémens de l'écriture figurée aux peuples
qu'elle a doués de quelque dofe d'intel-
ligence. Il feroit bien inutile

le tems d'une invention née, pour


de rechercher
ainfi
#
dire , avec Thomme. Il n en eft pas de /

même de l'écriture organique , fruit d'une


longue &c fçavante obfervation. Cepen-
dant on ne peut dire au jufte par qui
OU en quel tems elle a été inventée. Les
*
•Tiii
\
v.

458 MÉCHANÎSMS ••

monumens certsdns nous manquent à cet aftronon


égard , tant Pinvention eft ancienne ; &t fur des 1;

les traditions n'ont rien lâ-deflus de bien ainfi* Il

afTurë. L'opinion commune qui en donne riens on


rhonrieur aux*Phœniciens/he fignifieîï|itre dont qu
chôfe finon qu'ils peuvent être regardés tion zva
« comme inventeurs par rapport \ cnous Phœnici
qui la teWns c^'eux. Quelques anciensL Literas
auteurs lui donnent un^ très-haute an- eft çon(
tiquité dans l'Aflyrie ; mais il-eft douteux gloire d<

fi par le mot liufas ils ont entendu parler très-anci

de récriture littérale , ou d'une écriture bien en


quelconque, lyautrés auteurs font l'in- des àutr
, vention récente (k l'attribuent aux Egyp- peut-ôtt<

'^'^iens : pejt-étre n ont-ils ypùlu parler que Indiens


du tems ou l'Egypte fubftitua l'écriture oriental
litténile à l'àncieone formule ufitée dans rigueui:

ce pays.Pline, (/. vi/^ck^^6y) tëmble croire avec lui

que Tufage de l'écriture eft auffi ancien ufage cl


que l'homme Apparet xternum Uurnrum
: n'a rien

, ufum. Selon l'apparence il a voulu dire l'homm


par-là que cet art eft fi ancien qi^ fon de fa fà

origine remonte au de-là de toute tradi-,, fieres d(

tion humaine. Caf c'eft en réfléchiffant auxyeu


fur la haute antiquité des obfervations imiter ]
,

0V t|^!*G^Gtf 459
aftrQnomicm^s infcrkés pxc les Babylwiens^
fut des haxm de terre cuite qu il s>j^)rlme

ainfi. Il avoit dit plus hsyut que les Any-


riehs ont toujoiKs eu Tufogé des lettres , :
V
dont quelques autres attribueht Knven-
tion aujCEyptiens, aux Syriens , ou aux
Phœniciens qui les apportèrent eh Grèce.
Uuras fimpif arbitror ajfyrias^ Mlf^* ^^ ^^ T"/
eft qonffant que s'il falloit difputer de la

gloire de Ti'nvçntiori , les AflyrieAs natioi\

très-ancienne feroientpour le moins auflî-


bién en droit d'entrer en lice qu aucune
des âutrw cydeffus mentionnées ; mais
peut-être .feudtoit-il qu'ïelle cédât aux^
Indiens ou à quelqu'autre nation plus
orientale, Que fi' l'on veut prendre à la
rigueur les èxpreffions de Pline > & croire
avec lui que Fëcriture a toujours été en
ufagechez les Aflyriens ; fon fentiment
*-^
n'a rien d'incroyable ^ s'il a voulu dire que
A,.
l'homme dès le premier tems n fait ufage -

de fa faculté de figurer les images grof-


fieres des objets extérieurs pouf montrer
aux yeux &: indiquer ce qu'il ne pouvoit
imiter par l'organe jde fa voix. Mais il

* -. Tîv .

)
\.
440 Mi C H > NX s ME

cft aifë de voir qi^ç fa^'propofition n'eft

pAs foutenabte-y s'il a yôtilu parler , même


de? hiéroglyphes natîh-els érriplbyés comme
4

iymboles ; invention ^q Tart arbitraire &


conventionneHe ,
que I^naûire lî'a pas
diftée : & encore moin^ s'il à voulu
parler de Tëcriture littérale telle que
\
nous l'avons •invention beaucotip plus

•fine &r plus Gonfpliquée que là: précédente.


")
.

On peut aiTurer hai^cfirncnt qu'elle fuppofe


ïïhe longue exiftence précédente du genre
humain. L'exc^nple général ^e*^- peuples
jfauvages , qtri nei'om pas , prouve que ce
n'efi que fort tard , après un graiid exer-
cice &un long développement, que l'ef"

prit humain a pu parvâiir à orne telle

invention.
Anticlide croyolt & s'efforçoît^ dit

Phne (ibid^) de «prouver par d'anciens


momimens que cette invention des petites
lettres étoit due à Menon l'Egyptien
quinze ans feulement avant le tems de
r Phoronée ,
(Pharaon) qui a conduit en
Gfece la plus ancicime des colonies
étrangère? qui y foient arrivées^ i mais
'%.

y
m^

»U L^A H G A G E. 44«
/ Bérofe & Epigenélputenoient, ajoûte-t-il,
qu'elk étoit en ufi^ge au moins cinq à
^fcpt fîécles avant le fiécle cle Phorondo ,

(•'ont 'on place ordinairement l'émigration


^ans ledix-huiticme fiecle avant notre ërc
111. Traditions hijloriquc^ fur la tranf^.
TniJJion dt fart de peuples tnptuplcs.

Au rapport deDiodore(/. 5,) les Egyp-


tiens ainfi que les Phôeniciens tenoïent
^, -.5
l'art des Syriens ,
premiers inventeurs.
Ces Syriens, s'il en faut croire Euièbe,
{Prtpar, Ev, /. 10,) font les. Hébreux. Il

cite Eupolemeqiii dit que Moïfe l'enfeigns^

à fa nation de qui les autres peuples de


Chanaan l'aprirent. Mais Moïfe dans (es

liv4"es ne dit lui-même rien de pareil.

I^rieS^ttribuè point une telle invention


dans le récit fort circonftancié de tout
ce qu'il a fait & prefcrit au peuple qu'il
gouveinoit : & tant de livres qu'il a écrit
montrent que l'écriture étoit dès-lors une
chofe très-ufitée en orient : ce qu'il fcroit
également facile de prouver par p'uficurs
endroits du Pentateuque où divers autres

livres font cités &. extraits, &p.:r!'.;n(iquitc


^ ^ tt

^
,

'^^
c^

%'i.
441 M i C H A N t s M&
dationî
du livre de Jbb qu'on ctoit encore plus .

fils d'^/
anci<îiv. Déplus les colonies Phœnicienncs ,

duitl'u
chafTëes (ie leur pays par rinv^fion des /
Euftatl-
'ébreux divulgucrer^par-tout cet art en
*r loin &
occident. Ileft^donc certain' que dès-lors
verent
rart'ëtoif familier en Egypte &: en Chanaan.
récriti
I! éft pqflible que céu:^ U^tinflent dej ^

pçrdin
Syriens, & que ces defriters TeufTent
qiie !(
^, appris des Affyriens ou Babyloniens;, .

GreCs
puifque félon Pline, l'art étoit fi ancien
que li
chez ce\ix-ci : encore eft-il probable qu'ils
fervoi
& n'en étoient pas les inventeurs , & qu'ils
firent
le tenoient de quelque peuple fituc plus
Pelafg
avant dans i'intërieur de l'Afie ,
plus
que r
voifin de l'Equateur. Car plus les traditions -

pas er
remonteftt, plus elles s'approchent de ce
de la
canton de la terre ; & houç voyons
^

foupç
toutes les connoiffances foire la même
étoier
route, & s'avancer de l'Afie intérieure
Pelafg
vers l'occident ; de l'équateur vers le
l'Eure
nord. On a dit que parmi les Grecs les
c'eft <

Pelafges avoient l'ufage de l'écriture


avoie
avant l'arrivée de<: colonies Phœnicienncs
f<jait-'
en Grèce ; mais qu'ils le perdirent au tems
conni
que la Grèce fut dépeuplée par les inon-

• \
>

© U L AN G A G E. 44Î
dations ; Ce qui a fait dire que Cadmus V.

fils d'Agenor en.avolt le pfeirTier intro—

duitTufage en cette contrée. (Diodore^l.^.)


Euftathe, {in Iliad, ij , 841,) va plus
loin & rapporte que les Pelafge§ confer-
verent feuls au tdms du cleluge Tufege de
'

récriture quje les autres nations Grec^u^^


perdirent alors. Diodore dit ailleurs (/. 5,)

que les nouvelles lettres apportées aux


Grées flirent appellées Phœniciennes , &
on
que les anciennes lettrés dont fe
K
auparavant ù:,siid cî
iervoit ,
;

• ^ "

firent abandonner l\j(âge ^ fë noniinèrent

Pelafgiques : ce qui dit;îlflez çlaireiîient

'que l'art d'écririe à la Pela%ienne ne fiit.

pas entiérctncnt perdu au tems du


délugç

delà Grèce. Quelques fçavans ont même


"

foupçonné que les Runes feptentrionales


écriture
étoient les reftes de cette vieille
Pelafgique confervée dans le nord de

TEuropc. D'autres auteurs préfument que


c'eft des Scythes que les
anciens Grecs

avoient appris Tartcle lYcranre. H:iîs d'où


cM.ix-.'nuncs
f<;ait-onque les ScytiK- ayei;t

connu, cet' art ? La co.r^.Une contuirc


1/ , n

444 ^ M É CM AN llf M "


É
' •
,, U ./ „

ferait plus vrai leml)la)>le tàht à leur égard

qu'à celui des Pckrges môme* Si les Pe-


laiges ont eu en effet cet ufiige , il
y
a beaucoup (l^apparen.e que leur écriture
étoit en figures fyaiboliques plutôt que

Ihtcrale : &- que quand les Phœniciens


eurent fait connoitre aux Grecs les avan-
r taches de la nouvelle invention , ceux-ci
abandonnèrent auflTi - tAt leur anciennne
niétriodePelafgienne. Palameden'eft point
l'inventeur des lettres parmi les Grecs.
Il n'a fait comme Simonide qu'introduire
quelques figures nouvelles qui pour plus
ckî facilité çxprim^oient des confonnes
doubles. {Plïn, vij , 66.) Il eft conflan^t

que cette invention a été tranfmife par

.les Orientaux; foit que Cadmus en foit

l'auteur , ou Cécrops l'Egyptien , ou


Linus précepteur d'Hercule , c'eft-à-dire

d'un marchand Tyrien : cet Hercule ne


pouvant ctreleThébain fils d'Amphitryon,
puifque l'hiftoire nous apprend qu'il y
avoit en Grèce des moliumens écrits

a\i temps même d'Amphitryon. Les Eu-


ropéens tiennent donc cette inveptioa des
# *

D V Là n g a g e. iwf
Orientaux : & il eu certain que les lettres
qui leur furent portées . font les Mettrez

Phœniciennes dont l'Europe ancienne &C


moderne a toujours depuis fiiit ufagé^

11}» Les lettres Pkcènic'unncs font Us


plus anciennes aujourd'hui connues ;
'
& celles d'Europe en tirent leur ori"

Laiflfans donc les Phœniciens jouir J


félon la tradition la plus ordinaire , \de
la gloire d'avoir inventé ce bel art de
l'écriture organique. !ls en font du moins
les inventeurs à notre égard., puifqu'il eft
conftaiit que ce font eux^ qui par leurs
voyages l'ont divulguée dans les pays
plus occidentaux. On en a une foule de
preuves ^
parmi lefquelles il n'y en a point
de meilleure que celle qui fe tire de la

chofe m^me : je veux dire l'étymologle^*


de la fig\ire de chacun de nos "caracfteres

vulgaires , laquelle fe trouve dans le Sa-


m;iritain. Le caraftere Phœnicien eft le

inc'inc que le Chananéen on ncn : fcjauroit

douter, puifquc c cft même peuple ôc mcipc

<r
,

446 '
M i C H \NISME
p^ys. Par la môme raifon le Chananéen
eft à-peu-près le môme que le Samaritain.

Or le Samaritain eft rancien caraftere


prouvé par les anciens
hébreu : ce qui eft

dont les Infcriptions


Sicles âç Palefti^e

font en carafteres Samaritains.


Donc le
eft le m^me , ou
à-peu-près le
Phénicien
hébreu.
inême que l'ancien caraftere'
'

hommes
Les C^imi/i, c'eft-à-dire les
(Torient ont tranfmis ce caraftere tant

aux Grecs (qui le retournèrent de gauche

à droite , après s'en être fervi d'abord à la

manière orientale, puisalternativèmenfde


deux manières, allans.&crevenans comme
fcs bœufs qui tracent des filions) qu'aux
Etrulques &
Ofques d'Italie , qui retinrent
&c ne
Fufage d'écrire de droite à gauche ,

que de lettres capitales. Les


fe fervirent
formans
Latins defcendus des Ofques ,1

éolique
leur langue fur le dialeOe gre^^f^

N
q\ii prévaloit dans leurs provinces ^uferent

pour petit caradere cW lettres à.la grecque

& pour cam^ere capital des figures ofques


& étrufqacs qu'ils retournereiit de
,
l'autre
ïiv Langage. 447
fens à la grecque ^ afin de conferver Tuni-
formitë dans leur ëcriture. Les deux in^
criptions en letl/rs ofqucs ,
qu'on vient
de trouver dans la ville foùterreine d'Her-
ailane , ont un rapport infini avec
les capitales latines figurées à l'envers. '

/.

Telle eft l'ëtymologie dfî la figure de nos


caraéteres. Au refte il me paroit probable

que les Etrufques ont emprunté leurs

lettres immédiatement des colonies orien-


tales plutôt que des Grecs. Elles font

fort femblables à celles que Scaliger dona«


pour être les lettres des infcriptions Thé-
b^ines ; & de plus les Etrufques écrivoient
de "droit à gauche. Je crois ,aufli que les

Latins ont pris leurslettrcs immédiatement


des Etrufques , & qu'ils les ont enfulte
figurées à-peu-près Semblables aux lettres

éoliques de la grande Grèce qui en dif-

^éroient. peu , furvant le fens des lignes


de gauche à droite. Les lettres que Cad-
mus aporta en Grèce feroicnt encore plus

femblables aux lettres latines ,


qu'aux
grecques môme vulgaires , telles que nous
448 M É CH A N I 5 M R

les avons &: telles que les Grecs les

avaient altcrcc: par Tufage , (i la forme


en étoit telle que Scaligrr An, Eu- (^ad.

fcb, 1617. Fi de Hcnjdium Synops. Har^


monlc, p. 88,) Ta figurée dans 1q> trpis
'

anciennes infcriptions qu'Hérodote dit

.avoir vu écrites en lettres cadméennes


(^mblables aux ioniques dans le temple

d'Apollon à Thcbes en Béotic. Les inf-

criptions les plus anciennes qlû cxiflafTcnt


parmi les Grecs étoient l'une d'Amphi-
tryon pçtit-fîls de Cadmus ; la 1% d'Hip-

pocoon fil5vde Laïus ; la 3% de Laodamas fils


d'Etéocle. J'ajouterai ici qiidques preuves,

prefque toutes tirées de Bochart pour dé-


montrer que les figures des lettres grecques,

& des nôtres , viennent néceiïairement du


caraftcre chananéen ,
qui étoit fans doute

fort upproch mt de l'Egyptien , Vu le voifi-

nage des deux peuples fs'iln'étpit le m<3mc,


comme cela eft encore plus vratteiViblcibie

& comme 11 faut que le fout^enncnfceux


A
qui prétendront que IVt a paATc direc-

lemcnt d'Egypte en Grèce.


,

P U L A N G A G E. 441^

1 14. Preuves que les lettres grecques , étruf-

ques & latines , viennent dû


cananéen ou phœnicien,

1^ Cadmus Hévcen de naifïïincc ^

&: officier de cuifine du roi de Phœnicie


fut le chef crune colonie qui pafTa dans
la Grèce. Harmonie fa femme , muficienne
du palais^ au rapport d'Euhemere , &:
probablement native des environs du
mont Harmon dans le même pays, porta
la première en Grèce , û-'lon les appa-
rences , l'art de la mufique. Quant à celui
de IV^criture , il^ prefque confiant qu'il
fjr-;

y fut porté par fon mari ,


qui n'aura fans
doute pas donué aux Grecs d'autres lettres

f[iie,celles de fon pays. Les lettres grecques


ioniques partent pour les\p!us anciennes
entre tous les caractères grecs; Hérodote
(/. V, ch, 58,) dit que ics cara6\,eres

don^ les Pbœniciens fe fervoient de fon

tcms étoient les mêmes que les anciennes


Icltres ioniques , dont on avoit un peu
altéré depuis la figure & le (o\\. Il

iiioûtç qu'en ce canton de la Grèce , le


,,

450 M É,c H A N ri M E
moi phœnicicnnes fignifie lettres. Hézy-
chius , rend dfe même le mot E.«J'«ir»{af par

letermcfynonyme if uytf tirai (^^ tLtBtyifirkm


'

/esio.) M

•li^. Preuve du pnjfage des figures J'y n^ ,

boliques aux figâl'es littérales.

1^ Les Grecs maigre la prétention où ils


ëtoient que leur langue eft la plits an-

cienne de Tunivers , ëtoient obligé? de

reconnoître eux-mêmes , dit le philofophe

Çrates ,
que les noms apellatifs de leurs

lettres ne font pas tirés de' leur langue

mais de quclqu'autrc langue barbare.

Alpha cft le nom que Cadmus a donné


à notre première lettre , dit Plutarque

parce que les Phoeniciens appellent ainfi

un bœuf. En effet fi on fait attention à

la figure de Valeph famaritain , qn y trou*

vcra quelque image grofliere d'une ièit

de Uœuf avec fes deux cornes. On voit


ici une trace du partage des hiéroglyphes

aux lettres courantes. Et il w'eft pas étaiv;

nant que les Cananéens ou le^ Egyptiens

icurs voifins ayent donné à leur première


,

DU La n gage. 451
Hézy- lettre le lïbm & la figure de ranimai, le

c
i{«f par plus utile-, fi révéré parmi eux , & d com-
mun dans leur ancienne écritur.e fymbo-
y
r
lique. Au refta il n'eft pas certain que-
le bœuf fut la première lettre de Palphabet
fimple des Egyptiens : car Plutarque dit
s.
ailleurs que Ja première lettre de leur
m où ils alphabet étoit un Ibis portant le bec à
liis an- Tes jambes : ce qui figuroit une efpece de
igé^ de triangle. De-la peut-ôtre que F^ majufcule
lofophe a uiie forme à-peu-prcsr triangulaire ; au
le leurs lieu que Va ordinaire (fur-tout celui des
^'tfSI^

langue j Grecs « ) approche plus de la forme d'une,


3arbare. tête de bœuf pofée horizontalement ;
L donné mais de quelque manière que cela foit ^

tarque on retrouve toujours ici le paflfage des


mi ainfi figures hiéroglyphiques aux caractères .

ntion à firhples. — .^
y trou-
116. Alphabet chananUn compare aveclc
ne tête
grec. .

3n voit

iglyphes 3^ Les noms des lettres vulgaires &


is éton- grecques font mêmes que ceux des
les

jyptiens lettres hébraïques A. B. C. D/£, &c.

iranicre Alpha,Bua,Gammaj DcUa, Epfihn^ 6c c.


,,

y.

*><»
^él^X M É C « À ïl I sIk E
^UphyBcthyGulmeljDaleth^HcfiicVot^
dreeft le ifeême prdque cUns tout le cours
de l'alphabet : & cet ordre eft fort ancien
'
comme on peut le vérifier , dit Seldeh
parffs acroftichesde David & de Jérémié.
— Les derniers carafteres compôfés qui fe

trouvent à la fin de l'alphabet grec, ont,


comme on le fçait'^ été ajoutes dans là

^uite par Sknonlde bu par Epicharme.

'
1 17, Origine de ta figure de nos caraclcrcu
»•..
4^ La figure des caraft ères famaritains*

retournés étant affez approchante <ie celle

des csu^âfteres grecs ^ il y a apparence que


le^caraâeres phœniciens , s ils n*étoient
les mêmes que les famaritains , n^étoient
pas pkis différens que les latins le font

des grecs , &: peutnêtre rn^me tenoiSnt-


ils le milieu entre le famaritain & le grec.
/'
n eft vrai que les lettres que Ton voit fair
les médailles puniques ne paroiflent j>as^
avoir beaucoup de reffemblance avec les

caraéle. "s grecs , non plus qu'avec les


^__^ià»ïaritains. Mais il faut rea^arquer que ce
V font des monuinèns africains fort éloignés^
DU La n g jl ce. 4fî
de leur fourcc ,
qiii a pu être altérée
par le commerce continuel avec des
étrangers &: par la grande di fiance des V
,

lieux. '& clés téms : car il ne paroît pas


r-
>
que ces . monumens foient beaucoup an-
térieurs à Tére vulgaire. 5^ Les Grecs
dont Taccent étpit Jamt & beaucoup plus
fortant que celui des Phœniciens ^ ont
transformé en voyelles \es afpirations
gutturales des Orientanx. M^is les Ioniens
plus voifins de ceux-ci conferverent en
afpiration la lettre If. dont les autres
Grecs avoicnt fait un E ouvert & long.
LVage'^des Ioniens , peut-être, confervé
originairement par les Etrufques , a paffé
dans la langue latine , d'où il s'eft perpétué
dans nos langues vivantes. L'afpiration 11^
fi commune dans nos dialcôes latins , &«
qui ne paroît plus dans Talphabet grec
comme fîmple afpiration, y étoit néanmoins . \

anciennement avant que Palamede n'eut


inventé les caraftcres doubles $, Ji, ^,
qui le remplacent. Alors , au rapport de
Marius Viftorinus, les Grecs <
*
':nt
THEos , nHi'AOS , iuPdNos. Maij depuis
,

4Î4 MÊ C H A N^I S M E
que- l'ufage des lettrés doubles l'eût ne le

rendu inutile , Simonide fe fervlt du nous ,

caractère H pour figurer IV long ou «t«. chez e


Car jufques-là IV long s'étoit écrit avec comuK
lin iîmple cpjilon. Enfin Calliflrate de phabet
Samos raffembla toutes les lettres grecques, des Jet

préféra les içniques comme plus anciennes, jnéme


rangea dans leur ordre jufqu'au nombre nicie , ]

de 14, tant les anciennes lettres que celles


que Palamede &
Simonide avoient -
Qu'on
V introduites. Cet alphabet ïiit reçu par Kir;
les Athéniens fous l'archontat â'Euclide de l'éc]

\AndroH> in Tripodc ap* Suidam in devoir


qu'ils a^
^ 6^ On croit communément que Cadmus il paroi
ne donna aux Grecs que feize carafteres ; d'Hélio
mais il faut y ajouter les fignes ou épi- lettres
;|

fêmes (jibtm djjiinctiva y Jignationcs.) ui» caraftei


qui eft lé vau ) fixieme lettre famaritaine, à-dire
&cjigmaiau r qui étoient de vraies lettres, tendre
&' qui quoique fupprimées de notre al- g^ires4

phabet grec d'aujourd'hui y étoient cer- à la foii

tainement autrefois. Car le digamme n^éthodl


éolique F eft le méîhe que Yy confoime métho<
des Latifis ôc des François. Les Latins La pj
P U L A N G AGE. 45Î
ne le prononçoient pas doux comme
nous , mais ruèement fifîé F\ L'i^ eft
chez eux & chez nous là Çxx'içtmt lettre
comme chez les Samaritains. Dans Tal-
phaberéthiopien , que l'ordre & le nom
des lettres montrent clairement être le
jnéme que celui de Chaldée & de Phœr
nicie , le Waw y eftauffi la fixieme lettre.
Alf^Bct^ Gimly Dent y Haut^ ITaWj &C.
Qu'on le rappelle ce que nous avons dit
\
(n® I ry) que les Ethiopiens ont eu Tufage
de récriture hiéroglyphique avant que
<^
devoir celui d'un alphabet. Diodore dit
qu'ils avoient deux fortes d'écritures : &c
il paroît qu'on doit conclure- du récit
d'Héliodore qu'ils avoient deux fortes de
lettres ; les une royales femblables aux
caractères facerdotaux de l'Egypte , c'eft-
à-dire , comme il paroît^qu'on doit l'en-
tendre , aux hi^oglyphes ; les autres vul-*

guires4 Aimî les Etliiopiens ont pratiqué


à la fois pendant quelque tems l'ancienne
méthode d'écriture réélu, &l la nouvelle
méthode d'écriture verbale.
>

La preuve que l'autre épifôme r Ji^


,.


\ :

c_
a
« s

^'^
'456« MMH AN IS M E
matati- remplaçoit dans le
môme oidra
famantaine,
chpg les Grecs la (îxi^me lettre
& felfoit partie -de leur alphabet , c'cft

cbnfervé dans les


J ."\
que chez eux \\ s'eft

chiftes où il eft le ûxieme , "comme dans


au lieu que le • fignm
Talphabet oriental ,

La
ou 5 finaleft beaucoup plus reculé.
C\ •>
fuit le fama- Ori,
preuve que l'alphabet grec
ritain ; &. ^e le ffymatau on S y étoit

fe
comme dans l'autre -la fixienie lettre ,

qui eft évidem-


/- trrftde l'alphabet éoptique

ii^nt iç môme que le grec (le cophte étant


depuis
un grec corrompu en Egypte
cjiie

'des foc-
ce pays fot fous la domination
cophte
cefleurs d'Alexandre.) V^^P^ab^t
Vida Gamma y Dalta, Et
eft Alpha , ,

Dans un vieux manufcrit de


y,7 6cc.
l'on trouve lés
l'àbbaye de Fulde où
«oms des le ttres grecques, écrit tout au
long,

la fijieme entre X'epfilon & le [tta eft

nommée i'i' & fa forme eft celle


d'un S. On en trouve une jutre entre


« le^ ». 6t le c' (le F &
IV) appell!:-e «»-<'
kho}.
^ ou ..'. . qui eft évidemment le
f donc
des Orientaux 6c le q des Latins
les.
%

^ D u Lan g À.g e.
457
lesGrecs ne faifoîent pas ufage. Les Latini
ontadoptéimmécliatcmentdesPhœnicieiii '

le kofov. ^ letoii^né c(ui fe frouve auflî


p
chez les uns (g)C les autres entre
le> &: IV
& que les Grecs n'avdient pas.
^'i-o. De la JireBlon des ligrics.
La direaion des lignes chez fous
les
Orientaux eft, comme on
(>-ait, de droit à
• gauclie, contraire à la
nôtre. C'étoit l'ordre v
Samaritain que probablenieiu \

les Grecs t
fuivirent auffi dans les
premiers tems où
art leur fut-trànfeis.
Il y a bien de
lapparerce que les anciennes
infcriptions
Thëbaines étoicnt .«écrites de
droit à gauche
Elles font toute^ trois
plus anciennes
que
la èiierre de Troyc. Quand on en
trouve •

* boujhophàs , telles que


TLifcription
S'gJeni/e , c'eft aufTi un %„e qu'elles
font fort anciennes. Celles-ci
femblent
marquer le tems où les Grecs ont coin-
nicncé à changer la direftion de leurs
l'gnes. M^is après fcut c'eft une chofe
>ien étrange qu'un peuple s'avife de
varier là-deftus.
Comment peut-il venir' •

en penfôe de changer
IVfiige habituel de
les
Tomt I,
y
1^8. M.l CH A N I S ME
Ceci pourrolt faire
airiger
'

les lignes ? aux (

foupsooner que les Grecs' avoient dès- latine


à l'occiclentale;
lors «lie écriture cliri,;cc . Etiur
qu'adopter les lettres
6-: qu'ils ne firent dy é

qu'apportèrent les Orientaux., Mais eft-il


qu:nK
plus naturel de croire
qu'un peuple qui m. e
a l'ufage de l'écriture
&
des lettres pro- , foible
adopter d'autres?
près, les quitte pour en fcieiK

Il y a là de p^.rt
ou d'autre un5 grande coîifci
pas pc^fffDle -(le
bizarrerie dont il n'cft ignort

rendrc^e bonnes railbns. Ce n'eft pour-


& leu
exemple. I^es lettres
tant pas ici le ieul cHc tu
nord l\ifage des
latines ont aboli dans le Qu.
lettres Runiqucs. Les
Latins avoient pris
fcns c

leurs voifins &


les lettres des Etrafques
,
qui pc

ai conduifoient la<lireaion en fcns


jcmr\m
comme les Grecs leurs autres
contra~ire , phœni
Non -feulement les Latins placés
voifins. me me
entre les Eoliens de la
grande Grèce & cPitYe

Tyrrhéniens de l'Etrurie , ont pris la


leur
les c
direaion des lignes àla grecque en adoptant ceux qi

les lettres étrufques ; mais les Ethiopiens des cl

d'AbvfTinie , Sabéens d'origine , & q"


manie 1

conduifent leur
ont rllphabet de Chaldée , ^ clcpe
en fçns contraire
ligne de gauche à droite , niodite
,

DU LA N G A .G E. 459
aux Orientaux. La direftion grecque ^
latine fut' (ans doute bientôt iiifvie cii,

-Lniiric incnie^ quand Rome- coinmencd


d y étendre la doniinarion. En général
c]u:ind un peuple pui/îanrbu Tçavant

m'e avec un autre i„iîîorant ou plus
foible , ce dernier , fur-tout en tait dé
fciencerî, prend beaucoup de IV.utre , vst
.'.*^

conferve quelque choie du fien. Rome


ignorante prit ]:eaucoup des Et^ifque.s '

& leur rendit davanta^je à Ion tour quand


cHe tut. devenue la plus foi te.
Quoique la dircc}iv)n ('es li;:^r:es en
icns contraire n'excb.'e pas le rapport
qui peut fe trouver encre cLux lan^^ues -,

.xoinme nous levoyons par Texemple du


phœnieien & du grec, la.direftioji dans le
mcme iëns marque une grande analogie
entre les langues qui Temployent dans
leur écriture , & p^sut fervir à guider
ceux qui voudront ranger les langues fous
des claffes IT y a bien des
générales.
manières de diriger les lignes: Le choix
V"

T» dépendu de la fantaifie ou
de la com- .

Jiîodi'té de ceux qui en oi/t les premiers


.
/ V ij •
460
MÉCH>NISM1
Elles peuvent c^tre
ho-
introduit rufage.
à gauche ,com.i*
e,a.
rizontales clc clroit

Orient : honzor>tales
de gauche a droite,
bourtrophées ou
comme en Occident :

de cette manière ,
comme on
alternatives
infcripnons per-
trouve en certaines
:

lés
pendiculaires (comme dans les langues^
ne doute pas
chinoires, &i comme je,

écrus ur
q.e les hiéroglyphes ne foient
bas,

pyramides d'Egypte) de haut en
les
ou m^me bouftrophees
ou de bas en haut ,
lignes fuivies de drmt
alternativement; les
enf..
gauche ou de gauche à droite :

à
d'autres manières
qu on peut
de beaucoup
ne.paro>t
imaginer. Aupremierafpea, il

ait pu mtrodu.re
ouères naturel qu'on
les lignes qu.
Lcune manière de diriger ,

main fur celles qut v,^-


Me repaffcr la
ecnture
nent d'être trac<fe$,
comme fero.t l

les lignes de bas


horizontale en continuant
perpendicidaire en les
ou la
ea haut ,
gavicii^ car
«le droite à :

continuant
vient
effaceroit ce qu'elle
main
alors la
Mais il eft p.efque
fraîchement d'écrire.
certamque>.slespr.m-èrs_temsde
qu.
»
ri.»troducTion de l'an , on n ccnvo.t
D V L A N G A G E. a6î
fort rarement ; clans le cas feulementxoii
l'on voulait confefver la mémoire «es
àiofçs importantes^ & publiques , & en
gravant les cara^lerés fijr des matières
<\i\rcs. Ce n'eft que torfque les fciences
ont eu fait du progrès , & que les na-
tions ont été civilifées qu'on a journel-
,

lement écrit à main courante , avec la


plume ou le pinceau fur des matières
moins durables, mais plus faciles à' manier.
Alors on a fuivi dans la dir^ion des
lignes l^ufage habituel ^ bon ou mauvais.
Un peu d'attention a fuffi pour fe pré-*

cautionner contre les ratures, qi^'il eft aifé

d'éviter en écrivant avec le pinceau , & qui


aie font pas à craindre en écrivant avec un
poinçon, foit fur des feuilles delatanier,
foit fur des tablettes cirées , &c. Quoi-
qu'il paroifle d'abçrd contraire à la raifoii

& à la probabilité qu'aucun peuple dirige


fon écriture horizontalement multipliant
Jes lignes de bas en haut en repayant la
main fur ce qu'il vient d'écrire , on en
trouve un exemple affuré. « Ceux du pays
»dc Thibeth, dit I\|ibruquis , {Voyait

Viij

V
46i MÉCHANISME DU LANGAGE.
écrivent comme,^
M âl Tartarie , c. 39^)
droite. Ceux
n nous de, la gauche à la
,><lc Tangut cciiver.t
de la droite à h

„ gauche comipfi les Arabes ,


en mon- &
,. tant en h:iut
multiplient leurs lu^ncs. >.

^application
Cet auteur fe trompe dras
du tait. L'écriture du
Thibeth celle &
la même.
de Taogut eft conlVamnient t
le fait même.
Mais il ne fe trompe pas dans
modelé
Chambérlayn nous a donné un
Mantcheoux
de l'écriture des Tartares
voiilns du pays de
Tangut , où l'on
daas la progrclfion de
voit qu'Us fui vsnt

extraordinaire vlireaion,
leurs lignes cette
telle que Uubruquis la rapporte.
connoltre ii qui unpcuph
'1
19. Mahicrc Je
tient la lecture & récriture.
qui chez les
Par l'origine des termes
nations expriment l'aaion de
lire d'é- &
de qui ib
crire , ileft taciie de connoître

tiennent l'art de l'écriture. On voit par

exemple que les Pruffiens &


les Rulfes le

, appeUant ainO
qu eux
tiei?tifnt des Grecs

r.irt d'écrire ,
Gromata de Graphein : Les
Romains
Allemands qui Je tiennent de*
Scrthre-
difent en leur langue Schreiben ,

CHAPITRE VIII.
'<»

. De rÊcriture numérale par


chiffres.
X •
.

130. Lts chiffres font une écriture ïdcalt,


_ •/-

131. Les doigts de la main font r organe


primitif de rexprefjion des nombres
par gefles.

1 3 1. De Remploi des lettres pour chiffres.


133* Q}^''^ lis chiffres romains ne font pas
des lettres , mais des images du geflt
des doigts, Progreffion quinaire de ce
chiffre,

l\/^. Des figures de notre chiffre acIueL


135. Quil vient originairement des In--
diens,

^36. Admirables du chiffe arabe,


effets

137. Quil efl probable que Us Grecs ont


connu remploi du "(cro,
-

1 3 P. De r échelle décimale & de fes défauts,


1
3 ç . jL 'échelle duodécimaUferoit préférable ^

V iv
,

464 Mi C H A N I s M E cj^
I40. Tablature Je réchelle duodccimalc
fous- multiple.

130. Z/^5 cJilff'res font une écriture idéale.

ÇCt^.:^?? E que j'ai dit de l'écriture

^ et redement pwï"ement idéale ,


qui parle di-
par le feu!
V\^ ){( lî à l'efprit
*^^^*''^ organe des yeux & qui a CQt
,

admirable avantage de pouvoir être pro-


noncée à voix haute par difïerens peuples
chacun en fa propre langue ,
quoique l'un

n'entende pas celle, de l'autre , demande ^

que j'ajoure quelque chofé (iir ce qui s'en


eft introduit parmi nous dans l'ufagè

commun. Ce font les chiffres ou carafteres


des nombres. Nous tenons des Arabes
peuple très-fçavant en mathématiques,
ceux dont nous nous fervons aujourd'hui;
& ceux-ci les tenoient prefque certaine-
ment des Brachmanes grands philofophes
& grands arithméticiens. Pour le dire
en paffant , plus j'approfondis l'hiftoire &
les antiquités , plus je fuis tenté de croire

que les anciennes connoiflances quel-


^
'^
© V L A NJC ACE. 465
conques, même celles des Chaldéens &
^Qs Egyptiens , viennent de ce pays-là ,
où Ton fçait que Ni nus & Séfoftris ont
, communique ; &l qiUi plus il eft po/fible
de remonter à l'origine des chofes, plus
la fource fe rapproche de l'Inde, & des
climats volfins de l'équateur.

l^l. Les doigts de la main font L* organe


primitifde Cexpreffion des nombres
^<
pargcflcs.

Quoique le numérique n'exifte pas en


réalité dans les objets , & qqc ce ne
foit qu'une relation conftitutive d'un -^
ordre Imaginaire introduit par l'homme
pour fon befoin & pour fâ commodité ,
'
ce befoin eft d'un fi fréquent ufage qu'il
,

n'y a nul doute que ce ne foit une des


premières inventions humaines. L'extré-
mité xles deux mains refendues en dix^
parties en a été l'organe primitif & le
premier indicateur. C'etoit une table
arithmétique fabriquée par la nature ,
& que chaque fauvage avoit toujours
prOte au befoin. L'ufage en a certaine-

i
466 Mi C II ANI s M E

de l'écrinire piùf-
ment précédé celui, ,

trouve l'un chez mille na%>ns


qu'on
qui n'ont pas l'autre : & pcut-<:>tre que

hiéroglyphes indiens qui nous (trr


les
r aujourd'hui (ont in
veut de chiffres ,

l'ancienne écriture idéale par


refte de
vulgaire par
cUfs, antérieure à récriture
Uttns.
On voit fi%^r?)^quc tous les obélifques

pne figure en iojnic. de rcite.iw dont les

dents toujours au nombre de neuf (ont

fous une ou fous pluficurs


affemblics
fort in-
lignes t-anfverfales. Bianchini a
i

géhieu ement (bupçonnë qu'elle rcprë-


fentoit une machine ou table arithmétique
calcul fe
des Egyptiens. Auquel cas leur
par le novcnnaltè q\\\ neft pas
mal
feifoit

choifi , & <4^ïi ^'^"'^ '^ ^^^^"' ^ ^^.^ P^^'

prietës fingulieres qu'on, ne


trouve que

dans ce nombre. Il fe peut faire néantmoins

que les Egyptiens /n'ayant comme nous


que neuf figures , euflTent au comme
fia

reconnoif-
nous une marque que nous ne
fons plus, pour ajouter à la fi.'iire, 5c com-
plettcr r(5chelle cWciinale. Le nombre det^
û,

duLang^age. 467
pllîA traverfcs des râteaux peuvent avoir fervf
pour ^indiquer fi le .TionilDre des (\t:at9

2 c|ùe éto'it employé comme ^unité , comme


is (tr- quarrë , comme cube ; fi c'étoit neuv^ine ,

nt m ou neuvaine de neuvaine , &:c. en un


le par mot quelque équivalent à ce que nous ^
rc par appe^llons les dixaines, les centaines, \çs

nwUe, &c. Bianchiîii , (VccjJ. /, càp. 3 ,

lifques fag.uj\) expjiqiie aflez au long la nianiert

)nt les dont il prélume cfiie Ic^ Egyptiens pou-


if (ont Toicnt employer cet inflmmcnt arirhmé^
u.ficurs tique. "Ceux qui voiidnnent s'adojuicr à
:>rt in- é dc^ihiffrer les,hiéroglyphes feront Lien de
rcprë- lire Ton hypothefc.
letiqiie
132. De Cavploï des lettres pour chïŒrcs.^
il cul fe

K\s mal Quand récriture littérale eut prévalu,,,


îs pro- la conmiodué de conferver une formule
ve que abrégée d'écrire en fimj)lcs notes Texprei-
itmains fion (fes nombres (fi* commune qu'où
le nous peut remarquer à ce (iijet que nous nous
comme fervons dy hiot u?i comme de Tarticlc du
fiibftantif, un raifcnnerTéCnt ^ une fo-i/re^

k cum- fit qu'on fe fërvit pour cet effet cl lettres


ibre clet alphabétiques ,
pnlés non <\ !'( r^îiuaire /
,

jfi% MÉCHAN I S Mt
comme fignes de (bas vocaux « maïs
comme figures âbfoluinent réprëfentatives
des quantités numériques. C*eft aiftfi

/ qu'ont cHiffré les Hébreux & les Grecs ,

avec des lettres fçlon Tordre de falphabct ;

A t B . f , A , Sec. pour 1 9 1 9 3 9 49 occ*

ly^.Qiit Us chiff'res romains ne font pas


des lettres , mais des images du gejic

des doigts. ProgrCjffion quinaire de ce


chiffre.

Il n'en eft pas de même du chiffre

tatin , quoique exprima par des figures

femblables à quelques lettres 'de leur

alphabet^ fçavpir , I , i. V , 5. X , 10.

\ L , 50, C , 100. D 9 500. M. 1000.


Mais ceii deux ou trois dernier^ fignes ne
ignt probablement pas du même tems
ni auffi anciens que la première invention.
Alors on n'alloit pas fi loin dans les du
comptes. Dès qu'une tjuantité numérale che
devenoit fi étendue , les Sauvages la reg;ar- La
doient ^ la défignoient comme indéfinie. k
Il n'y a évidemment dans ces pré- Uléll

tendues lettres, dans leurlpuifTance , m


DV L AHGÀ G s; 4^9
dans l'ordre où elles font prifes, rien qui
indique un procédé tiré des lettres de r
Talphabet. On y entrevoit quelque chofè
de tout différent qui tient à la méthode
fauvage de compter fur les doigts, &
qui paroît nous découvrir la trace de la
première invention. L'écriture d^s chif-
fres y femble faite félon la formule pri-
mitive d'écriture en figurant les images
des chofes. l/n y eft repréfenté par la
lettre I. qui eft l'image d'un doigt levé.
Deux , trois , quatre , par II , III , Illf.

deux , trois , quatre doigts levés. Cinq y par


la lettre V, qui eft l'image du pouce & d'un
doigt levé (les autres baiffés.) Dix par
par deux V , dont l'un renverfé &c ap-
pointé à l'autre , ce qui eft femblable
à la lettre X, Cinquante ou cinq
dixaines par la lettre L , qui eft l'image
du pouce & de l'index de la main gau-
che tenus dans la pofition repr^fentée»
La lettre C. pour cent pourroit être
la même figure en courbant les deux '^

uiémes doigts* La lettre P« pour a/^f


/

47^ M É en A N r s me
nières
cent , eft rindex de la main droite
plus C(
courbé & joint au pouce de la même
main tenu tout droit. La figure CO pouf prcmî(
l'art da
mUle ^ n'eft autre chofe que la figura
que Ti
précédente doublée (pour deux fois ^oo.)
n epai
& faite de la ma\n gauche comme de la

main droite en joignant les deux pouces


Ren
y
tiqu<$ •

qui ne paroiffent faire qiume ligne droite


quinaii
entre deux courbes. En écrivant, on a
meifcei
pour plus de promptitude figuré ce gefte

par M ou oo en forme du 8 arabe couché. comme


Mais tous ces derniers norhbrcs me paroif-
ari^' m
emploj
fent trop étendus pour avoir eu lieu chez
Ceux que nous con- compte
des peuples fauvages.
deux q
noiffons ne vont pas fi loin. Quand la
quantité devient trop nombreufe, ils fe comme
marquer par un gefte dixaine
contentent de la

général & indéfini ; par exemple , en ce qui


procédi
prenant de la main une poignée de cheveux.
néanmoins que C main,
H fe peut faire auffi le ,
\

pour ccnc y & 1^ pourmil/e^ foient des chelle a

ink^iales de ces deux fance ai


véritables lettres
ctnt chiffre 1
mots : q^j'on ne f(jache pourquoi cinq
cft marqué par un D & : que ces der- cin<^ 5 p
d u La K G A c E* 471
nieres formules , ainfi que quj^fpies autres
plus coirjpKquées , ayent été ajoutées àia
première invention pour la commodité de
Tartciansunfiéc'e plus inftruit. Mais j*avoue
que Tcpinion que j'ai cy-deffus déduit^
n e paioit plus naturelle plus probable. &
Remarquons que les figures arithmé-
tiqu^s^des Romains ont une progreffion
quirKiife , & qu'elles changent & retom-
merfcent de cijiq en^ cinq par Tunité r

comme fi au bout de ce nombre la taille


arithmétique eût été épuifée. Le gefte
employé une main feule tant qu'il peut
compter par cinq: il ne les employé toutes
deux que pour marquer un fécond auine
commence ou complet^ pour figurer la
dixaine d'unités, ou la dixaine de centaines;
ce qui eft une marque fenfible qu'on
a
procédé par compter d'abord avec une
main, & une preuve démontrée que Té-
chelle arithmétique décimale doit fa nai/^ iV

fance aux dix^oigts des deux mains. Le


chiffre latin a des figures particulières pour
cin<f 5
pour dix , ( deux fois cinq
) pour
47X t Mi CH A NI S M 1
€inquani^ pour ce;2r, pour cz/ïf cmf,
pouf /wi//e : à chacune de ces différentes

figures quinaires on ajoute felpn le befoin

les unités , les quines , les doublesr quines


,^

ou dixaines , les Centaines. On veit par

un pàflage de Plutarque {in IJid.) que

, cette méthode dénombrer par cinq étoit


aufli ce1:Ies ('^esPelafges ou Grecs fauvagés;

-c^r il dit qu'en cette langue içiuv%t^^u4^


qui/ter , fignifioit autrefois fimplement

Içfnpur. Ceci fait voir que Bianchini^^

s>ft trompé dans fon fyftâme fur l'ori-

\ .
gine de h figure des chiffres latins,

univ. p. iii;) car ce fyftéme


{Hlft.
fuppofe pour plrincipe que la progreffion

au lieu qu'elle eft


du compte eft fSr lo ,

vifiblemcnt par 5,

Des figures de notre chiffré aÛiicL


t^j^.

'^

Nous ttous fommes fervis en Eur<;>pe ?

de cette groffiere façon de chiffrer jufqii-au

treizième fiéck./ ou le fçavant aftronoi^c

de Caftille introduifit
Alphonfe roi

rufage du chiffre iujd^en que le;^ Arabes


Thmc/ie TTJT ,câ CHIFFRES

I I 1

r
iN

VI 6 ;^
'y

A
«

X- 76^ I lJ3
IFFRES s
ou noted nfhicra/e^
.
\
c/cé /laùo^

Bitxjc/mumed cfc

1
t'i.

C*-'
2.

V \«*-

/
z'

c y
nc'rakô dc<i nafion^^ jics^u al)lœ
a

'u/imc7/ie<'^ ac -

ffnJosta/i VBa/ia/ic.sL.lIa/a/y(ucS.
.
I SiamC) .
l c/// T/i

t % :^
a (T^^y

1
y
Y
y 4^
-y
ta:. .
Tornl. P -fy^

i.<.t

\ ^^
7

/ 1

^
s
G

ej
?
/

L
5 ^ O d

9
T

' ^

&


r

DU Langage. 473
d'Afrique avoient apporté en Efpaqne. Je
nej fuis pas alTez inftruit pour pouvoir
^
d^fe fi nos figures feroient encore recon-'
C
noiffables en les comparant avec les traits

originaux; car il eft pofTible que dans

une fi ancienne & fi longue émigration

elles loient fort altérées.

Celles des Malabares, Banians & Brach-


nianesaftuelsque je donne ici ne font pas
re((embfantes âuxtuotres dans tous les traits.
'
(Voyez PL IX.) Mais l'Inde eft bien éten-
du«. Qui peut fqa voir quand & chez qui les
Arabes les ont autrefois empruntées ? Nous
ne les formons pas nous-mêmes à préfent
bien femblables airelles des Arabes. Les
traits fe défigurent beaucoup en peu de tems

chez toute nation qui n'a pas l'art de


l'Imprimerie qui en fixe la forme. Par-tout
où l'on n'écrit qu'à main courante , chacun
le fait félon fa manière &c Ton aptitude.

Quelle différence ne trouvons-nous pas


dans l'imprimé entre l'allemand , le gothi-

que , l'italique , &c le quarré ? Quelle


variation dans nos écritures manufcrites
des différens fiécles ? C'eft un art parti-
,

474 M É C H A N I s M E A

culiefque celui de les fçavoir reconnoîtne.

Cependant on voit bien que nos figures .

. I , z , 3 , 4 , 7 , ne- font que-^eu altérées

de Tarâbe i
fj {JU^^V ou funple-

ment rcJreflécs ; que 9 eft entièrement


conforme ; que le point o^ le zéro fervent
indifTcremment pour marquer le progrès

décimal, foit qu'on écrive i. 1.. , ou 10.

200. De plus , il eft facile de remarquer


que prcfque par-tout les trois premiers

chiffres ordinaux ,
qui font le premier
monument .&: la baie de tout le refte ,

fe ^rment félon la méthode de Técriture

primitive en image figurée d'un , deux ,

6c trois traits ou doi<ît$ , foit verticaux ,

foit horizontaux , qu« la célérité de la

plume , au lieu de les laiflTer ifolés , a

fouvent joints par des liaifons arrondies


& a chargé de queues fuperflues.

*35' Qm'^^ vient originairement dis


Indiens,

On attribue <\ diverfes nations Torigine

de notre chiffre aftuel , aux Grecs , aux

Latins , aux Carthaginois , aux Celtes ,


,

DU Langage. 475
aux Scythes. Nul doute néanmoins
qu'elle

en.
ne vienne de TO rient. Nous tenons
notre langue le mot Jiifre ibltde l'arabe,

de l'hcbreu {hphar , i. e. numerare.


foit

De p'iui; la progrciUon de récriture de

chUïïcs va à l'orientale clc droit à gauche,

drcltc.cumt les plus fimples


les non;l)res à

& ceux qui fe continuent allant à gauche ,

augmentant de valeur & de puiffante. ^


chifRes
Nous avqns conrcrvc dans les

cette formule
fans nous en nppereevoir,
orientale d'en diriger récriture
de droit à

gauche quoiqu'en pratrquç, n(^us com-


,

mencions par hal)itudc de gaucIVe à droite


w que nous
par les chiffres les plus puifTans

nommons auCTi les premiers en prononc^ant.


oKlinaire qui les tire (,ks
L'opinion ,

Arabes ou Sarafins , de qui defcerdoicnt

les Maures d'Afrique conquérans de l'El-

pagne , eft la feule véritable : & ceux-ci


félon
les tenoient réelk^ment des Indiens ,

verfés
l'opinion des écrivains les mieux
dans réruditi6n orientale. ^< Parmi les

dit
» divers chiffres qu'ont les Perfans ,
^ Chardin y ( tome ij^p-},) ils Cn ont
f

476 M É C H A N I s M E

>f un compofé de dix figures fimples qu'ils

» appellent afab Indl^ compte ou chiffre

» des Indes ,
parce qvnl parolt tout-a-fait
» femblable au chiffre ordinaire des Indiens
» dont je crois qu'il eft tiré auiTi : je

M trouve mOme que quand on y compare


» nos chiffres deprès & avec attention, on
» trouve qu'ails en font aofl[^ fortis ; fur quoi
» qn peut obferver que le mot arabe
»j3^/ir d'où eft venu notre mot de chiffre^
» eft indien d'origine ce qui donne lieu
:

» de croire que les Arabes (qui ont les

» premiers fupputë avec les chiffres au


» lieu qu'auparavant ils fupputoient avec

>f les lettres alphabétiques ,comme tous les


>> peuples de l'Orient &: comme les
<
M Grecs & les Latins,) apprirent cette
M manière des Indiens. Les Perfans pré-
» tendent que le mot fyfer eft perfaa

» d'origine & veut dire voyage , pro-


» greffton , avancement ; parce que c'c/l

» la voie des progreffioas numéraire;

n mais ils conviennent que le's Indiens

>> les leur ont donné. Cela fc trouve

n ainfi dans leurs anciens auteurs , ic fort


,

D U L A N G AGE. 477
>ycommunément ils appellent cc/s figures

» Hai^b cil Ind. Jritlmctiquc du peuple %


^""^ /^
» Indien, •
.
'

» Il nous fembie , ajoute à ce fujec

M. de Guignes S> que ce fait ne


,
J-
» peut t!tij conteftié. Notre chiffre que
» nous tenons des .Àrabes,eft appelle par
» ces peuples , chiffre indien , & nous
> avons eu occafion de nous convaincre
» qu'il fubfifte encore dans l'Inde , par-
>> ticuliérement dans la langue desTelon-

>>goutr-iC'cft fans doute forfque les

H Aralx^s ont été. dans l'Inde apprendre


f> les fcicnccs des Brachmes qu'ils ont

» ful^ftiuié les chiffres à leurs Wres qui

» leur en tenoient lieu. Ils les ont porté ")

< > en Efpagne ou y avoit un trcs-grand


il

» nombre de fcjavans ; de l'Efpagne, &


» ces chiffres Iç font répandus dans toute
> TEurope.

136. Admirables tfas du chiffre arabe.


t>

L'introdu(5\ion de Tufage de ees figures

&: la mcthcutcfimplcclc leur arrangement

qui donne la progrcflion décimale ,


quarréc
478 MfeCHANISME
&:c. .eft un'ïdes plus
grands pas.
cubée ,

qui fe foit fait vers les fciences. JVftime


partie la
que nous lui devons en grande
acquifé fur les
fupériorMé que nou5 avons
anciens dans les fciences de
calcul , &
nous eût été impoffible de nous
qu'il
point où
mettre à portée d'en venir au
dans le fiédc
l'on eft parvenu à cet égard
euffions co^itinué de
nous
préfeht, fi nous
fervir de h inéthbde em! >arraffce ck^
numérales en ulage chez' les Uo-
figures

mains. Nous vantoiis beaucoiiD l'.ivanta.^e

qu'en c^ci nous avons fur les anciens.


Mais une grande partie de notre mérite
^
eftdansrinftrument qu'ils n a vcle-K pas;
inven-
&: dont nous ne fomn;ies pas les

dans rm-
teurs. y a eu !:çaucoup d'art
Il

vcntion du zéro doué d'une puiffance,


paflTive eh lui-mt!me , aftivc dans les au-
à cela prés n'.-n
tres nombres. Mais , , il

falloit guères pour figurer chaque nombre


jufqu'à dix par un feul caraftere : & il

n'étoit pas à ce qu'il femble , fort dif-


,

ficile d'inventer Thypothèfe qui fuppofc


des chiffres la progrelTion
dans la fuite

/
y .
ù V Langage. 479 '^m.
.,^'
décimale. Cependant cette petite clef a
ouvert des bâtimens imnienfcs. <s\

Ceft ce qui arrivera toujours lorfqu'ii


s'agira de calculs , de combinaifon ,

d'ordre & d'idées morales. Car ces fortes


de chofes n'étant -point dans la nature ,

mais étant de fimples manières de per-


cevoir les êtres réels, manières que*rerprit
<>
de Thonmie crée & coînbine pour fon
propre ufage ,
^elles friiftifient avec une
extrcme facilité , & fe développent avec
.t

une étendue fans bornes dans ce tcrrein


intcr^eiT. L'efurit trouve en foi la matière
,& la (ornie; i! eft à la fois l'œuvre &C
Vnwwicr f & s'exerce avec un fuccès
afîuré lur des chofes auxquelles il a lui-
même donijé rtVxe. C'eil par cette raifoii
que le.', fciences de calcul, Talgébre &c la
géométrie , font,appclléesyc/tf/2ccj exactes. V
F.lles font les feul(^ qui puifTent l'être en
effet. Mais cette prérogative ne leur vient
que de ce qu elles n'exiftent qu'en Thommo
ôcpar Thomme ,
que par les confidéïa-
tions combinées & abftraitcs de Tefprit
huma'n qui les produit ; fans c,ii'ellcs
,

V
4S0 MÉ C H A N I s M £
ayent, hors de-là , aucune exiftence réelle mettons
cUns la nature ; n'étant que de fimples tems qui

relations, que des êtres imaginaires qui font d'ui


né font rien hors de la penfée qui les pour Th
a créé & qui les confidere. Oeft donc l'ordre p
celte entière & parfaite conrtbifTance d'un dans la

objet qiie l'homme a produit en lui-même dans le i

qui le fait arriver à ce point de certitude aux conv


&c d'exafte précifibn ,
qu'il ne peut at- ne peut
teindre lorfqu'il exerce l'opiération de fon en admi
efprit fur des objets réels ,
phyriques reconnoi
placés hors .de lui , & dont il ne peut nifithéms
avoir qu'une idée incomplctte. Ainfi la progrès
précifiôn (des fcienc^ exaftes' ne leur ter , com
donne peut-être pas' autant d'avantage infinimcr
qu'on le c^oit , fur les autres Icienccs y
137. Qtt'
pùifqu'eljes ne la doivent qu'à ce que
les nombres & les lignes, objets de leur *

opération , n'ont aucune exiftence dans / O0 a ;

la nature. Certainemetit la première , la c^dçnte <

plus éininente prérogative d'un être quel- peuples ,

conque eft la vérité réelle de fon exlif- zéro pan


tence phyfique. Une plante , un fait ont excellent
cette fupériorité marquée fiir un nombre le chilTrc

ou fur^ie ligne mathématiqvie. N'o- nç' doit


"v mettons Ton
y

viettom pas icèpend^t de dire en mèàe


tems que rarithmétiqtee la ^àméitit '
&
font d'un fi grand , d'un fi fi'équent ufage
pour Thomme, dVne telle utilité pour
l'ordre perfoftnel qu'il fe fait à lui-même
dans la percq>tion des objets réels , 6c
daiis le fervice qu*il en tire relativement
aux convenances qu*ils ont avec lui , qu'on
ne peut trop louer ces deux fciences
;
en admirer l'invention , montrer de &
reconnoiffance pour les travaux des
ra^thëmaticiens qui -en ont avancé le ^
progrès &c qui ont eu l'art de les adap-
ter, comme inftrumens, à tant de chofes
infiniment utiles au genre humain.

137, Qu*U ejlgrobabU que Us Grecs ont


connu Vemploi du ^éro. '/©

Oo a pu remarquer dans la table pré-


«C

cédente contenant les chirfres de divers


peuples , que quelques nations^figiuent le
zéro par un point. Je viens de parlerdc cette
excellente invention d'un figne qui décuple
le chiiïre précédent. ^J'ajouterai qu'elle
nç^ doit pas avoir été* inconnue aux'
Tome L , X
V, ,

^ )

^% MÉCH A N t s M I I

anciens peuples Grecs, quoique nous ne lai


tenions pas d'eux» Ceftuneinduftiorfqu^ j©
rire des mots «•<»** » ««ft» , génti ,
ginta ,

antum ufitës pour dëfigner le complément


des dixaines ^ ou de la dixaine des dixaine$«
Cette expreffion fignifie* certainement un
point y venant de ^trwâm (^pungo) ainfi que
nirTfa» Çpoint principal, centre*) On Tem'»
ploie d'abord après la prçmierç dixaine
pour marquer toutçs les fuivantes. t(»«ri

duigcntl; c'eft-à-dire , deux fois le point ^


deux, fois loj dixaine. Car les Latins ont
d*abord dit duiginti ponv bis^ginti , ou
vigiftti {vingt , en Angîois twenty). De
même n^muêfrm trigintaÇtrentQ : ) immrM,
jcerùum (cent.) Quant à la première
&if£nCy ces nations s'étoie^t contentées

d'un mot qui çxprimoit lé" double gefte


ou le g^fte des Jeuxtn^ns : car c'eft (ainfi
que la refTcinblancip des mots deux 6c dix
me porte à le croire) ^ ce que flgnifie

èkm$t,deeem9 dix^ Le grand nombre xAm »


Uh*^ f faille (mille) dont nous nous fcr-
vons, non^feulement comç^e nombre, mais nV
aulTi dans le difcours habituel commue ci «
,

rexprelîon d-unegrande quantité indéfifiîe,


vient des mots orientaux <:Ae/(tout, total
;)
--wi/tf (plénitude quantité.) De ce dernier
,

vier) lent les mots multum , multitude^ &c. -, ^-^

î;>8. Di Téchclit-^écimaU & de fcs I

défauts.
u
A
On a dît ique dans les nombres , le
premier ordre jufqu'à dix là progreffîon &
décimale ont leur origine dans les dix
doigts des mains : \.
Hic numerus magno tune in -kxmorc fuit :

Seu quia tbt digiti per quos numerare folemus,&Lz*


OvîD. Faft. 3.

La maîn cft Torgane primitif de Tex-


prcffion des nombres. Kiais comme
^

la nature lî'avoit pas eu cet objet en la


febriquant , & qu'on n'a feit qu'appliquer
ici un inftruméht riît pour autre chofe
il ne s'eft pas trouvé , dans Fufage, aufli
parÉrif qu'il fauroit fellu ; étantvfujet dans
la dlvifion à quamité dfYraftions incom-
modes. Car dans Téchelle décimale il
n'y a que 1 ôt 5 qui multipliés l'un par
l'autre donnent 10.
X ij .
,

gS4 M 4 CHAH 15 Ml
fî9. Véchelle iuoMdmalt feroU ,

prcflrabUn

L^chelle duodécimale auroît été beau*


coup meilleure en inventant deux figures
de plus pour dix & onie , & marquant
dou^e par le zéro précédé de Tunité lO.
en telle forte que. la centaine^eût été

de II. fois IX. exprimée ainfi lOO-^au


lieu de l'être ^nfi, 144. Dans celle-ci

1. 3. 4. & 6. miiftipliés donnent le

> >"
complet. Les trois quarts , la moitié y le

, quart , les deux tiers , le tiers & lelixieme


fe marquent paj- une feule figure. Douze
eft le t^rme le plus parfait 911 puifle s'arrêter

la première fuite des ordinaux compofés

de peu de figures (car les figures furchar-

gerbient trop la vue s'il falloit les yarier

îufqu'à foixante qui eft le premicrnombrc 140.

^ où 10, & ii.fc rencontrent par 6. fois 10.


& par 4* fois f i.) Aufli ,
quoiqu'une

coutume invétérée ait fait prévaloir pref-

que par-tout Tufagc de réchclle décimale


on eft forcé en beaucoup d'occafions de
fecourir à Tautrc, lorfque le calcul doil
être propipt & ?xaft ; fur-tout -fi la pro-
greffion jéft foiis-multjple. On s'en fert

sM eft queftion de degrës


4 , de pieds
de pouces , de fols. On doit y avoir graj
ëgard dans Fintroduôion des mefures ^
'
dans^ la fabr'ique des monnoies ; en. un
mot dans tout inflrument de compte quel
qu'il foit. Notre pièce d'or eft fort biea
aujourd'hui à i4liv. 6c notre pièce d'argent
à 120 fols, ces deux nombres âifant Tun
deux fois 11. &ç l'autre dix fois xi. Dans
^^phrrëpartition journalière dci droits fei-

gneuriaux dûs fur les fonds de terre qui


fe divifeht & fe réuniiTent fans cefle , on
fe fert de cette échelle duodécimale , d^une
manière fous-multiple. Comme la pratique,
en eft commode, & la formule peu connue >
on me fçaura peut-ôtre grè de l'infërer ici.

140. Tablât kre dt Céchelle duodicimaU


fouS" multiple. #

Valié ou as complet ••- «^ t.

Kloitié ••*•*•*••** M...*o6* r C'fft-k<<iir« n* foU •


duuiirin« àt l'utut^ iW*
vtniM'.j

Quftit* *«**••'*••* "^ «M» M« ••••03 <

11)
HH MECRAKrSMi 3
XroU quarts* •••-••-—••09« >

£*•••-«••- .~ ..-..-... .01 6. 0b£enrenîu«c«cîfnal4


^ / f
be un 6c dtniKaoo paf
feiic.]

10'—** M-..^.....* r...009« [AJdhioncs i6.fi»(«v«f*


«•MX t.]

fl 2* •••• •••• •••• ••^ ""^ •••• ***' 046»

(4* -•.... .^..-ooi3«

Tiers ....^-.^ 04*

{^^ux tiers*'**** *'****** ****Oo»

ta*.— ...— ...,..•••"'• oi.

48«- o©î.

(f^Q* «é»* •••• •••• —•• <• «•••mQO 1 0«

u~ ••• •••• *••< •• • i««t • •• •••• ««««A l^^

56..-V.-
<ii

DV La 487 i

yl*. *«•• •••• •••• ««M •••^«•OOî*

%
Pi|^*»«» ••••»••••«.. •••.•00 1» ( ^^ ^^^* écnvet en routt*
' k'ttres , vous direz U
don»

Dans cette table on s'apperçoit au


premier coup ^ V
d'oeil , par l'image &: la
djfpofition des chiffres & des zéros, que
les zéros font ici placés en fens contraire
à celui de la tablature commune , qui
cftune échelle de multipHcation-j au lieu
que celle-ci eft une échelle de divifion :
qu'ici l'effet du zéro eft de faire dégrader
le chiffre qu^il pn^cede d'un ou de plusieurs
ordres de douzaines , comme dans notre
arithmétique ordinaire l'effet du zéro eft
au contraire d'augmenter les chiffres qu'il

fuit d'un ou de plufieurs ordres de dixaines.


Cette table montre avec facilité en quel
rapport les parties aliquotes font entre
elles ou avec le tout. Par exemple r que
douzième du tiers que le 1 6' eft
le 3 6' eilJe :

le douzième des trois quarts ^ que le 96* eft


le douzième du 8* que le 144* eft le
douzième du 1 1« , &c^^

fin du Ta^j^^nicr^
ï


A

^_

''I > '


" ^

. l
ï

4*9
m MM»

E R R A TA.
;.

J; AGE 14, ligne 15, ghen gheu. ^ lifez t

Page 18, ligne 23, n'aurons-nous pas un jufte t:

lieu , Ufci n*Hurons-nous pas lieu.


Page 22 , ligne i j chacune , lip;^ chacun.
^. Page 30, ligne 20, rvfiùç ^ life^ tTvfi»ç*
Page 41 , ligne 8 , comme elles, Ufei comme
elles font.
Page 5 I , ligne 7, établis , lifc^ établi.
Page 58, ligne 7, affujettis , lifii aiTujetties,
Page 77, ligne 7, daus, lifei dans.
Page 82, ligne 11, due Italiens, life^ due
aux Italiens.
Page 85, ligne 15, s*entendoit, lifei entendoit.
Page 138, ligne 20, n , lifez v?.
Page 148 , ligne 14 , raug , li/e^ rang.
Page 156, ligne 13, ou la figure, Ljè^ otk
h figure.
Ibid, ligne 17, dout , ///rç dont.
Page loi , ligne 10 , Ta produit, /i/i^la proi
uuit.
Page i8f, ligne jo, Stei inférieure.
Page 109 , ligne 17 ne defcendoient pas
,

même, iifei ne defcendoient pas de mcme


queux.
Page 267, ligne 20, s'emploient, li/ei font
employés.
Page 374 ligne 23, monnoies, life{ momies.
,

Page 407, ligne 1 2 , Mes uns fur les autres ,


?//<'{ les uns fous les autres.
Pag^ 450, ligne 2, e^«/««Mf«i/, iife{ î^m<Pê9i(M4>
^Page 452, ligne 15, n'étoient pas plus, Iifii
n'en étoient pas plus*
î

^•)

/
'y

'traité
DE LA FORMATION
MÉCHANIQUE
DESLANGUES,
ET
DES PRINCIPES PHYSIQUES
'
DE VÉTYMOLOGIE. >

TOME SECOND.

A P A R IS, '^^

Saillant, me S. Jean de Beauvaîs,


Chez^ViNCEN T, nte S. Severin.
Des AIN T, nie S. Jean deBeauvais.
»

M DCC LXV. "

( jiy€c j4pprobation , 6* Privilège du Roi.

/
T

^
Nt quis tant parvafiifildiat cUmcnta : non
quia magna fit opéra \onforuintcs à vocalibus
difccrncre, ipfajhuc cas in fcmivocalium
numc^
rum mutarumque pariiri ;fcd quia intzriora.
vchityfacri hujus aàtuntibus appar4iu midta
nrumfubtilita^ , qua non modà acutrc ingénia ,
fcd txerure altijjimam quoquc cruditionctn ac
fiicniiampo/pt.QuiJfniulii.i^cap.^.

V H
I

# (p.

; TA B LE
1>ES CHAPITRES
ia
: non Contenus dans. ce Volume.
alibus
Chapitre IX. r%£ l^ formaùon des
:znora
-*-^ langues ; de leur
multa progrès immenfe fur de très-petits prin^

renia ,
cipes ; de leurs clajfes & dialecles. -

:/n dc î^age I

Chap. X, Z?^ la dérivation y & de fes


€^ts. 86

Chap. XI. De raccroiJfeme.nt des prïmi^


tifs y par terminaifùn , pripojition 6*
compojition. Desformules grammatica-^
les , & de leur valeurfignificative. \
75

Chap. XII. Des noms des êtres moraux.

Chap. XIII. Z)e5 /lo/nj^rcyrrj. 17Ç


*
«

Chat. XIV. i?Mw/««. ji} ,


ÎT- TABLE DES GHAPÇTRES.
Cmap XV. Des prinàpts & dts règles
critiqua de l'ari étymologique. 4» ' W

ChàP. XVI. 2?« rarchiûloguc ou nomin-

clatun univtrfcUc nduiufous


un peut
'

nombre de racines. '


^ 489

Fin de la Table.

TRAITÉ
•m-
^
^
TRAITÉ
DE LA FJORMATION
MÉCHANi
DÈS LANCUES:
DES PRINCIPES PHYSIQUES
DE ÛÉTYMOLOGIE,

CHAPITRE IX.
De laformation des langues de -,

.leu^ progrès immenfe fur


:
de
très-petits principes de leurs
j

claffes & dialeftes.

I4». Examen hypothétiqm de la première


tnfalnce d'une langue
qu:onfuppoferoit
Tomt II, •
A
(

fi>mUikns Uftcoun d'amn


ttftt4^
J
'

làngUgi àntirkur. _ .,

enfehfa
I4X. Plujieurs cnfansTtcvcs 'fi *^Q.

f iront ctncàntmtnt un langent.


n* fcroU que tris>-
,43. Un homme fiui
parler,
peu d'ufase dt fa faculté d& t

languis primitives. 151.


144. Aiotcfienu dis
i/^^.Elltaugmma les petites dijérences
ori"
qu'elles pouvoient avoir dans leur l')X.l

gine. d

,46. Caufes pour UfyuelUs Us langues V.

.barbares d'un même pays doivent Ci

devenir différentes entr


elfes; & nous
.parOÙre plus qu'elles n«
U U font le

en effet, Q
desjyntaxes barbares. fo
147. Fabrique
148. r açcroiffemem des langues
forment d'.

adolefcentes : & quelle pari peut y IÎ4.C


«A l^arti la.
{fvàir

J49. Raifàtt pour.


laqUfUt langage des U m-Cfi
homhits fauvages e^ pl»s
rernpli &
d'images & de figure s^-i7np(untées de ï 56. Z),

du prétendu fublime
la nature. Caufe iar.

du Urtgage oriental. Comment


.
Ufit » Î7. £t.

langue fortit de l'adoUfience & dans &


»v Langage,
j
fa force devient plus févere
& plus
retenue.

M l^Q,Cuufe de Vaccroiffemtnt
des langues.
Pltijuurs petits laffgagej
dé fauvuges
f'>^^ fi réuhiffent pouf former
une
grande langue.
1 11. Comment i^^rande langue
vient
'^ fi fubdivifer en diaUaes.
1 ÎZ. Dans Us divers diUeêUs U difefenc,
de voyelle plus Vomt que la
affecte
f^-
vue, & la différence de
confonne au
contraire^

ï n .
Caraaetes effentiels de
différence entre
Us lapgues tirés de l'ouie
& de U vue.
Qti'il peut
abfolument parlant ^
fi
former un langage fans
rimtnention
d aucun
de ces deux fens.
IH'Caracleres de différence
entre /„
langues & /« dialèêlesi
1^5- C/irachres qui marquent les claffes
^UsfubdKifions entre les Ungues,
1 56. Divijïon des peuples
parclaffés de
langues.
^
» Î7. Etat du langage des
peuplesSpirituels
6* policés.

Aii
4- MÉ C H AN I s M E

I <S. Caufedcfon abondance , difa richçjfel


de fes variations,
1 59. Les mots Je dépravent & la fyntaxc

fe rectifie,
des mots.
1 60'. Difficulté d'éviter Cabus

161 . Caufes desfynonimes de leur mul- &


tiplication : de leur vice & Je leur

utilité.
le langage,
i6i. Efet des invafionsfur
ifi^. Altérations qu
y caufent le commerce
& les opinions nouvelles.
que le^ langues
164. Les iermes étrangers
adoptent ne les rendent pas toujo^rs
plus riches en effet.

Difficulté de reconnaître
t origine d'un
1 6 "5 .
^

terme adoptif lorsqu'il 'efi


venu de'

loin par une hngmJmigration.


traces que U
166. Obfervations fur les
commerce des nations 'î autrefois
laifées entre leurs langages.

167. Comment jine langue parvenue à fa,

maturité décline Çffe perd.


qui aprh le déclin d'une
i (fi. Caufes
langue la confervent dans fa ptâreti

fur le pied de langue morte.


r

^
/

:
i> U t ANC A C E.
^
'ii^'En quoi €onfifie tidentité d'ufit
langue^

4-
141 Examen hypothétique de la première
enfance d'une langue qu 'onfilppoferoiï
formée fans le\fecours d'aucun autre
langage antérieur^ J \

l'
Oùs avons cy-dcvânt reconnu
|[
qu il y a certaans premiers prin-
[î cipes
méchaniques néceflàifes &
de la formation du langage , confondes à
la çonftruâion organique de l'inft
ruaient
vocal , tel qu'il a ëtë doijné à Thc^mme
par la nature. Tout naîtra fans doi
ce premier état des chpfes* Mais
j
le langage eft encore bien foible
,

contient que très-peu d'expreffion


tachons-^nous à prëfent à examin
dévelopemertt &c fes progrès , depi/is cette
enfance primitive , qu'on peut appj
yagiffement de la nature , jufd
enfance un peu plus raifonnée , j

adolefcence , fa maturité & fa dii

Ici la (impie mécbanlqûe des orj§;anes


T

6 Mi C HAN r s M E
\
fuffit plus pour nous guider. Il faut recourir

à robfervation 3es faits & des procédés


connus , dans lefquels nous fcjavons qu'il

entre beaucoup de petits élémens arbitraires


& de fantalfie. Cependant comme, d'un
côté, il ne nous eft pas poffible d'avoir
Ibus les yeux une langue parlée que nous
puiffions dire être^rimkive ,
puifque quel*
que miférabie que foit une langue fauvage
que nous voudrions choifir ; encore eft-il

certain qu'elle eft dérivée d'une autre


antérieure : comme, d'autre côté, il ne faut
nous écarter ici que le moins que nous
pourrons du plan de la nature , ayons
tecours à une hypothèfe poflible qui nous
mette en état de- procéder en régie. Sup-
pofons qu'un certain nombre d'enfans ont
dès leur bas %e été abandonnés loin de
tout commerce humain dans un climat
défert , où ils ont trouvé le fecret de fe
conferver jufqu'à l'âge adulte. L'hiftoire
nous a tranfmis quelques exemples de faits
X
pareils : 6c quoique je ne les regarde pas
comme fuffifamment avérés , il faut con-
venir néanmoins qu'ils fom poflibles : ce
t> V LA KT é A 6 1. y
\
it[iii doit fuffire ici. On ne peut doutçr
d'abord qu'en ç^s pareil ce petit peuple
t\e fe fit par des fignes ou psr des pa^-olôs
une mi^tfepdj^ vraiiftent primitive poi;r
.i lui-même de s'entrç-fdë%ner les noms de;s.

objets , enfuite de (es conceptions inté-


rieures fur ces laiiêmes obiçts. Cefta^l
^u'^n wferoit un peuple d'eqfans exafte-
ment ékviés JRftm'àûn ^ert^ia âge dansuji
enclos pii tes peç^bm^es qu^ vieqdroient .

par intervalle prendre foin d'eux obfer-


veroient un parfait filençe. Une telle expé-
rience n'çû pas impraticable. Elle leroit
tout-à-fait curiQufe pour voir comment ije

forme une langue pripiitive ; &^ bien pli^


encore,pour apprendre quelle eftla portée
de iaraifon humaine livrée à elle-même &:
à fes propres forces ians aucun fecours
d'éducation , & comment elle parvient
à fe dévelopér.

l^i.PluJieurs enfans élevés enfcmb le ft


feront certainement un langage.

En attendant j'avancerai fans hefiter


y

& je regarderai toujours comme un fait

• Aiv
T

*.

î MÉCHAN I S M E
c ruppcfc"^
tertain ,
qu'une troupe d'en fans ,

mis cnfemble , & abandonnés à la nature',


fe fera pour elle-même une iangtie propre
& primitive ,
qui dans la fuite par le

dévelopement & l'extenfion des idées

fera iujette i fon progrès &c à Tes variations. Ê:

Sans que l'expérience fïous ait diftinft emeat


montré ce qu'il en feroit , on peut affurer

que les chofes arrivcroient ainfi , J^ffi

hardiment qu'on affurera que ces enfans


marcheroient puifque l'un eft ainfi qiw
;

Tautre une fuite naturelle de leur eonft'r-


tution primitive. Les enfans qu'un
ancien

roi fit par des chèvres loin de


allaiter

tout commerce humain, articoloieht des


fons , & ç'étoient ceux qu'ik imitoient du
cri de leurs nouriccs ,
qu'ils faifircnt avec

d'autant plus de facilité que ces fons


ctoient compofés de lettres labiales &
gutturales qui fe dévelopent les premières

dans les orgai^es de l'enfant. Ce roi s'étoit

figuré de pouvoir découvrir par une telle


expérience quelle étoit la première langue
du monde naturelle à l'homme.
Mais il raifonnoit bien mal lorfqu'enten-
,
^

x>u Langage. f
.
dânt que les enfans difoient heeck , cri

qu'ils imitoient des chévrts l^urs nourices


il en conclut que la langue phrygienne ,

oii ce mot beck fignifie du pain , <5toit la

plus ancienne du monde : comme fi ces

enfans ,
qui ne connoiffoient d'autre nour-
'•&
riture que le lait de leurs chèvres, eulTent
pu en demandant àv'manger avoir quelque
idée, d'un aliment compofé tel que le pain.

Sennert raconte (i/z Pàralipom,) qu'un^


certain prince ayant fait féparer trente

enfarts , on n'entendit rien d'eux que des


paroles confufes &. mal articulées : Ex
Jepojitis triglnta pucris nihil rctuiu rcx
Maguth quàrn vocesj:^nfufas & indijlinclas.
Sans doute que ces enfans a voient été

élevés chacun fcparément. Car en ce cas


le peu "de bcfoin qu'un homme feul a de
fe faire entendre nuiroit fort au progrès
du dévelopement- de fcs organci vocaux ,

devenis inutiles dans cette pofition fingUTi

liere à un Otré à qui la feule idée des


objets fuffit , & qui nirnul befoin de la

tranfmettre à d'^autres par la parole. Si les

trente enfans furent élevés enfemble , oïl'

AY
,

10 MÉCHATïISME
prit fans doute pour confus , ce que 1 oit

H'entendoit point (& ceci arrive fouvent)^


ou bien Ton retira trop tôt les enfans ,
qui

dans une telle épreuve auroient dû être


kilTés à eux-mêmes environ jufqu'à l'âge

de dix ou douze ans au moins. Voyez Ja

enfemble trois ou quatre petits enfanf

inflruits dans la langue vulgaire ; vous ne


J les entendez pas: cependant ils s'entendent

à merveille entre eux ; ils fc font déjà

feit un petit jargon. Lorfque Quintilien


avance {L. x, c. i ,*) qu'après l'épreuve

faite de donner des enfans àl^laver dans


h folitude par des nourices qui ne leur

parloient pas on a reconnu que quoi-


,

que ces enfans articulaffent certains mots


Hs n'a voient pas la faculté de difcourir;
(Infantes à mutis nutricibus jujju regum
^ infoUtudine tducati yttïamjivtrha quadam
tmijijft traduntur , tamtn loqmndi facul- i
tatt carucrunt^) il entend qu'ils ne paroif-
foient faire aucun difcours fwivi , ni bien

nettement diûinft : car il parlé en cet en-

droit de la prononciation bien diftinfte, qui

ne nous Tient ^ dit-il, avec raifon, aiiifi


, - ,

• t> V t A N G A C 1

ijue Tufage çlc h paroles, vac d J


i'
J

A
dWçndre clçs notrc^ eiifance. v,K .''3

judicieux, rhéteur qui convient qu C (. :

Cnfans s'ëtoient fait des mots , ne doutoil


pas qu'ilnefiit évident fur ce feul principe,
que s'ils ^voient été plufieurs.enfcmble^

ils ne fe fufTenf bientôt auflî fait un
difcoutis ,
qui uçû Hutre cliofe que l'aflein-
ilage de pkfieurs mots.

%43. Un homnu feul ne ferait que tri:i-

peu d'ufifge de fq. famUî (le parler.


CjÛ
beaucoup en véritç qu'un cnfa^k
élevé de cette manière ait fait pruendre
quelque? mots. Que Ton fiippofe un
homme vivant feuj dès fon enfance , &
abfolument ifolé de toute fociété , il nç fer?'
pas , ou il ne fera que très-peu d'ufoge de &
feculté de parler. Elle ne fert qu'à com-
muniquer (qs^ idées à autrui. Un homme
feul n'étant pas dans ce ca> n'en a quq
faire. Tout fon langage coniifteroit en'
cris de fentiment , en geftes de furprlfe
en quelques articulations d'organe nécef-
iaircrayent conformas à kwr ftntiAure : en-
core fecàient-ieltotniifWi parce qpè dftnç fou
,

ri Mec ha n i s m ê

enfeîice il n'auroit eu ni befoin ni exercice

de fa faculté de les fléchir. On entendroit

de fa part beaucoup de voyelles &: feu-


lement quelques confonnes indlftinftes.
D'ailleurs en vivant ainfi féparé du refte

du monde , il exerceroi: fort peu fon

jugement : il n'auroit prefque point d'idées

mais feulement dans Tame la mémoire de


quelques perceptions trèis - fimplqs. Dé
Torte que fi nous lui fuppofons coût d'un y
coup les organes dénoués , & la plus

grande facilité phyfique pour difc^j^rir,


îlyleroit fort embarraflfé , faute de fiai fon

& de combinaifon d'idées dans l'efprit.

Le commerce avec les hommes ^onne


occafion non-feulemen^ de parler pendant
la convçrfation préfent^ , mais encore de
réfléchir fur les converfations paflTées , &
de préparer celles à venir. Dans l'hypo-

thèfe cy-deflfus qui prend les chofes au

premier pas où il foit poflTible de les

confidérer , il n'y a pqint de langage qu^on

puiffe appeller difcours , mais une efpece


de vagiflTement prefque inarticulé qui forme
néanmoins quelques mots fans fuite^ Mai^
,

I /

t>V L AH Q^G e. it
fuppofons deux ou plufieurs enfans mis
enfemble ; alors le naturel , le befoin
l'habitude mettent en jeu le^s facultés.

Chacun profite des inventions de l'autre , H


f!^ & les accroît en continuant d'opérer fur
ce premier fond. L'homme fcul étoit

à-peu-près un lièvre dans les bois. La


^
converfation d-e nos deux enfans ne fera
J
^ères plus que celle de deux -animaux
domeftiques ,
qui ont beaucoup plus l'air

de s'entretenir que les animaux farouches ;

parce qu'en effet une fociété plus étendue


leur donne plus de conrîoiflTance. La
puiflfance phyfique qui manque aux ani-
maux pour faire de certains progrès ne
manquant pas à nos enfans , ce petit
germe pouffera de profondes racines , &:
jettera un jour des branches infinies fur
'
le plan donné par la nature.

144. AJoUfccrue. des langues primitives.


(

Il eft donc indubitable qu'une troupe


d'enfàns abandonnés fans éducation ht
exemple d'un ufage antérieùrye la parole ,

s'ils peuvuit s'élevei, fc feront un langage.


F

^J
14 M É C H A N I S M Ê \

On a cy-devant à-peu-près vu qliels en


I
feront les premiers germer , & qu'il y
aura parmi eux un certain nombre d'ex- ,

preflions radicales nëceflfaires , ou piefque


néceflaires , nées phyfiquement de la

conformation naturelle de l'organe vocal


humain , & produites aufli par le beibin
qu'on a pour fe taire entendre , de faire cpn-
Hoître de (on mieux les chofes dont on
ty
veut parler. Il devient plus difficile d'exa-
ihiner Tâdoleicence des langues , fuppofées
premières , dans leurs progrès obfcurs &:
leurs variations arbitraires^ qu'il ne l'a

été de dém<?ler les premiers clémens


de leur formation dans leur enfance, où/
la nature nous ^ ïervt de guide.
Quoiqu'elle ne s'écarte que peu de fa-

manière ^rdiuaire d*^ procéder , je ne


prétends pas dire néanmoins qu'elle ne
j'en écarte point du tout ; étant elle-m^me '>'

fujett^ à tant de petites variétés dans la pro-


duftion des individus de chaque efpece.ElIe
«n a mis , fans doute , dans la fine ftrudute

des organes vocau:f, félon les climats &


fclon diverfcs autres caufes ; elle a pu , par
V.

D U L À N G À G £. T<
exemple , donner quelque part, commç
chez les Hurons ,^Voyezn^74,)plus de
mobilité .à un autre orgaile qu'à celui de$

lèvres ,
qu'on renarque parmi nous être le

plus mobile chez les enfans , Sclepremier


qu'ils mettent en jeu.

l^yEl/e augmente les petites diffcrences

éfii \l'cspouvoient avoir dans leur origine.

Mais ayant à parler en général fur cette


matière , j'ai dû préfentcr pour exemple
ce qu'il y a voit de plus apparent : non que
j^aie prétendu dire abfolument parlant ,

qu'à fuppofer quatre troupes d'enfans aux


quatre confins de la terre , qui fe feroient
à elles-mêmes chaam un jargon primitif
dévclopé par la nature , les quatre jargons
*

fufTent tout-à-fai*^ pareils fans aucune dif-


férence. La nature n'opère pas ^
ainfi ^

puifqu'il n'y a pas une feuille abiblument


}'
pareille fur un même arbre : mais ils

feroient du moins fort approchans ^ &


formés en vertu des mêmes principes
méchaniques. La diverfité qu'on y remar-
queroié naîtroit ,s non du fond de la
méthode pratiquée par la nature, maiî
^
TJ
¥

16 M é C H A i< ts Me
dir changement par ellc^ produit dans
forganifation qu'elle y emploie , félon la

difFérencç des climats. «

Quoique le cœur d€;#homme (bit au

fond le môme dans tous" les pays & dans


tous les fiéclcs , ayant le môme fond de
paflion & de fentimens naturels ,
qui y
proiuifcnt le même fond de vices & de
vertus , on voit néanmoins que le tableau

t de la vie humaine eft perpétuellement


diverfifié. Le germe des vertus 6c de la

>SNt corruption que la nature a mis dans le


cœur ,, par-tout je môme en fubftance ,

«ft toujours différent dans la manière dont


il fc dévelope. Les paflions fe diverlîfient

de mille &C mille façoris feloilles objets

qui les excitent ,'


félon les nuances du

carKâtere qui les rat)dificnt. L'amour^ &


i*amour^ la^olere & la colère, variés

4ès leur premier éclat dans deux perfon-


nçs différentes , font pourtant toujours

dans toutes deux le defir de jouir, &: lo

defir de fe venger. A mef^re que ces


Raflions s'exercent , les variété^ devien-

nent plus marquées , les effets &c le produit


;'i

•n

«4
6 1; 1 À » ^ A ô *. tf
blus difftferrt. Dc^Ià naît cette extrême
variété de tableau des événemens produits
par des cauies pareilles.
Même marche., même jeu de Ja nature
(auffi eft-ce le même agent) dans le
tableau des langages où les diffemblances
vont comme les dévetopcmcns. Le
principe d^ différence entre \çs quatre
jargons , qui^ rendroit un peu dif*t

femblables leurs termes primordiaux ,


V
produiroijt un effet très-fenfible ^
dans le
progrès de chaque langue , à mcfure
qu'elle' fe chargeroît de cïÀ-ivatîons bu
d'approximations. De forte que la divcr*

fité peu marquée dans l'enfance jici

jargoitf y le ftfoît fenfiblement dws leuf

adolefcènte. Alots chkun des quatrt

prer.droit urt air fpécifique , dont il feroit

d'autant plus di|ficilc de reconnoître à

l'avenir les c^ùfes arbit^^cs >'


que le {peuple
feroit plus barbare, fantafquej fauyage,'
dépourvu d'idées , de raifon & de fuite

dans Tefprit. Or ce feroit certainement

le cas de nos quatre troupes d'enfans


ilbléeflf. Chaoïue d'elles deyiendroit la
18 Mé e H AK ï s M È
fige d'un peuple fauvage qui aurofit une chaque
/
langue pauvre &c çh^Jtive ; en un mot par de
^
félon la fuppofition que nous ?vons faite prefque
,
«lie feroit une langue priniitive d^s fon que poi
ôdolefcence. » ^
Icslang

Les langues orientales éxiftantes qu'Lt tr'cuxq


,
\
tiQus {htm pçid^hk d'e^^miner m cet état y
peuple

(ont4?f^m<^9^ moins favorable à me^ primiti

princip^ç y qwe ee^liii de Thypothèfe q^# en pou


parc^ qu'elles font d^ja infinir pies qi
'fé poféf^ ,

ment de leur dérivation primir


plus l<^n nés d'

tive. Mais puifque nous n'avons pas fous eu plui

les yeux d'wtres olpjets effeftifs à confia Ccc


dérer que ces iangu^s iauvàges prenonsr naturel
y

les id powT exemples : & voyons par peut ê^

quelle raifon , lorfqu'pn Ifss compare çntr^ le prei

elks^ eBf« paroifient à peine Te r^entir nation:


,j
tfwic origine commune &: néceffaire. tout fc

des f(

1^6. Ca^fu pour le/quelles Its langues


parler"
barbares (Tan mime pays doivent
fon er
. dçvtriir Mffircnpis tntr\llts , & nous Et mt
le paroUrf plus .Qu'elles ne le font pothèJ
en effet.
nation

Parmir les faiivages d'Américiue d'ejofa


, 0^
DU Lan gag e- tf
chaque nation vit fëparée Tune de Tautr^
par de grands lacs & d'immenfes forêts ,

prcfque {m% aucune entrevue entr'eUes

que pour fe furprtndre & s'entre- détruire ,


les langages difFérens neparoiffent avoir en-
tr'cuxquc peude rapport rcomme fi chaquç
peuple s'en étoit fait un pour lui-mêm^
primitif & particulier, Ceft ainfi qu'oa
en pouvoit juger à l'infpedion des exenv
ples que les Millionnaires nous ont doa-
nés d'une même phrafe parallèle traduitjcr

eu plufieurs langues fauvages.


Ceci paroît d'abord contrarier Fopînioqi
naturelle & raifonnable qu'une iangue ne
peut être tirée^que d'une autre, & qut?

le premier auteur de chacune .de ces


nations fauvages n'étant pas forti de tcrrjt
tout formé , comme la fable le raconte
des foldats de Cadmus , ne pouvoit
parler" d'autre langage que celui qu'en
fon enfance , il avoit «pris de fes perej;*

Et même à fuppofer , cpinme dans l'hyi-

pothèfe cy-deffus , au^ chacune dq c^%


nations fauvages defcendît d'une troupp
d'enians abandonnés daiis le plus bas
A I

iô M E C H A K 1 s M E

âge , ne devroit-pn pas reconnoitre entr'tf

leurs divers langages aftuels une analogie


plus marquée , puifqu'ils dérivent tous d'un

même principe organique & nécefTaire ?


Il fuffiroit pour ré|x>ndre à cette oÊjeft ion
d'obferver que les langues aftuelles des
peuples fauvages fe trouvent aujourd'hui
àuiite telle diftance de leur état primitif &
néceffarré ,
qu'il feroit injufte d'exiger eu
qu'on rendît compte des caufes incpnnuds
de leur altération pendant un immenfe
intervalle de tems. Mais outre ceci , re-.

marc|uon$ , i^Que quand des peuples fans

arts & fans corînoiflance ont été conduits,


tant par le genre de ^curs moeurs que par
celui du climat qu'ils habitent , à vivre
ifolés de leurs voifms , leur langage s'ifole

auffi dans la même. proportion, de fiécle

en fîéde ; & perd d'une manière plus


lênfible * faute d'entretien, ce qu'il pouvc it

avoir de commun avec ceux du voifuiage.


%^ Que l'art de l'écriture , & Içs livres

qui partent d'un peuple chez un autre


^ étant l'une des principales caufes de la
richeffe-, de la propagation & du mélanyt
'•''
I

D V Là K 6 a fi tt tï
des langages , lès langues^ doivent être

moins analogues ,
jplus différentes ,
plus

ij(blées dans les pays où cet art eft inconnu :

ce qui eft vérifié par l'expérience. }^ Que


ces langues barbares doiv.^t; en effet
abonder plus que les nôtres en termes
primitifs ,
puifqu'étant tout-e -fait pauvres
dans leur commencement , Icirfqu'eiles ont
çu befoin d'impofer^cn. nouveau nom i
quelque nouvel "objet phyjfique , elles

n'ont pu , comme nous , le tirer de leurs


voifins avec qui elles n^ont prefqu'aucun
commerce y mais feulemeiit le dériver
d'elles-mêmes fur quelques idées fingu-
lières , ou Le forger fur qu^lqu'affeélion

particulière d^s fèns. En ceci tous les

peuples de quel({ue p^^ys queccfoit doivent


être confidérés , comme ayant une fois
été dans un tems ou dans un autre ce que
font aujourd'hui les Américains. 4^ On
doit moins s'étonner d'entrevoir fi peu
de rapport entre le langage des deux
nations , parce que, quoique limitrophes>^
elles peuvent être fort dîftàïates par leur

origine, Les peuples iàuvages n'ayant


l

>#

il M É C HAN I s ME
aban-
rien à perdre dans le pays qu'ils
^OHilént & beaucoup de faeilité pour

âcqiTcrir ailleurs le peu qui leur eft né-

ceffaire , ne fe font aucune difficulté de

quitter leur demeure habituelle au moindre


Itiouvement qui les y pouffe. Une tranf-

migration de 7 ou ^800 lieues ne leur fait


pas plus de peine qu'à nous un
court

voyage. Une hation mécontente de là


<îontrée ou de fes voifins fe tranfplante
terrein
toute entière au loin dans quelque
Viiide , au milieu de diverfes nations
dont

f idiome n a,ni ne doit alors avoir de rapport


avec le fien. C'eft ce qui arrive toiif les

jours aux Américains : c'eft ce qui arrivoit

autrefois aux Gaulois , aux Gatbs , aux

Huns , &c. Nous avons même fous les

yeux des exemples de ces tranfplantations


prodigieufement éloignées , faites par les

Homaiftsj les Arabes , les Efpagnols, les

Hollandois , &c6 5^ & c'^ft peut-être ici

la principale raifon , nous ne fommes pas


tn de juger de l'analogie qui pent fc
état

trouver entre diverfes langues que li peu


d'Européens entendent , & que nul d'eux
Aiy

Ï5Ù L A N G A 6 ci 15
Ti'eft probablement capable de pronoccer*
Il faut néantmoins que plufieurs de ce$ •

idiomes ayent quelqu'analogie ,


puifqu'au
rapport du P. de Rafles ^ celui qui fçalt
\iS-

la langue hiironne peut en moin^» de trois


A
mois entendre les cinq nations iroqu-oifes»
l.e liuron, dit-"l, efl la maîtrefle langue^'
la plus majeftueufe , &c en même tems
la plus difficile de toutes les langue*
fauvages. L'algonkin , felon la Kant^n , eft

auffi une des principale'^, langues 4 u Canada,


plus étendue & plus châtiée que la plupart

des autres. Le P, d*Etré autre miflfiion-

hairc , a^rès avoir raporté que les langues


des divj»--: peuples habitans au bord du
^
Mara^non font aufli différentes entr'elles
que lé franv^ois & l'allemand , ( & fans

, doute que fur une fimple infpçftion elles

nous le paroîtroient beaucoup davantage ,

quoique cette tomparaifon marque déjà


un rapport notable entr'elles , ) ajoute
qu'il ne laifle pas d'y avoir parmi eux
une langue fcjavante apellée la langue Jel

Itiga qui n'cft entendue & parlée que par


,4m petit nombre de perfonnes dans chaque
Mais ilraiionnoirDicii niai loiiqu cmcu-

^'

%4 M £ C H À IJî î S M £
nation. Tout ceci défigue qu'il ya réeHe-^

ment plus d'analogie entre les langues

iauvages que nous ne forfirnes en état

d'y en appercevoir, Ges rai Tons montrent


qu'il n'eft pas poffible clgjfuivre l'examen

d'une langue Tauvage depuis le point de

fa preniiere. enfance julqu'à celui où elle


eft parvenue, &.que j'apelle le'poiiit de
fon adokfccnce ; &: même en cetetat-cy
un peuple qui n'a ni
elle eft parlée par

connoiffances ni fui^ d'idées; de forte


que nous ne pouvons ici ni décider par
les faits que nous ignorons , ni juger par

une fuite de raifonnemcns réguliers dont


ces fortes de gens ne font guères d'ufage.
Attendons , à l'égard d'une telle langue ,

à l'examiner de nouveau quand elle fera


dans toute fa force ; bornons-nous , &
quant , à préfent à confidérer de quelle
manière elle pourra parvenir à ce point
de maturité.

i^^. Fabrique dts fyntaxts barbares.

Dans fon origine , ^lle n'a d'abord


*

eu qu'un amas confus de fîgnes épars


^ appliqués
V
AV

^
DU Langage, ly
' ''

1 »

Appliqués félon le befoin aux objets à


mefure qu'on les découvroit. Peu-^-peu
la néceffité de faire connoître les circonf.
tanceras idées jointes aux circpnftances
des objets., & de les rendre dans l'ordre
où l'efprit les place , a par une logique
,

naturelle , commencé de fixer la véritable


/ignification des mots , leuî- liaifon , leur
régime , leurs dérivations. Par l'ufage reçu
&jnyétéré, les tournures habituelles font
i devenues les préceptes dp l'art , bons ou
mauvais , c'eft-4-dire bien ou mal faits

.
félon le plus ou le moins de logique qui
y a préfidé ; &: comme les peuples barbares
.
n'en ont guères , aufli leurs langues font-
elle^ fouv^nt pauvres & mal conftruites :/

mais à mef^e. que le peuple fe police


on voit mieux l'abus des ufagcs , & ]ja,

fyntaxe s'épure par de meilleures habi-


tudes qui deviennent de nouveaux pré-
ceptes. Je n^en dis pas davantage fur
l'établifTement des fyntaxes ; & même
fi j'y reviens dans la fuite ,^ ce ne fera
qu'en peu de mots. C'eft une matière
^
immenfc dans fus détails qui demandcroil
irs
ne nous Tient ^ ûit-ii, avec raiion, aiiui

^6 M É fc H A M I s M s;

,un livre entier pour la fuivre dans toatôS


méchphiques du concept ,
les opérations

qui en général la rendent nccejfairc en


conféquence de la fabrique du fens inté-

rieur mais tr^arbitrairc dans fes petits


,

détails par. le Nombre infini de routes


,

long»\es ou courtes , droites ou tortues ,

bonnes ou mauvaifes que l'on peut


> ,

prendre pour parvenir, au même but. Au


furplus t^tes ces routes bien ou mal
faites fergjnit également dans' l'uCage ,

lorfqu'ellcs foht une foi.s frayées& connues.


Non dm primàm fingtrentur homincs ^
dit Quintilien , analogia dcmijfa cœh
jformam loqmndi dtiït ^
jed inventa cjl

poflquàîTi loqutbantur ,
6* notatum in
fermonc quid quomodo cadcrct. Itaquc non
racionc nieitur , fed exemple ; nec ejl lex
làquendi , fed ohfervatip ; ut ipfam analo^

giam nuUarès aliafecerit quam cnnfuetudo^


148. Forn e de F accroiffement des langues
adolefcentes , & quelU part
peut y avoir eu Vart,

Quant aux termes de ces langues pre-^

iMteres , à leur augmentation en nombre


t) t; L A N G A G E. 17
4 mefûre que les objets parolflent & que '/

refprit iè dévelope , aux fyftcïmes de


dérivation commencée ,
je les crôirois
moins défeftucux queles fyntaxes, comme
^tant faits fur des notions plus fimples ,
moins combinées, plus faciles à faifir.

Les hommes impofent les noms aux


chofes pour leur befoin qui les afFeéle

fenfîblemer ^
, promptement , & d'une
manière afTez vraie. Les Sauvage^ opereiiF
en ceci pour les chofes fîmples au moins
aufTi - bien qu\m homme méditatif qui
auroit la tcte remplie de relations Sc
d'abftraftions. Si j'ai dit qu'une langue
'/ première en fon adolefcence eft pauvre
& chétive ^ c'cfl nombre
eu égard au petit
des termes , correfpondant au petit nombre
des idées & borné à l'expreffion des
objets extérieurs les plus habituels. Mais
le ^cercle étroit, dans lequel on fe renfer-
moit n'a peut-être fervi qu'à rendre le
procédé plus jufte. Dans le fonil l'ac-

croifTement des langues adolefcentes doit


avoir été formé fur un plan d'autant plus
vrai qu'il étoit plus voifm de ks pria-
Bij
néanmoins quelques mots fans fuite. Mai'

.\

Z8 M £ C H. A N T s M E

cipes. Le mélange àftuel de nos idées ^

l'habitude d'apercevoir en tout mille

relations idéales , la multiplicité combmée J


de nos perceptions nous donne mille
manières de nous écarter à droit à &
gauche ,
qi^on n'avoit point alors. On
voyoit les chofes d'une jnaniere funplc

& direéle, On les nommoit , autant qu'il

ctoit poflible, en conféquencé de cettç


manière de les envifager ; & félon l'ap-

parence affez /ouvent on ne rencontroit


^

% pas mak C'eft peut-ctre cette obfervation


qui a fait avanccfr à quelques philofophes

que les langues avoient été formées par


les hommes fur un plan médité , &C fuivi

avec réflexion. On fent affcz , & je l'ai

fait voir par des exemples certains^que


cela eil impoflTible pour le premier
fond

d'une langue , qui eft une produélion de

b nature plutôt que de ï.'art. Le premier


fpnd d'une langue eft l'ouvrage du peuple

ôc du vulgaire. Il feinque les termes

(bien le bcfoin. qu'il en a :

. . . r Uùiitss txprefu nomina rerum.


LvcRrr,
s'ils peuvent s'élever, fe feront un langage.

î) \5 L A U G X G t. 1()

Il les fabrique ?\.m après l'autre par un


premier mouvement irrtité , autant qu'il
peut , de la nature & de la vérité de^
objets ; quelquefois aufli fur des pèrcep^
tions mal exanjinées. Mais je croiroi^
volontiers avec Platon ,
que fouvent auflî

"les premiers inapofiteurs des noms ont


îaifonné jufte , & n'étoient pas des gens
mal avifés : qu'ils voyoient les objets
comme ils dévoient être vus ; & qu'un
bon moyen de bien conrloître les chofes eft
d'en bien connoître Us- noms. Je demeu-*.
rerai d'âCcord de ce qu'il dit ,
(in Cratyl.^
Sùum à nat'urd rébus inejfc nomtn ; nu
artifium hominum qucmvis ejje poffc ;
fed eum duntaxat qui 6* innatum , l

cuiqut nomen pcrvidcre , 6» illius quafi


formam literis deindc ac fyllabh reprcc--

Jintarc poffit : pourvu toute f#is qu'on ne


veuille pas prendre fcs paroles dansun fens
trop étroit. Car, à cela près , je ne fais

aucune difficulté de croire avec les

Stoïciens qu'il n'y a point de mot dont


l'origine n'nit une raifon, connue dans les

uns , inconnue dans les autres ; mais fur


\ Bi,j
fclon diverfes autres caufes : elle a pu , par

*'

30 MÉ C H A N I s M E
laquelle on doit employer la métliocfc

générale de juger , en matière de mêmç


e/pece , des points que l'on ne connok
pas par ceux qye l'on connojt. Difons
que la nature d'abord, & l'art enfuitc

onjt eu part à la formation des inots.


Quand il a fallu augmenter une langue ,

la méthode fondée fur l'habitude y efl

entrée pour beaucoup ; & l'on a (uiw

le plan commencé de ce qui et oit déj?


ftiit. C'eftcequi^a fait dire à Quintilien ,
'il'

(/. y, ck, 6.) que le difcours étoit (orMié


far la raifon , l'ancienneté , l'autorité fi^f

l'habitude. De ces quatre fources les trois im


dernières fe raportent a l'art & à la mé-
thode : Mais ce qu'il appelle la raifon ^

de la part de l'homme la difpofition


#
.<•
c'eft

de (es organes auxquels il eft forcé d'o-


béir , & de la part des chofes extérieures
la vérité de peinture qu'on s'efforce tant

qu'on peut de leur donner dans les noms


qu'on leur appfl' le ; en un |not c'eft la

natiirt^ à qui tout doit^primitivemenV fc

rapporter , &c à laquelle feule on doit les

racinci primordiales de chaque terme*


^^^ ,

méthode pratiquée par la nature, mai;

'
*

t> V L aTn G A G Ê. 31

Un de n0s meilleurs Joimiallftes fait

là-deiïlis une réflexion très-jufte. Dans


la formation des langues , dit-ii , les mots
n'étant faits que pour l'olreille , dévoient
s
s'adreffer direftement & plus fenfiblement
à l'organe , & y réveiller l'image phyfique
m de la chofe qu ils défignoient. Mais lorjquô
'

l'écriture a fixé les fignes , le matériel des


fbns ëtoit déjà altéré , &: l'analogie pr^
cieufe du mot avec l'objet s'étoit détruit

à proportion que les langues s'étoiefit

éloignées de leur oitgine : les termes


figurés 5* dans leur fortnation , avoient /
peu-à-peu, daits les langues dérivées,
perdu par l'ufagc;, la trace^ de l'image
phyfique. Journ. ctrang» Janv, 1761.

J 49. Raifort pour laquelle le langage des


hommes fauvages efl le plus rempli
d*images& défigures empruntées de la

nature» Caufc du prétendu fublime du


langage oriental. Comment uneAanguê
fortie de radclefcence & dans fa force
devient plus févere & plm reunue.
Le mOme écrivain explique d'une
1) IV
,

3» M £ C H A N I s M 1^

manière fort nette, la raifon pour laqudlé


m- les difcoui:$ des peuples iauyages font d
remplis de métaphores &c d^allufions , &
0r rdlbitent du ftyle poétique beaucoup
plus que la profe des nations policées. Le
/ peii qu'a dit for cet^article remarquable
eft fi fatisfaifant que je n*ai rien à y ajouter
finonque ce ftyle qu'on appelle oriental»
cpi*<m croit orcfinairement fort fublime ^ fié

qai j pour nous être moins familier, noivr


paro^ plus guindé que le nôcre^ eft peut^
$M w contraire phis voifin de la nature^^

1 i^^Juhi$- tiommfes Ênivages > dont Pâme ,*;

j^ fpur àinfi dire» toute au dekors , n'eft^

. i
n ébranlée que par des objets- pliyiiques>v
>» & d6|i| Timaginatioiieft toujours frapée
^^ $tmàs^ .tableaux de la nati^re» des
k fiommes dont les payions ne font tèm^
< "i
flsur ledsSHttU)n ni vsu les
-^^
iV^ *.»- iiv^t téimjf^ toute leur

»» peu d*idées abilraites 6c point de termes


H féàr lef rendre , eft forcé de recourir
Pfm images patéricUes pour exprioter

/ •^^i
U\fl%V09' V/MfWM*' rwrww *»w ï m^_t

I \
ï
1^

D t; L A N 6 A et. 35
1^ leurs penfëes ; de tels îiommes, dit-il,

f> paroiffcnt plus propres à parler le langage

n de Timagination &c des paffipns. Che^


» nous ^ Tâme 5 en fcxepliant fiir elle-même^
H fè détache en quelque forte des objets
h extérieurs, ^habitude de k i[éflexion &
» de la penfée émouflfe la fenfibilité de
h Kmagination &
modère i'afti vite desi
n partions. : refprit devient plus févere &
» s'accommode moins d'une latitude vague
H & indéterminée. La langue acquiert plus
» de précifion & en même tems plus de
» timidité. Il eft bien prouvé que le ftyle
>> figuré qu'on remarque dans toutes le^
n langues naiiTantes Ôc iauvages , n'àp*
» particnt pas trop au climat , & n'a pour
^ princij^le caufe que Tindigence même
>^ de ces langues.

1 50. Cauji di raecrolffimtru des tangues^


Plupiurs petits tanf4gtsd€ Sauyagis
ifolis fc réum£imi pour former une
grandi lanffiUp. ^-v^^

U$ pays fânvageé & peu cultivéf •

attons font naet 6c dUbmtes Icf

S*.
»ri
n:--:,
Ht
n. iH I
I
4«JMViJ^|Ul» ^ fl^

'^

34 Mi C'h anm I s m ft

unes des autres. Les nations ayant peti en un 1

de commerce entr'elles vivent pour ainiî conféqu


,

dire , par femilles & par colonies féparées ; toujoun

chacune d'elle faifant , k vrai dire , une qui s'eft

"
nation particulière , ayant auffi fon lan-t Comnv
quelquefois n*a pref-^
qui! av(
Ji^è^ particulier , qiii

que rien de commun avec celui de$ voifins»


primer
d'atord
Ily a cependant prefque toujours parmi
i\j
çhofe. 1
eux un idiome prédominant que tou»
connaiiTer^t , & dont ils fe fervent en com"^ per(|re1
içs àutr
mun quand' ils ont befom de s'entendref^
différen
CTeft airtfi que nous le voyons parmi !e$
tell<
petites nations fâuvages de rAniënque.
a point de peuple
que Ipli
Il nY qui n'ait été

même purs fj
plutôt ou plus tard dans le état

ou noiis avoils trouvé les Américains &c V 151. Ce


ks Nègres ; &: il n'y a pas Ici^ng - tems
que notre Europe en eft fortie: fc'eft une
vérité ^e ùxt à la preuve de laquelle jç
clans ur
ne m'arV^te pas. Chacune de c€« petites
fes éni
langues eft pauvre &c contient pfeu de
fiécles
mots. Qi^and la police vient à réunir
V I

natiofij
ces petites colonies en urie mémç nation
nombreuTe ibas des moeurs pkis (bciables loin (à
^
kur$ langagf^ divas fe~a)nl(>iident auffi iMS 1

V t
s
,

- DV. Lan gagé. 3c


fen un feul, ou le plus vulgaire &c par

confôquc2ît le plus abondant prédominé


toujours. Alors voilà une langue nouvelle
qui s'eft conftituée & qui a)>ris une forme.
Comme elle s*eft faite de plufieurs autres
quij avoient dès mots différens peur ex-
primer un objet commuii , il s^y trouve^

d'apord des fynonimes ftir une mém^


fii
thofe. Mais bientôt Fufa'îc détruit & fait

per(|re1es un$i^Oh particularife peu-à-peu

Us kuttes en appliquant chaque terme aux


différences d'un objet de la même efpéce ;

tellonent qu'à la longue , il n^ reftç prêt*

que plus ou peut-'étre point du tout de


purs fynonimes.

ï 5 1 . Comment une grande tangue vient àp


fubdivifer en diaUBes*

L^agrandiiTement de ce peuple rafle


dans une fociété nombreuiè , tes con
*i

fes ëniigratiohs f ftc fur^tôut la âiite é^i


fiécles 9 auffi-bien que le mélange des
nations policées entr^elles , portent au \
loin ia langue , raltçrept & la divifent

iIms kt différentes coatréet , en ahtant


Bvj .

J^^iii.-.--
richeffe, de la propagation & du m^langit

H,
36 MÉ C H A N I S MB
de dialeélçs , qui ne font toujours que fé
fond de^ la même langue , un peu altérée
dans les articulations. Ainfi les petits
langages des familles faèivages forment les
langues mères des grands peuples , & les
lîingues mères forment, les dialg^s des
nations poftérieures ; ce cpii fignifie , à vrai
dire , qu'il n'y a prefqu'aiicune différence
entre les dialeftes
( je dis dan$ les mots ;
carelle eft fôuvent plu? grande dans les
/yritaxes.) Qu'eft-ce en effet que cette
différence qui ne roule que fur les voyelles,
\
s'il n'y a qu'une voyelle , ainfî que je l'ai
fait voir , n^ y> &
Wachter , avec
fui v.

raifon, n'a pas daigné parler du changement

des confbnnes , dans les mêmes dialeft'ès.


La dlverfité qui en réfulte quoiqu'un peu
plus forte eft' bien légère puïfque ces
;

confonnes, lors même qu'elles fontdiver-


fempt^rées , y reflcnt toujours à-peu*-
.
ptè$\les mêmes à l'oreille , (Voyez n^ 35)
^<wmilie étant des articulations du même
orgpii^* Il fj'y a point de perfonne un
peu attentive qui ) , à la feule infpedion
y
iTune' \tAxtit, phrafe écrite en latin , en
'\

^
origine, Les peuplçs iàuvages n'ayant

DU La n g a g t. J7
italien , & en françois ne difcerne
, , fans
fçavoir aucune de ces langues ,
qu'elles

font de la même famille :

. • . Faciès non omnibus un^


Nec diverfa tamen , quaUm dtcei tjftfororunù
OVID.
Cette reflemblaiîce tombe encore plus
aifément fous le fens de la vue que fous
celui de, rcuïe. Le latin magijler & le -^^y

françois maijlrc , paffablemcnt reconnoif-


fables à l'œil pour être le même mot,
forment à Torcille des fons très-difFem*
blabies , quoiqu'il ny ait de différence que
par rélifîon de la lettre gutturale (quli
s'omet k plus fouvcnt dans la pronouV
ciation rapide à.caufe qu'elle eft tout ait
bout de rinftrumcht vocal , ) & par le
changement de Te gur en e muet. Voulez- ->

vou|i avoiryèe mot magiflcr identique dans


les deux diaîeftes , tant à l'œil qu'à roreille }
Il n'y a qu'à le repréfenter à la vue d'une
manière ainficaraéiérifée, MAgISTcR.
1 52. D^ns Us divers dialectes la différence
\di voytlU^afccte plu^ Tom juc

«
,
trouver entré diveries langues que n peu
dTEuropéens entendent , que nul d'eux &

38 IM icH AN I 5 M «

/
riw , & la Jiff^rencc de œnfonnt au
contraire^

La voyelle agit fur les fens par le ion


encore plus que par fa figure alphabétique.
du
-

Elle éft plus reffort de roreille que de


'tiiil

y
celui de la vue. La confonne n'eft que la
forme dii fon , moins fenfible à l'ouïe

<
que le fon même , & faifant plus promp-
tement fon effet par (a figure alph^ibëtique :

die eft plus du reffort de la vue que de


celui de rpreille. Ainfi dans les mutations
qui conftitucnt les dialeftes d^une mô'ne
langue par la yariation qu'elles mettéht
\
-.Ai. dans les méme^s mots , foit en changeant
la voyelle (comme aiguë pour aqua) foir
en changeant la confonne en une autre
de même organe (comme ^iir^rpour S^tmp )
la diftl^rcnce^de la voyelleeft: fort percep-
tible à Touïe , & celle de la confonne qui
ne Tell pas beaucoup à PorcHle farifit fen-
iîblement la vue. Que Ton réftëchifle fur

ceci , on verra pourquoi , lorfqu'une langue


nou$ eft peu familière , pn entend C\ mal
ceux qui parlent , quoiqu'on entçndc
facilemeilit ce qui eft écrit. Car bien qpc

'v.\

r \ ...
,4in petit nombre de perlbnnes dans chaqiit

DU LAN O A G E. T9
dans le fens & la compofition des mots
. / •

les confonnes foient tout autrement prin>-

cipales que la voyelle, il n'y a cependant

qu'elle qui refte dans l'oreille ; &c tel qui

n'entendoit pas un mot pfononcé , l*en-

rendra bierUQt malgré la difFérence d'arf

ticulation du même organe qui peut fe

trouver dans la confonne , s'il peut le voir


par écrit , & en prononcer les vcrj^elles à ïà
manière* On vient de voir par l'exempk
du mot magijltr comment deux mots très-^

difFerens par le fon peuvent facilement


être rendus identiques à la vue. w *

153. Caractères ejfentids df. différence entré


Us langues^ tirés de l'ouie fi» de la vut^
^Qu^il peut y abfolumeni parlant , fc
former un langage fans Cinteryeati^u
d'aucun de ces deux fens.
Cette diftindion de l'ouïe & de la vue
quant au langage eft très-importante , ec
fert de bafe à là différence de caraâere
y
qui (t trouve entre les deux claflTes de
langages trèsi-difFérens par leur princij>e.
L*oreilfe guide autant la langue pour
parler , que les yeux guident la main pour

cV
.

eu qu'un amas confus dé fignes épars ^ *|


^ appliqués
V

40 MÉ C H A K î S ME
écrire. C'eft l'habitude de l'oreille qui
înftruit la langue à former fans fçavoîf
,

comment , ces mouvemens fins dont

»,
la différence 9a,, û délicate & fi peu
fenfible , que ceux qui les formeht le
mieu/ par une excellente prononcfation
auroient grande peine à rendre compte de
l'art qu'ils y emploient , & à montrer
nettement aux autres par écrit & pat •

- le feul fecours de la vue comment ils

doivent s'y prendre pour bien opérer.


G'eft l'ouïé qui tranfmet les idées parles

^
fons; & enfuite la vue connoît les fons
par les lettres. Car ce que l'œil lit , l'ôreillc
''^

eft fuppofce Tentt idre ; quoique à force


d'habitude on life tacitement fans prendre
V
garde à cette fijppofition. Cependant on
-r
ne peut pas dire qu'il foit impoffible que
l'œil , quoiqu'avec moins d'av^tagc ,
parvienne à appliquer une certaine com-
plication de caraéleres à la repréfentation
J"
immédiate ^q^ idées de Tefprit , comme
l'oreille y applique lyie femblable corn- :.

plication de foas , &c la langue une compli-


cation de mouyemens.Car, qugiqu'en l'état
i*

..-f

{<:
^r
immenfç dans ias détails qui demanderoil

ÎJ U L A N G A Û É. 41

OÙ font les chôfes parmi nous, il foit

vrai ^e les lettres font les caraftere^

immédiats des fons , comme les fons ceux

des idées , il n'y a cependant rien dans


Ja nature des lettres qui les empêche de
repréfenter immédiatement les idées fans »': ii

rintervention des fons. Tellement qu*il


pourroit y avoir par cette méthode un
langage pçint entre un peuple de fourds

.rm & muets. Le même peuple par une autre


méthode pourroit avoir auffi un langage,
qi|i au lieu d'être peint fur le papier ne
/
s'exprimeroit à la vue que par les articula-
^

lions des doigts &: par les geftes de la


main% inftrument très-flexible & dont les
jmouvemens font agiles & variés. Il pour-,

roit même y avoir un langage par les feuls

geftes de contaft &c par le feul fentiment


du toucher entre un peuple aveugle , fourd
& muet. Les muets du ferrail s'expriment
par fignes aV^G; tant d'intelligence qu'ils
expliquent clairement toutes letirs penfées.

jufquW îjaconter de longues hiftoires avec


leurs circonftances. Ils ont iqveilté pont;
i*

'
, , N . .^ i

r("

V - i
. ,
Tf
micircs, à leur augmentation en nombre
V-

A
^i M É C H À N î s M E
h nuit un langage particulier qui confifte
dans le fimple attouchement des mains.
De-là il refulte que quoique le fens de
J'oreille , de l'œil & de la main s'entr'ai-

dent infiniment pQur l'ufage du langage ,

néanmoins les hommes, s'ils n'en avoient


qu'un des trois ,pourroient encore , abfolu^
m^T}^ parlant , fe parler , c'efl-à-dire fe
communiquer leurs idées. Cela eft fi vrai
qu'il fe pratique quelque chofed'âprochant,
À>n-feulement dans Jfes langues chiîioifes
compofées de carafteres qui , repréfentant
les çhofes &c le^ notions indépendàîhment
ces mots , fe prononcent différemment par
des peuples qui les écrivent cji;' même ^

mais même adifli parmi nouspquoique nous


nV faffions guères d'attention quand nous ,

Éraçons des caradcrcs d'ctfithmétique


^
d'algèbre , & ceux dont noua nous fervons
pour figniher les poids , les métaux , les

plantes , &c. Ces fymboles font employés


par différentes nations pour exprimer les
mêmes idées & le môme (cns , quoique ^

rendus avec des fons &c des mots auffi

c ,•
vrai qu'il étoit plus voifin de (es prinr
Bi)

DU L A N G A Gl. 4|\

différens que le font deux tradn6iioW


mémephrafe en deux langues difFé^
cfune
rentes.

Rien
troduire
n'eft donc
un caraftereuniverfelavec lequel
plus poffiblc que d'în-*
»
toutes les nations , quoique de langues dif-
férentes, pourraient exprimer leurs idée*
communes : je dis Itxws idées fimples &
communes; car dès qu elles feroient com-
pliquées la diflkulté de fe mettrTau feit

de tant de fymboles & de variations de


chaque fy mbole l'eiAportcroit beaucoup fiir

Futilité de cette généralifation. Ceft ce


qui fait que notre méthode de figurer

chaque articulation des mots par autant'


d'élémçns féparés , l'emporte encore de
beaucoup , tout mis en balance , fur' la

méthode chinoise de figurer à la fois toute

une idée ; malgré l'avantage qu'elle a dp


porter avec elle fa traduftion dans tous
les dialeftes chinois: & même on ne
voit pas que cette méthode qui devrok
avoir beaucoup plus de précifion que la
nôtre , en ait en effet davantage , ni

quelle foit plus expéditive pour l'écriture.

' ''^. .À \
• • t C/»>»M»^ ••*^'\^"* — "
LvCRrT, un!

:w MÉCHANISMÈ
^ ï.4« ^^ractcre de dïffinnu cnttc Us languei

& UsdiaUctes.
Vachter marque ingënieufement en deux i(f^ men
mots k caraftere de différence qu'il y à
i tion:

mêlî
entre les langues & les dialeftes. Les
langues , dit-il , différent encre elles par i^ com
des tient
confonnes, (il entend , fans doute,
les Gonfonnes organiques) 6* les dialectes
par les voyelles. Cela eft fi jufte & fi précis
^que je n'ai rien à y ajouter. Lorfqu'on re-
II
marque en diverfes langues que les mots
de même proF
figiiification s'expriment par les
mêmes confonnes, ou ne font que les *Ëâ d'un

varier par des mouvemens procédans mên


les c
du même organe, on peut dire que ce
çhac
n'eft que le même mot , malgré la dif-
exen
férence totale des voyelles du mot , qui
figur
portent à Toreille un fon très-différent :

& en conclure que les langues font fœurs; com


noifi
c'eft-à-dire , qu'elles ne font que des
par
.
dialeftes provenu^ d'une même mère.
1

Au deux langues expriment


contraire fi
,

m
F'
quid

habituellement leurs mots de même figni- U fij

fication par des organes diffiérens 6c q


, c'efl-

/.
•• ^ ,
«-««AflAsJ M.^^yJ

uns , inconnue clans les autres ; mais fur


\ Biij

«v:.

D y LA N GAGE, 4J
âr-dire par des confonnes différentes ,c'eft
un figne qUe ces langues font étrangères

Tune à l'autre , &^ 'elles n'ont pas la

même origine immédiate. Ges^ obferva-


tions font reconnoître dans! un langage
mélangé , comme dans l'anglois , à moitié
compofé detudefque &: de latin, ce qii'il

tient de l'un ou de l'autre.


, ) .

l^y Caractères qui marquent les claies

& lesfuhdïvijions entre les lanpies.


Il y a des différences entre les langues
propres à faire reconnoître celles qui font
d'une môme claffe , & réduftibles à la
môme origine; propres à marquer aujïi
les carafteres diftinftifs qui particularifent
chacune de celles d'une môme claffe. Par
exemple :• celles qui parlent aux yeux
figurant les fymboles fpécifiques des chofef
comme l'ancienne égyptienne & les chy-
noifes ; &c celles qui parlent aux oreilles
par le foyi ou la figure des lettres >celles
qui dans leur alphabet joignent le fon avec
ù figure (la voyelle avec la confonne) j
Ëc qu'on appelle fyllabiques comme la

/.
,
M. L

racines primordiales de chaque tcrmeu

46 MÉGHAK I S M É

(îamoife ; & celles qui les féparent ,


&
gu'on appelle littérales comme la nôtre :

.celles qui ont d^s affixes , comme Thé-

braïque ; & eelles qui féparent les pro-

noms : celles qui abondent en particules

Conjonftives comme la françoife ;


en

verbesauxiliaires à défaut de conjugaifons, / fi

commWangloife ; en adjeaifs compofés


comme la grecque , &cC. Mais fi la diflFé-

rencc eft dans la fyntaxe , elle marque


moins que celle qui eft dans les racines des

mots , & ne peut guères fervir que de

fobdivifions entre les dialeftes : par exem-


ple , le latin & le frâncjois ,
qui bien qu'ils

aycnt des fynlaxes très-différentes, ne font


néanmoins que la môme langue : au lieu
que quand la différence eft dans le ca-

raftere fpécifique môme des langues , elle

marque que fi les deux peuples ont eu une


<îrigine commune, le tems en a effacé
la trace la plus naturelle , & la plus ,

ineffaçable ; 'exemple : le chinois 6c le

latin.

La voie de décompofition , d'analyfe &


dc^omparaifon mène aifémentà diftribùer
Le même écrivain explique d'une r"
Au D •

D lY

p ir Lan (^ ag e; j^
les langues par ciafTes liiklivifées , chacun^
en pluficurs efpeccs qui le rapportent dans
leurs caraderes etientiels
V &: à féparer
les efpeces par le^ variétés fpécifiques
ajoûtejes aux carafteres commum. Alorsi
en reprenant dans chaque claffe le carac-
tère effentiel de celle qui , étant la plus
ancienne en ordre de date eft devenue
primitive à notre égard par l'extindion
des langues mères antérieures , on obfer- y
vera une forme primordiale un génie
,

grammatical plus original , un genre d'à-»


nalogie répandu fur toute fa filiation , &
qui , commun à fes dialeftes, leur donne
un air de famille qui leyj^^nnongejual-
gré ja différence des
conîotîfs^Sc des
traits. En reprenant erifuite dans chaque
cfpcce les variétés fpécifiques ,on y recon--
noîtra une cotiftruftion & une compo-
fition propre une forme paragogique
,

toute particuhere,
partient qu'à cette efpece
un idiotifme
: on
qui n'ap-
les dif-
M
cernera des carafteres généraux & com- V»

muns aux autres efpeces de la même


daffe. *^

;
,

,i»,'
Mi C W AN ISME -

..V «56. Z>/Vi/îo» i/«5 peuples par clafes Je


languéi. '
^
difoit Lelbnitz qu'on
Je voudrôis , ,

daffes de
divisât lès pays de la tjerre^ar
langues, &
qn!on>n dr^flit des^cartes
géographiques. Heinfêllus l'a tenté darts lç$

/inférées au-
petites cartes géogn^phiques
lanaies. Il
devant de (on ffarmoniêiies
Éiudroit les divifer par parties du irionde,
/
^
X
royaumes & provinces grammaticales, l-a
première d^vifiôn feroit marquée en met-
pojorjes
tant d'une part les langues feités
yeux-, de Tautre celles faites pour les

oreilles. Et je ferois tente de croire que

la laiigue pour les yeu)^ formeroit Tancieu


pour les oreilles le
inonde ,^ 4a langue
nc^veau :\|u moins cela fcroit affez vrai-
femblable fi Von ne les confidéroit que
comme langue'^s écrites. Il y âvôit autre*

-:-k- fois dans le vafte contineht de TAfie deux

mondes, très^iftTnas l'un de Tautre: Tun


TOrient
ayant fa pente jufqu'à 1^ mer vers
Vautre de même jufqu'à la mer vers TOç-
cident , tous deux fi bien féparés par les
^
.
'
hautes
A

<SS
PV;
G AttE. Lan
49
Imtts cha^s du inont Inum ou du mont
A^ay,qucpcndantg»^ fiédc$
ils ne Ce fppt pai connus , & que ce n'eft
que dans des iîec;lcs^ plus récens quMs oiit
coniinencé i comnuuiiqucr enfemblc.
Le
plus ancien des deux en art en police &
Çaroît être 4'orîental ^ où la langue écrite
cfl fabriquée fiir le fens de la vue,
La féconde divifion ferpit entre îe$
lingues ^dont tes înots di/fêrent par les
,

confonnes ( car alors plies di/Fèrent


eflen-
tiellement. ) Celles qui ne diffèrent que
p9t les voyelles y fbrmeroient une fous-
divifion (car alors cé^ne (ont plus que.
des provinces d'un même état
; que des
diçdeôes d'une môme langue.
)
Onpeutauffifefervir, pour les ranger, de
leur fyniaxe,de leur génie^He leur caraftere,
cil examinant & comparant leurs formules \^
ufitées. Par ^a*«/7î^/. le François n a point
d'inverfion , ne décline pas, m^ Tartide
aux noin^s, fépàre Je pronom, n'a point'
de duel , n'a prefque pas d'adjeftifs corn-
* v_^-'
pofés, ni de genre neutre; il conjugue
l'A

,
employé les verbes auxiliaires ùre ôc ayoir^ \
,,

^.>,

<6 ^- MÊ C H
^
iÎL îf ^ S M k
.'
T-
'

.
i
met Isi pf ëpofitiem eJcvafit, n'a point d'aug;-*

ment/ manque fourvent de -faction du


verbe , â te hominatif àbfoïij l &c. L'atia-
lyfc 6c la iomparaifon dés langues rédi-
gées par tables çft très-propre àniontrer
leur origine 6c leuragn^on. Mais encore
une fois le meilleur tableau 4u*on puifle
faire fur cette matière eft Un granèarchaço-^
logue, ou nomenclature |;4néfale, telle
que je le propofer^^Xfàp, XV» Uépar-
gnerbittous les traitée d'éty;inolo]gte , tous

les difti0nnaires, toutes jes differtatiônç

fur les langues^ anciennes qu'on ne cefle


de publier aujourd'hui, toutes les-^queftions
que lion agfte fur le grammatical , fût &
ritiftorique dé cette matière, dotff le pa-
rallèle ainfi réuni fous; un coup -d'œil fa-

cile prcfenterbit évideiriment lajufte dé-


V^
cifion.

157. Etal du langage d^ peuplesJpiritiuls^


& policés. •

Une langue fortîe de fon adolefcence


fc: , pour ainfi dire , dans la forcé de fon
%.î, devenue celle d'un peuple policé j
,

'^ ^

oV La n g â à t. fr
fjchcf nombreux , commode & oifif
d'uni peuple 'qui , avide d'augmenter fkk
Wëe!^, exerce les ficultéf; de fonefprit,con-
fidere lès objTets de mille & mille manières ,
en prendJes nonn enrtiille Emilie ac€q>-
tions di/Fërontcs , & donne une libre car-
rière i fon 'mRpmïi0n;^m peuple qui
a des arts, des métiers des fefenees
, , des
poètes & des beaux cfprits ,
qui vaoyagé^
commerce, v^, revient, inftrtfit & sîen-^
dbftrine; une telle langue; dis-je,>îîend
alors avec promptitude un bien' plus /
grand .

accroiffemerit par une infinité de caufe\


aflTez faciles à fentir, & dqFRt je ne tou-
'

cherai qu*^ petit nombre|. -^

158. Caufe defon abondance , defâ richcffe^


de fts variations^
- ^ •
,.
.
",.-.' J
'''''
'

.^'

S'ily avoit fiir la terre , ditfJehnfeii,"^


'
un idiome invariable , ce feroit celui d'une
nation' ibrtîe peu-à-peù de la
barUrîie ^
féparée du j^fte des hommes ,
ùmque-»
ment occupée à fatisfeipc aux premiers ""

iefoins dé U nature , n'ayknt ni


écriture^
fti livre*! .êeie bornant ^J'ëiUploi dtg •f
• '
. .
'
.
..- g^ .
V
^"X-,

^ 1
5* M É CH A N i s MI
mots d'un uf^e journalier & commun ,
à fon petit nombre d'id^. Cette^
iûffifant

nation lâboreufe 6c i|norante pourroil"


4é6gner long-temps )es mêmes objets pat^
lès mâmes *oix. Elle auroit
beaucoup de

noms d'ÔAes phyfiquo» , & très-peu de


noms d'être moraux : car les premiers né
varie gûè«
font que pour le befoin qui ne
les fccours font
tes non plus qu'eux i Çi

pour la richeffe & le im <1« idées ,qui


n'a point de bornes.
Transformons cette

lûtion fauvage , en un peuple où les arts

font en vigueur; où les hommes forment


différents ordres ; où les
uns commandent,

STles autres obc-iflcnt; où les uns ne fçnt

les autres travaillent Coujours;


rieh,&:
qui ne l^avent ou ne fuient pas
où ceux
leurs bras , trouvent une
reffource
remuer
glorieufe contre la pareffe ,
contre la &
feim en remuant leurs idées. Alors , dit en»
îainéans dont
core le mêipe Johnfon ,
les

l'unique occupation eft


de r^vaffer, muW
l'infini les expipASons pour fuf»
»puem »
^ k Pinftabilit^ de leurs perçepMorJs. A

> '
,

rr '

ou imaginaifc, pa voit naître de nou-


veaux mots , de nouvelles locutions. Il en
v\
faut pour les métiers 9 pour les*arts , pour
les iciences. Mais fur-tout iji en; fau'r une '.
A, ,

extrême abondance , fi la fcience eft du


nombre de celles qui s*exercent«au-d^ahs
de Tefprït fur des objets qu'il à forges , &ç
qu'il conçoit lui<^mSme à peine , plutôt
que fur des objets extérieurs ; fi IVrt eft

plutôt d'appareil que de4iéce$té ; tels que


réloquence & la pocfie. Car ce font ceuxr
ci qui font la plus giande dépenfe en mots ;
comme il arrivexlâns les grands états que
çé\a qui tràvailleni '^ fervent le moi;i$
font cevai qui confomment le plus. Sotis

l'empire du befoin , l'efprit ne s'écarte

guères au de-là de^ objets néctefiàires :

mais affranchi- de ce lien de fujétion , il

s'échappe & bondit en liberté dans lesplai*


nés de l'imagination , il change à chaque
inflant de perceptions 6c d'idées. Avide de
nouveautés , curieux de jd^couvrir, empref-
fé de tranfmettre fes découvertes» amou-
1'

reux de fes chimères même , il introduit

la métaphore , les allufions inattendues


'

C*«*
nj

\
«

54 Mi C H A>? I s M «
4cs termes figurés, de toute efpc^,Ie$ ad*
ccptu m <Pim même tenne en mille (tn^
dëtournéi de leur vrai fens originel, ou
le^ c<xpre{&>iis xPun même kn% enAmilIe
fermes qui n*y avoieiW ci-de\*ant aueurt
rapport : ce qui ouvre uri »lifte champ
aux dérivations dénuées de "toute analogie
^rimitiye.^ Alors \is noms d'<?tres morauit
abondent dans le Tangage , &é viennent i
^aiTer de bien loin eeltii db nottts d^étres

phyfiques. La langue eft appelîée ricke;

& en effet> les gens riches fom ceux dont


fe dëpeirft en fuperfti ôc en commodités
excède de beau<k)Up Gétle diniéceffairei^
Mafc il arrive pftrft^ q«*à foreè' ^e'fiH
j^rflule nécefifàireenfouffle. lÊxàmHvtaé
kngU0 le nëceflÎHfe è# te cliEtrfé, peut-
ftre même là iîmptitité : c^eft lajfidélké

cfe rapport entre te nom & Tofe jet qu'il

; déiîgne; en un mot yc*eftk venté éé


^înture par exp^eflSons qûè Pot^né
éetté

\ i^al doit exiécuter pour rehdre les cho-


^ airément perceptibles y & |^
ment reeonnoiflfsirfcs : vérité qui ne (fe
>
trouve plus dans les lai^iues f dès qu'on 4
rJ>tj Lan CAO t. f^
d<?prayë la nature par des allufions icle.i-

I^s^ quf 11j} font étrangères, & qu'on a


écarté à tel point le dérivé de fa racine
primordiale , que la connexîté qui devroit
&ciiemént s'app€rcevoirentr*eux,%nV eft

plus fenfible. ^„--^

\^§. Les tttots fe dépravent & la fyntaxe

% ; fif^e.
N'omettonr cepéndaiit pa^ xFobfetvcr
que il dans un tel. état de la langue les
mots fè dépravent, en récompenfe la

^taxe fe Îp«rfeélfonne# Le^ tarifes ^ér / '

.cartent beaucoup^ de leur inftitution liatttr

9èUe f mais leur afle^nblag^f fe rapproche


de phiS'eapIus de« Tordre desr idées ac-
tuelles de cellihqiH les emplo3P^j ^ donne
4af)îere à fe» imagination pour Iuf ibuff
Bfr I^ nofot^^ ^
h» s^eft rapp^e qu'à la
Jbflique^oiiF le^arrafiger : une orpreffion
kliuiTdée peuf faifi» ITaudkeuî^ tuî pardî^
tie ufie hardiefiè heureuftf & ingénieuie :

,iiile conithi^ion- irrégulîere &c bîsarrene


feroitquaiijaniab qu'un bafbarifme inintel^
iigible. :

Civ ^
,

II.

' "•' '/;'', <':-' ^:.: • '

l / •
, .. ,

1^0. PlSmÛi d*mt€r taius des motSf

^\^ provenant tt'^Z'^


'i^_. des tcrmé$ , ne ibnt pas , je Tavoue
i éviter V lorsque Tciprit
feeiles s^exèfce
beaucoup en une langue. Outre qu'il re-

cherche rabondance & la commqdité , il

fent aufli combien tes termes reftent au-


deflbus de fes idées: avec quelle impcr-

•r fe^ion les moti reprëfenterit les objets :

combien les paroles fontincomplettes pour


fignifîer dans leur véritable étendue les

circonftances dej chofcis ibus le point fbre


où Pon les veut feiré appercevoir. C7eft
ce qui porte Teibrit à redoubler Tes efibrt^;

à tout tenter bien ou inal, pour fe fiiîit

entendre; à inventer l'acceptîbi^ d^un termte


en un féns inuflté^ dans Pefpérance de te
tourner en imagevà chercher dés iroùtes
obliques , s'il ne peut atBli^ttti bot pftr fc
bIus droite ; au rifque 'M'^èti écarWf d^
yantage^ tk de devenir plèl 6b(hlr irti

voulant fe rendre plus clai|; : 1 multiplier

fur un même objet les i^pm qui


d'abord ne ibnt pas vraime;i|^ tels: car Iç

" ('
ié-'-J*^

*^Mfc

çràiteur'4'un terme nouveau, ou de Tac-


ccption nouvelle d*un ancien terme , ne
*l>-
vouloir, au contraire, que particularifer
fon idée. Mais bientôt fon intention fe
perd de vue par raùditeur inappliqué , &
le terme s'introduit dans Tufage Ordinaire,
^u même fens qu*ont d^ja pluiieurs au-
tres. Donnons un exemple de cette adop-

tion d^s iynonimes , choifi parmi des ^*


préffions de même fens , dont l'acception,
quoique extraordinaire , ne foit ni abufive
à Texcès, ni'auflî détournée que beau-
coup d'autres que je pourrois citer. »,

l6i. Caufts disJynoTiimts $f it ttur muÉ^


iiplication i it leur via & Ji^

leur utilité.

Les fynonimes dés chofes viennent de


ce que les hommes les envi^agéit foui
différentes faces , 6c leur donnent autant
de noni$ relatifs 4 chacune de ces feces.
Si la chofe eft un être exiftarit réellement

& de^QÎ dans la nature , fa manière d*ex-


*
citer ridée étant nette & diftinfte , elle
n'a que peu ou point de fynoninie.^>«rip/,
fkur. Mais (i la choie çA une perception
ji Mi en An I s Mi
de ITiômitte relative à hri-méme, & à H*
iée Jordre qu*it fe forme pour fa con-
venance , Se qui n'eft qu'en lui, non dans
la nature , alors\comme chaque homme
a (à manière de confidérer, & de fe for-*

mer un ordre , Ta chofe aibonde enfyùch


nimes* ExunpL Une certaine étendue de
terrain fe nomme Région , eu ëgaird à ce
qu'elle eftr/jpc par le même prince, ou
par les moitiés loix : Province , eu ëgard
à ce que Ton y vient d^un lieu â un autre
Çprovenîre ) : Contrée^ parce qu^elle com-
prend line certaine étendue circonvoifine
(iràitus , contraSus , ionirada ) : Dif^
rnflF, en tant que cette étehdkie'eft confi-

dërée, commeà part, & féparée d*une

autre étendue voifine ( difiricbts > dif-

tractus: ) Payi^^ parce qu'on a coutume


de fixer les habitations fiir les hauteurs àk

pr^$ dis eaux ; (cxi c'eft ce que fignîfic fe


latin /tf^fw^ , loit qu on le tire du greC
«»y*# coltis ^ ou de *«>ri fonsJ) Kfidf^
en tant qvitWt fuBJlJtt dans la forme qui

y a été //tf^//tf Diocife , iî^/t ^ fir^irvelri-

nanèkiy Génératit/ ^ Cercle , Phtdiiitar^


V

- «

hD u Langage. $9
tl tant d'autres motis enijployé^ darts èhaqiic
lahgue pour dëfigner une étendue de
i con-
Cerrein ,
qu'il feroit ttôp long d'expliquer,
dans
\
& dont la caufe primitive eft facilement
>mmé Toutes
apgerçue quand on y fait attention.
"e for-*
ces appellation^ font nëes d'une Gonfidé-
(yno-
ratton particulietc qui n'a fouvent à la
lue de
même qu un rappoit fort éloigné ;
chofe
I

e,
à et
ou
comme aiTurément rcgtrt , difirahere &
n'en ont prefqu'aucun à \me étendue de
ëgard
terrein qu'on ne laiiTe pas que de nom-
autre
mer région & difirict. Cependant tous .•;

com- on
ces termes. paflent dans Tufage : les
oifine I & on les emploie
généralife^dans la fuite ;

fans aucun égard à la caufe originelle de


confi-
leur inftitutlon.
d*une
Autre Exemple tiré de la langue
> dif-
latine. Elle nôçime un Prêtre Sacerdos
Lttmne
eu ég^rJ i Tes fondions facrées : Pref-
hytcr en confidération de ce que les
lifie 1^
Prêtres étoiem le plus fouvent alors des
perfonnes avancées en âge {n^itCtf foncx
mfirCvlipitt fcnicr. ) Àruijles parce qu'il fe
ne qui
tient debout divant l'autel ,
(Ante-JIans;)

Pôntifsx parce que , les proceffions des


,
dnaty V V)
^3^-^=*»^^ w *?*-.('
»»' \ ^

<0 M* C n JL N I s Ml
Romains pafiânt fur les ponts du Tibre f
les Prêtres dt leur r^igîon étoient chargés
de 6îre Éâre Ifs ponts & de leur entre-
tien (pontis /acéré). Prœfui^ parce que
ièlon le ri( \x(\ti dans les cérémonies le

Prêtre fautoU\U pnmitr (^prafuUans)


& marchoient en cadence au-devant du
peuple qui imitèit la mérlie cadenlte &c
rendoit le même mouvement* Ceft ce
que fignifient c^ paroles du vieux rituel

ck^es par le poëtc Luciliu& :'


^rmfiUtUâmftmûtJtndi &rolpirtftamntru4iotU,

Ampmiart^ vieux mot de la langue latine


telle qu^on la parloit au tems du roi
r
Numa , fïgnifie danftr , & à la lettre alkr
& venir conune les pois ou les petits mor-*
ceaux de viande qui bouillent dans un pot.
.*< Aufli ces Prêtres (e nommoi^nt-ils pareille-
ment SatiênSyU t.JatUiursl Ctttevmété
de mots met dans les tangues beaucoup
d^embarras & de richeflè. Elle eft très»-

incommode pour le vulgaire & pQur les

philofophes qui n'ont d^autre but en par*


lant que de s'expnquer clairement. Elit
aide infiniment au poète $c à Torateutr en
's'

I .

0U L Jl!f 6 AG i; il
Tibre; AormxM une grande al^ndance à la partie
chargés matérielle de leur ftyîe. Ceft le liiperflu
'
entrc- qqt fournit au luxe , & qui eft à charge
rce que dans le cours de la vie à ceuj^ qui fe
>nie$ le contentent de la fimplicité. La plus nche
Utans) langue du monde eft Farabe , qui n'a
vant du pas épargné les fynonimes , même aux
rritc & objets phyfiques.: car elle a > dit-on , cinq é.

7eft ce cent mots pour fignifier un Uon. Auflî


X rituel lesArabes précendent-ils qu'on ne peut la .*r

ly.
fçavoir en entier que par miracle. Aucune

ruàiolB, nation n'a fait tant de cas de la poïfie que


celle-ci 9 ni n'a eu ui> plus grand nombre de
le latine

du
poètes. Quoique cette -Kngue (bit la plu>'
roi
belle de toutes celles d'Orient, une fiexcef-
Te altcr
fiveabondance n'y pourroit-elle pas bien
ts mor-
pader pour un défaut?
unpot,
areilte- i6i. Efit des inwajîons Jur U langage^
vméîé Les émiçrat^'orts des pÀipIcs , les colo-
aucoup nies nombreufts & (bufcmies , les înva-
dîrés^ fions fubîte^ , les conquêtes éloignées
Qur les font des caufes d'accroiflement qui ap-
wi par- pattîennent plutôt i radoîefcence pu au
. Ellfe déclin des langues, qu'i l'état de pleine

euren formation dans lequel \ç les confidere.


*i^ Mie ir AHÎS M E
La Tangue^ conquérante ou la conquiié
font prefque toujours encore alors Fiîne
ou fautre dans un certain état de bar*
fcaric. Les invafîonsi font le fléau des

idiomes <^omnie celui des peuples^ mais


non pas tôut-à-fait d^s \t même ordre.
Le peuplé le plus fort prêtai 'toujours
Pemfpire ; l^lai^e la plus forte le prend
àuflî, Scfouvent c'eft celte du yainçit qui

foumet ccilTe du conquérant. La première


èfpece de conquête fe décide par la force

dii corps; la fécondé par t^lle de Tefprit,

Quand les Romsuns conquirent les Gaules ^


le celtique étoit barbare ; il dxt fournis

par le li^in, Lorfqu'enfwke les Francs y


Urent leur invafion , le francifque des

vainqueurs étôit barbare ^ il fiit encore


fubjugué par le latin* €àtte colfiOon des
langues ëtoude la plus foible & blefle la

plus forte. Cependant celle qui ^avoit


guères y acquiert beaucoup , c^tUf pour
elle un accroiflëment ; &c celle qiû étoit
bien fiiite fe déforme , c'eft pour cllf un y
déclin. Ou bien le. choc fe Êiit au profit

d'un tiers laagSLSigi qui rétUlte de cet accour


^ ^ mn
x^
. < ij 1 1

Dtr Lan g a c i^.


1^
t)nqut(é plement, tk qui tient de Fun d^li &
•s Fiine en proportion de c^ «ue chaoun des
le bar* deux a contribué à fa générarion. Ainfi le
au des latin a rëfuitë du mélange cto grec éoli<ïue
& du celtique , loWque les colonies des deux
ordre. peuples fe font rencontrées vers le Lit ium.
DUJOUIt Toute une vafte contréç d'A^nériquç étorc
f
prend remplie ^e petites nations ifolées. Les
icit qui Mexicains sVleverent , les fournirent , les
émiere La langue mexicaine
réunirent. prit de
^ force même le de/Tus, mélangée cependant 'diç
rèfprit,
tous les petits idiomes. Les Efpagnols,
y
railles^ ûiït <iifi)ite fait icur rnvafioif. Lear langue
fournis plus fiche en idées & en exeHPç/fions
ancs y aflTu^ettit la mexicaine , Iâ< couvre de
le des fon abondance (ans l'anéantir ;jW?He s*abâ-
encore elle-même :
tardit ellis ne fera plus refj>a-
on des ^gnol , mais un diâleé^e efpagiiot dénaturé
lefTela par te mexicain , qui dans la fuite des
Ï!avoit fiécles fera regard en Amérique comni^
(pour une langue originelle & primordiale, ainfi^
li ëtoit
qi!C le phœnicien eft regardé parmi nous^
dlç un
163, jiItérations quy cflufent te commtrêt
profit
\

& Its opimoitf nouvcilts.


accour
Les petites émigrations tcffes <fie fifs
,,

ÎS4 Mi CHAH ÏS M E
voyages & Je commerce étranger, fam
proàiirc dans le langage
, le^ Tevçlutions
Subites 6c marquées , y apportait une va-
'
riatioii lente & fuccefTive. Des étrangers
qui fréquentent enfemble ayant intérêt
de Te plier aux ufages , aux façons de
'',> parler réciproques , en prennent l'habitude
^
la traafinettent & la rapportent. L'échange
a lieu poiir^ les mots comme pour toute
autre denrée. UefFet de Timportation
.
mutuelle gagne de proclîe en proche
,

s'étend des particuliers à la nation , 6c


même a la longue de peuple en peuple.

164. Lis termes étrangers ^ue les langues


"
adoptent ne les reridtntpas toujours
plus riches eh effets
is.

Alors une langue s'accroît de peu à peu


par imé^multitude de terîhes àdoptifs ; 6r
.-n
^'enrichit, du moins en apparence , en
s'appropriant ime quantité d'expreflions
des Icmgues antérieure ^ ou contempo-
raines , autres que la langue mère immé-
v . diate , d'où elle tire fes dérivations ha-
«

bituelles/EUe y emploie divers procédés


DU Lan c A et; 5$
r^ fans (oit qu'elle traduifè les mots fpëcifiques

rlutions des langues étrangères > en les rendant


ine va- pat des mots à-peu-près équivalçns qu'elle -

rangers trouve en fa propre lan^e ; exemple:


intérêt z^*f*9t cafaime ^furtout ; foit qu'elle les

>ns de adopte tout nuds , oC les fafTe pafTer dam


bitude, fon idiome , tels qu elle les a trouvés chez
change l'étranger, lors mé;ne qu'il lui auroit été

r toute fecile de les traduire ; exemple: Thermo^ *

rtation mttrti Evangile ; foit qtfeHe les olie un


roche , peu à fa forme de conflruire, d'aiticuler>
m y 6c & de terminer pour leur faire perdre le
,

>euple. fon dur & bizarre que leur donneroit


m «ne prononciation purement étrangère {
angu^s
exemple: redingotfe pour ridmg^oat yi. é.
urs
cafaqué pour aller à cheval. Ces adoptions
multiplient prodigieufèment tés mots dans
i à peu une langue. Mais la rendent-elles plus
ifs; & riche en effet ? Non ; ou du moins rare- ^
:e, en ment« Cette richefTç efl imaginaire , ^ >
effions qu'il eA Êicile de dire les mêmes choibs ,
empo- en fe fètvant des termes déjà réç . &
immé- ufités dans la langue. Elle ne fert qu'à

is ha- y jetter de l'obfcurité ; qu'à mettre une


:édés9 partie des gtns y qui entendent dire de
\
•i

65 Mi C HA îTï s M ï:*

tek mots (ians le cas de demander c* k. n


qu'ils fig^ifiem y & une pattie de céxx tipn

qui $^cn feront dans le C3S de lie fijavpir que

tptç leur répondre , dionoins avecjufteflfe veut

& préçifion^Que fcrT^c parler grec en tribi

fmnqôis } de dire thermomètre & évangili ,


les I

quand il feroit plus clair & auffi fecile choi

étimmifure<hale^ur^ ixibonnemoMtUe? Auli

Etoit-il, fort utile ^introduire che» nous le


k te
;
liiot n^&ag^cp^T- quand nous prouvions p^dî

dttre habit^ûi-cheual , qui n'eft pas plus long fîonî

prononcer ? On ne parle que pour être d'en

imméu. Le^plm grand âvaijtage d'une néai


quel
iM^ceft d'Ôtit d^rt. Tous te procédëi
'X çiSq
de grâmmair^e devrpiéttt atler qn^i ce^
but. Ce n'en eft pas «n bon que d'avoir <\^^

nôtre tant de mots efpe


introduis dans la

étrangers V & fUf-«out dc^ m6G^: grecs non-

i moins qu'on ne piiiflRr ce <


tout purs :

lavoir autrement le norti fpédJlique Se man


appellatif . de quelque objet phjrfique en 1

connu. Mais 'ceu« qtii vagi


houveUertient
oiyeitt quelque objet nouveau , & l'en- poui

nommer en la langue du pajp où plus


tertdént

^& trouvent, ont plutôt fait de répéter


•i?

nv Lan G AG K. 6f
, ie tnot qiie de rexpliqifer par une traduc-
A i'.

tion; &, il pâffe ainfi^dans rufage, fana

que la plupart des gens tijachent ce qu'il

veuNdire. Les fqàvansr ont «beaucoup conV r

tribuë ^ Cet abusf ,'


p^ les tiom^ qu'ils ont
les premiers impofé^ grand nortibre de
chofes'riouvçlles dont il? àvoient à parler,
Auliea de chercher à/e rendre inteUigibles
i tout le monde, ils ont eu raffeftaticn
p^dantefque de faire emploi dçs expref-
fions grecques qui donmipient un air

d'érudition à leurs écrits. If faijt convenir


néanmoins que ces termes tranfplantés ont
quelquefois ràvantage de cara^érrffer fp

çiSquement l'objet nortimé ; de le dii

tinguèf de tout autre objet de p^eille


^
efpece , lorfque Iç terme tient liçuile
nom approprié au feul ob]et nômipé :

ce qu'on ne ferort pas toujours d^unô ^*^


manière aufiî précifé , par kl tradu^^il
en langue vulgaire dW appellatif pw
vague àc plu$ étendu. Evangile dit
pour nous quelquen chofe de beaucoup
^
plus particulier que bonnc-nouiHllt. Mâic ^^*-^

-^ •
)
t >
irt MiCR A N IS Hï ^

TkirtMtnurt ne dit rifn de plijs que mtfUré


^A^(fi^/* /v& rinftrumcnt icroit auffi-bien

nommé en fpnçois qu'en grec. Notre


y langue adroit dû moins; gagnë^ à^cette^
habitude de traduire . , Tufage desç^bts
com;>ofés ,
qui donne à la langue grecque
tant dé priSdfion, de richeffe & d'har-
mbftie qu'elle ne (ireqile de fon propre fond.

l'6 5 . Difficulté Je reconnoîtrt torigine d'un


terme ddoptiftôrfqu*ilcJl venu de loin

•v.
par une longue imigration.

cine d'un terme- ufité ^n$ un


pays i| trouve quelquefois dans un autre
pays fort éloigné j avec lequel celui-là

poùvoit ti^voir que peâ' ou point de


commerce. Les moti ne dérivent p^J^
ièulement d'idées d! idées , de fdnf en
fôns , (c de figures en figiu-es. Us cou-*

lent luffi de contrées en contrées , par.

dies tranûnigrations de proche en proche,


'
jufqu'à fe troirver tranfplantés dans des

Ueux fort diftans de leur primitif , qu'on

ne Tfe ferpit guères ayifé d'aller chercher


,

(
1
DU La NG AJB E. ^^
! mtfuré fi lotnv l^trc langue appelle Balin une
iffi^bien ëtoift fine &
velue faite de coton. L'o-
. Notre rigine de ce mot eft fort reculée. D'abord
à* cette. il nous
immédiatement venu deritalien
eft

Bambagine , dont on a Êiit par aphérèiç •-*


,
grecque (Voyez n^ 119,) Bagine.Baiin. Bam^
: d'har- ba^i^iyx l^tin Bomhycinus. Celui-ci
jrefbnd, jtrmntt au grec b#VCv| . Bi^C^ à l'orientai i

m Bainbatit ; à l'indien Bambu.ht Bambon


cft un arbriffçau dont l'écorcc fert aux
U loin
Indiens & atM^ Chinois à faire des étoffes
& du papier. Les Egyptiens fe fervoient
lans un de la plante Papyrus à pareil
ufage. Les &

in autre carafteres chinois Pam Pu fignifieiit itoft


celui-là velue du pays. Ainfr Ton voit que ce
mot nous efi venu de ^
oint de régions en régions
ènt pa^ d'une langue bien éloignée, & encore plus
fonf en étrangère à la nôtre par fa
forme conf-
Ils cou-* titutive que par la diftance des lieux.
ies , par. Dans cettç longue émigration il n'a rien
proche, perdu, à la vérité, de fà fignification
ans des primordiale. Mais quelle différence
entre
le fon de k| clef cbinçife
f, qu'on , Pam Pu , &
:herchcr celui 4tt.qiot fi^çois Baîm ^ car, des
deuic çlfife r*4*««Jç* /é^iïi
fu qui fè rç.
,

'o car

70 MÉ C H AN t. S M 1
trouvent encore dans 1 italien Bambapnt
'^/
^k dernière nous refte feule ,
par le retran-
chement que le françois a fait de la

première fyllabe de l'italien , en le tranf-

portan^dans fa langue. On fte fe feroit pas


.
avîfëd -aller chercher dans la clef chinoife

la raciivÊ de notre mût ^ fi lé fil de la

dërivatïom m fttt rcftë vifiWe & Connu.


J'ai voulu rapporter cçtte origine d'après ^

Bayer (^Muf. Sinïc. iom, / , p. 76,) parce


qu'il çft rare de pouvoir mettre de tels*

exemples à decéuvert. Celui-ci fuffit pour


fairecomprendre que les tranfplantations
/ d'une quarttitë de mots* fe font faites à de,
fi grandbs diftances de tcms & de lieux,
'
que r^loignement a mis les vrais primitifs

'& à plus forte raifon les racines^ fers de


portée d'êtrerecouvrées. Une grande partie
de nos anciens mots viennent des langues
orientales. Nous ne connoiffom , (ôc më-

diocrement encore) que celles qui aVbient


\ cours depuis TEuphrate à la Paleftine.

Quand on eft parvenu là , il faut s'affréter

tout court. Cependant combien ées'langues-


y.
fond
:

ci lie s'ëtûient-elltsf>a$ «irkhies^'ùn


p

a, '

t> V La n g a o je. 71
dgtfti étranger ) 6c dW commerce fuccèilif Ôt
tran- lointain ? Tout ce ^ui eft au de-là refte

le la
couvert à notre égard des (éhchte^ du

ranf- tems. Nous prenons dans ces langages nos

t pas primitifs ; & ces prétendus' primitifs ne font


fans doute, pour la plupart, que des dériv^fs
noife

le la
d^ Yort éloignés de la forme originale
nnu. ^s vrais fons primitif & radicaux. '
. ..
V^

iprès
i66.0hfervations fur les tracts que te
)arce
commerct dès nations a autrefois laijfies
tels*
entre leurs tangages.
pour ....;•;;?

tions (^ue ron ne ry trompe pùnxu l^i


à de. mdbi courants des Janfues aâuélkroeSt
ufitées font fctjiivent les primitifs d'oii ont
eux, ,<>
"

itifs,
été tirés cPs^tres mots dès ancieniies
langues ïnortes. Les Latins ont feitieut

•artîe
mot P-i/cis fur te primitif fimpîe Fisk ^

igues
qui , dans les langues 4^émandç Sc fepr

mé- tentrionale iîgnifie U même chofe ; les

fient Latins y oiit ajouté une terminàiion de


îine. leur langue ; & de -Pi/f/VJes Italiens ont
rétér immédiatement détivc Pefcé & les Fran*
ïues- ^ois /\>i^/t*; chaque nition ajoutant ainji

fonà

V
))"

'•..-Il :

7% MtcéâHiis ME
U terminaifc^ a^^ Tufage de ia
^ûf^ue; Lrs |«aur^^ tiré quantité de
mots des kuigoéi du Nord^ foit immé'^
diatqhent/oit médiaitement par {e Celtique
qiâ entre pour beaucoup dans la compœ*
fitîon de leur langage. Il étoit naturel que
le mot P//2w^ entr'autres, vînt du c0té
du Nord 9 puîfiiue le potflbn eft infmimeut
r plus abondant dans les mers de ces climats
que dans tout autre ; & que les peuples du
Septentrion chez qui le grain eft rare,
{ont du poifTon leur aliment ordinaire.
Les noms btins des oifeïux de mer vien-
nent auffi du langage feptentrional , comme
Fulica de Fugl {avis)\ & auifi le nom

Sagtna (Seine) , du filet à pêcher que la

langue du Nord appdle Sàyn* Cette re-


marque avertit qu'il £iat chercher les raci-

/ nes des mots dans les langues d<8 peuples


donc tes mœurs font tournées à âûre un
gland &c ancien uûge de la cho& nom-
mée. On voit ici que les termes fimples
relatif à la pèche (è trouvent raflemblés
chex les peuples Septentrionaux qui ^ faute

de

*?
, ,

DU LA H A G E. 7Î
de fa de bled , en ont de tout tems fait mëtler ^
tité de bien autrement que les Latins , les Grecs
immc- & les Orientaux.
leltiquc Les traces du commerce des mots que
;ompo* les anciennes nations -onV fait enfemble
aréique font encore reconnoi ffables, quand il fe pré-

lu c^té fente quelque tradition qui les tranfmette.


inimeat Hérodote rapporte (/iv. iv, n^. i lo, ) que
climats les Scythes en leur vieux langage appel-
uplcs du loient les Amazones JEorpatd , c'eft-à-

ft rare dlre «fi>««T#f ê« {yiri-cidœ , t^eufes d'hom-


idinaire. nies;)car,ajoûte-t-il,-/ff(?renlangueScythe
fignifie Yhomme , & Pata c*eft tuer ou
comme battre. On rcconnoît d'abord ces deux-
le nom mots dans rancîen celfiquç: i7r (vir)
r que la & Batten {cd^àtxé). l\ en faut auffi-tôt

ctte re- conclure une analogie entre les deux


les raci- vieilles langues abolies, malgré l'inter-

;
peuples valle qui féparoit les deux peuples ';
&
iùre ua la reconnoîtrc de même entre ces deux-ci
Çt nom- & plufîeurs autres où les mêmes exprel^
fimples '
fions fe trouvent, JEor , c'eft en tudefque i\

mblés ^
Bar & Ber : en anglo-faxon F^ar : en
arménien jiir: en latin F'ir. Pata , c'eft q\\

de anglo^faxon Beatan : en allemand Battcn


TomlL D
,

Bàidda : en
U Fatfchen: en cimbrique
&c. Ww«
latin Batuo : en fran<;ois iaure , ,

quel eft, l'original }


Entre tous ceux-là ,

fcytbique
Probablement c'cft l'ancien
rapporté par H^rodote^
en certains cas
On rcconno'it encore

l'afeiité des vieux langages entre eu*,


même que les anciens yeftiges ne
. lors
appejcevoir qu'à la^veur
fe laiffent plus ,

J récentes qui in-


de qlieiques traces plus
communication. Pre-
diquent l'ancienue
nons pour exemple une idée fimple &
un mot très-ufité. \Fillc fe
commune ,

»^-rMi les PerfaAs^ d.fent


difoit en grec
& les Anglois a «n
aujourd'hui , dockttr ,

daugtker. Les
a,:tre bout du monde ,

gothique allemande^,
langues faxonne ,
,

flamande difent à-
^ffe , danoile , ,

même. Gn n'eft pa? étonné


peu-près <'.e

entre r»nglois 6c
de trouver du rapport
leperfan : car dnjf<;ait que
k fond de la
langue angloife ^i faxon ,
qu'il & /«"«
l\ qui montrent «ne
quantité d'exemples

,
marquée entre l'allemand
affinité"
le &

pcrfim. Mais d'où peut-eUç naître, 6
,

/.

^ D V L A K G A G E. 75
dda : en
n'eft d'une ëmanation de la langue fcy-
thique fur les peuples des deux régions ;
original?
Unt par les Parthes qu'on croit avoir été
cythiquc
originaires de Scythie , que par les Afes
& |cs Goths qui font venus du voifinage
lins cas f
des mers Noire &
Cafpienne fe jetter fur
tie eiHC«
les contrées du nord? Il y a de quoi s'é-
(liges ne
tonner davantage de trouver cette affi- i
la/feiveur
nité entre f ancien grec &c le perfan
s qui in-
moderne. On en peut conclure que le
on. Prc^
vieux pclafgique des Grecs fauvages avoit
^mple & des refl'emblances avec lés langues fep-
FiUe (t

dirent
tertrionales des Sauvages Scythes & Eu-
arts
ropéans ; & c'eft ce qu'oi\ induiroit
glois à ttn
encore, de divcrfes autres remarques
rtken Les
critiques.
emande^
difent à- i6j.Co/7imc/2f unit langue parvemu à féL
^ ëtônnë maturiti dzdint & fc perd.
-mglois 6c
Le commerce | les ufages , les Opinions
fond de U font de grands producteurs de termes. Il
y#unc
l'il

rtrent une
en naît de nouveaux avec les modes &
les ufages. Les uns p»ffent avec les modes •
lani & le
w deviennent furannés comme elles : les
fitre, ft«Ç
«itres reflent. Ou en voit iiaître d'autres

D ij
j6
MiCHANlSME
nouveaux
avec d'autres ufages , avec de
fyftêmcs d'opin>o"S' ^«^ opinions
n opt pas
fur les difcoursd'un
peu-
mo\ns d'influence
elles devien-
plcque fur fa conduite : qiând
nent populaires , c'eft une petite révolution

comme dans les mœur.î.


dans le langage
paffe néceffairement
par un
Toute langue
à faperfeftion,
état de barbarie pour arriver
*

& par im état de ràfinement pour def-


cendre de au déclin. L'exer-
la perfeftion
la culture des
cice habituel- de l'efprit,
les écrivains
fciences , le defir qu'ont
agréables de tout mettre en images &
nouveauté fie
de furprendre par leur
étendant les
par leur fmgularité , en
langue l'amer*-nt à fon
limites d'une ,
\
plus haut point de maturité , où commence
corruption. L'abondance
câui de la

donne un plein effor au


des termes
du choix. Une foule de verbes
caprice
fi vague fil
devif nnent d'une- acception
fi générale ,
d'un ufage fi libre 6c fi
ils fe plient à tant
de fignifi-
illimité ;

figne radical *
cations écartées de leur
impoffible'd'en fuivrele véritabl#
qu'il eft
y
'\

«^

D V La V G A G té 77
fens à travers ce labyrintlie d'idées aux-
ouveaux quels ils fe fléchiïïent. La filiation des mots
loittpas
»
s'obfcurcit ; la race en dégénère comme
l'un peu- celle des anciennes fimiilles : on accrédite
sdevien- certaines expreffions , pendant qu'on en
ivolution dégrade. d'autres. Celles-là font fortune:
î mœurs* la moile leur dpnne du luftre , & leur
nt par un foufFre d'occuper la place qu'avoient celles-

îrfeftion, ci. Le fucccès de quelques libertés ingé-


30ur def- nieufes autorife l'ufage des écarts forcés.

1. L*exer- Les figures gagnent de la poëfie dans la


ilture des profè. , & de la profe dans le langage
écrivains familier. L'acception métaphorique fup-
mages & plante Tacception fimple : les gens bril-
reauté 8c lans qui veulent affefter le ton ton ,

ndant les &^à qui la valeur originelle des accep- '

J
»nt à fon tions eft tout-à-ftiit étrangère , en di(^
ommence pofent avec une Jicence inconcevable.'
ibondance Ânimadvcrterc tfl^ dit Aulu-Gelle à ce
/>

effor au propos ,
}4craque verborum ex ed (ignifir-

de verbes cationt in qUd nota funt , difcejjiffc vdin


vague & aliamlongi jvel 'n proximahi ; eamquc
ibre & fi difrcffionem faclcm tjj'e infcitid tcmcri
de fignifi' diccntium quœ cui modi Jint\non didi^
i radical ^ cerint. L. xiij y cap. 19.
le véritable D iij
,r
v,^

78 iA tte lî AfNt s M.f


La diftinftion des mots difparoîf ; cm
en oublie la propriété , & la langue f«

hâte vers Ton déciin. La prononciation


s'altère à Ton tour , les terminaifons &
changent, quelquefois par, ignorance & "

&C
par grofliereté ; plus (buvent par air
par légèreté. Ce n eft p'"^ ^^^^ richeffe
dans le langage , mais une diffipatipn , une
intempérance. Le luxe annonce ici ,

comme dans les États où il règne fans

ménagement , la force paffée & la ruine

prochaine.^ Le mélange des expreffions

produit dans les langues à^peu-près lemêmC


effet que produit dans les États le mélange

des conditions , figne certain de leur

décadence , & probablement caiife' en

partie de celle du langage. La multitude


les ter-
ne met aucune différence entre
minaifons juftes & celles qui font affeôéc^:
ou vicieufes : çffe allie les termes bas

avec les nobles, les locutions fonores

avec les rudes , & feit un affemblage


informe de tons greffiers & délicats.^L'ë-
les
criture fuit les viciflitudes dudifcours,

fixe, les porte au loin. Les réglas ancien-


nes , à force d'être négligées , ne font pl^
^J *

B» LA tr G A ô t. 79 ^.
oîr; cm connues ni fui vies. L'habitude courante
ingue fc leur en fubflitue d'autres qui varient félon
)îiGiatioii
^Jes idiotifmesparticuHers dcjç provinces , <;)ù
^inaifons
lu langue corrtmùnecommence h fe îf^nsfor»
rance & •

mer & à fe fubdivifcrendirferensdia!e61es«


ir air & Dès que le cotip eft porté jufque fur ^les ^
richefle
fermîhaifans & iiir la fyntaxe, c'eft le
ipn^unc point dt fa drlTolution totale II n'y -a
ice ici y
plus d^identitë dans la forme : à force
gne fans ^.èt înutations', la langue originale s'cft
i la ruine "^^
enfin toiit-i-fait éteinte en fe divifant en
:pre(Tîon$
Aaleftes; de même que le Rhin, formé
s le même èa cours de cent moindres rivières dont
p mélange îf avoTt abferbé lès eaux , va perdre au
de leur milieu âe$ marais de Hollande lotf nom
en
caùfe
^ & fon exiftence dans le trop grand nombre
multitude
de can^ix où il (è partage. Ceft alors un^
; les ter-
fengue morte qui ne iûbfifte plus que
t aflfeftéc5î
éans les écrits , oc dont la mémoire né
îrmes bas
dferera qu'autant gu/e dureront ces mo-
5 fonores
numens , qui ne font ricin moins qu'éter-
flemblage
nels. Après leur de(lrwf\ion fçaiira-t-on
icats. L*é-
peut-être feulement fi elle a jamais exifté?
cours, les
Elle aura cependant encore un grand nom-
3s ancien-
bre de defcondans fur la furface de la terre.
e font p!^ DiV
.^

80 MÉ C HÀN / S ME
}'' y^-i»

'OO i6S. Caufcs qui , aprSli It diclîn d'uni

langue , la con fervent dansfa pureté


^ fur lé pied de langue morte*

» Une langue fe corrompt, dit Gravina


» {IdeadelldPoefia) lorfqué la manière de
» parler vulgaire deviei^t aflêz dominante
» poiu- être ernployée par les gens de
» naiflance (ilpçuvoit ajouter , ou lorfque
» les gens fans éducation tiennent dan§ le
H monde la même place que les gens oe
M naiflance) ; mais de cette corruption
. M fortune autre langue qui fepeifeftionera,
» & qui à fon tour fe diyifcra en noble &C
M en vulgâii:e. Il en èft des langues cogime
H de toutes les chofes naturelles ; clle$ ont
'
nleur commencement, leur progrès &
.J
» leur fin. Lorfqu%ie langue noble &
» abondante de fa nature fe trouve pendant
M quielqye tems être celle d'un grand
w nombre d'excellens écÂvains qui la font
» fefvir à exprimer toutes fortes de ma-
>> tieres & qui lui font acquérir de Téclat
>^ tant en profe qu'en vers , «elle eft pour
M lors au comble de fa gloire : elle a tout

V
,

i-r^.

DU Là K GAGE. ' 8l

» raccroiiTement qu'on peut lui defirer ;

>f mais fi Ton n'a foin de l'arrêter dans


» fon point de perfèélion ; iî l'on ne munit.
» les richefles dont elle s'eft iaccru^ de
>> régies , d'obfervations , Se de préceptes

«<?
» fixes, fi on la lâifle aller à l'aventure ,

» elle paffera par tant de variations , que


» venant enfin kétre tout-à-fait différente
» d^elle même , on né la reconnoîtra
» plus du tout^ Au contraire , fi l'on
» raffemble en un corps des. principes
» certains appuyas d'exemples des bons
» auteurs , fi, Ton forme des vocabulaires
V qui renferment fes principes & (es

» exemples , la langue pourra bien (e


» perdre pour le peuple ^ & pour l'ufiige

» ordinaire ; mais elle fe conferyera dans


» (qs auteurs & dans {es principes ; & de
» vulgaire & variable qu'elle étoit, elle de-
» viendra fixe & grammaticale. C'eft par-là
» que les langues grecque , ^tine , italienne
V
» françoife , &c angloife pourront durer ,

» éternellement ; » non pas en tout ce


qu'elles contiennent , mais feulen\ent
en ce qui ^& appuyé fur les exemples
Dy
tirés dés bons" écrivains ; car on rqettcft -
«ont le refte , comme on fépare lé métai

pur du minerai groflrerJ La langue latine

fi'eft prefqùe aujourd'hui confidérée que


parce que nous en avons depuis Tcrénce
jufqu'à Juvenah

t6^.En quoi conjijle ridcncUl d*unc


langue*

il feut bien faire attention à ce qui

conftitue l'identité formelle d'une langue. .

Ce n'eft pas le nom qu'on lui donne ;

V ce ne font pas même les mots qui la

compofent ; c'eft la terminaifon , la pro^^

ttonciation , & forthographe ufucUe âe


Ces mêmes mots , ainfi que Ta manière

ât les affeinbler qv^on appelle Jyneaxe.


Du franCjOis &
du françois font quel-
quefois plus diffemblables que du fiançois
Il (le ^italien. Je dis donc qu'une langue
cfi identique pour une nation tant qu'elle cft
tulgaire & qu'elle peut étfe couranfiment

énteîKlue. Dés qu'elle ne peut plus l'être,

elle cefTe d'être identique. Les points fixés

de l'un ÔC^dc Famre bout avancent pé*


*
r^

L-.,

DU L AN G A6*€ gj -
i>
tîodîqucment tous lés jcmrs , à-peu-près^ »-^

comme le tems qui amené les mutations,


h chcique moment le point d'une des
extrémités eft celui ou Ton n'entend plus
fe langage antërie^ à ce point ; & Tautre ),.
•-
:
extrémité eft à celui où le vieux langage
qn'o'n entend encore ccffera d'être intel-
ligible. Molînet troiivoit dé ja que le langage
du Roman de la Rofe , & Clément Marot
qife celui de Villon avoient befoin d'in-
terprétation. Vers la fio du quinzième fiécle
pour pouvoir *7Dueria farce de PateKn,
probablement cômpcfée aux environs du
régne de Charles V , il en fallut rajeunir

le ffyle. Comines étoît vieux du tems


d'Amyot 6c de Montagne. Ceux-ci com-
mencent à n^être pas entendus par beau-
coup de gers. Quand ils ne le feront plui
que des grammairiens de profeffion , ils
feront hors de la langue françoife iden-^
tiqucE^ comme Ville-Hardcuin auteur du
f
trefeicmc fiécle en eft dehors à préfent.
X\x tems de Henri IIl, cet écrivain avoit
déjà tellement vieilH que pour plus de
commenté , Vigtner e mit une trâduftion
s
*
" 4,
,

V «

J
a
84 ' MÉ C H AMI S ME '

à côté du texte. Aflurément le françois


de Mî!!iere eft plus éloigne de celui de
Ville-Ha^;douin qu'il ne Teft de l'italien

de Çoldoni. Cependant au tems de ce


:•*

vieil hiftprien 4^5 crdifades les anciens

^j aftes en» langue vulgaire & les romans


écrits vers Tan 1 100 dont les manufcrits

fe confçrvent à la bibliothèque du Roi


paroiflbient fans dotite être d'uo langage
c\
furanné ; & ceux qui les avoient écrit
trouvoient tëk à leur tour celui du ferment
fait 841 par Charles le Chauve ÔC
-eh '

Louis le Ge*rmanique. Les vers latins'


compofés fous le règne des rois n'étoient
plus intelligibles à Rqme-, même pour les

prêtres , vers la fin de lajrépubliqueé On


n'a pas laiffé néanmoins que d'appeller
^
également du fâiix nom de fran^ois &c de
latin des langages (1 peu femblables ;*

parce qu'il n'y a point de borne fixe où


l'on puifTe dire qu'une langue finit , 6r
que Tttutre commence ; cNefl une dégrar-

dation journalière dont les nuances \xr^


perceptibles de proche en proche , nç
m 1» deviennent feitifiblcs (mep«irlacompvaiiôa

r^
,

p u Lah g a c e. 85
des grands intervalles, Ccn eft aflez pour

faire voir, que v toutes les langues fe tien-

nent les unes a:ux autres par une filiation

infinie^ que dans leur manière de f« for-

mer tout ejft altération ou dérivation , &


rien ou prefque rien n eft création , 6c
qu'enfin Fart étymologique , loin d'étrè;

comme tant de gens le difent, arbitraire

ou imaginaire èft en général guidé dans


fa marche par des règles conftantes

fondées fur des faits indubitables , fur

des principes certains, dont il ne faut

plus que fçavoir faire une jufte applicatioxu

< >
mmmm a»
as»» ^^

C HA P I T RE X.

De la Dérivation, & d^ fes tScts.


'
IJO. Toute lang/te cannue eft
defccndm
{Tune autre: tout mot eft
dérive d'un

autre y s'il nUft radical par organi*

^£^ fation ou par onomaiopic. ^

l'jî.Toiu U$ mots ne vicnneni que des


idées fenjibles & des objets extérieurs ,

mime ceux qui expriment des idées


morales ou ahftraites.
tji. Les mais m p^an$ ds Mvat^ons
en dàimÊMm^ /kmtm extrême
ment ds kwt pmHÊÊSir fins.
fjyLa vivacité Jk Ppfprit humain ,

toujours prejp Se s^exprimer ^ raf^

femble plufieurs idées diverfes fous


une mime form^ matérielle de la
parole , & charge de ygnifecations

diffcre/iUs le même ajemblage de

fylla^es.
MicKANISBfË Dtf tANCAGE. *jr

%J4.Le fens originel efi pour Vordi taire

celui qui dijigne quelque être Jimp le


& phyjique ,
quelque ufage des tems

grofiers. _,^^^
^

175. Exemples de dérivddônfaltérées /uf--


"qu!a former un contre-fens total entre
h mot & la ifuofe.
176. On alterelefens du dérivépour n^avàir
faiji quen partie la définition du:
primitif.

/>
177. Les dérivations JoTidées fur de vieux
ufages aboJisl^fontfu/ettes à s'écarter '

du fens primitif
178. // peut y avoir contrariéti entre les
divers fins d*un même mot, quoiqu^it

y eût une idée d^analogie dans l*efprii


J'^ qui les appliqiHn
ïj^\ Prodigieux effets de U métonymie
dans la dérivation.
î8o. Dans le grand nombre de mots dont
les langues s'enrichiffent journeltir
ment , on. nen voit prefque aucun
doKtlafabriquenouYèllefoUorigiinaU
& radicale.
V*

,#*'
J-.v--'.si-

88 M i C HA If I s M É

l%i. Suite du pouvoir & it Vtxunfion

de ta métonymie dans le langage.

lîi.DeuX genres de dérifation ; tune


idéale y Vautre matirielU.
l%y. Effet de fun & de l'autre genre
4taltération.

184^ Différence de tun & de Vautre genre


d'altération. -

iiéale tirée
185. Jutre efpece de dérivation
de Videntité de Jignification. Elle
nuit à Id clarté des langues ^
en
-

yj introduifant des fynommes de

finsj qid nt font pas fynonimes


d^txprejfions.

186. Caufts dt Valtération rHatérielle.

lapronondation
1 87. Effet d^ altération par
inexacte &
par la permutation ^s
lettres.

188. i^ prononciation vicieufe introduit


de fauffes opinions.
en
li^. Effet bigarre de la dérivation ,

ce qu'elle rend obfcenes des termes qui


étoient hànnétes dans, leurs primitifs.

k^^Caufe de Valtération des mots en


r

9 V La N G A CE. t9
pdjjant (Tunt langue à une àutrtm
Rapidité de cette altération, y
igi. La permutation des\lettres s^operc
d*unê manière phyjique 6* néceffairê.
191. Des trois clajjes de changemens dans
les mots entiers. ^.
X
i^'^.Oiferyationfur un changement Jin^
gulierqt^ on rencontre quelquefois dans
la direction d'une lettre,
i^j^. Excellens effets de la terminai/on*

ijo. Toute langue Connue cjl defcendus


d'une autre : tout mot efi dérivé d'un
autre , s*il n'tfi radical par organi^
faùon ou par i>nomatopée.

OyR plus d*intelligence de


ce qui fuivra , repafTons en
deux mots fur les principes
établis dans les chapitres pré-
en
cédens, & ne craignons pas en pareille
matière de rappeller au Icfteur des idées
qui lui ont été déjà préfentées. Nul terme
n eft fans étymologie , à moins qu'il n'ait
y

-\-

été produit en original d'une manière


néceflTaire , réfultante de la con^rmation

phyfique des organes A)'Ocaux; ou d'une


manière prefqiTe neceffaire réfultante de
,
PînrrtationvçcaledelaGhoféexpriTfiëé.Cc»
fermes fofit feuls véritablement radicaux :

Car ils ont une étymologie phyfique ;

c'cft-à-dtre quic leur caufe^ de formation


eft , foit dans Pôrgane intérieur, foit dans
lV)bjct extérieur. A Pexception <te ceur-

# ci , de qui tout tout eft primordialement


venu , comme je le ferai voir ailleurs, il

ifft auffi certain qu'aucun autre terme


H^eft fâtu Aymotegic de dérivation (qui

eft ta véritable étymologie grammaficale)


qu*il eft certain qw*aucun enfant n*cft fans
Ut in hominibus quadam funt cogna"
père.
iiones &gentUitateSyfic in verbii. (VaRR.

JL. L, tib. vij.) Quand nous dirons qu'un


telmot e(! la racine d'un tel autre, c'eft
une manière abrégée d'en indiquer la
ffîation prochaine. On peut appeller un
mot primitif , lorfque dans fa langue ou
dans les voifines on r^en trouve plus

tfautrcs dont il fôrte. Cette dénomination


mtere
{çTt à (Ic) dfftingutfT Ai% Aétivis qw ^y
lation
rapportent. Mais la plûpsHt de ces racines .

ne (oni telles qu^improprement , étant


d'une
êiles-mêmes dërivëcs d'autres miyxs que
ite d«
nous né pouvons indiquer de pou-
éC« , faute

eaux :
voir remonter au de- là de l'étendue de*
nos connoi (Tances : de itiéme que dans
îque ;
une généalogie le premier auteur connu
nation
de chaque famille avoit certainement Un
t dans
père quoiqu'on n'en lâche rien dû tout •
ceux^ ,

ement & qu'on ne pui/Te dire qui il étoit.

urs
Aucune langue ne s'eft faite tout d*uii
y il
coup. Celles que le vulgaire apelle languct
tcrmt
mcres font véritablement mères de quel-
n (qui
ques-unes , mais filles de be^icoup d^autres»
ricale)
Toutes ont été formées peu- à -peu en
A fans

zogria^
empruntant le (ecours d'autres langues

/arr. plus anciennes : on remarque dans toutes

qu'un
une altération infenfible & journalière ;

jamais de création. Puifqu'il eft fi facite


:
, c'eft
de fuivre nos langues modernes cbns te
uer la

1er un progrès de leur formation , & d'y recoiï-

jue ou
noïtre un mélange infini , l'àuroit-il cté <%

plus
moins autrefois,, fi l'on s'y fCt appliqué^
e
dti reconiipitre dans les anciennes langues
inatioa
Et
,,

fi MÉCHAN 1 s M £ .

le même progi'ès & le même mélange î

La feule langue primitive a dû être

exempte de ce mélange. Mais cette langue

même, quelle qu'elle foit,ii'a pu qu'être


fort pauvre , &fe former peu-à-peu , à nve-
&re que Torgane intérieur s'eft développé'
à mefure que les objets extérieurs fe font

préfentés. Repréfentpns - nous ce que


pouroit être un premier peuple dans fon
origine avant qu'il n'eût fait aucun exer-
cice de fon efprit : brut , fauvage , fans

arts , fans connoiffances , fans autres

idées que celles que lui donnoit la (impie


fenfation des objets extérieurs ; fa langikî

prefqu'entiérèment compofée de mono-


fyllabes ne côntiendroit que les noirls

appellatifs des chofes phyfiques , ainfi que


nous ie remarquons dans les langues <Jes

peuples les plus barbares. N'ayant encore


alors aucune idée combinée ou réfléchie

morale ou abftraite, il ne.pouvoit avoir


pour les exprimer aucuns de ces termes
fi abondans dans nos langues aftuelles ;

& quand le développement de l'efprit &


la multiplicité des aftions humaines fera
,

'Vj

D U LAN G A G E. 95
ange }
naître en lui ce5 iMts , il en faudra tirer -

i être
les noms de ceux déjà impofés aux objet*
langue
phyfiques ; car comment forger autrement
qu'être
les noms de ces êtres moraux qui n*ont
Ȉnve-
rien de fenfible à Textérieur , & dont les »

Ipppë',
originaux ne fubfiftent que dans l'efprit
fe font
qui les a conçus.
:e que
ns fon 171. Tous Us mots ne viennent que des \

i exer*- idées fenjib les & des objets €xtérieu/:s f


, fans m^me ceux qui expriment des idées
autres ml^ales ou abflraites. ^
fimple ^
» Rien ne peut , dit le célèbre Locke i
langikî
>f nous approcher mieux de l'origine de
mono-
noirls
» toutes nos notions & connoiffances
^.
v> que d'obferver combien les mots dont
nfi que
» nous nous fervons dépendent des idées
les <Jes

encore
» fcnfibles , & comment ceux qu'on em-

lëchie
» ploie pour fignifier des a<5lions & des
» notions tout-à-feit éloignées des fens ^
t avoir
M tirent leur origine de ces m^es i<^ée5
termes
» fenfible? d*oii ils font transférés à des
uelles ;
» fignifications plus abftrufes pour exprimer
fprit & » des idées qui ne tombent point fous les
les fera
j> fens: ain/i les mots fui vans y imaginer^
94 M É C H AN 15 M K

»^ coKipundrc , s'attacher ,
' concevoir ,

trouble tra/iquil-
1^ inftilUr, digoutttf , ,.

des
i^lité y &c. font tous^mpruntés
H opérations des chpfes fenfibles , &
cettains modes de penfer.
H appliqués^ à
H Le mot efprU dans fa première figni-

» fication , ç'eft \efouffle , & celui A' anse

}f fignifie mejfager. Et je ne doute point

» que fi nous pouvions conduire tous^


fource nous
n lei^ots jiîfqu'à leur ,

H ne trouvaflîons^ que dans tcWes les

» langues les mots quon emploie pour


>» fignifier des ohofes qui .ne tombent pas

H fous les fens , ont tiré leur première

y> origine d'idées fenfible|. D où 'nous


forte de
H pourrions conjecturer oielle
>fnotions avoient ceux qui les premiers
» parlèrent ces langues - là ; d'où elles
>r leur venoient dans Tefprit, & comment
H la nature luggéra inopinément aux bom-
>^'mcs forigine &U f>fincipc de toutes

>» leurs connoiffances, parles noms même


qu'ils donnoient aux chofes ; puifque
yf

des noms qui puïïent


npour trouver

» &ire connoître aux autres k$ opérations


$ . «^

*-^

mcevàir
j»i qu^ils fentoient en eux-mcmeSî ou
$ "
\^ » quelqu'autrè idée qui ne tombât pas .

tra.nquilr'
» IbiLs- les kns , ils furent obligés d'em-
antés des
» prunter éks mots des idées de fenfatibn
blés , &
» les plus connues^ afin de faire concevoir
ie penfer.
M par-là plus aifément les opérations qu'ils
iere figni-
f> fentoient en eux-mêmes , &c qui ne
lui ^anse
» pouvoitrrt être repréftnt^es par des
DUte point
i> apparences fenfibles &c extérieures. Après
luire tous^
» avoir aiiîfi trouvé de5 noms connus 6t
:e , nous
>> dont ils çonvenoî;:nt mutuellement |
toutes ics
> pour fi.Tiifiçr ces opérations int^eures
)roic pour
Mde^rcfprit, ils pouvoient (ans peine
nibent pas
^> faire connoitre par des mots^ toutes

première
M lours autres idées ,
puifqu'elles ne pou-
)'où "nous
^> voient» confifter qu'en des perceptions
î forte de

5 premiers
» e\térieui;cs & fenfibles , ou en des opc-
» rations intérieures de leur erprit fur ces
d'où elles
» perceptioais; car, comme il aété prouTe^
: comment '
> liotjs n'avons abfolumcnt aucufie idée
t aux bom-
» qui ne vienne originairement d^%
dc toutes
> objets fenfibies &" extérieurs , ou des
oms même
» opérationst intérieures de l'efprit , que
5 puifque
[ui
;

puflent
\^
nous fentons , & dont nous ibmmes
^ intéfi«meiU(9nt convaincus ed^-H<uis-
opérations
,,

J"' 96 M É CKk NI S M E
» mêmes. .. . Après avoir examine çecî
>> comme il faut, nous ferons mieux en
» état de découvrir le véritable ufage
^ des mots , les perfeélions te les imper-
u » feftions naturelles du langage, & les
f> remèdes qu'il faut employer pour éviter
\ H dans la (îgnification des mots robfcurité
>f ou Tincertitude , fans quoi il eft impof-

nflble de difcourir nettement ou avec


p> ordre de la connoiflance des chofes
^ qui , roulant fur des propofitions pour
>» Tordinaire univerfelles , a plus de liaifon
» avec les mots qu'on n'eft peut • être

H porté à fe l'imaginer. '


n
»

171. Les mots cnpaffarit dé dérivations in


dérivations s^ écartent extrêmement
\
de leur premier fens.

Je compte établir en fon lieu par un


grand nombre de preuves le fyftême
général de l'appellation des êtres moraux
toujours dérivée des noms déjà donnés
bie
aux êtres phyfiques. Contentons-nous ici

où je rie fais que parcourir rapidement


4^11
les principes , de joindre quelques autres

exemples
N

^V L ANC AC E. j^
i ceux que Locke a cités
cect pour marquer
çncore plus précifément conn»ent les
hommes fe forgent des termes abftraitsj^
fur des idées particulières
, & donnent aux
êtres moraux des noms tirés des objets
phyfiques. En la langue latine calamitas
& arumna fignifient un malheur , une
infortune. Mais dans fon origine le pre-
mier a fignifié la difctte de grains ; &
le fécond , la difette de l'argent. Calamitas
à calamis : grêle , tempête qui rompt les
tiges -du JErumna ah art. Nous
bled.
appelions enfrançois terre em^kaumt une
terre qui n'eft point
-N enfemencée , qu'on
laifferepofer; &danslaquelle,
après avoir
coupé l'épi , il ne refle plus que le tuyau
{caiamus-) attaché à û racine. Comme
«ne terre en chaume eft
une terre qui fe
repofc , de-là vient
qu'on a dit chommer
*'ne fête, pour, la
célébrer, ne-pas travailler
ce jour^li fe repofer.
, De-là vient
mot le .

ccilme pour repos , tranqiùllité.


Mais com-
b'en la fignification du
mot ealmc n'cft-
f"= pas différente de
du^ mot
celle
t^Umué ! 6t quel étrange chemin
n'out
Tome II,
£
,

•*

ç8 .
MÉCHANl SME
pas fait ici les expreffions & les iiée* La t

clans le*
'des horajnes ?

langue incolumis fam


CsC troduit
En la même
fauf , qui cfi fine
columna ; expreffion fimple

qui étant en bon


état prend
tirée d'un bâtiment
1:

J! Divifer , dividtrc , pbfition


n'a pas befoin d'étaie.
vient de la racine celtique
Div c'eft-à- entre le

terme relatif divifer ,


a fragor i
clire rivière : le
à la vue
été forgé fur un objet phyfique , 4'efFet e

des rivières qvii féparent naturellement nomme


les terres : de même que de rivales ^(^i lement
beftiaux
fe dit dans le fens propre des radicale.

qui s'abreuvent à une


même rivière , ou & {q^ d
qui tirent d'un qui peig]
des pofleffeurs de fonds ,
mômeruiffeau l'irrigation de
leurschamps fubit &
rivaux , nvaUte , fentimen
on en a fait au figuré ,
jaloufie entre plufieur» infpire.
•pour fignifier la
à une même chofe. Si
mur
prétendans
ïè eft qui per eundem nvim
rivaUs , , prtj)
fu conteruio de aqu^
aauam ducunt ,
idée:,
de aqvu
ufu , &c Ulpian. Ltg. i , ft
mau
Rivales dicebatuur qui m
cotidiana.
rïvum habtreru communem ,
ô'
agris
difceptàrtnt. Acron m
propu7eum fapi
Rien n
art, pçét, Hofiit^
4'.

D U L A N G A CE.
99
m
La tranfpofition du fen5, fi fréquente
clans les termes relatifs & moraux , s'in-
troduit dans le langage par une voie
fimple ik naturelle comme
; lotfqu on
prend la caufe pour l'effet , malgré Top-
pbfition réelle que cette tranfpofition met
entre le terme & l'idée. Le latin nomme
fragor un bruit fubit & éclatant , dont
a'effet eft d'intimider ; & le framjois
nomme cette cràime frayeur. Il y a réel-
lement ici une infraftion de l'analogie
radicale. L'articulation organique Fk
& fes dérivés frango , fragor ',
fracas ,
qui peignent par onomatopée le bruit
fubit & la rupture , ne peignent pa^ le
fentiment de fiirprife & d'épouvante qu'il
infpire. ,

m^Ldyivacuédcrcfprithumaihytoujours
prejfedc s 'exprimer, rajftmbleplufuurs
idées diverfes fous une même formé
matérielle de la parole , & charge dty
fignifications différentes le même af
fetfîklage^e fyllabes.

Rien n'eft plus ordinaire dans le comVj


iOO M i C H À-N 1 s M E
--- k du langage que de conferver les mots en
changeant d'idées. L'efprit humain reut ,

aller vite dans fon opération ; plus em-


preffé de s'exprimer promptement que
^ curieux de s'exprimer avec une juftefle
cxafte Scjéfléchic. S'il n'a pas l'iriftru-

mcnt qu'il faudroit employer, il fe fert

de celui qu'il a tout prêt : c'eft-à-dirc


"
qu'il a plutôt ^ait d'employer le mot qui

"^-. fe préfente que de chercher cel^i qui

conviendroit , & qu'il ^froi^yepl\is court


'
\ de changer le fens que de changer les

fyllabes, pour peu qu'il entrevoie une


caufe apparente de courir ainfi d'une

(jgnification à .une autre. Par ce moyen

il réunit fous une même forme matérielle,

^ntité d'idées qui n'ont ni connexité ni

rapport véritable entr'çUçs , & qu'il auroit


même revêtues de formes toutes oppofées,
eût i^is le temps de réfléchir fur fon
s'il

opération. De umpus , on a feit umpcrartj


ta tremper , c'eft4-dire plonger dans

feau , mouiller. Virgile fe fert du qjot

temperare en parlant d'un Terreir^ dont


le

laboureur a tet^ipiiri U féchefefle «n


D U L A N G A G E. IM
Tarrofant durant les ^-grandes chaleuh:
» en
reut ..
. Et cum exupus Mgtr morièntihus dfiuat herh'is ^ .

em- Ecce fupercilio cUvoJi tramitis undam^


que Etich, Illa cadens raucum ver dévia murmur

keffe Saxa ciet j fcàtebrifque arentia tempérât arvs^

ftru-

. Georg. I.

fcrt
Pour éteindre la chaleur du fer rougit
-dire
^ en le plonge dans l'eaa , ce qui s'appelle
t qui
frcmpcr; Umptratio aris^ tcmperaturafcrrij
qui
difent les Latins , expreffion que Ton em-
:ourt
ploie encore lorfqye pour diminuer la
T les
force du vin on y mêle de Teau. Ç*eft
une
ainfi qu'on dépeint la tempéranu fous la
d'une '
figure d'une femme qui verfe de l'eau
oyen
dans une coupe de vin. On voit que •

rièlle
runiformité de procédé "a fait appliquer
:itc ni
la même expreffion à ces diflférens cas;
wroit
)fëes,
mais il en a réfulté ^e force fignificativ»
toute contraire dans la même expreflion.
r (on
Car tremper du fer c'eft le durcir , lui
cran^
dans
donner de la force ; & tremper du vin
c'eft raifoibîir. De plus l'expreffion par-
1 ipot
ticulière tremperjuiâf^éyîai^éQ pour mouiller^
ont le
plonger dans ^^jS)^%|f ^^o(e que ce
Te «n
a iÇ^^ ^1 E ii)
.

^
101 M £ C HA iri s M £
foit j n'a plus aucun rapport à tempérer ^

quoique ce foit fyllabiquçment le itiénie

mot. D^âutTQp^rt y tempérance en a fi peu


2\ec tempérament j
que ce defhier mot
fe prend quelquefois pour intempérance
Quoique tous les mots cy-^deflus ayent
été. fabriqués en conféquence d'une cer-
taine relation d'idées , il ne leur reïle

^rès la fabrique aucune relation de khs^


entrVux ^ ni même avec le primitif /^zw/«/
dont ils font dérivés. Il y a plus : les

mots même tempête , & température n'en


ont aucune avec le mot tems ^ lorfqu'il

eft pris en fa fignification ordinaire pour


durée. Mais il faut bbfcrver que le tems
'

fe meftirant par les mouvemëns céleftes ^

on s'eft fervij^pour exprimer la durée


fucceflive de ce mot tems , qui dans fa
véritable fignificatio% veut dire le ciel à
découvert , le vagut de Pair, Nous nous
en fervons joumellement , en ce fens

lorfque nous difons ; il fait mauv(v$ tems :

le tems ejl couvert : le tems ejl nébUkux.


Ceft en ce fens qu'il a prodffit les mots
tempête, 6cc. Ainfi t^tpU^t^ le mem^
D U L A H G A C i. 10}
mot que ttmplum qui dans fajfignificàtion
originale ne veut dire aufli que It ciel â
dccôuvcrt^ comnie les Latins nous Pappren-
nent eux-mêmes , Cotlum qua tuimur ,
tcmplutn : Timpli/7n athcris : lucida cœli
templa^&cD^LTis les premiers tems on ado- H-

roit la Divinité fous le Ciel à découvert ;


on y obfa^oit les aufpices & les fignes.

Ce ne fut que dans la fuite, que les

devoirs du culte piiblit furent remplis


dans des édifices fermés &c deftinés à cet
ufage ,
que Ton nomma temples : a>itre

aberration du fens primitif , laquelle n*a


^ùucun\ rapport à celles que j'ai ci-deflus
citées. Pen parlerai encorç fur lie dérivé m^

contempler.

\JJ^. Le fens originel ejl pour Fordinaire


celui qui déjigne quelque itre Jimple

& phyjique ,
quelque ufage des tems
grofjiers.

Tous les mots d*unc langue,dit Scaligcr,


{De caufis ling. lat. c. 193,) n'otn^chacun
qu'nne fignification première & propre.
Les autres fignifications ne font que /
'
Eiy
,,

104 M ECU À N 1 S M I\
fecondaires. Caurà aut communes aut
acujforiiZ aut Itiam fpuria. Entre ces

diverfes -fignifications , Ja primitive 6c

propre eft prefque^ toujours celle qui

défigne un être fimple , phyfique , matériel


où Fart ni les procédés humains n'ont
point de part : ÇMém, de ^:^cad, des B. X.
iom. XX ;^ de niêmei en fait d'ufages,

celle qui mdique les mœurs fauvages

plutôt que les coutumes d'un peuple policé.


Souvent il arrive que cette fignificafion
originelle eft la moins employée dans les

langues ,
pendant que les fecondaires y
font très-ufitée^ ; mais avec tant de dif-

férence ou même de contrariété entr'ellcs


qu'on ne vient à bout d'en marquer le

fens propre qu'en ramenant tous ces

dérivés à leur fource. Souvent aufli cette


ancienne fignification refte prifc à contre-

fcns dans le langage vulgaire ,


parce que
les ufages font changés & que le mot eft

refté aj^pliqué à ce qu'il ne veut plus

dire. Les gens qui parlent fans fçavoir


6c par habitude (c'eft le grand nombre)
ne s'embarraftcnt guères de ceci. Mais
,
,

V L À K C A G
t) E. 105

s aut un homme raifonnable veut s'entendre

e ces lui-même & lieinonter à la caufe de

ve 6c l'imporition du nom^ Quelquefois enfin la

e qui fignification prirqîtive ik)us eft dërobce,


tériel faute de.monumens qui rindiquent en U
n'ont langue. Alors cependant on la retrouve
;B.L. parfois en la recherchaîit dans les langues
ifages Hàtres ou collatérales,

avages ij"). Exemples dt dirivdtiorts altérées


policé,
jufqu'à former un contrù-fens
ication
entre le mot & Idchofi
ans les

aires Veut-on voir jufqu'où peut aller Tabus


y
de dif- de la dérivation , à force d'étendre l'accep-

r'ellcs, tion d'un même mot à des figiiification»

quer k dégradées de près en près ? Sei§,neur^o\x\

us ces chef, homme confidérable , vient du


Il cette latin feniorj i, e. U plus Le terme
vieux.
contre- étoit bien appliqué dans un fiécle où
•ce que l'âge décidoit de la prééminence entre

mot eft les homiflfes ; où le plus vieux de la tribu ^

ut plus du canton , de la famille étoit le chef


fçavoir des autres ; comme cela fe pratique encore

Dmbre) parmi les fauvages. On a pu raifonnable-


i. Mais T^ri^nt aufli dans une république appelier
'
Ev
,

106 Mie H AN t S ME
Jenat\ , & fcnatmrs , le conseil des

vieillaîds qui gouverne la nation. DeUcii


^uibus corpus annis infirmum^ ingcnium
fapicntid validum^ reipublica conJiiUabant:
hi ex atate...àppcUahantur.(S^\\\x{\i. Catil.)

Mais comrtîe mot feigneur dédgnok 1^


le

plus confidërable du canton , on a nommé


ainfi l fans égard à l'âge , le poflreffeur

i d'une terre ^ d'un, château , d'une paroiflTe.


'

Et comme les grands propriétaires des


fonds font communément à là cour près

dt la perfonne ^du Souverain ,, on a


nommé ks gens de cour &: de haute
naiffance Us Seigneurs. De-là viennent
ces locutions familières parmi nous, nos
jeunes fénateurs ; un jeune feigneur ,
Q>
c'eft-à-dire, un jeune vieillard. On n'eft

pas choqué d'une fi ridicule façon de

parier parce que la traduftion du mot


J >

a îaiffé perdre de vue fon origine & fon


ne rïroit de les voir
\Tai fens. .Mais qui

tous deux accolés dans 1^ même langue

d'entendre dire in latin juvenis


Bc
Cenior
le langue ^
quand
DU L A N Û À G t. Î07
il des clic en emprunte les termes d'un autre
langage, donnent auffi lieu à des aflTem-
f:*
s^niitm bhges bizarres où Ion met le mot en
abant: contrariété avec le (ens. L'emploi que
Catil.) nous faifons de notre mot qkitte ^ tué
iiôit 1^ fon origine d'un latinifme aflez connu.'
ommé Ten fuis quitte : c'eft-à-dire , on ne m'en
Tefleur parlera plus ; je fuis en repos là-deffus :

iroiflTe. Qtiictusfum ab iÙa rc. Sur cette locution


es des "nous avons fait le verbe quitter^ pour ,
lï près abandonner une dette, laiffer en repos
, on a le cwfkiteur. Mais bientôt on a dit y//i//fr ,
! haute' pour abandonneTy dclaijjer en quelque cas
eiinent que ce foit. De forte que le mot quittcn
15, nos fe trouve, dès la féconde gënéi'ation,avoir
yneur , quelquefois un fens tout contraire au vérita-
•n n'eft ble , lorfqu'on vient à Taccoler avec fon pri-
;on de mitif. Car lorfqu'on dit ; Je fuis dans uni^
lu mot grande inquiétude depuis le moment oà
& fon vous m^ave[ quitté ; n'cft-ce pas comme
es voir fi l'on difoitcn latin : Valdefum inquietus^
angue, ex quadie quietusfum àte f
/uvenis
176. On altère U fens du dirivi pour
quand E vj
I08 M É C H A N I s M Ë

n'avoir fài/i qucn partie la définition

du primitif, /

On voit fouvent ces fortes de contra-


diftions naître du peu d'attention que
font les hommes au vrai {tn% originel
d'une èxprefTion , tandis qu'ils faififlent

une circonftance indirefte ou acciden-


telle à l'idée que réveille cette expreffion»
Tout mot d'une langue excite dans l'efprit

une idée compl^tte , c'eft-à-diri une défi-


nition ou une courte defcription de l'objet.
'
Cette définition eft elle-même compoféc
de mots qui ont chac m la leur.
plufieurs

Mais quoique la définition de chacun de


ces mots pris à part ne foit pas celle de
l'original , dont l'idée n'eft déterminée que
par la réunion de tous les mots , fouvent

l'efprit humain en voulant dériver un


terme d'un autre , au lieu de confidérer
le feiis eiitier , s'arrête à l'un des mots

de l'idée ou de la définition : ce qui le

jette, à l'écart dufujet , altère le fens véri-

table, & éloigne fort le dérivé du dérivant,


DU Langage-' XOf
nition
177. Les dérivations fondus fur de v'uux^
*-
ufdgcs abolisfontfujetus à s' écarter

du fens primitif
ontra-»

n que A.mefure qu'il s'établit chez un peuple


riginel quelque nouvel ufage , on Introduit dans
m
fiflent (<i langue de nouveaux noms pour les

:idea- chofes relatives à cet ufage ; & on les

effion# fabrique d'une manière qui l'exprime pour


i'efprit lors avec jufteffe. Mais cette juftefTc ne
e défi- s'y retrouve plus, fi' en conftrvant les
objet, , cxpreffions on vient à changer la forme
,v

ipoléc des ufages. Alors l'expreijioij dérivée n*a


a leur, plus qu'un faux rapport avec la chofe
un de exprimée dont lalle dérive ; ou mt!mc
îlle de quelquefois n'en conien^e aucun. Exemple :
éequc Ecuyer du mot equiis , i. e. cheval, elt le
auvent titre d'un donieflique qui donne la main
er un à une princeffe marchant à pied. Elles ne
fidérer vont plus à cheval comme autrefois. Ce-
mots pendant le nom eft refté ,
quoiqu^il ne reftç
qui le plus aucun rapport entre le nom & la

î véri- caufc qui l'a fait impofér , & qu'il y ait

rivant. mcme au'iourd'Jiui une forte de contra-


riété : car il y a opposition d'idées entre.
\

yP

IIO Mie H> NI s ME


aller à cheval & aller à pied : fi bien

qu' Ecuycr dans ce fens veut dire un

homme à '>eval qui eft à pied. Ces


exemples peuvent fervir poûrla dénvatiaa^
de quantité de mots venus d'ufagcs que
nous voyons à préfent abolis. Et com-
bien n'y a- 1- il pas eu de petits ufages
dont nous ignorons jufqu à Tancienne
cxiftencc ?

Les ufag^ abolis laifTent quelquefois

dans les langues des traces bien extraor-


dinaires par les termes qii'ils y introdui-
fcnt , & qui n'ont à l'ufage qu'un raport
du monde. Autrefois quand
le p*us *izarre

on vouloir bâtir une ville , on en tracjoit


l'enceinte avec une charrue pour l'or- :

din^re on tra<;oil ces enceintes en rond ;

ce qui les faifoit nommer orhes ou urbes.

Dans où Ton vouloit l^ffer


les endroits

les ouvertures pour y entrer , on


Icvoit la

charrue , &
on la ponoU plus avant , afin
qu^elle ne traçât pas le fillon en ces cn-

iôits : ce qui marquoit qu'en bâtiflant la


muraille , îl falloir interrompre la clônire

en ces places. De-là vieut que le» entrées


,

buLangàge. îll

fi bien des villes , où l'on avoit porté la charrlie

dire un ont été nommées portes , ainfi que celles

îd. Ces des maifons ,) & môrtie toutes autres

rivati€«3i^ entrées , fpr^alement celles de h jner


igcs qiie dans Jes côtes maritimes. Car on a auffi

Lt com- appelle ports les endroits du rivage , où


; ufages l'eau entrant dans les terres , donne 2fàx

itcienne vaiflTeauxûnp commodité pour y aborder.


Or comme il ny a rien d'un ufage plus
Iquefols Iréquent & plm commode ;
que les portes ,

éxtraor- ni riende plus incommode que de n'en pas


itrodui- trouver, on a étendu Texpreffion jufqu'i une
n raport fighification générale & figurée : en difant
is quand d'une chofe ou d'un homme commode 9
1 tracjoit qu'il eft opportunus ; & d'un homme dont
>ur Tor- la préfence embarr^tf|& fatigue qu'il eft

!n rond ; irnportunus. Il eft même arrivé que cette


if

m urbes. épithétc , d'adjeôif qu'elle étoit , s'eft

it l^iTer tournée dans notre langue , ainfi que


levoit la plufieurs autres , en deini-fiibftantif , qui

int,afin peut être employé feul , ou comme épi-

CCS cn- thete ; car on dit également bien un


tiflant la homme importun , ou un importun. Qui
a cldture croiroit que cette qualification a tx>ur

:$ entrées primitif le mot portare ; & pour origine


é
^
MX MÉC HA, N I S M «
*

une vieille coutume peu connue ,


qui ny
a pas !^ nX)incirc rapport apparent?

lj%,Il peut y avoir contrariété cmn les

divers fons d'un même mot y


quoi^
quil y eût une idée d'analogie dans
r
Vefprit qui les applique.

Quelquefois la contrariété n'eft que ^


dans la fignification du iticnie mot prifc

en. deux Icns opnofés : elle n'étoit pas ^

à vrai dire, diftis refprit de Timporiteur

du nom, qui fe laiiToit guider par une


feule & même confidération. Alors rerict

de la dérivation eft de rendre la figni-


fication du dérivé commune à deux chofes
contraires , fi leur contrai iété établit en-

tr'elles Uiie erpece de relation. Je m'ex-


plique, en prenant poux exemple le latin
Altus qui fignifie également un lieu élevé

& un lieu profond. Il vient de la clef ou


racine celtique Alt , ou par renverfe-
ment Tal ,
qui fert aux riémes défigna-

tions, Dol & Ta/yfignifiant également


Mons & J^allis. Voyons comment le<»

hommes ont pu fe porter à ex])rimer par

i
,/
^'^

le mêmeterme Jle des idées di^ëtra-


K
lement oppofiées. Ils ont voulu fendre
cette idée -ci qu'un objet ctoit bien
^
v3

1% hors de la portée de main en ligne


leur

perpendiculaire : & après s'être ièrvi de

ce mot pour les chofcs bien hors de

portée en haut, employé pouf


ils l'ont auffi
UM
les chofes hors de portée en bas ; ne
s'arrêtant qu'à la généealifation de cette
idée , abftraftion faite de la contrariété

qui s'y trouvoit relativement à celle des


pofitions de l'objet. Ainfi jiîe^ été pour

eux le fommet des rochers , & le fond


de la jner- l/chel ne fignifie-t-il pas éga^

lement auffi dans la langue des Celtes

ex ce/fus & profondus ? &c Dun ne


s'y dit-il pas d'une montagne & d'une
rivière , d'une ville haute & d'une ville
bafle ? Il faut que ce procédé foit bien
naturel à l'homme, puifque, felonkla
remarque de Falconet , ces deux fign?fî-

cations oppofées fe trouvent également


clans le perfa'n ^\is^l , dans le turc

Dcrin , '-^ij^s le chinois Chan ; tout

de %tcme que dans le Dreton Doun ^

i
114 MÉCHANISME
gothique Duin Tillyrien Dubina. dans/l'e
le ,

En voici un autre exemple d'efpcce diffë- Hofpes


ils parl(
rente. Hoftc fe dit également d'un étranger
arrivant dans une ville , qui vient loger chez
logoien
*
un citoyen & d'un. citoyen qui reçoit l'é- M
y??
Hôpital

La première des gers pai


-^ranger dans fa maifon.
Efâ
en lieu d'<
deux fignifications eft la vraie. Hojlis
P anciens
htin, c'eft extranms. De-W Hôtellerie pour \

demeure pajjagere ^ logement des étrangers. Car il n'


Mais on a auffi nommé Hojle Faubergifte labe^pj

qui les loge , ou to^t homme qui en loge Houfe y

un autre chez foi ; &


on dit Hôtel pour un term
petentes
demeure en général. Obfervons à ce propos
que les Romains découvroient qu'elle étoit Pr
179.
leur façon de penfer pour les autres peuples,
I
lorfqu'ils %nt donné au mot Hojles- la

fignificatioa X ennemis à qui ils faifoient Toute

En effet toutes les nations Arrf//- bitude^di


la guerre.
fication
geres étoient pour eux, dans leuris principes :

la premi
de gouvernement , des objets de guerre ^ imaginai
de conquête, \yhoflis pris en cette figiii-
mot figure trè
fication partiadiere vient notre vieux

ojl ppur camp de guerre ; & de-là vient fifte à ne

femble que les Romains ayent autre rel


étage. Il

voulu adoucir cettte dureté par une variété que Ton


diie hoir

> I
*

DU Langage. iiç x

dans/ rexpreffion primordiale, en difant


Hofpts , hofp'ius , au lieu Chopes , quand
ils parloient des étrangers avec qui ils

logoient à titre d'amitié. De-là le François


Hôpital^ maifon où Ton reçoit les étran-
gers par charité. Ce mot donne encore
lieu d'obferver une liaifon entre deut
anciens langages , le latyi & le germanique.
Car iln*eft pas douteux que fa première lyl-
labe ^pj ne foit la même quele germanique,

Houfc , maifon ; & qxji Hofpites ne foit


un terme métit un peu altéré d'^wi-
ptttnus , cmx qui viennent à la maifon,

179. Prodigieux effet de la métonymie


dans la dérivation.

Toutes ces dçjivations , nées de l'ha-


bitude^de tranfporter un mot d'une figni-
fication à une autre fignification voifine de
©
la première par quelque endioît réel ou
MS
imaginaire , font une fuite de lamétonymie,
figure très-familiere à l'homme. Elle con-
fifte à nommer une chofe du nom d'un
autre relative à celle-ci ; comme lorf-
que Ton dit hpire une bouteilU , c'eft-à-
dire boire le vin ^ui efl dedans. J'ai vu
I \
Il6 Mi C M A H 1 s M *
une difpute entre deux des plus fqavans
hommes de notre fiécle.rMM. Freret &
Falconet , fur la véritable fignificàtlon du
ftiot celticjucZ>z//2w/;2 dbnt je viens de parler.
Sans m'arrêtera la foule d'exemples qu*ils
m
m
rapportèrent en preuve de leurs opinions , II
& qui trouveront mieux leur place ailleurs, m
wm
je joindrai à' ce qu'ils dirent à ce fujet
quelques pbfervations propres à montrer
quel eft le prodigieux effet d'une métony^
înie courante & dérivant de fignifications
en fignifications. Selon Falconet Dunum
fignîfie en général un lieu élevé ; il avoit

raifon de le foutenit^Jk^ Freret avoit


/
tort de le diiputer ,
quoiqu'il funui-même
bien fondé lorfqu'il avanqoit que Dunum
fio^nifioit en général unlieuhabité, Falconet
en convint ; mais il prouva très-bien qu'il

n'a cette dernière fignification qùc.fecon-


dairement , ^ que fon.feos primitif èft

celui de montagne , non celui de ville.

Sans la crainte de m'çngager ici dans

une trop longue digreffion , il me feroit /'

aifé de faire voir en combien de fens

relatifs, dérivatifs & approchans les uns

des autres , pn a ,
par métonymie ,
pris
D U L A N G A G E. I17
la racine Dun Toun Dan , TA j/2
, , , Z>//z,

TAm , &c. & (es dérivés qui font en fi

grand nombre. Quand on trouve un mot


qui eft conftamment même , & qui ale
m deux fignifications , tel que Dun pommons
, -"--v
si
& pour oppidupi , il Éaut fentir que ces
deux fîgrrifications , Tune néceflaîrejtient

w eft primordiale
... , & l'autre fecondaire
• '

adoptée par . métonymie. Or ri^în ne


montre mieux laquelle des deux eft pri-
mordiale que lorfque Tun fîgnifie une chcffe
de la nature & l'autre une chofé de l'art.

L'expreffion d'une chofç matérielle , na-


turelle , où l'artrn'a point de part eft vifi-
blement primitive. Ainfi Wachter eft
tombé dans une faute de critique quand
il a voulu traiter Dun mons comme une
racine différente de Dun locus fcpius\
^

autre racine félon lui , dont il dérive les


noms de ville où cette racine entre. Ce
cfui l'a jette dans la bizarrerie de faire venir
d'une des racines Zi/g^ù^^/ztt/Ti des Ségufîens
,
/'
& de l'autre Lugduftiim des Bâta vcs. La
faifon qu'ilirnégue que Duu défignant un
lieu élcv4é ne peut ûut applicable ï tani
Il8 M É C HA MI s M E
de villes fîtuées au bord de Teau, n'eft
pas fuffifante pour un auffi habile homme
que "WaGhter^ Car il ne pouvolt ignorer
que quantité de villes bâties d'abord fur

la hauteur pour pluis de fureté , ont été


cnfuite tranfportécs dans des lieux bas pour
plus de commodité , Se fur-tout par le

bcfoin continuel d'être à portée d'avoir


de l'caw, Ces villes n'en ont pas moins
retenu leur nom , quoique^ leur nouvelle
(ituatibn ne répondit plus Çi bien à la (igni-

fication primitive : témoin la ville 4e


Lyon {Lug' Junum ^ i. e. corvi-coM^
autrefois bâtie fur la montagne^de
Fourviere , â préfent fur le bord de
fignl
la Saône. Elle a changé de place fans
choi
guitter le nom tîiré de fa première po-
(ition. De plus b relation que lés chofes
l'art

diiFérentes &c les idées des chofes ont


earr'elles y a communiqué & étendu les

expreffions. Du/i fignifiant hauteur , on


a ainfi nommé les villes , non>feulement
parce qu'elles étoient d'abord prefquc
toutes fur des hauteurs , mais aqffi parce
Je
qu'elles font , hauteur ou élévation dans
D U L A N G A G^E. 119
la plaine unie. Ainfi Dun devenu générique
pour ville j habitation fermée s'eft dit de
même de beaucoup de villes qui n*étoient
pas fur des hauteurs. Ne voyons-nous pas
que ]3erg ig^Burg qui fignifîent première-
ment /Tion/^i^ne y hauteur , fignifîent auili

vilte & enceinte d'habitation? Wachtêirn'a


pas ici fenti la métonymie ^ trope de la dic«
tion le plus important à obfervcr. Ceft
par fon moyen que les mots radicaux
qui font en petit nombre même dans les

langues les plus abondantes s'étendent (ans


4e
fe multiplier ,
jufqu*à défigner des chofcs
dont les lignifications paroifTent fort

éloignées ; mais, en partant toujours d'une A^

fignifîcation primitive qui défîgnc une


chofe matérielle j naturelle y iîmple , où
Fart n'a point de part.

i8o^ Dans te grand nombre de mots doru


les langues s*enriàùffent jourhellê^
ment , o^f n\n yoit prefque aucun
dont laffibrique nouvelle/oit originale
& radi(ale.
Je ne parle pas de certaines métonymies
110 MÉC R AN I S M E
qui peuvent s'introduire dans les langues
par erreur d^ fait : comme lorfque nous
avons apellë Tabac ,
qui cft le nom amé-
ricain de la pipe , Therbe que les fauvages
fiimoient , & qu'ils appellent Cohiba. Mais
pour voir combien Textenixon volontaire
de l'emploi des termes eft fréquente &
puiiTante dans les langages , il n'y a qu'à
obferver combien les expreffions nouvelles
iè multiplient tous les jours parmi les

hommes s^fans que parmi tant de mots


nouveaux dont chaque langue oudiàlef)^o

Ç^ furcharge on voie prefque jamais créer


,

une feule racine à l'exception de quelques


nouvelles onomatopées , comme Triclrac.

Tous les mots nouveaux que nous voyons


créer ne le font que par dérivation, ana*
lègie , métonymie , ou fîgiTre. Si m^me
il s'agit de quelqu'objet matériel ou phy-
fique xiouyellementdécouvert, on prendra
quelque nom de relation, de reiïemblance
éloignée , ou de rapport même imaginaire
qui puiflTe donner luie idée quelconque
de l'objet ,
plutôt que de créer une racine
nouvelle qui ne htoit qu'Hun vain Ton qui
ne
,

117 LA NG AG I. lit
LHgUCS
ne porteroit aucune idée i refprît ; fi Von
nous
:

ne joignoit toujours au mot une defcription


amc- de Tobjet. Et fi nous en ufons ainfi pour
Avages
nos langues fi policées , fi travaillées ,
t. Mais R4? ferions-nous quelque difficulté de croire
Dîitaire
que les Sauvages dans leurs bngues pauvres
nte & 6c ckétives fe font volontiers portés^ à
a qu'à abufer d'un mot reçu , en le prenant
uvelles
en toutes fortes d'acceptions déraifon-
rmi ks nables quand il a fallu nommer des
,
e mots chofes> morales &c relatives dont ils

lialeac ne faifoient pas grand u(age plutôt qu'à


,
lis créer fabriquer pour cela un terme abfolument
[uelques neuf? Car fi l'on fait des mots nouveaux,
"rictrac*
ce n'eft jamais que pour nommer des
voyons êtres phyfiques 6c déterminés inapperijus
,

n , anar jufqu'alors.
xn^mc l8i . Suiu du pouvoir & de Ccxtinfion de
uphy- la miionymU dans le langage.
prendra La métonymie a été fi loin fur le mot
iblance Dun , quelle que foit fa fignification primi*
faginairc tive qu'on le trouve également pour A ji/-
,

îlconquc ttur , hdbifaUonfur la hauteur^ hathuiion


ic raciî^c fermée quelconque , habitation fur U ri-
fon qui vicre , rivière , lieu bas feigncurie ^ ban^
p
no
Tome IL F

*
,

M É C^H A N î s M E
fitue , fcigncuty aynajlic , contrée ou pfo^
vince , &c. &c. ;èn un mot tout ce qui peut
avoir rapport à fine contrée , élevée fur des
montagnes ; abbaiffée au bord des rivières,

habitée , & gouvernée par des hommes


& encore tout ce qui peut avoir rapport
aux idées açceflfoires à ckot. Falconet a

6it voir que la ipétonymie qui prend Dun


pour kons & pour oppidum , fe retrouve

de même dans les autres racines dépareille


Agnification : tels que Bctg^ ^^^g^ ^u^y^f;
'\.-

Thor, ti^it Turris^ &c. & tant d'autres


qui figniAent également Mons & oppidum.
Les fhémcs effets de la métonymie ne

font pas moins remarquables dans le

cclticjuei'^/i (capkt) racine qui , (foit qu'on


la pronojnce Ptn , Pin , Ben , Byn , ou

Bonn félon les différensdialefWs)dé(igne


en général tout et qui eft élevé , folt au

fens j)ràprc , foit au hns figuré. On le

trouve iu (f^ns propre dans Apennin , Alpts


Pennina^Pinn^j PinuSy PinacU^ Pignon^
Pennifcht , &c. Prit au fensfiguré ,comme
B an n\ Çi%n\fït çhtf^feigneur ; ic Bannum
tput çjç qui a rapport à la feigneuric & à
D u Lan g âge. iij
î'exercice de la feigneurie, de -là vient
ou pfo^
qui peut
qutBannum a été pris pour maiidatum
,
jurifdiclio , cxaciio interdiclum , punitio^
e fur des, ,

cxjiliiim , bannalitas &cc.


rivières, ,

>mmes, Tant d exemples fi pareils & fi décilîfs


tirés de mots comparés , différens
'
rapport pour le
fon,fortis déracines très-diftinacs mais
Jconet a ,

pourtant fynonimes quant à


nd Dun l'idée ,. la

retrouve fignification^^Ua défignation, démontre


jufqu'à' l'évidence quel cft le
e.pareille pouvoir de
la métonymie ftcVextenfion infenûble &
d'autres fucceffive qui fe'feit en chaque langue
t

oppiduTti» lorfque le rapport des idées


y produit
l'identité des noms. Mais la dérivation
[lymie ne
dans le ^^^ idées ii'eft pas permanente fur le

foit qu'on papier comme la dérivation des mots.

Byn, ou Un fimple grammairien voit la filiation


de ceux-ci ; il fkut un métaphyficien
s) défignc pour
foit au
retrouver dans la fuite de:i dérivés l'ordre
\ ,

On le ou les écarts de Tefprit qui ont caufé


rë. la
dérivation ; & qui , fans qu'il s'en ap-

Pignon f perçoive , l'ont de pcu-à-peu amenée^


e.
jusqu'à fe trouver en contradidioa avec
é^ comme
c Bannwn cllc-mimè. Ceci doit rendre timide à
ntcr iàxs% examen d|îs éiymologies peu
Fij
1X4 MtC H AHl SME
probables en apparence ,
parce qu dl«s
L'art
font en effet peu raifonnables.
é#holo3ique eft un excellent inftrument
-J
pour difféquer les opérations de refprit,
'
6c en découvrir contexture. U ell
U vrai

d'entendre
qu'on ne peut que s'étonner
dire que Dun qui défigne
un lieu haut
défigneaufli un Utu bas ; &
qu'on répugne

beaucoup à le Cependant ces


croire.

mêmes perfonnes qui y répugnent ne


font

quW/tti e«
aucune difficulté de crqre
latin défigne également
un litu haut 6c
différence
un lieufort bas. D'où vient cette
fi pareils ? fi-
de fentiment fur deux points
dès l'enfencc
non de ce qu'on eft habitué
dans deux
i entendre prendre aUus
les

fignificatioris contraires , & qu'on en a


de foi au heu
mille preuves à portée ;

pour U pre-
qy'on l'entend dire de Dun
mière fois,parce que c'eft
un terme étranger
ufage. C'eft
& barbare , dont on n'a nul
pourtant dans l'un & dans l'autre la rtiôme
fuite ck- procédés qui choquent la raifon >
ne
mais U'^ chofes auxquelles oneft habitué

choquent j.i.nais ,
jufqu'à ce que l'on vienne
,

A '

*;*

DÛ L AN GAG i. 115
{uclitcs
aies teprëfentef fous desmots Jifférens cat :

L'art les homitiés font toujours la dupe des mots.


rument
181. Ceux genres de dérivations , Cunê
'efprit idlaU ,
f Vatitre matiriclle.
ell vrai
Diftînf lions avec foin deux genres de /•

itendre dérivations qui n'ont rien.de commun


',u haut
dans leurs caufes. L'une €ft la dérivation
épugne d'idées (8c c?eft celle' dont je viens"^
mt ces
parler) lorlq^a^ le même mot fubfiiftatfit
ne font
on vient à le prendre dans une acception
Itus en nouvelle, en y attachant une idée qu'il
haui il ne défignoit pas cy-devant. L'autre pu-
fFérencc rement matérielle , lorfque le mot con-
eils ? fi-
fervafit le mérrfe fens vient à s'akérer
'enfance
dans le fon ou dans la figure par un
es deux changement introduit dans la pronon-
>a en a ciation ou à-Am Torthographe : car dans^
au lieu
tout mot deux
il y a choïj;» , la figure
la pre-
ir
& la fignification , toutes deux fujettes à
ëtranger s'altérer chacune de leur côté. Fraxinus^
je. Ceft frefne , jlagellum , fléau ; voilà un chan-
la rtiémc
gement remarquable dans le matériel dû
\ ralfon > mot pendant que l'idée refte bien iden-
abitué ne tique. Ceft tout le contraire (1an« Texeinple
)n vienne fuivant. Firtus venu de Wr
la l^. fignifioit
"*
F iij

/
#

U6 ;
MiCïtANlSM*
la viriliié , la force du corps. L'acceptîott
naturellement
chez les Latins s'eft àffei

étendue au courage de l'ame & de l'el-

prit. Chez nous le mot vertu, kr\s prefque


figur^,
fouffrir aucune altération dans la
de la
fignifie l'attachement aux devôirsy
vcrtueufi
religion: en François une femri%
tandis qu'en
eft uiîe femme pieufe ;

italien virtucfa dëfigne


le talent , & fignifie
du chant.
une femme habile dans l'art

Fun & de t autre ginn


itx. Effet dt
d'altération.

La' déviation par le fon


ou par la figure
attaque forme du mot dont «"« ?Jt««
U
quoique rexpreffion ne
fouffrc
lematériel ,
Elle é«
aucune altération quant au (cns.

prefque toujours plus


marquée dans te fon
que Fexemplaire
que dans la figure ; parce
&c que celui de
la
fon^s'é/ariQuit ,
du
Satur
figure eft permanent. Exemple : ,

produite
faoul : voilà une grande variété
lettre
à par la feule élifion d'une
l'oreille
près néant-
intermédiaire ( le T.) A cela
bien
moins , on rcconnoît encore aiTez
figure du mot d-ns fes élémensi
K
\i
,

#
DU Langage.-^ tii

Ton n'e^^as fufpris du changement de


:ceptiotl
YR en I , autre lettre du même organcj.
îllement
Mais Toreille n'y réconnoît plus rien lorf-
de ref- «
entend prononcer en trançois Sou ,
qu'elle
5 prefque
au lieu de Saoul ou de Satur , en éli-
a figure^,
dant tout à la fois dans un mot fi court
de la
7 &
rs/
YJ , le , YL ou R.
vcnueiifc
Du verbe meare le latin fait com^
\s qu*en
miatus : l'italien varie Tinflcxion labiale
5c fignifie

chant.
& fiut combiato ; que le fi-ançois prononce
combjato , & en fait (on mot congé ^ ou
la R,î. mtart eft fort diflScile à reconnoîtrc.
La dérivation, par les idées attaque le
r la figure
kn% du mot fans toucher à la forme.
;Uc altère
Exemple : c^ai en grec eft urte colonne ,
ne fouffirc
un pilier droit qui rcfte debout; de la
5. Elle éft
I\î. organique ST, (Voyez n^ 8o) Stylus
ans te fon
en latin eft un poinçon droit , une aiguille j
ixemplîûre
ou plume de bronze pfopre à écrire fur
•lui dé la
des tablettes cixéts. Stylo en italien eft
• : Satur ,
»in petit poignard à lame d'acier très-fine
é produite
lettre
comme im poinçon , & propre à faire
'une
(leti bleffures fort dangereufes. Stylt en
>rès néant-
frin<jois eft la manière, bonne ou mau vraifc,
aflcz bien
dont un auteur fçalt rendre' fes pcnfces
émensj &
. «F iv
. /
1^9 Mac R A n r s M E
par écrit. Voilà quatre divcrfitës de (îgnl- i«'%i

fication bien marquées , fans que le mot


en éprouve aucune. Cet exemple fertauffi
w
à faire voir combien un mot , en reftant
matériellement le même , fubit de chan-
gement pour le fais en paffaht d'une
langue à une autre.
G'eft ce qui arrive fur-tout aux verbes
dont racception étant plus vague que
celle des fi^fiantifs , Taberration du fais

y eft auffi plus fréquente. Miture , mettre^


voilà le même mot , mais non le même
(enSf MitUrc c^tû envoyer : mettre c'eft

. porure ; les deux aôions ne fc prennent


donc Time pour Tautre que par une
\ certaine latitude vague de fîgnification :

envoyer j placer ^ pofer y mettre ; on a


regardé toutes ces aft ions comme revenant
au même. L'aberration eft encore moindre
quand on ne fait que tranfporter le verbe
du fens propre au fens figuré. Car quelque-
fois une langué-n'emploie que dans Tun des
fens un terme qu'elle emprunte d*uné autre
Ni
langue où il n'étoit ufité que dans Tautre
fens. Par exemple : injijler ne fe dit en fran-
n V Lan c a c ë. tif
y^i Çois qu'en fens moral & figuré pour j'oi//- à

/2^r dansfonfentiment; quoique lé latin ne


s'en ferve qu'au fens propre pour l'afticfit
w
phyfique de fe tenir debout fur ou au
,

devant de quelque chofe.


Nullïfas caflofceleratum injiftere lîmcn.

Autre Exemple : très ^ trois. Voilà un


primitif radical qui fîgnifie
un nombre.
Romulus partagea fon peuple en trois
portions : il les appella tribus
; & ce nom
refta aux divifions du peuple Romain
,
quoiqu'il ne leur convînt plus (juarklvpn
en eut augmenté le nombre fort -
au-d^
là des trois premières ; 'mais les ufages
varient fans que les noms qu'on leur a
donnés changent tellement que le
; mot
n'eft plus propre à ce qu'on lui fait fignifier/

( Voyez n^ 175.) Les tribus fervoient à


former les légions pour le fervice militaire;
& Ton nomma tribun le commandant de
chaque légion. Quand
gouvernement le
futdevenu populaire , que le peuple& ,
que les tribus comprenoient tout entier
voulut avoir des Magiftrats fpécialement
chargés de k% intérêts, on nomma
auffi
Fy
,

'")

\)0 M i C.H A K ! 5 M t
tej^tione:
ces maglfirats tribuns. Le peuple s'af-

dans une place? dans le m


fembloit pouf fes affaires
qu'on a c
publique, où 11 écoutoit ce que le chef
chef par- de corps
de l'Etat avoit à pfopofer : le
pelle trii
du haut d'une terrafle ou balcon
ioit
nomma pointes
pratiqué pour cet ufage ; £^ Ton
de-frife,
ce balcon trlhune. Pour nom ,
nous
balcon on fe fert
appelions en françols tribune^ tout
régnent pour tire;
outerrafle ornée de baluftrades qui
propres a
le long du corridor d'un
bâtiment public^
Tous
quolqu^on nV Me point de harangues,
porter à
& qu'il ne s'y affenible pas de tribus.
n'ont ri<:
Le peuple Romain divifé par trib«s payoit
très qui
des fubfides pouf les befoins de l'Etat : on \\

quoique I
appèUa ces fublîdes tributs ; & l'on ne
certains
noms aux impôts que
t

donne p^ d'autres

triolet ^ti
peuple Romain lui-même mettoit fur
k trùs fi^
,
qui n'étoicnt pas
les nations étrangères
marquer
divifeesven tribus. Le parfourniffement fait
deux deg
par une perfonne à une -autre, ou
par
dévlatio
a éclorre le
wn peuple à un autre , fait

à beaucou
verbe générique tàibuere pour donner
quelqu'un ce qui lu i appartient ; en- & Ltt'^cara^

toujours
fuitc les mots comjpofés attribuer , con-'
dont i'ac-. »e prefl
irihuer, difiribuer , attributs , &c.
,

B U LA N C A G t. I|t

tej^tîon eft encore plus générale. Alnfiqne


tlans le mol tribulations , nom allégorique

qu'on a donne aux affligions , aux peines


de corps & d'efprlt ,
parce que le latin ap-
pelle tabules y irihuli les ëpines à trois
pointes , les chauffes-trape^ ou chevaux-
de-frife, les herfes* garnies de pointes dont
on fe fert en certains pays , au lieu de fléau
pour tirer Iç^fraînde Tépi ; tous inft rumens

propres à bleffer.
Tous les mots ^uc je viens de rap-*

porter à l'exception du primitif tribus


n'ont rien de commun avec le nombre
tns qui les a certainement tous engendrés;
quoique moins évidemment qu'il n'aproduic
certains tern>es numériques , titrs ^titrcer ^

triolet, ti€r<dint , tiificftac. Se entr'autreS

/;<^ , figiie françois du fv>perlatit% pour ^


marquer un troifieme degré fupcrieu? aux
deux degréspr-écédens. Cependant une foî"te
déviation dans les idées n'en a pas produit
beaucoup) dans le fôn ni dans la figure*
L«'*cara<|^ériftique élémentaite TR y reftô
toujours bien manqué. Quç (\ Ton veut
»e prefler juf(ïû'à me demander pourquoi
.F y]
^.

1^1 MÉCH A W 1 S H;t


cette inflexion organique ^-ce caraAérif-
tique TR eft approprié par la nature à
devenir le germe radical du nombre trczs ^
je bazarderai une conjefture. TR eft
1^
une onomatopée , un. bruit vocal par
lequel l'organe tâche de rendre l'image
du mouvement qui fe fait pour inférer
matériellement un corps entré un corps
& ,un corps ,
pour eravcrfer les deux qui
y font , & y mettre un tiers. Je vois

en effet que cette articulation TR , de it

le bruit peint affez bien le mouvement d'un

p^ifage forcé , & de la furvenance d*un


nouveau corps où ilyen avolt déjà deux
autres , fe trouve dans une bonne partie
des "mots qui indiquent ce paiTage ; &
qui fiippofant Texiftcnce antérieure des
deux objets , défignent radjonftion d'un
troifien.e : trans , incra , extra , ultra ,

citra ,prater , propter^ entrée , travers , &c.


(Voyez xf^ 103.)^^*^^ revenons à l'alté-

ration idéale.

134. Diffirenu de run& de Pautre genre


d*altiratiom

Elle s'exerce fans cefle fur les noms

r.
\^

&
\

DU t A H G A 6 t. 131'

d'êtres moraux & abftraits , de rclati'^n»


& autres qui n'exiftant qu'en idée font
fujets à n^avoir ijpj'une fignification peu
déterminée ; famé d'archétypes exiftans
dans la nature auxquels on puiffe les
comparer cqmme à leiir original. L'al-
tération niatérielle quoiqu'elle s'étende
,

à tout , appartient plus p^pfement aux


noms d'êtres phyfiques qui font nioins
fufceptibles de l'altération idéale ; leur
fens étant invariable & leur idée fe
référant à des originaux cônrius. Cepen-
dant les noms de ceux-ci ne laiffent pas
que d'être affujettis à l'autre efpece d'al-
tération , lorfqu'ils font tirés de quelque
circonftance accidentelle à l'objet nommé
plutôt que de fa fubftance même.
li"). Autre efpece de dérivation idéale tirée
de Cident'ué defignificaàon. Elle nuit
a la elarté des lances y en y intrp^
duifant des fynonymes de fens y qui
ne font pas fynonymes d\xpre£ion.
Le5 homnlfîs s'attachent à toutes fort^
A
d'idées général en rmpofant les noms
aux chofes , lorfque ces idées y apportent
-J*

134 • Mi C H À N î $ M E
t]uel({U6S carafteres diftinftifs , fur-toiU (1

ces chofcs font du nombre de celles où


Tart & la main-d'œuvre ont part. De-
là vient que des chofes d'efpeces très-
diverfesontdes nomsfynonymes, qu«^ique
le mot paroifle fort différent , & que la

chofe foit en effet fort clifîérente. 11$

irappellgpt la mine d'argent fondue &


réduite en billes piajlrcs , i. e. format<z dé
m)sMrr* (formarc) Ils appellent le lait caillé*

& réduit en maffe formées dans des


moules , fromage , formacicum ; d«ux
noms également pris de h forme où Ton
;3i réduit deux matières premières très-
diflFerentes. Ces deux mots font donc les

mêmes non , pour la figure ni pouf le fon ^

mais pour le fens» Il auroit été aifé de les


ramener au même fon & à la même
figure , fi Ton eût mot en difant
traduit le

formées 2i\x lieu àt piajlre^. Le nombre de


termes du même (tns non traduits qui
paffent ainfi dans chaque langue la mul-
tiplient prodigieufemcnt. On fimplifieroit

fort une langue en trac'uifant dans le5

icrmes propres à la langue même les ter-^


y
DU Là N G À C té IJÇ

nlfs étrangers qui s'y introduifent ; çn


identifiant la figure & !çî fon du mot,
auflî-bicn que l'idée de la chofe ,
qui fe

perd bientôt faute de ceci : on rendroit


en même tems la langue beaucoup plus
claire ; car chacun entendroit la fignifi-

cation propre des mots dont il fe fert,

ce qui n'arrive que rarement. Tous ces


mots non traduits ont une ëtymologie
de fens qui n^eft pas leur ëtymologie de
lettre. Comme on range ceux-ci fous leurs

racines figurées , on pourroit ranger ceux-


là fous. leurs racines idéales.

1 86. Caufcs dt raltération matirullt.


Mille caufes habituelles altèrent le maté-
riel des mot^. Chaque langue ayant adopté
un certain nombre de terminaifons qu'elle
s't'ft partiailiérement appropriées , tejette

celles d'une autfe langue pour y fubftltuer


les fiennes , ou les accumule l'une à l'autre ;
ce qui rend les mots fi longs qu'il faut
bien les retrancher en quelque endroit.
On eft toujours preffé de faire entendre
ce que l'on veut dire : on prononce avec
rapidité : on retranche le commencement
,,

^s

ij^tf Mi e H A K t « M 1

da mot on le r elTerrc au milieu ; on


;

fupprime t on élide la fin on r^d les :

fons indiftinfts fur rinftrument vocal ,

comme un muficien qui veut exécuter


a^ec trop de vîteffe ^ brouille & marfgc
les notes. AeflagcUum on pro-
Au lîeu

nonce rapidement flacl en mangeant le


milieu &
la fin du mot puis par une :

autre habitude qui change les finales el &


al en au , on préfente aux yenxficau ; mais
le fort qu*on fiit entendre à Toreille , t^flô.
La dëlicatefle des oreilles , Teuphonie
Tafieftation porte à tranfpofer , à permuter,

à élider , à intercaler &e% fyllabes ou def


lettres. L'art de Tëcriture furvient là-dcflus

entretient Taltëration ,
quelquefois Taug-

mente , & toujours la fixe. Ceux qui ne

f<javent pas lire entendent mal , & parlent


îritorreftemetit» Lorfqu'un langage barbare

& fauvage commence d'être rapporté &


comme attaché à un alphabet V les pre-

iràers qui fe fervent de cet alphabet s'ef-

forcent d'appliquer les carafteres aux fons


le plus exaftement qu'il leur eft poffible
:

eii conféqiience ils font paffer dans Tédi-r


¥

dvLanga <; I. i)^


tiire toute Taltëration courante^ qui sVtoit
; on
dëja gliiTëe dans les termes. La valeul
d les
des lettres eft effc^ihâmc affez incertaine
cal f

cutcr
&c vague , fi Ton n^y donné une attention
méthodique en les rapportait foigneu*
laifgc
fement à leurs clafTes d'organes : elle lé
pro-
devient de plus en plus quand on les
mt le

r une transporte d'une langue à une autre. En


ir/& très-peu & tems , différentes mains re-

mais préfentent un nnémc fbn par difiërentes


;

combinaifons de carafteres , &R même


* (
combinaifon par des fons diflFërens : tel-
onie 9
lement que dès les premières produftions
nuter,

des
ëcrités de tous les peuples , il y a eu
>u
une infraâion primitive de Tanalogie. |
leflus,
<r

Faug- 187. Effet (Taltération par ta pronoru'


5ui ne dation inexacle &par la permutation
arlent des lettres.
arbarc
rtë & De légères omiflions dans le procédé

s pre-
de la formation des langues , donnent
tt s'ef-
lieu à ,des altérations aflfez coniîdërables

IX fons
dans le fon ^s mots à mefure qu'ils

ffible :
dérivent ; tellement que la reflTemblance

récria
entre le dérivant 6c le. dérivé ne fiappe
¥

X\% MÉÇ H À M I S M É

plus au premier abord. Dans la pronon-


ciation ly confonnc diffère de Pi voyelle ;

de xfAvMt IV confonnc de Ku voyelle.


On a eu foin à la vérité de leur donner
des figures différentes , > & i ; v & «.

Mais ice foin a été fouvent négligé en


écrivant ; de plus on a totalement omis
de ks diftinguer par différens noms fpé-

cifiquesà chacun. Cette omlffion jointe


j à la négligence des écrivains a jette de
Terreur dans la prononciation, lorfqu'on#
a pris une lettre pour Tautre. On a pro-

noncé h voyelle comme fi elle eût été

confonne. Qui pl&s eft, par une féconde


erreur on a figuré en écrivant , non cette

confonne-ci , mais une autre qui aflfeftoit

Fouie de la même manière ; de forte que


le mot s'eft trouvé aflcz défiguré. On a

écrit Coulongt (nom de lieu) au lieu de


C^lonia & même au lieu de Coulonjt :

ce léger changement a rendu aflez fenfiblc


à Toreille une altération qui eft prefque
nulle aux yeux : car il n'y en auroit

point du tout , fi l'on eût icrit Colonie,

Dii mot poUls , i. ç. ficur de farine les


¥

^
DU Là w c a q %. ÎS9
Latins ont fait polenta i. e, gattau d€
non- ,

farine Jarïnt<uite ^h. poUntiarius ; mais


relie;
les FrariÇois ont ëcrit boulanger ,
poUni*-
yellc.

3nner Jarius. Les Grecs ont dit nî^^r : les Laéns

bt u. mrvus : les François ont enchéri fur

\é en TaltiSration en fubftituant 4 IV confonne un


omis autre fifflement labial ; ils ont écrit nerf.
Il eft aflez fing\ilier qu'on ait amfi
sTpé-
î
ointe confondu avec Yi & Tu voyelles tel

té de confonnes a qui on donne le même nom ^


qu'on# quoiqu'elles n'y ayent aucun rapport

i prc- apparent. Ceci vient de ce que Yu voyelle


àtétë eft l'extrémité de la voix 5 ou le bout

:oncle extérieur de la corde vocale ; comme l'r


cette confonne eft l'extrémité de Tinftrument

èftoit organique, ou le bout extérieur du fiffle-

te que ment vocal. L'inattention a plus facile-


On a ment confondu deux effets qui s'opèrent
eu de fur la même place de l'inftrument. Vi
onjt : voyelle eft le milieu de la corde vocale.

nfiblc UJ confonne palatiale eft le milieu du


refque corps de l'inftrumen;. De même l'afpira-

auroit tion A, qui eft le bout intérieur de la

)lonic, corde vocale , reçoit fouvent de Torgane

inc les une inflexion plus caraftériféc qui la


Y

t/p Mi e HAH 1 S M t
change en ch on en ^A » lorfque le mot
parflTe d'une langue à une autre. Parmi
nous pluficurs conf6nne$ introduifent auffi

dw altérations de ce genre par la pronon-


: dation dëfeftuéufe à laquelle Thabitude
les rend finettes. A tout moment le c

:. & le t font à notre oreille le Ion de 1 s.

L'analogie veut qu'on écrive pronon^


dation ^ collation ; Tufage défeftueux
fait entendre prononjïajion & collajîon.

Le même ufage fouvent adoucit Ti & y


feît entendre un ^ : par-là le { fe trouve

fubftltué au r à qui ij^^ n'a nul rapport


d'organe ,
parce qu'on a fubftitué Xs au t.

Au lieu de ratio on écrit raifort^ & on


prononce raison. Au lieu du fon organique
& guttural qui eft propre au gf on lui

donne la plupart du tems le fon palatial

de r/. On dit vendanger au lieu dé ven^


demjart ou vindcmiarc. Un de nos vieux
hiftorienis , lorfqu'il dit en parlant d'une
Princefle dont le mariage ne fi.it pas

cftnfommé , fponfo ad yotum gavifa non


tfly nous apprend que notre motjioiiir
rient du latin gaudcrc ; & que le mot
¥

o y L À N GJi G I. 141
gavifa fc prononqoit probablementy 4i/i/tf/
5 mot
ce qui le rapproche fort de notre mot Jpiéir
Parmi
àcjouiffance , ainft que de notre expreflion
Lt au(C
Jouir d'une femme, k'indjoyeyjoyau , &c.
onon-
viennent de gauJium<pzï l'italien gioie.
bîtude
188. La prononciation vicieufe irUrodmi
lt le c
de faujjes opinions
de IV.
La permutation > la tranfpofition des
ronon^
lettres , le peu d'exaftitudc à lje$ bien
ftueux
prononcer produit dars les mots dérivés j
lajion*
des équivoques qui à leiu" tour donnent
s & y
naiflance à des préjugés., à des contçj
trouve
populaires. La critique ks détruit en
apport
s au /.
rétabrifTant le terme & en faifant voir
que la fable n'a d'autre fondement qu'une
Se on
prononciation vicieufe. On met au nom-
;anique
bre des ftpt merveilles du Dauphiné la
on lui
JTourfans venin près de Grenoble , ou les
salarial
animaux venimeux meurent, à ce qu*on
lé vcn^
is vieux
prétend , aufli-tôt qu'on les y porte. Le
fait eft démenti par l'expérience ; mais
t d'une
cela n'empêche pas que le peuple n'y
ftit pas
ajoute la même foi : c'eft-fon ufage. La
ifa non
t Jouir
vrai nom de cette tour & de Ja chapelle

le mot
voifine eu ; Torre fan Vireno , U tour
.

A
Vj .

\
I
J 141 M t C HAN 1 S M E

faint forain. On a dit par unespronort-

dation altérée Torrefan


vtntno , en k
mauvaife équivoque
francois par une
qui a fuffi pour
Tour fans venin ; ce
Quelquefois auffl les
établir cette fable.
peuvent par. un
prononciation» vicieufes ,
robferyateur
hazard fihgulier , remettre
la vérité dont
les
critique fur la voie de
s'étoient écartées. On f<;ait
traditions
des métamorphofes
qu'une grande partie
grecque ne font fondées
ae la Mythologie
ou des équito-
que fur des reflêmblances
i,es de noms,
oufurk double ^fens de
de forte qu .1 n y
a
certaines cxpreffions ,
réellcirient de
métamorphofes que dans le
du^mot. Une des
matériel ou dans l'idéal
cellede Sémiramis reme
|,lus célèbres eft
colombe de montagne.
C cit
d'Affyrie en
fignifier les
mots
en effet ce que peuvent
Sar-cman ( llar
mons heman
orientaux :

apparence juc
colu tbu;) & y a toute
il

néede cette équivoque.


N.'-'-
la fable eft
tems qui -c
elle nous indique en mc^mt
taiùou.e
de cette reine
^rai nom afTyricn
ont
que les Grecs
étAt ScrimanUs ,
,

A.
'
.M

D V L AN GAGE. 14J
mal écrit par tranfpofition SemiramL» Elle
î^pronon-

, k en nous en donne en même tems ta véritable

^ fignification , Sar-iman ( Reine- Prétrcjfc ,


Squivoque
pouf Reine divine j) fignification conforme à
fuffi
ce que nous fqavons par quantité d*excm-
s auffi les

2nt part un ples , que les noms des rois d'Affyric

bferyateur
n'étoient compofés que de titres ou épi-

dont les
thetes honorifiques; Tune defquelles eft
é

On f<;ait
or-linaireipent le mot Sar (Roi.^ Alors
morphofes nous ne fommes plus étonr^és de trouver
Semiramis en pli^fieurs tems de Thiftoirc
nt fondées
ëqui^o- d'AflTyrie dont la différence embanaffoit
[zs

)le fens de
les chronologiftes ,
puifque qs nom a pu
être porté par plufieurs Reines AflTyriennes,
qu il ny a

que dans le n'étant qu'une exprefl^oii f^énérique com-


Une des pofée de plufieiTs titres de dignité, (elon
t.

ramis reine
le génie & la tournure ordinaire de la

C clt langue orientale.


agnc ,

er les mots
189. Effet biiarrc Je ta dérivation , en ce
ions heman quelle rend ohfcenzs des termes qui
arence ^i}^^-
étaient ho finîtes dans leurs primitifs^
oque. Mil- A

qu<^ !e
\Jn des plus finguliers effets de la dé-
ems
rivation c(l de rendre mal-honnêtes des
iiie faiîiouie
cxprefTions qui nç l'çtjoicnt pas dans leur
Grecs ont
.144 M £ C H N I s M £
origine. Chez les peuples civilifés , Totn
fcénitc attachée à certains termes bannis

du difcôurs , eft une fuite raifonnable du


refpeft qu*on doit aux mœurs. C'eft un
honimagè qu'on leur rend , du moins de
Douche , lice n*eft d'cfprit ; car c'eft à-peu-

près-là qu'il s'arrête , comme je dirai plus

biS» Mieux un peuple eft policé ,


plus

il fe pique de montrer de l'honnêteté


(du moins verbale) dans (ts mœurs ,
plus

V.
V.
'
fon langage fe r^fine y & devient fujet à
rejetter comme peu honnêtes certains

termes ou locutions ufitées. A mefurc


que le fiécle devient délicat , il trouve
fon langage moins chafte, Molière em- .

ploie dans (qs comédies plufieurs expref-


ni
Uons qu!on ne fouf&iroit pas aujourd^iui

dans une pièce nouvelle. Avant Molière


& Corneille y le théâtre en admettoit il

cej
beaucoup d'autres que ceux-ci ne fe fe-

^ roient pas permifes. Que ce foient les

oreilles qui d'un fiécle à l'autre foient


devenues plus modeftes , ou que ce foie
rc'
Timagination qui foit devenue plus aifée

à émouvoir/, c'eft ce que je n'ai pas defl'ein

de

X
,

13 u Lan g a g é.
14c-
,
de rechercher avec foin. Ce n'eft peut-être
m J'un ni l'autre
mais feulement une
,

certaine délicateffe qui tend à


éloigner
de plus en' plus nos façons de
parler de
f
celles de la nature iimple & fauvage, &
qui feroit choquée en mille occafîons
fi

on n'atténuoit la clarté de l'idée par l'am'


biguité du mot.
/c ne m'éloignerois pas \
de croire que
plus une langue a de termes qu'elle bannit
comme obfcènes , moins elfe refle chafte;
que le
^ béfoin'qu'elie fe fait cVen venir
a cette réforme
, cft une marqi^e qu'elle
ne l'eft pas. En toutes langues les chofes
dont il eft néceffairc de parler ont des
noms appellatifs & fimples. Ces noms
ne devroient pas dans le difcours
,
, faire
plus de fenfation^ que leurs
équivalens ; &
il icmble que la langue la plus
charte fèroit
celle du peuple chez qui nulle idée
, ne
lailantd'imprefTiondangereufe, les mots
icroicnt regardés comme indirtérens à cet
^'gard, &
perfonne ne feroit fllrpris^li
révolté d'entendre nommer
chaque chofe
par fon nom. De tous ^es moyens de
To/rç II. Q '
146 M É CH A N I s ME
effet les impreffions que- les
rendre fans
le plus efficace
idées peuvent produire ,
eft l'habitude des
objets même. Sparte A
pas indécens il
les objets n'étoient
,

que les noms dés objets
ëtoit impolTible
peuple eft fauvage
le -fuirent. Quand un
m
il eft fimple-, & fes expreffions le
font

comme elles ne le choquent pas ,


il
auffi :

n'a pas befoin d'en


chercher de plus dé-
(lue l'ima-
tournées , fignes affez. certains
gination a corrompu la langue. Le peuple
V le livre
Hébreu étoit à demi-'"auvage ;

fes loix traite fans


détour des chofes
de
de
naturelles que nos langues ont Ibin
Ceftime marque que chez eux
ces
voiler.
de parler n'avoient rien de
licen-
façons
car on n'auroit pas écrit un livre
tieux ;

manière contraire aux


de loix d'une
mdeurs.
termes
La caufe qui a mis dans certains
qu'ils n'avoient
probable-
une indécence
ment pas clins leur ancien & premier

paroit donc combinée fur le double


ufase ,

plus grande corruption


principe d'une
l'affeftation d'une
intérieure , ti de
,

9'

ï) X; LA N G A G E. 147
plus grande pureté extérieure, qui tient
à fa polltefie d^s manières. Ce fèroit

une grqfliéreté que de fe fervir du


propre nom des choies , lorlquc l'ima-
gination eft devenue aflèz prompte pour
en faifir l'idée à demi-mot. Leur prof-
E''
criptionmontre au moins qu'on veut fe
conformer aux décences introduites par
le nouvel ufage , lors même qu'en (è
fervant d'autres mots , ou de quelque
façon de parler détournée , on ne lai ffe

pas de préfenter les mêmes idées.


Les idées font mal-honnêtes, non félon
les objets naturellement pris en eux-mêmes
mais (èlon le choix que les mœurs , les
ufages , les religions des peuples" ont fait

de certains objets , que la légiflation oh


le préjugé ont regardés èomme dangereux,
en confidérant l^abus qu'on en pouvoit
faire. En Occident l'idée nial-honnéte eft
attachée à l'union des Cexcs : en Orient elle
eft attachée à l'ufage du vin ; ailleiirs elle

pourroit l'être à l'ufage du fer ou du feu'. ^J


Chez les Mufulmans , à qui le vin eft dé-
fendu par la loi , le mot Chuab qui fignifîe

Gij
,

148 M É C H A N X S M^
ibrbct, liqueur maïs
«n généraHyrop ,
,

,,lus particulièrement le vw ,& les autres


font regardes
mots relatits k celm-là ,

gens fort religieux,


comme des
par les

termes obicènes , ou du moms trop libres


d'une perfonne
pour êtr« dans la bouchç
préjugé fur fob,*,.
de bonnes moeurs. Le
pris tant d'emp.re
fcénité du difcours a
même dans le cas ou
qu'il ne ceffe pas,
attaché l'idée eft
l'aaion à laquelle on a
&.prefcnte ;
honnête &
légitime, pcrmife
mal-honnête de
de iorte qu'il eft toujours
- fouvent honnête
dire ce qu'il eft très

de faire.
décence s'eft ici con-
A dire vrai , la

petit faerifice. Il bit


tentée d'un fort
l'obfcen.te
toujotirs parokre fiaguUer que

foit dans mots ,


les &
ne foit pas dans les
eft à-peu-près ainfi;
idées ce qui néanmoins
:

pjéfente honnêtement
car fans celTe on
, des images
qui
fous certaines expreffions
ferolent mal-honnêtes
à prélènter fous
par
d'audcs mots. L'obfcénité .attachée

l'ufa 'C à certains


termes de chaque langue,
en laiflant fubl.ftor
1. xéJait avu mots ,

^
t> V L AN G A G E. 149
les " images. Les gens les plus féveres
cllfent honnêtement qiuin mariage a été
'
confommé ,
quoique cette image foit ab-
foliiment la même qu'on legarcleroithien
t':*

de rendre en d'autres termes. Et , ce qui


n'eft pas moins bigarre , tel mot efl: réputé
obfccne , fans que Ton prinûtif ni fes col-
latéraux le foient : tel efl le fréquentatif
latin du verl^e grec «^wa' , & les dérivés
immédiats de ce fréquentatif dans les

dideftes latins. La caufe de cette bizarrerie


vient, à ce que je crois, de ce que les
mots de cette eftece font devenus des
termes propres , confacrés par Tafige à
^
donner fîmplcment & direftement la feule
image de l'objet ; au lieu qu'en fe fervai>t
d'autres expreffions , on joint à Timage
fîmple , d'autres images accefToires qui
partagent La penfée, & la détournent de
s'occuper à la confîdération toute niie
de l'objet principal. Ainfi le palliatif
cft employé , parce qu'au fond on a
deiïein.de refpefter les mœurs , en afloi-
bliffant l'image. Mais avec cela il efl
étrange qu'en fe contentant d'atténuer
"^
/5iij
,,

termes propres i la langue même i» i^'

•*' ,1^0 Mi C,H A N I S M E


I
ort
légèrement les images deshonnctes ,

profcrit les peintures


ait fi févërement
réforme awoit clCi pa- tm
verbales ; dont la
Il
roître infiniment moins importante.
moins fingulier que la réforme
ait
n'eft pas
quelte
facrifié' <?ertains termes, pendant
d'autres qui font tout auffi
en ëpargnoit ,
expriment
fimples & figntficatifs ;
pWifqu'ils

de même , faiss mettre à l'image m àcccf-

ni adouciffement. J'en pourrois


foire ,

citer des exemples , û je ne voulois éviter

d'employer ici aucune de ces expreffions


eft convenue de
propres que la décence
incon>^én.ent
bannir. N'ais il n'y a nui
'& il eft mon fu)et d'en indiquer
même de
lec primitifs & les dérivés. Tous font des
expreffions honnêtes &
d'un ufage extrê- ,

pas
mement commun. Je n'en employera.

ici d'autres ; & en cela je n'ira, p.^ au(h


que Scal.ger , Pontus. de Thtard
loin
Châlon l'abbé Ménage
ëvêque de ,

Du-Gange , Leibnitz , & tant d'autre,

obliger, comme tr.oi par h


cloffateurs ,

d'entrer dans quelque


nature de leur fu-et
i certains mots rejette
difcuffion relative
k «U^4 i&%«
—V ^n

f D U L A N G A G E. I<1

du langage honnête. Ces fçavans hommes


ont jugé qu'il y duroit , à vouloir exclure
:-:^ de telles difcuflîons d'un ôu^^rage" de
littérature qui les demande ,

une délî-

catefîe aufli puérile que le feroit celle

d'un anatomifte qui retrancheroit de fon


ouvrage les obfervations d'un certain

genre qu'on s'attend d'y trouver.


Le dérivé latin de mtns ^ mentis y eft,

comme on le voit , bien éloigné d'avoin


rien Je mal-honnôte dans fon origine ;

non plus que fon fynonymc dérivé du


teuton mutf i, e. mens , anima. Mut
dans les difFérens dialeftes des langues
germaniques , fe prononce , mod^ mode ,

miiat^ &c. De même en langue gothique


.^- Triton , i.^ e. cogitare : mitons , i. e.

cogitatio. En grec , M^r*t , i. e. intcUigcrtîa:


en latin mens , mentis. Tous l«s dérivés
du germaiii mut défignent en général
anïmaîum , motum j quidquid movct fe,
(Voyez Vachter.) Par-là le terme latin
dérivé du teuton mut , donne l'image
d'uhe chofe animée par elle-même , qui
a fa yic 6c fon mouvement particulier

G iv
,

eii conféqucnce ils font paffer dans l'écn-r

•^

1^1 M É C H A N I s M E

indépendant de la volonté. Horace en (if


employant cette exprefTion., l'a très-bien

entendu de la forte, lorfqu'il a dit :

Huic yi . . , . verns mala lautd ridcntis


Dïcerct hac .inimus ; Qu'id vis tlbi ? Numquidego à t\:

Magrîb pro^nattum depofc9 confule ....


VclatumquefiÛa f^iea cumconferhult ira.

En effet les Latins emploient Tautre


{ynon>Tne dérivé de menu comme pour

taire entendre que ce dont* ils parlent

menum propriam ac voluntatcm habet. ,

Ils onr-dans la même langue un troi-


fieme lynonyme qui vient , à ce que je

crois, non de verenda ,maisprut6t de Wr,


(^commefemrum de ferre : ) vir ^ vita ,

Vitalis. La modeftie n'étant bleffée dans

aucune de ces origines , n auroit pas


naturellement dû l'être par les dérives de

ces derniers mots latins : bien moins

encore fi ce dérivé n'eft en nvKre langue


qu'une ima^e adoucie & qu'unoaltération
du latin veclis (un levier) comme un^grand
nombre de paffages de la baffe latinité
^ &c comme l'ont cru
paroit rindiquer ,

Ménage d«is fes additions, pag. 738, ôl


^,
TêëS? «riUlW iC UCliVcMil. ^JL iC UCiiVC lie llcft^^

DU Langage. 155

Du-Cange à la vue d'une ancienne loi


:c en
angloife qui prononce une amende con-
-bien
tre les mutilateurs : Si Ubcro tcfiiculoi

/. cvulfcrit , ctntum Joitdos (omponat : ji


*•
I

rtclem fimiliter, Tit. v. §. 7. Le primitif


'go a te
. de vcclis qui eft veho ou via ainfi que (^ù^

collatéraux vchiciiljim^ viator , voiture.

envoyer y (ont aiTurémcnt des termes à


['autre l'abri de tout Tcrupule. Que fi Ton me
î pour dit que ce nefl: pas le mot vcciis mais
,

arlent l'idée qui eft- indécente jv^ demanderai


, ,
het. ,
toujours: pourquoi donc c'eft le mot qu'on
\ troi- a profcrit &j non pas l'idée. L'acception
que je
lin^iliere des mots eft encore plus mar-
de r/V,
quée dans le dérivé du grec *<<fAo$-, en
vita , latin c^iulis.y virga. De ces deux termes
e dans dans notre langue
latins traduits y le der-
rit pas
nier eft reçu &c l'autre rejettér
vés de Une autre dénomination
^, '
licemieufe
moins dans hrlangue latine & dans la nôtre,
langue
n'elt cependant que "le même terme, que
6ration
Ws mots grecs & latins , rtV^r ^ qc/ms ,
i^graiid
i^purdtio , &c. Le fem s'y rapporte; 6c
latinité
tous ces mots ^ tant ceux que je nomme
)nt cru
que celui que je fupprime , font formés
38,61 GV
Uii mot pouLs 5 i. ç. yttfu/ «t y U/ &/«^ iV>

/"

f-k
II!-

I 54 M É C « A N I s M E

drs mêmes lettres organiques. Il y a beau*

coup d'apparence que ce dermoc^^to;! ,

radical dans les anciennes lances barba*


res, de TEurope : En celtique cwens 9
cona , ckcna ,
quena , félon Içs différentes

manières de prononcer des divers di^leftes,


f[gmfï^ femelle ; en d'autres kcnnen fignifie

gigni^ nafci ; kind ,


fœtus ,
proies. La
racine étoit appropriée à défigner les

^ fexes , foit mafculin , foit féminins. La


prononciation barbare Quena a laifle des

\ traces^dans notre langue relatives au fexe


C>^âle ; & la racine en général , auj ourd'hui

reftreinte à l'autre fexe s'appliquoit alors

a tous deux t G un , vir , G uni ,


virgo ;

&: aufli Gund^ vulva. Un ancien paffage


cité par M. de Valois fait voir que Gund
avoit les deux fignifications de mulier^.&c

4e vulva : Quadam mulurnomint Guncla


femora dmuiart , crura dïvancarc &
pudcnda proprio nomini cognomina cupu
^pjlentare. De-là viennent plufieurs nom5
propres de femmes , où la racine efl

employée , foit dans le fens de pars mw


foit dans celui de virgo qui cft
liebris ,
,
\

D U L À N G A G E. . ï
5 5
i
le nicme. Goritrude compofé de midubrh
a beau*

!|^ ëtojf ,
& de fidcUs, Cuncgondc compofé de
muluhris , &LderegiuSj &c.Le mot italien
barba*
cwens
gonna , i. e. cotillon , Juppé de femme,
9
eft fort bien dérivé par Leibnitz du terme
Férentes

^leftes,
latin propre : & de gonna. vient notre
mot f)opulaire goncc , c'eft-à-dire mal'-
\ figtiifie
habillée^ mal - ajuflée. C'cft la rncme
ylcs. La
clîofe en grec ^ yvtn millier : En iflanclois
;ner les
Cona^mulier: En anglois Qucan^mcrctr'.x;
ins. La
lifle des
5c aufli Quun , Rcgina ; dans le patois
de quelques provinces de France Gouine ,
au fexe
^urd'hui
merctrix^^fœmina: En iuàtfqueQucn^uxor ;
)it alors
&: , comme le dit fort bien \t^achter , quce-'

virgo ;
iibu de fcxu. On trouve aufli chez les
,

anciens Barbares de TEurope ^ beaucoup de


\ paflTage

Gund noms d'hommes compofés fur la même


le
idée Gontran , Gondebaud , Gondemar ^
;
ilier^.&C
&c. car il faut remarquer que le mot eft
réciproque s'appliquant indifféremment
icare & ,

au maie ou à la femelle , fans nul chan-


.lia cceyif
gement ou avec un- fort léger chan-
rs nom5 ,

tcine efl
gdnvent ,' comme d^.s le latin , vlr , vira .

yars mil'
y'irgo, FœminasAntiquiyu^ ufpeli,j.banc,
'
dit Fcftus. '
;
/
,
qui cft
G vj
,
T ^
vient du latin gaudcrc ; & que le mot

156 M É C H AN I s M E

On voit ici par In comparaifon des

pr(v:L-Jcs (lu latin & de ceux des langues


barbares , comment &: pourquoi la racine

s'eft étendue des idées de lexe , aux.

idées de force , & de piViffance. Comme'


eji htin vir a produit vis , vires ,, v///ws ;

en barbare là racine a produit kannèn ,

poljc , vaUrc : d'où eft venu koningj rcx.'

Kîin & KccH fignifient le Roi & la

Reine ^ comme fi l'on difoit l'homme &


la femme par excellence. De la même
racine font venus dans divers dialeftes,
ktngy kunig^koningj kingy kongnr y &c.
i. e. Rex. Telle eft l'excurfion que font
les mots. II y en a bien d'autres ; car ,
par

exemple , le latin qui dit au fnnple ,


^eno y

je produis , & au fréquentatif^ germino ,


je

germe , appelle gemma le bourgeon des


plantes ,
qui germe & qui les propage :

& enfuite gemma , la perle qui a la figure

ronde du bourgeon des plantes : &:

encore gemma toute pierre qui eft pre-


cieiife comme h perle. Tous ces mots
comme m le voit, font fort honnêtes, à
i\'xccption d'uii fcui en latin 6c en
yoiiuic en; j.prrcjan t^rcno y ut tour
le mot

i-^

D U L A N G A G E. 1^7
n des françols fur lequel eft tombée la prof^

mgues cription.

racine Dans nos langues aftuelles , folt grec-


c-
, aux, que , latine , ou leurs dialeftes , la lett»-e

ommè' de lèvre <P F, efl: devenue un germe


///ws ; f /
radical fouvent approprié à défigner l'o-

nncn ,
pération de la nature & celle de l'hom-
o', rcx,' me. <pyft/, i. e. gigno , nafcor ^mùixxo, mot
& la que le latin^cj, en grec yly^ofAcu. ^éru- , n. e,

me & natura ,
phyfique. <f t^Toi» , i. e. fiirps ^

même planta : (pirvfix j. e. gcrmen , fœtus :

eftes fccundus : fimlna :fcminalia : jamilia :


5

', &c. fictiis : figura : fai^io , &c. Fado efl: un


ic font primitif dr^ivé Aq fia ^
qui a lui-même
ir ,
par mille & mille defcendans dont la lifte

.(^mpliroit plufieurs pages. Il n'y a point

ino 5
je de mots dans les languef, plus uiités ,
plus

^n des ordinaires , & moins furpe(!:ls d'immo-


)page : dêftie. Il n'en eft pas de même du fré-

, figure cjucntatif latin de <pwA»^ .


quoiqu'il ft)it fa-

; : & }^ri({ué affez modeftement par une image


(l pré- atténuée ,
(car il ne fignifie à la lettre

mots ,
que facio naturalitcr ; ) & de plus le mot
îfes, à *
j',rer ^vTtvé ,
planto , n'eft nullement un
6c en arme mal-honncte,
,
que les urecs u..
étAt Scrirnumis ,

158 M É C H A N I S M E
1^0* Caufc de r altération des mots cH
pajjant d'une Langue à une autre.
Rapidité de cette altération,
: De la facilité qifont les lettres de mcme
organe à ie; remplacer les unes les autres

naifTent les variétés infinies qui lé trouvent'

dans la prononciation des mots , 6c les

altérations perpétuelles qu'ils fouffrent

en paflint d'une langue à une autre ;

altération dont la caufe eft double, à-

raifon de deux fens , de l'ouïe & de la vue.

Car tantôt on copie comme on lit , &


tantôt on écrit comme on entend. Cell:
ce que ceux qui s'adonnent à la matière

étyn)ologique doivent Ibigneufement oI>-

ferver. Les manuicrits que nouj avons


des anciens auteurs , & qui nous tiennent
lieu d^originaux , font remplis de huitcs.

Tout homiTie un peu intelligent difccr-

nera par le genre des fautes fi le manut-


'
crit a été copié fous la diftée ou à l-t

vue d'ua autre manurcrit. Il recounoitiM

il les erreurs du copifte viennent de fo-

r^lje pour avoir mal oui , ou de PomI


pour avoir mal lu. Eji^.etymologie danb
,

© U L AN GAGE. 159'
^
mots en la comparaifon des mots, ne faut avoir
A il

aucun égard aux voyelle*: , & n'en avoir


7. aux conlonnes- qu'autant qr'elles (eroient .

le nie me de dlfféiens orga/ies. Si la variété dans*


5 autres la conf^nne ne vient que de la dîflerence
trouvent" .des inflexions du même organe , on doit
, &: les dire hardvîneut que c'eft toujours la même •

fouffreiit lettre. C'eft le caraftériftique de la'' fuite

c autre ; d'organes qui doit guider dans cette com-


3uble ,
à- paraifon. Si la fuite d\> carâtftériftique s'y

le la vue. retrouve , lé mot eft le même : encore


n lit , & nkfft-il pasrare de le voir/s'éclipfer lorfque
nd. C'eft la filiation n'efl pas immédiate. Pour Con-
i matîcrc noiîic combien le^s altérations font {(t\\-

Tient ol)- fibles , combien le progrès en elT: rapide,


uj avon<; il ne faut qu'obferv^r C(^mbien il y a d^
tiennent termes dérivés , où le figne radical même
le Suites. nVfl plus rccpnnoiffable au bout de trois
it dilber- ou quatre générations. Je ne citerai que
1 manur- ce peu d'exemples dont j'ai déjà donné le
^
ou à lj premier pour modèle, /^c/ifr//; vient d A^cr: '

ounoitiM At^er: Pcragrarc: Peregriniiri : PeU'p-'ino:

Vclci'in, Rojjignol vient de Luco cariions:


c!e l'a' il Luco Ciincns : Lucdriia : Lufciniolu r
gic clan:> Vfignuolo : RoJfigHoL Jour viejit de Dia :

itfijé
l'6o MÉ C H AN I s M E

Dlcs ", Diurnus. Djiorno. Jour, Ce5


fm
altérations prodigièîïfes ne doivent ni
étonner parce que les caufes cii font
,

connues par les p^.incipes ci-deffus établis ;

M-
ni rebuter 5
parce qu'elles ||e font jamais
^

immédiates. Un fils reffemble à fon père,

quoiqu'il n^ait fouvent plus rien de fon


trifaïeul. D'une filiation à l'autre les mots
p
ne font jamais mécoitnoiflables. T Art

dépend de les ranger daifis un ordre qui

les rende faciles à reconnoître : & cette


méthode d'arrangement , que je donnerai
ci-après , ne demande que du foin , n'a
rien de difficile à pratiquer.

l^i. La permutation des lettres s'opère

(ï une manière phyjique & nicejfaïre.


l. Régie générale : le changement d'une
lettre en une autre qui n'eft pas de même
organç^-nalt de ce que dans la langue

dérivante* l'organe joignoit à la pronorr-


ciation de la kttre changée , l'iiiflexion d'un

a^re organe ; & c'eflLceiui de la lettre

qui remplace. Pourquoi le x> de Diurnus


eft-il devenu / dans Journal? Ceft que
,

Dû La n g a g e. i6i

m ce dcrmer mot a pafle en venant par


ritalien Giorno qui fe prononce Djiorno.
m le latin
Lt' Les (lents articuloient ieules cUns
Diurnus : elles articuloient avec inflexion
du palais dans Tiulien Djiorno ; l'arti-

culation du palais eft reftée feule dans

le François JournaL
Les lettres s'attirent les unes les autres

non pas au hazard , mais dans un certain


ordre diftë par la nature & par une

opération infenfible , née de rorganifation


même. Voyez ce que j'ai dit (n^ 46 ,) fur

h lettre de lèvre Af & la manière èoht


elle attire une autre labiale en fe tranf-

formant en voix nazale. Exemple : Numc-,


rjis , nombre ; Cumulus , comble.
Les lettres fe détruîfent de même par

opération naturelle; & plus que toute


autre la lettre de g-O/^ge pL cée à l'endroit
reculé de Tinfirument. Plus Tar- ê
le plus

ticulation At gorge eft reculée, plus on


eft porté à la fupprimer. ^plus que G: G
plus que C; fur-tout au milieu des mots
où la prononciation eft^phis rapide qu^au
commencement. Exemple x^Hifpania ,
,
iillUliuui«w 5-

t6^ M i C HA N ï s M E *

Efpagne yfugere fliir , /cgcrc ^ Vive y/acra* cn.5, I

mcntum , ferment. Des qu'un mot ayant de rcgc


un G interniëdiaire paffe dariS une autre qu'ils i

langiîe , on le concrafte & le G ne s'y muns


trouve plus. Lorfquti par bazarcl il-fe trouve m ils font

une articulation double produite par deux^


organes peu analogies ruii à l'autre, ce parmi 1

qui eft une vraie dlfionaiicô faite en mentr


touchant riiiftmment vocal ; dè^ que le piri!e g

mot où elle fc trouve vient \ pàlTcF d'une fvptr ;


langue à une autre , il perd aufll-tôt cette ha\,
double infll^Kipn contrariante & difficile

à exécuter. Exem{>Ie : Pjalmus , falmo ;


dériva

Ptolointus , Tojoinei ; Pfiftr^ fifre. Selon lui en


Tapparence dans Taiicienne langue du drone:

mot , Tufage ëtoit de ne prononcer comme fion q

dans la moderne qu'une des deux articula- plus f

tions , & c'eft celle qui s'eft confervëe. , ajoute

Les anomalies vicieufes de certaines *


Barba

langues influent pareillement ici: tellement Roms


qu'il y a^ des lettres qiii , fans être du latine

même qrgane ,Tont devenues permutables d'org,

par la prononciation fautive , ou par clima

l'habitude d'orthographe d'un dialede. du n


. Notre habitude de changer l^e C & T le

#
\ «
D U L A N G A G Ei 163
celle
cn,5, (Voyez^n^ 187,) a introduit
(le regarder le C & le T, tout différens

qu'ils font Tun de l'autre , comme com-


muns , parce qu'ils le font uni-urtio. Par-là ^

ils font devenuspermutables œmmtPlaua^

place. Telle eft encore parmi le$ Latins &:

parmi les Allemdfuds, qui k plalf^nt au fifle-


ment nafal , \^S ajoutée avant la voyelle af-

pirde guttiralement. Exemple 'Hftx; vW>e :


^

fypir; -a##. {area , atrium) cula „ hall^

haîl^.falU. En cimraëc hud, en allemand


fat , en latin fatus jfemen. Les dialeÔes
dérivés du latin ont encore enchéri (nx
lui en ceci. Exemple : Quadratus fqua^
drones ; pUga fpiaggia , &c. La propen-
iîon qu'on voit ici aux* peuples Latins

plus feptentrion^ux que les Grecs pour


aioûter ce fiflement de nez , & aux

Barbares du nord qui ont envahi l'Empire


Romain pour enchérir encore fur l'habitude
latine, eft un indice de li conformation

d'organes qui leur eft donnée^ par leur


climat natal , àla différence des peuples

du midi» Ceux • ci afpirent beaucoup ; \

^
^ ^ le iLviait wiii.v i^v^v- j

164 ME C H A Nf ï S M É
ceux-là fifleht beaucoup: chcî^i cl 'eux

m. eft conduit pa»- Ton organlfatlon phylKiue


'^ à toucher les deux boltts oppofés de

l'inftrument vocal. (Voyez n^ 19.) Les


peuples pjus feprentrionaux fitlent égale-

ment , Toit du nez , foit des lèvres. Je

viens de, donner des exemples de l'ad-

dition du iiflement nazal : en voici de l'ad-

t dition du fiflement labial ; i^ipt^^f, ^^cjj^cr,

itteg vinum , ipyo» work , ï^<»fi water , &ç.


On pourfbit faire fur chaque*fangue une
infinité d'autres petites reniaw^ies cle pa-

rejlle efpece. Celles - ci fi!m|fent pour


\
mettre fur les voiesks gens qui s'adon-
*
neront à l'art. ( ;
~

191. Des trois clajpii de changemcns


dans les mots cntUrS',

'

Outre lés changemens qui fe forU.- dans

s'en fait auffi beaucouj^ j^ns


les Icctres , il

les mots entiers : ils peuvent être rangée


fous trais clafiés. . -

.^' Augmentation en tête du îrtot. {pror


ihejis )^ fcala , elchcUc : ou au milieu
'
' "

V
^
c.

/
r-

m
'»»»«»*»•. V4 UWI.V.llklV'l
^~,- • . •

w
'^

t>'v La n g a g ê. 165
{tptnthcfis) ^
gcner gendre : ou à la fin ,
Cl eux
cVft-à-dirc termniaifon paragoge ) ^
lyrique (

de
ratio ^ rai Ton. _
les fc*''.*»

Retranchement a la^tcte {apliarcfts).^


u) Les L
<^yunculiù onck; Cefaraugnjla Saragofle:
egaîc^..
ou au milieu , c'eft-à^îdir.c contraftion
-es. Je ,
{fyncope.) ambulare^ aller; ndcre^niQ\
e l'ad-
moUndlnurius , meunier ; maiiducare
le l'ad- \
jiianger ; mlidno , coufin :, ou à la fin
vcfpcr,
{ apocope) terminus terme
, , ; claviccm^
r , &ç.
bdlo^ clavecin ; confanguincus ^ coufin.
ue une
Tranfpofition des lettres ou iHj^ltabes
cle pa- ;
{ maathcjis ) comme ^«ç^i» forme : ou
pour
totale du mot entier par renverfement
l'adon-
Unajlrophè), Le renverfement cle tout le
\
caraftere radical d'un mot eft fort com-
^cmcns •nun. Exemples: Xu fd ; Lo^( folium
<^v>t.c, . y^y^ l .
A-phil i-Ai^ ihphas;
S^iba Ah(^s Abi/fin. A-neith A-thôin hœc
\L dans
'irgo : ce qui vient de ce que l'on a laiffé

rangée
les letttres clans Iç même ordre où elles'
tîolen^ , quand le mot a pafîe par l'écri-
'lire, d'une langue qui écrivoit de droite
{pror
-

i gauchie , en urie gutre qui écrivoit de -^


milieu
^ Hiche à droite^

^
€' \
. ,
iv^"-'»- •^
<lifcuiIion relative a cerraim » lUl^

c:

166 MÉC h\ Kî S M Ë î

193. Ohfcrvation fur un é^angemm


fuîgulUr quon rcncontn .[lulqucfois
dans la direction d'une lettre.

, \

^ Il eft arrivé parfois qu'en changeant la

litrne de clireftibn , on a laifTé une feule


/
lettre dans Tancienne direftion ; ce qui
a fait prendre cette lettre pour une autre
qui lui reffembloit , &: qui ^a diiféroit

que par cettt^ difeétion , comme"^ pour7>

ou b pour d. Les exemples de cette fin-

gularité font rar^es , mais il y en a ; & on y


peut remarquer cette autre fmgularitc qu ils

portent presque tous fi;r des noms de

nombres : ^i? , his : petoar ,


quatuor ;
.
A^-.

pcmpe quinque ; duiginti , biginti ou


,

duellum hélium &c. Les an-\


yigintl : , ,

de
'
cicns grammairiens Latins conviennent
'ce fait fingulier^ dont il nous refte des

/ preuves dans quelques vieilles infçriptions,


eQtr^tres dans celle de Scipio Barbatus
& qui d'ailleurs fe montre ici avec affe«

n'eft
d'eVldehce, Après tout , ce procëdé
nous
guères plus fiugulier que ceki que
pouvons remarquer dans notre mot
nu-

,..,(''

'. f >., s
.

D u La n g a g e. 1^7
Tnéral dix^ Nous le tirons du latin dccem :

^'cependant au lieu de' l'écrire avec le c

latinnous l'écrivons avec Je « grec ,


,

comm€ dans -^V^- Ce changement pure- 4/

ment matériel' n'a rapport ni à la voix


m à l'oreille , mais feulement à la vue. Je
If cite comme exemple anomal de la

peilnutation des lettres» Probablement le


.mot celtique & étrufque étant écrit ainfî
en lettres étrufques SnhlBT {p^^P^\
les Latins l'ont* grofliérement copié dans
leurs propres carafteres fort approchans
de ceux des Etrufques retournés de gauche
adroite qEITlQE {quinque) ^xttouxi^ïznt

les uns & laiffant les autres dans la po-


fition étrufque. .La preuve qu'ils en
avoient i^é ainfi pçur ce terme numérique^
eft confirmée par un procédé tout pareil
dans le terme précédent : car le H étruf-
que de pttoar eft refté dans (on ancienne
pofîtion ^.u mot latin quatuor ^ quatre.
Les nonQJ dé nombres , étant d'un ufage*
fi fréquent & fi néceffaire, font de ceux
/
qu'une nation grofliere , quand ils lui
» ,


. .

Ménage dm$ks additions, pag. 73», C3i

%
r

k68 M É C H AN I s M E

manquent, emprunte des premiers d'une


nation plus inftrulte.
L'obfervation .que je viens de faire fur

la faufle direftion d'une lettre dans certains


mots latins , eft par elle-même de trcs-

pethe importance ; mais elle fert d'admi-

nicule à des ppints ojbkuics de Thiftoire


ancienne.Elleindique(i^, quec'cft,commc
autres raifons de le croire,
il y aplufieurs
dfis Etrufques que les Latins ont première-
\
ment emprunté leurs lettrés ; non des

Grecs , dont l'alphabet eft , à^a vérité ,

fort femblable à l'Étrufque : les deux



• V-

nations ayant également Se immédiate-


ment reçu leurs cara,aeres des colonies

Phœniciennes. 1^ Que les Latins peuvent

avoir commencé par diriger leur écriture


(, à la manière orientale &c étrufqùe ,
^vant

que de la rédiger il la grecque; ce qu'ils

ont néanmoins tait de très-bonne heure;


le commerce de l'écriture çtant plus

abondant pour eux du côté dçs Grecs j

J" nation déjà fort célèbre, & très-verfée

dans les fcierices, en un fiécle oiflBs Latins


,

I
'
eu

^
,.^
ft tJ L À Tf G À G Ë. 169
d'une
fen étoient aux premiers Siemens , & où
les Etrufques cominen(joient à décliner.
lire- fur
3^ Que les noms des noi^bres étoient
ertains
probablement les mêmes en Etrurie que
e trcs-
chez les Celtes , car les mots pceoar &
'admi- ,
ftmpt font celtiques. y a grande ap-
II
nftolre
parence que les Latins les ont immédia-
:ominc ••#
tement pris des Etrufques leurs plus
croire,
proches voifîrB , dont nous fçayons qu'ils
îinicre-
ont emprunté tant d'autres chofes ,
plutôt
rjn des
que des colonies Celtes un peu ëloignéeis
mérité ,
du Latium'. 4* Que fi les Celtes ont eu
s deux
Fufage de l'écriture, ils l'ont eu àj'o-
ëdiatc-
rientale , ainfi que les Etrufques \ avec un
olonies
alphabet à-peu-près iènlblablc; chofe très-
euvent Timple, puifque s'ils ont eucetufage (ce que
criturc .
je ne croirois pas volontiers,) ilsTont reçu
avant
des navigateurs Phœniciens ,
qui faifoient
î qu'ils
de frëquens voyages pour leur commerce
heure ^ dans la Gaule , dès le tems.des Hercules,
t plus
c'eft-à-dire d^s capitaines de vaifleaiu
recs j
Tyriens. Je ne dis pa*^ néanmoins qu'ils
-vcrfée n'ayeiit pu le tenir auffi des Phocéens
Latins d'Ionie fondateurs de Marfcille.
\

eu Tomt IL , H
,,

M É C H A^NJS M E
^ tyo

Excclkns efas de la terminal/on.


.194.

Des Kuk formes de changemens ci-


la plus com-
defllis , la pàragagique eft

mune de toutes ; elle opère à tout moment


fyftéme de dérivation fur-tout
dans le ,

d'un diâlefte à l'autre , où lesterminaifons


reffemblantes font rarement
quoique ,

identiques. Elle diverfifio les mots


nrccf-

variété mar-
faires que j'ai dit n'avoir de
ciuée &c arbitraire, que
dans la terminaifon.
qui ne dif-
Elle domine dans les fyntaxes
\
férencient guères que par fon
moyen le
nom , le cas , le gen^i^ , le nombre , k
verbe
fubftantif, l'adjeaif , le degré , le
^>

le tems, le mode ,- l'adverbe, &c, d'une


même chofe ,
,gi Variant feulement h
tcrmioaifon fur xitie même racine toujours

(Voyez Chapitre XI.) Elle eft


répétée.
N un grand carahériftique des
idiomes , qui

tous fe font approprié


chacun un certain

nombre de tcrminaifons fingulieres qiuls

affeacnt d'employer. Elle règle


défigne &
daffcs de chaque modalité
gramma-
Us

/
i„
0'. S.
^ry
1 na
VJ J

^ .,•

^
DU LANGAGE. Ï7I

tîcale ; car dès que la terminailbn a com-


^on»
mencé de dans une langue pour y
s'établir

Cl-
déiigner une certaine combinaifon d'idées ,
s

eo m-
on l'adapte toujours au mcine cas ; de

iment . forte qu'elle devient la

de cette combinaifon
marque générale
particulière. Par
^
r-tout

ifons,
exemple , dans le latin , rum ou um ter-

ement minant le mot, marque non-fbuleme'nt la

chofe qu'on veut défigner, mais encore


nrccf"

; mar- qu'il y a plufieurs de ces cho/es , & qu'elles


procèdent d'une arotrtrdioib : c'eil le figiie
nai fon.
de tous les génitifs pluriels , filïorum, ;
\e cllf- ,

yen le urbium,, Imus ou iffimus au bout de l'ad*-

Iç jeftif font entendre que la qualité in-


re,
ivcrbe
diquée eft au degré le plus éminent : c'eft
^

d'une le figne de tous lesfuperlatifs ,


pulcher"

ent b rimus ; fçrtiffimus. Combien une peintura


ujours conveniionelle , fi aifée , fi brève , com- fi

lie eft
mode n'e/}-elle pas admirable dans iès

es qui effets ? Et cependant cela s'eft établi par


,

certain hazard ,
par befoin ,
par occafion ,
par

s qu'ils h.ihitude , bien plutftt que par réflexion.

défigne 11 étoit rfaturel d'opérer de tels efrcts par


l;i variété clés terminaifons ; car le premier
mouvement eft de dire la chofe , puis
'
/ Hij

«^
.•f^ '
J

7,.; ^^
t
,

Ï^J MÉCHANISMÊ du LANCAGËi


»

d'ajouter les circonftances. Cependanf


on y a quelquefois aufli employé la pro- I
thèfe ou augmentation efî tête du mot ^
l'oit en répliquant la fyllabe initiale ou
autrement , comme font les G'-ecs & par-
fois les Latins pour déligner le tems pafie
du verbe : cado , cccidi : Tiirr*t , îf rt;ir7#f

Les fix autres formes de changcmens


cy-deffus né fervent guères dans les fyn-
tapies , & ne font nés que des abus intro-

duits dans la prononciation.

Il n'en eft pas de môme de la fimple per-


mutation des lettres en d'autres de m.eme ou
de différent organe : elle eft de grand iif âge
dans toutes les fyntaxes , fur- tout pour
pcmdre commodément les différens modes
&: tems des conjugaifons. Tiwtm > Ttrv<pm^

Ugo^ Iccius ; vieil , vifum ; lire y lift\^ Cette


matière du changement & de Taçcroiffe-
ment dans les mots dérivés d'une mf*me
racine va ctre traitée dans !e Chapitre-

fuivant. Elle comprend toute la form\itioiî

de la^' grammaire dans fes paitiçs confti-

l^itivcs.

/
,

endanf
la pro- I m ya )ii )r^^* yn )^ yai
. mot,
aie

Se par-
ou
C«A P TRE XL I

pafîé
is
De raccroîiTement des ptimîtifs
par terminaifoil ,
prépofîtion

;cmen5 & cpmpofitiôn. Des formules


es fyn- grammaticales ^ & de leur va-
intro-
;

leur fignificativè.

)le pér- €95. Vaccroljffement iies mots cjl le Jignê


ime ou des idées accejfoires que FeCprit joint
idulage à ridée de Vobjet Jimple : il fert à
Lit pour donner la forme & la liaifon aux
; modes parties conjiuutives du difcours,
1 96^ Toute différence quefubit Cobjet nom^
[. Cette \mi ^foit quelle vienne de Cobjet même
croiffe- ou de Vefprit qui le confidere ,
produit
mC*me iine variété dans r accroijjement du
Chapitre- nom.
motion lyj.Des accroijjemens par terminaifon.
confti- Chaque formule eji dejlinée à marquer
une certaine variété de l'objetJimple*
J

/
Ï74 M È C HA N ï s M E

,
Les unes de ces formules font elles^

mêmes dérivées d'un primiùfjonda-


mental : Les autres , quolqu arbitraires

dans leur origine ^font devenues nécef

faires au moyen d'une première intro-'

du'âion qui en a fixé Cufage.


198. Des accroijjemens par prêpojitions.

De rorigine des prépofîtions & des

m autres particules qui forît ta liaifcn


du difcours,
199. Des dccroiffemcns par compofition.
Exemple des mots compofés de plu-^

Jiturs primitifs.
/ HOO Exemple d'un fan radical fuivi dans
»

tous fes dèveloppemens. Du verbe &


de fa conjugaifon,
101. Des termes abfraits. Des terminai^
Cons qui expriment des variétés intiiri'

féques a l' objet même ; & de la j or ce


de leur fi^nification,
101. Du nom fub!Lintif & adjecllf; & Je
la déclinai il on.

103. D: l\\lverbe,

104. ^^aniere de warjuer le changcî^tert .U


la forme fimple du yerbe ,
par le <liJf:^
I

D U LA N G A G Ç. 171

ont cIUs^ gemcnt de fa terffùndïfon principale,


^Oy.ExcTîjple du verbe accru par prcpofi^
iffond a-
rbitraircs fition. Valeur fiknifie ative de chaquf.

ucsnéccf- prépofit'to-n,

'ère intro^ •xo6»ExempU de L'aàcroiffement par com^


pofition, I

loy.La nature ne fiurniffant quun petit


'

pojitions»

ns & des nombre de pmnùïfs intelligibles ^


rhornme efi farce de détourner en
ta lia ifen
diverfes manières le fcns de ceux

npofition, quelle a établis»

's de plu--

i()^, Vaccroiffement des mots cji le fignc


uivi dans
des idées accqjoires que l'efprit joint
u verbe & à ridée de [[objet fiiiiple :• Il fer t à
w
'
donnait Li fcrnie & la liatfon auji
tzrîninai^
parties a>rfîltuti ves du difcours.
tcsintiin'

U la Jorcc ^'tï^^)^ A dérivation ,


priit en général

Tif; &dc î")!( '^ \ niciu/({iic cha([iic terme primitif


fc,4-^+^^.j<
peut recevoir avaiit ou après la

racnie Tmiple , rend c(^rte r.icine fulLCp-

î;l)le (rcxtendoi en cent manières c<Mn-


"%
ir U<har,^ »nodes 6c variées ; au moven de!(jn'j!îcs

H V

;
#>
t
^Êmi

^
jyô M E C M A N 1 s M Ë ^
yj ^'
elle'devient propm à, exprimer tout d'ui*
fluî pôiifle 1(

. vouptQutes foTtçs a idées accefToires ,


que ytrj^tCaj>iojt
refprit.peut joindre au fimple fens de la en général l'ad
racrney^ Les dérivations qui marquant le que choTe dam
cas. & les nombres des chofès , les tems^, ijuoi on peut
les perfonnes) les riombres Ôcjçs modes hiéroglyphique
des verbes font despointsli Communs en rapport de Di
», '
grammaire, qu'il ne ferpit guères'^écef- prendre pàt ùr
faire de faire des obfervations fur une
^
ï fui vrai toutes
pratique ,
qui a pourtant fa fource dans primitif, par «

une philofophie naturelle de l'efprlt. o^ compofitio


*
L'homme a Brièvement Carâftérjfé ((^n chaque cxtenl
idée acceflbire par un petit procédé dont i'accroiffement
îl a rendu runiforinité habituelle toutes les ~^'idée fimple J

fois qu'il eit trouvé dans le même cas, en dans de tels e


difant ttpiplo , yiro\ domino ; Ugitis , en cor^équenci
yicirij,r/ici/i5.Chaqi^e langue j félon fon %é* phyflque quel<
nie , étend fes mots au-deffus où àu-deffbus humaines , fur
du générateiur 5 mais plus fouvent au^effous; les Relations c
te-
-\ elle pourroît même les étendre au .milieu, lui donne ave
L'ufage de ceci a des branches infinies que les perfonnes ^

,
je vais parcourir cy-après par un exemple. réflexions , les
Je le tirerai , foit du verbe agq ^ dont la mations que Tl
racine^w^C défigne en général ce qui eft en (ttvi phyiiqu
en pointe, cç qui vpi ^n avant, ce "
i:a premier, feç

tetr L
\^% MiCH A N I s fc «
étant en ftymologie), à i

iiiBlillll f»,lj ^.^ nlit^fi jgns le lanpge ,

du genre des racines ou clets qui lom


ceci
cionatl . c\\\ 1 #»c c
,

y"
e
1> U L A^ N G A G Ê. !77
flUÎ pôufle les autres corps : foif du t
ve4>c C^/o , dont la racine (T^P défigne ''f'

en général Taftion phyfîque de faifir quel-


que ChoYe dans le creux de fa main^ fur
<Iuoi on peut remarquer que régyptien
1-7

hiéroglyph'iquc s'cxprimôit de même , au


rapport de Diodorc , & figutoit le mot
prendre pàt une main qui fe fermoit. Je
fui vrai toutes lés extenfions de ce figne
primitif, par déclinaifcn , conjugaifon ^

OC^ compofition ; en faifant obferver à


chaque cxtenfion quelle idée acceflbrrc
TaccroifTement donne en chaque \cas à
~^'idée fimple &
primitive. On trouvera
dans de exemples tout ce qui peut
tels

en conféquence d'un objet ou d'une aftion


phyflque quelconque , exciter les idées
humaines , fur Tobjet en lui-même , fur>
les telations que Tefprit lui trouve ou ^
lui donne avec d'autres objets ou avec
les perfonnes , fer les abftraftions , fur fes
réflexions , les combinaifons , les approxi-
mations que Thomme prête aux chofes \
^
en (tm phyfique, moral & métaphyfique ;
" «:» premier , fécond, ou troificme ordre p 6(
H
"X

te tr L À N G A G Ë. f 9J
ftymologie), à moins qu elle ne fe trouve
ruLrSqucas, comme /n/z--
-
M:
t

ô
•^
A

178 M
f^ È C M A H I^ M t D u L 'i

' '
<f , .
^„,.

félon les degrés particiiliersde c haq,ue ptdrc,' ^' .extrlnréqué àU'a^


i]c dis agita auMie
196» Toute diffirencc^ que julit r objet nom^
me vienne de Tobje: mtHn(equeàra.fli
y fôït qu'elle
ymême ou de Vejprït ôUi h oonfulére.^ -en ,1a rciichnt pi

cliang^er au tems
y produit une vûLri été dans ràcçroiffe" ^

. ment du nom, .
"; ,
•'-
Les accro'inciw
plient fur un mci
L'ace roi {Te ment marque iine*^'ariatlon
qi!0 robiet qui
qiii n'affcflc pastoujovirç J^iibjct.Wpifin^é

par
. moins fufceptihk
le générateur ; mais plus ïrmventjes -
^
grand nombre, d'
clrconftances étrangères , confidérée^ re-* ;
, difioâtives. II y a
lati veinent à lui ; car il fer^pour Tordir
croiflent à la fe
nairc à exprimer plutôt rcleTcicederefprlt .

nérateur ,
par ce
&:»res yue$ combinées^ fur un .objet , que :'

ce qui
don ;
prodnifan
exifte Iréellement . dans robiet. ^
Af '
par tenante à lob
L'effet des accroiïïemens eft donc de
appartenante aux
marquer les variations .extrinféques , &
rôbjet-Exemple
les variations intrinf<5ques^e chaque objet;
^ fement antérieur
les unes & .les autres fort nombreufes fur
forme de f aftio
chaque générateur ,
quoique ce)^ef;-Ià le
poftéricur ne rej
foient encore plus que celles-ci. Si je
font l'action , &c
dis agam au lieu êHago ,
je change , non
croirtément ant(
laftio'n , mai^ le tems de l'aftion ; &
^ofitions , les p
fi ^e dis a^es \. en laiffant^raftion telle
fouvent il dé(ig
qu'elfe eft ,
je change à la fois le tems j

Laccroiffehiçnt
& la pcribnne. Cette variation eft donc

»9* MÉCHÀN I S M »v LiÉf


^i^ I^^^é

tMi € r^t Ai'uélnDOtmtns.'Duvtrbt


I
• 6c la variété des idée
:

DU LA KG A G Ev ^ 179

/'éxtrlnréqné à U'aftionr Au contraire , fi

^.je dis agita auMieii c\\ii;o.,h v^nufiori cù.


^
intrinîcque à r^aioii,^]'e^^hange la fl.rme ^

'
en , la Tcinhnt plus frccftiente , fans'r;ien

cliang^er au tems ni à'îa pcrionne. ,

Les accro'ifftfiiiens varient .& fc niulti-'

.plient fur un même générateur, à mefure

que robict qu il cxpriirie cft plus ou


moins fufceptihlev de^e e^ouver !ié à un ,
-

grand nombre. d'idce$ acceflfoire^ & mo- ^

. difioâtives. Il y a ùne-.inJ(initë de mots ^li


V
croiflTcnt à la fois aVant 6c aprcs le gé-

nérateur, par compofitiôri & par dériva- ,

fron ;
prodnifant-i^ariété intrinféquc ap-

V partcnant« a l'objet ,.& variété e^Vnféquc


appartenante aux relations confidérées avec
robjet-Exemple Suf<ip-iunt.lc\ raccroif- '

^
^ fenient antérieur change quelque chofe â ja
'

forme de radion Simple : raccroifTémenf


poftérieur ne regarde-que les perfonnes qui
*

font l'action , Se le t^ms où elle fe fait. 'L'ac- ^

croirt'ement antérieur comprçnd les corn- .^ îif

^ofitions , les prépofitions , &^c. Le pliis

fojdvent il défigncLUfie variété intriniéque.


X,
^ ^

V ^^Hvj

;;

BV LiÉf6A«I. t^f

&c la variété des idées sicce0aires qu'on


«8o Mi C H A K I s Me '
D t
çllnaifons, les genres, les conjugâifoiU, &é.^ nécejffa.

La variété tfu'il défigne eft le plusfouvenf I introdîi

extririféquçr Mais ce n'eft pas une règle ; Il paroît


les langages ayant plutôt été febriqjués par dans les tei
routine qnf fur un planrégulier,&c imnHiable«' eu raifon d
Pour marque? le tçms pafle , la langue? foumifes dar
latine augmente le verbe 9u commence- générales ; i

ment dans çtcidif &: l'augmente a^la fin terminaifon:


4ans creJidL . Il (uffit ()our changer de une même
terminaifon qu^il naifle dans Tidée une que fi on C(
/
diflGérence'qu^tco^4"^- Laméchanique des .

ufiiellesdW
terminaifons fert beaucoup à caraâérifer feule racine <

la nuance des idées &: des fentimens» grand nomb


On le voit par l'exemple (Xami ^âi amant, effet ^que Te
éù deux mots diffêrcns partent de h même font en petit
racine génératrice pour exprimer deux Tonf^achelc
pafliom ïbrt difFérentes , parties du fenr bre auffi , &
(?
timeQt, Hain^cr cpii leur eft commun* langue aune
ï^ Des accroiffcmcns par urminaifâtù fçaura la lar
Chaque formule efi defiinit à marquer ce que fignii

%he certaine variiti de Vobjetjimple^ j^^nnoître ]

Lei Unes de ces formules forit elUs^ genre d'idé


mtmes^ derivies d'un primitiffmda'* jdrndre : &
mentaU Les autrvs p quoiqu*arbi'» total. Je crc
*"
Uairesdofesiuft origine,fo/ft devenues fophiquçd'ap

I94 Mi€ R AHXS M i


.^ .
.M UJ. I W1-- I
J.-WI
P m. n.m II I.J I I.. I
-— — ^i^jn^

lent ni n'éco
v).
'^,

>

ï''^
D V 1- A KC À GtE. ffr
niccjfaircs au moyen d^un^" pj^mien
il introdu^on qui en afi}^i Tufagc. ^

Il y a beaucoup d'arbitraire
paroît qu'il
dans ks terminaifons. Gepcndant on a^
eu raifon de remarquer qu'elles étoient
foumifes dans toutes les'Iatigues à des loix
générales; qu'en chaque langue ,. chaque
termirïaifon indique prefqg'invariablemenî

une même idée acceflbire ; de ipaniere


que fi on connoit bien les terminaifons
ufuelles d'une langue , la connoi/Tance d'une

feule racine donne fur le champ celle d'un


grand nombre des mots de la langue. En
effet ^que l'on fçache les tcrminaifons qui
font en petit nombre^ & leur ufage ; que
Ton f^ache les racines qui font en petit nom-
bre auffi , & quife reffemblent toutes d'unie
langue à une autre , on peut dire que l'on
fçaura la langue ; car dès que l'on f^ak
ce que i^iiie la racine y il eft aifé de
a:<^nnoître par la terminaifon quel eft le

genre d'idées acceflbires qu'il y faut


jdindre : & alors on a la. fignificatioh da
total. Je crois que cette manière philo^
fophiquç d'apprendre une langue eft lapluf

*H\

to tJ La^ K G A c f. icn
, Qw (jm ne ^^Xi,
<" *»
lent ni n écoutent. l:,es caraftériftiques
tSl Mi G HAN I S M E A
•n

expéditive de toutes pour un homme/]uî a en tio le fra

1
y

l'efprrtforn1e!& rha!?itude de combiner. raifon ; lecîi

Mais puifque" les -


tcrmin.iifons -font i'efet.delatr
foumifes à cies loix gënérales , elles ti^- loi générale
tient d'afTez près au nëceïïaire delà for- terminciifons
motion des niof?; non pas peut-x^trç à la formées &c d
vérité clans leur principe , mais feulement & uiîté , ex]
dans leurs progfès. On a dit ifjlmc pour le défignent ? C
(igné du fuperlatif; &. Ton pouvoN: , ce terminaifon
me femble , fe fervir à volonté d'un autre défigner un
figne ; mais l'exemple , la clef une fois qrelque cho!
pofée dans uii cas, a fervi de; modèle où il fembk
pour' tous, les cas pareils : iffimus cil talement for
cfevenu le figne génerarl des fupfltlatifs. Je figne radi(
Cette 4-cgle s'eft établie dans le T^afTa^e fignifie le fci

•des mots d'une langue à une autfe , étoit bien cl


^v mèmt lorfqu'alors le fignc des terminai- brûlant ; &
fons^^uruel pour un acceffbire , nVft pas Séneque font
le m^îmedans les deux langues. Quand le choix déterm
grçc ternjifie en &5f ^ le lati.i ter- & ab ornriï I

mine? en i£îmm. Voilà pour les adjeftifs. On a fait ui


De même pour les adverbes ; quand le terminaifon
latin terrhine en/^r,^ le françois termine confiance en
en nient : fortittr ^ fortement. De même modeflus , h\

pour les fubftantifs : quand le btin termine terminé ^


en

198 M i c H XN I 5 M 1 /

ÎS CEP—.... eram.\ Ce (l toujours le


-^
ou L AK G A G E; l^f
en do le françois termine en fort rhtio ^

m
, ;

raifon ; lecîio , liçon. (le qui efl moins


i'ejïet;de la traduction que <le la ^orce ci'iine

loi générale d'analogie. De plus , les

terminaifons ne font-elles pas quelquefois


formées &r dérivées d'un pfiniitif radical

& uiîté , exprefTif de facceiToire qu'elles


défignent ? On fvoit, par exemple , cfuc la

terminaifon latine uriré cd appropriée à


défigner un defir vif &: ardent de faire
qrelque chofe ; miclurirc , cfurirc ; par
où il femble" qu'elle art été fondamen-
talement formée fur le mot iircrt & fur
Je figne radical w> qiil en tant de langues
fignifie U feu : ainfi la tcrnlinaifon urirc

étoit bien choifie pour défigner un defir


brûlant ; &c les paroles fui^^ntcs de
Séneque font fentir qu'elle eft l'effet d'un
choix déterminé : Ah efuricnte^ àJitUnte ,
6* ah omrii homine^utm aliqua rcs urit^
On a fait une pareille remarque fur la

termmaifon fins {At fio) qui défigne la


confiance en une habiturfe morale ijujlus ,
modtjlus , honejîus y(wx le verbe inchoatif
terminé ^
en efco qui défighe . devenir :

t>v Langage. 199


^5!

/

/
Atkifc&^fripfco yjtmjco , foit qu'il vienne tn fori

^tx & de la locution ^/2f^ cxto ; Iblt cipal cl

que employé commô avec 1

\\nîvc\\x\itfc:trt y (bit
cette
închoatif d'<î^. Ehi mâmc genre de loi gé^
n^
:

nërale réfultent les drminutits, les aug-* vraie <

mentatifs, les inccptifs les fréquenta-* pas dar


,

tifs, &c. où l'idée primitive (e trouve que la

confiai
toujours modifiée par l'acceffoire <jue

a bien la raci
Faccroiffement défi^ne. Il y
^y
d'autres exemples à tirer de la langue objets

*latinc fertile en terminaifons où l'on llefli


,

Voit comment tio indique l'aftion d'une


manière abftraite Captïo* Tor indique fempll
;

de actrice
la pcrfonne qui fait pifofeffkjn faire

\ Faftion, cap tor. AX défigne F?iptitude à aclrix,

Faction capax. Acuas , le penchant , le dire v


,

talent de mettre raptitude cn\aÔipn termlr


^

capacitas &cc< appro]


y

L'opinion de quelques T^availi gram- tlon :

eft pi
mairiens cft que toutes les termirtaif^ns

ufuelles des langages ne font pas puremlént termii

arbitraires ; mais qu'elles ont leur origFne degré

dans certaines racines , qui feules & iiôlées des c

exprimoient fondamentalement certaine* comn


figmâ
idées ou objets ; racines qu'on a jpintes

lÔC M É c M À N t 5 M i
fiitur indéfini , lorfqùVn ne marque paj
v-^'-' V*

T> V Langage. iSç

en forme de terminaifon au mot prin-


nenm
cipal chaque fois qu'on a voulu exprimer'
; folt
avec l'idée acceffoire que défignc
3mmô lui

loi gé^ cette racine. Cette opinion me paroît

en plufieurs occafions., mais non


Or-v

s aug-* vraie

jenta-* pas dans toutes. 11 eft certain, par exemple,

roùve que la terminaifon Jlus qui exprime la

î <jue confiante habitude des m.œurs eft nëe de

bien la racine /o qui défignè la fixité des


,

angue objets phyfiques : Ji^Jl^^ ? ^"^ J^^^ Jlans.


».

eft certain encore que les terminaifons


j Yon 11

d'une ijfc & ice qui ajoutées au mot défigncnt la

km^\\Q^cotti\r\tprinccJ[t,prhrtjj€yComt€jfc^
idique
actrice; Pnncipejfajacerdotifa^cornitijfa^
î (aire

ude à 4f7r/A:,viennent de l'orient'ali/cAtf, qui vei^t ^^

dire vira femelle. U eft probable


q\xt la
nt , le
terminaifon culum vient de coio , mot
approprié au terreln , au lieu , à Tbabita-

tion rcceptaculum, rcceptandi locus. U


gram- :

eft probable encore que Wn ^fjjimus ,

terminaifons appropriées à défigner le

degré fuperiatif des épithetes , ne fant que


riglne
des coups d'organe appuyés fortement,
comme la nature indique de le foire pour
tame*
pintes figmfkr 6c dépeindre un plus grand degré

It^V LAWGAGi.
,

*,

l8^ M É C H A N I s M Ë :f.

de force dans la qualité exprimée. Maîs_


il
y a une infinité cl'aïit^res terminaifons
dont je n'entrevois en aucune' manière la .

çaufe néceïTaire & primo^iale. Telle- .

ment que je fuis tenté de !es juger pnre-


ment arbitraires & fabriquées fans autre-
inotifque cejui que je rapporte, n^ 19S.
De ce genre font les déclinaifons ou les

conjugaifons. Lorfque fur la racine ns ,

& 'fur le primitif rtor on a fait par le

participe ratus les mots ratio , ratïonis ,

rationi , rationtm , a/fignera-t-on à ces


développemens accefloirer» d'autres caufes

fignificatives que le fimple ufage ? Il n'y


a rien autre dans ces inflexions" qui marqtie
qu'elles font originairement appropriées

à exprimer le nominatif ,• le génitif, le

datif, l'acufatit'. Mais je conviens bien


que quand l'inflexion eft une fois établie ,

elle acquiert un empire dans le langage


& une efpece de nécefl[ité d'cître toujours

employée en cas pareif , où elle fcrt


y
d'exemplaire , chaque fois qu'on veut
ajouter un fcmblable acceflbire au mot
principal. (Voyez n^ 194). '

AMI 4 M C
rntntni» Tai^inn . mioiau'abftraite , €ll
, ^

- 4*

^ Ë . D IT L A NC AG t. 187

imée. Maît^ 198. Des accroijfemcns' par prcpojitions.

erminaifons De l'origine des prcpofitiGris & des

:
manière la .
autres particules qui font la liaifon
aie. Telle- .
du difcotfrs. ,

juger pHre-
- L'accroiffement en tête des mots y
s fans autre-

te, n^ 198. .
amène une quantité fort variée d'idées ac-
ceffoires. Ceft un effet commun des
pré-
ifons ou les
pofitions qui pourroit fournir la matière
racine res ,
,

fait par le
d'un Chap'ft^e très-phiîof©phiquc fur\leurs
leur
rationis caufes , leurs racines , leur force ,
, ,

effet leurs fignifications , leurs vaiiétés.


t-on à ces ,

utres caufes Je ne que toucher cette matière


ferai

âge ? Il n'y en fort peu de mots dans un exemple

qui marque que je donnerai , &


feulement pour met-
Voyez: n^ 103. ... )
tre fur les voies. (
appropriées
génitif, le
Ciiacune des prépofitions a fon fens pro-
pre nioic qu'on applique à beaucoup
iviens bien ,

d'autres fens par extènfion &c par


appro-
bis établie

e langage ximation. Elles font des formules abrégées

tre toujours
,

dont Tufage eft le plus frapant & le plus

commode dans toutes les langues pour


Il elle fcrt
y elles font elles-
circonftancier les idées :
qu'on veut
m«3mes racines primitives ; mais je n ai
ire au mot
pas trouvé qu'il fi\t poiliblc d'afligner la

DU L A f« w A 10}

ite eft
nature
/* r -Il
^ nom leur propre
par 1^ prSpre lornic
fc ,
mapipiiiiii
i*»^-.
w

188 MÉ CM AN î s 7* fi
M
taufe de leur origine : tellement que j^ert

crois la formation purement arbitraire.


Je penfè de même des particules , des
articles , des pronoms , des relatifs, des
conjonftions, en un mot, de tous les m6no-
fyllabes fi fréquens qu'on emploie pour lier

les paroles d'un difcours ^'en former urte


phrafe conftruite , & lùr donner unfens dé-
terminé pour ceux qui l'entendent. Car ce
n'eftqu'en faveurdc ceux qui écoutent^qu'on
introduit cet appareil de tant de conjonc-
tions. Un homme feul au monde ne par-

leroit que peu ou point. Il n'auroit befoin

d'aucune de ces conjonftiôas pour former


fa phrafe mentale : les fculs termes prin-
cipaux lui fuiraient ,
parce qu'il en a dans
Tefptit la perception circonftanciée , &
qu'il f(jait aiïez fous quel afpeô il les em-
ploie. Il n'en eft pas- de même , lorfq»i'kl

feut exprimer la phrafe au dehors. Un ^as


de mors ifolés ne feront non plus une
phrafe pour l'auditeur , qu'un tas de pierres
toutes taillées ne fereient une maifon, fi

on ne les ai'rangeoit dans leur ordre , & fi


pn ne les lioit avec du (able 6c de lacfaàux*

U A AMA ^fe^
la frrminaifnn fnif é»nfpnrlrp. C!ar 1 actiOli
l) tr L AN A CI. t80 y
m
€iit que j^ert
L'apprêt 4c cette efpece eft très-jprcffé .

it arbitraire,
pour un . homme qui veut fe faire en-
9'

tendre. Cependant la nature, les images


ticules , des
relatifs , des l'im'itation , Tonomatopée , tout lui «

manque ici ; car il n'eft pas queftion de


)us les ïn6ncH
loie pour lier
peindre & de nommer aucun objet réel »
mais: paiement de donner à entendre des
i former une
petites combinaifons mentales , abftraitet >i*-

erunfensdé-
&c vogues. Alors l'homme aura yxiç pour
idetit. Car ce
conjpnftions des premiers fons brefs 8t
:outent,qu'on
vagues qui kii venoient à la bouche.
t de con jonc-
L'habitudcî en aura bientôt fait connoîtrc
onde ne par-
'auroit befoin
h force & TemploirCcs petits fignes de
liaifon font reftës en grand nombre dans
pour former
chaque langue , où Ton peut les coi)fidërer
termes prin-
[u'il en a dans comine fons radicaux ; 6c ils y ont çn effet
kurs dérivas.
ftanciée , &
II ne| fcroit pas aifë de dire par quel
eô il les em-
motif tant de langages ont fait choix de Tar-
me, lorfq>iM

shors. Un ^as ticulatipn gutturale Qu autrement z grec ^

ion plus une


comme d'une racine & clef générale fçr-

\ant à dcfigner les relations , à faire en-


tas de pierres
tendre qu'or; vouloit exprimer ehtre les
[le maifon , fi

chôfes dont on parloit»un rapport d'exif^


r ordre , & fi

tcnce, de forme , de qualité , de nom , de


icdclacfacaiXâ

D y L±K&A g W'
,

190 V MÊC H AN î s M «

tems, de lieu , de nombre, de polition^


en un mot, d^dées & de perceptions quel-
conques, tendant à les -comparer , à les

rapprocher , à s'en enquérir , à Ws mettre


eniemble de quelque manière que
ce,>foit,

fautr^. Cette
|*îi
•>'
à parler de Tun à^ propos de
à former tous les pronoms
qu'on
racine fert
appelle r^/^r/'/i : on l'emploie à tout mo-
'
ent comme confynction pour la liaiion
on en tire l'expreffion géné-
^u difcours :

des qualités , des quantités , des de-


rales

mandes ou enqucties fur le tems , le lieu

durée le nombre i enfin de toutes


la ,

aux
queftions qu'on peut faire relativement
ou aux idées quils excitent. Tels
objets
font les mots qui ,
quœ ;, quod ,
quis ,

quidam quiquunquc, quaiis, quot, quandoy


,

quur quia quart


quantum ,
quiijas , , , ,

-juidem^ qua-
quum y quorfum^quoniarfi ,

fiio^ quarcre^
& beaucoup d'autres, ainfi

en latin foit en
que leurs dérivée, foit ,

d'autres langues , où celte petite formule

quc.^chi, chc^ eft du


çonjonaive qui y

difcours;
plus fréquent ufage dans le y

Oi> met quelquefois les prépcfuiciis

11 nliK d^accroK-»
,

/M'W.,

éêm:
s M « ^ r> V LA KG A G I. lût

-e , de polltlon ^
•es unes: fur les autres , comme danj
prioccupation : en ce mot il n'y a rien de
~

erceptions qiiel-
iimple que la racine c'.//? qui .(iefi^i.e en
omparer , à les
général Taftion. de prendra : ]c fiis-plus
rir,à Ws mettre
€11 compofant le verbe c.ipiô par ch-capio
lere que ce;,>rpit,
ou oc-cupo je déCgne que je m'empare
de Tautr^. Cette ,
,
que je me mets dans le lieu dans la place
s pronoms qu'on
,
;

mo-
ce qui eft plus que de prendre fimplemcnt*
Dloie à tout
Si jVajoûte une féconde prépofuion /?r^-
i pour la liaifon
oc-cupoy j'ajoute encore à l'idée, enexpri- -
îxprefiîon géné-
mant que je ni'empate d'avance. Mais en
antités , des de-
détournant le àiot préoccupation du (^lu *

e tems , le lieu
phyfique au fens moral je le particularife
enfin de toutes ,

relativement aux
& j'exprime qu un fcntimtnt s\jl emparé
d'dvancldc lUfprit,
excitent. Tels
. .

Is

,
quod ,
quis , i<^(). Des" accroijfcmcns par compofition. •

iSy quoty quandoy Exempte des mots compofes de


,
quia y
quare , plujiturs primitifs. .

t
,
juidem^qua'
Les mots de cette Éibriqué font des
p d'autres, ainfi
mots compofes ; mais la compofition
i latin , foit en eft

• petite formule
i^icn plus forte , quand le mot, quoi-
que paroiffe fimple , tcft , ainfi qu'il arrive
hi , che , eft du
'^^uvcn.t, cotnpolë de deux primitifs bien
e difcours. ^
^iftinâs j &c fouvcnt aufli ces primitits
les prépofKioiis uc

i-

nliK d^accroK-
V

te U L
••t

étant en Ptymologie), à i

font pas ulués dans le langage , ;

font dans les dérivés


du genre des racines ou clefs qui
j

c«ci
cipautéj où lesc
pjelque toutes inufitées. Par
exemple^
de la féconde r;
Pri/ia , Pri;2i:e/5 eft compofé de /7rï/wwi,
trouvent toutes
>< & du grec ««^^«•. ^^/^/^^ i ^*^/* O^ voit
leur ordre.
qui en
ici uae coiitradion de deux mots
* exemple
La filiation f(
françois fignifient frtmur chef ;
ment çrtcore dai
qui , remarquer en paffant , montre
poîir le
deux primitifs o
Tor-
que ranalyfê du mot donne pour avifé, en les tra
dinaif^ fort bien la définition de la chofe.
une autre , de L
Et fi on contraftoit ainfi les deuxVmots
cher une fyllab<
françois PrmcAf/, on auroit quafi le pur
feroit bien
mot. De Jus'dii
\ Jatin Prinups; ôcjadors le mot
JuJicare y puis k
plus rc<;onnoiffàble ^Prime. Le
(ranijpis qu'il ne
double
Alors le mot pi
Teft par le^terme ufîté
auroit peut-être
de.
élément employé dans la formation noitre foft origine
tant de mots en peut rçndre
la filiation
tement éclairé p
une
|r^s-difficile à fuivte d'une langue à
tion. Mais à d(
beau-
autre i fur-tout quand ih retiennent remis fur la voie
coup de run & perdent beaucoup de l'au-
mots parallèles i

.
tre , comme mot Prince qui n'a
daps le
ques-uns peuvent
ccnfervé que Tirtitiale de fon Ccond
élé-
membres primiti
perclre
ment car alors il eft fort aifé de.
;
comme ici le me
primordiale élé-
^ «
de vue la fignification
Tp/nc IL
guide en
mentaire, (qui eft le meilleur
..
,
étyniologi-v)
\

MÊGRAKISMit
bU L AN G À G f. fçj - ^-

Ptymologie), à moins qu'elle ne Te trouve


dans les dérivés fubféquens, comme prin^-
cipauté^ où lesconfonnes caraftériftiques
de la féconde racine aps , caput le re-
trouvent toutes fans exception &: dan»
leur ordre. ^

La filiation fe préfente plus difficile-


ment çitcore dans mots compofés de
les
4
deux primitifs complets , quand on s'eft
ôvifé , en les tranfportant d une langue k
une autre , de les fyncoper & de retran- . V

cher une fyllabe radicale au milieu du^


mot. Dq Jus'diccrc compofé on a ikit le
Judicarc^ puis le fyncopc Jucan\
Juger.
Alors le mat prend un air ,fimple.
On
auroit peut-être quelque peine à recon-^
noitre foft origine, l'on n'étoit
fi
promp-
tement éclairé par l'identité dç
fignifica-
tion. Mais à défaut de ceci
on feroit
remis fur la voie par l'examen des
autres
mots parallèles & dérivés , dont quel- /

ques-uns peuvent avoir confervé


tous les
membres primitifs dç la compof \)n ,
comme ici le mot Judiçatun.
Tomt IL I

I
,

V.

194 Méchàn I s Ml "•


ÏV t
dani ^fit d'une manière fc
XOO. Exemple d'un fort radical fuivi
6c la variété des idé<
tous es divclopptmtns.'Du vcrhc
f •

ajoute à ridée (impie.


6* de fa cànjugaifori*
D'abord Cap âéfig
Rendons cei réflexions ^énëralerpftus tien ph3rlique de fàifii

par un. exemple détaillé , qui


en
fenfibles le cireux de la mainY(
montre la teneur & la luite , entée fur
image que dans (on
une feule Examinons le mot Capio^^
racine. (ans doute plus fen(îbl

i le fuivrc dans tous fes développemens en facilitoi^ Tintellig

dif puis fon plus petit germe r^^


«* ^* fidèlement exprimé j

Cj dont on s'eft naturel-


Jettre de gorge lorjqu'en leur langue il

j^ur peindre par le fon


lement fervi pnndri par la peîntu;

rifuige du cre\ur(Voyez-fl^ 193O «" ^^


fermoit. Car on ne
de
fervant d'une ^culation profonde dans la première naifl
rinftrument voc4. Elle cff en effet
le
les hommes ne foie^t i

premier germe de la ï^ Cav , Cuv , Cap , t&ultés, &:de toul


Cup , qui englobe toute cette daffe de kur corps , pour aidêi
niodalit^ d'êtres &d*où font nés Çavus;
i ' fct faii/e mieux ei^tendr
Cup^yCaupoy &c. Mais je me reilr^ins
dire. /Ce font autant
à Càpïa ou Cupo:^ pour, le fuivre dans teht un peu plus de i

cliangemens ou accroiffemens ; les uns


fes dans un© peinture 9 ]

cxtrinféques , les autres intrinfeques ; les


impar&ite.
terminaifons les autres par
uns par ,

prépofitions ou compofitions. Tous mar-

V,

aiÔ Vit C H A N I s M 1
^

•*»• ,....{.-

ijucnt d'une
tV L eAè
manière fort brève
I.

la quantité
m» —

6c la variété <les idées acceffoircs qu'on


ajoute à ridée fimple.
\
D'abord Cap aéfigne en général Tac-
tîon ph3H[ique de fàifir quelque chofe dans
le creux de la m3Lih\ç^eûràr&tc prendre:
image que dans (on origine on rendoit
(ans doute plus fen(îble par le gede , qui
en facilitoi^ rintelligcnce & qui étoît
fidèlement exprimé J)ar les Egyptiens j>

lorjqu^en leur langue ils écrivoient le mot


prendre par la peinture d'une main qu'il

fèrmoit. Car on tie peut douter que


dans la première nai(rance des langages y
les hommes ne foie^t fervis de toutes leurs
'fô:ulté$ , &: de toutes les habitude^ de

leur corps , pour aider au (on de4a voix^


& faire mieux ei^tendre ce qu'ils vouloiént
dire. .Ce font autant de traits qui met- ^^^
tent un peu plus de netteté & de vérité A,
dans un© peinture )
9 par elle-même fort
'
impai&tc.
V
«^
> 4'

lij

V
, 'f

r I94 MÉ€ H AKIS M t


( Moi q«i 'parle*
Jii ^î parlent, qi

"**
lent ni n'éco
Toi i qui #tf P*f ie»

••• ««ii^* •••••<• it t


g.
Une titrce gèrfoone <|B(|iii >C. ne varient pas
M k un ^qui

Noui {bnni«t plufitun* I Afirle', Ta ui


• f B
* *
V «s
Vou$ Itci plufieari
.'

font plufieurs
^Ily enaplufieuM.
Mus , Tis y n\
/ '1 "

'

ici raàlon , les perfonnes ; CEP^

f»»r^S»
6c le npmbre des pcrfoJine* »^«M '

••M ••••

font les mêmes. Il .n'y a que \»** *» •• •••• •••• •••• ••*t

;1e tems qui changc^fe n'eft


M>
}
'^liis ^:émoment prdcnt r c'eft
• (

-'^ •^^'^-
1 un mcâi^ent paffé, itiais ré-

*-••-•—•/î/.j cent & indéfini.


y- mais le pafTé
1*

. Rémarquez comment dans un fcul mot le 4!Qârquer e

fi chargé d'idéeîî acçeffolres , tdbt çft quelque chofi

marqué chaque idée a fon membre^,


;
& nérateur du i

les formules analogiques font |wr - tout de Cap, Cet


confervées fur le premier plan donné, lorsqu'on pa

Cap-icbét-rà ; Cap c'eft Taftion ; Ubd logie confei

r'
c eft le tems de Taftion ; m c'eft à la toute occafio

fois la perfonnc ^ui agit, & le nombre drc le tems


inarquant^'ily a une ou plufteurs perfgnnei »Aion.

j
,

m 'i'

te jj Lan g a g i . igy

^1 parlent , qui écoutçnt > ou qui ne paf-


^^^ caraftériftiques «Ni.

lent ni n écoutent. Les


ne varient pas & font çonfacrés : fçavoîr

Af à \in ^qui parle , 5 à un à qui on


\firlef , Tà un tiers dont on parle ; s'ils

font plufieurs on accroît la dérivation ,

Mus , Tis , nT.^

CEP^ .../. >j . Même remarqué.'


JMM /^i.
Tout reftc dans le ^'%
I

•;/.
1 même ordre que
Ïcy-déffus, excepté
• M>
le tems. Ce n'eft
&
plus le préfcnt , ni
crunt, J prefque préfent
le

mais le paffé décidé & déterminé. Pour


le^4îQârquer encore mieux , on a changé
quelque chofe dans le Ton v oyel & gé-

nérateur du figrie radical : dp au lieu


de Cap, Ceft ce que Ton fait fouvent,

lorsqu'on du tems paffé. L'ana-


parle

logie confervera ce changement en


toute occafion où il faudra faire entent

drc le tems paffé .du même verbe ou


»Aion.
, ,

^^>
CPf

W M

198 MicH ANisMr /

lufqu'ici
^^ïS ^EP"""*- •-•
«%
eram. ) Ce ft, toujours le |i #. 1

tems paffé mû% d^une manie


,
'S,
parlailt d'ui
plus que paffé , pour
'^^^ ainfi dire moins a prifc ,
qi
;
eft encore '

« .,, ..',.^mus, \ P^^^^ cependant ;


acèeffoire
car il eft plus que <j

;—•••"! US, qu'on appel


Pi?rfeit:&: plus in-
•»•» «tn •••• «te» iiio ••#• •i«>a<»vf|# la manière

4i-

CAP" •• — • —• lam, Y Ici le tems chafigo CAP -ri


. >Erp
tout-à^Êiit. Ce n'eft
plus ni le préfent
»%« •••• Ml* ••• ««M •«•••••« •••J^^,
ni le paffé ; cUA le
La manie
Aînfi voilà dicative d'u
lemus. (futur.
les trois tems pof- ne fait pas I

••»• !••••••• •••• •••• «••• '^••IftlSm


fibles piiTaftion ie qui à quel
#•••••*« •>«•••.••••••••• ••• 'lenL
peut làire le pré» fcturrC'eft
,
,

font, le paffé & le futur , marqués ,mêm^ ne peut a

ou dégradations en perforine
avec, leurs nuances
plus ou en moins. Car il y a d'autres
car on ne f

manières , auxquelles je ne m'arrête pas même , ni 2

feulement â
de marquer par la terminaifon les tems ;

l'impératif
indéterminés ou aoriftes , les preique-^
futurs les futurs éventuels , les futurs
Commande
,

les paulp-poft-futurs ^ &cc>


moment «'mi
paffés I

. \

«H
1b V L A N G A O E. 199
m Jufqu'ici l'aftion eft nettement indiquée
o -^

d^une manière certaine &c aibfolue , comnae


parlaift d'une chofe qu'on prend ,
qu'on
a prifc ,
qu'on prendra. Cette manière *

eft encore un élément de la penfee ou

acèeffoire qu'on veut jàire entendre 6c


qu'on appelle , en termes de grammaire ,'
la manière ou le mode indicanf.

Expriiqe que c'en Qm j'ordo&M in frut4f*i


I iroutj
.:V:----r.''
N,7

La manière changé : elle n^eft plus iti-

dicative d'une manière toute diécidéf.^^


',., « </ , .

ne fait pas l'aftion: on ta commande : c#


qui à quelque chofe d'éventuel & de
fcturrC'eft ici le mode impéraiif ^ qui
ne peut avoir ni première , ni tierce

perforine, mais la feconde feulcmeat t

car on ne p%rle pour ordonner, ni à foi-^

même , ni au tiers qui n'entend pas , mais


feulement à celui qui écoute. Il y a dans
"X

l'impératif un futur préfent , Jorfqu'on


Commande Taftion pour être faite au
moment «même Cape , Capite : 6c un
:

V liv

^
160 MÉ C HÀ H ! 5 M^^^^i

hitur indéfini ,îoriqûVn île marqu pai


le moment iCapitQ , Cofitcte. Quelques
langites emploient me nie une terii!inài Ton

impëratîve, Iptfqtié raftion du verbe eft

préfcrite en commandement à la tierce


perfonne : Capiunio ; tandis que d'autres
langues en pareil cas n'emploient le verbe
qu'en fubjondif; Qu'ils prennent; ce qui
r
me paroît plus régulier.
Ce
fonncs
rCAP ""t4fn» *s Y"" m^*.»»*.,mt»e/'en^
de ra(!
u » **2 I •••••••• !••••••• '••^*jf,
condit
Ê 1 .» —/.
'^
'^mus.
y ait 1

.0
cède c
au pre

CAP i

— /.
CEPi,
git plu

On n
d'une
— ri/.
de T;
w^ ^••M MM •••• •••• **/!•«
manie
lu V L A N G A G t« Ml
VJ.II11 •••• "éro t

• •#« •••# •••• •••• c^i»»/f^

B
.3

«A

6 "^imus.
o

— mj.
l ^^^int.

C'eft la même fuite de tems,, de pcr-


fonncs , & de formules ; mais la manière
de Taftion change ; elle eft dépendante 9
conditionelle & éventuelle ; z/r c^/?/^/n ,

Ji cepijfcm^ cùm cepcro, Auflî faut-il qu'il

y ait un verbe de mode certain qui pro-


cède ce mode-ci , qui n'eft que yîi^u/iff//
au précédent. .
^

CAP cre. Ici- 4cs idéfs acce/Toires ont


I
CEP ijffe, j extrêmement changém ne s'^-»

gitplus des perfonnes ni de leur nombre.


On n'y'confidere que l'aftion même,
d'une m^iere abftraite , indépend;»ntc
de l'agent : Capcre ,
prendre. Cette
manière indéfinie de confidérer par ab-
,- j

ftraftion a été nommée U mode infinitifs

H—wy
,

^0% ; M É C H AN ï S Mf
eft
Comme Paftion ,
quoicju'abftraite ,

encore fufceptible d'être confidérée dans


le tems préfent, paffë ou futur,
on a
confervé au figne radical defterminaifons
appropriées aux tems
£e|te maniera abftraite de ne confidérer
que l'aftion du verbe tourne le verbe infi"
nitifcn un efpece de nom fubfiantif \n^

iéclinaWe, qui "fera le générateur de

divers adjectifs fervànt à exprimer la

qualitébu épithete défignée par l'aftion


relativement aux tems, aux geAres, aux
pcrfonnes 6c à leur nombre : fi b'en^que

lé mot prend a l'infinitif une forme mixte,


de conjugaifon
fufceptible à la fois
de &
dcclinaifon , félon le bcfôin qu'on a
de

s'exprimer. C'eft un mot qui participe du

nom & du verbe.

CAP icns ,
préfent aftif. \
^^j^^ j^^ ^^^
^••^•'•—'turus y futur aftif. Ijeéliis qui par-

^ - tui, paiTépaffif. ticipent de la

w.. itndus, futur paÎEf. ) nature du Ycrbe,

puifqu'qn y marque tems de Taftion ;


les

inais ils participent encore plus de la

pMBBpnaiiaMiii
,

D V L A W 4r A ^' M.. lO)


l
nature du nom par leur prèpre forme ,
ite , eft
fufceptible des genres &C de la déclinaifon.
irée dans
r, on a Cap tus ,a , um. CAP iendus ^a j^um^
fiinaifons
/. Mcndi,

<m9m •••• •«•••* *M^,


—(7.
onfidërer
••—*»-'-utn% t«*« •• '•• t "I/Zlli
erhe infi^

antif in-^*
Tous ces mots participes prëfentent
ateur de
l'aftion fou5 divers rapports qui font trop
rimer la
connus par l'ufage pour m'arrêter ici 4 Icf
l'aftion
dëcrirej'un après l'autre, Obfervons feu-
\Tes , aux
lement que lorfqu'on a été dans le cas'
b:en^que
de fabriquer de francs fubftantifs dérive»
ne mixte,
du verbe on lés a fait émaner du par-
fon & de ,

ticipe.4 plutôt que de tout autre endroit


l'on a de
du verbe ,
qui de fa nature ne s'appro-
rticipc du
cheroit pas autant que le participe de la

forme des noms déclinables. La langue


latine tire habituellement les fiens du
it des ad-
participc'pajjc'pajfîf
qui par-
Jufqu'ici j'ai obfervé le verbecomme
it de la
Venons à l'obferver comme paffif.
acilf.
: du verbe, C'eft encore une des idées aeceffoires qua
î Taôion ;

lus de la
%04 Mi CH A N I s M f
la terminaifon fait entendre. Car Ta^îoii
peut s'exercer par quelqu'un , & alori

ileft l*agenty ou Tur quelqu'un, &C alora


il efl; le paticne,

PAS S I Fe -

/ M^nicre indicative. '^

Préfent pafTé
Pféfenf.
ou l'afTé imparfait»

|Q^p«««» •••• ••« •••• •••••• tof%


rhé
tur,

....M >•• imiir.

imi/ii. '^rnini.

»• *iuntuu ••"

<
Futur.

CAP. •/tff*

^M •••• •••• d** ««M •••• tf» t€TlSé


«••«'•••• •••• *«•• ••«<' M««**« lCtU^4

•«M ••«•^•* •••• •••• •••• '•ICfHUt'é

Çi.q[
m»* MOT tMf vif* •••<•• •••

I—I—P^W^—P —
C f tv Lahc Aci; ^ï
I

Car rafti(M{
Manière impimtive.
i
, & alori n — i^ ^ H

il, &C alora


Préfent. Futur*

.«•••••••••• •••• •••• •••• •••••îtàf«


CAP.. >...«•• ^••••itfCt

mik é '•»••' •iuntor^

Manière fubjonWve.
mt paffé

fé imparfiïit»
Prérent. Préfent paflJ,

CAP. •/4f* ^r^rj

'^ „ ,,,, ••,. ...t .* ..!., furis» •••••••»•••• ••••»••« •••••"••r//«

•••• '*"»*"'fnur»
..^ iamur. •» • ••••—/««/•
'^minié
M M •••• ****»ishiifii» •••• ••• •••• •••• ••^'••/ni/ii»
•* 9^'nuu^
'^M...t..M*..«* •••iaàtur^ •< ....••• ^««tt-^'/i/iir^'

/ Manière ui£nitivf.

CAP--;.

A chaque tem<i , nombre , pcrfonne , &


txi manière , ce font les mêmes fuites des
formules y les mémei exemplaires qu^

-mmmmmmmm
10^ MiCHAN
)i I s M E
dans X'aciifi avec un peu plus d'accroif*
avec une petite variété qui
feméîit ,

marque chaque différence (péciale ; mais


général
fur-toirt avec un caraftériilique

confacré à fignifier le )>affif, fçavoir la

confonne R. Voyex la comparailbn de

Fun à l'autre & la fuite analogique

bien marquée.
./
CAP-

Toute cette compofition eft Touvrâge

non d'une combinaifon réfléchie ni d'une

pKilofophie raifonnée i
mais d'une méta-

phyfique d'inAina ,
qui , à mefure qu'elle

forme de nouveaux accroiffemens, che-


mine fur le plan analogique 6c exemplaire

que mou^emcns de l'orgaift vocal ont


les

commencé de tracer. Il &ut donc s'atten-


dre à trouver fouvéat l'analogie irrégu-
licre &
incomplette. Mini eft ici une
irrégtïlarité : y en a un grand
ailleurs il

nombre & de très-cbnfidérables. Rien de


fi commun que les verbes dék&neax ,
qui put une partie de leurs membres
; M £ DU L A N Ô A G E^^^^_ i^
plus d'accroîf-» mal cojLftruits ou qui enTmanipièwt
,
variété qui
;
tout-à-fait. On a dû s'appercevoir ici qu'à
péciale mais
;
rindicatif paflîf les Latins n'ont point de
ftique générai
terminaifon poui; marquer le t^ms^paiTé,
Jif^ fçavoir la
& qu'au fubjonétif-paffif ils n'en ont ni
)mparailon de pour le pafle nî pour le futur. Le latin
te analogique fait entendre ces tems comme il peut ^
avec le, partîcipe-paffif , captus , à l'aide
de l'auxiliaîreyî/i ou ero. En ceci la plupart

r V
\ mini , } ntur \
} des langues font encore plus défeftueufes
que la langue latine : elles fe fervent' tant
1 eft Touvrâge qu'elles peuvent des verbes fort communs
léchie ni d'une
\'
& fort généraux comme d'autant d'au-
^-'»>"

is d'une méta- xiliaires. On eft fi prefTé de dire fa pen-


mefure qu'elle
fée qu'on aime mieux la rendre xl'unc
,

iffemens , che- manière mal conftrUite & embarrafTée ^


I 6c exemplaire que d'attendre qu'on ait trouvé mieux.
'gaifb voeal ont Les terniinaifons fe fabriquent félon le (t »

jt donc s'atten-
befoin. S'il eft fréquent ellc% ne peuvent
nalogie irrégu- guères manquer d'être Bien 'faites ; elles -

ni eft ici une le font mal, les idées accefToires font


fi

en a un grand fort impliquées & indéfinies , & fi le


râbles. Rien de befoin de les expriitier eft rare. S'il eft
è% défWhieux ,
très-rare , les terminaifons manquent tout-f
leurs membres
k.
y

«^ kdi M i C H A K I SmV DU L A
i^'

à-fait. On a eu plutôf fait dans ces ca^ latin même. fe fefli

peu commun^ de prendre une circon- fa prenii^ barba


locution embarraflee. Les termiîaaifons rudes
irrégularités,
les défeftuofités fe rencontrent plus {ou-
'XOl* Des termes
vent dans le paffé que dans le préfent, naifons qui
'
dans le paflif que dans Taftif* A mefure intrinféques à
qu'on a trouvé que l'idée étoit moins la force de k
nettement déterminée, & le terme d'un
ufagè moins habituel , on a négligé d'y C'eft affez m'arr(

faire une terminaifon exprès , ou de la bien fimple Capio &:de


'faire. Car ce font des barbares peu curieux on peut le charge

X - I
'& peu fournis d'idées implexes qui ont qu y ait rien d<
il

été les opérateurs. Dans la Çiite l'ufage


même. Tous ces ;

eft refté tel qu'il étoit établi. On a eu beau féques à l'aftion

polir nos dialeftes modernes, on n'a pas


tiennent qu'à Ceux

purgé la vieille fyntaxc des cqnjugaifons clans les terminaifc

cmbarraffécs que les peuples* barbares


la vl fimple Cap n'ç

avoient à là bouche en défigurant l'idiome comme verbe , c'ei

latin. Le latin dit cepiffc y lefrançois par affirme & indique


un mauvais emploi, de la langue latine ;
par un être réel
dit avoir pris kabere captum. Réalifant un jugement de l't
,

réels l'un à l'autrt


par abftraftion le mot p}is , il en parlé
comme d'un objet réel
'
dérer cette R,î Cap
: il dit j'ai pris y

comme il diroit j'ai uni maifon. Le même , c'eft-à-dir<


,
'
V . comme qualité d'
y

DU L AN Ô AG Ê. lOg

latin même. fe feflTent encore au paflif de

lâ jereoji^sr barbarie dans de groffiereà

termiîaaifons rudes à l'oreille.

701. Des termes ahjlraits.- Des urmU


,. naifons qui expriment des variétés
intrinféques à L'objet rnême ; & de,

la force, de kur_^nification,

C'eft affez m'arrêter à rèxamen du verbe


fimple Capio &: des idées adceffoires dont
on peut le charger par terntinaifon , faiis
qu'ily ait rien de changé dans Taftion
même. Tous ces acceffoires font extrin-

féques à Taaion abftraite : ils n'appar-

tiennent qu'à ceux qui Tcxerccnt. De plus


dans les terminaifons que j'ai parcourues,
confidérée que
la vl fimple C^/^n'eft encore
comme verbe , c'eft-à-dire comme mot qui
affirme & indique , foit une aftion exercîe^
par un être un autre être , foit
réel fur
\
un jugement de Tefprit qui lie deux objets
,

réels l'un à l'autre. 11 faut encore confi-


dérer cette comme objet réel elle-
B,î C^/?

même c'eft-à-dire comme fubfiantif; &C


,

comme qualité d'objet réel , c'eft-à-dirg

r
, .

IIÔ Kt^é C H A K T s M I - D tJ LA
comme qdjeclif.Lesïàéjss^cceffoiisesy vont rien changer î

anlener des termiiiàifons en granduombre. il le conftiWie


CAP tio y nomme Faftion d'une manière ^ au relatif, ai

abftraite , confidërée comme objet fèns propre , j

rcél/qui exijle & non plus comme '

J^^P^if^ > trom^


ce que Von fait quand on prend, ÇihStïuncula non
Captio y prifc, L'efprit conftitue ici ^| corifîdérée en
cetx être j comme Ç\ c*ëtoit un être moyen d'une
phyfiquç qui exiftât par fpi dans la au diminutif.
nature. Ce mot eft de ceux qu'on
appelle en grammaire termes abjlraits ; •••..mr^ indique <;

V car s'il exifte des corps qui peuvent être priété paffive
pris réellement , il n'y * pas hors d( genre de ce
^
nous un être réel qui foit laprift. Mais Tcxercer. Cai
à l'occafion des objfets extérieurs no- prendre , Cai
tre efprit. forme un concept fingulier fens dérivé,!
comme s'il y ayôit un objet réel la chôfe prife.
qui répondît à notre penfée ; & ne • . . . . r//5 fubftantif
pouvant faire connoître notre penfée locale d'excrc
autrement que par la parole, nous don- génitif 2^, p(
nons des noms aux concepts métaphy- peindre pour /
siques , comme nous en avons donné au figuré ^ con
aux objets téels. Après avoir conftitue portée de l'efp

phyfiquement tel le mot c^/^r/ojrefprit i . . . . rar indic^ue jg


dérive d'idées en idées • & fans

mmmmmmmmmiÊmmmm
A

-
i^
- D tJ LA N G A G I. . Ht
rien changer au fort , ni à la figure^

il le cofiftiWie ericore tel au figuré,


au relatif, au mov^l. Capno ^ au
fens propre , prifc ; aJ^fens figuré ,
' );
'

J^^P^if^ > tromperie.

ÇkV tiuncula nomme la mém# aftion


coiifidérée en moindre quantité ; au
moyen d'une terminaifon aflfeftée
au diniinutif. Captiuncula y petitt x'"''''

\. prife.
s,
9*»*»tura indique que larcferfe à la pro*
priété paffive de l'aôion , étant dw
^
genre de celles fur qui on peut
rcxercer. Captura^ shofe bonne à
prendre , Capture , proie ; & en *

fens dérivé , gain , profit qu'apporte


la chôfe prife.

• ....r//5 fubftantif, indique la poflibilit^


locale d'exercer l'aftion. Captas ^
génitif ^, portée où Ton peut atr
peindre pour prendre avec la main ;

au figuré , comprihenjîon , capacité^
portée de l'efprit.

« •• I * tor indicée jii perfonne qui fait pro^


.

\
%

y
fcv 1

feffion de faire raftiori. Captor^^ creux. On


meneur .r
'

turus défig

IGAP r/tAT indique que cette perfonné


^
elt Le latin in(

une femelle Captrîx Captatrix propriété j:


N
J j , ^

premufc ^ trotripeufc, ilis ou bil

'
5 ; . • . ;^/2^ indique la perfonné faifant GAP acitas noi

aftuellement l'aftion ; Capicns >> pn- aptitude , 1

C\ nant» Capacitas

iW./ufidus indique vque Ta^Vicrn fe fera •au fens pr

fur la chofe , rc$ capicnda^; choft tenir un v


à prendre, « fort loin i

;î%<^./i^ indique que la chofe a reçu une t,*,.edo indiqj

certaine qualité par l'aftion* qui a a pour pr


été exercée. Captas ypris.
-^
Capedo y

y.\.,tivus indiejue que la chôfe refle liqueurs ;

dans l'état ott Taftion Ta ^mife. ^ 4e prendre


Captivas j captif, i..\^annaàé(\
t*.»*tivitas nomme cet état de, la çHofe, conunir ^.
& le conftitue ^n forme d'exiftencc françois ,

'
réelle ; Captivitas , captivité. <!eft, dit

ÎV..»ax défigne Taptitujc à l'aâion , la capit, N(


propriété aftive d'exercei; raftion ; ces granc

j^
Capax , capable ^ c'eft-àrdire propre des provl
«
^^ prendre y 6c.à contenir dans ion capaas.
r-
fcA La n g a Cl- iti
creux. On a vu ci-rdeffus , que Cap^.
turus délïgnoit la propriété paffivèJ
Le latin indique le plus fouvent cette
propriété j)affive par la terminaifon ,;

ilis ou biiis.

GAP acitas nomme le penchant àr cette

aptitude , le talent d'en faire ufage ;


Capacitas , capacité,^ Ce mot fe dit

•au fens propre de ce que peut coî>-


V
tenir un vafe creux ; mais il s'étend l

^
fort loin au fens figuré. .

\,\..tdo indique la facilité qn'une chofe


a pour prendre ou pour être prïft ;
Capedo j 'Capeduncula , mefure à
liqueurs; vâiffeau emmanché pour
"^
\t prendre facilement.
t . . . . anna défigne le lieu qui peut prendre^
contenir ^, recevoir. Capanna , en
françois ,
petite mai/on. Cabane ^
-c^eft , dit Ifidore , tectum quod unurrt
capit. Nous nommons auffi Cabas
ces grands pai^jers où l'on reriferme

des provifions ,
quia capiunt , furu
cap aces.

wmmmummmm
,j

*Jf


i _

èl4 MâCHAlflSMt
. Toutes ces terminaifons font . ofit^es diftinguées le

dans la langue latine qui le joint au gé- variété de la <

nérateur , Cap. Elle y en auroit pu ÈAP/ia eft le

Joindre une quantité d'autres , habituelles purement


à Fidiome latin, quoique non reçues direéle. \

ivec la bJ[ Cap* Telles feroient Capefco^ vont dici

Captillo , Capacihilïs , CaptuofuSf Cap-* direâe


iuarius » Captdtorius , Captutum y Capa^ i,é,.tionis inc

citer pCapimcnf Captantla ^ Captitins a un rap


-^

Capcjius y ftcc. &c. Chaque accrpifTe- qu'autre

ment auroit donné au iigne ladical 6c les la

Cap le même acceiToire d'idées qu'il a définence

coutume de donner aux primitif où l'uTage tifs indiq

le joint. -, par les

dontfd'o,
16:^. Du nom fuhftantif & adjcHif ;
"6* di la diclinaifon.
i,*..tioni indi

Tous les mots cy-deffus font des noms, tion. On


(dvt fubftantifs ^ exprimant les noms dont fans défîn

l'exiftence eft cenfée réelle ; foit adjtclifs à qui»

exprimant les attributs des chofcs. Tous • é,,,tionèm ir

ibnt dicUnabUs ; par-îà fi^ceptibles de claration i

fccevôir de nouveaux accroiiTemens, qui adKaufan


iignificront de nouvtilles idées acceflbires j déclarer; i
r

le point t\
DU La KG AC !• %lf
âiftinguëes les unes des autres par la
variété de la définence.

Ca? tio eu le nom fimple de la chofe,'


purement énoncée d'une manière
direéie. Les dëfinences acceflfoires
vont décliner de cette énonciatioa ff^t-i.

direéle > & s'en détourner.


i,é,.tionis indiqup que la chofe nommée
a un rapport d'émanation de quel-
qu'auttc objet. On l'appelle génitif;

& les langues qui n'ont point de


déiînences appropriées aux fubftan-
tjfs indiquent ce cas ou rapport ,
par les périphrafès de , de qui ,
dont y d'où , (de , de quo, de unde, dé

^•..tioni indique un rapport de deftina<«


tion. On l'apelle datif. Notre langue
Ùltïs définences l'exprime partf , tf«,
À qui»

• >,,,tionèm indique un rapport de dé-


claration: on l'appelle accufati/(de
adKaufam ; ) car accufer iignifie ici ¥*

déclarer; comme lorfqu'on divaccufer


le poitu en jouant au piquet.
,,

Ïl6 /Û É C H A N I S H ïi ;

CAftione indique un rapport fort vagué

de réparation, d'approximation, ou iîlT

comparaifon. On l'appelle ablatif. ic *ior

parlê^ dans tous ces cas , des rapports.


qu
ks plus fréquens ; car" félon la teneur

de la phrafe, chacune. d,e ces défi- gra


nenccs fert à indiquer une infinité de^
Ces 1

rapports diflFérens ,
qu'il feroit fort
(ation \

long d'analyfer, & que l'on fent encore tl'autres


^
mieux qu'on ne pourroit les décrire ;
du degi
4'ufage habituel les ayant détermines
qu'en 00
fans beaucoup de réflexions.
porterai

grand.
CkVtioncs, 1 Indiquent les mêmes rap-
]

dans l'u
J- um. / ports, fans que rien ait changé
àpériphrc
*. ibus.) que le nombre de la choie

nommée : cy-devant il n'y avoit qu'une

chofe ici il y ^ea,a plufieurs. Il fau


;

égale-
Le fubftantif Se l'adjeftif font certaine

ment fufceptibles de déclinaifon. De plus adjeftif

l'adjeftif eft fufçeptible


dé-^comparaifon d'une i

ou de quantité ; car il exprime un attribut qualifies

en un
dont la cWfe peut $tre douée L'cxpre
qu'une
degré plus grand ou moindre
BUtrc chofç. ^ 1.« •
r ,
pour e

HIIIItlIMilliniia
,

D U L A N G A G E. lit
vagué
ÇhVtiofus exprimé l'atttribut à un de^ré
ou
>n ,
iîmplé & indéfini,
arif.le
J.mm^ior Texprime à un degré plus grand
ipports.
qu'un autre k qui on le compate.
teneur
-...— i^mtfj Texprime à un degré le plui-
5 défi-
grand qu'il foit.
lité de^
Ces terminaifons marquent l'augmen-
lit fort
tation du degré, il y eh pouroit avoir
encore
tl'autres qui marqueroienrla diminution
écrire;
du degré. Le latin ne les a pj^ ^ parce
rminës
qu'en comparant deux objets, il faïï'tpujours
porterie figne deicomparaifon (ùr le plus

ss rap-
grand. Notre langue n'a de terminaifons

:hangé
dans l'un ni dans l'autre cas , & fe fert de
«

choie |périphrafe pour exprimer la comparaifon.

qu'une ICI, De fadvcrie,

U faut encore dans le langage exprimer


égale- certaines idées dérivées de Fattribut oift

)e p!us adjeftif, lorfqu'on veut faire entendre


aifon f d'une façon abftraite une circonftance
tribut qualificative de la manière de faire l'aftion.
en un L'cxprefSon de cWe éfpece s'appelle
qu'une avérée j parce qu'on la joint au verbe
pour exprimer ave^* quelle Qualité on
P tiofiu
nm 11. K
V
1

^iS Mi r. H AN I s M 1

agit. Or comrive la qualification peut être


plus grande "ou raoindrç , Fadvèrbe eft

ûifceptible^ ainfij|ue l'adjeaif, de


cer-

taines défmenccr confacrées à mefurer


k a^gré d'attribut ; & ces iéfînences

(bnt fabriquées fur la fprmule de


T^dje Aîft

#-
....—ijjimit ,

eft une formule abftraite qui


L'adverbe
l'attribut , mais feulement
n'exprime pas
l'attribut. N'étant pas fufcep-
remploi de
mêmes rapports que les noms,
tible des
pas d'être didini comme eux.
il ne l'eft

marquer U changement
iOA. Manitrt dt
par^
de la. forrhe fimpU du verbe ,

changement de fa terminai/on

U
orlncipaU.

y a d«s variétés iatrinféques


Quand il

à l'aôi^ même du. verbe Copia , qui


en
changent la forme funplc ^ç l'aftion
on le Éùt entcn-
une forme çompofée
,

foit par un changement


4rç à l'oreiUc,

yj—ipwi—
'». .s

1^
BU L A N G A G E. liç
at être lie terniinaifon , foit par un accroiATenient
-be eft au devant de la i^ CAP. Ces derniers
e cer- acGroiffemens font très-communs : on
lefurer les appelle prépofitions. J'en ai dit quel-

nences que chofe cy-deffus : j'en vais parler


Ijçftîff encore, pour définir la force &: la
valeur habituelle de chacune. Rappor-
tons d'abord quelques formules ufitées
de terminer la bI CAP, lorfqu'on veut
jnodifier la fignification fîmple du verbe
capio,
aitc qui

ilement
CAP io , comme on Ta vu , eft le
verbe de Taftion fimple.
fufcep-
nomsy CAP/0 exprime qu'on cherche i
prendre qu'on y eft difpofô qu'on ?y
ne eux. , ,

étudie , qu'on en fait habitude.. Capture ,


igemenc chercher à furptendre , épier , tacher de
tromper & d'attraper ; en fens figuré ,
ilnaifon
fiatter , avoir du manège. Chaque verbe
fous cette nouvelle forme aura les mots

iitféques
propres , pour l'agent , l'aftion , l'attribut <l

io qui &c b manière ou ad verbe, Ctfp/j/pr , Cap'^


9

îlion en tatio , CaptiofuSy Captiosi ; & l'on dé-


: enten- tournera le ftns pr9pr^ , pour appliquer
les termes par extenfion à toute la claflc

i^mmmmmmmmmm
,

iib MèC H AN I s ME
eft nuifible par furprlfc pîëge
de ce qui ,

6c tromperie.
CAP effi> exprime la fréquence & Tar-
deur avec bquelle on fe porte i Taftion
Ae prendre. Capefere , empoigner; pren-^

Jrc avec toute la main , & au figufé ,


prtn^

drt grand foin de quelque chofe.

%0^. Exemple du verbe accru par prépo^


Jieion. FaUurJîgntficative de
chaque
pripojuion»

Accipio où le fimple eft


[ad^capio ,

joint 4 la prëpofition ad cjui


fignlfiè le

mouvement local que Ton fe donne pour


uqp fin ,] exprime ^e l'on eft arrive

que Ton fait un moùvenient , que l'on

préfcntç pour prendre. Jccipere ,


fe
en fcns figuré
accepter , recevoir; fit

apprendre. ( Voyez les remarques


foites

mots accepter recevoir


n^ 141 , fmr les , ,

apprendre.) Ce verbe compofé a , comme


lés^ précëdem 6c les fuivans, fes dérk^
déduits de (à forme propre ; comme
Acdpiter oifeau de proie , oifeau qui
,

prend. Les Latom nomment auffi cet oifeau


Acceptof.

-mmmmmmKmmmmimm mmmmmimimm
,

nv Lan gage; %u
Accepta, [-^^-ctf/^/p] cftlefrëquentatif
ifc pîëge
y
SAccipio. Il énonce la volonté libre &
^ contenté de celui qui rc<;ôit car acuptet
ice & Tar- eft pliis que recevoir \ on
:

dit ruevoir uru


I ï Taélion
hUjfure ^ il accepter Un prijent.
}er ; pftn^
Aneicipo. [Ante-capiù joint à la pré-
,
;itfé , prtn^
pofition qui défigne la priorité de tcms
ou de lieu], exprime que Von prend
par prépo* d'avance avant qu'on ne donne» Anii-*
,
t chaque cipare prendre V
, A*avance , anticiper ^
devancer yprivenir. Au figuré , AnticipaiiOf
firople eft connoijpince prématurée des chofes.
le
Concipio [Cum-capio , joint à la prépo- ^
lonne pour fitioa qui défigne l'enfemblc & l'afTera-»
jft arrive blage de plufieurs chofes} exprime que
qiie l'on
^ <ron prend plufieurs diofes à la fois , Se
Accip^n , aufli que Ton prend une chofe avec foi
ins figuré
pour la confètver en foi. Concipere^ cotn^
rques Élites prendr^y concevoir^ foitintelleftuellement,
"^
, recevoir f foit corporellement ; engendrer^ en par-
fa, comme lant de la femelle qui a re<|U en fon.ièin
Ces Aérhé^ le germe du mâle. De-li vient cenceptus
,
; comme conçeptio , produâions de la terre , ou de
oifeau qui Te/prit : conccptaculum tcrrcin propre à
£ cet oifeau pcoduire , lieu où les chofes font produites.

gp
'*;•

111 Mi C HAN 1 5 ME
La terminaifon culum , habimel|g au
latin, eft équivalente à focz^i , Se peut

tirer Ton origine du verbe colo. Bien des


gens penchent à croire que comme toutes

les terminaifons ont leur lignification

propre & adaptée à une certaine formule


tfexpreffions , elles ont auffi leur dériva-

tion propre, noî«irbitrairement fabriquée,


mais tirée de quelque terme général.
'

( Voyez n** ftjy. ) Si cela eft^ alnfi

(ce que je ne voudrois pas affurer daiis

tous les cas ,


quoique la propofîtion fort

vraie dans un grand nombre de cas ,)


il en faut conclure qu'une bonne partie
des mots , qu'on fcroit tenté dç regarder
comme fimples , font en eflfet compofés
fur deux racines diftinéies & eflfeftives,

comme ici Ceptaculum de Cap & de

CoU ...
Circumcipio joint à la prépofition qtii

défignc la forme ronde & le local a

Tcntour {cïrca , circum , circus , circulus ^

circuitus) exprime que Ton prend autour


"^
ce qui environne.
Duipld (Di-capio, joint à la prépo^
,

.
w<

s ME D tr L A N e^ A C t. 11)

, habit«el|g au
fitîon qui défigne Texclufion & la fouP-
tradlion) exprime que Ton empêche de
locus , Çc peut
prendre^ queî'on fait manquer Atprctfdrè.
le colo. Bien des
DeciperKy décevoir ^ tromper annipcr
le comme toutes ^ ,

?ur fignification
furprcndrt. De-là DuipuUiÀ , DccipiiU ,
certaine formule
picge f machine qui trompe\y iribuchtt ^
fouricïcre. La terminaifon z/Aj' paroît avoir
lufli leur dëriva-
étiJ faite fur le grec vm rnukerià ^ ns ; de
ement fabriquée,
terme général.
forte qacDtCipula eft re.< , ms , machina
"
quce dtcipit,
cela eft^ ainfi
Difctpto (Dif-capcù joint à la prépV
pas affurer da^is ,

i propofition fort
fition qui défigne la féparation & la dif^
tinftion) exprime que l'on /?ri;;2</ les cho-
3mbre de cas ,)
ks à part les unes des autres , ou de part
ne bonne partie

:entë dç regarder
& dWrc , faas les .mêler. Difieptan ^
au figuré , difcutcr , difpuicr examiner de
n eflfet compofés ,

lcs & eflfeftives,


part & d'autre ^ juger avec examen.
Excipio (joint à
de Cap & de la prépofition qui
défigne le dehors du lieu) exprime, i^
l'exception , c*eftrà-dire qu\»n prenant les
a prépofition qtii

le & le local a
autres chofes on îaiflTe ct\\e<\ , tellement
qu'elle reftif hors de la prife. Excipere
circuSj circulust ,

ron prend autour


excepter ;

concipere.
c'eft

i^ Le tranfport de
4-peu-près l'oppofé de ^^
lieu à lieu
^u de peribnne à pcrfonn^ la chofe
joint à la prépo- \

K IV
114 MÉCHANISMI
prife venant d'un autre lieu bu d'une
autre perfonne. Excipcrt , recevoir , >e*
/ cueillir ,' ramafftr : Exciputus , récipient y
vafe y panier, Excipere exprime une aftjon
oppoiëe à acciptrt ; en ce que dans accipert
prendre , le mouvement eft cenfé venir de
celui qm prend; & dans excipere^ recevoir^
le mouvement eft cenfë venir de celui
qui donne. Ceft-là lé fens ftrift & pri-
mordial; mais dans le difcours ordinaire

on n^^lige ces petites différences , &


l'on emploie les termes Ijun pour Fautré.
Incipio. Ce verbe offre wne remarque
fingulîere. Quoique formé par analogie
de langage fur le modèle des précédens
\
avec une prépofition qui défigné le dédans
du lieu , il ne vient pas de Capio , 6c
de la vi Cap en tant qu'elle veut peindie
le creux de la main» mais d*une autre
1>
I^ Cap qui fignifie tkt t CapiUj le corn-*

mekccment, le premier bûMt d'uru chofe


Czv iruipere ne fignifie mX"
quelconque.
hment prmdre dedans , mais commencer ^
être au premier bout ; ainfi il eft évident

qu'il vient àiin^apite.

%J^ MÈCttANISME I
Z)tr L A N A Q E« »f
Jntercipioy [joint à la prepofitibn qui
défigne une différence d'ejpace , une diC*
tance dé tems ou de lieu] , exprime que
l'onp^enJ entre un tems un tems , &
entre un lieu &
un lieu; ce qui fuppofe
qu'on a /?ri^ hors du tems &c du lieU
convenu. Intcrcipcn, inurapter , prendre
par furprife , s'emparer. De-là , Interca^
pedô^ inurvalU^xx Von peut ftendre»
Occupo (Ob-capio y joint à la prépo-
iîtion qui défignc qu'on s*eft mis k deffein
au-devant de la chofè) exf^mcf qu'on
j^re/zd de deffein prémédité y en fe met-'
tant en place polir prendre, Occupare ,
fi rendre maître , faifir , s'emparer ^
ufurper y prévenir , anticiper. Ante-occu--
par^ y praoccupare ajoute encore à Tidée
un acceffbire plus fort , un plus grand
degré à^vmct. k\x.fipxxé ^ préoccupation
y
prévention , fentiment qui a pris , gui s'eft

emparé d'avance de l'efpfit* Par la


raifon que occupare exprime prendre k ">

deffein y ùccupatio fignife Taftion d'^^'^érer


fur la chofe prife pour m certain deiîéin ;

occupation ^exercice fCmplou

^ ,
, ,


iî-

116 MÉC H A K î s M £ DU L il

Occipio vient S oh -cap ut comme J/i» tÈi-


pra-caput. Primun

tipio, Occipere commencer nouvelle premier chef^ princ


, ;

-tout chofe qu'il faut fair(


preuve qu'en étymologie , c'eft fur

Ja fi^nification du mot qu'il faut con- mandement , infin

fiilter* .
même praceptio

Pcrcipio^ [jtoint k la prépofitron qui


ment : Praceptor^f

difigne la traverfëe, le mouvement local Pracipuus , princ

exprime que Von prend en Pririceps f principi


i rintëfieur] ,

pàflant» Ptreiptrc percevoir , recueillir ^ & iiufli deinceps


c'eft-à"dire enfûite*
ncevcir , comprendre. Perceptio y récolte ;

, & au figuré, récolte que feit refprit


prœcipito ,
pracipl
qui dans leur fens 1
ftrception^ intelligence , connpijfance que
Ferprtt reçoit des objets extérieurs; La.
k jette la tête la ;

Recipio^ [joint
lafiguc françoifc redouble la prépofition

for ce mot, & dit appercevoir ; c'eft défigne Titératiop}


ce qu'on avoit de
prendre cor^oiflance des objets par les
Rcctpere reprendï
hxi^y ou par te pénfé^ ,

Prœcipio [joint à la prépofition qui Recepto efl un ai

de perfonnes ou retirer , receler. Rec


rféfigne la: priorité
taculum lieu de re
d'aAion} , exprime que Fon prend le pre- y

mier. Pracipere^ anêiciper^ &c au figuré Sufcipio (Super

Mais a un autre prœcipio fitlon qui défigne u


prévoir. il y ,

qui vient de caput comme iruiipio. Pra" locale)exprime q


'

lipere Qn ce kns^ c^eA commander : alors que l'on prend y ;

ou peint qne l'on fe


le verbe eiî formé fur pracepcum y

\..

PH

<• ^^ MFrHANI SIWE y\ Ti


-X

DU L A N 6 À G É. Il7
«5»

fta-tapuu Prtmum caput^ c'eft-à-dire *

premier chef, principal chapitre ^précepte ^

chofe qu*il faut taire en premier lieu , corn-^

mandement , injlruciion , maxime* Da


même praceptio ^ injlruciion^ enjUgne--
ment : Praceptor ^précepteur qui enfeigne ^

Pracipuus , principal ,
premier chef^
/
Prir^ceps i principium y principalis ^ &CC*
& iufli dêinceps (de capite in capite)
c*eft-à"Clire enfûite* Et encore praaps p
prœcipito y pracipitatio y fetc* tous niots
qui dans leur fens littéral défignent jqu'on

k jette la tête la première*

Recipio^ [joint à la prépofkion qui


défigne Titératiop} , exprime qu'on /^r^rf
ce qu'on avoit déjà pris une autre fois«

Rccipere , reprendre , recevoir,

Recepto efl un augmentatif , Receptare^


retirer y receler, Receptus ^ retraite ^ Rècep*
taculum y lieu de retraite f réceptacle. A
Sufcipio {Super<apio , avec fa prépo-
fitlon qui défigne une plus grande hauteur
locale) '
exprime que Ton met fur ibi cq

que l'on prend y image par laquelle on


peint qne l'on fe charge de Taflion do

iiiiiiiMiiiiiinii
t

^'

ixff M £ CH A N SME ï

prendre , que Ton en feit fa propre afl^rcS


106. Exempt
Sufcipere, prendre fur foi y fe charger j
en françois nous difons d*un feul mot
entreprendre» .
-
^ Panicipo (
Outre ces prépofidons il y en a plufieurs difêrtement q
•autres que Ton joint à chaque verbe ,
lachefe, & qi

félon que fon aftion le rend fufceptible iWtre partie.

Ciètie, modifié ;ar les rapports qu'elles communiquer*


défignent. Uufage s'eft contenté de joindre; fuivans , comp
au verbe Capio celles qui lui conviennent le Particeps , con
plus ordinairemcnt.Ily a même des prépo* Aucupo», A

fitions compofées de dewf autres, comme prendre des aij

prêter qui défîgjpe le mouvement local de cher avec foin

pafler au travers {ans s'arrêter & -d'aller comprendrez


plus loin ^ compofé de pra & du ion chûjfe à Coife
radical 77Î fervant à exprimer k mouve- Nuncupoy \

ment de pafTer au-dedans avec quelque appellera

rapidité trans y tranfiff , trahert > tra^ Municipo \

verfery &c* Propter défigne le mouvement charge oy em(


local de paiTer tout le long à cÔté • non Der-là Munie
IL .

par dedans. Orf s en fert au figuré pour fui ejl gouven


défigner la caufe occafionnelle & pro- trats. I) fignifi

chaine. Propter :^ à càufe de ; Si c'eft un tel emploi


ainfi qu'on détourne fouvent le (cm tien pubUque.

primitif des prépofitions*^ munici/atimy t


t

V
pu £ ÀK G A G £. . 1X9^
" * - > -

%o6. Exemple de Vaccroijfemmi par


cwnpaJitiQn.

Participa ( Partem •copia ) exprime


difêrtçment qn* (m prend une partie de
lachefe, & qu'une autre pcrfonne prend
iWlrc partie. Participare ^ participer f
communiquer. Ce yerbe eft ainfi que lei
'
fuivans , compafé de deux mots eâeâiâ»
Particeps , compagrion , complice*
Aucupo», Aucupor (jives^capere) p
prendre des ai/eaux ; au figuré recher^^ &
cher avec foin , fe donner de la peine
pourprendre^uceps^ oifeleur; jiucupium f
ckajfe à Coifeaii , recherche pénible^

Nuncupo y ( nomenrcapere ) nommer y


appeller*

Municipo ( Mu/tus - cap ère ) prendre \

charge ou emploi public comme citoyen*.


Der-là Municipium pour ^re une vill€

fui ejl gouvernée par fcs propres Magii^


trats. I) (jgnifie auffi le droit de prendre
un tel emploi , d'exercer une telle fbnc*
tion publique. Muniups ^
munîcipalis ^
municipatimiy &c« expriment lesperfonnes^

••PIBIIP
\ it 1 A W* .^
t

i JO M É C HAN f s M E
les attributs , les manières relative sa càttg autorlfe tou
fonftion. qui exprime
Mancipo (Manu-^capere) , prendre avec vl Cap , em
In m^i«, fc fatfir loi- même ou enfai- branches o
finer un autre, lui venàie, Mancipium^ r'rantrimag
dans la fignification reftrainte , fignifi^ un avec laquell
efclave , un captifs un pfifonnier de guerre par un fon (

/>m avec la main. Emancipare^ c'eft lui La racine a


lui rendre la liberté , Tôter de fa main; moins ëtenc
ce qui fe dit auffi des mineurs , & des chofe creufe ,

fils de famille à qui l'on rend un droit plus fécQ|^


d*agir librement qu'il n'avoit pas ; Eman* Il m'éton^i
clper. Manceps fignific ym entrepreneur ^
de lire, de
vxi ouvrier qui prend Un ouvrage public racines qui
à faire. loin. Celle
Forceps (de Fortù-captre , ou plutôt d^;. noître comk
V oraS'^.apere)

piismr tirer
inftrumem propre ï prendre
dehors; tmailles ci/eaux.
phyfique
d'imiter l'ol
, o
,

peu-à-peu <

loy. La nature ne fourniffant qu'un petit


bafe , à mef
nombre de primitifs intelligibles f
troduâion
£homme ejl forci de '
détourner en
(

l'on ne croi
diverfes manières le fens de ceux
fuflent mis
fpCtlU a établis.
au fond, pr
Lfuiage le plus pur de la langue latine L'homme pv
T

tf Ù LAN G A G £• IJÏ
autorlfç tous les accroiflemcns cy-dcflus i

qui expriment des idées acceflfoires de la

I^ Cap , employée dans une feule de ïes


branches où elle fignific prendre ; en
k
r'rant Timage radicale du creux de la main

avec laquelle on prend ; image figurée


par un fon de la voix creux & gi^tturaî.

La racine a diverfes autres branci ls nort


moins étendues , telles que Cupa^ Cava^
chofe creufe , Jkc. Elle n'eft pas une des
plus fécQ^s , ni des. plus divergentes^r
Il m*étornacile pour Tanalyfe qu'on vient *-
de lire , de faire choix de bien d^autres
/'

racines qui ie propagent infiniment pluç


loin. Celle - ci fuffit pour faire côn-*
noître combien ttne feule peinture d'objet

phyfique , où le fon de la voix, s'efforce


d'imiter l'objet nommé , fe développe de
peu-à-peu dans le langage, &c fert de
bafe , à mefure que Tefprit dérive , â l^n-^^
troduâion dVme infinité de termes. , où
l'on ne croiroit pas d'abord que les objet»
fuiTentmis en image. C'eft cependant y
au fond, prefque la feuliçméchanique que
L homme puifTe employer pour comœur^

mmmmmmm
,
^JTV

%'il M É CI! A Ni S MU
laquer fes perceptions à un autre homiw* pcnfée
Le principe en ed dans la nëcemtë de (e une id«

faire entendre. Elle entraîne celle d'ex- telle q


prirner les objets abfens par des g^es toujoui

qui les rendent préfeiis^ en les figurant^ la mar


tant bien que mal à Torpille ou it la vue ceptioi

pour exciter une fenfation pareille ii celle rant l\

qu'ils ont eux-mêmes excitée par leur tous U


préfence ; fans quoi on n'en pourroit ifprit c

donner Tidée. Elle entraîne enfuite une de diff

féconde néceffité de fe fervir de l'image


établie d'un objet réel pour exprimer un
objet intelleâuel &c abftrait ^ qui n'étant
pas fufceptible de peinture , faute d'exif-

tcnce extérieure & phyiîque , eft néan-


moins fufceptible de quelque compar<ûfon
avec un objet qu'on peut peindre : f^er"

torum tranjlatio injlituta ejl inopia causa.

(ÇiCER. de Orat. iij


, 39). Par-là on par-

vient à en exciter une notion , mais


beaucoup plus imparfaite que celle qu^ex-

citeroit un objet apparent. Malgré les

eflforts que fait l'homme pour rapporter


à un type connu les êtres métaphyfiqûcs
(fie moraux qui n'exifient que dans ûi

iiii
TTVW^P *»•

î>u Lan 6 a 61. iJî


pcnfte , il ne réufik guèrcs à en donner
une idée bien complette oc précifëment
telle qu'il Ta bi-méme : auffi refte-t-U

toujours plus ou moins deconfufion dans


la manière dont on s'entend &r les per-
ceptions de cette efpece ; chacun fe figu-

rant f orignal i fa manière. On difpute

tous les ]Ovm fur la fignificatioa du .mot


ifpritou autres pareils ; perfonne ne s'avife
de difpttter fur celle du moifiéuvi*

\i

h
ton i>« "«» ^*"-*^i**^»-'""
ivç à roreiuc,
I

CHAPITRE XII.

Des Noms des êtres moraux.

2o8« Des noms impofés aux chofes intilUc'


tuiilts & aux aSIons Relatives aux
fens intérieurs. .

009. Maniera de les fabriquer en Us affîmi"


tant aux noms des chofes phyfiquts
& relatives aux fens extérieurs ; en

tranfportant les peintures d!" objets

matériels à des objas intellectuels,

lio* Exemples. .^ \\
^ m. Preuve & explication des exemples
cités.

kix* Autres exemples de noms d'opéra^


tions intelleSuelleSy de relations^ d^hor
bitudes , &c. formés fur des images
vifibles^ é» mime par onomatopée,

XI 3. Mapiere finguliere de forger les mms


des chofes fpiritutlles , par images
comparatives.
,
nn

Kij

s<!;^«t- MécHÀKisME DU Langage, ajf


IJJ^, Facilite de trouver des termes de
comparaifonpour exprimer les qualités^
ou les relations des objets*

11 5• £tf preuve connue d'un grand nombre


de mots de cette efpece doit établir
un précepte général fur les autres
oraux.
mots de mime ejpece y â forigine

intitUc-
de/quels on ne peut plus remonter»
ii6* Inconvinîèns qui rifultent de cette
ives aux
méthode imparfaite , dans les ufageSp

^safjimi^
les opinions & les moeurs^

^hyfiques
'Mrs ; en

(Tobjtts lo8. Des noms impofés aux chofes intetr,

\chitls, leSuelles & aux actions relatives


^^ \\ aux fens intérieurs.

\xcmplcs
Ly a une infinité de chofes

(Topera-' dans les idées des hommes


nSycThar vv a» M^- ^ P^^ confëquent une infinité

images îjl^?^ ^ de mots dans leur langage,

topie, relatifs à certains êtres qui, fans avoir hors

^es m>ms de l'homme aucune exiftcnce réelle , ne


images font que dans & par Tcfprit humaio y

&c n'ont dans la nature aucun original


,

Accepter*

4)^ M tCM AN t s M i
phyfique. Ils ne peuvem donc tombct
fous les fens extérieurs ; mais ils naiffent

dans Tefprit humain du mélange interne


de diverfes perceptions Amples quM a

reçues d^Ji objets du xjehors, dont il ie

forme un rëftiltat abftrait qui affefte les

fens intérieurs , fur-tout rentendcment.

Telles font les idées mentales , les abftrac-


tions 5 les conftdérations dé Tefprit /, fes

Inflexions , les jugcmens quM porte des

chofcs réelles , les relations qu'il y obfcrve


les combinaifons qu'il y établit pour fa

propre commodité , en un mot y tout ce


jQu'on appelle pcnfées abftraites ou êtres

métaphyfiques 6c moraux. ; parce qu'en


effe ce ne font pas des êtres phyfiqucs
& qu'ils ne paroiflent exifter que mo-
lalement pariant 6c incorporellement.

Telles font les idées qu'on exprime par les

termes de riJUxion , confident, délibérer


r€9fUwqtUf conumplation , defir^ doute ,

êtres
fttalité, caprice] frugaUté ^ 6cc- tous

(ans exiftence corporelle , 6c Amples mo-


dalités de penfée , qui , naiffant dans le

cerveau de Thomme , fruâifent dans kur


,

>

1 ' '
D V L HN G A G £• 137
c tombct tcrrein natif avec une prodigiçufe Abon«
Is naLilTent dance. Ceft ûxt eux fur-tout que s*exerce
;e interne la culture de Te^rk -parmi les peuples
2S quM a policés, bien plu$\^ncdfe^e fiir les
dont il ie êtres phyfiques : ce qui noi^ oblige ^'m*
iffefte les troduire dans notre lanj^aige , pQpr nou»
rndcment. faire entendre , une grande quantité ^de
csabfirac- termes dont n'ont aucun befoin les peu-
îfprit /, fes pleç fauviges qt^î ne s'occupent guèfes
pone des de morale , d'abftraftions , ni d'exiftences
^obfiïrve, métaphyfiqucs. Uembarr^is de Êibriquer de
it pour fa telles expreflions, ne paroîtpa^médiocre.
t , tout ce Les objets extéi leurs étoient ou vifibîes,
s ou êtres ou bruyans, ou palpables : ils produifoient
irce qu'en fur les fens extérieurs un eifet qui avoit
phyfiqucs fervi à leur donner une dénomination. On
que mo- pouvoir les préfcnter à la vue , à Touie , ait

rellement. toucher par l'imitation de leur image , de


me par les leur fon , de leur fom;e. Que Éûre ici ^

délibérer, où toutes ces circbnftances manquent ; ok


r, doute lobjet même manque auffi ; les fens in*»

tous êtres teneurs n'ayant reçi aucun moyen de la


nples mo- nature de le mettre avec évidence à >ortée
nt dans le des fens extérieurs? Car il eft très-impor-
t dans kur ^t de remarquer ici philoibphiquement
U^çipLO yiyc-cajfiu ^
;i»iiu * m j^iw^^'

ijS Mie H Â N 1 S M%
ch général ,
qu'autant les organes ont de
fecilité p» -.r tranfinettre leurs fenfations

à Tefprit, qui n'a de connolffances que


celles qu'il acquiert par cette route , autant

Tefprit a-t-il dç difficulté à repréfenter les

conceptions aux organes.

109- Manière de Us fabriquer en les ajfv-


milant'aux noms des chqfes phyjiques
& relatives aux fens /extérieurs ; en

tranfportane9 les peintures d*ohjcts

matériels à des objets intellectuels.

La nature avoit guidé la voix dans la

fabrique des mots nécejfaires , de la ma-


nière expliquée , Chapitre VI. Le langage

s'étoit étendu ftir ce premier germe. On


avoit fuivi le chemin tracé ; &C lorfqu il

avoit fallu trouver de nouveaux noms


pour des choies peu fufceptibles d^étre

îmifées par forganc vocal , on avoit Ç^\i\


quelque coin de reffemblance entre le

nouvel objet & im autre objc^déja nommé


que Porgane avoit pu peindre on sVn étoit :

fer vi pour fabriquer le nouveau nom par

une approximation oupar une comparaifon


Jl»llll * le» |-»IWJ^< ^^ T^

K iv
I

M DU Langage. 139
«
I plus ou moins éloignée (tn le dérivant
%
,
organes ont de
d'un ancien termiç déjà reçu. (Voyez
eurs fenfations
n^ 88, 171, &c.) ^l fallut étendre cette
inolffances que 3^
nouvelle méthode de comparajfon aux
e route , autant
noms^es chofes intelleftuellès &c morales,
repréfenter it%
puifqu'il nV avoit aucun moyen de les
• f
(

rendreTenfibles ,
qu*cn les ramenant à une
vtr en Us ajji^ première image de quelqu'objçt réel ÔC
hqfts phyjiquts phyfiquequi eût aflFefté les fens , &: auquel
/extérieurs ; en on les affimiloit pour en donnerune idée*
ntures d*objets Cette iapplication d'une méthode déjà
int$Ueetuels. trcs-imparfaite à des êtres dont la com-
paraifon étoit encore plus éloigi^^ a reil-
la voix dans la
doit encore plus défeâueufe. Mais il n*y
ires , de la ma- f
avoit pas d'autre refiburce fi Vx>i\ vouloit ("

VI. Le langage
lier germe. On fe faire /entendre. On ^toit obligé d'em-
pmnter mots des idées de fcnfation
:é ; & lorfqu il
les

cirtéricurc les plus connues , afin de faire


ouveaux noms
concevoir par-U les opérations intérieures,
:eptibles d^étre
qui ne pouvôi«nt ^tre autrement rendues
, on avoitiaifi 'V
que par quelque apparence fenfible. TranJ^
ilance entre le
lationes enim quafimutuation^ ^fif^nt ; cùm
jet déjà nommé
({uodnonhaf^iasuliundefumas. (CiCER.)
Ire : on sVn étoit
Les termes reçus pour exprimer des fen-
)uveau nom par
fations extériçur^ | furent transférés ï des
iriccomparaifon
1
-é^"
*

t40 M É C k A N 1 s M E ^v La
fighificatÎQns plus abftrufes pour exprimer chofes qui n'ayant

des aftions & des notions qui ne tomboienr


1*3

& renfiblc dans la


rap- par l'entendement
pas fous les fens. C'eft l'opinion déjà
Locke , le plus duit les archétypes
7 1 , du
portée , n* 1 célèbre

grand irtâître qu'il y ait eu en cette matière ;


210. .

la conclufion qu'il en
6c l'on peut voir, il>ùi.
6re pour montrer comWen Fexamen des Si nous faifons

mots nous rapprocHeroit de l'origine de


nos lorigrine qu'ils tirei

premières notions & des principes de nos voulons les expliqi

connoiflances intellcauellfes. U fift


fi vrai ^gnifîcation qu'ils ;

qu'au (^ns des primitifs c


que les termes qui n'appartiennent
objets nous virons, par
X fcntiment de Famé font toustiréydes
qu'il fût c'eft regarder UfoUu
corporels, que je ne crois pas
poffible de citer en aucune langue aucun foL Coniempler c'

fe trouvât contemplari ; ï^. Ti


terme moral dont la racine ne
cacher.
phyfiqùe , lorfqu'il eft poffible de
Faffigner. Conjidérer c\
former Pexpreffion èc dcjirer c'eft ks
Comment pourroitK)n y
qui n'offrent dzrare^ defiderare
des idées de cette efpece
-
;Y<

on n'alloit les chercher ^\^lavue de la lune^


aucune image , fi

dans la reffemblance indii«ac de


quel- Liina. On doit être
toutes ces expreffioi
qu'image phyfiqùe ? Et pour m'expliquer
j'appelle termes >iont quelques-unes
nettemem là-deffiis , d

les noms de tous les individus porterégalemcntàla


fhyfiquts
la nature : ^iui affèaent vivemc
iiui exîftent réellement dans
des
urmts moraux let noms ne peut y avoi]
lu'il
rappelle
''^
*
chc'>» Tome //,
,

^'-

^U La N G A G E. 141
cJiofes qui n'ayant pas une exiftence „-$-
réelle
& fenfiblc dans la nature, n'exiftent que • --o
par l'entendement humain qui en a pro-
duit les archétypes ou originaux.

210. Exemples,

Si nous faifons remonter ceux-ci à


loriffine qu'ils tirent de ceux-là; fi
nous
voulons les expliquer à la
lettre dans la
Signification qu'ils auroient
félon le vrai,
fcns des primitife dont ils font dérives
nous verrons par exemple
, , i^xiadmirtr
c'eft regarder UfoUU: mirari
;pl.Mihr, i . ë.
fol. Contempler e^Çt regarder le del-
conumplaH ; j^. Templ^m , i. e. ccelum',
<^thcr. Confidérer c'eft regarder les
aflres
bc dcjirer c'eft Us perdre de yuc; conl
'Urare, defiderare;
j^. Sidera.Admonition
Y^l'^y'^cdelalune;Monto;l^.moun.U. \
Luna. On
doit être déjà frappé-
dé voir
toutes ces expreflîons
de -miîme efpece
/'ontquelques-unesde môme idée, fe rap-
porter également
à la vuedes aftres , objets
qu' affeaent

qu
vivement le^ fens ; & fentir
,1 ne peut y avoir ni
erreur ni hazard
Tome II. j

immmmimmmÊmmm
K verue ci». lujww. uir pri^cci^uuii y vm '•• •» Wi . 1^ —v»<

\^141 Mi C H ANI s WE Î5 T> L .

>
dans une telle rencontre. Pcnfer c'eic "tli. Preuve & ex

tenir un corps en fufpcnjion par un fil :

pendert ^ penfum ,
pmjitare. Dclibcrer , Conjidirer , reg;

C'efl- /«/ïir «/2 balance : dclibcrare. V^. Libra. objet; au figuré,

Encore ici même analogie entre le kns Tekeô le fens afti


dërourné Se les primitifs propres. £/»- mot ; mais dans i
pécher cVft lier lès pieds , & expédier c'eft dû feulement fign

les ^e/i^r ; Impedire , expedire. ï^. Pe^rc. Cotifidcrare. ^. Si


*
Réfléchir c'eft /tfire «/^ /^/i .' re-fleclere fiir Tattention avec

Vi.fiecio. Remarquer c'eft /^^ewe ««« *i»r/2e, regarde une confl

àrcorfcrire; Y^> marchai, e, finis, terminus» iong tube pour t

* de cnfemble, ConJteU
C^/^nVc font des cheveux kérifés ,

ritalien Ctf/?o riccw, &c. &c. &c. Comme les anciens fëns

on ne m]^n croira pe^t-être pas volontiers rinventioh des v


à ma parole fur des origines qui ne paroif- biflToient pas que

fent au premier afpeô avoir que fi peu de regarder les aftres

hipport à leurs relatifs , donnons une en dégage tes h\


explication plus détaillée de la dérivation qui exprime cette

de chacun de ces termes. Elle n*en fera ftre que très-ancie


les propofitions cy- fi cojnmun ufage
que mieux entendre l

deffu< expofées , toujours un peu


fatiguantes Il nous montre p;

pour le lecteur ^ quand on ne les pofe qu'en <le r^iftronomie ef

général d'une manière abftraitc , fans les hommes. Cette ex


particularifer pv dei exemples qui les vient fans doute de
faciles à faifu*. dc^rivation foit
rendent , p:

/
y

tï Û L AN « A C E. 24Ç
X\i. Preuve ۥ explication des exemples
cités. \

Confîdirer, regarder attentivement


un
objet; au figuré .réfléchir en
foi-méme.
Tekeft le fens aftuel
générique de ce &
mot ; mais dans fon premier ufage , il
a
dû feulement fignifier , regarder
le ciel.
Cotifiderare. |^. Sidus. Exprcffion
formée
ftir l'attention avec laquelle un aftronome
regarde une conftellation
à travers un
long tube pour en'
mettre les étoiles
"%
enfemblÉ, ConjleUare, con-fiderare
; car %
les anciens fans avoir comme nous
l'invention des vètres de lunettes ne
litilToient pas que de fe fervir pow
regarder les aftres d'uif long
tuyau qui
en dégage tes ftux rayons. Le terme
qui exprime cette idée morale ne ©
peut
ftre que très-ancien «fif
puifqu'il eft , d'un"
fi commun ufage à l'efprit d* l'homme.
Il nous montre par-li combien
l'étude
<le l'rfftronomie eft ancienne
parmi les
hommes. Cette expreflion
métaphorique'
vient fans doute desThaldécns
, foit par

dérivation , foit par trtiduaion- Car je

wmmummmmm wmmmmimm>m
pnmmra€sprepôotiôn$7 mumcifatimy (

144 MÉCHANTS M "^ \'^

foubSrde ce
ne prétends pas dire que le mot conjtdtraré, q
regarde auffi^b
foit Tancien mot dont on s'eft ^d'abord
Jenir que ce
fervi , mais feulement qu'il en doit être (

littérale. J'ai cité un fécond deux exemple*


une traduftion
Sidus pans que les de
exemple également tiré de la 1^,

très propre à faire vojir que cette étymo- & de-^Jiderdre

nullement imagi- dans l'idée qu^


logie finguliere n'eft

naire. C'eft le mot fyncopé du latin feftion àt Tan


défi-
précédé d'une
dcjidcrium ,
qui fignifiant dans cette langue |

plus encore le regret de la perte que le


rife, on ne p
poffeffioii s'eft particu- ddiTx à fidefe
fouhait de la , ^

ropérâtion de
lièrement étendu dans notrç langiie à ce
dernier fentimcnt de Famé. Sa particule
des mots n'a'^

de le décrire.
privative Z?/ précédant le vtxhe fidcran
cxpreffions pril
nous montre que De^fidtrart dans fa
littéral vienn^n
.Signification purement littérale nç vôuloit
d'un peuple (zw
dir^ autre chof^ ^
qyiétre privé de la vue

des ajires ofi dufofeily^e trouvçr dan? & n'oublions j;

l'embarras Cè tems qu'il


le regret du jour, &c dans
veut troirvér
de rgbfcurité. i^ terme qui expriixioit ia

fouhaîtable pour chofes; (ùr^tou


perte d'une çhofc fi

cette cfpecc
l'homme , s'eft généralifé pour tous les ,

feutimcns du regret, & enfuite par tous qu'après avoir

les fentimens de defir qui font eocorc particulier , m


plus généraux ; car le regret n'eft que k portée des cfpi

wmmmmHmimmm mimmmmmmmiiimmmm
mumcifanmy occ«expnm€nt iesperlonnes^

b tj La k g a g E. 14 ^
'/buhîPde ce que ron a perdu; & le de/ïr
regarde auffi-bience quéronvoudrôitob-
Jenir que ce qu'on ne poflede phis. Ces
deux exemples font d'autant plus frap- y^-^
^

pans que les deux expreffions con^fMrarc


& de-^Jidtrdn n'ayant rien de commun
dans l'idée qu^ils prëfentent, ni dans l'af-
feftion àt Tame , & fe trouvant chacun
précédé d'une prépofition qui les carafté-
rife,on ne pourroit les tirer ainfi tous
ddux à fidtn , fi le développement
de
l'opération de l'efprit dans formation
J5)
des mots n'avoit été téfqu'on vient
de le décrire.
Ajoutons que ces deux
expreffions prifes dans leur fens purement

viennent naturellement à la bouche


littéral

d'un peuple fauvage qui vit en p'ein


air :
& n'oublions jamais que c'eft toujours à
ce tems qu'il faut rémonter quand on
veut trouver la véritable origine des
chofes; fur-tout celle àts expreffions
de
cette cfpçcc ne font géiiéralifées
, qui

qu'après avoir été reçues dans un fens


particulier , matériel, & tout-A-fait i
portée des efprits peu exercés. Le corn-
. ...
L \\\

4
Uu/age le plus pxir de la langue latine L'homme p\

%46 M É C H A N 1 s M E DU
pofé Pra-fidcratio s'eft confervé à-çeil*' c'eft égaiem
près dans le fens propre car il fignifie temple trjès-j
;^

que les faifons du froid & du chaud fotil Feft devenu


plus avancées qu'elles n'ont coutume de reftreint à 1

rétfe ù'kL\% l'ordre ordinaire de la nature :


plein air, où
'
%M lieu que le fimple fidcnuio ne fe dit s'aflTeÀibloiei

que d'un mal fubit & ëpidëmique qui femblentenc


attaque tout-à-coupk..les animaux &c les pour adorer
. végétaux ; choie que dans les tems d4- dans les pite

gnorance on attrjbuoit à Tiniflaence des point de prie

aflres. • quand l'uikge

X » Pour fortifier la même obTei-vation j'ai ^'^rdjlafig]


encore mot conumpltr , à-peu-
cité le particularifée

près fynonime 4e confidàrtr ^ dont & l'avotis depui


rorigine eft la mém^. Cùnumflmi de Admirer ^

la i^. Tcmplum. Or le mot iempU-c^i


que l'on conf^

figni&e aujourd'hui un lieii racrë& fermé i de plaifir; 2

ne frgrïiiioit au contriûre dans fon origine ^ regarde avec

qu'un grand efpace ouvert foit dans le ciel tire du refpè^

foit fur la terre y libre de toute part ï la vue. Tame. Dès-Ic

Varron , 1. v) , le définit ainû : Cmlum qua que parmi ta

iuimur, dictum templum. X^es wjfpmSxons fS^it que l'o

Umplum ^ms , aikêr€a imtpla font langues d'oric

uiîtées chez les plus anciens Grecs & à exprimer ur

(• Ainû confidircr ^ conttmpUr^ ctUii que nou

MMHIIIIMiHIM mmmmmmimimim
,,

L homme puliTe employer pour commur

î> V L A N G A G E. 147
c'eft ëgaiernent regarder le ciet. Le mot
temple triès-génërique dans fon origine,
Keft devenu un peu moins lorfqu'on la
^

reftreint à fignifier un .efpace ouvert


en
plein air, où les anciens pieuples fauvages
'
s'aflTeÀibloient autrefois , comme ils s'af- ^
kmklcnt encore en Amérique , pour prier
pour adorçrjle ciel & les aftres- Car,
dans les pne>iier$ fieclcs on ne taifoit
point de prières ^^iis un lieu fermé. Mais
quand l'ufage a change totalement i cet
^^jh^^d 9 la lignification du mot temple s*eft

particularifée toût-à-f^t dans le (em où nous

l'avons clepuiçlong;-tems.

Admifcr^ jt^irari ^ (t dit de tout ce


que Ton confidere *yec une furprife
mêlée
de plaifir; & auffi de tout ce qje Ion
regarde avec î^ttendon, fur-tout s'il s'at-
tire du refpea , & s'il éblouit la vue ou
Tame. Dès-lors n'eft-il pas fecil^ de voir
que parmi tant de mots Mtins dont
^on
f^ait que Torigine fe
trouye dans les
langues d'orient , le terme mirari^ fervant
à exprimer un fentiment de Tame tel que
et lui que nous veoom de décrire , a été ;

L iv
<fic moraux qui n*exiftent que dans &

148 M fe c H A la t s M Ë

formé fur le mot oriental mihr \. e. le

en effet le plus admirable


foUily qui eft

de tous les objets de la vue , & celui du^

culte des anciennes nations ? De-là font

dérivés les mots miracle , miroir , mire ,

merveille j &c.
J'ai dit auffi que Monition avcrtiflc-

ment, monere avertir,- venoit de Moun ,


1
.
e.

Luna {celtid Mon , gr^ci M»r; , perfici


maen, angUci Moon, &c.) Il faut le
prouver. Rappelions ici les ufages antiques.
d'autre
Les premiers peuples n'avoient
d'autre inftrument propre
à
méthode ou
mefurer la durée du tems que d'obferver
le cours des iftrcs. Ils fe
fervoicnt fur-tout
pha-
du cours plus limité de la lune, dont les
its leur donnoient à cet égard une grande
commodité. La nouvelle lune<après^
périoc'
déclin commenqoit une nouvelle
de m4mJ menjis mois,
de tems appellée (
par une fétc appellée jOUtIM
qu'on célébroit

nio-minie, n<n^a luna. On tcnoit


en i5éeir<

pcrfonne fon te
fcntinelle fur un lieu élevé une
la lune bc d'avertir fabriq
chargée d'obfcrvcr
que fa lumicrc pour I
{momreyie peuple , fr-tôt
b*t; L 14. N fc A 6 L 14^
tommenccroit à rfc<!cvenir viftbî :. Cëtolt
la pratique; des Hébreux, & de bien
d'autres nations. Tous ces faits font paf-
feitemens connus. J'en Conclus après l<ss

meilleurs étymologiftes ,
que le terme
x;?>'
fervant à figrtifier Iç plus ufité dd tous les

avertiflemens s'eft étendu à toUs autres ;

que le mot gértëriquc rftonere , exprimant


une idée intelleftuelle & purement rela-
tive à l'opération de l'àme , île pouvant
dès-lors avoir une racine qui ne foittirée
d'un objet phyfique , on la troUvO dans
la i\^. Mon 9 Luna» On y retrouve la con-
venance de fon , de figure] & de Taifon ,

puifque la lune fervant aux hommes des


premiers fiécles de mefure du tems 6c de
la durée , étoit pour eux le monuéut
perpétuel & journalier. Aufli lesLatins nom-
moient-ils moncta la même divinité qu'ils

appelloient Luna^ Djana , [ i. c. la DéeiTe


jourwttïere (de Dits] Jana & Juno j la
iJéeffe & la Reine des airs. Elle avoit
fon temple à Rome, où l'on établit la

fabrique des pièces d'argent ayant cours


pour l'échange des choies ufuelles , ^ui
p Lv
des cnojcs jpirituUUs , par images
comparatiyts.

'^^
...

retint le nom de montta ^ monnou ; maU


le fens de morùto'u n*a plus de rapport à
.celui de monition ; comme celui de mo"
nition n*én a plus à celui de mois.
L*idée a couru de branches en brancheç^;
tandis que la figure moins ^iltérëc nous
indique encore que les branches peuvent
fe rapporter à un même tronc , 6c que

Fobfervation nous le démontre. Le nom


purement latin de Mirurve , une de leurs

divinités i vient auffi de même origine,


la

6c ie rapporte à la même caufe. Son


nom fignifie la Déefle de ïavtrtijftmtnt ,
eu du confeil. On n'en \feoX douter quand
on voit que dans le vieux langage que
parloient au tems du roi Numa les prêtres
Saliens , qui avoient dans leur rituel de^
hymnes en l'honneur de Minerve , pro-
menervan fignifit framonere^ Ainfi quel-
ques Mythologiftes n'ont pas eutort de dire
que Minirvê itck la même que Diane.
Où voit ici pourquoi Minerve étoit re-
gardée comme la DMSt
de la prudence t
bon ccMifeil, de ravtrtiffemcnt ; rôle
thi

fu*eUc joue dans Iti poëmes anciens


,
\mi (lue (Aiini oc pai i cipiu .nuni^iu
images
& n'ont dans la nature aucun original

X^V Là h C a e £• ifi

c; mais ot comment les premières origines de

pport à chaque divinité fe rapportent toujours au

de mo" Sabeïfme , ou culte des aftres*

i mois. ^ Rijlickir de rt^jlccltrty à la lettre c'efl:

anche^;^ plier m deux , comme fi l'on replioit l'es

5e nous pcnfëes les unes fur les autres pour us


peuvent raffembler & ?e$ combiner. Comment
&C que auroit-on pu pemdre, autrement que pat

Le nom cette image comparative |a duplication

de leurs & la combinaifon des peftféés ? iîe-

origine,
pUqucr , rc-pUcan , c'efl^(f^de même
&• Son redoubler Tes paroles. RijUchir s'applique
aux penfëes , répliquer au difcours 6c
femcnt , . ,

quand remarquer aux objets : c'eft diftingucr un


r
objet , le particularifer , le cirtonfcrire en
âge que
prêtres
le réparant des autres; de la Yl.Mark^x. e«
\

borne ,confin j limite. Peut-être pourrojt-


tuci iti
on m'objv^éler à la rigueur que les mots
qucl- cy-defliis pli 6c marque ne font pas des
fi

t de dire
noms de fubftances phyfiques 6c réelles^

Diant* mais de modes 6c de relations. MaisMl

rc-
ne faut pas preiTeV cecï félon une méta-«
toit

idence^ phyfique trop rigoureuiè. Lei qualités Çc

rôle lesaccidens desiiibftanccs réelles peuvent


it ;

anciens l>iep .^(r« j:m0I^S^C>^^ ^ claflê 4u

Èiii>'5]
dalités de pcnfée , qui , naiffant dans le ^
cerveau de Thomme , fruâifent dans leur

151" M É en À NI s M t

phoque, à laqiille elles appartiennent blefr


plus qu'^ celle des purs êtres moraux.
1

%l%. Autres exemples de noms d* opérations


sHUlUcluelles ,. dt relations , d'hahi-

$udes , &c. formes fur des images


viables & mime par onomatopée.
Ditibérer , detibirare , c'eft tenir en

balance ; de U fJ!. Libra. i. e. balance.

Cette peinture phyfique eft très-bonne &


direftement appliquée à de telles opérer

tiens de refprit. Mais le mot Rhra , balance


cft feit fur le mot liber qur de méin^

que codex j fignifte dans fort origine un

morceau de bcis , foit qu on s'en fer vît

^ur proids , foit qu'on s*en fervît

pour planche fcfpenduc fur laquelle on


mettoit deux corps en équilibre. Le latm
iibella i. e. régie de bois propre à pofer
,

ics corps de niveau a produit Tanglois


level & le francjois niveau , nivellement.

Ily a des termes màrzr.x fi bien fabri-


qués pout faire rapporter la jufte appli-
cation de ce qui cft triMme , à Topération
dci fen$ intérieur i^ju^pourrok croire
,
nt dans le des fens extérieurs? Gar il çft trèi-^mpor-
t dans kur ^t ^ xemacqoet iâ phi]oibphi^[uement

.,

r> V L À N G À G E. ifi
nentblcfr que leur fabrique efl; le produit d'une
obfervation combinée & philofophiquc,
s'il n'étoit plus naturel encore de. la
pirations
prendre pour TcfFet rapide d'une grande
, d'hatl-
jufte/Te d'inftina. Tel eft le mot ratia^
s images
raifon , qui , félon la force dé la fignifi-
topic.
cation originelle, équivaut aux expref-
en fions fuitantes la vente de ta chefe^
tenir ,

halance* rexijlence réelle de la chofe , en un mot


bonne & la chofe mime , en la confidérant comme I

es opérer tranfportée du dehors au dedans de l'efprit.

i balance Cette jufte conformité de l'idée intellec-


,

le méirrc tuelle ave? l'objet phyfique eft ce qai

rigine ^w conftitue précifément la vérité , c'eft

j'en fervît
dire la raifon , & le fondement de la

m fervît
raifon taijt dans le fait que dans les rtiifoyy-

lueile on nemens ou conféquences qui découleik

î. Le lat'm
du fait. Voici quelle a été la febriquc

t à pofcr du mot ratio. Du fubftantif générique res^


fanglois rtrum , les Latins ont fait le verbe reri ,

vilUmcnt. pour fignifier faire pajjer quelque chofe


I

ien fobri- dans fon efprit , la ccnnoitre comme vraie

fte appU- & exiftente , la croire telle : comme nous


opération dirions littéralemeltt &c abfolument ( (t le

oie croire mot étoit reçu dam notre langue ) ckofw

/
t:^

fervi pour fabriquer le nouveau nom par

une îipproximation oupar une comparaifon


^

454 MâC HÀK t s M fi

dans fa têtey mettre un objet , en avoir


,

ridée toute telle qu il eft. De rcri on a fait le


participe r^ri/i , &C le terme abftrait rano ,

raifort. Oh ne pouvoit mieux peindre la

force de cette opération de Tentende-^ *|

ment qu*en y appliquant le mot r«, pour


r Élire emendre que la raifon cVtoit la chofe

même toute réelle & toute vraie. C*eft


bien aufli ce que lignifie le mot réaUtc

<iré du même primitif. Ce qu'eft la

réalité dan$ la tlature , la raifon , YcA


dans Tefprit. Ceci paroît encore confirmé
par le verbe grec ft»f dico , loquor ; car
parler c'eft nommer les chofes.

ExeilUnc^ c'eft une courib plus rapide

que celle d'un autre coureur : image


fauvage qui repréfeitte fort Jbien quel eft

entre plufieurs perfonnes celui qui fur-

paiTe les autres , & qui mérite d*ôtre pré-

féré. Le mot oriental kel^'v, e. ccUr , velox

a produit le verbe grec Kj:ikj» provenio ,

adpelto , &: en latin le verbe (impie cel-

Urê y i. e. avancer ^ agiter ^ remuer. De-U


cnafaii les yerbcs Qompoiéiprm^lere , i^e-
4^uvjMci UptrêmUr^ te ex-KêlUre j i. c.

wmSKHtm
Les termes reçus pour exprimer des ièn-^
)uveâu nom par
rations extériçurçs > furent transféras à des
ine coiîiparaifon

0^
MS DV LA N C A C E. •Jff
,j

bjet , en avoir être avance hors de rang, ùre ajjis plus


I nri on a fait le haut; ce qui eft une marque de préémi-
abftrait raùo , nence parmi les hommes afTemblés. Juf-
îux peindre la ques-là le mot reftoit encore à-peu-près
de Tentende-^ 1 dans frvn fens phyfique. Quand on T»
mot r«, pour voulu, étendre au fens moral , on a dit
c'ëtoit la ckofe excellent pour le meilleur^ Fobjet pré--
e vraie. C*eft férableà tout autre du mômejpe/irfrQuancï
le mot réaUtc on a voulu 9*en tenir à la f^gnification pu-
Ce qu eft la rement littérale, de celloon^ùâtprchceUa
a raifon . î'eft pour (ignifier tempête rapide y agitation
icore confirmé violente.

, loquor ; car Donnoas un exemple d'un objet phy-


'es. fique & réel dont le nom fcrye de i^, â
irie plus rapide celui d'une confidération de Tefprit pure-
ireur : image ment relative , & d'une relation xl* un genre
t Jbien quel eft fingulier , telle qu eft par exemple la parenté
celui qui fur- entre plufieurs perfonnes. /><r#, en laiin
ite d*étre pré- frater, en anglors brother y & ainfi de
e. uUr , vclox même en quantité d'autres langues.^Tç^s
Uià^m provcnio , ces mots paroiflfent venir de U «vieille

rbe fîmple cel^ I\î. celtiqueBrUjU e. venter utérus ; de j^

remuer, De-U forte qu< le mot frater , dans fa propre


pra^ulUn^u^' figniiicationeft fynonime Suterinus; l'idée
'X-KêlUrt j i. c. relat We contenue dans le mot^«r#. fe troène
,

^ 156 M É c k Akt s )v< E D U L À


linfi exprimée par une dérivation '
tirée Ne difons-nous pas

Tun objjet phyfique. On peut encore re-


dition d'un acte de N
copie aux parties int
marquer en paffant fur ce mot que la ter-

minaifon ttr^ paroît appropriée clans beau- Il n'y a forte d'il]

coup de langues aux mots qui expriment ne s'âvife dé tranfpo


fignification intelle^
des rapports Vénus par génération char;
racine qui défigne la
nelle. Sçavoir , outre le générateur cor^-
ttiun yinUTy Pater père '^ Mater mère ;
Fraier Brothef^ e. frère ; SiJIcr^ e. foeitr. Galad en Th
i. i.
C)
Dochter. I^ùy^mf , Dofiker , Daughter , /'.
c, Challek ( lap'u* ) x*^^
(caillou plat^, d*oîi vie
^ fille ,&c. s'eftpremièrement fer>
J'ai dit qu^enipccfier c'étoit à la lettre pierres en euife de jet

lier les pieds 6c expédier c'étoit Us


{dur us'.) CSaUex ^ au
; K\\ji
rocher, ^
Collis. Colli
dilier. Cela s'explique tout feul par le
(defçendre d'un focl]
\
latin impedire , i. e. pedes intrieare , & rpide.) Gallet {caillou ^

Cal , en général , rivae


expédircy e. pedes Uberare, Cette image
î.
de rochers &
de galti
eft très naturelle , très-pittorefque : car il que je crois , les noj

moyen Galli ICa^fTV', VaXifc


fi*y a guères de meilleur d'em-
là que toute la régio
pêcher un homme d'agir ou de , lui en de TEufope fur la

rendre. la facilité. Mais à combien Xern- été nommée G allia ,


de Caiix,) Callaecia
pécheniens & ^expéditions c^ite,7L\\é%ox\t
pays de Galles,) W (

n'a-t-elle pas été transférée.Les Latins s'en Cala-is {P or tus Icciv.


ce qui une efpe
eft
ftrvent dans u'i fens moral toutrà-fait dé- ,

commun en géograp
tourné lorfqu'ils difent expedit pour il
^fl C'ale-donia , {dur^^, y
:
4 propos i d'où nous avons fait expédient. OUis^ (fentj^ b^tcu

^
DU LA N G À G E. 1^7 è

Ne difons-nous pas auflî délivrer txpi*


dition d^un acte de Notaire^ pour en donner
copie aux parties intërefTëes ?

Il n'y a forte d'image matérielle qu'on


ne s'âvife de tranfporter par métaphore en
fignification intelleftuelle. CAL eft une
racine qui défigne la dureté des corps (*);

(
*
) Galad en Phœnicien
, ( durefarc, )
Challek {lap'u.) z'^xif (iapilius.) Calculiis
(caillou pUr,, d'où vient calculer f^xct qu'on
'^

s'eftpremièrement fervi pour calculer de petites


pierres en euife de jettons. Kaled, en celtique
\durus\) ChaUex^ au pays de Gex ^.fignifie
rocher. Collis.
^
Colline. Calarc en italien
(defçendre d*un rocher , gîifler d une pente
rpide.) GsiWet (caillou plat £i rivage de la mer.)
Cal , en général , rivage maritime , rivage garni
de rochers &
de gallet ; de-Ià viennent , à ce
que je crois, les noms de Caletes , Celtœ^
Galli KaxiTP, ^ r«Ax<70M. J'eftime que c'eft de^'
là que toute la région qui faifoit Textrémité

de l'Europe fur la grande mer océane


, a
été nommée Gallia , Celtica. Caleti {le pays
de Caùx.) Callaecia (la 'Galiice.)
Wallia {le
pays de Galles.) Wallones
Flamands.){les
Cala-is {P or tus Iccivs,) Portugal (Pori^Cal
^
ce qui eft une efpece de pléonafme aflez
,

commun en géographie. Cilicia (Japidofa.)


C'ale-donia ,
{dun^, vel lapidofa regio,) Callus.
Callis, (fentj^ b^ttu d*oîi vieijinçnt
, Callerri
•^

158 ^ M É C M A M I S M E DU Lai
de-là vient Caillou, Galet , CaUdoma* Voyez eiicore cor
Cilicia , Calus , Calx. Calcare , &CC. Le parler , avoir de Cin
grand ufage de manier des corps durs qû'un^penchfer en fa
3 end les mains calUufes , & la callofite des images pWfiques

fdes mains indique ce grand ufage. Il n'en & comment on expi


% pas fallu davantage aux Latins*^ pour de i'ame par les mots^
^briquer là-deffus le verbe calUn , lorf- qui font la figure des m
qu'ils ont voulu exprimer que l'efprit avoit C'eft aufîi une fort bdî

une pratique ufitée , & une connoiffancc que d'avoir nommé c

parfaite de quelque fcience. Ils ont pré* d'efprit d'une femme q


fente Finuge d'un efprit endurci par l'u- comme le co^agace i

fage, comnae un fentier (callis) eft endurci fieurs poules ï la foi


pour avoir été battu & fréquenté, Ils ont d'exemple ptour les t(

iencore étenliu l'image , en difant calli- par onomatopée , qi


dit as pour exprimer le pro^ript & fubtil femble le pli^ diffiçi

difcernement acquis par la pratique ha- Certainement le nom


bituelle des chofes. Cependant alors l'image oifeau gatliis a été

cft déjà bien loin de fou original. naturelle du glouffem


n'en feut pas d'autre

m Calliditas. ) Calx. /Calceus viennent )


, ( cTaîi
d'autres peuples très-

Caligae* Caleçon I ChauJere ^ talcar. Culco. l'ont ainfi nopimé nati


Calco , (doti vient Calquer.) [Çalx. Chaux. poule en langue lies
Calciner. Calva , < crâne ^ tct%^ch\uve ^ teflnttd,)
d'oii viennent Calotte 6c Calot (coquille de
de la N. Guinée, fe

noix.) Calvi-mons {rochtr pelé , Chaumont.) -^caquet viennent de


Gclu Glacies. Glarea {gravier.) Glaife »
{tare
4iw,e.) Caillou, Calus, fia* &c*
défigner un babil cou
•^

DU Langage. 159,
Voyez encore comment 'ces fàqons de
parler , avoir de Cinclinaùon pour qutl^
qu'un ^pcncfur en fa faveur font vraiment
des images pb^ques de chofe$ morales ;

& cornaient on exprime Les môUveme^s


del'ame par les mois penchant & incliner^
qui fontlafigure des mouvemenscorporeU.
C'eft aufîi une (prt bdnne peinturenaf urelic
que d'avoir nomme coqueterie le caraftqre
d'efprit d'une femme qui agace vingt amans,
comme le co^ .agace & fait rameur à plu-
fieurs poules à la fois. Ce mot-ci fervira
d'exemple pour les termes moraux venys
par onomatopée , qui eft la fource d*QÙ il

femble le plvis difficile de les voif' fortir.

Certainement le nom celtique cof de notre ^


oifeau gatlus a étë formé par imitation
naturelle du glouffement de cet oifeau. H
nen feut pas d'autre preuve , finon que
d'autres peuples très-ineonnus aux Celtes
l'ont ainfi noinmé naturellement , &: qu'une
poule en langue lies fauvagcs Auftraliens
de la N. Guinée, fe dit cooq. Caqueter^
-^caquet viennent de la même vl* pour
défigner un babil continuel & importvm»
1

\-

\V

p xf L
160 M i C H A N 1 s. M E
flcclo , bri doit n
tel que le glouflement continuel des poules. moitié eft çaraft
Les deux termes caqueter & coqutcer font dans le mot
m
hiri
y
prefque fçmblables parce qu'ils viennent
, hair {capillus)
delamêmeBjf. quoiqu'ils expriment des
ereclus
*
idées fort différentes, La dernière n'a plus
Délire égare
j
rien de l'onomatopée ni de l'imitation iJu
Dclirare^ n^^a *

cri ; & cependant elle en vient, ainfi qu'une un champ de ira'


infinité d'autres, dont la liaifon n'eft pas
les filions .eh 1;

Éicilc à démêler.
i. e, filon. Jui
Caprice^ qui fe dit d'une difpofîtion latin qui fignifie
d'efprit bizarre &. déréglé dans (è« fail-
^ raies.- Il vient <

vlics ^ ne fîgnifie à la lettre que chevelure


•A-
filloner , labpun
** crépue ^tite hirijjîe • en italien caporlccio.
bœufs qui, en trs
En effet cet extérieur eft aflez fouvent un
des raies déjà t
(îgne d'une telle difpofition d^efprit. On pliqué ce mot z
9. jadis nommé Hurepçis o\xHurepoil une
Faute y At.faux
contrée voifine de Paris , à caufe des façons
mêmes àf^falfm
groffieres des habitans de ce canton, à poil
ancien jgot ger
levé , hériffé & mal peigné, (Voyez
prementr(?/7z^^r;
Fauchet , Aniiquit.L 4.) PelUvc fa- dans nôtre idiot
ntille éteinte en Normandie , dont 1^
faute. Le verbe
Cardinal , effréné ligueur ,
portoit pour
de la racine gén^
armoiries une tête à poil levé & hériffé :

trouve appropria
le dernier de cette famille eft mort fol.
de langues , ce <

. Pour preuve que caprice vient de capo^.

r\
la U]

\-

: pH LAN oÀa ti 26i


rudo , bri doit remarquer que la dernière
moitié eft çâraftérifée, & la même que ^

dans le mot kériffe (jai vienlide Tanglois


hair (capillus) & dç right , ficcio , ou
^reclus

Délire , ëgarçmçnt de Tefprit , folie J

DcUran ^ vHtd autre chofe qi/e labourer


un champ de travers au lieu de bifn fuivre
les filions .eh lignes droites, i^, Ura^
i. t, lillon. lÀrare eft un vieux mot
latin qui fignifie un champ par
^ lal^ourér

, raies.- U vient de l'oriental Nir ^ u e»


filloner , labourer. Delir^re fe difoit des
bœufs qui, en traçant lefillon, s'ecartoient
des raies déjà tracées. On a depuis ap-
pliqué ce mot aux écarts de refprit, ; .
•'

Faute ^àtfaux 6c àtfaljitas , venus çux^


mêmes à^falfus^ dçJalUre, Fail eft un
ancien jgot germanique qui fignifiç pro-
prement rc?/7/^^r; nous en avons fiiivi l'idée

dans nôtre idiotifme françois , tomber en


faute. Le verbe germanique paroît fortî
de la racine générique- r^L, BAL^q^on ^
trouve appropriée à défigner , en quantité
de langues 9 ce qui eft en haut ^
çn Tairi,
,

ILatios» Ainû confidircr ^ contempler ctlwi que noi

15 tJ

élevé , fupërieur , foit phyfiquement , foit


fon orijfine ne i

fi l'on eût dit


moralement , iîbit allégoriqiiement. Les
/i^/z/ ruflici. aV#
Latins ont emprunté le verbe jFj// dont la


fignification eft phyfi({ue pour exprimer
pulchtr. Mais 1

manfiones vi
une idée mortile fort étendue , Cii difànt y

comme maneo qui fort


falltre pour tromper j ne pas ttnir ,

on le croyoit : mAaphore prife d'un appui


tcre primitif ou
priée par la nati
j^eu folide qui trompt eh /o/w^^x/z/d'en-haut,
(n* 78,) à df
^^fqu'on croyoit s'appuyer deffus. Les
fixité
Germains s'en font auffi fervis en ce ît\\%^

en ii\ÇaiX\t fœllen pour decipercy d'où vient


Flatcrie , d
Flareffiatus.hi
notre mot félonie. Les deux idées font
aux oreilles d'u
taffembl^s dans le mot féli par lequel
qui lui peuvent <
on exprime qu'un vafe d'argile s'eft fendu
première c
en tombant & ne tient pas l'eau. On a dit
de la

faux de tout ce qui trompe & ne


caraftéfiftique S
fàlfus ,
des chofcsftuid
fcfoutient pas, Ainfi le terme faipc pris
(Voyez n^ 80)
Moralement pour tout te qui n'eft ni affuré
fignifie, pris phyfiquement ce Doute y dubi
hi vrai , ,

& ne k peint par la


€|ui tombe , ne fe foutient pas , refte
l'embarras entr(
pas tel qu'on l'avoit placé,
ne à duohus incipi
j4Jluce , artifice de Tefprit , ajlutia ,

V rien Latin.
devroit littéralement fignifier qnViabua*
Souci peine
tion dans une ville , étant dérivé du grec ,

qu'une bleflurc
rfri', i. é. Urbs , Civitas. Ainfi aflutus dans
ctUii que nous venons de décrire , a été
L iv

0X7 Lan G A G K. %Sf \-


(on orijfine ne feroit qv!urhtttius : comme
fi l'on eût dit civilior & perUior quani
funt ruJlicL AV«!«r . i. e. civ'Uis , iirbânus p
pulchcr. Mais le même mot ^fv fignifie

manfionts , venant de fW*f, i. e. fio ^


maneo ,
qui fort immédiatement du carac* V
tcre primitif ou clef organique St appro-
priée par la nature, ainfi que je lai fei( voi^
(n* 78,) à défigner l'immobilité & la
fixité

Flatcnc , eft un foufflc adoucijjfant^


Flare^jUatus. Le flateur eft celui qui fouffle
aux oreilles d'un autre des chofes fauflfes

qui lui peuvent être agréables. Flan vient


de la première clef (impie & organique /X,
caraftéfiftique & imitative du mouvement
(les choksjtuiJes telles que & Teau^
, l'air
*
(Voyez n^ 80)....

Doute y dubium , incertitude de Te/prît


,ft peint par la racine duo qui défignè
rembarras entre dcUx ptnflts : dubiurfi
à duohus incipit , dit un ancien grammai-
rien Latin.
Souci , peine de l'ame , n'eft i la lettre
\i^

qu'une bleiTure corporelle. Le &ànçois vm


chargée d'obtcrver la lune OC aavciui laonqi

(/nomrcyie pcuplç , fKÔt que fa lumière pour 1

^64 M é C H A N I S ME
le la^in Tem* invoyi ,
s'en fert qu'au fcns figure :

ploie également ïiu propre & au figure ;


toutmefl;
comme
fauàus pour yulncratus & pour mctjlus. il

incorpon

YlRGiL.... Fugit cùr faucias aram (lu ciel. C


ruintio yC
Taurus , 6» incertain excuffif^ cervice fccurim.ù

^tregina gravi jamdudumfauciacurs»»** Scdemi!


le tdut d(
LucRET. . . . C/nde ift faucia amore ;
défigne t
•Nam pUrtimque cadunt in vulnus,..*

r»**» que idce puréi


Mais le grec n'emploie la B,î.

dérivé Â^
pcMTvulnero. Et ces mots grecs r*M0 , r««^«<

font formés fur la clef primitive & orga- rel & rin(
en parlan
nique se qui défigne en général le creux,

Texcavation l'er^foncement , la diminu- humain , •

tion d'un corps en le çreufant; ce qui


ell & d'un m
l'effet d'une bleffure. (Voyez n^ 80.)

Voilà comment fe forgent les termes tlon , &h


intelleduels en paffant de langues en qu'il en ai

langues , du primitif organique & nous arri\

néceffaire ali fens propre , & du propre intelleftu<

fiécles cions faits


au figuré ; fi bien qu'en quelques

on en perd tout-à-feit la vue & la cicuhe« Q


^onnoiffance dans leur km littéral. qu'un (cnl

Jngc, Angtbis Ayythêi fignifie minifirc^ Tom


0.
tnvoyii
,
wonque acs pièces ci argent ayant cours
pour réchange des choies ufuelles, qui
^ Lv

B^v Lan g a • i. %6^


itîVoyi^ mcffagcn II fe dit égatement de
toutmcflager de quelque efpece qu'il foit
comme il fe dit en particulier des fubftances
incorporelles ^niraculeufement envoyées;
(lu ciel. Ce nom vient du verbe «Vyi'*^*', i. e.

t*»
minùp yàont le primitif eft iym , i. e. duco;
Se de même en oriental agi^ i. e. duxit^
le tout dérivé de la clef primitive u^Cqui
défigne tout ce qui va en avant. (Voyez
^i°ii5.)Lesprimitîf$n'exprimoicntqu'une
idce purement humaine & corporelle : le
dérivé ÂyytXf embralTe à la fois le corpo-
rt'l & l'incorporel. On le trouve employé
en parlant d'un minifti^ & d'un mefiager
humain , comme en parlant d'un miniftrc
& d'un meffager célefte. Parmi nouj le mot.
i//25^(; n'a jamais que cette dertliere fignifica-p
tion , & la plupart des gens ignorent même
qu'il en ait une autre. Combien de foisnfc
nous arrive-t-il pas de prendre dans le fens
intelleftuel , à préfent feul ufué , d'an-
ciens faits 3 ou de vieilles expïeffions d'an^*
cicnnes JSi^ues qui lî'a voient d'abord eu
qu'un fens purement phyfique ?
Tome IL M
«lu bon confeil^ de l'avf rtîfletnent ; rôle

fu*eUe joMC dans if$ poèmes anciens

%66 MÉCH A K ï s M f

1 1 } Manière jjfigulicre de forger Us


,
noms '

des chofcsfpirituelles par images


comparatives.

LesHommes font bien moins embarraffës


qu*onne le croiroit pour impofer des noms
attxchofesfpirituenes,invifibles,enun mot,

aux êtres tjui peuvent le moins tomber fous


les fcns extérieurs. L'imagination les fert

au befoin , fans être toujours fort délicate

fur le choix. Comme elle eft celui de tous

les fens intérieurs qui agit le p4us.


fortement

& le plus vite , elle fe hâte de revêtir d'une

figure quelconque les chofes qui


n'en peu-

vent avoir : ce qui lui donne des facilités

pour en forger le nom fur celui de la figure

imaginée. Qu'on veuille peindre une in-

quiétude qu'on a dans l'ame , provenue


mais par
d'une caufe petite en apparence ,
laquelle on fent néanmoins à tout moment
fa confcience gênée &
bleffée , on aitferu-
l'image
pule; c'eft4-dire qu'on va chercher
dans le
d'une petite pierre qui étant entrée
fouliçr , met en peine , & bleffe le pied eu

mgmmmmmmmmm
nt; f6Ië lesacciuens deslutoitanccs réelles peuvent

anciens ^^^ ^mmÊÉ^Bhém la cJaflè ({u

\.

B U lAN (^ A G I. l6t
s noms ^' Hîarclunt , pour la comparer à reflfet d'un

es
embarras inquiétant ^'on a fur la con-
fcience. Car c'eft-là ce que fignifie à la
•lettre le mot fcmpulvs. Il ne veut dire
arraffës autre chofe dans fon origine qu'un petit
etsnoms éclat de pierre, ou un gravier détaché d'un
un mot, bloc en le creufant & Texcavant avec fo rce ;
berfous & ce terme , comme on Ta vu, n^ 80, a ùl
les fert Hcine 6c fon onomatopée dans l'art fcu-

délicate lation organique ^C/î, par laquelle la voix


de tous a cherché à peindre l'excavation produite
rteinent par un mouvement rude.
tir d'une En langue grecque i^^xn Pfyché eft le
'en peu- nom du papillon. Ceft aufll celui de Vante
i facilités qui toujours en mouvement & en aftion fe

; la figure tranfportefans cefle <jà 6c là par lapenfée*


; une in- Cette appKcation du terme eftaufli une fuite ..-

)rovenue de la comparaifon que les anciens feifoient


mais par Acs papillons avec les âmes ou martes , qui
moment .iprùs leur féparalion des corps enoient 6c
i ditfcru^ voltigeoient (ans cefle aurenvirons de leurs
er l'image ^inciennes demeures. Lepaptilon étoitchez
fe dans le ïes anciens une efpece d'hiéroglyphe de
k pied e« l'ame. Qétoit probablement ainii qu'au
r?nu de 1 éctiture par iniages , les anciens ,
M ij
cation de ce qui cft externe , à l'opëration
des fens intérieu«$ j^%|pourroit croifc

l68 MÉ C H A N I $ M 1

& en particulier les Egyptiens, écri voient!


lv*^mot , amtj pcnfcc; & le nom de robjcC
matériel çft devenu celui de ïame à qui il

auroit été bien difficile d'en donner un qui


ne vînt pas d'une pareille fource. Les La-
tins ainfi que nous , Tappellent anima ^

c'cd-k-âiTtjfoufflty rtfpiration , nôn-feu-

lemcnt comme un être inviûble Se d'une


ténuité infinie , mais parce que la re/pira-^

tion eft le figne propre de V animation ÔC


de la vie , & que Vame eft cenfée fub-

fifter dans le corps tant qu'il rcfpire:^

114. Facilite de trouver des termes de com^


paraifon pour exprimer les qualités

ou les relations des objets.

Que s'il s'agit de nommer , non les

fitres môme matériels ou fpirituek , mais

quelque qualité abftraite de ces êtres; ou


"d'exprimer quelque nuance délicate des
idées relativement à ces êtres ; refprit hu-
main n a pas beaucoup à travailler pour

trouver des termes de cpmparaifon, &


donner aux chofes- des noms figurés fur

rimige dçs objets fenfibles. Quand refprit

«•Il — HPi •l^l


,

opération dirions littëralemcïtt 6c abfolument (fi Je

ok croire mot étoit reçu dans notre langue ) ckof$r

to V L A N^A G E. IÎ9
rivoicnc
tft fortement rempli d'une Y^miét , l'objet
e l'objet s'en prëfente à l'idée avec les acceffoires
à qui il
& les approxiiîiâtions. Ainfi if a très-na-
;r un qui turellement recours à une figure voifine de
Les La- objet pour
1 , le peindre aux autres comme
anima ^ il le fent lùi-mémé. On dit : Dans ta flèûr
lôn-feu- de lajmntjft , Chomme fe laijft entraîner >
JC d'une
far le flot A^spafftons ; cependant
J
le tems
refpira^ s'onyole fdns qu*irs*en apptrçoive
y &c.
ation &C Ces images/ei^r ,/./ , vol , font erfploy?es
if^e fub-
pour rendre la peinture plus Taillante ,. en
irciIV
préfentant à.rid<fe quelques (Ajets réels &
sdtcom* bien apparens. Ces façons dé parler com^
alUis paratives cdnftituent ie flyle figuré plus

s.
commun qu'on ne le croit , & peut-être
plus que Je ftyle fimple plus commun à
;
non les
coup fur dans la bouche d'un Sauvage
çk, mais que danç celle d'un philofophe. (Voyez
f très ; ou
icate des A pluf forte raifon l'image comparée
'efprit hu- reçoit une application plus fecile quand
ilier pour il ne faut que la tranfporter du phy- V
aifon, & fiqué "gu phyfique , & tioh du phyfique
îgurës fur au moral. On dît un os exfolié , une
uid refprit feuille dt /'ly^wf* Pourquoi ? fi ce n'eft .

Miij f
m
.ona&iUesyerbescomporës/>r«-<:<//(»,ue-

A
r

S
- r ' -

»70 M È C M AN 1 5 M I

parce que ces corps très- minces ont


promptcment excité avec eux l'idée de

fcuilk d^arbre ; objet très - mince auffi.

Mais pourquoi ces txiots folium ^v»«» ,

ftiàllt yfiot y
pur ? fi ce n'eft parce q]^>n

voit ces parties des plantes fans ceflc

agitées par \cftuidt de fair^., Et pourquoi

cemot fiuidi ? fi ce n'eft ^cc que Vot^


ganeapeintVoucrupeirulreaneimpref
fion de ce genre par l'articulation organique
& très-liquide FL Vous voyez en eflfef

que tous mots cy-deflu$,^.vr, flot^


les

ftuilU , vol , fiuidc , ne font fermés que


par la lettre de lèvre f\ modulée par U^
kttre de langue I , pour former le fifflé-

<oulé FLy rL , (Voyez n^ Î4O <k^ «^


le coup ^organe le plus propre à
peindre

les chofes fluides. ( Voyez n^ 8ô. )


Or tous les mots cy-deffus, en quelque
fens qu'on les employa fe rapportent
primitivement ï cette daifc d'impreffipn
ienfible.

ai t* I«*t preuve connue d'un grand nombre


dé mois dé CiUê ejpecê 4oii éioUir Ha

wmmmtmmmiim
iignifiçationcftfynonime Suttrinus; Viàéis
relative contenue dans k nxoxfiiicA trp^t^

M 1 DU La NO A G £• IJV
minces ont prictftt finirai fur les 4Utrts moti
nx ridëe de de mimt efpcct , à roriginc defqutli
-mince uuflî.
^n ne peut plus remonter*
llum ^w»«» ,

parce q^^'on
Il feroit aifé de multiplier ces exem-
t

ples en très-grand riombre.Geux-ci doivent


s Tans ceffe
fuffire.aux perfonnes intelligentes pour les
^Et pourquoi
mettre (ur les voies de la manière dçnt
wcc que Tor-^
procède la formation de ges fortes de
î une impref

-termes exprimant des idées relatives ou


ion organique
intelleftuellef pour leur démontrer qu*il
oyez en efief ;

n'y en a point de cette efpece qui ne


vienne d'une image , d'un fon d!une clef
c formés que y

oduMe par la^


primitive, ou, en un mot, d'un objet exté-
rmer le fifflé-
rieur & phyfique ; q\i'il eft poffible d'en
'
54,)quieft remonter quelquefois la chaîne )u(qu'au

^re à peindre premier germe organique , &c de lier les

ez n^ 8ô.)
termes ^intelle^uels & abflraits même
avec l'onomatopée ou imitation d'un bruit
, en quelque
rapportent matériel qui les a réellement engendrée.
fe

\ d'împieffipn Dès-lors que ce point eft bien prouvé ;

dès qu'il eft mal-aifé fur-tout de démêler


le fil dc^ces fortes de dérivations-, où la

flTMi nombre racine n'eft fouvcht plus connue , où


ioii éiaklir Mjt 1 opération de l'homme eft toujotirs vague,
M iv
•IMilllliliiM
~ s
-
L
,

àpf^pos; d'où nous avons fait cxpédUnt,

^ ,J

271 MÉt..ANI5*ME
arbitraire & fort compliquée on doit eh ,
'
rîeur^ ? Le moye
bonne logique juger àes choTès que l'en par une approxin

ne peut connoître par celles de même iine comparaifoii i

efpece qui primitif qui a {<^


font bien connues , en Ic5

xamenant à un principe dont l'évidence à la dém'ation


fe fiiiit appercevoir par^tput où la vue peut juftcffe ou peindr<

s'étendre. Quelque langue que Ton veuille


chofes fignifièes ?

parcourir on y trouvera dans la forma^


,
vénient qui fèmbk

tion de leurs mots les mêmes procédés de chofe en foi-n


,

dont J€ viens de donner ici des exem- lêtre toute difpute

ples. iiicomplette , a qiî(

Vcopfequences -, 4c
Xi6. Inconvénïens qui rifulunt de cetu
cette métte^cW im|
méthode imparfaite^ dans les ufâges , ner du cdté des m
les opinions^ les inceitrs. opinions I §c du tic

Tout cela doit fervir à nous faire voir de l'hoïnnie travai

combien nos termes moraux font; incer- eft travaillé : t<?ii}(

tains dims leur Signification ; combien de netteté Jms les


mime font incompletteirtes idées de cette plus on parle, moi
*

elpece. Qir les penfécs des hommes fur *>n eft d'accords
cet article éta^it fi délicates & fi peu cir- ïi'en peut avoir. C
confcrites, le moypi qu'un efprit puifle «lui s'en Tappertér

les tranfmettre à un autre avec une entière i'évidence ? ( Voy<


précifion fanis plus ni mojns y lôrfqu'il n'en î'Iusgrand mal pour
^
peut préfeatcr Toriginid à ic$ fcns cxtér
»'cJî tient pas U. Li

\
V aie-uoma |^i/a^, vei lapidoja rtgio,) Calius.
,


rieurs ? Le moyen que des termes feifs
par une approximation fî éloignée, pat
iine comparaifori ft difparate , dérivés d'un
primitifqui a rouvcnt fi peu de rapport
4 dém^tion , puifTent exprimer avec
la

ju/teffe ou peindre avec reffemblance les

chofes fignifièes ? Cependant cet incon-^


vénient qui femblerait n'être que très-peu
de chofe en foi-mêmé, comme devroit
tStre toute difpute de mots ou toute idée
incomplette, a queiquefoisl^es plus gfaves
Vcopfeqiîences ', ^orfqué l'applii

CQttt métte:)cW imparrÊiite vient àjïe tour-

ner du côté des raœurs , des ufaj^c , d^s


opinions, §c du dogme. Sans cefïe l'erprit
de l'hoïniiie travaille à ces chofes & en
cft travaillé : on «n parle. Faute
t<?i^ours
de netteté dans les Wées & dans les mo^fs^''^
plus on parle , moins on s'entend
; moins

mn eft d'accord<i^La di^jpute n'a de fin ni


ïi'en peut avoir. Car, ou eft L'original à
qui s'en Tappdrtér pour quM décide par
3'évidenceî (Voyez n® 70, 41*) Le
fo,
î'Ius grand mal pour Phumanité eft qu'-<5n ne
%^ tient ^as Ià« La difpute pafiè aiféixieat
> **"T < V AlW«AtAV««V l V«^r
CeluGlacies. Glarea (g^vi^r.) Glaifc, (/tf/'^ff
(lé%ner un babil coi
^r.) Caillou. Calus, iu. {ce.

1^4 UicHAmsUt tiV Iàkoâge; % «aiiaii

moral au phyfique c*eft-i-dire de h


^du :
i
À diffenfion i la difcorde. On fe divife de
mcems comme d'opinions : on s'ëloignc
dtcœar &dVfpiit:onfehait, on febat,
ôîrl s'égorge ttèçHréelkment , en confé-
CHAP 1

^ùence d'une contrariété d^avis fur la Des Noir


figtiiftcation de certains mots qui peut-
a 17. l^s nomspropr
^trç ne fignifient rient
èrigini fi^nifiCù

fcns dans U lan


fur les mimts p
mots d'une lan^
%\%. Lis noms propn
partit du jargon
Méthode de le^

- tn font mjini
jicatioru

il 9* Des diverfes m
noms propres j
rentes nations* i

de. noms hiri.

ufage fur les Ji

depenfer*.
lilO* i?/ U fomu À
ics OriemauM ^
I
-wwv^ V «^«taV««V V«>r S«K J IS^ 4 1 1^«
^^
r^r« |/v^MJ

(lé%ner un babil continuel ôc importÙG»

iBiiaii Œil lis

/^ ^iiliil DiiSiœ

CHAP TRE l Xni-


Des Noms propres.

a 17. Ixs nomi propres ptrfonnth ont uip$


brigint Jignijicàtivc y & formertt un
fens dans U langage* Ils font formét
fur Us mimes principes que Us autres
mots d'une langue*
%\%* Les noms propres viennent en grande
partie du jargon populaire &rufiique*
Méthode de tes former. Caufts qui
- tn foru mfemeru perdre la figm**
^
ficatioru ^

il 9* Des diverfes métnieres J^impofer tes


noms propYes , ufities par les dijfi-'
rentes nations* IntroduSion de Vufagt
des noms hiridiiaires^ Effets di ^et

ufagefur les moeurs & fur là fa^M


de ptnfen.
Izo. Dt la forme dis nom projirts chti
ici CrieaUHtit & fhei&s Crtcs^

mtmmmmimmmiÊmmmimmimmmmmmm
le dernier de cette famille eft mort fol.

Peur preuve que capriu vient de cafo-^

\Té M É C M A K î SM t
ftii* [//âges des Romains dans fîmp9*
'^
JUloh dts noms propres^
111. Indication des différenusfourccs d^oà
Jhntforus Us nems hiréditalrcs ufités

parmi nous. v

%xi*Caufe de fimpojuîon dés noms di


iieuxi.

U'J^LcS noma ptrfônnèîs & Us nofnis He

Ûeux oht cànfervc Usft^cs di Fan*


<ïcn langage de chaque pays, t/filith .

hifiôrifais^ critiques & grammaticales


iqu*on peut reûret de ia ncherchc &
dt rtifcàMen dt ces fhoms%

km Ma

à 17. Ijes fiMt^jmprès perjonnels mt uni


origine fignificative y & forment un
'
fensianéU iamgalge. Ils font fortt^s
^
Jiur Us rrumes principes qu4 Us autr$s
m^ts^F-unelan^e^
• *

OUS les ftiots formant les

nottïs propres ou appellatifs

des perfonnes , .ont , ert quçl-

(fùé lartgagô que ^e foit , aînfi

^ U^ mon fomarit U$ nott^ ^


^,

de langues , ce qui cft çn haut , gn l'air

.^

^ I

tk)fcs> )mz origine certaine , une figni-

ficàtion déterminée , une étymôlogie vért-


laHe. Ils n'ont ^ pas plus que les autres
mots , ki impofés fans caufe , ni faBfiqués

îiu hasfard feuîemént pour produira i»i

'truit vague. Cependant comme la plôjp^art


de ces mots ne portent à roreille de, ceux
i[ui les entendent aucune autre fignification
que de défigner les perfonncs nommées i

c'eft fur-tout à leur égard t|ue le vulgaire

cft porté à croire (ju'ils font dénués <fe

fcns & d'étymologir. Il eft vrai què^ Taf-

bitraire du choix y a phis^ influé que nulle


part ailleurs; & que très-foiivént la figni-

ficatlon , & par conféquent k dérivation


*^n refte inconnue par l'ignorance où l'ott

eft des cau<e$ particulières qui les ont


fait impofer ; par la manière dont h
diverfité des prononciations les a défr-

gurës à la longue; par la perre des pri-


mitifs dont ils font tirés & qui faifoieût

partie de qudqiie langue ou de cjuelque


jargon aboH. Mais aucun n'a été impofif
que fur tme figinfication antérieure ôc

icûtiv^ à <iaelque ol^et d« la nature^ im


,,
Ajtucc , artmcô ae leiprit, ajmna^ ne
devroit littéralement fignifier qaViabua*
tion dans une ville ^ étant dérivé du grec
rfri», i. é. l/fbs y Cmtas.K\v\£\ aflum$àdXi%

KtiCHANtlMl
<é>'

478
fur une confidération particulière qui a

décidé du cliqix >


qu'en Conformité de
IVage habituel fuivi la-deflus danscliaque
pays. Si oh faifoit attention à la foule des
noms propres qui offrent à ror«illc un lens
connu; (Exemple: Nereftan, Nigrum
Stagnuniy owNerù-^ta^no; Narmoutier,
'^Jsfigrum-Monajlerium ; Rochechouart
Rupts nigra ; {Schwârt en tudefque
Niger. ) Morte'mar en France ; Mortimer
«n Angleterre j Motuiumman. Pontailler
en France , Ponfret ert Angleterre , Pom
/cijfusPons fractus. Pçquillin ou Pui*
y

Guillaume Podium JnUielmi.DiW'ClïaLttU m

Dii^Four ,Du-Chefne, La-Ri viere,Maifon-


(ort , Richelieu , Châteauneuf , V illeroi
&c.) Si on obfervoitquMs font tirés de cent
Caufes liiffifantes &
fenlïbles , on en con*

clùroit bien vîle que leur formation a

toujoursiété dirigée fur la même méthode


générale^ & qu'on n'i pa^ employé une
«utre Manière ^
po^r ceux d^mt mille

cauiès dérobent aujOUrd*htii h dérivation

que pour ceui où elle irdle encore ^oo*"


fine
•/^•» y **•* »••* ««««wAvii ,
^tfluiAïucU
rien Latin.
6'ottc/ , peine de l'ame , n'eft k la lettre
ii't

qu'une bleffure corporelle. Le frànçois w

tïî^Lcs noms propres viennent en grandi


partie du jargon populaire & rujlique*
Méthode de les former. Caufes qui
*

en font éufément perdre la fignifi-


cation*

ïl cft tf ès-aifë de là perdre , ftir - toyt

où le mot u^ëtant pliis appli-


dans ce câs-ci
qué à robjct qu'il ëtok naturellement
fait

pour défigner,efttranfpôrté par une


con-

venlion particuliers à fervir comm^ figne


diftinâiftl'une perfonne ou/une famille.
Or celle-ci ne peut manquer de perdre en

fort peu de tems le rapport de convenance

en vertu duquel on avoit adopté ce nom


Ijour elle. De plus on fçait^ avec quelle

facilité les noms propres s'alterçnt , ou


mémechangenten çnticr,fur-toutparmj les
poffedent
gehs de vUlag^- Tous ceux qui
de grandeii terres & d'anciens terriers n'i-
gnorent pas que k$ fiunillcs des payfani

changent dcnom prefque à chaque fiéclc

par lïxAitude oîi ils kmi oitr'cux de f^

donner des f<*riquet$ qui kur reftent. La


^ijvinlUnce pcrfoitaellc à m
,,

on en perd tout-à-feit la vue & 1^

^onnoiffarîce dans leur fens littéral.

AngCp Ang^biS Ayyi>iêt fignifie minifire^

homme fuffit parmi les gens ruftiqu^s pôv


lui faire
impofer un fobriquet qu*oi^ joint
d'abord à fon nom aftuel^lnâis qui dès la
génération fuiv^nte refte feul à fes enfans,
quoiqu'ils n'ayênt pli^ en^ eux la conve-
nance qui l'a fait donner. Leur ufagé, à

*«ct égard , h^efl: pas nouveau : il ne diffère


en rien de celui des anciens 'Romains
trhez qui les familles, même les plus rele-
^ees, nétpicnt ordinairement d^fign^es
lïue par tm fornom^ré de qitelque caufé
Jperfonnelle , commune ,v& quelquefois
même ridtaile ; en un mot, par un vérira-
ble fobriquet. ( Sobriquet^ dit Ménage,
de Subridituletum ) Ceux que nos gens de
.

grillage impofent en leur jargon fort intelli-


gible pour eux , ne fc font guères pour
ïnous. Cependant parmi les noms propres
îl y en a une infinité de ceus-ci. Car ce

font les campagnes qui peuplant les villes


& nojQ les vîHes qui peuplent les campa*
gnesu Autrefois dans tonte l'Europe , fi

on en excepte la Grèce & ritalie,les villes


étoient bien moins noFmbreufes, moins
^tendues j Tnoin$iiaâ>itées<m*enefi«èiaAlf
ciei)nes 4Silj|îues qiiï n'avoient d'abord ea
qu'un fens purement phyfique?
Tome H. M

iiov L A HG A G 1. at.8t

aiijourd'hui. Prefqvie tom le monde, no-


bles ou roturiers , conquéransi ou conquis,
libres ou ferfs , feigneurs ou vaflTaux^habi-

toient le*' campagnes. Les uns , Barbares


d'origine , ëtoient nobles; parce qu'ils
étoientles vainqueurs ; parce qu'ils avoient
la force & les armes à la main ; parce qu'il

leur paroiffoit honteux tle travailler çuxr


moines aux chofes nëceffaires qu'ils pqu-
voientVavir aux autres; parce que lapro-
feffion militaire , fi eftïméeichez nous par
de meilleures raifons , ëtoit la feule prifée

parmi eux. Les autres étoient ignobles par


la loi du plus fort , & par la régie Mal-'
heureux vaincus ; quok(i\c leur origine
Gauloife ou Romaine valut au moins celle
des Francs detiermanic. Mais en tout terts
& en tout pays ces confidératipns font (ûr-
tout réglées par l'état des perfonnes. Celui
du peuple conquérant & celui de la nation
vaincue ont été confondus dans lafuit'e des
fiéclcs par les victifitudes des chofes. On
peut hardiment affirnier qu'il iv'exifte plus

guères de familles forties du peuple con-


guéram i lefqueUes ayent confcrvé ùm
,

mie; c'eft4-dire qu'on va chercher l'image


dans le
d'une petite pierre qui étant entrée
fouliçr, met en peine, & bleffe Iç pied eu

iSi Mi C H A 19 I s M 1
interruption dans ce long intervalle l'état

de leur ancienne origine. Sans parler


plus grand nombre , qui font éteintes ^Lf
pauvreté réduifant la plupart des autres aux
profeffions regardées comme ignobles, les
a remis au niveau des contons commu-
nes, dont plufieurs d'entr'elles ont pu
s fortir de nouveau par les mêmes voies dont
celles qm étoient reffées dans Tétat d'ab-
balfTemem , fe fervoient pour $*élever. On
ne peut^^G^r que prefque toutes les fa-
/
milles aujourd'hui fubfiftantes ne viennent
originairement de gens de village. Le petit

nombre eft de ceux qui les habitoient com-


me anciens poiTefTeurs de fiefs & de biens
nobles.'Le grand nombre eft de payfans

qui ayant «aequis une fortune ^lus aitéè ,

font devenus bourgeois habitansdes villes.

Parmi ceu^-cl plufieurs fe font autrefois

'-.'\; &*focceffivement annoblis , foit par les

armes , foit par les emplois , foit par une

poflefiîon npn conteftée. Ainfi c'eA dans


le langage des campagn^^ dans les mœurs
ruftiquesqu'ilfeudroitprincjpalement cher-

cher l'origine des noms propres , leur va-


-tnciennes demeures. Le papillon étoitchez
les anciens une efpece d'hiéroglyphe de
l'ame. Qétoit probablement ainfi qu'au
rems de récriture par iniages , les anciens |
.M ij

p V 11 A !f C A G t. î?J

leur fignificative , 6c là caufc de leur im-


pofition. Mais pour pouvoir rendre raifon
de chacun , il faudroit f<;avpir de quelle
ptovincc une famillef e<J^ originaire ; en*

tendre le jargon populaire de cette pro-


vince , 6c connoître la caufe qui a feii im-
pofer le nom : ce cjui eft impoinblc.

119. Des dmrfes manières éTimpo/er les


noms propresf ujîfiespar les diffirentes
nanàns. IntroduHion de tufage des
noms héréditaires. Effets de cet ufage

fur les mœurs & fur la façon de


pefifer.

Chaque nation a là-deflus des ufages par-


ticuliers autant de peuples, autant de mar
:

*nieres d*impofer les noms perfontiels. Lei


Occidentaux modernes fuiyent prcfque par
touterEuropc Thal^itude venue des Ro-
mains , d*en donner un propre diftinC- &
tif à chaque famille , & de les rendre hé-

réditaires des pères aux enfans dans t}ia*


que race. Au cpntraire les Orientaux, tant
anciens que modernes,font dans l^ufàge de
iJunncr un nom particulier à chaque per*.
main n a pas beaucoup à travailler pour

trouver des termes de cpmparaifon, &


donner aux chofcs- des noms ïîgurës fur

rimàge dçs objets fenfibles. Quand refprit

iÎ4 M É C H A H I iM t
fonne de la même race .v quoiqù*ils dlftirt-

giient la race elle-mém;; par une dénomi-


«ation propre & commune à tous ceux qui

en delccndent Les Mamnadcs , Us Mac-


:

thabies, les Barmécidts , les Ottomam,


Chf z eux le nom propre de la perfonne
cft ordinairement quelque titre ou épi-

thete arbitraire qu'un père, félon fa fan-

faific , donne à fon enfant; quelque âffem-


blage de ijjots formant une courte phrafe

dont le fens eft agréable ou de bon au-


% gure. La Grèce prcfque par-tout peuplée
de colonies orientales fuivoit le même
ufage.Les Grecs cmployoient fouvent auffi

Ja forme patronimicfue : c'eft-à-dire qu'ils

appelloicnt une perfonne fils d'un tel en y

joignanf le nom de fon pcre : JEacides^


Ptlldes , jé tri des , HeracUdes ; coutume
fuivic par les Rufles [AUxiowitsfA^ d'Alc-

%\s , Fœdorwits , fils de Foedor, Petrowna


fille de Pierre; Iwanow/ia^ fille de J:2n:]
parles Hollandois [JanffonJoh^nn'isûWuSf
jirifclafi Adriarius Nlcolai filius , Diric{

Theodorici filius , ] & fréquemment auifi

-par les Anglois [Richard/on , Thomfon ,


H ne faut que la tranfporter du phy-
fiqué :gu phyfique $f ^oh Ju phyfique
,

^u moral. On dit un os txfolii , une


feuîtU dt papkr^ Pcutxiuoi ? fi ce n'fft

.•1

wy t AN G A a if ,ij|
Fil{'jamesj fili-Moris:] &par les Juifs
[Maimonides. Bm 'E^ra, Ben JfracL]
On ne voit pas au jufte en quel tems
les Romains ont commencé d'avoir des
noms héréditaires^ contre la coutume do
la plupart dçlî autres nations
antérieures
à eux. Les p^smicres femilles où je trouve
un nom conflamment héréditaire font
celles delffarcitis_&c des Tarquinx.Lt^txt;
IVieul & les deux fils du xoi Marcltis ,
Sabins d'origine
, portoient le mÔmt nom.'
Tarquih l'ancien étoit d'Etrurie,
& d'une
^famillç originaire dç Corinthe, Son père
s'appelloit Dimaratt ; mais fa poftériié
retint conftamment le
nom de Tarquini
Tarquinia , femme du roi Servius
, étoit
fafille : Tarqmn le Superbe étoit fon petit-i
fils ,*
Sextus Tarquinius fils de cefui-ci ;
TarquiniusAruns ^ Tarquinius Chllatinus
mari dç Lucrèce
, plufieurs autres&
contemporains de même nom/étoienrde
bmOme famille, Ainfr, fq^t que l'prigme
de cette coutume vînt des S;ibins , foit
que ce fût un des ufages étruiqucs
que
'^arquin l'ancien eût apportes à
Rome
,

iènfiblc. t

ai Ç^ Lxpnuyt connue' JCun%rani nombre

tî6* HliCHANlSMË
avec beaucoup d'autres que nous fçavom
<tre venus de-là;foit qu'il ait commencé
par

quelqu'^utrc caufe à s'introduire alors i

Rome i
c'eft à-peu-près vers te tems qu'on

voit naître unufage qui pour lors parut peut-

être indifférent & fans conféquence ,


&
<j«i dépuU a fi-prodigieufement influé fur


les moeurs & fur la façon de penfer dei

hommes. .

Au rapport de Varron , les Romains

dans les commencemens , ainfi que les

ne portoient qu'un
Latins leurs ancêtres ,

feul ifom ; comme les noms de Rems


Numitor
JKûmulus , FaufiuluSj Amulius ,
en font foi. Ce fut des Sabins & des

empruntèrent après le
Albains gu'ils ,

la coutime d'en
mélange des nations ,

prendre plufieurs. Numa Pompiims leur

paroit
fecond roi , Sabin de naiflance ,

èfi avoir tpporté l'ufage. On fcjait q"^


f^^ma
Pompilius^k (on nom véritable,
fl fut
aftun furnom qui ûitùfie Ugi/lau^r.
^ dfct celui des^ Romains, te
furnom
Tuftgc
précède ici le nom propre, contrf
^ les Romains
mtmmm
fuJvircnt conftaninient
mmmmmm
}
(lès qu'il eft mal-aifé fur-tout de démêler
le fil d^ ces fortes de dérivations '^j où la

racine n*eft fouveht plus connue , où


1 opération de l'homme cû, toujours vague^
'
'
; Miv
/^

--X

D ïï L AN G A C t; ^ i?7
depuis de ne le "placer quelle dernier.
Selon cet ufage chaque pcrfonne portoit
trois noms , un perfonnel [pranonun
,

un de famille , fuccefljf du père aux


e
cnfans & qui ne changeoit pas ; c'étoit
le nom véritable [A^o/w«/2; ] un d'cpithcte
^u de fobriqu^t par lequel on difting^oit
les branches d'une m'éme race [cognomen.']
Nous en ufons à^peu-prè*- de méiiie en y

France. Nous avons trois noms, celui du

Ijaptène^ui eft perfonnel, quoique


commiin à une infinité de gens de races
différentes , comme le prénom des Ro- /
îuaias ; celui <\t la famille qui eft le
,

véritable nom héréditaire ; 2^ celui d'une


terre que l'on prend pour diftinguer le*
différente? branches d'une même fouchc.

L'ufage des noms héréditaires eft très-fage*

ment établi* lia, comme je l'ai remarqué,


prodigieufemcntinfluéfuriafeçondftpenfer
&: fur les mœurs. Il fixe & perpétuela gloire
des geni illuftres fk des bons citoyenil': il eft
(aitpdur infpirer à ItUrs defcendans une
noble émulation. On ferait quet admirable

ciTct il a produit chez les Romains. Rien n'#

mm H
. , ,

précilion lans plus hî mojns ^ lôrlqu'il n'en l'iusgranamaipoui


peut préfeatcr rorigbîJ à ft^ km cxtér rm tient fu IL L

i8S MiCHAKlIf MB mu Lai


peut-être contribué davantage
Î^U gran- nVft certaîit qiiîtttiept
méthode que
. deur ds la république que cette autre celle-ci
incorporant, cèndance
de fuccefGon nominale , qui , tant qu'él
l'Etat à la
pour ainC. dire , la gloire de our de la propr
1

héréditaires joignoit ne pas,par préférei


>
gloire des noms ,

au patriotifme na- qu'il n'eft pas poffibl


le patriotifme 4e race
fouvent fur la folie
tional. On Te récrie
110. De laforme de
que chacun a pour fôn nom ,
mais très-
les Orientaux y (
me femble puifqml
mal-à-propos,, ce ,.

i'ofe même
n'y a rien de plus. naturel ; On peat encore ^

de plus raifonnable. Tous /es


le dire , la fignificâtion d'une
Se
hommes ont l'amoîra&^a.propriété , nous reftent des langu
car il eft juftc
n'ont pas tort de l'avoir ; nicienne , aflyrienne
heureux d'aimer' ce qui
5c même fort que ces noms font en ;
préférence. Mais qu'avons-
eft à foi par ne font qu'un aflembhi
6c qui nous
nous qui foit plus à nous , lignifiant pouriaplûpi
;»ppartienne d'une i>xaniere plœ.mcom- neur; & que ces mots

inaliénible que notre nom
f
mutable
La poffeffion
,
plus

précaire dans une fâfille.


de
Titres
W les autres biens
ett

, terres
répétés font aifés

mots qu'ils compofèi


excelfus. Sara ,Dom^
à n

fortune . honneurs , tout


varie & change
chi-fediech , Rex juj
de m^ini. Il' n'y a au monde qyeR«« Abibal , Pattr Deus.
fyllabique qui foït
kl e-
petite propriété lech-Carth , Rtx urh
la lu»
^ênt à une race que riea ne R^ut
,
Çr^o.ine
laconfet^çr.
«plçvçr ,fi eUe veut

"pw^w lipPtlIitlIBIWBliliBpillWWWI — ijl

/
l'ius grana mai pour rnumanité elt qu'-0n w
y m tient fu U« I^.difputepaflè aifqisieat

•J^

nar Lan c a c e; y i?9


nfcft ccrtaîiiqi?t»iepoflefl|on quelconque ;
autre que celle-ci , reftera dans fa def-
cèndance , tant qu'elle durera. Pourquoi
l'amour de la propriëté ^«e fè fixeroit-il
inc pas.par préférence for la feule chofe

qu'il n'eft pas pcffible-de ,pèrdi:e ?

210. De la forme des noms propres chez


les Orientaux y & ckei /es Grecs.

On peat encore aujourd'hui démélet


la fignificâtion d'une partie des noms qui
nous reftent des langues hébraïque phoe-
,

nicienne , aflyr ienne , égyptienne; parce


que ces noms font en petit nombre ; qu'ils j

ne font qu'un aflembktge de plufiéurs moti


lignifiant pour* la plupart des titres d'hon-
neur; & que^ccs mots fe trouvant fou vent
répétés font aifég à reconriôître dans les
mots tju'ils compofént. Ab«ram, Paier 'i'> .#

excelfus. Domina, Rfgina. MeU


Sara,
chi-fedech , Rex juftus. Adad unicus.

Abibal , Pattr Deus. Melicerte,


ou Me*
fech-Carth, llex urhis. Efther, ouAi^

/-,

mmmmfmmm'mmmmimÊmmmim

ji^»
^

M« D^V L A
t90 M É CM A K ï 8 >
1

jfervë le géniî? des an


ou K.hxA<\-3AonPrinceps-fortis-dominus;
Exemples : Mahome
Senriacherib ou Senny-cherif Presbyter
,

nob'Uis. Benjamin filiusdoloris. Mer-


,
Amufat i^DeJIr ; M
par Dieu : Soliman
ou Bar-
cheretz herus terra. Bacchus,.
Lumière: Tamerlan,
dtùsh-Dio-Nyfius films Jrabia , Dtus
E)arâ , Souverain C
Sapor , ou Schah-Pcwr Rex
:.

NyJlce.
pamon d*AUxandre.
plus , ou félon d'^autres Rt^s film.
zadeh , Fille d'une
/
Le* noms des anciens Rois d'Affyrie ne
honorifiques M
nmfe ; Schemfelniha
font <ïu'un amas de titres.
:

(i?«j; Gulkincii , Moft Mii


Sardanapale, ou Afar-aJon-Baal
Rofc'Grcnade /tihul
Po/ninus-Deus.) Nali^chodohofor , ou
Cllenîame , Pomme
y^abo-Chadon-Afar ijPraphtta vel divinui
Quoique les Grc<
Pominus Rex.) Ceslitreschez les peuples
nv?ine ne paroît pi
ont un rappport aux aftres quon
» il
Sabjéites
niuîie erprit. Leurs ne
appelloit ainfi , &
dont les Souverains
j !a vérité quelque çhc
prertoient lès noms. Le doreur Hyde
c^uôs. Alexandre pris
^plique le nom de Pilcfér, ou Bclaffar,^
la ciiares , populo gratus
injJovi-Martius : Baal ou Bel étoit
pugnans., Amphïtryoî
,11,,. planette Jupiter » ftc Azer ou Ad^r la
Àm-f
mené fortis fimina
S-
planette Murs, ta méthode dç compofer .
,

voie aucun rapport à


noms propre* d'un ^«mblagé
d'ex-
les
& fignificatives fubfifte
le nom & h perfon
T>reflriDns ufitées
onen- iîux il paroît purei
aH)ourd'hui dans toutes les langues
p^feitement con-
ftns autre caufc qw l
taJes modernes qui ont
pofeeur.
V -,

%
t
,

^10. JD^ la formi dts noms propres chi^


jcs OriintmM & 4hciàs Gr€c$^

Di; L A N GAG Ev lyt


jfervë le génie des anciennes à cet égard.
Exemples : Mahomed 5 Louable: Moradj
Amufat i^DeJir ; Muftapha, Elu , Choifi
par Dieu : Soliman , Pacifique ;,Nour
Lumière: Tamerlan, Fer boiteux : Darius»
I)arâ , Souverain : Qiànd^rfaheb , C^/w- '

pagrion d*Alexandre. Parifatis , ou Peri-


zacieh , Fille d*une fée : .Roxane , Lumi^
ncufe ; Schemfelnihar , Soleil du jour :
Gulhindî , Roft jnufcade : Gulnare ^
Rofc-Grenade f^ihuliaLve^Picrreprécieufc^t
Cllemame , Pomme de fenteùr.
Quoique Grecs en ayent uié de
les

nvînie , il ne paroît pas que ce foit dans le


n.cme erprit. Leurs noms propres fignifiént
j !a vérité quelque çhofe (Philippe, tf//rtf/75

e^uos. Alexandre prajirvuns Démo-.vir.


1 r

ciiares , popjflo gratus. Nicotmqne ^viclor


pugnans., Amphitryon , duplex^ bas. Aie- -

inone y forns famina ^') mak fans qu'on


voie aucun rapport de convenance entré^
le nom & h pèrfonne nommée. Chez r<

eux il paroît purement arbitraire & .\


/ans autre caufc ijue la fantaifie de Tim-
* \
pofeeur. '
\.

Ni}
^^ pérfonnes , ont , ért quçl- jargon aboH. î
^*_i' ^ll
é^^tS^Sèm (juè lartgâgé que ta (bit, ainfi qtiç fwT tmè j

odatiye à <{ael^

ici Utù HAKtSM*


de puberté [P-
>i I . I^^ri ^w Romains dans rimfojîtlofé n'étoit qu'à cei
des noms propres. porter les prén<
venu au mond
Les Romains fîows ont indiqué eux*
duTibre.JT/^ttrii
mêmes de quelle foùrce ils tiroient leurs
de la bâtardife.
prénoms ; quelles caufe^ en déten^moient
confervéônper
ordinairement le choix. Lucius, celui qui
{Lucis.)
(Voyez Vale
^Jtoit né à la pointe du jour
ordinairement)
Maniuscdxxi qui étoit né Je ipàtin (AftfA^.)
le même pi éno
Gayus ou Caîus.^ à ça^ de la joie que fa
((rtf^^/i^w*)
toierit les prém
naiffance donnoit à fesparçns
tinôîon indivi
Çntzus , celui qûî naiffoit avec des marques
\ même nom. Le^
fur le corps \Navus!\ Aului^ celutqu'oii
ni iurnom, Eli
n'avoit élevé & nourri cjuVec B&ucoup
nom de^la famil
de peines &: d^ fpins iaUre\. Marc^s^
pelloit Corneliû.
Qtdntus l Sixtus y ceux qui ëtoicnt' nés
[Quinniis,]
celle de Cicçro
auxinois de Mats, de Juillet
^ tfApût lS(xnns:\ On appôUoit auffi
Quelque^is
ncnt auffi la val
1

[uinms & Sexw le ç* oc le 6* en&nt,


(le

fa,mille« JE
.^hlïus Ctlm dont |a mère étoit acjC^-
&dan$ Souvent elle ic
cUéc en plein air horsde chez elle
fouvent
comme Porciui
Wrtteu public ; çhofe qui pouypit
cohii^erce de
peiçle lohg^ I
arriver aux femmes de ce
Flavius , le Blc
X tems ruftiqi^e. On appctioit auffi Putlius ,

orphelin avant fâgc


>ms^ tnil
i:eiui qui ,itoit rtfté
V
\
^
•A

m
pUlltV V»V \|MV»\jM*» ^
jargon aboH. Mais aucun n*a été impofé
^^
^r^

que fur ime%mfication antérieure ftc

vdatiy^ i <{uelqac obi^t de la aature*, ^«^

Dl; t AN G A G s.

de puberté \Pupillus ou Pubis] : car ce


n'étoit qu'à cet âge qu'on cominençoit à
porter les pTinorns.TiBerius celui qi^i* étoit
.
<*,

venu au monde dans une maifo^ voifiné . L

duTibre.JT/^wri//^ celui dontrorigine tenoit

de la bâtardifè. Serviusfeniznt qu'on àvoit


confervé an perdant la nlere(yi/Ttfrtf ], &c.
(Voyez Valere-Max. /. x.) On avoit
ordinairement fatt«htion de ne pas donhet
le même prénom à deux frères : caf c'é-^
vy ^
toierit lerprénoms qui marquaient la dif*

tinftîpn individuell(e des perfonnes de*

même nom. Les filles û'avoient nrprénoni


ni iurnom. Elle^ ife portoient que le
\
nom de*la familje. l-a fille de Scipion s*ap-
« ^

pelloit Çorneliàj cçlle de Métdlus CaciUa,


celle de Ciççrèn Ti/&tf i &c,
Quelque^is les Romains nous app^en*'
ncnt auffi la valeur fignifïcative de^s noms
"A
de fa,miUe* JEmiUus [^agréable^ , &c»
Souvent elle ic préfente d'ellefm&ne ,

comme Porcins celui qui nourrît ou fiiit


;^

coini^ercc-de pôics , J«/viiw je Roux ;


Flavius , lé Blond ^ &c; Ils tiroieni les
iurhoms^d<i taille caufes ouclrconflances
V . Nnj
"N
'
("-

miMiiiiiii mmmg^

m
muil'^ y^ii^UKi^ ^
yWill '«#^11* U\riiv nuft&V •o^

caufes dérobent aujoiifii*hm ki dérivation par l^uèitude

ique pour ceux cà elle irefte encore con- donner àesfio


^ ,1 . u ...

VI

194 MiC H A N I s ME
hria^ porte -
différentes. Du lieu de rorigine , Colia^
collier. Sou
si/tus j Malugint^njis, Du métier qu'on
acquis d'une
faifoit ; Mctdlus , ouvrier à gages, métallo
faveur du f
la
conducltts. ^^rifcx orfèvre. De la^nlturc
par la conqi
y des légumes, CicerOyPifo , Lcntulus. De
provinces ac
' Thabîtude du corpf , Cojfus , front ridé ;
Aï"
Ajncanus ,
^caurus , boiteux; Plautus ^p\cd large;
Ifauricus. ï
Sura ^ gras de jamfac ; Strabo , louche ;
propres des
Codes j borgne ; .9r^'(?/tf, gaucher; Cajpito,
aV en a pas
pofle tôte. De la couleur du teint , Rufus ,
terminé en i\
Niger ^^jilbinus , jEnobarbtàs^^ [ Batbe-
à r» !•# des G
rouiTe ij^^quilius [bazané.] DiiS qualités
effet nous fi
de rame 6c du corps : Cato , prudent ;
^ilsi^CacuIa,
Niro y vaillîipt ; Dru/us ,^ fort , roUifte ;
fils à^JBmidoi
Bnuus , ftupjde ; Puicker > beau. Des
conj«;^âurér c
penchans, inclinations & goûts; Catilina^ moins ceux d<
|o\|rm^d , fnand ,, Cadttos - Hngens.
du genre pat
jB/iur^ena m Lamproie ; Oraea , Dorade,
ctnt forme q
lié quelques circonftances de lanainance ;
Romains fes
PoJUiùmm , né aprèsj^ mort de fon perc ;
defcendans ,
Cctfar^ né avec des cheveux ; Agrippa y
nations, Pjmi
né d'un accouchement difficile , a,grï ,

pas toiyouri
(
* • » jpaTius.Tit.\k rèffembla^îce avec quelque
quoique laoûis
animal , Vaua ^. Gracchus , Afellio.
ie commence
De quç^ues modes introduite,, iï/^
s

^^w^^
•ff
,,

par lUiabitude oi ils font «ur'eux de ft

donner des fo|)tiquets qui leur teftent. La


laoindft àr&onftance perfoànelle à ua

'

0X7 L À N G AGE. 195


/r/^. porte -frange \ Torquatus porte-
collier. Souvent ces furnoms ëtoicn^
acquis d'une maniere-très-honorable paf
;

la faveur du peuple , PuBlkola , Magnus i-

par la conquête de quelques nouvelle


provinces açquifes à FEmpirc Romain
Jfricànus , Batmaticus , Numidieus ,
Ifauricus. Remarquons fur les noms
propres de« familles Romaines qu*il
,

aV en a pas i^n feul c>.e« eux qui ne foit


termine en ius ; dëfinence fort femblable
à r»i#f des Grecs, cVft-à-dire ^JUius: tn
effet nous jfçavcns qu« CaciUus ûpnAe ^

-fils de Cacula : Julius fils cPîuW


uEmiUus ,
à'JEmihs p &c. par 00
fils
ort pourroit
con^ôurér que tes noms de femitîes , du
moins ceux des anciennes maiions , feroient
du genre patronimiiiue , &
que c'^dd en
cette forme qu'ils furent établis, lorfquelcs
Romains tes rendir^^t Mrëditairts aux
defcendans , çontpe^rufage Atê autres
nations. E^witr^ l^:tRômains n^nt-ils y
pas toujours eu cet i^ge eux • mêmes
.

quoique aoi|S xCtn voyions pas nettement


ie commencement panni eux.

. I

^
gnes, Autretois dans tonte l'Europe , ii

•on eÀ excepte la Grèce &: ritalie,les villes

étoiem bien moins nombreufes , moins


^tendues. inoimJhs&itées^m'enefiiièiafi^
X

%^ M i C BAN I 5 ME
aix. Indication des jpour la fs
différentes fourccs d^oii

^ontfortis fous foç


les noî^s hiriditaïres (

plufieurs (

ujitis parmi nom.


portoient
i?,
Parmi nous* les noms propres hérédi- noms*quî
taires ne font ufités q\ie depuis ^eu de mort. Ail
iîëcles. Lorfqu^on commença d*cn intro- de Saints
duire Tufa^ , chac^a n'avoir de nom qu'il ivn
propre que (on noib de baptême , & égard la
y ajoûtoit, pourfe diiRinguer, foit lef)«ni étoit fou
du lieu dont il étoit natif, ou qu'il pof- fui vie avî
fédoit.,^u dans lequel il faifoit fa réfi- peine ifc
dence; foit le nom défa ptofeffioriVfoit S} Louis
(Celuide quelque marque corporelle propre ÇOIS de
à lui fervir de fignalemei^. Qn Vdit 4>ar4à portoient

C
que chez nous la métfiode « febriqucr &: il en 1

lés noïns éft^.^ femUableràxCelle que miere ori

les Romains employoieilt^ur (leurs fur- Tudefqu(


noms , 5c que ces deux peuples les ont fort bief
tiré des mêmes efpéces de circonftances diftiortnî
il de configurations. ; i h^ uns Ç
J. •
UnecqjitwîhereHgîeufea^èslong-tefm le mêlan
parlé les Chrétiens à prendre àla céré- fieurs fiée

monie du baptême le nom dé quelque fe tro\iv^

^cien perfopna^ />éatifié par TEglife'à laiigue 01

/
"^mHmmKmmmÊmmmmtmm mmmmmÊHm tmmmmmmimimimm wmmmimmmm

•H-V,
fiécles par les viciflitpdcs des chofes. On
peut hardiment affirmer qu'il ii?t;xifte plus

guères de familles fotties du peuple con*


guérant i lefqùelles ayént conferyé^ fan^

B U L À W GAG E. 197
jppur la faintctë de fa vie , & à (è i^ettre
fous fo^ patronage & fa proteftionl Maîs^
plufîeurs de ceux dont on prend le nom>
portoient eux-mêmes durant leur yie ces

noms*quî n*ont été fanftifiés qu'après leur


mort. Ainfi Tufage de prendre des noms
de Saints n'étoît pas fi général autrefois
#
qu'il l'eft aujourd'hui. Il paroît qu'à cet
égard la méthode des peuples Chrétiens
étolt fouvent la même qu'ils avoient /

fuivie avant leur converfion. On auroit


peine à" dire quels étoient les patrons de
S} Louis , roi de France , de S. Fran-^ /
çois, de S. Charles Borromée. Ceux-ci 1
portoient ^es nioms par d'autres caufes ;
& il en faut rechercher phis loin la pre*
^ niierc Ceut des Fratnçois
origine. étoient
Tudefquês. Wachter & M. Jault cfn ont
fort bien expliqué ptuHeurs dans leurs
diftiortnaires. Ceux des Gaulois étoient
\
les uns Celtiques ^ les autres Romains vA
le mélange des detix nations,, jJepuis plu-*
fieurs fiécles. Le détail des noms Ceittquef
fe tro\i\^nt dans lés lexiques de cettcp*

langue oc de fes doleâts» Ifs otMow


-. «^ . / '
.

poffcffion npn conteftée. Aiiifi c*e/l dans


le langage des campagn«^ dans les mœurs
rufliques qu'il faudroit principalement cher-

cher rorigiiie des noms propres , leur va-

198 M É c H A N I S m: e

de rufiimté avec les noms Tudefques ;:

/ le langage & b nation des Celtes ayant

étc fort répandus dans la Crermanie ; &


même beaucoup plus, avant , à Jorient 5«.

.
au midi , par un grand nombre de peu-

les divers langages,


des
H plades. De plus ,

. Barbares Européens avoient entr'euxune


d'une
analogie qu'on y remarque encore
manière fenfible dans ce qui nous en refte,

l^s de ramiqùité les compren-


hiftorîens

i^nt fouvent fous le nom de Ctlus ,


&
leur langue fous celui de Cdtiqàe :
comme
dam le Levant on les appelle tous du nom
;;

de Francs ,
quoiqu'il n?a|)parti|ime pro-
N ^&t" que 'a
. premeint qu'aux
Celtiquà proprement, dite
U pays compris
François

entre la
^ Seine
Ait

&
que
|a

\ I
/ Garonne.
Les origirres connues (îes noms pers-

onnel* de ÉMnillc font dérivées


Des noms de Vieux , Rochrfort ^

S:mtUyD^pri,\aFontmnf^, Dugué,
Charnpur, De/champs , là Roche ^
7^
'
efcârpé.]
Saum [u e. Précipjce, lieu

,.• ». .
'
''»
réchtairc^ des pères aux enians cians cp*
que race. Au cçntraire les Orientaux, tant
anciens que modernes,font dans l\ifage de
ilonner un nom particulier à chaque pcr*.

6 U L A N G Ad E. i99
^mi [ de Firm'uas y une ferme , & de
L^fques ;;
fcritas , un parc de bétes fiuves.] Dur
5 ayant
vivier , Dubois , Vcrgicr , la Chefnaye ,
nie ; &
rient

de peu-
5^
Bcaufrmont [i. e. Montagne,
Chdiillon ^
de Befroy ou de la Cloclie ; ] Mont^ P
brun , Chdiiauvcrf , &:t. Cette ori-^
Lges. des
ginc eft la plus ordinaire de toutes. Lit
euxunc
fignification de tous ceux qu'on vient
e d'une
de lire fe préfente d'elle-même ; mais il
!n refte^
y en a de fi défigurés qu'on trBMaeut les»
mpren-
reconnoître , fi on. n'eft d'ailleurs remis
lus , & fur la v6i€. Briipumaulj no|n d'une
comme Orimauù^
famille ancienne, c'eft de Pré
du nom
[Je praiQ GrimalJi>\
ine pro-
noms de lieux font eux-mâmes y
Les
que- la
comme il eft aifé de le remarquer , en
fût que
touâ les pays &c ea toutes lès langue ,
B & h dérivés d^ leïur pofttion phyfique,^dc$

produ^ipps dn terroir , de quelque qualité


ms per*^
mtwvQ^e ov accidentelle à Teiv-lroit* Les
^ign^wf .pi;^i^ient l^s noms des lieux
chffort ^
qu'ils poiTédoient. Mais les gens natifs
Z>uguéf
#tt ha]}itaas du lieu le prenolent auflt
che f l^
pour Ce i^ire recoiutoîtrê. Ceft, encore
ifcàrpé.]
«.«smWC^fKWi 1» movm qui ont reteim

v>*
v;.^
"^;^^ •n /
,

parles Hpîbndois [JanJfqnJoh^nnis(i^A\\Sf


'J4nfclaf{ AàvhrimKicohi filins , Diric^

T'heodorici filius , ] & fréquemment aufli

-par les Anglois \Riçhardfon , Thomfon^

jcé MÈd ^kji f^iki


lés ufages ainfi que les habiUèmervi de'!

flécles de leur inftitution. Il y a des ordre:»


religieux dont les membres n'ont d'autre
nom que celui du blaptéme ,
joint à celui

de leur HeU natah Une marque? itïfailiibk


d'ancienne noblèffe éft d'avoir pour nonî
de famille celui de la terre qrfoh pôffede ;
pofttvû^qu'on aif^ dctout'tems connu,
pofté'le nom & poflJédé la terr^; ou du
moihi du'ôn foit évidemment connu pouf
^ defasndartt ^dè cfeux^ qiii réunifloient les
/ ^

deu)^ cîrcoftftances. C'eft un article /u^

lequel onHTommet bien des fupercheries &


de bien des manières. En géttérâl il rfv

a poiiit de titte de nobleflfe plus claii^

moins conteftaible , moins fujet à la fraude

que la poifeffion de la- même terre, con^

tinuée de pete en fils pendant pluiieurs

iiecles ; foit qu'on n'en porte pas le nom


foit qu'on Fait toujours joint à la po(^

feiEpn de cette terre ; ce qui eft encore


lâieax, /
Comme les lieux ont donné le nom
aux perfonnes , il eft fouvent irrivé que
les perfonnç$ ont donné leur nom aux
^
imimmmmmt

A
ihannisfi'ius
la mène famille, Ainfi, (oit que rprig"ïe
ilius , Diric( (le cette coutume vînt des Sabins, foit
que ce fût un des ufages
emment auflî éttufques que
Tarquin l'ancien eût
t , Thomfont apportés à Rome

L A NG A ^
'

É • D U e. joi
lëmen» àA f îenx où elles ont fait . de nouveaux éta**

des ordre:» blifTeniens , foit en bâtiffant , foit en àér


>m d'autre fi-ichant. Cefl ce qu'on remarque trèsr

Htit à celui fouvent dans^les campagp^s^^r-rout dans


sfinfailiibk où les villages font divifés par
celles

pour noni hameaux, dhacun de{quels porte le. nom


« pôffede; ''d'un ancien chef dç famille. Les Romains

ris Connu , ,
ont autrefois biffé leurs noms dans une

rr6; ou da infinité de lieux , où rlspnt eu des habi**

:onrtu pouf tations , Comme £«{/ , Germanà ^ Pom^


tfloient les pont , c'eft'à-dire , Luài , Gtrmafùci ^ Pont"
article ki ponii fubaud, VilU* Coquille en fon HiA
rcheries &t toire de Nivernois y en cite grand nombre
ét%\ il rf^ d'exemples*

plus claii" 9 X® Des noms de nation$f AtUmand^


«k la fraude le Normand^ Sarra\iny Bretonmcr^Picarty
erre, con^ tAnglois*

: pluficurs 3
^ Des noms de baptême. Quand Tufage
u le nom 4e porter le nom héréditaire , inconnu aux
k po(^
ii Barbares &c aux Orientaux , mais conf-
eft encore tamment pratiqué pâtr les Romains , a com-
, mencé de s'introduire en France, Its noms
\é lir nont de baptême font devenus héréditaires i

ncwi que ceux qui titxi voulurent pas prendre , ou


nom aux qui n'en avoicnt pas d'antres à porter i

A
,

«««1 rurnom qui fiitàfiftUgiflamr.ViU •]

^ effet celui des^ Romains, te ffimom


contre l'ufage
Recède ici le nom propre,
«M les Romains fuivirent conftamment

%Ùt M É C HT A» f S M t
Plufieursmaifons, nobles font dans ce Cas;
•înaïs ils font ïur-tput aujourd'hui fort coin-
'

mûns parmi les familles ï)ourge^ife5.


\ Le dirtftianifme répandu dans un fi
grand nombre de climats, a produrt par*
tout de faims peribitnafges. De plus ,
j'ai

déja|taarquë que les noms adoptés ai»

baptême ne font pas toujours des noms de

Saints, mais fouvent desnoms hiAitucls &


anciens chc2 chaque nation. Ainfî les noms
de baptême viennent de toutes fortes de
langues, II y en de celtiques comme
Richard ; de barbares,, comune Jlhert ;
de gothiques , comme Geoffiroy \Gotho^
friJus) de grecSfComme Nicolai; de latins^
comme Julienne ; d'hébreux , comme
Jêannin , &c. Au village , pour pcuqu'un
homme ait un nom de baptiîme futguUer
les gens dur Heu hri laiflTent ce nom 6c

le continuent à fes defcend^ns, en leur

feifant perdre celai qu'ils avoient aupa*

\ rayant. Mats ils le défigurent

par leur hiauvaife prononciation. J'en


étrangement
ai

ibuf les yeu% quantité d'exemples, comme


X>MK/ pow DayidySafitrm pour Sym^.

mmmfmm KM lilHi mimm


,
^o
t, «

des gens illuftrcs & des bons dtoyen#: il eft


fait pcfur infpirer à leurs defcendàns une
nains, te ffirnom
[* nôUe émulation. On fçait quel admirable
rc, contre Tufage
ciFet il a produit chez les Romains. Rien n*# X
ent conftanimctit

S M t
^ p (? Lan g ko t. yyf
it dans ce cas phorianus^ Les altérations nées d'une pro*-'

nonciation viciçufe qui n'eft plus au-


d'hui fort coin-

irgeoife5. jourd'hui que rhcz'les peuples ruftiques ^

lu dans un fi étoient communes par-tout , avant que la-

a produit par' nation (tt inftrùite & lettrée. Sennturrc


ancien feigneur de lu Ferté «'eft Neo'
. De plus ,
j'ai ,

ms adoptés an taire ,. Samcius NcHarius dérivé du latin

rs des noms de niHarCyi. e. c/^gTWw^ijomme. font les

ms h<d)ituels 6c gens qui ont^Ia vue foible^NCe nom ed


Ainii les nom$ du genre de ceux qu'on a tirélji'une habir

ïutes fortes de tude corpOj/elle.

tiques comme 4*^ Des tit*çs,emplois, arts &^pTofe(fions^. 4^


Oïmne jiU^ert fcit qu'on les excr<;ât réettemient, ou pat *

ofïroy \Goeho^ quelque allufion en forn^ de fobriquet qui

zolai; de larins^ y avoit rapport. Le Pf-nct , ItRiÀ-y-l^mr

)reux , comme ftnur , VEviqui ^ U Duc y£^u , Bailli ,,


pour peu qu'un Doyen , LimoifH , iPrieur , LuUrc , k
Mdùn^ Midicij , le Tonnelier^ Chevalier^,
yîme felguUer É
T)(i ce nom &c U Vêmêurr Marchand y Maffon y Ckai^
ftnùtry Marin , Fotfcron , U Fêvri , on
nd^ns, en leur
avoient aupa* habrl , &CC* M
nt étrangement pMini les nomide cetè^efpccé-d, il y en
^
a beaucoup dont fcifignificâli^ eft perdue,
.

dation. J'en ai

wnples, comme parce qu*ib foiit allufion à oè^fonftîon^

4rin pour Sym*, îUitrçfot»ufité€S> 5c dçnt le non-uf^gr^


')

'1P<W"
, .

/~^3â4 M i c H A Kl s -M P-

>J
fait-abolir le

-
nom. Ceux
• ,
dont- le. hvi7ai\!'
/«.-
TirôjÇ^C'COC

-
«nous a cofî(ervc'
-, / •
^ ^
le Icns
-
comme Muduco
. y - -
•.
,
P.':Thes„yQîU

'Xolhért^^Ç, font une preuve de f iinp'olïi^ .


la Blifltd'i .

y bi^'të^iri'on eft d'en ç\p!i^,uec beaucoup . 8^ De


cFtiutres, îiialgre la ççftUi/cle où Toli doit nailTancc y

.^tre qu'ils fignlfient (juelque. choie en elTct. («fcmeau)


(Voyez "le'Didiahnajrc de Mlnage lur

ces ceux mots). * {


^
c/ Enfii

5^. De Ja forme ou des Tcres ; évé


>
h;ïbituaes dn
'
l

corps. Paît , le^Gros , /f Bo(fu ^U Minore, Lits & per

le BlanCyU ^s^oir^ Brunet^^MorcdUyBurcaUy " inconnus


"
uir titre y
TcJIord y le Beau , JoxIy , Tondu , &c. ?

,
<5? Des qualités de rame & de îelpFJt. en un m
ie conque.
i'iî^e , Doiiçin , Hardy , Martel ,

Prudhommc, liy, Caufi


> 7^ De la reiTemblance vraie ou pré-
tendue av^c certains animaux, if Beliriy

Mquton BcrhtS'^ Chevreau Taureau


Dés qu
, , ,

appcUatifs
/e Bœuf^ Renard^ Roffzgnol , /<? C(7^, &c.
fient ions pi
^ Ces tf ois ou quatre derhieVefs efpeçes ont
il devient
introduit des noms fort bizarres fur lefquels 1
i

.ippellatifs
Falconet a fait dlverfes remarques tn
Dans ceu:

parlant de rétabliffertient des noms pro-
font plus
,
près. (Mçm. de TAcad. t. xx, p. 444.)

.Tels font Huchè^chicn , ÈvdlU-chien ;

M » l
JàS.
nature qui
à la grecque , fa mère ,
j'y trouve roi s k j
, ,

* '

\ •

>*•

»/ n V L A nV,,a G E. îo\

Ei^ôÀc'Cochon , Horfogc , Taille fer. Q narre-'


P.-Thcs.^Qtiatri-fols^A^iX'Cpavks, U Bufie^
L; BriJle[Je , ^C, / : '
"
: ,.
'

8^-' *Dc qùeiqucs circonilahces 'de la.

nailTancc y de l'âge , de la parente. Bejfon,^ \

f^'cmeau) yicux^LcjalnCy Frrre, Coufin ,

'

c/ Enfin de trrille clrconÔances fingur-

licrçs ; événemens de la vied'im homme.


Lits & perfipnnalités , la plupart du tems

m inconnus ,
propres à lui avoir fait impOi^cr

un- titre y iine épithete, un fobriquet


^\
en un motjt une dénomination quel-
conque.

ity Caufcs de fimpojltion des riom.^ de


lieux.

Des qu'il cft démontré que les noms


appcUatifs des perfonnes ont leurs fignl-
fiàt ions provenues de cent caufcs variées
il devient inutile de prouver que les noms ,

cippellatits des lieux ènt tous aufli la leur.


Dans ceux-ci les caufes de rimpofition ; v.

font plus reftreintes & plus faciles i .

\
i

»u Langage 321
Uriture qui paroit les avoir appropriées à
1 «• « tf
*.

" ^

^
i

J06 ,
M'É C H À NI s M E
. M(.v!us , fills do
corinoitTê.;. Elles ront. géo^Taf>liiqiii|^ -

'Tiirk, fils Aie J:i


morales', 'ou pcribnnélle^ ; c'elVcHcluc-,

provenùcf, foif de la nature & de !.;


'-hi'.if prêt qu'J({U(

m i(lentiqiî(Lî,

1.
finiatioii'cles. ]ieii\

u terroir; .co:mme//()/f^/2^ei terre


ou des productions
,
9 -<

creufc,
'
;v

/font

lies
on
inonuuiens
!c difoîi

pays-bas ; Hcf/j^crie , pays ^pccidental ;

Tori'c fur celui <

Bilcdul[;irid-'^ pays ofes. datfôs. ; folt ..(lu

fon e
caraaere , des mœurs & (l^s'ufagcs de !-î
;.(linctîrc

Tliiflotre, fur-tp
nati on qui ] 'habi te ;^(Trrf rrtÇ E'êlcreJ: , peuple
fuffiratfimcnt dé
féroce , quereljeur ; François:^ peuple libre ;

ces faits , de ce
Boûroh'lgnons^ peuple habrtant des. lieiix
Le plu
clos & murés ;-*foit du nom du forfdateur
à piaifir.

ou de celui d'une colonie furvenue comme,


comme fabuleux
:

ne Toit accompa
Pelop'onncfe[ ifle de Pelops ; Andaloufi^
feinl)lal)le^ &c b
pays des Vandabes, Deces trois éaufes^^la
première étanf la 'plits fènfilDJe , eft aufli
VJu tems ; & dt

.^ginc du nom d
la plus ordinaire. La dérivation '

par le
S'il e (F plus -que
nom du fondateur ne, doit étr^ admiic
'mon coinmunc
qu'autant' qu'on Ta. trouy-e fondée fur un
recrue , que la \
fait hiftorique bien prouvé. Dans
des nations , 1
Siècles, d'ignorance oùToii écrivoit
tirent leurs îk)ii
Fhiftoife fans critiqijc^ on faîfoit venir
tendu fondate\ii
les Francjois de Frajicus, pt^tit-fils d'Hcftor;
[,
îieiu -on penfer
les Bretons*, de Brntus ; les ^ledes ;
clc:

ttymologies du
•\/

j^i

:i^

#V
-
^ M
idf ntiauemerït
ïï r M
au'une
i y i;

feule
& 14 &
& mémc Laie
r..*

D V L \'M <^i ^ <^ F^ 5 07.

.
Mcikis, filk'cio Nfcicic ;,lcs Tiiro ,
clt

•Tiirk, fîls \lc Japhct. (;)n cwoit îoujouts


'
tn'.if prct qudc(uc i'n(icc ;in:î!j;i!iairC , Vl'un

îv m i(lc»U!qiic. a celui i\c ciiaqvic \)cup\c

(ibnt ou le clifbit .aitcirf. Malgré le filcncc

lies inonuuïens hillbriciucs ,


'
(b:n nonv^

Torv.c. fur celui de lA natioiv (ufrilolt pour

;<(lincttrc fon cxiilênçc. Je ne f(çais fi

riiinotr'ejfur-tputrhiftoire ancienne^ cfl

fufllfatfiincnt dégagée de ces; no^ins , de


ces fai.^s , de ces étyinologie.s invcfcitées
V
àpiaifir. Le plus lïir efl: de les rékjardcr.

coiiiine fabuleux , à> moins que le récit

ne loit accompagné de particularités >a'ai-

ïeinl)laJ)le^ &c bien Iiées^av^-T'hifto^re

Vju tems ; &: de clierclier ailleurs- Tôri-

.^gine du nom des villes & des nation.?;


4f

SM clFplus -que douteux, malgré Kopi- . /

'nioiî coinmune & prefque généralement'


recrue, que la plus, célèbre -des' villes &C'
des nations , Rpme & les Romains ,

tirent leurs noms de Rojnulus fon pré-;^ 'A'-

tendu tondate\ir (Voyez n*^ 160) que


,

k-at-on penfer de la plupart des autres,


îymologigs clumigine genre?,

«
508 M É C TT A N I ^ M R

IT..^, Les news pc^fonnds & Us nofr.j détail en e


^ (le llcHx. onr^ io^fci v'c l's jcfi-s iL e^ucres de^ n
lancrcn lrnrr:<j^c Je xha^iuc p:i\s,
y (lârcleroit
^ Utilités II '(loi iqu '
s
, crlutjues &-<^r-anh le taiîx.de 'îi

niatiCiilcs ijii'or peut retirer de la hiliofiques. <

"^
rechat' lie & de Ccxamcn . de as Mhlc pofitioi
noms, . .
le nom décr
turc du têrri
Je ne mVrr%rai pas i montrer par
quekjucfoiç c
un plii9 ^aiic! nombre* d'exemples que
,
rcnvcrfcmen
les noms géogrd.^jiîques , foit de lieux ,
altération d(
foit de peuples , dcriycni- des trois foiirce'.
chercher le j

qne je viens d'indiquer. La foule de cea:î


barqua. pouî
qu'on peut apporter en preuve fur chaque
CjLiîs ; rid(
efjpece eftfi grande, que d'eux-mêmes ils
que toutes k
s'offrent à l'efprit par milliers. On feroit
taces de que
un a (fez gros livre en fe bornant à rafi*
autre lieu voi
femblcr en forme de Didionnaire géo-
œlui-cj,env^
v -
graphique les noms des lieux , avec Tc^-
& qu'/i eft 1

plication de ce que chacun d'eux.fignihc.


flit que San
Ce feroit un ouvrage fort curieux que de
(\n Amiens.
recueiljîV en un même volume tout ce que'
^nicrfurnnfp
laconnoiïïanxrede l'hidoirc & des langues ]uî-Sotnme^'i
anciennes offre fur cette matière dans un
in'cc à caufe
grand nombre de fçavans écrits où k

kO èi * tt i i>^
vJ .

dcrall en cft^ répandu. Il n'y . aurolt


e^iicres dff^ nomenclatiirt' pliîs utile, pu ( (

y (lûrcleroit dWi coup d'œil le vrai ou,


,
le taiîx:de Quantité de faits & d'opinions

I'
hiliofjques. On "y reconnoîtroit la vëri^
Mhlc pofition des vHle^<^m:iennes, dont
le nom décrit fouyent raffiette g< la na-
ture du terroir. Le nom moderne n'eft
quelqucfoi$ qu'une pure traduft ion, qu'un
»i
rcnvcrfcment , prefque toujours qu'une
altération de l'ancien nom. On a beau
chercher le Parius Icdus^oii Céfar s'em-
barqua, poiu- l'Angleterre ailleurs qu'a
,

CjIms ; l'identité du nom plus


, forte
que toutes les diflertations conjeftiirales
t'i ces de quelque argument en faveur d'un
autre heu voifin , nous rameneratpujours
à
cc'lui^i, en voyant que CaiafignifiePonus;
& qn Is m(?me mot qxUccius. On
eft le

fiit que Samarobriva eft le m^^me lieu


^\\\A}nUns. Mais on peut auflî-bien
prëfu-
^nicrfur Tinfpeâion du mot que c'eOr^y-
]iir-Sommc^Briva adScmiaram^diinÇi npnw
^^î'cc à caufe d^ fon pom fur I^ Somme

*tp.

^ Ht T t v^ npiP

*\prrnnf . nf'nptrnnt . allant en avant, CU


M É c n X l^ur DU
5T0 'S
les mêmes par
.car cVft ce que le mot. J^m-^ fignifi<: en
voulu exprima
langue celticiiic. IJpahan y félon cmclqiici
jr^jynonymes qui
ciuteurs. , eft- raïuientie HuatokpiU ;
la vue ni à l'or
mais le^jôm mor:re au contraire (juc
^Icnce ; ( Forte
cVft 4'ancienne ^Ipadana reft-kKiirc la
(payslibrc;)7j
Cite des cavaliers. La caufc du nom
^'y

[habitansdcs e
vft cbnfervéc comme k nom même : car
ik KT^mides [p
les- habitans de cette \ille iont cnccre
laiis que ces pe
uujourcrhui" les plus adroits cyvalicis Je
cnipnuin que ï
Tunivers. ^ qui leur a fait
On remarquefoit encore dans ce recueil
(il \ ers langage'
noms toiït-à-fùt différens pu
tiue des
llcograplijques
Jeur Ion &. par leur forme font abfoluinciit
licttedei lieux

. ri 1 1
.
- i< reviennent
X 1)1 ic{ue de ces
r*) Br2y^Vr^ium,ue. Lutum. M. deVaK is,

très-bien expliciué ce mot


qinparoiflcntd
dr.ns fa notice-^ .?i

qui entfe dans la conipofition d'un aflez grand ne iont que d(

nombre de lieux géographiques en Ffûncc ;

riicme fens er
figntfie Pont,
-mais le mot DrivyBrïk, Jri^, qui
y'eft encore plus cotumun. le latin
Briva U le vin des, chapitr
pont fur la Somme, qui n'eft pas à
Amiens
l'ir qii,ellemétl
la Somme,
>?^ais près d'Amiens à Bray fur
pofition ui partie les.
^iont autant de preuves de la véritable
1

dii nom ancien


çorrefppndancè ne (ourniroit t
du lieu, de la

> Sriva avec le nom moderne Bray^ ce t.c


^ os noms géo|
cndroit-cu
û. vraie /igiîiHçatica en cet
>

.'^irwnoitàdén

'^^
Of

\J *^ É!>^...,',\^r miirl-kf» e>r\ nr^i^ifp. t'. -1-


•y

bu L AN GA C r. Jïl
les mcme.s par le fens-fe: par l'idée qu'on a
voulu exprimer. Qu'il y a beaucoup de,
|- iynonymes qui ne s'offrent pa? pour tels à
\s vue ni à l'ouïe ; comme Rome & /^^
'

<lmct ; (Foftere/Te) France hiPhry^ic


(p.jys lihre;)TyrA/;e72/c//5 hl^Bour^u'ignons
[hal)itan$"desenceihtt^sftiurécs] ; Pdajgcs
ik Nhmidcs [peuple ^fitperré , va£;;il^bnd ,}
laiis que ces peuples ayent entr'eux rien de
cnipnuin que l'habitude d'un cerfain uHige
qui Lur a fait impofcr le ni^me nom en
(ii\crs langages. Que les racines des noms
"(7,'
grapliiquesV'tirés de la nature & de Taf-
liutc dci lieux, font en très-petit nombr:e,'
C:< reviennent à tout moment datns 1^^ fa-
i
Iricftie de ces noms. Qwq celles même
qui paroiflent différentes i l'œil ou à l'ouïe J
que des fynonyjiies exprimant le
ne font

mcme fens en differens langages. Dans


vin (les chapitres préçedens ,
j'ai indiqué
^H-/
pir qu,el le méthode on pourroit retrouver
^i^ partie les. fiftigues perdijes. Mais rien
ne (ourniroit tant de mots que : S,
le recueil
^'cs noms géographiques d'un pays, fi on w \\

P irvcnoità démêler leur fignification. C'eft

If

^^^^^^BjT"

_ 1 r ^
.

'y

s^
i^ii MicK^KisMi m^ Langage;
%^^
C^nfervës cômitte en dépôt , en in^jnit;
tems que leur force fignlficati ve eft tojnbcc C l
Le principal vocalnilalie
#
dam rbubli.
artiieldVe ancienne langue abolie, cVft

géograpliique des. nains çje H^ux^


la tal>le

11 eft certain en effet qu il n'y a pas un nom

cpnddérable ou non ( car aux


parti
de lieu ,

moindres pièces de terre orga.


chiunps le$
eu la 12.6, Des
ont leur nojn particulier) qui n'ait
fignilication propre en la langue du
pays» ries i

Pluficurs font encore intelligibles.


plus Un ^ly.Lesi
^par l
grand nombre ne le font plus. Leibnitz a
avec yénté [Mifcellan. BerolJ.
i.] riîii i

dit

qu'autant nous voyons de noms


de cu!i- fabU
champs, 11^. Les
trces, peuples, villes, rivières,
Uc:[a/(uio;is, fidèn
prés^ bois, montagiief,
Exc)
U de perfonnes] dont ia^iignification iie

en
nous eR pas coiuiue ^^ a^^^ nous pou- il

perdu de d'un
vons aOlirer que nou^ |yons
l'ancienne lan^^du pays. t
^ Exe;
mots dans
dériv

::hK/&: {>
fms ;

I.'
<"

'"
" !

Vefpr

cm
Il"

ToTIH

'
.

mn ^^^.

'i
*

i ^A

enient
^.'^^'Mi^^
'T'^ '^'^ Ti^
fi* '•'V"''
"*> :-;.;:'

^^~»' ''V^r -T-^-Tv^' Vj^v*^


-H:
^^ î^?
f
\

bulaiic
C HA PITRE XIV.
Des Racines.
î lieux.

mnoin t:^. Difficulti de remonter une granJc


ar aux partie des rjiots jufcjuà leur racint
: terre organique ou drfynmordiatc,
: eu l'a liCy, Des racines (ifriprom-ement dites y &
.1 p.iys» des racines àhfolues
Jnplus : 17. Les racines àhfolues peuvent épronvéf
)nitz a ^par La prononciation des changement
y. I.] {Uii rendent leur identité rncconnoif-^
e cu!i- fable.

lamps, 11^, Les vraies racines doivent être con^


àçons^ (idéries en béoc comme des clefs.

ion iî« Exemples des clefs fyllahiques. Il


y
s poii- en a même qui ne font compofées que
rdu de d'un (cul caracicrc,
i -4 Exemple de la , manière dont les
dérivés s'écartent de la forme & du,
f^ns primordial dpleur racine,
V^, Exemple des écarts prodigieux de
iefprir & de Tahus quil fait de $
CHA^ Tome //, (>

mmmtimmi'iifiif

DU LAlfGA€E.
J14
M E CH AHlSMf
exprimer
rachus en la employant à
nullement
des chofcs quelles ne font
propres àMpeindre.
qunnc racine peut
131. Exemple de ce
(
produire en ordre naturel
progrejjil, &
&de ce quelle ne produit qu'en fous- .

dt
/ ordre par une fauffc application

riinage primitive.
racine poujj'e des hranchn
'

xil.t/ne même
'de dérivés qui nont en apparence rien

de commun pour le fins , le fon ^ li

figure.
''

i*»^. Premla exemple.


de combiner le nombre pro-
134. La-nèccffité
digieux des objets & des fentirnens,

nomhe de j inflexions vo^


par le petit
les mois
cales,a contraint!^ fabriquer
par une méthode d: fynthife
d'ap- &
proximation. \ - r

\->,^. Autre Exemple.


dérivations équivoques , f'«
136. Les
routes oppo-
'paroifnt prendre âes
pref/uc
fées abouiiffent pourtant
,

même racine W.iitn


toujours â lu •

racines. ^
infiniment petit des -
^

-V . 4*

T> V L A N C'A G e/ 3!Ç

ixprimcf 5. 57, Le» écarts de T ejpritfont plus jKijucn.s

'dkmcnt & pluS' ihfficiUs à rcconnoùrc y qiu


ceux de la fii/urc ou du (on.
H.*%
inc peut %]^. On ù\' carte quelquefois jufju à ai

-agrefflfy
river au point oppojcy & à cxprnncr
prccijément le contraire de ce quon
veut diri,
adon de
\'\Q). Source des anomalies dans Lufabrique^

branchai dcs^mots.

en Cl ncn 140. On forme fur une racine niceffaire


les lubffantifs phy/îques par imitation
(on &b
ou par or^^^anij'ation ;* & Ton dérive
de ceu.C'ci y
par la même méthode ^

tous les (pitres mots dUine langue,


mbrepro* ,

ntlmcnSf
u I . Les racines l'ont y potir la plfipart des ,

xions vo^
ivotsinujités dans l^ langiies^oii ils ne

r Us mots ' jet vent qu a former les mots d'ufa<^c ^ ,

par une mctiiode defyntlùfe,


.41. Cette méthode dtfyntinfe ef facile à
rezonnoitre dans tous les Linga^/,^

ts , que \
oii V on fait qndqu exercice de Lefprit ^

es oppo* -M \ ' tQmpuraifun desjignes radicaux avec

t prcfjUi'
Us conceptions abfraues.

nombre
i :\ 4. Les primitifsfontfouvent uinfués au[Ji.
:

• ' V. i^XimpU dus QÇÇijfions oii Us primitif


O il

mmmmimmmimimmm
. ,

f<

I^c,^
^f^-,

K' 'îi5 Mkc H A N rsM<


; oui font hors J';/fâge ailleurs Je font
l, •. cojifirvcs, \ ^ . ,
'.*
, ^ '

de dilnormnanon
146. C^/^^ ^^^ 'vuKictis
d'un même objet en dffircns langages.
^^q,Vcuïatïons ïntrcfdukes par l'ufagc

dans Us dcnvis d'un mime primitif.

148. Forme générale' des


facines & des

dérivations ^ar degrés,


rend inévitahh
149. Caufe phyfiqui^ qui
Valtération des primitifs.
rorigint
150. Obfervation particulière fur
des mots françois.
1^1. Il y a des racines, autrefois venua
de notre langue ,
qui^ font rentras

fous une filtre forme ^ & fous un

autre fon , mais avec la même Vidm


qui nefl plus gu^rcs-
,
fignificative ,

-*
' entendue. •

151. La racine des verbes efldans rimpc-

X^^.DuJigne radical de la négation Cr ac


négatives.
la formule des locutions
racine orga-
^54. Difficulté de connaître la
nique des particules & des propoh

ùons,
" J

BU La n g a g e. 317
,15^. Remarques fur les racines des tcrmi^

naïfoh s.

115. Dtfftcultc de, re/nonur une grande


»•<
partie des mots jufquà leur racine /

organique où clef primordiale,

é^éÈ^ OUT ce que j'ai dit jufquà -te

\^ rp"^'|^ préfent des opérations natu-


y .'S?

relies & Hpécéfîaires de Tor;^


^^5^" gane vocal tendoit à établir . ^
"%

rexlftence d'un petit nombre de. fons radi-


(t-
caux , dont tous les mots d<s langages ont
tiré leur première origine par une grande
yariété de dëvelopemvps. Il ^^n faut peu
que je n'aye fuffifamment traité cette ma-
tière, quand j'ai parlé des fix ordres des
mots primitifs, néceflairement, ou prefque
néccnaircmcnt.fifbriqués par la nature, &
rclultans de la conftru(îlion phyfique des
organes vocaux : {Fid, Cliap. VI. ) c'cft
c!c-l;i qu'cfl fortie , immédiatement ou
nu'diatement, la fabrique entière des mots
iifitcs dans les langages quclccjnqucs. Il
'^''
.cfte plus qu'à faire fur les racines
O iij
,

-^iS Ml en a n i s m ê

pirticulicrcs qi:
quelques remarquer, ;
,

.indiquer, par rcxcniplcdc que!q^:c^


vv/

radicaux ,
par ranalyfc oc leurs dévclon-
comment on doit s'y prencia
pcmcns ,

pour chercher &: retrouver les racines;fkouî

obrervcrieur propagation, & les rapport'


bien ou mal étabfisenrrV;llc': îk'lenrs déri-
vés : qi\k montrer con-iment on peut les rc

connoîtrb, quoique les -mots où on k'-

trouve n'^ycnt plus aucun rapport de fignifl;

cation ayec le figne radical. On verra ici

quellesfont les caufes de ces altérations pro-


digieufesidiifens primitif on fentira que :

puifqu'il eft rarement poffible de pouvoir


les fiiivre fi/, les recorinoltre y il ne faut m
s'ëtoimer qu'on ne^puiffe pas toujours
rendre raifon du procédé, ni exiger qu'on

pri-
ramené tous, les 'dérivés à leur racine

mitive & organique , dont ils fe font

ft' prodigicufeniCiit & fi irrégulièrement

<5cartés.

'
ducs Cr
Il6. -O'A raclncs^ improprement
^ \
,.

des racines ubfolucs. .

y
ic^
Les racines font de^knix espèces
'
:
,

\"

© T? La N G A G E^ iH
unes ic)nt improprement dites ainfi,lpî»f
rcs ;
qi;.'.

;n(riquer la fimp^lc defcendance d'ui],,mot ^

i;.ns qu'il foit queftion de remonter à fa


dévclop-
Voy. 76.) Gomitie
'

piLiniere fource. ( n"".


^
prendre
' lyrique je dis^que le verbe latm Cehdo r
cincs;];K)Uî
i. e. trâler,(uire, ou, (ce qui eft la même
;s rapport'
chofe ) que le mot Canus , i. e. klanc ,
IcMirs (1er;-
'cddtant^ ^blanc de iumicrc ^ eft la R^. (lu
peut les rc
•fran(;oi5 Ckandelur ,
par les intermé-
on on k''
. diaires Cahdtns^ Cundda , Càndcluhrum.
•t de filin! fl-

De même du francois Candidat y p^r Iqi


n verra icî
intermédiaires candèoy canus , candii^iis y
rations pro-
cnndïdatiis , i. c. vêtu de blanc. De même
întira que
du kznc^oxsïnccnd'u , par lès intermédiaires
le pouvoir
cendo y incendo ^ inccndium. De même
1 ne faut ni'
du fran<jois,c^/2^re5^ par les/mtermédi^ires
is toujours
ando , cinis , cintres. Tous ces mots
xi ^er qu'on
-franqois tirent leur origine du'mot ando ,
racine pri-
que je puis appeller leur primitif, parce
ils fe font
que je le trouva dans le latin, dont la
;ulicreme.r.t
Ir.ngue franqoifc eft la fille immédiate.
Mais je fcjais bien que ce mot n'eft nulle-

ment primitif : ce n'eft que par tifagc 6c


,par manière de parler ,
que je Pappclle

ainfi. Si jeremontois de U langue latiwc


rpeces Icj
:

© i V

1-

.^.^

1
wmm
,

31Ô /M i C H AN I
'
S ME "
T ' ' ' '

-f

nature qui
- . I

..à la grecque , fa mère ,


j'y trouve roi s le j

clciigner toi
vieux moi KAÊi urp; àccendo; &^le-lâ ,

efpece de
4 en remontant à rorientâl
j
, le mol HTp
ainfi que n
cadah^ \» e. inccndlt. Avec tout cela,
par une an
je n'aurais pas encore le véritable primitif,
gnoit la fiX
qu'il faudroit chercher plus avant ; car

je fens bieiV.que je ne iliis pas ^arrivé à


liquide &h
*
&
..

'
la. pure racine ^organique primordiale.
tij Ltsrac
Mais ,'.
faute de connoiflances uftérieuçei
par la
'"f le mot cadah m'en' tiendra Jieu ; & ye ^

gui rcj
l'appellerai r^ci/z^ 5
quoique les racines de
fabhi
I.
'

cette efpcce ne méritent ce nom qu'im-


proprement. '

Les véri
On ne devroit proprement le donner
ûibifrcnt qu
qu'à Fautre èfpece de racines, C^o^prenaht
mens jufqu
/ les foîis vocaux , nés de la conforrnation "
feufe diverl
• de l'organe indépeudanimeht de toute
.
ploient egii
'
^
. . convention arbitraire ,
propres à, peimlre
iîiife dans
-par imitation l'exiftence phyffque de
d'en ariifci]
l'objet exprimé, ou à montrer les rapports
employenti
^^énéraux, qui fç trouvent entre certaines
& dans le
impreffions & certains organes. (Voyez
ïlors, fans
n^68— 80.) Celles-ci font véritablement
iio'itre les (

des racines abfolues &c primordiales ; telles


nonces par
çafin. y
qu'elles femblent données par la

»f« M#C!mIn î^ m
,

» V L^ N G A G È. 321
'
ji

nature qui paroît les avoir appropriées à


le

clciigner tout un genre d'iclées , toute une


efpece de inodification des ctres. C'eft

ainfi que nous avons reconnu ci-deiTus


par une analyfe foutenue^ que ST pei^
gnoit la fixité ; SC l'excavation ; FL le
liquide & la fluidité , &:c. (Voyez n^ 79.)
* • '
" '
' ,

1 17 Les racines àhfolues peuvent éprouver^


par la prononciation , des changemens
gui rendbu leur identité méconnoif-
'

fable,
* • .
"

Les véritables racines de cette e^ecà


ûibifTcm quelquefois <le notables changC'»
mens jufques dans leurs gecmes , par la
"
feufe divefTité que deux peuples, qui em-
ploient egaleipent cette racine , auront
iîiife dans la manière foiblc ou appuyée
d'en artifculer les élémens, quoiqu'ils y ^
eiTîployentexaâement les mtîmes organes, /

& dans le même ordre. On aurpit peine


ïlors , fans quelque attention , à recou-
iioitre les dettx mots fi diverfemen't pro-'
nonces par dçux pçuples j)our n'être
,

Ov
\

mKmmmmmmm

PU Lanoàgk.
: ,

V.

^If, M É G H A M î SH1 •''

Laie
-identiquement qu'une feule & mémC
racine: nr\ais dans les dérivés , où.raltc-

ratioii 6c làr^difiemblancô ne font que a%|-alct


s- accroître , on /n'y regminoît plus rien
Laie
)'.

du tout! Par exemple^ les cîialeftes latins


-.0
-dîfcnt FoRT : tes dialeftes, tude(ques>
même idée", diientVaLD. Lalei
pour expririfcr la

Voilà deiix primitifs raçlicaux ^ qui diffèrent


On reconr
beaucoup ^ l'oreille, & mônie à la vue,
.

ces^ deux Snoi


d'ailîeuïs identiques pour le fens, Analy
la iîgnificatio
fons^Jears élémens : nous verrons que
les inômes
chacun de ces îr^ots eft compofé de tiois^
euffent paru
coupM'organes , donnés par le^ mêmes
encore plus n
organe/, &: dans' le même ordre , fans

autre di'fféreiice, finon qii^ils font rujes


tereffc & Fai
fbptfbrtts de 1

dansTun des mots, .& plus foiWes dans


fas plus loin
rauLre/Qtïe\ppurroit-on exiger de plus
qui ne feroit
\ pour Tidentité, lorfqu'ôn y trouve auflî
lefteur. II f

celle de la lignification , fans laquelle les
M.
feul exemple
autres ne prôuvèroient rien, &neXeroient
des langues <

qu'un eîFet du hazard ? Nous trouverons


parâtes en a]
dans ces deux mots ,
fiv îrouvent teni

i^ La lettre labiale fifflé« , rudemei^ a la patience

iifflsfe, ... . . . F de la diffé<[W

\iéi~u À >JT < MV D U 1


,

m-
gl u La no a g e. 31}
La lettre labiale fif&ë^, doucement'
1'-

ûffiée .

V •
r
a%|-a Ictrre de langiîc tucje . . . . R
~
Lalôttrede l^^ngue moyenne. . . L
ru
?*• La lettre dejitaie forte . i • ••

La lettre dentale moyenne. '

y .

On reconnoît donc y par Tanalyfe , ;

ces (Jeux Snots , déjà les manies qu-^i^' ..

-'->

la lignification, font materiellemcri^ n ';/


'^

îes iîiémes quelque diflcmblables ^'^ «^ •

euffent paru d'abord. La dlfféreri'^vncl^

encore plus marquée dans les diiivës^ôr- i

terej[c éi Falidité. Qui fe douteroit qu'ils ^

foaîfortts de la même racine ? Ne pouflçns


f as plus loin cette miriutieufe anatoiTiii? 1,/
qui ne feroit qu'ennuyer &: ^liguer \t
lefteur. II fentira , fans peine ,
par ce ^-^
feul exemple, combien dans, le, parallèle

des langues on trouyeroit de mors, dif)


parâtes en apparence, qui néanmoins fe
trouvent tenir à la métiie racine, lorfqu'oa- ^
*^

a la patience de la déterrer à fond, &>^


de la difféquer dans le plus exaét (.fétail. #
-, : O vj '

«^

'
\

.,. -^
-V^ k\

3>4 M 4 CM A NI s ME *
.
I) 1

X
tk
perçant , f

li^-iitS' vraies racines doivent être tch" qui agit de


jidcrçes tnbhù comme des cUfs,^ clef JC q
h 1
Eôtimplej^ des chfs fyltabiqiuS. IL y '
chofes qui

'
^ tn a mime i^ui liè £ont coiîtpofées qiu^ de tels efFt

d'an féal caràclcre^ , v .

\\ fetoit peut-être plus jufle & plus 1 A«^*. ail

propos'de confidérei' chaque racine v^ri- :


'
AkuXiî^r,
. 1

table de cç dernier genre > non par ià

voyelle ni par fe^s confoôncs, mais en bloc


comqie uric figure hiérpgiyphique^ comme
un taraéVejiftiqiïe ( ou clef » la^hinoife )^
tcprcfentan^ d'une manière néceffaire(à
ce que je crois , mais fi Toil veut Conven. ^

tionnelle ou habituelle^ l'objet eytériejLîr

d'un certain genre qui a frapë Toreille ow .


^
la vue. J'ai dej» donne des çtemples tnis-

fenfibles de ceci ,
(Voyez ibid,) En voici
un autre qui n'eft pas nwins frapa^t ; &
j'en raffemblèrois un graml nombre , au
'

befoih , fi j'avois deffeirf d*ëpiiifer la ma-


f tiere. Le cara(^ere AC àoit être confidéré
\- ,,
en lui-môme comme défignant dans Je feus
propre ou figuré tgut ce q;ui cil pointu >
.

*tfi

k
t) tr L A'N G A G f. 3if
:^):

perçant ,
pénéffant , allant en avant , eu /

qui agit de cette îîianier?. Ceft Cous cette

clef JC que la multiplrcité des noms de


chofes qui d«?fignent de telles allions 04t

de tels effets yien^^ent fe yeunir, /

^Kni .pointée

A«^*. aiguifer,: ',


.

, If, »

j^HuXii^ir,. ortie. ^
^

5-
Atcw^u. épine.

/««fçr. barque kgere a prouë poiVitue,


XK«»ft)e)jf. cimeterre.

^Kfi^, dard ,
point , vigueur pépiÀtrantSr
AKdt. trait ,
javelot, . <*

Axçtri» pierre à aiguiier.


^
ÀKiunt. herbe, qui tue. "

orge pijquant, bled barbu, t


j

fommet , fommité , pk ,. poin^e


qui s*avance.
iKrtr, rayon,
A\r«r. écouter attentivement V prêter^
. ; dreflen, -pointer rorfilkr
AéKtft, bleffure.

Xyxxf. coude , angle. '

wimiimiii
"
'O'-

$16 M É C H A K I/S M I
r
AyKv^ci, courbé en poihte. Et de intîm
X^Xutf. brillant , rayonilant. v parler de djv
A«ftf«eM«. pointe, jeu de mots.- n'a, plus de
Axêu ' ' ^ulcur aiguë. comme ^/zc
i5^«i;(#r^ paille , tige 5 baguette, barbe d'épi.
bras à fa ti

Atyuviti. oifeau de proie ,


oifeau à ferre . même d*^-<V'

"P^Mltuiê.^ 6cc. doripë au c


'jIcus. '
Acre.
parce qu'il e
Açuo, ^
Aigre.
dernier mot
^. Alacer ^ Aigu,
Àngouri un
A des/ A
Aiguilie,
mielon dVau
î A nu
ci s. •Acide,
ni caùdé, -

Acumcn. Acier.
Tous ces
Acctum* Agacer.
ginaireirient
Aculcus, Aigrette.
dont J^Ccfl
Accrra, Navette pointue par r Aî^le.
pas beloin d
les dëiix tDOUts. ' Âquiliii*
agir-, aller <

Acervus, Monceau en peinte Ancre'


R)î. ainfi q»
Accipiur. '
An^le.
iarts^iombre
Accipio. Anguille.
- L'articula
Angor, Angoiffe.
gane frôle 1';

Anxietas, Agonie, &>.'.


; inpuvement
Angulus.
forme feule
AnguJIia.
¥:
vaut ànomti
Anchora^ ^c.
; roides^ rud<
,

*
DU t A N G AGE- Jl^
Et de iTnîme en d'autrt^ langues, fant

parlc-r de djvers autres, dërivés dont^e fensi

n'a, plus de rapport au caraftere radical ,


m
comme a nci lia , fervarite qiii donne le

bras à fa îtiaîtreflTe d^^VA'"' • cubitus. De


même d*^-<V«-«» (^cubitus) les Grecs ont
(Joripë au concombre le nom. d',VV*p<'«>'

parce qu'il eft long & coudé. Mais fur ce


dernier mot grec , les Vénitiens apellent
Jngouri une grofTe paftcqiie verte, ou
mielon d'eau tout rond, qui jtl'eft tii ohlong -::h'
X'i
ni caiidé, -
•- •:.„,.",• -'':-^:

Tous ces tn.0^s paroij ventr


ginaireirient àe làhenizl Qp^pu
dont u4Ç.cû le cât^ftere radical. Je: ti'aî • // . „

pas be/oin d'avertir qur le mot^latîn agtr^


agir, aller en avant, vieijt de la ihêmc
I^. ainfi qwe fcs compofcs (k fes dérivés

iaMmombre en tant de langues.


- L'articulation rude R par laquelle l'or-
gane frôle l'air , c*efl-4:^ire Iç pouffe d'un

mouvement fuivi , mais fe- foubrefaults


iorme feule une -clef on germe radical fer-

r'
vant a nommer la clafle des chofes rapide$?

, roitles ) rude? ; ruineùfes , rompues ^


qui
V
j-

«
,

., t

ont des inégalités r)a (les rugofités, &c;


vin mot {uiceptible de rnanieré ou d'autre

foit a6li veméritt';^^ pa

veinent vif & réitéré pânfoubrefaults, tel

que rorgane le peint en r^ffefkuant lur

rinftrument vocal ; en cherchant à rendre


>
rimage de la chofe même par rimàge du

r mouvement qu'elle opère ou qu'elle a reçu

Ces termcs'imitaitifs, pat rudeffe ou râle-

ment, font nombreux en chaque langue,


.parce qu'ils ont à peindre un effet trjls-
commun dans la nature ; effet dont la peiiv

ture peut d'ailleurs être aiiemént appliquée


par métaphore aux chofes;ntellcftuellfcs&
morales. Je ne citerai que quelques-uns de
ceux qui peignent l'aftion phyfique , laif-

fant à^ part le nombre prodigieux de leurs

% / dérivés où cette aftion eft allégoriquemcnt


exprimée.
ir ,
'
( .

DU
Rota,
-
d'autre',
'
Flutniurfij fiuxïo.

un mou- fvfAV* .
.. Impctus,
uilts, tel -ihterfltio. \
uant li»r
*
Fractura.

à rendre Horrco , rlgco*

mage du Lima,
.ea rcçi. Pracipitor,

î ou râle- 'Frcmitus aquarum*


>

langue Strido^,
,

Traho.
A
Fet trj!'S-

t la peiiv Robur i &€


ppllquie

tuellfcs ec

îs-uns (le
Raflrum^ IrrUo.
ue, laif- '
Rapio* Rigor.
de leurs Rubics* Rima,
queniçnt Ramcntumi Ringo*
Rariis. Ripa, V.

RUucus. Riviis.

Rem ex. Rixa.


Rétro, Rohiir,

Rhcdu, Rodo,
RJunus* Rota^
umi

wmmmmmmim
\/

ÔSô Mec

A
/

-D O L A N C A G E. 'i]î

S,,n<; parler de tant d'autres mots oiVIc


fiolcmentdc langue, fc joignant ij d'autres

articulations des organes v<)iliîn, fert de


|;.i(e &r de principe d'énonciation, tels

que FR,'SCJ(,STR , &^c. fans parler aufli

delà prëpofition rc ^
qui en tant d- lan-
'/:

paf:es eft confacréô à exprimer le mou-


&c. vement de l'aftioii rëpctëe & continuée .

par itération. , ^

IXÇ). Exemple de In manière dont Us dérivés


s'écartent de la forme & du fens

primordial de leur racine.

Je viens de citer le mot ancilla (fer-

vante) venu Sày%^^ ( coude; ) & le coude


a été ainfi nommé à caufe dj fa fic,ure en
an^k, Ç^ïwot anclUa ^ lorfqu'il ëftifolë,

ne tient plus rien à l'idée générale d'aigu ^

(le perçant , fl'anguleux. Il offre un exem-


pl'-^ clc la prodigieUfe extenfion que pren-
nent les /acines organiques & abfolues ^

telles que la f/. j4C y à force de diverger


&c. & de fe propager' de branches en bran-
chej). On y voit comment les idées ciî
(

'iî* Mi C H A-N I s M X
s'écartant de près en près par cfe petite?

routes détournée"? , parviennent en peu

de marches à Té trouver fort loin du point

du. départ; & comment elk's forcent les

racines fimples & originales à dériver avec


V clles,à varier de fon &de figiire,en fécond,
troifieme & quatrième ordres, correfporv
dans aux ordres & au^ nombres d'idées

fucccffivement . entées Vies unes fur les


230. E
autres. ^^CeftrexpreffioV générale de ce

qui cft aigu.AV«»A«iTignifie en particulier

une ligne courbée ,


pliée en pointe , un

angle un crochet. aV«*» Vft plus parti-


,

culièrement le pli des os du bras , le coiulc.


De-là vient qu'àRomeo.n anoi^mé ancilia On a
unecfervante dont la fonftion propre, fem- cèdent

blable à celle de nos écuycrs ,\ étoit cL


& dëri

donner le bras, toujouf."


lecoudeàfamaîtriç(re,lorf-
la natui
quVl!;ynarchoit par les rues : comil^eony
iiotnmoit anci/e le bouclier Tju'on {k)rtoit premier

fuf Ifi coudé. Mais comme ancii/aétokmc changer

efpece de fcrvante, on confidé;


y a bientôt appelle
de ce nom toutes domeftiques ^
les (ervantes
nicthod

d'une maifon , quel que fût leur emploi. Le L vite &


clice pa
vieux verbe anculo dérivé Rançon y cfl
.

t » V La n g a g e.^ j5j
cfe petite?
(ievenufynonynie du verbe /7z/*/2/)?rc? dérivé

nt en peu
de ///a/2«i, &
a fignifié toute forte de fer-

du vice quelconque. Apres ctre dcfcendu


1 point du
général au particulier , on a
brcent les remonté du
friver avec
particulier à une autre efpece de générali-
fation qui n'a plus rien
en fécond, de la précé-5
dente. ^ .

correfporv .

res d'idées

es fur b 230. Exemple des écarts prodigieux dé


Taie de ce
l'cfpru, & de l'abus qu'il fait des

particulier racines , en les employant à exprimer


des chofes quelles ne
)ointe , un .
font nullement,
plus parti- propres à dépeindre.

;
, le coikIc.

imé ancilla On a
pu remarquer dans l'exemple préJ
;opre, fem-
cèdent qu'en même tenis que
l'efprit vague

\ko\t. dv 6c dérive d'idéeX en idées , il fe tient

tr^fTe, lorf-
toujours attaché aik>n nidical par lequd
nw\i\ç on y
la nature avoit/indiquë d*exprimer fa
lui

on pprtoit première idée; &


qu'il s'y tient, malgré le
/^zétoitune cliangement qu'il apporte en
fa manière de

itôt appelle coiifidérer les objets. En uf-nt de cette


omeftiques nitthode , il s'écarte de fon point fiite fort
vite
emploi. Le |.
6c fort loin, telle une corde atta-
chée par un bout en fe déployant de pluf
,

A
554 H H CHANTS ME
en"plus par.Tautrebout ,
parcourt des ter-

rcirisclc diverfes naUi'es.

Donnons, ain autre exemple où Ton

verra conlnient refprit, fans perdre de

vue la xlcf radicale, la. figure primordiale

bt caraftériftique quîl avoit faifie , n


cheminant Ç^ s'ëgarant d'idées en idées
d'objets en objets ^ parce que dans le nom-
bre des 'perceptions quoffroit un objet,
refprit s'eft particulièrement atta^c i

l'ime d'^ntr'elles , & tournant là ia conli-

clération, a fenti réveiller en lui ridcu-

d'un autre objet lié au précédent par cette

modalité d'cxiftence. Mais ce nouvel objet

avec tous les accel-


entrant dans l'idée
ibires qui lui font prof)res, l'efprit
en prend

^^ccafion de fe jet<fer fur une nouvelle con-


fidération qui lui amené un trpifieme objec

aurti revêtu de fes acceffoires propres,


&
amfi de fuite en fuite, de fous -ordre en
\
fous-otdrc. Cependant Tefpfit, en Vkar-
au (on ou
taiU ainfi.fe t'^nt toujours attaché
fur laquelle étoit formé
à bfigure radicale
nom du premier objet ; bien qu'il nt?
le fi

^
nM\cm pa^ former fuî' c« M*^ primitif

•PIIH
,

i- ?

I''*

"">.

M E t> u. L À N (5 A G t: ^3^
^^'^•^

ourt des ter- ksnôi^ç des objets fecpndaires; quoiqu'il


n'y ait plus aucun rapport entre fe'^'GoniH

iple où Ton dcrations jubordonnées ,• & la. première, •


\s perdre de confiderationquî avoir âéc né Icvom pat
primordiale un ligne prinVitif. En
;
effet Ja modaii^c d'e-
it faifie , va xiftencc qui rangeant le premier objtrdan^
:^es en idées une certaine clafTe d'entrés, avôit dcter-
dans le nom- niinc l'organe voc>l k lui donner un tel
àt un objet, nom propre & convenable , ne fe (rrfuve
it attadic k plus clans les. objets feconda'res';- ceux-cj
it là ia conli- lyant au contraire d'autres modalités qui' •

en lui riclct; auroientdû les faire comprendre dans cin-


lent par cette tres cbfles. Il arrive néantmoins que le
nouvel objet mot refte établi, quoique cç qtie l'on
$
LIS les accel- voulu exprtaer par le mot n'y. foir plus.

fprit en prend L'exemple va rendre ce railonnemcnf


louvellecon- plus clair. iT eft le fignc radical, Tex- Il »

pifieme objet .prcfflon organique & primitive qiu défigne


5 propres, & ''fixité ,rimmobilitél:les objets: on com^.
bus-ordre en prend fous cette clef générale toute cette
'

t , en V^car- ;noda'ité d'exiftence, prerquc par -tout


ché au fon ou f^T^riinéc par Tii^ticulation clenfale L
ST.
: (itoit formé Voyez n^ 79. Voilà
r
(
) le pramiçr ordr^
bien qu'il ne ^-^nérique , & abfolu. Pafîons au fécond.
ligjue prinutii ^^n a vu que dans le nombre prodii;ieux dcf
,,

.y

tsOi
vayp.nt que
de là nuit , tous (à l'exception de
aiftres
de m(
cinq ou fix) reftoient fixes & immobiles étoit

colorés , OT
dans les mêmes parties dû ciel; là-deillis on
pir corn pan
fix«s,à la
a nommé les ailTes SulLz;\.c. les
un troifieme
différence des cinq non-fixes qu
on ;: nom-
uc confidér
Plancpt, i. e. errantes. Sttllœ dicla à

mées
\m\s celle <
iricœlo. (I3I-
ftando quia fcmpcrfixiz fiant
dant pour fc
DOR.iij,70.)yoilàun fécond ordre né de la
on a contin
que l'e^
confidération particulière de fixité
Q\\ de fixité
lieu de tour
prit a choifie par préférence,au
feulement à
autre qu'il auroit pu choifir , en nommant
Nochirncs
tout, ons'c(
les étoiles , les Lumïneiifes, lés
en quittant,
&c. En un mot, en les'apellant Stdl(z,\\
peau qui 'fo
a défigné.
a peint Içur. état d'immobilité;
il

médecine ,.
planettes errantes
qu'il les diftinguoit.ctes
Thoinmc d'(
& qu'il les rangcoit dans la
daffe des objets
f!nnidm nul
ilne s'eft guères écarté de
fixes. Jufques-là
vidcrc homï
fon premier ordre : le mot &c l'idée fe con-
non: en aiun
vicnnem : l'expreflion vocale & la confi-
(Pmn. XXX,
/ encore enfem-
dération de l'efprit marchent
s'écarter. 1- lézard fk
hû. Mais elles vont incominem
flionime
parfemoient iefond , o:
On a vu que les étoiles
qui
autre effet,
du'clel de pomts brillans
: ^

On a faifi cet ît-^ufc qu'on f


n'a nul rapport à la fixité. \i

[premier; c>c
'ededéja plu
V autre effet hL abandonné le
voyant Tomt IL
,

"9 V L A N G A G^E. Î37


vayant que la peau du lézard marqueta
étoit de même parfemée de points plus
colorés , oa a nommé cet animal/d/Z/o
pir comparaifon d'un objet à l'autre. Voilà
uiuroifieme ordre oiV il n'eftplus queftion
de confidérer la clalTe des oHjets fixés

mais celle des objets marquetés. Gcpen-


dant pour foriiier le nom du nouvel objet
on a continué de^ fervir du figne radi-
cal de fixité qui ne lu\convient plus, mais
feulement à l'objet précédent. Cen'eflpas
tout, on s'cft figuré que le lézard ftellion,
en quittant, comme d'autres reptiles , fa
peau qui 'feroit un excellent remède en
mcdccine ,. la dévoroit pour empêcher
1 homme d'en profiter, devorare eam •

^:!n?ÙAm nulUim animal fvduduhntius in^


yulcre homïni tradunt : indï jhllionif
rw?r:cn aiunt in malcdiçlum tranjlatum.
(Pmn. XXX, io.)Sur cette imagination que
^'- lézard flellion étoit; enclin à frauder . \

llionime, on s'eft'avifé de nommer j?^/-


''oruuWÇpQQc At contrat de vente fraudu-'
'tulc qu on fait d'une chofe
qu'on ne pof-
w
'ede déjà plus. C'eft un quatrième ordre
Tofm II. P
*M

•mmmmimmmmm
, i

M É.GH AN I S M E • DU 1

3f«
de fixité vefte
Développons c
de mots où le figue racljcal
qiie détail ce q
toujours ,
quoiqu'il ne (bit, plus quéftion de
naturellemVt
la cUiledesobiets fixes, ni mcme de celle ï

de ce que les ho)


des objets marquetés^ mais feulement d'une
^entépar un coi
nouvelle claffe d'objets trompeurs. Ainfi |

tioii. L'organe
l'opération de l'efprit pervertiflfent l'opé-
l-ialè jointe au
ration de la nature q\ii avoit rélervé une
lorfqu'il veut
certaine cfpec^ d'analogie à dépeindre la ]

/
de mettre en n
fixité , s'avife de l'employer encore pour
dépeindre la maculature , & la tromperie rude lui paroi

que l'articulation dentale ST ne figure telle aftion. V


premier ordre ;
point du tout à l'oreille.
V
^,7/5 FRango , Fi
tnm Sec. (en 1
^ X'^i, Exemple 4^. ce qu'une racine peut* ,

(en françois:)
produire en ordre naturel&progrefifi
(f de ce qu'elle ne pYoduiequ enfous-
vif, & la cho

application d$ rieiilal redoubL


ordre par une faujfe
cette aftion
rimage primitive. ]

PHaRPHaR
une autre racine, les Le latin aj
Voyons encore, fiir

divers ordres de dérivations fiicceflivesfe


bled moulu &
iùr faR, FuRFu.
développer de branches en branches ,
cond ordre c
une même racine à laquelle elles n'ont ,

fans pliquée à caraf


plus qu'an rapport matériel de figure
L'ufagetiu'o
aucun rapport intelleftuel dç fignifieation» .

^tA Ml&/"lffA17fClitft* Dt; ]


*

DU La h ô a g e. 359 i> "

Développons dans cet exempte avec quel-


cjiie détail ce qu'une racine peut &c doit

natiirellemW produire , en lediftinguant


Je ce que les hommes y^nt (pour ainfi dire)
.enté par un continuel abus de la dériva- )
tion. L'organe fc fert de Varticiilation la.-'

l-ïalc jointe au frôUmf.nt de langue FR^


lorfqu'il veut peindre 4'adion de» brifer ,

de mettre en morceaux; ce (on poujfé &t


rude lui paroiiïant propî*è à peindre une
telle aftion. VçilàJegertiie d'où fort le \
premier ordre ; PHôuR (en ^breu) FRc-
FRango.FRio^FRlcOy FRagor, FRuf-
^rif^

tum &:c. (en latin.) BRifer, B Ployer ^ &c.


,

(en franiçois:) &:Yvle mouvement eft très-


vif, & la chofe brifée 'fort menu, To-
rienlal redouble la fyllcibe, pour marquer
cette adion pouffée à l'excès : il dit
' '
u

PHaRPHaR , frufiulatim difringcre.


Le latin applique cette peinture au
bled moulu & entièrement bri(t\{ il dit

FaR, FuRFuR, FaRina ; c'eft un fé-


%
cond ordre , où IVunage 'générale eft ap-
pliquée à caraftériièrun ol^jtt particu^;er.

. L'ufage tïu-on fait de hffiu/u cft de !a


s ^
Pij #

DU L A K G A G É- 35^
,

CK
Î40^ M^'i C H A NT S M r '-1

fornirc poi^
cuire pour la manger. Le latin, qui veut
cuire, n-^e du
çcjljini : o
nomme:'"4e lieu où on la. fait
i^ \6us a tom
tnàiF FaRiNa tous les- éiémens ciii riou-
^ Ce cinqui
veau ni>rn qu'ii veut fabriquer; &: dit.

.\
J Fi/Payi)s. Voilà un- troilleme ordre. Le
micr^érme
on ne doit^
françois (lit aufli F<7///î, &c appelle FouR-
d'afligner h
Ncau tous les lieux fermés , tous les vail-
dans lé lan
\ > feaux oii l'on fait du feu] fans égard à

par des rou


l'ufage aucjùcl on . les emploie ; ce qui cft

analogues a
encore en (oiK-ordre; - *,
cherclioit à
.. Après .que^h farinç efl cuite au FouRj
^

A qui arrive C(
le pain, aliment néçefialre, eft la pnii^
par l'exCcfTi^
cipale provifion dont on a foin de ïouR'
mots.
NTrh maifpn.. Maî^ oa généralife cette

expreflioii fournir. On l'emploie pour Que fi ne


autres des
apporter cicsprovijions ijuclconques \ Je ^^
p:

c'eft
n:^nt lorties
pourvoir Je qudcjuc chofc que- ce foi t :

De plus on emploie' fortir de i


un quatrième ordre.
impropres )FRaus\ &,
ce mol en des figîiifijcatïons :

jufqu'à.dire qu'un dieval a bien


[FRéU:) c
on va
l'^nc courba
fourni fa carricne, pour exprimer qu'il a bien
homme des fruits pr(
fini fa courie : on ledit auflTi d'un
a biea (-ulus-. ( odei
qui a vécu avec honneur , lorfqu il

«
ikii fa vie. Autre fous-ordre.
F Rangent ;

L'italien tait pis; car il dit tout fimplement ^ics :


) inFK
r-

¥
,

«>

t) u L A K G A CE. 34Ï
'

'eut
fcmire poy r «//7/>e ; cfornito ; c 'cjî fait ,

çejlfim : cointné s'il difoit voilà tout ; on


: du
où-
\àus a tom livré , tout fourni,

a,f,
^ Ce cinquicme ordre eftfi éloigné dupre-

U micr ^érme
en ne doit^ds s'étonner
y qu'.à là.vue d'un tel exemple, >

uR- qu'il ibit difficile

ail-
d'afligner la c^ufe de tant de termes ufités
dans lé langage lorfqu'ils y font arrivés
d à ,

cft
par des routes fi extraordinaires, & fi peu
analogues aux images que le premier germe
uR, cherdioit à peindre. C'eft néanmoms ce
qui arrive centinueilem^nt dans les langues
irii>

par l'exÇcfTiiabus que les hommes font des

:ette
mots.

)ur
Que fi nous prenons à préfent quelques
autres des premières branches immédiate-
\ fi ^^
c'eft
n:.nt fortiesde la racine FR, nous verrons
iloie'
iortir de FRujhim , FRuJiro FRuJlra
res: )FRaus\ &c. De FRangfy , FRagilis
bien [FRéU : ) amFRaclus ( détour , route en
bien ligne courbe ou fcriféç :J)FRaceSy ( marc
nme c'es fruits prefiTurés
^ ) doii on a tiré FRa-
bien ^/c///5:
( odeur"" de pourri ou de inoifi :
)
FR.i^nicnt ; FRangcs : FRaifcs , ( pa^lifla-
nent ^ics :
) iriFRaclion : rcFRaclairc , {Jcc. De
,,

t) 1

J41 Mec M À Kl S M m'


fût parce q
;
(Broyer) fRivo^us qulàlal^it.
FRio ,
,
plu5 c'cft
tvefign'Sc réduit en mktuy \ & qui ei^ no- ,

terre..
s'emploie: qu'au figuré fRt-
bngue ne
tre
:

.jji'nous re
tRetillcr;
un, ùc. De FRiœ, FRotter: cohrme defli
les dés
ERitillttS ( cornet à .remuer :
)
pou {fée à dé]
forte clWi-
FRingutr: "FRingiHai^Rmet
capable à^x\
feau r) FRinguant ; FRippe'r : FKippon :

rons que par


FRoiffcr : FRayer un à\^n\\n: FRayer,
diatem^nti^
parlait du poiffon qui f/î^/re en paffimt |

( d'où vi en
la femelle ou fes œufs , S^c. De FRa^ro;
Hc^ ) FRem
<îuifignifie à la lettre
'BRoycrMsficurs
l'aflion vier
dans la' main pour en e^^traire la fcntcur
la voix reçu
ijuoniam odor , FRacldfptcie , majcr cft
le portant (
FRagrantia
ainfi que rexplique'Servius ,
dental; au li
finit
( bonne odeur:) F^^^S^^ FRaiJÏ,
TRcmbUr ;
d\inc odeur admirable , &c.pe FRihiiri^
j
eR moins fo
qui fignifie la partie de la bouche & deb-
dco ( grince
langue qui broyé les alimens ,
rumine ^ |
dents,) d'où
FRumcnxum (^h\tà) FRuclus'
avale;
à
viennent FR
( FRult) FRuor ( jouira Frui cjl vefci ,
|

gulcc
Me : FeRio
frumine, qux cflfiimnid pars
c^it
,

homme F Ru- viennent FR


Donat. ) /7?//-e5 , FRugi (
7 4

La incme
gui, lionime fobrc, 6/- figurémcnt, honiiu
la rend propi
de bien ,,&c.) On a dit F/?/// pouf/^^^^^^
que»- vu 'lent, um
en- général, de quelque n^ni'.Te

'**"-" 't mmmmimimmmimimmmifmmmm.

T
b u Lan G A G É. Uî
(ùt ; parce que la cbofe dont on jouit le
plus \ c'cft du produit des fonds de la

îcir<, . .

.Si nous reprenons la racine fimple FR^


comme deftinée par /on inflexion rude &: '

.poufTce àdépciiîdr<tui mouvement viôleiit


.capable d(? rompre Si: de brifer , nous ver-
rons que par'là même, elle produit immé-
diatement F^/^c? : FuB^or ; FuRia : FeRa
,{ d'où vi en tient FieR ;^ FiRocitc^ tFFii^
B^c^: ) FRemo ( FRimlr de colère ; & fi

raélion vient d'un fentiment plus foibl.e ,

la voix recule fon inflexion au dedans en


le portant de l'organe labial à Torgane
FRcmo elle
dental; au lieu de dit TRcmo^
TRcmhUr; comme FRacas y fi l'a^ftion

tR moins forte , c'efl TRacas : ) FRcrp--

dco ( grincer dc>w dents, ferrer avec les

dents,) d'où vient FRcnum : FRagor^d\oi\


Viennent FRayeur^ cFFRroy , cFFRroya-
hic : FeRio ( FRaper ) FeRvco , d\)ù :

viennent FRetum^FcRveur^ FRcTcr^ &c.


La n>cme inflexion rude & poiiiTéc qui

Il rend propre à dépeindre un uiouvfmcnt 1»

violent , une aftion puiflapte ,


par/)ît avoiî

• '
Piv
V
,

J44 MtCHAVtSME
fait éclore le pr'imiûffoRt^FoRtis^ FoR- ÎCmi for

ce y àc les nombreux dérives de :e pri* iHotsdct

jrnitif. 1 ope.

Si nous reprenons de nouveau cette mcmi-


racine FR d'une^jnanicre encore plus iuif-
j
pie, & purement phyfique , comme Icii- de £

qu elle ne veut qu'uni ter au naturel les cho- de c

fes qui /ont le même bruit, telle qu'eft,

par exemple, la viande qu'on jette dar/s

ITîuile bouillante , elle produit FRi^o Les ch


,

. I
FRire , FRJlàry FRiand , FRricajj'cc ,
quefois n
FRicandcau : & en fous - ordre Frifer^ (lefcenda
y.
un fer chaud point qu'
( tourner les cheveux avec )

FrïfiLrty &c. parente r

Par une autre imitation naturelle de ion entre cerl

propre bruit elle produit FRôUr ^FR^ ccpendar

donntr , FRïtinriirt , FRonur , BRuirc ,


fl-u'oii en
BRéilcr , BRairc , &c. On voit aillez q\.\c lourcc.d'i

les moîSb frantjois BRifer, BRoyer^ B Ri- Tout fe 1

che ^ &:c. n''ontpas d'autre racine priiniti;^^ centre co


que cette fimple Inflexion de Torganc. llluffit,c

Je citerois mille exemples ainfi dctaillo; cunftatcr

'

s'il eft vrai toutefois que j'en puifTc ci:cr Jeux mot
ficatjon
millcT^qiïe ce nefoit pas d\in bien plus
t'iins vefl
petit nombre de racines organiques qiic
,

t> U L A N G A G I. 345
f:>nt fortis de fiécles en fiécles tous le

:e pu*' )Hots de toutes leslan^ues d'OrieVi & d/E|i-


vope. -
'
'
,
:'

\*"" . •
*

! mcmi'
us luif- \
l]l, Utit même. racine poi/J/i Jcs branches

le I(m!- de dt rivés qui n ont en apparence run

lescho- _ de commun pour le fcns y U fon & la

qu'eft
'
ii\iurc.

:e darfi

'Rip Les chofes par cent lignes variées quc!-


, ,

cajlfcc y
quefois même .çroiiées , si^oignent de leur
Frifer y (Icfcendance de degrés en degrés , à tel

chaud )
poiiit qu'on ne fe doute plus qu'il y lit de
parenté réelle (pour me fervir de ce terme)
: de Ion entre certaines cxpreflîons qui le trouvent
,

cependant être de la même famille, lori-


Ruire ,
qi^'on en fuit la filiation jufqu à la première
iourcc.d'une nombreufe poftérité difperfcc.
-, BRi- Tout fe rallie en repliant la troupe fur le
centre commun dont elle s'jétoir écarte c.

inc. •1 fuffit, dttj[udicieufement Johnfon ,.p*ur


'•taillcN; i-unftatçr l'identité d'étymlologie entre
le cirer Jeux mots, malgré leur diverfité de fieni- ^
ICI! plus iicatjon qu'on puiflè conjevfturer liir cer-
,

les qiic l'iiiis vertiges q|^ ne tlifpaioiffent jamaig


Pv
V
346' M É C H A N I S W E

d^run dev Vcrfata


entiëremcnj ,
que le paffage

k Noaillt
fons à l'autre n'étoit pas iTnpoffible ;

'4. vient d
•-**
Von aura toujours ce degré de certiuic'e,
.*»''
part le
'
fi lès ^ux^ fons peuvent être compris Tous
raîîi ou
^•<fe. i^ une même idée générale.
un fillo.
p. lis figi
133. Premier exemple*
fi -dire i

profc 01
.
On lent combien ce procédé ardinaifc
fuite de
#. i\ Pefprit humain peut prodirire de filiations
lilîons
dérivées. Les hommes ont tant de manières (

d'appel
d'envifager les chores,dc les rapprocher les

de
tc<^ , no
unes des autres fous \\n certain afpeft ,

iafignif
les unir par des rapports fouvent imagi-
de r^viic 1

naires qui font plutAt dans la iciQ


"i!c troi
Thomme que dans Tc^bjct ,
qu'on ne nni-
'';ii\n-: fi
*
roit pas fi Ton vouloit détailler la variété
î Lan (le
<<e procédés par lefquels l'hômme^p irvicnt
de la
à dériver de la même racine une qunntitc
I

Signifie
d'objets fort diflémblables. Bornons-nom
rapport
a quelques exemple.^.
chofes
Le nom de Verfailles^ ce village aujour- \

fes. La
d'hui fi fuperbe ,
paroît défigner qu'on Ta-
five fui
Toit bâti dans une ferre défrichée, ou
^^^^^ tiaceur
nouYellemcttt labourée : Vcrfalï^ ,

mmmmimmmim
ï) ir Langage. 347
'un der Vcrfat(Z y covcm\Q Ecarts crefTarter, &
3le & Noailles i\Q: A^c?v.z//V2 terres novdlcs. Il
;

rtiliic'e,
vient (!:\ïnccle Fcrfus ou Fcrtcrc. D'.iutre
part le ihot ^'crfiis dérivé do l'arcrc ur^
>ris Tous

ram ou de /^^^/r^rd /'<-;;i?i (lénifie à la lettre

un (illon \ une lïmc de labour ivj'z. Il a de-


p.iis fignirié en cette langue un vers , c'ert-

iiclire une ligne d'écriture que!a)ncjue, foit

rdinairc
profe ou poéfie ; parce qu'on a comparera

lliations ,^ lliite des lignesjur le papier à la fuite des

lanières
lilîons d.uls un champ. Pour nous , aiilicu
d'appeller ainfi toutes fortes de Hymnes écri-
)cher les

>eft , de
te^ , nous avons réilreint dans notre langue

: innai-
ia, lignification du mot v^;'5 aux lignes de
^

tcte de
\'^<:'(\^ feulement. Qui pourroit fc figurer

ne iHii-
•'lie trois chofes aufli différentes er.tr'éllcs

varicte V.i\n: fillrMi , une ligne de poéfie &: le ch,'.-

^nrvicnt
îLau de Vcr:ailles , cufiént leurs noms tires

qiinntitc
. de la même racine .*•
Que la racine qui

ns-nom Signifie retourner n'eût elle-même aucun


rapport apparent à aucune de ces troi«;

aujour- chofes ? Ainfî naiiïent les noms des cho« A


j'on l'a-
fes. La moindre petite circonftancc rela-

ide, ou
tive fuflit pour les déterminer, le bœuf
r, urrk t' ace une ligne fur la terre avec la charrue ;

Pv>
34? Mà C H A N I s M É.

la mam trace une ligrie fur le papier avec adhuc in

la plume. Il n'en a pas fallu dayantage :


|
alccrinch

d'autant mieux qu il y a eu un tems où la cupatur,

direftion des lignes d'écriture étoit Ir,

mcine que celle des filions, la fui vante i]4. La.}

recommen<;arit du même côté où fmifibif digl

la précédente ; ce que l'on appelloit écri- par

ture boîiftrcpha , c'ett-à-dire, cojnme les calt

bœufs fc rct'ourncnt en labourant. Il refte par


encore quelques infcriptions tracées de pro.

cette manière. Verfus viilgb vocati junt

ficut aratur
Les h
quia fie fcribcbant antïqiù ^
réunir ail
terra àfinipâ criim ad dcxtram primim
:

lyic mci
dcducthiint ftyliim': ddnde convcrubun-
rendue
turabinfcriorc&riirfum ad dcxtram V-cr- \

&' hodic ruflici Verfus vocant. cie la vo


fus : quod
dcnomn
(IsiDOR.vj, n. )Apudnoshod'u\Qxk^
petit no
dictus cJîàVcrfun^jidcfl^ârepetUafcnp-
quam définit, Piimls
nombre
wrd ta ex para in

efurn temporibus , fcut qnid'am alfcru'nt ,

Ut enim à frnfiru thcîc qu


f:foliti crant fcnbcrt.
parte initium faccre cœpifent & duxijjciU premier

adhuc in voir^ (w
ad dcxtram .fequentem cuflodi(e

h<^ genus fç'riptunz Ma- prompte


fuis lins ruflici :

tV^oy, n
bant Bouftropbemà boumycrfaùom.VnJc
eu. L A N G A G 1. î4g
er avec aJhuc in arandoubi dcjinlt fulciù & undi
mtage : aUcriiichoatur , Veifura proprio v^rbo nurî"

ns où h cupatur. ( MARiyS ViCTORIN, lib, j> )


ëtoit Ir

fulvante 134. La-niccjfitédc combiner U nombre pr»"»^


finiflbif digiciix des objets & des Jentimens,

Dit ccri- par U peut nombre des injltxlons vo-


ime les cale s ^ a contraint de fabriquer les mots
. 11 refte par une méthode defyntlûfe & d'ap^

.cées de proximation*
<
ati funt

r aratur Les hommes en prenant rhabitvide de

primùni réunir ainfumc multitude d'exp^efTions fous


crubiin- iijic mcmc idée générale, & abftraite , N
un y.cf- rendue par une feule & mcme inflexion

vocant. cie h voix humaine , n'ont eu bcfoin pour

c Ver fus dénommer toutes fortes d'objets que d'un

itdfcnp" ,
petit nombre de primitifs , & que d'un

. Piirnls nombre de racines beaucoup moindre cn-


jjcrn'nt ,
s!.oxQ, C'eft une méthode naturelle de fyn*

i firnjïrd thcîb qu'ils emploient par inftinét ,


par un

premier mouvement, fans s'en^apperce-

idhuc in voir^ fins raifonner là-dufliis. Elle eft

ira dict- prompte & comAode^ mais peu régulière,


ncUndc (Voy. n^ Ï73;) car elle les conduit à tout

MIIIIIIIHHMMPI
ë

350 M É C H À K I s M E
moment à. de prodigijeux écarts, Elle a Ta

fource dans le iiombre infini des ohjjrs

extérieurs & clos idév ^ itftéTieures qu.

riioinme eft: Qbligc de rendre par le noir--

l5re tresr-borné des inflexions poinbles à i.

T
voix humaine : ce qui entraîne lanéceit; i

de combiner lin» quantité d'idées fiuja

mémearriculation , puiiqifon n'a qn;:v.i


de mov^ns pour produnc une inhniîju -:

Si HQus difons , vai^uc de4a mer ,- 1. ..'.v

ricr y vagljl'ennnt \, nous nommons r\'

chofes fort différentes ^ dont nous iWov


voir les expreffions fe replier fans peine ..'

k m^mc primitif employé dans les \,\\\p\-

ges divers à rendre la même idée géiiéralc

Fapu eft un adje^lif donr on fe iért t.mf

au propre qu'au figure; une démarche v»/r^/A',

un difcours \\:pu ; c'eft im mot cominiiti

à pluficurs langues pour un branlemcnf , un

mouvement continuel , foif incertain , foit

d'ofcillation.Oncroit quela r/, eft le teu-

ton TjT'^^a/z , i. c. mof i( a re. ff\rif;e ci^hoi-


'

landois , B^t^;vcn bas (axon, ïï^oce en h.uit

allemand , yagucun fi anchois ,"i. c. Unda^


,

f A

[
£ » V Langage. 3?'

franî;ois vo^'^.r de
ts, EUcaù /?;//?«5 ; croù' vient Ife ,

dëfi-
des ohjjrs mcnie le latin V^gusy F^ii^ri , pour

ieiires cjil
C, cr une dcmarelie incertaine ^ uns
F.f7«^
>ar le n(v,r:-- an et & peut-être
,
artff. „ F^l'o ,

)fribios à 1. ru,,ri^!or, & les dérivés de 'ces der-

comme le fran^ois-ToU/w;
lanéccil; i n'. r termes ,
,

les termes
(Ices iuw'id ce -qui peut être confirmé par
e. Chariot Jt'ag-wtJ-
l'a qii; : ci. 'allemands Jf^ag , i. ,

Chef des équipages. Dans les


ihniîju .:-•
,n,\. e.
Jf'ago , i. t. aby^us;:
«
lan'gues fudefque
lnctts;\n gothique
Wagid^
ffj^i. e.

-nous nw c.'6V./;//wor«.î r/?. n'agi en allemandrr^


i.

(bielle. Vtcl^s
ous all(vv l,,'.anco,bras de balance qui
is peine \.i' en latin ,'i. Levier , bras de aatere.r^g'»,
c.
(fou vient, à
j les Litipi- , c. Lit à bercer , berceau,

ce (|iie ie crois , le latin Vàguus , & le fran-

cris d'urf
fe ierr t.nif ,,( is F.,gi[lcment,\>om fignifierlcs
bercé.
pctiienKint qui veut ctrc .^^
Tatl-
Du mof latin/rww.njus avons
fait
it coimmin
pofition fo-
enicnf , un yM\(ftrmc , pour dciigncr une
non vacillante.' Nous avons
aufli
eriairt, (oi' l:,lc &
qualités du cœur 5<
eft le teii- q-Mliqué l'épitheteaux

//jfci^liol-
d'iioc^^
7Ct cri h;uit ù.ii.'emetK^ de nouveau l'cxiftcnce
, c. L/iiJit, diolé ou d'un fuit. Corijimiaiion cû le f*- ^
Chrétiens renouvellent ^.
'
rement où les
V
I

§
A
SSi M É C H A NI S M E t> V
l'Eglife leurs vœux fliits au b^ptcine. Fo
mts^ font les pièces de bois qui terminent 23
par le haut & arrêtent rairemblage de Ji

charpem'e d\intolt. Nous ^Kow^fcrmcrvvM Donnonseï


vont {firman ponam) pour, l'arrêter, forternent ca
l'empêcher de balancer, d'être ouverte Je conjipanct fc

mobile. Puis nous avons dit/J/'z/z^/'', /ï;:- tiès-diflembl


/'^wer, pour, refTcrrer, tenir clos ioibune figure. Quant
porte , ou dans un lieu non-ouvert. Fc-nics ne femblepa
font les lieux clos dans les Campagnes , L^ ver qui ayen
îiiaifons d'agriculture, ou l'on renferme les nent néanmc
fruits de la terre après la récolte. FcwLcr (le la même i

cftle cultivateur des campaghes à qi:! ces cine organicj


fruits appartiennent, pouruh prix qu'if en daiité d'être

donne annuellement" au- propriétaire du tout exprimé

tonds , &c. Voilà comment les homiiic^ (Voy. n^ 7<


appliquent Jes mêmes expreffions à toute
forte d'ufages & de' fens difFérens. Fauu pliquer {\x%{\
pour métairie peut venir à.t firmitas^ lieu la defcendar
fortifié où l'on fe m.ettoit en fureté, lieu toient en p
propre à fe mettre à couvert. Mais j'adopte y/i//j. Mais j

plus volontiers l'autre caufe de dérivation. HKnt ne de


On a commencé dans le bas empire à ib criumun : l;

fervir en latin dans* ce feus dés mots /:>/;/^ Sùpulatior^ i

bijirmarias. whc, d'un c

^
D V L A N G À G m
2^'^, jiutre Eximpie,

Donnons encore de ceci un autre exemple


fortement Qzrz&.énié\ Etoile ^jilpulation.
Cv confipanct font trois mots de notre langue
très-diflemblables aflurcment de fon & de
figure. Quant au fens £l à la fignification ,il

ne fenible pas qu'il foit poffible d'en trou-

ver qui ayent moins de rapports. Ils vien-

nent néanmoins de même idée générale,


la

(lela même figure frniple , de la même ra-

cine organique exprimant toute une mo-

dalité d'être, fçavoir la fixité prefquepar-


toui exprimée par l'articulation dentale ST.
( Voy. n^ 79. ) Etoiles de fltllce ; c'cft-à-

(Iire/:t^e^.Celas'cntend;&c je viens de l'ex-

pliquer fûffifamment (n^ liyO ^'" i'^* ^^^^*

la defcendance de certains termes quifor-


toieiit en particulier de cette branche,
y/i//j. Mais jceux que j'examine en ce mo-
n^nt ne defcendent que <^* Tafcendant
cr n>mun : la parente vient de plus loin.
Siipulation, fignifie hrconventiond'jnm^t-
whcj d'un contrat, Tafte de traité, écrit

I •«iiiiiiii
3^(4 . M É C HA N ï SMC
par-devant notaires entre les parties con-* >> à l'acquéreur,

traftantes. Ce mot vient du latiny?//?///^, wen figne de :

i. e. une tige de paille , ime petite baguette. nobferve cncc


Dans les fiécles grofficrs des Latins, ôcde >> de France enl
même dans les nôtres , la manière de co.> » ai^ffi coutume
dure un marche étoit de partager une paille >i faiibit quelqu

entre les contraftans, ce qui s'appelloitfr » paille ou uni


pulart. Dicta autem ftipulatio ^ftipula.^^ ,M traftans emp
itrts tnim quando Jibi aliquid promitu* ^Vv-jQignoient a;

bant ftipulam tcnentcs frangeharit nucim >rpromeiTe : <

ïtirkm ^ungcntcs fponjionts fuas coL'nof- >' Fixince^our


^

ctbant» ( Ibid. lib. v-, cap» 14.) L'hiftoi'^e »inruitimeou

nous raconte quelque chofe de pareil y, ir.oyen des <

fur la pidce de. monncie rompue lors du » charte -parti

traité fecret entre le roi Childeric chaflt M fident Boyer


defcs Etàts& Wiomar fonami; ÔCjCciniTie » cidtbatur , i

nous le verrons bientôt , c^te pièce de » parce qu'au t<

monnoie pouvoit ^tre uf(c bai^uette de


>v ir.oiiis comn
n voit des tracés de cet uCacc » afte de la (

dans l'ancienne manière) de donner les » deux parties.

inyeftitures , en ronipant^n petit morceau V en donner à

de bois , dont on rctix/uve quelquefois les > lalTcmbloien

fragmens roulés à rc^rémltédii parclicni::i » il çlt^s avoi

des Chartes. (V(>(^7 Du-Canec.) < Auîr^ - ;


v)ti('ns. Ce q\

w fois, dit Fi^iicrc on donnent unA;'^^ > pratiquer de


:,

V.
i

% É J. ^ f D u L
,

Dt; 1AK G A G É* 35^

»> à racquéreur , quand on fiifoit une vente


wen de rccUè tradition: ce V<«*
figne

obferve encore en quelques


coutuiws
fy

>, de France entr'autrés


àVerdun.Onavoit
» av.fficoutume anciennement , quand Cn
>i laiibit quelque obligation
de rompre une

,> pailleou un bâton , dont chacun des^con-


,iqu'ilsî«-'
>> traftans emportdit un inorceau

^VvjQlgnoient après pour reconnoître teur


^.pfomelle : ce qu'on a feit depuis M
,'Fixince^our4es contrats de commerce
» înnritime ou de louage
de vaiffeaiix , au
appellées
,/nu)yen des écritures coupées

» charte-parties par la raifou yàïi le pr^'


,

H fident Boyer ,
qvie per midiumoartaia^
»cidebatury & fie fichât cart a partita ,

notaires étoient
» parce qu'au tems que les
>v iroiiis communs , on nexpédioit qu'un
convention qui fervoit. aux'
» afte de la

» deux parties. On le coupoit en deux pour


>. cTi donner à chacun fa portion. Elles les

>» lallcmbloient au retour pour connôîtr^,


nïiel^s avoient ratistàità leurs obliga-
v>ti(<ns/Cc qu'il attefte avoir vu encQre

l pratiquer de fon tcms j de même qiten-


,

_J

3^6 *M i C H A N I s M E D U
K>'
h Romains dans leurs ftipula-
ufoiertt les
par la riati#e
» rions en rompant un bâton dont chacun mobilité. _
» en gsirdoitun morceau pour en confervcr Obfervons
5» la marque. » De^et ufasfe de contrafter mologies tou
avec une paille, vient notre phrafcpp- babl es au ffi
verbiàle ; rompre la paille y pour concm tic nuire à la :

un marché ^ proverbe q'iele mot rom^t. les racines or]


nous fait fcuvent prendre en fens contraire quelacorifirrr
po\XTromprcun /Tz^rc/iif. Molière dit j(Dép. lent -que le t

amour. Aft, IV, Se. 4:) ft;ibilité du t

\
Il faut rompre la paille. \Jr\t paille rompufe- venu. Hoc no
Rend entre Gens diîonneur une affaire coi»c'uc.
\im\ àpudvctc.
Le htïn Jlipula , i. e. un petit tronc a flîpité défit.
une petite tige , eft un diminutif de /lij^s m gat. l.iiiait. i(

fipcs un ironc j une tige d'arbre «, aniii adjlrlngendœ


nmnihé parce 'qu'il eft droit , fixe , immo- reccpt.fenteni
bile ; ^uia /la:. 6- alllgojigm
Quant au mot conjljlancc ^ on voit k terme Jiip
afîez qu'^ vient de conjlans , çonfijUn^ quoji donno
termes compofés ;fur le verbe fimpie wnion de V
fiàrc ^ i. c. être droit, être immôbite 71 peut êtn
&êfixe de forte que toutes ces cxprc/rions
: ! incienné. n
fi éloignées lesunes des autresfe rapporteur parc^
'PP^ y

également au prini.itify/o tire de la racine •'^ite en forn


•organique ST j clef générale appropriuô cuivre liées
ê

DU Langage. 35^ \,

par la riatifre à exprimer toutç ïclée d!im-


fîiobiiité. •
-

'

Obfervons que l'on donne d'autres éty-


mologies toutes différentes , & fort pro-
bables auffi ^ du mot Jlipulation y
qui loin
tic nuire à la maxime que i'ai avancée fur
les racines organiques ne font au contraite r
quelacorifirrrîer davantage. Les uns veu-
lent que le terme jlipularc vienne de la
ft;ibilité du traité irrévocablement con-
venu. Hocnomineinde utkur quoi ftipu-
luni apudvUinsîvxm\xm appcllabatur forik
a. flîpite defitndehs, ( Inflic, de verb. phlir .

çat. 1. iiiait. i6.)Stipulatio<//r?^f z/^yFfixum


adjlr'ms^cndœ obligatlonis vi/7Cu/um\(PduL^
recCpt.fentent.l.Vjtit.y.) iv<Pûf enimaf}ringo
& alligojignificat. Les autres veulent que
k terme flipulart foit venu de Targent
quoji donnoit potfHc marché. Ctft l'^o-

mnion de Varron {JLirjg. lat. lib. iv,)


Ripent être bonne; car on fçait que
! incienné moimoie s'appelloit jUpcs ,
\^^?^ > parc^ qu^elle étoit grofliérement
"'^ite en forme de petites baguettes de.
cuivre liées en f^fceaux &: par
i cette
J58 Mie H A NI s ME
retenv- h toujours à
raifon , les Romains avoient
infinirrient
vieille coutume de nommer la paye du
{o\d^i fiipendium.
Stipcndium a)ii^c af^
Je pourrai
ptllatum (jubd perftipcs , id efi , modica c
if.
•icur 9 autres ex<
ara colli§itur.{{Jl:Vik^. ad Edict. l.
xvij )

pour mon- Il filiation intei


J'entre exprès dans ce détail ,

ment recevablt
trer que quelqu^opinipu qu'on adopte,
,

h vers côtés oui


la première fource refte également
entr'eux le moi
même, & q^^^ ^^""^ '^^ primitifs, que

moirs en le?
Ton veut donner au mot pipul^tion ,
lor- ,

[ou's aboutir
tcnt, tous les uns comme les autres, du
i

ne organique.
yerhe fia , &
de la P^. organique ST.
ci

^jne h les
^-^fl^ts de
CVft une marque démonftrative
termes dérivés
régie eft bonne ,
puifque toutes les routes
toujours. Ici originels. Le r
que ron prend y conduifent
dcfccn- noiyllabes , qu'
d'iikertitude fur la
plus il y a
confirmt'e.
allez
,
pour r
dance, mieux rorigine eft

premier au-
fur un feul quar
On ne difpute pas fur le

teur de la filiation / mais fur la del-

bran- 137. Les écarts


œndance pur une ou par une autre
& plus dijffti
cne* li^
ceux dt
m
136. Les dérivations équivoques , (^
oppr^ Dans un tel
paroifcne prendre des rôtîtes
pourtant prefqiu
ns une mar
fées , abomïjj'cnt

mmimmmmmmm wmmmmmmmm
,
Jl 1 V

D U L AN G A G )L.
3Î^
toujours i la même racine : nonibra^
ïnjininient petit des racines.

Je pourrai dans la fuite donnei^ plu*-

neur^ autres exemples d'étymologie^ dont >«

Il filiation intermédiaire fe trouve égale-


ment recevabie en bonne critique de di-
vers côtés qui ne paroilTent pas avoir
entr'eux le moindre rapport, &'qui néam^
moirs , en les fuivant , viennent enfin
[ous aboutir au point de la même ra^-

cine organique. En un mot, il y a danïj


les !|B|^iés de TuniVers dés millions de
termes dérivés , mais bien peu de îi(ots dk —
V
originels. Le nombre de ces racines mo- ^
\l
noiyllabes , quoique grand, ne Teft p«rint
allez
,
pour n'être pas facilement écrit
fur un feulquarré de papier. (Voy.n® li.)

157. Les écarts detefpritfont plusfréquens


& plus difficiles à recofinoitre , que
ceux de la figure ou dujon. •
cy

Dans un tel intervalle de féuaratîon ,


/
iins une marclie fi bizarre de Tcfprit
,

ySo M i c H À N ^î $ M I

(Uns une fr grantle difconvenanGe^ de la €n/ùitc le;

peinture avec l'objet qu'on a voulu pein- les objets

dre , comment reconnQ'ître 1: aifon liitri-


grande ce
fant€ de rimporition des noms, & re-
analogies <

trouver leur véritable racina primitive ^ :iial-à-pro]

lorfqu'il n'y a plus de morruqicnt qn: ::

rendu le fil des idées permanent , & tM n- aj8. On


n3is la connoiffance de Tirrégularitc c'..^
river
failles de l'efprit ? Il eft rare d'en pouv.. prcciji

fuivre lapifte; car l'idce toute intcncir^., rcut a


toute incorporelle 6: toute vague ,
iie

laifTc pas ordinairement au dehors cics


L'anom;
vefti^es apparens & permanens ; cominc par l'abus '

!c fen en laiffe à i oreille , &: connue former un <

la figure en laifTé aux yeux. Ce qui tait


& la chofe
dérivations &c les écarts qui
que les , fition dire^
du fon ou de la figure font plus
naiflent , ijgnificatioi
^A
faciles à reconnoître &c à fuivre ,
que ceux bien qu'on
qui naiflTent de l'idée. Cependant ceux-ci rfc ce qu'o

font plus fréquens & plus irrégulicrs que la remarqui


les autres. L.'ciprit lîumain , toujours preilé encore. C(
de nommer les objets, &c de faire entendre que rcfprit ;

fes idées , faifit les traits généraux ilnuii frefque jar

premier coup d*œil , 6c fans trop dVxi- lorlqu'après

idées entr elles, oc


men» Il enchaîne les particulier
'^^
enfui te
Tome IL

mmmmmummmmm
D U L A N G A C Ë. 361
~ de ui
enfultc le^ expreflîons , fouvent même
peiii-
les objets (ce. qui eft bien d'une plus
.

.riitii-
grande conféquencc )^par la force des
ic re- analogies quelquefois trop légèrement ou
:nal-à-propo$ appliquées.

%]S, On slccaru quelquefois jufqu'à ar^


river au point oppofé^ & à exprimer
pricifement U contraire de ce qu'on
reut dire.

L'anomalie de la dërîvation peut aller


par l'abus qu'on fait des racines jufqu'à
,

former un contre-fens abfolu/entre le mot


& la chofe ; jufqu'à conftituer une oppo-
fition direfte entre l'objet nommé, & la
fignification du nom qu'on lui donne ; fi

bien qu'on exprime juftemcnt le contraire


(ic ce qu'on veut dire. J'en ai déjà fait
la remarque, & je crois devoir y infifter
encore. Cette inadvertence vient de ce
que refprit a perdu le fil de fon
opération.
l^refque jamais il n'en voit l'enfemble,
lorl'qu'après être defcendu du général au
particulier, remonte du
il particulier à
Tomt IL
Q
,, ,

361 MfcCHANlSMl^
une autre cfpcce dé générilifation , ou i des deu:

la môme efpece : car , en remontant, du i tes d;

il ne fuit pa^es. mêmes traces, & il trouver

arri\e. à un autre"" point. Sa^s forfir de Q.^\XQ. ph


l'exemple que j ai cité, les aftres de la errante

nuit ont reçu le nom à'ctoiles , c'eft-i- n'entend


-^
dije fixes y
j;>arce qu'on vouloit les diftin» palTe en
^guer d'un très-petit nombre d'entr'eux tient lieu

qu'on appelle , au contraire , trranus ou cxprcflîo

pUnettcSy^2XQQ GU*ils font des aftres crrans. (JViantes

'^
Voilà le générab & le particulier bien vert. Ma
établis fur la connoiffancc des faits , & CCS anoiT

par une figni^fication convenable. Mais il peuvent <

y a tant de fixes , & fi peu d'errantes lurels &:

que le grand nombre l'emporte, & en- ces branc


ç>
•trctne à généralifer de nouveau , en par- fion , &
du petit nombre, à qui on donne bonne fé
lant
leçu naifl
^ le notn A' étoiles ^ comme au gtaiid^nombrc.
faine.
'Dans ruf;»ge du difcours ordinaire ,
le

particulier rentre dans la clafie du général. D'autre

fignificaticn qui de fignific


On perd de vue une
difcours dans une mes qui
^evroit contenir le , I

forme d'expreffions juftes ; & Trn dit pendant q\


une lent ont de
habituellement qu'une planette cft

la cofttrariétç dircûc wtins appi


. itoile ; fans foncer à

«HilIPIIIIIIIIil
,,
,

\
DU L A N G A CE. 3$^
n, ouè ^cs deux expreffions qui n'ont été
intro-
lontant duites d^ns le langage, que
pour ne fe
;, & il trouver jamais enfemble. Car, à rendre
forfir de cette phrafe à la lettre , c'eft dire qu'um
es de errante ejl une fixe. Mais,
la
comme on
c'eft-i- n'entend plus ce qu'on dit,
l'expreflîon
ts diftin» paffe en ufage commun
, l'habitude & \
ntr'eux tient lieu de raiftm. Cependant de telles
'antcs ou cxprcflions devie\i^ent tout-à-fait cho-
rs errans* (fiantes , ç^iand elles font mifes à
décou-
lier bien vert. Mais quelqu'étranges que
, foient
raits, & CCS anomalies , on voifpourtant qu'elles
. Mais il peuvent c^treramenées aux principes na-
rrrantcs turels & généraux, ci-devant établis;
, & en- ces branches-, contrefaites par l'extrava'
,
en par- Con , & par le mauvais cours donné à la
n donne bonne fève de l'arbre, n'ont
pas moins
nombre. leçu naiffancc de la racine qui refte bien
aire , le faine.

général. D'autres fois , on trouvera une identité


tien qui de fignification entre
deux moti îynony^
une nies qui n'expriment qu'une
laiis , même idée,
IV n dit pendant que les deux racines , d'où ils for-
cft une tentont deux {ex\s tout-à-fait contraires. Lt%
i dircûC latins appellent les
uitraiUts des viftimcs

^
Qij

IMIlilIliill
564 M i C H A.N 1 s M«
que le noi
qu'oïl le»
(vta, quia cxjlabant, parce plus com
, pour les confulter fur
tiroit en dehors fe tr
qu'il

les progjionics; Sallufte, homme tort


certaine
orthographe
çxad à conlerver l'ancienne
plus de
l'analogie des mots,
qui montre mieux (Voyi n^
\^.x/<i. Les deux termes
^crit toujours
ceux qui
viennent des deux
ex ta &f intraiiks
d'autre ca
li;. (X hi in, \ extra & intrlàM
àffeA.^atioi

le fens eft diamëtolement oppofé.


perpétuell

(les mots
139. Source des anomalie^
dans U fahiûui la nature
\ des m^f
tien à pai

pas toujo
Se la plupart
Mille càufes, paflagercs
;ilors elle
dafis le
du tems inconnues ont laiiïe plus coir
de s'expri-
langage , de faufTes manières nature de
n'cft pl^i
mer, à la' trace dcfquelles il
rcftc , vr
poffible de remonter. De nouvelles
étymolog
nouvel
mœurs , de nouveaux ufages, un
de grand
introduit de
arrangement des chorer>
.m-' pic m;
nouveaux terme?. On les fabrique lur
flc'X-ions. l
ce qu'oa
une racine ptopre à. peindre ici que noi
'*

Yeut exprimer. Mais les


nouveaux uia^es
de dire i
la moc.c.
font fujets aux variations de
chofcs liu
tel po^^^t
îls j'aboliffcnt ou changeât à
.

DU Langage. 365

qui leur refte , ne les dépeint


que le .noJTi ,
011 lef
comme dans Vorigine : de forte
plus
Iter fur
trouve dans une langue y une
qu'il fe ,
le ioTt
quantité: de termes qui n'ont
certaine
)graphc
convenance avec leur objet:
plus de
mots
ternies
(Voyi n^ 217 & fuiv.)/<ans parler de

ceux qui , dès leur naiflluicc ,


n ont eu
deux
s,
d^uitre caufe que le bel air & la fauflTe

âfTe^ation du langage. Mais une fo^rce


fë.
perpétuelle d'anomalies dans la fabrique

(les mots vient de ce que l'homme &c


fahriûuê
la nature ont tous les
deux leur opéra-
tion à part. Ces deux opérations
ne vont

pas toujours enfemble/j^rarement même


;ilors elles vont d'un pas égal. Rien de
le
clafis
plus commun que de voir changer U
s'cxpri-
nature des chofes , tandis que leur forme
eft plai
rcftc, vci vice versa. Ce n'eft pas en
ouvclles-
étymologie feulement que ceci produit
\ nouvel
de grandes difficultés, 6c forme une
»chilt (le

iin^ple matière d'obfcrvations Se de ré-


iqiie liir

flexions. Maiscomme nous ne confidéronj


c qu'oïl
ici que notre fujct propre , contentons-nous
IX uia^4^5
de dire que Ton donne des noms aux
i mode.
chofes liir leur nature ou fur leur forme .
l pOiii^i
Qiij

mmmÊmmmmmmm
,

366. MicMANlSM 1 *

& cpje c'eft fouvent cejle des deux J

dont on a fait choix, qui périt, tandis

que le nom refte.

140. On forme fur une racine néceffaln

Usfuhflantïfsphyfiquespar inittation

ou par organifation ; & l'on Jérivt

de ceux-ci^ par la même méthode^


tous Ui^ autres mots d'une tangue.

La Vnëchanique de l'organe vocal forme


les racines par des fons qui tâchent df
peindre'^'les objets , ou d'indiquer leur

manière d'être. {J^ïd, 63-64.) Ces racines


ont été les premiers noms tant des fub-

ftantifs appellatifs des jd^ofes phyfiques


que des adjeftifs exprimant les qualité*

de ces chofes. Par extenfion ,


par corn*
parai Ton ,
par approximation , les racincf

ont fervi non-feulement aux noms des


êtres qui ont .une exiftence réelle & phy-

fique , mais encore aiix noms de' ceux

qui n'ont qu'une exiftence abftraitc, mo-


rale , métaphyfique , ou qui ne font que

des relations confidérées. Dans cette mé*


,J ,,
rement où les L^nreutins iwiuuvw iiV**k (

BÙ L A N G A G E. 3^7^ ^*

^es deux ehode on a paffë du propre au figuré^ du



r
rit, tandis vifiblc à rintelleauel , des images réelles

& communes aiiùnmages allégoriques &C


%
rafinées.

nécejjaln Peut-être les verbes ne font-ils venus


- imitation qu'après les premiers fubftantifs réelsvOn 3^-

l'on Jérivt
^
les a formé furle^premier nom déjà reçu

'
méthode f ou fur certaines racines organiques ,
qui

e langue, indiquent la modalité des êtres.! La racine


ST eft l'articulation dentale ,
qui cherche

3cal forme i peindre la fixité. Oo a fait là-deflus

tâchent df le verbe 7&>. La p/. FL.eft l'articulation

liqucr leur coulante de langue & de lèvre, qui peint

>es racines la liquidité : on en. a fait le verbej2w(?.

it des fub-» La r/. AC eft appropri^|p)ar l'organe


à défigncr ce qui va en pointe , ce qui
)hyriques «*

\a en avant ; on en a feit le verbe géné^


îs qualités

par com^ rique ^go. La 1^- labiale AM eft le mot


les racine! nccefiàire par lequel l'enfant nomme fa

mère ou fa nourrice; car c'cft la feule


noms des
permette encore
le & pîiy- fyltabe que la nature lui

î de' ceux de prononcer. (Voy. n*^ 57.) On s'en eft


'V
raite, mo- fervi pour exprimer le fçntiment de ten"

c font que dreffe pour un objet chéri , en faifant

cette n\é^ U'dciTUs le verbe Amo. La F,/. TAC cil

g iy
-^él^

368 M £ Ç HÀ K I S M l B V
une onomatopée imitative du bruit qii^ol fcnfibles , fc

'feit en frappant iiir quelque chofe du bout compofés d


du doigt on en a fait verbe TaG0|
: analyfe. .Les
^iya Tango , taclus^ Toccar, toucher^ &c. in primi^^)
Souvent il eft très-diffic^ile de démêler fcritur •: ils
r
^.
la racine des verbes , & leur liaifon avec mot pour Vi

les primordiaux. L'arbitraire y influe bçau-. de quod an


coup. plus que dans les noms des fubftan- jrapport de F

tifs phyfiques ,
parce que Tai^tion qu'ex* que quantài
prime le verbe yient fouvent de rhommcj nieres de î

plus que de la chofe , & que d'ailleurs généraui , i

les verbes , à ne les confidérer qu'ert communes


eux-mêmes , peuvent être mis au nombre
des termes abftraits. Enfuite le procédé 141. Les rai
commun dans la fabrique des langages f mots in
cft de former fur les verbes les fubftan- fervent
tifs qui expriment l'aftion du verbe; les par^ un
adjeftifs qui participent à cette aftion ,

&, qu'on appelle iîmplement , en gram* Les racln


maire ,
participes ; les adverbes qui indi- que toujoiv
quent la manière ou le degré' de l'aftion. commun , <

Le tout remonte toujours au. phyfique ^ n'ont &: n(


comme à fon germe primordial. Il y a d'idées (1
p
même des adverbes vagues qui , ,
ne pa- s'y joigne
roiffanc nullement relatifs à des peintures (idération ;

/
-^'

B V LA N G A C 1.

fcnfibles , fe trouvent néanmoins n*^ v.

d'autre chofe lorfqu'on les


corr.pofés ,
O
analyfc.Les Latins difent /^r^yirri/n (pour
in primât) Tayant formé de quod prx
fcrirur .: ils dilbient antigcrio , ( vieux

mot pour valde, oppido ,) Y àyznt formé


'

(le quod ante gtritur.


Oppido môme , au
ne fignifie autre chofe
rapport de Feftus ,

que quantum oppido futis effet. Ces ma- ,

nieres de s'exprimer font des adverbes


généraui , formés fur des images yifibles ^ />

communes & champêtres.

plupart , des
141 . Les racines font j pour la
motsïnufitis dans les langues ^oii Us nt^
fervent qu à former les mots d'ufage ,
par^ une méthode ddfynthèfe.

Les racines ou clefs radicales font pref-

qiîe toujours inufitées dans le langage

commun , &: doivent l'être. Les hommes


n'ont &c ne peuvent prefque point avoir
d'idérs l\ parfaitement fmiples ^
qu'il ne

's'y joig'ie qiielqve circonftance ou con- /


ûdération acceifoire, que la parole ex-
J

M 4 C M ÀN î s M 1 nv L
J76
prime avec l'idée fimplc par une exten* ce figne leur fcft
,
pour former 1î
fion du mot formé fur la clef radicale,
dénominations
défignatriGC de l'idée (impie. STeftlaclcf
parce qu'ils vî
radicale de la fixité & de rimmobiliré;mai5
abftraîtement fc
on ne remploiejamais feule, que par forme
à fc fervir
d'interjeftion : ST^ arrête. Quand je

d'un noyau aut<


dis Sto , je marque non-feulement V^arrét^
toutes les circc
mais encore que c'eft moi qtii rtiarréu,
relatives à 1*01
Auflî les clefs radicales ne font^eHes, pour
figne ne nomm;
la plupart, que des fignes abûraits, ex-
\ mais indiquant
primant toute une moda-
:

, en général ,

cxiftence , s'e
lité d'idées, ^ applicables dans la com-
il

il doit être inu


pofition des mots , comme étant leur
ne poutroit ex
jgenne , toutes les fois que la confidéra-
dont il n'eft qi
Bon de V(Êi]tt exprimé roule fur cette

modalité.
Un miffionn
une très-bonne
L'ancieruie langiïc indienne des Brach-
fynthétiquc (iir
manes va fournir un exemple exccl-
langue Samskri
Tent & fort clair de ce que je pofe^
une langue fçav
par-tout ici comme un principe de fiit,
de l'univers. C
confirmé par mes obfervations (iir la
quelle voie nat
fabrique, du langage : fçavoif ,
Que. les
pie policé pa
hommes appliquent un petit figne vocal
à toute une clafTe d'idées , à toute une
abondance, &
manière de confîdcrer les chofes : Que même encore

1
,

j y

ce fignc leur fort conftamment de


primitif,,

pour former là-dcffus une infirmité dr


dénominations des objets extérieurs ^

parce qu'ils viennent à les cnvifager

abftraitement fous une certaine face , 6t

à fc fervir de cette racuie comme


d'un noyau autour duqvKîl ils raflembleiU

toutes les circonflances d^ leur penféo,


relatives à robjet dénommé : Que ce

fignene nommant pas un objet phyfique,


mais indiquant feulement la forme de fon
exifience , il s'enfuit de-là que , pris feu!

il doit être inufité dans le langage où iJ

ne pourvoit exifter féparément du fujet


^\
dont il n'eft que la forme.

Un miffionnaire Jéfuite nous aMonn^


une très-bonne defcription de la méthode
fynthétfque (iir ïaqiaelle eft fabriquée la
langue Samskroutan des bidiens: Ce ft Và

une langue fçavsinte & des plus anciennes Kf

de l'univers. Ce qu'il en dit montre par


quelle voie naturelle le langage d'un
peu-
^
pie' policé pai-vient à s'enrichir avec

abondance, & à fe perfeftionner. Il fert

même encore à confirmer ce que plur

/
M i C H A K s^^ ï ©V
J7i
fieurs autres rcrruirques
*

m\>nt feit ivanccr


%
¥ ait pu attèi

ailleurs-, que les Iiuliéiis ëtoient une s\ qui éclate

des plus anciennes nations du monde ,


"'j >» .uiteurs y
c'êft-à-.dire , des plus ancicnncmcur H la plus rie

inflruites. M petit nonil:


}i La graiyinairc des Brachmanes pe\if, »'|)Out regard
dit-il , H être mife au rang des plus bcild i) eie la lan^

^rfcicncés. Jamais ranalyfe & la (yntlicfc » pir cux-m(


># ne furent plus hciircufcnient employeii >» lign'ficnt p

» que dans leurs ouvrages grammaticaux f» lement rap


» de la langue Samskret ou Samskroutan. \> j)lc ^ Kr// i

> Il me paroît que cettQ, langue , fi ad- M Iccondaircs


w mirable par fon harmonie, fon abon- H (ont les ter
» dance &
fon énergie, ëtoit autrefois » ticrin mi v<

I* la langue vivante dans les pays ha- y\ il doit fe <

^^
w bitës par les premiers Brachmanes. » certain non
w Après bien des fi(kles, elle s^cft in^ » IVIcuicnt 1

^ fenfiblement cërrompuë dans l'uiàgc >Mlvic!qiics 1

» commun; de forte que le langage des » proche de


^ » anciens Richi ou.Pénitens^ dans les » primitif ch
»^ Vedans ou Livres, ftcrës , eft affèi ^Kpajr ex€in[
i> înteUigibJe aux plus habiles , qui ne » lui tft a)o

»fçavent que le Scunskret fixé par les » Ktr ,. îkc.


j» grammaires* M bine tQus
.^ wVl cd écctfiiuiit que refprit fcamaia i^uneyariéK
VV L A K G A O I. 3751

%
Tait pu atteindre à la perfcaîon de Tart

v> qui éclate dans ces grammaires. Lés


» .uiteurs y ont réduit ,
par ranalyfc ^

plus ricKe langue du mcuidc , i un


H la , '-^•^

M petit nombre d'clcmcns primitifs, qu'on


>r()Out regarder^omme le caput mo/cuurn ,

f>Ac la langue. Les clëmens ne font ,

}> pir cux-m^mes , d'aucun ufage ; ils ne

(ign'ficnt proprement rien ; ils ont (eu-


f>

f^lement rapport i une idée, par exem-


f> pie , Km à l'idtv d'aition. Les élémcns

H Iccondaircs ,
qui affeacnt ce primitif >

\» li)nt les tcrminaifons qui le fixent à être


vncrmmi verlw ; celles félon lefqu«lles

y il doit fe décliner ou fe conivguer; uî>

» certain nombre de fyllabes à placer entre

» iïicmcnt primitif &c les terminaisons ;

>Mluclqucs prepofitions ^ . &c. A 1 ap-

proche des èlémens fecondaires , le


»

» primitif change fouvent de figure : Kru^


^Kpajr exemple / devient , félon ce qui

>i\ii\ x:(\ Apu^CyKar, Kdr, Kir , Kn^


yfKir.lkc. LafyTitlufe réunit &c com-
>/bine tQus cjtvs clém.ens , &c en tbrme
n une yariété infuiie de termes d'ufâgc*

>
,
J^^^ » ^ir

574 Mi e RAK I s M i DU
H Ce font les régies dé cette union Se
qne étendue
w de cette combinaifon des élëmens philofophie c
» que la gramihaire enfeigne; de forte
s'il étoit poflR
n qu'un fimple écolier , qui ne fçaurôit 'hoiniiies une
» rien que la grammaire,, petit, en opé' briquée par

f %
H rant , félon les régies , fur une racine
Je la rendre ^
*

» ou élément primitif, en tirer plufieurs mo(lité,la née


^

» milliers de mots vraiment Samsknts.


P quoique d'un
>} C'eft cet art qui a donné le liom à la
moins exafte
>» langue ; czx Saniskrct fignifie fynthéti- contienne qi
w que ou compofé. h ( Lettres édifiaii-
connoiffanceî
les, tome xxv. ) il n'y en a |

V x
tlu-clc de fyn
142 Cent mith&dt d$ fynthifc ejl fàciU f opr réunie 6
à rcconnoitn dans tous Us lan^ Car jr laiffe

gages où fort /aie quelqu' exercice de q\c!(|ues nat


ref^rit. on nous raco
tts ; récit q
Si cette forme de compofitipn ne fc
fur le peu c

trouve pas auffi méthodique , auflî régu- JVn parlerai


lièrement fui vie dans les autres langages, <^!irc que fort
que dans celui-ci , il cft au moins facile
pitre IX , j

de reconnoître qu'on en a toujours plus ou fil c!cs prop'


moins fait ufage , dans tous ceux des Uncerta
peuples un peu J)oliç^ , & qui ont qu^J- îi'a d'abord
D U L À N G A G E. 37t

\\\c étendue dans les Idée? . Ce que la

philofophie opéreroit <Jans le langage,

s'il étoit poffiblc d'introduire parmi les

'hommes une langue philofophiqiie , fa-


lé-
briquée par Conibinaifon réfiécliie , 5c

Je la rendre vulgaire , Tinftinft, la comr--

moditéJa néceflité Tont à-peu-près opère,


-'%

h quoique d'une facjon moins régulière


&C

moins exafte. Pour peu qu'une lahgi'ri


contienne quelque développement des
connoiffances ou des réflexions humaines^
il n'y en a point qui n'emploie la më- '
^

tlu-clc de fynthcfe , pour former l'expref-


f.opr réunie &c diveffifiée de fes^concepts.
Car jr laiffe à part ici lé langage de

qiclciiies nations tout-à-fait brutes, dont


on nous raconte des anomalies furprenan-
tts ; récit qui n^eft peut-être fondé que
fur le peu de connoiflance qu'on en a.
J'en parlerai ailleurs , n'en ayant voulu

dire que fort peu de chôfe dans le Cha^


pitre IX, pour ne' pas interrompre te
fi] (les propofitions. -

Un certain fon organique & radical

n'a d'abord rej>réfenté qu'un certainobjet


CiliUltC
Tomt IL
T

^76 M É C BÀK I S M £
réçl & phyfiquç, auquel onraflimilolt le niité, fous

moins mal qu'on pouvoit ; mais cet objet fans avoir

ayant un caraftere commun avec beau- (l'cxiftcnce

coup d'autres , on a gënérali^ le fon qui moment. (

l'exprimoit pour défigner le caradere les images

même. On a fait rouler fur un petit erpcce , 1

nombre de pivots de cette efpece tout fcnt eft p;

rafTcmblage des expreflîons en fc réu- par des ol


9

niffant du particulier au général, en Vé- rcte qu'i" (

cartant du général au particulier. On a bler fous i

donné à ces racines autant d'expandoii me me déi

qu'il en falloit pour correfpondre à ccllî alnfi une


des idées, mots fous
racine,. Il

143 Compiiraijon dcsjignes rduicaux avec


.
blancs en
hs conceptions ahjlraius. .uniforme,
- ' inventer le

En ceci les racines font dans k le point (

langage à^eu-prf':s abftrac- ces objets


cé"^ que-Jes
ait point d
tions font dans la penfée. Lespremieres
(le forte <
font des fignes fonores, les autres font

des concepts auxquels la parole ou Terprit .mfterKe ;

métaphyfic
rapporte les ctres qui ont une certaine"
réunit tous
manière d'exifter, laquelle leur cft corn-
Jité qui lei
mune , 6c nous frappe par cette umtoc-
,

Q
T

^i9ff

D U L À N G A G t. 377
niité, fous laquelle nous les confidérons

fans avoir égaril à leurs autres manières


(l'exiftence que nous laiflbns à part en ce

moment. C'eft un point de réunion pour


les images & les expreffions de mérnc

erpcce , lorfque l'impréflioil qu'ils eau-


V
fcnt eft pareille ,
quoiqu'elle foit caufée

par des objets difFërcns. Mais. on ne s'ar-

fctc qu'à^ cette parité qui les tait raflfeni-

blcr fousun mtîme concept, ou foufi une


mcme dénomination , qui en forme &
ainfi une claffe générale d'idées ou de

mots fous un terme abftrait ouTous une


racine, Jl y a , dans la nature, des
objets

tlancs en grand nombre. Le fentiment


^uniforme, qu'ils excitent en nous, a fait
inventer le mot blancheur^ pour marquer
le point qualificatiff , félon lequel tous

CCS objets fe raffemblcnt y 'quoiqu'il n'y


ait point d'être réel qui foit la blancheur;
(le forte que la blancheur n'cft qu'une
cjthfteiKie abftraite & une confidération
métaph)^fique , foUs laquelle la penfée
réunit tous les objets doués de cette qua*
lité qui leur fert de centre commun» Il
W V»»'»' # "••"

*^

378r MÉCHANlSMt
en eft de même de tous les ùtres fortunes refprit d'i

ou infortunés ; car il n'y a point d'iîtrc tribué à fo

réel qui foit le bonheur ou le malheur. refprit ai

Comme' ces concepts abftraits font des par un c(

êtres inexijians ,
qui n'ont d'autre fin de fuite ;

que d'exprimer commodëin^tjt une qua« les noms <


lification générale ; de nfié*ne les racines général,

font des mots inufités , de (impies arti- corps qui

culations d'organe ,
qui n'ont fervi que L'iinpreff

commecxemplaires pour fabriquer promp- a fait na*!

tcmcnt un grand nombrç de termes d*u- AçjluiJit

Age , lorfque les chofes qu'on avoit ) des chofe


nommer , pouvoient fc reffcmblcr , fe Tarticulati

toucher , fe rapprocher ou (t lier par langage a

f un point commun ,y
que déiîgnoit l'ar- w mots Jtati
ticulation radicale. Mais il y a cette dif- gnent les

férence entre les abftradions & les ra- feu. Puis


cines, que les abftraftions font le point fabriqués

où convergent toutes les impreffions fen- fieuve &


fibles ,
pour former une idée abftraite ; au eft ou pa
lieu que les racines font le point d'où tous dite aëric

les mots dérivés divergent , pour fe pnr- fdouque ,

ticuîarifer en mille manières diverfès. Il

i^Xespi
femble que quantité d'impreffions ve-

nues des objets extérieurs ^ ayant aâe^é Les prl


l DU Langage. 379
fortunes refprit d'une certaine manière, & con-
it d'(3tre trihué à former un certain concept Bblirsiity
nalhcur» refprit ait voulu peindre ce concept
ont des par un coup d'organe vocal ,
qui tout

utre fin de fuite a fervi de germe d'où font ëclos


ne qua- les noms des chofeS relatives ace concept
; racirres général. L'air , Teau , le feu font des

les arti- corps qui ont la qualité cYêtretrès'JIuUes.

rvi que L'iinpreflîon, qu'ils ont faite fur les fens,

prromp- a fait naître dans l'efprit l'idée abAraite

nés dV içfiiiJité: La voix a peint cette image

avoit ) des chofes , ôc le concept de l'efprit par


1er j (t Tarticulation d'organe très-liquide FL. Le
ier par langage a dérivé de cette articulation let
>it Tar- mots Jtatus , Jlumen , flammu ,
qui pei-»

rtte dif- gnent les effets de Tair , de l'eau & du


les ra« feu. Puis une infinité de mots ont été
e point fabriqués non-feulement fur Icfoujjle^ le
ms fen- ficuve & \z flamme , mais fur tout ce qui
lite ; nu f ft ou paroît être dans un état de j?tf i-
où tous diti aérienne , aquatique , ignée : flàtt ,
fè pnr- fdouque ^ flambeau j &c.
erfès. Il

ns ve- 144, Les primitifsfont fauvent inufltis auffl.


Les primitifs font aufli le plus fouvcnt
UU wudin^vitw *w»
JlS s aDQllllCIU

380 M É C HA N I $ M )B
^

inufités comme Jimples clans les langues ctpter ; 1

où ^ les emploie à U compofition d'au- fimple ce


u tres mots ufités. On dit a/^cr/?5 preneur capere, I

d'oifeaux , aviumrceps : on dit forceps égalemet


injlrument à prendre ou à tirer dehors , te-
toutes le:

naille yforas'ceps : on dit particeps celui


eu de m
qui prend ^zn y partis-ceps ; manteps celui pcre , co
qui prend avec la main , manu-ceps. Le c'pcre , a
tout de la I^. Cap qui défigne en général francjoife
Taftion de prendre. ( Voy. n^ 198—104.) direft ,j
Mais le {\m^\Q ceps n'eft nullement ,cn daCj qi
ufage en la langue latine. C'eft une des fimplc, ]

raifons pour laquelle les primitifs ,


qui emploie
forment la véritable étymologie , ne font forme c
pas toujours facilement apperçus ,
p:iicc tout-à-fa

que ce font des mots fimples , dont on ne prendre


fc fert pas. Il eft fort ordinaire que les iont les

verbes compofés ne foient pas d'ufagc au i\\\\[ fai

fim^e , & que le fimplc primordial ne $V' carte

foit pas reçu dans le langage , s'il n c(l n>ille m


joint à une prépofition. En français on originel
ait concevoir^ recevoir^ décevoir^ percevoir. gage fe <

Mais on ne fe fert pas du verbe fiirvpjc mais to


cevoirj qui eft pourtant le pur latin c./- 'par [a

jfcre , forti de la l\î, Cap, On dit rff- ce que


v^
.

^
X DU L A N C A G E. jSl
langues ctptcr ; mais on ne dit pas le verbe
Dn d'au- fiinple ceptcr qui eft encore le pur latin
,

preneur capcre. Le latin , au contraire , fe fert


: forceps également ici du fimplc &: des eompofés,
ors , te-
toutes les fois qu'il eft queftion de prendrez
ps celui
eu de modifier l'a^lion^de prendre ; Ça*
ifS celui père , conclpcrc , rccipcrc f dtciptn , ptr^
eps. Le c'pcrc acdpere\ acceptarc. Mais la langue
,

général fraiîcjoife n'a formé fon verbe fimple 6c r


î— 104.) direft prendre que fur le latin p/ehen^^
y ,

nent fin dcre qui n'eft pas fréquemment ufitë au


j

une (les
fimplc. Et toutes les fois qi-ie- le françois
ifs , qui emploie*^ fon verbe fimplc prendre eii

ne font forme compofée, H lui donne un fcni

,
p:ircc tout-à-fait détourné Ju fens primitif; ap'*

it on ne prendre , comprendre , reprendre. Telles


que les lont les variations de Tefprit <lans l'ufagc
iifagc au qu'A fait des racines & des primitifs. Il

reliai ne s'écarte, il les étend ; il abul'e, en cent


'il ncft mille manières différentes, de l'inftitution
çois 011 origiyielle des mots. C'cfl ici que le lan-
crccvoir, gage fe dilate amplement & arbitrairement,
z riînf)lc mais toujours fur un fond primitif, difté
latin cd' par [a nature & par la néceffité. Ceft
dit ai- ce c)aon aoru dans l'ea^coiple détaillé ^

/
que j'ai donné '( n^ 198 & fuiv.) dcj

extenfions qu'une feule des branches de

h F)î. Cap. a reçu dans Tufage de la icule

langue- latine.

%j^^. Exemple des occajions ^ù Hes pu-

mitifs qui font hors d\ufageailUurSy

Je font confcryés.

Les verbes fimples , non ufités i^m%

linc langue, s'y retrouvent néantnioin$


parfois , lôrfque l'idée cft un peu modi-
fiée. On dit en francjois Capter pour tacher

di prendre. Us s'y retrouvent encore flans

les termes appropriés à jccrtains arts , &^

conlicrés i une feule occafion particulière.

Au jeu de brelan , on dit Caver Capm.


Gaver de fa boëte ,ou Caver de fa poche ,

c'eft prendre , dans fa boëte pu dans fa


poche les fiches ou l'argent qu'on doit

Jouer. Cet argent ,


qu'on appelle prft
aux autres jeux, s'appelle C4v< au brelan.

Le hazard y a confervé le mot fimple &


la I^. Cap inufttée par-tout ailleurs.
Clin cft un primitif prcfquc inuûtédanJ
,

Qiy
I

D U L A N G A G Ë. 3S1

>c fuiv.) dci notre langue, oii Ton rencontre fréquem-


•..enclin^
branches de ment Tes compofés de ce terme
trouve ja--
e de la icule déclin y &c. Le primitif ne s'y

mais qu'avec un régime ^ & dans cette

expreflion un clin d'ail; mais ce


feule
général,
^ù Hcs pri- germe que la voix applique en
quand elle veut exprimer une
defcente,
ailleurs^
•un penchant , une dégradation progreflive,/
continuée , mais peu fenfible , efl lafourcc

uCités de quantité d'expreflions qui


ont un rap-
(J^ns

néantnioins portphyfique ou allégorique à cette pre-

1 peu modi- mière confidération funple, déclinai/on^

r pour tacher inclination , climat , clirtiaicrique , &ۥ


Je môme dans les langues grecque 8c
encore flans

latine &c. C/iii n'eft pourtant qu'iui


lins arts , &^ ,

particulière. primitif où l'organe figure la voix nazale


in avec un coup de gorge coulé
fur la
tver Capcre»

le fa poche lan^^ue , eu
Ceft cette articulation de
pu dans fa gorge coulée CL ,
qui eft la véritable

qu'on doit racmc. La voix, par cette inflexion creufe

ppcllc prifc h coulée , s'eft méchaniqucment'efTorcéo

'eau brelan. de peindre une defccnteglificS. Elle n'em-


Dt (impie & ploie pas d'autres élémcns que la gorge

ailleurs, coulée dans la fabrique première des mots

inuiité dai^ iï^K^oïs


'
glif€r p coulir, du jnot italien
584 Mt C HA N SMl I

calan ( defcendre doucement , defcendre


en gliffant/) Clin d'œil^ c'eft la defcentc

. àe la paupière fat Y œil. Clignotement^


c'eft Thabitude de ce mouvement. Climat^_

.en langue grecque , c'eft une échelle fer-

vant à defcendre ou à monter peu-à*

peu» \

t^6*Caufc des variétés dc^dénominat'm

d* un mime objet en différcns langages.

Voyez ici comment les hommes s'aN

tachent à toutes efpeces de confidërations


pour forger des mots ,
peindrç les objets,

\ 6c rendre leur conception , à force d'i-

mages naturelles. Pour dire une échelle,

ou , en général , ce qui aide à defcendre


'
OH à monter., les uns difcnt «xi><»f ayant

égard à la pente infenfible, qu ils expri--

ment par la B^. CL y c'eft-à-dire, par

iinè inflexion de gorge coulée*doux ; les


V
autres difent fcala , ayant égard aux ex-
cavations où on met le .pied; ce qu'ils

expriment par une inflexion creufe & ap*


terme de la l\î. »SC,
fuyéei en tirant le
• qui
.

» IT La KG ACE. }8s
qui clcfigncrexcavaiion: tandis que d'au-
tics , portant leur confidération (ur les

cllorts que Ton fait pour monter , i^nïivV,


{.l'impcrj difent Grudiis^ peignent cet effort
par l'inflexion creufe, poufTée & rude ,

pa; la i^. GR^ qui eft un coup de gorge ,

nidemcnt frolë. Ces diverfes manières de


conridîfrer le même objet , & de le faifîr

par les uns ou par les autres de (es Q^^tSy


prcduilent dans les dénom.inations . une
diverfité déjà grande dans les racines
mciTie , & qui ne fait que croître ^an>
leurs dérivés. Mais il n'y avoit aucune
<!ivcrfité_dans le but qu'on fe propofoit,
ni clans la méchaniqiie qu'on y emploj^oit.
On avoit toujours en vue de repréfen'ter
l'objet par un fon affimilé à fes effets
,
autant qu'il étbit poflible,
V,

u;1>Vanations introduitesparTufa^t dans


Us dérives d'un même primitif

Quelquefois le langage, fans quitter la


t3cine propre ni fon verbe primitif , dé-
rive à la fois par l'idée & par la figure ;
Téit IL R
38é M i CH A NI S Ml D U L A
variant , félon TGCcafion , la forme de dialc eft confervt^
chaque dérivé, pour Tâppropriiçr à cha-' .propre & originel
cune de fe'î idées. De la racine tangm tication toiH-it-fait
taci le latin fait le verbe fimple iangcrCf n'cinploie jamais c^

tactum ; & le verbe compofé attingerc.

Du latin caclum l'italien fa?t le verbe fimgle ^48. Forme gcrurali


tcccar y & le franco is le verbe toucher. dérivation
Mais du latin attingerc le françois ne tait

pas attoucher ; il fait le corwpotë attcin" Les racines font o


drcy s'attachant , par préféreoce dans la monoryllabcs , &
dérivation de fon idée, à la forme ma- figures, une voyelle
térielle du mot latin. -D'autre part , Tan- •

Les dérivés ^'allone


glois , employant ce mot en une fignirt- par des prépofitiôns
eation détournée , dit attàndcr pour con- conf:)rmes à Tufagi
yiclion. Jamais le franqois ne dit atteindre La prononciation dij

pour convaincre , fi ce n'eft dans; la foi- mal articulée abrège


mule conlacrée à la Jurifprudence crimi- ^ varie les inflexio
nelle ; // c(l atteint & convaincu d'un Les féconds dérivés
crime. Dans cette phrafe le mot attç'rj '

Je nouvelles termir
eftf^ourné en image : il peint iVccufation vell(^angues où ils p
comme ayant porté coup , &: racciiié on les. altère encore p
comme touché &: frappé du coup. On |li
î^ien que If fign
trouve c^ns les XQxmts technique co\\(^' iwelquefois à îa fin
crés aux arts Çc aux fciences pJufieurs^ ^u'un mot aftez coi
exemples de verbes où la racine primor- Ipofé dansi la filiatior
D U L A KG A G 1. 387
dialc eft confervt'C tantôt en Ton fcai
.propre & ori^^inei ^^ triniot en une figni-
tication tom-iï-fait clétoiirncc, & qu'on
n'cinploie jn2n;iiis qu'en cçtte occafion.

^48. Forme ^cnérale ries rarl/ies & des


dcriv^tlons par degrés»

.7- /,

Les racines font courtes, communément


monoryllabcs , & de cleiix ou de troi^
fiaiires , une voyelle entre deux confonnes.
Les dérivés ^'allongent defTus & defibus,
par des prépofitiôns & des termïnaifons
conf:)rmes à Tufage de chaque langue.
La prononciation du vulgaire, rapide &
mal articulée abrège les mots compofés , X^
5f varie les inflexions du même ^organe.
Les féconds dérivés de ceux-cî prennent
jde nouvelles terminaifons dans^les nou*
vell(^angues où ils pafl'ent On les abrège,
on les. altère encore par la prcponciation ;
I

Ifi î^ien que l^.figne radical fe trouve


^elquefois à îa fin coftime étoufFé ; &
^uun mot affez court eft fouvent com- . f

|Pofé dansi la filiation d*un grand nombm


Rij
•,*

588 MiCM A NI $ MI
de fyllabes. Comme chaque idiome a fcb td[ potir ro

prépofitions & festerminaifons familières ;


'
c>o/>^pour i

comme la dérivation fuppofc , la plupart rouf dans le^

du teiiis, quelque choie d'ajouté à ridic Lyon pouf i


précédente, les mots, 4 force de paffeK^. lodunutn , ^
de langues en langues , & ^e s'éloigner Maçon pour
de leur fource ,
deviendroient à la'fia tharingia ^ L
d'une longueur impraticable, fi Lt.
necei- dov échus.-

fité du difcours facile &: courant


n liitio- Le facheù:

dulfoit Tufâge de les contrafter


par une ;ppécherJ<

prononciiAtion rapide ,
qu'on fuit aprc5 ^nnoîtré de

dans récriture,en abrégeant Torthograpl les chaque mi

Les exemples de ceci font remarqu^ donneroitau\

fur-tôut dans les noms propres qui nous nette des chof
viennent des langues d'Orient où l'ulage la connoiiTam

eft de compofer ces noms


de plufieurs veloppant d'u
enfemble
mots dimnfts, que l'on,a fondus qui font entr<

en un ieul terme rapide & plus commode. chaque mot. (

Exemple, SardanapaU, pour J-far-aJon- Fî"CFet


, que j

Emir-cl-Mou- fçavant homn


Ba.il; Miramolm, pour
de dtrivé
;77«vi/;/. Les contraftions ou fyncopes fit con
celle erpeceJont fréquentes,
même dans "01^ feulemen
d'une m^me langue. Exemple, cond pondante
les dialeftes
pour dt- >dees iinipl^s
donclr pour dormitorlum , dcfir i

jidmum^ orpiment pour auripigmcntum titcompofant.


y.

w ^^

i>t7 La n g a ce. jgç'


fèuî. pmir rotundus , mûr pour matums ,
croife pour crcdere. Ils font communs fur-

tout clans les noms" .l's lieux. Exemple ,


Lyon pour Lugduni^ Me/un
, pour Me
lodunum , Juxerre pour
Alùffiodurum ,
Mdcon pour Matifco , Ior/-<ï/;j«
pour Zo-
fin tharingia , Zo«/V pour Licayicus ou CA/o-
'

donchus, '
\

Le fâcheûr effet de
ces*:ontraaions efj
;npécher ie commun des hommes de re-
)nnoîtré de combien de primitifs
accumu- '
i« chaque mot fimplê eft compoft;
ce<iui
donneroitauvulgaireuneidéebeaucoupplus
nette deschofes,&lui feciliteroit
infiniment
la connoilTance des.fciences,
en lui dé-
veloppant d'un coup
d'œil toutes les idées
qii. font
entrées dans la
compofition de
chacjue mot. On a vu, dans le paffage de
frcet, que j'ai cité plus haut, que. ce
'ça vnm homme- auroit voulu que'
chaque
<i"'vet,tconnom'e,
à la première vue,
"O'ifeulement lacompofition
de l'idée
conupondame, mais encore
en quelles
;l^es/„npl^s il faudroit la réfoudre
en la "
X
'l^compofant. Ce qu'il propofoit ici dani
Riij
v
peuples un peu {)ohç^ | ^ qui ont qiw^i* tî'a d'abord

3$0 M ^ C H A N I s M E P t
la fabrique d\inc langue philorophiq'1\\n Ji/JIi , ////?//.

ic rcMcontre tout naturcllcinentcians les ikV Ic^ trois élén


très. Mais il n'y a que des gens de lettrer, c; ;i
ncnt en m<?
|)i. fT.nt le recoiinoître, en procédaiit à
plette ; .////Y-

l'analyfe des ternie^umii moyen de laquelle iigpc radical

ils retrouvent ràdeniMage 6c le réfultat 3^ //5, figne

de^ idées; commç il n'y a que les anato- luafciilin. ( /^

miftes qui connoifient les reflbrts & les


qvie îes gran
caufcs adivçs du corps humain , dont telles obier
tout le monde voit les mouvemens. Vou- nJcefTaires ;

loir' qiL^ raiTcmblage des primitifs reflc on n'y fait j

toujours prél'ciît à chaque dérivé., c'efl


tion. Il en
\ ..;exiger qu'un langage quelconque refte tou- noms oii les

jours fixe,& fans altération, daas la bouche (!i\'ers langag

(le ceux qui le parlent; c'eft demander gurés qu'enti

une chofe impraticable- aux hommes. Si que le -mot


une langue philofophique , fabriquée parent avec
ilans la plus exaéle perfedion , devenoit exemple , Tù
vulL;aire , les traits en feroient défigurés de licardie)

au.bout.de peu de fiécles» r'ic'idcufn: Ce


Les contrarions font fouvent a/Tez for^ piimitifs Gr€
tes , pour donner un air primitif & mo- de deux prir

nofyllabe k tel mot cmi fera pourtant corn- faîice y Etat,

po(é de trpis autres primitifs. Un gra^n- contrée ,-licij

«nairien apper^oit fort bien àms le mot Ticrache^ par


n'a d'abord repréfentc qu'un certainobjet

P U L AN C A G E. 391
Jiijli , Jufliis^ trois primitifs qui forment
Ic^ trois élcmens du mot, dont ils doiir
nciit en ni(?me tcms la définition com-
plctte ; Jurl-Jfuns-vlr. i"" Jus : 1° iT,
ligne radical, ?< commun de la fixitéj
3^ //j, figne primitif & commun du genre
mafculin. ( ^^'y. n*' 25 5.) Maiç.il n'y a
qiie.îes grammairien^ qui s'arrcîtent a de
telles obrervations^'quaud^elîcs leur font
nJcefTaires ; dans le coùra'it du difcours
011 n'y fait jamais aucune efpece d'atten-
tion. Il en faudroit beauc6up dans les
noms 011 les primitifs, fou\^nt tirés de
cli\'ers langages , ne foiYtpas jmoins défi-
gurés qu'entaffés qyelquefoi* métne fans
,

que le mot conferve aÊcun rapport ap-


parent avec plufieurs d'entr'eux. Par
exemple , Ticrache , ( nom^ d'une contrée
(le licardie) . cVft Thierry-^lUn^Theodo^
ruïacumi Ce mot eft compofé de deux '

primitifs Grecs , ©/«^ Dieu ,^«fi. don , &


c!c deux primitifs celtiques j Rix , puif-.
lance, Etat, feigneurie. Seigneur; ac
,
contrée , lieu , région payi. Ainfi le
, mot
licrachc^ par ion développement, montre
R iv
,.

mune , & nous frappe par cette unitbr- I ^^^é qui le

191 M È C H A N i s M E
l

tur y lin^
la raifon hiftorique du-nom qu'il a rc.;-

Qu. nat.
.
CciXDeo --duii domini pf^us ; U p.iys
^parlant d(
du Scigheur Dieu-donné.
^aci 6* Ui

149. Caufc phy(iqiu qui nnd ircvitabît acn aliqi


ValtcriUion des primitifs» aernunqi

que L'effet di
Il fcroit fort utile fané cjoute les

liommes n'cuflent pas ainfi rendu mécoii- ncnce. E


noifiables les élémens de le^urs diicours qu'une m
piiifqvie la parole eft le plus*grand iDOyen (luire ave
\^C\Q, A']Q
quMs ayent de communiquer enfemhlo ^,

& le principal inftrument de la focicrc xli:natsei

organes
hmnaine. Mais fi Ton y fait attention , on ,

reconnoîtra bientôt que ces altérations


des m en
co.uinuelles. ont dans la nature des chofes
hommes,

qui les rend inévita-


inconvér
une caufe pliyfique ,

jamais pj
bles ; & qu'il n'eft pas plus pofTible de
fixer unq langue parlée que de fixer l'air
(lu* moin
,

inviiiblc & mobile par fa nature : l'air


efpece d'!

du fens
eft le véhicule' du fon , le fon eft le

que par
produit de la parole ;
pr-^duit invifible?c
pas fiiig'
mobile comme l'air qu'il frappe ; comitie
iTianente
lui variable par fon effence. Ex hoc omnis
verolt qi
inconjlantia tumhltufquc ejl, .. . Qjiid e/l

longue i
~€nim VQx y nifi intcnfio (lérU y uc audia-
lue qui leur lert de centre commun» ii

» u Langage. 39}
tnr , linguœ formata perçufu ? {Sï.^EC.
Qu. nat. M , 6. ) Le^dni^^.e auteur <Ut , en
^parlantdes mots; Najcuritur in'imin rcfu-
gaci & niutahili. Quomodo fotcji cnun in
acre allquid idem diupcrr/ianere ; ciini ipfc
aerr2unquamidemma/2cat?(^Uid.VlLii.)
L^effet du fon eft inftantané & fans perma-
nence. Dès qiilil cft évanoui , il n'en reflé
qu'une m^noire infidèle, ftijette à le repro-
duire avec peu d'exaftitude,quand on If ré--
pote. Ajoutons à ceci que ladiverfitédes
xlimatsen met afTez dans la cor. l'^ruftion des
organes , ,pour rendre Timitation correfte
des mêmes fons , frès-difEcile entre les
hommes. Il ejl probable que , fafhs ces
inconv^niens , le genre jiumain n'auroit
jamais parlé qu'un même langage. Il eft
du" moins certain que , s'il exiftoit une
efpqce d'hommes qui manquât totalement
du fens de l'ouïe , & qui ne/difc.ourût
que par écrit , fon langage , n'opérant
pas fui||air, & ayant une manière per-
iTianente de fixer fe élémens , n'éprou-
verolt que fort peu d'altération dans une
Icmgue luitc de ficelés & d'émigrations.
Rv
N
, ,,

nues des objets extérieurs, ayant aflfefte I Les vri

^
V..

394 M É C H A N I s M"E
y retn
d'eux
150. Ohfcrvation particulière fur roriglm
des mots françois. pu ni
tion , ;

Les mots francjois , venus de la langue Gauloi

latine fe défont le plus iouvent de leur termes


,.

terminaifon inutile : par-là ils i'e rappro- noinbn

que ceux plutôt


chent encore plus de la racine ,

dans la
mOme d'où ils paroiflent Ibrtis. Exemple ;

y y ont
collum , col : pannus ,
pan : JiccuSj, Jec, (

quamité de ^lots^ qui les


La langue latine a tiré
plutôt
du Celtique, tant par TEtrufque, TOmbre
& rOfque,, que par les Colonies Gau- que du

en lors de prcfquc
loifes, qui s'établirent Italie ••,

parler
l'enfance de cette langue. Elle les chargea
fans doute de ces terminaifons ufi*"ées chez que, q

^Ue ; & je ne m'éloigne point du tout de ajoutée

immé- fur le
croire que ces mots font reftés *
I
^

diatement dans notre langue, & que nous viennet

ks tenons plutôt des Celtes que des ne vici


,

Latins qui les avoicnt pareillement , & <iu gén


qui les ont troiivés il-mblables ^. leurs,

lorfqu'ils ont apporté parmi nous leur 151. 1/

lahgue avec leur domination^ En deve- de

nant dominante chez les Gaulois |


çUc
,
raflfefte m Les primitifs (ont auffi le plus fbuvent

1^

» u Langage. 395
y retrouva les mots qu'elle avoit pris
origine d'eux, tout étab^s par conféquent
:
il n'a
pu ni dû y avoir alors aucune innova-
tion à cet égard,
, dans le langage des
i langue G:mlois. Il eft naturel
de penler que ces
de leur ^^'^^"^^ qui font parmi nous en
. > grand
rappro- Hoinbre fe trouvent dans
, le françois
,
ue ceux pIutAt parce qu'ils étoient déjà ufités
:cinple ;
dms la langue nationale, que parce qu'ils
us_,Jk. y ont été introduits avecla langue latine
le Qiots^ qui les avoit jadis adoptés. Sec vient
NOmbre plutôtimmédiatement du celtique jQ^^A
Gau- qie du ïdt'm/ccus; d'autant
;s mieux que
lors de prcfque tous les termes , dont j'entends
chargea P if^ler rejettent la terminaifon paragogi-
,

fes chez que, que les Latins y avoiênt autrefois


tout de ajoutée, & que nous avons confervée
<iit- le génitif latin dans ceux qui nous
ue nous viennent réellement des Latins.
Sermon
jue des ne vient pas du nominatif
/^r/rio,, mais
nt , & du gémtUfcrmonis.
y
j^.
leurs,

as leur 151. Il y a. des racines i ^autrefois venues


deve- J< notre langue
i
\ qui y font rentrées
s^.çlk fo4^s une autre forme , & fous un,
> 1
Rvj

^^mmmmmHm mmm
fcn^ lom ac la i^, c^/?. v^n ait at-

t^

396 M É C H A N I s W E
autre fort y mais avec la même valeur,

Jignificativc ,
qui ncjl plus guens
. tntcndue,

^ Les Latins nous ont quelquefois rap-

porté nos propres mots cclti^ue^s, alTez

altérés pour être méconnus au premier


coup d'oeil. Nous les Ciuployons tantoc

comme nous les avons reçus des Romains,


. tantôt tels que nous- les tenons de nos
anciens patriotes. Mais , dans ce dernier
"cas , nous ne les entendons guères , &
nous n'avons fait que^tïultiflier les ter-
mes, fan$ multiplier les idées. LatOrmi-
naifon Gill^ Gilum , eft très -commune
en notre ancien langage dans les noms
de lieux. Nous la rendons en franqois

par la terminai Ton euil : Nantogillum ,

hfanteuil : VernogiLiim , Verrieuil ; §i

les Italiens par ogUo : Brogilufn ^ Bro-


glioy Breuil. Cette expreflion fignifie pri-

mitivement rivus j aqua parva , locus iid

rivum, Qn en a étendu le fens à déf^ncr


un lieu , une habitation quelconque ^^-Al;iri
qu'il eft arrivé dxd mots ladicaux ^«t
>

'—"y
,
ait at- ce (ju'on aoru <tans l'e^^cmplc détaillé ,

E DU L A N G À G E. 39^
V/ï^ valeur, a'un , ^72 , tapT^un , à-peu-près rynonir'
us guacs mes de celui-ci. Les .'Latins en ont fait

acum ; ou ^//////^ ,,o/;^z , eniis ; ou /^/2/^ ,

diinuni. Ces trois ex^refTions fi^nifient


îfois rap- //>// habite ^ & les deux derniers plus par-
alTcz
4e,s, ticulièrement /v^// voifin de fcau.De même
premier 67//, W^/7/, ou cuïlL^ en la langue cel-
lîvs tantoc tique, défîgne le lieu^ l'endroit , l^iabi-
Romains, t.irion. Les Gaulois des Colonies d'Italie J
s de nos (uit porte ce mot dans la langue latine,
e dernier «
où il eft fi conunun en ce fens^ Les Ro--
Lières, k mains, qui le prononcent Villa^ lonf"
r les ter- r.ippoft<^ dans notre langue tVancoife , où
La tCrini- lelon leur manière d'écrire , nous le pro-^
:ommune nonçons le plus fouyent Fille, Et puif-
les noms qi:e nous l'avons reçu , c'cft de cette ma-
francjois nière qu'on auroit du rendre, les noms
togillum ,
de lieux gaulois tn gwLLl & en WUL
cuil ; §C y^ws \ au lieu d'eri ufer ainfi, on leur a
itn , Bro- V^Mi!ervé Une tournure barbare, en les
'
ynifie pri- ti aduiî^ht par Gilum , cuil ou offlio ^
locus itd (cr.nes qu'on n'entend pas ^ & qui nç
déligner refleniblent plus à VilU. C'eft aiiifi qu'4
f^>rèe d'émigrations, les motjr, même les
^i^pts identi^qucs pour Iç lens & la figure.
Clin eftun primîtiFprefque inulitéda»

A (

%
J M C H A N 1 S M E
598 fe

le multiplient, s'altèrent & deviennent

méconnoiffablcs , lors mênre qu'ils font,

revenus à la foiirce dont ils ctoient fortis.


La terniinailo'i lcu\ (\ commune dans
les noms géographiques , cft peut-être Ja

même qUe celle cw^cuil : en tout cas blfe

cft certainement la même pour le Icns.

que le cjUiquc jc, qui a la nicme force

{ignlticativc, & défignc le. lieu. Mari-.


Tîiiacum ^ Méxmfieux : GorJiacum , Coi
dieu : C/c/niacu/n , Crémieu. D'autr.s^
Jjays mettent cette termmaiion en ce,
comme Mcriailcc Ker'gournaJec ou en ^ ^

€x comme Tourner Fer/icx : d'autres


y y

conferveMt i'ans altération Vac celtique.

Cognac j FronfaCf Armagnac. C'eft 4*


cette racine que viennent tant d'autre^

teiminajfons patfionimiqaes en /c, /V/c,

ing ou ens. GcrmoJiicus , Lotharingia ,

Turoncnfcs , &c.

151. La racine des verbes ejl dans

rimpiraeij^

Sell^n U remarque de Lcibniu {fitium

^
mufité dans Irançois gujjcr , couur , uu jiiui lidUiCU

^,
•T-'

t E DU Langage. 399
levSenncnt '
Hanovcriajîum ,
pag. 417, ) la vraie ra-
qu'ils font,
. ciiie des vexbes eft: llans l'impératif. Le
ient ibrtis.
premier & le plus naturel ulagc du verbe
nu ne dans
tft de s'en fcrvir à l'impératif, en or-
xeut-ctrcli
donnant Taftion qiii eft à taire., Ex. voi ^
)UL cas blfe
prends.^ tiens ^ fais. Ce tenis du verbe •

>ur le fcns.
• cfl fort fouvent monofyllabc dans laplu-
iv}mé force
piut des langues. Lofs nicii^ie qu'il ne l'eft"

bu. MiV/-
pas, il cfr plus dcpouiilé qu'aufun autre
cww , Coi (les additions termini^m^es ou augmenta?
D'autres
I.
tivcs, qui cliargcnt la ricine première du
)ii Cil ce f
mot , 6< peuvent empêcher qu'oa ne la
JaCj ou cil
('iicenie. En rangeant les verbes fynony-
: d'autres
rrcs de toutes les langue,s fur leur R,Z,
c celtique.
première , il eft ik propos de fe fervir de
c. Ceft 4c ce tcms abfolu ,
plutôt que de l'infinitif
fit d'autre;»
(|iii eft allongé, &: que du préfent de
fi /c, /V/c,
l'inlicatif qui , fans être plus long danr
>tharingia ,
cert;^in.es lanf»ues , exige en plufieurs l'ad*
)< net ion du pronom. Exemple : /?</, Do;
Doiint , jt Donne,
ryZ </j/75

153. Dujigne radical de la négation & di


la formule des locutions négatives.

itz (O//^/» L'honimc^ pour comuiuniqucr (es per*


,

j,uyéef en tirant le terme de la ?l* SCt nve à la fois

f qui Tok^ fi

400 Me c h an I s m e '
^
B 1

captions, a béibin d'exprimer non-feule-


tir les fonj
itient les objets exiftans & la mamere ck
qu'autant de
leur exiftance , mais encore de quelle ma-
laformatior
nière ils n exiftent pas. De même pour
pc
a choîfi
les l'entimeiis , il a' befoin de faire con-
ne^.;:riif le 2
noître s'iFs^font conformes où lion-con-
confonne. ,

formes à fa volonté. Il f^ut donc qu'ou-


ment çondi
tre les diverfes-racinei , Servant à expii-.
des deux t\

mer les idées pofitiyes , &' les diveries


.-f^^* eft compoi
claffes d'objets , il ait une autre racine qui
celui du nis

lui' ferve aux idé'es négatiyes ,


purement
change le 1<

appropriée à ini^îiquer que ce qu'il peint


aura machii
n^eft pas dans ce qu'il veut peindre. Une
pour Tinter
feule racine 'iliffit par-tout à ceteâet, g
rçxpreflfîon
quélqu'objet qu*on J'aiapte, La négation

n'étiint qu'un féntiment abfolu & privatif,


. toucher les
une pure contre-àflertion,^ c'eft affez qu il
moindre pé
y arit un ïîgne vocal, une articulation
cbnc fouv€
d'organe cfîni^rée à^ avertir Tauditeur Tiazàle IN
•//
^que ce qiiê Ton dit n'èft pas dans le fujet
la C(vnro^n(
dont on. parle. Le fentiÀient négatif ren-
Lcpucoup'cl
fermant en foi une volonté pofitive & n-Q. r*ahs
contraire, il n'eft pas difficile à l'homme
l'aî[ihabet ^
} '\ dé rex|)rimer par un geftè , ou , ce qui eft
il nn(2 N p
la même ch6ie, :par un coup d'organe; aux Indiens

\
MiiiimiiiiiiimiHp
se 9 1 rive à h fois par l^idée & par la figure; *

qui \ Tok^ Il R

DU L A N G AGE' 401

c;ir les fons vocaux quelconques ne (b nt


qu'autant de geftes de l'organe vocal. Da lis

laformation'de plufiomrs langages^l'homme


du lentiment f
a choîfi pour l'expreflion
hï^Kitif le qeftcnafal, folt -voyelle , fèit

conlbnne. N'auroit-il pas été nalurellb-


ment conduit à ce choix par la raifon qbe
des deux tuyaux dont l'inflrument voctal

eft compofé ,
(Voy. n^ 27 &: 31L')

celui du niez eft le moins ufité% & qu'il

."
change le ïbn de la voyelle ; ce qui lui

aura machinalement mérité la préféreijce y


pour l'interjeftion du doute, & piur
rçxpreffion de l'idée pri^j^ve v^ (Vo^^ez
n° 3,4 &: 5 5 ; ) car il eft aflez fimple de

toucher les fons de cette efpece ftir la

moindre partie de l'inftrumfeiit ? Ori>a


cbnc fouvent employé ici la' voyelle
nazcile IN , ou la confonne nazale S , ou
[ la C(vnro^ne très-liquide M , laquelle a B-

Lcpucoup clanaiogie avec là voyelle na-^


i'iîc. Dans le nombre des conibnnes de
l'aîplrabet Malabarc , on trouve une cpn-
ivnn(2 N purement nazale ,/ particulière

aux indiens , & différente de TN otoi--

mm
,
'*'-'l. CiXlWJL» CT71

exemples de verbes où la racine primor- Bpofe dao$ la filiàtioi

>

402 M É C H A N I s M I
naire , confonne de laiigiie qui Te trouve du rentiment
audi d;ins le' même alphabet. J'ai déjà re-
•par analogie,

marque ci-de{Ris cette aiialo-gie entre TN, objets extéri

le tuyau na/al, & le ienti ment 'négatif, par exemple


lor/que voir ( n^ 34 &^ 55) P'^^
j'ai fait ou la confc
des exemples très-frappans, que ce rapport jointe au ne

du fentiment & de l'organe tenoit aupliy- fignifier qu'il

fique de la machii^ & prouvoit une


5 decequ*ond
déterrnination donnée parla nature. Sur le germe
S'il eft poffible d'exprimer par le gefte à la voix na:

vocal le fentiment négatif, il ne l'eft pas ne , ni , nec

de peindr-e la négation d'un objet exté- radical a été

rieur, ni de donner; à la privation^ au- lie cette efpe

trement que par une médiode fort indi- faite pour a^

refte, un uôm qu'elle ne poavoit recc-, cution. Mais


voir d'une manière purement pofitive. on ne poutre
Comment auroit-on pu prendre le néant, à un mot po
non cnsy dont il eft impofli!)|e d'avoir féparément
d'image , & par con'iequent d'idée , fti
réelle '& le

dont Teflence chimérique eft de n exifter eft imppflîbl

pas ? Comment lui donner un nom , puis- irenr privati

que les mots dans leur origine. ne font qui lie conti

que des peintures plus ou moins imparfaites polkiye. M^


des chôfes réelles ? On ne la pu; mais
en garde comm
' *
r^mplacfement on a adopté le gefte vocal Teil , mais
,

|Poré dansi la filiation d*un grand no'mbm

DU L A N^ G A G E. 403

du fenti ment négatif, en le tranfportant,

p:if analogie, des ïentiniens intérieurs aux


objets extérieurs. Plufieurs nations ont

par exemple, pris la voyelle nazale m,


ou la confonne nazale 5", qu'elles ont
jointe au nom pofitif de l'objet, pour
fignifier qu'il falloit entendre le contraire

decequ*ondifoit infinité , sfortunato^i>iQ.


:

Sur le germe de l'articulatiori N , analogue


à la voix nazale , on fait la racirie /2o«,

ne , ni^ me 6ç le verbe //ega. Ge ligne

radical a été appofé par -tout aux locutions


lie cette efpece , comme marque générale

faite pour avertir du vrai fens de la lo-

cution. Mais jamais on ne l'emploie, ni


on ne pourroit l'employer, fans le joindre

à un mot pofitif; de (brtt^ qu'on annonce


féparément, quoiqu'à la fois, rexiftence
réelie '& le f^gne itégatif En un mot il

eft Impoflibletie former un nom abfolu-

ircnr privatif, c'eft-à-dire une locution


q<«i lie contienne pas une idée vraiment
poliiiye. Même danç, ceux que l'ufage re-

garde comme termes négatifs , aucun ne


feû , mais au ^contraire, iîii/ï fignific
à ,
Jldmum ^ orpiment pour auiiyt^in^i^^^'-f^ *-^^*iipuiaiu.

404 Mi C II A N ï s ME
précifôment quelque chofe. On ne remploie réflexion

eh fens contraire que parce que l'on fait jam , déjà

touiours précéder une né'J àtivQ, Nén luihf préfentent

rem; Je ri' ai rien. De même en lafin nihil: ,


déjà , & c

hilum , étant .un vieux* mot de cette lan- avoit pas d

gue ,
qui fignifie cAo/è , ''-quelque ckofi , le l'idée de 1'

même que le grec vhn , i. e. mauria ; ori coup mieu


y -a joint le figne négatif /:fi , pour en ou ne uhq
f^xe nihuum , & défigner ia privation . Il y a d

d'exiftence. De même perfonne /en latin femble difj

/2«/72o , m'hojno< De même/'^i i>ipoLnty à s'en fer

& en certains patois g'm, pajjus ^


punc- idée ponti

turri^ gentf,5 , termes phyfiques de h langue exprime qi

latine y qu'on a traduits dans notre lan* toujours S

guc , pour défign,er quelque chofe en géné-

&
>'t

ral y qu'on n'y peut employer, lans M4- Difj


joindre la R^. de négation non plus orgai
y :

.queyW//^i5 qui , à la lettre, fignifie tou-

jours ( à Jamais y i. e. à toujours ; ) &:

qui ne veut dire le contraire qu'au moyen J'ai faii

éu)it diffi(
du figne oppofé* qu'on joiiu à la phrafe ;

je ny radical d
jt n'en veux pas ,/> n[en -ai point ,

difcours;
vais' jamais. Obfervons en palTant furc€
\

une expreflian croire qu


mot jamais :i
-que c'eft
aibitraires

\r% bien faite ,. quoique peut-être farts

'mmmm
"vv^^UI
i'^^^u. ^e qu u propofoit ici dans
Riii
»J
•%^

O tj 1ÀNG À G E. "^40^

réflexion, fur les deux adverbes latins


jam y dëja y magis^ encore plus, qui te-
préfentent le paffé & l'avenir ; ce qui eft

,
dé/ a y & ce qui arrivera encore : il n'y-
'

avoit pas de meilleure manière de rendre


l'idée de l'infini. Ce mot/^T/z^/i elfl beau- ,

coup mieux fabriqué que le latin unquam^


ou ne uhquam.
Il y a des mots où, !a racine négative

femble difparoître ,
on eft accoutume
jtant

à s'en fervir pour, un kns ou pour une


idée poiitive. Tel eft Iç. mot néceffiti ç{\xl

exprime qu^une cliofe fe fait abiblument ,

toujours & fans cefl'er;;ïe-ipe^re,


154. Difficulté de connoître la racine

organique des particules & des


prcpojitio7iS\ *•

"
I

J'ai fait voir, h? 196, combien il

éioit difficile de trouver le premier germe


radical des particules conjondives du
difcours. Leur examen m'a fliit pencher à
croire qu'elles étoient pour la "plupart

arbitraires, ôc que le prompt &: prodi-


»*wr » .1 ^sw^j-i •««v* < wk
« «I
L
pofë de tTpis autres primitifs. Un gra^n- contrée j-lici

«îaairien appcrçoit fort bien <kris le mot Tierache^ par

4b<S M iç H À N t s M I DU
gieux befoin qu'on en a pour s'énoncer , quatre prépo

aysnt forcé le? liomnics de chaque pays à Les nôtres (<

prendre le premier monoryllabe ou gefte L'origine an I

vocal indéterminé qui lui venoit à la îils nous eit

bouche dans le befoiii preiTant , Tufti^e Inconnue; d<

réitéré en avoit déterminé „ l'habitude cerner quelle

fignificative. cales , ou ccl

Il n'eft guère plus aifé d'affigner/ la contraftioi

première "origine des prépofitions, quoi- pôles. On v(

qu'un peu plus compofées quelles fim- ^er;fuperde


ples particules conjoùftives. Je ne dirai '^2)}{ibr.) I

je dis fur les ont rapport


rien de fort, fatisfoifant , fi

particules in & ex ,
qui marquent le de- tracluftion de

dans & le dehors , la même chofe qu'a- ' on dit che:( v

yance Nigidîtis fur les pronoms, nos & loir Cû.favoii

vos , fçavoir, que le mouvement de l'or- „


ce dernier m
gane fe feit en retour intérieur dans le ^^
I
LUC uq adv(
premier , & poùflTe le fon à l'extérieur que bçaucouj

vitnt
dans lé fécond. Les langages ont peu de ; . plus i

variétés dans les prépoutions, les.em- quand ce for

runtant d'un langage à l'autre , & les nral'-aifé de i

les de leur fonns


mulant quelquefois avec profafion
fo™^ vent étéarbi
unes fer le* «itres V po^i" ï^*€"^

je Tai remarji
qu'une feule ; comme lôrfque nous difons

m françois auparavant , en réuniffant expre fiions c


^ur r^^y^

contrée lieu région payi. Ainfi le


, ,
, mot
lurache^ par fon développement, montre

Riv

D V L AN G A G E. 407
quatre prépofitions htmes a J^per-ai-ante.
:>

Les nôtres font grecques pour la plupart.


L'origine ancienne dès mots grccspiimi-
îils nous eft aujourd'hui le plus fouvent
V
Inconnue; de forte qu'on ne fcauroitdif-
cerner quelles font les prcvpofi: ons ràdi^
cales, ou celles qui ont été formées par
la contraftion de certains mots plus c^m-.
poiés. On voit bien que yî/r vient de yi^-
^er;fupcrde iWff & celui-ci du Chaldéen
^3i?(^^^.) On voit bien qije /?r^ &^ pro
ont rapport à primus ; que c/z^^ eft une
tracluftion de Titaljien çafa;5>c que qiîànd
• en dit cAc^ vo/zj", c'eft comme fi l'on di«
loiî az/ivoi ( maifon de vous. ) Et encore
ce dernier mot eft plutôt dans notre lan-
uic un adverbe qu'une paYricule , ainfi
que beaucoup d'autres dont l'origine de-
vitiit plus facile' «1 reconnoître. Mais
quand ce font de pures particules il eft
nral-aifé de retrouver la premier^ caufe
(le leur formation , qui fans doute a fou- c:îs
vent été arbitraire & précipitée ; comme
i€ Tai remarqué en parlant de petites
,

expreflions conjonftivcs , qm ne fer-


lui variable par Ion ellence. J^x fioc omms
verolt q
inconjlantia tumuUufquc tjl. .. * Qjiid e/i

longue i
enîm vçx y nifi intcnfio (làU ^ ut audia-^

•• ^'

*4o8 MÉ CH kMi s me
liaifon du dilcours; On 1
vent qu'à former la
'
en trois
(Voyez n'' 198. )
1^ Cell
racines des &: conr
^55. Remarqj/fcsjur Us
rcr- .

minaifons^ mêmes
ceux au>
araulTi
.
Quant /Sfuxiterminaifons, j'en à ceux-
pai-ré plus haut,' & n'ai pas fait diffi-
comme
: Gulté d'avouer ,- avec quelques grammai- ureriy&L
riens ,
qu'un bon nombre d'entr'elles ont
On peut
leur racine propre & particulière ,
recon-
U\n% ctrt

noiïTable à la force figiVificative , & a ridée'


blés ; co
aj oûtent à
acceffoiîe quelles terminaifbns
'

minaifoi
matière
chaque mot '^ Cette partie de la frudcmc

étymologique eft curieufe; mais ft Fon fi) ni ma
^vouloit ia traiter en détail, on fcroit

peut-6tre \xn Jivrè entier. Chaque langue


cor a<^cn.
v:^ caraftéiirfi-
afes terminai fôn^r-vpto^res,

vienpem
"^^l^ies de fon idiome de fa fyntaxc. & 2^ C
^Chaque langue en a^un très-grand noim d'autres !

cependant Ki plu-
bre &c de très-variées :
plus mo
part font copias & dérivé^^'vines
dérives
,
1^
'des autres. ^ eft ficile d'obferveTV^

les remo
plus grande partie de celles
de nos dla-
^ ^n ne le

du latin font celles mCMue de


leftes fortis & comi
la langue latine. . . .

Tome
^^^^
,
umnis
verolt que fort peu d'altération dans une
iidcfl

ludia-'
longue iùitc de fiécles ôc d'émigrationit,

Rv

Bir L A K G A G Ë^ 409
dilcours- On poufroit divifer les terminaifons
en trois claffes , eu égard a leurs racines,
1^ Celles qui ont une racine évidente
des ter.' . &: connue ,&' qu'on voit être par eHes-
lîicmes de vrais mots autrefois féparés de
ceux auxquels en les a joint., pour ajouter
1 ai" auiTi
à ceux-ci le fôtis acoeffoirie et ceux-là;
"ait diffi--
Qomm^ (croit fiturin j brûler || foif, fïti
2[ranimai-
jïrm,& les autres exemples cités n^ lor.
'elles ont
On peut mettre dans cette cla^Te celles qui
;., recon-
l4ins être évidentes ; font fort 'vraifembla-
&H ridée'
bles ; comme il eft certain que ment, ten-
ijoûtentà
minaifondenôs adverbes . vient de/w^/ir^ ;
a maticre
f rudement ^ pmdct^d mente : fortement ^
lis ii Ton
font mente; que âge viQvit fouvent à'agerc
on fcroit
ou d'agens : partage^parUfn agens: courage^
ùe Islnguc j

cor agensy &c. Ces deux formules-ci nous


ra'ftérrflV'
vienpent de l'italien ,
qui dit mérite , agio.
fynt-ixc.
13. 'Celles ,qui ne font que des dérivéi
iîkI noin-
d'autres langues ancie» mes , qu'un langage
mt Ici plu-
plus moderne a cppiées. Je les appelle
ies '
wn^^^
dérives
, plutôt que racines , parce qu'en
^ertjtn^ la
lesremontant aux plus anciennes lan^jues,
nos (li^-
^n ne les y trouve pas employées feulef
mcine de
& comme mots ifoles , qui avoient knp
un Tome II. S
^

làhguç avec leur domination*- En- deve-


xuuit dominante chez les G^oiS} çUe
i

4iO M É C H A NI S M E

fignification propre , ainfi que ceux de la tltaS y

daffe précédente. Les latins ont quatre actiom

terminaifons dans leiir langue , pour mar- & imi

quer le mode infinitif du verbe, are , êrej pri fes (

ire\ ire. Elles forment les ^quatre conju- ks e:^p


gaifqns de leur fyntaxe : le frànçois les jufte.)

a copiées pour les quatre conjugaifons de pkmCn


la fienne , er , pir , re , ir : aimer ,
avoir à«fait
(

rendre ouir. Mais en latin ces fignes fincnce


y
> pour dé-
paroiflfent arbitrairement choifis rivativ<

fignci- Tinfinitif : ils ne font employés que caufë r

:omme pure terminaifon. On ne ks trouve rombn


^^jiilleurs comme motsfimples, ayant une voir; \

fignification ifolée & particuliere,qui ait pu dans la

les faire appliquer par préférence aux verbes le latin

amare ^habere ^ reniere^ audire , comme genres,

circonflance acccflbire pour en marquer


rinfinitif. U en eft de même de toutes vois pa
leiteripinaifons tant des verbes conjugués, les deu
que des noms déclinés. J'en ai donné lentrev
les

exemples âans le Cbap. XI. Nou& avons habituel

formé les nominatife de noire langue , le latin <

tantôt fur le nominatif , tantôt for


le gé- & chez

en confervant les définei)ccs dans les


'nitif du fatio ,

à-peu-près pareilles : //o/w,honneur,^«^«'' nelsi Pî


d^ nom langue , <litï y font rentrées

fo^a un$ autre form€ , & fous unk

t> V L À N G À G Ë. 41 1

IX delà titas ,
quantité , clcmtntia y clémence ,

:
quatre aciionis , aftion. Nous les tirons fouvent
ur mar- & immédiatement de ritalien qui les i
'/

re, ère, prifes du iarin : fouvent encore nous ne


conju- les exprirnonsqufe paT notre e muet, (jujlus^
içols les jufle.) Nous tes fupprimons en partie (yî/f/>-
ifonsde fkmentum , iupplëment ) ou même tout-
^ avoir, à-fait ( fç^rds , fort.) Dans toutes ces dé-

s (îgnes fineiices, nous voyons bien la caufe^dé-

lour dé- rivativc ; mais nous ne trouvons pas la


)yés que cau(e radicale, fi ce n*eft dans un petit
îs trouve nombre de cfis où elle fe laiffe apperce-
yant une voir; Se alors les terminaifons rentrent

ui ait pu dans la claffe précédente* Par exemple ,

X verbes le latin forme fes terminaifons à^^ trois


comme genres, mafculin , fémimn & neutre, i^j ,

marquer ^
ayumyï Timitation du grecac >«»,•. Je !îe

e toutes vois pas la raifon primitive du choix pour


njugués, les deux derniers genres; mais je cro»$

onné les Tentrevoir pour Iç premier. La terminaifon


us. avons habituelle' du grec en os y convertie par
langue , le latin en us , laquelle défigne, chez l'un
br le gé- & chez Tautre peuple , le genre mafculin
éfine!)ccs dans les noms tant fubftantifs que pérfo'
neU^ paroît répondre à la terminaifon
Sij

^
Tivum. CJjn en a étendu le iëns à déliigner

un lieu , une habitation quelconque ^^^ifi


<ju'il eft arrivé aui mots xadicaux <î<^
,

411 M É C H X N 1 S M E

ou ^5 du moins fi lesGrecl
égyptienne Is ;
fidèlement
dans leurs Hiftoires nous ont
Tans y
rendu les- noms de cette langue ,
une finale» à leur mode. Alors
il
ajouter
de dériver cette finale /î
feroit naturel

du mot oriental ish qui fignifie v/V, U

TnàU\ &c ce feroit la raifon qui Tauroit

fait choifir pour défigner le genre mafculin.

3^ Celks où l'on n apperçoit aucune trace


qui paroii-
de racine ni de dérivation ; mais
fertl^être de pure fentaific
de la part du peu-
celles de la
t«7
ple qui les emploie. P^eut-âtre
^ ce genre
féconde claffe ont d*abord été de
Il y en a fort
dans leur première origine.
langue fian-
peu de cette, efpece dans notre
peut-être iiiême point du tout.
Du
nçoifc ;

ue s'en préfente aucune à


ma ni<f-
^loins il

exemple
.que je puiffe citer pour
:

moire
feule langue que jecon^
uiais çlic n'eft pas la
tant d'anomalies dans
les
fidereici. Ily a
peuvem-
l^ngages,que peut-être à cet égard
»i'
çllcs fournir une claffe partj^culiere de^

nales.
de tous les langages
Si les termiiialfons
tables, 6c accouplées
étoient réduites en
.

cïeUgner rcïïeniblent plus à faille. Ceft aipfi. qu'à


torce â'éniigrations ) les mot^, même les

;aux ^Ç > I ^Âots identiques, pour le (qtïs & la figure.

^ ï) U L A N G A G E. 415 •»

parallèlement de fuite dans leur ordre de


Grecs unes des
;
filiation, on les verroit fortirles
r-
lement autres par la dérivation , & fe raffembkr
fans y nombre
comme les mots , fous un petit
Vlors il
de primitifs. Une pareille table feroit très-
liale / î
nomen-
utile à joindre à r<1rchéologue oU
v/V, U clature univerfelle dont je traite dans
,

Tauroit
le Chap, XVI. On niettroit â chaque arti-
iafculin.
cle Texplication (l^xc que fîgnifie chacun
ne trace de' ces acce/Toires ajoutes à la fin des mots.
paroil'
i
Ce feroit un tableau rapproché d'une
du peu-
grande partie de la lyntaxe des langues :

les de la
il en abrégeroit l'étude ennuycufe^ & en
:e genre facilitcroit beaucoup la connoiffance.
\n a fort
F^eret remarque avec raifon ( dans
rue fran-
rEloge de Fourmont) que le^ difFérens lan- '

:out. Du gages n'ayant tous qu'un feul & même


ma mé- objet ,*
celui de communiquer aux autres
tcmple :

hommes nos idées , nos àffeftions & nos


ejecon-
jugemens ,
par le moyen des fons de la
dans les
parole , une des plus grandes fources de
jeuvent-
fa variété qui règne entr'eux , c'eft celle
•e de fi'
qui- règne dans le choix des moyens em-
ployés pour exprimer la liaifon & les.
langages
'•apports que nows appcrcçvons entre les
.ouplées
S iij
,
l'impératif.

Selln U remarque de Leibnitz {fitium

A^
/\
4T4 MÉ C. H A N I S M E
idées , i'aftion & la réaftloh des objets
ii.
^ ;:i'S fur les autres, &c rimpreflion"
c] ;'.is lont fur nous. Qu'on emploie des
/Î.1I1CS particuliers pguc défigner ces diffé-

rent rapports. Que la plupart des langages


1 ^ joignent & les attachent-à ceux qui
ctoientdéja établis pour exprimer les idée^ 'M

même*; enforte que les deux fignes réunis


iie t'ont plus qu'un feul & m(}me mot.
Que les chang^mens de rapport entre les

idées le marquent par un changement &c


par une altération faite dans le mot. Qi^e
les hommes , qui fe font accordés dans
le choix des moyens dé les exprimer
qui conviennent dans la manière d'em-»
ployer &c de combiner les miîmes fignes

[varient le mtime langage , & peuvent


convcrfer èntr'eux ; de legeries nuances
d-e* variétés né fuffifant pas pour confti-

tuerune nouvelle langue , mais feule-

ment ditîérens di^kftes.


t)n les a combinées cnfcmble , autant
5f^îîfi fouvent que les objets extérieurs

6c Iturs clrconftances ëtbient combinés


clan:, Tefjprit. « Les ëlémens vocaux , dît
,

la formule des locutions négatives.

litz {fitiufn L'homme'^ pour communiquer (a p€r«

.*'

X
1 E i)Û L Ai^C A E. 4^1

des objets >> Fileret", {Mém. de VAcaJ, Tom.XrlII,)


'impreflion y> fJivent l'analogilldes idées qu'ils expri-
nient or le nombre de nos idées pri-
mploie des >> :

» nlitives éft affez borné. Toutes nos


ir ces di (fé- ^
es langages y> autres idéeS), perceptions ,
jugemens &c

à ceux qui » iintimens font compofés des premières


*'» idées fimples, drverfcment combinées.
lerles idée^ I'

gties rëiinij w Ces différentes combinaifons forment

i<îirie mot. » encore, à tout moment , de nouveaux

rt entre les » jap^rts , 6ç par conféquent de nott-


-

kaux aflemblages : ainfi quoique le,


gemeht &c >» ,

» lombre des idées primordiales foit


mot. Qiii
)rdés dans » aflfez bortfié , celui dés idées complexes

exprimer » ou dérivées croît à "proportion que nous

liere d'em" h| avons acquis plu$ de connoifTances. On


nés fignes peut obferver U môme prpgreffion dans

k peuvent > les langues. Un aiTct petit nombre de


;s nuances termes primitifs, que l'on apf)elle -Rif-

our confti- cines , répondent aux idées fimples , &


nais feule- forment un très- grand nombre de dér

U rivés qui , combinés encore entr'eux ,

)le , autant » ou avec d'autres raones , forment tous

extérieurs w les mots qui exprimant les idées corn-

combinés >» pofées. . ••• Une langue véritablement

)caux > drt


'
Siv -

r*
X VtV A \,.* yfk II * lymL |^UJi> %*l* ft4^Ak.V> • «yn

la même chôft^ ;j)arvu> coup d'organe; aux Indiens

-^;

rj

416 M ï C tt A K 1 S ME le même n
%> philô/bpKique fèrmt^ajoûtè^t-il, celle
Un fon coi
Vqui exprimeroit toujours les i4ées fim-
primitifs fin
^> pies bu primitives par des termes ram-
le Chinois
?> eaux , & les idées complexe.^ par des
forme lac^
*>. termes dérivés ou cômpofés de ces pre-
Tautre par
>v mieîs. Le dernier point de
perfedion

» ieroit de s'exprimer de telle façofi-,

» que chaque mot dérivé fit çonnoître , à,

» la première vue , noîi feulement la

M compofition de ridée çorréfpondante,


» Biais encore en quelles idées (impies
»il.la faudroit réibudre , en -la décQm-
>> poiant, Nous n'avons point de langues

» où l'oii paroijflTe avoir eu cette vue , »

>>ce ri'eft dans, récriture chinoife. Les


w •
h idées fimples & primordiales , ou celUî

A» M qui font participées par un grand nombr^i^


» d'être§ particuliers , y fo'it exprimées

>> par;des<<:arafteres fimples & radicaux ;

>> &les bu dérivées font


idées complexes'
. \ .

w repréfentées par de&.carafteres compo-

I
» fé6
*
de ces premiers , que nous avions

» nommés JinipUs. » Si Frèret y avoit

voulu fairfe attention , iï auroit reconnu

mmmKmmgmmmÊmmimmm mmmmmtimmmmmmmmmimimmfmmfmii^. wmmmKmÊmÊtmt y-^^^^-^w-


J(nn(ï IN purement nazaie ,/particuiiere

aux Indiens , -& cîifféreme de l'N owi--

<=> i .

j
i V L A N GAG t. 417
le même méebanifme dans nos langues.

Un fon compofé n'y eft qu'un amas de


s •

primitifs fimples. Toute la difFérèncc entre


.

le Chinois & l'Européan ,^-eft que l'un


forme la
compôfition par destraiu. 6c
autre par des ifons.

'/"

\ •,,

/ k

$T
« <

.;.ét'
:^.^: '.'
'J. :K.,.*"--
ifn;i%-:\~i'-ij^.- -„ ..^i-M/^JfïffK>" i .iii-O^j*''"'"^'
des choies réelles ? On ne la pu; mab en garde cbmm
remplacement on a adopté le gcfte vocal Teû , mais

MéchIn
'j
161^ Manière
ê
X»X»X* ^^*»:
'

x.»x.».x
, ^x*x^x ^ ^ »X*X*X 3 '-
.^vient-un
gine.
^C»: - ,
I .
- . rj I I
- "
I I II
16'^ .Chaque i

fon habit
CHAPITRE XV. tain ordn
compofée:

* *
Des Principes & 4es Régies cri- Tfd^.La conm
tiques de rArt étymologlquev chaque la
pas être /

- 156. Quch ^font Us principes qui doivent i6'),DiviJion


«.
guidir en etymolagu» probables
'
157. X^ langue étymologique parle plf4S à 266. Dans U

\ . Te/prit qu^âtœilj & plus à l'œil Mes orf

qu'a r oreille. ,
pbyjîque:

a^JS. Preuve de la bonté d'une étymolo'gic, & moral


l^j.Ohfervatiçn à faire fur l'application i6j. On doit

des principes à la preuve. ^\ d'un pro

J ^%(^O.Néceffîté de procéder avec exactitude pofent d


en diduifant Us principes d'un art y nomme.
quand même l'art feroit de peu d'ini" i6S\L'incertii

portahce. particull

16 1 0/2 doit chercher les écymologies dans


'
. . tude des

la langue du pays méme^ a moins ' ""
d'où nai
.
-"
qu'il n'y ait quelque raîfon confine fur une ri

"
^.de lu ther^her dans un autre langage.

mmmmmiim mmim mimft mm ^


t
garde cbmme termes négatifs , aucun ne
l'eu , mats âu .contraire. Rien fignific

MéchInisme du Langage* 4ï5f'


'j
l6t.* Manière

.^
de dïfcerner de quelle langue
vienttun mot dont on cherche Cori^
^
^.-T,

-^ gine. '
. ;
/
";

i6 3 Chaque langue
. ejl reconnoijfable à
r
fon habitude À' employer dans un cer^

tainordre les. articulations Jimplcs ou


compofées,
i64*La connoijjance des vieux mots de
chaque langage,même inujité^ ne doit
pas être négligée.

165 Divijion des étymologies en certaines ^


.
(I
probables y & poj^lesn
266. Dans le choix des étymologies pojji^
Mes of} doit préférer celles qui font
1^

pbyfiques à celles, qui font kifloriqiles

& morales,
1^7. On doit préférer celles qui naijffini

d'un procédé naturel à celles qui fup*


pofent du merveilleux dans l* objet

nomme. .. - ,
:

x6i\Vincertitude de certaines étymologies

particulières' n^injlm pas fur la cerii^

tude des principes généraux, Caufe


\
' ^ d*oà naifleni les dî^erfités d* opinions
K
fur une mifAe étymologj^. .
>

.Svî;

.T
lur ce viiiv.vuia» ,

vais lamaisv UDiervonSu en paiianc


croire qi:
mot jamais y -que c'eft une expreffian
aibitraire;
>rt bien faite ,. quoique peut - être faiis .

... ..^..

/'
,

croire quelles étoient pour la 'plupart

arbitraires, & que le prompt &i prodi*


*«N

.,^. ,

1) u Là N G A G ç. 4*r
fi les autres circonftance^ néceffaires s'y

.Tencontrent. z® La figure marque ce qui


eft du reffort de la vue : elle fert à refti-

fier l'ai tëratron continuelle que le fimRle L,


fon a fouflFerte d'une .prononciation rapide
ou trop difficile à exécikèr : elle indique

•parles caraftériftiques de lettres propres

à chaque peuple de quelle langue fort une


exprt;ffion , & que c'eft-là qu'il en faut
Torigine. 3- Le foîï fait
<
aller cliercher

eîitçndre quels organes fontemployis pour


le produire ; en quel ordre ils agiiTent : il

apprend qu'on ne doit avoir aucun égard


aux diverfités d'inflexions ; quand on re- >

connoît que malgré leurs .variétés elles, V r,

partent du même organe ; qu en. matière

de dérivation la voyelle ue doit pj^efquc


'

\
r^ I-

être comptée pour rien; & qu'il faut s'ar-

leter aux. çonfonnes pour vérifier fi,, mal-


gré leur différence de figure datts îeç deux
mpts comparés , elles ne ^viennent pas du
,~y

même organe ;iy on leprincrpe- phyfiq^ue -*

, établi (tip 16, ) que chaque organe forme


fa clafle particulière ^'articulations fecile-»
V
ment /go-mutaBles- entr'elles. Quand ces

•«V

m , . / ^..
,,
y^
po\ir n'en former, vent cté arbi
mies fer i|s autres ,

comme lôrfque nous difons je Tai reniai'


qu'une feule ;

(ttt ftthç6is ^«/'^ , en réuniflint I expreffions \

ttois régies , tirées de refprit, de ta vue 5c même .qua


de fouïè, fe trouvent d'accord en un le fon *, 'on

même fujet d'obfervation , Tëtymologie avec un peu


-, \
en queftibneft comme démontrée, j que dans f

hommes ei

x^jXa langue étymdhgiqueparUpius^ au (Contraire


"N.

refprit qu'à rœii^ (rpUis à fœii qui , <^l9iqu


<^

au' (^r oreille. ment tout-à


. .
^ .^- •
-^ .. *
-'.
A, V > "^
.

(les bornes <

On voit affez qu'entre ces trois ct)ncli-

i^^. Preuve
rions ci-deflus exigées, la première , rela-

tive à l\>bjet exprimé où fe <rouv^ le point ,


Exemple
commun de ténd^cegënérale(Voy. n° 3,) vient du lit

mérite là préférence fur le^ deux autres ;


fication me
& qu'il faut donner beaucoup plus d'at-
L'oreille au
ou à la figure des
tention au fens qu'au fon que je dis fi

Là langue, étymologique parle à ref-


mots. fiance ent .

oreilles.

M prit plutôt qu'aux

Mais elle parle bien

oreilles qu'aux yeux.


yeux 'ou. qu'oui
moins
La r^ife^^
encore aux
eft que
prononcé J
deux, juges

que le ,
gre
fvi^^ dét>arte{nent de la vue puilTe avait
V étant aj|ffi permanente, queîa votx, qw qu'il foH^
peu
(^ du dépautement de/x^uïe,
l'eft
vetoitiç«#
doit paT^ohféciûenirftf^ & içacnari
-Ainfi lorr
fubir dct ciiangeitiens^ de forme.
->#

< \
pmwpn ^PHBHHIIHP
y
7
-'*
f
' '

I

:K. .i.
vent été arbitraire Se précipitée
; comme
je Tai remarqué en parlant de petites
,.

expreffions Conjonctives , qui ijie. ier-

V Langage. A^f
même .qijl'on he retrouve plus rien dans
le fon *, on rerfbuve tout dans la figure

avec un peu d'examen. Lefon ne eonfiile-

que dans fa voyçlle , qui chez tous le^

hommes eîl tout- à-fait vague. La figure

au (Contraire ne confifte que dans la lettre ,

qui , <^l9ique variable , ne s'égare que rare-


'

ment ,tout-à-fait> ne fortant même guères


^v
(les bornes de l'organe qui lui eft propre.
"
" ' " '^*
t ,

\
'
% ..
-

i^^. Preuve de la bQnté d'une étymolcgie.


. \
.
'
'[ '

.
'

"M ' '

.
•.. '". '
'^

Èiemple.^i]^ dis que le (xdS\Çfi\^fcuiu

vient A\x\mnjîgillum', l'identité de fignt-

fication me montre d'abord que je dis vrai.

L'oreille au contraire' me doit faire juger s/

que je dis faux , n'y ayant aucune refïem- .•V

^lance. entre le fon%d, comme on }(

prononce ; & le latin y%i//^^/7?. Entre ces


V

deux juges . d'opînîoni contrai^ je^ fcâis


^uc le premier eft le nieilleur que^ je

pùiflfe avoir J^ matière ,


p^vu
qu'il fiait app^ <Fai ne/prou-; y^
[r
^f ei-oït i^^^ i^ l^ï^Ç >
Sl^acitarit qiie l'ancienne* termitiaifbn
^

fraoço^e il i^^^ féc«mftient/changée


4 « J*
.«- .1
'*.
-
.•.X

m^..

.•9

/ , .y
, ,
dia-
plus grancle partie c!e celles de nos
^ ^n ne h
du latin font celles même de
leftes fortis & COltl]

la langue latine. >


Tome
un

éfii; Mie H AN I s Mr
en eau dans plùfîeurs termes; que l'on foit altéi

*, difoity^e/ au lieu de fuau , & que l'an- que plus


.
cienne terminaifor s'eft même ctmférvée Mais je <

dans les cômpofés du mot que j'examine, "ration v:

Etyiîque Ton dît contré-fiel &c non p^ prononc


coHtn-fctau , alors je rietrouve dans le latin du mot
JigiUum &c 'dani le fr3Lï±oisfiel la même (w fait fiill

tt de lettres ou d'articulations organiques feaU en


fgl hfcL'c'dï'k'àiTC^ que lenei , la gorgek gemeht
la langue ont agidans le même ordre en d\ileni
• foritiant ces deux mots : pat -^où je vois de fa I^

que j'ai eu raifon de déférer à ridéntité vicicufe


> \ du fens , plutôt qu'à la contrariété des fons. :cara<fléf

S'il eftenfiiitequeftion d'examiner le mW Dans


faui ou le fon sd eft le même que dans arbre , f

*] le terme précédent ; fans y déférer, la figure; (

figure & le fetis me fortt voir que Tori» tout pai

•gine eft dans le htm faim.. Dp Âètne 1 ouïe

. pour le mot /eau à puifèr , où le fon eft faut les

pareil ôç la figuré prefqu^ pareille ,,


je ne àcjpiné^i

déféré ni à Tun m à l'autre y;^Q^i^ P^.


*
l'oreille

jîi'arrêter qu'à la fignification qa| me fait trer.qu'i


J-.
^ /voir qu'il faut tirer ce terme dû latin de
:'
mên^e (énsfitula , ôf dé la él.Jids , quoi-
que la figure •& le^jon du mot fi-atnçois
S U. y
\ ">

/
êÊà wmmmm

V
,
»«»»» *V.I
nos dia-
^n ne les y trouve pas employées feules
même de
& comme mots ifoles, qui avoient leup

^
Cm Tome 11. S

B t7 LAKG A G E. 4^ï
que l'on foit altéré au point de ne conferver pref-
que l'an- que plus aucun rapport avec la racine..

ctmfervée Mais je comprends l^ns peine q^c Talté-


examine, ration vient de ce qu'yen élidant par. une

non prononciation rapide le r qui eft au milieu


1^^

ns le latin àvimotjitulây on âifoit Jiula ^ d^où on a


nêmefui- faitfàlà en Vieux françois , & enfuite
aniques, [eaU en françois moderne , par le chan-

a gorgek gement ordinaire &f ci-deffus mentionné


ordre en à\iùn eau .'zinfi le mot s eft fort éloigné

ù je VOIS de fa l^. jîr/5 parce que la prononciation

l'identité' vicicufe a détruit le r qui étoitTun des

idesfons. :cara<!flériftiques radicaux. ,

ler le mW Dans le françois /?^i/2 aliment, p^^'^

que dans arbre , fcmblablc de fon , peu différent de


férer , la figure ; dans Tanglbis pinyi. e. épingle j^

vue &: à ^
^iie l'ori* tout pareil au précédent à ïa

)0 Âètne IWié , là raifon me fait difcerner qu'il \

le foneft faut les dériver de panis'y de pinus, &C

Çj^ je ne icfpina : quant au françois. /^ei/z/ , l'idée


jjQur ne Toreille & la vue s'accordent à me mon-
\. •

*
î
"me fart trer. qu'il vient lie ///îgc,/?if?tt/72. ,:

^fàtin de à faire fur rapplicatiqïTi


i^9, Obfcrvat'wn
is f quoi- des principes à lu preuve^
fratnçois
Il y a néanmoins quciru^ç .ôccafions

PHHIP ami ^^mmigmmmmmm


t.^\.f w «
J

en confervant les définei)ccs dans les


nitif du tatio ,

4c?/w,honnettrrfi^^/»'- nels^ p
à-peu-près paareilles :

mm- imnmm umm n' twiitiië fM Kim m»! «MM

/'

J. 416 Ù É C H A NT S M k
OÙ ce n'eftpas afïez de confnlter le fens, la convei

la figure & le fon. Il ne lùffit pas m<2me plus form

du le fon. V\
d'avoir obfervé le caraftériftique mot

pour reconnoître en quelle langue il en


que ce rr

encore gue Indie


faut chercher l'origine. Il faut s'àf-

furer de certains faits dont la réalité pour- h dériva

fauÏÏe : c
roit détruire Topération.de l'ouvrier. Car
% Tefprit travaille en vain.; c'efl inutilement qii'une fi

qu'il forme fon jugement fur des preuves langue E


"apparentes, fi elles font démenties parla fe trouv
*&
vérité hiftorique. Que je cherche ,
par figure

\ exemple, Totigine du mot pirogue y(\ni m'affurei

vrai que
eft le nom d'un petit canot dont les Indiens
langue e
de la mer Pacifique fè fervent pour tra-

n'en regs
verfer l'eau d'une ifle à Tautre, j'aurai

les quatf
volontiers reco^s^i'la langue efpagnole
I

^rincipei
d'autant mleux'^e tout ce paraîge eil jour-
è
nellement fréquenté , & en partie habité etymolo]
mot eft '

par les Efpagnols, qui ont répandu dans


\ port du
infinité d'expreflîons de
i
ces climats une
tlon
leur langue. Je dirai donc ,
que pirogiu ; p.(

vient de 'por aguas ; & je croira? d'dbor I


(1(\ ces qi

clier- les pointi


que j'ai rencontré jufte, puifcfu'en
d'une
chant dans la langue à laquelle je pouvois fini

trouvé quatre p<


yraifemblablemênt m'adreffer , j*ai

fm
g — -—-»— < ••« i *,
,
>AAAi«

<ians les noms tant flibftantifs que per/b-


,\
nels^ paroît répondre à la terminai fon

/'

'
© t7 L AN GAG I. 417
la convenance affez bonne pour le fens

plus formelle encore pour la figure & pour


le Ton. Maïs en apprenant des voyageurs
que ce mot pirogue eft ancien dans la lan-

gue

h
Indienne, je reconnoîtrai ayfli-tôt que
dérivation que je viens de donner eft
P
fauÏÏe : que c'eft par un hazard fingulier
qu'une fignification affez jufte tirée de la.

langue Efpagnole, où j'ai pu la chercher,


fe trouve appuyée d'une conformité de^
figure *& de fon , &: que^tWob le cas de
m'affurer avant fout par le fait , s'il étoit

vrai que le mot vînt téellément de la

langue efpagnole où je le cherchois. Je


n'en regarderai, pas moins comme certains

les quatre Siemens que j'aipofés comme


principes pouf opérer, avec certitude en
r
etymologie ; fçavoir la langue d'où le
mot eft venu, la figi^re du mot, le rap-

port du fottv, & la vérité /le la fignifica-


tion; pourvu toutefois «fue l'application

(lt\ ces quatre élcmens foit jufte dans toù«?

les points : car mon erreur nMtoit née que


d'une fauffe application, du preînier de ces
quatre points^ L'étymologie tirée de por

r'»-

:ï^ V. )
^ip—ipip—ipi
l.XJ
.^"^^P-^ .

^'^A* V ^
/
V^^^^ -«y-'
T^
ployé
tous les langages
Si les termiiiaifons de îappo
itoient réduites en tables, & ac.ouplée*

» ^

lMUC^','.il;J^
ittiii iiià

'Oi

418 . M É C HA N 1^ S M^ E D
jfz^^ ne s'eft pas trouvée jufte , parr« flantînopl

<^'encoré qu'il fbit vraifi^mblable que le qiier de pj

mot pirogue puiflfe être hé de la langue h d'Ôriëi

des Efpagnols qui ont introduit plufieurs ce que chc


mots dans ces ifles , il n'eft néanmoins Si quelque
pas vrai en fait qu'ils y ayent introduit le mot Tu
celui-ci ,
qui étoit en ufage dans la lan- poète em
gue indienne avant leur arrivées bord que
<)n pourroit crc>ire qw^Stanhoîil^ nom d'une orij
1',

que les Turcs do/inent à la vilfe de Conf- néanmoir

rantinop^e , cft une forte contraftioix du pas de 1

vrai nom de cette ville : Stanpol poiir altéré la

Conjlcintinopolis. Mais le prince Cafitemir de faire '

bien inftruit des faits nous apprend qu'il corronipi

vip« plus fîmplement d'wçTiii'iréAi», c'eft-


j
vhin ( ir

àrdire à la vill'i. Les Turcs , lors de leur deenne 1

învafion en Thrace , entendant dire aux no. ) No


Grecs de la campagne qui alloient à Con- dijent dr

ftantinople qu'ils alloient à la ville iU r-i» Tite de p


,

r«AiV, prirent rhabitudcd'appellerk ville Nous


Stanpol. Au refte le primitifV.Aif fc trouve gue l'ex


de même dans Tune & dans l-autre ori- dire mui
gine^ critiquer

Nous appelions Truchtmans ( interpré- f^pinion.

perfonnes dont on fe fert à Con- ver ce r


.tc| ) les

A
,,
T^

langages
ployés pour exprimer la liaifon & les. i

rapports que nows appcrcçvons entre les


.ouplées

r*' D U L A N G «A G E« 429
c
le, parr« fiantînople & dans le Levant pour expli-
ble que le quer de part &: d'autre aux gens d'Europe
la langue h d'Orient qui ont des affaires en fenible
t plufieurs ce que chacun tlit en la langue He ion pays.
léanmoins Si quelqu'uia lit dans j^^pc^ëme du Boïardo
introduit le mot Turcimario ( homme Turc ) que le

m la lan- poète emploie en ce kns^ il croira da-


bord que le motfrançois trucheman vient
houlj nom d'une origine fi naturelle. Cela n'eft pas ù
î de Conf- néanmoins. NotrQ itiot François ne vient

raftioix du pas de ritalien , où le poète i un peii


npol pour altéré la dérivation , peiit/- être à deflein
; Cantemir (le faire iiti' jeu. de mot. Tous deux font
>rencl qu'il corrompus du Turc urjurian ou mcturgc^
r«Aif, c'eft- man ( interprète : ) de la racine Chai-
3rs de leur deenne targum ( cxplgnatio^ interprcta'^
it dire aux iio.) Nos confuls des Echdies du Levant
ent à Con- (lilent drogiuman : ce n'eft qu'une diver-
ville tU TH9 Tite de prononciation ; tracman.
lier la ville Nous avons introduit dans hotre lan-

if fe trouve .]
gue l'expreflion nouvelle fronder pour
l.*autre ori- dire murmurer tout haut contre quelqu'un; 1
critiquer (a conduite; ou contrarier fon
l
( interpré- opinion. On ne manqueroit pas de déri-
fert à Con- ver 02 mot du latin frcndcrc dont le leng

'

A
&C aulTi fouyent que les objets extérieurs
&c leurs clrconftances étÔient. combinés
cîaiu refprit, « Les élémeiis vocaux y d\t

-
430 Mi C M A N I 5 M E
çons d
s'y nïpporte aïïez bien , fi fon origine ne
foit en
,
nous étoit craillcurs parfaitement Connue.
n'y ferc
-
En 1648 une. troupe de petits garçons de
contre
.h vill^ de Paris avoit pris l'hal^itude de
Gafton
s'a0emblçr à la Bute S. Roch, où elle

{ '
fj partageoit en deux bandes qui fe laii-
ter au>
en mo
çoient des pierres avec la fronde. Les oifi-
voyant
ciers de police les venoient chaflfer ; mais

^ dès qu'ils avoient le dos tourné , les petits


de ce

tnmc
]

garçons fe rafTemblpient , & fe rcmet-


t

» qucn
toient à fronder comme auparavant. Ce
> n'y.l
fut en ce m5me tems que s'élevèrent les
>
troubles entre la cour & le parlement,
il fa

(aiuu*
au fujet des impots dont le peuple fe

arrive
voyoit accaiblé fous le miniftere du car-
la chai

dinalMazarin. La chaleur devint extrcme


dans les deux partis ; 6c les vexations du

ininiftre forent

caufe que le parlement

s'oublia de fon côté jufqu à former plu-

fieurs délibérations téméraires. Un jour

Bachaumont, confeiller au parlement,


jeune homme de beaucoup d'efprit, enten- foute:
'

dant le préfident le Cogneux , ^Ibn père, autres

plailoit
parler d'une manière qui ne lui Vi\\\n fc

en taifant allufioa aux petits gar-


pas / 'dit ,
,

extérieurs » les mots qui expfimjnt les idées com-


.
combinés «pafées. .. •• Une langue véritablement
'

3caux dît Siv -


y

© IK L A N G A G E. 43 I
"

cons de la Bute S. RoGh,.iqu'il fe tai-


origine ne
foit en fa pr^fenc^ , mais que dès qu'il
nt Connue*
n'y feroit plus , il fe préparoit à 'fronder
garçons de
contre cet avis. D'autres racontent ( ue '
il)itucle de
Gafton , duc d'Orléans , étant venu affif-
1, où elle
ter aux délibérations du parlement pour
qui fe lain-

en modérer la vivacité Bachaumont


^ Les oifi- ,
s.

voyant qu'on n'ofoit opirfer en préfence


iflfer ; mais
de ce prince auffi librement que de cou-
, les petits \
îiune dit à fon voiiin , <<
Ji forte virum
fe remet-
» qncm confpexerc ^ JiUnt ; xndàs quand il
avant. Ce
iverent les
m'y fera plus, Il faudra fronder'eomme
> il faut, » Cette expreffion parut plai-
>arlement, (
peuple ie
iaïue, & fe mit à la mode, comme il

re du car-
arrive prefque toujours en France. On fit

la chanfon qui commen^oit'.: i


it extrême r
xatibns du
Un vent de frp«tle
parlement
S'eft 'levé ce matin ,
rnier plu- •
Je crois qu il gronde
. Un jour
Contre lé Mazarin, ^

)arleiMent

rit, entea- foutes les petites parures nouvelles ou. '# I


Con père, autres chôfes d'un ufage encore plus com-


ui plailoit 9iun fe nommèrent à la fronde. Le nom
petits gar- ^<: frondeurs fut donné ï la faftionî oppo- ^
(.

?
'fsrC'

!•'

431 M É C H A NI S M E
cardinal contribua ic^ndrc
f^e à la. cour. Le lui-

qui n'ç;
même à donner cours à cette" expreflion,
dans un moment de réconciliation qu'il logie à

y^uV entre le parkme^t & lui , ou il dit nemenf


détaillé
en badinant aux-d#utés de^iette com^
tends q
pagnie / quil étoitAty enu frondeur ^ k
là-deflu
leur fit voir fon chapeau earni d'une fronde
trompe
en guife dç cordon. C'eft ainfl que le mot
convier
frondtr 5 eft introduit parmi nous dans la
rapportée. On a cou- pas que
iignifiçatio^n ci-dciTus

ceux qui qui raif


tume (i'appelleryro;2ie//r5 '
criti-

fort plat
quent le goiiveriiemeht prélentr
gage à c

ou non
XÔQi NcceJJîtcde proccder avec exactiardt
la plus
. . en dédulfant les principes d'un iin^
de peu d'im-
4 cette
\ aiiand même tanferoit
Tan do
pàrtanci*
,
pas mie
faire à
En étymologie , comme en toute autre
connoii
matière , iliaut comipefeer par être bien

ayant que
ni de ](i

inftruit de la vérité des faits


ne
' »" d'en tirer des conséquence^ : Ex facto jus laiflfe

ou
oritur. Ici comme aiUeurs , & peut -«?tre util<

fortuite
main»
même plus fouvent , la rencontre
peut former
d«s convenances &c descirconftances
' '
>
^^
.. rendre Tomi

%4t U i C h|a n I s Ut
t6^*DiviJion des itymologtts en certainesf nies ont
^'

\'
f ;<*"'

<i.

ibiia lui- i^ndrc tbut-à-falt vraifemblable un.e çhofi»


qui n-çft néanmoins pas t •
Dreflion, vraie. L'étymo-
oxv qu'il logie demande autant , & plus ue difcèr-
ou il dit Bernent, d'attention & de connoifîances
te corn- détaillées, qu'aucune autre fcience. J'eti-

leur ^ & tends que beaucoup de gens me diront


e fronde là-deflus qu'il n'importe guère.ç fi Ton fe

\z le mot trompe , ou non , en cette matière. Jen


s dans la conviendrai fans, peine , & je ne laifferai

)n a cou- pas que 'd'ajouter, pour réponfe , que ceux


[ui cfiti- qui raifonuent ainfi , font un raifonnement
fort plat; parce que,lorfqu'un écrivain s'en-/
gage à donner les principes d'un art (frivole

ca(}inrdt
ou non, ) il doit s'appliquer à le i&ire avec
la plus grande jufteflè pofliblè. Et quant
eu d'ini" 4 cette prétendue frivolité reprochée à
l'art dont je traite ici, le reproche n'eft
,
pas mieux fondé que celui qu'on pourroit

ite autre
faire à tant d'autres fciçnces , af!s , ou
?tre bien
connoiflTances qui ^ fans être dç pr^mierfe
ant que
ni de féconde néceffité pour l'Jiomme ^
ne laiffent pas que d'amufer agréablenient
facto jus

M - <?tre ou utilement la curiofité de Te/prit h\i«f


t:

fortuite
main. Celui-ci a àp, plus l'avantage de %
^

ices peut
former fa raifon dans un des prihcipam|
rendre TomcH. X
'X

DuLangagi. 449
««Il
mes ont fait fuccéder l'uiage à celui des
y
*v

\
434 MÉ C H AN ! s M 1
tXetCiCQi qu'il erv fait ;. fçîvoir , dans là eultiife qu
logique, des paroles qui confifte dans 4a langue grc

jufte convenance des mots avec les idées du pays. 1

fpi^ils expriment , & avec lés objets cju'ils du fleuve


repréfcnt^ntïY ' Orientaux
(Pay^de
t(n. On Joie chercfkr ks etymologiés dans les ancien,

U langue du p)fys^mêm4 y à moim nomconv


qu'il n'y Mtfûtlqtic ftifon connue à viere. Ntj

les chercher dans un autre langage de celui q


la cëlèlire
.' ' ' '- . .^
- \- '

L'étymotegifte doit ;s'attachfer ^ avec caûfesdés

foin , iîâ langue d*ou le mot doqt il virortrtée.l

«cherchi? l'origine , doit Inturcllcjment tréesdel*3!

être fort! , & ne pas >ddptc^ Wgrfi^meftt portoîent

fes fignificiitions m^c vraîfemblables


, y & AtGofù
qifim àUtr< langage lui offiirôit , s'il n'a ftlijounThu

h preuve quç le nom a été impofé p^f fe les Cutdés


peuple qui le plrloit; Il ne tirera v^J^ Tancienne

nom des Géorgiens des mots grecs >î 8c fervariom

comme ç'ëtoit y^ir^yw laboureurs 9 dans lepri


l^yo fi

fra^aillans i la terre ; bien que les noms les noms


des pcvpiés aient fouvent une origine de cette regk
cette efpcce. Car, outre q[ue les Geor* Au coni

g^r m font pas pïns aSônh^ i ^V^ chera Torï

k /

M1 e H
41*
^^^^^^77i
Aju t s M^ t
^^^RP d'qti
^
même n
0arCe au'autrpfnk. r1:»nc /^Ac r/^n>r^.c î-.
*v

hv h AN à A^ E. 435
iCultiife que quâhtité d'avitrcs hâtions , là

langue grecîque, rfeft pas la langue natale


du pays. ïl'tiféra le nom de U Geofgie
Ju fleliye JC//rcPii Çyrus quM'arrofe. Lt%
Orientaux appellent la Géorgie (?îz/y//?ûyt

(Pajrs de Kûr;) & le mot Kur, chet


les anciens Qtie^taiit , fignifié fcamrife ,
nom conveiiabte à une fource 6c à une ri*-

viere. N^MB^/çâvCMfs qu'il eft îfe primitif

de celui que les Pbœniciens donnèrent à


la céleste vBle 4e Cyréné,eALybie, 1 V /

caûfesdês fourcesdVau dont elle^it eh*


. virortrtéc.Uné partie des hàj^itans des con-
trées de I*^fie,
habita pà|r4es Géorgien*^
portoient autrefois lés tiims de CarUmhi
& àtGordytmu Les nationauxiè donnant,
jtlJjomtnnjS cWuî de Cankucisy Prèi dè-Û
les Cm-dês hi^ CjtrdijUn font partie dé^
Tancicnné Aflyrîe. Toutes ces petites ob*
fervatiôm rapprochées montrent que c'eft

dans leprirtiitif Jf«^, qu*îl faut cherchée


les noms dei iieiiples 6c des contrées âé^
cette rég^tt de PAfie. r
Au contraire Pétymologtfte q^t rechef
V.
çhera l'origine du nom de Xiii^o/i//^ , ea V,
Tri}
K
w

'# LA*d A• %• 4^y


jF 1.1. i *t—'"•"«I

7q!^î5me moï, H WUl iv^-


• _^! ^ K../;#.>voc iMni ^^nominations
y
436 M é c HA N J
s 1^ 1

rejcttant la fable .
cUi prétendu voyage

£UlyQt fur cette côte où il fonda, dit cette l6i. M


fable, la ville appellée de Ton nom Vlyfi^o^
ne fera pas de de s'adr^fler , avec
difficulté

Bochart, à la langue phœmcienne, mal-


gré la grande diftance des lieux ,
parire Hor<

qu'il l^aitqvte les navigateurs ty riens ont fans pt

porté dans ces parages leur langue^ avec dtefTef'

leur commerce &c. kuirs nombreufes co- ] dérivât

ionies, & qu'ils y-^orit fondé &C donné mot ri;

à une infinité d'étabiiffemens. jours


.x le nom Il re

admettra volontiers la çonjéfture de ce ;


ticulier

'
fçavant homme , lorfque, s'appuyant fur eft imir

la fitu^tion maritimef & fur la nature des TH,C.


produftions du terrtîin nom , il explique ie bet gre(

da L
U^lyfippo CUsbonne) par la ba^c^
tere.

ipnanditrs^r^n le tirant .'de 4«qXi mot$ commv


phœniciens lui^ {AmygiiflalÇbbo % qui ont
> .

i/^us,) Il en ufera de^ m^e dans la Philofo

recherche de la valeur fignificative des Arrhes.

noms d'une quantité de lieux des côtes Les


d'Afrique par-tout garnTtK,| par din
4'^^fp^gne &C. ,

d'entrepôts & d'échelles du Comm^rÇ« lienne,

i^^mcn% des TVwas, ' inoy il

\
f^mmmmi^mmifmm^mHim
'45t M i Ç H A
^eqaïaiHn
NI s Ml
fpn Recueil ûii* l'Exode , donne une on
..«
,

^)

n)'

y
© V. t A À C Ë. 437
oyage
t cette J.61. MnnUrc dc< difcerner de quelle lan* ^" V

lyfipo, gue vient un tnot dontMn cherche


, avec Tori^ine,

, mal-
par<:e Hors des cas fînguliers , on difcerne ^

ns ont fans peine , à quelje langue il faut s*a-

i
avec dtertef ,
polir fuivre , en reriiontant, la è
es co- dérivation d'un terme; Uinfpeftion du
]|

donné mot rindique, parce qu'il a prefque tou-


ens. Il jours retienu quelque caraftériftique par- •"^

de ce ticulier ,^afFefté par la langue dont le niot

ant fur eft impiédiatement forti* Les lettres PU^


are des TH^ CHj STy RH font propres à l'alpha-
le nom bet grec , qui les figure par un feul carac-

4/é des tère. Les mots où elles s'ofFrent ^ fortent


%y mots communément du grec, ainfi que ceux
Uhbot qui ont le double GG équivalent à NG :
daiis la Philofophcy Théorie, Charité, Statiqut ^
^
ive des Arrhes, An^. ,„f'v-
5s côtes Les terminaifons, par augmentatifs ou
garnTt*s»^| par diminutifs , indiquent la langue ita-

lienne, à qui elles font familières , 0/2^

Ino, illo. Ex, Canton , Sallon, Bata^


r»j

DU L A N G AGE. 4^1
m/m mmmmm
rcpouîIantTfës vagues en \o\
, , ,
1^ r

<«•
K

1)

nach , Ali
Almihr;^
BrocattUe yVtrmicdlc.
qui Il y a^mér
Ji u/i mpt ,cqmm^ttcc par al ^ ,
immédiate
dujubftaiinf , le
en arabe ^èft l!aiticle
kritpar ce
s'annonce volo^ers Rpur être
{brtî
mot -comme ai
immédiatement foit par
de rar^be ^ foit ,
tcufc , cei
un. intermédiaire de la langac cfpagnole
gantent ]

dans laquelle rinvafion des Maures a


jett^
4/<ir^ dan
tant de termes ^xû^t.Âtgcbn (*), Alma^
ficanoKi la

^ d'origine (

autre chofe danl latine 'de


() Algèbre ne fianifie ,

fon origine, que le Guibriqut , ou la langue jours chai


des Gnebres , fçaroir l'ancien
Ptlhavi m, num j'iî
Ainft ,
depuU long-tenif ; n'eft plus entendu.
lettre la Un^ut
U inM'l' chanfons.
'^kéire fiCTifie *
Guebres ont
ii^Ut. Jwgttti à cela que 1«$ Uuiau ii
en. mai.
rfabitude lie rtciiet Iwri prie»»,
mon ne»- Les A]
motant. fa» articuler; de forte
ont
tend pas c» -lu'd» difent. Les Arabes inflrumer
ainfi nommé cette fciencei
à caufe de» carac-
fer voient
tllefe.fert pour
doM
tères e«raoidin«ir«f ,
trouver lé» nombres &
le» puiffaaçes .incon- gner leui

nues. Nous proverbialement , pour dt-


diforis nl-laud» ',

que
/fipier une chofe «fiieiU à entendre , «rt Tapp
V /ffiit i'^ikrt. En Languedoc,
«> apP«"*
qu'oit n'entend pas. t» nommon
Quibriaut un» langue
lartgaj»
Anglois appellent auflî G«**«rii* ttn Le Ou
> ~
nu prononcé ou inarticulé»
(la/te Ta!

'4^4 M t C n A ff î % Mi
ayant éïé abandonné par fes fuccciicttrs
t

•»
t

nach ,
i) 17
'L
AUmbic , Amiral ,
A N G À o
^ " '
c.

(jd^Emir, ou
f
439
• ''
'%:
X..

Almihr;) Elixiri^d'al-icjir^ effïmia^) ôcc


y a^méihe d^ mots qui nous viennent
Il

immédiatement du latin, Icfquels d^cé^


knt par cet article 4/, leur origine arabe ; rf .•

comme allquctUf alaMia, i. e. Va ckan^l


teufe 9 cet oifèau étant un de cef^x qui

gantent le mieux & plus rûuv^nt, Lau* .

<:.

iarc\ dans fa véritable & ancienne iigni*


fication latine, c*eft cantarc* Lemotçft
d'origine orientale. Dans- notre tràduAion
latine 'de la bible, il (ignifie preCque ton*
\oMXS chanecn LauJans invocéibo Domi"
num , j'invoquerai le Sieigneur par ints
chanfons. Laudatt Domirium in choris^
UuddU in pfalufio & dêcachordûy iiç*
Les Arabes ont porté eu Efpagne un
infiniment à cordes piilcées, dont ils fè
fer voient habituellement 9 pour accompa^
gner leurs voit y &: qu':!5 àppelloienc
éilrlaud. Nous le tenons des Eipagnob
^ ifii TappiPem auili laud ; 6c nom le
nommons luth.

Le GH initial, qui ^ c^ez nous, rcm^


(la/te raTpinttioA barbare; le 4A/ final

4 IV

f> V L A N 6 A 6 I. 4tf
turelle 6c raifonnabfe. La première neft
• ^ • •I
TZ3^

„ • V

ék  NI 5 M 1
^uç nùus: pronôn iz^^, defigne une
6 r iginé tudefc(u<ï : géarnir , ribauld , &c.
Il en eft de m^e des (yllabes err, er^,
Mdyolii & mitres où mouvement , le

des dents ïuccede au mouvement de la

langue. Child , Ècrt , &c. Cette façon de

faire réfonner rinftrumênl voc^ , appar-


tient aux langues barbares de l'Europe.
Au contraire lev'ÇrQ^cs& les Latins ai-

menft que le mou\^rnen^ de la langue


futcede au moWement des dents , des
V- lèvres ou de la gorge , & que l'articu-

lation fixe précède l'articulation liquide j


TR, PN, BL, CL, GR, &c.
V
* '
» - '
'
'

1$'^. Chaque tangue ejl reconnaîffabU à


fort habitude d*employer dans un
certain ordre Us àrticulations^mpUs
ou campejees. s
:>C"T^^

Chaque peuple a (â feal^îerê de toucher


;^
rinftrument , & , pour àînfi dire , fon goût
dé muiîque verbale , au^-bien caraftérifé

que celui de fnufiqiie chantante. Le goût


que chaque langue affçÊtè dam la. fuite

"", (

-//

^1^6 Mfc çilAïïlS M t


.
Il h ILlllL W!!!çépgfWt Lil LUI l ùil i if i

u Ac
anri»c^1é»u CiAnf*'
iiecre Ae Babvlone.-.En o68 •
,,

DV La n g a 6 e- 441
igne une habituelle des articulations organiques
,

dansla difpofition des confonnes , & le


\
ert^ erd^ mélange des liquides avec les fixes , n'é-
uvement chappera pas à un obfervateur exaft , &:
int de la fervira beaucoup à rétymologifte. Il re-
façon (te connoîtra le langage d'un paiple , à fa
, appar- manière de frapper l'air, ^ d'obfervef
l'Europe. en figurant les fons , un certain ordre
^atins ai- fucceffif, qur n'ejfl pas celui d'un autre
a langue peuple. Par exemple, la langue d'Orient
nts , des emploie le frôlement de langue /î ,
pré-
î Tarticu- cédé du fixement nafal J; & le Çhœ-'
1 liquide^ jiicien appelle uiie fprterefle 5(?//'j. Mais
rt le géiiie de la langue grecque ne fouffrant
pas cet girrangçment de confonnes , &
yîjfabU à voulant, au contfarié , que )e fiflemcnt
dans un nafal fuive le frôlement de la lanÉruc , le
nsJimpUs Grec , en répétant le mot phpenicien
àitByrfa; & nomme ainfi h forterefTe
de Carthag^ bâtie par Jes Tyriens. Mais
e toucher le hazard ayant fait que Byrfal èft un autre
, fon goût mot phœincien, qui fignifie a//V, (d'où
araftérifé vient notre mot bou)f^ Ils Grecs , qui
. Le goût ne reftent jamais courts , bAtifTont fut cettç
. la ..fuite tetlcohtre fortuite une ridicule hiftoirc^

IV
,^^ .

n 068 t ^ .%<tr^y\itK tro^nt rft^'nn ^t /rlaîrrî lU


44» M É Ç H À K f s M t
au fujet criin terrein de Tétenclue d'uni
cuir M bœuf , vendu à Didoa par ua
Numide i\vare : i4s racoiàtent que Didon^

pour avoir UM grande place, lorlqu'o!^

ne croyoit en vendre qu une petite ^


lui

çut radreffe dç couper le aiir en bandes


f

étroites^ &c prit tout le terrela que les


K

bander purent entourer^ *

Les Grecs difent j^ivlê/tém en articu-^

lant d'aborct fur la gorge C , enCuite fur

fa Uvre P. Les Latim répètent , après


tux , 1? m(}me mot ; mais ils frappent
ks touches de rini^rumeht d'une manière
înverfe,. d*abord la Uvn P y & «nfuite

\7igorgt C : ils difent //^^3o. Les Hébreux


flifent Tfelem, image. Le Perfique, qui
/accommoda de cette pronomriatiofi

•rienrale TS , afait là-dcff^s fc moi TSil^


mmaja;'hc TArabc W tw^TSaliman^
Mais iK>s tangues d'occident n ont p^s dins
^TfaJ^ .-elles n'ai*
femr alphabet lalcttre
Mient pas Tinflexion compoiée, ooiair;
apic^ avoir été battu par les Jènes^.c(t\
ediaflé par le ne^ ; de forte qu'en répé*
ttnl le mot orietuéil, ks Qr«cs di&^

'•,

45^ MiÇKANISMt
'g^

f^^mlV t*,y£%(fukt titijr /loc nliic irr^iin^c vill^«


t BU LA Jff G A 6 Ç, 44Î
idue d'uni
^iitr^« & les Fi-amÇois Talifr^an.

wx Le Phœnicien dit P(^^r; mais^les Oc-


m. par
cidentaux tranfpofciit Tarticulation de
e Didon^ c«»
mot, de Pc en i>. Le Grec, dans la
lorlquoii
même fignification , dit 'rtr*^ , le Latin
e petite ^

^ bandes
f/^rgere y k Tran^iois difperjcr.

in que les
Daxjis le nombre des articulations que
les brijanes vocaux font capables d^exé-

jti articu-
cuter , & dont la lifte jomplette forme X

le total des alphabets quelconques


snCuite fur , il y eu
a dont certains i>euples ne font jamais
it , après
aucun ufage^ qtioiqp'elles foient très-com-
; frappeni
nuu|ej par-tout ailleurs: foit que l'exemple
e manière
ou la longue habitiide ait ainfi dëtermirlé ,
6c enfuite
chez ceS;peuples, le cours ordinaire de
i Hébreux .'
n
la parole; foit que la nature,en les formant, f

[îcjue, qui .Il

leur ait refufë la facilité de mouvoir leur


lonciation
organe de la manière propre à moduler
mot TSil^
dans Fair les inflexions cfui leur manquent.
( Voy. n* 19.) L'alphabet des Hwons
it p^s dijns
n'a pas la lettre labiale. Nous
relies n'ai» n'avons
pas certaines lettres gutturales ufitées
ockrair* jhez
,
les peuples méridionaux dé la pointe
d'Afriqiie. Il nouseft mcîme imçoflible d'en
u*en r^pc*
imker l'inflexioni comme il ert impoffible
«es àdiiyi
Tvj

^f1r)^c vill^«
*
«•

444 M É C H A N I s M 1

aux Chinois d'articuler la kttre rude ÔC-


' .
- - ' .

caniae R 'fi commune chez toutes w^%


nations anciennes^ modernes. Ces difft^,^

rences établiffent entre, les peuples iiiîé

diftinftion aufli remarquable que bien ca-

raftérifée : elles montrent cyidemrhent

» \
qu'un peuple ne vient pas de l'autre. C'eft

une ligne de réparation qi^ la nature elle-

même a tracée. Cette preuve naturelle


fufEroit, fans autre raifon, pour démon-
trer que les Europcan$ ne viennent pas

^es Hottentots^
. Quelques perfonnes célèbres dans la

littérature s'efforcent de foutenir auoiur-


d'hui ce fameux paradoxe, que les Chinois
-font Une colonie venue d'Egypte i que les

Egyptiens font les auteurs de la nation &


"^

't!e la langue chinôife. Comment cela pour*


H'it-il être, lorfque les Chinois n'ont ja-

mais eu aucun ufage de lalettte R(\ fa-

milière aiTx anciens Egyptiens , & ne peu-


vent venir à bout de l'articuler? Onfent
aflez qu'un peuple, en fe tr«*nfix)rtantdan$

un clijuat éloigné, ne quitte pas au fli-tôt»^


ni peut être mâme à la longue les artictt*

460 MfeCgAKl5MR
affiififs, quottjji'ily'ait a« cas partial-
.

< - •
. , .

Ml" ^ B U L A IJT G A^ G E. -44"

ttre rude ÔC^ lâtions ordinaires de fà voix , fùr-tout lorf-

toutes n(js qu'ily intTodtut fon langage '& fon écri-

s. Ces diffc^. ture : car d'eft de cette introduction même


>cuples iiiie que les ailteurs du fyftcme nouveau pré-
|ue bien ca- tendent ti|ef leur >raiQipale preuve. Au
fyidemrhent moins la .lettre A fe repréfenteroit encore

'autre. Ceft dans les indiens noms chinois , fi elle ne

nature elle- fe trouvf^ plus noms modernes* dans les V""

rt naturelle Les Egyptiens au moment de leur émi- ';

)ur démon- gration fuppofée ,


(que- mille &: mille

iennént pas autres raifôns conjbattent; & j'aurai lieu


i«'

de les déduire ailleurs,) om-ils tout d'un

nés dans la coup pefdu par miracle , l'habitude or-


,

înir auoiur- dinaire de leurs.inflexions vocales i en ont-


les Chinois * ils caché les exemples à^eurs cnfans , de
nei que les peur qu'ils oie les imitaffent dès leur bas

la nation & â?e ? Ont-ils fubitcmént &r volontaire-

it cela pour-* nient entr'tax quitté leurs articulations OC

>is n'ont ja- leur alphabet ,


pouf çn fabriquer un non*
tte R fi fa- veiu, à lufagc de leur poftérité ? LTiomme
& ne peu- peut changer d'habitation , mais ndn ^as
,

quand elles font


3r ? On fent d'habitudes , fur-toul

K)rtantdans du nombre de celles qui tiennent à lui

asauffi-tôt^ / comme (a propre nature. Cependant,

î lei articu- comme les perfonnes qui propofent cctto

[ E
D U L A N G A G I* 46» <y

luOiiii fuuilni t i llii iMln'innrnif


as partial-'
• .A^ (lu^ remontdr la filiation un peu plus haut,
\^ MiCRANIS MI
opinion notivcUe, font du nombre des
plus fçavantes que Ton connaific, fuMout
dans j'hiftoire & les langues d'Orient;
comme elles ont Tavantage de joindre à

une érudition pe\x commune une honnâ*


teté d'ame encore plus eftimable <kns les

gens de lettres , & (jui doit leur mériter


une grande f(>l j comme elles affirment

qu'elles onj des preuves invincibles du


iait qu'elles avancent , il bsat attendre

qu'elfes les produifent , & fe rendre à la

térité , dès qu'elle fera mife en'évidence.


.\
Mais l'ofe dire que jfufques-là. on do il

^'abftènirdc donner en puWlcce fentiraent

comme un principe certain en hiftoirc

6c en littérature, comme un fait confiant '

,|

& avéré.
r

164. La connoijfaruc des vieux mots de


c/uKjme langage f m akc inufiti^ne doit

pas être nég/ig/ie^

Cent xpii s'adonneront à la recherche


fr»
des dérivations, doivent faire une étudfi

toute particulière des vieux mots de chaque

4^1 M t C H A P f s If E

7*=:;: micr point , c'eft déjà un grand pré-


M I » 17 1A NC A C *• 44t
nombre Aes paiKf
i
Ungagc. Quoique ces mots foient
oiflc,fuMout d'uftge danf le beau «T^ <H||œ^
les d'Orient noui liions ^ iis fe fom^fiw--
;
auteurs tpe
de joindre à Pçowinces 6c
:

aemait eonfervés dans les

e une honnâ- parmi le peuple ; tfou ils ont pouffé des^


nable dans les
branches en d'autres langues- Nous en
t leur mériter coi?Doiflbn9 plufieurs de cette efpece dam
îlles affirment langue latine. Elle a eu des
Grammai-
la
nvîncibles du riens qui nors les ont
tranûnis , q«i &
ÙBOt attendre ^
en ont laiffé perdre un beaucoup plus
barbares
fe rendre à la
grand nombre. Mais les langues
; en^^Yidence. n'ont point eu de Grammairiens. Prefquc
5-là. on doit
tout y efl perd»; &
U fignifkatio^ des
:cefentiraent jnots, qu on retrouve dans
quelques vieilles
i en hiftoirc n'étant pas expliquée , refte fort
pièces ,

ï fait confiant mcertaine. Ceft ce qui fait que foriginc


touiours in-
de tant de mots demeurera
dans la
connue. Peu de gens connoiflent
vieux mois de langue latine le vieux verbe mullart ^
fiU^nc doit (i. e. coudre;) d'où vient le nom de b
e, chauffure que nous appelions
mullc ; en

^atin mulUus r {JvuUer coufa , fùulicr


la recherche Galuï put^
i
i'itoS't. ) Feftus rexpliquc :

t.fiund^
une furd dikifunt à muUando^
lire étudfi \.

lots de chaque

,1-

\ If £ D tf La h c a d t» f4^

firtr *
itTITnrn nili rlnnnrrnif If 5 diviW^

n grand pré- clegréide pnDbabilifér,p«f raccroiflfcfiicnt;^


,

%4' M £ C M À N I s M É

165 Divïfion des itymologks


. tri certaines^ mes ont
probables & poffib/jss. '
\
-

habits tr(

Les ëtymologies fe peuvent *divifer en toient ai

certaines, probables & poffibles. Cette tent enc<

divifion , donnée par Wachter , eft très- modes c

Bonne, ^lles foqt certaines , ou par révi- Rue Jéii

àtnce/j 'tomme lire, vient de légère ; ou /rançois

^ par le fciit^& rautorité hiftorique. Tite^ TAudrie


Live nous apprend pourquoi la fqrterefle francjois

de Rome fut nommée CçpitoU du mot jouoit 1(

'
caput. I.yon ^ ville de France , dont le
mt Si
lîom aftuel eft une contraftion du npm nom d'.

latin Lugdunum (Xw///2 ,) vient des. mots de vêt«


lUl'^ oc<
. celtiques Xwô-j(corvus,)Z?/z^,(collis.)Ainli
Ton fçait, par le récit de rlutarqye ,^ {in femme ]

nom ^L'habill
fiiyns) que ce de lieu François Xjav,
quoiqu'il n'ait prefquq plus aucune refTem- mes de
blancç de fon ni de figure av^ec fon ori- & nom
tues A}
gine, fignifie colline du corbeau , & que le

nom de la ville, traduit à la lettre du cel- Ilyac

tique en latin,, auroit été corvi-collis, îll'eftq


,

Nous fçavons comment le nom d'^/z- cautus i

drienncs a été donné aux robes longues, remarqi

ouvertes & abbatues , dont nos fem-


Il y
iérivoi

\.

:: i__ M :

464 M t C H> M I » M t
f, ,

P U L A N G A G
"
!• 449."^
• -
Jk-

taines
mes ont fuccéder l'ufage à celui des
fait

habits trouffés &


rattachés, qu'elles por-
comme elles les por-
fer en toient auparavant,
encore à la Cour, où les anciennes
Cette tent

\ très- modes ont été confervées. Le P. de U


Rue Jéluite , ayant fait^jouer au théâtre
/rançois , Ibus le nom du comédien &aron,
<; ; ou
. Tite^ TAndrienne do Térence traduite en vers
qui
terefle francjois, la comédienne Dancourt ,

jouoit le rôle de Glycérium, femine


de
u mot
-
lont le
d'An^os , d'où la comédie ti^ fon
l'If^e

u npm nom SAndritnnt , inventa cette efpece


de vêtement ; deshabillé convenable en
s. mots
un'^ occafion où elle repréfentoit une
OAinli
femme malade, qui relevé de couches.

L'habillement, parut fi commode aux fem*


Lyon^
mes de Paris, qu'elles ea prirent l'ufage
efTem-
& nommèrent ces fortes de robes abba-
•n

que
cri-

le
tues Aniritnnts* V
lu cel-
Ily a des ëtymologies probables^ comiri? /
l'eft que le mot chat vient du latin
il
cat^s^

cautus\ prudent, défiant ; qualité f(prt

igues, remarquable en cet animal.

; fem- Il y en a des poffiblcs ; comme fi je

iérivois l'anglois church^ ou TallemaniJ

\
f

éflO Mie H AJÏ I S.M^t 9


Jv^/^A:^ i. e, tcmplumj du mot qucrcus:^
parce qu'autrefois, dans Ces contrées , les
nom mations p
grands chênes étoient des objets facrés
morales; fe <

pour les peupfes barbares , qui % raflem- que pâP^k t


bloient vers, ces a^s , pour rendre un faits s'atrête»
culfe i leur/Divinités , du nombre def- miême
nature
quels étoient fouvent les arbres mêmes, récits hiftori^
& pèticulier le gui de chêne chez les
ert
de preuves^
Dnliides. Sî, pour fortifier cette conieo
fuffifarite.La
turc , j>joûte gi/alors , chez ja plupart mineure «*ap]
des anciens peuples, le mot lucus^ i. e.
croit Us My
tojs^c ftuaii ^ éioit â-peu-près fyïjonymc
nom d'Egée,
ût eem^im, faurai fatisfàit 4 toutes de loin jcvçi
conditions demandées pour qu'une
nrie ^Ue ne
ity^pfiologic fo^ bonne ; lar ndentité de en
chaniser
foa & de %ire fe trouvant entre lei
i|qe iott fils
laaots Kirk & Qjurcus^ j*ai f^t voir que p^km çon
nâentît^e fignification & de raifon, dans h
^ cft la principale , s^ rchctmtré auflî.;
ci^ita

fde/affex^

$â6\Dans U choix i^ hymiit^espollî' fonder une p


i^Us <m d^ prifkêt cett^s qui font dit que ceti

J^fiquij à cêUes ^^
d'Egée , rcii

naufrage
& moraiesm
(ait

reine' n'ed p
PansIeçhpixdesétymàogiespoâSbIcs I de ce peupl

r
ar

p M LAwô i^ • î« '

4T».

mot, fet ff^ëfërer les de-


dV «ftéme il

4
nominations phyfi<i«e$,âuxvdénominatiom
fait plutôt
morales; fe d<iterminer pa*
Ife /

que paK;lc raifonnement*


& entre, les

de l»
faits s'arrête» à ceux^ qui naiffent
nature même de lachofe, plutôt^quau»
récits hiftoriques , s'ils ne font appuyé* P

ftr «ne Jf^torué.-


de prenves, oa fondés
ftiffifarit*. La mer
entre la Grèce St 1 A(i«
Si l'on en
mineure «'appelle Mir-Egée.
, elle a requ fou
croit l« Mythologues
^oyan*
nom d'Egée, Roi d'Athènes , v» »
de loin revenir le vaiffèau
athénien , avec 0
étoit «onvenji de
nne ^oâe noire, qu'on
changer en <^ d'heureux fuc^ès , crut
flne fiwi fl» th^f^ «voit péri dans Te»
p^ion contre le Mitiqtaurc » & {épté^,
a
ci(.ita dans la mer. Toute cette fiible^ûf <S
rUe , ' affeï conaue , nV f ieu^qui puifle
^•^
fonder une jufte étymplogie. D*aHtrfsx)at
mer avoit re9i-^ noi^\
et que cette
qui y avoif
d'Egée , reine des Aroaiones ,
fkit naufrage; nùus
Çexiftence dr cette

reine' n'eft pas moms douteufe que celle;


/ 4'

de ce Dcupk femelle. Ij8hdilbot».d.'-"

^'

3u 'li%'.}» aiJc^\M/- 4^
««

-^. kÇl MÉCHANI?MI ^


V

Ypn Recueil fiir l'Exode , donne une orl-

gi^ beaucoup melireure. II croit qu^ cette forcent à s'

mer fut RpiTiméc par les Phœniciens qui naturel qu

y navigèôlênt, Marc^Go/im{ Marc g^n- merdes ch


tium^ ia Nier des nàtions^^^ d'où on a f^ '

Çapra*

en ajoutant V^vtide^MàreEgoJim^Egccum,
la Mer Egée. En effet la bible , lorfqu'elle iC'/. On
parlç de ce canton de la terre , des pays d*unj
de laoûan & de Cethini, c'eft-à-dire, pofeni

de rionic &c de la Grèce., le nomme vo* nomn


lontiérs le /^iiyi des, nations. Ainfi il cft

affez vraifemÈlable que le même honx ait S'il fai

^tè doîW à la melCVoici cependant une phyfiqvws

autre opinion rapportée p^ir un andien &: morale

fcholiafte , laquelle paroît préférable. AUr préférer c

EgéCf c'eft-«^rc, mer des chivre/i On tout natui

iiçait queles marins appellent moutons ou", far le me


joSAtw les vagues del^mer , lorfqju'étaA Tavant^c
înédiocremerit agitées , elles fautent , dan- mot , d^s

fcnt Ôc blanchiffent , Im s'entre- choquant, veiUeu)^

comme les animaux auxquels onlescom* difparoîti

pare ; c'eft ce qui arrive âit-tout dans Jes riere le P

r'
mersferrées entre des terrés ; & plps fou- tU4 d'Ez

\~ vent 4ue nulle part ailleurs dans cette mer de ce B


1. loutc parfeméç d'ifles dont le$. côtes
A.
A"

-^s'

<3
im

© U L» A N G A G E. 4fl
2 on- reposant Wvagues en tout fens Içs ,
;

forcent à s*entrè-çhoquer. Il eft donc très-


l cette

is qui naturel qu*oii lui ait donné le nom de


mer des chèvres ^àw^x^Q AtliAiyês^ i. e.*

Çapra. .

' *

rccum, / * .

ïu'elle . %(>y.On doit préférer telles qulnaïjfent

5 pays d*un procédé naturel à celles qui fup^

-dire, pofent du rnerveilUux dans l'objet


i- "

nommée / -^/
^-
il cft

>in ait S'il faut préférer lés dénominations

ïi une phyfiqvcs au3^ dénominations hiftorique$

andien & molles , à plus forti^ raifonrfaut-il

e. Aler préférer celles qui fuppofent, un procédé


tout naturel,, à celles qui feroicnt fondées
h On
ohs ou", far le mcrv^3iUeu|[. On a même fpuvenç

ravantàge, en réts^liflant rcrigine dai


u'éta^t

;,dàn- mot , d^affigne? la caufefrivple du mer-^ç

[fuaiit) veiUeux^^i sV eft raél^, <^ ^^^ ^^''®*


scom* difpar<Mtre* Une langue rue de Paris , der*^

ans h% riete le Palais d« tuxeitibPVrg V ^^ nommei|,


ps fou- im d^Enfer, dh rapporte trc^s origines*

te mer nom. t"" l^!P.alai$ de Yauvett,i


de ce

côtes \V(^yyiridi$\ bâti^pap: le roi Robçrt ^i

wfmmmmmmmm

torui L A 'K G^ À « !• 4^9


,

'^^
.^.^

M le HA H I S Ml: ©I
âjrant été abandonné par fe$ fucccflciif $ turellé & rà

te bruit {e Tépzn^t qu*il y revenoit des pas bm vrs


lutins. Cleft de-là que le diable de Vau* ait point dar
vert s'eft rendu formidable à Paris , parmi le préjugé <

le meflu^uple qui s'imagine quHl court parmi lé pe


les tues pendant la nuit , jpour battre les une dérivati
j^ffans. Les Chartreux , établte ^u village femblabteqi
. de i!
(^mandèrent ce bâtiment à la rue^ S
inhabité , S^% ëtabliicdt danf la niç ont donné
d'Enfer , ainfi nommée des lutins qui revenans. <

revenoieiit dan$ le Pâlais.\a^ Il y avoit mot infirni

4eim diemîns dé ce cAté p6ur arriver i it ne iîginii

Faris^ ^vk ne contenok aatrefeisque iï(k rieur.

Al Pakûs Tun par k: deffu^ de la coltine » Vcîcice


fia Jli/Hfior ;c^cà la rue S. Jacques: IW i^ Caire j c

. tre fjar le bas, via inftrhr^ en fraiiçoif gypte.>0


y^ jhiê étSnfsr.
J^ Ce quartier é|wit fort >>que l'afti

yécané , les §016^1 Se les fiteiac Vy reti- Htfeprifes


^ient » &t
y Êitibiétit âtqi fifl^ dfcs jure* w avoient 1

^nenslk u» bmk m^z/i^/lé tf înl^ per- H Tancienn


JCMine y pour peu tiu*il ait ie fens^^ commun » aujburd*li
^ftnÀymoiope^ qui m s'appcrçoi^'e bien » ( nomm^
^iHm que dr ces trois itymotègies ^ que H Mifr) qu
V..
M rapporte exprès, il nV a que laiêconde H dire^/y^t^

ipo ibît bomie ^ coitme itant la ftolrnap itlieucendii

%T0 ^ICKAHIS MS
t
V
,

B V Lan ù a6 i. 4lf
turcUé & raifonnable* La première ri^eft

pas fiin$ vraifemblancei quoiqu'il n*y cit

ait point dans le fait fur lequel oft le^fonde ;

le préjugé des revenans, affez commun


parmi lé peuple, a pu (uffirèpour fonder
une dérivation. Mais il eft bien plus vrai-
femblable que ]^ nom d' Enferj déjà donné
i la rue, & le vieux bâtiment inhîibité
.^ .I.V.-

ont donné cours à la (aisk des lutin$

rcvenans, C'eft mot que ce


im terrible

mot infornal; cependant par lui-même


il ne iîgïîifie pas plus que LS mot i/^^ -:?;,

'

..^^-^'" ••'":-':.•-'" ^-": ^


"":-""
rieur.

Vcîci ce qii^cih iacpnte liu fujet Méém^:'


iitCaircy donliéà4avine capitale Otl^
gypte. « On içîdt l' amendant |)^
>^que l'afti^ologie judiciaire à ik Ic^ fe^

Htfeprifes des Orientaux. Les Arabes


»>avoient bâti une ville fur les ruines de
H l'ancienne Babylone d'Egypte qtai fkit

»» aujourd'hui la partie du grand Caire i


^ ( nommée en général par les Arabes^ 1^

^ Mifr) qu% appellent Pofikûh , c'eft-à*»

H Airtj pavillon ou tente, flarce qu'Ainron^


I» lieutenant du califç Om^r. avoit Uifli^

t^ VAnoM;é Ë.. 47»


,,
, ,

<l "

':}"

456 }Atp^^^^^
j* (a tente teïite âreîfée en cet ehdr( rit
^quc1(
^ après Je fi(?ge;âe„Babylone. JE n 968 ,.
>t pîlr^tc

>^MoëlledcKn Africain premier


y .{)^^^^ , » &it.

>^ calife de la 0yiaaftie des Fathimites


*•
'•Vf

>> fit porter la^ guerre en fegyptc par


>^augui
Gervar Ion affranchi qui , ayant pris
dé C
, ;
* àtr , -y} ill

» la ville de Fofthah , eut ordre de bâtir


M vehib
>f tout auprès Une nouvelle ville, fousj'af- s*atta<
«,

»cendant d^unë conftellation qui lui fut


Arabi
'.
r- » indiquée.^ Gervar , ayant fait creufer
f>

»> les. fondcmens , fit tendre tout autour »


>> des cordes auxquelles étoient attachées >» V(

Mpkfieurs fonnettes qui c^rrcfpondoient >> dii

y> les unes aux autres , afinyque les ouvriers H bâtil

y> qui tehoiènt les matétiaux tout prcts d'Egyp


> fiiffent en ëtat de jetfcex les fon<kînens parles
^> tout à là fois , quand Tal^rononie ob- eft du <£

M fervateur leur en donneroit le fignal,


pcnfef
fi^lm tîrapt uti bout de ces cordes. Or il
cntrepf
/
•\
> arriva que des corneilles vinrent fe pcfer confult<

» fttf les cordes tendues , & mirent toutes f<;ait tp]

H les fonnettes en mouvement; ce que les H, pas* 1

! ouvriers ayant pris pour le figfial dgnn^ % uçivi n'

$^ ils iffe prefferent iî fort d'employer les


fication

i> m.gt^Jriaux cju^ils tçnôicnt tout prêts, freiquis


'
Mqua

c
Ik

IHMBilHIIIIIP

i7» MicKAit isi«i


,,,

-r ^ -

^.

tout Aie fi àisit: '4tV


hdrcyit
^ que ici foàclémens forent jettëi|>refqufe
n 968,, >» pllr*tou^ > avattt qià'ôn eût ëdairci Ife

premier S
On ofiferva que la planctte de
»fiiit.
imites ce qui fembloit
f>
y) Maté éomînoit alors ;

ptc pat ville (croit ftijettc


>^ augurer q[ue cettie
ant pris
mals^ Gcrvar,
^> aidé côfitinuetles guerres ;

de bâtir
M veblant tourriçrPimgurc à fo avantige|,
fous Và('
au fernom de Kahtr que les :k \
> s'attacha
i lui fut
Arabcis donnent à la planctte de Mars , \-

creufer
» uifigiiMié/e FiSorieuXi &, par can- \

autour
it
» nante ^à ce faniom , donha 4 la hdu-
-/
ttachées Kaket^Mytvet \

H V( le vil^ele nohi de
mdoient a dir^
.
I

mvriers, » (Granger , Vi3y^€


>» bâtil en i*«i ^y .

t prêts
ê^ i>. 135.) Cette hiftoîrc/côntëe
i<lemens par les rabes^ eft peut-être vraie* : tllé
)ine ob- ttt du .,^4oin$ conforme à leur Êicoii de
fignal,
pcnfer , & à Icttr méthode dé TO rliSi

îs. Or il
entrepfeild^:^ Ms àvoit foignhiftment
t fe porer confulté les aftres. Cependant, quand on
nt toutes f<;ait tpk lé mot ûaVfignifie ^iïSfc^n'eft-
;e cjue les
H pas* Mért- plus naturel de juger que le
l dgmi^ y UQivi n'axas d'autrç origine qnelk iîgnî*
loyjcr les L*^pithete^ qu'on
fication propre ? y joint
prêts.
it frciqiiè tpuîbufs » Viiht à ftippui dé cette

TomtlL V

i •(

tmmmmmm
4jçjt M à Ç H AN 19 M I

Opinion ,ii p^andCaifyla gr^^ndt VilU^


G*çû euiflfct une de> plus grandes villes

du Mlondoi
,Rie^'de moins we qw de vqix le nom
jpuJU figi^âcatiqn d'w Hiot donfw naiA
i^^ceiiinê hiffoi^qui re% rîpanduedaos

V vulgaire f iot»g-tMf|$ après ^|ueWig<ii-

fitation du ihot eft perdue pour lui. L'opi-

nioa/popvdaim , 4Ue le jugéttent dernier

6t wiyeiçf^ fç ticffdf^ cp P4tÔine ^dans


J
U^i^rJL^é^ d^ Jpûjphîit :, ^ vient que

wv
dans
IJi:;]^^
«
*

lu:

^ '

Irl i -i >
. 1 > . : ' J

.A

, X^pt d'cà miffin$ i^ divtrfaiê

r c ..,
r.M'^ v-f.T •«»

» <t,

» »

i- <. -

mmmmi^ mmumi^mmmmm^ ———pi


A7^ Kf k C H JL It I i M B
Ml ou Langage. 459
peut dériver un même .mot avec une
aiides villes égale vraiiembiance, jettent ibuvent dans
rembarras du choix ^ & donnent lieu i
vrpix \k nom une forte objeftion contre ce que j'ai Tou-
tcnu jufqu*ici de la certitude de la Iciencc
étymologique^ Çaïf enfin rien n'eft plus
que l^ïigd- ordinaire que de Voir les Grammairiens
ir lùL L'opi- 6c les Critiques , divifës d'opinioh fur
neat dernier la dérivation d'un terme, foutenir chacun J.
tfline . dans leur fcntiment d'une manière probable.
p vHmt que D'où il faut conclure que, (i l'une èft

(^ nom; d'uh vraie , les autres font feuffes , quoiqu'elles

bala^Ié duas aient l'air de vérité ; que , fi l'un des


T4|} fignifie Grammairiens a raiibn 9 les ^utits qo$
tort , même eït $aîv^^ ^^ régies de l'art
Un'y a de^làplusqu'unpas à fidne ppuria^-

;r ferer en féi^l que les raifons^ciue chacun


apporte pour étayer-ft>n ppinjiOQ^ fervant
i détnQce Jes autres ^ leurs efforts mutu^
ne fonticpie les renverf<^tout6i^fa|eit)en^4

(ejt 4i¥erfok (pic l'étymolb^ d^ un art plutôt arbi-

traire qu|e >certain ^ s'il n'eft mém^ eOr

Kxit une Ipim chimère iframtiuitiaile.

Je ré|^0fids^ t^ iQi^ art ipçMt ^Ê^


ocrai 1^ otrtain « &î avilir des prÎACipe^
Vij

^ip
y/
[•

460' Mfe C W AK. 1 S M E

affiifés, quonjjuly*'ait 4e$ cas partîc«-_

liers où ron ne puiffe p« faire orie jufte

application des principes , faute de c6^


m-

qui doivei
noîtrc toutes les çirçonftances
diriger l'application. Nous
fommes con-
K r. venus qu'il y avoit un grand nombre de

toujours
termes dont l^origine wfteroit
totalement ignorée. On ne peut
nier qu'il
V
n'y en ait un beaucoup^lus grand nombre
parfiiitoinent
ehcorc dont l'origine eft
d'ignonince
connue. Entre ces deux poîiits
point»
6c dç certitude , il ya plirfiôurs

>intèrrtiédiair«s , qui font cfux du doute,


de la Vtaifemblance.
de- la probabilité ,

fuit qi^il y a néceffairement d«


D'où il
qu'il y en a d'au-

étymologles douteufes ,
vaifemblables.

y
tre* probables ,

Le* diverfes origine»


cnrapportè tin même mot ,
d'autres
/auxquelles

& qu'on croit

qu'en
«bitdifltetW n« î« foRt fouvent
difôrens
apparence Qu'on obferve les
dérivé, on
•rin*i6 où l'w rapporte le
toweux^
verra que fouvent ib ne font
primitif
nttmes^ le$ dérivés d'un autre

cemmuOf <i«c dç$ bnujchçs fouie» d'un*

476 MÉ c H A N I s MJi
E
DU L A N G A G 1. 461
[

• «
in^me fouche; tellement qu'il^i'y auroit
as particu-
4u*^ remontât la ôltàtion un peu plus haut,
rc uric juftc
poiir voir tous les derniers dérivés 6c tous
itè de c6ti'
les différens feçtimcnsfurune étymologic
qû; doivei
f^ réunir à la rencontré de Tafcendant.
Times con-
Alors on reçonnoîtra que c'eft môme Taf-
riombre de
toujours
cendance commune , qui a pu foire naître
/it
la diverfité d'opinions; Yvai des pram-
rut nier qu'il

mairiens ayant fuivi une branche , 1 autre


md nombre
une autre. J'en donné un exemple dé-
ai
parfaitement

d'ignorance
monûm\( (m le mot flipuladon^ n® 13 1^
ours points
On peut fe tromper, en expliciuant la
caufe d'une dérivation , en déduifant la
X du doute,
filiation d'un n\ot depuis fa racine, uns
lifemblance.

i rement des qu'il fuive de-lA W l'étymologie donnée


feulement quVn â
foit feuffe. 11 eii fuit
y en a d'au-
mal vu leméchanifme de l'opération. Bien
ifemblablcs.
n'eft plus com que de faire des nû-
'^auxquelles
fonnemens faux en difant des chpfes
r qu'on croit
vraies. Que* rfonnes donnent l'ex*^
auvent qu'c^
diffërcns plication d'un iomene de la nature,
es
on il fe peut foire |e chacun en donnera
dérivé ,
r^
touseux^ une explication très- différente , môme
nit

lorfqu'ils afligneront tout le phénomène


lutre primitif

ioiÂ^S <ruoç
à la même caufe primordiale. Qw s'ils

V*«*
dît M f C H À H f s If £

f tt (ont univocjuemeht renctnitr^ en ce


dernier point , c^eft déjà urt grand pré-
îugë qu'ik ont trouvé % caafe véritable ;

peut-être mente ^'^cc\fèLÏ\% fe ieroicnl tous


J trompés dans le détail^de rexplication.-
PuHque tant de routes égarées, 6c prifes

de traverf , les ont toui fiât arriver au


iTïéme poitit , il feut bi^ qi^ib y aient
i^té amenés par quelque forcfe majeure,
^tn n'eft probablement autre qtie le* fil

caché de la vérité. Je dis donc , en ap-

I^irqua«t cej)rincipe à mon foj^ , que les

explications tontes dtflKhentes de la piéme


étjrmologte, loin de prouver qu'elle eft

feifle , prouvent platfe qu'cj^ eft vraie,


<i toutes remontent à la mAie origine.
3^ Si les Grammâriens ^nt diviféf
d^opinions , c'cft presque (tMijoiirs leur

Éwte, en ce qu% opèrent mat, 6c ne


/ont pas une firfiraiit^? applicarioit de Fart
critique \ rétymologre* Ib foat mal ifi-

ibtimés- des circonft;Micc& , ou négligent


de s*en inffruire. Us donnent trop â la
premjîetr apparence de prdbabittéé', au
lieu d'cxamtner Tobiec par fes di/fifrentes

« «

^-¥k M i CH ANI 8 M K
>

.•»
à
:xyntrés en ce faces ; ei^imcn qui dontieroil les div^Pt ^
m grand pré- ctegrëide probaiMiieér, par raccroiflfertietit;
afe véritable ;
&c fai réwxion d^cfoelles on ^nivé à \^
î feroienl tous tfertîtudc. Ils fe çomentmt ^e la premictitf

rexplictition,- idée qui leur ieiifl & pcitt-ltre n'ont-

fes , 6c prifes ils pas grtwd toift, vu qu« I» cbofe «f


-^

Mf arriver au de peu d'importance. Cependant, quand'


qu'ils y aient on opcicj û ûut tâcher dr le ^m t^c
jeftefle f fans q/aoi il fooit miéut def iM^
fcfe majeure,
» r-

Te qtie !e* fil

lonc ) en ap-

ftijet, que les

« de la jpême
4 t

er quelle eft même mai ^im^'^/^^^^i^^


eft vraie, f !

le origine. lifamf la iilûpont dai car oà Ié^^^


é^^
t divif<b logifierM ftiiir pas^iTacMié fui' MgHie
EOUjcHirs leur (Tun moe^ fi«i^twre ^mtttr k
mat, & ne de critiquer lei»opin)mi9 y ^i^'^i^^^^f^^
fattûif de Tart fedkîMfNilèM & hééi^tJ il y
afleà
>

a plw d^une mcmleié àtù kc9tt0ltt;'


fl

foat mal iii-

ou négligent plus d'^ «létbMit à ]r>ai)p(oij^ér , lôftf

em trop à la même que chaque opmiiM poité avec '

>babitfi<f, au die xtn grand degré dt KHoifemblaflce.


fcs di/ftrenfes Elle t& sal-emcnt légale, qu'on Tt*«n pMtKé
Viv

.^^
» w L A
^ :

A «
:


ia, —

M K Mvft 479
,

«sC
mefurér lés degrés par les principes ci-
Cette orî

qu'elle e
diftflus 4établi$ , foit que la daufe de l'in-

vienne du née pour


(jçnrtitude feit ^ ou de la forme
du mot , ou du a'eh rei
matériellf feris de Fex
qu'elle ei
preflipn^ Les exemples vont expliq^r
cteci , & montrer remploi de la mé^ qu'on a
fanterie
thade. .

-j^kwé^el premier du. mot Falbala d'un mo


,
une autre
n^Y^U dans notre langue. Ce font des
^ àgrëmens de Les fallx
«^- taffetas dëcoOpës; les uns
amples
pliffës , les autres étendus ^cïont la mode ^

a.commencé d'orner les )uppes des fem- éventailî

% mes dans le courant du fi^le paflé. M. de


'
pliffés 6
appelle
Qâlliéres fondé 4N)iîgine ,de ce nom fur

uiî fait qu'il raconte^' « M. de Langlée, pure^ e


m'a Eût
>i.4taiiti»vei une coutiirieré> t|firImmfon«
» falbalas
troit ,£me i^pe , tu busdë laquelle il

origine
H^ 3r f^ok tint de ces bandas pliffées , il

douteiifi
>îJ^i: <Jrtr*n i^U*çit;i:que ce &lb2|la ëtoit
>vaènif?^^ W Al tcCDoift qtfon
le fens

relie, fe
<

»*P*nôit airt8f â la GouTi «es (0x1^%


«4c l)aficlps. l«a çouturiem^ apprit anfuite bonne,
par les
» cèmot à une de fes compagnes qui ,

# l'apprità unt autre, ÔccAinfi, de n^aia Mais 9 a

fort vra
H^n,in< . . , -V mot a paflé dans rufage.ir>
V V- V
Cette origme du mot éft probable ,
puif*

qu'elle eft hiftorique ou du moins don*


,

née pour telle. Cependant un bon Critique


n!eh reftera pas fort fatisfait, fentant
'

qu'elle eft fondée fur un petit cont<* puérile,

qu'on a probablement imaginé par plai-


fanterie après coup ,
pour rcnarç raifon
d'un mot qu'on ignoroit. J'en ai donné
une autre pluslimple & meilleure; la voici :,

Les falbalas , fui^tout s'ik font un peu


amples , volent &: jouent, comme des:

^
éventails , lùr les juppçs oii ils ne font
V
pliffés & coufus que par un bout. On les i

appelle mjoxxtàihm vol^s. Leur décou-


pure, en forme,. d'aîles oii tféventaik,;

m'a Eût )u£er qu'ils avoi^tit été nonmiés


/^i<i/tf5 duiatinjM<^» éventails, Cetli:
origirie , fondée , non fiifune hiftçriettc,
douteiife , mais fur la figure du mot, fur

le fens &: iiir iHie comparaifon très^natu^


relie, feraptéfijrée à l'autre, &paroîtra
/ V;

bonne, lyant les convenances requifts


par les pni^icipes Jk nnç jufte poffibîlité.
Mais , au fond^, ce n'eft qu'une conjecture
fort vraifemJ^lable dans tous k$ points.
VV
,

>
"4^ Mtcuji^WitiiM :

On ne tardera pas à fàbatii o iiii i# r #*^^ IliMM^lair


•"avoir cnt^idu ML Ldlnrit». H iu>i» ap- tioilS!vaxàéa

prend <pie leis femfncs <te la haute Aile*


magne un ii^illemaie l^blTé^
poiFtetu:

ifroncé, quVBes appellent j^W*/ûir/^dl^


i^lire, en kxsrlBnffmyJ^fpe pëj^i^u tlriââ^lgir
jAïs littéralement feuilf^ fJijpe. B i^ a
pttis à liéfiter : voilà le ^t : voilà le mot Sr^ipi^ "gis

^
éc b choTe même. Elte fe con^nne en*» diabâtààil
coré |:^u- êlewx obfervatioiis : Tone <}ue

le mdçyîrtf^ia aun air étranger/ ciainour

p ec^mkiit à le cheÂ:her ptutdt ^lan» une


langue étrangère, cpie d^s une langue
^didéâe : fas^té que ks nom9 de modes ,./

&C en pàréc\£p ceux ^ babttieiiiens-

ntymtmsL^ letiéiinenr vol^niier^i, (okt le

n^Ofii^e» jpap iom hméis<!Û vernie ^ f»'


f •"

p^nJh^ (bk te nom même «çirilfi^ avoient


en Irlangné éi pat^y &ê <ine nows tran(-
povt^EyÉ)^ preTc^ fans a«iai» chèn^ieinent ^
A!WÎ*htee ; OTiilMfie <S*«*f 1^^^
ii:ftn4 JKt;ïr«, ) rèidmgMi^ tMu

Milenè p^ une d&mtioft «ontinueUe^


'%

*«• *

''^t^' JnW^ miûck £>.

lliM^CÉilaiiÉde dtaleâés &d de %nLiciit^


tbtts^yarâéoi^r ibrft une des pripçtpàies)

iàUe oià^û«ieii(e^ Lt changement va quel-


ffiioi(Mf)l|^*ài^ ^i^aro&re le carac^
); :
hà&ié0i^^i9^^ radical. Plus ibir
'^0MMi^^^lÊm^ M primitil

di tliiftit^^# i6ti iaf ^bixt pas toiijoumles


q(ilNes.i^^ CCI»
^

te^^pHnlûtif .qqf%>|S9:t£T|É^ plié

Vv| »
.
^ K . n-


id^
'
<* -
^

y
Mi É. c/^ir i^. Ils
. • -,
M"^
t
.

OK

€{yaf^rc^^\corijic8f€* Je cioi$ çhoifir eatrer? plusd*éi

CCS deux éty ni^bgi^ ; je fens efk conve- ut difct


i^
nable dam TuneÔc rautre, manspius di- Jentcff^ u

iseâ^côre Sans la jpremieneyvqui f«t^îti rab^


J mot^
d-'àbonl préféîâl^te à ipbi^etirs ^jrds^ La
fynmpe ww^ y^iim nati^retle. Le (klaé
êmpU xà>.i0hf^ar s'y^'apporie parfaite- prenne]
/; ^ mem bien; air lieu qœ ié Jiitpie /k»^-^ parâboi

/tfcio i:i^;^rGÎt pas $V fai^rter. ^aiS;


^ jei(i^riqi|iéi les v<^bft9 ^plei^ premient meirefl

éw^eiTtiMe%mâcatio«t i^t^^d^ y
deuxii
v~ gr^c '#
k)ir%^ciri fe^" 4<jkit à 4ine^^'^ qui

ks cbmpoâ^r ; fie qu^dori^Uiip^ont uir parliti

ic»s niixte^ détourné^ôu figifré^i au lieu des^dia

dil'fens ^P^ furik'»vt>ient êf^atàeuv deuxéi

«ndnam tes mcrt»9iî)stpir^i^^ paroU


idée que ;le jtaik <féu^^ )(iÇJ^mv im0 de ïkS

^niffipiUcn c6èîinaÉèJm^c^ M y-jNK trouve chex^i

aufii^târ|e giéc îrà^tXfi ««/âkfàK m»!^^ lettres

men»f
littfl détennnie Ir%if , ), ^'^vP*^i^^^ i^iir^^ ua^dia
dai|$l
édki
. r^
^

plus d*ét€ti4pç : PuraboÏM necejJàriiB . . . #

ut difctntem Muduntem in rtm pr^


&
fintt^ inducant^ Voilà donc le niot/^tf*
rab^ devàiu .à-pcu*ptè$ lynowyme du
mot^fcQUti y ^ )e vois qlic les fiéclcs

ck la fel^^ ^
prennent ien ce fens. Non dicam Ulas'^

paràbalas qûas vos dixeriiis ad mt^ &


mandaveritismiki ut alem 4a$. (^ i'if

me refte quelque diffiôtilté fur Ce que les


deux lélémens ^ &> 40, if»é contient le:
gr^^wèiftAèi mMCfoxM dans le françois*

des dialqâes.paralldiesije retrouverai les


deuxâ^iiirtis qui me 1»^^
l'eipagn^^/'^&^/vi 9 Paimèdgns le é^ois
/tf/Wii / ific ^r veriai que , ifàA%ti Pefet

df b>f)fttc»?pe , qiM ii*eft^ ^ même


cher tous les pewplesy fun aidant dbs
lettres 411e Teiltre conferve , tous les éië*

mcnsrAifliipItOriginal fe tctiouvent daw


um dia^e ^ o» dam im àiHtc ; comme
Ait^h^ifiàk^r^^ i> radical.
J- ..

î|70 K(| CHAltllMJt


imi^ wi riiT^ mot français coUàténil, que tan
ridkuk. Par4à je fois aCuré qœ le Iran- fication
çois parler^ ftc tous lès dë^vës viennent Adonr
ik r«i^#fi«A vH^t^ fr«ipëC«Af«'f i^nots càmpofés auffitd
iiir le primjiiif ^^# ibiti l^i^même dmW riciitr <

'Bi» Bal qui a prcxHitt qn^Qtitéidtaitres bûuthé^


brincties trèsnëloign^s dé ceUerc^t & q^
n'a ell^-tn^^ «mcune efpece db rapport journal
avec Tidëe rendue par le i&ol pâjfttr. dîfficik
Le doute aaii&it ici tant, du iensjque étymoi
de la |3iyiie|ril^érieltej du V>*iP^ dérivé^ fcrver
parUr.'Bsi d'a^^iirasil selviciii qi» du dont \{

fignîiîé
à-peu-i^s paf^Ues idomtent un feqs ëga- cftdoti
teioemfu^ poU^le dértvé.l| y à poimant bouclu
pf!dqiiel^t))<n^iakM^ yffîe^d|^fiâemer ^h l

à laqueNei de» demlD^iîi^^ OTÉtlà i


^ciifeniUàbks W dpki ic^aiVier^^^M particu

les u
pem y^tÛÊ de r^ri^tât eir , buniir* f.
(ésM n*otlt I

leyantf .oujdo Mn^Afi^iûrô» Lef^skjil ajiant fimpfc,


éfeétme de^princfaLi» ficidespbastineien^
net Dtvimtéi>9 aiontm eo Je.décivane dérivii
dV, ÂBcyT^û/^^i Vexplk)iie trèf>fèieÉ 'pab dWers
du mi]
A"

que tMït icfevifit» l'ont fet. Cette figni- f >'


r- i.r

fication eft bonne &


fondée for l'hiftoire.
Adonry en 1* tirant <<'orw , s'explktue

anffi très -bien pttiti'oqMr ta Divinité,

pfkres , lui rendre un évite d»


réciter des

*<>«*«; Cette tgnificatiW eô encore trè«»

bonn#/& ioffàétivt Je fak habituel 6t

Mai», diaisle doiite,tl n'èft pa»


joumaliier.
de difcemer .laquelfe de ces deux
difficile

étymoî<^es éit la bonne. H ne faut ^s'ob» >


ferrer qu'tf rforirw^ eft «n mot «ompoté »
dont \é fitttçit-éraàc éft en «fage^ 6t
fignifie difeotirt^paroktréâi de b«uclu.il
eft donc cettam ^ «ratio vient «f«f » orisf

bouche, Ôt non tfor, lumière; que «'eft'


Ht fe fignificatioi* éh^nde ; que l«^««W
f
oratio , jnier* , h^eft qu'une fignific»»©»
particulière fieadai^e, cPoà l'on a tiré

les cowïpofés «</»nrt/«, adorare^ qui

n'ont pas une autre ©«fine que le mot


' ''-''
fimpfe.'-"' '''^,
m
'

Noti feùrefeék H -finrf cornparer

dérivfe d'un mértje priihiàrf r^andji


art

divers *a!eftes , mais auffi lesfynonj'mc*


m*

dn tàbàt mot on des- cxptcff^ du taêm»


/

47* MieHAïf isiii


feûs en diflSéreiis langagifes. Cette compa-
raifon fiit ici une partie de Tait critique.
:>*- Elle aidera beaucoup à là jufteffe de Téty-
mologie-, en montrant quelle idée ks
>*%' hommes ^vqiçnt dans la tête, en impo-

*
fan t un nom j/ous quelle face ils confidé-

-^r^'-
roiènt lobjet nommé , & quelle étoit
I'

la véritable fignification du motwiginal.


Quoiqu'elle paroifle fouvent perdue pour
nous , ell^ ne l^étoit pas autrefois , loxfque
d'autres peuples , voulant donner dans
Icsur langue un nom au même objet. Vont
ilnpoÔS ^ par tr^iduâion équivalente , à ce
qaexiîg?iifioit le nom de Tobjet en une
autre lai^e plus ancienne ^ d'où il e/l
.V

arrivé qiiç les deux aoinsf, quoique fans


mcm rapport de fon ni de figure , ne laif-
fenl pas que d'exprimer la même idée
dans les deux langues. Alo|^ la l^n^e la

plus ipoderne nous apprend quel eft le


vrai fens qu'on ne feifoit que foupçonner '

dans rancienne,&c décide fur If choix de


h dérivation.
Nous appelions ycufi une efpece de
cbêSr^rd, en latin iiex, Ceft M^fcaod
,

nM L A N G A O i 47Î

arbre toujours verd, dontle bois eft fort

t critique/
dur , & dont on dit que le gland eft paffa-
!e de Téty- ble à manger. Ifidore, X¥II, 6t tire

îdce ki fon nônjid^è/îgeri ,


parce que les Hommes
en impo- fauvages avoient choifîAt gland pour leur
5 confidé- nourriture: //«Ar ab elefto vocata , hufus
lelle ëtûit
tnim arhons fi-uSum homines primum ai
t original*
nHumfibi d^runt. Undi Foéta :
rduc pour U»t*Ut primkm rmBûTuni gmttnrê gUnim. ;

>

f loxlque
Ffiàs enim quim frumenri ufus effet^^
ner dans ahtiqm homînes glande vikcrunt.
jet. Tout • cittcétymologié^Jiguitirei/^^ SeUHtfs,

nte , à ce eft tris^forcée, & ne répond pas à fidjée


t en une que yeull çkmner Ifidcre; car , lorfqu'ôn
où il e/l anonu^kéuneaïàtrc^irfpcce de ch&ic, tela-^

ûque fans tivem^ti la nourriture qu'il foumiffoit^*


on IV tout natulTllement appelle e/tn^^
me idée {abjycd) comme on a nommé le foyard'
l^ng^e la >patce qu^on en mangeoitla £ùneî
el eft le àek^yMit comedere. Vôffius tire lli^ nom'
'
ipçonner dux de ITiébreu elak^ qui, tn générafv
choix de
\ fifenifiVtfr*f»
V«r ,f & plus pamcttUî^re-

lentlecA/w^i de la vié Eil/hnisj f<>T^ .


>-
pece de Huftus.)
' "^

tf^ljcand Pour confirmer cette orispne, il n'y a


,

V -
Q.
r

474 M6cH%fîi SME


qir'à voir que les La^>i^ nomment a'infî
en tetirt^gae» le chêne rôimuhA lûàmt
i4ée, prifcdeia coi^diéiâtiûn ck dureté^
le nom dans les deùi hmgues.
Oh dispute Rir l^origtne dû mot loup-
garoû. On l'a tiré de lupus varius ^|( lo«p
hîgarrë > marqueté ; ) àe.iféuvfiu^ ( i^^ r^tre,
fugen, d^ott nous a^von^ fait jtff«, g^<magSy
^garà^ ev4réÉus;y de VottetitMikdMàôth
ÇMM-^^^sgm ; y du cekique gsuf ou ^r
4!
( vir. ) Il eô fort tÊafi de voir que cette.

dernière ineei^tacion^feidiéeiferie pré^


)<igé diftpefif pcqplef qlietàs; «léehaai

forcimft ttansformeni en lonpiiy pour


dévôrei tes pdfiu»^ eft la véïkaèfar, &c

91e Ifi mot it0ff»hnyf*koààd€fîi rif


a qu'à coftiparef br b jîiegnicque <enla-
qiitUe knip-garoo ledit ^^Mà^êpÊHÊHXlupup-
hpmép oa j'aiiemandoen: hquiellt ilfe dit
W$rmo^{yir Uipûh >la crédulké , à cet
éffkr^ f <pie PJme i .dèà (om tenu ^ aj^l*
lokfakthfm i&t figesdisr, eAtrèMucienne
cbe^ les peuples Cel«e%$e)rthe8,Grees^«
.Wachter rapporte là-deffus des çtofcs
fi^rt cuiicufiâ; v/
,

^.

^rg BU L AU G A© i. 475

iment alnii Piniki Us G^ois ,'les prêtres portofcnt I

de Druides, tiré, comme on


fqait,
n^'Là lùàmt lenom
du chêne arbre fétiche
fi de dureté^ du nom celtique ,

Toiit
eÙ9t langues. de nation (tftrtr . e^fit Qturcus.)\
la
vénération
a mot'iovp" confirme cette dérivation : la
ts Gauloispour les bois de chêne, dam
trius ^( loip
..(quels ils cél^br6ient leurs rites religieux:

la^érémonie foleranelle \^ gui de chêne :


U^mblânce que )'su déjà remarqué*
^allemand kirk
t put PU ur entre ^ latin /k«Hki«;,*c
mot Ituus^
figrijfication du
îrcpic cette. ( umpù^m ; ) là
(*(«i)§nonyme>Wffl!P^««»-Ta»t decir-
ée:6riepré^
réimie»
w «léehaai conflancd^fe fcro»«nt difikilement
vérité d* cette
Uipii> pour par haiarî\,\powr affurer la
dériwtion. ÈifpendJmt Freref
jo^wt b
éMàÂm^ &c
réiy.
(mtéte , 6é vottteiMwct d'ailleurs
Après aiwir
mok>gie du nom des Druides.
obfefvé que c'étoit dans nûe
Britannique
principal^
^kilfedit que leDruidifineav<»tfon centre
plu» gnm*»
dulké , jk cet & qunis'étoit confervé^an» fil

pureté, iUjoûtoit que D*nvidd éfoit coé-


tmM ^ appel*

ré^ an cienne
Dius , fit de l'iriandèi»
poTé du celtique

»,Grees5&c« RkêuUùm (Uqium;) de forte que lencw» €k

des chofes Dniide étoit , fekm W , fynonyme du

'
)

mmmmmmmmmmimmmm
,

éÇlf> M t CM A H I s MJI
I^pur lui répondre, il aurôit fuffi de lui

faii'é voir que Diodore nomme , en fa

langue grecque, les prêtres gaulois Saro^


nïdts àyx' xxtox. ^mpmfy qui, ^ûnfi que A^vr»
fignifie chénc. Il n'eft pas poiEble de repli-
quer à la démonftration qui réfulte de
cette homonimie.
• On raconte de vingt inaftiere^ diffé-

rentes l'origine du nom de ta iameufe


ville de Rome« Les faits que les ancieiis

écrivains ont débités à ce fujet , fout


pour la plupart , ou dénués df preuves
fuffiântes, ou fondés , j(oit du* de vieux
fontes populaires , fpit fur la prétendue

e)cHlen)àe de certaii
tereht peut-être jadnais ^ ou accpmpa-
^s. de/ables qui rendent très- fufpeâ
le refie du récit. Tel eft celui quWfàit
de Reitius &£ de/ Romulus. Cependant
Topinion :, qui leur attribue la fondation

de Rome , 6c qui tire dVux Torigine de


ion nom , tÇi généralement adoptée un^ ,

-<
db qu^on avoit (bus les yeux Porigine
(impie , naturelle &c véritable^de ce nom
éèni le nonfibre de celles que Denis d'Hali^p

HMMBHHHM
,

u OU L A *ï GAGE. 477
fuffi de lui
camafTe & Plutarqite ont rapportées. J^
itne f en fa
remets i n^Mtendre ailleurs (dans unTraité
ulpis Saro* particulier des Noms géographiques , ma*
i que A^^vry
ticre extrémemem étendue y fur les tra-
le de repli-
dirions curieufes &c très -variées qui nous
réfulte de concernant la fondation de cette
reftent,
capitale de TUniverç , Ik les différentes
icrei diffé- hom
caqiès qu*bn allègue du qui lui fiit

ta fameufe impofé. Il luffit d'édaircir ici la plus (impie


les ancieiis.
8c la plus apparente.
jet, foHt, Rome » foit qu'elle ait été bâtie pat
if preuves les deux petbi - fils de N^imitor fouverain
ur do vieux
d'Albe y foit , comme il eft^plus vraiièm^
prétendue blable; que ces dçijx jeunes gens , révoltés
qui n'exif- contre Âmulius leur pnde 9 Ce ibient re-« A
accpmpa* tirés , àlaréte d'iine poignée dç brigands
rè$ - iuipcft
dans iiïette place conftruite avant eux ^ 6cr
i qu'on*' fait . qu'ilsaggrandirc m i Kôme , dis-îe ^ étoit
Cependant la fortereilf? de ce d^ntcHi dti l^iuip^ la
> fondation langMe du pays étoit dès-lors fqrt m^iaiifée
'origine de de grec q^i en a toujours ^tjp principal
)ptée y uni- fond, pr f^n en ^ecque iignifîe
liingve
X Porigine foruttêffs ; ç^f^Çtm Tj^r^yn^e du laliii ar^p.
de ce nom Faut«4i chfr^hei* aiUtiirs Torigine du'nQin
mis d'Haii^r
,

47* M ÇH AN! S ME
fc

tradition^, à des noms de perfoimcs,

quand elle fe préfeme ici d'une mamere


fi naturellc.<>ic s'il rcftait cpiclquc doutc^il
feroit levé par robfervatiori fiiivante.
On
(çait qu'ai^trcfois les villes avoient , outre

leur nom vulgaipe, un nomfacré & myfté-


rieujc,qtt*on tenoît fcqfet, poor en dérober
la cotthoifiance mx ennemis de PEtat,dans
la craoïte que, s'ils venoient k inveftir la

placer ils n'évoquaflênt à laîr parti les*

Dieux protcôeure de la ville , en les ap-


^2(nt 1 eux par te nom propre Se làcrë
et b ville , ièlon le rit des fbnmilcs reli*

^ei^ confiicrëes k ccsévocations , à qui

Irpr^igé national attribuoit une gn^^


cficaôté. Cette dpece de PalladgUm ^ ce
nom myftérieux de la viH<e de Rouie
étoit FkUntiM <|»i figtiifit de même Une
/$keêiêf$ 9 «n tatui hdts raUdus^ en
cet-

àqnr ïTitA, {mnf^ft.) Atofi te deux


noBfis 6e Rome y fim vi#"re>
^*^^
ttcîfst^ iVïpliqiient fortKenPmiparratt-
My^Ctnt tous deu» l^onymes fie liiési
l\m dé ft lingne j{fëëct«e y ÙÊÊk 49 fa

langue celtiqnc > ^do«r k mêhing^ éoàtm


t

/>

M E P w L là ii^ A G I. 479
perfoitncs, foiir lors nàiflkncè à langue latine, panr
?
la rencontre des x:olonie&Ganloifes, ve«
'une marmerc
nues du 4iord de Tltalie avec les
clque doutéyU ,

On colonies Grecques, venues du midi qui


luivante. ,

oient, outre
k joignirent 4^ k Laéium "
fur les bordé
dif Tibre.
cré&myfté-
ir en dérober
le TEtatydans
XfO^^aufts de fédiiratiim que peuvent

t k inveftîr la iff^m^ia racines jupjues dans leur


premier germe. Manière' de difiemer
ei!r parti les^

e, enlesap*
' puUe efit CmûcuLui^n vù-ieahk ^
Dpre 6c iàcré
brmuks reli«
Il fefi rare <pie les racinet léprmivent une
atioos , i qui
variation efliiièîeUe dans leur piremier
t une graiO^
ilIadlMni^ce
$erme ,. jufqu*i pîi^ ^c l'articulation

ede Ronéff propi^dHm Qcgane i rarticdaiion propre


e même iine
d'un iaukie 0r§toie« Car <in gentil 'radical

Uvj, en cel-
nefiibit^ kiwm Aire, awmn di^ngement^
tant iqu^ ne i)ft pas des diverfti inHe»
«i(i les deux
ûre, Tautre
lions pf (^res i m\ même organe. Que
Ptini«rFaif-
le foo i^rgampie , donné par Ja nature
^

fies ficiMsi
pour nommer pete , mère , où ce fOi y%
[rai>pprt|f i^bit AM
piDnanoé ÀR, , AP ^
^ •A,MA,rA,FA^e.
r
.480 M i € H A M I SRft
lit, qu
(Voy. n^ 58-61,) e'eft toujours la lettre
deiftalc
labiale ^;
même organe,^
c'eft tôuiours
ce n'efl
même germe. radical. Mah nous avons vu^
&qu'il
n*^ 59, que ce fon primitif
a paffé, chez
olidus j

plufieurs peuples, de l'organe labial à


huile
Torgane dental , qui en eft voifin, & que ,

plantes
j ceux-ci vrarticulent &c. Ceft
AT, TA ,
odorat
»a!ne yariétëconfidërable^ dont on ne
peut
fçavoir
.^uères affigner d'autres caufes que Tex-
iangtu
^rême mobilité de la voix humaine , que
le fott^
les variétés que le climat peut mettre daiis
denùp:
la ftrufture de Tiniîlrument vocal j & que
&cqù'a
la facilité que certains endroits dc'Tinftru-
Je r
ment kl trouvent avoir par-là d'être mis
i^ aux
en jeu plutôt que d'^wtres. La mobilité
varier 1

de la voix lui donne tant d^^ pente à dé-


fon oif
river 4*unr infletiôn à une autret «J^'il
langue
\^
•feul une foite attention , qu'oi|ne donne
Élite, h
mères , pour tomber rinftrument bien
èclang
jufte , retenir parfaitement le fon primitif,
onguen
& rendre avec une exaâitade,6utc de
le
il'odo
U^pi^ on geut l'altérer dans- fonprincipe
2^ Si
j^r-... i^
jm^me. :,
k'. ..

formés
^articulation de langue ol^ eft appropriée
du itti$
ji défign^rj'aôion 6é lç$«bjecs de rpdô-
1
rat,
lat, qu'on indique ^uffi par rartîculation
i lettre

•gane
deiftale oJ. On voit bien cependant que
y
ce n*eft qu'une variété du giême germe,
)ns viî^
&qu'il a également produit les mots elenSf
,chez
olidus^'C^faSuSj ol/acerfi'y oleum^ oglio\
bial à

&que huile , ( ou pstrfiim )o/ive y olusy (les


plantes cultivées dans les jardins) odory
. Ceft
odorat , &c* Que fi je fuis curieux de
le peut **
fçavoir fi c*eft le fon ol figuré par la
e Tex-
"langue y
qui eft le véritable primitif, ou
î, que
le (oft od figuré par les dents , je ne tar-
re daiis
derai pas à découvrir que c'eft le'premier^
&'quc
6c qà^odos n'éft qU'Une fyncope Solidos.
'hîftru-
Je reconnois ceci à deux ^narques «
:re mis
i^ aux mots où Tinflexion n'a fait que
K>bilité
varier un peu , fans s'altérer ni fortir de
5 à dé*
fon organe; car alors c'eft fur la lettre de
t qu'il

donne
langue y que cette légère déviation s'eft

bien
faite , lorftju^ prononçant N^ autre lettre
it

imitit,
àftianguey au lieu de I,on a formé ungen^
suite de
onguent , oint , onSion , & autres relatif

rincipe
i l'odorat , comme cèta, ci- défilis cités.
» il
2® Si j'examine le fécond ordre tfe mots

rôpriée
formés fur cette racine par une aberration

irpdô- du ittis , je trouVÊ qu'ils ont coitfervé


rat, Tome II X

mimmm/mmmmmmmmimii
,,

Mi Ç ri AH I s ME
rartlculadon dé langue. OUfure , verbe même 1

formé fur le mot olus ,


plante^ Ugunu , forme l

fignifie, ainfi qa'adolefcerc , croùrt, gran- des mêi


dir^ miurk : il s'eft dit des végétaux , même q
& Texpreffion s'eft auffi étendue aux ani- blable ai

maux. On a nommé adoUfccnec l'âge de venir ég

rhomme, où il commencé d'être formée' que le û


d'être en pleine fève, en état d'engendrer parmi lej
te déporter du fruit. L'âge^de d puberté^ (impie,

a été nommé l'âge adulu. Adultère e| le iimpk


un jeune galant ^ui corrompt une femme expreâk
mariée > ou la femme qui fe livre à lui blables d

ou la faute qu'elle tommet. ^</i^/reri/r^5 lartcritii

fe dit des chof^ quç l'on corrompt par étant effi

le mélange de ce qui n'y devoit pas en- par des

trer. Il fe dit du vin frplaté , d'un


afte Mine
falfi6é , d'ime drogue fophiftiqiJttfe»^^ l'on viennoif

voit ic^^pie I w%é l'aûnation du fens l'analogi

le$ im^ge$ tiatur«Ue$ ne fiNit pus trop mal car on d


déduite* 4'une de l'autt^ , & de branches doit êtn

en branches depuis l^ir tronc nacerpa


dts mots n'a d'ab
vjull y « dans ks langues
entiérmem pamk fâi^^i>nlfas terribles

. Im même 4>rigini/ éifom e


altémio
U arrive qtteiquefoi» qiieëcstiWtt dHin<
^'"V^

ET V Lan g a fi i. jfi^
même langue, très - femblables parla
^
forme & par te fon , ne viennent pas
des mêmes primitife. Cela arrive lors
même que Turi des primitifs cft fort fem-
blable aux dérives, & paroît leur con-
venir également bien à tous; lqr$ même
que le fens paroît fe rapporter , Scque,
parmi les dérivés , Tun paroît être le verbe
fimple, & Tautre un verbe coaipofé fur
le fimple; lors même enfin que les deux
exprreâions dérivées font absolument fem«
blables dans b même langoe. C'eft ce que
lart critique doit difcemer. JLa remarqtie
^
étant eflèndelle, demande d'être 4>utenue 1

par des eiemples.


Mine ^ air du vifage,>&c mignon ne
viemuant pas du même primitif , malgré
Tanalogie fimfible entre ces deux mots;
car on dit un vifage mignon. Le premier
doit être tirë>du latin mimui y u e. mf-
nacer par Fidriu vifage. Ainii Texi^refliDn
mots n'a d*abord été appliquée qu?à une mîtje
terribleou i^heufe^ comme lorsque nous
éifons en firançois faire la mine. Toute
altération de Tair du vifage , foit qu'ella

Xi]
-J.

K 184 M fc C H A R I $ M/1 ^

provienne de paiTAÔn oud'àflfeftation,âëté


dohtla
auffi nomniée mines; & e?iifiri Tcxprefli n
Pour r
s'eft étendue à toute forte dVir du vifage :
portraî
on a dît une jolie mine , une mine gra*
millon
cieufe. L'origine primitive de ce terme eft
l'épitb-
la racine ou man qui iè rapporte en
clef

^ gënératà I%omme &c à la Êice liumainc.


Mignon vient immédiatement du latin
minium^ ôcoriginairèment du phœnicien
menin / i. e. vermillon ^ dnnàbre. Les
\
Phoeniciens , lorfqu'Us découvrirent TEf-
pagne \ trouvèrent^ fur les bords du fleuve
Minho y beaucoup de terre minérale , de
V,

«icouleurrougevquiy àceque^roit'Yitruve,

^ appellée minium du nom du fleuve t

comme nous avons appeHé indigo la cou«

4eur J>leue qui nous vrent de r/^ liidoré


\l.-
Scîvftiadifent^ au contraire 9 que le fleuve
Minius^ tiré fon npm de la terre de cou^

leur rouge qu'on trouve fur (on rivage. L'un


1^ l'autre récit font également vrâifem*
Niables y Se ireviènnent aii même ; caTon
^çaic que la plupart clesnoms de\lieux en
Jîfpàgne ont été iiXpofés par les anciennes

'iDOtomes de conuoerçam Phoemcien^i

.>
I
.*

i étf L AKGAGJ. 4*t-

dohda langue appell6iri,e vermillon menin.


preflî n
Pour nous , nous avons nommé les petits
vifage :
portraits peirits avec le minium ou lever*
'jic gra*
millon' miniatures ; &C nous donnons
îrme eft
rëpitbete de /w/gw<>/2 à un joli^tit vifage
lortc en
Q^i a de belles coùleqrs. Nous appelions
lunainà,
auflî, par extenfion , /nig/io/iw les petites
lu latin
chofes bien faites.
xniclen
IndoUnçi , CMaftere d*une ame lattguîA
re. Les
mt TEf-
fahte & fans aftiyitë , ne vient pai du
htin indoles y quoique ce dernier flgniflé
lu fleuve

aie , de
le cafafteré intérieur & natui;el; maisdu'
làtm doUns : dottre y i. (e. être dans un
^itt:uvei
état d'abbatement. Ce mot doUns eft
fleuve t
proprement applicable aux maladies o^
la cou*
langueur 9 quoiqiie' noiâ Tayohs étendu à
, ïfidorc
toute e^cédefouflfrances &c de douUurt.
e fleuve
IndoUs vient de là vieille ptépofitidn
decou-
indu ou tndo qu'on retrouvé
latine inufi'tée
ge.L*un
encore dans les anciens auteurs de cette
^râifcnd-

caTon
langue ,
qui diiênt ^ induptràtor & endo*
ieux en
pedire pour impcràtor & impedire. D«-là
viennent aufli intiis , ( fait fur le grec itîr
icicnnes
i, e. intùs ) intrà , entrer^ intérieur p

iiitimiUy intimé^ icçé }2


,
' JLu)

I ItU L a ng a o «. S^*
c

^*(Ç M ft C H A N I s M t
t hher & allécher foirtent de deux pri - comfnur
'
ii diflSéivns quoique le fécond ait chofes r
;

.JUS les xarâft^res d'un verbe c^pofé îitim^ 1

du premier , 6c cfu'on dife en notre langue provi6<

alUchi par F&dcur des mets* Lécher eft ques&


une opération propre de la lai^e ; ain(i ou (ad
il eft évident que le ternie vient de Thébreu dans,
le vçrb<
lifclmn (Jingua.) Il n'eft p^ nioins évident
q\x* allécher nous vient du latin allicere , loin de

a/ïechim ^ qui fignific attirer , faire venir Bom


à fou Or iî eft clair qo^ allicere ne vient d'obfer

pas de rhébreu lifchan^ mais du latin


Hcia qui
don dom on
iignifîe lice, leje , trejjfij

ie iert pour attirer à


cor--

foil
mropres
aire be

gueroit

Jl peiné dai^ les phrafes fuivantes, i teront

peint dtois'je arrivé^ àptirU é^t^il de quoi feront

vhre , n*eft pas la même chofe que dans doute <

delle*ci , à peine de dd/oUiffanee » i peine i la v<

de mort. Cette dernière expreftion vient fentent


•1

du latirt éêdpntmun.hà première, employée rétude

comme adverbe , poui dire prtfquéptis cherch


,

dêffiéUmeni ^ mtm dtpeni^( prefoi'Ci grite ,

peu) forti de wttU Ptnu f\ffû&,c


des le^
(/gefias.)
te ûéce/Taire phyfique*. comme /e/ii/^, le auroîit

vivre : pînula | m gro« ïâiM Sé^oSi Traité


*..

3V h xn 9 A O 1. 487
comtnune ; ftc pmuria^h dkefte des
chofes néceflaîi^es* Ije-là viennent /^^nir-
rium ^ le Ueu int^icur où Uon refferre la

provifion : Pénates ^l^ Dieux domefti-


ques & de rmt^ricur ipênims^Vinténem^
ou (adverbialement) touiràrhit^ au-de-
dans , ontiéfement ; &
làrdeffiis on a fait

W v^xhe.finetrarê ^ dont le fcns eft bien


loin de celui de la R,l.

Bornons - nous au nombre ci - deffui

d'obfervatiôns critiqués & d'exemples

m ropres à les foutenir*


aire beaucoup d'autres dont le
gueroit à la fin k le&wt
On

:
en pourroit
détail feti-

elles fepréfen-
**-

teront d'elles - moines aux perfonnés qui '\i

feront en ufage d'opérer. Je n'en ai fans


doute que trop dit fur une matiere^curieufe
ii la vérité pour ceux qui l'aiment , & qui
fentent <îe quelle utilité elle peut être dans

rétude des belles-lettres , fit dans la re-


cherche des antiquités ^ mais (éehe fie inr

grite , il faut l'avouer ,


pour la plupart

des lefteurs. Peu d'entr'eux f peut-être , /


auront la force d'aller jùfqu'au bout àfi ce
Traité. Moi-même p ]t ne me fms déter-
XlY

wmmmmmmmm
488 MÊG|IAKISMtm)IUK^dlGE.
miné à rëctire que par deux railbnt
principales : Tune , qu'il fait rhiftolre de
rcfprit humain & de Ton opëraeion fui vie

dans la fabrique des langages ; ce qui efl

une partie effentielle de h philofophie :

l'autre, qu*il donne à connbître l'influence


que les mots ôbriqués p» les hommes
ont à leur tour fur leurs opinioris 6c fur
leur façon de penfen.

7
i raifont

ftoire de
on fuivié

:e qui efl
ofophie :
GH A PITRE XV i:

influence De TArchéologuc ou Nomen-


hommes clature unîverfelle rédruite foùs^
&c fur
15
un pe^t nombre de racines.
nomeit'
%ji.J^roJ€i d'un archiologue ou
'

claturc univerfctU pat racines*


desj-dtgoài
^73 . l/nlUi d*^joindre Itsmots
' populaires^'

174. Manière de procédera


texamen fi-
taphyfique de chaque idiome*
ijyNiceJue de dreffer un modèle cofn^

pari de tous Us langajges.


Vj6. Plan de rarchiologue.
%7jJl doit être dre0 félon Fordre orga^

nique &mUwel des lettres^ nonfeton


rordre de ralphabet vulgaire.
â
^iVÎuite de VinfiruSion fur In miihode
de dreffer rarchéologuê , fur l'arran-
gement des raciriès , ^es primitifs , fiî"

'
ie^motidirivls.

liiiiimpi
\

"^p Mie w A^ r s ME
279. C7^^ ^^ tarchiologuê.
180. yiceffité d'en drèjfer un dans titai
aHwudc la multipUciti des langages^
& des connoijfanccs humaines*

Vjx. Projet d*un archcQlogut ou nomtn*


clôture univerfelte par racines.

OuR perfcftionner la matière


's
étymologique 9 Se la réunir

fôus on feul coup d%eil ; il

{èroit t propos dé faire un


ouvrage qu'on va regarder d'abord comme
^v.
immenfe, & qui neFcff point du tout. Ce
ièroit de drefler par racines une nomen-
clature univerfelle de tous les mots dei

Tangues d'Europe &c d'Orient. Sous cha-


cune des racines on ràngei^t les dérivés

(|u^elle a dans quelque langue que ce foit.

Lés racines & les primitifs montreroieni,


-J
dTunc manière diftinAe , ce qui appartient
i diaque langue ; tandb qqç l'arrangement
de leurs dérives en* fêniit voir évidemment
kffliation immédiate ji^âns qu'il filt befoin

ie Tappuyer d'autres prciivci ni d'expit*^


Ml ut A fit 6AO t. / 41*
cations étendues. Tout Tart confifte )
rendre la chaîne continue; en telle forte
t dans réfof
que râcception idéale , ou la figure ma- ' «"'-..,
Jcs langagcs^
:'-'V..
térielle des mots s'altérant légèrement
laines*
d'un diaînon au fuivant , la vraifembiancc
& la clarté fe confervent, & que l'on
ou nomcn^ païfe par des hwances infenfibles d'une
teints. d*une figure ou d*un fon à d'autres
idée ,

très-différens , fans être» choqué du ^on-.


er la matière
tra(le. Encore un coup je demande inf-
5c la réunir
,'
tamment qu'on ne fe laifle pas prévenir à
ip (Tbeil il

un
l'apparence , en regardant ceci comme un
dé faire

)orclcom!He
labyrinthe , comme un chaos , à Taipeft
duquel le courage va manquer. J'ai exa-
t du tout, Ce
miné cette matière avec quelque foin ,
me nomen--
par rapport aux langues que je connois^
es mots dei

t. Sous cha-
& j'ai été étonné de voir combien le /
nombre des racinereft petit , en compa-
\ les dérivés
raifon de la multîtuob infinie des termes
t qi^ ce foit.

Dntreroienly
dérivés. On croiroit d*abord,qu'il y a
nne prodigieofe quantité de ces racines.
ni appartient
Nullement : toutes enfemble réunies ne
irrangement
fvidemmcnt
feroient cpi'uhc fort petite brochure. Tén
'il ftlt bcfoin
db ttop y (iant b cnume d'airJuicer cr
Jtvi
^ ni d*expli^
4/j^ Hàcn ArHtsMr
que je crois pourtant dé)a voir afle^ dal-^
rement , fçavoir que tous les monoryllabes
abfblument primordiaux &( radicaux, fur
lesquels lès autres racines moins (impies
font formées ^ ne^ rempliroient pas une
p^e de^papier de lettre«.Ilene{tdececi
comme lies étoiles du ciel^ qui paroiflfent
innombrables 9 quand oo les. regarde, &
qui fè rédniiènt en un fort petit nombre^
quand on les compte. Ta! vu que la nature
n'a voit formé qi/un bien petit nombre de
p^n^^ radicaux y proportionné à la fa-
* >
CMlté très - imparfaite . 6c très^ bornée
qil'elle a donnée à l'indrilment vocalipour
'i!»

imiter , par' le bruit aërien dfi coups


d 'Organes^ les.iniages des choies fenfibles,.

Qeft. cependant de\ce. (oni fi pauvre-


9ie lesL langa^ quelconqMCs ont été
contraints dè^ tirer lesr ^éihe immenfe
de' dérivation. AinA^e travail de dreflfer

me nomenclature univesieUe » Air r- tout


s^, étoit fait par phiAeurs Grammairiens
i6i|ûi^ ^car. une /etiie pftiMne 41e peut
jpfijiçirédeLtpiMileiJaaguti^ ) n^

PHIHMIBIIiiamilHIIIHIIB

T
*
DV li A N OA G^ ^, 4^)
r aflet dai^ «p;^ énorme qu'on le croiroit ; les terme^^

onofyllabes dérivés venans en feule fe réunir fousles

dicaux, fur t^fitie^ radicaux.*

uns (impies /Que Fon prenne \ét latngue^ al>gIoi(e V

Ht pas une françoife^ italienne, efpagnole, provenu

leddececi çale & latine , <lont plus des trois quarti

i paroiflent de$ mots n'exprimi^nt que^s idées rela^

egarde, &c ti vesou morales f on verra tous ces termes^


itnombre^ k ranger à la^file fotls un ^tit nombr(^

le la nature de racines gfic^uts ou germaniques; les

nombre de racines grecques fe réunir fous^ un moindre^

né à la fil-
nombre de racines orientales , & le tour
b • bornée enfin fe ràflembler^ par troupes immenfès'

vocalipour de toutes les^tîbns , fous un nombre-

dii coups* infiniment petir de^ racines organique ,^

t$ (èn/ibles^ qui font ' comme de% cle6 partiatlierts ^

fi^ pauvre- naturellement adaptées par rboronie ( on^ 4^

s ont été ne fçait pas toujours pourquoi) à^éfignefi

immenfê certaines nnodalités d'idées : de forte que^


%

de drefler tout ce- qui peut fe ranger dans la ^aflê^


d'une de ces généralifaûoas , fe trouve for^^
dur r- tout

rnmairiens tir de la r^ine^rganiquequi la défigne, 6c*

ie>nf peut en porter l&capaâénftique. On m'enten* '

^Qéi^reiioir :
dra, û on veut fecourir kce que j'ai dit^t
I

A? 47 1 S^ ^ f^^* J'^ ^mmeAci d'en >


^v

494 Mé c H An I s MË
fcûre répreuve fur la lettreM,(piei*ai choifie
comme ia plus iminuable pour voir com- ,

bien elle me foumiroit de vrais primitifs


monofyllabes où elle fût initiale , & com-
bien chacun d*eux auroitde dérivés. Ceux-
là tiennent à pdnc quelques lignes : ceux-

ci font en nombre infini; & cependant


)*en omets encore une prodigieufe quan-
tité que \g n'ai pas appercii ; car ce r*eft
/ pas un tfavail qu'on puifle faire , comme
; ii doit rêtre y/m parcourant une feule
lettre : il f^ut^tenir les vocabulaires cn-

Qcr# Remarquez encore que, quand vous


avez la racine première de toute urte clafle

de mots dans un feul dialeâe de PEurope,


(^par ex. main & fes dérivés , ) vous Tavez
fpnr toute cette clafTedemots dans prefque
imisles autres dialeéles de l^Emopej qui
tut forment , à vrai dire , qu*iine même
l^ngte; les variations légères, qui le^
Aftinguetit , ne tombant pas fur le (igné

radical. Si j'ai le tems on Ist patience de


finir ce travail minutieux fur la lettre My
je le d^ymerai dans un Chapitre k part ^
féduit en table ^ Door eflai de Tarchéblo-^
,

^.

M Ë ÏF U L A W G A G E. 49t
je propofe. On y verra y
[ueî'aichoifie qu'il
gnc que
tir voir corn-' a beaucoup ide variétés dans chaque rt^tj
rrais primitife mais qu'îrii'y a guères de mots. Y^ta- 4
lale , & com- blement je n^entend? parler ici que deS'

lérivës. Ceux- mots tjaBituels de chaque langue , now


lignes : ceux- compris les noms ippellatifs finguiiWs dc^

Rt cependant certains dbjets phyfiques qui ne font paa^

fréquent ufage dans le cours de


quan- la
ligieU(è
Ns,
d\m
car ce r*eft & qui ne fourniffenf q^ie peu de
1
; vie,
faire , comme dérivés. Mais auffi Ton verra que tous les

irit une feule noms propres de lieux & de pcrfonnes


rabulaires cn- dont la fignificatipn n*eft pas
encore mé-
? ,
quand vous connue ,( & il y en a une très - grande^
ranpcr
lute utie clafle quantité) viennent fans peine fe
î de r Europe, fous la racine doifcils fortcnt.
, ) vous Pavez *
s dans prefque VjyUtiliti J^yjcinirt Us mots itjat^onsi
l'Eurof^ qui popnlairss.
,

[|U*cine même
ères, qui let ir y firadroit joindre les termes (îngo-

LS (ur le figne llets, tant du vieux langage de chaque


dcfquek
vt pacience de pays , que des jargons populaires
r la lettre M y a y a beaucoup d^indùftions à
tirer. Le^ r
ipitre k part ^ différeœ degrés , par lefquels le m*m«
de rarchÂJo^ moiapaflr^ en recevant plufieurs àsm*
,

'^.^

\
M-É-C H A K I s M*
gcmcns^fucceffife , dans fa prononciation j^

dansfon orthographe, &c. font autant de ce mèu


chaînons qui conduifent de proche en iicaraâ

proche à *'l -origine du mot-afluellement- jftiTurën

en vigueur, ficien

dérable
xy^. Manière de procéder à Vexamen meta* pour e:

phyjique de chaque idiome, v


niere d
; verfes
De plus il Tferoit néceflairc ( & cette àpljrafi

partie de TOuvrage, feroit plus pénible dan»la


que le refte) de montrer d*où font nés les peni

lés idiotifmes ou fà(;on$ de parler propres leflylel

ii chaque nation , de fuiyre chaque grani- naire d


màtre dans le progrès de fa formation >. être cl
àt £dre voir comment une langue , en parler
iiiéme .tems qu'elle s'approprioit prefque temfiini

^tts les mots d'une autre ^^ adoptoit i'a ficatioti

iyntaxe'd'une troifiéme; comment le fran- à ceté


<±iviy par exemple y dont prefque tous 4es fens tr<

termes ne foilt qu'un latin corrompu ^^ pofitioi

s^'eft avifë , contrit l ufage de la langue examir


latine » de fbrmet toutes (es dédinaifons &c les 1

pat des artidie$> 6c une bonne partie de eo toi]

iSÉs^conjugaifonspar les verbes auaciliaiifl^

/
,

'^

lEfV L A'N G A G Ev % 4W
v
0L9oirix. itrt^ en fui van t pied à pfèd dans
ce même verbe être toutes les irrégularités o
fi caraAërifées àtYcjJi des Latins. Ce feroit
jafîurëment un travail digne d'un métaphy-
ficien, que de prendre une pièce cohfi-f

dérable en quelque langue fort connue , ^


p€>i!r examiner les dérivations dans la mar
niere d'exprimer les idées; & par lescli-
verfes locutions fetire remarquer, phrafe
à pljraie , Jes opérations de Pefprit humain
dan»la toomuredèchaquefaqdnd'énoncer
les penfées. Les comiques en profè , dont
le ftyle eft* plus femblable au difcours ordi-
naire de la converfation^, paroi flent devoir
être chaîfis par préférence* On auroit à
parler auffi de la çaufè des différentes

temi^inaifons dans les langues , de la figni*^

fication des prépiofitions, de leur variété


à Qttèpx^'i carlefi mêmes ont plufi^rs
fens très - différens. Ea traitant des pré-

pofitions & des yaleurs de chacune, ot>


examineroit leur adaptation aux verbes ^
& les termes comj>ofés ; &c ainfi du refte

eo tout ce qui regarde les procédés d^


,

49^ Mi €H A NI s Ml •1

n %
Fefprit , par rapport à la fabrique des lo*
génie de ch
-^cutions. Ceft une matière extrêmement
rapports av
vafte & très - phibrophique. Je n'ai feit
feroit de di
*
que la toucher , en peu de mots, dam
fur un fuje
run desjQupitres prëcëdet». ^\ de centon,
cipauxnon
175. Niujjué de drtfftr un modcU com* phyfiques
pari de tous Us langages.
leâucls ; 1<

tionsylesqi
Enfin il Éiudroit joindre , par forme
ks plus cor
ilappendix^ à rarchéplogue propofë un
&'poffeflif
court exemplaire de foutes les langues
mes m^tgp
de rUniver^* Ceci a été en partie teiité
quelques a
par le P. Kirker , dans fon Œdipus beslesplw
:( mgypùJkus ; pi^Gefiier , dans fo!> Mi"
tives & dii
thridaie ;pzt M. Leâmitz y&i fiuvtottt pai
pi^péfitio]
Chamberlaym Mm les modèles qu'ils ont
d'^raifont
pris , ne paroiflênt pas bien chcH&. Ceux* toujours
nous ont donné l'Oraifon dominicale ,
ci
nurc des
&
]

avec qùelques^^ antres pricit»^ Kirker


trouvât qu
un Eloge de Tempereur Ferdinand. Il faut
terrogatio
quo ce modèle fok fiût eiçprès avec beau-
pes : en
coup d*art , de manière à repréfenter d*un
lestems»
coup d!a(ti tout ce qu'a de principal le
raâif , le

>

/
,

y'

n V L>^ G A G t. 499
génie de chaque langue , & à montrer fes

rapports avec d'autres langues*, Le


meillcuf

feroit de dreffer, en une page ou deux


fur un fujet clair & fimple , une efptcé
prin-
de centon, où l'on feroit entrer les
fubftances
cipaux noms généraux, tant des
phyfiques que des ôtrest moraux
,
inteW &
le&termep qui expriment les rela-
leâuels ;

tions, les qualités,les accidens,le$épithetes>

ks plus communes; les pronoms perfonnek


&>offeflys ; les nombres ordinàux,les ter-
mes m^tgphyfiqucs d'un comntun ufage ; %
le* ver-
quelques autres termes privatifs ;

bes les plus ùfités ; les particules conjonc-

tives& disjonûivcs; quelques adverbes,


pi^péfitions/lnterjcftioiw & autres parties

d'draufpn r ëii obfervant de varier y quoique


toujours df^m ftyfa très^fimple , la tour- ©^

nure des phrafesy en telle forte qu'il s'y ^


trouvât qudquVxcUiplcd'iinpéiatîf, d'in-
terrogations , dé fiAjonftife , de partici-

pes : en un mot , tout ce qui regarde

les tems > les modes , le fini, Tindëfini ;

raôif, le paflif; le fingulier, lé plurier j


r^rsvs
éiUimé

lis cas ^ dëdinaifon^i &c. Le modèle-


doif être ëcrit en latiçi ; langue laplus vul-
f^re de toilrfe^ ^ & qui fe prête le plus IKSTR
mi[iEkéht âM^ g^ Un pareil Arcl
eièAipËHre , o&^le latin fe trouveroit^foit
xéptxé en enicjk-ligfie à chaque traduâion^
foât plutôt cUfffé| jp-^^ de' chaque Prer
^:^Mt^ii(l^^ dW «uc.
i]]Utd|igentes \ Prer
ielan« blanc q
une queces
feuilles
^ •nunage ibient
nenfiiede en 4i^

marge.
-^
Ecrî
bëtiqu(
ui l^roi Mtthii|a£et
? langue
^àleâés àrieMilàl^ Apr
0k en mai
dérivé
le \dei./ftid^iÀu^S^ été
'imex(

\
,
itUimiU y intimi ^ Occif

. •tU La ng a o «. $Q*
...;. — .
'
• / •

176. P/tf« de rArchéologue.


"
.
> \

Instruction pour coTtfiruirl le grand


Archéologue ou Fk^abulaireun^iverfei -.
^~>*

par résines*

Prenez un Difôionnaire de chaque lan-^

"^
«ue. .

PreneE jwtant de cahiers de papief


blanc que de Di&iontHares. ii eft à propfo*

<iue ces cahiers foienc compofés de demi*


feuilles repliées verticalement , afin qu'ils
foient longs & étroits. Il faut de plus
en divifer chaque page en deux par unf
marge* ,

Eorive* fyr chaque cahi^ la liftealpha*


bétique de$ ;principaux mots de chaque
langue*
Après ^^oi , le maître ouvrier écrira ^

en marge de chaque mot , «lui dont il eft

dérivé 9 fit le jfigne radical de ce motj


exemple t en marge du mot ^ij^<c«/^
IMBr

l&:40krzf^ en marge du mot


jfm^i^n^ il écrira de tnéme/acer^ bI^

\ fl^
,

«a gros babil d'^oit^ xraiie


\ivre : fvmta |

^fOt M fe C H A N 1 S «fl
/ic ; en marge du mot t&nfiiurt , il écrira Difp
de même faccre T^.fac. Il n'eft pas befoln tique. 1

de sVxpliqoer davantage : car oa voit affez ^


(bus cil

^e difficulté mmi Acfaurty par k^ots de rela

faciiiias ^ facuUas ; que perfection en précéd


vient auffi^> çzx ptrfeclus iLptrjictrt; de les car

même que confiture , par confetti Se con-- <x)upet


''

ficere. petits I

AJ)rêsquôiy vous relèverez de tous les Ceh


-cahiers les mots originaiii mis en marge ,
les yeu
que vous reporterez , par ordre aiphabé* les lan(

fjque 9 fur un nouveau cahier : en i^ge lesrani

de chaque fnot vous, écrirez le ii{ convei


dical. grande

Cela fait , -prenez une grande <i[uantité j^rinci]

de cartes; 6c écrivez, en tête de chacune » racine,

un de vos Agnes radicaux, ou racines dedaii

«n latfant menriôn de b langue dont elle racine<

ctt tirée. Ce fera toujours celteoii fe trouve Voi


le plus ancien terme primitif connu. Que qu'il (i

fi votre racine *n*cft qu'un germe du lan- )ufqu'à

gage , Veft-à*dire une articubition fimple culatic

de l'un des ftt organes ocaux; elle ap- écrit i

partient à la langue organique > fNimitive Mm


& commune à tout le genre humain. eocoK
,
mm ,

XlT

nv Lança g fc 503
écrira Dirpofez Yos cartes par ordre alphabé-
befoin tique. Ecrivez enfuitë fiir ces cartes , &C
»it affez fous chaque racine , tout ce qui fe trouve;
î3.mots de relatif va cette racine dans vos cahie|fs
ton en priécédf ns« Ayez attention de n'écrire fut 4
r«; de les cartes que d'un c6té^ afin de jw>uvoir
couper ces caru^ en plufieurs pîéce$ ou
petits bulletins , 4 vôtre volonté.
Cela fiait ^ le maître-ouvrier, ayant fous
les yeux à la fois tous les mot^ de toutes
les langues, dérivés d'une même racine
les rangera & difpofera dans Tordre le plus
convenable^ièlonleur analogie ficleui; plus

grande approximation , clu^cun fous/leurs


uantite j^rincipaux primitif dérivés d'une ^éme
Acune, racine. Ces primitif fin'ont comme autant
icines de claflfes ou de petits cliapitres foui/chaque
mi elle racine. *
:
/:^^
trouve Vous aurez (bin de remonter/, autant
a. Que qu'il (erapoifibleJesracinesimo^ofyUaber'
Ju lan- jufqu'a leur premifr germe, qui èft l'anî-
t
(impie culation 6ri|inique. Ainfi , wp>tè^ avoir

MIc ap- écrit en marge du. mot con/ifioin yfifto.^


îmitive &C en marge deyi^ ^fio , vous ferez bien
lin. eocoie d'écrire en imarge de yb le pre«

ç
,

M £ C HA fff Slfft
mier germe qui eft le mouvement dental i

modulé par>le nez)?, autrement X^fiflir


éattu. Cependant vous emploierez toutes
vos racines monofyUabes , en dreflfant

votre table radicale par ^ârc alfAiabëti-

que, iansvvous aftrèindre à ne &ire entrer


dans cette table que les premiei^ germes
des racines. O ièroit la réduire trop au

"fimple* Car )'ai fait voir qu'il y a des


racines qui n*ûnt pour germe que le mou-
vement (impie d'vnièttl organe. Par exem-
ple y Tarticulation de gorge 4; ou j^
pour la claflfe des choies cieuiês &c pro«
fondes » c'eft-à- dire des êtres ^ peuvent
être confidérés fous rafpeâ de cette 1no«
dalité d*exiftence ; le frélement de langue
it pour la daflè des chofes rapides, roides,
nides^ rompues,, &(c.

%jj. Il doit être drtjfi/fH^Pordn orgs*


niquê & naturel des leures I rtanfthn
fordre dé talphabet vuilgaire.

En rangeant les racines par orate alpha-


bétique , vous ne iiiivTez pas cet ordr» 9

tel

:>
I
it dental tel qs^il cft te9i,dai»*î fuôge^ niaise tfl
i
;
ni <pi^U lefti^oim^ par la. nature. Ceft «t<
\^fiP-
irez toutes guide ^'il rie ^t pas :ici perdre de vue«

dreflant Nous avons reconnu a que û^


qu'il n'y
i

lettres confonnes 9 parce que rinflrument


al(âiabëti-
m*a que fix parties , qui/ont fes (ix organes ;
lire entrer
ii germes chacun-derquels eft doué de foh îÉrHçuIa-

re trop au lion propre. lYotre.archéplogue n'aurai


donc que fix divifions , difpofées dans let^r
y a des
le lemoti- ordre propre > en commen^nt par 1^
r
trois niuettes 9 plus fixe^ ; plus confonne^^
?ar exem-
: oujj*, plus inilantanées que les trois aiiitres ; fçii«^

ydir>. /evr^,.^«?rgi^^,i(^«^,v^ rangeant leë


s &C pro-
li peuvent variations de chacune .ènj leur orjdre dà
cette Ino-
douce ^ moyphnPjH /?«</*» IÇbntiiluez pav

de langue les troi^ Uquid(9s qui (iâf tiçjipent un peu de


la voyelle pj^^l fefçept^bfe d%to peti^
esi roidesy
^xiAonwmtnX^i^^ langue^ nt^.
Yû&^.ym^ «? J9f qM« cet ordre létoit
au fond celui de Tatpliabet grammatical^
rdre orga*

mftlon La voyeUe:ne doit entrer 4ans la divi-


fion de votre table alphabétique des racine^
tin.
tnonoTylIabes^qu'autant qu^elle Ibrmç ieiilf

dïè alpha*
le gennt ladical, 611s . mélan^ d'aucune

rt ordr» confomif ». far im iimple cri npn-figuré \


,

tel TmpJj0 :! . Y .
tft rapj^uyer aautres preuves^ m angiv^

50a M Ê C It AH I S K «

comme A»^ réfpirô; ce qm J* foitMioi'


doit
Hors de-là, «'«ftà 1» coftfoiine qu'on
rapporter b racine : car c'eft l'attidriation

«Mifoane «jui , figurant ôc peignant par

«nomàtopëe,^ft Ucaufe efficiente de 1*


fownation du mot , ôc qui appropn» la
racine &fe«dénvës i tourne «lavettes

«èms, à toute une modafitiJ <l'e«ifte»ce.

Aiofi , lofs même que la racine commença


•ar une voyelle qui Tmtla confonne,
il

tap*
fv» , <ian$ votre table alphabétiqv» ,

poïtet cette racine daiu te


Chapitre do

l»conibnne » qui lacaraftéfift. La f|^. AC,


fi bien fournie dNine
infinité de defcen*

dans doH , avec tous le» fiew , être pU-


,

tée , non 4 U Voix Aj miàs k la


lettre

gotft C.Ceft en cet ttvdre 4» letoe»^


(<m
cett8»aeiMqMvo«c plaeei««:ietsiitin ttno,

iè«t*i« '^****» ^*'


-
11 y a plâs^ dUi^culté da» l'afrange-
compofëw , pour
iBtt^ d«s inflexions
fbie*<At «n quel ordie
on Us di^iowra ,
o»fa«». ««feibii «w/*-
letftiu'un ^k»
,W8Mfimptev»«d«Vdi»ttt propre à u«
«..^. ^r»ne - fit forme un» <»nibnn«
^"^^
ïluaexpn^

© t^ L A îf G A o É. ^
fort taie;* double. Sur quoi il &«t dbferver en gëné^
[uVm doit tal , due lés confoiihes doubles , énuff
ticmlatioa preft^ue toujours compoiecs d'une fiw fc
jnant part d'une ou de plu^eurs liquider , alors la vé-
^nte de la ritable confoni/e , bafe folide de rarticu-
>ropne la lation^eft la fiif4 : le refte n'eft 4u\in accef-
clafledes foîre qu'elle eàtprunte d'un organe liquide.
Q«ifteAce« Les inflexion» PS^ CLy TR appartiennent
ômmenco ï (a livre ^4 la gérge , à la dtnt : \tj^^
tfonne , il
le coulé\ XtftéUy qu'elles affbAent ici,
qjîn I
rap^ ibnt acceiToites. Ainfi les racines , formées
tiapitte do P9r ces inflexions doubles , appartiennent
*a 1^. AC, à leur lettre fixe, le penche A croire qu^il
te dtfcen* finit s'en tenir ifiiivîe cet ordre, lors thème
i^éttrtpU- j|ue le fifltmHtt na^alcû. joint aux can^'
à la lettrt fonnes fixes , ( ce qui arrive fi fouvcnt )
8c ipte içs articulations radicales SP ^SCy
ST appartiennent à leur fixe, plutAf tjU^'

la JettreAr€{^, dont le fiflement, quoiquH«


nitialy n'eft ici qu'acceflbire à lafixe. .Ex-
s Farrangc* ceptez toutefois de cette régie génénde la
éest pouf lettre liquiide de langue LtscNj lorfqu'elle
dUipoftiaf €ft mouillée I comme dans Ignace 6c dans
M9gtiû ; car alors l'afpiration gutturale G
iftcn^P^^^^de la fixe par la liquide qui
Yij c •
i \

508 MÊCHANISMl
'
eft (mncipale ::alnfi les articulations rnWil*
lëes GN^ GL appartiennent à la confonne
u
Cela pofë , venons à Tordre que voua
obfèr^rere^ dans l'arrangement &c la (uite
/ ^.^
des conTonnes doubles ou triples de chaque

divifion. Ge fera celui de refprit ou infle-.

xion pr. ^ire Se habituelle à chaque organe ,


(elon Tordre que vous avez déjà fuivi pour
les organes ou confonne^ fimples.D*abord
refprit halHtuel dp la Uvrc^^is cdui de

k gorge , &c. c'éft-i-dire le fiflé làbiéU^

l'adiré puiural , le battu dental , Iç coulé


de palais , le frappé ou le fr6lé de lan^
gf^, U fiûé de/wc; Pf, FGyFT, PZ\
FL.PRyPS, »

Même ordre àobièrverpour la troifieme


qNiÉbrme ,ii la racine en a troii « comme
éÇRf STIL Ici , par exemple, dajis SCR

ilifL gorge C eft la principale articulation


peignant le creu^ ; le fifHement hazaL»S

cil le principal efprit ajouté pour peindre


Texcavation SC /-le frôlement /îeft encore
jqoûté comme fécond efprit , conîiîle in-

Ap^ion plus forte , pom* peindre le çrçiUI


n

B U t A N CAfet* 509

ans mWil* tecavé avécaftion rade 8c forte; SCRpti,


i confonne SCRjaarijt^cDe même dans STR^ dtm
Teft principale lettre cherchant à peaKlre
! que vota la fixité; y rend raftion plus ferme 6c
S
&c la fuite pliB marquée ; R y ajoute encore la ru- /
» de chaque defle; STRingQ,STRUh^rRangidàM-
t ou infle*.
'
Au refte , ce ri'eft que pour l'exaftitude^
le organe, que je m'attadie àr.décrir^, »vet quelque
fuivi pour foin, Tarrangement qu'on doit donnera
j.D*abord la tablature des racines. EfluqUeUque
ordre

îjs cdui de, qu'on les eût difpofées , ceux qui voudront
flë Idtial^ chercher dans rafchéologue la racine' ou
J
f,lç coulé Ja filiation d'un mot dérivé , le trouveront
lé de léui^ iadlement , en cherchant le mot 4 la table

r purement alphabétique des mots de chaque


langue qm doit être mife 4 b fin de Tar-
,

atroifieine chéologoe. Ce moc renverra le leAeur à

ii i comme Ja ps^ ou au mmero de farcbéologue


6àxisSCR ov il trouyua ce qu'il cherche.

irticulation
Xj%. SuiH 4ê tinini^ fur la miihodê
ni nazaL»S
>\ir peindre
gmtnt iis râdniÉ , Jei mmiiifs&
îeft encore ^
dis niots dirivis.
conîiîle in«

felc çrçiUI Xe maitre-ouvridr 9 ^dêM le détail fit

mmHmmmm
,

fio» M i C H A 19 I s M s
Tarrangement des dëri^^ mélangera t5Ui
les mots des langues c{aelà>hques , fans

mettre i part Jun côté les mots it^ok


a une cerpûne dérivation , & d*un auttt
de h même dérivatioit
les mots; italiens

Il aurafoinfeulemem^ au-devant dé
chaque
mot , de mettre en petites ca|»tales le nom
abr^é de langue ; ainfi Fr. It. ( frail-
çois , italien.)

Pour fa âcilité, qu'il prenne une grande


table, & qu'il découpe toutes fes cartes etï
bulletins qu'il rangera Tiv la table à la fuitt
^
des. uns des autres , dan» Tordre convem^
We, tant for une même ligne, quf pat
alinéa. Après quoi , il lès fera copkt
ai net fur une ftèille, partant en tête là
racine originale. U faut écrire le figne ra-
tdical en grandes Cipitalm i^onges, mt en
lettres vul^râer, qii^ ttttteè de FalpitaH
bet organique I dont ai donniéle modèle
f
n^ j 8; les prind|>am pHmiti6 en grandes
capitales noires ; tous les mots ordinaires
quelconques en lettres quarr^ ; la figni-
cation de ces mots , s*il eft befoin de Pajoô-
taiqM»; |^ nom de la hnij^uc^

A
,

^
r M K
lesdif.
lélangera cam thdi^ petites csçitalcs itaUcpies;

€ïHi3^«»»^^9ns,ou paffages néc^ff^ires^

lettres quarrées , enUe dçiU


iK>t$ traOK^ok te pentes
& d^unairtit crochets.
d'écrire
:
chaque ra-'
le d^rivafiofl* n eft fort néceffaire
la même
ant dé chaque âne ea l^ues organicçies; car
orales le nom mctne wW
beaucwp, ûg^^^e ea lettfci
B A , PA
I. It. (fraH* «Igaires. AM.i Aft, AP . MA ,

ÎÉA ne (bnicqu'vw «^^"^ ^^"*^- ^ ^^ ^


eo lettres prga-
ic une grande fib«i wir , ei> ir<i;iivant

(Voy. n^ 4U^ quine varie pas


5 ksczficsetï tiq^
ci-deUu?
poMT la 6gttre.Toute$«Uea
i»,tvit
v^i* /^/«>.^
dre convertie ^éiivem fe Induire à ceU^<i,
ne, quf pa^
, r"" d
fera cofiét pàfiimaiiqu^ à chaqjuie tacioe
ftiit ^^ ^

eo qaej
int ea tête là honcer quels organes agiffent,
-etefignera- <iidfe,eii queUe manière; x^ d'expUquer
quand <m
Bgfs, int en ce qwe f<«»e v«it peindre , (
choies cette i^-
ÉdeFalpite^ k içiiil;> «iuolW clafle de

chepchd à déûffutt ; à queUc


quaUt^J
iéle modèle, ctàe
èesâtrai, à ipKlIit «pdalité tfciOftence
D en grandes
»ts ordinaires #Ueeft ^H^opriéev «

es la fignt- Yotti direi, (MTcx. FLo , fli^0> '«^ ^


;
arûculation
)in de Pajoû- ^^knlt ^ê€iêumUd€ t4ingiu;
ta bnijiue ilu If^liqyidi , pooitufe de U mobilité » delà
Y iv

A
S

fluidité i foit aër lenne , &k àqtiari^ife ,ibif


ignée. Cette ^.dëfigde te (chûfecoulan* ^demi
' tes; fluides , inobilel, fecilcfrietit mife
eommu
cil mouvement. Elle comprend- aullr Ici

noms qi^*on peifct donncf aux cRofès non*


ISTo
fenfibles , en les Ifbrwiant par une compa*^
taîfort éhéc de cette ^ce dlmàge naiii^
Biobîlit

iiéficc<
Telle, Eiie comprend ém^i^div^^
fignele
trcs (^l^Ébs fenfibles ^qé , ayaiit quelque
rappôrr aux choTes iBuîdès & mobile«i vàjV
qpipcu
autre néanmoins que celui de h fluidité
poijés ^
ou mobilité , n'ont pas laiflTëqùc de rece-
fituatio
voir leur nom d'elles, par ttrté dérivation

in^xaâte V bù ^dn i éù plus d'égard ail

\
râppoà quelconque des chofesentf'eUes,

tD3|l€ll
ipjfk la force fignificàtive dû mot. •

&forc
Remarquez de plus que ce que nous dn
de Puncdes racines orgaifiquci^ eft
fofl|S ici

appKcablc à toutes; Ctitcuned^cUetcèm*


ticulati
prend; rfôh'ftulemiént Id^Aé natiirdlles
cavité
4ue Tôirgahé veut iimt^^iWaii encore les
vaûon
chofes non-fenfibles qtfo» veut ttndp9
decef
fetifiMcs par Pimâge desr premières; Se
aufli piufieurs chores relatives laux pre^,
téxjtkî pa^ (tuélqu^rtltrè èftté que celui qui» ^9

mÊim ppipini tmmm wmmmmm


t

^^mm

âemitf point irii trèt-grand , nuis trè»f


ipie

commun abus en mots 6c de la dériva-

mobîiifér deU(ba>Uit4y4ciia^
néflm «^ la même pofitic»!. Cette I^Jl* dé*
£gae les choses qui ont cette qualité f ou
qui y participent^ EUe çoin^rend les 4rres

<pi peuvem £ti« confidér^ 11^Téti^^


pofjés debout ^ ou de refter fixes dans Ipt
^

fituation où îU font. Si on )okil k jlT^^


'mêni de lanpuRf ainfi i^r/t ^ alors la

i^ défigne que Fétat de fixité U de p^


nu^ence eft produit par une aâion ni^e
ftcfercée. ,:, - •
; u,. -v..

CiidP, ClP, cay^hcuf,^ C^


ticuiation j|(^tturale » défigne le creux » la
cavité tiàtu^^. Elle fert, dans iès dixir
ifaâon^nombrcuf^ ^ à nommer loi cbof^
de ce ^re , cç qui s'y rapporte ^ ce qi4 ei|
\i^i^^ ot^iy participe , ce quj pjBUt; jr
m
é^ comme unT<^ » (oit allégorique^
Yt
ft4 ltf^C^liA«f/l i MS Dr

dévdopp<
i[}tl! 8)dÛlei ta pèthttlne ée ctvké ndé» détaillée c

d^aâion qui la produit» Si on y ziàété tcffimpl


(iiièome^t^^ SÛR, le viai (yi

fbFIIr ttbèlir eil iitodilâtc 9vee roklaïf U


Vîol^tcè. lisé«i^^ metmjrc
'idùrmeront b preuve de ces itilêftioiis» vert.

- AC^ AQ,A«|4GG, ANC^ ANiG,

WM^ /«Érw <iii fUt^aUfipàibt par U ^H^*


t^vi. ééRptt ct'^^^tt ffià vt autant qu

T^ntéim âfï^e / èfi «igii^ ce qui agir


toimieperçanc fit pénétrant; dtedéfigae
iiiiffi e^feiisKmlre ce t|iii tft îetaéf i ce

pnxt ^aâion. En renforçant ta i^. par


^in6eKt6ns>k» com^tvie^efv comme
-AMOtv ÀNGIIR, ERÎB, OimG/<Mi
^jodte i fa^Kon (ks moA&aûom ^oii
ypiomûkn felîemênt, en voyant te
ëipire<Sbnsdérivéeirr ; / '

- i^sft l-pcu-pèês de hibtrt itcTA fié


^tdïer t^ idée de ?inteqrfitf fit 4e >

mmmm 'mm
t ... .•...

d^wance qucW (iront les


lÎHitir àm t^
Mvàopftmétu du genre. La vérificatioà
d^taill^ de ce qu'on aiva annoncé » por^
t«» iM plu» haut point de dëmonftration
lé vrai ryfié)nÇ|fiaM:el de la parole 8f de
la f<»lllf^t04 d<î« la«Hpi8e*'.M«* "^ "« i^
DIS e^héwtçjTi^ imiiPifjen toute occafen,,
inetti«^yop<K«lw 4» h ^^ ^ <^"*

é»aAJ^^'ançienImfd«v•¥>^^«»«^
«itaiit qu'il fe pourra, le mot dela(;k^^
aafiicnM; If; pj^nw»? ^ Prdre <Un$,!a ro^^*
l)g(ie ; à moim toutdToi* que la plusan^
«^s||nen^tut icttroé i<«i expreffioîîB^urlaBlu»

>^

^jDt/afiii^mwi^Qn de U Jîuigue bune

«^l^piqijrit^&C corr<«^puduift(jt,franç9i»

/ilfl|%,, iiMn^4ia|feiQ^tHr4 4» latin^-^

|W^» fow nomiw;? wros


marcaffin

f».<:»f #4.^6f > tel 4»MtYvj.^ ^


(/•

,^

(pi^on a plprlilif WfW/9êpéafmw^

parTangloif» avant m^VlMWU!^


liuinié françoiie.' ahU» i IrartNincrar
lliflillliM îtTf
%?
•»•/'.

SfCC»

;;t
la ^
î^,»*.

compoiriîs de ctéùx , <Iè trob^S^ Atâméfit


pl^ grand nombre (fe pHniitife. C» tlitf

om des miodjKRK 'l^thité-qii'èiirèiJi?


p^
<bm k^'^be^^rfiAifs <eulérhénr pixir

iri(>^ & rendrait 0& Vous'


àimnez rex^fitit^h 8r r^dtK«'dtf m^
.ii'eA îiéfetti de^'lÉ doiéér. VW/^^^< <f 'm •'•

w'éàà'W-'a&:"'-'
rouven tïon
( > t -^

^^liré;
1 \ lf^

^-ypi|gji|,|lî(>l^,(^^^ qu'il éft bon ^


iUg^ii^i|>)i<W Jocctfion t'en prl^
l
ff|jffi>iif;fMlt<|i^<Mi montra

fll^^iÉMR'^^Ài^^ii^ clé fcrprit


WÀIft*^<|8è âiittriiiei fan»* que <^
léé^'éeklriÉtiiiyii^ terni»

ifeÊÉi aëiLnmoii?#uf« W^t^^*ién^


^tfi^*rtwtonHié1ttftÉ'#»^'*^«tg*
th

/
\

ilft ftiipléè, pottrjieh*!» i-àwec


IH iihe|ee:4K radMtt^

«MiMaaiMip
QL ÇUHUIlUnC A lUIU. IC |piltV UUitimi** «»««^«/r

fit Hi<:jp Aif |sj%t


MUVI
l€s pic4i ) fif ntfic i^cut^rèf U méiM
dioft i JDMÛs ra(Uon o'^ft défigniie qu'avec
1*^ pifds i W Uei^ fue à^m €4^$Jiarj^ (i on
#ft 44fiin<ff ityff lef pieidi âc avec Ici Iir6i
I^ufM
46 4 rée^ii 4e la p^mcurc* On ^\tra lieu pencï
4'^kkTytt fi^çprf que ces deux mots fixe e
jn/iKT le 4é^4Jiar^ où La môme idée ejft arr£t<j

ft iwii fMivif ^ i;oi(fianent^ l'un par IW d'un


liei hy^rWder^tyjaalogi^doi^ëev h
. iQn, çwclwa >fHt-éire dç cet ,fuemp|e ibis l

K lk^:d^^aij|t iT^M^ffit I qu'il

j5tfi la iiHiein^l 4^ fparger


ne feudrpif^ pas

vnt nouvelle
teresi

tebqi
e;ipre(r^>n dam^ le. langage» toutes les fois Allen
ni9\kJqmmçiiU Jiyef prjSçiffon^ , ui^c kurp
jw^ti^ijcliufç .8c vivft jiÀepicni coTref- gairé.

P9f)^tf kTAÇfkçoJE^ïU auPubUç kslir


•^il;w»9uiifin|^^^#^ do rejetter

k »9i»i^fail tfsfme* Il le çonfacrem par noue


Tilflltê^yUeft))^ £»1^^^ s'il le re^ pron^
jeu»^ et ifcra 1» ;n?wque qn'il futV^ p^ Habit
trouvé I)im i^i p pu ^^^ ff^;itelQem in^ miéi^
leU^ib^ MaW poijMrquoi i^.£iiie fujouf;^

tole j
9*»** -mfwm^^arwf ^V»««V «r«» ppireoi jm^ m^ |^«<

f-

7B'W L ''A.ir»'*ià%. '"^

méaui «flbK ffieh* > N<Mi« iMgac ftMs;eii« n^


a'aveç n>iiJJMinii« été mift m p*iM oà «Ut «ft»
fi on eût )«(K»^cMiftt d'y ïim^oàwèi
eç Ici A r6n '«fit ètt'lM méiiits ràti^ulM ha; le^
iMuMiM 41M 1^
monttt i prékM. h
m lieu penche i croire qu'il n'y a pas d« l^wni
mou fixe où une Um»
<UivéakroliMMnt <trr
léedi arrêtée, 6c qu'elle eft toujours fufcepti)!»
r TaUf d'un ptu« grand degié de perftâUâlité. ^
Je ftroli aflci d'avis que l'on thit dent
smpic fcis ks mots de la langue dont tes
ear«b>

if. P« teres ne font |>|is IM mêmes quelet nôtm,


tek que les Phoeniàens , Héiwciui, Aqflèa,
» fois y^Uemands, môme tés Grecs ; fçavoir dans
leur propre caraAare) fie en caraâcfe'vul'
oiref* gairè,pour qifti <ût 6cile à tout le mond« de
>ubliç kslire.Refte4 (t^wh /ilfiudroit tes écrire
cdMtne dn ki Ke, oa eomme onks pn»*
I par nonce I irtu* ri«« li'ift fi varid»lc quêta
pronoheîàtiMi t chacun U réduit i iVage
ItaUtuèl éb <bnd\tm* A'mfi U vawMt
miemi feivre Torthopplie iktéraie de«
ûouik «ot»> Récriture étant plus fixe que la pa^
lolc » fit'contirrvant loicua 1«» éléra«M
tel a
">

^
«M la (tOnoiici|«oii
MàCBAlitkiiM
âi4« fouvent Uii>^
convéfiicnttft que la (dérivation twt auffi

fottvtnl d*unc prononciation défiguréciqiic


des élémem figurés par écrit.
. Mettes damla même Ugne tous les mots
de même (ignification formiés de la même
racine»

I
Mettez alinéa 9 dès ([ue !a (ignification

change.
Si tous les mots de toutes langues y conr
tenus dans la mém^ ligne , font de même
fignification, il n'efi pas befoin de l'ajoiller,

parce qu*ik fe traduifent tous eux-mêmes


lécip: oq lement les uns les autres ; par

exemple :
Lat. difficultés^ iTMfficolta , Fa.

iifficulU. Angl. difficuUy.

Si les mots ne fe traduifent pas les uns


V
les autres » iljiut ajouter à chacun la figni-

fication. Remarquez qu'il y a beaucoup


de mots de figure femblable à leur plus

prochain primitif ^ &c néanmoins de figni-

fication affez différente. Par ex. mffion


doit être \ la fuite de mi(fio dans la même
ligne f mais non pas nnurê à la fuite de
n %n\Mi^ f

fcy

tel
TmfJL Y

I 9V Là H© a Ol. 5*» ^ f

riLVwfi miiimf mutn n'étant pa» la traduftion


met aaffi de nuiùnj^tMfiif^ n*eft pas la tra-

[urée^qte duftk>n ài^firtMre. Il a ,


quoique dérivé >

un fens tout diflRérent ? ainfi il doit ôtre

lesft^pti écrit alinéa.


1
'
Serveï-vous, poui traduire, 6c pour tout
le CQrps do lljttVîage , de la langue
frart-

lificadoA ^oîfe parce qu^elIe eft la plus vulgaire de


,

toutes, après la langue latine , & parce

es y con« y a quantité de termes relatifs aine


qu'il
le même mœurs, ufages &c inventions des derniers
rajouter, fiécles , qui ne fe trouvent pas dans la
-mêmes langue latine. Sans ceci , la langue latine
res; par fcroit fort préférable, parce qu'elle eft phis
».
riche,: parce qu'elle laiffe un peu plui de
ta, Fr. liberté de compofer des termes, it futr
tout parce quelle eft brève , 6c qu'elle
as les uns n'emploie pas ^ conane le ftiaiçoîs , dès
I la fignî* artides pour les noms, 6c des atuuUaires
beaucoup pour les verbes. Obfervpz <fe tafTdn*
leur plus bler, autant qu'il yovs ferapoflU>l< , les

: de (îgni- vieux môtrbiufités de chaque lahg!(ie , 6c


[. miffiof les termes fin|uUers du jargon de chaque
la même province. Us vous ferotit d'un très-grand
a fuite de ttfiige pour )a fiUatioii étymologique* Joit
inoiu. iMiii^^v t
<»niQfinc

W
511 Mie * Attis ut
gnûàhy,atitailtqiie voua leîugBrlttcpiiYefta^

ble , k» noim propre* doqt li fifoHiCiCioa


(î^ connue* Ceci vous fera vofe qu^tit^
d'ori^tnei dtt nom&de Ikux ht de &miUe&
N« voi^ jettez dans les citattoiu &
dans les mf^catiom, ^u^autant qu'dles\

feront abrolument néc»fliiiresi Vous n'eâ


aurèe pas fouyom bcfoin; Vous wn» que
farrangement des mots poltt fa preuve
j
Mais vous né pourrez voii* difr
..

Ivcc Itri.

petifer dVjoÔter k
d^finicioii^ des tAnei

fingulicrs qui , fans dit , « fiçfoicnt pai

L'oinMge pMC lire foires p<ru dd tsm^


UrènaphàitttursalteUtrs^avccun ipaitre^

Ottvritr à<îhacui> ; ^il eft nëceflkit» d'et


arvok pMieut»; tar «me^ firub pcfiboni^ ne
f4fltAs pai tmtts k» ktagoef.
à'^dllè^ dalii léqiMtlii moci d^ln vo*
tsÉidi^ itn)y«H^ 1^ troiiv«nmtaih(î dtf*
fi^nisi Jbni ^W^ é*!»! «laHitre claire , ïhr
Mologiè proctUtfÎÉ Si 4bigné» de rbaqut
ttfiM I fémlffè fltiaiioii det mots , fie
fAéme ctllédes langues ^ fans qu^ilibit
iM^diii dt&ivt aiii^un dtfeMrii im» d;eQ$re«
w^-w-wm» 4
le conibfinc Yij

^
BDT L A N • A« t. J&J
en diiTerUtion, pour le prouver; Parrait-
»
figûtfiCilioQ gement ^eu^de$ mots le iaifant voir avei:

aflfet d'évidence*
tdc&miUe& De cette mtniere,le grand archéologue
ciutiofu & contenant toutes les^ langues d'Europe 6c
tant qu'dles ^ d*Orient y ne contiendra pas plus de vo^
Il Vous n'eA lûmes que certains diftionnaires. U finie
ks ven» que feulemem avoir foin de l'imprimer à deux
bB fa preuve où trois colonnes , i ciufe des fréquens
rez YOiiS; 4ifr alinéa, Se avoir des fignes de dlviikm
I
s
des (Anci pour chaque page eh Cmq ou fix pa^ifetf

{isf oknt pai afin ^etrouverpluspromptemen^ ce qu'on


ckerchekra. •

pi^iu tsnSf Ne fongèz^atffe Ikngbes européemi«>


ecuo ipaxtrc' 6t à ceUet ^oiràppt^Ue coHimunéaiMt
icdikittt d'ei oriintaUsj c'tlk ^ à^dirr , bomea-vow
I pcfiboni^ ne tout ce qui peut ptoviemr' du celëqné 6c
du phœmcien > aMs\)teys oà les Phosni»
loti d^m vo» 6em 6t tnftûle les AxÂm xkyt postékiir
commerce 6c eommiSmces ; dû ik
feiifé

ont introduit leurâ hmgatB quiftr iÉit méU


federbaquc langées avec le fyikà en vîeu lan^agfes
sg moti, & barbares que parloieit ks anciens penpkt
uu qu^il ibit des régions èê PEuro^. Ceri comprend^
I^ ranciem# tsigue «ritmakr pariée dais

mu
,,
^T^

fl4 M t Cil AKI s Ml


les rëgiom fituëes entre TEuphrate fit le

Nil, avec fes diflfërerwiialeaes & idio-


mes tant anciens que modernes; i* les

difFérens langages barbares parlés dans les

régions de TEurope , c'cft-i-dire le peu


qu'il nous refte de vieux pélafgiquc, d*illf-

ïîen,d*ofque,umbTien & étntfqtie»dt celti-

que,dè cantabre& ibérien,deicythique,de


tùdefque /de gothique, de hmiqne, &c.
3^ les langages plus rëcens, qui ont ré-

tiûté , du mélange de quelques-uns


tant

de ceux-là , que du mélange poi!érieur


des derniers formés avec d'autres plus

anciens , lequel a /"^ans la fuite, 6t de


.

liëcles en fiécles, prttdint de hoaveaux


langages ; teb que le grec , hellénique
éofique, îonlefi; le latin; l'allemand;
TiCalien, 6cc. Ces langage , qui rentrent

if faut moment ki uni dans les autres

.et dont ^ous Terres les racines bornées

4 quik|uei centsûnes de monofyllabes


comprennent prefqiie tous les peuples de

la terre , qui ont policé leurs moeurs,


pultivé les arts , 6c exercé leur efprit ;

#u du moins preftpie tous ceux dont fes

IHIII
Yiij

/

t t
BU L ANC A G t. ^l^f

idées 6c les connoiflâiKes font parvenuea


>hrate fit le
jufqu*inou$.^iiefid*autl^.n2itions afia*
\u% &c idio-
ties ; 1* les
tiques y venues des bords de ilnde & du
Gange » ont antérieurement^ inAruit &C
rlés dans les
policé celles-ci » toutce qui regarde leurs
-dire le peu

{iquc, d'illf"
idées, leurs^connoiflances & leur larigage^
eAmi«y parle tems, hqrs de la portée da
qtie»dt cdti-
nos recherches , 6e fefte enreveli pour
S:ythique,de
ftous dans les ténèbres de Toubli.
inique 9 &c.
qui ont ré-
Let langues j qui parlent au^r yeux , noa J
aux oreilles y dont le chinois paroit ^tre
quelques-uns
Porig^l y ne doivent^poinj entrer dam
t poi!ërieur
votre fyftéme , puifqu elles procèdent
l'autrés phis
d'ut! -tk nos (èns qui n'a rien de com^
fuite ^ 6t de
aiun dans fes fenfations primitives , avec
le hoaveaux
le. fens dont procèdent nos langages. Ceux*
hellénique »
ci viennent dé l'ouie » ceux-là de la vue.
Fallemand ;
Selon Tapparence » ils ne pourroient fç
qui rentrent
pliera votre méthode. Leur génie 6c leia
I les autres»
caraôere eft Ci diflférênt , qite leurs racines
nés botnëes
ne doivent pas Tétre moins. Les langues
>no(yilabes »
(aiWages d* Afrique , d'Amérique n'y doi-
5$ peuples de
vent jp^as entrer non plus. Ce qu'elles vien«
urs moeurs»
nem «Tacquérir de nouveani ^ par le com«
leur efprit ;
Bierce des ]^opém> eft tout récent 6e
»a dont tes
,

J
^16 mIlchahumb
four drud : OA te retrouve len EurapeX'im'*
cÎMifond de ce qu'elles coi>tiennent»«i*
00k et grandes utilités» sM ëtoh poflU>le
de te raflemUer ; parce qu'il fbrmeroit
un recueil de Texpreffion organique &c
imîtanYe des idëes fimplts ^
primitives fie

phyfiques^ telles que les ont les peuplet


fiwiLges. Mais une telle adionâioit .Ttn«
iSrotty à vrai dire^ rcxëcution de Touvrage
propofê impraticable quant à préiènt ;

outre qu'elle le groffiroit d'une manière


énorme. On y poMrra revenir dans la finte
Ce peu-à-pcu; car ce que je propofe ici

tft une efpece d'Encyclopédie grammati-


Oile, qui ne peut être portée à (à perfection
qii'i ia longue &c par degrés. Seulement

U feroit curieux 6c à propos de joindre


le catalogue des mots de langues iàuvages
au recueil des gloflairi» j>articuliers dont
l îe vais parler ci-^près. Les vocabulaires
inpariaitstfe ces langues (bnt répandus en

gnod nombre dans lesi«lationsdesvoya«


fcnrs & des miffionoaîtes. J'en poflede
aMM*«nénie un «nat coofidérabie en ma*
«^ »4fanbM.p«r« dt.ph»f<p«an.
Tï^
X.
I

^^'

ME ^

EuropcX*an- tiommes qui aient vécus dans notre fiéde.


Ceft )è même lecueil qui a fervi à Mon«
ëtDitpoflU>le fieur BuUcCt pour la comparaiibn du lan*
|u*il formcToit gage celtique avec les autres langages, Ce
organique &C que je hii ai communique , il y a plufieurs

^
primitives &C mn^^ ainifi qu\ine partit du Traité que
nt les peuplet )t donne ici au PuiiUc , daiii le tems qî/il
l|onâioft Ttn* mettoit le dernief^ main i fen curieux
m de rouvn^ DiAioonaire. Quttiâ, on aura un grand
it à prdcnt ; nombre de ces vocabulaires barbaies^. à
d^une manière h fiittè les uns des autres, il fera temsdVn
LÎr dans la finie entrepiendie Pexamen At le parallèle ^

tprofofe ici, fobfer^^erceque les expieflSofii ont d*or-


die gramman- gaiiicpie fit de radical , 6c d<f les rapporter

àià perfection pett«4--peu ans racinies & aux primitîfii

es. Seulement déjà contenus dans le grand corps de


los de joindre Touvrage.
nguesiàuvages A la fuite de Tarchéologue vous mcttrea
rticuliers dont premiéeementunetablddes racines écrites^
s vocabulaires tant en lettre vulgaires qu!en lettres orga»
nt répandus en niques. U ièroit m6nei prepos d^ join-
ions des voya» dre, ibus cbaque racine, les principbauc

. j*€n poflede prinnti& qui en fem immédiaimneBt fortte»

éfabfeen ma* Ced fimneroitunpetitracoaradugtmd


et pfa» fçnrans tablew oui en comiendroit tou^ks^omié
T^r"
ëfe^S pai' «tùiclqtt'aïltrë èôté que celui qpÀ

C,

t^ MÉ C HA K/lf Mt ^

.rii^aii Unéainens. Vous mettrez etifijitev

le vôcabula^^^ particulier
de chaque la|i^^
rN mots prin-
la lifte des,
guei V«ft-àr4ire
chai^jn fuivi d'un chiflfre qui ren-
dpàux,
chiffrée 5c à la divifion de
voie à la p^è
li page , bii au numéro de rarchéôbguc f
(fi vous ave» numéroté les racmes^ au
Iseade chifter les pages , ) pour trouver
Pcndroit où Tétymologie du mot
eft pré-

fentée. ;
Pour faire ces index ou gloffaii^s partr
çuliers de chaque langue ,
vous ne ferèïi

que reprendre les liftes que vous aviez


précédemment faites > &c les dowier à
imprimer en caraôercst menus ^ à cinq
ou fix colonnes pat page^^ afin qu*ell£jA
tiennent peu tfefpace. \ ;^ .

'' t

V |Le grand AJ-chéoIoguc fcrvira de


Dic-

tionnaire commode pour toutc$ les Jaa-


guei ; en forte qiie Won poutroit , pour les

eipliqiir t fe borner àiceki-là feûl. in


lems 'il iwutrera ce q»iç chaque
même
langue

3?: ^B— — MPI


-

» itr La 'H G >A G 1 1«(l

langue a émpmmé de chaque aww. û«


pourtà ^î xbns ce ta&leau giamnutaal
Fanciennet^ , rofiginc , les émigrations,^ y
le n/êlâhge dos diflFérens peuples. On fqiit r

5 que rien ne (en


davantage à juger

de/la connexion dès peuples que leurç


[gages. Par exemple, h
langue des Abyfr

gL nous fait connoître qu'ils ne font pas


Lpeupte Africain, mais une très-ancienne
Arabes qui ^ tràverfé le détroit
jrolonie des

de Babel-Mandel. Il y a auffi des langues


direftc
qui, fans avoir une defcendance
l'une de Tautre, ont une affinité marquée^
qui ne peut venir que xl^ùne origine coït*-
piune , aujourdWi inconnue ou totale-
ment perdiae : telles fbnt,! ce qu'on dit.,
ralleman4 6c le per&n. Toutes dmix, fi

cela eft , defcendeht de i'^cien fcythc


que nous ne connoiffons <>1ms du tout; On
trou^eroit la preuve de ces affinités dMs
le vocajbulaiie parallèle, où ces
langues

prendroient place, non comme afceur


dames, mais comme collatérales.

Par l'ufage des noms cpe les peuples ont

impoféauxphofesjoiireconnoîtra quclsfonc
Tcmc II. i

mmm^mmmmmmmmm.
mm À
,

tÊSk:,

f'i 'i^ Il

ïcedbt! m

Y}Ô Mi C H AH IS M t t) t

les ufages&c autres points relatifs auxmœurf, connoître ; c

loix & religion qu'ils ont emprunté


, rites fciences &.
les uns des autres. On y verra Tordre & agrément (î
ia marche de Pefprit humain, & un tableau, efl le moins
bien plus fifigulier qu'on ne fe Timaginc dans le ftyle
de^ opinions des hommes Se de leur traduftions
fource. ginaux. A \i

s'inflruire d(
ît8o. NictffiU dUn drcffcr un dans l*ita$ convient qu
aSucl de la multiplicité dis langages cité des mot
6* des çonnaijpinceimmaines. coup contril

fciencesé Oi
Il faudra bien d'ailleurs t6t ou tard en jour à trouv
venir à un pareil ouvrage. Les langues. genre p'ëtu<
ibnt les clefs des fciences. Il efl indifpen^ bïe,deplus]
fable de les fçavoir ; mais elles fervent à buant par
y entrer, fans en faire, à vrai dire , elles- même efpe
mêmes partie cependant on confume un: ch^nè, pr
tems infini à les apprendre. Phis on ira que l'œil f

eti avant , plus y en faudra mettre


il
»
puiP- mémoire r

i^ue les langues vont toujoius en fe multi- des approx


pliant de fiécle en fiécle, &c q\ie les an* l'expérience
ciennes fe confervent par le moyen de obligé de li

rîmprefHon. On trouvera dans chacune qui ne m'ei

des chpfes utiles ou curieufes qu'on voudra irouve arréi


Yvj

t>v La h • À o !• 53«
connoître ; derhiftoire , de lapocfie , d^s
fdenccs & des arts. Les chofes de pUf
agrément ( & ce ne font pas celles dont on
moins empreffë , ) cqnfiftant fur-tout
cft le

dans le ftyle, ne fe trouvent pas dans les


traduftions : il faut connoître les origi*

ginaux. A la fin on confumeroit fa vie &


s'inftruire de la fignification des mots. On
convient qu'à la Chine , Pënorme multipli-

cité des mots dont il ^aut s'inftruiré, a beau**

coup contribué à y retarder le progrès ies


fciencesé On fera donc forcé d*en venir un

jour à trouver unç jnéthode qui Éicilite ce


genre ^*étude.H nVen aguères,cc me ftm-
bïe, déplus propre que celle-ci , qui, diftri-
buant par claffes toutes les langues de

méme'efpece &(; dç m|me origine pro-

ch^nè ,
préfentç un tableau d'analogie ^

que Tœil faifit tout d'un coup ,* que la

mémoire retient fans eflfort , au moyen


des approximations. J'en ai fouvént fait

l'expérience avec fuccès. Quand je fuis

obligé de lire quelque chofe d'une langue


qui ne m'eA pas familière , &c que je me
irouve arrêté par un mot , mon ufagc elk

Z j i

mmmm m
.

inâ««^ ai^'iioi^<^ fôrt «kaâe^ae^ iaëtt

rfm.

& d'en deviner ià-dl|uî^ la fignification


Jr a6
dërivëe ^ en la combinant avec le jfens
(èco
du refte de. la phrafe; ce qui m| réuffit Page 8

fouventy &: beaucoup plus vite que fi je


Tage 1

cherchois le root dans un Diftionnaire. pni


>rîn

On f<jait affez, par les épreuves , que lift


HJtX
fucc
plus on poffede de kngies , plus on a de
Page 1

facilité pour ai apprendre de nouvelles; Jens

ce qui vient de la méthode des compa*^ Page I

taifons. pille eft bien plus efficace ^ quand Ihid.i


,, ^^ elle fe fait fur les racines même , qui Page
mémoire
^gue
parlent non- feulement^ la |
Page 1

mm en même t»il^%
Page
^H
pou
du
. litu
niq

fcn
ràn
Page
r

Page
Page
M

ni
||^|Pa^v|ièdÉ«CH]l|ï'Ulon.'U VW». r
/

dical ;

cation ^.

e ièns
AôE 5a,ligi?c 9, Jw ftcours, lifiiltn.
\
iècoi^ds. .

réuffit ligne d'mrs fins, lifei divers


Page 87 , 15 ,

e fi je
Tage 101, ligne 17; on s'eft fervi , pour ex-
maire. primer la durée (iiccefl'ive de ce mot umps ,
que fifii on s*eft fervi (pour exprimer la durée
,
fucceffive ) de ce mot temps. .

1 a de divers fins luez divers


Page 1X1, ligne 4, f

elles; Jens. .
r r *

Page 17, ligne que ces deux fjgnifications,


6
3mpa^ 1 ,

lijcx que de ces deux


fi^ninçations. ..j^

quand Wi. ligne 1 1 , lorfque Tun , ///^^ lorfque Time*


, qui. Page ij6 , ligne 7, en barbare , /i/ï{^n lan-
- «ue oarbare. ,

loire I
Page 195 , ligne 1 1:., jl'une main qu il fermoit;
lije^ d'une ïpVn qûî'ft.t'ermoit.

Page a68 , ligné 4^> «nC ^qu'il refpire. Jjoû^


itt : Quant/^ fi^rfiji^îraUon mcme, fon
or a
gane propriç eft ïpipfllé en notre lançue
youmon , en latin pulnio , par traijfpolition
du grec wtin^ti pour îrMi»^« (fpiritus, ha-
litus,) ^^ PNeu. Cette racine eft orga-
nique compofée de deux mouVemens , dont
le premier P chaffe Tair au dehors
ôc repré-
fente Texfpiration du foufflc , & Tautre N le
rànene au dedans &
reprèfentc ririfpiration.
Page 316* ligne 14, propofitions ^\^9i pré*
pojitions.
Page 318, ligne a , un mot, en un mot.
lifii
Page 418 , Bjjne i , guas , ]^tiaguas.

i0^
i»tf|iMW, «tats pourquoi uf. mtt fuioaj^ fROl9
«iot»> recnturc cwnt piiw »c iiu« t* fut-
J|^g|%|UIA «HfttVM %«»l«^< AW9

doit être à la fuite de miffîodaM la même pro'

ligne f mais non pas miun à la fuite de

^i

^f

<~
.

'
\

*
I

^
M.%'9 \^êB»K%0m ••«#1

, la même province. Us vpits feront tfun très-grand


A fuite de liage pour }a fiUatton étymologiqpif. Joiz

>.

Y'
I -

wmm mm
içi'inei idiuviv. nii«»ivfi»

ifi^tiit eeHé des langues» fans qu'il ibit


•«•«#«w-y- i^fii lyitrca i|uv p«ft i«#ivtn^ m^<» «u»v*%>«»' jv^

àuu qu^tlibit des régions dt l'Euro]^. Ctd comprend^


I? Pafnci0imè kmgUi ctimiafe pariés dais

-/-

.
4'

" ^

^^
ï T m
cultivé les arts, êc exercé ^ciir eïprit ;

prefvie tous c^itx doftt fes


mi du moins

%
nem d'acquérir d^ nouveau i par le coiih*
leur cïprit ;
ttiçfçe des ^of^^nr^ eft tout r<é^nt fie
eux dont Tes

c-
^^mSam ra&mbMsparm dcsfInsf^aarans

V .

* \

'
c-

fl

K
^

mmmmmimmmmmm

• •
térabie tn mâ« ^j«ci ronneroitunpcntnicoarQ dagnoKl
les fins fçnraiifi tablcim 94 » côittieiidroittoi»les^pni|ë

k.
\

;
fi

r^

fl

m^mmmmmiimm wmmmmm'''mmm. tmmmmimmm mmmmmmmmmmmmmimmmmm


^ipliquo-» le ^mu^f '!%A(MUTiM ,»%i»#»«^s->

V . « ' ¥ nétne teiMili #«««» «S"? ^^^ impoi


Te;
V *«r<«' |r«#M

împofëaoxphofe^oareconnoîtra qudsfonc
Sï&XQ TcmîIU i

wiy^iiw^iMWPw—wpiww -««IHMHIH HMHHIIIIIimi


rimprcffion. Ou trouvera dam chacune qui hei me
des cbpres utiles ou curieures qu'on vo^4ra irouve arrô
qui hci m'eft pas faitiiliere , &c que je me
irouvc arrêta par un liiot , mon ufagc eft
Tâgë
:*

*' «

4^^

i.
^%

-A

/ \
•.

r '^

y.

V \
-1

"^
*

—iiwpiiwi — wp '^' **

m
.

V\'
Fage 3x0, lignes I un mot, i*jei «h uii mwu
Page 4i8,I!gne 1, £w<ii , Ufci iifwtfi.

.!<«>

»*

L -. N

*
< '

vy

'
S'
-.-J^~

''
*\
\,

'> ^' .:.

-, • * X
• »


.>

'
f".

iy»
^-
<4
^^ * -
^

"
i

\^.

K-i-

/
^

. \
l-.A

\
\ .

'
V
-U^~ \ .

'

/1 > •*., /

• »

'.
f>
r

gpv i^W*i
-y
^-
"
i

N;
v-^

#
».

\.

<ii

\
4- .(,

««>s

i I

> y. / /,.::
Ni' y "**.-
J'.
V '

.. \:

v f

»- .1
' 'J

y >-
,.
1^

5!S ^
^

N;

»,

/ *.

.>

-C

,\

J-
.:^
X r

; , ' •
.'k

;, t

' V

L^ *_ f 1-.
,^,.
1

m ^

#'
?V;!i

/
\y

i?.

'V-

\
\

V •

A.

« «

» \
^.
'k
'*(^-'
\

f* ^

«f.

•> ^

A*

i"".

- *
1 »

• '
NV

'
»i

; ',* \
.]

^
V

O.

/.
>

.)

^^y
/ k ; » ..*-""
l'.
V

/ /

IHilllMi

À
c
J » *

\
M.

i'.

V
1»,
l

/
' V

^m
A
i . f

-J
^

V
>• l'

cf

\]- %

. ----
^

M
C. \ vi
•^ *-

\
V.

»
.-^

t'<
V' I

m {

4
;

/
?

T .y

Vous aimerez peut-être aussi