Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Dictionnaire Des Femmes de La Bible (Michel Legrain (Legrain, Michel) ) (Z-Library)

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 228

© Les Éditions du Cerf, 2015

www.editionsducerf.fr
24, rue des Tanneries
75013 Paris

EAN 978-2-204-11795-1

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


Avant-propos

La Bible a fait l’objet de tant de lectures et de tant d’essais de tous types


qu’il serait illusoire de vouloir faire novation. Et pourtant, nous avons
souhaité, sans prétention mais sans prévention, aller à notre tour librement à
la rencontre des femmes qui, d’Ève à Marie, ont jalonné les Écritures
saintes. Il n’était pas difficile, lorsque nous croisions l’une d’elles au hasard
de notre randonnée, de la décrire et de rappeler le rôle qu’elle joua dans la
mémoire ou l’imaginaire des croyants comme des simples curieux depuis
plusieurs milliers d’années. Il était plus hasardeux de rapprocher au gré de
textes disparates, écrits sur une très longue durée, des femmes que rien ne
prédisposait à se rencontrer.
Pour étrange que cela puisse paraître, nous avons cependant noté des
traits rémanents dans l’évocation de la féminité, transmis et nourris de
génération en génération. Nous avons ainsi cherché, en complément d’un
dictionnaire de facture traditionnelle, à esquisser dans une seconde partie de
l’ouvrage une thématique où mettre en relief les stéréotypes les plus
marquants utilisés pour traiter des femmes. Nous reprenons pour l’essentiel,
dans cette deuxième partie, des citations exploitées dans la première.
Comme on le constatera, la femme est bien souvent cet être paradoxal
qui charme, trouble, envoûte, mais conduit vite les hommes à leur perte s’ils
n’y prennent garde. Il convient de la reléguer chez elle. Elle doit s’y
cantonner dans son rôle de bonne ménagère ; il est intolérable qu’elle aille
faire la coquette en ville et lance de criminelles œillades.
Après l’accouchement, si elle applique les préceptes du Lévitique, une
mère doit se purifier deux fois plus longtemps si elle a mis au monde une
fille que si elle a mis au monde un garçon, parce que les femmes, dès leur
naissance, sont souillées et restent peu ou prou des êtres diaboliques.
Ève est la première dans l’histoire qu’on montre du doigt parce qu’elle a
pollué toute l’humanité à venir pour avoir cédé à la tentation et avoir poussé
l’homme à la faute.
Quelques femmes exemplaires sortent du lot parce qu’elles ont servi la
cause du peuple élu de façon héroïque, avec détermination et modestie.
C’est le cas, par exemple, de Ruth et de Noémi, sa belle-mère, de Judith ou
d’Esther.
Quand certaines servent avec le même héroïsme la cause de peuples
adverses, elles méritent la mort et généralement, de surcroît, l’extermination
de tous leurs proches. Notre goût moderne de l’exploit et notre esprit de
provocation pourraient nous conduire aujourd’hui à admirer l’habileté ou la
force de caractère d’une Jézabel et de sa fille Athalie qui ont été massacrées
et jetées aux chiens parce qu’elles avaient respectueusement perpétué le
culte de leurs dieux en terre d’Israël ou de Judée, comme celles de Dalila
qui arracha à Samson, par des manœuvres de séduction, le secret de sa
vigueur.
Une défiance, sinon une franche misogynie sont ainsi bien souvent de
mise dans les textes bibliques, si on fait exception de l’éloge réservé à
quelques héroïnes auxquelles nous avons fait allusion. En revanche, les
évangélistes épargnent les femmes et le plus souvent les célèbrent, à
commencer par Marie, mère de Jésus. Les évangiles restent impressionnants
par le nouveau regard qu’ils nous invitent à porter sur les femmes. Le Christ
assure par exemple de son affection la femme adultère que les Pharisiens
voulaient faire lapider, laisse celle qui était pécheresse en ville verser du
parfum sur ses pieds, promet la vie éternelle aux prostituées et aux
étrangères qui l’écoutent avec respect. C’est une femme, enfin, qui
témoigna pour les siècles à venir qu’au matin du troisième jour le tombeau
de son ami était vide.
Les mauvaises habitudes ont vite repris leur place dans le discours, et
les sociétés qui se voulaient les héritières du judaïsme ont connu à nouveau
de sombres périodes de misogynie et de diabolisation de la femme, même
lorsqu’avec hypocrisie il était de bon ton de la promouvoir.
Saint Paul, et à sa suite nombre de théologiens et Pères de l’Église, tel
saint Augustin, comme de célèbres prédicateurs, tel Bossuet, mettent en
garde, dès les débuts du christianisme et jusqu’à la fin du XIXe siècle contre
celles qui, à la suite d’Ève, se sont ingéniées à introduire le ver dans le fruit.
Ève a fait de l’étreinte charnelle et de l’acte de reproduction la façon
imparable d’inoculer le péché à l’enfant, dès sa conception. La sexualité
débridée, et parfois la sexualité tout court, ont été longtemps reléguées au
rang des faiblesses coupables, sinon des vices perpétués avec la complicité
des femmes, et la chasteté a été recommandée par les porte-parole de toutes
les Églises. Les mises en garde se multiplient. Messieurs, méfiez-vous des
femmes !
Il y a dans la Bible les femmes que l’on cite. Elles sont peu nombreuses
en regard des innombrables anonymes qui n’ont ni nom ni visage et dont le
seul rôle aura parfois été d’être des mères porteuses pour donner la vie et
transmettre les codes.
Qui sait, dans une société où l’homme est aux commandes, comment
s’appelaient les sœurs de Caïn et de Seth qui ont permis d’assurer une
descendance à nos premiers parents, comment s’appelaient la femme et les
belles-filles de Noé, sans lesquelles le genre humain aurait disparu,
comment s’appelaient la femme et les filles de Lot, ces deux vierges qui ont
sacrifié leur vertu et consenti à l’inceste pour que ne s’éteigne pas la lignée
de leur père, comment s’appelait la fille de Jephté le Galaadite ?
Mais, puisque nous employons l’expression de « mères porteuses »,
certaines femmes, même si souvent nous ignorons leurs noms, sont de
brillantes exceptions, non pas parce qu’elles sont femmes, ou en dépit du
fait qu’elles le soient, mais parce qu’elles sont mères. Les femmes ont
toutes vocation à être mères et la pire des calamités pour elles est d’être
stériles, de rester vierges sans avoir pu transmettre la vie ou de se trouver
veuves sans descendance après avoir perdu un enfant. Mieux vaut
s’adresser à une tierce femme et adopter l’enfant que son mari aura d’une
servante que de rester un fruit sec.
De nombreux textes invitent ainsi à écouter sa mère, à la respecter, à la
soigner lorsqu’elle prend de l’âge, à secourir les veuves abandonnées de
tous.

Nous avons eu recours pour les citations à la Bible de Jérusalem, Paris,


Éd. du Cerf, 2000.
DICTIONNAIRE
DES FEMMES
DANS LA BIBLE
A

Abigayil
Femme de Nabal de Karmel. Cet homme riche avait mille moutons et
mille chèvres, mais il était brutal et malfaisant. Il réserva le plus mauvais
accueil aux envoyés de David qui étaient allés à sa rencontre alors qu’il
faisait tondre son troupeau. Abigayil, « pleine de bon sens et belle à voir »,
précise le narrateur, voulant faire pardonner l’ingratitude de son mari, prêta
allégeance à David et lui offrit, ainsi qu’à ses compagnons, de quoi se
nourrir et se désaltérer.

Abigayil se hâta de prendre deux cents pains, deux outres de vin,


cinq moutons apprêtés, cinq mesures de grains grillés, cent
grappes de raisin sec, deux cents gâteaux de figues, qu’elle
chargea sur des ânes. Elle dit à ses serviteurs : « Passez devant,
et moi je vous suis », mais elle n’informa pas Nabal, son mari.
[…] Dès qu’Abigayil aperçut David, elle se hâta de descendre de
l’âne et, tombant sur la face devant David, elle se prosterna
jusqu’à terre. Se jetant à ses pieds, elle dit : « Que la faute soit
sur moi, Monseigneur ! Puisse ta servante parler à tes oreilles et
daigne écouter les paroles de ta servante ! Que Monseigneur ne
fasse pas attention à ce vaurien, à ce Nabal, car il porte bien son
nom : il s’appelle l’Insensé et l’infamie s’attache à lui. […] Que
Yahvé te fasse du bien, Monseigneur. Souviens-toi de ta
servante. »
David répondit à Abigayil : « Béni soit Yahvé, Dieu d’Israël, qui
t’a envoyée aujourd’hui à ma rencontre. Béni soit ton bon sens et
bénie sois-tu, pour m’avoir retenu aujourd’hui d’en venir au sang
et de triompher de ma propre main ! » […] Une dizaine de jours
plus tard, Yahvé frappa Nabal et il mourut.

David, on le sait, tombait facilement sous le charme des femmes et


pouvait en aimer plus d’une :

David envoya demander Abigayil en mariage. Les serviteurs de


David vinrent donc trouver Abigayil à Karmel et lui dirent :
« David nous a envoyés chez toi pour te prendre comme sa
femme. » Elle se leva, se prosterna la face contre terre et dit :
« Voici que ta servante est comme une esclave, pour laver les
pieds des serviteurs de Monseigneur. » Vite Abigayil se releva et
monta sur un âne ; suivie par cinq de ses servantes, elle partit
derrière les messagers de David et elle devint sa femme. David
avait aussi épousé Ahinoam de Yzréel et il les eut toutes deux
pour femmes [Premier Livre de Samuel 25, 1-43].

David n’avait pas répudié pour autant Mikal, la fille de Saül, mais ce
dernier avait mis à profit son départ pour la redonner en mariage à Palti, fils
de Layish.
Nous avons avec Abigayil un bel exemple parmi d’autres d’une femme
séduisante mais pudique, courageuse, reconnaissante et soumise dans la
dignité. Elle rappelle à ce titre Ruth la Moabite.
Abishag de Shunem
Jeune fille qui réconforta David au soir de sa vie.

Le roi David était un vieillard avancé en âge ; on le couvrait de


vêtements sans qu’il pût se réchauffer. Alors ses serviteurs lui
dirent : « Qu’on cherche pour Monseigneur le roi une jeune fille
vierge qui assiste le roi et qui le soigne : elle couchera sur ton
sein et cela tiendra chaud à Monseigneur le roi. » Ayant donc
cherché une belle jeune fille dans tout le territoire d’Israël, on
trouva Abishag de Shunem et on l’amena au roi. [Premier Livre
des Rois 1, 1-4].

Lorsqu’il y eut un trouble concernant la succession du pouvoir,


Bethsabée s’en vint trouver son mari : « Bethsabée se rendit chez le roi dans
sa chambre. Or le roi était très vieux et Abishag de Shunem le servait »
(Premier Livre des Rois 1, 15.) C’est alors que David confirma sa décision
de transmettre le trône à Salomon.
Quel âge avait donc ce grand vieillard réchauffé par une jeune fille sans
autre forme d’intimité ? Seulement soixante-dix ans, si l’on en croit le
Deuxième Livre de Samuel :

David avait trente ans à son avènement et il régna pendant


quarante ans. À Hébron, il régna sept ans et six mois sur Juda ; à
Jérusalem, il régna trente-trois ans sur tout Israël et sur Juda [5,
4-5].

Ada
L’une des épouses cananéennes de Esaü, fille d’Élôn le Hittite (Genèse,
36, 1-5).

Ada, Çilla, Naama


Ada et Çilla étaient les deux femmes de Lamek, descendant de Caïn, à
la cinquième génération.

Ada enfanta Yabal ; il fut l’ancêtre de ceux qui vivent sous la


tente et ont des troupeaux. Le nom de son frère était Yubal : il fut
l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la lyre et du chalumeau. De
son côté, Çilla enfanta Tubal-Caïn : il fut l’ancêtre de tous les
forgerons en cuivre et en fer ; la sœur de Tubal-Caïn était Naama
[Genèse 4, 20-22].

Naama, qui signifie la « jolie », l’« aimée », est peut-être l’éponyme de


« fille de joie ».
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître à l’aube de l’humanité, le
narrateur de ce récit mythologique nous apprend que Caïn aurait construit la
première ville et aurait été, par ses descendantes Ada et Çilla, l’ancêtre des
éleveurs, des musiciens, des forgerons ainsi que… vie urbaine oblige, par
Naama, celui des prostituées.

Agar
Servante égyptienne de Saraï, la femme d’Abram (qui seront nommés
par Yahvé Sara et Abraham). Comme Saraï était stérile, elle demanda à
Abram, son mari, de s’unir à Agar pour s’assurer une descendance par mère
porteuse interposée.
Il se trouve que le droit mésopotamien, que connaissaient les Juifs en
exil, stipulait qu’une épouse stérile pouvait donner son mari à une servante
et reconnaître comme siens les enfants qu’aurait cette servante. On se
souvient que cet usage prévaudra à nouveau pour Rachel et pour Léa, les
deux filles de Laban, lui-même fils de Nahor et donc neveu d’Abraham
(Genèse 16, 1-15). Jacob, le fils d’Isaac et de Rébecca, avait épousé Léa
puis Rachel. Léa eut six fils et une fille. Rachel étant stérile demanda à
Jacob d’approcher sa servante Bilha. La servante, à deux reprises, enfanta
sur les genoux de sa maîtresse pour que les enfants fussent reconnus par
celle-ci. Léa, à son tour, offrit à Jacob sa servante Zilpa qui eut deux fils.
Mais voici que Rachel devint féconde et mit au monde Joseph. La famille
était au complet !

Ainsi, au bout de dix ans qu’Abram résidait au pays de Canaan,


sa femme Saraï prit Agar l’Égyptienne, sa servante, et la donna
pour femme à son mari, Abram. Celui-ci alla vers Agar, qui
devint enceinte [Genèse 16, 3-4].

Agar dédaigna alors sa maîtresse Saraï, qui s’en plaignit à Abram.


Celui-ci laissa Saraï renvoyer la femme qui s’en fut errer dans le désert
mais bénéficia de la protection de Yahvé qui lui envoya son ange pour lui
promettre une grande descendance et lui demander de retourner chez ses
maîtres. Il demanda que l’enfant à naître s’appelât Ismaël, car Dieu avait
entendu sa détresse. Le nom Ishma’el signifie en effet : « Que Dieu
entende » ou « Dieu entend ». Elle mit au monde Ismaël quand Abram avait
quatre-vingt-six ans.
C’est seulement treize ans plus tard que Yahvé apparut à Abram, lui
donna le nom d’Abraham et donna à Saraï le nom de Sara. Il annonça à
Abraham que sa femme Sara, qui avait quatre-vingt-dix ans, allait être
féconde :

Je la bénirai et même je te donnerai d’elle un fils ; je la bénirai,


elle deviendra des nations, et des rois de peuples viendront
d’elle. […] ta femme Sara te donnera un fils, tu l’appelleras
Isaac, et j’établirai mon alliance avec lui, comme une alliance
perpétuelle, et avec sa descendance après lui [Genèse 17, 16 et
19].

Abraham avait cent ans à la naissance de ce deuxième fils.


Jadis, Ismaël était l’enfant de Saraï, grâce aux bons offices de la
servante. Aujourd’hui, le fils de Sara était Isaac et Ismaël, qui était un
adolescent, était devenu un intrus. Quand Isaac fut sevré, Sara cessa de
supporter la présence d’Ismaël et celle de sa mère et craignit que le fils
d’Agar ne partageât l’héritage qu’elle eût voulu tout entier pour Isaac. Sara
obtint d’Abraham qu’Agar et Ismaël fussent éconduits. Abraham, bien qu’il
lui en coûtât, chassa une deuxième fois Agar. Celle-ci s’en fut errer de
nouveau au désert mais Yahvé, une fois encore, lui assura sa protection.
Si les deux mères étaient devenues incompatibles, les deux enfants
d’Abraham eurent deux destins parallèles et furent, chacun de son côté,
pères de nombreuses nations comme l’avait promis Yahvé.
Ismaël devint tireur d’arc et demeura au désert. Sa mère lui choisit pour
femme une Égyptienne (Genèse 16, 1-16 et 21, 1-21.)

Ahinoam
Femme de Saül, fille d’Ahimaaç.
Aksa
Fille de Caleb, qui appartenait à la tribu de Juda et avait été l’un des
explorateurs envoyés par Moïse reconnaître le pays de Canaan. Caleb reçut
en partage la montagne et la ville d’Hébron. Il promit la main d’Aksa à qui
s’emparerait de la ville de Debir, qui s’appelait autrefois Qiryat-Séphìr. Ce
fut Otniel, fils de Qenaz, qui conquit la ville et eut le droit d’épouser la
jeune fille. (Livre de Josué 14, 15-17 et Livre des Juges 1, 12-13.)

Anna
Femme de Tobit, de la tribu de Nephtali, lequel fut connu pour sa
sagesse, sa piété, sa générosité. Tobit fut déporté à Ninive. À son retour, il
retrouva Anna et son fils Tobie.
Lorsqu’il en vint à songer à sa propre mort, il fit ses recommandations à
Tobie :

Honore ta mère, et ne la délaisse en aucun jour de ta vie. Fais ce


qui lui plaît, et ne lui fournis aucun sujet de tristesse. Souviens-
toi, mon enfant, de tant de dangers qu’elle a courus pour toi,
quand tu étais dans son sein. Et quand elle mourra, enterre-la
auprès de moi, dans la même tombe [Tobie 4, 3-4].

Anne
L’une des deux femmes d’Elqana, fils de Yeroham de Ramatayim-
Çophim. L’autre femme était Peninna. Peninna avait des enfants, Anne était
stérile. Peninna ne cessait de peiner Anne sans avoir pitié de son désarroi.
Elqana tentait de la réconforter : « Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-
tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne vaux pas pour toi
mieux que dix fils ? »
Un jour qu’Elqana allait sacrifier au temple de Silo, Anne, pleine
d’amertume, pria Yahvé et fit un vœu : « Yahvé Sabaot ! Si tu voulais bien
voir la misère de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante
et lui donner un petit d’homme, alors je le donnerai à Yahvé pour toute sa
vie et le rasoir ne passera pas sur sa tête. » Elle priait silencieusement, ce
qui n’était pas la coutume dans le temple, et Éli crut qu’elle était ivre.
Ils s’en retournèrent chez eux. « Elqana connut Anne sa femme, et
Yahvé se souvint d’elle. Anne conçut et, au moment révolu, elle mit au
monde un fils qu’elle nomma Samuel… »
Quand l’enfant fut sevré, elle l’emmena au temple et le conduisit à Éli :
« S’il te plaît Monseigneur ! Aussi vrai que tu vis, Monseigneur, je suis la
femme qui se tenait près de toi ici, priant Yahvé. C’est pour cet enfant que
je priais et Yahvé m’a accordé la demande que je lui ai faite. À mon tour, je
le cède à Yahvé tous les jours de sa vie : il est cédé à Yahvé. »
C’est alors qu’Anne entonna un cantique qui peut à certains égards
préfigurer le Magnificat. Il commence ainsi :

Mon cœur exulte en Yahvé,


ma corne s’élève en Yahvé,
ma bouche est large ouverte contre mes ennemis,
car je me réjouis en ton secours.

Point de Saint comme Yahvé


car il n’y a personne excepté toi
point de Rocher comme notre Dieu.

Ne multipliez pas les paroles hautaines,


que l’arrogance ne sorte pas de votre bouche,
car Yahvé est un Dieu plein de savoir
et par lui les actions sont pesées.

L’arc des puissants est brisé,


mais les défaillants se ceignent de force.
Les rassasiés s’embauchent pour du pain,
mais les affamés cessent de travailler.
La femme stérile enfante sept fois,
mais celle qui a de nombreux fils se flétrit.

C’est Yahvé qui fait mourir et vivre,


qui fait descendre au shéol et en remonter.
C’est Yahvé qui appauvrit et qui enrichit,
qui abaisse et aussi qui élève.
[…]

Dès lors que sa mère l’avait consacré, le jeune Samuel servait au temple
en présence d’Éli. Yahvé se manifesta à lui pour en faire un prophète. Juge
itinérant, il mena le combat contre les Philistins, conféra l’onction royale à
Saül et, lorsque ce dernier fut rejeté par Dieu pour avoir transgressé la loi de
l’anathème, il choisit David parmi les fils de Jessé.
(Premier Livre de Samuel 1 à 12.)

Anne, fille de Phanouel


Cette prophétesse, de la tribu d’Aser, est dite aussi Anne de Jérusalem et
fêtée comme une sainte chrétienne. Elle était au Temple, lorsque Marie et
Joseph vinrent présenter Jésus.
Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité,
vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve ; parvenue à
l’âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit
et jour dans le jeûne et la prière.

Cette veuve toute dévouée à Dieu, et qui en interprétait les desseins,


annonçait la délivrance par le Messie à venir du peuple élu. Elle intervient
dans le texte après la prophétie de Syméon, qui avait proclamé après avoir
vu l’enfant : « Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole,
laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut… ».

Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de


l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem
[Luc 2, 36-38].

Ainsi l’enfant Jésus fut accueilli dans le Temple de Dieu par deux
vieillards qui, chacun à sa façon, avaient gardé une foi totale dans
l’avènement du Messie.

Asnat
Fille de Poti-Phéra, prêtre d’On. Pharaon, pour remercier Joseph d’avoir
su si bien expliquer ses songes, et notamment ceux des sept vaches grasses
et des sept vaches maigres, le nomma vizir d’Égypte, c’est-à-dire son
collaborateur le plus proche, bien que le titre de vizir ne soit pas mentionné
dans le texte. Il lui imposa le nom de Çophnat-Panéah et lui donna Asnat
pour femme. Deux enfants naquirent de cette union, Manassé et Éphraïm.
(Genèse 41, 44-45 et 50-52.)
Athalie
Fille d’Achab, roi d’Israël, et de Jézabel, fille du Phénicien Ittobaal, qui
avait pris le pouvoir à Tyr. Sous l’influence de sa femme, Achab avait rendu
un culte à Baal, auquel il avait construit un temple à Samarie. Élie voulut
rappeler au peuple d’Israël que Yahvé était le seul Dieu et fit égorger tous
les dévots de Baal.
Lorsqu’Aram fut tué au combat, Jéhu, qui avait reçu l’onction royale
d’un disciple du prophète Élisée, fit défenestrer Jézabel par les eunuques :
elle fut dévorée par les chiens.
Athalie, de son côté, avait épousé Joram, roi de Juda. Son influence
poussa Joram à laisser se développer le culte de Baal. Yahvé ne voulut pas
pour autant détruire Juda, afin de respecter les promesses qu’il avait faites à
David. (Deuxième Livre des Rois 8, 16-18.)
Certains exégètes supposent qu’Athalie fut la fille et non pas la petite-
fille d’Omri, le père d’Achab, et qu’elle fut donc la sœur d’Achab, en dépit
du texte auquel il est ici fait référence. C’est le cas du Deuxième Livre des
Chroniques (22, 2).
Jéhu, roi d’Israël, fomenta une conspiration contre Joram. Il le tua d’une
flèche au cœur dans le champ de Nabot de Yzréel. Athalie succéda à Joram
et régna de 841 à 835. Le Deuxième Livre des Chroniques indique qu’elle
entreprit d’exterminer toute la descendance de la maison de Juda. Son petit-
fils Joas avait été soustrait de la famille qu’on massacrait et avait été élevé
dans le Temple de Yahvé par sa tante Yehosheba, privilège dû à ce qu’elle
était la femme de Yehoyada, chef du sacerdoce de Jérusalem. Lorsque Joas
eut sept ans, Yehoyada le fit sortir du Temple, le montra au peuple, lui
donna l’onction de roi.
Comme sa mère, Athalie paya son refus de se rallier à Yahvé et à ses
fidèles. Elle fut mise à mort sur ordre du grand-prêtre Joad.
Le texte des Chroniques, comme celui des Rois, précise que
lorsqu’Athalie vit le roi debout sur l’estrade entouré d’un peuple exultant de
joie, elle déchira ses vêtements et s’écria « Trahison ! Trahison ! » Celle qui
avait honoré les dieux auxquels on rendait un culte dans sa famille depuis
toujours et qui avait vu sa mère Jézabel mourir en martyre n’était pas
épargnée par le roi des Juifs.
Le peuple se rendit au temple de Baal et le démolit. On brisa les autels
et les images du dieu et on tua Mattân, son prêtre. Joas, qui avait reçu
l’éducation de Yehoyada, fit dès lors tout ce qui était agréable à Yahvé. Il
régna quarante ans.
(Deuxième Livre des Rois 9, 22-26 et 11, 1-19.)
Le drame sanglant dont Jézabel puis sa fille furent les actrices inspira à
Racine sa tragédie Athalie (1691). Chacun a en mémoire le songe qui hanta
les nuits de la reine de Juda :

C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit.


Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage
Pour réparer des ans l’irréparable outrage.
« Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi.
Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi.
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Ma fille. » En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
Et moi, je lui tendais les mains pour l’embrasser.
Mais je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange
D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.
[Acte II, scène 3.]
B

Basmat
L’une des épouses cananéennes d’Esaü. (Genèse 36, 1-5.)

Bethsabée
C’était le printemps. Les Israéliens s’étaient mis en campagne contre
leurs ennemis, mais David était resté à Jérusalem.

Il arriva que, vers le soir, David, s’étant levé de son lit, alla se
promener sur la terrasse de la maison du roi et aperçut, de la
terrasse, une femme qui se baignait. Cette femme était très belle.
David fit prendre des informations sur cette femme, et on
répondit : « Mais c’est Bethsabée, fille d’Éliam et femme d’Urie
le Hittite ! » Alors David envoya des émissaires pour la prendre.
Elle vint chez lui et il coucha avec elle, alors qu’elle venait de se
purifier de ses règles. Puis elle retourna dans sa maison. La
femme conçut. Elle en fit informer David : « Je suis enceinte ! »
David envoya dire à Joab : « Envoie-moi Urie le Hittite », et
Joab envoya Urie à David.

Urie, le mari de Bethsabée, qui combattait comme mercenaire,


respectait scrupuleusement la loi religieuse de la guerre qui imposait la
continence, et ne descendait pas passer la nuit avec sa femme. David,
cruellement, l’envoya en première ligne se faire tuer.

Lorsque la femme d’Urie apprit que son époux, Urie, était mort,
elle pleura son mari. Quand le deuil fut achevé, David l’envoya
chercher et la recueillit chez lui, et elle devint sa femme. Mais
l’action que David avait commise déplut à Yahvé.

De fait, le septième jour après sa naissance, l’enfant mourut.

David consola Bethsabée, sa femme. Il alla vers elle et coucha


avec elle. Elle enfanta un fils auquel elle donna le nom de
Salomon. Yahvé l’aima et le fit savoir par le prophète Natân.

(Deuxième Livre de Samuel 11, 2-17 et 12, 15-25.)


Quand David fut très vieux, son fils Adonias s’était assis sur son trône
et prétendait assurer la succession. Mais le prophète Natân voulut que le
choix du successeur fût annoncé clairement par David lui-même. Celui-ci
fit convoquer Bethsabée et le roi fit ce serment :

Par Yahvé vivant, qui m’a délivré de toutes les angoisses,


comme je t’ai juré par Yahvé, Dieu d’Israël, que ton fils
Salomon régnerait après moi et s’assiérait à ma place sur le
trône, ainsi ferai-je aujourd’hui même.
(Premier Livre des Rois 1, 29-30.)
Le regard d’un homme sur une femme dénudée prenant son bain est un
thème rémanent des mythologies. Chez les Grecs, par exemple, Actéon fut
transformé en cerf et dévoré par ses propres chiens pour avoir surpris
Artémis et ses compagnes prenant leur bain dans une source. Dans la Bible,
le Livre de Daniel nous conte comment Suzanne, prenant son bain, était
observée par deux vieillards lubriques. Mais avec David, la lignée la plus
sacrée et célébrée du judaïsme commençait par un lâche adultère.
Rembrandt, parmi d’autres, nous a laissé une Bethsabée au bain (1564). Au
e
XX siècle, Marc Chagall a représenté David et Bethsabée (1956).

Bilha
Servante de Rachel, jusqu’à la mort de celle-ci à Bethléem. Ruben était
le fils aîné de Jacob et de Léa. Tandis que la famille était revenue s’installer
au pays de Canaan, Ruben s’en alla coucher avec Bilha, qui restait la
concubine de son père. Une telle liaison était considérée comme un inceste.
(Genèse 35, 21-22.)
C

Cananéenne [guérison de la fille d’une]


Matthieu relate que Jésus était dans la région de Tyr et de Sidon.

Et voici qu’une femme cananéenne, étant sortie de ce territoire,


criait en disant : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David : ma
fille est fort malmenée par un démon. » Mais il ne lui répondit
pas un mot.

C’est alors que, curieusement, Jésus explique à ses disciples qu’il n’a
été envoyé qu’aux « brebis perdues de la maison d’Israël ».
Et d’ajouter :

« Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux


petits chiens. » Mais devant l’insistance et la confiance de la
Cananéenne, il s’adresse à elle : « Ô femme, grande est ta foi !
Qu’il t’advienne selon ton désir ! » Et la fille fut guérie
[Matthieu 15, 22-28].
Marc nous relate la même anecdote en appelant la femme la
Syrophénicienne (Marc 7, 24-30).

Cantique des cantiques [La femme dans


le]
Le Cantique des Cantiques a été attribué à Salomon, dont la tradition
rapportait qu’il avait composé des cantiques. En dépit du très grand nombre
de femmes et de concubines dont le roi avait la réputation d’avoir été
entouré, ce poème chante l’amour réciproque d’un Bien-aimé et d’une
Bien-aimée. Il s’agit, sans pudibonderie, mais sans érotisme provocateur,
d’exalter l’admiration d’un homme et d’une femme l’un pour l’autre,
l’affection, le vertige des sens. Ce Cantique était chanté dès les premiers
siècles de notre ère dans les fêtes profanes de mariage mais les exégètes
Juifs, puis chrétiens, en ont eu une interprétation allégorique. Il dirait, pour
les premiers, l’amour de Dieu pour Israël et celui du peuple Juif pour
Yahvé, pour les seconds les noces du Christ et de l’Église ou de Dieu et de
l’âme croyante.
Ce recueil de chants d’amour est sans doute largement inspiré de chants
de noces des Arabes de Syrie et de Palestine, comme de la poésie
égyptienne diffusée depuis longtemps en Israël. Au prétexte de décrire
l’amour du Bien-aimé pour la petite paysanne au teint basané qui participe
aux travaux des champs, il évoque peut-être le premier mariage de
Salomon, qui s’unit avec la fille païenne de Pharaon, ainsi que nous le
rapporte le Premier Livre des Rois.
Les comparaisons et métaphores qui disent la séduction font appel au
lexique des parfums, des fruits, des fleurs, du vin, du miel, du lait, du petit
bétail, des oiseaux, tout ce qui réjouit les yeux, le palais et le cœur.
Il faudrait citer le poème entier pour voir se dessiner le portrait de la
jeune femme mais quelques vers donneront à en goûter le charme.

Que tu es belle, ma bien-aimée,


que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes,
derrière ton voile ;
tes cheveux comme un troupeau de chèvres,
ondulent sur les pentes du mont Galaad.
Tes dents, un troupeau de brebis tondues
qui remontent du bain.
Chacune a sa jumelle
et nulle n’en est privée.
Tes lèvres, un fil écarlate,
et tes discours sont ravissants.
Tes joues, des moitiés de grenades,
derrière ton voile.
Ton cou, la tour de David,
bâtie par assises.
Mille rondaches y sont suspendues,
tous les boucliers des preux.
Tes deux seins, deux faons,
jumeaux d’une gazelle,
qui paissent parmi les lis.
[4, 1-5.]

Tu me fais perdre le sens,


ma sœur, ô fiancée,
tu me fais perdre le sens
par un seul de tes regards,
par un anneau de ton collier !
Que ton amour a de charmes,
ma sœur, ô fiancée.
Que ton amour est délicieux, plus que le vin !
Et l’arôme de tes parfums,
plus que tous les baumes !
Tes lèvres, ô fiancée,
distillent le miel vierge.
Le miel et le lait
sont sous ta langue ;
et le parfum de tes vêtements
est comme le parfum du Liban.
Elle est un jardin bien clos,
ma sœur, ô fiancée ;
un jardin bien clos,
une source scellée.
Tes jets font un verger de grenadiers,
avec les fruits les plus exquis,
grappes de henné avec des nards ;
le nard et le safran,
le roseau odorant et le cinnamome,
avec tous les arbres à encens ;
la myrrhe et l’aloès,
avec les plus fins arômes.
Source des jardins,
puits d’eaux vives,
ruissellement du Liban !
[4, 9-15.]
Ce long poème semble exalter l’amour exclusif et réciproque d’un
homme et d’une femme et célébrer la monogamie. Mais l’ombre de
Salomon, réputé auteur du Cantique, se profile et le huitième poème nous
rappelle que si la Bien-aimée est la préférée, elle n’est pas la seule. Le
nombre de femmes dont le roi est entouré est très inférieur à celui que cite
le Premier Livre des Rois, mais confirme la polygamie en usage :

Il y a soixante reines
et quatre-vingts concubines
et des jeunes filles sans nombre.
Unique est ma colombe,
ma parfaite.
[6, 8-9.]

Et pourtant, en dépit de cette allusion, la fin du poème chante l’amour


passion pour l’être unique, l’amour qui dévore comme un feu :

Car l’amour est fort comme la Mort,


la jalousie inflexible comme le Shéol.
Ses traits sont des traits de feu,
une flamme de Yahvé.
Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour,
ni les fleuves le submerger.
Qui offrirait toutes les richesses de sa maison
pour acheter l’amour,
ne recueillerait que mépris.
[8, 6-7.]
Çilla
L’une des épouses cananéennes d’Ésaü. → ADA.

Çippora
Fille de Réuel, prêtre de Madiân, région dans laquelle Moïse s’était
réfugié. Les Médianistes descendaient d’Abraham et de sa concubine
Ketourah. Les sept filles de Réuel étaient allées puiser de l’eau pour
abreuver le petit bétail de leur père mais avaient été chassées par des
bergers. Moïse vola à leur secours. Le père, reconnaissant, lui donna l’une
de ses filles. Çippora eut un fils nommé Gershom de son union avec Moïse.
(Exode 2, 16-22.)
D

Dalila
L’une des femmes qu’aima Samson et qui lui fut fatale. Elle était de la
vallée de Soreq. Il s’éprit d’elle.

Les princes des Philistins allèrent la trouver et lui dirent :


« Séduis-le et sache d’où vient sa grande force, par quel moyen
nous pourrions nous rendre maîtres de lui et le lier pour le
maîtriser. Quant à nous, nous te donnerons chacun onze cents
sicles d’argent. »

À plusieurs reprises, elle échoua dans sa tentative de lui arracher son


secret. Elle joua les sentiments et il finit par lui confier :

Le rasoir n’a jamais passé sur ma tête, lui dit-il, car je suis nazir
de Dieu depuis le sein de ma mère. Si on me rasait, alors ma
force se retirerait de moi, je perdrais ma vigueur et je deviendrais
comme tous les hommes.
Dalila fit appeler les princes des Philistins, et comme Samson s’était
endormi sur ses genoux, elle lui fit raser ses sept tresses de cheveux. Il se
trouva sans forces. Les Philistins lui crevèrent les yeux, le firent descendre
à Gaza, l’enchaînèrent et lui firent tourner la meule dans la prison.
Cependant, sa chevelure se mit à repousser. Il reprenait des forces et, un
jour qu’on l’avait conduit au temple de Dagôn, dieu des Philistins, et qu’on
s’amusait de lui dont on avait fait un bouffon, il écarta deux colonnes et fit
s’écrouler l’édifice sur lui-même et une foule immense.
(Livre des Juges 16, 4-30.)
Alfred de Vigny, dans La Colère de Samson (Les Destinées, 1864), relit
le texte célèbre du Livre des Juges, pour conclure « Et plus ou moins la
femme est toujours Dalila », c’est-à-dire un être séducteur, roué, faible mais
pervers. Il aurait pu nous proposer des lectures différentes et dénoncer, par
exemple, la naïveté de Samson qui, par lassitude ou distraction finit par
livrer le secret de sa force. Il aurait pu aussi, quitte à trahir la cause du
peuple élu, admirer le courage de la Philistine qui court le risque de sa vie
pour servir les siens, devenant en somme une Judith de l’autre camp, dont le
charme est une arme pour abattre l’ennemi de son clan. Il préfère brosser,
par Bible interposée, un portrait joliment ficelé mais combien dégradant de
la femme éternelle.

[…]
C’est Dalila, l’esclave, et ses bras sont liés
Aux genoux réunis du maître jeune et grave
Dont la force divine obéit à l’esclave.
Comme un doux léopard elle est souple et répand
Ses cheveux dénoués aux pieds de son amant.
Ses grands yeux, entr’ouverts comme s’ouvre l’amande,
Sont brûlants du plaisir que son regard demande,
Et jettent, par éclats, leurs mobiles lueurs.
Ses bras fins tout mouillés de tièdes sueurs,
Ses pieds voluptueux qui sont croisés sous elle,
Ses flancs, plus élancés que ceux de la gazelle,
Pressés de bracelets, d’anneaux, de boucles d’or,
Sont bruns, et, comme il sied aux filles de Hatsor,
Ses deux seins, tout chargés d’amulettes anciennes,
Sont chastement pressés d’étoffes syriennes.

Les genoux de Samson fortement sont unis


Comme les deux genoux du colosse Anubis.
Elle s’endort sans force et riante et bercée
Par la puissante main sous sa tête placée.
Lui murmure le chant funèbre et douloureux
Prononcé dans la gorge avec des mots hébreux.
Elle ne comprend pas la parole étrangère,
Mais le chant verse un somme en sa tête légère.
« Une lutte éternelle en tout temps, en tout lieu,
Se livre sur la terre, en présence de Dieu,
Entre la bonté d’Homme et la ruse de Femme,
Car la femme est un être impur de corps et d’âme.

L’Homme a toujours besoin de caresse et d’amour,


Sa mère l’en abreuve alors qu’il vient au jour,
Et ce bras le premier l’engourdit, le balance
Et lui donne un désir d’amour et d’indolence.
Troublé dans l’action, troublé dans le dessein,
Il rêvera partout à la chaleur du sein,
Aux chansons de la nuit, aux baisers de l’aurore,
À la lèvre de feu que sa lèvre dévore,
Aux cheveux dénoués qui roulent sur son front,
Et les regrets du lit, en marchant, le suivront.
Il ira dans la ville, et, là, les vierges folles
Le prendront dans leurs lacs aux premières paroles.
Plus fort il sera né, mieux il sera vaincu,
Car plus le fleuve est grand et plus il est ému.
Quand le combat que Dieu fit pour la créature
Et contre son semblable et contre la nature
Force l’Homme à chercher un sein où reposer,
Quand ses yeux sont en pleurs, il lui faut un baiser.
Mais il n’a pas encor fini toute sa tâche :
Vient un autre combat plus secret, traître et lâche ;
Sous son bras, sur son cœur se livre celui-là ;
Et, plus ou moins, la Femme est toujours Dalila.
[…]
Éternel ! Dieu des forts ! vous savez que mon âme
N’avait pour aliment que l’amour d’une femme,
Puisant dans l’amour seul plus de sainte vigueur
Que mes cheveux divins n’en donnaient à mon cœur.
– Jugez-nous – La voilà sur mes pieds endormie.
Trois fois elle a vendu mes secrets et ma vie,
Et trois fois a versé des pleurs fallacieux
Qui n’ont pu me cacher la rage de ses yeux ;
Honteuse qu’elle était plus encor qu’étonnée
De se voir découverte ensemble et pardonnée ;
Car la bonté de l’Homme est forte, et sa douceur
Écrase, en l’absolvant, l’être faible et menteur.
[…]
Il dit et s’endormit près d’elle jusqu’à l’heure
Où les guerriers, tremblant d’être dans sa demeure,
Payant au poids de l’or chacun de ses cheveux,
Attachèrent ses mains et brûlèrent ses yeux,
Le traînèrent sanglant et chargé d’une chaîne
Que douze grands taureaux ne tiraient qu’avec peine,
Et placèrent debout, silencieusement,
Devant Dagon, leur Dieu, qui gémit sourdement
Et deux fois, en tournant, recula sur sa base
Et fit pâlir deux fois ses prêtres en extase,
Allumèrent l’encens, dressèrent un festin
Dont le bruit s’entendait du mont le plus lointain ;
Et près de la génisse aux pieds du Dieu tuée
Placèrent Dalila, pâle prostituée,
Couronnée, adorée et reine du repas,
Mais tremblante et disant : Il ne me verra pas !

Terre et ciel ! avez-vous tressailli d’allégresse


Lorsque vous avez vu la menteuse maîtresse
Suivre d’un œil hagard les yeux tachés de sang
Qui cherchaient le soleil d’un regard impuissant ?
Et quand enfin Samson, secouant les colonnes
Qui faisaient le soutien des immenses Pylônes,
Écrasa d’un seul coup, sous les débris mortels,
Ses trois mille ennemis, leurs dieux et leurs autels ?
Terre et ciel ! punissez par de telles justices
La trahison ourdie en des amours factices,
Et la délation du secret de nos cœurs
Arraché dans nos bras par des baisers menteurs.

Rubens, au XVIIe siècle, a peint Samson et Dalila.

David [Femmes de]


Le Deuxième Livre de Samuel, en dressant la liste des fils de David nés
à Hébron, donne le nom de leurs mères. Amnon est né d’Ahinoam de
Yzréel, Kiléab de Abigayil qui avait été la femme de Nabal de Karmel (Le
Premier Livre des Chroniques appellera ce fil Daniyyel), Absalom de
Maaka, fille de Talmaï roi de Geshur, Adonias, de Haggit, Shephatya
d’Abital, Ytréam d’Égla.
(Deuxième Livre de Samuel 3, 2-5.)
Il ne faut pas oublier, bien entendu, dans cet inventaire, celle qui fut la
première épouse de David, Mikal, fille de Saül. Le Deuxième Livre de
Samuel (6, 23) précise qu’elle n’eut pas d’enfant.
Lorsque le narrateur nous conte l’installation de David à Jérusalem, il
précise que le nouveau roi prit encore des concubines et des femmes qui lui
donnèrent des fils et des filles : Shammua, Shobab, Natân, Salomon, Ybhar,
Élishua, Népheg, Yaphia, Élishama, Elzada, Éliphélèt. Nous savons que
Bethsabée était la mère de Salomon, mais nous ne connaissons pas les
mères des dix autres enfants de cette nouvelle liste.
Le Premier Livre des Chroniques fera de Salomon, en dépit de
l’invraisemblance de la chronologie, le quatrième fils de Bat-Shua,
autrement dit Bethsabée, les trois autres étant Shiméa, Shobab et Natân.
Suit une liste d’enfants, Ybhar, Élishama, Éliphélèt, Nogah, Népheg,
Yaphia, Élyada, dont on ne cite pas la mère ou les mères. Le même texte
ajoute que Tamar était la sœur des fils dont il donne la liste. Elle n’en était
en fait que la demi-sœur puisqu’elle était la sœur d’Absalom. Plus loin dans
le même Livre, le chroniqueur ajoute à la liste des enfants nés à Jérusalem
Élishua, Elpalèt et Baalyada. À se demander si David lui-même pouvait
citer sans se tromper tous ces enfants et savait quelle était la mère de
chacun !
La dernière à s’être allongée près du roi fut Abishag de Shunem. David
était proche de la mort, on ne savait comment le réchauffer. La jeune vierge,
nous raconte le chroniqueur, se coucha sur son sein sans autre forme
d’intimité et sa pudique tendresse fut sans doute le plus beau présent qu’une
femme pût lui faire.
En dépit de ces nombreuses liaisons, David voua une affection
particulière à son ami Jonathan, fils de Saül. Dans sa complainte après la
mort de Saül et Jonathan, il confesse :

Que j’ai de peine pour toi, mon frère Jonathan.


Tu avais pour moi tant de charme,
ton amitié m’était plus merveilleuse
que l’amour des femmes
[Deuxième Livre de Samuel 1, 26].

Débora ou Déborah
Nourrice de Rébecca. Elle mourut lorsque Jacob fut revenu de chez son
oncle Laban se fixer au pays de Canaan. Elle fut ensevelie au-dessous de
Béthel, sous le chêne, en un endroit désormais appelé le Chêne-des-Pleurs
(Genèse 35-38).

Débora ou Déborah
Personnage homonyme de la nourrice de Rébecca. Prophétesse qui
rendait la justice au nom de Yahvé, comme l’était par exemple Miryam, la
sœur de Moïse. Ce fut la seule femme parmi les Juges d’Israël. Elle exerça
ses fonctions de 1260 à 1221 avant notre ère. Femme de Lappidot, elle
siégeait sous un palmier dans la montagne d’Éphraïm. Elle permit à Baraq,
fils d’Abinoam de Qédèsh en Nephtali de vaincre les armées de Sisera sous
le règne du Cananéen Yabîn, pourtant doté de neuf cents chars de fer (Livre
des Juges 4, 4-16).

Dina
La seule fille de Jacob, née de Léa, après Zabulon, qui était son sixième
garçon. Elle avait à peu près le même âge que son demi-frère Joseph, le
premier fils de Rachel.
Lorsque Jacob, qui avait quitté son oncle Laban, s’en était revenu chez
lui, Dina sortit pour aller rencontrer les filles du pays. « Sichem, le fils de
Hamor le Hivvite, prince du pays, la vit, et, l’ayant enlevée, il coucha avec
elle et lui fit violence. Mais son cœur s’attacha à Dina, fille de Jacob, il eut
de l’amour pour la jeune fille et il parla à son cœur. Sichem parla ainsi à son
père Hamor : « Prends-moi cette petite pour femme. »
Le père fit donc la demande en mariage mais les fils de Jacob
estimèrent que l’honneur de leur sœur, et donc le leur, était souillé et
criaient vengeance. Ils exigèrent pour consentir au mariage que tous les
mâles de la famille de Sichem fussent circoncis. Tous les hommes de la
ville s’exécutèrent et crurent l’affaire réglée. Mais deux des fils de Jacob et
Léa, frères de Dina, Siméon et Lévi prirent leur épée et tuèrent tous les
mâles de la ville en reniant leur promesse. Ils ravirent tous les biens de la
famille de Sichem, les femmes, les enfants et pillèrent les maisons. Aux
reproches de leur père Jacob, ils répondirent : « Devait-on traiter notre sœur
comme une prostituée ? »
(Genèse, 34.)
E

Ecclésiastique [La femme dans le livre


de l’]
Ben Sira prône la tempérance et met en garde contre le désir qui peut
nous porter vers une femme qui n’est pas la nôtre, qu’elle soit jeune fille,
femme mariée, courtisane, chanteuse, prostituée, belle étrangère. Et, s’il
faut se méfier, c’est tant de soi-même que de la femme qu’on croise.

Ne sois pas jaloux de ton épouse bien aimée


et ne lui donne pas l’idée de te faire du mal.
Ne te livre pas entre les mains d’une femme,
de peur qu’elle ne prenne de l’ascendant sur toi.
Ne va pas au-devant d’une courtisane :
tu pourrais tomber dans ses pièges.
Ne fréquente pas une chanteuse :
tu te ferais prendre à ses artifices.
N’arrête pas ton regard sur une jeune fille,
de peur d’être piégé quand elle expiera.
Ne te livre pas aux mains des prostituées :
tu y perdrais ton patrimoine.
Ne promène pas ton regard dans les rues de la ville
et ne rôde pas dans les coins déserts.
Détourne ton regard d’une jolie femme
et ne l’arrête pas sur une beauté étrangère.
Beaucoup ont été égarés par la beauté d’une femme
et l’amour s’y enflamme comme un feu.
Près d’une femme mariée garde-toi bien de t’asseoir
et de pique-niquer au vin avec elle,
de peur que le désir ne te dévie vers elle
et que dans ta passion tu ne glisses à ta perte [9, 1-9].

Et, plus loin, le moraliste annonce que le châtiment de celui qui boit et
fréquente les prostituées sera une mort prématurée :

Le vin et les femmes pervertissent les hommes sensés,


qui fréquente les prostituées perd toute pudeur.
Des larves et des vers il sera la proie
et l’homme téméraire y perdra la vie [19, 2-3].

Mais le narrateur qui met son talent à vanter les femmes de qualité et les
bonnes épouses ne peut s’empêcher de convoquer les vieux démons pour
faire porter par la femme le péché du monde et la mort promise, anticipant
le procès intenté par saint Paul à notre première mère :

C’est par la femme que le péché a commencé


et c’est à cause d’elle que tous nous mourrons [25, 24].

Et de rappeler le comportement vicieux que peuvent avoir certaines


femmes qui usent de leurs charmes pour jouer les tentatrices et pousser à la
faute :
Une femme méchante, c’est un joug à bœufs mal
[attaché ;
prétendre la maîtriser, c’est saisir un scorpion.
Une femme qui boit, c’est un sujet de grande colère,
elle ne peut cacher son déshonneur.
L’inconduite d’une femme se lit dans la vivacité
[de son regard
et se reconnaît à ses œillades.
Méfie-toi bien d’une fille hardie
de peur que, se sentant les coudées franches,
[elle n’en profite.
Garde-toi bien des regards effrontés
et ne t’étonne pas s’ils t’entraînent au mal.
Comme un voyageur altéré elle ouvre la bouche,
elle boit de toutes les eaux qu’elle rencontre,
elle s’assied face à tout piquet,
à toute flèche elle ouvre son carquois [26, 7-12].

Et plus loin, le portrait de la prostituée vire à l’insulte :

Une femme de louage ne vaut pas un crachat,


Une épouse légitime est une citadelle qui tue ceux
[qui l’entreprennent [26, 22].

Cette charge permet de mieux célébrer la femme réservée :

La grâce d’une épouse fait la joie de son mari


et sa science est pour lui une force.
Une femme silencieuse est un don du Seigneur,
celle qui est bien élevée est sans prix.
Une femme pudique est une double grâce,
celle qui est chaste est d’une valeur inestimable
[26, 13-15].

Élisabeth
Mère de Jean-Baptiste. Luc est le seul des quatre évangélistes qui relate
en parallèle la naissance et l’enfance de Jean-Baptiste et celle de Jésus. Il
nous apprend qu’Élisabeth était la femme du prêtre Zacharie et qu’elle
descendait d’Aaron.

Tous deux étaient justes devant Dieu, et ils suivaient,


irréprochables, tous les commandements et observances du
Seigneur. Mais ils n’avaient pas d’enfant, parce qu’Élisabeth
était stérile et que tous deux étaient avancés en âge [Luc 1, 6-7].

Luc indique incidemment qu’Élisabeth était la « parente » de Marie,


sans préciser à quel degré et par quelle branche de sa famille.
Et de nous conter l’histoire d’une fécondité improbable, comme on en
trouve de nombreux précédents dans la Bible, à commencer par celui de
Sarah, l’épouse d’Abraham et celui de Rébecca.

Or il advint, comme il remplissait devant Dieu les fonctions


sacerdotales au tour de sa classe, qu’il fut, suivant la coutume
sacerdotale, désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du
Seigneur et y brûler l’encens. Et toute la multitude du peuple
était en prière, dehors, à l’heure de l’encens.
Alors lui apparut l’Ange du Seigneur, debout à droite de l’autel
de l’encens. À cette vue, Zacharie fut troublé et la crainte fondit
sur lui. Mais l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta
supplication a été exaucée ; ta femme Élisabeth t’enfantera un
fils, et tu l’appelleras du nom de Jean. Tu auras joie et allégresse,
et beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand
devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni boisson forte ; il sera
rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère et il ramènera de
nombreux fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. »

L’enfant, avant même d’être conçu, est ainsi investi d’un statut proche
de celui de nazir tel qu’on le trouve à plusieurs reprises dans la Bible. Il est
nazir et prophète, puisqu’il précède Jésus et prêche sa venue.

Zacharie dit à l’ange : « À quoi connaîtrai-je cela ? Car moi je


suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. » Et l’ange lui
répondit : « Moi je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai
été envoyé pour te parler et t’annoncer cette bonne nouvelle. Et
voici que tu vas être réduit au silence et sans pouvoir parler
jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru
à mes paroles, lesquelles s’accompliront en leur temps. » […] Et
il advint, quand ses jours de service furent accomplis, qu’il s’en
retourna chez lui. Quelque temps après, sa femme Élisabeth
conçut, et elle se tenait cachée cinq mois durant. « Voilà donc,
disait-elle, ce qu’a fait pour moi le Seigneur, au temps où il lui a
plu d’enlever mon opprobre parmi les hommes ! » [Luc 1, 8-25.]

À cette époque, comme aux temps anciens, la stérilité était tenue,


rappelons-le, comme un déshonneur, sinon une malédiction.
Élisabeth attendait Jean depuis six mois quand l’ange Gabriel rendit
visite à Marie pour lui annoncer qu’elle enfanterait Jésus.

En-Dor [Sorcière de]


Femme qui pratiquait la nécromancie, bien que celle-ci fût défendue par
la Loi. Les commentateurs ont supposé que la femme abusait de la crédulité
de ses visiteurs, en se livrant à des simulacres de communication avec les
morts. Saül alla la consulter pour être mis en relation avec Samuel qui était
mort et savoir comment se comporter alors que les Philistins déclaraient la
guerre à Israël. La femme poussa un cri en voyant Samuel, ce qui laisserait
supposer qu’une intervention divine inattendue permit à Saül de connaître
son sort. Toute cette mise en scène est peut-être seulement une façon pour le
narrateur de justifier le rejet de Saül et son remplacement par David.
Samuel annonça à Saül que dès le lendemain, lui et ses fils seraient là
où il était, c’est-à-dire avec les morts au shéol. Saül tomba à terre terrifié.
La sorcière abattit son veau à l’engrais et nourrit Saül et ceux qui
l’accompagnaient avant de les laisser repartir.
(Premier Livre de Samuel 28, 3-25.)

Éphraïm [La concubine du lévite d’]


Un lévite d’Éphraïm avait pris pour concubine une femme de Bethléem
de Juda. Après une fâcherie qui entraîna une séparation provisoire, le lévite
vint rechercher sa concubine dans la maison de son père. L’homme, son
serviteur et la femme firent halte à Gibéa, chez les Benjaminites. Ils furent
accueillis au domicile d’un vieillard d’Éphraïm qui demeurait dans la ville.
Mais le soir, des vauriens frappèrent à la porte à coups redoublés et
demandèrent que le lévite vînt à eux. L’épisode rappelle étrangement celui
des visiteurs de Lot. Le maître de maison, ne voulant pas déroger aux règles
sacrées de l’hospitalité, refusa et proposa aux intrus d’user et abuser de sa
fille vierge. Le lévite finit par amener sa concubine dehors. Les vauriens la
maltraitèrent toute la nuit jusqu’à la mort et l’abandonnèrent sur le seuil de
la maison au petit matin. Le lévite chargea le corps de la femme sur son âne
et rentra chez lui.

Arrivé à la maison, il prit un couteau et, saisissant sa concubine,


il la découpa, membre par membre, en douze morceaux, puis il
l’envoya dans tout le territoire d’Israël. Or quiconque voyait cela
disait : « Jamais n’est arrivée ni ne s’est vue pareille chose
depuis le jour où les Israélites sont montés du pays d’Égypte
jusqu’à aujourd’hui ! » Le lévite donna cet ordre aux hommes
qu’il envoya : « Ainsi parlerez-vous à tous les Israélites : Est-il
arrivé pareille chose depuis le jour où les Israélites sont montés
du pays d’Égypte jusqu’à aujourd’hui ? Réfléchissez-y,
consultez-vous et prononcez-vous ! » [Juges 19, 29-30.]

Les tribus d’Israël décidèrent solidairement de venger la mort de la


concubine et, après plusieurs jours de combats meurtriers, vinrent à bout
des Benjaminites qui perdirent vingt-cinq mille hommes.
Les Israélites eurent scrupule, mais un peu tard, à voir disparaître une
des douze tribus du peuple des Hébreux et entreprirent de procurer des
femmes aux survivants esseulés qui rebâtirent des villes pour loger leur
descendance.
(Livre des Juges 19-21.)
Esaü [femmes de]

Quand Ésaü eut quarante ans, il prit pour femmes Yehudit, fille
de Bééri le Hittite, et Basmat, fille d’Élôn, le Hittite. Elles furent
un sujet d’amertume pour Isaac et pour Rébecca [Genèse 26, 34-
35].

Esther
Nous avons deux versions du Livre d’Esther, une version courte, celle
de l’hébreu, une version longue, celle du grec. À la différence du Livre de
Tobie et du Livre de Judith, le Livre d’Esther a gardé la faveur des Juifs et a
sa place dans la Bible hébraïque. Il prend cependant certaines libertés avec
l’histoire. On y fait signer, notamment, par Assuérus, transcription
hébraïque de Xerxès, un décret ordonnant l’extermination des Juifs, alors
que les Achéménides furent assez tolérants à leur égard. Le rédacteur se fait
toutefois l’écho de l’hostilité dont les Juifs étaient l’objet dans l’Antiquité,
en raison de leur nationalisme intransigeant. Ce récit a une grande
similitude avec celui de Judith, puisqu’ici encore c’est le courage et l’esprit
de sacrifice d’une femme qui sauvent les Juifs du massacre.
Et, comme dans un conte, nous apprenons qu’Assuérus donna un
somptueux banquet pour ses officiers, les hauts fonctionnaires, les nobles et
gouverneurs de province de son empire. Il fit savoir à la reine par ses
eunuques qu’elle devait le rejoindre. Elle fit la sourde oreille et ne vint pas.
Assuérus exposa la situation à ses grands officiers, qui lui conseillèrent de
répudier la récalcitrante et de faire rechercher une jeune fille belle et vierge
qui pût devenir la nouvelle reine. Dans les provinces, des commissaires
rassemblèrent toutes les jeunes filles belles et vierges et les conduisirent
dans le harem de la citadelle de Suse, sous l’autorité de Hégé, eunuque du
roi, gardien des femmes. L’une de ces jeunes filles était Esther. Ce
personnage, dont le nom est sans doute d’origine babylonienne (Ishtar), est
inconnu des historiens, même s’il est fortement symbolique pour la
mémoire des Juifs de la résistance à ceux qui voudraient les faire
disparaître.
Esther, donc, dans le récit, est orpheline et a été élevée par son oncle
Mardochée, de la tribu de Benjamin, qui avait été exilé de Jérusalem avec
les déportés prisonniers de Nabuchodonosor. Esther s’était bien gardée de
révéler à quel peuple elle appartenait et de qui elle était la nièce. Elle était
soumise, comme toutes les jeunes filles amenées dans la citadelle, à un
rituel précis :

Chaque jeune fille devait se présenter à son tour au roi Assuérus


au terme du délai fixé par le statut des femmes, soit douze mois.
L’emploi de ce temps de préparation était tel : pendant six mois
les jeunes filles usaient de l’huile de myrrhe, et pendant six
autres mois du baume et des onguents employés pour les soins
de beauté féminine. Quand elle se présentait au roi, chaque jeune
fille obtenait tout ce qu’elle demandait pour le prendre avec elle
en passant du harem au palais royal. Elle s’y rendait au soir et, le
lendemain matin, regagnait un autre harem, confié à Shaashgaz,
l’eunuque royal préposé à la garde des concubines. Elle ne
retournait pas vers le roi à moins que le roi ne s’en fût épris et ne
la rappelât nommément [Esther 2, 12-13].

Le roi préféra Esther à toutes les autres femmes. Il la choisit pour reine
à la place de la reine déchue.
Peu de temps après ces événements, Assuérus nomma un certain Aman
vizir omnipotent ayant prééminence sur tous les grands officiers. Tous
devaient s’incliner devant lui par déférence. Mardochée s’y refusa, non que
ce geste eût été interdit à un Juif, mais par fierté. Les serviteurs du roi
cherchèrent en vain à le ramener à la raison. Ils le dénoncèrent à Aman. Ce
dernier, apprenant que Mardochée était Juif, imagina de faire disparaître
avec l’insolent tous les Juifs installés dans le royaume d’Assuérus. Aman
réussit à convaincre Assuérus qui autorisa le massacre.

Le rescrit fut signé du nom d’Assuérus, scellé de son anneau, et


des courriers transmirent à toutes les provinces du royaume des
lettres mandant de détruire, tuer et exterminer tous les Juifs,
depuis les adolescents jusqu’aux vieillards, enfants et femmes
compris, le même jour, à savoir le treize du douzième mois, qui
est Adar, et de mettre à sac leurs biens [Esther 3, 12-13].

Le texte du décret rappelle à quel point le peuple Juif aurait un


comportement néfaste en tous points et devrait être éradiqué.

Considérant donc que ledit peuple, unique en son genre, se


trouve sur tous les points en conflit avec l’humanité entière, qu’il
en diffère par un régime de lois étranges, qu’il est hostile à nos
intérêts, qu’il commet les pires méfaits jusqu’à menacer la
stabilité de notre royaume. […] [Esther 3, 13].

Partout où la nouvelle se répandit, ce ne fut chez les Juifs que deuil,


larmes et lamentations. Esther elle-même revêtit pendant trois jours des
habits de deuil et implora Dieu. Le troisième jour, elle mit ses plus beaux
vêtements et se présenta rayonnante de beauté devant le roi. Il lui demanda
ce qu’elle voulait. Elle le pria de venir avec Aman au banquet qu’elle avait
fait préparer. Elle réitéra son invitation pour le lendemain. C’est alors que le
roi apprit par les Chroniques comment Mardochée avait dénoncé les deux
eunuques qui voulaient attenter à sa vie. Il convint qu’il n’avait rien fait
pour le remercier. Au cours du deuxième banquet, le roi s’engagea à donner
à Esther ce qu’elle demanderait, la moitié du royaume si c’était son souhait.
Elle réclama la vie, non seulement pour elle, mais pour son peuple.
Assuérus fit alors pendre Aman au gibet que celui-ci avait fait préparer pour
Mardochée. Il donna à Mardochée les fonctions qu’avait jusqu’alors Aman.
Le roi signa un décret de réhabilitation.

Le roi y octroyait aux Juifs, en quelque ville qu’ils fussent, le


droit de se rassembler pour mettre leur vie en sûreté, avec
permission d’exterminer, égorger et détruire tous gens armés des
peuples ou des provinces qui voudraient les attaquer, avec leurs
femmes et leurs enfants, comme aussi de piller leurs biens
[Esther, 8, 12].

Les Juifs, s’il fallait en croire le récit, frappèrent tous leurs ennemis.
« Ce fut un massacre, une extermination, et ils firent ce qu’ils voulurent de
leurs adversaires. »
On trouve ici avec emphase le thème très biblique du retournement de
situation après l’application sans retenue de la loi du talion. Le courage
d’Esther avait fait qu’un génocide du peuple élu avait été évité et que les
oppresseurs étaient quant à eux noyés dans un bain de sang.
Mardochée institua alors la fête des Purim (ou Pourim), destinée à
célébrer chaque année ces jours où les Juifs, par le geste d’Esther, furent
débarrassés de leurs ennemis.
Le personnage d’Esther inspira Racine. Sa tragédie Esther (1689) fut
écrite pour les jeunes filles pensionnaires de Saint-Cyr à la demande de
Mme de Maintenon.
Ève
La première femme, dans l’histoire de l’humanité. Le début de la
Genèse (1, 2) nous propose successivement, sans les concilier, deux
versions fort différentes de son arrivée sur la terre, signant deux visions
dramatiquement opposées de la nature et du statut de la femme.
La première des deux versions, bien qu’elle fût rédigée postérieurement
à la seconde, est une cosmogonie qui relate la création en six jours. Les
quatre premiers jours, Dieu créa le ciel et la terre, sépara les eaux qui
entouraient la terre de celles qu’il laissa au-dessus du firmament, mit en
place les continents au milieu des mers et les couvrit d’une végétation
variée, installa le grand et le petit luminaire – le soleil et la lune – pour
éclairer fortement la terre le jour et faiblement la nuit. Le cinquième jour, il
peupla les eaux d’un grouillement d’êtres vivants et fit voler des oiseaux
jusqu’au firmament. Le sixième jour enfin, il demanda à la terre de produire
bestiaux, bestioles et bêtes sauvages. Il dit enfin :

Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et


qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel,
les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui
rampent sur la terre [Genèse 1, 26].

L’« homme » est ici un nom collectif qui appelle le pluriel dominent.
L’homme des origines est homme et femme, à parité, et le narrateur de
poursuivre :

Dieu créa l’homme à son image,


à l’image de Dieu il le créa,
homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit : « Soyez
féconds, multipliez, emplissez la terre
et soumettez la… [Genèse 1, 27-28].

Cette institution du couple qui met la femme au rang de l’homme et lui


donne ainsi toute sa dignité, est détrônée par le second récit, plus
romanesque, mais plus mysogine, qui relègue la femme au rang de
compagne. C’est ce récit que retiendra généralement la tradition.
« Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses
narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (Genèse 2, 7).
Curieusement, dans la chronologie du récit, la création de l’homme précède
celle du jardin d’Éden dans lequel sa créature est installée, ainsi que celle
des végétaux et des animaux qui peupleront le jardin.
Le narrateur ne nous laisse pas imaginer quelle était l’anatomie de cet
ancêtre bien solitaire et quel mode de reproduction lui eût été réservé si
Yahvé ne s’était apitoyé sur son sort et ne l’avait doté d’une moitié
complémentaire.

Yahvé Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut
que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » [Genèse 2, 18].

Adam ne trouva aucune compagne convenable parmi les bêtes que Dieu
créa et lui façonna.

Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui
s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna
une femme et l’amena à l’homme.
Alors celui-ci s’écria :
« Pour le coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair !
Celle-ci sera appelée “femme”, car elle fut tirée de l’homme,
celle-ci ! »
C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à
sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Or tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, et ils n’avaient
pas honte l’un devant l’autre [Genèse 2, 21-25].

On pourrait traduire trivialement que la formation d’Ève est un


rattrapage tardif d’une création inachevée et que la femme est un sous-
produit de l’homme.
Mais voilà que cette créature seconde devint vite cause d’irréparables
désordres lorsqu’elle succomba à la tentation, le tentateur prenant dans le
texte l’apparence d’un serpent. Ève, curieuse, goûta au fruit de l’arbre de la
connaissance du bien et du mal, s’octroyant symboliquement le droit de
faire ce qui lui plaisait sans en référer au législateur suprême.
Elle dut apprécier le fruit, car elle en donna à son mari.

Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils


étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des
pagnes.

Tous deux sont ainsi déclarés coupables mais lorsque le rédacteur de la


Genèse met en scène Yahvé Dieu se promenant dans le jardin « à la brise du
jour » et menant l’enquête, Adam, d’une inqualifiable lâcheté, fait porter
par sa compagne toute la responsabilité de la fatale transgression.

Yahvé Dieu appela l’homme : « Où es-tu ? » dit-il. « J’ai


entendu ton pas dans le jardin, répondit l’homme ; j’ai eu peur
parce que je suis nu et je me suis caché. » Il reprit : « Et qui t’a
appris que tu étais nu ? Tu as donc mangé de l’arbre dont je
t’avais défendu de manger ! » L’homme répondit : « C’est la
femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et
j’ai mangé ! » [Genèse 3, 9-13].

Voilà Adam et Ève chassés du Paradis et avec eux toute l’humanité


future à y être interdite de séjour.
Nous porterions de génération en génération la faute d’une seule ?
Même si cette hypothèse devint pour les croyants une certitude, certains
prophètes nous avaient mis en garde. Ézéchiel substitue la responsabilité
individuelle à la responsabilité collective et affirme au nom de Yahvé que
chacun devra rendre compte de sa faute et non de celle des autres.

Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des fils ont été
agacées ?
Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, vous n’aurez plus à
répéter ce proverbe en Israël. Voici : toutes les vies sont à moi,
aussi bien la vie du père que celle du fils, elles sont à moi. Celui
qui a péché, c’est lui qui mourra [Ézéchiel 18, 2-4].

Dans le sillage du mythe, la femme, en dépit de rares éclaircies, sera


pourtant considérée longtemps comme un être faible mais dangereux et il
faudra attendre les temps modernes pour qu’elle commençât à être
réhabilitée et même célébrée.
Selon une étymologie populaire, le nom d’Ève, Havvah, s’explique par
la racine hayah, « vivre » et c’est ainsi, selon la Genèse, que « l’homme
appela sa femme “Ève” parce qu’elle fut la mère de tous les vivants »
(Genèse 3, 20).
Les catholiques se disent dans le Salve Regina « exsules filii Evae »,
« enfants d’Ève en exil ». Cette antienne aurait été introduite dans la liturgie
par Adhémar de Monteil, évêque du Puy, mort à Antioche en 1098.
Christophe Colomb, dit-on, l’aurait chantée avec les Indiens à son arrivée
dans le Nouveau Monde.
Saint Paul demande aux femmes d’être décentes et de se soumettre aux
hommes. Il fonde son argumentation sur la situation d’Ève aux premiers
jours du monde. Nous sommes loin de la parité suggérée par la conduite et
les messages du Christ.

Que les femmes, de même, aient une tenue décente, que leur
parure, modeste et réservée, ne soit pas faite de cheveux tressés,
d’or, de pierreries, de somptueuses toilettes, mais bien plutôt de
bonnes œuvres, ainsi qu’il convient à des femmes qui font
profession de piété. Pendant l’instruction, la femme doit garder
le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme
d’enseigner ni de faire la loi à l’homme. Qu’elle garde le silence.
C’est Adam en effet qui fut formé le premier, Ève ensuite. Et ce
n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite,
se rendit coupable de transgression. Néanmoins elle sera sauvée
en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans
la foi, la charité et la sainteté [Première Épître à Timothée 2, 9-
15].

Bien des siècles plus tard, Ève était toujours montrée du doigt et
accusée d’avoir à notre détriment commis le premier péché qui fut transmis
de génération en génération.
Dans son Premier Sermon pour la fête de la conception de la Sainte
Vierge, Bossuet vitupérait :

Qui nous engendre nous tue ; nous recevons en même temps et


de la même racine et la vie du corps et la mort de l’âme. La
masse dont nous sommes formés étant infectée dans sa source,
elle empoisonne notre âme par sa funeste contagion. […] le
diable, pour ce péché, pénètre jusqu’au ventre de nos mères ; et
là, tout impuissants que nous sommes, il nous rend ennemis de
Dieu.

Et l’orateur, de s’appuyer sur l’autorité de saint Augustin.


Mais certains, dès la même époque, ont de l’indulgence et parfois de la
tendresse pour notre mère à tous. C’est ainsi que John Milton publiait en ce
même XVIIe siècle Paradise lost, « Le Paradis perdu ». Certes, il y consent à
camper nos premiers parents de façon stéréotypée en reprenant les portraits
conventionnels :

Les deux créatures ne sont pas égales, de même que leurs sexes
ne sont pas pareils : Lui formé pour la contemplation et le
courage ; Elle pour la mollesse et la grâce séduisante : Lui pour
Dieu seulement ; Elle pour Dieu en Lui [Liv. IV, trad. de
Chateaubriand].

Il imagine toutefois avec un enthousiasme naïf le bonheur innocent de


nos grands anciens avant la transgression. Ève s’adonnait au jardinage,
buvait avec son époux aux heures chaudes de la journée l’eau fraîche de la
source, préparait un repas frugal composé de quelques fruits pulpeux,
échangeait avec son compagnon de tendres caresses :

Adam ne se détourna pas, je pense, de sa belle épouse, ni Ève ne


refusa pas les rites mystérieux de l’amour conjugal, malgré tout
ce que disent austèrement les hypocrites de la pureté, du Paradis,
de l’innocence, diffamant comme impur ce que Dieu déclare pur,
ce qu’il commande à quelques-uns, ce qu’il permet à tous. Notre
Créateur ordonna de multiplier : qui ordonne de s’abstenir, si ce
n’est notre Destructeur, l’ennemi de Dieu et de l’homme ?

Après la cueillette fatale, si Milton fait d’Ève une pécheresse, il lui


trouve la circonstance atténuante de la crédulité et laisse pressentir le
pardon du Créateur. L’archange Michel, qui doit exécuter la sentence et
conduire le couple hors du Paradis, emmène Adam sur une montagne et lui
laisse entrevoir les grandes étapes de l’histoire à venir de l’humanité : « Ton
Sauveur te guérira, non en détruisant Satan, mais ses œuvres en toi et dans
ta race. »
Dans La Légende des siècles (1859), Victor Hugo évoque avec un
lyrisme échevelé notre première mère qui fut d’abord une première femme,
chef-d’œuvre du Créateur :

Ève offrait au ciel bleu la sainte nudité ;


Ève blonde admirait l’aube, sa sœur vermeille.
Chair de la femme ! argile idéale ! ô merveille !
Ô pénétration sublime de l’esprit
Dans le limon que l’Être ineffable pétrit !
Matière où l’âme brille à travers son suaire !
Boue où l’on voit les doigts du divin statuaire !
Fange auguste appelant le baiser et le cœur,
Si sainte, qu’on ne sait, tant l’amour est vainqueur,
Tant l’âme est vers ce lit mystérieusement poussée,
Si cette volupté n’est pas une pensée,
Et qu’on ne peut, à l’heure où les sens sont en feu,
Étreindre la beauté sans croire embrasser Dieu !
Ève laissait errer ses yeux sur la nature.
[Le Sacre de la femme.]
Dans Ève, immense poème de 7 600 alexandrins (1913), Péguy fait dire
par Jésus toute la tendresse que lui inspire la première femme qui fut la
première mère et, à travers elle, célèbre toutes les femmes qui jalonneront
l’histoire de l’humanité. Qu’il suffise au long de cette évocation qui chante
la chute et la rédemption de glaner quelques strophes qui, loin de désigner
la compagne d’Adam comme la première coupable, en fait la victime
expiatoire de nos égarements.

Et je vous aime tant, mère de notre mère,


Vous avez tant pleuré les larmes de vos yeux.
Vous avez tant levé vers de plus pauvres cieux
Un regard inventé pour une autre lumière.
[…]
Et je vous aime tant, aïeule roturière.
Vous avez tant lavé le regard de vos yeux.
Vous avez tant courbé sous le courroux des cieux
Votre nuque et vos reins frissonnants de misère.
[…]
Et moi je vous salue ô première servante,
Aïeule des bergers et des bons serviteurs,
Aïeule des bouviers et des premiers pasteurs.
Et moi je vous salue, ô première suivante.
[…]
Et je vous aime tant, ô première pauvresse,
Première assujettie à la loi de la mort,
Et première exposée à la loi de détresse,
Et première exposée aux coups d’un nouveau sort.
[…]
Et je vous aime tant ô mon âme, ô ma mère.
Première assujettie aux lois de pauvreté,
Première assujettie à la loi de misère,
Première assujettie aux lois de liberté.

Ce n’est pas tant Ève seule qui inspira de nombreux peintres que le
couple d’Adam et Ève : ils sont représentés au paradis avant la
transgression, pendant la fatale cueillette, lorsqu’ils sont jugés par Yahvé et
chassés du jardin. Les plus célèbres des artistes que notre première mère,
son époux et le démoniaque tentateur ont fascinés sont sans nul doute, dans
le désordre, Jan Van Eyck dans le Retable de l’Agneau mystique, Lucien
Cranach, Jean Gossaert, dit Mabuse, Pierre Paul Rubens, Jan Bruegel,
Jérôme Bosch, Piero delle Francesca avec son Adam et Ève chassés du
paradis terrestre, Michel-Ange, Masaccio, Raphaël, Albrecht Dürer, Jean
Auguste Dominique Ingres…

Ève [les filles d’]


La Genèse nous indique que « L’homme connut Ève, sa femme ; elle
conçut et enfanta Caïn et elle dit : “J’ai acquis un homme de par Yahvé.”
Elle donna aussi le jour à Abel, frère de Caïn » (Genèse 4, 1-2).
Plus loin dans le texte, nous apprenons que « Adam connut sa femme ;
elle enfanta un fils et lui donna le nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m’a
accordé une autre descendance à la place d’Abel, puisque Caïn l’a tué »
(Genèse 4, 23-24).
Le narrateur nous indique incidemment qu’Adam vécut huit cents ans
après la naissance de Seth et engendra des fils et des filles. Mais les filles
d’Adam et Ève étaient sans doute si peu dignes d’intérêt qu’il semblait
inutile de les identifier. Leur rôle devait se limiter à la reproduction par
accouplement avec leurs frères et ce sont les hommes qui sont cités dans les
ébauches de généalogies (Genèse 4, 1-2 et 4, 25).
F

Femme adultère
Le texte très célèbre dans lequel Jésus au Temple est consulté par les
scribes et les Pharisiens sur le sort qui devait être réservé à une femme
adultère se trouve dans l’évangile de Jean mais les exégètes estiment qu’il
est sans doute de saint Luc.

Or les scribes et les Pharisiens amenèrent une femme surprise en


adultère et, la plaçant au milieu, ils disent à Jésus : « Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans
la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc,
que dis-tu ? » Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin
d’avoir matière à l’accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à
écrire avec son doigt sur le sol. Comme ils persistaient à
l’interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous
qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! » Et se baissant
de nouveau, il écrivait sur le sol. Mais eux, entendant cela, s’en
allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé
seul, avec la femme toujours là au milieu. Alors, se redressant,
Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a
condamnée ? » Elle dit : « Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit :
« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche
plus » [Jean 8, 3-11].

Ce n’est pas parce que la femme est innocente que Jésus l’aime et lui
pardonne, disent les commentateurs, mais c’est parce qu’il ne la condamne
pas qu’elle peut être incitée à ne pas recommencer.

Femme courbée [guérison d’une]


Au fil des guérisons opérées par Jésus, nous voyons défiler toutes les
misères de la vie ordinaire. C’est ainsi que Luc nous décrit une femme dont
nous ne savons rien, sinon son infirmité :

Or il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat. Et voici


qu’il y avait là une femme ayant depuis dix-huit ans un esprit qui
la rendait infirme ; elle était toute courbée et ne pouvait
absolument pas se redresser. La voyant, Jésus l’interpella et lui
dit : « Femme, te voilà délivrée de ton infirmité » ; puis il lui
imposa les mains. Et, à l’instant même, elle se redressa, et elle
glorifiait Dieu.
Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus eût fait
une guérison le sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six
jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc ces jours-là
vous faire guérir, et non le jour du sabbat ! » Mais le Seigneur lui
répondit : « Hypocrites ! Chacun de vous, le sabbat, ne délie-t-il
pas de la crèche son bœuf ou son âne pour le mener boire ? Et
cette fille d’Abraham, que Satan a liée voici dix-huit ans, il n’eût
pas fallu la délier le jour du sabbat ! » Comme il disait cela, tous
ses adversaires étaient remplis de confusion, tandis que toute la
foule était dans la joie de toutes les choses magnifiques qui
arrivaient par lui [Luc 13, 10-17].

Femmes étrangères
À l’occasion du retour de Esdras de Babylone jusqu’en Palestine, le
prêtre-scribe rassembla les chefs des Hébreux et recommanda que tous les
Juifs de retour au pays renvoient les femmes étrangères qu’ils avaient
épousées et les enfants qui étaient nés de ces unions impures.

Cela réglé les chefs m’abordèrent en disant : « Le peuple


d’Israël, les prêtres et les lévites n’ont point rompu avec les
peuples des pays plongés dans leurs abominations – Cananéens,
Hittites, Perizzites, Jébuséens, Ammonites, Moabites, Égyptiens
et Amorites ! – mais, pour eux et pour leurs fils, ils ont pris
femmes parmi leurs filles : la race sainte s’est mêlée aux peuples
des pays : chefs et magistrats, les premiers, ont participé à cette
infidélité ! » À cette nouvelle, je déchirai mon vêtement et mon
manteau, m’arrachai les cheveux et les poils de barbe et m’assis
accablé [Esdras 9, 1-3].

Shekanya, fils de Yehiel, dit à Esdras :

Nous avons trahi notre Dieu en épousant des femmes étrangères,


prises parmi les peuples du pays. Eh bien ! malgré cela, il y a
encore un espoir pour Israël. Nous allons prendre devant notre
Dieu l’engagement solennel de renvoyer toutes nos femmes
étrangères et les enfants qui en sont nés, en nous conformant au
conseil de Monseigneur et de ceux qui tremblent au
commandement de notre Dieu [Esdras 10, 3].

Il est à noter que les unions avec des étrangères n’étaient pas interdites
dans l’ancien Israël. Elles l’étaient si peu que, pour ne citer qu’eux, David
s’unit à Bethsabée, la femme du Hittite et fut par elle le père de Salomon, et
que Salomon lui-même prit pour première femme une Égyptienne et épousa
ou prit pour concubines de nombreuses étrangères. Mais Néhémie écrit que,
tout grand roi qu’il fût, et bâtisseur du Temple, Salomon avait commis un
crime :

En ces jours-là encore, je vis des Juifs qui avaient épousé des
femmes ashdodites, ammonites ou moabites. Quant à leurs
enfants, la moitié parlait l’ashdodien [il s’agit sans doute d’un
parler araméen] ou la langue de tel ou tel peuple, mais ne savait
plus parler le juif. Je les tançai et les maudis, en frappai
plusieurs, leur arrachai les cheveux et les adjurai de par Dieu :
« Vous ne devez pas donner vos filles à leurs fils, ni prendre pour
femmes aucune de leurs filles pour vos fils ou pour vous-
mêmes ! N’est-ce pas en cela qu’a péché Salomon, roi d’Israël ?
Parmi tant de nations, aucun roi ne lui fut semblable ; il était
aimé de son Dieu ; Dieu l’avait fait roi sur tout Israël. Même lui,
les femmes étrangères l’entraînèrent à pécher ! Faudra-t-il
entendre dire que vous commettez aussi ce grand crime : trahir
notre Dieu en vous mariant avec des femmes étrangères ?
[Néhémie 13, 23-27.]
Le mariage avec des étrangères fut proscrit par le Deutéronome.
L’exigence devint plus stricte au retour de l’Exil, dans la mesure où la
majorité des rapatriés étaient des hommes et qu’il importait de veiller à
nouveau à la pureté du sang pour refonder Israël dans la terre de Canaan
remise à Abraham.

Femmes [Saintes]
Cette expression désigne les femmes qui ont suivi Jésus jusqu’au lieu de
sa crucifixion, furent présentes lors de son ensevelissement et dont certaines
furent témoins de sa résurrection.
Matthieu relate que parmi celles qui assistèrent à distance à la
crucifixion se trouvaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et
Joseph et la mère des fils de Zébédée. Marc cite également Marie de
Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset et Salomé, dont on peut
penser qu’il s’agit de la mère des fils de Zébédée. Luc évoque quelques
femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée.

Et il advint ensuite qu’il cheminait à travers villes et villages,


prêchant et annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu.
Les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui
avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies : Marie,
appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons,
Jeanne, femme de Chouza, intendant d’Hérode, Suzanne et
plusieurs autres, qui les assistaient de leurs biens [Luc 8, 1-3].

On ne sait identifier le personnage appelé Hérode dont Chouza était


l’intendant.
Ni Matthieu, ni Marc, ni Luc ne mentionnent la mère de Jésus alors que
Jean relate :

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa


mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc
voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait,
dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple :
« Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez
lui [Jean 19, 25-27].

On ne sait qui est la « sœur de sa mère ». Peut-être Salomé, évoquée par


Matthieu et Marc, ou Marie, femme de Clopas, citée plus loin.
Lorsque Joseph d’Arimathie déposa le corps de Jésus dans une tombe,
ce fut en présence, selon Matthieu et Marc, de Marie de Magdala et Marie,
mère de Jacques. Marc les dit accompagnées de Salomé. Luc cite aussi
Marie de Magdala et Marie, mère de Jacques. Il y ajoute Jeanne, dont on
peut penser qu’il s’agit de la femme de Chouza évoquée ailleurs.

À leur retour du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze


et à tous les autres. C’étaient Marie la Magdaléenne, Jeanne et
Marie, mère de Jacques. Les autres femmes qui étaient avec elles
le dirent aussi aux apôtres ; mais ces propos leur semblèrent du
radotage, et ils ne les crurent pas [Luc 24, 9-11].

Jean mentionne seulement Marie de Magdala, dont il précise qu’elle


courut trouver Simon-Pierre et « l’autre disciple, celui que Jésus aimait ».
G

Gaza [prostituée de]


→ SAMSON.
H

Hémorroïsse [Guérison d’une]


Le mot hémorroïsse est absent des dictionnaires de la langue française
et ne s’applique qu’à la femme qui depuis douze ans souffrait d’un flux de
sang continu et fut guérie en touchant le manteau de Jésus. Ce flux
menstruel continu rendait la femme impure au sens défini par la Loi.

Lorsqu’une femme aura un écoulement de sang de plusieurs


jours hors du temps de ses règles ou si ses règles se prolongent,
elle sera pendant toute la durée de cet écoulement dans le même
état d’impureté que pendant le temps de ses règles. Il en sera de
tout lit sur lequel elle couchera pendant toute la durée de son
écoulement comme du lit où elle couche lors de ses règles. […]
Lorsqu’elle sera guérie de son écoulement, elle comptera sept
jours puis elle sera pure. Le huitième jour elle prendra deux
tourterelles ou deux pigeons qu’elle apportera au prêtre à
l’entrée de la Tente du Rendez-vous. De l’un le prêtre fera un
sacrifice pour le péché et de l’autre un holocauste. Le prêtre fera
ainsi sur elle, devant Yahvé, le rite d’expiation de son
écoulement qui la rendait impure [Lévitique 15, 25-30].
Une femme frappée d’un tel mal était donc en état d’impureté légale et
vivait exclue de la société.
Marc relate :

Or une femme atteinte d’un flux de sang depuis douze années,


qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et
avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt
de mal en pis, avait entendu parler de Jésus ; venant par derrière
dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait : « Si je
touche au moins ses vêtements, je serai sauvée. » Et aussitôt la
source d’où elle perdait le sang fut tarie et elle sentit dans son
corps qu’elle était guérie de cette infirmité.

Jésus demanda qui l’avait ainsi touché.

Alors la femme craintive et tremblante, sachant bien ce qui lui


était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Et il
lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de
ton infirmité » [Marc 5, 25-34].

Luc relate de façon très proche le même épisode (Luc 8, 43-48.)


C’est ainsi que Jésus a rendu sa féminité et sa dignité à une femme
rejetée mais qui lui accordait toute sa foi, comme il lavait les pécheurs de
leurs impuretés.

Hulda
Prophétesse citée uniquement dans le Deuxième Livre des Rois (22, 14-
20). Au nom de Yahvé, elle annonce que Juda connaîtra de grands malheurs
pour ne pas avoir suivi les prescriptions du livre de l’alliance trouvé dans le
Temple de Yahvé, c’est-à-dire le Deutéronome.
I

Isaïe [Les femmes dans le Livre d’]


Isaïe annonce que la colère de Yahvé s’abattra sur ceux qui ont trahi
leur Dieu. Il débarrassera en particulier les femmes de tous les atours dont
elles se parent pour séduire, et les affublera de vêtements de pénitence.

Yahvé dit :
Parce qu’elles font les fières, les filles de Sion,
qu’elles vont le cou tendu et les yeux provocants,
qu’elles vont à pas menus, en faisant sonner les anneaux de
leurs pieds,
le Seigneur rendra galeux le crâne des filles de Sion,
Yahvé dénudera leur front.

Ce jour-là le Seigneur ôtera l’ornement de chaînettes, les


médaillons et les croissants, les pendentifs, les bracelets, les
breloques, les diadèmes et les chaînettes de chevilles, les
parures, les boîtes à parfums et les amulettes, les bagues et les
anneaux de narines, les vêtements de fête et les manteaux, les
écharpes et les bourses, les miroirs, les linges fins, les turbans et
les mantilles.

Alors, au lieu de baume, ce sera la pourriture,


au lieu de ceinture, une corde,
au lieu de coiffure, la tête rase,
au lieu d’une robe d’apparat, un pagne de grosse
[toile,
Et la marque au fer rouge au lieu de beauté
[Isaïe 3, 16-24].

Et le prophète d’annoncer plus loin :

Femmes altières, levez-vous, écoutez ma voix,


filles pleines de superbe, prêtez l’oreille à ma parole.
Dans un an et quelques jours, vous tremblerez,
[présomptueuses,
car c’en est fait de la vendange,
il n’y a plus de récolte.
Frémissez, vous qui êtes altières,
tremblez, vous qui êtes pleines de superbe ;
dépouillez-vous, dénudez-vous, ceignez-vous les reins.
Frappez-vous les seins sur le sort des campagnes
[riantes,
des vignes chargées de fruits ;
sur le terroir de mon peuple croîtra le buisson
[de ronces,
comme sur toute maison joyeuse de la cité délirante
[Isaïe 32, 9-13].
Mais pour Isaïe, la femme peut aussi être la mère qui nourrit, console,
cajole, et c’est à une mère qu’il compare Yahvé à la recherche de ses
enfants perdus.

Réjouissez-vous avec Jérusalem,


exultez en elle, vous tous qui l’aimez,
soyez avec elle dans l’allégresse,
vous tous qui avez pris le deuil sur elle,
afin que vous soyez allaités et rassasiés
par son sein consolateur,
afin que vous suciez avec délices
sa mamelle plantureuse.
Car ainsi parle Yahvé.
Voici que je fais couler vers elle la paix comme
[un fleuve,
et comme un torrent débordant, la gloire des nations.
Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche,
on vous caressera en vous tenant sur les genoux.
Comme celui que sa mère console,
moi aussi je vous consolerai,
à Jérusalem vous serez consolés [Isaïe 66, 10-13].

Ishtar [Les femmes et la déesse]


Jérémie proclame que les villes de Juda et les rues de Jérusalem ont été
réduites en ruines parce que les Judéens s’étaient détournés du vrai Dieu
pour encenser de faux dieux. Il menace du même sort les Judéens installés
en Égypte et annonce que la plupart périront par l’épée ou la famine.
Alors tous les hommes qui savaient que leurs femmes
encensaient des dieux étrangers et toutes les femmes présentes –
une grande assemblée – (et tout le peuple établi au pays
d’Égypte et à Patros) firent cette réponse à Jérémie : « En ce qui
concerne la parole que tu nous as adressée au nom de Yahvé,
nous ne voulons pas t’écouter ; mais nous continuerons à faire
tout ce que nous avons promis : offrir de l’encens à la Reine du
Ciel et lui verser des libations, comme nous le faisions, nous et
nos pères, nos rois et nos princes, dans les villes de Juda et les
rues de Jérusalem : alors nous avions du pain à satiété, nous
étions heureux et nous ne voyions point de malheur. Mais depuis
que nous avons cessé d’offrir de l’encens à la Reine du Ciel et de
lui verser des libations, nous avons manqué de tout et avons péri
par l’épée et la famine. D’ailleurs, quand nous offrons de
l’encens à la Reine du Ciel et lui versons des libations, est-ce à
l’insu de nos maris que nous lui faisons des gâteaux qui la
représentent et lui versons des libations » [Jérémie 44, 15-19].

La Reine du Ciel, Ishtar, dans le panthéon mésopotamien, était la déesse


de la fécondité. Le mythe de Gilgamesh montre que pendant sa descente
aux Enfers, toute vie avait dépéri. Elle est appelée Inanna chez les
Sumériens et devient Ashtart en Phénicie, traduit par Astarté en grec. Elle
correspond à Aphrodite dans la mythologie grecque, appelée Vénus par les
Romains, l’étoile du matin. Les gâteaux pétris en l’honneur d’Ishtar, tels
que les évoque Jérémie, représentaient la déesse nue.
J

Jaïre [La fille de]


Marc raconte que le chef de la synagogue de Capharnaüm venait de
perdre sa fille âgée de douze ans. Tout le monde se lamentait dans la maison
mais Jésus dit à Jaïre : « Sois sans crainte ; aie seulement la foi. » Et il alla
trouver l’enfant, accompagné du père et de la mère et demanda à celle qui
était morte de se lever. (Marc 5, 35-43.)
Luc rapporte l’anecdote dans des termes proches (Luc 8, 49-55).

Jephté le Galaadite [La fille de]


Nous ne connaissons pas le nom de cette jeune fille, mais le Livre des
Juges nous conte son destin dramatique. Jephté, l’un des douze juges
d’Israël, avait fait à Yahvé le vœu que s’il venait à bout des Ammonites, il
offrirait en holocauste le premier qui sortirait des portes de sa maison pour
venir à sa rencontre. La fatalité ou la volonté divine voulurent que ce fût sa
fille qui s’avançât au son des tambourins.
Dès qu’il l’eut aperçue, il déchira ses vêtements et s’écria :
« Ah ! ma fille, vraiment tu m’accables ! Tu es de ceux qui font
mon malheur ! Je me suis engagé, moi, devant Yahvé, et ne puis
revenir en arrière » [Juges 11, 35].

Elle poussa héroïquement son père à ne pas être parjure mais demanda
la permission d’errer pendant deux mois dans la montagne avec ses
compagnes, pour y pleurer sa virginité, c’est-à-dire le malheur de mourir
sans postérité. La fille de Jephté et Jephté lui-même, prisonnier de son vœu,
vivent comme tant d’autres personnages dans la Bible, le drame d’une
impossible fertilité. Mais où est la mère de la jeune fille ? Le narrateur ne
s’en soucie pas et Jephté est à lui seul le géniteur qui abolit tout espoir de
descendance.
Nombreux furent les commentateurs qui se demandèrent pourquoi Dieu
n’avait pas retenu le geste de Jephté comme il l’avait fait pour Abraham.
Mais Dieu, peut-on leur répondre, n’avait pas poussé Jephté à faire un vœu
insensé et les sacrifices humains étaient depuis longtemps proscrits par la
Loi.
Le rédacteur qui nous relate la retraite de la jeune fille dans la montagne
avant sa mort, justifie la coutume attestée qu’avaient les filles d’Israël de
célébrer quatre jours par an la fille de Jephté le Galaadite (Juges 11, 29-40).
Alfred de Vigny, dans « La Fille de Jephté » (Poèmes antiques et
modernes, 1837), suit scrupuleusement le texte du Livre des Juges. Il ne
manque pas, cependant, d’être scandalisé par la cruauté du Dieu des Juifs
bien que nulle part dans la Bible, il ne soit explicitement demandé de
promettre sa fille en victime et de devenir infanticide quand vient le
moment de tenir sa promesse.

Le peuple tout entier tressaille de la fête.


Mais le sombre vainqueur marche en baissant la tête ;
Sourd à ce bruit de gloire, et seul, silencieux
Tout à coup il s’arrête, il a fermé ses yeux.

Il a fermé ses yeux, car au loin, de la ville,


Les vierges, en chantant, d’un pas lent et tranquille,
Venaient ; il entrevoit le chœur religieux,
C’est pourquoi, plein de crainte, il a fermé ses yeux.

Il entend le concert qui s’approche et l’honore :


La harpe harmonieuse et le tambour sonore,
Et la lyre aux dix voix, et le kinnor léger,
Et les sons argentins du nebel étranger,

Puis, de plus près, les chants, leurs paroles pieuses,


Et les pas mesurés en des danses joyeuses,
Et, par des bruits flatteurs, les mains frappant les mains,
Et de rameaux fleuris parfumant les chemins.

Ses genoux ont tremblé sous le poids de ses armes ;


Sa paupière s’entr’ouvre à ses premières larmes
C’est que, parmi les voix, le père a reconnu
La voix la plus aimée à ce chant ingénu :

Ô vierges d’Israël ! ma couronne s’apprête


La première à parer les cheveux de sa tête ;
C’est mon père, et jamais un autre enfant que moi
N’augmenta la famille heureuse sous sa loi.
[…]
C’est vous, hélas ! c’est vous, ma fille bien-aimée ?
Dit le père en rouvrant sa paupière enflammée ;
Faut-il que ce soit vous ! ô douleur des douleurs !
Que vos embrassements feront couler de pleurs !

Seigneur, vous êtes bien le Dieu de la vengeance :


En échange du crime il vous faut l’innocence.
C’est la vapeur du sang qui plaît au Dieu jaloux !
Je lui dois une hostie, ô ma fille ! et c’est vous !
[…]

Gustave Doré illustra la tragédie dans sa Sainte Bible tandis qu’Edgar


Degas représentait le retour à cheval d’un Jephté triomphant après la
bataille.

Jézabel
Fille d’Ittobaal, roi des Sidoniens, femme d’Achab, qui régna sur Israël
de 874 à 853, tandis qu’Asa était roi de Juda. Ittobaal était un prêtre
d’Astarté qui avait pris le pouvoir à Tyr, tandis qu’Omri, père d’Achab,
prenait le pouvoir en Israël. Achab, à l’occasion de cette alliance avec les
Phéniciens, se mit à servir Baal. Il lui dressa un autel dans un temple qu’il
construisit à Samarie.
Élie, sous le règne d’Achab, voulut rappeler au peuple d’Israël que
Yahvé était le seul Dieu. Il fit saisir les dévots du Baal de Tyr, que Jézabel
avait fait venir en Israël et qu’elle entretenait. Il fit descendre ces prophètes
près du torrent de Qishôn et les fit égorger.

Achab apprit à Jézabel tout ce qu’Élie avait fait et comment il


avait massacré tous les prophètes par l’épée. Alors Jézabel
envoya un messager à Élie avec ces paroles : « Que les dieux me
fassent tel mal et y ajoutent tel autre, si demain à cette heure je
ne fais pas de ta vie comme de la vie de l’un d’entre eux ! »
Voyant cela, il se leva et partit pour sauver sa vie [Premier Livre
des Rois 19, 1-3].

Il se trouve qu’après ces événements, Jézabel se fit criminelle pour être


complice d’une indélicatesse de son mari Achab.

Nabot de Yzréel possédait une vigne à Yzréel, à côté du palais


d’Achab, roi de Samarie, et Achab parla ainsi à Nabot : « Cède-
moi ta vigne pour qu’elle me serve de jardin potager, car elle est
tout près de ma maison ; je te donnerai en échange une vigne
meilleure, ou, si tu préfères, je te donnerai l’argent qu’elle
vaut. » Mais Nabot dit à Achab : « Yahvé me garde de te céder
l’héritage de mes pères ! »

Jézabel adressa alors aux anciens et aux notables de la ville des lettres
revêtues du sceau royal, les invitant à proclamer un jeûne et à faire asseoir
Nabot en tête du peuple. Cette pratique était l’usage en cas de malheur, pour
apaiser Dieu et découvrir la faute qui avait provoqué son courroux. Elle
avait ajouté que deux vauriens devraient accuser publiquement Nabot
d’avoir maudit Dieu et le roi. Ainsi fut fait et Nabot fut traîné hors de la
ville et lapidé.
Yahvé envoya alors Élie annoncer à Achab le sort qui lui était réservé,
ainsi qu’à toute sa famille, en raison de son crime :

« Lève-toi et descends à la rencontre d’Achab, roi d’Israël à


Samarie. Le voici qui est dans la vigne de Nabot où il est
descendu pour se l’approprier. Tu lui diras ceci : ainsi parle
Yahvé : Tu as assassiné, et de plus tu usurpes ! Tu lui diras :
Ainsi parle Yahvé : À l’endroit même où les chiens ont lapé le
sang de Nabot, les chiens laperont ton sang à toi aussi »…
(Contre Jézabel aussi Yahvé a prononcé une parole : « Les
chiens dévoreront Jézabel dans le champ de Yzréel. »)

Achab regretta son geste : « Quand Achab entendit ces paroles, il


déchira ses vêtements, mit un sac à même sa chair, jeûna, coucha avec le
sac et marcha à pas lents. »
Yahvé décida de différer la sanction et de ne l’appliquer à la famille
d’Achab qu’après la mort de celui-ci mais il laissa cependant Achab être tué
au combat contre le roi d’Aram à Ramot de Galaad. Les chiens lapèrent son
sang et les prostituées s’y baignèrent. (Premier Livre des Rois 21, 17-29.)
Un disciple d’Élisée alla donner l’onction royale à Jéhu, fils de
Yehoshaphat fils de Nimshi, et le fit roi d’Israël. Il lui demanda : « Tu
frapperas la maison d’Achab, ton maître, et je vengerai le sang de mes
serviteurs les prophètes et de tous les serviteurs de Yahvé sur Jézabel et
toute la maison d’Achab périra. » « Quant à Jézabel, les chiens la
dévoreront dans le champ de Yzréel ; personne ne l’enterrera. » (Deuxième
Livre des Rois 9, 6-10.)
Jéhu, roi d’Israël, exécuta en effet Jézabel :

Jéhu rentra à Yzréel et Jézabel l’apprit. Elle se farda les yeux,


s’orna la tête, se mit à la fenêtre et, lorsque Jéhu franchit la
porte, elle dit : « Cela va-t-il bien, Zimri, assassin de son
maître ? » Jéhu leva la tête vers la fenêtre et dit : « Qui est avec
moi, qui ? » et deux ou trois eunuques se penchèrent vers lui. Il
dit : « Jetez-la en bas ». Ils la jetèrent en bas, son sang
éclaboussa le mur et les chevaux, et Jéhu lui passa sur le corps. Il
entra, mangea et but, puis il ordonna : « Occupez-vous de cette
maudite et donnez-lui la sépulture, car elle est fille de roi. » On
alla pour l’ensevelir, mais on ne trouva d’elle que le crâne, les
pieds et les mains. On revint en informer Jéhu, qui dit : « C’est la
parole de Yahvé, qu’il a prononcée par le ministère de son
serviteur Élie le Tishbite : « Dans le champ de Yzréel, les chiens
dévoreront la chair de Jézabel, le cadavre de Jézabel sera comme
du fumier épandu dans la campagne, dans le champ de Yzréel,
en sorte qu’on ne pourra pas dire : C’est Jézabel ! » [Deuxième
Livre des Rois 9, 30-37, voir 10, 1-27].

Jéhu fit ensuite massacrer soixante-dix descendants d’Achab puis tous


les prophètes, les fidèles, les prêtres de Baal. Il fit ensuite démolir la stèle
du dieu et son temple.
Le calviniste Agrippa d’Aubigné, dans Les Tragiques (1616), rappelle
le sort de Jézabel, sous les traits de laquelle il maudit Catherine de Médicis,
persécutrice des protestants, notamment à l’occasion de la Saint-Barthélemy
(1572) :

Les chiens se sont soulés des superbes tetins


Que tu enflois d’orgueil, et cette gorge unie,
Et cette tendre peau fut des mastins la vie.
De ton sein sans pitié ce chaud cœur fut ravi,
Lui qui n’avoit esté de meurtres assouvi
Assouvit les meurtriers, de ton fiel le carnage.
Aux chiens osta la faim et leur donna la rage :
Vivante tu n’avois aimé que le combat,
Morte tu attisois encore du débat
Entre les chiens grondans, qui donnoyent des batailles
Au butin dissipé de tes vives entrailles.
[VI, Vengeances.]
Job [Femme de]
La femme de Job n’a pas de nom mais joue un rôle important dans
l’histoire de l’homme frappé par le malheur, puisqu’elle se fait complice du
Satan en poussant son mari à maudire Dieu.
Job avait tout perdu et s’était installé dans les immondices, frappé qu’il
était d’un ulcère, de la plante des pieds au sommet de la tête.

Alors sa femme lui dit : « Pourquoi persévérer dans ton


intégrité ? Maudis donc Dieu et meurs ! » Job lui répondit : « Tu
parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme
un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le
malheur ! » En tout cela, Job ne pécha point en paroles » [Job 2,
9-10].

Adam avait cédé à la femme, à l’incitation du tentateur. Job ne céda pas,


en dépit de l’état de déréliction dans lequel il était plongé.

Job [Les filles de]


Job, après la longue épreuve de déréliction dans laquelle il avait été
plongé, fut reconnu et récompensé par Yahvé. Il eut alors sept fils et trois
filles. Il appela ces dernières Tourterelle, Cinnamone et Corne à fard,
hommages à l’opulence, au bonheur, à la poésie, à l’élégance retrouvés.
« Dans tout le pays on ne trouvait pas d’aussi belles femmes que les filles
de Job. Et leur père leur donna une part d’héritage en compagnie de leurs
frères » (Job 42, 13-15).
Judith
En hébreu, Yehoudit signifie la « juive ». L’histoire de Judith n’a pas été
retenue par la Bible hébraïque et par les protestants. Texte
deutérocanonique, elle entra dans la liste du Canon de l’Église tant en
Occident qu’en Orient. Elle inspira de nombreux peintres. L’original hébreu
du texte est perdu. Le Livre de Judith prend de grandes libertés avec
l’histoire et la géographie. Plutôt qu’une chronique, il est une belle histoire
montrant la victoire d’une petite nation juive contre ses ennemis protégés
par la puissante armée d’Holopherne, grâce au courage d’une jeune veuve
pieuse mais décidée.
Holopherne, donc, est à la tête des armées d’un Nabuchodonosor qui a
l’ambition de conquérir le monde et d’être respecté comme un dieu. Les
Juifs sont assiégés par Holopherne dans Béthulie et, en dépit de leur
confiance en la protection de Dieu et malgré leur courage, ils sont privés
d’eau et de nourriture et sont sur le point de se rendre.

Les Israélites crièrent vers le Seigneur leur Dieu. Ils perdaient


courage, car les ennemis les avaient entourés et leur coupaient
toute retraite. Durant trente-quatre jours l’armée assyrienne,
fantassins, chars et cavaliers, les tint encerclés. Les habitants de
Béthulie virent se vider toutes les jarres d’eau et les citernes
s’épuiser. On ne pouvait plus boire à sa soif un seul jour, car
l’eau était rationnée. Les enfants s’affolaient, les femmes et les
adolescents défaillaient de soif. Ils tombaient dans les rues et aux
issues des portes de la ville, sans force aucune [Judith 7, 19-22].

Une femme s’inquiéta de cette situation et du découragement des Juifs,


prêts à livrer leur ville à l’ennemi par perte de confiance en Dieu. Et le texte
nous présente Judith, veuve depuis trois ans et quatre mois, qui portait un
sac sur les reins, se vêtait d’habits de deuil et jeûnait tous les jours de son
veuvage, hormis les jours de fête. Le rédacteur précise :

Or elle était très belle et d’aspect charmant. Son mari Manassé


lui avait laissé de l’or, de l’argent, des serviteurs, des servantes,
des troupeaux et des champs, et elle habitait au milieu de tous
ses biens sans que personne eût rien à lui reprocher, car elle
craignait Dieu grandement [Judith 8, 7-8].

Judith ne pouvait accepter que la Judée fût prise et les lieux saints pillés.
Elle incita les siens à supporter l’épreuve (Judith 8, 1-6).

« Écoutez-moi bien, leur répondit Judith. Je vais accomplir une


action dont le souvenir se transmettra aux enfants de notre race
d’âge en âge » [Judith 8, 32].

Et le rédacteur, plus conteur qu’historien, nous décrit la transformation


de la veuve en femme fatale décidée à séduire Holopherne pour attenter
plus sûrement à sa vie afin de libérer les siens.

Là, ôtant le sac qui l’enveloppait et quittant ses habits de deuil,


elle se baigna, s’oignit d’un généreux parfum, peigna se
chevelure, ceignit un turban et revêtit le costume de joie qu’elle
mettait du vivant de son mari Manassé. Elle chaussa ses
sandales, mit ses colliers, ses anneaux, ses bagues, ses pendants
d’oreilles, tous ses bijoux, elle se fit aussi belle que possible
pour séduire les regards de tous les hommes qui la verraient
[Judith 10, 3-4].
Les manœuvres de séduction sont nombreuses dans la Bible, et pas
toujours pour combattre un adversaire. Souvenons-nous de Ruth la Moabite
s’étendant parfumée aux pieds de Booz sur les conseils de sa belle-mère.
Mais il s’agit le plus souvent, néanmoins, de circonvenir les ennemis de son
camp. Esther conquit le cœur d’Assuérus pour éviter le massacre des Juifs.
Dalila, de son côté, pour servir la cause des Philistins, trompera la vigilance
de Samson.
Retrouvons Judith. Accompagnée de sa servante, elle se fit ouvrir les
portes de la ville et alla à la rencontre d’un poste avancé d’Assyriens :

« Je suis une fille des Hébreux et je m’enfuis de chez eux, car ils
ne seront pas longs à vous servir de pâture. Et je viens voir
Holopherne, le général de votre armée, pour lui donner des
renseignements sûrs » [Judith 10, 12-13].

Lorsque Judith rencontra Holopherne, elle simula la trahison à l’égard


du peuple Juif et flatta l’orgueil du général. Le quatrième jour, Holopherne
l’invita à un banquet servi pour ses officiers. Le sort d’Israël se joua sur une
scène de séduction. Holopherne fut pris d’un désir intense et but tant de vin
que, rentré dans sa tente, il s’effondra sur son lit. Judith était seule auprès de
l’homme, tandis que sa servante se tenait dehors.

Elle s’avança alors vers la traverse du lit proche de la tête


d’Holopherne, en détacha son cimeterre, puis s’approchant de la
couche, elle saisit la chevelure de l’homme et dit : « Rends-moi
forte en ce jour, Seigneur, Dieu d’Israël ! » Par deux fois elle le
frappa au cou, de toute sa force, et détacha sa tête. Elle fit
ensuite rouler le corps loin du lit et enleva la draperie des
colonnes. Peu après elle sortit et donna la tête d’Holopherne à sa
servante, qui la mit dans la besace à vivres, et toutes deux
sortirent du camp comme elles avaient coutume de le faire pour
aller prier. Une fois le camp traversé, elles contournèrent le
ravin, gravirent la pente de Béthulie et parvinrent aux portes.
De loin Judith cria aux gardiens des portes : « Ouvrez, ouvrez la
porte ! Car le Seigneur notre Dieu est encore avec nous pour
accomplir des prouesses en Israël et déployer sa force contre nos
ennemis comme il l’a fait aujourd’hui ! » Quand les hommes de
la ville eurent entendu sa voix, ils se hâtèrent de descendre à la
porte de leur cité et appelèrent les anciens. Du plus petit jusqu’au
plus grand tout le monde accourut, car on ne s’attendait pas à
son arrivée [Judith 13, 6-12].

Judith entra alors dans Béthulie, tira la tête hors de sa besace et déclara :

Voici la tête d’Holopherne, le général en chef de l’armée


d’Assur, et voici la draperie sous laquelle il gisait dans son
ivresse ! Le Seigneur l’a frappé par la main d’une femme ! Vive
le Seigneur qui m’a gardée dans mon entreprise ! Car mon
visage n’a séduit cet homme que pour sa perte. Il n’a pas péché
avec moi pour ma honte et mon déshonneur [Judith 13, 15-16].

Judith inspira, entre autres, les peintres Botticelli (1473) et Lucas


Cranach, au XVIe siècle. Donatello, au XVe siècle, consacra un bronze à
Judith et Holopherne.
K

Kozbi
Fille de Çur, chef d’un clan de Madianites. Ceux-ci descendaient de
Madiân, l’un des fils d’Abraham et de sa concubine Qetura (orthographiée
aussi Ketourah). Les Madianites avaient le culte des idoles. Leurs femmes
avaient tenté de séduire les enfants d’Israël. Pinhas, fils d’Éléazar le prêtre,
lui-même fils d’Aaron, saisit une lance et pénétra dans l’alcôve où Kozbi
s’unissait à l’Israélite Zimri, fils de Salu, prince d’une famille de Siméon. Il
les transperça tous les deux de son épée. Par la suite, Moïse engagea la
guerre sainte contre les Madianites. (Nombres 25, 6-18.)
L

Léa
Fille aînée de Laban, frère de Rébecca. Jacob l’épousa avant d’épouser
sa sœur Rachel. Voir RACHEL et LÉA.

Lydie
Négociante de la ville de Philippes, dans le district de Macédoine,
colonie romaine, là où se rendirent Paul et Silas en missionnaires.

Nous étant assis, nous adressâmes la parole aux femmes qui


s’étaient réunies. L’une d’elles, nommée Lydie, nous écoutait ;
c’était une négociante en pourpre, de la ville de Thyatire ; elle
adorait Dieu. Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu’elle
s’attacha aux paroles de Paul. Après avoir été baptisée ainsi que
les siens, elle nous fit cette prière : « Si vous me tenez pour une
fidèle du Seigneur, venez demeurer dans ma maison » [Actes des
Apôtres 16, 13-15].
C’est ainsi que Lydie, emportée par les paroles de l’apôtre, entraîna
toute sa famille à la conversion.

Lot [la femme et les filles de]


Lorsque les habitants de Sodome frappèrent à la porte de Lot et
exigèrent que celui-ci leur livrât les deux anges auxquels il donnait
l’hospitalité, et ceci pour en abuser, Lot préféra leur proposer ses deux filles
vierges. L’honneur de ses filles valait ainsi moins que le respect des lois
sacrées de l’hospitalité. Plus tard, les anges convainquirent Lot de fuir la
ville qui allait être détruite par Yahvé, avec sa femme et ses deux filles. Ils
lui ordonnèrent :

« Sauve-toi, sur ta vie ! Ne regarde pas derrière toi et ne t’arrête


nulle part dans la Plaine, sauve-toi à la montagne pour n’être pas
emporté ! » [Genèse 19, 17].

On sait ce qu’il advint de la femme de Lot. Elle se retourna, regarda en


arrière et devint une colonne de sel. Cette parabole rappelle une fois encore,
comme elle l’avait fait avec Eurydice remontant au jour avec Orphée, qu’on
ne doit pas se retourner sur son malheur. Comment s’appelait donc la
femme de Lot ? Le rédacteur de la Genèse ne s’est pas posé la question et la
femme sans visage, pétrifiée pour l’éternité, demeurera anonyme.
Mais les filles, donc ? Nous ignorons leurs noms mais connaissons leur
dévouement. Comme Lot s’était installé avec elles dans une grotte, loin de
la ville en feu pour y passer la nuit, elles s’inquiétèrent de ce que leur père
pût rester sans descendance. Elles étaient peut-être vierges, comme l’avait
précisé le texte, mais courageusement firent boire le vieil homme et
chacune son tour s’unit à lui en sorte que sans en avoir conscience, il en
abusât et les rendît enceintes. De ce sacrifice héroïque qui prend la forme
d’un double inceste, l’histoire ne retiendra pas le nom des mères mais celui
de leurs enfants. L’aînée des filles donna naissance à un fils, Moab, ancêtre
des Moabites. La cadette donna également naissance à un fils, Ben-Ammi,
ancêtre des Béné-Ammon. Selon des étymologies populaires, moab
signifierait « issu du père » et ben’ammi, « fils de mon parent ».
(Genèse 19, 1-38.)
Les Moabites se sont établis à partir du XIVe siècle av. J.-C. au sud-est de
la Palestine, dans la région de plateaux située à l’est de la mer Morte. Les
Ammonites habitaient eux aussi à l’est du Jourdain, au nord de Moab, et au
sud de Galaad, entre le Yabboq et la mer Morte et avaient pour capitale
Rabbath Ammon, aujourd’hui Amman, capitale de la Jordanie. Les deux
peuples parents furent presque toujours en guerre avec les Israélites, bien
que leurs civilisations et leurs langues fussent proches de celles du
judaïsme.
Le récit des rescapés d’une catastrophe provoquée par Dieu pour punir
les pécheurs semble ici faire écho au récit du déluge, après lequel une
poignée de survivants eut pour devoir de repeupler la terre.
M

Maaka
L’une des femmes de Salomon, fille d’Absalom, mère d’Abiyyam qui
devint roi de Juda après Roboam. (Premier Livre des Rois 15, 1-2.)

Maaka
Deuxième femme de Roboam, fils et successeur de Salomon, après son
premier mariage avec Mahalat. Elle était fille d’Absalom.

Roboam aima Maaka, fille d’Absalom, plus que toutes ses autres
femmes et concubines. Il avait en effet pris dix-huit femmes et
soixante concubines, et engendré vingt-huit fils et soixante filles
[Deuxième Livre des Chroniques 11, 21].

Roboam désigna Abiyya, fils de Maala, comme chef de famille, afin


qu’il prît sa suite et fût roi.
Maccabées [La mère des sept frères]
Sept frères Maccabées furent tour à tour torturés et tués sur ordre
d’Antiochus Épiphane pour avoir refusé de manger du porc, respectant ainsi
les lois du judaïsme. Comme les six premiers frères étaient morts,
Antiochus demanda à leur mère de persuader son septième et dernier fils
d’obéir aux ordres et de contrevenir à la loi juive. Elle fit semblant d’être
convaincue et tint à la victime cet encouragement dans la langue de ses
pères, incompréhensible par le tyran :

« Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon
sein, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge
où tu es (et pourvu à ton entretien). Je t’en conjure, mon enfant,
regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache
que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de
la même manière.
Ne crains pas ce bourreau, mais, te montrant digne de tes frères,
accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux dans la
miséricorde » [Deuxième Livre des Maccabées 7, 26-29].

La mère, avant de mourir elle-même, préférait voir sacrifier son


septième enfant plutôt que de le laisser lâchement trahir son peuple et sa
religion. Elle se sacrifiait ainsi elle-même mais manifestait aussi sa foi en la
résurrection des morts. Cette confiance, partagée avec ses fils, ne s’était
jamais exprimée aussi clairement dans les autres Livres de la Bible

Mahalat
Première femme de Roboam, fils et successeur de Salomon. (Deuxième
Livre des Chroniques 11, 18.)

Marie
Mère de Jésus, Myriam en hébreu. La légende donne pour parents à
Marie Anne et Joachim. Anne était stérile et implorait en vain le ciel
d’attendre un enfant. Joachim, humilié, aurait quitté Jérusalem et s’en serait
allé vivre au milieu de ses bergers, l’infertilité étant considérée comme le
signe d’une malédiction. Mais l’ange Gabriel vint annoncer à Anne qu’elle
serait exaucée. Les époux se retrouvèrent. Cette anecdote renouvelle un
thème souvent exploité dans la Bible.
Les parents de Marie ne sont pas cités par les évangélistes. Anne fut
honorée en Orient dès le VIe siècle, en Occident à partir du VIIIe siècle. Son
e
culte s’est implanté en Bretagne après le XVI siècle.
Des quatre évangélistes, Matthieu et Luc sont les seuls qui évoquent la
conception et la naissance de Jésus.
Luc nous relate l’Annonciation, c’est-à-dire l’annonce faite par l’ange
Gabriel à Marie.

Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une
ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un
homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de
la vierge était Marie. Il entra et lui dit : « Réjouis-toi, comblée de
grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole elle fut toute
troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et
l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce
auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et
enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera
grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de
Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » Mais
Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne
connais pas d’homme ! » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint
viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son
ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de
Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de
concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième
mois, elle qu’on appelait la stérile ; car rien n’est impossible à
Dieu. » Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il
m’advienne selon ta parole ! » Et l’ange la quitta [Luc 1, 26-38].

La scène de l’Annonciation a inspiré d’innombrables peintres et


sculpteurs, notamment Fra Angelico (Florence, 1450).
Le récit de l’annonce faite à Marie est suivi dans le texte de Luc par
celui de la Visitation.

En ces jours-là Marie partit et se rendit en hâte vers la région


montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et
salua Élisabeth. Et il advint, dès qu’Élisabeth eut entendu la
salutation de Marie, que l’enfant tressaillit dans son sein et
Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. Alors elle poussa un grand
cri et dit : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton
sein [Luc 1, 39-42].

Les premières paroles de l’ange Gabriel à Marie et la salutation


d’Élisabeth sont reprises dans la première phrase de la prière Je vous salue
Marie : « Je vous salue Marie pleine de grâces, le Seigneur est avec vous ;
vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est
béni. »
Marie, selon Luc, dit alors un cantique aujourd’hui appelé Magnificat,
commençant par :

Mon âme exalte le Seigneur


et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur
parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa
servante… [Luc 1, 46-48].

Marie resta environ trois mois chez Élisabeth, c’est-à-dire jusqu’à la


naissance et probablement la circoncision de Jean.
Matthieu, sans mettre en scène l’Annonciation, nous rappelle les
fiançailles de Marie et les circonstances dans lesquelles elle se trouva
enceinte :

Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu’ils eussent


mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit
Saint. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait
pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit.
Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains
pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été
engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et
tu l’appelleras du nom de Jésus [en hébreu Yehosú’a « Yahvé
sauve »], car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés »
[Matthieu 1, 18-21].

Joseph et Marie sont qualifiés de mari et femme alors qu’ils ne sont pas
encore mariés, tant les fiançailles juives étaient un engagement solennel
dont on ne pouvait se soustraire que par répudiation. Cette dernière était
légitime s’il était avéré que Marie était enceinte d’un autre homme et
encourait la lapidation.

Une fois réveillé, Joseph fit comme l’Ange du Seigneur lui avait
prescrit : il prit chez lui sa femme ; et il ne la connut pas
jusqu’au jour où elle enfanta un fils et il l’appela du nom de
Jésus [Matthieu 1, 24-25].

Le texte ne précise pas si Joseph connut sa femme au sens biblique


après la naissance de Jésus. Mais la tradition de l’Église enseigne qu’elle
garda une virginité perpétuelle.
Le mot grec parthenos ne désigne pas tant en grec la virginité au sens
anatomique du terme que l’état de la fille non mariée.
Matthieu est peu disert au sujet de la naissance de Jésus, précisant
seulement qu’il naquit à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode.
C’est de Luc que nous apprenons que Joseph et Marie, qui habitaient en
Galilée, avaient dû se rendre en Judée, à la suite d’un édit de César
ordonnant un recensement général.

Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée,


à la ville de David, qui s’appelle Bethléem – parce qu’il était de
la maison et de la lignée de David – afin de se faire recenser
avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Or il advint, comme ils
étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter.
Elle enfanta son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le
coucha dans une crèche, parce qu’ils manquaient de place dans
la salle [Luc 2, 4-7].
En grec biblique, le terme de premier-né n’indique pas si Jésus eut ou
n’eut pas des frères et des sœurs mais seulement qu’il fut le premier, quand
bien même il fut le seul.
À plusieurs reprises, les évangiles parlent des frères ou des frères et
sœurs de Jésus. Matthieu, par exemple, nous rapporte :

Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses


frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui
dit : « Voici ta mère et tes frères qui se tiennent dehors et
cherchent à te parler. » À celui qui l’en informait Jésus répondit :
« Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et tendant sa main
vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car
quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là
m’est un frère et une sœur et une mère » [Matthieu 12, 46-50].

Marc (3, 31-35) et Luc (8, 19-21) nous relatent l’anecdote de façon très
proche.
Plus loin, Matthieu raconte que Jésus s’était rendu à Nazareth, la ville
de son enfance, et qu’il enseignait dans la synagogue. Les gens qui
l’écoutaient étaient frappés :

« D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? Celui-là n’est-


il pas le fils du charpentier ? N’a-t-il pas pour mère la nommée
Marie, et pour frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses
sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? D’où lui vient donc
tout cela ? » [Matthieu 13, 53-56.]

Jean, de son côté, évoque à plusieurs reprises les frères de Jésus. Après
la relation des noces de Cana, il mentionne :
Après quoi, il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et
ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours
[Jean 2, 12].

Et plus avant, comme Jésus monte à Jérusalem :

Or la fête juive des Tentes était proche. Ses frères lui dirent
donc : « Passe d’ici en Judée, que tes disciples aussi voient les
œuvres que tu fais : on n’agit pas en secret, quand on veut être
en vue. Puisque tu fais ces choses-là, manifeste-toi au monde. »
Pas même ses frères en effet ne croyaient en lui [Jean 7, 2-5].

Il est singulier de noter que si c’est à Bethléem, ville de Judée à 8 km de


Jérusalem, que naquit David, l’ancêtre de Jésus, c’est à Bethléem, comme
l’indique la Genèse que fut inhumée Rachel :

Rachel mourut et fut enterrée sur le chemin d’Éphrata – c’est


Bethléem. Jacob dressa une stèle du tombeau de Rachel, qui
existe encore aujourd’hui [Genèse 35, 19-20].

C’est par Matthieu que nous apprenons la fuite en Égypte, Joseph ayant
été averti en songe par l’Ange du Seigneur que le roi Hérode voulait tuer
celui dont les mages venus d’Orient annonçaient qu’il serait le roi des Juifs.

Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en


Égypte ; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode. […] Quand
Hérode eut cessé de vivre, voici que l’Ange du Seigneur apparaît
en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit : « Lève-toi, prends avec
toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël ;
car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Il
se leva, prit avec lui l’enfant et la mère, et rentra dans la terre
d’Israël » [Matthieu 2, 14-15 et 2, 19-21].

Joseph et sa famille s’installèrent à Nazareth.


Les évangélistes nous parlent fort peu de Marie, dont nous devinons
seulement la présence attentive et pudique derrière son fils. C’est par Luc
que nous apprenons la circoncision de Jésus, huit jours après sa naissance,
la présentation de l’enfant au Temple, le voyage à Jérusalem tous les ans
pour la fête de la Pâque. C’est par lui encore que nous savons comment
Jésus à l’âge de douze ans, à l’occasion de l’un de ces voyages, échappa à la
vigilance de ses parents et resta au Temple où il étonna les docteurs par la
pertinence de ses questions et de ses réponses. Lorsque Marie le retrouva,
elle lui dit :

« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et
moi, nous te cherchons, angoissés. » Et il leur dit : « Pourquoi
donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être
dans la maison de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas la
parole qu’il venait de leur dire » [Luc 2, 48-50].

Après ces épisodes de l’enfance et jusqu’à l’arrestation et la


condamnation de Jésus, on ne retrouve Marie qu’en de rares occasions. Jean
est le seul évangéliste qui nous relate sa présence aux noces de Cana.

Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère


de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses
disciples. Et ils n’avaient pas de vin, car le vin des noces était
épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus
lui dit : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore
arrivée. » Sa mère dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira,
faites-le » [Jean 2, 1-5].

On peut s’étonner de la façon distante avec laquelle Jésus s’adresse à sa


mère. Mais on remarquera qu’à la fin de l’évangile de Jean, lorsqu’il
s’adresse à Marie du haut de la croix, il lui dit : « Femme, voici ton fils. »
Les exégètes notent que Marie est ainsi une « nouvelle Ève », mère de tous
les hommes. Ils rappellent la Genèse (3, 20) : « L’homme appela sa femme
Ève parce qu’elle fut la mère de tous les vivants. »
À l’exception des noces de Cana évoquées par Jean, les évangélistes ne
font aucune allusion à Marie jusqu’à la mort de Jésus. Jean est le seul à
indiquer qu’elle était présente au pied de la croix, alors que Matthieu, Marc
et Luc ne signalent la présence que de celles qu’on appelle les Saintes
femmes.

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, et la sœur de sa


mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc
voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait,
dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple :
« Voici ta mère. ». Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez
lui [Jean 19, 25-27].

Selon certaines traditions chrétiennes, Clopas serait le frère ou le demi-


frère de Joseph et aurait épousé Marie Jacobé.
Voici donc à travers le disciple, Marie instituée mère des hommes,
nouvelle Ève. Les peintres et les sculpteurs – on pense notamment à
Michel-Ange – ont été innombrables à représenter Marie portant sur ses
genoux le corps de son fils descendu de la croix, suivant en cela la version
de saint Jean.
Si les évangélistes mentionnent tous la présence de plusieurs des saintes
femmes devant le tombeau de Jésus le matin de la résurrection, notamment
Marie de Magdala, aucun ne cite Marie, la mère du crucifié.
Luc cite à nouveau la mère de Jésus dans les Actes des apôtres. Au
début du texte, Luc relate qu’après l’ascension, les fidèles de Jésus se
retrouvèrent à Jérusalem dans la « chambre haute où ils se tenaient
habituellement ». Après avoir donné la liste de ces fidèles, il ajoute :

Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques


femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères [Actes 1,
14].

L’auteur de l’Apocalypse, dans sa vision hallucinée de la fin des temps,


voit au ciel une femme qui crie dans les douleurs de l’enfantement, allusion
à Ève, mère des hommes, et à Marie, nouvelle Ève, mettant au monde le
Messie, en dépit des menaces du Dragon.

Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil


l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles
couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et
le travail de l’enfantement. […] [Apocalypse 12, 1-2].

Dans toute l’histoire de l’humanité, il y a toutes raisons de penser


qu’aucune femme n’a été davantage représentée par les peintres et les
sculpteurs que Marie. Il n’est pas une église, une chapelle de la chrétienté
qui n’ait une ou plusieurs statues de la vierge, si ce n’est en outre une
fresque, un tympan, un vitrail. La modeste fille de Nazareth est plus
honorée et combien ! qu’en leur temps le furent Aphrodite, Artémis ou Isis.
Marie de Béthanie
Sœur de Lazare et de Marthe. On l’a parfois confondue avec Marie de
Magdala, ou Marie-Madeleine, qui suivit Jésus, fut délivrée par lui de
l’emprise de « sept démons », fit partie du groupe de femmes présentes lors
de la crucifixion et de l’ensevelissement de Jésus, et avec Marie, la femme
anonyme dont Luc nous dit qu’elle était pécheresse en ville et qui parfuma
les pieds de Jésus. Le récit de Matthieu a sans doute déteint sur celui de
Luc.

Comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, une


femme s’approcha de lui, avec un flacon d’albâtre contenant un
parfum très précieux, et elle le versa sur sa tête, tandis qu’il était
à table. À cette vue les disciples furent indignés : « À quoi bon
ce gaspillage ? dirent-ils ; cela pouvait être vendu bien cher et
donné à des pauvres. » Jésus s’en aperçut et leur dit : « Pourquoi
tracassez-vous cette femme ? C’est vraiment une « bonne
œuvre » qu’elle a accomplie pour moi. Les pauvres, en effet,
vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez
pas toujours. Si elle a répandu ce parfum sur mon corps, c’est
pour m’ensevelir qu’elle l’a fait » [Matthieu 26, 6-12].

Marc nous fait une relation très proche de l’événement et précise que le
parfum était un nard pur de grand prix. Il s’agit de l’extrait d’une plante
aromatique de l’Inde. Il fait dire à Jésus :

« En vérité, je vous le dis, partout où sera proclamé l’Évangile,


au monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu’elle vient
de faire » [Marc 14, 3-9].
Luc nous rapporte, lui aussi, l’épisode du repas chez Simon mais il
semble que la femme qualifiée de « pécheresse en ville » et dont nous ne
connaissons pas le nom ne doive être identifiée ni avec Marie de Béthanie,
sœur de Marthe, ni avec Marie de Magdala, citées ailleurs par l’évangéliste.

Un Pharisien l’invita à manger avec lui ; il entra dans la maison


du Pharisien et se mit à table. Et voici une femme, qui dans la
ville était une pécheresse. Ayant appris qu’il était à table dans la
maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Et se
plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui
arroser les pieds de ses larmes ; et elle les essuyait avec ses
cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum. […] Et se
tournant vers la femme : « Tu vois cette femme ? dit-il à Simon.
Je suis entré dans la maison, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les
pieds ; elle, au contraire, m’a arrosé les pieds de ses larmes et les
a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser ;
elle, au contraire, depuis que je suis entré, n’a cessé de me
couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huile sur ma
tête ; elle, au contraire, a répandu du parfum sur mes pieds. À
cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui
seront remis parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais
celui à qui on remet peu montre peu d’amour. » Puis il dit à la
femme : « Tes péchés sont remis » [Luc 7, 36-38 et 44-48].

Luc nous raconte une visite que Jésus rendit à Marthe et à sa sœur
Marie à Béthanie. Il est difficile de savoir si, dans le même village, Marie
est celle dont il nous dit qu’elle se rendit chez Simon, à Béthanie, et versa
du parfum sur la tête de Jésus.
Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme,
nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une sœur
appelée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait
sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du
service. Intervenant, elle dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que
ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. »
Mais le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te soucies et
t’agites pour beaucoup de choses ; pourtant il en faut peu, une
seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne
lui sera pas enlevée » [Luc 10, 38-42].

Jean, à son tour, nous parle de Marthe et Marie. Une première fois, c’est
pour relater la résurrection de leur frère Lazare.

Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et


de sa sœur Marthe. Marie était celle qui oignit le Seigneur de
parfum et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; c’était son frère
Lazare qui était malade [Jean 11, 1-2].

Il est probable que cette Marie de Béthanie n’est pas celle dont Luc
nous dit qu’elle est pécheresse en ville (Luc 7, 37), bien que les deux
femmes aient les mêmes attentions pour Jésus.

Les deux sœurs envoyèrent donc dire à Jésus : « Seigneur, celui


que tu aimes est malade. » À cette nouvelle, Jésus dit : « Cette
maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu :
afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. »
Or Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare. […]
Il dit cela, et ensuite : « Notre ami Lazare repose, leur dit-il ;
mais je vais aller le réveiller. » Les disciples lui dirent :
« Seigneur, s’il repose, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de sa
mort, mais eux pensèrent qu’il parlait du repos du sommeil.
Alors Jésus leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me
réjouis pour vous de n’avoir pas été là-bas, afin que vous
croyiez. Mais allons auprès de lui ! » […]
Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre,
tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus :
« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais
maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu,
Dieu te l’accordera. » – Jésus lui dit : « Ton frère
ressuscitera. » – « Je sais, dit Marthe, qu’il ressuscitera à la
résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit :
« Moi je suis la résurrection.
Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
et quiconque vit et croit en moi
ne mourra jamais.
Le crois-tu ? »
Elle lui dit : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils
de Dieu, celui qui vient dans le monde. » Ayant dit cela, elle s’en
alla appeler sa sœur Marie, lui disant en secret : « Le Maître est
là et il t’appelle. » Celle-ci, à cette nouvelle, se leva bien vite et
alla vers lui.
[…]
Arrivée là où était Jésus, Marie, en le voyant, tomba à ses pieds
et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas
mort ! » Lorsqu’il la vit pleurer, et pleurer aussi les Juifs qui
l’avaient accompagnée, Jésus frémit en son esprit et se troubla.
Ils lui dirent : « Seigneur, viens et vois. » Jésus versa des larmes
[Jean 11, 13-35].
Et Jésus, se rendant auprès de Lazare, ordonna au mort de se lever.
La deuxième fois que Jean nous parle de Marthe et de Marie, c’est pour
nous conter l’anecdote du parfum de grand prix.

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare,


que Jésus avait ressuscité d’entre les morts. On lui fit là un repas.
Marthe servait. Lazare était l’un des convives. Alors Marie,
prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit
les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison
s’emplit de la senteur du parfum. Mais Judas l’Iscariote, l’un de
ses disciples, celui qui allait le livrer, dit : « Pourquoi ce parfum
n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers qu’on aurait donnés à
des pauvres ? » Mais il dit cela non par souci des pauvres, mais
parce qu’il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce
qu’on y mettait. Jésus dit alors : « Laisse-la : c’est pour le jour
de ma sépulture qu’elle devait garder ce parfum. Les pauvres, en
effet, vous les aurez toujours avec vous ; mais moi, vous ne
m’aurez pas toujours » [Jean 12, 1-8].

Marie [mère de Marc]


Dans les Actes des Apôtres, Luc raconte comment le roi Hérode jeta
Pierre en prison et comment l’ange du Seigneur le délivra. C’est pour nous
une occasion d’apprendre que Marc s’appelait Jean-Marc et que sa mère
s’appelait Marie

[…] il se rendit à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé


Marc, où une assemblée assez nombreuse s’était réunie et priait
[Actes 12, 12].

Marie de Magdala,
ou Marie-Madeleine
Femme de Magdala, sur le lac de Galilée. Elle suivit Jésus, qui la
délivra de l’« empire des sept démons ». On l’a parfois identifiée comme
Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare. Vers l’an 600, le père de
l’Église Grégoire le Grand fait de Marie-Madeleine, probablement par
erreur, la prostituée repentie, celle dont Luc nous dit qu’elle était pécheresse
en ville et parfuma les pieds de Jésus. Elle fit partie de celles qu’on nomma
les « saintes femmes », qui ont suivi Jésus, qui ont assisté à sa crucifixion et
à son ensevelissement.
Matthieu, au moment de la crucifixion, relate :

Il y avait là de nombreuses femmes qui regardaient à distance,


celles-là même qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et le
servaient, entre autres Marie de Magdala, Marie mère de Jacques
et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée [Matthieu 27, 55-
56].

Il raconte ensuite comment Joseph d’Arimathie mit Jésus au tombeau.


« Or il y avait là Marie de Magdala et l’autre Marie, assises en face du
sépulcre » (Matthieu 27, 61).
Il relate enfin la découverte du tombeau vide :

Après le jour du sabbat, comme le premier jour de la semaine


commençait à poindre, Marie de Magdala et l’autre Marie
vinrent visiter le sépulcre. Et voilà qu’il se fit un grand
tremblement de terre : l’Ange du Seigneur descendit du ciel et
vint rouler la pierre, sur laquelle il s’assit. Il avait l’aspect de
l’éclair, et sa robe était blanche comme neige. À sa vue, les
gardes tressaillirent d’effroi et devinrent comme morts. Mais
l’ange prit la parole et dit aux femmes : « Ne craignez point,
vous : je sais bien que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est
pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez voir le
lieu où il gisait, et vite allez dire à ses disciples : – Il est
ressuscité d’entre les morts, et voilà qu’il vous précède en
Galilée ; c’est là que vous le verrez. Voilà, je vous l’ai dit »
[Matthieu 28, 1-8].

Marc nous donne un récit proche de celui de Matthieu mais indique que
les femmes prirent peur, s’enfuirent et ne dirent rien à personne. En
revanche, il raconte :

Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut


d’abord à Marie de Magdala dont il avait chassé sept démons.
Celle-ci alla le rapporter à ceux qui avaient été ses compagnons
et qui étaient dans le deuil et les larmes [Marc 16, 9-10].

Jean fait, à quelques mots près, la même relation :

Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient de bonne


heure au tombeau, comme il faisait encore sombre, et elle
aperçoit la pierre enlevée du tombeau. Elle court alors et vient
trouver Simon-Pierre, ainsi que l’autre disciple, celui que Jésus
aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur du tombeau et
nous ne savons pas où on l’a mis » [Jean 20, 1-2].
Les deux disciples vinrent, constatèrent, et s’en retournèrent. Marie de
Magdala resta seule.

Marie se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Or,


tout en pleurant, elle se pencha vers l’intérieur du tombeau et
elle voit deux anges, en vêtements blancs, assis là où avait
reposé le corps de Jésus, l’un à la tête et l’autre aux pieds. Ceux-
ci lui disent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur dit :
« Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a
mis. »
Ayant dit cela, elle se retourna, et elle voit Jésus qui se tenait là,
mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme,
pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour un
jardinier, elle lui dit : « Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté,
dis-moi où tu l’as mis, et je l’enlèverai. » Jésus lui dit :
« Marie ! » Se retournant, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! »
– ce qui veut dire : « Maître. » Jésus lui dit : « Ne me touche pas,
car je ne suis pas encore monté vers mon Père… » [Jean 20, 11-
17].

Les mots de Jésus à Marie de Magdala sont plus souvent cités dans leur
traduction latine : Noli me tangere…

Marthe
Sœur de Marie et de Lazare, habitant Béthanie. Voir MARIE DE

BÉTHANIE.
Mérab
L’aînée des deux filles de Saül, la seconde étant Mikal.

Mikal
Fille cadette de Saül, l’aînée étant Mérab. Saül la donna en mariage à
David, à condition que celui-ci lui remît non pas le mohar, don d’argent que
le fiancé devait payer au père de la jeune fille, mais cent prépuces de
Philistins. Saül pensait, avec ce défi, se débarrasser à bon compte de David
dont il était jaloux. Mais David remplit sa mission. Saül poursuivit
cependant David de sa vindicte, en dépit des efforts que faisait son fils
Jonathan pour le pacifier. Comme Saül avait envoyé des émissaires pour
tuer David, Mikal fit descendre celui-ci par la fenêtre et favorisa sa fuite.
Jonathan, qui aimait David, décida de le protéger à tout prix et conclut
avec lui un pacte au nom de Yahvé.
Saül, bien qu’il sût que David était en fuite mais vivant, donna Mikal en
remariage à Paltiel, fils de Layish. (Premier Livre de Samuel 18, 17-30 et
19, 1-17.)
Lorsque Saül fut mort, Abner, son cousin, général des armées d’Israël,
fit donner la couronne à Ishboshet, fils de Saül, mais se rangea vite au parti
de David.
David répondit : « Bien ! Je ferai alliance avec toi. Je ne te demande
qu’une chose : ne te présente devant moi que si tu m’amènes Mikal, fille de
Saül, lorsque tu te présenteras devant moi. » David fit parvenir le même
message à Ishboshet : « Rends-moi ma femme Mikal, que je me suis
acquise pour cent prépuces de Philistins. » Ishboshet envoya chercher Mikal
chez son mari Paltiel, fils de Layish. Celui-ci la suivit en pleurant une partie
du chemin. David retrouva ainsi celle dont il avait été séparé mais dont il
n’était pas divorcé, puisqu’il ne l’avait pas répudiée. (Deuxième Livre de
Samuel 3, 12-16.)
Le Deuxième Livre de Samuel (6, 23) précise que Mikal n’eut pas
d’enfant.

Milka
Fille de Harân, lui-même fils de Térah et frère d’Abraham et Nahor.
Elle eut pour frère Lot, qui alla rejoindre la terre de Canaan avec son oncle
Abraham, et pour sœur Yiska. Milka eut huit garçons. Le septième, Bétuel,
fut le père de Rébecca, qui deviendra la femme d’Isaac.
(Genèse 11, 27-31.)

Miryam
Sœur de Moïse et d’Aaron. Ce nom, araméen, donnera « Marie ». C’est
elle qui, au bord du Fleuve, regarde dériver son petit frère dans la corbeille
d’osier et, à la demande de la fille de Pharaon, va chercher une nourrice
pour le petit… Cette nourrice sera sa propre mère.
Quand les Israélites, conduits par Moïse, eurent franchi la mer et que les
Égyptiens qui les poursuivaient eurent été engloutis, elle entonna un chant
de gloire à Yahvé :

Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit en main un


tambourin et toutes les femmes la suivirent avec des tambourins,
formant des chœurs de danse. Et Miryam leur entonna :
« Chantez pour Yahvé, car il s’est couvert de gloire, il a jeté à la
mer cheval et cavalier » [Exode 15, 20-21].

Cette scène de femmes formant des chœurs de danse et jouant du


tambourin pour fêter la victoire des Hébreux qui avaient franchi la mer
Rouge et semé les Égyptiens, rappelle la scène tragique de la fille de Jephté
le Galaadite, qui allait à la rencontre des vainqueurs en dansant au son des
tambourins. Mais alors que Miryam célébrait joyeusement la proche arrivée
en terre de Canaan, la fille de Jephté signait son arrêt de mort, puisque son
père avait fait le vœu de sacrifier à Yahvé la première personne qui
viendrait à sa rencontre.
La sœur de Moïse et d’Aaron mourut au cours de l’exode.

Les Israélites, toute la communauté, arrivèrent le premier mois


au désert de Çîn. Le peuple s’établit à Cadès. C’est là que
Miryam mourut et qu’elle fut enterrée [Nombres 20, 1].

Aaron mourut peu de temps après.


N

Naama
Fille de Çilla, l’une des épouses cananéennes de Lamek, descendant de
Caïn. (Genèse 4, 22.) Voir ADA.

Naama
Ammonite, l’une des femmes de Salomon, mère de Roboam, lui-même
fils et successeur de Salomon, qui devint roi de Juda. (Premier Livre des
Rois 14, 21, et Deuxième Livre des Chroniques 11, 13)

Naïn [La veuve de]


Plusieurs récits dans la Bible et les évangiles mettent en scène des
hommes de bien prenant une veuve en pitié. Jésus, ici, est sensible à la
détresse d’une femme qui vient de perdre son fils, son seul bien.
Et il advint ensuite qu’il se rendit dans une ville appelé Naïn. Ses
disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui. Quand
il fut près de la porte de la ville, voilà qu’on portait en terre un
mort, un fils unique dont la mère était veuve ; et il y avait avec
elle une foule considérable de la ville. En la voyant, le Seigneur
eut pitié d’elle et lui dit : « Ne pleure pas ». Puis, s’approchant, il
toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. Et il dit : « Jeune
homme, je te le dis, lève-toi. » Et le mort se dressa sur son séant
et se mit à parler. Et il le remit à sa mère. Tous furent saisis de
crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant : « Un grand prophète
s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple. » Et ce propos
se répandit à son sujet dans la Judée entière et tout le pays
d’alentour [Luc 7, 11-17].

Noé [La femme et les belles-filles de]


La Genèse ne nous indique pas le nom des filles d’Ève. Elle ne nous
indique pas davantage le nom de la femme de Noé et les noms de ses belles-
filles, c’est-à-dire les femmes de ses fils Sem, Cham et Japhet. Nous savons
seulement que Yahvé avait donné des instructions pour que les quatre
femmes entrassent dans l’arche avec les hommes, avant qu’il déchaînât le
déluge.
Le narrateur nous indique de façon détaillée la descendance des fils de
Noé mais il s’agit des hommes et non des femmes. Celles-ci n’étaient là,
semble-t-il, que pour assurer la propagation de l’espèce. (Genèse 7, 1-16.)
O

Oholiba
voir OHOLA.

Ohola et Oholiba
Ézéchiel évoque symboliquement l’histoire d’Israël en décrivant ces
deux femmes, Ohola désignant la Samarie et Oholiba Jérusalem. L’une et
l’autre, filles d’une même mère, trahirent Yahvé en se prostituant avec des
étrangers.

La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes : « Fils


d’homme, il était une fois deux femmes, filles d’une même
mère. Elles se prostituèrent en Égypte ; dès leur jeunesse, elles
se prostituèrent. C’est là qu’on a porté la main sur leur poitrine,
là qu’on a caressé leur sein virginal. Voici leurs noms : Ohola
l’aînée, Oholiba sa sœur. Elles furent à moi et elles enfantèrent
des fils et des filles. Leurs noms : Ohola, c’est Samarie, Oholiba,
c’est Jérusalem. Or Ohola se prostitua alors qu’elle
m’appartenait. Elle s’éprit de ses amants, les Assyriens, ses
voisins, vêtus de pourpre, gouverneurs et magistrats, tous jeunes
et séduisants, habiles cavaliers. Elle leur accorda ses faveurs –
c’était toute l’élite des Assyriens – et chez tous ceux dont elle
s’éprit, elle se souilla au contact de toutes leurs ordures. Elle n’a
pas renié ses prostitutions commencées en Égypte, quand ils
avaient couché avec elle dès sa jeunesse, caressé son sein
virginal et lui prodiguant leurs débauches. Aussi l’ai-je livrée
aux mains de ses amants, aux mains des Assyriens dont elle
s’était éprise : ce sont eux qui ont dévoilé sa nudité, qui ont pris
ses fils et ses filles, et elle-même ils l’ont fait périr par l’épée.
Elle fut célèbre parmi les femmes, car on en avait fait justice.
Sa sœur Oholiba en fut témoin, mais elle éprouva une passion
plus scandaleuse encore, et ses prostitutions furent pires que les
prostitutions de sa sœur. Elle s’éprit des Assyriens, gouverneurs
et magistrats, ses voisins, vêtus magnifiquement, habiles
cavaliers, tous jeunes et séduisants. Et je vis qu’elle s’était
souillée, que toutes les deux avaient eu la même conduite. Elle
ajouta à ses prostitutions : ayant vu des hommes gravés sur le
mur, images de Chaldéens colorées au vermillon, portant des
ceinturons autour des reins et de larges turbans sur la tête, ayant
tous la prestance d’un écuyer, représentant les Babyloniens
originaires de Chaldée, elle s’éprit d’eux au premier regard et
leur envoya des messagers en Chaldée. Et les Babyloniens
vinrent à elle pour partager le lit nuptial et la souiller de leurs
prostitutions. Et quand elle eut été souillée par eux, elle se
détourna d’eux. Mais elle s’afficha dans ses prostitutions, elle
dévoila sa nudité ; alors je me suis détourné d’elle comme je
m’étais détourné de sa sœur. Elle a multiplié ses prostitutions en
souvenir de sa jeunesse, lorsqu’elle se prostituait au pays
d’Égypte, qu’elle s’y éprenait de ses débauchés dont la vigueur
est comme celle des ânes et le rut comme celui des étalons »
[Ézéchiel 23, 1-20].

Yahvé condamne l’une et l’autre des sœurs avec la même vigueur :

Ainsi parle le Seigneur Yahvé. « Que l’on convoque contre elles


une assemblée et qu’on les livre à la terreur et au pillage ;
l’assemblée les lapidera et les frappera de l’épée, on tuera leurs
fils et leurs filles et on mettra le feu à leurs maisons. Je purgerai
le pays de l’infamie ; toutes les femmes seront ainsi averties et
n’imiteront plus votre infamie. On fera retomber sur vous votre
infamie, vous porterez le poids des péchés commis avec vos
ordures et vous saurez que je suis le Seigneur Yahvé »
[Ézéchiel 23, 46-49].

Ici, comme en d’autres occasions, les prophètes comparent les


royaumes infidèles à des femmes prostituées.

Oholibama
L’une des épouses cananéennes d’Esaü, fille d’Ana, fils de Çibéôn le
Horite. (Genèse 36, 1-5.)
P

Pécheresse en ville
Voir MARIE DE BÉTHANIE.

Pharaon [Fille de]


On ne connaîtra jamais le nom de cette femme, fille, dit-on, de Pharaon,
qui, allant un jour se baigner, vit une corbeille en osier parmi les roseaux et
eut de la compassion pour le nouveau-né abandonné qui dérivait sur le
fleuve. C’était l’époque où les Israélites, descendants de Jacob installés en
Égypte, étaient si nombreux que Pharaon, pour limiter leur expansion, avait
ordonné que tout nouveau-né de sexe masculin fût jeté au fleuve. La femme
compatissante envoya chercher chez les Hébreux une femme capable de
nourrir le petit. Les servantes lui ramenèrent la mère qui put nourrir elle-
même celui qu’elle avait mis au monde. Quand l’enfant fut sevré, la fille de
Pharaon le prit sous sa protection, l’appela Moïse, c’est-à-dire « tiré des
eaux », selon une étymologie populaire, et l’éleva au palais comme s’il eût
été son propre fils. (Exode 2, 1-10.)
Pilate [Femme de]
Pilate, préfet de Judée, interrogeait Jésus, quand sa femme vint le
trouver.

Or, tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne


te mêle point de l’affaire de ce juste ; car aujourd’hui j’ai été très
affectée dans un songe à cause de lui » [Matthieu 27, 19].

La Bible relate de nombreux songes au cours desquels sont délivrés au


dormeur des messages plus ou moins abscons. Les évangiles nous donnent
eux aussi quelques exemples de songes instructifs. Qu’on pense à Joseph,
qui est invité par l’Ange du Seigneur à gagner l’Égypte avec Marie et
l’enfant pour échapper à la folie meurtrière d’Hérode et qui, plus tard, est
invité à nouveau à s’en retourner chez lui après la mort du tyran.
L’épisode a ceci de singulier que c’est une femme à laquelle est
demandé de rappeler que c’est un juste qu’on s’apprête à assassiner.

Potiphar [La femme de]


Voici une nouvelle femme dans la Bible qui défraya la chronique sans
que son nom soit cité. Pour toujours, elle restera la femme de l’eunuque
Potiphar, commandant des gardes de Pharaon.
Joseph, donc, avait été vendu par ses frères jaloux à des Ismaélites qui
allaient livrer en Égypte gomme adragante, baume et laudanum. Ceux-ci
l’avaient revendu à Potiphar, eunuque de Pharaon. Potiphar, satisfait de ses
services, l’institua majordome et lui confia tout ce qui lui appartenait.
Mais…
Il arriva, après ces événements, que la femme de son maître jeta
les yeux sur Joseph et dit : « Couche avec moi ! » Mais il refusa
et dit à la femme de son maître : « Avec moi mon maître ne se
préoccupe pas de ce qui se passe à la maison et il m’a confié tout
ce qui lui appartient. Lui-même n’est pas plus puissant que moi
dans cette maison : il ne m’a rien interdit que toi, parce que tu es
sa femme. Comment pourrais-je accomplir un aussi grand mal et
pécher contre Dieu ? » Bien qu’elle parlât à Joseph chaque jour,
il ne consentit pas à coucher à son côté, à se donner à elle
[Genèse 39, 7-10].

Mais elle ne renonça pas et, un jour qu’elle était seule avec lui, elle le
saisit par son vêtement et réitéra sa demande. Il prit la fuite mais elle avait
gardé le vêtement dans les mains, appela au secours et accusa l’Hébreu
d’une tentative de viol. Potiphar fit mettre Joseph en geôle. Mais le
prisonnier eut un comportement exemplaire et fit l’admiration de tous car il
interprétait les songes, tant du grand échanson et du grand panetier avec
lesquels il était incarcéré que plus tard ceux de Pharaon.

Proverbes [Les femmes dans le livre des]


Le Premier Livre des Rois dit de Salomon qu’il prononça trois mille
sentences et rédigea mille cinq cantiques. 29 des 31 recueils des Proverbes
lui sont attribués. Nombreuses sont les maximes qui y célèbrent l’amour
d’une femme et réprouvent sévèrement l’adultère et les relations avec une
« étrangère », autrement dit avec une autre partenaire que sa conjointe
légitime. Cet enseignement de la sagesse, de la retenue, de la tendresse
réservée à une seule femme est respectable mais étonnant lorsqu’on se
souvient que Salomon est réputé avoir eu sept cents épouses de rang
princier et trois cents concubines.
Il nous conseille :

Trouve la joie dans la femme de ta jeunesse :


biche aimable, gracieuse gazelle !
En tout temps que ses seins t’enivrent,
sois toujours épris de son amour !
Pourquoi mon fils, te laisser égarer par une étrangère
et embrasser le sein d’une inconnue ?
Car les yeux de Yahvé observent les chemins de
[l’homme
et surveillent tous ses sentiers.
Le méchant est pris à ses propres méfaits,
dans les liens de son péché il est capturé.
Il mourra faute de discipline,
par l’excès de sa folie il s’égarera.
[Proverbes 5, 18-23].

Et de mettre en garde contre une liaison adultère, plus dangereuse


qu’une rencontre furtive avec une prostituée. L’une cherche à accaparer
notre vie quand l’autre ne demande qu’une rémunération pour se nourrir.

Car le précepte est une lampe,


l’enseignement une lumière ;
les exhortations de la discipline sont le chemin
[de la vie,
pour te préserver de la femme mauvaise,
de la langue doucereuse d’une étrangère.
Ne convoite pas dans ton cœur sa beauté,
ne te laisse pas prendre à ses œillades,
car à la prostituée suffit un quignon de pain,
mais la femme mariée en veut à une vie précieuse.
Peut-on porter du feu dans son sein
sans enflammer ses vêtements ?
Peut-on marcher sur des charbons ardents
sans se brûler les pieds ?
Ainsi celui qui court après la femme de son
[prochain :
qui s’y essaie ne s’en tirera pas indemne.
[Proverbes 6, 20-29].

Mais tant l’adultère que le commerce des prostituées sont déconseillés :

Mon fils, prête-moi attention,


Que tes yeux se complaisent dans ma voie :
c’est une fosse profonde que la prostituée
un puits étroit que l’étrangère.
Elle aussi, comme un brigand, est en embuscade,
parmi les hommes elle multiplie les traîtrises.
[Proverbes 23, 26-28].

Il n’est pas recommandé, cependant, d’épouser une femme chagrine :

Mieux vaut habiter à l’angle d’un toit


que faire maison commune avec une femme
[querelleuse.
[Proverbes 21, 9, et voir 25, 24].

Et encore :
Mieux vaut habiter en un pays désert
qu’avec une femme querelleuse et chagrine.
[Proverbes, 21, 19].
Ou :
Gargouille qui ne cesse de couler un jour de pluie
et femme querelleuse sont pareilles !
Qui veut la saisir, saisit le vent
et sa droite rencontre de l’huile.
[Proverbes 27, 15-16].

Le dernier texte du Livre des Proverbes, intitulé « La parfaite maîtresse


de maison », n’est pas de Salomon lui-même. Il s’agit d’un beau poème,
éloge de ce que l’on appellerait aujourd’hui la « mère au foyer ». Nous
sommes bien loin de l’exaltation des grâces physiques de certaines femmes,
aimées plus que les autres dans le harem, de leur sensualité, du trouble
qu’elles inspirent, comme on peut les trouver, par exemple, dans le
Cantique des Cantiques, autre texte des Livres sapientiaux attribués à
Salomon. La femme qui est citée ici comme modèle n’a pas besoin d’être
belle et d’avoir des seins qui bondissent comme des biches pour être
parfaite et faire tous les jours le bonheur de son mari.

Une maîtresse femme, qui la trouvera ?


Elle a bien plus de prix que les perles !
En elle se confie le cœur de son mari,
il ne manque pas d’en tirer profit.
Elle fait son bonheur et non son malheur,
tous les jours de sa vie.
Elle cherche laine et lin
et travaille d’une main allègre.
Elle est pareille à des vaisseaux marchands :
de loin, elle amène ses vivres.
Il fait encore nuit qu’elle se lève,
distribuant à sa maisonnée la pitance,
et des ordres à ses servantes.
A-t-elle en vue un champ, elle l’acquiert ;
du produit de ses mains, elle plante une vigne.
Elle ceint vigoureusement ses reins
et déploie la force de ses bras.
Elle sait que ses affaires vont bien,
de la nuit, sa lampe ne s’éteint.
Elle met la main à la quenouille,
ses doigts prennent le fuseau.
Elle étend les mains vers le pauvre,
elle tend les bras aux malheureux.
Elle ne redoute pas la neige pour sa maison,
car toute sa maisonnée porte double vêtement.
Elle se fait des couvertures,
de lin et de pourpre est son vêtement.
Aux portes de la ville, son mari est connu,
il siège parmi les anciens du pays.
Elle tisse des étoffes et les vend,
au marchand elle livre une ceinture.
Force et dignité forment son vêtement,
elle rit au jour à venir.
Avec sagesse elle ouvre la bouche,
sur sa langue : une doctrine de piété.
De sa maisonnée, elle surveille le va-et-vient,
elle ne mange pas le pain de l’oisiveté.
Ses fils se lèvent pour la proclamer bienheureuse,
son mari, pour faire son éloge :
« Nombre de femmes ont accompli des exploits,
mais toi, tu les surpasses toutes ! »
Tromperie que la grâce ! Vanité, la beauté !
La femme qui craint Yahvé, voilà celle qu’il faut
[féliciter !
Accordez-lui une part du produit de ses mains,
et qu’aux portes ses œuvres fassent son éloge !
[Proverbes 31, 10-31].

Psaumes [Les femmes dans le livre des]


Les Psaumes mettent en scène les grandes oppositions entre la
confiance en Yahvé et son rejet : la piété et l’impiété, la dilection et la
déréliction, l’oppression et la libération, la vie lumineuse et le shéol.
Lorsqu’ils chantent les louanges du Très-Haut, ils ne manquent pas
d’énumérer les bienfaits dont il gratifie les siens. La femme est étrangement
oubliée, si l’on excepte deux lignes dans le Psaume 128, qui célèbre le
bonheur domestique :

Heureux tous ceux qui craignent Yahvé


et marchent dans ses voies !
Du labeur de tes mains tu te nourriras,
heur et bonheur pour toi !
Ton épouse : une vigne fructueuse
au cœur de la maison […].
[1-3].
La femme n’est pas une compagne, une confidente avec laquelle on
entretient des relations de tendresse, mais l’un des éléments du confort,
d’une aisance à composantes multiples parmi lesquelles, au premier rang,
figurent les têtes de bétail et les fruits de la terre, comme le rappelle le
Psaume 144 :

Nos greniers remplis, débordants,


de fruits de toute espèce,
nos brebis, des milliers, des myriades,
parmi nos campagnes,
nos bestiaux bien pesants […].
[13-14].

Pua et Shiphra
Accoucheuses chez les femmes des Hébreux en Égypte, après la mort
de Jacob et de ses fils. Pharaon leur dit :

« Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, regardez les


deux pierres [peut-être le siège sur lequel était la femme en
travail]. Si c’est un fils, faites-le mourir, si c’est une fille,
laissez-la vivre. » Mais les accoucheuses craignirent Dieu, elles
ne firent pas ce que leur avait dit le roi d’Égypte et laissèrent
vivre les garçons. Le roi d’Égypte les appela et leur dit :
« Pourquoi avez-vous agi de la sorte et laissé vivre les
garçons ? » Elles répondirent à Pharaon : « Les femmes des
Hébreux ne sont pas comme les Égyptiennes, elles sont
vigoureuses. Avant que l’accoucheuse n’arrive auprès d’elles,
elles se sont délivrées. » Dieu favorisa les accoucheuses ; quant
au peuple, il devint très nombreux et très puissant. Comme les
accoucheuses avaient craint Dieu, il leur accorda une postérité.
Pharaon donna alors cet ordre à tout son peuple : « Tout fils qui
naîtra, jetez-le au Fleuve, mais laissez vivre toute fille »
[Exode 1, 15-22].

C’est à la suite de cette décision que la mère de Moïse, dont on ne nous


dit pas si elle bénéficia des services d’une accoucheuse, cacha son nouveau-
né pendant trois mois avant de le déposer dans une corbeille en osier et de
le déposer dans les roseaux du Fleuve.

Python [La servante à l’esprit]


Servante qui rendait des oracles dans la ville de Philippes, en
Macédoine, et que rencontrèrent Paul et Silas au cours de leur traversée de
l’Asie Mineure. Le texte de la Bible dit de la servante qu’elle avait un esprit
divinateur pour rendre l’expression littérale « elle avait un esprit python ».
Ce qualificatif de python est une allusion à un épisode célèbre de la
mythologie grecque qui mérite le détour. À Delphes, Apollon avait tué de
ses flèches un dragon nommé Python, qui gardait un vieil oracle de Thémis,
la déesse de la Loi, mais causait des ravages dans le pays, troublait les
sources, enlevait les troupeaux, effrayait les Nymphes. Apollon prit
possession du lieu et consacra un trépied à l’entrée du sanctuaire. C’est sur
ce trépied que la « Pythie » rendait ses oracles.
Revenons à Paul et Silas qui rencontrèrent la servante à l’esprit python.
Elle faisait gagner beaucoup d’argent à ses maîtres en rendant
des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant :
« Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très-Haut ; ils vous
annoncent la voie du salut. » Elle fit ainsi pendant bien des jours.
À la fin Paul, excédé, se retourna et dit à l’esprit : « Je t’ordonne
au nom de Jésus-Christ de sortir de cette femme. » Et l’esprit
sortit à l’instant même [Actes des Apôtres 16, 16-24].

Les maîtres de la servante qui rendait des oracles virent disparaître leurs
espoirs de gain. Ils se saisirent de Paul et de Silas et les traînèrent devant
des magistrats qui leur firent arracher les vêtements, les firent battre de
verges et jeter en prison. On sait comment les prisonniers furent
miraculeusement délivrés de leurs liens alors qu’ils chantaient les louanges
de Dieu.
Q

Qetura
(orthographiée aussi KETOURAH.) Réputée dans la Genèse femme
d’Abraham, après le décès de Sarah. Le livre des Chroniques la dit non pas
femme mais concubine d’Abraham.

Abraham prit encore une femme, qui s’appelait Qetura. Elle lui
enfanta Zimrân, Yoqshân, Medân, Madiân, Yishbaq et Shuah
[Genèse 25, 1-2].

Qohélet [Les femmes dans le livre de]


Le Qohélet répète à satiété que tout est vanité et illusion sous le soleil.
La femme elle-même est un mirage dont le sage devrait se méfier :

Et je trouve plus amère que la mort, la femme,


car elle est un piège,
son cœur un filet, et ses bras des liens.
Qui plaît à Dieu lui échappe, mais le pécheur
[s’y fait prendre.
[Qohélet 7, 25-26].

Mais il faut sans doute distinguer l’épouse que l’on aime de la femme
qui passe et inspire des désirs illusoires :

Prends la vie avec la femme que tu aimes,


tous les jours de la vie de vanité que Dieu te
[donne sous le soleil,
tous les jours de vanité,
car c’est ton lot dans la vie
et dans la peine que tu prends sous le soleil.
[Qohélet 9, 9].
R

Rachel et Léa
Filles de Laban. Comme Jacob était en chemin pour aller chez ce
dernier, frère de sa mère Rébecca, il rencontra Rachel, fille cadette de
Laban, près d’un puits dans la campagne, alors qu’elle menait paître son
troupeau. Les bergers dirent à Jacob qui elle était.
Il est singulier de se souvenir qu’à la génération précédente, c’est
également près d’un puits que le serviteur d’Abraham avait rencontré la
belle Rébecca qui était devenue la femme d’Isaac.
Il comprit que c’était à elle, sa cousine, qu’il était destiné.

Dès que Jacob eut vu Rachel, la fille de son oncle Laban, et le


troupeau de l’oncle Laban, il s’approcha, roula la pierre de sur la
bouche du puits et abreuva le bétail de son oncle Laban. Jacob
donna un baiser à Rachel puis éclata en sanglots [Genèse 29, 10-
11].

Or Laban avait deux filles, Rachel était la seconde, l’aînée était Léa.
« Les yeux de Léa étaient doux, mais Rachel avait belle tournure et beau
visage et Jacob aimait Rachel » (Genèse 29, 17).
Jacob demanda la main de Rachel et l’obtint, à condition qu’il travaillât
d’abord sept années au service de Laban. Laban invita tous ses voisins et
donna un banquet. Mais comme il voulait marier d’abord Léa, l’aînée, il
trompa Jacob et, le soir des noces, poussa Léa dans le lit du marié qui fut
surpris et confondu au lever du jour.
Jacob réitéra toutefois sa demande pour épouser Rachel. La demande
fut acceptée, sous réserve qu’il travaillât sept années de plus au service de
Laban.
Laban donna sa servante Zilpa à sa fille Léa, sa servante Bilha à sa fille
Rachel.
De ses deux cousines et de leurs servantes, Jacob eut douze fils,
ancêtres éponymes des douze tribus d’Israël, et une fille.
Léa, la première, enfanta successivement Ruben, Siméon, Lévi et Juda.
Rachel, ne pouvant avoir d’enfants, incita Jacob à se rapprocher de sa
servante Bilha, conformément au droit mésopotamien. Bilha enfanta Dan,
puis Naphtali. Léa, ayant cessé d’avoir des enfants, incita à son tour Jacob à
se rapprocher de sa servante Zilpa. Celle-ci mit au monde Gad, puis Asher.
Mais Léa fut à nouveau féconde et mit au monde Issachar puis Zabulon.
C’est alors que Dieu exauça Rachel, qui avait tant espéré enfanter. Elle eut
un fils qu’elle appela Joseph. Plus tard, alors que Jacob avait quitté Béthel à
la demande de l’Ange de Dieu pour retourner chez lui, Rachel mit au
monde un deuxième fils. Elle mourut des douleurs de l’accouchement mais,
au moment de rendre l’âme, nomma son enfant Ben-Oni, ce qui signifie
« fils de ma douleur ». Son père ne voulut pas garder ce prénom de mauvais
augure et appela son fils Benjamin, ce qui signifie « fils de ma droite »,
c’est-à-dire « fils de bon augure ».
Rachel fut enterrée là où elle mourut, sur le chemin d’Éphrata, à
Bethléem. (Genèse, 28 ; 29 ; 30 ; 35, 16-20.)
Rahab
Prostituée de la ville de Jéricho. Elle accueillit dans sa maison les deux
espions envoyés par Josué examiner les lieux avant le passage du Jourdain
par les Hébreux. Elle les fit monter sur sa terrasse et les cacha sous des tiges
de lin. Elle mentit aux émissaires du roi de Jéricho et prétendit que ses hôtes
étaient partis à la nuit tombante.
Rahab dit à ses visiteurs :

« Je sais que Yahvé vous a donné ce pays, que vous faites notre
terreur, et que tous les habitants du pays ont été pris de panique à
votre approche. […] Yahvé, votre Dieu, est Dieu, aussi bien là-
haut dans les cieux qu’ici-bas sur la terre. Jugez-moi donc
maintenant par Yahvé, puisque je vous ai traités avec bonté, qu’à
votre tour vous traiterez avec bonté la maison de mon père et
m’en donnerez un signe loyal. »

La tradition retiendra que Rahab a été sauvée par sa foi, justifiée par ses
œuvres. Lorsque les Hébreux prirent la ville, celle-ci fut vouée par
anathème à Yahvé.

Ils vouèrent à l’anathème tout ce qui se trouvait dans la ville,


hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux
moutons et aux ânes, les passant au fil de l’épée.

Seule Rahab, la prostituée, et les siens, sur ordre de Josué, eurent la vie
sauve.
(Livre de Josué 2, 1-13 et 6, 17-21.)
Rébecca
Fille de Bétuel l’Araméen, septième fils de Milka, nièce et épouse de
Nahor, frère d’Abraham. Elle vivait à Harân, en Haute-Mésopotamie, là où
Abraham avait quitté sa famille pour gagner Canaan avec sa femme Saraï et
son neveu Lot.
Le serviteur d’Abraham, délégué par celui-ci pour trouver une femme à
Isaac, trouva Rébecca près du puits, la cruche sur l’épaule. « La jeune fille
était très belle, elle était vierge, aucun homme ne l’avait approchée. » Il
demanda l’asile pour lui-même, les hommes qui l’accompagnaient et ses
dix chameaux à celle qui le désaltéra et comprit que Yahvé l’avait conduit à
celle qui pourrait devenir la femme d’Isaac. Il fut accueilli par Laban, le
frère de Rébecca, celui-là même chez qui se rendra plus tard Jacob après sa
querelle avec son frère jumeau Ésaü.
Le serviteur d’Abraham repartit pour le pays de Canaan avec Rébecca
et ses servantes. Rébecca devint la femme d’Isaac. Elle était stérile mais
Isaac implora Yahvé et fut exaucé. Sa femme attendit des jumeaux.

Or les enfants se heurtaient en elle et elle dit : « S’il en est ainsi,


à quoi bon ? » Elle alla donc consulter Yahvé, et Yahvé lui dit :
« Il y a deux nations en ton sein, deux peuples, issus de toi, se
sépareront, un peuple dominera un peuple, l’aîné servira le
cadet » [Genèse 25, 22-23].

La lutte des enfants dans le sein de leur mère préfigure l’opposition


d’Ésaü et de Jacob et de leurs peuples, les Édomites, descendants d’Ésaü, et
les Israélites, descendants de Jacob. Isaac préférait Ésaü, un rouquin couvert
de poils, qui eut une prédilection pour la chasse. Rébecca préférait Jacob,
qui devint un homme tranquille demeurant sous les tentes.
Il se trouve qu’il y eut une famine dans le pays, comme à l’époque où
Abraham se réfugia en Égypte. Et le narrateur de nous conter une histoire
qui rappelle le mensonge d’Abraham présentant Saraï comme sa sœur. Isaac
s’était réfugié chez Abimélek, roi des Philistins.

Les gens du lieu l’interrogèrent sur sa femme et il répondit :


« C’est ma sœur. » Il eut peur de dire : « Ma femme », pensant :
« Les gens du lieu me feront mourir à cause de Rébecca, car elle
est belle. » Il était là depuis longtemps quand Abimélek, le roi
des Philistins, regardant une fois par la fenêtre, vit Isaac qui
caressait Rebecca, sa femme. Abimélek appela Isaac et dit :
« Pour sûr, c’est ta femme ! Comment as-tu pu dire : “C’est ma
sœur ?” » Isaac lui répondit : « Je me disais : je risque de mourir
à cause d’elle. » Abimélek reprit : « Qu’est-ce que tu nous as fait
là. Un peu plus, quelqu’un du peuple couchait avec ta femme et
tu nous chargeais d’une faute ! » Alors Abimélek donna cet
ordre à tout le peuple : « Quiconque touchera à cet homme et à
sa femme sera mis à mort » [Genèse 26, 7-11].

Comme Isaac devenait vieux et avait perdu la vue, il voulut bénir son
fils aîné. Il y a toujours un premier-né chez les jumeaux et il se trouve que
c’est Ésaü que Rébecca mit au monde en premier, bien que Jacob tînt son
frère par le talon.
Isaac envoya Ésaü à la chasse afin qu’il lui préparât du gibier comme il
l’aimait. Mais Rébecca usa d’un stratagème pour que Jacob prît la place
d’Ésaü en l’absence de celui-ci. Elle lui couvrit les bras de peau de
chevreau pour qu’il fût velu comme son frère et cuisina le gibier de façon à
régaler son mari. Bien qu’Isaac eût un doute en croyant reconnaître la voix
de Jacob, il tomba dans le piège et bénit son second fils en le prenant pour
l’aîné comme Ésaü revenait de la chasse. Il était trop tard, et Ésaü jura de se
venger.
Pour protéger Jacob, Isaac l’envoya séjourner en Mésopotamie chez
Laban, le frère de Rébecca. Ésaü comprit qu’il n’eût pas été convenable
pour lui-même ou Jacob d’épouser une fille de Canaan. Il avait plusieurs
femmes mais alla épouser en outre Mahalat, une fille d’Ismaël, fils
d’Abraham.
(Genèse 24 ; 25, 19-28 ; 26, 1-11 ; 27 ; 28, 1-9.)

Réuma
Concubine de Nahor, frère d’Abraham. Elle eut quatre enfants. Nahor,
pour mémoire, avait eu huit garçons de sa nièce et épouse Milka.
(Genèse 22, 20-24.)

Riçpa
Fille d’Ayya, concubine de Saül, dont elle eut deux fils, Armuni et
Mephibaal. Après la mort de Saül, elle épousa Abner, prétendant au trône,
un cousin de Saül. Abner fut assassiné et David devint roi.
Vint le temps où une sécheresse frappa le pays qui souffrit de la famine
pendant trois ans.

David s’enquit auprès de Yahvé, et Yahvé dit : « Il y a du sang


sur Saül et sur sa famille, parce qu’il a mis à mort les
Gabaonites » [Deuxième Livre de Samuel 21, 1].
En effet, alors que les Gabaonites avaient obtenu de pouvoir demeurer
en terre de Canaan, Saül avait cherché à les exterminer.

David dit aux Gabaonites : « Que puis-je faire pour vous ?


Comment puis-je réparer pour que vous bénissiez l’héritage de
Yahvé ? » [Deuxième Livre de Samuel 21, 3.]

Les Gabaonites exigèrent en réparation qu’on leur livrât sept fils de


Saül afin qu’ils les démembrassent. David livra les deux fils de Riçpa et les
cinq fils de Mikal, fille de Saül. Les Gabaonites démembrèrent les victimes
dans la montagne aux premiers jours de la moisson des orges. David
attendit alors le retour de la pluie, qui devait signifier que l’expiation avait
été agréée par Dieu, pour faire enlever les cadavres.

Riçpa, fille d’Ayya, prit le sac [vêtement de deuil] et l’étendit


pour elle sur le rocher, depuis le début de la moisson des orges
jusqu’à ce que l’eau tombât du ciel sur eux et elle ne laissa pas
s’abattre sur eux les oiseaux du ciel pendant le jour ni les bêtes
sauvages pendant la nuit [Deuxième Livre de Samuel 21, 10].

David fut informé de l’attitude de la veuve pieuse. Il alla réclamer les


ossements de Saül et ceux de Jonathan aux notables de Yabesh de Galaad et
les réunit aux ossements des sept victimes pour les ensevelir dans le
tombeau de Qish, le père de Saül.
Certains exégètes ont comparé Riçpa, veillant ses deux fils morts et les
corps des cinq fils de Mikal en attendant que revînt la pluie, à Marie veillant
son propre fils au calvaire en attente de la résurrection.
Riçpa la veuve avait pour seule arme sa piété. Sa compassion ébranla
l’impitoyable justice royale qui avait accepté de sacrifier des innocents pour
préserver la paix du royaume.
Ruth
Moabite, c’est-à-dire appartenant au peuple qui descendait de Moab, fils
de Lot et de sa fille aînée. Moab avait pour demi-frère Ammon, fils de Lot
et de sa seconde fille. Les deux frères avaient été conçus comme Lot et ses
filles s’étaient abrités pour quelques nuits dans une grotte après avoir fui
Sodome ravagée par Yahvé.
Les Moabites furent souvent en guerre avec les Israélites, bien que leur
civilisation fût très proche du judaïsme. Ils furent soumis par David, puis
refoulés vers le sud par Omri, roi d’Israël.
Élimélek et sa femme Noémi, originaires de Bethléem, s’étaient
installés au pays de Moab pour fuir la famine qui sévissait en Judée. Leur
fils Mahlôn avait épousé Ruth, leur fils Kilyôn avait épousé Orpa. Ruth et
Orpa étaient deux jeunes Moabites. Il advint que Noémi perdit son mari
puis ses deux fils et resta seule avec ses belles-filles. Elle leur demanda de
retourner dans leurs familles respectives. Mais Ruth se récria et tint à rester
avec Noémi :

Ne me presse pas de t’abandonner et de m’éloigner


de toi, car
où tu iras, j’irai,
où tu demeureras, je demeurerai ;
ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon
[Dieu.
Là où tu mourras, je mourrai
et là je serai ensevelie.
[Ruth 1, 16-17.]

C’est ainsi que Ruth entra dans le peuple de Yahvé en renonçant au dieu
des Moabites. Noémi et Ruth quittèrent ainsi les Champs de Moab pour
aller à Bethléem où elles arrivèrent au début de la moisson des orges.
Ruth demanda la permission d’aller dans les champs. Il se trouve
qu’elle alla dans une pièce de terre appartenant à Booz, du clan d’Élimélek,
le mari qu’avait perdu Noémi. Booz autorisa Ruth à glaner et, comme elle
s’étonnait de cette générosité spontanée, elle se prosterna devant lui et lui
demanda pourquoi elle avait trouvé grâce à ses yeux.

« C’est qu’on m’a bien rapporté, lui dit Booz, tout ce que tu as
fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari ; comment tu as
quitté ton père, ta mère et ton pays natal pour te rendre chez un
peuple que tu n’avais jamais connu, ni d’hier ni d’avant-hier.
Que Yahvé te rende ce que tu as fait et que tu obtiennes pleine
récompense de la part de Yahvé, le Dieu d’Israël, sous les ailes
de qui tu es venue t’abriter ! » [Ruth 2, 11-12].

Très généralement depuis le Deutéronome, il était inconvenant


d’épouser une étrangère qui n’avait pas comme les Juifs pratiquants le culte
exclusif de Yahvé. Le prophète Sophonie poussa l’ostracisme jusqu’à
déclarer :

Moab deviendra comme Sodome


et les fils d’Ammon comme Gomorrhe :
un domaine de chardons, un monceau de sel,
une solitude à jamais.
[Sophonie 2, 9.]

L’interdiction traditionnelle fut bafouée, on le sait, à d’innombrables


reprises et les souverains du peuple élu eux-mêmes ont bien souvent été
chercher leurs compagnes dans d’autres peuples. C’est ainsi qu’un roi
d’Israël épousera Jézabel comme un roi de Judée épousera Athalie, la fille
de celle-ci. Mais, alors que Jézabel et Athalie ont poussé leurs maris à
pratiquer le culte des idoles comme il était d’usage dans leurs familles, Ruth
la Moabite s’est convertie par tendresse et fidélité pour sa belle-mère
Noémi à un autre Dieu que le sien.
Comme Booz avait travaillé toute la journée, il s’était endormi auprès
du tas d’orge. Noémi fit ce que lui avait conseillé Noémi et alla, parfumée,
s’allonger aux pieds de l’homme qui était son parent et pouvait donc
appliquer la coutume du lévirat, si un plus proche parent ne faisait pas
valoir son droit.
Ruth était effacée et pudique et n’a exercé aucune contrainte sur Booz
pour se faire épouser mais, poussée par Noémi, elle s’est délicatement
livrée à une opération de séduction, moins spectaculaire mais tout aussi
efficace que celle d’une Esther qui, pour sauver son peuple, se fit aimer
d’Assuérus ou de Judith, qui fit naître le désir chez le cruel général
Holopherne et pénétra dans sa tente pour lui trancher la gorge. Ces
comparaisons sont cependant indécentes si on lit entre les lignes l’affection
de Ruth pour Booz et la tendresse que le cultivateur, déjà âgé, voua à sa
jeune épouse.
Booz consulta le parent qui avait droit de racheter la pièce de terre
d’Élimélek et d’épouser Ruth. Mais celui-ci déclina la proposition et Booz
épousa Ruth qui lui donna un fils.

Les voisines lui donnèrent un nom, elles dirent : « Il est né un


fils à Noémi » et elles le nommèrent Obed. C’est le père de
Jessé, père de David [Ruth 4, 17].

Noémi était veuve et âgée, elle ne pouvait plus avoir d’enfant et vivait
comme une malédiction la privation de descendance. Ruth joua en quelque
sorte le rôle de mère porteuse :
Et Noémi, prenant l’enfant, le mit sur son sein, et ce fut elle qui
prit soin de lui [Ruth 4, 16].

Ce geste doit être interprété comme un rite d’adoption dans le Proche-


Orient ancien.
Obed signifie littéralement « le serviteur », sous-entendu de Yahvé.
C’est ainsi que Ruth l’étrangère est l’aïeule de David et, par lui, de Joseph,
le père adoptif de Jésus. Cette filiation par le père adoptif de Jésus, n’exclut
pas que Marie elle-même appartînt à la lignée de David et descendit ainsi de
Booz et de Ruth l’étrangère. On a beaucoup commenté l’ouverture d’Israël
sur les Nations que pratique Booz en accueillant la Moabite. Il ne faut pas
oublier que David, l’arrière-petit-fils, épousa Bethsabée, après avoir envoyé
à la mort son mari le Hittite. Salomon à son tour sera donc le fruit d’une
union d’un Juif, et lequel !, avec la veuve de Urie le Hittite.
Victor Hugo, dans « Booz endormi » (La Légende des siècles, 1859) a
chanté l’aventure de Ruth la Moabite qu’on trouve dans la généalogie de
Jésus, pour avoir suivi sa belle-mère Noémi jusque chez elle, près de
Bethléem, s’être mariée avec Booz et avoir eu Obed, grand-père de David :

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,


Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s’étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne


Qui, sorti de son ventre, allait jusqu’au ciel bleu ;
Une race y montait, comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu.

Et Booz murmurait, avec la voix de l’âme :


« Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n’ai pas de fils, et je n’ai plus de femme.
[…]
Pendant qu’il sommeillait, Ruth, une Moabite,
S’était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu’une femme était là,


Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d’elle,
Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

Nicolas Poussin, dans L’Été (1660), et Gustave Doré dans La Sainte


Bible ont mis en scène Ruth et Booz.
S

Saba [Reine de]


Souveraine d’un royaume occupant le Sud-Ouest de la péninsule
arabique ou régente d’une colonie sabéenne en Arabie du Nord. La légende,
plutôt que l’histoire, rapporte qu’elle aurait rendu visite à Salomon, dont
elle avait entendu vanter la richesse et la sagesse, pour établir avec lui des
relations commerciales.

Elle arriva à Jérusalem avec une très grande suite, des chameaux
chargés d’aromates, d’or en énorme quantité et des pierres
précieuses. […] Elle donna au roi cent vingt talents d’or, une
grande quantité d’aromates et des pierres précieuses ; la reine de
Saba avait apporté au roi Salomon une abondance d’aromates
telle qu’il n’en vint plus jamais de pareille. […] Quant au roi
Salomon, il offrit à la reine de Saba tout ce dont elle manifesta
l’envie, en plus des cadeaux qu’il lui fit avec une magnificence
digne du roi Salomon. Puis elle s’en retourna et alla dans son
pays, elle et ses serviteurs [Premier Livre des Rois 10, 1-13].
La dynastie salomonide est une dynastie d’Éthiopie se réclamant de la
descendance du roi Salomon et de la reine de Saba. On dit en effet de celle-
ci qu’elle engendra de sa chaleureuse rencontre à Jérusalem avec le roi des
Juifs celui qui fut le premier roi Ménélik Ier (vers – 950). Hailé Sélassié Ier,
dit le Négus, né en 1892, avait accédé au trône en 1930. Il est mort en 1975.
Il se disait le deux cent vingt-cinquième successeur de l’improbable mais
royale lignée.
En s’inspirant de la légende musulmane de la reine Balkis, Gérard de
Nerval avait imaginé un scénario d’opéra, dont la reine de Saba – reine
Balkis – aurait été le centre. Le scénario ne fut jamais terminé mais Nerval
en reprit la trame dans le Voyage en Orient publié en 1851 (Les Nuits de
Ramazan). Balkis y rend visite à Soliman :

Au lever du jour suivant, Balkis, la reine du matin, franchit en


même temps que le premier rayon du soleil la porte orientale de
Jérusalem. […] Jamais on n’avait vu tant de chevaux, tant de
chameaux, ni si riche légion d’éléphants blancs conduits par un
si nombreux essaim d’Éthiopiens noirs. […]
Les deux souverains se saluèrent mutuellement avec toute la
vénération que les rois professent et se plaisent à inspirer envers
la majesté royale ; puis ils s’assirent côte à côte, tandis que
défilaient les esclaves chargés des présents de la reine de Saba :
de l’or, du cinnamome, de la myrrhe, de l’encens surtout, dont
l’Yémen faisait un grand commerce ; puis, des dents
d’éléphants, des sachets d’aromates et des pierres précieuses.
Elle offrit aussi au monarque cent vingt talents d’or fin.

Nombreux sont les peintres et les graveurs qui se sont plu à représenter
la reine de Saba rendant visite à Salomon. Parmi les plus connus, on peut
e
noter Piero della Francesca qui, au XV siècle, peignit La Reine de Saba et
sa suite, Claude Gellée auquel nous devons Le Débarquement de la reine de
Saba (1648), Gustave Doré, dans le cadre de La Sainte Bible (1866).

Sagesse de Salomon [La femme dans


le livre de la]
La stérilité était vécue comme une tare et un déshonneur. Ce malheur
pouvait être considéré comme un châtiment. Mais le rédacteur de la Sagesse
de Salomon estime qu’il vaut mieux pour une femme rester stérile que
commettre l’adultère ou contracter mariage avec un homme d’un autre
peuple.

Heureuse la femme stérile qui est sans tache,


celle qui n’a pas connu d’union coupable ;
car elle aura du fruit à la visite des âmes.
[3, 13.]

Salomé
Fille d’Hérodiade et d’Hérode Philippe. Hérodiade avait épousé Hérode
Antipas, tétrarque de Galilée et de Pérée, frère de Philippe. Jean-Baptiste
ayant désapprouvé cette union, Hérode l’avait jeté en prison. Hérodiade ne
décolérait pas et souhaitait la mort de Jean-Baptiste.

Or vint un jour propice, quand Hérode, à l’anniversaire de sa


naissance, fit un banquet pour les grands de sa cour, les officiers
et les principaux personnages de la Galilée : la fille de ladite
Hérodiade entra et dansa, et elle plut à Hérode et aux convives.
Alors le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu
voudras, je te le donnerai. » Et il lui fit un serment : « Tout ce
que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu’à la moitié de
mon royaume ! » Elle sortit et dit à sa mère : « Que vais-je
demander ? » – « La tête de Jean le Baptiste », dit celle-ci.
Rentrant aussitôt en hâte auprès du roi, elle lui fit cette
demande : « Je veux que tout de suite tu me donnes sur un plat la
tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut très contristé, mais à cause
de ses serments et des convives, il ne voulait pas lui manquer de
parole. Et aussitôt le roi envoya un garde en lui ordonnant
d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla et le décapita dans
la prison ; puis il apporta sa tête sur un plat et la donna à la jeune
fille, et la jeune fille la donna à sa mère [Marc 6, 17-29].

Cette sanglante histoire est celle d’un serment qui ne peut être trahi
même s’il devait être payé par un sacrifice humain. Nous avons d’autres
exemples dans la Bible de cette fidélité, perverse jusqu’au crime, à la parole
donnée. Mais alors que la fille de Jephté le Galaadite était la danseuse et la
victime, Salomé est ici la danseuse et la donneuse d’ordre pour que la tête
tranchée de Jean-Baptiste fût offerte à sa mère. Salomé, comme d’autres
femmes dans la Bible, témoigne jusque dans l’horreur, d’une tendresse et
d’un dévouement indéfectibles pour sa mère.
La scène a inspiré de nombreux peintres, notamment Le Titien (1560),
Le Caravage (1607), Gustave Moreau (1876).

Salomon [La première femme de]


Salomon épousa la fille d’un pharaon en premières noces. On suppose
e
que son beau-père fut Psousennès II, dernier roi de la XXI dynastie.

Salomon [Femmes de]


David connut de nombreuses femmes. Son fils Salomon n’eut rien à lui
envier ! Salomon était fils de Bethsabée, qui avait été la femme du Hittite
Urie. Il n’hésita pas, lui-même, à épouser ou prendre dans son harem de
nombreuses étrangères qui priaient d’autres dieux que Yahvé.

Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères – outre la


fille de Pharaon – : des Moabites, des Ammonites, des Édomites,
des Sidoniennes, des Hittites, de ces peuples dont Yahvé avait dit
aux Israélites : « Vous n’irez pas chez eux et ils ne viendront pas
chez vous ; sûrement ils détourneraient vos cœurs vers leurs
dieux. » Mais Salomon s’y attacha par amour ; il eut sept cents
épouses de rang princier et trois cents concubines et ses femmes
détournèrent son cœur. Quand Salomon fut vieux, ses femmes
détournèrent son cœur vers d’autres dieux et son cœur ne fut
plus tout entier à Yahvé son Dieu comme avait été celui de son
père David. Salomon suivit Astarté, la divinité des Sidoniens, et
Milkom, l’abomination des Ammonites. Il fit ce qui déplaît à
Yahvé et il ne lui obéit pas parfaitement comme son père David.
C’est alors que Salomon construisit un sanctuaire à Kemosh,
l’abomination de Moab, sur la montagne à l’orient de Jérusalem,
et à Molèk, l’abomination des Ammonites. Il en fit autant pour
toutes ses femmes étrangères, qui offraient de l’encens et des
sacrifices à leurs dieux [Premier Livre des Rois 11, 1-8].
Samaritaine
Les Juifs haïssaient les Samaritains, restés fidèles à leurs dieux et Jean
relate la rencontre improbable de Jésus avec une femme de Samarie à
laquelle il enseigne le seul chemin de la vie éternelle.

Il quitta la Judée et s’en retourna en Galilée. Or il lui fallait


traverser la Samarie. Il arrive donc à une ville de Samarie
appelée Sychar [il s’agit de l’ancienne Sichem], près de la terre
que Jacob avait donnée à son fils Joseph. Là se trouvait la source
de Jacob. Jésus, fatigué par la marche, se tenait donc assis tout
contre la source. C’était environ la sixième heure.
Une femme de Samarie vient pour puiser de l’eau. Jésus lui dit :
« Donne-moi à boire. » Ses disciples en effet s’en étaient allés à
la ville pour acheter de quoi manger. La femme samaritaine lui
dit : « Comment ! toi qui es Juif, tu me demandes à boire à moi
qui suis une femme samaritaine ? » (Les Juifs en effet n’ont pas
de relations avec les Samaritains.) Jésus lui répondit :
« Si tu savais le don de Dieu
et qui est celui qui te dit :
Donne-moi à boire,
c’est toi qui l’aurais prié
et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est
profond. D’où l’as-tu donc, l’eau vive ? Serais-tu plus grand que
notre père Jacob, qui nous a donné ce puits et y a bu lui-même,
ainsi que ses fils et ses bêtes ? Jésus lui répondit :
« Quiconque boit de cette eau
aura soif à nouveau ;
mais qui boira de l’eau que je lui donnerai
n’aura plus jamais soif ;
l’eau que je lui donnerai
deviendra en lui source
d’eau jaillissant en vie éternelle » [Jean 4, 3-14].

C’est à la suite de ce dialogue que Jésus fait un jeu de mot intraduisible


en grec et a fortiori en français. Il demande à la femme d’appeler son mari
et lui reproche ensuite de n’avoir pas un mais cinq maris. Le dieu des
Cananéens s’appelait Ba’al, mot devenu nom commun pour désigner tous
les faux dieux. Le même mot ba’al, dans les langues sémitiques, signifie
aussi « mari ». La Samaritaine comprend alors que Jésus est un prophète et
Jésus lui annonce qu’il est le Messie qu’on attendait.

Samson [La femme de]


Chacun connaît Dalila, mais a oublié que Samson aima plusieurs
femmes qui l’ont entraîné dans de nombreuses aventures, dans la mesure où
le narrateur du Livre des Juges a omis de nous indiquer leurs noms.
Il s’éprit de la première de ces femmes chez les Philistins en s’attirant la
réprobation de ses parents.

Samson descendit à Timna et remarqua, à Timna, une femme


parmi les filles des Philistins. Il remonta et l’apprit à son père et
à sa mère : « J’ai remarqué à Timna, dit-il, parmi les filles des
Philistins, une femme. Prends-la-moi donc pour épouse. » Son
père lui dit, ainsi que sa mère : « N’y a-t-il pas de femme parmi
les filles de tes frères et dans tout mon peuple, pour que tu ailles
prendre femme parmi ces Philistins incirconcis ? » Mais Samson
répondit à son père : « Prends-la-moi, celle-là, car c’est celle-là
qui me plaît. » Son père et sa mère ne savaient pas que cela
venait de Yahvé qui cherchait un sujet de querelle avec les
Philistins, car, en ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël
[Juges 14, 1-4].

Samson avait été consacré nazir de Dieu et devait le rester de sa


naissance à sa mort. Le respect de son vœu de nazir avait pour effet que
Dieu lui donnait une force prodigieuse. C’est ainsi qu’un jour il déchira un
lion comme on déchire un chevreau et recueillit à quelque temps de là dans
la carcasse de l’animal du miel sauvage.
Il mit les Philistins au défi de résoudre l’énigme cachée dans la phrase :
« De celui qui mange est sorti ce qui se mange, et du fort est sorti le doux. »
Mais sa jeune femme trahit Samson et souffla la réponse aux fils de son
peuple qui purent répondre : « Qu’y a-t-il de plus doux que le miel et quoi
de plus fort que le lion ? »
Samson dans sa rage tua trente hommes et répudia la femme qu’il venait
d’épouser. C’est en vain qu’il chercha plus tard à la retrouver. Il infligea en
représailles une cruelle défaite aux Philistins. Pour prix de cette défaite, les
Philistins firent périr dans les flammes la femme et son père. (Livre des
Juges 14 et 15, 1-8.)

Samson [La prostituée de Gaza et]


Le Livre des Juges ne nous dit pas comment s’appelait la première
femme de Samson. A fortiori ne nous dit-il pas comment s’appelaient les
prostituées qu’il visitait. Il alla chez l’une d’elles à Gaza. Les habitants de la
ville attendirent qu’il sortît pour lui faire un mauvais sort mais il arracha les
montants des portes de la ville et les porta jusqu’au sommet de la montagne.
(Livre des Juges 16, 1-3.)

Saraï… et Sara
Selon la Genèse, Térah, d’Ur, en Chaldée, à l’âge de soixante-dix ans,
engendra Abram (qui deviendra Abraham), Nahor et Harân.
Abram épousa Saraï, c’est-à-dire « ma princesse », qui deviendra Sara.
Le patriarche nous apprend (Genèse 20, 12.) qu’à défaut d’être sa sœur, elle
était sa demi-sœur, par son père. Cette union, très antérieure à la publication
de la Loi, notamment dans le Lévitique, n’était pas alors considérée comme
un inceste coupable.
Harân mourut prématurément. On ne nous indique pas le nom de sa
femme, mais il eut un fils, Lot, et deux filles, Milka et Yiska. Nahor épousa
sa nièce Milka.
Térah quitta la Chaldée pour gagner le pays de Canaan avec son fils
Abram, son petit-fils Lot, sa bru Saraï. Il s’arrêta à Harân (lieu transcrit
parfois Charan).
Abram, à son tour, à la demande de Yahvé, quitta Harân quelques
années plus tard pour gagner Canaan avec Saraï et Lot. Pour échapper à la
famine, il se réfugia en Égypte, mais eut peur d’être tué et se fit passer pour
le frère de Saraï. Les charmes de celle-ci furent du meilleur effet : « Dis, je
te prie, que tu es ma sœur, pour qu’on me traite bien à cause de toi et qu’on
me laisse en vie par égard pour toi. » À cette haute époque, la vie de
l’homme était plus précieuse que l’honneur de la femme et il n’eût pas été
convenable de juger sévèrement le mensonge du mari et son rôle
d’entremetteur pour faciliter l’entrée de Saraï dans le harem de Pharaon.
Abram fut provisoirement récompensé pour avoir ainsi prêté sa prétendue
sœur qui n’était que sa demi-sœur et reçut en remerciement « du petit et du
gros bétail, des ânes, des esclaves, des servantes, des ânesses, des
chameaux ».
Mais quand Pharaon découvrit la supercherie, il convoqua le mari sans
scrupule : « Maintenant, voilà ta femme, prends-la et va-t’en ! »
Abram s’établit alors en Canaan avec sa femme Saraï et son neveu Lot.
Yahvé conclut une alliance avec Abram et lui déclara qu’il donnait le pays à
sa postérité.
Mais Saraï était stérile et il semblait que sa postérité ne pût être assurée
que par l’entremise d’une autre femme. Il se trouvait qu’en droit
mésopotamien, une épouse stérile pouvait donner son mari à une servante et
reconnaître comme siens les enfants qu’aurait cette servante. Le rédacteur
de la Genèse nous dit qu’en application de ce droit, Saraï demanda à Abram
le Mésopotamien de s’unir à Agar, sa servante égyptienne. Dès que celle-ci
fut enceinte, elle dédaigna sa maîtresse qui s’en plaignit à Abram. Celui-ci
intervint en faveur de Saraï qui chassa Agar. Mais Yahvé entendit la
détresse de la femme, lui assura sa protection et lui demanda d’appeler
l’enfant Ismaël. Lorsque cet enfant naquit, Abram avait quatre-vingt-six
ans. Les descendants d’Ismaël seront les Arabes du désert.
Treize ans plus tard, Abram avait donc quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé
lui apprend :

Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d’une


multitude de nations. Et l’on ne t’appellera plus Abram, mais ton
nom sera Abraham, car je te fais père d’une multitude de nations
[Genèse 17, 4-5].

Et Yahvé de demander en signe de l’alliance, que tous les mâles soient


circoncis, de génération en génération. Abram fut circoncis, ainsi que son
fils Ismaël et tous les hommes et garçons de la maison.
Dieu dit à Abraham : « Ta femme Saraï, tu ne l’appelleras plus
Saraï, mais son nom est Sara. Je la bénirai et même je te
donnerai d’elle un fils ; je la bénirai, elle deviendra des nations,
et des rois de peuples viendront d’elle. » Abraham tomba la face
contre terre, et il se mit à rire car il se disait en lui-même : « Un
fils naîtra-t-il à un homme de cent ans, et Sara qui a quatre-
vingt-dix ans va-t-elle enfanter ? » [Genèse 17, 15-17.]

Plus tard, Yahvé apparut à Abraham sous forme de trois hommes ou


trois anges, aux Chênes de Membré. Abraham fit honneur à ses hôtes en
leur faisant préparer une façon de festin.

Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit :


« Elle est dans la tente. » L’hôte dit : « Je reviendrai vers toi l’an
prochain ; alors ta femme Sara aura un fils. » Sara écoutait, à
l’entrée de la tente, qui se trouvait derrière lui. Or Abraham et
Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce
qu’ont les femmes. Donc Sara rit en elle-même, se disant :
« Maintenant que je suis usée, je connaîtrais le plaisir ! Et mon
mari qui est un vieillard ! » Mais Yahvé dit à Abraham :
« Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant : Vraiment vais-je encore
enfanter, alors que je suis devenue vieille ? Y a-t-il rien de trop
merveilleux pour Yahvé ? À la même saison l’an prochain, je
reviendrai chez toi et Sara aura un fils. » Sara démentit : « Je
n’ai pas ri », dit-elle, car elle avait peur, mais il répliqua : « Si, tu
as ri. » Les hommes se levèrent de là et se dirigèrent vers
Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire
[Genèse 18, 9-16].
Les rires amusés et sceptiques d’Abraham puis de Sara, partagés entre
un sain réalisme et le respect du Très-Haut sont des moments de détente
dans le récit très didactique d’un événement majeur parce que fondateur du
peuple élu.
Mais Yahvé n’avait pas trompé Abraham et Sara :

Yahvé visita Sara comme il avait dit et il fit pour elle comme il
avait promis. Sara conçut et enfanta un fils à Abraham déjà
vieux, au temps que Dieu lui avait dit. Au fils qui lui naquit,
enfanté par Sara, Abraham donna le nom d’Isaac. […] Et Sara
dit : « Dieu m’a donné de quoi rire, tous ceux qui l’apprendront
me souriront. » [Genèse 21, 1-6.]

Mais le jour où l’on sevra Isaac, Sara aperçut Ismaël, le fils d’Abraham
et d’Agar l’Égyptienne. Prise par la jalousie, elle demanda à Abraham de
chasser la femme et l’enfant. Le vieil homme obtempéra. Mais alors
qu’Agar s’apprêtait à laisser mourir le petit au désert, Dieu vint au secours
de la mère et de l’enfant et promit qu’il ferait de ce dernier une grande
nation. (Genèse 12, 5 ; 12, 10-20 ; 16, 1-15 ; 21, 1-21).

Sarra
Fille de Ragouël, parent de Tobit, le père de Tobie. Ragouël habitait
Ecbatane en Médie.

Il faut savoir qu’elle avait été donnée sept fois en mariage, et


qu’Asmodée, le pire des démons, avait tué ses maris l’un après
l’autre, avant qu’ils se soient unis à elle comme de bons époux.
[…] Ce jour-là, elle eut du chagrin, elle sanglota, elle monta
dans la chambre de son père, avec le dessein de se pendre. Puis,
à la réflexion, elle pensa : – Et si l’on blâmait mon père ? On lui
dira : – Tu n’avais qu’une fille chérie, et, de malheur, elle s’est
pendue ! – Je ne veux pas affliger la vieillesse de mon père
jusqu’au séjour des morts. Je ferais mieux de ne pas me pendre,
et de supplier le Seigneur de me faire mourir, afin que je
n’entende plus d’insultes pendant ma vie [Tobie 3, 8-17].

Et Sarra étendit les bras du côté de la fenêtre et pria Dieu de mettre un


terme à sa vie, mais Dieu dans sa miséricorde préféra envoyer l’ange
Raphaël donner Tobie, fils de Tobit, comme mari à Sarra et aller guérir le
vieux Tobit qui était devenu aveugle pour avoir reçu de la fiente de
moineaux dans les yeux, alors qu’il s’était étendu pour se reposer le long du
mur de la cour.
L’ange Raphaël accompagna Tobie chez Ragouël et le pria d’épouser
Sarra, qui était sa proche parente. Tobie, qui savait que sept maris étaient
morts le soir des noces, prit peur mais Raphaël lui remit le cœur et le foie
d’un poisson qu’ils venaient de tirer de l’eau. Il expliqua qu’il fallait en
mettre un peu sur les braises de l’encens pour faire fuir le démon.
Edna, la femme de Ragouël, prépara la chambre des mariés et dit à
Sarra : « Aie confiance, ma fille ! Que le Seigneur du ciel change ton
chagrin en joie ! Aie confiance, ma fille ! »
(Tobie 6, 14-20, 7, 14-17, 8, 1-5.)
Tobie fit comme l’ange avait recommandé et posa sur les braises de
l’encens un peu du foie et du cœur du poisson. L’odeur incommoda le
démon qui s’enfuit de Ninive jusqu’en Égypte où Raphaël le poursuivit
pour le garrotter. (Tobie 8, 1-3.)
Cette histoire familiale édifiante qui met en scène un vieillard et une
jeune femme guéris en raison de leur piété n’a pas été retenue par la Bible
hébraïque et par les protestants mais par le canon de l’Église en Occident et
en Orient, respectivement au IVe et au VIIe siècles.

Sarepta [La veuve de]


Élie, habitant de Galaad, s’était rendu à Sarepta près de Sidon, alors que
le pays souffrait de la sécheresse.

Comme il arrivait à l’entrée de la ville, il y avait là une veuve


qui ramassait du bois ; il l’interpella et lui dit : « Apporte-moi
donc un peu d’eau dans la cruche, que je boive ! » Comme elle
allait la chercher, il lui cria : « Apporte-moi donc un morceau de
pain dans ta main ! » Elle répondit : « Par Yahvé vivant, ton
Dieu ! je n’ai pas de pain cuit ; je n’ai qu’une poignée de farine
dans une jarre et un peu d’huile dans une cruche, je suis à
ramasser deux bouts de bois, je vais préparer cela pour moi et
mon fils, nous mangerons et nous mourrons. » Mais Élie lui dit :
« Ne crains rien, va faire comme tu dis ; seulement prépare-m’en
d’abord une petite galette, que tu m’apporteras : tu en feras
ensuite pour toi et ton fils. Car ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël :
Jarre de farine ne s’épuisera,
cruche d’huile ne se videra,
jusqu’au jour où Yahvé enverra
la pluie sur la surface de la terre. »
Elle alla et fit comme avait dit Élie, et ils mangèrent, elle, lui et
sa maison, pendant longtemps. La jarre de farine ne s’épuisa pas
et la cruche d’huile ne se vida pas, selon la parole que Yahvé
avait dite par le ministère d’Élie [Premier Livre des Rois 17, 10-
16].

Il se trouve que le fils de la veuve tomba malade et en mourut. La


femme dit à Élie :
« Qu’ai-je à faire avec toi, homme de Dieu ? Tu es donc venu chez moi
pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! » Élie monta l’enfant
mort dans la chambre haute et invoqua Yahvé. L’enfant revint à la vie. La
femme lui dit : « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu et que la
parole de Yahvé dans ta bouche est vérité ! » (Premier Livre des Rois 17,
24].
Cette multiplication des pains et cette résurrection sont une
préfiguration étonnante, neuf siècles avant l’arrivée du Christ, de ce que
rapportent les Évangiles.

Shelomit
Fille de Dibri, de la tribu de Dan. Elle était mariée à un Égyptien. Il
advint que son fils se prit de querelle avec un Israélite et blasphéma le nom
de Yahvé. Yahvé demanda à Moïse qu’il fût lapidé par ceux des membres
de la communauté qui l’avaient entendu. (Lévitique 24, 10-15.)

Shiphra
L’une des accoucheuses des femmes des Hébreux en Égypte, après la
mort de Jacob et de ses fils. Voir PUA.
Shua
Juda, le quatrième fils de Léa et de Jacob, l’épousa, bien qu’elle fût
cananéenne. Elle eut successivement trois fils, Er, Onân et Shéla.
Juda choisit Tamar pour femme de son premier fils Er. Mais le jeune
homme déplaisait à Yahvé qui le fit mourir. Jacob demanda à son deuxième
fils Onân d’appliquer la loi du lévirat qui voulait qu’on épousât la femme de
son frère si celui-ci venait à mourir, afin que le premier-né de cette union
relevât le nom du disparu. Mais Onân refusait que la postérité qui naîtrait de
ce remariage de Tamar fût la sienne et, pour éviter que son épouse fût
enceinte, il laissait tomber à terre sa semence. Par un glissement de sens,
Onân donna ainsi son nom à l’onanisme. Yahvé, mécontent, fit mourir celui
qui enfreignait la loi. Tamar savait qu’elle devrait attendre longtemps
encore que le troisième fils de Juda et Shua, Shéla, eût atteint l’âge de se
marier. Elle désespérait de n’avoir point d’enfant et usa d’un subterfuge
pour être enceinte de son beau-père. Il se trouve que Shua venait de mourir.
Le temps du deuil passé, Juda monta à Timna pour faire tondre ses brebis et
croisa une prostituée au bord de la route. C’était Tamar, qui avait troqué
pour quelques heures ses vêtements de veuve contre un voile de fille
publique. Elle demanda pour prix de son commerce un chevreau du
troupeau et, pour être sûre que la promesse fût tenue, prit en gage le sceau,
le cordon et la canne de son beau-père. Trois mois plus tard, Tahar ne
pouvait cacher qu’elle était enceinte et fut dénoncée à Juda qui voulut la
faire brûler vive comme adultère, puisqu’elle était promise à Shéla. Mais
elle produisit le sceau, le cordon et la canne. Juda les reconnut et leva la
sanction. La femme accoucha de jumeaux, Pérèc et Zérah. Il se trouve que
Pérèc fut l’ancêtre de Booz, père d’Obed, lui-même père de Jessé qui
engendra David. C’est ainsi que le Messie descendit de la tribu de Juda,
dans laquelle étaient mêlés les sangs d’un fils de Jacob et de Tamar la
Cananéenne. (Genèse 38, 1-30.)
Shunamite [Élisée et la]
Chaque fois qu’Élisée passait à Shunem, une femme de qualité l’invitait
à sa table et le logeait. Il ne savait comment la remercier et lui fit demander
ce qu’elle souhaiterait. Son seul regret était de n’avoir pas de fils alors que
son mari était âgé. Et Élisée de renouveler la générosité de Yahvé qui avait
permis à Sarah d’enfanter.

« En cette saison, l’an prochain, dit-il, tu tiendras un fils dans tes


bras. » Mais elle dit : « Non Monseigneur homme de Dieu, ne
trompe pas ta servante ! » Or la femme conçut et elle enfanta un
fils en cette saison, l’année suivante, comme lui avait dit Élisée
[Deuxième Livre des Rois 4, 16-17].

Mais lorsque l’enfant fut grand, il mourut. La Shunamite s’en alla


trouver Élisée. Celui-ci suivit la femme jusque chez elle.

Élisée arriva à la maison ; là était l’enfant, mort et couché sur


son propre lit. Il entra, ferma la porte sur eux deux et pria Yahvé.
Puis il monta sur le lit, s’étendit sur l’enfant, mit sa bouche
contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses
mains, il se replia sur lui et la chair de l’enfant se réchauffa. Il se
remit à marcher de long en large dans la maison, puis remonta et
se replia sur lui : alors l’enfant éternua jusqu’à sept fois et ouvrit
les yeux. Il appela Géhazi et lui dit : « Fais venir cette
Shunamite. » Il l’appela. Lorsqu’elle arriva près de lui, il lui dit :
« Prends ton fils. » Elle entra, tomba à ses pieds et se prosterna à
terre, puis elle prit son fils et sortit [Deuxième Livre des Rois 4,
8-37].
Élisée prévint la Shunamite que le pays connaîtrait la famine pendant
sept ans et lui demanda de partir. Elle alla séjourner sept ans chez les
Philistins et s’en revint. Le roi, informé par le serviteur d’Élisée de la
résurrection du fils, ordonna qu’on restituât à la Shunamite tout ce qui lui
appartenait jadis et les revenus produits par son champ pendant son
absence.

Simon [Belle-mère de]


Comme Jésus commence son ministère en Galilée, il convainc Simon et
André, les deux frères, puis Jacques et Jean, également deux frères, fils de
Zébédée, de le suivre. Marc nous rapporte qu’il guérit la belle-mère de
Simon, ce qui nous permet d’apprendre que Simon, autrement dit Pierre,
était marié.

Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vint dans la maison de


Simon et d’André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de
Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son
sujet. S’approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et
la fièvre la quitta, et elle les servait [Marc 1, 29-31].

La même anecdote est racontée de façon plus lapidaire par Luc (Luc 4,
38-39.)

Suzanne… et les vieillards


L’histoire de Suzanne au bain observée par des vieillards est l’une des
scènes de la Bible, dont l’héroïne est une femme, qui a plus
particulièrement inspiré peintres et poètes, comme, bien entendu, parmi
d’autres, Ève cueillant le fruit de l’arbre de la connaissance, mais aussi
Bethsabée au bain, la reine de Saba en visite chez Salomon, Ruth auprès de
Booz, Judith de Béthulie décapitant le général Holopherne sur son lit…

À Babylone vivait un homme du nom de Ioakim. Il avait épousé


une femme du nom de Suzanne, fille d’Helcias ; elle était d’une
grande beauté et craignait Dieu, car ses parents étaient des justes
et avaient élevé leur fille dans la loi de Moïse. Ioakim était fort
riche, un jardin était proche de sa maison, et les Juifs se
rendaient chez lui en grand nombre, car on l’estimait plus que
tout autre. Cette année-là, on avait choisi dans le peuple deux
vieillards qu’on avait désignés comme juges. C’est eux que vise
la parole du Seigneur : « L’iniquité est venue en Babylone des
vieillards et des juges qui se donnaient pour guides du peuple. »
Ces gens fréquentaient la maison de Ioakim et tous ceux qui
avaient quelque procès s’adressaient à eux. Lorsque tout le
monde s’était retiré, vers midi, Suzanne venait se promener dans
le jardin de son époux. Les deux vieillards qui la voyaient tous
les jours entrer pour sa promenade se mirent à la désirer. Ils en
perdirent le sens, négligeant de regarder vers le Ciel et oubliant
ses justes jugements. Tous deux blessés de cette passion, ils se
cachaient l’un à l’autre leur tourment. Honteux d’avouer le désir
qui les pressait de coucher avec elle, ils n’en rusaient pas moins
chaque jour pour la voir. Un jour, s’étant quittés sur ces mots :
« Rentrons chez nous, c’est l’heure du déjeuner », et chacun s’en
étant allé de son côté, chacun aussitôt revint sur ses pas et ils se
retrouvèrent face à face. Forcés alors de s’expliquer, ils
s’avouèrent leur passion et convinrent de chercher le moment où
ils pourraient surprendre Suzanne seule. Ils attendaient donc
l’occasion favorable. Un jour, Suzanne vint, comme les jours
précédents, accompagnée seulement de deux petites servantes,
et, comme il faisait chaud, elle voulut se baigner au jardin. Il n’y
avait personne : seuls les deux vieillards, cachés, étaient aux
aguets. Elle dit aux servantes : « Apportez-moi de l’huile et du
baume, et fermez la porte du jardin, afin que je puisse me
baigner. » Elles obéirent, fermèrent la porte du jardin, et
rentrèrent dans la maison par une porte latérale pour y chercher
ce que Suzanne avait demandé, sans rien savoir des vieillards qui
se tenaient cachés.
À peine les servantes étaient-elles parties, qu’ils furent debout et
lui dirent en se jetant sur elle : « La porte du jardin est close,
personne ne nous voit. Nous te désirons, cède et couche avec
nous ! Si tu refuses, nous nous porterons témoins en disant qu’un
jeune homme était avec toi et que tu avais éloigné tes servantes
pour cette raison. » Suzanne gémit : « Me voici traquée de toutes
parts : si je cède, c’est pour moi la mort, si je résiste, je ne vous
échapperai pas. Mais mieux vaut pour moi tomber innocente
entre vos mains que de pécher à la face du Seigneur. » Suzanne
appela alors à grands cris. Les deux vieillards se mirent aussi à
crier contre elle, et l’un d’eux courut ouvrir la porte du jardin.
Quand les gens de la maison entendirent ces cris dans le jardin,
ils s’y précipitèrent par la porte latérale pour voir ce qui arrivait,
et quand les vieillards eurent conté leur histoire, les serviteurs se
sentirent tout confus, car jamais rien de semblable n’avait été dit
de Suzanne [Daniel 13, 1-27].
On réunit tous les protagonistes chez Ioakim, le mari, et les vieillards
confirmèrent leur accusation jusqu’à faire condamner Suzanne à la
lapidation. Mais le jeune Daniel confondit les accusateurs en les
interrogeant séparément et en demandant à chacun sous quel arbre Suzanne
avait commis l’adultère. L’un répondit sous un acacia, l’autre sous un
tremble. Une telle contradiction mit le mensonge en évidence. Les vieillards
subirent la peine qu’ils prétendaient voir infliger à l’épouse innocente. La
justice ainsi rendue avec ingéniosité pour démasquer les imposteurs
rappelle le jugement de Salomon recevant deux prostituées ayant eu
chacune un bébé, dont l’un était mort.
T

Tabitha
Femme de Joppé ressuscitée par Pierre.

Il y avait à Joppé parmi les disciples une femme du nom de


Tabitha, en grec Dorcas. Elle était riche des bonnes œuvres et
des aumônes qu’elle faisait. Or il se fit qu’elle tomba malade en
ces jours-là et mourut. Après l’avoir lavée, on la déposa dans la
chambre haute. Comme Lydda n’est pas loin de Joppé, les
disciples, apprenant que Pierre s’y trouvait, lui dépêchèrent deux
hommes pour lui adresser cette prière : « Viens chez nous sans
tarder. »
Pierre partit tout de suite avec eux. Aussitôt arrivé, on le fit
monter à la chambre haute, où toutes les veuves en pleurs
s’empressèrent autour de lui, lui montrant les tuniques et les
manteaux que faisait Dorcas lorsqu’elle était avec elles. Pierre
mit tout le monde dehors, puis, à genoux, pria. Se tournant
ensuite vers le corps, il dit : « Tabitha, lève-toi. » Elle ouvrit les
yeux et, voyant Pierre, se mit sur son séant. Lui donnant la main,
[…] il la leur présenta vivante. Tout Joppé sut la chose, et
beaucoup crurent au Seigneur [Actes 9, 36-43].

Tamar
Cananéenne qui épousa successivement Er et Onân, fils de Jeda et de la
Cananéenne Shua, puis fut promise à leur frère Schélé, lorsque, l’un après
l’autre, ils moururent. C’est travestie en prostituée qu’elle s’unit à son beau-
père Juda et mit au monde des jumeaux, Pérèc, ancêtre de David, et Zérah.
(Genèse 38, 6-30.) Voir SHUA.

Tamar
Fille de David, sœur d’Absalom. Amnon, un autre fils de David, devint
amoureux de Tamar, qui était sa demi-sœur, au point de se rendre malade. Il
se coucha, fit chercher Tamar pour qu’elle lui préparât des gâteaux. Tamar
s’exécuta mais Amnon profita de ce qu’ils étaient seuls pour lui demander
de coucher avec lui. Elle refusa mais il la violenta. Il se mit ensuite à la haïr
et la chassa. Elle se couvrit la tête de cendres, déchira sa tunique et s’en alla
en poussant des cris comme si elle était en deuil. Le roi David fut très irrité
lorsqu’il apprit ce qu’avait subi sa fille et Absalom n’adressa plus la parole
à Amnon, qu’il fit assassiner deux ans plus tard. (Deuxième Livre de
Samuel 13.)
V

Véronique
Personnage dont l’histoire s’est répandue aux VIIe et VIIIe siècles, mais
qui n’apparaît pas dans les Évangiles parmi les saintes femmes.
Cette femme de Jérusalem, prise de compassion, aurait tendu son voile
à Jésus sur le chemin du Golgotha, pour qu’il s’essuyât le visage couvert de
sueur et de sang. Il lui aurait rendu le voile portant l’image de son visage.
Véronique et son voile sont traditionnellement représentés dans la sixième
station du Chemin de croix.
Le prénom Véronique est peut-être une adaptation du grec Berenikê
(Bérénice). La tradition populaire y a cependant vu les mots latins vera
icon, l’« image vraie » (du Christ). Le prénom Bérénice, quant à lui, serait
une forme dialectale en Macédoine de Pherenikê, composé du verbe
pherein, « qui apporte », et nikê, la « victoire ».

Veuve secourue par Élisée


Une veuve alla implorer Élisée, successeur d’Élie. Elle ne pouvait
rembourser le prêteur sur gages et ses deux enfants avaient été emmenés
pour être mis en esclavage. Il ne lui restait qu’un flacon d’huile. Élisée
accomplit le miracle de remplir d’huile de nombreux vases, tant et si bien
que la femme put désormais vendre son huile pour se nourrir et nourrir ses
enfants.
(Deuxième Livre des Rois 4, 1-7.)

Veuve [Obole de la]


Jésus dénonçait devant ses disciples l’hypocrisie et la fausse générosité
des scribes et des Pharisiens. Il s’assit en face du Trésor et observa le
comportement des uns et des autres. C’est alors qu’une veuve sans
ressources fit l’obole de deux piécettes. Jésus déclara :

« En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus
que tous ceux qui mettent dans le Trésor. Car tous ont mis de
leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu’elle
possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » [Marc 12, 38-44].

Veuve de Naïn
→ NAÏN.
Y

Yaël
Femme de Héber le Qénite. La maison de ce dernier était en paix avec
le Cananéen Yabîn, roi de Haçar. Sisera, bien que doté de neuf cents chars
de fer, avait été battu par Baraq, chef des armées de Yabîn, éclairé par la
prophétesse Débora. Il s’était enfui et avait cherché refuge dans la tente de
Yaël. Elle lui avait offert du lait, puis s’était armée d’un piquet de tente et
l’avait planté avec un marteau dans la tempe de l’homme qui s’était allongé
et se reposait. Elle avait pris Sisera en traître, mais pour la bonne cause,
puisqu’elle avait délivré Israël de la tutelle de Yabîn. (Livre des Juges 4, 17-
24.)

Yiska
Fille de Harân, lui-même fils de Térah et frère d’Abraham et Nahor.
Elle eut pour frère Lot, qui partit pour Canaan avec son oncle Abraham, et
pour sœur Milka. (Genèse 11, 27-31.)
Yokébed
Femme d’Amram. Tous deux étaient de la tribu de Lévi. Elle engendra
Miryam, Moïse et Aaron.
Z

Zilpa
Servante de Léa, l’une des deux femmes de Jacob, avec sa sœur Rachel.
Voir RACHEL et LÉA.
PARCOURS THÉMATIQUES

CE QUI LES RAPPROCHE


ET CE QUI LES OPPOSE
À de rares exceptions près, pour chacun des thèmes abordés, nous avons
cité les textes, non pas dans un ordre logique, mais au gré de leur apparition
dans le corpus de la Bible. La plupart des citations figurent déjà dans les
articles de la partie Dictionnaire consacrés individuellement aux femmes.

Abusées
Les jeunes filles ont une valeur marchande. Il faut payer le mohar au
père pour avoir la main de la fille. On peut aussi promettre sa fille à celui
qui accomplira tel exploit. Il arrive, hélas, qu’on la propose en monnaie
d’échange à celui qui veut faire violence à son hôte. Et pourtant, en dépit de
ces pratiques, il est intolérable d’apprendre que sa fille a été abusée à son
insu. La famille est alors intraitable pour défendre l’honneur de la victime.

LES HOMMES DE SODOME ET LES FILLES DE LOT

Lot était assis à la porte de la ville de Sodome quand arrivèrent deux


Anges envoyés par Yahvé. Lot alla à leur rencontre et leur proposa de
passer la nuit chez lui. Il leur prépara un repas. Ils n’étaient pas encore
couchés quand des hommes de la ville cernèrent la maison et appelèrent
Lot : « Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit ? Amène-les
nous pour que nous en abusions. » Lot ne pouvait enfreindre les lois sacrées
de l’hospitalité. Il sortit et dit :

« Je vous en supplie, mes frères, ne commettez pas le mal !


Écoutez : j’ai deux filles qui sont encore vierges, je vais vous les
amener : faites-leur ce qui vous semble bon, mais, pour ces
hommes, ne leur faites rien, puisqu’ils sont entrés sous l’ombre
de mon toit. »

On peut être d’autant plus surpris et scandalisés par le naturel avec


lequel Lot suggère le viol de ses filles vierges, crime s’il en fut, que la suite
du texte nous apprend que les fiancés des demoiselles étaient dans la
maison. Comme les Anges demandèrent à Lot de prendre la fuite avec les
siens avant que Yahvé détruisît la ville, les futurs gendres crurent à une
plaisanterie et restèrent sur place.
Si tant est qu’on accorde crédit à cet effroyable récit, on peut imaginer
que les Sodomites, compte tenu des mœurs qu’on leur prête, ne furent guère
comblés par la proposition de Lot et laissèrent les filles de celui-ci en l’état.
(Genèse 19, 1-14.)

LE VIOL DE DINA, FILLE DE JACOB

Jacob eut douze fils, ancêtres éponymes des douze tribus d’Israël avec
Rachel, sa sœur Léa et les servantes des deux sœurs. Il eut une seule fille,
Dina, de Léa, après Zabulon, le sixième garçon de celle-ci.
Lorsque Jacob quitta son oncle Laban, le père de Rachel et Léa, et s’en
revint chez lui, Dina sortit pour faire la rencontre des filles du pays.

Sichem, le fils de Hamor le Hivvite, prince du pays, la vit, et


l’ayant enlevée, il coucha avec elle et lui fit violence. Mais son
cœur s’attacha à Dina, fille de Jacob, il eut de l’amour pour la
jeune fille et il parla à son cœur. Sichem parla ainsi à son père
Hamor : « Prends-moi cette petite pour femme. »
Mais Dina, alors qu’elle était vierge, avait été souillée et déshonorée. Le
fait pour le violeur de la demander en mariage ne lavait pas l’affront. Cet
affront était d’autant plus insupportable que Sichem n’était pas Juif. Les
frères de Dina exigèrent, pour consentir au mariage, que les mâles de la
famille de Sichem fussent circoncis. Tous les hommes de la ville
s’exécutèrent mais Siméon et Lévi, deux fils de Léa, reniant leur promesse,
prirent l’épée et massacrèrent tous les mâles de la ville. (Genèse 34.)

LA FEMME DE POTIPHAR PRÉTENDUE VICTIME D’UNE


TENTATIVE DE VIOL

Il est des situations dans lesquelles une femme prétend avoir été abusée
ou seulement harcelée, ceci pour exercer un chantage sur un innocent ou
obtenir sa condamnation.
La femme de Potiphar, eunuque de Pharaon, avait cherché en vain à
attirer Joseph dans sa couche. Dépitée du refus, elle prétendit que l’Hébreu
avait voulu la violer et le fit jeter en prison. La conduite exemplaire de
Joseph et son art d’interpréter les songes lui permirent de retrouver
rapidement la liberté. (Genèse 39-40.)

LA CONCUBINE DU LÉVITE D’ÉPHRAÏM


L’honneur des femmes et la pudeur des vierges se respectent. Honte à
celui qui les bafoue ! Et pourtant il y a une hiérarchie dans les devoirs et les
règles sacrées de l’hospitalité autorisent dans certains cas à s’affranchir des
autres règles en vigueur. C’est ainsi que plusieurs fois dans la Bible, un
homme livre sa femme, sa concubine ou ses filles en pâture à des voyous
pour les dissuader de mettre son hôte à mal. Nous en avons un exemple
avec la proposition de Lot aux hommes de Sodome.
En un autre temps et un autre lieu, le Livre des Juges nous raconte
qu’un lévite d’Éphraïm s’en allait rechercher à Bethléem sa concubine, avec
laquelle il s’était provisoirement fâché. Le lévite, la femme et leur serviteur
firent halte à Gibéa chez un vieillard d’Éphraïm. Le soir, des vauriens
frappèrent à la porte et demandèrent que le lévite vînt à eux. Le vieillard
refusa, craignant que le lévite fût mis à mort. Celui-ci amena sa concubine
dehors et fit comprendre aux vauriens qu’ils pouvaient lui faire ce que bon
leur semblait. Les vauriens abusèrent d’elle toute la nuit et l’abandonnèrent
morte sur le seuil de la maison.
Le lévite chargea le corps sur son âne, s’en revint chez lui et découpa la
femme en douze morceaux qu’il envoya à toutes les tribus d’Israël pour
qu’elles se dressent contre Gibéa et punissent le crime qui venait d’être
commis. Ils vinrent à bout des Benjaminites, qui perdirent vingt-cinq mille
hommes en quelques jours. (Livre des Juges 19, 20, 21.)

SUZANNE ET LES VIEILLARDS

Regarder une femme à sa toilette sans qu’elle le sache n’est ni très


élégant ni très moral mais la situation est banale et a été souvent mise en
scène par les poètes et les peintres.
C’est ainsi, dans la Bible, que David observait Bethsabée du haut de sa
terrasse mais aussi que Suzanne, qui vivait à Babylone, avait décidé un jour
de s’isoler au fond de son jardin pour se baigner. Deux vieillards libidineux
étaient cachés et l’observaient avec gourmandise. Ils se montrèrent et lui
dirent :

« La porte du jardin est close, personne ne nous voit. Nous te


désirons, cède et couche avec nous ! Si tu refuses, nous nous
porterons témoins en disant qu’un jeune homme était avec toi et
que tu avais éloigné tes servantes pour cette raison. »
La femme, honnête, ne savait s’il était plus convenable de céder ou de
résister et d’être abusée. Elle cria si fort que les gens de la maison vinrent à
son secours. Les agresseurs furent confondus par le jeune Daniel qui les
interrogea et les mit face à leurs contradictions. (Daniel 13.)

Accueillir et recevoir
L’hospitalité était, comme elle le fut également chez les Grecs, un
devoir sacré primant sur la plupart des autres. On se doit d’accueillir,
d’honorer son hôte, de le nourrir, de lui proposer le gîte, de le protéger s’il
est menacé.

RASSASIER DAVID ET SE FAIRE ÉPOUSER


Abigayil est l’une de ces femmes exemplaires dont la Bible fait l’éloge,
qui est belle mais réservée, courageuse sans prétention, soumise mais digne.
Elle était la femme de Nabal de Karmel. Elle prêta allégeance à David, qui
avait été mal accueilli par cet homme brutal et vulgaire. Accueillir et
recevoir pour une femme, c’est d’abord rassasier et désaltérer ses hôtes.

Abigayil se hâta de prendre deux cents pains, deux outres de vin,


cinq moutons apprêtés, cinq mesures de grains grillés, cent
grappes de raisin sec, deux cents gâteaux de figues, qu’elle
chargea sur des ânes [Premier Livre de Samuel 25, 1-43].

Quand on aime, on ne compte pas et David, séduit, la prit pour femme


bien qu’il en eût comme on sait de nombreuses.
Accueillir le prophète à sa table et recevoir
un enfant en cadeau
Si l’hospitalité est un devoir sacré, l’hôte qui est bien reçu doit savoir se
montrer reconnaissant. C’est ainsi qu’Élisée, lorsqu’il passait à Shunem,
était reçu à la table d’une femme de qualité qui ne manquait pas ensuite de
le loger. Il lui fit demander ce qu’elle souhaiterait comme cadeau de
remerciement. Elle expliqua qu’elle aurait bien aimé avoir un fils mais que
cela lui semblait désormais impossible car son mari était âgé. Qu’à cela ne
tienne ! Élisée lui promit qu’un an plus tard elle tiendrait un fils dans ses
bras. Elle douta, mais Yahvé tint la promesse d’Élisée. Le malheur fit que
l’enfant mourut. Un miracle, plus improbable encore que le précédent se
produisit, puisqu’Élisée, s’allongeant près du corps sans vie le ressuscita.
(Deuxième Livre des Rois 4, 8-37.)

Adultère

À MORT !

En cas d’adultère, le Lévitique est aussi sévère pour l’homme que pour
la femme :

L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain


devra mourir, lui et sa complice [20, 10].

Le Deutéronome ne dit pas autre chose :


Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme
mariée, tous deux mourront : l’homme qui a couché avec la
femme et la femme elle-même [22, 22].

AIME TA FEMME. SINON, UNE PROSTITUÉE PLUTÔT QU’UNE


FEMME MARIÉE !

Le Livre des Proverbes enseigne la tendresse pudique et la fidélité et


met en garde contre les méfaits de l’adultère.

Trouve la joie dans la femme de ta jeunesse :


biche aimable, gracieuse gazelle !
En tout temps que ses seins t’enivrent,
sois toujours épris de son amour !
Pourquoi mon fils, te laisser égarer par une étrangère
et embrasser le sein d’une inconnue ?
[5, 18-23.]

Le recours à une prostituée n’est pas recommandé mais préférable


cependant à la liaison avec une femme mariée.

Car le précepte est une lampe,


l’enseignement une lumière ;
les exhortations de la discipline sont le chemin de
[la vie,
pour te préserver de la femme mauvaise,
de la langue doucereuse d’une étrangère.
Ne convoite pas dans ton cœur sa beauté,
ne te laisse pas prendre à ses œillades,
car à la prostituée suffit un quignon de pain,
mais la femme mariée en veut à une vie précieuse. »
[Proverbes 6, 23-29.]

À TOUT PÉCHÉ MISÉRICORDE


En principe, à l’époque du Christ, toute femme adultérine devait être
lapidée. Dans l’évangile de Jean, un texte, probablement dû à saint Luc,
nous rapporte que les scribes et les Pharisiens ont voulu tendre un piège à
Jésus en lui demandant quel sort réserver à une femme traînée au Temple
pour avoir été surprise en flagrant délit d’adultère. Il déclara :

« Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier
une pierre. » […] Mais eux, entendant cela, s’en allèrent un à un,
à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la
femme toujours là au milieu. Alors se redressant, Jésus lui dit :
« Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle dit :
« Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te
condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. » [Jean 8, 7-11.]

Criminelles par devoir


La Bible donne en exemple plusieurs femmes qui ont joué de leur
intelligence et de leur pouvoir de séduction pour mieux mettre à mort un
adversaire du peuple élu. Mais parfois aussi de grandes figures de ce peuple
élu ont été les victimes de femmes hardies du camp d’en face.

DALILA ET SAMSON
Samson était en guerre contre les Philistins et les massacrait sans
vergogne en usant de la force que lui conférait son statut de nazir de Dieu.
Sa mère avait fait le serment que jamais le rasoir ne passerait sur sa tête. Il
garderait ainsi sa vigueur spectaculaire tant qu’il ne perdrait pas ses tresses
de cheveux. Son combat contre les Philistins ne l’empêchait pas d’apprécier
les Philistines et, à l’occasion, de vouloir les épouser. Cette faiblesse lui fut
fatale. Les princes des Philistins poussèrent Dalila à séduire le héros et à lui
faire dire son secret.

« Séduis-le et sache d’où vient sa grande force, par quel moyen


nous pourrions nous rendre maîtres de lui et le lier pour le
maîtriser. Quant à nous, nous te donnerons chacun onze cents
sicles d’argent. »

Dalila joua de son charme, essuya des refus, revint à la charge et finit
par obtenir l’aveu tant espéré. Samson se trouva sans forces. Les Philistins
lui crevèrent les yeux et lui firent tourner la meule comme s’il fût un âne,
sans imaginer que des cheveux coupés finissent par repousser…
Dalila, certes, était vénale, et jouait à merveille la comédie mais il faut
convenir qu’elle défendait les siens sans état d’âme. (Livre des Juges 16, 4-
30.)
Certains ont voulu faire de Dalila l’image de la femme éternelle,
séductrice, rouée, faible mais perverse et Alfred de Vigny, dans son long
poème « La colère de Samson », entretient une misogynie qui était de mise
depuis quelques millénaires :

Une lutte éternelle en tout temps, en tout lieu,


Se livre sur la terre, en présence de Dieu,
Entre la bonté d’Homme et la ruse de Femme,
Car la femme est un être impur de corps et d’âme.
JUDITH, LA VEUVE PIEUSE,
TRANCHE LA TÊTE D’HOLOPHERNE

L’histoire de Judith n’a pas été retenue par la Bible hébraïque et par les
protestants, mais est entrée dans le Canon de l’Église catholique.
Judith était veuve depuis trois ans. Elle portait le deuil et jeûnait tous les
jours hormis les veilles de sabbat, les sabbats, les jours de fête. Elle était
pieuse mais armée d’un courage à toute épreuve. Comme Holopherne,
général en chef de l’armée assyrienne, assiégeait Béthulie, les Juifs de la
ville, privés d’eau et de nourriture, commençaient à désespérer et étaient sur
le point de se rendre. C’est alors que Judith quitta ses habits de deuil, se
baigna, se parfuma, revêtit ses habits de fête, mit ses plus beaux bijoux et
entreprit de séduire Holopherne au prétexte de trahir les siens et d’indiquer
à l’ennemi comment s’emparer de Béthulie. Au cours d’un banquet, le
général, troublé par la jeune femme, but jusqu’à l’ivresse. Judith le rejoignit
sous sa tente et lui trancha la gorge avec le cimeterre pendu à la traverse du
lit. Elle mit la tête dans la besace de sa servante et retourna à la ville
annoncer que par son entremise Dieu avait fait des merveilles. Pour lever
tout soupçon, elle précisa qu’Holopherne n’avait pas péché avec elle pour
sa honte et son déshonneur.
L’honneur de Judith était sauf, mais force est de constater qu’une fois de
plus une manœuvre de séduction entreprise par une jolie femme peut venir
à bout de l’adversaire le mieux armé.
(Judith 12-13, 1-13 et 15-16.)

SALOMÉ, CRIMINELLE POUR L’HONNEUR D’HÉRODIADE

Salomé fit décapiter Jean-Baptiste pour défendre l’honneur de sa mère.


Jean-Baptiste avait en effet désavoué Hérode qui avait épousé la femme de
son frère. Aucun scrupule n’avait retenu la jeune fille à l’heure de
l’exécution, tant était grand son attachement à Hérodiade. (Marc 6, 17-29.)

Femme au foyer

LA PARFAITE MAÎTRESSE DE MAISON

Si la vocation de toute femme est d’engendrer, il faut préciser qu’il lui


est recommandé d’être mère laborieuse au foyer plutôt que de faire la
coquette en ville.
Le dernier texte du Livre des Proverbes, « La parfaite maîtresse de
maison », déclare d’emblée :

Une maîtresse femme, qui la trouvera ?


Elle a bien plus de prix que les perles !

Et d’énumérer les tâches auxquelles se consacre celle qui fait la fierté de


ses fils et dont son mari fait l’éloge, par exemple :

Elle cherche laine et lin


et travaille d’une main allègre.
Elle est pareille à des vaisseaux marchands :
de loin, elle amène ses vivres.
Il fait encore nuit qu’elle se lève,
distribuant à sa maisonnée la pitance,
et des ordres à ses servantes.
A-t-elle en vue un champ, elle l’acquiert ;
du produit de ses mains, elle plante une vigne.
Elle ceint vigoureusement ses reins
et déploie la force de ses bras.
Elle sait que ses affaires vont bien,
de la nuit, sa lampe ne s’éteint.
Elle met la main à la quenouille,
ses doigts prennent le fuseau.
Elle étend les mains vers le pauvre,
elle tend les bras aux malheureux.
Elle ne redoute pas la neige pour sa maison,
car toute sa maisonnée porte double vêtement.
Elle se fait des couvertures,
de lin et de pourpre est son vêtement.
[Proverbes 31, 10-31.]

Inceste

LE CATALOGUE DU LÉVITIQUE

La prohibition de l’inceste est réputée commune à la plupart des


sociétés. Mais le Lévitique, très rigoureux, passe en revue toutes les
situations dans lesquelles on peut avoir des relations sexuelles avec un
membre de sa famille, pour les proscrire sévèrement. Il s’agit d’un
ensemble de concepts normatifs dont on découvre à l’examen qu’ils ne sont
pas toujours adaptés à la réalité de la vie sociale. La revue est édifiante :

Aucun de vous ne s’approchera de sa proche parente pour en


découvrir la nudité. Je suis Yahvé.
Tu ne découvriras pas la nudité de ton père ni la nudité de ta
mère. C’est ta mère, tu ne découvriras pas sa nudité.
Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton père, c’est la
nudité même de ton père.
Tu ne découvriras pas la nudité de ta sœur, qu’elle soit fille de
ton père ou fille de ta mère. Qu’elle soit née à la maison, qu’elle
soit née au-dehors, tu n’en découvriras pas la nudité.
Tu ne découvriras pas la nudité de la fille de ton fils ; ni celle de
la fille de ta fille. Car leur nudité, c’est ta propre nudité.
Tu ne découvriras pas la nudité de la fille de la femme de ton
père, née de ton père. C’est ta sœur, tu ne dois pas en découvrir
la nudité.
Tu ne découvriras pas la nudité de la sœur de ton père, car c’est
la chair de ton père.
Tu ne découvriras pas la nudité de la sœur de ta mère, car c’est la
chair même de ta mère.
Tu ne découvriras pas la nudité du frère de ton père ; tu ne
t’approcheras donc pas de son épouse, car c’est la femme de ton
oncle.
Tu ne découvriras pas la nudité de ta belle-fille. C’est la femme
de ton fils, tu n’en découvriras pas la nudité.
Tu ne découvriras pas la nudité de la femme de ton frère, car
c’est la nudité même de ton frère.
Tu ne découvriras pas la nudité d’une femme et celle de sa fille ;
tu ne prendras pas la fille de son fils ni la fille de sa fille pour en
découvrir la nudité. Elles sont ta propre chair, ce serait un
inceste.
Tu ne prendras pas pour ton harem une femme en même temps
que sa sœur en découvrant la nudité de celle-ci du vivant de sa
sœur. […] [Lévitique 18, 1-18].
ABRAHAM AURAIT ÉPOUSÉ SA DEMI-SŒUR

Bien avant que la Loi imposât un code rigoureux en matière de mariage


et de relations sexuelles et condamnât tout type d’inceste, Abraham aurait
épousé Sara, sa demi-sœur par son père. Lorsqu’il la présente non pas
comme sa femme mais comme sa sœur, il ne commet qu’un demi-
mensonge, certes hypocrite, mais efficace pour ne pas risquer la mort.
(Genèse 20, 12.)

LES FILLES DE LOT


Quand il faut assurer la survie du clan, sinon de l’espèce, il n’y a plus
d’interdits, ont pensé les filles de Lot.
Sur injonction des anges envoyés par Yahvé, Lot avait quitté la ville de
Sodome qui allait être ravagée par le feu, avec sa femme et ses deux filles.
La femme de Lot, bravant la consigne, se retourna pour constater le désastre
et fut transformée en colonne de sel. Lot poursuivit sa route et s’abrita dans
une grotte.

L’aînée dit à la cadette : « Notre père est âgé et il n’y a pas


d’homme dans le pays pour s’unir à nous à la manière de tout le
monde. Viens, faisons boire du vin à notre père et couchons avec
lui ; ainsi, de notre père, nous susciterons une descendance. »
Elles firent boire, cette nuit-là, du vin à leur père, et l’aînée vint
s’étendre près de son père, qui n’eut conscience ni de son
coucher, ni de son lever. Le lendemain, l’aînée dit à la cadette :
« La nuit dernière, j’ai couché avec mon père ; faisons-lui boire
du vin encore cette nuit et va coucher avec lui ; ainsi, de notre
père nous susciterons une descendance. » Elles firent boire du
vin à leur père encore cette nuit-là, et la cadette s’étendit auprès
de lui, qui n’eut conscience ni de son coucher ni de son lever.
Les deux filles de Lot devinrent enceintes de leur père. L’aînée
donna naissance à un fils et l’appela Moab ; c’est l’ancêtre des
Moabites d’aujourd’hui. La cadette aussi donna naissance à un
fils et elle l’appela Ben-Ammi ; c’est l’ancêtre des Bené-Ammon
d’aujourd’hui [Genèse 19, 17-38].

C’est ainsi que les deux filles qui avaient échappé à la brutalité des
habitants de Sodome et avaient perdu leurs fiancés dans le désastre ont
sacrifié leur virginité pour assurer une descendance à leur propre père.
Les filles de Lot ne sont pas présentées par le rédacteur comme
impudiques, mais femmes de devoir jusqu’au sacrifice. Ce récit mythique
suppose que Lot et ses filles s’étaient imaginés pendant quelques heures
être les seuls survivants d’une catastrophe universelle comme le furent Noé
et les siens, rescapés d’un déluge provoqué par Dieu pour punir les
pécheurs.

BILHA, LA SERVANTE DE RACHEL

Le cas d’une relation avec une concubine de son père ne figure pas
explicitement dans la liste des cas d’inceste recensés par le Lévitique, mais
peut facilement être assimilé à celui d’une relation avec une femme de son
père.
Bilha, servante de Rachel, alors que celle-ci était stérile, jouant le rôle
de mère porteuse, eut deux enfants de Jacob, Dan et Naphtali. Alors que
toute la famille était allée s’installer au pays de Canaan et que Rachel était
morte à Bethléem, Ruben, fils aîné de Jacob et de Léa, coucha avec Bilha,
qui restait la concubine de son père. Cette liaison fut considérée comme un
inceste. (Genèse 35, 21-22.)
AMNON ET SA DEMI-SŒUR TAMAR

Amnon, l’un des fils de David, se rendit coupable d’inceste avec


violence sur Tamar, l’une de ses demi-sœurs, sœur d’Absalom. Cette Tamar
ne doit pas être confondue avec la belle-fille de Juda, qui se travestit en
prostituée pour être enceinte de son beau-père.
Amnon, donc, était très épris de Tamar et la désirait au point de se
rendre malade. Il s’allongea, fit appeler sa demi-sœur pour qu’elle lui
apportât des gâteaux. Il lui fit alors des avances pressantes. Elle se refusa. Il
la violenta.
Elle se couvrit la tête de cendres et déchira sa tunique comme si elle
était en deuil. Le roi David fut très courroucé mais ce fut Absalom qui,
deux ans plus tard, vengea Tamar en faisant assassiner le violeur incestueux
qui avait bravé tous les interdits de la Loi. (Deuxième Livre de Samuel 13.)

Ma fille, ta fille en cadeau


À plusieurs reprises, un père promit sa fille en cadeau à celui qui
relèverait un défi. Les femmes étaient monnaie d’échange et avaient le prix
que leur accordaient d’éventuels prétendants. Peu importait le jugement
qu’elles pouvaient porter sur un candidat que parfois elles ne connaissaient
pas.

TU EXPLIQUES MES SONGES ?


VOILÀ TON CADEAU !

Joseph avait su expliquer les songes de Pharaon, notamment celui des


sept vaches grasses et des sept vaches maigres. Le souverain, pour le
remercier, le nomma vizir d’Égypte et lui donna pour femme Asnat, la fille
de Poti-Phéra, prêtre d’On (Héliopolis). Deux enfants, Manassé et Éphraïm
naquirent de cette union. (Genèse 41, 44-45 et 50-52.)

EMPARE-TOI DE LA VILLE ET TU AURAS MA FILLE

Caleb appartenait à la tribu de Juda. Il faisait partie de l’équipée


envoyée par Moïse reconnaître le pays de Canaan. Il reçut en partage la
ville d’Hébron. Il promit Aska, sa fille, à qui s’emparerait de la ville de
Débir. Ce fut Otniel, fils de Qenaz, qui conquit la ville et reçut la fille en
récompense. (Livre de Josué 14, 15-17 et Livre des Juges 1, 12-13.)

MOÏSE AIDE LES BERGÈRES ET REÇOIT L’UNE D’ELLE


EN CADEAU

On lit dans l’Exode que les sept filles de Réuel, descendantes de


Abraham et de sa concubine Ketourah, avaient été chassées par des bergers
comme elles allaient puiser de l’eau pour abreuver le petit bétail de leur
père.
Moïse vint à leur secours. Il les aida même à puiser de l’eau pour les
bêtes. Réuel, reconnaissant, donna à Moïse sa fille Çippora. Moïse en eut
un fils, nommé Gershom. (Exode 2, 16-22.)

UNE RANÇON PEU ORDINAIRE POUR ÉPOUSER MIKAL

Le Premier Livre de Samuel relate que David était entré au service de


Saül qui était mélancolique, comme tourmenté par un mauvais esprit. Il
jouait de la cithare pour distraire le souverain. Mais David, bien que jeune
et inexpérimenté, se proposa pour combattre le redoutable Goliath et le mit
à mort d’un jet de pierre avec une simple fronde. Dès lors, il sortait
vainqueur de tous les combats contre les Philistins. Saül en éprouva de la
jalousie, au point de vouloir se débarrasser de l’insolent qui triomphait en
Israël et en Juda. Il lui tendit un piège sordide. Comme sa fille cadette
Mikal s’était éprise de David, il fit dire à celui-ci par ses serviteurs :

« Le roi ne désire pas un don nuptial, mais cent prépuces de


Philistins, pour tirer vengeance des ennemis du roi ». Saül
comptait faire tomber David aux mains des Philistins.

Le don nuptial, le mohar, était d’ordinaire le don d’argent que le fiancé


devait verser au père de la jeune fille.
David, sans se désemparer, abattit deux cents hommes parmi les
Philistins et rapporta leurs prépuces dont on fit le compte devant le roi.
Celui-ci dut s’incliner et respecter le pacte du troc de sa cadette pour cent
prépuces. Sa rancœur contre son nouveau gendre ne fit qu’augmenter et il
fomenta de nouveaux complots pour le faire disparaître. (Premier Livre de
Samuel 18, 20-29.)

Marie

LES MARIES DES ÉVANGILES

Le prénom de Marie, Myriam en hébreu, était et reste très répandu au


Moyen-Orient. La mère de Jésus s’appelait Marie mais parmi celles qu’on
appelait les saintes femmes, nous rencontrons Marie de Magdala, dite
Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et Joseph, Marie de Béthanie, la
sœur de Marthe et de Lazare, Marie, mère de Marc. Les exégètes ont
parfois supposé que Marie de Magdala et Marie de Béthanie pouvaient
n’être qu’une seule et même femme. Certains estiment que cette même
femme pourrait être également celle dont Luc nous dit qu’elle était
pécheresse en ville et qu’il décrit versant du parfum sur les pieds de Jésus.

MA SŒUR

Il est des circonstances où il vaut mieux, semble-t-il, faire passer sa


femme pour sa sœur et la laisser partager la couche d’un autre que risquer
sa propre vie. Si la morale n’y trouve pas son compte, cette pratique évite le
pire.

LA FEMME D’ABRAHAM CHEZ LE PHARAON

Comme il y eut une grande famine au pays de Canaan, Abraham se


réfugia en Égypte avec Sara. Les deux époux s’appelaient encore Abram et
Saraï, avant que Yahvé les prît sous sa protection.

Lorsqu’il fut près d’entrer en Égypte, il dit à sa femme Saraï :


« Vois-tu, je sais que tu es une femme de belle apparence. Quand
les Égyptiens te verront, ils diront : “C’est sa femme”, et ils me
tueront et te laisseront en vie. Dis, je te prie, que tu es ma sœur,
pour qu’on me traite bien à cause de toi et qu’on me laisse en vie
par égard pour toi. » De fait, quand Abram arriva en Égypte, les
Égyptiens virent que la femme était très belle. Les officiers de
Pharaon la virent et la vantèrent à Pharaon ; et la femme fut
emmenée au palais de Pharaon [Genèse 12, 1-15].

Le Patriarche est habile et menteur. Il agit à une époque où le mensonge


est sans gravité s’il est utile et où la vie de l’homme vaut plus que l’honneur
de la femme. « Proxénète », dirait-on aujourd’hui, mais en famille, et sain et
sauf !

MA SŒUR RÉBECCA CHEZ LE ROI DES PHILISTINS

On retrouve la façon de faire d’Abraham chez le Pharaon avec Isaac et


Rébecca.

Il y eut une famine dans le pays – en plus de la première famine


qui eut lieu du temps d’Abraham – et Isaac se rendit à Bérar
chez Abimélek, roi des Philistins. […] Les gens du lieu
l’interrogèrent sur sa femme et il répondit : « C’est ma sœur. » Il
eut peur de dire : « Ma femme », pensant : « Les gens du lieu me
feront mourir à cause de Rébecca, car elle est belle » [Genèse 26,
1-12].

Mais Isaac fut surpris à caresser Rébecca, sa femme, et Abimélek


dénonça la supercherie.

Mères
La mère est sacrée parce qu’elle a porté l’enfant dans son sein, l’a
nourri, l’a veillé, lui a tout appris. La Bible nous offre de nombreux
exemples du rappel à cette loi fondamentale et nous propose le récit de
certains ou certaines qui furent prêts au meilleur et parfois au pire pour
combler celle qui naguère les avait mis au monde.
NOTRE MÈRE À TOUS, LA PREMIÈRE

On a beaucoup glosé sur Ève, comme première femme, première


pécheresse tentée et tentatrice, première mortelle et bien peu sur cette
première mère qui porta en germe toute l’humanité et lui transmit, à son
corps défendant, la tare originelle, prix de la fatale transgression.
Nous savons qu’Ève enfanta Caïn et Abel, puis Seth, après la mort
d’Abel. Mais qui étaient les sœurs de ces trois garçons ? Comment furent-
elles élevées ? La mère attentive prit-elle soin de leur dire le bien et le mal
pour les dissuader de désobéir à leur tour ?
Et pourtant Marie, mère de Jésus, fut dite « Nouvelle Ève », parce qu’à
son tour elle fut instituée mère de tous les hommes. Seules quelques
antiennes rappellent que nous étions et restons d’abord les enfants de la
malheureuse qui avait pour seuls défauts la curiosité et la naïveté. C’est
ainsi que le Salve Regina, introduit dans la liturgie en 1098, nous qualifie
d’exsules filii Evae, « enfants exilés d’Ève ». Alors que la Bible dicte à de
nombreuses reprises les devoirs que nous avons à l’égard de celle qui nous
porta dans son sein, elle ne retient de cette maman de toutes les mamans
qu’un stupide égarement au fond du premier jardin.

ATHALIE ET JÉZABEL

La fidélité sans réserve à sa mère n’était pas un privilège réservé aux


mères juives. Qu’on se souvienne d’Athalie. Sa mère Jézabel, fille du prêtre
phénicien Ittobaal, avait été défenestrée et dévorée par les chiens. Si elle
avait épousé Achab, roi d’Israël, et favorisé le culte de Baal à Samarie,
Athalie avait de son côté épousé Joram, roi de Juda, et favorisé dans son
pays d’adoption le culte des dieux que sa mère lui avait appris à servir.
Fidèle à sa mère, fidèle à ses dieux, elle aussi mourut en martyre pour
avoir refusé de se rallier à Yahvé. (Deuxième Livre des Rois 9, 22-26 et 11,
1-19.)

SOUVIENS-TOI, MON ENFANT… DIT TOBIT AVANT DE MOURIR

Tobit, déporté à Ninive, retrouva à son retour sa femme Anna et son fils
Tobie. Lorsqu’il pressentit que la mort le guettait, il fit ses
recommandations à Tobie, non pas qu’Anna fût la meilleure des femmes
mais parce qu’elle était mère.

« Honore ta mère, et ne la délaisse en aucun jour de ta vie. Fais


ce qui plaît, et ne lui fournis aucun sujet de tristesse. Souviens-
toi, mon enfant, de tant de dangers qu’elle a courus pour toi,
quand tu étais dans son sein. Et quand elle mourra, enterre-la
auprès de moi, dans la même tombe » [Tobie 4, 3-4].

QUAND LA MÈRE ENCOURAGE SON FILS À NE PAS CRAINDRE


LE BOURREAU

Si la mère apporte à l’enfant la douceur dans les moments de paix, elle


sait être présente dans les moments dramatiques et donner l’ultime
encouragement. Comme six frères macchabées furent tour à tour torturés et
mis à mort sur ordre d’Antiochus Épiphane, pour avoir refusé de manger du
porc, ceci par respect des lois du judaïsme, vint le tour du septième et
dernier. Sa mère, au lieu de supplier le bourreau d’épargner son petit ou de
suggérer à celui-ci de manger de la viande impure pour garder la vie – une
fois n’est pas coutume –, elle le conjure d’affronter la mort avec dignité.

« Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon
sein, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge
où tu es (et pourvu à ton entretien). Je t’en conjure, mon enfant,
regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache
que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de
la même manière. Ne crains pas ce bourreau, mais, te montrant
digne de tes frères, accepte la mort, afin que je te retrouve avec
eux dans la miséricorde » [Deuxième Livre des Macchabées 7,
26-29].

JÉRUSALEM, COMME UNE MÈRE QUI CONSOLE

Pour Isaïe, la mère est celle qui donne le sein, console, cajole. Il
annonce que Jérusalem, réconciliée avec Yahvé, sera comme une mère pour
ses enfants et que lui-même sera comme une mère consolatrice.

Réjouissez-vous avec Jérusalem,


exultez en elle, vous tous qui l’aimez,
soyez avec elle dans l’allégresse,
vous tous qui avez pris le deuil sur elle,
afin que vous soyez allaités et rassasiés
par son sein consolateur,
afin que vous suciez avec délices
sa mamelle plantureuse.
Car ainsi parle Yahvé.
Voici que je fais couler vers elle la paix comme
[un fleuve,
et comme un torrent débordant, la gloire des nations.
Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche,
on vous caressera en vous tenant sur les genoux.
Comme celui que sa mère console,
moi aussi, je vous consolerai,
à Jérusalem vous serez consolés.
[Isaïe 66, 10-13.]

SALOMÉ VOLE AU SECOURS D’HÉRODIADE AU PRIX DU SANG

Hérode Antipas avait épousé Hérodiade, la femme de son frère Philippe.


Cette union avait été critiquée par Jean-Baptiste : « Il ne t’est pas permis
d’avoir la femme de ton frère. » Hérode donna un banquet pour son
anniversaire. Salomé, la fille de Philippe et d’Hérodiade, dansa avec tant de
grâce que Hérode lui fit un serment : « Demande-moi ce que tu voudras, je
te le donnerai. » Salomé, pour venger sa mère, demanda la tête de Jean-
Baptiste. Elle lui fut accordée sur un plateau. L’amour de sa mère vaut plus
que la vie d’un homme. (Marc 6, 17-29.)

IL DIT À JEAN : VOICI TA MÈRE

Marie est qualifiée de mère des hommes, depuis que Jésus la présenta à
Jean comme sa mère, du haut de la croix :

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa


mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala. Jésus donc
voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait,
dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple :
« Voici ta mère. » Dès cette heure-là le disciple l’accueillit chez
lui [Jean 19, 25-27].

Mères porteuses
De nombreuses femmes ont mis des enfants au monde sans que la Bible
ait jugé bon de nous indiquer leur nom alors que nous connaissons celui de
leur père, de leurs frères, de leurs enfants. Une poignée de femmes ont un
nom parce qu’elles ont acquis un statut d’héroïne, telles Sara, Rébecca,
Esther ou Judith. Mais la plupart sont seulement des mères porteuses,
laissées dans l’anonymat par les chroniqueurs.
Plus spécifiquement, le droit mésopotamien stipulait qu’une épouse
stérile pouvait demander à son mari de s’unir à une servante et reconnaître
pour siens les enfants nés de cette union. La Bible nous offre de nombreux
cas de mise en application de cette coutume.

LA SERVANTE AGAR DONNE UN ENFANT À ABRAHAM


L’histoire d’Agar, servante de Saraï, est le premier exemple dans
l’histoire du peuple hébreu d’une gestation confiée à une servante. Les
usages, puis la Loi, proscrivaient l’union avec une étrangère mais usages et
Loi furent maintes fois contournés. Agar, la première « mère porteuse »
citée par les textes sacrés, était égyptienne. Abraham et Sara s’appelaient
alors Abram et Saraï.

Ainsi, au bout de dix ans qu’Abraham résidait au pays de


Canaan, sa femme Saraï prit Agar l’Égyptienne, sa servante, et la
donna pour femme à son mari Abram. Celui-ci alla vers Agar,
qui devint enceinte.

Agar mit au monde Ismaël quand Abram avait quatre-vingt-six ans,


treize ans avant que Sara donnât le jour à Isaac. (Genèse 16, 1-4.)
LES ENFANTS DE JACOB :
DEUX ÉPOUSES ET DEUX MÈRES PORTEUSES

Jacob s’était rendu au pays de son oncle Laban, frère de sa mère


Rébecca, pour se marier. Il eut douze fils, ancêtres éponymes des douze
tribus d’Israël et une fille.
Mais on oublie parfois que ces treize enfants ont été mis au monde dans
le plus strict respect de la loi et des usages par quatre femmes.
Jacob aimait Rachel mais Laban poussa dans ses bras sa fille aînée Léa.
Pour le prix de sept années de labeur au service de son beau-père, il eut
droit par la suite d’épouser Rachel.
Léa enfanta Ruben, Siméon, Lévi et Juda. Rachel, qui se croyait stérile,
incita Jacob à se rapprocher de sa servante Bilha. Celle-ci enfanta Dan, puis
Nephtali. Léa, qui pensait ne plus pouvoir être enceinte, incita à son tour
Jacob à se rapprocher de sa servante Zilpa. Celle-ci mit au monde Gad, puis
Asher. Mais Léa, qui était restée féconde sans le savoir, eut Issachar, puis
Zabulon. Ses six fils eurent une petite sœur qui fut appelée Dina.
C’est alors que Rachel qui avait tristement renoncé à porter un enfant en
son sein eut un fils qu’elle appela Joseph. Plus tard, sur la route du retour de
Jacob au pays, elle eut un deuxième fils qu’elle nomma Ben-Oni, « fils de
ma douleur » mais que son père nomma Benjamin, « fils de ma droite ».
Rachel mourut en couches et fut enterrée à Bethléem.
C’est ainsi que Rachel eut deux enfants et Léa sept, tandis que leurs
servantes respectives, tenant le rôle de mères porteuses, Bilha pour Rachel
eut deux enfants, Zilpa pour Léa, deux de son côté. Les tribus d’Israël
descendaient d’un seul homme et de quatre femmes. (Genèse 29, 31-35, 30,
1-24 et 35, 16-20.)

RUTH DONNE UN ENFANT À SA BELLE-MÈRE NOÉMI


Noémi et son mari Élimélek, originaires de Bethléem, avaient fui la
famine qui sévissait en Judée et s’étaient installés au pays de Moab. Leur
fils Mahlôn avait épousé la Moabite Ruth, leur fils Kilyôn la Moabite Orpa.
Le malheur voulut que Noémi perdît son mari Élimélek puis ses deux fils.
Elle resta seule avec ses deux belles-filles, sans descendance, et à un âge
qui lui interdisait d’espérer le remariage et l’arrivée d’un nouvel enfant.
Cette situation pouvait être vécue comme une façon d’assèchement et de
stérilité.
Elle décida de retourner à Bethléem, son pays d’origine, et suggéra à ses
belles-filles de rejoindre leurs familles respectives. Mais Ruth choisit de
suivre sa belle-mère et d’entrer dans le peuple de Yahvé en renonçant au
dieu des Moabites. Noémi la poussa à une opération de séduction à l’endroit
de Booz qui, en dépit de son âge, demanda la jeune veuve en mariage. Elle
lui donna un fils.

Les voisines lui donnèrent un nom, elles dirent : « Il est né un


fils à Noémi » et elles le nommèrent Obed. C’est le père de
Jessé, père de David.

Ruth joua en quelque sorte le rôle de mère porteuse pour Noémi. « Et


Noémi, prenant l’enfant, le mit sur son sein, et ce fut elle qui prit soin de
lui. » (Livre de Ruth 1, 2, 3, 4.)

Prostituées
La prostituée est une pécheresse, avoir recours à ses services est une
faute et les plus prudes des moralistes de la Bible n’ont pas manqué de la
montrer du doigt. Et pourtant…
La prostitution sacrée était répandue chez les Cananéens et celui qui
portait son obole à la déesse de l’amour pouvait avoir une relation avec
l’une des femmes vouées à son culte. Le Deutéronome condamne cette
pratique chez les Juifs :

« Il n’y aura pas de prostituée sacrée parmi les filles d’Israël, ni


de prostitué sacré parmi les fils d’Israël » [Deutéronome 23, 18].

TAMAR TRAVESTIE EN PROSTITUÉE POUR SÉDUIRE SON BEAU-


PÈRE

Juda (alias Yehouda), le quatrième fils de Léa et de Jacob, épousa la


Cananéenne Shua. Celle-ci eut trois fils, Er, Onân et Shéla. Juda choisit la
Cananéenne Tamar pour femme de son premier fils Er. Mais Er déplaisait à
Yahvé qui le fit mourir. Jacob demanda à son deuxième fils Onân
d’appliquer la loi du lévirat et d’épouser Tamar, veuve de son frère, pour
relever le nom du disparu. Mais Onân ne voulut pas assurer la postérité de
Tamar et fit en sorte – par « onanisme » – que sa semence ne fertilise pas la
femme. Yahvé fit mourir celui qui enfreignait ainsi la loi commune.
Tamar savait que pour appliquer de nouveau la loi du lévirat, il fallait
qu’elle attendît que Shéla, le frère de ses deux maris disparus, atteignît l’âge
de se marier.
Elle désespérait d’avoir jamais un enfant et usa d’un subterfuge pour
contourner la malédiction. Quand Shua, à son tour mourut, Juda, le deuil
passé, s’en allait faire tondre ses brebis quand il accepta les propositions
d’une prostituée au bord de la route. La femme était sa belle-fille Tamar,
travestie en fille de joie. Elle fut enceinte des œuvres de son beau-père.
C’est ainsi que pour une fois, la prostitution était mise au service de la loi et
des usages. Juda, ulcéré, voulut faire brûler vive pour adultère sa belle-fille
promise à son troisième fils mais dut lever la sanction quand il comprit que
le partenaire de la femme supposée adultère n’était autre que lui-même.
(Genèse 38, 1-30.)

SE PROSTITUER POUR DE FAUX DIEUX

Le culte de Yahvé était assimilé à un mariage légal mais le culte des


faux dieux était assimilé à une prostitution.

Ne fais pas alliance avec les habitants du pays, car lorsqu’ils se


prostituent à leurs dieux et leur offrent des sacrifices, ils
t’inviteraient et tu mangerais de leur sacrifice, tu prendrais de
leurs filles pour tes fils, leurs filles se prostitueraient à leurs
dieux et feraient se prostituer tes fils à leurs dieux [Exode 34,
15-16].

RAHAB, LA PROSTITUÉE DE JÉRICHO

Rahab, prostituée de Jéricho, trahit son camp pour sauver la vie de deux
Hébreux. Elle eut à son tour la vie sauve en récompense de sa générosité.
Josué avait envoyé deux espions dans la ville pour examiner les lieux
avant de faire traverser le Jourdain aux Hébreux. Elle les garda une nuit sur
sa terrasse. Comme des émissaires du roi de Jéricho venaient s’informer du
passage des hommes, elle cacha ses hôtes sous des tiges de lin et prétendit
qu’ils étaient repartis à la nuit tombante. Les Hébreux vouèrent Jéricho à
l’anathème et passèrent toute la population par le fil de l’épée. Ils
épargnèrent Rahab, la prostituée au grand cœur qui avait trompé les siens et
protégé leurs adversaires. (Josué 1, 13 et 6, 22-25.)

LA PROSTITUÉE DE GAZA
La morale en vigueur n’a pas empêché des hommes réputés pour leur
grande force de caractère d’avoir recours aux amours tarifées. Samson,
nazir de Dieu, en guerre contre les Philistins, avait rendu visite à une
prostituée de Gaza et les gens de la ville attendaient sa sortie pour le tuer
mais il avait une telle vigueur qu’il arracha les portes de la cité avec leurs
montants et les porta au sommet de la montagne en face d’Hébron. (Livre
des Juges 16, 1-3.)

QUAND BEN SIRA DIABOLISE LES PROSTITUÉES

Ben Sira, dans L’Écclésiatique, fait de la prostituée un être diabolique.


Elle entraîne à sa perte tout homme qui la fréquente.

Ne te livre pas aux mains des prostituées :


tu y perdrais ton patrimoine [9, 1-9].
Le vin et les femmes pervertissent les hommes sensés,
qui fréquente les prostituées perd toute pudeur.
Des larves et des vers il sera la proie
et l’homme téméraire y perdra la vie [19, 2-3].

Et le commentaire vire à l’insulte :

Une femme de louage ne vaut pas un crachat,


une épouse légitime est une citadelle qui tue ceux
[qui l’entreprennent [26, 22].

QUAND OHOLA ET OHOLIBA,


LES DEUX SŒURS, SE PROSTITUENT
Il est dit que les royaumes et les villes infidèles à Yahvé, qui fraternisent
avec des peuples étrangers, « se prostituent ». Le Livre d’Ézéchiel, dans une
jolie fable, explique comment Ohola et Oholiba, filles d’une même mère, se
prostituèrent.

La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes : Fils


d’homme, il était une fois deux femmes, filles d’une même
mère. Elles se prostituèrent en Égypte ; dès leur jeunesse, elles
se prostituèrent. C’est là qu’on a porté la main sur leur poitrine,
là qu’on a caressé leur sein virginal. Voici leurs noms : Ohola
l’aînée, Oholiba sa sœur. Elles furent à moi et elles enfantèrent
des fils et des filles. Leurs noms : Ohola, c’est Samarie, Oholiba,
c’est Jérusalem. Or Ohola se prostitua alors qu’elle
m’appartenait. Elle s’éprit de ses amants, les Assyriens, ses
voisins, vêtus de pourpre, gouverneurs et magistrats, tous jeunes
et séduisants, habiles cavaliers. Elle leur accorda ses faveurs –
c’était toute l’élite des Assyriens – et chez tous ceux dont elle
s’éprit, elle se souilla au contact de toutes leurs ordures. Elle n’a
pas renié ses prostitutions commencées en Égypte, quand ils
avaient couché avec elle dès sa jeunesse, caressé son sein
virginal en lui prodiguant leurs débauches. Aussi l’ai-je livrée
aux mains de ses amants, aux mains des Assyriens dont elle
s’était éprise : ce sont eux qui ont dévoilé sa nudité, qui ont pris
ses fils et ses filles, et elle-même ils l’ont fait périr par l’épée.
Elle fut célèbre parmi les femmes, car on en avait fait justice.

Et de tenir le même discours sur Oholiba, en aggravant son cas :

Elle ajouta à ses prostitutions : ayant vu des hommes gravés sur


le mur, images de Chaldéens colorées au vermillon, portant des
ceinturons autour des reins et de larges turbans sur la tête, ayant
tous la prestance d’un écuyer, représentant les Babyloniens
originaires de Chaldée, elle s’éprit d’eux au premier regard et
leur envoya des messagers en Chaldée. Et les Babyloniens
vinrent à elle pour partager le lit nuptial et la souiller de leurs
prostitutions.

Et Yahvé condamne les deux sœurs avec la même vigueur et demande


qu’elles soient purgées de l’infamie. (Ézéchiel 23, 1-20 et 46-49.)

ELLE ÉTAIT PÉCHERESSE EN VILLE

Jésus ne condamne pas les prostituées et leur accorde son indulgence et


sa tendresse si elles se montrent attentionnées et généreuses, comme il ne
condamne pas la femme adultère si elle manifeste un repentir sincère.
Nous en avons un exemple avec la femme qui versa du parfum sur ses
pieds et dont nous ne connaissons pas le nom, bien que certains exégètes
(que nous ne sommes pas tenus de suivre) l’aient identifiée comme Marie
de Magdala ou même Marie de Béthanie.

Un Pharisien l’invita à manger avec lui ; il entra dans la maison


du Pharisien et se mit à table. Et voici une femme, qui dans la
ville était une pécheresse. Ayant appris qu’il était à table dans la
maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Et se
plaçant par-derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui
arroser les pieds de ses larmes ; et elle les essuyait avec ses
cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum. […] Et se
tournant vers la femme : « Tu vois cette femme ? dit-il à Simon.
Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les
pieds ; elle, au contraire, m’a arrosé les pieds de ses larmes et les
a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baisers ;
elle, au contraire, depuis que je suis entré, n’a cessé de me
couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huile sur ma
tête : elle, au contraire, a répandu du parfum sur mes pieds. À
cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui
sont remis parce qu’elle a montré beaucoup d’amour » [Luc 7,
36-38 et 44-48].

Pures et impures
Les critères de pureté et d’impureté sont codifiés de façon très détaillée
dans le Lévitique et le Deutéronome. S’agissant des hommes, ils ne sont
déclarés impurs que dans un petit nombre de cas, notamment lorsqu’ils ont
un épanchement séminal et plus spectaculairement lorsqu’ils sont atteints de
lèpre. Quant aux femmes, si elles sont l’objet du désir des hommes, elles les
incitent au retrait et leur inspirent même une répulsion, s’agissant des
manifestations de leur vie intime. Leur cycle menstruel les rend
périodiquement impures et les contraint, comme si elles étaient atteintes de
la lèpre, à se tenir à l’écart.

LES JOURS DE MISE À L’ÉCART

Lorsqu’une femme a un écoulement de sang et que du sang


s’écoule de son corps, elle restera pendant sept jours dans la
souillure de ses règles.
Qui la touchera sera impur jusqu’au soir.
Toute couche sur laquelle elle s’étendra ainsi souillée sera
impure ; tout meuble sur lequel elle s’assiéra sera impur.
Quiconque touchera son lit devra nettoyer ses vêtements, se
laver à l’eau, et il sera impur jusqu’au soir. […]
Si quelque objet se trouve sur le lit ou sur le meuble sur lequel
elle s’est assise, celui qui le touchera sera impur jusqu’au soir.
Si un homme couche avec elle, la souillure de ses règles
l’atteindra. Il sera impur pendant sept jours. Tout lit sur lequel il
couchera sera impur.
Lorsqu’une femme aura un écoulement de sang de plusieurs
jours hors du temps de ses règles ou si ses règles se prolongent,
elle sera pendant toute la durée de cet écoulement dans le même
état d’impureté que pendant le temps de ses règles. Il en sera de
tout lit sur lequel elle couchera pendant toute la durée de cet
écoulement comme du lit où elle couche lors de ses règles. Tout
meuble sur lequel elle s’assiéra sera impur comme lors de ses
règles. Quiconque les touchera sera impur, devra nettoyer ses
vêtements, se laver à l’eau, et il sera impur jusqu’au soir
[Lévitique 15, 19-27].

Et plus loin :

L’homme qui couche avec une femme pendant ses règles et


découvre sa nudité : il a mis à nu la source de son sang, elle-
même a découvert la source de son sang, ainsi tous deux seront
retranchés du milieu de leur peuple [Lévitique 20-18].

ÊTRE IMPURE POUR AVOIR ACCOUCHÉ.


D’UN GARÇON OU D’UNE FILLE ?

L’accouchement fait l’objet d’une même défiance que les règles et une
femme, après avoir mis un enfant au monde, doit se purifier. Est-ce un effet
d’une misogynie solidement ancrée dans l’imaginaire collectif, la femme
est plus impure si elle accouche d’une fille que si elle accouche d’un
garçon. Les femmes et les filles, dès leur naissance, sont souillées.

Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure


pendant sept jours comme au temps de la souillure de ses règles.
Au huitième jour, on circoncira le prépuce de l’enfant et pendant
trente-trois jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne
touchera à rien de consacré et n’ira pas au sanctuaire jusqu’à ce
que soit achevé le temps de sa purification.
Si elle enfante une fille, elle sera impure pendant deux semaines,
comme pendant ses règles, et restera de plus soixante-six jours à
purifier son sang [Lévitique 12, 2-5].

LA TOILETTE DE BETHSABÉE

Le rédacteur du Deuxième Livre de Samuel, comme pour atténuer la


faute de David, prend soin de préciser que lorsque celui-ci regarda de sa
terrasse Bethsabée faire sa toilette et l’envoya chercher, « elle vint chez lui
et il coucha avec elle, alors qu’elle venait de se purifier de ses règles »
(Second Livre de Samuel 11, 4).

LA FEMME IMPURE DEPUIS DOUZE ANS TOUCHÉE


PAR LE MIRACLE

Les évangélistes Marc et Luc relatent la guérison d’une hémorroïsse par


Jésus. Il s’agit d’une femme qui depuis douze ans souffrait d’un flux de
sang continu. Elle était ainsi en état d’impureté légale, mise au ban de la
société et diabolisée comme une lépreuse.
Or une femme atteinte d’un flux de sang depuis douze années,
qui avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins et
avait dépensé tout son avoir sans aucun profit, mais allait plutôt
de mal en pis, avait entendu parler de Jésus ; venant par-derrière
dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait : « Si je
touche au moins ses vêtements, je serai sauvée. » Et aussitôt la
source d’où elle perdait le sang fut tarie et elle sentit dans son
corps qu’elle était guérie de son infirmité [Marc 5, 25-34].

Jésus, qui restituait la pureté des âmes, avait restitué la pureté d’un
corps rejeté et fait retrouver à l’infirme sa dignité de femme.

Séduction
La Bible abonde en textes qui disent la séduction exercée par les
femmes, généralement pour en dénoncer la perversité et mettre en garde les
hommes qui se laisseraient prendre aux pièges de la tentatrice.
En de rares occasions cependant, le charme envoûtant d’une jeune fille
chaste et pudique est exalté, sa virginité et son attrait n’étant pas
incompatibles.

SÉDUITE ET SÉDUCTRICE AU PREMIER MATIN DU MONDE

Avec entêtement, nombreux furent les hommes, et pas des moindres,


puisqu’on compte parmi eux saint Paul et des Pères de l’Église, qui se sont
défaussés de la part de responsabilité du sexe dit fort en montrant Ève du
doigt.
Comme Yahvé menait l’enquête, il avait interrogé l’homme : « Et qui
t’a appris que tu étais nu ? Tu as donc mangé de l’arbre dont je t’avais
défendu de manger. » L’homme répondit : « C’est la femme que tu as mise
auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’ai mangé ! »
Elle fut dénoncée pour avoir eu la faiblesse de céder à l’entreprise de
séduction exercée par le tentateur déguisé en serpent. Elle fut dénoncée
pour avoir à son tour joué les séductrices et poussé Adam à la faute. Elle fut
accusée d’avoir, si on peut dire, introduit le ver dans le fruit et être devenue
la mère porteuse du péché d’origine. Telle une maladie vénérienne, ce
péché originel fut dès lors transmis lors de toute étreinte qui se serait voulue
d’amour.
Ce grand mythe biblique de nos origines présente une singularité. Ève
n’était pas la plus grande des séductrices, puisqu’elle était seule. Elle n’était
ni plus ni moins séduisante qu’une autre puisqu’elle était la première et que
comparaisons, jalousies et tromperies n’auraient pu fleurir qu’à la deuxième
génération. Nous sommes seulement certains qu’elle était assez gracieuse et
désirable pour qu’après la création pût s’accomplir la procréation.
Toutefois la tentation est fille de la séduction et le récit de la faute
irrémédiable est bien celui de la fascination qu’exercent certains interdits.
(Genèse 3.)

LE CHARME DE DALILA AU SERVICE DES PHILISTINS

Dalila, la Philistine, joua de son charme pour étourdir Samson, qui


combattait le peuple auquel elle appartenait et assouplir sa vigilance afin de
mieux lui arracher son secret. Samson, sensible aux jolies femmes du pays,
tomba dans le piège et courut à sa perte. (Livre des Juges 16, 4-30.)

LE CHARME DE JUDITH POUR ENVOÛTER L’ENNEMI


C’est par la séduction que Judith, dominant le chagrin de son veuvage,
réussit à troubler Holopherne, général en chef des armées assyriennes, à le
circonvenir, à le pousser à la boisson et à lui trancher la tête dans son lit,
sans pour autant avoir eu à brader sa vertu. On peut la comparer à Esther
qui, avec des méthodes moins sanguinaires, convainquit Assuérus, en usant
de son charme, de ne pas exterminer le peuple Juif. (Judith 12 et 13.)

LA REINE ESTHER OBTIENT PAR SON CHARME LE SALUT


DE SON PEUPLE.

Esther, bien que son nom à consonance babylonienne rappelle la déesse


de l’amour Ishtar, était juive. Cette orpheline avait été élevée par son oncle
Mardochée, de la tribu de Benjamin, exilé de Jérusalem avec les déportés
prisonniers de Nabuchodonosor.
Le roi Assuérus (nom biblique du roi perse Xerxès Ier) avait répudié la
reine qui avait refusé de se rendre à un banquet donné pour les personnalités
importantes de l’Empire.
Les grands officiers conseillèrent au souverain de faire rechercher une
jeune fille belle et vierge qui pût prendre la succession.
Esther fit partie des recrues et dut comme ses camarades subir une
préparation de douze mois avant d’être présentée au roi. Elle ne révéla pas
ses origines et fut la préférée.
Or Mardochée, son oncle, avait joué les rebelles en refusant de
s’incliner devant Aman, vizir omnipotent ayant prééminence sur tous les
grands officiers. Aman réussit à convaincre Assuérus de tuer le Juif insolent
et avec lui tous les Juifs du royaume. Ce ne furent chez les coreligionnaires
d’Esther que deuil, larmes et lamentations.
Mais Esther eut un sursaut d’héroïsme et décida de jouer les séductrices
pour éviter le massacre de son peuple.
Elle quitta ses vêtements de suppliante et se revêtit de toute sa
splendeur. Ainsi devenue éclatante de beauté, elle invoqua le
Dieu qui veille sur tous et les sauve. […] À l’apogée de sa
beauté, elle rougissait et son visage joyeux était comme épanoui
d’amour.

Deux jours d’affilée, Esther organisa un banquet auquel elle convia le


roi et Aman. Esther était si troublante que le roi eut une faiblesse :

« Dis-moi ce que tu demandes, reine Esther, c’est accordé


d’avance ! Dis-moi ce que tu désires ; serait-ce la moitié du
royaume, c’est chose faite ! » – « Si vraiment j’ai trouvé grâce à
tes yeux, ô roi, lui répondit la reine Esther, et si tel est ton bon
plaisir, accorde-moi la vie, voilà ma demande, et la vie de mon
peuple, voilà mon désir. Car nous sommes livrés, mon peuple et
moi, à l’extermination, à la tuerie et à l’anéantissement. Si
encore nous avions seulement été livrés comme esclaves ou
servantes, je me serais tue… »

Et Esther de dénoncer Aman le persécuteur. Le roi fit pendre Aman, le


remplaça dans ses fonctions par Mardochée et abrogea les édits qu’il avait
signés. Les Juifs eurent la permission d’exterminer tous ceux qui les
menaceraient et de piller leurs biens, ce qu’ils ne manquèrent pas de faire.
Le seul jeu de la séduction féminine avait évité le génocide d’un peuple
mais ce fut au prix d’un bain de sang chez les oppresseurs. (Esther 1 à 9.)

SA FIANCÉE LUI FAIT PERDRE LES SENS

Le Cantique des Cantiques, par une jolie métaphore, fait de la jeune


femme séduisante mais pudique un jardin aux fruits savoureux et aux
arômes incomparables mais un jardin bien clos.

Tu me fais perdre le sens,


ma sœur, ô fiancée,
tu me fais perdre le sens
par un seul de tes regards,
par un anneau de ton collier !
Que ton amour a de charmes,
ma sœur, ô fiancée.
Que ton amour est délicieux, plus que le vin !
Et l’arôme de tes parfums
plus que tous les baumes !
Tes lèvres, ô fiancée,
distillent le miel vierge.
Le miel et le lait
sont sous ta langue ;
et le parfum de tes vêtements
est comme le parfum du Liban.
Elle est un jardin bien clos,
ma sœur, ô fiancée ;
un jardin bien clos,
une source scellée.
Tes jets font un verger de grenadiers,
avec les fruits les plus exquis,
grappes de henné avec des nards,
le nard et le safran,
le roseau odorant et le cinnamome,
avec tous les arbres à encens ;
la myrrhe et l’aloès,
avec les plus fins arômes.
Source des jardins,
puits d’eaux vives,
ruissellement du Liban !
[Cantique des Cantiques 4, 9-15.]

MÉFIE-TOI DES FEMMES ! PRÉVIENT BEN SIRA

Dans l’Écclésiastique, Ben Sira met les hommes en garde contre le désir
qui peut les porter vers d’autres femmes que la leur, qu’elle soit jeune fille,
femme mariée, prostituée. Certes, il célèbre la femme réservée :

Une femme silencieuse est un don du Seigneur,


Celle qui est bien élevée est sans prix.
Une femme pudique est une double grâce,
Celle qui est chaste est d’une valeur inestimable.
[26, 13-15.]

Mais cet hommage aux femmes prudes est une figure de style car Ben
Sira, dans le sillage d’une longue tradition, fait porter par la femme le péché
du monde et la mort promise, anticipant le procès fait par saint Paul à Ève,
notre première mère :

C’est par les femmes que le péché a commencé


Et c’est à cause d’elle que tous nous mourrons.
[25, 24.]

La femme, par nature, est vicieuse et met son diabolique talent en œuvre
pour détourner les hommes du droit chemin.

L’inconduite d’une femme se lit dans la vivacité


[de son regard
et se reconnaît à ses œillades.
Méfie-toi bien d’une femme hardie
de peur que, se sentant les coudées franches,
[elle n’en profite.
Garde-toi bien des regards effrontés
et ne t’étonne pas s’ils t’entraînent au mal.
Comme un voyageur altéré elle ouvre la bouche,
elle boit de toutes les eaux qu’elle rencontre,
elle s’assied face à tout piquet,
à toute flèche elle ouvre son carquois. »
[26, 9-12.]

ELLES NE FERONT PAS LES FIÈRES LONGTEMPS,


LES FILLES DE SION !

Isaïe n’est guère plus indulgent que Ben Sira et il annonce que la colère
de Yahvé s’abattra sur les filles revêtues de tous les artifices de la séduction.
Il vilipende et traîne dans la boue celles qui provoquent sans vergogne :

Yahvé dit :
Parce qu’elles font les fières, les filles de Sion,
qu’elles vont le cou tendu et les yeux provocants,
qu’elles vont à pas menus, en faisant sonner les
[anneaux de leurs pieds,
le Seigneur rendra galeux le crâne des filles de Sion,
Yahvé dénudera leur front.

Ce jour-là le Seigneur ôtera l’ornement de chaînettes, les


médaillons et les croissants, les pendentifs, les bracelets, les
breloques, les diadèmes et les chaînettes de chevilles, les
parures, les boîtes à parfums et les amulettes, les bagues et les
anneaux de narines, les vêtements de fête et les manteaux, les
écharpes et les bourses, les miroirs, les linges fins, les turbans et
les mantilles.

Alors au lieu de baume, ce sera la pourriture,


au lieu de ceinture une corde,
au lieu de coiffure, la tête rase,
au lieu d’une robe d’apparat, un pagne de grosse
[toile,
et la marque au fer rouge au lieu de beauté. »
[Isaïe 3, 16-24.]

Stérilité et virginité perpétuelle


Être stérile et donc inféconde, ou rester vierge au-delà de la période
pendant laquelle on peut espérer enfanter était vécu comme un des malheurs
les pires qu’une femme puisse connaître. La femme stérile ou son mari, si
elle était mariée, imploraient Yahvé et lui promettaient une reconnaissance
perpétuelle s’il levait la malédiction. Une veuve sans descendance pouvait
éprouver une détresse comparable à celle que connaissait la femme stérile.

RÉBECCA EXAUCÉE

Le serviteur d’Abraham s’était mis en quête d’une femme pour Isaac, le


fils de son maître, et avait trouvé Rébecca au pays de ce dernier, près d’un
puits. Isaac avait épousé la belle Rébecca mais la jeune femme était stérile.
Isaac implora Yahvé de rendre son épouse féconde et fut doublement
récompensé. Rébecca attendit des jumeaux, Jacob et Ésaü, qui luttaient déjà
dans le ventre de leur mère et jouaient à qui mettrait le premier le nez
dehors. (Genèse 25, 19-23.)

LA FILLE DE JEPHTÉ LE GALAADITE

La fille de Jephté le Galaadite dut mourir vierge, alors que la vocation


de toute femme est de transmettre la vie. Son père avait fait le vœu d’offrir
en holocauste le premier ou la première qui viendrait à sa rencontre s’il
sortait vainqueur d’un combat contre les Ammonites.
Le sort voulut que ce fût sa fille qui s’avançât en dansant au son des
tambourins. Le père ne voulut pas être parjure et la fille se fit un devoir de
respecter l’engagement de son père. Elle dit seulement à celui-ci : « Laisse-
moi seule pendant deux mois. Je m’en irai errer sur les montagnes et, avec
mes compagnes, je pleurerai sur ma virginité. » Elle consentait donc à partir
sans postérité. Et le rédacteur de commenter : « Elle n’avait pas connu
d’homme. Et de là vient cette coutume en Israël : d’année en année, les
filles d’Israël s’en vont célébrer la fille de Jephté le Galaadite quatre jours
par an. » (Livre des Juges 11, 29-40.)

ANNE, FEMME DE ELQANA, EXAUCÉE PAR YAHVÉ : ELLE


FUT MÈRE DE SAMUEL

Elqana, fils de Yeroham de Ramatayim-Çophim, avait deux femmes,


Peninna, qui avait des enfants et Anne qui n’en avait pas. Comme l’écrit le
rédacteur du Premier Livre de Samuel, « Yahvé avait fermé son sein ».
Un jour qu’Elqana allait sacrifier au temple de Silo, Anne, pleine
d’émotion et en larmes, fit un vœu :
« Yahvé Sabaot ! Si tu voulais bien voir la misère de ta servante,
te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante et lui donner un
petit d’homme, alors je le donnerai à Yahvé pour toute sa vie et
le rasoir ne passera pas sur sa tête. »

Ils s’en retournèrent chez eux.

Elqana connut Anne sa femme, et Yahvé se souvint d’elle. Anne


conçut et, au moment révolu, elle mit au monde un fils qu’elle
nomma Samuel…

Yahvé fit de Samuel un prophète. Juge itinérant, il mena le combat


contre les Philistins, conféra l’onction royale à Saül et lorsque ce dernier fut
rejeté par Dieu pour avoir transgressé la loi de l’anathème, il choisit David
parmi les fils de Jessé. (Premier Livre de Samuel 1, 1-28.)

SARRA, HABITÉE PAR ASMODÉE,


LE DÉMON TUEUR DE MARIS

Sarra était la fille de Ragouël et habitait à Ecbatane en Médie.

Il faut savoir qu’elle avait été donnée sept fois en mariage, et


qu’Asmodée, le pire des démons, avait tué ses maris l’un après
l’autre, avant qu’ils se soient unis à elle comme de bons époux.
[…] Ce jour-là elle eut du chagrin, elle sanglota, elle monta dans
la chambre de son père, avec le dessein de se pendre.

C’est en effet que le démon Asmodée condamnait Sarra à une virginité


perpétuelle, c’est-à-dire à une stérilité définitive, ce qui était la pire calamité
qu’elle pût craindre.
Mais Dieu envoya l’ange Gabriel prier Tobie, le fils de Tobit, parent de
Ragouël, d’épouser Sarra. Il indiqua à Tobie, un peu craintif, un moyen
radical d’éloigner Asmodée.
La femme de Ragouël prépara la chambre des mariés et dit à Sarra :
« Aie confiance, ma fille ! Que le Seigneur du Ciel change ton chagrin en
joie ! » (Tobie 3, 7-10 et 7, 17.)

PLUTÔT STÉRILE QUE DÉBAUCHÉE

Être stérile était considéré comme un déshonneur et la vocation de toute


femme était de transmettre la vie. Mais mieux valait rester vierge ou être
stérile que se livrer à la débauche en commettant l’adultère ou en se livrant
à un homme d’un autre peuple.

Heureuse la femme stérile qui est sans tache,


celle qui n’a pas connu d’union coupable ;
car elle aura du fruit à la visite des âmes.
[Sagesse de Salomon, 3, 13.]

ÉLISABETH ET SON MARI LE PRÊTRE ZACHARIE


Saint Luc relate qu’Élisabeth, parente de Marie et femme du prêtre
Zacharie, était stérile.

Tous deux étaient justes devant Dieu, et ils suivaient,


irréprochables, tous les commandements et observances du
Seigneur. Mais ils n’avaient pas d’enfant, parce que Élisabeth
était stérile et que tous deux étaient avancés en âge [Luc 1, 5-7].
Une femme vivait sa stérilité comme un drame mais pouvait garder une
lueur d’espoir tant qu’elle n’avait pas atteint l’âge dit canonique, au-delà
duquel la procréation est exclue. La stérilité définitive était considérée
comme une malédiction.
Zacharie et Élisabeth, comme l’avaient fait de nombreuses femmes dans
la Bible avant eux, implorèrent Dieu de leur accorder l’enfant tant désiré. Il
semblait que ce fût en vain, mais Zacharie apprit un jour qu’ils avaient été
entendus.

Or il advint, comme il remplissait devant Dieu les fonctions


sacerdotales au tour de sa classe, qu’il fut, suivant la coutume
sacerdotale, désigné par le sort pour entrer dans le sanctuaire du
Seigneur et y brûler l’encens. Et toute la multitude du peuple
était en prière, dehors, à l’heure de l’encens.
Alors lui apparut l’Ange du Seigneur, debout à droite de l’autel
de l’encens. À cette vue, Zacharie fut troublé et la crainte fondit
sur lui. Mais l’Ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta
supplication a été exaucée ; ta femme Élisabeth t’enfantera un
fils, et tu l’appelleras du nom de Jean. Tu auras joie et allégresse,
et beaucoup se rejouiront de sa naissance. Car il sera grand
devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni boisson forte ; il sera
rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère et il ramènera de
nombreux fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu » [Luc 1, 8-16].

Zacharie, comme Abraham en son temps, fut pris de doute : « À quoi


connaîtrai-je cela ? Car moi je suis un vieillard et ma femme est avancée en
âge. »
Et Zacharie fut condamné au mutisme et ne retrouva la parole qu’à la
circoncision de Jean-Baptiste. (Luc 1, 18 et 1, 59-64.)
Tendresse virginale

UNE JEUNE FILLE AU CHEVET DU ROI QUI SE MEURT

Le roi David connut d’innombrables femmes, qu’elles fussent épouses


ou concubines. Au crépuscule de sa vie, ce n’est pas une nouvelle femme
qui pût avoir le talent de le réchauffer et de le réconforter. Abishag de
Shunem eut pour mission de donner sans retour, d’aimer sans voir déflorer
son innocence et d’apporter un amour virginal à celui qui s’était tant
dépensé et dispersé avec les femmes.

Le roi David était un vieillard avancé en âge ; on le couvrait de


vêtements sans qu’il pût se réchauffer. Alors ses serviteurs lui
dirent : « Qu’on cherche pour Monseigneur le roi une jeune fille
vierge qui assiste le roi et qui le soigne : elle couchera sur ton
sein et cela tiendra chaud à Monseigneur le roi. » Ayant donc
cherché une belle jeune fille dans tout le territoire d’Israël, on
trouva Abishag de Shunem et on l’amena au roi [Premier Livre
des Rois 1, 1-4].

Veuves
Les veuves ont toujours fait dans la Bible l’objet d’une sollicitude
particulière. Jésus, comme en témoignent les Évangiles, est sensible à la
solitude de celles qui ont tout perdu et sont prêtes à tout donner. Saint Paul,
qu’on sait sur ses gardes s’agissant des femmes, nous invite à distinguer les
vraies veuves des fausses.
LA PIÉTÉ DE RIÇPA

Elle avait été l’une des concubines du roi Saül, puis la femme d’Abner,
un cousin de celui-ci. Elle était veuve. Une grande sécheresse avait
condamné le pays à la famine pendant trois ans, en punition du massacre
des Gabaonites par Saül. En réparation, les descendants des victimes
avaient démembré dans la montagne sept fils de Saül, deux enfants de
Riçpa et cinq fils de Mikal, fille de Saül.
Riçpa, en attendant que la sentence prît fin et que la pluie revînt, avait
veillé les cadavres des victimes, de jour et de nuit, pour éviter qu’ils fussent
la proie des oiseaux et des bêtes sauvages. La seule piété de la veuve avait
ébranlé le roi David qui avait fait enlever les corps pour les inhumer dans la
tombe de Qish, le père de Saül.

L’EXERCICE DU LÉVIRAT

L’institution du « lévirat » était en vigueur chez les Assyriens et les


Hittites. Elle fait force de loi dans le Deutéronome. Elle a pour but de
perpétuer la descendance et de transmettre le bien de la famille.

Si des frères demeurent ensemble et que l’un d’eux vienne à


mourir sans enfant, la femme du défunt ne se mariera pas au-
dehors avec un homme d’une famille étrangère. Son « lévir »
viendra à elle, il exercera son lévirat en la prenant pour épouse et
le premier-né qu’elle enfantera relèvera le nom de son frère
défunt ; ainsi son nom ne sera pas effacé d’Israël
[Deutéronome 25, 5-6].

LA VEUVE DE SAREPTA
L’anecdote mettant en scène la veuve de Sarepta donne en exemple une
femme de condition très modeste, prête à tout donner et d’une grande piété.
Élie s’était rendu à Sarepta, près de Sidon, alors que le pays souffrait de
la sécheresse. Il croisa une veuve qui ramassait du bois et lui demanda de
l’eau et du pain. Elle répondit :

« Par Yahvé vivant, ton Dieu ! je n’ai pas de pain cuit ; je n’ai
qu’une poignée de farine dans une jarre et un peu d’huile dans
une cruche, je suis à ramasser deux bouts de bois, je vais
préparer cela pour moi et mon fils, nous mangerons et nous
mourrons. »

C’est ainsi avec une grande humilité qu’elle atteste de son dénuement
devant un Dieu qui n’était pas ou pas encore le sien.
Mais Élie lui dit, en forme de proverbe :

Jarre de farine ne s’épuisera,


cruche d’huile ne se videra,
jusqu’au jour où Yahvé enverra
la pluie sur la surface de la terre.

Mais l’enfant vint à mourir. Élie le ramena à la vie et la femme comprit


que son visiteur était un envoyé de Dieu. (Premier Livre des Rois 17, 1-24.)

ÉLISÉE ET L’HUILE DE LA VEUVE

Élisée avait succédé à Élie.


La femme d’un des frères prophètes implora Élisée en ces termes :
« Ton serviteur, mon mari, est mort, et tu sais que ton serviteur craignait
Yahvé. Or le prêteur sur gages est venu prendre mes deux enfants et en faire
des esclaves. » Élisée lui dit : « Que puis-je faire pour toi ? Dis-moi, qu’as-
tu à la maison ? Elle répondit : « Ta servante n’a rien du tout à la maison,
sauf un flacon d’huile. »
Élisée envoya la veuve emprunter aux alentours nombre de vases et fit
en sorte qu’elle pût remplir tous les vases. Quand ce fut fait, il lui dit : « Va
vendre cette huile, tu rachèteras ton gage et tu vivras du reste, toi et tes
fils ! » Élisée renouvelait ainsi le geste d’Élie : celui-ci avait fait abonder la
farine et l’huile pour la veuve de Sarepta qui ne pouvait plus se nourrir ni
nourrir son fils et avait ensuite arraché celui-ci à la mort. Élisée, à l’instar
de son prédécesseur, ramena à la vie le fils de la Shunamite. (Deuxième
Livre des Rois 4, 1-7.)

LA PAUVRE VEUVE QUI DONNAIT AU TRÉSOR DU TEMPLE

Les évangiles dénoncent l’hypocrisie des scribes et des Pharisiens qui


pavanent au temple, cherchent à se faire remarquer mais n’ont pas le cœur
pur. Marc nous relate le geste d’une pauvre veuve dont nous ne connaissons
pas le nom, parce que précisément, elle n’a pas besoin d’être connue et
reconnue pour pratiquer la vraie charité. Jésus la cite en exemple :

Il disait encore dans son enseignement : « Gardez-vous des


scribes qui se plaisent à circuler en longues robes, à recevoir les
salutations sur les places publiques, à occuper les premiers
sièges dans les synagogues et les premiers divans dans les
festins, qui dévorent les biens des veuves, et affectent de faire de
longues prières. Ils subiront, ceux-là, une condamnation plus
sévère. » S’étant assis face au Trésor, il regardait la foule mettre
de la petite monnaie dans le Trésor, et beaucoup de riches en
mettaient abondamment. Survint une veuve pauvre qui y mit
deux piécettes, soit un quart d’as. Alors il appela à lui ses
disciples et leur dit : « En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui
est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le Trésor.
Car tous ont mis leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis
de tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre »
[Marc 12, 38-44].

LA VEUVE DE NAÏN QUI AVAIT PERDU SON FILS UNIQUE

Se trouver veuve est un grand malheur si on était attachée à son mari.


C’est un malheur plus grand encore si on a perdu un enfant unique et si on
se trouve sans descendance. La première vocation d’une femme est de
transmettre la vie et l’ensemble des rites et traditions qui enracinent dans la
communauté.
Jésus est toujours sensible à la solitude et à la détresse des veuves.

Et il advint ensuite qu’il se rendit dans une ville appelée Naïn.


Ses disciples et une foule nombreuse faisaient route avec lui.
Quand il fut près de la porte de la ville, voilà qu’on portait en
terre un mort, un fils unique dont la mère était veuve ; et il y
avait avec elle une foule considérable de la ville. En la voyant, le
Seigneur eut pitié d’elle et lui dit : « Ne pleure pas ». Puis,
s’approchant, il toucha le cercueil, et les porteurs s’arrêtèrent. Et
il dit : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. » Et le mort se
dressa sur son séant et se mit à parler. Et il le remit à sa mère
[Luc 7, 11-17].

LES VRAIES VEUVES ET LES FAUSSES VEUVES… SELON SAINT


PAUL
Saint Paul, on le sait, n’a pas une indulgence excessive pour les femmes
et nous suggère de nous en méfier. Il recommande d’honorer les veuves,
mais les vraies, les vieilles, les pauvres, les abandonnées.

Honore les veuves – j’entends les vraies veuves. Si une veuve a


des enfants ou des petits-enfants, il faut avant tout leur apprendre
à pratiquer la piété envers leur propre famille et à payer leurs
parents de retour. Voilà ce qui plaît à Dieu. Mais la vraie veuve,
celle qui reste absolument seule, s’en remet à Dieu et consacre
ses jours et ses nuits à la prière et à l’oraison. Quant à celle qui
ne pense qu’au plaisir, quoique vivante, elle est morte. Cela aussi
tu le rappelleras, afin qu’elles soient irréprochables.
Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, surtout de ceux qui
vivent avec lui, il a renié la foi : il est pire qu’un infidèle.
Ne peut être inscrite au groupe des veuves qu’une femme d’au
moins soixante ans, ayant été la femme d’un seul mari. Il faut
qu’elle soit connue pour ses belles œuvres : avoir élevé des
enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les
affligés, pratiqué toutes les formes de la bienfaisance. Les jeunes
veuves, écarte-les. Dès que des désirs indignes du Christ les
assaillent, elles veulent se remarier, méritant ainsi d’être
condamnées pour avoir manqué à leur premier engagement.
Avec cela, n’ayant rien à faire, elles apprennent à courir les
maisons ; si encore c’était pour ne rien faire, mais c’est pour
bavarder, s’occuper de ce qui ne les regarde pas, parler à tort et à
travers. Je veux donc que les jeunes veuves se remarient,
qu’elles aient des enfants, gouvernent leur maison et ne donnent
à l’adversaire aucune occasion d’insulte. Il en est déjà qui se sont
fourvoyées à la suite de Satan. Si une croyante a des veuves dans
sa parenté, qu’elle les assiste, afin que l’Église n’en supporte pas
la charge et puisse aussi secourir les vraies veuves [Première
Épître à Timothée 5, 3-16].
Du même auteur

Dictionnaire indiscret de l’Olympe, Paris, Perrin, 2006.


Dictionnaire de la Bible et du christianisme, Paris, Larousse, 2008.
Dédale, héros de la démesure, Paris, Larousse, 2009.
Guide du paradis, guide historique, géographique, philosophique, théologique, littéraire et
touristique, Paris, Armand Colin, 2010.
La Comtesse de Ségur, mots, silences et stéréotypes, Paris, Honoré Champion, 2011.
Guide du paradis, éd. brochée au format de poche, sous le titre : Petit guide du paradis, Paris,
Armand Colin, 2012
Petit guide de l’enfer, Paris, Armand Colin, 2012.
Un doudou pour bébé : les mots à redoublement pour bêtifier avec les tout-petits, Paris, Honoré
Champion, 2013
Les Noms propres chez Céline, Paris, Slatkine, 2015.
This le was downloaded from Z-Library project

Your gateway to knowledge and culture. Accessible for everyone.

z-library.se singlelogin.re go-to-zlibrary.se single-login.ru

O cial Telegram channel

Z-Access

https://wikipedia.org/wiki/Z-Library
ffi
fi

Vous aimerez peut-être aussi