Dictionnaire Des Femmes de La Bible (Michel Legrain (Legrain, Michel) ) (Z-Library)
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Dictionnaire Des Femmes de La Bible (Michel Legrain (Legrain, Michel) ) (Z-Library)
www.editionsducerf.fr
24, rue des Tanneries
75013 Paris
EAN 978-2-204-11795-1
Abigayil
Femme de Nabal de Karmel. Cet homme riche avait mille moutons et
mille chèvres, mais il était brutal et malfaisant. Il réserva le plus mauvais
accueil aux envoyés de David qui étaient allés à sa rencontre alors qu’il
faisait tondre son troupeau. Abigayil, « pleine de bon sens et belle à voir »,
précise le narrateur, voulant faire pardonner l’ingratitude de son mari, prêta
allégeance à David et lui offrit, ainsi qu’à ses compagnons, de quoi se
nourrir et se désaltérer.
David n’avait pas répudié pour autant Mikal, la fille de Saül, mais ce
dernier avait mis à profit son départ pour la redonner en mariage à Palti, fils
de Layish.
Nous avons avec Abigayil un bel exemple parmi d’autres d’une femme
séduisante mais pudique, courageuse, reconnaissante et soumise dans la
dignité. Elle rappelle à ce titre Ruth la Moabite.
Abishag de Shunem
Jeune fille qui réconforta David au soir de sa vie.
Ada
L’une des épouses cananéennes de Esaü, fille d’Élôn le Hittite (Genèse,
36, 1-5).
Agar
Servante égyptienne de Saraï, la femme d’Abram (qui seront nommés
par Yahvé Sara et Abraham). Comme Saraï était stérile, elle demanda à
Abram, son mari, de s’unir à Agar pour s’assurer une descendance par mère
porteuse interposée.
Il se trouve que le droit mésopotamien, que connaissaient les Juifs en
exil, stipulait qu’une épouse stérile pouvait donner son mari à une servante
et reconnaître comme siens les enfants qu’aurait cette servante. On se
souvient que cet usage prévaudra à nouveau pour Rachel et pour Léa, les
deux filles de Laban, lui-même fils de Nahor et donc neveu d’Abraham
(Genèse 16, 1-15). Jacob, le fils d’Isaac et de Rébecca, avait épousé Léa
puis Rachel. Léa eut six fils et une fille. Rachel étant stérile demanda à
Jacob d’approcher sa servante Bilha. La servante, à deux reprises, enfanta
sur les genoux de sa maîtresse pour que les enfants fussent reconnus par
celle-ci. Léa, à son tour, offrit à Jacob sa servante Zilpa qui eut deux fils.
Mais voici que Rachel devint féconde et mit au monde Joseph. La famille
était au complet !
Ahinoam
Femme de Saül, fille d’Ahimaaç.
Aksa
Fille de Caleb, qui appartenait à la tribu de Juda et avait été l’un des
explorateurs envoyés par Moïse reconnaître le pays de Canaan. Caleb reçut
en partage la montagne et la ville d’Hébron. Il promit la main d’Aksa à qui
s’emparerait de la ville de Debir, qui s’appelait autrefois Qiryat-Séphìr. Ce
fut Otniel, fils de Qenaz, qui conquit la ville et eut le droit d’épouser la
jeune fille. (Livre de Josué 14, 15-17 et Livre des Juges 1, 12-13.)
Anna
Femme de Tobit, de la tribu de Nephtali, lequel fut connu pour sa
sagesse, sa piété, sa générosité. Tobit fut déporté à Ninive. À son retour, il
retrouva Anna et son fils Tobie.
Lorsqu’il en vint à songer à sa propre mort, il fit ses recommandations à
Tobie :
Anne
L’une des deux femmes d’Elqana, fils de Yeroham de Ramatayim-
Çophim. L’autre femme était Peninna. Peninna avait des enfants, Anne était
stérile. Peninna ne cessait de peiner Anne sans avoir pitié de son désarroi.
Elqana tentait de la réconforter : « Anne, pourquoi pleures-tu et ne manges-
tu pas ? Pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne vaux pas pour toi
mieux que dix fils ? »
Un jour qu’Elqana allait sacrifier au temple de Silo, Anne, pleine
d’amertume, pria Yahvé et fit un vœu : « Yahvé Sabaot ! Si tu voulais bien
voir la misère de ta servante, te souvenir de moi, ne pas oublier ta servante
et lui donner un petit d’homme, alors je le donnerai à Yahvé pour toute sa
vie et le rasoir ne passera pas sur sa tête. » Elle priait silencieusement, ce
qui n’était pas la coutume dans le temple, et Éli crut qu’elle était ivre.
Ils s’en retournèrent chez eux. « Elqana connut Anne sa femme, et
Yahvé se souvint d’elle. Anne conçut et, au moment révolu, elle mit au
monde un fils qu’elle nomma Samuel… »
Quand l’enfant fut sevré, elle l’emmena au temple et le conduisit à Éli :
« S’il te plaît Monseigneur ! Aussi vrai que tu vis, Monseigneur, je suis la
femme qui se tenait près de toi ici, priant Yahvé. C’est pour cet enfant que
je priais et Yahvé m’a accordé la demande que je lui ai faite. À mon tour, je
le cède à Yahvé tous les jours de sa vie : il est cédé à Yahvé. »
C’est alors qu’Anne entonna un cantique qui peut à certains égards
préfigurer le Magnificat. Il commence ainsi :
Dès lors que sa mère l’avait consacré, le jeune Samuel servait au temple
en présence d’Éli. Yahvé se manifesta à lui pour en faire un prophète. Juge
itinérant, il mena le combat contre les Philistins, conféra l’onction royale à
Saül et, lorsque ce dernier fut rejeté par Dieu pour avoir transgressé la loi de
l’anathème, il choisit David parmi les fils de Jessé.
(Premier Livre de Samuel 1 à 12.)
Ainsi l’enfant Jésus fut accueilli dans le Temple de Dieu par deux
vieillards qui, chacun à sa façon, avaient gardé une foi totale dans
l’avènement du Messie.
Asnat
Fille de Poti-Phéra, prêtre d’On. Pharaon, pour remercier Joseph d’avoir
su si bien expliquer ses songes, et notamment ceux des sept vaches grasses
et des sept vaches maigres, le nomma vizir d’Égypte, c’est-à-dire son
collaborateur le plus proche, bien que le titre de vizir ne soit pas mentionné
dans le texte. Il lui imposa le nom de Çophnat-Panéah et lui donna Asnat
pour femme. Deux enfants naquirent de cette union, Manassé et Éphraïm.
(Genèse 41, 44-45 et 50-52.)
Athalie
Fille d’Achab, roi d’Israël, et de Jézabel, fille du Phénicien Ittobaal, qui
avait pris le pouvoir à Tyr. Sous l’influence de sa femme, Achab avait rendu
un culte à Baal, auquel il avait construit un temple à Samarie. Élie voulut
rappeler au peuple d’Israël que Yahvé était le seul Dieu et fit égorger tous
les dévots de Baal.
Lorsqu’Aram fut tué au combat, Jéhu, qui avait reçu l’onction royale
d’un disciple du prophète Élisée, fit défenestrer Jézabel par les eunuques :
elle fut dévorée par les chiens.
Athalie, de son côté, avait épousé Joram, roi de Juda. Son influence
poussa Joram à laisser se développer le culte de Baal. Yahvé ne voulut pas
pour autant détruire Juda, afin de respecter les promesses qu’il avait faites à
David. (Deuxième Livre des Rois 8, 16-18.)
Certains exégètes supposent qu’Athalie fut la fille et non pas la petite-
fille d’Omri, le père d’Achab, et qu’elle fut donc la sœur d’Achab, en dépit
du texte auquel il est ici fait référence. C’est le cas du Deuxième Livre des
Chroniques (22, 2).
Jéhu, roi d’Israël, fomenta une conspiration contre Joram. Il le tua d’une
flèche au cœur dans le champ de Nabot de Yzréel. Athalie succéda à Joram
et régna de 841 à 835. Le Deuxième Livre des Chroniques indique qu’elle
entreprit d’exterminer toute la descendance de la maison de Juda. Son petit-
fils Joas avait été soustrait de la famille qu’on massacrait et avait été élevé
dans le Temple de Yahvé par sa tante Yehosheba, privilège dû à ce qu’elle
était la femme de Yehoyada, chef du sacerdoce de Jérusalem. Lorsque Joas
eut sept ans, Yehoyada le fit sortir du Temple, le montra au peuple, lui
donna l’onction de roi.
Comme sa mère, Athalie paya son refus de se rallier à Yahvé et à ses
fidèles. Elle fut mise à mort sur ordre du grand-prêtre Joad.
Le texte des Chroniques, comme celui des Rois, précise que
lorsqu’Athalie vit le roi debout sur l’estrade entouré d’un peuple exultant de
joie, elle déchira ses vêtements et s’écria « Trahison ! Trahison ! » Celle qui
avait honoré les dieux auxquels on rendait un culte dans sa famille depuis
toujours et qui avait vu sa mère Jézabel mourir en martyre n’était pas
épargnée par le roi des Juifs.
Le peuple se rendit au temple de Baal et le démolit. On brisa les autels
et les images du dieu et on tua Mattân, son prêtre. Joas, qui avait reçu
l’éducation de Yehoyada, fit dès lors tout ce qui était agréable à Yahvé. Il
régna quarante ans.
(Deuxième Livre des Rois 9, 22-26 et 11, 1-19.)
Le drame sanglant dont Jézabel puis sa fille furent les actrices inspira à
Racine sa tragédie Athalie (1691). Chacun a en mémoire le songe qui hanta
les nuits de la reine de Juda :
Basmat
L’une des épouses cananéennes d’Esaü. (Genèse 36, 1-5.)
Bethsabée
C’était le printemps. Les Israéliens s’étaient mis en campagne contre
leurs ennemis, mais David était resté à Jérusalem.
Il arriva que, vers le soir, David, s’étant levé de son lit, alla se
promener sur la terrasse de la maison du roi et aperçut, de la
terrasse, une femme qui se baignait. Cette femme était très belle.
David fit prendre des informations sur cette femme, et on
répondit : « Mais c’est Bethsabée, fille d’Éliam et femme d’Urie
le Hittite ! » Alors David envoya des émissaires pour la prendre.
Elle vint chez lui et il coucha avec elle, alors qu’elle venait de se
purifier de ses règles. Puis elle retourna dans sa maison. La
femme conçut. Elle en fit informer David : « Je suis enceinte ! »
David envoya dire à Joab : « Envoie-moi Urie le Hittite », et
Joab envoya Urie à David.
Lorsque la femme d’Urie apprit que son époux, Urie, était mort,
elle pleura son mari. Quand le deuil fut achevé, David l’envoya
chercher et la recueillit chez lui, et elle devint sa femme. Mais
l’action que David avait commise déplut à Yahvé.
Bilha
Servante de Rachel, jusqu’à la mort de celle-ci à Bethléem. Ruben était
le fils aîné de Jacob et de Léa. Tandis que la famille était revenue s’installer
au pays de Canaan, Ruben s’en alla coucher avec Bilha, qui restait la
concubine de son père. Une telle liaison était considérée comme un inceste.
(Genèse 35, 21-22.)
C
C’est alors que, curieusement, Jésus explique à ses disciples qu’il n’a
été envoyé qu’aux « brebis perdues de la maison d’Israël ».
Et d’ajouter :
Il y a soixante reines
et quatre-vingts concubines
et des jeunes filles sans nombre.
Unique est ma colombe,
ma parfaite.
[6, 8-9.]
Çippora
Fille de Réuel, prêtre de Madiân, région dans laquelle Moïse s’était
réfugié. Les Médianistes descendaient d’Abraham et de sa concubine
Ketourah. Les sept filles de Réuel étaient allées puiser de l’eau pour
abreuver le petit bétail de leur père mais avaient été chassées par des
bergers. Moïse vola à leur secours. Le père, reconnaissant, lui donna l’une
de ses filles. Çippora eut un fils nommé Gershom de son union avec Moïse.
(Exode 2, 16-22.)
D
Dalila
L’une des femmes qu’aima Samson et qui lui fut fatale. Elle était de la
vallée de Soreq. Il s’éprit d’elle.
Le rasoir n’a jamais passé sur ma tête, lui dit-il, car je suis nazir
de Dieu depuis le sein de ma mère. Si on me rasait, alors ma
force se retirerait de moi, je perdrais ma vigueur et je deviendrais
comme tous les hommes.
Dalila fit appeler les princes des Philistins, et comme Samson s’était
endormi sur ses genoux, elle lui fit raser ses sept tresses de cheveux. Il se
trouva sans forces. Les Philistins lui crevèrent les yeux, le firent descendre
à Gaza, l’enchaînèrent et lui firent tourner la meule dans la prison.
Cependant, sa chevelure se mit à repousser. Il reprenait des forces et, un
jour qu’on l’avait conduit au temple de Dagôn, dieu des Philistins, et qu’on
s’amusait de lui dont on avait fait un bouffon, il écarta deux colonnes et fit
s’écrouler l’édifice sur lui-même et une foule immense.
(Livre des Juges 16, 4-30.)
Alfred de Vigny, dans La Colère de Samson (Les Destinées, 1864), relit
le texte célèbre du Livre des Juges, pour conclure « Et plus ou moins la
femme est toujours Dalila », c’est-à-dire un être séducteur, roué, faible mais
pervers. Il aurait pu nous proposer des lectures différentes et dénoncer, par
exemple, la naïveté de Samson qui, par lassitude ou distraction finit par
livrer le secret de sa force. Il aurait pu aussi, quitte à trahir la cause du
peuple élu, admirer le courage de la Philistine qui court le risque de sa vie
pour servir les siens, devenant en somme une Judith de l’autre camp, dont le
charme est une arme pour abattre l’ennemi de son clan. Il préfère brosser,
par Bible interposée, un portrait joliment ficelé mais combien dégradant de
la femme éternelle.
[…]
C’est Dalila, l’esclave, et ses bras sont liés
Aux genoux réunis du maître jeune et grave
Dont la force divine obéit à l’esclave.
Comme un doux léopard elle est souple et répand
Ses cheveux dénoués aux pieds de son amant.
Ses grands yeux, entr’ouverts comme s’ouvre l’amande,
Sont brûlants du plaisir que son regard demande,
Et jettent, par éclats, leurs mobiles lueurs.
Ses bras fins tout mouillés de tièdes sueurs,
Ses pieds voluptueux qui sont croisés sous elle,
Ses flancs, plus élancés que ceux de la gazelle,
Pressés de bracelets, d’anneaux, de boucles d’or,
Sont bruns, et, comme il sied aux filles de Hatsor,
Ses deux seins, tout chargés d’amulettes anciennes,
Sont chastement pressés d’étoffes syriennes.
Débora ou Déborah
Nourrice de Rébecca. Elle mourut lorsque Jacob fut revenu de chez son
oncle Laban se fixer au pays de Canaan. Elle fut ensevelie au-dessous de
Béthel, sous le chêne, en un endroit désormais appelé le Chêne-des-Pleurs
(Genèse 35-38).
Débora ou Déborah
Personnage homonyme de la nourrice de Rébecca. Prophétesse qui
rendait la justice au nom de Yahvé, comme l’était par exemple Miryam, la
sœur de Moïse. Ce fut la seule femme parmi les Juges d’Israël. Elle exerça
ses fonctions de 1260 à 1221 avant notre ère. Femme de Lappidot, elle
siégeait sous un palmier dans la montagne d’Éphraïm. Elle permit à Baraq,
fils d’Abinoam de Qédèsh en Nephtali de vaincre les armées de Sisera sous
le règne du Cananéen Yabîn, pourtant doté de neuf cents chars de fer (Livre
des Juges 4, 4-16).
Dina
La seule fille de Jacob, née de Léa, après Zabulon, qui était son sixième
garçon. Elle avait à peu près le même âge que son demi-frère Joseph, le
premier fils de Rachel.
Lorsque Jacob, qui avait quitté son oncle Laban, s’en était revenu chez
lui, Dina sortit pour aller rencontrer les filles du pays. « Sichem, le fils de
Hamor le Hivvite, prince du pays, la vit, et, l’ayant enlevée, il coucha avec
elle et lui fit violence. Mais son cœur s’attacha à Dina, fille de Jacob, il eut
de l’amour pour la jeune fille et il parla à son cœur. Sichem parla ainsi à son
père Hamor : « Prends-moi cette petite pour femme. »
Le père fit donc la demande en mariage mais les fils de Jacob
estimèrent que l’honneur de leur sœur, et donc le leur, était souillé et
criaient vengeance. Ils exigèrent pour consentir au mariage que tous les
mâles de la famille de Sichem fussent circoncis. Tous les hommes de la
ville s’exécutèrent et crurent l’affaire réglée. Mais deux des fils de Jacob et
Léa, frères de Dina, Siméon et Lévi prirent leur épée et tuèrent tous les
mâles de la ville en reniant leur promesse. Ils ravirent tous les biens de la
famille de Sichem, les femmes, les enfants et pillèrent les maisons. Aux
reproches de leur père Jacob, ils répondirent : « Devait-on traiter notre sœur
comme une prostituée ? »
(Genèse, 34.)
E
Et, plus loin, le moraliste annonce que le châtiment de celui qui boit et
fréquente les prostituées sera une mort prématurée :
Mais le narrateur qui met son talent à vanter les femmes de qualité et les
bonnes épouses ne peut s’empêcher de convoquer les vieux démons pour
faire porter par la femme le péché du monde et la mort promise, anticipant
le procès intenté par saint Paul à notre première mère :
Élisabeth
Mère de Jean-Baptiste. Luc est le seul des quatre évangélistes qui relate
en parallèle la naissance et l’enfance de Jean-Baptiste et celle de Jésus. Il
nous apprend qu’Élisabeth était la femme du prêtre Zacharie et qu’elle
descendait d’Aaron.
L’enfant, avant même d’être conçu, est ainsi investi d’un statut proche
de celui de nazir tel qu’on le trouve à plusieurs reprises dans la Bible. Il est
nazir et prophète, puisqu’il précède Jésus et prêche sa venue.
Quand Ésaü eut quarante ans, il prit pour femmes Yehudit, fille
de Bééri le Hittite, et Basmat, fille d’Élôn, le Hittite. Elles furent
un sujet d’amertume pour Isaac et pour Rébecca [Genèse 26, 34-
35].
Esther
Nous avons deux versions du Livre d’Esther, une version courte, celle
de l’hébreu, une version longue, celle du grec. À la différence du Livre de
Tobie et du Livre de Judith, le Livre d’Esther a gardé la faveur des Juifs et a
sa place dans la Bible hébraïque. Il prend cependant certaines libertés avec
l’histoire. On y fait signer, notamment, par Assuérus, transcription
hébraïque de Xerxès, un décret ordonnant l’extermination des Juifs, alors
que les Achéménides furent assez tolérants à leur égard. Le rédacteur se fait
toutefois l’écho de l’hostilité dont les Juifs étaient l’objet dans l’Antiquité,
en raison de leur nationalisme intransigeant. Ce récit a une grande
similitude avec celui de Judith, puisqu’ici encore c’est le courage et l’esprit
de sacrifice d’une femme qui sauvent les Juifs du massacre.
Et, comme dans un conte, nous apprenons qu’Assuérus donna un
somptueux banquet pour ses officiers, les hauts fonctionnaires, les nobles et
gouverneurs de province de son empire. Il fit savoir à la reine par ses
eunuques qu’elle devait le rejoindre. Elle fit la sourde oreille et ne vint pas.
Assuérus exposa la situation à ses grands officiers, qui lui conseillèrent de
répudier la récalcitrante et de faire rechercher une jeune fille belle et vierge
qui pût devenir la nouvelle reine. Dans les provinces, des commissaires
rassemblèrent toutes les jeunes filles belles et vierges et les conduisirent
dans le harem de la citadelle de Suse, sous l’autorité de Hégé, eunuque du
roi, gardien des femmes. L’une de ces jeunes filles était Esther. Ce
personnage, dont le nom est sans doute d’origine babylonienne (Ishtar), est
inconnu des historiens, même s’il est fortement symbolique pour la
mémoire des Juifs de la résistance à ceux qui voudraient les faire
disparaître.
Esther, donc, dans le récit, est orpheline et a été élevée par son oncle
Mardochée, de la tribu de Benjamin, qui avait été exilé de Jérusalem avec
les déportés prisonniers de Nabuchodonosor. Esther s’était bien gardée de
révéler à quel peuple elle appartenait et de qui elle était la nièce. Elle était
soumise, comme toutes les jeunes filles amenées dans la citadelle, à un
rituel précis :
Le roi préféra Esther à toutes les autres femmes. Il la choisit pour reine
à la place de la reine déchue.
Peu de temps après ces événements, Assuérus nomma un certain Aman
vizir omnipotent ayant prééminence sur tous les grands officiers. Tous
devaient s’incliner devant lui par déférence. Mardochée s’y refusa, non que
ce geste eût été interdit à un Juif, mais par fierté. Les serviteurs du roi
cherchèrent en vain à le ramener à la raison. Ils le dénoncèrent à Aman. Ce
dernier, apprenant que Mardochée était Juif, imagina de faire disparaître
avec l’insolent tous les Juifs installés dans le royaume d’Assuérus. Aman
réussit à convaincre Assuérus qui autorisa le massacre.
Les Juifs, s’il fallait en croire le récit, frappèrent tous leurs ennemis.
« Ce fut un massacre, une extermination, et ils firent ce qu’ils voulurent de
leurs adversaires. »
On trouve ici avec emphase le thème très biblique du retournement de
situation après l’application sans retenue de la loi du talion. Le courage
d’Esther avait fait qu’un génocide du peuple élu avait été évité et que les
oppresseurs étaient quant à eux noyés dans un bain de sang.
Mardochée institua alors la fête des Purim (ou Pourim), destinée à
célébrer chaque année ces jours où les Juifs, par le geste d’Esther, furent
débarrassés de leurs ennemis.
Le personnage d’Esther inspira Racine. Sa tragédie Esther (1689) fut
écrite pour les jeunes filles pensionnaires de Saint-Cyr à la demande de
Mme de Maintenon.
Ève
La première femme, dans l’histoire de l’humanité. Le début de la
Genèse (1, 2) nous propose successivement, sans les concilier, deux
versions fort différentes de son arrivée sur la terre, signant deux visions
dramatiquement opposées de la nature et du statut de la femme.
La première des deux versions, bien qu’elle fût rédigée postérieurement
à la seconde, est une cosmogonie qui relate la création en six jours. Les
quatre premiers jours, Dieu créa le ciel et la terre, sépara les eaux qui
entouraient la terre de celles qu’il laissa au-dessus du firmament, mit en
place les continents au milieu des mers et les couvrit d’une végétation
variée, installa le grand et le petit luminaire – le soleil et la lune – pour
éclairer fortement la terre le jour et faiblement la nuit. Le cinquième jour, il
peupla les eaux d’un grouillement d’êtres vivants et fit voler des oiseaux
jusqu’au firmament. Le sixième jour enfin, il demanda à la terre de produire
bestiaux, bestioles et bêtes sauvages. Il dit enfin :
L’« homme » est ici un nom collectif qui appelle le pluriel dominent.
L’homme des origines est homme et femme, à parité, et le narrateur de
poursuivre :
Yahvé Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut
que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » [Genèse 2, 18].
Adam ne trouva aucune compagne convenable parmi les bêtes que Dieu
créa et lui façonna.
Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l’homme, qui
s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna
une femme et l’amena à l’homme.
Alors celui-ci s’écria :
« Pour le coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair !
Celle-ci sera appelée “femme”, car elle fut tirée de l’homme,
celle-ci ! »
C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à
sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Or tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, et ils n’avaient
pas honte l’un devant l’autre [Genèse 2, 21-25].
Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des fils ont été
agacées ?
Par ma vie, oracle du Seigneur Yahvé, vous n’aurez plus à
répéter ce proverbe en Israël. Voici : toutes les vies sont à moi,
aussi bien la vie du père que celle du fils, elles sont à moi. Celui
qui a péché, c’est lui qui mourra [Ézéchiel 18, 2-4].
Que les femmes, de même, aient une tenue décente, que leur
parure, modeste et réservée, ne soit pas faite de cheveux tressés,
d’or, de pierreries, de somptueuses toilettes, mais bien plutôt de
bonnes œuvres, ainsi qu’il convient à des femmes qui font
profession de piété. Pendant l’instruction, la femme doit garder
le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme
d’enseigner ni de faire la loi à l’homme. Qu’elle garde le silence.
C’est Adam en effet qui fut formé le premier, Ève ensuite. Et ce
n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite,
se rendit coupable de transgression. Néanmoins elle sera sauvée
en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans
la foi, la charité et la sainteté [Première Épître à Timothée 2, 9-
15].
Bien des siècles plus tard, Ève était toujours montrée du doigt et
accusée d’avoir à notre détriment commis le premier péché qui fut transmis
de génération en génération.
Dans son Premier Sermon pour la fête de la conception de la Sainte
Vierge, Bossuet vitupérait :
Les deux créatures ne sont pas égales, de même que leurs sexes
ne sont pas pareils : Lui formé pour la contemplation et le
courage ; Elle pour la mollesse et la grâce séduisante : Lui pour
Dieu seulement ; Elle pour Dieu en Lui [Liv. IV, trad. de
Chateaubriand].
Ce n’est pas tant Ève seule qui inspira de nombreux peintres que le
couple d’Adam et Ève : ils sont représentés au paradis avant la
transgression, pendant la fatale cueillette, lorsqu’ils sont jugés par Yahvé et
chassés du jardin. Les plus célèbres des artistes que notre première mère,
son époux et le démoniaque tentateur ont fascinés sont sans nul doute, dans
le désordre, Jan Van Eyck dans le Retable de l’Agneau mystique, Lucien
Cranach, Jean Gossaert, dit Mabuse, Pierre Paul Rubens, Jan Bruegel,
Jérôme Bosch, Piero delle Francesca avec son Adam et Ève chassés du
paradis terrestre, Michel-Ange, Masaccio, Raphaël, Albrecht Dürer, Jean
Auguste Dominique Ingres…
Femme adultère
Le texte très célèbre dans lequel Jésus au Temple est consulté par les
scribes et les Pharisiens sur le sort qui devait être réservé à une femme
adultère se trouve dans l’évangile de Jean mais les exégètes estiment qu’il
est sans doute de saint Luc.
Ce n’est pas parce que la femme est innocente que Jésus l’aime et lui
pardonne, disent les commentateurs, mais c’est parce qu’il ne la condamne
pas qu’elle peut être incitée à ne pas recommencer.
Femmes étrangères
À l’occasion du retour de Esdras de Babylone jusqu’en Palestine, le
prêtre-scribe rassembla les chefs des Hébreux et recommanda que tous les
Juifs de retour au pays renvoient les femmes étrangères qu’ils avaient
épousées et les enfants qui étaient nés de ces unions impures.
Il est à noter que les unions avec des étrangères n’étaient pas interdites
dans l’ancien Israël. Elles l’étaient si peu que, pour ne citer qu’eux, David
s’unit à Bethsabée, la femme du Hittite et fut par elle le père de Salomon, et
que Salomon lui-même prit pour première femme une Égyptienne et épousa
ou prit pour concubines de nombreuses étrangères. Mais Néhémie écrit que,
tout grand roi qu’il fût, et bâtisseur du Temple, Salomon avait commis un
crime :
En ces jours-là encore, je vis des Juifs qui avaient épousé des
femmes ashdodites, ammonites ou moabites. Quant à leurs
enfants, la moitié parlait l’ashdodien [il s’agit sans doute d’un
parler araméen] ou la langue de tel ou tel peuple, mais ne savait
plus parler le juif. Je les tançai et les maudis, en frappai
plusieurs, leur arrachai les cheveux et les adjurai de par Dieu :
« Vous ne devez pas donner vos filles à leurs fils, ni prendre pour
femmes aucune de leurs filles pour vos fils ou pour vous-
mêmes ! N’est-ce pas en cela qu’a péché Salomon, roi d’Israël ?
Parmi tant de nations, aucun roi ne lui fut semblable ; il était
aimé de son Dieu ; Dieu l’avait fait roi sur tout Israël. Même lui,
les femmes étrangères l’entraînèrent à pécher ! Faudra-t-il
entendre dire que vous commettez aussi ce grand crime : trahir
notre Dieu en vous mariant avec des femmes étrangères ?
[Néhémie 13, 23-27.]
Le mariage avec des étrangères fut proscrit par le Deutéronome.
L’exigence devint plus stricte au retour de l’Exil, dans la mesure où la
majorité des rapatriés étaient des hommes et qu’il importait de veiller à
nouveau à la pureté du sang pour refonder Israël dans la terre de Canaan
remise à Abraham.
Femmes [Saintes]
Cette expression désigne les femmes qui ont suivi Jésus jusqu’au lieu de
sa crucifixion, furent présentes lors de son ensevelissement et dont certaines
furent témoins de sa résurrection.
Matthieu relate que parmi celles qui assistèrent à distance à la
crucifixion se trouvaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et
Joseph et la mère des fils de Zébédée. Marc cite également Marie de
Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset et Salomé, dont on peut
penser qu’il s’agit de la mère des fils de Zébédée. Luc évoque quelques
femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée.
Hulda
Prophétesse citée uniquement dans le Deuxième Livre des Rois (22, 14-
20). Au nom de Yahvé, elle annonce que Juda connaîtra de grands malheurs
pour ne pas avoir suivi les prescriptions du livre de l’alliance trouvé dans le
Temple de Yahvé, c’est-à-dire le Deutéronome.
I
Yahvé dit :
Parce qu’elles font les fières, les filles de Sion,
qu’elles vont le cou tendu et les yeux provocants,
qu’elles vont à pas menus, en faisant sonner les anneaux de
leurs pieds,
le Seigneur rendra galeux le crâne des filles de Sion,
Yahvé dénudera leur front.
Elle poussa héroïquement son père à ne pas être parjure mais demanda
la permission d’errer pendant deux mois dans la montagne avec ses
compagnes, pour y pleurer sa virginité, c’est-à-dire le malheur de mourir
sans postérité. La fille de Jephté et Jephté lui-même, prisonnier de son vœu,
vivent comme tant d’autres personnages dans la Bible, le drame d’une
impossible fertilité. Mais où est la mère de la jeune fille ? Le narrateur ne
s’en soucie pas et Jephté est à lui seul le géniteur qui abolit tout espoir de
descendance.
Nombreux furent les commentateurs qui se demandèrent pourquoi Dieu
n’avait pas retenu le geste de Jephté comme il l’avait fait pour Abraham.
Mais Dieu, peut-on leur répondre, n’avait pas poussé Jephté à faire un vœu
insensé et les sacrifices humains étaient depuis longtemps proscrits par la
Loi.
Le rédacteur qui nous relate la retraite de la jeune fille dans la montagne
avant sa mort, justifie la coutume attestée qu’avaient les filles d’Israël de
célébrer quatre jours par an la fille de Jephté le Galaadite (Juges 11, 29-40).
Alfred de Vigny, dans « La Fille de Jephté » (Poèmes antiques et
modernes, 1837), suit scrupuleusement le texte du Livre des Juges. Il ne
manque pas, cependant, d’être scandalisé par la cruauté du Dieu des Juifs
bien que nulle part dans la Bible, il ne soit explicitement demandé de
promettre sa fille en victime et de devenir infanticide quand vient le
moment de tenir sa promesse.
Jézabel
Fille d’Ittobaal, roi des Sidoniens, femme d’Achab, qui régna sur Israël
de 874 à 853, tandis qu’Asa était roi de Juda. Ittobaal était un prêtre
d’Astarté qui avait pris le pouvoir à Tyr, tandis qu’Omri, père d’Achab,
prenait le pouvoir en Israël. Achab, à l’occasion de cette alliance avec les
Phéniciens, se mit à servir Baal. Il lui dressa un autel dans un temple qu’il
construisit à Samarie.
Élie, sous le règne d’Achab, voulut rappeler au peuple d’Israël que
Yahvé était le seul Dieu. Il fit saisir les dévots du Baal de Tyr, que Jézabel
avait fait venir en Israël et qu’elle entretenait. Il fit descendre ces prophètes
près du torrent de Qishôn et les fit égorger.
Jézabel adressa alors aux anciens et aux notables de la ville des lettres
revêtues du sceau royal, les invitant à proclamer un jeûne et à faire asseoir
Nabot en tête du peuple. Cette pratique était l’usage en cas de malheur, pour
apaiser Dieu et découvrir la faute qui avait provoqué son courroux. Elle
avait ajouté que deux vauriens devraient accuser publiquement Nabot
d’avoir maudit Dieu et le roi. Ainsi fut fait et Nabot fut traîné hors de la
ville et lapidé.
Yahvé envoya alors Élie annoncer à Achab le sort qui lui était réservé,
ainsi qu’à toute sa famille, en raison de son crime :
Judith ne pouvait accepter que la Judée fût prise et les lieux saints pillés.
Elle incita les siens à supporter l’épreuve (Judith 8, 1-6).
« Je suis une fille des Hébreux et je m’enfuis de chez eux, car ils
ne seront pas longs à vous servir de pâture. Et je viens voir
Holopherne, le général de votre armée, pour lui donner des
renseignements sûrs » [Judith 10, 12-13].
Judith entra alors dans Béthulie, tira la tête hors de sa besace et déclara :
Kozbi
Fille de Çur, chef d’un clan de Madianites. Ceux-ci descendaient de
Madiân, l’un des fils d’Abraham et de sa concubine Qetura (orthographiée
aussi Ketourah). Les Madianites avaient le culte des idoles. Leurs femmes
avaient tenté de séduire les enfants d’Israël. Pinhas, fils d’Éléazar le prêtre,
lui-même fils d’Aaron, saisit une lance et pénétra dans l’alcôve où Kozbi
s’unissait à l’Israélite Zimri, fils de Salu, prince d’une famille de Siméon. Il
les transperça tous les deux de son épée. Par la suite, Moïse engagea la
guerre sainte contre les Madianites. (Nombres 25, 6-18.)
L
Léa
Fille aînée de Laban, frère de Rébecca. Jacob l’épousa avant d’épouser
sa sœur Rachel. Voir RACHEL et LÉA.
Lydie
Négociante de la ville de Philippes, dans le district de Macédoine,
colonie romaine, là où se rendirent Paul et Silas en missionnaires.
Maaka
L’une des femmes de Salomon, fille d’Absalom, mère d’Abiyyam qui
devint roi de Juda après Roboam. (Premier Livre des Rois 15, 1-2.)
Maaka
Deuxième femme de Roboam, fils et successeur de Salomon, après son
premier mariage avec Mahalat. Elle était fille d’Absalom.
Roboam aima Maaka, fille d’Absalom, plus que toutes ses autres
femmes et concubines. Il avait en effet pris dix-huit femmes et
soixante concubines, et engendré vingt-huit fils et soixante filles
[Deuxième Livre des Chroniques 11, 21].
« Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon
sein, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge
où tu es (et pourvu à ton entretien). Je t’en conjure, mon enfant,
regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache
que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de
la même manière.
Ne crains pas ce bourreau, mais, te montrant digne de tes frères,
accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux dans la
miséricorde » [Deuxième Livre des Maccabées 7, 26-29].
Mahalat
Première femme de Roboam, fils et successeur de Salomon. (Deuxième
Livre des Chroniques 11, 18.)
Marie
Mère de Jésus, Myriam en hébreu. La légende donne pour parents à
Marie Anne et Joachim. Anne était stérile et implorait en vain le ciel
d’attendre un enfant. Joachim, humilié, aurait quitté Jérusalem et s’en serait
allé vivre au milieu de ses bergers, l’infertilité étant considérée comme le
signe d’une malédiction. Mais l’ange Gabriel vint annoncer à Anne qu’elle
serait exaucée. Les époux se retrouvèrent. Cette anecdote renouvelle un
thème souvent exploité dans la Bible.
Les parents de Marie ne sont pas cités par les évangélistes. Anne fut
honorée en Orient dès le VIe siècle, en Occident à partir du VIIIe siècle. Son
e
culte s’est implanté en Bretagne après le XVI siècle.
Des quatre évangélistes, Matthieu et Luc sont les seuls qui évoquent la
conception et la naissance de Jésus.
Luc nous relate l’Annonciation, c’est-à-dire l’annonce faite par l’ange
Gabriel à Marie.
Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une
ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un
homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de
la vierge était Marie. Il entra et lui dit : « Réjouis-toi, comblée de
grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole elle fut toute
troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et
l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce
auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et
enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera
grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de
Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » Mais
Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne
connais pas d’homme ! » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint
viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son
ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de
Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de
concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième
mois, elle qu’on appelait la stérile ; car rien n’est impossible à
Dieu. » Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il
m’advienne selon ta parole ! » Et l’ange la quitta [Luc 1, 26-38].
Joseph et Marie sont qualifiés de mari et femme alors qu’ils ne sont pas
encore mariés, tant les fiançailles juives étaient un engagement solennel
dont on ne pouvait se soustraire que par répudiation. Cette dernière était
légitime s’il était avéré que Marie était enceinte d’un autre homme et
encourait la lapidation.
Une fois réveillé, Joseph fit comme l’Ange du Seigneur lui avait
prescrit : il prit chez lui sa femme ; et il ne la connut pas
jusqu’au jour où elle enfanta un fils et il l’appela du nom de
Jésus [Matthieu 1, 24-25].
Marc (3, 31-35) et Luc (8, 19-21) nous relatent l’anecdote de façon très
proche.
Plus loin, Matthieu raconte que Jésus s’était rendu à Nazareth, la ville
de son enfance, et qu’il enseignait dans la synagogue. Les gens qui
l’écoutaient étaient frappés :
Jean, de son côté, évoque à plusieurs reprises les frères de Jésus. Après
la relation des noces de Cana, il mentionne :
Après quoi, il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et
ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours
[Jean 2, 12].
Or la fête juive des Tentes était proche. Ses frères lui dirent
donc : « Passe d’ici en Judée, que tes disciples aussi voient les
œuvres que tu fais : on n’agit pas en secret, quand on veut être
en vue. Puisque tu fais ces choses-là, manifeste-toi au monde. »
Pas même ses frères en effet ne croyaient en lui [Jean 7, 2-5].
C’est par Matthieu que nous apprenons la fuite en Égypte, Joseph ayant
été averti en songe par l’Ange du Seigneur que le roi Hérode voulait tuer
celui dont les mages venus d’Orient annonçaient qu’il serait le roi des Juifs.
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et
moi, nous te cherchons, angoissés. » Et il leur dit : « Pourquoi
donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être
dans la maison de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas la
parole qu’il venait de leur dire » [Luc 2, 48-50].
Marc nous fait une relation très proche de l’événement et précise que le
parfum était un nard pur de grand prix. Il s’agit de l’extrait d’une plante
aromatique de l’Inde. Il fait dire à Jésus :
Luc nous raconte une visite que Jésus rendit à Marthe et à sa sœur
Marie à Béthanie. Il est difficile de savoir si, dans le même village, Marie
est celle dont il nous dit qu’elle se rendit chez Simon, à Béthanie, et versa
du parfum sur la tête de Jésus.
Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme,
nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une sœur
appelée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait
sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du
service. Intervenant, elle dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que
ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m’aider. »
Mais le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te soucies et
t’agites pour beaucoup de choses ; pourtant il en faut peu, une
seule même. C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne
lui sera pas enlevée » [Luc 10, 38-42].
Jean, à son tour, nous parle de Marthe et Marie. Une première fois, c’est
pour relater la résurrection de leur frère Lazare.
Il est probable que cette Marie de Béthanie n’est pas celle dont Luc
nous dit qu’elle est pécheresse en ville (Luc 7, 37), bien que les deux
femmes aient les mêmes attentions pour Jésus.
Marie de Magdala,
ou Marie-Madeleine
Femme de Magdala, sur le lac de Galilée. Elle suivit Jésus, qui la
délivra de l’« empire des sept démons ». On l’a parfois identifiée comme
Marie de Béthanie, sœur de Marthe et Lazare. Vers l’an 600, le père de
l’Église Grégoire le Grand fait de Marie-Madeleine, probablement par
erreur, la prostituée repentie, celle dont Luc nous dit qu’elle était pécheresse
en ville et parfuma les pieds de Jésus. Elle fit partie de celles qu’on nomma
les « saintes femmes », qui ont suivi Jésus, qui ont assisté à sa crucifixion et
à son ensevelissement.
Matthieu, au moment de la crucifixion, relate :
Marc nous donne un récit proche de celui de Matthieu mais indique que
les femmes prirent peur, s’enfuirent et ne dirent rien à personne. En
revanche, il raconte :
Les mots de Jésus à Marie de Magdala sont plus souvent cités dans leur
traduction latine : Noli me tangere…
Marthe
Sœur de Marie et de Lazare, habitant Béthanie. Voir MARIE DE
BÉTHANIE.
Mérab
L’aînée des deux filles de Saül, la seconde étant Mikal.
Mikal
Fille cadette de Saül, l’aînée étant Mérab. Saül la donna en mariage à
David, à condition que celui-ci lui remît non pas le mohar, don d’argent que
le fiancé devait payer au père de la jeune fille, mais cent prépuces de
Philistins. Saül pensait, avec ce défi, se débarrasser à bon compte de David
dont il était jaloux. Mais David remplit sa mission. Saül poursuivit
cependant David de sa vindicte, en dépit des efforts que faisait son fils
Jonathan pour le pacifier. Comme Saül avait envoyé des émissaires pour
tuer David, Mikal fit descendre celui-ci par la fenêtre et favorisa sa fuite.
Jonathan, qui aimait David, décida de le protéger à tout prix et conclut
avec lui un pacte au nom de Yahvé.
Saül, bien qu’il sût que David était en fuite mais vivant, donna Mikal en
remariage à Paltiel, fils de Layish. (Premier Livre de Samuel 18, 17-30 et
19, 1-17.)
Lorsque Saül fut mort, Abner, son cousin, général des armées d’Israël,
fit donner la couronne à Ishboshet, fils de Saül, mais se rangea vite au parti
de David.
David répondit : « Bien ! Je ferai alliance avec toi. Je ne te demande
qu’une chose : ne te présente devant moi que si tu m’amènes Mikal, fille de
Saül, lorsque tu te présenteras devant moi. » David fit parvenir le même
message à Ishboshet : « Rends-moi ma femme Mikal, que je me suis
acquise pour cent prépuces de Philistins. » Ishboshet envoya chercher Mikal
chez son mari Paltiel, fils de Layish. Celui-ci la suivit en pleurant une partie
du chemin. David retrouva ainsi celle dont il avait été séparé mais dont il
n’était pas divorcé, puisqu’il ne l’avait pas répudiée. (Deuxième Livre de
Samuel 3, 12-16.)
Le Deuxième Livre de Samuel (6, 23) précise que Mikal n’eut pas
d’enfant.
Milka
Fille de Harân, lui-même fils de Térah et frère d’Abraham et Nahor.
Elle eut pour frère Lot, qui alla rejoindre la terre de Canaan avec son oncle
Abraham, et pour sœur Yiska. Milka eut huit garçons. Le septième, Bétuel,
fut le père de Rébecca, qui deviendra la femme d’Isaac.
(Genèse 11, 27-31.)
Miryam
Sœur de Moïse et d’Aaron. Ce nom, araméen, donnera « Marie ». C’est
elle qui, au bord du Fleuve, regarde dériver son petit frère dans la corbeille
d’osier et, à la demande de la fille de Pharaon, va chercher une nourrice
pour le petit… Cette nourrice sera sa propre mère.
Quand les Israélites, conduits par Moïse, eurent franchi la mer et que les
Égyptiens qui les poursuivaient eurent été engloutis, elle entonna un chant
de gloire à Yahvé :
Naama
Fille de Çilla, l’une des épouses cananéennes de Lamek, descendant de
Caïn. (Genèse 4, 22.) Voir ADA.
Naama
Ammonite, l’une des femmes de Salomon, mère de Roboam, lui-même
fils et successeur de Salomon, qui devint roi de Juda. (Premier Livre des
Rois 14, 21, et Deuxième Livre des Chroniques 11, 13)
Oholiba
voir OHOLA.
Ohola et Oholiba
Ézéchiel évoque symboliquement l’histoire d’Israël en décrivant ces
deux femmes, Ohola désignant la Samarie et Oholiba Jérusalem. L’une et
l’autre, filles d’une même mère, trahirent Yahvé en se prostituant avec des
étrangers.
Oholibama
L’une des épouses cananéennes d’Esaü, fille d’Ana, fils de Çibéôn le
Horite. (Genèse 36, 1-5.)
P
Pécheresse en ville
Voir MARIE DE BÉTHANIE.
Mais elle ne renonça pas et, un jour qu’elle était seule avec lui, elle le
saisit par son vêtement et réitéra sa demande. Il prit la fuite mais elle avait
gardé le vêtement dans les mains, appela au secours et accusa l’Hébreu
d’une tentative de viol. Potiphar fit mettre Joseph en geôle. Mais le
prisonnier eut un comportement exemplaire et fit l’admiration de tous car il
interprétait les songes, tant du grand échanson et du grand panetier avec
lesquels il était incarcéré que plus tard ceux de Pharaon.
Et encore :
Mieux vaut habiter en un pays désert
qu’avec une femme querelleuse et chagrine.
[Proverbes, 21, 19].
Ou :
Gargouille qui ne cesse de couler un jour de pluie
et femme querelleuse sont pareilles !
Qui veut la saisir, saisit le vent
et sa droite rencontre de l’huile.
[Proverbes 27, 15-16].
Pua et Shiphra
Accoucheuses chez les femmes des Hébreux en Égypte, après la mort
de Jacob et de ses fils. Pharaon leur dit :
Les maîtres de la servante qui rendait des oracles virent disparaître leurs
espoirs de gain. Ils se saisirent de Paul et de Silas et les traînèrent devant
des magistrats qui leur firent arracher les vêtements, les firent battre de
verges et jeter en prison. On sait comment les prisonniers furent
miraculeusement délivrés de leurs liens alors qu’ils chantaient les louanges
de Dieu.
Q
Qetura
(orthographiée aussi KETOURAH.) Réputée dans la Genèse femme
d’Abraham, après le décès de Sarah. Le livre des Chroniques la dit non pas
femme mais concubine d’Abraham.
Abraham prit encore une femme, qui s’appelait Qetura. Elle lui
enfanta Zimrân, Yoqshân, Medân, Madiân, Yishbaq et Shuah
[Genèse 25, 1-2].
Mais il faut sans doute distinguer l’épouse que l’on aime de la femme
qui passe et inspire des désirs illusoires :
Rachel et Léa
Filles de Laban. Comme Jacob était en chemin pour aller chez ce
dernier, frère de sa mère Rébecca, il rencontra Rachel, fille cadette de
Laban, près d’un puits dans la campagne, alors qu’elle menait paître son
troupeau. Les bergers dirent à Jacob qui elle était.
Il est singulier de se souvenir qu’à la génération précédente, c’est
également près d’un puits que le serviteur d’Abraham avait rencontré la
belle Rébecca qui était devenue la femme d’Isaac.
Il comprit que c’était à elle, sa cousine, qu’il était destiné.
Or Laban avait deux filles, Rachel était la seconde, l’aînée était Léa.
« Les yeux de Léa étaient doux, mais Rachel avait belle tournure et beau
visage et Jacob aimait Rachel » (Genèse 29, 17).
Jacob demanda la main de Rachel et l’obtint, à condition qu’il travaillât
d’abord sept années au service de Laban. Laban invita tous ses voisins et
donna un banquet. Mais comme il voulait marier d’abord Léa, l’aînée, il
trompa Jacob et, le soir des noces, poussa Léa dans le lit du marié qui fut
surpris et confondu au lever du jour.
Jacob réitéra toutefois sa demande pour épouser Rachel. La demande
fut acceptée, sous réserve qu’il travaillât sept années de plus au service de
Laban.
Laban donna sa servante Zilpa à sa fille Léa, sa servante Bilha à sa fille
Rachel.
De ses deux cousines et de leurs servantes, Jacob eut douze fils,
ancêtres éponymes des douze tribus d’Israël, et une fille.
Léa, la première, enfanta successivement Ruben, Siméon, Lévi et Juda.
Rachel, ne pouvant avoir d’enfants, incita Jacob à se rapprocher de sa
servante Bilha, conformément au droit mésopotamien. Bilha enfanta Dan,
puis Naphtali. Léa, ayant cessé d’avoir des enfants, incita à son tour Jacob à
se rapprocher de sa servante Zilpa. Celle-ci mit au monde Gad, puis Asher.
Mais Léa fut à nouveau féconde et mit au monde Issachar puis Zabulon.
C’est alors que Dieu exauça Rachel, qui avait tant espéré enfanter. Elle eut
un fils qu’elle appela Joseph. Plus tard, alors que Jacob avait quitté Béthel à
la demande de l’Ange de Dieu pour retourner chez lui, Rachel mit au
monde un deuxième fils. Elle mourut des douleurs de l’accouchement mais,
au moment de rendre l’âme, nomma son enfant Ben-Oni, ce qui signifie
« fils de ma douleur ». Son père ne voulut pas garder ce prénom de mauvais
augure et appela son fils Benjamin, ce qui signifie « fils de ma droite »,
c’est-à-dire « fils de bon augure ».
Rachel fut enterrée là où elle mourut, sur le chemin d’Éphrata, à
Bethléem. (Genèse, 28 ; 29 ; 30 ; 35, 16-20.)
Rahab
Prostituée de la ville de Jéricho. Elle accueillit dans sa maison les deux
espions envoyés par Josué examiner les lieux avant le passage du Jourdain
par les Hébreux. Elle les fit monter sur sa terrasse et les cacha sous des tiges
de lin. Elle mentit aux émissaires du roi de Jéricho et prétendit que ses hôtes
étaient partis à la nuit tombante.
Rahab dit à ses visiteurs :
« Je sais que Yahvé vous a donné ce pays, que vous faites notre
terreur, et que tous les habitants du pays ont été pris de panique à
votre approche. […] Yahvé, votre Dieu, est Dieu, aussi bien là-
haut dans les cieux qu’ici-bas sur la terre. Jugez-moi donc
maintenant par Yahvé, puisque je vous ai traités avec bonté, qu’à
votre tour vous traiterez avec bonté la maison de mon père et
m’en donnerez un signe loyal. »
La tradition retiendra que Rahab a été sauvée par sa foi, justifiée par ses
œuvres. Lorsque les Hébreux prirent la ville, celle-ci fut vouée par
anathème à Yahvé.
Seule Rahab, la prostituée, et les siens, sur ordre de Josué, eurent la vie
sauve.
(Livre de Josué 2, 1-13 et 6, 17-21.)
Rébecca
Fille de Bétuel l’Araméen, septième fils de Milka, nièce et épouse de
Nahor, frère d’Abraham. Elle vivait à Harân, en Haute-Mésopotamie, là où
Abraham avait quitté sa famille pour gagner Canaan avec sa femme Saraï et
son neveu Lot.
Le serviteur d’Abraham, délégué par celui-ci pour trouver une femme à
Isaac, trouva Rébecca près du puits, la cruche sur l’épaule. « La jeune fille
était très belle, elle était vierge, aucun homme ne l’avait approchée. » Il
demanda l’asile pour lui-même, les hommes qui l’accompagnaient et ses
dix chameaux à celle qui le désaltéra et comprit que Yahvé l’avait conduit à
celle qui pourrait devenir la femme d’Isaac. Il fut accueilli par Laban, le
frère de Rébecca, celui-là même chez qui se rendra plus tard Jacob après sa
querelle avec son frère jumeau Ésaü.
Le serviteur d’Abraham repartit pour le pays de Canaan avec Rébecca
et ses servantes. Rébecca devint la femme d’Isaac. Elle était stérile mais
Isaac implora Yahvé et fut exaucé. Sa femme attendit des jumeaux.
Comme Isaac devenait vieux et avait perdu la vue, il voulut bénir son
fils aîné. Il y a toujours un premier-né chez les jumeaux et il se trouve que
c’est Ésaü que Rébecca mit au monde en premier, bien que Jacob tînt son
frère par le talon.
Isaac envoya Ésaü à la chasse afin qu’il lui préparât du gibier comme il
l’aimait. Mais Rébecca usa d’un stratagème pour que Jacob prît la place
d’Ésaü en l’absence de celui-ci. Elle lui couvrit les bras de peau de
chevreau pour qu’il fût velu comme son frère et cuisina le gibier de façon à
régaler son mari. Bien qu’Isaac eût un doute en croyant reconnaître la voix
de Jacob, il tomba dans le piège et bénit son second fils en le prenant pour
l’aîné comme Ésaü revenait de la chasse. Il était trop tard, et Ésaü jura de se
venger.
Pour protéger Jacob, Isaac l’envoya séjourner en Mésopotamie chez
Laban, le frère de Rébecca. Ésaü comprit qu’il n’eût pas été convenable
pour lui-même ou Jacob d’épouser une fille de Canaan. Il avait plusieurs
femmes mais alla épouser en outre Mahalat, une fille d’Ismaël, fils
d’Abraham.
(Genèse 24 ; 25, 19-28 ; 26, 1-11 ; 27 ; 28, 1-9.)
Réuma
Concubine de Nahor, frère d’Abraham. Elle eut quatre enfants. Nahor,
pour mémoire, avait eu huit garçons de sa nièce et épouse Milka.
(Genèse 22, 20-24.)
Riçpa
Fille d’Ayya, concubine de Saül, dont elle eut deux fils, Armuni et
Mephibaal. Après la mort de Saül, elle épousa Abner, prétendant au trône,
un cousin de Saül. Abner fut assassiné et David devint roi.
Vint le temps où une sécheresse frappa le pays qui souffrit de la famine
pendant trois ans.
C’est ainsi que Ruth entra dans le peuple de Yahvé en renonçant au dieu
des Moabites. Noémi et Ruth quittèrent ainsi les Champs de Moab pour
aller à Bethléem où elles arrivèrent au début de la moisson des orges.
Ruth demanda la permission d’aller dans les champs. Il se trouve
qu’elle alla dans une pièce de terre appartenant à Booz, du clan d’Élimélek,
le mari qu’avait perdu Noémi. Booz autorisa Ruth à glaner et, comme elle
s’étonnait de cette générosité spontanée, elle se prosterna devant lui et lui
demanda pourquoi elle avait trouvé grâce à ses yeux.
« C’est qu’on m’a bien rapporté, lui dit Booz, tout ce que tu as
fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari ; comment tu as
quitté ton père, ta mère et ton pays natal pour te rendre chez un
peuple que tu n’avais jamais connu, ni d’hier ni d’avant-hier.
Que Yahvé te rende ce que tu as fait et que tu obtiennes pleine
récompense de la part de Yahvé, le Dieu d’Israël, sous les ailes
de qui tu es venue t’abriter ! » [Ruth 2, 11-12].
Noémi était veuve et âgée, elle ne pouvait plus avoir d’enfant et vivait
comme une malédiction la privation de descendance. Ruth joua en quelque
sorte le rôle de mère porteuse :
Et Noémi, prenant l’enfant, le mit sur son sein, et ce fut elle qui
prit soin de lui [Ruth 4, 16].
Elle arriva à Jérusalem avec une très grande suite, des chameaux
chargés d’aromates, d’or en énorme quantité et des pierres
précieuses. […] Elle donna au roi cent vingt talents d’or, une
grande quantité d’aromates et des pierres précieuses ; la reine de
Saba avait apporté au roi Salomon une abondance d’aromates
telle qu’il n’en vint plus jamais de pareille. […] Quant au roi
Salomon, il offrit à la reine de Saba tout ce dont elle manifesta
l’envie, en plus des cadeaux qu’il lui fit avec une magnificence
digne du roi Salomon. Puis elle s’en retourna et alla dans son
pays, elle et ses serviteurs [Premier Livre des Rois 10, 1-13].
La dynastie salomonide est une dynastie d’Éthiopie se réclamant de la
descendance du roi Salomon et de la reine de Saba. On dit en effet de celle-
ci qu’elle engendra de sa chaleureuse rencontre à Jérusalem avec le roi des
Juifs celui qui fut le premier roi Ménélik Ier (vers – 950). Hailé Sélassié Ier,
dit le Négus, né en 1892, avait accédé au trône en 1930. Il est mort en 1975.
Il se disait le deux cent vingt-cinquième successeur de l’improbable mais
royale lignée.
En s’inspirant de la légende musulmane de la reine Balkis, Gérard de
Nerval avait imaginé un scénario d’opéra, dont la reine de Saba – reine
Balkis – aurait été le centre. Le scénario ne fut jamais terminé mais Nerval
en reprit la trame dans le Voyage en Orient publié en 1851 (Les Nuits de
Ramazan). Balkis y rend visite à Soliman :
Nombreux sont les peintres et les graveurs qui se sont plu à représenter
la reine de Saba rendant visite à Salomon. Parmi les plus connus, on peut
e
noter Piero della Francesca qui, au XV siècle, peignit La Reine de Saba et
sa suite, Claude Gellée auquel nous devons Le Débarquement de la reine de
Saba (1648), Gustave Doré, dans le cadre de La Sainte Bible (1866).
Salomé
Fille d’Hérodiade et d’Hérode Philippe. Hérodiade avait épousé Hérode
Antipas, tétrarque de Galilée et de Pérée, frère de Philippe. Jean-Baptiste
ayant désapprouvé cette union, Hérode l’avait jeté en prison. Hérodiade ne
décolérait pas et souhaitait la mort de Jean-Baptiste.
Cette sanglante histoire est celle d’un serment qui ne peut être trahi
même s’il devait être payé par un sacrifice humain. Nous avons d’autres
exemples dans la Bible de cette fidélité, perverse jusqu’au crime, à la parole
donnée. Mais alors que la fille de Jephté le Galaadite était la danseuse et la
victime, Salomé est ici la danseuse et la donneuse d’ordre pour que la tête
tranchée de Jean-Baptiste fût offerte à sa mère. Salomé, comme d’autres
femmes dans la Bible, témoigne jusque dans l’horreur, d’une tendresse et
d’un dévouement indéfectibles pour sa mère.
La scène a inspiré de nombreux peintres, notamment Le Titien (1560),
Le Caravage (1607), Gustave Moreau (1876).
Saraï… et Sara
Selon la Genèse, Térah, d’Ur, en Chaldée, à l’âge de soixante-dix ans,
engendra Abram (qui deviendra Abraham), Nahor et Harân.
Abram épousa Saraï, c’est-à-dire « ma princesse », qui deviendra Sara.
Le patriarche nous apprend (Genèse 20, 12.) qu’à défaut d’être sa sœur, elle
était sa demi-sœur, par son père. Cette union, très antérieure à la publication
de la Loi, notamment dans le Lévitique, n’était pas alors considérée comme
un inceste coupable.
Harân mourut prématurément. On ne nous indique pas le nom de sa
femme, mais il eut un fils, Lot, et deux filles, Milka et Yiska. Nahor épousa
sa nièce Milka.
Térah quitta la Chaldée pour gagner le pays de Canaan avec son fils
Abram, son petit-fils Lot, sa bru Saraï. Il s’arrêta à Harân (lieu transcrit
parfois Charan).
Abram, à son tour, à la demande de Yahvé, quitta Harân quelques
années plus tard pour gagner Canaan avec Saraï et Lot. Pour échapper à la
famine, il se réfugia en Égypte, mais eut peur d’être tué et se fit passer pour
le frère de Saraï. Les charmes de celle-ci furent du meilleur effet : « Dis, je
te prie, que tu es ma sœur, pour qu’on me traite bien à cause de toi et qu’on
me laisse en vie par égard pour toi. » À cette haute époque, la vie de
l’homme était plus précieuse que l’honneur de la femme et il n’eût pas été
convenable de juger sévèrement le mensonge du mari et son rôle
d’entremetteur pour faciliter l’entrée de Saraï dans le harem de Pharaon.
Abram fut provisoirement récompensé pour avoir ainsi prêté sa prétendue
sœur qui n’était que sa demi-sœur et reçut en remerciement « du petit et du
gros bétail, des ânes, des esclaves, des servantes, des ânesses, des
chameaux ».
Mais quand Pharaon découvrit la supercherie, il convoqua le mari sans
scrupule : « Maintenant, voilà ta femme, prends-la et va-t’en ! »
Abram s’établit alors en Canaan avec sa femme Saraï et son neveu Lot.
Yahvé conclut une alliance avec Abram et lui déclara qu’il donnait le pays à
sa postérité.
Mais Saraï était stérile et il semblait que sa postérité ne pût être assurée
que par l’entremise d’une autre femme. Il se trouvait qu’en droit
mésopotamien, une épouse stérile pouvait donner son mari à une servante et
reconnaître comme siens les enfants qu’aurait cette servante. Le rédacteur
de la Genèse nous dit qu’en application de ce droit, Saraï demanda à Abram
le Mésopotamien de s’unir à Agar, sa servante égyptienne. Dès que celle-ci
fut enceinte, elle dédaigna sa maîtresse qui s’en plaignit à Abram. Celui-ci
intervint en faveur de Saraï qui chassa Agar. Mais Yahvé entendit la
détresse de la femme, lui assura sa protection et lui demanda d’appeler
l’enfant Ismaël. Lorsque cet enfant naquit, Abram avait quatre-vingt-six
ans. Les descendants d’Ismaël seront les Arabes du désert.
Treize ans plus tard, Abram avait donc quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé
lui apprend :
Yahvé visita Sara comme il avait dit et il fit pour elle comme il
avait promis. Sara conçut et enfanta un fils à Abraham déjà
vieux, au temps que Dieu lui avait dit. Au fils qui lui naquit,
enfanté par Sara, Abraham donna le nom d’Isaac. […] Et Sara
dit : « Dieu m’a donné de quoi rire, tous ceux qui l’apprendront
me souriront. » [Genèse 21, 1-6.]
Mais le jour où l’on sevra Isaac, Sara aperçut Ismaël, le fils d’Abraham
et d’Agar l’Égyptienne. Prise par la jalousie, elle demanda à Abraham de
chasser la femme et l’enfant. Le vieil homme obtempéra. Mais alors
qu’Agar s’apprêtait à laisser mourir le petit au désert, Dieu vint au secours
de la mère et de l’enfant et promit qu’il ferait de ce dernier une grande
nation. (Genèse 12, 5 ; 12, 10-20 ; 16, 1-15 ; 21, 1-21).
Sarra
Fille de Ragouël, parent de Tobit, le père de Tobie. Ragouël habitait
Ecbatane en Médie.
Shelomit
Fille de Dibri, de la tribu de Dan. Elle était mariée à un Égyptien. Il
advint que son fils se prit de querelle avec un Israélite et blasphéma le nom
de Yahvé. Yahvé demanda à Moïse qu’il fût lapidé par ceux des membres
de la communauté qui l’avaient entendu. (Lévitique 24, 10-15.)
Shiphra
L’une des accoucheuses des femmes des Hébreux en Égypte, après la
mort de Jacob et de ses fils. Voir PUA.
Shua
Juda, le quatrième fils de Léa et de Jacob, l’épousa, bien qu’elle fût
cananéenne. Elle eut successivement trois fils, Er, Onân et Shéla.
Juda choisit Tamar pour femme de son premier fils Er. Mais le jeune
homme déplaisait à Yahvé qui le fit mourir. Jacob demanda à son deuxième
fils Onân d’appliquer la loi du lévirat qui voulait qu’on épousât la femme de
son frère si celui-ci venait à mourir, afin que le premier-né de cette union
relevât le nom du disparu. Mais Onân refusait que la postérité qui naîtrait de
ce remariage de Tamar fût la sienne et, pour éviter que son épouse fût
enceinte, il laissait tomber à terre sa semence. Par un glissement de sens,
Onân donna ainsi son nom à l’onanisme. Yahvé, mécontent, fit mourir celui
qui enfreignait la loi. Tamar savait qu’elle devrait attendre longtemps
encore que le troisième fils de Juda et Shua, Shéla, eût atteint l’âge de se
marier. Elle désespérait de n’avoir point d’enfant et usa d’un subterfuge
pour être enceinte de son beau-père. Il se trouve que Shua venait de mourir.
Le temps du deuil passé, Juda monta à Timna pour faire tondre ses brebis et
croisa une prostituée au bord de la route. C’était Tamar, qui avait troqué
pour quelques heures ses vêtements de veuve contre un voile de fille
publique. Elle demanda pour prix de son commerce un chevreau du
troupeau et, pour être sûre que la promesse fût tenue, prit en gage le sceau,
le cordon et la canne de son beau-père. Trois mois plus tard, Tahar ne
pouvait cacher qu’elle était enceinte et fut dénoncée à Juda qui voulut la
faire brûler vive comme adultère, puisqu’elle était promise à Shéla. Mais
elle produisit le sceau, le cordon et la canne. Juda les reconnut et leva la
sanction. La femme accoucha de jumeaux, Pérèc et Zérah. Il se trouve que
Pérèc fut l’ancêtre de Booz, père d’Obed, lui-même père de Jessé qui
engendra David. C’est ainsi que le Messie descendit de la tribu de Juda,
dans laquelle étaient mêlés les sangs d’un fils de Jacob et de Tamar la
Cananéenne. (Genèse 38, 1-30.)
Shunamite [Élisée et la]
Chaque fois qu’Élisée passait à Shunem, une femme de qualité l’invitait
à sa table et le logeait. Il ne savait comment la remercier et lui fit demander
ce qu’elle souhaiterait. Son seul regret était de n’avoir pas de fils alors que
son mari était âgé. Et Élisée de renouveler la générosité de Yahvé qui avait
permis à Sarah d’enfanter.
La même anecdote est racontée de façon plus lapidaire par Luc (Luc 4,
38-39.)
Tabitha
Femme de Joppé ressuscitée par Pierre.
Tamar
Cananéenne qui épousa successivement Er et Onân, fils de Jeda et de la
Cananéenne Shua, puis fut promise à leur frère Schélé, lorsque, l’un après
l’autre, ils moururent. C’est travestie en prostituée qu’elle s’unit à son beau-
père Juda et mit au monde des jumeaux, Pérèc, ancêtre de David, et Zérah.
(Genèse 38, 6-30.) Voir SHUA.
Tamar
Fille de David, sœur d’Absalom. Amnon, un autre fils de David, devint
amoureux de Tamar, qui était sa demi-sœur, au point de se rendre malade. Il
se coucha, fit chercher Tamar pour qu’elle lui préparât des gâteaux. Tamar
s’exécuta mais Amnon profita de ce qu’ils étaient seuls pour lui demander
de coucher avec lui. Elle refusa mais il la violenta. Il se mit ensuite à la haïr
et la chassa. Elle se couvrit la tête de cendres, déchira sa tunique et s’en alla
en poussant des cris comme si elle était en deuil. Le roi David fut très irrité
lorsqu’il apprit ce qu’avait subi sa fille et Absalom n’adressa plus la parole
à Amnon, qu’il fit assassiner deux ans plus tard. (Deuxième Livre de
Samuel 13.)
V
Véronique
Personnage dont l’histoire s’est répandue aux VIIe et VIIIe siècles, mais
qui n’apparaît pas dans les Évangiles parmi les saintes femmes.
Cette femme de Jérusalem, prise de compassion, aurait tendu son voile
à Jésus sur le chemin du Golgotha, pour qu’il s’essuyât le visage couvert de
sueur et de sang. Il lui aurait rendu le voile portant l’image de son visage.
Véronique et son voile sont traditionnellement représentés dans la sixième
station du Chemin de croix.
Le prénom Véronique est peut-être une adaptation du grec Berenikê
(Bérénice). La tradition populaire y a cependant vu les mots latins vera
icon, l’« image vraie » (du Christ). Le prénom Bérénice, quant à lui, serait
une forme dialectale en Macédoine de Pherenikê, composé du verbe
pherein, « qui apporte », et nikê, la « victoire ».
« En vérité, je vous le dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus
que tous ceux qui mettent dans le Trésor. Car tous ont mis de
leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu’elle
possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » [Marc 12, 38-44].
Veuve de Naïn
→ NAÏN.
Y
Yaël
Femme de Héber le Qénite. La maison de ce dernier était en paix avec
le Cananéen Yabîn, roi de Haçar. Sisera, bien que doté de neuf cents chars
de fer, avait été battu par Baraq, chef des armées de Yabîn, éclairé par la
prophétesse Débora. Il s’était enfui et avait cherché refuge dans la tente de
Yaël. Elle lui avait offert du lait, puis s’était armée d’un piquet de tente et
l’avait planté avec un marteau dans la tempe de l’homme qui s’était allongé
et se reposait. Elle avait pris Sisera en traître, mais pour la bonne cause,
puisqu’elle avait délivré Israël de la tutelle de Yabîn. (Livre des Juges 4, 17-
24.)
Yiska
Fille de Harân, lui-même fils de Térah et frère d’Abraham et Nahor.
Elle eut pour frère Lot, qui partit pour Canaan avec son oncle Abraham, et
pour sœur Milka. (Genèse 11, 27-31.)
Yokébed
Femme d’Amram. Tous deux étaient de la tribu de Lévi. Elle engendra
Miryam, Moïse et Aaron.
Z
Zilpa
Servante de Léa, l’une des deux femmes de Jacob, avec sa sœur Rachel.
Voir RACHEL et LÉA.
PARCOURS THÉMATIQUES
Abusées
Les jeunes filles ont une valeur marchande. Il faut payer le mohar au
père pour avoir la main de la fille. On peut aussi promettre sa fille à celui
qui accomplira tel exploit. Il arrive, hélas, qu’on la propose en monnaie
d’échange à celui qui veut faire violence à son hôte. Et pourtant, en dépit de
ces pratiques, il est intolérable d’apprendre que sa fille a été abusée à son
insu. La famille est alors intraitable pour défendre l’honneur de la victime.
Jacob eut douze fils, ancêtres éponymes des douze tribus d’Israël avec
Rachel, sa sœur Léa et les servantes des deux sœurs. Il eut une seule fille,
Dina, de Léa, après Zabulon, le sixième garçon de celle-ci.
Lorsque Jacob quitta son oncle Laban, le père de Rachel et Léa, et s’en
revint chez lui, Dina sortit pour faire la rencontre des filles du pays.
Il est des situations dans lesquelles une femme prétend avoir été abusée
ou seulement harcelée, ceci pour exercer un chantage sur un innocent ou
obtenir sa condamnation.
La femme de Potiphar, eunuque de Pharaon, avait cherché en vain à
attirer Joseph dans sa couche. Dépitée du refus, elle prétendit que l’Hébreu
avait voulu la violer et le fit jeter en prison. La conduite exemplaire de
Joseph et son art d’interpréter les songes lui permirent de retrouver
rapidement la liberté. (Genèse 39-40.)
Accueillir et recevoir
L’hospitalité était, comme elle le fut également chez les Grecs, un
devoir sacré primant sur la plupart des autres. On se doit d’accueillir,
d’honorer son hôte, de le nourrir, de lui proposer le gîte, de le protéger s’il
est menacé.
Adultère
À MORT !
En cas d’adultère, le Lévitique est aussi sévère pour l’homme que pour
la femme :
« Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier
une pierre. » […] Mais eux, entendant cela, s’en allèrent un à un,
à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la
femme toujours là au milieu. Alors se redressant, Jésus lui dit :
« Femme, où sont-ils ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle dit :
« Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te
condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. » [Jean 8, 7-11.]
DALILA ET SAMSON
Samson était en guerre contre les Philistins et les massacrait sans
vergogne en usant de la force que lui conférait son statut de nazir de Dieu.
Sa mère avait fait le serment que jamais le rasoir ne passerait sur sa tête. Il
garderait ainsi sa vigueur spectaculaire tant qu’il ne perdrait pas ses tresses
de cheveux. Son combat contre les Philistins ne l’empêchait pas d’apprécier
les Philistines et, à l’occasion, de vouloir les épouser. Cette faiblesse lui fut
fatale. Les princes des Philistins poussèrent Dalila à séduire le héros et à lui
faire dire son secret.
Dalila joua de son charme, essuya des refus, revint à la charge et finit
par obtenir l’aveu tant espéré. Samson se trouva sans forces. Les Philistins
lui crevèrent les yeux et lui firent tourner la meule comme s’il fût un âne,
sans imaginer que des cheveux coupés finissent par repousser…
Dalila, certes, était vénale, et jouait à merveille la comédie mais il faut
convenir qu’elle défendait les siens sans état d’âme. (Livre des Juges 16, 4-
30.)
Certains ont voulu faire de Dalila l’image de la femme éternelle,
séductrice, rouée, faible mais perverse et Alfred de Vigny, dans son long
poème « La colère de Samson », entretient une misogynie qui était de mise
depuis quelques millénaires :
L’histoire de Judith n’a pas été retenue par la Bible hébraïque et par les
protestants, mais est entrée dans le Canon de l’Église catholique.
Judith était veuve depuis trois ans. Elle portait le deuil et jeûnait tous les
jours hormis les veilles de sabbat, les sabbats, les jours de fête. Elle était
pieuse mais armée d’un courage à toute épreuve. Comme Holopherne,
général en chef de l’armée assyrienne, assiégeait Béthulie, les Juifs de la
ville, privés d’eau et de nourriture, commençaient à désespérer et étaient sur
le point de se rendre. C’est alors que Judith quitta ses habits de deuil, se
baigna, se parfuma, revêtit ses habits de fête, mit ses plus beaux bijoux et
entreprit de séduire Holopherne au prétexte de trahir les siens et d’indiquer
à l’ennemi comment s’emparer de Béthulie. Au cours d’un banquet, le
général, troublé par la jeune femme, but jusqu’à l’ivresse. Judith le rejoignit
sous sa tente et lui trancha la gorge avec le cimeterre pendu à la traverse du
lit. Elle mit la tête dans la besace de sa servante et retourna à la ville
annoncer que par son entremise Dieu avait fait des merveilles. Pour lever
tout soupçon, elle précisa qu’Holopherne n’avait pas péché avec elle pour
sa honte et son déshonneur.
L’honneur de Judith était sauf, mais force est de constater qu’une fois de
plus une manœuvre de séduction entreprise par une jolie femme peut venir
à bout de l’adversaire le mieux armé.
(Judith 12-13, 1-13 et 15-16.)
Femme au foyer
Inceste
LE CATALOGUE DU LÉVITIQUE
C’est ainsi que les deux filles qui avaient échappé à la brutalité des
habitants de Sodome et avaient perdu leurs fiancés dans le désastre ont
sacrifié leur virginité pour assurer une descendance à leur propre père.
Les filles de Lot ne sont pas présentées par le rédacteur comme
impudiques, mais femmes de devoir jusqu’au sacrifice. Ce récit mythique
suppose que Lot et ses filles s’étaient imaginés pendant quelques heures
être les seuls survivants d’une catastrophe universelle comme le furent Noé
et les siens, rescapés d’un déluge provoqué par Dieu pour punir les
pécheurs.
Le cas d’une relation avec une concubine de son père ne figure pas
explicitement dans la liste des cas d’inceste recensés par le Lévitique, mais
peut facilement être assimilé à celui d’une relation avec une femme de son
père.
Bilha, servante de Rachel, alors que celle-ci était stérile, jouant le rôle
de mère porteuse, eut deux enfants de Jacob, Dan et Naphtali. Alors que
toute la famille était allée s’installer au pays de Canaan et que Rachel était
morte à Bethléem, Ruben, fils aîné de Jacob et de Léa, coucha avec Bilha,
qui restait la concubine de son père. Cette liaison fut considérée comme un
inceste. (Genèse 35, 21-22.)
AMNON ET SA DEMI-SŒUR TAMAR
Marie
MA SŒUR
Mères
La mère est sacrée parce qu’elle a porté l’enfant dans son sein, l’a
nourri, l’a veillé, lui a tout appris. La Bible nous offre de nombreux
exemples du rappel à cette loi fondamentale et nous propose le récit de
certains ou certaines qui furent prêts au meilleur et parfois au pire pour
combler celle qui naguère les avait mis au monde.
NOTRE MÈRE À TOUS, LA PREMIÈRE
ATHALIE ET JÉZABEL
Tobit, déporté à Ninive, retrouva à son retour sa femme Anna et son fils
Tobie. Lorsqu’il pressentit que la mort le guettait, il fit ses
recommandations à Tobie, non pas qu’Anna fût la meilleure des femmes
mais parce qu’elle était mère.
« Mon fils, aie pitié de moi qui t’ai porté neuf mois dans mon
sein, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge
où tu es (et pourvu à ton entretien). Je t’en conjure, mon enfant,
regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache
que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de
la même manière. Ne crains pas ce bourreau, mais, te montrant
digne de tes frères, accepte la mort, afin que je te retrouve avec
eux dans la miséricorde » [Deuxième Livre des Macchabées 7,
26-29].
Pour Isaïe, la mère est celle qui donne le sein, console, cajole. Il
annonce que Jérusalem, réconciliée avec Yahvé, sera comme une mère pour
ses enfants et que lui-même sera comme une mère consolatrice.
Marie est qualifiée de mère des hommes, depuis que Jésus la présenta à
Jean comme sa mère, du haut de la croix :
Mères porteuses
De nombreuses femmes ont mis des enfants au monde sans que la Bible
ait jugé bon de nous indiquer leur nom alors que nous connaissons celui de
leur père, de leurs frères, de leurs enfants. Une poignée de femmes ont un
nom parce qu’elles ont acquis un statut d’héroïne, telles Sara, Rébecca,
Esther ou Judith. Mais la plupart sont seulement des mères porteuses,
laissées dans l’anonymat par les chroniqueurs.
Plus spécifiquement, le droit mésopotamien stipulait qu’une épouse
stérile pouvait demander à son mari de s’unir à une servante et reconnaître
pour siens les enfants nés de cette union. La Bible nous offre de nombreux
cas de mise en application de cette coutume.
Prostituées
La prostituée est une pécheresse, avoir recours à ses services est une
faute et les plus prudes des moralistes de la Bible n’ont pas manqué de la
montrer du doigt. Et pourtant…
La prostitution sacrée était répandue chez les Cananéens et celui qui
portait son obole à la déesse de l’amour pouvait avoir une relation avec
l’une des femmes vouées à son culte. Le Deutéronome condamne cette
pratique chez les Juifs :
Rahab, prostituée de Jéricho, trahit son camp pour sauver la vie de deux
Hébreux. Elle eut à son tour la vie sauve en récompense de sa générosité.
Josué avait envoyé deux espions dans la ville pour examiner les lieux
avant de faire traverser le Jourdain aux Hébreux. Elle les garda une nuit sur
sa terrasse. Comme des émissaires du roi de Jéricho venaient s’informer du
passage des hommes, elle cacha ses hôtes sous des tiges de lin et prétendit
qu’ils étaient repartis à la nuit tombante. Les Hébreux vouèrent Jéricho à
l’anathème et passèrent toute la population par le fil de l’épée. Ils
épargnèrent Rahab, la prostituée au grand cœur qui avait trompé les siens et
protégé leurs adversaires. (Josué 1, 13 et 6, 22-25.)
LA PROSTITUÉE DE GAZA
La morale en vigueur n’a pas empêché des hommes réputés pour leur
grande force de caractère d’avoir recours aux amours tarifées. Samson,
nazir de Dieu, en guerre contre les Philistins, avait rendu visite à une
prostituée de Gaza et les gens de la ville attendaient sa sortie pour le tuer
mais il avait une telle vigueur qu’il arracha les portes de la cité avec leurs
montants et les porta au sommet de la montagne en face d’Hébron. (Livre
des Juges 16, 1-3.)
Pures et impures
Les critères de pureté et d’impureté sont codifiés de façon très détaillée
dans le Lévitique et le Deutéronome. S’agissant des hommes, ils ne sont
déclarés impurs que dans un petit nombre de cas, notamment lorsqu’ils ont
un épanchement séminal et plus spectaculairement lorsqu’ils sont atteints de
lèpre. Quant aux femmes, si elles sont l’objet du désir des hommes, elles les
incitent au retrait et leur inspirent même une répulsion, s’agissant des
manifestations de leur vie intime. Leur cycle menstruel les rend
périodiquement impures et les contraint, comme si elles étaient atteintes de
la lèpre, à se tenir à l’écart.
Et plus loin :
L’accouchement fait l’objet d’une même défiance que les règles et une
femme, après avoir mis un enfant au monde, doit se purifier. Est-ce un effet
d’une misogynie solidement ancrée dans l’imaginaire collectif, la femme
est plus impure si elle accouche d’une fille que si elle accouche d’un
garçon. Les femmes et les filles, dès leur naissance, sont souillées.
LA TOILETTE DE BETHSABÉE
Jésus, qui restituait la pureté des âmes, avait restitué la pureté d’un
corps rejeté et fait retrouver à l’infirme sa dignité de femme.
Séduction
La Bible abonde en textes qui disent la séduction exercée par les
femmes, généralement pour en dénoncer la perversité et mettre en garde les
hommes qui se laisseraient prendre aux pièges de la tentatrice.
En de rares occasions cependant, le charme envoûtant d’une jeune fille
chaste et pudique est exalté, sa virginité et son attrait n’étant pas
incompatibles.
Dans l’Écclésiastique, Ben Sira met les hommes en garde contre le désir
qui peut les porter vers d’autres femmes que la leur, qu’elle soit jeune fille,
femme mariée, prostituée. Certes, il célèbre la femme réservée :
Mais cet hommage aux femmes prudes est une figure de style car Ben
Sira, dans le sillage d’une longue tradition, fait porter par la femme le péché
du monde et la mort promise, anticipant le procès fait par saint Paul à Ève,
notre première mère :
La femme, par nature, est vicieuse et met son diabolique talent en œuvre
pour détourner les hommes du droit chemin.
Isaïe n’est guère plus indulgent que Ben Sira et il annonce que la colère
de Yahvé s’abattra sur les filles revêtues de tous les artifices de la séduction.
Il vilipende et traîne dans la boue celles qui provoquent sans vergogne :
Yahvé dit :
Parce qu’elles font les fières, les filles de Sion,
qu’elles vont le cou tendu et les yeux provocants,
qu’elles vont à pas menus, en faisant sonner les
[anneaux de leurs pieds,
le Seigneur rendra galeux le crâne des filles de Sion,
Yahvé dénudera leur front.
RÉBECCA EXAUCÉE
Veuves
Les veuves ont toujours fait dans la Bible l’objet d’une sollicitude
particulière. Jésus, comme en témoignent les Évangiles, est sensible à la
solitude de celles qui ont tout perdu et sont prêtes à tout donner. Saint Paul,
qu’on sait sur ses gardes s’agissant des femmes, nous invite à distinguer les
vraies veuves des fausses.
LA PIÉTÉ DE RIÇPA
Elle avait été l’une des concubines du roi Saül, puis la femme d’Abner,
un cousin de celui-ci. Elle était veuve. Une grande sécheresse avait
condamné le pays à la famine pendant trois ans, en punition du massacre
des Gabaonites par Saül. En réparation, les descendants des victimes
avaient démembré dans la montagne sept fils de Saül, deux enfants de
Riçpa et cinq fils de Mikal, fille de Saül.
Riçpa, en attendant que la sentence prît fin et que la pluie revînt, avait
veillé les cadavres des victimes, de jour et de nuit, pour éviter qu’ils fussent
la proie des oiseaux et des bêtes sauvages. La seule piété de la veuve avait
ébranlé le roi David qui avait fait enlever les corps pour les inhumer dans la
tombe de Qish, le père de Saül.
L’EXERCICE DU LÉVIRAT
LA VEUVE DE SAREPTA
L’anecdote mettant en scène la veuve de Sarepta donne en exemple une
femme de condition très modeste, prête à tout donner et d’une grande piété.
Élie s’était rendu à Sarepta, près de Sidon, alors que le pays souffrait de
la sécheresse. Il croisa une veuve qui ramassait du bois et lui demanda de
l’eau et du pain. Elle répondit :
« Par Yahvé vivant, ton Dieu ! je n’ai pas de pain cuit ; je n’ai
qu’une poignée de farine dans une jarre et un peu d’huile dans
une cruche, je suis à ramasser deux bouts de bois, je vais
préparer cela pour moi et mon fils, nous mangerons et nous
mourrons. »
C’est ainsi avec une grande humilité qu’elle atteste de son dénuement
devant un Dieu qui n’était pas ou pas encore le sien.
Mais Élie lui dit, en forme de proverbe :
Z-Access
https://wikipedia.org/wiki/Z-Library
ffi
fi