Adolescents 1
Adolescents 1
Adolescents 1
Yessoufou Akimiii
Ecole Normale Supérieure (ENS) de Porto-Novo,
Université d’Abomey-Calavi (UAC),
Bénin
Résumé :
A l’enseignement secondaire au Bénin, la plupart des élèves sont adolescents. La crise
d’adolescence, qui explique les déviances comportementales chez ces jeunes, mérite une
meilleure compréhension pour sa prise en charge éducative. Ainsi, cette recherche a pu
inventorier ses manifestations, et évaluer les dispositifs d’accompagnement en place.
L’approche qualitative a permis de mobiliser des élèves de 4e, enseignants et parents du
Collège d’enseignement général de Houèto à Abomey-Calavi. Les données obtenues ont
permis de découvrir des déviances scolaires allant du défi de l’autorité à l’agression
sexuelle. La prise en charge n’a toutefois pas exploré les potentialités offertes par
l’éducation sexuelle, les TIC et les activités récréatives.
Abstract:
Most of Benin’s students in secondary schools are adolescents. Adolescent crises which
explain behavioural troubles among them deserves scrutiny for better care. This research
explored adolescent crises among the students, and evaluated the caring mechanisms in
place. A qualitative research design enabled to involve third grade students, teachers and
parents at Houèto secondary school in Abomey-Calavi. The data obtained enabled to
discover behavioural troubles, ranging from authority challenging to sexual aggression.
The caring mechanisms have not yet tapped into the potentials of sexual education, ITC
and recreational activities.
1. Introduction
Selon l’UNICEF, l’adolescence est la deuxième décennie de vie humaine (UNICEF, 2011).
Elle correspond à « l’âge compris entre l’enfance et l’âge adulte » (Gaillard,2020). Il s’agit
d’une période de vie qui s’échelonne généralement entre 11-12 ans et 17-18 ans. Ainsi elle
est censée être la période d’épanouissement de l’enfant qui se transforme en adulte. Ce
parcours transitoire est marqué par des modifications aux plans physiologique,
psychologique, cognitif et socio-affectif. Selon Rousseau (1762), on ne connait point
l’enfance », car « l’adolescence est une nouvelle naissance, un commencement. »
L’adolescent se comporte comme un étranger dans son environnement. Il est appelé à
apprendre à vivre avec ses parents, ses pairs et les adultes qui l’entourent dans son
nouveau monde. S’adapter dans ce nouveau monde n’est pas aisé, ni pour lui-même, ni
pour son entourage. D’après Hamrouni (2014), étant un moment privilégié de l’éveil
affectif, l’adolescence est aussi une confrontation avec la société.
On parle de troubles ou crises d’adolescence, qui ne traduisent rien d’autre qu’un
dysfonctionnement du système d’évolution de l’enfant vers l’âge adulte. L’ensemble de
ces troubles de comportement est mû par la tendance à s’affirmer socialement. Ces
troubles témoignent d’une souffrance psychique qui ne peut se comprendre facilement
par les adultes, surtout en milieu scolaire. Domingo (2005, p. 23) désigne l’adolescent
comme « un être immature qui ne peut pas ou ne sait pas bien se comporter, un tel
adolescent n’est pas responsable et a sûrement des difficultés scolaires qui le conduiront
inévitablement à l’échec si rien n’est fait. » Cette étape critique du développement exige
des dispositifs d’encadrement pour une scolarité réussie. Il importe d’indiquer à
l’adolescent la bonne voie à suivre, de le guider sur le plan intellectuel et comportemental,
afin de lui permettre de réussir ses études.
Dans le système éducatif du Bénin, c’est à l’enseignement secondaire que l’effectif
des élèves est constitué essentiellement d’adolescents. Ainsi, les enseignants du
secondaire sont souvent confrontés aux déviances comportementales des élèves dues à
la manifestation de la crise d’adolescence. Comment se manifeste cette crise au niveau
des élèves ? En dehors de la répression, à travers les punitions infligées aux élèves jugés
fautifs, quels dispositifs socioéducatifs sont-ils mis en place dans les établissements de
l’enseignement secondaire pour prévenir et gérer au mieux la survenance de déviances
liées à la crise d’adolescence ?
C’est pour répondre à ces préoccupations que la présente recherche a ciblé les
élèves de 4e au Collège d’enseignement général de Houèto à Abomey-Calavi, localité
semi-urbaine située à une vingtaine de kilomètres de Cotonou, dans le cadre d’une
recherche empirique. Celle-ci visait à recenser les manifestations de la crise
d’adolescence, et à évaluer les dispositifs d’accompagnement socioéducatif chez les
élèves de 4e au CEG de Houèto. Une démarche à la fois quantitative et qualitative a permis
d’observer et d’interviewer 129 participants, acteurs de l’établissement. Au résultat,
élèves filles comme garçons âgés de 12 à 19 ans présentent des traits caractéristiques de
l’adolescence. La crise d’adolescence est manifeste au niveau des élèves à travers des
déviances comportementales comme le défi de l’autorité, le repli sur soi, les perturbations
intempestives de cours, la fréquentation des salles de jeux, les tentations à caractère
sexuel etc. Quant aux dispositifs de prise en charge au niveau du collège, l’enquête révèle
que, même si la sensibilisation sur le règlement intérieur, l’écoute, et le dialogue sont mis
à contribution, les mesures dissuasives de punition comme la corvée, les heures de
retenue et même le châtiment corporel tendent à prendre le pas sur les mesures douces.
Cette recherche découvre qu’il manque à la batterie de dispositifs en place l’éducation
sexuelle, l’éducation aux technologies de l’information et de la communication,
l’organisation d’activités récréatives et sportives extrascolaires, les sorties pédagogiques
et des travaux en laboratoire.
Le présent papier obéit à une structuration tripartite dans sa charpente analytique,
en renseignant le concept d’adolescence et ses caractéristiques, la crise d’adolescence et
ses manifestations, et la prise en charge. Vient ensuite l’exposé de la démarche
méthodologique adoptée, suivi de la restitution des résultats obtenus et de la discussion.
La charpente analytique de cette recherche met en relation trois concepts clés qu’il
importe d’expliciter. Il s’agit de : adolescence, crise d’adolescence et accompagnement
socioéducatif.
2.1 Adolescence
Bien que les définitions varient pour désigner l’adolescence, une constante reste qu’elle
est marquée par la puberté. Grâce à la psychologie du développement, les
caractéristiques de cette période de croissance chez l’être humain sont bien connues aux
plans physiologique, comportemental, cognitif et psychoaffectif.
Sur le plan biologique, la croissance osseuse entraine avec elle le développement
musculaire avec une poussée staturale, les organes génitaux se développent et on assiste
à l’apparition des caractères sexuels secondaires tels que le développement des organes
génitaux externes (la verge et les testicules chez le garçon et les seins chez la fille, la
pilosité pubienne chez les deux). La maturation de l’appareil reproducteur se signale par
l’apparition des premières règles chez la fille (ménarche) et les premières éjaculations
chez le garçon (spermarche) (Rodriguez-Tome 1989, in Guellai & Esseily 2018, p. 204).
C’est la portée psychopédagogique du développement de l’adolescent qui a
motivé Kellough & Kellough (1999) à renseigner les éducateurs sur les aspects
intellectuel, physique, psychologique, social et moral du développement de l’adolescent,
en mettant l’accent sur les implications pédagogiques de chacun de ces aspects. Ainsi, sur
le plan intellectuel, l’adolescent tend à s’autonomiser en étant critique ; il a tendance à la
pensée abstraite, en cherchant à discuter pour convaincre les autres. De même,
l’adolescent est très curieux et tend à ramener les situations à sa propre condition. La
volonté d’apprendre est manifeste chez l’adolescent, surtout s’il s’agit de situations
d’apprentissage utile qui nécessitent la mise en œuvre de ses capacités à résoudre des
problèmes. Sur le plan morphologique, les adolescents sont très attentifs à leur apparence
physique et subissent des variations du métabolisme qui peuvent provoquer une
hyperactivité ou un manque d’attention. Aussi, ont-ils tendance à beaucoup manger
parce que tout le temps affamés. Les adolescents aiment affronter la responsabilité
sexuelle avant même d’avoir atteint la maturité émotionnelle ou sociale pour y faire face.
Ils tendent à afficher des goûts particuliers.
Sur le plan psychologique, les adolescents apparaissent inconstants dans leurs
comportements qui oscillent entre peur et anxiété, sentiments de supériorité et
sentiments d’infériorité. Ils manquent de confiance en soi et apparaissent
psychologiquement fragiles. Les adolescents tendent à être vulnérables aux opinions
naïves et aiment exagérer les événements mineurs. Les adolescents subissent des
changements hormonaux qui occasionnent des émotions difficiles à comprendre. Ils
peuvent régresser à des états infantiles et immatures. Boko (2009) observe que
l’adolescent est un jeune qui ressent une impression de dépassement, entre en
contradiction avec lui-même (l’habillement change, de même que la coiffure, le look,
l’expression, le comportement moral aussi).
Sur le plan social, les adolescents aiment copier des comportements inhabituels et
veulent se montrer agressifs, audacieux. Ils s’identifient aux groupes et sont parfois
insensibles à ceux qui ne font pas partie de leur groupe. Les adolescents sont socialement
vulnérables en ce sens qu’ils se rebellent contre les normes établies par les adultes ; ils
tendent à défier l’autorité et expriment souvent le besoin de s’affirmer. Sur le plan moral,
les adolescents posent de grandes questions sur le sens de la vie, et sont insatisfaits des
réponses superficielles fournies par les adultes. Ils sont influencés par les média et par la
communication avec leurs groupes d’âge. Chacun de ces aspects de développement de
l’adolescent a des implications pédagogiques à prendre en compte pour éviter des
déviances liées à la crise d’adolescence (Kellough & Kellough, 1999, in Frederick, 2005, p.
54-60).
l’adolescence, à savoir repérer certains signaux pour lesquels il est préférable de consulter
un spécialiste.
Pour Hantouche, Houyvet & Majdalani (2012), les manifestations de la crise
d’adolescence sont comme des moments de dépression, de ralentissement, d’opposition,
d’anxiété, de gaité, d’énergie excessive, de crises de colère, de rage, de conflits avec autrui
et surtout des périodes où tout devient complexe ; alors que cet enfant /adolescent est en
même temps attachant, sensible et affectueux. Raynaud (2008) énumère les pires crises
d’adolescence lorsqu’il mentionne l’interruption scolaire, des tentatives de suicide, des
suicides aboutis, la consommation de produits toxiques, les prises de risques. Quant à
Martin (2010), analysant les problèmes qui sont liés à la crise d’adolescence, il en identifie
les causes, notamment les mauvaises fréquentations des adolescents, et le rejet par les
pairs. Parmi les comportements agressifs que manifestent ces jeunes en détresse, il cite la
délinquance, la tristesse, la frustration, la rage et la colère. Tentant d’expliquer ces
troubles de comportements, Guellai & Esseily (2018, p.208) observent que :
les jeux vidéo et la consommation de stupéfiants, d’autant plus que des salles de jeux et
cafétéria jouxtent l’établissement.
3. Méthodologie
Ainsi, un échantillon de 129 participants a été pris en compte dans le déploiement des
méthodes de collecte de données. Cette technique d’échantillonnage a permis de prendre
en compte 15% de l’effectif de chacune des huit classes de 4e, soit 71 élèves, composés à
53% de filles. Il s’agit d’élèves ayant déjà passé deux années de scolarité révolues dans
l’établissement. Pour le compte des enseignants, 29 sont pris en compte, à hauteur de 20%
de femmes. Il s’agit des professeurs intervenant en 4e, toutes matières confondues. Cet
échantillon est supplémenté par les neuf membres de l’administration scolaire et une
vingtaine de parents d’élèves disponibles. La recherche proprement dite, qui a duré de
mars à mai 2020, a consisté administrer des fiches d’enquête aux élèves, et à échanger
avec les enseignants, les administratifs et parents d’élèves par entretiens et discussions
de groupe. Enfin, l’observation directe a permis de recenser certains comportements
déviants des élèves et d’apprécier les dispositifs de prise en charge disponibles dans
l’établissement. Toutes ces techniques de collecte de données ont visé à recueillir des
données sur l’état des connaissances des participants sur l’adolescence, les manifestations
de la crise d’adolescence et les dispositifs de gestion de la crise au sein du collège. Le
dépouillement manuel fiches d’enquête, la synthèse des notes prises lors des entretiens
et discussions, et la compilation des observations ont permis de regrouper les données
par centres d’intérêt, en vue de répondre aux préoccupations de la recherche.
Les élèves ayant pris part à l’enquête sont en majorité des adolescents, d’autant plus
qu’ils affichent les signes caractéristiques de puberté. L’échantillonnage aléatoire de la
population des élèves de 4e, à hauteur de 15% de la population des élèves de 4e, a permis
d’avoir un échantillon de 71 élèves âgés de 12 à 19 ans, dont 53% de filles. Les
informations issues de la fiche enquête ainsi que de l’observation directe ont permis de
classer les transformations biologiques liées à la puberté et dont les élèves mêmes sont
conscients. Le Tableau 4.1 et le Tableau 4.2 présentent les changements physiques
constatés respectivement chez les élèves filles et les élèves garçons sur leurs corps
respectifs, avec les fréquences d’occurrence, ici entendues comme le pourcentage d’élèves
ayant signalé le même changement.
Si les tendances de comportements ci-dessus se rapportent aussi bien aux garçons qu’aux
filles, les filles ont, en plus, exprimé des tendances relevant de leur féminité. En effet, elles
observent sans gêne que leur féminité qui se manifeste à travers leur beauté, attire
irrésistiblement l’autre sexe. Celles de la tranche d’âge de 15 à 19 ans se rendent compte
qu’elles deviennent de plus en plus coquettes et affolent les garçons. De même, elles ont
fait observer qu’elles sont objets de convoitise des hommes de toutes catégories d’âge.
Certaines en profitent pour provoquer les hommes, comme l’illustre ce verbatim :
« Quand je tombe amoureuse d’un homme, je lui-offre souvent de petits cadeaux. Mais
quelques fois, je lui notifie mes sentiments par des lettres d’amour ». Très jolies pour la
plupart, elles déclarent sans détour qu’elles font tout pour l’être davantage. Elles avouent
suivre les conseils de beauté qu’elles lisent dans des magazines de beauté féminine, et
veulent bien ressembler à leurs vedettes préférées.
Pour les garçons, les comportements insolites comprennent la révolte, le refus
d’être dominé, le désir d’autonomie, les représailles, le mécontentement, la bouderie,
l’irrespect des règles élémentaires de vie en commun. Sur le plan de la sexualité, plus de
50% des garçons déclarent avoir fait des avances harcelantes à leurs camarades filles,
avoir écrit régulièrement des lettres d’amour ; ils reconnaissent avoir fait des déclarations
d’amour, même en plein cours. De même, ils aiment taquiner les filles timides, ou
indifférentes à leurs assauts. Pendant la fête de St Valentin, ils offrent des cadeaux aux
filles pour les séduire, comme l’illustre ce verbatim : « Je suis tombé amoureux d’elle, il y
a de cela deux ans et à chaque fête de son anniversaire ou de St Valentin, je fais tout pour
lui-offrir un joli cadeau, c’est une preuve d’amour. » Parfois, le sentiment d’amour entre
élèves est cause de conflit. Le verbatim suivant est évocateur à plus d’un titre : « Je dis
que mes comportements sont mauvais à l’école, parce que je suis jaloux quand un autre
garçon s’approche de ma copine et c’est ce sentiment qui m’a poussé à me battre avec ce
dernier. »
Plus de 75% des adolescents enquêtés ont rapporté avoir une fois au moins fait
montre de comportements irréguliers comme le refus d’obtempérer, le bavardage
intempestif en plein cours, des railleries sur l’habillement et les propos des professeurs,
des querelles entre eux, les injures grossières, les bagarres, la taquinerie, le vol, et
l’agressivité contre les enseignants. L’Encart 4.1 relate le cas d’un élève qui a fini par faire
son mea culpa ; ce qui est bien illustratif de la crise d’adolescence.
parents d’élèves à une rencontre de partage de conseils sur l’encadrement des élèves. Au
cours de cette rencontre, les sujets discutés ont trait entre autres au suivi parental, la
collaboration permanente avec l’établissement, et la qualité des maîtres à domicile.
En plus de cette rencontre d’échange et de partage d’expériences, le conseil des
professeurs à la pré-rentrée offre une belle occasion à la directrice de mettre en garde les
enseignants contre les relations coupables avec les élèves. A titre d’exemple, il est interdit
aux professeurs de commander à manger aux élèves, surtout aux élèves filles, ou de se
rendre au domicile d’un élève, sans l’autorisation de l’administration scolaire. Les règles
d’éthique professionnelle et la déontologie du métier sont rappelées à cette occasion où
le code vestimentaire de l’enseignant est rappelé. Même si ces principes sont établis à un
niveau hiérarchique supérieur à la directrice, ils sont discutés au sein de l’établissement
pour en faciliter l’appropriation par les enseignants.
Le troisième mécanisme de prise en charge et de suivi des adolescents, en vigueur
au CEG de Houèto, est l’effectivité des conseils de classe qui s’organisent à la suite du
compte rendu des devoirs de chaque semestre, avec le concours du professeur principal
de chaque classe. Cette rencontre permet aux élèves de dénoncer sans crainte, des
professeurs incompétents ou indélicats, et d’apprécier ceux qui font bien leur travail. Sur
la base des renseignements reçus des élèves d’une classe, le professeur principal
rencontre ses collègues intervenant dans sa classe pour penser ensemble des stratégies
d’amélioration des prestations.
Enfin, la séance de sensibilisation du surveillant général avec les élèves au sujet
du règlement intérieur de l’école est un dispositif efficace de prévention de déviances
comportementales au niveau des élèves. En effet, au tout premier mois de l’année
scolaire, le surveillant général et ses adjoints parcourent chaque classe pour vulgariser le
règlement intérieur de l’établissement et présenter aux apprenants la grille des punitions,
après avoir échangé avec eux sur les devoirs d’un bon élève, les déviances
comportementales et les punitions prévues. A l’issue de cette séance, un exemplaire du
règlement intérieur est affiché dans un coin de la salle, avec pour avertissement, « A ne
pas déchirer » inscrit en haut. La crainte d’être punis dissuade les élèves qui se voient
contraints de discipliner un tant soit peu leur débauche d’énergie adolescente. Parmi les
punitions appliquées, on note les retenues sur la note de conduite, la corvée de sarclage
dans l’enceinte du collège et autour de la clôture, le nettoyage des toilettes, le balayage
de la cour, la convocation des parents ou tuteurs, et la comparution au conseil de
discipline qui peut aboutir au renvoi temporaire ou à l’exclusion.
L’autre mesure peu réglementaire tant redouté aussi bien par l’administration
scolaire que les élèves est le châtiment corporel. Selon l’administration, elle est bien
dissuasive et sa simple évocation permet de vite maîtriser les élèves. En effet, le châtiment
corporel est interdit aux enseignants, et seuls les surveillants y font quelques fois recours,
en cas de fautes graves. La peur de la chicotte constitue un moyen répressif dans la
gestion des déviances scolaires. Cette punition, bien qu’interdite amène beaucoup
d’élèves à se conformer au règlement intérieur, à faire régulièrement les devoirs de
maison et à mieux suivre les cours. Malgré son efficacité apparente à dissuader les élèves,
le châtiment corporel est craint par le surveillant général et ses adjoints, d’autant plus que
cette punition viole la décision ministérielle l’interdisant ; ils avouent plutôt privilégier le
dialogue.
En plus des mesures préventives qui viennent d’être décrites, il importe de rendre
compte des mesures de gestion d’incidents de crise d’adolescence. L’écoute est une de
ces mesures qu’utilise l’administration scolaire, notamment les surveillants, pour la prise
en charge des jeunes en cas d’inconduite. En effet, face aux cas d’indiscipline, rapportent
les membres de l’administration scolaire, les autorités prennent toujours la peine
d’écouter l’élève en vue de situer clairement les responsabilités. De même, le sens de
l’écoute selon le surveillant général, permet de connaitre les élèves et d’identifier les
causes de leurs comportements. Il précise dans ce verbatim :
5. Discussion
renforce la tendance soulignée dans Graham (2011, p.37) lorsqu’il fait remarquer que « la
téléphonie mobile est devenue de facto le portail d’accès à Internet lorsque la pénétration
par les ordinateurs personnels est faible. » L’école qui n’intègre pas l’éducation
technologique à son fonctionnement pédagogique est en déphasage avec la tendance des
adolescents, et par conséquent, expose les jeunes aux dangers liés au monde virtuel. Sur
ce point, l’école béninoise est en retard par rapport à bon nombre élèves qui sont
largement en avance en matière de technologies de l’information et de la technologie
(Yessoufou, 2021 ; Yessoufou & Abissi, 2017).
6. Conclusion
Notice biobibliographique
Dr. Yessoufou Akimi est Maître-Assistant en Sciences de l’Education à l’Ecole Normale
Supérieure de l’Université d’Abomey-Calavi, Bénin. Il y anime des cours et mène des
recherches sur diverses thématiques qui émergent des complicités entre l’éducation et la
société. Il est auteur d’une dizaine de publications dans le domaine des sciences de
l’éducation et en anglais langue étrangère. Après une dizaine d’années d’exercice de sa
première carrière en tant que professeur certifié d’anglais, il entreprend une
spécialisation en sciences de l’éducation, notamment en politique éducative où il soutînt
sa thèse de doctorat à International Institute of Social Studies of Erasmus University
Rotterdam (ISS) à la Haye.
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