Femmes Savantes de Marguerite de Navarre À Jacqueline de Romilly 1st Edition Laure de Chantal Full Chapter Download PDF
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ISBN : 978-2-251-91255-4
Sous l’égide d’Athéna
par
Laure de Chantal
I l n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, / Qu’une femme étudie et
sache tant de choses, voilà, en deux vers mémorables dans la langue de
Molière, un préjugé qui nous colle au cerveau. Une femme savante inspire
la méfiance, la dérision et d’autres pensées peu amènes. Une femme
savante n’est jamais vraiment à sa place, où qu’elle se trouve, elle
demeure en porte à faux.
Quelle jeune femme avant de passer un concours, qui ne serait pas un
concours de beauté, n’a pas entendu, au fond de son esprit, la petite
musique : « Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une
femme étudie et sache tant de choses » ?
Quelle intellectuelle ne s’est pas entendu demander : « mais ce livre,
c’est un peu votre enfant ? », et la même de répondre par l’affirmative,
pour faire glisser les choses, suivant la pente douce et dangereuse du
préjugé : « Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une
femme étudie et sache tant de choses. »
La formule de Molière est profondément ancrée dans une époque, le
Grand Siècle et la préciosité, elle vise un groupe bien identifié, les
Précieuses, et a donné lieu à une querelle prenant place dans un contexte
et une polémique spécifiques. Elle résonne pourtant à nos oreilles, fort
heureusement moins fort, mais tout aussi juste, et ce, pour les deux sexes,
car les idées reçues ne font pas de différence ni entre les catégories
sociales, ni entre les niveaux d’études, ni enfin entre une intelligence XY
et une intelligence à 2 X.
Entre l’époque de Molière et la nôtre, il y a une différence de degré mais
non de nature. Le préjugé s’accroche. Une femme savante a toujours
quelque chose à se faire pardonner, elle demeure une entité et une
identité étranges, un précipité surréaliste. Pire, l’égalité gagnée dans les
lois s’accompagne d’une négation de la féminité dans la vie : une femme
savante soit n’est pas honnête soit n’est pas une vraie femme, elle est
toujours vue comme un tantinet masculine. Parfois, il est question de
double vie, comme pour une liaison, activité pas bien honnête s’il en est :
comme s’il y avait d’un côté la vie de femme, faite de séduction frivole et de
maternité dévouée, et de l’autre la vie intellectuelle ou la vie au travail,
parce que n’oublions pas qu’« il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup
de causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses ». Ou bien alors,
pour rester galant (car avec une femme il est poli de toujours rester galant
même lorsqu’elle est savante), la métaphore devient soit celle de l’amour,
soit celle de l’accouchement. Une thèse, un essai, un projet, un succès
deviennent des enfants, mis au monde dans la douleur, mais tellement
épanouissants, fruits d’une relation amoureuse avec un sujet qui n’est pas
un individu, mais un thème de recherche. Quelle tristesse !
Les préjugés ont au moins un mérite : unisexes, ils vont aussi bien aux
hommes qu’aux femmes, se portent à toutes les époques et pour toutes les
occasions. Rien de tel donc qu’une femme savante pour en dénoncer une
autre. En 1644, Madeleine de Scudéry, prêtresse de la préciosité, fait la
connaissance d’une jeune Marseillaise, Françoise Diodée. Elle écrit à son
propos :
« [C’est] une demoiselle belle et jeune, qui dans les conversations
ordinaires, cite souvent, si j’ai bien retenu, Trismégiste, Zoroastre et
autres semblables messieurs qui ne sont pas de ma connaissance. Elle
entend l’espagnol, l’italien, le latin et même le grec ; elle est fort douce,
fort civile, et de fort bonne maison. Cependant, parce qu’elle n’a pas l’art
de cacher une part des trésors qu’elle possède à des gens qui ne la
connaissent pas, ils prennent pour du verre et du cuivre de l’or et des
diamants ; et l’injustice qu’on lui fait ici est si grande que je n’oserai la voir
souvent, de peur de me charger de la haine publique1. »
L’auteur des Femmes illustres ou Les Harangues héroïques (Paris, 1642), elle
qui se faisait appeler Sappho et qui a contribué à l’émergence des femmes
de lettres, n’ose pas s’afficher avec une autre femme savante parce qu’« il
n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie
et sache tant de choses ». Pour vivre heureuses et savantes, mieux vaut
vivre cachées.
Et tous en chœur, hommes & femmes, d’hier et d’aujourd’hui de répéter
la ritournelle, égaux dans la bêtise comme dans l’intelligence, avec un bel
ensemble, mus par la puissance aberrante, obscure, féroce et dévastatrice
que seuls les préjugés les plus stupides peuvent avoir : « Il n’est pas bien
honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie et sache tant
de choses. »
Notre langue, qui est notre âme commune, et notre dictionnaire, qui en
est la psyché, en témoignent de manière éclatante. Le vocabulaire
cristallise l’évidence. Il y a cent façons, argotiques, charmantes,
précieuses, vulgaires, admiratives, méprisantes ou sarcastiques d’évoquer
le corps des femmes dans les dictionnaires, il n’y a aucun mot désignant
une femme par son intelligence qui ne soit pas péjoratif ou moqueur.
« Bas-bleus », « péronnelles », « pimbêches »…, la liste est longue, très
drôle, et un peu triste : les femmes ont toujours tort d’avoir raison, et ce, à
toutes les époques.
Il y a bien sûr les torrents de haine qu’ont suscités les bas-bleus et le bas-
bleuisme, référence peu euphonique au salon de Lady Montagu, où
hommes et femmes se réunissaient pour discuter de littérature, et de tout
le reste. Pour se démarquer du costume trop habillé, les dames y portaient
de simples bas de laine bleue. En traversant la Manche, l’expression
devient péjorative. Un paragraphe ‒ sur les 300 pages ‒ du pamphlet de
Barbey d’Aurevilly pourra suffire : « Il y a de petites décadences, disait
Galiani. Mais je ne crois pas que dans l’histoire, il y en ait une plus petite
que celle qui nous menace. Je ne crois pas qu’il y en ait de plus honteuse
que celle d’un peuple qui fut mâle et qui va mourir en proie aux femelles
de son espèce… Rome mourut en proie aux Gladiateurs ; la Grèce, aux
Sophistes ; Byzance, aux Eunuques : mais les Eunuques sont encore des
débris d’hommes. Il peut rester à ces mutilés une tête virile, comme celle
de Narsès, tandis que nous, nous mourons en proie aux femmes, et
émasculés par elles, pour être mieux en égalité avec elles… Beaucoup de
peuples sont morts pourris par des courtisanes, mais les courtisanes sont
dans la nature et les Bas-bleus n’y sont pas !2 »
Que ceux qui préfèrent les images jettent un œil aux nombreuses
estampes désopilantes que Daumier a consacrées aux « Bas-bleus » (1844),
où de maigres mesdames négligent les tâches ménagères pour des livres.
Sur l’une, elle a troqué le plumeau contre la plume, tandis que le pauvre
enfant vagit, les pieds en l’air et la tête dans un seau d’eau sale, sur une
autre un mari déguenillé déplore : « Allons bon ! voilà qu’elle ne se
contente plus de porter les culottes, il faut qu’elle me les jette à la tête ! »
Sur d’autres, grillons du foyer démoniaques, des femmes fument à la
maison et boivent comme des hommes qui, eux, vont au cabaret. Car c’est
là toute la condition de l’intellectuelle, elle est toujours soit virile soit
hautaine et dédaigneuse, toujours risible.
La femme d’esprit est la Muse malade des dictionnaires : quoi qu’elle
touche, elle le flétrit.
En voici un dernier exemple, ou plutôt deux, chez Littré. À l’article
« Lettré », on lit, en guise d’exemples : « Il est l’homme le plus lettré de
son temps », suivi d’une citation de Rousseau : « Toute fille lettrée restera
fille toute sa vie ».
Molière n’a rien fait d’autre que formuler brillamment, exactement, un
préjugé, une pensée collante, vaporeuse mais obstinée qui, quoique
fumeuse, traverse comme un nuage le ciel des idées. L’honnête homme
peut être honnête, une femme, si elle veut être honnête, doit être
vertueuse, et cette vertu, par un raisonnement aberrant, a pour propriété
de fondre au soleil du savoir. C’est donc en manière de pied de nez que
nous avons appelé ce livre : les Femmes savantes, car des femmes savantes il
y a mille manières d’en rire, mais plus encore de les admirer.
Les sociétés antiques n’ont en rien échappé aux préjugés, voire en ont
créé quelques-uns. Grecs et Romains, qui pour nous ont tout inventé, ont
été nos précurseurs et des initiateurs en matière de haine de la femme :
Pandore, cadeau empoisonné de tous les dieux, est selon Hésiode un
« malheur aux hommes qui mangent le pain ». Mais le paradoxe veut que
Grecs et Romains ont donné des visages féminins à absolument toutes les
formes d’intelligence : l’intelligence créatrice par le biais des Muses dont
les artistes ne sont que les vaisseaux, l’intelligence technique par le visage
disparu de Mètis engloutie par Zeus et l’intelligence sage sous les traits
triomphants d’Athéna, déesse pensive et toute-puissante dont le poète
Callimaque nous dit qu’elle seule partage avec Zeus le pouvoir de tout
accomplir (Callimaque, Hymne V), et de tout faire s’accomplir d’un seul
mouvement de tête. C’est à elle seule aussi que Zeus confie son égide, le
bouclier sacré. Il n’est donc pas étonnant que l’Antiquité rêvée, l’Antiquité
telle que l’a sublimée l’histoire, ait fourni une place à part, un locus
amoenus, un lieu idéal, aux femmes désireuses de s’instruire, se rangeant
ainsi sous l’égide d’Athéna. Certes, tout n’est pas rose dans le monde des
classicistes et des philologues, mais, particulièrement en France via le
mouvement des Précieuses, les femmes ont pu y trouver une place. Aussi
les philologues de langue française ont-elles été nombreuses par
comparaison avec les autres domaines d’études et avec les autres pays : ce
livre est loin d’être exhaustif, et voilà qui est une bonne nouvelle !
Sans militantisme acharné, ce volume offre l’occasion inédite de voir
vivre douze femmes flamboyantes que leur condition a eu tendance à
pousser dans l’ombre. Dans cette galerie de portraits à la fois classiques et
atypiques, le lecteur fera la connaissance de quelques-unes de ces femmes
sages et sagaces qui ont trouvé dans l’étude des classiques de quoi
épanouir leur propre intelligence. Au fil des pages et de la longue période
que couvre cet ouvrage se dessine non une histoire des femmes
philologues, mais plutôt un arbre généalogique, un stemma pour employer
le vocabulaire propre à la philologie.
Charles Senard nous présente une Marguerite de Navarre amoureuse des
mots, philologue au sens étymologique du terme, pour nous faire admirer
le cénacle d’une reine protectrice des bonae literae et mécène des premiers
humanistes. Avec Perrette Bade (1506-1546), Nicolas Roudet nous dévoile
l’univers naissant de l’imprimerie : au cœur du Quartier latin, nous voyons
vivre une entreprise familiale où chacun travaille à la transmission
physique des textes de l’Antiquité. Marie-Laurentine Caëtano nous fait
rentrer dans un couvent, à la rencontre d’Anne de Marquets (1533-1588),
religieuse et auteur de vers latins étonnants qui nous rappellent le rôle
qu’a joué le latin d’Église. Avec les Dames des Roches, Madeleine (1520-
1587) et Catherine (1542-1587), nous pénétrons dans l’intimité charmante
de femmes savantes de mère en fille, traduisant Pythagore et Claudien,
écrivant et publiant ensemble Les Œuvres de Mesdames des Roches de Poitiers
mère et fille.
Blanche Cerquiglini nous invite à la cour d’Élisabeth de Bohême (1618-
1680), « l’étoile du Nord », qui a transposé le dialogue philosophique
hérité de Platon dans l’échange épistolaire. Via sa correspondance avec
Descartes, princesse sans royaume et sans règne, en exil toute sa vie,
Élisabeth de Bohême forge sa propre pensée philosophique.
Éliane Itti offre à voir le portrait d’un génie, Anne Dacier (1645-1720),
monstre sacré de la philologie, traductrice, entre autres, d’Homère. Louis
XV en fut impressionné qui lui accorda le privilège de reprendre la charge
de son mari à sa mort avec ses termes : « Nous avons bien voulu marquer,
par une grâce si singulière, l’estime que Nous faisons d’une personne qui a
su joindre à la vertu et à la modestie de son sexe ce que les talents et
l’érudition, héréditaires dans sa famille, ont de plus distingué. » L’héritier
du Roi-Soleil s’incline devant le prodige Anne Dacier, pour qui le mot de
« traductrice » fut forgé. Grâce à elle, au siècle de Molière et des femmes
savantes, certains ont pu se dire : Il est peut-être honnête, et pour beaucoup de
causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses.
Émilie du Châtelet (1706-1749) nous introduit dans le beau siècle des
Lumières. Gérard Salamon nous fait découvrir un autre visage de celle qui
selon le mot d’Élisabeth Badinter aurait incarné « l’ambition féminine au
XVIIIe siècle ». Nous voyons Mme Pompon Newton en philologue
passionnée faisant l’admiration de Voltaire qui confia dans ses Mémoires
qu’elle « possédait le latin comme Mme Dacier » sachant « par cœur les
plus beaux morceaux d’Horace, de Virgile, et de Lucrèce ; tous les
ouvrages philosophiques de Cicéron lui étaient familiers ». Nous voyons
aussi que dans le couple qu’elle forma avec Voltaire le maître et l’élève ne
sont pas ceux que la vox populi aimerait croire. C’est Voltaire qui eut
recours aux talents de latiniste et de physicienne d’Émilie du Châtelet,
notamment pour écrire ses Éléments de la philosophie de Newton.
Si grâce à toutes ces femmes, quelques-uns ont pu se dire : Il est parfois
honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses,
avec Julie Favre (1833-1896), la situation change radicalement, en mieux.
Le paradoxe veut que c’est au siècle où fut introduit le mot « misogyne »
au dictionnaire que furent ouvertes les premières écoles publiques pour
filles. Clémence Roux relate comment fut créée, avec presque un siècle de
retard sur son équivalent masculin, l’École normale supérieure de jeunes
filles dont Julie Favre fut la première, et éminente, directrice. Grâce à elle
nous voyons se former l’élite future qui va éclore au XXe siècle.
Résultat heureux de toute cette tradition, de toute cette filiation, le
XXe siècle a porté de toujours plus nombreuses femmes savantes et le
XXIe siècle offre quantité de nouvelles promesses. Nous aurions pu
consacrer tout un livre à ces personnalités hors du commun, dont nous
n’avons pu retenir ici que quatre figures majeures.
Malika Bastin nous raconte l’héroïsme pudique de Marie Delcourt (1891-
1979) qui nous montre que l’étude de l’Antiquité et de l’Humanisme est
loin d’être incompatible avec l’éclectisme et l’originalité. Pierre Chiron
évoque l’épopée orageuse de la discrète Juliette Ernst (1900-2001),
patronne passionnée de l’Année philologique, qui, mêlant courage et
érudition, multiplia durant la Seconde Guerre mondiale les voyages et les
expéditions, parfois clandestines voire dangereuses « pour l’amour du
grec ». S’il faut chercher dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar (1903-
1987) autre chose que notre seule délectation de lecteur, nul doute qu’il
s’y dessine le visage pensif d’une femme d’exception, celui d’une
humaniste digne de Marc Aurèle, d’Érasme et de Montaigne, c’est-à-dire
ombré de pessimisme, ou de lucidité. C’est cet « humanisme sur un fond
d’ébène immuable » qu’interroge l’écrivain Jean-Marie Blas de Roblès.
Notre arbre généalogique s’arrête, mais sans s’éteindre, avec Jacqueline de
Romilly (1913-2010) dont la clarté illumine encore notre présent. Nous la
découvrons dans les mots précis et affectueux de Monique Trédé qui fut
d’abord son élève puis son amie, car telle était cette immense pédagogue
qui écrivait à la fin de sa vie :
« Qui a eu la vie qu’il souhaitait ? Avoir été juive pendant l’Occupation,
finir seule, presque aveugle, sans enfants et sans famille, est-ce vraiment
sensationnel ? Prétendre que tout dans ma vie m’a parfaitement plu
tiendrait du délire ! Mais ma vie de professeur a été d’un bout à l’autre
celle que je souhaitais. »
En effet, s’il fallait trouver, hors l’amour du latin et du grec, un autre
point commun à toutes ces femmes, d’époques, de conditions et de
caractères si variés, ce serait sans aucun doute la passion de la
transmission de la culture antique. Que ce soit en l’enseignant, en la
traduisant ou en la réinventant dans leurs œuvres, l’objectif est le même :
faire vivre ou survivre, advenir ou devenir l’idéal classique. Moins
évidents, les liens du savoir sont pourtant plus forts, et plus vivaces, que
les liens du sang : Athéna déesse vierge n’a pas eu d’enfant, mais elle a en
ces intelligences de toutes les époques autant de filles spirituelles. De
même que les Muses enseignèrent au berger Hésiode au pied de l’Hélicon
des paroles vraies, de même ces douze Muses du latin et du grec nous
adressent ces mots véridiques : Il sera toujours honnête, et pour beaucoup de
causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses. À nous de les croire et de
les transmettre.
À Margot S.
Marguerite philologue donc, pour son amour des mots lus, écoutés,
écrits ou prononcés ‒ par sa culture sinon encyclopédique, tout au moins
vaste, nourrie par une vive curiosité intellectuelle s’appliquant aux objets
les plus divers, mais avant tout aux choses d’en haut, non aux inférieures.
— Tukkipoikienkin joukossa?
— Hyvin usein.
— Nimeni on Sultana.
*****
»Siitä lähtien en enää ollut entinen mies. Elämäni oli ollut tyyntä:
kuin puu, jonka ainoakaan lehti ei liikahda. Nyt oli tuuli yht'äkkiä
alkanut puhallella. Ja Bistritza muutti tykkänään näköä: näin koko
maailman eräiden kasvojen läpi. Kauneus ei kadottanut rahtuakaan
loistostaan, mutta näköni ei ollut entinen.
*****
»En voinut vastata mitään. Hän oli puhunut näistä 'ei kovin
iloisista' asioista melkein hymyillen. Tyttö, joka seisoi edessäni, ei
ollut arka eikä ujo kuten tytöt yleensä, vaan voimakassieluinen ja
onnettomuuksien karaisema. Ja kuitenkin lempeä.
*****
»Salakarit, joita kohtalo siroittelee elämän merelle, pakoittavat
ihmiset puikkelehtimaan pienissä aluksissa varovasti rantoja pitkin.
Spilca, Bistritzan tukkipoika, tunsi karit ja välitti niistä vähät. Ja
mieluummin kuin että olisi uponnut nenäänsä myöten suohon hän
heittäytyi aaltojen vietäväksi.
— Pyri muualta!
— Onneton juttu!
Huusin mustalaisille:
*****
»Niin juuri, helvettiin! Mutta elämässä käy usein niin, ettei se, mitä
ympärillämme tapahtuu, ole omiaan karkoittamaan taikauskoamme.
— Kuka on surkuteltava?
— Ovathan ne…
— Ehkäpä raskaitakin.
— Hyvin raskaita.
»He eivät sano enää mitään. Koetan niellä hiukan leipää, juoda
tilkan viiniä. Se ei tahdo mennä alas. Nousen ja lähden.
— Se on piru!
— Äiti!
— Siinä se, sanon minä, täti on kuollut! Nyt tiedän, miksi kohtasin
kaikki nuo onnettomuuden merkit tielläni!