L'acheologie Linguistique PDF
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Ces différentes définitions mettent en évidence les aspects clés de l'archéologie linguistique, qui
combine l'archéologie, la linguistique et d'autres disciplines connexes pour étudier les langues
anciennes, leur évolution, leurs relations et leur rôle dans la compréhension des civilisations
passées.
I-2- OBJECTIFS
L'archéologie linguistique est une discipline qui vise à étudier les langues anciennes et éteintes à
partir de preuves archéologiques, notamment des inscriptions, des textes et d'autres sources
matérielles. Son objectif principal est de reconstituer et de comprendre les langues et les systèmes
linguistiques du passé, en examinant leur évolution, leur structure, leurs relations avec d'autres
langues et leur contexte culturel. Voici quelques objectifs spécifiques de l'archéologie linguistique:
L'archéologie linguistique utilise différentes méthodes pour étudier les langues anciennes et
éteintes. Voici quelques-unes des méthodes couramment utilisées :
Cette méthode consiste à identifier des similarités lexicales et grammaticales entre différentes
langues pour reconstruire leur ancêtre commun. Les linguistes comparent les mots et les structures
grammaticales similaires dans différentes langues afin de déterminer les liens de parenté entre elles.
Par exemple, en comparant les langues romanes telles que le français, l'espagnol et l'italien, on
peut retracer leur ancêtre commun, le latin.
Elle vise à reconstruire les sons des langues anciennes en analysant les changements phonétiques
qui se sont produits au fil du temps. Les linguistes étudient les correspondances sonores entre les
langues apparentées et utilisent ces informations pour reconstituer les sons des langues passées.
Par exemple, en étudiant les changements phonétiques dans les langues germaniques, on peut
reconstruire les sons du proto-germanique, la langue ancestrale des langues germaniques.
Les emprunts linguistiques sont des mots ou des structures grammaticales provenant d'une langue
étrangère et intégrés dans une langue donnée. L'identification des emprunts peut fournir des
informations sur les contacts entre les langues et les cultures à travers l'histoire. Par exemple,
l'étude des emprunts latins dans les langues germaniques peut donner des indications sur les
contacts entre les Romains et les peuples germaniques.
4. Étude des inscriptions et des textes anciens
Les découvertes archéologiques, telles que des inscriptions sur des monuments, des tablettes
gravées ou des manuscrits anciens, fournissent des preuves directes des langues anciennes. Les
linguistes analysent ces textes pour comprendre la grammaire, le vocabulaire et la culture des
civilisations passées. Par exemple, les inscriptions en hiéroglyphes égyptiens ont été essentielles
pour déchiffrer cette ancienne langue.
5. Modélisation informatique
Les linguistes utilisent également des outils informatiques et des modèles mathématiques pour
étudier les langues anciennes. Ils utilisent des méthodes statistiques et des algorithmes pour
analyser les données linguistiques et faire des inférences sur les liens de parenté entre les langues.
Ces approches quantitatives peuvent aider à valider les hypothèses et à affiner les reconstructions
linguistiques.
L'archéologie linguistique présente certaines limites dans l'étude des langues anciennes. Voici
quelques-unes de ces limites :
1. Manque de données
L'une des principales limites de l'archéologie linguistique est le manque de données disponibles
pour l'étude des langues anciennes. Dans de nombreux cas, il n'existe pas de documents écrits ou
d'inscriptions suffisamment nombreux ou bien conservés pour permettre une reconstruction
complète d'une langue ancienne. Par conséquent, les linguistes doivent souvent travailler avec des
données fragmentaires, ce qui rend certaines reconstructions incertaines ou spéculatives.
2. Absence de témoignages directs
Les langues anciennes sont souvent éteintes depuis des milliers d'années, ce qui signifie qu'il n'y
a pas de locuteurs natifs qui puissent témoigner directement de l'utilisation de ces langues. Cela
rend difficile la compréhension de certains aspects de la langue, tels que la prononciation exacte,
l'intonation ou les subtilités de l'utilisation quotidienne de la langue.
Les documents écrits qui ont survécu à travers les siècles peuvent ne représenter qu'une petite
partie de la diversité linguistique qui existait à l'époque. Par exemple, les textes historiques peuvent
être produits par une élite éduquée et ne pas refléter la façon dont la langue était parlée par la
population en général. Cela peut introduire des biais dans les données disponibles et rendre difficile
une représentation complète de la langue ancienne.
4. Interprétation subjective
L'interprétation des données linguistiques peut être subjective et dépendre des hypothèses et des
préjugés de l'archéologue linguistique. Différents chercheurs peuvent parfois arriver à des
conclusions différentes en interprétant les mêmes données. Cela peut conduire à des débats et des
divergences d'opinions sur les reconstructions linguistiques.
Les méthodes utilisées en archéologie linguistique, telles que la comparaison des langues ou la
reconstruction phonétique, sont basées sur des hypothèses et des modèles qui peuvent ne pas
toujours être exacts. Les linguistes doivent faire des inférences à partir de données limitées et
utiliser des modèles simplifiés pour reconstituer les langues anciennes. Par conséquent, il peut y
avoir une marge d'erreur et des incertitudes dans les reconstructions linguistiques.
Malgré ces limites, l'archéologie linguistique reste une discipline précieuse pour étudier les
langues anciennes et éteintes. En combinant différentes méthodes et en utilisant des preuves
linguistiques et archéologiques, les chercheurs peuvent obtenir des informations précieuses sur les
langues et les cultures du passé.
La reconstruction d’une langue
La reconstruction phonologique
Elle est un pas dans la reconstruction du fonds lexical et du vocabulaire originel. Les phonèmes
ne sont pas les seules données qui changent. La morphologie et les structures évoluent également.
La fonction sujet en latin est marquée par un monème dit nominatif. Dans les langues d’origine ou
d’influence latine cette fonction est surtout précisée par la syntaxe de position.
Dans l’établissement des proto-langues (proto-bantu, proto-tchadique, etc.) il est toujours fait
référence au vocabulaire, au fonds lexical commun. On peut ainsi établir des « pourcentages » de
mots communs en élaborant des tableaux de « décompte lexical » ou « lexical count ». La
classification de J. Greenberg1 recourt le plus souvent à cette technique. D. Sapir dans son travail
sur le groupe West Atlantic utilise ce procédé.
Il indique ainsi que le Seereer et le Pulaar mis dans le même groupe ont en commun 37 % de mots.
Le Baga Koba et le Temne 79 %. Le Temne et le Seereer n’en ont que 5 %. Le Basari et le Safeen
5 %.
Or, ces idiomes sont tous regroupés dans la même famille. La communauté de vocabulaire qui peut
être emprunté en abondance ne suffit pas à nier ou affirmer un lien historique.
La reconstruction et la datation
Elles permettent de fixer l’âge des matériaux lexicaux et structurels recueillis dans l’étude des
langues pour pouvoir, à la comparaison, préciser avec plus ou moins de certitude le niveau où se
situe la parenté linguistique. Elles donnent par conséquent des points de repère précis à l’histoire
de la séparation des peuples ayant appartenu au même univers culturel et linguistique.
Elles jettent un éclairage saisissant sur l’histoire des ethnies, sur celles de civilisations multi-
nationales et multi-ethniques. Dans le contexte d’une recherche portant sur une époque récente et
à propos de langues écrites, l’effort est relativement plus facile. Par contre la rareté des documents
postérieurs au IVe millénaire avant notre ère rend, en général, la tâche ardue. Il s’agit pourtant à
ce stade d’élucider l’histoire de périodes décisives de mutation linguistique. Les processus de
changement du vocabulaire ou des structures que l’on considère à ce plan, sont, on le verra, très
lents mais difficiles à saisir. Pour pallier cette carence dans l’information, on a recours à des
procédés plus ou moins efficients.
La glottochronologie
C’est une des techniques les plus récentes en la matière. Elle a été mise en œuvre sur le terrain
africain. Le principe de cette méthode repose sur la datation de l’évolution lexicale d’une langue,
par référence au rythme de changement de son vocabulaire : vocabulaire culturel (concepts
philosophiques, techniques, etc.) et vocabulaire de base (noms des membres du corps, numération
de un à cinq, vocables désignant les phénomènes naturels, etc). La glottochronologie vise donc à
informer sur l’âge, les étapes et l’état d’évolution des termes et des formes du lexique. L’évolution
du vocabulaire fondamental ou de base est relativement lente dans les sociétés anciennes en dehors
de mutations brutales dues à des événements décisifs. En Afrique noire en particulier, on a pu,
grâce aux travaux de Delafosse, donner une idée de ce rythme d’évolution, en se référant à la
recension de mots fixés par écrit depuis le XIe siècle. Il s’agit du vocabulaire des langues
soudaniennes recueilli dans les textes arabes. Or ces termes sont demeurés à peu près sans
changement après un millénaire d’histoire. Mais les tenants de cette méthode vont plus loin encore :
l’évolution du vocabulaire de base est non seulement lente, mais elle est constante dans toutes les
langues. C’est l’opinion de M. Swadesh qui a tenté d’appliquer cette théorie à des langues
africaines. Dans quelques cas précis les tests expérimentés semblent probants. La
glottochronologie postule un rythme de transformation des éléments du vocabulaire de base,
mesurable en pourcentage. Le taux de rétention du vocabulaire serait compris entre 81 ± 2 et 85 ±
0,4 % pour une durée donnée de 1000 ans. Elle a fourni sur cette base quelques conclusions
ramassées dans la célèbre formule :
Peut-on, d’après les résultats obtenus, considérer la glottochronologie comme une mesure
temporelle valable, une sorte d’horloge historique ? Les conclusions sont en deçà des espérances
pour une raison simple : dans un contexte d’imbrication linguistique et d’interférence de lexiques
dont on connaît mal la portée, et en dehors de documents précis écrits ou non, il n’est pas facile,
dans l’état actuel des recherches, de sérier les faits ; de distinguer par exemple, entre le changement
normal et la mutation due à des emprunts, même pour le lexique de base.
La possibilité d’une science classificatoire, mettant en œuvre toutes ces techniques, fournirait
cependant la clé de la relation ethnique et linguistique.