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Les Fausses Confidences Fiche Dissertation

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Les fausses confidences

Quels sont les thèmes importants dans Les Fausses


Confidences de Marivaux ?
L'amour

Dans Les Fausses Confidences, l'amour doit vaincre des obstacles extérieurs et des
obstacles intérieurs.

L'obstacle extérieur, ce sont les conventions sociales qui considèrent le mariage


comme une affaire d'intérêt et non de sentiments.

Ainsi, Dorante, même s'il est roturier comme Araminte, n'est pas un bon parti car il
n'est pas fortuné. Le Comte, dont la fortune est certainement affaiblie, présente en
revanche l'avantage d'élever socialement Araminte en la faisant accéder à la
noblesse.

L'amour doit également vaincre un obstacle intérieur : celui de l'amour-propre.

Lorsque Araminte est surprise à la vue de Dorante (I, 6) et lui témoigne de nombreux
égards (I, 7), le spectateur devine que la jeune femme éprouve de l'amour avant
même qu'elle n'en ait pris conscience. Mais Araminte va devoir surmonter son
embarras et vaincre son amour-propre en acceptant ses sentiments amoureux.

Les conditions sociales

À l'époque de Marivaux, la société est divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse


et le tiers état dont fait partie la bourgeoisie.

Araminte appartient à la grande bourgeoisie des financiers et sa mère souhaite tirer


profit de cette fortune pour la marier au Comte. Mais Araminte hésite et Mme
Argante déplore qu'elle n'ait pas le sens du rang social : « le rang de comtesse ne la
touche pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu'il n'y a de n'être qu'une
bourgeoise » (Acte I, scène 10).

Les autres personnages sont également considérés selon leur rang et leur fortune.
Ainsi, Dorante est fils d'avocat, « un homme de très bonne famille » (I,7), mais il est
ruiné. M. Rémy envisage donc de marier Dorante à Marton car cette dernière est
l'héritière d'une vieille parente, jusqu'à ce qu'il lui préfère une veuve de 35 ans qui
possède « trente mille livres de rente » (II,2). En montrant sur scène ces calculs
intéressés, Marivaux dresse la satire d'une société obnubilée par l'argent et le
rang social.

Plus encore, il souligne que le mérite n'est pas lié au statut social. Ainsi, le valet
Dubois, vif, intelligent et astucieux, est le seul à avoir une influence réelle sur le
destin des personnages. Ce personnage du petit peuple parvient à manipuler et à
dominer la haute bourgeoisie et l'aristocratie grâce à son ingéniosité et à sa
connaissance des sentiments amoureux.

La vérité

Au début des Fausses Confidences, tout le monde est masqué :


Dorante dissimule ses sentiments, Araminte tait son amour naissant pour Dorante et
Dubois camoufle son stratagème.

L'enjeu de la pièce est de faire émerger la vérité. Cette vérité affleure parfois, par
exemple lorsque Araminte avoue son trouble dans des apartés (I,15). Mais elle est vite
refoulée.

C'est le procédé de la fausse confidence qui va obliger chacun à se démasquer et à


se comporter en accord avec ses sentiments.
Contre toute attente, le Comte, à la scène 13 de l'acte III, résume dans une brièveté
saisissante la vérité des sentiments : « J'ai deviné tout. Dorante n'est venu chez vous
qu'à cause qu'il vous aimait ; il vous a plu, vous voulez lui faire sa fortune ; voilà tout
ce que vous allez dire. «

Quelles sont les caractéristiques de l'écriture dans Les


Fausses Confidences ?
Les Fausses Confidences s'inscrivent dans la tradition de la comédie dont on
retrouve de nombreux procédés.

Madame Argante par exemple est un personnage ridicule et caricatural qui


ressemble à une version féminine de M. Jourdain dans Le Bourgeois gentilhomme de
Molière.

Arlequin est un personnage traditionnel de la comedia dell'arte qui donne lieu à des
scènes farcesques comme dans sa confrontation avec Dubois à la scène 10 de l'acte
II : « Comme je te bâtonnerais, sans le respect de Madame ». Les quiproquos sont
nombreux, par exemple lors de la confusion de Marton autour du portrait adressé à
Dorante (IX, 11).
Mais le comique de Marivaux repose avant tout sur les jeux de langage et la double
énonciation. Les dialogues sont vifs, gracieux et pleins d'ironie comme dans les
répliques d'Araminte et Mme Argante :

Araminte : « On se trompe apparemment ? »


Madame Argante « il ne serait pas impossible qu'il le fût » (acte III scène 6)

Plane néanmoins sur cette comédie une légère mélancolie.


L'amour triomphe grâce à la manipulation et la tristesse du
Comte à la fin de la pièce est bien réelle :
« Le Comte, tristement.
Il n'va plus que notre discussion, que nous réglerons à l'amiable.
J'ai dit que je ne plaiderais point et je tiendrai parole. » (III, 13)

Que signifie le parcours « Théâtre et stratagème » ?


Théâtre et stratagème sont intimement liés dans Les fausses
Confidences.

L'emploi du stratagème pour faire émerger la vérité

Un stratagème est une ruse de guerre qui a pour but de tromper l'ennemi.

Tout le paradoxe des Fausses Confidences réside dans le fait que le stratagème,
procédé qui repose sur le mensonge et la tromperie, est utilisé ici pour faire émerger
la vérité des sentiments.

Dès le début de la pièce règne un univers de dissimulation et d'illusion car Dubois


enjoint à Dorante de ne pas révéler qu'ils se connaissent.

Dubois met alors en œuvre un stratagème complexe pour faire émerger la vérité
des sentiments.

Le stratagème de Dubois : un stratagème proprement théâtral

Or ce stratagème est proprement théâtral : Dubois se comporte comme un metteur


en scène qui dirige ses acteurs, les manipule et va même jusqu'à leur souffler les
répliques.

Dubois incarne le valet d'intrigue, personnage traditionnel de la Comedia dell'arte


qui utilise sa ruse et son intelligence pour servir la passion de son maître.

(N'hésite pas à te renseigner sur les valets d'intrigue afin de te construire des
références solides pour tes dissertations. Plus fin et éloquent que le Scapin de
Molière, Dubois préfigure déjà le Figaro de Beaumarchais. Je te conseille notamment
de lire en regard ma fiche de lecture sur Le Mariage de Figaro.)

L'assurance de Dubois est irrésistible : il annonce à l'acte I scène 2 ce qui va se


dérouler : « je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis ; et on vous
aimera, toute raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est ; et on
vous enrichira, tout ruiné que vous êtes ; entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il
faudra que tout se rende. Quand l'amour parle, il est le maître ; et il parlera. Adieu »

L'expression « je vous conduis » est celle d'un metteur en scène qui pilote ses
personnages et qui n'hésite pas à utiliser l'impératif comme un maître du jeu («
Partez » à la scène 16 de l'acte I).

Il tire les fils comme un marionnettiste (l'intrigue de Marton, l'intrigue d'Araminte) et


manipule à distance les personnages en leur expliquant quoi faire et pourquoi : «
Partez ; aussi bien ai-je un petit avis à donner à Marton. Il est bon de jeter dans tous
les esprits les soupçons dont nous avons besoin ».

'Il complexifie l'intrigue pour rendre le jeu illisible aux autres personnages et rester
maître de la situation.

En bon stratège, Dubois connaît le cœur des hommes et des femmes. II perçoit la
préciosité d'Araminte et sait que le stratagème du portrait - qui est un code
amoureux de la préciosité comme dans La Princesse de Clèves de Madame de
Lafayette - ne peut qu'être gagnant.

Dubois sonde les cœurs, les martyrise parfois (Marton, par exemple, est déçue de ne
pas être l'élue). C'est grâce à sa connaissance des mécanismes de l'amour que Dubois
assure son jeu théâtral et son triomphe à la fin de la pièce.

Dubois est meneur du jeu dans cette pièce, mais ce qui rend l'intrigue
particulièrement complexe et renforce l'impression de théâtre dans le théâtre, c'est
qu'il n'est pas le seul à user de stratagèmes.

Presque tous les personnages usent de stratagèmes

Presque tous les personnages, en effet, ont recours à la fausse confidence :


Araminte feint de vouloir épouser le Comte pour tromper Dorante ; Marton dupe sa
maîtresse en lui recommandant d'épouser le Comte ; Dorante trompe Marton en lui
laissant croire qu'il l'aime.

Dorante ne trompe-t-il pas même Araminte à la fin de la pièce en feignant d'avoir été
« forcé de consentir » au stratagème de Dubois alors que le spectateur l'a vu y
consentir volontiers au début de la pièce ?
En fin de compte, le vrai stratagème est celui qu'utilise Marivaux pour concevoir une
pièce complexe dans laquelle la vérité se dérobe tout le temps.

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