Linguistics">
Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Le Français de Tunisie

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 17

Présence Francophone: Revue internationale de langue et de

littérature
Volume 76
Number 1 Des normes endogènes légitimées Article 6
par la pratique littéraire

6-1-2011

Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes


Foued Laroussi
Université de Rouen

Follow this and additional works at: https://crossworks.holycross.edu/pf

Part of the African History Commons, African Languages and Societies Commons, African Studies
Commons, French and Francophone Language and Literature Commons, Linguistic Anthropology
Commons, and the Social and Cultural Anthropology Commons

Recommended Citation
Laroussi, Foued (2011) "Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes," Présence Francophone:
Revue internationale de langue et de littérature: Vol. 76 : No. 1 , Article 6.
Available at: https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6

This Dossier is brought to you for free and open access by CrossWorks. It has been accepted for inclusion in
Présence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature by an authorized editor of CrossWorks.
Laroussi: Le français de Tunisie
40

Foued LAROUSSI
Université de Rouen

Le français de Tunisie. Normes ou formes


endogènes

Résumé : L’article traite de quelques aspects lexicaux et morphosyntaxiques du


français de Tunisie à partir d’exemples extraits d’ouvrages littéraires et d’organes
de presse. Il s’agit pour la plupart de lexies empruntées à l’arabe tunisien et dont
certaines sont attestées par le français de référence. Le débat sur le français de
Tunisie s’inscrit aussi dans un contexte sociolinguistique plurilingue dans lequel
les usagers adoptent à son égard des positions différentes, voire antagoniques. Si
certains tentent de légitimer une norme endogène, d’autres restent attachés à la
norme exogène qu’ils considèrent comme la référence, surtout au sein de l’école.

Emprunt, français de référence, français de Tunisie, normes endogènes, particularités


lexicales, plurilinguisme, polynomie

Introduction

L a présence étrangère en Tunisie, élément constitutif de l’identité


du pays, est historiquement ancrée. Toutefois, en l’espace de
quelques décennies, les rapports au passé, aux langues, aux
cultures et au mythe ont profondément changé. La place de l’arabe
est devenue plus dominante dans de nombreux secteurs de la vie
quotidienne ; les rapports au français ne sont plus perçus et ne se
gèrent plus de la même façon qu’au lendemain de l’indépendance
du pays. L’anglais est de plus en plus convoité par les jeunes et sa
pratique concurrence celle du français. Mais ce dernier, fortement
enraciné au niveau institutionnel, médium d’enseignement et surtout
principale langue des ressortissants tunisiens en Europe, son
effacement du paysage sociolinguistique tunisien n’est pas pour
demain. Grâce à l’immigration maghrébine, trait d’union entre les
rives nord et sud de la Méditerranée qui participe à l’enrichissement
des répertoires verbaux, le français occupera encore une bonne
place en Tunisie.

La construction des identités langagières, loin d’être une opération


exclusivement linguistique reposant sur une « bonne » ou une

Présence Francophone, no 76, 2011

Published by CrossWorks, 2011 1


sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 41

« mauvaise » maîtrise du code linguistique, dépend profondément


des rapports de force au sein de la société tunisienne. La
question « qui parle quelle langue ? » est transcendée par d’autres
questions : « qui est qui ? » et « qui détient quel statut social ? ».

Considérations glottopolitiques

Peut-on éviter la question de la norme quand on étudie la


variabilité du français en Tunisie ? Assiste-t-on à des processus de
valorisation des différences pour en faire des éléments d’individuation
sociolinguistique ou, au contraire, constate-t-on des attitudes
stigmatisant les normes endogènes ? Les formes d’appropriation du
français par les Tunisiens francophones réfèrent-elles à des normes
endogènes ou valorisent-elles la norme du français de référence,
au sens de Michel Francard et al. (2000 et 2001) ? Malgré les
spécificités phonétiques, lexicales et morphosyntaxiques du français
de Tunisie, l’idéologie linguistique dominante reste majoritairement
réfractaire au syntagme « français tunisien » car, dit-on, il serait
perçu comme un français « marginalisé » par rapport au français
de référence.

Pour cerner la variabilité du français de Tunisie, il faut s’interroger


sur les instances de réglage qui pèsent sur les pratiques langagières.
Quelles sont ces instances et comment fonctionnent-elles ? Si les
langues sont entre autres enjeux de pouvoirs institutionnels, le
système éducatif tunisien serait-il prêt à concevoir une didactique
du français fondée sur la prise en compte de la norme endogène ?
Usagers et décideurs tunisiens sont-ils prêts à accepter une
norme endogène et à en tenir compte dans leur conception de
l’enseignement du français ?

Aussi cela implique-t-il, au sein de l’espace francophone, la


reconnaissance de variétés considérées jusque-là comme des écarts
par rapport à la norme de référence. Partant, cette reconnaissance
ne conduirait-elle pas à la mise en cause de l’hégémonie de la
norme exogène, n’instaurerait-elle pas de nouveaux rapports
entre le centre et la périphérie et ne substituerait-elle pas à la
notion d’espace francophone celle de « polyfrancophonie », au
sens d’Yves Gambier et al. (1991) ? La conception de l’espace
francophone peut-elle être fondée sur la notion de polynomie, au
sens de Jean-Baptiste Marcellesi (1991) ? Deux précisions sont

https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 2
Laroussi: Le français de Tunisie
42 Foued Laroussi

d'entrée de jeu nécessaires à la réflexion théorique : d’abord, la


notion de polynomie est différente de celle des normes multiples,
car elle implique une « échelle de polynomisation » (Gambier,
1991) ; ensuite, toute variation n’infère pas la polynomie qui appelle
systématiquement la notion d’intertolérance linguistique, notion
qui ne doit pas être confondue avec une vision consensuelle des
pratiques langagières. L’adoption d’une démarche polynomique
pour l’étude du français de Tunisie conduit à s’interroger sur les
rapports qu’il entretient avec les autres langues en place, sur le
rôle qu’il joue en Tunisie et sur la façon dont il est perçu par les
usagers. Pourquoi les uns le considèrent-ils comme un instrument
d’ouverture sur le monde alors que les autres le perçoivent comme
une ancienne langue coloniale ? Comment analyser les figements
identitaires dans un pays où, paradoxalement, se dessinent des
mouvements d’ouverture sur l’autre et de repli sur soi ? Dans un
tel contexte, des questions élémentaires en apparence telles que
« qu’est-ce qu’un Tunisien francophone ? » et « qui parle le français
en Tunisie ? » soulèvent immédiatement des difficultés insolubles,
parce que liées à l’identification des langues et aux enjeux sociaux
du conflit linguistique.

Endogénéité, endogénéisation, particularismes

La norme linguistique est une abstraction construite sur un


système de représentations sociales et élaborée par idéalisation
des usages linguistiques des groupes socio-culturellement
hégémoniques. Elle constitue un aspect particulier des normes
sociales, dans la mesure où la langue elle-même est régie par un
ensemble de règles variables en fonction du contexte, du milieu
et des usages. Plusieurs niveaux de langue coexistent, sont
enchevêtrés et impliquent des normes multiples, bien qu’au niveau
scolaire, les acteurs du système éducatif tunisien ne reconnaissent
que la norme académique du français de référence.

Le concept de « normes endogènes » est attribué à Gabriel


Manessy (1994 ; 1995) qui a constaté, à partir de ses recherches
en Afrique, l’émergence de formes locales du français ; ce constat
l’a conduit à élaborer son concept en se fondant sur des critères
linguistiques et sociaux. Pour lui, la norme endogène n’existe
que dans un rapport interactif avec la norme exogène qui sert de
référence. En Tunisie, malgré l’existence d’un écart important entre

Published by CrossWorks, 2011 3


sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 43

la norme endogène et la norme de référence, c’est celle-ci qui est


enseignée à l’école pour les raisons évoquées plus haut.

L’utilisation des particularités lexicales par des écrivains


francophones ne change rien à la donne, puisque le milieu
scolaire tunisien se réfère à la seule norme académique. Selon
moi, les deux normes (endogène et exogène) ne doivent pas être
envisagées dans un rapport conflictuel (l’existence de l’une n’exclut
pas celle de l’autre), mais dans un rapport de complémentarité.
La reconnaissance de la norme endogène du français de Tunisie
pourrait constituer une avancée, voire un atout pour la didactique du
français en permettant, par exemple, de réduire autant que faire se
peut l’effet de l’insécurité linguistique des écoliers tunisiens. Aussi
le recours à la norme endogène par la presse écrite et la littérature
tunisienne de langue française lui confère une certaine légitimité,
ce qui ne signifie pas une légitimation d’une sous-norme qui serait
le produit d’une « mauvaise » appropriation de la norme exogène.
Il s’agit plutôt d’une appropriation fondée sur la diversité culturelle
et linguistique qui ne conduit nullement à l’appauvrissement du
français, mais à son enrichissement.

Le statut du français de Tunisie

Quiconque s’intéresse au discours que les Tunisiens portent sur


le français dans leur pays constate vite des positions différentes et
parfois antagoniques. Ce constat est confirmé par l’étude récente de
Peter Cichon. Certains le considèrent comme une langue en plein
essor ; d’autres le désignent comme une langue de plus en plus
supplantée par l’arabe. Sur le plan pédagogique et eu égard à la
compétence qu’en ont les élèves, les enseignants parlent souvent
de « dégradation », voire de « déperdition » (Cichon, 2010 : 1).
Concernant son statut, les uns le qualifient de langue seconde ;
les autres ne le considèrent plus que comme une simple langue
étrangère de plus en plus concurrencée par l’anglais, langue
certes moins hypothéquée par un passé colonial dont se sert
souvent l’idéologie linguistique hostile à la présence du français au
Maghreb.

Ce texte n’a pas pour objet de revenir sur le débat théorique


autour de la notion de français langue seconde ; on se réfèrera aux
travaux de Jean-Pierre Cuq (1991 ; 1992), de Mwatha Ngalasso

https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 4
Laroussi: Le français de Tunisie
44 Foued Laroussi

(1992) et de Daniel Véronique (1993), pour ne citer que ces auteurs.


Peut-être pourrait-on rappeler brièvement que Cuq fonde sa vision
à partir de considérations didactiques, alors que Ngalasso avance
des critères psycholinguistiques et techniques pour considérer que
le statut de langue seconde est tout à fait relatif. Robert Chaudenson
(1989) a proposé le critère du mode d’appropriation du français
(matière enseignée et/ou médium d’enseignement) pour distinguer
L1, L2 et L3. Selon que l’on se place dans une perspective macro-
sociolinguistique ou micro-sociolinguistique, les réponses ne sont
pas identiques : si l’on tient compte de la présence du français dans
l’institution scolaire et dans l’environnement immédiat du locuteur
tunisien (presse écrite, radio, télévision, enseignes publiques,
publicités, etc.), il constitue une véritable langue seconde. Mais aux
yeux des milliers d’élèves arrivés à l’école suite à la massification
de l’enseignement et dont la connaissance de cette langue est très
rudimentaire, le français représente plus une langue étrangère
qu’une langue seconde. La caractérisation des langues par le
chercheur n’est pas neutre ; elle est déterminée par la position qu’il
adopte. Selon Henri Boyer, elle peut induire « un effet d’évidence
qui peut se révéler décisif dans la construction d’une catégorisation
sociale » (1996 : 93).

Quelle place accorder à la norme endogène dans l’enseignement ?


Daniel Véronique se demande s’il faut « que l’enseignement véhicule
une dualité de normes, le français de Québec et le français
international au Canada, par exemple […] ». Selon lui, la pédagogie
des langues secondes peut être, en partie, différente de celle des
langues étrangères, « non seulement par la place faite aux données
culturelles mais aussi au niveau plus technique de la prise en compte
des différences linguistiques » (1993 : 463-464). Dès lors, que peut-
on en déduire pour le français de Tunisie ? Quelle que soit l’option
théorique prise, personne ne conteste les faits suivants : il s’agit
d’une langue non maternelle ; elle bénéficie d’un statut plus favorable
que celui d’une simple langue étrangère et, enfin, la catégorisation
qu’en fait le chercheur dépend des objectifs visés, ce qui relativise
les propos avancés plus haut.

Les particularités lexicales : une domination des emprunts à


l’arabe tunisien

Bien que cette étude porte surtout sur un corpus lexical, extrait
d’ouvrages littéraires et de textes journalistiques – il s’agit du français
Published by CrossWorks, 2011 5
sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 45

écrit –, les spécificités du français de Tunisie ne se limitent pas au


lexique mais concernent le système phonético-phonologique et
morphosyntaxique. Néanmoins, le présent texte met davantage
l’accent sur les particularités lexicales. Comment les définir ? Selon
Suzanne Lafage, « bien des lexicographes s’y sont essayé sans y
réussir totalement […] la particularité lexicale est un trait divergent
entre le lexique d’un topolecte particulier […] et le lexique du français
de France servant de référence » (2002 : 4).

Le corpus

Pour les particularités lexicales du français de Tunisie, ce texte


est redevable à la thèse de Habiba Naffati (2000) qui présente un
inventaire lexical comptant 841 items dont plus de 62% représentant
des emprunts à l’arabe tunisien. Ceux-ci constituent, pour le français
écrit, une source d’innovation et d’enrichissement considérable. Sur
le plan identitaire, ils montrent la capacité du français à s’adapter à
la vie locale et à véhiculer une culture extra-hexagonale. Toutes les
lexies qui ont servi de base à la réflexion de ce texte sont attestées
à la fois dans un ouvrage littéraire et dans un organe de presse.

Comportement des emprunts à l’arabe en français de Tunisie. La


graphie

Comment se comportent les emprunts à l’arabe dans le système
du français de Tunisie et qu’en est-il de leur intégration ? La réponse
à ces questions est envisagée à partir des éléments suivants : la
graphie, le genre et le nombre.

Les lexies d’origine arabe se caractérisent d’emblée par leur


variabilité graphique : Balgha, belgha, balga, belga ou Harqous,
harquous, harqûs, harkous, harcous, harqouss, har’qous. Les
systèmes graphiques arabe et français sont peu compatibles,
lorsqu’un item passe d’un système à un autre et ce passage se
traduit par des choix multiples. Le système vocalique français est plus
riche que le système arabe : lors du passage des items arabes en


Chaussure traditionnelle à semelle de cuir, longue, plate, à bout pointu et sans
quartier.

Teinture noire que les femmes utilisent pour décorer par pointillé le corps et le
visage. La première entrée dite « vedette » est la plus fréquente dans les textes
dépouillés.

Le système vocalique arabe ne contient que trois voyelles pouvant être brèves
<a>, <i> et <u> ou longues <â>, <î> et <û> auxquelles il faut ajouter l’absence de
la voyelle qui joue le même rôle que celle-ci.
https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 6
Laroussi: Le français de Tunisie
46 Foued Laroussi

français, le scripteur a le choix entre plusieurs graphèmes possibles


ou leur combinaison. Par exemple, le second phonème <a> dans
khammas se transcrit avec les graphèmes <a>, <è> ou <e>, d’où les
trois graphies différentes pour le même item : khammas, khammès
ou khammes. On trouve le même phonème dans le mot zlabia qui
se transcrit avec les mêmes graphèmes <a>, <é> ou <e>, d’où les
graphies suivantes : zlabia, zlébia, zlebia, ce qui correspond, dans
les faits, à différentes prononciations possibles de ce phonème
<a>, <e>, <ε>.

Pour ce qui est du système consonantique arabe, le passage en


français offre beaucoup de possibilités : les exemples mentionnés
ici le sont à titre indicatif. La pharyngale sonore <ʕ> est transcrite
par les graphèmes <a>, <o> ou <i> : ʕaçabiya, açabiya, ʕumra,
omra, ʕicha, icha. En fait, le scripteur remplace tout simplement
le phonème difficile à prononcer par les francophones natifs, par la
voyelle qui le suit.

La pharyngale sourde <ḥ > est transcrite par le graphème


<h> : houria  qui sert aussi à transcrire la laryngale sonore
<h> : harissa. Parfois, on ne retient que la voyelle qui la suit : arissa.
La fricative uvulaire (ou vélaire) sourde <x> est transcrite par les
graphèmes <kh>, <k> ou <c> : khalifat10, kalifat, califat. Pour la
fricative dentale sourde <θ> et la fricative uvulaire sonore <gġ>,
si la sourde est très fréquemment transcrite par le graphème
<th> : hadith11, la sonore est transcrite par les graphèmes <gh> ou
<g> : Aghlabides ; Aglabides12.

La post-palatale/vélaire sourde <k> est transcrite par les


graphèmes <k>, <c> ou <ck> : kahia, cahia13 ; brick14 et l’uvulaire


Métayer, ouvrier agricole rémunéré au cinquième de la récolte.

Gâteau au miel en forme de cercle ajouré, de couleur orange.

Esprit de corps.

Pèlerinage à la Mecque.

Heure de la prière de la nuit.

Une femme d’une beauté exceptionnelle.
10
Territoire gouverné par un calife.
11
Recueil des actes et paroles du Prophète.
12
Dynastie musulmane qui régna sur la Tunisie et l’Est-algérien de 800 à 909.
13
Adjoint du Caïd à l’époque coloniale en Tunisie.
14
Feuille de pâte fourrée et frite.
Published by CrossWorks, 2011 7
sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 47

<q> par les graphèmes <q> ou <k> : qadid15 vs kadid ou par une


combinaison consonne + voyelle : quadid. La prépalatale sourde <š>
est transcrite par les graphèmes <sh> ou <ch> : shorba ; chorba16
et la pré-palatale sonore <j> par les graphèmes <j> ou <dj> : jbell17 ;
djebel. La dentale emphatique <ṭ> est transcrite par le graphème
<t> : tabal18 qui sert aussi à transcrire la dentale sourde <t> ;
l’emphase est notée par la géminée <tt> : attar19. Les interdentales
sonore <đ> et sonore emphatique < ḍ > sont respectivement
transcrites par le même graphème <dh> : dhikr20 » ou dhor21.

Pour les sifflantes sourde <s>, sonore <z> et emphatique


<ṣ>, la sourde est transcrite par le graphème <s> ou la géminée
<ss> : raïs22 ; raïssa (f.), la sonore par les graphèmes <s> ou
<z> : blousa23 ; blouza et l’emphatique par les graphèmes <ci>, <çî>,
<ss> ou <s> : qacida24 ; qaçîda ; qasida ; qassida. La labiale sourde
<f> est transcrite par les graphèmes <f> ou <ph> : alfa25 ; alpha ;
mufti26, muphti.

Ces graphèmes ou combinaisons de graphèmes peuvent


être combinés avec d’autres signes graphiques (accents, tréma,
apostrophe, etc.). Il en résulte des choix arbitraires qui peuvent être
sources de confusion.

Le genre

Très fréquemment, le mot emprunté à l’arabe garde la marque du


genre de la langue source : une balgha, un mufti, une chakchouka27,

15
Viande salée et séchée.
16
Soupe.
17
Mont, montagne.
18
Joueur de tambour.
19
Épicier, droguiste.
20
Récitations de litanies.
21
Heure de la prière du midi.
22
Président ; présidente.
23
Corsage. Vêtement traditionnel qui ressemble à une blouse européenne.
24
Poème lyrique.
25
Plante herbacée d’Afrique du Nord utilisée en vannerie pour la fabrique du
papier.
26
Théoricien et interprète du droit canonique.
27
Sorte de ratatouille.
https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 8
Laroussi: Le français de Tunisie
48 Foued Laroussi

une darbouka28, un fark29, etc. Cependant, certaines lexies subissent


une modification du genre suite à leur passage en français de
référence comme pour merguez et henné : pour le premier, le
français de Tunisie a conservé le genre masculin de l’arabe, mais
pour le second, c’est plus complexe. Le mot henné, qui s’écrit de
manières différentes : henna, hennah, hanna, a deux sens : « plante
du Moyen-Orient et d’Afrique du nord dont l’écorce et les feuilles
séchées et pulvérisées fournissent une poudre colorante jaune ou
rouge […] utilisée en particulier dans les pays musulmans pour
la teinture des cheveux30 » ; « jour qui précède le mariage où les
femmes célèbrent la cérémonie de la henna, c’est-à-dire la teinture
au henné des cheveux, des mains et des pieds de la mariée ».
Lorsque le français de Tunisie a recours à la lexie (dans son
premier sens), il lui conserve le genre masculin (celui du français
de référence), mais quand il s’agit du second sens, la lexie henna
retrouve le genre féminin de la langue arabe. Pour les référents
sexués, les deux formes du genre en arabe coexistent : un raïs31/une
raïssa ; un beldi32/une beldia.

Le nombre

Trois pluriels peuvent être signalés en français de Tunisie. 1) Un


pluriel irrégulier conforme à celui de la langue source (l’arabe) : un
khammes/des khammasa ; une maqâma/des maqâmêt 33. La
formation de ce pluriel se traduit par une flexion spécifique à
l’arabe. 2) Un pluriel conforme à celui de la langue source : un
fellah34/des fellahs ; un mufti/des muftis ; un douar/des douars35.
3) Un pluriel hybride combinant les pluriels des deux langues (arabe
et français) : un ksar36/des ksours. En effet, ksour, forme plurielle
de ksar, prend également le <s> final du français. Un djinn37/des
djnouns ; un fidaï/des fidayins. Le mot fedayin (m. sing.) est attesté
par le Petit Robert (1996) dans le sens de « celui qui se sacrifie »,
28
Instrument à percussion fait d’un vase pansu en terre cuite ou en métal sur lequel
est tendue une peau de chèvre.
29
Cérémonie funèbre, généralement, trois jours après la mort du défunt.
30
Ce sens est donné par Le Petit Robert.
31
Président/présidente.
32
Citadin/citadine.
33
Genre de prose littéraire.
34
Agriculteur, paysan.
35
Groupement de tentes, habitations.
36
Enceinte fortifiée.
37
Entité invisible mais présente, voire esprits.
Published by CrossWorks, 2011 9
sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 49

« combattant palestinien engagé dans des opérations de guérilla ».


Cette forme est le pluriel arabe de fedaï. Le Petit Robert note à ce
propos qu’il s’agit d’un emploi incorrect du point de vue étymologique.
Dans son édition de 2010, il précise qu’il s’agit du pluriel de fedaï.
Le français de Tunisie n’a pas attendu cette précision pour rétablir
le pluriel de fedayin : « Les fidayins, les uns en treillis, les autres
en jeans, sautent des camions sur le quai » (Bécheur, 1993 : 268).
Lorsque ce dernier veut parler d’UN combattant, il emploie le mot
fedaï (m. sing.) : « Quelle différence entre la mort d’un kibboutzim38
et celle d’un fidaï ? » (ibid. : 282).

Questions de grammaire

La dérivation

Je ne reprends pas la discussion théorique sur les emprunts ni


sur leur degré d’intégration, discussion qui soulève plus d’obstacles
qu’elle ne propose de solutions. En français de Tunisie, certains
emprunts sont plus productifs en termes de dérivation que d’autres.
Par exemple : (1) couscous > couscoussier39 : « Mettez le couscous
dans un saladier et enduisez-le d’huile (3 à 4 cuillerées à soupe)
puis aspergez-le d’eau, mettez-le alors dans le couscoussier » (Le
Temps, 8 mars 1993) ; (2) gourbi > gourbiville : « C’est pourquoi une
enquête récente de la municipalité de Tunis a porté non seulement
sur le triptyque classique (Médina, ville européenne, gourbiville,
mais aussi sur une cité type : Ez-Zouhour » (Faïza, octobre 1967) ;
gourbification ; dégourbification : « La gourbification s’inscrivait
presque dans le programme de construction » (Le Temps, 20
novembre 1997) ; (3) glibette > glibettier40: « L’animation battait son
plein sur la plage, où des vendeurs de glibettes, cacahuètes, casse-
croûtes, limonades se succédaient sans trêve » (La Presse, 17 juillet
1995) ; « Avantage numéro deux : la vente des médicaments chez
les glibetiers se fait au détail […] » (La Presse, 14 février 1994) ; (4)
beznès41 > beznesser, biznesser (verbe), beznassa (pl.) tbazniss
(action de beznesser).

38
Si pour fidaï, l’auteur rétablit le singulier que lui donne la langue arabe, il emploie
la forme plurielle kibboutzim (de l’hébreu) pour désigner le singulier.
39
Passoire qui s’emboîte à la marmite et permet la cuisson à la vapeur des grains
de couscous.
40
Vendeur de glibettes, c’est-à-dire des grains de tournesol – parfois de courge –
grillés et salés que les Tunisiens consomment beaucoup. 
41
Personne qui fait des affaires douteuses.
https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 10
Laroussi: Le français de Tunisie
50 Foued Laroussi

Traitement de l’article

C’est dans le domaine syntaxique que l’on peut cerner le degré


d’intégration des emprunts dans la langue d’arrivée. Comment
se comportent-ils dans le nouveau contexte syntaxique ? Dans
la plupart des cas, ils sont d’origine substantivale : zarda42, wali43,
cheikh, djnouns ; ils adoptent le schéma canonique du français (un
déterminant français + un emprunt), d’où la zarda ; un wali, le cheikh ;
des djnouns. Pour les syntagmes plus complexes, ce sont aussi les
règles de la langue emprunteuse qui les régissent : la cérémonie
du fark ; la tombe du wali ; revendeur de takrouri44 ; des points de
harquouss.

Des traces de la syntaxe arabe sont parfois conservées en


français : le substantif arabe peut être emprunté avec l’article défini
(al ; el) qui le précède : al-ʕasr45 ; aïd el-kébir ; e-dhor46 ; laïd… En ce
qui concerne le comportement de l’article défini arabe en français
de Tunisie, soit le substantif est emprunté sans l’article arabe
(cheikh) ; dans ce cas, le français de Tunisie l’emploie avec l’article
français : « le cheikh », soit les cas suivants : (1) il est emprunté avec
l’article défini arabe (al-ʕasr) ; dans ce cas, le français de Tunisie
l’emploie avec l’article arabe à l’exclusion de l’article français : « la
prière d’al-ʕasr » ; (2) le nom est emprunté avec la première partie
de l’article seulement (e-dhor) ; (3) le nom est emprunté avec la
seconde partie de l’article seulement (l-aïd).

Cela s’explique par le phénomène d’assimilation : l’alphabet


arabe comporte des consonnes lunaires (b, ʕ, f, k, q, m, h, x, etc.) et
des consonnes solaires (t, ṭ, θ, s, d, đ, ḍ, š, ṣ, z, etc.). Les lunaires
n’assimilent pas l’article (al ; el) qui les précède alors que les solaires
le font ; d’où les exemples al-ʕasr ; el-kébir vs e-dhor ; a-chourouq47.
Dans la plupart des cas, la perte de la liquide sonore <l> devant
des consonnes solaires est compensée par la géminée : edh-dhor ,
ach-chourouq, ez-Zouhour. Pour l’exemple de laïd, il s’agit, à mes
yeux, d’une contraction de l’article arabe (al > -l), phénomène
fréquent à l’oral, d’où laïd et non al-aïd. L’opposition consonnes
42
Fête célébrée en l’honneur du saint protecteur et au cours de laquelle est organisé
un grand festin.
43
Saint homme, voire marabout.
44
Haschisch.
45
Après-midi.
46
Midi.
47
Le lever du soleil.
Published by CrossWorks, 2011 11
sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 51

lunaires/consonnes solaires explique aussi le maintien du <l> dans


des emprunts, attestés par les dictionnaires du français de référence
depuis longtemps tels que alambic, alchimie, alcool, algèbre,
algorithme, algarade, etc. et la disparition du même phonème dans
des emprunts tels que azerole, azimut. Par ailleurs, on pourrait
supposer que l’emprunt abricot constitue un contre exemple, or il
n’en est rien, car si le <l> de al-barqûq a disparu dans abricot, il est
conservé dans le catalan albercoc qui a servi d’intermédiaire entre
l’arabe et le français. Il en est de même pour les noms propres : Al-
Farâbi, Almoravides, Alhambra vs ar-Razi, Aladin, Saladin48.

Autres particularités lexicales et syntaxiques

Hormis le changement de genre pour le mot merguez qui a


retrouvé le genre masculin de la langue arabe, ce procédé est très
rare en français de Tunisie. Le même constat s’applique aussi au
changement de catégorie grammaticale tels que la substantivation
de l’adjectif : « une camionnette bâchée » devient une « bâchée » ;
« C’est surtout les bâchées qui s’en sont équipées » (Tunis Hebdo,
3 mars 1991) ou une « enfantine » pour « désigner une émission
de télévision destinée aux enfants » : « […] le documentaire sur l’art
et les vestiges islamiques en Tunisie, ou alors les enfantines » (Le
Temps, 19 mars 1991).

Les changements de construction sont rares aussi. On peut


néanmoins signaler l’emploi de la forme non pronominale pour le
verbe débrouiller : « Le menuisier s’en alla acheter quelques sacs de
ciment, il n’en trouva pas et dut payer 20 dinars de plus à un type
qui lui avait promis de lui en débrouiller » (Tunis Hebdo, 5 novembre
1990). Ce verbe peut s’employer à la forme pronominale + un objet
direct (se débrouiller quelque chose) : « Il alla vers la Libye où il se
débrouilla un visa pour l’Italie » (Le Temps, 1er mars 1993).

Questions de sémantique : extension/restriction/transfert de
sens

Les questions d’extension, de restriction ou de transfert de sens


ne concernent pas exclusivement les emprunts mais touchent
aussi certains mots du français de référence. Il s’agit ci-dessous
d’exemples dépassant le strict cadre des emprunts. Ceux-ci, outre la
48
Le Dictionnaire encyclopédique Larousse note par erreur, pour Saladin, Salâh
al-Dîn au lieu de Salâh a-Dîn ou Salâh ad-Dîn.
https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 12
Laroussi: Le français de Tunisie
52 Foued Laroussi

vitalité et l’enrichissement qu’ils apportent au français de Tunisie, au


niveau sémantique, conservent une trace nette de leur sémantisme
dans la langue source.

Pour le mot cheikh, par exemple, le Petit Robert lui donne deux
sens : (1) « homme respecté pour son âge et ses connaissances » ;
(2) « chef de tribu dans un pays arabe ». Quant au français de
Tunisie, il lui attribue six sens : (1) « chef de tribu » ; (2) « fonctionnaire
chargé d’un village » ; (3) « titre donné à un dirigeant en général » ;
(4) « chef religieux ou de confrérie » ; (5) « savant, érudit » ; (6)
« terme respectueux adressé à un homme âgé et d’un certain rang
social ».

La lexie medersa figure dans le Petit Robert 2010 et non dans les
éditions antérieures. Il lui attribue le sens suivant : « établissement
d’enseignement religieux musulman ». Quant au français de
Tunisie, il lui accorde les sens suivants : (1) « école primaire » ; (2)
« école supérieure d’enseignement général » (type l’École normale
supérieure qui forme les futurs instituteurs tunisiens) ; (3) « université
théologique musulmane » (par exemple, l’ancienne Zitouna à
Tunis).

Le mot gazelle, auquel Le Petit Robert ne donne que le


sens de « mammifère », a trois sens en français de Tunisie : (1)
« mammifère » ; (2) « jeune femme belle et attirante » ; (3) « une belle
touriste européenne ». Pour le mot bled, Le Petit Robert lui donne
deux sens : (1) « l’intérieur des terres, la campagne » ; (2) « village
isolé, offrant peu de ressources ». Quant au français de Tunisie, il lui
donne quatre sens : (1) « ville » : « les trois quarts des avenues, des
boulevards, des places, des parcs des impasses, des ponts, des
rues et des sous-sols de ce bled portent des noms de militaires »
(Gasmi, 1986 : 54) ; (2) « lieu de naissance ou d’origine d’une
personne » : « Elle ne comprend pas que tu aies laissé le bled pour
venir […] Au fait, que fais-tu toi-même ici ? » (Tunis Hebdo, 1er juillet
1991) ; (3) « lieu perdu ou isolé » : « Hijouji n’égorge plus de mouton,
c’est chez ses parents qu’il passe l’Aïd, un bled, un patelin de perdu
entre deux semblants de village » (Tunis Hebdo, 26 février 2002) ;
(4) « milieu rural par opposition à la ville » : « À Tunis, beaucoup de
personnes à “tarbouches” (fez) ou à turbans logeaient à la même
enseigne que ceux du bled » (Réalités, 23 novembre 2000).

Published by CrossWorks, 2011 13


sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 53

La plupart des exemples étudiés jusque-là concernent des


extensions de sens par rapport aux sens attestés par les dictionnaires
de référence. On a aussi des cas de restriction de sens, c’est-à-
dire que certains mots reçoivent un sens plus restreint en français
de Tunisie : (1) changement : « désigne la nouvelle orientation
politique de la Tunisie depuis la prise du pouvoir du président Ben
Ali, le 7 novembre 1987 ». « La célébration aux États-Unis du VIe
anniversaire du Changement a été marquée par l’organisation
d’une semaine tunisienne dans l’État du Texas » (La Presse, 11
novembre 1998) ; (2) barbu « intégriste musulman » : « Aux yeux
des “barbus”, il est considéré comme un mécréant qu’il faudrait
éliminer au nom de la religion » (Le Temps, 4 février 1994) ; (3) rafle
« désigne les opérations policières destinées à arrêter les jeunes en
âge d’accomplir le service militaire » : « Et s’il leur arrive de prendre
un bain, c’est pour d’autres desseins, se camoufler pour des rafles
destinées à recruter les éligibles au service militaire » (Tunis Hebdo,
28 février 1993).

Quant au transfert de sens, il concerne des lexies qui ne


dénotent plus la même réalité extralinguistique que celle du
français de référence. Par exemple : (1) Prieur « personne qui
fait la prière » : « Sabots de prieurs à raisonner au fond du cœur,
incessant va-et-vient entre la salle de prière et les latrines auprès
desquelles coule filet mince la fontaine des ablutions » (Meddeb,
1979 : 38) ; (2) Louage « taxi collectif effectuant les voyages
interurbains » : « Le ministre a annoncé, à cette occasion, que le
ministère est en train d’élaborer une meilleure organisation du
transport rural et des secteurs des taxis et des louages » (La Presse,
22 novembre 1994) ; (3) Kiosque « station-service » : « Un kiosque,
par exemple, ne recouvre pas la même réalité et le touriste français
le cherche désespérément avant de comprendre qu’il s’agit d’une
station-service » (Le Temps, 9 octobre 1994) ; Tartuffe « intégriste
musulman » : « L’ambiance était tendue par le prêchi-prêcha des
tartuffes » (Tunis Hebdo, 28 mars 1993).

Conclusion

Le français de Tunisie se présente comme une variété fortement


enracinée dans le contexte socioculturel tunisien. Ses particularités
(lexicales, en particulier) dénotent des univers référentiels différents ;
une réalité extralinguistique tunisienne, voire maghrébine. Évoluant

https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 14
Laroussi: Le français de Tunisie
54 Foued Laroussi

dans un paysage linguistique plurilingue, ce sont surtout les


emprunts à l’arabe tunisien qui l’enrichissent et le dynamisent.

Si journalistes et écrivains tunisiens de langue française


transgressent plus facilement la norme du français de référence
et se montrent plus créatifs, les acteurs du système éducatif sont
plus conservateurs, au sens plus attachés à la norme académique,
et condamnent les recours aux particularités tunisiennes surtout à
visée didactique. Quelle que soit l’option théorique que l’on prenne,
le français, s’il veut jouer le rôle d’une véritable langue tunisienne,
doit continuer à se transformer et à s’adapter au contexte local.

Foued Laroussi est professeur de sociolinguistique à l’Université de Rouen,


au Département des Sciences du langage. Il dirige le laboratoire de recherche
LiDiFra (Linguistique, Didactique et Francophonie). Ses recherches portent sur la
sociolinguistique du plurilinguisme, les politiques linguistiques et le français extra-
hexagonal, notamment au Maghreb et à Mayotte.

Références

BÉCHEUR, Ali (1993). Les rendez-vous manqués, Tunis, Cèrès Productions.

BOYER, Henri (dir.) (1996). Sociolinguistique. Territoire et objets, Lausanne et Paris,


Delchaux et Niestlé.

CHAUDENSON, Robert (1989). Vers une révolution francophone ?, Paris,


L’Harmattan.

CICHON, Peter (2010). « Regard sur le français dans le système scolaire tunisien »,
dans Le Français en Afrique, Institut de linguistique française, nº 25 : 59-71.

CUQ, Jean-Pierre (1992). « Français langue seconde : un point sur la question »,


Études de linguistique appliquée, Paris, n° 88 : 5-26.

-- (1991). Le français langue seconde. Origines d’une notion et implications


didactiques, Paris, Hachette.

FRANCARD, Michel, Geneviève GÉRON et Régine WILMET (dir.) (2000-2001).


Le français de référence. Constructions et appropriations d’un concept, Actes du
colloque de Louvain-la-Neuve (3-5 novembre 1999), Vol. I, nº 26 (1-4) ; Volume II,
nº 27 (1-2).

GAMBIER, Yves, François GAUDIN et Louis GUESPIN (1991). « Terminologie et


polynomie », Les langues polynomiques, PULA, Corti, n°3-4 : 202-217.

GASMI, Mohamed (1986). Chronique des sans terre, Paris, Publisud.

LAFAGE, Suzanne (2002). Le lexique français de Côte d’Ivoire. Appropriation et


créativité, Nice, Institut de linguistique française, vol. 1, nº 16.

LAROUSSI, Foued (1996). « Le français en Tunisie aujourd’hui », dans DE


ROBILLARD, Didier et Michel BENIAMINO (dir.), Le français dans l’espace
francophone, Paris, Champion, t. 2 : 705-721.

Published by CrossWorks, 2011 15


sence Francophone: Revue internationale de langue et de littérature, Vol. 76, No. 1 [2011], Ar
Le français de Tunisie. Normes ou formes endogènes 55

MANESSY, Gabriel (1995). Créoles, pidgins, variétés véhiculaires : procès et genèse,


Paris, CNRS.

-- (1994). Le français en Afrique noire. Mythe, stratégies, pratiques, Paris, L’Harmattan,


« Espace francophones ».

MARCELLESI, Jean-Baptiste (1991). « Polynomie, variation et norme », PULA, Corti,


n°3-4 : 331-336.

MEDDEB, Abdelwahab (1979). Talismano, Paris, Christian Bourgeois.

NAFFATI, Habiba (2000). Le français en Tunisie. Étude sociolinguistique et lexicale,


Université de Provence.

NGALASSO, Mwatha Musanji (1992). « Le concept de français langue seconde »,


Études de linguistique appliquée, Paris, n°88 : 27-38.

VÉRONIQUE, Daniel (1993). « Langue première, langue seconde », dans Didier DE


ROBILLARD et Michel BENIAMINO (dir.), Le français dans l’espace francophone,
Paris, Champion, t. 1 : 459-470.

Organes de presse
La Presse (Quotidien)
Le Renouveau (Quotidien)
Le temps (Quotidien)
Tunis Hebdo (Hebdomadaire)
Faiza (Mensuel féminin)

https://crossworks.holycross.edu/pf/vol76/iss1/6 16

Vous aimerez peut-être aussi