Extrait
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̂ Travail de conceptualisation
Conscience, autrui, devoir
La conscience est liée non seulement aux notions de personne et de juge-
ment, mais aussi à celle d’autrui. En effet, autrui se différencie en tant
que personne des objets formant le monde par rapport à moi. C’est parce
qu’il est aussi, tout comme moi, une conscience, laquelle renvoie alors au
problème de la communication des consciences, et par suite à celui du
langage, qu’autrui existe pour moi.
8 LE SUJET
Or, nous vivons dans un monde d’objet ; ce qui fera dire à Husserl que
« toute conscience est conscience de quelque chose ». De plus, nous
savons que la connaissance sensible et empirique peut être aussi bien
caractérisée par la sensation que la perception.
La conscience s’oppose à l’inconscient, c’est-à-dire à ce qui n’est pas elle
(cf. l’inconscient).
La notion de conscience implique d’établir une distinction majeure
entre deux types de conscience.
1. La conscience psychologique, en tant que connaissance plus ou
moins claire qu’un sujet possède de lui-même, ainsi que du monde
qui l’entoure, quel qu’il soit.
2. La conscience morale, en tant que capacité à porter des jugements
d’ordre éthique sur nos actes et ceux des autres. Il s’agit du pouvoir
de distinguer le bien du mal.
ȍ Extraits
« Je pense donc je suis »
■ R. DESCARTES (1596-1650)
« Mais qu’est-ce que donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu’est-ce
qu’une chose qui pense ? C’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui
affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. »
(Méditations métaphysiques, 2)
Le point de départ de la métaphysique cartésienne serait que tout ce
qui pense existe, d’où Descartes déduirait : or « Je pense, donc je suis »
(Cogito, ergo sum). Ainsi, je m’aperçois en analysant le fait de ma
pensée actuelle que la pensée enveloppe l’existence, et même que c’est
une liaison nécessaire qui m’apparaît entre ces deux idées, de telle sorte
que je suis bien.
J’existe donc, telle est la première vérité dont je peux être certain. C’est
celle qui servira de fondement à toutes les autres, même aux principes
qui la justifieraient dans une déduction synthétique, puisque sans elle
ces principes deviendraient de pures abstractions s’appliquant à un
monde possible, et non pas à un monde réel. Mais que suis-je, moi qui
pense ? Je suis justement une pensée. Je suis cet acte qui se produit en ce
moment ; je suis le fait que je constate. Mais ne suis-je que cela ?
La conscience 9
La conscience et la mémoire
■ H. BERGSON (1859-1941)
« Toute conscience est mémoire, – conservation et accumulation du passé
dans le présent. » (L’Énergie spirituelle)
Cette survivance du passé a une conséquence importante : il est impos-
sible à une conscience de traverser deux fois de suite le même état.
Seule une conscience sans mémoire pourrait passer par deux moments
exactement identiques. Tout moment contient, en plus du précédent, le
souvenir que celui-ci a laissé. Revivre un état, ce serait pouvoir effacer le
souvenir des états qui l’ont suivi. Les circonstances extérieures peuvent
paraître les mêmes : la personnalité a changé. C’est un autre instant de
son histoire.
10 LE SUJET
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De même qu’on ne s’éveille pas instantanément, mais, qu’avant d’être
pleinement éveillé, on l’était un peu. De même, avant que nous prêtions
attention à une perception, elle nous sollicitait déjà, mais très faible-
ment. Des impressions sont souvent à la fois trop petites et en trop grand
nombre pour retenir l’attention : le bruit de la mer est composé du bruit
de toutes les vagues, mais on ne perçoit que l’ensemble ; des impressions.
Chaque acte d’attention nous distrait d’une quantité d’impressions qui
n’en continuent pas moins d’exister et d’agir, si bien que les actes d’at-
tention qui suivront trouvent déjà en elles leur raison d’être et leur objet.
Le champ des petites perceptions est encore plus étendu qu’il ne semble.
Notre pensée présente n’est pas seulement composée des pensées qui
vont venir : toutes les pensées et toutes les impressions passées laissent
en nous leur trace, sous forme de souvenirs conscients ou de réminis-
cences indistinctes.
Ces petites perceptions, lorsqu’on y fait attention de nouveau, rede-
viennent claires, et alors nous nous souvenons ; elles obéissent à des
« retours périodiques », diminuant par degrés insensibles pour croître
de même.
La conscience 11
La conscience morale
■ E. KANT (1724-1804)
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que
dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin
et jamais simplement comme un moyen. » (Fondements de la métaphysique
des mœurs)
La conscience est aussi liée aux concepts de devoir, volonté et liberté,
dans la mesure où c’est le savoir qui m’impose des obligations morales.
Il est exact qu’une loi morale est indispensable pour ce groupe naturel
immense que constitue aujourd’hui l’humanité entière ; mais la plupart
des hommes libres au XXe siècle refusent « d’obéir absolument », parce
qu’ils ont constaté que cela revient beaucoup trop souvent en fait à obéir
« parce que ce sont les ordres », ou parce que cela se fait, c’est-à-dire par
12 LE SUJET
ղ Les repères
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Objectif : désigne ce qui est admis par tous, à l’exclusion de tout juge-
ment de valeur et de toute déformation dus à des sympathies ou anti-
pathies personnelles.
Subjectif : désigne ce qui est propre au sujet. Par opposition à objectif, se
dit de ce qui se passe dans l’intérieur de l’esprit.
ä Exemple de sujet : la connaissance de soi peut-elle être objective ?
ղ Un peu de méthode
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Il n’existe pas de problème en soi, il n’y a de problème qu’à partir du
moment où une formulation explicite des difficultés a été donnée.
Problématiser, c’est repérer les configurations conceptuelles diverses,
voire opposées, qui sous-tendent la question posée par le sujet.
Le problème, pas plus que la question ou, plutôt, le questionnement,
n’est donné dans l’énoncé.
Le problème que la dissertation aborde correspond à une difficulté
de nature théorique pour laquelle est recherchée une résolution.
ä Penser, c’est penser les différences.
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Qu’y a-t-il à reprocher à la bonne conscience ?
La conscience de soi doit-elle quelque chose à la présence d’autrui ?
Peut-on être conscient de soi sans la présence d’autrui ?
Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?
Est-ce dans la solitude que l’on prend conscience de soi ?
Être conscient de soi, est-ce être maître de soi ?
Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
Citation à retenir
« Conscience signifie d’abord mémoire. »
H. Bergson, L’Énergie spirituelle
ä Réponse : Il faut distinguer la connaissance de soi de la conscience de soi. L’opinion
commune, d’un point de vue subjectif, a tendance à penser que je suis le mieux placé pour
savoir ce que je suis. Mais cette opinion commune confond sans doute conscience de soi
et connaissance de soi. Il faut distinguer la conscience philosophique de soi, c’est-à-dire la
conscience que je suis ce que j’ai conscience d’être de la conscience spontané de soi, selon
laquelle je ne suis pas ce que j’ai conscience d’être.
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ä Réponse : Puis-je me prendre pour objet de connaissance, et parvenir à me connaître
comme je connaîtrai la composition de l’eau sous la forme de la molécule H2O ? Si je peux
m’illusionner sincèrement sur ce que je suis, et si aussi bien mon meilleur ami que mon
pis ennemi sont dans l’impossibilité de me définir objectivement en tant qu’être, c’est
peut-être parce que le moi est indéfinissable, comme le faisait remarquer Pascal. On peut
se poser la question de la connaissance de soi en posant le problème de l’introspection,
et en se demandant si autrui n’est pas mieux placé que moi pour me connaître, dans la
mesure où ma subjectivité nuirait à l’objectivité de ma propre connaissance de moi-même.
Mais inversement, autrui dans son objectivité peut-il réellement me connaître en tant que
conscience, c’est-à-dire en tant que subjectivité ?
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Exercices Ѣ
LE SUJET 14
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