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8 - La Pharmacologie Endodontique

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UNIVERSITE DE CONSTANTINE 3

FACULTE DE MEDECINE
DEPARTEMENT DE MEDECINE DENTAIRE
SERVICE D’ODONTOLOGIE CONSERVATRICE / ENDODONTIE

La pharmacologie endodontique
Pr. Najah
Dr. Bougherara Kh

2020 - 2021
Le plan:

- Introduction
I- La Pharmacologie Peropératoire :

I-1- Les solutions d’irrigation :

1-1- Définition

1-2- Qualités requises d'une solution d'irrigation idéale

1-3- L’Hypochlorite de sodium (NaOCl)

1-4- Les chélateurs :

II-1-4-a- Ethylen diamine tetraacetic acid (EDTA)

II-1-4-b- L’acide citrique

1-5- Gluconate de chlorhexidine (CHX)

I-2- LA MÉDICATION EN INTER SÉANCE:

2-1- Hydroxyde de calcium (Ca(OH)2)

2-2- Chlorhexidine (CHX)

I-5- Le mélange enrichi en calcium (Calcium Enriched Mixture)

- Conclusion

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- Introduction:
Le concept de «triade endodontique» a été introduit par Schilder en 1974 où le parage canalaire,
lʼirrigation et lʼobturation garantissent la pérennité du traitement endodontique.

L'évolution des concepts et de la technique endodontiques a considérablement réduit la


pharmacologie endodontique, elle se limite actuellement à quelques solutions d'irrigations qui ont un
rôle important à jouer, et aux médicaments temporaires.

I- La Pharmacologie Peropératoire:

I-1- Les solutions d’irrigation:


I-1-1- Définition :

Un irrigant canalaire est une solution chimique de rinçage utilisée pendant et après la préparation
mécanique des canaux radiculaires. Les produits utilisés doivent ainsi répondre à plusieurs critères
d’efficacité, juxtaposés à une non-toxicité sur les tissus, et l’hôte d’une manière plus générale.

I-1-2- Qualités requises d'une solution d'irrigation idéale :

Bien qu’inexistante à l’heure actuelle, l’association de différentes solutions chimiques tente de


reproduire les propriétés requises d’une telle solution, dite « idéale ».

Une solution d’irrigation idéale devrait répondre à tous ces critères :

 Posséder une activité antimicrobienne et ainsi permettre de désinfecter le réseau canalaire par
une action bactéricide à large spectre.
 Dissoudre tous les tissus organiques et minéraux pour un nettoyage efficace.
 Être biocompatible (c’est à dire non toxique pour les tissus péri-apicaux)
 Posséder un pouvoir mouillant afin d’assurer la lubrification des instruments qui travaillent
dans le canal. Cela permet, en diminuant les forces de frottements des instruments, de limiter
l’encrassement des spires et ainsi les risques de création de butée, de bouchon dentinaire et de
fracture d’instrument. Ce pouvoir mouillant augmente également la pénétration de la solution
sur les parois et dans les tubulis.
 Assurer l’évacuation des débris formés par la préparation mécanique. Elle doit donc provoquer
leur reflux dans la cavité d’accès.
 Supprimer l’enduit pariétal par une action chélatante. Cette smear layer peut protéger des
bactéries (en leur servant de substrat) qui peuvent alors proliférer après l’obturation. De plus
elle bloque l’accès au tubulis pour le ciment d’obturation.
 Être disponible sur le marché et peu onéreuse au vue de son utilisation fréquente.
 Être facile d’utilisation et de bonne conservation.
 Être la moins désagréable possible pour le patient : sans odeur et sans saveur.
 Posséder un pouvoir éclaircissant afin d’empêcher ou de préserver la coloration de la racine
après le traitement.
 Ne pas affaiblir la structure dentaire.

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I-1-3- L’Hypochlorite de sodium (NaOCl)

 Formation et mécanisme d'action

L'hypochlorite de sodium est traditionnellement formée en portant à ébullition du chlore sous forme
gazeuse (Cl2) au travers d'une solution d'hydroxyde de sodium (NaOH), pour obtenir de
l'hypochlorite de sodium (NaClO), du chlorure de sodium (NaCl) et de l'eau (H2O).

Le chlore (Cl) constitue le principal élément actif d’une solution d’hypochlorite de sodium. Il s’agit
d’un puissant oxydant. En solution aqueuse, il peut être rencontré sous la forme d’ions hypochlorites
OCl- ou d’acide hypochloreux HOCl. Ces deux composants constituent la quantité totale de chlore
disponible. Ils vont interagir par des réactions d’oxydation et d’hydrolyse irréversibles, conduisant à
l’inactivation de certaines enzymes bactériennes dites essentielles.

** Il est utilisé à des concentrations variant de 0,5% à 5,25% en endodontie.

 Avantages:

- Action antibactérienne :

L'hypochlorite de sodium est un puissant antiseptique. C'est un agent anti-bactérien à large spectre
qui s'est avéré efficace contre les bactéries, spores, levures et virus (Bystrom et Sundqvist, 1983). Il
agit très rapidement et à de faibles concentrations ce qui le place au premier rang des irrigants
endodontiques. Plusieurs études ont même montré que seul l’hypochlorite de sodium (à partir de
2,25%) serait capable de perturber et de détruire la flore bactérienne canalaire organisée en biofilm
(Mohammadi et Abbott, 2009).

- Action protéolytique

L'un des avantages majeurs de l'hypochlorite de sodium sur les autres irrigants est son action solvante
sur les tissus (Barrette et al., 1989). Il est le seul irrigant possédant la capacité de dissoudre les résidus
de pulpes nécrotiques (Naenni et al., 2004), les protéines et les composants organiques de la smear-
layer (Baumgartner et Mader, 1987).

- Coût :

L'hypochlorite de sodium est une solution ancienne avec de très nombreux champs d'applications, il
est donc un produit très bon marché. C’est la solution la plus économique des produits à usage
dentaire. Le coût de préparation et de conditionnement est plus important que le coût de la solution
elle-même (Clarkson et Moule, 1998).

- Manipulation simple

- Action éclaircissante évitant ainsi les dyschromies post-opératoires.

- Lubrifiant

- pH élevé = 11 / 12

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 Inconvénients:

- Cytotoxicité :

Au vu de la composition de l'hypochlorite de sodium, il est évident que cette solution est toxique sur les
tissus vivants (Chang et al., 2001).

- Dommages sur les vêtements :

C’est l’incident le plus courant. On a vu que l’hypochlorite de sodium est utilisé comme agent
blanchisseur, ainsi même de petites gouttes vont décolorer les vêtements du patient, il faudra toujours
le protéger pendant les soins, et prendre toutes les précautions possibles concernant le goût et l’odeur
désagréable de la solution.

- Instabilité de la solution :

L’hypochlorite de sodium ne présente pas une grande stabilité dans le temps. Même si sa demi-vie est
raisonnable, plusieurs facteurs peuvent entrainer sa détérioration : le temps, la température,
l’exposition à la lumière, la contamination par des ions métalliques (Clarkson et Moule, 1998).

Les solutions commercialisées (comme Prolabo, Parcan Septodont, Abel Biodica) sont dites «
stabilisées » mais leurs stockages et leurs conservations doivent être vigilants.

- Absence d’action chélatante :

Le NaOCl ne présente qu’une action négligeable sur les débris minéraux et les calcosphérites. Ainsi, il
n’a pas d’action solvante sur la matière minérale. Il ne parvient donc pas à dissoudre la smear layer et
doit être couplé avec un produit à action chélatante comme l’EDTA .

 Place dans l’irrigation:

Il est recommandé de démarrer l’irrigation à l’hypochlorite de sodium dès l’ouverture de la cavité


d’accès endodontique. Leur utilisation après chaque passage instrumental permet d'une part de
lubrifier les instruments, d'autre part de faciliter la remontée de ces débris. Par ailleurs, son
renouvellement favorise l'action solvante et antibactérienne.

Un rinçage final avec une solution d'hypochlorite de sodium est préconisé afin d'éliminer le maximum
de débris présents et permettre une action prolongée sur les micro-organismes juste avant de passer à
la phase d'obturation. Cette irrigation pré-obturation est essentielle pour désinfecter les derniers
millimètres des canaux radiculaires.

En conclusion, l'hypochlorite de sodium semble être une solution incontournable car son action est
essentielle durant toute les phases du traitement endodontique : de l'accès aux canaux radiculaires,
jusqu'à la fin de la mise en forme.

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II-1-4- Les chélateurs:

II-1-4-a- Ethylen Diamine Tetra-acetic Acid (EDTA):


 Présentation et principe d'action:

La chélation est une réaction physico-chimique aboutissant à un complexe entre l’EDTA et un ion
métallique. Cliniquement, l’EDTA va se lier avec les ions calcium constituant les tissus minéralisés
dentaires et ainsi désorganiser la structure minérale dentaire.

On retrouve deux commercialisations possibles de l’EDTA d’usage dentaire : en liquide (avec un


EDTA concentré entre 15 et 17%) ou en gel (émulsion visqueuse formée de 15 à 20% d’EDTA)

 Avantages :

- Biocompatibilité :

Des études se sont penchées sur l’effet de l’extrusion d’une solution d’EDTA à 15% au delà de l’apex.
Aucun dommage péri-apical n’a pu être détecté sur une période de 14 mois. Les examens histologiques
ont révélé une régénération de l’os alvéolaire et un ligament parodontal sain. Mais, il faut dans un
souci de sécurité, prendre toutes les précautions d’usage pour éviter l’extrusion apicale du produit.

- EDTA et smear-layer :

Pour deux raisons, l'élimination de la smear-layer est primordiale, d'un côté elle peut contenir elle-
même des bactéries, et d'un autre côté, elle peut protéger les microorganismes présents dans les
tubulis dentinaires (Torabinejad et al., 2002). De nombreuses études ont rapporté que l'EDTA
concentré à 17% a une action chélatante sur les composants inorganiques de la smear-layer
(O'Connell et al., 2000 ; Scelza et al., 2000). la combinaison séparée d'hypochlorite de sodium et
d'EDTA engendre une action synergique, permettant la suppression totale de la smear-layer intra-
canalaire (Baumgartner et Ibay, 1987 ; Grawehr et al., 2003).

- EDTA et tubulis dentinaires :

L'EDTA étant un acide, il agit sur la partie minérale de la dentine, et en particulier sur la dentine
péritubulaire. Il en résulte un élargissement de l'entrée de ces tubulis par déminéralisation (Goldberg
et Abramovich, 1977 ; Hottel et al., 1999) et une modification de la perméabilité dentinaire. Cette
augmentation de la perméabilité peut paraitre néfaste mais elle permet d’améliorer l'action des
irrigants endodontiques utilisés en association à l’EDTA.

- Action lubrifiante :

En 1969, Stewart et al. présentent la première EDTA sous forme de gels (RC-Prep®) pour aider à la
lubrification des instruments. Leur utilisation comme lubrifiant pendant le travail instrumental c’est
pour réduire le risque de fracture instrumentale. Cependant, aucune étude clinique n'a démontré
l'efficacité des ces pâtes pour confirmer cette supposition (Hulsmann et al., 2003).

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 Inconvénients :

- Pas d'action solvante sur les substrats organiques :

L’EDTA n’a aucune action solvante sur les résidus pulpaires (Naenni et al., 2004), son utilisation en
association avec l’hypochlorite de sodium est donc indispensable, mais doit nécessiter quelques
précaution d’emploi du fait de l'interaction entre ces deux composés (Zehnder et al., 2005).

- Action néfaste sur la dentine :

La dentine possède une certaine dureté (dureté Vickers exprimée en Kg/mm2) qui diffère selon la
section radiculaire et la proximité de la lumière canalaire. L’EDTA diminue fortement la valeur de
cette dureté dentinaire, surtout dans les zones en contact direct avec l’irrigant. On va alors parler
d’altération de la dentine et de déminéralisation excessive fragilisant la structure interne de la dent.

- Action antibactérienne :

l'action antibactérienne de l'EDTA est très limitée, mais son utilisation combinée à celle de
l'hypochlorite de sodium possède un effet antibactérien supérieur à celui de l'hypochlorite de sodium
seul (Bystrom et Sundqvist, 1985).

- Coût :

Contrairement aux solutions d'hypochlorite de sodium, les solutions à base d'EDTA ne sont pas bon
marché. De plus, les conditionnement sont exclusivement de petits volumes, ce qui n'incite pas son
utilisation en tant qu’irrigant à part entière.

 Place dans l’irrigation :

Les composés à base d’EDTA se présentent sous deux formes particulières, soit sous forme de solution,
soit sous forme de gels. Ces deux conditionnements répondent à deux indications différentes, à savoir
pour les gels une lubrification et une limitation de la formation de smear-layer pendant toute la phase
de préparation, et pour les solutions une élimination totale de la smear-layer accumulée au cours de la
mise en forme canalaire lorsqu' elles sont couplées au NaClO.

** Son action est complémentaire de la solution d’irrigation principale (le plus souvent l’hypochlorite
de sodium) et non indépendante.

I-1-4-b- L’acide citrique:


 Présentation:

L’acide citrique est un acide organique faible présent en endodontie depuis les années 1970, sous la
forme d’un liquide transparent de concentration variable de 6 à 40%. Plus sa concentration
augmente, plus la solution sera visqueuse.

 Mode d’action:

C’est un chélateur des ions calcium dont le mécanisme d’action est similaire a celui de l’EDTA.

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 Avantages:

- Biocompatibilité :

L’acide citrique est beaucoup moins toxique que les autres chélatants; et en plus, il est biodégradable.

- Elimination de la smear layer :

C’est ce que l’on recherche chez un chélateur. Si on synthétise les différentes études à ce sujet, on peut
dire que l’acide citrique est aussi efficace que l’EDTA à concentration équivalente pour dissoudre la
trame minérale et ainsi libérer les tubulis dentinaires.

- Action antibactérienne :

Elle est plus importante que l’EDTA. L’acide citrique apparaît même assez efficace contre les
bactéries anaérobies. Mais cette efficacité reste mineure par rapport à ce qui est nécessaire et ne
suppléante en rien celle du NaOCl. L’acide citrique ne peut donc pas être utilisé seul et, comme
l’EDTA, il doit agir en synergie avec la solution d’irrigation principale «NaOCl ».

 Inconvénients:

Les inconvénients ne sont pas flagrants, car peu d’études se sont intéressées à l’acide citrique. On peut
néanmoins remarquer qu’il a tendance à se cristalliser lors de son action de déminéralisation et qu’il
sera plus érosif sur les parois dentinaires que l’EDTA. Il faudra donc mettre en place un bon
protocole de rinçage après son utilisation. De plus, au contact des débris organiques, il va se désactiver
très rapidement.

I-5- Chlorhexidine = Bisbiguanide de chlore, ou Digluconate chlorhexidine (CHX):


 Structure et mécanisme d'action:

La chlorhexidine est une molécule synthétique, développée vers la fin des années 40, faisant partie de
la famille des bis-guanines. Elle est chargée positivement et possède un caractère hydrophobe et
lipophile. Cela lui confère la particularité d'attaquer les membranes bactériennes et les membranes
plasmiques des champignons (Gomes et al., 2003). Ce composé est actif à un pH compris entre 5,5 et 7
(milieu acide).

Dans la pratique dentaire, la CHX se retrouve sous la forme de molécule de digluconate de


chlorhexidine dans des concentrations de 0,2% à 2%.

 Avantages:

- Action antibactérienne :

Le spectre antibactérien de la CHX est intéressant car assez large avec une prédominance pour les
Gram + (Russell et Day, 1993). Par contre elle ne doit pas être considérée comme un antiviral efficace
car son activité se limite à l’enveloppe lipidique des virus (Park et Park, 1989).

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- Activité anti-fongique :

L'activité anti-fongique des solutions de gluconate de chlorhexidine est significativement moins


importante que celle de l'hypochlorite de sodium (Mohammadi et Abbott, 2009) même si elle apparait
très efficace contre C. albicans.

- Chlorhexidine et biofilm :

Même si la CHX agit sur les biofilms, elle ne peut pas les détruire complétement. Il a donc été
démontré que son efficacité était moins importante que le NaOCl (Mohammadi et Abbott, 2009).

- Chlorhexidine et rémanence « Substantivité » :

La dentine traitée avec la chlorhexidine acquiert une rémanence anti-bactérienne (Khademi et al.,
2006). Les ions positifs relargués par la CHX peuvent être absorbés par la dentine et prévenir la
colonisation bactérienne jusqu’à 72h au-delà du temps d'application (Mohammadi et Abbott, 2009).

- Moins cytotoxique :

Il s’avéra que la chlorhexidine à 2% était moins toxique que le NaOCl à 5,25% et que ses effets
s’estompaient plus rapidement (régénération tissulaire plus rapide, pas de guérison totale obtenue
avec le dakin après 14 jours et guérison plus lente).

- Pas d’altération de la dentine (dureté et rugosité): testé pour une concentration de 0,2%.

 Inconvénients:

- Pas d’action protéolytique :

les études ont montré que la CHX n’avait aucune action solvante sur les tissus. C’est l’un de ses
inconvénients majeurs à l’inverse de l’hypochlorite de sodium (Mohammadi et Abbott, 2009).

Cytotoxicité – Allergie :

L'hypersensibilité à la chlorhexidine est extrêmement rare. Dans l'ensemble, aux concentrations


recommandées, la biocompatibilité de la chlorhexidine est acceptable (Mohammadi et Abbott, 2009).
Mais; aux concentrations utilisées en endodontie, tout aussi cytotoxique que le NaOCl.

- Moins efficace sur les Gram négatives que sur les gram positives.

- Inhibition par des protéines de l’exsudat inflammatoire :

dans le cadre d’une dent purulente, l’effet de la CHX serait inhibé par l’albumine (protéine retrouvée
au sein de l’exsudat inflammatoire péri-apical).

 Place dans l’irrigation

La chlorhexidine a été proposée comme irrigant canalaire en endodontie pour sa moindre toxicité, sa
rémanence et son action supérieure notamment sur C. albicans, qui est fréquemment retrouvé dans
certains échecs endodontiques.

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Elle est utilisée par ailleurs en irrigation finale dans les cas de reprise de traitement endodontique où
l’on peut s’attendre à une forte colonisation des bactéries Gram+.

*Intéractions entre les irrigants*

- NaClO/EDTA:
les solutions à base d'EDTA interagissent fortement avec l'hypochlorite de sodium (Baumgartner et
Ibay, 1987). En effet, l'EDTA réduit immédiatement la concentration en chlore de la solution, rendant
ainsi l'hypochlorite de sodium inefficace sur les bactéries et les résidus nécrotiques (Zehnder et al.,
2005). Par conséquent, il serait préférable que l'EDTA ne soit pas associé (mélangé) à l'hypochlorite
de sodium et il en va de même pour les gels à base d'EDTA sans précautions particulières (Hulsmann
et al., 2003 ; Zehnder, 2006) :

Les solutions d'EDTA et d'hypochlorite de sodium doivent être utilisées séparément après séchage des
canaux.

Dans le cas où des gels à base d’EDTA sont utilisés notamment pendant la phase de mise en forme
canalaire, un rinçage abondant au NaClO est indispensable après chaque passage instrumental
jusqu’à obtention d’un liquide d’irrigation clair pour «rincer» l’EDTA qui pourrait subsister.

- NaOCl/Chlorhexidine :

une réaction acido-basique se déroule entre les molécules de CHX et de NaOCl lorsqu’elles sont
mixées. Cette réaction aboutit à la formation d’une substance insoluble de couleur marron, contenant
la parachloroaniline (PCA). La PCA et ses dérivés sont toxiques, mutagènes et carcinogènes. De plus,
ce précipité insoluble pourrait agir comme une couche de smear layer empêchant une bonne
étanchéité de l’obturation canalaire.

- EDTA/Chlorhexidine :

Il se forme un précipité rose insoluble dont il est difficile de se débarrasser. Un rinçage à l’alcool
permettrait d’en venir à bout. Cela devient contraignant pour le praticien car il lui faudra réaliser une
étape supplémentaire lors de la désinfection canalaire.

I-2- LA MÉDICATION EN INTER SÉANCE


Dans certaines situations, telles que l’existence de douleurs préopératoires associées à une parodontite
apicale d’origine endodontique, la persistance d’un suintement canalaire ou encore la présence de
résorptions radiculaires, la triade endodontique ne peut être bien conduite. D’où l’intérêt de mettre en
place des médicaments intracanalaires à des fins antiseptiques. Cette médication ne peut être utilisée
qu’après un parage canalaire avec une irrigation suffisante et ne se substitue pas à ces étapes.

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I-2-1 Hydroxyde de calcium (Ca(OH)2)
 Mécanisme d'action :

l’hydroxyde de calcium trouve toute sa place en endodontie pour son effet bactéricide conféré par son
pH alcalin et sa capacité biologique de réparation et de reminéralisation. Il agit par un mécanisme
chimique impliquant la libération des ions hydroxyles (OH-) qui entrainent une altération de la
membrane cytoplasmique, une suppression de l’activité enzymatique des bactéries et une inhibition de
la réplication de l’ADN. Toutefois, ces effets ne sont possibles que si la molécule entre en contact avec
les bactéries, d’où la nécessité d’introduire le médicament jusqu’au tiers apical. Il agit également par
un mécanisme physique en créant une barrière qui prévient l’invasion bactérienne entre les séances et
en limitant l’espace pour la multiplication des bactéries résiduelles.

** L’hydroxyde de calcium est plutôt employé en poudre que l’on mélange :

• soit à l’eau distillée stérile.

• soit au sérum physiologique.

• soit a une solution anesthésique locale sans vasoconstricteur.

- Il existe actuellement de l’Ca(OH)2 photo polymérisable sous forme d’une pate unique.

* Propriétés physiques :

- Peu soluble dans l’eau.

- L’hydroxyde de calcium a la même opacité que la dentine, et aussi c’est un matériau résorbable qui
nécessite des renouvellements au cours du trt (apexogenèse et apexification).

* Propriétés chimiques :

- PH : son PH est compris entre 11,5 et 13, alcalin, il est donc agressif mais sa faible solubilité
s’oppose efficacement à la diffusion alcaline toxique.

* Propriétés biologiques :

- Action anti bactérienne: l’effet bactéricide de l’ l’hydroxyde de calcium lié à la libération d’ion
hydroxyde apporte une sécurité complémentaire par le maintient dans le temps un milieu défavorable
à la croissance bactérienne.

- Action antiseptique: comme tout antiseptique, il est cytotoxique, mais son manque de solubilité
limite en surface cette action toxique.

* Avantages :

- il ne produit aucune coloration dentaire et le recul sur son utilisation est plus grand ce qui le rend
plus facilement utilisable dans une mise en application des procédures de revitalisation chez l’Homme.
Il est également peu allergène et n’engendre pas de phénomène de résistance.

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- Ainsi, le CaOH représente une alternative viable et crédible face aux PTA. Il parait être une
médication temporaire appropriée aux objectifs de maturation et de régénération radiculaire.

* Inconvénients:

Il pourrait également induire une coagulation péri-apicale, rendant compliquée l’obtention d’un
saignement adéquat, et un affaiblissement de la dentine radiculaire a été constaté dès le moment où
l’hydroxyde de calcium restait présent plus de six semaines (Andreasen et col., 2006).

I-2-2 Chlorhexidine (CHX) :


Le gel de chlorhexidine à 2% a été également proposé comme médication temporaire. Il possède une
action sur les Candida et les bactéries Gram+ par effet de rémanence. En effet, ses molécules chargées
positivement s’adsorbent sur la dentine et permettent un relargage de chlorhexidine pendant au moins
deux semaines, voire douze semaines, prévenant ainsi toute réinfection du canal au cours de cette
période.

I-3- Le MTA (Mineral Trioxide Aggregate):


Le MTA est un ciment dentaire à base de silicate tricalcique, qui est très largement utilisé en
thérapeutique endodontique (chirurgie endodontique rétrograde, apexification, traitement des
perforations et coiffage pulpaire). Il possède d’excellentes capacités de scellement lui conférant une
grande étanchéité. Ses propriétés physiques, chimiques et biologiques sont essentiellement dues au fait
qu’il relargue des ions calcium. De plus, sa prise est possible en présence d’eau ou de sang et sa
biocompatibilité est supérieure à celle du CaOH.

Néanmoins, le MTA possède quelques inconvénients :

- Un coût élevé.

- Un long temps de prise (plusieurs heures en milieu humide).

- Une manipulation difficile à cause de sa consistance, même si l’emploi de capsules prédosées


améliore ce point.

- Une décoloration dentaire et gingivale a également été observée avec l’utilisation de MTA gris. En
conséquence une seconde version sans oxyde de fer, appelée MTA blanc, a été mise au point pour
permettre une utilisation esthétique.

I-3- Le mélange enrichi en calcium (Calcium Enriched Mixture) * CEM *


Le mélange enrichi en calcium a été mis au point par Asgary et al. pour essayer de répondre aux
inconvénients du MTA. Il est donc utilisé dans les mêmes situations que ce dernier.

Le CEM est composé d’oxyde de calcium, de phosphate de calcium, de silicate de calcium et de sulfate
de calcium. Malgré une composition différente, celle-ci est proche du MTA. Il est également
biocompatible et étanche tout en étant moins onéreux et moins long à prendre. En effet le temps de
prise est inférieur à une heure.

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Comme le MTA, le CEM relargue des ions calcium ce qui permet la formation complète d’un tissu
dur à son contact et lui confère une biocompatibilité similaire.

- Conclusion :
À défaut de trouver un irrigant idéal, certaines recherches sʼorientent vers lʼoptimisation des agents
dʼirrigation afin de potentialiser leur action. Cʼest dans cette optique que le laser a été introduit en
endodontie. Le jour où lʼirrigant idéal, couplé à une préparation et une obturation idéales sera
découvert, la notion d'échec endodontique ne sera plus dʼactualité.

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