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2004 Fiche Peda Un Secret
2004 Fiche Peda Un Secret
2004 Fiche Peda Un Secret
Un secret
1 - Présentation de l’auteur
Ecrivain, essayiste et psychanalyste. P.Grimbert est né à Paris en 1948, dans la période d’après-guerre de la
seconde guerre mondiale. Après une année de médecine, il fait des études de psychologie et entreprend une
longue psychanalyse d’orientation lacanienne. Comme le narrateur, Grimbert était fils unique dans une famille
juive les Grinberg.
A côté de sa pratique privée en tant que psychanalyste, il a travaillé de nombreuses années auprès d’enfants
psychotiques et autistes dans des institutions spécialisées, à Asnières et à Colombes.
Il est passionné de littérature, de musique et de danse sujets auxquels il consacre quelques essais.
Un secret a été récompensé par le prix Goncourt des lycéens 2004, le prix des Lectrices de Elle 2005 et le prix
Wizo en 2005.
Bibliographie
Romans - La Petite Robe de Paul, Grasset, 2001 / Un secret, Grasset, 2004 / La Mauvaise rencontre,
Grasset, 2009 / Un Garçon singulier , Grasset, 2011 / Nom de dieu !, Grasset, 2014 / Rudik, l'autre Noureev,
Paris, Plon, 2015
Essais - Psychanalyse de la chanson, Paris, Les Belles Lettres, Archimbaud, 1996 / Pas de fumée sans
Freud : psychanalyse du fumeur, Paris, Armand Colin, 1999, Évitez le divan : petit manuel à l'usage de ceux qui
tiennent à leurs symptômes, Paris, Hachette littératures, 2001. / Chantons sous la psy, Paris, Hachette
Littératures, 2002. / Avec Freud au quotidien : essais de psychanalyse appliquée, Paris, Grasset, 2012.
Au cinéma 2007 : Un secret, film français de Claude Miller, avec Patrick Bruel, Cécile de France, Julie
Depardieu, Ludivine Sagnier
À la télévision 2011 : La mauvaise rencontre, téléfilm français de Josée Dayan, avec Matthieu Dessertine,
Samuel Mercer, Jeanne Moreau.
Au théâtre 2009 : La Petite Robe de Paul, mise en scène de Frédéric Andrau, produit par le Théâtre de
Saint-Maur, la Maison de métallos, Théâtre de Charenton le Pont-Saint Maurice, Paris.
(source : Wikipedia)
2 – Présentation du roman
Le narrateur, bien que fils unique, est persuadé qu’il a un frère. Il grandit dans la France de l’après-guerre et
mène une vie apparemment tranquille, élevé par ses parents, Maxime et Tania, très sportifs et amoureux. Il s’est
inventé un frère sportif fantôme alors que lui est chétif et malingre. Pendant des années, l’ombre de ce frère
l’accompagne en permanence, au square, à l’école et pèse de tout son poids. Au fil de la narration, la révélation
d’une vérité tragique va lever le silence entretenu autour de lui: ce frère a réellement existé et son absence est
encryptée en chacun des membres de cette famille trop lisse. Le secret entourant l’existence de ce frère
constitue l’axe principal du récit.
Louise, une amie fidèle de la famille et la confidente du narrateur va alors, dans sa quinzième année, lui révéler
sa véritable histoire et celle de ce frère et sa judaïté, brisant les non-dits : avant sa naissance, les parents du
narrateur ont été mariés chacun de leur côté et son père a eu un premier fils avec Hannah, la femme de sa
première union et sœur de Tania. A partir de là, le récit prend la forme de l’enquête : « J’allais multiplier mes
rendez-vous, poursuivre mon enquête. » (p.77). Il construit alors une deuxième version de l’histoire familiale qui
restitue les événements tragiques qui ont conduit à la disparition de ce frère.
L’idée d’écrire ce livre est née lorsque le narrateur et sa fille Rose découvrent le cimetière des chiens de Josée
de Chambrun, fille du président Laval qui, pendant la guerre, a encouragé la déportation des enfants. À la
pensée de cette tombe dont bénéficient ces chiens, à laquelle n'a même pas eu droit un enfant de sept ans, il
.décide d’offrir « à Simon la sépulture à laquelle il n’avait jamais eu droit » et il envoie la photo de Simon à la
fondation Klarsfeld. Le livre qui en résulte est sa tombe. (Epilogue)
« Au départ, j’avais écrit une histoire beaucoup plus large, dans laquelle je parlais de la question juive, de
l’interrogation sur les origines, du corps (…) Le premier manuscrit s’appelait Le Cimetière des chiens, en
référence au thème du chien, récurrent dans tout le livre. En retravaillant le texte, il est apparu que ce titre ne
collait plus. Il convenait bien pour un livre foisonnant, mais il était trop discordant pour un livre limpide. Il n’était
plus dans la tonalité. Un secret m’est alors apparu comme une évidence. » (entretien avec l’auteur)
Dans les travaux qui suivent, les citations précisées par (entretien avec l’auteur) sont tirées du dossier
pédagogique d’Olivier Brunet signalé à la fin.
Pour un résumé détaillé voir le site : Résumé détaillé d'Un Secret - Un secret de Grimbert
En quoi l’écriture du secret sous une forme romanesque permet-elle à la fois une
libération du frère fantasmé et une réconciliation ?
Incipit. P.11 et 12
« Quelque temps après ma découverte…douceur de sa peau. » P. 23 et
24
Lectures analytiques « Soudain on entend crisser…quelques secondes. » P.129-131
« Un peu plus tard j’étais de retour …délivrer mon père de son secret »
P.171-172 ;
Texte écho : commentaire : un extrait de Pierre et Jean de Maupassant
(chapitre V : la plage de Trouville, La perturbation du héros face à la
découverte du secret familial)
Lecture analytique 1
L’incipit - P.11-12
Pour construire les introductions des lectures analytiques : un roman qui a recueilli les suffrages des lycéens qui
lui ont attribué en 2004 le label Goncourt. Adaptation cinématographique de Claude Miller en 2007. Ecrit en 2
mois mais ensuite réécriture plus longue. (s’appuyer sur entretiens et interviews donnés par l’auteur.)
Le titre : au départ, Le cimetière des chiens. Mais pour des raisons éditoriales et parce que l’auteur sentait la
nécessité d’un travail d’épuration de son écriture, il l’a changé. Un secret connote davantage le romanesque,
l’énigme, le mystère qui est au cœur de cette histoire. Ecrit 20 ans après la mort de ses parents. Cette histoire,
Grimbert ne la découvrira que vers l’âge de 15 ans : par inadvertance, un cousin lui entrouvrira les portes de la
vérité ; ensuite sa longue psychanalyse l’aidera à comprendre la présence en lui de ce frère fantôme,
personnage principal du roman. « Ecrire est le moyen que j’ai trouvé pour faire un travail de deuil. Je n’ai
compris cela que très récemment : chacun de mes livres est une petite tombe ».
Situer l’extrait
En quoi cet incipit met-il en place une « inquiétante étrangeté » ?
Lecture analytique 2
« Quelque temps après ma découverte…la douceur de sa peau. » - P.24-25
Le narrateur, enfant unique, raconte la relation qu’il entretient avec un frère dont on ne sait pas à cette étape de
la narration s’il a existé ou s’il a été inventé pour combler sa solitude et un vide affectif. ( se référer à la phrase
inaugurale du roman). Les premières pages évoque l’intrusion de ce frère dans sa vie : un jour, il exhume un
chien en peluche enfoui dans une malle qui va immédiatement le conduire à s’inventer un « frère » (p.14)
Le passage étudié évoque cette étrange relation faite d’absence/présence à laquelle est associée sa découverte
que l’enfant va s’approprier en dépit du malaise de sa mère, ce qui va alors lui conférer une dimension
énigmatique.
En quoi la relation de l’enfant et du chien en peluche témoigne-t-elle de l’histoire familiale et du secret qui le
hante inconsciemment ?
Annoncer le plan.
1. L’appropriation innocente du chien
Le narrateur enfant parle de « découverte »: connotation de surprise devant cet objet relégué dans une
malle qui a provoqué « un sursaut » et un « malaise » chez la mère (pourquoi ?) qui ne lui ont pas
échappé. C’est cet événement qui, dans l’esprit de l’enfant, génère immédiatement l’invention d’un
« frère». Il souligne son insistance, malgré les réticences de sa mère qui, dans un premier temps s’y est
opposé, pour adopter cette peluche, Quoi de plus naturel et d’anodin pour un enfant que de faire sien
un objet en peluche qu’il vient de trouver ?
A ce moment l’enfant ne soupçonne rien et son imaginaire en fait un compagnon qu’il installe sur son lit,
qu’il chérit, en qui il trouve du réconfort, puis qui devient un allié apaisant et protecteur contre le frère
lorsque surgissent des relations conflictuelles. « Je me réfugiais auprès de mon nouveau compagnon. »
Pourtant des indices suggèrent l’enjeu inconscient que constitue cette appropriation. Il le dote d’un
nom : « Sim », un diminutif qui a une connotation affective. Jeu avec le chien dans l’appartement. Mais
c’est aussi un objet et un nom qui suscitent un malaise qui n’échappe pas à l’enfant mais qu’il ne peut
comprendre. (Le frère dont il découvrira l’existence ultérieurement se prénommait Simon.) Rôle des
phrases interrogatives qui soulignent le caractère énigmatique de ce choix aussi bien pour ses parents
que pour lui. Il y associe les « silences », de sa mère, la « tristesse » de son père et leur « trouble »
quand il prononce son nom, comme si surgissait un lien qui échappait totalement à l’enfant. La suite
permettra de comprendre pourquoi, puisque le secret est caché dans cet objet visible de tous que les
parents avaient enfoui dans une malle. C’est Louise qui l’a gardé lors de l’arrestation d’Hannah et de
Simon.
Cet objet est à la fois le témoin muet de la mort de Simon et son fantôme. Mais lui « ne veut rien
savoir » de leur trouble devant la réapparition de la peluche. Il ne pose aucune question. Ce n’est que
bien des années après que le narrateur apprendra que Simon et sa mère déportés sont morts gazés
dans le camp d’extermination d’Auschwitz dès leur arrivée.
La relation au chien fait ensuite place à la relation au frère et il n’est plus vraiment question de la
peluche. L’enfant s’est inventé ce frère le jour où il a fait la découverte de la peluche. (p.14). Ce chien
devient en quelque sorte le frère.
L’ombre du frère. Au fil des années, le narrateur grandissant, la relation de confiance disparaît : le rôle
de confident qu’il lui a assigné ne répond plus à ses attentes. les relations deviennent conflictuelles et
sont placées sous le signe du combat : lexique : « tendues », « querelles », « je me rebellais »,
« vainqueur », « empoignades » : recours à un lexique qui décrit ce frère comme tout puissant, souligne
la supériorité du grand sur le petit, du plus fort sur le plus faible.
Dénonce sa tyrannie comme si inconsciemment, il cherchait à échapper à ce fantasme qu’il a lui-même
créé pour combler sa solitude, ses tristesses : celui d’un frère sportif « plus beau, plus fort. Un frère
aîné, glorieux » alors que lui se présente comme souffreteux, fragile. A cette image maintenant
s’opposent l’énumération d’adjectifs dépréciatifs : « tyrannique, moqueur, parfois méprisant. ».
S’exprime alors le désir de le tuer dicté par une haine fratricide.
IL introduit le thème du revenant, du fantôme persécuteur dont il doit se débarrasser: injonction
exclamative : « Frère ennemi, faux frère, frère d’ombre, retourne à ta nuit ! » Violents corps à corps
comme si cette emprise lui était devenue insupportable et menaçait sa propre vie, comme si le narrateur
voulait reprendre sa place et faire disparaître ce revenant.
Toutefois ambivalence avec l’évocation ludique du dernier paragraphe qui suggère une réconciliation
joyeuse et une complicité retrouvée.
3. Conclusion
Un passage qui révèle l’emprise du frère dont on lui a pourtant caché l’existence et les sentiments
l’ambivalents qui l’attachent à ce frère surgi de son imagination au moment où il fait la découverte d’un
chien en peluche. La suite du récit révèlera que ce chien était celui de Simon, ce frère qu’il s’est inventé
mais qui a réellement existé et qui mourra gazé avec sa mère Hannah à Auschwitz. L’auteur dit que cet
épisode qui relate cette découverte est réelle : « Mais à l’époque, je n’ai pas employé le diminutif Sim…
je l’ai appelé Simon. Ce frère disparu était donc déjà là en moi. Je connaissais son existence tout en
sachant qu’il ne fallait pas savoir. » (entretien avec l’auteur). Le thème du chien apparaît à plusieurs
reprises au cours de la narration sous des formes diverses et est un des symboles du traumatisme
familial.
Comparer avec Pierre et Jean (rivalité de deux frères d’autant puisque là encore il y a un secret de
famille.)
Lecture analytique 3
« Soudain on entend crisser… Tout s’est joué en quelques secondes. » - P. 129-131
Présenter l’œuvre et renseignements sur Grimbert. Résumer globalement le thème du roman. Le narrateur
découvre son histoire révélée par Louise : ici l’extrait constitue le moment le plus fort de la révélation du secret
pour le narrateur. (Lire p127 : « Cédant à mon insistance … »)
Hannah et Simon doivent franchir la ligne de démarcation qui doit les conduire en zone libre accompagnés d’un
passeur, pour y rejoindre Maxime. Ils s’arrêtent dans un café. Simon a quitté le groupe pour aller aux toilettes.
Comment l’intensité dramatique de ce moment est-elle rendue ?
1. La révélation de la vérité
Un récit fait par Louise et rapporté par le narrateur qui le restitue tel qu’il l’a entendu : utilisation du
présent qui actualise les faits et leur donne une grande intensité. Choc de la révélation dramatique.
Grimbert dit : « L’histoire qui s’incarne aujourd’hui sous forme d’un secret chez le personnage principal
3. Conclusion.
Moment dramatique de l’histoire du narrateur révélée par Louise, personnage imaginé par l’auteur à qui
il confie un rôle de témoin direct et de passeur de mémoire. « J’en étais là. Grâce aux révélations de
Louise, j’avais bâti ce récit, pour en arriver à cette nuit. Une nuit durant laquelle un petit garçon et sa mère
quittaient définitivement cette terre pour entrer dans le silence » (p. 146) S’interroger sur le sens de l’acte
tragique d’Hannah : acte de vengeance comme Médée qui culpabilisera pour longtemps Maxime et Tania
ou acte suicidaire ?
Lecture analytique 4
« Une heure plus tard, j’étais de retour (…) délivrer mon père de son secret. » - P.171-173
Question : Comment l’extrait illustre-t-il la phrase : « je venais de délivrer mon père de son secret. » ?
1. En quoi peut-on parler de la récurrence du thème du chien dans le roman ? Commentez le nom Echo.
2. Le bouleversement du père : Comment est-il exprimé ? Comment peut-il s’expliquer ?
3. Etudiez le dialogue rapporté lors de cette rencontre du père et du fils. (le début, la progression,
l’aboutissement)
4. Quelles sont les réactions successives de Maxime ?
5. Comment interpréter « j’ai tiré les rideaux, ouvert la porte » ?
6. Quel est l’effet de cette démarche du fils sur le père ?
Le narrateur, un soir, quelque temps après avoir découvert le secret sur lequel toute sa famille faisait silence,
retrouve son père accablé par la mort de son chien Echo.
Ici sa disparition va faire surgir le passé enfoui pour le père et ce sera le prétexte pour le narrateur d’oser lui
parler de la vérité que Louise lui a révélée.
Dans un 1er temps, ce thème du chien renvoie à la découverte bien des années avant, de la peluche à
laquelle sans savoir pourquoi le narrateur donne spontanément le nom de Sim. Il est l’objet dans lequel est
caché le secret. Il renvoie à Simon, le frère fantôme, le double qui a hanté toute son enfance et dont on lui
avait caché l’existence.
Echo : sens symbolique de ce nom comme si lui aussi était le double de la peluche ou de Simon : « Il
avait remplacé Sim, dont la peluche râpée avait rejoint les souvenirs poussiéreux de la chambre de
Le narrateur va alors saisir cet aveu de culpabilité vis-à-vis d’Echo qui fait écran à une culpabilité
beaucoup plus profonde et cachée pour aborder de face la vérité refoulée. La mort d’Echo est comme une
réplique, comme un écho de la mort de Simon. Le père parle de « faute ». Le fils de responsabilité :
l’euphémisme a une connotation morale moins lourde, plus indulgente.
Un dialogue rapporté au discours indirect comme pour actualiser, au passé composéfaire vivre en direct
au lecteur ce moment de vérité : intensité dramatique mais sans pathos à la scène. Phrases courtes
rapportant des échanges brefs ; on peut noter l’absence de dialogue au style direct : « je lui ai dit », « il m’a
répondu »il m’a dit », je me suis entendu lui dire ». Notons que c’est presque une voix qui s’impose à celui
qui parle « je me suis entendu lui dire …Cette phrase m’est venue sans que je l’aie préméditée ».
Ensuite le narrateur livre tout ce que Louise lui a appris (le nom de Louise n’est d’ailleurs pas cité) et ce
qu’il a découvert par ses propres démarches auprès de Beate et Serge Klarsfeld (ce sont eux qui ont
« permis un recensement complet des victimes du nazisme » chap...précédent. ). La révélation du sort
d’Hannah et Simon est faite avec précision et en même temps avec beaucoup de sobriété et de dignité
comme pour l’épargner. Elle résume l’essentiel de ce qui peut libérer son père. (faire des relevés) et est
finalement courte par opposition au récit de Louise qui s’est fait progressivement. « Je n’ai rien dit de
plus. ». Il ne s’agit pas d’un procès. Il a été délivré par les paroles de Louise et c’est lui qui à son tour
délivre son père.
Le narrateur agit en levant les secrets, en rétablissant la vérité, en comblant les « blancs » de cette
histoire alors qu’il était passif jusqu’alors. Voir le symbolisme de « je me suis levé » comme si ces paroles
enfin prononcées lui permettaient de conquérir son identité et de se tenir debout. Voir également la
métaphore « j’ai tiré les rideaux, ouvert la porte » qui renvoie à la lumière faite sur ce qui était caché
jusqu’alors. Il est l’artisan de cette levée du secret.
Il a conquis une force par opposition à son père qui lui apparaît « frêle », fragile : jusque- là il n’avait pu
gagner la reconnaissance et l’admiration de son père et vivait dans la crainte de lui déplaire en particulier
pour son peu de performances physiques (par opposition à Simon, l’enfant sportif) : ici se découvre « fort »,
et plus grand que son père. Libéré d’un regard dépréciatif dont il a souffert durant toute son enfance.
Abolition de la distance entre le père et le fils : gestes d’affection.
Il libère son père de son fardeau de culpabilité.
Il est fier de ses origines juives, ce que le père essayait de cacher.
Lecture analytique 5
Autour du thème du secret. Commentaire de Pierre et Jean. Maupassant.
Chapitre V : la plage de Trouville. « Il allait maintenant frôlant les groupes…enfermées dans la maison close. »
Introduction
Un auteur chez qui le thème de l'adultère revient de façon obsédante mais aussi qui a, parce que le
roman est un genre qui a vu son essor au XIX ème, théorisé avec quelques autres romanciers autour de
la nature, des démarches et des finalités du genre romanesque. Il a ainsi contribué à la réflexion autour
de ce qu'on a appelé le courant réaliste et naturaliste. Ainsi peut-on lire dans la préface de Pierre et
Jean : « Le romancier (…) qui prétend nous donner une image exacte de la vie (…) doit nous forcer à
penser, à comprendre le sens profond et caché des événements. » Le texte à étudier, extrait de ce
roman publié en 1888, relate le moment où Pierre, l'un des protagonistes de cette fiction, de plus en
plus convaincu de l'adultère de sa mère, porte un regard sur la foule qu'il découvre sur la plage de
Trouville. Le texte peut se donner à lire d'abord comme la description d'un décor balnéaire où domine
en apparence la beauté signifiée par le motif floral. Pourtant, très vite, le spectacle achemine le lecteur
vers la perception d'une scène où se joue la comédie des sexes. Ce passage est un bon exemple de
l'interprétation subjective d'un personnage face à la réalité parce qu'il est soumis à des sentiments
exacerbés.
Nous étudierons d’abord ce qui donne à cette description un caractère esthétique. Puis nous
montrerons que ce décor joue pour le protagoniste un rôle de révélateur d’un jeu fait de duplicité. Enfin
nous nous interrogerons sur son état affectif et mental.
Transition
C’est d’abord une vision innocente que le tableau décrit, soulignant la beauté et la séduction qui y
règnent. La scène est esthétique. Mais très vite lui succède une vision plus charnelle, fortement
érotisée et finalement dégradée. Le corps devient de la « chair » et est soumis à un désir animal qui
conduit à un jeu cruel entre les hommes et les femmes.
Conclusion :
Montrer qu'on se trouve devant un exemple de ce qu'ambitionne Maupassant lorsqu'il définit le réalisme
(bien que le texte ouvre d'autres perspectives avec le décor, la technique impressionniste de la
description) : s'effacer devant un personnage et donner " l'illusion" qu'il se découvre à nous dans sa "
vérité", dût-elle être douloureuse: à ses yeux, parce qu’il est blessé dans ses illusions, l’amour n’est
qu’un libertinage sordide. La découverte du secret de sa mère a des effets psychologiques sur lui,
Thématiques :
Le roman familial (une première version de l’histoire familiale fantasmée qui sera invalidée et une seconde à
partir du chapitre IV qui reconstruit la vie des parents du narrateur après la révélation d’événements tragiques) //
Le personnage d’Hannah, une Médée, une héroïne tragique // Le rôle du désir // La mémoire // Le travail de
deuil // Entre roman et autobiographie, une vérité humaine vécue.
Travail par groupes
Le déni des origines // Le contexte historique // Les étapes de la révélation du secret // Les métaphores du mur,
de la maladie // / Les personnages
Groupe 1. Le déni des origines. Quels sont les détails et événements qui témoignent que les parents du
narrateur ont tout fait pour effacer les traces de leur généalogie ?
Le père du narrateur a fait modifier l’orthographe du patronyme après sa naissance pour en faire un
nom écrit-il « bien de chez nous…qui permettait de planter des racines profondes dans le sol de
France » Grinberg, qui trahit trop la judéité, est devenu Grimbert : voir l’interprétation psychanalytique
des deux lettres changées. (p.15, 16 et 17 et p.154)
Les parents ont fait baptiser leur fils. La circoncision n’a rien d’un rituel ; c’est une simple intervention
médicale.
Maxime, le père du narrateur, « aurait voulu devenir médecin ou avocat …ce qui aurait fait oublier la
consonance étrangère de son patronyme. » Devenu un sportif de haut niveau poussé par un idéal de
perfection : « sa carrure d’athlète fait oublier ses origines. » de même que son physique séduisant (P.
36, 37, 38).
Joseph le grand-père paternel a émigré de Bucarest ; il ne dit rien de son pays natal. (P.61). Il redoute
les persécutions qu’il a fuies en Roumanie, évoque la Nuit de Cristal ( p. 100)
Martha, la mère de Tania a des « aïeux immigrés » et « l’accent de la Lithuanie, province russe ». Le
père de Tania, qui les a abandonnées, « lui a transmis un nom à consonance anglaise, irréprochable »
(p..40).
On a caché à l’enfant ses origines, son appartenance à la religion juive. Oncles, tantes, grands-parents,
apparaissent au narrateur comme « une société secrète, liée par un deuil impossible. » (P.63) Des
raisons historiques liées au génocide des Juifs et l’histoire singulière de ses parents expliquent et
alimentent le silence et le secret dont il va tenter de se délivrer. Mais ce n’est pas un roman historique :
le narrateur ne s’intéresse qu’aux éléments contextuels qui ont une incidence sur l’histoire familiale. Il
souligne les effets du silence après la Shoah sur les survivants de la 2 ème génération et comment
l’Histoire peut peser sur l’histoire des individus. (p.16)
Groupe 2. Recherche sur les lois anti-juives. Qui était Laval ? Quel rôle a-t- il joué sous l’Occupation ?
Retrouver les passages du roman où il est évoqué. Comment l’Histoire est-elle évoquée dans le roman ?
Voir p.98-100 : la représentation de l’Histoire comme l’ont vécue les personnages et non comme l’abordent
les livres d’histoire : pas de dates, le présent de narration, une énumération d’événements qui crée un effet
Quand le narrateur a 15 ans, la télévision passe un documentaire sur les camps de concentration avec
des comédiens jouant les déportés. Son père s’en va »incapable d’en supporter le spectacle. » (p. 64-
65)
Au lycée, on passe un autre film documentaire sur les camps (peut-être Nuit et Brouillard de Resnais en
1955) : il découvre l’horreur qui a eu lieu dans les camps, avec les images « des terrils de chaussures,
de vêtements, des pyramides de cheveux et de membres » (p. .68).
ll ne peut supporter une réaction antisémite d’un de ses camarades « Chien de juifs ! »: il le frappe et
se bat avec lui. (p. 69-70) (Le thème du chien parcourt le récit mais les chiens ont droit à un cimetière
alors que les enfants déportés sont restés des « ombres sans sépultures » p 180))
Il raconte à Louise cette scène qui constitue le premier acte fondateur de son identité même si les
motivations lui restent inconscientes, alors qu’il la cache à ses parents. C’est alors que Louise lui révèle
progressivement la vérité sur son identité et sur son histoire familiale. « Le lendemain de mes quinze
ans, j’apprenais enfin ce que j’avais toujours su. » (p.72). Il découvre que ses parents ont été concernés
en raison de leur origine et qu’ils ont gagné la zone libre pour échapper au sort que le nazisme réservait
aux Juifs.
Instruit par les révélations de Louise, il écrit une seconde histoire dans laquelle s’insèrent les
personnages de Hannah et Simon et la véritable rencontre de ses parents.
Le personnage de Louise. Une amie de la famille dont elle connaît et a partagé l’histoire. Elle a été témoin de
l’arrestation de Hannah et Simon. Elle a recueilli à ce moment le chien de Simon que le narrateur enfant
exhumera d’une malle et qui sera le déclencheur de l’invention d’un frère. Le narrateur se sent proche d’elle Elle
est célibataire, infirmière. Elle est l’incarnation de la sagesse et de la compassion, capable d’une écoute
empathique. . Sorte de « passeur » du secret familial, elle fait émerger à la conscience du narrateur ce qui
jusque- là appartenait à l’inconscient en remettant les morts à leur place. « Louise, qui savait si bien écouter,
m’avait ouvert les portes, elle m’avait permis de dissiper les ombres, m’avait restitué mon histoire. ».
1. La métaphore du mur. Le mur est ce qui protège mais aussi ce qui enferme et ce qu’il faut franchir pour percer
le non-dit. L’image revient de façon récurrente : (Se servir des relevés faits lors de la séance de recherche).
a) pour parler du silence, celui des origines et celui de la tragédie qui a frappé Hannah et Simon
b) du sentiment d’abandon qui saisit Hannah lorsqu’elle découvre l’amour de Maxime et de Tania,
c) pour métaphoriser l’oubli qui permet à Maxime de se reconstruire après la libération. Voir qu’au fur et
à mesure que le roman avance, la métaphore du mur évolue : on glisse vers l’image des camps de la
mort.
L’aspect maladif du narrateur enfant et adolescent n’est pas sans évoquer les silhouettes décharnées des
rescapés des camps. Lorsqu’il découvre son hérédité juive et l’histoire de ses parents il dit : « Qu’allais-je donc
faire de cet adjectif, collé à ma silhouette décharnée, semblable à celles que j’avais vues flotter dans des
pyjamas trop grands ? » (p. 73). C’est comme si son corps avait pris en charge les victimes des camps de la mort
et en particulier Simon.
« Mon apparence ne m’était plus une souffrance, je m’étoffais, mes creux se comblaient. Grâce à Louise, ma
poitrine s’était élargie, le vide sous mon plexus s’était atténué, comme si la vérité y avait été jusque- là inscrite en
creux. Je savais désormais ce que recherchaient les yeux de mon père lorsqu’ils fixaient l’horizon, je comprenais
ce qui rendait ma mère muette. Pour autant, je ne succombais plus sous le poids de ce silence, je le portais et il
étoffait mes épaules »
A travers le narrateur, c’est un adulte revenant sur son passé qui parle de l’enfant donc un récit rétrospectif à la
manière d’une autobiographie. Pas de chronologie linéaire ni de date et s’entrecroisent le « je » de l’enfant qui
n’a pas eu accès aux secrets familiaux et le « je » qui a eu accès à leur révélation.
Rencontre avec le lauréat du Goncourt lycéen 2004 (RNGL) : Philippe Grimbert pour son roman : Un
Secret. (Entretien réécrit à partir des notes de Alison Le Charpentier 1ère L2.)
Accueilli avec un enthousiasme unanime qui contredit l’idée que les jeunes ne liraient plus, P. Grimbert
remercie une salle de lycéens qui ont salué en lui un écrivain qui honoré la production littéraire de l’année 2004.
« Merci de l’accueil, c’est un cadeau magnifique que d’être le lauréat 2004 ». Très ému, il ajoute que ce
sont les rencontres qui lui ont fait prendre conscience de l’impact de son roman qu’il ne mesurait pas auparavant.
« C’est un grand prix, ça n’est pas le petit frère…ça n’a pas de prix. ». Il s’étonne de trouver chez un jeune public
une attention, une écoute au sujet de la guerre. Il pensait que seuls les gens l’ayant vécue, seraient touchés par
son roman.
Le mot « roman » est inscrit sous le titre du livre. Est-ce un roman ou une autobiographie ?
P.G. : il s’agit d’un récit de faits réels. Mais j’ai enrobé ce squelette de la chair du roman. J’ai dû
imaginer les scènes, les personnalités, les sentiments car je n’étais pas présent. Il s’agit d’un roman
puisqu’il fait appel à l’imaginaire. Je ne souhaitais pas de confession intime.
Est-ce que cela ne vous a pas dérangé de livrer ce secret au grand public ?
P.G. : Je n’ai pas eu ce sentiment. Pour moi, c’est le trajet du secret qui est raconté …Je délivre mes
parents de leur secret. Ce n’est pas un livre de déballage…
A propos de la découverte du frère, il dit qu’il « a inventé, donné son nom à sa peluche et ajoute « un
non-dit refait toujours surface »
Pourquoi vous êtes-vous dévalorisé physiquement dans le livre alors que vous êtes plutôt bel
homme ?
P.G. : J’en ai rajouté un peu ; c’est une sorte de métaphore : la faiblesse psychique est devenue un mal
physique …C’était « comme un squelette vivant à l’image des Juifs déportés ».
Sources et sitographie.
Serge Tisseron. Secrets de famille. Mode d’emploi. (Edit. Ramsay – Marabout 1996). Une vignette clinique
consacrée à P. Grimbert p.56-57 et 73-74.
Un article paru en 2007 dans Le Monde : Philippe Grimbert, l'empreinte du frère - Le Monde.fr
Un dossier pédagogique d’Olivier Brunet : Un secret BAT - locipompeiani.free.fr
Ou sur le site : Un secret de Philippe Grimbert - dirlewanger.ch. Les citations
Vidéos
Librairie dialogues Brest : Dialogues avec Philippe Grimbert - YouTube
Institut français de Stuttgart : Une rencontre avec Philippe Grimbert: Interview ... - YouTube
Sur le film :
Calaméo - Dossier e-media _ Film LE SECRET
www.zerodeconduite.net/ms/unsecret