Jacquillat - Les 100 Mots de La Finance - 1
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Que sais-je ?
1. – Finance
La finance a pour mission d’assurer, à la fois dans l’espace et à travers
le temps, l’équilibre dans l’économie entre les besoins et les excédents de
financement. Dans les économies décentralisées, elle assume ce rôle via un
système de prix des actifs financiers, et son objet d’investigation est donc
leur valorisation. La méthodologie de valorisation en finance consiste à
raisonner soit par arbitrage (→ 7) 1 en utilisant des proches substituts pour
valoriser les contrats et instruments financiers, soit par équilibre entre
l’offre et la demande de titres comme dans le MEDAF (→ 19). Cette
méthodologie est appliquée pour évaluer des instruments financiers
(actions, obligations, options…) dont les caractéristiques sont scandées
dans le futur (l’actualisation, → 25) et dont les paiements dépendent de la
résolution de l’incertitude au fur et à mesure du passage du temps. L’étude
de la finance est enrichie par le fait que son activité génère une multitude de
données financières qui permettent de structurer la compréhension des
phénomènes financiers.
Une distinction est parfois effectuée entre finance de marché et finance
d’entreprise. Pour être commode, notamment au niveau de la classification
des enseignements universitaires de finance, cette distinction, voire cette
opposition, n’en est pas moins artificielle. En effet, le financier d’entreprise
doit parfaitement connaître les rouages et les mécanismes de la finance de
marché. Celle-ci est en effet au cœur de la valorisation de tous les
instruments dont il a besoin – en matière de placement, de financement ou
de couverture de ses risques.
2. – Rentabilité
À la fin de chaque année, les principaux hebdomadaires consacrent leur
une aux placements, et font parler des experts sur les perspectives de
l’année suivante.
Qu’en est-il en réalité ? Est-il rémunérateur de placer son épargne en
Bourse, d’investir dans des actions et dans des sociétés ? Est-ce plus ou
moins rémunérateur que d’investir en obligations ou en œuvres d’art ou
dans l’immobilier ?
La sentence est sans appel : ni l’immobilier ni les actifs de collection
tels que les grands vins, les violons signés Guarneri ou Stradivarius, l’or,
etc., n’ont eu une performance annuelle de long terme arrivant à la cheville
de celle des obligations et surtout de celles des actions. Sur le marché
américain, pour lequel les statistiques sont les plus complètes, un placement
en actions effectué en 1872 aurait rapporté à fin 2010 un taux de rentabilité
annuel de 9 % (avec coupons réinvestis). Ce taux de rentabilité annuel n’est
que de 5,4 % pour les obligations et de 4,7 % pour les bons du Trésor. Ces
taux sont nominaux, mais les taux de rentabilité réels (taux nominaux
déflatés du taux d’inflation) sont tous positifs dans la mesure où le taux
d’inflation était de 3 % sur la période. Ces résultats sont universels. Par
exemple, la rentabilité nominale annuelle d’un placement diversifié en
actions françaises a été au cours du XXe siècle de 12,1 % et de 3,8 % en
termes réels.
Mais les différentes formes de placement ne peuvent être hiérarchisées
en référence au seul critère du taux de rentabilité. Certes, les actions
procurent en moyenne la rentabilité la plus élevée, mais c’est aussi le
placement le plus risqué. Même si, sur le long terme, la valeur des actions
progresse plus que la valeur de n’importe quel autre placement, des pertes
de valeur sont ponctuellement plus fréquentes et plus importantes.
3. – Risque
Qu’est-ce qui distingue ce qu’il est convenu d’appeler les Temps
modernes de la longue marche de l’histoire humaine ? La réponse n’est pas
uniquement dans le progrès scientifique, la technologie, le capitalisme ou la
démocratie, mais dans la formalisation du risque, comme l’argumente avec
humour Peter Bernstein 2 :
« Les Temps anciens sont peuplés de scientifiques, de mathématiciens,
d’inventeurs de toutes sortes, d’une multitude d’ingénieurs anonymes et de
géants de la philosophie, qui se voulait mère de toutes les “disciplines”.
Bien avant la naissance du Christ, la carte de l’univers avait été dessinée, la
grande bibliothèque d’Alexandrie construite, et il y a belle lurette que la
géométrie euclidienne était enseignée. Le charbon et le fer étaient déjà au
service de l’homme et le voyageur historien avait marqué les débuts de la
civilisation.
« Non, l’idée révolutionnaire qui marque la frontière entre les mondes
anciens et le monde nouveau, la naissance de la modernité, c’est la
domination et la maîtrise du risque : l’idée que l’avenir est autre chose
qu’un produit du caprice des dieux, et que les hommes ne sont pas
totalement démunis face à la nature. Avant que les hommes n’eussent
découvert le chemin pour franchir cette frontière, le futur n’était que le
miroir du passé, le domaine trouble des oracles ou des diseuses de bonne
aventure qui avaient le monopole de la prédiction du futur.
« La connaissance, la maîtrise et la gestion du risque sont dues à
quelques brillants esprits qui ont jalonné les siècles. En posant une “colle” à
Pascal, le chevalier de Méré permit à celui-ci, allié à Pierre de Fermat, de
jeter les bases de la théorie des probabilités, tandis qu’un peu plus tard,
Nicolas Bernouilli inventait la loi des grands nombres et les méthodes
d’échantillonnage statistique. En 1730, Abraham de Moivre avait l’intuition
de la structure de la loi normale formalisée par Gauss, alors qu’à peu près
au même moment, Daniel Bernouilli, le neveu du précédent, jetait les bases
de la théorie rationnelle des choix en situation d’incertitude pour les deux
cent cinquante années suivantes, et apportait ainsi l’explication des
malheurs du roi Midas, et de l’aversion des individus au risque : la
satisfaction qu’apporte un léger accroissement de richesse est inversement
proportionnelle au niveau qu’elle a atteint (utilité marginale décroissante).
« Au début du XIXe siècle, Bayes, un prêtre anglican, fit une percée
conceptuelle dans le domaine de la statistique en démontrant comment
prendre de meilleures décisions en mélangeant informations nouvelles et
passées.
« La plupart des instruments utilisés aujourd’hui dans le domaine de la
gestion des risques et de la prise de décision en situation d’incertitude sont
issus de ces percées conceptuelles intervenues entre 1654 et 1760, à
quelques exceptions près, dont l’invention en 1875 par Francis Galton,
cousin germain de Charles Darwin, du concept de retour à la moyenne,
traduction statistique de l’idiome de bon sens qu’en cas de tensions
extrêmes, les choses ont tendance à revenir à la normale, et la
démonstration mathématique de Harry Markowitz en 1952 dans sa thèse de
doctorat, qu’il ne fallait pas mettre ses œufs (sa fortune) dans le même
panier (une seule action) » (→ 78).
4. – Assurance
Il existe aujourd’hui un grand nombre de moyens pour se prémunir
contre un risque, dont l’assurance traditionnelle offerte par les compagnies
d’assurance. Historiquement, le marché de l’assurance comportait trois
étages : les compagnies d’assurance traditionnelles, qui proposent des
produits de base (assurance-auto, habitation, complément santé…) et qui
mutualisent des risques individuels ou d’entreprises ; des compagnies de
réassurance qui sont spécialisées sur des risques difficilement diversifiables,
comme les risques extrêmes ou les facteurs communs de risque, appelés
« risques macro » ; et des assureurs en dernier ressort qui sont souvent des
États. Mais de plus en plus de produits d’assurance passent par un nouvel
étage, celui des marchés financiers.
Les assureurs acceptent de courir des risques à condition que la
personne ou l’entreprise qui s’assure n’ait pas intérêt au sinistre. Il y aurait
alors « antisélection » (adverse selection). Il ne faut pas non plus que, après
s’être assurée, cette même entité prenne des décisions qui l’exposent
davantage au risque contre lequel elle s’est assurée ; il y aurait dans ce cas
risque moral (moral hazard).
Il faut donc d’abord chercher l’« information cachée » sur l’entité,
l’individu ou l’entreprise, qui cherche à s’assurer. Ensuite, il faut suivre le
contrat pour empêcher l’« action cachée » (l’assuré qui, par négligence ou
malveillance, provoquerait lui-même le sinistre). Sinon, le risque aurait une
probabilité plus grande de se matérialiser et le contractant plus de chance de
« bénéficier » de l’assurance.
Si l’assurance n’existait pas, il faudrait que l’entreprise s’autoassure.
Pour faire face aux sinistres, elle devrait choisir soit des activités plus
risquées et conserver une forte encaisse liquide, soit des activités moins
risquées. Dans l’un et l’autre cas, sa croissance serait plus faible. Ainsi en
va-t-il au niveau macro-économique. Pas de croissance sans assurance.
5. – Bourse
La Bourse organise la rencontre entre l’offre et la demande de capitaux :
6. – Théorie financière
L’histoire des idées qui ont forgé la finance moderne est due à un petit
groupe d’universitaires qui étaient loin du cœur du monde de la finance, et
dont les recherches et la pensée constituèrent les fondations de cette
révolution financière 3. Ils incluent un mathématicien français du début du
e
XX siècle, Louis Bachelier, devenu célèbre post mortem, dont la thèse de
7. – Arbitrage
L’arbitrage constitue la réalisation d’un ensemble de transactions
simultanées, de sorte que le risque global des positions ainsi constituées est
quasiment nul, en vue d’en tirer un bénéfice. L’arbitrage financier le plus
élémentaire porte sur deux actifs financiers totalement identiques dont les
prix diffèrent. On parle alors d’arbitrage sans risque, consistant
simultanément à vendre le plus cher et à acheter le moins cher.
C’est la recherche de telles opportunités d’arbitrage par l’ensemble des
opérateurs sur les marchés qui conduit à l’absence d’opportunités
d’arbitrage (AOA) et à l’efficience des marchés financiers (→ 12),
fondement de la théorie de l’évaluation en finance. L’une des nombreuses
illustrations de cette théorie concerne la finance internationale, avec la
théorie de la parité couverte des taux d’intérêt, selon laquelle le différentiel
de taux d’intérêt sur une même échéance (un mois, trois mois…) entre deux
devises (le dollar et l’euro par exemple) doit être égal au différentiel relatif
de change à terme par rapport au cours du change comptant constaté entre
les deux monnaies. Les mouvements internationaux de capitaux mettent en
jeu des sommes considérables. Une analyse simpliste explique l’ampleur de
ces transferts par des motivations spéculatives, alors que la plupart du
temps, ces mouvements de capitaux procèdent de l’arbitrage et sont induits
par des variations des taux d’intérêt qui affectent les marchés monétaires
des différentes places financières.
L’arbitrage peut avoir des aspects moins anodins que cette relation
d’arbitrage international bien connue. Par exemple, il existe une stratégie de
pur arbitrage reliant les prix sur les marchés monétaires, d’actions et
d’options. Il est en effet possible de construire un bon du Trésor synthétique
qui réplique exactement un placement sans risque avec l’achat d’un put
(option de vente) sur une action, la vente d’un call (option d’achat) sur la
même action avec la même échéance à maturité pour les deux options
(→ 66) et l’achat de l’action elle-même dans des proportions adéquates. Si
une telle position rapporte plus que le placement sans risque, il sera possible
de construire une position d’arbitrage consistant à financer par emprunt une
telle position, gagnante dans tous les cas de figure, nécessitant très peu de
capital.
Mais on a vite fait de passer de l’arbitrage au quasi-arbitrage, avec les
risques que cela peut comporter comme on l’a vu en 1998 avec le sauvetage
du fonds LTCM. Ce hedge fund (→ 83) avait des positions dont la valeur
était plus de 30 fois supérieure à son capital (effet de levier financier, → 38)
et pariait sur la convergence des taux des obligations allemandes et des
obligations d’Europe du Nord. Mais avant de converger effectivement, ces
taux ont commencé par diverger, mettant LTCM en faillite virtuelle.
8. – Spéculation
Voilà un horrible mot que beaucoup d’imprécateurs voudraient extirper
de la réalité. « La spéculation, ce sida de nos économies », ainsi la décrivait
Jacques Chirac en 2007. Un prix Nobel d’économie français, Maurice
Allais, avait même suggéré de ne coter les titres financiers (→ 62) qu’une
seule fois par jour, ce qui selon lui aurait été amplement suffisant.
D’autres voient dans la spéculation, consistant à acheter des valeurs
financières dans l’espoir de les revendre avec profit, un mécanisme
parfaitement sain, et dans les spéculateurs qui font leur miel de leur capacité
à prévoir le futur, l’expression d’un comportement normal, qui tout à la fois
prévoit, prend des précautions et achète (ou vend) en calculant ses risques.
Les économistes justifient l’existence des spéculateurs par leur fonction
régulatrice. Grâce à leurs anticipations, ils contribuent à réduire l’amplitude
des variations de prix (à moins qu’ils ne les exacerbent selon d’autres). Leur
présence vivifie les marchés des contrats à terme (→ 68), car la seule
existence d’opérateurs désirant se couvrir ne permettrait pas d’assurer leur
fonctionnement.
Et puis tout le monde n’est-il pas un peu spéculateur, à l’instar de
l’exportateur qu’on vient de payer en devises étrangères et qui tarde à les
convertir en escomptant une hausse de leur cours, ou qui les convertit
immédiatement de peur de leur baisse ?
Émile Zola n’a-t-il pas raison lorsqu’il décrit les mécanismes de la
Bourse et la spéculation dans le 18e volume des Rougon-Macquart ? Il y
oppose la richesse d’hier, celle des fortunes domaniales représentant la
« stagnation même de l’argent », à l’« argent moderne de la spéculation »,
l’« argent liquide qui coule, qui pénètre partout », « empoisonneur et
destructeur », mais aussi « ferment de toute végétation sociale ».
9. – Bulle financière
On peut définir une bulle comme une hausse très importante du prix
d’un actif financier en général ou d’un ensemble d’actifs selon un processus
quasi continu, avec la hausse initiale qui génère des anticipations de hausses
ultérieures, par un mécanisme auto-entretenu, et qui, ce faisant, attire de
nouveaux acheteurs, davantage intéressés par les profits qu’ils retireront de
la revente de l’actif, plutôt que par sa capacité bénéficiaire intrinsèque. La
bulle peut donc résulter d’un processus rationnel. Mais, la bulle est suivie
d’un retournement des anticipations et donc d’une chute brutale (krach), et
en tout cas importante, des prix qui peut déboucher sur une crise financière
(→ 10).
La bulle boursière de la « nouvelle économie » et des valeurs Internet
(1998-2000) a montré comment un tel processus pouvait naître et se
développer de même que la bulle immobilière survenue aux États-Unis à
partir de 2005, et qui a provoqué la crise financière puis économique
de 2007-2009, la plus grave depuis la grande dépression de 1929. Mais les
bulles ont une longue histoire, dont les plus notables furent la bulle du
Mississippi à Paris en 1719-1720 provoquée par John Law, fondateur de la
Banque générale et de la Banque royale ou celle des actions de la
Compagnie des Indes, ou encore celle des tulipes hollandaises au
e
XVII siècle fraîchement arrivées de Turquie via Vienne.
16. – Volatilité
L’expérience est là pour montrer que de nombreuses menaces pèsent sur
la rentabilité d’un investissement. Celles-ci lui confèrent son caractère
risqué et se traduisent notamment par une certaine volatilité des cours. La
volatilité est une mesure statistique de la propension d’un actif financier à
fluctuer.
Par définition, un actif sans risque (→ 76) ne présente aucun risque et
n’a donc aucune volatilité : du fait de la qualité de la signature, son
remboursement est certain et le montant du remboursement est connu à
l’avance. Et même si les taux fluctuent à la hausse ou à la baisse sur le
marché, les fluctuations n’auront aucun impact sur la valeur du bon du
Trésor dont l’échéance de remboursement est très proche. Il n’en est pas
ainsi de toutes les obligations (→ 62). La volatilité d’une obligation est très
dépendante de sa durée de vie. Les prix auxquels s’échangent des
obligations à trois, cinq, dix, vingt, trente, voire plus, même si leur valeur
de remboursement est certaine parce que connue à l’avance et d’une très
grande qualité de signature (notation AAA par les agences de rating, → 58),
sont très sensibles à une fluctuation des taux d’intérêt, même légère.
Les actions constituent un titre financier (→ 62) plus risqué que les
obligations, dans la mesure où les revenus qu’elles procurent (les
dividendes) sont incertains, qu’elles n’ont pas de valeur de remboursement,
et que leur durée de vie est en principe infinie. Ainsi, les actions sont plus
risquées que les obligations, lesquelles sont plus risquées que les bons du
Trésor.
In fine, les sources financières de la volatilité sont triples : une variation
des flux anticipés (ce facteur jouant principalement pour les actions), une
variation des taux d’intérêt, une variation de la perception du risque. Une
variation, même légère, d’un seul de ces facteurs peut engendrer une
variation violente des valeurs, surtout celles des titres dont la durée de vie
est longue. D’où la volatilité constatée en Bourse.
La volatilité elle-même est volatile, selon que les marchés et les
opérateurs sont calmes ou nerveux, et a son propre indicateur, notamment le
VIX du marché américain, aussi appelé indice de la peur. Il est établi
quotidiennement par le Chicago Board Options Exchange (CBOE) à partir
des volatilités implicites des contrats d’options sur l’indice S&P 500.
35. – Dilution
Le terme dilution revêt deux acceptions, voisines mais distinctes, selon
qu’il concerne l’ensemble des actionnaires ou seulement une partie d’entre
eux.
On parle de dilution lorsqu’une modification de la structure financière
de l’entreprise (un recours accru à l’endettement ou une opération de
fusion/acquisition) provoque une baisse (hausse) du BPA. On dit alors que
cette modification de la structure financière a sur le BPA un effet dilutif
(relutif).
La dilution peut également caractériser la réduction du pourcentage que
détient un actionnaire ou un groupe d’actionnaires dans le capital d’une
société suite à une augmentation de capital réservée à d’autres.
L’entreprise n’est plus aujourd’hui traitée comme une boîte noire par la
théorie économique au travers d’une fonction de production, comme ce fut
le cas pendant longtemps. Au contraire, et l’un des éléments, et non des
moindres, de ce changement de paradigme est la reconnaissance de
l’existence d’une plus ou moins forte asymétrie d’information entre les
insiders (en l’occurrence les dirigeants et les actionnaires majoritaires qui
peuvent être les mêmes dans certains cas) et les outsiders, les actionnaires
minoritaires, les créanciers et les banquiers. C’est la raison d’être de la
gouvernance financière des entreprises.
42. – Actionnaire
L’actionnaire est celui qui détient une part de capital de l’entreprise (les
actions). C’est un copropriétaire qui court les risques de l’entreprise (le
créancier est rémunéré avant lui, l’actionnaire peut ne pas recevoir de
dividendes et en cas de liquidation, il sera désintéressé après les créanciers).
Dans la terminologie anglo-saxonne, les actionnaires sont des shareholders
que l’on oppose souvent aux autres parties prenantes de l’entreprise, les
stakeholders, que sont les créanciers (debtholders) les employés, les clients,
les fournisseurs, etc.
Dans la mesure où l’actionnaire est ce qu’il est convenu d’appeler un
« créancier résiduel », car il est le dernier servi en cas de difficultés de
l’entreprise (et n’est servi de rien en cas de faillite), le droit des sociétés,
dans la plupart des pays, assigne au conseil d’administration le devoir de
surveiller et de contrôler les dirigeants pour protéger les intérêts des
actionnaires, dans le cadre de procédures de contrôle interne.
Dans la théorie classique de la firme et dans la pratique des affaires,
l’entreprise doit s’efforcer de créer de la valeur pour l’actionnaire (→ 39).
Celui-ci a donc des droits financiers en échange des risques qu’il prend. Il
détient aussi des droits de vote (→ 45).
43. – Actionnariat
Des Cassandre, au premier rang desquels deux publicistes américains,
Berle et Means, et Schumpeter, avaient formulé dans les années 1930 de
sombres prédictions sur l’avenir du capitalisme. Ils voyaient croître les
grandes entreprises, qui, du fait de leur développement, atteignaient une
taille telle que leur actionnariat, familial à l’origine, devenait de plus en
plus dispersé. En même temps se créait une nouvelle classe, celle des
managers qui poursuivaient leurs propres objectifs, éventuellement très
éloignés de ceux des actionnaires, lesquels, de ce fait, deviendraient de plus
en plus réticents à confier leur épargne aux entreprises, d’où la sombre
prédiction qu’ils firent de la disparition du capitalisme.
Mais encore aujourd’hui, la dispersion de l’actionnariat n’est pas le
phénomène le plus répandu dans le monde. Seuls quelques pays ont un
actionnariat dispersé, comme l’Australie, le Japon, la Grande-Bretagne, les
États-Unis et la Suisse. Dans les autres pays, la structure de l’actionnariat
est autre (contrôle familial, étatique ou financier) et des problèmes de
gouvernance y subsistent, liés à la structure duale de l’actionnariat entre les
familles qui contrôlent les entreprises par les actions qu’elles y détiennent
ou les emplois de dirigeants qu’elles y occupent d’une part, et les
investisseurs extérieurs d’autre part. Les actionnaires de contrôle exercent
parfois celui-ci bien au-delà de leurs droits financiers soit par le biais de
structures pyramidales en cascade, soit par le biais d’un rôle de direction et
de management, voire les deux. D’où l’importance des mécanismes de
gouvernance, que l’actionnariat soit dispersé ou concentré.
48. – Dette
La dette d’une entreprise représente l’argent que les créanciers mettent à
sa disposition. On distingue les dettes d’exploitation et les dettes
financières. Les dettes d’exploitation (les dettes fournisseurs notamment)
sont généralement à court terme.
Les dettes financières (bancaires et obligataires) ont presque toujours
une échéance de remboursement, même lointaine, à la différence des
capitaux propres… et des rentes perpétuelles. Ainsi, Coca-Cola a émis
en 2005 un emprunt à cent ans. La rémunération des dettes financières, un
coût pour l’entreprise, peut être soit fixe, soit variable (auquel cas elle est
fonction d’un taux d’intérêt de référence). Elle est déterminée
contractuellement et de manière indépendante des résultats de l’entreprise.
En cas de liquidation de l’entreprise, les créanciers sont remboursés de
manière subordonnée par rapport à d’autres créanciers de l’entreprise
(Sécurité sociale pour les charges sociales ou l’État pour la TVA à payer),
mais prioritairement aux actionnaires ; en contrepartie, ils ne profitent pas
de la croissance ou de la rentabilité de l’entreprise lorsque celle-ci va bien.
Une hiérarchie de plus en plus fine se dessine au sein même de
l’endettement d’une entreprise, avec des dettes subordonnées les unes par
rapport aux autres et donc un ordre de priorité de remboursement des
créanciers en cas de difficultés de l’entreprise. Cette hiérarchie est
particulièrement sophistiquée dans les financements de LBO (→ 57).
Enfin, l’endettement net d’une entreprise, ou dette financière nette, est
la différence entre ses dettes financières d’une part, et ses disponibilités en
espèces et ses placements financiers d’autre part. C’est cette différence qui
est utilisée dans le calcul de l’effet de levier (→ 38).
54. – Conglomérat
Le conglomérat est une entreprise constituée sous forme de groupe
ayant des activités industrielles et/ou de services disparates et organisée de
manière plus ou moins autonome.
Le conglomérat répondrait à une logique financière, dans la mesure où
il constitue un marché interne du capital. En effet, entre la « holding de
tête » que constituent le conglomérat et les différentes unités productives
qui en dépendent, les relations sont essentiellement de type financier : les
ressources dégagées par les différentes unités sont centralisées par la
holding qui les réalloue en fonction des perspectives des diverses activités.
Le conglomérat faciliterait l’évaluation et le financement des projets
d’investissement mieux que ne peut le faire le marché financier.
Le conglomérat est aussi parfois justifié par l’existence de synergies
financières. En effet, dans la mesure où les différentes activités du
conglomérat ne sont pas corrélées, la diversification des activités est un
facteur de réduction des risques, ce qui conduit à une diminution de la
variabilité des résultats, et donc à valoriser le conglomérat à un prix
supérieur à la somme des prix auxquels les investisseurs auraient valorisé
les différentes unités concernées prises isolément.
Mais, en bonne logique financière, il n’y a aucune raison que les
marchés financiers rémunèrent une diversification (→ 78) que les
investisseurs pourraient réaliser eux-mêmes, de manière volontaire et moins
coûteuse. De fait, les marchés ont tendance à sous-valoriser les titres des
groupes trop hétérogènes dans leurs activités, c’est la décote de holding, car
plus une firme est diversifiée, plus ses actionnaires éprouvent de difficultés
à maîtriser une information de plus en plus complexe sur l’entreprise. Pour
les actionnaires, les coûts de surveillance des décisions des dirigeants et de
leurs conséquences deviennent trop importants, et ils délaissent les titres de
ces sociétés. Bien que certaines entreprises soient encore, mais de moins en
moins, des conglomérats – General Electric et Siemens en sont
l’archétype – cette forme d’organisation est passée de mode, alors que l’on
parle plus souvent de recentrage sur son cœur de métier (core business)
d’une entreprise aux activités auparavant diversifiées.
55. – OPA / OPE
Une offre publique consiste en une proposition faite aux actionnaires
d’une société cible cotée d’acquérir leurs titres. Elle est exprimée par un ou
plusieurs actionnaires agissant de concert. L’offre peut être en numéraire
(OPA, offre publique d’achat) ou bien prendre la forme d’un échange
d’actions (OPE, offre publique d’échange), ou encore être une offre mixte.
Les offres publiques sont en France réglementées par l’Autorité des
marchés financiers (AMF, → 98), dans le cadre d’une loi qui procède de la
transcription en droit français d’une directive européenne.
Il est courant de distinguer les offres amicales des offres hostiles.
L’offre est dite hostile si elle est faite sans l’accord préalable des dirigeants
de la société cible. Depuis la première OPE française hostile de BSN sur
Saint-Gobain en 1968, les dirigeants des cibles comme les initiateurs
exposent leurs arguments à grand renfort de publicité, comme ce fut le cas
en 2006 avec la prise de contrôle d’Arcelor par Mittal Steel.
Les offres publiques relèvent de ce qu’il est convenu d’appeler le
marché du contrôle des entreprises et constituent l’un des principaux
moyens de leur croissance externe. En principe, le grand avantage des
offres publiques est la réallocation des ressources de manière plus efficace
grâce aux synergies de coûts, aux synergies commerciales et géographiques
(cas de l’OPA amicale d’un consortium franco-chinois sur la société Club
Méditerranée en mai 2013), etc., et dans le cas des offres hostiles, la
sanction d’équipes dirigeantes défaillantes. Mais ce n’est pas toujours le
cas. Les OPA/OPE globalement et en moyenne créent de la valeur en ce
sens que la valeur des deux entités rassemblées est supérieure à la somme
des deux séparées, mais cette création de valeur profite essentiellement aux
actionnaires de la société cible.
Les dispositifs anti-OPA protègent les actionnaires majoritaires et les
équipes dirigeantes, souvent au détriment des intérêts des actionnaires
minoritaires. De même, certains textes réglementaires et légaux peuvent
paradoxalement aider les actionnaires majoritaires (insiders) à se protéger
avec les fameuses pilules empoisonnées (poison pills). Celles-ci sont des
opérations financières ou industrielles (augmentation de capital massive en
numéraire, vente d’actifs stratégiques, etc.) auxquelles peut recourir une
société cible dans le but d’inciter l’initiateur de l’offre publique à y
renoncer.
57. – LBO
Le LBO (Leverage Buy-out) représente le rachat d’une entreprise avec
effet de levier et prend la forme d’un achat d’une société par un ou plusieurs
fonds d’investissement spécialisés de Private Equity.
Le LBO constitue une forme de gouvernance pratiquement inconnue il
y a une vingtaine d’années, qui a pris un essor remarquable s’expliquant par
plusieurs facteurs.
La cause première de l’afflux de capitaux dans cette forme
d’investissement, c’est la rentabilité observée sur le passé des fonds de
LBO, supérieure à celle constatée sur les grands indices d’actions cotées.
Certes, les actions cotées ont procuré aux investisseurs depuis trente ans
une rentabilité annuelle de l’ordre de 10 % l’an, mais la performance
annuelle des fonds de LBO a été supérieure. Dans ces conditions, il est
naturel que de plus en plus de capitaux se soient dirigés vers les fonds de
LBO.
Mais comment ces performances remarquables ont-elles pu être
obtenues ? Il y a certes des facteurs conjoncturels, comme les taux d’intérêt
très bas, qui amplifient l’effet de levier sur les performances opérationnelles
de ces entreprises, dont la première caractéristique est d’être très endettées
(environ 70 % à 80 % des fonds propres contre 30 sur 40 % pour une
société cotée en Bourse). Dans un contexte de taux d’intérêt bas, les
entreprises disposent donc d’un financement très peu coûteux, surtout après
fiscalité.
Mais la création de valeur engendrée par les entreprises ayant fait
l’objet d’un LBO provient surtout du fait que les équipes de direction à la
tête de ces entreprises améliorent significativement la gestion et donc la
rentabilité de l’actif économique dont elles ont la charge, et ce, de plusieurs
manières : amélioration du volume d’activité, rationalisation de la gestion et
donc croissance des marges, recentrage et extension des activités,
optimisation des capitaux employés, etc. Selon une jolie expression, le LBO
c’est parfois l’« atelier de réparation des entreprises ».
Enfin, les sociétés sous LBO réussissent mieux que les autres à
améliorer leurs performances économiques grâce à un système de
gouvernance d’entreprise particulièrement motivant. L’endettement de ces
entreprises engendrant une vigilance accrue, leurs dirigeants comme ceux
des fonds qui les financent surveillent la marche de leurs affaires comme le
lait sur le feu, avec des systèmes de suivi opérationnel et de contrôle très
rigoureux. Voilà pour les incitations négatives. Mais l’essentiel repose sur
l’alignement d’intérêts investisseurs/dirigeants puisque les fonds de LBO,
dont les dirigeants sont eux-mêmes investisseurs dans les entreprises qu’ils
contrôlent, demandent aux dirigeants de ces dernières d’y co-investir aussi
de manière significative.
66. – Options
Une option est un actif financier qui confère à son acheteur le droit,
mais non l’obligation, d’acheter (option d’achat ou call) ou de vendre
(option de vente ou put) une certaine quantité d’actif sous-jacent jusqu’à
une date future convenue, dite date d’exercice et à un certain prix, dit prix
d’exercice, fixé dès le début du contrat, en contrepartie du versement
immédiat d’une prime (premium). Si le cours du sous-jacent est supérieur
au prix d’exercice, l’option est dite in the money (en dedans), out of money
(en dehors) dans le cas inverse, et at the money (à parité) si les deux sont
voisins. On distingue par ailleurs les options américaines qui peuvent être
exercées à tout moment pendant la durée de vie des options, des options
européennes qui ne peuvent être exercées qu’à leur échéance.
Les options, qui avaient à l’origine pour sous-jacent les actions de
sociétés, se sont par la suite étendues à une multitude d’autres « actifs » :
indices boursiers, taux d’intérêt, taux de change, l’or et diverses matières
premières, etc. Les options simples sont négociées sur les marchés
financiers. D’autres options plus complexes permettent de mieux coller aux
profils de risque particuliers que présentent certaines entreprises. Appelées
options exotiques et négociées de gré à gré, celles-ci sont contractées auprès
des banques.
Les marchés d’options se sont formidablement développés à partir
de 1973 avec la création du premier marché d’options négociables à
Chicago et leur multiplication dans le monde entier, et notamment en
France à partir de 1987. Leur développement s’est fait parallèlement à celui
de la théorie de l’évaluation des options, au début des années 1970, avec le
modèle de Black et Scholes.
67. – Black-Scholes
Le modèle d’évaluation des options de Fisher Black et Myron Scholes
(auquel il convient d’accoler en toute justice le nom de Robert Merton),
universellement utilisé par les praticiens à travers le monde, est
relativement simple dans la mesure où il ne fait intervenir qu’un petit
nombre de variables : le cours et la volatilité de l’action, le prix d’exercice,
l’échéance de l’option, les dividendes versés s’il y a lieu, et le taux
d’intérêt. Par ailleurs, il est possible de quantifier l’impact sur le prix d’une
option des modifications des paramètres qui l’influencent. La valeur d’une
option se décompose en deux : sa valeur intrinsèque et sa valeur temps. La
valeur intrinsèque d’un contrat est la valeur de l’option si on l’exerce
immédiatement, soit la différence, positive, pour un call entre le cours et le
prix d’exercice (que l’acheteur du call verse au vendeur), et pour un put
entre le prix d’exercice (que le vendeur du put verse à l’acheteur) et le
cours. La valeur temps représente le supplément de prix dont il faut
s’acquitter pour un contrat dont l’échéance n’est pas immédiate. Black-
Scholes a la notoriété d’une grande marque dans les salles de marché où les
traders utilisent intensément leur modèle.
69. – Swaps
Un swap est un contrat entre deux parties qui s’engagent à un échange
périodique de flux financiers générés par deux actifs financiers différents.
En jargon swap, on appelle jambe (leg) chaque côté du swap.
Le swap de taux d’intérêt classique (taux fixe/taux variable) est un
instrument grâce auquel deux entités (industrielle et/ou financière) qui se
font contrepartie procèdent à des échanges de taux d’intérêt. Dans ce cas de
figure, les deux entités désirent échanger un taux fixe contre un taux
flottant, le différentiel donnant lieu à des versements périodiques (tous les
trois ou six mois) pendant toute la durée de vie de l’accord de swap. Le
calcul des flux financiers s’effectue en référence au nominal (notionnel) du
swap. Du fait de ce contrat, l’une des deux entités se prive du bénéfice
d’une évolution favorable des taux (d’une hausse s’il reçoit le taux fixe et
verse le taux flottant, d’une baisse dans le cas inverse).
Il existe plusieurs autres formes de swap : les deux contreparties
empruntent à taux fixe dans deux devises différentes et procèdent à des
échanges de capital et de taux d’intérêt ; ou elles empruntent à taux flottant
dans deux devises différentes ; ou encore une contrepartie emprunte à taux
fixe dans une devise, tandis que la seconde emprunte à taux flottant dans
une autre devise. Dans les trois cas de figure, les deux entreprises échangent
uniquement le solde des flux financiers.
En troquant du fixe pour du variable, ou de l’euro pour du dollar ou vice
versa, au lieu d’emprunter directement dans le titre final de leur choix, les
entreprises ne sont pas pour autant primesautières ou d’humeur changeante.
C’est que les entreprises ont des avantages comparatifs sur certains marchés
géographiques, un habitat préféré, pour l’une ou l’autre des formes
d’emprunt et en profitent par le biais des swaps pour, in fine, abaisser leurs
coûts de financement.
Depuis, les swaps se sont généralisés à de multiples opérations. Par
exemple, l’equity swap consiste à échanger la performance d’une action ou
d’un indice boursier (de secteur ou général) contre un taux d’intérêt, et un
swap de dividendes un dividende réel (inconnu au début du contrat) contre
un flux théorique. Il n’y a guère de limite à l’imagination financière !
Les marchés financiers font l’interface entre les émetteurs d’une part –
les entreprises, les États, les collectivités publiques et locales – et les
investisseurs qui, de plus en plus, sont des investisseurs institutionnels
(→ 53) gérant l’épargne des particuliers. Les acteurs de ce système sont
multiples et leurs styles de gestion variés. Leur importance en quantité et
sophistication va grandissant, et le développement de leurs compétences
suit celui intervenu dans les banques de réseau et sur les marchés.
78. – Diversification
« Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. » Ce vieux
dicton populaire a acquis ses lettres de noblesse scientifique avec
l’apparition de la théorie moderne du portefeuille et les travaux de
Markowitz et Sharpe.
Selon ce dernier, le risque que présentent les actifs financiers, et
notamment les actions, a deux composantes, le risque systématique et le
risque spécifique. Le premier est non diversifiable et correspond au risque
du marché multiplié par le coefficient bêta (→ 19) du titre.
Mais les actions, comme tous les titres, présentent aussi un risque
spécifique, encore appelé risque idiosyncratique, qui peut être éliminé par la
diversification, c’est-à-dire la constitution d’un portefeuille comprenant un
certain nombre de titres. Combien ? Pour qu’un portefeuille soit
correctement diversifié, il faut qu’il comprenne au moins une trentaine de
lignes de montant équivalent. Évidemment, la diversification réduira encore
davantage le risque du portefeuille si celui-ci est constitué à la fois
d’actions domestiques (de sociétés de la zone euro) et d’actions
internationales. De fait et en un temps normal, un portefeuille bien
diversifié internationalement est deux fois moins risqué qu’un portefeuille
bien diversifié au plan domestique.
Le concept de diversification de portefeuille s’applique aussi au plan de
l’entreprise qui peut opérer un portefeuille d’activités qui se comportent
différemment dans le cycle économique. Les holdings ou les conglomérats
sont les archétypes des entreprises diversifiées (→ 54).
Le cadre institutionnel
92. – Cotation
Une cotation sur un marché financier consiste à fixer l’ensemble des
procédures permettant la production à intervalles donnés d’un prix pour un
titre financier.
Il convient de distinguer les meilleures limites (quotation prices)
figurant sur le carnet d’ordres des intermédiaires agréés des cours de
transactions (transaction prices). Les premières correspondent aux limites
de prix exprimées par les donneurs d’ordres. Les secondes résultent d’une
confrontation, entre l’offre et la demande qui se traduit par une transaction
sur le marché.
Entre l’investisseur final et le marché, des intermédiaires s’intercalent.
Sur un marché d’agence, ils exécutent les ordres de leurs clients ; sur un
marché dominé par les prix, les teneurs de marché affichent leurs prix
d’achat et de vente et sont eux-mêmes contrepartie de leurs clients.
Diverses procédures peuvent être utilisées pour permettre la
confrontation des ordres d’achat et de vente : la cotation à la criée, toujours
utilisée sur certains marchés (NYSE et CBOE), mais en voie de disparition
et remplacée par un logiciel comme le UTP (nouveau système de cotation)
sur Euronext. Les marchés financiers sont devenus des réseaux
informatiques reliant tous les intermédiaires à un système central de
cotation.
94. – Blockchain
Les contrats, les transactions et leur enregistrement figurent parmi les
cadres déterminants de nos systèmes économiques, juridiques et politiques.
Ils protègent les actifs et fixent les frontières organisationnelles. Ils
définissent et contrôlent les identités et relatent les événements en détail. Ils
régissent les échanges entre les nations, les entreprises, les communautés et
les individus. Mais ces outils essentiels n’ont pas encore épousé la
transformation digitale et la promesse de la blockchain est d’y contribuer.
Cette technologie, au cœur du Bitcoin et d’autres monnaies virtuelles, est un
registre transparent et distribué de manière décentralisée, capable
d’enregistrer efficacement les transactions entre deux utilisateurs de
manière vérifiable, permanente et irréversible. La blockchain permet
d’imaginer un monde où les contrats seraient encodés numériquement et
stockés dans des bases de données transparentes, partagées, où ils se
trouveraient à l’abri de toute destruction, falsification ou modification. Les
individus, les entreprises, les machines pourraient profiter de cette
technologie disruptive capable de désintermédier les échanges de façon
sécurisée sans qu’il soit nécessaire de passer par des intermédiaires, tels que
des avocats, des notaires, des courtiers, des banquiers, etc. Voici l’immense
potentiel de la blockchain, susceptible d’entraîner une baisse substantielle
des coûts de transaction et d’intermédiation.
Glossaire
Bernard AFOUGHE <afoughebernard2@gmail.com>
www.quesaisje.com