01 Recurrence
01 Recurrence
01 Recurrence
A l’aide de cette expression, il est possible de calculer les termes de la suite de proche en proche.
u0 1 1
• u1 = = = .
1 + u0 1+1 2
1 1
u1 1
• u2 = = 2 1 = 2
3 = .
1 + u1 1+ 2 2
3
1 1
u2 1
• u3 = = 3 1 = 3
4 = .
1 + u2 1+ 3 3
4
• ...
Toutefois, il n’est pas possible de calculer u50 sans calculer tous les termes précédents... On souhaiterait
déterminer une expression de un en fonction de n pour tout entier naturel n.
1
D’après les premiers termes de notre suite, il semblerait que pour tout entier naturel n, on ait un = .
n+1
Cette formule fonctionne pour les rangs 0, 1, 2 et 3 mais qu’en est-il pour le reste ?
Un moyen de s’assurer que cette formule fonctionne pour tous les rangs est de la démontrer par récurrence.
Définition 1 : Lorsque l’on souhaite démontrer une proposition mathématique qui dépend d’un entier n, il
est parfois possible de démontrer cette proposition par récurrence.
Pour tout entier n, on note P(n) la proposition qui nous intéresse. La démonstration par récurrence comporte
trois étapes :
• Initialisation : On montre qu’il existe un entier n0 pour lequel P(n0 ) est vraie ;
• Hérédité : on montre que, si pour un entier n > n0 , P(n) est vraie, alors P(n + 1) l’est également ;
• Conclusion : on en conclut que pour tout entier n > n0 , la proposition P(n) est vraie.
Le principe du raisonnement par récurrence rappelle les dominos que l’on aligne et que
l’on fait tomber, les uns à la suite des autres.
On positionne les dominos de telle sorte que, dès que l’un tombe, peu importe lequel,
il entraîne le suivant dans sa chute. C’est l’hérédité. Seulement, encore faut-il
faire effectivement tomber le premier domino, sans quoi rien ne se passe : c’est
l’initialisation.
Si ces deux conditions sont remplies, on est certain qu’à la fin, tous les dominos seront
tombés : c’est notre conclusion.
Exemple 1 : On considère la suite (un ) définie par u0 = 1 et, pour tout entier naturel n,
un
un+1 = .
1 + un
1
Pour tout entier naturel n, on note P(n) la proposition « un = ».
n+1
• Initialisation : Pour n = 0.
1 1
= = 1 = u0
0+1 1
La propriété P(0) est donc vraie.
1
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P(n) est vraie. On a donc un = . A partir de ce résultat,
n+1
1 1
on souhaite démontrer que P(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que un+1 = =
n+1+1 n+2
1 un
Nous avons donc un = . Or, un+1 = . Ainsi,
n+1 1 + un
1 1 1
n+1 n+1 n+1 1 n+1 1
un+1 = 1 = 1 n+1 = n+2 = × =
n+1 + 1 n+1 + n+1 n+1
n+1 n+2 n+2
1
On trouve bien que un+1 = : P(n + 1) est donc vraie.
n+1+1
• Conclusion : La propriété est vraie au rang 0 et est héréditaire, elle est donc vraie pour tout entier n.
1
Nous avons montré que pour tout entier naturel n, on a bien un = .
n+1
Une propriété utile qui peut être démontrée par récurrence est la suivante. Souvenez-vous en, elle reviendra
dans un prochain chapitre !
Démonstration 1 : Nous allons démontrer cette propriété par récurrence. Fixons-nous un réel a strictement
positif. Pour tout entier naturel n, on note alors P(n) la proposition « (1 + a)n > 1 + na ».
• Initialisation : Prenons n = 0.
– D’une part, (1 + a)0 = 1
– D’autre part, 1 + 0 × a = 1.
On a bien (1 + a)0 > 1 + 0 × a. P(0) est donc vraie.
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P(n) est vraie. On a donc (1 + a)n > 1 + na.
En multipliant des deux côtés de l’inégalité par (1 + a), qui est strictement positif, on obtient alors que
Or,
On a bien montré que, pour tout entier naturel n, (1 + a)n > 1 + na.
y = (1 + x)n
Une interprétation graphique de cette inégalité est possible.
La droite d’équation y = 1 + nx n’est autre que la tangente à la courbe
d’équation y = (1 + x)n à l’abscisse 0. L’inégalité de Bernoulli dit donc
y = 1 + nx
que la courbe se trouve au-dessus de la tangente lorsque x > 0.
Nous verrons, lorsque la dérivation n’aura plus de secret pour vous, que
cette remarque nous fournira une autre démonstration de l’inégalité de
Bernoulli.
Les majorants et minorants sont indépendants de n ! Bien que pour tout n > 0, on ait n 6 n2 , on ne peut
pas dire que la suite (un ) définie par un = n est majorée. Cette indépendance se traduit dans l’ordre des
quantificateurs employés dans la définition précédente (le majorant y apparaît avant l’entier n).
Exemple 3 : Pour tout entier naturel n, on pose vn = n2 + 1. La suite (vn ) est minorée puisque pour tout
entier naturel n, vn > 1. En revanche, elle n’est pas majorée.
Exemple 4 : Pour tout entier naturel n, on pose wn = (−1)n n. Cette suite n’est ni majorée, ni minorée.
Lorsqu’une suite est définie par récurrence, une majoration ou une minoration de cette suite peut elle-même
être démontrée par récurrence.
Exemple 5 : On considère la suite (un ) définie par u0 = 5 et pour tout entier naturel n, un+1 = 0.5un + 2.
Pour tout entier naturel n, on note P(n) la proposition « un > 4 ».
• Initialisation : On a bien u0 > 4. P(0) est donc vraie.
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire un > 4. En multipliant cette
inégalité par 0,5, on en déduit que 0.5un > 2. En ajoutant 2, on en déduit que 0.5un + 2 > 4,
c’est-à-dire un+1 > 4. P(n + 1) est vraie.
• Conclusion : Ainsi, P(0) est vraie et la proposition P est héréditaire. D’après le principe de récur-
rence, on en conclut que pour tout entier naturel n, P(n) est vraie.
Si l’on se donne une fonction f définie sur un ensemble I et une suite (un ) à valeurs dans I telle que, pour tout
entier naturel n, un+1 = f (un ), l’étude de la fonction f pourra également nous fournir des informations sur la
suite (un ) étudiée.
Exemple 6 : On considère une fonction f définie sur R et dont le tableau de variations est le suivant.
x −∞ −1 3 +∞
3
f
0
On considère alors la suite (un ) définie par u0 = 1 et, pour tout entier naturel n, un+1 = f (un ).
Pour tout entier naturel n, on considère la proposition P(n) : « 0 6 un 6 3 ».
• Initialisation : On a bien 0 6 u0 6 3. P(0) est donc vraie.
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire 0 6 un 6 3.
La fonction f est décroissante sur l’intervalle [−1; 3], lequel contient l’intervalle [0; 3]. Il est alors
possible d’appliquer cette fonction à notre inégalité (attention, la fonction étant décroissante, l’inégalité
sera alors renversée).
Ainsi, on a f (0) > f (un ) > f (3). On sait par ailleurs que f (un ) = un+1 , que f (3) = 0 et que,
d’après les variations de f , f (−1) > f (0), c’est-à-dire que 3 > f (0).
On en conclut donc que 3 > un+1 > 0. P(n + 1) est donc vraie.
• Conclusion : Ainsi, P(0) est vraie et la proposition P est héréditaire. D’après le principe de récur-
rence, on en conclut que pour tout entier naturel n, P(n) est vraie.
Étudier la croissance ou la décroissance d’une suite revient donc souvent à étudier le signe de un+1 − un .
Exemple 7 : On considère la suite (un ) définie pour tout entier naturel n par un = n2 − n.
Pour tout entier naturel n,
2n
Exemple 8 : On considère la suite (un ) définie pour tout entier naturel non nul n par un = .
n
Pour tout entier naturel non nul n, on a un > 0 et
2n+1
un+1 2n+1 n 2n
= n +n 1 = × =
un 2 n + 1 2n n+1
n
2n
Or, si n > 1, on a, en ajoutant n aux deux membres de l’inégalité, 2n > n + 1 et donc > 1.
n+1
un+1
Ainsi, pour tout entier naturel non nul n, > 1. La suite (un ) est donc croissante.
un
Encore une fois, lorsqu’une suite est définie par récurrence, ses variations peuvent également être étudiées par
récurrence.
√
Exemple 9 : On considère la suite (un ) définie par u0 = 4 et pour tout n ∈ N, un+1 = 5 + un .
Pour tout entier naturel n, on note P(n) la proposition 0 6 un+1 6 un . Montrer que P(n) est vraie pour
tout entier naturel n démontrera que la suite (un ) est décroissante et minorée par 0, un résultat qui nous
intéressera fortement dans un prochain chapitre...
√ √
• Initialisation : u0 = 4, u1 = 5 + 4 = 9 = 3. On a bien 0 6 u1 6 u0 . P(0) est vraie.
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P(n) est vraie. On a alors
0 6 un+1 6 un .
5 6 un+1 + 5 6 un + 5.
√
On souhaite "appliquer la racine carrée" à cette inégalité. La fonction x 7→ x étant croissante sur
l’intervalle [0; +∞[, l’appliquer ne changera pas le sens de l’inégalité. On a donc bien
√ p √
5 6 un+1 + 5 6 un + 5.
√ √ √
D’une part, 5 > 0. D’autre part, un+1 + 5 = un+2 et un + 5 = un+1 . Ainsi
0 6 un+2 6 un+1 .
Comme précédemment, si l’on dispose d’une fonction f que l’on sait étudier et d’une suite (un ) telle que pour
tout entier naturel n, un+1 = f (un ), il est sans doute possible d’utiliser les informations que nous avons sur la
fonction pour en déduire des informations sur notre suite.
Attention ! Ce n’est pas parce que la fonction f est croissante que la suite le sera également !
Exemple 10 : On considère une fonction f définie sur R et dont le tableau de variations est le suivant.
x −∞ −1 3 5 +∞
5
f 2
1
On considère alors la suite (un ) définie par u0 = 3 et, pour tout entier naturel n, un+1 = f (un ).
On souhaite montrer que la suite (un ) est décroissante et bornée par −1 et 5. Pour tout entier naturel n, on
considère alors la proposition P(n) : « −1 6 un+1 6 un 6 5 ».
• Initialisation : On a u0 = 3 et u1 = f (u0 ) = f (3) = 2. On a bien −1 6 u1 6 u0 6 5. P(0) est donc
vraie.
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire −1 6 un+1 6 un 6 5.
La fonction f est croissante sur l’intervalle [−1; 5]. Il est alors possible d’appliquer cette fonction à
notre inégalité (la fonction étant croissante, le sens de l’inégalité est conservée).
Ainsi, on a f (−1) 6 f (un+1 ) 6 f (un ) 6 f (5). On sait par ailleurs que f (un ) = un+1 , que
f (un+1 ) = un+2 , que f (5) = 5 et enfin que f (−1) = 1 > −1.
On en conclut donc que −1 6 un+1 6 un 6 5. P(n + 1) est donc vraie.
• Conclusion : Ainsi, P(0) est vraie et la proposition P est héréditaire. D’après le principe de récur-
rence, on en conclut que pour tout entier naturel n, P(n) est vraie.
1 Principe
I Exercice 1 — Voir le corrigé
Soit r un réel. On rappelle qu’une suite (un ) est arithmétique de raison r si pour tout n ∈ N, un+1 = un + r.
Soit donc (un ) une suite arithmétique de raison r.
1. Montrer par récurrence que pour tout entier naturel n, un = u0 + rn.
2. Application : On considère la suite (un ) arithmétique de premier terme u0 = 4 et de raison r = 8
(a) Exprimer un en fonction de n
(b) Calculer u18 à l’aide de cette formule.
un = 1 + 3 + 5 + 7 + · · · + (2n − 1).
1. Calculer u1 , u2 , u3 et u4 .
2. Conjecturer une expression simple de un en fonction de n puis démontrer cette conjecture par récurrence.
un+1 = a un + b.
un = an (u0 − r) + r.
3. On propose de montrer ce résultat par une autre méthode. On considère pour cela la suite (cn ) définie
pour tout entier naturel n par cn = un − r.
(a) Exprimer cn+1 en fonction de cn pour tout entier naturel n.
(b) Quelle est la nature de la suite (cn ) ?
(c) En déduire une expression de cn puis de un en fonction de n, pour tout entier naturel n.
1
a. un = (−1)n + pour n 6= 0 b. un = cos(n) + sin(n) c. un = −3 cos(n) + 2 sin(n)
n
n
d. un = 2 cos(n) − n e. un = cos(n) + 3 f. un =
n+1
0 6 un 6 un+1 6 4.
On rappelle que la fonction x 7→ e−x est décroissante sur R. Montrer que pour tout entier naturel n,
1 Principe
1
Pour tout entier naturel non nul n, on pose P(n) : « un = √ »
n
1
• Initialisation : √ = 1 = u1 , P(1) est vraie.
1
1 un
• Hérédité : Soit n ∈ N\{0}. Supposons que P(n) est vraie. On a donc un = √ .Or, un+1 = p .
n u2n + 1
Ainsi,
√1 …
n 1 1 1 1 1 n 1
un+1 = …Ä ä =√ ×» =√ ×» =√ × =√
2 n 1 n n+1 n n+1 n+1
√1 +1 n +1 n
n
9 − 8(n + 1) 9 − 8n − 8 1 − 8n
un+1 = = =
3 + 8(n + 1) 3 + 8n + 8 11 + 8n
9 − 8n 9 − 8n − 2(3 + 8n)
un − 2 −2
Or, un+1 = . Ainsi, un+1 = 3 + 8n = 3 + 8n . On a alors
2un + 5 9 − 8n 2(9 − 8n) + 5(3 + 8n)
2× +5
3 + 8n 3 + 8n
et donc
9 − 8n − 6 − 16n 3 − 24n
un+1 = =
18 − 16n + 15 + 40n 33 − 24n
3(1 − 8n) 1 − 8n
En factorisant par 3, on obtient finalement un+1 = = qui est bien le résultat voulu.
3(11 − 8n) 11 + 8n
P(n + 1) est vraie.
• Conclusion : P(0) est vraie, P est héréditaire. Par récurrence, P(n) est vraie pour tout entier naturel n.
un+1 = n2 + 2n + 1 = (n + 1)2
x2n+1 + yn+1
2
= (0,8xn − 0,6yn )2 + (0,6xn + 0,8yn )2
En développant, on a
x2n+1 + yn+1
2
= 0,64x2n − 0,96xn yn + 0,36yn2 + 0,36x2n + 0,96xn yn + 0,64yn2
En simplifiant, on a donc
x2n+1 + yn+1
2
= x2n + yn2 = 25
• Conclusion : P(0) est vraie et P est héréditaire. Par récurrence, P(n) est vraie pour tout n ∈ N
Pour tout entier naturel n,
cn = c0 × an = (u0 − r) × an
Or, pour tout entier naturel n, cn = un − r et donc un = cn + r. On en conclut que, pour tout entier naturel n,
un = an (u0 − r) + r
Ainsi, f1 est dérivable sur R et pour tout réel x, f10 (x) = 1. Par ailleurs, pour tout réel x non nul,
Ainsi, f2 est dérivable sur R et pour tout réel x, f20 (x) = 2x.
Soit u et v deux fonctions dérivables sur R. Alors uv est dérivable sur R et (uv)0 = u0 v + uv 0
Pour tout entier naturel n supérieur ou égal à 2, on considère la proposition P(n) : « la fonction fn : x 7→ xn
est dérivable sur R, de dérivée fn0 : x 7→ nxn−1 »
• Initialisation : D’après la question 1., f2 est dérivable sur R et pour tout réel x, f20 (x) = 2x = 2x2−1 .
P(2) est donc vraie.
• Hérédité : Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 2. Supposons que P(n) est vraie. Pour tout réel x
Or, f1 est dérivable sur R (question 1.) et fn est également dérivable sur R par hypothèse de récurrence.
Ainsi, fn+1 est dérivable sur R et
0
fn+1 = f10 × fn + f1 × fn0
x 1
0 2 1
f 0 (x) + 0 −
1
f
0 0
En particulier, on voit que pour tout réel x ∈ [0; 1], on a 0 6 f (x) 6 1. Pour tout entier naturel n, on pose
P (n) : « 0 6 vn 6 1 ».
• Initialisation : pour n = 0, on a v0 = 0,3 et donc 0 6 vn 6 1. P (0) est vraie.
• Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons que P (n) est vraie, c’est-à-dire 0 6 vn 6 1. En utilisant les résultats
de la question précédente, on a alors 0 6 f (vn ) 6 1, c’est-à-dire 0 6 vn+1 6 1. P (n + 1) est vraie.
• Conclusion : P (0) est vraie et P est héréditaire. Par récurrence, P (n) est vraie pour tout n ∈ N.
Ainsi, pour tout réel positif x, f 0 (x) > 0. f est strictement croissante sur [0; +∞[
Or, f (0) = 2, qui est supérieur à 0, f (un ) = un+1 , f (un+1 ) = un+2 et f (4) = 4. il en vient que
0 6 un+1 6 un+2 6 4
e0 > e−an > e−an+1 > e−bn+1 > e−bn > e−1
Et donc, puisque e−1 > 0, on a, en lisant cette inégalité dans l’autre sens,
P (n + 1) est vraie.
• Conclusion : P (0) est vraie et P est héréditaire. Par récurrence, P (n) est vraie pour tout n ∈ N.