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191)
Chapitre 2
La dysphasie
(V. Taly)
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Sommaire
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1. Définitions du trouble............................................................................... 83
2. Contexte de bilinguisme et dysphasies..................................................... 89
3. Cas clinique : Steevy, 7 ans....................................................................... 92
4. Discussion................................................................................................ 107
5. Références bibliographiques.................................................................... 111
6. Annexes.................................................................................................... 113
1. Définitions du trouble
La dysphasie fait partie des troubles du langage de l’enfant dits primaires,
ou encore désignés sous le terme de « spécifiques ». Alors que les diffi-
cultés langagières dites secondaires découlent de certains déficits sensoriels,
neuromoteurs, ou de certaines affections neurologiques ou psychopatho-
logiques, les troubles du langage dits primaires apparaissent souvent plus
complexes à saisir.
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En France, c’est à partir des travaux de Julian de Ajuriaguerra et de
l’équipe d’Henri Rousselle (1958, 1965), que le terme de dysphasie a pris son
sens actuel. À l’époque, les troubles invalidants du langage oral de l’enfant
étaient considérés selon les tableaux cliniques du modèle neurologique des
aphasies de l’adulte. J. de Ajuriaguerra et ses collaborateurs ont étudié et
regroupé plusieurs descriptions figées de l’époque, avec l’idée d’une même
entité pathologique : les dysphasiques.
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– le syndrome de déficit phonologico-syntaxique,
– le syndrome de déficit lexico-syntaxique,
– et le syndrome de déficit sémantico-pragmatique.
Agnosie auditivo-verbale
Dyspraxie verbale Synd. lexical-syntaxique
ou surdité verbale
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elle a une valeur de catégorie pour cet ensemble de syndromes. Cette classi-
fication en syndromes sert dans une perspective diagnostique plus poussée,
et s’accompagne d’hypothèses neuropsychologiques sur les dysfonction-
nements cérébraux à l’œuvre dans quelques-uns des syndromes identifiés.
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se caractérise, chez un même individu, par sa persistance, la variabilité du
portrait clinique dans le temps, de même que par une forte probabilité qu’il
y ait peu d’évolution sans intervention. La dysphasie est souvent accom-
pagnée d’autres signes et peut aussi coexister avec d’autres déficiences.
La dysphasie a des répercussions qui peuvent entraver le développement
et le fonctionnement de l’individu sur les plans personnel, social, scolaire
et professionnel. Par conséquent, la dysphasie engendre des situations de
handicap et des préjudices variables pour l’individu et son entourage selon
les circonstances et à tous les âges de la vie » (2009, p. 163-164).
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La dysphasie ■ Chapitre 2
Trouble spécifique
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Trouble phonologique de l’acquisition Dysphasie
de l’articulation
Bégaiement
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Sur cette question du diagnostic différentiel ou diagnostic associé, rappe-
lons le propos de R. Diatkine (1984) : « Dans les travaux classiques sur les
troubles du langage chez l’enfant, il est habituel d’essayer d’opposer des
retards de langage ou de dysphasies non psychotiques, dans lesquels domi-
neraient le “trouble instrumental” et les psychoses de l’enfant. Quand on
y regarde de près, on s’aperçoit que cette opposition non plus ne peut pas
être suivie d’une manière rigoureuse. (…) L’opposition entre “troubles
instrumentaux” et “psychose” peut servir pour un repérage initial, mais en
vérité ces deux termes ne sont pas opposables. Ils désignent deux modes
d’approches plus que deux formes cliniques différenciables, puisqu’ils ne se
situent pas sur le même plan » (p. 555).
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La dysphasie ■ Chapitre 2
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Il nous semble nécessaire de faire un détour par la question de l’enfant
bilingue et dysphasique, car la réalité clinique nous conduit à rencontrer
aussi des enfants de migrants et des enfants qui évoluent au contact de
deux langues différentes (voire plus). Tout d’abord, rappelons que l’ordre
des acquisitions verbales est comparable d’une langue à l’autre ; il existe
toutefois des variations liées à la structure de la langue et au contenu de
l’énoncé, de plus l’acquisition du langage dans un contexte bilingue implique
des aspects originaux.
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l’expression de deux langues dès le plus jeune âge au sein de l’environnement
familial de l’enfant. Mais le bilinguisme est en général relatif. La difficulté
à préciser le seuil à partir duquel le bilinguisme est considéré comme effectif
souligne que, de fait, la maîtrise des deux langues est inégale. L’accès à la
maîtrise égale des deux langues est possible lorsque les deux univers linguis-
tiques sont présentés simultanément (bilinguisme simultané) ; le bilinguisme
est dit consécutif lorsque l’émergence du langage se fait dans une langue
puis que l’enfant est immergé dans un autre système linguistique. Que ce
soit dans le cas d’un bilinguisme simultané ou consécutif, si l’exposition est
précoce et de bonne qualité, l’enfant parviendra à une maîtrise suffisante
des deux codes linguistiques.
Lorsqu’il n’est pas équilibré, l’une des langues est dite dominante, c’est-
à‑dire que la compétence dans cette langue est supérieure à l’autre. De
multiples facteurs propres à l’histoire du sujet, à la place et aux fonctions
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La dysphasie ■ Chapitre 2
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peuvent aussi apparaître : les pressions sociales, la représentation des langues
et du statut qui leur est accordé. La pratique linguistique de l’enfant bilingue
peut être active (les deux langues sont effectivement utilisées à des fins de
communication verbale), ou uniquement passive (pour une des deux langues).
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dans la langue seconde, altérations comparables à celles rencontrées chez
les enfants dysphasiques, il nous faut explorer la qualité du langage dans la
langue première.
Des recherches récentes (J. Paradis et al. ; 2003, 2007), B.S. Weekes
et I. Raman (2008), V.F. Gutiérrez-Clellen et al. (2008), Taly et al. (2008),
D. Girbau et R.G. Schwartz (2008), A. Uno et al. (2009) nous conduisent
à penser les outils de dépistage et d’évaluation des troubles du langage dans
un contexte de bilinguisme. En résumé, nous pouvons citer les épreuves de
répétition de non-mots, les épreuves de production de récits et le recours
à des traducteurs afin d’apprécier la qualité de la langue première.
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La dysphasie ■ Chapitre 2
Éléments biographiques
Steevy est l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Il a un frère de 4 ans et demi,
et une petite sœur de 2 ans. D’après sa mère, il était un bébé souvent agité,
actif, qui ne se calmait qu’au moment du sommeil. Il a marché à 10 mois, la
propreté diurne et nocturne a été acquise au cours de la deuxième année.
Du point de vue somatique, Steevy a fait des otites à répétition et a été opéré
des amygdales à l’âge de deux ans. Actuellement, l’audiogramme indique
une audition normale et l’examen ORL est satisfaisant.
Les premiers mots ont été prononcés vers 9 mois, et les phrases à 2 ou
3 mots ne sont apparues qu’à 3 ans. Sa mère dit que dès le début, il parlait
vite et qu’il était difficile de le comprendre. Steevy a été gardé avant sa
rentrée en école maternelle par sa grand-mère maternelle qui, selon la
mère, lui parlait « bébé ». Il a intégré la petite section de maternelle à l’âge
de deux ans et demi, où il a longtemps manifesté une angoisse de sépara-
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tion. Ses troubles du langage ont été rapidement pointés par la maîtresse
qui trouvait que Steevy parlait « comme un bébé » et n’articulait pas bien.
Il arrive que Steevy fasse des crises de colère s’il se trouve en difficulté
pour s’exprimer ou pour se faire comprendre. Au niveau de la compré-
hension, même s’il ne montre pas trop de difficultés, il arrive qu’il réponde
à côté de certaines consignes.
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difficultés de mémoire auditive immédiate et de mémoire de travail sont
relevées.
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K-ABC
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Approche clinique des troubles instrumentaux
Lorsque nous détaillons les scores obtenus aux subtests, nous percevons
que Steevy possède de bonnes compétences intellectuelles pour les épreuves
où le verbal n’est pas sollicité et dans ce cadre il s’inscrit dans la norme
des enfants de son âge. Les difficultés apparaissent lorsqu’il doit répondre
verbalement (processus séquentiels : Mémoire immédiate des chiffres [5],
Suites de mots [5]).
Processus séquentiels
Mouvements de main 9
Mémoire immédiate des chiffres 5
Suites de mots 5
Processus simultanés
Reconnaissance de formes 12
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Triangles 9
Matrices analogiques 8
Mémoire spatiale 11
Série de photos 9
Épreuves projectives
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Rorschach
CAT ou TAT
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de la secondarisation face à des représentations de relation et l’aménagement
des conflits pulsionnels.
Scéno-Test
Le Scéno-Test est une épreuve de jeu constituée d’une mallette avec des
figurines humaines (flexibles) différenciées en genre et en génération, des
figurines para-humaines (ange, nain…), des figurines animales (familier,
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Approche clinique des troubles instrumentaux
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psychiques pour gérer les sollicitations du matériel dans un cadre où la
relation au clinicien n’est pas négligée. Pour l’analyse des procédés de jeu,
j’ai choisi d’utiliser l’adaptation que P. Roman (2004) propose de la grille de
M. Boekholt. Cette adaptation, conçue initialement pour de jeunes enfants
avec la Malette projective de la première enfance « peut être proposé[e] dans
une période qui se situe en deçà de l’accès au langage, mais également dans
le cadre de troubles psychopathologiques sévères, entravant les capacités
de verbalisation » (P. Roman, 2004, p. 1).
J’ai trouvé plusieurs motifs d’intérêt pour préférer l’usage de cette grille
(P. Roman, 2004, p. 29). En effet, l’expérience motrice dans le Scéno-Test
offre une mise en jeu symbolique qui implique le corps et elle n’est pas
soumise à l’expression langagière. De plus, les premières formes de symbo-
lisation de l’enfant impliquent un engagement corporel, par conséquent les
manifestations motrices devraient pouvoir être prises en compte non pas
seulement comme des expressions parasites mais aussi comme pouvant
relever de la symbolisation primaire. En effet, chez certains enfants dyspha-
siques le mouvement pour mimer peut venir compenser le manque du mot
ou la difficulté de verbalisation. À propos de la prise en compte du corps et
de ses manifestations dans les épreuves projectives, il nous semble que la
grille complétée par P. Roman prend en compte davantage les manifestations
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un investissement fort des processus de pensée ainsi qu’une interprétation
qui s’appuie sur les affects. La tonalité anxiogène est très présente.
Sa tentative pour donner du sens à ces planches prend appui sur ses
fantasmes (« veut manger ») mais cette tentative d’élaboration subit la pres-
sion forte du monde interne ; les réponses ont à la fois un lien avec le contenu
latent, mais aussi un caractère de persévération.
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À la fin du Rorschach, Steevy parvient peu à peu à organiser une répar-
tition des rôles, mais celle-ci ne tient pas, il persiste un doute entre le bon
et le mauvais.
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montent dans l’arbre).
– Registre de la transformation (kinesthésie centrée sur le sujet lui-même :
planche V : transforme, planche VII : transforment).
Steevy accepte assez bien la mise en récit. Toutefois, les récits qu’il propose
se réduisent à partir de la planche VII, où il y a un équivalent de choc face aux
sollicitations latentes chargées en agressivité du matériel. Dans l’ensemble,
les récits sont marqués par la récurrence du débordement pulsionnel agressif
et par la perte d’objet entraînée par la mort. L’extérieur est souvent vécu
comme menaçant, cette menace est difficilement figurée (« les gens »).
Planche I : « J’ai vu deux poules qui attend pour sa mère, pour donner le
repas aux trois et sa mère arrive lentement. Après, le loup il veut manger la
mère, le loup n’entre dans la porte, et le facteur, et les trois poules, elles rient
et le loup il mange les trois poules et il mange la soupe. Et après l’histoire
est terminée pour le loup et les trois poules. »
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Approche clinique des troubles instrumentaux
que « deux poules ». De plus Steevy ne parvient pas à s’appuyer sur l’imago
maternelle. Le désir oral tend à s’exprimer dans l’attente et la frustration
face à la « lenteur » de la figure maternelle, pouvant évoquer une forme
d’agressivité passive de la part de cette dernière.
Planche V : « Y’a deux lits, un lit pour le petit l’ours, un grand lit pour le
parent. Allumé pour fait pas peur. Un jour petit l’ours réveillé, et il voit pas
ses parents. Et le père et la mère sont partis dans la forêt et des gens ont tué
le père et la mère. Et les petits sont partis dans la forêt et ils voient le père
et la mère tués, ils ont pleuré… (x 2) très longtemps. »
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Planche VI : « Oh ! c’est grabouillages. Y’a le père et la mère ils dort. Le petit
il peur, il dort pas à côté, en plus il mange des feuilles. C’est tout. Après le petit
n’ours sont partis dans la forêt chercher des pommes et des gens un jour ont
tué le petit ours. Et le père et le mère vont chercher dans la forêt, vont chercher
longtemps, vont chercher dans tous les pays après il voit le petit ours mort et
ils pleurent longtemps et le après un autre bébé est arrivé et c’est terminé. »
Steevy parvient à exprimer des affects dans un récit, bien qu’étant limité
par son langage. Nous notons la possibilité de décrire et de mettre en scène
en s’appuyant sur son imaginaire. Il est d’emblée sensible au caractère
sensoriel de la planche, et peut exprimer l’idée de la « peur ». L’absence de
« personnes » nettement figurées dans le grand lit met à mal leur figurabi-
lité et renvoie finalement à la perte de ceux-ci. Or nous pouvons également
comprendre qu’il ait pu être mobilisé par l’excitation du sexuel de la scène
primitive et qu’il y ait eu un glissement vers une émergence agressive
massive : « tuer » les parents. Encore une fois, Steevy introduit l’idée de
personnages persécuteurs (« des gens »), peut-être comme pour mieux se
dégager de son propre mouvement pulsionnel, traduisant un mécanisme
de projection. Il a la possibilité ici de lier l’affect de tristesse (pleuré) à la
représentation de deuil.
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La dysphasie ■ Chapitre 2
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une entité, la reconnaissance de la différence des sexes telle qu’on l’attend
dans un registre œdipien est escamotée et donne lieu à une fausse trian-
gulation (et plutôt à une bi-triangulation). Ce qui semble faire défaut pour
Steevy, c’est une barrière protectrice suffisamment solide pour repousser les
attaques d’un extérieur souvent vécu comme menaçant, tout comme pour
contenir les mouvements pulsionnels internes qui le débordent.
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Approche clinique des troubles instrumentaux
les uns aux autres. Les interactions entre les objets restent simples. Nous
pouvons y percevoir une tentative de contention ainsi qu’une inhibition de
l’agressivité.
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en contact, il semble que chaque véhicule assure une fonction d’étayage
l’un pour l’autre. Les figurines humaines sont laissées de côté puis mises
en lien par des acclamations de victoire, qui témoignent chez Steevy d’un
moment d’excitation et de jubilation. Cette première partie du jeu compte
peu d’interactions, mais plutôt une alternance d’éloignement physique et de
contact entre les véhicules. L’espace du plateau est très ordonné, Steevy est
attentif à bien délimiter les espaces. C’est alors qu’il introduit de nouvelles
figurines animées par des intentions agressives.
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La dysphasie ■ Chapitre 2
intense avec une vive participation corporelle de la part de Steevy, les motifs
du conflit ne sont pas clairs et la résolution apaisée n’est pas possible. Steevy
fait quelques tentatives en introduisant des figurines qui viennent soigner
et porter secours, mais le retour de l’agressivité ne peut être endigué, souli-
gnant là le poids des processus primaires. À ce moment du jeu, le plateau
donne à voir un chaos, une indifférenciation des espaces. Ces nouveaux
personnages ont réintroduit de l’imaginaire, du fantasme avec des pulsions
agressives et l’idée de persécution.
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Dans son jeu, Steevy témoigne d’un manque de souplesse, d’une tendance
à la répétition, semblable à la persévération apparue au Rorschach et au
CAT. Le pulsionnel tend à le déborder et les figurines peuvent parfois
sembler interchangeables, révélant l’instabilité identitaire.
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Approche clinique des troubles instrumentaux
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interpénétration des limites) au Rorschach ; par ailleurs, une instabilité
identitaire peut apparaître aux épreuves thématiques.
Projet de soins
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La dysphasie ■ Chapitre 2
pour cerner chez Steevy une souffrance psychique liée à son organisation
de personnalité.
4. Discussion
4.1 La dysphasie de l’enfant
dans une perspective psychodynamique
Hormis les travaux de R. Diatkine et de son équipe (1990, 2004) la
dysphasie nous est apparue comme très peu étudiée dans la perspective
psychanalytique psychodynamique. Dans la rencontre avec cette popu-
lation d’enfants dysphasiques, j’ai été confrontée à des questionnements
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théorico-cliniques concernant notamment l’articulation possible entre ce
trouble dit spécifique du développement du langage oral et l’organisation de
la personnalité sous-jacente (Taly, 2011). J’ai ainsi cherché à reconsidérer le
développement du langage en lien avec le développement psychoaffectif de
l’enfant en interaction avec son environnement. Il est apparu que la compré-
hension de l’émergence du langage restait encore aujourd’hui l’objet de
nombreuses controverses aussi bien dans le champ neuropsychologique que
psycholinguistique. Dans ces champs disciplinaires, la dysphasie a donné lieu
plus récemment à des points de vue plus nuancés, moins catégoriques qu’il
n’y paraissait de prime abord. Alors que ce trouble a été longtemps pensé
comme un trouble neurodéveloppemental, les tenants des travaux neuro-
psychologiques tout comme ceux de la psycholinguistique sont devenus
prudents dans leurs affirmations au fil de leurs découvertes et tendent
à reconnaître de plus en plus le rôle de l’environnement et des interactions
de communication avec l’entourage.
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tique. Pour ma part, la dysphasie est transnosographique dans le champ
de la psychopathologie, et il n’est pas souhaitable de réduire le mode de
fonctionnement du sujet à son « symptôme » ou « trouble ».
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La dysphasie ■ Chapitre 2
Seuls quelques rares auteurs1 ont publié des articles portant sur des
enfants dysphasiques et sur l’exploitation d’une épreuve de Rorschach au
sein de leur méthodologie. Néanmoins, dans leurs publications, l’intérêt
de la clinique projective n’est pas mis en évidence, ils ne détaillent pas les
réponses des enfants dysphasiques de leur échantillon ni les résultats issus
de l’exploitation de l’épreuve projective du Rorschach.
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des excitations et des affects. Ainsi, j’ai pu percevoir lors des passations un
appel au clinicien plus marqué face au matériel du Scéno-Test, comme si
l’enfant formulait une invitation à partager non seulement l’histoire mise
en scène (la représentation) mais également l’émotion (affect) qui pouvait
être sous-tendue. Nous retrouvons les notions de plaisir partagé, d’attention
conjointe notions décrites comme importantes dans le développement de
la communication et du langage. En parallèle, dans la dynamique interac-
tionnelle, il est fort probable que le clinicien puisse se sentir plus engagé au
Scéno-Test. En effet, le caractère « plus intelligible » du jeu de l’enfant en
facilite la compréhension par le clinicien.
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Sans remettre en cause la pertinence de la rééducation orthophonique,
nous comprenons dans la situation décrite par C. Dupuis-Gauthier qu’il
manque l’introjection affective et le développement de la symbolisation
transitionnelle. D. Houzel, M. Emmanuelli et F. Moggio écrivent que « la
réponse thérapeutique standard par l’orthophonie [donne des] résultats [qui]
sont bien souvent décevants si elle n’est pas accompagnée, voire précédée
non seulement d’une pédagogie spécialisée, mais aussi d’un traitement des
troubles de la personnalité des enfants dysphasiques (…). Il semble souvent
préférable, par conséquent, de commencer la prise en charge thérapeutique
par une psychothérapie, dont le but est de permettre la levée des obstacles
psychiques à une communication de personne à personne. Ce n’est que
lorsque l’enfant manifestera un intérêt, voire une appétence pour la commu-
nication et pour le langage que l’orthophonie pourra prendre une place,
certes indispensable, mais seconde dans l’ordre des choses. Elle sera alors
d’une efficacité beaucoup plus grande » (2000, p. 217-218).
110
La dysphasie ■ Chapitre 2
psychique interne prend appui sur des objets réels, sur la relation et sur le
partage affectif. Ainsi, en développant le jeu, le thérapeute accompagne le
passage de la chose à la représentation de chose, puis de la représentation
de chose à la représentation de mot.
Enfin, nous pensons qu’il est important que les parents d’enfants dyspha-
siques soient aussi intégrés au projet de soins en regard de l’importance que
nous connaissons des interactions familiales (observables et fantasmatiques)
dans le développement du langage, de l’importance de la fonction symbo-
lisante de l’objet et de la fonction symbolisante de l’affect. Il peut y avoir
plusieurs modalités de prise en charge des parents, soit sur le mode classique
d’entretiens familiaux réguliers, soit sur le mode de consultations thérapeu-
tiques parents-enfants, soit encore sur le mode de soins à domicile… l’idée
étant de permettre une nouvelle forme de circulation de la communication
dans l’espace intime-familial avec « le déploiement d’un triple mouvement :
– de rassemblement et figuration,
– de représentation,
– et de réintrojection » (2004, p. 184) comme le propose A. Konicheckis
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dans ses cas de fantômes agglutinés dans le groupe familial.
5. Références bibliographiques
Ajuriaguerra J., de (1970), Manuel de psychiatrie de l’enfant, Masson, 1974.
Ajuriaguerra J. de, Bresson F., Fraisse P., Inhelder B., Oléron P., Piaget J. (1963),
Problèmes de psycholinguistique, Paris, PUF.
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La dysphasie ■ Chapitre 2
6. Annexes
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RORSCHACH de Steevy, 7 ans
Planche I
1. Des nuages, un nuage méchant G G FClob + Frag
2. Y’a des dents, Dracula, y’a des yeux
méchants, il fait peur les gens, il veut
manger les gens, plus les enfants.
Que ça rien d’autre. D noir dans D lat
Dbl G KClob (Hd)
Planche II
3. Un Dracula, le Dracula l’a G G KClob (Hd)
4. du sang, partout sang,
il veut manger des gens pour venir
des Dracula
(s’agite). D rouge D C Sang
Planche III
5. J’ai vu des gens, deux gens, ils portent G K + H Ban
une personne, un gens.
J’ai vu ça s’appelle quoi ça… ?
6. Une cravate (// nœud papillon) D D F + Obj
rouge
7. J’ai vu des jambes pas terminées D rouge supG D F – Hd
Planche IV
8. J’ai vu un gros méchant, il veut casser
un arbre, avec un couteau, il veut tuer
des gens et des enfants. Des gros pieds,
des bras cassés, pas d’z’yeux, pas de nez,
pas de bouche, pas de cheveux. G
Clob G KClob (H)
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Planche VIII G GK–H
16. C’est un méchant, l’a des grandes → Clob
mains, il veut tuer les… (latence).
17. Un arbre (x 3). D central D F + Bot
18. y’a des petits animaux, ils montent
dans l’arbre, l’arbre il bouge pas, l’arbre D rose Add : vit dans
est cassé, la branche est cassée, le bâton la forêt, il est tout
est cassé comme ça les animaux, rouge, il a des petits
ils montent. n’épines sur (montre
dos ) mais je sais pas
c’est quoi. D kan + A Ban
Planche IX
19. J’ai vu un voiture, une voiture rouge
comme de Mario Bros. rose D FC – Obj
20. Des feuilles. vert D FC + Bot
21. J’ai vu des dragons, y crachent du feu
et c’est des gentils dragons. orange D kan + (A)
22. J’ai vu un pan (pieuvre ?) qui vit dans
la mer, elle veut casser la voiture de Mario
(x 2) et Luigi (difficultés de prononciation Dbl / E
+++). Vert/orange Dbl/D kan – A/objet
Planche X G K – (H)/Scène
23. J’ai vu un robot de… (x 2) [relance]
un robot gentil pour tuer les méchants :
Monsieur papier toilette, Dracula, grand-
mère et crotte de nez, le pirate. Les quatre
méchants sont devenus méchants, ils
veulent tuer le robot gentil. Y’a des petits
méchants veut tuer et c’est tout que ça. Add : et dentiste
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La dysphasie ■ Chapitre 2
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Planche III « gens », planche V « chauve-souris », planche VIII « petits animaux petits
n’épines » // hérisson.
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Approche clinique des troubles instrumentaux
Planche IV
Encore tout ça, oh c’est long ! La mère kangourou est partie de sa maison avec les deux
enfants, la mère a un repas, un enfant a le vélo, un enfant a un ballon. Parti dans sa
maison. Faut traverser la forêt, faut traverser la rivière, faut traverser la montagne,
après arrivés dans sa maison. Terminé.
Planche V
Y’a deux lits, un lit pour le petit l’ours, un grand lit pour le parent. Allumé pour fait pas
peur. Un jour petit l’ours réveillé, et il voit pas ses parents. Et le père et la mère sont
partis dans la forêt et des gens ont tué le père et la mère. Et les petits sont partis dans
la forêt et ils voient le père et la mère tués, ils ont pleuré… (x 2) très longtemps.
Planche VI
Oh ! c’est grabouillages. Y’a le père et la mère ils dort. Le petit il peur, il dort pas à côté,
en plus il mange des feuilles. C’est tout. Après le petit n’ours sont partis dans la forêt
chercher des pommes et des gens un jour ont tué le petit ours. Et le père et le mère
vont chercher dans la forêt, vont chercher longtemps, vont chercher dans tous les pays
après ils voient le petit ours mort et ils pleurent longtemps et le après un autre bébé
est arrivé et c’est terminé.
Planche VII
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(Se recule.) Ah non j’arrive pas celle-là ! (latence). Un lion veut manger un singe et le
singe il monte dans les cordes et le lion peut pas manger, l’attend (x 2) longtemps, très
longtemps, le lendemain et encore et le singe il redescend et le tigre l’a mangé. L’histoire
est terminée. (Bâille.)
Planche VIII
(Se lève.) C’est la maman, elle dit « non on mange pas le repas », et l’autre mère et le
père ils discutent, ils font a fête et tout ça et après c’est terminé.
Planche IX
(Se rassoit.) Le lapin il dort, l’est réveillé. Un jour le lapin il dort, l’est réveillé, il voit pas
ses parents, ils sont partis à la chasse. Après a vu son père, sa mère l’est mort, le cache
pour pas les gens tuer et après un jour les gens tué, c’est tout (se relève).
Planche X
C’est un chien et sa mère dit : « Va aux toilettes ! » (x 3). « Après fait un bain, après mange,
va au lit » et après c’est terminé.
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La dysphasie ■ Chapitre 2
Il saisit un personnage : la femme en tenue de ville (F1) et, en écho à ma position d’obser-
vatrice, il initie un dialogue : « Tu fais quoi ? » / « Je regarde vous ne joue. » Steevy prend
le grand-père « papy » qu’il place aux côtés de la femme. Il prend quelques éléments de
construction, qu’il pose en barrière, délimitant l’espace pour les figurines et celui pour
les véhicules. Il prend ensuite deux hommes, en costume (H1) et en tenue décontractée
(H2), il cherche à les nommer mais échange constamment, donnant tantôt le prénom de
son petit frère, tantôt le sien. Finalement il désigne (H1) avec son prénom, et remplace
(H2) par le garçon écolier à qui il donne le prénom de son petit frère. (H1) est placé non
loin et du même côté que le couple (F1) + « papy », tandis qu’il place l’écolier sur la vache
et sur le côté opposé.
Steevy chantonne, il reprend les véhicules (locomotive, voiture de course et wagon de
train), fait la course, et modifie légèrement le circuit constitué de quelques éléments de
construction au fil des passages. Il semble désinvestir les personnages, et mentionne
les ordres d’arrivée. Puis Steevy prend les personnages pour acclamer les véhicules avec
des « BAVO ! ». L’écolier tombe de la vache, ce qui fait sourire Steevy.
Steevy introduit deux nouveaux personnages, des femmes : la grand-mère et l’employée
de maison (F3). Elles s’adressent aux voitures : « Bonjour les voitures, vous gagnez
des quelque chose, des ça » en désignant des carrés de construction « des carrés
n’épines ». Steevy me précise « c’est des méchants ». Il place les « carrés d’épines » et
dit : « Maintenant sont coincés, peuvent plus sortir, dans n’un piège. » Le wagon est le
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seul à lutter, il pousse à plusieurs reprises et Steevy le fait tomber dans la boîte du
Scéno-Test.
S’ensuit une bagarre deux contre deux : « papy » et « Steevy » contre la grand-mère et (F3),
s’ensuit la mort des deux femmes. Le circuit est complètement détruit par le combat.
Steevy prend la grande fille et le jumeau rose dans la boîte après y avoir déposé les deux
méchantes mortes. Mais aussitôt, l’une d’elles (F3) revient armée d’un petit cylindre ; elle
frappe : le papy qui meurt, le « père » (anciennement « Steevy ») est blessé, tout comme
l’écolier mais la « mère » (F1) la bat. Steevy commente : « C’est un mort vivant » car la (F3)
revient. Les personnages voltigent à travers la pièce après chaque coup porté, que ce
soit les gentils ou les méchantes (F2 et F3). La grande fille vient guérir les blessés, le
jumeau rose remercie. Tous les membres de la famille sont guéris.
Steevy conclut par : « Et ça tous les méchants et tout le monde arrive pour jouer, tout
le monde est venu. » Le plateau s’apparente au chaos général. Steevy prend la fourrure,
il place dessus pêle-mêle les personnages « gentils » et dit : « Les méchants ils vient en
prison », désignant par là : la grand-mère, et deux femmes (F2) et (F3). Steevy délimite
sommairement un emplacement pour faire la prison avec des éléments de construction,
les femmes méchantes y sont allongées puis piétinées par la vache. Le plateau est un
véritable chaos.
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