17 Ali Baba Et Les Quarante Voleurs
17 Ali Baba Et Les Quarante Voleurs
17 Ali Baba Et Les Quarante Voleurs
1 Dans une ville de Perse, il y avait deux frères dont l'un se nommait Kassim
et l'autre Ali Baba. Kassim était l'un des plus riches marchands de la ville. Ali
Baba, lui, était un pauvre bûcheron qui vivait assez misérablement avec sa
femme et ses enfants.
Tous les jours, Ali Baba allait chercher du bois dans une forêt proche de la
ville.
Un jour, tandis qu'il était dans la forêt, et qu'il achevait de couper assez de
bois pour charger ses trois petits ânes, il entendit un grand bruit de galop.
2 Le bûcheron pensa que ces cavaliers pouvaient être des voleurs. Aussi, un
peu effrayé, mais surtout curieux d'en savoir davantage, il cacha ses ânes au
milieu des buissons et monta sur un gros arbre d'où il pourrait voir sans être
vu.
Du haut de son arbre, le bûcheron compta quarante hommes, grands,
armés, puissants et montés sur des chevaux chargés. À leurs mines et à leurs
équipements, Ali Baba n'eut plus aucun doute : ces cavaliers étaient sûrement
des voleurs qui avaient dans la région leur lieu de rendez-vous.
3 Arrivés près du rocher, les hommes armés mirent pied à terre. Puis les
chevaux furent débarrassés des caisses dont ils étaient chargés.
Elles semblaient très lourdes. Ali Baba se dit qu'elles devaient contenir des
objets volés et il se demanda où les brigands comptaient cacher leur butin.
Mais, juste à ce moment, l'un des voleurs, qui devait être le chef de la
bande, s'approcha du rocher et dit à voix haute et claire :
« Sésame, ouvre-toi ! »
4 Tout de suite une porte s'ouvrit dans la paroi rocheuse ; les brigands
entrèrent l'un après l'autre, suivis de leur chef, et la porte se referma...
Les voleurs demeurèrent longtemps dans le rocher. Ali Baba, qui craignait de
les voir ressortir avant qu'il ne puisse se sauver, fut forcé de rester sur l'arbre.
Il garda les yeux fixés sur l'endroit qui s'était ouvert et attendit un moment,
qui lui parut interminable. La porte se rouvrit enfin ; les voleurs sortirent,
précédés par le chef, qui fit refermer l'entrée en prononçant ces paroles :
« Sésame, referme-toi ! »
1 Ali Baba les suivit des yeux le plus longtemps possible. Mais il n'osa pas
descendre car il pensait :
« Ils risquent d'avoir oublié quelque chose et de revenir. »
Pour plus de sûreté, il ne quitta son arbre que longtemps après les avoir
perdus de vue.
Puis il voulut voir si, dites par lui, les paroles magiques feraient le même
effet que prononcées par le chef des voleurs.
Alors, il se présenta devant le rocher et dit :
« Sésame, ouvre-toi ! »
La porte s'ouvrit toute grande.
3 Ali Baba sut vite ce qu'il allait faire ; il pénétra dans la grotte, et le rocher
se referma sur lui ; mais il ne s'inquiéta pas, car il savait comment le faire
s'ouvrir.
Il s'approcha du premier sac d'or venu et y puisa les pièces à pleines mains;
il en emplit ses poches et fit plus de dix voyages de la grotte à ses ânes pour
les charger d'un véritable trésor. Et, chaque fois, il disait ou bien : « Sésame,
ouvre-toi ! » ou bien : « Sésame, ferme-toi ! »
4 Ali Baba enleva rapidement assez de pièces d'or pour charger ses trois
ânes et couvrit ce trésor avec du bois coupé. Puis il se tourna vers la grotte et
dit :
« Sésame, ferme-toi ! »
Le rocher se referma, offrant aux regards sa paroi lisse et haute.
Une fois rentré chez lui, Ali Baba fut obligé d'apprendre à son frère le secret
de la grotte. Kassim, dès le lendemain, partit avec dix mulets pour rapporter
tout le trésor. Mais il fut surpris et tué par les voleurs, qui mirent son corps en
quatre morceaux.
Ali Baba, inquiet de ne pas voir revenir Kassim, se rendit à la grotte. Il y
découvrit le corps de son frère et le rapporta en cachette.
Mais comment faire pour que personne ne sache ce qui s'était passé ? Ali
Baba, avant d'enterrer le corps, le fit recoudre par un savetier, Baba
Moustapha. Pour que celui-ci ne reconnaisse pas la maison de Kassim, on lui
banda les yeux en chemin. Kassim enterré, Ali Baba décida d'aller habiter avec
sa femme, dans la maison de son frère.
Cependant, les voleurs avaient compris que quelqu'un, en plus de Kassim,
connaissait leur secret. Le chef envoya l'un de ses hommes en ville pour
essayer de découvrir qui avait emporté le cadavre. S'il ne réussissait pas, il
serait mis à mort à son retour.
1 « Si je vous bande les yeux, dit le voleur, vous pourrez peut-être vous
rappeler le chemin parcouru ? Venez donc avec moi ; comme récompense voici
une pièce d'or. »
Le petit vieux se leva et conduisit le voleur jusqu'à l'endroit où on lui avait
bandé les yeux.
« C'est ici que l'on m'a mis un bandeau ; je suis parti ensuite dans cette
direction. »
2 Le voleur avait un mouchoir tout prêt. Il banda les yeux de Baba Moustafa
qui se laissa conduire.
« Je crois bien que je ne suis pas allé plus loin », dit le savetier au bout d'un
moment.
En effet, il se trouvait devant la maison de Kassim.
Avant de lui ôter le mouchoir des yeux, le voleur fit rapidement une croix sur
la porte. Puis il lui demanda s'il connaissait le propriétaire de la maison. Mais
Baba Moustapha n'était pas du quartier et répondit que non. Voyant qu'il
n'apprendrait rien de plus, il laissa le vieillard retourner dans sa boutique et se
dirigea vers la forêt, sûr d'être bien reçu par son chef.
Deux ou trois jours plus tard, un autre voleur fut envoyé en mission. Il agit
de la même manière et marqua une croix rouge sur la porte indiquée par Baba
Moustapha. Puis il retourna dans la forêt.
Mais, comme la dernière fois, Morgiane vit la croix et fit exactement la
même sur toutes les maisons de la rue. Ainsi, quand la troupe de voleurs
arriva, elle fut aussi déçue que la fois précédente.
5 Le deuxième voleur fut tué. Le chef, furieux contre ses hommes, décida
d'agir seul.
Il alla en ville, donna de l'or à Baba Moustapha et parvint ainsi devant la
maison de Kassim.
Mais, au lieu d'y faire un signe quelconque, il la regarda tellement bien que
tous les détails se gravèrent dans sa mémoire. Il retourna à la caverne et dit à
ses hommes :
« Le moment est venu de nous venger. J'ai tellement bien regardé la porte
que je suis sûr de la reconnaître. Voilà quel est mon plan... »
IV La ruse des voleurs
2 Quand tout fut prêt, les mulets furent chargés de deux outres chacun:
les trente-sept outres contenant les hommes et une remplie d'huile. Le
chef se mit à la tête du convoi, prit le chemin de la ville et alla frapper à la
maison d'Ali Baba.
« Seigneur, lui dit-il, j'amène l'huile que vous voyez pour la vendre
demain au marché. Mais, à l'heure qu'il est, je ne sais où aller loger.
Pourriez-vous me recevoir chez vous pour la nuit ? Je vous en serais très
reconnaissant.
— Vous êtes le bienvenu, dit Ali Baba, entrez. »
3 Ali Baba ne dit mot et suivit la servante dans la cour. Là, Morgiane
ouvrit les outres, l'une après l'autre, sous le regard de plus en plus étonné
de son maître.
Quand il eut compris ce qui s'était passé, Ali Baba regarda Morgiane et
lui dit :
« Morgiane, pour te prouver ma reconnaissance, je te demande
d'accepter mon fils comme mari. »
4 Quelques jours plus tard, après avoir fait disparaître les corps des
trente-huit voleurs, Ali Baba célébra les noces de Morgiane et de son fils.
Cependant, Ali Baba n'avait pas oublié la grotte merveilleuse, mais il
n'osait y retourner parce qu'il supposait que les deux autres voleurs
étaient encore vivants.