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Structure
Les textes fondateurs prévoient pour le
Parc une stucture autonome, disposant d’un
budget propre, avec des objectifs en matière
de conservation des espèces et du milieu,
d’éducation environnementale et de dévelop-
pement socio-économique.
A l’heure actuelle, le Parc ne dispose que
d’un directeur, placé sous la tutelle de la
Direction régionale des Eaux et Forêts, qui
s’appuie, pour mener les actions du Parc,
aussi bien sur les structures étatiques exis-
tantes (Eaux et Forêts et Agriculture essen-
tiellement, mais également Tourisme et
Agence pour le développement des provinces
du Nord), que sur les associations locales,
régionales et internationales, mais aussi
avec le concours des spécialistes chargés de
la mise en œuvre des programmes financés
par les institutions internationales, dont le
programme MEDA.
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Le programme MEDA
Ce programme, financé par l’Union euro-
péenne, initialement sur une durée de 5 ans
(2001-2005) et a été prorogé jusqu’à fin 2007.
Il est intitulé “Projet de développement par-
ticipatif des zones forestières et périfores-
tières de la Province de Chefchaouen” et
comporte cinq pôles :
– développement des zones marginales ;
– subériculture ;
– restauration d’écosystèmes dégradés ;
– développement de la frange maritime ;
– Parc national de Talassemtane.
Le budget du Parc est alimenté par la tota-
lité de l’enveloppe financière consacrée au
cinquième de ces pôles, mais bénéficie égale-
ment des financements au titre des quatre
autres pôles pour toutes les actions situées
dans son périmètre qui s’y rapportent.
Photo 4 (en haut) :
La spécificité du programme MEDA est Paysage forestier du Parc
que la gestion financière des fonds européens Photo François Besse
est déléguée à l’administration marocaine.
Ce n’était pas le cas du programme précé-
dent, GEF-Rif, Gestion des écosystèmes
forestiers, où les procédures financières
étaient régies par l’Union européenne.
Le poste forestier
de Talassemtane
Sous l’autorité hiérarchique de la DREF
(Direction régionale) de Tétouan, du SPEF
(Service provincial) de Chefchaouen, le CDF
(Centre de développement forestier) de
Chefchaouen gère un domaine de 45 000 ha
et est constitué de quatre postes forestiers ou
triages, tenus chacuns par un technicien
forestier, dont celui de Talassemtane.
L’activité du technicien se partage entre :
– la surveillance du domaine : activité
principale, consistant à lutter contre les
défrichements et les labours en forêt (150 PV
par an), les coupes illicites de bois et les
délits de chasse. Pendant la saison estivale,
il assure la prévention des incendies de forêt.
– la gestion sylvicole : 3000 ha de
sapinière ; forêt mélangée de pin maritime,
pin noir, chêne-liège, thuya, if, chêne vert,
chêne zen, arbousier, pistachier lentisque,
cystes, érable (Acer gratens), cèdre… Il
assure l’encadrement technique des travaux Carte 1 :
Le massif forestier
d’exploitation, des aménagements sylvicoles,
de Talassemtane
la délimitation du domaine. et les délimitations
La régénération assistée d’Abies marocana de l’administration
se fait par parcelles de 150 ha clôturées : plu- forestière marocaine
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sieurs modalités ont été expérimentées (cro- mitation formelle. La population s’appuie sur
chetage seul, crochetage avec semis de des certificats de jouissance sur le domaine
graines récoltées sur place, témoin) et per- forestier, délivrés à l’époque du protectorat
mettent de conclure quant au rôle primordial espagnol, pour en revendiquer la propriété.
de la mise en défens. Les délimitations du domaine, engagées de
Dans la zone intermédiaire du Parc (et a façon généralisée depuis les années 80 font
fortiori dans la zone de protection intégrale, l’objet de contestations multiples, en raison
soit sur 5000 ha au total) aucune exploita- de la longueur des procédures (souvent supé-
tion forestière n’est pratiquée. Ceci est très rieures à quatre ans) : le statut d’occupation
mal perçu par les populations. En effet, en des parcelles a souvent changé pendant ce
application d’un dahir (édit royal) de 1976, délai. L’opposition des populations se traduit
toutes les recettes forestières des terrains par des incendies volontaires, dont les
gérés par l’Administration des Eaux et auteurs sont, comme chez nous, difficiles à
Forêts sont reversées aux communes rurales, identifier ;
celles-ci ayant théoriquement une obligation – les incendies, la plupart du temps volon-
de réinvestissement à hauteur de 20% dans taires, détruisent en moyenne 500 ha par an
le domaine forestier (ce qui, au dire des (avec un pic de 4 500 ha en 2004). La lutte
forestiers, n’est jamais appliqué). contre le feu reste très difficile, dans un mas-
sif montagneux aux versants escarpés, mal
équipés en voie d'accès et au sous-bois
Menaces dense ;
– le parcours du bétail, essentiellement les
Les formations boisées du Rif sont mena-
caprins. La récolte de rameaux destinés à
cées par :
l’alimentation du bétail s’ajoute à cette pres-
Charles BOSSHARDT – les défrichements liés à de nouvelles
sion directe ;
RTM Isère mises en culture de cannabis. 1 000 à
– la récolte du bois pour l’alimentation des
42 avenue Marcelin 1 500 ha disparaissent ainsi chaque année
foyers domestiques (chauffage et cuisson des
Berthelot BP 31 au profit du cannabis. S’il n’y a pas d’apport
aliments) ; dans les secteurs d’altitude, où la
38040 Grenoble d’engrais, cette espèce épuise les sols en 4 ou
période de chauffe dure six mois, la consom-
Cedex 9 5 ans, ce qui génère de nouveaux défriche-
mation de bois de feu est de 8 à 10 tonnes
Tél. : 04 76 23 41 61 ments.
par ménage et par an.
Fax : 04 76 22 31 50 La contestation par les populations des
Mél : charles. propriétés foncières de l’Etat est d’autant
bosshardt@onf.fr plus facile qu’il y a souvent absence de déli- C.B.
Photos 5 et 6 :
Abies marocana
Photos D.A. (gauche)
et F.B. (droite)