Bases Psychopathologiques de La Psychologie Médicale
Bases Psychopathologiques de La Psychologie Médicale
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Références :
JEAMMET P. et al. Psychologie médicale, coll. ABrégés, Masson, Paris, 2° éd. 1996
BALINT M. Le Médecin, son malade et la maladie, 7° éd. Petite coll. Payot, Paris, 1996.
GUYOTAT J (éd) et al. Psychothérapies Médicales, Masson, Paris, 1978.
ADAM P., HERSLICH C. Sociologie de la maladie et de la médecine, sociologie 128,
Nathan, Paris, 1994.
1. Introduction
La psychologie médicale étudie les craintes du sujet malade, la souffrance psychique générée
par sa situation et la façon dont il s’adapte à la maladie suivant ses traits de personnalité.
L’annonce d’un diagnostic grave, la perte de fonction qu’engendre une maladie chronique, la
douleur physique sont de véritables traumatismes. Plus qu’un simple stress, c’est un
bouleversement du monde, bouleversement face auquel le sujet doit opérer une reconstruction.
La réaction du sujet face à ce traumatisme peut être :
2.1.1. L’adaptation
Réaction souhaitée et voulue par les soignants. Dans ce cas, l’attitude souple et équilibrée du
malade lui permet de changer son mode de fonctionnement habituel sans pour autant se
désorganiser. La qualité de l’adaptation est fonction de la personnalité du sujet, de son
système de valeurs et de son fonctionnement habituel.
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Certains patients au contraire voient leur narcissisme renforcé par l’expérience de la maladie :
l’intérêt porté à sa propre personne malade devient la source de nombreuses satisfactions.
Certains comportements narcissiques pourront être utiles au médecin, s’ils facilitent la
participation du patient à la thérapeutique. Ces réactions narcissiques sont fréquentes chez les
sujets dont la dimension de narcissisme est une dimension dominante du fonctionnement
psychique.
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2.1.7. L’isolement
Il correspond à une absence apparente d’affects, d’émotions lors de la prise de conscience de
la maladie. Le malade bien documenté sur sa maladie paraît prendre très bien l’annonce du
diagnostic. Les affects sont réprimés, laissés sans mots, ils ne sont pas communicables,
comme s’ils n’avaient pas de sens. Ceci peut contribuer à une aggravation secondaire de la
maladie. Le médecin doit maintenir un rôle apaisant et réorganisateur. Aider le malade à
mettre sa maladie en mot, à l’intégrer dans une histoire est primordial pour atténuer l’angoisse
et faciliter la réorganisation du monde. Le médecin doit pour cela partager le langage du
patient, respecter ses croyances, et parfois même les utiliser.
Les modèles de coping sont issus des théories cognitivo-comportementales. D’après ces
modèles, le stress, que l’on peut définir comme une « réaction adaptative à un stimulus », ne
dépendrait pas seulement de l’événement, ni de l’individu, mais d’une transaction entre
l’individu et l’environnement.
Ainsi, une réponse inadaptée survient lorsqu’une situation (par exemple une maladie ou un
handicap) est évaluée comme débordant les ressources et pouvant mettre en danger le bien-
être.
Cette réponse est le résultat d’un déséquilibre entre les exigences de la situation provocatrice
et les ressources de l’individu pour y faire face. Les stratégies d’adaptation au stress peuvent
être de différentes natures : résolution du problème, notamment recherche d’information.,
acceptation de la confrontation, prise de distance ou minimisation des menaces, ré-évaluation
positive, auto-accusation, fuite-évitement, recherche d’un soutien social, maîtrise de soi par
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exemple. Globalement les stratégies actives sont souvent les plus efficaces pour réduire la
tension.
3. La relation médecin-malade
Les désirs conscients de soulager, se rendre utile, réparer, gagner de l’argent sont sous tendus
par l’attrait de la réparation des tendances agressives et sadiques.
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Dans ce cas de figure, la relation prend la forme de la “participation mutuelle”. On assiste par
ailleurs de plus en plus à un modèle de relation médecin-malade de type conflictuel,
professionnels et profanes mettant à profit leurs savoirs respectifs pour étayer ce qui prend dès
lors la forme d’un véritable conflit de perspectives (Freidson).
Dans tous les cas, il faut reconnaître la valeur primordiale de la négociation dans la relation
médecin-malade, aujourd’hui essentiellement plurale.
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3.3.1. Le transfert
La théorie psychanalytique a défini le concept de transfert. Il s’agit des réactions affectives
conscientes et inconscientes qu’éprouve le patient à l’égard de son médecin. En effet, dans le
cadre de la relation médecin-malade des désirs inconscients sont actualisés et un certain
nombre de désirs insatisfaits du patient vont se projeter sur la personne du médecin en ce qu’il
représente – inconsciemment – un autre personnage. Le malade peut ainsi répéter des
situations conflictuelles qu’il a vécu dans son passé.
3.3.2. Le contre-transfert
La théorie psychanalytique a aussi défini le concept de contre-transfert alors que le malade est
sujet au transfert, le contre-transfert se définit comme les réactions affectives conscientes et
inconscientes qu’éprouve le médecin vis à vis de son patient. Ce contre-transfert et très
directement lié à la personnalité et à l’histoire personnelle du médecin. Le plus souvent, le
contre-transfert est positif, permettant une relation médecin-malade de qualité caractérisée par
l’empathie du médecin et une action thérapeutique efficace. Une relation médecin-malade de
qualité fait référence au fait que le médecin s’identifie au patient et comprend sa situation tout
en étant capable de garder une certaine distance vis à vis de lui, distance requise par
l’objectivité nécessaire à la prise de décisions thérapeutiques. Un contre-transfert
excessivement positif risque de conduire à une identification massive au malade et/ou à une
perte d’objectivité dans les soins. Ailleurs, un contre transfert négatif induisant l’agressivité
et des frustrations excessives du malade peut être à l’origine d’échecs de la relation
thérapeutique. Il en est de même pour une absence de contre-transfert qui peut conduire à une
froideur excessive.
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5. Conclusion
L’ensemble de ces enjeux, dont la complexité est perceptible justifie pour le moins une
formation psychologique du médecin, qui devrait être acceptée et reconnue par tous.
Dans une société en pleine mutation pour ce qui est de la relation médecin-patient, cette
formation permettra au médecin :
6. Points forts
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• Les effets plus ou moins inconscients du transfert (affects éprouvés par le malade pour
le médecin) et du contre-transfert (affects éprouvés par le médecin pour le malade) se
font sentir dans la relation médecin-malade : ces effets peuvent être positifs, facteurs
de bonne observance et d’efficacité, comme négatifs, facteurs d’agressivité et d’échec
thérapeutique.
• Le médecin est souvent lui-même le remède.
• La relation médecin-malade est en pleine mutation, évoluant vers une plus grande
autonomie du malade, garantie par des droits (information, consentement éclairé,
communication du dossier).
• Lorsque la relation médecin-malade s’avère difficile, le médecin doit toujours éviter
l’escalade en ne cherchant ni à avoir raison, ni à jouer au sauveur. L’attitude la pluis
adaptée est de rassurer en reconnaissant et nommant l’émotion du patient.
• La séduction parfois exercée par le malade favorise l’engrenage des hospitalisations
abusives, de la iatrogénie et des bénéfices secondaires.
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