Histoire Dharicots
Histoire Dharicots
Histoire Dharicots
La Mogette
Mogette, Mojette, Mongette ou encore Mojhette, signifiait à l’origine dans l’Ouest et le Sud-Ouest
de la France des plantes de Dolique (Vigna en latin), cultivées pour leurs grains.
Mais l’extension de la culture du haricot a fait que ce nom s’est mis à désigner dès le XVIIIème siècle
des haricots nains à écosser avec de gros grains blancs allongés ou légèrement réniformes. La
Mogette n’est donc pas une variété à proprement parler, mais un ensemble de variétés ayant des
formes de grains similaires. Parmi les variétés cultivées figurent les Lingots, le Rognon de Pont l’Abbé
d’Arnoult, le Rognon de Coq…
Une légende remercie la fée Mélusine d’avoir fourni les mongettes qui ont avantageusement
remplacé la gesse de Saintonge et le pois du Limousin.
Aujourd’hui la Mogette de Vendée bénéficie d’un IGP (Indication Géographique Protégée) et fait
vivre une centaine d’agriculteurs qui produisent 1 500 tonnes de haricots secs et demi secs.
Le haricot de Soissons
Contes et légendes …
Lors d’une épidémie de peste pendant la guerre de 100 ans, les habitants des rues Buerie et
Cordeliers de Soissons sont partis en emportant leurs récoltes. Mais beaucoup ont perdus leurs
graines en chemin et au retour, quelques mois plus tard, ils trouvèrent sur les bords du canal un
champ couvert de fèves qui leur permit de survivre à la famine. Là est née la légende du haricot de
Soissons. Mais les fèves dont il s’agit devaient être vraiment des fèves ou autres légumineuses, et
non des haricots car celui-ci n’est arrivé en Europe que beaucoup plus tard.
Au XVIème siècle, ce serait Catherine de Médicis qui, ayant reçu des Papes Léon X et Clément VII des
haricots importés d’Amérique, aurait diffusé le haricot de Soisson.
Une autre origine espagnole est relatée : un diplomate espagnol aurait donné en 1728 un gros
haricot blanc au jardinier « Jacquot » de l’abbaye Saint-Léger de Soissons qu’il avait pris en amitié,
lors de la conférence sur l’avenir de Gibraltar.
Plus récemment, au XIXème Mr Paon, guetteur du haut de la tour de la cathédrale de Soissons
s’ennuyait tout seul. Il fit donc du jardinage, et soigna tellement ses haricots qu’ils firent une
couronne tout autour de la tour de la cathédrale. Mr Paon répétait à qui voulait l’entendre « c’est du
vrai Soissons ! ».
La caractéristique du haricot de Soissons et d’être gros, très gros. Et c’est la recherche d’un grain
toujours plus gros qui a conduit à utiliser une autre espèce de haricot que le haricot commun : le
haricot d’Espagne (Phaseolus coccineus et non P. vulgaris). A tel point qu’actuellement, la variété
« Cahot », utilisée par les 38 producteurs qui relancent la culture du haricot de Soissons sous label
rouge, est un Phaseolus coccineus.
Comme quoi au cours du temps, il est possible de trouver différentes espèces botaniques sous le
même nom vernaculaire.
Le haricot Tarbais
Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis, aurait diffusé des haricots blancs à rames en
Béarn et en Bigorre.
A partir du XVIIIème siècle des témoignages relatent les nombreuses cultures de haricots à rames
associées au maïs dans les environs de Tarbes. Un siècle plus tard, ces cultures représentent 18 500
ha, soit 10% des terres labourables. Les récoltes sont vendues et exportées. Au marché de Pau on
appréciait fortement le « haricot Tarbais ».
En 1885 Vilmorin décrit le Haricot de Liancourt (Oise), apparenté au Haricot de Soissons (Aisne) et
les rapproche du Haricot de Tarbes, notamment en terme de forme et qualité de grain.
Puis à partir de 1950 la culture a décliné fortement, du fait parait-il de l’utilisation croissante de
désherbants sur le maïs incompatibles avec le haricot. En 1980 il n’en restait que quelques hectares.
Une association a pu retrouver et homogénéiser une des populations de haricot de Tarbes qui
subsistaient et en a relancé la culture.
Aujourd’hui la coopérative du haricot Tarbais qui a obtenu un Label Rouge et une IGP, fédère 64
agriculteurs qui produisent 130 tonnes de haricots chaque année.
Pour en savoir plus : H. Bannerot, CM Messiaen, C. Foury, Histoire de Légumes (2004) ; R. Chopinet, G.
Trébuchet, J. Drouzy, Essai de classification et d’identification des principales variétés de haricots
cultivées en France, Revue Horticole (1950) ; et bien sûr de nombreux sites web qui traite du sujet…
Comment apparait une nouvelle variété de haricot ?
Au cours des millénaires pendant lesquels le haricot s’est étendu et développé sur le continent
américain, il a pu s’adapter aux différentes conditions climatiques et aux différents parasites grâce à
une très grande variabilité de ses caractères : Si par exemple un nouveau parasite arrivait dans une
région, seules les plantes résistantes à ce parasite résistaient. Un nouvel écotype, « variété » adaptée
à un écosystème, était ainsi créé par sélection naturelle.
Cette variabilité était renouvelée grâce à des insectes capables d’ouvrir la fleur de haricot pour y
prélever des nectars et y effectuer à l’occasion des croisements avec le pollen issu de fleurs des
variétés précédemment visitées. Les cartes étaient ainsi rebattues et de nouvelles plantes présentant
de nouvelles combinaisons de caractères apparaissaient, certaines adaptées à leurs écosystèmes,
d’autres non. De nos jours en Europe, des Xylocopes violets ou certains bourdons sont capables
d’assurer des fécondations croisées de haricot.
Les premières variétés cultivées ont été créées par les Amérindiens qui les ont sélectionnés parmi les
écotypes disponibles, en choisissant vraisemblablement les grains les plus gros et les plantes les plus
productives.
C’est cette technique de sélection, dite « massale », qui a permis de voir apparaitre des variétés
naines et d’autres grimpantes, dont on consomme les gousses ou plutôt les grains, à fleurs violettes
ou à fleurs blanches, avec des grains d’un grand nombre de formes et de couleurs.
Puis vers 1850 s’est développée la sélection « dirigée » à la faveur des connaissances scientifiques
qui se développaient, notamment suite aux travaux du Moine Grégoire Mendel sur l’hérédité des
petits pois publiés en 1865.
Depuis cette époque les sélectionneurs croisent des variétés bien déterminées avec pour objectif
d’associer les caractères favorables des deux parents dans une seule et unique nouvelle variété.
Facile à dire… mais moins facile à faire !
La famille de Vilmorin, passionnée de médecine et de botanique depuis le milieu du XVIIIème siècle a
joué un grand rôle dans cette aventure, avec notamment Louis de Vilmorin qui a énoncé en 1856 le
principe de la sélection généalogique, toujours à la base des techniques de sélection pratiquées de
nos jours.
Viennent ensuite les critères de qualité de la gousse ou du grain : absence de fil et de structures
fibreuses dans la gousse, homogénéité de maturité du grain…
Puis les critères de port de plante, afin que celles-ci restent bien debout jusqu’à la récolte.
Enfin de très nombreux autres critères spécifiques à l’emploi qui sera fait de la variété :
- maturité échelonnée pour des haricots verts destinés aux amateurs afin qu’ils produisent
pendant plusieurs semaines,
- maturité groupée pour des haricots destinés aux professionnels qui récoltent en une seule
fois avec une machine,
- variété précoce pour ceux qui veulent une production au plus tôt dans l’année, ou ceux qui
font des semis très tardifs,
- épiderme de la gousse qui ne se décolle pas à la surgélation
- rupture facile du pédoncule de la gousse pour faciliter la récolte
- …
La première génération issue de ce croisement présente des plantes toutes identiques. C’est ce que
l’on appelle un hybride F1, mais qui dans le cas du haricot ne peut pas être utilisé commercialement
car la pollinisation manuelle le rend inabordable économiquement.
Par contre si nous laissons cet hybride F1 s’autoféconder, dès la 2ème génération comme l’a montré
Grégoire Mendel, les caractères des deux parents disjoignent et toutes les plantes sont différentes.
La sélection peut commencer…