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17 Syndromes Coronariens Aigus - Collège Urgences 21

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Originellement diffusé par Faille ECNi, groupe non lucratif de partage de connaissances médicales à tous. https://t.

me/faillecni

CHAPITRE

17
Syndromes coronariens
aigus
Focus MÉDECINE INTENSIVE-RÉANIMATION

Situations de départ
161 Douleur thoracique

Connaissances
185 Réalisation et interprétation d'un électrocardiogramme (ECG)
204 Élévation des enzymes cardiaques

Item, objectifs pédagogiques


ITEM 339 – Syndromes coronariens aigus
Rang Rubrique Intitulé Descriptif
A Définition Définition de l'infarctus myocardique
211
A Définition Définition d'un syndrome coronarien aigu (SCA) non ST + et ST +
A Prévalence, Prévalence du SCA et mortalité
épidémiologie
B Éléments Physiopathologie des SCA (ST– et ST +) et Rupture de plaque, érosion de
physiopathologiques de l'angor stable plaque, thrombose coronaire-
sténose coronaire, déséquilibre
apports/besoins
A Diagnostic positif Connaître les signes d'interrogatoire et de l'examen clinique d'une douleur
angineuse et les présentations atypiques, du SCA et de ses complications
A Diagnostic positif Connaître les signes électrocardiographiques Pour ST + : sus-décalage de ST,
d'un SCA ST + et confirmer sa localisation ; miroir, territoires, bloc de branche
connaître les signes électrocardiographiques gauche
d'un SCA non ST +
A Examens Connaître les indications de l'ECG devant Interprétation ECG et troponine
complémentaires toute douleur thoracique ou suspicion de
SCA ; connaître les indications et interpréter
le dosage de troponine
B Examens Connaître l'apport de la coronarographie et Intérêt, limites et risques
complémentaires du coroscanner
A Identifier une urgence Reconnaître l'urgence et savoir appeler Identifier les situations d'urgence
(SAMU-Centre 15 en extrahospitalier) en cas et planifier leur prise en charge
de douleur thoracique préhospitalière et hospitalière
A Prise en charge Connaître les différentes modalités de Angioplastie, stent, pontage et
revascularisation coronaire thrombolyse

Médecine intensive – réanimation, urgences et défaillances viscérales aiguës


© 2021, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Défaillances et urgences cardiovasculaires et hémodynamiques
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Rang Rubrique Intitulé Descriptif
A Prise en charge Connaître les principes et stratégies Traitement antithrombotique,
thérapeutiques depuis la prise en charge par stratégie de reperfusion par
le SAMU du SCA ST +, non ST +, de l'angor angioplastie ou thrombolyse,
stable monitoring, autres médicaments
B Prise en charge Connaître les principes de la stratégie thérapeutique au long cours devant un angor
stable

Introduction
I. Épidémiologie des formes graves de syndrome coronarien aigu
II. Diagnostic positif du syndrome coronarien aigu et de ses formes compliquées
III. Prise en charge thérapeutique d’un syndrome coronarien aigu ST + (hors complications)
IV. Quelles sont les complications à la phase initiale ?

Introduction
Ce chapitre est en complément du référentiel de cardiologie pour insister sur la prise en charge
initiale et les complications graves du syndrome coronarien aigu (SCA) rencontrées en méde-
cine intensive-réanimation.

212

Vignette clinique
Monsieur R., 57 ans, est adressé aux urgences par les pompiers pour douleur thoracique d'apparition
brutale au repos. Il a pour antécédents une hypertension artérielle essentielle et un diabète de type 2.
Son traitement habituel comporte : énalapril 10 mg (inhibiteur de l'enzyme de conversion) le matin et
metformine 1 000 mg (antidiabétique oral type sulfamide) matin et soir.
L'interrogatoire est difficile car le patient est dyspnéique. Il vous dit qu'il a une douleur thoracique
gauche, très intense qui le serre et qui irradie au niveau de l'épaule gauche et depuis quelques minutes
dans la mâchoire. Cette douleur est présente lorsque vous l'interrogez. Il est agité. Les paramètres
vitaux relevés par l'infirmière d'accueil sont : PA 98/52 mmHg, FC 123 bpm, température 36,8 °C, FR
32 cycles/min, SpO2 87 % en air ambiant, score de Glasgow à 13 (M6, V4, Y3).
Vous demandez à l'infirmier d'installer immédiatement le patient en salle de déchocage des urgences
et de mettre en place un monitorage continu de la saturation en oxygène, la PA non invasive inter-
mittente automatique, un monitorage continu de la fréquence cardiaque avec un scope, ainsi qu'une
oxygénothérapie à 3 litres/min aux lunettes pour une cible de SpO2 ≥ 94 % associée à la mise en place
d'une perfusion continue avec 500 ml de soluté glucosé à 5 % en garde-veine. Vous ne débutez pas de
remplissage vasculaire malgré les signes d'hypoperfusion périphérique car devant les signes respira-
toires et les antécédents, vous suspectez un syndrome coronarien aigu (SCA) possiblement compliqué
d'œdème pulmonaire cardiogénique, qu'une expansion volémique aggraverait. Vous demandez éga-
lement la réalisation d'un ECG en urgence.
Lors de votre inspection, vous notez que le patient est penché en avant, agité, en sueurs. Vous constatez
immédiatement des signes de détresse respiratoire à type de tirage sus-claviculaire avec un balance-
ment thoraco-abdominal. Vous observez également des marbrures bilatérales des membres inférieurs
et un temps de recoloration à 5 secondes. À l'auscultation, vous mettez en évidence des râles crépitants
bilatéraux diffus. Il y a une turgescence jugulaire. L'abdomen est souple, dépressible et vous notez une
hépatalgie ; l'examen neurologique ne met pas en évidence de signes de localisation, les pupilles sont
intermédiaires réactives, symétriques.


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Vous récupérez ensuite rapidement des informations anamnestiques essentielles auprès de l'épouse
du patient présente dans le box des urgences. Selon elle, la douleur à type d'oppression thoracique
est apparue il y a quelques jours de façon intermittente, mais s'est intensifiée aujourd'hui avant qu'ils
ne sortent faire le marché. Le patient se sent fatigué depuis plusieurs semaines et stressé dans le cadre
de son travail. Son épouse a finalement contacté les pompiers, inquiète car la douleur ne cédait pas.
Il n'avait jamais présenté de tableau similaire auparavant. Il est tabagique actif. Il n'y a pas d'histoire
familiale de mort subite ni d'accidents vasculaires cérébraux. Il n'a pas d'allergies connues. Enfin, le
patient est bien suivi par son médecin traitant pour « la tension et le diabète ».
L'ECG réalisé en urgence est le suivant :

Connaissances
Devant cette douleur thoracique typique et les signes spécifiques retrouvés (sus-décalage dans le ter-
ritoire antérieur étendu V1 à V6 et D1, aVL) à l'ECG, vous diagnostiquez un SCA dans le territoire
antérieur. Les signes d'insuffisance cardiaque associés à des signes de défaillance hémodynamique
vous font suspecter un état de choc cardiogénique d'origine ischémique secondaire à une dysfonction
ventriculaire et responsable d'un œdème pulmonaire. À noter qu'il n'y a pas de troubles de conduction
à l'ECG. 213
Vous prescrivez donc une dose de charge d'antiagrégant plaquettaire (aspirine 250 mg IV) et un traite-
ment anticoagulant par héparine. Vous débutez également de la ventilation non invasive. Vous prenez
en charge la douleur en prescrivant de la morphine en titration par voie intraveineuse.
Vous demandez à l'infirmier de prélever un bilan biologique (ionogramme sanguin avec bilan hépa-
tique complet, numération-formule sanguine, bilan d'hémostase et examen des gaz du sang artériels,
lactate). Le diagnostic d'infarctus du myocarde est déjà posé et le taux de troponine n'est pas utile
pour le diagnostic : il a une valeur pronostique.
Pendant que l'infirmier des urgences réalise vos prescriptions, vous appelez le réanimateur et le cardio-
logue, afin d'organiser rapidement une coronarographie.
Le patient est finalement intubé devant l'état de choc avec signes de détresse respiratoire aiguë et
échec de la VNI. L'échocardiographie met en évidence une dysfonction cardiaque sévère avec akinésie
de la paroi antérieure sans complication mécanique. Un traitement par catécholamines de type ino-
trope (dobutamine) est débuté. Le patient est conduit en salle de coronarographie.
La coronarographie met en évidence une occlusion thrombotique de l'artère interventriculaire anté-
rieure sur la portion proximale. Une angioplastie avec pose d'un stent actif est réalisée avec succès. Le
patient est transféré en médecine intensive-réanimation au décours de la procédure.
Après traitement de la cause (occlusion coronaire), l'état hémodynamique s'améliore et le patient est
sevré de dobutamine, avec persistance d'une fraction d'éjection du ventricule gauche à 40 % (akinésie
de la paroi antérieure). Le patient est extubé à J2 et ensuite transféré en cardiologie où est introduit
à distance du choc un inhibiteur de l'enzyme de conversion et un bêtabloquant type bisoprolol à
dose progressivement croissante selon la tolérance clinique et biologique. Un bilan des facteurs de
risque cardiovasculaire (diabète, dyslipidémie, tabac, obésité) et un sevrage tabagique sont réalisés au
cours de l'hospitalisation. Il n'est pas observé de thrombus apical à l'échocardiographie. Le patient est
transféré en centre de réadaptation cardiovasculaire. Son traitement de sortie comporte du Kardegic®
75 mg matin, ticagrelor 90 mg matin et soir (pour un an puis stop), lansoprazole 15 mg matin (pour un
an puis stop), bisoprolol 2,5 mg matin, périndopril 5 mg matin, atorvastatine 80 mg soir.
Le patient sera revu par un cardiologue dans 3 mois, avec une échocardiographie de contrôle.
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I. Épidémiologie des formes graves de syndrome


coronarien aigu
A Le syndrome coronarien aigu (SCA) est une pathologie fréquente des pays industrialisés.
Cela reste une pathologie grave avec une mortalité évaluée entre 5 et 10 % à la phase aiguë.
La présentation clinique des patients permet d'identifier d'emblée les formes graves qui sont
associées à une mortalité élevée. Ces formes compliquées sont le plus souvent liées à des
troubles du rythme ventriculaire à l'origine d'une mort subite et/ou à une dysfonction ventri-
culaire gauche sévère responsable d'un état de choc cardiogénique. Attention  : plus de la
moitié des décès par SCA ou infarctus surviennent à la phase préhospitalière. La fibrillation
ventriculaire peut survenir dès les premières minutes. La prise en charge d'un SCA nécessite
donc un environnement sécurisé, avec l'accès rapide à un défibrillateur. Les troubles du rythme
supraventriculaires et les troubles de conduction sont rencontrés dans environ 50 % des SCA.
Les complications mécaniques sont rares, mais restent la conséquence d'une reperfusion trop
tardive. Elles surviennent dans environ 1 % des cas ; la plus fréquente est l'insuffisance mitrale
par rupture de pilier.

II. Diagnostic positif du syndrome coronarien aigu


et de ses formes compliquées
Le SCA traduit une ischémie myocardique aiguë, conséquence de lésions coronariennes instables.
Les deux piliers du diagnostic du syndrome coronarien aigu (SCA) sont :
214 • la présence d'une douleur thoracique, typiquement constrictive, rétrosternale, en étau,
irradiant dans les mâchoires ou les bras, s'accompagnant d'une anxiété avec sueur et agi-
tation. Elle est brutale, prolongée (classiquement plus de 20 minutes) et est résistante à la
trinitrine (Natispray®) ;
• la présence de troubles de la repolarisation à l'ECG, avec typiquement un sus-décalage
du segment ST convexe vers le haut dans des dérivations concordantes d'un territoire coro-
naire. Il traduit dans ce cas, une thrombose coronaire aiguë avec occlusion complète.
En présence de ces deux éléments, il n'y a pas d'indication à la réalisation d'autres examens
complémentaires. Il n'y a pas de place pour le dosage de la troponine pour affirmer le diagnostic.

Encadré 17.1
Physiopathologie
B La rupture d'une plaque d'athérome provoque l'adhésion et l'activation plaquettaire jusqu'à la formation
d'un thrombus intraluminal (fig. 17.1). La réduction du flux vasculaire par occlusion partielle ou complète du
vaisseau aboutit à une nécrose myocardique.

Flux vasculaire
Plaque d'athérome
Vaisseau athéromateux Rupture / érosion de plaque

Adhésion, activation et
agrégation plaquettaire

Obstruction partielle de la lumière vasculaire Obstruction complète de la lumière vasculaire

Fig. 17.1. B Physiopathologie du SCA.


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Certaines formes de SCA ne présentent pas de sus-décalage de segment ST mais com-
portent un risque vital immédiat de par leurs présentations cliniques. Il s'agit des
formes compliquées d'insuffisance cardiaque aiguë, de troubles du rythme, d'arrêt
cardiaque et/ou de choc cardiogénique.
Ces complications peuvent donc être initialement au premier plan et révéler le SCA.
Les signes évocateurs suivants sont donc à rechercher de façon systématique en cas de suspi-
cion de syndrome coronarien aigu ou, à l'inverse, faire évoquer une étiologie coronarienne :
• dyspnée brutale, orthopnée révélant un œdème pulmonaire ou l'acidose d'un état de choc ;
• douleur de l'hypochondre droit révélant une congestion hépatique secondaire à une insuf-
fisance cardiaque ;
• palpitations en lien avec des troubles du rythme ;
• sensation de malaise ou de mort imminente révélant un bas débit cardiaque ;
• arrêt cardiaque (cf. chapitre 13).
Les signes suivants doivent être recherchés systématiquement à l'examen clinique :
• signes d'insuffisance cardiaque gauche : dyspnée avec orthopnée, crépitants bilatéraux des
champs pulmonaires ;

Connaissances
• signes d'insuffisance cardiaque droite : turgescence jugulaire, reflux hépatojugulaire, hépatalgie ;
• tachycardie (révélant un trouble du rythme) ou bradycardie (révélant un trouble de conduction) ;
• signes de choc cardiogénique : hypotension artérielle, marbrures, confusion, oligurie.
L'échocardiographie a une place centrale, avec l'ECG, pour le diagnostic précis des complica-
tions (cf. infra).

Attention 215
Parfois le diagnostic n'est pas si évident, notamment chez les diabétiques (douleur souvent absente), les
sujets âgés (symptomatologie atypique, vomissements fréquents) et les femmes.
En présence d'un bloc de branche gauche ou d'un électro-entraînement continu (patient porteur et
dépendant d'un stimulateur cardiaque) ou bien lorsque l'ECG est normal mais que la douleur est très évo-
catrice, il est nécessaire de compléter la prise en charge par des examens complémentaires et de prendre
avis auprès du cardiologue, afin de discuter la réalisation d'une échocardiographie.

Encadré 17.2
Le syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment ST et risque
vital élevé
Il se définit de la même façon, avec l'association d'une douleur angineuse de repos, mais cédant spontané-
ment en moins de 20 minutes ou sensible à la trinitrine. Dans ce cas, le patient n'a plus mal lors de l'examen
clinique, il n'y a pas de sus-décalage ST à l'ECG. Un cycle de troponine (dosage de la troponinémie à
H0 et H4) est dans ce cas licite. Le patient doit être monitoré (scope, saturation en oxygène et mesure de
la pression artérielle automatisée) et hospitalisé en soins intensifs de cardiologie, où une échographie
cardiaque est réalisée (à la recherche de troubles de la cinétique segmentaire). L'agressivité des traitements
(bi-antiagrégation plaquettaire, anticoagulation et revascularisation) sera fonction des résultats des examens
complémentaires (cycle de troponine). L'artère coupable n'est dans cette situation pas complètement obs-
truée mais simplement sténosée avec persistance d'une perfusion myocardique minime évitant la nécrose.
Attention : la présence d'une forme clinique compliquée même en l'absence de sus-décalage du segment
ST représente un risque vital immédiat élevé et nécessite une prise en charge urgente et agressive. Ainsi,
même en l'absence de sus-décalage du segment ST, la présence des signes cliniques et paracliniques suivants
implique la même prise en charge que les SCA avec sus-décalage en raison du risque vital immédiat élevé :
• un état de choc cardiogénique ou des signes d'insuffisance cardiaque aiguë ;
• des troubles du rythme ventriculaires ;
• une complication mécanique ;
• un sus-décalage intermittent du segment ST ;
• ou une récidive ou une persistance des douleurs thoraciques angineuses (sous traitement médical).
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Quiz 1
Une douleur trompeuse
Madame J., 71 ans, est adressée en urgence pour une « détresse respiratoire aiguë ».
Antécédents : hypertension artérielle essentielle, artériopathie des membres inférieurs, BPCO, diabète de type 2.
Cliniquement : température 37,2 °C, PA 146/97 mmHg, FC 110 bpm, SpO2 88 % en air ambiant, FR 25 cycles/min.
La patiente est agitée, elle se tient assise sur le brancard. Elle présente un tirage sus-claviculaire et une expira-
tion abdominale active. L'auscultation pulmonaire met en évidence des crépitants des deux champs remontant
jusqu'aux sommets. L'abdomen est souple, dépressible. Il n'y a pas de signe de choc.
La radiographie de thorax met en évidence des opacités alvéolaires bilatérales périhilaires et un émoussement des
culs-de-sac pleuraux.
L'ECG montre un sus-décalage du segment ST de V2 à V6.
Le diagnostic est donc un œdème aigu pulmonaire compliquant un infarctus du myocarde antérieur.
Réalisez-vous une coronarographie en urgence ?

III. Prise en charge thérapeutique d'un syndrome


coronarien aigu ST + (hors complications)
La reperfusion coronaire est l'objectif du traitement du SCA ST + et doit être une priorité.
Plus le traitement est administré tardivement, plus la nécrose est étendue et plus le risque de
complications est important (d'où le slogan : « time is muscle »). Aucun examen complémen-
taire ne doit retarder la revascularisation une fois le diagnostic de SCA avec sus-décalage du
segment ST (SCA ST +) ou infarctus du myocarde posé.
216

A. Mise en condition et prise en charge de la douleur


Les troubles du rythme ventriculaire (cf. infra) sont une des premières causes de décès à la
phase aiguë de l'infarctus. Dès le début de la prise en charge, dès la suspicion d'un SCA ST +,
le patient doit bénéficier d'un monitorage ECG (scope), associé à la disponibilité immé-
diate d'un défibrillateur.
Le monitorage associe, en plus du scope, la mesure continue de la saturation en oxygène, la
mesure de la pression artérielle non invasive automatisée, et ceci même durant le transport
jusqu'en salle de coronarographie, afin de détecter la survenue d'une complication.
Le patient doit donc également avoir un abord vasculaire (voie veineuse périphérique). Un
bilan biologique (numération-formule sanguine avec taux plaquettaire et ionogramme san-
guin avec créatinine et bilan hépatique) peut être réalisé à cette occasion, mais ne doit pas
retarder la réalisation de la coronarographie.
Le traitement symptomatique de la douleur doit être réalisé précocement, avec le recours si
besoin aux morphiniques. La douleur disparaît avec la désobstruction coronaire.
Une présence médicale pendant toutes les phases de la prise en charge, y compris les trans-
ports, est donc obligatoire (organiser un transport SMUR en cas de transfert vers un autre
centre hospitalier). En effet, ces patients sont à haut risque de complications (troubles du
rythme ventriculaire ou œdème aigu pulmonaire le plus souvent).

B. Stratégie de reperfusion
Deux stratégies sont disponibles :
• la reperfusion coronaire interventionnelle, ou angioplastie primaire ;
• la reperfusion coronaire pharmacologique, ou fibrinolyse.
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Le choix de la stratégie est conditionné par la durée estimée entre le premier contact médical
et l'accès à la coronarographie (que le patient soit chez lui ou dans un centre médical) :
• si la coronarographie est accessible dans les 120  minutes, le patient doit bénéficier
directement en première intention et en urgence d'une angioplastie primaire ;
• si la coronarographie n'est pas accessible dans les 120 minutes suivant le premier contact
médical, la reperfusion coronaire par fibrinolyse est indiquée en l'absence de contre-
indication. Le patient devra être également transféré dans un centre ou une coronaro-
graphie sera réalisée secondairement.
À noter que la reperfusion en urgence n'a pas montré de bénéfice si les douleurs existent
depuis plus de 12 heures. Ainsi, au-delà de 12 heures, la fibrinolyse n'est plus indiquée et la
coronarographie sera réalisée en cas de persistance de douleurs ou complications imputables.
L'angioplastie consiste en une dilatation de la sténose/occlusion et la pose d'un stent (le
plus souvent actif, c'est-à-dire stent comportant des substances antiprolifératives favorisant
l'absence de resténose intra-stent à distance). En cas d'impossibilité de revascularisation par
voie percutanée (lésions tritronculaire, lésions multiples, artères avec sténoses étagées, impos-
sibilités techniques…), un traitement chirurgical par pontage aorto-coronarien doit être
discuté en urgence avec l'équipe de chirurgie cardiaque.

Connaissances
C. Traitements antithrombotiques adjuvants
Ils sont fondamentaux car ils évitent que l'artère se rebouche. Deux classes de médica-
ments doivent être administrées :
• le traitement antiagrégant plaquettaire double  : le traitement associe systématique-
ment l'aspirine (voie du thromboxane) et un inhibiteur du P2Y12 (clopidogrel, ticagrelor ou
prasugrel) ; 217
• le traitement anticoagulant IV par héparine.
Dans le cas du SCA avec sus-décalage du segment ST, le traitement est administré très vite
dès le diagnostic et avant la reperfusion.

D. Traitements médicamenteux adjuvants secondaires


Un traitement par bêtabloquants, inhibiteur de l'enzyme de conversion et statine est ajouté
de façon concomitante à la revascularisation. Ces traitements seront administrés progressi-
vement jusqu'à dose maximale tolérée (attention aux hypotensions orthostatiques, à l'insuf-
fisance rénale aiguë secondaire aux inhibiteurs de l'enzyme de conversion et aux myalgies/
rhabdomyolyse sous statines). Les facteurs de risque cardiovasculaire sont également pris en
charge.

Quiz 2
Un arrêt cardiaque
Vous êtes appelé au domicile de Monsieur W., 53 ans, pour un malaise avec chute de sa hauteur alors qu'il faisait
la cuisine.
Antécédents : aucun en dehors d'un tabagisme actif (40 paquets-années).
À votre arrivée le patient est au sol, inconscient et présente des « gasps ». Vous débutez immédiatement les
manœuvres de réanimation. Le premier rythme enregistré par le défibrillateur semi-automatique est une tachy-
cardie ventriculaire. Le patient récupère une activité circulatoire spontanée après 10  minutes de massage car-
diaque externe, trois chocs électriques externes associés à l'injection de 300 mg d'amiodarone et une intubation
orotrachéale.

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L'ECG réalisé au décours est le suivant :

Cliniquement, les paramètres vitaux sont : température 36,8 °C, PA 97/71 mmHg, FC 110 bpm, SpO2 96 %, FR
12 cycles/min sous ventilation mécanique invasive sans catécholamines.
Devant une désadaptation au respirateur, le patient est sédaté puis transféré en réanimation.
Administrez-vous une dose de charge d'antiagrégant plaquettaire ? Demandez-vous une coronarographie en
urgence ?

IV. Quelles sont les complications à la phase initiale ?


218 A. Troubles du rythme
La fréquence et la gravité des troubles du rythme survenant à la phase aiguë du SCA sont très
variées.
La fibrillation ventriculaire et la tachycardie ventriculaire représentent les formes
graves. Rares, elles sont à l'origine des morts subites (arrêt cardiaque) à la phase
initiale de l'infarctus. Le traitement spécifique renvoie à la prise en charge des arrêts
cardiaques avec rythme choquable (défibrillation, antiarythmiques) et impose en cas
du sus-décalage du segment ST une reperfusion coronaire en urgence. La prévention
de la récidive par bêtabloquant et/ou amiodarone est détaillée dans le référentiel de
cardiologie.
Les troubles du rythme supraventriculaires ne sont pas rares, avec en chef de file la fibrillation
atriale. Le traitement n'a pas de particularité.

Encadré 17.3
Le rythme idioventriculaire accéléré (RIVA)
Le rythme idioventriculaire accéléré est une dépolarisation spontanée des voies de conduction ventriculaire
qui apparaît à la phase aiguë de l'infarctus, notamment lors de la reperfusion ou au décours d'un arrêt
cardiaque récupéré. Il est caractérisé par un rythme régulier, peu rapide (80 à 120 bpm), sans activité atriale
décelée, à QRS larges, bien toléré sur le plan hémodynamique, disparaissant spontanément. Il s'agit du
diagnostic différentiel principal de tachycardie ventriculaire (notamment les TV lentes) à la phase aiguë de
l'infarctus.
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B. Troubles de conduction
Ils peuvent être immédiats ou retardés. Ils sont plus graves lors d'un infarctus antérieur ou à la
phase précoce d'un infarctus inférieur (nécrose des voies de conduction auriculoventriculaire).
Les plus fréquents sont donc les blocs auriculoventriculaires de haut degré (BAV2 Mobitz 2
ou BAV3 — ce dernier étant défini par une dissociation complète de l'activité électrique auri-
culaire et ventriculaire). Les autres étiologies de bradycardie sont beaucoup moins fréquentes
(bloc sino-atrial et bradycardie sinusale).
En cas de mauvaise tolérance clinique et/ou biologique (retentissement sur la fonction rénale,
hépatique ou troubles de la vigilance, confusion), un traitement spécifique doit être rapidement
mis en place. Il repose sur une augmentation de la fréquence cardiaque via une stimulation
externe (par le défibrillateur/stimulateur) ou l'administration d'isoprénaline IVSE et d'atropine
dans l'attente de la pose d'une sonde de stimulation électrosystolique endocavitaire.

C. Complications de la dysfonction ventriculaire


L'ischémie d'une partie plus ou moins étendue du muscle cardiaque entraîne immédiatement

Connaissances
une diminution de sa performance contractile. Selon l'étendue de l'altération de la perfor-
mance cardiaque systolique, le SCA peut se compliquer d'insuffisance cardiaque allant de
l'œdème aigu pulmonaire cardiogénique jusqu'au choc cardiogénique.

1. Œdème aigu pulmonaire cardiogénique


L'origine ischémique d'un œdème aigu pulmonaire cardiogénique est fréquente et doit être
systématiquement recherchée. Toute suspicion d'œdème aigu pulmonaire doit faire réaliser 219
un ECG. En effet, il complique le plus souvent un infarctus antérieur étendu (secondaire à une
occlusion de l'artère interventriculaire antérieure). Mais l'œdème pulmonaire peut également
révéler une insuffisance mitrale compliquant un infarctus inférieur (ischémie du pilier mitral
conduisant à sa dysfonction, voire à sa rupture) ; il sera classiquement unilatéral droit (les
veines pulmonaires droites étant dans l'axe du reflux mitral excentré dans cette situation).
Sa prise en charge en urgence comporte deux volets :
• symptomatique (traitement par diurétiques, dérivé nitré, oxygénothérapie, ventilation non
invasive) ;
• étiologique, avec reperfusion coronaire en urgence et réparation valvulaire chirurgicale si
indiquée.

Attention
Patient en détresse respiratoire sur un œdème aigu pulmonaire cardiogénique de cause ischémique :
l'enjeu de sa prise en charge est la tolérance respiratoire permettant la réalisation de la coronarogra-
phie dans le délai le plus bref. En effet, cet examen nécessite le maintien d'un décubitus dorsal strict.
Attention, le traitement étiologique est primordial et ne doit pas être retardé inutilement. Le patient
doit donc être rapidement stabilisé sur le plan respiratoire (et au besoin intubé) pour permettre la
coronarographie.

2. Choc cardiogénique
L'incidence du choc cardiogénique à la phase aiguë du SCA a diminué avec le développement
du réseau de soins et les techniques de reperfusion précoce. Le mécanisme du choc peut être
la dysfonction VG étendue (dans les cas de SCA antérieur), une complication mécanique (rup-
ture mitrale, communication interventriculaire), un infarctus du ventricule droit, un trouble du
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rythme ou un trouble de la conduction. L'échocardiographie est fondamentale pour préciser le


mécanisme du choc cardiogénique (cf. infra).
La prise en charge du patient en choc cardiogénique compliquant le SCA est urgente et com-
porte deux volets :
• symptomatique  : catécholamine de type inotrope positif ±  vasopressive, voire support
hémodynamique mécanique de type circulation extracorporelle (Extracorporal Life Support,
ECLS) ;
• étiologique : reperfusion coronaire rapide.

D. Arrêt cardiaque et mort subite


L'infarctus du myocarde reste l'une des principales causes des morts subites, notamment en
lien avec les troubles du rythme ventriculaire (fibrillation ou tachycardie ventriculaire). La prise
en charge symptomatique est commune à celles des arrêts cardiaques (cf.  chapitre  13). Le
traitement étiologique (revascularisation coronaire précoce) est fondamental.

E. Complications mécaniques
Les complications mécaniques sont beaucoup plus rares que les complications rythmiques ou
l'œdème aigu pulmonaire, mais souvent fatales.
La plus fréquente est valvulaire : l'insuffisance mitrale par rupture ou dysfonction de pilier
lorsque le territoire infarci touche un pilier mitral. Cette insuffisance mitrale peut se manifester
cliniquement par un œdème aigu pulmonaire cardiogénique ou un état de choc. L'orientation
diagnostique est clinique (existence d'un souffle systolique à l'auscultation cardiaque) et le
220
diagnostic est échocardiographique. Son traitement est chirurgical (remplacement valvulaire
mitral en urgence).
La communication interventriculaire est très rare et se manifeste par un état de choc cardio-
génique, des signes d'insuffisance cardiaque droite, une hypoxémie secondaire et un souffle
holosystolique en « rayon de roue » à l'auscultation cardiaque. L'échocardiographie confirme
le diagnostic avec un flux à travers le septum et une dilatation des cavités droites secondaire à
l'augmentation des pressions du fait de la communication. Il s'agit d'une urgence chirurgicale,
grevée d'une forte mortalité.
La rupture de la paroi libre du ventricule gauche se complique d'un hémopéricarde qui
est fatal en quelques minutes. En cas de fissuration ou de rupture subaiguë, suspectée en cas
d'apparition de signes de choc et d'une apparition/majoration d'un épanchement péricar-
dique, une prise en charge chirurgicale peut être réalisée.

F. Extension au ventricule droit


Elle peut compliquer un infarctus inférieur. Elle doit être suspectée devant une dégradation
hémodynamique secondaire (hypotension) et l'apparition de signes d'insuffisance cardiaque
droite (turgescence jugulaire, reflux hépatojugulaire, hépatalgie). Son diagnostic repose sur
un ECG 18 dérivations, avec extension des troubles de la repolarisation dans les dérivations
droites (V3R et V4R). À l'échographie cardiaque, le ventricule droit est dilaté ; il existe le plus
souvent une insuffisance tricuspide avec parfois un septum paradoxal. Son traitement repose
sur la revascularisation de la coronaire droite associée au traitement symptomatique de l'insuf-
fisance cardiaque.
Syndromes coronariens aigus
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17

G. Péricardite
Il s'agit d'une complication subaiguë, à la différence des précédentes. Devant la persistance
ou la récidive d'une douleur thoracique après revascularisation, il est nécessaire de préciser les
caractéristiques de la douleur. En effet, le diagnostic à évoquer en premier lieu est la throm-
bose de stent. La douleur aura dans ce cas les mêmes caractéristiques que l'épisode initial avec
à l'ECG un nouveau sus-décalage dans le territoire impliqué.
Néanmoins, la réaction inflammatoire péricarditique peut également s'exprimer précocement.
La douleur thoracique est classiquement intermittente, non modifiée par l'effort, basithora-
cique, majorée par l'inspiration profonde et soulagée par l'antéflexion. Le patient identifie cette
douleur comme étant différente de la douleur d'infarctus. L'examen clinique est classiquement
normal ; il peut exister une fébricule et un frottement péricardique. Il existe le plus souvent
un épanchement péricardique de faible abondance visualisé à l'échocardiographie. Le bilan
biologique met en évidence un syndrome inflammatoire sans infection. Le traitement consiste
en une association aspirine et colchicine, et l'absence d'effort physique pendant 3 mois. Cette
péricardite ne se complique qu'exceptionnellement de tamponnade.

Connaissances
Encadré 17.4
Complications
Tableau 17.1. B Complications par topographie (schématiquement).
Artère coronaire Territoire myocardique Dérivations ECG Complications classiques
IVA Apical V3-V4 Dysfonction VG
Antérieur V1 à V4 Mort subite 221
Antéro-septal V1-V3 Trouble du rythme et de
conduction
Circonflexe Antéro-latéral DI et AVL Insuffisance mitrale
Inféro-latéral V5-V6 Dysfonction VG
Basal V7-V8-V9
Coronaire droite Inférieur et inféro-septal DII DIII AVF Trouble de conduction
Ventricule droit V3R-V4R Extension VD

Ventricule
gauche

Ventricule
droit

Artère interventriculaire
antérieure
Artère circonflexe

Artère coronaire droite

Fig. 17.2. A Topographie coronaire : coupe échocardiographique apicale « quatre cavités ».


Défaillances et urgences cardiovasculaires et hémodynamiques
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H. Thrombus intraventriculaire gauche


Le thrombus du ventricule gauche est une complication subaiguë et chronique classique des
infarctus antérieurs touchant le territoire apical. En présence de troubles sévères de la ciné-
tique segmentaire de l'apex, le sang a tendance à stagner et à créer des thrombus, qui peuvent
être diagnostiqués à l'échocardiographie dès J3. C'est une indication à l'anticoagulation du
fait de son risque élevé d'embolie systémique.

Tic-tac…

•Avoir réalisé et interprété l'ECG, diagnostiqué un SCA ST+ et/ou une forme
compliquée
< 15 min

•Avoir discuté avec l'équipe de cardiologie de la modalité de revascularisation


< 30 min

•Avoir débuté les traitements médicamenteux spécifiques


< 60 min

•Avoir réalisé la reperfusion coronaire


222 <2 h

Une situation clinique… Deux prises en charge


Monsieur W., 64  ans, est hospitalisé dans le service d'hépato-gastro-entérologie pour la réalisation
d'une fibroscopie gastroduodénale dans le cadre d'un pyrosis.
Sofia est appelée à 3 h du matin par l'infirmière pour des vomissements, douleurs abdominales depuis
le début de soirée, associés maintenant à une hypotension.

Où Sofia ne fait pas ce qu'il faut…


Sofia demande par téléphone les paramètres vitaux du patient. L'infirmière lui transmet  : PA
92/76 mmHg, FC 128 bpm, SpO2 96 % en air ambiant, FR 21 cycles/min. Sofia décide donc de lui prescrire
un antiémétique (métoclopramide 10 mg) par voie intraveineuse pour traiter les nausées et 500 ml
de NaCl 0,9 % en IV en débit libre pour traiter l'hypotension (probablement sur de la déshydratation
secondaire aux vomissements).
Sofia est rappelée une heure plus tard par la même infirmière pour la persistance de l'hypotension
chez Monsieur  W., maintenant associée à une désaturation. Elle se rend dans le service de gastro-
entérologie afin d'examiner le patient. Les paramètres vitaux sont maintenant : PA 89/64 mmHg, FC
51 bpm, SpO2 92 % en air ambiant, FR 26 cycles/min, température 37,1 °C. L'abdomen est souple, le


Syndromes coronariens aigus
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patient n'est pas marbré, il est vigil et conscient. Sofia décide de poursuivre le remplissage vasculaire
(avec de nouveau 500 ml de NaCl 0,9 % en débit libre) ainsi qu'une oxygénothérapie à 4 litres/min aux
lunettes, et remet au lendemain la suite des explorations.
Le lendemain, le patient se dégrade. L'hypotension persistante et l'apparition d'une détresse respi-
ratoire justifient son transfert en réanimation. Un ECG 12 dérivations est réalisé et montre un sus-
décalage du segment ST dans les dérivations inférieures. Devant cet état de choc dans un contexte
d'infarctus inférieur, un ECG 18 dérivations est également réalisé, qui montre également des anomalies
de la repolarisation dans les dérivations droites. Une échocardiographie est réalisée rapidement et
met en évidence une akinésie apicale étendue associée à une dilatation du ventricule droit avec une
hypokinésie de la partie apicale de la paroi latérale du ventricule droit.
Le diagnostic final est donc un infarctus inférieur étendu au ventricule droit, à l'origine d'un état
de choc cardiogénique. Un traitement par catécholamines, antiagrégants plaquettaires et anticoa-
gulation est débuté et le patient est adressé en urgence en coronarographie. Cette dernière met
en évidence une occlusion aiguë de la coronaire droite. Le patient bénéficie d'une revascularisation
coronaire.
Sofia n'a pas la bonne attitude : elle n'examine pas le patient dès le premier appel et néglige l'hypo-
tension. Par ailleurs, elle n'a pas de démarche diagnostique étiologique devant cette hypotension
inexpliquée associée à des douleurs abdominales et se contente d'un traitement symptomatique.

Où l'on peut faire confiance à Sofia

Connaissances
Sofia se rend directement dans le service de gastro-entérologie, afin d'examiner le patient. Elle
demande à l'infirmière de prendre de nouveau les paramètres vitaux du patient : PA 92/76 mmHg, FC
128 bpm, SpO2 96 % en air ambiant, FR 21 cycles/min.
Lors de son examen clinique, Monsieur W. est vigile, conscient et orienté. Il présente des marbrures
des genoux, un temps de recoloration cutanée à 5  secondes et les extrémités froides. Il existe une
polypnée, associée à un léger tirage sus-claviculaire, l'auscultation pulmonaire est claire, les bruits du
cœur sont rapides mais sans souffle objectivé. Enfin, il existe une turgescence jugulaire avec un reflux
hépatojugulaire, l'abdomen est souple, sans défense ni contracture. 223
Sofia réalise un ECG 12 dérivations à la recherche d'un infarctus du myocarde en inférieur.
L'ECG est le suivant :

Sofia demande à l'infirmière de poser une voie veineuse périphérique et contacte immédiatement son
sénior, qui lui conseille d'administrer un remplissage vasculaire avec 500 ml de NaCl 0,9 % en débit libre
et de compléter l'ECG par un ECG 18 dérivations.
L'ECG retrouve des anomalies de la repolarisation dans les dérivations droites. Elle en informe immé-
diatement le médecin sénior.
Devant ce diagnostic d'état de choc cardiogénique sur infarctus du myocarde inférieur avec extension
au ventricule droit, le patient est immédiatement transféré en salle de coronarographie et est accueilli
par l'équipe de réanimation, qui réalise rapidement une échocardiographie qui retrouve une akinésie
inférieure associée à une dilatation des cavités droites.
Un traitement par catécholamines, antiagrégants plaquettaires et anticoagulation est entrepris. La
coronarographie met en évidence une occlusion aiguë de la coronaire droite. Le patient bénéficie
d'une revascularisation coronaire et est ensuite transféré en réanimation.
Défaillances et urgences cardiovasculaires et hémodynamiques
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Réponses aux quiz


Quiz 1
Oui. La coronarographie s'impose en effet en urgence, mais nécessite un décubitus dorsal strict d'environ 15 à
20 minutes. La patiente ne peut vraisemblablement pas dans l'état actuel maintenir une telle position. Il vous faut
donc améliorer rapidement l'état respiratoire de la patiente. Un traitement par diurétiques de l'anse associé à de
la ventilation non invasive (VNI) doit être rapidement mis en place. La réalisation de la coronarographie sous VNI
est possible si la patiente est améliorée et tolère la VNI. Si ce traitement ne permet pas une amélioration rapide
permettant de réaliser la coronarographie, l'intubation orotrachéale est requise. En effet, la coronarographie est
le traitement étiologique qui conditionne le pronostic à moyen et long terme.
Quiz 2
Oui. Vos arguments sont :
– troubles de la repolarisation à l'ECG après récupération d'une activité cardiaque spontanée ;
– premier rythme enregistré choquable ;
– patient tabagique, homme de 53 ans ;
– complication classique de l'infarctus du myocarde (trouble du rythme ventriculaire et arrêt cardiorespiratoire).

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