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La Place Des Psaumes Dans La Prière Du Matin
La Place Des Psaumes Dans La Prière Du Matin
La Place Des Psaumes Dans La Prière Du Matin
KAVANA
Chacun admet sans peine que les textes constituant la téfila sont
des textes qui comptent et qu ' à ce titre ils doivent être lus avec
kavana . Chacun comprend aussi que par kavana on entend que
l'orant doit se concentrer et éviter de dire sa prière distraitement.
Un aspect de la kavana est peut-être moins connu, le Rav Kook
(cité par Netiv Bina) le met en exergue, c' est la compréhension des
textes non seulement comme une nécessité intellectuelle, naturelle
chez tout lecteur de tout texte, mais comme une condition sine qua
non de la kavana et, partant, de la pratique de la téfila elle-même . La
Guémara (Chabat 127) affirme que le fidèle qui fait une étude appro-
fondie de sa téfila ('Iyoun) en tire un profit en ce monde et dans le
monde à venir. Ce terme `Iyoun est interprété par Rachi par kavana.
C'est fort de cette interprétation de la kavana qu'il nous a paru perti-
nent de proposer quelques réflexions inspirées de divers commentaires
classiques pour expliquer quelque peu les six psaumes figurant dans
Cha'harit entre Baroukh chéamar et Yiehtaba'h.
SIX PSAUMES
LE LEXIQUE
Connaître le sens des mots, comme nous l'avons dit plus haut, est
important mais pas suffisant . Il faut en outre discerner l ' organisation
des mots qui composent le texte et les liens qu'ils entretiennent entre
eux . Il n ' y a pas dans un texte des mots importants et d ' autres qui
seraient secondaires ; il n ' y a pas davantage de mots-clés qui ouvri-
raient des sens cachés : les mots en réalité sont choisis par le scripteur
qui les dispose en un système . C ' est la rencontre, l ' opposition, la
conjonction de tous les mots qui donnent sens au texte . De tels
exemples se trouvent à profusion dans nos pérouchim (commentaires)
classiques.
Ainsi Ibn Ezra relève-t-il dans notre psaume que le verset 2 est
construit sur une double opposition : bekhol yom (chaque jour) s'op-
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STRUCTURE SÉMANTIQUE
v .18
v .19
v .2O
Affirmons d' emblée qu ' une telle analyse ne saurait être transposée
telle quelle dans une classe ; seul le professeur est concerné, tant il est
vrai que la bonne pédagogie commence par l'approfondissement du
savoir de l'enseignant.
En revanche, il est important de prendre cette étude comme un
exemple montrant que nos textes méritent mieux que la paraphrase qui
les affadit ou la seule traduction qui risque d'en compliquer le sens, ou
pour le moins de ne pas l'élucider.
Le biour téfila (le commentaire de la prière) devra être considéré
comme une matière à part entière des limoudei kodèch, ce qui
implique l'apprentissage du lexique spécifique du Sidour, la structure
des téfilot, l'étude des textes composant la téfila.
Cela ne signifie pas pour autant que la pratique de la téfila puisse
être le moins du monde négligée . Il faut, au contraire, en améliorer les
conditions et, d'abord, veiller à des conditions matérielles optima . L'en-
gagement personnel du professeur devrait être modèle et garantie de la
solennité du moment de la prière.
La pratique de la téfila impose un apprentissage de lecture qui ne
saurait admettre la moindre concession : articulation correcte de
toutes les consonnes, accentuation des mots, respect des ta'amim, une
lecture rituelle en somme . Les enfants ne peuvent rester étrangers à la
beauté et à la richesse du Sidour . L'ambition de l'école juive doit être
affirmée, en ce domaine comme en d'autres, d'amener les élèves à une
pratique de prière éclairée et intelligente.
Une fois ces principes admis, il resterait à faire des choix et à déci-
der des priorités en fonction de l'âge des élèves ; ce serait en somme
mettre sur pied une réflexion didactique . Ce cadre une fois défini, les
professeurs auront tout loisir de réfléchir aux procédures, aux
méthodes et aux outils pédagogiques pour mener cette tâche, l'appren-
tissage de la téfila, à bien .
HAMORÉ N' 169-170 - ÉTÉ 2003/43