DESCHEPPER Robin Thèse D'exercice 2017
DESCHEPPER Robin Thèse D'exercice 2017
DESCHEPPER Robin Thèse D'exercice 2017
LE 26 AVRIL 2017
PAR
ROBIN DESCHEPPER
EN VUE D’OBTENIR
JURY :
Université d’Aix-Marseille – Faculté de Pharmacie – 27 bd Jean Moulin – CS 30064 - 13385 Marseille cedex 05 - France
Tél. : +33 (0)4 91 83 55 00 - Fax : +33 (0)4 91 80 26 12
27 Boulevard Jean Moulin – CS 30064 - 13385 MARSEILLE Cedex 05
Tel. : 04 91 83 55 00 – Fax : 04 91 80 26 12
ADMINISTRATION :
PROFESSEURS
A.H.U.
ENSEIGNANTS CONTRACTUELS
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A.H.U.
PROFESSEURS
MAITRES DE CONFERENCES
AHU
ATER
PROFESSEURS
MAITRES DE CONFERENCES
A.H.U.
ATER
À ma famille,
Mes parents, pour leur soutien infaillible tout au long de ces années, avec toute ma
reconnaissance et mon amour.
Yolande et Michel, pour leur soutien et leur gentillesse. À guillaume, aussi loquace soit-il.
À Didier Le Bail, pour m’avoir fait partager son savoir, son expérience et m’avoir
inculqué toute la rigueur du métier, pour m’avoir conforté dans mon souhait de devenir
pharmacien. À toutes les personnes qui m’ont formé à la pharmacie des 4 chemins,
merci. Un grand merci à Sylvie, pour sa gentillesse, sa patience, son savoir et son sourire
de tous les jours.
À Madame Sylvaine Litou, ainsi qu’à toute l’équipe (la famille !) de la Pharmacie du
grand jardin, pour m’avoir accordé votre confiance et votre accompagnement dans mes
premiers pas au comptoir.
À mes amis,
Aurélie, confidente et inspiratrice dans mon métier. Source d’enthousiasme et de grand
n’importe quoi le reste du temps.
Captain speaking, Nadir. Le plus nawak de tous.
Claire et Jess, Sophie, Sofia, Samantha, Laetitia, Laurie, Samuel, Alexia, Laurence, Didier,
Thomas pour leur amitié, et pour avoir rendu ces années tellement inoubliables. Merci
également à Christophe, Cyril, Marion, et Floriane.
Gaëlle, Estelle, Caroline, Laura, Vincent, Hadrien, pour votre amitié depuis tout ce temps,
héritage de nos années lycée.
À tous, Merci !
L’Université n’entend donner aucune approbation, ni improbation
aux opinions émises dans les thèses. Ces opinions doivent être
considérées comme propres à leurs auteurs.
TABLE DES MATIERES
1. Généralités ..................................................................................................................... 10
3.2.1. Hydrodistillation............................................................................................. 29
3.2.2. Entraînement à la vapeur ................................................................................ 31
3.2.3. Vapo-hydrodistillation ................................................................................... 32
3.2.4. Distillation sèche ............................................................................................ 34
3.2.5. Expression à froid........................................................................................... 34
3.2.6. Enfleurage et extraction par les graisses chaudes .......................................... 35
3.2.7. Extraction par les solvants.............................................................................. 36
3.2.8. Extraction par le CO2 supercritique ............................................................... 37
1
3.2.9. Extractions assistées par les micro-ondes ...................................................... 39
2
4.4. Propriétés des différents composés .......................................................................... 88
3
2. Influence du chémotype .............................................................................................. 112
4
TABLE DES ILLUSTRATIONS
5
Figure 21 : Schéma simplifié des voies de synthèse de l'IPP et du DMAPP ........................... 61
Figure 22 : Voies de synthèse et condensation des motifs isopréniques (d’après [53]) ........... 62
Figure 23 : Diversité des monoterpènes ................................................................................... 65
Figure 24: Diversité des sesquiterpènes ................................................................................... 66
Figure 25: Exemple de structures tri- et tétraterpéniques et leurs dérivés ............................... 69
Figure 26 : Synthèse des dérivés phénylpropaniques (d’après [24])........................................ 70
Figure 27 : Planche représentant les transformations morphologiques liées au parasitisme chez
la menthe poivrée (Mentha x piperita L.) [72]................................................................. 82
Figure 28 : Photographie de Romarin (Rosmarinus officinalis L.) dans le massif des
Calanques à Marseille (Bouches-du-Rhône) [98]. ......................................................... 117
Figure 29 : Photographie de myrte à Piana (Corse-du-Sud) [100]. ........................................ 120
Figure 30 : Photographie d'une plante de thym en période de floraison à Cucuron (Vaucluse).
[103] ............................................................................................................................... 122
6
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1: Liste des huiles essentielles dont la délivrance au public est réservée aux
pharmaciens. [6][9][10] .................................................................................................... 16
Tableau 2 : Exemple d’huiles essentielles pouvant être utilisées dans les produits cosmétiques
[4] ..................................................................................................................................... 22
Tableau 3 : Intérêts et inconvénients des différents procédés de distillation (d’après [24]) .... 33
7
INTRODUCTION
Depuis toujours, les huiles essentielles, et plus généralement les plantes aromatiques, ont été
utilisées quotidiennement par l’Homme pour se parfumer, cuisiner et se soigner. L’histoire de
l’aromathérapie a connu quatre périodes principales. Dans les temps les plus anciens, les
plantes aromatiques étaient utilisées entières, généralement en infusion ou décoction. Dans
une seconde époque, elles ont été brûlées ou mises à macérer dans des huiles végétales.
L’activité est alors attribuée aux substances odorantes. La période qui a suivi est celle de
l’extraction de cette substance odorante et de la création de la distillation. La notion d’huile
essentielle fait alors son apparition. La quatrième et actuelle période correspond au
développement des connaissances sur les huiles essentielles par tous les moyens modernes,
que cela concerne leurs propriétés physiques, chimiques ou physiologiques.
L’engouement actuel pour les huiles essentielles n’est pas que scientifique. Il s’inscrit
également dans la volonté du public d’un retour vers le « naturel », réputé à tort sans risque,
mêlée de défiance à l’égard du chimique. Les affaires, telles que celle du Médiator®
(Benfluorex, retiré du marché en Novembre 2009), ont renforcé ce mouvement. Les huiles
essentielles gagnent donc du terrain dans de nombreux domaines : cosmétiques, agro-
alimentaire, bien-être et bien sûr santé. Elles peuvent se trouver dans n’importe quel réseau
de distribution : pharmacie, marché, magasins bio, grande distribution… Pourtant, si elles
8
sont un atout pour soigner de nombreux maux, les huiles essentielles sont loin d’être sans
danger. Pour se faire dans de bonnes conditions, leur usage passe par la maitrise de leurs
propriétés et de leurs dangers. Ceci nécessite de savoir « lire » dans leur composition
chimique. L’activité et la composition d’une huile essentielle ne sont pas liées de manière
linéaire, mais un changement important du profil chimique d’une huile essentielle permet
d’anticiper les variations de son activité.
La composition de l’huile essentielle issue de deux plantes d’une même espèce botanique
n’est pas constante. Sous l’influence de facteurs extérieurs, elle peut même présenter des
spécificités biochimiques très différentes, on parle alors de chémotype.
Cette thèse a pour but de montrer le lien entre composition chimique et activité des huiles
essentielles et d’étudier les conséquences de la variabilité de la composition chimique liée à la
notion de chémotype en termes d’usage thérapeutique des huiles essentielles.
Dans une première partie, nous étudierons l’origine des huiles essentielles, leurs voies de
biosynthèse ainsi que les facteurs pouvant influer sur leur composition chimique. La seconde
partie traitera de l’importance grandissante de la notion de chémotype en aromathérapie.
9
LES HUILES ESSENTIELLES
1. GENERALITES
1.1. Définitions
Définie par la Pharmacopée européenne, une huile essentielle est un « produit odorant,
généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale
botaniquement définie :
Soit par entrainement à la vapeur,
Soit par distillation sèche
Soit par un procédé mécanique approprié sans chauffage.
L'huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique
n'entraînant pas de changement significatif de sa composition. » [1]
Selon la monographie de la Pharmacopée européenne, la matière première végétale peut être
fraîche, flétrie, sèche, entière, contusée ou pulvérisée, à l'exception des fruits du genre Citrus
qui sont toujours traités à l'état frais. Dans le cas du genre Citrus, dont les fruits sont traités
par expression à froid, l’AFNOR (Association Française de Normalisation) ne parle pas
d’huile essentielle mais d’essence.
Toujours selon la Pharmacopée européenne, les huiles essentielles sont parfois modifiées et
pourront être déterpénées, désesquiterpénées, rectifiées ou encore privées de « x » :
« Une huile essentielle déterpénée est une huile essentielle privée, partiellement ou
totalement, des hydrocarbures monoterpéniques.
Une huile essentielle déterpénée et désesquiterpénée est une huile essentielle privée,
partiellement ou totalement, des hydrocarbures mono- et sesquiterpéniques.
Une huile essentielle rectifiée est une huile essentielle qui a subi une distillation
fractionnée dans le but de supprimer certains constituants ou d'en modifier la teneur.
10
Une huile essentielle privée de « x » est une huile essentielle qui a subi une séparation
partielle ou complète d'un ou plusieurs constituants. »
Une huile essentielle est donc, selon la pharmacopée européenne, le produit de la distillation
de l’essence végétale (sécrétion naturelle synthétisée par les plantes aromatiques et excrétée
dans des organes spécifiques). L’art de la distillation consiste à la récolter sans l’altérer.
Cependant, au cours de l’extraction, un certain nombre de ses constituants va subir des
transformations (réarrangement moléculaire, hydrolyse, etc...). De ce fait, il convient de bien
différencier l’essence que l’on extrait et l’huile essentielle que l’on obtient.
1.1.2. Aromathérapie
L’aromathérapie est l’utilisation des huiles essentielles à des fins thérapeutiques, préventives
ou curatives. Celles-ci sont utilisées soit par voie interne ou cutanée, soit par inhalation.
La notion de chémotype (chimiotype ou encore race chimique) est une notion clé en
aromathérapie. Terme utilisé pour la première fois en 1968 par le Dr R. Santesson et son fils,
le chémotype est alors défini comme un « groupe chimiquement défini au sein d’une
population d’individus morphologiquement indiscernables » [2].
Le concept de chémotype permet de distinguer deux ou plusieurs huiles essentielles de
composition chimique différente produites à partir de plantes de la même espèce, définie par
sa dénomination scientifique et non à partir de sa dénomination commune. Ainsi, la différence
entre le thym à thymol et le thym à linalol (tous deux issus de Thymus vulgaris L.) n’est pas la
même que celle entre la lavande fine et la lavande aspic (Lavandula angustifolia Mill. et
Lavandula latifolia Medik.).
Cela signifie que des individus de la même espèce botanique, ayant donc le même génome et
le même phénotype, peuvent présenter des différences significatives au niveau de leur
composition chimique. Celle-ci est en effet sous l’influence de nombreux facteurs autres que
11
la détermination génétique, comme la qualité du sol, le climat, l’altitude, l’hygrométrie, etc.
Nous montrerons plus tard que les huiles essentielles sont particulièrement sujettes à ce
phénomène.
Les essences et les huiles essentielles ont des propriétés physiques communes, qui peuvent
cependant varier en fonction de leur composition chimique [3].
À température ambiante, les huiles essentielles sont liquides. Il existe cependant des
exceptions. Par exemple, l’huile essentielle est visqueuse chez la myrrhe (Commiphora
myrrha (T. Nees) Engl.), pâteuse pour le bois de gaïac (Bulnesia sarmienti Lorentz ex.
Griseb.), solide pour le cèdre de Virginie (Juniperus virginiana L.) ou parfois la rose (Rosa x
damascena Mill.) ou encore un mélange solide-liquide lorsqu’elle est extraite de la badiane
(Illicium verum Hook. F.) [4].
Les huiles essentielles sont volatiles. C’est ce qui les rend entrainables à la vapeur et
particulièrement odorantes. Ce caractère les différencie aussi des huiles végétales grasses ou
« fixes ». Si ces dernières laissent des taches indélébiles, la trace laissée par une huile
essentielle tendra à disparaitre plus ou moins rapidement. La volatilité étant très liée à la
composition chimique, les monoterpènes sont par exemple beaucoup plus volatiles que les
sesquiterpènes [5].
Les essences sont lipophiles et donc très peu solubles dans l’eau en général. Certains
composants le sont cependant, comme par exemple la verbénone du romarin (Rosmarinus
officinalis L.) ou le lavandulol que l’on retrouve dans l’huile essentielle de lavande vraie
(Lavandula angustifolia Mill.). Certains composants sont même très hydrosolubles et vont
favoriser l’apparition d’émulsion dans le produit de distillation lors de l’extraction. C’est,
entre autre, le cas de l’huile essentielle d’écorce de cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum
J.Presl).
Leur solubilité est totale dans les huiles grasses qui représentent leurs meilleurs solvants, elle
est très grande dans les alcools à titres élevés et dans les solvants organiques [3].
12
La couleur des huiles essentielles est très variable. Cela comprend l’ultra-violet (UV) du
zeste de mandarine (Citrus reticulata Blanco), le bleu (lié à la présence de chamazulène) des
sommités de tanaisie annuelle (Tanacetum annuum L.), le vert émeraude (azulène) de l’inule
odorante ou de l’immortelle d’Italie (Helichrysum italicum (Roth) G.Don), le vert franc du
nard de l’Himalaya (Nardostachys jatamansi (D.Don) DC.) ou encore le vert pâle du zeste de
bergamote (Citrus bergamia Risso & Poitet). On retrouve également le rouge de certaines
sarriettes (Satureja sp.) ou le jaune pâle de la sauge sclarée (Salvia sclarea L.).
La plupart des huiles essentielles ont une couleur jaune presque imperceptible. Elles foncent
au court de leur vieillissement (oxydation). Dans certains cas extrêmes, les huiles essentielles
vieillies et oxydées présentent un risque toxique important [5] [6].
La densité ou densité relative d’une huile essentielle est le rapport de sa masse volumique à la
masse volumique de l’eau distillée, à 20°C. Cette grandeur sans dimension est mesurée selon
la norme NF T 75-111 à l’aide d’un pycnomètre. La densité des huiles essentielles est très
souvent inférieure à 1 (densité de l’eau) et varie en fonction de leur composition chimique. La
valeur de 0,92 peut être considérée comme une moyenne. Elle en est parfois très proche
comme celle du zeste de mandarinier (Citrus reticulata Blanco: 0,9929), de santal blanc
(Santalum album L.: 0,9741), ou d’écorce de cannelier (Cinnamomum verum J.Presl. :
1,0027). Quelques huiles essentielles ont même une densité très supérieure à l’eau, par
exemple celle de gaulthérie couchée (Gaultheria procumbens L.: 1,1807) ou d’oignon (Allium
cepa L.: 1,54 à 1,58) [3] [4].
L’indice de réfraction reflète le changement de direction subi par un rayon lumineux passant
d’un milieu optique à un autre (par exemple de l’air à l’huile essentielle), à 20°C. Il s’agit
d’une grandeur sans unité, qui se mesure avec un réfractomètre d’après la norme NF T 75-
112. Dans le cas des huiles essentielles, l’indice de réfraction est généralement élevé. On peut
donner comme exemple l’huile essentielle d’écorce de cannelier (Cinnamomum verum
J.Presl.) dont l’indice de réfraction est compris entre 1,573 et 1,591 [3] [4].
Le pouvoir rotatoire, caractéristique des molécules chirales, exprime la capacité qu’elles ont
à dévier la lumière polarisée. Il s’agit de l’angle, exprimé en milliradians ou degrés d’angle,
selon lequel tourne le plan de polarisation d’une radiation lumineuse lorsqu’elle traverse une
solution contenant des molécules chirales. La mesure, réalisée avec un polarimètre, se fait
selon la norme NF T 75-113. Pour les valeurs positives, la substance étudiée sera dite
13
dextrogyre et lévogyre pour les valeurs négatives. Les huiles essentielles sont actives sur la
lumière polarisée de manière très variable en fonction de la nature et de la concentration des
différentes molécules chirales qu’elles contiennent. On mesure ainsi des valeurs de +105°
chez l’oranger (Citrus sinensis (L.) Osbeck) et de -17,75° chez la menthe poivrée (Mentha x
piperita L.) [4] [6].
2.1. En Pharmacie
Depuis des milliers d’années, l’Homme utilise les huiles essentielles et plus généralement les
plantes aromatiques pour se soigner. Aujourd’hui, les médecines dites naturelles rencontrent
un succès grandissant auprès du public [8].
14
Il est important de bien différencier l’usage traditionnel des huiles essentielles, où elles sont
utilisées telles quelles à des fins thérapeutiques ; des applications qu’en fait l’industrie
pharmaceutique.
L’aromathérapie gagne du terrain à mesure que l’intérêt de l’utilisation des huiles essentielles
est reconnu. La plupart des huiles essentielles sont aujourd’hui en vente libre, y compris en
dehors de tout contrôle médical, certaines voient tout de même leur délivrance au public
réservée aux pharmaciens (décret N° 2007-1221 du 3 août 2007 relatif au monopole
pharmaceutique, article D.4211-13 du Code de la Santé Publique). Le tableau 1 rassemble ces
huiles essentielles :
15
Thuya du
Canada Thuya occidentalis L. Aucune
ou Cèdre blanc Présence de thuyone
Cèdre de Corée (cétone monoterpénique
Thuya koraenensis
dit « cèdre Aucune hautement convulsivante et
Nakai
feuille » hallucinogène)
Thuya plicata
Thuya Aucune
Donn ex D. Don.
Cupressaceae Neurotoxique, présence de
thuyone (cétone
monoterpénique hautement
convulsivante et
Liste I des substances hallucinogène), de sabinol
Sabine Juniperus sabina L.
vénéneuses (alcool terpénique
neurotonique) et du
pyrogallol (bloque le
système digestif des
animaux, mortel)
Tableau 1: Liste des huiles essentielles dont la délivrance au public est réservée aux
pharmaciens. [6][9][10]
L’utilisation des huiles essentielles doit se faire avec la plus grande prudence en raison du
risque important de mésusage et d’intoxication. Ce point sera développé dans un prochain
chapitre.
L’aromathérapie reste une utilisation très minoritaire des huiles essentielles puisqu’elle ne
représente que 2% de leur marché mondial [7].
16
L’industrie pharmaceutique emploie également les huiles essentielles sous un nombre
grandissant de formes (complexes à vaporiser, pastilles, gélules, dentifrices, etc…). Ces
préparations contenant des huiles essentielles répondent à la règlementation des médicaments
à base de plante. De plus en plus, ces produits sont enregistrés sous le statut de complément
alimentaire, règlementairement moins contraignant.
Mais les huiles essentielles peuvent également être de simples excipients dans d’autres
médicaments et servir par exemple d’arôme pour masquer le goût d’un principe actif [5],
comme agent de pénétration percutanée [11] ou encore comme source de précurseur
d’hémisynthèse. C’est le cas des citrals qui servent à la production de la vitamine A [3].
Notons également que la médecine vétérinaire semble également s’intéresser de près aux
huiles essentielles. Une nouvelle fois ce sont leurs propriétés antifongiques et antibactériennes
qui sont exploitées, notamment depuis que l’utilisation des antibiotiques a été limitée dans les
élevages par l’union européenne en 2006. Ainsi on utilise aujourd’hui les huiles essentielles
comme répulsifs ou insecticides, comme conservateur, dans l’alimentation animale ou tout
simplement pour soigner les animaux de différentes affections [7] [12].
Les premières utilisations des plantes aromatiques par l’homme se sont faites pour enrichir la
cuisine. Les Egyptiens diffusaient des odeurs par le chauffage de mélanges contenant des
huiles essentielles dans le but d’augmenter l’appétit des personnes malades [12].
Les huiles essentielles sont finalement devenues des arômes naturels et des rehausseurs de
goût dans de nombreux domaines de l’agroalimentaire : liqueurs, boissons, confiseries, plats
cuisinés [8]… S’il n’existe pas réellement de règle, on peut dire que les huiles essentielles
plébiscitées pour des préparations salées sont issues d’épices et d’aromates alors que les
huiles essentielles d’agrumes seront préférées pour des parfums plus sucrés [4].
17
Les huiles essentielles ont un parfum très prononcé, ce qui en fait des arômes naturels de
choix. Un risque théorique existe de par les substances potentiellement toxiques que
contiennent certaines d’entre elles, mais les très faibles quantités utilisées rendent le danger
peu probable [4].
Depuis deux décennies environ, on voit se multiplier les études sur de nouvelles applications
que pourraient trouver les huiles essentielles dans l’agroalimentaire.
Certaines trouvent leur place comme antioxydant en lieu et place des conservateurs chimiques
potentiellement toxiques mais surtout de plus en plus impopulaires. Un certain nombre
d’herbes aromatiques, notamment de la famille des Lamiaceae, a montré leur efficacité pour
la conservation de la viande ou de certains plats cuisinés [4].
Leur activité antimicrobienne bien reconnue est également exploitée pour augmenter la durée
de conservation des aliments. On sait par exemple que les huiles essentielles de cannelle, de
coriandre, de thym ou encore d’origan ont une réelle efficacité dans la conservation de la
viande alors que la menthe sera plus efficace dans le contrôle des contaminations dans les
yaourts [4].
La double casquette des huiles essentielles (arômes et antimicrobiens) peut être à la fois un
atout mais également un obstacle à leur utilisation si on ne souhaite pas modifier les
propriétés organoleptiques des aliments [4].
Enfin, les contaminations fongiques peuvent rendre impropres à la consommation des denrées
alimentaires par la production de mycotoxines, ou tout simplement les détruire. Certaines
huiles essentielles sont des agents antifongiques à large spectre qui pourraient être exploitées
pour la conservation des aliments. Cela a par exemple été démontré pour l’huile essentielle de
thym (Thymus vulgaris L.) qui présente une meilleure activité antifongique que la plupart des
agents chimiques actuellement utilisés (benzimidazole, diphénylamine, acétate
phénylmercurique, zinc diméthyldithiocarbamate, carbendazime, Sulphur 80% WP), pour une
toxicité et un coût potentiellement moindres [13].
18
2.3. En agriculture
L’utilisation des huiles essentielles dans le domaine de l’agriculture est encore débutante mais
est appelée à se développer. En effet, le contexte règlementaire actuel incite fortement à
développer des produits phytosanitaires d’origine naturelle comme alternative aux moyens de
lutte chimique. Les huiles essentielles sont actuellement testées sur différentes cibles : les
insectes, les champignons, les bactéries, les adventices et également pour la conservation des
semences.
Des produits à base d’huiles essentielles sont déjà commercialisés dans certains pays
d’Europe. L’huile essentielle de clou de girofle (Syzygium aromaticum L.) est par exemple
proposée pour lutter contre des maladies de conservation des pommes et des poires. La
menthe verte (Mentha spicata L.) est utilisée pour inhiber la germination des pommes de
terre. L’orange douce (Citrus sinensis (L.) Osbeck) est proposée contre de nombreuses
maladies et insectes (mildiou, oïdium, rouille blanche, cicadelles, aleurodes…).
De nouveaux produits à base d’huiles essentielles tardent à arriver sur le marché en raison
d’une règlementation complexe. En effet, leur autorisation est soumise à la règlementation des
produits phytopharmaceutiques, nécessitant d’apporter la preuve de l’efficacité et de la non
dangerosité du produit.
L’utilisation des huiles essentielles en agriculture biologique nécessite également leur
inscription sur une liste dite « positive » de produits autorisés [14] [15].
Partout dans le monde les huiles essentielles sont utilisées pour leur parfum. L’exemple le
plus notable est celui de l’eau de Cologne dont la formule, mise au point par Jean-Marie
Farina au début du 18ème siècle, comportait principalement des huiles essentielles d’agrumes
(fleur d’oranger, cédrat, bergamote) et d’aromates (romarin, thym) complétées par des extraits
de fleurs (huiles essentielles de lavande et de rose double, eau de mélisse et extrait de jasmin).
Les huiles essentielles, matières premières par excellence des parfumeurs, sont classées en
fonction de leurs odeurs. Ainsi les huiles essentielles de citron, de bergamote ou encore de
lavande constitueront la note la plus éphémère, dite note de tête. Des essences fleuries comme
celles de rose ou de néroli participeront à l’élaboration de la note de cœur. Enfin, la note de
19
fond, la plus durable des trois, comportera plutôt des essences boisées ou épicées comme le
santal ou la cannelle [4].
Aujourd’hui, l’utilisation des huiles essentielles est règlementée. Bien que considérées comme
deux domaines distincts, la parfumerie et la cosmétique sont régies par le même texte, le
règlement cosmétique européen qui définit un produit cosmétique comme « toute substance
ou tout mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain
(épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec
20
les dents et les muqueuses buccales en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer,
de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de
corriger les odeurs corporelles » [16].
Cependant, la frontière entre cosmétique et médicament est souvent floue. Car si les zones
d’application des produits correspondent bien à cette définition, la plupart des huiles
essentielles franchissent la jonction dermo-épidermique et se retrouvent également dans des
préparations médicales. Nous sortons donc théoriquement du cadre de la cosmétologie. La
plus grande prudence doit donc être de mise dans l’emploi des huiles essentielles en
cosmétologie. L’ANSM a adopté en 2010 un texte intitulé « Recommandations relatives à
l’évaluation du risque lié à l’utilisation des huiles essentielles dans les produits cosmétiques »
qui reprend l’ensemble des restrictions d’usage.
Les huiles essentielles ne sont pas seulement utilisées en formulation cosmétique comme
principes actifs mais également comme excipients, toujours dans l’optique de remplacer les
produits chimiques, notamment les conservateurs, habituellement employés et de répondre à
la demande croissante de « naturel » de la part du public.
Concernant l’activité anti-oxydante, les huiles essentielles présentent des avantages et des
inconvénients. En effet, les produits cosmétiques contiennent très souvent des huiles, riches
en acides gras insaturés, qu’il convient donc de protéger de l’oxydation, responsable de leur
rancissement. L’efficacité des antioxydants en milieu lipophile dépend à la fois de leur
solubilité, de leur volatilité et de leur stabilité. Les huiles essentielles sont par nature
parfaitement solubles dans les huiles et répondent donc au premier critère. Cependant, leur
volatilité trop importante constitue un frein à un emploi généralisé.
Les huiles essentielles donnent également matière à de nombreuses recherches pour leurs
propriétés antibactériennes et antifongiques en cosmétique. Leur intérêt pour le fabriquant est
de pouvoir communiquer sur leur activité biologique ou leur pouvoir parfumant sans les
qualifier de « conservateurs ». Le tableau 2 reporte quelques exemples d’huiles essentielles
utilisées dans des produits cosmétiques comme conservateurs.
Mais leur utilisation se heurte ici aussi à certaines limites. En effet, les concentrations
nécessaires pour être efficace sont souvent supérieures aux concentrations pratiquées en
cosmétique ; leur parfum très puissant, et parfois désagréable, est également un frein.
Utilisées à ces concentrations, elles peuvent être à l’origine de réactions allergiques. Leur
emploi est donc règlementé, notamment par la directive 2003/15/CE qui établit la liste de 26
21
allergènes (dont 17 sont naturellement présents dans les huiles essentielles) qui font l’objet
d’un étiquetage obligatoire au-delà d’une certaine concentration (0,001% dans les produits
non-rincés et 0,01% dans les produits rincés) [4] [17].
(DC.) Stapf
Tableau 2 : Exemple d’huiles essentielles pouvant être utilisées dans les produits
cosmétiques [4]
Comme nous l’avons dit précédemment, l’intérêt des huiles essentielles réside dans le fait
qu’elles sont à la fois actives, odorantes et vectrices d’une image de produit « naturel ».
Cependant, il est important de garder à l’esprit que les produits cosmétiques sont des outils de
bien-être et non des médicaments. Il convient de rester prudent face à certaines allégations
excessives sur les bienfaits thérapeutiques de produits contenant des huiles essentielles [5].
22
2.5. Dans l’industrie
Chacun des domaines précédents sont déjà, dans une certaine mesure, des applications
industrielles au regard des volumes utilisés et des exigences de ceux qui les emploient
(comme par exemple la demande d’une matière première de qualité constante et bien connue).
Les huiles essentielles entrent dans la composition de produits industriels très variés. Cela va
de l’industrie des détergents (la grande majorité de la production mondiale d’huiles essentielle
de lavandin est utilisées dans des lessives et adoucissants [18]), aux colles et vernis en passant
par la désinfection des locaux [19].
L’industrie chimique s’intéresse également aux mélanges complexes de molécules que
représentent les huiles essentielles. Elles sont alors une source de molécules qui peuvent être
utilisées telles quelles, c’est par exemple le cas du menthol que l’industrie du tabac consomme
en grande quantité (en 2010, 12500 tonnes d’origine naturelle contre 6800 tonnes d’origine
synthétique [20]). Les molécules isolées des huiles essentielles peuvent également être
support de réactions d’hémisynthèse. L’intérêt est alors principalement économique,
l’hémisynthèse se montrant bien souvent plus économique que la synthèse totale de nouvelles
molécules [5].
Toutes les plantes ont potentiellement la capacité de produire des essences, le plus souvent à
l’état de traces. Les plantes dites « aromatiques » sont celles qui en produisent en quantité
relativement importante. La teneur dans la plante est alors de l’ordre de 1%. Lawrence estime
qu’il y en aurait environ 17 500, presque exclusivement chez les végétaux supérieurs [21].
Bien que les plantes aromatiques se répartissent sur un grand nombre de familles botaniques,
certaines concentrent un grand nombre d’espèces concernées. Citons par exemple les
Lamiaceae, les Astéraceae, les Apiaceae, les Cupressaceae, les Rutaceae, les Lauraceae, les
Myrtaceae [12]…
23
Les végétaux, comme tous êtres vivants, ont besoin pour vivre de l’énergie qu’ils tirent de
substances organiques issues de leur métabolisme. On distingue deux types de
métabolismes [6]:
- Le métabolisme primaire, qui conduit à la formation de molécules largement
répandues (lipides, protides et glucides). Ce sont des molécules indispensables à la
vie de la plante mais aussi des précurseurs de synthèse du métabolisme secondaire.
- Le métabolisme secondaire, qui mène à des molécules plus spécifiques et qui
correspond à l’adaptation de la plante à son environnement (et qui mène donc à la
formation des essences). Ce sont souvent ces familles de molécules qui possèdent
des activités biologiques particulières et qui, par conséquent, nous intéressent ici.
La fonction exacte de l’essence pour la plante est encore mal connue mais elle semble jouer
un rôle important dans son adaptation à l’environnement [20]. Certains composés volatiles
produits par la plantes et que l’on retrouve dans les essences vont moduler le comportement
des microorganismes, champignons, insectes et herbivores. Ainsi, les essences pourraient être
des outils de défense contre les prédateurs, de répulsion des insectes et herbivores ou encore
de protection contre les pathogènes. Elles permettraient également d’attirer des insectes
pollinisateurs ou des disséminateurs de graines. Elles seraient impliquées dans des processus
allélopathiques (ensemble d’interactions biochimiques directes ou indirectes, positives ou
négatives d’une plante sur une autre) et des interactions tritrophiques. De telles relations
mettent en jeu trois niveaux d’une chaine alimentaire, le plus souvent une espèce végétale, un
insecte herbivore et son propre prédateur ou parasite [22] [23].
Les essences jouent également un rôle pour la plante elle-même. On estime que certains de
leurs composants seraient des messagers internes ou encore des intermédiaires du
métabolisme de la plante. Enfin, les essences pourraient être des sources d’énergie lorsque
l’activité de photosynthèse n’est plus suffisante [24].
24
Figure 1 : Exemples d'huiles essentielles issues de différentes parties de plantes.
La synthèse des essences se fait au sein de différents tissus sécréteurs présents dans tous les
organes de la plante : les fleurs (bergamotier), les feuilles (menthe poivrée), mais aussi dans
des écorces (cannelier de Ceylan), des bois (santal), des racines (angélique), des rhizomes
(gingembre), des fruits (badiane), ou encore des graines (muscade).
Ces tissus peuvent également produire des résines, de composition chimique proche des
huiles essentielles et également insoluble dans l’eau, mais non volatiles. On retrouve 4
structures sécrétrices [25] :
25
Figure 2 : Cellule sécrétrice d'huile essentielle dans un rhizome de gingembre (Zingiber
officinale Roscoe) au microscope électronique à balayage (image colorisée,
x813) [25]
Figure 3 : Poils sécréteurs présents sur la face inférieure d'une feuille de tomate
(Solanum lycopersicum L.) au microscope électronique à balayage (x504) [26].
26
Les poches sécrétrices
Les poches sécrétrices sont des cavités du parenchyme de certains organes, délimitées par des
cellules sécrétrices qui y déversent leurs produits de sécrétion. De forme arrondie, elles sont
issues d’une seule cellule qui se cloisonne de deux façons possibles, ce qui permet de
distinguer les poches schizogènes et les poches schizolysigènes.
Dans le cas des poches schizogènes, les cellules se disjoignent et forment en leur centre un
méat où l’essence s’accumule. Ces poches sont présentes chez l’eucalyptus (Eucalyptus
globulus Labill.). La formation des poches schizolysigènes se fait selon le même principe
mais s’accompagne de la lyse des cellules en contact direct avec la lumière. On les retrouve
dans le péricarpe des agrumes (Rutaceae).
Si les connaissances sur les structures tissulaires impliquées dans la sécrétion des essences
sont bien établies, il n’en est pas de même à l’échelle intracellulaire. En effet, les organites
participant à la sécrétion des essences restent très peu connus [23]. La synthèse des
27
composants des essences quant à elle est de mieux en mieux décrite et fera l’objet d’un
développement dans un prochain chapitre.
Une fois la matière première végétale identifiée, il convient d’utiliser une méthode
d’extraction adaptée pour son obtention.
La neuvième édition de la Pharmacopée européenne indique que les huiles essentielles sont
obtenues par :
- Hydrodistillation
- Distillation sèche
- Procédé mécanique sans chauffage
Il existe cependant d’autres méthodes destinées à des utilisations dans d’autres domaines que
la santé. De ce fait, à partir d’une même matière première végétale, une multitude d’extraits
différents peuvent être réalisés, parmi lesquels on retrouve les huiles essentielles. Le schéma
suivant (Figure 5) montre les principales possibilités d’extractions des composés aromatiques.
28
3.2.1. Hydrodistillation
La distillation est un processus ancien puisque les premières traces connues remonteraient à
5000 ans dans la vallée de l’Indus [20]. Cette technique d’extraction est connue depuis
l’antiquité, a été transmise par les Arabes et a été perfectionnée par les industriels de Grasse
(Alpes-Maritimes). Cette méthode, une des plus anciennes mais aussi une des plus simples,
est depuis peu délaissée au profit de nouveaux procédés de distillation pour des raisons de
qualité et de coût de production [27]. Aujourd’hui, c’est une méthode normée, que ce soit
pour l’extraction des huiles essentielles ou pour le contrôle de leur qualité [28].
Le principe général (représenté dans la figure 6) de l’hydrodistillation est le suivant : On
chauffe dans un alambic jusqu’à ébullition une suspension d’une matière première végétale
dans l’eau de sorte que la vapeur d’eau entraine les substances volatiles de la plante. Cette
vapeur est récupérée et condensée. L’huile essentielle constituée de ces différentes substances
volatiles se sépare par gravité de l’eau à laquelle elle n’est pas miscible.
La chaleur qui s’applique sur la matière première végétale permet l’éclatement des cellules et
la libération des molécules contenues. Il se forme un mélange azéotrope comprenant l’eau et
les molécules volatiles dont la température d’ébullition est proche des 100°C alors que la
température d’ébullition des molécules aromatiques seules est souvent très supérieure [29].
L’hydrodistillation permet donc de limiter le chauffage à appliquer sur la matière première.
29
La distillation peut se faire avec ou sans système de recyclage de la phase aqueuse
(cohobage). Celle-ci est alors récupérée après séparation de l’huile essentielle et directement
réintroduite dans le mélange eau/matière première. Ce système est intéressant puisqu’il
permet de s’assurer qu’il reste toujours de l’eau dans la chaudière, ce qui permet de limiter la
montée en température synonyme de dégradation rapide de la matière première végétale. Un
dispositif d’agitation peut également être ajouté pour éviter l’accumulation de matière solide
au fond de la cuve [30].
La durée d’extraction est variable d’une plante à une autre et peut atteindre plusieurs heures,
elle a une influence sur le rendement mais également la composition finale de l’huile
essentielle. En effet, les essences riches en composés lourds nécessitent un temps de
chauffage plus long pour permettre une extraction satisfaisante.
Le travail peut se faire dans un circuit à pression réduite, notamment pour les molécules
difficiles à entrainer. La température d’ébullition sera alors considérablement diminuée et les
dégradations liées à la température diminuées d’autant. Cependant, le coût d’un tel
équipement et de son fonctionnement limitent son utilisation [29]. Cette extraction peut être
assistée par différentes technologies comme les micro-ondes ou les ultrasons, permettant de
réduire le temps d’extraction tout en améliorant le rendement.
30
3.2.2. Entraînement à la vapeur
L’entrainement à la vapeur d’eau est une variante plus récente de distillation dans laquelle il
n’y a pas de contact direct entre la matière végétale et l’eau. Ici, de la vapeur d’eau est
produite dans une chaudière séparée, puis injectée à la base de l’alambic dans lequel se trouve
la plante. La vapeur remonte dans l’alambic et traverse la plante. De la même façon que dans
l’hydrodistillation, on assiste à un éclatement des cellules et à la formation d’un mélange
azéotrope, récupéré en haut de la cuve et condensé [29] (Figure7).
L’un des principaux intérêts de cette méthode par rapport à l’hydrodistillation est la
préservation de la qualité de l’essence. En effet, dans le cas présent, la plante ne macère pas
dans l’eau, ce qui limite les phénomènes d’hydrolyse mais également de solubilisation de
certains composés hydrosolubles (comme les phénols) qui sont donc mieux extraits. Le risque
de dégradation par la chaleur est également mieux maitrisé puisque le chauffage ne se fait pas
directement sur la cuve contenant la matière première végétale [20]. La génération de la
vapeur dans une chaudière externe permet d’en contrôler la quantité, la pression ou encore la
température à laquelle se fait l’extraction ; elle permet également de réduire le temps
d’extraction et l’apport énergétique nécessaire. Enfin, l’entrainement à la vapeur permet
généralement des extractions à plus grande échelle.
Cependant, cette méthode trouve sa limite dans le coût des installations nécessaires à sa mise
en œuvre, bien plus important que pour l’hydrodistillation. Cela pose un problème de
rentabilité pour les huiles essentielles présentes en grande quantité et à faible prix sur le
marché. Un problème d’accessibilité du matériel se présente également dans les zones pauvres
ou particulièrement reculées [31].
31
Il existe une variante à cette méthode appelée hydrodiffusion ou percolation. Dans ce cas, le
flux de vapeur n’est plus orienté de bas en haut mais traverse la plante à partir du haut de la
cuve et est récupérée à sa base. C’est une méthode encore plus économe en temps et en
énergie car elle consomme moins de vapeur. Elle est cependant plus chère à employer et n’est
utilisée que pour les matières premières fragiles et dont les huiles essentielles ont un prix plus
élevé [12]. De par le procédé d’extraction, il est possible de retrouver dans l’huile essentielle
des composés non volatils, qui n’auraient pas été extraits par une autre méthode, c’est
pourquoi il est préférable de parler ici « d’essence de percolation » et non d’huile essentielle
[32].
3.2.3. Vapo-hydrodistillation
32
Le tableau 3 présente un comparatif des avantages et inconvénients des trois méthodes
présentées précédemment.
Vapo- Entrainement à la
Hydrodistillation
hydrodistillation vapeur
33
3.2.4. Distillation sèche
La distillation sèche est une méthode d’extraction des huiles essentielles reconnue par la
pharmacopée européenne mais on ne retrouve dans la pratique que peu de documents s’y
rapportant. Cette technique, très peu utilisée, consiste en un chauffage doux de la matière
première, sans eau ni solvant organique. Les substances volatiles sont ensuite condensées et
récupérées.
La température est ici inférieure à 100°C, ce qui limite une nouvelle fois les phénomènes de
dénaturation liés au chauffage. L’absence d’eau permet également de préserver les substances
volatiles de l’hydrolyse. On obtient par ce procédé une huile essentielle de grande qualité,
assez fidèle à l’essence présente dans la plante, mais avec un rendement très faible. C’est donc
une méthode qui convient aux matières première particulièrement fragiles [27] [29].
34
On regroupe sous le terme « expression à froid » tout processus permettant par des moyens
mécaniques et sans chauffage d’extraire les huiles essentielles des fruits des agrumes. En
règle générale, c’est l’huile essentielle présente dans les glandes oléifères de l’épicarpe que
l’on cherche à récupérer. Les moyens utilisés vont de la simple abrasion du zeste du fruit au
broyage de la peau dans son intégralité. Cette méthode étant la plus respectueuse du produit
de départ, le terme « essence » convient parfaitement pour désigner les huiles essentielles
obtenues par ce procédé. En effet, aucune modification n’a lieu au court de l’extraction.
Les méthodes de productions ayant considérablement évoluées, les essences de certains
agrumes sont peu à peu devenues des sous-produits de la production de jus de fruits. S’il est
de ce fait nécessaire de porter une attention particulière à la qualité des huiles essentielles
obtenues, cela permet également d’en baisser considérablement le coût [33].
Ce procédé d’extraction s’est imposé car il est le seul à permettre l’obtention d’une huile
essentielle de qualité satisfaisante. En effet, les procédés faisant appel à un chauffage et/ou à
l’eau, comme la distillation, entrainent de trop grandes modifications de composition et de
caractères organoleptiques de l’essence. Par exemple, certains aldéhydes aliphatiques présents
dans le genre Citrus sont thermosensibles et donnent après distillation des composés
malodorants qui rendent l’huile essentielle difficilement exploitable [12]. L’expression à froid
permet au contraire de conserver dans l’essence l’odeur caractéristique du fruit.
Les méthodes mécaniques permettent également de conserver les molécules apolaires et non
volatiles, habituellement absentes des huiles essentielles produites par distillation
(flavonoïdes, stéroïdes, acides gras, furocoumarines substituées, etc…). Certaines d’entre-
elles sont intéressantes comme les tocophérols, antioxydants naturels qui favoriseront la
conservation de l’essence [33].
En entrainant les molécules apolaires non volatiles, il est malheureusement possible d’extraire
également différents produits chimiques utilisés au cours de la culture ou pour la conservation
des fruits [33].
L’enfleurage est une ancienne technique d’extraction des parfums des fleurs qui a
principalement été utilisée dans la région de Grasse (Alpes-Maritimes) jusque dans les années
1930.
35
Il s’agit d’une extraction à froid par la graisse. Celle-ci est étalée sur une surface plate (tamis
ou plateau), les fleurs sont déposées une à une et à la main à sa surface. Par son grand pouvoir
d’absorption, la graisse fixe le parfum. On pratique des remplacements successifs des fleurs
jusqu’à saturation de la graisse [31]. La matière grasse est ensuite récupérée pour former une
« pommade ». Cette pommade subit des traitements successifs à l’alcool qui permettent un
passage progressif des substances odorantes de la graisse vers l’alcool, qui sera par la suite
éliminé pour donner l’absolu d’enfleurage. L’enfleurage n’est donc pas une technique
d’obtention des huiles essentielles, mais de bases parfumées utilisées dans le domaine de la
parfumerie.
Cette technique est particulièrement intéressante pour les fleurs qui continuent à dégager leur
parfum après la cueillette, comme par exemple la fleur de jasmin (Jasminum grandiflorum
L.). Dans le cas de cette espèce, les fleurs sont remplacées toutes les 24h pendant environ 70
jours [8].
L’enfleurage est une méthode pour laquelle le travail manuel nécessite une main-d’œuvre
expérimentée et qualifiée, la rendant particulièrement longue et onéreuse.
L’extraction par les graisses chaudes suit le même principe : l’extraction des substances
odorantes des fleurs par de la graisse, réutilisée jusqu’à saturation. Dans le cas de l’extraction
à chaud, la matière végétale et la graisse sont chauffées à une température de quelques
dizaines de degrés, pendant une à deux heures. Après filtration, la graisse est de nouveau
chauffée avec des fleurs fraiches jusqu’à saturation. Elle est ensuite traitée comme dans
l’enfleurage mais donnera cette fois-ci l’absolue de macération [31].
L’intérêt de la méthode réside dans la diminution du temps de contact fleur/graisse et le
moindre besoin en main-d’œuvre.
L’extraction par les solvants est un procédé inspiré de l’enfleurage qui utilise des solvants non
aqueux. Il peut s’agir de l’hexane, d’éthers de pétrole, d’huiles, de gaz... Le solvant idéal
devant répondre aux critères suivants [8]:
- Être sélectif : extraire les molécules aromatiques mais pas les molécules indésirables
comme les pigments.
36
- Avoir une température d’ébullition basse, pour permettre une élimination simple.
- Être chimiquement inerte vis-à-vis des substances à extraire.
- Ne pas être miscible à l’eau, qui rendrait la purification de l’extrait plus délicate.
- Être peu coûteux.
- Ne pas présenter de contre-indication dans les domaines d’application de l’extrait
obtenu.
- Ne pas être inflammable.
- Présenter la plus faible toxicité possible.
Aucun solvant ne remplit la totalité de ces conditions, mais le plus utilisé est l’hexane.
L’intérêt de ces solvants est leur pouvoir d’extraction des parfums très supérieur à celui de
l’eau. Cependant, ils n’entrainent pas seulement les composés volatils.
Le point négatif des solvants organiques est leur toxicité. Cela réduit les champs d’application
des extraits obtenus (appelés « concrètes »), notamment dans les domaines pharmaceutiques
et agroalimentaires [32].
L’extraction par le CO2 supercritique est un cas particulier d’utilisation d’un solvant, apparue
dans les années 1980. La technique met à profit une propriété originale du CO2 qui, au-delà
du point critique (pression de 73,8 bars et température de 31,1°C), se trouve dans un état
intermédiaire entre le liquide et le gaz lui conférant un important pouvoir d’extraction des
molécules aromatiques.
Le principe général de la méthode (représenté de manière schématique dans la figure 10) est
le suivant. Le CO2, porté aux conditions de température et de pression souhaitées, chemine au
travers de la matière première végétale dont elle tire et volatilise les molécules aromatiques.
Le mélange passe ensuite dans un séparateur, ou le CO2 est détendu et se vaporise. Il est soit
éliminé, soit recyclé. L’extrait se condense et est récupéré [4].
37
Figure 10 : Schéma simplifié d'un extracteur au CO2 supercritique
C’est une technique en plein développement et promise à un bel avenir en raison de ses
nombreux avantages. En effet, le CO2 répond à de nombreux critères évoqués plus haut
relatifs au solvant « idéal ». Il est naturel, chimiquement inerte, ininflammable, peu toxique,
sélectif, relativement peu coûteux car abondant et son élimination se fait facilement sans le
moindre résidu. De plus, l’extraction se faisant sans eau et à une température peu élevée, il
n’y a pas de transformations chimiques, ce qui rend la méthode encore plus attractive.
Les inconvénients de cette méthode résident dans la complexité des installations qui les
rendent chères et donc inaccessibles aux petits producteurs, d’autant que sa mise en œuvre
nécessite une bonne maîtrise technique. La méthode est également gourmande en énergie, ce
qui gonfle encore plus les coûts de production [4].
Ce procédé est également intéressant par la possibilité de jouer sur sa sélectivité d’extraction
en faisant varier les conditions de température et de pression. Il est donc possible de
rapprocher la composition de l’extrait CO2 de celle d’une huile essentielle ou au contraire de
38
favoriser certaines molécules pour coller aux exigences d’une utilisation future [32]. Ces
variations de conditions influent également beaucoup sur le rendement.
Une fois de plus, on ne parle plus ici d’huile essentielle puisque la composition chimique de
l’extrait peut se montrer très différente. Marongiu et al. ont étudié la composition d’extraits de
Pimenta dioica L. dont le composant principal est l’eugénol. Si leur extrait CO2 en contient
77,9%, l’huile essentielle obtenue par hydrodistillation n’en contient que 45,4%. Une telle
différence de composition aura donc un impact significatif sur l’activité des extraits, ce qui
justifie de bien faire la distinction entre les deux [34].
Gaspar et Leeke ont montré que pour certaines plantes au moins, un prétraitement (par
exemple un broyage ou une division de la plante) de la matière végétale était nécessaire afin
de garantir un rendement proche de celui de l’hydrodistillation [35].
La composition des extraits CO2 diffère de celle des huiles essentielles par la concentration
des composés principaux, mais également par le nombre de composés que l’on y trouve. En
effet, le CO2 supercritique permet d’extraire un nombre plus important de molécules [36]. On
sait également que le CO2 favorise l’extraction des composés les plus volatiles en
comparaison à l’hydrodistillation [35].
L’extraction par le CO2 en phase supercritique permet donc d’obtenir un produit de qualité
intéressante pouvant être proche de l’huile essentielle et surtout de l’essence d’origine. Cette
méthode trouve déjà des applications dans de nombreux domaines.
L’utilisation des micro-ondes pour l’obtention des huiles essentielles est une méthode décrite
au début des années 1990. Il s’agissait alors d’une hydrodistillation par les micro-ondes, sous
vide. La matière végétale est placée dans une enceinte close et chauffée par les micro-ondes.
Les molécules volatiles sont entrainées par la vapeur d’eau formée à partir de l’eau contenue
dans le végétal. La vapeur est ensuite récupérée et traitée de la même façon que dans les
méthodes traditionnelles. Le temps d’extraction, et par extension l’énergie nécessaire, a ainsi
été diminué d’un facteur 5 à 10 selon les plantes ; Il faut par exemple quinze minutes pour
39
traiter 2kg de menthe poivrée (Mentha x piperita L.) avec un rendement de 1%, contre deux
heures pour un même résultat par hydrodistillation [32].
L’utilisation des micro-ondes permet également de répondre à une exigence nouvelle dans
l’extraction des huiles essentielles, celle de la recherche de technologies « vertes ». En effet,
cette technique ne nécessite pas l’utilisation de solvants chimiques. Elle est économe en
énergie, en temps et en investissement. La qualité de l’huile essentielle étant préservée, cela
en fait une bonne alternative aux méthodes classiques [41].
Des études de transposition au niveau industriel ont déjà donné des résultats satisfaisants [42].
Nous avons expliqué que la composition de l’huile essentielle diffère de celle de l’essence
dont elle est issue puisqu’aucune méthode ne permet de l’extraire dans sa totalité. Mais on
trouve également dans l’huile essentielle des composés qui n’étaient présents dans aucune
partie de la plante et qui sont le fruit de transformations chimiques au cours de l’extraction,
sous l’influence de différents paramètres.
L’étape d’extraction de l’essence de la matière première est une étape délicate car certains de
leurs composants sont fragiles et particulièrement sensibles aux transformations chimiques.
Ces altérations interviennent après exposition à diverses conditions : humidité ambiante,
températures élevées, rayonnement, oxygène, l’air de manière générale, agents microbiens…
L’objectif d’une extraction de qualité étant d’obtenir une huile essentielle la plus fidèle
possible à l’essence d’origine, il est important d’avoir une bonne maîtrise des différentes
étapes de l’extraction, ce qui permettra de limiter ces transformations.
40
Les terpénoïdes, dans leur généralité, ont tendance à être à la fois volatiles et thermolabiles, ce
qui favorise les réactions d’oxydation et d’hydrolyse. La proximité dans la structure de ces
composés aromatiques facilite également les conversions dans les conditions particulières de
la distillation. Dans la littérature, on présente comme particulièrement sensibles les
monoterpènes (mono et bicycliques), les alcools monoterpéniques, les amino-acides soufrés et
les oxydes sesquiterpéniques.
Toutes les méthodes d’extraction n’exposent pas aux mêmes modifications et seront de ce fait
plus ou moins adaptées à chaque huile à extraire. Ainsi on préfèrera souvent l’extraction à
froid à l’hydrodistillation pour les agrumes, celle-ci ayant parfois un impact négatif sur les
caractéristiques organoleptiques de l’huile essentielle obtenue, notamment sur le goût et
l’odeur.
Les conditions au cours d’une distillation sont assez variables : quantité d’eau, température et
pH pouvant avoir des valeurs comprises entre 4 et 7. On sait que plus l’exposition à la chaleur
et à l’humidité est longue et plus le pH est acide, plus l’huile essentielle subit de
transformations [24]. Dans ce contexte, des réactions entre l’eau et certaines molécules se
font. Les esters sont hydrolysés, particulièrement à température élevée et pH acide, pour
former des alcools et des acides organiques. Ces derniers catalysent par la suite des réactions
de cyclisation et de déshydratation [31] [43]. Les réactions d’hydrolyse étant temps-
dépendantes, l’objectif est de mener des extractions courtes afin de préserver les esters
présentant un intérêt particulier ou se trouvant en grande quantité dans certaines huiles
essentielles. C’est par exemple le cas de l’acétate de linalyle présent en grande quantité dans
l’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia Mill.) qui s’hydrolyse pendant la
distillation pour donner du linalol (déjà présent avant cette hydrolyse). Une diminution de la
proportion d’acétate de linalyle au profit du linalol entraine une modification du parfum mais
également une modification des propriétés thérapeutiques de l’huile essentielle qui sera par
exemple moins antispasmodique mais plus antiseptique. Le linalol est inscrit sur la liste des
26 allergènes dont la présence au-delà d’une certaine concentration doit être mentionnée pour
les produits cosmétiques [17]. Il est donc intéressant de ne pas favoriser l’augmentation de sa
concentration lors de l’extraction.
Dans la plante, un certain nombre de composés terpéniques se retrouvent sous forme
conjuguée à des glycosides. Ces complexes de haut poids moléculaire ne sont généralement
41
pas entrainables par la vapeur en l’état. La distillation apporte cependant un milieu favorisant
certaines réactions chimiques ou fractionnements enzymatiques permettant de libérer les
molécules aromatiques et ainsi de les retrouver dans l’huile essentielle au terme de la
distillation. Les composés majoritaires et responsables de l’odeur caractéristique de l’huile
essentielle de rose (Rosa x damascena Mill.), le citronellol, le géraniol et le nérol, sont des
produits de la fermentation qui a lieu pendant l’hydrodistillation des pétales de rose [12].
Un autre exemple de dégradation rapide par la distillation est celui du sabinène. Représentant
majoritaire de l’essence d’une marjolaine (Majorana hortensis Moench) extraite au pentane
par Fischer et al., le sabinène disparait rapidement lorsqu’ils ont extrait cette même essence
par hydrodistillation. Parallèlement, les auteurs ont noté l’apparition de plusieurs composés
dont le terpinèn-4-ol, l’α-terpinène et le γ-terpinène [44] (Figure 11). Wallach a montré dès
1907 qu’un simple reflux à pH légèrement acide dégradait 90% du sabinène en 30 minutes
[24]. Des études sur l’huile essentielle d’arbre à thé (Melaleuca alternifolia Cheel) ont montré
des résultats similaires concernant le sabinène.
42
L’huile essentielle de matricaire (Matricaria recutita L.) est un autre exemple de
transformation bien visible au cours de la distillation. Une succession de réactions
comprenant des déhydrogénisation, déshydratation et hydrolyse sont à l’origine de
l’apparition du chamazulène, sesquiterpène bicyclique donnant une coloration bleue à l’huile
essentielle, à partir de la matricine présente dans la drogue végétale. Le chamazulène est
également une molécule antihistaminique responsable de l’activité anti-allergique de l’huile
essentielle. Il possède des propriétés anti-inflammatoires mais bien moindres que celle de la
matricine dont il est issu. Cet artéfact de la matricine étant instable, l’huile essentielle de
matricaire prendra avec le temps une coloration verte puis jaune [45].
Dénomination botanique
Au-delà du simple nom vernaculaire des espèces que l’on souhaite utiliser, il est nécessaire
d’identifier la plante avec précision en suivant la dénomination scientifique internationale.
C’est-à-dire en donnant le nom de la famille, celui du genre puis de l’espèce et pour terminer
le nom du premier botaniste descripteur, pouvant être abrégé. Ainsi, pour la lavande vraie, on
précisera : famille des Lamiaceae, Lavandula angustifolia Mill. Ce nom peut éventuellement
être complété par la sous-espèce (ssp) ou la variété (var.).
Il se pose, pour l’utilisation de cette nomenclature, le problème des plantes hybrides qui
apparaissent dans les cultures suite au croisement entre deux espèces [5]. Certains de ces
hybrides ont cependant acquis leur propre dénomination. C’est le cas dans la famille des
43
Lamiaceae de la menthe poivrée (Mentha x piperita L.), hybride de la menthe aquatique
(Mentha aquatica L.) et de la menthe verte (Mentha spicata L.) [46].
La dénomination scientifique (nomenclature linnéenne) des espèces s’impose pour éviter les
risques de confusions liées aux dénominations communes et dont les conséquences sont
potentiellement graves. Par exemple, au Québec, le nom « cèdre » désigne ce qui est en
Europe le thuya (Thuya occidentalis L.) dont l’huile essentielle est riche en thuyone, cétone
hautement toxique limitant fortement les usages possibles de cette huile essentielle. Des
confusions mortelles avec l’huile essentielle de cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica (Manetti ex
Endl.) Carrière) se sont déjà produites. Un autre exemple de confusion possible concerne la
sauge officinale (Salvia officinalis L.) contenant également une grande quantité de thuyone et
la sauge sclarée (Salvia sclarea L.) non toxique et dont l’huile essentielle a des propriétés
œstrogéniques [46].
L’annexe 1 présente des exemples d’huiles essentielles fréquemment rencontrées et pour
lesquelles il existe un risque de confusion en raison de leurs dénominations communes
proches.
La norme ISO 4720 donne une liste de nomenclatures correspondant à des plantes utilisées
pour la production d’huiles essentielles [47].
Identification de la plante
Avant d’extraire l’huile essentielle, il est indispensable de vérifier que la plante utilisée
appartient bien à l’espèce désirée. La reconnaissance de l’espèce ne peut se faire avec
certitude qu’à travers une étude macroscopique et microscopique poussée de la drogue
végétale, qu’elle soit fraiche ou séchée. Cette identité peut être assurée soit par un certificat du
fournisseur, soit par la réalisation de certains tests décrits dans les textes de référence.
44
chromatogramme est comparé à un témoin contenant au moins deux substances de référence
dans le cas d’une CCM ou à un profil chromatographique dans le cas d’une CPG. C’est
également lors de cette étape que la précision du chémotype sera faite, après identification du
ou des constituants majoritaires de l’huile essentielle.
Lorsqu’il en existe, des réactions colorées caractéristiques seront réalisées.
D’autres essais ayant trait à la qualité du produit figurent également à la liste des tests à
réaliser (présence de pesticides ou de métaux lourds, contaminations microbiennes ou
fongiques, etc.) [48].
Figure 12: Mentha x piperita L. : plante fraiche (a), feuilles séchées (b), chromatogramme
sur couche mince (c), poil tecteur au microscope optique (d).
45
Conditions de production
Les conditions de production de la drogue végétale sont également capitales pour la qualité
des huiles essentielles, les plantes doivent être aussi saines que possible.
On distingue tout d’abord les plantes selon qu’elles sont cultivées ou sauvages (dites « de
cueillette »). Dans les deux cas, le producteur doit s’assurer de la qualité de l’environnement
dans lequel la plante a poussé : absence de pollution, usage raisonné des pesticides, respect de
la ressource naturelle et de l’habitat… Un maximum d’informations devra être apporté
concernant le lieu et les conditions de récolte (altitude, nature du sol), la saison et la période
du cycle végétatif de la plante (par exemple la floraison pour les Lamiaceae), les conditions
de stockage ainsi que les éventuels traitements appliqués à la plante avant l’extraction
(séchage, fragmentation). Si c’est souvent le cas, les plantes ne sont pas toujours utilisées à
l’état frais ; de bonnes pratiques de séchage sont alors indispensables pour préserver la drogue
végétale des dégradations enzymatiques. Celui-ci doit être rapide et se faire sans chaleur
excessive. C’est par exemple le cas du giroflier (Syzygium aromaticum L.) dont le bouton
floral (clou de girofle) doit être séché avant d’être distillé.
Les bonnes pratiques agricoles qui s’appliquent aux producteurs imposent la production d’une
matière première végétale exempte d’impuretés : terre, poussière, souillures, infection
fongiques, contaminations animales ou de pourritures. [48]
Nous avons expliqué que l’identification de la plante est une étape indispensable quelle que
soit l’utilisation ou l’étude future qui sera faite, notamment pour écarter le risque d’erreur ou
de fraude ainsi que pour assurer une bonne traçabilité de l’extrait. Pour ce faire, il est
46
important de connaitre l’espèce exacte que l’on étudie, mais également la partie de la plante
(ou organe producteur) qui a été utilisée.
Nous avons également expliqué dans un chapitre précédent que les huiles essentielles étaient
produites par des cellules sécrétrices, isolées ou regroupées dans diverses structures. Elles
sont généralement stockées à proximité des cellules productrices. Mais ces cellules sont
inéquitablement réparties dans la plante. De ce fait, la partie de la plante utilisée pour
l’extraction de l’huile essentielle influe sur le rendement mais également sur la composition
de l’extrait. Il convient donc de préciser de quelle partie de la plante est issue l’huile
essentielle. Le bigaradier (Citrus aurantium L.) constitue un très bon exemple de ces
différences :
- Les feuilles et les jeunes fruits donnent après distillation l’huile essentielle de petit
grain bigarade, riche en acétate de linalyle.
- Les fleurs fournissent par distillation celle de néroli bigarade, contenant
majoritairement du linalol.
- Le péricarpe des fruits donne par simple expression à froid une essence riche en
limonène.
Figure 13 : Photographie d'un bigaradier portant des fleurs et des fruits en Crète [50].
47
Chémotype
Pour une même espèce, une même partie de plante utilisée et des individus
morphologiquement identiques, il est possible d’obtenir des huiles essentielles de
compositions différentes, sans constituer de sous-espèce ou de variétés nouvelles. Il s’agit des
chémotypes ou race chimique, qu’il faut systématiquement identifier et signaler. Ce
chémotype, généralement désigné par son ou ses constituants principaux, est signalé par les
lettres « ct ». Cette identification est d’autant plus importante qu’une même espèce peut
donner des huiles essentielles aux propriétés très différentes mais dont la toxicité est
également très variable. Citons l’exemple du thym dont pas moins de huit chémotypes ont été
identifiés : Thymus vulgaris L. ct thymol, ct carvacrol, ct linalol, ct géraniol, ct thuyanol, ct α-
terpinéol, ct p-cymène et ct cinéole.
L’annexe présente des exemples d’huiles essentielles fréquemment rencontrées et pour
lesquelles il existe un risque de confusion lié à l’existence de plusieurs chémotypes.
Méthode d’extraction
Caractéristiques physico-chimiques
48
Les huiles essentielles ont la capacité de dévier la lumière polarisée. Le pouvoir rotatoire étant
très variable d’une huile essentielle à une autre, c’est un bon indice de pureté d’une huile
essentielle. Chaque huile possède également son propre indice de réfraction, ce qui en fait
aussi un critère d’étude.
Selon les normes (AFNOR, ISO, Pharmacopée Européenne ou Française), d’autres essais
peuvent être demandés [6] :
- Examens organoleptiques : aspect, viscosité, couleur, odeur, goût.
Les caractères organoleptiques sont très sensibles à l’oxydation que subissent les
huiles essentielles en vieillissant.
- Examens physiques : densité, indice de réfraction, pouvoir rotatoire, miscibilité à
l’éthanol à 80%, inflammabilité.
- Examens chimiques : indice d’acide, détermination d’ester avant et après acétylation,
durée de saponification.
Identification et chromatographie
Selon les normes suivies, l’analyse d’une huile essentielle, l’identification de ses constituants,
la recherche d’éventuelles falsifications peuvent se faire par différentes techniques comme la
chromatographie sur couche mince ou en phase gazeuse.
Le profil chromatographique (par CPG) d’une huile essentielle réalisé dans des conditions
précises (choix de la colonne, du mode d’injection, du détecteur…) permet d’obtenir une
estimation reproductible de la concentration de certains composés caractéristiques de
l’échantillon par la méthode de normalisation. La réalisation d’une chromatographie est le
seul moyen d’identifier les chémotypes.
Cependant, cette estimation, basée sur les pourcentages relatifs des aires des pics des
constituants, ne constitue pas un vrai dosage de chacun des constituants. Pour obtenir la
composition précise d’un échantillon, il faut employer la méthode d’étalonnage nécessitant
l’injection d’une solution de référence contenant chacun des constituants à une concentration
connue [48].
Le stockage est une étape critique du parcours d’une huile essentielle qu’il convient de ne pas
négliger. En effet, ce sont des produits relativement instables qui peuvent être
49
considérablement transformés pendant le stockage si les conditions ne sont pas optimales,
particulièrement lorsque celui-ci s’inscrit dans la durée.
Les possibilités de dégradations sont nombreuses et facilement mises en évidence par l’étude
des caractéristiques organoleptiques et physico-chimiques évoquées précédemment dans ce
chapitre. Les conséquences de ces dégradations sont très variables puisqu’une multitude de
molécules se transforment et le profil chromatographique change peu à peu, ainsi que les
propriétés et le degré de toxicité du produit.
Chaque acteur de la chaine, du producteur au revendeur et même à l’acheteur doit avoir
connaissance de l’importance des conditions de conservations de l’huile essentielle et adapter
ses pratiques.
Une huile essentielle se conserve dans un contenant propre et sec en aluminium vernissé, acier
inoxydable ou en verre teinté de manière à le protéger de la lumière. Ce contenant doit être
étanche et permettre de limiter le contact avec l’air (il est possible d’utiliser un gaz inerte ou
de l’azote), d’où l’intérêt de remplir intégralement le flacon avec l’huile essentielle. Le
stockage doit se faire à l’abri de la lumière et de chaleur. Ces exigences s’appliquent tant au
stockage chez le producteur qu’au conditionnement utilisé pour la vente au détail.
L’utilisation de contenants en plastique parfois constatée est à éviter en raison du risque
d’interactions entre le produit et la matière plastique [46] [48].
50
- les huiles essentielles doivent prioritairement être identifiées en réalisant une
chromatographie en phase gazeuse et, à défaut, par d’autres essais déterminés (par
exemple la chromatographie sur couche mince).
- les essais généraux à effectuer : densité, indice de réfraction, angle de rotation et huiles
grasses et huiles essentielles résinifiées.
- des essais supplémentaires pouvant se montrer nécessaires : point de solidification,
indice d’acide, indice de peroxyde, esters étranger, résidu d’évaporation, eau,
solubilité dans l’alcool et recherche de falsification.
- les conditions de conservations à respecter : récipient étanche, bien rempli et entreposé
à l’abri de la lumière.
- les règles concernant l’étiquetage : il doit indiquer le nom scientifique de la matière
première végétale, le type d’huile essentielle et/ou le chémotype, la méthode de
production, le nom et la concentration d’un éventuel antioxydant ajouté ainsi que les
étapes de traitement additionnelles s’il y en a.
Les utilisateurs d’huiles essentielles et plantes aromatiques fixent d’autres critères de qualité,
propres à leurs domaines d’application. Ainsi lorsque l’huile essentielle est destinée à être
utilisée en aromathérapie, on s’intéresse principalement à la teneur en essence de la plante
ainsi qu’à sa composition chimique. Les parfumeurs recherchent plutôt la reproductibilité et la
fidélité du produit par rapport à une odeur définie pour la plante. Les mêmes plantes utilisées
comme épices ou herbes culinaires doivent avoir un bon rendement en masse végétale, une
bonne résistance aux maladies, une certaine qualité esthétique ainsi que des propriétés
organoleptiques immédiates de qualité.
Le marché des huiles essentielles étant de plus en plus concurrentiel, certains laboratoires
apposent des labels de qualité sur leurs emballages. Cependant, certains de ces labels, sans
valeur légale car auto-attribués ou attribués en dehors de tout contrôle par un organisme
indépendant, ne sont que des outils marketing. La plupart de ces labels récompensent
l’agriculture biologique et la vérification de la composition chimique de l’huile essentielle.
S’il n’existe pas de raison de douter de leur sérieux et de leur valeur, il est important de garder
51
un esprit critique sur les gages qualités attribués par les laboratoires eux-mêmes. On retrouve
entre autre les labels HECT (Huile Essentielle Chémotypée), HEBBD (Huile Essentielle
Botaniquement et Biochimiquement Définie) et HESD (Huile Essentielle Scientifiquement
Définie). Les labels AB (Agriculture Biologique) et Écocert sont les seuls à faire l’objet de
contrôles systématiques par des organismes de certification agréés (Figure 14).
4. COMPOSITION CHIMIQUE
La composition chimique d’une huile essentielle dépend d’un grand nombre de facteurs.
Certains sont liés aux opérations de traitement imposées pour l’extraction, mais la
composition chimique de l’huile essentielle dépend principalement de la composition de
l’essence produite par la plante, celle-ci étant fonction de facteurs environnementaux mais
avant tout du patrimoine génétique de la plante.
Tandis que la présence ou l'absence d'un constituant chimique à tout stade de croissance est
exclusivement déterminée par le patrimoine génétique de la plante, sa concentration est régie
à la fois par la génétique et des facteurs environnementaux.
Plusieurs milliers de molécules sont susceptibles d’être retrouvées dans les huiles essentielles.
Une huile essentielle renferme à elle seule plusieurs dizaines, parfois centaines, de composés
chimiques différents, dans des proportions très variables. À l’inverse, certaines huiles
essentielles contiennent une molécule presque pure, rendant anecdotique la présence des
autres composants. C’est par exemple le cas avec la gaulthérie couché (Gaultheria
procumbens L.) qui contient jusqu’à plus de 99% de salicylate de méthyle.
52
Rappelons que la composition chimique de l’huile essentielle est le reflet de celle de l’essence
à travers le procédé d’extraction. Celle-ci contient donc des molécules synthétisées
naturellement par la plante ainsi que le produit de leur réarrangement pendant l’extraction.
Les huiles essentielles sont composées de plusieurs dizaines, voire centaines, de composés
différents. Leurs propriétés étant étroitement liées à leur composition chimique, l’intérêt de la
connaitre avec le plus de précision possible parait évident. Les progrès des méthodes
analytiques permettent aujourd’hui d’identifier un grand nombre de composants de manière
relativement simple et rapide, ce qui offre la possibilité de contrôler que l’échantillon a bien le
profil chimique attendu, mais également d’étudier les relations structure-activité qui existent
au sein de l’huile essentielle.
Il existe plusieurs méthodes analytiques rendant possible l’étude de la composition chimique
d’un échantillon, certaines sont plus adaptées à la séparation des composants des extraits
aromatiques.
La pharmacopée française compte neuf monographies d’huiles essentielles, toutes
recommandent, pour le contrôle de l’échantillon, la réalisation d’une chromatographie en
phase gazeuse (avec détecteur à ionisation de flamme) et d’une chromatographie sur couche
mince.
Si la chromatographie en phase gazeuse (CPG) s’est imposée comme méthode de référence
dans l’étude des huiles essentielles, nous verrons également l’intérêt que présente la
chromatographie sur couche mince (CCM).
La chromatographie en phase gazeuse est une méthode d’analyse par séparation des composés
gazeux ou vaporisables par chauffage sans décomposition. Elle permet ainsi l’examen de
mélanges pouvant être très complexes et dont les constituants diffèrent tant par leur nature
que par leur volatilité [51], ce qui en fait la méthode de prédilection pour l’analyse des
constituants volatils dans les extraits aromatiques.
53
La CPG s’est rendue indispensable pour son coût acceptable, ses possibilités
d’automatisation, sa robustesse, sa reproductibilité et sa modulabilité [4].
54
4.1.2. Chromatographie sur couche mince (CCM)
La chromatographie sur couche mince est une méthode analytique complémentaire de la CPG,
intéressante par sa simplicité et sa modulabilité. Elle autorise également une analyse sans
chauffage et permet donc d’éviter d’éventuelles dégradations qu’il entrainerait.
Dans la CCM, le support utilisé est une plaque en verre ou en aluminium sur laquelle est
déposée une fine couche d’un absorbant (par exemple la silice) qui joue le rôle de phase
stationnaire et sur laquelle l’échantillon sera déposé. La partie inférieure de la plaque est
immergée dans un solvant (phase mobile) qui remonte par capillarité le long de la plaque
entrainant les constituants de l’échantillon à des vitesses différentes. Le traitement de la
plaque après séchage par un révélateur permet de mettre en évidence les composés séparés qui
formeront de petites taches visibles (à la lumière naturelle ou aux ultra-violets), et ainsi de
réaliser une analyse qualitative à l’œil nu. L’intérêt de la chromatographie sur couche mince
réside dans le très grand nombre de révélateurs pouvant lui être appliqués, permettant de
mettre en évidence un très grand nombre de produits dans les échantillons.
La CCM, et sa version améliorée que représente la HPTLC, sont des méthodes parfaitement
adaptées aux huiles essentielles, notamment pour la comparaison de deux huiles d’origines
différentes ou mettre rapidement en évidence une adultération.
55
Figure 16 : Illustration d’une HPTLC : Comparaison d'extraits de millepertuis
(Hypericum perforatum L.) issus de différentes régions d'Italie (1 à 8) à
différents témoins: 9-hypericine, 10-hyperoside, 11-rutine, 12-quercetine, 13-
isoquercetine, 14-acide chlorogénique, 15-lutéoline, 16-apigénine [53].
4.2. Pharmacognosie
Les plantes, comme tous les organismes vivants, utilisent des molécules organiques pour
vivre et se développer. Celles-ci leurs fournissent l’énergie nécessaire et les « matériaux de
construction » issus de leur métabolisme.
On distingue métabolisme primaire et métabolisme secondaire. Le métabolisme primaire,
universel dans le monde animal et végétal, fourni les éléments de base à la vie : protides,
glucides, lipides et acides nucléiques. Ces composés sont également la base du métabolisme
secondaire. Ces molécules n’ont que peu d’intérêt dans l’étude des huiles essentielles bien
qu’on y retrouve parfois certains produits de la dégradation des métabolites primaires [12].
Le métabolisme secondaire apporte des molécules de distribution plus limitée, qui servent à
l’adaptation de la plante à son environnement. C’est du métabolisme secondaire que sont issus
les composés présents dans les huiles essentielles. Ces composés organiques volatils (COV)
représentent environ 1% des métabolites secondaires. On estime qu’environ mille COV
différents sont fréquemment rencontrés dans les huiles essentielles.
Tous les végétaux terrestres ont la capacité de produire des COV. Certains se retrouvent chez
toutes les espèces (salicylate de méthyle, jasmonate de méthyle), d’autres chez la plupart
d’entre elles (linalol), mais d’autres sont spécifiques à certains groupes (isoleptospermone
56
d’Eucalyptus grandis Hills ex maiden). Une espèce est considérée « à huile essentielle » dès
qu’elle possède des structures anatomiques permettant le stockage des COV [4].
On différencie généralement les composants des huiles essentielles en trois groupes
correspondants à leurs voies de synthèse : les deux principales concernent les terpénoïdes (les
plus nombreux) et les phénylpropanoïdes ; elles ont pour point de départ des précurseurs
totalement différents. Une troisième voie donne naissance aux dérivés des acides gras [54]
[55] (Figure 17).
La localisation intracellulaire de la synthèse des COV n’est pas toujours parfaitement
identifiée. Celle-ci semble cependant se faire dans de nombreuses structures au sein des
cellules [23].
Les constituants des huiles essentielles comprennent les hydrocarbures ainsi que leurs dérivés
oxygénés, mais également des composés contenant de l'azote et du soufre, ces derniers sont
souvent spécifiques à certaines espèces ou genres [20].
Les terpénoïdes forment un vaste groupe de produits naturels. Leurs structures sont très
variables mais tous sont issus de l’assemblage de sous-unités isopréniques, issues du
métabolisme du glucose. Leur classification est basée sur le nombre d’unités isoprène
57
(molécule pentacarbonée) qui les compose : hémiterpènes (C5), monoterpènes (C10),
sesquiterpènes (C15), diterpènes (C20), sesterpènes (C25), triterpènes (C30), caroténoïdes (C40)
et les polyisoprènes (Cn).
En général, seuls les molécules de poids moléculaire faible, c’est-à-dire comprenant de 10 à
20 atomes de carbones, sont présents dans les huiles essentielles. Les composés plus lourds
sont en effets difficilement entrainés lors de l’extraction.
On compte plus de 30000 terpènes différents, ce qui en fait le plus grand groupe de produits
naturels connu [56]. Le mot « terpène » vient de la térébenthine, oléorésine issue notamment
de plantes du genre Pinus et qui contient certains hydrocarbures initialement nommés
« terpènes », nom qui sera conservé pour désigner les molécules de structures voisines par la
suite [57].
Ce groupe est un ensemble de molécules de structures très variées, allant de simples chaines
carbonées jusqu’à des agencements cycliques complexes, et dont les rôles sont tout aussi
hétéroclites. Cependant, l’ensemble de ces molécules ont un point commun, elles sont toutes
issues de la condensation de sous-unités isoprène (C5H8). Les monoterpènes sont de loin les
plus représentés, suivis des sesquiterpènes [56].
Il est clairement établi que les terpènes sont synthétisés à partir d’unités pentacarbonées :
l’isopentenyl pyrophosphate (IPP) et son isomère, le diméthylallyl pyrophosphate (DMAPP).
58
La voie du mévalonate (Figure 19), ou voie de l’acide mévalonique, est la voie de biosynthèse
de l’IPP que l’on retrouve à la fois chez les végétaux et chez les animaux.
Au point de départ de cette voie de synthèse, trois molécules d’acétyl-CoA sont condensées
sous l’action de l’acétyl-CoA thiolase (1). La molécule formée est transformée (2) en 3-
hydroxy-3-méthylglutarylcoenzyme A (HMG-CoA), qui subit lui-même une conversion pour
devenir l’acide 3R-mévalonique (MVA) en deux étapes (3) (4). Le MVA subit ensuite une
phosphorylation en deux temps pour donner l’acide mévalonique-5-diphosphate. Celui-ci
donne naissance à l’IPP après décarboxylation et déshydratation. Pour finir, l’action d’une
isomérase aboutit à la formation du DMAPP [58].
Plus récemment, une nouvelle voie de synthèse chez les végétaux, indépendante du
mévalonate, a été décrite par l’équipe de Rohmer, mettant fin à l’idée d’un voie universelle de
synthèse des terpènes via le mévalonate. Elle est dite voie du 1-désoxy-D-xylulose-5-
phosphate (DOXP ou désoxyxylulose phosphate) ou voie mévalonate-indépendante [55].
59
Cette voie de synthèse serait même plus largement utilisée par les végétaux que la voie du
mévalonate [58].
Cette voie de synthèse (Figure 20) commence par la formation de DOXP catalysée par la
DOXP synthase à partir de l’acide pyruvique et du glycéraldéhyde-3-P (condensation
dépendante de la thiamine PP). Le DOXP subit ensuite un réarrangement de sa chaine
carbonée couplé à une réduction et forme le 2-C-méthyl-derythritol-4-phosphate (MEP) sous
l’action de la DOXP réducto-isomérase. Le MEP contient le même squelette carboné que
l’IPP mais l’ensemble des réactions qui y conduisent ne sont pas encore bien identifiées. Il
reste également à déterminer si le DMAPP formé provient de l’isomérisation de l’IPP ou s’il
est formé de manière indépendante [55] [58].
Les animaux semblent dépourvus de la voie du DOXP, ce qui impliquerait qu’ils n’utilisent
que la voie du mévalonate. Les végétaux sont capables d’utiliser les deux voies, souvent en
même temps mais pas au même endroit. En effet, les enzymes de la voie du mévalonate sont
localisées dans le cytosol, alors que les enzymes de la voie de désoxyxylulose phosphate sont
retrouvées dans les chloroplastes. De ce fait, on peut imaginer que les stéroïdes, triterpénoïdes
et sesquiterpénoïdes (produits cytosoliques) sont formés par la voie du mévalonate, tandis que
60
la plupart des autres terpénoïdes, formées dans les chloroplastes, sont des produits de la voie
du désoxyxylulose phosphate. Cependant, il existe des contre-exemples dans lesquels les deux
voies peuvent participer à la formation d’une même molécule. Il existerait également un
mécanisme de transport de l’IPP entre le cytosol et le chloroplaste mais celui-ci n’a pas
encore été identifié [4] [54] [58].
Il existe peu d’étude encore sur le sujet mais la régulation de chacune des deux voies semble
pouvoir se faire au niveau d’une seule enzyme : l’hydroxyméthylglutaryl-CoA réductase pour
la voie du mévalonate, et la DOXP synthase pour la voie du désoxyxylulose phosphate [4].
La formation des terpénoïdes commence par une unité de DMAPP sur laquelle des molécules
d’IPP viennent se fixer successivement pour former les précurseurs des différentes lignées
(Figure 22).
L’allongement de la chaîne est catalysé par des prényl-transférases. L'addition du DMAPP sur
la liaison insaturée de l'IPP se fait par une GPP synthase (liaison 1’-4) et conduit au
pyrophosphate de géranyle (GPP), précurseur des monoterpènes (C10). La réaction implique
61
l’ionisation du pyrophosphate d’allyle et le départ de son groupe pyrophosphate qui permet
l’attaque électrophile du carbocation allylique formé sur la double liaison de l’IPP. Le
processus s’accompagne d’une déprotonation de l'IPP, conduisant à la formation d'une double
liaison trans. Cette réaction de prénylation peut être suivie de l'addition de l'IPP sur le GPP
par la FPP synthase, formant alors le pyrophosphate de farnésyle (FPP), précurseur des
sesquiterpènes (C15). Une condensation de l'IPP sur le FPP par la GGPP synthase mène au
pyrophosphate de géranylgéranyle (GGPP), précurseur des diterpènes (C20) [4] [24] [59].
62
4.2.1.3. Hémiterpènes
Une cinquantaine d’hémiterpènes sont connus. Ils sont représentés par des alcools, des esters
ou encore des aldéhydes mais ils restent généralement minoritaires dans les huiles
essentielles. Cette famille de terpènes est obtenue par des transformations secondaires
intervenant directement sur l’IPP et le DMAPP.
On retrouve dans cette famille l’isoprène, produit par de nombreuses espèces, principalement
des arbres. Il se forme par la perte d’un proton sur le cation allylique dérivant du DMAPP.
Le composé hémiterpénique oxydé le plus fréquent est le prénol (3-méthyl-3-butèn-2-ol),
présent notamment dans l’huile essentielle d’ylang-ylang [56] [58].
4.2.1.4. Monoterpènes
La condensation par une liaison 1’-4 d’un IPP et d’un DMAPP aboutit à la formation du
pyrophosphate de géranyle, le précurseur des monoterpènes (C10). Le GPP peut subir des
réactions de cyclisation et/ou de fonctionnalisation mettant en jeu diverses enzymes
spécifiques et donnant naissance à un nombre remarquable de structures monoterpéniques
possibles. Les monoterpènes peuvent donc être acycliques, mono-, bi- voire tricycliques et
peuvent être à l’origine d’alcools, esters, phénols, cétones, lactones, aldéhydes ou encore
d’oxydes.
Au total, on estime à environ 1500 le nombre de monoterpènes connus, mais tous ne sont pas
présents dans les huiles essentielles [57] [60].
Les monoterpènes acycliques sont de structures simples dans lesquelles on visualise aisément
l’assemblage « tête-queue » des unités isoprènes, comme dans le β-ocimène (Figure 23). On
peut également citer dans cette catégorie des composés fréquemment rencontrés dans les
huiles essentielles : géraniol, linalol ou citronellol.
Les monoterpènes monocycliques sont les plus nombreux [56]. Ils se forment par une réaction
en plusieurs étapes mettant en jeu des monoterpène cyclases. Ils ont cependant tous un même
intermédiaire de formation : le cation α-terpinyl, et tous dérivent du squelette p-menthane
issu de la cyclisation de monoterpènes acycliques réguliers. Donnons comme exemples de
63
représentants le limonène, l’α-terpinène, le β-terpinène, le γ-terpinène et également le
terpinolène. Certains composés de ce groupe présentent un cycle benzénique et sont appelé
monoterpènes aromatiques. Ils sont courants dans les huiles essentielles et sont souvent signes
d’une activité biologique de l’huile essentielle [56]. Ceci est d’autant plus vrai lorsque le
cycle porte une fonction hydroxyle, formant un phénol. Le p-cymène est un monoterpène
aromatique fréquent dans les huiles essentielles, de même que deux de ses dérivés
hydroxylés : le thymol et le carvacrol connus pour leur activité antimicrobienne puissante.
Les monoterpènes bicycliques sont formés par une nouvelle réaction de cyclisation sur des
monoterpènes monocycliques. Il existe plusieurs structures bicycliques dont ils peuvent
dériver : bornane, carane, camphane, fenchane, pinane et thujane. Certains de ces squelettes
sont obtenus à partir du cation α-terpinyl, ce sont ceux correspondant aux types bornane,
camphane, fenchane et pinane. Ce dernier donne notamment naissance à l’α-pinène et au β-
pinène, constituants importants de l’huile essentielle de pin aux propriétés antiseptiques. Le
squelette thujane est obtenu via le cation terpinèn-4-yl ou le cation sabinyl. Il donne
naissance par exemple à l’α- et à la β-thujone, très convulsivante et pouvant entrainer des
hallucinations. La thujone est par exemple présente dans l’armoise (Artemisia vulgaris L.) et
dans l’absinthe (Artemisia absinthium L.).
Le 1,8-cinéole, le 1,4-cinéole et l’ascaridol sont d’autres représentants importants des
monoterpènes bicycliques.
Les structures tricycliques sont rares parmi les monoterpènes. On peut citer comme exemple
le tricyclène.
Il existe également des monoterpènes dits irréguliers car ne dérivant pas d’une condensation
1’-4 de l’IPP et du DMAPP [56] [58].
64
Figure 23 : Diversité des monoterpènes
4.2.1.5. Sesquiterpènes
De la même manière que le GPP pour les monoterpènes, le pyrophosphate de farnésyle est le
précurseur des sesquiterpènes (C15). Il résulte de l’addition d’un IPP sur le pyrophosphate de
géranyle [12]. Le FPP comporte trois doubles liaisons, ce qui ouvre plus de possibilités de
cyclisation et plus d’opportunités de variations structurelles résultant de divers
réarrangements, d’oxydations, de dégradation, etc. Les sesquiterpènes forment donc un
groupe de composés structurellement diversifiés, mais dont tous les membres dérivent du
FPP. Ce groupe comprend donc un nombre importants de structures différentes : plus de 120
squelettes identifiés pour plus de mille composés identifiés [24]. De nombreuses
configurations sont possibles : linéaires, ramifiés, mono- bi- ou tricycliques.
Les sesquiterpènes sont, en termes de fréquence, le deuxième groupe le plus présent dans les
huiles essentielles après les monoterpènes [56].
65
Parmi les sesquiterpènes acycliques, on peut citer le (E)-nérolidol présent dans plusieurs
huiles essentielles commercialement importantes comme le néroli (fleurs de Citrus aurantium
L.). Ce composé peut représenter jusqu’à 90% de certaines huiles essentielles.
Le farnésol, également un sesquiterpène acyclique, est un composé important de l’huile
essentielle de fleurs de rose (Rosa x damascena Mill.) ou du bois de santal australien
(Santalum spicatum A.DC.).
Des sesquiterpènes acycliques irréguliers (issus d’autres types d’assemblages) ont été
identifiés chez des espèces du genre Santolina (Astéraceae).
Il existe également des sesquiterpènes comportant des cycles dans leurs structures. On
retrouve dans les sesquiterpènes monocycliques l’α-bisabolène et ses dérivés oxydés, l’α et le
β-bisabolol présents en grande quantité dans l’huile essentielle de camomille allemande
(Matricaria recutita L.). Cette huile essentielle est également riche en chamazulène, du
groupe des azulènes (sesquiterpènes bicycliques), donnant une coloration bleue
caractéristique.
Le cédrène et le santalol sont des exemples de sesquiterpènes tricycliques.
4.2.1.6. Diterpènes
66
ne sont généralement présents dans les huiles essentielles qu’en faible quantité. Leur poids
moléculaire plus élevé est en effet un frein à leur entrainement à la vapeur, ce qui explique en
partie leur présence discrète dans les huiles essentielles. Il a été montré que leur teneur
augmentait avec le temps de distillation. De même, l’utilisation du CO2 supercritique plutôt
que de l’hydrodistillation pour l’extraction augmente la concentration en diterpènes dans
l’extrait obtenu [56].
Un des exemples les plus simples de diterpène acyclique mais également un des plus
importants est le phytol, qui est à l’origine de la chaine latérale de la chlorophylle. Il est donc
très présent dans les plantes. Le substitut phytyle se retrouve également dans la vitamine K1
[58].
L’huile essentielle de camphrier (Cinnamomum camphora L.) contient un diterpène
monocyclique : le camphorène (également appelé dimyrcène) dont plusieurs isomères
existent.
On distingue au sein des diterpènes bicycliques deux groupes : les clérodanes et les labdanes
auxquels appartient le sclaréol (molécule d’intérêt industriel, précurseur d’hémisynthèse d’un
substitut à l’ambre gris des cachalots en parfumerie) que l’on retrouve dans la sauge sclarée
(Salvia sclarea L.).
Il existe également des diterpènes tricycliques. Des composés tétracycliques et pentacycliques
se retrouvent dans les huiles essentielles mais restent très minoritaires.
4.2.1.7. Sesterpènes
67
4.2.1.8. Triterpènes et tétraterpènes
Contrairement aux composés décrits précédemment, les triterpènes (C30) ne sont pas issus
d’un nouvel allongement de la chaine carbonée par addition d’une nouvelle molécule d’IPP
mais ils sont formés par la condensation de deux molécules de FPP. Le précurseur des
triterpènes qui en résulte est le squalène (Figure 25) [57].
La cyclisation du squalène, mettant en jeu un grand nombre de réactions possibles, abouti à
des squelettes précurseurs des triterpènes, et notamment des stérols. Environ 5000 triterpènes
sont recensés dans la littérature scientifique. Ces molécules sont le plus souvent actives dans
les cellules animales, à l’instar du cholestérol dont le rôle est très important dans le règne
animal. Il existe quelques exemples dans le monde végétal [57].
Les tétraterpènes (C40) ne comprennent qu’un seul groupe : les caroténoïdes dont plusieurs
centaines de représentants sont connus. Leur squelette est formé à partir de deux molécules de
GGPP, selon une séquence proche de celle des triterpènes. Le phytoène est le précurseur de
tous les caroténoïdes.
La plupart des caroténoïdes jouent un rôle dans la photosynthèse (certains ont un rôle non
photosynthétique chez les champignons et les bactéries). Ils contribuent aux colorations jaune,
orange ou rouge des tissus végétaux. On retrouve ainsi le lycopène dans les fruits de la tomate
(Solanum lycopersicum L.), le β-carotène dans la racine des carottes (Daucus carota L.) ou
encore la capsanthine dans les fruits du poivron (Capsicum annuum L.). Cette caractéristique
fait de certains d’entre –eux des colorants alimentaires. Les caroténoïdes jouent également un
important rôle d’agents antioxydants pour les plantes [58].
De par leurs poids moléculaires élevés, les tri- et tétraterpènes ne sont pratiquement pas
présents dans les huiles essentielles. Le clivage des caroténoïdes par des mécanismes
oxydatifs donne cependant naissance à des composés plus petits appelés apocaroténoïdes, que
l’on retrouve parfois dans les huiles essentielles, en position minoritaire mais pouvant
contribuer à son parfum. C’est le cas d’une cétone, la β-damascone que l’on trouve dans
l’huile essentielle de rose de Damas (Rosa x damascena Mill.) [56].
68
Figure 25: Exemple de structures tri- et tétraterpéniques et leurs dérivés
Les phénylpropanoïdes sont des composés volatiles issus de la voie de biosynthèse de l’acide
shikimique. Cette voie que l’on retrouve chez les micro-organismes et les plantes est
totalement absente dans le règne animal. Elle aboutit à plusieurs familles de composés
(lignanes, tannoïdes, coumarines…) dont seulement une cinquantaine se retrouve dans les
huiles essentielles [56].
Ces composés sont bien moins fréquents que les terpènes et se retrouvent généralement en
plus petite quantité dans les huiles essentielles. Il existe cependant des exceptions, comme
l’eugénol qui compte pour 70 à 90% de la composition de l’huile essentielle de clou de girofle
(Syzygium aromaticum L.). Beaucoup de ces composés sont réputés pour avoir une certaine
importance pour les propriétés organoleptiques de l’huile essentielle mais également pour son
usage thérapeutique ; citons l’acide salicylique, l’acide cinnamique et l’acide benzoïque, ou
encore l’eugénol et ses dérivés [46]. De plus, certaines familles botaniques sont reconnues
pour contenir plus de phénylpronoïdes que les autres, ce sont les Apiaceae, Lamiaceae,
Myrtaceae, Pipéraceae ou encore Rutaceae. La technique employée pour l’extraction de
l’huile essentielle semble également avoir une influence du la concentration finale de ces
composés dans l’huile [56].
69
La biosynthèse de ces composés a été bien moins étudiée que celle des terpènes. La formation
de l’acide shikimique (Figure 26), intermédiaire donnant son nom à cette voie de biosynthèse,
débute par le couplage du phosphoénolpyruvate (PEP) et du D-érythrose-4-phosphate. Le
composé heptacarboné ainsi formé devient l’acide déhydroquinique après cyclisation. Celui-ci
donne l’acide shikimique après une déshydratation et une réduction NADPH-dépendantes.
C’est à partir de l’acide shikimique que se forment les acides aminés aromatiques (dits
essentiels) que sont le tryptophane, la tyrosine mais surtout la phénylalanine dont sont issus
les phénylpropanoïdes. La phénylalanine est transformée par la phénylalanine ammonia-lyase
(PAL) en acide cinnamique qui donnera à son tour et au terme de diverses réactions plusieurs
groupes de composés que sont les coumarines, les lignanes, les flavonoïdes, les tannoïdes, etc,
ainsi que les phénylpropanoïdes [20] [24] [54].
70
Le squelette de ces composés est très reconnaissable, il s’agit d’un cycle aromatique à six
carbone portant une chaine latérale à trois carbones en C1 (formule écrite C6C3). Ils portent
également un groupement oxygéné en C3 et/ou en C4 et/ou en C5 [12].
Il existe une voie parallèle, débutant également par l’acide cinnamique mais indépendante des
autres lignées, qui donne le groupe des benzénoïdes. Ceux-ci comportent également un cycle
aromatique à six carbones mais leur chaine latérale est réduite à un seul carbone (C6C1).
Plusieurs possibilités sont envisagées pour leur voie de synthèse [54]. On retrouve au sein de
ce groupe la vanilline, relativement fréquente dans les huiles essentielles.
D’autres composés en C6C2 ont été décrits mais leur voie de synthèse reste à définir. Celle-ci
a également pour point de départ la phénylalanine mais semble entrer en concurrence avec la
voie utilisant l’acide cinnamique précédemment décrite. On la retrouve dans le genre Petunia
pour la synthèse du phénylacétaldéhyde directement à partir de la phénylalanine [54].
Notons également que certaines coumarines (lactones issues de l’acide cinnamique) de faible
poids moléculaire sont entrainables à la vapeur et peuvent de ce fait être présentes dans les
huiles essentielles [61].
Un certain nombre de composés de nature totalement différente se retrouvent dans les huiles
essentielles. Ceux-ci sont rares et presque systématiquement présents en très faible quantité.
Leur rôle est le plus souvent très limité bien qu’il puisse parfois entrer en synergie avec des
composés majoritaires [46]. Leurs natures trop variées ne nous permettent pas d’en faire ici un
exposé détaillé.
On trouve parmi ces composés des acides gras mais surtout des produits issus de la
transformation de molécules non volatiles. Certains sont obtenus après dégradation des acides
gras. La peroxydation des acides linoléique et α-linolénique aboutit à leur coupure et à la
formation d’acides en C9 ou C12, puis des alcools, aldéhydes et autres esters correspondants.
Ces dérivés peuvent également être issus de la β-oxydation des acides gras. D’autres
exemples, comme les acides jasmoniques, dérivent des acides gras par un mécanisme proche
de la formation des prostaglandines chez les animaux.
71
D’autres molécules présentes dans les huiles essentielles proviennent de la transformation de
terpènes. Les norisoprénoïdes (C13), dont les principaux représentants sont les ionones,
proviennent de l’auto-oxydation des carotènes. Les irones (C14) sont des cétones issues de la
dégradation (oxydation) de triterpènes bicycliques lors du vieillissement des rhizomes d’iris
(Iris sp.) [61].
On retrouve parfois des composés azotés ou soufrés et d’autres composés issus de la
dégradation des acides aminés [4].
Synthèse :
Il existe un grand nombre de molécules pouvant entrer dans la composition des huiles
essentielles, en proportion très variable. Ces molécules sont classées selon la famille chimique
à laquelle elles appartiennent. Elles sont issues de trois lignées différentes : les terpénoïdes par
assemblage de sous unités isopentenyl pyrophosphate, les phénylpropanoïdes dérivés de
l’acide shikimique et un troisième groupe de dérivés des acides gras.
Des travaux ont montré que la composition chimique des huiles essentielles est influencée par
de nombreux facteurs. Nous avons déjà exposé les différentes transformations imposées à
l’essence selon le procédé d’extraction utilisé. Mais la composition d’une huile essentielle
dépend avant tout d’une série de facteurs propre à la plante et à son environnement de culture.
Toutes les étapes de traitement allant de la récolte de la matière première végétale au stockage
de l’huile essentielle peuvent également induire des variations dans la concentration des
composés ou même l’apparition de nouvelles molécules.
La longue liste des facteurs pouvant influencer la composition chimique d’une huile
essentielle doit bien évidemment nous sensibiliser à l’intérêt de bien les connaitre. On peut
ainsi envisager de contrôler ceux qui le permettent (irrigation, période de récolte, méthode
d’extraction…) mais aussi d’anticiper la composition de l’extrait obtenu. Ce qui intéresse tous
les consommateurs d’huiles essentielles, l’industrie qui cherche de bons rendements dans
l’extraction de molécules spécifiques ou une composition chimique stable, ou
l’aromathérapeute qui souhaite une huile exprimant son plein potentiel d’efficacité.
72
4.3.1. Espèce et variété
4.3.2. Chémotype
Les composés chimiques présents dans une huile essentielle ne sont pas constants. Deux
plantes identiques, morphologiquement et caryologiquement, peuvent produire des essences
différentes. Ces différences de composition peuvent être extrêmement importantes et changer
les propriétés de l’huile essentielle du tout au tout. De ce fait, il est primordial pour le
thérapeute de respecter cette notion [3].
Les termes « chimiotype » et « chémotype » permettent de distinguer ces types chimiques.
Introduite il y a plusieurs dizaines d’années, la notion de chémotype a été officialisée par
l’union européenne avec l’adoption de la règlementation REACH (enregistrement, évaluation,
autorisation et restriction des produits chimiques) en 2006. Le plus souvent, on utilise pour
désigner la race chimique le ou les composés chimiques majoritaires. Des composés non
majoritaires mais particulièrement importants au regard des propriétés de l’huile essentielles
sont parfois utilisés.
73
Ces entités chimiques distinctes au sein d’une seule et même espèce sont le fruit de
l’expression de différentes voies métaboliques présentes chez les individus, elle-même sous
l’influence de nombreux facteurs extérieurs [6]. Les facteurs influençant la composition
chimique ne sont pas toujours faciles à appréhender. Des études menées par Granger et Passet
sur Thymus vulgaris L. ont montré que des plants chimiquement distincts peuvent grandir côte
à côte [62].
Le romarin (Rosmarinus officinalis L.), pour lequel trois chémotypes ont été définis, permet
d’illustrer l’importance de cette notion. Le chimiotype Rosmarinus officinalis L. ct 1,8-
cinéole, récolté en Tunisie et au Maroc présente des propriétés fluidifiantes et expectorantes,
faisant de son huile essentielle un outil dans les pathologies broncho-pulmonaires. Le
chimiotype Rosmarinus officinalis L. ct acétate de bornyle, verbénone, que l’on trouve en
Corse, est employé dans les pathologies hépatiques. Rosmarinus officinalis L. ct camphre, qui
croit en Provence et Espagne, est employé pour faciliter l’effort musculaire et l’activité
cardiaque. Il présente cependant une certaine toxicité hépatique [6].
Lorsque l’on désigne une huile essentielle, il convient également de préciser de quelle partie
de la plante elle est extraite ou si la totalité de la plante a été utilisée. En effet, l’organe
producteur influe sur le rendement d’extraction. On sait par exemple que la fleur de lavande
contient beaucoup plus d’essence que sa tige. Dans leurs travaux de 2004, Gaspar et Leek [63]
ont montré que chez la sous espèce virens de l’origan (Origanum vulgare L. ssp. virens
Hoffm. & Link), les petites bractées renfermées plus d’huile essentielle que les grandes.
Dans cette même étude, ils ont également montré que la composition chimique de l’huile
essentielle est très dépendante de son organe producteur, ce qui constitue la deuxième raison
pour laquelle la partie de la plante utilisée devait toujours être connue. En effet, ils ont
observé que lorsque la taille des bractées utilisées pour l’extraction augmente, la
concentration en certains monoterpènes (p-cymène, γ-terpinène) diminue alors que celle
d’autres monoterpènes oxygénés augmente (linalol, α-terpinol, thymol).
Le cannelier de Ceylan (Cinnamomum verum J.Presl.) illustre également la différence de
composition chimique de l’huile essentielle en fonction de la partie de la plante utilisée.
74
L’eugénol prédomine dans l’huile issue des feuilles, l’aldéhyde cinnamique est majoritaire
dans l’écorce alors que la racine est plus riche en camphre [61] [64].
Parfois, les différentes huiles essentielles issues d’une même espèce portent des désignations
différentes. C’est le cas de l’oranger amer (Citrus aurantium L. ssp aurantium). On obtient du
péricarpe du fruit par expression à froid l’essence d’orange amère, la fleur donne par
distillation l’huile essentielle de Néroli alors que l’huile essentielle de petit grain bigaradier
est extraite des feuilles, des ramilles et des jeunes fruits.
Si on étudie la composition chimique d’huiles essentielles provenant d’une même plante mais
produite à deux moments différents, elle ne sera pas la même pour les deux extraits. Le
rendement sera probablement différent également.
Dans l’exemple de la coriandre (Coriandrum sativum L.), l’extraction à partir de fruits mûrs
donnera une huile essentielle 50% plus riche en linalol que si elle se fait sur les fruits verts.
Dans le cas de la verveine du Maroc (Lippia citriodora Kunth), on sait que le 1,8-cinéole est
produit par la plante entre avril et mai, c’est-à-dire au moment de la floraison [24].
75
Le cas de la sauge (Salvia officinalis L.) a été étudié de nombreuses fois et dans différents
pays. Perry et al. ont suivi l’évolution de l’huile essentielle sur 15 mois du cycle de la plante.
Le rendement maximal a été obtenu en novembre. Ils ont également observé que la teneur en
thuyone et en camphre (cétones) est à son maximum en hiver et qu’elle chute rapidement sur
les mois d’avril et mai pour atteindre son minimum au moment de la floraison. Le β-pinène et
le 1,8-cinéole (monoterpènes) ont des variations strictement inversées tout au long de l’année.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette différence, comme la différence selon la saison
dans la proportion de feuilles et de fleurs, ces dernières contenant plus de β-pinène et moins
de thuyone que les feuilles. Mais des variations dans les proportions de camphre et de thuyone
ont été observées en dehors de la période de floraison et ont donc une autre origine. Des
variations de composition ont également été recensées en fonction de l’âge des feuilles.
Santo-Gomes et al. ont pu faire les mêmes observations concernant ces quatre composés
chimiques dans l’huile essentielle de sauge récoltée au Portugal. Ils ne concluent cependant
pas que la chute de concentration en camphre et en thuyone accompagne la floraison mais
plutôt qu’elle la précède [65] [66].
S’il est difficile d’expliquer l’origine de ces variations au fil des saisons, elles sont bien
connues et permettent donc d’adapter la période de récolte selon l’intérêt que l’on porte à
l’huile essentielle et l’utilisation finale que l’on souhaite en faire.
Dans leur étude portant sur le thym à thymol (Thymus vulgaris L. ct thymol), Arraiza et al.
font état de variations importantes dans la composition chimique et le rendement en huile
essentielle. Si le rendement moyen est de l’ordre de 2%, il est minimum pendant la période
végétative de la plante, puis augmente progressivement pendant la phase initiale de floraison
et atteint son maximum à la pleine floraison. Ils ont également observé que tous les composés
sont susceptibles de voir leur concentration varier à travers les saisons. En étudiant plus
précisément trois des composés principaux (le thymol et deux de ses précurseurs : γ-terpinène
et p-cymène), on remarque qu’ils représentent ensemble une proportion constante de 80% de
l’huile essentielle. Par ailleurs, thymol et p-cymène varient systématiquement de manière
inverse. En période de floraison, le thymol atteint un maximum et le p-cymène un minimum,
le ratio étant de 4:1. Pendant le reste du cycle, le ratio varie entre 3:1 et 1:1. Pour sa part, le γ-
terpinène suit les variations du thymol sauf en période post-floraison où il diminue alors que
le thymol voit sa part augmenter [67]. Atti-Santo et al. ont observé les mêmes variations
saisonnières pour ces trois composés (représentant ensemble 75% de l’huile essentielle
concernée) en étudiant du thym à thymol du Brésil [68].
76
Ces observations allant dans le même sens montrent qu’il est possible d’étudier et de
connaître les variations dans la composition chimique d’une huile essentielle à travers les
saisons et donc de définir le meilleur moment pour la récolte par le meilleur compromis entre
rendement et composition chimique.
D’autres études portant sur les variations au cours d’une seule et même journée font état pour
certaines plantes de variations en termes de composition chimique et de rendement. C’est le
cas des fleurs de roses qui donneront en général un meilleur rendement si la récolte se fait
entre 6h et 9h le matin [12].
77
4.3.5. Facteurs environnementaux
Ainsi, il existe de nombreux exemples de plantes dont la sensibilité à la lumière du jour a été
étudiée. Chez la menthe poivrée (Mentha x piperita L.), une longueur de jour minimum est
requise pour que la plante quitte la phase végétative. Ce changement s’accompagne d’une
modification de la composition de l’huile essentielle. De manière générale, des jours longs et
des nuits tempérées augmentent le rendement en huile essentielle, celle-ci étant alors plus
riche en menthofurane. Dans des conditions inverses, l’huile essentielle s’enrichie en menthol
[61]. Des observations similaires ont également été faites pour l’origan (Origanum vulgare
L.) et la marjolaine (Origanum majorana L.) [12].
Il a été montré que chez le laurier noble (Laurus nobilis L.), les feuilles exposées au sud
avaient une teneur en huile essentielle plus importante que celles exposées au nord.
Le spectre de la lumière solaire n’est pas le même partout. Par exemple, les UV dominent en
montagne alors que les infra-rouges sont majoritaires au bord de la mer [3]. L’influence de la
78
qualité du spectre lumineux a été étudiée chez des espèces du genre Pelargonium.
L’exposition à une lumière rouge entraine une surexpression des précurseurs primaires de
l’huile essentielle [55]. Chez la menthe verte (Mentha spicata L.), la supplémentation en UVB
en début de matinée aura entrainé une grande augmentation de la concentration en linalol dans
l’huile essentielle en l’espace de 15 jours [70].
Les pratiques culturales peuvent également jouer sur l’huile essentielle. Sans pouvoir
dégager de tendances générales, on sait par exemple que le régime hydrique appliqué à la
plante ou l’apport d’engrais vont modifier les caractéristiques de l’huile essentielle produite.
Par exemple, la menthe poivrée (Mentha x piperita L.) synthétise normalement du (-)-
menthol, énantiomère qui possède l’odeur mentholée bien connue. Cependant, lorsqu’elle est
cultivée avec certains engrais, celui-ci est remplacé par le (+)-menthol dans l’huile essentielle
[3], celui-ci a une odeur considérée inexistante, voire désagréable. Toujours pour la menthe
poivrée, il a été montré que la supplémentation en azote augmente la biomasse et retarde le
développement de la floraison. L’huile essentielle est alors plus abondante, elle contient
moins de menthol et plus de menthone. Par contre, l’apport de potassium force la maturité de
la plante et diminue son rendement en huile essentielle ; celle-ci contenant plus de menthol et
d’acétate de méthyle [12].
De manière générale, la fertilisation du sol influe sur le rendement en augmentant le
développement de la plante et donc volume de végétal disponible mais elle joue également un
rôle dans la composition chimique de l’huile essentielle et ce de façon variable selon les
espèces. Ainsi, les répercussions de l’apport de différents éléments ont été étudiées pour un
certain nombre d’espèces végétales. L’ajout d’azote au substrat a été évoqué un peu plus haut
pour la menthe poivrée mais de nombreuses espèces subissent la même influence. Autre
exemple, la supplémentation en fer est un des moyens principaux de lutte contre la chlorose,
maladie entrainant le jaunissement et le dépérissement des feuilles et donc une diminution de
la quantité de végétal disponible. Le zinc augmente les rendements en huile essentielle chez le
palmarosa (Cymbopogon martinii Stapf. var. motia). Le manganèse serait l’oligo-élément le
plus efficace pour augmenter la productivité, mais le dosage doit être parfaitement maîtrisé.
L’urée influe sur la production d’huile essentielle chez la citronnelle de Java (Cymbopogon
winterianus Jowitt), mais son impact est différent selon la forme sous laquelle elle est
apportée. Le potassium a, semble-t-il, peu d’influence. Le rendement est éventuellement
diminué lorsque les doses de potassium sont augmentées [55]. Le sélénium a pour effet
79
d’augmenter le rendement en huile essentielle et sa teneur en cétones chez la sauge officinale
(Salvia officinalis L.). A l’inverse, il diminue les aldéhydes et les esters [71].
Les métaux lourds (Plomb, cadmium, mercure, zinc, nickel, cuivre…) sont également à
prendre en compte car ils peuvent jouer sur le développement de la plante et poser des
problèmes de qualité finale en se retrouvant dans l’huile essentielle extraite [12].
L’influence de la qualité du sol a été étudiée pour le thym (Thymus vulgaris L.) par Eman et
al. [72]. Ils se sont plus particulièrement intéressés à la nature du sol (calcaire, argile ou sable)
et à l’intervalle entre chaque arrosage (3 jours, 5 jours, 7 jours ou 10 jours). Concernant le
développement de la plante et le rendement en huile essentielle, des intervalles d’irrigation
courts (3 à 5 jours) et un sol calcaire sont les plus favorables, le sol sablonneux est le plus
défavorable. La composition de l’huile essentielle est également sous l’influence du sol. La
transformation du p-cymène en thymol augmente lorsque la plante se développe dans le sable
et lorsque l’on augmente la durée entre les arrosages (10 jours), donc lorsque les conditions
sont les moins favorables. De manière générale, les stress subis par la plante augmentent la
formation de composés phénoliques. Les auteurs ont donc imaginé possible de jouer sur
certains paramètres du sol pour modifier la qualité et le rendement de l’huile essentielle.
D’autres facteurs environnementaux modifiant la production d’essence par la plante ont été
identifiés, comme les stress hydriques et thermiques.
Une baisse de l’humidité dans l’environnement de la plante diminue sa croissance et entraine
d’importantes modifications biochimiques et métaboliques, affectant ainsi la qualité de
l’essence. Le plus souvent, une plante subissant un stress hydrique a tendance à produire plus
de métabolites secondaires. Certaines espèces voient cependant leur capacité de production de
ces métabolites secondaires diminuer.
Il est plus délicat de juger de l’influence de la température sur la production d’essence par la
plante tant les réactions sont variables et spécifiques à chaque espèce [55].
On sait que la plupart des espèces ne sont présentes que sur une plage d’altitude bien définie.
Des études ont été menées pour déterminer l’influence que l’altitude à laquelle se développe
la plante peut avoir sur son profil biochimique. Ainsi, il a été déterminé pour la lavande
(Lavandula angustifolia Mill.) qu’un plant poussant à haute altitude produisait jusqu’à 10%
d’esters (acétate de linalyle) de plus qu’un plant se développant à une altitude moyenne. La
différence est la même pour un plant soumis à la sècheresse [6].
80
Une étude sur une armoise poussant sur l‘Himalaya, Artemisia roxburghiana Besser var.
purpurascens (Jacq.) Hook, montre également de grands changements concernant l’huile
essentielle en fonction de l’altitude de récolte. Le rendement, proche de 0,8% à 850m
d’altitude n’est plus que 0,2% à 2205m. Le profil chromatographique de l’huile essentielle est
également totalement différent selon l’altitude. Elle est riche en β-caryophyllène (18,4%),
eugénol (16,2%), acétate de linalyle (9,6%) et linalol (8,4%) à 850m alors que les principaux
constituants de l’huile à haute altitude sont le bornéol (21,2%), l’acétate de linalyle (7,4%),
l’α-humulène (6,7%), l’eugénol (5,6%) et le 1,8-cinéole (5,2%). La récolte effectuée à une
altitude intermédiaire a donné des résultats à nouveau différents [73].
L’effet des agressions extérieures sur le développement des plantes et leur production
d’essence a été identifié depuis longtemps. En effet, Eugène Charabat a décrit en 1908 dans
Le parfum chez la plante les conséquences du parasitisme par un acarien dans les champs de
menthe poivrée (Mentha x piperita L.) des environs de Grasse (Alpes-Maritimes). Il y détaille
les transformations morphologiques des plants touchés mais également les conséquences sur
l’essence. Celle-ci y est plus abondante mais décrite comme de moindre qualité. Chez les
plantes touchées (dites « basiliquées » en raison de leur morphologie, illustrée sur la figure
27), l’essence est enrichie en éther mais les cétones (menthone) n’y sont plus qu’à l’état de
traces, lorsqu’elles sont détectables [74].
81
Figure 27 : Planche représentant les transformations morphologiques liées au
parasitisme chez la menthe poivrée (Mentha x piperita L.) [74].
Zabaras et al. se sont intéressés aux modifications de la production d’essence dans les 48h
suivant la blessure des feuilles chez l’arbre à thé (Melaleuca alternifolia Cheel.). La
concentration essence diminue dans toutes les feuilles après l’agression mais les feuilles les
plus matures récupèrent leur rendement après seulement 24h. La composition chimique de
l’essence est également affectée dans toutes les feuilles et ce, indépendamment de la
composition initiale de l’essence. Certains terpènes voient en effet leur concentration
augmenter. Le rôle écologique de telles variations est probable mais reste à déterminer. Sur le
plan commercial, c’est principalement la baisse du rendement qui pose problème, les
changements dans la composition restant peu importants [75].
82
4.3.6. Traitements post-récolte et conservation
Séchage
La première différence peut s’observer selon que la matière végétale est fraîche ou séchée lors
de l’extraction. En effet, pour plusieurs raisons comme la proximité des installations, ou
l’étalement de la production dans le temps, il est possible de sécher la plante pour une
meilleure conservation. Chez les Lamiaceae, un stockage de la plante pendant seulement 24h
suffit pour observer des changements sensibles de composition de l’huile essentielle (certains
pouvant être souhaitables). Plusieurs études sur des espèces du genre Ocimum ont montré que
le rendement en huile essentielle augmente jusqu’à trois jours de séchage et qu’il est ensuite
constant. La composition chimique de l’huile est également touchée, le γ-terpinène et le
thymol diminuent alors que le p-cymène augmente lors du séchage. La composition chimique
dans la feuille évolue jusqu’à 15 jours après le début du séchage [69] [76] [77].
Ces modifications au moment du séchage ou d’autres traitements post-récolte dépendent en
grande partie des structures de production et de stockage de l’essence dans la plante. En effet,
les structures profondes protègent mieux l’intégrité de l’essence. Par exemple, l’armoise
annuelle (Artemisia annua L.) voit son rendement divisé par trois si le séchage se fait à 65°C
et non à température ambiante. Le ratio monoterpènes/sesquiterpènes est également affecté
[20]. La même tendance est observée chez les Lamiaceae. Que ce soit pour le thym (Thymus
vulgaris L.) ou la sauge (Salvia officinalis L.), le séchage à 60°C affecte significativement le
rendement contrairement à la lyophilisation ou le séchage à 30°C. Les températures élevées
affectent plus le thym, dont les structures de stockage sont très endommagées à ces niveaux.
La composition chimique de l’huile essentielle est ici impactée quelle que soit la méthode de
séchage [78]. Le choix du procédé et de la température doit donc se faire en adéquation avec
l’espèce concernée, et notamment son histologie. Dans le cas du thym, un séchage naturel,
c’est-à-dire à température ambiante, et donc relativement long, entraine une perte de thymol
dans l’huile essentielle. Lorsque le séchage est fait par lyophilisation, et donc très rapide, le
thymol garde une teneur élevée, voire augmentée. C’est le séchage à 40°C qui semble le
83
meilleur compromis puisque c’est dans ces conditions que la composition de la plante fraîche
est la mieux préservée. Cette tendance est générale pour les monoterpènes chez d’autres
Lamiaceae, comme le carvacrol du thym et de la sarriette (Satureja montana L.) [79].
Extraction
L’extraction est une autre étape importante du traitement de la matière végétale pouvant
entraîner des modifications significatives de l’huile essentielle. La sensibilité des constituants
des essences à la chaleur explique le fait que la composition du produit obtenu à travers les
différents processus d’extraction soit le plus souvent différente de celle du mélange
initialement présent dans la plante. L’hydrodistillation expose ce mélange à des conditions
relativement agressives en termes de température, acidité et chaleur, entrainant des réactions
d’isomérisation, de racémisation, d’oxydation, de réarrangement, d’hydrolyse (notamment les
esters), etc… Au-delà des problèmes de modification des composés chimiques présents dans
l’huile essentielle, l’utilisation de l’eau se heurte aux limites de ses qualités de solvant. En
effet, certains composés ont une solubilité dans l’eau non négligeable et y seront retenus, ce
qui fait chuter leur part dans la composition du produit final. A l’inverse, d’autres composés,
particulièrement lourds, sont difficilement entrainables par la vapeur d’eau. On observe
d’ailleurs pour certaines huiles essentielles, comme celle de l’arbre à thé (Melaleuca
alternifolia Cheel), des variations de la composition chimique dans le produit final à mesure
que l’on fait durer l’extraction. Ainsi, après 30 minutes de distillation dans une
expérimentation menée par Bophy et al., l’huile essentielle obtenue contient 55,9% de
terpinèn-4-ol contre 25,1% après une heure. Un temps relativement court de distillation
favorise le terpinèn-4-ol au détriment des autres terpènes, ce qui permet potentiellement
d’augmenter l’activité de l’huile essentielle tout en diminuant la présence d’éventuels
allergènes [80]. Le choix de la cinétique de distillation est donc différent selon les composés
présents dans l’essence et selon ceux que l’on souhaite obtenir. Les composés les plus légers
seront les premiers retrouvés dans l’extrait, les plus lourds feront leur apparition en dernier.
Périno-Issartier et al. ont étudié l’influence de huit méthodes d’extraction sur l’huile
essentielle de lavandin (Lavandula x intermedia Emeric. ex Loisel) : l’hydrodistillation, la
distillation à la vapeur d’eau, la turbohydrodistillation, la distillation assistée par les ultra-
sons, l’hydrodistillation générée par micro-ondes, l’hydrodiffusion micro-ondes, la
vapodiffusion micro-ondes et l’hydrodistillation micro-ondes et gravité. Les critères retenus
84
pour comparer ces méthodes sont le rendement, le temps (et donc l’énergie) nécessaire à
l’extraction, la composition de l’huile essentielle et l’analyse sensorielle de l’huile. Ils ont
d’abord conclu que les extraits obtenus par des méthodes de distillation innovantes étaient
sensiblement équivalents à ceux obtenus par les méthodes « traditionnelles ». Le résultat le
plus satisfaisant a cependant été obtenu par hydrodiffusion micro-ondes et gravité car elle ne
demande que 30 minutes d’extraction sans perte de rendement ni de la qualité sensorielle.
L’hydrodistillation et la distillation à la vapeur d’eau ont donné des produits de composition
équivalente mais une partie de l’acétate de linalyle semble dégradé en linalol dans
l’hydrodistillation, certainement en raison du contact plus important entre la plante et l’eau.
La tendance est encore plus importante si l’on observe le résultat de la turbohydrodistillation,
ce qui en fait une mauvaise méthode pour le lavandin. La distillation par la vapeur assistée par
les ultra-sons donne un résultat proche de celui de l’hydrodistillation. Globalement,
l’association aux micro-ondes, quelle que soit la méthode employée semble limiter les
dégradations. Concernant la qualité sensorielle des extraits, peu de différences entre les huit
méthodes ont été décelées pour les notes florales, herbacées et camphrées. La seule différence
concerne la turbohydrodistillation, pour laquelle les notes de musc semblent plus marquées
que pour les autres méthodes [34]. Une telle étude montre que les méthodes développées ces
dernières années n’apportent pas de gain en termes de qualité ou de quantité, mais plutôt sur
les dépenses énergétiques.
Tous les paramètres de l’extraction sont susceptibles de jouer sur le résultat final. La
distillation de faibles quantités au laboratoire ou dans une installation pilote donne une huile
essentielle souvent différente de celle obtenue à l’échelle d’une production industrielle. Il faut
par conséquent se montrer prudent lorsqu’on établit, à partir de données expérimentales, des
projections pour la production industrielle ou une référence concernant le profil
chromatographique d’une huile essentielle. De même, il est difficile d’exclure des différences
entre les installations rudimentaires utilisées par de petits producteurs de régions reculées du
monde et des installations ultra-modernes utilisées pour les expérimentations. Ce qui peut
poser problème si on considère que la plupart de la production mondiale d’huiles essentielles
se fait à l’étranger par des producteurs qui n’ont pas accès à du matériel sophistiqué.
85
Stockage
La stabilité d’une huile essentielle lors de son stockage est un facteur important pour la
sécurité de son utilisation et pour sa valeur commerciale. Pourtant, il existe peu d’études sur la
stabilité des huiles essentielles pendant la phase de stockage. Elles portent principalement sur
l’oxydation, le plus souvent forcée et non sur des conditions « naturelles » de conservation, ce
qui demanderait beaucoup de temps. Pourtant, d’autres facteurs sont importants à considérer :
l’exposition à la chaleur, la lumière, l’oxygène et l’humidité, les matériaux dont sont faits les
contenants ainsi que le temps où ils y sont entreposés.
Il est donc difficile de déterminer une durée de conservation d’une huile essentielle et il serait
impossible de généraliser à l’ensemble des huiles essentielles, d’autant que peu d’espèces
différentes ont été étudiées sur ce point. Toutes ne vieillissent pas au même rythme.
86
d’uniformiser le vocabulaire, la nomenclature, les méthodes analytiques ou encore les
spécificités des huiles essentielles, et ce pour en apprécier la qualité. Aujourd’hui, les normes
sont de plus en plus précises et portent sur de nouveaux critères : des critères sensoriels
(aspect, odeur, couleur) et physico-chimiques (densité, indice de réfraction, pouvoir rotatoire,
miscibilité à l’alcool, indice d’acide, etc…) ainsi que la composition chimique de l’huile
essentielle. Ces nouvelles normes imposent également une bonne maitrise des étapes de
production et notamment la standardisation du matériel et des procédés employés.
Aujourd’hui, il existe plus de 140 normes AFNOR relatives aux huiles essentielles mais la
tendance est à l’internationalisation des normes : plus de 90 normes ISO ont été éditées et une
dizaine est en cours. Ces textes sont réévalués tous les trois à cinq ans. Ces normes se sont
imposées comme des références et permettent, entre-autre, de trouver des solutions aux
problèmes techniques de communication entre fournisseurs et clients. Les normes AFNOR
sont également la référence de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation
et de la Répression des Fraudes (DGCCRF).
La réponse à des normes étant un gage de qualité pour le client, certains laboratoires apposent
des labels de qualité sur leurs huiles essentielles, mais ceux-ci sont parfois officieux et auto-
définis. Ils témoignent cependant de la volonté des laboratoires de s’imposer un niveau de
qualité garanti pour le consommateur. Ces labels ont également l’avantage pour le laboratoire
d’être plus lisibles et plus parlant pour le consommateur « lambda » que la réponse à une
norme ISO et deviennent ainsi un élément supplémentaire servant au marketing et à la
communication. Citons en exemple les labels HECT (Huile Essentielle Chémotypée) et
HEBBD (Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie).
Synthèse :
La composition de chaque huile essentielle est d’abord le fruit de l’expression du patrimoine
génétique de l’espèce. Mais elle dépend autant de facteurs extérieurs auxquels la plante est
soumise tout au long de son développement. Parmi ces facteurs, certains sont liés à
l’environnement : climat, terroir, humidité, altitude, température. D’autres sont liées à
l’intervention de l’homme : période de récolte, partie de plante utilisée, séchage, pratiques
d’extraction… L’ensemble de ces facteurs rendent la standardisation des huiles essentielles
difficile, voire impossible.
87
4.4. Propriétés des différents composés
Chaque molécule est unique et a un profil d’activité unique. Il existe cependant, au sein d’une
même classe chimique, des propriétés générales portées par toutes les molécules qui la
représentent. Face à la grande diversité des composés chimiques décrits précédemment et de
la grande diversité de leurs propriétés, il est impossible de faire un exposé détaillé pour
chaque molécule susceptible de contribuer à l’activité d’une huile essentielle. Ce chapitre se
contentera donc de décrire des propriétés communes à l’intérieur des principales familles
chimiques.
Le spectre d’activité d’une molécule n’est pas uniquement lié à la lignée chimique à laquelle
elle appartient mais également aux groupements fonctionnels qu’elle porte (relations
structure-activité).
Rappelons également que si la connaissance des principales molécules d’une huile essentielle
est un facteur prédictif de son activité, celle-ci ne peut se résumer à la superposition de leurs
propriétés. Tous les composants de l’huile essentielle sont susceptibles de moduler l’activité
des autres, y compris les plus minoritaires.
4.4.1. Terpènes
Les terpènes sont les molécules les plus présentes dans les huiles essentielles. Leur tendance à
la polymérisation et aux changements de configuration spatiale explique la grande attention à
apporter aux conditions de conservation des huiles essentielles afin d’en préserver les
propriétés [6].
Les monoterpènes sont des toniques généraux. Ce sont également d’excellents antiseptiques,
particulièrement lorsqu’ils sont employés en diffusion atmosphérique. Cet effet s’observe
notamment naturellement dans les forêts de conifères (pins et sapins particulièrement) qui
produisent en grande quantité des résines riches en terpènes. Certains carbures
88
monoterpéniques stimulent l’axe hypophyso-corticosurrénalien et ont un effet « cortisone-
like », ils présentent un intérêt par exemple dans les états inflammatoires prolongés. Cet effet
de relance hypophyso-corticosurrénalienne a été montré avec les huiles essentielles de pin
sylvestre (Pinus sylvestris L.) et d’épinette noire (Picea mariana Mill.), riches en
monoterpènes (α- et β-pinène, δ-3-carène, myrcène…) [3].
Ces composés sont également d’importants immunostimulants. En effet, il a été mis en
évidence que l’huile essentielle d’épicea (Pinus abies L.) stimule la production de γ-
globulines.
Les monoterpènes sont également de bons expectorants et décongestionnants respiratoires.
Certains ont une action stimulante sur les sécrétions digestives (gastriques et intestinales),
c’est le cas par exemple du limonène, présents dans bon nombres d’huiles essentielles issues
de plantes traditionnellement utilisées comme condiments.
Certains carbures monoterpéniques sont présents dans un grand nombre d’huiles essentielles
et ont des propriétés bien connues : par exemple l’α-pinène et le β-pinène sont
lymphotoniques et décongestionnants. Le p-cymène a également montré un effet antalgique
intéressant par voie percutanée, utile dans les douleurs localisées [3]. Le limonène, terpène le
plus répandu, stimule la microcirculation digestive.
La dermocausticité relativement prononcée des carbures monoterpéniques impose d’être
prudent lors de l’utilisation d’huiles essentielles en renfermant en quantité significative. En
effet, leur application sur la peau, et bien évidemment sur les muqueuses, entraine rougeur,
sensation de brûlure et prurit. L’emploi de ces huiles essentielle nécessite donc de les diluer
dans une huile végétale et ne doit pas s’inscrire dans la durée.
L’huile essentielle de térébenthine (Pinus pinaster L.) et celle de rameaux de genévrier
(Juniperus communis L.), riches en monoterpènes sont néphrotoxiques.
Ces composés présentent un risque certain d’allergie et de sensibilisation après plusieurs
années pour les professionnels les manipulant fréquemment [6].
89
Le chamazulène est également un puissant antihistaminique mis à profit pour traiter les
allergies. Les huiles essentielles en contenant sont utilisées pour des problèmes cutanés (acné
rosacée…) mais également comme antihistaminiques chez certains asthmatiques [3].
Ils confèrent aux huiles essentielles en renfermant des propriétés irritantes, bien que moins
importantes que celles de leurs analogues monoterpéniques. Leur utilisation ne sera
généralement envisagée que diluées.
Ce sont des molécules assez rares dans les plantes et inconstantes dans les huiles essentielles
en raison de leurs poids moléculaires importants qui complique leur extraction. Ce sont des
composés aux propriétés variables (anti-inflammatoires, antioxydants, expectorants…).
Les molécules à fonction alcool sont les abondantes après les terpènes.
Ce sont de très puissants anti-infectieux par neutralisation directe des agents pathogènes mais
également parce qu’ils corrigent les terrains favorables à leur développement et qu’ils
stimulent l’immunité [3].
4.4.2.1. Phénols
Les phénols sont des anti-infectieux très puissants. Antibactériens à large spectre (une large
majorité des bactéries pathogènes y sont sensibles), ils sont également virucides, fongicides
antiparasitaires. Leur action sur les germes se fait par désorganisation des lipides de leur
membrane mais également par dénaturation des protéines. Leur action antibactérienne est
complétée par leur capacité à stimuler l’immunité. Ils sont également hyperthermisants et
hypertensifs, positivants et toniques voire excitants à forte dose. Les phénols ont également la
capacité de stimuler le système nerveux central [3].
90
Les phénols sont hépatotoxiques à haute dose ou lors de traitements prolongés par voie orale.
Il convient donc d’accompagner leur prise de celle d’une huile essentielle hépatoprotectrice,
particulièrement pour les traitements de plus de quelques jours.
La dermocausticité des dérivés phénoliques impose de diluer dans une huile végétale les
huiles essentielles qui en sont riches. La réaction inflammatoire cutanée est plus importante et
plus rapide avec les phénols qu’avec les terpènes. Leur capacité à irriter les muqueuses rend
impossible leur diffusion atmosphérique.
Le carvacrol (de nature monoterpénique) est le plus toxique des phénols. On le retrouve en
grande quantité dans certaines huiles exploitées pour leur puissante activité antibactérienne :
Origan (Origanum vulgare L.) et sarriette (Satureja montana L.) par exemple. Il est
également présent en quantité variable dans l’huile essentielle de thym (Thymus sp.), où l’on
retrouve un autre phénol dérivé du p-cymène : le thymol.
L’eugénol, phénol phénylpropanique, se retrouve en grande quantité dans le clou de girofle
(Syzygium aromaticum L.) ou encore les feuilles du cannelier de Ceylan (Cinnamomum verum
J.Presl). Puissant anti-infectieux, il se rapproche également des méthyl-éthers,
antispasmodiques. C’est également un antiagrégant plaquettaire [6].
4.4.2.2. Monoterpénols
Les alcools monoterpéniques sont également de très bons agents anti-infectieux, bien que
moins puissants que les phénols. Leur mécanisme d’action est le même.
Ils sont par ailleurs immunomodulants (diminution des immunoglobulines hautes et
augmentation des immunoglobulines basses). Ce sont de bons neurotoniques et stimulants
généraux. Les monoterpénols sont hyperthermisants et hypertensifs, dans une moindre mesure
que les phénols [6].
Globalement moins puissants que les phénols, ils sont également moins toxiques pour la peau,
les muqueuses et le foie. Cela permet de les adresser à un public plus large (enfants) et de les
utiliser sur des périodes plus longues.
91
Le géraniol est le plus puissant monoterpénol en ce qui concerne l’activité antimicrobienne. Il
est très présent dans l’huile essentielle de palmarosa (Cymbopogon martinii Stapf. var. motia)
et de citronnelle (Cymbopogon winterianus Jowitt).
Le linalol, astringent et tonique cutané, est également sédatif. C’est un monoterpénol très
répandu : lavande vraie (Lavandula angustifolia Mill.), thym (Thymus vulgaris L. ct linalol).
Il représente parfois plus de 90% de l’huile essentielle de bois de rose (Aniba rosaedora
Ducke).
Le citronellol est connu pour être insectifuge, il éloigne notamment les moustiques.
Le menthol est un hépatostimulant et un vasoconstricteur [6].
4.4.2.3. Sesquiterpénols
Les sesquiterpénols n’ont pour la grande majorité pas les propriétés anti-infectieuse des
groupes précédents. Ils peuvent êtres toniques à différents niveaux (phlébotoniques,
veinotoniques, cardiotoniques), certains ont une activité « hormone-like » [3]. Ils sont
décongestionnants veineux et lymphatiques. D’autres ont une action protectrice pour les
cellules.
Les alcools sesquiterpéniques présentent une faible toxicité, particulièrement parce qu’ils ne
sont présents qu’en faible quantité dans les huiles essentielles. Il faudra cependant être attentif
à l’activité « hormone-like » de certains d’entre eux pour les patients présentant des
pathologies hormono-dépendantes.
L’α-bisabolol, présent dans l’huile essentielle de matricaire (Matricaria recutita L.) est un
actif apprécié de l’industrie cosmétique pour ses propriétés anti-inflammatoires.
Le cédrol est un bon phlébotonique, comme le viridiflorol. Ce dernier possède également une
activité « œstrogène-like » [3].
92
4.4.2.4. Diterpénols
4.4.3. Aldéhydes
Les molécules à fonction aldéhyde ont des effets très différents selon leur nature : terpénique
ou aromatique.
Les aldéhydes terpéniques ont des propriétés considérées comme intermédiaires entre les
alcools et les cétones [6]. Ce sont de puissants anti-inflammatoires, d’action locale directe ou
plus générale grâce à la régulation du système neuroendocrinologique.
Ces molécules sont également sédatives et calmantes du système nerveux central. Cette action
se ferait au niveau des neuromédiateurs. Les senteurs citronnées (souvent liées aux aldéhydes)
ont une tendance naturelle à diminuer les tensions [3]. L’activité calmante centrale se traduit à
plusieurs autres niveaux de l’organisme. Elle induit par exemple un effet antihypertenseur.
Les aldéhydes terpéniques possèdent la capacité de stimuler l’activité des glandes exocrines
ainsi que celle des hépatocytes par activation de divers processus enzymatiques.
L’activité anti-infectieuse des aldéhydes terpéniques est réelle mais moindre que celle des
phénols et alcools. Leur capacité de lutte contre les bactéries reste cependant intéressante dans
les diffusions atmosphériques mais également en phase liquide par contact, sur les bactéries
courantes mais aussi sur les formes sporulées. L’activité antivirale est elle-aussi très bonne.
La conjugaison des effets anti-inflammatoire, anti-stress et antiviraux font des huiles
essentielles à aldéhydes terpéniques des traitements de choix dans les infections herpétiques
[3].
93
Les aldéhydes terpéniques ne sont que modérément toxiques. Ils sont parfois susceptibles
d’être irritants pour la peau et les muqueuses, provoquant un érythème localisé. Ils sont de ce
fait également lacrymogènes et tussigènes [3]. Les huiles essentielles en contenant seront
donc utilisées diluées (à 50%) dans une huile végétale.
Les aldéhydes aromatiques ont des propriétés qui se rapprochent de celles des phénols : ce
sont des anti-infectieux considérables et sont des toniques du système nerveux sympathique.
L’aldéhyde cinnamique ou cinnamaldéhyde (Cannelier de Chine, Cinnamomum aromaticum
Ness – Cannelier de Ceylan, Cinnamomum verum J.Presl) est le plus connu. Son activité anti-
infectieuse est large puisqu’elle s’exerce efficacement sur les bactéries, les champignons, les
virus ou les parasites et ce quelle que soit leur localisation. Son activité stimulante ne se limite
pas au système nerveux sympathique. Il stimule également les muscles lisses (contractions
utérines, péristaltisme), les sécrétions digestives et la circulation périphérique. Un effet
thermogène lui est également connu [3] [82].
La toxicité des aldéhydes aromatiques par voie interne est faible aux doses thérapeutiques. Ils
ont cependant une dermocausticité prononcée. Les huiles essentielles devront être diluées
dans une huile végétale avant d’être appliquées, dans une proportion n’excédant pas 10%. Ces
molécules ne doivent pas être utilisées pour des diffusions atmosphériques.
94
4.4.4. Acides
On retrouve parmi les molécules à fonction acide les plus puissants anti-inflammatoires
connus dans les huiles essentielles.
Les acides forment un groupe rassemblant des structures moléculaires très variables : acides
aliphatiques insaturés ou mono-insaturés (parmi lesquels on retrouve des acides gras), acides
terpéniques insaturés ou encore acides aromatiques. Ces molécules sont fréquentes dans les
huiles essentielles mais très souvent présentes en faible quantité, voire à l‘état de traces, ce qui
n’empêche pas certaines d’entre-elles de contribuer fortement à l’activité des huiles
essentielles. Un certain nombre d’acides sont très hydrosolubles, ce qui explique leur faible
représentation dans les huiles essentielles, la majorité se retrouve dans les hydrolats
aromatiques.
L’acide salicylique est certainement l’acide aromatique le plus connu. Il est par exemple
présent dans l’huile essentielle de gaulthérie (Gaultheria procumbens L.) dont il peut
représenter 99% de la composition, sous forme de salicylate de méthyle. Cette forme
méthylée a l’avantage d’agir comme une forme « retard », dont l’acide salicylique est libéré
par voie métabolique. Anti-inflammatoire, il est aussi antalgique et antiagrégant plaquettaire.
Il agit par inhibition de la synthèse de certaines prostaglandines [3].
4.4.5. Esters
Les esters sont avant tout des molécules spasmolytiques musculotropes et neurotropes. Ils
peuvent agir à trois niveaux différents : commande centrale, médiateurs et récepteurs
musculaires. Ils présentent aussi une activité anti-inflammatoire.
La nature de l’acide et de l’alcool qui forment un ester ont une influence sur son activité
antispasmodique. Le nombre de carbones de l’acide originel conditionne l’intensité de cette
activité, elle croit depuis l’acide formique (un atome de carbone) jusqu’à l’acide benzylique
(heptacarboné) et décroit au-delà de sept atomes de carbone. Le tropisme de l’ester est lié à la
nature de l’alcool. Les alcools sesquiterpéniques orientent l’activité de l’ester vers la sphère
génitale et la zone métabolique basse. Les alcools monoterpéniques sont liés à la sphère
95
cardiaque et la zone métabolique haute. Les alcools non-terpéniques donnent une affinité pour
la zone céphalique [3].
Les esters ne présentent de toxicité qu’à haute dose, les formiates sont tachycardisants et les
acétates sont épileptogènes. Les huiles riches en esters utilisées sur de longues périodes
tendent à dessécher les téguments, on les utilise donc dans une huile végétale. Des réactions
d’hypersensibilité peuvent apparaître chez les personnes régulièrement exposées (distillateurs,
masseurs, personnes les utilisant très fréquemment) [3] [6]. Il faut cependant se questionner
sur la libération de l’acide constitutif au cours de leur métabolisation, sa toxicité pouvant
s’avérer bien plus élevée que celle de l’ester. C’est par exemple le cas du salicylate de
méthyle utilisé par voie orale, libérant de l’acide salicylique [5].
Acide en C1
L’acide formique est le seul représentant de ce groupe. Le plus souvent, il est lié au
géraniol sous forme de formiate de géranyle ou au citronellol (formiate de citronnelyle). On
retrouve ces deux composés dans l’huile essentielle de géranium rosat (Pelargonium
graveolens L’Hér.), intéressante dans les spasmes solaires et pour dissiper les contractures
musculaires.
Acide en C2
Il n’existe pour ce groupe qu’un seul représentant également, l’acide acétique. On peut
cependant le retrouver lier à un nombre important d’alcools. Tous les acétates présentent un
tropisme vésiculaire marqué.
L’acétate de linalyle est le plus courant. Il est reconnu pour ses vertus apaisantes. Il est très
présent dans l’huile essentielle de lavande officinale (Lavandula angustifolia Mill.) ou celles
des lavandins, connues pour être apaisantes. On le retrouve également en quantité
significative dans l’huile essentielle de petit grain bigaradier (Citrus aurantium L. ssp
aurantium) aux propriétés plus variées : elle est calmante, combat les palpitations cardiaques
et agit contre les colites spasmodiques. Il est présent dans l’huile essentielle d’Ylang-ylang
(Cananga odorata (Lam.) Hook.f. & Thomson) [3].
L’acétate de bornyle est très présent dans l’huile essentielle de sapin de Sibérie (Abies sibirica
Ledeb.) ainsi que dans celle de romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis L. ct verbénone)
96
et l’épinette noire (Picea mariana Mill.). Cet ester est un antispasmodique doux, utile dans les
toux sèches par exemple [6].
Les acétates de terpinyle et de terpinélyle ont une activité antispasmodique à tropisme
principalement digestif.
Citons par ailleurs l’acétate de myrtényle, antispasmodique à tropisme thoracique et
abdominal, et sympatholytique. L’acétate de menthyle se retrouve principalement dans les
tiges de la menthe poivrée (Mentha x piperita L.), c’est un antispasmodique digestif puissant.
L’acétate de benzyle, fortement antispasmodique est présent dans l’huile essentielle d’ylang-
ylang (Cananga odorata (Lam.) Hook.f. & Thomson). L’acétate d’eugényle se retrouve dans
le clou de girofle (Syzygium aromaticum L.).
Acides en C3 et C4
Ce sont les butyrates, propionates et isobutyrates et méthacrylates. Ces esters sont également
de bons antispasmodiques.
Acides en C5
Trois acides en C5 sont représentés : acide angélique, acide tiglique et acide isovalérique. Ils
forment eux aussi des acétates antispasmodiques [3].
Acides en C7
L’activité antispasmodique des benzoates, salicylates et anthranylates est la plus forte parmi
les esters.
Le benzoate de benzyle fait partie des esters antispasmodiques de l’ylang-ylang (Cananga
odorata (Lam.) Hook.f. & Thomson). Il apporte également à son huile essentielle un effet
antalgique particulièrement intéressant, notamment dans la prise en charge des douleurs liées
aux métastases osseuses où l’effet sédatif de l’huile sera également mis à profit [3]. L’huile
essentielle d’ylang-ylang devient alors un bon complément des médicaments morphiniques.
Le salicylate de méthyle, déjà évoqué pour décrire l’acide salicylique, est un antalgique
puissant mais agit également sur le spasme coronarien.
97
Acides en C9 et C10
L’activité antispasmodique est à nouveau présente chez ces molécules mais moindre que chez
les esters en C7.
Les esters possèdent des propriétés anti-inflammatoires proches de celles des aldéhydes, sans
en présenter les propriétés irritantes. Parmi les huiles essentielles à esters les plus utilisées
dans ce domaine, on retrouve la lavande fine (Lavandula angustifolia Mill.), le géranium rosat
(Pelargonium graveolens L’Hér.), l’immortelle (Helichrysum italicum (Roth) G.Don), la
camomille romaine (Chamaemelum nobile (L.) All.), le romarin à verbénone (Rosmarinus
officinalis L. ct verbénone) et la gaulthérie (Gaultheria procumbens L.).
Les esters ne présentent que peu d’effet anti-infectieux, à l’exception des cinnamates (C9),
efficaces dans les infections respiratoires et urinaires chroniques [6].
4.4.6. Éthers
Les phénols méthyl-éthers sont pour la plupart issus de la voie des phénylpropanoïdes. Ils ont
sensiblement les mêmes propriétés que les esters, en plus marquées. Ce sont des
antispasmodiques majeurs (action musculotrope et neurotrope), des rééquilibrants nerveux,
antalgiques, antalgiques, antiallergiques et anti-inflammatoires pour certains (estragole et -c).
Leur activité antibactérienne suit la loi du « tout ou rien ». Ils ont également des propriétés
antivirales.
98
La toxicité de ces molécules, notamment au niveau cutané, est diminuée par rapport aux
phénols par la méthylation de la fonction phénolique. Les phénols méthyl-éthers sont
globalement bien tolérés. Les toxicités nerveuses (obnubilation, stupéfaction, atonie, baisse de
la température centrale, voire coma) et respiratoires attribuées à l’anéthole correspondent à
une intoxication aiguë liée à un usage abusif des huiles essentielles concernées et ne se
rencontrent pas dans le cadre d’un usage normal. Sa toxicité chronique se traduit par une perte
pondérale, notamment en période de croissance. Rappelons que le trans-anéthole contenu
parfois en grande quantité dans les huiles essentielles est beaucoup moins neurotoxique que le
cis-anéthole qui apparait au cours du stockage des huiles essentielles. Il est donc recommandé
d’apporter un soin particulier à leurs conditions de stockage.
Certaines molécules, comme la β-asarone, sont considérées comme stupéfiantes [3]. Elle est
également abortive.
4.4.6.2. Éthers-oxydes
Les éthers-oxydes partagent les propriétés des phénols méthyl-éthers dont ils sont
biochimiquement issus. Ce sont des antalgiques et antispasmodiques par voie externe. Par
voie orale et aux doses usuelles, ces molécules sont globalement tonifiantes, elles sont
stupéfiantes voire toxiques au-delà. De même que les phénols méthyl-éthers, leur activité
antibactérienne se fait selon la loi du « tout ou rien ». Ils présentent également une activité
antivirale et antiparasitaire.
La myristicine, présente dans la muscade (Myristica fragrans Houtt.), permet de prévenir les
contractures et les myalgies avant un effort. Prise à haute dose, elle peut entraîner des
hallucinations, des crises convulsives voire le décès en cas d’intoxication importante. Elle est
également abortive.
L’apiole, présent chez plusieurs Apiaceae, est un spasmolytique, emménagogue et
vasodilatateur. A forte dose il entraine cependant une phase de surexcitation suivie d’un état
proche de l’ivresse alcoolique. Comme la myristicine, il est abortif [3] [6].
99
4.4.7. Cétones
Les cétones ont un pouvoir d’action important sur l’organisme, celui-ci pouvant être positif ou
négatif. En effet, elles présentent une action intéressante pour la cicatrisation, au niveau
cutané et muqueux (brulures, escarres, plaies, ulcères…). Elles limitent également le
développement de tissu conjonctif anormal en phase de cicatrisation (cicatrices chéloïdes).
Les β-diones permettent également de résorber les hématomes. C’est notamment le cas de
l’italidione de l’immortelle (Helichrysum italicum (Roth) G.Don). Elles sont également
anticoagulantes.
Elles présentent également une activité mucolytique, mise à profit notamment dans les
encombrements respiratoires et les affections de la sphère génitale féminine. On utilisera par
exemple le romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis L. ct verbénone). Leur action
lipolytique est également utile dans cette indication, elle peut aussi se montrer efficace sur les
accumulations de graisse sous cutanée.
Leur activité sur les bactéries et les virus est limitée, elle est plus importantes sur les parasites,
principalement les helminthes.
La menthone (menthes) et la carvone (Mentha spicata L., Carum carvi L.) présentent une
bonne activité cholagogue et cholérétique. La pulégone de la menthe pouillot (Mentha
pulegium L.) est hépatotoxique !
L’effet des cétones sur le système nerveux central est dose-dépendant. A très faible dose, elles
sont stimulantes, sympathicotoniques et cardiotoniques mais à des doses légèrement plus
élevées, elles deviennent calmantes, sédatives et hypothermisantes. Au-delà de certaines
doses, elles deviennent abortives, épileptisantes, neurotoxiques et stupéfiantes. Elles peuvent
entraîner convulsions, coma et rapidement le décès.
C’est l’action lipolytique qui est à l’origine de la neurotoxicité des cétones, par destruction de
la gaine de myéline et donc désorganisation du fonctionnement électrique des neurones.
La toxicité des cétones se manifeste surtout lors de leur absorption par voie orale, mais
également par voie anale. Elles devront être évitées chez les enfants et les femmes enceintes,
mais également chez les personnes présentant un risque épileptique. Enfin, il convient de se
montrer prudent pour leur utilisation, même à dose modérée, si celle-ci se fait sur une période
prolongée.
Parmi les principaux composés cétoniques, citons également le camphre (ou bornéone),
antiseptique pulmonaire et mucolytique, il est aussi utilisé dans les contractures musculaires et
100
les tendinites pour son action antalgique et relaxante sur les fibres musculaires (lisses et
striées).
Les oxydes terpéniques sont des molécules courantes dans les huiles essentielles. Ce sont des
stimulants des glandes exocrines, comme par exemple le 1,8-cinéole sur les glandes à mucine
présent notamment chez l’eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus Labill.). Cette huile
essentielle utilisée en transcutanée pour ses propriétés expectorantes ne sera pas utilisée chez
l’asthmatique car le 1,8-cinéole la rend également asséchante et irritante pour les voies
respiratoires. On évitera également de l’utiliser en diffusions atmosphériques.
Leur activité antibactérienne, bien qu’existante et parfois importante, est trop irrégulière pour
la rendre intéressante. Certains oxydes sont de bons antiviraux et antiparasitaires. C’est le cas
de l’ascaridol, très actif contre les ascaris. Sa neurotoxicité et son hépatotoxicité limitent
cependant son usage.
4.4.9. Lactones
Ce sont principalement les lactones de nature sesquiterpénique qui ont une importance au plan
thérapeutique. Elles sont des mucolytiques et expectorants plus puissantes que les cétones.
Elles développent par ailleurs un pouvoir hépatostimulant et antispasmodique. Les lactones
ont également des propriétés anti-infectieuses [3].
Leur toxicité percutanée se manifeste par un pouvoir allergisant parfois prononcé (dermites
papuleuses). Per os, elles peuvent être neurotoxiques à partir d’une certaine dose.
Cette toxicité est à relativiser, leur concentration dépassant rarement les 3% dans les huiles
essentielles pouvant être utilisées.
101
4.4.10. Coumarines
Les coumarines, bien que présentes en faible quantité et dans un nombre réduit d’huiles
essentielles ont une puissance d’action remarquable. Elles possèdent un tropisme nerveux,
conférant aux huiles essentielles dans lesquelles elles sont présentes un effet inhibiteur et
sédatif prononcés. Présentes notamment dans l’huile essentielle de lavande sauvage
(Lavandula angustifolia Mill.) obtenue par une distillation prolongée (les coumarines sont des
molécules de haut poids moléculaire, entraînées généralement en fin de distillation), elles
induisent un sommeil profond et réparateur.
Les coumarines ont une activité hypotensive qui résulte de la sédation nerveuse centrale se
répercutant sur la vasomotricité artérielle [3].
Elles ont également des propriétés anticoagulantes importantes, sur différents acteurs de la
coagulation : réduction de la prothrombine et de sa capacité d’activation, diminution de
l’activité de la thrombokinase, diminution de l’activité du facteur IX de la coagulation et
antagonisme avec la vitamine K dans les microsomes hépatiques. Certaines coumarines ont
également une activité sur les capillaires pouvant être mise à profit dans certains troubles
circulatoires périphériques (couperose, hémorroïdes, hématomes, etc.). La dose et la voie
d’administration seront fonction du trouble [3] [6]. Les propriétés anticoagulantes des huiles
essentielles à coumarines doivent rendre prudent sur leur usage chez les personnes suivant un
traitement anticoagulant (AVK, aspirine).
Les furocoumarines et pyrocoumarines sont photosensibilitantes et photoxiques. Les huiles
essentielles et essences les renfermant ne doivent donc pas être utilisées sur la peau avant une
exposition au soleil. Sous l’effet des ultra-violets, elles accélèrent la mélanogénèse et
entrainent un risque carcinogène non négligeable en se liant à l’ADN [3]. On en retrouve
notamment dans les essences issues de l’épicarpe (zeste) d’agrumes (bergaptène par exemple)
[83]. Certaines sont aujourd’hui commercialisées après un traitement visant à les éliminer et
sont dites « sans furocoumarines ». L’enjeu de ce type de traitements est de maintenir les
propriétés et les qualités d’une huile essentielle tout en réduisant au maximum une toxicité qui
limite leur utilisation [33].
102
4.4.11. Phtalides
Les phtalides constituent une famille chimique apparentée aux coumarines, bien qu’ayant une
origine biochimique différente.
Ce sont de puissants stimulateurs de la détoxification hépatique et stimulation
hépatopancréatique. Les huiles essentielles en contenant sont utilisées pour traiter des
pathologies liées à une insuffisance hépatopancréatique exocrine. Elles seront par exemple
utilisées per os dans le traitement du psoriasis.
En agissant sur les dépôts de lipofuscine, les phtalides ont la capacité d’éclaircir les taches
pigmentaires cutanées [6].
Ils présentent une activité antiparasitaire intestinale importante, particulièrement intéressante
en l’absence de toxicité aux doses thérapeutiques [3].
Enfin, certains phtalides auraient des propriétés aphrodisiaques.
Les principales huiles essentielles à phtalides sont celles de céleri (Apium graveolens L.),
détoxifiant hépatique majeur, éclaircissant, aphrodisiaque, antibactérienne et celle de livèche
(Levisticum officinale W.D.J.Koch) qui en renferme plus de 70%, antitoxique hépatique
majeur.
Les composés azotés sont rarement présents dans les huiles essentielles. Lorsqu’ils le sont,
leur activité thérapeutique est le plus souvent indétectable. Ce sont cependant eux qui donnent
l’odeur caractéristique de certaines huiles essentielles.
Bien que rarement présents dans les huiles essentielles, les composés soufrés sont le plus
souvent à l’état de traces. Cependant, dans certains cas, ils sont majoritaires ou en quantité
remarquable. Par exemple, chez certaines Liliaceae comme l’oignon (Allium cepa L.) et l’ail
(Allium sativum L.) contiennent des di- et trisulfides antibactériens et antiparasitaires majeurs.
Ils sont cependant dermocaustiques [3].
103
Remarque :
Bien que la connaissance des propriétés de chaque composé chimique soit une grande avancée
pour la compréhension et l’utilisation des huiles essentielles, on ne peut se permettre
d’affirmer connaitre les propriétés d’une huile essentielle à partir de sa seule composition
chimique. En effet, la complexité de cette composition entraine un grand nombre
d’interactions possibles (effets additifs, synergiques ou antagonistes). Ce qui rend
difficilement superposable l’activité d’une huile essentielle à la somme des activités de ses
composants pris séparément [7]. Chaque molécule, même en proportion infime peut moduler
de manière conséquente l’amplitude de l’activité des composés majoritaires. Des composés
minoritaires peuvent notamment influer sur le caractère lipophile ou hydrophile de l’huile
essentielle et ainsi changer sa répartition tissulaire et cellulaire.
Il est donc plus intéressant d’étudier une huile essentielle entière plutôt que certain de ses
composants lorsque l’on envisage de l’utiliser à des fins thérapeutiques [84].
104
CHEMOTYPE ET AROMATHERAPIE
Depuis des milliers d’années, les plantes aromatiques, puis les huiles essentielles, ont été
utilisées par l’Homme pour se soigner. La connaissance de leurs propriétés s’est affinée au fil
des siècles de manière empirique. Aujourd’hui, le développement des techniques d’analyse
permet de connaitre la composition chimique détaillée de chaque extrait. Ce changement a
permis d’affiner notre connaissance de l’activité des huiles essentielles, ce qui a
considérablement fait évoluer la pratique de l’aromathérapie.
Ainsi, comme nous venons de l’expliquer dans la première partie, l’étude systématique de la
composition chimique des huiles essentielles a permis de mettre en lumière sa variabilité et de
définir la notion de chémotype. Il se pose maintenant tout naturellement la question des
conséquences pratiques de ces variations dans l’utilisation des huiles essentielles.
Ces conséquences ne seront pas les même selon le domaine d’utilisation. Ainsi, une huile
essentielle utilisée en parfumerie peut perdre une partie de son activité biologique pour peu
que ses propriétés organoleptiques, et particulièrement son odeur, restent inchangées. A
l’inverse, une huile essentielle réputée antibactérienne pourra voir son odeur ou sa couleur
modifiée par une variation de sa composition chimique sans que cela n’ait de conséquences si
son efficacité reste inchangée. Cette seconde partie porte donc sur les conséquences de la
notion de chémotype dans l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles, l’aromathérapie.
1. L’AROMATHERAPIE
1.1. Généralités
105
huiles essentielles ne peuvent contenir que la fraction lipophile de la plante, mais celle-ci se
retrouve à un niveau de concentration bien plus élevé que dans la plante totale.
D’autres utilisations des huiles essentielles ne doivent pas être confondues avec
l’aromathérapie. L’aromathérapie fait un usage des huiles essentielles comparable à celui des
médicaments allopathiques. L’aromatologie emploie les huiles essentielles à des fins de bien-
être et non thérapeutiques. L’aromachologie, s’intéresse à l’action des odeurs sur la
psychologie et le comportement [12]. Cependant, des études tendent à montrer que l’action
des odeurs ne concerne pas uniquement la sphère psychologique, elles pourraient également
avoir des effets physiologiques (notamment sur la peau). Les mécanismes d’actions restent
cependant à confirmer [85]. On différencie également l’approche anglo-saxonne de
l’aromathérapie, qui se contente généralement des voies externes (applications cutanées et
bains) et de la voie respiratoire, visant principalement une action comportementale et de bien-
être ; et l’approche française qui utilise toutes les voies d’administration avec de réelles
ambitions thérapeutiques [86].
En aromathérapie, une grande attention est portée à l’origine de l’huile essentielle. Afin de
garantir la meilleure qualité, la plante et son environnement doivent être clairement identifiés.
Sa récolte doit se faire dans de bonnes conditions et à la période propice. Seuls certains
procédés d’extraction sont reconnus pour une utilisation thérapeutique des huiles essentielles
(hydrodistillation, entrainement à la vapeur et expression). Ce point est particulièrement
important car susceptible de modifier la qualité de l’extrait obtenu. Les conditions de
conservation doivent également être contrôlées pour garantir la plus grande stabilité de l’huile
essentielle dans le temps.
Les principales voies d’administration des huiles essentielles sont la voie orale, la voie rectale,
la voie cutanée et la voie respiratoire. Elles sont parfois également utilisées par voie vaginale.
Le choix de la voie d’administration sera influencé par des critères qui seront soit propres au
patient et à sa pathologie : nature du trouble, localisation, âge du patient, etc ; soit par des
critères liés aux huiles essentielles utilisées : solubilité, saveur, dermocausticité…
106
Voie orale
Facile à mettre en œuvre, la voie orale est généralement bien acceptée par le patient. Per os,
les huiles essentielles devront être administrées à l’aide d’un support, soit solide (comprimé
neutre, morceau de sucre, gélule, capsule…), soit liquide (solution, sirop…). Certaines huiles
végétales ainsi que le miel peuvent également être utilisés.
La voie orale n’est cependant pas adaptée à toutes les huiles essentielles, certaines étant
toxiques.
La posologie est en général d’une à deux gouttes par prise. Le nombre de prises par jour est
déterminé en fonction de l’objectif du traitement (préventif ou curatif par exemple) mais
surtout en fonction de la toxicité de l’huile essentielle. Ainsi, les huiles essentielles à phénols
sont limitées à trois gouttes par jour, alors que les agrumes pourront sans problème être
utilisés à hauteur de six gouttes par jour.
La durée de traitement sera généralement d’une semaine à dix jours. Lorsque qu’il s’agit d’un
traitement chronique, il conviendra d’organiser des « fenêtres thérapeutiques » en prenant par
exemple le traitement trois semaines sur quatre ou cinq jours sur sept.
Le principal effet secondaire de cette voie réside dans la tolérance gastrique. On recommande
donc une prise alimentaire au moment de l’administration afin de limiter le pyrosis.
L’utilisation de gélules gastrorésistantes peut également constituer une solution.
Voie cutanée
Il s’agit d’une des voies les plus utilisées. Si certaines huiles essentielles peuvent s’appliquer
pures, il est conseillé de les diluer avant de les appliquer, par exemple dans une huile végétale.
Cette dilution est indispensable pour certaines huiles essentielles réputées dermocaustiques.
C’est notamment le cas des huiles riches en phénols et en aldéhydes aromatiques.
L’application d’huiles essentielles contenant des furocoumarines ne devra pas être suivie
d’une exposition au soleil (photosensibilisation) pendant au moins huit heures [6].
Les huiles essentielles peuvent être intégrées dans des gels, des pommades ou encore
solubilisées pour faire des bains aromatiques. Comme pour la voie orale, la posologie et les
concentrations d’utilisation seront fonction de la toxicité.
L’action désirée pourra être autant locale (peau), régionale (muscles, articulation, organe) que
systémique (système nerveux). En effet, les huiles essentielles sont composées de petites
molécules lipophiles qui diffusent très bien à travers la barrière cutanée et atteignent
107
rapidement la circulation générale (environ dix minutes). Il faut donc s’assurer qu’il n’existe
pas de risque de surdosage lorsque l’on administre simultanément des huiles essentielles par
voie orale et par voie cutanée. Bien que les accidents soient rares, le risque d’intoxication
générale par la voie cutanée n’est pas nul.
Les huiles essentielles sont également des promoteurs de l’absorption cutanée [11]. Cette
activité pourrait être exploitée en thérapeutique.
Voie pulmonaire
La voie pulmonaire permet, comme la voie cutanée, à la fois une action locale et systémique.
Il existe quatre modes d’administration par voie pulmonaire :
Les inhalations humides : L’huile essentielle est placée dans l’inhalateur avec
de l’eau à haute température. Le patient respire la vapeur chargée en huile
essentielle pendant environ dix minutes.
Les inhalations sèches : Quelques gouttes d’huile essentielle seront placées sur
un support, comme par exemple un mouchoir que l’on vient respirer.
Les aérosols : Ils permettent de respirer l’huile essentielle en suspension dans
l’air sous forme de microgouttelettes pour atteindre les voies respiratoires
profondes. Cette technique est réservée à la prescription médicale.
La diffusion atmosphérique : Elle permet d’améliorer la qualité de l’air en
mettant à profit les propriétés antimicrobiennes des huiles essentielles. La
diffusion d’odeurs agréables ainsi que le passage systémique des molécules
aromatiques permettent d’obtenir un effet relaxant, anti-stress. On favorisera
un appareil sans chauffage ou diffusant par un chauffage « doux » pour ne pas
dénaturer l’huile essentielle.
Toutes les huiles essentielles ne sont pas utilisables par voie pulmonaire car irritantes pour
l’arbre bronchique et éventuellement les yeux. C’est le cas des huiles essentielles à phénols et
à aldéhydes aromatiques. Elle est à éviter pour les personnes asthmatiques.
Si les huiles essentielles sont utilisées pour « assainir » l’air ambiant, leur diffusion dans une
pièce n’en est pas pour autant dépolluante. Certains considèrent le contraire, un certain
nombre de molécules organiques (composés organiques volatiles) étant allergisantes, voire
polluantes [87] [88].
108
Voie rectale
La voie rectale permet une bonne diffusion générale des principes actifs notamment jusqu’au
niveau pulmonaire. Elle permet une action locale ou systémique, évitant le filtre hépatique, ce
qui peut être intéressant pour les huiles essentielles hépatotoxiques. Elle permet
l’administration de doses plus importantes que par voie orale. C’est d’ailleurs une alternative
cette voie, par exemple pour les patients craignant le goût des huiles essentielles, ayant des
difficultés à avaler les gélules ou ayant une mauvaise tolérance gastrique. Les huiles
essentielles sont incorporées dans des suppositoires.
La voie rectale doit cependant être évitée en cas de maladie hémorroïdaire, de rectocolite
hémorragique ou encore de maladie de Crohn. Il convient d’être prudent si l’on emploie des
huiles essentielles riches en phénols irritants ou en cétone neurotoxiques.
Voie vaginale
La voie vaginale n’est utilisée que pour une action locale anti-infectieuse. Les huiles
essentielles sont incorporées dans des ovules gynécologiques.
Les huiles essentielles présentent une palette extrêmement large d’activités et d’applications
pour la médecine humaine. Ce paragraphe ne se veut ni exhaustif ni un exposé détaillé mais
vise à dresser une liste de leurs principales propriétés.
Propriétés anti-infectieuses
- Antibactérienne
- Antivirale
- Antifongique
- Antiparasitaire
- Antiseptique
109
Propriété antihistaminique
Propriété immunorégulatrice
Propriétés anticatarrhales
- Expectorante
- Mucolytique
Propriétés neurotropes
- Antispasmodique
- Anti-arythmique
- Antalgique, analgésique et anesthésique
- Calmante, hypnotique et anxiolytique
Propriétés endocrinorégulatrices
Propriétés vasculotropes
- Hyperémiante
- Phlébotonique et lymphotonique
- Anticoagulante et fibrinolytique
- Antihématome et hémostatique
- Hypotensive
Propriétés antitumorales
Propriétés digestives
- Eupeptique et carminative
- Cholagogue et cholérétique
- Hépatostimulantes et hépatoprotectrices
Propriétés cicatrisantes
Propriétés analeptiques
Propriétés thermorégulatrices
110
1.4. Toxicité des huiles essentielles
Les huiles essentielles gagnent du terrain. Le public est en demande de produits naturels pour
se soigner « autrement ». Bien qu’en vente libre, y compris en dehors du circuit officinal, les
huiles essentielles ne sont pas des produits anodins et présentent certains risques de toxicité.
Dans son exercice quotidien, le pharmacien doit s’assurer du bon usage des huiles essentielles
par ses patients et du respect des précautions d’emploi et éventuelles contre-indications.
Rappelons que les huiles essentielles sont susceptibles d’entrainer plusieurs types de toxicité :
Hépatotoxicité
Dermotoxicité (irritations, brûlures, hypersensibilité, phototoxicité) et irritation des
muqueuses exposées
Neurotoxicité (dépression ou excitation du système nerveux central, effet stupéfiant,
convulsions)
Néphrotoxicité
Effets tératogènes et abortives
Propriétés carcinogéniques
Hypersensibilité
Les intoxications aiguës graves restent relativement rares et sont souvent liées à l’ingestion
accidentelle d’huiles essentielles par de jeunes enfants.
La principale toxicité chronique observée en aromathérapie est liée à l’utilisation prolongée
d’huiles essentielles phénoliques, dangereuses pour les hépatocytes sur le long terme.
L’hypersensibilité à un ou plusieurs composés volatils se rencontre chez des personnes
régulièrement exposées dans le cadre professionnel.
Certaines huiles essentielles, sensibles par leur toxicité ou les usages détournés possibles, sont
intégrées au monopole pharmaceutique.
111
2. INFLUENCE DU CHEMOTYPE
Toutes les huiles essentielles commercialisées pour l’utilisation médicale sont aujourd’hui
dites chémotypées. En effet, des normes de composition chimique ont été fixées pour un
certain nombre d’huiles essentielles afin d’assurer une certaine homogénéité des lots issus des
différentes cultures à travers le monde. Cela permet d’assurer la reproductibilité des propriétés
associées à chaque huile. Cette étude systématique de la composition chimique des huiles
essentielle permet de distinguer des sous-groupes chimiques pour certaines huiles essentielles.
Lorsque les différences sont suffisamment importantes et que leur connaissance est pertinente
pur l’utilisation de l’huile essentielle, ces sous-groupes sont également définis. Ce sont les
chémotypes. Ceux-ci peuvent également faire l’objet de normes.
Nous avons montré dans les chapitres précédents qu’un nombre important de facteurs étaient
susceptibles de faire varier la composition d’une huile essentielle donnée. Ce chapitre vise à
montrer que ces variations peuvent avoir des conséquences dans l’utilisation des huiles
essentielles en thérapeutique et que celles-ci ne peuvent parfois pas être négligées. Par effet de
ricochet, l’existence de ces variations joue également sur les pratiques culturales et le choix
des matières premières.
La menthe verte (Mentha spicata L.) est un très bon exemple pour illustrer la variabilité de la
composition d’une huile essentielle selon le chémotype. Cette espèce est cultivée dans de
nombreux pays, sur plusieurs continents (Amérique du Sud, Amérique du Nord, Europe,
Asie). Le plus souvent, la carvone est le composant majoritaire, suivie par le limonène, quel
que soit le pays de culture ou la période de récolte [89] [90]. La proportion de chaque
molécule est néanmoins significativement différente entre les différents échantillons. La
norme ISO 3033-1:2005 relative à l’huile essentielle de Mentha spicata L. va dans ce sens
puisqu’elle fixe le pourcentage règlementaire de carvone entre 60 et 70%, les valeurs pour le
limonène vont de 9 à 15%. En revanche, le linalol est généralement absent ou très faiblement
représenté dans les échantillons d’huile essentielle de menthe verte, il n’a d’ailleurs pas de
112
teneur définie par la norme ISO. Il existe pourtant des populations de menthe verte ayant une
composition chimique radicalement différente, notamment dans celles poussant à l’état
sauvage. Ainsi, Kofidis et al., dans une étude portant sur des plants sauvages du nord de la
Grèce, ont trouvé ce qui semble être un chémotype bien différencié avec une proportion de
linalol allant de 85 à plus de 94% de l’huile essentielle selon les saisons. Le limonène ne s’y
trouve qu’à l’état de trace et la carvone est absente [70].
La carvone confère à la menthe verte des propriétés stimulantes, antispasmodiques,
antinociceptives et carminatives. Comme la plupart des cétones terpéniques, elle est
neurotoxique [89]. Selon l’énantiomère considéré, elle donnera un parfum soit de menthe
verte, soit plus herbacé, rappelant la graine de carvi [91]. L’odeur d’une huile essentielle sans
carvone mais contenant autour de 90% de linalol (valeur comparable à l’huile essentielle de
bois de rose - Aniba rosaedora Ducke) serait très différente, celui-ci ayant un parfum
caractéristique de muguet. Son activité est également différente, le linalol est sédatif,
anxiolytique, anti-inflammatoire, antiseptique, antiviral, antifongique et également antalgique.
Notons qu’il est également potentiellement allergisant.
Cet exemple montre bien que même avec l’assurance qu’une plante appartient bien à l’espèce
désirée, on ne peut pas se passer d’une étude approfondie de la composition chimique de son
huile essentielle avant de l’utiliser. Ici, si l’activité de l’huile essentielle n’est plus du tout la
même, il n’y a, à priori, pas de risque d’intoxication. On ne peut pas l’exclure pour d’autres
espèces.
113
parisienne pour la préparation d’apéritif à base d’absinthe. Le pourcentage de thuyone dans
les plantes sauvage du sud de la France n’était que de 3 à 8,4% [74].
Il est donc légitime de penser qu’en sélectionnant une plante ayant naturellement une faible
teneur en thuyone pour préparer cet apéritif, sa toxicité en aurait été grandement diminuée.
La détermination de variétés chimiques dans l’huile essentielle de tea tree (ou arbre à thé)
produite à partir de Melaleuca alternifolia Cheel (originaire d’Australie) et l’étude de leur
efficacité a transformé sa production. En effet trois races chimiques ont été définies en 1948
sur la base de la teneur en 1,8-cinéole, deux autres ont été décrites par la suite en se basant
notamment sur le ratio 1,8-cinéole/terpinèn-4-ol [92] [93]. Un seul de ces profils chimiques
répond aux normes de qualité pour cette huile (1,8-cinéole <15% et terpinèn-4-ol >30%) [94].
La recherche d’une teneur en terpinèn-4-ol supérieure à 30% s’explique par une meilleure
efficacité antimicrobienne démontrée. Celle-ci augmente régulièrement jusqu’à une teneur de
40%. L’intérêt de la limite de 15% pour le 1,8-cinéole est moins évident. Elle a d’abord été
justifiée dans les années 1980 par le supposé caractère irritant du 1,8-cinéole. Différentes
études de tolérance cutanée n’ont cependant pas montré d’irritation ou de sensibilisation de la
peau liée au 1,8-cinéole. L’utilisation à long terme d’huiles essentielles du genre Eucalyptus
dont la teneur en ce composant peut dépasser 75%, sans qu’aucun lien avec une irritation
cutanée ne soit établi tend à confirmer ces résultats. Cette réputation du 1,8-inéole a tout de
même enraciné l’idée que les huiles en contenant moins de 5% étaient de meilleure qualité,
elles sont donc particulièrement recherchées. Il a ensuite été avancé l’hypothèse qu’une faible
proportion de 1,8-cinéole favoriserait l’activité antimicrobienne de l’huile essentielle. En
réalité, une diminution du 1,8-cinéole est directement liée à une augmentation du terpinèn-4-
ol, dont la teneur est reliée à l’efficacité antimicrobienne.
La production d’huile essentielle à partir d’arbres sauvages étant très insuffisante pour
couvrir la demande, la majorité de cette huile essentielle est issue d’arbres cultivés et
sélectionnés drastiquement sur des critères mêlant génétique et chémotype afin d’accroitre le
rendement de leurs feuilles, leur résistance aux parasites et surtout d’optimiser la teneur en
1,8-cinéole et en terpinèn-4-ol selon les demandes du marché [80].
114
Hussein et al. ont étudié les variations de composition chimique de l’huile essentielle de
basilic (Ocimum basilicum L.) cultivé dans un jardin botanique au Pakistan [95]. Cette étude a
montré des variations importantes et significatives entre les saisons (mars, juin, septembre,
décembre). Ils ont également testé les activités antioxydantes et antimicrobiennes de ces
huiles essentielles. Leurs résultats sont d’abord intéressants parce qu’ils montrent une fois de
plus que la composition chimique d’un échantillon a un impact significatif sur l’activité de
l’huile essentielle. Dans le cas d’une utilisation thérapeutique d’une huile essentielle,
notamment pour ses propriétés antimicrobiennes, ces variations pourront moduler l’efficacité
du traitement.
Ces résultats mettent également en lumière l’importance du choix de la période de récolte de
la plante. Mais surtout, l’origine de l’huile essentielle et la période de récolte devraient
toujours être précisées, notamment dans les études scientifiques. En effet, il est impossible
d’interpréter les différences entre deux résultats si plusieurs des principaux facteurs de
variation ne sont pas connus. Cette précision n’est pas systématiquement faite. Par exemple,
Lee et al. ont également étudié l’activité antioxydante de l’huile essentielle d’Ocimum
basilicum L. mais précisent simplement qu’elle a été obtenue à partir de feuilles sèches venant
d’un marché de Californie. On ne connait donc la période de récolte [96].
115
répondre à des normes assurant qu’elle possède bien l’activité revendiquée sans présenter de
toxicité que celle attendue.
En réponse à cette demande et aux enjeux commerciaux de plus en plus conséquents, les
filières de production s’organisent pour sélectionner les plantes et adapter les pratiques
culturales afin d’obtenir le meilleur résultat possible.
Après avoir vu l’intérêt de l’étude du chémotype dans la définition d’une huile essentielle et le
choix d’une matière première d’extraction, nous discuteront dans ce paragraphe de l’intérêt de
la prise en compte de la notion de chémotype dans l’utilisation thérapeutique des huiles
essentielles.
En effet, plusieurs huiles essentielles peuvent n’avoir en commun que le nom de la plante
dont elles proviennent. Leurs profils chromatographiques sont tellement différents que l’on
considère bien deux huiles essentielles distinctes. La composition du romarin à cinéole
(Rosmarinus officinalis L. ct 1,8-cinéole) est sans doute plus proche de celle de l’eucalyptus
radié (Eucalyptus radiata Sieber) que de celles des autres romarins. Deux huiles essentielles
issues de la même plante ne peuvent donc pas se substituer l’une à l’autre. A l’inverse, il
arrive que deux plantes n’ayant aucun lien entre elles produisent des huiles essentielles très
proches l’une de l’autre. C’est le cas de la gaulthérie couchée (Gaultheria procumbens L.,
Ericaceae) et du bouleau noir (Betula nigra L., Betulaceae) qui produisent tous deux une huile
essentielle contenant jusqu’à plus de 99% de salicylate de méthyle.
De ce fait, la connaissance de cette notion est primordiale, que ce soit pour le médecin qui
prescrit des huiles essentielles ou le pharmacien qui la conseille à l’officine. Le pharmacien
doit également être en mesure de s’assurer que la personne qui sélectionne elle-même ses
huiles essentielles connait bien les enjeux liés à la notion de chimiotype.
A travers les trois exemples suivant, nous verrons qu’il est crucial que le pharmacien interroge
convenablement la personne qui demande simplement de l’huile essentielle de romarin, de
thym ou de myrte.
116
2.2.1. Exemple du Romarin
117
L’huile essentielle de romarin peut présenter trois profils chimiques différents. On distingue le
romarin à camphre (Rosmarinus officinalis L. ct camphre) qui se trouve généralement en
France et en Espagne. Le deuxième chémotype est le romarin à verbénone et acétate de
bornyle (Rosmarinus officinalis L. ct verbénone) souvent originaire de Corse. Le romarin à
1,8-cinéole (Rosmarinus officinalis L. ct 1,8-cinéole) se retrouve plutôt au Maroc et en
Tunisie.
L’huile essentielle de romarin à 1,8-cinéole est surtout utilisée pour traiter la sphère
ORL et pulmonaire, elle a des propriétés anticatarrhales, expectorantes et
mucolytiques. C’est un antiseptique pulmonaire. Elle s’utilise également dans les
cystites. Stimulant intellectuel, elle est indiquée en cas de fatigue chronique. Cette
huile essentielle a un bon profil de tolérance, aucune voie d’administration ne sera
interdite. Il ne faut par contre pas l’utiliser pure par voie cutanée car un risque
d’irritation existe tout de même. Elle est déconseillée pendant les trois premiers mois
de la grossesse.
118
cancéreuse hormono-dépendante. Son usage prolongé ne se fera que sur avis d’un
spécialiste. Toutes les voies d’administration peuvent être envisagées. [3] [99]
Les huiles essentielles de romarin sont donc un bon exemple de l’attention à porter au choix
de l’huile essentielle que l’on va utiliser. Si tous ses chémotypes présentent un intérêt
thérapeutique et sont facilement accessibles, leurs profils d’activité et de toxicité obligent à la
plus grande prudence pour, d’une part garantir une efficacité du traitement, mais avant tout
prévenir un accident, en s’assurant par exemple qu’une huile essentielle de romarin à camphre
ne sera pas utilisée par voie orale.
Le myrte commun (Myrtus communis L.) est un arbrisseau du maquis méditerranéen. Ses
feuilles, ovales et coriaces sont persistantes. Il développe des fruits ovoïdes, noirs bleuâtres à
maturité.
Il est utilisé en Corse, en Sicile et en Sardaigne pour aromatiser le gibier et pour la préparation
de liqueur. L’huile essentielle est obtenue par distillation des feuilles.
119
Figure 29 : Photographie de myrte à Piana (Corse-du-Sud) [100].
120
Molécule Type Maroc Type Balkans Type Tunisie
Minimum Maximum Minimum Maximum Minimum Maximum
α-pinène 20,0
(%) 28,0
(%) 8,0
(%) 25,0
(%) 47,0
(%) 57,0
(%)
Limonène 8,0 15,0 8,0 15,0 6,0 11,0
1,8-cinéole 23,0 36,0 18,0 29,0 15,0 25,0
Linalol 1,5 5,0 7,0 19,0 2,0 4,0
α-terpinéol 2,0 5,0 1,0 4,0 1,0 3,0
Myrténol 0,3 / 0,3 / / 0,5
Acétate de 13,0 25,0 13,0 21,0 / 0,5
myrtényle
Acétate de 1,5 3,0 1,0 4,0 1,5 3,0
géranyle
méthyleugénol / 1,5 / 1,5 / 1,0
Ces huiles essentielles n’ont pas de toxicité connue aux doses physiologiques, les précautions
d’emplois sont celles des huiles essentielles en général. [3] [102]
121
2.2.3. Exemple du Thym
Le thym (Thymus vulgaris L.), aussi appelé farigoule, est un sous-arbrisseau de la famille des
Lamiaceae. Il pousse sur les sols sec et caillouteux du Nord de l’Afrique et du Sud de
l’Europe (garigues et maquis) où il s’adapte parfaitement à la sècheresse et la chaleur des étés.
Il est ancré dans la culture méditerranéenne depuis l’antiquité. Il est aujourd’hui utilisé dans le
monde entier comme herbe aromatique mais également comme plante médicinale. L’huile
essentielle est obtenue par distillation des sommités fleuries.
Le thym compte parmi les espèces qui illustrent le mieux la notion de chémotype ; au moins
sept races chimiques ont été formellement identifiées : thymol, carvacrol, géraniol, linalol, α-
terpinéol, thuyanol et 1,8-cinéole. Un autre chémotype, à p-cymène est parfois décrit.
C’est également un très bon exemple car c’est une des plantes les plus étudiées à ce sujet.
122
Propriétés générales du thym
Le thym est utilisé par l’Homme depuis des millénaires, d’abord en médecine et pour des rites
religieux. Les égyptiens l’utilisaient pour préparer des onguents servant à embaumer les
morts. Les grecs et les romains purifiaient et parfumaient l’air ambiant en brûlant des rameaux
de thym. Ils prenaient également des bains parfumés au thym, notamment pour se donner
force et courage. La liste de ses usages médicinaux de la plante s’est considérablement
allongée au moyen-âge : crampes abdominales, hoquet, tonique général… Il est par la suite
également utilisé pour faciliter la digestion, lutter contre les rhumatismes, améliorer la
circulation et stimuler le système nerveux. L’utilisation du thym se développe également dans
le traitement des infections respiratoires, digestives et de la vessie.
Aujourd’hui, les propriétés reconnues du thym et de son huile essentielle reposent sur la
multiplication des études scientifiques venant confirmer ses usages traditionnels.
L’activité la plus importante du thym est son activité antibactérienne puissante et à large
spectre. Elle est principalement due à la présence de phénols (thymol, carvacrol), les huiles
essentielles à chémotypes phénoliques se sont montrées très efficaces, même sur des souches
résistantes aux antibiotiques traditionnels. Les alcools participent également à cette activité,
dans une moindre mesure [104]. Une teneur élevée en phénols ne semble pas garantir à elle
seule la meilleure activité antibactérienne, la présence de composés minoritaires de l’huile
essentielle est souvent décrite comme indispensable à la potentialisation de leur action [105].
Les huiles essentielles de thym sont utilisées dans les affections ORL, pulmonaires, gastro-
intestinales et urinaires. Si le thym est très actif seul, y compris sur Escherichia coli et
Staphylococcus aureus, il a été démontré une action additive voire synergique avec plusieurs
autres huiles essentielles réputées antibactériennes contre de nombreux pathogènes [104]
[106].
Le thym présente par ailleurs une activité antifongique intéressante que ce soit contre les
dermatophytes, les moisissures alimentaires (notamment Aspergillus, dont il inhibe le
développement mycélien et la production d’aflatoxines [107]) et certains phytopathogènes.
L’activité antifongique est principalement due à la présence de thymol et de carvacrol. Les
alcools terpéniques, les aldéhydes et les cétones y contribuent également [13] [104].
123
Le thym a par ailleurs des propriétés antiparasitaires et plus particulièrement vermifuges.
L’activité spasmolytique est également une activité majeure de l’huile essentielle de thym, au
niveau digestif et respiratoire [108].
L’huile essentielle est carminative, apéritive et cholagogue.
Le thym a des propriétés anti-oxydantes, notamment par les phénols de son huile essentielle
(thymol, carvacrol, acide rosmarinique…) [96] [109]. Les chémotypes phénoliques sont donc
les plus actifs dans ce domaine.
Thompson et al. ont étudié la façon dont se répartissent et se comportent les différents
chémotypes de l’huile essentielle de thym sur deux sites du Sud de la France. Si sur certains
sites on ne retrouve qu’un seul chémotype, ils sont souvent deux ou trois représentés sur une
même zone, dans des proportions différentes. Selon leur étude, les chémotypes phénoliques
(thymol et carvacrol) contiennent leur composé majoritaire en moindre proportion que les
chémotypes non phénoliques ne contiennent leurs propres composés majoritaires, ce qui
s’explique par la présence dans les chémotypes phénoliques des précurseurs métaboliques (p-
cymène et γ-terpinène) en proportion importante. Ce n’est pas le cas dans les chémotypes non
phénoliques. Enfin, lorsqu’un chémotype phénolique est retrouvé dans une zone où il est en
minorité au sein de la population, la proportion de son composé majoritaire a tendance à
diminuer au profit de ses précurseurs. Par contre, lorsqu’un chémotype non-phénolique est
124
identifié dans une zone où il n’est pas majoritaire, on observe une augmentation de la
concentration du composé spécifique du chémotype majoritaire de la zone considérée [110].
Un certain nombre d’études ont permis d’étudier les facteurs faisant varier la composition
chimique de l’huile essentielle de thym :
125
Des études sur les pratiques culturales ont également été effectuées. Le rendement en huile
essentielle diminue à mesure que l’on espace les arrosages, mais également lorsque la densité
de plantation augmente. Les conditions de stress, notamment au niveau hydrique, favorisent la
production de dérivés phénoliques (thymol et carvacrol) [72] [114] [115].
La fertilisation avec apport en phosphore et en azote a montré sa capacité à augmenter le
rendement de la culture en augmentant le volume de plante mais également la teneur en huile
essentielle. La concentration en thymol n’en est pas affectée [12].
On dénombre au moins sept chémotypes de l’huile essentielle de thym qui couvrent un large
éventail d’activités différentes. On distingue les chémotypes phénoliques (thymol et
carvacrol) des chémotypes non phénoliques (géraniol, linalol, α-terpinéol, 1,8-cinéole et
thuyanol). Ils ne sont représentés dans des proportions très inégales dans la nature, et surtout
tous ne sont pas exploités commercialement.
126
Thym à thymol
Le chémotype « thymol » est le plus répandu, présent sur presque toute l’aire de répartition de
l’espèce, des sols les plus secs jusqu’aux terrains plus humides. Il est le plus souvent associé à
d’autres races chimiques. C’est le chémotype correspondant à la monographie de l’huile
essentielle de thym (deux espèces sont acceptées : Thymus zygis L. et Thymus vulgaris L.)
présente dans la Pharmacopée Européenne. Les normes en termes de composition chimique
sont rassemblées dans le tableau suivant (Tableau 5).
Il dégage une odeur forte et caractéristique du thym.
L’huile essentielle de thym à thymol a une activité antibactérienne indéniable, sur les
bactéries gram+ et gram-. Elle est également fortement antifongique et antivirale. Cela en fait
un anti-infectieux général, à large spectre d’action. Le thym à thymol est immunostimulant,
expectorant et spasmolytique bronchique. Cette huile essentielle est donc une des huiles
essentielles de première intention dans les états infectieux, notamment au niveau pulmonaire
mais elle se montre efficace quelle que soit la localisation.
C’est par ailleurs un antalgique et anti-inflammatoire, utilisé en rhumatologie. Ses propriétés
sont également digestives : carminative, apéritive, cholagogue.
Cette huile essentielle est un stimulant général.
L’huile essentielle de thym à thymol étant riche en phénols, elle est irritante et
dermocaustique. Son utilisation par voie cutanée doit se faire avec prudence et après dilution
127
dans une huile végétale par exemple. La présence de phénols entraine également une certaine
hépatotoxicité pour des traitements prolongés ou à haute dose.
Elle est déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux enfants de moins de six
ans. [3] [6]
Thym à carvacrol
Le type carvacrol est l’autre huile essentielle de thym à phénols. Il se retrouve surtout lorsque
les conditions de chaleur et de sécheresse sont très difficiles.
L’huile essentielle de thym à carvacrol retrouve les spécificités des phénols mais ce composé
étant encore plus agressif que le thymol, cette huile essentielle est très rarement utilisée. [3]
[6]
Thym à linalol
Le thym à linalol est très répandu, on le trouve principalement en moyenne altitude (à partir
de 500m), dans des zones à l’humidité atmosphérique relativement élevée. Son huile
essentielle peut contenir plus de 80% de linalol (monoterpénol). Son odeur rappelle celle de la
lavande.
C’est une huile essentielle à activité anti-infectieuse: antibactérienne, antivirale, antifongique
(notamment contre Candida albicans) et vermifuge (ténia, ascaris, oxyures). Il est utilisé dans
les infections ORL, broncho-pulmonaires, urinaires et intestinales, et les candidoses. Elle est
également tonique, neurotonique et légèrement antispasmodique. Cette huile essentielle a des
propriétés antalgiques utilisée dans les rhumatismes musculaires.
Moins agressif que le thym à thymol (il est d’ailleurs parfois appelé thym doux), on préfère
utiliser ce chémotype pour les personnes sensibles ainsi que pour les enfants. [3] [6]
L’huile essentielle de thym à thuyanol est riche en monoterpénols : thuyanol mais également
terpinèn-4-ol, myrcèn-8-ol et linalol. Il est beaucoup moins abondant que les autres thyms,
sans réelle spécificité de terrain identifiée. Elle est appréciée car elle développe une grande
activité, sans avoir l’hépatotoxicité des chémotypes phénoliques.
128
Cette huile essentielle est un anti-infectieux très puissant, très réputée dans les infections
ORL, broncho-pulmonaires, intestinales et urologiques et gynécologiques. Elle est également
active sur les mycoses, cutanées unguéales et gynécologiques.
Sa capacité à stimuler les Immunoglobulines de type A en fait un immunomodulateur certain.
Elle est également un tonique et régénérateur hépatocytaire, donc indiquée dans l’insuffisance
hépatique, les hépatites virales et les cirrhoses.
L’huile essentielle de thym à thuyanol est un activateur circulatoire, intéressante dans les
troubles circulatoires périphériques (syndrome de Raynaud).
Globalement bien tolérée, il est préférable que son utilisation par voie cutanée se fasse après
dilution (dermocausticité). [3] [6] [99]
Thym à géraniol
Le thym vulgaire à géraniol apprécie les sols caillouteux, secs et ensoleillés des terrains
d’altitude (autour de 1000m). Son huile essentielle renferme un monoterpénol, le géraniol, et
surtout sa forme estérifiée, l’acétate de géranyle. Il dégage une odeur douce et fine, rappelant
celle de la rose.
Sa sphère d’action se rapproche du chémotype thuyanol. L’huile essentielle est
antibactérienne à large spectre, antifongique et antivirale. Elle est utilisée dans les infections
ORL et uro-génital, ainsi que dans les mycoses. Elle est également cardiotonique,
neurotonique et utérotonique. Tonique et astringente cutanée, cette huile essentielle est
appréciée dans les atteintes cutanées et en cosmétique (elle s’utilise diluée). [3] [6]
Thym à para-cymène
129
Ces deux chémotypes ne sont pas ou peu utilisés. Ils sont également moins présents dans la
littérature scientifique (bien que reconnus).
Conclusion
Le choix d’un chémotype plutôt qu’un autre se fait en fonction des propriétés recherchées
mais également en fonction de la personne qui recevra le traitement. Le chémotype utilisé
peut conditionner pour sa part la posologie et la voie d’administration du traitement.
La première conclusion que l’on retire de cette étude est le manque de précision régnant
parfois autour de la dénomination commerciale de l’huile essentielle. Le basilic (Ocimum
basilicum L.) produit deux chémotypes : le premier contenant majoritairement du méthyl-
chavicol, le second est riche en linalol. On peut cependant voir dans le tableau 6 que les
130
laboratoires proposent quatre noms différents pour ces deux seuls chémotypes. Les
laboratoires B et D, qui ne commercialisent que le chémotype méthyl-chavicol, appellent
simplement leurs produits « basilic ». Les laboratoires A et C utilisent pour cette même
spécificité biochimique la dénomination « basilic tropical ». Ces quatre huiles proviennent
d’Inde.
Concernant le chémotype linalol, le laboratoire A choisi un nom sans équivoque : « basilic
doux à linalol » pour son huile produite en Egypte. Au contraire, le laboratoire C entretien le
doute puisqu’il qualifie son produit, venu du Népal, de « basilic français ». Rien dans le nom
n’évoque le chémotype. Le manque de constance dans la désignation commerciale de ces
huiles essentielles est d’autant plus regrettable qu’une autre espèce désignée par le nom
« basilic » est fréquemment rencontrée : Le basilic sacré (Ocimum sanctum L.). Son activité
est bien différente.
131
La deuxième observation que l’on peut faire est la variabilité intra et inter-laboratoire. En
étudiant la composition chimique de l’huile essentielle de genévrier commun (Juniperus
communis L.), on constate que les principaux composés (α-pinène, myrcène) sont présents
dans des proportions très différentes (Tableau 7). On retrouve en effet de 28,70% d’α-pinène
pour le laboratoire D à 51,65% pour un lot du laboratoire A. On peut donc se questionner sur
les conséquences d’une telle différence, cette molécule conférant par exemple l’activité anti-
infectieuse à tropisme pulmonaire de l’huile essentielle. Concernant le myrcène, donnant entre
autre une activité antalgique à l’huile essentielle, on en retrouve de 3,00% (laboratoire D) à
21,03% (laboratoire A). Notons par ailleurs la variabilité entre les deux lots proposés par le
laboratoire A : 3,35% et 21,03% de myrcène ; 23,87% et 10,21% de limonène. On ne retrouve
que 3,58% de ce dernier dans une des huiles du laboratoire B.
Or, dans le cas où l’on souhaite se fournir chez le laboratoire A, on ne peut choisir le lot que
l’on commande.
132
Le thym à linalol (Thymus vulgaris ct linalol) est un chémotype du thym ayant des propriétés
anti-infectieuses, notamment pour la sphère ORL et pulmonaire, intéressante pour traiter les
publics sensibles car il présente une moindre agressivité que les chémotypes phénoliques.
C’est également un antifongique reconnu. Ces propriétés sont principalement apportées par le
linalol.
La composition chimique des huiles essentielles étudiées pour ce chémotype montre des
différences importantes selon les lots (Tableau 8). Le pourcentage de linalol varie du simple
au double : de 34,71% (laboratoire B) à 68,87% (laboratoire A). Notons que ces deux
laboratoires proposent des huiles issues de deux espèces différentes : Thymus vulgaris L. et
Thymus zygis L.
133
Certaines huiles essentielles, au contraire, semblent avoir une composition chimique constante
entre les différents lots des différents laboratoires. C’est le cas de l’essence d’orange douce
(Citrus sinensis (L.) Osbeck). Elle est obtenue par expression à froid du péricarpe des fruits
murs. Quelques soient les lots, cette essence est en majorité composée de limonène, il en
représente environ 95%. La proportion des autres composants est tout aussi constante
(Tableau 9).
Nous tirons deux conclusions principales de cette étude de ces quelques huiles essentielles,
qui comptent parmi les plus utilisées. La première, c’est la nécessité pour la personne qui
achète une huile essentielle de maitriser les critères de qualité que l’on retrouve sur le
conditionnement ; dénomination scientifique de l’espèce, partie de la plante utilisée, origine et
chémotype. L’exemple du basilic montre bien que la seule dénomination commune choisie
pour la commercialisation est parfois trop confuse pour savoir de quelle huile il s’agit.
134
La deuxième conclusion de cette étude est que les huiles essentielles ne sont pas des produits
standardisés, ni standardisables. Deux huiles essentielles issues de la même partie de la
plantes d’une même espèce, cultivées dans le même pays et identifiées comme étant de la
même race chimique peuvent avoir des profils chromatographiques aux différences
conséquentes.
135
Le rôle du pharmacien :
Lorsque l’on transpose la problématique du chémotype dans l’exercice officinal quotidien, il
apparait important de prendre le temps de poser les bonnes questions pour apporter le conseil
approprié. Le risque est de conseiller une huile essentielle qui ne répond pas au problème
mais surtout d’exposer la personne à une toxicité importante.
Il est par exemple impossible de répondre correctement aux attentes d’une personne qui
demande simple une « huile essentielle de thym » ou une « huile essentielle de romarin » sans
la questionner. Il faut tout d’abord connaître les propriétés de l’huile essentielle que la
personne souhaite exploiter pour ensuite déterminer quelle espèce botanique et chémotype
convient. Dans l’exemple du romarin, la personne cherche-t-elle à traiter un encombrement
bronchique ? Des douleurs musculaires suite à un effort ? Le conseil ne portera pas sur le
même chémotype selon l’indication.
Une autre préoccupation concerne la personne qui recevra l’huile essentielle en traitement.
Est-ce une personne épileptique? Si c’est le cas, les races chimiques à camphre et à verbénone
sont à éviter. Cette personne est-elle atteinte d’un cancer hormono-dépendant? Si c’est le cas,
le romarin à verbénone ne devra pas être utilisé.
La problématique de l’utilisation de noms communs par le public dépasse la notion de
chémotype. Le même type de questionnement devra s’appliquer pour répondre à une demande
d’huile essentielle « d’eucalyptus ». En effet, plusieurs huiles essentielles peuvent répondre à
cette demande, mais dans ce cas, elles sont issues d’espèces bien différentes. Là encore, les
toxicités ne seront pas les mêmes.
Un troisième point à aborder est la voie d’administration envisagée. Certains chémotypes
peuvent être plus adaptés que d’autres à un mode d’utilisation. Les huiles essentielles riches
en phénols devront par exemple être évitées ou alors être diluées de manière plus importante
qu’un autre chimiotype.
Il n’existe pas de cadre réglementaire spécifique aux huiles essentielles, la majorité d’entre
elles peuvent donc se trouver dans n’importe quel réseau de distribution. La rigueur et le
niveau de contrôle que s’impose le circuit pharmaceutique garantie la qualité des huiles
essentielles qu’il distribue. Il est le seul circuit qui assure une bonne traçabilité ainsi que la
pharmacovigilance. Il assure le respect des normes qui établissent l’efficacité et la sécurité
d’un produit. Cette information est à mettre en avant auprès du public au même titre que la
nécessité d’avoir accès à des professionnels correctement formés pour le conseiller.
136
CONCLUSION
La composition de l’huile essentielle issue d’une plante est extrêmement variable. Cette
variabilité est le fruit de l’influence d’une multitude de facteurs s’appliquant au végétal tout
au long de son développement. Ces facteurs de variation s’étendent jusqu’à l’extraction et le
stockage de l’huile essentielle.
Ce travail avait pour but de montrer le lien entre ces changements de composition et le
dynamisme du champ d’action des huiles essentielles. Il en ressort que la notion de
chémotype est de plus en plus prise en considération dans le cadre des publications
scientifiques car elle apparait fondamentale pour asseoir les connaissances sur les huiles
essentielles en termes d’activité et expliquer la variabilité de celle-ci, et effacer au passage son
image de médecine aux résultats aléatoires. Dans un même temps, les autorités tardent à
suivre le mouvement. Alors qu’elle est considérée par les aromathérapeutes depuis des
dizaines d’années, l’Europe ne l’a introduite dans la règlementation qu’en 2006. Un certain
nombre d’huiles essentielles n’ont pas de monographies de référence (AFNOR, ISO,
Pharmacopée…).
Mais les résultats vont bien au-delà, ils montrent que même face à des huiles essentielles
désignées par le même nom botanique, extraites selon le même procédé, ayant la même
origine géographique, la même origine histologique, et le même chémotype annoncé, on peut
se trouver en présence de produits très différents. Cela trouve sans doute, en partie, son
origine dans l’absence de normes contraignantes régissant la définition d’un chémotype par
son producteur. Dans l’exemple du thym, il existe au moins sept races chimiques de l’huile
essentielle alors qu’on ne trouve qu’une seule monographie dans la Pharmacopée Européenne,
correspondant au chémotype thymol. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans notre étude,
des huiles essentielles de « thym à linalol » avec des teneurs en linalol variant du simple au
double. Dans le même temps les thyms à thymol ont des compositions beaucoup plus
homogènes.
La notion de race chimique, si elle constitue une véritable avancée dans la connaissance des
huiles essentielles, a ses propres limites. La désignation par un ou deux composés majoritaires
137
occulte totalement les variations que peuvent connaitre d’autres composés, certes minoritaires
sur le plan pondéral mais pouvant participer à l’activité de manière non négligeable.
Par ailleurs, les thérapeutes prescripteurs sont pour la plupart sensibles à cette notion et la
considèrent. Mais le principe de chémotype est une notion encore trop peu connue du public,
pourtant en demande de produit naturels et notamment d’huiles essentielles, pour se soigner
« autrement ». Les ouvrages grand public qui la présentent et insistent sur son importance sont
minoritaires et dans les faits, on ne retrouve bien souvent qu’une seule fiche traitant des
plantes qui développent pourtant plusieurs chémotypes. Les activités présentées ne sont alors
celles que d’un seul chémotype, voire un mélange des activités des différents chémotypes.
L’aromathérapie est une discipline difficile à maîtriser, de par le grand nombre de paramètres
à prendre en compte. Devoir adapter sa pratique à la composition chimique de chaque huile
ajoute une difficulté et rend la vulgarisation de cet art encore plus difficile. Il apparait
nécessaire de recevoir une formation de qualité avant de manier les huiles essentielles. Se
poser également la question de la vente libre des huiles essentielles, par des personnes qui ne
sont parfois ni compétentes ni conscientes des limites de leurs conseils.
138
ANNEXE 1 : EXEMPLE D’HUILES ESSENTIELLES
PRÉSENTANT UN RISQUE DE CONFUSION ENTRE
LEURS DENOMINATIONS COMMUNES
Partie de
Nom Composés Principales indications et
Nom latin plante
commun majoritaires précautions d’emploi particulières
utilisée
139
- Antibactérienne à large spectre,
antivirale, fongicide, antiparasitaire.
Cannelier de
Cinnamomum - Tonique et stimulant général.
Ceylan Feuille Eugénol
verum J.Presl - Dermocaustique, utilisation diluée à
Feuille 20% maximum.
- Utilisation sur une période courte de
préférence.
Cedrus atlantica
Cèdre de Himachalènes, - Lymphotonique et drainante.
(Manetti ex Bois
l’Atlas atlantones - Puissant lipolytique.
Endl.) Carrière
- Régénérant cutané et tonique du cuir
Cedrus deodara
Cèdre de Himachalènes, chevelu.
(Roxb ex D.Don) Bois
l’Himalaya atlantones - Abortive et neurotoxique à long terme.
G.Don
Citronnellal,
Eucalyptus Eucalyptus - Anti-inflammatoire, antidouleur et
Feuille citronnellol, antirhumatismale.
citronné citriodora Hook.
isopulégol - Répulsive des moustiques.
- Expectorant et anti-infectieux de la
sphère pulmonaire.
Eucalyptus Eucalyptus
Feuille 1,8-cinéole - Rafraîchissante.
globuleux globulus Labill.
- Dermocaustique, à utiliser diluée.
- Ne pas utiliser par voie interne.
140
Pipéritone, - Mucolytique, lipolytique.
Eucalyptus Eucalyptus dives
Feuille - Drainante au niveau hépatique et rénal.
mentholé Schauer α-phellandrène
- Riche en cétones (pipéritone).
- Expectorante, anti-infectieuse et
1,8-cinéole, décongestionnante nasale.
Eucalyptus Eucalyptus
Feuille - Rafraîchissante.
radié radiata Sieber α-terpinéol
- Mieux tolérée que l’Eucalyptus
globuleux.
Eucalyptus
Eucalyptus 1,8-cinéole, - Anti-infectieuse et stimulante
smithii R. T. Feuille immunitaire.
smithii limonène, α-pinène
Baker - Utilisation en interne à éviter.
Gaulthérie Gaultheria
Feuille Salicylate de méthyle
couchée procumbens L. - Anti-inflammatoire et antidouleur
puissante.
141
Mentha arvensis Partie Menthol, menthone, - Tonique cardiaque, digestive,
Menthe des pancréatique et nerveuse.
champs L. aérienne isomenthone
- Rafraîchissante, anesthésique et
antalgique.
- Décongestionnante nasale.
- Effet positif sur les nausées et le mal des
transports.
Menthe Mentha x piperita Partie - Irritante et effets réfrigérant : utilisation
Menthol, menthone diluée. Jamais en bain.
poivrée L. aérienne
- Diffusion uniquement à très faible dose.
- Stupéfiante à haute dose.
- Précautions liées à la présence de
cétones en quantité importante.
- Anti-inflammatoire et cicatrisante.
- Mucolytique.
Menthe Mentha spicata Partie - Tonique digestive.
Carvone, limonène
verte L. aérienne - Carvone (cétone) potentiellement
neurotoxique et abortive.
- Diffusion uniquement à très faible dose.
Jamais en bain.
142
- Antibactérienne majeur, à large spectre
Thym à Thymus d’action. Antiparasitaire et modulatrice
Sommité Bornéol, α-terpinéol,
feuilles de saturejoides de l’immunité.
fleurie carvacrol
sarriette Coss. & Balansa - Tonique générale.
- Dermocaustique, à diluer à 20%.
143
ANNEXE 2 : EXEMPLE D’HUILES ESSENTIELLES
PRÉSENTANT UN RISQUE DE CONFUSION PAR
L’EXISTENCE DE PLUSIEURS CHÉMOTYPES
Terpinèn-4-ol,
Origanum - Antifongique, antivirale et antibactérienne
Marjolaine à trans-thujanol, puissante.
majoranum L.
thujanol cis-thujanol, - Stimule et réchauffe les muscles.
ct thujanol
- Dermocaustique (dilution à 20%).
γ-terpinène
144
1,8-cinéole, - Relaxante et décontracturante musculaire.
Rosmarinus
Prépare à l’effort.
Romarin à
officinalis L. α-pinène, - Anti-inflammatoire.
camphre
ct camphre camphre - Présences de cétones neurotoxiques. Usage par
voie orale ou en diffusion déconseillé.
Rosmarinus
Romarin à - Expectorante, anticatarrhale et mucolytique.
officinalis L. 1,8-cinéole Antiseptique pulmonaire.
cinéole
ct cinéole - Stimulant intellectuel.
145
INDEX DES PLANTES
Chamaemelum nobile (L.) All. ......... 98, 139
A Chenopodium ambrosioides L. ................ 15
Chenopodium anthelminticum L. ............ 15
Abies sibirica Ledeb. ................................96
Cinnamomum aromaticum Ness .... 94, 140
Allium cepa L. ..................................13, 103
Cinnamomum camphora L...................... 67
Allium sativum L. .................................. 103
Cinnamomum verum J.Presl 12, 13, 74, 91,
Aniba rosaedora Ducke ...................92, 113
94, 140
Apium graveolens L. ............................. 103
Citrus aurantium L. ............... 47, 66, 75, 96
Artemisia absinthium L. .............15, 64, 113
Citrus bergamia Risso & Poitet ............... 13
Artemisia annua L....................................83
Citrus reticulata Blanco ........................... 13
Artemisia arborescens L. .........................15
Citrus sinensis (L.) Osbeck ......... 14, 17, 134
Artemisia dracunculus L. .........................98
Commiphora myrrha (T. Nees) Engl........ 12
Artemisia herba alba Asso .......................15
Coriandrum sativum L. ............................ 75
Artemisia pontica L. .................................15
Cymbopogon citratus (DC.) Stapf ........... 22
Artemisia roxburghiana Besser ...............81
Cymbopogon martinii Stapf. ............. 79, 92
Artemisia vulgaris L. ..........................15, 64
Cymbopogon nardus (L.) Rendle ........... 140
Cymbopogon winterianus Jowitt 79, 92, 94,
B 140
146
Lippia citriodora Kunth ..................... 75, 94
G
J
N
Jasminum grandiflorum L. .......................36
Juniperus communis L................22, 89, 132 Nardostachys jatamansi (D.Don) DC. ..... 13
Juniperus sabina L. ..................................16
Juniperus virginiana L. .....................12, 140 O
147
Santalum album L. .................................. 13
P
Santalum spicatum A.DC. ....................... 66
Pelargonium graveolens L’Hér. ...78, 96, 98 Sassafras albidum (Nutt.) Nees .............. 16
Pimpinella anisum L. ....................15, 27, 98 Syzygium aromaticum L. ....... 46, 69, 91, 97
Rosa x damascena Mill. ......... 12, 42, 66, 68 Thuya occidentalis L. ......................... 16, 44
Rosmarinus officinalis L. .......12, 74, 96, 98, Thuya plicata Donn ex D. Don................. 16
100, 116, 117, 118, 145 Thymus saturejoides Coss. & Balansa .. 143
Ruta graveolens L. ...................................16 Thymus vulgaris L..... 11, 18, 22, 48, 74, 76,
80, 83, 92, 122, 127, 133, 143, 145
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SERMENT DE GALIEN
Université d’Aix-Marseille – Faculté de Pharmacie – 27 bd Jean Moulin – CS 30064 - 13385 Marseille cedex 05 - France
Tél. : +33 (0)4 91 83 55 00 - Fax : +33 (0)4 91 80 26 12
RÉSUMÉ :
Depuis l’antiquité, l’Homme n’a cessé d’utiliser les plantes aromatiques et les huiles
essentielles pour se soigner. Autrefois basée sur des connaissances empiriques, l’aromathérapie
se fait aujourd’hui plus scientifique. Le développement des méthodes analytiques permet de
connaitre avec précision la composition des huiles essentielles ainsi que leur activité sur le corps
humain. Cela a permis de mettre à jour des variations dans la composition des huiles
essentielles, même entre individus appartenant à la même espèce. Ils forment alors des « sous-
groupes » appelés chémotypes.
Ce travail a pour but d’étudier les facteurs de variation dans la composition des huiles
essentielles ainsi que les conséquences de ces fluctuations sur leur activité, tant en terme
d’efficacité que de sécurité.
ABSTRACT :
Since ancient times, man uses aromatic plants and essential oils to heal. Formerly based on
empirical knowledge, aromatherapy is now more scientific. The development of analytical
methods enables to know precisely the composition of the essential oils and their activity on
the human body. This made possible to reveal variations in the composition of essential oils,
even between individuals belonging to the same species. They form "sub-groups" called
chemotypes.
The purpose of this work is to study the factors of variation in the composition of essential oils
as well as the consequences of these fluctuations on their activity, both in terms of efficiency
and safety.
The importance of the notion of chemotype is illustrated through the examples of rosemary
(Rosmarinus officinalis L.), myrtle (Myrtus communis L.) and thyme (Thymus vulgaris L.).