2011 RSE JWS Accept
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Brahima Seyhi1, Patrick Drogui*1, Géraldo Buelna2, Jean-François Blais1 et Marc Heran 3
1
Institut National de la Recherche Scientifique (INRS-ETE), Université du Québec,
490 rue de la Couronne, Québec, Québec, Canada, G1K 9A9
2
Centre de Recherche Industrielle du Québec (CRIQ),
333 rue Franquet, Sainte-Foy, Qc, Canada, G1P 4C7
3
École Polytechnique Universitaire de Montpellier (EPUM),
Université de Montpellier II Sciences et Techniques du Languedoc, Place Eugène Bataillon 34095
Montpellier Cedex 5, France.
*
Auteur correspondant
Titre court: Traitement et réutilisation des eaux usées par bioréacteur à membrane
1
LISTE DES ABREVIATIONS
∆P Perte de charge
µ Viscosité dynamique de la liqueur mixte
A Surface membranaire
AE Activité œstrogénique
amax Limite surfacique maximale d’une pore
APEO Alkyl phénol polyéthoxylate
At Surface totale des pores
BA Boue activée
BHA Bactérie hétérotrophe aérobie
BPA Bisphénol A
BRM Bioréacteur à membrane
BRMe T Bioréacteur à membrane à boucle externe avec membranes tubulaires
BRMi FC Bioréacteur à membrane immergée avec membranes en fibres creuses
BRMi P Bioréacteur à membrane immergée avec membranes planes
CAPEX Capital expenditure ou dépenses d’investissement
Cd Coefficient de la force de levée d’une particule de boue de diamètre dp
CF Coliformes fécaux
COD Carbone organique dissous
COT Carbone organique total
CT Coliformes totaux
DBO Demande biochimique en oxygène
DCO Demande chimique en oxygène
dP Diamètre des pores de la membrane
Ds Dimension de la surface du pore selon la théorie fractale
E1 Estrone
E1-3G Estrone-3-glucuronide
E1-3S Estrone-3-sulfate
E2 17β-œstradiol
E2-3S Œstradiol-3-sulfate
E2-G Œstradiol-17β-glucuronide
EE2 17α-éthinylestradiol
EH Équivalent-habitant
EUD Eau usée domestique
EUI Eau usée industrielle
EUM Eau usée municipale
EUS Eau usée synthétique
F/M Rapport « Food/Microorganism » ou charge organique
2
FAA Formylalaminoantipyrine
g Facteur de forme
G Facteur géométrique
I Intensité de cisaillement
J Flux de perméat
k Taux de croissance du colmatage
km Coefficient qui reflète les effets de filtration
L0 Constante caractérisant la longueur de pore
logKow Coefficient de partition octanol/eau
MBR Membrane bioreactor
MCD Masse de boue de la couche dynamique de colmatage
MES Matières en suspension
MF Microfiltration
MVES Matières volatiles en suspension
NT Azote total
NTK Azote total Kjeldahl
OPEX Operational expenditure ou dépenses de fonctionnement, d’exploitation
Pa Pression de l’alimentation
Pc Pression du concentrât
PE Perturbateurs endocriniens
phydro Pression hydrostatique
PMS Produits microbiens solubles
Pp Pression du perméat
ppomp Pression de succion
PT Phosphore total
PTM Pression transmembranaire
PTFE polytétrafluoroethylène
PP polypropylène
PES polyéthersulfone
PS polysulfone;
PAN polyacrilonitrilique
Q Débit à travers la membrane
RC Résistance de colmatage
RCD Résistances de formation de couche dynamique
RG Résistance du gâteau
Rirr Résistance irréversible
Rm Résistance de la membrane
Rrev Résistance réversible
RT Résistance totale de la membrane
3
S Concentration de substrat
SC Seuil de coupure de la membrane
SPE Substances polymériques extracellulaires
STEP Station d’épuration des eaux usées
T Température
tf Temps de filtration
TRH Temps de rétention hydraulique
TRS Temps de rétention de solides
UF Ultrafiltration
Vp Volume de perméat
vT Vitesse d’écoulement transversale
Xb Concentration de biomasse ou de MES dans le bioréacteur
Yb Coefficient de compression de la boue
α Résistance spécifique
β Coefficient du taux d’érosion de la biomasse dynamique
Δpax Chute de pression du flux de perméat
θ Âge des boues
4
RÉSUMÉ
Les effluents issus des stations d’épuration des eaux usées industrielles et municipales contiennent des
quantités non négligeables de polluants organiques, inorganiques et microbiens qui sont rejetés dans
l’environnement par voie directe ou en suivant la filière de réutilisation (irrigation ou arrosage, etc.). Ces
eaux résiduaires constituent l’une des principales sources de contamination des eaux de surface et
souterraine (augmentation de la DCO, coloration et eutrophisation des cours d’eaux, etc.). Dans
l’optique de palier le déficit croissant des ressources en eau destinées à la consommation humaine, ces
eaux résiduaires sont de plus en plus soumises à des traitements poussés en vue d’une réutilisation.
Cette réutilisation doit toujours être réalisée dans l’objectif de fournir une eau présentant en continu
une qualité spécifique liée à l’usage attendu (eau de production, eau de lavage, eau de refroidissement,
eau d’irrigation ou d’arrosage, etc.). Les procédés conventionnels peuvent s’avérer non adaptés,
notamment par leur manque de fiabilité dans la qualité des eaux traitées et le risque encouru de
contamination microbiologique. Pour faire face à cette importante problématique, les techniques
membranaires, notamment les bioréacteurs à membrane (BRM), peuvent constituer une avenue
potentielle de traitement et de réutilisation de ces effluents. L’intérêt de ces procédés réside dans leur
aspect non polluant, leur facilité d’automatisation et leur capacité à éliminer simultanément les
différents polluants en une seule étape de traitement. Ces technologies offrent la possibilité de clarifier
Dans cet article, les BRM sont situés par rapport aux techniques conventionnelles de traitement
biologique d’effluents. Par la suite, un accent particulier est mis sur la présentation des connaissances
actuelles concernant les principes de base des BRM, les critères d’application et les conditions
d’opération qui influencent les performances de ces technologies. Les développements récents portant
5
présentés. Finalement, les applications industrielles et les coûts d’implantation et d’opération de ces
MOTS CLÉS
6
ABSTRACT
Effluents from urban and industrial wastewater treatment plants contain organic (COD, BOD, total
suspended solids, endocrine disrupting compounds, e.g.), inorganic (phosphorus, ammoniacal nitrogen,
nitrites and nitrates, metals, e.g.) and microbial pollutants (bacteria, virus, parasites, e.g.), which are
either directly rejected into the environment or reused for agricultural purposes. These wastewaters are
often responsible for pollution of surface and groundwater (increasing the COD, colourization and
eutrophication of water, e.g.). In view of finding solutions for water shortage, wastewaters are more and
more subjected to tertiary treatment for water reuse. The treated-wastewater reuse must be carried to
supply water having a specific quality and adapted to be reused as washing water, cooling water,
process water, irrigation water or sprinkling water, among others. The conventional processes can be
inappropriate, notably from their inefficacy to obtain good quality of treated-water and the associated
risk to microbial contamination. An alternate method can be the application of membrane bioreactor
(MBR) for wastewater treatment and reuse. MBR are characterized by ease of operation, ease of
automation, negligible equipments for adding chemicals and their capacity to remove simultaneously
organic, inorganic and microbial pollutants in the same reactor. This technology offers the possibility to
simultaneously clarify and disinfect wastewaters without any risk to form organochlorinated
compounds. In this paper, MBR have been compared to conventional biological treatments. Then, a
particular focus is given to the actual knowledge of MBR, criteria of application and operating conditions
which greatly influence the performance of these technologies. Recent developments on the modelling
of the operating process and membrane fouling have been also presented. Finally, industrial
7
KEY WORDS
8
INTRODUCTION
Les eaux usées industrielles (EUI), municipales (EUM) et domestiques (EUD) contiennent des quantités
non négligeables de polluants organiques, inorganiques et microbiens. Ces eaux résiduaires constituent
l’une des principales sources de contamination des eaux de surface et souterraine. Des stratégies de
traitement efficaces devront être adoptées par les industries, les scientifiques et gestionnaires pour
atteindre de manière optimale les normes de rejets qui évoluent vers une sévérité croissante aussi bien
en ce qui concerne les concentrations en polluants que les débits. Par exemple, pour les rejets en milieu
naturel des EUD, il a ainsi été défini des zones dites normales, pour lesquelles le traitement est
principalement axé sur l’élimination des fractions particulaires et des pollutions carbonées, et des zones
dites sensibles, pour lesquelles une élimination complémentaire des fractions azotées, phosphatées et
microbiennes est nécessaire. Pour les EUD, les procédés dits conventionnels, qu’ils soient intensifs
(boues activées, lits bactériens, biofiltres aérobies, par exemple), extensifs (lagunage, système
d’infiltration, notamment) ou combinés, peuvent répondre aux exigences de rejet en présentant chacun
des performances plus ou moins fiables du fait de leur sensibilité à des variations brusques de charges à
traiter (cas des systèmes à cultures libres), de l’état de floculation des populations épuratives (cas des
garnissages poreux (systèmes à cultures fixées dans des lits à ruissellement, voire biofiltres). Pour les
EUI, des règlements précisent également les conditions de rejet en milieu naturel ou dans le réseau
d’égout municipal, mais on observe un intérêt croissant pour des systèmes permettant une réutilisation
partielle ou totale des eaux traitées. Cette réutilisation des eaux traitées est intéressante pour plusieurs
raisons : i) elle permet de palier le déficit croissant des eaux destinées à la consommation humaine ; ii)
elle permet de préserver les milieux naturels en minimisant les besoins en eau, quel qu’en soit l’usage,
et les rejets ; et iii) elle peut également se justifier économiquement par rapport au traitement d’une
9
eau de surface ou souterraine de qualité dégradée qui oblige à faire appel à des systèmes de traitement
Pour faire face à cette importante problématique, les techniques membranaires, notamment les BRM,
peuvent constituer une avenue potentielle de traitement et de réutilisation de ces effluents. L’intérêt de
ces procédés réside dans leur aspect non polluant, leur facilité d’automatisation et leur capacité à
éliminer simultanément les polluants de type organique, inorganique et microbien en une seule étape
10
1. MISE EN CONTEXTE DE L’UTILISATION DU BIORÉACTEUR À MEMBRANE
Les EUM et EUI contiennent une panoplie de polluants de type polluants organiques (DCO, DBO5, MES,
métaux, etc.) et microbiens (bactéries, virus, parasites, etc.) qui échappent à l’épuration classique des
eaux usées. Il existe plusieurs systèmes d’épuration des eaux usées, (les procédés biologiques,
plusieurs facteurs, tels que la composition des eaux usées, la sensibilité du milieu récepteur, les normes
de rejets et les objectifs de réutilisation des eaux traitées, etc. Les procédés d’épuration par voie
biologique (boues activées, lits bactériens, biofiltres, lagunage, etc.) sont souvent utilisés dans le
traitement des EUD, EUM et EUI. En effet, ces procédés où les bactéries sont les principaux acteurs de la
dégradation des polluants sont relativement peu coûteux et aisés à mettre en place. Parmi ces procédés
biologiques, le système de traitement par boues activées (BA) est le plus utilisé. Il constitue l’un des
traitements les plus adéquats pour traiter, à grande échelle, des effluents chargés de composés
biodégradables.
de l’eau épurée. Cette étape de séparation a deux rôles essentiels: i) minimiser la teneur en MES dans
l’eau traitée, et ii) retenir la biomasse épuratoire pour la renvoyer vers le bioréacteur pour y maintenir
une concentration en biomasse adaptée à l’épuration attendue. La fiabilité de cette étape est donc
déterminante pour la qualité de l’eau traitée, mais aussi pour la maîtrise des processus biologiques en
biomasse et donc de l’activité dans le réacteur, due à une vitesse de croissance des espèces épuratives
inférieure au flux spécifique d’extraction du bioréacteur). Il est ainsi primordial de maîtriser la bonne
décantabilité des boues ce qui, malheureusement, peut échapper ponctuellement aux opérateurs du
11
fait de la variabilité de la composition de l’intrant ou de l’apparition de conditions de réaction non
insuffisante, écart de pH, concentration en biomasse excessive, etc.) entraînant une défloculation ou
l’apparition de flocs à faible décantabilité (foisonnement des boues). Il n’est donc pas rare d’observer
sur de tels systèmes des dysfonctionnements préjudiciables pour l’environnement ou pour un objectif
de réutilisation.
Pou y remédier, l’étape de décantation devra être améliorée en utilisant une barrière infranchissable
par les espèces épuratoires. Le choix de cette barrière c’est ainsi porté sur l’utilisation de membranes
poreuses (MF ou UF). Cette association d’un système biologique et de l’étape de séparation sur
2. PRÉSENTATION DU BRM
Le BRM est une technologie hybride qui couple un système biologique et une étape de séparation sur
membrane poreuse. Cette technologie est une amélioration du système biologique à boues activées,
vieille de près de 100 ans, qui se caractérise par le remplacement du traditionnel décanteur secondaire
par une unité de filtration membranaire (XING et al., 2000), dont la sélectivité remarquable représente
une barrière infranchissable par les espèces épuratoires, quelque soit leur état de floculation. Le
processus de métabolisation avec ses deux aspects, anabolisme et catabolisme observés dans un
système de boues activées sont similaires à ceux mis jeu dans un BRM. La technologie de BRM a été
introduite pour la première fois dans les années 1960, mais l’intérêt grandissant de son application au
traitement des eaux usées est réellement apparu quelques années plus tard. Les premières installations
commercialisées ont vu le jour dans les années 1970 et 1980 pour des marchés atypiques (effluents de
croisière navale, lixiviats de décharge et effluents industriels très concentrés) (STEPHENSON et al. 2000).
Puis, en Europe, par exemple, c’est dans les années 1990 que les premiers systèmes de BRM ont été mis
12
en opération pour le traitement des EUM (LE-CLECH et al., 2006; LESJEAN et HUISJES, 2008; MELIN et al.,
2006). Le développement a fait apparaître deux types de configurations: le BRM à boucle externe et le
Le BRM à boucle externe (Figure 1a) constitue la première génération (LESJEAN et HUISJES, 2008). Il se
caractérise par un module membranaire en positionnement externe par rapport au bioréacteur de type
boues activées. Le contenu (liqueur mixte) de ce dernier est injecté sur la membrane et la biomasse
retenue par filtration membranaire est recyclée afin de maintenir une concentration beaucoup plus
élevée dans le bioréacteur. Le BRM à boucle externe est plus adapté aux eaux usées caractérisées par
des températures relativement élevées (ex. 40oC), des concentrations élevées (ex. 10 500 mg DCO L-1) et
des pH élevés (YANG et al., 2006). Il est peu compatible au traitement de débits d’eaux importants et
peu concentrés comme le sont les EUM. Le BRM à boucle externe a été longtemps appliqué aux petites
entités telles les eaux usées de navires, les lixiviats de décharge ou les effluents industriels (YANG et al.,
économiquement rentable est obtenu en pratiquant une filtration dite tangentielle, imposant une
éventuellement combinée à une circulation gazeuse (VERA et al., 2000). La littérature fait également
mention de l’application BRM à boucle externe pour le traitement des eaux souterraines en vue de la
production d’eau potable (LESJAN et HUISJES, 2008). Cependant, la demande énergétique élevée fait en
sorte qu’on n’observe aucune croissance significative du marché des BRM à boucle externe,
13
2.2. Bioréacteurs à membrane immergée
Dans l’optique de diminuer les coûts de fonctionnement dus à cette circulation intense de la suspension
dans les modules externes, une seconde génération a été développée au début des années 1990. Cette
nouvelle configuration repose sur l’immersion des membranes ou des modules (en général des
membranes planes ou en fibres creuses) directement dans les boues activées (Figure 1b). La filtration
(pseudo-frontale) est accomplie par l’application d’une pression négative du côté du perméat et par
injection d’air directement sous et à l’intérieur du module membranaire afin de maintenir les particules
avantages sur le plan technico-économique où l’injection d’air est moins coûteuse qu’une circulation de
la suspension sous condition turbulente pour les membranes à boucle externe. Le Tableau 1 répertorie
une liste non exhaustive de quelques problèmes observés par les operateurs lors du fonctionnement des
BRM à grande échelle (BRM à boucle externe versus BRM immergée). L’apparition des BRM immergés a
ouvert le marché municipal du traitement des eaux par des techniques membranaires (LESJEAN ET
HUISJES, 2008). En effet, le BRM immergé est largement utilisé pour traiter les EUD et EUM (XANG et al.,
2006). En 2005, en Europe, les membranes immergées représentaient 97% des surfaces membranaires
totales installées et plus de 99% des surfaces membranaires totales annuelles au cours de 2003-2005
(LESJAN et HUISJES, 2008). Les faibles flux sous lesquels opère le BRM immergé (15 à 50 L h-1 m-2
comparativement à 50 à 120 L h-1 m-2 pour les membranes à boucle externe), implique la nécessité
d’avoir une surface membranaire élevée et donc l’utilisation simultanée de plusieurs membranes
(GANDER et al., 2000; MARROT et al., 2004). Les membranes immergées nécessitent donc un capital
d’installation plus élevé, mais elles apportent une réduction significative des coûts d’exploitation
comparée au BRM à boucle externe. Cependant, tandis que le bioréacteur requiert un bon transfert
d’oxygène (nécessité de fines bulles d’oxygène), la membrane requiert des bulles de dimension plus
grande afin de maintenir une bonne perméabilité et de réduire son colmatage. Pour des raisons de
14
maintenance, les membranes sont, pour la plupart des fabricants, maintenant immergées dans un
bassin dédié à la filtration. Ce qui oblige des recirculations importantes (300-400% du débit perméat)
filtration) et pourrait remettre en cause l’un des facteurs clés en faveur du choix du BRM à l’échelle
municipale. Le BRM immergé avec un bassin de filtration (configuration de type "outside") est préférée
surtout pour les sites avec des pics de charges élevés et des exigences plus strictes en matière de rejets
des nutriments (BREPOLS et al., 2005; LESJEAN et al., 2008). Mulder a indiqué qu’un effluent de
concentration en azote < 2.2 mg L-1 N (norme de rejet en Hollande) peut être atteint à la sortie d’une
STEP équipé d’un BRM immergé en configuration "outside", compte tenue du fait que la dénitrification
peut y être bien contrôlée. Le BRM immergé en configuration de type "outside" fournit également des
conditions opératoires plus flexibles et permet une indépendante optimisation des processus biologique
et membranaire. Une étude comparative récente effectuée en Europe sur deux STEP a indiqué de très
faibles différences entre les deux configurations de BRM à membrane immergée (configurations de type
"inside" et "outside"), en terme de consommation énergétique (VAN BENTEM et al., 2007). Dans la
configuration de type "inside", la membrane est directement immergée dans la suspension à traiter. En
effet, VAN BENTEM et al. (2007) ont rapporté que les STEP de Nordkanal en Allemagne (BRM immergé
STEP de Nordkanal était de 0.80 kWh/m³, tandis que celle de Varsseveld était de 0.88 kWh/m³ (VAN
BENTEM et al., 2007). Cependant, TAO et al. (2005) ont observé un ratio air/perméat plus élevé pour
15
fonctionnant en configuration "inside" (Tableau 2). Ces auteurs ont également observé une réduction de
Dans l’optique de retenir totalement des espèces épuratoires et divers types de polluants (microbien,
organique et inorganique) présents dans le réacteur ou dans l’eau à traiter, le seuil de coupure des
membranes est souvent choisi dans le domaine de la microfiltration (diamètre moyen du diamètre des
pores 0.05 à 0.4 µm) ou dans le domaine de l’ultrafiltration (10 à 50 nm) pour assurer notamment la
rétention des virus (GRASMICK et al., 2009). Ces membranes peuvent être de type organique ou
polysulfone (PS), polyacrilonitrilique (PAN), etc.) (CARDOT, 1999; BERLAND et JUERY, 2002). Ces
membranes sont souvent constituées de fibres creuses qui sont de minces tubes poreux. Les fibres
poreuses sont soit regroupées dans un cylindre, le tout constituant un module tubulaire, soit regroupées
en faisceau (module en fibres creuses). Dans le module tubulaire, l’eau à traiter entre à un bout des
tubes et l’excès d’eau polluée sort à l’autre bout, tandis que l’eau filtrée est récupérée sur les cotés. La
partie active de la membrane se trouve à l’intérieur de ces tubes, et l’eau à traiter circule à l’intérieur.
On distingue deux types de configurations possibles des modules en fibres creuses (BOUCHARD et al.,
2000; BUISSON et al., 1998). Dans un premier cas, l’eau circule à l’intérieur des fibres et le perméat est
récupéré à l’extérieur des fibres (Configuration Int-Ext). Dans le deuxième cas, l’eau circule à l’extérieur
des fibres et le perméat est récupéré à l’intérieur des fibres (configuration Ext-Int). Les membranes
organiques peuvent également être empilées en mille-feuilles séparées par des cadres intermédiaires
qui assurent la circulation de l’eau (modules plans), soit être enroulées sur elles même autour d’un tube
16
Les membranes inorganiques sont préparées à partir de polymère inorganique (alumine, zircone, oxyde
de titan, carbone, acier) et sont constituées tout comme les membranes organiques d’une fine couche
active efficace, supportée par une paroi plus épaisse permettant de donner à l’ensemble une plus
grande résistance à la pression. Ces membranes minérales sont des blocs macroporeux, souvent
cylindriques percés de canaux autours desquels se situe la partie active de la membrane (MOULIN,
1990). L’eau circule dans les tubes et une partie traverse la couche active puis diffuse dans la partie
distingue des membranes à structure symétrique, asymétrique et composite (Figure 2a, 2b et 2c)
(CARDOT, 1999; BERLAND et JUERY, 2002). Les membranes à structure asymétriques sont constituées
d’une fine pellicule appelée peau déposée sur un support poreux plus grossier de même nature
chimique et dont le rôle est d’assurer à l’ensemble de bonnes propriétés mécaniques. Les membranes à
structure composites se différencient des précédents par le fait qu’elles sont obtenues en déposant la
peau sélective sur un support préexistant de nature chimique différente. Les membranes à structure
symétrique possèdent une distribution régulière et uniforme des pores sur toute leur épaisseur
La mise en œuvre d’un BRM nécessite la prise en compte d’un certain nombre de facteurs qui
temps dont on dispose pour dégrader les composées solubles et donc le volume du bioréacteur. Le
temps de rétention solide (TRS, ou âge de boues : θ) correspond au temps requis pour dégrader les
donc directement la teneur en MES dans le bassin. Ensuite, pour un bon fonctionnement biologique, il
17
faudra s’assurer de ne pas être en oxygène limitant. Outre les facteurs précités, le choix des
caractéristiques du système de filtration doit aussi intégrer la nature spécifique des suspensions
présentes dans le bioréacteur à membrane et, notamment, leur concentration importante en biomasse
cellulaire (8 à 25 g L-1) mais aussi leur caractère évolutif en fonction des contraintes hydrodynamiques et
biologiques imposées. Une parfaite connaissance des relations entre les paramètres opératoires et
paramètres biologiques (temps de rétention hydraulique, âge des boues, pression transmembranaire,
flux critique, rendement, activité de la biomasse, concentration de biomasse, etc.), ainsi que les
paramètres physiques (filtration, durabilité, colmatage des membranes, rétro-lavage, etc.) est
nécessaire pour optimiser le design et le fonctionnement du BRM. La mise en œuvre des processus
biologiques impliqués dans la biodégradation des composés récalcitrants nécessite une acclimatation de
industrielle d’un BRM est de maintenir en cours d’opération, la perméabilité membranaire à des valeurs
cours d’opération sont la pression transmembranaire (PTM), la vitesse d’écoulement du flux d’eau (vT),
les concentrations de MES dans l’eau à traiter et dans le bioréacteur, le temps de rétention hydraulique
la membrane. Dans le BRM à boucle externe, la PTM est obtenue par l’équation (1) (CARDOT, 1999):
Pa Pc
PTM Pp (1)
2
18
Dans cette équation, « Pa , Pa » est la pression d’alimentation, « Pp, Pa » est la pression du perméat, et
« Pc, Pa » est la pression du concentrât. Les opérations de filtration peuvent être conduites en imposant
soit un gradient de pression, soit un flux de perméation. Le BRM doit être toujours opéré en dessous
d’une certaine PTM appelée pression critique. La valeur de la pression critique dépend de la nature
La plupart des installations fonctionnent à débit constant et une pompe d’aspiration est utilisée pour les
membranes immergées, même si des pressions transmembranaires de quelques dixièmes de bars sont
déjà assurées par les hauteurs d’eau présente dans les bassins, ou par le niveau de rejet du perméat. Le
flux est un paramètre décisif dans l’évolution de la PTM. Même si la filtration est effectuée en dessous
des conditions critiques, un changement de la PTM est observé. Selon ORANTES et al. (2006), dans un
BRM opéré à un flux J < 5 L h-1m-2 avec une membrane de type polysulfone (diamètre de pore= 0,1 µm),
la perméabilité évolue suivant deux paliers (Tableau 3): i) entre 0 et 500 h environs, la perméabilité
change très lentement; et ii) au delà de 550 h de filtration, une diminution brusque de la perméabilité
apparait, caractérisée par une augmentation de la PTM, qui nécessite une régénération de la
membrane.
2.4.2 Temps de rétention hydraulique (TRH), Temps de rétention de solides (TRS ou Âge des boues
(θ)) et MES
Le TRH et le TRS (l’âge des boues, θ) sont des paramètres importants dans les processus biologiques. La
des âges des boues élevés, indépendamment du TRH. Le TRS varie généralement entre 25 et 80 jrs et la
concentration de biomasse est comprise entre 8 et 25 g L-1 (CIRJA et al., 2008). Comparativement au
biomasse et des θ élevés va présenter des atouts particuliers pour intensifier les performances de
19
traitement. Pour une même charge volumique à traiter, à vitesse spécifique d’épuration équivalente, les
vitesses apparentes de réaction sont intensifiées et la taille du volume réactionnel est d’autant plus
réduite que la concentration en biomasse est augmentée (GRASMICK et al., 2009; XING et al., 2000). Les
considérés comme difficilement biodégradables dans des conditions de travail conventionnelles (CLARA
et al., 2005a,b; GRASMICK et al., 2009). Cependant, des TRS importants ont tendance à accumuler de la
matière inerte dans le bioréacteur au détriment des conditions d’agitation et mélange, et des efficacités
Quant au TRH, il a une influence mitigée sur l’élimination des micropolluants dans le BRM. En effet
certaines études notent que le TRH n’a pas d’influence particulière sur l’élimination des composés
hydrophobes, à cause de la capacité de ces derniers à se maintenir dans le bioréacteur, par adsorption
sur la biomasse. Par contre le TRH a une influence sur les composés moyennement hydrophobes et
hydrophiles. CHEN et al. (2008) ont observé des concentrations constantes de BPA à la sortie d’un BRM,
malgré la variation du TRH (8 h à 3,9 h). HU et al. (2007) ont observé un faible taux d’abattement de
l’activité œstrogénique, lorsque le TRH est de 6 h, des taux d’abattement plus élevés et croissants
lorsque le TRH est supérieur à 6 h. La concentration élevée de biomasse dans le BRM (8 à 25 g L-1)
améliore l’élimination des polluants par biodégradation et adsorption sur la biomasse (CIRJA et al.,
2008).
2.4.3 pH et température
Le pH dans le BRM a une influence sur certaines propriétés physico-chimiques des polluants. Une étude
a montré que les pH élevés (pH > 10) ou faibles (pH < 4) induisent une baisse de l’hydrophobicité de
certains composés, tels que le norfloxacine, alors que ce dernier est très hydrophobe à des pH près de 7
20
(MCBRIEN et al., 2004). Le pH (ou pKa) agit sur l’état protonique des composés (hydrophile,
hydrophobe). LYKO et al. (2006) ont rapporté que le BPA est adsorbé à 30% à pH = 5, mais il y a
influence quant à elle la solubilité des polluants et certaines de leurs propriétés physico-chimiques telles
que l’hydrophobicité, la solubilité. CARBALLA et al. (2005) ont observé une très bonne performance en
performances observées sont faibles. CLARA et al. (2005b) ont rapporté que le BRM élimine le
benzafibrate à 90% en été (20oC), mais ils notent un faible taux d’élimination à 12oC. Ces mêmes auteurs
ont par ailleurs démontré que l’âge critique des boues pour l’élimination du bisphénol A (BPA) est une
( T 10 )
*1, 072
T Topér
(2)
Le devenir des polluants dans le BRM est influencé par des facteurs, tels que les propriétés chimiques et
hydrophile difficilement biodégradable peut se retrouver à la sortie du BRM (en un temps TRH) sans
avoir été dégradé. En revanche, un composé hydrophobe difficilement biodégradable peut s’adsorber
sur la biomasse et être maintenu dans le bioréacteur (GARCIA et al., 2002; GIGER et al., 2003; ILANI et
al., 2005; LINDBERG et al., 2006; YU et HUANG, 2005). Le temps de contact de ce dernier dans le
bioréacteur sera alors égal au TRS, ce qui augmentera et facilitera sa biodégradation. Il est important de
noter que l’hydrophobicité d’un composé est exprimé par la valeur de son coefficient de partage
octanol/eau «Kow» (JAWAD, 2008). Ce coefficient « Kow » se défini comme étant le ratio de la
21
concentration du composé dans le solvant organique (octanol) sur sa concentration dans la phase
aqueuse (eau) (LYMAN, 1990). La valeur logarithmique du coefficient de partage (Log K ow) est inférieure
à 2.5 pour un composé qui ne s’adsorbe pas ou s’adsorbe difficilement sur la biomasse. Lorsque le
composé est moyennement hydrophobe, la valeur logarithmique de son coefficient de partage est
comprise entre 2.5 et 4.0. En revanche lorsque, le composé est caractérisé par un fort potentiel
d’adsorption sur la biomasse, la valeur logarithmique du coefficient de partage est supérieure à 4.0
La structure chimique d’un polluant pourrait influencer son élimination au cours d’un processus
biologique. En effet, plus la structure chimique du polluant est complexe, moins il est biodégradable. Il
est rapporté que l’augmentation des noyaux aromatiques ou des groupements toxiques (SO2O-) fait
décroître la dégradation dans une classe de micropolluants (ANDREOZZI et al., 2006; CIRJA et al., 2008;
REEMTSMA et al., 2002). En effet, REEMTSMA et al. (2002) ont observé que le naphtalène
monosulfonate est complètement éliminé dans le BRM, tandis que le naphtalène disulphonate est
éliminé à 40%, dans les conditions identiques d’opération. Ces auteurs ont également rapporté que la
biodégradation différente et plus faible que celle observée sur le 17 α- œstradiol, malgré leurs
Dans le passé, le facteur limitant le développement de la technologie de BRM était le coût des
membranes (MARROT et al., 2004). Mais depuis quelques années, les coûts ont été réduits grâce aux
progrès effectués dans le domaine de la fabrication des membranes. Des progrès ont permis également
d’augmenter la durée de vie des membranes, de diminuer les coûts de remplacement de ces dernières,
de réduire la consommation énergétique par rapport au flux de perméat obtenu, et de diminuer les
22
coûts de fonctionnement par les possibilités de réutilisation des eaux traitées. De nos jours, le principal
facteur limitant l’application à long terme des BRM est devenu le colmatage des membranes. C’est un
phénomène complexe. Il peut être décrit comme étant une diminution continue du flux de perméat (à
pression constante) ou une augmentation de la PTM, causée par l’accumulation ou l’adhésion et/ou
en suspension à la surface de la membrane et sur les pores de la membrane (CHOO et LEE, 1996). Il est
physique) et le colmatage irréversible (de nature plutôt chimique). Plusieurs facteurs peuvent contribuer
au colmatage des membranes et la nature de ce colmatage varie d’un auteur à un autre alors qu’il est
colmatage (LI et al., 2005) et qui considère les MES comme la principale cause du colmatage
gâteau, en tant que couche dynamique sélective, peut améliorer la capacité de rétention de
la membrane (OGNIER et al., 2004; TARDIEU et al., 1999), mais deviendra vite limitant en
ii) du micro-colmatage et qui soulignent l’importance des produis microbiens solubles (PMS)
iii) du nano-colmatage et qui remarquent une contribution significative des composés dissous.
Selon FANE et al. (1980), les substances dissoutes contribueraient jusqu'à 60% au colmatage.
23
Ce colmatage membranaire doit être maitrisé et contrôlé afin de maintenir des conditions de
2009). La maîtrise de ce colmatage conduit entre autres à la réduction des coûts liés aux opérations de
nettoyage de la membrane.
Plusieurs études ont tenté d’élucider les mécanismes et facteurs qui influencent et gouvernent le
de la membrane, les caractéristiques des boues (MES, état physiologique de la biomasse, viscosité, etc.)
Les caractéristiques de la biomasse présentes dans le bioréacteur ont une influence significative sur le
colmatage de la membrane. Il a été rapporté que le colmatage s’amplifie dès que l’état de floculation de
la biomasse dans le bioréacteur est faible (KAAM et al., 2006). LI et al. (2005) ont pu réduire le macro-
colmatage en développant dans le bioréacteur des boues granulées. Le flux de perméat obtenu dans ces
conditions est deux fois plus élevé que celui observé dans un BRM classique fonctionnant dans les
mêmes conditions de travail. CICEK et al. (1998) ont observé que lorsque les concentrations de MES sont
comprises entre 8 et 15 g L-1, le flux de perméat est plus élevé et décroît plus lentement et
graduellement, comparativement à lorsque les concentrations de MES sont comprises entre 2 et 8 g L-1.
La vitesse d’écoulement transversale ou le flux transmembranaire (vT) a une influence sur le colmatage
et la nature du colmatage de la membrane. CHOI et al. (2005) ont rapporté que lorsque le BRM à boucle
24
externe opère à faibles vitesses d’écoulement transversales, c’est à dire entre 1 et 2 m s-1 pour une
membrane de UF et entre 1 et 3 m s-1 pour une membrane de MF, le colmatage qui s’installe est
réversible. Par contre, pour des vitesses ≥ 3 m s-1, le colmatage devient irréversible. Un flux stable peut
être maintenu pendant une longue période de filtration, lorsque le BRM opère à PTM raisonnablement
ajustée. De nombreuses études indiquent que le flux à travers la membrane ou le flux transversal et la
PTM doivent être maintenus inférieurs à des valeurs critiques respectives (notion de flux critique). Ces
valeurs critiques doivent être déterminées pour chaque type d’effluent, de membrane et de
réduisent le dépôt de particules à l’intérieur des pores ou sur la couche active de la membrane.
Suivant sa composition, la suspension peut être prétraitée afin de diminuer son pouvoir colmatant.
agissent sur des paramètres physiques. Il est à noter également l’avantage de prétraitement type grille
perforée par rapport au micro-tamis où la rétention des fibres (ex. cheveux, etc.) est plus faible. D’autres
techniques modifient les paramètres chimiques (modification du pH, modification de la force ionique de
la solution par ajout de sels ou ajout de réactifs de coagulation, ou de floculation, ou encore ajout de
complexant, etc. (MOULIN, 1990; POUET et al., 1992). Par exemple, le conditionnement préalable d’une
suspension par voie physicochimique (apport de coagulant) permet de favoriser la structuration des
flocs et améliorer la filtrabilité de la suspension. L’utilisation de charbon actif en poudre permet de fixer
les molécules solubles ou les colloïdes à l’origine du colmatage irréversible (LESAGE et al., 2005).
25
3.2.2 Vitesse d’écoulement transversale et aération du bioréacteur
La perméabilité est principalement gouvernée par la vitesse d’écoulement transversale du flux dans le
BRM à boucle externe et par l’aération dans le BRM immergé. Dans ce dernier, l’injection d’air sous et à
membrane (MATOSIC et al., 2008; PELLEGRIN et al., 2002). L’aération produit l’oxygène nécessaire à
l’activité biologique et crée une turbulence autour de la membrane, qui entraine les grosses particules
et détache le gâteau qui se forme sous l’effet de la succion requise pour la filtration (METCALF & EDDY
INC., 2003). Cependant, l’aération pourrait avoir des impacts négatifs sur les performances du
bioréacteur. En effet, KAAM et al. (2006) ont observé que le mode d’aération a une influence sur la
colmatage.
Le nettoyage des membranes élimine le colmatage et prolonge ainsi leur durée de vie. Il existe plusieurs
techniques de nettoyage des membranes. Les plus utilisées sont le rétro-lavage et le lavage chimique. Le
rétro-lavage se fait à l’eau ou à l’air. Plus les pores de la membrane sont larges, moins le rétro-lavage est
lavage (en général ce débit est 2 à 3 fois supérieur au débit de filtration), la fréquence et la durée du
rétro-lavage. La littérature révèle que plus le rétro-lavage est de courte durée, plus il permet de rétablir
un meilleur flux (BARRIOS-MARTINEZ et al., 2006; RAMIREZ et DAVIS, 1998). Comme seules les
membranes types fibres creuses pouvaient être rétro-lavées (arrachement des joints de colle et
gonflement des membranes planes pendant le retro-lavage), des fabricants travaillent actuellement sur
26
Le nettoyage chimique peut être fait avec différents types de produits chimiques. On utilise
principalement des solutions acides pour éliminer les dépôts inorganiques, des solutions basiques et
agents tensioactifs pour éliminer les matières organiques et des désinfectants pour prévenir la
croissance de microorganismes dans le système membranaire (BOUCHARD et al., 2000). Le choix des
produits chimiques se fait en fonction de la nature du matériau membranaire, afin de respecter les
limites de pH et de température ainsi que la tolérance au chlore, aux autres désinfectants et acides.
Dans les conditions normales, les solutions généralement utilisées pour le nettoyage chimique sont
l’hypochlorite de sodium (NaOCl) pour détacher les matières organiques et l’acide citrique (C6H8O7) pour
les inorganiques (CHANG et KIM, 2005; CHANG et al., 1999; LE-CLECH et al., 2006; LEE et al., 2003). Il est
fréquent que les fabricants de membranes proposent des protocoles spécifiques pour le nettoyage
chimique. Ces nettoyages sont, pour la plupart, opérationnels sans vider le bioréacteur, où les solutions
de nettoyage sont envoyées pendant un rétro-lavage et présentes peu d’impact sur le procédé
biologique. Les notices d’emploi du module membranaire renferment des recommandations précises
quant aux produits à utiliser pour nettoyer et désinfecter les membranes sans les détériorer. Il est aussi
de leur utilisation (base de données). Cet historique pourrait servir à ajuster les conditions opératoires
hydrodynamique, le modèle fractale, le modèle de résistance par section et les modèles de résistances
en série.
27
3.3.1 Modèle hydrodynamique
Le modèle hydrodynamique proposé par LIU et al. (2003) (cité par NG et KIM, 2007) décrit le colmatage
travers la membrane, flux de perméat, intensité d’aération, concentration des MES, etc.). Dans ce
modèle, le taux de croissance du colmatage (k, m h-1) est décrit par l’équation (3):
c d e
k f 2 vT J X b
(3)
Dans l’expression ci-dessus, « f2 », « c », « d », « e » sont des constantes, « vT, m s-1 » est la vitesse
d’écoulement transversale ou flux, « J, L m-2 h-1 » est le flux de perméat et « Xb , g L-1 » est la
déterminées par la méthode des moindres carrés, et sont les suivantes f2= 8.933×107, c = -3.047, d =
MENG et al. (2005) ont développé un modèle pour évaluer la perméabilité du gâteau à la surface de la
membrane dans un BRM immergé. La microstructure désordonnée et complexe du gâteau y est décrite
pas la théorie fractale. Le taux de croissance du colmatage (k, m h-1) est défini par l’équation (4):
* L0 * Q G 1 2 Ds 3 D
k 2
C0 a m ax s
P T M * At g At 3 Ds
(4)
28
Dans l’expression ci-dessus, « µ, mPa s-1 » est la viscosité dynamique de la liqueur mixte, « L0 » est une
constante caractérisant la longueur de pore, « Q, L s-1 » est le débit à travers la membrane, « PTM, Pa »
est la pression transmembranaire, « At » est la surface totale des pores (m2), « G » est le facteur
géométrique du flux à travers un pore (i.e. Pi/128 pour les pores circulaires), « g » est le facteur de
forme, « C0» est une constante, « Ds » est la dimension de la surface du pore selon la théorie fractale,
« amax » est la limite surfacique maximale d’un pore. Le modèle n’indique pas l’influence des paramètres
LI et WANG (2006) ont utilisé une approche de résistance par section pour décrire le colmatage dans un
BRM. Dans le modèle proposé, la surface de la membrane est divisée en plus petites surfaces identiques.
Chaque petite surface a une résistance intrinsèque, une résistance de colmatage des pores, une
compte, et la résistance totale (RT) est la somme de toutes les résistances : résistances intrinsèques (Rm),
résistances de colmatage des pores (Rc), résistances d’accumulation du gâteau (RAG) et résistances de
RT Rm Rc R AG RC D
(5)
La masse de boue sur la couche dynamique de colmatage (MCD) est exprimée par l’équation (6):
29
2 2
dM C D 24 * X b * J (1 ) * I * M CD
*
dt 24 * J Cd * d p * I Yb * V p * t f M CD
(6)
Le premier terme de cette expression décrit le taux d’attachement de la biomasse et le deuxième terme
est le flux du perméat, « Cd » est le coefficient de la force de levée d’une particule de boue de diamètre
cisaillement sur la surface de la membrane, « VP, m3» est le volume de perméat au cours d’un cycle de
filtration, « Yb » est le coefficient de compression de la boue, « tf ,sec» est le temps de filtration. MCD
s’exprime en (g). Le modèle de résistance par section intègre les effets de variation des forces de
cisaillement sur la formation de gâteau et à l’avantage de prendre en compte les cycles de nettoyage. Il
caractérise le colmatage en tout temps. Cependant, les limites de ce modèle résident dans le fait que les
Les modèles de résistance en série sont des modèles qui intègrent les effets de la biomasse aux
plus des MES, les effets des matières solubles dans le processus de colmatage. Dans ces modèles, le
colmatage réversible est attribué aux MES, tandis que les matières solubles sont responsables du
colmatage irréversible. Le flux du perméat est décrit selon l’équation de Darcy donnée à l’équation (7):
PTM
J
* RT
(7)
30
Dans cette expression, « J, m s-1 » représente le flux du perméat, « PTM, Pa » est la pression
transmembranaire, « µ, Pa.s » est la viscosité de la liqueur mixte et « RT, m-1 » est la résistance totale de
la membrane. L’outil le plus simple et le plus employé sur le plan pratique pour représenter l’évolution
du colmatage en cours d’opération, est le modèle de résistances en séries (GRASMICK et al., 2009),
modèle selon lequel la résistance totale de la membrane (RT) peut être définie comme suit :
RT Rm R rev R irr
(8)
Dans cette expression, « Rm » représente la résistance hydraulique initiale de la membrane, «Rrev» est la
résistance réversible et «Rirr» la résistance irréversible. Certains auteurs ont adopté une description plus
simplifiée (CHOI et al., 2005; LIANG et al., 2006; ZHANG et al., 2006).
D’autres ont établi des modèles qui intègrent l’influence des PMS. C’est dans cet ordre que LEE et al.
(2002) ont proposé l’expression suivante pour la résistante totale (équation 10):
RT Rm m*
(9)
Dans cette expression, « Rm » est la résistance propre de la membrane, « α » est la résistance spécifique
Xb
m km *V p *
A (10)
31
Avec « km » le coefficient qui reflète les effets de filtration (km est compris entre 0 et 1, et est égale à 1
pour la filtration frontale, « Vp, m3 » le volume de perméat, « Xb, g L-1 » la concentration de MES et « A,
m2 » la surface active de la membrane. WINTGENS et al. (2003) ont proposé un autre modèle qui associe
l’activité biologique au colmatage. Mais ce modèle ne quantifie pas les substances. Le flux de perméat
PTM
J (11)
* ( Rm Rg Rc )
résistance du gâteau, « Rc » est la résistance de colmatage et « µ, mPa s-1 » est la viscosité de la liqueur
mixte. « ΔPTM, Pa » est la différence de pression transmembranaire effective et elle est obtenue à partir
de l’équation (12):
Dans cette équation, « phydro, Pa » est la pression hydrostatique, « ppomp, Pa » est la pression de succion,
« Δpax, Pa » est la chute de pression du flux de perméat. Il faut retenir que la complexité du colmatage
limite sa description mathématique. Les différents modèles établis à ce jour, ne font pas une description
32
3.4. Spécificité et performance du BRM
membrane a pour avantages (BRINDLE et STEPHENSON, 1996; GRASMICK et al., 2009; NAGANO et al.,
1992; WING et al., 2000): 1) une grande qualité de l’eau traitée en terme de particules (absence totale
de MES et de matière colloïdale); 2) une désinfection poussée dont l’intensité dépend du seuil de
coupure et de la distribution des diamètres des pores des membranes; 3) une rétention totale des
espèces biologiques, même peu floculées, qui peut favoriser le développement d’espèces et d’activités
spécifiques au sein du réacteur; 4) une rétention par la membrane des MES non décantables dont le
temps de séjour dans le système devient égal au temps de rétention de la phase solide (θ), facilitant
ainsi leur assimilation et ; 5) le maintien dans le réacteur d’une teneur contrôlée et élevée en biomasse
La concentration en biomasse dans le BRM n’est pas limitée à une valeur critique proche de 4 à 5 g L-1,
valeur au-delà de laquelle la séparation par décantation gravitaire apparaît comme fortement ralentie,
voire perturbée dans les systèmes conventionnels à boues activées. Le BRM est ainsi susceptible
d’opérer avec des concentrations 2 à 5 fois plus élevées (entre 8 et 25 g L-1). L’effluent traité est d’une
de sous-produits de désinfection. Cette eau traitée est complètement acceptable pour une réutilisation
directe au niveau municipal (eau de toilette, lavage d’auto, etc.) ou une réutilisation indirecte au niveau
industriel (eau de refroidissement, eau de procédé, etc.). Elle pourrait également servir d’eau
d’alimentation aux unités d’osmose inverse (XING et al., 2000). Le surcoût d’investissement et de
fonctionnement d’un BRM, est alors compensé par la minimisation de son emprise au sol (d’un facteur 4
33
par rapport à un procédé boue activée conventionnelle), et le fait que la qualité d’eau produite dispense
En général, les taux d’abattement de la pollution de type organique dans les eaux usées sont très
intéressants. Le BRM est très robuste aux variations inopinées de charges et pourrait fonctionner à
charges volumiques et organiques importantes. ZHANG et VERSTRAETE (2002) ont observé dans un
BRM, un abattement de 99% de DCO sur une eau usée de charge organique de l’ordre de 10 500 mg
DCO L-1. Pour une même charge volumique à traiter, le BRM permet de réduire la taille du volume
réacteur biologique. Il permet également de supprimer tout problème de décantabilité des boues, qui
l’apparition de flocs à faible décantabilité causant un foisonnement des boues (GRASMICK et al., 2009).
La production de biomasse ou boues excédentaires est moins importante, lorsqu’on sait les difficultés
Plusieurs études rapportent des taux d’abattement de DCO allant jusqu’à de 99%, dépendamment du
type d’eau traitée, du type de composés organiques, type de membrane et des conditions de traitement
imposées (PTM, θ, etc.) (Tableau 4). Par exemple, CICEK et al. (1998) en appliquant la technique de BRM
(membrane céramique, seuil de coupure de 300 kDa) à un effluent synthétique contenant de la caséine
ont obtenu une élimination quasi-totale de la DCO (99% d’abattement) et du COD (99.5% d’abattement)
en imposant un TRH de 6 h, un θ de 30 jours, une PTM de 50 kPa et une concentration de MES comprise
entre 8 et 15 g L-1. Par comparaison, l’application du procédé BRM mettant en jeu une membrane à fibre
creuse (membrane organique, diamètre des pores de 0,04 µm) a permis d’obtenir un taux d’élimination
34
de la DCO de 69 à 83% d’un effluent de lisier de porc (susceptible de contenir plusieurs molécules
situant entre 2.8 et 4.1 g L-1 (YANG et CICEK, 2008). Le lisier de porc issu des porcheries contient très
souvent des antibiotiques (tétracycline, chlorotétracycline, etc.), lesquels sont couramment administrés
aux animaux pour leur protection et leur croissance accélérée (CHEE-SANFORD et al., 2001). Ces
D’autre part, les BRM peuvent être employés pour éliminer l’azote (N-NH4 et N-NTK) et le phosphore (P-
PO4 et PT) (Tableau 5). Il est possible alors d’utiliser le débit de recirculation du bassin membrane (300-
400%) pour renvoyer en tête les nitrates produits pendant la phase aérobie. Des taux d’élimination de
N-NH4 et PT allant jusqu’à 99% et 97% peuvent être respectivement obtenus, dépendamment des
procédé de BRM (membrane de type inorganique) à une solution synthétique obtiennent une
7 jours et une concentration de MES de 10 g L-1. PELLEGRIN et al. (2002) ont pour leur part étudié la
possibilité d’éliminer l’azote ammoniacal et l’azote total des eaux usées de type municipal en utilisant
un BRM (membrane à fibres creuses, seuil de coupure 200 kDa) fonctionnant avec un TRH de 6 h, un TRS
de 25 jours et une concentration en MES de 11 g L-1. Ils obtiennent un abattement de 95% de N-NH4 et
80% de N-NTK. Les taux d’abattement de N-NH4 enregistrés par BARRIOS-MARTINEZ et al. (2006) et
PELLEGRIN et al. (2002) sont quasiment identiques. Cependant, l’application du BRM sur des EUM
requiert un θ plus élevé (25 jours) compte tenu de la complexité de l’effluent comparativement à
35
Dans un BRM conventionnel, la dénitrification est due à la présence de zones anoxies causée par les
fortes concentrations de biomasse. En effet, à faible concentration d’oxygène dissous, les limites de
diffusion peuvent créer, dans le bassin aérobie, des zones anoxies entre les flocs biologiques favorisant
ainsi la dénitrification (POCHANNA et al., 1999). Mais, les processus de nitrification et dénitrification
configuration du BRM. En effet, HOLAKOO et al. (2007) ont observé dans une étude de faisabilité de la
nitrification et dénitrification simultanée dans le BRM aéré en continue, que le taux d’abattement de
l’azote total n’est pas élevé (32-45%), malgré le taux élevé d’abattement de la matière organique (95%).
Il en ressort que le type d’aération peut avoir un effet significatif sur la croissance et le développement
nécessaire pour une oxydation du carbone et une nitrification simultanée, doit être supérieure ou égal à
2 mgO2 L-1 (SORENSEN et JORGENSEN, 1993). L’aération par intermittence peut permettre d’atteindre
cette concentration. L’élimination de l’azote peut également être améliorée avec la création d’une zone
anoxie séparée de la zone aérobie (COTE et al., 1997). Ce type de configuration du BRM (configuration
anoxie-aérobie) a permis à BAEK et PAGILLA (2008) d’obtenir des taux d’abattement de N-NH4 et de NT
de 97% et 89%, respectivement. BIRIMA et al. (2005) ont noté pour cette même configuration, des
termes d’élimination biologique du phosphore sont faibles. VERA et al. (1997) ont observé un taux
d’abattement de 45% de phosphore, par voie biologique. Une étude réalisée par BATTISTONI et al.
(2006) rapportent une élimination de 67% de phosphore. Mais, CICEK et al. (1998) ont mesuré un taux
d’abattement de 96,6% de phosphore. Le BRM aussi est une barrière totale pour les MES (≥99,9%),
turbidité (≥90%) et agents pathogènes (100%) (BARRIOS-MARTINEZ et al., 2006; CICEK et al., 1998; VERA
36
3.4.3 Élimination de polluants de type microbien
L’efficacité désinfectante des BRM a été évaluée. L’application du BRM permet une élimination efficace
des indicateurs de pathogènes (coliformes totaux et fécaux), de virus et des bactéries hétérotrophes
aérobies (BHA) (Tableau 7). COMEAU (2006) en appliquant le BRM (membrane à fibres creuses,
diamètre des pores 0,04 µm) à un effluent de lisier de porc ont obtenu une élimination totale des
coliformes fécaux (100% d’abattement) en imposant un TRH de 9 h. Une éradication totale de virus MS-
2 (bactériophage) et de BHA a été enregistrée par CICEK et al. (1998) lors du traitement d’un EUS à l’aide
d’un BRM (membrane céramique, seuil de coupure 300 kDa) fonctionnant avec un TRH de 6 h.
L’efficacité désinfectante des BRM est en grande partie liée à la taille des pores. La taille des pores
n’étant jamais uniforme, il faut choisir une membrane avec un écart suffisant par rapport aux plus petits
microorganismes que l’on veut retenir. Cependant, le micro-colmatage réduit le seuil de coupure des
bactériologique total.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont à l’origine de nombreuses perturbations de la faune aquatique
et constituent un risque pour la santé humaine (ESPLUGAS et al., 2007; GERECKE et al., 2002; TIXIER et
al., 2003). Ils échappent pour la plupart au traitement classique des eaux usées. Les techniques de
séparation telles que l’adsorption sur charbon actif et la filtration membranaire peu vent être
efficacement utilisées pour éliminer les PE (CHANG et al. 2009). En général, le charbon actif élimine les
PE non polaires, spécialement ceux dont les valeur de Log Kow sont supérieures à 2 (RACS et GOEL, 2010,
SNYDER et al., 2003), Kow représentant le coefficient de partage octanol/eau. Il est important de
souligner que, l’hydrophobicité d’un composé est exprimée par la valeur de son coefficient de partage
qui se défini comme étant le rapport entre la concentration de ce composé dans le solvant organique
37
(octanol) et celle mesurée dans la phase aqueuse. Il est d’autant plus hydrophobe que la valeur
logarithmique du coefficient de partage (Log Kow) est important (LYMAN, 1990). Les techniques de
filtration membranaires telles que la nanofiltration et osmose inverse peuvent permettre d’atteindre 10
à 95% d’élimination des PE, dépendamment du type PE (CHANG et al., 2009). Les performances de ces
techniques membranaires sont tributaires des propriétés physicochimiques des PE, de leur taille
moléculaire, leur solubilité dans l’eau et leurs propriétés électrostatiques (LIU et al., 2009). Les procédés
d’oxydation avancée (ex. H2O2/Fe2+, H2O2/O3, H2O2/UV, O3/UV, etc.) peuvent être également utilisés
pour éliminer les PE (ZAVISKA et al., 2009; GOGATE et PANDIT, 2004; PARSONS, 2004; IKEHATA et EL-
DIN, 2006). Les performances de ces techniques sont généralement proportionnelles à la dose d’oxydant
employée. Les études portant sur l’élimination des PE dans le BRM sont peu nombreuses (Tableau 8).
Elles portent pour la plupart sur des composés phénoliques (ex. nonylphénol, BPA), des hormones et
WINTGENS et al. (2002) ont rapporté dans une étude d’évaluation du potentiel du BRM dans le
traitement des eaux usées contenant des nonylphénols, que ces derniers sont réduits de 87%. Une
étude réalisée à l’échelle pilote par HU et al. (2007) indique que le bioréacteur membranaire élimine 80
à 90% d’estrone (E1), 72% de 17 α- œstradiol (E2), et 70 à 94% de BPA. Le taux d’abattement du BPA
dans le BRM oscille généralement entre 93 et 97% (CHEN et al., 2008; CLARA et al., 2005a,b; LEE et al.,
LEE et al. (2008) indiquent que pendant que les nonyphénols et l’œstradiol et le 17 β-éthinylestradiol
sont éliminés à 55%, 64%, ≥71%, respectivement, le BPA et le genistein le sont à 93% et plus. Une étude
effectuée à grande échelle par CLARA et al. (2005a) a confirmé ces résultats pour le BPA (≥93%) et le
ont également été mis en évidence, notamment le régulateur de lipides (benzafibrate), l’analgésique
38
(ibuprofène), les composés polycycliques (galaxolide et tonalide), l’antiépileptique (Carbamazepine),
pour ne citer que ceux-là (CLARA et al., 2004, 2005a). Les résultats de cette étude ont montré que
benzafibrate et ibuprofene ont des taux d’élimination élevés (≥95%). Ensuite, suivent les composés
polycycliques (tonalide et galaxolide) qui sont éliminés à près de 80%. Le carbamazepine n’est pas
éliminé. Une étude à long terme effectuée par ZUEHLKE et al. (2006) a confirmé les résultats obtenus
par CLARA et al. (2004, 2005a), en particulier pour le composé carbamazepine. Aussi, cette même étude
rapporte que les composés tels que phenazone, propyphenazone et FAA sont partiellement éliminés
Les principales limites de la technologie seraient le dimensionnement, les exigences opératoires, les
besoins accrus de maintenance, les coûts de fonctionnement. Les outils et modèles utilisés pour
dimensionner les procédés à boues activées restent globalement applicables aux bioréacteurs à
membranes (HENZE et al., 1987, 2000; HERBERT, 1958; METCALF & EDDY INC., 2003; PIRT, 1965).
Cependant, le fait de travailler avec des θ et des concentrations en biomasse plus élevés oblige à
réévaluer certains paramètres cinétiques pour intégrer : i) une accessibilité plus facile du substrat aux
sites actifs due à une réduction des limitations au transfert induite par la présence d’organismes peu
floculés, ii) une hydrolyse intensifiée des macromolécules (retenues par la membrane) et dont le temps
de séjour est identique à celui de la fraction particulaire, iii) une composition de la biomasse spécifique
Il paraît ainsi plus difficile de trouver un jeu de paramètres permettant de décrire la très large gamme de
conditions opératoires offertes par les BRM. Aussi, les coûts d’investissement (coûts des membranes) et
le colmatage ont longtemps limité l’application à grande échelle des BRM. Les progrès remarquables
effectués au niveau de la technologie de fabrication des membranes font que les coûts d’investissement
sont maintenant plus faibles. Toutefois, les coûts de fonctionnement restent encore élevés à cause du
nettoyage fréquent et le remplacement des membranes, de l’aération très intensive appliquée pour le
39
contrôle du colmatage, et de la consommation énergétique liée aux pompes de succion. Le BRM reste
également limité par la capacité de filtration des membranes. En effet, les débits d’eaux usées traitées
par jour ne peuvent pas excéder les débits de filtration des membranes.
Les BRM existent sous diverses formes dans les installations de traitement des eaux usées. Les
performances sont en général très élevées et les eaux traitées sont de très bonne qualité respectant les
normes en vigueur en matière de réutilisation des eaux usées dans plusieurs pays du monde (États-Unis,
Canada, France, etc.). Les effluents de BRM pourraient donc être réutilisés ou recyclés dépendamment
des usages spécifiques visés. Il existe déjà dans le monde plusieurs cas de réutilisation des effluents de
BRM aussi bien pour l’agriculture, l’irrigation des espaces verts, les eaux de toilettes, etc. La société
Novidon (Veurne, Belgique) qui traite de l’amidon, utilise la technologie de BRM depuis 2003 pour le
traitement de ces eaux usées. Ces eaux traitées (perméat) sont utilisées à ±50% pour différentes
applications dans la production (eau de rinçage, eau de lavage, etc.). Depuis 2008, le Pennant Hills Golf
Club australien (Beecroft, New South Wales, Australie) réutilise à 98% les EUM pour l’irrigation des
parcours de golf et des espaces verts. Ces EUM réutilisées sont des effluents d’un BRM immergé à
boucle externe (ZeeWeed, Zenon). Elles respectent les normes australiennes en matière de réutilisation
des eaux usées. Le Vancouver Convention & Exhibition Centre (Vancouver, Canada) réutilise 100% des
eaux usées produites dans son édifice (lesquelles sont traitées dans un BRM), pour l’irrigation des
espaces verts. Depuis 1993, un projet de réutilisation des effluents de la STEP municipale de Santa Cruz
(Tenerife Island) pour l’irrigation des plantations de bananes et de tomates a été entrepris afin de
rendre économiquement compétitives les cultures de cette région et ceux de l’Amérique du Sud.
L’intégration d’un système de BRM à la station de boues activées existante a permis d’obtenir des eaux
qui respectent les garanties de santé acceptable par le marché international (VERA et al., 1998). La
réutilisation des effluents de BRM peut aussi requérir des étapes supplémentaires de traitement afin
40
d’avoir une qualité respectant les usages spécifiques. Dans ces cas, le BRM s’avère alors un bon
agroalimentaire reste encore un sujet tabou du fait des impératifs sanitaires de production.
Le Tableau 9 présente quelques d’installations de BRM à travers le monde. Les BRM peuvent constituer
accéléré la pénétration et l’extension des BRM sur le marché du traitement des eaux. En 2005, le BRM
immergé représentait plus de 97% des installations utilisant les biotraitements membranaires en
Europe. Le marché des BRM est en pleine croissance. Il avait une valeur de 217 millions de dollars US en
2005, avec une croissance annuelle de plus de 10%, plus rapide que les autres procédés avancés de
traitement des eaux et autres types de systèmes membranaires (JUDD, 2008; LESJEAN et HUISJES,
2008). Dans le monde, on dénombre plus de 2 200 systèmes de BRM destinés au traitement des eaux.
Actuellement, le plus grand BRM est installé à la station d’épuration des EUM de Nordkanal à Kaarst en
Allemagne (débit max. 48 000 m3 jr-1) (LESJEAN et HUISJES, 2008; MELIN et al., 2006). En Amérique du
Nord, il existait déjà plus de 15 stations d’épuration des eaux usées utilisant la technologie de BRM, avec
des débits journaliers allant jusqu’à 9 500 m3 jr-1 (YANG et al., 2006). En Europe, il existait environ 100
stations de traitement des eaux d’une capacité supérieure 500 EH (équivalent-habitants), utilisant la
technologie de BRM pour le traitement des EUM, et 300 autres pour le traitement des EUI, d’une
capacité supérieure à 20 m3 jr-1. En Europe, le débit moyen journalier traité est de 13 000 m3 jr-1 pour les
STEP municipales utilisant des BRM, et de 2 500 m3 jr-1 pour les STEP industrielles. En Asie, en particulier
au Japon et en Corée du Sud, les BRM sont majoritairement utilisés pour des applications à petite
échelle (traitement de EUD). Le BRM devient de plus en plus abordable sur le plan économique, grâce à
la diminution continue du coût de fabrication des membranes et des normes de rejets qui évoluent vers
une sévérité croissante aussi bien en ce qui concerne les concentrations en polluants que les débits. Il
41
est estimé que le marché actuel doublera tous les sept ans. Il atteindra une valeur de 360 millions de
dollars US en 2010.
Plusieurs systèmes de BRM sont commercialisés dans le monde (Tableau 10). La pénétration et
l’extension des bioréacteurs à membrane sur le marché du traitement des eaux sont en majorité dues à
Le système Clereflo MBR (Conder Products, Royaume-Uni), pouvant être utilisé pour le
systems
pouvant traiter des débits allant jusqu'à 7 500 m3 jr-1 pour le premier et 48 000 m3 jr-1
pour le second.
Les systèmes EFLO MBR (EFLO International Ltd, Royaume-Uni), qui sont des BRM
systèmes peuvent être installés dans ou sur le sol, ou peuvent être mobiles pour des
utilisations temporaires. Ils permettent de traiter des débits allant de 120 à 1200 m3 jr-1
Les systèmes AirLiftTM Membrane BioReactor (MBR) à boucle externe et Crossflow sont
42
Membrane BioReactor (MBR) est destiné au traitement des EUM, tandis que le
système Crossflow est destiné au traitement des EUI et des lixiviats de décharge.
Le marché des BRM est dominé par les fournisseurs de membranes suivants:
- membranes planes : Kubota, A3, Toray, Martin systems, Microdyn Nadir, Huber.
En Amérique du nord, il y a 4 principaux fabricants de BRM. Ce sont Zenon Environmental Inc. (Canada),
USFilter (USA), Kubota (Japan) et Mitsubishi-Rayon (Japan). En Europe, les grands groupes présentent
La plage de fonctionnement des BRM (âge de boues et teneur en MES) s’est rapidement restreinte suite
à des problèmes d’agitation et mélange et de transfert de matière (oxygène). En effet, même si le BRM
permet de dissocier TRH et TRS, un âge de boues élevé reste synonyme de teneur en MES élevées. Et, de
simples bilans matières montrent que des TRS importants concentrent la matière inerte (non utile pour
la bioréaction) dans le réacteur (LOBOS et al, 2009). Ces composés s’accumulent suivant le facteur de
43
que pour une charge donnée, la teneur en MES évolue presque linéairement avec le temps de rétention
de solide. Cependant, la puissance d’aération, pour respecter la quantité d’air nécessaire à l’activité
biologique augmente de 132 % quand on passe de 4 g.L-1 à 12 g.L-1. Cette surconsommation énergétique
a ainsi contraint les exploitants de BRM à revoir leurs objectif pour finalement adopter des TRS compris
Les coûts de production, installation et exploitation d’une filière de traitement basée sur la technologie
de BRM sont plus élevés comparativement aux autres systèmes de traitement conventionnel (ex.
système de boues activées) du fait, entre autres, de l’injection d’air (air-membrane) pour pérenniser
décentralisée, basée sur la technologie de BRM, se situe entre 3000 € et 97000 € dépendamment de la
population desservie (6 à 200 personnes) (Tableau 11). Ces coûts dépendent de la taille du système et
principalement des coûts des différents équipements mis en œuvre (pompes d’alimentation, modules
membranaires, pompes de soutirage du perméat, surpresseurs d’air pour aération des membranes). Les
frais annuels d’exploitation sont à eux liés à la consommation énergétique et la maintenance. Ils
s’élèvent en moyenne à 1080 €. Ils sont identiques à ceux d’un système traditionnel d’assainissement
décentralisé. Le Tableau 12 présente les coûts annuels liés à l’exploitation de différentes tailles de BRM.
On remarque que les BRM immergés (utilisant des membranes en fibres creuses et membranes planes)
reviennent moins chers en termes de coûts d’exploitation que les BRM à boucle externe (utilisant des
membranes tubulaires). Cependant, les BRM à boucle externe sont caractérisés par leur simplicité
44
5. CONCLUSION
Le BRM est une technologie révolutionnaire dans le domaine du traitement des eaux. Il se caractérise
considérés comme difficilement biodégradables par les procédés usuels de traitement des eaux usées.
Les eaux traitées par le BRM ont une excellente qualité en termes de MES et de désinfection. La
technologie de BRM est relativement plus coûteuse que les systèmes traditionnels de boues activées
mais des efforts énormes ont été effectués (réduction significative du coût des membranes et des coûts
des BRM (âge de boues et teneur en MES) s’est rapidement restreinte suite à des problèmes d’agitation
des BRM a ainsi contraint les exploitants de BRM à revoir leurs objectif pour finalement adopter des TRS
compris entre 20 et 30 jours et donc des teneurs en MES de l’ordre de 6 à 8 g.L-1. Toutefois, à ce jour, la
technologie est principalement compétitive pour le traitement des EUI où les effluents sont très
chargés. Pour les EUM, la demande énergétique élevée de 30 à 50% (par comparaison au système
conventionnel de boues activées) peut s’avérer être un frein à l’utilisation de cette technologie. Ce frein
se retrouve réduit devant la compacité d’une installation de BRM (réduction de l’emprise au sol d’un
nombreuses équipes de recherche travaillent pour développer et optimiser la technologie de BRM, afin
45
6. RÉFÉRENCES
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57
58
Figure 1. Configurations des BRM: a) BRM à boucle externe, b) BRM immergé (adapté de NG et KIM, 2007)
Figure 1. BRM configurations: a) external loop BRM, b) immerged BRM (adapted from NG and KIM, 2007)
59
(a ) (b ) (c )
60
Figure 3. Structures chimiques de deux composés estrogéniques: a) 17β-estradiol (E2), b) 17α-éthinylestradiol (EE2)
Figure 3. Chemical structures of two estrogenic compounds: a) 17β-estradiol (E2) estradiol, b) 17α-éthinylestradiol (EE2)
61
16000 0 .7 0
250% 250%
14000 0 .6 0
200% 200%
(g D C O P ro d u ite /g D C O E lim in é e )
12000
0 .5 0
P ro d u c tio n d e b o u e
M E S (m g .L )
10000
-1
0 .2 0
4000
50% R é d u ctio n d u vo lu m e d e b o u e 50%
2000 0 .1 0
0 0 .0 0 0% 0%
10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
0 10 20 30 40 50 60
A g e d e b o u e s (j)
A g e d e b o u e s (j)
Figure 4. Influence des paramètres opératoires sur la conduite d’un Bioréacteur à membrane (LOBOS et al, 2009)
Figure 4. Economic point of view of operating parameters
62
Tableau 1. Problèmes technologiques communs des BRM (YANG et al., 2006)
Table 1. Common technology problems of MBR (YANG et al., 2006)
BRM Problèmes
63
Tableau 2 Comparaison des consommations énergétiques (kWh m-3) de trois BRM pilotes
opérés en parallèle sous différentes conditions (TAO et al., 2005)
Table 2. Comparison of energy consumption (kWh m-³) for three MBR pilots operated in
parallel under 3 different conditions (Tao et al., 2005)
3 -2 -1 -3
Flux d’air (m m h ) Consommation d’énergie (kWh m )
64
Tableau 3. Évolution de la pression transmembranaire au cours de chaque étape de filtration
Table 3. Evolution of transmembrane pressure for each filtration steps
durée(h) kPa. h
-1 durée (h) kPa. h
-1
Membrane capillaire en polysulfone, 800 0,0002 108 0,27 ORANTES et al., 2006
dp=0,1µm, charge volumique = 0.4-
-3 -1 -1 -2
0.8 kg DCO m jr , J = 2.3 – 4.6 L h m
Membrane tubulaire en alumine, dp= 550 0,036 30 1,08 OGNIER et al., 2004
-
0,06 µm, Charge volumique = 3 kg DCO m
3 -1 -1 -2
d , J = 10 L h m .
65
Tableau 4. Polluants organiques dégradés par les BRM
Table 4. Organic pollutants degraded by MBR
Matrices Types de Conditions opératoires Enlèvement (%) Références
molécules
2 -1
EUS Caséine Céramique; A=0,08 m ;SC=300 kDa; vT=3 m s ; 99% DCO; CICEK et al. (1998)
PTM=50 kPa; TRH=6 h; θ =30 jrs; 99,5% COD
-1
MES=8-15 g L ; pH=7,4 –7,6
2
EUS Phénol Membrane inorganique; A=0,0226 m ; 98,6% DCO; BARRIOS-MARTINEZ et
-1
vT =5 m s ; PTM=85-110 kPa; TRH=5 h; θ =7 jrs; 100% phénol al. (2006)
-1 -1 -1
MES=10 g L ; F/M=1,12 kg DCO kg MES jr
EUM ND Membrane à fibres creuses; ≥94% DCO BATTISTONI et al.
ZeeWeed 500d ; dp=0,04 µm; (2006)
θ (printemps)=20,7 jrs ;
-1
θ (été)=14,1 jrs ; MES=10,7±1,2 g L
EUM ND Membrane à fibres creuses; 76% DCO DELGADO et al. (2002)
2 -1
A=0,93 m ;dP=0,03 µm; MVES=0,7 g L
EUM ND Membrane à fibres creuses polymériques; 97% DCO PELLEGRIN et al. (2002)
-1
SC=200 kDa; TRH=6 h; θ =25 jrs; MVES=11 g L
EUM ND Membrane UF supportée inorganique; 60% DCO VERA et al. (1997)
-1
dP =0,14 µm; PTM=100 kPa; vT=3 m s
Lisier de porc ND Membrane à fibres creuses supportée non ionique 59% DCO COMEAU (2006)
2
et hydrophile; dP =0,04 µm; A=0,047 m
lisier de porc ND Membrane à fibres creuses; TRH =6 h; θ = 60 jrs; 69-83% DCO; YANG et CICEK (2008)
-1 2
MES=2,83-4,07 g L ; pH=7,3-7,6; A=0,047m ; 94,7% AE
-1
dp=0,04 µm; MVES=2,83-4,07 g L ;
-1 -1
F/M= 0,18 kg DCO kg MES jr
Eau de surface ND Membrane à fibres creuses en polyéthylène; 60% COT; LI et al. (2003)
2
dp=0,4 µm; A=0,2 m ;TRH=1 h; θ =60 jrs; 20% carbone et THM;
-1
MES=1,9 g L 60% absorbance
66
(UV 254 nm)
Eau usée Phénol Membrane inorganique supportée; 37-81% DCO; DHAOUADI et MARROT
-1 -1
d’huilerie (olive) dP =0,14 µm; MES=12 g L ; MVES=10,8 g L >92% phénol (2008)
67
Tableau 5. Polluants inorganiques éliminés par les BRM
Table 5. Inorganic pollutants removed by MBR
Matrices Conditions opératoires Enlèvement (%) Références
Lisier de porc Membrane à fibres creuses; TRH =8 h; 99,9% N-NH4 avec contrôle YANG et al. (2008)
-1
θ = 60 jrs; MES =2,83-4,07 g L , pH=7,3-7,6 du pH par Na2CO3
2
EUS Membrane inorganique; A=0,0226 m ; 93,3% N-NH4; BARRIOS-MARTINEZ et al.
-1
vT =5m s ; PTM=85-110 kPa; TRH=5 h; 89-90% P-PO4 (2006)
-1
θ =7 jrs; MES=10 g L
EUM Membrane UF inorganique supportée; 45% PT VERA et al. (1997)
-1
dP=0,14 µm; PTM=100 kPa; vT=3 m s
2
EUS Céramique; A=0,08 m ;SC= 300 kDa; ≥ 99,5% NTK; CICEK et al. (1998)
-1
vT=3 m s ; PTM=50 kPa; TRH=6 h; ≥99% N-NH4;
-1
θ =30 jrs; MES=8-15 g L ; pH=7,4-7,6 96,6% PT
EUM Membrane à fibres creuses polymérique; 80% NTK; PELLEGRIN et al. (2002)
SC=200 kDa; TRH=6 h; θ =25 jrs; 95% N-NH4
-1 -1
MVES=11 g L ; MES=11 g L ;
-1 -1
rapport F/M=0,08 kg DCO kg MES jr
EUM Zenon ZeeWeed500d; Membrane à fibres creuses 67% PT BATTISTONI et al. (2006)
immergée ; dp=0,04 µm; θ (printemps)=20,7 jrs;
-1
θ (été)=14,1 jrs ; MES=10,7±1,2 g L
68
Tableau 6. Élimination de solides par les BRM
Table 6. Solids removal by MBR
Matrices Conditions opératoires Enlèvement (%) Références
EUM Membrane UF inorganique supportée; 100% MES; VERA et al. (1997)
-1
dP=0,14 µm; PTM=100 kPa; vT=3 m s 92% turbidité
Eau de surface Membrane à fibres creuses en polyéthylène; 98% turbidité LI et al. (2003)
2
dP =0,4 µm; A=0,2 m ; TRH=1 h; θ =60 jrs;
-1
MES=1,9 g L
2
EUS Céramique; A=0,08 m ; SC=300 kDa; 99,9% MES; CICEK et al. (1998)
-1
vT=3 m s ; PTM=50 kPa; TRH=6 h; 99% turbidité
-1
θ =30 jrs; MES=8-15 g L ; pH=7,4-7,6
2
EUS Membrane inorganique supportée; A=0,0226 m ; 100% MES; BARRIOS-MARTINEZ et
PTM=85-100 kPa; TRH=5 h; θ =7 jrs turbidité< 5 NTU al. (2006)
Lisier de porc Membrane à fibres creuses supportée non-ionique 100% MES; COMEAU (2006)
2
hydrophile; dP=0,04 µm; A=0,047 m ;TRH=9 h 100% turbidité
69
Tableau 7. Polluants microbiens éliminés par les BRM
Table 7. Microbial pollutants removed by MBR
Matrices Conditions opératoires Enlèvement (%) Références
EUM Membrane UF inorganique supportée; 100% CT VERA et al. (1997)
-1
dP=0,14 µm; PTM=100 kPa; vT=3 m s
Eau de surface Membrane à fibre creuse en polyéthylène; 4 à 5 unités log CT LI et al. (2003)
2
dP =0,4 µm; A=0,2 m ; TRH=1 h;
-1
θ =60 jrs; MES=1,9 g L
2
EUS Céramique; A=0,08 m ;SC=300 kDa; 100% virus MS-2 (bactériophage); CICEK et al. (1998)
-1
vT=3 m s ; PTM=50 kPa; TRH=6 h; 100% BHA
-1
θ =30 jrs; MES=8-15 g L ; pH=7,4-7,6
2
EUS Membrane inorganique supportée; A=0,0226 m ; 100% microorganismes BARRIOS-MARTINEZ et al. (2006)
PTM=85-100 kPa; TRH=5 h; θ =7 jrs
Lisier de porc Membrane à fibres creuses supportée non-ionique 100% CF COMEAU (2006)
2
hydrophile; dP=0,04 µm; A=0,047 m ;TRH=9 h
CF : Coliformes fécaux
CT : Coliformes totaux
BHA : Bactérie hétérotrophe aérobie
70
Tableau 8. Micropolluants organiques réfractaires dégradés par les BRM
Table 8. Refractory organic micropollutants degraded by MBR
Matrices Micropolluants Enlèvement (%) Références
EUS Phénol 100 BARRIOS-MARTINEZ et al. (2006)
EUS Bisphénol A ≥93,7 CHEN et al. (2008)
Lixiviat de décharge Bisphénol A 97 LYKO et al. (2005)
Lisier de porc Composés estrogéniques 94,7 YANG et CICEK (2008)
Eau de surface THM 75 LI et al. (2003)
EUM E1 80-91 HU et al. (2007)
EUM E2 63 HU et al. (2007)
EUM E1-3G 62-85 HU et al. (2007)
EUM E2-G 55-80 HU et al. (2007)
EUM E1-3S 10-48 HU et al. (2007)
EUM E2-3S 80-100 HU et al. (2007)
EUM BPA 70-94 HU et al. (2007)
EUM EE2 60-79 CLARA et al. (2004)
EUM Benzafibrate, ibuprofène ≥95 CLARA et al. (2004)
EUM Carbamazepine 0 CLARA et al. (2004)
EUM Bisphénol A ≥95 CLARA et al. (2005a)
Lixiviat de décharge Nonylphénol 87 WINTGENS et al. (2002)
EUM Nonylphénol 60 LEE et al. (2008)
EUM Genistein 97 LEE et al. (2008)
EUM EE2 71 LEE et al. (2008)
EUM E1 64 LEE et al. (2008)
EUM Bisphénol A 93 LEE et al. (2008)
71
EUM EE2 80-95 ZUEHLKE et al. (2006)
EUM Phenazone 70 ZUEHLKE et al. (2006)
EUM Propyphenazone 65 ZUEHLKE et al. (2006)
EUM Carbamazepine 0 ZUEHLKE et al. (2006)
72
Tableau 9 Exemples d’application à grande échelle des BRM dans le monde
Table 9. BRM installations for wastewater treatment in the world
Localisation Matrices Caractéristiques Capacité Date de mise Références
3
(m /jr) en service
Kraarst, Eau usée Zenon, membrane 48000 2003 LESJEAN et HUISJES
Allemagne municipale en fibre creuse (2008)
Traverse Eau usée Zenon, membrane 26900 2004 YANG et al. (2006)
City, États- municipale en fibre creuse
Unis
Johns Creek, Eau usée Zenon, membrane en fibre 40000 MELIN et al. (2006)
États-Unis municipale creuse, p=0,04 µm,
2
a=31,6 m
Guilvinec, Eau usée Kubota, membrane en 2600 2004 MELIN et al. (2006)
France municipale feuille plate, polyéthylène,
pore=0,4 µm
Varsseveld, Eau usée Zenon, membrane 5000 2004 MELIN et al. (2006)
NL, États- municipale en fibre creuse
Unis
Brescia, Eau usée Zenon, membrane 42000 2002 MELIN et al. (2006)
Italie municipale en fibre creuse
Park Place, Eau usée US Filter, HF, PVDF, 1000 2003 YANG et al. (2006)
GA, États- municipale pore=0,1 µm
Unis
Vaujany, Eau de Membrane en 4500 2000 BERLAND et al.
France captage et eau polypropylène, (2002)
de surface pore=0,2 µm
Porlock, UK Eau de Kubota, polymérique, 1900 1998 GANDER et al.
vidange support en fibre, (2000)
pore=0,4 µm
73
Tableau 10 Liste non exhaustive des principaux fournisseurs de BRM (TAO et al., 2005;
ORANTES et al., 2006)
Table 10. BRM suppliers in the world (TAO et al., 2005; ORANTES et al., 2006).
Membranes plaques Fibres Creuses Boucle externe
74
Tableau 11 Coûts d’installation et consommation énergétique des BRM dans une filière
d’assainissement décentralisé (adapté d’EUROMBRA, 2006)
Table 11. Equipment costs and power requirement of BRM for a decentralized
wastewater treatment plant (adapted from EUROMBRA, 2006)
Capacité Type de système Coûts énergétiques Coûts d’installation
(EH) (Euros) (Euros)
6 BRMi P 139 4918
BRMi FC 143 4431
BRMe T 493 3870
20 BRMi FP 463 11429
BRMi FC 477 8088
50 BRMi FP 1737 27070
BRMi FC 1788 18947
BRMe T 6168 16811
100 BRMi FP 3475 50904
BRMi FC 3578 34307
BRMe T 12337 29854
200 BRMi FP 6951 97559
BRMi FC 7161 65625
BRMe T 24675 57332
75
Tableau 12. Coûts annuels par équivalent-habitant (EH) pour trois types de modules
membranaires dans une filière d’assainissement décentralisé (adapté
d’EUROMBRA, 2006)
Table 12. Annual cost per person-equivalent for three membrane systems in a
decentralized wastewater treatment plant (adapted from EUROMBRA, 2006)
Type de membrane Capacité Coûts CAPEX OPEX
-1 -1 -1 -1 -1
(EH) (Euros EH an ) (Euros EH ) (Euros EH an )
Feuilles Plates 6 265 819 205
20 135 571 93
49 100 485 65
50 138 541 97
200 112 488 75
Fibres creuses 6 271 738 206
20 131 404 94
49 93 302 65
50 132 379 98
200 107 328 76
Tubulaires 6 304 645 246
20 170 347 134
49 131 241 105
50 193 304 158
200 167 257 136
76