Ce document présente une démonstration par l'absurde que √2 est irrationnel. Il introduit ensuite les nombres complexes comme des nombres de la forme a+ib et décrit leurs propriétés de base.
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Remarque.
— Une fois n’est pas coutume, nous allons en donner la démonstration,
pour la bonne raison qu’elle utilise et illustre un mode raisonnement fréquent en mathématique : le raisonnement par l’absurde. N’hésitez surtout pas à l’utiliser dans les exercices. Démonstration. — Il y a exactement deux possibilités : soit √ 2 est rationnel, soit √ 2 est irrationnel. Supposons, par l’absurde, que √ 2 soit rationnel. (Comme nous allons trouver une contradiction à ce choix plus loin, cela montrera que ceci est impossible et donc que √ 2 est irrationnel.) Dans ce cas, √ 2 s’écrit sous la forme √ 2 = a b avec a ∈ Z et b ∈ Z − {0}. Si a et b sont tous les deux pairs, alors on les divise par le plus grande puissance de 2 pour que l’un des deux restes au moins deviennent impair. Ceci montre que l’on peut supposer que l’on peut écrire √ 2 = a b tel que a et b ne soient pas tous les deux pairs. En élevant l’égalité √ 2b = a au carré, on trouve 2b 2 = a 2 . Ceci impose que 2 divise a 2 et donc a. Écrivons a = 2α avec α ∈ Z. Dans l’égalité précédent, cela donne 2b 2 = (2α) 2 = 4α 2 . En simplifiant par 2, on obtient b 2 = 2α 2 . Donc, 2 divise b 2 et aussi b. Nous venons donc de montrer que a et b sont pairs, ce qui est contradictoire avec l’hypothèse de départ. La racine carrée de 2 est donc un nombre irrationnel. 5. Il y a en fait deux solutions : √ 2 et − √ 2. 28 CHAPITRE 1. ALGÈBRE ÉLÉMENTAIRE Instant culture #. — Ce résultat a beaucoup étonnée et émerveillé les grecs : ils avaient là un nombre d’un type nouveau, inconnu auparavant car ils ne connaissaient que les nombres rationnels. 1.3.2. Définition des nombres complexes. — Grâce aux nombres réels, nous avons réussi à définir les racines carrées de nombres positifs. Qu’en est-il des nombres négatifs, par exemple que vaut la racine carrée de −1 : “ √ −1 00 ? Dit autrement, quelles sont les solutions de l’équation x 2 = −1 ? Aucun nombre réel ne convient. Alors on crée un nombre que l’on note i, pour “imaginaire”, dont le carré vaut −1 : i 2 = −1 . Définition (Nombres complexes). — Les nombres complexes sont les nombres de la forme z = x + iy avec x et y réels. L’ensemble des nombres complexes est noté C := {z = x + iy | x, y ∈ R} . Pour un nombre complexe z = x + iy, on note Re z := x la partie réelle de z et Im z := y la partie imaginaire de z. L’ensemble des nombres complexes z = x + i × 0 de partie imaginaire nulle s’identifie avec l’ensemble des nombres réels R = {z = x (+ i × 0) | x ∈ R}. Les nombres complexes z = 0 + iy de partie réelle nulle sont appelés nombres imaginaires purs; leur ensemble est noté iR := {z = 0 + iy | y ∈ R}. Règles de calcul. — On définit la somme, le produit et la différence de deux nombres complexes en utilisant les mêmes règles de calcul que pour les nombres réels et la règle i 2 = −1. Ceci donne par exemple : (2 + 3i) + (4 + 5i) = 2 + 3i + 4 + 5i = 2 + 4 + 3i + 5i = 6 + (3 + 5)i = 6 + 8i , (2 + 3i) × (4 + 5i) = 2 × 4 + 2 × 5i + 3i × 4 + 3i × 5i = 8 + 10i + 12i + 15 × (i 2 ) = 8 + 22i − 15 = −7 + 22i . Les règles plus avancées sont toujours vraies. Par exemple, la formule du binôme de Newton est encore valide : (1 + 2i) 3 = 13 + 3 × 1 2 × 2i + 3 × 1 × (2i) 2 + (2i) 3 = 1 + 6i − 12 − 8i = −11 − 2i . Les nombres complexes formant un ensemble plus vaste que les nombres réels, on a plus de liberté pour inventer des opérations nouvelles. Par exemple, on peut s’amuser à changer le signe de la partie imaginaire d’un nombre complexe. Définition (Conjugaison). — Le complexe conjugué z¯ d’un nombre complexe z = x + iy est défini par z¯ := x − iy . Par exemple, on a 2 − 3i = 2 + 3i. # Exercice 8 (Opérations élémentaires). — Soient les nombres complexes z1 := 2 − 3i, z2 := 3 + 4i et z3 := 1 + 1.3. NOMBRES COMPLEXES 29 Calculer les nombres complexes suivants z1 + z2, z1 − z3, z1.z2, z1.z3, z1 z3 , z1.z¯1, z3 1 et z1.z¯3 . # Proposition 9. — Pour tout nombre complexe z, les égalités suivantes sont vérifiées. z¯¯ = z , z + ¯z = 2Re z , z − z¯ = 2iIm z , z ∈ R ⇔ z = ¯z , z ∈ iR ⇔ z = −z . ¯ Ici, la démonstration est utile pour comprendre le sens de ces relations. Démonstration. — Soit z = x + iy, on a z¯¯ = x + iy = x − iy = x − (−iy) = x + iy , z + ¯z = x + iy + x − iy = 2x = 2Re z , z − z¯ = x + iy − (x − iy) = 2iy = 2iIm z , z ∈ R ⇐⇒ y = 0 ⇐⇒ x + iy = x − iy , z ∈ iR ⇐⇒ x = 0 ⇐⇒ x + iy = −x + iy . Regardons maintenant comment on peut effectuer la division de deux nombres complexes. On sait que diviser des nombres est équivalent à multiplier le premier par l’inverse du second z 0 z = z 0 × z −1 . On va donc chercher à calculer l’inverse d’un nombre complexe z = x + iy lorsque ce dernier n’est pas nul. La multiplication de z par son conjugué z¯ donne zz¯ = (x + iy)(x − iy) = x 2 + y 2 ∈ R + , qui est un nombre réel positif. Or, le nombre complexe z n’est pas nul équivaut à dire que ses deux coordonnées x et y ne sont pas toutes les deux nulles, c’est-à-dire x 2 + y 2 6= 0. En divisant l’égalité précédente par x 2 + y 2 , on obtient (x + iy) × x − iy x 2 + y 2 | {z } inverse de x+iy = 1 . On a donc trouvé l’inverse de z : z −1 = x x 2 + y 2 − i y x 2 + y 2 . Définition (Module). — Le module d’un nombre complexe z est défini par le nombre réel positif |z| := √ zz¯ . Avec la notion de module, on peut écrire la formule dans l’inverse de