Héraclès Aux Portes Du Soir. Mythe Et Histoire
Héraclès Aux Portes Du Soir. Mythe Et Histoire
Héraclès Aux Portes Du Soir. Mythe Et Histoire
de Besançon
Jourdain-Annequin Colette. Héraclès aux portes du soir : mythe et histoire. Besançon : Université de Franche-Comté, 1989.
pp. 3-729. (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 402);
https://www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1989_mon_402_1
Volume n° 89
Colette JOURDAIN-ANNEQUIN
HERACLES
MYTHE ET HISTOIRE
Diffusion
Annales
Les Belles
Littéraires
Lettres,
de l'Université
-95,
1989
boulevard
- de Besançon,
Raspail, 75006
n° 402
PARIS
Β
Λ/
;
Ψ*
Pour Muriel. Pour Jacques.
7
Remerciements
FONTENELLE (1)
Hésiode, des mythes, plus exactement, qui n'ont pas achevé leur
rencontre avec le héros, ne sont, en tout cas, pas encore
subordonnés à une biographie, pas encore entrés dans ce cycle
héroïque que l'activité fabulatrice des Grecs n'a cessé d'enrichir,
le transformant bientôt en un véritable roman plein
d'incohérence... roman qui ne trouve plus réalité et logique que
dans le personnage du héros lui-même.
L'écheveau est, à ce stade, bien difficile à débrouiller ; aussi
aurons-nous soin, en analysant le mythe arrivé au terme de son
évolution, enrichi, transformé, détourné même par cette
évolution, de ne jamais perdre de vue les allusions, sommaires
peut-être, mais si puissamment évocatrices, d'Hésiode.
Les Grecs distinguaient les deux fonctions du langage : la
parole qui "raconte" (μΰθος-) et celle qui "démontre" (λόγος-). Du
mûthos la loi du genre veut que nous fassions un logos.... puisse
le mythe ne pas trop y perdre de son charme éternel.
TABLEAU 1 = LE DODECATHLOS DANS LA TRADITION LITTÉRA
APOLLODORE DIODORE HYGIN TABULA ALB ΑΝΑ AUSONE SËRVIUS
II 74 - 126 IV, 11 à 18 Fables , F. Gr. Hisl. Eglogues, Commentaire
= II, 5,1 1 12 XXX ,40 (Jacoby p. 261-263 XXIV l'Enéide.
VHl. 299
1 -Lion Lion Lion Lion Lion
2 -Hydre Hvdte Hydre Hvdre Hvdre Hvdre
3 -Cerf ou biche Sanglier Sanglier Sanglier Sanglier Sanglier
4 -Sanglier Cerf ou biche Cerf ou biche Cerf ou biche Cerf ou biche Cerf ou biche
5 - Augiai Otoaux Oiseaux Oiseaux Oiseaux Oiseaux
6 - Oiseaux Auciw Augia» Augias Amazones Auiiaj
7 -Taureau Taureau Taureau Taureau Auiiaj Civajfi
8 - Cavales Cavales Cavales Cavales Taureau Amazones
9 -Amazones Amazones Amazones Amazones Cavales Géryon
10 - Géryon Géryon Géryon Géryon Géryon Hespérides
ll-Hespendes Cerbère Hespérides Cerbère Hespérides
12-Cerbère Hespérides Cerbère Hespériocs Cerbère
Voir aussi O. GRUPPE, s
Suppl. III, 1918, Col. 10
15
PROLOGUE
17
Zeus et d1 Alcmène.
Restons en là, pour l'instant, sur un problème auquel nous
ramènera l'étude du mythe et retenons simplement que l'Héraclès
qui transparaît dans les premiers témoignages littéraires (31) est
un héros thébain - mais d'ascendance argienne - fils de Zeus et
d'Alcmène, que l'inimitié d'Héra soumet au souverain d'Argos,
qui l'a évincé : Eurysthée. Ce héros est encore essentiellement un
archer, et nous sommes frappés de voir à quel point son image
est, pour ces premiers Grecs, liée à la victoire sur la mort : qu'elle
soit indirecte et passagère avec la prise de Cerbère - et \ Iliade
semble en rester là - qu'elle soit définitive comme il apparaît dans
la Nekyia et dans la Théogonie. Ce sont là, les seules données
objectives que nous pouvons admettre comme point de départ
D'ailleurs, comment pourrait-on expliquer le mythe par la
nature d'un héros avec lequel rien ne prouve qu'il soit
véritablement lié dès l'origine... ou, autre façon de dire les
choses, qui était le héros avant qu'autour d'un nom ne se soient
rassemblés tel ou tel mythe ? Ce que nous tenterons de faire, c'est
bien plutôt d'expliquer pourquoi le mythe a pu être attribué à
Héraclès et comment une telle attribution a pu le modifier... Alors
peut-être certains aspects de la "personnalité" du héros
s'éclaireront-ils de surcroît.
"historicisante"
Accordons que
encore
la aux
découverte
détracteurs
d'une
d'une
inscription
lecture
hiéroglyphique gravée pour Aménophis ΙΠ et associant le nom de
Nauplie aux Danaoi apparemment soumis au Pharaon (62)
n'explique pas pourquoi "les Danaïdes sont à la fois des femmes
qui fuient le mariage avec des mâles qui leur sont trop proches et
des épouses qui passent pour avoir introduit en Grèce le grand
rituel du mariage, la fête des Thesmophories" (63). Certes, pour
comprendre le mythe il faut, comme le dit M. Détienne, prendre
en compte "le contexte ethnographique" et l'ensemble des mythes
qui "comme celui des Lemniennes constitue son groupe de
transformation". Mais n'est-ce pas aller trop loin qu'affirmer que
le document de 1380, parce qu'il est "un document d'histoire
politique", "ne peut rien expliquer" ?
N'est-il vraiment d'aucun intérêt ce clin d'oeil du mythe à
l'histoire dans la région d'Argos, au XlVème siècle avant notre
ère et dans le cadre de ces contacts entre Grecs et Egyptiens ? De
même, les relations qu'attestent les Nostoi entre la Grèce de l'âge
du bronze et le monde méditerranéen occidental ne sont-elles
vraiment d'aucun inrérêt, je ne dis pas pour l'historien mais pour
le mythologue lui-même ? C'est oublier, à mon avis, que le temps
et le lieu peuvent être de quelque importance dans la constitution
du discours mythique lui-même ; que les contacts attestés, dans
l'un et l'autre cas, sont des réalités d'importance ; que si, pour les
Danaïdes, ces contacts prennent la forme de relations de dominant
à dominé, ce n'est peut-être pas indifférent, pas plus que ne sont
indifférentes les raisons commerciales de l'expansion vers l'ouest
des peuples égéens. Un historien ne peut que s'insurger devant ce
27
refus de lan'est
l'origine" "perspective
pas une fin
génétique"
en soi, si elle
(64) s'avère
et, si "la
souvent
découverte
difficile
de
et hasardeuse, il n'est pas sûr qu'elle ne soit en rien éclairante.
C'est pourquoi je voudrais revenir sur une étude de B.
Sergent, parue en 1979 (65) et qui me paraît mériter plus
d'attention qu'on ne lui en a portée. L'auteur prend la précaution
de rendre au structuralisme ce qui lui revient (peut-être!) en le
déclarant "le seul (traitement) exhautif" de cette matière
multiforme qu'est la mythologie, et, se défendant de tout
"historicisme", il n'en propose pas moins une étude où "l'histoire
est prise pour elle-même comme plan de signification, comme
objet codant" (p. 64). Cette attitude est justifiée par le fait que, se
constituant, le mythe intègre des fragments de discours "portant
soit sur l'astronomie, soit sur la culture matérielle, soit sur les
hommes et les lieux etc.." c'est-à-dire des éléments d'une réalité
intégrée à l'histoire. Il livre ainsi, pour B. Sergent, "une histoire
découpée, hachée, triée, expurgée" (peut-être n'est-ce pas là
d'ailleurs l'essentiel de la transformation opérée par le mythe),
"une histoire qui n'est pas la vérité du mythe, parce qu'elle n'en
constitue ni l'armature ni le message, mais que le mythe utilise"
(p. 63).
Si le détail - d'ailleurs touffu - de cette étude ne nous
intéresse pas ici, on pourrait presque dire qu'à la "loi de Nilsson"
bien connue (la coïncidence presque parfaite des principaux sites
archéologiques achéens et des villes dont l'héritage mythologique
est le plus riche), s'ajoute maintenant une "loi de Sergent", loi de
la coïncidence chronologique (entre le cadre assigné, par
Hérodote par exemple, aux temps héroïques et celui que les
archéologues proposent aujourd'hui pour l'Helladique récent).
Faut-il alors faire, avec l'auteur, l'hypothèse de travail que "tout
élément de mythologie est historique" et qu'on peut utiliser cette
dernière "comme corpus d'indications potentielles" ? Non, sans
doute, et ces conclusions, à notre avis réductrices, peuvent
paraître curieuses après les précautions méthodologiques du
départ. Il reste qu'en gardant pleine conscience de la distance
creusée entre l'événement et le mythe, il peut être bon de rappeler
que le discours mythique est aussi le produit de l'histoire... non
seulement
"éclats" de telle
parceexpérience
qu'il véhicule,
historiquement
comme lesituée,
dit B.mais
Sergent,
parce que
des
sa mise en forme, elle-même, n'est pas sans rapport avec le
moment : "Le mythe est une parole choisie par l'histoire" écrit,
avec bonheur, Roland Barthes (66).
"In Mo tempore" dit le mythe, et sans doute est-ce là
manière d'effacer un temps trop présent encore au creux du récit,
28
très clair, pour ne pas dire brutal : "expression directe du sujet sur
lequel il porte" le mythe n'est pas "une production symbolique"
(72) et l'auteur s'en prend tout spécialement aux psychanalistes,
"ces derniers venus, qui prétendent nous enseigner que le mythe
ne représente pas autre chose qu'un rêve diurne de la race et qu'il
n'est possible de l'expliquer qu'en tournant le dos aussi bien à la
nature qu'à l'histoire et à la culture pour descendre dans le marais
du subconscient, au fond duquel se trouvent relégués tous les
accessoires et symboles de l'exégèse psychanalytique courante"
(73).
effacer le temps ?
Et encore : "Il n'y a pas de mythe qui soit totalement
autonome à l'égard du réel", écrit, nous l'avons vu, N. Loraux,
et elle poursuit "que l'on donne à ce réel un contenu "réaliste" ou
qu'on le définisse comme l'ensemble des représentations
partagées dans la cité" (109). Que ces "représentations" existent et
très fortement, c'est bien évident, qu'elles apparaissent "partagées
dans la cité" c'est presque aussi évident, qu'elles entrent au
nombre des données à partir desquelles s'élabore le mythe,
l'auteur le souligne à juste titre. Mais cet "imaginaire" - dont on
parle beaucoup - faut-il lui donner même statut qu'au réel ? Il
existe, bien sûr, mais pour qui ? pour tous les Athéniens ? ou
pour certains d'entre eux seulement ? ou plus exactement quelle
est la situation de ces Athéniens face à ces représentations :
sont-ils acteurs ? sont-ils objets ? C'est là me semble-t-il qu'un
rejet trop catégorique du fonctionnalisme peut créer l'illusion. Le
mythe grec "fonctionne" lui aussi ; même lorsqu'il est écrit,
lorsqu'il est interprété, il l'est dans un contexte historique et
social dont il constitue encore l'une des productions. Faire du réel
sur lequel il s'articule un imaginaire valable pour tous n'est-ce pas
tomber dans l'illusion intégratrice du mythe ? n'est-ce pas
oublier, comme le rappelle fort utilement J. Jamin, que la parole
se trouve prise dans un réseau social qui n'est pas sans la
déterminer? (110)
plat"
structurales
et toutes
enensemble
particulier
constituer
- de voir
le toutes
corpusces
d'une
sources
seule "mises
et mêmeà
grille de lecture. Les méthodes nouvelles de lecture du texte ont
permis, en atteignant ses niveaux les plus complexes, de lire,
dans son fonctionnement, à la fois le reflet des données objectives
d'une époque, d'une société, et celui de l'imaginaire d'un auteur.
Elles confirment notre impression qu'une utilisation, sur le même
plan, des sources - des plus archaïques aux plus tardives, des
plus construites aux plus ténues -, que l'élaboration d'une grille
de lecture qui refuserait la constante référence à telle époque, à
telle société ne pourraient que fausser les perspectives...
Remarque qui plaide, bien sûr, pour une reprise en considération
de la diachronie et d'un contexte qu'on peut dire ethnologique,
tout aussi bien qu'historique, mais qui va bien au delà : en
témoignent deux auteurs qui tous deux se réfèrent à la mise en
ordre, relativement tardive, de la mythologie, et qui nous ont
laissé les deux synthèses '"majeures" des faits et gestes du héros
que nous avons choisi d'étudier.
Que Diodore de Sicile, dans la longue notice qu'il consacre
à Héraclès, s'inspire d'une Géryonide composée à Himère - une
colonie grecque aux frontières de la zone d'influence des
Phéniciens - n'est pas sans conséquence sur la vision qu'il a et
qu'il donne du héros (128)... Qu'Apollodore, au contraire, tire la
plus grande partie de son récit des dixième et onzième travaux du
fils d'Alcmène d'une source purement grecque, Phérécyde,
explique que des "exploits" apparemment identiques soient à la
fois les mêmes (129) et témoignent d'une "philosophie" fort
différente (130). L'auteur athénien, en effet, au Vème siècle,
résume dans l'expédition contre Géryon le voyage d'Héraclès aux
marges occidentales du monde, alors que la localisation du jardin
des Hespérides dans l'extrême Nord paraît obéir, dans son esprit,
à la volonté de meubler l'univers entier des actions retentissantes
du héros. Mais plus que de telles divergences dans la géographie
des travaux, c'est la conception du héros qui nous retiendra. Dans
la Bibliothèque d'Apollodore, l'image d'Héraclès reste archaïque
et son mythe assez proche - nous y reviendrons - des sources
primitives ; celle de Diodore fortement empreinte d'évhémérisme
rationalise le mythe et le transforme profondément
Tout autre encore nous apparaît l'image d'Héraclès qui, tel
un tableau impressionniste, se compose à la lecture de Pausanias.
Ces multiples touches faites de l'observation de cultes ou
d'usages locaux, de quelques récits mythiques évoqués au hasard
de ses promenades rendent bien compte de la représentation que
40
DES IMAGES... "Le mythe est une parole" disait Roland Barthes
(134). Le définir ainsi n'est pas le limiter ; nombreuses, en effet,
sont les formes que peut prendre cette parole ; l'image en est une,
par exemple, qui, système de communication au même titre que le
discours - qu'il soit oral ou écrit - est, elle aussi, "message"
(135).
Il nous paraît commode, pour dire ce que nous attendons de
l'image comme source de notre étude, de reprendre la distinction,
appliquée aux "produits des temps culturels" par M. Foucault
entre le document - qui peut se lire de manière directe, en fonction
du réfèrent que l'on a soi-même posé - et le monument qui doit
être considéré du point de vue de sa logique interne, de ce qu'il a
à dire en tant que tel (136). L'image est à la fois l'un et l'autre et il
n'est pas question ici, de privilégier l'un par rapport à l'autre.
L'image-document, l'image-témoignage pourrait-on dire aussi,
est ce qu'est tout vestige archéologique : jalon chronologique,
signe d'une présence. Une présence qu'il nous sera souvent bien
utile de rencontrer... telles ces représentations d'un
Héraclès-Melqart par exemple, qui, tant à Chypre que sur la côte
syrienne - et très vite pensons-nous à Rome même (137) -
traduisent l'assimilation du héros grec et du dieu tyrien plus d'un
siècle avant qu'Hérodote nous en donne l'attestation formelle
(138).. tels ces portraits d'Héraclès sur les monnaies de telle ou
telle cité, de tel ou tel empereur (139)... telles surtout, reproduites
à l'envi sur les vases, ces images du héros luttant, tuant,
domptant, se reposant, et finalement pénétrant en vainqueur dans
la société des Immortels. La peinture, elle aussi, est d'abord
document, témoignage : lorsque K. Schefold reconnaît sur le
bouclier de Tirynthe - la première peinture monumentale que l'art
grec, dit-il, nous ait conservée - le triomphe d'Héraclès sur la
reine des Amazones, il ne peut être indifférent qu'autour du héros
soit née "l'une des premières images mythologiques qu'ait créée
la conception homérique de l'homme" (140). Lorsque V.
Karageorghis propose de lire, sur une céramique chypriote du
Xlème siècle, le combat du héros contre l'hydre (141), tout, dans
ce témoignage, nous intéresse : la date, le lieu, et, bien sûr, le fait
qu'un des premiers mythes attestés dans l'art grec soit ainsi celui
d'Héraclès... On sait pour en terminer avec cet aspect de la
question, tout ce que, dans un esprit semblable, H. Metzger a pu
tirer de l'étude des céramiques attiques du IVème siècle (142) :
faveur nouvelle pour certains épisodes de la légende, oubli de
certains autres, goût prononcé pour la représentation du repos
héroïque, évolution donc dans la conception du héros et de la
42
communication
lexis" (147), comme
appropriée",
eue toujours,
commeelle l'écriture
est, pour le
elle
mythe,
"appelle
matière
une
première, terme final d'une première chaîne sémiologique et
élément premier du système "agrandi", et "dérivé" qu'édifie le
mythe lui-même (148). Le sémiologue est ainsi fondé, selon
Roland Barthes, "à traiter de la même façon l'écriture et l'image :
ce qu'il retient d'elles, c'est qu'elles sont toutes deux des signes,
elles arrivent au seuil du mythe, douées d'une même fonction
43
IV - PERSPECTIVES
pris pour Diodore un sens très clair : voyage vers l'Ouest, certes,
mais surtout voyage "civilisateur" ; Héraclès y apparaît comme
celui
civilisation"
qui, partout
(199). C'est
où il en
passe,
effet ainsi
répandque"les
ce Grec
bienfaits
d'Occident
de la
mythe,
"épreuves"
elledu
explique
héros, mais
peut-être,
encorenon
les liens
seulement
qu'il entretient
les multiples
avec
l'initiation des jeunes gens. Le témoignage de Diodore sur
Agyrion est, à ce titre, extrêmement précieux. Après avoir été
pour la première fois honoré comme un dieu par les Agyréens et
avoir laissé chez eux de nombreuses traces de son passage, il
consacre deux enceintes - encore vénérées par les indigènes à
l'époque de Diodore - l'une au "héros Géryon", l'autre à Iolaos
son neveu "et compagnon d'armes" à qui, - sous peine de devenu-
muets - les enfants doivent faire l'offrande de leurs chevelure.
Nous aurons, bien sûr, l'occasion de revenir sur ce rituel
sicilien dont la signification est assez claire et nous verrons que ce
lien d'Héraclès et des pratiques initiatiques n'est pas un
60
Mais
"accidents"
les excès
ainsi
d'Héraclès
expliquésme
dans
paraissent
le cadredépasser
de la trifonctionnalité
largement ces
indo-européenne (241) ; la construction, d'autre part, s'applique à
la légende plus qu'aux mythes primitifs, et surtout au personnage
du héros plus qu'à ses actes essentiels : ces athloi qui semblent
bien être, et dans la tradition et dans la logique, l'essentiel.
Qu'Héraclès, en revanche, ait capté à son profit ce schéma
mythique, qu'il soit devenu le prototype du guerrier et même du
guerrier indo-européen, c'est trop évident, puisque pour les
Grecs eux-mêmes il a fini par devenir le héros dorien par
excellence (242).
Il n'est pas jusqu'au thème du "vol" des troupeaux de
Géryon qui ne porte la marque des sociétés indo-européennes.
Sur ce point B. Lincoln remarque fort justement, non seulement
l'extraordinaire importance du bétail dans la vie économique de
ces sociétés pastorales, mais aussi, et c'est sans surprise, dans
leurs représentations idéologiques (243). Ainsi, sans
accompagner B. Lincoln jusqu'au bout de sa démonstration et
sans admettre que le vol des troupeaux de Géryon soit la version
grecque du "prototype" établi par Triîo pour ses descendants
indo-européens (244), il n'est est pas moins certain qu'un des
éléments de son succès fut, outre l'importance considérable de
l'élevage chez les Indo-Européens, l'utilisation initiatique, et
peut-être didactique, qu'ils ont su faire d'un mythe qui, à bien des
égards, semble antérieur à leur arrivée en Grèce.
NOTES DU PROLOGUE
71 - Op. cit., p. 254. "S'il est vrai que l'objet du mythe est de fournir un
modèle logique pour résoudre une contradiction..." Pour M.
DETIENNE cependant (// mito Greco, loc cit., p. 71) c'est par un
"contresens fonctionnaliste" que l'anthropologue anglais Ed. LEACH
(Genesis as Myth and other Essays, Londres, 1969) en déduit que
l'aspect médiateur du mythe est sa seule fonction.
72 - B. MALINOWSKI loc. cit., p. 103.
73 - B. MALINOWSKI, loc. cit., p. 101.
74 - De l'origine des Fables, voir exergue et supra note 1.
75 - G. DEVEREUX, Femme et mythe, Paris, 1982, p. 116 et p. 151.
L'auteur, il est vrai, parte de "naissances divines" et ne préjuge pas de
ce que fera l'histoire de ces figures mythologiques. Sur les théories de
G. Devereux voir infra pp. 30-31.
76 - Même lorsque la légèreté de l'auteur n'a pas de conséquences sur
l'interprétation, on s'étonne de voir certains psychanalystes lire aussi
rapidement le mythe grec, confondre les personnages... etc... Cf. par
exemple : "Le pleutre Egysthe" (sic) remplace Eurysthée dans l'article
de M.T. NEYRAUT-SUTTERMAN, Héraclès et l'épilepsie, Mythes
(Colloque de Deauville) Revue Française de Psychanalyse, XL VI,
1982, p. 854.
72
77 - Ph. SLATER, The Glory of Hera, Greek Mythology and the Greek
Family, Boston, 1968. N. LORAUX a critiqué, déjà, cette
interprétation dans Héraklès, le surmâle et le féminin, Mythes, op.
cit., pp. 697-792, singulièrement p. 704 et p. 721.
78 - Sans ouvrir à nouveau le dossier d'Oedipe (cf. J. -P. VERNANT dans
Raison présente, 4, 1967 pp. 3-20 repris dans Mythe et tragédie en
Grèce ancienne, Paris, 1972) il faut reconnaître que les tentatives de D.
Anzieu et G. Devereux n'ont guère convaincu les hellénistes et les
historiens.
79 - N. NICOLAIDIS, Oedipe, le message de la différence, dans
Psychanalyse et culture grecque, Les Belles Lettres, Paris 1980, pp.
183-195. Du même auteur et dans le même volume voir aussi :
Mythes et écritures, moyens d'approche de l'appareil psychique, pp.
197-214.
80 - J. JAMtN, Les lois du silence, essai sur la fonction sociale du secret,
Paris 1977, p. 10 - L'objet de l'étude de J. Jamin est la parole (ou le
secret) initiatique et l'auteur s'attache à retrouver la fonction de
reproduction sociale de l'initiation, souvent négligée, dit-il, voire
évacuée, au profit de ses fonctions pédagogiques, symboliques et
culturelles (p. 90). Pour lui la "ruse" de la "raison initiatique" consiste
précisément, sous le sceau du secret et du silence, à dissimuler des
rapports de force et de pouvoir, voire des rapports de production, à les
rendre donc "ni assignables, ni contestables" (p. 95). Ces remarques
peuvent paraître d'un grand intérêt pour qui étudie la mythologie
grecque, et tout particulièrement la mythologie héroïque pour laquelle
les rapports avec les cérémonies initiatiques sont au moins fortement
probables. En ce qui concerne Héraclès, voir infra, notre troisième
partie.
81 - Cf. C.G. JUNG et Ch. KERENYI, Introduction à l'essence de la
mythologie, Paris 1974 (4).
82 - G. DEVEREUX, op. cit., p. 98. De ce rapprochement - dont nous
prenons la responsabilité - rien ne serait plus faux que de conclure que
G. Devereux est un disciple de Jung. C'est lui qui, au contraire,
qualifie "d'absurde" sa théorie des archétypes.
83 - R. DIATKINE, Mythes, op. cit., p. 692.
84 - R. DIATKINE, ibid. p. 693. Dans cette "formulation superficielle"
qui postule "que les religions et les mythes ont emprunté leurs thèmes
aux théories sexuelles et aux fantasmes des enfants" on reconnaît, bien
sûr, la doctrine de Freud.
85 - La tentation parfois reste proche. Cf. M. T.
NEYRAUT-SUTTERMAN, loc. cit.,(Mythes) p. 853 à qui "le
décryptage, psychanalytique du personnage d'Héraclès à l'aune de son
épilepsie... fournit., un lieu de compréhension du héros apparemment
si polymorphe"
73
86 - Cf. infra, notre étude des rapports d'Héraclès aux pratiques initiatiques
(troisième partie).
87 - G. DEVEREUX, op. cit., p. 98.
88 - L'expression est de G. DURAND, Figures mythiques et visages de
l'oeuvre, 111e Verte, 1979, p. 28. On ne saurait toutefois faire de ce
théoricien de l'imaginaire un "symboliste". Il se définit lui-même
comme un "structuraliste mitigé" (ou encore un "structuraliste
figuratif) Actes du colloque de Chantilly. Problèmes du mythe et de
son interprétation. Paris 1978, pp. 27-50. Sur les travaux de ces
"symbolistes" dont l'interprétation ouvre sur le sacré voir J.P.
VERNANT, loc. cit., pp. 227-232.
89 - J. RUDHARDT, La fonction du mythe dans la pensée religieuse de la
Grèce, // Mito Greco, Rome 1977, p. 317.
90 - J. RUDHARDT, loc. cit., p. 314.
91 - Cl. LEVI-STRAUSS, Anthropologie structurale, Paris 1958, pp. 235
sq..
92 - Cf. par exemple, M. DETIENNE, loc. cit., Il Mito Greco, pp. 70-71.
93 - Pour la présentation de la méthode mise en oeuvre autour de J. -P.
VERNANT, M. DETIENNE et P. VIDAL-NAQUET à la IVe section
des Hautes Etudes voir, par exempte, J. -P. VERNANT, Lectures et
problèmes du mythe, loc. cit., pp. 244-250 et M. DETIENNE,
Mythes grecs et analyse structurale, // Mito Greco, pp. 69-90, repris
dans le chapitre : Les Grecs ne sont pas comme les autres, Dionysos
mis à mort, Paris 1977, pp. 17-47.
94 - M. DETIENNE, L'invention de la mythologie, Paris 1981, pp. 9-10.
95 - M. DETIENNE, op. cit., p. 242 "une dernière histoire en attendant le
théoricien. On raconte qu'à Syracuse.. ..etc...".
96- Il semblerait bien que les plus grandes réussistes soient les
interprétations les plus "libres"... en particulier celles qui poussent au
plus loin le déchiffrement d'un texte précis (ici Hésiode), l'intégration
dans le contexte historique et culturel est alors possible, ce qui n'est
pas le cas, lorsqu'il s'agit, à l'exemple de Lévi-Strauss, de dégager
l'armature commune d'une multitude de versions de nature et d'époques
différentes.
97 - Cf. supra note 95. Déjà en 1973, au Colloque dUrbino, M.
DETIENNE prenait quelque distance avec le structuralime de Cl.
LÉVI-STRAUSS, loc. cit.. Il Mito Greco, p. 69-90. Quand à J. -P.
VERNANT, en 1974 (Mythe et Société p. 250), il se tournait "vers
les linguistes, les logiciens, tes mathématiciens" dont il espérait "le
modèle structural d'une logique qui ne serait pas celle de la binante, du
oui ou du non, une logique autre que la logique du logos".
98 - R. BARTHES, op. cit., p. 195.
99 - R. BARTHES, op, cit., p. 202.
74
49, 1936 pp. 440 sq. et, du même auteur : Tradition littéraire et
tradition graphique, AC, 6, 1937, pp. 5 sq. Pour un historique et une
bibliographie de la question voir CL. BÉRARD, Anodoi, essai sur
l'imagerie des passages chthoniens, Neuchâtel, 1964. Voir aussi F.
LISSARRAGUE et A. SCHNAPP, Imagerie des Grecs ou Grèce des
imagiers ?, Le temps de la réflexion, ?, 1981, pp. 275-297 et Image et
Céramique grecque, Actes du colloque de Rouen éd. par F.
LISSARRAGUE et F. THÉLAMON, Rouen, 1983.
144 - E. H. GOMBRICH, L'Art et l'illusion, 1971, p. 28 (sémantique
traduit ici "linguistics").
145 - A l'Université de LYON ?. Cf. Bulletin de liaison de la Société des
amis de la Bibliothèque Salomon-Reinach, 1985, 3, p. 63.
146 - Cl. BÉRARD, Anodoi, opxit., p. 47.
147 - R. BARTHES, op. cit., p. 195.
148 - Cf. supra p. 33.
149 - R. BARTHES, op. cit., p. 200.
150 - Ce qui, bien entendu, n'implique en rien une identité de fonction.
151 - Voir notre note 132. Les livres cités de R. FINNEGAN et P.
ZUMTHOR donnent une vue synthétique du problème. On peut
donner quelques exemples de ces traditions orales contemporaines : Cf.
J. BARRE-TOELKEN, The pretty Langage ofyellowman, 1969 ; E.
MAQUISO, Ulahingan, An Epie of the Southern Philippines,
Dumaguete - City, 1977 ; I. OKPEWHO, The Epie of Africa,
New-York, 1979.
152 - P. ZUMTHOR, op. cit., p. 116. Notons encore la formule (au sens
habituel du terme ici) de P. Zumthor pour qui la formule (de l'épopée)
"neutralise l'opposition entre la continuité de la langue et la
discontinuité du discours" (p. 1 19).
153 - Cl. BÉRARD, Anodoi, op. cit., p. 47. Cf. encore U. ECCO, La
structure absente. Introduction à la recherche sénuotique, trad. française
de 1972, p. 178 : "Les signes iconiques reproduisent certaines
conditions de la perception de l'objet, mais après les avoir sélectionnés
selon des conventions graphiques".
154 - Cf. F. LISSARRAGUE, A. SCHNAPP, loc. cit., p. 281 : "Vieillard,
femme, cavalier, hoplite, par exemple, qui sont dans l'image des
agents narratifs, non des données statistiques".
155 - G. LIVET, loc. cit., p. 6.
156 - J.M. MORET, L'Ilioupersis dans la céramique italiote, les mythes et
leur expression figurée au IVème siècle, Genève, 1975, chapitre 12 et
p. 194. Le "schéma agenouillé" qu'étudie aussi l'auteur subit, au cours
des siècles, la même évolution sémantique.
157 - J.M. MORET, op. cit., p. 294.
158- L'auteur étudie également les phénomènes de synonymie
(représentation d'un même épisode légendaire au moyen de schémas
78
esprit malfaisant... qui veille, à lui seul, sur les hautes colonnes qui
gardent écarté de la terre, le ciel"). Leur "fonction" - et c'est encore
celle que leur prête la Théogonie (517) - est par conséquent différente
(plus cosmogonique que géographique) de celle qu'assument les
colonnes d'Héraclès, dressées par le héros "pour maintenir ouverte la
route qu'il a creusée entre l'océan extérieur et notre mer intérieure" ou
au contraire "pour empêcher les monstres de l'Océan d'envahir la
Méditerranée" (DIODORE, IV, 18). Il est d'ailleurs intéressant de
remarquer que Diodore n'éprouve pas le besoin de choisir entre les deux
versions : seule survit donc, dans l'utilisation qu'il fait du mythe sa
fonction ordonnatrice, fonction passée de l'ordre cosmogonique - et
divin - à l'ordre géographique (une géographie retouchée pour
l'homme), fonction passée aussi d'Atlas à Héraclès. Au Vlème siècle,
l'expression est suffisamment liée au héros pour faire partie du
vocabulaire géographique courant : si dans un fragment d'Hécatée de
Milet ne sont mentionnées que les colonnes sans référence à Héraclès
?????? p????- pe?? ta?· st??a?· F.H.G., ?, frg. 325, ?. 25,
Mtiller = 372 Nenci = 356 Jacoby) chez PINDARE (Néméennes, III,
37) elles sont bien les colonnes d'Héraclès et, au Vème siècle,
Hérodote emploie couramment l'expression (cf. IV, 8 ; 1, 20 ; IV, 43 ;
IV, 96 etc...). Cf. encore PLATON (Timée, 25e) qui nomme
les ' ??a??????- st??a? et les '??a??????- d???.
170- STRABON, XVII, 3, 3.
171 - PLINE L'ANCIEN, Histoire naturelle, V, 3-5.
172 - Strabon est plus précis dans sa description de la Turdétanie, lorsqu'il
cite Homère et les "poètes postérieurs qui multiplient à l'envie les
récits analogues, décrivant les expéditions faites pour conquérir les
troupeaux de Géryon et les pommes du jardin des Hespérides, les
fameuses pommes d'or" (III, 2, 13). Il attribue même à Stésichore la
localisation à Erythie, île voisine de Gadeira (=Gadès), le lieu de la
naissance du bouvier Géryon (III, 2, 11). Cf. infra, notre deuxième
partie.
173 - Cf. G. KISH, La carte image des civilisations, Paris, 1981 ; R.
BALADIÉ (Le Péloponnèse de Strabon, étude de géographie
historique, Paris 1980), rappelle utilement que Strabon lui-même ne
permet pas, véritablement, de caitographier les pays qu'il décrit : "des
données où voisinent de façon à peu près inextricable la vérité et
l'erreur : orientations inexactes dans bien des cas, localisation vague
des points remarquables sur lesquels repose la construction de
l'ensemble, évaluation quelquefois exacte, le plus souvent
approximative, des distances, confusion, erreurs caractérisées,
flottement résultant de la valeur du stade..." (p. 37).
174 - Cf. infra fig. 1 et pp. 92 sq.
80
175 - Iliade, XVIII, 606 ; Iliade, XVIH, 399, Odyssée, ??, 1-2 et XX. 65.
C'est une image toute semblable qui se dessine encore dans la
Théogonie d'Hésiode (242 ; 265 ; 292 ; 776 ; 787-790).
176 - Cf. J. GAGE, Hercule Melqart, Alexandre et les Romains à Gadès,
REA, XLII, 1940, pp. 425-438, et, du même auteur, Gadès, llnde et
les navigations atlantiques dans l'Antiquité, RH, 205, 1951, pp.
189-216. Cf. encore A. BERTHELOT, Les données numériques de la
géographie antique d'Eratosthène à Ptolémée, RA, XXXVI, 1931, pp.
1-34.
177- Pour l'identification des "colonnes" voir infra p. 103 ; Calpé
(aujourd'hui Gibraltar) sur la côte espagnole et, sur la côte marocaine,
Abyla (soit te Mont Acho au N.E. de Ceuta, soit le Mont aux singes,
au S.W.) Cf. en particulier, St GSELL, Histoire ancienne de l'Afrique
duNord,H,pp. 167-16S.
178 - SILIUS ITALICUS, Us Puniques, 1, 141 ; XVIH, 637.
179- PLINE L'ANCIEN, Histoire Naturelle, W, 6.
180 - A. SCHULTEN, La geste d'Héraclès, dans Tartessos, Contribuciôn a
la historia mas antigua de Occidente, Madrid 1924 ; et id., Die
Griechen in Spanien, dans Rh. M. LXXXV, 1936, p. 302, voir infra
pp. 97sq.
181 - Pour J.H. CROON, The Herdsman of the Dead, Studies on some
Cuits, Myths and Legends of the ancient greek colonization-aera,
Amsterdam 1942, la légende de Géryon est apportée par les
Chalcidiens dans la région de Cumes et en Sicile et ce sont les
Phocéens, leurs alliés commerciaux qui la transportent à Gadès, sur les
lieux de leurs expéditions lointaines. Sur les mythes d'Héraclès à
Cumes voir N. VALENZA-MELE, Eracle euboico a Cuma. La
Gigantomachia e la via Heraclea, dans Recherches sur les cultes grecs
et l'Occident, Cahiers du Centre Jean Bérard, V, Naples 1979.
1 82 - Il faut rappeler là, l'importance de la Géryonide de Stésichore dHimère
vers 600 à qui Strabon (III, 2,1 1) rapporte la localisation de Géryon à
Erythie.
183 - HÉSIODE, Théogonie, 287-294. Même pour qui ne partage pas tout à
fait "le doute méthodique" de J. -P. Morel, loc. cit., p. 419 sur la
colonisation phocéenne à Tartessos ou, d'une façon générale, sur la
présence ancienne des Rhodiens et Phocéens dans les mers
occidentales, il est certain que cette présence est postérieure à l'époque
d'Hésiode (qui d'ailleurs paraît tout ignorer de la colonisation).
L'aventure de Colaios, rapportée par HERODOTE (V, 152) témoigne
sans doute du rôle important joué par tes Samiens "associés à l'activité
commerciale des Phocéens" (F. VHJLARD, La céramique grecque de
Marseille, essai d'histoire économique, Paris 1960, p. 56 et 72), mais,
malgré les dates hautes proposées par A. SCHULTEN (op. cit, p. 45),
MAZZARINO (Fra Oriente et Occidente, p. 1 17) et A. GARCIA Y
81
dans le Latium (cf. par exemple, PP., 1977, Lazio arcaico e mondo
greco). Ceux-ci ayant pu apporter, non seulement le culte des colonies
de Grande-Grèce et de Sicile (cf. J. BAYET, Les origines de l'Hercule
romain, Paris 1926), mais aussi celui d'un Héraclès-Melqart déjà connu
en Orient Nous pensons au type de l'Héraclès chypriote qu'évoque la
grande terre cuite architectonique qui ornait, dès la deuxième moitié du
Vie siècle, le temple archaïque de l'aire sacrée de S. Omobono et que
rappellent aussi de très nombreux petits bronzes dits étrusco-italiques.
On se reportera à notre épilogue.
196 - Melqart avait un temple à Carthage (CIS, 264). Tous les ans la ville
envoyait une ambassade au dieu de la métropole, et au Ile siècle avant
J.C., lui adressait encore la dîme (JUSTIN, XVIII, 7, 7 et DIODORE,
XX, 14 et XIII, 108). Cf. encore QUINTE-CURCE, Histoire
d'Alexandre, IV, 2, 10 et IV., 3, 22 ; ARRIEN, Anabase, ?, 24, 5 et
POLYBE, XXXI, 12 et 20. Cf. C. BONNET, Le culte de Melqart à
Carthage : Un cas de conservatisme religieux, Studia Phoenicia, IV,
Religio Phoenicia, 1986, pp. 209-222.
197 - CIS , 1, 122, ou /G, XIV, 600. Cette inscription est du Ile siècle avant
J.-C. Les marins tyriens réclament de même à Délos un téménos pour
leur Héraclès qu'ils qualifient à la fois d'Arc hé gè te de Tyr et de
bienfaiteur de l'humanité (1519, lignes 14-16).
198 - Cf. J. POUILLOUX, loc. cit., p. 309 et du même auteur, Archiloque,
Fondation Hardt, X, p. 22.
199- DIODORE DE SICILE, IV, 8, 5.
200- DIODORE DE SICILE, 1,2,4.
201 - L. MAKARIUS, Ethnologie et structuralisme, l'apothéose de Cinna,
mythe de naissance du structuralisme, L'homme et la société, 1971, 4,
pp. 191-210.
202 - P. VIDAL-NAQUET, Le chasseur noir et l'origine de l'éphébie
athénienne, Annales ESC, ????, 1968, pp. 947-964 repris (et
remanié) dans Le Chasseur Noir, Paris 1981.
203 - Cf. infra dans notre troisième partie. L'étude des rapports entretenus
par Héraclès avec les jeunes gens nous conduira à aborder le problème
des pratiques initiatiques.
204 - W. BURKERT, Le mythe de Géryon : perspectives préhistoriques et
tradition rituelle, dans // Mito Greco, op. cit., pp. 273-283.
205 - Il faudrait ajouter les critiques de D. SABBATUCCI sur l'utilisation
qui est faite du mythe de Cacus, op. cit., p. 284.
206 - G.S. KIRK, Methodological reflexions on the myths of Héraclès, //
Mito greco, op. cit., pp. 285-297. Nous ne partageons pas, cependant,
la conviction exprimée p. 286 que les contradictions d'Héraclès
appartiennent probablement à la tradition orale pré-homérique.
207 - Cf. supra, pp. 43 sq. Cf. encore pp. 221 sq. ; cf. enfin notre
quatrième partie.
83
PREMIERE PARTIE
DE LA MÉDITERRANÉE
91
l'Epire (8). Mais doit-on imaginer qu'il est en retrait par rapport
aux connaissances géographiques des contemporains d'Hésiode ?
Tous deux paraissent plutôt représenter des traditions
divergentes par rapport à la version première qui d'emblée - et
pour cause ! - localise Erythie et le Jardin des Hespérides à
l'extrême Ouest. Il est curieux, en effet, que tous les historiens
citant ce fragment du logographe, conservé par Arrien, laissent à
penser qu'Hécatée ne connaît qu'une localisation des prairies de
Géryon ; le texte pourtant - qui oppose l'Ibérie à l'Epire - paraît
plutôt traduire un choix - ratifié par Arrien - choix en faveur de la
vraisemblance, dans la mesure où l'Ibérie est jugée trop lointaine.
Et c'est une attitude comparable qu'on retrouverait chez l'auteur
de l'écrit pseudo-aristotélicien Mirabiles Auscultationes qui
polémique contre la version occidentale du mythe et, comme
Hécatée (comme Lycos de Rhégion et Théopompe encore), situe
le dixième expoit d'Héraclès dans la zone adriatico-épirote (9).
D'ailleurs, si Hécatée situe Erythie dans la mer Ionienne, il
sait parfaitement que là n'est pas l'Océan ; c'est du moins ce que
prouve la carte de Voicouménè (10), que, reprenant et corrigeant
à la fois Anaximandre, il aurait ajoutée à la Description de la terre
(H).
Malgré la part d'arbitraire que suppose toute reconstitution,
il ne fait aucun doute qu'y triomphe la conception d'un Océan
"extérieur", embrassant l'univers, conception qui rappelle tout à
fait ce que nous en apprennent nos premières sources littéraires.
Dans Ylliade, en effet, l'Océan est considéré comme un fleuve
puissant (12), et c'est une conception semblable qui s'exprime
dans YOdyssée où le "cours d'Océan" est opposé au "flot du
grand large" (13). Continuellement, dans les deux épopées, en
effet, on le distingue de la "mer immense", de la Méditerranée, et
on le définit par son courant. R. Dion (14), insiste sur la
singularité de ce courant : un courant qui revient sur lui-même
(15), qui semble ne pouvoir se déverser nulle part, et au
contraire, trouve en lui sa propre fin.
C'est une représentation toute semblable qui se dessine
dans la Théogonie d'Hésiode : image d'un "fleuve sans rival"
dont Héraclès un jour franchira "le cours" (16). Dans un passage,
il est vrai d'utilisation délicate, c'est l'expression même de Ylliade
qui se retrouve
source" ; plus loin
: l'Océan
même, est
il est
un dit
fleuve
d'Océan
qui "revient
qu'il "s'enroule
vers sa
autour de la terre et du large dos de la mer" (17).
Pour R. Dion, il ne fait aucun doute que ce courant revenant
sur lui-même traduit l'expérience - directe ou indirecte - que
pouvaient avoir les Grecs de la marée dans le détroit de Gibraltar.
93
Peut-être...
"fleuve" représenté
; ce quipar
estHéphaïstos
bien certain,
autour
en tout
du monde
cas, c'est
exemplaire
que ce
CHAPITRE PREMIER
LIXOS ET GADES,
BORNES OCCIDENTALES DU MONDE CONNU
(59) Stésichore en tout cas connaît vers 600 -et dans cette ville
d'Himère dont le monnayage est très précoce- l'existence du
fleuve "aux racines d'argent" (60), et, à l'autre extrémité du
monde grec, Anacréon fait un parallèle éloquent entre la corne
d'Amalthée et "un règne de cent-cinquante années à Tartessos"
(61). C'est ensuite, rapportée par Hérodote, l'aventure du Samien
Colaios et de ses compagnons qui tirèrent de la vente de leur
cargaison de tels bénéfices qu'ils purent offrir une dîme
somptueuse à YHéraion de Samos (62). C'est enfin l'histoire de
ce "bon roi" Arganthonios avec lequel les Grecs se lièrent
d'amitié et qui, s'ils refusèrent l'offre de s'établir dans le pays,
reçurent assez d'argent pour constuire les murs de Phocée
menacée (63).
Diodore évoque, dans son développement sur les Ibères,
les grandes richesses métallifères du pays et plus particulièrement
les mines d'argent "très belles, très abondantes, et très
productives pour ceux qui les exploitent" (64). Lui aussi croit à
l'existence de ruisseaux d'argent pur, nés de la combustion des
Pyrénées (65), et rapporte que dans leur naïveté les Ibères
échangèrent le métal contre des marchandises de peu de prix aux
Phéniciens qui gagnèrent ainsi d'immenses richesses et après
avoir continué longtemps ce commerce "devinrent si puissants
qu'ils envoyèrent de nombreuses colonies dans la Sicile et les îles
voisines, ainsi que dans la Libye, la Sardaigne et l'Ibérie" (66).
Mais c'est Strabon qui, encore une fois, nous instruit le
plus et sur "la richesse stupéfiante" qu'avait à son époque
conservée le pays du Baetis et sur la réputation qu'il avait chez
ses prédécesseurs (67). "En aucun lieu de la terre", estime-t-il,
"on n'a pu voir jusqu'à présent ni l'or, ni l'argent, ni le cuivre, ni
le fer être produits en quantités si grandes et avec une telle
qualité". (68). Toutefois sa description des richesses minières
n'est rien a côté de celle de Poséidonios, qui, de l'aveu même de
Strabon, "se livre à l'enthousiasme de l'hyperbole" et accorde
crédit "à la fable selon laquelle la terre de cette contrée, précieux
composé d'argent et d'or, aurait jadis fondu dans l'embrasement
des forêts., puisque, dit-il, chaque montagne, chaque colline de
l'Ibérie est en réalité, par le fait d'un destin incomparablement
prodigue, un amas des matières dont on tire la monnaie" (69).
Quant à l'étain, Strabon rapporte l'opinion de Poséidonios
qui affirme qu'on l'extrait du sol, contre l'idée assez répandue
qu'on le trouve à la surface (70)... C'est pourtant cette théorie
que reprendra Aviénus : "Au dessus des marais, dit-il, s'allonge
le mont Argentarius, ainsi nommé à cause de son éclat : l'étain
resplendit sur ses flancs ; il fait surtout jaillir la lumière dans les
101
Peut-être...
Lixos serait aussi l'entrepôt de l'argent et la base de départ
"pour la prospection des mines d'argent de l'Atlas" et les
"palabres avec les indigènes" dont elles étaient la propriété...
Comme le pays de Tartessos, la Libye aurait sa montagne
d'argent, celle où Promathos de Samos, repris par Aristote,
situait et les sources du Nil, et celles d'un fleuve "Chrémètès"
tributaire de l'océan Atlantique (76).
Cette montagne d'argent serait le Grand Atlas, où Juba et
Vitruve, repris par Pline, placent aussi l'une des sources du Nil,
et le Chrémètès correspondrait au Flumen Darat de Pline (77), au
Dyris de Vitruve (78), au Darados de Ptolémée (79), c'est-à-dire
à l'Oued Draa. Selon Jérôme Carcopino toujours, la traduction
grecque insisterait sur l'aspect "lucratif du fleuve ; Ptolémée au
102
qui semble avoir guidé les Anciens dans leurs tentatives pour se
représenter le monde. La localisation à Gadès d'une part, à Lixos,
d'autre part, des deux derniers travaux d'Héraclès, nous paraît
procéder de ce même esprit de géométrie : on en jugera mieux en
reprenant ces cartes qui tentent de donner une représentation
figurée des connaissances géographiques acquises à une époque
donnée (84).
Ces dernières se précisent, surtout à partir d'Eratosthène,
et, grâce à l'expédition d'Alexandre sans aucun doute, l'Asie, en
particulier, voit ses proportions et ses contours s'améliorer. Mais,
sur la carte du monde "selon Strabon" (85) encore, l'essentiel de
la symétrie primitive subsiste et, en particulier, cet axe intangible,
ce parallèle censé diviser le monde en deux parties égales et sur
lequel, de Gibraltar à l'Inde, les géographes mesuraient la plus
grande largeur de Yoicouménè (86), sur lequel aussi on
s'ingéniait, nous l'avons dit, à retrouver toutes sortes de
correspondances largement mythiques (limite des errances de
Dionysos à l'Est, bornes qu'à l'Ouest Héraclès lui-même avait
mises à ses travaux), et qui disent assez que l'imaginaire
l'emporte sur la représentation "scientifique" du monde !
Sur cette "carte-image" que nous avons tenté de reconstituer
(fig. 1) figure donc ce diaphragme, et sur ce diaphragme se
trouvent précisément le détroit de Gibraltar et les colonnes
d'Héraclès (87), le Mont Calpé sur la côte espagnole, le Mont
Abyla, sur la côte africaine (88). De part et d'autre de ces
colonnes, Gadès (la Gadeira de Strabon) et Lixos occupent une
position extrême sur le méridien le plus occidental de la terre
habitée : "la terre, le monde des hommes, finissent à Gadès" écrit
Silius Italicus (89). Les deux villes sont des finistères,
parfaitement symétriques et cette symétrie, déjà, avait frappé
Strabon qui, dans sa description de la "Maurusie" mentionne "une
petite ville qui domine la mer, Trinx selon les Barbares, Lynx
d'après Artémidore, Lixos selon Eratosthène" ; cette petite ville
est, dit-il, "en face de Gadeira dont elle est séparée par un bras de
mer de huit cents stades ; la même distance sépare les deux villes
des colonnes d'Hercule" (90).
Que le théâtre des deux derniers exploits terrestres
d'Héraclès occupe dans ces projections de Yoicouménè cette
place pleine de signification n'est pas pour nous étonner ; nous
nous étonnerons moins encore quand nous saurons qu'à Lixos
comme à Gadès, fondations phéniciennes, était vénéré le dieu
Melqart, auquel, si souvent, le héros grec est associé, voire
identifié.
104
C ? A N
MER EXTERIEURE
2. A l'époque hellénistique.
DEUXIEME CHAPITRE
l^zt-A Mar»;;.
Fig. 4 : Lixos
i3»a>t »»t
1 . Plan des fouilles de Lixos
Wm
» · - , > **· k **
^^ |***~*»*" ?**·· &A
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nécropoles ont fourni des bijoux des Vllème- Vlème siècles avant
notre ère, des "céramiques imitées ou dérivées des vases
phéniciens dont le plus ancien, le vase en chardon, est
généralement daté des VlIIème et Vllème siècles". Enfin
l'absence de céramique classique carthaginoise, amphores et
lampes, situe l'âge de ces nécropoles "avant la venue d'Hannon,
c'est-à-dire avant le début du Vème siècle" (174). C'est, pense
l'archéologue, dès le VlIIème siècle avant notre ère qu'aurait
commencé d'être utilisée, par exemple, la nécropole de Djebila
(175) (près des grottes dites d'Hercule !), mais pour l'essentiel
elle daterait, comme celle d'Aïn Dalhia, des Vlème et Vème
siècles.
Ces découvertes confirment les conclusions qu'il était
possible, déjà, d'apporter après les fouilles de l'îlot de Mogador
(176). Dans la même couche stratigraphique (couche IV)
voisinaient en effet de la céramique phénicienne archaïque, de très
nombreux tessons lustrés rouges analogues à ceux de Lixos et,
permettant de les dater, des fragments d'amphores attiques "SOS"
de la seconde moitié du Vllème siècle et de la céramique ionienne,
rhodienne ou chypriote du Vllème siècle également. C'est un
véritable comptoir qui est ainsi attesté jusqu'à la deuxième moitié
du Vlème siècle, époque à laquelle il paraît abandonné. Ainsi, que
ce soit dans la région du détroit ou 700 km plus au Sud, la
présence phénicienne est désormais établie sur les rivages
atlantiques du Maroc, et, par-là même, l'intérêt que pouvaient
représenter pour ces Orientaux les contacts avec l'Afrique
profonde.
Un autre enseignement, tout aussi important pour nous, se
dégage de ces recherches : le matériel recueilli dans les
nécropoles, ou, comme à Mogador, sur le site de ce qui devait
bien être un comptoir, invite à tourner les regards non pas tant
vers la lointaine Phénicie que vers le Sud de l'Espagne, et
pourquoi pas, Gadès... (177) C'est en particulier le cas de la
céramique lustrée rouge et, semble-t-il, aussi, des importations
grecques au Maroc, trop rares pour avoir été l'objet d'un
commerce direct, trop mêlées aux vestiges phéniciens pour ne pas
être arrivées avec eux. (178).
Une fois de plus nous trouvons liés les destins de Lixos et
de Gadès, et, contrairement à l'habitude, c'est au témoignage
littéraire que nous demanderons de confirmer les déductions des
archéologues ; nous invoquerons Strabon, en effet, et le récit
qu'il fait des aventures "d'un certain Eudoxe de Cyzique, qui
sous le règne du second Evergète vint en Egypte comme
ambassadeur et héraut". H rencontre là un Indien, échoué sur les
118
TROISIEME CHAPITRE
Fig 5 : (n°
Relief
4721)
de(photo
l'Université
du muséeaméricaine
de l'Université,
de 1970).
Beyrouth
123
l'accent, non pas tant sur la triade (que, pour sa part, il rejette
nettement), mais bien plutôt sur un couple divin "dont l'élément le
plus solide pourrait être une déesse au caractère peu spécifique,
composite, presque universel" (222) et c'est encore une dyade
qui, pour B. Servais-Soyez, règne sans contestation possible sur
les panthéons hellénistiques et romains de Phénicie (223).
Et il est tout à fait vrai que, dans le cas de Melqart, c'est son
association avec Astarté qui constitue la donnée la plus sûre, la
plus largement répandue, la plus durable... même si en certains
de ses sanctuaires - à Chypre par exemple - on a l'impression que
le jeune dieu a peu à peu évincé une déesse, effectivement
primordiale.
La nature du dieu tyrien n'en demeure pas moins assez
mystérieuse : dieu solaire a-t-on dit - invoquant l'orientation
qu'aurait donnée Salomon à son temple à l'imitation de celui de
Tyr (224) - et son "réveil", qui chaque année à Tyr, depuis Hiram
1er, était célébré au mois de Péritios (225), c'est-à-dire en
février-mars, pourrait le confirmer. A moins qu'on entende plutôt
ce rite de G???e?s?G comme la "résurrection" d'un dieu mourant et
renaissant, résurrection à laquelle la légende rapportée par Eudoxe
de Cnide s'efforcerait de donner une explication étiologique
(226). C'est généralement cette interprétation qui prévaut, et on
tend à admettre que Melqart est un dieu chthonien, un dieu agraire
au sens le plus large du terme ; H. Seyrig, toutefois, fait bien
remarquer qu'à l'inverse d'Adonis et d'Eshmoun, dont le culte
met surtout l'accent sur les rites de la mort, en été, Melqart au
contraire "est avant tout un dieu ressuscité, dont la fête printanière
célèbre le triomphe" (227)... Le triomphe et la force ajouterions
nous volontiers : Melqart est un dieu-roi dont la force vitale est
garante non seulement de la fertilité de la terre, de la fécondité de
l'espèce humaine, mais encore du fonctionnement ordonné du
Cosmos et de l'équilibre harmonieux de la communauté qu'il
protège. C'est à refaire cette force vitale que sert Yegersis et l'on
conçoit que le rite ait pu être essentiel à la dynastie de Tyr, qu'il
ait été repris et célébré par les communautés installées au delà des
mers, des côtes phéniciennes à Gadès, en passant par Carthage
(228).
Le sanctuaire de Melqart n'a pas été identifié, qui
apporterait sans doute des informations complémentaires (229) ;
E. Will, nous l'avons dit, pense en avoir retrouvé les éléments
essentiels sur le bas-relief de Tyr : l'olivier enflammé et le
serpent, éléments attestés, au reste, dans deux ouvrages tardifs, le
roman d'Achille Tatius, Leucippé et Clitophon, et les
Dionysiaques de Nonnos. Le premier rapporte au sujet de Tyr un
125
oracle byzantin :
"Il est une ville dans une île, et le sang qui l'habite a son
nom d'une plante ; elle est en même temps un isthme et un détroit
sur la terre ferme : là Héphaïstos est joyeux de posséder à jamais
Athéna aux yeux pers. C'est là que je t'invite à apporter à
Héraclès l'hommage de ton sacrifice". Oracle, à vrai dire, fort
obscur, mais heureusement expliqué : c'est à Tyr, cette ville
"qu'attire la mer comme l'attire aussi la terre" et qui "participe à
leurs deux natures", qu'il faut envoyer une ambassade.
"L'énigme fait allusion à l'olivier et au feu qui, chez nous,
cohabitent. Il y a en effet un champ sacré entouré de murs, où
pousse un olivier au feuillage luisant ; du même champ, près de
lui, naît du feu qui envoie de grandes flammes parmi les
branches, et c'est la cendre de ce feu qui fait prospérer l'olivier"
(230). Ainsi, le palmier est l'arbre dont les Phéniciens tirent leur
nom, Athéna l'olivier et Hesphaïstos le feu qui l'embrase et le
sanctuaire, sans nul doute possible, celui d'Héraclès-Melqart à
Tyr.
Cette description est à la fois confirmée et précisée par un
passage des Dionysiaques (231) ; elle est d'autre part, mise en
rapport avec la fondation de Tyr. Celle-ci doit avoir lieu près des
"roches ambrosiennes ; il pousse là un olivier, que les flammes
enveloppent sans le consumer ; un aigle est perché au sommet de
l'arbre et un serpent s'enroule autour du tronc" ; nous retrouvons
l'olivier enflammé, l'aigle et le serpent figurant sur le relief de
l'Université américaine de Beyrouth... Quant "aux roches
ambrosiennes", elles se trouvent sur des monnaies tyriennes du
Illème siècle après notre ère, parfois représentées avec l'olivier,
parfois jointes à l'image d'Héraclès, et dans ce cas, "elles
semblent marquer le point de départ d'un écoulement d'eau"...
(232).
Il est évidemment très tentant de rapprocher ces roches
ambrosiennes qui, sur les monnaies, sont représentées comme
deux bétyles, ou deux stèles, de celles qu'Hérodote a vues,
précisément dans le temple de l'Héraclès tyrien (233), deux stèles
l'une d'or massif, l'autre d'émeraude... Plus tard Théophraste
cite cette dernière comme la plus grande émeraude connue, et,
reprenant son témoignage, Pline (234) se demande si ce n'était
pas là plutôt '"une fausse émeraude". Quoiqu'il en soit et sans
vouloir absolument identifier les roches ambrosiennes aux
colonnes vues par Hérodote (235), la conclusion de E. Will nous
paraît légitime, qui estime que les témoignages ainsi réunis
"forment une chaîne unique et solide prouvant l'existence, dans le
sanctuaire d'Héraclès à Tyr, de deux stèles, d'un olivier et d'un
126
"^SÉaK
1 - type d'appareil
2 - le renfoncement de
l'abside du temple H
1. Plan du temple F.
D'après : Chronique de l'archéologie marocaine,
BAM, V, 1964, fig. 1.
2. Essai de reconstitution
D'après : M. PONSICH, Lixus, le quartier des temples,
Rabat, 1981, fig. 13 p. 56.
133
QUATRIEME CHAPITRE
HÉRACLES-MELQART,
D'UNE RIVE A L'AUTRE DE LA MÉDITERRANNÉE
1. Plan du sanctuaire
(restitution schématique)
TEMPLE ??????
2 . Essai de reconstitution
périphériques (308).
Ces conclusions sont légitimes, peut-être, en ce qui concerne
les éléments d'architecture de la ville et même du sanctuaire :
mais la cour évidée dans la roche en place, l'aménagement de la
source, le bloc central épargné sont autant d'éléments qu'il est
bien impossible de dater, même si l'on constate que cette pratique
a perduré longtemps, et rien ne permet, jusqu'à présent, de
proposer une date pour l'implantation du culte. De l'aveu même
des archéologues les fouilles seront à reprendre (309). C'est
pourquoi les sculptures nous paraissent présenter un intérêt tout
particulier ; c'est pourquoi il nous a paru utile également de les
rapprocher des statues très voisines, mais de provenance
chypriote, que possède le musée du Louvre, et ce à la lumière des
études très précises qu'ont faites, de cette statuaire chypriote, les
membres de l'expédition archéologique suédoise (310), a la
lumière aussi des découvertes plus récentes du Département des
Antiquités de Chypre et des nombreuses missions étrangères
travaillant dans cette île qui fut le lieu privilégié de la rencontre de
l'Orient et de l'Occident (31 1).
+ +- + +
¦
1. La troisième
Plan : A. CAUBET,
phase archaïque
loc. cit.,(550-500)
p. 114 fig. 5.
H faut ajouter que, sur la même pierre (face B), est mentionné
le temple de MKL = Mikal. Pour Olivier Masson "il ne s'agirait
pas de deux temples distincts, mais d'un seul grand temple, celui
d'Astarté,
MKL" ; Marguerite
dans lequel
Yon,
une
quant
partie
à elle,
étaitimagine
consacrée
un espace
au culte
sacré
de
dans lequel coexisteraient plusieurs cultes : ceux d'Astarté, de
Mikal, d'Héraclès (Mikal attesté par l'inscription ; Héraclès -
Melqart par l'iconographie). Le problème se pose alors de savoir
quel lien unit Mikal et Melqart, quels rapports s'établissent entre
les divinités et elle propose deux solutions entre lesquelles elle ne
choisit pas. On honorerait dans le sanctuaire
- soit le couple Astarté + Mikal/Melqart
- soit une triade Astarté + Mikal + Melqart
Les plus grandes divinités de Tyr auraient ainsi chacune deux
lieux de culte à Kition. Un grand sanctuaire à Astarté a en effet
été mis au jour dans le quartier de Kathari, au Nord de la ville.
Reconstruit au IXème siècle, à l'emplacement d'un temple du
Bronze récent, il fut identifié grâce aux figurines qui y furent
trouvées et plus précisément encore par la dédicace à la déesse
figurant sur un "bol à barbe" de poterie phénicienne red-slip
(362). Or, dans le même lieu, la fouille d'un bothros devait
produire un bol plus tardif (du Vlème siècle) avec le nom de
Melqart (363). Dans la ville, comme dans son port de Bamboula,
les deux divinités paraissent ainsi avoir été étroitement associées.
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culte
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(2)
(B.
Ve
fin
J.
160
cultes d'Oumm el' Ahmed non loin de Tyr (395). On aurait ainsi,
dans l'archéologie et l'épigraphie de la cité chypriote, la
confirmation d'une tradition jusque là attestée seulement à
l'époque hellénistique ; c'est peut-être le décalage chronologique
qui, à l'époque des syncrétismes, aurait attribué à Ba'al le rôle du
dieu-père de la triade...
Les textes de Kition, eux, mentionnent Mikal. Le culte de
Mikal est connu à Chypre, où ce dieu est parfois assimilé à
Reshef. Le temple d'Idalion a livré plusieurs dédicaces à
Reshef-Mikal et, en particulier, la célèbre inscription bilingue qui
a permis le déchiffrement de l'écriture chypriote (396) et si,
comme le pense René Dussaud, Reshef était à Chypre considéré
comme le père de Melqart (397), le système apparaîtrait assez
cohérent. C'est hélas sans aucune preuve qu'est avancée
l'hypothèse. Reshef et Melqart, parfois associés dans les cultes
hellénistiques, semblent plus volontiers liés par des rapports
d'équivalence que par de telles relations de parenté (398) et rien,
en définitive, n'atteste avec certitude de l'existence d'une triade à
Kition. Il faut, au contraire, reconnaître que, comme le
remarquent ailleurs les historiens de la religion phénicienne, c'est,
une fois de plus, un couple divin qui paraît régner sur le
sanctuaire de Bamboula et un couple divin dont l'élément le plus
ancien, si l'on en juge par l'archéologie, le plus durable, encore,
si l'on admet que l'inscription relative au sanctuaire d'Astarté s'y
rapporte, est bien une divinité féminine (399).
Et il nous semble que - plus que sa place au sein d'une
éventuelle triade - c'est le rôle joué par Melqart auprès de cette
déesse qui doit retenir l'attention. Or, à cet égard les nouvelles
découvertes d'Ebla (400) sont du plus haut intérêt, qui permettent
de penser que l'archétype de Melqart, le roi de Tyr, pourrait
avoir été le Malik de la ville proto-syrienne (401). Non seulement
le roi de la cité y serait un malikum, la reine une maliktum (402),
mais de nombreux noms théophores : en -na -Ma -lik, en -si -ma
-lik, eb-du-Malik, ip-hur-Ma-lik (403) - y feraient référence à un
dieu Malik... Ainsi, par l'intermédiaire des marchands d'Ebla
dont nous savons que très tôt ils fréquentèrent Ille du cuivre, les
Chypriotes auraient pu se familiariser avec ce "Seigneur" d'une
ville qui n'était encore ni Tyr, ni Kition, avec ce dieu qui n'était
pas encore Melqart (404), avec ce roi divin qui, comme Héraclès,
tient à la fois et des nommes et des dieux (405).
163
Un modèle Oriental ?
Impression d'un sceau sumérien de Tell
Asmar (v. 2500), d'après G.R. Lévy,
The oriental origin of Herakles, JHS,
LIV, 1934, p. 40.
167
CONCLUSIONS
Héraclès 641.
171
22 - STRABON, XVII, 3, 3.
23 - STRABON, III, 2, 13.
24 - F. LASSERRE, Strabon, II, Les Belles lettres, 1966, p. 49, note 2,
remarque que la forme ???se?a - une forme poétique- et la place
insolite de l'adjectif dans la phrase "pourrait signaler une citation",
citation qu'il semble chercher dans la poésie épique du Vllème siècle
ou chez STÉSICHORE, donc chez les poètes "post-homériques" au
sens étroit du terme. Mais, dit-il, "STRABON ne paraît pas avoir ici
de référence précise à l'esprit". On sait, en effet, que les exploits
d'Héraclès avaient été chantés par les poètes épiques, et on connaît
l'existence d'une Prise d'Oechalia et d'une Héraclée attribuées à
CRÉOPHILE DE SAMOS (A. et M. CROISET, Histoire de la
littérature grecque, I, pp. 453-454 ; WILAMOWTTZ, op. cit., I, p.
313 ; DURRBACH, loc. cit., p. 81), d'une autre Héraclée, oeuvre du
Spartiate CINAETHON (Scholie à Apollonios, I, 1357), d'une
troisième, composée par le rhodien PISANDRE, soit au Vllème siècle
(A. et M. CROISET, op. cit., I, pp. 456-457) soit au début du Vlème
siècle (WILAMOWITZ, op. cit., I, p. 309)... malheureusement toutes
ces oeuvres sont perdues et ne nous permettent pas de savoir si leurs
auteurs connaissaient cette localisation. Même incertitude quant à la
vaste composition de PANYASIS d'HALICARNASSE au Vème
siècle ; ce dont nous sommes certains, en revanche, c'est que, pour
MIMNERME au Vllème siècle (frg. 12 ; PL.G. II 4 p. 30) et même
STÉSICHORE (frg. 8 ; PL.G. II, 14 p. 209) les Hespérides habitent
encore la région imprécise où "le soleil chaque jour s'abîme dans les
flots". Pour une étude plus systématique et plus complète des sources
on se reportera à notre seconde partie (chapitre "retour aux sources").
25 - STRABON, IV, 1, 7, citation du Prométhée délivré dSSCHYLE (frg.
199 NAUCK, frg. 326 METTE). Selon F. LASSERRE, op. cit., p.
133, si STRABON a pris sa citation chez POSÉIDONIOS, ce que le
commentaire final semble indiquer, il est "probable" que celui-ci "la
tenait lui-même de TIMÉE ou d*ÉPHORE, voire dSPHORE au travers
de TIMEE". Cf. aussi DENYS d'HALICARNASSE, I, 41, 3 et
HYGIN De Astrol., II, 6 (METTE, 326, b et c).
26 - Cf. la citation du Prométhée délivré dSSCHYLE, conservée par le
PSEUDO-GALLEN et retenue par F. BENOIT, loc. cit., pp. 104-148 :
"Ne t'écarte point de ce chemin. Il te conduira d'abord dans une
contrée battue par Borée : prends garde que la violence de ce
vent ne t'enlève de terre".
27 - Noublions pas, cependant, que d'après PLINE (XXXVII, 32) Eschyle
aurait dit "que lÉridan se trouvait en Ibérie, c'est-à-dire en Espagne, et
qu'il s'appelait aussi le Rhône".
28 - Cf. par exemple, PINDARE, Isthmiques, IV, 87-93.
29 - POMPONIUS MÊLA, au 1er siècle, mentionne, lui aussi, la grotte
174
94- p?taµ??-
SCYLAX ouµ??a?
PSEUDO-SCYLAX,
?????- ?a? p????·
1 12, G. G.
f???????
M., I, p. 92?????*.
(=95F1 12)
On
GUZZO, op. cit., pp. 92-94) qu'on rapprochera, bien sûr, des cippes
bilingues à Melqart-Héraclès.
Cf. encore l'inscription de Délos (1519, 1. 14-16) par laquelle les
marins tyriens réclament un téménos pour leur "Héraclès" qu'ils
qualifient à la fois d'archégète de Tyr et de bienfaiteur de l'humanité (le
syncrétisme est ici réalisé non seulement au niveau de l'image, mais
au niveau des fonctions divines).
189 - Sur Melqart voir essentiellement K.L. PREISENDANZ, in, RE,
suppl. ??, col. 293 ; V. BERARD, De l'origine des cultes arcadiens,
pp. 253-267 ; R. DUSSAUD, Melqart, Syria, XXV, 1946-48, pp.
205-230 ; H. SEYRIG, Les grands dieux de Tyr à l'époque grecque et
romaine, Syria, XL, 1963, pp. 19-28 et Héraclès-Nergal, Syria,
1944-45, sur Melqart pp. 72-75 ; E. WILL, Au sanctuaire d'Héraclès à
Tyr, Berytus, X, 1, 1950-51, pp. 1-12 ; DU MESNIL DU BUISSON,
Origine et évolution du panthéon de Tyr, RHR, 164, 1963, pp.
133-163. Cf. également, infra, le quatrième chapitre de cette première
partie et la note 199.
190 - Cf. infra, p. 169 et note 432.
191 - Le dieu figure dans ce traité sous la forme Mi-il-qar-ti, forme suivie
par Ia-su-mu-nu (Eshmoun). Cf. R. DUSSAUD, loc. cit., 2, Les plus
anciennes mentions de Melqart.
192- HÉRODOTE, ?, 44.
193 - FHG, IV, 446, 1 (d'après FLAVIUS JOSEPHE, Contre Apion, I,
1 18-9, et Antiquités Judaïques, VJH, 5, 3) "... il dédia la colonne d'or
qui est dans le temple de Zeus ; puis, s'étant mis en quête de bois de
construction, il fit couper sur le mont qu'on nomme Liban des cèdres
pour les toits des temples, démolit les anciens temples et en bâtit de
nouveaux, ceux d'Héraclès et d'Astarté ; le premier il célébra le réveil
d'Héraclès au mois de Péritios" (Contre Apion, I, 118-119). On
trouvera une importante discussion du témoignage de Flavius Josèphe
dans l'ouvrage de P. CINTAS, op. cit., pp. 122-152.
194 - R. DUSSAUD, loc. cit., pp. 205-206.
195 - R. DUSSAUD, loc. cit., p. 206. C'est pourquoi, d'après lui, les
anciennes monnaies de Tyr le représenteraient "chevauchant un
hippocampe ailé dont il saisit les rênes dans la main droite, tandis qu'il
tient l'arc dans la gauche". ? ajoute dans la note 13 de la même page,
que cet arc "signale déjà l'identification du dieu avec Héraclès". Ces
monnaies apparaissent dès le Vème siècle (E. BABELON, Traité des
monnaies grecques et romaines, 1901, ?, 2, p. 615-627, PI. CXXH),
mais l'identification avec Melqart n'est pas absolument certaine.
Ajoutons qu'à Chypre, à Larnaka tis Lapithou existe un important
culte de Melqart associé à Poséidon (Cf. O. MASSON, Cultes à
Chypre dans Eléments orientaux dans la religion grecque ancienne,
Paris, i960, p. 137.
191
333 - Ces lingots qu'on retrouve très loin dans le monde méditerranéen... en
Sardaigne en particulier !
334- V. KARAGEORGHIS, op. cit.
335 - M. YON, Mission Archéologique française de Kition-Bamboula,
1976-1984, dans Archaeology in Cyprus, op. cit., pp. 219-226;
l'éminence est, en fait, une terrasse artificielle, élevée "au plus tôt" à
l'époque byzantine pour supporter une tour ou un petit fortin", (p.
221). Cf. aussi A. CAUBET, Les sanctuaires de Kition à l'époque de
la dynastie phénicienne, Studia Phoenicia, IV, Religio Phoenicia,
Namur, 1986, pp. 153-158. Précisons que nous ne souscrivons pas à
l'hypothèse qui, dans cet article, fait de Reshef le maître du sanctuaire
(p. 157).
336 - E. GJERSTAD, The Swedish Cyprus Expédition, ffl, pp. 74-75.
337 - Monnaie frappée sous l'empereur Macrin (217-218 après J.C.) à
Byblos, reproduites par E. RENAN, Mission en Phénicie, op. cit., p.
1 17 et de nombreuses fois depuis.
338 - Les très belles monnaies d'or de Pumiathon, par exemple, ce dernier
roi de Kition qui, après avoir étendu son pouvoir sur Idalion et
Tamassos fut vaincu et tué par Ptolémée 1er (Au droit
Héraclès-Melqart ; au revers, un lion dévorant un cerf: année
320-319).
339 - Un premier programme de travaux fut effectué de 1976 à 1981. (Cf. les
chroniques du BCH, 101, 1977 pp. 761-763; 102, 1978,
pp. 916-920 ; 103, 1979, pp. 704-706 ; 105, 1981, pp. 993-996 ;
106, 1982, pp. 722-727). Un second programme a repris en 1984 (cf.
la chronique du BCH, 109, 1985, pp. 939-941 ; cf. M. Yon, Fouilles
françaises à Kition-Bamboula (Chypre), 1976-1982, CRAI, 1984, pp.
80-99).
340 - Fouilles de Kition-Bamboula, BCH, 1978, 2, pp. 918-919.
341 - On admet désormais que les Phéniciens sont installés à Chypre dès le
IXème siècle : cf. l'inscription funéraire du Musée de Nicosie à Chypre
(n° 397) datée de la première moitié du IXème siècle (O. MASSON et
M. SZNYCER, op. cit., pp. 13-20) et, pour Kition, la céramique
découverte sur le site est maintenant datée du IXème siècle (V.
KARAGEORGHIS, op. cit., Les Phéniciens à Kition). Sur l'histoire
de la ville voir, en dernier lieu, M. Yon, Le royaume de Kition
(époque archaïque), Studia Phoenicia, V, Phoenicia and the East
mediterranean in the first millenium B.C., Louvain, 1987, pp.
357-374. Une étude de la période classique paraîtra dans Studia
Phoenicia, IX.
342 - Chronique des fouilles à Chypre en 1980, BCH, 105, 1981, 2, pp.
993-995, singulièrement p. 993.
343 - Cf. A. CAUBET, Le sanctuaire chypro-archaïque de Kition-Bamboula,
dans Temples et Sanctuaires, T.M.O., Lyon, 1984, pp. 107-118.
202
424 - Cf. M. MARAZZI, Egeo o Occidente alla fine del 11° millenio A.C.,
Roma, 1976. Cf. encore V. TUS A, La Sicilia fenico-punica, loc. cit.,
(DHA), pp. 240-241 et ici même, seconde partie, chapitre ffl.
425 - Cf. notre étude iconographique, à paraître (ici fig. 21). Signalons qu'au
Vème siècle le royaume de Kition frappe monnaie au type de Melqart,
sous les traits d'un Héraclès barbu, portant la dépouille du lion et
brandissant la massue, mais l'arc est aussi figuré (cf. J. BABELON,
Les Perses achéménides, p. 95 sq. et pi. CXXVI sq. et R. DUSSAUD,
loc. cit., (Melqart à Chypre).
426- PISANDRE DE RHODES (Scholie à APÇLLONIOS, I, 1195, et
SUIDAS^j.v. pe?sa?d???;) et pour STESICHORE D'HIMERE
(ATHENEE, ??, 512 ; STRABON, XV, 1, 9 ; ERATOSTHENE,
Catastérismes, 12). ? est bien difficile, à notre avis, de trouver dans
l'iconographie une trace certaine de l'antériorité de la représentation
grecque (on se reportera à notre étude iconographique).
427 - Cf. R. DUSSAUD, loc. cit., p. 218. Sur les monnaies tyriennes
représentant Melqart, on peut désormais se reporter à la thèse de C.
BONNET, op. cit., pp. 66-70 de l'exemplaire dactylographié.
428 - R. DUSSAUD, loc. cit., p. 218. Encore peut-on se demander s'il
s'agit bien de Melqart (cf. C. BONNET, op. cit., p. 66).
429 - Cf. notre étude iconographique pi. XXVH, XXVffl, XXIX. Tous ces
Héraclès de l'époque archaïque sont représentés barbus et peut-être aussi
le plus ancien d'entre eux (pi. XXVI. fin Vllème ou début Vlème avant
J.-C).
430 - Cf. la tête du musée du Louvre (AM 2784) d'inspiration plus purement
grecque, il est vrai. Mais à Chypre encore, le colosse d'Amathonte est
barbu. Sur les types d'Héraclès à Chypre cf. J.L. Myres, op. cit., pp.
170-177.
431 - M. DUNAND, op. cit., p. 96 et notes 1, 2, 3 et 4 ; cf. notre étude
iconographique PI. ???? et son commentaire.
432 - Cf. M. DUNAND, BMB, ??, 1939, p. 65 sq. et PI. XIV. Pour la
bibliographie, très importante, se reporter à H. DONNER et W.
ROLLIG, Kanaanaïsche und Aramaïschen Inschrisften, ?, 1964, n°
201. Notons d'ailleurs que sur cette stèle Melqart n'apparaît pas comme
un dieu au lion. Notre photo, prise au musée d'Alep, ne supportait
pas, hélas, la reproduction.
433 - HÉRODOTE, ?, 44. C'est donc un peu tard que R. Dion daterait la
"promotion d'Hercule". (R. DION, La promotion d'Hercule, Antiquités
nationales et internationales, Mars-Juin, 1962, pp. 22-26) et après lui
encore, DU MESNIL du BUISSON , Origine et évolution du panthéon
de Tyr, RHR, 1963, pp. 133-163.
434 - Cf. les rituels au dieu Sandas cités par E. LAROCHE, loc. cit., pp.
109-110.
435 - Cf. une notice d'AGATHIAS, II, 24 éd. Niebuhr, 117, 18 sq. et un
210
Hannonetseraient
Lixos" Hannon"les
"aussi
Numides
bien pour
bergers
ne point
et sujets
partager
des Phéniciens
sa gloire que
de
pour cacher ses arrière-pensées" (op. cit., p. 89) aurait tenté de
donner le change sur la côte libyenne, déjà pénétrée, à haute
époque, par les Phéniciens. Cette théorie, pour séduisante qu'elle
soit (elle permet en effet à l'auteur de trouver une solution à bon
nombre de contradictions auxquelles se heurte toute tentative
d'explication du périple) n'a que le défaut de reposer sur toute
une série de présomptions et malheureusement aussi sur celle
qu'elle voudrait démontrer : la présence ancienne - reconnaissons
le désormais fort vraisemblable - des Phéniciens à Lixos.
Il reste que, si l'hypothèse, "longue" d'un périple
conduisant Hannon dans les profondeurs de l'Afrique tropicale
ou même équatoriale conserve quelques défenseurs (cf. J.
RAMIN, Le périple d'Hannon; Apports de la littérature et
hypothèses, Latomus, 1976, pp. 791-804 et Le périple
214
HÉRACLÈS
ET LE MODÈLE ABSENT
DE LA CITÉ
217
formule" loin d'être pur sacrifice à une mode du moment peut aider -
nous le verrons - à l'étude des transformations du mythe, il reste que
ce qui confère au récit son originalité - et par là son intérêt pour
l'historien -, ce n'est pas l'universalité des thèmes, mais bien plutôt la
représentation précise que s'en sont donnée les Grecs.
"ritualiste"
Vladimir
de Paul
Propp,
Saintyves
dès 1946,
(4), vu
avait,
dansdéveloppant
les contes populaires
l'hypothèse
le
souvenir d'anciens rites initiatiques (5). Si le conte "reprend" ainsi, et
"prolonge l'initiation au niveau de l'imaginaire" (6), le mythe est,
quant à lui, plus proche encore de ce qui, peut-être, lui a donné
naissance.
De ces "épreuves" d'Héraclès aux confins du monde habité
qu'a retenu la cité grecque ? Nous avons cherché à retrouver si, dans
le culte rendu à Héraclès (et par quoi il se distingue, essentiellement,
du héros du conte populaire), quelque chose subsistait de la fonction
primitive... Nous avons cherché aussi -et, poursuivant notre
démarche récurrente, c'est par là que nous commencerons - à
comprendre ce qu'était devenu, pour les Grecs, ce voyage vers
l'Ouest, voyage dont Apollodore conserve probablement la forme
archaïque lorsqu'il montre le héros forçant Hélios à lui prêter son
dépas, cette coupe d'or dans laquelle il traverse, chaque nuit,
l'océan,... voyage progressivement chargé de toutes les
connaissances, de toutes les expériences, de tous les désirs aussi de
ceux qui, au cours des temps, se sont raconté cette histoire (7).
219
HÉRACLÈS ARCHÉGÈTE
Gaston Bachelard
PREMIER CHAPITRE :
macédoniens (62).
Lui, au contraire, traite de tous les siècles et de tous les
aspects de la connaissance. Ses six premiers livres retracent "les
événements fabuleux antérieurs à la guerre de Troie" (trois sont
consacrés aux "Antiquités" des Barbares, les trois autres à celles
des Grecs) ; puis, dans les onze livres suivants il expose
l'histoire générale depuis la Guerre de Troie et jusqu'à la mort
d'Alexandre ; les vingt-trois derniers livres, enfin, présentent
l'histoire la plus contemporaine et ce jusqu'au début de la guerre,
menée contre les Celtes par Jules César (63), jusqu'à son époque,
donc.
Synthèses des connaissances, telles veulent être ces deux
oeuvres, et ceci au service d'un public très large : "les jeunes
gens et vieillards, les simples particuliers comme les chefs" dit
Diodore (64) qui, plus souvent encore, parle de "l'humanité", des
"hommes en général", voire du "genre humain" (65). Apollodore,
s'il est moins explicite, ne paraît pas non plus s'adresser à un
cercle restreint. Photius, par exemple, l'oppose à Conon dont il
vient de résumer les Narrations qui, dit-il, "ne sont pas à la
portée de tous" et l'hypothèse de M. van der Valk ne paraît qu'à
demi convaincante qui suppose qu' Apollodore a rédigé sa
Bibliothèque à l'intention des enfants et pour l'école (66).
Comme C. Robert, mais en appuyant sa démonstration sur
d'autres passages de l'ouvrage (67) M. Van der Valk, en effet,
cherche à prouver que c'est une version expurgée de la
mythologie qu' Apollodore voudrait présenter... sans toutefois y
parvenir absolument, reconnaît-il d'ailleurs. Et c'est
probablement parce que sa démonstration ne le convainc
qu'imparfaitement qu'il doit conclure que la mythologie est un
domaine dans lequel il est bien difficile de préserver la décence !
(68) Remarquons simplement, pour notre part, que l'Héraclès
d'Apollodore reste plus proche du héros brutal et vigoureux
d'Homère que du parangon de vertu qu'il était devenu à la fin de
l'hellénisme et que la Bibliothèque ne s'inspire guère - nous y
reviendrons - de certaines sources qui "moralisaient" Héraclès,
alors même que son auteur les a, nous le savons, utilisées (69).
Apollodore (118).
La poésie hellénistique, enfin, est très peu sollicitée et, si
l'on excepte une référence aux Argonautiques d'Apollonios de
Rhodes, on s'étonne de trouver, plutôt que les grands noms de
l'époque, des auteurs moins connus de nous comme Asclépiades,
sans doute l'un des premiers représentants de l'élégie et de
l'épigramme alexandrines, puisque Théocrite le reconnaissait
236
TABLEAU II
II, 2, » II, 1, 1
II, 5 (2) * II, 1, 3 (2)
II, 26 - H, 2, 2
II, 31 = II, 3, 1
Bouclier d'Héraclès II, 38 = II, 4, 2
(qui, on le sait,
n'est pas d'Hésiode)
III, 45 = III, 5, 6
III, 71 « III, 6, 7
III, 96 = III, 8, 1
III, 100 - III, 8, 2
III, 109 = III. 9, 2
III, 183 = III, 14, 4 1 4
PHÉRÉCYDE 1,25 - I. 4, 3.
1, 32 - I, 5, 2
1, 76 * I, 8, 5
1, 118 = I, 9, 19
* III, 3 = III, 1, 1
III, 24 = m. 4, 1
III, 25 = III, 4, 2
III, 70 = III, 6, 7
III, 100 = m, 8, 2
III, 158 = III, 12, 8 13
238
TABLEAU II (suite)
ACOUSILAOS 11,2 * H. 1. 1
11.5 H. 1.3
11,6 »11.1.3
11,26 » II. 2, 2
11,94 II, 5, 7
III, 30 * III, 4, 4
III, 96 - III, 8, 1
III, 133 m III, 11, 1
III, 156 * III, 12, 7
III, 199 « 111,15, 2 10
HOMERE 1,19 = I, 3, 5
II, 25 * II, 2, 1
11,31 = II. 3, 1
III, 3 = lll, 1, 1
III, 45 « III, 5, 6
EUMÉLOS III, 100 III. 8, 2
III, 102 III. 9, 1
III, 133 III, 11, 1
PANYASIS I, 32 1.5,2
CEFOOPS II. 6 U. 1. 3
II, 23 II. 1,5
HÉRODORE I, 118 I. 9, 19
III, 45 III. 5, 6
239
TABLEAU II (suite)
APOLLONIOS de 1. 123 * 1, 9, 21
RHODES
(Les ARGONAUTIQUES)
CASTOR
(TRAITE DES ERREURS
CHRONOLOGIQUES) 11,5 »11,1,3
DEMARATE I, 118 = 1, 9, 19
DENYS 1, 118 = I, 9, 19
L'auteur des
NAUPACTIQUES III. 121 » III. 10, 3
PISANDRE 1, 75 - 1, 8, 5
L'auteur des
NOSTOI II, 23 = II, 1,5
L'auteur de la
THÉBAIDE I, 74 = I. 8, 4
TOTAL 78
240
B ltn%
5 citations
archaïque
époque 43
58 classique
époque 27
12 alexandrine
époque 7 + Mél4sâgorôs _ ?8
241
c'est parce que la contrée qui l'a vu naître s'appelait Méros et que
méros, en grec, signifie la cuisse ... De même les fameuses
pommes d'or des Hespérides pourraient bien n'être (par la vertu
d'un jeu de mot analogue sur le double sens de µ??a ) que de
vulgaires troupeaux de brebis ! (146). Autre procédé : si on a
pu raconter qu'Atlas avait chargé Héraclès du fardeau du monde,
c'est qu'en réalité il lui avait enseigné des connaissances
astronomiques (147)... Ainsi disparaît encore le monstre triple
d'Hésiode (et d'Apollodore !) : Héraclès, en fait, s'est battu en
combat régulier contre les trois fils de Chrysaor, un roi d'Ibérie
ainsi nommé à cause de ses richesses (148). D'une façon plus
générale, d'ailleurs, c'est à la tête d'une puissante armée que le
héros parcourut le monde "pour faire du bien aux hommes" et ce
sont les poètes qui, habitués "à raconter des merveilles", ont
prétendu qu'Héraclès avait exécuté seul et sans armes ses travaux
tant célébrés (149).
Rationalisation ou mystification ? Ce qui nous importe ici
c'est que le mythe, dépouillé "du merveilleux à l'ancienne", peut
désormais passer pour de l'histoire (150). Et nous retrouvons là,
la différence fondamentale entre Apollodore qui simplement
expose, raconte (ou résume) le mythe, se satisfait - et même
recherche - les versions les plus archaïques, refuse toute
interprétation nouvelle et Diodore pour qui le mythe doit se plier
au
"rhabillage"
projet historique
scientifique
qui l'habite,
ou pseudo-scientifique.
ce qui ne peut aller sans quelque
(165). Il n'en est pas moins vrai que, dès qu'il touche à la
Méditerranée occidentale, son inspiration principale paraît bien lui
venir, pour l'essentiel, de Timée de Tauroménion, qu'il préfère,
de loin, à Philistos ou à Antiochos de Syracuse, et ce, nous avons
pu le constater, même lorsqu'il traite de sujets mythologiques.
Encore une fois Apollodore apparaît bien différent. La
représentation cartographique situant - autant que faire se
peut ! - les auteurs ou oeuvres mentionnés dans la Bibliothèque
est, sur ce point éloquente (166) : un seul occidental apparaît :
Stésichore d'Himère (2 citations), encore n'est-il pas nommé
au sujet de mythes occidentaux (167) ; tous les autres
appartiennent à la Grèce propre, égéenne ou asiatique. Pour la
période hellénistique on remarque l'importance de Rhodes
(Apollonios et Castor), l'importance aussi d'Alexandrie où ont
vécu, à un moment ou à un autre, non seulement Démarate (dit
d'Alexandrie), mais aussi Apollonios qui y fut bibliothécaire,
Denys de Mytilène et probablement Castor de Rhodes. S'il est
vrai - mais nous nous permettons d'en douter (168) -
qu'Apollodore appartient au second siècle de notre ère, cette forte
emprise d'Alexandrie, de sa Bibliothèque, conservatoire de la
culture grecque, ne laisse pas d'être étonnante. De tous les
auteurs cités par Apollodore, seul Castor de Rhodes
(contemporain de Cicéron et de Jules César) semble avoir été
attiré dans l'orbite de Rome (il aurait même été surnommé
"Philoromaios"). Encore une fois, le monde d'Apollodore est
bien différent de celui de Diodore qui dit avoir trouvé, grâce à sa
bonne connaissance de la langue latine, grâce aux rapports
fréquents qu'ont les Romains avec la Sicile, l'essentiel de sa
documentation à Rome (169).
On comprendra aisément, de surcroît, qu'il soit plus prolixe
qu'Apollodore lorsqu'il rapporte les aventures occidentales
d'Héraclès.
249
DEUXIEME CHAPITRE :
HÉRACLÈS ET ÉRYX :
LE RÉCIT
2-2 Le récit
Sujet héros
Destinataire humanité
S'il est évident que, dans les récits qui nous intéressent,
Héraclès est l'actant- sujet, il est non moins évident que
l'actant-objet est, dans un cas, les merveilleux troupeaux
d'Erythie (qui pour la nécessaire objectivation du texte
deviendront simplement "les troupeaux", ou "les boeufs"), dans
l'autre, les pommes d'or des Hespérides ; si l'on peut, dans
tous les cas, considérer que le destinateur est Eurysthée, puisque
c'est lui qui ordonne, lui qui choisit les "travaux" (198), on
pourra voir évoluer dans le temps le (ou les) adjuvants, le (ou les)
opposants, on pourra aussi voir le locuteur (ou le scripteur) dire,
ou taire, oublier peut-être même le destinataire... autant de
260
destinateur : destinataire :
non mentionné -> objet : les boeufs de non mentionné
Géryon (cependant
mention du heu:
Tirynthe)
Hnàtt {far :
Promjthée' SlÔt
»
Si dngon
ou gardien des troupeaux
II
Eurysthee
III
t
Héradc*4— lavisseun (pintes envoyés par Busiris)
Qbiet :
Pommes d'or
II (c'est-à-dùe troupeaux)
Sujet
Atlas ► Hénclès
Destumay^ :
non précisé
III
-267-
î
dépôt du soleil »Héraclès
sujet
Qbiet
les troupeaux (les conquérir)
Π
les troupeaux
Héraclès
suiel
suiét
. Cesen-«
^Grèce)
ramener 32-Euryoon
1 - Gérvon PgMiiy'nirrtnple)
Orthros(lui-même
Hua (sacnfice)
·
III
DIODORE
SICILE DE LES TROUPEAUX DE GERYON Tableau VT1I
Deainaeur Obiet:
Eurysthee: les-troupeaux (atteindre Erythie
:
- Barbares de Celtique
sillet
1 - Brigands des montagnes du Alpes
flcs nymphes (bains chauds) >> Héraclès-* - Géants des Champs Phlégréens
- Eryx
- les Sicanes et leurs chefs en Sicile
- Lacinios près de Crotone
268
0 100kn
csolonte
. indication
ne figurant pas C Héracléion
dans Diodore
localisation des
principaux épisodes de
la légende d'Héraclès
ville ou village portant
le nom d'Héraclès
NOTA BENE
On pourra s'étonner de ne pas trouver ici une tentative de
cartographie de la quête des pommes d'or des Hespérides.
Les raisons en sont simples : Diodore, lorsqu'il en fait le
récit, donne trop peu d'indications géographiques pour qu'une
représentation ait quelque intérêt ("Héraclès navigua donc de
nouveau vers la Libye"). Quant à Apollodore, s'il connaît la
localisation libyenne du jardin merveilleux, il lui préfère la
localisation hyperboréenne.
On s'en convaincra aisément, la conquête des pommes
d'or, moins facilement que la lutte contre Géryon (ou, du moins
le retour du héros avec les boeufs) échappe au domaine de
l'imaginaire. Il nous paraît quelque peu puéril, dans ces
conditions d'en proposer une représentation géographique.
273
TROISIEME CHAPITRE :
HÉRACLÈS EN SICILE :
LE MYTHE ET SES DÉRIVATIONS
Syracuse.
Agyrion.
FRATTESINAdi POLESINE
BARI (aotto
\^—>COPPA
—l'ospadala
. NEV.GATA.
di S.ScolaaticaM^Pta
\^ΜΑΒ1Α
**GIQVINAZZO
„,dalla
COLONHA(Tr.n.)
Panna
* «ABIMA
S.SABINA
ISCHIA-CASTIGUONE«A-.pAESTUM GUACETO
VIVARA· 0 *-^*ψ * rlndiai)
G di POLLA
P.tO CESAREO
jScala di Furno)
AVETRANA
S MartheC.na dall'a^ba
LIPARI-ACROPOLI k-G
LContrada Torlgllon·
PANAREA-MILAZZESE S.COSIMO (Or la)
FlUCUDI-C.GRAZIANO(montagnola) T.rra CASTELLUCCIA
SALINA-SERRO dai CIANFI P.PERONE-SATYRION
SALINA-PORTELLA TARANTOtaotto la
chlaaa di S.Oomanico)?
TARANTO(Scoglio dal Tonno)
SERRA ORLANDO
MILENA· * MOLINELLO di AUGUSTA
AGRIGENTO»
convaincant
"sicule" du culte
qu'on des
insiste
Paliques
beaucoup,
! (323).
au contraire,
En fait, il
sur
y le
a là
caractère
- pour
l'une et l'autre thèse d'ailleurs - un élément de contradiction.
Nul doute que le sanctuaire des Paliques ait joué un rôle
fédérateur pour les Sicules contemporains des colons grecs
291
installés sur leurs côtes ; nul doute que ce rôle ne se soit accru,
lorsque cette présence étrangère s'est faite plus gênante, lorsque
l'hellénisation a gagné le coeur de la Sicile, lorsque la tyrannie
géloenne puis syracusaine a développé sa politique de conquête
territoriale
"géographique"
(324).
des phénomènes
Le caractère
quiéminemment
leur ont donné"local"
naissance
et
laisse à penser, toutefois, que ces cultes n'appartiennent pas en
propre aux Sicules, que ceux-ci en ont au contraire hérité à leur
arrivée dans l'île. Polémon n'écrivait-il pas que les dieux Paliques
étaient autochtones ? (325). L'archéologie n'enseigne-t-elle pas
que les faciès culturels de cette Sicile du Sud-Est témoignent
d'une remarquable continuité avec les civilisations de l'âge du
Bronze ?
η nous paraît, en définitive, aussi peu raisonnable de nier ce
qui, dans le mythe, peut renvoyer aux temps "héroïques" que
d'en faire un pur reflet de ces contacts, dont on sait qu'ils
existèrent, entre les Achéens et les Sicanes... Peu raisonnable et
inutile, d'ailleurs, car la démonstration de Maurizio Giangiulio
n'en est pas affaiblie, qui prouve à l'évidence que le mythe a
fonctionné comme mythe de propagande pour les
Déinoménides : nous renvoyons sur ce point à l'étude
parfaitement convaincante qu'il fait de la politique (au sens le plus
large du terme) des tyrans de Syracuse et de l'appui apporté en ce
sens tant par Eschyle, dans sa tragédie perdue, que par Pindare
dans les épinicies qu'il consacra aux tyrans siciliens (326)... Ce
dernier surtout nous intéresse, pour qui Héraclès est, bien
évidemment, le modèle que se doivent de suivre tant les
Déinoménides que leurs alliés (327).
Il reste que c'est une version du mythe que nous avons là ;
une de ses multiples facettes, ou, si l'on préfère, un moment de la
légende héracléenne. Et, si l'épisode du combat contre Eryx par
lequel nous terminerons cette étude du parcours sicilien du héros
grec, nous paraît particulièrement intéressant, c'est peut-être parce
que, mieux que tout autre, il permet de mettre en évidence ces
phénomènes de "bricolage" et de "réinterprétation" qui affectent le
mythe ; parce que, si le mythe, avec ses prolongements
légendaires, paraît tenir lieu d'archives, il ne peut dans ce cas,
dissimuler la part d'idéologie qu'il comporte ; cette "fonction
justificatrice dont savent fort bien jouer les gardiens de la
tradition, les détenteurs et bénéficiaires de l'autorité" (328).
Il suffira pour s'en convaincre de comparer les deux récits
parallèles que nous possédons de cet épisode : celui
d'Apollodore et celui de Diodore (329), auxquels nous revenons
après un détour qui nous aura permis, espérons-le, de les mieux
292
comprendre.
Eryx.
HÉRACLÈS CIVILISATEUR
RESÉMANTISATION DU MYTHE
PREMIER CHAPITRE
DEUXIEME CHAPITRE
César
"modèle"
réussisse
mythique,
à la soumettre"
mérite ainsi
(463).
d'être
César,
"divinisé
qui, comme
pour son
ses
exploits"! (464).
L'exemple est intéressant, car il propose un curieux
renversement : après la création de la cité, explique en effet
Diodore, un grand nombre d'indigènes viennent s'y établir et
"noient", en quelque sorte, l'élément grec, à tel point que toute la
population adopte les moeurs des Barbares (465). Echec à la
théorie de la fonction civilisatrice d'Héraclès en Occident ? Prise
de conscience d'une résistance à l'acculturation ? Ni l'un ni
l'autre sans doute, mais prise en compte d'une double nécessité :
légitimer les droits de la civilisation sur Alésia, mais en même
temps justifier la conquête par César d'un pays redevenu barbare.
L'histoire semble bien, chez Diodore, détourner le mythe (466).
Et c'est au mythe, pourtant, qu'il faut maintenant revenir,
pour situer plus précisément dans l'histoire la fonction culturelle
du héros, fonction qui, chez Diodore, apparaît, pratiquement,
comme la seule raison d'être de sa légende.
Le récit qu'il présente de la vie d'Héraclès, en effet, donne
l'exemple même d'une tradition mythique "manipulée". Elle l'est
par Diodore, qui l'infléchit en fonction de l'événement (Héraclès
s'enfonce dans les terres de la Celtique, parce que la pénétration
romaine est plus profonde que la présence grecque limitée aux
marges de la Gaule). Elle l'a été, déjà, par bien d'autres, qui, en
fonction des traditions locales ou de revendication précises, ont
ajouté de nouvelles séquences au mythe du voyage vers l'ouest
qu'il était si tentant d'enrichir. Le récit étiologique des droits
qu'aurait eus Dorieus sur le royaume d'Eryx n'est qu'un
exemple, nous venons de le voir, de cet enrichissement
spectaculaire de la geste d'Héraclès, par les Grecs d'Occident
(467).
"bricolage"
Ce quidunous
mythe,
retiendra
parfois facile
ici, c'est
à saisir
plutôt
et à ce
localiser,
processus
parfois
de
beaucoup plus obscur, dans la mesure où il se perd dans la nuit
des temps... "Bricolage" qui, en tout état de cause, laisse le
mythe resémantisé et, dans le cas d'Héraclès, finit par faire du
héros l'archégète des colonisateurs.
311
TROISIEME CHAPITRE
pour l'empêcher
étrangers" (484).de couronner le temple de Poséidon du crâne des
CONCLUSIONS
3. Perspectives
77- DIODORE DE SICILE, III, 2, 3 ; III, 56, 2 ; IV, 32, 2 ; IV, 39,
3 ; IV, 49, 7 ; IV, 85, 6 ; V, 2, 4 ; V, 28, 4.
78- DIODORE DE SICILE, III, 2, 3.
79- DIODORE DE SICILE, III, 56, 2. cf. encore V, 2, 4.
80- DIODORE DE SICILE, IV, 39, 3 et V, 28, 4.
81- DIODORE de SICILE, IV, 7, 1.
82- DIODORE DE SICILE, V, 5, 1. Il ne s'agit sans doute pas du poète
athénien, mais bien plutôt de Carcinios d'Agrigonte.
83- DIODORE de SICILE, I, 38, 4 ; I, 39, 1.
84- DIODORE de SICILE, IV, 56, 1.
85- Faut-il ranger parmi eux ÉPIMÉNIDE "le théologue" (V, 80, 4) ?
86- DIODORE de SICILE, III, 52, 3. Il s'agit de DENYS de Mytilène, dit
SKYTOBRACHION auteur d'un Cycle, véritable encyclopédie
mythologique composée grâce à la Bibliothèque d'Alexandrie (cf. infra note
123).
87- DIODORE de SICILE, I, 46, 8 ; II, 47, 1.
88- DIODORE de SICILE, I, 37, 11 ; I, 38, 8 ; II, 15, 2 ; II, 32, 3 ; II, 32,
4.
89- DIODORE de SICILE, II, 7, 3.
90- DIODORE de SICILE, III, 11, 2 cite le huitième des onze livres qu'il
consacra, vers 100 av. J.-C, aux peuples voisins de la Méditerranée.
91- DIODORE de SICILE, I, 39, 1.
92- DIODORE de SICILE, I, 38, 4 et I, 39, 1.
93- Astronome et mathématicien du Vème siècle (DIODORE DE SICILE, I,
41, 1).
94- DIODORE de SOLE, V, 1, 4. Cf. encore I, 39, 7 ; IV, 1, 3.
95- DIODORE de SICILE, IV, 1, 3.
96- DIODORE de SICILE, V, 64, 2.
97- DODORE de SICILE, V, 80,4. Dosiade et Sosicrate sont également cités
comme historiens de la Crète par Pline et Athénée.
98- DIODORE de SICILE, V, 80, 4.
99- DIODORE de SICILE, V, 56, 7.
100- DIODORE de SICILE, 1, 41, 4. Diodore se réfère à son Histoire de l'Asie,
composée au Ilnd siècle. Cf. encore III, 11,2; III, 18, 4 ; III, 48, 4.
101- DIODORE de SICILE, II, 2, 2 ; II, 7, 3 ; II, 7, 4 ; II, 15, 2 ; II, 20, 3 ;
II, 21, 8 ; II, 32, 4. Ctésias de Cnide avait écrit des "Persica " en 23 livres
profitant sans doute de son séjour à la cour du roi Artaxerxès Memnon au
début du IVème siècle. Les six premiers, auxquels emprunte beaucoup
Diodore, étaient consacrés à l'histoire des Assyriens et des Mèdes.
102- DIODORE de SICILE, II, 7, 3.
103- Sur leurs mérites comparés voir DIODORE, V, 6, 1 ; pour Timée IV, 21,
7 ; IV, 22, 6 ; IV, 56, 3.
104- DIODORE de SICILE IV, 32, 2.
105- DIODORE de SICILE IV, 21, 7, et IV, 22, 6.
326
106- DIODORE de SICILE IV, 21 , 7. "Voilà ce que racontent sur la défaite des
géants à Phlègres plusieurs mythologues dont l'autorité a été suivie par
Timée l'historien".
107- APOLLODORE, Π, 1, 1.
108- Ce pourrait être l'indice d'une attitude plus rationnelle, opérant mieux le
départ entre le mythe et l'histoire. Pour le détail des sources, Cf. infra le
tableau II).
109- APOLLODORE, m, 13, 8 = m, 176.
110- APOLLODORE, III, X, 3 = III, 121. MÊLÉS AGORAS (ou
AMÉLÉSAGORAS) cité par APOLLODORE à propos de Glaucos a été
transformé par HEYNE (et à sa suite par CLAVIER) en MÊLÉS AGORAS.
111- Cette affirmation de PRELLER a d'ailleurs été combattue par C. ROBERT,
op. cit., pp. 88-91. Voir sur ce point M. VAN DER VALK, loc. cit., pp.
134-135.
1 12- Pour les références et les occurrences on se reportera dans tous les cas aux
tableaux Π et m.
1 13- Pour E. BETHE, RE, Π, 1606, ASIOS aurait vécu au Vllème siècle, pour
d'autres, au Vlème siècle seulement (cf. A. NOTOPOULOS, The homeric
hymns as oral poetry ; a study of the post-homeric oral tradition, AJPh,
LXXXffl, 4, 1962, pp. 337-368).
114- Certains en font le contemporain et le rival d'Hésiode (G. MURRAY, Λ
dictionary of greek and roman biography and mythology, I, Londres,
1880) ; d'autres le situent plutôt au Vlème siècle.
1 15- Au Vlème siècle probablement.
1 16- ACOUSILAOS est généralement situé dans la deuxième moitié du Vlème
siècle. SUIDAS prétend qu'il écrivit ses généalogies d'après des tablettes de
bronze que son père (Cabras ou Scabras) aurait trouvées dans sa propre
maison, mais pour CLÉMENT D'ALEXANDRIE, S trornâtes, VI, 629,
ses Généalogies étaient en partie une "traduction" en prose de celles
d'Hésiode.
1 17- TELESELLA, contemporaine de Pindare, est une poétesse d'Argos, plus
connue, grâce à Plutarque (CROISET, Π, 361), pour son courage dans la
guerre qui opposa sa cité à Sparte que pour son oeuvre lyrique.
118- Cf. APOLLODORE, II, 1, 5 et II, 2, 1. La troisième mention des
"Tragiques" concerne Sophocle (Π, 1, 3).
119- Cf. CROISET, op. cit., V, pp. 166-169.
120- Son Roman des Argonautes aurait été utilisé par DENYS DE
SKYTOBRACHION, et, si le fragment 3 appartient bien à
DÉMARATE, celui-ci serait plus récent qu'APOLLONIOS de RHODES.
Cf. SCHWARTZ, RE IV, 2706 (7) ; JACOBY la, 42, p. 520.
121- 13 fois, presque aussi souvent quΉésiode. PHÉRÉCYDE de LEROS (c'est
ainsi que le nomme SUIDAS) a passé la plus grande partie de sa vie à
Athènes où il vivait au début du Vème siècle, et a laissé un ouvrage
mythologique (désigné sous des titres différents) en dix livres, qui paraît
327
penser que la Bibliothèque ne peut être antérieure au 1er siècle avant notre
ère. C. ROBERT (op. cit. pp. 42-44) jugeait la langue d'Apollodore
caractéristique du grec tardif, d'où la date proposée (et suivie par WAGNER).
M. VANDER VALK(loc. cit., pp. 165-167) conteste cette argumentation,
retrouve bien des constructions datées du Ilnd siècle par C. ROBERT chez
des auteurs hellénistiques et même plus anciens, η fait remarquer encore qu'à
l'époque où écrivait C. ROBERT régnait une condamnation assez générale
de toutes les formes qui n'étaient pas purement attiques. Il ne lui paraît pas.
impossible que la Bibliothèque puisse dater du 1er siècle avant J.-C, mais
incline toutefois à choisir le 1er siècle de notre ère. Si l'on ajoute qu'on n'a
pas attendu le Ilnd siècle de l'Empire pour réunir, pour les amateurs d'une
érudition quelque peu expéditive, l'ensemble des récits qu'avaient imaginés
les Grecs sur leurs dieux, leurs héros ou leurs grandes familles, mais que
dès l'époque hellénistique avait commencé un tel travail de recension (le
Cycle de Denys de Mytilène qu'ont connu aussi bien Diodore qu' Apollodore
en est un bon exemple) ; si l'on constate la forte prégnance des milieux
alexandrins et (ce qui n'est pas le cas chez cet occidental qu'est Diodore)
l'absence étonnante de Rome, on est conduit, à l'exemple de M. VAN DER
VALK, à remettre en question la datation de C. ROBERT jusqu'à ce qu'une
étude linguistique approfondie vienne apporter - de quelque façon que ce
soit - une réelle certitude.
Certains détails de l'oeuvre, d'ailleurs, pourraient conforter ces doutes ; l'un
d'eux, par exemple, m'a été signalé par E. SMADJA : dans son
énumération des enfants d'Héraclès, Apollodore mentionne Ίόβη? fils
de Κέρθης- (II, 7, 8 = II, 161), des noms "qu'il est difficile de ne pas
rapprocher de Juba, d'une part, de Cirta de l'autre". Cette tradition qui fait
état de l'une des capitales de la Numidie serait ainsi plus ancienne (en
circulation, déjà, pendant le règne de Juba 1er) que celle que rapporte
Plutarque (Sertorius, IX) et dont on sait qu'elle fut accréditée par Juba II. On
connaît le souci constant de ce souverain de rattacher sa lignée à une
descendance héracléenne et de se présenter lui-même comme un nouvel
Hercule. Si Apollodore avait écrit au II siècle, ne peut-on supposer que c'est
cette deuxième version, plus connue - et quasi-officielle - qu'il aurait
reproduite ? Sur la dynastie numido-mauritanienne et Hercule on se
reportera à la thèse en cours d*E. SMADJA.
169- DIODORE DE SICILE, 1,4, 3 et 4.
170- APOLLODORE II, 106 à 1 13 (=11, 5, 10).
171- APOLLODORE II, 106 (= Π, 5, 10) ; PHERECYDE, F. Gr. Hist. 3F 18b
(chez Strabon ΙΠ, 5, 4).
172- HÉSIODE, Théogonie, 287.
173- APOLLODORE, II, 106 (= 11,5, 10).
174- Nous donnons la forme " "Ορθο-ç ", choisie par R. WAGNER, (éd.
Teubner, op. cit.) et conforme à la version d'Hésiode et non pas ""Όρθρος·"
331
dei motivi di maggiore interesse storico che sia dato di cogliere nell'ambito
dei terni fatti oggetto dell'attuale riflessione appare senza dubbio
l'individuazione di alcuni rapporti intercorrenti tra Eracle ed il mondo délia
colonizzazione", pp. 785-786.
217- N. VALENZA-MELE, Eracle euboico a Cuma, la gigantomachia e la via
heraclea, Recherches sur les cultes grecs et l'Occident, I, op. cit., pp. 19-51.
218- Sur ce vase, un Mégarien a gravé une dédicace à Héraclès, ceci en pays
cuméen puisque l'objet provient des fouilles du site par STEVENS,
probablement, avance N. Valenza-Mele, du sanctuaire d'Héra. Dans la
Gigantomachie campanienne, c'est effectivement Héra et non pas Athéna qui
accompagne Héraclès. L'auteur, comme J. BOARDMAN, ERA, 1972, 1,
pp. 57-72 et JHS, XLV, 1975, pp. 1 sq., estime que ce sont les
Pisistratides qui ont développé cette deuxième association, et elle relève,
pour sa part, les rapports d'amitié qu'entretient le héros, en Occident, avec
Héra. Contrairement à F. VIAN (La Guerre des Géants, Paris, 1952) elle se
refuse à voir dans cette association le moment où se trouve scellée la
réconciliation de la déesse et d'Héraclès ; elle y reconnaît plutôt une alliance
ancienne, caractéristique, écrit-elle, du héros euboïco-thessalien. C'est à ce
point seulement que nous nous séparerons de N. Valenza-Mele : Héraclès
dont elle se plaît à souligner les rapports anciens avec Héra ne nous paraît
pas, quant à nous, si "différent du héros argien" !
219- N. VALENZA MELE, loc. cit., p. 50.
220- Que ces deux épisodes principaux de l'histoire d'Héraclès en Campanie se
rattachent à des phénomènes naturels ne suffit pas, contrairement à ce
qu'estime J. BÉRARD {pp. cit., pp. 407-408), à prouver l'indépendance de
la légende par rapport à la colonisation. Cette particularité explique au
contraire son "caractère local" qui - en d'autres cas effectivement - pourrait
être troublant.
221- DIODORE de SICILE, IV, 23, 3. Cf. aussi HÉRODOTE, V, 42-48 et VII,
158 ; PAUSANIAS, III, 16, 4 et 5.
222- DIODORE de SICILE, V, 9, 1 à 4. Sur les rapports des expéditions de
Pentathlos et de Dorieus, cf. L. PARETTI, Studi sicelioti ed italioti,
Florence, 1914 pp. 1-27. La tentative de Pentathlos est datée par Diodore
de la cinquantième olympiade c'est-à-dire de 580-576 avant J.-C, date qui
correspond mieux à la chronologie des îles Lipari que celle que donne
Eusèbe (50 ans plus tôt).
223- DIODORE de SICILE, IV, 23, 4.
224- DIODORE de SICILE, V, 4, 2.
225- "Tèn nun oûsan ton Surakousion polin".
226- M. GIANGIULIO, loc. cit., p. 813 par référence à l'ouvrage de M.
HUNTER WILSON, Myths of Precedence, Myth in Modem Africa,
Lusaka, 1969, pp. 1-7.
227- M. GIANGIULIO, loc. cit., p. 814.
228- G. VALLET, La Cité et son territoire dans les colonies grecques
334
d'Occident, Atû del VIIo Convegno di Studi sulla Magna Grecia, Tarente et
Naples, 1968. pp. 67-142. Cf. aussi l'intervention de R. MARTIN, qui,
dans le même ouvrage (pp. 216-220), insiste sur le rôle commercial qu'ont
pu jouer de tels sanctuaires, grâce à la sécurité relative qu'offrait aux deux
parties ce territoire sacré.
229- M. GIANGIUUO, loc. cit., p. 815.
230- S. CALDERONE, L. AGNELLO, Fondo di skyphos con dedica ad Héraclès
(Siracusa), dans Epigraphia, X, 1948, pp. 143-145. M. GIANGIULIO
admet qu'il s'agit là d'un terminus ante quem.
231- Pour la bibliographie voir M. GIANGIULIO, loc. cit., p. 812.
232- TIMÉE, F. Gr. Hist., ΙΠ B, 566 F 102 b. Cf. aussi PLUTARQUE (qui
rapporte son témoignage) Nicias, 1, 2 sq., et 25, 1.
233- G. PUGLŒSE CARRATELLI, Culti e dottrine religiose in Magna Grecia,
PP, 1965, XX, pp. 4-27 et surtout Santuari extramurani in Magna Grecia,
PP, 1962, XVII, pp. 241-246.
234- Pour rester dans le domaine des cultes rendus à Déméter et Coré, on sait
par exemple que le thesmophorion d'Agrigente (à Santa Anna) succède à un
sanctuaire indigène, mais qu'à Gela, en revanche, celui de Bitalemi,
consacré à Déméter Thesmophoros est légèrement postérieur à la fondation
de la colonie. Cf. en particulier, P. ORLANDINI, Lo scavo del
thesmophorion di Bitalemi, Kokalos, 1966, pp. 8 sq. ; et Diffusione del
culto di Demeter e Kore in Sicilia, Kokalos, 1968-1969, XIV-XV, pp.
334-338. En Grande-Grèce cette continuité existe - lorsqu'elle a pu être
prouvée - au bénéfice d'Héra. Cf. G. GIANELLI, op. cit., p. 144-276 pour
le sanctuaire d'Héra Lacinia, près de Crotone (un sanctuaire particulièrement
intéressé par la légende héracléenne). Sur le problème, plus général, de la
continuité entre les cultes "mycéniens" et ceux de l'époque historique, voir
F. GRAF, Culti e credenze religiose délia Magna Grecia, Atti del 21
Convegno di studi sulla Magna Grecia (Tarente, 1981), Naples, 1983, pp.
157-185, singulièrement p. 159. Voir aussi, dans la discussion, les
remarques méthodologiques de M. TORELLI, pp. 207-209.
235- M. GIANGIULIO, loc. cit., p. 814. Il réserve en effet pour plus tard
(lorsqu'il parlera de la lutte d'Héraclès contre les héros sicanes) le
développement attendu sur la politique religieuse des Déinoménides.
236- PAUSANIAS, IX, 19, 5 : à Mycalessos un Héraclès, jugé comme étant
l'un des Dactyles de l'Ida se faisait le portier du temple de Déméter. Cf.
encore PAUSANIAS, IX, 27, 8 (pour Eréùie) ; VIII, 31, 3 (pour les
confins de Mégalopolis et de Messène) ; VIII, 35, 2 (représentation
d'Héraclès dans le temple de celle que les Arcadiens appellent "la
Maîtresse") ; III, 20, 5 (Héraclès soigné dans le temple de Déméter à
Thérapné) et 11,35, 4-11.
237- DIODOREdeSICILE,V,3,4à6etV,4, 1.
238- PINDARE, Néméennes, 1, 13-16.
335
239- CICÉRON, Contre Verres, IV, 58, 106 sq. Sur ce point cf. aussi
DIODORE, V, 4, 2 et IV, 23, 4. OVIDE, Métamorphoses, V, 341 sq.',
Fastes, IV, 417-454.
240- PINDARE, Olympiques, VI, 158-162. La Sixième Olympique est datée de
468.
241- Scholies à la Vlème Olympique, 156 d ; 158 a et c ; 160 d. Sur cette
prêtrise des Deinoménides voir R. VAN COMPERNOLLE, Les
Deinoménides et le culte de Déméter et Korc à Gela, Hommages à W.
DÉONNA, Latomus, XXVIII, 1957, pp. 474, 479.
242- HÉRODOTE, VII, 153. Cf, encore, confirmant les scholies à Pindare,
DIDYME d'ALEXANDRIE (éd. SCHMIDT, 219) ; PHILISTOS (F. Gr.
Hist., III, Β 556 F 49) et ΉΜΕΕ (F. Gr. Hist., III B, 566 F 96).
243- DIODORE de SICILE, V, 4, 7. Cf. encore ATHENEE, XIV, 647 a.
244- Cf. HÉSYCHIUS, sv. Κόρεια.
245- DIODORE de SICILE, V, 4, 2.
246- M. GIANGIULIO, loc. cit., p. 813 et note 82.
247- Sur ce rite, voir L. GERNET, Anthropologie de la Grèce antique, Paris,
1968, pp. 112 et encore 117.
248- DIODORE, IV, 24, 1.
249- DIODORE, IV, 39, 1. (Cf. aussi PAUSANIAS, I, 15, 3 et I, 32, 4. Pour
une tradition delphique, cf. ARRIEN, Anabase, IV, 1 1, 7).
250- DIODORE de SICILE, IV, 24, 2.
251- DIODORE de SICILE, IV, 24, 3.
252- Particulièrement révélatrice est la mention d'Héraclès entrant dans la
campagne de Léontinoi et "admirant la beauté du pays" (IV, 24, 1).
253- Dans notre troisième partie.
254- On se reportera à la troisième partie de notre étude : Héraclès dans la cité,
l'intégration des jeunes gens.
255- SOPHOCLE, Trachiniennes, 35.
256- On songe particulièrement à la légende de fondation du culte d'Héraclès à
Erythrées (PAUSANIAS, VII, 5, 5 à 8) censée expliquer que seules les
femmes thraces (qu'elles soient libres ou esclaves) ont le droit de pénétrer
dans le sanctuaire ; on songe également à Γ ait ion cultuel de Cos
(PLUT ARQUE, Questions grecques, 58) où s'entrecroisent de la même
façon le thème initiatique et celui de l'exclusion - voire de la servitude -
dans la cité. On trouvera l'étude de ces questions dans le premier chapitre de
notre IVème partie : Héraclès latris et doulos , sur quelques aspects du
travail dans le mythe héroïque. En ce qui concerne les rapports entre le culte
d'Héraclès et l'affranchissement des esclaves, cf. A. CALDERINI, La
manomissione e la condizione dei liberti in Grecia, Milan, 1908.
257- DIODORE DE SICILE, IV, 24, 7 ; cf aussi SERVIUS, Commentaire à
l'Enéide, ΠΙ, 552.
258- CONON, Narrations, 3. CONON, contemporain de DIODORE, est
celui-là même dont PHOTIUS disait, l'opposant à APOLLODORE, que son
336
295- On peut cependant remarquer que l'épithète est connue d'Homère (Iliade,
XXII, 294).
295 bis - PROCLUS dans les Scholies au Cratyle (47,88) ne dit-il pas que les
noms attribués aux enfants par leur père "ont pour but de commémorer
quelque chose ou quelqu'un ou bien d'exprimer un espoir ou quelque chose
de semblable"?
296- On se reportera sur ce point à E. SIÔQVIST, loc. cit., p. 120 et à M.
GIANGIULIO, loc. cit., pp. 816-817 et à leur bibliographie.
297- MACROBE, Saturnales, V, 19, 30. et V, 19, 22 (dans ce dernier passage,
si Macrobe rapporte la même anecdote, le héros n'est pas nommé).
298- MACROBE cite un passage du troisième livre de l'Histoire sur les lieux de
prophétie de Xénagoras ou Anaxagoras (Saturnales, V, 19, 30).
299- DIODOREdeSICILE,II,89.
300- MACROBE, Saturnales,^ , 19,31.
301- MACROBE, Saturnales, V, 19, 19-21.
302- POLÉMON, contemporain des empereurs Trajan et Hadrien, avait écrit un
ouvrage Sur les fleuves merveilleux de la Sicile, longuement cité par
MACROBE (Saturnales, V, 19, 26 à 29) : frg 83 FGH, III. p. 140.
303- MACROBE, Saturnales, V, 19, 27.
304- MACROBE, Saturnales, V, 19, 26.
305- Dans une tragédie perdue et intitulée Etna, Eschyle parlait d'ailleurs des
Paliques, MACROBE, Saturnales, V, 19, 24.
306- CALLIAS vivait au IVème siècle avant notre ère. C'est le 7ème livre de son
Histoire de Sicile qui est cité par MACROBE, Saturnales, V, 19, 25. Sur
ces delloi on peut se reporter à I. LEVY, Dieux Siciliens, RA, XXXIV,
1899, 1, pp. 256-281.
307- On a parfois nié l'existence des Delloi , mais, si Macrobe les rapproche,
c'est pour mieux les opposer et Callias, dont il rapporte le texte, les situe
par rapport à Gela (à quatre-vingt-dix stades).
308- L. ROBERT, Bulletin Epigraphique, REG, 65-66, 1952-1953 n° 283 pp.
211-212. L'inscription avait été ainsi reconstituée par son éditeur
πεδιακρα [δίν]η.
309- IG, XIV, 595 et 596 ; L. ROBERT, loc. cit., p. 212 ; E. SIÔQVIST, loc.
cit., p. 120 et avant eux E. CIACERI, op. cit., pp. 37-45 et B. PACE,
Arte e civilta nella Sicilia antica, III, 1946, pp. 527-529 qui supposent que
Leucaspis et Pediacratès pourraient être localisés respectivement sur les
territoires de Syracuse et de Gela.
310- ARISTOPHANE (Les Nuées, 984-985) parle de ces vieilleries qui sentent
les Bouphonies.
311- Cf. en dernier lieu E. SIÔQVIST, loc. cit., p. 121. On trouve d'ailleurs,
chez HESYCHIUS, le pluriel βοόται donné comme équivalent à
βουκόλοι.
312- Dans la version conservée par DIODORE, IV, 23, 2. APOLLODORE, II,
5, 10 = 11 110 et 111.
340
Ténériffe.
331- DIODORE de SICILE, IV, 83, 1.
332- DIODORE de SICILE, IV, 83, 4. Une autre tradition retenue par HYGIN
(Fables, 260) et par VIRGILE (Enéide, V, 755-761) donne au contraire Enée
pour fondateur et de la ville, et du temple d'Aphrodite Erycine. STRABON,
XIII, 1, 53 remarque que ceux qui font ainsi aborder Enée en Sicile, puis le
font aller dans le Latium sont en désaccord avec Homère pour qui il reste à
Troie et succède à son père (Iliade, XX, 306).
333- DIODORE de SICILE, IV, 83, 5.
334- PAUSANIAS, VIII, 24, 6 et 7 et encore VIII, 24, 2.
335- PAUSANIAS, VIII, 24, 6. Cf. encore C. MEILLER, P. LILLE, Inv. 71 et
P. LILLE inv. 126, CRIPEL, VI, 1981, pp. 243-252 : le nom de Psophis
pourrait être reconstitué dans les fragments d'un poème hexamétrique dont le
sujet est la légende d'Héraclès et le contexte en référence avec l'épisode de
Géryon.
336- PAUSANIAS, VIII, 24, 2. Ces attaches de la légende avec la tradition
arcadienne sont encore mentionnées par CHARAX, d'après STEPHANE de
BYZANCE, FHG, III, p. 638, frg. 7 = F. Gr. Hist., 103 F 58. ST. BY2.
sv. χαμιχός-.
337- APOLLODORE, II, 5, 10.
338- DIODORE de SICILE, IV, 23, 2 et IV, 83, 1. Cette généalogie d"Eryx est
également celle que retient HYGIN, Fables 260 ; VIRGILE quant à lui, s'il
retient d'Eryx, qu'il est fils d'Aphrodite et plusieurs fois parle "du pays
fraternel d'Eryx " (Enéide, V, 23 - 24 et 630), ne mentionne Boutés que
dans un contexte grec (V, 371-374). Apollodore lui aussi faisait de Boutés,
non pas un indigène, mais un Grec : un Argonaute, qui à son retour se
jetait dans la mer charmé par les Sirènes. Il retenait cependant une tradition
qui le mettait en rapport et avec les côtes siciliennes et avec Aphrodite.
C'est en effet la déesse qui le sauvait et l'emportait à Lilybée
(APOLLODORE, I, 9, 16 et I, 9, 25) curieuse localisation, d'ailleurs,
puisque Lilybée (au contraire de Motyé et Panorme où sont installés des
Phéniciens dès avant l'arrivée des Grecs) est fondée beaucoup plus
tardivement, après la destruction de Motyé.
339- VIRGILE, Enéide,V, 391-393.
340- VIRGILE, Enéide, V, 400-403 ; V, 410-414.
341- VIRGILE, Enéide, V, 483-484.
342- VIRGILE, Enéide, V, 759-760 ; V, 772.
343- APOLLODORE, II, 5, 10 = II, 111.
344- THUCYDIDE, VI, 2, 3.
345- PSEUDO-SCYLAX, XIII.
346- PLUTARQUE, Nicias, I, 3. Voir supra note 232.
347- PAUSANIAS, V, 25, 5.
348- APOLLODORE, d'après STRABON, VI, 254 (= F. Gr. Hist, 244 F 167 ou
FM. G., 1, 173), mais, alors que Thucydide faisait, à ces Troyens se joindre
342
apportée par le héros aux dieux dans la guerre contre les Géants dont
l'existence "remonte à l'origine même des hommes" et la massue et la peau
du lion, "car, les armes n'étant pas encore inventées, les hommes n'avaient
que des bâtons pour se défendre et des peaux d'animaux pour armure".
408- On se reportera sur ce point à la page 303 et à la note 407.
409- DIODOREDESICILE,IV,8,5.
410- Pour F. BROMMER, Herakles, die zwôlf Taten des Helden in antiker
Kunst und Literatur, Mûnster-KOln, 1953, le cycle des douze travaux
n'apparaît guère qu'à l'époque hellénistique. Π semblerait pourtant que des
représentations comme celles d'Olympie aient pu aider à la constitution du
dodécathlos dès l'époque classique. Pour DIODORE (IV, 10, 7) comme
pour APOLLODORE (II, 4, 12) c'est l'oracle de Delphes qui ordonne au
héros d'accomplir les douze travaux qui lui vaudront l'immortalité.
411- APOLLODORE, II, 5, 1 à 12. On peut en effet, pour ne donner qu'un
exemple sur lequel nous aurons à revenir (dans notre troisième partie)
trouver étonnant que, chez Diodore, les dieux fassent don de ses armes à
Héraclès, alors qu'il a déjà accompli sept des douze travaux imposés.
Peut-être PMDARE connaissait-il les "douze" travaux, comme le prouverait
un fragment récemment découvert (P. OXY n° 2450). Cf. G. PAVESE,
The new Héraclès of Pindar, HSCP, 72, 1967, pp. 81-4 et 86-7. Voir
U.T. MATTHEWS, op. cit., note 3 p. 22.
412- On sait la faveur dont paraît jouir la Centauromachie dans l'Occident grec, η
n'est qu'à voir la place qu'elle prend dans le décor du thesauros du Silaris
où les six métopes de la façade Est "racontent" cet épisode. La lutte contre
Nessos fait encore l'objet de plusieurs métopes.
413- DIODORE DE SICILE (IV, 13, 1) ne localise pas la capture de la biche
cérynite. Pour Apollodore cependant le mythe est situé en Arcadie et il cite
Oenoé, le Ladon et le mont Artémision (II, 5, 3). Seul - à ma
connaissance - le scholiaste de Pindare {Olympiques, III, 2, 3) prétend
qu'Héraclès la poursuivit jusqu'au pays des Hyperboréens.
414- Cf. plus haut p. 303. Diodore a prétendu que la Grèce, à l'époque du fils
d'Alcmène, était déjà hautement civilisée.
415- HÉSIODE, Théogonie, 328-330. Il est encore chez Sophocle "le fléau des
bouviers", Trachiniennes, 1092.
416- EURIPIDE, Héraclès, 377.
417- APOLLODORE, II, 5, 4.
418- APOLLODORE, II, 5, 2.
419- DIODORE DE SICILE, IV, 13, 2.
420- PAUSANIAS, VIII, 22, 4. Pour lui d'ailleurs, comme pour Apollodore (II,
5, 6), Héraclès ne se contente pas de chasser les oiseaux, mais les tue de ses
flèches.
421- HOMERE, Iliade, 1, 468.
422- SOPHOCLE, Trachiniennes, 1095-1096.
347
423- Malgré l'existence du Centaure Chiron, différent des autres par sa naissance
(d'un dieu et d'une mortelle et non pas de la démesure d'Ixion convoitant
Héra), la Centauromachie a généralement le sens d'une victoire de la
civilisation sur la barbarie, la force brutale et la démesure. Cf. E.
JANSSENS, Le Pélion, le Centaure et la sagesse archaïque, dans
Hommages à Claire Préaux, Bruxelles, 1975, pp. 325-337.
424- DIODORE DE SICILE, IV, 13, 7.
425- DIODORE DE SICILE, IV, 10, 3 à 6.
426- PIS ANDRE DE RHODES, frg. 10 (KINKEL) : Δικαιότατος- Se
φονέων Cf. sur ce thème B. GENTILI, Eracle "omicida giustissimo",
Pisandro, Stesicoro e Pindaro, op. cit., p. 299-305.
427- DIODORE DE SICILE, IV, 15,2.
428- DIODORE DE SICILE, V, 76. 1. Idée déjà exprimée à l'époque archaïque,
dans le Bouclier, 27-29. C'est en effet pour "créer pour les dieux autant que
pour les hommes un défenseur contre le danger" que Zeus s'unit à Alcmène.
429- Sur ce point on rappellera que Diodore, manifestement, s'inspire d'une
source occidentale, la Géryonide de Stésichore sans doute, et qu'Apollodore
est en revanche plus influencé par des sources purement grecques. On sait
qu'il doit beaucoup à Phérécyde voir supra, le 1er chapitre de la Ilème partie.
430- DIODORE DE SICILE, IV, 17, 3 ; IV, 17, 4 ; IV, 17, 5.
431- DIODORE DE SICILE, IV, 35, 3.
432- DIODORE DE SICILE, IV, 18, 6. On peut remarquer d'ailleurs qu'Héraclès
est depuis longtemps lié aux modifications du paysage ou aux explications
qu'on donne de certains paysages géographiques. Eschyle déjà fait prédire au
héros par Prométhée sa lutte contre les Ligures et l'aide que lui apportera
Zeus en faisant "neiger" une nuée de cailloux sur la plaine de la Crau
(STRABON, IV, 1, 7 = H.J. METTE, XXXI [, 326 a. Cf. aussi DENYS
D'HALICARNASSE, Antiquités Romaines, I, 41, 3 (METTE 326 b) et
HYGIN, Astrologie, II, 6 = METTE, 326 c). Dans le même sens, nous
l'avons vu, Apollodore explique que, si le Strymon n'est plus navigable,
c'est parce qu'Héraclès, au retour de l'expédition contre Géryon, avait puni le
fleuve - qui lui avait donné quelque sujet de plainte - en comblant son lit
de cailloux (II, 112=11,5, 10).
433- DIODORE DE SICILE, IV, 24, 3 : en Sicile, à Agyrion, pour remercier
les habitants qui l'avaient honoré "avec les mêmes fêtes et les mêmes
sacrifices qu'on offre aux dieux de l'Olympe".
434- DIODORE DE SICILE, IV, 24, 3, il s'agit du lac Averne près de Cumes.
Cf. N. MELE, Eracle euboico a Cuma, la gigantomachia e la via Heraclea,
in Recherches sur les cultes grecs en Occident, Cahiers du Centre J. Bérard,
Naples, 1979, pp. 19-59.
435- DIODORE DE SICILE, IV, 19, 3, rapporte d'ailleurs deux opinions : ou
bien Héraclès a percé l'isthme qui rattachait l'Europe et l'Afrique, ou bien au
contraire il a rapproché l'extrémité des deux continents, autrefois très
348
pour plaire à Athéna firent "à l'arrivée d'Héraclès, jaillir des sources d'eau
chaude". Cf. aussi IV, 23, 1.
454- DIODORE DE SICILE, IV, 14, 7.
455- Héraclès est d'ailleurs invoqué comme tel : XÉNOPHON, Anabase, IV, 8,
25 et VI, 2, 15. Cf. GRUPPE dans Pauly Wissowa, RE, suppl. III, col.
1002 et 1015.
456- DIODORE DE SICILE, IV, 29, 30 et V, 15, 1 à 6.
457- DIODORE DE SICILE, V, 15, 2.
458- Le terme, déjà employé chez SOPHOCLE (Trachiniennes, 1002, 1061) et
chez EURIPIDE {Héraclès, 225), l'est encore très souvent chez DIODORE
G, 24, 5 et 7 ; II, 392 ; IV, 17, 3).
459- Cf. PINDARE, Isthmiques, IV, 57 et EURIPIDE, Héraclès, 20, 851. Cf.
encore DIODORE, 1, 24, 6.
460- Cf. plus haut, dans le Bouclier, 27-29.
461- Cf. EURIPIDE, Héraclès, 1252.
462- DIODORE DE SICILE, IV, 23, 2-3. Cf. le précédent chapitre.
463- DIODORE DE SICILE, IV, 19, 2.
464- DIODORE DE SICILE, V, 21, 2 ; cf. encore une formule semblable en
V, 25, 4 ; IV, 19, 2 ; I, 4, 7.
465- DIODORE DE SICILE, IV, 19, 2. La même inversion se produit pour la
Sardaigne où les descendants des Thespiades adoptent les moeurs barbares,
vivent dans les gorges des montagnes, se creusent des maisons souterraines
et résistent à toute entreprise de conquête, qu'elle soit carthaginoise ou
romaine (DIODORE, IV, 30, 4 à 6).
466- A. MOMIGLIANO (Sagesses barbares, Paris 1979) a bien montré comment
POLYBE et POSÉIDONIOS, en traitant Rome comme un membre à part
entière de la communauté civilisée que formait le monde grec, préparaient la
voie aux auteurs qui, comme le fait Diodore ici, non seulement acceptent la
domination romaine, mais prennent fait et cause pour ses entreprises.
DENYS D'HALICARNASSE (Antiquités Romaines, I, 34 à 44), s'il n'est
pas le premier à donner de la fonction civilisatrice d'Héraclès une
interprétation militaire, fera, plus nettement encore que Diodore, servir la
geste d'Héraclès en Occident aux desseins politiques sous-jacents dans son
oeuvre. P.M. MARTIN (Héraclès en Italie d'après Denys d'Halicarnasse,
Athenaeum, L, 1972, pp. 252-275) démontre comment, par "le choix de
travaux hétérodoxes" et par "une série de coups de pouce assez discrets", il
cherche à prouver l'origine hellénique des Romains et à diffuser la
propagande augustéenne en direction du monde grec.
467- Voir notre chapitre précédent. Il faudrait rappeler ici qu'au-delà des
réinterprétations que nous avons jugées fondamentales, l'histoire n'a cessé
d'utiliser le mythe ; l'exemple des Pisistratides à Athènes (et avant eux des
Alcméonides) ajléjà été évoqué, on pourrait citer encore par exemple, l'étude
que fait S. DUSANIC (Athens, Crète and the Aegean after 366-365 B.C.,
Talanta, ΧΙΙ-ΧΙΠ, 1980-1981, pp. 7-29) des visées impérialistes d'Athènes à
350
pas, sans les avoir demandés ni payés, conduit jusqu'au portique cyclopéen
dliurysthée les boeufs de Géryon" ?
481- G.S. KIRK, The nature of greek myths, 1974 et, Methodological
reflexions on the myths of Héraclès, in // Mito greco, pp. 285-297.
482- Cf. les travaux de J.P. Vernant, M. Détienne et P. Vidal-Naquet ; de ce
dernier en particulier, Le chasseur noir et l'origine de l'éphébie in Annales
E.S.C., 1968, pp. 947-964 et Philoctète de Sophocle et l'éphébie, in
Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris, 1972, pp. 169-180.
483- Cf. supra, p. 313 sq . Le passage est parfois si facile de l'un à l'autre que,
dans sa traduction de la Bibliothèque d'Apollodore, (II, 5, 10), E. Clavier ne
sait pas s'il doit traduire δγρια πολλά par "peuples sauvages" ou "bêtes
féroces". E. CLAVIER,Bibliothèque d'Apollodore, Paris, 1805, L. II, p.
277 note 4.
484- PINDARE, Isthmiques, IV, 87-93.
485- L. MAKARIUS, Ethnologie et structualisme, l'apothéose de Cinna, mythe
de naissance du structuralisme, dans l'Homme et la société, 1971, 4, pp.
191-210. On se reportera sur ce point à notre avant-propos méthodologique.
486- II est hors de question de donner ici une bibliographie exhaustive des
travaux des archéologues français ou italiens en Occident, soviétiques sur les
côtes de Crimée, qui tous démontrent cet aménagement de l'espace de la cité
(chôra et astu à la fois). On se reportera au volume VII des Congrès de
Tarente, consacré à la Cité et son territoire, op. cit., et pour le Pont-Euxin,
à la synthèse de A.N. SCEGLOV, Severo-zapadnyi Krym ν anticnuju
epohu (La Crimée du Nord-Ouest dans l'Antiquité), Leningrad, 1978.
Compte rendu dans les DHA, 8, 1982, pp. 143-144.
487- Zaleucos de Locres, en Occident, passe pour être le premier des législateurs,
Charondas de Catane est également l'un des plus anciens.
488- "II suffirait presque de ce voyage bien connu vers le pays des Bienheureux,
pour déceler une véritable obstination à mêler Héraclès aux choses
d'Outre-Tombe", écrit-il en particulier (p. 50) dans un long article consacré à
Hercule Funéraire (MEFRA, t. XXXIX, fasc. IV, V, 1921 et t. XL, 1923,
fasc. I-II, pp. 19-102).
489- HÉRODOTE, III, 116.
490- HÉRODOTE, IV, 82.
491- F. HARTOG, Le miroir d'Hérodote, Paris 1880, p. 247.
492- M. VAN DER VALK, loc. cit., ρ 168 note, en se gardant de tirer de ce fait
des conclusions chronologiques précises, la parenté de pensée (dans leurs
appréciations des poètes cycliques) entre Apollodore et l'école d'Aristarque.
Rappelons que la Bibliothèque qui mentionne le Cycle de Denys ne peut
être antérieure au 1er siècle avant notre ère (à moins, bien sûr, qu'on ne voie,
dans cette référence, une interpolation!). Nous renvoyons, sur ce sujet à
notre mise au point de la note 168 de cette deuxième partie.
493- Un récent colloque romain (mars 1985), Momenti precoloniali nel
Mediterraneo antico, (à paraître), a bien montre ce dynamisme commercial
352
TROISIÈME PARTIE
L'INTÉGRATION
PREMIER CHAPITRE :
CULTES....
vieux roi par un plus jeune, et, par là-même, les rites de
renouvellement du pouvoir... initiation encore, mais initiation à la
royauté, accessible aux seuls possesseurs de chars (63). Et s'il
fallait absolument, comme cherche à le faire L. Drees, retrouver à
Olympie trace de l'opposition entre une aristocratie et une plèbe
créto-mycénienne, il serait plus légitime de la voir dans la finalité
des deux épreuves principales que dans l'opposition hypothétique
de couples divins qui ne le sont guère moins :
Zeus-Pélops/Héra-Hippodamie et Héraclès idéen/Déméter ! (64).
Pour Pindare - mais s'en étonnera-t-on ? - c'est ce mythe
de Pélops qui est le véritable mythe fondateur des Jeux
Olympiques... C'est lui, en tout cas, qu'il développe tout au long
de la Deuxième Olympique. Il doit cependant respecter la
tradition : "Le souverain de Pise est Zeus", chante- t-il, et "c'est
Héraclès qui a institué la fête olympique, prémices de sa victoire"
(65)... Pour lui aussi, c'est Héraclès qui rapporta jadis "des
sources ombreuses de l'Ister" "le vert feuillage de l'olivier" (66),
mais, s'il fonde "la fête suprême" et trace "en l'honneur de son
père sublime, le sanctuaire divin", c'est "auprès de l'antique
sépulcre de Pélops" (67). Pindare, lui, a choisi. C'est bien au fils
d'Amphitryon qu'il rapporte la création des Jeux... une tradition
que Pausanias a su, lui aussi, recueillir, mais qui l'oblige à se
prononcer, comme beaucoup d'autres, pour l'existence de deux
Héraclès. Pausanias, enfin, sait bien que les Grecs font remonter
les Jeux au VHIème siècle et même à la date précise de 776...
qu'à cela ne tienne : Iphitos, qui les réorganise sur les conseils de
l'oracle de Delphes, commence par sacrifier à Héraclès. Il se fait
ainsi l'écho d'une idée fortement ancrée dans l'imaginaire des
Grecs (68) : penser aux Jeux Olympiques, c'est penser à
Héraclès.
Au-delà de l'organisation - ou de la réorganisation à
l'échelle panhellénique - des concours d'Olympie qu'on petit
effectivement dater, très logiquement, de cette période
d'extraordinaire ouverture que vit la Grèce au VHIème siècle, le
sanctuaire - sinon les temples - préexistait, et les rites
eux-mêmes, qui font si fortement référence au héros. Il convient
de noter que, si l'une des épreuves, la course de chars, apparaît,
autour de Pélops, fortement liée à une aristocratie militaire et à
l'idéologie royale, le souvenir d'Héraclès - le dactyle de l'Ida -
qui paraît s'inscrire dans le passé plus lointain encore, est quant à
lui, attaché à une épreuve plus ouverte, et très proche des liturgies
agraires primitives.
Deux époques donc, et la plus ancienne n'a pas été
totalement oubliée malgré les efforts d'un Pindare, par exemple,
367
*
* *
* *
de former
" Comme
? on mène les poulains dans le vent et le vacarme
pour voir s'ils sont peureux, ne faut-il pas transporter nos
guerriers, quand il sont jeunes, au milieu d'objets
effrayants, puis les relancer dans les plaisirs et les éprouver
avec plus de soins qu'on n'éprouve l'or par le feu"
(128)...
DEUXIEME CHAPITRE
... INITIATIONS
La Paix, 50-33.
pour
systématique"
B. Malinowski
qui est fait "du
qui mythe
insistesacré
suret "l'enseignement
de la tradition au
jeune homme auquel sont dévoilés peu à peu les mystères de la
tribu et présentés les objets sacrés" (144) ; aspect important déjà
pour A. van Gennep et qui le reste pour des "modernes" comme
D. Zahan et P. Clastres : pour le premier l'initiation "constitue
avant tout un enseignement progressif... (145) et le second voit
dans
"savoir"
les de
jeunes
la tribu
initiés
(146).
les dépositaires de la "mémoire" et du
c'est particulièrement net chez les Iatmul dont les rites sont décrits
par G. Bateson (157) et c'est encore dans ce cadre que
s'inscrivent les rites de circoncision (et parfois de subincision)
des Nambuti d'Australie : l'opération est pratiquée par le futur
beau-père de l'initié assisté de quelques-uns de ses oncles
maternels. La cérémonie dont le nom signifie "adoption" lie
fortement le novice et le circonciseur qui ont entre eux des
rapports homosexuels (le jeune homme bien sûr joue le rôle de la
femme). Après l'initiation, ce dernier accède au plein statut
d'adulte et reçoit pour épouse la fille du circonciseur (158).
Comme chez les Grecs, se dévoile ici le caractère particulier
de l'homosexualité masculine, qui, loin d'apparaître comme une
déviance par rapport à une hétérosexualité seule considérée
comme "normale", se donne comme fortement complémentaire de
cette dernière. Les pratiques pédérastiques semblent bien -
Bernard Sergent me paraît avoir, sur ce point, fortement
raison - trouver leurs racines dans les rites de passage qui
consacrent cet accès à la maturité physique de l'adolescent qu'est
aussi l'initiation : Iolaos, disciple d'Héraclès, son parastatès et
son écuyer, est, certes, son éromène, mais il reçoit encore de lui
sa première femme Mégara (159).
Ces pratiques pédérastiques semblent encore avoir
absorbé, en Grèce, l'aspect pédagogique de l'initiation, qu'il
s'agisse de l'apprentissage du métier militaire (c'est dans ce cadre
que s'inscrivent les relations de l'éraste et de l'éromène Spartiate
ou crétois et le "bataillon sacré" de Thèbes en fournirait l'exemple
ultime) (160) ; qu'il s'agisse, plus généralement, de ces rapports
de maître à disciple qui marquent si profondément la recherche de
YEros dans
meilleur" qu'il
less'agit
textes
dede
développer
Platon : c'est
(161),
"lecelui
désir...
quiqui
doitaspire
"guider
au
2- marge
TROISIEME CHAPITRE
... MYTHES
3-1 Héraclès qui, dans ses cultes, paraît lié de si près aux
éphèbes et probablement, nous l'avons vu, aux vestiges
d'antiques initiations, en est-il le héros paradigmatique ?
Autrement dit, passait-il pour avoir lui-même subi ces épreuves
qui allaient faire de lui "l'initié" par excellence, l'exemple à
suivre ? Il nous paraît nécessaire de préciser, dès l'abord, que
nous n'imaginons pas une minute que le mythe d'Héraclès
chasseur ait pu naître de rites initiatiques. Le héros tueur de lions,
protecteur des troupeaux, serviteur d'Héra s'individualise si
fortement et paraît si vraisemblablement premier (173) que c'est
plutôt à l'une de ces ré-interprétations si fréquentes dans l'histoire
religieuse, à l'un de ces "bricolages" qui expliquent si souvent la
polysémie des mythes que nous avons affaire ici. On a
manifestement chargé de sens une figure, une image mythique
préexistante, la transformant du même coup et la laissant
resémantisée : car c'est bien comme un chasseur qu'apparaît dans
la mythologie ordonnée d'un Diodore ou d'un Apollodore
l'ancien maître des fauves.
Du chasseur, en effet, il parcourt le territoire, non pas la
chôra, la terre fertile et aménagée par l'homme, mais Yeschatié,
cet espace indécis des zones frontalières, ces marges que
l'agriculture n'a pas gagnées (on a pu, d'ailleurs, dans la
première partie relever le caractère "marginal" de nombre de ses
cultes)... Au chasseur, Héraclès emprunte encore une pratique
que les Grecs volontiers opposaient à la conduite loyale de la
guerre (174) : il utilise la ruse, le piège, l'embuscade. S'il
capture la biche cérynite, c'est peut-être, dit Diodore, en la
rattrappant à la course, peut-être aussi en la capturant pendant son
sommeil ou même grâce aux filets... de toute façon,
estime-t-il, c'est son astuce (αγχίνοια) plus que sa force qui
permit au
danger" (175).
héros
Lorsque
de réaliser
les peintres
cet exploit,
de vases "sans
représentent
courirlaaucun
biche
saisie par les bois (l'une des trois variantes distinguées par F.
Brommer pour cette représentation), c'est, semble-t-il, cette
391
conclut que
bravoure" (190).
ce fameux
Pour lui,courage
et c'est "n'est
sans doute
qu'une
uneapparence
opinion très
de
largement partagée à Athènes, "l'épreuve de la bravoure n'est pas
le tir à l'arc"... et Héraclès qui "n'a jamais tenu un bouclier à son
bras gauche ni affronté une lance", qui, "portant l'arc, l'arme la
plus lâche... était toujours prêt à la fuite" (191) est bien dénoncé
ici comme l'antithèse du guerrier loyal, comme l'anti-hoplite, le
chasseur rusé (rappelons ici que Pierre Vidal-Naquet oppose à la
chasse collective des hoplites la chasse rusée des éphèbes) (192),
l'homme qui parcourt, en solitaire, "l'espace étranger et hostile de
Vagros " (193), l'espace même d'Hermès, qui, nous l'avons vu,
partage souvent avec Héraclès la ferveur des jeunes gens (194).
Bref, comment ne pas voir dans ce héros "ensauvagé" un
modèle potentiel pour dire la condition du candidat à l'initiation
lors de "l'épreuve de brousse" ? C'est la raison pour laquelle ne
m'inquiète guère cette opposition entre l'exploit solitaire et la
chasse collective qui serait celle des hommes de la cité.
L'initiation des jeunes gens (qu'elle reste fortement présente dans
les institutions comme pour les jeunes Spartiates - et tout
particulièrement pour ceux qui sont soumis à l'épreuve de la
cryptie - ou qu'elle ne transparaisse guère qu'au travers de rites
résiduels et de mythes étiologiques, comme à Athènes -) est
certes collective (elle est l'affaire de toute une classe
d'âge) - mais l'épreuve laisse le novice solitaire... Plus solitaire
encore celui qui subit une initiation plus poussée, celle qui, par
exemple, habilite au pouvoir.
Qui pourrait donc véritablement jurer que le syntagme
homme/lion (ou homme/sanglier) ne renvoie qu'à l'exploit
d'Héraclès et pas, dans le même temps, à la chasse (195) ?
Quelques représentations, en tout cas, permettent d'en douter, qui
les associent sur le même vase : c'est, par exemple, le cas de
l'amphore du Louvre récemment commentée par C. Bérard
(196). Héraclès figure sur le col, armé de sa massue et se porte à
la rencontre du lion (l'arc et les flèches, dans le champ de la
représentation, complètent l'identification du héros). Sur l'épaule
deux épisodes opposent au lion, sur une face, un homme barbu
brandissant un bâton (sous le regard de trois autres personnages),
393
C'est enfin celui auquel est affronté Cuchulain dans "le plus
clair roman d'initiation guerrière que nous ait transmis le monde
celtique", mais la triplicité est ici celle "de trois frères doués de
propriétés surhumaines, mais non monstrueux, solidaires, mais
non fondus(211)...
péripétie" que le héros
Trois tua
frères,
successivement
comme les Curiaces
dans un duel
à Rome
à triple
et
comme - ajouterons-nous. - les trois fils de Chrysaor dans la
légende d'Héraclès telle qu'elle est rapportée par Diodore !
Aux témoignages littéraires rassemblés par G. Dumézil,
nous n'ajouterons qu'une bien curieuse rencontre : celle
d'Héraclès et du "Tricaranos", le monstre infernal des stèles
dauniennes, rencontre qui survit peut-être dans le mythe de Cacus
(212) et qui, en tout état de cause, pourrait bien expliquer le grand
succès du héros grec auprès des peuples italiques.
Que le combat contre l'adversaire triple ait bien été une
épreuve initiatique pour les jeunes guerriers indo-européens, il
paraît difficile d'en douter (213), mais comment le mythe a-t-il pu
naître ? G. Dumézil suppose que ce qui était difficile à divulguer
en tant que pratiques secrètes, un auteur pouvait toujours le
décrire "comme événements arrivés une fois, par hasard, dans la
biographie d'un grand homme" (214)... ou, ajouterons-nous, en
accordant une part nettement moindre au hasard, à un héros, un
personnage mythique déjà connu et susceptible, par certaines
fonctions qu'il exerçait, certains attributs qu'on lui prêtait,
certaine image qu'on avait de lui, de capter ce nouvel héritage et
de devenir ainsi une sorte de modèle pour la jeunesse à initier.
C'est, semble-t-il,
"dérivation" du mythe
cette en
hypothèse
ce qui concerne
qui rend Héraclès
le mieux compte
: le serviteur
de la
d'Héra, le maître des fauves est devenu le héros paradigmatique
du jeune guerrier indo-européen... un héros de la seconde
fonction... Poussons encore l'hypothèse : parce que, dans
l'idéologie tripartie des Indo-Européens les trois fonctions sont
hiérarchisées, parce que les guerriers sont soumis au pouvoir
souverain, ne serait-il pas logique de considérer les rapports
d'Héraclès à Eurysthée - qui représente la fonction
royale - comme le nécessaire corollaire de cette transformation
majeure ? Il fallait alors expliquer cette soumission, Héraclès
avait besoin d'une légende... légende déjà connue d'Hésiode
(215) et d'Homère qui mentionne aussi bien l'hostilité et la ruse
d'Héra que les rudes travaux imposés par Eurysthée (216).
Homère connaît donc les "travaux" d'Héraclès, il sait aussi
l'aide constante que lui apporta Athéna, mais de ces exploits un
seul est retenu : le voyage aux Enfers pour en ramener "le chien
du cruel Hadès" (217). Mieux, de cette victoire du héros sur la
396
mort, sur Hadès, l'aède rapporte une autre tradition : "à Pylos,
au milieu des morts" une flèche "du rude enfant d'Amphitryon" a
frappé le dieu et l'a "livré à la souffrance" (218)... Enfin, si, dans
YHiade, Héraclès, vaincu par "le cruel courroux d'Héré" (219),
n'échappe pas lui-même à la mort, si, dans la Nekyia encore,
Ulysse l'entrevoit au royaume des morts, Homère, peut-être, sait
que le véritable Héraclès, lui, séjourne parmi "les Immortels dans
la joie des
prises" (220).
festins"...
La victoire
en compagnie
sur la mort,
d'Hébé
déjà donnée,
"aux chevilles
semble-t-il,
bien
par le meurtre du tricéphale (221), est là explicite. Elle marque
avec une obstination curieuse les derniers travaux du héros, en
donnant comme la signification profonde.
En effet, et c'est le dernier point que nous voudrions
souligner ici, indépendamment de telle ou telle séquence (222), la
série même des "travaux", épreuves successives et dont nous
aurons pu, je l'espère, noter la difficulté croissante et surtout la
charge symbolique de plus en plus forte, témoigne en faveur de
l'initiation, comme en témoigne encore le thème du voyage vers
l'Ouest, vers les "portes du soir", qui sont le théâtre des deux
derniers exploits "terrestres" d'Héraclès, vers ces seuils où se
croisent Jour et Nuit, où le sommeil et la mort peuvent
surprendre, une eschatié encore, un no man's land où, une fois
de plus, se rejoignent le chemin d'Hermès et celui d'Héraclès
(223).
Nous sommes passés du profane au sacré, de la vie de tous
les jours à la mort de l'initié, gage de sa renaissance à un statut
nouveau... Autre lecture possible : nous avons franchi,
peut-être, aussi différents degrés de l'initiation : le plus banal, le
plus proche du quotidien et le plus accessible ; l'initiation plus
qualifiante du guerrier ; celle enfin qui confère une expérience
religieuse exceptionnelle. Héraclès a passé les bornes de
l'humanité : ses efforts pour pénétrer dans "le domaine interdit",
qu'il soit celui des Enfers ou celui du merveilleux jardin des
Hespérides (224), cette quête du "pays transcendant", font de
lui - et c'est bien ce que dit le mythe qui lie, par exemple, les
pommes d'or et l'immortalité (225), ce que disent plus nettement
encore les peintres de vases, lorsqu'ils représentent Héraclès
remettant directement les fruits à l'assemblée des dieux (226) - le
digne compagnon des Olympiens.
397
1. Lécythe
df Anzi provenant
CONCLUSIONS
"Mort et initiation se
ressemblent, aussi bien le mot
que la chose..."
d'un passage.
"traversé" cet espace
Parceduqu'initié
sacré où plonge
lui-même,
le novice
parce
dans qu'ayant
ce temps
de latence où il n'a plus ni nom, ni passé, ni parents, ni droits, ni
devoirs d'aucune sorte, où, pour reprendre les termes de René
Girard, "il est réduit à l'état de chose informe et innommable"
(263), il était
"passage" décisif,
à même
de quitter
de triompher
définitivement
victorieusement
le monde aussi
profane
du
récapitulation du livre III. (Cf. supra, III, 74, 5). Mais, comme Pausanias,
il s'efforce surtout de distinguer du fils d'Alcmène un "Héraclès plus
ancien", le seul à avoir pu, logiquement, purger la terre de ses bêtes
sauvages... travaux qui ne se conçoivent guère, à son avis, à l'époque du
héros thébain où "la plupart des pays étaient déjà civilisés et se
distinguaient par l'agriculture, le nombre des villes et de leurs habitants" (I,
24, 7). Cette personnalité complexe du héros/dieu - qui traduit
admirablement la richesse des thèmes mytliiques cristallisés sur son
personnage - conduira d'ailleurs Cicéron à dénombrer six Héraclès {De
natura deorum, ΙΠ, 16, 42) et Varron quarante-trois ! (Servius dans Virgile,
48- Sur ce problème de l'Héraclès thasien et des contacts entre le héros grec et le
dieu de Tyr voir supra pp. 50-52 surtout notre première partie (quatrième
chapitre).
49- PAUSANIAS, V, 7, 6-9. Pour une discussion du sens à accorder au rythme
pentéétérique des Jeux Olympiques, cf. P. LÉVEQUE, Continuités et
innovations dans la religion grecque, PP, CXLVIII-CIL, 1973, pp. 23-50
et particulièrement p. 36 sq. .
50- PAUSANIAS, V, 8, 1.
51- PAUSANIAS, V, 8, 2.
52- PAUSANIAS, V, 8, 3 et 4. Cf. encore VIII, 48, 1, pour le rétablissement
des Jeux Olympiques par un Héraclès "thébain".
53- PAUSANIAS, V, 4, 6.
54- PAUSANIAS, V, 13, 1 et 2.
55- PAUSANIAS, V, 13, 8.
56- PAUSANIAS, V, 14, 1 et 2.
57- Les dactyles, en effet, constituent plutôt le cortège de la Grande Mère
primitive et les courètes, celui de son parèdre mâle. C'est pourquoi, sans
doute, au fur et à mesure que croît l'importance de ce dernier, les courètes
tendent à supplanter les dactyles. Ce sont, par exemple, les courètes qui,
dans l'hymne de Palaiokastro constituent le cortège d'un Zeus "grand
couros" lui-même (cf. H. JEANMAIRE, p. 427 sq.). Mais la fonction des
dactyles et des courètes, comme d'ailleurs celle des corybantes et des cabires,
a souvent été ressentie comme voisine... C'est ce qui s'exprime dans les
Bacchantes d'Euripide (120-125). C'est ce qu'on retrouve dans l'excursus,
souvent commenté, de Strabon, X, 8. On peut toutefois penser qu'il s'agit
plutôt ici des dactyles, ne serait-ce qu'en raison de leur nombre : 5 (leur
nom a été mis en rapport, en effet, avec les cinq doigts de la main).
58- R. VALLOIS,Les origines des Jeux Olympiques, REA, 1926, XXVIII, pp.
305-322. et 1929, XXXI, pp. 113-133.
59- Cf. H.V. HERRMANN, Zur àltesten Geschichte von Olympia, MDAI,
(A), 1962, pp. 3-34.
60- L. STELLA, La civiltà micenea nei doc urne nti contemporanei, Rome,
1965, p. 39 n. 94 et p. 241 n. 54. Sur tout cet aspect hérité des religions
411
74- PAUSANIAS, VII, 17, 8. L'expression utilisée par Pausanias est curieuse,
qui évoque le sacrifice sanglant et les poils, coupés sur la tête de la victime,
et offerts comme prémices aux dieux (il lui avait offert "des cheveux de sa
tête").
75- PLUTARQUE, Dialogue sur l'amour, (761 d.). "Quant à Héraclès, ce serait
un dur travail que d'énumérer toutes ses amours tant le nombre en est
grand ! Iolaos, par exemple, fut aimé de ce héros et c'est pourquoi,
aujourd'hui, encore, il est honoré et vénéré par les amants qui échangent
avec leurs aînés serments et gages de foi sur son tombeau..." Cf. encore
CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Protreptique, II, 33, 4 et 5. Il faut bien sûr
faire la part, comme le demande B. SERGENT (op. cit . p. 171), des
"affabulations hellénistiques". Il reste que les notes de Pausanias qui lient de
telles amours homosexuelles à de nombreux cultes locaux pourraient inviter
à penser, contrairement à l'auteur, que l'affirmation de Plutarque n'est pas
seulement l'écho d'une tradition tardive.
76- HÉSYCHIUS, s.v. Elakatia.
TJ- PAUSANIAS, ΠΙ, 15, 4 et 5, et aussi APOLLODORE, Π, 7, 2.
78- PAUSANIAS, II, 13, 18.
79- APOLLODORE, II, 5, 8.
80- ATHÉNÉE, XIII, 561, d.
81- /GXII, 3, 526-601 et 1410-1493. Cf. E. BETHE, Die dorische Knabenliebe.
Ihre Ethik und ihre Idée, Rh M , 62, 1907, pp. 438-475 et surtout p. 449
sq. ; H. JEANMAIRE, op. cit., pp. 455-458 ; A. BRELICH, Paides e
Parthenoi, Roma, 1969, p. 183 sq. ; J. BREMMER, An enigmatic
Indo-European Rite : Paederasty, Arethusa, 13, 2, 1980, pp. 279-298 et
surtout p. 283.
82- PLUTARQUE, Lycurgue, 17,1.
83- STRABON, X, 4, 21 (ou ÉPHORE, F. Gr. Hist. 70 F, 149, 21).
84- PLUTARQUE, Dialogue sur l'amour, 4 (=75 lb) Cf. déjà ESCHINE,
Contre Timarque, 138-139.
85- Cf. supra, note 83.
86- B. SERGENT, op. cit., p. 201-206.
87- PLUTARQUE, Dialogue sur l'amour, 17 (761 d-e) et ARISTOTE, frg. 97
(Rosé). Voir encore W. KROLL, RE, IX, 1916, j.v. Iolaos.
88- PAUSANIAS, V, 8, 4.
89- EURIPIDE, Les Héraclides, 216, emploie de terme de υπασπιστής*.
90- EURIPIDE, Les Héraclides, 88 et 125 (le terme est traduit par compagnon
d'armes par L. MERIDIER, Les Belles Lettres, 1970).
91- PAUSANIAS, VI, 23, 3. Cf. supra.
92- PAUSANIAS, V 14, 7 et V, 8, 1. Cf. supra.
93- Une tradition en fait cependant l'éromène d'Eurysthée. En effet ATHÉNÉE,
XIII, 603 d. rapporte que le poète Diotimos, dans ses Hérakléia, affirmait
qu'Héraclès avait patiemment effectué ses "Travaux" par amour pour
Eurysthée.
413
Lausanne, 1983, 4.
196- ABV 220 (30). Cl. BÉRARD, Iconographie, iconologie, iconologique,
Etudes de Lettres, op. cit., pp. 5-37.
197- PAUSANIAS, Vffl, 22, 4.
198- DIODORE.IV, 11,3.
199- DIODORE, IV, 11, 3, pour Apollodore (II, 5, 1) il est simplement
invulnérable.
200- PAUSANIAS, VI, 5, 4-6 : Polydamas aurait, à la fin du Verne siècle, tué
"un lion de l'Olympe, un fauve grand et vigoureux, sans se servir d'aucune
arme. Il fut poussé à cet exploit audacieux par l'envie de rivaliser avec les
travaux d'Héraclès..."
201- Cf. B. HELLY, Des lions dans l'Olympe, REA, 70, 1968, pp. 271-285.
202- Cf. notre première partie. Nous avions la tentation de penser que Melqart
l'était aussi (le lion n'est-il pas son attribut favori - lorsqu'il est, il est vrai,
représenté en Héraclès - ?). C. BONNET, qui a consacré sa thèse à Melqart,
(cf. note 199 de notre première partie) le dénie fermement
203- Nous reviendrons dans notre quatrième partie sur cette image primordiale
d'Héraclès, très marquée par l'Orient, et plus volontiers associée aux
animaux qu'en lutte contre ces mêmes animaux. Le type chypriote, nous
l'avons vu, en conserve fortement le souvenir, de même que de nombreuses
représentations de l'Herclé étrusque (cf. J. BAYET, Herclé, op. cit., pp.
103-123).
204- C'est sans doute sous la première tyrannie de Pisistrate qu'a été sculpté et
peint ce fronton : à l'aile gauche Héraclès combat le monstre marin Triton
et l'aile droite représente, en réponse, un monstre au triple buste humain et
aux corps serpentins enroulés - un monstre triple encore !.
205- DIODORE, IV, 17, Iet2.
206- S'il faut en croire ARRIEN (Anabase, II, 16, 5), HÉCATÉE faisait de
Géryon l'un des trois frères régnant sur la plaine d' Erythie, qu'il situait
d'ailleurs dans la région adriatique (cf. O. MUSSO, Hekataios von Milet
und der Mythos von Geryones, Rh M, CXIV, 1971, pp. 83-85). Cf notre
deuxième partie pp. 222 et note 17. Cf. aussi le même chapitre de notre
IVème partie.
207- G. DUMÉZIL, Horace et les Curiaces, Paris 1942, p. 60 et déjà, du même
auteur, Mythes et dieux des Germains, Paris, 1939, pp. 92-106.
208- /d.,p.6O.
209- /rf..p. 52.
210- Id., p. 29 et p. 60.
211- Id. p. 60.
212- Cf. S. FERRI, Mostri inferi délie stèle daunie, RAL, XXIV, 1969, pp.
133-135. Voir encore C. JOURDAIN-ANNEQUIN, DHA, 8, p. 254 :
chez Properce {Elégies, IV, 9, 10), Cacus est un monstre à trois têtes,
mais dans la plupart des versions l'élément triple est présent sous différentes
formes. Chez Properce (IV, 9, 15) la massue frappe trois fois ; chez Ovide
420
(Ι, 575) elle est dite trinodis; chez Virgile (Enéide, Vm, 230 sq.), trois
fois Héraclès parcourt l'Aventin, trois fois il s'évertue à forcer la retraite du
fils de Vulcain, trois fois, tombant de fatigue, il doit s'asseoir.
213- Nous négligerons cependant ici parce que peu crédibles les prolongements
donnés à cette hypothèse par B. LINCOLN (The Indo-european Cattle
raiding Myth, HR, XVI, 1976, pp. 42-61) pour qui la victoire sur le
Tricéphale symbolise la victoire des Indo-Européens sur les autochtones. Le
jeune initié dans son combat redeviendrait Trito, le héros, le premier
guerrier et s'assimilerait "to the entire LE. onslaught that overthrew
aboriginal opponents in every corner". Nous pensons avoir réfuté cette
théorie dans notre article des DHA, 8, p. 253 sq. Cf. supra, pp. 58 sq..
214- G. DUMÉZIL, op. cit., p. 29.
215- HÉSIODE, Théogonie, 287-294.
216- HOMERE, Iliade, Vm, 362-369, et surtout XDC, 97-133.
217- HOMERE, Iliade, VIII, 366-369. Dans l'Odyssée, c'est encore du chien des
Enfers qu'il est question dans un passage - il est vrai d'établissement
difficile - de la Nekyia (XI, 620-626) ; Hermès, ici, partage avec Athéna
le rôle de guide.
218- HOMERE, Iliade, V, 395-398 (notons le lieu du combat : Pylos, qui
signifie aussi la porte) au milieu des morts.
219- HOMERE. Iliade. XVIII. 115-118.
220- HOMERE, Iliade, XI, 602-604 ; le passage il est vrai est douteux. Cf.
aussi HÉSIODE, Théogonie, 287-294.
221- Si Orthos peut paraître comme un doublet du Cerbère des Enfers, O. Grappe
a vu dans Géryon lui-même un autre Hadès. D'une façon générale le monstre
tricéphale est donné comme le symbole des puissances de la mort : cf.
DHA., 8, p. 251 et note 220 et surtout J.H. CROON, The Herdsman of the
Dead, Utrecht, 1952 qui voit dans Géryon le bouvier des morts.
222- II nous est difficile d'étudier ici de façon exhaustive les travaux d'Héraclès
tels que les connaît la forme canonique de la légende et encore moins
l'ensemble de ses hauts faits. Nous aimerions, toutefois, signaler
l'importance des centaures dans la "carrière" d'Héraclès ou tout simplement
dans sa légende (l'épisode de Nessos) ; en effet, leur rôle dans les initiations
et leur nature infernale primitive ont bien été mis en valeur par G.
DUMÉZIL (Le problème des centaures, Paris, 1929).
223- Sur ces problèmes, voir supra p. 392 et surtout infra, notre quatrième
partie (Dlème chapitre : images de la mort et de l'immortalité).
224- Sur ce "symbolisme initiatique des symplégades" : jardin des Hespérides,
arbre de vie, seuil, fontaine miraculeuse, etc.. voir M. ELIADE,
Naissances mystiques, op. cit., pp. 132-136. Sur le symbolisme du
λετμών dTErythie et du κήπος· où poussent les pommes d'or offertes à
Héra lors de ses noces avec Zeus, voir surtout le très beau livre de A.
MOTTE, Prairies et jardins de la Grèce antique, de la religion à la
philosophie, Bruxelles, 1973 et l'article de G. SOURY, La vie dans
421
une "panoplie" qui pourrait appartenir à l'hoplite et les armes qui furent
celles de l'Héraclès des "travaux" : l'arc et la massue.
240- A. VAN GENNEP, op. cit., p. 116 sq. et par exemple, pour les So de
l'Ouganda, M. GODELIER, L'Homme, XVIII, 1978, pp. 155-188 et
particulièrement pp. 178-179. Pour la Grèce, cf. supra p. 382 et surtout
note 142 ; on se souviendra, à Thasos, encore, des rapports que paraissent
entretenir Héraclès et une Artémis "pôlôs ", protectrice de la jeunesse,
voir pp. 376 sq. et notes 126 et 127.
241- APOLLODORE, Bibliothèque, Π, 4 (pour lui c'est à Delphes qu'il est pour
la première fois appelé Héraclès après le meurtre de ses enfants sanctionné
par l'exil). Pour DIODORE (IV, 10, 1) ce sont les Argiens qui le
nommèrent ainsi.
242- Cf. supra, p. 62 et note 256 du prologue.
243- DIODORE, IV, 14, 3.
244- Cf. E. CLAVIER,Apollodore, Bibliothèque, Paris 1805 (un manteau) p.
167 ; HOEFFER, Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Paris, 1865
(un voile) p. 281.
245- N. LORAUX, Héraklès : le surmâle et le féminin, Revue française de
Psychanalyse, 4, 1982, pp. 697-729, citation p. 711.
246- P. 702 par exemple (la misogynie d'Héraclès prouvée par l'exclusion des
femmes dans son culte) et surtout p. 713 (le vêtement long du prêtre
d'Héraclès à Cos, de l'Hercule Victor à Rome et des prêtres qui célèbrent
son culte). Dans ces particularités on ne peut pas, en effet, depuis la
démonstration qu'en a faite D. VAN BERCHEM (Hercule Melqart à l'Ara
Maxima, RPAA, XXXII, 1950-1960, pp. 61-68 et Syria, XLIV, 1967,
pp. 73-109 et 307-338), ne pas voir, l'influence des cultes du dieu phénicien
Melqart sur ceux du héros grec auquel il fut assimilé. Tout au plus
pourrait-on admettre que certains aspects "féminins" d'Héraclès ont pu, sur
ce point, favoriser la rencontre, mais il paraît y avoir tant d'autres raisons au
syncrétisme ! (On se reportera à notre première partie).
247- N. LORAUX, loc. cit., p. 703.
248- SOPHOCLE, Trachiniennes, 1074 : "Sous pareil coup, je me découvre,
malheureux, une simple femelle". Cf. N. LORAUX, loc. cit., et surtout :
Le lit, la guerre, dans l'Homme, 1981, XXI, 1, pp. 37-67 (sur Héraclès, p.
57-67).
249- N. LORAUX, loc. cit., (1982), p. 706.
250- N. LORAUX, loc. cit., (1981), p. 66.
251- N. LORAUX, loc. cit., (1982), p. 699.
252- APOLLODORE, III, 5, 1.
253- DIODORE DE SICILE, V, 49, 1. (Déméter apporte le blé, Hermès la lyre,
Electre, la mère d'Harmonie, apporte les cymbales et les tympanons des
orgies avec lesquels on célèbre les mystères de la Grande Mère des dieux et
Athéna, outre lepéplos, offre les flûtes et "son fameux collier". Peut-être
faut-il signaler encore que, selon Diodore, toujours, Athéna passe pour avoir
423
pp. 185-208 et particulièrement p. 203) note encore "qu'à cette tradition fait
écho l'auteur sans doute tardif de VAxiochos (371e) pour qui "l'ardeur de
leur expédition dans l'Hadès (il s'agit d'Héraclès et de Dionysos), c'est la
déesse d'Eleusis qui l'a exaltée en eux". Sur ce problème voir encore M.
LLOYD-JONES, Herakles at Eleusis, Maia, 1967, p. 206 sq. et, pour les
représentations, H. METZGER, Recherches sur l'imagerie athénienne, p.
28, n. 65. Notons enfin que, pour DIODORE, les Petits Mystères d'Agrai
ont été crées "pour honorer Héraclès" et pour qu'il puisse expier le meurtre
des Centaures (IV, 14, 3).
263- R. GIRARD, La Violence et le Sacré, Paris, 1972, p. 391.
264- C'est pourquoi, sans prendre position sur l'exemple précis d'Eleusis, la
théorie - parfois contestée - de D. SABBATTUCCI qui voit dans les
mystères le dépassement et la transformation d'initiations primitives me
paraît, sur le plan théorique, très plausible (Essai sur le mysticisme grec,
traduction, française, Paris, 1982, 1ère. éd. 1965).
265- Nous nous référons encore à l'article de N. LORAUX, loc. cit., (1982) p.
272.
QUATRIÈME PARTIE
HERITAGES
426
PREMIER CHAPITRE :
IMAGES DU TRAVAIL
d'un héros qui, après avoir des siècles durant peiné pour les
autres, été latris et même doulos, choisit de son plein gré la voie
de l'effort, ne peut être simple fantaisie. Même à l'échelle
grecque, le travail a une histoire et c'est cette histoire que nous
tenterons de retrouver. Dans cet "entrelacement des temps" dont
parle Althusser, le mythe semble appartenir au temps qui ne passe
guère. Pourtant, comme tout ce qui tient à l'histoire sociale de
l'homme, il évolue, lui aussi, et porte témoignage. C'est
précisément ce témoignage que nous voudrions évoquer, et,
puisqu'effectivement nous nous heurtons, dès l'abord, à cette
absence troublante "d'un terme à la fois spécifique et général"
(14) pour désigner le travail en Grèce, c'est à ce problème du
vocabulaire que, dans un premier temps, nous nous affronterons.
travaux" dans un cas (ergon aeikes ) (42), des efforts qui laissent
"à bout de souffle" dans l'autre (43). Même impression dans
YOdyssée, avec
misérable" (κακός-
plusμόρος
d'insistance
), ces encore
misèrespour
sansdire
bornes
"cette
(oïCuç
vie
άπειρέσια), ces travaux pénibles (χαλεποί άέθλοι) imposés par
"le pire des humains" (44). Nous sommes bien loin, on le voit,
de l'exploit athlétique ! C'est l'effort, la peine, la souffrance qui
s'imposent et l'accent, loin d'être porté sur la gloire du héros,
l'est sur l'ignominie qui fut son lot. Le paradoxe est même, dans
Y Odyssée y souligné par Héraclès lui-même, qui, à tant de
misères, oppose son illustre généalogie : fils de Zeus, petit-fils
de Cronos ! (45).
Reconnaissons-le, lorsqu'on abandonne un instant les
aventures d'Héraclès, les choses sont loin d'être aussi claires. Si
Ménélas,
"épreuves"recevant
que, pourTélémaque,
lui, dut affronter
parle,Ulysse,
dans YOdyssée,
c'est en un sens
des
qui peut paraître fort voisin (46). Mais d'autres occurrences
homériques d'athlos rendent, il faut bien le reconnaître, un son
différent : de T'exploit manifestement guerrier, dans Ylliade
(47), à l'épreuve de l'arc qui, dans YOdyssée, permettra au roi
d'Ithaque de prouver sa qualité (48). Mais alors, peut-on dire
que, lorsque le terme désigne autre chose que "des épreuves en
forme de concours ou de jeux" les exemples s'en trouvent "soit
dans YOdyssée soit dans les parties récentes de Ylliade " (49) ?
L'ambiguïté du terme concerne, me semble-t-il, les deux oeuvres
et il peut paraître raisonnable d'admettre, avec les auteurs du
Lexikon des frûhgriechischen Epos , que la peine et la souffrance
sont, dès les premières mentions que nous en connaissions, partie
intégrante de la notion d'athlos (50).
En ce qui concerne Héraclès, et c'est cela surtout qui nous
préoccupe, il est évident que l'aspect agonistique est tout à fait
second et que dans les poèmes homériques, les occurrences
d'aethlos , à son sujet, servent essentiellement à dire sa vie
pénible ou douloureuse... Elles font de lui "le malheureux" dont
se souviendra longtemps la tradition grecque (51).
Hésiode, par exemple, dit encore les "gémissants travaux"
du héros : un héros pourtant robuste et vaillant (52) ; un héros
qui, "sa grande tâche accomplie, habite chez les Immortels,
soustrait au malheur et à la vieillesse pour les siècles à venir"
(53). Pour la première fois s'exprime - et sur un autre plan
désormais que celui de la généalogie - le paradoxe du héros : la
misère d'une vie et la grandeur d'un destin. Dans ce court
passage que de choses sont dites ! Les exploits d'Héraclès sont,
dans une même phrase, stonoentas aethlous, "gémissants
434
d'Héraclès.
1) Pour les contemporains d'Homère, et disons-le, jusqu'à
Pindare qui fît beaucoup pour transformer l'image du héros,
qu'ont véritablement représenté les efforts douloureux - voire
humiliants - d'Héraclès ? A-t-on raison de tant affirmer que -
pour eux du moins - "Héraclès n'est pas un travailleur" ? (67)
2) Et s'il en est ainsi d'un héros dont l'action, de par sa
nature même, échappe à la commune mesure, qu'en est-il de la
règle générale ? Le travail était-il en Grèce aussi difficile à "dire"
qu'on l'a prétendu ? Le mot ergon nous a paru, à cet égard,
recouvrir un ensemble de notions à la fois plus variées et plus
générales que celles dans lesquelles l'avait cantonné J.-P. Vernant
et il nous plaît de constater que ces conclusions - fort partielles,
étant donné l'objet même de notre étude - rejoignent celles
d'études récentes consacrées à l'ensemble du problème.
Ainsi, dans un article suscité par le livre d'Alfonso Mêle,
sur le commerce dans la Grèce archaïque, Benedetto Bravo tend,
lui aussi, à réévaluer le concept de travail en Grèce, et cela,
précisément autour du terme ergon, qui, dit-il, "unifie un
ensemble d'activités fort disparates". C'est, écrit-il encore,
"l'union de la notion d'acquisition de biens et celles de l'effort
prolongé et pénible" qui fonde cette notion. Pour les Grecs, était
donc ergon "tout portos (tout effort prolongé et pénible) visant à
l'acquisition de chrémata (de biens matériels) de toutes sortes,
l'employeur)"
soit pour l'agent
(68).
lui-même,
Peut-êtresoit
est-ce
pour
aller
autrui
un peu
(pour
loinle: maître
la réalité
et
archaïque paraît plus nuancée et plus riche, on s'en convaincra en
lisant les études que, dans sa thèse, Raymond Descat consacre au
groupe lexical d'ergon dans les poèmes homériques (69) et dans
l'oeuvre d'Hésiode... (70) C'est tout un ensemble de relations
sociales autour de Yoikos qu'exprime le code $ergon (71)...
des relations que la lecture du Linéaire Β a d'ailleurs permis de
mieux comprendre en enrichissant la connaissance des formes
verbales de même famille : l'activité productrice, le service
public, l'obligation religieuse... (72). Ces liens que tissent entre
eux les mots du groupe d'ergon ne nous étonnent guère et
expliquent aisément la polysémie du terme.
Notions complexes certes, dans la mesure où conduite
économique, conduite religieuse et sociale se sont longtemps
confondues... Mais de cette complexité, on aurait tort de déduire
qu'il n'est pas possible, en Grèce, de parler du travail. Le nom
existait, qui, le cas échéant, pouvait aussi dire l'activité
productrice.
437
Tableau n° IX
EURYSTHÉE
impose un refuse Γ
athlos à athlos à
HERACLES
demande un refuse le
misthos à misthos à
450
dont
"patronne"
on connaît
des artisans,
le rôle,
Apollon
à Athènes,
Agyeus,par
c'est-à-dire
exemple,protecteur
comme
REPUBLIQUE FRANÇAISE. l
CONCLUSIONS
DEUXIEME CHAPITRE
IMAGES DU SACRIFICE
Géryon"
En Laconie,
que, selon
c'estPausanias,
encore "Héraclès
Bathyclès
emmenant
avait les
choisi
boeufs
pour
de
illustrer l'exploit du héros sur le trône d'Apollon à Amyclées
(282). A Chypre enfin, pour en terminer avec une énumération
qui risquerait d'être fastidieuse, le bas relief sculpté sur la base du
colosse d'Athiénau, généralement daté de la seconde moitié du
Vlème siècle (283), insiste de même sur la capture du troupeau :
A gauche de la représentation, Héraclès occupe toute la hauteur de
la composition, alors que les scènes qui l'opposent à Orthos le
chien - ici à trois têtes - de Géryon et à Eurytion se divisent en
deux registres ; le troupeau, en rangs serrés, défendu par son
bouvier, occupe, à lui seul, tout le registre inférieur (fig. 33).
"voleur"
Protecteur
et pourvoyeur
et gardien
de bétail,
des tel
troupeaux,
paraît bien
certes,
être Héraclès
mais aussi
; le
dixième de ses travaux, dans la rouge Erythie, peut bien être lu,
en effet, comme l'une de ces razzias, l'un de ces raids, par
lesquels, dans une société pastorale, on tente de s'approprier la
richesse essentielle, la base même de l'économie, celle qui règle
aussi bien les rapports d'amitié que les échanges.
Une fois de plus l'étude des sociétés traditionnelles vient
éclairer des pratiques que, sans leur exemple, on comprendrait
mal. Nombre de sociétés pastorales, en effet, légalisent de telles
"opérations de transfert" que la langue juridique nomme
abigéat : c'est le cas en Sardaigne où, de surcroît, le vol du
bétail fait souvent le balenîe, "l'homme valeureux... capable
d'assurer la survie de sa famille" (301) ; c'est le cas chez les
Berbères ou Yasrarfi (le "receleur" dans les traités de droit
coutumier rédigés par les Français) joue le rôle quasi officiel d'un
483
dit déjà : le combat contre Géryon est autre chose que la version
grecque du prototype établi par Trito pour ses descendants
indo-européens, les rapts de troupeaux autre chose qu'une
idéalisation "de la fonction guerrière" ; le prouvent bien, nous
semble-t-il, certains caractères du culte d'Héraclès, tout
particulièrement dans cet Occident parcouru par le héros, lorsqu'il
ramenait à Tirynthe ses boeufs à la démarche torse.
1-2 Nous passerons très vite sur cet aspect étudié depuis
longtemps par Jean Bayet (312). En Italie méridionale, ce n'est
pas en guerrier qu'apparaît Héraclès mais en protecteur de
l'agriculture, en garant de l'abondance, et ses fonctions paraissent
marquées d'une touche nettement apotropaïque : à Métaponte où
il est associé à Déméter et Perséphone, il est destructeur de
sauterelles ; à Crotone, il chasse les mouches ; entre Locres et
Rhégion, il éloigne les cigales... insectes certes nuisibles, mais
sans commune mesure avec ces monstres dont le héros avait
débarrassé le Péloponnèse ! On aurait tort, cependant, de ne voir
là que quelques particularités locales ; en Grèce, survivaient les
traces ténues de pareilles fonctions : dans la région de l'Oeta
Héraclès était nommé κορνοπίων et Pausanias rapporte qu'à
Olympie, Héraclès, sacrifiant à Zeus, sur l'autel fait des cendres
des victimes que, suivant certaines traditions, il avait lui-même
élevé, fut tellement incommodé par les mouches que sur le champ
il immola une victime à Zeus Apomyios. A peine le sacrifice
était-il achevé que l'on vit toutes les mouches s'envoler au delà de
l'Alphée (313)... Destructeur de sauterelles, chasseur de
mouches, Héraclès l'était donc aussi en Grèce et l'intérêt de ce
dernier exemple est de rapporter, sinon le sacrifice, du moins
l'érection de l'autel de cendres, lieu de ce curieux usage, à cet
Héraclès, dactyle de l'Ida, auquel Pausanias, dans le récit de sa
visite d'Olympie, fait tant de place (314)...
Mieux préservés encore en Occident qu'en Grèce propre
paraissent d'ailleurs avoir été les rapports avec les grandes
divinités dispensatrices de vie : Déméter et Coré-Perséphone en
Sicile, nous l'avons vu, mais aussi à Métaponte ; Artémis à
Poseidonia ; Héra surtout, à Crotone, où près du sanctuaire qu'il
avait fondé il régnait avec elle, sur les troupeaux bovins. Et, si
Tite Live mentionne encore les grasses prairies où toutes sortes de
troupeaux "paissaient sans berger", les archéologues mettent au
jour des ex-voto archaïques dont certains prouvent (un taureau
du Géométrique final, par exemple) qu'au cap Lacinion, c'était
485
bien une maîtresse des animaux que, dès cette époque, vénéraient
les Grecs (315). On est loin, avec ces exemples, du héros de la
seconde fonction!
viande..."
"Déméter nous fournit le pain, Dionysos le vin, Héraclès la
D'après
Figure
(ABV, Vases,
255
J. (6)
BOARDMAN,
The
; ARV
Archaîc
2 4(12).
Period,
Athenian
fig. 8.
Red
Héraclès à l'autel.
Olpé attiquc à figures noires (v. 490)
Musée du Louvre, F 338 (ABV 53)
D'après Hommes, Dieux et Héros de la Grèce,
catalogue de l'exposition de Rouen
(oct. 1982-janv. 1983) n° 103.
500
plus odieuse des morts que, dans l'Ile du Soleil, les compagnons
d'Ulysse poursuivirent les vaches d'Hélios, les immolèrent aux
Immortels et "banquetèrent six jours durant" (415) ; sacrifice
perverti et, là encore, "ensauvagé" (des feuilles de chêne au lieu
de l'orge blanche dont il ne restait plus, de l'eau en place de vin
dans les libations) ; sacrifice maudit : "les dépouilles
marchaient
broches" (416)
; les; sacrifice
chairs cuites
aux conséquences
et crues meuglaient
funestes,
autour
puisqu'à
des
exemple, (actuellement
d'Héraclès"
divinité" {mqm'lm
(461). Ce titre
) Amman)
qu'on
équivaut
rencontre
mentionnent
à celui de
dans
"ressusciteur
un bon
"ressusciteur
nombre
de la
CONCLUSIONS
TROISIEME CHAPITRE
chasse
"maîtresse"
: Sedna,
de lamaîtresse
Terre chezdes
lesphoques,
Tongousses,
chezà qui
les le
Esquimaux
chaman va;
demander (et au besoin voler) du gibier.
C'est pourquoi aussi bien Clara Gallini (563) que Walter
Burkert cherchent les antécédents du mythe de Géryon dans un
milieu de chasseurs et Walter Burkert, plus précisément,
rapproche la quête d'Héraclès des pratiques chamaniques : le
chaman apparaissant comme "l'aide surnaturelle des hommes,
celui qui a retiré les animaux des Enfers pour que les hommes
aient la nourriture nécessaire" (564) ... le mythe lui-même
précise-t-il se forgeant plus tard dans une société agricole et
urbaine (565). Reconnaissons que - pour difficile à démontrer
qu'elle soit - cette plongée dans la préhistoire de la Grèce éclaire
remarquablement les fonctions d'Héraclès : grand pourvoyeur de
viande consommable pour les hommes, grand pourvoyeur du
sacrifice également ! Et disons, pour terminer, que dans la Grèce
historique elle-même, survit fortement cette connexion entre
maîtrise des animaux et au-delà ; elle survit, par exemple, dans la
personnalité divine d'Artémis, et si, à l'époque classique, Héra
fait figure de déesse souveraine, épouse de Zeus et protectrice du
mariage, la réalité ancienne - si l'on en juge par les épiclèses de
la déesse - devait être - à Argos à tout le moins - assez proche
de celle-ci ; elle le reste d'ailleurs plus nettement, avons-nous vu,
dans l'Occident.
IS'SP
rôle central (il remarquait aussi que ce n'était pas là "une spécialité
de Grèce") (667).
Des exemples qu'il étudie se dégage l'idée que la
représentation de l'au-delà se concrétise, justement, comme lieu
d'origine de Yagalma : "comme tant d'objets mythiques dont la
représentation côtoie la leur, mais avec une espèce de
prédilection, les objets de prix, symboles coutumiers de richesse,
sont en relation nécessaire avec cet autre monde que postule la
pensée religieuse : tour à tour ils y descendent et ils en
proviennent" (668).
Quant à l'origine de cette notion mythique de la valeur, elle
dérive pour Louis Gernet des thèmes de la royauté magique et
cela ne fait pour nous aucun doute. Alain Bresson n'en croit rien,
pour qui "la valeur religieuse de l'or à l'époque d'Homère et
d'Hésiode, et à plus forte raison à l'époque archaïque et classique
n'est pas un héritage des royautés mythiques du passé" (669). η
est dommage que, trop soucieux sans doute de prouver le rôle de
la monnaie, il l'ait voulu aussi mécanique et immédiat, qu'il n'ait
pas vu à quel point la théorie de l'or comme "bien séparé" se
renforçait d'être replacée à l'époque où l'idée du trésor royal,
dépôt des richesses les plus rares, s'articulait "sur celle des sacra
protecteurs et efficaces que garde, en un réduit sûr, un roi de
légende, un dieu souverain" (670), dommage qu'il n'ait pas vu
que, dans cette optique, la monnaie, parce qu'elle tendait à
imposer, en quelque sorte, la valeur économique de l'or et à en
donner une représentation plus objective, s'accompagnerait dans
la mémoire sociale d'une autonomie accrue de la matière
mythique... rôle décisif dans l'évolution dialectique du vécu
humain et de l'imaginaire. Le fragment de Pindare que nous
citions tout à l'heure nous paraît, en ce sens, un témoignage
d'une importance capitale.
Encore un mot : parmi les exemples servant à la
démonstration de Louis Gernet, la légende de la toison d'or,
synthèse dit-il des deux éléments les plus significatifs de la
richesse, la richesse en troupeaux, la richesse en métaux
précieux. Or, dans les deux exploits d'Héraclès qui nous
occupent : le rapt des troupeaux de Géryon et la quête des
pommes d'or, ce sont les mêmes symboles qui apparaissent,
dissociés (et même chronologiquement séparés), pourtant
finalement solidaires et complémentaires... encore une raison qui,
550
Grecs.
Inutile de souligner ce que pareille reconstitution peut avoir
d'arbitraire ; l'interprétation "historique" des fresques a déjà été
vivement contestée : on lui oppose le caractère purement typique
de peintures dans lesquelles on se refuse à voir la trace
d'événements singuliers ; la connotation libyenne a, elle-même,
été fort discutée : ces scènes seraient égéennes, Cretoises et leur
intérêt "historique" consisterait, précisément à raconter, sur le
mode symbolique, les conditions de l'existence dans le monde
égéen du début du XVème siècle (687) ; enfin le caractère
guerrier de l'expédition a, lui aussi, été mis en question : il
s'agirait bien plutôt soit d'une visite pacifique, soit d'une sorte de
parade navale, probablement en rapport avec une fête religieuse,
célébration par exemple du retour de la saison des navigations
(688). De plus l'intérêt majeur de ces fresques paraît bien
être - outre l'éclairage qu'elles portent sur la très particulière
histoire de Théra - la possibilité de rapprochements, cette fois
incontestables et très étroits, qu'elles permettent avec la
civilisation mycénienne et, plus précisément, avec celle de
Mycènes même : éléments décoratifs retrouvés presque
identiques dans des tombes de Mycènes et de Prosymna (près
d'Argos !), frappantes analogies iconographiques... (689).
On l'aura deviné, il pourrait être tentant de retrouver à
Théra, le jalon d'une "migration vers la Libye d'un mythe des
Hespéndes qui serait ainsi attesté dès le quinzième siècle" (690) !
tentant sans doute, mais bien peu raisonnable. L'interprétation
libyenne, si "elle ne peut être tout à fait exclue" (691), n'est pas
suffisamment fondée d'une part ; d'autre part les liens ainsi
attestés avec la région de Mycènes et d'Argos ne seraient
véritablement probants que si, dès cette haute époque, le mythe
des Hespéndes était en rapport avec Héraclès, ce qui, on le sait
bien, n'est pas le cas. Quant aux reconstitutions aussi précises
qu'aventureuses de Sandro Stucchi elles sont plus douteuses
encore et nous ne pouvons y voir la moindre preuve d'une
antériorité de la localisation libyenne : localisation "coloniale"
sans aucun doute -et en ce sens François Chamoux avait
raison -, localisation secondaire, semblable, à cet effet, à la
tentative corinthienne pour situer en Epire les prairies de Géryon,
elle date - et sa précision relative, elle-même en fait foi - du
moment où déjà Héraclès était mis en rapport avec le mythe, où
553
sans cesse sur les êtres et sur les choses"... lieux où se manifeste,
de façon privilégiée "l'ambivalence fondamentale qui traverse la
nature"... lieux où, mieux qu'ailleurs, se perçoit le mystère de la
vie et de la mort... comment, mieux qu'Alain Motte dans le très
beau livre qu'il leur a consacré (737) dire à quel point ils furent,
pour les Grecs, "des images exemplaires de la vie", de la terre,
qui - et, cette fois, c'est Eschyle qui le dit - "engendre tous les
êtres, les nourrit, et en reprend à nouveau le germe fécond"
(738).
Tels sont bien les lieux où s'achève la quête d'Héraclès
- et peut-être faut-il regretter qu'Alain Motte l'ait "oublié",
lorsqu'il étudie les dieux qui s'y plaisent ou qui, à l'occasion s'y
donnent rendez-vous ? - (739). On ne s'étonnera pas que leur
nature même ajoute au sens des exploits qu'y accomplit le héros.
son empire
mort" (742).sous
Dans
terre,
la région
ni que de
nosCoronée
âmes s'attroupent
encore (sur
là la
après
rivenotre
Sud
du lac Copaïs), existe un temple à Héraclès surnommé Charops,
par lequel - disent les Béotiens - Héraclès avait ramené le chien
du dieu des Enfers (743).
Mêmes traditions, enfin, à Trézène et Hermione, plus
proches d'Argos : A Trézène, c'est dans le temple d'Artémis que
des autels aux dieux infernaux cachent deux ouvertures, l'une
par laquelle Dionysos retira Séléné des enfers, l'autre par laquelle
Héraclès emmena Cerbère (744). A Hermione, c'est derrière le
temple de Déméter Chthonia - dont les portes se referment sur
des vaches conduites à un bien curieux sacrifice (745) - que trois
grandes places fermées par des balustrades de pierre évoquaient
de façon fort précise les Enfers : l'une était appelée marais de
l'Achéron, l'autre vouée à Hadès, l'autre à Clyménos à qui les
habitants sacrifiaient également dans un temple face à celui de
Déméter Chthonia. Pausanias, qui paraît avoir entendu dire que ce
Clyménos était (comme Héraclès !) un Argien, pense que ce
pourrait être plutôt "quelque surnom du dieu des Enfers..." La
place qui portait son nom, en tout cas, ouvrait sur les Enfers et
par là, pensait-on, Héraclès avait ramené sur terre le chien de
l'Hadès (746).
Ainsi l'aspect infernal d'Héraclès existe indépendamment
de Géryon, comme existe aussi, indépendamment du monstre
triple, son rapport aux sources (747), comme existent enfin,
indépendamment d'Erythie et du pays des Hespérides, les
rapports du héros avec les jardins, avec les prairies humides et
fécondantes, certes, mais inquiétantes et parfois maléfiques.
Telles sont, en effet, les prairies marécageuses d'Argolide
décrites par Strabon et, en particulier, le marais de Lerne situé
sur le territoire d'Argos et de Mycènes (748), tels sont les vallons
ombreux de Némée (749), telle est encore la région du lac
Stymphale où Héraclès est présent dès ses premiers travaux et où
son combat contre les oiseaux "quel que soit le sens mythique
qu'on lui donne, perpétue le souvenir d'un temps où la région,
envahie par le marécage, se peuplait d'oiseaux aquatiques" (750).
Il est vrai que de tels exemples pourraient, à la limite,
conforter la thèse de J.H. Croon (ces leimones sont tous, après
tout, le lieu des combats mythiques du héros !). Il en est
d'autres, toutefois, qui échappent à cette logique : c'est, par
564
était pas oublié, alors que, sur la statue d'or et d'ivoire conçue par
Polyclète, Zeus est représenté sous la forme d'un minuscule
coucou perché sur son sceptre (768).
Quant à Héraclès, n'était-il pas le serviteur désigné de la
déesse, à une époque que nous imaginons volontiers très
reculée... une époque que pourrait évoquer, sans doute,
l'Héraclès dactyle dont le souvenir, grâce à Pausanias, est
parvenu jusqu'à nous... une époque que les premiers travaux et
l'espace qui les détermine nous aident à concevoir... une époque
que, peut-être, permet encore de retrouver un attribut commun :
le lion. Lié à Héraclès, dès les débuts de sa légende, le lion l'est
également à la déesse, si l'on en juge par la statuette archaïque
retrouvée à Délos et décrite par Pierre Lévêque comme la
représentation indubitable d'une maîtresse des fauves (769) et si
l'on en croît Callimaque pour qui la statue d'Héra à Samos et à
Argos reposait sur une peau de lion (770). De cette πότνια θηρών
la Grèce ne se souviendra guère, l'Italie beaucoup mieux, nous
l'avons vu (771) ; elle revivra au temps de Lucien dans la grande
déesse syrienne qui, associée elle aussi à des lions, perpétue le
nom d'Héra (772).
11- Cf. J.-P. VERNANT, loc. cit., p. 198 et N. LORAUX, n Ponos", sur
quelques difficultés de la peine comme nom du travail, dans
Archeologia e storia antica, IV, Naples, 1982, pp. 171-192.
12- Je renvoie, sur ce point, au prologue de cet ouvrage : Le mythe/mode
d'emploi.
13- L'expression est empruntée à L. GERNET.
14- J.-P. VERNANT, loc. cit., pp. 198-199.
15- A. AYMARD, Hiérarchie du travail et autarcie individuelle dans la
Grèce archaïque, Revue d'histoire de la philosophie et d'histoire
générale de la civilisation, 1943, pp. 124-146, repris (et condensé)
dans Journal de Psychologie, 41, 1948, 1, pp. 29-45 ; J.-P.
VERNANT, voir note 8 supra.
16- N. LORAUX, loc. cit., (Ponos ), Cf. note 1 1.
17- J.-P. VERNANT, Prométhée et la fonction technique, op. cit., pp.
185-195, particulièrement p. 194.
18- J.-P. VERNANT, Le travail et la pensée technique, op. cit., p. 220.
19- Voir note 11.
20- N. LORAUX, loc. cit., p. 184 et note 72 (Philoctète, 1419, 1420,
Trachiniennes, 21, 170, 825 (où Ponos dit l'exploit), 70, 356 (où il
dit la servitude), 680, 985 (où il sert à désigner la souffrance
physique).
21- C'est vrai de SOPHOCLE (cf. note précédente) et dTEURIPIDE (pour
Alceste 481, 1149-1150 ; pour Héraclès ; 22, 357, 388, 427, 1275,
1353, 1410). Cf. N. LORAUX, loc. cit., p. 185 sq..
22- P. CHANTRAINE, Dictionnaire étymologique de la langue grecque,
Π, 881, 5.v. πένομαι.
23- Mochthos "peine, effort, difficulté" d'après P. CHANTRAINE, op.
cit., Π, 716. EURIPIDE, Héraclès : 698, 830, 1270 (mais pas 281 où
mochthos ne s'applique pas aux travaux d'Héraclès) et chez
SOPHOCLE, Trachiniennes, 1046-1047 (verbe μοχθέω) - voir
encore N. LORAUX, loc. cit., p. 185 et noie 70.
24- P. CHANTRAINE, op. cit., p. 881. Il est vrai que les occurrences
connues, chez Homère par exemple, concernent souvent les travaux
ménagers. Il se pourrait d'ailleurs que πένομαι ait originellement
désigné une sorte particulière de travail ménager (FRISK, s.v.,
πένομαι).
25- F. MAWET, Le vocabulaire homérique de la douleur, Mémoires de la
classe de Lettres, LXIII, 4, Bruxelles, 1979 ; en particulier pp.
376-381, pour l'étude des mots de la famille de ponos.
26- F. MAWET, op. cit., pp. 379-380.
571
Laomédon est déjà mentionné dans l'Iliade (VII, 472 et ΧΠ, 441).
Apollon, quant à lui, avait dû servir chez Admète (comme berger de
ses troupeaux) pendant huit ans (APOLLODORE III, 122 = ΠΙ, 10, 4).
1 13- Fragment n° 16 Héracléia éd. KINKEL : Ep. gr. Frg. I p. 261.
1 14- Hymne homérique à Déméter, 9 1 .
1 15- Sur Dédale (et sur Hépha&tos) voir M. DELCOURT, Héphaïstos ou
la légende du magicien, Paris, 1957 ; F. FRONTTISI-DUCROUX,
Dédale, Mythologie de l'artisan en Grèce ancienne, Paris, 1975.
116- Cf. Istvan HAHN, loc. cit., p. 12.
1 17- APOLLODORE, II, 88-91 (= II, 5, 5).
118- DIODORE DE SICILE, IV, 13, 3. Voir encore PAUSANIAS, V, 1,
9-11 : pour lui, Héraclès dut nettoyer non seulement les étables
d'Augias, mais encore tout le pays.
119- PINDARE, Olympiques, X, 34-35. On pourrait toutefois penser que
l'épisode était connu d'Homère qui, dans le Catalogue des vaisseaux,
mentionne Mégès, fils de Phylée et précise que ce dernier avait jadis
émigré à Doulichion "par courroux contre son père". (Iliade, II,
627-630). Or on sait que le fils d'Augias, pour avoir pris le parti
d'Héraclès contre son père, avait été contraint de quitter l*Elide
(APOLLODORE II, 88-90 = II, 5, 5).
120- PAUSANIAS, V, 10, 9.
121- F. BROMMER, Herakles, die zwôlf Taten des Helden in antiker Kunst
und Uteratur, Miinster/Kûln 1953, Appendice p. 88 et tableau p. 54.
122- G. ORSOLINI et C. DI BARI, L'elaborazione elettronica dei vasi
atu'ci a figure nere e rosse del Corpus vasorum antiquorum, colloque de
Rouen (1982), Image et céramique grecque, Rouen, 1983, pp. 81-90.
123- On imagine mal, par exemple, les colons grecs offrir à la clientèle
indigène cette image de leur archégète, du héros qui, avant eux, était
venu conquérir et apporter la civilisation du pays.
124- SÉNEQUE, Hercule furieux, 247-248. C'est d'ailleurs la seule
mention de ce "turpis labor", alors qu'à plusieurs reprises, tant dans
Hercule furieux que dans Hercule sur l'Oeta, les travaux du héros sont
complaisamment rappelés.
En ce qui concerne les mosaïques représentant le cycle des travaux
d'Hercule (une dizaine environ) voir S. GOZLAN, H. LAVAGNE,Au
dossier des mosaïques héracléennes : Acholla (Tunisie), Cartama
(Espagne), St-Paul-les Romans (Gaule), RA, 1979, 1, pp. 35-72 et
1979, 2, pp. 269 sq. , Pour la mosaïque d'Ostie cf. F.
SQUARCIAPINO, Fatiche dErcole, Archeologia Classica, X, 1958,
Ercole e le stalle di Augia in un emblema ostiense, pp. 106-1 1 1. Pour
578
230- Cf. J. BAYET, Les origines de l'Hercule romain, Paris, 1926, p. 140.
Depuis J. BAYET les découvertes archéologiques ont attiré l'attention
sur ce sanctuaire où existait, avant le temple du Vème siècle, un
édifice archaïque avec autel intérieur de plan beaucoup plus ramassé, où
l'on a retrouvé de nombreux ex-voto (dont un taureau du géométrique
final). Signalons encore que, dans l'enclos sacré, ont été mis au jour
des vases mycéniens.
231- Cf. J. TOUTAIN, Observations sur le culte d'Hercule à Rome, REL,
1928, pp. 200-212. Cf. aussi notre article, De l'Héraclès grec à
l'Hercule romain, Concilium Eirene, Prague 1983, 1, pp. 267-273.
Ou encore ici même notre épilogue.
232- Cf. F. Van WONTERGHEM, Le culte d'Hercule chez les Paeligni,
AC, XLII, 1973, 1, pp. 36-48.
233- Cf. infra., les rapports d'Héraclès et du sacrifice, cf. aussi J.-L.
DURAND, F. LISSARAGUE, Héros cru ou hôte cuit : histoire quasi
cannibale d'Héraclès chez Busiris, Image et céramique grecque, Rouen
1983, pp. 153-167 et discussion pp. 180-181.
234- APOLLODORE, Π, 73 (= Π, 4, 12).
235- DIODORE, IV, 9, 4 à 6. Pour PINDARE, c'est Tirésias qui annonce
le destin d'Héraclès (Néméennes, I, 55-75). SOPHOCLE
(Jrachiniennes, 824-826) évoque pour sa paît "les prédictions de
l'antique oracle".
236- Cf. Istvan HAHN, Dieux et héros comme esclaves et mercenaires,
Index, 10, 1981. p. 13 sq.. L'auteur cependant gomme les états
successifs du mythe, dans la mesure où il fait de tous les épisodes
disant la servitude des dieux et héros la même conséquence d'un
meurtre.
237- Cf. Istvan HAHN, loc. cit., p. 16.
238- APOLLODORE, II, 64 (= Π, 4, 9). Il est vrai qu'Apollodore rapporte
qu'Héraclès a dû se présenter devant les tribunaux, et se défendre en
invoquant la loi de Rhadamante.
239- G. GLOTZ, La solidarité de la famille dans le droit criminel en Grèce,
Paris 1904.
240- G. GLOTZ, op. cit., pp. 50-81.
241- On pourrait trouver là, d'ailleurs, une confirmation des thèses de G.
GLOTZ, sur l'étymologie de poinè. Contre ceux qui veulent retrouver
dans ce terme un radical exprimant la pureté et qui, rapprochant πυρ et
ποινή comme ils rapprochent purus, punire, poena en latin,
estiment que "dès le berceau des langues indo-européennes" poinè
serait ainsi "la punition comme moyen de purification", il fait valoir
588
1368. Cf. du même auteur Cesnola collection p. 234 sq. Cf. aussi
PERROT et CHIPIEZ, op. cit., pp. 373-374. La reproduction que
nous donnons ici (fîg. 33) est celle du dessin de CECCALDI,
Monuments antiques de Chypre, pi. V. Notons cependant que pour P.
GARDNER (Cacus on a black-fîgured vase, J.H.S., ΧΠΙ, 1892-1893,
pp. 70-76) la sculpture représente non pas l'épisode de Géryon, mais
celui de Cacus (p. 74 sq.).
284- APOLLODORE II, 63-64 = Π, 4, 9.
285- APOLLODORE Π, 63-64 = II, 4, 9. Pour Apollodore, c'est de la
dépouille de ce premier lion que se revêt le héros et c'est de sa tête qu'il
se sert, en guise de casque. Selon le scholiaste de Théocrite (XIII, 6)
Héraclès aurait tué trois lions celui de l*Hélicon (ou de Cithéron), celui
de Lesbos, celui de Némée.
286- APOLLODORE II, 67-70 = II, 4, 1 1.
287- SOPHOCLE, Trachiniennes, 1092.
288- APOLLODORE, II, 77 = II, 5, 2.
289- EURIPIDE, Héraclès, 377.
290- APOLLODORE, II, 83 = 11, 5, 4.
291- APOLLONIOS DE RHODES, Us Argonautiques, IV, 1337-1342.
292- Epigramme d'ARCfflAS dans YAnthologie de Planude, 92 : "Dans
les champs de Némée, ne tremblez plus, paysans, au profond
rugissement du lion qui dévore les taureaux ; le voilà terrassé :
Héraclès le champion lui a serré la gorge dans ses bras tueurs de
fauves. Relâchez vos troupeaux : que de nouveau Echo qui hante le
vallon solitaire entende leur mugissement".
293- La région où paissent les troupeaux d'Augias est d'ailleurs une région
agricole "vouée principalement à l'élevage et, ce qui est plus
exceptionnel en Grèce, apte à l'élevage des bovins". R. BALADIE, Le
Péloponnèse de Strabon, étude de géographie historique, Paris, 1980,
p. 187.
294- APOLLODORE, Π, 88 » Π, 5, 5.
295- Dans le premier chapitre de cette quatrième partie.
296- D'où le nom d'Héraclès léontophonos que, depuis l'édition de
Calliergis, porte cette idylle. Cf. Ph. H. LEGRAND, Bucoliques
Grecs, t. Π, Paris, 1953. Notice à la XXème idylle, p. 8. Dans la
vulgate du mythe existe, sur un autre plan, cette admiration de Phylée
pour Héraclès, puisque, dans le conflit qui, au sujet de misthos,
oppose son père au héros, il prend parti pour ce dernier
(APOLLODORE II, 88-90, H, 5, 5). Rappelons à ce sujet que,
présentant Phylée comme émigré à Doulichion "par courroux pour son
593
père" (Iliade II, 627-630), Homère paraît avoir connu cette version du
mythe.
297- THÉOCRITE, Idylle, XXV. Cette idylle, qui ne figure que dans
quelques manuscrits, n'est pas donnée dans l'édition des Belles Lettres
(E. LEGRAND, Bucoliques Grecs, I, Théocrite, Paris, 1925). Le
texte, d'ailleurs, pose problème ; on a voulu y voir les fragments
d'une oeuvre consacrée à Héraclès ; d'aucuns ont même évoqué à leur
sujet Pisandre de Rhodes (REISKE), ce qui paraît pour le moins
douteux ; voir à ce sujet la notice de Ph. H. LEGRAND, op. cit.,
pour qui la facture de l'idylle est hellénistique et ne diffère "en rien
d'essentiel" d'une oeuvre de Théocrite. Notre traduction est fondée sur
l'édition anglaise, avec traduction et commentaire de A.S.F. GOW,
vol. I, Cambridge, 1952. Pour la description des troupeaux voir les
vers 85 à 95. Selon Lucien (Pseudomantis, 1), Augias aurait eu trois
mille boeufs.
298- APOLLODORE, Π, 106 = IL 5, 10.
299- Nous aurons, bien sûr, à revenir sur ces pâturages où paissent aussi
bien les boeufs de Géryon que ceux d*Hadès.
300- Selon POMPONIUS MÊLA (II, 5) qui rapporte l'anecdote de la pluie
de cailloux sur la Crau, ces deux chefs s'appelaient Albion et Bergius.
Cf. encore ANTONINUS LIBERALIS, Recueil de métamorphoses,
qui rapporte que "les Celtes ont combattu Héraclès, pour lui enlever
les génisses de Géryon, d'après NICANDRE et ATHANADAS".
301- D'après M. LE LANNOU, cité par L. GALAND, Le vol de bétail dans
le monde méditerranéen, Gli interscambi culturali e socio-economici
fra l'Africa settentrionale e VEuropa mediterranea, Actes du Congrès
International d'Amalfî (1983), éd. L. SERRA, Naples, 1986, pp.
369-378. C'est à L. Galand que nous empruntons les deux exemples
suivants.
302- Cf. L. GALAND, loc. cit., p. 371.
303- HOMERE, Odyssée, XIV, 100-108.
304- HOMERE, Iliade, XI, 669-761.
305- DIODORE DE SICILE, IV, 36, 3. Nélée exigea ce présent de ceux qui
recherchaient sa fille en mariage. C'est, on le sait, Mélampous qui
obtint les boeufs dlphiclès pour son frère Bias qui les remit à Nélée.
Cf. aussi APOLLODORE qui précise que ces boeufs d'Iphiclès se
trouvaient à Phylaque.
306- APOLLODORE, II, 54-56 «11,4,6 (le passage est, dit le scholiaste,
tiré d*Hérodore). Cest pour rejoindre l'un des boeufs qui s'était échappé
qu'Amphitryon, jetant une massue, frappe accidentellement Electryon
594
J.H. CROON, loc. cit., pp. 288-289 et note 7. et ici même note 340.
367- On se rappellera qu'Apollonios ne voit, dans la querelle qui oppose
Héraclès et Théiodamas pour le boeuf de labour, qu'un prétexte pour
porter la guerre chez les Dryopes. La faim n'est plus ici que parabole,
médiation par laquelle passe la fonction acculturante du héros.
368- τφ Σποδιφ (Loéb, IV, p. 220) et non Πολιφ (Clavier, V, p. 65).
369- PAUSANIAS, IX, 12, 1. (έργάτας· βοΰς·).
370- Scholie au vers 132 des Phénomènes d'ARATOS. Cf. édition
MARTIN, p. 138.
371- Cf. K. MEULI, Griechische Opferbrauche, Phyllobolia, Festschrift P.
von der Mûhll, 1946, pp. 185-288 (et C.R. par A.J. FESTUGIERE,
REG, 59-60, 1946, pp. 447455) ; W. BURKERT, Homo necans,
The Anthropology ofAndent Greek sacnfidal Ritucd and Myth, éd. de
1983 (Berkeley/Los Angeles) p. 16 (1ère édition Berlin, 1972). Pour
mieux comprendre cette "comédie de l'innocence" qu'éclairent bien
certains travaux anthropologiques, on pourra se reporter au livre de E.
LOT-FALCK, Les rites de chasse chez les peuples sibériens, Paris,
1953. On y voit bien le sentiment de culpabilité du chasseur, qu'il
s'agisse de restrictions verbales pour dissimuler le meurtre : on
"arrête" l'ours, on "fait descendre" l'oiseau (chez les Bouriates), le fusil
est nommé "la baguette" , et la balle destinée à l'ours porte le nom
altaïen qui, dans la vie courante, désigne le cadeau fait par le jeune
homme à sa fiancée etc... Qu'il s'agisse de la volonté manifeste du
chasseur de ne jamais porter seul la responsabilité du meurtre (on
pense, évidemment aux Bouphonies !) : les Yakoutes, au moment de
la mise à mort, tirent tous en même temps sur l'ours ; le chasseur
Votiak a, pour sa part, recours à une tierce personne pour donner le
coup de grâce à l'animal pris au piège ; le Toungousse, avant de
manger l'ours, lui assure que c'est une flèche, une hache, un fusil,
"faits par les Russes" qui l'a exterminé... etc. Pour une bibliographie
du sacrifice, cf. J. SVENBRO, Bibliographie du sacrifice grec, La
cuisine du sacrifice en Grèce ancienne, Paris, 1979, pp. 309-323.
372- On se référera bien entendu au livre collectif : La Cuisine du sacrifice
en pays grec, M. DETIENNE, et J.P. VERNANT éditeurs, Paris,
1979 ; à l'article de JP. VERNANT, Théorie générale du sacrifice et
mise à mort dans la θυσία grecque, dans Entretiens sur l'Antiquité
classique : le sacrifice dans l'Antiquité, XXVII, Genève 1980, pp. 1
à 21, discussion pp. 33 à 39 et, plus particulièrement aux études
proposées par J.L. DURAND, Le corps du délit, Communications,
XXVI, 1977, pp. 46-61; Le rituel du meurtre du boeuf laboureur et les
599
trapeza dans l'espace où sacrifie Héraclès cf. J.L. DURAND, loc. cit.,
p. 180 ou encore p. 153 dans les Actes du Colloque de Rouen, op.
cit., Image et céramique grecque.
409- Cf. J.L. DURAND, Du rituel comme instrumental, dans La cuisine du
sacrifice, op. cit., p. 180.
410- CONON, Narrations, XI, 'Ηρακλής- 8è χαλεπήvac èVa των
βοών κατασφάζας- αυτός* τε θοιναται και τω παιδί
δΐδωσιν.
411- LACTANCE, Div. Inst., I, 21.
412- J.P. VERNANT, loc. cit., (Fondation Hardt), p. 6.
413- PORPHYRE, De l'abstinence, II, 25, 3 et 7.
414- J.P. VERNANT, Manger au pays du soleil, La cuisine..., op. cit., pp.
239-249.
415- HOMERE, Odyssée, 1, 5-9, et XII, 312-449.
416- HOMERE, Odyssée, ΧΠ, 395-396.
417- HOMERE, Odyssée, 1,9; cf. aussi XII, 419.
418- On en trouvera la reproduction dans l'article de R. BLATTER,
Herakles beim Gelage, Archàologischer Anzeiger, 91, 1976, pp. 49-52
(reproduction p. 51).
419- La massue est appuyée contre le lit ; sous le lit une peau de bête
avait (elle ressemble à la peau d'une panthère) fait penser d'abord à
Dionysos.
420- Athéna, proche d'Héraclès, tourne la tête vers l'arrière, ce qui tendrait à
prouver qu'elle attend d'autres "invités".
421- Hymne homérique à Hermès, 130-135.
422- On se reportera, pour un parallèle avec le comportement d'Héraclès
dans le mariage qui, comme le dit J.P. VERNANT, "est à la
consommation sexuelle ce que le sacrifice est à la consommation de
nourriture carnée", à la belle étude de Ch. SEGAL, Mariage et
Sacrifice dans les Trachiniennes.AC, 44, 1975, pp. 31-53.
423- Hymne homérique à Hermès, 344. Sur le terme admetes qui désigne
ces boeufs divins, on se reportera à l'étude de L. KAHN-LYOTARD,
Le récit d'un passage et de ses points nodaux, // Mito Greco, op. cit.,
pp. 107-117, singulièrement p. 111 et note 22.
424- LYCOS DE RHEGION, cf. F. Gr. Hist., ffl B, 570 F 1 a (scholie à
ARISTOPHANE), 1 b (PHOTIUS). Cf. aussi, SUIDAS, s.v.,
Λαρινοι βοές*.
425- DIODORE DE SICILE, IV, 18, 3.
426- DIODORE DE SICILE, IV, 23, 4.
427- Cf. supra., le troisième chapitre de notre seconde partie.
603
particulier pp. ISO sq. Cf. peut-être aussi l'édifice non identifié de
l'Oeta. Sur le problème des repas rituels dans les sanctuaires cf. M.S.
GOLDSTEIN, The Setting of the Ritual Meal in Greek Sanctuaries :
600-300 B.C., Berkeley, (ni Thasos, ni Kition-Bamboula n'y figurent,
mais on lira pp. 333-342 la description du bâtiment Ouest (VII) de
Xhéraion d'Argos comme salle de banquet du sanctuaire).
483- Cf. au Cynosargues, voir supra p. 359.
484- F. de VISSCHER, Herakles epitrapezios, Paris, 1962.
485- Construisant son analyse du sacrifice d'Hermès dans l'Hymne
homérique sur l'opposition hiéros - hosios, L. KAHN-LYOTARD
(Joe. cit., Il mito Greco ) conclut "qu'Hermès ouvre une brèche dans le
mur qui sépare les deux espaces du sacrifice et passe" (p. 115). Une
fois de plus nous voyons se croiser les chemins du héros et du dieu.
486- La terrasse supérieure avec son mur cyclopéen paraît dater de la seconde
moitié du VlIIème siècle. Sur l'Héraion d'Argos on verra : Ch.
WALDSTEIN, The argive Heraeum I/II, 1902-1905 ; C.W.
BLEGEN, Prosymna : the Helladic Seulement preceeding the argive
Heraeum, 1937 ; A. FRICKENHAUS, Tiryns, I, 1912, pp. 114-120.
Cf. encore P. AMANDRY, Sur les concours argiens, Etudes
Argiennes, supplément BCH, VI, 1980, pp. 211-253 ; et du même
auteur : Le bouclier d'Argos, BCH, 107, 1983, pp. 627-634.
487- Sur le réaménagement du sanctuaire, et, en particulier sur le nouveau
temple construit dans la deuxième moitié du Vème siècle, cf. G.
MILLER, A/A, 77, 1973, pp. 9-10.
488- PAUSANIAS, II, 17, 1.
489- On a même pensé qu'Héra était l'héritière d'une déesse zoomorphe, ce
que réfute E. SIMON, Die Gôtter der Griechen, Munich, 1969, p. 35
sq. : les multiples découvertes des boeufs ou des taureaux ne doivent
pas être prises comme des représentations de la déesse, mais comme
attestation de ses offrandes préférées ; de même les maisons à abside
qui furent ses premiers temples et, et qu'en terre cuite, on lui offrait
comme ex-voto, seraient vraisemblablement des "étables" (p. 38)
agréables à recevoir pour une divinité protectrice des troupeaux.
490- Etymologicum Magnum, s.v. ΖευζιδΙα. Pour les rapports d'Héra
avec les génisses voir encore FARNELL, op. cit., I, p. 181 et COOK,
Zeus, I, p. \44sq..
491- HÉRODOTE, I, 31 ; PAUSANIAS, II, 20, 3.
492- PINDARE, Olympiques, Vu, 83, Néméennes, X, 22-23 (et scholies).
493- Cf. le terme βων qui dans l'Iliade, VII, 238 désigne le bouclier. Cf.
W. BURKERT, Homo necans, op. cit., p. 167 et note 26.
608
135-136.
504- Héraclès et Géras. Péliké du Louvre (G. 234), trouvée près de Capoue
ARV (2) p. 286-16 (vers 480-470).
505- Toutes les citations des notes 505 à 508 appartiennent au texte de la
version assyrienne : ici tablette VI d'après la traduction en langue
anglaise de S.N. KRAMER dans J.B. PRITCHARD, Ancient Near
eastern Texts, Princeton, 1950. Traduction proposée par M.
LETURMY, Dieux, héros et mythes, Paris, 1958. Notons encore ici
que le poème, pour dire la mort d*Enkidu, utilise cette périphrase Ta
atteint le destin de l'homme".
506- Tablette Vu, col. 3.
507- Tablette Vffl, col. 2.
508- Tablette Vu, col. 4.
509- Ce texte extrait de la tablette X (col 1 et col 4) est celui d'une ancienne
version babylonienne. Cf. Gilgamesh et sa légende, études recueillies
par P. GARELLI à la Vllème Rencontre Assyriologique
Internationale, Paris, 1960. On trouvera dans ce volume une
importante introduction bibliographique et une étude des différentes
versions de la légende.
510- On se reportera sur ce point à la rapide étude des sources que nous
avons faites dans notre prologue et, pour plus de précisions, au
chapitre "Retour aux sources" de notre seconde partie.
511- X Col. 1 (Version babylonienne).
512- Tablette XI.
513- On se reportera au récit du voyage vers Erythie chez APOLLODORE
(II, 106-112 = Π, 5, 10), aux menaces d'Héraclès contre le soleil et à
l'aide que finalement lui apportera ce dernier pour traverser l'Océan.
514- Ainsi E. CLAVIER ajoute vingt enfants à la liste déjà longue
d'Apollodore Π, 78 (et II noie 47 pp. 331-332) et selon ARISTOTE
(Hist Anim. VU, 6 ) Héraclès eut soixante-douze enfants dont une
seule fille.
515- DIODORE DE SICILE, IV, 29, 3. Pour APOLLODORE toutefois
(Π, 66 = IL 4, 10) Héraclès disposa de cinquante nuits.
516- J. BAYET, Hercule funéraire, MEFR, XXXIX, 1921-1922, pp.
219-266 et XL, 1923, pp. 18-102.
517- En 1926, dans la quatrième partie (chapitre ΙΠ) de son étude des
Origines de l'Hercule romain, Paris, 1926.
518- MEFR, loc. cit., chap. VII.
519- On pourrait contester, par exemple, que l'olivier ait toujours "une
signification infernale nette"... de même que l'eau, surtout quand elle
est contenue dans une amphore (cf. supra, p. 361 et note 39, pour
610
580- On la verra, par exemple, identifiée par une inscription sur les deux
amphores chalcidiennes du milieu du Vlème siècle dont nous donnons
la représentation fîg. 31.2. et fig. 39.
581- PAGE, PMG, frg. 18 LGS, 56A, frg. 3. Mais était-ce une
innovation ? Pour Homère, on le sait (Iliade, VIII, 360-369) Athéna a,
de nombreuses fois, sauvé Héraclès "lorsqu'il était à bout de souffle au
cours des travaux dEurysthée".
582- Dans les fragments 1 1 , 19 et 25 du papyrus.
583- APOLLODORE, Π, 114 ■ II, 5, 11. Servius dans son Commentaire
de l'Enéide, 1, 484 dit qu'Hésiode l'enseignait ainsi. Cf. HÉSIODE frg.
360 (MERKELBACH-WEST, 1967).
584- Argonautiques, TV, 1399. Pour HELLANICOS (F. Gr. Hist., 4 F
1 10) Erytheia. est, de plus, la mère d'Eurytion.
585- PAUSANIAS, X, 17, 5. Norax était, assure-t-on, fils d'Hermès et
d*Erythie, fille de Géryon. PAUSANIAS est suivi par STEPHANE
DEBYZANCE.
586- PAUSANIAS, V, 19, 1.
587- ESCHYLE, Agamemnon, 870.
588- APOLLODORE, Π, 5, 10 = 11, 106.
589- Cf. Di. PAGE, L.G.S., Oxford, 1978, frg. 4.
590- Cf. D.L. PAGE, L.G.S. 56 (« PAGE, PMG 186).
591- Cf. DL·. PAGE, L.G.S. 56 (= PAGE, PMG, 186).
592- Cf. p. 478-479. Cf. fig. 31.2.
593- Amphore de Caere conservée au British Muséum (cf. WALTERS, Π,
Β 155), cf. RUMPF, op. cit., 10 et 47 n° 6-65 pi. 13-15, Cf. encore
GERHARD, Auserlesene ... op. ciL, pi. CCCXXIII, et CROON
représentée ici fig. 39.
594- Cf. supra, pp. 280-281 ; Cf. encore G.Q. GIGLIOLI, L'Arte etrusca,
Milan, 1935, pi. CCXLVffl.
595- Bronze conservé au Musée des Beaux Arts à Lyon (Inv. L. 1) cf. notre
figure 40. Cf. S. BOUCHER Bromes grecs, hellénistiques et étrusques
de Musées de Lyon, Paris, 1970, pp. 72-73, n° 50, qui le date de la fin
du Vlème siècle.
596- On trouvera d'autres exemples dans l'article de A.M. ADAM, Monstres
et divinités tricéphales dans l'Italie primitive, MEFRA, 97, 1985, 2,
pp. 577-609.
597- Cf. supra, p. 59 note 237 et surtout p. 487 note 332.
598- Cf. B. LIOU-GILLE, Cultes "héroïques" romains, Les Fondateurs,
Paris 1980, pp. 25-30.
599- Cf. supra note 596.
615
680- Cf. p. 99. Nous reprenons ici la traduction donnée par J. DESANGES,
op. cit., p. 406. Nous n'avons pu consulter : A. PERETTT, // periplo
di Salace. Studio sul primo portolano del Mediterraneo, Pise, 1979.
681- S. STUCCHI, II giardino délie Esperidi e le tappe délia conoscenza
greca délia costa cirenaica, Quaderni di Archeologia délia Libia, 8,
1976, pp. 19-73. Le périple donne comme voisin du jardin le golfe de
Phykos (ψύχους- κόλπος")
682- S. FERRI, Historia. Studi stor. per l'ont, class. I, 3, 1927, pp. 66-107
et dans Quad. di. Arch. delta Ubia, 8, 1976, pp. 11-17. F. VIAN et E.
DELAGE, op. cit., notice p. 63 et note 3, sont très réservés quant à
l'interprétation jugée "hasardeuse" du relief hellénistique trouvé à
Benghazi.
683- F. CHAMOUX, Cyrène sous la monarchie des Battiades, Paris, 1952,
p.280.
684- Sp. MARINATOS, Excavations at Thera I, Athènes 1968 à VII,
Athènes 1976. La fresque décore la salle S de la maison dite de
l'Amiral et date de la fin de la période d'occupation des grandes maisons
d'Acrotiri (1550-1490 av. J.-C).
685- On trouvera l'exposé de cette controverse dans l'article de O. LONGO,
Théra (Santorino) e l'enizione del 1500 ax. dans Mena e Roma, 1985,
fasc. 3-4, pp. 115-136.
686- SP. MARINATOS, Excavations at Thera, VI, 1974, pp. 38 sq..
687- Cf. P. WARREN, The Miniature Fresco firom the West House at
Akrotiri, Thera and its Aegean Setting, JHS, 99, 1979, pp. 115-129,
PI. A et Β ; S.A. IMMERWAHR, Mycenaeans on Thera : Some
Reflections on the Paintings firom the West House, dans Greece and
the Eastern Mediterranean in Ancient History and Prehistory. Studies
présentée to F. SCHACHERMEYR, Berlin/New-York, pp. 173-191.
On se reportera encore à l'article et à la bibliographie de O. LONGO,
loc. cit., pp. 131 sq..
688- L.M. BROWN, The Ship Procession in the miniature fresco, dans
Théra and the Aegean World, Second International Scientific Congress,
Santorin, Août 1978, pp. 629-644.
689- Cf. O. LONGO, loc. cit., pp. 133-135.
690- Dans cette optique, on évoquera quelques pages consacrées aux
Hespérides, par U. PESTALOZZA (Pagine di religione meetiterranea,
II, chap. ΠΙ, Milan, 1945) qui souligne le lien qui, à propos des
Hespérides, existerait entre Crète et Libye : Crête, réponomyne de
nie minoenne est donnée comme une Hespéride par STEPHANE DE
BYZANCE, ou comme fille d'une Hespéride par PLINE (HJN., IV,
58) ; les Hespérides, par ailleurs, sont chez Apollonios filles d'une
621
καταλαμβάνει.
696- F. Gr. Hist., 3 F 16-17.
697- Dans la Théogonie, 901-906, Zeus et Thémis donnent naissance aux
Heures et aux Moires.
698- PHÉRÉCYDE, F. Gr. Hist., 3 F 73.
699- MX. WEST, loc. cit. (JHS, 1979) p. 145.
700- PHÉRÉCYDE, F. Gr. Hist., 3 F 17. Cet extrême sud ne serait donc
pas la côte cyrénaïque, contrairement à ce que pense Ph. BRIZE, loc.
cit., pp. 78-79.
701- PANYASIS.F26K.
702- Cf. V J. MATTHEWS, op. cit., p. 70, qui, étudiant ce passage et en
donnant différentes interprétations, remarque que tant chez Aviénus que
chez d'autres auteurs, "médius dies" peut signifier "le Sud", mais
comprend l'ensemble des deux vers comme l'indication d'une terre "loin
du sud". Contra MX. WEST, loc. cit., note 90 page 145.
703- Beaucoup plus convaincante chez MX. WEST, loc. cit., que chez Ph.
BRIZE pour qui le récit de Phérécyde représente aussi une tentative
pour unir différentes localisations des Hespérides et intégrer la tradition
de la rencontre avec Prométhée (op. cit., p. 74).
704- F. JACOBY, op. cit., 1, 2 commentaire p. 395.
705- PHÉRÉCYDE, F. Gr. Hist., 3 F 16 a, 17 » Scholie à
APOLLONIOS DE RHODES, IV, 1396.
706- Déjà affirmé dans la Théogonie, dHÉSIODE, 526-528.
707- Héraclès avait rapporté l'olivier d'Olympie "des sources ombreuses de
listros, "où il était allé le chercher, chez les Hyperboréens, "serviteurs
d'Apollon", "au-delà des souffles du froid Borée " PIN D ARE,
Olympiques, ΠΙ, 14 ; 16 ; 31-32.
708- HESIODE, Théogonie, 518 ; 746-757 (interpolation).
709- Cf. supra, p. 479 note 282.
710- Cf. notre figure 43, représentation empruntée à E. SELLERS, Three
attic lekythoi from Eretria, JHS, XIII, 1892-1893, pp. 1-2, pi. m.
622
πυρσόνωτσν.
731- EURIPIDE, Héraclès, 400-402. ποντ {ας- e'àXbç μυχούς-
είσέδαινε
732- EURIPIDE, Héraclès, 403-407.
733- EURIPIDE, Hippolyte, 742-751 - ν. 742 : "aux bords" traduit άκτάν
rivages et limites à la fois... ; v. 744-745 ; le roi de la mer
(ηοντομέδων) refuse aux marins l'accès aux eaux sombres"
πορφυρέας· λίμνας·" ; ν. 749-750: Zt|v6c μελάθρων npb
κοϊταν.
734- En hommage au beau livre d'A. MOTTE, qui porte ce titre.
734bis- Cf. L. GERNET, La cité future et le pays des morts, REG, 46, 1933
pp. 293-310
735- Hymne homérique à Hermès, 221-223.
736- HOMERE, Odyssée, V, 112-132.
737- A. MOTTE, Prairies et Jardins de la Grèce Antique. De la Religion à
la Philosophie, Bruxelles, 1973. Citations p. VIII, puis p. 37.
738- ESCHYLE, Les Choéphores, 127-128.
739- II est vrai que son propos est autre : étudier les divinités des prairies et
jardins, ou dégager les thèmes hiérogamiques ; il est vrai aussi que
dans la note 8, pp. 234-235 il remarque que "le cycle d'Héraclès
fournirait à lui seul une abondante matière".
740- HJ. CROON, op. cit., p. 12. L'auteur ne le dit pas, mais on voit se
profiler l'ombre du conquérant dorien, victorieux des maléfiques
puissances autochtones.
741- Cf. PAUSANIAS, VI, 25, et déjà HOMERE, Iliade, V, 395-397. Cf.
encore CLÉMENT D'ALEXANDRIE, Protreptique, Π, 36, 2..
"Aidoneus, lui aussi fut atteint d'une flèche d'Héraclès, Homère le dit,
et Panyasis raconte ensuite qu'Héra qui préside aux mariages fut
blessée par le même Héraclès dans la "Pylos des Sables". Sosibios dit
qu'Héraclès à son tour eut la main blessée par les Hippokontides".
Pour PANYASIS, cf. frg. 6 et 20 Κ ; cf. encore AGATHARCHIDE
de CNIDE, 444 b dans PHOTIUS, Bibliothèque, 25 a. Hadès avait, dit
Pausanias, un temple chez les Pyliens, temple qui ne s'ouvrait qu'une
fois dans l'année pour signifier "que l'on ne descend qu'une fois dans
les lieux souterrains où il tient son empire".
742- Cf. PAUSANIAS, m, 25, 5 et 6 exprime les mêmes doutes au sujet
de Cerbère, le chien des Enfers : Homère qui le premier en a parlé ne
lui donne pas de nom, et Hécatée de Milet pourrait avoir raison, qui dit
que cet endroit du Ténare aurait été le repaire d'un énorme serpent
appelé "chien des Enfers".
743- PAUSANIAS, IX, 34, 5.
624
LS>
629
"Ite boues...
arnaque mugitu sanciîe Bouaria longo :
nobile erit Romae pascua uestra Forum"
Properce, Elégies, IV, 9, 16-20.
(fondé dès la fin du DCème siècle sur la côte syrienne). Sans doute
ont-ils représenté, eux aussi, pour les peuples de la côte
tyrrhénienne, une porte ouverte sur l'Orient.
Sacrée"
Enfin,
de Sant'Omobono
et plus précisément,
et le réexamen
les fouilles
du matériel
récentes ancien
de "l'Aire
ont
attiré l'attention sur des fragments de terres cuites archi-
tectoniques appartenant au décor d'un petit temple archaïque qui
précéda, au Vlème siècle, les temples jumeaux républicains de
Fortuna et Mater Matuta (794). Parmi ce matériel dont A.
Sommella Mura souligne à la fois la parenté avec le matériel
étrusque et l'évidente inspiration gréco-orientale, deux statues de
terre cuite, probablement groupées sur la même base, couronnaient
sans doute le toit de l'édifice dans la deuxième moitié du Vlème
(1) Croquis
Stratigraphie
d'après
Annquités
T.
repris
quelques
HACKENS
A.C.,
des
Louvain,
dans
italiennes,
XLIX,
monuments
nouveautés
: J. et
POUCET,
1977,
1980,
B.étrusques
VAN
pi.
sous
archéologiques,
pp.126
La
DEN
286-315.
l'église
etRome
A).romains,
DRIESSCHE,
dearchaïque,
S. Omobono
I ortmi fioiihnm
'Temple archaïque
\-Jfcc '"ΐ.1!.. , Λ^'1 j μ Niveau Ju icmplo ;irchaîqui>
Niveau unlcrivur ù l'snilol
CAPITOLI VM
FORVM BOARIVM
(2) Plan d'après A.M. COUNI, Ambiente e storia dei tempi più
antichi,
PJ>.,XXX11, 1977, p. 11.
634
NOTES DE L'ÉPILOGUE
cit., pp. 307- 308). Sur ce point voir encore R. SCHILLING, Sacrum
et Profanum, Latomus, 1971, pp. 963-968 repris dans Rites, cultes et
dieux de Rome, Paris, 1979 du même auteur.
782- La famille des Potitii s'éteignit dans l'année qui suivit et Appius
Claudius perdit la vue.
783- J. BAYET, op. cit., p. 479.
784- D. VAN BERCHEM, Hercule Melqart à l'Ara Maxima, R.PAA.,
XXXII, 1959-1960, pp. 61-68 et, du même auteur, loc. cit., Syria,
XLYV, 1967, pp. 73-109 et 307-333.
785- J. BAYET, Histoire politique et psychologique de la religion
romaine, 2ème édition, Paris, 1969, p. 289 ne modifie pas son
opinion d'une origine hellénique de l'Hercule romain et doute de la
présence phénicienne en ces lieux : "mais qui pouvait les attirer en
cette pauvre région" ?
786- Par exemple R. SCHILLING, La situation des études relatives à la
religion romaine de la République (1950-1970), ANRW, I, 2, Berlin,
1972, p. 324.
787- Parmi ces particularités, l'exclusion des femmes, le choix des
victimes, le vêtement féminin des hommes participant au culte.
L'usage de la dîme, de même, est attesté dans la religion phénicienne
dès le Und millénaire (p. 325). On se reportera à l'étude, faite dans
notre première partie, des sanctuaires de Gadès et de Thasos.
788- ΤΠΈ-LIVE, I, 7, 12.
789- D. VANBERCHEM, loc. cit., (1967), p. 313.
790- Dans notre première partie (deuxième chapitre : Lixos et Gadès,
fondations phéniciennes).
791- On se reportera sur ce point au deuxième chapitre de notre première
partie.
792- Cf. le congrès tenu à Rome en nov. 1977 : Lazio arcaico e mondo
greco (PP, XXXII, 1977) et aussi le catalogue de l'exposition
Naissance de Rome, Paris, 1977 et celui de l'exposition Enea nel
Lazio, archeologia e mito. Rome 22 sept-31 déc. 1981. On trouvera
une chronique et une bibliographie plus complète de J. POUCET, in
A.C., XLIX, 1980, pp. 286-315. Enfin, le volume XXXVI de La
Parola del Passato (1981), Lazio arcaico e monde greco, présente
plusieurs mises au point sur ce sujet.
793- Cf. E. LA ROCCA, Note sull'importazioni greche in territorio laziale
nell Vffl secolo A.C., PP., XXXII, 1977, pp. 375-397. Pour l'auteur
cette céramique peut être produite aussi bien dans la fondation grecque
des Pithécusses que dans 111e d'Eubée, peut-être même à Rome, par des
644
CONCLUSIONS
649
Friedrich Diirrenmatt,
interview au Monde des Livres, 19-DC-1986
vaincre ; ces fruits d'or des Hespérides que nul ne peut cueillir, il
les obtiendra ; ce pays merveilleux auquel nul ne peut accéder,
lui seul l'atteindra, et ce à la suite d'une série d'épreuves
/transgressions dont Mircéa Eliade a bien montré, non seulement
qu'elles constituaient l'archétype des rites d'initiation, mais, de
plus, traduisaient "sous une forme plastique et dramatique l'acte
même par lequel l'esprit transcende un cosmos conditionné,
polaire et fragmentaire, pour retrouver l'unité fondamentale
d'avant la création" (849), d'avant la séparation d'avec les dieux,
dirions-nous plutôt pour la Grèce !
Héros de la médiation (et si, sur toutes ces marges où
croisait Héraclès, nous avons rencontré Hermès, ce n'est pas un
hasard !) ; héros de la transgression aussi... comme cette
femme-chaman en honneur chez les Chors et parvenue au rang
d'Esprit - Maître pour avoir bravé le grand dieu Ulgen, "cas de
divinisation à la suite d'une transgression, ainsi qu'il advient
souvent aux héros civilisateurs", commente Eveline Lot-Falck...
(850). Les fonctions d'Héraclès, on le voit, peuvent se joindre
en un tout cohérent.
NOTES DE LA CONCLUSION
Ι - TEXTES ANCIENS
2. Auteurs
II - ICONOGRAPHIE
ΙΠ - BIBLIOGRAPHIE MODERNE
G.S. KIRK, Myth, its meaning and fonction in ancienî and other
cultures, Berkeley, 1970.
Ouvrages collectifs
- Ouvrages ou articles
3. Etudes particulières :
PREMIERE PARTIE
M. DUSSAUD, - Melqart,
Melqart d'après
Syria, XXV,
de récents
1946-48,
travaux,
pp. RHR,
205-230.
151,
1957, pp. 1-21.
Ο u vrages collectifs
DEUXIEME PARTIE
L. BRACCESI, - La
Grecita
leggenda
adriatica,
di Antenore
Bolognede
1971,
Troia
1977
a Padova,
(2).
Padoue, 1984.
Ouvrages collectifs
TROISIEME PARTIE
Ouvrage collectifs
Ouvrages collectifs
TABLEAUX
FIGURES ET CARTES
Couverture :
Frontispice :
Revers de couverture :
PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE
QUATRIEME PARTIE
ÉPILOGUE
ALMUNECAR p. 109.
ALPES p. 267; 307; 308; 331
n. 177 ; 638 ; 639.
ABANO TERME p. 536. ALPHÉE p. 411 n. 66; 443;
ABDERE p. 252; 255; 331 n. 445 ; 484 ; 578 n. 135.
176 ; 368. AMANZORA (rio) p. 109.
ABYLA (Mont) p. 80 n. 177; AMATHONTE 209 n. 430.
103 ; 174 n. 29, 30 ; 180 n. AMBÉLIKOU p. 146 ; 147 ; 200
88. n. 327.
ACADÉMIE p. 358 ; 414 n. 114. AMÉRIQUE p. 382 ; 453.
ACHÉLOOS p. 307. AMMAN p. 508.
ACHÉRON p. 364 ; 563. AMRITH p. 135 ; pp. 137-144 ;
ACHO (Mont) p. 80 n. 177 ; 174 153 ; 158 ; 169 ; 192 n. 209 ;
n. 30 ; 180 n. 88, 193 n. 216 ; 196 n. 279 ; 635.
AÇORES p. 171 n. 1. AMYCLÉES p. 479.
ACROTIRI p. 551 ; 620 n. 684. AMYMONÉ (fontaine) p. 480.
AFRIQUE p. 102; 111 ; 115; ANAPHÉ p. 490.
117; 212-214 ; 224; 252; ANDALOUSIE p. 209 ; 110 ; 181
347 n. 435 ; 379 ; 380 ; 547 ; n. 100 ; 186 n. 150.
551 ; 553 ; 554. ANGLETERRE p. 453.
AGRIGENTE p. 278 ; 334 n. 234. ANTASp. 110.
AGRAI p. 424 n. 262. ANTHÉMOUS (fleuve) p. 561.
AGYRION p. 59; 228; 257; APONUS (Source) p. 281 ; 526.
275; 279-282 ; 287; 292; ARABIE p. 22; 118; 188 n.
308; 312; 336 n. 268; 347 179 ; 489 ; 553.
n. 433; 370; 371 ; 3 72- ARA ΜΑΧΙΜΑ ρ. 81 n. 195 ; 195
375; 406 n. 11; 413 n. 111; n. 251 ; 253 ; 308 ; 485 ;
653. 487 ; 513 ; 629-641 ; 642 n.
AINURA (CHYPRE) p. 204 n. 381 ; 781 ; 645 n. 821.
208 n. 418. ARCADIE p. 292 ; 346 n. 413 ;
AL MINA p. 631. 360 ; 367 ; 376 ; 397.
ALAMBRA (CHYPRE) p. 147 ; 200 ARGENTARIUS (Mont) p. 100.
n. 327. ARGOLIDE p. 52, 358; 377;
ALEPp. 119; 169; 199 n. 315; 459 ; 460 ; 464 ; 514 ; 563 ;
207 n. 409 ; 209 n. 432. 594 n. 306.
ALÉSIA p. 246 ; 253 ; 308 ; ARGOS p. 20; 26; 62; 87 n.
309; 310; 638. 256; 225; 235; 268; 318;
ALEXANDRIE p. 236 ; 248. 326 n. 117; 377; 440-441 ;
ALMÉRIAp. 109. 514-515 ; 528 ; 552 ; 563 ;
698
118; 126; 158; 180 η. 87; 395; 396; 414 n. 122; 421 n.
189 η. 180; 222; 251 ; 312. 225 ; 424 n. 262 ; 427 ; 525 ;
GADES ρ. 24 ; 49 ; 50 ; 51 ; 526 ; 526-564 ; 653 , 657.
52 ; 79 η. 172 ; 80 η. 181 ; HADRANON p. 336 n. 268.
93; ρ. 95-109 ; 112; 114; HADRUMETE p. 207 n. 404.
117; 118; 124; 126-127 ; HALA SULTAN TEKKÉ p. 147.
128; 131 ; 157; 158; 160; HÉCATOMPYLE p. 253 ; 308 ;
161 ; 163 ; 167 ; 168 ; 172 η. 503.
21 ; 176 η. 45 ; 180 η. 92 ; HÉLISSON (fleuve) p. 660 n. 837.
182 η. 106, 110; 188 η. 178, HÉRACLÉE (de Sicile) p. 256;
179 ; 194 η. 238 ; 195 η. 252 ; 298 ; p. 343 n. 371.
202 η. 361 ; 222 ; 247 ; 253 ; HERCULANUM p. 348 n. 442.
318; 503; 508; 510; 526; HERCYNIENS (Monts) p. 331 n.
553 ; 612 η. 555, 556 ; 630 ; 177.
636 ; 643 η. 787 ; 657. HERMIONÉ p. 414 n. 122 ; 563.
GADIR (Gadès) p. 105 ; 189 η. 624 n. 746 ; 625 n. 767.
180. HIÉRAPOLIS p. 194 n. 245.
GAULE p. 111 ; 224 ; 308 ; 309 ; HIMERE p. 39 ; 100 ; 223 ; 292 ;
310; 624 η. 747; 638. 299 ; 348 n. 453 , 526.
GÉLA ρ. 277 ; 281 ; 287 ; 334 η. HUELVA p. 102.
234 ; 339 η. 307, 309 ; 615 η. HYAMPOLIS p. 509.
603. HYLAIAp. 312.
GIBRALTAR p. 50 ; 80 η. 177 ; HYMETTE (Mont) p. 407 n. 16.
91 ; 92; 103; 105; 174 η.
30 ; 180 η. 88 ; 224 ; 322 η.
25.
GLANON ρ. 624 η. 747. IBÉRIE p. 52; 57; 92; 96;
GRANDE-BRDERE ρ. 178 η. 72. 100; 109; 110; 111 ; 112;
GRANDE-GRECE p. 47 ; 61 ; 82 173 n. 27 ; 224 ; 245 ; 252 ;
η. 195 ; 84 η. 224 ; 222 ; 253 ; 308 ; 503.
225 ; 276 ; 315 ; 334 η. 234 ; IBIZAp. 111.
636. IDA p. 293 ; 300 ; 365.
GROTTA VANELLA ρ. 298 ; 343 IDALION p. 147 ; 148 ; 153 ;
η. 362 ; 344 η. 378. 162 ; 168 ; 189 n. 184 ; 201
GROTTES D'HERCULE p. 117. n. 338 ; 202 n. 348 ; 208 n.
GUADALETE p. 106 ; 108 ; 176 421.
η. 43. ILES BRITANNIQUES p. 246.
GUADALQUIVIR p. 96; 109; ILES DES BIENHEUREUX p. 95 ;
176 n. 43 ; 222. 172 n. 21; 351 n. 488 ; 461.
ILE DU SOLEIL p. 501.
H ILES LIPARI p. 285 ; 321 n. 15 ;
333 n. 222 ; 338 n. 292.
HADES (Y) I Les ENFERS p. 19 ; ILION p. 294 ; 442.
23 ; 55 ; 56 ; 64 n. 3 ; 83 n. ILLYRIE p. 22 ; 553.
213 ; 85 n. 241 ; 251 ; 376 ; ΙΟΝΙΕ p. 650.
702
(sauf Grecs)
OENÔTRES p. 295.
JAPONAIS p. 546 ; 547. OJIBWÉ p. 415 n. 141.
ORCHOMÉNIENS p. 376.
Κ
Κ
ΜΑΙΑ ρ. 504.
KAHATIÉLÉOp.381. MACRDSf p. 148 ; 201 n. 337.
KÉLÉOS p. 442. MALAKBEL p. 192 n. 209.
KERES, KERE p. 11, 56, 517; MANANNAN p. 546.
521. MATER MATUTA p. 632 ; 644 n.
KOULOTYOLOp381. 794.
MÉDÉE p. 619 n. 679; 625 n.
764.
MÉDUSE p. 521 ; 625 n. 764.
LACINIOS p. 255 ; 267 ; 280 ; MÉGARA p. 30, 386 ; 398 ; 408
309. n. 34 ; 462.
LADON p. 541 ; 550. MÉGESp. 577 n. 119.
LAGIDES (les) p. 188 n. 179. MÉLICERTE p. 207 n. 404.
LAMOSp.451. MÉLÉAGRE p. 389.
LAOMÉDON p. 294 ; 442 ; 445 ; MELQART p. 24 ; 37 ; 51 ; 52 ;
446 ; 447 ; 576 n. 109 ; 577 n. 57 ; 61 ; 65 n. 9 ; 75 n. 123 ;
112. 82 n. 196; 103; 108; 110;
LARINOS p. 503. 119-127 ; 128; 131 ; 137;
LATINOS p. 280 ; 638. 143; 147; 155; 156; 157;
LAVINIAp. 311; 638. 160-162 ; 163; 167; 168;
LÉPRÉE p. 488. 169 ; 184 n. 133 ; 189 n. 184,
LEUCASPIS p. 283-289 ; 339 n. 186 ; 190 n. 189, 191 (Mi-il-
309. qar-ti), 195 ; 191 n. 199, 203 ;
LIBÉRA p. 277. 197 n. 291 ; 204 n. 380 ; 205
LICHAS p. 490. n. 384 ; 206 n. 395, 404 ; 207
LINOS p. 301 ; 464 ; 480. n. 404, 405, 409 ; 208 n. 418 ;
LION DE NÉMÉE p. 13 ; p. 67 n. 209 n. 425, 427, 428, 432;
28 ; p. 69 n. 42 ; 168 ; 303 ; 263; 273; 318; 409 n. 36;
304 ; 328 n. 131 ; 331 n. 174 ; 419 n. 202 ; 422 n. 246 ; 487 ;
361 ; 389 ; 393 ; 418 n. 187 ; 508; 509; 510; 511 ; 525;
444 ; 460 ; 473 ; 480 ; 481 ; 565; 581 n. 166; 585 n. 210;
522 ; 586 n. 228 ; 592 n. 285. 605 n. 460; 630; 631; 635;
LIPARA (Hespéride) p. 545. 636 ; 642 n. 781 ; 654 ; 655 ;
LOCROS p. 280. 660 n. 842.
LUCULLUS p. 485. MÉNÉLAS p. 433.
LYCAON p. 442. MÉNOITIOS p. 482 ; 525 ; 527 ;
LYCOS p. 391 ; 392 ; 580 n. 159. 622 n. 715.
LYCURGUE p. 357 ; 361 ; 406 n. MÉTANIRE p. 510.
10 ; 409 n. 44. METTEN p. 109.
LYGDAMIS p. 327 n. 122. MIKAL p. 157 ; 161.
MILK'ASHTART p. 121 ; 189 n.
188 ; 206 n. 395.
MINOS p. 275 ; 442.
M MINOTAURE (le) p. 394.
720
ULGENp.658.
LE TAUREAU DE CRETE p. 13 ; ULYSSE p. 19 ; 56 ; 66 n. 24 ;
304 ; 393 ; 398 ; 496. 230 ; 396 ; 433 ; 460 ; 483 ;
TAYGETE p. 557. 501.
TÉLÉMAQUE p. 433. UNI p. 423 n. 257.
TÉLEPHE p. 192 n. 209.
TÉLÉSICLES p. 52.
TÉLINES p. 277.
THANATOS/MORT p. 11; 56; VÉNUSdellDAp.293.
83 n. 213 ; 521. VÉNUS ÉRYCINE p. 295.
THEFARIE VELIANAS = TIBERIÉ VILAEp. 361.
p. 508 ; 605 n. 463. VULCADSf p. 420 n. 212.
THÉIODAMAS p. 489-491 ;
495 ; 504 ; 513 ; 596 n. 349 ;
597 n. 357 ; 598 n. 367 ; 599
n. 384. YAMp. 119; 120.
THÉMIS p. 541 ; 545 ; 621 n.
697. Ζ
THÉOGÉNES p. 584 n. 197.
THÉSÉE p. 23 ; 69 n. 52 ; 164 ; ZALEUCOS de LOCRES p. 351 n.
227 ; 230 ; 358 ; 360 ; 371 ; 487.
394 ; 400 ; 406 n. 15 ; 437. ZÉPHYR p. 625 n. 764.
THESPIS ou THESTIUS p. 301 ; ZEUS p. 17 ; 18 ; 19 ; 20 ; 21 ;
345 n. 394 ; 397 ; 461 ; 462 ; 37 ; 56 ; 60 ; 62 ; 66 n. 28 ;
463 ; 480. 68 n. 35 ; 84 n. 221 ; 87 n.
THESPIADES (les) p. 309 ; 349 n. 256 ; 120 ; 121 ; 161 ; 190 n.
465. 193 ; 194 n. 245 ; 225 ; 244 ;
THÔRR p. 394. 260 ; 262 ; 264 ; 277 ; 304 ;
723
308 ; 311 ; 347 η. 428, 432 ; 475 ; 480 ; 481 ; 484 ; 495 ;
359 ; 363 ; 364 ; 365 ; 366 ; 505 ; 524 ; 539 ; 540-541 ;
370 ; 389 ; 410 η. 57 ; 420 η. 545 ; 548 ; 556 ; 560 ; 564 ;
224 ; 421 η. 228, 229 ; 426 ; 565 ; 604 η. 447 ; 621 η. 697.
433 ; 434 ; 437 ; 442 ; 443 ; ZEUS APOMYIOS p. 364 ; 484.
444 ; 445 ; 446 ; 451 ; 456 ; ZEUS KÉNAIOS p. 604 n. 448.
458 ; 459 ; 462 ; 463 ; 466 ;
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION p. 9
PROLOGUE p. 15
CHAPITRE IV : PERSPECTIVES p. 49
NOTES DU PROLOGUE p. 64
PREMIERE PARTIE
D'UNE RIVE A l'AUTRE DE LA MÉDITERRANÉE
1.1. Localisations p. 95
1.2. Un mirage occidental p. 97
1.3. Des "finistères" p. 102
CONCLUSIONS p. 167
DEUXIEME PARTIE
HÉRACLÈS ET LE MODELE ABSENT
DE LA CITÉ
CONCLUSIONS p. 316
TROISIEME PARTIE
HÉRACLÈS DANS LA CITÉ
L'INTÉGRATION DES JEUNES GENS
CONCLUSIONS p. 404
QUATRIEME PARTIE
HÉRITAGES
CONSLUSIONS p. 513
ÉPILOGUE p. 627
CONCLUSIONS p. 647
BIBLIOGRAPHIE p. 663
TABLES
1. Tableaux p. 690
INDEX p. 697