Revue D'Etudes en Management Et Finance D'Organisation PDF
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Noufissa El Moujaddidi
Enseignante chercheuse à la FSJES de salé
Université Mohamed V Rabat
Equipe de recherche « Genre et développement Durable »
Noufissa.elmoujaddidi@gmail.com
Mohammed Saadeddine
Doctorant en sciences économiques à la FSJES de salé
Université Mohamed V Rabat
saadeddinemohammed@yahoo.fr
Résumé
L’industrie pharmaceutique marocaine remplit des missions sociales et économiques de
grandes importances : celles d’assurer l'approvisionnement du marché en produits de qualité,
donc un impératif de sécurité et de protection du citoyen que ce soit par la fabrication ou
l’importation des médicaments essentiels, d’assurer l'approvisionnement suffisant des
médicaments dans le temps et dans l'espace et donc veiller sur la disponibilité de ces produits
à tout moment et sur tout le territoire marocain et enfin d’assurer l'accessibilité des
médicaments pour l'ensemble de la population, en fabriquant des génériques de bonne qualité
et en commercialisant les médicaments à un prix plus accessible.
Mots clés : Santé, Accès au soin, Médicaments, Industrie Pharmaceutique, Générique.
Abstract
Moroccan pharmaceutical industries, unquestionably strategical and essential in the
development of access to care for the Moroccan citizen fulfied hightly important economic
and social tasks such as : ensuring the market supply of quality product therefore an
imperative security and citizen protection wethere through the manufacture or import of
essential medecins to securing an adequate supplies in time and in space, in collaboration with
grossisteries medical drug distributors and pharmacies and consquently waranting the
availability of such products at any time all over Morocco ; or either by ensuring access to
medicines for the entire population, and by encouraging the production of good quality
generic and commercializing medecins for a more affordable price for Moroccan patients.
Keywords : Health, Access to care, medication, pharmaceutical industry, generic.
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Introduction
On ne peut parler du développement d’un pays sans parler du développement du secteur de la
santé et de la baisse des taux de mortalité de ses citoyens ; cette baisse est due aux efforts
fournis par le pays au niveau des recrutements du corps médical et paramédical, la mise à leur
dispositions le matériel nécessaire, la disponibilité des établissements de soins,
l’augmentation du budget du ministère de la santé …, mais aussi aux efforts fournis pour
faciliter l’accès aux soins grâce à la disponibilité et l’accessibilité des médicaments
nécessaires, et ce en veillant sur une politique de médicaments avec une collaboration entre le
secteur privé (les laboratoires pharmaceutiques, les pharmacies, les grossistes distributeurs
des médicaments) et l’Etat (ministère de la santé).
C’est ainsi que toute politique d’amélioration de la santé repose sur le pouvoir et les devoirs
de l’Etat de créer les conditions propices pour que les citoyens puissent vivre une vie saine,
conforme aux droits de l’homme.
Depuis le début des années quatre-vingt-dix, et grâce aux efforts fournis par l’Etat marocain et
le secteur privé, l’état de santé des marocains s’est régulièrement amélioré. Il se caractérise
actuellement, d’une part, par une réduction des niveaux de fécondité et de mortalité qui
annonce la transition démographique et d’autre part, par une transition épidémiologique où les
maladies non transmissibles prédominent.
A partir des données des Comptes Nationaux de la Santé, on enregistre que le Maroc a
déployé beaucoup d’efforts en matière de santé. Ainsi, la dépense globale de santé a atteint
47,8 milliards de Dirhams en 2010, contre 30,6 milliards en 2006 soit une augmentation de
56% (une augmentation annuelle moyenne de 11,8% entre 2006 et 2010 contre 10,1% entre
2001 et 2006).
La dépense annuelle en santé par personne a atteint 1 498 Dirhams en 2010 contre 1002
Dirhams en 2006, soit une augmentation de 49%(comptes nationaux de la santé, 2013).
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autres pays arabes ; Selon l’OMS, en 2010, la part de la dépense directe des ménages de la
dépense totale en santé est de 25% en Jordanie, 40% en Tunisie, 45% au Liban, 61% en
Egypte et 21% en Algérie. Ce qui induit des répercussions néfastes sur la santé du citoyen
marocain qui évite d’utiliser les services de santé en cas de prévention et en début de maladie,
et ne consulte qu’en cas de maladies sérieuses. Et par conséquent, il ne reçoit pas de
traitement précoce malgré un potentiel de guérison bien plus élevé.
L’analyse de ces chiffres permet de dire que l’accès aux soins pour le citoyen marocain est lié
beaucoup plus à l’accès aux médicaments surtout qu’ils dépensent la moitié de son budget de
santé sur leurs achats. D’où l’intérêt d’étudier la participation des fabricants des médicaments
« les laboratoires pharmaceutique » à l’accès aux soins au Maroc ; ainsi, dans un premier
temps, nous allons traiter la situation de l’industrie pharmaceutique et des médicaments au
Maroc, pour aborder après la participation des laboratoires à l’accès au soin dans notre pays et
terminer mon article par les limites qu’ils rencontrent devant leurs missions.
L’industrie pharmaceutique marocaine a connu une croissance aussi bien qualitative que
quantitative, au cours de ces trois dernières décennies, ceci grâce aux efforts fournis en
matière d’intégration de nouvelles technologies, de formations ainsi que le développement du
savoir-faire de son personnel.
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toutes les professions médicales et il a constitué pendant près d’un demi-siècle le texte de base
et de référence de la pharmacie au Maroc.
C’est ainsi que la loi 17 – 04 définie le laboratoire pharmaceutique comme étant : « tout
établissement disposant d'un site de fabrication et effectuant les opérations de fabrication,
d'importation, d'exportation et de vente en gros des médicaments et, le cas échéant, la
distribution en gros ».
L’industrie pharmaceutique marocaine est une fierté marocaine ; elle occupe, par sa taille, la
deuxième place à l'échelle du continent africain, après l'Afrique du Sud, avec 33 unités
industrielles, 52 distributeurs et plus de 12.000 pharmacies. La production locale couvre 69 %
de la demande intérieure et le pays exporte 7 à 8 % de sa production, en particulier aux pays
africains voisins. Le Maroc est classé « Zone Europe » par l'OMS, par la qualité de la
fabrication des médicaments (AMIP, 2015).
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Volume annuel en 104 130 155 178 192 282 293 303 307 311
millions de boîtes
Source : l’AMIP et IMS Health, 2015
Le Chiffre d’Affaires du marché pharmaceutique privé au Maroc s’est multiplié par 10 en
entre 1985 et 2014 pour atteindre 8.7 Milliards de Dhs en PGHT selon IMS.
La baisse des prix des médicaments a eu un impact sur le marché pharmaceutique en 2014,
ainsi, malgré la petite évolution (1.2%) qu’a connu le secteur, il a subi une perte de 2.7% en
CA par rapport à 2013(AMIP, 2015). La production locale permet de couvrir 69,4% des besoins
nationaux avec une régularité et une continuité pour mettre à la disposition des patients
marocains les médicaments nécessaires dans les différentes régions du Maroc. Avec un CA de
909 Millions de Dirhams, les exportations des médicaments au Maroc ont connu une
évolution de +21.7% par rapport à 2012. Ils représentent 7 à 8% de la production nationale et
ils sont destinés aux pays du golf, marché africain ou européen et quelques pays asiatique.
(Conseil de la concurrence du Maroc, 2014).
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Le circuit principal de distribution est celui reliant les laboratoires aux grossistes qui
approvisionnent les pharmacies.
Le nombre des pharmacies au Maroc s’est aussi développé, il est passé de 29 pharmacies en
1971 à 1718 pharmacies en 1991 pour arriver à plus de 12000 pharmacies en
2014(Pharmacie.ma, 2015). Ces pharmacies sont réparties sur tout le royaume, ce qui permet une
proximité des médicaments des malades.
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Les laboratoires pharmaceutiques peuvent vendre les médicaments couteux directement aux
patients (la biothérapie, le traitement du cancer…), ceci est dû au fait que ces produits ne sont
vendus que rarement et les pharmacies ne peuvent pas les mettre dans leurs rayons. En plus,
en achetant directement du laboratoire, le patient pourra économiser 37% du prix de ce
médicament coûteux. (Le gain du pharmacien et du grossisterie). Dernièrement, les conseils
de l’ordre des pharmaciens se sont mis d’accord avec les laboratoires et le ministère de la
santé à faire baisser leurs marges de gains à 5% pour ces produits. (Conseil de la concurrence du
Maroc, 2014).
La fabrication et la commercialisation des médicaments font l’objet d’un fort contrôle qui
touche tout le cycle d’autorisation – fabrication et commercialisation des médicaments. Tout
médicament fabriqué industriellement, importé ou exporté, doit avoir une approbation
préalable par l’administration de tutelle avant sa commercialisation sur le marché marocain,
nommée Autorisation de Mise sur le Marché AMM. Elle «ne peut être délivrée que si le
médicament a satisfait au préalable à une expérimentation appropriée visant à :
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En outre, l’industriel doit justifier qu'il a fait procéder à l’analyse qualitative et quantitative du
médicament et qu'il dispose d'une méthode de fabrication et de procédés de contrôle de nature
à garantir la qualité du produit au stade de la fabrication industrielle. Concernant la qualité des
médicaments, elle a toujours était une priorité du ministère de la santé, que ce soit fabriqué
localement ou importé. Ainsi, l’administration de tutelle a mis en place des outils de contrôles
performants permettant d’assurer la qualité exigée par les standards internationaux et la
sécurité des médicaments mis sur le marché marocain.
Par le Laboratoire National du Contrôle des Médicaments, LNCM, qui soumit l’octroi de
l’AMM à de multiples conditions de contrôle.
Par le laboratoire fabricant, directement sur chaque lot fabriqué.
Par le ministère de la santé qui peut à tout moment procéder à un contrôle par l’inspection
de la pharmacie (AMIP, 2015).
D’une manière générale, les laboratoires investissent près de 300 millions de DH chaque
année exclusivement dans la qualité selon Ali SEDRATI PDG des laboratoires PHI et
membre de bureau de l’AMIP.
D’autre part, la couverture sanitaire au Maroc s’est développée dernièrement après la mise en
place des projets de l’AMO en 2005 et du RAMED en 2011. C’est ainsi que l’AMO a pu
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couvrir 6.5 millions de citoyens marocains et le RAMED est arrivé à 8.7 millions d’adhérents
en 2015 (selon le ministre de la santé marocain) ce qui a amélioré l’accès au soin au Maroc.
L’Etat veille sur l’approvisionnement des médicaments essentiels, c’est ainsi qu’une
commission chargée de l’élaboration d’une liste nationale des médicaments essentiels a été
créée en 2000. Elle vise la disponibilité des produits pharmaceutiques au niveau des hôpitaux
publics et des établissements de soins de santé de base. Cette liste est conforme à la liste
modèle des médicaments essentiels établie par les experts de l’OMS.
Face à un pouvoir d’achat limité associé à une faible couverture médicale, le Maroc a
encouragé la fabrication et la commercialisation des génériques, et ce, une fois le brevet du
médicament princeps arrive à son terme. Le médicament générique existe au Maroc depuis les
années 70. Il n’intéressait à l’époque que quelques laboratoires. Actuellement, la majorité
d’entre eux s’y intéressent. Certains parmi eux dédient leur activité principalement à la
fabrication du médicament générique. Les médicaments génériques représentent 33.2% du
marché pharmaceutique marocain en 2014, avec 103 millions de boites et 3 milliards de DH
(AMIP et IMS, 2014). Les génériques ne sont pas disponibles d’une manière homogène dans
l’ensemble du marché pharmaceutique marocain, mais ils sont concentrés beaucoup plus au
niveau des antibiotiques, des maladies de l’appareil digestif et du métabolisme, des maladies
cardio-vasculaires, de l’appareil locomoteur, du système nerveux et des maladies
respiratoires.
Tableau 6 : Les ventes des médicaments princeps et génériques dans le marché pharmaceutique privé
marocain en 2014
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Pour prouver l’efficacité des produits génériques, le ministère de la santé marocain a exigé
aux laboratoires fabricants des génériques de déposer des études de bioéquivalence pour avoir
l’Autorisation de Mise sur le Marché marocain(AMM).
Il ne faut pas pour autant penser que les laboratoires fabricants de médicaments d’origine ont
laissé apparaître les génériques sans réagir. La plupart ont dû revoir leurs tarifs à la baisse afin
de conserver leurs avantages concurrentiels ainsi que leurs parts de marché. D’un autre côté,
et la concurrence aidant, les laboratoires seront amenés à lancer les génériques de leurs
propres produits princeps. Le développement du générique au Maroc et par conséquent la
baisse des prix des molécules ont participé à une meilleure prise en charge des malades qui
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En 2009, le parlement marocain a créé une commission spéciale pour mission d’étudier le prix
des médicaments au Maroc. Cette commission a constaté que ces prix sont considérablement
élevés pour cause le système de fixation de prix des médicaments qui est considéré défaillant,
ce qui fait profiter les laboratoires pharmaceutiques. En décembre 2013, le gouvernement
marocain adoptait un décret sur la fixation des prix des médicaments, et ce, pour alléger la
facture des Marocains et faciliter l’accès à ces produits.
Le principe est simple : Prendre comme référence les tarifs pratiqués dans sept pays (Espagne,
Portugal, France, Belgique, Turquie, Grèce et Arabie saoudite) et choisir le moins élevé
comme prix de base du princeps, celui des génériques subissant une baisse supplémentaire. La
fixation des prix est désormais transparente : les marges de chacun sont connues, ainsi que les
taxes. La méthode choisie a aussi permis de baisser le tarif, anormalement élevé, de certains
médicaments, tout en préservant le prix de ceux à faible marge pour les industriels. En 2014,
le gouvernement marocain vient de procéder à la baisse de prix de 1570 médicaments selon le
rapport financier et économique du ministère de finance de l’année 2014. Cette baisse était
entre 20 et 80% des prix de médicaments selon ministère de la santé (affichée sue le site web
officiel du ministère de la santé) et ce pour une meilleure accessibilité au traitement et un
meilleur accès au soin.
Le développement de l’accès aux soins pour les marocains a permis l’amélioration de leur état
de santé, c’est ainsi que l’Enquête Démographique à Passages Répétés (EDPR 2010) a montré
une baisse notable du taux de mortalité générale qui est passé de 18,7 ‰ en 1962 à 5,6 ‰en
2010 (4,4 en urbain et 7,2 en rural). La réduction observée entre 1962 et 2010 est de 3,3 fois
pour la mortalité (Rapport du ministère de la santé, 2012). L’amélioration des conditions
sanitaires et du niveau de vie a permis aussi l’amélioration de l’espérance de vie à la
naissance (EVN) ; A sa naissance, le marocain espérait vivre 49,1 ans en 1967 (48,2 pour les
hommes et 47,3 pour les femmes). En 2011, cette EVN a atteint 74,8 ans (73,9 pour les
hommes et 75,6 pour les femmes). En 43 ans, le gain a été de 25,7 ans pour l’ensemble (25,7
ans pour les hommes et 28,3 ans pour les femmes) (Rapport du ministère de la santé, 2013).
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Les indices de mortalité infantile et juvénile sont souvent utilisés pour résumer le
développement socio-économique et l’état de santé d’une population. Ils sont toujours inclus
dans la liste des indicateurs de bien-être. En trois décennies, les niveaux de baisse enregistrés
ont été de 3,2 fois pour la mortalité infantile, 30,6 fois pour la mortalité juvénile et 4,5 fois
pour la mortalité infanto-juvénile (Rapport du ministère de la santé, 2013).
Le taux de mortalité infantile (TMI) enregistré en 2011, atteint 28,8 pour mille naissances
vivantes. Il a diminué de 3,5 fois par rapport à 1979. Cette régression a été obtenue grâce au
renforcement des programmes de vaccination, de la lutte contre les maladies diarrhéiques et
les infections respiratoires aiguës (Rapport du ministère de la santé, 2013).
D’autres part, la mise en œuvre, dès les années soixante, de programmes structurés de lutte et
de prévention contre certaines maladies transmissibles responsables d’un taux élevé de décès,
a permis d’éradiquer ou d’éliminer un nombre appréciable parmi elles (poliomyélite,
diphtérie, paludisme, bilharziose, trachome, tétanos néonatal, lèpre) et de réduire de l’acuité
des autres, les maintenant à des niveaux d’incidence très bas et en détectant et contrôlant
précocement les éventuels exacerbations épidémiques « Selon rapport de l’état de santé
2013 ».
III.1. Les ruptures des stocks des médicaments et la notion « stock de sécurité »
Les ruptures de stock des médicaments ont constitué depuis longtemps un problème de santé
en raison de l’impact sur les patients et la santé publique. Fréquemment, médecin, pharmacien
et patient se trouvent confrontés à l’indisponibilité d’un médicament qu’ils avaient l’habitude
d’utiliser.
Les ruptures de stock des médicaments ont des incidences sur le secteur pharmaceutique du
pays, la réputation du laboratoire pharmaceutique, les professionnels de santé, mais surtout un
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grand impact sur la santé publique et les patients. Le professionnel de santé en face d’une
rupture d’un produit vital, se trouve bloqué et ne peut pas accomplir son devoir surtout si le
médicament fait le monopole sur le marché. Pour le patient l’absence d’un médicament peut
aller d’une simple gêne matérielle avec obligation de rechercher un équivalent à un risque
vital en cas de rupture d’un produit indispensable et incontournable.
C’est ainsi que la loi marocaine oblige les laboratoires fabriquant de médicaments de garder
au moins 3 mois de stock de leurs produits, et pour les grossistes au moins une moyenne d’un
mois de stock de médicaments. Une loi qui n’est pas forcément appliquée.
Les économies d’échelle représentent les principales barrières structurelles devant l’industrie
pharmaceutique marocaine ; Ainsi, le marché pharmaceutique au Maroc est étroit, avec un CA
de 14 milliards de dirhams et des dépenses annuelles par habitant, consacrées à l’achat des
médicaments, dans les pharmacies qui sont estimées à 409 Dhs (soit moins de 49,6 USD,
alors que l’Américain consomme 770 USD / an, le Japonais 506 USD et l’Européen 380 USD
selon l’OMS). En volume, la consommation par habitant est de l’ordre de 9 boîtes par
personne par an. La fabrication de ces volumes provient d’un nombre important de
laboratoires pharmaceutiques (33 laboratoires) et pour la fabrication de plus de 5600
médicaments. (Conseil de la concurrence du Maroc, 2014). Ainsi, le cabinet Boston Consulting
Group a mené une étude sur le secteur pharmaceutique marocain, et il a bien confirmé que ses
industriels trouvent des difficultés à réaliser des économies d’échelle dues à l’étroitesse du
marché et les petites tailles des usines fabricants; et par conséquent, leurs coûts de production
seront élevés ce qui va se répercuter sur le prix final du médicament et sur l’accès au soin.
Sur le plan social : Malgré les efforts fournis par l’Etat marocain pour généraliser la
couverture médicale avec les projets de l’AMO et du RAMED, le marché privé des
médicaments au Maroc n’a pas connu une forte évolution entre 2010 et 2014 contrairement à
la période entre 2005 et 2010, ce qui signifie que l’accès aux médicaments reste un souci
majeur pour les malades qui participent par 59% de leur budget de soin.
Le traitement des pathologies lourdes (Cancer, hépatite…) reste coûteux par rapport au
pouvoir d’achat des marocains et représente un grand obstacle à l’accès au soin et un vrai
fardeau supporté par les caisses de la couverture médicale. En plus, plusieurs médicaments
sont en monopole pour ce genre de traitement ; ceci est dû à la nouveauté permanente dans la
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prise en charge de ces pathologies, ce qui ne laisse pas le temps aux génériques ou au bio-
similaires de s’installer puisqu’ils doivent respecter l’échéance des brevets. Ce contexte a
entrainé un coût élevé des cures de traitement, et un accès limité aux mutualistes et les
personnes aisés.
En 2000, l’industrie pharmaceutique au Maroc pouvait couvrir 72,2% des besoins nationaux
et proposer des médicaments génériques à un coût correspondant à 10 à 80% du prix des
produits de référence équivalents.
Avec la signature de l’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats Unis en 2004, la
législation marocaine était dans l’obligation de revoir ses dispositions en introduisant les
critères de la protection requis par l’ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce), notamment en matière du brevetage des médicaments. (Législation
pharmaceutique au Maroc, 2011). A partir du 1er janvier 2005, et en respectant cet accord,
l’industrie pharmaceutique marocaine a bel et bien limité le lancement de nouveaux
génériques jusqu’à ce qu’ils tombent dans « le domaine public ». Toutefois, il existe des
exceptions à ces droits ; ainsi, l’Etat, en cas de force majeure, pourra donner l’autorisation de
la fabrication et la commercialisation d’un traitement pour protéger la santé publique du pays.
Conclusion
L’industrie pharmaceutique marocaine offre au pays la latitude de mener une politique
d’amélioration de l’accès au médicament tout en faisant bénéficier nos citoyens et notre
médecine des derniers progrès thérapeutiques et notamment des derniers médicaments
innovants issus de la recherche internationale, un approvisionnement régulier et ce aussi bien
en médicament d’innovation indispensable pour le progrès pharmaceutique que de
médicaments génériques de bonnes qualités et à un prix beaucoup plus abordable pour les
patients pour l’élargissement de l’accès aux soins, priorité de notre pays. Le citoyen marocain
a bien attendu la baisse des prix des médicaments pour un meilleur accès aux soins, mais
malheureusement lorsqu’on analyse la liste qui a touché 1570 produits en juin 2014, nous
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constatons que 1015 médicaments ont connu une baisse de moins de 10 dirhams! Voire même
405 médicaments ont connu une baisse de 5 centimes !!!
L’Etat marocain doit veiller sur la disponibilité des médicaments au niveau des centres de
santé et des hôpitaux, surtout pour les pathologies chroniques et les vaccins surtout avec la
non disponibilité de ces produits en quantité suffisante pour couvrir la demande des patients.
Etant donné que la durée d’octroi de l’AMM des médicaments est longue, l’administration
de tutelle doit fournir plus d’efforts pour accelérer les procédures.
Le gouvernement doit revoir à la baisse le taux de la TVA appliqué sur les médicaments,
ainsi que les frais de douanes sur l’importation de la matière première pour la fabrication
des médicaments, et ce pour un meilleur accès aux soins.
Pour ce qui est de la dépendance excessive aux paiements directs au moment où les
personnes ont besoin de soins, l’Etat marocain doit penser à mettre en place une approche
de prépaiement.
Les laboratoires pharmaceutiques doivent faire rentrer des médicaments qui sont trop
demandés par le corps médical et qui ne sont pas disponible sur le marché marocain,
ce qui obligent les médecins à demander à leurs patients de les faire rentrer de
l’europe.
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Liste de figure
Figure 1 : Le circuit de distribution des médicaments en volume au
Maroc……………………P9
Bibliographie
Ali SEDRATI, « l’industrie pharmaceutique: le compromis entre performance et satisfaction
de l’intérêt général », intervention à la faculté de médecine et de la pharmacie de Rabat, les 20
et 21 septembre 2013
Rapport du ministère de la santé marocaine, « comptes nationaux de la santé 2010 », OMS et
ministère de la santé marocaine, Juin 2013.
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