Commentaire de La Lettre Aux Hébreux
Commentaire de La Lettre Aux Hébreux
Commentaire de La Lettre Aux Hébreux
COMMENTAIRE DE LA
LETTRE AUX HÉBREUX
à la suite de ces jours : après le temps des prophètes, mais dans leur continuité. Mis à part le ces,
cette locution se trouve dans l'Ancien Testament, par exemple en Jr 23, 20, ~ymiêY"h; ‘tyrIx]a;(B., evpV evsca,-
tou tw/n h`merw/n. Les traductions habituelles donnent à cette expression un sens correspondant aux
temps messianiques depuis l'incarnation du Verbe jusqu'au retour glorieux du Christ, qui la rap-
proche de 2 Tm 3, 1, Jc 5, 3, 1 P 1, 5.20, 2 P 3, 31.
nous a parlé par un Fils : est souligné avant tout ici la plus grande dignité du médiateur entre Dieu
et les hommes par rapport aux prophètes souvent désignés comme « serviteurs » (2 R 9, 7 ; 17, 13).
L'article indéfini un étonne au point que certains lui ont substitué un le (BOT) ou encore un son (La
Pléiade). Il faut pourtant le conserver car, d'après l'Ancien Testament, les anges, dont il va être ques-
tion juste après, sont eux aussi appelés « fils de Dieu » (Dt 32, 43 ; Jb 1, 6) et exercent un ministère
auprès des hommes (He 1, 14). Mais l'auteur veut souligner combien la filiation de ce Fils est sans
égale, ce qu'il va développer en He 1, 5-14.
qu'il a établi héritier de toutes choses : la supériorité de ce Fils de Dieu sur les anges est d'abord
marquée par le caractère universel de la seigneurie qu'il a reçu de Dieu en tant qu'homme. On pense
bien sûr aux paroles de Jésus en Mt 28, 18 : « Toute autorité m'a été donnée au ciel et sur la terre ».
par qui aussi il a fait les mondes (Cf. Sg 13, 9) : la supériorité de ce Fils de Dieu est encore souli-
gnée par le rôle unique qu'il a joué dans la réalisation de la création, rôle qui l'assimile à la Sagesse
de Dieu, « ouvrière de toutes choses », pa,ntwn tecni/tij (Sg 7, 21), « resplendissement, avpau,gasma,
de la lumière éternelle » (Sg 7, 26), et qui révèle sa nature incréée, sa nature divine.
portant toutes choses par la parole de sa puissance : autre rapprochement entre ce Fils et la Sa-
gesse puisque celle-ci est assimilée à la Parole de Dieu en Sg 9, 1-2. Non seulement, ce Fils est
Créateur, mais il est Providence avec son Père. L'unité de nature et la distinction des personnes du
Père et du Fils sont fortement suggérées par ces versets.
après avoir fait la purification des péchés : évocation discrète de l'Incarnation, de la Passion et de
la Résurrection et du caractère sacerdotal (cf. rôle du Grand Prêtre : Lv 16, 30) de ce Fils-Sagesse.
s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs : glorification auprès de Dieu de l'humanité
de ce Fils avec une allusion au Ps 110, 1 (cf. 1, 13 ; 8, 1 ; 10, 12 ; 12, 2). Les anges ne sont plus les
mieux qualifiés pour servir la médiation entre Dieu et les hommes, car le nom, celui de « Fils » (He
1, 5) et de « Prêtre-principal » (He 9, 11), reçu par ce Fils, fait de lui l'incomparable médiateur.
L'auteur précise dans les hauteurs : les rois siégeaient à droite de Dieu, c'est-à-dire à droite du
Temple de Jérusalem ; Jésus, lui, siège dans les cieux (He 8, 1), position évidente de supériorité aus-
si sur les anges, qu'on ne représente jamais assis en présence de Dieu, mais debout (Is 6, 2 ; Tb
12, 15).
1 BOT : « en cette fin des jours » ; BJ : « en ces jours qui sont les derniers » ; Segond : « dans ces derniers temps » ;
Crampon : « dans ces derniers temps » ; La Pléiade : « dans les jours derniers » ; TOB : « en la période finale où
nous sommes » avec en note : « Litt. à la fin des jours que voici [...] En ajoutant que voici , l'auteur affirme que la
période finale est désormais présente ; le Christ l'a inaugurée » ; Liturgie : « dans les derniers temps, dans ces jours
où nous sommes ». La traduction de Chouraqui se rapproche de celle proposée ici : « aux derniers de ces jours ».
2
I – SITUATION DU CHRIST : 1, 5 – 2, 18
L'exorde avait abouti à la contemplation de la gloire actuelle du Fils de Dieu. Désormais donc, l'au-
teur parle du Fils glorifié (cf. He 2, 9) en faisant appel à divers textes de l'Ancien Testament (7 cita-
tions dont 5 du psautier [He 1, 1.5.6.7.13]) :
De la contemplation du Christ Dieu et Roi supérieur aux anges, découle une exigence de vie sainte.
Un raisonnement a fortiori renforce cet appel. La tradition juive attribuait à des anges la promulga-
tion de la Loi au Sinaï (Ac 7, 38-53 ; Ga 3, 19). Toute désobéissance comporte un châtiment, d'au-
tant plus sévère qu'elle a lieu vis-à-vis d'une personne plus haute en dignité (Dt 13, 7-12).
Les verset 3-4 soulignent la tradition apostolique appuyée par des manifestations surnaturelles (Mc
16, 20) et des distributions de charismes (1 Co 12, 4.11).
2 Cf. aussi Dt 32, 43b (LXX) où le Vaticanus porte a;ggeloi qeou/ tandis que l'Alexandrinus a ui`oi. qeou/.
3 Un seul verset pour les anges (He 1, 7), cinq pour le Christ (He 1, 8-12) : contraste de dignité.
3
a) Exposé dogmatique : le Christ par rapport aux hommes, ses frères : 2, 5-18
La rédemption, le salut, se fait par le Fils, Dieu et homme, non par les anges. Alors que les anges
sont serviteurs du salut, le Fils en est le principe-agent (He 2, 10). C'est au Fils glorifié en son hu-
manité, non aux anges, que Dieu a donné autorité sur le monde à venir4, c'est-à-dire sur la création
nouvelle (He 1, 6 ; Mt 28, 18).
Utilisation du Ps 8, 5-7 : ce psaume, cité ici d'après les LXX avec omission du v. 7a5, parle de la vo-
cation de l'homme à être le maître du monde (Gn 1, 28 ; Sg 9, 2-3 ; Si 17, 2-4). Mais l'auteur l'ap-
plique au Fils qui a vécu notre condition d'homme et qui a été glorifié en son humanité 6 après les
abaissements de son Incarnation et de sa Passion, et à tous les hommes appelés à hériter du salut,
donc à régner avec le Fils, à être conduits à la gloire (He 2, 10).
2, 9 : Première désignation du Sauveur par le nom de son humanité qui signifie « Dieu sauve ». Le
Fils incarné a conquis sa gloire comme Sauveur en expiant le péché par les souffrances et la mort.
Sa relation avec les hommes est plus forte qu'avec les anges, donc la relation de Dieu avec les
hommes est plus forte qu'avec les anges. Le salut vient d'une faveur absolument gratuite de Dieu :
par grâce de Dieu, selon le plan de salut établi par Dieu. La mort du Fils incarné, sans la volonté
de Dieu qui la prescrit et qui l'agrée, n'aurait ni valeur sacrificielle, ni extension universelle.
2, 10 :La gloire du Fils, glorifié en son humanité, ne le sépare pas des hommes. Il est le princi-
pe-agent de notre salut (He 2, 10), il a souffert avec nous et pour nous. Il peut nous communiquer
sa perfection (He 5, 8-9 ; 10, 14) car Dieu l'a rendu parfait (Ex 29, 9 ; Lv 4, 5 ; 16, 32). Il y avait
une convenance théologique de la Passion en ce sens qu'elle était en accord avec le but fixé. Jeu de
mots entre avgago,nta et avrchgo.n. C'est parce que Dieu, cause finale de l'univers, veut de nombreux
fils glorieux qu'il décrète la Passion de son Fils, moyen choisi entre tous pour réaliser cette fin.
2, 11 : le Fils, en sa divinité et en son humanité, et les hommes ont tous Dieu pour Père. Ils sont
donc frères. À moins que l'auteur veuille parler d'Adam (Ac 17, 26). 2, 12 : La citation, sauf le
verbe, vient du Ps 21, 23 (LXX) qui est par excellence le psaume de la Passion (Mt 27, 35.39.43.46)
et de la Résurrection. Le v. 23 s'applique en effet au Fils ressuscité dont l'abaissement est tellement
prodigieux qu'il est nécessaire de le prouver par l’Écriture. Ce texte montre que sa gloire de ressus-
cité ne porte pas Jésus a avoir honte de nous.
2, 13 : Deux citations ; la première peut provenir du Ps 18, 1 (// 2 Sm 22, 1) : « De David. Quand le
Seigneur l'eut délivré de la poigne de tous ses ennemis », mais on la trouve aussi comme la seconde
en Is 8, 17 : Je mettrai ma confiance en lui : Jésus confesse son indigence en tant qu'homme et ac-
cuse ainsi sa fraternité avec nous 7 ; Jésus est vers Dieu et avec les hommes ; il reçoit de Dieu les
hommes comme ses enfants (lien de sang, communauté de nature) ; l'Ancien Testament est lu en
fonction du Messie.
4 Expression fréquente dans les targums ; par exemple TarQo 9, 4 : « Qui est l'homme qui s'attache à toutes les paroles
de la Loi pour acquérir la vie du monde à venir ? »
5 « Tu l'as établi sur les œuvres de tes mains. »
6 Sub pedibus ejus, id est sub humanitate ejus, S. Thomas d'Aquin.
7 Fiducia est expectatio cujuscumque auxilii et secundum hoc fuit in Christo fiducia, in quantum secundum humanam
naturam expectabat a Patre auxilium in Passione, S. Thomas d'Aquin.
4
2, 16 : Jésus ne s'est pas lié aux anges – il n'y a pas de rédemption pour eux – mais aux hommes.
Point final à la confrontation entre Jésus et les anges. evpilamba,nomai : saisir, agripper (Si 4, 11 ; Mt
14, 31 ; 1 Tm 6, 12.19). Is 41, 8 : descendance d'Abraham : charnelle et spirituelle ; pourquoi pas
descendance adamique ? Abraham est le père des croyants.
Cette partie développe les deux attributs de Jésus comme Prêtre-principal annoncés en 2, 17 en
commençant par le second. L'auteur y envisage le ministère de Jésus postérieur à la Croix. Les com-
paraisons avec Moïse (He 3, 1-6), puis avec Aaron (5, 1-10), expriment la continuité entre Jésus et
ces deux figures de l'Ancien Testament. La comparaison avec Moïse est suivie d'une mise en garde
contre le manque de foi (He 3, 7 – 4, 14).
Moïse était le fondateur de la théocratie juive et du royaume de Dieu sur terre, exerçant antérieure-
ment à Aaron. Jésus est digne-de-foi comme lui et plus que lui.
3, 1 : Première interpellation des auditeurs au discours direct : frères saints ; l'adjectif saint ici n'ex-
prime pas une perfection personnelle, mais une mise à part grâce au baptême (He 10, 22), une sanc-
tification inchoative. Cette interpellation montre qu'ici commence le thème spécifique du rythmo-
catéchisme : le sacerdoce de Jésus. Un appel céleste : légère opposition à Israël dont l'appel était
terrestre. L'apôtre et Prêtre-principal de notre profession de foi : le terme apôtre signifie en-
voyé, messager ; Jésus, comme Moïse (Ex 3, 10), est envoyé pour transmettre l'appel à la foi et au
salut ; allusion à la médiation descendante, à Mal 2, 7 où il est dit du prêtre qu'il est le « messager,
%a'l.m;, a;ggeloj, du Seigneur » et que « de sa bouche on recherche l'instruction », suivant la bénédic-
tion de Moïse pour la tribu de Lévi (Dt 33, 8-10).
3, 2 : L'adjectif pisto,j doit se traduire ici par digne-de-foi, et non par « fidèle », comme en Nb
12, 1-10 où Dieu dit de Moïse qu'il est « digne-de-foi » (12, 7) dans toute Sa maison. De même, il
est dit du Fils de David : « C'est lui qui me bâtira une maison [...] et je le rendrai digne-de-foi dans
ma maison » (1 Ch 17, 12.14 [LXX]).
3, 3 : Jésus est digne-de-foi comme Moïse, et plus que Moïse, parce qu'il est Dieu en personne.
Moïse, comme les anges, n'est que qera,pwn (Nb 12, 7). Jésus est le bâtisseur de la maison à la diffé-
rence de Moïse.
3, 4 : La traduction convenable est celui qui a tout construit est Dieu ; la traduction « c'est Dieu »
est inexacte. Comme Fils de Dieu, Jésus est le créateur du ciel et de la terre (He 1, 10), comme fils
de David, il est, dans son mystère pascal, le constructeur du nouveau sanctuaire (Jn 2, 19-22), du
nouveau peuple de Dieu (He 3, 6), de la nouvelle création (He 12, 27-28). Moïse = serviteur, legis
pronuntiator (Nb 12, 7/He 3, 5) ; Jésus = Fils, legislator (1 Ch 17, 13 ; He 1, 2.5).
5
3, 6 : Nous demeurons dans la maison de Dieu, son peuple, si nous le voulons bien, en tenant ferme
dans les épreuves et en nous appuyant sur la miséricorde divine en Jésus (He 4, 16). Christ : pre-
mière apparition du titre messianique dans ce texte. L'assurance, la parrhsi,a, vertu caractéristique
de celui qui parle sans crainte (Jn 7, 13 ; Ac 2, 29 ; 2 Co 3, 12), de celui qui est libre et franc dans la
confession de foi, dont l'objet est le salut à venir (He 4, 14).
3, 6 a habilement préparé cette exhortation. Parole est laissée à l'Esprit Saint (He 3, 7) qui s'exprime
dans l’Écriture. L'auteur choisit le psaume 94 pour stimuler les fidèles. Aujourd'hui, mot capital
qui indique un présent toujours actuel ; il s'agit de savoir saisir le moment favorable, car la grâce
prévenante est toujours offerte.
3, 7-11 : Par sa voix, il faut comprendre la voix du Christ. Le Christ glorifié est digne-de-foi. Il a
toute autorité pour parler au nom de Dieu. L'exhortation découle de la doctrine. C'est une mise en
garde pour ne pas commettre à nouveau la faute (désobéissance, incrédulité) de certains membres
du peuple d'Israël après la sortie d’Égypte. Le Ps 94 est cité d'après les LXX qui attribuent ce
psaume à David. En hébreu, les mots « Mériba » et « Massa » renvoient à des épisodes de la traver-
sée du désert (Ex 17, 1-7 ; Nb 20, 1-13). Mais en grec, ils sont traduits par « révolte » et « épreu-
ve », et renvoient à un autre épisode narré en Nb 13-14, rappelé en Nb 32, 8-13, Dt 1, 19-45, 9, 23
et Ps 106, 24-27, et qui est le seul où est rapporté un serment (sentence irrévocable) de Dieu contre
la génération de l'Exode (Nb 14, 30). Le manque de foi avait irrité le Seigneur (Nb 14, 11) qui avait
juré la perte de tous les adultes au cours de 40 ans d'errance (Nb 14, 23-30.34). La kata,pausij est la
halte définitive, le lieu du repos ; elle est à mériter par la fidélité ; la terre promise n'était que la fi-
gure des dons spirituels et du repos céleste. Le manque de foi et d'obéissance, la dureté de cœur,
l'indocilité, la résistance à Dieu et à sa volonté, a des conséquences terribles, nous dit l'auteur.
3, 12-13 : Appel à une attitude exemplaire pour garder la foi. Chacun est responsable des autres,
chacun est le gardien de son frère. Le grand péché, c'est l'endurcissement du cœur. Pour la duperie
du péché, cf. Dt 11, 16 ; le péché dupe en effet parce qu'il ne tient pas ce qu'il promet.
3, 14 : L'attitude proposée est l'inverse de celle des israélites en Nb 14 qui voulaient retourner en
Égypte (Nb 14, 3) et ne maintenaient pas leur engagement premier. Il s'agit de retenir jusqu'à la fin
de notre vie th.n avrch.n th/j u`posta,sewj, « le principe de base » (Pléiade), c'est-à-dire la docilité du
cœur, la foi, (He 3, 6) puisque du Christ et par le Christ les biens célestes sont reçus.
3, 16-19 : Questions rhétoriques. Les israélites avaient péché (Nb 14, 10). Le Seigneur avait juré
qu'ils n'entreraient pas en terre promise (Nb 14, 30), leurs cadavres tombèrent dans le désert (Nb
14, 29.32-33) en punition de leur désobéissance (Nb 14, 22.43), de leur incrédulité (Nb 14, 11).
Craignons qu'un chrétien ne soit trouvé coupable d'être resté en retrait, n'ait pas d'espérance. Une
promesse d'entrer dans le repos de Dieu demeure comme en Nb 14, 31 et au Ps 94. La génération de
l'exode avait reçu la bonne nouvelle d'une terre, les chrétiens, celui d'un repos en Dieu, d'une parti-
cipation à la vie même de Dieu. Pour les israélites, l'entrée dans le repos de Dieu s'est réalisée au
temps de Josué. Pour les chrétiens, ce repos est celui d'une participation au bonheur même de Dieu,
la paix spirituelle dans l'union à Dieu. C'est un appel céleste (He 3, 1), mais le chrétien peut être
tenté d'abandonner la foi et l'espérance communes de l’Église.
6
Éloge de la Parole de Dieu pour que les croyants la prenne au sérieux. Éloge qui se limite à sa fonc-
tion judicative. La Parole de Dieu est efficace et atteint à l'intime de chacun pour faire le tri entre le
bien et le mal qui l'habite. Pas d'échappatoire possible (He 4, 13) ! La Parole divine a une redou-
table puissance de discrimination. Devons une parole = devons compte : jeu avec lo,goj Qeou/.
Transition entre les deux sections de cette deuxième partie. La première phrase (He 4, 14) avec son
donc conclut le développement précédent sur Jésus, Prêtre-principal digne-de-foi (3, 1 – 4, 148) ;
elle rappelle l'exposé du Jésus, Prêtre-principal glorifié en tant que Fils (He 3, 1-3.6), puis reprend
l'exhortation à la foi. Les deux phrases suivantes (He 4, 15-16) introduisent le second aspect du sa-
cerdoce annoncé en He 2, 17 : Prêtre-principal miséricordieux.
Jésus a connu la tentation de résister à la volonté de Dieu. Dieu donne le secours de sa grâce pour
répondre fidèlement à son appel. Par ses souffrances, Jésus a acquis une capacité de compassion
qu'il conserve dans sa gloire (He 4, 15 ; 2, 17-18). La seule différence entre lui et les hommes tient à
son impeccabilité constante, même au cœur de l'épreuve 9. Sa solidarité avec les hommes ne devait
pas aller jusqu'au péché pour rester solidarité, car le péché est un facteur de désolidarisation, de dés-
union et de division. Pour être pleinement effective, la médiation du Christ Prêtre-principal requiert
et une relation forte avec Dieu, et une relation forte avec les hommes.
Exposé qui insiste sur les liens du Prêtre-principal avec les hommes : a) 5, 1-4 : le Prêtre-principal
en général ; b) 5, 5-10 : le Christ comme Prêtre-principal. Il y a une relation de ressemblance entre
le sacerdoce du Christ et le sacerdoce ancien. Sur les aspects de différence et de supériorité, cf. He
7, 1-10.18. L'auteur s'intéresse ici aux aspects du Prêtre-principal qui ont rapport à la miséricorde,
alors que l'Ancien Testament ne s'occupait guère de ce côté du sacerdoce. Il s'agissait surtout d'être
prêtre pour Dieu (Ex 28, 1 ; 29, 1) et cela impliquait une rupture des liens de famille (Dt 33, 9) et
une sévérité terrible envers les pécheurs (Ex 32, 26-29 ; Nb 25, 6-12).
Dans l'Ancien Testament, les prêtres étaient chargés d'offrir des sacrifices pour obtenir le pardon des
fautes commises (Lv 4, 1 – 5, 16 ; 16, 3-34) : ce qui est une œuvre de miséricorde. Leur faiblesse
n'est pas caché (Ex 32, 1-4 ; Lv 4, 1). Dans la liturgie du Grand Pardon, le Prêtre-principal offrait en
premier lieu un sacrifice d'expiation « pour lui-même et pour sa maison » (Lv 16, 6.11). Il en offrait
ensuite un autre, plus modeste, pour les péchés du peuple (Lv 16, 14-16).
5, 4 : Le sacerdoce est un don de Dieu. Personne n'y a droit, le châtiment de Coré (Nb 16) le rap-
pelle. Le Christ lui-même a reçu le sacerdoce de son Père. Son offrande fut une offrande de prières
et de supplications. Il a été exaucé dans sa résurrection. La Passion du Christ fut une offrande sacer-
dotale, non rituelle, mais existentielle. Le Christ demandait à Dieu de le sauver de la mort (He
5, 7 // Mt 26, 39) tout en s'en remettant à sa volonté dans un respect religieux. Il a été parfaitement
exaucé car il a été sauvé de la mort pour toujours (Rm 6, 9).
5, 8 : Comment comprendre que le Christ a appris l'obéissance ? Pas dans le sens où à un moment
il aurait été indocile à Dieu (He 4, 15 ; 10, 5-9 ; Jn 8, 46 ; 1 P 1, 19), mais dans le sens où il a appris
dans sa chair ce qu'il en coûte d'obéir.
8 Profession de foi : inclusion avec 3, 1.
9 Dieu a mis son peuple à l'épreuve : Ex 16, 4 ; Dt 8, 2 ; 13, 4.
7
5, 9 : Jésus, dans sa nature humaine, a été rendu parfait, consacrer-prêtre, teleio,w, : verbe qui
dans l'Ancien Testament est utilisé de fait pour la consécration du prêtre (Ex 29, 9 ; Lv 4, 5 ;
16, 32 ; cf. He 2, 10). Cette perfection, il peut la communiquer à ceux qui adhèrent à lui par la foi et
l'obéissance : c'est le salut éternel, victoire définitive sur le mal et la mort.
Cette partie relève les traits spécifiques du sacerdoce du Christ, elle répond à la question : quel gen-
re de sacerdoce est celui du Christ ?
Comment comprendre les reproches de 5, 11-14 et le fait de laisser l'enseignement du début (He
6, 1) malgré cela ? Il y a sans doute ici une manœuvre oratoire pour rendre les auditeurs attentifs,
car la situation des auditeurs est loin d'être déplorable, comme le pense d'ailleurs l'auteur (He 6, 9).
6, 1 : Les œuvres mortes : œuvres mauvaises ou faites sans posséder la vie surnaturelle. 6, 2 :
S'agit-il des baptêmes d'eau, de sang et de désir ? Ou bien du baptême sacramentel et du baptême
(bain) en usage chez les juifs ? Ou bien du baptême de Jean et du baptême de Jésus ?
Repentir et foi : phase morale de l'entrée dans l’Église ; baptême et imposition des mains : phase
sacramentelle avec explication des rites de la communication de la grâce ; jugement et résurrec-
tion : phase eschatologique.
6, 4-6 : Déclaration qui a suscité la controverse. L'interprétation en est difficile. Peut-être faut-il
comprendre que la conversion est impossible aux apostats tant qu'ils maintiennent leur attitude
d'apostasie, tant qu'ils veulent persister dans leur péché, tant qu'ils n'éprouvent aucun repentir.
6, 9-12 : L'auteur veut dissuader les bons chrétiens de toute complicité avec le mal. Il veut qu'ils
soient sauvés, entrent en possession du salut (He 6, 11). Tel est son véritable souci. Il aime ceux à
qui il parle et termine par un éloge et des encouragements : l'éloge porte sur la charité (He 6, 10) et
les encouragements sur l'espérance et la foi persévérante (He 6, 12). L'attention est attirée sur les
trois vertus théologales dont il sera encore question en He 10, 22-24. À propos de la charité, il mon-
tre la relation entre amour de Dieu et amour du prochain (He 6, 10) : servir les autres revient à ser-
vir Dieu. Vous êtes dans la situation meilleure (He 6, 9), non dans une situation... Dans les ver-
sets précédents, il veut donc prémunir les auditeurs contre l'attiédissement.
6, 13-20 : Il y a une double raison d'espérer. L'auteur cite, comme exemple de foi persévérante,
Abraham (Rm 4). Au thème de la promesse est joint celui du serment qui prépare He 7, 20-22. À
l'issue du sacrifice d'Isaac, Dieu avait confirmé par un serment la promesse faite à Abraham quel-
ques années auparavant, d'une descendance innombrable (Gn 15, 5 ; 22, 16 [LXX] : « Je jure par
moi-même »). 6, 16 : Insistance sur la valeur du serment chez les hommes, donc a fortiori de la part
de Dieu.
6, 17-20 : Une seule phrase en grec et très compliquée. Le serment divin fait au Christ nous concer-
ne aussi en nous donnant la garantie de l'entrée dans le repos (He 4, 4.10) éternel si nous persévé-
rons dans la foi, dans l'espérance, dans l'adhésion à Jésus. Nous sommes les héritiers de la promes-
se (He 6, 17). C'est la promesse de l'héritage éternel (He 9, 15 ; cf. 1 P 1, 4).
8
Notre espérance s'appuie sur l'oracle du Ps 110, 4 qui proclame que le Christ glorifié est Prêtre-
principal pour toujours et qui confirme cette proclamation par un serment divin. Dieu s'est donc
engagé doublement : par un oracle et par un serment (He 6, 17-18). Le Christ a été notre précurseur
dans la gloire céleste (He 6, 20) et son sacerdoce demeure à jamais : il ne sortira plus du sanctuaire
céleste, mais il nous y attire (He 2, 10 ; 3, 1 ; 10, 20). Le Christ est Prêtre-principal pour les autres.
La perspective ici n'est pas celle du rapprochement du sacerdoce Christ avec le sacerdoce ancien qui
était celle de He 3, 1 – 5, 10. Au contraire, les différences entre les deux sacerdoces sont soulignées.
L'insuffisance des institutions anciennes (sacerdoce, sanctuaire, sacrifices, alliance) est maintenant
dénoncée ; leur dépassement par le Christ proclamé. Dénonciation de l'insuffisance du sacerdoce is-
raélite par le recours à Gn 14, 17-20 et Ps 110, 4 mettant à l'honneur le sacerdoce de Melchisédech.
Commentaire de Gn 14, 18-20. L'auteur en cite plusieurs expressions : le nom de ce roi-prêtre, ses
titres, son action de bénir Abraham et celle de recevoir de lui la dîme. Le nom Melchisédech vient
de mélék, « roi », et de sédéq, « justice » ; shalem est assimilé à shalôm, « paix » ; allusion probable
au Messie annoncé comme roi de justice et de paix (Ps 45, 7-8 ; Is 9, 5-6 ; 11, 4-5 ; Ps 72, 7).
• Bénédiction d'Abraham (He 7, 6-7) : bénir ici n'a pas le sens de « louer », mais de trans-
mettre les grâces divines. Celles-ci descendent de Dieu sur les hommes, soit directement,
soit par l'intermédiaire du père de famille, du roi ou du prêtre (Gn 14, 19)
• Prélèvement de la dîme, donc sur tout Israël et particulièrement sur Lévi (He 7, 1-2.4.9-10)
• La mort de Melchisédech n'est pas racontée (He 7, 8)
La base de l'argumentation est le Ps 109, 4, déjà plusieurs fois cité (He 5, 6.10 ; 6, 20). L'auteur veut
montrer que le sacerdoce lévitique n'était pas parfait. Il emploie pour cela le mot grec telei,wsij ,
« action-de-rendre-parfait », ne manquant pas d'audace car ce terme est utilisé dans la Bible grecque
pour indiquer précisément la consécration du Prêtre-principal (Ex 29, 22.26.28.29.31.33). Le verbe
de la même famille, teleio,w, « conduire à la perfection » (Ex 29, 9.29.33.35 ; Lv 4, 5 ; 8, 33), y sert
de même exclusivement pour dire « consacrer-prêtre ».
Pour être pleinement agréé par Dieu comme Prêtre-principal, il est indispensable d'avoir été « rendu
parfait ». Mais, dit l'auteur, les cérémonies anciennes ne méritaient pas leur nom car en fait elles ne
pouvaient rendre parfait. Leur rituel était uniquement extérieur (bain, onction, vêtements, sacrifices
d'animaux ; Ex 29 ; Lv 8). Elles ne pouvaient libérer la conscience de ses fautes et vices. Le Christ,
lui, a été conduit à sa perfection par sa Passion (He 5, 7-8). Il est ainsi devenu Prêtre-principal
(He 5, 10 ; 6, 20). Si le sacerdoce lévitique lui agréait parfaitement, Dieu aurait-il annoncé un Prê-
tre-principal d'un genre différent (Ps 110, 4) ?
9
7, 11-15 : Se lever : verbe qui sert par ailleurs à exprimer la résurrection. Le prêtre différent est
bien sûr le Christ ressuscité (He 7, 14.22), non de la tribu de Lévi, mais de Juda, non mortel, mais
immortel, prêtre pour l'éternité grâce à sa Passion et à sa résurrection (He 7, 16 : vie indestructible).
7, 12 : Avec le sacerdoce ancien, la Loi de Moïse elle-même est mise en question. La loi mosaïque
avait pour but de régler les bonnes relations du peuple avec Dieu et des membres du peuple entre
eux. La Loi avait donc organisé un sacerdoce. Loi et sacerdoce étaient liés.
7, 18-19 : La Loi et le sacerdoce ancien ne pouvaient transformer les personnes de l'intérieur (Rm
3, 20 ; Ga 2, 16). L'espérance meilleure : avoir un contact authentique avec Dieu, un contact intime.
7, 20-28 : Le sacerdoce du Christ est appuyé d'un serment divin (Ps 109, 4) à la différence du sacer-
doce lévitique, ce qui le rend irrévocable (≠ Jon 3, 1-4.10 ≠ Gn 22, 15-18 ; Nb 14, 28-30.40-45) ; il
est à jamais ; rien ne peut donc interrompre l'intercession du Christ en notre faveur (He 7, 25 ; Rm
8, 34 ; 1 Jn 2, 1). 7, 26-28 : rappel que le Christ n'a pas péché (He 4, 15 ; 9, 14), qu'il est parfait et
que son sacrifice fut parfait et unique : une fois pour toutes, evfa,pax (He 7, 27; 9, 12 ; 10, 10 ; Rm
6, 20), a[pax (He 9, 26.2810). Lui-même, voilà son offrande.
8, 3 – 9, 10 va donc seulement parler de la tente dressée par un homme, Moïse, tente qui ne donne
pas accès au vrai sanctuaire. 9, 11-28 donne par contre des précisions sur la tente véritable (He
9, 11) et sur l'entrée dans le vrai sanctuaire (He 9, 24).
8, 3-6 : Dépassement du culte terrestre. Le service liturgique comporte l'offrande de sacrifices. Mais
pour l'offrande de notre Prêtre-principal, il n'y avait pas de place dans le culte de Loi mosaïque
puis-qu'il était réservé aux prêtres lévitiques. 8, 5 porte alors un jugement dépréciatif sur le culte
terrestre. La traduction de ce verset n'est pas aisée. Ou bien on comprend « ils rendent un culte à
une copie et à une ombre », et on assimile le culte à de l'idolâtrie ; ou bien on comprend « ils
rendent leur culte au moyen d'une copie/d'un exemple et d'une ombre » (cf. He 9, 23). La tente et le
sanctuaire n'étaient qu'une imitation sur cette terre du sanctuaire et de la tente véritables (Ex 25, 40).
Jésus est désormais Prêtre-principal à jamais, toujours présent dans le sanctuaire céleste. Il célèbre
une liturgie supérieure qui est un sacrifice d'alliance dont il est lui-même le Médiateur (He 5, 9).
Les promesses sont meilleures (He 7, 19) parce qu'elles portent sur des réalités célestes (He 3, 1)
L'alliance du Sinaï (Ex 24, 3-8) était imparfaite. L'oracle de Jérémie (Jr 31, 31-34) confirme cette
vue. L'ancienne alliance était gravée sur des pierres (Ex 34, 1.28), la nouvelle le sera sur les cœurs
(He 8, 10). Ce ne sera pas un contrat collectif, mais une relation personnelle de chacun avec Dieu.
Cette situation spirituelle incomparable sera rendue possible, d'après l'oracle, grâce à la miséricorde
du Seigneur qui promet de tout pardonner (He 8, 12). 8, 8-12 : la plus longue citation de l'Ancien
Testament dans le Nouveau. L'expression alliance nouvelle ne se trouve nulle par ailleurs dans
l'Ancien Testament. 8, 13 : texte prononcé avant la destruction du Temple en 70 (He 8, 4 ; 9, 9) ?
10 Sous l'ancienne Alliance, le Prêtre-principal entrait une seule fois, a[pax, par an dans le Saint des Saints (He 9, 7).
10
La première alliance avait un culte avec des rites codifiés qui s'effectuaient en ce monde (He 9, 1).
a) 9, 2-5 : Brève description de ce lieu de culte a') 9, 8 : Jugement sur le lieu saint
b) 9, 6-7 : Évocation des rites b') 9, 9-10 : Évocation des rites
L'auteur ne considère pas le Temple de Jérusalem, mais la Tente du désert car c'est d'elle que traite
la Loi de Moïse (Ex 25, 31.36-40). Il insiste sur les deux parties de la Tente : le Saint et le Saint des
Saints. Il donne l'impression qu'il s'agit de deux tentes, la première (He 9, 2.6), la seconde (He 9, 7).
Mais en grec, la première tente peut signifier la première partie de la tente. Seule la seconde par-
tie correspond au Saint des Saints, le sanctuaire proprement dit qui est l'habitation de Dieu. La pre-
mière tente est seulement le chemin qui y mène (He 9, 8).
9, 3 : Le second rideau (Ex 26, 31-33 ; 36, 35-36 ; 40, 3.21) ; 9, 4 : Une urne avec la manne (Ex
16, 33), le bâton d'Aaron (Nb 17, 25). On disait de Dieu qu'il « siégeait sur les chérubins » (1 S
4, 4 ; 2 S 6, 2), mais l'auteur se garde ici de mentionner cette croyance ; d'ailleurs il ne mentionne
jamais Dieu, omission significative ! Un autel des parfums : Selon Ex 40, 5.26-27, sa localisation
n'est pas précise, mais devant servir chaque jour (Ex 30, 7-8), il ne pouvait se trouver dans la se-
conde partie de la tente. À vrai dire, l'auteur ne parle pas d'autel des parfums. Le mot grec qu'il em -
ploie, qumiath,rion (hapax du Nouveau Testament et rare dans l'Ancien), ne désigne pas un autel,
mais un encensoir (2 Ch 26, 19 ; Ez 8, 11).
9, 6-7 : Description qui vise à mettre en lumière les restrictions imposées pour l'entrée dans le Saint
des Saints : entrée concédée au Grand Prêtre et seulement une fois par an : allusion à la liturgie du
grand pardon (Kippour ; Lv 16)11. 9, 8 : Le vrai sanctuaire n'est pas de facture humaine. Sans le
Christ, son chemin ne pouvait être trouvé ; c'est un chemin de transformation intérieure (He 9, 9).
Le culte ancien était inefficace de ce point de vue. Il cherchait avant tout à se rendre Dieu propice
(Nb 17, 9-13 ; 2 S 24, 25 ; Gn 8, 20-21). Difficulté : par là = par le rite d'expiation ?
9, 10 : Au culte ancien est associé tout le système de pureté rituelle qui distinguait aliments purs et
aliments impurs. Ces rites de chair n'atteignent que l'extérieur de l'homme et pas jusqu'à sa
conscience. La réforme, le temps du relèvement devait venir pour accomplir, porter à leur perfec-
tion, ces rites. Il revenait au Christ d'être l'auteur du culte nouveau (He 9, 14).
L'offrande personnelle du Christ fut parfaite et définitive. 9, 11-14 s'oppose à 9, 1-10 : autre Prêtre-
principal, autre tente, autre sang, autre entrée, autre offrande. 9, 11-12 : le Christ est Prêtre-principal
qui par la tente entre dans le sanctuaire avec son propre sang. Comment comprendre ces versets ?
• Par son propre sang : par sa mort de crucifié transformée en don total de lui-même
• Par la tente plus grande et meilleure : les cieux, le ciel sidéral (He 10, 19) ? Non, car il est
dit que cette tente n'est pas de cette création. Or, selon He 1, 10 et 12, 26, les cieux appar-
tiennent à cette création. De plus, ici il n'est pas dit que le Christ a traversé la tente comme
en He 4, 14 où il est dit qu'il a traversé les cieux. L'interprétation n'est pas cosmologique,
mais christologique ; la tente ici équivaut à l'humanité du Christ, à son corps glorifié qui
n'est pas de cette création (Mt 26, 61 ; Jn 2, 19-22 ; Mc 14, 58).
Le sanctuaire, lui, n'avait pas à être fait, car il existait depuis toujours n'étant rien d'autre que la
sainteté de Dieu. Mais ce qui manquait, c'était une tente, c'est-à-dire un moyen d'accès à ce sanc-
tuaire : l'humanité glorifiée du Christ (He 2, 10 ; 5, 8-9 ; 7, 28). Elle est le chemin du sanctuaire,
chemin enfin manifesté (He 9, 9), chemin que le Christ a inauguré pour nous.
9, 12 : L'entrée du Christ auprès de Dieu a une portée salvifique. C'est une libération définitive, un
éternel rachat pour toute l'humanité, car c'est un sacrifice offert en un Esprit éternel. 9, 13 : Raison-
nement a fortiori qui vient appuyer ce qui précède. Purification extérieure (Nb 19, 2-10) / purifica-
tion intérieure : le Christ prêtre et victime parfaits parce que pleinement habité par l'Esprit Saint. Le
salut obtenu par le Christ nous lave de nos fautes et nous conduit à l'union à Dieu, au véritable culte.
Le Christ a transformé sa mort en victoire sur le péché et en source d'union à Dieu. Son sang est la
base de la nouvelle alliance promise par l'oracle de Jérémie (Jr 31, 31-34 ; He 8, 12). Une des pro-
messes de l'oracle : le pardon des fautes commises sous l'alliance du Sinaï (Jr 31, 34 ; He 8, 12). La
mort du Christ a obtenu la réalisation de cette promesse. Établie grâce à sa mort, la nouvelle al -
liance a un aspect de testament entré en vigueur. La mort du Christ nous obtient l'héritage éternel
(cf. Gn 15, 7.18 ; Ex 6, 8).
Le mot grec diaqh,kh, traduit en français par « alliance », signifie d'abord « disposition », plus parti-
culièrement « disposition testamentaire », « testament ». Le mot hébreu tyrIB., traduit lui aussi par
« alliance », signifie plutôt « engagement ». L'ancienne alliance avait déjà un rapport avec un testa-
ment, car elle était fondée sur du sang versé (Ex 24, 3-8).
9, 23 : Les copies des choses célestes : Loi, peuple de l'Ancien Testament, Tente du désert. Les
choses célestes : Révélation évangélique, peuple de la nouvelle Alliance, liturgie chrétienne ; pour
prendre consistance, elles ont besoin de l'offrande du Christ. 9, 24-28 : Aboutissement céleste défi-
nitif. Le retour du Christ aura pour but de soustraire ses fidèles au jugement de condamnation.
Par sa Passion, le Christ est devenu cause de salut éternel (He 5, 9-10).
Critique des institutions de l'Ancien Testament. La Loi n'était qu'une annonce des vrais biens : par-
don des fautes, lumière de la foi chrétienne, effusion de l'Esprit Saint, relation intime avec Dieu, en-
trée dans l'héritage éternel. Son culte manquait d'efficacité pour purifier des péchés et communiquer
la perfection spirituelle. Elle n'était qu'une remise en mémoire des fautes (He 10, 3 ; Lv 16 [toute-
fois, Lv 16, 30]).
L'auteur étaie son affirmation en citant le Ps 40, 7-9 [LXX] qui parle de divers sacrifices et qui leur
oppose l'offrande de la personne elle-même (He 10, 5-7) ; ce psaume annonce l'attitude-même du
Christ à son entrée dans notre monde (Jn 6, 38 ; 4, 34 ; 5, 30). L'offrande du Christ est efficace par-
ce qu'elle est accomplissement de la volonté de Dieu. Elle répare, par un acte d'obéissance, la déso-
béissance d'Adam.
• Activité liturgique sans répit des prêtres de l'ancienne alliance / Unique sacrifice du Christ
• Nécessité d'être debout / Gloire de siéger à la droite de Dieu
12
Désormais, le Christ n'a plus à souffrir ni à se fatiguer. Dieu travaille à lui soumettre ses ennemis.
Dans le Christ, notre perfection humaine est déjà acquise (He 10, 14). Tout comme la perfection ac-
quise du Christ en sa Passion, la perfection du chrétien a une valeur sacerdotale : elle habilite à pé-
nétrer dans le sanctuaire (He 10, 19) et à présenter à Dieu des offrandes (He 13, 15-16). C'est là l'ac-
complissement de l'oracle de la nouvelle alliance (He 10, 16 ; Jr 31, 33). C'est une perfection qui
rend le cœur docile à Dieu. La perfection que le Christ nous communique est une perfection d'obéis-
sance en union de cœur avec lui. Elle consiste à avoir les lois de Dieu inscrite en nos cœurs. L'im-
molation des animaux n'a plus de raison d'être, le Christ nous a purifiés de nos péchés.
Appel à l'union au Christ prêtre par la foi, l'espérance et la charité : 10, 19-25
Les chrétiens possèdent trois privilèges :
• Le droit d'accès au sanctuaire (He 10, 19 ; Mt 27, 51) réservé jadis au seul Prêtre-principal
• Une voie pour y arriver (He 10, 20 ; Jn 14, 6) : le corps glorifié du Christ
• Un prêtre qui est notre médiateur (He 10, 21 ; 1 Tm 2, 5)
10, 25 : le Jour12 : celui du retour du Christ dont le jugement condamnera les pécheurs obstinés.
Nous n'avons pas affaire ici à une pastorale de la peur, mais de la responsabilité et de l'amour. La
grandeur du salut qui nous a été conféré exige la grandeur de notre vie morale.
Pour encourager ces chrétiens, l'auteur recourt à un oracle du prophète Habaquq [LXX] qui appelle
à attendre avec endurance un personnage, non identifié, qui viendra sans tarder. Pour les chrétiens,
« celui qui doit venir » (Mt 11, 3 ; Jn 11, 27), c'est le Christ. Son retour est proche (Jn 16, 16 ; Ap
3, 11 ; 22, 20. Il faut veiller pour l'attendre en tenant bon dans la foi, dans la fidélité.
10, 36.38-39 : Endurance et foi/fidélité annoncent la partie suivante : éloge de la foi (He 11) et en-
couragement à l'endurance (He 12, 1-13).
12 Cf. So 1, 14-18.
13
11, 8-19 : La foi d'Abraham : obéissance à l'appel de Dieu (Gn 12, 1-4), foi en ses promesses (Gn
15, 6), maintien de son adhésion bien qu'il se trouvât sur la terre promise sans en recevoir la posses-
sion (He 11, 9). Il attendait la cité céleste dont la fondation est le Christ. À la promesse de la terre,
Dieu a ajouté celle d'une postérité (Gn 15, 5). He 11, 11 parle de la foi de Sara. Or, dans le récit de
Gn 18, 12-15, c'est son manque de foi qui est souligné. Mais le texte peut-être traduit autrement :
Par la foi, Sara elle-même étant stérile, il reçut le pouvoir de concevoir... La fécondité du pa-
tri-arche marqué par la mort est une victoire de Dieu sur la mort qui annonce la résurrection du
Christ (Rm 4, 19-20). Perspective qui sera encore celle du sacrifice d'Abraham (He 11, 17-19).
11, 20-22 : Isaac, Jacob, Joseph. La bénédiction d'Isaac était fondée sur la foi en Dieu et visait la
transmission des ses grâces. De même celle de Jacob. Joseph, en prédisant le retour des israélites en
Terre promise (Gn 50, 24) manifeste sa foi dans les promesses de Dieu. En recommandant qu'on y
apporte ses ossements (Gn 50, 25), il montre son désir d'entrer dans le repos de Dieu et laisse entre-
voir en quelque sorte un espoir de résurrection.
11, 23-31 : La foi de Moïse et l'exode. Par la foi, les parents de Moïse obéirent à Dieu plutôt qu'à un
décret inique de Pharaon (Ex 1, 22 ; 2, 2). L'attitude de Moïse (He 11, 24-26) préfigure la Passion
du Christ. Comme le Christ qui a accepté de devenir en toutes choses semblable à ses frères (He
2, 17), partageant leurs souffrances et leurs épreuves (He 2, 18), Moïse a choisi d'être maltraité avec
le peuple de Dieu. C'est sa vision de foi qui l'a fait agir ainsi. Le croyant, au lieu de s'arrêter aux
peines du moment et de s'en désoler, porte son regard vers la récompense finale : la vie de com-mu-
nion avec Dieu. 11, 27 : Le courage de Moïse lui venait de sa relation personnelle avec Dieu dans la
foi qui donne à contempler Dieu comme dans l'obscurité. 11, 28 : L'institution de la Pâque et du rite
du sang fut manifestement un acte de foi car ils furent établis par docilité à la Parole de Dieu (Ex
12, 1-14). 11, 29-30 : Idem pour la traversée de la mer rouge et pour la prise de Jéricho (Jos 6, 14-
16.20) : triomphe d'Israël et défaite des ennemis. 11, 31 : Rahab, la prostituée païenne, fit preuve de
foi elle aussi (Jos 2, 9.11). Solidaire des croyants en pensée et en acte, elle fut préservée de la perdi-
tion (Jos 6, 17.25).
Les merveilles accomplies par ceux qui eurent la foi sont innombrables. Enthousiasme de l'auteur.
Les deux phrases de He 11, 35 correspondent à la jonction des deux versants de la pensée : le pre-
mier, celui des triomphes de la foi ; le second, celui de ses épreuves. Ces deux phrases contiennent
14
11, 39-40 : La récompense de la foi ne pouvait toutefois pas intervenir pleinement avant la venue du
Christ car la Jérusalem céleste n'était pas encore fondée (He 11, 13-16).
Les beaux exemples des hommes et des femmes de foi doivent nous stimuler. L'image (He 12, 1) est
celle d'une compétition sportive dans un stade. Il faut se déshabiller pour être léger (Eph 4, 22 ; 1 P
2, 1), se débarrasser du péché. La compétition se déroule sous les yeux des témoins passés, les
grands croyants, qui ne sont pas explicitement présentés comme modèles à imiter. Les seul modèle
proposé ici est le Christ dans l'épreuve de sa Passion et le triomphe de sa glorification.
Être mis en croix était la pire des hontes à l'époque. Jésus n'a pas eu peur de la honte. Ce chemin de
croix fut le chemin de son triomphe. Méditer la Passion est donc le meilleur remède contre le dé-
couragement (He 12, 3).
12, 5-11 : Citation du livre des Proverbes (Pr 3, 11-12) qui met en rapport l'épreuve avec une inten-
tion d'amour de la part de Dieu, car Dieu est un Père qui, par amour, corrige ses enfants. C'est l'ab-
sence d'épreuve qui doit être inquiétante. L'ambition de Dieu : nous communiquer sa sainteté (He
12, 10). Si l'épreuve est acceptée, elle apporte paix et meilleures dispositions morales.
12, 12-13 : Is 35, 3 et Pr 4, 26 : appel à l'endurance et à la juste orientation des activités (annonce de
la fin du discours). Pour vivre en union avec le Christ Prêtre-principal, il ne suffit pas de garder la
foi et de supporter les épreuves, il faut en outre se conduire activement en chrétien (Jc 1, 4).
Appel à une vie chrétienne généreuse. Double orientation : 1) Les rapports avec le prochain ; 2) Les
rapports avec Dieu : ce sont là les pistes droites de He 12, 13.
12, 14-17 : Mise en garde contre les défaillances. Des deux thèmes annoncés en He 12, 14, seul le
second est développé maintenant. Le premier le sera en He 13, 1-21. La sainteté est l’œuvre de la
grâce. Pour la rechercher, il faut être docile à la grâce et éliminer en nous les racines d'amertume
(He 12, 15). Cette amertume, c'est l'idolâtrie comme le montre la citation de Dt 29, 17. Elle peut
naître de la persécution et elle est une fornication, une débauche (Os 1, 2 ; Jr 2, 20 ; Ez 16, 15-19).
L'exemple d'Ésaü est interprété dans un sens analogue : privilégié, Ésaü possédait le droit d'aînesse
qui lui assurait la première place dans la relation à Dieu. Il méprisa ce droit (Gn 25, 29-34). Par
notre adhésion au Christ, nous sommes devenus, nous aussi, des premiers-nés (He 12, 23). Si nous
imitons Ésaü pour préserver notre situation matérielle, nous renierons le Christ, nous ne pourrons
bénéficier de la bénédiction éternelle.
15
Pour renforcer sa mise en garde, l'auteur rappelle que nous avons beaucoup reçu et que nous avons
une grande responsabilité. L'expérience spirituelle que nous avons vécue a été supérieure à celle du
peuple de la première alliance.
12, 18-21 : Dieu et le Sinaï ne sont pas nommés. Atmosphère oppressante. Allusion à la théophanie
du Sinaï (Ex 19, 12-13.16-19 ; 20, 18-19 ; Dt 4, 11-12) présentée ici comme quelque chose de terri-
fiant. L'expérience chrétienne est paisible, lumineuse, joyeuse, faite de relation agréables : Dieu, les
anges, les membres de l’Église, les saints (Ph 3, 20 ; Ga 4, 26). Grâce à Jésus, ces relations ont
s'établir. Il est le nouveau Moïse, grâce à son sang versé, à sa Passion (He 9, 14-15 ; 10, 19) : cf.
L'aspersion du Sinaï (Ex 24, 8 ; He 9, 19-21). De plus, le sang du Christ parle plus fort que celui
d'Abel (Gn 4, 10) : pardon, intercession.
Nouvelle mise en garde qui prolonge He 12, 15-17. Mention des israélites qui avaient refusé d'en-
tendre le message divin et avaient été sanctionnés. Le Christ glorifié nous parle du haut du ciel.
Bien plus que Moïse, il a droit à notre foi (He 3, 1-6).
12, 26-27 : La voix divine a fait trembler la terre autrefois (Ex 19, 18-19 ; Ps 29, 8). L'oracle d'Ag-
gée (2, 21 [LXX]) déclare que ciel et terre seront secoués de nouveau et de façon définitive. Cet
oracle annonce le Jour du Seigneur (He 1, 11-12). Les choses ébranlées : tout ce qui appartient à la
création matérielle ; les choses inébranlables : tout ce qui est vie dans l'Esprit, relation avec Dieu et
entre les personnes dans la vérité et l'amour.
12, 28 : Par notre union avec le Christ, nous recevons un royaume impérissable dès maintenant.
Notre premier devoir : la gratitude. 12, 29 : Notation qui inspire la crainte (Dt 4, 24). L'auteur in-
siste sur le sérieux de la vocation chrétienne.
Le rythme du discours change brusquement : non plus d'amples phrases, mais de brèves indications
sous forme de directives précises : amour fraternel, hospitalité, fidélité conjugale, absence de cupi-
dité. Culte rendu à Dieu et amour d'autrui sont liés : les deux commandements de l'amour qui n'en
font qu'un (Mt 9, 13 ; 12, 17 ; He 13, 16). Ici et en 13, 7-18 est définie la manière chrétienne de re-
chercher la paix demander en He 12, 14. Le mot « paix » reparaît en He 13, 20. Les chrétiens sont
frères car tous enfants de Dieu dans le Christ (1 P 1, 3.22-23).
13, 2 : Gn 18, 1-5 ; 19 ; Tb 12, 15 ; Jg 13, 15-16. 13, 4 : Le bien du mariage est souligné, les fautes
contre lui sévèrement dénoncées. S. Paul dit et répète qu'en se livrant à des désordres sexuels on
s'exclut du Royaume de Dieu ( 1 Co 6, 10 ; Ga 5, 20-21 ; Eph 5, 3-5 ; Col 3, 5-6).
13, 5 : Mise en garde contre la cupidité qui est manque de confiance en la Providence. Or Dieu
n'abandonne pas ceux qui le cherchent (Ps 9, 11). Citations de Gn 28, 15 ; Dt 31, 6.8 ; Ps 117, 6.
La divine Providence est exercée envers nous notamment à travers les chefs de communauté. Ils
participent de la paternité divine par l'annonce de sa Parole et par leur exemple. L'enseignement
reçu par eux sur le Christ demeurera invariable. En Christ, tout a été donné (He 13, 8). Il ne faut pas
courir après d'autres enseignements (He 13, 9). Allusion est faite à une croyance qui attribuait aux
aliments une valeur religieuse (He 13, 9). Les aliments fortifient le corps, non le cœur. La force spi-
rituelle vient de la grâce.
16
13, 10 : Notre autel : la croix du Christ sur laquelle il s'est offert en sacrifice ; notre repas sacrifi-
ciel : l'eucharistie ; les adeptes du culte de la Tente : les juifs qui n'ont pas cru au Christ et qui ne
peuvent prendre part à l'eucharistie car ils sont encore attachés à leurs lois rituelles.
13, 11-14 : Une de ces lois rituelles interdisait de manger la chair – elle était brûlée en dehors du
camp – des animaux offerts en sacrifice d'expiation solennel (Lv 6, 23 ; 16, 27). Or, l'offrande du
Christ est apparentée à ce genre de sacrifice : il l'a faite pour les péchés (He 10, 12) et il est entré
dans le sanctuaire avec son propre sang (He 9, 12) ; son corps a été consumé par le feu de la souf-
france en dehors de la ville (He 13, 12). Il s'ensuit que les adeptes du culte de la Tente ont interdic-
tion de manger son corps. Le Christ a souffert hors de la ville / du camp, rejeté de tous. Les chré -
tiens sont donc invités à sortir de tout le système des lois rituelles pour suivre le Christ dans son sa-
crifice (He 13, 13). Opprobre et persécution les attendent, mais qu'importe, car la cité céleste les re-
cevra (He 13, 14).
L'offrande faite à Dieu passe par la médiation du Christ, notre Prêtre-principal. Elle consiste en un
sacrifice de louange, c'est-à-dire une action de grâces. Celle-ci doit être continuelle parce que l’œu-
vre d'amour de Dieu est continuelle. Confesser le Nom de Dieu, c'est reconnaître qu'il est bon,
qu'éternel est son amour (Ps 105, 1 ; 117, 1 ; 135, 1 ; 2 Ch 7, 3).
Dans l'existence, il nous faut continuer envers autrui l’œuvre de bienfaisance de Dieu à notre égard.
Une vie de générosité et de partage est un sacrifice qui lui plaît (He 13, 16). De la sorte, le Chré-
tien imite le Christ dans son offrande personnelle à la Cène et à la Croix.
13, 18-19 : L'auteur parle de lui-même et de ses compagnons de ministère. Ni lui, ni eux ne sem-
blent faire partie de la communauté à laquelle il vient de s'adresser. D'après certains exégètes, le
verset 19 aurait été ajouté après coup en vue d'envoyer ce rythmo-catéchisme à des correspondants
éloignés, car, contrairement au reste du texte (He 2, 5 ; 5, 11 ; 6, 9 ; 13, 18), il n'emploie pas la pre-
mière personne du pluriel, mais du singulier.
Phrase qui est un souhait de grâces. Elle rappelle l'essentiel de la doctrine exposée dans le rythmo-
catéchisme et le contenu principal des exhortations (He 13, 21), et est une parfaite conclusion de
l'ensemble du texte.
Pour évoquer l’œuvre médiatrice du Christ, l'auteur utilise, non un titre sacerdotal, mais pastoral –
berger des brebis – qu'Isaïe donne à Moïse (Is 63, 11). Un rapprochement est ainsi suggéré entre le
mystère pascal et la traversée de la mer rouge. Mais l'auteur ajoute l'adjectif grand qui ne figurait
pas dans le texte d'Isaïe. Jésus est supérieur à Moïse.
La grâce souhaitée est en rapport avec l'offrande du Christ (He 13, 21) ; celle-ci a consisté à se pré-
senter à Dieu pour faire sa volonté (He 10, 7.9 ; 5, 8). C'est Dieu qui peut opérer en nous le vouloir
et le faire (Ph 2, 13). Ces grâces nous viennent par Jésus-Christ et provoquent la louange. Les der-
niers mots du texte expriment cette louange de la gloire divine.