Recherche de La Base Et Du Sommet Pauvrete Et Privilcge
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RECHERCHE DE LA BASE
ET DU SOMMET
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RENÉ CHAR
Recherche
de la base
et du sommet
NOUVELLE ÉDITION
AUGMENTÉE
nrf
GALLIMARD
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a été tiré de cet ouvrage quarante et un exemplaires sur vélin de
Hollande van Gelder numérotés de i à 41 et cent cinq exemplaires
sur vélin pur fil Lafuma-Navarre numérotés de 42à 146.
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I. Pauvreté et privilège
DÉDICACE
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gnance du sablier, l'itinéraire nonpareil, jusqu'à la folle faveur, une
exigence de la conscience enfin à laquelle nous ne pouvons nous sous-
traire, avant de tomber au gouffre.
Pourquoi me soucierais-je de l'histoire, vieille dame jadis blanche,
maintenant flambante, énorme sous la lentille de notre siècle biseauté?
Elle nous gâche l'existence avec ses précieux voiles de deuil, ses passes
magnétiques, ses dilatations, ses revers mensongers, ses folâtreries.
Je m'inquiète de ce qui s'accomplit sur cette terre, dans la paresse
de ses nuits, sous son soleil que nous avons délaissé. Je m'associe à
son bouillonnement. Par la trêve des décisions s'ajourne quelque agonie.
BILLETS A F. C.
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et tenir à son honneur! Faut-il les énumérer? Ce serait trop
pénible.
Après le désastre, je n'ai pas eu le cœur de rentrer dans
Paris. A peine si je puis m'appliquer ici, dans un lointain
que j'ai choisi, mais que je trouve encore trop à proximité
des allées et venues des visages résignés à eux-mêmes et aux
choses. Certes, il faut écrire des poèmes, tracer avec de l'encre
silencieuse la fureur et les sanglots de notre humeur mortelle,
mais tout ne doit pas se borner là. Ce serait dérisoirement
insuffisant.
1941.
II
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d'Israélites, les séances de scalp dans les commissariats, les
raids terroristes des polices hitlériennes sur les villages ahuris,
me soulèvent de terre, plaquent sur les gerçures de mon
visage une gifle de fonte rouge. Quel hiver! Je patiente, quand
je dors, dans un tombeau que des démons viennent fleurir
de poignards et de bubons.
L'humour n'est plus mon sauveur. Ce qui m'accable, puis
m'arrache de mes gonds, c'est qu'à l'intérieur de la nation
écrêtée pourtant par les courants discordants suivis de pouvoirs
falots et relativement débonnaires, la répression de l'agita-
tion ouvrière et les cruelles expéditions coloniales mises à part,
dague que la haine de classes et la cupidité éternelle poussent
par intervalles dans quelque chair au préalable excommuniée
puissent se compter si nombreux les individus méditants
qui se rendent gaillardement à l'appeau du tortionnaire et
s'enrôlent parmi ses légions. Quelle entreprise d'extermina-
tion dissimula moins ses buts que celle-ci? Je ne comprends
pas, et si je comprends, ce que je touche est terrifiant. A cette
échelle, notre globe ne serait plus, ce soir, que la boule d'un
cri immense dans la gorge de l'infini écartelé. C'est possible
et c'est impossible.
1943.
III
Extrait de la publication
Bien que l'on ait construit en ton absence d'affreuses mai-
sons en bordure des champs où tu chassais la caille (le mou-
vement de l'argent ne ralentissait pas durant ta diète.), tu
n'es pas moins heureux qu'autrefois, ni plus amer, seulement
plus averti, moins saisissable dans tes arrêts. Louis, ton père,
embellit à nouveau tout ce qu'il touche. Il renaît à ta vue.
Son platane le dit.
i. Les prochains ne lui ont pas fait défaut depuis lors. Qu'on en juge,
par les stratagèmes à les solliciter. (Note de 1963.)
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Arthur t'apportera demain un sac de pommes de terre,
un tonneau de vin, un jambon des Alpes et ton fusil de chasse
que la graisse a préservé de la rouille. Dix cartouches de che-
vrotines te permettront de filer à tes affûts sans tarder.
Ah! nous savions que tant qu'il y aurait une tige d'herbe
et une bouchée de nuit dans le vivier, la truite n'y mourrait
pas.
1946.
IV
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l'exil, les chances honteuses du jeu leur ayant souri. La perte
de justice, par conjoncture, est inévitable.
Quand quelques esprits sectaires proclament leur infailli-
bilité, subjuguent le grand nombre et l'attellent à leur destin
pour le mener à la perfection, la Pythie est condamnée à
disparaître. Ainsi commencent les grands malheurs. Nos tissus
tiennent à peine. Nous vivons au flanc d'une inversion mor-
telle, celle de la matière compliquée à l'infini au détriment
d'un savoir-vivre, d'une conduite naturelle monstrueusement
simplifiés. Le bois de l'arbuste contient peu de chaleur, et
on abat l'arbuste. Combien une patience active serait préfé-
rable Notre rôle à nous est d'influer afin que le fil de fraîcheur
et de fertilité ne soit pas détourné de sa terre vers les abîmes
définitifs. Il n'est pas incompatible au même moment de
renouer avec la beauté, d'avoir mal soi-même et d'être frappé,
de rendre les coups et de s'éclipser.
Tout être qui jouit de quelque expérience humaine, qui
a pris parti, à l'extrême, pour l'essentiel, au moins une fois
dans sa vie, celui-là est enclin parfois à s'exprimer en termes
empruntés à une consigne de légitime défense et de conser-
vation. Sa diligence, sa méfiance se relâchent difficilement,
même quand sa pudeur ou sa propre faiblesse lui font réprou-
ver ce penchant déplaisant. Sait-on qu'au-delà de sa crainte
et de son souci cet être aspire pour son âme à d'indécentes
vacances ?
1948.
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