Amoussou
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Amoussou
7 Ir. Gautier Koffi Amoussou, ONG-AVPN, 04 BP 0338 Cadjèhoun, Cotonou, (Bénin) Tél. : (229) 79 52 24 / 47 06 50, E-mail : gk_amoussou@yahoo.fr ,
web : http://hippobenin.gq.nu
Prof. Dr Ir. Brice Sinsin, Faculté des Sciences Agronomiques, Université d’Abomey-Calavi, 01 BP 526 Recette Principale, Cotonou, Bénin. E-mail :
bsinsin@bj.refer.org
8Dr Ir. Guy Apollinaire Mensah, Centre de Recherches Agricoles d’Agonkanmey, Institut National des Recherches Agricoles du Bénin. E-mail :
ga_mensah@yahoo.com / craagonkanmey@yahoo.fr
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mays), cassava (Manihot utilissima), sweet potato (Ipomea batatas), cotton (Gossypium sp.), bean
(Vigna sp.) and sugar cane (Saccharum officinarum). Fishing and boat traffic may also be negatively
influenced by hippopotamus presence. Hippopotamus grazing was observed in areas of aquatic
vegetation as well as in natural grazing areas and farms. Both types of habitats have been seriously
reduced because of crop production, plantings and gardening activities. Poaching represents the
major danger that threatens hippopotamus in the study area. 27 hippopotamus were killed from 1972
to 2002. Conflicts between hippos and humans have caused 8 human deaths. In spite of these
conflicts, hippopotamus hold a special place in local populations’ food and culture. Two thirds of the
people interviewed recognized the value of hippopotamus as a means to promote tourism and felt it
was important to protect it in their localities.
Key words: Wetlands, hippopotamus, activity chart, alimentary diet, hippopotamus-human’s conflict,
Bénin.
Introduction
Pendant longtemps, les structures chargées de la protection et de la gestion de la faune au Bénin se
sont toujours intéressées aux parcs nationaux. Aucune attention n’a été accordée aux espèces vivant
dans les zones libres (non classées). Cet état de chose fait confronter actuellement l’hippopotame
commun, le plus grand mammifère des zones humides du Sud-Bénin, au problème de la
fragmentation de son habitat. Cette menace commune à toute l’Afrique de l’Ouest (IUCN, 1993 ;
Onyeanusi, 1996) est la conséquence d’une utilisation non planifiée des terres. L’hippopotame
commun, animal vivant autrefois sur de larges espaces, est présentement contraint à une vie
restreinte dans les fleuves, mares, étangs, etc. Pour éviter la décimation de l’espèce désormais
exposée à une chasse irrégulière dont les raisons sont multiples (recherche de l’ivoire, trophées,
peaux, protéines animales), elle est protégée et classée sur l’appendice II de la convention CITES.
Au Bénin, l’hippopotame commun est partiellement protégé depuis 1980 sous l’ordonnance n° 80-8 du
11 févier 1980, portant règlement sur la protection de la nature et de l’exercice de la chasse en
République du Bénin. Cependant, ce statut attribué à l’animal n’a pu l’épargner des risques et des
dangers dans les zones humides des départements du Mono et du Couffo en particulier.
Il existe un rapport de conflit permanent entre les paysans et les hippopotames dans les zones
agricoles à cause des dégâts causés sur les cultures par l’animal (Anadu, 1987 ; Osemeobo, 1990 ;
Onyeanusi, 1996).
L’hippopotame est l’un des grands mammifères qui contribue significativement à la satisfaction des
touristes dans les parcs et réserves de faune. Par ailleurs, son importance pour la production
halieutique est largement illustrée par l’IUCN (1993). De plus, sa propre chair reste une importante
source de protéines dans plusieurs localités en Afrique (Asibey et Child, 1990).
Au Bénin, les hippopotames vivant dans les zones humides des départements du Mono et du Couffo
sont aussi soumis aux diverses menaces sus-énumérées (Guédou, 1999 ; Ago, 2001). Ceci a motivé
l’initiation de deux (2) consultations par le Programme d’Aménagement des Zones Humides du Bénin
respectivement en 1999 et en 2001. Cependant, il persiste un manque cruel d’informations
scientifiques sur le nombre, la biologie, l’écologie et la distribution des hippopotames au Bénin
(Guédou, 1999 ; Ago, 2001 ; Amoussou et al., 2004). Même dans les zones protégées du pays, les
données relatives à la biologie et à l’écologie de l’animal sont absentes (Sinsin et Assogbadjo, 2001).
C’est pour répondre à cet impératif qu’il a été entrepris la présente étude dans huit (8) communes des
départements du Mono et du Couffo au Bénin de juillet à octobre 2002 avec pour objectifs de :
• Connaître la dynamique de la population d’hippopotames ;
• Caractériser l’habitat et déterminer le régime alimentaire de l’hippopotame ;
• Etablir l’actogramme journalier de l’hippopotame dans l’un des lacs ;
• Déterminer les relations et interactions entre hommes et hippopotames.
Milieu d’étude
Les départements du Mono et du Couffo, situés entre 6°15’ et 7°30’ de latitude Nord et 1°35’ et 2°10’
2
de longitude Est, couvrent une superficie de 4.110 km soit 3,6 % du territoire national. Cet ensemble
de la région est limité à l’Ouest par la République du Togo, à l’Est par la vallée du Couffo, le lac
Ahémé et le chenal Aho, au Nord-Est par le département du Zou et au Sud par l’Océan Atlantique sur
une façade d’environ 40 km. Les zones humides objets de la présente étude sont situées dans les
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de ces végétaux et de l’ichtyofaune qui leur est d’énergie en se reposant plus qu’il ne travaille,
inféodée. En outre, la quantité d’herbes la perte d’énergie due directement au soleil
ingérée par jour par l’animal serait non étant négligeable pendant la nuit. Cette thèse
proportionnelle à son poids (Onyeanussi, explique mieux l’attitude nocturne de l’animal.
1996). Cet auteur défend sa position en se Aussi, la disposition de pâturage à proximité
basant sur la croissance continue des dents des habitats à hippopotames peut être
(incisives et canines) constatée chez les rattachée à cette stratégie de réduction des
hippopotames. Il a également prouvé que dépenses d’énergie. Toutefois, tel n’est pas
l’hippopotame est très sélectif au pâturage en l’avis de certains auteurs qui ont vu des
ne prélevant que les plantes riches en hippopotames excéder des distances de 5 km
cellulose, ce que Laws (1968) avait confirmé pour pâturer (Fradrich, 1972 ; Delvingt et al.,
plus tôt. 1990) tandis qu’ils parcourent au maximum
200 m pour ces mêmes besoins vitaux dans
Actogramme journalier des notre zone d’étude. C’est l’observation de
hippopotames Onyeanusi (1996) qui va en accord avec notre
Deux groupes d’activités ont été notés chez cas. Selon cet auteur, ce comportement
l’hippopotame : les activités quotidiennes et les présente l’avantage de limiter les conflits entre
mouvements régulièrement effectués par hippopotames et paysans.
l’animal lorsqu’il rentre dans la masse d’eau. On a identifié chez les hippopotames des
Les activités quotidiennes se résument en la mouvements réguliers et corrélés : émersion,
nage, le repos, le sommeil, l’alimentation, souffle, et secousse d’oreilles. Le matin, les
l’amusement, la défécation, le beuglement et le hippopotames émergent en moyenne une fois
bâillement. L’hippopotame est également toutes les 2 minutes et une fois presque toutes
habitué à trois mouvements qui sont réguliers les minutes le soir. Ce mouvement serait dû à
et se succèdent généralement lorsque l’animal un besoin de respiration aérienne qui
se trouve dans l’eau : l’émersion, le souffle et caractérise l’animal; la preuve est la corrélation
la secousse des oreilles. de ce mouvement avec le souffle chez
l’hippopotame. Le souffle lui permet non
L’analyse de l’actogramme journalier des seulement de respirer mais également de
hippopotames montre que les hippopotames signaler sa position; quant au mouvement de
se reposent le jour de 8 h à 17 h. Ils ne sont secousse d’oreilles, on a constaté qu’il permet
intensivement en activité que la nuit ou à l’animal de chasser les mouches,
pendant les périodes moins ensoleillées. Ils moucherons et autres insectes qui se posent
passent 55 % de la journée à se reposer, 21 % sur sa tête. Toutefois, Fradrich (1972) a
à pâturer, 18,2 % à nager et 5 % du temps à attribué ce mouvement au besoin de l’animal
s’amuser (Figure 2). de se débarrasser de l’eau qui couvre ses
A la lumière de cette occupation du temps, il oreilles a chaque sortie de l’eau. Concernant
ressort que les hippopotames sont de mœurs les mouvements d’émersion et de souffle, cet
nocturnes, ce qui n’est pas sans raisons. Ce auteur les a surtout expliqués par le fait que
comportement peut se comprendre chez les les hippopotames aiment signaler leur position
hippopotames comme étant une recherche dans l’eau et ont besoin également de détecter
permanente de fraîcheur; la température étant la présence possible d’ennemis dont le plus
à son minimum (autour de 22 °C) pendant ces dangereux reste l’homme. Néanmoins on
périodes d’activité des hippopotames dans la pense que cette étude à elle seule n’explique
région. Haltenorth et al. (1985) ont indiqué que pas la différence notée au niveau des
les températures comprises entre 18°C et mouvements des hippopotames le matin et le
35°C sont les préférentielles des soir. La qualité de l’eau en ces deux périodes
hippopotames. En dehors de ce principe, expliquerait mieux cette différence. L’élévation
certains auteurs lient l’attitude nocturne de de la température de l’eau le soir par rapport
l’animal au braconnage et à la présence au matin serait aussi l’argument plausible qui
humaine, cependant la plupart voient ceci explique davantage ce constat.
comme étant un instinct naturel chez l’animal Les beuglements sont plus fréquents chez les
(Haltenorth et al., 1985 ; Fradrich, 1992 ; hippopotames pendant deux périodes de la
Onyeanusi, 1996). Cette dernière explication journée. Les matins de 4 h à 8 h, chaque
paraît peu plausible car même dans les aires animal émet en moyenne 5 beuglements avec
protégées où l’animal n’est pas menacé, il ne un minimum de 3 et un maximum de 7.
sort que vers 18h (Onyeanusi, 1996). A cause L’après-midi de 16 h à 20 h, on note en
de sa grande masse, les activités de l’animal moyenne 2 beuglements par animal avec un
ont une grande demande en énergie. Pour ce minimum de 1 et un maximum de 4. On a lié
faire, il adopte une stratégie d’économie
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que 84 % des ruraux en Afrique de l’Ouest leurs mouvements sont très étroitement liés à
tirent leur protéine animale de la brousse trois (3) facteurs :
(Asibey et Child, 1990).
• La saisonnalité des crues qui est liée au
Dans les localités visitées, la peau régime des pluies ;
d’hippopotame, par ses quelques utilisations,
peut être considérée comme moins valorisée • La présence des cultures agricoles qui
lorsqu’on se réfère à ce qu’on observe au reste également fonction des pluies ;
Nigeria. Ajayi (1978) a mentionné que diverses • La pression humaine qui se manifeste
parties de l’animal sont utilisées dans la de diverses manières : braconnage,
médecine traditionnelle pour guérir destruction d’habitat, compétition pour
l’hypertension, la lèpre et pour traiter la l’utilisation de l’espace aquatique et
malchance, l’ensorcellement et la stérilité. l’attribution d’étiquettes fictives.
Onyeanusi (1996) a estimé à 77,27 % le
pourcentage des habitants d’un village qui ont L’influence de l’anthropisation des habitats et
consommé une fois la viande d’hippopotame les effets de voisinage sont les facteurs qui
au Nigeria. Il a, en outre, constaté que la peau concourent à la naissance et la persistance
de l’animal est très recherchée dans la des conflits hippopotame-homme dans la zone
fabrication des sacs, chaussures et fouets, ses d’étude. Les conséquences sont
dents étant utilisées pour fabriquer les dommageables aussi bien pour les
prothèses dentaires, et la graisse est très utile hippopotames que pour les hommes :
dans la médecine locale. • diminution des récoltes agricoles et ses
Au vu de tout ce qui précède, on aperçoit que corollaires ;
les communautés locales de la zone d’étude et • climat d’insécurité sur les aires
celle d’Afrique en général ont une expérience d’occupation des hippopotames ;
en matière de rentabilisation des
hippopotames. C’est un aspect à utiliser pour • décimation de la population
la conservation dès lors qu’on peut trouver des d’hippopotames ;
compromis pour rationaliser ces diverses
• pertes en vies humaines.
sortes de valorisation.
En se basant sur les résultats de la présente
Conclusion et implications investigation, il est à noter que les zones
La présente étude rend ainsi disponible une humides comme tous les milieux naturels ne
banque de données scientifiques sont pas immuables. De ce fait, un équilibre
préalablement inexistante sur les durable doit être recherché entre les
hippopotames au Bénin en général et dans les possibilités de production à finalité
zones humides du Mono et du Couffo en économique et le maintien de ces
particulier. écosystèmes fragiles. C’est pourquoi, à côté
des actions de conservation de la faune
Il s’est avéré au terme de cette étude que les sauvage, de multiples mesures
hippopotames des zones humides du Mono et d’accompagnement et gestion doivent être
du Couffo sont pour la plupart migrateurs et recherchées.
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