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1.ohouko-1 Porcs Alimentation Feuilles

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Ohouko et al., 2020 Journal of Animal & Plant Sciences (J.Anim.Plant Sci.

ISSN 2071-7024)
Vol.44 (3): 7677-7694 https://doi.org/10.35759/JAnmPlSci.v44-3.1

Pratiques d’élevage de porcs au Sud-Bénin :


utilisation des plantes dans la gestion alimentaire
et sanitaire
OHOUKO Okri Fréjus Hans1,2*, KOUDOUVO Koffi2, DOUGNON Tossou Jacques1,
AGBONON Amegnona2, GBEASSOR Messanvi2
1Unitéde Recherches en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie des Substances Naturelles, Laboratoire de Recherche en Biologie
Appliquée, Département de Production et Santé Animales, Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi, Université d’Abomey-Calavi,
01BP2009 Cotonou, Bénin
2Laboratoire de Physiologie et Pharmacologie des Substances Naturelles, Centre de Recherches et de Formation sur les plantes

Médicinales, Faculté des Sciences, Université de Lomé, 01BP1515 Lomé, Togo


*Auteur correspondant Email : ohoukofrjus@yahoo.com ou ohoukofrjus@e-urmapha.com; Tél: +229 64301284

Mots clés : Porc, système d’élevage, plantes, Sud-Bénin


Keywords: Pigs, breeding system, plants, South of Benin.

Publication date 30/06/2020, http://m.elewa.org/Journals/about-japs/

1 RESUME
L’élevage de porcs au Bénin continue de faire face aux contraintes d’ordres alimentaires et
sanitaires, caractéristiques fondamentales de la régression du taux de production porcine.
L’objectif de cette étude est de répertorier les pratiques relatives à l’utilisation des plantes
pour des fins alimentaires et de santé animales en vue de les améliorer. Ainsi, 70 éleveurs de
porcs ont été interviewés sur la base d’un questionnaire prenant en compte les techniques
d’élevages, la gestion sanitaire, alimentaire et des infrastructures, mais aussi l’utilisation des
plantes dans l’élevage. Il en ressort que la majorité des éleveurs sont de sexe masculin
(91,43%) et essentiellement caractérisés par les niveaux d’études primaire (34,29%) et
secondaire (40%). Les porcs de races améliorées (94,29%) sont priorisés au Sud-Bénin et ces
porcs sont élevés en claustration permanente pour la plupart avec une dominance d’habitats
en dur (85,71%). La majorité des éleveurs formulent eux même leurs rations alimentaires avec
des suppléments de fourrages. La gale (68,57%) et la peste porcine africaine (38,57%) ont été
les pathologies les plus citées par les éleveurs. Au total, 42 espèces végétales appartenant à 23
familles botaniques ont été identifiées au cours de cette étude. Ces plantes sont utilisées aussi
bien pour l’alimentation (60%) que pour le traitement de maladies (19%) ou les deux modes
(29%). Moringa oleifera (15,14%), Carica papaya (13,3%), Manihot esculenta (12,39%),
Ipomea aquatica (9,17%) et Talinum triangulare (8,72%) ont été les plantes les plus citées.
Les feuilles (78%) constituent la partie la plus utilisée au niveau des plantes. Au total, 22
recettes ont été recensées, constituées d’une seule plante chacune et administrées le plus par
voie orale et sous la forme de crudité. La recette impliquant Carica papaya (17,44%) dans le
traitement de la parasitose digestive a été plus citée. De plus, une indication a été enregistrée
auprès des éleveurs de porcs du Sud-Bénin pour le traitement de la peste porcine africaine
impliquant Cochlospermum planchonii (6,98%). Les résultats obtenus sont la preuve que la
flore béninoise dispose de plantes utilisées en alimentation et dans les soins de santé porcine
qui peuvent faire objet de la production de provende et de phytomédicament utilisables en
médecine vétérinaire.
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ABSTRACT
Pig farming in Benin continues to face feed and health constraints leading to the decline in
the rate of pig production. This study aimed to identify practices relating to the use of plants
for feeding and animal health purposes in order to improve pig production. It appears that
the respondents were predominantly male (91.43%) and characterized by primary (34.29%)
and secondary (40%) education levels. Improved breed pigs were more prevalent in Southern
Benin (94.29%) and most of the pigs are kept in permanent confinement with dominance of
permanent habitats (85.71%) (P <0.001). The majority of breeders formulate their own feeds
with forage supplements. Scabies (68.57%) and African swine fever (38.57%) are the major
pathologies reported by farmers.Forty two (42) plant species belonging to 23 botanical
families have been identified during this study. These plants are used for either food (60%),
disease treatment (19%) or both (29%). Moringa oleifera (15.14%), Carica papaya (13.3%),
Manihot esculenta (12.39%), Ipomea aquatica (9.17%) and Talinum triangulare (8.72%) are
the most commonly mentioned species. Leaves (78%) are the most commonly parts of plant
used in this study area. In total, 22 recipes were recorded and each constituted of a single
plant and are mostly administered orally (95.45%) and frequently in the raw form (77.27%).
Recipe involving Carica papaya ( 17.44%) in the treatment of digestive parasitosis was more
recorded. In addition, only one indication was recorded for ASF involving Cochlospermum
planchonii, cited by farmers in Southern Benin ( 6.98%). The results obtained prove that the
Benin flora has plants used in pig feeding and health care which can be subject to the
production of feed and phytomedicine for veterinary medicine use.

2 INTRODUCTION
La production porcine contribue à 1,4% de la Dotché et al., 2018), l’alimentation des porcs à
production animale en Afrique de l’Ouest travers la valorisation des ressources fourragères
(FAOSTAT, 2019). Elle constitue une activité et non conventionnelles (Codjo, 2003; Hedji et
secondaire procurant de revenus al., 2015; Agbokounou et al., 2016; Kiki et al.,
supplémentaires à une catégorie de couches 2018). Cependant, des contraintes d’ordre
socio-professionnelles de la population alimentaires et sanitaires continuent de freiner
d’Afrique (Agbokounou et al., 2016). Au Bénin, l’expansion de la filière porcine en Afrique de
la filière porcine constitue un secteur d’activité l’Ouest en général et au Bénin en particulier.
génératrice de revenus pour bon nombre Dans ce contexte, des défis restent à relever pour
d’acteurs du domaine avec une production rehausser la production animale et participer
évaluée à 504 000 têtes de porcs en 2018 ainsi à la sécurité alimentaire, l’un des piliers du
(FAOSTAT, 2020). Dans le soucis d’améliorer la développement durable en Afrique. L’objectif
filière au profit des éleveurs et par conséquent de général de cette étude est d’évaluer les pratiques
tous les acteurs de la chaîne de production, des d’élevage de porcs au Sud-Bénin. Il s’agit de
recherches ont été effectuées et se sont axées sur répertorier les pratiques relatives à l’utilisation
l’amélioration des performances de production des plantes pour des fins alimentaires et de santé
et de reproduction des porcs (Youssao et al., animales en vue de les améliorer. .
2008a; Youssao et al., 2008b; Youssao et al., 2009;

3 METHODOLOGIE
3.1 Zone de l’étude : Elle a pris en compte huit et neuf communes respectivement. Les
les départements de l’Atlantique situés entre 6° communes de Sèmè-Kpodji, Porto-Novo et
40’N et 2° 30’ E et l’Ouémé situé entre 6° 37’N Adjarra dans l’Ouémé et celle d’Abomey-Calavi
et 2° 31’E. Ils sont constitués respectivement de dans l’Atlantique ont été parcourues (figure 1).
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Les climats sont de type subéquatorial avec une température variant de 25 à 30 °C (Kiki et al.,
quatre saisons, deux pluvieuses (une grande 2018). Les principales cultures sont le maïs, le
d’avril à juillet et une petite d’octobre à manioc, l’arachide, le palmier à huile, les cultures
novembre) et deux sèches (une grande de maraîchères et le niébé. L’élevage comprend
décembre à mars et une petite d’août à principalement les bovins surtout dans
septembre). Ils bénéficient par an d’une pluvio- l’Atlantique, la pisciculture, le petit élevage et
métrie comprise entre 900 mm et 1500 mm avec l’élevage de porcs (INSAE, 2015).

LEGENDE
Zone de l’étude
Communes parcourues
- Atlantique : Abomey-Calavi
- Ouémé : Adjarra, Sèmè-Kpodji et Porto-
Novo

Conception : OHOUKO Fréjus, Mars 2020


Figure 1 : Zone d’étude sur les pratiques d’élevages de porcs au Sud-Bénin

3.2 Collecte des données et traitements : 2018). Ici, ces critères sont définis par
L’enquête a consisté en une interview semi- l’acceptabilité de l’éleveur à répondre au
structurée avec les éleveurs sur la base d’un questionnaire et sa disponibilité. Le
questionnaire (Koudouvo et al., 2011). Au total, questionnaire renseigne sur l’identité de
70 éleveurs de porcs ont été enquêtés au Sud du l’informateur, la race de porc élevée, la gestion
Bénin. Les éleveurs ont été choisis suivant les de l’alimentation, des infrastructures et celle
critères d’accessibilité à leur porcherie (Kiki et al., sanitaire, le mode d’élevage, l’usage de plantes

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𝐧
dans l’élevage et le but d’utilisation, les 𝐅𝐜 = ×100
𝐍
pathologies porcines rencontrées chez les Fc : Fréquence de citation ; n : Nombre de
animaux, les remèdes traditionnels à base de citations d’une plante; N : Nombre totale de
plantes utilisés pour les traiter (plantes, organes plantes
utilisés, modes de préparation, posologies et 3.3 Analyses statistiques : Les données
voies d’administration). Après l’interview avec collectées ont été encodées dans le logiciel Excel
les éleveurs, les plantes recensées en langues 2013 et analysées avec le logiciel SAS (SAS, Cary,
locales ont été identifiées à partir des documents NC, 2006).Les fréquences ont été calculées par
de références de Adjanohoun (1989) ; Eklu- la procédure Proc freq du SAS. Le test de Chi carré
Natey et Balet (2012) et confirmé par l’équipe du
a permis de comparer les fréquences. Pour
Professeur Koffi AKPAGANA. Ensuite, les
familles de ces plantes dont les noms
chaque fréquence, un intervalle de confiance
scientifiques ont été identifiés ont été (IC) à 95 % a été calculé selon la formule :
recherchées dans la flore analytique du Bénin de ( )
IC= P ±1,96
Akoègninou et al. (2006). La fréquence de
citation des plantes a été calculée par la formule : où P est la fréquence relative et N la taille de
l’échantillon

4 RESULTATS
Les résultats enregistrés prennent en compte les (5,71 %). Le mode d’élevage le plus fréquent est
caractéristiques socio-professionnelles des la claustration permanente (p<0,001) dans des
éleveurs enquêtés, le mode de l’élevage, la habitats en dur, bois et en terre battue. Le
gestion sanitaire de l’élevage des porcs ainsi que pourcentage d’élevage avec des habitats en dur
l’usage des plantes dans les élevages. (85,71 %) a été significativement supérieur
4.1 Caractéristiques socio- (p<0,001) à ceux des élevages avec des habitats
professionnelles des éleveurs et mode en terre battue (8,57 %) et en bois (5,71 %). Les
d’élevage de porcs au Sud-Bénin : Les porcs à de différents stades de production (truies
éleveurs de porcs enquêtés sont majoritairement gestantes, porcelets en engraissement, truies
des hommes (91,43 %) âgés en moyenne de vides) sont disposés pour la plupart dans des
44,24 ans. Ils ont le niveau d’étude primaire loges individuelles (90 %) au sein d’un même
(34,29 %) et secondaire (40 %). Toutefois, 10 % bâtiment. Les porcs étaient nourris en majorité
des éleveurs de porcs enquêtés sont caractérisés (92,86 %) par des aliments constitués d’un
par un niveau d’étude universitaire. L’agriculture mélange au hasard de deux ou plusieurs matières
et l’artisanat constituent les activités principales premières. Les matières premières utilisées dans
des éleveurs de porcs. Seulement 15,71 % des les mélanges sont présentées dans la figure 2.
enquêtés mènent l’élevage de porcs comme Elles sont dominées par le tourteau de palmiste
activité principale (Tableau 1). La taille de (80%), le son de maïs (53%), le son de blé (51%),
cheptel moyenne était de 18,41 porcs. Les le son de soja (33%) et les épluchures et
enquêtés élèvent plus (p<0,001) les porcs de race tubercules de manioc (31%).
améliorée (94,29 %) que les porcs de race locale

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Tableau 1 : Caractéristiques socio-professionnelles des éleveurs et mode d’élevage de porcs au Sud-


Bénin
Fréquences ± Intervalle
Test de Chi
Variables de confiance (%)
carré
(N=70)
Sexe
Masculin 91,43a ± 6,6
***
Féminin 8,57b ± 6,6
Niveau d’étude
Universitaire 10b ± 7
Non scolarisé 15,71b ± 8,5
**
Primaire 34,29a ± 11,1
Secondaire 40a ± 11,5
Activités principales
Artisanat 28,57a± 10,6
Agriculture 27,14a ± 10,4
Elevage 15,71b ± 8,5 **
b
Commerce 11,43 ± 7,5
Autres 17,15b ± 8,8
Races
Améliorée 94,29a ± 5,4 ***
b
Locale 5,71 ± 5,4
Mode d’élevage
Claustration permanente 98,57a ± 2,8 ***
Claustration temporaire 1,43b ± 2,8
Types d’habitats
Dur 85,71a ± 8,2
Bois 5,71b ± 5,4 ***
Terre battue 8,57b ± 6,6
Loges
Combinée 5,71b ± 5,4
***
Individuelles 90a ± 7
Séparées 4,29b ± 4,7
Types de ration
Aliment commercial 7,14b ± 6
***
Mélange de 02 ou plusieurs matières premières 92,86a ± 6
NS : non significatif, * : P<0,05 ; ** : P<0,01 ; *** : P<0,001 ; N : Nombre d’éleveurs enquêtés. les fréquences intra
classes de la même colonne suivies de lettres (a, b) différentes présentent une différence significative au seuil de 5%

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Minéraux : sel de cuisine, coquille d’huître ou d’escargot, concentré minéraux vitaminés


Autres : Epluchure d’ignames, laitue, mil,
Figure 2 : Types de matières utilisés par les éleveurs du sud-Bénin dans la formulation alimentaire des
porcs

Gestion sanitaire et contraintes liées à peste porcine africaine (38,57 %) et la diarrhée


l’élevage porcin au Sud-Bénin : Le tableau 2 (17,14 %) ont été les pathologies les plus citées.
présente les informations liées à la gestion En dehors de ces contraintes sanitaires
sanitaire et les contraintes liées à l’élevage porcin rencontrées par les éleveurs, d’autres contraintes
au Sud- Bénin. On note qu’en matière de soins majeures telles que le manque de moyens
aux animaux, la plupart des éleveurs (51,43 %) financier, la cherté des matières premières,
font appel au vétérinaire. Cependant, on l’indisponibilité de source d’approvisionnement
remarque que peu d’éleveurs de porcs (21,43 %) en aliments, les méventes de même que
disposent de calendrier prophylactique et l’incapacité dans la prise en charge des animaux
l’appliquent. Toutefois, il est à notifier que malades par l’administration d’un traitement
presque la quasi-totalité des éleveurs dispose de adéquat ont été enregistrées.
pédiluves hors services. La gale (68,57 %), la

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Tableau 2 : Gestion sanitaire et contraintes liées à l’élevage porcin au Sud-Bénin


Fréquences ± Intervalle de
Variables confiance (%) Test de Chi carré
(N=70)
Administration des soins
Vétérinaire 51,43 ± 11,7
NS
Eleveur 48,57 ± 11,7
Calendrier prophylactique
Appliqué 21,43b ± 9,6
**
Inexistant 78,57a ± 9,6
Contraintes sanitaires
Gale 68,57a ± 10,9
PPA 38,57b ± 11,4
Diarrhée 17,14c ± 8,8
**
Parasitose digestive 7,14c ± 6
Toux 5,71c ± 5,4
Infections (plaie, éruption cutanée, abcès) 5,71c ± 5,4
Mammite 1,43c ± 2,8
Autres contraintes
Manque de moyens financier 100a ± 0
Cherté des matières premières 64,29b ± 11,2
**
Source d’approvisionnement d’aliment 32,86c ± 11
Méventes 14,29d ± 8,2
Conflits environnementaux 11,43d ± 7,5
Traitement des animaux 2,86d ± 3,9
NS : non significatif, ** : P<0,01 ; N : Nombre d’éleveurs enquêtés ; les fréquences intra classes de la même colonne
suivies de lettres (a, b) différentes présentent une différence significative au seuil de 5%

4.2 Usages de plantes dans les élevages la fois (21%). Moringa oleifera (15,14 %), Carica
porcins du Sud-Bénin : L’enquête réalisée a papaya (13,3 %) et Manihot esculenta (12,39 %) ont
permis de recenser 42 espèces végétales été les plantes les plus citées par les éleveurs de
appartenant à 23 familles botaniques du Sud- porcs. Les parties des plantes les plus utilisées
Bénin (tableau 3). Ces différentes plantes sont sont les feuilles (78 %) et les fruits (12%) (Figure
utilisées par les éleveurs pour nourrir (60%), 3).
traiter des affections (19%) et les deux usages à

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78%
Proportions

12%

4% 4%
2%

Feuilles Fruits Racines Plante entière Tronc


Parties de plantes utilisées par les éleveurs
Figure 3 : Parties des plantes utilisées par les éleveurs de porcs du Sud-Bénin

Au total, 22 recettes constituées chacune d’une blanchâtre chez les porcelets avec Moringa oleifera
seule plante et impliquées dans le traitement de (11,63%) et la peste porcine africaine avec
11 pathologies ont été recensées (Tableau 4). Les Cochlospermum planchonii (6,98%). Quatre modes
recettes les plus citées étaient relatives au de préparation des recettes ont été enregistrés au
traitement des parasitoses digestives avec Carica Sud-Bénin. Il s’agit de la crudité (74%), du
papaya (17,44%), l’insuffisance de la sécrétion décocté (9%), du pilage (9%) et la trituration
lactée avec Talinum triangulare (16,28%), la crise (9%). Les voies d’administrations enregistrées
de sixième jour marquée par une diarrhée étaient des voies orales (95 %) et cutanées (5%).

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Tableau 3 : Diversité botanique des plantes utilisées dans les élevages de porcs au Bénin selon les éleveurs
Noms scientifiques Noms vernaculaires Familles botaniques Parties Buts Fréquences de
(Fon, Goun) utilisées d’utilisations citations (%)
(N=42)
Asystasia gangetica Yèfè (Fon) Acanthaceae F A 0,46
Justicia secunda Hounman (Fon) F T 1,38
Amaranthus hybridus Fotètè (Fon) F A 1,83
Mangifera indica Manga (Goun) F, Fr A 0,46
Spondias mombin Aklikon (Goun), Djogbema F A;T 1,83
(Fon)
Elaeis guineensis Détin (Fon) Arecaceae F A 1,83
Acanthospermum hispidum Togbaman (Fon) Asteraceae F A 0,46
Lactuca sativa Laitue (Fon) F A 0,46
Melanthera scandens Tohlèssi (Fon, Goun) F A 0,46
Synedrella nodiflora Hayoé-Hayoé (Goun) Pl A 0,92
Tridax procumbens Hla dogbo (Fon) F A;T 0,92
Vernonia amygdalina Amanvivè (Fon, Goun) F T 1,83
Brassica oleracea Chou (Fon, Goun) Brassicaceae F A 0,46
Carica papaya Agbekpe (Goun) Caricaceae F, Fr, Tr A;T 13,30
Cochlospermum planchonii Adjinankouvocanfoun Cochlospermaceae R T 2,75
(Fon)
Ipomea aquatica Towelikan (Goun), Convolvulaceae F A 9,17
Gbôman (Fon)
Ipomea batatas Wèli (Goun), Dokwin F, Fr A 1,38
(Fon)
Ipomoea involucrata Tôyue (Goun), F A 1,83
Houndranlèn (Goun)
Manihot esculenta Finyiman (Fon) Euphorbiaceae F, R A 12,39
Acacia sieberiana Adouwé (Fon) Fabaceae F A 0,46
Cajanus cajan Adjayi (Fon) F A;T 0,46
Gliricidia sepium F A 0,46
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Leucena leucocephala F A 0,92


Pterocarpus santalinoides Gbegbeman (Fon) F T 0,46
Occimum gratissimum Tchiayo (Fon, Goun) Lamiaceae F T 0,92
Tectona grandis Teck (Fon, Goun) F A 0,46
Persea americana Avoka (Fon, Goun) F A 0,46
Abelmoschus esculentus Fevi (Fon) Malvaceae F, Fr A;T 0,46
Sida linifolia Djividjivi (Goun) F A 0,46
Heterotis rotundifolia Hèhèman (Goun) Melastomataceae F T 0,92
Azadirachta indica Kinnininti (Fon, Goun) Meliaceae F T 0,46
Artocarpus altilis Blèfutu (Fon, Goun) Moraceae Fr A 1,83
Ficus thonningii Avlaman (Goun) ; Avla F A 0,46
(Goun)
Moringa oleifera Kpatima (Fon), Moringaceae F A;T 15,14
Yovokpatin (Goun)
Musa paradisiaca Kouékoué (Fon) Musaceae F, Fr A 4,13
Psidium guayava Kinkoun (Fon, Goun); Myrtaceae F, Fr A;T 0,92
Kinkounma (Fon, Goun)
Boerhavia difusa Handoukpo (Fon); Nyctaginaceae F A 3,21
Katchuagnin (Fon)
Gbagbada (Goun)
Petiveria alliacea Zoroman (Fon) Phytolaccaceae F T 2,29
Zea mays Gbadé (Fon) Poaceae F A 0,92
Talinum triangulare Glasséma (Fon, Goun) Portulacaceae Pl A;T 8,72
Chassalia kolly Atindjè (Goun) Rubiaceae F T 0,46
Cardiospermum grandiflorium Togba (Fon) Sapindaceae F A 0,92
F : feuilles ; Fr : fruit ; Pl : plante entière ; Tr : tronc ; A : alimentation ; T : traitement ; N : nombre totale de plantes citées

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Tableau 4 : Indications des plantes thérapeutiques dans les maladies ou dysfonctionnement chez le porc selon les éleveurs du Bénin
Pathologies Noms scientifiques Parties Mode de Voies Durées du Fcr (%)
utilisées préparation d’administrati traitement
on (jour)
Cajanus cajan F Cru Orale Jusqu' à guérison 1,16
Crise de 6è jour
Heterotis rotundifolia F Cru Orale Jusqu' à guérison 2,33
chez les porcelets
Moringa oleifera F Cru Orale Jusqu' à guérison 11,63
(Diarrhée)
Petiveria alliacea F Décoction, Cru Orale Jusqu' à guérison 3,49
Azadirachta indica F Cru Orale 1 2,33
Parasitoses internes
Carica papaya Fr Cru Orale 1 17,44
Psidium guayava F Cru Orale Jusqu' à guérison 2,33
Pterocarpus santalinoïdes F Cru Orale Jusqu' à guérison 1,16
Diarrhée
Spondias monbin F Cru Orale Jusqu' à guérison 4,65
Tridax procumbens F Cru Orale Jusqu' à guérison 2,33
Epistaxis Spondias monbin F Pilage Orale Jusqu' à guérison 4,65
Petiveria alliacea F Pilage Orale 2à3 3,49
Inappétence
Vernonia amygdalina F Trituration Orale 2à3 2,33
Abelmoschus esculentus F Cru Orale 3à7 1,16
Infections (abcès,
Chassalia kolly F Cru Orale 3à7 1,16
éruption cutanées)
Petiveria alliacea F Cru Orale 3à7 3,49
Insuffisance de Spondias monbin F Cru Orale 7 4,65
sécrétion lactée Talinum triangulare F, Pl Cru Orale 7 16,28
Peste Porcine Cochlospermum
R Décoction Orale 7 6,98
africaine planchonii
Plaies Spondias monbin F Trituration Cutanée Jusqu' à guérison 1,16
Retard de chaleur Occimum gratissimum F Cru Orale 2 2,33
Anémie Justicia secunda F Cru Orale 7 3,49
F : feuilles ; Fr : fruits ; Pl : plante entière ; R : racines ; Fcr : Fréquence de citation de recette

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5 DISCUSSION
5.1 Caractéristiques socio- mesures prises en son encontre que sont les
professionnelles des éleveurs et mode recommandations et répressions administratives
d’élevage de porcs au Sud-Bénin : Les sanitaires, la difficulté de maîtrise de l'animal, les
données collectées à l’issue de l’enquête conflits entre éleveurs et agriculteurs, l'impact
montrent que l’élevage des porcs est une activité des maladies sur la santé publique, la
menée en grande partie par les hommes au Sud propagation rapide des maladies. Ceci justifie
du Bénin avec une moyenne d’âge de 44 ans. clairement les résultats enregistrés au cours de
Néanmoins, certaines femmes s’adonnent à notre étude. L’alimentation des porcs au Sud-
l’activité, ce qui justifie comme dans tout autre Bénin est composée par les éleveurs eux-mêmes.
domaine d’ailleurs, la non spécificité du sexe par Cette composition est faite grâce à l’association
rapport au secteur d’activité. Les mêmes constats de deux ou plusieurs matières premières. Ce
ont été rapportés par Kiki et al. (2018) au Sud- système de gestion de l’aliment pourrait être
Bénin et Ognika et al. (2016) au Congo. Le bénéfique aux éleveurs en ce sens que le coût de
classement de l’élevage en troisième position production n’est plus à chiffrer. Par ailleurs, bien
après l’agriculture et l’artisanat comme activité qu’ils disposent de matières premières
principale pourrait s’expliquer par la diversifiées telles que le tourteau de palmiste, le
déscolarisation précoce des enquêtés ou la non tourteau de coco, le son de maïs, le son de soja,
obtention d’un diplôme qualifiant pour une le tourteau de soja, les drêches de brasseries, la
formation technique et professionnelle. Ainsi, farine de moulin, le soja grain, les minéraux avec
l’agriculture étant le premier domaine embrassé des compléments d’épluchures et tubercules de
souvent par les parents, devient un héritage manioc de même que les restes de cuisines, ces
auquel l’élevage de porcs est associé pour éleveurs n’arrivent sûrement pas à estimer les
valoriser les résidus de récoltes et maintenir une besoins des animaux pour espérer les satisfaire.
économie au sein de la famille. La priorisation Agbokounou (2001) affirme que dans le cas
de la race améliorée dans l’élevage de porcs par d’utilisation de ration composée de différents
les éleveurs du Sud du Bénin peut s’expliquer par sous-produits, les différentes combinaisons ne
les avantages des races améliorées telles que la répondent à aucune norme précise et se font au
prolificité et la croissance rapide des animaux hasard selon les disponibilités alimentaires. Cette
(Dotché et al, 2019). En effet, au Bénin, les situation constitue un frein au développement de
éleveurs de porcs forment des groupements la filière en ce sens que les techniques de
d’association (Govoeyi, 2019) qui bénéficient de production ne conviennent pas au mode
formations de mises à niveau par rapport aux d’élevage et par conséquent la durée de
différents projets d’amélioration de productivité production estimée pour obtenir une croissance
des porcs (exemple : Projet Recherche donnée chez un animal peut être surpassée ; ce
Développement-Professionnalisation et qui pourrait constituer un manque à gagner pour
renforcement de la compétitivité de la filière l’éleveur. Kiki et al. (2018) ont rapporté des
porc par la recherche action en partenariat dans contraintes d’ordre alimentaire rencontrées par
les départements de l'Ouémé et du Plateau au les éleveurs de porcs au cours de leur étude. Ces
Sud-Est du Bénin, 2015-2020 difficultés étaient principalement
). Il ressort de notre étude que les porcs sont l’indisponibilité des matières premières (surtout
élevés en claustration permanente avec une les sources de protéines qui sont les plus chères)
dominance d’habitats en dur. Agbokounou et al. et le coût élevé des matières premières. Les
(2016), rapportent que la majorité des éleveurs mêmes constats ont été effectués dans notre
de porcs sont contraints de pratiquer la étude.
claustration permanente ou saisonnière à cause
des dégâts causés par la divagation et des
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5.1.1 Gestion sanitaire et contraintes liées d'agents infectieux (pression d'infection) et


à l’élevage porcin au Sud-Bénin : En matière d'autre part, la protection et la résistance de
de gestion sanitaire, l’enquête réalisée nous l'hôte (immunité innée et adaptative,
révèle que les éleveurs de porcs du sud-Bénin vaccination, stress, etc.), cet équilibre étant
font appel au technicien vétérinaire pour soigner fortement influencé par l'environnement de
les animaux. Des irrégularités de mesures de l'animal et de l'élevage (biosécurité, logement,
biosécurité telles que la disposition et le suivi alimentation, etc.) (Tona-Tona et al., 2019).
rigoureux d’un calendrier prophylactique, Outre les problèmes d’ordres pathologiques qui
l’activation des pédiluves à l’entrée des bâtiments handicapent l’élevage de porcs au Sud du Bénin,
d’élevages et la gestion efficiente des cadavres les éleveurs ont notifié d’autres contraintes liées
ont été enregistrés. Ces résultats montrent en à l’élevage de porcs. Ces contraintes prennent en
partie les risques encourus par les éleveurs qui compte tous les aspects de l’élevage de porcs. Il
constituent des conditions favorisantes à s’agit du manque de moyens financiers, première
l’apparition des maladies dans l’élevage. Tout contrainte majeure suivie de celle sanitaire ;
ceci constitue un frein à la production porcine l’indisponibilité de sources d’approvisionnement
car le non-respect des mesures de biosécurité d’aliments ou intrants couplée avec la cherté de
dans un élevage peut constituer un facteur à la ces derniers. Ces difficultés freinent l’élevage de
dissémination des germes pathogènes dans porcs, décourageant ainsi les éleveurs du
l’élevage (Djimenou et al., 2017) et par domaine ayant pour conséquence directe
conséquent dans d’autres. Les pathologies l’abandon de l’élevage de porcs au profit d’autres
signalées par les éleveurs de porcs au Sud du activités comme l’ont rapporté Djimènou et al.
Bénin sont la gale, la peste porcine africaine (2017). De plus, lorsqu’ils parviennent à produire
(PPA), la diarrhée, les parasitoses digestives, la face à ces contraintes sus citées, ils sont soumis
toux, la mammite, la variole et les infections dues parfois à des méventes dues en partie à
aux éruptions cutanées et abcès. Au nombre de l’importation du porc depuis le Nigéria, mais
ces maladies, la PPA, les parasitoses digestives et aussi à des conflits environnementaux du fait du
la gale sont les plus fréquentes dans les élevages manque d’entretien des porcheries et de
suivant les indications des éleveurs. La peste l’organisation efficiente de la gestion des
porcine africaine demeure une maladie jusque-là effluents.
sans traitement ni vaccin. Sa déclaration dans 5.1.2 Usages de plantes dans les élevages
une zone constitue une source de problème pour porcins du Sud-Bénin : L’usage des plantes a
les éleveurs qui bien que conscient de la situation toujours été partie intégrante dans les systèmes
continuent de produire en endémicité. Par de productions animales surtout traditionnels.
ailleurs, Govoeyi et al. (2020) rapporte de La présente étude nous a permis de recenser 42
nouvelles approches telles que la suspension du plantes appartenant à 23 familles botaniques. Les
jetage des animaux morts dans la brousse ou les résultats obtenus montrent la multiplicité des
rivières, le partage d’informations utiles avec ressources végétales dont regorge la flore
d’autres éleveurs et l’enterrement des porcs béninoise en relation avec les connaissances des
morts suivant les normes de biosécurité pour éleveurs. Ces plantes sont utilisées pour nourrir
mieux contrôler la situation sanitaire des et soigner les animaux.. Les buts d’utilisations
élevages porcins dans le cas de la PPA. Quant des plantes enregistrés dans la présente étude
à la gale, plusieurs produits vétérinaires sont justifient l'importance et l’implication des
disponibles dans les pharmacies vétérinaires, plantes dans la gestion alimentaire et sanitaire
pourtant des plaintes sont toujours enregistrées des élevages porcins. Non seulement, ces plantes
par rapport à cette maladie récidiviste lorsqu’elle pourrait constituer des alternatives aux produits
n’est pas bien traitée. La santé animale dépend pharmaceutiques mais participeraient ainsi à la
de l'équilibre entre, d'une part, la présence réduction du coût de production dans l’élevage.
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L’enregistrement des feuilles et des fruits comme servis aux animaux au Zimbabwe (Mushandu et
étant les parties des plantes les plus utilisées peut al., 2005) et la pomme d’acajou puis des mangues
s’expliquer par la facilité de récolte et la avariées en Basse Casamance au Sénégal
disponibilité de ces organes. Des études menées (Missohou et al., 2001). Par ailleurs, l’intérêt des
au Bénin (Agbokounou, 2001; Nonfon, 2005 ; fourrages et fruits réside aussi dans l’apport de
Kiki et al., 2018), au Tchad (Logtene and vitamines, de minéraux et certaines de ces
Koussou, 2003) et en République Démocratique espèces auraient des propriétés médicinales
du Congo (Kambashi et al., 2010) ont révélé (Agbokounou, 2001). Au cours de notre étude,
aussi l’utilisation de Manihot esculenta, Ipomea la crise de 6ème jour chez les porcelets (diarrhée
batatas, Ipomea aquatica, Ipomea involucrata, blanchâtre au sixième jour de naissance des
Amaranthus hybridus, Carica papaya, Talinum porcelets), la parasitose interne, la diarrhée,
triangulare, Synedrella nodiflora, Tridax procumbens, l’épistaxis, l’inappétence, la PPA, le retard de
Lactuca taraxaxifolia, Commelina bengalensis, chaleur, l’anémie, la mammite et les infections
Acanthospermum hispidum, Panicum maximum, dues aux abcès et éruption cutanée ont été les
Cajanus cajan, Leucaena leucocephala, Moringa oleifera, maladies contre lesquelles des indications
Mucuna pruriens dans l’alimentation des porcs. thérapeutiques à base de plante ont été
Ces résultats sont partiellement similaires à ceux enregistrées. Certaines plantes identifiées au
obtenus au cours de notre étude. En effet, cours de notre étude ont été indiquées dans le
compte tenu de la richesse en protéine digestible traitement d’autres maladies animales. C’est le
de certaines de ces espèces (Kambashi et al., cas de Azadirachta indica, Parkia biglobosa,
2010), les plantes peuvent être utilisés dans Mangifera indica et Carica papaya utilisées
l’alimentation des porcs sous forme de fourrage respectivement pour le traitement des
dans les conditions de rareté des ressources ectoparasites, la météorisation, la pasteurellose
riches en protéines et leur limite d’incorporation bovine et la rétention placentaire (Dassou et al.,
dans la ration de ces animaux peut aller à 20% 2014) ; Manihot esculenta, Mangifera indica et Elaeis
(Kambashi et al., 2014) . Il faut noter que les guineensis utilisées respectivement dans le
résultats de notre étude rapportent l’utilisation traitement de la fièvre aphteuse, la maladie de
des plantes comme fourrage directement servie Newcastle et la variole aviaire (Kpodékon et al.,
aux animaux. Cette technique pourrait être 2015). De même Houndje et al. (2016), ont
améliorée par l’incorporation directe des plantes rapporté Parkia biglobosa et Boerhavia diffusa
dans l’aliment des animaux. Une perspective de comme étant utilisées par les éleveurs dans le
recherche s’ouvre dans ce cas sur l’effet des traitement de la fièvre aphteuse. Ces différents
fourrages servis directement aux porcs en résultats confirment la multiplicité des
comparaison aux fourrages incorporés dans propriétés pharmacologiques dont les plantes
l’alimentation de base des porcs. En général, les sont douées. Par ailleurs, il faut noter que la peste
fourrages sont très riches en fibres alimentaires porcine africaine, maladie virale hautement
qui favoriseraient le transit intestinal et contagieuse et sévissant dans presque tous les
limiteraient des pertes en azote lors du stockage continents constitue à ce jour un frein pour
des lisiers (Agbokounou et al., 2016). Par contre, maximiser la production porcine. Dans la
ils contiendraient certains facteurs présente étude, Cochlospermum planchonii a été
antinutritionnels qui limiteraient l’efficacité de rapporté par certains éleveurs de porcs du Sud-
leur utilisation. Certains auteurs rapportent aussi Bénin comme étant utilisée dans le traitement de
que les fruits servis aux animaux sont pourris. la PPA. Cette même plante a été citée par les
C’est le cas de la papaye et des mangues avariées éleveurs de porcs pour la même maladie au cours
souvent utilisées au Bénin (Nonfon, 2005), les de l’étude réalisée par Kpodékon et al. (2015) au
pastèques et les fruits sauvages des arbres de Bénin sur les pathologies virales dominantes des
Adansonia digitata et Ziziphus mauritiana surtout élevages extensifs et semi-intensifs et leurs
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modes de traitement en ethnomédecine en cours de développement contre la PPA. La


vétérinaire. En plus de cette plante, Cissus voie d’administration orale des recettes
quadrangularis, Adansonia digitata, Momordica médicinales est dominante suivant notre étude
charantia, Datura metel, Cussonia arbórea et Ageratum avec les modes de préparation de crudité et de
conyzoides ont été rapportés par les mêmes auteurs décocté. Les résultats obtenus peuvent
dans le traitement de la PPA. Au vu de cette s’expliquer par la nature des maladies à traiter et
diversité floristique soulignée par les éleveurs de l’espèce en cause. Il est surtout important de
porcs, il s’avère nécessaire de mener des études noter que le mode de préparation ainsi que les
plus poussées dans la recherche d’une alternative parties à utiliser de la plante dépendent du type
endogène parallèlement aux thérapies vaccinales de pathologies à traiter (Houndje et al., 2016).

6 CONCLUSION
Cette étude réalisée renseigne sur les pratiques Quant à la gestion sanitaire, plusieurs
d’élevage de porcs au Sud-Bénin. Les différents Médicaments Traditionnelles Améliorés (MTA)
échanges avec les éleveurs leur permettront de pourront ressortir après vérification et
mieux revoir leurs méthodes d’élevages surtout formulation à travers les recettes fournies par les
en matière de biosécurité. En matière éleveurs et mises à disponibilité. Ainsi, les
d’utilisation de plantes pour la gestion informations recueillies à l’issue de cette étude,
alimentaire des porcins, de nouvelles serviront aux acteurs chargés de la gestion de la
propositions de formules alimentaires filière porcine au Bénin pour booster la
incorporant les plantes à propriétés nutritives production porcine.
pourront être mises à disposition des éleveurs.

7 ACKNOWLEGMENT
Nous remercions les agents techniques de Supérieur et de la Recherche Scientifique qui à
l’Agence Territoriale du Développement travers son Programme « Appui aux Doctorant »
Agricole Pôle 7 qui ont facilité la réalisation de (PAD-2018) nous a permis de mener les activités
l’étude de terrain. Nos remerciements vont aussi dans de bonnes conditions.
à l’endroit du Ministère de l’Enseignement

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