Egyptologie
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Egyptologie
JK. Sidwaya
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28 mai 2020
Mamadou Dango est né le 15 mars 1964 dans la cour de l’Eglise catholique de Réo
(Centre-Ouest du Burkina, province du Sanguié), alors que sa mère, Aïcha Kanzié, avait
quitté clandestinement le village de Pouni-Nord pour se rendre à Zoula, au chevet de son
époux malade, Boukary Dango. Nous apprend-il le 10 avril à son domicile à Gounghin,
secteur7 de Ouagadougou. « J’ai emprunté des ruelles pour ne pas me faire repérer.
C’est lorsque je suis arrivée sur les collines de Réo où se trouve l’Eglise catholique, que
j’ai senti les premières contractions. Les sœurs religieuses m’ont alors porté assistance et
j’ai accouché de mon garçon. Les sœurs l’ont prénommé Dominique parce qu’il est né un
dimanche», relate, plus tard, le samedi 25 avril 2020 sa mère, Aïcha Kanzié, la première
des quatre épouses, du père du petit Dango. Mais issu d’une famille musulmane, il est
baptisé Mamadou, par un Peulh, nommé Djato, qui s’était installé (à Zoula) curieusement
le jour même de sa venue au monde, selon dame Aïcha.
L’injustice révolutionnaire
Déjà en 3e, le jeune lycéen résolvait les problèmes de mathématiques de la classe de
terminale. A la suite de difficultés financières, Mamadou Dango est contraint de s’inscrire
en cours du soir au Centre « Entraide culturelle burkinabè », près du lycée Phillipe Zinda
Kaboré. Il met à profit ses journées pour s’adonner à l’électronique. «Je me suis mis à
réparer des postes téléviseurs et des radios», confie-il tout fier.
D’où sa passion pour ce domaine. Encouragé par son enseignant de mathématiques et de
physique par ailleurs agent de l’ONATEL, Casimir Tapsoba, Mamadou Dango se présente
dès sa 2de à l’examen du Baccalauréat série «C», en candidat libre, décroche son
premier diplôme universitaire en 1983. La remise en question des normes et l’envie de
sortir des sentiers battus qui décrivent au mieux M. Dango, allaient transparaître dès son
entrée dans la vie active comme enseignant à l’école primaire de Namissiguima (1984-
1987), avec la ferveur de la Révolution.
Dès ses premiers mois de service, le jeune instituteur se met à la rédaction d’un essai
sur «L’enseignement du primaire au Burkina Faso de 1960 à nos jours». Ses supérieurs
hiérarchiques lui rappellent vertement qu’il n’est qu’un agent d’exécution et non de
conception. Un jour de 1987, il boucle à vélo les 25 km qui séparent son domicile au
chantier de construction des 25 villas de la cité du 4-Août, lancé par le président Thomas
Sankara. Le superviseur du chantier de l’époque, un lieutenant dont nous taisons
l’identité, obtient son licenciement de la Fonction publique pour son retard de 20
minutes, interprété alors, comme une attitude contre-révolutionnaire.
Frustré, l’ancien instituteur décide de poser ses valises en 1987 à Abidjan en Côte
d’Ivoire où il devient un agent d’entretien chez la doyenne de la Faculté de
Mathématiques à l’Université de Cocody, Salimata Doumbia. Il n’a pas toutefois renoncé
à sa volonté de poursuivre ses recherches sur les pyramides d’Egypte et les monuments
anciens. «Un jour, très fatigué, je me suis endormi dans son garage, avec un livre de
mathématiques de la 2e année d’université. Etonnée de voir un agent de nettoyage avec
un tel document, Salimata Doumbia m’interroge.
Et lorsque je lui ai raconté mon histoire, elle s’est portée volontiers pour me soutenir que
je puisse poursuivre mes études. Madame Doumbia m’a non seulement facilité mon
inscription dans son département mais elle m’a aussi offert un toit jusqu’à l’obtention de
ma licence en Maths-physique», retrace M. Dango. Avec ce diplôme, il décolle pour
Israël, et ce, grâce à la première conseillère de l’ambassadeur d’Israël à Abidjan en Côte
d’Ivoire qu’il a connu lors de ses multiples recherches en bibliothèque.
Il s’agissait du plan cosmique dissimilé dans les livres saints. Lorsque j’en ai parlé à mon
rédacteur en chef, il m’a déconseillé de recevoir ce fou. Mais j’ai fini par convaincre mon
patron et c’est ainsi qu’une émission spéciale a été réalisée pour la circonstance. Et ces
propos ont intéressé plus d’un Burkinabè», se souvient-il, même si la suite a été difficile
à gérer pour lui et son média. «Il avait fait des affirmations qui posaient des problèmes
de sécurité. Le lendemain, le chef de programme a failli fuir son bureau à cause des
appels qui pleuvaient de partout.
Le bureau militaire du Premier ministre, l’actuel Président du Faso, Roch Kaboré, a même
appelé et demandé une copie de l’émission», se rappelle-t-il toujours. Du côté des
chercheurs, le journaliste a été taxé d’avoir reçu un fou qui a dérouté les gens et non un
chercheur. «Je ne regrette pas de l’avoir reçu. J’aimais son obstination. Il était déterminé
à expliquer quelque chose et en tant que journaliste, je me devais de le recevoir, même
si je devais m’entourer de garde-fous», explique Yacouba Traoré, qui le prenait plutôt
pour un illuminé.
Le 2e projet est relatif à la réalisation d’un scanner. «Ils ont dépensé près de 700
millions FCFA pour le scanner de Yalgado, pourtant, je n’avais besoin que de 11 millions
FCFA pour mon prototype de scanner. Souvent je me dis que l’Etat a tellement de
moyens qu’il n’a pas besoin de recherche scientifique», lance-t-il, tout désespéré.
Le 3e projet consistait à utiliser le système inverse du scanner pour fabriquer une arme
électromagnétique capable de détruire une cible «à plus de 22 mille mètres et 44 000 m2
de surface».
«Si en 1999, on avait commencé la réalisation d’une telle arme, on allait être capable de
nos jours de déminer toute mine à plus de 56 m en dessous du sol, sauter un char et
détruire une cible en hauteur avec une capacité de balayage au sol et sans bruit»,
avance Dango. Seul le projet du forage avait été retenu mais non réalisé. Aujourd’hui,
encore, le chercheur soutient pouvoir toujours réaliser ses projets, si on lui donne les
moyens nécessaires.
Le périple de Dango
Les portes du succès se sont ouvertes en 1998 au Kenya au chercheur qui se tournait les
pouces au CNSRT et à l’Université de Ouagadougou. «A Nairobi, j’ai travaillé avec une
équipe de recherche scientifique de plusieurs pays. Mon premier salaire valait 9 mois de
salaires cumulés dans mon propre pays », a-t-il soutenu. Du Kenya, il explore le monde à
la recherche de documents pour valider ses résultats, sur les pyramides, les monuments
anciens et le plan cosmique. D’Israël aux Etats-Unis en passant par l’Angola, le Gabon, le
Soudan, et l’Egypte qu’il découvre pour la première fois en 2002, alors qu’en 1986, il
avait découvert la première partie du plan des pyramides sans y mettre pieds.
Alors, Mamadou Dango se consacre de nouveau à ses travaux et parvient à publier trois
ouvrages. Ce sont La 7ème pyramide, L’Enigme levée et L’Unique loi sur l’origine
physique et biologique de l’univers ou la théorie des champs unifiés, publiés
respectivement en 2014, 2016 et 2019, mais méconnus des Burkinabè. Mais comment
l’enfant du Sanguié est-il devenu chercheur ou fou ?
«C’est en lisant la version française, que fortuitement des versets ont attiré mon
attention. J’ai relevé des indices à connotations géométriques et commencé mes
tracées», nous raconte-t-il. Pendant cinq ans, de tracées en tracées, M. Dango est
parvenu à un plan très complexe. «Comme je ne savais pas à quoi cela renvoyait, j’ai
donc pris ce plan que j’ai affiché sur un tableau dans mon salon que j’observais chaque
matin en prenant mon café. Et un jour, l’intuition m’est venue qu’il s’agit d’une forme
pyramidale.
Du coup, j’ai vu deux pyramides. C’est ainsi que j’ai commencé mes recherches sur les
pyramides», explique le savant. «J’ai repris le plan et en voyant sa géométrisation, sa
modélisation, j’ai vu qu’il y avait le plan de six pyramides disposées de la même manière
du nord au sud, exactement comme les six mêmes pyramides du plateau de Guizeh en
Egypte. Du Nord au Sud, on avait Kheops, Kephren, Mykérinos et trois petites pyramides
dites des reines. C’était le plan de Kheops disséminé, éparpillé sous forme de versets et
d’indices dans les livres saints, anciens et même dans la tradition orale africaine sous
forme de devinettes et de contes qu’on avait jamais retrouvés», retrace encore le
scientifique.
Fière de parler de son fils, Maman Dango avoue qu’il a eu une enfance calme. Très peu
maladif, son Mamadou était toujours près à l’assister dans ses tâches et à porter secours
à ses frères.
En admirant son fils marcher sur la terrasse, en boitillant du pied gauche, Aïcha Kanzié
confie qu’il n’est pas né avec ce handicap. Tout petit, il est tombé malade de la rougeole.
Hospitalisé pendant un mois, son nerf sciatique a été touché lors des soins. Une douleur
que le fils dit ressentir toujours, surtout lors de ses séjours à l’extérieur, dans les zones
où il fait extrêmement froid.
« Regardez- moi ce type avec sa grosse tête en train de dire du n’importe quoi à la télé
», se souvient-elle en souriant. Pourtant son frère chez qui elle vivait, le trouvait bien
intéressant. «Il m’a dit de ne pas l’insulter parce qu’il a l’intention de nouer une amitié
avec lui. Et pour être plus proche de lui, il nous a fait déménager dans le même quartier
que Dango à Gounghin », poursuit-elle dans ses explications.
En ce moment, mademoiselle Bibata était loin d’imaginer que l’homme qu’elle qualifiait
de vilain et de fou, allait être son mari. A l’époque, la commerçante de Bazin livre à crédit
un complet de pagnes à Dango pour sa maman. Le chercheur l’invite à passer chez lui
pour récupérer son argent et profite de l’occasion pour courtiser la belle Bibata. Peu de
temps après, le chercheur fait part de ses intentions au frère et tuteur de Bibata. Son
accord marquera le début de leur histoire d’amour qui a abouti à un mariage religieux, en
1994. A l’époque, dans son quartier, beaucoup de femmes reprochent à Bibata, son choix
de vivre avec un fou.
Certaines même l’ont conseillée de partir pour sa sécurité afin d’éviter d’être tuée un
jour. Des avertissements qui n’ont pas dissuadé Madame Dango d’abandonner son
époux.
Stabilisé au pays depuis 2009, l’égyptologue a créé en 2018, Beydary International
Agency, un bureau de recherche scientifique, expertise industrielle, énergie, mine, et
carrière, technologie, hydrologie, architecture et archéologie. Aujourd’hui, c’est un
homme très déçu de l’administration et des chercheurs burkinabè.
Même s’il dit ne pas avoir de problème particulier avec les chercheurs, il leur reproche
leur manque d’initiative et d’objectivité. Il condamne particulièrement l’exclusion
scientifique des confrères et leur autosuffisance, c’est-à-dire, «le sans-moi, personne ne
peut rien trouver». Il trouve cette attitude suicidaire. Loin de l’arène politique, Mamadou
Dango dit s’attacher à des valeurs telles que la modestie, l’humilité, la vérité et la foi.
Mariam OUEDRAOGO
mesmira14@gmail.com
Rabiatou SIMPORE
rabysimpore@yahoo.fr