J - 29 VF Reproducteur
J - 29 VF Reproducteur
J - 29 VF Reproducteur
Sexage et
reproduction carpe
& tilapia............p6-7
L’aménage-
ment de l’étang de
ponte de la carpe
.............................p8
Bien nourrir
« TOUT POUR les alevins de
carpe....................p9
RÉUSSIR SA Transport des
PRODUCTION alevins................p10
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LA VOIX DES (RIZI)PISCICULTEURS - n°29
ÉDITORIAL
Chères amies lectrices, chers amis lecteurs,
C’est avec une grande joie que nous vous proposons une nouvelle version du journal La Voix des Rizi-Pisci-
culteurs ! Ce nouveau format a été réfléchi et conçu pour que vous puissiez être accompagnés par ce journal durant
toutes les phases du cycle de production piscicole à Madagascar. Trimestriellement, nous vous proposerons des fiches
techniques, des explications et des articles concernant la pisciculture et la rizipisciculture, spécialement adaptés à l’île
rouge. Ce vingt-neuvième numéro sort au moment de la production des alevins de poisson, c’est pourquoi nous l’avons
orienté sur la production des alevins de carpe et de tilapia. Vous trouverez dans ce numéro une multitude d’informa-
tions concernant la sélection des géniteurs, la génétique de la carpe, le sexage de la carpe et du tilapia, les méthodes pré-
conisées pour leur reproduction, l’aménagement des étangs, les besoins en nourriture des alevins aux différents stades
de leur croissance ainsi que plusieurs conseils pour transporter correctement ces derniers vers les marchés. On vous
propose également tout ce qu’il faut savoir sur le cycle d’alevinage du tilapia en étang de service ainsi que les différentes
espèces de tilapia à Madagascar
En espérant que ce nouveau format vous séduira, nous vous souhaitons une excellente lecture et nous vous disons à
très vite pour le prochain numéro de LVRP, spécial grossissement…
LA GÉNÉTIQUE DE LA CARPE
D’après les photos ci-dessous et ce qu’on a vu dans Conseils pratiques à l’issue cette étude
l’article sur la sélection des géniteurs, il existe quatre types
de carpe commune. Cet article traite particulièrement de Aux vues de ces résultats, l’élevage de la carpe cuir
la carpe cuir (première à gauche), possédant des carac- est déconseillé si l’objectif recherché est de produire des
téristiques désavantageuses par rapport aux autres types. carpes correspondantes aux attentes des consommateurs
Les résultats de la recherche entreprise par Mme. Diana malgaches – à savoir des poissons avec moins d’arêtes.
Edithe Andria-Mananjara démontrent l’intérêt de les sup- La reproduction entre autres types de carpe commune,
primer en élevage. (notamment la carpe miroir et la carpe écaillée) est re-
commandée, car elles présentent un meilleur taux de sur-
vie et donc une productivité accrue. Les carpes miroirs
Évaluation des performances zootechniques et du nombre sont particulièrement conseillées en élevage car elles ont
d’arêtes intermusculaires des carpes cuirs de meilleures performances zootechniques, (en termes
de croissance et de taux de survie et de nombre d’arêtes
Partant des affirmations de certains pisciculteurs : Projet PARRUR Madapisciculture). Par ailleurs, les
et consommateurs selon lesquelles la carpe cuir malgache carpes miroirs présentent moins d’écailles que les carpes
est plus appréciée que les autres types de carpe trouvés cuirs, s’écaillent plus facilement et ont donc un temps de
en élevages, une étude expérimentale a été menée (dans préparation plus court pour les consommateurs.
le cadre du projet PARRUR Madapisciculture) dans la
région d’Itasy en 2012. Cette étude visait à comparer les
performances d’élevage et le nombre d’arêtes intermuscu- Le moyen à appliquer pour diminuer voire même éliminer
laires des carpes cuirs à ceux des autres types de carpes les carpes cuirs au sein d’une exploitation
malgache – telles que les carpes miroirs ou les carpes
écaillées. Deux stratégies peuvent être appliquées et com-
Les résultats obtenus ont montré que les carpes binées afin d’évincer la carpe cuir en élevage extensif :
cuirs présentent des taux de survie plus faibles que la carpe
miroir, et ce quel que soit le stage d’élevage (alevinage et - Le choix des géniteurs : lors de la reproduction,
grossissement). Par ailleurs, les carpes cuirs ont un taux de le choix des géniteurs à croiser est primordial car ce sont
croissance moins intéressant pendant la phase d’alevinage. eux qui vont transmettre leurs caractères à leurs descen-
Enfin, et contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les dants. Pour ne pas avoir de carpe cuir, tout croisement
carpes cuirs présentent le même nombre d’arêtes que les impliquant un ou plusieurs géniteurs de type cuir est dé-
autres types de carpes avec qui elles ont été comparées. conseillé.
Les femelles préparent leurs œufs toute l’année. La maturité des œufs va s’accélérer lorsque les températures com-
menceront à augmenter à partir de la mi-septembre. La carpe ne pond en général qu’une seule fois dans l’année. Il est
toutefois possible de réaliser deux pontes. Si la femelle pond au début de la saison de ponte (septembre), il est possible d’en
refaire une en Décembre / Janvier voir même en Mars. Cependant, la qualité des œufs sera moins bonne que lors de la
période optimale de ponte, en Septembre / Octobre sur la Côte Est et en Octobre / Novembre sur les Haut-plateaux .
La carpe a une fécondation externe. La femelle dépose ses œufs collants sur un support de ponte et les mâles viennent y
répandre leurs laitances. Ainsi, pour réussir la reproduction de la carpe, les consignes présentées ci-dessous sont à suivre :
• Bien choisir les géniteurs, ceux qui présentent les Introduire les géniteurs mâles et le géniteur femelle dans
meilleurs taux de croissance, la meilleure résistance aux l’étang de ponte tout en s’assurant que les critères fonda-
changements de températures et ceux qui produisent le plus mentaux pour provoquer la ponte soient remplis.
d’œufs : les plus gros (cf. article sur la sélection des géni- Pour cela :
teurs). Bien les préparer pour la reproduction en suivant les
conseils ci-dessous ; • Veiller à ce que l’eau de l’étang de ponte reste claire,
• Avoir au moins deux mâles pour une femelle afin oxygénée et plus chaude que l’eau de l’étang de stockage de
de pallier à une éventuelle stérilité d’un des géniteurs mâles la femelle, que son niveau soit maintenu constant (surtout
et pour avoir suffisamment de laitance pour féconder les qu’il ne diminue pas) ;
ovules. Il ne faut toutefois pas dépasser trois mâles pour une • Veiller à ce qu’il n’y ait pas d’autres poissons dans
femelle ; l’étang (prédateurs, poissons sauvages) ;
• Séparer les géniteurs au moins un mois avant la La ponte aura lieu 10 à 15 h suivant la mise en pose, lors du
période de reproduction. Les mâles et les femelles doivent lever de soleil. La femelle expulse les ovules en plusieurs jets
être placés dans des lieux (étangs ou rizières) différents afin que les mâles fécondent aussitôt. Le fraie peut durer plu-
d’éviter les pontes sauvages et pour que les mâles produisent sieurs heures.
plus de laitance. L’eau de la parcelle de stockage des mâles
ne doit pas servir à alimenter la parcelle de stockage des Des cas de refus de ponte peuvent être constatés si
femelles afin d’éviter la circulation des phéromones entre les poissons subissent des perturbations ou du stress : dus à
les deux parcelles. Si cela est impossible, privilégier le pla- la présence d’observateurs, de bruits ou de tapages ; s’il y a
cement des femelles en amont et celui des mâles en aval. changement de température ou de pluviométrie ; s’il y a pré-
L’eau de l’étang de stockage doit être plus fraiche que celle sence de poisson carnivore ou de prédateurs (fibata, black
de l’étang de ponte pour maximiser les chances de ponte (de bass etc.)
2°C.) ;
• Bien nourrir les géniteurs : Une alimentation riche Après la reproduction
en protéines est conseillée. Une femelle de 1kg pond entre
100 000 à 300 000 œufs. Plus elle est grosse, plus le nombre Procéder au transfert soit des géniteurs, soit des œufs (en
d’œufs pondus sera important ; déplaçant le support de ponte) dans un autre étang tout
• Préparer l’étang de ponte selon les conditions favo- en maintenant son eau propre. Ce transfert se fait dans
rables ; un seau ou une bassine rempli d’eau tout en protégeant
• Installer les supports de ponte adéquats dans l’étang les œufs du soleil. L’eau utilisée pour le transfert constitue
de ponte pour que les femelles puissent déposer les œufs un mélange d’eau de l’étang de ponte et celle de l’étang de
collants dessus. transfert.
La carpe est un poisson omnivore. D’abord zooplanctonphage durant ses premiers stades de développe-
ment, elle s’oriente progressivement vers de la nourriture présente sur le fond de la parcelle (elle broute). Elle utilise
son sens développé de l’odorat et du goût et peut même manger les aliments apportés par l’homme. La taille de ses
proies augmente avec la taille de sa bouche. Et comme tous les poissons, elle passe par différents stades avant d’arri-
ver au stade « alevin » :
OEUF
0 jour Besoin en eau claire et oxygénée pour la survie des œufs durant la première
semaine car ils consomment l’oxygène par diffusion à travers la membrane de
2 à 4 jours l’œuf ;
Éclosion
Besoin d’eau claire et oxygénée pour la survie des larves durant la première
2 à 4 jours semaine car elles consomment à travers leur peau l’oxygène dissout dans l’eau ;
LARVE
Ouverture
Bouche 7 jours • Elles commencent à chercher de l’aliment extérieur facilement ingé-
rable lorsque leur réserve vitelline est épuisée.
- On peut émietter du jaune d’œuf cuit à la surface de l’eau suivant le sens
du courant.
- Ou ½ tasse de farine de maïs par jour (40g) et par femelle d’1kg.
- Elles ont aussi une prédilection à consommer les rotifères issus de la
décomposition des pailles de riz.
14 jours • 1 tasse ½ de farine de maïs par jours (120g) et par femelle d’1kg.
POST La taille de leur bouche augmente, leur permettant de s’attaquer à des proies
LARVE plus grande comme les petits cladocères ou les puces d’eau.
21 jours • 2 tasses ½ de farine de maïs par jours (200g) et par femelle d’1kg.
• On peut aussi apporter du fumier en faible quantité :
- 1kg de fientes de volailles séchés / are
- 5kg de fumier de zébu frais /are
Elles se nourrissent de toutes les espèces de puces d’eau (cladocères et copé-
podes)
28 jours • 3 tasses ½ de farine de maïs par jour (280g) et par femelle d’1kg.
Ils sont assez grands pour manger des petites larves (comme les chironomidés)
ALEVIN et des moustiques.
Puis des proies de plus en plus grosses comme les grandes larves d’insectes, les
vers et les petits mollusques et crustacés.
Octobre 2015 - 10 -
LA VOIX DES (RIZI)PISCICULTEURS - n°29
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LA VOIX DES (RIZI)PISCICULTEURS - n°29
Le fonctionnement permanent de l’étang de service (ES) permet aux pisciculteurs de produire des juvéniles de
Tilapias en quantité suffisante pour pouvoir empoissonner l’étang de production (EP) selon les besoins. L’autonomie en
production de juvéniles de Tilapias peut alors être atteinte !
L’exemple suivant propose aux pisciculteurs, disposant d’un étang de service de taille adaptée (15% de la surface de l’étang
de production), un itinéraire technique de gestion de cycle d’alevinage de Tilapias. Le pisciculteur adaptera les durées de
chaque étape selon les spécificités de son cycle, et les densités selon les spécificités de ses étangs. Les cycles dans l’ES sont
indépendants des cycles dans l’EP.
Dans cet exemple, on considère un EP ouvert de surface de 30 ares et un ES de 4,5ares (15% de la surface de l’EP). Le besoin
en densité de juvéniles pour l’empoissonnement de l’EP pour un cycle de 6 mois est fixé à 10 alevins/are.
• Introduire au minimum 60 géniteurs dans l’ES • Calculer avant la pêche les besoins d’empoisson-
dans un rapport de 3 femelles pour 1 mâle. Le poids nement de l’étang de production en fonction de la den-
moyen des géniteurs doit être compris entre 30 et 100g sité et de la surface de l’étang de production. Ce besoin
pour les femelles et entre 40 et 130g pour les mâles. d’empoissonnement est ensuite multiplié par 3 pour avoir
le besoin d’empoissonnement de l’étang de service.
II. Pêche géniteurs, Jour J+45
Exemple : Pour un EP ouvert de 30 ares à une densité de 10
• Placer trois cages dans l’étang de production : une juvéniles/are, il faut introduire 300 alevins dans l’EP, on a
pour le stockage des géniteurs et l’autre pour celui des ale- donc un besoin d'empoissonnement dans l’ES de 900 ale-
vins. Prévoir une troisième cage moustiquaire pour stoc- vins (30x10x3). Cela représente une densité de 200 alevins/
ker les alevins en difficulté respiratoire. are dans un ES de 4,5ares.
• Protéger la sortie de l’étang au niveau du moine
avec une toile à moustiquaire afin d’éviter la fuite des ale- • Placer deux cages à moustiquaire dans l’étang de
vins. production.
• Baisser le niveau de l’eau par étape et essayer de • Baisser le niveau de l’eau par étape et essayer de
collecter un maximum de poissons à chaque étape. collecter un maximum de poissons à chaque étape.
• Récupérer les alevins de tilapias dès que possible • Récupérer tous les alevins avec la toile mousti-
à l’aide d’une épuisette ou d’une nasse sans remuer l’eau quaire et les stocker dans des cages en fonction de leur
pour éviter d’asphyxier les alevins. taille.
• Récupérer les géniteurs à l’aide d’un filet à grosse • Drainer au mieux l’ES et ensuite remettre en eau.
maille et les stocker dans une cage. Les mâles pourront • Sélectionner les alevins en commençant par les
être empoissonnés dans l’EP. Par contre, il est indispen- plus gros et en supprimant les poissons ayant des malfor-
sable de récupérer toutes les femelles dans l’ES. Elles mations.
pourront soit être consommées, vendues ou stockées Introduire le nombre d'alevins calculés dans l’étang de
dans un étang de stockage qui peut se limiter à un trou de service.
1m². Attention de ne pas dépasser 200 alevins/are pour les
• Récupérer les derniers alevins à l’aide de filet et les étangs de service ouverts et 400-500 alevins/are pour
stocker dans la troisième cage. les ES fermés et bien fertilisés !
• Drainer au mieux l’ES et ensuite le remettre en • Les alevins excédentaires peuvent être consom-
eau. més, vendus ou mis en alevinage dans une rizière.
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V. Empoissonnement de l’EP
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