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EMBALLAGES
PLASTIQUES :
D E L A F A B R I C A T I O N
A L A V A L O R I S A T I O N
Dossier
Avril 1999
L E S E M B A L L A G E S P L A S T I Q U E S :
D E L A F A B R I C A T I O N A L A V A L O R I S A T I O N
INTRODUCTION
2. Les polymères 6
4. Fabrication et transformation 10
4.1. Le raffinage et le vapocraquage 10
4.2. Les réactions de polymérisation 10
4.3. Les adjuvants 11
4.4. Les transformations ou mises en forme 12
3 / 42
III. DES DECHETS D’EMBALLAGES VALORISABLES AUX PRODUITS RECYCLES
CONCLUSION
GLOSSAIRE
LES ACTEURS
4 / 42
LES EMBALLAGES PLASTIQUES : DE LA FABRICATION A LA VALORISATION
INTRODUCTION
Plus récentes que le verre, les métaux ou les papiers-cartons, les matières plastiques ont
su toutefois prendre en quelques années une part non négligeable dans tous les secteurs
d’activités : bâtiment, emballage, électricité et électronique, transport, biens de
consommation, etc.
Destiné aux élus et aux techniciens, ce dossier dresse un état des lieux des déchets
d’emballages plastiques à la charge des collectivités locales: de la fabrication de ces
emballages aux différentes possibilités de valorisation, et plus particulièrement de
recyclage, des déchets qui en sont issus.
Au travers de ce dossier, un éclairage est donné sur l’ensemble des réflexions relatives à
la fabrication et la valorisation des emballages plastiques. Egalement état des lieux du
recyclage des déchets d’emballages ménagers (DEM) plastiques, ce dossier peut être
une base de travail pour envisager de nouveaux axes de développement vers une plus
grande utilisation des matériaux plastiques récupérés.
INTRODUCTION 5 / 42
LES EMBALLAGES PLASTIQUES : DE LA FABRICATION A LA VALORISATION
Cette énumération d’objets pourrait être encore élargie puisque les matières plastiques ne
représentent qu’une partie des matériaux macromoléculaires encore appelés polymères.
Ainsi, les tissus synthétiques (Nylon, polyesters, acryliques, ...), le revêtement en Téflon®
des ustensiles de cuisine ou les colles et peintures font également partie des matériaux
rassemblés sous la dénomination « polymères ».
2. Les polymères
Trois grandes familles de polymères peuvent être distinguées : les thermoplastiques, les
thermodurcissables et les élastomères.
• Les thermoplastiques
Sous l’effet de la chaleur, les chaînes de ces polymères glissent les unes par rapport aux
autres. Le polymère se ramollit, peut se déformer et être mis en forme. Après
refroidissement, la forme donnée est figée. Cette opération peut être répétée : à nouveau
chauffé, le polymère redevient malléable et peut être remis en forme. Exclusivement
possédée par les polymères thermoplastiques, cette caractéristique permet la recyclabilité
de ces matières.
1
Cf. GLOSSAIRE p.41.
• Les thermodurcissables
Les polymères réticulés (contenant des noeuds entre les chaînes macromoléculaires) ou
en réseau constituent les thermodurcissables.
• Les élastomères
Les élastomères sont caractérisés par leur grande déformabilité (6 à 8 fois leur longueur
initiale).
Ils sont obtenus à partir de polymères linéaires caractérisés par des liaisons extrêmement
faibles. Ces polymères sont donc des liquides très visqueux. Pour être utilisés comme
caoutchouc, des liaisons pontales (noeuds de réticulation) doivent être introduites entre
les chaînes, conférant ainsi aux matériaux une structure tridimensionnelle qui assure la
réversibilité de la déformation mécanique. Les noeuds de réticulation sont introduits par
une réaction chimique appelée vulcanisation après la mise en forme du matériau.
2
Cf. GLOSSAIRE p.41.
PROPRIETES APPLICATIONS
Abribus Gants
Armoires de rangements
Bacs de rangements Interrupteurs
Bancs Jouets
Barquettes, boîtes alimentaires
Barrières, clôtures, portails Panneaux de signa
Bidons Peintures anti crissements
Barrière liquides, gaz Blisters (plaquettes de médic.)
Inertie chimique Bottes Poches à sang
Transparence Bouteilles d'eau minérale Porte-
Isolant électr., thermique, phonique Canalisations Portes de garages
Résistance au vieillissement Chaises Poteaux
Légèreté -documents
Classeurs Revêtements muraux
Rubans adhésifs
Ecrans antibruit
Equipement de piscines Sols de terrains de sport
Tapis de sol (gymnastique)
Films alimentaires
Flacons Vêteme
Volets, persiennes
...
PROPRIETES APPLICATIONS
PP (Polypropylène)
PS (Polystyrène)
PS cristal
Transparence
Ré
Isolation thermique
Moulabilité Barquettes
Etanchéité Boîtes à œ ufs Calages de protection
Flacons
Densités multiples
Certains polymères sont également associés afin d’obtenir une complémentarité des
propriétés finales voire même une synergie. Si l’association des polymères s’effectue au
niveau moléculaire (microscopique), on parle d’alliages de polymères ; si l’association est
au niveau macroscopique, on parle alors de complexes.
4. Fabrication et transformation
La grande majorité des polymères est actuellement élaborée à partir du pétrole selon le
4
Naphte ‚
Monomère Réactions
de
ƒ
polymérisation Additifs
Polymère „
Pétrole brut Transformation
Raffinage • Vapocraquage
Le pétrole brut est raffiné et donne différentes fractions après distillation. La fraction
d’essences légères, appelée naphte ou naphta, est isolée pour être ensuite « craquée »
(distillée) à la vapeur. Cette opération permet d’obtenir les molécules chimiques
indispensables à la fabrication des polymères, les monomères: éthylène, propylène,
butadiène, ...
4.2. Les ré
actions de polymé
risation
Chaque monomère est isolé. Il est ensuite combiné avec d’autres monomères de même
nature ou de nature différente lors d’une réaction chimique appelée réaction de
polymérisation. Il existe plusieurs types de réaction de polymérisation.
4
Source : Economie Géographie n°311 - 1994 : La plasturgie.
De nombreux additifs entrent dans la composition finale des matières plastiques pour
améliorer ou adapter plus finement leurs propriétés à leur utilisation. Ces adjuvants sont
de plusieurs types avec des rôles spécifiques, fonctions de la quantité incorporée.
LES CHARGES
Minérales (verre, carbone, talc, ...), métalliques (aluminium, ...) ou organiques (farine de bois), les
charges améliorent la rigidité et l’adhésivité des matières plastiques mais agissent également sur leur
résistance chimique, leur isolation électrique et thermique. Leur proportion par rapport à la résine peut
aller de 1 % à 300 % selon l’effet voulu. Un avantage important d’un grand nombre de charges, surtout
minérales, est d’ordre économique : elles sont moins chères que les polymères.
LES PLASTIFIANTS
Contrairement aux charges, les plastifiants sont utilisés pour abaisser la rigidité des matières
plastiques. Leur présence peut être permanente ou temporaire (introduits lors de la synthèse des
polymères, ils en facilitent la mise en oeuvre et sont ensuite éliminés).
LES STABILISANTS
Différents stabilisateurs chimiques, les antioxydants par exemple, empêchent la dégradation des
polymères lors de leur transformation en les stabilisant contre les effets de la température, de
l’oxygène et du rayonnement UV. Ils sont ajoutés à la résine à raison de 0,1 à 1%.
LES LUBRIFIANTS
Les lubrifiants tels que les cires et paraffines facilitent la mise en œ uvre des polymères et réduisent
leur adhérence aux parois des machines de transformation. Des lubrifiants solides peuvent également
être ajoutés pour améliorer les propriétés de glissement et d’usure des matières plastiques.
Une fois synthétisés, les polymères se présentent sous forme de poudres ou granulés,
prêts à être transformés en demi-produits ou en produits finis. Il existe également de
nombreux procédés de transformation adaptés à la nature du polymère à mettre en
œuvre et à la formefinale souhaitée :
La matière plastique en poudre est introduite dans un moule clos puis est
Rotomoulage centrifugée sur les parois chaudes. On obtient par cette méthode des corps
creux de gros volume.
ð cuves, réservoirs, conteneurs, ...
Bien que les matières plastiques soient considérées comme des matériaux modernes,
elles ont une histoire d’un siècle et demi.
Depuis, la synthèse de nouvelles macromolécules n’a jamais cessé, adaptant l’offre aux
applications les plus diverses et gagnant ainsi de nouvelles parts de marchés sur les
matériaux dits traditionnels, comme le montre le graphique ci-dessous :
Progression de la production
500
Plastiques
134 Mt
400
Base 100 en 1970
300
Aluminium
20 Mt
200
Acier
794 Mt
100
1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998
5
Consommation réelle = Production + Importation - Exportation + Correction (effets de stocks, productions intégrées, ...).
PET
Electricité, Loisirs
5%
électronique 4% PVC
Transport
9% 18%
12% PEBD
PP
Bâtiment 17%
Autres
16%
22% 15%
PEHD
Emballages 11%
Autres
PS
39%
25%
6%
PSE
2%
Bouchage, Autres
surbouchage PET PS et PSE
4%
Autres
10% PVC 10% 11%
15%
11%
Sacs, sachets
Bouteilles,
38%
flacons, fûts
Boîtes, 23% PE et PP
caisses,
64%
gobelets, pots
14%
Si les quantités consommées par application et par résine utilisées pour l’emballage sont
connues, les destinataires finaux et donc la nature des emballages en fin de vie (déchets
d’emballages ménagers ou industriels et commerciaux) sont plus difficiles à appréhender.
En première approximation, la durée de vie des emballages plastiques étant courte, la
production de déchets d’emballages (ménagers ou industriels) peut être définie par la
consommation de ces derniers après application du taux de souillure (humidité et
impuretés). Ainsi, les différents gisements peuvent être distingués en fonction de leur
détenteur final, comme le montre le graphique suivant :
900 kt 600 kt
Emballages mis
Déchets sur le marché
Ordures ménagères
industriels banals
Déchets
d'emballages
Basé sur les chiffres de 1994, le gisement de déchets d’emballages ménagers plastiques
équivaut à plus de 29kg par habitant par an sur un total de 400 kg d’ordures ménagères
produits dans le même temps soit 7 % du tonnage6 des ordures ménagères. La
consommation d’emballages plastiques allant croissante7, le gisement d’emballages
ménagers, chiffré à 900 000 tonnes en 1994, peut être estimé pour 1998 à près de
1 100 000 tonnes. Avec la même extrapolation, le gisement de déchets d’emballages
ménagers (1 760 000 tonnes en 1994) est évalué à environ 2 000 000 tonnes.
Bien que les matières plastiques soient par essence valorisables, la décharge et
l’incinération sans valorisation énergétique étaient jusqu'à présent les modes d’élimination
classiques pour ces déchets d’emballages. Depuis quelques années, s’ouvrent de
nombreuses voies de valorisation pour ces matériaux : valorisation énergétique et
valorisation matière. Ces différentes voies sont développées dans le chapitre suivant.
6
Poids humide.
7
Progression de la consommation d’emballages plastiques évaluée à 4,5 % par an.
Par la totale adéquation de leurs propriétés avec celles demandées par les applications,
l’utilisation des matières plastiques présente de nombreux avantages dans le domaine de
l’emballage. Une fois transformées en déchets d’emballages, ces matières présentent-
elles encore des atouts dans la gestion de leur fin de vie ?
De leur conception à leur gestion lorsqu’ils deviennent déchets, tous les emballages sont
aujourd’hui régis par la Directive européenne n°94/62/CE. Cette dernière édicte une
hiérarchie dans la gestion des déchets issus de ces derniers (prévention > réemploi8 ou
réutilisation9 > valorisation), fixe dans le cas de la valorisation des objectifs chiffrés10 et
énonce des règles ou exigences essentielles quant à la conception de ces emballages.
1.1. Les dé
chets d’emballages mé
nagers (DEM) plastiques
Dans le cadre de la législation française, le décret n°92-377 du 1er avril 1992 précise les
conditions d’élimination des déchets d’emballages ménagers. Ce décret confie aux
producteurs, importateurs ou toute autre personne responsable de la mise sur le marché
d’un produit l’obligation de contribuer ou de pourvoir à l’élimination des déchets générés
par ce produit. Plusieurs possibilités s’offrent aux personnes concernées par ce décret
pour s’acquitter de cette obligation :
• recourir aux services d’un organisme ou d’une société agréé pour prendre en
charge leur responsabilité d’élimination de ces emballages usagés.
La grande majorité des industriels ont choisi de contribuer à un organisme agréé (Eco-
Emballages ou Adelphe11). Outre la prise en charge de la responsabilité d’élimination des
emballages usagés de leurs adhérents, ces organismes ont reçu des pouvoirs publics la
mission de valoriser 75 % de leurs emballages contribuants d’ici 2002.
8
Réemploi : nouvel emploi d’un déchet pour un usage similaire à celui de son premier emploi.
9
Réutilisation : nouvel emploi d’un déchet pour un usage différent de son premier emploi.
(définitions d’après le Glossaire du Cercle National du Recyclage - mars 1997).
10
Directive européenne 94/62/CE du 20 décembre 1994 relative aux emballages et aux déchets d’emballages.
Objectifs fixés pour juillet 2001 :
- 50 à 65 % en poids de déchets d’emballages valorisés ;
- 25 à 45 % en poids de déchets d’emballages recyclés avec, pour chaque matériau, 15 % minimum en poids.
11
Créé par la profession viti-vinicole pour assurer son obligation d’élimination pour les emballages en verre, Adelphe a reçu
des Pouvoirs Publics par l’agrément de 1996 une extension de ses activités sur l’ensemble des matériaux (métaux,
plastiques, papiers/cartons). Son activité multi-matériaux est réduite à quelques départements.
Fondé sur l’implication volontaire des industriels et la mise en place tout aussi volontaire
par les collectivités d’un système de collecte sélective des déchets ménagers, le dispositif
français de gestion des déchets d’emballages ménagers peut se résumer à ces quelques
étapes :
1.2. Des ré
sultats de valorisation contrasté
s
VE VM VE VM VE VM
VE : valorisation énergétique
VM : valorisation matière
12
GIE : groupement d’intérêts économiques.
13
Décret n°92-377 du 1er avril 1992.
14
Décret n°94-609 du 13 juillet 1994.
Si les moyens mis en place pour valoriser les déchets d’emballages industriels paraissent
suffisants pour respecter les objectifs législatifs, il ne semble pas en être de même pour
les moyens concernant les déchets d’emballages ménagers. La caractérisation précise de
ces moyens, présentée ci-après, permettra de mieux appréhender leur fonctionnement,
leur efficacité ainsi que leurs développements attendus.
2.1. La valorisation é
nergé
tique
Le tableau suivant présente le PCI15 des polymères les plus courants ainsi que celui
d’autres matériaux et matières en comparaison :
PP 44 24
PE 43 22
PS 40 22
PET 22 12
PVC 17 9
Fioul domestique 44
Aluminium fin 31 25
Houille 29
Papier-Carton 16 8
Bois 16
Ordures ménagères 8
(Source : Optimization of Energy Recovery from Packaging Waste - CEN TC 261/SC 4/WG 4 - 1998)
15
PCI : Pouvoir Calorifique Inférieur (en MJ/kg).
Bien que le PCI des déchets d’emballages plastiques soit nettement inférieur à celui des
polymères purs16, leur présence dans les ordures ménagères permet encore, lors de leur
incinération, d’économiser le fuel nécessaire à leur prise de combustion, améliorant
d’autant le rendement de ces installations. Toutefois, la présence de déchets
d’emballages plastiques dans les ordures ménagères n’est avantageuse que jusqu'à un
certain point. En effet, le pouvoir calorifique des plastiques peut devenir un inconvénient
en cas de surcharge thermique des fours de l’incinérateur.
• Emissions gazeuses :
Poussières, métaux lourds, gaz chlorhydrique, dioxines, ...
• Rejets solides :
Cendres volantes, mâchefers, résidus de neutralisation, ...
• Effluents liquides :
(en cas de neutralisation des fumées par voie humide).
2.2.1. Tri, régénération, recyclage : les étapes pour une seconde vie
16
La baisse de PCI est expliquée par la présence d’humidité et d’impuretés de toute nature dans les déchets d’emballages
plastiques.
17
Emballages complexes : emballages multicouches de nature différente.
Ces déchets sont ensuite triés par nature de polymère (PVC, PET, PEhd) puis mis en
balles, prêts à être livrés dans des unités de régénération où ils seront à nouveau triés
puis broyés et purifiés pour être enfin prêts à l’emploi chez des transformateurs.
TROMMEL Impuretés
TRIS AUTOMATIQUES
LAVAGE À CHAUD
LAVAGE
Impuretés FLOTTAISON
Granulés PVC
PEhd, PET micronisé
Quel que soit le type de collecte mis en place dans la collectivité (apport volontaire ou
porte-à-porte, en mélange ou non) l’ensemble des DEM plastiques est récupéré en un
seul flux ; toutes les natures de polymères y sont mélangées : PEhd, PVC, PET, ...
18
PEhd homopolymère et copolymère ou deux PEhd possédant des chaînes macromoléculaires de taille différente.
De façon générale, les propriétés d’un mélange de polymères sont inférieures à celles
des polymères constitutifs du mélange. Cette baisse de performance du matériau est
principalement causée par le manque de cohésion entre les différentes résines en
présence ainsi que par la combinaison des propriétés intrinsèques de ces résines
(certaines pouvant s’opposer). Les différentes sortes de résines doivent donc être
séparées avant tout recyclage19.
Cas du PVC
Plus que les autres matières plastiques employées dans l’emballage, la présence de PVC
dans un gisement plastique d’une autre nature, notamment de PET, pose plusieurs
problèmes lors de son recyclage :
• les densités du PVC et du PET étant voisines, il est difficile de séparer les deux
résines ;
• ayant une température de fusion inférieure à celle du PET, le PVC fond et se
décompose lors de la transformation du PET et s’accompagne d’un
dégagement de vapeurs d’acide chlorhydrique.
• Les additifs : une amélioration des produits plastiques, une gêne pour leur recyclage
Les nombreux adjuvants introduits lors de la fabrication des matières plastiques favorisent
également la détérioration des propriétés de la matière plastique recyclée. En effet,
comme cela a pu être précédemment évoqué, des adjuvants sont ajoutés à la résine pour
répondre parfaitement au cahier des charges des produits finis ; leur nature et leur
quantité sont donc multiples, fonctions de l’utilisation finale de la matière plastique. Par
conséquent, si les déchets d’emballages ménagers plastiques peuvent être séparés par
nature de résine, d’autres difficultés de recyclage persistent par la présence des
nombreux additifs souvent très différents les uns des autres.
Lors de leur collecte, les bouteilles, flacons et bidons de toute nature de plastique peuvent
se « charger » en éléments indésirables (contenu résiduel, humidité, particules inertes,...).
Parallèlement, ces déchets d’emballages ménagers en plastique comprennent aussi des
éléments de nature de matériau différente de celle de l’emballage de départ (étiquette en
papier, colle, bouchon). L’ensemble de ces contaminants a pour effet général de diminuer
les propriétés physico-mécaniques de la matière plastique régénérée avec toutefois
quelques nuances :
Contenu résiduel
Outre la saleté extérieure des balles de DEM plastiques due à la poussière collée par les
liquides résiduels répandus lors des manipulations de collecte, de tri et de transport, les
liquides résiduels se retrouvent, sous forme de molécules, à l’intérieur même de la résine
par effet de diffusion (adsorption). Cela a pour conséquence soit de plastifier le polymère
(cas du PEhd) soit de le réticuler (cas du PP) avec pour résultat commun la perte d’une
partie des performances du matériau. Des problèmes d’odeur résiduelle peuvent
également survenir ainsi qu’une décoloration de la résine.
19
Le recyclage des plastiques en mélange est une voie possible de valorisation (chapitre IV.1.2.).
L’huile alimentaire
Il est demandé de retirer les bouteilles d’huile alimentaire du gisement de DEM plastiques
à recycler. En effet, outre les incidences sur les performances mécaniques de la matière
régénérée comme tout contenu résiduel, l’huile rend le traitement des eaux de lavage
difficile et coûteux.
Résidus de colles
Humidité
Particules inertes
Plus que les incidences néfastes sur les caractéristiques finales des matières plastiques,
les particules inertes telles que le verre, la porcelaine ou les graviers occasionnent des
problèmes d’usure sur le matériel lors de la régénération ; pendant la phase de broyage
des DEM plastiques, ces contaminants abrasent les couteaux des broyeurs.
Les particules inertes produisent ensuite à l’intérieur des polymères des concentrations de
contraintes qui le fragilisent en favorisant la formation de fissures dans le produit fini.
Certaines applications peuvent être exclues pour les matières plastiques régénérées qui
contiennent ce type de contaminants : l’extrusion-soufflage de corps creux minces ou
l’extrusion dans des filières pour les débouchés textiles.
La mise en forme des polymères par les différents procédés de transformation induit
également un changement structural au niveau moléculaire provoqué par l’environnement
oxydant, les températures élevées et le cisaillement mécanique imposés par le process
de transformation. Selon les moyens employés, les transformations successives ont pour
effet de changer les propriétés finales du produit soit par la scission des chaînes
macromoléculaires suivie généralement par la cristallisation de certaines zones, soit au
contraire par la réticulation des macromolécules.
Les difficultés recensées ci-dessus peuvent être surmontées ou évitées par des
techniques et méthodes à mettre en œuvre par l’industrie.
Quels que soient les efforts de collecte et de tri des collectivités locales, la qualité obtenue
des balles plastiques, même respectant les Prescriptions Techniques Minimales20, ne
permet pas leur recyclage immédiat. En effet, un surtri souvent manuel est opéré sur les
DEM plastiques avant tout traitement.
D’autres tris plus automatiques sont également effectués au niveau des unités de
régénération. Tris opto-électroniques (rayon X, infra rouge), densimétriques, par flottation,
tris magnétiques et par courant de Foucault : leur combinaison permet de séparer les
résines entre elles (bouchons, bouteilles de résines différentes) et d’éliminer un grand
nombre d’indésirables (métaux ferreux ou non, particules inertes, ...) et évite ainsi les
problèmes de recyclage évoqués précédemment. Ne trouvant de rentabilité économique
par effet d’échelle qu’à ce niveau de la chaîne, un tri séparant le gisement d’une même
résine par couleur est également mis en place dans les unités de régénération. Utilisé
essentiellement pour le PET, ce tri permet aux matières plastiques recyclées d’accéder à
de nouvelles applications.
Les étapes de surtri manuel et de tris automatiques permettent de parfaitement purifier les
matières plastiques issues des déchets d’emballages ménagers par l’élimination de
nombreux contaminants et la séparation des plastiques en fonction des différentes
résines.
Inscrit dans les opérations de régénération, le lavage à froid purifie les matières
plastiques mais présente quelques limites. Certains indésirables comme les liquides
résiduels ou les colles restent présents après cette opération. Le lavage à chaud élimine
en grande partie ces indésirables et résout ainsi les problèmes liés à leur présence:
changement de propriétés physico-mécaniques des polymères, odeurs persistantes, ...
Ce lavage est souvent couplé à l’introduction d’additifs (soude par exemple) pour
améliorer encore la régénération des produits.
20
Cf. Chapitre III.2.2.4. Les Prescriptions Techniques Minimales (PTM) : un cahier des charges industriel transféré aux
déchets ménagers.
Comme lors du premier cycle de fabrication des résines, des stabilisants peuvent être
introduits lors de la mise en œuvre des matièresplastiques régénérées avec pour même
effet d’influer positivement sur leurs propriétés. L’addition de stabilisants annihile les
conséquences néfastes du vieillissement des plastiques (jaunissement, photo-
oxydation, ...) ainsi que celles des transformations successives subies par la matière
recyclée (baisse des propriétés mécaniques).
Il existe aujourd’hui des stabilisants spécialement conçus pour les matières recyclées. Il a
été observé que la combinaison de stabilisants différents engendre un effet de synergie et
améliore d’autant les caractéristiques des produits obtenus.
La récupération des DEM plastiques n’a pas de long historique ; peu d’entreprises
reprennent aujourd’hui ces matériaux dans le cadre d’un marché libre. C’est pourquoi les
collectivités ont opté en quasi-totalité pour la garantie de reprise proposée par la filière
Valorplast.
Depuis 1996, date du premier renouvellement de l’agrément des sociétés agréées, les
conditions de reprise des DEM plastiques n’ont pas connu d’évolution notable. La
renégociation des barèmes en 1998 a permis d’améliorer les soutiens financiers versés
par les sociétés agréées aux collectivités locales notamment grâce à l’indexation des
soutiens aux performances quantitatives. Elle a également permis de reconsidérer le
cahier des charges de certains matériaux en fonction des réalités actuelles de qualité et
de reprise de ces derniers. Par contre, les prescriptions techniques minimales (PTM)
relatives aux DEM plastiques n’ont fait l’objet d’aucune modification majeure.
Dans l’attente des résultats de l’expérimentation lancée en juin 1998 sur la valorisation
des DEM plastiques hors PTM21, le cahier des charges applicable aux DEM plastiques se
présente de la façon suivante :
21
Cf. chapitre IV.1.1. Les voies nouvelles de recyclage pour plus de précisions concernant cette expérimentation.
P V C P E T P E h d
1. DEFINITION DU PRODUIT
PRODUITS ACCEPTES PRODUITS ACCEPTES PRODUITS ACCEPTES
• Bouteilles transparentes en • Bouteilles transparentes en • Corps creux opaques et colorés de
PVC PET volume compris entre 0,5 litre et
5 litres ayant emballé par exemple
du lait, de l’eau, du vin, des produits
ménagers pour lave-vaisselle, lave-
linge, autres nettoyants ménagers.
P V C P E T P E h d
2. CARACTERISTIQUES
PRESENTATION
• Les contenants auront été soigneusement vidés de leur contenu et de préférence
débarrassés de leurs bouchons mais acceptés dans la limite d’un bouchon par bouteille.
VALEURS
• Les tolérances maximum d’impuretés sont définies dans le tableau « critères de conformité »
P V C P E T P E h d
3. CONDITIONNEMENT ET ENLEVEMENT
DIMENSIONS DIMENSIONS
• Ligaturage : il est recommandé que les balles soient de préférence
ligaturées par des fils de fer recuit. L’utilisation de fils de fer non
recuit et de feuillards métalliques ainsi que le double ligaturage des
balles sont à proscrire pour raison de sécurité.
• La dimensions des balles finies doit être comprise entre 0,7 x 0,7 x 1 et 1,1 x 1,1 x 1,2.
• Une tolérance de 1,2 x 1,2 x 1,3 peut être accordée sous réserve que les balles puissent
se déliter correctement et sans perte de produit.
DENSITE
3
• La densité des balles doit être comprise entre 180 et 300 kg/m .
LIVRAISON
• Le poids minimum d’une livraison sera de 12 tonnes.
• Enlèvement garanti une fois par an pour les collectivités locales produisant moins de 12 t/an.
Par la limitation faite sur les types de déchets d’emballages ménagers plastiques à
collecter et à trier, seules trois matières plastiques sont aujourd’hui concernées par les
Prescriptions Techniques Minimales : le PVC, le PET et le PEhd. Ce cahier des charges
impose également des restrictions en terme de contenance des corps creux.
Sur les 900 000 tonnes d’emballages ménagers plastiques consommées, le gisement de
corps creux potentiellement concerné par l’ensemble de ces dispositions correspond
approximativement à un tiers de ce tonnage.
Ce cahier des charges n’est donc pas applicable aux autres déchets d’emballages
ménagers plastiques, c’est-à-dire ni aux DEM en PP (même si ces DEM sont des corps
creux), tous les films de suremballages, sacs et sachets en PEbd, ni aux DEM en PS et
PSE ; ces déchets d’emballages doivent aujourd’hui être traités par d’autres moyens et
d’autres organismes.22
22
Cf. chapitres suivants pour plus de précisions concernant les autres voies de valorisation des DEM plastiques.
CRITERES DE CONFORMITE
Tolérances maximum sur une balle de 200 kg*
TOLERANCES MAXIMUM
CRITERES UNITES P V C P E T P E H D
1 Flacons en plastique autre que le matériau Flacon 80 (2 %) 80 (2 %) 80 (2 %)
principal
2 − dont flacons opaques Flacon 10 (0,2 %) 10 (0,2 %) -
3 Flacons de capacité inférieure à 0,5 litre Flacon Sans objet Sans objet 20 (0,5 %)
23
4 Flacons de capacité supérieure à 5 litres Flacon Sans objet Sans objet 0
5 Autres emballages en plastique kg 2 (1 %) 2 (1 %) 2 (1 %)
Le tableau suivant donne les tonnages des DEM plastiques récupérés et recyclés par la
filière Valorplast en 1998 :
23
Il est à noter que certains critères possèdent des tolérances équivalentes à zéro faute!
Bien qu’en constante augmentation, le tonnage de DEM plastiques recyclé reste encore
faible. La levée des freins24 au développement de la récupération et du recyclage de ces
matériaux permettra d’augmenter sensiblement ce tonnage.
2.2.5. Pour une meilleure prise en compte des attentes des collectivités locales
Si la pureté reste une exigence indispensable au recyclage actuel des DEM plastiques,
d’autres considérations sont à prendre en compte dans la recherche d’une meilleure
valorisation avec, en particulier, l’intérêt des collectivités locales.
• Pour une qualité des matières recyclées en adéquation avec les applications
Le nombre croissant de collectes sélectives devrait à l’avenir, par le tonnage des DEM
plastiques récupéré, développer et multiplier les traitements de régénération de ces
matériaux et devrait ainsi empêcher l’externalisation actuelle des coûts de traitements des
DEM plastiques.
Même simplifiés25, les critères de conformité restent aussi nombreux à respecter ; la non-
conformité d’un seul de ces critères entraîne la non-conformité de la balle voire du lot.
Pour chaque type de résine, les balles des DEM plastiques doivent respecter les 14
critères simultanément pour pouvoir être reprises par la filière. En plus de l’expression
classique en nombre de flacon ou en kilo, le tableau (page 27) présente en première
approximation les tolérances maximum en pourcentage pour chaque critère. Vu la
faiblesse des taux d’indésirables acceptés dans chaque balle, les collectivités locales sont
dans l’obligation de maîtriser entièrement la qualité des matériaux qu’elles mobilisent tout
au long de la chaîne, de la collecte jusqu’au tri.
Si la communication réalisée auprès des citoyens permet un meilleur geste de tri, ses
effets sont limités. Les collectivités locales doivent alors traiter un gisement contenant
fatalement des indésirables (liquide résiduel, étiquettes en papier, bouchon, ...).
24
Cf. Chapitre IV.4.
25
Anciennement mesurées en unités difficilement appréhendables, les PTM ont été converties en critères de conformité
(principalement des nombres de flacons à comptabiliser dans un échantillon donné).
Les moyens techniques et humains mis en œuvre par le centre de tri doivent également
être pris en compte dans la recherche de qualité des DEM plastiques mobilisés.
Enlèvement des indésirables, séparation des résines, le tri des plastiques est
généralement entièrement manuel (de rares collectivités expérimentent le tri automatique
des DEM plastiques en centre de tri). Des erreurs humaines ne peuvent être exclues.
Toutefois, certains critères ne permettent aucune erreur. Il n’est pas statistiquement
raisonnable de demander un tel effort de tri quand seuls les moyens humains sont
préconisés dans le tri de ces matériaux.
Des études sont en cours afin d’établir la probabilité qu’ont les collectivités de respecter,
pour chaque résine triée, les 14 critères simultanément. Les premiers résultats montrent
que cette probabilité est très faible. La méthode doit encore être appliquée à un nombre
représentatif de collectivités afin de généraliser les résultats et d’en tirer les
conséquences actuelles et futures.
Le tri du PEhd peut aussi induire l’opérateur de tri en erreur, par une confusion entre les
produits acceptés et refusés. Certains produits ménagers étant souhaités, d’autres
produits de même type étant refusés, les consignes en centre de tri se doivent d’être
précises et respectées à la lettre.
Afin de garantir la conformité aux PTM des matériaux qu’elles mobilisent, certaines
collectivités locales n’hésitent pas à écarter tout déchet d’emballage plastique pour lequel
un doute apparaît quant à sa valorisation, détournant ainsi un tonnage considérable de
DEM effectivement recyclables vers les refus de tri. Pourtant, les règles de dilution
s’appliquent également pour un gisement de DEM ayant contenu des produits
phytosanitaires ou considérés dangereux. Aujourd’hui, la mobilisation des DEM plastiques
ne peut être optimisée pour des raisons de précaution envers des risques inexistants.
Textile 63 %
Tubes 15 %
Chaussures (renforts) 7%
Injection 1%
Soufflage 1%
Divers 13 %
Afin de réaliser les objectifs fixés par la Directive européenne en matière de valorisation et
de recyclage des déchets d’emballages, de nouvelles pistes sont actuellement explorées
en particulier dans le domaine des déchets d’emballages ménagers.
Le taux de valorisation globale peut être largement respecté par l’apport de la valorisation
énergétique. Il reste néanmoins à respecter les 15 % de valorisation matière demandés
pour chaque matériau qui, pour atteindre cet objectif, demandent de nouveaux efforts et
développements.
Plusieurs voies nouvelles de recyclage sont étudiées afin d’étendre l’utilisation des
matériaux plastiques récupérés.
Par le cahier des charges imposé en sortie de centre de tri, les filières garanties relatives
aux DEM plastiques ne concernent jusqu’à présent qu’un tiers du gisement plastique à la
charge des collectivités locales : les corps creux.
Afin d’étudier la faisabilité technique mais surtout économique du recyclage des autres
DEM plastiques, une expérimentation a été lancée depuis janvier 1998 sur l’extension du
gisement collectable plastique et ce, pour une durée d’un an et demi environ.
Douze sites-pilotes ont été choisis parmi les collectivités locales ayant mis en place une
collecte sélective pour collecter et trier deux nouveaux types de déchets d’emballages
ménagers, jusqu’alors considérés comme des refus de tri :
Un cahier des charges, encore expérimental, a été établi pour les deux nouveaux
gisements plastiques collectés, en plus des PTM applicables aux trois gisements
classiques (PEhd, PET, PVC).
1. DEFINITION DU PRODUIT
PRODUITS ACCEPTES PRODUITS ACCEPTES
• Sacs de petite et moyenne taille à base de • Corps creux opaques à base de polyoléfines
polyoléfines (PE ou PP) tels que sacs de sortie (PE ou PP) restants après tri des corps creux
de caisse, cabas boutique, emballages de fruits aux PTM Valorplast sans limite de volume.
et légumes, ... ;
• Grand sacs (bricolage, jardinerie, ...) ;
• Housse (électroménager, ameublement,
outillage, ...) ;
• Suremballages (pack d’eau, de boisson, de
conserve, ...).
Nota : les sacs de collecte sélective et les Nota : les corps creux aux PTM Valorplast auront
emballages industriels et commerciaux sont été préalablement extraits..
acceptés par les industriels mais ne sont pas
soutenus financièrement par Eco-
Emballages.
PRODUITS REFUSES PRODUITS REFUSES
• Tous les films et emballages souillés par des • Emballages de produits toxiques, chimiques,
aliments ou autres matières fermentescibles. dangereux ;
• Bouteilles d’huile alimentaire ;
• Blisters, coques, ... ;
• Barquettes, pots ;
• Tout emballage souillé par des aliments ou
autres matières fermentescibles.
2. CARACTERISTIQUES
PRODUITS INDESIRABLES PRODUITS INDESIRABLES
VALEURS
• Les tolérances maximum d’impuretés sont à ce jour non définies mais s’inscrivent dans la
logique des critères de conformité appliqués pour les corps creux.
3. CONDITIONNEMENT ET LIVRAISON
Conditionnement en balles de dimensions et de densité identiques
à celles des corps creux Valorplast.
DIMENSIONS
• La dimensions des balles finies doit être comprise entre 0,7 x 0,7 x 1 m et 1,1 x 1,1 x 1,2 m.
• Une tolérance de 1,2 x 1,2 x 1,3 m peut être accordée sous réserve que les balles
puissent se déliter correctement et sans perte de produit.
DENSITE
3
• La densité des balles doit être comprise entre 180 et 300 kg/m .
LIVRAISON
• Le poids minimum d’une livraison sera de 12 tonnes.
• Enlèvement garanti une fois par an pour les collectivités locales produisant moins de 12 t/an.
• de par la hauteur du cahier des charges déjà fixé pour ces nouveaux
gisements, un tri négatif26 ne peut être effectué ;
• il n’y a pas eu d’augmentation sensible du gisement collecté dans les sites-
pilotes. Il est à noter que les consignes de tri n’ont pas été changées auprès
des citoyens ;
• avérée pour certains recycleurs, la faisabilité technique ne l’est pas pour
d’autres ;
• la faisabilité économique reste également à vérifier. Elle semble possible par
l’intégration du recyclage de ces matériaux dans l’ensemble de la chaîne. Les
matériaux régénérés ayant peu de valeur ajoutée, les débouchés se doivent
d’être des produits finis pour trouver une rentabilité économique.
L’extension du gisement plastique valorisable repose aujourd’hui sur les mêmes principes
que les autres filières de matériaux mises en place par Eco-Emballages : un cahier des
charges unique est défini, applicable auprès de toute collectivité locale ayant opté pour la
garantie de reprise. Chaque recycleur connaît donc précisément la qualité des balles qui
lui sont livrées. Si l’un d’eux est défaillant, un autre recycleur a la possibilité technique de
traiter son gisement et ce, sur l’ensemble du territoire.
Cette recherche de pérennisation des filières et des débouchés induit toutefois auprès
des collectivités locales des contraintes de qualité de plus en plus lourdes. En effet, le
cahier des charges est défini comme la qualité la plus faible que peut traiter le moins
performant des recycleurs ; même si une grande partie des recycleurs peuvent traiter des
matériaux de moindre qualité. Ce principe conduit à lever considérablement le niveau de
qualité demandé en sortie de centre de tri. Une attention particulière doit être portée sur
ce point afin que ce principe ne devienne pas un frein au développement de nouvelles
technologies en permettant de retarder la modernisation des équipements de
régénération ou de recyclage.
Enfin, plus que les autres matériaux, le recyclage des plastiques dépend des efforts et
des innovations de tous les régénérateurs et recycleurs. Si cette expérimentation se
conclue par l’extension effective du recyclage des DEM plastiques, elle doit pouvoir
bénéficier de toute la liberté d’action d’une filière à part entière de matériaux.
26
L’opération de tri négatif (≠ tri positif) consiste à extraire d’un flux une ou plusieurs fractions de déchets indésirables pour
ne conserver en fin de tri qu’une fraction résiduelle valorisable
(définition d’après le Glossaire du Cercle National du Recyclage - mars 1997).
Aujourd’hui, les efforts des recycleurs impliqués dans le recyclage des plastiques
mélangés se concentrent sur la fabrication de produits finis ou semi-finis prêts à l’emploi
pour plusieurs raisons :
• les applications présumées restent des pièces plutôt massives. En effet, les
caractéristiques mécaniques des plastiques mélangés étant limitées (à cause
de la non-miscibilité des nombreux polymères en présence), le volume des
objets peut compenser la faiblesse des propriétés ;
• Matériaux de construction
(piquets, planches, plaques pour cloisons, pontons, renforts de berges, ...) ;
• Mobilier urbain
(bancs, tables, bacs à fleurs, panneaux de signalisation, ...).
Contrairement aux autres matériaux, les matières plastiques issues des déchets
d’emballages ménagers doivent, avant tout recyclage, trouver - en plus des débouchés -
un véritable marché. Une fois les difficultés techniques surmontées, reste à trouver le
bénéfice économique.
Parmi les développements des techniques de valorisation des déchets plastiques, une
voie se dévoile aujourd’hui. Appelée valorisation chimique, recyclage chimique ou
recyclage matière première, cette voie repose sur la décomposition des macromolécules
constitutives des polymères en matières premières réutilisables :
Recyclage
chimique
Recyclage
chimique
Recyclage
matière
Réutilisation
ou Réemploi
Deux techniques de valorisation chimique sont actuellement à l’étude dans les industries
de raffinage et de pétrochimie : la première permet de revenir au monomère de départ par
une dépolymérisation, la seconde va plus loin en amont et fait revenir les polymères en
produits pétrochimiques de base (pétrole ou naphta).
La première phase consiste à broyer et à séparer les déchets pour en éliminer les
impuretés. Puis une réaction chimique (la dépolymérisation) permet de récupérer les deux
constituants de base du PET. Une opération finale élimine les colorants et les dernières
impuretés encore présentes. Les produits obtenus, d’un degré de pureté comparable à
celui des produits de première synthèse, permettent leur utilisation dans les mêmes
conditions que les matières premières vierges.
Ce projet concerne également la valorisation chimique du PET mais les produits obtenus
après réaction sont différents : des produits de base comme le méthanol qui pourra être
utilisé comme combustible et des composants synthétiques d’un autre polymère, le
polyuréthanne (PU). Plus régulières, les mousses de PU obtenues à partir de ces
composés présentent d’excellentes propriétés thermiques et dimensionnelles. Une unité
de préindustrialisation fonctionne depuis maintenant un an. Des modifications techniques
ont été effectuées afin d’améliorer encore le procédé.
Tout au long de ce dossier ont été présentées les multiples facettes des matières
plastiques : de leur généreuse utilisation dans tous les domaines d’activités pour leurs
propriétés remarquables aux conséquences qu’elles génèrent dès leur « transformation »
en déchet.
Comme tout matériau utilisé dans les secteurs d’activités pointus, la priorité des matières
plastiques est de répondre à un cahier des charges, de plus en plus complexe et
contraignant. L’emballage fait partie aujourd’hui de ces secteurs de pointe. Résistant aux
chocs, aux températures, à la lumière, au contenu tout en préservant ce même contenu
pendant sa durée de vie : afin de répondre à ces cahiers des charges, autant de
polymères différents sont utilisés dans le domaine de l’emballage : PEhd, PEbd, PET,
PVC, PS, PP, ... L’ère de l’élimination inconsciente des déchets terminée, cette multitude
de matières plastiques présente dans les ordures ménagères pose aujourd’hui d’énormes
problèmes de valorisation pour tous les acteurs en aval de l’emballage.
Pourtant, les limites actuelles de la valorisation matière de ces produits ne doit pas
provoquer la limitation des matières utilisées. Elles doivent au contraire faire progresser
les technologies pour synthétiser des matériaux qui intègrent, dès leur conception, leur fin
de vie et leur future valorisation. Plusieurs réflexions parallèles sont menées pour que les
différentes valorisations soient prises en compte dès la conception des emballages.
27
Cf. GLOSSAIRE p. 41.
28
Ce barème fixe le montant des contributions à payer aux sociétés agréées par les producteurs et conditionneurs
d’emballages au titre de la prise en charge de la responsabilité d’élimination.
La deuxième réflexion est tenue par la Chambre Syndicale des Emballages en Matière
Plastique (C.S.E.M.P.). Cette dernière a créé au cours de l’année 1998 une section
« Recycleurs ». Cette section rassemble de nombreux fabricants d’emballages et
recycleurs. Une collaboration plus étroite entre tous les acteurs est depuis instaurée au
travers de plusieurs groupes techniques, abordant des problèmes particuliers. Ainsi, la
réflexion relative à la commercialisation d’une bouteille de bière en PET multicouche a
bénéficié du concours de l’ensemble des acteurs impliqués, de la conception jusqu’à son
éventuel recyclage.
Enfin, réunis dans le cadre du Conseil National de l’Emballage (C.N.E.), tous les acteurs
de la chaîne emballage29 travaillent à l’élaboration d’une politique incitative de prévention
des déchets. La traduction de cette troisième réflexion a été l’édition en 1998 du
« Catalogue de la prévention des déchets d’emballages ». Il répertorie une centaine de
produits et de marques pour lesquels des entreprises ont réduit l’emballage à la source,
c’est-à-dire lors de sa conception ou de sa fabrication. Cette initiative répond à la
transposition française de la Directive européenne relative à la conception des
emballages qui prévoit une grande part pour la prévention.
Si les industriels ont perçu toute la pertinence d’établir une concertation entre toutes les
professionnels de la plasturgie pour mieux anticiper le devenir des matériaux en fin de vie,
ils ne doivent pas oublier le rôle essentiel joué par les collectivités locales. Maillon
indispensable au développement et à la pérennisation de la valorisation des déchets
d’emballages, les collectivités locales ont une place à prendre dans toutes les instances
travaillant sur la conception des emballages. Pour qu’une autre « affaire PAN » ne se
reproduise pas.
Ces exigences essentielles seront bientôt reprises par des normes, actuellement en cours
d’élaboration, qui serviront de guides méthodologiques à suivre par les producteurs
d’emballages. Un dossier complet sera établi à chaque conception d’un nouvel
emballage. Ce dossier comportera :
29
Filières de matériaux, sociétés agréées, fabricants d’emballages, entreprises de biens de consommation, distributeurs,
associations de consommateurs et de protection de l’environnement, collectivités locales.
Des contrôles pourront être effectués auprès des fabricants d’emballages. Seront alors
puni tout contrevenant à l’une des exigences essentielles.
Ces mesures permettront d’éviter la mise sur le marché de produits qui, au vu des
différentes législations, ne sont pas considérés comme respectueux de l’environnement.
Malgré cela, ces mesures ne faciliteront pas la tâche de collecte et de tri des collectivités
locales ; par exemple, bien que difficilement recyclables, les emballages complexes
répondront tout de même aux exigences essentielles car ils pourront être valorisés
énergétiquement. Valables pour les multicouches, cette remarque l’est également pour
les emballages utilisant une nouvelle résine.
Par ce décret et les prochaines normes qui lui seront liées, une attention particulière a été
portée sur la modernisation des emballages et leur respect à des exigences portant sur la
protection des produits et des consommateurs mais également sur la fin de vie de ces
emballages. De par leur conception, les prochains emballages seront tous valorisables.
Leur valorisation effective demandera encore de nombreuses réflexions.
Les limites se révèlent être plutôt économiques. Le domaine du recyclage des plastiques
connaît actuellement une période de grande turbulence. Les cours des matières
premières plastiques ont considérablement chuté ces derniers mois. Cette chute a été
accentuée par le bas prix du pétrole, directement lié au prix des matières synthétiques
que sont les polymères. Cet effondrement a sans nul doute des incidences sur le marché
des matières régénérées. Pourquoi acheter une résine recyclée quand une résine vierge
est proposée quasiment au même prix ? Se devant d’être toujours proposées à un prix
concurrentiel par rapport aux matières premières, les matières régénérées subissent de
plein fouet les cours plus que fluctuants du pétrole et des matières plastiques vierges.
30
Cf. chapitre I.2. Les polymères.
En plus des limites économiques à lever, d’autres éléments ont été identifiés comme des
freins à l’élargissement des débouchés pour les matières plastiques issues des déchets
d’emballages. Les premiers éléments incriminés sont les normes applicables aux produits
finis. Elles sont accusées d’empêcher l’introduction de matière régénérée en quantité
importante dans la fabrication d’objets plastiques. Pourtant, les normes ne donnent
aucune préconisation précise quant au matériau à utiliser (exception faite de la présence
en métaux lourds ou matériaux dits dangereux). Mais, de par les performances qu’elles
imposent (résistance au vieillissement, aux chocs, etc.), les normes peuvent écarter ou
limiter la présence de plastique recyclé post-consommation dans les produits finis.
Des réflexions sont actuellement menées31 afin de déterminer le rôle exact que peuvent
jouer les normes dans l’évolution de l’utilisation de plastique recyclé pour la fabrication de
produits finis.
Enfin, bien que radicalement différentes, deux opérations ont été mises en place dans le
seul but de développer l’utilisation de matière régénérée issue des déchets d’emballages
ménagers plastiques. La première concerne un procédé technologique, la seconde une
démarche durable.
Jusqu'à présent, une bouteille boisson plastique ne pouvait redevenir une bouteille
boisson ; les différents procédés de recyclage des matières plastiques issues des déchets
d’emballages ménagers ne permettant pas à la matière régénérée d’être utilisée dans
l’emballage alimentaire.
31
Ces réflexions sont menées par le groupe de travail « Normes » de l’AMF.
Avec l’agrément donné par le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique (C.S.H.P.), s’ouvrent
aujourd’hui de nouvelles perspectives pour l’écoulement des déchets d’emballages
ménagers plastiques recyclés. La plus grande application des matières plastiques vierges
deviendrait accessible aux matières recyclés : l’emballage. Reste à savoir si l’agrément
donné pour ce débouché s’avérera durable.
Pour créer et développer un marché durable de produits recyclés, il fallait avant tout le
faire connaître. Les acheteurs potentiels de produits fabriqués à partir de matière
régénérée ne possédaient auparavant aucune information sur la composition des produits
et sur les différents lieux d’achat possibles. Parallèlement, les entreprises ne
communiquaient pas sur le sujet, ne voyant pas la notion recyclée comme un argument
de vente.
Bien que l’intérêt des acheteurs potentiels pour une telle initiative ne semble pas se
concrétiser systématiquement par une démarche d’achat, ces acheteurs que sont les
collectivités locales, les entreprises et le grand public sont aujourd’hui sensibilisés à la
recherche de pérennité pour les produits recyclés.
32
L’Annuaire des produits recyclés est disponible auprès du secrétariat du Cercle National du Recyclage.
CONCLUSION
Dans un souci d’objectivité et de progrès, ce dossier est une base de réflexion, où chacun
peut apporter sa motivation, pour une meilleure gestion des DEM plastiques.
• pour chaque étape du circuit emprunté par les DEM plastiques, le cahier des
charges doit être défini en concertation avec tous les acteurs impliqués :
40 / 42 CONCLUSION
LES EMBALLAGES PLASTIQUES : DE LA FABRICATION A LA VALORISATION
GLOSSAIRE
GLOSSAIRE 41 / 42
LES EMBALLAGES PLASTIQUES : DE LA FABRICATION A LA VALORISATION
LES ACTEURS
FEDERATION DE LA PLASTURGIE
65, rue de Prony
ADELPHE 75 854 PARIS cedex 17
39, rue Saint-Lazarre Tél. : 01.44.01.16.16.
75 009 PARIS Fax : 01.44.01.16.55 .
Tél. : 01.49.70.84.00.
FEDEREC (FÉDÉRATION NATIONALE
ADEME (AGENCE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA RECUPERATION ET DU RECYCLAGE)
ET DE LA MAITRISE DE L’ENERGIE)
101, rue de Prony
75 017 PARIS
2, square Lafayette
Tél. : 01.40.54.01.94.
BP 406
Fax : 01.40.54.77.87.
49 004 ANGERS cedex 01
Tél. : 02.41.20.41.12.
Fax : 02.41.87.23.50 . MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT
DIRECTION DE LA PREVENTION
CERCLE NATIONAL DU RECYCLAGE DES POLLUTIONS ET DES RISQUES
SOUS-DIRECTION DES PRODUITS ET DES DECHETS
23, rue Gosselet
20, avenue de Ségur
59 000 LILLE
75 302 PARIS 07 SP
Tél. : 03.20.85.85.22.
Tél. : 01.42.19.20.21.
Fax : 03.20.86.10.73.
Fax : 01.42.19.14.68.
E-mail : cnr@nordnet.fr
RECYFILM
C.S.E.M.P. (CHAMBRE SYNDICALE
65, rue de Prony
DES EMBALLAGES EN MATIERE PLASTIQUE)
75 854 PARIS cedex 17
5, rue de Chazelles Tél. : 01.44.01.16.51.
75 017 PARIS Fax : 01.47.54.01.92.
Tél. : 01.46.22.33.66.
Fax : 01.46.22.02.35.
S.N.R.M.P. (SYNDICAT NATIONAL
DU RECYCLAGE DES MATIERES PLASTIQUES)
ECO-EMBALLAGES
65, rue de Prony
44, avenue Georges Pompidou
75 854 PARIS cedex 17
BP 306
Tél. : 01.44.01.16.30.
92 302 LEVALLOIS-PERRET cedex
Fax : 01.44.01.16.60.
Tél. : 01.40.89.99.99.
Fax : 01.40.89.99.88.
S.P.M.P. (SYNDICAT DES PRODUCTEURS
ECOFUT DE MATIERES PLASTIQUES)
5, rue de Chazelles Immeuble Le Diamant A
75 017 PARIS 14, rue de la république
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