Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

15142

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 55

Mpitarika maka lesona amin’ny tantara.

Mametraka
maridrefy sy fanamby:
Ny fifandraisan’i Frantsa sy i Madagasikara

Des leaders apprennent de l’histoire et posent des


repères et des défis :
Les relations France - Madagascar

Jeannot Rasoloarison, Ketakandriana Rafitoson, Tatiana Eddie Razafindravao


Ny fomba fijery sy hevitra ato anatin’ity boky ity, dia tsy voatery mitovy amin’ny fomba fijery sy hevitry ny FES.
Les idées et positions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement les opinions de la FES.
Mpitarika maka lesona amin’ny tantara. Mametraka
maridrefy sy fanamby:
Ny fifandraisan’i Frantsa sy i Madagasikara

Des leaders apprennent de l’histoire et posent des


repères et des défis :
Les relations France - Madagascar

Jeannot Rasoloarison, Ketakandriana Rafitoson, Tatiana Eddie Razafindravao

Mpanatontosa: Friedrich-Ebert-Stiftung - Mpandrindra: Jean-Aimé Raveloson

Antananarivo, desambra 2014

1
FIZAHAN-TAKILA

A. Aperçu sur les relations France - Madagascar

du XVIIè au XXè siècle 4

B. I Frantsa sy ny mpitondra malagasy

tao anatin’ny repoblika nifanesy teto Madagasikara 16

C. Perspectives des relations extérieures de Madagascar,

en particulier celles avec la France 34

2
3
Aperçu sur les relations France - Madagascar du
XVIIè au XXè siècle

Jeannot Rasoloarison

Maître de Conférences en Histoire Contemporaine


Départemant d’histoire - Univeristé d’Antananarivo

4
SOMMAIRE

Introduction 6

I. Les tentatives de colonisation du XVIIè et XVIIIè siècle 6

II. Le contrôle progressif du territoire de Madagascar au XIXè siècle 7

III. La colonisation française à Madagascar (1896-1960) 10

IV. Les bonnes relations postcoloniales (1960-1972) 12

Conclusion 14

5
Introduction

Le début des relations entre la France et Madagascar remonte dans les Temps Modernes au
moment où les puissances européennes de l’époque se lancent dans la conquête de
nouvelles routes commerciales et de nouveaux territoires pour asseoir leur domination
économique en Europe. En fait, « le début de la présence française dans la grande île
remonte au XVIIè siècle, du temps du roi Louis XIV. Cette présence est dictée par la volonté
de contrecarrer les visées politiques et économiques des Britanniques dans la région du sud-
ouest de l’océan Indien »1. La première colonie française a été installée dans le sud de l’île.
Puis, au XVIIIè siècle, avec l’occupation des îles Mascareignes et le développement des
activités commerciales dans la région, la France s’intéresse notamment à la côte orientale
de Madagascar. Au XIXè siècle, la France s’intéresse de plus en plus à Madagascar avec
l’ambition de contrôler l’ensemble de l’île pour faire face aux exigences de la révolution
industrielle et pour satisfaire les ambitions des traitants et des hommes politiques de l’île de
La réunion de faire de Madagascar une colonie française. A la fin du XIXè siècle,
Madagascar devient officiellement une colonie française. Cette situation engendre des
bouleversements au niveau des organisations politiques, économiques et sociales à
Madagascar. De 1896 à 1960, Madagascar se trouve sous la tutelle française. Après
l’obtention officielle de l’indépendance en 1960, les relations privilégiées entre la France et
Madagascar continuent toujours et ne prennent fin qu’en 1972, au lendemain d’un
mouvement populaire qui a renversé le régime de la Première République.

I- Les tentatives de colonisation du XVIIè et XVIIIè siècle

Au XVIIè siècle, à la suite des Portugais et des Hollandais, les Anglais et les Français ont
des visées politiques et économiques pour une implantation durable à Madagascar. Au
début, la présence française à Madagascar est simplement dictée par des raisons
commerciales, et elle remonte au début du XVIIè siècle. En février 1602, pour le premier
voyage effectué par les Français aux Indes, les marchands de Saint-Malo Vitré et Laval, à
bord de deux navires, le Croissant et le Corbin, ont jeté l’ancre à Saint-Augustin (sud-ouest
de l’île)2. Ces derniers ont séjourné trois mois dans cette baie et fait des transactions avec
les populations locales, avec le compte rendu suivant : « Pendant notre séjour en ce lieu,
nous nous sommes procuré une grande quantité de bœufs, de moutons, de volailles et
d’autres vivres, le tout en échange de menus objets, cuillères de cuivre, jetons »3. En dehors
des passages des marchands, la France décide quelques années plus tard de marquer sa
présence à Madagascar par une installation durable. Dans cette perspective, elle a chargé la
Compagnie des Indes Orientales de s’occuper de la mise en place d’une colonie à
Madagascar. Celle-ci est installée dans le sud de l’île, plus précisément à Fort-Dauphin,
dans le pays tanosy. Elle est sous les ordres de Pronis et Flacourt pendant son existence de
1642 à 1674. Dans ses activités économiques, elle effectue le commerce de bœufs et
d’esclaves avec les Antanosy et les Antandroy et même avec les Betsileo. Dans ce sens, les
Français de Fort-Dauphin ne manquent pas de faire quelques séjours sur la côte ouest ou
même à l’intérieur des terres pour s’approvisionner en vivres en vue de résoudre les
difficultés de ravitaillement qui les affectent de temps en temps. Cette tentative de
colonisation connaît un échec en raison des relations belliqueuses entre la colonie et les
Antanosy. Néanmoins, la colonie alimente le premier fond de peuplement de l’île Bourbon
(La Réunion) avec le déplacement de Français et de Malgaches de cette région de
l’extrême-sud est vers l’île.

1
Revue de l’Océan Indien, n° 362, 2014
2
Barthélémy Manjakahery, « La présence franco-britannique dans la baie de Saint-Augustin (Sud-ouest de
Madagascar) au XVIIè siècle », Revue Historique de l’océan Indien, n° 7, 2011, p. 49.
3
Collection des Ouvrages Anciens Concernant Madagascar (C.O.A.C.M.), Tome I, p. 284 Cité par Barthélémy
Manjakahery dans son article paru dans Revue Historique de l’océan Indien, n° 7, 2011, p. 49.

6
Au XVIIIè siècle, les Français entreprennent des nouvelles tentatives de colonisation. Dans
ce sens, le comte de Modave et le baron de Benyowski reçoivent comme missions de mettre
en place une nouvelle colonie à Fort-Dauphin et dans la partie nord de l’île. Pour mener à
bien sa mission, Modave privilégie les relations cordiales avec les chefs tanosy. De son côté,
pour réussir sa mission, Benyowski recrute, en 1774, Nicolas Mayeur, un voyageur français
qui maîtrise la langue des populations locales et connaît leurs coutumes, comme interprète
et agent de traite. Nicolas Mayeur décrit de la manière suivante la tâche qui lui est confiée :
« Je partis de Louisbourg (baye d’Antongil) le 14 novembre 1774, expédié par M. le baron de
Beniowsky, commandant général pour le roi [de France] à Madagascar, à l’effet d’explorer la
partie nord de cette grande isle, depuis la baie d’Antongil, jusques au cap le plus nord, dit le
cap d’Ambre ; puis me dirigeant à l’ouest, de visiter les îles et la partie des côtes de la plus
grande terre qui gisent entre le cap d’Ambre et le cap Saint-Sébastien ; de faire connaître le
nom français sur tous ces points par des traités, par des établissements et de renouveler
partout les alliances déjà faites »4. Les missions de Modave et de Benyowski, de 1768 à
1786, ont pour but principal de favoriser l’influence française à Madagascar. La présence
française sur la côte orientale s’affirme de plus en plus à la fin du XVIIIè siècle avec le
développement des activités commerciales des traitants français des îles Mascareignes. Ces
derniers s’occupent notamment du commerce de bœufs et d’esclaves en échange d’armes à
feu, d’étoffes ou d’objets de pacotilles. Ainsi, l’installation des Français sur les côtes de
Madagascar devient effective et se confirme pendant la période suivante, le XIXè siècle.

II- Le contrôle progressif du territoire de Madagascar au XIXè siècle

Dans les relations entre la France et Madagascar, le XIXè siècle reste une période charnière
car il est marqué par le début du contrôle effectif d’une partie du territoire par les Français.
Ainsi, sous la pression des traitants des îles Mascareignes, les Français s’installent d’une
manière effective à Sainte-Marie et Tamatave. Dans ce sens, en 1810, Sylvain Roux devient
le représentant officiel des Français à Tamatave. Sur la côte ouest et nord ouest, les
Français profitent des différends entre les Merina et les populations locales, à savoir les
Sakalava et les Antakarana, pour favoriser leur installation. Ainsi, le roi antakarana,
Tsimiharo (qui accède au trône en 1832) considère la présence des Merina au pays
d’Ankarana comme une violation du sol de ses ancêtres et une atteinte à sa dignité de roi.
D’où, il nourrit toujours à l’égard des Merina « une haine profonde et un vif désir de
vengeance »5. Pour réaliser sa volonté de mettre fin à la présence hégémonique des Merina
sur le territoire de son royaume, le roi Tsimiharo va chercher un appui extérieur et se
rapproche du gouverneur de l’île Bourbon. Cette politique d’ouverture l’amène à établir un
traité avec la France avec comme contenu :

« Traité conclu le 5 mars 1841 entre la France et le roi Tsimiarou pour la cession du pays
d’Ankara et des îles qui en dépendent

Moi Tsimiarou, fils de Tsialou Roi d’Ankara, de Nossi-Bé, Nossi-Mitsiou, Nossi-Faly et autres
îles environnant nos possessions de la Grande Terres,

Vous déclare en présence de mes Frères, de mes Grands, que je cède à Sa Majesté Le Roi
Louis-Philippe I, Roi des Français, tous mes droits sur les terres de Madagascar, lesquels
droits je tiens de mes ancêtres et que je lui fais cession de toutes les îles qui entourent mon
royaume d’Ankara.

4
Jean Omer BERIZIKY, « Le Nord de Madagascar au XVIIIème siècle dans le récit de voyage de Nicolas
Mayeur », Omaly sy Anio, n° 25-26, 1987, p. 42.
5
Micheline RASOAMIARAMANANA, « Les relations du roi Tsimiharo avec les Merina et les Français vues par les
documents de l’époque (1832-1883) », Omaly sy Anio, n° 25-26, 1987, p. 268-269.

7
Nous demandons à être regardés par le Grand Roi comme sujets français et à être traités
comme tels.

Je suis persuadé que Sa Majesté le Grand Roi auquel je fais don de tous mes Etats, me
considérera comme son fils, me protégera contre tout ennemi et éloignera de moi toute
espèce de mal.

Je suis persuadé aussi que Sa Majesté le Roi des Français voudra bien étendre sa
bienveillance sur mes sujets. Nous porterons désormais le nom de Français ; quiconque
sera l’ennemi du Grand Roi sera le nôtre, et nous emploierons nos armes contre lui ;
quiconque sera son allié sera le nôtre et nous l’aiderons de tous les moyens en notre
pouvoir.

Si Sa Majesté le Roi des Français fait planter son pavillon sur un point quelconque de nos
Etats, nous jurons par Dieu et par le jugement dernier que nous le défendrons jusqu’à la
mort.

Je prie Sa Majesté le Grand Roi de nous envoyer des soldats pour rester à Nossi-Mitsiou et
un bâtiment de guerre pour nous protéger contre les Hovas ou tout autre ennemi.

Cet acte a été rédigé par moi, Tsimiarou, en présence de M. Passot, officier de Monsieur le
Gouverneur de Bourbon, de Monsieur Jehenne, commandant la gabare du Roi, la
Prévoyante, et de tous les officiers de ce bâtiment »6.

Ce traité met en place effectivement le protectorat français sur une partie de la côte nord-
ouest en général et sur l’île de Nosy Be en particulier. Il témoigne de l’attachement d’une
partie des Malgaches à la France depuis cette période du XIXè siècle. Il sera utilisé, par la
suite, par les Français comme motif pour prendre possession de l’ensemble de Madagascar,
notamment après les guerres qui les opposent aux Merina au XIXè siècle.

Les relations entre les Français et le royaume merina, connu aussi sous l’appellation
« Royaume de Madagascar », restent toujours mouvementées au XIXè siècle. Sous le règne
de Ranavalona 1ère (1828-1861), elles restent conflictuelles dans la mesure où la reine
décrète que tous les étrangers, y compris les Français, sont soumis, comme ses sujets aux
lois du pays. En réaction, les Français et les Anglais bombardent la ville de Tamatave en
1845. En 1857, la tension monte encore entre les deux parties puisque la reine Ranavalona
1ère expulse tous les Européens de Tananarive, y compris Jean Laborde (qui lui a permis de
fabriquer localement à Ilafy et à Mantasoa des armes et d’autres produits comme le savon)
en raison d’un complot fomenté par les Français contre elle7. Après la mort de Ranavalona
1ère, les relations deviennent cordiales entre les Français et les Merina en raison de l’esprit
libéral de son successeur, le roi Radama II (1861-1863). Ce dernier signe avec le
commandant Dupré, consul nommé par l’empereur français Napoléon III, le 12 septembre
1862, un traité qui institue l’amitié perpétuelle entre la France et le « Royaume de
Madagascar ». En même temps, les Français se voient attribuer d’énormes privilèges
économiques. Par exemple, le négociant Joseph Lambert, un proche de Radama II, se voit
attribuer, à travers la « Charte Lambert », d’énormes concessions sur la côte est, en
échange d’investissements de capitaux français pour financer les activités économiques du
pays. Cependant, ces bonnes relations ne sont que de courte durée puisqu’elles prennent fin
avec la mort du roi Radama II.

6
Raymond DECARY, L’Ile de Nosy Be de Madagascar, Histoire d’une colonisation, Paris, Ed. Maritimes et
d’Outre-Mer, 1960, Cité par Micheline RASOAMIARAMANANA dans son article paru dans Omaly sy Anio, n° 25-
26, 1987, p. 280.
7
Revue de l’Océan Indien, n° 362, 2014

8
Les relations deviennent à nouveau conflictuelles à partir des années 1870, sous le règne de
Ranavalona II (1868-1883) puis sous celui de Ranavalona III (1883-1896). Le décès de Jean
Laborde en 1878 va être à l’origine de la 1ère guerre franco-merina (1883-1885) dans la
mesure où ses héritiers réclament ses biens alors que la loi en vigueur dans le royaume
merina interdit aux étrangers d’être propriétaires de terrains. En fait, pour asseoir l’emprise
de la France sur Madagascar, le député de La Réunion François de Mahy, lors de son
passage au ministère de la Marine et des Colonies, décide, en janvier 1883, de lancer une
expédition punitive contre ceux qui souhaitent spolier le patrimoine des Français8. Cette
guerre a eu lieu principalement sur la côte est et abouti à la défaite de l’armée merina. Après
ce revers militaire, le gouvernement de Rainilaiarivony (Premier ministre du « Royaume de
Madagascar » de 1864 à 1895) signe avec la France le traité du 17 décembre 1885, qui met
fin à la guerre. A travers cet accord, le « Royaume de Madagascar » doit payer à la France
une indemnité de guerre de 10.000.000 de francs. Mais, comme il n’a pas les moyens pour
payer une telle somme, il a dû recourir au service du Comptoir National d’Escompte de Paris
(CNEP), qui a avancé la somme et qui récupérera son argent par l’intermédiaire de
l’exploitation exclusive des gisements aurifères de Maevatanana et d’autres sites. L’accord
précise aussi que le « Royaume de Madagascar » sera représenté dans ses relations
extérieures par la France, tandis qu’un résident général français sera présent à Tananarive
pour s’occuper des intérêts de la France. L’application de cet accord consacre la mise en
place d’un protectorat fantôme car la France, au nom de ses intérêts et ses droits à
Madagascar, reste désormais étroitement liée à la gestion des affaires du « Royaume de
Madagascar ».

Après cette première guerre, un second conflit va opposer les Français aux Merina à la fin
du XIXè siècle, étant donné que Rainilaiarivony essaie toujours de ne pas appliquer en
totalité les termes du traité du 17 décembre 1885, alors qu’en même temps, une partie de
l’opinion publique en France et à La Réunion réclame l’annexion de Madagascar pour faire
prévaloir l’hégémonie française dans la région du sud-ouest de l’océan Indien. La seconde
guerre franco-merina commence en 1894 et se termine en septembre 1895 par la prise de
Tananarive par le corps expéditionnaire française, sans grande résistance de la part des
soldats merina, envoyés combattre sur le front. Ainsi, la « bataille » d’Andriba, réputé être
une grande base merina, n’a duré que quelques heures dans l’après-midi du 21 août 1895.
Pour les Merina, la bataille d’Andriba s’est terminée par une fuite et une débandade et elle a
montré au grand jour la désagrégation de l’armée de Ranavalona III9. Après la prise de
Tananarive, les représentants de la reine Ranavalona III, Razanakombana et Rasanjy,
signent avec le commandant du corps expéditionnaire français, le général Duchesne, le
traité du 1er octobre 1895 qui institue le protectorat français à Madagascar. Dans son article
5, le traité précise que « Le Résident général contrôlera l’administration intérieure de l’île. Sa
Majesté la Reine de Madagascar s’engage à procéder aux réformes que le gouvernement
français jugera utiles à l’exercice de son protectorat ». Dans ce régime de protectorat réel,
l’administration du pays est contrôlée par les Français, tandis que la reine ne détient qu’un
pouvoir symbolique. Par la suite, Madagascar devient une colonie française après la
promulgation de la loi du 06 août 1896. Une des premières mesures prises par les autorités
françaises à Madagascar pour la transformation des structures économiques et sociales est
l’abolition de l’esclavage par un arrêté du 26 septembre 1896.

8
David GAGNEUR, « Les concurrences française et britannique dans l’océan Indien. Points de vue des députés
créoles Louis Brunet et François de Mahy (1870-1904) », Revue Historique de l’océan Indien, n° 7, 2011, p. 147.
9
Manassé ESOAVELOMANDROSO, « Le mythe d’Andriba », Omaly sy Anio, n° 1-2, 1975, p. 49-51.

9
III- La colonisation française à Madagascar (1896-1960)

La colonisation survenue en 1896 constitue un aboutissement des différentes tentatives


entreprises depuis le XVIIè siècle. Sur le plan politique, une des premières œuvres du
régime colonial français est la réalisation de l’unité politique de l’ensemble de Madagascar.
Avant 1896, malgré les tentatives d’unification menées par les Sakalava puis par les Merina,
Madagascar reste un pays divisé entre plusieurs royaumes indépendants. Cette unité
politique de l’ensemble du pays a été réalisée grâce aux mouvements de conquête et de
pacification menés par le général Gallieni et ses troupes.

Pendant la colonisation, pour marquer sa domination sur l’ensemble de l’île, la France met
en place une politique qui tient surtout compte des intérêts des Français. En effet, les
structures administratives à Madagascar évoluent en fonction de la politique coloniale de la
France, qui vise à préserver les intérêts des Français et à s’occuper du bien-être de la
population autochtone. Deux formes d’administration coexistent : au niveau supérieur,
l’administration française, où les circonscriptions, composées de région, province, district et
poste administratif, sont tenues par des fonctionnaires françaises ; et au bas de l’échelle,
l’administration malgache, où les circonscriptions, composées de gouvernement, canton,
quartier et village, sont tenues par des fonctionnaires malgaches10. Ce système illustre
l’ordre hiérarchique mis en place par les autorités coloniales et suppose l’absence de
traitement égal entre Français et Malgaches. Ces deux groupes de populations ne
bénéficient pas du même statut ni des mêmes droits. A partir de 1901, les Malgaches, sujets
français, sont considérés comme des indigènes. Selon l’article 2 de l’arrêté du 4 décembre
1912 réglementant le droit de répression par voie disciplinaire des infractions spéciales à
l’indigénat, « Sont qualifiés indigènes et justiciables des dispositions édictées par le présent
arrêté les individus de l’un et de l’autre sexe résidant dans la Colonie et ses dépendances,
nés soit à Madagascar et ses dépendances, soit dans d’autres possessions françaises, ne
jouissant pas de la qualité et des droits de citoyen français ou n’appartenant pas à une
nationalité étrangère reconnue »11. De 1901 à 1946, les Malgaches sont soumis au régime
de l’indigénat. Le Code l’indigénat reste pour les autorités coloniales un moyen pour
conscientiser les Malgaches à respecter les lois en vigueur et pour les inciter à travailler.
Après la Seconde Guerre mondiale, malgré l’abolition officielle du Code de l’indigénat, les
Malgaches ne bénéficient pas du même statut que les Français et ils ne jouissent pas des
mêmes droits que les citoyens ayant la nationalité française. De 1946 à 1960, leur statut
juridique est : « citoyens français ayant gardé leur statut personnel ».

La discrimination s’étend aussi dans d’autres domaines comme celui de l’enseignement. En


fait, l’enseignement dispensé aux enfants malgaches est différent de celui donné aux enfants
européens. Pour les Malgaches, le système d’enseignement comporte trois niveaux :
l’enseignement du premier degré, l’enseignement du second degré et l’enseignement du
troisième degré, qui est le niveau supérieur et final. C’est seulement après la réforme de
l’enseignement en 1951 que les jeunes Malgaches peuvent prétendre au diplôme de
baccalauréat, et intégrer le Lycée Gallieni pour les garçons et le Lycée Jules Ferry pour les
filles. Malgré l’institution de la politique discriminatoire, la France vise néanmoins à partir de
1945 l’émancipation des Malgaches. Ainsi, le droit de vote leur est accordé même si c’est
pour une minorité de la population malgache au début. Les Malgaches bénéficient aussi du
régime de libertés politiques et syndicales avec le droit de former des partis politiques ou
d’intégrer les formations politiques ou syndicales de leur choix. Dans ce sens, les
nationalistes malgaches, qui militent pour l’indépendance de Madagascar, se rassemblent
majoritairement, entre 1946 et 1947, au sein du Mouvement Démocratique de la Rénovation

10
Lalasoa Jeannot RASOLOARISON, Madagascar sous la colonisation française de 1896 à 1960, Antananarivo,
Editions Jeunes Malgaches, 2013, p. 13.
11
Journal Officiel de Madagascar et Dépendances (J.O.M.D.) N° 1395 du Samedi 21 Décembre 1912.

10
Malgache (MDRM) tandis que ceux qui veulent le maintien de la présence française à
Madagascar se regroupent au sein du Parti des déshérités de Madagascar (PADESM). La
participation des Malgaches à la vie politique s’intensifie notamment dans les années 1950
avec l’adoption de la Loi-cadre du 23 juin 1956 qui permet aux Territoires d’Outre-Mer (TOM)
comme Madagascar de bénéficier d’une autonomie dans la gestion de leurs affaires
internes. Cette loi favorise le multipartisme et est à l’origine de la création du Parti Social-
Démocrate (PSD) de Philibert Tsiranana en décembre 1956.

Sur le plan économique, l’objectif du régime colonial est de mettre en valeur le pays au profit
de la France et des Français. Ainsi, les terres domaniales à Madagascar sont attribuées en
concessions par les arrêtés du 2 novembre 1896 et du 10 février 1899. Les concessions sont
accordées aux Français à titre gratuit pour une superficie qui ne dépasse pas 100 hectares,
et à titre onéreux pour une superficie dépassant les 100 hectares12. L’essentiel des
concessions accordées est représenté par les concessions agricoles, qui se trouvent
notamment sur la côte est. Dans cette mise en valeur économique du pays, la primauté
revient aux compagnies commerciales, dominées par trois grandes compagnies, à savoir : la
Compagnie Marseillaise de Madagascar (CMM), créée en 1898, la Compagnie Lyonnaise de
Madagascar (CLM), créée en 1897, et la Société Industrielle et Commerciale de l’Emyrne
(SICE), fondée en 1911. Ces trois compagnies dominent le circuit commercial dans toute l’île
car elles ont des activités multiples (import-export, exploitations agricoles et minières) et
possèdent de nombreuses agences à travers le pays. De leur côté, les entreprises de
transformation de produits agricoles s’installent notamment dans les zones de grande
colonisation, comme le Nord-Ouest. Ainsi, la grande entreprise de pointe qui suit la Seconde
Guerre mondiale, à savoir la Société Sucrière de la Mahavavy (SOSUMAV), s’établit dans le
delta de la Mahavavy du Nord, dans la région d’Ambilobe, à partir de 1949. Elle utilise les
techniques les plus modernes et jouit d’une forte capacité de production par rapport aux
autres entreprises, étant donné qu’elle est conçue pour combler le déficit sucrier de l’Union
Française13. Pour sa culture de canne à sucre, la société se voit attribuer dans le district
d’Ambilobe une concession agricole de 10.000 hectares. De plus, pour parvenir à des
activités rentables, elle applique une politique sociale conséquente, en accordant des
conditions d’existence décentes à la main-d’œuvre nombreuse qu’elle utilise et dont la
stabilité conditionne la bonne marche et la rentabilité de l’entreprise14.

Pour mieux mettre en valeur l’ensemble de la colonie, le régime colonial s’est aussi penché
sur la construction de voies de communication. A partir de 1895, les éléments du Génie
militaire français, en accompagnant le corps expéditionnaires, ont amélioré les pistes qui
relient Tananarive à Majunga et à Tamatave. La construction de routes se poursuit
notamment après la Première Guerre mondiale, avec une amélioration des procédés, en
pratiquant les techniques d’empierrement et de goudronnage. La construction de routes
s’effectue sur les axes à forte potentialité économique, comme les régions de l’Ouest, de
l’Est et du Sud-Est. Ces routes ont pour vocation de faciliter les relations entre les différentes
zones de production. En outre, la construction de routes a aussi comme objectif de
développer l’urbanisme. Par exemple, pour Tananarive, des rues sont tracées pour relier les
différents quartiers de la Haute ville. Une route circulaire est construite pour délimiter le
périmètre urbain, tandis que deux tunnels sont construits sous les collines d’Ambohidahy et
d’Ambohijatovo pour faciliter les relations entre le centre et les parties ouest et est de la ville.

Les Français se sont attachés à construire des lignes de chemins de fer pour faciliter les
échanges entre les zones à forte potentialité économique. De 1901 à 1936, quatre lignes de

12
Lalasoa Jeannot RASOLOARISON, op.cit., 2013, p. 18.
13
Lucile RABEARIMANANA, « Les travailleurs des grandes plantations du Nord-Ouest de Madagascar (1945-
1960)», Omaly sy Anio, n° 25-26, 1987, p. 384.
14
Lucile RABEARIMANANA, art. cit., Omaly sy Anio, n° 25-26, 1987, p. 384.

11
chemins de fer ont été construites : Tananarive-Côte Est (TCE), Tananarive-Antsirabe (TA),
Moramanga-Lac Alaotra (MLA) et Fianarantsoa-Côte Est (FCE). Cette dernière ligne a été
construite pour servir les intérêts des colons et des commerçants du pays betsileo et de la
région du sud-est. Les travaux de construction sont réalisés grâce au travail de la main-
d’œuvre malgache, utilisée dans le cadre du Service de la Main-d’œuvre pour les Travaux
d’Intérêt général (SMOTIG). Cette structure, créée en 1926 et supprimée en 1937, a mobilisé
environ 50.000 jeunes Malgaches, non incorporés dans l’armée. Les jeunes mobilisés sont
employés pendant deux années dans des travaux de construction d’infrastructures, comme
les chemins de fer. Pour les nationalistes malgaches, le travail effectué dans le cadre du
SMOTIG revêt une forme de travail forcé.

Face à la colonisation, les Malgaches engagent des mouvements de résistance armée pour
se libérer de la tutelle française. C’est le cas avec les mouvements menalamba (en Imerina)
et sadiavahe (dans le Sud, en pays mahafaly et antandroy) au début de la colonisation, et le
mouvement insurrectionnel sur la côte est de l’île en 1947 et 1948. Pour ce dernier, au
niveau de l’organisation, dans le « secteur nord », le mouvement est dirigé par Victorien
Razafindrabe, un ancien de l’administration coloniale, tandis que dans le « secteur sud », le
mouvement est dirigé par Michel Radaorson, un instituteur. Ce mouvement insurrectionnel,
engendré par la volonté des paysans de la côte est d’en finir avec les abus et l’arbitraire
commis par les autorités coloniales et par certains colons, s’est déroulé entre mars 1947 et
décembre 1948, et a affecté 1/6 de l’île. D’un côté, les Malgaches, surtout les intellectuels,
mènent des luttes pacifiques pour s’opposer au régime de la colonisation. C’est le cas avec
le mouvement Vy Vato Sakelika (VVS) dans les années 1910, le mouvement animé par Jean
Ralaimongo et son équipe dans les années 1920 et 1930, et le mouvement politique
nationaliste réclamant l’indépendance de Madagascar à partir de 1945. Malgré toutes ces
luttes, la colonisation ne prend fin qu’à partir de 1958, au lendemain du référendum du 28
septembre 1958. Après la victoire du OUI qui maintient Madagascar dans la Communauté
Française, le 15 octobre 1958, le Haut Commissaire André Soucadaux déclare devant le
Congrès des Assemblées provinciales, réuni dans l’amphithéâtre du Lycée Gallieni, la
caducité de la loi d’annexion du 06 août 1896 et la reconnaissance par le gouvernement
français du nouvel Etat malgache. Après la mise en place de la République malgache le 14
octobre 1958, des négociations s’ouvrent entre la France et Madagascar pour le transfert de
compétences dans les domaines dits de souveraineté. Après la proclamation officielle de
l’indépendance du pays, les accords de coopération qui fixent le nouveau cadre de relations
entre la France et Madagascar sont signés le 27 juin 1960 par le Président Philibert
Tsiranana et le Secrétaire d’Etat français aux Relations avec les Etats de la Communauté,
Jean Foyer.

IV- Les bonnes relations postcoloniales (1960-1972)

Malgré la fin de la colonisation, Madagascar garde toujours des relations privilégiées avec la
France à travers les accords de coopération qui prévoient l’aide et l’assistance de la France
pour Madagascar dans de nombreux domaines : enseignement, justice, armée, …, avec la
présence de coopérants français dans les ministères malgaches comme assistants
techniques. Dans la coopération franco-malgache, la Mission Permanente d’Aide et de
Coopération de l’Ambassade de France à Madagascar joue un rôle de premier plan. Elle
traite avec le gouvernement malgache des problèmes d’intérêt commun pour lesquels la
coopération du gouvernement français est souhaitée par les départements ministériels
malgaches, tant en matière d’économie générale que de personnel d’assistance technique et
d’investissements. « La Mission assure le secrétariat de la délégation française de la
Commission Mixte économique, instituée par les accords de coopération, au sein de laquelle
les problèmes généraux d’ordre économique sont examinés. Elle met à la disposition des
autorités malgaches le personnel d’assistance technique, dont l’effectif s’élevait au 1er août
1965 à 1.074 enseignants, fonctionnaires et militaires du contingent, et à 691 assistants

12
techniques de diverses disciplines. Elle peut, en outre, fournir des experts pour des missions
d’études temporaires sur demande des autorités malgaches »15. Outre cette Mission, le
Fonds d’Aide et de Coopération (F.A.C.) joue aussi un rôle non négligeable dans la
coopération franco-malgache. Elle a accordé à la République malgache les subventions
suivantes de 1959 à 1965 :

- Etudes générales : 1 Milliard de FMG

- Développement de la production : 7,3 Milliards de FMG

- Développement de l’infrastructure : 4,3 Milliards de FMG

- Equipements sociaux : 1,8 Milliards de FMG

Au total, de 1959 à 1965, la République malgache a bénéficié de la part de la F.A.C. des


subventions d’un montant de 14,4 Milliards de FMG16.

De 1960 à 1972, la présence française est très marquée à Madagascar car le président
Philibert Tsiranana lui-même s’entoure d’une équipe de conseillers techniques français. Son
chef de cabinet, Paul Roulleau, ainsi que son chef d’Etat major particulier, le général
Bocchino, sont des Français. Au cours de son premier mandat (1959-1965), le président
Philibert Tsiranana intègre dans son gouvernement des Français, comme Fournier et Lechat,
pour démontrer sa volonté de collaborer étroitement avec les Français qu’il considère
comme « la 19ème tribu de l’île ». Nombreux sont les Français qui occupent la fonction de
coopérants ou de conseillers dans les différents départements ministériels. Par exemple,
l’Université de Madagascar comporte, en 1965, dans toutes les spécialités un personnel
français d’élite au nombre de 1950. Puis, depuis 1960, plus de 1.100 professeurs et
instituteurs français sont mis chaque année à la disposition du ministère malgache de
l’Education nationale pour servir dans les établissements secondaires, les cours
d’enseignements généraux et les écoles primaires17.

15
Gilbert RATSITOHARA, Madagasikara an-tsary (les réalisations malagasy), s.d., p. 205.
16
Gilbert RATSITOHARA, op.cit., p. 205.
17
Gilbert RATSITOHARA, op.cit., p. 206.

13
Conclusion

Depuis le XVIIè siècle, la France est présente à Madagascar pour des motifs d’ordre
politique et économique. Jusqu’à la fin du XVIIIè siècle, des tentatives d’implantation de
colonie sont menés sur les régions côtières, afin de concurrencer les autres puissances
européennes, comme l’Angleterre, dans le contrôle de la route commerciale menant vers
l’Inde. Au XIXè siècle, la colonisation effective prend forme avec l’établissement de traité de
protectorat entre la France et quelques royaumes malgaches. A la fin du XIXè siècle, la
France décide de coloniser l’ensemble de l’île pour satisfaire l’ambition colonisatrice des élus
de l’île de La Réunion et pour trouver un débouché commercial aux produits finis de
l’industrie français et un centre d’approvisionnement en matières premières. Cela se traduit
par l’application du système du pacte colonial dans la mise en valeur de la colonie. Après la
fin officielle de la colonisation en 1960, la France continue encore d’avoir une place de choix
à Madagascar, avec l’application des accords de coopération, en apportant au
gouvernement malgache un soutien financier, matériel et humain dans ses activités. Tous
les secteurs sont concernés par l’appui des Français. Au niveau du domaine militaire, par
exemple, les forces armées françaises occupent différentes bases stratégiques dans l’île,
assurant, par la même occasion la sécurité du pays. Néanmoins, le rôle de la France à
Madagascar s’amoindrit, au début des années 1970, au lendemain des manifestations
populaires à Tananarive en mai 1972, qui réclament la fin de la présence hégémonique
française à Madagascar. La signature d’un nouvel accord de coopération entre les deux
pays, en 1973, marque un nouveau départ dans leurs relations.

14
15
I Frantsa sy ny mpitondra malagasy
tao anatin’ny repoblika nifanesy teto Madagasikara

Ketakandriana Rafitoson

Chercheur en science politique


YLTPienne 2006

16
FIZAHAN-TAKILA

Teny fampidirana 18

I. Talohan’ny fahaleovantena:
nandritra ny fananganana ny Repoblika voalohany 18

II. Nandritra ny Repoblika voalohany (1959-1972):


ny fifikiran’i Tsiranana tamin’i Frantsa 20

III. Nandritra ny Tetezamita: nihenjan-droa ny tady 21

IV. Nandritra ny Repoblika faharoa : nangatsiaka ny fifandraisana 21

V. Nandritra ny Repoblika fahatelo : nisafotofoto ny fifandraisana 22

V. 1 Filloha Zafy Albert, nandalo dia niserana 22

V. 2 Nanomboka tamin’ny fiverenan-dRatsiraka

hatramin’ny fitondrana Ravalomanana: niharatsy ny fifandraisana 23

V. 3 Ny nionganan-dRavalomanana sy ny niavian’ny Tetezamita 25

VI. Ny vanin’andro ankehitriny: ao anatin’ny Repoblika fahaefatra 27

VII. Ny mety ho fivoaran’ny fifandraisan’i Madagasikara sy i Frantsa 28

Boky nanovozan-kevitra 35

17
I Frantsa sy i Madagasikara: firenena roa ampifandraisin’ny rohy ara-tantara, rohy izay be
mpitia nefa koa maro mpankahala. Misy ireo resy lahatra fa i Frantsa dia mpiara-miasa tsy
azo hiodivirana, satria anisan’ireo mpamatsy vola maventy, raha tsy nisy hono izy dia mety
ho sahirana ihany i Madagasikara. Misy koa ireo mihevitra fa i Lafrantsa no fototry ny aretina
rehetra manjo an’i Gasikara ankehitriny, satria hono ny fanjanahantany dia tsy tapitra
tamin’ny taona 1960 fa mbola mitohy ankehitriny fa ny endriny fotsiny no hafa.

Raha ny zava-misy no zohina dia misy eo amin’ny 30.000 eo ho eo ny Frantsay monina eto
Madagasikara – anisan’ny isa lehibe indrindra aty Afrika izany – ary miisa ho 700 ny orinasa
frantsay miasa eto (anisan’izany ny orinasa matanjaka toy ny Colas, Total, Groupe Bolloré,
sns.). Na dia tsy voafaritra mazava aza ny isan’ny Malagasy monina any Frantsa dia maro
izy ireo, mihoatra ny 25.000 ihany koa. I Frantsa no tany vahiny be mpilaravinahitra
malagasy indrindra ary ny ankamaroan’ireo mpianatra izay afaka Baccalauréat dia mitady
irika handehanana any avokoa. Rehefa miteny hoe “andafy” ny Malagasy dia (mbola) i
Frantsa foana no ao an-dohany.

Inona no azontsika zohina amin’izany ? Aiza ho aiza no misy antsika ankehitriny? Raha toa
ka mbola mamaivay ny tsindrin’i Frantsay eo amin’ny lafiny kolontsaina sy fihariana eto
amintsika, manao ahoana izany eo amin’ny lafiny politika? Mahaliana ny mandalina ny
fifandraisan’ny mpitondra nifanesy tamin’i Frantsa, mba hahafahana mamakafaka bebe
kokoa ny zava-misy ankehitriny sy miatrika ao anatin’ny fahavononana bebe kokoa ny
hoavy.

I. Talohan’ny fahaleovantena: nandritra ny fananganana ny Repoblika


voalohany
Alohan’ny hijerentsika ny rohy nisy teo amin’ny fitondrana Tsiranana sy i Frantsa ndao aloha
isika hamantatra ny fomba niforonan’ny tontolo politika malagasy talohan’ny fiverenan’ny
fahaleovantena. Izany jeritodika ara-tantara izany mantsy dia hanampy antsika amin’ny
famakafakana ny fivoaran’ny fifandraisan’ny mpitondra nifanesy tamin’ny firenena
mpanjanaka tany aoriana tany, izay mbola misy miantso, amin’ny teny feno eso na koa feno
hanina hoe « Reny Malala » ankehitriny.

Safidy manokana natao tao anatin’izao fikarohana izao ny fifantohana amin’ny zava-nisy ara-
tantara sy ara-potoana (approche chronologique) nitranga nanomboka tamin’ny faran’ny Ady
Lehibe Faharoa satria tamin’izany fotoana izany no nanapahan’ny Frantsay hevitra
(angamba rehefa tonga saina izy fa mety tsy hivoaka mpandresy tamin’io Ady Lehibe io raha
tsy nisy ny fanampiana avy amin’ny miaramila zanatany) ka nanovany ny fifandraisany
tamin’ny zanataniny. Izany vina izany no nampisy ny Fivoriambe natao tany Brazzaville
tamin’ny 30 janoary ka hatramin’ny 8 febroary 1944.

Janoary 1944: nohavaozina ny rafitry ny fanjanahatany nisy teto Madagasikara, tamin’ny


alalan’ny fametrahana ny Direction des Affaires Malgaches, izay nahitana ny Commission
franco-malgache sy ny Conseil de district.

14 febroary 1945: nozaraina ho faritra efatra izay tantanina Lehibem-paritra iray avy i
Madagasikara. Ny Faritra Atsimo ihany no nambara fa faritra mahaleotena tarihina
Governora.

11 febroary1945: famoronana ny “Conseil Représentatif” izay ahitana mpikambana 60 : ny


20 dia nofidin’ny olompirenena frantsay, ny 20 hafa nofidin’ny olompirenena Malagasy, ny 16
notendren’ny fanjakana frantsay ary ny 4 ambiny dia notendren’ny sendikà.

18
25 avrily 1945: Nisy Fivoriambe natao tany San Francisco, izay nitarika ny fametrahana ny
Satan’ny Firenena Mikambana tamin’ny 26 jona 1945. Ny toko faha-9 ao anatin’izany Sata
izany, izay miompana amin’ny tany tsy mahaleotena, dia nanome aingam-panahy tokoa ho
an’ireo izay nitolona ho an’ny fahaleovantena teto Madagasikara.

22 aogositra1945: fanomezana anjara depiote 5 ho an’i Madagasikara sy ny sombintany


miankina aminy teo anivon’ny Assemblée constituante. Ny 2 tamin’izy ireo dia nofidian’ny
Malagasy, ny 2 nofidian’ny Frantsay ary ny 1 farany dia nofidian’ny Komorianina.

22 febroary 1946: fananganana ny MDRM (Mouvement Démocratique pour la Rénovation


Malgache) izay nitaky ny fahaleovantena sy ny fanafoanana ny lalàna navoaka tamin’ny 6
aogositra 1896 (mametraka an’I Madagasikara ho zanatany frantsay) am-pilaminana.

28 novambra 1946: voafidy ho mpikambana tao amin’ny Assemblée constituante ny depiote


Ravoahangy, Raseta ary Rabemananjara, avy ao amin’ny MDRM.

Jolay 1946: fananganana ny antoko PADESM (Parti des Déshérités de Madagascar, izay
notohanan’ny Frantsay mba hifandanja amin’ny MDRM izay nosokajiana ho antoko merina
tsy tia Frantsay.

13 oktobra 1946: fandaniana ny Lalàmpanorenana frantsay vaovao izay nanamarika ny


fidirana tao anatin’ny Repoblika faha-efatra. Napetraka ny Assemblées provinciales sy ny
Assemblée representative ka ry Ranaivo Jules, Raherivelo Ramamonjy sy Rabialahy, avy ao
amin’ny MDRM, no voafidy hiasa tao anatin’izany.

29 marsa 1947: tolom-panoherana notarihan’ny JINA sy ny PANAMA tao Moramanga,


Fianarantsoa, Sahasinaka, Ambohimanga atsimo, Antananarivo ary Diego Suarez. Araka ny
filazan’ny mpikaroka dia miisa 550 any ho any ny Frantsay maty voavono tamin’izany.
Narahina famaizana mahery vaika naharitra 21 volana izany tolom-panoherana izany, ary
Malagasy an’arivony maro18 no namoy ny ainy tamin’izany.

10 avrily 1947: noravain’ny Haut-Commissaire frantsay ny MDRM. Tamin’ny 12 avrily dia


nosamborina Ravoahangy sy Rabemananjara ary mpitarika hafa tao amin’ny MDRM.

23 jona 1956: fandaniana ny « Lalàna fototra Defferre » izay mivoy ny fanomezana


fahaleovantena miandalana ho an’ny zanatany frantsay, amin’ny alalàn’ny fametrahana rafi-
panjakana vaovao (Haut-commissaire izay mitovy andraikitra amin’ny filoham-pirenena) eo
anivon’izy ireo.

22 aogositra 1958: nitsidika an’Antananarivo ny jeneraly De Gaulle. Nihaona tamin’ny


mpikambana tao amin’ny Assemblée représentative sy ny vahoaka vory lalaina tao
Mahamasina izy nandritra izany fandalovany izany, ary nanambara ny hanaovana
fitsapankevibahoaka amin’ny 28 septambra, izay hanontaniana ny fahavononan’ny Malagasy
hiditra na tsia ao anatin’ny « Firaisambe frantsay ». Ny “ENY” no nandresy tamin’izany
fitsapankevibahoaka izany.

14 oktobra 1958: nambarana tamin’ny fomba ofisialy ny fahaterahan’ny Repoblika


malagasy, izay mpikambana tao amin’ny « Firaisambe frantsay ».

18
Araka ny fanadihadiana nataon’i Gisèle Rabesahala dia miisa 100.000 any ho any ny Malagasy namoy ny ainy
nandritra ny tolom-panoherana natao tamin’ny 1947, 20.000 no nalefa tany am-ponja ary 5.000 no voaheloka ho
faty na hiasa anterivozona mandra-pahafaty.

19
10 febroary 1959: nitsidika ny filoha frantsay, ny jeneraly De Gaulle, tany Paris i Philibert
Tsiranana.

29 avrily 1959: fandaniana ny Lalàmpanorenan’ny Repoblika voalohany.

1 mey 1959: lany ho filohan’ny Repoblika malagasy voalohany i Philibert Tsiranana avy ao
amin’ny antoko PSD (izay zanaky ny PADESM). Fandresena lehibe ho an’ny Frantsay izany
satria tsy tafakatra teo amin’ny fitondrana ny MDRM sy ny Merina.

2 avrily 1960: nosoniavina tany Paris ny Fifanaram-piaraha-miasa teo amin’i Madagasikara


sy i Frantsa, izay miendrika fampitam-pahefana teo amin’ny lafiny Raharaham-bahiny,
Fiarovam-pirenena, Toekarena, Fitantanam-bolam-panjakana, Fampianarana ambony,
Fitaterana ary Fifandraisana.

26 jona 1960: fanambarana ampahibemaso ny fahaleovantenan’i Madagasikara tao


Mahamasina.

II. Nandritra ny Repoblika voalohany (1959-1972): ny fifikiran’i Tsiranana


tamin’i Frantsa
Na dia nahazo fahaleovantena aza i Madagasikara dia mbola tsapa ihany, indrindra teo
amin’ny lafiny ara-toekarena, ny fiankinandohany tamin’i Frantsa. Ny 70 %-n’ny vokatra
nafaran’Madagasikara avy any ivelany, ohatra, dia avy any Frantsa avokoa, ary 58 %-n’ny
vokatra naondrana kosa no nalefa tany Frantsa.

27 jona 1960: natao sonia tao Andafiavaratra ny Fifanaram-piaraha-miasa teo amin’i


Madagasikara sy i Frantsa, ary natolotr’i André Soucadaux ny filoha Tsiranana ny taratasy
nanendry ny tenany ho ambasadaoro frantsay voalohany teto Madagasikara.

30 septambra 1960: fanavaozana ny herim-piarovana malagasy (ny Tafika, ny


Zandarimariam-pirenena, ny FRS (Forces Républicaines de Sécurité). Ny jeneraly Gabriel
Ramanantsoa no napetraka hitantana ny Etamazaoro jeneraly ary ny kolonely Bocchino19no
notendrena hitantana ny Etamazaoro manokana izay tafiditra manontolo tao anatin’ny
kabinetran’ny filoha Tsiranana. Tamin’ny taona 1969 vao voatendry ny Malagasy voalohany
hitantana ny Zandarimariam-pirenena, dia ny kolonely Richard Ratsimandrava izany.

5 febroary 1969: fitsidihana faharoa nataon’ny filoha Tsiranana tany Paris.

1970-1972: nihalefy tsikelikely ny fitondrana Tsiranana noho ny antony samihafa: aretina


nikiky ny filoha, fihetsiketsehana tany Atsimo, narahina famaizana namaivay ny mpikatroka
tao amin’ny MONIMA, ny raharaha Orstom, ny fitokonana sy rotaka tamin’ny volana janoary
ka hatramin’ny mey 1972, sns. Tamin’ny 15 mey dia voatendry ho Governora
miaramilan’Antananarivo ny jeneraly Gilles Andriamahazo. Tamin’ny 18 mey dia natolotry ny
filoha Tsiranana ny jeneraly Ramanantsoa ny fitondrana, tamin’ny alalàn’ny didy hitsivolana
72/147.

19
Niteraka resabe ny fanendrena an’i Bocchino izay manamboninahitra Frantsay teo amin’io toerana io. Ho an’ny
mpikaroka sasany dia marika mazavan’ny mbola fanjanahan’i Frantsa an’i Madagasikara izany fanendrena azy
izany. Sorena rahateo ireo manamboninahitra malagasy izay nieritreritra fa teo ambany fifehezan’i Bocchino ny
jeneraly Ramanantsoa rehefa natao ny fandinihana…

20
III. Nandritra ny Tetezamita: nihenjan-droa ny tady
7 novambra 1972: lasa filohan’ny Tetezamita mandritra ny 5 taona ny jeneraly
Ramanantsoa rehefa taorian’ny fandresen’ny “Eny” tamin’ny fitsapankevibahoaka.

4 jona 1973: nanapa-kevitra ny ministra Didier Ratsiraka fa hiala ao anatin’ny Zone Franc i
Madagasikara ary havaozina ireo Fifanaraham-piaraha-miasa amin’i Frantsa izay
nosoniavina tamin’ny 2 avrily sy 27 jona 1960. Ny sehatrasa voafaritra ao anatin’ny
Fifanarahana vaovao dia mahakasika ny fifandraisana eo amin’ny lafiny diplomatika, ny
raharaha miaramila, ny resaka fananantany, ny sehatry ny kolontsaina, ny raharaha ara-
pitsarana, ny Paositra sy ny fifandraisana, ny fanampiana ara-teknika ary ny jono an-
dranomasina.

Raha ny marina dia tsy zakan’ny mpitondra frantsay izany fisitahan’i Madagasikara tsikelikely
taminy’i Frantsa izany (na dia efa 13 taona taty aorian’ny fahaleovantena aza) ary niha-
nihenjana tsikelikely ny fifandraisana teo amin’ny firenena roa tonta. Hita soritra mazava
izany fihenjanana tamin’ny fanakatonana ny toby miaramila frantsay teto Madagasikara,
tamin’ny firosoana tamin’ny fanagasiana ny fampianarana, ary rehefa natao ny fandraisan’ny
fanjakana malagasy an-tanana ny orinasa frantsay tavela teo anelanelan’ny taona 1975 sy
1978.

05 febroary 1975: natolotrin’ny jeneraly Ramanantsoa an’ny kolonely Richard


Ratsimandrava ny fahefana feno. Maty nisy nitifitra ny kolonely Ratsimandrava enina andro
monja taorian’izany, ary nijoro ny Fitondrana miaramila (Directoire Militaire) notarihan’ny
jeneraly Gilles Andriamahazo.

15 jona 1975: notendren’ny Fitondrana miaramila ho filoham-panjakana sy filohan’ny


“Filankevitra Faratampon’ny Tolompiavotana” ary filohan’ny governemanta ny Capitaine de
Frégate Didier Ratsiraka.

21 desambra 1975: lany tamin’ny fitsapankevibahoaka ny “Fototry ny revolisiona sosialista


malagasy” (na boky mena) sy ny Lalàmpanorenana mametraka ny Repoblika faharoa, ary
voatazona tamin’ny toerana ka voafidy ho filohan’ny Repoblika i Didier Ratsiraka.

30 desambra 1975: nambara tamin’ny fomba ofisialy ny fijoroan’ny Repoblika faharoa izay
nantsoina hoe “Repoblika Demokratikan’i Madagasikara”; nifarana hatreo ny Tetezamita.

04 janoary 1976: fandraisam-pahefana sy fianianan’ny filoha Didier Ratsiraka.

IV. Nandritra ny Repoblika faharoa : nangatsiaka ny fifandraisana


Maro no tsy nankasitraka ny firehana marxiste novoizin’I Didier Ratsiraka, ary anisan’izany
ny Frantsay. Na dia nadisadisa aza ny fifandraisana tamin’ny Frantsay noho izany, dia mbola
nitohy ihany ny fiaraha-miasa teo amin’ny sehatra teknika: fanamboarana ny fefiloha
famokarana herinaratra ao Andekaleka, fananganana orinasa mpamokatra siramamy tao
Morondava, fanamboarana lalana samihafa, famokarana hasy sy sozaha, sns. Nitohy ihany
koa ny fiaraha-miasa teo amin’ny lafiny kolontsaina sy ny fanomezana vatsim-pianarana ho
an’ny mpianatra nankany Frantsa.

Na dia nisokatra tamin’izao tontolo izao aza i Madagasikara araka ny filazan’ny filoha
Ratsiraka tamin’izany fotoana izany, dia nitodika bebe kokoa tamin’ny tany sosialista toa an’i
Rosia, Romania, Alemana atsinanana, Shina ary Korea avaratra ny fitondrana. Porofon’izany
ny fandefasana mpianatra sy teknisianina maro handrato fianarana tany amin’ireo tany ireo
nandritra ny Repoblika faharoa.

21
Marsa 1976: nitsangana ny antoko AREMA (Antoky ny Revolisiona Sosialista Malagasy),
antoko politika izay nampandany an’i Didier Ratsikara ho filoha in-droa nifanesy: tamin’ny
taona 1982 sy 1989. Nisy fiovana, fisokafana kokoa, ny politikam-pifandraisan’i
Madagasikara tamin’izao tontolo izao nanomboka tamin’ny faramparan’ny taona 80 ka
nihatsara ny fifandraisana tamin’i Frantsa. Niravina rahateo ny disadisa nateraky ny
fampiasana ny tanin’ireo voanjo frantsay nonina teto rehefa nomena tambiny izy ireo.

Jona 1990: nanao fitsidihana teto Antananarivo ny filoha frantsay François Mitterrand.

8 aogositra 1991: notendren’ny filoha Ratsiraka ho Praiministra i Guy Willy Razanamasy.

10 aogositra 1991: nanafaingana ny fialan’ny filoha Ratsiraka teo amin’ny fitondrana ny


famonoan’olona teny Iavoloha.

22 martsa1992 : tanteraka ny Fihaonambem-pirenena (Forum National).

31 oktobra 1991: fanaovana sonia fifanarahana teo amin’ny Hery Velona sy ny fitondrana
Ratsiraka mba hametrahana Tetezamita mankany amin’ny Repoblika fahatelo. Lasa
filohan’ny Haute Autorité de l’Etat i Zafy Albert. Notarihan’ny FFKM ny Fihaonambem-paritra
(9-16 febroary 1992) sy Fihaonambem-pirenena (22-31 marsa 1992).

19 aogositra 1992: Natao ny fitsapankevibahoaka ka nandresy tamin’ny salan’isa 72,30 %


ny “Eny”, voafidy ny Lalàmpanorenana vaovao nametraka ny Repoblika fahateio. Voafaritra
ao anatin’io Lalàmpanorenana io fa ny teny Malagasy no tenim-pirenena.

V. Nandritra ny Repoblika fahatelo : nisafotofoto ny fifandraisana

V.1. Filloha Zafy Albert, nandalo dia niserana

25 novambra 1992: fihodinana voalohan’ny fifidianana filohan’ny Repoblika, narahin’ny


fihodinana faharoa tamin’ny 10 febroary 1993. Voafidy ho filoha i Zafy Albert (66,76%) ary
nandray fahefana tamin’ny 27 marsa.

1994: Nitsidika an’i Frantsa ny filoha Zafy Albert. Marihina fa nikorontana be ihany ny
fitondrana Zafy Albert. Governemanta valo sy Paiministra no nifanesy tao anatin’ny telo
taona! Voahozongozona ny governemantan’i Francisque Ravony, toy izany koa ny an-
dRakotovahiny Emmanuel: nihafara tamin’ny fanatanterahana fitsapankevibahoaka tamin’ny
17 septambra 1995 izany, izay nanovàna andalana fito tao anatin’ny Lalàmpanorenana.

4 septambra 1996: voaongan’ny roa ampahatelon’ny Antenimierampirenena i Zafy Albert,


ka ny Praiministra Norbert Lala Ratsirahonana no lasa filoham-panjakana vonjimaika.
Nanangana governemanta hikarakara fifidianana izy ka tamin’ny 2 novambra 1996 no
notanterahana ny fifidianana filohan’ny Repoblika; 15 no isan’ny kandidà tamin’izany; i Didier
Ratsiraka no nivoaka ho mpandresy.

Ho an’ny mpandinika dia anisan’ireo olana namotika ny fitondrana Zafy Albert ny faniriany
hametraka ny UNDD ho antoko matanjaka, ny havitsin’ny vokatra azo tamin’ny fanalalahana
(libéralisation), ny fitsingevanana (stagnation) ara-toekarena, sns.

28 febroary 1997: nitsangana ny governemanta notarihan’ny Praiministra Pascal


Rakotomavo

22
V. 2 Nanomboka tamin’ny fiverenan-dRatsiraka hatramin’ny fitondrana
Ravalomanana: niharatsy ny fifandraisana

10 marsa 1997 : nihaona ny filoha Didier Ratsiraka sy ny filoha frantsay Jacques Chirac.

18 marsa 1998 : fitsapankevibahoaka. Nivoaka tamin’ny 8 avrily 1998 ny Lalàmpanorenana


vaovao.

19-21 febroary 2000: nitsidika an’i Madagasikara i Jean-Jacques Queyranne, Sekreteram-


panjakana frantsay misahana ny faritra Outre-Mer.

Febroary sy Mey 2001: maro ny tompon’andraikitra ambony frantsay nitsidika an’i


Madagasikara nandritra ny filankevitry ny ministra avy ao amin’ny COI (Fiombonan’ny
firenena eo anivon’ny Ranomasimbe Indianina).

16 desambra 2001: fihodinana voalohan’ny fifidianana filohan’ny Repoblika, narahan’ny


disadisa nahakasika ny fanisana sy fanamarinana ny procès-verbaux an’ny vokam-
pifidianana (disadisa teo amin’i Didier Ratsiraka sy i Marc Ravalomanana).

25 janoary 2002: rehefa nandinika ny Fitsarana Avo Momba ny Lalampanorenana (HCC),


dia nanapaka fa tokony hisy ny fihodinana faharoa eo amin’Andriamatoa isany Ratsiraka sy
Ravalomanana. Nankatoavin’ny Minisitra frantsay misahana ny raharaham-bahiny izany
fanapahan-kevitra izany.

28 janoary 2002: nanomboka ny fitokonana faobe. Ny ampitson’izany dia nandefa


fanambarana taty Antananarivo ny Quai d’Orsay, nanambara fa “i Frantsa dia manaraka
akaiky ny fivoaran’ny toe-draharaha eto Madagasikara, tsy momba an’iza na iza izy ary
mangataka ny hanajan’ny kandidà roa tonta ny maha-tany tan-dalàna an’i Madagasikara sy
fandriampahalemana.Tokony hisy ny fihodinana faharoan’ny fifidianana, ao anatin’ny
mangarahara ary miaraka amin’ny antoka rehetra mahakasika ny fahalalahana sy ny
fahamarinan’izany fifidianana izany.”

1 febroary 2002: nambaran’ny FFKM fa nandresy tamin’ny salanisa 51,10% i Marc


Ravalomanana. Toy izany koa ny Consortium des observateurs20 (50%) sy ny KMMR
(52,12%). Na dia teo aza ny ezaka maro fampanatonana, dia tsy nety tafahoana mihitsy ny
mpifanandrina roa tonta. Notontosaina tamin’ny 22 febroary ny lanonana fandraisan’i Marc
Ravalomanana fahefana. Nankatoavin’ny mpikambana miisa valo tao amin’ny HCC izany, fa
notsipahin’ny governemanta frantsay kosa.

9 febroary 2002: tonga teto Madagasikara i Amara Essy, Sekretera jeneralin’ny “Firaisambe
Afrikanina” (OUA). Tamin’ny 26 febroary no nitsangana ny governemantan’ny Praiministra
Sylla.

Aprily2002: nofoanan’ny “Chambre administrative” ny didy navoakan’ny HCC tamin’ny 25


janoary. Nanoratra taratasy fanohanana an’Andriamatoa Ravalomanana ny senatera Jean-
Paul Virapouillé (UMP) avy ao La Réunion, ary nandefasany dika mitovy tamin’izany ny
ambaratongam-pahefana frantsay sy eoropeanina rehetra. Tamin’ny 18 avrily no natao ny
fihaonana voalohany tany Dakar ho fandaminana ny raharaha. Rehefa nandao ny fivoriana i
Ratsiraka dia nandalo tany Frantsa, Alzeria ary Lybia. Namerina nanisa ny taratasim-bokam-
pifidianana PV indray ny HCC ary nanambara fa i Marc Ravalomanana no nandresy satria

20
Marihina eto fa i Frantsa dia tsy nanaiky ny hanohana ara-bola ny Consortium des Observateurs izay nahitana
ny KMF/CNOE, ny vondrona Justice et Paix ary ny Andrimaso FFKM.

23
nahazo 51,46%-n’ny vato izy. Nokianin’ny Sekretera jeneralin’ny OUA sy ny Ministra frantsay
misahana ny raharaham-bahiny izany fanapahan-kevitra izany, fa nankatoavin’ny masoivoho
hafa kosa.

6 mey 2002: notontosaina ny lanonana faharoa ho fandraisam-pahefanan-dRavalomanana.

8-9 jona 2002: fihaonana fanindroany tany Dakar. Mitaky hatrany ny hanasoniavan’ny roa
tonta fifanarahana i Frantsa (tarihin’i Dominique de Villepin, Minisitry ny raharaham-bahiny
vaovao) sy ny OUA. Tapaka tamin’io fihaonana io ny hikarakarana fifidianana
solombavambahoaka mialohan’ny faran’ny taona sy ny fanendrena Praiministra sy
governemanta iombonan’ny mpifanandrina roa tonta.

13 mey 2002: nanao sesitany ny tenany tany Frantsa i Didier Ratsiraka.

18 mey 2002: nisy fiaramanidina madinika frantsay nitondra mpanofana mpiakarama an’ady
miisa 12 tany Dar es Salaam. Tsy nahazo alalana hisidina ny lanitr’i Gasikara izy ireo ka
naverina tany Lyon (Frantsa). Araka ny fanadihadiana nataon’ny mpitandro ny filaminana dia
toa hoe nivonona hanome fiofanana ny mpomba an-dRatsiraka miisa 150 ireo mpiakarama
an’ady notarihin’I Garibaldi ireo, ary ny fanafihana an-dRavalomanana no tanjona tena
nokendreny.

18 jona 2002: nitsangana ny governemanta Sylla faharoa, nahitana ministra natolotr’i


Ratsiraka miisa 5, araka ny fifanarahana Dakar II. Nanafaingana ny fankatoavana iraisam-
pirenena ny fitondrana Ravalomanana izany ary maro tokoa ireo ambasadaoro vaovao
(Etazonia, Japon, Ostralia, Shina, sns.) nanatitra ny taratasy fanendrena azy tamin’ny filoha
malagasy nanodidina ny andron’ny 26 jona, fetim-pirenena malagasy. Ny masoivoho anglisy
sy alemana ary ny filoha maorisianina moa dia nanatrika ny matso natao teo Mahamasina ny
tamin’ny 26 jona.

Hita amin’izany rehetra izany fa henjakenjana ny fifandraisan’iI Marc Ravalomanana tamin’ny


Frantsay, izay fantatra fa nanohana an-dRatsiraka tamin’ny fifidianana natao tamin’ny taona
2001. Nihanalefaka anefa izany fifandraisan’ny Frantsay tamin’ny fitondrana malagasy izany
rehefa nandresy tamin’ny fifidianana solombavambahoaka frantsay ny UMP, ary nony indray
tonga teo amin’ny toeran’ny Praiministra i Jean-Pierre Raffarin. Misy koa no milaza fa ny asa
ambadika nataon’ny Federasiona Protestanta Malagasy any Frantsa no nahatonga izany
fihatsaran’ny fifandraisana izany.

Jolay 2002: nitsidika an’i Madagasikara i Dominique de Villepin, Ministry ny raharaham-


bahiny frantsay. Nanao sonia fifanarahana efatra izy sy ny Ministry ny raharaham-bahiny
malagasy Marcel Ranjeva nandritra ny fandalovany.

24-26 jolay 2002 : nivory tany Paris ny fikambanana “Amis de Madagascar” (ahitana an’i
Frantsa, ny Firaisambe Afrikanina, i Alemana, i Angletera, i Etazonia, i Japana, ny Banky
iraisam-pirenena ary ny FMI), ka nampanantena ny hanome vola fanampiana mitentina 2,5
milliara dolara ao anatin’ny efa-taona izy, nanoloana ny delegasiona malagasy notarihin’ny
Praiministra Jacques Sylla. Nihaona tamin’i Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin,
André Poncelet (filohan’ny Antenimierandoholona), Jean-Louis Debré (Filohan’ny
Antenimierampirenena), ary André Wiltzer (Ministra misahana ny Fiaraha-miasa sy ny
Frankofonia) ity farany taorian’izany fivoriana izany. Tapaka nandritra io fitsidihana tany
Frantsa io ny hampitsaharana ny fanagejana ny volan’ny governemanta malagasy tavela
tany Frantsa, ay ny fanomezan’ny AFD fanampiana mitentina 62,1 tapitrisa euros.

Oktobra 2002: nandray anjara tamin’ny Fihaonamben’ny tany miteny frantsay tany Beyrouth
ny filoha Ravalomanana.

24
Febroary 2003: nitsidika an’i Madagasikara i Pierre-André Wiltzer ary nandray anjara
tamin’ny Fihaonana faratampony Afrika-Frantsa natao tao Paris ny filoha Ravalomanana.

Avrily 2003: nitsidika tamim-pomba ofisialy ny filoha Chirac ny filoha Ravalomanana.

Avrily sy oktobra 2003: nitsidika in-droa miantoana an’i Madagasikara i Gilles Robien,
Ministry frantsay misahana ny fampitaovana, ny fitanterana, ny trano fonenana, ny fizahan-
tany ary ny ranomasina.

27 jolay 2004: nitsidika an’i Madagasikara ny filoha frantsay Jacques Chirac.

1 septambra 2004: nitsidika fanindroany an’i Frantsa ny Praiministra Sylla.

24 janoary 2005: nanatrika ny atrikasa mikasika ny biodiversité tany Paris ny filoha


Ravalomanana.

15-16 avrily 2005: nitsidika ny nosy La Réunion ny filoha Ravalomanana.

21-22 jolay 2005: nitsidika an’i Madagasikara ny filoha frantsay Jacques Chirac nandritra ny
fihaonan’ny COI. Nanambara izy tamin’izany fa tsy azo ekena ny famaizana nataon’ny
Frantsay ny mpitolona malagasy tamin’ny raharahan’ny 29 marsa 1947.

2005: niditra ao anatiny Firaisamben’ny firenena amin’ny faritra atsimon’i Afrika (SADC) i
Madagsikara.

3 desambra 2006: lany fanindroany ho filohan’ny Repoblika i Marc Ravalomanana.


Nohamafisiny ny fiaraha-miasa amin’i Etazonia, Alemana, ary Shina. Nanafintohina ny
mpandraharaha frantsay (toy ny vondrona Bolloré, Total, sns.) izany toe-javatra izany. Na dia
nahita tombontsoa tamin’ny fahalavorariana teo amin’ny lafiny fihariana nisy tamin’izany
fotoana izany aza ireo orinasa frantsay miisa 700 nipetraka teto Madagasikara dia natahotra
ihany izy ireo sao lasan’ny firenena hafa ny tsena malagasy.

04 avrily 2007: fitsapankevibahoaka ho fanovana ny Lalàmpanorenana. Naharesy ny “ENY”.


Tafiditra ho isan’ny teny ofisialy eto Madagasikara ihany koa ny teny anglisy, toy ny teny
malagasy sy frantsay.

12 desambra 2007: Lany ho ben’ny tanànan’Antananarivo i Andry Rajoelina.

V. 3 Ny nionganan-dRavalomanana sy ny niavian’ny Tetezamita

Jolay 2008: noroahan’ny filoha Ravalomanana ny ambasadaoro frantsay Gildas Le Lidec


rehefa niasa enim-bolana teto Madagasikara.

17 janoary 2009: nanomboka ny fihetsiketsehana notarihan’i Andry Rajoelina (TGV).

26 janoary 2009: lundi noir (na “alatsinainy misaona”) nahitana rotaka, fandrobana,
fandorana sy fanimban-javatra, nitarika fahafatesan’olona sy fahaverezam-bola goavana
tany tamin’ny faritra sasany teto amin’ny nosy.

07 febroary 2009: nanao diabe nankany amin’ny Lapa-mpanjakana Ambohitsorohitra ny


mpomba ny TGV. Nitifitra niaro ny Lapa ny mpiambina ka nahafaty olon-tsotra maro. Nieren-
doza kosa ny mpitarika ny fihetsiketsehana… Nitsangana ny Fahefana Avon’ny Tetezamita
(FAT) na “Haute Autorité de la Transition” notarihan’i Andry Rajoelina.

25
6 marsa 2009: taorian’ny fifandonana nangotraka teo amin’ny mpomba ny TGV sy ny
mpomba an’i Marc Ravalomanana tany Ambositra, dia niery tao amin’ny fonenan’ny
ambasadaoro frantsay ao Antananarivo i Andry Rajoelina.

17 marsa 2009: natolotry ny filoha Marc Ravalomanana taminà miaramila manam-


boninahitra ny fahefana feno, ho an’ny fe-potoana tsy mihoatra ny 24 volana. Nomen’ny
filohan’ny Fitondrana miaramila an’i Andry Rajoelina avy eo izany fahefana izany. Najoron’i
Andry Rajoelina tamin’ny alalan’ny Didy Hitsivolana ny Fitondrana tetezamita, ho an’ny
fotoana tsy mihoatra ny 24 volana. Nanameloka avy hatrany ny fanonganam-panjakana ny
Vondrona Eoropeana, nanameloka ny famindram-pahefana tsy demokratika ny Amerikanina,
ary nanala an’i Madagasikara tsy ho mpikambana ao aminy ny Firaisambe Afrikanina.

Ny filoha frantsay Nicolas Sarkozy koa dia nanambara fa fanonganam-panjakana ny zava-


nitranga teto Madagasikara21. Ny tohin’ny tantara anefa dia nampiseho fa nanohana ny
tompon’andraikitr’izany fanonganam-panjakana izany ny fitondrana frantsay. Hita ohatra fa
raha toa ka nisintaka na tsy nanendry ny masoivohony teto Madagasikara ny
ankamaroan’ireo firenen-dehibe, dia nanendry ambasadaoro vaovao (Jean-Marc Châtaigner)
hiasa teto kosa i Frantsa ny ampitson’ny nahatongavan’i Andry Rajoelina teo amin’ny
fitondrana. Ary voaasa foana ny tompon’andraikitry ny tetezamita rehefa manao fety ny
ambasady frantsay raha toa ka nikatona tanteraka ho an’izy ireo ohatra ny varavaran’ny
ambasady amerikanina. I Leonardo Simao moa dia nanambara taty aoriana hoe: “Ny
fitsabahan’ny Frantsay amin’ny raharaha-mpirenena malagasy dia tena mbola midika fa
mitohy ny fanjanahantany22”. Mety misy fahamarinana ny teniny, ary ny tena mampanontany
tena dia ny hoe “sao sanatria mety amin’ireo mpitondra malagasy nifanesy ary izany
trangan-javatra izany”? Satria miaro ny tombontsoany izany? ...

21 marsa 2009: nandray fahefana tamin’ny fomba ofisialy i Andry Rajoelina, amin’ny maha-
filohan’ny HAT azy. Nanomboka teo ny fitokonana sy fitakiana nataon’ireo “Légalistes” izay
mpomba an’i Marc Ravalomanana sy mpomba ny fiverenana amin’ny rafitra fehezinà
Lalàmpanorenana.

16 avrily 2009: nanendry an’i Manandafy Rakotonirina ho Praiministra i Marc


Ravalomanana, izay nitsoa-ponenana tany Swaziland nanomboka tamin’ny faran’ny volana
marsa.

09 aogositra 2009: nanasonia fifanarahana ara-politika tany Maputo i Zafy Albert, Didier
Ratsiraka, Marc Ravalomanana sy Andry Rajoelina. Tapaka tamin’izany fa tsy tokony
hihoatra ny 15 volana ny tetezamita. Niampy ny fifanarahana fanampiny natao tany Addis
Abeba tamin’ny 06 novambra izany rehetra izany.

1 janoary 2010: nesorin’i Etazonia tsy ho mpikambana ao anatin’ny AGOA i Madagasikara.

17 marsa 2010: noho ny tsy fanajana ny anjara andraikiny voafaritra tao anatin’ny
fifanarahana natao tany Maputo dia nosazian’ny Firaisambe Afrikanina ny olon’ny HAT miisa
ho 109 (tao anatin’izany ihany koa i Andry Rajoelina).

7 jona 2010: naaton’ny Vondrona Eoropeana ny famatsiam-bola ho fanampiana an’i


Madagasikara.

21
Nalaina tao anatin’ny lahatsoratra « Madagascar : Sarkozy parle d’un coup d’Etat, demande des élections
rapides », AFP, 20 marsa 2009
22
Nalaina tao anatin’ny lahatsoratra, « Madagascar talks : local reactions to Maputo II », WikiLeaks, 2 septambra
2009

26
17 novambra 2010: fitsapankevibahoaka ho fanovàna ny Lalàmpanorenana (nampidinina
tamin’izany ohatra ny taona ahafahana mirotsaka ho filohan’ny repoblika). Nandres ny
“ENY”, saingy ambany dia ambany kosa ny taham-pahavitrihana sy ny taham-
pandraisan’anjara tamin’izany fifidianana izany. Ny faha-11 desambra no daty nosafidian’ny
HAT hidiran’i Madagasikara ao anatin’ny Repoblika faha-efatra.

VI. Ny vanin’andro ankehitriny: ao anatin’ny Repoblika fahaefatra


16 septambra 2011: fanaovana sonia ny Tondrozotra hivoahana amin’ny krizy, teo ambany
fiahian’ny SADC; ny Tondrozotra dia mirakitra ny tandrin’andraikitra sy adidy efain’ny
mpanao politika Malagasy ho famahàna ny krizy.

24 novambra 2011: niverina teto Madagasikara i Didier Ratsiraka rehefa avy nanao sesitany
ny tenany tany Frantsa nandritra ny sivy taona.

8 desambra 2011: voaasa tamin’ny fomba ofisialy tany amin’ny Lapan’i Elysée i Andry
Rajoelina. Ho an’ny ankamaroan’ny mpanara-maso dia midika izany fa tena nanohana azy
tokoa ny fanjakana frantsay notarihan’i Sarkozy. Na izany aza anefa dia nasehon’I Thomas
Deltombe, mpanao gazety ao amin’ny Le Monde diplomatique, fa nisy ihany
tompon’andraikitra ambony frantsay izay tsy nanohana ny Tetezamita: « Raha marina tokoa
fa lalain’i Frantsa andriamatoa Rajoelina, dia mila fantatrina hoe i Frantsa iza izany mankafy
azy izany, satria mantsy i Paris dia manana irika samihafa ahafahany mihetsika any amin’ny
faritra atsimon’i Afrika. Toy izany ohatra, nandritra ny nandresen’i Stéphane Gompertz,
mpiasa ao amin’ny Quai d’Orsay, lahatra an-dRajoelina mba tsy hilatsahany ho kandidà
amin’ny fifidianana ho filohan’ny repoblika, ny sasany toa an’i Claude Guéant kosa dia
nisafidy lalana hafa ary naniry ny hisian’ny fifidianana ao anatin’ny fotoana haingana,
ahafahana mametraka amin’ny fomba tsy azo iadin-kevitra ilay olona tian’ny Frantsay (“le
chouchou”) ary hanapenana ny fitakian’ny vondrona mpifaninana.23»

14 aprily 2012: famoahana lalana famotsoran’heloka izay tsy mahakasika an’i Marc
Ravalomanana, manasarotra ny fiverenany eto Madagasikara.

8 aogositra 2012: fihaonana nandamoka teo amin’i Marc Ravalomanana sy Andry Rajoelina
tany amin’ny nosy Seychelles.

16 janoary 2013: nanome toky ampahibeaso i Andry Rajoelina fa tsy hirotsaka hofidiana
amin’ny fifidianana filoham-pirenena. Ny ankamaroan’ny olona dia resy lahatra fa tsy maintsy
nisy fifanarahana ambadika niaraka tamin’I Frantsa tao ambadik’izany fanapahan-kevitra
izany.

3 may 2013 :nametraka ny atotan-taratasiny teny anivon’ny HCC ary nirotsaka ho kandidà
amin’ny fifidianana filoham-pirenena ihany i Andry Rajoelina. Nifanenjana nanomboka teo ny
Fitsarana manokana misahana ny fifidianana (CES), ny firaisamben’ny firenena eran-tany
ary ny HAT.

17 aogositra 2013 :nivoaka ny lisitra ofisialin’ireo kandida miisa 33 nankatoavin’ny CES


tamin’ireo 41 izay nametraka ny atotan-taratasiny. Voailika ireo mpifanandrina mivantana tao
anatin’ny krizy. Nanomboka ny 24 septambra ny fampielezan-kevitra. Ny 25 octobre no
natao ny fihodinana voalohan’ny fifidianana ary ny 20 desambra no natao ny fihodinana
faharoa (niaraka tamin’ny fifidianana solombavambahoaka). Ny 17 janoary 2014 no nivoaka

23
Nalaina tao amin’ny lahatsoratra « La France, acteur-clé de la crise malgache », Le Monde diplomatique de
mars 2012, zahao ny rohy http://www.monde-diplomatique.fr/2012/03/DELTOMBE/47470

27
ny valim-pifidianana ofisialy ka i Hery Rajaonarimampianina no nivoaka ho mpandresy,
nahazo 53,49%-n’ny vato izy ary napetraka taminny fomba ofisialy teo amin’ny fitondrana ny
25 janoary.

Marihina fa ny vola natokana ho an’ny PACEM (Projet d’Appui au Cycle Electoral à


Madagascar) dia nitentina teo amin’ny 60 tapitrisadolara teo.Ny 34 tapitrisa tamin’izany dia
noraisin’ny governemanta malagasy an-tanana, ny 26 tapitrisa kosa dia nomen’ireo mpiara-
miasa ara-teknika sy ara-bola samihafa : ny PNUD (15%), ny Vondrona Eoropeana (68%), i
Norvezy (4,5%), i Soisa (0,8%), i Japana (4%), ary ny COI. Hita amin’izany fa i Frantsa dia
tsy anisan’ireo firenena nanampy sy nanohana ny fikarakarana ny fifidianana.

Ankoatra ny lafiny politika dia betsaka koa ireo resaka hafa nampiova ny fifandraisan’i
Frantsa sy i Madagasikara. Anisan’izany ny tantaran’n mpandraharaha Patrick Leloup sy ny
fanambarany fa ny Malagasy dia “babakoto daholo”, ny famonoan’olona tany Nosy Be izay
namoizan’aina teratany frantsay sy malagasy, ny raharaha Ninie Donia, ary ny raharaha Air
Madagascar izay anisan’ny mampanontany tena ny mpandinika maro. Nandritra ny
fandalovan’ny delegasiona-na parlemantera frantsay teto Madagasikara, tamin’ny volana
avrily 2014, dia nanambara ny senatera Richard Young, filohan’ny “Vondrona Finamanana
Frantsa-Madagasikara”, fa ny ady amin’ny kolikoky no tokony ho laharam-pahamehana eto
Madagasikara, mba hampazoto ireo izay maniry hampiasa vola eto. Na dia nihanilamina
tokoa aza mantsy ny tontolon’ny fandraharahana hatramin’ny fiandohan’ny taona, dia toa tsy
mety migadona foana ilay fiaingana ara-toekarena andrasan’ny maro.

VII. Ny mety ho fivoaran’ny fifandraisan’i Madagasikara sy i Frantsa


Ny fisian’ny filoha voafidy dia namerina an’i Madagasikara tao anatin’ny rafitra fehezin’ny
Lalàmpanorenana, na dia tsy tena namarana ny krizy aza izany. Niverina nandinika ny
momba an’i Madagasikara ny firenen-dehibe sy ny mpandraharaha samihafa. Ny
fanapahankevitry ny Vondrona Eoropeana hanambara amin’ny fomba ofisialy ny fiverenan’i
Madagasikara amin’ny “lalana tokony ho izy” sy ny fitsidihan’ilay komisera eoropeana Andris
Piebalgs tamin’ny volana jona 2014 teo dia namafa ny fisalasalana farany nateraky ny
fahaelàn’ny fananganana ny governemanta.

Na dia hoe tsy mbola tapaka naharitra aza ny fifandraisana teo amin’ny firenena roa tonta,
dia manamarika dingana vaovao ity lahatenin’ny filoha frantsay François Hollande ity, izay
nambarany tamin’ny 23 aogositra 2014 tany Moroni, nandritra ny fanokafana ny
fihaonamben’ny Firaisamben’ny Ranomasina Indianina (COI) : “(…) Andriamatoa filohan’i
Madagasikara (…), efa ela tokoa no tsy nifankahita ny COI satria tamin’ny 2005 ny
fihaonambe farany. Samy mahafantatra ny anton’izany isika, ary tsy misy ifandraisany
amin’ny andraikitry ny fikambanantsika izany antony izany. Ny zava-nisy tao Madagasikara
sy ny soatoavina entin’ity fikambanana ity – toy ny fahafahana, ny fahamarinana sy ny
lalàna, ary ny soatoavina demokratika – no tsy maintsy nandraisanay fepetra, ary
niandrasanay ny hanaovan’i Madagasikara ny safidy tsara, safidy takiana amina firenena
lehibe namana…Tanteraka izany safidy izany ankehitriny ary tiako ny hiarahaba manokana
ny filohampirenena voafidy, ny filohampirenena mendrik’i Madagasikara, satria mamela
antsika hamory indray ny firenen’ny Ranomasimbe Indianina izy. Aoka ho fantany fa afaka
miandrandra ny fanampian’i Frantsa izy, sy ny fanampian’ity vondrna misy antsika ity, satria
tsy handroso tsy akory ny Ranomasimbe indianina raha toa tsy mandroso i Madagasikara
(…)”.

28
Betsaka tao aorian’ny nandrenesany io lahateny io no gaga hoe tsy naka fotoana
handalovana taty Madagasikara i François Hollande24. Na inona nefa na inona anton’izany
tsy fandehanany taty Madagasikara izany dia tsy misy dikany loatra izany raha tena zohina.
Manomboka izao mantsy dia tokony miala amin’ny fiandrandràna ny fankatoavan’ny
mpitondra vahiny ny mpitondra malagasy eo amin’izay rehetra atao. Dia maninona moa raha
tsy nandeha teto izy? Moa va nampiova zavatra tokoa ny fandalovany teto? Mila azy ho
tonga eto ve vao tena hahatsapa hoe miasa ny mpitondra malagasy sa tsia ? Tsy ny
raharaha maika ho atao anefa no tsy misy…

Mamaivay ankehitriny ny raharahan’ny “Iles Eparses” ary fantatra fa miankina betsaka


amin’ny fomba fitantanana io raharaha io ny hoavin’ny fifandraisan’i Madagasikara sy i
Frantsa. Hita anefa fa toa samy mialabala sy tsy mahasahy maka fanampahankevitra
hentitra mahakasika io raharaha io ny mpitondra roa tonta. Raha tsiahivina tsotsotra dia ny
didy hitsivolana frantsay laharana 60-555 natao tamin’ny 1 avrily 1960 mifehy ny satan’ireo
nosy izay iharan’ny fiandrianampirenen’i Frantsa no fototry ny disadisa. Io didy io mantsy,
izay mbola manankery ankehitriny, dia manambara fa “Noho ny nahalasa ho fananan’i
Frantsa ny nosy Juan Nova, Europa ary Bassas da India tamin’ny volana oktobra 1897 (…)
Art. 1 –Ireo nosy ireo dia apetraka eo ambany fiahian’ny ministra mitantana ny departemanta
sy ny tany ivelan-dranomasina (outre-mer)”.Marihina anefa fa ny Firenena mikambana dia
nanaiky mazava fa an’i Madagasikara ireo nosy ireo. Namoaka fanapahankevitra (résolution
34/79) izy ireo tamin’ny 12 desambra 1979, nandritra ny fivoriany feno faha-9999e (séance
plénière, le 12 décembre 1979), namporisika ny governemanta frantsay “hanomboka tsy
misy hatakandro ny fifampiraharahana amin’ny governemanta malagasy mikasika ny
famerenana ireo nosy voalaza ireo, izay nalaina tamin’ny fomba tsy mendrika tamin’i
Madagasikara”. Tsy nampiharina anefa izany fanapahankevitra izany.

Rehefa avy nomena hotantanin’ny Préfet-n’i la Réunion ny Iles Eparses, dia nafindra
tamin’ny Préfet-n’ny TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises) indray izany
fahefana izany nanomboka ny taona 2005. Ny fampidirana ireo nosy ireo tao anatin’ny TAAF
dia nankatoavin’ny lalàna frantsay laharana 2007-224 navoaka tamin’ny 21 febroary 2007.
Araka ny fanadihadiana nataona mpikaroka maro dia mirakitra harena ankibon’ny tany maro
(entona voajanahary sy solika) ireonosy ireo, ary izany no antony namoahan’i Frantsa didy
hamelàna ny fitrandrahana mialoha hydrocarbures ranony na entona ao amin’io faritra io,
tamin’ny 23 may 2005. Mazava fa izany ihany koa no antony manosika azy hitazona ny
fahefana rehetra mahakasika ireo nosy ireo. Ny fanjakana malagasy nifanesy rahateo moa
dia tsy azo lazaina fa tena niady ho an’ireo nosy ireo hatramin’izay. Ankoatra ny fitakiana
maivana natao tamin’ny taona 1973 sy ny fametrahana antotan-taratasy fangatahana teo
anivon’ny Firenena Mikambana teo ambany fiadidian’ny jeneraly Camille Vital tokoa mantsy
dia tsapa fa tsy mba niteraka adihevitra loatra io raharaha io teto Madagasikara. Satria
nahoana? Satria angamba naleon’ny mpitondra nifanesy mitandro ny fifandraisany amin’i
Frantsa, sy ny tombontsoa manokana mety ho azony avy amin’izany, toy izay hiditra anaty
adin-tany mangotraka, na dia entina hiarovana ny tombontsoa ambonin’ny firenena aza
izany...

Mbola tantara mitohy io raharaha io satria hodinihina mandritra ny Fivoriamben’ny Firenena


Mikambana faha-69 izay hatao any New York amin’ny 16 septambra izy io. Raha toa ka
mazava ao anatin’ny programan’ny zavatra hodinihina amin’io andro io fa an’ny Malagasy
ireo nosy ireo (Question of the Malagasy Islands of Glorieuses, Juan de Nova, Europa and
Bassas da India – decision 68/504), dia fantatra koa fa tsy hamely mora foana ireo nosy ireo
akory i Frantsa, noho ny antony voalaza tetsy ambony. Na dia mimenomenona mangina aza

24
Vakio koa ity lahatsoratra mikasika ny dian’ny filoha malagasy tany Komaoro ity : « Sommet de la COI :
Madagascar affiche ses ambitions utopiques », navoakan’ny Le Daily ny 23 aogositra 2014, tsidiho ny rohy
http://ledaily.mg/sommet-coi-madagascar-affiche-ses-ambitions-utopiques/#.U_orQcWSzj4

29
ny mpanara-baovao malagasy ary mitaky tsy sazoka ny hamerenana ireo nosy ireo amin’i
Madagasikara dia miankina tanteraka amin’ny faniriana sy fahaizana mifampiraharahan’ny
mpitondra ankehitriny ny hamahana na tsia ity krizy iray hafa ity. Tamin’ny andron’ny filoha
frantsay Chirac dia noresahana ny mety hisian’ny cogestion na fiaraha-mitantana ireo nosy
ireo. Toa mirona mankany amin’izany vahaolana izany koa ny filoha Hery
Rajaonarimampianina25 na dia samy tsy resy lahatra amin’io aza ny mpandinika malagasy sy
ny mpitantan-draharaham-panjakana frantsay.

Raha nanontaniana ny mety ho fivoaran’io raharaha io ny Sekreteram-panjakana frantsay


misahana ny fampandrosoana sy ny tany miteny frantsay Annick Girardin, tamin’ny 16 jona
lasa teo, taorian’ny fihaonany tamin’ny filoha malagasy, dia nanambara izy fa “tsy niresaka“
cogestion” mihitsy. Nilaza fotsiny aho fa hiara-miasa miainga amina fototra iombonana
maromaro izahay, mifandraika amin’ny zava-misy maro manerantany mahakasika ny
fitantanana faritra an-dranomasina toy ireto nosy ireto.” Valin-teny feno fitandremana izay
ahafahana miteny sahady fa tsy hanaiky mora foana ny hamerenana ireo nosy ireo i Frantsa,
ary vonon-kiady ho amin’izany izy26…

Raha bangoina dia mbola misy raorao ny fifandraisana eo amin’i Madagasikara sy i Frantsa,
na dia mody jerena ho malama sy milamina aza izany, na dia maro aza ireo tetikasa iaraha-
manao, ary na dia voaasa amin’ny fety ofisialy frantsay foana aza ny filoha malagasy. Toa
mifampiambina be ihany ny roa tonta. Ny mpanara-baovao sy ny mpanao famakafakana eto
Madagasikara anefa dia miandrandra ny mba handraisana fanapahanevitra matotra sy
mangarahara, mba tsy hiankindoha amin’ny Frantsay intsony ny Malagasy, ary mba tsy ho
baikon’ny tombontsoa frantsay intsony ny fitantanana ny raharaha politika sy ny toe-karena
eto Madagasikara. Ho tanteraka anefa ve izany nofy izany ?

25
Fony mbola kandidà ny filoha malagasy ankehitriny dia nanizingizina tao amin’ny televiziona iray, nanoloana ny
kandidà laharana 33 fa raha lany eo izy, dia hovahany tsy misy hatakandro ity olan’ny îles Eparses ity. Asa moa
raha tena noeritreretiny tokoa izany, na nolazainy antendromolotra fotsiny ihany, noho ny anton’ny ara-
pifidianana.
26
Vakio koa ny lahatsoratra « Madagascar : le contentieux territorial des Iles Eparses », navoakan’ny RFI tamin’ny
26 avrily 2014, http://www.rfi.fr/afrique/20140426-madagascar-le-contentieux-territorial-iles-eparses-france/

30
31
BOKY NANOVOZAN-KEVITRA

Ø RANDRIAMAMONJY Frédéric, Tantaran’i Madagasikara 1895-2002, Trano Printy


Fiangonana Loterana Malagasy, Antananarivo 2006
Ø YMAL Dan, 2002 Madagascar – L’éveil d’un peuple, MAPOM, Antananarivo, 2002
Ø RAVALOSON Jaona, Transition démocratique à Madagascar, L’Harmattan, 1994
Ø DELERIS Ferdinand et al., Madagascar 1991-1994, dans l’œil du cyclone, Cahier n0
1, L’Harmattan, 1994
Ø RAZAFIMPAHANANA Bertin, Changement de régime à Madagascar, Librairie Mixte,
Antananarivo, 1993
Ø CHAIGNEAU Pascal, Rivalités politiques et socialisme à Madagascar, CHEAM,
Paris, 1985
Ø BOITEAU P., Contribution à l’histoire de la nation malgache. Coédition Editions
Sociales (Paris) et Ministère malgache de la Culture et des Arts Révolutionnaires,
Antananarivo, 1982
Ø RANDRIANJA Solofo, Société et luttes anticoloniales à Madagascar de 1896 à 1946,
Editions Karthala, Paris, 2001
Ø RABESAHALA Gisèle, Omaly sy Anio n0 41-44, 1995-1996. Cinquantenaire de
l’insurrection de 1947

32
33
Perspectives des relations extérieures de
Madagascar,
en particulier celles avec la France

Tatiana Eddie RAZAFINDRAVAO

Agent diplomatique et consulaire,


YLTPienne 2009

34
SOMMAIRE

Averstissement 36

Intrtoduction 36

I. Bref rappel historique des relations extérieures de Madagascar : quel bilan? 38

I.1 Les grandes priorités des régimes successifs malgaches

en matière de diplomatie 38

I.2 De la conduite des relations extérieures de Madagascar en général 40

II. Perspectives des relations extérieures de Madagascar : une nécessaire réforme ? 42

II.1 Quelles bases cohérentes ? 42

II.2 Quels structures ? 44

II.3 Quels moyens ? 45

III. Perspectives des relations France-Madagascar : quel avenir ? 46

Conclusion 47

35
AVERTISSEMENT

Cet écrit constitue une continuité de la Conférence thématique de la Friedrich Ebert Stiftung
intitulé « Des leaders apprennent de notre histoire et posent des repères et des défis : Les
relations France – Madagascar », tenue à l’IKM Antsahavola Antananarivo le 05 septembre
2014.

La partie imcombant à l’auteure était consacrée aux « Perspectives des relations


extérieures de Madagascar, en particulier celles avec la France ». Ce document veut
ainsi traiter du devenir des relations extérieures de Madagascar, dont des rapports franco-
malgaches. Un retour sur les grandes lignes de ses relations passées avec les autres pays a
cependant été nécessaire.

Aussi s’agit-il d’un écrit dont les opinions n’illustrent que celles de l’auteure et auxquelles ne
sauraient être associées celles de la Friedrich Ebert Stiftung ou de l’organisation à laquelle
l’auteure est rattachée.

INTRODUCTION

Parler de l’historique des relations extérieures de Madagascar reviendrait à revoir l’histoire


des relations entre peuplements malgaches27 et peuplements étrangers depuis le XVème
siècle28. En effet, bien que la détermination des lignes de conduite des relations extérieures
d’un pays dépend avant tout de son histoire, des caractéristiques de ses institutions
politiques héritées de cette histoire, de ses intérêts, des valeurs et principes défendus par
son peuple et des mutations internationales du moment, leur analyse pour Madagascar n’est
pas évidente dans la mesure où il n’y a pas vraiment eu de politique étrangère – en tout cas,
pas dans le sens d' « inspiration philosophique »29 animant l’orientation idéologique de cette
politique- qu’à un court moment de son histoire, pendant la période de la République
socialiste de Madagascar30.

Si pour beaucoup de pays, la sensibilité politique lors des changements de pouvoir


n’influence que peu la conduite des relations extérieures du pays dans la mesure où celle-ci
est appréhendée dans une vision à long terme et pour l’intérêt supérieur du peuple, pour
Madagascar, chaque gouvernement nouvellement en place conduit sa propre diplomatie
sans considération aucune de la nécessité d’adopter une politique de relations extérieures
durable. En effet, la recherche continue d’intérêts nationaux par le biais de la diplomatie
dépasse l’entendement des politiciens malgaches. En effet, à Madagascar, les relations
extérieures sont plus perçues comme un instrument servant les besoins personnels et
ponctuels des gouvernants au pouvoir qu’un outil au service des intérêts du pays et de ses
ressortissants (diasporas, intérêts nationaux politiques, sécuritaires, économiques et
culturels,…). Il s’agit entre autre de plaider pour la reconnaissance de pouvoirs

27
Dans cet écrit, nous utiliserons l’expression « peuplement » pour ne pas entrer dans la polémique autour de
l’usage des termes “race”, “peuplade”, “tribu” ou “ethnie”. Suzy Ramamonjisoa, elle, préconise plutôt l’usage des
termes “groupe”, “lignage” ou “région”. in Autour de la politique de race de Galliéni, Communication présentée à
l’Académie malgache, 2014.
28
La découverte de Madagascar fût attribuée aux Portuguais, vers 1500, un 10 août - d’où le nom Saint-Laurent -
par Diego Diaz, commandant un navire appartenant à une flotte de treize navires partis de Lisbonne pour aller
aux Indes. in Villars, Capitaine de. Madagascar 1638-1894. Établissement des Français dans l'île. 1912. p22.
29
Meyrat, Jean. « L'étude de la politique extérieure ». Revue française de science politique, 11e année, n°1,
1961. p143.
30
République mise en place sous Didier Ratsiraka à l’issue du référendum du 21 décembre 1975. Les
fondements sont contenus dans le Boky mena et la Charte de la Révolution Socialiste Malgache. L’IRD-Orstom et
ses partenaires, Parcours de recherche à Madagascar, Éditeurs scientifiques : Feller, Christian et Sandron,
Frédéric, IRD Éditions, Marseille, 2010. p58.

36
inconstitutionnels, de trouver des débouchés pour les trafics mafieux de minerais, de bois
précieux et autres ressources naturelles, de promouvoir les sociétés privées des dirigeants,
de se constituer des comptes secrets bien lotis à l’étranger …

Ainsi, l’on ne peut relever, dans la chronologie de l’histoire des relations extérieures de
Madagascar, quelques traces d’idéologie ou d’écoles de pensée claires ayant influencées ou
dictées la conduite des relations extérieures de Madagascar sinon lors de la période
socialiste du pays31. En effet, ce fut quasiment toujours sur des initiatives intuitives ou au gré
du vent du régime en place que les relations extérieures du pays ont été menées.

Les théories ou paradigmes des relations internationales, les courants de pensées


idéologiques, les contraintes géopolitiques, les ambitions de puissance, les priorités
économiques, les aspirations sociales, les idéaux philosophiques, les nécessités d’alliances
politiques et de coopération, les logiques de l’intégration régionale, la pression de la
gouvernance mondiale, l’inéluctabilité de la globalisation, ou le caractère insulaire du pays …
ne semblent pas affecter la volonté de la majorité des régimes successifs pour la mise en
place sérieuse d’une politique d’ouverture de Madagascar à l’international et de relations
d’échanges bénéfiques avec les autres Etats. De même, rien ne justifie le flou dans la
conduite malgache de ses relations extérieures.

Car pratiquée depuis son indépendance sans aucune tentative de réforme aboutissante, des
interrogations se posent sur cette conduite des relations extérieures de Madagascar. Cette
diplomatie à l’aveuglette est-elle bénéfique pour le pays ? Répond-elle aux attentes du
peuple qui a choisi les dirigeants qui la mènent ? Des projets de changement ne pourraient-
ils être engagés? La prise en compte sérieuse de lignes directrices claires et permanentes
n’est-elle pas envisageable ?

Afin de pouvoir cerner l’esprit ou plutôt la logique des choix considérés dans la conduite des
relations extérieures de Madagascar, besoin s’en faut de comprendre, et donc de revenir
brièvement sur l’historique des relations extérieures du pays non seulement après
l’avènement de l’indépendance, mais également avant la colonisation dans la première
partie de cet écrit.

Quel bilan donc de ses relations extérieures passées, et à partir de là, quelles perspectives
de politique extérieure envisageables pour le pays. Ce sera l’objet de la deuxième partie.

Les relations de Madagascar avec la France, ancienne puissance colonisatrice, est jusqu’à
ce jour encore l’objet d’âpres débats passionnés ravivant les séquelles de plus de soixante
années de colonisation32 ainsi que les malaises d’une relation de haine-passion historique.
La dernière partie de ce travail, dans la même lignée que la seconde partie, donnera ainsi
les positions de l’auteure sur les perspectives de relations extérieures de Madagascar avec
la France.

31
Seule période de l’histoire où Madagascar avait une « vision » et une « stratégie » de politique étrangère même
s’il s’agissait de « délires progressistes révolutionnaires de la période 1975-1990 » selon Jaona Ravaloson. in
Madagascar et les Nouveaux enjeux des relations internationales: pour une diplomatie de type III. Le cahier de
Madagascar “Malagasy mijoro, Madagasikara mandroso”, n°1. Sous la coordination de Jean-Claude
Ramandimbiarison. Editions CDE, 4ème trimestre, Octobre 2003, p.75.
32
Par exemple, “l’oppression culturelle” (in Platania, Marco. Madagascar “possession française”?
L’historiographie coloniale en débat: une mise en perspective –2011. Encountering otherness. 2011. p281.) qui a
pour conséquence actuelle des problèmes d’identité culturelle chez les Malgaches, la perception d’“un avenir
tragique” du fait d’une décolonisation mal organisée (in Direction Générale de la Coopération Internationale et du
Développement - Ministère des Affaires étrangères. Un bilan de la prospective africaine, Volume II Annexes. Coll.
Rapport d’études. 2000).

37
En fait, l’intérêt de cette étude est de déterminer, d’analyser les failles des relations
extérieures conduites par Madagascar depuis, dans une perspective de changement, de
réforme, de révolution à faire dans la pratique des relations extérieurs du pays.

I- BREF RAPPEL HISTORIQUE SUR LES RELATIONS EXTERIEURES DE


MADAGASCAR : QUEL BILAN ?

I.1- Les grandes priorités des régimes successifs malgaches en matière de diplomatie :

Naissance des relations extérieures de Madagascar avant la colonisation

Bien que les relations extérieures de Madagascar soient relativement récentes, la Grande île
a, depuis les débuts de son histoire, en tout cas depuis sa découverte par les Occidentaux,
entretenus des relations extérieures avec divers pays et nations du monde. Il sied de noter
cependant que ces relations avec les Occidentaux étaient entretenues avec les divers
peuplements de la Grande île qui, lors de la période ante colonisation, ne constituait pas une
unité politiquement reconnue comme elle l’est actuellement33. Mais les relations formelles
avec les pays étrangers remontent à environ quatre siècles34.

Des relations extérieures pro-occidentales sous Tsiranana

Sous Philibert Tsiranana, ce fût la continuité de la relation avec la France qui fût priorisée,
malgré l’ouverture notable vers les pays occidentaux35. Le bilatéralisme36 avec la France a
été renforcée. Une collaboration avec les pays africains pro-Occident de l’époque a
également été initié. A noter cependant que Tsiranana était connu pour son engagement
pro-occidental et juif.

Une diplomatie de rupture sous Ramanantsoa

Sous le régime Ramanantsoa, la triade Ramanantsoa - Ratsimandrava - Ratsiraka37 est à


l’origine de la rupture des accords de coopération (1973) et de la fermeture des bases
militaires occidentales installées sur le territoire malgache. Cela, pour satisfaire la volonté du
peuple lors des revendications de la rue en 1972 réclamant la fin du néo-colonialisme. En
effet, l’avènement de 1972 marquait la revendication du peuple malgache à une rupture avec
l’ancienne métropole, la France, et avec le mode de gouvernance néocoloniale qu’il prêtait

33
Pour procéder à l’unification et à la « pacification » de Madagascar, les Français ont transformé chaque région
soumise en territoire militaire organisé en cercles militaires dirigés par des commandants dotés de tous les
pouvoirs administratifs, politiques et militaires. in Galliéni, Joseph-Simon (1849-1916). Rapport d'ensemble sur la
pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar (octobre 1896 à mars 1899). 1900. p20.
34
L’existence de « lettres patentes » de Louis XIII de France permettant la possession du droit exclusif de
commerce à Madagascar par la Compagnie française de l'Orient date de 1642. in Huard, Charles-Lucien (1839-
1900?). Lucien Huard. La Guerre illustrée. Madagascar. p10.
Pour ce qui est des relations avec les Anglais, le traité du 23 octobre 1817, renouvelé en 1820, qualifiant Radama
de roi de Madagascar contre l’abolition de la traite et un revenu annuel de 200 000 francs sur six ans, constitue
une des aspects formelles des relations entre le peuplement merina et les Anglais. in Gaalon-Barzay, Cte de. La
question de Madagascar après la question d'Orient / par le comte Gaalon de Barzay. 1856. p163.
35
Ouverture d’Ambassades et de représentations permanentes: 1966 en Suisse, auprès du Saint Siège et du
Royaume Uni de Grande Bretagne et de l’Irlande du Nord, 1969 auprès de l’ONU à New York, 1970 en RFA,
Italie et Japon, 1971 en Norvège, 1974 à Genève auprès de l’UNOG et des Institutions Spécialisées…
36
« La diplomatie bilatérale met en oeuvre la politique trangère d’un État – ou d’un groupe d’États comme l’Union
européenne – vis-à-vis d’un État tiers, et ce dans tous les domaines : économique, militaire, culturel, etc”.
GUILLET, Sara. Diplomatie et droits de l’homme. Les études de la CNCDH. La Documentation française, Paris,
2008. p83.
37
Le Général Gabriel Ramanantsoa en tant que chef d’Etat, le Colonel Richard Ratsimandrava en tant que
ministre de l’Intérieur et le Capitaine de frégate Didier Ratsiraka en tant que ministre des Affaires étrangères.

38
au gouvernement du premier président de la république malgache, Philibert Tsiranana. En
effet, le peuple aspirait à la fois à l’acquisition d’une « véritable » souveraineté politique
permettant le libre choix de politiques stratégiques de développement mais également une
autonomie économique assurant le financement de ce développement.

La diplomatie « tous azimuts » de Ratsiraka

Jusqu’en 1991 où le mouvement populaire du 13 mai avait conduit à la chute du régime de


l’Amiral Ratsiraka, il avait mené une politique d’ouverture vers les pays socialistes. Cela fût
marqué non seulement par l’ouverture de plusieurs représentations diplomatiques dans le
monde38, particulièrement dans les pays de l’Union soviétique, mais également par la
formation et le renforcement de capacité de plusieurs techniciens et étudiants malgaches en
URSS et dans ses pays alliés39.

La période Ratsiraka est également connu pour ses engagements actifs en faveur des
peuples opprimés40 et avec les pays du Tiers-Monde dans l’esprit de la Conférence de
Bandoeng.

A son retour au pouvoir après la transition conduite par Norbert Lala Ratsirahonana en 1997,
la diplomatie de Ratsiraka continuera à faire de Madagascar un bon élève à l’égard des
bailleurs de fonds traditionnels (du Fonds Monétaire International surtout), ce qui fût déjà le
cas depuis 1981.

Des relations extérieures sans bailleurs de fonds traditionnel sous Zafy

La brève période de la Présidence du Professeur Zafy Albert sera marquée par une nette
volonté d’indépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds traditionnels. Cela se manifestera
par le gel des relations avec eux. S’en suivront des difficultés économiques et une instabilité
politique marquante menant à son empêchement par l’Assemblée nationale en 1996.

« La diplomatie au service du développement » de Ravalomanana

Le premier mandat de Marc Ravalomanana consistera en une recherche de la


reconnaissance internationale du fait de son accession douteuse au pouvoir à la suite des
élections de décembre 200141, malgré la reconnaissance immédiate du gouvernement
américain42 à la suite de la deuxième cérémonie d’investiture autoproclamée de celui-ci.

Ce régime sera axé sur une ouverture supposée avec le monde anglophone et un
financement massif des bailleurs de fonds traditionnels43.

Le second mandat de Ravalomanana est fortement marquée par l’ambition d’une visibilité
internationale. Concrètement, cela se manifestait par la participation de Madagascar via son
chef d’Etat à divers sommets internationaux et à la candidature pour l’accueil de sommets

38
Ouverture d’ambassades : Chine en 1976, Espagne en 1978, Pologne et Bulgarie en 1979, Hongrie en 1980,
Tchécoslovaque en 1983, Ethiopie et Canada en 1989…
39
Cuba, Algérie, …
40
Soutien à la République Arabe Démocratique Sahraouie et à l’Etat palestinien.
41
cf - RALAMBOMAHAY, Toavina. Madagascar dans une crise interminable. L’Harmattan, Paris, 2011. 148p.
- RAFITOSON, Ketakandriana. Rapport de Liberty 32. in Journal du Colloque IEP-Banque Mondiale, édition
N°3.
42
Reconnaissance des Etats-Unis à travers l’Ambassadeur américaine Wanda Nesbitt.
43
cf BANQUE MONDIALE. Madagascar, vers un agenda de relance économique. Juin 2010. 364p.

39
régionaux : celui de l’Union Africaine en 2009 et celui de l’Organisation Internationale de la
Francophonie en 2010.

A la quête de la reconnaissance internationale sous la transition de Rajoelina

L’évidence de la recherche absolue de reconnaissance internationale du régime de transition


de Andry Rajoelina était justifiée par son accession inconstitutionnelle au pouvoir. En théorie,
aucune différence ne devrait être considérée avec le régime qui le précéda si ne n’est les
caprices de la Real-politik qui accorda plus facilement au précédent sa reconnaissance
internationale par rapport à ce régime-ci. Sans doute les formes de la prise de pouvoir ont
fait la différence pour les gouvernements étrangers qui ont reconnu l’un et pas l’autre.

En tout cas, la plus grande préoccupation de la diplomatie sous Rajoelina était de faire
aboutir la médiation internationale44 en sa faveur. Ce qui fût réussi puisqu’il fut maintenu cinq
années à la tête de l’Etat et en est sorti avec les honneurs que l’on accorderait qu’à un
président élu et ce grâce à la Feuille de Route critiquée par une partie de l’opinion45.

A la recherche de financement sous Rajaonarimampianina

Les « élections de sortie de crise »46 ont fait de Hery Rajaonarimampianina le victorieux à la
tête de l’Etat actuellement. Or malgré son élection et donc une légitimité et légalité
supposées évidentes, son régime peine à faire mieux que la transition a-démocratique qui l’a
précédée. Sa « diplomatie économique » tente ainsi une recherche de financements à tout
prix47. Les voyages présidentiels sont multipliés mais les financements tardent à venir après
presque un an de pouvoir. Le Ministère des Affaires étrangères devient le « locomotive du
développement à travers la diplomatie économique » tout en lui dotant de moyens
budgétaires de plus en plus restreints et toujours sans politique étrangère bien définie.

I.2– De la conduite des relations extérieures de Madagascar en général

Aujourd’hui, Madagascar assure ses relations diplomatiques avec les divers pays du monde
avec un réseau limité à seulement une vingtaine de représentations extérieures couvrant par
juridiction la majorité des pays du monde.

Des relations multilatérales et bilatérales de Madagascar

Dans ses relations multilatérales, Madagascar fait partie des 193 pays du monde, membres
des Nations Unies48. Il est également membre de ses Institutions et Agences spécialisés
dont les Institutions de Bretton Woods49. La Grande île est également présente dans les
organisations régionales telles l’Union africaine50, la Commission de l’Océan Indien51, la
Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC)52, le Marché Commun de

44
Médiation internationale constituée du médiateur Joaquim Chissano et de l’équipe de la SADC, avec à ses
cotés l’ONU, l’UA, l’OIF et la COI.
45
cf RALAMBOMAHAY, Toavina. « Des entorses aux droits de l’Homme et aux principes démocratiques dans la
feuille de route ». in Revue MCI, n°55, 3ème trimestre 2011.
46
Expression utilisée par le PNUD et la CENI-T pour qualifier les élections présidentielles de 2013.
47
cf M.R., Diplomatie tous azimuts, de l’argent à tout prix, Revue de l’Océan Indien, n°359, Juin 2014, pp6-9.
48
depuis le 20 septembre 1960.
49
adhésion au Fonds Monétaire International (FMI) et à la Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement (BIRD) en 1963.
50
adhésion à l’Organisation de l’Unité Africaine – qui devient Union Africaine en 2002 - en 1963.
51
en 1982.
52
en 2005.

40
l’Afrique Orientale et Australe (COMESA)53 et l’IORA54 ou dans d’autres organisations
internationales à vocation thématique comme l’Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF)55. L’appartenance de Madagascar aux Communautés Economiques
Régionales tels la SADC et le COMESA ne sont pourtant pas satisfaisant car dans la logique
de l’intégration régionale, l’ouverture à de nouveaux marchés devraient être bénéfiques pour
l’économie du pays, Or c’est loin d’être le cas puisque ces marchés sont encore sous-
exploités par Madagascar56. De son appartenance à ces diverses organisations
internationales, Madagascar est ainsi partie à plusieurs traités, conventions et accords
internationaux contractés dans leur cadre.

Du fait de la profusion actuelle d’organisations internationales, généralistes, thématiques ou


régionales, le multilatéralisme est aujourd’hui une activité permanente de la diplomatie.
Madagascar ne doit pas être en reste pour exister sur la scène internationale. Aussi devra-t-il
non seulement respecter les engagements contractés au niveau de ces organisations mais
également se positionner sur les thématiques internationales de chaque moment. En effet, il
est attribué au multilatéralisme deux buts : le premier, d’être tourné vers l’extérieur pour
conduire à la promotion des positions de l’État sur la scène international; le second, tourné
vers la politique nationale, pour défendre l’image et les pratiques du pays57, cela étant assuré
par les diplomates.

Du fait de ses besoins en investissements étrangers, la diplomatie malgache est axée sur les
relations avec les bailleurs de fonds. Cela non seulement parce que les grands
investissements publics, en infrastructures notamment, viennent de capitaux étrangers mais
aussi pour supporter une grande partie des dépenses de fonctionnement de l’Administration
malgache.

Outre les relations avec ces bailleurs de fonds multilatéraux, Madagascar compte également
beaucoup sur ses partenaires financiers bilatéraux comme la France, les Etats-Unis ou le
Japon. Des recherches de partenariats plus développés avec les pays voisins tels l’île
Maurice et l’Afrique du Sud ont été menés, tout comme le développement de relations
commerciales et de coopération avec les pays d’Asie-Pacifique comme le Japon, la Chine, la
Thaïlande ou l’Australie.

De la politique étrangère à Madagascar

L’institution malgache en charge des Affaires étrangères a presque toujours été celle qui ne
disposait pas de politique sectorielle. Et c’est encore le cas actuellement. Généralement, si
une politique sectorielle a été établie à Madagascar, c’est parce qu’elle fut demandé pour un
besoin de financement par un bailleurs de fonds et rarement l’initiative propre du
Gouvernement. Et il arrive également que ces politiques sectorielles soient dictées par les
bailleurs eux-mêmes, faute sans doute d’inspiration des gouvernants. Concrètement, il est
bien commun aux régimes successifs à Madagascar de mener une diplomatie avec une

53
en 1994.
54
Madagascar rejoint l’ Indian Ocean Rim Association for Regional Cooperation (IOR-ARC) en 1996. Celui-ci
deviendra Indian Ocean Rim Association (IORA) en 2013.
55
Appartenance de Madagascar à l’OIF de 1970 à 1977 et à partir de 1989.
56
ANDRIAMBELOSOA, Saminirina. RASOLOFO, Adamson. Exportations, croissance économique et intégration
régionale. Quels produits à exporter pour répondre aux potentialities commerciales de Madagascar sur les
marchés régionaux ? Un essai d’application du modèle de gravité. Centre de Recherches, d’Etudes et d’Appui à
l’Analyse Economique à Madagascar (CREAM). Cahier n°17, Juillet 2013. 42p.
57
GUILLET, Sara. Diplomatie et droits de l’homme. Les études de la CNCDH. La Documentation française,
Paris, 2008. p37.

41
devise mirifique mais sans contenu concret et bien défini58. En général, cette devise de
l’orientation diplomatique du moment est décidée en haut lieu, au niveau des politiciens,
mais la recherche du contenu, non pas seulement la mise en œuvre, incombe ensuite aux
techniciens du Département concerné sans que ceux-ci sachent vraiment l’esprit dans lequel
s’insère cette orientation.

Du fait de l’inexistence de vision et de philosophie politique des régimes au pouvoir, aucune


politique extérieure claire et bien définie n’a jamais été mise en place. Si dans d’autres pays,
les grandes lignes de la politique gouvernementale, dont la politique extérieure et tout autre
politique sectorielle, sont connues bien à l’avance - au moment des propagandes
électorales, voire avant -, c’est parce que la détermination de cette politique est faite comme
il se doit : à partir des idéaux et objectifs de chaque parti politique, au niveau des militants du
parti. Or à Madagascar, le parti du régime en place ne se forme qu’après son accession au
pouvoir. Le recrutement des membres du parti se fait ainsi sans considération d’une
appartenance quelconque à une ligne idéologique mais par la simple motivation de
l’accession à de hautes fonctions. De ce fait, il n’est pas évident de pondre du jour au
lendemain un document de politique étrangère adéquat correspondant aux besoins du
régime même si tous les neurones des techniciens y contribuent.

II- PERSPECTIVES DES RELATIONS EXTÉRIEURES DE MADAGASCAR : UNE


NECESSAIRE REFORME ?

Comme il a été cité précédemment, les relations extérieures de Madagascar ne se basent


pas sur une politique gouvernementale bien définie et claire : une politique étrangère59. La
raison étant l’inexistence de vision des dirigeants et les conséquences l’état actuel de la
conduite des relations extérieures.

II.1 Quelles bases cohérentes ?

Toute action gouvernementale doit partir d’une vision dont le contenu – les principes et les
priorités – est clairement énoncé dans la politique sectorielle du gouvernement. S’agissant
de la diplomatie60, il est fondamental que soit considérée une vision permanente des régimes
qui se succèdent par rapport à l’histoire, aux menaces, aux priorités et aux ambitions du
pays. Ceci pour la mise en place d’une stratégie de politique extérieure claire et à long
terme.

Aussi, comme dans la majorité des pays du monde, les grandes lignes de l’orientation de la
politique étrangère, qu’importe le régime en place, devraient être basées sur des éléments
d’analyse du système national et international61 qui assurent une même logique d’intérêts et
d’actions pour un pays. Ce sont en effet les priorités de chaque régime qui fait la différence.

58
« La diplomatie au service du développement » sous Ravalomanana ; actuellement le régime
Rajaonarimampianina préconise une « diplomatie économique ».
59
« Efforts autoritaires d'une société nationale pour contrôler son environnement externe par la préservation de
situations favorables à l'étranger et par la modification de situations défavorables ». ROSENAU, James N., «
Moral Fervor, Systematic Analysis and Scientific Consciousness », in RANNEY, Austin. Political Science and
Public Policy, Chicago, Illinois, Markham Publishing Co., 1968, pp. 197-236.
60
Mise en œuvre de la politique étrangère par les personnes désignées à cet effet, en général les diplomates.
61
Elements d’analyse que Janice STEIN dénomme “variables dépendantes et indépendantes ou conjoncturelles”.
in L’analyse de la politique étrangère : à la recherche de groupes de variables dépendantes et indépendantes.
Études Internationales, vol. 2, n° 3, 1971, p. 371-394.
Il s’agit entre autres de : variables stratégiques (système international), variables psychologiques (processus
cognitifs des décideurs), variables bureaucratiques (Administration), variables politiques (système politique),
variables économiques (système économique) et variables stylistiques (histoire, style ou caractère national,
population).

42
Aussi devrait-on noter généralement une différence de diplomatie pour chaque régime tandis
que la politique étrangère reste quasiment constante sauf dans le cas d’un changement
drastique d’idéologie. Pour le cas de Madagascar, rien en particulier ne justifierait un
changement important de politique étrangère à chaque régime mais faudrait-il qu’il y en ait.
Les faiblesses et les limites de la conduite des relations extérieures de Madagascar résident
donc pour beaucoup de cette inexistence de politique étrangère.

Ainsi est-il nécessaire pour chaque régime de définir ses priorités pour Madagascar en
matière de politique étrangère. Cela ne suppose nullement la non continuité de la politique
de l’Etat en matière de politique étrangère, comme c’est le cas souvent dans tous les
domaines à Madagascar. La mise en place d’une politique étrangère stable et non
changeante au gré des régimes garantirait ainsi une continuité des efforts et des acquis en
terme de relations extérieures pour notre pays.

Une politique étrangère efficiente nécessite également la considération et le respect des


principes que l’on se fixe. Cela implique alors des prises de position sérieuses et des
engagements clairs au niveau international. Quelles positions sur la question de
l’endettement, du cas palestinien, du terrorisme, du changement climatique, de l’auto-
détermination des peuples, de la réforme des institutions financières internationales …

La question est de savoir alors quel positionnement les régimes successifs à Madagascar
ont-il eu par rapport aux grands dossiers internationaux ? Sur le cas de la question
palestinienne par exemple, Madagascar n’a jamais eu de position fidèle : pro-israélien sous
la première république ; dans le cadre du principe de soutien aux peuples opprimés, pro-
palestinien sous la deuxième république ; adoptant une attitude « prudente » mais
désengagée, les régimes suivants ont joué la carte de l’abstention sur cette question; et
actuellement, de nouveau pro-israélien.

Pour notre part, nous optons pour une politique extérieure à long terme appliquant une
diplomatie tous azimuts avec comme grandes lignes : le renforcement des relations
bilatérales avec les pays partenaires, l’ouverture aux autres pays et le développement des
relations Sud-Sud, le maintien de la coopération avec bailleurs traditionnels, l’affirmation de
notre appartenance à l’Afrique et un plus grand engagement dans les questions africaines, la
participation plus actives à toutes les instances internationales (organisation internationale,
toute réunion ou manifestation internationale à tous les niveaux). A cet égard, les prises de
position et engagements internationaux à adopter sont les suivantes : pour le droit des
peuples à l’autodétermination en respectant les règles de Droit international ; pour le respect
des engagements internationaux contractés par les régimes précédents sinon pour un retrait
clair mais surtout pas de position floue (respect des accords ratifiés ou dénonciation) ; pour
la participation aux missions internationaux de maintien de la paix ; pour le refus de toute
ingérence étrangère dans les affaires internes du pays62 …

62
Mais que cela ne reste pas simplement dans le déclaratoire comme ce fût le cas sous la Transition de
Rajoelina et actuellement, mais suivent les actions qui y correspondent : dénonciation, avertissement, expulsion
des représentants diplomatiques concernés voire rupture ou gel des relations diplomatiques …

43
II.2 Quelles structures ?

Une mise en œuvre efficace de la politique étrangère requiert une structure à même de
répondre favorablement aux besoins de cette politique. Aussi nécessite-t-il tout d’abord un
cadre juridique fourni, drastique et mis à jour. Pour le cas de la diplomatie malgache, les
textes s’y rapportant datent encore des années 1960-80 alors que le contexte tant national
qu’international a déjà beaucoup évolué depuis. Le renouvellement et la contextualisation
des textes devraient concerner l’Administration en charge des Affaires étrangères que les
questions des relations internationales elles-mêmes63. De plus, il n’y a que la législation qui
peut baliser les excès et abus généralement notés dans l’Administration des Affaires
étrangères depuis plusieurs années déjà. Une nécessaire réforme et mise à jour du cadre
réglementaire régissant les Affaires étrangères est essentielle car la désuétude de ces textes
ne fait que jouer en faveur de la perpétuation de pratiques non productives, honteuses et
néfastes à l’image du pays64.

Pour ce qui est de la structure politique et administrative en charge de la mise en œuvre de


la politique étrangère, nécessité s’en faut de revoir le rôle du Ministère des Affaires
étrangères malgache. En effet, si l’autorité/structure première de décision en matière de
politique étrangère est la Présidence de la République, l’autorité/structure d’exécution
première et principale doit être le Ministère en charge des Affaires étrangères. Charge à lui
ensuite de confier ou de déléguer à un autre département ou service ministériel une partie
de sa tâche. La raison étant qu’il faudrait une unité d’action et une coordination des efforts
en politique extérieure. Et l’Institution en charge des Affaires extérieures doit absolument être
l’autorité qui assure cette fonction puisqu’il est l’autorité mandatée à ce domaine réservé de
l’Etat. Il est en effet aberrant de constater que souvent à Madagascar les Affaires étrangères
mène la diplomatie préconisée par le Gouvernement, la Primature en mène une autre, le
Ministère du Commerce également, quelques éléments de la Présidence de même, et tout
cela, sans aucune coordination et sans que le principal responsable de la diplomatie en soit
au courant, … Les conséquences en sont alors évidentes : désordre, confusion, perte
d’estime et de considération des Autorités étrangères, diplomaties inefficientes …

Il est également inéluctable de développer les instruments de la diplomatie. Tout d’abord,


stabiliser et améliorer la gestion du Ministère des Affaires étrangères afin que celui-ci ne
véhicule pas l’image négative qu’en donne Jaona Ravaloson65. Pour redéfinir et renforcer le
rôle du Ministère des Affaires étrangères, il faudrait déterminer les objectifs, les priorités66 du
pays ou du régime et bien les traduire en termes opérationnels clairs pour tous les services
des Affaires étrangères (centraux et extérieurs). Le rattachement administratif et politique
ainsi que la subordination des représentations extérieures au Département central du

63
Nécessité d’adopter une législation nationale sur la coopération internationale au développement par exemple,
sur la politique étrangère, sur les accords de coopération (cadre juridique et politique pour la cooperation
bilatérale)…
64
Népotisme et favoritisme dans les nominations aux hauts emplois de l’Etat, monnayage des postes tant au
Département central que dans les missions extérieures, abus de pouvoir, détournement de fonds public, …
65
Ancien ambassadeur de Madagascar à Bruxelles sous Zafy, qui affirmait « l’appareil diplomatique n’est qu’une
administration brassant uniquement de la paperasserie, de la procédure et du protocole, exempte d’idées, faible
en expertise, incapable d’initiatives et lacunaire en mise en œuvre ». in Madagascar et les Nouveaux enjeux des
relations internationales: pour une diplomatie de type III. In Le cahier de Madagascar “Malagasy mijoro,
Madagasikara mandroso”, n°1. Sous la coordination de Jean-Claude Ramandimbiarison. Editions CDE, 4ème
trimestre, Octobre 2003, pp.75-80.
66
Exemples : la neutralité suisse, le terrorime comme préoccupation américaine, les droits de l’homme en tant
que « priorité stratégique britannique ». GUILLET, Sara. Diplomatie et droits de l’homme. Les études de la
CNCDH. La Documentation française, Paris, 2008. p84.

44
Ministère des Affaires étrangères doivent être effectifs pour une bonne coordination des
actions entreprises67.

Un redéploiement des représentations extérieures de Madagascar est également


indispensable compte-tenu de l’évolution actuel du contexte international. En effet, le
contexte passé lors du choix de la répartition des représentations extérieures de
Madagascar est actuellement dépassé. La répartition actuelle des représentations
extérieures de Madagascar avait été faite pour assurer la présence de Madagascar au
niveau de tous les membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, des
partenaires historiques68, des villes sièges de grandes organisations internationales69 et de
quelques pays stratégiques70 de l’époque. Aussi n’y a-t-il aucune représentation extérieure
malgache en Amérique latine, en Afrique de l’Est, en Asie-Pacifique, dans les pays
nordiques ou dans quelques pays stratégiques comme la Turquie. De plus, le renforcement
des relations avec l’Afrique continentale devant être faite, plus de quatre représentations
sont nécessaires. Et bien que les juridictions des représentations malgaches actuelles
couvrent ces régions, un renforcement de la visibilité malgache et des actions diplomatiques
demande un réseau diplomatique plus fourni que l’actuel.

Les autres instruments de la diplomatie à développer sont : les visites d’Etat mais dont l’objet
doit être mûrement réfléchi et dont les retombées devraient dépassées largement le coût des
déplacements ; la participation aux réunions internationales avec les personnes ressources
capables non seulement de prendre les décisions qu’il faille mais qui également maîtrisent
parfaitement l’objet des réunions, non des personnes figurines dont la présence ne se justifie
que par la perception des indemnités de mission ; la coopération technique en reprenant et
sollicitant les expériences positives des autres pays. La valorisation des atouts du pays et
des exceptions culturelles malgaches positives n’est pas non plus à négliger dans les actions
diplomatiques.

II.3 Quels moyens ?

Bien que les théories de politique étrangère et les structures de mise en œuvre soient
impeccables, il requiert la dotation de moyens suffisants pour parvenir aux objectifs
escomptés en relations internationales. Tant que le budget alloué aux Affaires étrangères
diminuera d’années en années, aucun résultat tangible ne saurait être acquis. Aussi, le
Département central des Affaires étrangères et les représentations extérieures devront être
irrémédiablement dotés de capacités financières et de ressources humaines adéquates car
efficacité nécessite dotations de moyens suffisants. En effet, la problématique de
l’insuffisance budgétaire n’est qu’une excuse lorsque l’on constate la gabegie dont l’Etat fait
des deniers publics dans d’autres domaines71.

67
En effet, du fait du manque de coordination entre les Départements ministériels et surtout entre la Présidence
de la République et le Ministère des Affaires étrangères, nombre de personnel des représentations extérieures
néglige leur rattachement administratif et politique aux Affaires étrangères et court-circuite souvent la hiérarchie.
68
Japon, Allemagne, Italie et Maurice.
69
USA, Suisse, Italie, France, Canada et Ethiopie.
70
Le Sénégal pour l’Afrique de l’Ouest, l’Algérie pour le Maghreb, l’Arabie Saoudite pour le Moyen-Orient,
l’Afrique du Sud pour l’Afrique australe et avec l’Inde comme pays émergents.
71
Organisation de symposium, d’ateliers, de congrès nationaux, … fastes, coûteux et superfétatoires dans tous
les domaines et à tout bout de champs pour cautionner l’adoption d’une politique sectorielle, faute de vision du
régime en place ; dotations d’avantages ahurissants et inéquitables à certains corps de fonctionnaires -
notamment ceux du Ministère des Finances -, aux parlementaires et à certains nommés du type membres du
Conseil Supérieur de la Transition et du Congrès de la Transition…

45
S’agissant des ressources humaines, le non professionnalisme dans la gestion du personnel
de l’appareil diplomatique a toujours fait scandale : sous exploitation des ressources
humaines qualifiées et compétentes au bénéfice de pratiques de corruption, copinage, de
népotisme et de favoritisme, « politisation des nominations »72 aux emplois diplomatiques, la
dévaluation du métier de diplomates73. Ce qu’il faudrait alors faire ce serait de nommer les
personnes formées ou dotées de l’expérience à cet effet aux postes adéquats. Il est
également nécessaire d’exhorter à des formations spécialisées et à des renforcements de
capacité pour former des spécialistes dans tous les domaines relatifs aux relations
internationales74 afin de pouvoir être à la hauteur des diplomates des autres pays dans les
manifestations et négociations internationales. En effet, cette inexistence de spécialisation
pointue désavantage Madagascar, pas seulement les Affaires étrangères malgaches, dans
la candidature aux postes-clés dans les organisations internationales.

III. PERSPECTIVES DES RELATIONS FRANCE – MADAGASCAR : QUEL AVENIR ?

Les relations de Madagascar avec la France on toujours été relativement compliquées. Il est
d’usage de rejeter sur la France toutes les misères du pays (derrière chaque crise politique
et sociale, responsable d’avoir cultivé une mentalité de colonisé indépassable, …). Or
l’image de la France reste fortement ancrée pour les Malgaches comme un idéal de patrie,
Andafy, où l’on voudrait envoyer ses enfants pour des études supérieures75 ou duquel on
voudrait avoir une seconde nationalité …

Compte-tenu pourtant des aspects des relations France-Madagascar développés par les
précédents intervenants, cette partie ne sera consacrée qu’au positionnement personnel de
l’auteure à ce sujet.

Aussi, nous préconisons de ne pas exclure la France de ses relations avec Madagascar: car
l’Union Européenne inclue la France; car la France par l’île de La Réunion est un proche
voisin dont le dynamisme au sein de la Commission de l’Océan Indien n’est plus à prouver;
car les Français, en termes de nationalité, constituent la plus grande communauté
d’étrangers à Madagascar (surtout avec les binationaux) et au Sud du Sahara; car la France
héberge la plus grande diaspora malgache à l’étranger; parce que les relations de
Madagascar avec la France supposent des intérêts réciproques : investissements français
dans le pays, coopération culturelle, scientifique, technique et militaire utiles aux Autorités
malgaches.

De plus, qu’on le veuille ou non, la langue française est non seulement une langue de
l’Administration malgache mais également une langue de culture. Le monde n’est plus dans
l’appréhension d’une langue française n’appartenant qu’à la France. La culture malgache a
su s’approprier de la langue française comme un moyen d’émancipation culturelle, et le fait

72
Nous entendons par « politisation des nominations» ou « nomination politique » non le sens noble que la
pratique politique dans les pays développés en donne (c’est-à-dire la nomination à un poste d’une personne de
même idéologie, conviction ou courant politique que soi mais dotée de l’expérience ou des qualifications requises
à cet effet), mais le sens péjoratif que l’usage à Madagascar en a fait c’est-à-dire privilégier la nomination de
personnes sans aucune qualification, ni expérience, ni conviction dans le domaine juste parce qu’il s’agit de
connaissances ou de personnes proches, ou moyennant paiement d’une somme, d’un cadeau ou d’une
prestation en nature quelconque contre cette nomination.
73
Du fait notamment de la pléthore d’instituts de tout acabit octroyant des prétendus cours de diplomatie et
usurpant ainsi la qualité de diplomates aux bénéficiaires.
74
Le nucléaire, le terrorisme, les négociations commerciales, l’interprétariat et la traduction, le maintien de la
paix, la francophonie, …
75
cf GUOGEL, Anne-Marie. Aux origines du mai malgache, Désir d’école et compétition socile 1951-1972.
Homme et Sociétés. Karthala. P13.

46
que certaines grandes personalités malgaches ont brillé dans la maîtrise et l’art de cette
langue le démontre fort bien76.

La francophonie est aujourd’hui une culture mondiale unissant des pays de tous les
continents, de différentes cultures, de différents combats, de différents parcours historiques.
C’est une richesse qu’il ne faudrait pas sous-estimer pour renforcer les relations culturelles
de Madagascar avec tous ces pays et pour renforcer la présence malgache au niveau
international.

Les combats à poursuivre demeurent également en suspens entre les deux pays. Nous
suggérons :

- que Madagascar se batte jusqu’au bout pour les îles éparses (c’est-à-dire procéder aux
négociations recommandés par les résolutions de l’Assembée Générale de l’ONU et aux
lobbying avec les pays alliés), non parce que c’est la France mais parce qu’il s’agit d’un
combat comme un autre.
- que Madagascar coopère d’égal à égal avec n’importe quel partenaire en considérant toujours
le principe de réciprocité entre les parties. Sinon il devrait réagir sans réserve aux dérives ou
tout acte d’ingérence de qui que ce soit.
- que les Autorités malgaches aillent toujours dans la continuité des coopérations techniques
tant qu’ils restent bénéfiques aux Malgaches

Un engagement de la diaspora malgache en France (et ailleurs) dans la promotion de


l’image de Madagascar et pour le développement du pays est également à envisager.

CONCLUSION

Aujourd’hui, l’interdépendance entre les pays est inévitable. Il y a interdépendance des


économies (échanges commerciaux, énergie, marchés financiers, …), interdépendance des
cultures (langue, religion, valeurs universelles, …), interdépendance des politiques (sécurité
commune, justice internationale, …) mais également interdépendance des sociétés
(nourriture, migration, …). Madagascar ne s’aurait s’isoler dans la marche du monde mais ne
devrait pas non plus seulement subir les contrecoups des politiques extérieures des autres
pays. Le seul moyen pour ne pas entretenir une relation de dépendance néfaste est pour
Madagascar de ne pas accepter une relation inéquitable autrement dit, toujours se baser sur
les principes de réciprocité dans tous les domaines.

Bien évidemment, l’on avancera que notre économie n’est pas encore assez forte pour
résister à la pression des pays étrangers, que notre système n’est pas encore prêt à des
relations d’échanges équitables avec le reste du monde, que bien de politiciens malgaches
n’ont ni sens de l’éthique ni esprit de patriotisme, que les élites malgaches sont déconnectés
de la réalité de la masse populaire et plus préoccupés par une quête de reconnaissance
sociale que d’efficacité tangible, …

Ci-bas les solutions que nous préconisons pour solutionner les failles de la conduite des
relations extérieures de Madagascar :

1. Définir véritablement ce que l’on veut pour ce pays : devenir et s’identifier à la France ou
à l’Indonésie, refuter notre appartenance à l’Afrique, revenir au temps de la Monarchie ou
accepter la démocratie, trouver un chemin que nul autre pays n’a suivi ou suivre l’exemple
de ceux qui sont déjà développés ou en voie de l’être?

76
Exemple : Jean Joseph Rabearivelo

47
Cela requiert une remise en cause sérieuse de l’appréhension du Malgache de sa propre
personne et des autres.

En ce qui nous concerne, nous prônons que Madagascar soit ouvert à tous les pays, soit
respectueux des valeurs universelles (démocratie, droits humains, justice sociale…), se
préoccupe de la dignité humaine de sa population, suit le chemin de ceux qui sont
aujourd’hui développés ou émergents, reconsidère et valorise le plus de sa culture et de ses
ressources.

2. Négocier ou renégocier avec intelligence les termes de tout accord de coopération, de


partenariat, de réciprocité, d’adhésion avec les diverses entités étrangères, internationales,

Le mieux étant pour le pays de peser le pour et le contre de tous les aspects de ses relations
avec quelque entité que ce soit.

3. Participer pleinement aux activités dans toutes les instances internationales pour marquer
sa présence au sein du concert des Nations.

Les activités à entreprendre à ce sujet consisteraient à exhorter la participation malgache


aux recrutements dans les organisations internationales, initier des manifestations
économiques, commerciales et culturelles internationales à Madagascar et partout ailleurs
pour véhiculer une image positive du pays et de la culture de ses habitants, participer et
s’affirmer aux réunions internationales en exprimant des positions engagées, redynamiser et
renouveller les relations bilatérales du pays.

48
49
BIBLIOGRAPHIE

Monographies:

1. GAALON-BARZAY, Cte de. La question de Madagascar après la question d'Orient /


par le comte Gaalon de Barzay. 1856. 199p.
2. GALLIÉNI, Joseph-Simon (1849-1916). Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation
et la colonisation de Madagascar (octobre 1896 à mars 1899). 1900. 644p.
3. GUILLET, Sara. Diplomatie et droits de l’homme. Les études de la CNCDH. La
Documentation française, Paris, 2008. 254p.
4. GUOGEL, Anne-Marie. Aux origines du mai malgache, Désir d’école et compétition socile
1951-1972. Homme et Sociétés. Karthala. 378p.
5. HARNAY, Serge. BERNARD, Louis. Madagascar : les enjeux d'une diplomatie en
plein essor, in Outre-Terre, 2011, vol.4, n° 30, p. 261-269.
6. HUARD, Charles-Lucien (1839-1900?). Lucien Huard. La Guerre illustrée.
Madagascar. 405p.
7. PLATANIA, Marco. Madagascar “possession française”? L’historiographie coloniale
en débat: une mise en perspective –2011. Encountering otherness. 2011. pp267-284.
8. RALAMBOMAHAY, Toavina. Madagascar dans une crise interminable. L’Harmattan, Paris,
2011, 148p.
9. ROSENAU, James N., « Moral Fervor, Systematic Analysis and Scientific
Consciousness », in RANNEY, Austin. Political Science and Public Policy, Chicago,
Illinois, Markham Publishing Co., 1968, pp. 197-236.
10. VILLARS, Capitaine de. Madagascar 1638-1894. Établissement des Français dans
l'île. 1912. p22.

Publications spécialisées et rapports :

11. ANDRIAMBELOSOA, Saminirina. RASOLOFO, Adamson. Exportations, croissance


économique et intégration régionale. Quels produits à exporter pour répondre aux
potentialités commerciales de Madagascar sur les marchés régionaux ? Un essai
d’application du modèle de gravité. Centre de Recherches, d’Etudes et d’Appui à
l’Analyse Economique à Madagascar (CREAM). Cahier n°17, Juillet 2013. 42p.
12. BANQUE MONDIALE. Madagascar, vers un agenda de relance économique. Juin 2010.
364p.
13. DIRECTION GÉNÉRALE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET DU
DÉVELOPPEMENT - Ministère des Affaires étrangères. Un bilan de la prospective
africaine, Volume II Annexes. Coll. Rapport d’études. 2000.
14. L’IRD-ORSTOM ET SES PARTENAIRES, Parcours de recherche à Madagascar,
Éditeurs scientifiques : Feller, Christian et Sandron, Frédéric, IRD Éditions, Marseille,
2010. 426p.
15. RAVALOSON, Jaona. Madagascar et les Nouveaux enjeux des relations
internationales: pour une diplomatie de type III. In Le cahier de Madagascar
“Malagasy mijoro, Madagasikara mandroso”, n°1. Sous la coordination de Jean-
Claude Ramandimbiarison. Editions CDE, 4ème trimestre, Octobre 2003, pp.75-80.

Articles de revues scientifiques et de journaux, et divers :

16. M.R., Diplomatie tous azimuts, de l’argent à tout prix, Revue de l’Océan Indien,
n°359, Juin 2014, pp6-9.
17. MEYRAT, Jean. « L'étude de la politique extérieure ». Revue française de science
politique, 11e année, n°1, 1961. pp. 143-154.

50
18. RAFITOSON, Ketakandriana. Rapport de Liberty 32. in Journal du Colloque IEP-
Banque Mondiale, édition N°3.
19. RALAMBOMAHAY, Toavina. « Des entorses aux droits de l’Homme et aux principes
démocratiques dans la feuille de route ». in Revue MCI, n°55, 3ème trimestre 2011.
20. RAMAMONJISOA, Suzy. Autour de la politique de race de Galliéni, Communication présentée
à l’Académie malgache, 2014.
21. STEIN, Janice. L’analyse de la politique étrangère : à la recherche de groupes de
variables dépendantes et indépendantes. Études Internationales, vol. 2, n° 3, 1971,
p. 371-394.

51
52

Vous aimerez peut-être aussi