Aristote - Catégories
Aristote - Catégories
Aristote - Catégories
ARISTOTE
[CATGORIES]
Richard BODS
Professeur l'Universit de Montral
PARIS
LES BELLES LETTRES
2001
Conformment aux statuts de /'Association Guillaume
Bud, ce volume a t soumis l'approbation de la
commission technique, qui a charg M. Alain-Philippe
Se gonds d'en faire la rvision et d'en surveiller la cor-
rection en collaboration avec M. Richard Bods.
ISBN: 2-251-00497-1
ISSN: 0184-7155
AVANT-PROPOS
R. B.
INTRODUCTION*
mus, II, p. 585) considre que les travaux d' Andronicos constituent un
terminus post quem. Ce n'est pas absolument garanti, car le titre
Contre les catgories d'Aristote (en un ou plusieurs livres, selon les
sources) ne signifie pas ncessairement que l'ouvrage tait dirig
contre le trait d'Aristote intitul Catgories, qu'Andronicos avait mis
l'honneur ; Athnodore pouvait viser, en effet, la doctrine des cat-
gones attribue Aristote et connue par d'autres sources (aucun frag-
ment conserv de l'ouvrage d'Athnodore ne semble obligatoirement
supposer la connaissance du texte de C). Mais Moraux a probablement
raison, du fait que, sans les travaux d' Andronicos, Athnodore pouvait
beaucoup plus difficilement avoir accs mme aux doctrines d' Aris-
tote.
XX INTRODUCTION
fr. 48. 23-56, p. 190-191 Brisson-Patillon, CUF, Paris, 2001), qui dis-
tingue, propos de l'invention, entre XPOVO (= it6n:), XEtV,
KEtcrOu1, 7totEtV et m'.tcrxe1v.
1. Une liste de ces passages a t dresse par K. hler (Aristote/es
Kategorien, 2 d., Berlin, 1986, p. 352-355) et reproduite par M.
Zanatta (Aristotele. Le categorie, Milan, 1989, p. 463-465).
2. Le mot KUllyopiu n'y est employ que quatre fois (3 a 35, 39 ;
10 b 19 et 22), jamais avec le sens de genre (mme si, par ailleurs,
le mot yvo est appliqu la qualit et au relatif, en 11 a 38 et une
seconde fois l'ensemble, en 11 b 15), mais toujours avec la significa-
tion d'attribution (ou mode d'attribution) conforme au verbe KUTt-
yopei:crOut (employ, quant lui, trente-cinq fois).
XXIV INTRODUCTION
II
celui qui l'on doit au dpart pareil titre, tait une intro-
duction cet autre trait que sont les Topiques.
D'ailleurs, s'il en fallait un indice, dans aucune version
du catalogue ancien dont nous parlons, la mention du T
np tffiv t6nrov ne prcde celle des Topiques. Ce der-
nier ouvrage, qu'il apparaisse sous le titre ME8otKl
(en huit livres) ou, si l'on accepte une restitution d'di-
teur, sous le titre <TontKOOV> (en sept livres), est au
contraire mentionn plus haut dans la liste, plusieurs
titres de distance 1 En revanche - et ceci pourrait n'tre
pas sans enseignement - le T npo tffiv t6nrov pr-
cde, semble-t-il, immdiatement la mention d'un
ouvrage, dont le titre se lit comme suit : TontKffiv npo
to pou (avec l'indication deux ou six livres ,
s~lon les versions) 2 Cet ouvrage ne correspond pas aux
Topiques que nous connaissons. Mais il y a, dans les
Topiques, une section (VI et VII, 1-4) relative aux lieux
utiliser en vue des dfinitions. Si le titre du catalogue
ancien ne dsigne pas cette section, il dsigne coup sr
une composition qui avait le mme objet. C'est donc
peut-tre ce genre de composition que le T npo tffiv
t6nrov tait cens offrir des prliminaires. Ainsi,
l'poque hellnistique, et peut-tre ds le IIIe sicle avant
notre re, notre trait passait peut-tre pour offrir une
introduction, non la dialectique en gnral (telle
qu'tudie dans les Topiques), mais, en particulier et trs
prcisment, l'art de dfinir dialectiquement (la
topique dfinitionnelle).
L'opinion de celui qui a intitul notre petit ouvrage T
npo '"CWV 'r6nrov et, semble-t-il, cru devoir en faire une
III
IV
Du propos de l'auteur de Catgories et
des Topiques
Des catgories
VI
Des problmes d'authenticit
1. ce sujet, comparez Philopon (p. 12, 34), Ammonios (p. 13, 24)
et, surtout, Simplicius (p. 18, 7-8), David (p. 133, 10 et 14), Olympio-
dore (p. 24, 18-19) et le cod. Urbinas 35 (p. 33 b 30-32). Sur la version
parallle (en fait, une paraphrase) signale par Adraste, voir supra, p.
XXXVll-XXXVJJI.
2. Ces divergences sont notes et expliques dans les tmoignages
parallles d'Olympiodore (p. 22, 38-24, 9) et du cod. Urbinas 35 (p. 33
a 30-b 25). Outre celle que l'on signale ci-aprs, ces divergences
seraient les suivantes : (a) l'absence (en 1 a 1 et sqq.) des no.uwvua
et des ln:pwvua, qui figureraient dans la Physique ou la Rhtorique
(en fait, seul, no.uwvuov figure dans un texte d'Aristote, l 'Histoire
des animaux, 1, 2, 489 a 2, et la prtendue divergence vient d'une com-
paraison avec Speusippe ; voir, ce su jet, les notes notre traduc-
tion) ; (b) l'affirmation que l'objet de la science est antrieur la
science (7 b 23-24) contredit la thse de la Physique, selon laquelle les
relatifs sont naturellement simultans (en fait, rien de tel n'est affirm
dans la Physique ; et la prtendue divergence vient d'une mprise sur
!'interprtation du texte de C ; cf. de Rijk, art. cit, p. 13 7) et ( c) la
gnration et la corruption sont considres comme des formes de
mouvements (15 a 13), non de changements comme en Physique (V, 1,
225 a 3) ; mais nul ne s'attend videmment ici une terminologie
rigoureusement fidle la stricte orthodoxie prsente par la science
naturelle.
XCII INTRODUCTION
a'(-) ; 112 IlEpi El8oov J3' : cf.31 fIEpi El8&v Kui yF-voov (28 H :
n:Epi El8oov) ; 260 et 116 'En:1xE1p11t-rrov J3' : cf. 66 'En:1xE1p11-
t-rrov J3', cf. 33 (62 H : cf. 33) ; 117 'Evcr-rtcrECV y' : cf. 35 'Evcr-rt-
O"Et<; u' (36 H) ; 118 ITEpi tKoucriou u' : cf. 69 fIEpi Koucriou u'
(5~ H) ; 119 'EniTo] Ti'i Il/..t-rrovo flo.1-rEiu J3' : cf. 22 T K
iii; flo.tTEiu J3' (-); 130 et 261 0O"EI K8': cf. 71 0O"El
0
<I>ucrtKOOV KUT O"TOlXElOV .T] (110 H) ; 161 fIEpi nuO&v a' : cf. 37
7tEpi nuO&v < ll 1tEpi > opyi'j u' (30 H) ; 168 fIEpi crriEioov u' : cf.
113 O"T]E:u XEtwvrov u' (99 H) ; 177 IlEpi qn.iu y' : cf. 24 itEpi
cpt.iu u' (24 H y'); 188 IlEpi 'l'uxiii; Otcr1 u': cf. 74 et 13 0crEt
7tEpi 'l'uxiii; u' (68 H, cf. 13) ; 193 'Acpopui 11 vuvnWcrEl u' : cf.
30 fIEpi i\vuv-rirov u' (32 H) ; 198 ~1u1pcrE1 J3' : cf. 42 et 43 ~1u1-
pcrEt 1' (41 H, cf. 42) ; 210 IlEpi vOuT]t-roov u' : cf. 85 et 87
'EvOuTju-ru pf]TOptK u' (76 H, cf. 78) ; 222 IlEpi .E,Eoo u' : cf.
88 IlEpi .(,Eoo J3' (79 H u') ; 225 et 273 fIEpi oucrtKi'j y' (273
a') : cf. 117 et 133 IlEpi oucr1Ki'j a (104 H, 124 H); 230 T&v
2EvoKpt-rou cruvuyroyt u' : cf. 94 fIEpi -ri'j L7tEucr[nnou Kui
2EVoKpt-rou u' (84 H) ; 234 fIEpi it.ouTou u' : cf. 11 IlEpi it.ou-
Tou u' (7 H) ; 244 IlEpi cru~ou.i'j u' : cf. 89 IlEpi cru~ou.iu u'
(80 H itEpi cru~ou.i'j u') ; 127 IIE pi c[lrov ' : cf. 103 IIE pi tj>rov
O' (91 H) ; 275 et 297 flpo-rpE7tTIK u (297) : cf. 12 IlpoTpE7tTIK
a' (14 H) ; 264 IlEpi ~T]oKphou a : cf. 125 Ilpo~.Tju-ru K -r&v
~T]oKpi-rou J3' (116 H).
1. Aux lignes 128 et 129 de !'d. de Sollenberger.
CVI INTRODUCTION
VII
LE TEXTE DE CATGORIES
A. La tradition directe
qui lui aussi contient les Catgories (ff. 9v_25). La plupart de ces
erreurs et omissions ont t signales, avec d'autres fautes de descrip-
tions, dans D. Harlfinger et J. Wiesner, Die griechischen Hand-
schriften des Aristoteles und seiner Kommentatoren. Erganzungen und
Berichtigungen zum Inventaire von A. Wartelle , Scriptorium, 18
(1964), p. 242, 247, 250, 252-254, 256-257, et R.D. Argyropoulos et 1.
Caras, Inventaire des manuscrits grecs d'Aristote et de ses commenta-
teurs. Contribution l'histoire du texte d'Aristote. Supplment, Paris,
1980, p. 57. On verra, dans ce dernier ouvrage (p. 9), que la plus
grande part des manuscrits grecs d'Aristote datent du XV' s. Les deux
plus rcents manuscrits des Catgories sont apparemment les deux
cod. Burneiani du British Museum (signals aux n 825 et 826 par
Wartelle ), qui datent du xvu' s. On ne trouve aucun manuscrit nouveau
des Cat[?oties dans R.E. Sinkewicz, Manuscript listings for the
Authors of Classical and Late Antiquiry (Greek Index Project Series 3),
Toronto, 1990.
1. Nous avons risqu un essai de classement dans une tude
paratre dans L 'Organon d'Aristote et ses commentateurs (sous presse
aux Belles Lettres).
2. Cf. E. Montanari, La sezione lin[?uistica del " Peri Herme-
neias di Aristote/e, t. T, Florence, p. 54-61.
3. Cf. M.F. Williams, Studies in the Manuscript Tradition of Aris-
totle 's Analytica, Konigstein / Ts., 1984, p. 80-98.
4. Cf. J. Brunschwig, Aristote. Topiques, t. 1, p. c1v-cxxxu.
TEXTE: LES MANUSCRITS CXIII
Premier groupe
A= Vat. Urbinas gr. 35, ff. 22-54, parchemin, copi avant 901
par le sous-diacre Grgoire. Ce manuscrit, trs clbre, a t
annot de scolies et de gloses marginales ou interlinaires
l. Prcds de leurs sigles respectifs sont ceux dont les variantes
figurent dans notre apparat critique. Tous ont t collationns sur
microfilms (avec photocopie d'agrandissement). De nombreux pas-
sages litigieux (le texte complet pour les manuscrits du deuxime
groupe) ont t contrls par autopsie des originaux.
CXIV INTRODUCTION
Deuxime groupe
C =Paris. Coislinianus 330, ff. 17v_4z, parchemin, du XIe
sicle. Il contient diffrentes scolies, gloses, notes et cor-
rections de plusieurs mains successives, dont un petit
nombre sont du copiste lui-mme et quelques-unes
empruntes d'anciens commentateurs.
h = Ven. Marcianus gr. app. IV, 53, ff. 5-12v, parchemin, du
xne sicle. Il prsente plusieurs scolies et fragments de
commentaires et des corrections de deuxime et troisime
mains entre les lignes et dans les marges.
Ces deux manuscrits, comme les trois du premier
groupe dont nous avons parl, contiennent l'Organon en
entier, prcd de l'Isagog de Porphyre. Se rattachent
ce deuxime groupe, le Fior. Laurent. gr., 72,3, ff. 6v-16
(seconde moiti du XIIIe s.), le Vat. gr. 1022, ff. 16v_37v
(XII-XIIIe s.) et le cod. Mh 24 (Cab. 3) de la Bibliothque
de l'Universit de Tbingen, ff. 37v_47 (XIIIe s.).
Les deux manuscrits C et h sont galement connus
des spcialistes de l'Organon et leur parent a t souli-
Troisime groupe
V= Vat. Barberinianus gr. 87, ff. 237-252, parchemin, du x<
sicle. Il contient des scolies, des gloses, des variantes et
Quatrime groupe
n = Mediol. Ambrosianus L 93 sup. (490), ff. 24-6CY, parche-
min, de la fin du IXe sicle ou, plus vraisemblablement, du
dbut du x< sicle. Il contient, outre des corrections, de
nombreuses scolies d'au moins deux mains tardives (xrve
ou xv s.), dont beaucoup sont empruntes au commen-
0
Cinquime groupe
D =Paris. gr. 1843, ff. 3-10 (= C 3 b 24-7 b 29), fr. rescap
d'une copie mutile du xne sicle2
E = Vaticanus gr. 247, ff. 42v-75, papier, de la fin du xnre ou
du dbut du XIVe sicle, accompagn du commentaire
d' Ammonios.
u' =Bas. gr. F.11.21 (cf. troisime groupe), ff. 9-16v (= C 1a1-
5 b 14), rfection du XIVe sicle.
* *
*
On peut tirer un bref bilan de la considration de tous
ces groupes de manuscrits. Le premier (anctre a) a les
caractristiques d'une vritable famille, issue d'un exem-
plaire ancien, probablement de bibliothque. En dehors de
cette famille, le troisime groupe (anctre ~) et le qua-
Le tmoignage papyrologique
Il convient, avant cela, de signaler la contribution que
peuvent offrir l'tude du texte, trois petits fragments de
papyrus 1 Dcouverts et publis aprs la dernire dition
de Minio-Paluello, ces fragments d'un papyrus d 'Oxy-
rhynque qui remonte au dbut du ure sicle permettent
d'atteindre directement un tat du texte de beaucoup
antrieur aux plus anciens manuscrits conservs (fin rxe
sicle au plus tt). Ils correspondent respectivement aux
pages 11 a 25-11 b 2, 13 b 21-27 et 14 a 12-15.
Trs brefs et, qui plus est, trs mutils, ils prsentent,
de ce fait, un clairage extrmement limit 2 Mais cet
clairage est celui, semble-t-il, d'un texte de qualit. Non
B. La tradition indirecte
C. Conclusion
VIII
Commentaires anciens
Porphyrii /sagoge et in Aristotelis Categorias com-
mentarium edidit A. Busse dans Commentaria in Aristo-
telem Graeca (= CAG ), IV, 1, Berlin 1887. - [Nouvelle
dition et traduction franaise par R. Bods paratre
aux Belles Lettres]. Traduction anglaise : Porphyry. On
CXCIV LMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
En langue allemande :
Aristote/es Organon, bersetzt und erliiutert von Eugen
Rolfes, t. 1 (Collection Philosophische Bibliothek ,
Bd. 8), Leipzig, 1920 (rimpression Aristote/es. Philoso-
phische Schriften, I, Hambourg, 1995).
Aristote/es. Die Lehrschriften, herausgegeben, bertra-
gen und in ihrer Entstehung erliiutert von Dr Paul
Gohlke, t. II, 1, Paderborn, 1951.
Aristote/es Werke, in deutscher bersetzung, begrndet
von Ernst Grumach, herausgegeben von Hellmut Flashar,
t. 1, 1, Aristote/es Kategorien, bersetzt und erliiutert von
Klaus hler, Berlin, 1984 (2e dition, Berlin, 1986).
Aristote/es Organon, t. II, Aristote/es Kategorien. Her-
meneutik oder vom sprachlichen Ausdruck .. . , herausge-
geben, bersetzt, mit Einleitungen und Anmerkungen
versehen von Hans Gnter Zekl (Collection Philoso-
phische Bibliothek , Bd. 493), Hambourg, 1998.
En langue anglaise :
The Works of Aristotle, Translated into English under
the editorship of W.D. Ross, t. 1, Categoriae and De
Jnterpretatione, by E.M. Edghill, Oxford, 1928 (Nouvelle
dition, Oxford, 1963 ; traduction revue dans The Com-
plete Works of Aristotle. The Revised Oxford Translation,
Ed. by Jonathan Bames, Princeton, 1984).
Aristotle, the Categories, on lnterpretation [par Harold
P. Cooke], Prior Analytics [par Hugh Tredennick] ( Loeb
Classical Library ), Londres-Cambridge (Mass.), [1938]
1973.
Aristotle 's 'Categories' and 'De interpretatione',
Translated with Notes by John Lloyd Ackrill (Collection
Clarendon Aristotle Series ), Oxford, [1963) 1974.
Aristotle 's Categories and Propositions (De lnterpre-
tatione), with Commentaries and Glossary by H.G.
Apostle, Grinnwell (Iowa), 1980.
LMENTS DE BIBLIOGRAPHIE CXCVII
En langue italienne :
Aristotele. Organon, introduzione, traduzione e note di
Giorgio Colli (Collection Classici della filosofia 1),
Turin, 1955.
Aristotele. Le Categorie, traduzione, introduzione,
commento di Domenico Pesce (Collection Studium
sapientiae, testi filosofici commentati ), Padoue, 1966
(2e dition revue, 1967).
Aristotele. Le Categorie, introduzione, traduzione e
commento di Marcello Zanatta (Collection Classici
della BUR ), Milan, 1989.
tudes
1. Sur l'ensemble du trait et la question de
l'authenticit
BODS R., Sur l'unit stylistique du texte des Catgories
d'Aristote dans Aristotelica Secunda (Mlanges offerts
Christian Rutten, publis sous la direction d' A. Motte et de
J. Denooz), Lige, 1995, p. 141-154.
BONITZ H., ber die Kategorien des Aristoteles dans Sit-
zungsberichte der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaf-
ten, Phil.-hist. Klasse, 10, 4, Vienne, 1853, p. 591-645.
BRUNSCHWIG J., Les Catgories dans DPhA 1, 1994,
p. 491-493.
DuHOT J.-J., L'authenticit des Catgories , RPhA, 12
(1994), p. 109-124.
DUMOULIN B., Sur l'authenticit des Catgories d'Aristote
dans P. Aubenque (d.), Concepts et catgories dans la
pense antique, Paris, 1980, p. 23-32.
DVPREL E., Aristote et le trait des Catgories dans
AGPh, 22 (1909), p. 230-251.
FREDE M., Titel, Einheit und Echtheit der aristotelischen
Kategorienschrift dans Zweifelhaftes im Corpus Aristote-
licum, Studien zu einigen Dubia. Akten des 9. Symposium
Aristotelicum, Hrsg. v. P. Moraux und J. Wiesner, Berlin-
New York, 1983, p. 1-29. Repris en anglais dans Essays in
Ancient Philosophy, Minneapolis, 1987, p. 11-28.
CXCVIII LMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
PAPYRI FRAGMENTA
CDICES GRAECI
COMMENTATORES ANTIQVI
EDITORVM NOMINA
ABBREVIA TIONES
in interl. - in interlinea
. .
1n marg. - 1n margine
supra scr. - supra scripsit
u. adn. 1, 2, etc. - uide adnotationem 1, 2, etc. infra,
p. 253-304
TEXTE ET TRADUCTION
ARISTOTE
A V ANT LES LIEUX
[CATGORIES]
[I. Prliminaires 1]
[1.1. quivoques, univoques et drivs 2 ]
1a 1. Sont dites quivoques des choses qui ne possdent
qu'un nom en commun, alors que la formule correspon-
dant ce nom est diffrente 3 . Ainsi dit-on animal la fois
l'homme et son portrait 4 Ces choses, en effet, ne poss-
dent qu'un nom en commun, alors que la formule corres-
pondant ce nom est diffrente. Car si l'on veut expli-
quer, pour chacune des deux, ce que c'est qu'tre un
,, , , ,,, ,
o
Tovoa. oyos [ TjS oaLa.s] Tepos, oov tct>ov Te civ8pw-
,
1TOS KO.L TO yeypa.evov TOUTWV ya.p ovoa. ovov KOLVOV,
o S Ka.T. Tovoa. oyos [ TjS oaLa.s] Tepos .v y.p
TEST. 1b16-17 Trov- 8tmpopui: ALEX., ln Top. (1, 15, 107 b 19),
p. 112, 6-7; In Top. (VI, 6, 144 b 12), p. 453, 21-25111b21 Uit' /c-
.TJU : PHILOP., ln De gen. et corr. (323 a 8), p. 135, 8-11 Il 1 b 23-
24 ocrai - croVUl : ALEX., In Top. (IV, 2, 123 a 11), p. 319, 22-
23 Il 1 b 25-2 a 10 : cf. QVINTILIANVS, /nst or., III, 6, 23-24 ; ALEX., ln
Met. (r 2, 1003 b 21), p. 245, 34-35 ; [ALEX.], ln Ref. Soph. (4, 166 b
14), p. 36, 13-14; PORPHYRIVS, /sag., p. 6, 7 ; AMM., ln Porph. /sag,
p. 84, 4 ; THEMISTIVS, /n De an. (402 a 3-26), p. 2, 34-36 et 33, 22-23 ;
SIMPL., ln Phys. (185 a 20), p. 75, 6-8 ; PHTLOP., ln An. Pr (43 a 37),
p. 272, 31-273, 2; ELIAS, ln Porph /.mg (5, 23), p. 70, 16-19.
[IL La substance]
[A. Substance premire et substance seconde]
5. Par ailleurs, la substance dont on parle principale-
ment, d'abord et avant tout 1, c'est celle qui ne se dit pas
d'un certain sujet et n'est pas inhrente un certain sujet.
Ainsi, un certain homme ou un certain cheval 2 Sont
dites, en revanche, substances secondes, les espces o
prennent place les substances dites au sens premier, ces
espces tout comme leurs genres. Ainsi un certain
homme se trouve dans une espce, l'homme, et le genre
de l'espce est l'animal. Ce sont donc elles qu'on dit
secondes, des substances comme l'homme et l'animal3.
[A.l. Ce qui est imputable la substance]
Or il appert de ce qu'on vient d'exposer que les choses
qui se disent d'un sujet ont ncessairement un nom et une
formule imputables au sujet. Ainsi, l'homme se dit d'un
sujet, un certain homme. Et son nom lui est bel et bien
imput, puisqu'on va dire l'homme en cas d'imputation
5. Oaia. '
S OTLV ~ KupLwTa.T. TE KO.l 1Tpwna1s K<ll' a.-
LoTa. EyovlJ, T\ ~TE Ka.8' U1TOKELvou TLVOS yETO.l
~TE v utTOKELv~ TLVL oTLV, oiov o TlS cl.v8pw1TOS fi o TlS
" A' !::' '' \.' , "!::
L1T1TOS. EUTEpa.l oE OUOLO.l /\EYOVTO.l, EV ?
OLS ElOEOlV a.1' 1Tpw-
'
12-13 ]tE ... ]tE ChEu'nVLfL0 SFO Plotinus : ]tE ... T]t
ABdm o ... o LdD Il 12 nvoc; codd. tiLaLf (codd. Ca) L SA Plo-
0
tinus et teste S (79.14) FOD Alexander (ln Met.) : om. A (?) LdP
Asclepius (In Met.) nvi Lf (cod. F) Il 13 ij ABdChEu'V !!AL 'L 0 : Kai
mnLf (codd. Fa) Il 14 .yovtut ABdChEu'mnAetiLaLfLFO (60.27) :
clcriv 0 (60.22) .yovtut tu ET] VA1'Ld Il 14-15 npnroc; : itponat
Lf (codd. Fa) LdP (codd.) FO Plotinus Il 15 1..i:y6i:vut om. 0 (60.28) Il
ocriu1 Eu'mnLa (cod. F) Lf (cod. F) LdF (codd. Ca) Plotinus : ante
l..i:y6i:vu1 transp. ABdChVl!Lf (codd. Ca) L 0 PFO (60.22) om. L"
(cod. M) tu iitou supra scr. h2 [u. adn. 9] Il 16 iiv0pronoc; ABdCh
Eu'VAtiLa (?) A : iv0pronoc; roc; mn (ubi erasae 2 litt.) P Il 17-
18 8i:uti:put codd. Al!L" (cod. M) L P: 8i::utproc; n Il 18 utut codd.
0
24 o
ABdChEu'V : mn 6 (?) !'>. [u. adn. 10] Il 26 crnv
ABnA' : crnv Kai c!>ov A 28 2 dChEu'mn 2 (supra scr.) V/'>,. crn Kai
rpov .oytKOV 9v]OV Ar Il 27 KU]yop]9]crEat ABdChEu'V AA :
KUTJYOPEat mn KUTJYOPEat et post .oyo (u. 26) transp. S
(86.14) Il 29 post unoKEtvou (codd. AA) add. 7tO V Il v codd.
A: om. Eu' Il 30 itoE ACh 2 mnVA' : om. BdhEu'A"t>. [u. adn. 12] li
33 ABhEu'VA: om. dCmn [u. adn. 13 (et 10)] li o 2 dhEu'mnVA:
om. ABC Il 35-b5 r, - crnv quae uerba post crnv, u. 2 b 5 in codd.
leguntur et quae illic per dittographiam esse orta arbitratur S (88.24-
29), hoc loco Porphyrius legisse uidetur et inserui (uide Philologus,
141 [1997], 39-45) [u. adn. 15]
2 b 6 n ABdChV t>,.Lf : ante lV transp. Eu'mn om. P Il 6-6b niva
- crnv ABCEu'mn VAA : orn. dh del. V 2
9 A VANT LES LIEUX (5)
[2a35] ToTo
S cj>a.vEpov K Twv Ka.8' Ka.aTa. tTPOXElpltovwv oiov To
t4>ov Ka.T. TO .v8pw1TOU KO.TYJYOPELTO.l' OKOV K<ll KO.T.
To Tlvos .v8pw1Tou EL y.p Ka.Tel YJ8Evos Twv Tlvwv
[2b] .v8pw1TWV, o8 KO.T. .v8pw1TOU ows 1TclLV TO xpwa.
, ' , "" ,,, ' ,
EV O'Wj.10.Tl, OUKOUV KO.l EV TlVl awa.Tl' El ya.p l] EV
',,,
1. Cf. 1 b 13-15.
2. 5-6, 8. Voir aux Notes complmentaires, p. 94-96.
3. Cf. 2 a 29-34.
4. Cf. 2 a 19-27. Individu, espce et genre forment ainsi une unit,
alors que ! 'unit de l'individu avec une ralit inhrente un sujet est
accidentelle: cf. Mt., Z 11, 1037 b 5-6 (Ka-r cru~E~TJKDS EV, oov
o LCKpa-r11c; Kai To oucrtK6v).
7. Cf. supra, 3 a 17-20 ( propos des substances secondes).
ITPO TnN TOITQN (3a 16-32) 12
TEST. 3 a 33 (?) : cf. DAVID, ln Porph. /.mg. (16, 6), p. 216, 27-29 Il
3 b 6-7 tv - itou : ALEX., In Top. (IV, 6, 128 a 13), p. 365, 7-
8 Il 3 b IO ncru - crriuivEtV : [ALEX.], ln Ref Soph. (6, 168 a 34),
p. 59, 9-10; ln Ref Soph. (22, 178 a 4), p. 151, 6-7; PHILOP., ln De
an. (412 a 7), p. 210, 28-29113b10-12 iti - crriuivEl : [ALEX.], ln
Met. (Z 8, 1033 b 20), p. 496, 18-20 ; cf. PLOT., VI, 1, 3. 12.
TEST. 3 b 33-34 : cf. ALEX., ln Top (Il, 11, 115 b 3), p. 213, 14-16 ;
AMM., ln Porph l.wg , p. 96, 22-23.
qui est plus beau d'un cas l'autre. Certes, par compa-
raison avec lui-mme, on le dit aussi plus ou moins ceci
ou cela : ainsi le corps, s'il est blanc, on le dit plus blanc
maintenant qu'auparavant et, s'il est chaud, on le dit plus
et moins chaud. Mais la substance, en tout cas, on ne la
dit nullement plus ou moins. Car un homme, on ne le dit
pas plus homme maintenant qu'auparavant, non plus
qu'aucune de toutes les autres choses ds lors qu'il s'agit
d'une substance 1 Par consquent, la substance ne peut
tre susceptible du plus et du moins.
[B.6. La substance reoit les contraires en restant la
mme]
14 nJ> ABdh 2DEu'V : om. Ch (?) mn~ [u. adn. 34] Il oK crTat
ABdh 2 VA: oK crn ChDEu'8 o YETat mn Il 16 oK crTat ABd
Ch V8 : oK crn DEu'n (postea eras.) crTat A(?) crn m Il 17 Elcrtv
ocriat ABdChVA8: i':crnv ocriu DEu'mn [u. adn. 35] 1118 pt00
ov ABdC (?) hDn~ : T0 pt00 ov m T0 pt00 ocru V ov T0
pt00 Eu' Il EKnKov ABdDEu'mn8 : E KTlK] Ch V A (?) Il 19
codd. ~: KU Eu' Il 20 !JEpo ABdChV~: 0Ep6 yE DEu'mn Il
q>Uo ABdDEu'mnA8 : q>ulc6 YE V qiulc6 TE yivETUl Ch Il
22 ] n ABdDEu'mnA8L'LrL 0 (80.26) : ] iipu n Ch V ] iiv n
d 2 (in inter!.) ] n iipu D 2 (in inter!.) L 0 (cod. M 78.7) Il i':vicrTUlTo
ABdDEu'mnV8L' (codd. JL) Lf (cod. C): vicrTuTul ChL' (cod. A) Lr
(cod. a) L 0 (cod. M) vicrTUlTO To L' (cod. K) i':vicrTUTO To L' (cod. v)
vlcrTUTo Lr (cod. F) Il 23 TotoUTCV ABdCDEu'A8Lf : vuvTirov
hmnV (TolOUTCV in marg. V2 ) L 0 Il EKTlKU codd. L 0 (78.8) : om. A
(?) LfL0 (80.27 ?) ~ (codd. nonnulli) &critEp vuvTirov EKnKa ~
(codd. nonnulli) [u. adn. 36] Il 24 TE ChDEu'mnVA? LfL0 : om. A
Bd Il oKE Evut ChDEu'mnVLfL 0 : dvut oKE ABd [u. adn. 37] Il
To codd. Lf (codd. Ca) : om. Ch (rest. in marg. h 1 sive h 2) To Lf (cod.
F) Il 25 oTo lc6yo ABdDEu'mLr (codd. Fa) : oTo VA8 (?) L 1
(cod. C) om. Chn [u. adn. 38] li 1j1Eu] ABdDEu'mnVA8Lr: ljlEU]
oyo Ch Il 26 crTat ABdChmnV A8Lr : crn DEu'.
18 A VANT LES LIEUX (5)
[Ill. la quantit]
trpo TOV O.UTOV opov O'UVO.TTTEl trpo ov KO.l TC. TOU awa.-
, ri ' ~ " , c , , ,
TO opLa.' WO'TE O'UVEXTJ'i a.v EllJ KO.l 0 TOTTO' trpo ya.p
" ,,, ,,.,, ,
Eva. KOLVOV opov 0.UTOU TC. opla. O'UVO.TTTEl.
1s "ETL S T. v K 8aLv xovTwv npos cXXYJXa. Twv
v a.Toi opiwv auvO'TlJKEV, T. S oK ~ xovTwv 8aLV'
TEST. 5 b 1-2 no. - dvat : AscL., /n Met. (1020 a 17), p. 334, 18-
19; PHILOP., /n Phys (185 a 20), p. 35, 6-8; cf. p. 38, 17-18 et 390,
14-17 Il 5 b 3 : cf. PLOT., VI, 1, 4. 3.
TEST. 5 b 14-16: cf. PLOT., VI, 3, 11. 11-13. 115 b 15-16 : cf. ALEX.,
ln Met. ( 13, 1020 a 23), p. 397, 32-33 ; S!MPL., ln De coelo (303
b 22), p. 617, 6-7; AscL., ln Met. (990 b 15), p. 76, 5-6 et 78, 36-
37 115 b 18-19 &poc;- Eya.TJ: PLoT., VI, 3, li. 14-17 115 b 19
(trov ooyEvrov Eiov): cf. THEM., ln De coe/o (299 a 31), p. 153,
9-11.
11 n te\> codd. AfL'L" (cod. F) LfLd (codd. HK) : te\> 8f: DAe'L"
(cod. M) L 0 D on t0 Ld (cod. P) Il crnv vavtiov ABdChmn
Vti.LfL 0 LdSD: v. cr. DEu' 11 12 ov ABdChDEu'VAL 0 : of:vi
m oV oEVi n Il 13 te\> tpm]XEl DEu'mnVM: tptit]XEl ABdCh
tpl1tfJXU L 0 (cod. M) [u. adn. 57] li 14 mtv atoi:c; Vi'l. (?): crnv
u.trov ABdChi'l. (?) u.trov crnv DEu'mn u.trov f,crti n L 0 (cod. M)
crnv A(?) [u. adn. 58] 1115 ne; ABdChDEVALrL0 : om. u eras. et
post T] (u. 14) transp.V 2 ne; iiv mn 11 i:o ya te\> tKpc\> codd. (Bex
corr. ?) ti.UL0 S : te/> ya to tKp6v V Il 16 ..a codd. AL 0 SA :
..a ..ov uV i'l.F Il 17 ya ABdChDEmnL" (cod. F) PF : ya
tE uV Il 17-18 itpoc; ... vaq>pEtat mnuVAPSAF: te\> itpoc; ... va-
q>Epccr0at ABdChDE itpoc; vaq>pccr0at Il 19 ti"]v v ABCh
DEmn : to f:v d (puncto expunct.) uV Il ~LEi:ov dC (?) nuV : El-
ov' ? B 2 (ex Eiswv ? B) Eil;ova ADEmn 2 Eil;w C 2 h Il dvm ABd
ChDEmni'l. : ante ~tci:ov transp. uV Il 21 tKpOV +] ~u';ya ABd
ChDEuY A : tya +] ~LtKpov mn Il f,yEto om. Il 23 q>av ito.-
.oc; ABdChDEl'l. : no..ouc; q>aEv mnuV [u. adn. 59].
25 A V ANT LES LIEUX (6)
TEST. 6 a 12-13 : cf. PLOT., VI, 3, 12. 20-23 Il 6 a 13-14 : cf. PLOT.,
VI, 1, 14. 4-5 Il 6 a 14-18 : cf. AMM., ln De interpr. (23 a 27), p. 254,
6-8 Il 6 a 17 T - tE<JTtKOU: PLOT., I, 8, 6. 40-41 et VI, 3, 20.
7-8.
TOlO.UT<l.
VEaTl S Ka.i T. Tola.Ta. Twv tTpos Tl olov ~lS, Sl.-
8Eals' a.l'.a8l]OlS' 1TlOT~ lJ' 8OlS. 1TclVTa. y.p T. Elpl]va.
a.T. CtTEP OTLV Tpwv EVa.l XyETQl Ka.i OK cXXo Tl' ,,
31 <ni ] DEmnu Vt:i. : ] m:t ABC 2 crl o dCh [u. adn. 72] Il
86at ABChDnt:i. : 86atEV dE 86/;ctEV m 861;n uV om. (et iiv) t:i. (codd.
nonnulli) Il 31-32 crov ... iivtcrov ABdChDEmnAi\. (cod. A): cra ...
iivtcra uV t:i. (codd. nonnulli) Il 32 o m'tvu ABdChDl'l. : ante YETat (u.
33) transp. muV o navu net ante YE1:Ut (u. 33) transp. En [u. adn.
73] 11 1:E 2 ABdChDEmn : om. uV Il 34 TE ABdCh : om. DEmnuV Il
35 post yEcr0ut tit. itEpi TCV np6 n ABdCh 2E 2 mmuV itEpi To
itp6 n t:i. m:pi To itp6 n ptITTOTou D de relvtivis vel ad aliquid
A de utnsque tit. uide 0 (97.28-29) Il 36 TU TotuTu ABdChDuVL'L
(cod. F) Lf (codd. Ca 102.11 codd. CF 106.1) L0 LdP (111.27) SOD: Tu
1:ota8E Emn TUTu Lf (cod. F) P ( 111.19 ?) om. D (206.29) Il 38 yE-
1:Ut ChDnAi\.L 0 LdS : YETat Etov ABdEmn 2 (in marg.) uV Il 38-
39 Eiov yETut DEmnuV i'l.L 0 S : .. ABdCh Il 39 To0' oitEp crTiv
ABdChD : post yETat transp. mnuV t:i. om. ES [u. adn. 74].
6 b 1 ocra a ABdChEmnS : Tu a ocra DuV Il 2 TotaTa 2
ABdChDL'Lr (cod. C) L 0 S (160.2) A (cod. M) FO: TotaE EmnuVl}
(codd. Fa) S (165.27) 114 u-ru iiitcp ABdChDuV : To0' oitcp EmnA
(?) t:i. (cod. A) P (codd) Toio 07tEp S 1:a1:a iiitEp t:i. (codd. nonnulli)
[u. adn. 75] li dvat ABdChDEt:i. (codd. nonnulli) P: om. mnuVA (?)
i\. (cod. A) S [u adn. 76] Il YETat ABdChDnAPS : f,yETut ij
aw 6rrwcrov itpo icpov Emn 2 (in marg.) uV l'i..
29 A V ANT LES LIEUX (7)
TEST. 6 b 28 7tUVTU - .yETUl : AMM., ln An. Pr. (25 a 1), p. 35, 14-
15 ; cf. PHILOP., ln An. Pr. (25 a 1), p. 40, 11-14 ; ln An. Pr (59 b 1),
p. 423, 2-3.
34 YEat codd. L'i : post 7tt<J]n (u. 35) transp. D om. SAD.
7 a 3 rocr' V scripsi : rocrE /iv ABdChDmn : rocrE f;v Eu V [u.
adn. 81] Il 7 itoiou BmnuV L'i : o itoiou AdChD post no8o8fi
transp. E Il 8 yiyVEat ABdChD : om. EmnuV [u. adn. 82] li 10 7tT]t-
ta ABdChEuAl!D : itT]ttov DmnV Il 13 yp ABdDmnuVAl! :
yp ao ChE Il 16 KEq>Ulo ABdChDmnAl! . KEq>Ulo
KEq>a] EuV.
32 A V ANT LES LIEUX (7)
y.p TLS xelp o yETO.l TlVOS TlS xelp .>..X. TlVOS xeip,
20 Ka.L Ti TLS Kecj>a.] o yeTa.i TLvos TLS KEcj>a.] ..
TlVOS KEcj>a. ~.
TEST. 8 a 25-26 : cf. PLoT., VI, 1, 10. 1. 5-6 ; 11. 1 ; VI, 3, 19. 1 Il
8 a 26-27 : cf. PLoT., VI, 3, 28. 7-8. Il 8 a 27 : cf. PLOT., VI, 3, 18. 24-
25.
[V. La qualit]
TusT. 9 a 10-11 : cf. AscL., ln Met (1022 b 4), p. 343, 28-29 Il 9 a 19-
20 : cf. PLoT., VI, 1, 10. 52-53.
1. Aristote cnt (dans Du ciel, III, 1, 299 a 8-9) : le dense est dif-
frent du rare du fait qu'il contient plus dans un volume gal . Ces
deux points de vue ne sont pas videmment incompatibles.
2-3, 6. Voir aux Notes complmentaires, p. 137-138.
4. Sur les drivs, voir supra, 1 a 12-15. Les autres procds de
dnomination se rfrent la qualit, mais pas au nom qui dsigne
celle-ci.
5. Ici, comme dans les exemples qui suivent, il s'agit, en grec, du
masculin (6 .EUKO), qui dsigne (l'homme) blanc . Les qualifis,
dans la pense de l'auteur, sont le plus souvent des personnes (cf. 8 b
25 : 7totoi lVE), mme quand la qualit, comme c'est le cas ici, est
celle du corps (cf. supra, 2 a 32 : .EUKOV yp crroa JcYE'tUl). Mais,
bien entendu, le qualifi peut tre un animal ou un objet inanim, y
compris un objet mathmatique (cf. 10 a 14 : 7tot6v n).
IlPO TnN TorrnN (lOa 21-b 3) 46
transp. L (cod. F) ne; dmLf (cod. F) iiv S iiv et post qiavEi11 transp. P
iiv et ante Kai transp. AF om. Ch (rest. post qiavEi11 h 2) A (?) Il
26 ocrooi BChEmnuVLf (cod. a) : ooi AdA (?) M} (codd. CF)
otooi L0 Il 28 ..roc; codd. A'~ (codd. nonnulli) L0 S (264.26)
AFOD: om. A'f~ (cod. A) PS (264.7) Il 30 6 ChEmnuV~LF: om.
ABdD (?) Il 31 6 (bis) ChEmnuV &F : om. ABdD (?) Il 33 post
tvXEat (ABdChEuVA'&0 ) add. .EyoEva mn add. n ? Af'
(aliquid) Il 34 6 (bis) ChEmnuV~L (cod. M) S (?): om. ABd Il 35 6
ABdChEm~ : om. uV El A(?).
10 b 1 6v6aa ABdChEuV~: ovoa mnA (?)Il 2 post &criti;p
(ABdmuV ~) add. Kai ChEnA [u. adn. 105] li 3 t\ ita.atcrptKoi ABd
ChuVA : om. Em ij ita.atcrptKoi oi n~ [u. adn. 106].
47 AVANT LES LIEUX (8)
justice est une qualit', l'injustice est donc aussi une qua-
lit. En effet, aucune des autres imputations ne peut tre
compatible avec l'injustice, ni la quantit, ni le relatif, ni
la localisation2 , ni, globalement, rien de ce genre, hormis
la qualit. Et il en va encore de mme des autres
contraires exprimant la qualit.
[B.2. La plupart des qualits sont susceptibles du plus et
du moins]
D'autre part, les qualifis sont galement susceptibles
du plus et du moins 3 . En effet, une chose est dite plus ou
moins blanche qu'une autre et plus ou moins juste qu'une
autre. Par ailleurs, elle aussi peut prendre de l'intensit.
En effet, si elle est blanche, elle peut devenir plus
blanche 4 Ce n'est pas le cas de toutes les qualits cepen-
dant, mais de la grande majorit. Peut-on, en effet, com-
parer justice et justice selon le plus et le moins ? On peut
se poser la question, comme d'ailleurs aussi propos des
autres dispositions. Certains balancent en effet dans les
cas de ce genre. Ainsi prtendent-ils d'un ct qu'on ne
peut pas du tout comparer justice et justice selon le plus
et le moins, ni sant et sant ; cependant, soutiennent-ils,
on peut dire que l'un a moins de sant que l'autre ou
oOLOV
y.p Tepov Tp~ OK OTL Ka.T' ao oSv TJ Ka.8' 0 1TOLOV
OTLV WOTE iSLOV ii.v ELY] 1TOLOTTJTOS TO ooLOV KO.l .vooLOV
0
TEST. 11 a 23-38 : cf. ALEX., ln Met. (i\ 15, 1021 b 4-6), p. 410, 2-3 ;
ln Top. (VI, 8, 146 a 36), p. 463, 22-23 Il 11 a 27-28 Ti ypaanKTj
- oucrtKTj : [ALEX.], ln Ref Soph (31, 181b25), p. 183, 16-18 ; cf.
PLOT., VI, 3, 18. 18-20.
ABdChEn 2 (in marg.) uV &fL (133.4) Il post f'irti:ov add. tria cap.
0
1tEpi to 1tO (i.e. 1:0 1tO Eli; 1'; lutpEltUl K....) 1tEpi to 1tOE
(i.e. i:o n6i:E Eli; i:piu K.t...) et itEpi i:o KEcrOu1 (i.e. i:o KEcrOu1
ElOTt tpiu K.t...) E quem textum dedi in adn.
53 A VANT LES LIEUX (10)
TEST. Il b 38-12 a 25: cf. ALEX., ln Top. (1, 15, 106 b 4), p. 101, 19-
20; AscL., ln Met. (1012 a 9), p. 296, 22-2411 12 a 6-7 : cf. PLoT., VI,
3, 13. 3.
TusT. 12 a 17-18 : cf. PLOT., VI, 3, 20. 11-12 et 18. 7-8 Il 12 a 24-25:
cf. AMM., ln De interpr. (23 a 27), p. 254, 4-6 Il 12 a 27-28 : cf. PLOT.,
VI, 3, 19. 15-16 Il 12 a 29-31 : cf. AMM., ln De interpr. (27 b 2),
p. 255, 32-34.
1. Cf. 12 a 9-20.
2-4. Voir aux Notes complmentaires, p. 146.
ITPO TON TOITQN (12b 30-13a 8) 58
TEST. 12 b 31 : cf. PLOT., VI, 3, 20. 19-20 Il 12 b 34-35 : cf. PLoT., VI,
3, 20. 13-14.
5 1Tpos Tl, OTE 1Tl T~S ~ews KO.l T~S OTE!;:p~oews OLOV,, uyieLa.
Kai Ti vooos va.VTia, Kai ol>Tepv ye o~Te .XYJ9S oTe ljleSos
aTLv waa.uTw~ 8 Ka.i TO liL1TXaaLov Ka.1 To ~Lau ws T. 1Tpos
, ,
Tl <lVTlKEITO.I, KO.l' OUK
, EOTLV
,, , .. OUOETEPQv
<1UTll>V ,~, ,, 0./\'1]
OUTE '\ 9'E~ OUTE
,, .1.,...
,,eu-
Sos o8 ye T. KO.T. OTplJOlV KO.l tlV, OLOV ,, oijtLS KO.l ,,
10 Tucj>XoTYJS' oXws S TWV KO.T. l]Seia.v outTXOKJV Xeyo-
vwv o8v oTe .XYJ9s oTe ljle8os a'l"LV' 1TclvTa. S T. eipTJ-
va. civeu outTXOK~S XyeTa.L.
O kf]v .XX. aXLaTa. O.v
8o~e1ev TO To10T0 ou~a.ivuv 1Ti Twv "a.T. autTXoK]v va.v-
Tiwv Xeyovwv TO y.p y1a.ive1v IlllKpaTTJ Til> vooeiv Iw-
15 KpaTTJ va.vTiov oTiv .XX' o8' 1Ti 1'ouTwv .va.yKa.iov .el
9aTepov v .XYJ9S 9.Tepov S ijte8o-s eiva.1 ovTo~ v y.p
IwKp.Tous oTa.1 TO v .XYJ9s TO 8~ ijte8os, ] ovTos S
.cj>oTepa. ijteuS~ oTe y.p To voaE!i:iv IwKpaTTJ oTe To
uy1a.ivuv OTLV .Xl]9s a.TO f] OVTOS oXw~ TO IwKpclTOU.
20 'E1Ti S T~S OTEp~aews KO.l T~S ~t:ws ] OVTOS TE oXws
ol>Tepov .XYJ8s, ovTos S oK ~el. 80.Tepov .XYJ8s'
TO y.p oijtLV xuv IwKpnTTJ Til> Tucj>Xov eiva.1 IwKpclTYJ .vTi'.-
KElTO.I ws OTPYJOIS KO.l ~1s, KO.l ~VTOS ye OK .va.y-
KO.LOV 8aTepov .XYJ8s eiva.1 fi ijtesos oTe y.p ~tTw
[VIL L'antrieur]
[A. Les quatre modes courants de l'antriorit]
12. Une chose est dite antrieure une autre de quatre
faons 1 Premirement et titre principal, selon le temps,
ce qui fait qu'une chose est dite plus vieille et plus
ancienne qu'une autre. C'est, en effet, parce que son temps
est plus long qu'elle est dite plus vieille et plus ancienne 2
Deuximement, celle qui n'implique pas, titre de
rciproque, la consquence d'une existence. Ainsi, un est
antrieur deux parce que, d'une part, lorsque deux exis-
tent, il s'ensuit immdiatement que un existe, tandis que,
lorsque un existe, il n'est pas ncessaire que deux exis-
tent, de sorte qu' partir de un, ne se tire pas rciproque-
ment la consquence que le reste existe. Or parat tre
antrieur le genre de chose partir de laquelle ne se tire
pas rciproquement la consquence d'une existence3 .
Et troisimement, une chose est dite antrieure d'aprs
un certain ordre, comme dans le cas des sciences et des
discours. En effet, dans les sciences dmonstratives,
l'antrieur et le postrieur tiennent l'ordre, puisque les
14b lments sont antrieurs aux 1 propositions gomtriques
selon l'ordre, comme dans la science des lettres, les l-
ments sont antrieurs aux syllabes. Et dans le cas des dis-
cours, c'est encore pareil, puisque le prambule est ant-
rieur l'exposition selon !' ordre 4
TEST. 14 a 26 et sqq. (=cap. 12) : cf. ALEX., ln Met. ( 11, 1018 b 9),
p. 384, 34-36; AscL., ln Met (1028 a 31), p. 377, 6-7; S!MPL., ln
Phys. (217 b 19) contra Philoponum, p. 1160, 21-23; STEPH., ln De
interpr. (16 a 1), p. 2, 12-13 Il 14 a 30 to - Ko.ouOricr1v : ALEX.,
ln Anal. Pr. (Prooemium), p. 6, 34-7, 1 Il 14 a 36-b 1 : cf. PLOT., IV,
4, 1. 26-29 Il 14 a 39-b 1 t - 8taypanrov : AMM., ln De interpr.
(Prooem.), p. 7, 20-22.
'
TWV Tp01TWV .
Tpous +w"KEW TTap' aTolS Evar an jlv 8l] KQl axe8ov XoTpLWTQTOS
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EVO.l 1TpOTpou Tp01TOS' TWv y.p .VTLO'TpEcj>OVTWV Ka.T. TJV TO
Eva.L .KoXou&]aLv To a.inov otTwaov 8a.TP<i:> To eiva.L tTpoTe-
pov ELKOTWS T cj>uau yoLT' civ. "OTL 8' aT1 T1v. To1a.Ta.,
8~ov To y.p Eva.1 cv8pw1Tov .vT1aTpcj>u Ka.T. T~v TO Ei-
15 va.1 .K0ou&]a1v tTpos Tov .YJ~ 1TEpi a.To >..oyov EL y.p
aT1v civ8pw1Tos, .TJ~S o oyos ci> yoEv 0T1 aT1v civ-
8pwtTos, Ka.i .vT1aTpcj>E1 YE' EL y.p .TJ~S o oyos ci> -
yoev on anv civ8pwtToS, anv civ8pwtTos an 8 o v .l]-
8~s oyos o8a.ws O.LTIOS TO eva.1 TO 1Tp.ya., TO VTOI
[VIII. Le simultane1
13. Par ailleurs, sont dites simultanes, simplement et
titre principal, les choses dont le devenir se droule
dans le mme temps, parce qu'aucune des deux n'est
antrieure, ni postrieure en ce cas 3 Et c'est de simulta-
nit temporelle qu'il est alors question.
D'autre part, sont naturellement simultanes toutes les
choses qui impliquent rciproquement, certes, la cons-
quence de leur existence, mais dont ni l'une ni l'autre n'est
en quelque faon responsable de l'existence de son rci-
proque4. Ainsi, dans le cas du double et du demi. Ce sont
bel et bien, en effet, des rciproques, car s'il y a double, il
y a demi et s'il y a demi, il y a double, mais aucun des
deux n'est responsable de l'existence de l' autre 5 .
Les choses qui, dans le mme genre, se distinguent les
unes des autres sont dites aussi naturellement simulta-
nes6. Or on dit que se distinguent les unes des autres les
branches de la mme division. Ainsi, l'ail face au ter-
restre et l'aquatique, puisque ce sont l des branches
1. Cette priorit est note aussi dans Mt., 0 10, 1051 b 6-9 : Ce
n'est pas parce que nous croyons en vrit que tu es blanc que tu es
blanc, mais c'est parce que tu es blanc que nous-mmes, qui le disons,
disons la vrit . Cf. De l'interpr, 9, 18 b 37 et sqq. La priorit en
question peut tre envisage d'une certaine faon dans le cas de tous
les relatifs qui sont causes de leurs corrlatifs rciproques : le pre par
rapport au fils, par exemple. Plus gnralement, la priorit de la cause
sur !'effet, de l'agent sur le patient, etc. s'apparente l'antriorit
selon la puissance (KU ouvu1v) de Mt., L'i 11, 1018 b 22 et
sqq.
2-6. Voir aux Notes complmentaires, p. 158.
IIPO TnN TorrnN (14b 22-35) 66
[IX. Le mouvement]
14. Par ailleurs, il y a six espces de mouvement :
gnration, corruption, augmentation, amoindrissement,
altration, changement de lieu t.
Ainsi donc, tous les mouvements sont clairement diff-
rents les uns des autres. En effet, la gnration n'est pas
corruption et, pour sr, l'augmentation ne l'est pas non
plus, <ni l '> amoindrissement, ni le changement de lieu.
Et il en va encore de mme pour les autres. Dans le cas
de l'altration, cependant, on est un peu embarrass : ne
faut-il pas ncessairement que ce qui s'altre le fasse
selon un des mouvements qui restent2 ?
Mais ce n'est pas vrai. En effet, presque toutes les
affections ou la grande majorit qui font que nous nous
altrons se produisent sans que nous partagions aucun
des autres mouvements. N'est pas, en effet, ncessaire-
ment augment ni diminu l'tre sous le coup d'un mou-
vement affectif. Et il en va encore de mme dans les
autres cas 3 . Par consquent, l'altration doit tre un mou-
vement diffrent, ct des autres. Si c'tait le mme, en
effet, il faudrait que ce qui s'altre, du mme coup aug-
mente aussi ou s'amoindrisse ou que s'ensuive un des
autres mouvements, mais ce n'est pas une ncessit 4 De
mme, il faudrait par ailleurs encore que l'tre qui aug-
mente ou qu'agite un autre mouvement soit en train de
s'altrer. Mais il y a des choses qui augmentent sans
TEsT. 15 b 1-2 : cf. SIMPL., ln Phys. (229 b 23), p. 908, 1-2; PLoT.,
VI, 3, 27. 1.
[X. L'avoir]
15. Avoir se dit selon plusieurs modes 3 Ce peut tre,
en effet, ou bien dans le sens d'avoir un tat ou une dis-
position ou quelque autre qualit : nous sommes dits, en
effet, avoir la science et la vertu 4 Ou dans le sens d'avoir
une quantit : ainsi quand quelqu'un se trouve avoir de la
grandeur, puisqu'on dit, en effet, qu'il a une grandeur de
trois coudes ou de quatre coudes 5 . Ou dans le sens
d'avoir des vtements autour du corps : par exemple,
avoir un manteau ou une tunique. Ou dans le sens d'avoir
quelque chose un membre : par exemple, avoir une
bague la main 6 . Ou dans le sens d'avoir un membre :
par exemple, avoir une main ou un pied7 . Ou dans le sens
d'avoir en un rcipient : ainsi, le mdimne pour les
grains de bl ou le vase pour le vin ; on dit, en effet, que
le vase a du vin et que le mdimne a des grains de bl ;
donc, dans tous ces cas, on parle d'avoir au sens d'avoir
en un rcipient 8 Ou bien dans le sens d'avoir une pos-
session : en effet, nous sommes dits avoir une maison et
un champ9 .
Page 2
not plusieurs auteurs (voir, en tout dernier lieu, Ch. Schields, Order in
Multiplicity. Homonymy in the Philosophy of Aristotle, Oxford, 1999,
p. 11) et comme l'avaient dj not les commentateurs anciens (voir,
par exemple, Philopon, In Cat., p. 17 et sqq.). L'ambigut vient du fait
qu'on ne sait pas s'il faut entendre 6vov ( ne ... qu' ) au sens
absolu ou au sens relatif. Dans le premier cas, les quivoques
n'auraient absolument rien en commun, sauf le nom ; mais dans le
second, ils pourraient avoir d'autres choses en commun, sauf la for-
mule correspondant au nom. Or, dans cette dernire ventualit, il y
aurait place pour deux sortes d'quivoques selon qu'ils ont en commun
ou non autre chose que leur nom. Dans la premire ventualit en
revanche, tout ce qui n'est pas quivoque ne serait pas ncessairement
univoque : ainsi les choses qui possdent en commun le nom et autre
chose que le nom, mais pas la formule dfinitoire. Tout ceci n'a
aucune incidence dans la suite du trait, o l'auteur ignore les qui-
voques et ne s'intresse explicitement qu' l'univocit (cf. 3 a 34, b 7
et 9).
4. L'expression to yEypuvov (qu'on pourrait traduire simple-
ment par le dessin ) est, on le sait, le substitut de roypupriu, qui
dsigne non seulement le portrait de l'homme, mais toutes les figura-
tions d'animaux et mme tout objet figur par la peinture ou par
quelque reprsentation artistique que ce soit. Pareil objet, en grec, est
aussi appel du nom de l'animal rpov. L'exemple de !' animal ne
figure pas dans les Topiques, o l'on trouve cependant un exemple
comparable, celui de l'ne (oov &vo t6 'tE rpov Kui to O"KEo
tEpo yp KUt tovou l..6yo utrov : 1, 15, 107 a 19-20). Le
trait De l'me parle aussi de l'il (partie du vivant) et de sa reprsen-
tation sur la pierre ou en peinture, comme de choses qui s'entendent de
manire quivoque (II, 1, 412 b 20-21). On peut aussi comparer
l'toile de mer et les dessins d'toiles dans Histoire des animaux (V,
15, 548 a 10). Ces exemples et celui des Topiques, illustrent l'qui-
voque rsultant de l'emploi d'un mme terme spcifique (l'ne, l'il,
l'toile, ... ) pour dsigner la fois une ralit naturelle et un objet arti-
ficiel (fabriqu, sculpt ou dessin) qui n'a pas les mmes fonctions et
donc ne rpond pas la dfinition de ! 'objet naturel dont il a le nom.
Ici, l'quivoque vient plutt d'un terme gnrique (rpov) s'appliquant
tous les objets naturels vivants (dont l'homme), en mme temps qu'
toutes les reprsentations figures (dont celle de l'homme).
Page 3
1. La formule qui exprimerait proprement la nature de vivant
appel rpov pourrait tre tre naturel anim ou ce qui participe
la vie (cf. Plat., Time, 77 B et Ar., De l'me, III, 1, 412 a 13).
Celle qui exprimerait proprement la nature des reprsentations appe-
les rpu pourrait tre uvre figure ou imitation au moyen de
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 3) 75
un tat et le fait d'en tre priv est-elle aussi l'opposition qui existe
entre l'tat et la privation (cf. 12 b 1-3). Ce genre d'observation est mis
de lavant dans les Topiques (cf. par exemple, I, 15, 106 b 29-31 : El
yp i:o tKuiro it.Eovuxffi .yEtut, Kui i:o oiKutov n.Eovuxffi
J'l110ijcrEtut). C'est l'intrt des sries (cf. n. prcdente).
7. Les termes grecs ypuunKj et ypuunK6, volontiers tra-
duits par grammaire et grammairien , dsignent en fait, respec-
tivement, la capacit de parfaitement lire et crire et celui qui possde
cette capacit jusqu' pouvoir la transmettre par !'enseignement. Nous
avons prfr rendre ces mots par science des lettres et lettr
parce que ces expressions n'voquent pas, comme grammaire et
grammairien , une spcialit des professionnels de la langue, mais
plutt, comme dans le contexte grec, une qualit de gens instruits. -
On notera une fois de plus que le driv n'est pas le mot tir, par suf-
fixation ou autrement, d'un autre mot. Le driv peut correspondre
un mot driv, par exemple suffix ( courageux drive du mot
courage ), mais il peut inversment, en grec comme en franais,
correspondre au mot qui, grammaticalement, sert de base la driva-
tion ou la suffixation ( juste sert former le mot justice :
exemple cit plus loin, en 10 a 31). En fait, le driv est une ralit
seconde qui suppose une ralit premire. C'est, par exemple, un
qualifi (itot6v), ainsi appel d'aprs une qualit (7tot6i:11) :
l'homme ou l'objet blanc qualifi d'aprs la blancheur (cf. 10 a 27-29).
La pnmaut de ceci sur cela ou, pour reprendre l'un des exemples cits
dans notre passage, celle du courage sur le courageux, vient cependant
uniquement de ce que le courage est une ralit dsigne en elle-
mme, tandis que le courageux, son driv, est une ralit nomme
d'aprs celle-ci, c'est--dire accidentellement. - D'un autre ct, une
certaine dissymtrie a souvent t constate entre le cas des qui-
voques et des univoques d'une part, et celui des drivs d'autre part.
Ceux-ci. en effet, ne sont pas, comme ceux-l, des couples (de choses
ayant le mme nom), mais des entits uniques (dont le nom vient du
nom d'autre chose). Un driv, cependant, n'est pas plus sparable
de ce dont il est driv que ne le sont deux quivoques ou deux
univoques : il forme, au contraire, avec lui une srie coordonne
(crucri:otxiu : cf. Top., II, 9, 114 a 35 ; etc.). La diffrence est que la
relation entre un driv et ce dont il est driv n'est pas symtrique : si
A est un driv de B, la rciproque n'est pas vraie. Par ailleurs, les
drivs font appel minimalement quatre entits (deux mots et deux
choses), alors que les quivoques et les univoques ne recourent qu'
trois entits seulement (deux choses et un mot).
8. La place de cette remarque, parmi les prliminaires, parat ala-
toire. Pour certains, l'observation serait mieux venue immdiatement
avant 1 b 25. Mais visiblement, les prliminaires tant aligns en asyn-
dte, un certain dsordre caractrise la composition du dbut du trait,
dsordre qu'il est vain de vouloir effacer.
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 3) 77
9. D'aprs Simplicius (p. 21, 22-24 ; 26, 18-19 et 30, 3-5 : cf.
Dexippe, p. 21, 18-19), Andronicos de Rhodes utilisait cette proposition
au dbut de sa paraphrase de Catgories, puis ajoutait : Kui i:ffiv v
VEU cruit.OK) ooovuu v .yE'tUl K.'t... C'tait peut-tre une
faon d'indiquer d'emble que l'ensemble du trait qu'il commentait
portait sur les catgories , celles-ci tant donnes plus loin (1 b 25)
comme faisant partie des i:ffiv Kut 118Eiuv crun.oK]V .Eyo-
vrov. Peut-tre aussi voulait-il donner comprendre que la distinction
des quivoques (etc.) tait une distinction plutt linguistique (celle de
i:ffiv .Eyovrov) qu'ontologique (celle de i:ffiv ovi:rov : cf. 1 a 20).
Mais que sont les .Ey6EVU ? Les choses expnmes (signifies) par le
discours ou les expressions (signifiantes) du discours ? Longuement
dbattue dans l' Antiquit, cette question a t tranche le plus souvent
selon l'autorit d'Alexandre d' Aphrodise (arguments chez Simplicius,
p. 10, 8-19; 41, 21-28), en faveur de la seconde hypothse, tant
entendu que les expressions du discours sont considres en fonction de
leur proprit signifier les modes de l'tre. Mais la premire hypo-
thse est plus vraisemblable. Une chose dite (.Ey6Evov) n'est pas, en
effet, l'expression d'une chose (cf. .t : 6 b 33). Et si l'on a le senti-
ment qu'il est ici question du discours signifiant, plutt que de la ralit
signifie, c'est principalement en raison du fait que la connexion
parat une liaison tablie dans et par le discours. Platon (Sophi.te, 262
C) est, semble-t-il, le premier avoir employ cruit.OK] en ce sens, en
concurrence avec cruv8Ecrt (263 D). Mais une connexion peut aussi
(d'abord ?) exister dans la ralit elle-mme, entre les parties qui la
composent. Quand Aristote envisage, par exemple, la dfinition que
l'on peut donner de quelque chose parmi les connects (Top., VI,
11, 148 b 23 : i:ffiv cruitE7t.Eyvrov), c'est bien ce genre de
connexion qu'il a en vue : la liaison qui unit entre elles des choses
simples et constitue les choses composes. Du reste, le discours dcla-
ratif, pour sa part, ne peut tre vrai (cf. 2 a 6-8) qu' la condition de cor-
respondre aux connexions qui existent dans le rel. Car celles-ci peu-
vent tre videmment exprimes dans le discours. Et dans notre
passage, c'est visiblement pareille ventualit qui est envisage. Les
choses, lorsqu'elles sont expnmes, peuvent l'tre de deux faons : soit
avec les connexions qu'elles prsentent dans la ralit, soit abstraction
faite de ces connexions. La remarque ne vise donc pas, semble-t-il,
distinguer deux formes de discours (la proposition dclarative et le mot
signifiant), mais plutt distinguer, en fonction du discours, deux
aspects du rel (le complexe et le simple). Indirectement, toutefois, et
de manire implicite, c'est une proprit du discours que pareille obser-
vation fait ressortir : la propnt qu'ont certaines units signifiantes qui
composent tout discours d'analyser la complexit du rel et donner
voir les entits simples dont il est constitu.
1O. Si l'on considre que ces exemples illustrent une distinction
entre deux modes d'expressions linguistiques, l'expression qui associe
78 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 3)
stantiel. Comme les autres chapitres de L'i, qui exposent des no./..uxffis
.Ey6EVU, il s'agit au contraire d'inventorier les diffrentes choses
qu'on appelle substances. Par consquent, l'auteur n'a aucune raison
d'invoquer ici le cntre rvlateur de ce qui est substantiel par opposi-
tion ce qui ne l'est pas. Celui-ci (n'tre pas inhrent un sujet)
ne permet en effet d'oprer aucune distinction l'intrieur de ce qui
est substantiel. Il est donc naturellement absent de L'i 8 o l'auteur
recense, par dfinition, tout ce qui est implicitement reconnu comme
n'tant inhrent aucun sujet. Pour tablir en revanche quelque dis-
tinction l'intrieur de ce qu'on appelle substance, le critre qui dis-
tingue l'individuel de l'universel, savoir ne se dire d'aucun sujet,
devient un critre de premire utilit. C'est pourquoi il est d'emble
mis de l'avant pour identifier un premier type de substance dans les
corps sensibles et les animaux qui en sont composs. Bref - et il
importe de le souligner - le passage de L'i 8 est parfaitement fidle aux
donnes qu'exposent notre texte et celui des An Pr. dont il a t ques-
tion plus haut. Ce qu'il voque en premier lieu, ce sont les substances
que ('appellera plus loin (1 b 25) les substances premires.
12 Est ainsi considre, d'abord, la classe des universels et, dans
celle-ci, sont mis part, du fait qu'ils ne sont inhrents aucun sujet,
les tres substantiels, dont l'exemple (l'homme) est une proxima spe-
cies. Celle-ci, proprement parler, se dit, non simplement d'un sujet
(KuO' unoKEtvou : 1 a 21), mais d'un certain sujet (uitoKEtvou
nv6i; : 1 a 20), soit d'un sujet individuel. Le genre, en revanche, ne se
dit proprement que de l'espce comme d'un sujet (KuO' \moKEtvou
yp to Eoui; 6vov t yvo .yEtu1 : Top., IV, 6, 127 b 3-4).
13. Cette prcision qui a, de tout temps, suscit beaucoup de com-
mentaires, est visiblement destine lever l'ambigut de la simple
notion d' tre en quelque chose (v nv1). Les Anciens ont rperto-
n, chez Aristote, de multiples manires d'entendre le fait d'tre en
quelque chose. On dit, par exemple, que la partie est dans le tout et le
tout dans ses parties ; l'espce est dans un genre et le genre dans ses
espces ; les objets sont dans un lieu, des vnements dans le temps,
un contenu dans un contenant, etc. Deux prcisions, l'une et l'autre
ngatives, sont censes lever l'ambigut : 1) la chose inhrente n'est
pas une partie de ce quoi elle est inhrente et 2) elle ne peut exister
part de ce quoi elle est inhrente. La premire prcision est malheu-
reusement vague, en raison mme du fait que partie ( po) peut
s'entendre de plusieurs faons (cf. Mt., L'i 25 et 26, propos du tout).
La partie peut mme dsigner un lment de la chose (itpyu) ou
un lment de sa formule (/..6yo), ce qui est trs diffrent (cf.
Mt, Z 10, 1034 b 21). Mais l'inconvnient parat mineur, car la pre-
mire prcision n'intervient que pour comger ce que la seconde laisse
encore d'indtermin. Cette seconde prcision, tout fait dcisive, met
de l'avant un trait que d'autres textes d'Aristote assignent nettement
80 NOTES COMPLMENT AIRES (p. 3-4)
Page 4
1. Dans la classe des tres non substantiels, sont ici distingues,
parce qu'elles ne se disent d'aucun sujet, les singularits illustres par
deux qualits, l'une psychique, l'autre corporelle. Ce sont les
exemples de Top., IV, 5, 126 a 4-5 (v c!> '"CO .EUKOV, KUi '"CO xp&u,
Kui v c> ypuunK], Kui ittcrtf]T], passage qui situe dans leurs
genres respectifs les espces, dont ici sont considres les singulari-
ts). On remarquera, d'autre part, que l'me et le corps sont galement
traits ici comme sujets d'inhrence, donc, semble-t-il, comme sub-
stances capables d'exister de faon indpendante. Une interprtation
abusive serait videmment d't'n conclure que notre passage envisage
l'existence de l'me spare du corps. La sparation de l'me par rap-
port au corps n'est pas ici en cause, mais son indpendance par rap-
port aux dterminations qualitatives qu'elle peut avoir, autrement dit,
le fait qu'elle peut tre sans tre savante, comme le corps peut tre
sans tre blanc. Que par ailleurs, elle ne soit pas substance au mme
titre que le corps (mais fonne du compos substantiel, alors que le
corps en est la matire : cf. Dl' /'me, II, 1, 412 a 7-9), cela ne
l'empche pas d'tre sujet substantiel l'gard, par exemple, de cer-
taines qualits, exactement comme le corps est sujet substantiel
l'gard d'autres qualits. - Celles-ci et toutes les ralits non sub-
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 4) 81
Page 5
1. Les lignes 1b16-17 (i:ffiv ... it1cri:i]11) se lisent dans Top., 1,
15, 107 b 19-20 (cf. VI, 6, 144 b 12-14), une variante prs, semble-
t-il (tprov yEvffiv pour tEpoyEvffiv). Elles voquent les genres en
un sens relatif, comme partout dans C ; si bien que genre veut dire
aussi, par exemple, sous-genre et espce suprieure. Seraient par
consquent subordonns les uns aux autres, dans l'ordre : un
genre, un sous-genre et une espce suprieure. S'agissant de genres
non subordonns, les exemples choisis appartiennent, l'un la su b-
stance (animal), l'autre, aux relatifs (la science). Ils sont donc irrduc-
tibles de toutes les faons. Quant aux diffrences du genre animal,
celles qui sont signales ici sont constitutives de sous-genres plutt que
d'espces proprement dites. Ainsi, bipde n'est pas proprement
une diffrence spcifique d'oiseau ni d'homme, mais celle d'un ven-
tuel sous-genre commun. Plus gnralement, chaque espce doit pos-
sder en propre seulement une diffrence. noter que sont aussi dis-
tinctes les diffrences spcifiques quivoques. Sous le mme mot
aigu , par exemple, se cachent deux diffrences spcifiques dis-
tinctes, l'une dans le genre voix , l'autre dans le genre masse
(cf. Top., 1, 15, 107 b 25-26 : owvuov 'tO 6f;u tprov yp YEVWV
Kui ox n' iil..l..111..a tmpopui Elcr1v).
3. Le dfaut d'exemple montre que nous avons probablement
affaire une thse assez vidente. Mais paradoxalement l'on ne voit
pas immdiatement de quoi il retourne. L'hypothse la plus obvie est
que l'auteur considre ici les cas o sont en cause un genre et un sous-
genre, qui est le genre prochain de l'espce. Le passage de Top., VI, 5,
143 a 15-26 (signal la note prcdente) permet de l'illustrer : le
genre tat (f;t) et le sous-genre vertu (pEt]) qui est le
genre prochain de la justice, par exemple. Dans ces conditions, la thse
pourrait tre que les diffrences imputables !'tat (les diffrences
entre tats naturels et tats acquis, par exemple) sont aussi des diff-
rences imputables la vertu. La difficult, c'est que les lignes 1 b 23-
24 semblent dire que toutes les diffrences du genre imput (l'tat.
dans notre exemple, c'est--dire le genre suprieur) sont aussi celles du
sujet (la vertu, c'est--dire le genre infneur) alors que, bien videm-
ment, ce n'est pas le cas des diffrences divisives , lesquelles, par
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 5) 85
Page 6
2. Ces deux exemples rappellent Phys., IV, 11, 219 b 20-21 : ol
croqncrui l..u~tvoucr1v Epov o KopicrKoV v AuKEirp dvu1 Kui
O KopicrKov v yop~. La situation particulire d'un sujet ne se
confond pas avec le lieu (qui sera mentionn, plus loin, parmi les quan-
tits : 4 b 24 et sqq.). Nanmoins, l'on s'est interrog depuis !'Anti-
quit et l'on s'interroge encore sur la pertinence d'en faire une cat-
gorie part, vu que la situation parat tre une partie du lieu ,
comme le haut ou le bas (cf. Plotin, VI, 1, 14. 3-4), d'autant que toute
situation n'est pas ncessairement plus dtermine qu'une partie du
lieu en gnral (par exemple, l-bas ou l-haut , lieux naturels
des astres). D'autre part, doit-on privilgier une situation (
Athnes ) par rapport une direction ( vers Athnes ), ou une
origine ( d'Athnes ) ? On peut supposer que la direction locale et
l'origine locale sont conues comme des dterminations lies au mou-
vement. La localisation, en revanche, parat une dtermination inh-
rente un sujet, en dehors de tout mouvement. Quant au lieu propre-
ment dit (ono), c'est--dire la limite l'intrieur de laquelle le sujet
corporel se trouve englob (cf. Phys., IV, 4, 212 a 5-7), c'est au fond
une dimension. Celle-ci est certes, en un sens (accidentellement), dif-
frente selon la situation de ce sujet (parce qu'au march, au Lyce,
elle ne suppose pas le mme corps enveloppant), mais, en tant que
limite quantitative, elle est partout identique pour le sujet qui se
dplace, parce que, du point de vue quantitatif, ce sujet est englob
partout de la mme surface corporelle. Une lgre diffrence quantita-
tive serait la rigueur mesurable, selon que le sujet serait situ, par
exemple, dans l'eau ou dans l'air, parce que l'eau comprime ou dilate
certains corps plus que l'air.
3. Le moment n'est pas non plus confondre avec le temps, men-
tionn lui aussi plus loin parmi les quantits (4 b 24 et sqq.). Et les
mmes difficults que celle que soulve la localisation doivent tre
cartes. Situer un sujet ou une action un moment du pass, du pr-
sent ou du futur n'est pas mesurer une partie du temps, parce qu'une
partie du temps, telle que la conoit notre auteur, est une quantit de
temps. Attribuer un temps, c'est mesurer sa dure ; c'est dire, par
exemple, telle personne ge de dix ans et cinq mois, ou tel vnement
long de dix jours. Or un mme temps (dure) peut tre attribu un
sujet ou une action situs des moments diffrents (il a eu hier dix
ans ; il aura demain dix ans). Il y a donc l deux indications distinctes,
comme lorsqu'on fixe un moment dans le temps (cette anne est la pre-
mire de la vingtime olympiade) et lorsqu'on date de ce moment un
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 6) 87
Page 7
2. Sont en cause les ralits dj rpertories en 1 b 3-5 (les
exemples sont d'ailleurs les mmes). La pnmaut de la substance indi-
viduelle et particulire, dcote ici de faon ngative (jtE ... ijtE),
tient au fait qu'elle est positivement le sujet ultime dans l'ordre sub-
stantiel (cf. Mt., L\. 8, 1017 b 23-24 : i:o ... \JnoKEiEvov crxui:ov, o
TtKtt Kat' i/../..ou .yEtut) et le sujet premier que supposent nces-
sairement les tres non substantiels (cf. Mt., Z 3, 1029 a 1-2 :
tl..tcri:u yp oKE Evut ocriu i:o \JnoKEiEvov nproi:ov et Z 1,
1028 a 26-27 : crn n i:o D7tOKEiEvov ui:o [les tres non sub-
stantiels] <l>ptcrvov, i:oi:o ' cri:iv Ti ocriu Kui i:o KuO' Kucri:ov).
Cette primaut absolue souvent affirme par Aristote (cf. Mt., A 6,
1071 b 5 : ut tE yp ocriut nproi:ut i:rov &vi:rov) sera expose en
dtail dans la suite (2 a 34 et sqq.). Mais, comme on peut le voir, elle
est reconnue comme un fait par la Mtaphysique. Ce dernier ouvrage,
toutefois, pose un certain nombre de questions auxquelles notre trait
est tranger : Qu'est-ce que la substance ? (Z 1, 1028 b 7) ou
encore Quels sont les principes et les causes des substances ? (A
1, 1069 a 18-19). La premire de ces questions, qui est au dpart de
l'enqute des livres centraux, conduit s'interroger sur la nature du
sujet substantiel dont il est ici question (un compos de matire et
forme) et dfendre la thse que la forme est premire par rapport la
matire et premire par rapport au compos (cf. Z 3, 1029 a 5-7).
Ainsi, la forme de chaque tre substantiel est-elle substance premire,
c'est--dire ce en quoi consiste essentiellement chaque tre substantiel
(cf. Z 7, 1032 b 1-2 : Eo .yro i:o i:i ~v Evut Ktcri:ou Kui t]V
npwi:riv ocriuv). Aristote crit encore : de la substance prise avec
sa matire, il n'y a pas de dfinition, car le compos est indtermin,
mais eu gard sa substance premire. il y en a une, ... car la substance
est la forme immanente qui, avec la matire, forme le tout appel sub-
stance (Z l l, 1037 a 26-30). De son ct, la recherche des principes
des substances, que prsente le livre A, conduit se demander si en
dehors des substances sensibles particulires reconnues par tout le
monde (cf. A 1, 1069 a 30-32), il n'y en a pas d'autres, comme le pr-
tendent certains. La dmonstration qu'il en existe d'autres, formes
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 7) 89
l'espce et le genre sont des substances, bien qu' titre second. Mais
cette impression, si l'on observe les textes de prs, parat fallacieuse.
L'auteur de Z, on l'a vu (cf. note prcdente), s'interroge sur la nature
de la substance, donc sur ses principes constitutifs. L'hypothse qu'il
envisage dans cette perspective est celle des Platoniciens qui, la dif-
frence du commun, situent la substance dans l'universel plutt que
dans le particulier et font des universels les principes ( pxu) des
choses particulires (cf. A 1, 1069 a 26-29). Cette opinion revient
dire que l'universel est substance de chaque chose individuelle (Z
3, 1028 b 34-35 : i:o Ka06/..ou ... ocria oKEt Eva1 Ktcri:ou), autre-
ment dit que l'universel est principe (Z 13, 1038 b 7-8 : 8oKEt ...
Evat PXJ i:o Ka06/..ou). Il n'est donc pas question l de savoir si
l'universel peut tre appel substance titre second par rapport
l'individuel qui est substance premire. La question est de savmr si,
comme le veulent les Platoniciens, il peut tre le principe de chaque
individu o communment on voit la substance premire. La rponse
est "non" et elle est conforme la position que dfend personnelle-
ment Aristote : d'abord parce que la substance de chaque individu,
laquelle est une chose propre chaque individu, n'appartient pas un
autre, alors que l'universel est chose commune, puisqu'on appelle uni-
versel ce 9ui naturellement appartient plusieurs choses (Z 3, 1038
b 9-12). Etranger la question de savoir si l'universel est principe,
l'auteur de C, pour sa part, n'envisage donc pas que le genre et
l'espce, qu'il appelle substances, seraient, ce titre, des principes ; si
c'tait le cas et que substance ft synonyme, ses yeux, de principe, il
noncerait alors l'absurdit que l'universel est principe second du prin-
cipe premier ! Si l'universel est pour lui substance seconde, ce n'est
donc pas titre de principe et la prtendue contradiction avec ce
qu'affirme Z disparat du mme coup. Mais il y a plus. En affirmant
ensuite (2 a 34 et sqq.) que la substance premire individuelle est ce
sans quoi n'existerait pas la substance seconde, l'auteur de C exclut
par avance l'ventualit qu'on puisse trouver dans l'universel le prin-
cipe de l'individuel. C'est donc sur la base des rapports ici poss entre
substance premire et substance seconde que Z, la recherche du prin-
cipe constitutif des substances premires, refuse en dfinitive l'hypo-
thse platonicienne.
Page 8
1. Cela revient dire, en bref, que l'individu, en soi indfinissable,
possde la dfinition de l'espce et que !'espce se dfinit par le genre.
La thse explicite le rapport entre substance premire et substance
seconde, dont il vient d'tre question, l'aide des lments qui ont
servi plus haut prsenter les univoques ( 1 a 6-7) : le sujet premier
que constitue la substance premire porte le nom et rpond la for-
mule dfinitionnelle de son espce. La mme thse, notons-le, vaudrait
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 8) 91
Page IO
2. Cf. Top., IV, 1, 121 a 12-14 : Les espces participent des
genres, mais les genres ne participent pas des espces, car si l'espce
admet bel et bien la formule du genre, en revanche, le genre n'admet
pas celle de l'espce . L'avantage de l'espce sur le genre, comme
celui de l'individu substantiel sur tout le reste, tient ce que l'espce
n'est pas plus imputable au genre que l'individu n'est imputable tout
le reste, alors qu'elle reoit la formule du geme, comme l'individu
celle de l'espce. Les deux arguments montrent ensemble que l'espce
s'attribue un sujet qui ne s'attribue pas et qu'elle fait connatre plus
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 10-11) 93
Page JI
1. La distinction, appuye par des exemples, reste assez vague. On
nous dit que l'identification d'un individu substantiel par son espce
ou son genre est un moyen plus ou moins satisfaisant selon le cas, mais
toujours adquat (cf. olKEiro : 2 b 33) et que tout autre moyen est
rput inappropri, parce qu'il fournit une indication trangre (cf.
..opiro : 2 b 35) au sujet ultime qu'est la substance premire.
Dans la langue grecque, les adverbes antonymes olKEiro et /...o-
piro font image. Ils voquent ce qui fait partie de la famille et ce qui
lui est tranger ou extrieur. C'est comme si le genre et l'espce impu-
ts une substance premire formaient avec elle une famille et lui
taient apparents, alors tout le reste sortirait de la famille. La distinc-
tion correspond ce qu'on trouve dans Top., 1, 9, 103 b 36-39 :
quand on affirme une chose d'elle-mme ou qu'on en affirme le
genre, on indique une essence (i crn) ; mais quand on affirme une
chose d'une autre, on n'indique pas l'essence (i crn), mais une quan-
tit, une qualit ou quelqu'une des autres imputations . On voit ici
que l'indication de l'essence (par l'espce ou le genre) confine
l'affirmation de l'identit (on reste dans la famille), alors que l'indica-
tion d'autre chose (par quelque autre moyen) ressemble l'affirmation
de l'altrit (on sort de la famille). D'un ct, en effet, le lien est
94 NOTES COMPLMENTAIRES (p. !1-12)
Page 12
2. Ces affirmations concernant le genre et l'espce sont videmment
des affirmations qui entendent rendre manifeste leur indpendance,
puisque le fait, pour une chose, d'tre inhrente un sujet implique
l'impossibilit, pour elle, d'exister part du sujet o elle rside (cf. 1 a
25). Mais quel titre et par rapport quoi l'existence des substances
secondes est-elle indpendante ? Pour exister, on l'a vu (cf. 2 b 3), un
genre et une espce ncessitent l'existence d'individus de cette espce
et de ce genre. Ils ne sont donc pas, si l'on peut dire, totalement ind-
pendants comme le sont les substances premires. Mais par ailleurs, on
l'a not aussi (cf. 2 b 8 et sqq.), le genre et l'espce sont les seules
choses faire voir les substances premires de faon approprie, en
somme comme des ralits qui participent d'eux (cf. Top, IV, 1, 121 a
37-38 : Les individus participent du genre et de l'espce ). On peut
donc en conclure que l'indpendance des substances secondes se
mesure au fait que, pour exister, elles n'exigent pas un sujet tranger
elles-mmes, contrairement aux ralits non substantielles, lesquelles
sont inhrentes des sujets diffrents et sont imputes ces sujets de
faon inapproprie (cf. ..otpiro : 2 b 35). Ainsi le blanc, inhrent au
corps de Socrate, a une existence insparable du corps de Socrate, et le
blanc en gnral, une existence insparable du corps, bien qu'il soit, on
l'a not, incorporel. En revanche, le corps en gnral est insparable
d'un certain corps, parce qu'il est corporel.
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 12) 95
qu'il avait en vue lorsqu'il parlait plus haut des choses en un sujet,
c'est--dire de celles qui se trouvent en quelque chose titre de parties.
Mt., Z 11 permet de comprendre la distinction. Il y a, d'un ct, les
parties de la forme ('to Eou pll) et, de l'autre, les parties qui
ne sont pas parties de la forme, mais du compos de matire et de
forme( ... f..f.. i:o cruvEtT]vou : 1036 a 26-27). La diffrence,
qui entre dans la formule dfinitoire, fait partie de la forme. La main,
la tte, l'os ou le sang, qui n'y entrent pas, sont des parties du compos
de matire et de forme. C'est ce genre de distinction qu'invoque dis-
crtement !'auteur de notre passage : les choses qui prennent place
dans une substance titre de parties et qu'on appelle substances sont
les parties du compos, non les parties qui entrent dans la formule dfi-
nitionnelle de la substance considre, comme par exemple la diff-
rence spcifique. Les commentateurs, curieusement, n'ont pas saisi
l'allusion, alors que pourtant, elle est amene par une rflexion simple
sur le statut paradoxal et ambigu de la diffrence, laquelle, ainsi que
l'observaient les lecteurs anciens, n'est ni substance, ni non plus acci-
dent. Les diffrences, qui ne sont pas des substances, ne sont pas en
effet non plus inhrentes un sujet, comme il vient d'tre dit ; donc,
elles font apparemment partie des substances, mais sans tre elles-
mmes des substances. Pour viter que cette conclusion implicite ne
paraisse contredire l'ide reue touchant les ralits inhrentes au tout,
qui sont, elles, des substances, l'auteur doit donc prciser que ce n'est
pas dans le mme sens que les ralits inhrentes au tout ont t vo-
ques. La prcision (o yp ... v nvt : lignes 3 a 31-32) revient
rappeler que ce n'est pas ainsi [entendez : dans le sens de non sub-
stances] que l'on parlait des ralits inhrentes un sujet lorsqu'elles
se trouvent en quelque chose titres de parties . La dfinition de
l'inhrence (1 b 24-25), laquelle renvoie l'auteur, excluait en effet de
l'inhrence accidentelle les parties d'un tout substantiel. Mais cette
exclusion, dclare notre auteur, n'tait pas du mme ordre que celle qui
exclut ici la diffrence de la mme inhrence accidentelle.
Page 13
1. La thse dgage explicitement une ide qui ressort des consid-
rations prcdentes : tant les substances secondes (3 a 17-20) que les
diffrences (3 a 25-28) donnent leur nom et leur formule aux sujets
dont elles sont dites. Le terme KU'tTtYO plu (utilis en 3 b 25) est traduit
par catgorisation par A. de Libera (Porphyre lsagoge, dj cit,
p. xxv). Cette traduction suggre que l'imputation au moyen du genre,
de l'espce et de la diffrence, classe le sujet de l'imputation (espce
ou individu) dans l'un des dix types de prdications : ici, le sujet est
rang dans la substance ; ailleurs, il serait rang, par exemple, dans la
qualit, si l'on dit d'un certain blanc qu'il est blanc ou une cou-
leur ; et ainsi de suite. Mais l'imputation n'est catgorisation en ce
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 13) 97
qui lui est imput, une quantit, une qualit et ainsi de suite (Mt.,
Z 4, 1030 a 16-20 : t ti crn n.Eovax& .yEta1 Kai yp to ti
i\crnv va v tp6nov crriaivEt t]V ocriav Kai to t6E n, ..ov
O KacrtoV tJV KatriyopouVOJV, 7tocrv 1tOlOV Kat ocra ..a
toiata). Dans le premier cas, c'est l'essence entendue au sens pre-
mier et absolu (itpnro ... un.ro : 1030 a 22 et 23) ; mais au sens
second, c'est en un sens driv et non absolu (novro ... ox
un.ro : 1030 a 22 et 25), pour la raison bien connue et dveloppe
dans notre texte que le non substantiel, inhrent la substance,
n'existe que par elle et qu'en dfinitive, la qualit, par exemple,
n'existe pas de manire indpendante et n'est rien sans la substance
premire (cf. supra, 2 a 34 et sqq.). Seul est fondamentalement au
sens premier et absolu l'tre qui ensemble indique l'essence et une
chose prcise (crT]aivEt. .. ti i\crn Kai t68E 'tl : Mt, Z 1, 1028 a
11-12). La substance, c'est--dire tout ce qui indique une chose pr-
cise, est explicitement appele par Aristote une chose en soi, parce
qu'elle ne se dit pas d'un autre sujet et qu'elle est ce qu'elle est sans
tre quelque chose de diffrent, contrairement au blanc, par exemple,
qu'il appelle un accident (cf. An. Sec., 1, 4, 73 b 5-10 : o ] KaO'
U1tOKEtvou ..ou nv6 ... Ti o' ocria Kai ocra 'tOOE n crriaiVEl
ox tEp6v 'tl ovta crtiv oitEp crtiv ... KaO' aut .yro ... ). La
question est de savoir ici si les substances secondes, qui se disent d'un
sujet, mais non d'un sujet entirement autre, puisque leurs noms et
leurs formules sont imputs ce sujet (cf. 2 a 19-21), indiquent une
chose prcise, comme ce sujet.
10. Cf. 1 b 6-7. L'individu substantiel, qui forme une unit num-
rique indivisible, est de ce fait mme un sujet dtermin. La nature de
l'unit se tire d'ailleurs de l'individualit d'une chose prcise (cf. Mt.,
1 1, 1052 b 16 : to lvi dva1 t tatptrp crtiv dva1 itEp t6E
OV'tl. .. ).
Page 14
2. La mme thse est expose par Aristote quand il s'agit de tran-
cher ngativement la question de savoir si la gnralit (l'universel)
peut tre la substance de chaque chose particulire, c'est--dire principe
substantiel : aucune des choses imputes en commun n'indique
quelque chose de prcis, elle indique au contraire quelque chose d'une
certaine qualit (Mt., Z 13, 1039 a 1 : oV crriaivEt trov KotviJ
Katriyopouvrov 'tOE 'tl, .. 'tOlOVE ; cf. 1039 a 16 : 'tOlOVOE
.. ] t68E n crriaivEtv). L'universel qu'Aristote oppose ainsi au
particulier, n'est pas la forme, oppose au compos de matire et de
forme, mais bien le compos des deux en gnral (cf. Z 11, 1037 a 6-
7 : 6 8' vOprono ij cpov to U; qiov <l> Ka06.ou ), c'est--dire
l'espce et le genre, comme c'est le cas ici. Dans les deux passages,
c'est le mme argument qui empche les substances secondes ou les
100 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 14)
Page 16
2. Recevoir les contraires est diffrent d'avoir un contraire
(cf. supra, 3 b 24) ; la substance, qui n'a pas de contraire ou n'est
contraire rien, peut recevoir des contraires, c'est--dire tre affecte
par autre chose de non substantiel qui a un contraire et par le contraire
de cette chose. Cela lui est propre au sens absolu, tel que prcis en
Top, 1, 5, 102 a 25-26 et V, 1, 128 b 16-17. La rserve exprime par
semble-t-il sera leve par la rfutation de l'objection formule
partir de 4 a 22.
Page 17
1. Il peut paratre trange que parlant d'une proprit non substan-
tielle numriquement une ( 4 a 13 ), et donc voquant une proprit
individuelle au mme titre que la substance premire (cf. 1 b 6 et 3 b
12), l'auteur prenne pour exemple la couleur ,qui est un genre (cf.
14 a 21-22), comme l'animal (cf. 2 a 37 et 2 b 1), et laquelle sont
attribues, comme des qualits ( noire et blanche ), ses espces
contraires. Mais ! 'expression la couleur qui est une et la mme
numriquement (4 a 14) est l'exact quivalent de telle couleur par-
ticulire et vise une coloration individuelle, qui, noire ou blanche, ne
peut tre elle-mme et son contraire la fois. Cette assertion est com-
patible avec le fait que le blanc peut tre plus ou moins blanc (cf.
supra, 4 a 1) et qu'il existe des couleurs intermdiaires entre le blanc
et le noir, car elles ne sont ni blanches ni noires (12 a 20-21 et 12 b 33-
34). La mme couleur blanche ne peut devenir noire parce que le blanc
et le noir sont les espces contraires du genre couleur lui-mme. La
mme mauvaise action (un adultre, un vol, un meurtre : cf. th.
Nicom., II, 6, 1107 a 11-12), de son ct, ne peut devenir bonne, parce
que la mauvaise action est un genre d'action contraire au genre de la
bonne. Pour tout ce qui n'est pas substantiel et a un contraire, changer
en son contraire, c'est disparatre et laisser la place son contraire ;
mais pour la substance, qui n'a pas de contraire, changer, c'est aussi
recevoir un contraire. Quant la ralit non substantielle qui n'a pas
non plus de contraire (tel nombre : trois par exemple) et qui reoit un
contraire (l'impair), elle ne peut recevoir l'autre contraire (pair) en res-
tant la mme. Cette possibilit est rserve au sujet ultime auquel sont
inhrents les contraires.
3. Cet argument rappelle les considrations du Sophiste (259 E-264
B), o Platon expose en toutes lettres que le discours et l'opinion, sorte
de discours intrieur de l'me, sont des genres d'tres auxquels se mle
le non-tre, de sorte qu'on peut leur attribuer des qualits contraires :
le vrai et le faux. - Dans l'optique de C, l'opinion est probablement
ranger, comme la science et la sensation (7 b 23-8 a 12), dans les rela-
tifs, et le discours, comme simple expression verbale (de l'opinion),
parmi les quantits (4 b 33). L'objection a donc une certaine porte.
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 18-20) 103
Page 18
2. Il convient cependant de distinguer, car l'affirmation selon
laquelle une ralit substantielle est elle-mme changeante prte
confusion. Il est vrai que la substance change, dans la mesure o elle
peut tre affecte successivement par des qualits contraires qui lui
sont inhrentes, sous rserve que les qualits naturelles sont immuables
(le feu est toujours chaud et la neige toujours blanche : cf. 12 a 38).
Mais il est vrai aussi qu'indpendamment de ce qui l'affecte acciden-
tellement, la substance reste la mme : blanc ou noir, un corps reste
substantiellement identique ; or le discours et l'opinion, totalement
immuables en tout point (4 a 35), ne sont-ils pas, de faon analogue,
accidentellement affects par le fait d'tre vrais ou faux ? On pourrait
rtorquer que le discours doit tre ncessairement vrai ou faux, alors
que la substance n'est pas ncessairement blanche ou noire (cf. 12 a
15-19), mais le corps de l'animal doit tre ncessairement sain ou
malade (cf. 12 a 4-6). Peut-tre notre auteur pense-t-il que l'altration
d'un corps implique, outre l'altration proprement dite (un corps chaud
qui devient froid), une modification matrielle (le corps devient moins
ign) qm ne change nen sa forme (essentielle), alors que matrielle-
ment, le discours, lui, ne change pas.
Page 20
1. Les Anciens (dj Plotin, VI, 1, 4 et sqq.) ont observ que la
quantit n'est pas dfinie, mais seulement rpartie en diffrents genres.
Le dfaut de dfinition proprement dite est excusable, disaient la plu-
part, puisqu'on a affaire un genre suprme. L'nonc des genres tient
lieu de dfinition quand n'apparat pas la notion commune qui puisse
leur convenir ou lorsque cette notion, comme c'est ici le cas, ne suscite
pas d'intrt. En Mt., L'i 13, 1020 a 7-9 cependant, une notion com-
mune est, semble-t-il, propose : celle de divisible en constituants
dont chacun est naturellement une certaine unit et une chose prcise
(o 8tutpEOV El VU1tUpXOVU cv ... KUO"OV V l KUl OE l
7t<pUKE v E vu1 ). Celle-ci convient ensemble la notion de plura-
lit (itl..i'\Oo : ce mot n'est utilis qu'une seule fois dans C, en 9 a
2), quantit nombrable ... , potentiellement divisible en units discon-
tinues (1020 a 9-11) et la notion de grandeur (yEOo : ce
mot est utilis seulement deux fois dans C, en 15 b 20 et 21), quan-
tit mesurable ... , divisible en units continues (1020 a 9 et 11). La
quantit discrte est envisage ci-aprs, en 4 b 22-37, et la quantit
continue en 5 a 1-14. Les deux autres sortes de quantits (celles dont
les parties occupent ou non une position) ne sont pas mentionnes en
Mt, L'i 13. Elles recouvrent, mais distingues selon un critre diff-
rent, les mmes ralits qui se rpartissent en quantits discrtes et en
quantits continues, et englobent donc, comme celles-ci, tout le
domaine quantitatif. Il en sera question partir de 5 a 1S.
104 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 20-21)
Page 21
1. Cf. Mt., M 9, 1085 a 3-4 (l'tqiit v oK crnv v toic; ptO-
oic;, to 8' i\qiE(;iic;). Est ici considre seulement la squence des
nombres naturels et entiers. La manire particulire dont s'entend la
conscution des nombres est prcise plus loin l'occasion de l'tude
de l'antrieur (14 a 30-35). Ainsi voit-on qu'on peut appeler par-
ties d'un nombre donn ou d'une multiplicit, l'unit et tous les
nombres, quels qu'ils soient, qui le prcdent dans la srie (cinq et cinq
ou trois et sept pour le nombre dix, selon l'exemple produit) sauf que
deux ou plusieurs nombres antrieurs ne peuvent tre ensemble parties
d'un nombre donn si leur somme excde celui-ci. Le mot contact ,
emprunt au vocabulaire dcrivant le monde des corps sensibles (cf.
Phys., IV, 4, 211 a 34 ; V, 3, 226 b 23 et 227 a 18-24 ; etc.), n'est pas
des plus appropris pour dsigner le rapport entre fractions de quanti-
ts abstraites. Il convient plutt pour dfinir la position de choses
dnombrables. Le contact entre les parties une borne commune peut
tre observ cependant entre les choses dnombres qui se touchent et
sont contigus ; celles-ci peuvent mme tre dnombres lorsqu'elles
sont continues : il y a continuit entre deux phalanges d'un mme
doigt. Mais c'est la collection d'individus sans contact entre eux qui
donne l'ide de multiplicit dnombrable. En disant que les parties
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 21) 105
Page 22
1. Le critre utilis ici pour distinguer les espces de quantits
n'apparat pas dans Mt, L'i 13. Il renforce, en ralit, la distinction
entre quantits discrtes et quantits continues, puisque, sauf le temps,
les quantits se rpartissent de la mme faon, selon ce cntre. Pour
l'exception du temps, voir infra, 5 a 26-30. En fait, nous pouvons com-
prendre, en comparant les deux critres de rpartition des quantits,
que les parties d'une quantit qui occupent une position sont toujours
en contact, alors que la rciproque n'est pas vraie ; donc que les par-
ties d'une quantit qui occupent une position sont toujours continues,
alors que les quantits continues n'ont pas toujours des parties qui
occupent une position. Et c'est peut-tre au fond la thse que notre
auteur veut dmontrer, savoir que la continuit n'implique pas toujours
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 22) 109
Page 23
1. La disposition relative des parties, qui donne leur forme aux
quantits continues mesurables telles que la longueur, implique d'une
certaine faon leur coexistence sans aucune priorit de l'une sur
l'autre. Dans le nombre, en revanche, les parties n'ont pas de positions
relatives, mais elles coexistent en discontinu (7 et 3 coexistent nces-
sairement pour former 10) ; cependant, il y a une certaine priorit dans
la suite des nombres (au sens dfini en 14 a 29-35) : 3 prcde 7, parce
que celui-ci implique ncessairement 3, alors que 3 n'implique pas
ncessairement 7. Dans le temps, les parties se succdent en continu
sans coexister et donc, de faon trs vidente, prsentent un ordre prio-
ritaire : l'avant, par dfinition, prcde l'aprs et permet de dire ant-
rieur ce qui est plus ancien (cf. infra, 14 a 26-29). Bien qu'il soit ques-
tion d'un certain ordre (ttE,1v) dans les deux cas, la notion d'ordre
n'est pas cependant la mme, puisqu'elle recouvre deux modes diff-
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 23) 111
sage semble tre une remarque simplificatrice (mais voir note sm-
vante ).
4. Chacun des exemples produits en 5 b 1-3 consiste attribuer une
de ces quantits (beaucoup, grand ou large) que Mt., L'i 13 appelle
affections ou tats d'une quantit essentielle. L'attribution ne se fait
jamais un sujet qui indique une substance. Elle se fait des sujets
non substantiels (le blanc, l'action, le mouvement) et l'auteur remarque
qu'en dpit de l'attribution quantitative qu'ils reoivent, ces sujets ne
sont pas, en eux-mmes, des quantits, car, en ralit, ce n'est pas
eux que s'appliquent ces attributions quantitatives, mais la surface
que couvre le blanc ou au temps que dure l'action. Ce qui veut dire que
grand, beaucoup ou large, qui conviennent des quantits, sont, pour
reprendre le langage de Mt., L'i 13, des affections ou des tats de quan-
tits, mais ne sont pas essentiellement des quantits. L'ide, ici et l,
est donc sensiblement la mme. L'auteur, par ailleurs, produit deux
types de sujets diffrents : le blanc, d'une part, l'action et le mouve-
ment de l'autre ( partir de 5 b 5, il n'est plus question que de l'action
et du blanc). L'un et l'autre sont des quantits accidentelles, mais de&
titres diffrents ; ce que reconnat expressment Mt., L'i 13, 1020 a 26-
29 (nv KU cru~E~TtKO .Eyovrov nocrrov v OUOJ
.yEUl rocrrrEp .XGTJ Ol O oucrtKOV 7tOO"OV KUl O .EUKOV ...
m Kiv11cr1 Kui ;t;p6vo ... ). Les exemples sont mme partielle-
ment identiques (le blanc et le mouvement). Cependant, le temps, dans
Mt. L'i, apparat du ct du mouvement comme un type de quantit
accidentelle, alors qu'ici, il parat comme une quantit en soi, au
contraire du mouvement et de !'action ! Il faut cependant regarder les
choses de plus prs et noter en quoi le point de vue des deux textes est
diffrent. Dans Mt. L'i, le blanc (une qualit) et le mouvement sont
tenus pour des quantits accidentelles, parce que, dit Aristote, ce
quoi ils appartiennent est une quantit (parce que, par exemple, cette
surface laquelle appartient le blanc est une quantit), alors qu'ici, le
mme blanc est tenu pour une quantit accidentelle, non parce qu'il est
attribuable une quantit, mais parce que, !'inverse, on lui attribue
une dtermination qui convient la quantit (parce qu'on dit que le
blanc est grand). De son ct, le mouvement dans Mt. !1, est donn
pour une quantit accidentelle en un autre sens, parce que ce dont il
est affection est divisible, savoir le 1ieu , alors que le mme mou-
vement est ici considr comme une quantit accidentelle pour la
mme raison que le blanc, c'est--dire parce qu'on dit de lui qu'il est
long. Quant au temps, il apparat dans la Mt comme une quantit
accidentelle, pour la mme raison que le mouvement, parce qu'il est
une affection de ce qui est divisible, savoir le mouvement, qui est lui-
mme une affection de ce qui est divisible, savoir le lieu, alors qu'ici
le temps est considr implicitement comme une quantit en soi, parce
que la dtermination quantitative qu'on attribue accidentellement au
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 23-25) 113
Page 24
2. Beaucoup et peu, grand et petit, que notre texte dans un premier
argument rattache aux relatifs, appartiennent aux affections dont, on le
sait, Mt., L'i 13 affirme que ce sont malgr tout des quantits en soi.
Aristote, en ralit, fait tat d'une certaine ambigut leur sujet :
Le grand et le petit, majeur et mineur, qui sont dits en soi et relati-
vement les uns aux autres, sont en soi des affections de la quantit,
bien que leurs noms se transfrent d'autres choses (1020 a 23-26).
Le transfert voqu en l'occurrence concerne les quantits acci-
dentelles dont il a t question dans notre texte il y a un instant (5 b 1
et sqq.). Or plus haut (5 b 2-3), il a t implicitement admis que grand
et beaucoup sont en un sens des quantits, puisque le blanc ou l'action,
auxquels ils sont attribus, sont rputs quantits accidentelles.
Page 25
l. Les arguments de ce passage consistent montrer que rien n'est
dit, par exemple, grand ou petit en soi (5 b 16-25), puis soutenir que
grand ou petit indique plutt un relatif (5 b 26-29). Ce deuxime argu-
ment a tout l'air d'un doublet (cf. D. O'Brien dans Concepts et cat-
gories dam la pense antique, tudes publies sous la direction de
Pierre Aubenque, Paris, 1980, p. 169). Nous ne !'avons pas exclu du
texte, parce qu'il semble s'appuyer sur l'indication fournie par les
choses expnmes sans connexion (cf. 1 b 25), alors que !'argument qui
prcde tire au fond la mme conclusion de l'imputation d'un attribut
un sujet ( ov ... uo KuO' uuo yu .yEut : 5 b 16-17). Ce
premier argument, sans le dire, rduit purement et simplement l 'attri-
bution de dterminations positives (grand, petit, etc.) celle de dter-
minations comparatives (plus grand, plus petit, ... ) ; c'est d'une
certaine faon discutable puisque, seuls, les comparatifs indiquent
explicitement une relation et supposent un corrlatif (cf. 6 b 31-32) ;
or l'opposition des corrlatifs n'est pas la mme que l'opposition des
contraires, que sont grand et petit (cf. infra, 11 b 32-35). D'autre part,
l'affirmation qu'une mme chose (la montagne) est dite grande si elle
114 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 25)
est compare des choses de genre diffrent (un grain de mil), mais
petite si elle est compare des choses du mme genre (une autre mon-
tagne), n'exclut pas que la mme chose (la montagne) puisse tre dite
grande par comparaison une chose du mme genre (une autre mon-
tagne) et petite par comparaison une chose d'un genre diffrent (le
soleil, par exemple). La condition pour qu'une chose puisse tre dite
grande ou petite, c'est que sa dimension dpasse la dimension d'autre
chose, quel que soit son genre, ou soit dpasse par elle. En effet,
l'argument, curieusement, ne considre pas ce qui a t mis en vi-
dence, il y a un instant (5 b 1 et sqq.), savoir que la montagne n'est dite
grande ou petite que par accident, c'est--dire parce que sa hauteur
(quantit en soi) est dite grande ou petite. Grand et petit, comme
l'explique Mt, L'i 13, 1020 a 20, sont donc des affections de la quan-
tit. Ils se disent relativement de grandeurs implicitement compares
une autre grandeur. Ce n'est pas une raison d'exclure grand et petit de
la quantit, pour les ranger, sans plus, dans le relatif; c'est plutt une
raison de reconnatre des relatifs au sein de la quantit elle-mme. Le
mme raisonnement vaut pour peu et beaucoup. Cela dit, notre auteur
avait parfaitement conscience du statut ambigu des grandeurs indter-
mines, c'est--dire relatives, comme le prouve l'argument suivant.
2. La question de savoir si nous avons affaire des quantits ou
des relatifs est trs significativement laisse ouverte : c'est que l'on
peut effectivement traiter une quantit relative d'une faon ou d'une
autre, selon le point de vue o l'on se place. Et l'alternative, au fond,
importe moins ici que ! 'ventualit, pour ces quantits relatives,
d'avoir un contraire. En excluant cette ventualit, du fait que n'est pas
un contraire ou n'a pas de contraire ce qu'on ne peut saisir qu'en rf-
rence autre chose, notre auteur utilise encore pour critre un trait
inhrent la notion mme de relatif, sachant que l'opposition des
contraires n'est pas celle des relatifs (cf. infra, li b 17-18; 32-38).
Mais ce critre est un peu vague. Il voque, certes, quelque chose
qu'on peut tirer de la prsentation des relatifs en 6 a 36-37 ; cependant,
notre auteur dclare plus loin (8 a 36-37) que pour connatre de faon
dtermine un relatif, il faut connatre aussi de faon dtermine son
corrlatif. Or lorsqu'on dit, par exemple, que la montagne est grande,
saisit-on prcisment ce quoi l'on compare implicitement la mon-
tagne sous le rapport de la grandeur ? On peut entendre par l que la
montagne en gnral est une grande chose, mais saisit-on que cela veut
dire plus grande que la plupart des autres choses qui nous sont fami-
lires ? On peut entendre aussi que cette montagne-ci est grande, mais
saisit-on que cela veut dire plus grande que la plupart des montagnes ?
Bref, saisit-on prcisment la rfrence ? Il est vrai qu'une rfrence,
mme implicite, un point de comparaison mme imprcis, suffit
dnoncer un relatif. Mais l'argument et t plus immdiatement clair
si au lieu de prendre pl us haut des exemples de quantits accidentelles
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 25-26) 115
Page 26
1. L'argument repose sur la thse, variante du principe de non-
contradiction, que ni la substance (quantit accidentelle susceptible de
recevoir les contraires : cf. 4 a 10 et sqq.), ni la non-substance (par
exemple, la quantit en soi qu'est le nombre, susceptible de recevoir le
parr et l'impair : cf. 12 a 6), ne sont susceptibles de recevoir simulta-
nment les contraires. La conclusion sera que si petit et grand et les
opposs du mme genre s'attribuent simultanment la mme chose
(quantits accidentelles ou quantits en soi), ce ne sont pas des
contraires. Ce qui implique son tour qu'ils forment des opposs
titre de relatifs. L'implication, coup sr, est vraie de plus grand ou de
plus petit, puisqu'une chose plus grande est dite ce qu'elle est par rf-
rence une plus petite, mais, selon ce qui est affirm plus loin des
contraires (11 b 32-35), grand est dit le contraire de petit, comme bon
est dit le contraire de mauvais. Du reste, une mme chose peut tre dite
simultanment bonne et mauvaise ; elle ne peut tre ceci et cela sous
le mme rapport, mais tout comme elle n~ peut tre dite en mme
temps grande et petite par rapport la mme chose.
2. L'argument, cette fois, est spcieux si, par simultanment ,
on n'entend pas par rfrence la mme chose ,car une longueur,
quelle qu'elle soit, est simultanment, la fois grande et petite, comme
un sujet peut tre simultanment, la fois bon et mauvais sous des rap-
ports diffrents. Il est vrai que les corrlatifs, pour la plupart, sont
simultans (cf. 7 b 15 et sqq.) et qu'un relatif (plus grand) n'est vi-
demment pas son oppos (plus petit), mais les relatifs ne sont pas ici en
cause ; ce sont les quantits auxquelles on attribue le grand et le petit.
Il est vrai encore qu'une mme quantit (un nombre) ne peut admettre
simultanment des qualits contraires (pair et impair) ; mais grand et
petit ne sont pas des qualits.
3. Le haut et le bas, comme l'avant et l'arrire, la droite et la
gauche, sont, pour Aristote, attribuables aux tres anims, dont l'Uni-
vers (cf. Du ciel, II, 2, 284 b 30-285 a 31). Pour le physicien, cepen-
dant, les parties hautes (hmisphre sud) et basses (hmisphre nord)
de l'Univers ne correspondent pas celles que l'opinion commune
tend identifier, et la plus grande distance de l'Univers, pour lui, est
videmment celle du diamtre qui spare les ples, celui du haut et
celui du bas, non celle du rayon qui va de la priphrie au centre (cf.
Du ciel, II, 2, 285 b 8-10: f...yro ]Koc; f:v u\rro t Kut toc;
n6f...ouc; 8tacrtriu, Kui trov n6f...rov tv v ivro, tv 8f: Katro). Mais
ici, comme lorsqu'il s'agit de parler du lieu, c'est l'opinion reue qui
est en question : le centre de l'Univers et l'extrmit du transport
116 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 26-27)
circulaire qui nous fait face sont, d'une part, le haut, d'autre part, le
bas, d'aprs une opinion parfaitement reue de tout le monde (Phys,
IV, 4, 212 a 22-24). Vu que le mouvement naturel des corps lgers est
onent vers la rgion suprieure et que le mouvement naturel des corps
lourds est orient vers la rgion infrieure, la limite du haut et la limite
du bas ainsi conus apparaissent comme des extrmes contraires (15 b
3-6). Il sera question de ces mouvements plus loin. Sont ici considres
les limites extrmes, constitutives du lieu. Puisqu'elles sont constitu-
tives du lieu et que le lieu est une quantit, elles donnent penser qu'il
y a des quantits contraires. Puisque le lieu est en somme une surface
englobante (cf. Phys, IV, 4, 212 a 28-29), on peut penser que la sur-
face englobante par le haut et la surface englobante par le bas(?) sont
le contraire l'une de l'autre, mme si la quantit dtermine de l'une
n'est videmment pas le contraire de la quantit dtermine de l'autre.
Notons qu'un genre de raisonnement analogue serait possible propos
du temps, autre forme de quantit, dans la mesure o l'avant est le
contraire de l'aprs. Mais le temps est infini ; et ni l'avant ni l'aprs
n'ont de limites, ce que sont, pour le lieu, le haut et la bas : les limites
extrmes du genre. Or ce sont les limites extrmes qui intressent ici
notre auteur, comme la suite le dmontre.
4. Cf. infra, 14 a 19-20 et Top., IV, 3, 123 b 3-4; 6-7 ; 9-10.
L'ide se retrouve en Mt., L'i 10, o sont dites contraires, notarnrnent,
les choses qui diffrent le plus dans le mme genre, celles qui diff-
rent le plus dans le mme sujet susceptible de les recevoir, celles qui
diffrent le plus lorsqu'elles tombent sous la mme puissance et celles
dont la diffrence est la plus grande, soit simplement, soit selon le
genre, soit selon l'espce (1018 a 27-31). Selon notre auteur, le fait
que les contraires se dfinissent ordinairement ainsi viendrait de ce que
le haut et le bas, qui sont des extrmes dans le genre lieu, sont ordinai-
rement penss comme les contraires par excellence. Il ne conteste donc
pas formellement la croyance qu'il y a de la contrarit dans la quan-
tit, loin de l, mais il n'envisage pas qu'en dehors du lieu, il y ait des
quantits contraires.
Page 27
2. Tel qu'adopt (selon l'norme majorit des manuscrits), le texte
voque titre d'exemple deux nombres diffrents, 3 et 5, affirmant
tour tour l'absurdit d'imaginer quelque nombre qui serait plus
3 et quelque nombre qui serait plus 5 . Derrire le tour ellip-
tique, l'ide est, semble-t-il, que (a) on ne dit jamais de 3 qu'il est plus
3 qu'il n'est, par exemple, 5 ou encore que ne l'est 5 et (b) qu'on ne
dit jamais de 5 qu'il est plus 5 qu'il n'est, par exemple, 3 ou que ne
l'est 3. C'est rpondre par avance une objection du type : Qu'est-
ce qui. de 3 ou de 5, est le plus 3 et/ou le plus 5 ? . Mais le texte a
beaucoup souffert lors de sa transmission et les variantes ne manquent
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 27-28) 117
Page 28
2. Comme dans le cas de la quantit, Aristote distingue le relatif en
soi (par exemple, le double) du relatif par accident (par exemple,
l'homme ou le blanc qu'on dit doubles: cf. Mt, L'i 15, 1021b8-11).
Il n'est question ici que du relatif en soi. La dfinition approximative
qui en est donne fait ressortir que l'tre d'un relatif est rapport
autre chose que lui-mme. Les Anciens (dj Boethos de Sidon, si l'on
en croit Simplicius, p. 159, 9-22) avaient observ que, pour une part
(ocra a\n iitEp cr'tiv prov Evu1 .yEUt), cette dfinition parat
dmarquer ce que Platon dit de!' Autre (Sophiste, 255 D : omEp iiv
EpOV fJ cruf3f311KEV i\r; vtyKTt TpoU TOo UO 07tEp O"lV
Evui. Cf. Rp., IV, 438 A). Par rapport ce que dit Platon, on croit
noter deux correctifs. Chez Platon, !'Autre est (Evu1) ce qu'il est, alors
qu'ici le relatif est dit tre (Evu1 .YEUl) ce qu'il est, comme si
l'accent se trouvait plac sur le langage qui trahit le relatif. D'autre
part, notre texte ajoute : ... ou bien, d'une manire ou d'une autre,
118 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 28-29)
Page 29
1. L'tat (E,1c;) et la disposition (01iOEcrtc;), rappelons-le, sont pr-
sents plus loin comme une espce de qualit (8 b 26-27) et parmi les
tats sont alors compts, titre de sous-espces en quelque sorte, les
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 29) 119
sciences et les vertus (8 b 29). Les deux points de vue ne sont pas
incompatibles. La science, par exemple, est l'tat en vertu duquel nous
sommes qualifis de savants. ce titre, elle indique une qualit. Mais
l'tre de la science - ce que c'est en soi qu'tre une science - ren-
voie autre chose : la connaissance scientifique de quelque chose
ce titre, elle indique un relatif, parce qu'elle ne se conoit pas sans
objet. En acte, dit Aristote, elle concide mme avec cet objet (cf. De
l'me, III, 7, 431a1). La science est donc ici classe parmi les relatifs
(cf. 11 a 22) en raison de sa relation essentielle un objet ; c'est aussi
le cas de la sensation. Ces objets, leurs corrlatifs (it1cri:1yrov, ulcr0ri-
i:ov, ... ) sont aussi des relatifs (cf. Mt., L'i 15, 1020 b 30-32). Toute-
fois, la relation o se trouvent ces objets avec ce dont ils sont l'objet ne
semble pas exactement du mme ordre que celle o se trouvent les
relatifs selon le nombre du type double-moiti (ibid., 1021 a 26-b 3).
Par ailleurs, les ralits que dsignent les mots tat, science et arithm-
tique, par exemple, compares les unes aux autres, sont les quivalents
respectifs d'un genre, d'une espce et d'un cas particulier de cette
espce. Mais le cas particulier ne peut tre tenu, comme l'espce, pour
un relatif; on en verra plus loin le motif: l'arithmtique, en soi, n'est
pas, en effet, arithmtique de quelque chose, mais science de quelque
chose (cf. infra, 11 a 26 et sqq.). Quant au genre, il apparat comme un
relatif parce que l'tat en soi est toujours tat de quelque chose (tat
d'me ou tat du corps ou, plus gnralement, de ce qui est susceptible
d'tat) ; mais ce n'est pas exactement dans le mme sens que l'espce.
La science de quelque chose, en effet, est relative ce dont elle est
l'objet (i:o ittcri:rii:ov), alors que l'tat est relatif l'me ou au corps
dans le sens o il est, comme la science d'ailleurs, inhrent un sujet
(cf. supra, 1b1). La diffrence est parfaitement connue d'Aristote, qui
observe ailleurs que le corrlatif n'est pas le mme, selon que lon
considre une chose en elle-mme (par exemple, la science) ou que
l'on considre son genre (l'tat ou la disposition) : La science en
effet a pour corrlat l'objet connu scientifiquement, alors que l'tat et
la disposition ont pour corrlat, non pas cet objet, mais l'me (Top ,
IV, 4, 124 b 33-34 : Ti yp 1tlO"t]T] 1tlO"trttO .yEtUl, iff;t
Kai 8u10Ecrt oK it1cri:11i:o, .. lj/1.l)';i'\). Notons qu'en Top, IV,
4, 125 a 33 et sqq., l'tat est encore expressment compt parmi les
relatifs ; il est de ces relatifs qui sont ncessairement inhrents ce
quoi ils sont dits relatifs (!'me, par exemple), alors que la science ne
peut rsider dans ce quoi elle est dite relative (l'ittO"tT]tov),
puisqu'elle rside dans !'me, moins que lme ne soit, pour elle,
objet de connaissance. Cette diffrence entre l'tat et la science montre
qu'ils ne sont pas relatifs au mme titre, mais qu'ils sont, l'un comme
l'autre, des relatifs un certain titre. Or toutes les ralits non substan-
tielles apparaissent comme des relatifs ! Et l'extension du relatif
retrouve quelque chose de l'extension de l' Autre de Platon (mais voir
120 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 29)
Page 30
2. Il y a videmment un raccourci dans cette explication. Il faut
sous-entendre que le dissemblable est dit dissemblable quelque chose
et l'gal, gal quelque chose. Le texte a d'ailleurs t amend et cor-
rompu de plusieurs faons dans la tradition manuscrite pour cette rai-
son et aussi pour viter l'ide d'un plus gal (cf. note prcdente).
3. La rciprocit des relations entre corrlatifs est affirme dans
Top., IV, 4, 125 a 5-13 et VI, 12, 149 b 12. Elle implique, comme
l'avaient observ certains commentateurs anciens, qu'on ne puisse pro-
prement parler du relatif (au singulier) comme de la quantit, par
exemple, puisqu'un relatif n'existe pas sans son corrlatif. Sur l'exis-
tence simultane des corrlatifs, voir infra, 7 b 15 et sqq. Du point de
vue logique, la rciprocit implique que la proposition exprimant la
relation de x y soit convertible en une proposition exprimant la rela-
tion inverse de y x. En prsentant ce genre de proprit comme une
proprit de tous les relatifs, notre auteur semble mettre de !'avant un
trait commun qui ferait l'unit des relatifs, si diffrents qu'ils parais-
sent entre eux. Mais quels seraient les corrlatifs d'tat, de disposition,
de position, de vertu, de vice, que l'on pourrait tenir pour rci-
proques ? La difficult doit tre clairement pose pour tre rsolue. Si,
par exemple, l'tat est tat de quelque chose (cf. 6 b 5), mettons de
l'me (voir note ad /ocum) et que l'me peut passer pour le corrlatif
d'tat, on ne voit pas en effet comment la relation de l'tat l'me, qui
est la relation d'inhrence d'une ralit non substantielle son sujet
substantiel, pourrait donner lieu une rciproque. Mais justement,
selon notre auteur, le corrlatif d'tat n'est pas, en tant que tel, son
sujet d'inhrence, qu'il s'agisse de l'me (pour un tat psychique) ou
du corps (pour un tat corporel) ; ni l'me ni le corps ne sont propre-
ment les corrlatifs d'tat, pas plus que l'homme, compos substantiel
d'me et de corps et sujet d'inhrence du matre, n'est le corrlatif de
122 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 30-31)
Page 31
1. Dans les premiers exemples, la parfaite rciprocit se traduisait
jusque sur le plan linguistique, par une identit d'expression : en grec,
le corrlatif est au gnitif, que l'on exprime la relation de x y ou celle
de y x. Dans les seconds exemples, les corrlatifs de science et de
sensation s'expriment encore au gnitif, mais, comme corrlatifs, ils
sont eux-mmes un autre cas, le datif. La diffrence est tenue pour
ngligeable, parce qu'elle n'empche pas de reconnatre dans la
science et la sensation des relatifs qui ont chacun leur propre corrla-
tif; mais elle s'accompagne par ailleurs d'une diffrence, touchant la
nature de ces corrlatifs eux-mmes. Le connaissable, en effet, n'est
pas un relatif exactement au mme titre que la connaissance. La
connaissance est un relatif du fait qu'elle est essentiellement relative et
ne peut tre ni se dfinir sans son corrlatif. En revanche, le connais-
sable n'est dit relatif que parce qu'une chose diffrente (la connais-
sance) se dit par rapport lui, car il est indpendant de la connaissance
qu'on en peut avoir : le pensable veut dire qu'on en a une pense
(Mt., L'i 15, 1021 a 31). On verra plus loin (7 b 23-24) qu'en un sens,
il y a du pensable sans pense et qu 'ainsi, selon notre auteur, le pen-
sable est antrieur la pense. Il aurait t possible de traduire ici :
le sensible est sensible en vertu de la sensation , aussi bien que
par la sensation .
2. L'oiseau et l'aile sont par ailleurs comme le tout et la partie. Or
l'oiseau est une substance et ses parties sont aussi rputes des sub-
stances (cf. supra, 3 a 29-32). Si l'aile et l'ail sont des corrlatifs, la
question se pose de savoir si une substance peut tre aussi un relatif.
Cette question est aborde partir de 8 a 13. Ici se trouve seulement
souligne l'importance d'identifier adquatement le tout corrlatif
d'une partie donne. Il est entendu que la partie et le tout sont chacun
des relatifs et qu'ils sont corrlatifs l'un de l'autre. Dans le cas parti-
culier des ralits naturelles qu'illustre l'exemple choisi, on observe
que tous les membres d'un animal sont videmment les parties d'un
mme tout, mais que chaque partie a un corrlatif propre, inhrent au
tout : l'ail pour l'aile, mais aussi le chevelu pour la chevelure, le
dent pour les dents, le lippu pour les lvres, etc. La rciprocit recher-
che, malgr ce qu'il peut sembler, n'est pas affaire de langage : pou-
voir dire rciproquement ceci et cela n'est qu'un moyen accessoire
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 31-32) 123
Page 34
1. L'opration qui consiste trouver un rsidu en supprimant men-
talement tout le reste - ici, tout ce qui va accidentellement de pair
avec le relatif (itEptutpouvrov i:rov ..rov : 7 a 32, 36, b 2, ... ) -
est une opration pareille celle que dcrit Mt., Z 3, 1029 a 11-12
(itEptutpouvrov yp i:rov i/c/crov ... ). Elle permet de vrifier si, une
fois suppos que y est le corrlatif de x, on peut encore considrer x
comme un relatif. La vrification est positive quand y, sans tout le
reste, est encore la rciproque de x. Un rsultat ngatif peut vouloir
dire videmment qu'on n'a pas identifi correctement le corrlatif,
mais aussi qu'en l'absence de cette identification vrifie par la rci-
procit d'un rsidu, on ne peut plus considrer que x est un relatif.
2. Les rflexions prcdentes sur la rciprocit des corrlatifs
conduisent directement cette opinion (cf. fioKEl : 7 b 15), qui va tre
immdiatement nuance. Il sera expressment question plus loin (14 b
27 et sqq.) de la simultanit naturelle (iu qiucrEt), distingue de la
simple simultanit (contemporanit) et illustre, l encore, par les
corrlatifs double et demi. C'est une caractristique gnrale des oppo-
ss (cf. Top, VI, 4, 142 a 24).
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 34-35) 125
Page 35
2. L'auteur fait la supposition que la formule qui permettrait de car-
rer le cercle existe, bien qu'elle soit inconnue ; partir de l, il soutient
vraisemblablement que l'invention scientifique qui la mettrait au jour
ne crerait pas, mais dcouvrirait ou dvoilerait seulement une ralit
immuable et ternelle. Pour lui, cette ralit ds lors n'appartiendrait
pas un temps antrieur ; elle devrait sa priorit sur la science son
ternit, parce que la science, elle, advient un moment dans le sujet.
126 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 35-36)
Page 37
1. L'homme et le buf en gnral sont, notons-le, les espces d'un
genre ; ils sont donc, ce titre, des parties du genre animal, comme
l'individu (Socrate) est partie d'une espce (l'homme). Mais en disant
le genre d'une espce ou l'espce d'un individu, on affirme leur
essence, non que leur essence soit relative une chose diffrente,
comme lorsqu'on dit du matre qu'il est matre de l'esclave. - Pour ce
qui est du bois en gnral (bois de construction, bois de chauffage ou
autre), son exemple parat illustrer toutes les sortes de biens suscep-
tibles de possession qui, par dfinition en somme, peuvent tre dcla-
rs choses de quelqu'un
2. La tte ou la main, envisages comme substances secondes, ont
rang d'espces. Si elles sont dclares tte ou main de quelque chose,
ce n'est donc plus, comme telle tte ou telle main, titre de parties
appartenant un certain individu (cf. 8 a 25), mais, peut-on croire,
parce qu'il s'agit de prciser le genre ou l'espce dont ce sont l les
parties : tte d'animal (cf. 7 a 16) ou tte de chien. D'o la contro-
verse possible. Les expressions tte de quelque chose ou main
de quelque chose voquent, en effet, le rapport entre corrlatifs tels
que prciss plus haut (cf. 7 a 16 : fi KE<pU.] ... KEq>U.OYro). Bien
que l'expression tte du tt soit une expression qui ne s'utilise
pas ( tt est un mot forg), elle dmarque les expressions en usage
(comme l'aile de l'ail) qui ont justifi de poser un relatif. Mais la
controverse n'est pas une simple affaire d'expression ou de langage.
On a vu plus haut (7 al et sqq.) que la tte, par exemple, n'est pas une
partie du corps de tout animal (genre) indiffremment, ni l'aile une
partie du corps de l'oiseau (espce) exclusivement, et qu'elles sont cor-
rlatives, l'une du tt , l'autre de l'ail. Or la rciprocit de la
relation du type aile-ail, qui est le propre des relatifs, est une ralit.
Que des expressions le rendent ou non manifeste, le fait est l : !'aile
et !'ail s'impliquent mutuellement. Pour vider la controverse, il fau-
drait sans doute viter de poser une franche alternative comme le fait
notre auteur et ne pas exclure l'hypothse que l'aile et la tte soient des
relatifs lorsqu'on retient l'hypothse qu'elles sont des substances. Il
faudrait plutt concder que dans la substance elle-mme, il y a place
pour quelque chose de relatif. La concession ne veut pas dire exacte-
ment que certaines substances sont des relatifs ; elle quivaut recon-
natre que les parties de substances ne sont pas seulement des sub-
stances, mais aussi des parties et qu' ce titre, elles supposent un tout,
qui n'est pas, comme tel, une substance, mais un relatif. L'aile, comme
substance, est une partie du corps de l'animal et, plus spcifiquement,
du corps de l'oiseau, etc. ; mais, comme partie, elle est corrlative de
!'ail qui n'est pas une substance, mais une dtermination de celle-ci.
Concder qu'il y a ainsi du relatif dans la substance (en l'occurrence,
ses parties dtermines) n'est pas une tranget ; il y a aussi, on l'a vu
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 37) 129
Page 38
1. L'ide gnrale est claire et se trouve exprime dans les
Topiques, propos des relatifs en soi, grce une formule lapidaire :
impossible de connatre l'un sans l'autre (VI, 4, 142 a 30). Ce qui
est moins clair, c'est le dtail. Connatre de faon dtermine un
des relatifs, est-ce l'identifier de faon prcise comme tel ou tre
capable de le dfinir ou encore savoir que cette ralit-ci (i:68E n)
fait partie des relatifs ? Et dans ce dernier cas, est-ce savoir que le
sujet substantiel particulier (i:68E n: cf. 3 b 10-13) peut tre rduit
un relatif dtermin ? On ne peut trop s'avancer dans la clarification.
Nanmoins, la connaissance suppose est une connaissance suffisam-
ment prcise pour conduire au point o se trouve saisie la corrlation.
Le relatif apparat de faon certaine quand apparat l'autre ralit par
rapport laquelle il est dit ce qu'il est.
132 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 38-39)
Page 39
3. C'est la seule fois que C fait tat expressment de choses qui
s'entendent de plusieurs faons (trov n/..i:ovuxro /..i:yovrov) ;
voir cependant 11 b 17, 14 a 26 et 15 b 17. La pluralit sera rduite
ensuite quatre sortes de qualits, appeles tantt espce (8 b 27), tan-
tt genre (9 a 14, 28 ; 10 a Il), tantt mode (10 a 25). Cette termino-
logie fluctuante ne rvle rien en dehors de l'indiffrence de l'auteur
envers le besoin de fixer, sur ce point, le vocabulaire qu'il emploie.
4. L'tat (notamment la science : cf. 8 b 29) et la disposition ont
t mentionns plus haut (6 b 2-3) parmi les relatifs, parce qu'ils sont
tat ou disposition de l'me ou du corps (ce qui est susceptible d'tat).
La raison pour laquelle ils sont compts ici comme une espce de qua-
lit, c'est videmment que l'on est qualifi d'aprs eux. L'ambigut,
rappelons-le, n'est pas autrement gnante, vu que les points de vue
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 39-41) 133
Page 41
1. Les dispositions scientifiques ne sont pas ici les dispositions
naturelles (simples capacits ou puissances), mais )es dispositions
acquises par ! 'assimilation active des premiers rudiments. Ces disposi-
tions sont plutt mauvaises lorsqu'elles sont plutt fragiles ; elles
sont plutt bonnes si elles sont plutt solides. La disposition tient le
milieu entre l'ignorance (ou la simple potentialit de savoir) et la
science vritable. Et c'est un milieu critique, en ce sens que la disposi-
tion conduit la science si elle est bonne, mais reconduit plutt
l'ignorance si elle est mauvaise. C'est probablement en considration
134 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 41)
de cela qu'en Mt, L'i 20, 1022 b 10-12, Aristote parle aussi de la mala-
die comme d'une sorte d'tat, en disant qu'elle est la disposition fai-
sant que celui qui la prsente est soit bien, soit mal dispos. Une mala-
die passagre peut en effet bien ou mal voluer, dboucher sur la sant
qu'on recouvre ou sur la maladie incurable, voire mortelle.
2. L'tat (durable) et la disposition (passagre) ne peuvent videm-
ment pas, sans contradiction, se dfinir l'un par l'autre. Logiquement,
la disposition n'est pas un tat passager. On peut la rigueur concevoir
que l'tat est une disposition durable, mais c'est au sens o la disposi-
tion est un pralable ncessaire de !'tat, car si la disposition qui cesse
d'tre passagre devient un tat, l'tat n'est plus une disposition. Les
difficults logiques sont vacues, parce que, au fond, la disposition est
un peu comme un tat potentiel et l'tat comme une disposition rali-
se. Pour tre plus exact, la disposition est une qualit acquise qui
manifeste ou non un tat permanent, alors que l'tat est une qualit
permanente, elle aussi acquise, qui se manifeste toujours par une dis-
position. L'on peut tre ponctuellement malade sans tre pour autant
un malade chronique, mais on ne peut tre un malade chronique 5ans
que cela se traduise ponctuellement par des priodes de maladie.
3. La diffrence entre disposition (8tt0Ecrt) en gnral et capacit
(8uvu1) en gnral n'est pas telle qu'elles s'excluent mutuellement.
Car, en un sens, il n'y a pas de disposition sans capacit (ou incapacit)
correspondante, du moins lorsque la disposition est entendue titre de
qualit. Mme si, selon Mt., L'i, 19 1022 b 1-2, on appelle disposition
l' agencement (Tu(;1) de ce qui a des parties, cet agencement lui-
mme peut encore tre del 'ordre d'une capacit (KUT 8uvu1v) :
l'agencement des parties du corps ne fait-il pas, en un sens, le cou-
reur ? La seule diffrence significative entre la premire sorte de
qualit et la seconde est que celle-ci tient de la nature alors que celle-
l parat acquise. Comme, de son ct, la capacit naturelle est, en
principe, permanente, elle ressemble !'tat, sauf que !'tat, seconde
nature, est le fruit d'oprations, si l'on ose dire, artificielles. Ainsi, la
sant durable est tantt une capacit donne de nature, tantt l'tat que
procurent l'exercice et des habitudes alimentaires. On peut faire la
mme distinction dans le cas des qualits athltiques.
5. Selon qu'on est malade (occasionnellement) ou maladif (par
l'effet d'une constitution fragile), on prsentera donc deux qualits
(spcifiquement) diffrentes. De mme, selon que l'on est en bonne
sant un moment (bien que de constitution maladive) ou sain (en vertu
d'une sant robuste). Mais aussi selon qu'on est naturellement sain ou
habituellement sain en vertu d'un rgime ; et selon qu'on est naturel-
lement maladif ou habituellement malade en raison de divers excs.
Cependant la bonne sant occasionnelle de l'homme naturellement
maladif semble la mme qualit spcifique que la sant habituelle que
l'on doit au rgime ; et la maladie occasionnelle de l'homme naturel-
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 41-43) 135
Page 42
2. Comparez Mt., ~ 21, 1022 b 15-18 (miOo .yEtat va v
tp6nov 1tOlO'tTt KaO' ijv ..otocrOat VXE'tUl, oov '"CO .EUKOV
Kai '"CO .av, Kai y.uK Kai 1tlKp6v, Kai ~aputri Kai KOU<pO'tTt,
Kai ocra ..a 'totata). Notre texte ignore l'exemple de la pesanteur
et de la lgret ; il ajoute, cependant, l'exemple de l'pret (crtpuqi-
v6trt<;) et ceux de la chaleur et de la fracheur. Ces deux derniers
exemples rappellent les cas de dispositions cits en 8 b 36 et semblent
rendre ainsi un peu problmatique la distinction entre le premier et le
troisime genre de qualits (mais voir ci-aprs, note 4 ). Quant la dis-
tinction entre affections et qualits affectives, elle apparatra plus loin
(10 a 6-10).
3. La justification qui permet de parler de qualits est encore
emprunte l'ide expose en 8 b 25. Elle vaut ensemble pour les
affections et les qualits affectives. Pour sa part, !'appellation affec-
tif, on le verra dans la suite, est justifie de plusieurs faons diff-
rentes.
4. En principe, tous les sensibles (propres ou communs) sont ici
considrs titre de qualits. Celles-ci reprsentent donc les dtermi-
nations accidentelles des objets sentis, lesquelles produisent une affec-
tion du sujet sentant ou, si l'on veut, du sensitif. Ainsi, chaleur et fra-
cheur peuvent tre distingues des dispositions homonymes qui entrent
dans la premire espce de qualit, titre de dispositions. Ici, ce sont
les qualits objectives du soleil et de la glace, qu'on appelle affectives,
parce qu'elles sont perceptibles. L, il s'agissait des dispositions du
sujet anim qui a chaud ou qui a froid, non qui peroit les dtermina-
tions dont il est question ici. videmment, la diffrence entre les deux
est assez mince. Elle suppose que, dans l'objet inanim, la chaleur et le
froid ne sont pas des dispositions et que le chaud et le froid perus par
le sujet anim ne sont pas la chaleur ou la fracheur de son propre
corps ni, partant, les dispositions, ventuellement pathologiques, qui le
caractrisent.
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1. Les couleurs sont par ailleurs des dterminations d'objets inani-
ms qui affectent le sensitif. Par consquent, elles sont aussi des quali-
ts affectives au sens dj dfini. Mais elles le sont encore un autre
titre et c'est ce que veut dire !'auteur en considrant les teintes de la
peau humaine (spcialement du visage). Ces couleurs particulires ser-
vent qualifier typiquement certains individus (les rougeauds, par
exemple). Elles font donc partie des qualits. D'autre part, on peut les
ranger parmi les qualits affectives dans ce cas particulier, parce
136 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 43-45)
Page 45
1. L'th. Nicorn., II, 4, 1105 b 21-28 distingue entre eux l'affec-
tion (m'.tOo), la capacit (8uvu1) et l'tat ((;1) qui correspondent
en gros, respectivement, la troisime, la deuxime et la premire
espce de qualits ici rpertories. titre d'exemple, ce passage de
!'Ethique cite la colre, simple affection, la capacit de se mettre en
colre et l'tat colrique, disposition permanente la colre qui, seule,
permet de qualifier quelqu'un de colrique (cf. II, 7, 1108 a 7 ; IV, 11,
1126 a 14 et sqq.). L'ide qu'une affection passagre ne confre pas le
titre de colrique se retrouve ici et, d'une certaine manire, l'ide cor-
rlative que le titre de colrique exige un tat s'y retrouve galement,
sauf qu'ici, il n'est pas question d'tat, mais d'effet durable d'une
affection. Si l'on ne marque pas la diffrence entre les deux, alors la
diffrence entre le premier genre et le troisime s'estompe galement.
Or qu'est-ce qui distingue l'affection durable d'un colrique et l'tat
psychique de quelqu'un qu'on appelle aussi colrique ? La nuance,
encore une fois, semble peine perceptible. Toutefois, le colrique
dont il est question ici souffre ds la naissance d'une affection pro-
fonde, proche de la dmence naturelle et il peut aussi tre affect de la
mme faon par suite de certaines autres circonstances , en l 'occur-
rence fortuites (cruni:oofrtoov : 10 a 3-4). Il semble donc que le col-
rique par tat ne souffre ni d'un dfaut naturel, ni d'un accident quel-
conque. Et de fait, son vice, car le colrique par tat est un vicieux,
tient de mauvaises habitudes volontairement entretenues. Toute la
diffrence est l et, avec elle, la diffrence entre une qualit du troi-
sime et du premier type. On a vu plus haut (8 b 29) que les tats sont
les sciences et les vertus (ainsi que leurs contraires videmment).
2. Sont en cause les diffrentes proprits gomtriques qu'on
reconnat aux lignes (droiture, courbure, etc.), aux surfaces (figure tri-
angulaire, rectangulaire) et aux corps (forme sphrique ou cubique).
L'argument pour ranger ces proprits dans les qualits est le mme
que prcdemment : elles servent qualifier les objets qui en sont
pourvus (et qu'on dit droits, triangulaires ou sphriques). Ces qualits
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 45-46) 137
Pagt: 46
2. Le fait que ces impressions sensibles peuvent se ramener,
comme leur cause, la position des parties constitutives de l'objet
qualifi, ne semble pas un argument trs solide, d'autant que la posi-
tion des parties pourrait elle-mme tre ramene des causes plus pro-
fondes : le froid qui contracte, ou le chaud qui dilate, par exemple (cf.
Gn. des an., V, 3, 783 a 37-b 1). Et, ce tarif, il faudrait rduire, par
exemple, la densit au froid. De plus, la position des parties les unes
par rapport aux autres, on l'a vu (5 a 15-23), sert dterminer un genre
de quantit ; or les quantits de ce genre-l (ligne, surface, solide)
n'ont elles-mmes une qualit qu'en raison de la disposition particu-
lire de leurs parties ( 10 a 11-16). De toute faon, si dense et les
autres dterminations de ce genre quivalent indiquer une certaine
position des parties, on ne voit pas pourquoi ces diffrentes positions
ne pourraient pas constituer des qualits. Mais il est probable que ces
dterminations, prcisment parce qu'elles indiquent une position des
parties, n'taient pas, pour notre auteur, de ces qualits reconnues
gnralement comme telles, alors qu'il enregistre ici les qualits
dont on parle surtout (10 a 26). Le rare et le dense, en effet, dans
plusieurs traditions de physiciens, en particulier celle des atomistes, ne
sont pas eux-mmes des qualits, mais les pnncipes de toutes les qua-
lits, parce qu'on ne voyait en eux qu'une diffrence dans la position
des parties, loignes ou rapproches selon les cas (cf. Mt., A 4, 985
b 10-22 ; Phys., 1, 4, 187 a 12 et sqq.).
3. Trs diffrente parat la synthse consacre la qualit par Mt.,
L'i 14, qui tente de ramener tout ce qui est qualit deux choses pnnci-
pales : la qualit peut donc se dire peu prs de deux faons ( ... ) ;
la qualit premire, en effet, c'est la diffrence substantielle ( ... ) et,
138 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 46-47)
d'autre part, il y a les affections des choses mues, en tant que mues,
ainsi que les diffrences des mouvements ( 1020 b 13-17). Mais la
diffrence substantielle (ou spcifique), n'est pas, en soi, une qualit
inhrente un sujet ; elle a t, plus haut (3 a 22), place avec la sub-
stance dans les ralits non inhrentes un sujet et Top., I, 4, 101b18-
19, place les diffrences spcifiques du ct du genre. Notre auteur,
lui, se borne procder ici l'analyse de tout le reste ( affections des
choses mues ,etc.) et cette analyse a essentiellement pour base la dis-
tinction de l'affection, de la capacit et de l'tat, qu'on trouve dans
th. Nicom., II, 4, 1105 b 21-28. Elle rpertorie ce qui parat le plus
vident, le moins contestable, sans prtendre, de ce fait, l'exhausti-
vit.
6. Cf. supra, 9 a 14-15. Les capacits du 8po1K6 et du 7tUK'tlKO
sont dcrites en Rht, 1, 5, 1361 b 23-25 (o yp 8uvtEvo ... ). Ce
sont la grandeur, la force et la vlocit. Mais l, ces capacits sont pr-
sentes comme si elles composaient ensemble la vertu (pEt]) du
corps, donc un tat, acquis et cultiv, plutt qu'une qualit naturelle.
Page 47
1. Un mme mot (7tUK'ttKO, par exemple) sert qualifier celui qui
possde une capacit naturelle et celui qui, par l'exercice, est arriv
l'tat ou la disposition correspondante. Comme seul, l'tat ou la dis-
position possde un nom (itUK'tlK]), seul est qualifi par drivation
celui qui est arriv cet tat ou cette disposition. Par quel autre pro-
cd est alors qualifi celui qui prsente une simple capacit natu-
relle ? D'aprs notre auteur, c'est d'une certaine faon partir de cette
capacit anonyme (n' unov : 10 a 28-29). Le procd n'est donc
d'aucune faon linguistique, puisque linguistiquement, celui qui pos-
sde une capacit naturelle est dnomm par l'emprunt du mot (7tUK-
nK6) qui dsigne d'abord celui qui est arriv par discipline un tat.
Les deux personnages sont, de leur ct, des quivoques , au sens
indiqu en 1 a 1-3 ; ils ont le mme nom, mais on ne peut les dfinir
exactement de la mme faon. D'o, probablement, l'assurance avec
laquelle notre auteur distingue leurs qualits respectives et les range
dans deux espces ou genres diffrents.
2. L o nous disons vertueux , le grec dit non seulement
crnou8ui:o (comme ici), mais yu06, 7ttEtK], KU.o, etc. Le pro-
cd est clairement tranger la formation linguistique. Seule la dri-
vation ( cause de la 7ttJcr1) implique une formation linguistiquement
drive.
3. Ce n'est pas le propre des qualits, vu que des relatifs sont dans
le mme cas (cf. supra, 6 b 15-16). Pour la quantit, voir l'explication
en 6 a 11-18.
5. Cette remarque semble appele prcisment du fait que la
contrarit n'est pas le propre des qualits. Elle quivaut dire en
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 47-49) 139
Page 48
3. Cf., dj, 4 a 1 (par opposition la substance). Ceci non plus
n'est pas tout fait le propre de la qualit, ainsi qu'il sera observ plus
loin (11 b 1 et sqq.), mais c'est surtout dans la qualit que se rencon-
trent le plus et le moins. Et cela pose un problme. Malgr la rserve
expose plus loin, tous les principaux genres de qualits ont cette pro-
prit. Or si l'on accorde que le blanc, par exemple, est une qualit, ne
doit-on pas accorder que plus blanc est en revanche un relatif ?
Plus blanc ne peut en effet s'entendre que par rapport une chose dif-
frente, en l'occurrence, moins blanche, ce qui est le critre gnral des
relatifs (cf. 6 a 36-37). Notre auteur admet d'ailleurs implicitement
qu'il en est ainsi en choisissant plus haut (8 b 8) l'exemple du plus
beau pour illustrer le fait qu'on doit connatre prcisment son cor-
rlatif pour connatre un relatif. Or beau est par ailleurs, comme blanc,
uni: qualit, ce que notre auteur reconnat encore de faon implicite,
puisqu'il cite le beau avec le blanc (en 4 a 1-2), comme exemples de
qualits qui, contrairement la substance, se disent plus ou moins. Ces
exemples peu vent d'ailleurs tre rapprochs de l'exemple du pl us
grand (6 a 38) qui, lui aussi, compte clairement parmi les relatifs. Pour-
quoi ds lors cette observation n'apparat-elle pas ici quand il est ques-
tion de la qualit et pourquoi notre auteur se bome-t-il, au lieu de cela,
souligner que la qualit admet le plus et le moins, alors que ce qu'on
exprime ainsi, c'est un relatif? La rponse, sans doute vidente ses
yeux, est que, pour tre coup sr des relatifs, plus blanc, plus beau et
au fond tous les comparatifs du mme genre, ne sont pas des relatifs en
soi. Ce sont, au contraire, des relatifs l'intrieur de la qualit. la
diffrence du double, en effet, qui n'est rien en dehors de son rapport
au demi, plus blanc, en dehors de son rapport moins blanc, est encore
blanc, c'est--dire une qualit ; et cela plus clairement encore que le
grand n'est une quantit (cf. 5 b 15 et sqq.), ou la tte une substance
(cf. 8 b 15-19).
4. Ces constats ne peuvent se faire propos du blanc en gnral ;
seul tel blanc particulier, comme celui voqu en 1 a 27, peut tre com-
par un autre blanc particulier ou lui-mme un autre moment,
aprs qu'il s'est altr dans certaines limites.
Page 49
2. Entre la justice, tat d'aprs lequel on est qualifi de juste, et la
capacit correspondante d'aprs laquelle on est qualifi de plus ou
moins juste, parce qu'on s'approche plus ou moins de l'tat, il y a
cependant une diffrence (cf. 8 b 27 et sqq. ). Mais cette diffrence
n'est jamais traduite dans l'expression, parce qu'il n'y a pas, on l'a vu,
140 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 49-50)
Page 51
3. La mme primaut est accorde ici au particulier dans l'ordre du
non substantiel que plus haut (2 b 7-8), l'espce substantielle, par
rapport au genre. C'est la clef de toute l'affaire. L'ide mise en lumire
est la suivante. Lorsqu'on est savant ou qu'on est dit savant en gn-
ral, on est toujours qualifi de la sorte en raison d'une science particu-
lire qu'on possde. Donc les qualits en raison desquelles on est qua-
lifi de savant, sont toujours les sciences particulires. Mais, on le sait,
les sciences particulires - les sciences et les vertus , qui sont des
tats (cf. 8 b 29) - sont elles-mmes des qualits particulires, parmi
d'autres ; ce sont les qualits du premier genre, les qualits du genre
science, justement. La thse selon laquelle certaines qualits ont pour
genre des relatifs veut dire par consquent que les qualits du genre
science (vertu ou tat) ont en commun d'tre chacune sa faon
connaissance de quelque chose (cf. 6 b 2-6). La diffrence entre une
science particulire, comme la science des lettres (qualit) et la science
en gnral (relatif) saute ds lors aux yeux : la science particulire est,
en effet, la ralit (qualit) constitue par un genre indtermin (le rela-
tif ou connaissance de quelque chose) et une dtermination (celle de
l'objet connu). cet gard, le relatif gnrique est simplement une
qualit potentielle. Et la qualit du geme science (vertu ou tat) est trs
prcisment ce qui ralise le relatif du type science (vertu ou tat).
Page 52
2. Ce passage ( 11 b 8-14) est gnralement considr depuis J .C.
Wilson (dans GGA, 1880, p. 465-469) comme apocryphe, bien que, du
142 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 52)
Page 13
1. Cette subdivision correspond celle de Top., II, 109 b 17-20; 8,
113 b 15-114 a 25; V, 6, 135 b 7-136 a 13; VI, 9, 147 a 12-b 28; et
de Mt.,~ 10 (plus nuanc) ; I 3, 1054 a 23-26 ; 4, 1055 a 35-b 1 ; 7,
1057 a 33-37.
2. Ce sont des exemples parfaits de relatifs rciproques, selon 6 b
30-31, non des contraires, selon 6 b 18.
3. Les exemples sont clairs. La vertu (pEt]) et le vice (KuKiu)
sont en effet la fois des contraires et des relatifs, selon 6 b 16. Ils ne
sont pas cependant des corrlatifs et pourraient donc illustrer ici
l'opposition des contraires, mais de faon moins claire que bon et mau-
vais.
4. La science (ittcri:i]T]) et l'ignorance (iiyvo1u), qui sont aussi
des relatifs contraires selon 6 b 16-17, reprsentent, l'un, un tat,
l'autre une privation. Mais la ccit (tuq>.OtT]c;) et la vue (01111c;) n'ont
pas l'inconvnient d'tre par ailleurs des relatifs contraires. La vue,
cependant, n'est peut-tre pas, comme la science, un de ces tats qui
entrent dans le premier genre de qualits (cf. 8 b 27-35), car elle appar-
tient au sujet, sinon ds la naissance, du moins de faon naturelle, alors
que la science est acquise par !'apprentissage.
5. Comme tels, ces deux verbes ne correspondent pas des propo-
sitions contradictoires, l'une affirmative, l'autre ngative ; l'un
exprime seulement, sans connexion, la ngation de l'autre. Les propo-
sitions contraires pas ngation (vuvi:iu Kat' vi:iqiucr1v) sont,
par exemple : il ne faut pas maltraiter ses amis ou il ne faut pas
aider ses amis ,par rapport il faut aider ses amis (Top., I, 10,
104 a 21 et sqq. ; cf. II, 7, 112 b 27 et sqq.). En revanche, l 'expres-
sion par la ngative (i:o Kut i:]v it6q>ucr1v .Ey6Evov), c'est par
144 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 53-55)
Page 54
2. Cette distinction ne recouvre pas celle de 1 a 20 et sqq. (se dire
d'un sujet et tre inhrent un sujet). Tous les contraires, en effet, sont
ncessairement inhrents un sujet, puisqu'il n'y a pas de contraires
parmi les substances. La distinction dont il est question ici est illustre
plus loin par les exemples de la sant et de la maladie (12 a 4) ou du
blanc et du noir (12 a 11) d'une part, et les exemples du pair et de
l'impair (12 a 6) ou du mchant et du vertueux (12 a 13-14) d'autre
part. On voit donc que les contraires qui rsident naturellement
dans un sujet sont des attributs du corps, alors que les contraires impu
ts un sujet ne sont pas des attributs du corps, mais de l'me et du
nombre. La distinction recouvre donc la diffrence entre les attributs
d'ordre physique et ceux d'ordre non physique, qui sont ou bien
d'ordre mathmatique, ou bien d'ordre thique. La raison pour laquelle
est introduite ici une diffrence au sein des contraires n'est pas imm-
diatement claire. Elle n'apparatra qu'en 12 b 26, lorsque sera distin-
gue l'opposition des contraires et celle qui existe entre privation et
tat.
4. Cela n'est vrai, notons-le, que de la maladie et de la sant en
gnral, car telle maladie n'a pas de contraire, ainsi la fivre, l'oph-
talmie ... (Top., IV, 3, 123 b 35-36). En revanche, le nombre, dont il
va tre question, n'est en gnral ni pair ni impair : les contraires ne
sont imputables, soit l'un soit l'autre, qu'aux nombres particuliers ou
dtermins. Il n'y a donc pas symtrie ici entre les attributs physiques
et les attributs mathmatiques.
Page 55
1. Les deux exemples ne sont cependant pas semblables. En effet,
le blanc et le noir sont des extrmes qui, comme leurs intermdiaires,
relvent d'un mme genre, la couleur. Mais vilain et excellent relvent
de genres diffrents, le mauvais et le bon, tandis que leur interm-
diaire, si tant est qu'il s'agisse d'un intermdiaire, constitue encore un
genre diffrent. Cf. Top , IV, 3, 123 b 25-27 et Mt, ~ 10, 1018 a 25-
31.
2. Avoir ou n'avoir pas de dnomination n'est pas cependant sans
implication. Juste et injuste supposent en effet des tats de genres
contraires (la vertu et le vice) ; or l'intermdiaire, qui n'est ni l'un ni
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 55-56) 145
Pa~e 56
2. Cette distinction, peut-tre appele du fait qu'on est pass de
crTpT]crtv (12 a 26) crTEpi'\crOut (12 a 29), semble n'avoir gure de
porte, si ce n'est qu'elle suggre que l'tat (la vue) et la privation (la
ccit) peuvent tre par ailleurs tenus pour les qualits en vertu des-
quelles un sujet est qualifi expressment (de voyant ou d'aveugle) par
drivation (cf. 10 a 27-28). Mais elle anticipe videmment la distinc-
tion analogue (note ds 12 b 6-15), qu'on peut faire propos de
l'affirmation et de la ngation. Cependant l'analogie rapproche l'un de
l'autre, plus qu'elle ne les distingue, les deux modes d'opposition.
3. La formule en quoi consistent et l'affirmation et la ngation, est-
elle la formule dclarative par laquelle, selon De /'interpr., 5, 17 a
8, on affirme ou nie en vrit quelque chose de quelque chose ? Il
semble que oui, si l'on se fie aux remarques de 2 a 7-8. Mais De
l'interpr., 4, 16 b 26 appelle aussi formule (.6yoc;) l'expression
d'un terme simple, ni vraie ni fausse, qui entre dans une formule dcla-
rative de nature complexe. Or les formules est assis et n'est pas
assis (11 b 23 et 12 b 14), qui entrent dans les formules complexes
pour exprimer l'affirmation et la ngation, sont elles-mmes des for-
mules simples qui, sans sujets, ne sont ni vraies ni fausses. Elles indi-
quent ce qui est en soi un positionnement dtermin ou un non-posi-
tionnement et entrent dans les formules dclaratives pour affirmer ou
nier ce positionnement d'un sujet. Ce qui est ici mis en vidence, c'est
la diffrence entre l'tre simple ou le non-tre simple d'une part et,
d'autre part, leurs expressions respectives qui entrent dans une formule
dclarative pour constituer une affirmation ou une ngation. Une telle
diffrence est rapproche de celle qui existe entre un tat ou une priva-
146 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 56-58)
tion d'une part, et d'autre part, le fait d'avoir l'tat ou d'tre priv,
pour deux raisons. Premirement, parce que le fait d'avoir l'tat ou
d'en tre priv est un tre driv qui, linguistiquement, est dsign
partir de l'tat et de la privation, comme les lments, positifs ou nga-
tifs, d'une formule dclarative sont des tres linguistiques qui dpen-
dent des ralits qu'ils expriment (cf. infra, 14 b 9-23). Deuxime-
ment, parce que la privation de ! 'tat est une sorte de non-tre, au
mme titre que la non-ralit exprime par la formule qui entre dans la
ngation.
Page 57
1. Il parat ds lors possible de conclure ceci. L'opposition de
l'affirmation et de la ngation est exactement celle de l'tre et du non-
tre, mme si laffirmation et la ngation sont chacune des formes
d'tre ( titre de formules). De mme sans doute, l'opposition entre
avoir l'tat et en tre priv est aussi exactement celle qui existe entre
tre (tat) et non-tre (privation), bien que avoir un tat et en tre priv
soient chacun des formes d'tre ( titre de ralits drives linguisti-
quement).
Page 58
2. Constitues par des qualits rputes naturelles (cf. qiucrEt O
v: 12 b 37; 13 a 1-2) et donc permanentes, ces exceptions n'ont pas
t envisages plus haut (de 11 b 38 12 a 20), contrairement ce qui
parat suppos (cf. ~v : 12 b 36). Elles tiennent, non pas la nature des
contraires, mais celle du sujet.
3. Il s'ensuit qu'entre les contraires dont l'un ou l'autre doit nces-
sairement appartenir au sujet, il faut distinguer : ou bien le sujet doit
indiffremment recevoir l'un des deux (car ceux-ci n'ont pas d'inter-
mdiaire) ou bien il doit toujours par nature recevoir un seul et mme
des contraires (mme s'il existe entre eux un intermdiaire). Mais la
ncessit tient des raisons diffrentes dans les deux cas. Dans les
deux cas, il y a ncessit parce que l'un des deux caractres apparat
comme la ngation de l'autre, voire la privation (!) de l'autre (par
exemple, la maladie par rapport la sant) ; dans le second cas, en
revanche, la ncessit, tout fait exceptionnelle, tient la nature du
sujet qui, en fait, n'est pas susceptible de recevoir les contraires.
4. La ncessit immanente aux contraires sans intermdiaires, qui
tient au fait que l'un des contraires (maladie) est une sorte de privation
de l'autre (sant), joue videmment ici, mme si elle ne joue pas tou-
jours ,mais partir d'un certain moment naturel, dcid, quant lui,
par l'volution du sujet. partir de ce moment-l, en effet, lorsque le
sujet doit avoir ncessairement un tat ou en tre pnv, rien ne dis-
tingue l'tat (vue) et la privation (ccit) de contraires tels que sant et
maladie, puisque la ccit est une maladie et la vue un tat sain.
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 59-60) 147
Page 59
1. Ce serait plus exact de dire qu'il n'y a pas, dans les deux cas, la
mme ncessit. Dans le cas du feu, ncessairement chaud, la ncessit
naturelle est absolue. En revanche, dans le cas d'un sujet dont c'est la
nature de voir, la ncessit existe aussi d'tre voyant plutt qu'aveugle,
mais cette ncessit n'est pas absolue : elle est de l'ordre du plus
souvent . Et la ccit du naturellement voyant est ds lors exception-
nelle, de l'ordre de l'accident ou du hasard (l'inverse est vrai si le
sujet, comme la taupe, est naturellement aveugle : Mt., L'i 22, 1022 b
26). La nature, dans le premier cas, n'arrive pas toujours, mais le plus
souvent, sa fin, alors que dans l'autre, elle est d'un dterminisme
absolu. C'est en ce sens seulement qu'il y a ncessit d'un ct et non
pas de l'autre.
2. Le raisonnement veut prouver que la privation et ltat chap-
pent l 'altemati ve qu'impose la classification des contraires propre-
ment dits, parce que le mme sujet, (a) avant d'tre naturellement sus-
ceptible de l'tat, n'a ni tat ni privation et, (b) qu'au moment o il est
devenu susceptible d'tat, il peut encore en tre priv. Cela montre en
effet que l'tat et la privation ne font rigoureusement partie (a) ni des
contraires sans intermdiaire, (b) ni des contraires qui ont un interm-
diaire, mme de ceux dont l'un appartient parfois un sujet l'exclu-
sion de !'autre. Mais cela peut aussi suggrer que lopposition de l'tat
et de la privation, selon qu'on la considre comme purement poten-
tielle (avant le moment naturel de l'tat) ou comme relle (aprs ce
moment), est, de toutes les faons, une opposition entre contraires :
celle des contraires avec intermdiaire dans le premier cas et celle des
contraires sans intermdiaire dans le second cas.
Page 60
3. Toutes ces choses (ocra : 13 a 37) sont-elles des formules
(expressions linguistiques) ou des ralits exprimes, puisque notre
auteur distingue entre les deux (cf. 12 b 5-16) ? Et, dans le premier
cas, sont-ce des formules dclaratives ou des formules telles que est
assis ou n'est pas assis qui entrent dans l'affirmation ou la nga-
tion o la ralit exprime est dclare appartenir ou ne pas appartenir
un sujet ? On doit supposer qu'il s'agit de formules plutt que de
ralits, car dans la ralit (ce qui est vraiment), la sant exclut son
contraire (la maladie) avec la mme ncessit que sa ngation (la non-
sant) ; la ccit exclut l'tat correspondant (la vue) avec la mme
ncessit que sa ngation (la non-ccit) et le double exclut son corr-
latif (le demi) avec la mme ncessit que sa ngation (le non double)
dans le mme sujet. Il s'agit donc de formules. Et ces formules oppo-
ses sont distingues ici des ralits qui s'opposent la faon des
contraires, des relatifs et des tats et des privations. Sont-ce des for-
mules dclaratives ou des formules simples qui entrent dans la dcla-
148 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 60-61)
Page 61
!. Le blanc , le double , la vue ou le voyant , ... se
disent sans connexion lorsque ce ne sont pas des formules, comme le
sont tre blanc , tre double ou tre voyant . La formule
(/..6yo) en effet n'est pas le mot (ovou) blanc ou le mot
double ou le mot voyant ; c'est ce qui expnme la ralit du
blanc, du double ou du voyant. Or l'expression de la ralit du blanc,
du double ou du voyant entre dans la dclaration. Et c'est ce titre
qu'elle se dit en connexion et devient, du coup, ncessairement vraie
ou fausse.
2. Socrate doit ncessairement tre l'un ou l'autre, puisque sain et
malade sont des contraires qui n'ont pas d'intermdiaires (cf. 12 b 21)
et que le sujet, Socrate, n'est pas de ceux qui, naturellement, ont tou-
jours l'un de faon dtermine (cf. 12 b 37), sauf considrer qu'il a
de nature une capacit tre toujours sain ou maladif (cf. 9 a 15), ce
qui est absurde. L'objection met en connexion, grce aux formules
est sain et est malade , les contraires sain et malade
qui se disent sans connexion en dehors des formules en question. Du
coup, est malade et est sain entrent dans deux affirmations
contraires. La rfutation consistera montrer que deux affirmations
contraires ne souffrent pas la rgle nonce propos des dclarations
contradictoires, savoir que l'une des deux est ncessairement vraie et
l'autre fausse.
5. D'aprs ce qui a t pos plus haut, 13 a 5-6.
6. La mme raison a t donne dans le cas des affirmations
contraires, 13 b 17-19. La raison prcdente est, elle, propre aux affir-
mations opposes qui mettent en cause un tat et une privation.
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 62-63) 149
Page 62
l. Un attribut, selon notre auteur, peut tre ni en vrit d'un sujet
pour deux raisons : non seulement parce que le sujet possde l'attribut
contraire (Socrate est sain), mais aussi parce que le sujet dont on sup-
pose l'attribut n'existe pas ou n'existe plus (Socrate n'est plus). Dans
le premier cas en effet, il est exclu de lui reconnatre rellement! 'attri-
but contraire celui qu'il possde ; dans le second, il est exclu de lui
attribuer rellement quoi que ce soit. La vrit de la dclaration nga-
tive dans le premier cas est conforme au principe (cf. 5 b 39-6 a 1)
qu'un sujet ne peut recevoir en mme temps des attributs contraires
(tant sain, Socrate n'est pas malade). Dans le deuxime cas, elle est
conforme l'ide que l'absence du sujet exclut !'attribution, et donc au
principe (cf. 1 a 24-25) qu'un attribut inhrent un sujet ne peut exis-
ter, quel qu'il soit, sans le sujet qu'on lui suppose (Socrate n'tant pas,
la maladie ne peut exister en lui), mais c'est la condition d'entendre
l'expression ] vocrEi:v comme n'est pas (un) malade (ngation
vraie) et non comme est un non malade (affirmation fausse).
2. La thse ne vaut cependant pas pour toutes les propositions
contradictoires (cf. De interpr., 7, 17 b 29-34). On aura remarqu que
le cas des opposs titre de relatifs n'a pas t pris explicitement en
compte dans les exemples qui prcdent. C'est probablement que, d'un
mme sujet, on peut dire en vrit la fois qu'il est le double et qu'il
est le demi, qu'il est grand et qu'il est petit, etc. (cf. 5 b 35-36). - On
aura remarqu aussi que c'est le propre des dclarations contradic-
toires qui est ici mis de l'avant pour conclure, comme l'ont t le
propre de la substance (4 a 10 et sqq.), celui de la quantit (6 a 26 et
sqq.) et celui de la qualit (11 a 15 et sqq.).
5. L'exception la plus notoire est celle des vertus, moyens termes
entre deux vices extrmes, dont l'un, cependant, est parfois anonyme
(cf. th. Nicom., II, 7 et th Eud., II, 3). De plus, l'opposition des
extrmes, spcialement de ! 'un des extrmes, au moyen, est volontiers
plus nette que celle des extrmes entre eux. Cf. aussi Phys., V, 1, 224
b 32 (crn yap nro t Etu(; t iKpu).
Page 63
4. On peut tre tent de traduire la fin de ce passage comme s'il
tait question de faits : si c'est un fait que Socrate est sain, il est
impossible que Socrate soit malade . Mais l'on aboutit alors un rai-
sonnement banal, compltement dissoci de ce qui prcde. Car mme
s'il n'est pas question de vrit, le principe que deux contraires ne peu-
vent appartenir ensemble un mme sujet est appliqu ici deux non-
cs contraires, pas aux faits exprims par les noncs en question. Et
notre auteur en tire autre chose qu'une banalit. Son ide est en effet
que deux noncs contraires ne peuvent coexister et correspondre
l'opinion d'un mme sujet. Certes, la ralit peut donner lieu deux
150 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 63-64)
Page 64
2. L'explication peut paratre dcevante et partielle. Dcevante,
parce que le plus grand ge n'est pas ncessairement synonyme d'ant-
riont (un enfant disparu il y a trois sicles est antrieur un cente-
naire contemporain) ; partielle, parce qu'il y a aussi antriorit dans le
futur (le prochain hiver est antrieur au suivant). Mais en fait, l 'ant-
rieur selon le temps est ici considr comme attribut de ce qui est, non
de ce qui a t mais n'est plus, ni de ce qui sera mais n'est pas encore.
Et vu qu'il s'agit d'un attribut corrlatif du postrieur temporel qui, lui
NOTES COMPLMENTAIRES (p. 64) 151
aussi, convient un sujet qui est, non qui a t ou qui sera, il ne peut
s'entendre que d'un sujet qui existe prsentement depuis plus long-
temps qu'un sujet qui existe prsentement depuis moins longtemps.
Les deux sujets sont compars l'un l'autre en fonction de la distance
plus ou moins grande qui spare de l'instant prsent le moment de leur
venue l'tre. C'est ce qu'explique Mt., L'i 11, 1018 b 14-19, qui
range l'antriorit et la postriorit selon le temps, parmi les cas de
plus grand loignement ou de plus grand rapprochement par rapport
un principe donn, en l'occurrence l'instant prsent.
3. Cette forme d'antriorit, qui fait appel une implication non
rciproque, n'est pas signale en Mt., L'i 11, dans les mmes termes,
mais elle se tire de ce que Mt., L'i 11, appelle trs gnralement la prio-
rit naturelle et substantielle : toutes les choses qui peuvent tre sans
d'autres choses, alors que celles-ci ne peuvent tre sans elles (&cru
VXEUt dvut ivEu i/c/crov, KEivu ivEu KEivrov ] : 1019 a
3-4). La dfinition s'applique la substance comme sujet d'inhrence
de tout le reste (cf. 12 a 11-13). Et, comme le dclare Mt., L'i 11 :
d'une certaine faon, tous les cas d'antrieur et de postrieur
s'entendent d'aprs ces exemples (1019 a 11-12). L'exemple choisi
dans notre passage est emprunt la srie des nombres. Il suggre
l'antriorit du simple par rapport au multiple et peut-tre l'antriorit
du moins complexe par rapport au plus complexe. Il n'est pas trs dif-
frent, sous ce rapport, des exemples qui, comme l'lmentaire, illus-
trent la priorit selon l'ordre, signale ensuite. Les nombres ont
d'ailleurs t prsents plus haut (5 a 30-32) comme des quantits o
se trouve de l'antriorit selon l'ordre. En fait, le genre est, de cette
faon, antrieur l'espce, qui le suppose ncessairement, alors que la
rciproque n'est pas vraie; cf. Top., IV, 2, 123 a 14-15 (l'antriorit
dans ce passage est dite naturelle ) ; VI, 4, 141 b 29 et 6, 144 b 9-
10 ; et, infra, 15 a 4-7.
4. Pour ! 'essentiel, il est difficile de distinguer ces cas d'antriorit
des cas prcdents, puisque notre auteur a dclar lui-mme que dans
les nombres, on trouve une antriorit selon l'ordre (5 a 30-32). De
plus, la priorit des lments dans les sciences dmonstratives
(dfinitions, axiomes, postulats) et la priorit des lments dans la
science des lettres (les lettres qui composent les syllabes), peuvent
aussi d'une certaine faon ne pas supposer l'existence de ce dont ils
sont les lments, alors que la rciproque n'est pas vraie. Donc il n'y a
pas lieu, semble-t-il, de distinguer au fond l'un de l'autre deux modes
d'antriont. Mais la priorit selon l'ordre qui est ici mise de l'avant,
de toute vidence, est autre chose que l'ordre de succession des
nombres. Elle correspond l'ordre de succession que l'on trouve vo-
qu plus haut propos du discours, quantit discrte distingue du
nombre, autre quantit discrte (cf. 4 b 23-37). On en a la preuve avec
l'exemple du prambule qui prcde l'exposition dans un discours
152 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 64-65)
Page 66
2. Cette assertion corrige l'affirmation de 14 a 26 (1:Etpaxro), que
certains, pour cela, ont voulu modifier d'emble (en substituant ito.-
1..axro tEtpaxro, par exemple). Mais il est probable que l'auteur a
d'abord pris pour base une liste reconnue de quatre modes, pour justi-
fier ensuite l'ajout d'un cinquime mode, alors qu'en 10 a 16-26 il a
pris le parti d'carter un cinquime genre de qualits, aprs en avoir
d'abord rpertori quatre.
3. C'est le pendant du premier mode d'antriorit (14 a 26-29). Il ne
s'agit pas de choses de mme dure seulement, mais de choses exis-
tantes qui ont commenc au mme moment, choses dont la dure occupe
les mmes instants depuis leur dbut (cf. Phys., IV, 10, 218 a 25-27).
4. C'est le pendant du deuxime mode d'antriorit, excluant les
cas du cinquime mode (14 a 29-35 et b 10-24). C'est propos de ce
dernier mode qu'il tait question toutefois d'antriorit naturelle (14 b
13), comme il est question ici de simultanit naturelle (14 b 27). On
comprend ici pourquoi la qualification de naturelle apparat,
quoique de faon indcise, dans tout ce qui n'est pas antrieur ou
simultan selon le temps ; c'est que l'antriont et la simultanit tem-
porelles tiennent une concidence, alors que, dans les autres cas, la
nature mme des choses explique qu'elles sont simultanes ou non.
5. Le mme exemple et celui d'autres relatifs ont t discuts en 7
b 15-22. Aristote signale dans Top., V, 3, 131 a 14-26 qu'en fait, les
opposs en gnral sont ia tfJ q>UO"El. La mme assertion se retrouve
en VI, 4, 142 a 24 et 26-27, avec l'exemple du double et du demi.
6. Mme affirmation en Top., VI, 4, 142 b 8 (ia yp i:fl q>UO"El
i: K i:o ai:o yvou vi:18t11pfJva). Les exemples, dans ce
cas, sont le pair et l'impair, diffrences spcifiques du nombre.
L'affirmation vise donc les diffrences spcifiques d'un mme genre,
qui, ensemble, divisent ce genre et qui s'opposent les unes aux autres
sans qu'aucune forme de priorit ne puisse tre reconnue telle ou
telle.
Page 67
3. On voit encore ici que seule la simultanit temporelle (pure et
simple) n'est pas naturelle. Contrairement l'antriorit, la simulta-
154 NOTES COMPLMENTAIRES (p. 67-68)
nit n'est pas envisage selon le rang (cf. 14 a 36), ni comme syno-
nyme du plus honorable (cf. 14 b 4). Il n'est pas ici question non plus
de la simultanit selon le lieu qu'Aristote suppose en dfinissant la
contigut (Phys., V, 3, 226 b 21-23 : iu v ov .yEtut tut'
dvut KU't 't01tOV, ocra V lvi 't01t(\) crti 7tpW't(\) [ ... ] U1t'tEcr0ut
CJv t Kpu iu ... ). Cette concidence locale est le pendant de la con-
cidence temporelle.
Page 68
!. Ce bref dveloppement sur les espces du mouvement est, aux
yeux de certains, un corps tranger dans C, bien que, par exemple,
Phys., V, 1, 225 b 5-9 dcnve les mouvements partir des diffrentes
imputations. Mais ce dveloppement n'est pas en fait une tude, mme
sommaire, des diffrentes espces de mouvement. Il n'a qu'un seul
but : tablir que l'altration est un mouvement spcifique et qu'on peut
lui trouver un contraire, comme les autres espces de mouvement.
C'est en raison de ce propos que l'on trouve ici quelques lignes sur le
mouvement, parce que la contrarit, dont il a t question parmi les
formes spcifiques d'opposition (cf. 11 b 18), est ce qui oppose entre
elles des qualits (noirceur et blancheur, etc. : cf. 9 a 31) et que, par
ailleurs, le propre de la substance est de recevoir les contraires en res-
tant une et la mme (cf. 4 a 10-11). C'est tout cela, et nen d'autre, qui
appelle ici une note sur l'altration. Les Anciens, de leur ct, avaient
cru observer que notre passage est en contradiction avec Phys, V, 1,
225 a 7-b 8, qui ne reconnat que trois sortes de mouvement propre-
ment dit (selon la qualit, selon la quantit et selon le lieu), quatre la
rigueur (si l'on subdivise le mouvement selon la quantit en accroisse-
ment et diminution). En effet, la gnration et la corruption, dit Aris-
tote, sont des changements (Etu~o.ui) partir d'un non-sujet et vers
un non-sujet, non des mouvements (KlVJO"Et), puisque le non-tre pur
et simple ne peut tre m. Mais, ce tarif, si Kiv11crt ne peut tre
jamais synonyme de Etu~o.j, il faudrait aussi suspecter et dclasser
Phys., III, 1, qui, ayant dclar qu' il y a autant d'espces de mouve-
ments et de changements qu'il y en a de l'tre (201 a 8-9), fournit,
pour illustrer expressment les sortes de mouvements , les six
espces rpertories ici (201 a 11-15). Il est question, il est vrai, cet
endroit, de qiOicrt plutt que de Eirocrt, et de qio pt plutt que de ]
KU't tonov Etu~o.j. Mais Top., IV, 2, 122 a 28 emploie aussi
Eirocrt au lieu de qiOicrt. Et si, en Phys., 122 b 31-32, on lit que le
changement selon le lieu n'est pas toujours transport (oO' ] KU't
tonov Etu~o] nicru qiop), parce que la marche, par exemple,
n'est pas un dplacement local involontaire comme celui des tres
inanims, cette nuance n'est pas prise en compte plus haut, en 122 a
21-30, o transport est bel et bien synonyme de dplacement local,
comme espce du genre mouvement, ct des autres espces de la
mme division .
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 68-69) 155
Page 70
3. Cet ultime chapitre n'est pas reli ce qui prcde par un l-
ment de coordination. L' avoir (XEtV), dont il prsente les diff-
rents modes, n'est pas la tenue , c'est--dire l'avoir particulier
signal en 2 a 3, parmi les diffrentes imputations catgoriales ,
mais la ralit parfaitement quivoque qu'analyse aussi Mt, L'i 23.
L'on peut cependant rapprocher de la tenue les troisime et quatrime
modes de l'avoir prsents ici (respectivement en 15 b 21-22 et 22-23),
dans la mesure o avoir un vtement (sur le corps) ou avoir une bague
(au doigt), c'est tre vtu ou bagu, tout comme, rciproquement, tre
chauss ou tre arm, c'est avoir des chaussures (aux pieds) et avoir
des armes ( la main ou sur le corps). Mais il est aussi des modes de
l'avoir qui voquent autre chose que la tenue. Ainsi, le premier et le
deuxime (respectivement en 15 b 17-19 et 19-21), voquent la qualit,
puis la quantit, dans la mesure o avoir la science, c'est tre savant et
avoir une taille de quatre coudes, c'est tre de quatre coudes. Cer-
tains commentateurs ont mme suppos de ce fait que la distinction des
modes de l'avoir exprime ici serait le premier essai maladroit, tent
par Aristote, pour tablir systmatiquement les distinctions catgo-
riales et donc que le dernier chapitre de notre trait conserverait un
vieux brouillon du philosophe, malencontreusement ajout l'expos
d'une pense plus volue ! De telles suppositions sont trs peu vrai-
semblables. Et la diffrence qui existe entre les modes d'imputation
(catgones) et les modes de l'avoir est trop vidente pour que ceux-ci
soient l'origine de ceux-l. La qualit, la quantit et la tenue impu-
tables un sujet sont, au contraire, des distinctions propres faire
reconnatre certaines modalits diffrentes de ! 'avoir. Mais, avoir une
qualit, une quantit ou une tenue n'est pas une qualit, une quantit ni
une tenue. Notre auteur a pris la peine de l'observer plus haut expres-
sment avec toute la force dsirable : avoir l'tat (XElV ]V E,tv)
n'est pas l'tat (12 a 35-36). Ce qu'il se propose donc ici de faire,
c'est de dresser un inventaire trs gnral des modalits de l'avoir, en
commenant par celles que dterminent les diffrences entre qualit,
quantit et tenue.
4. Sur la vertu et la science comme qualits, voir supra, 8 b 29 et
11 a 33 (UUU yp KUl xoEV) et 34 (cp XElV OJV Ku!l' KU<JU
NOTES COMPLMENT AIRES (p. 70) 157
n1cri:rirov nvu). Cf. Mt., L'i 23, 1023 a 11-13, o Aristote donne
l'exemple du corps qui a une maladie (qualit qu'il est susceptible de
recevoir : cf. supra, 4 b 14-15 ; 8 b 36, etc.) et o il explique que
avoir , en ce cas, veut dire tre ce en quoi quelque chose se
trouve, titre de rceptable (v cl> iiv n {mapxn cb EKnKrp).
5. Ce sont les deux seules occurrences du mot grandeur (yE-
Oo) dans C. Ce mot s'applique aux quantits continues (mesurables).
Il n'est pas sr que XElV se dise dans le mme sens propos des
quantits discontinues (dnombrables). D'autre part, XEIV i:6itov est
frquent (mme au sens mtaphonque de tenir lieu de ), mais
l'expression indique plutt la situation. L'acception n'apparat pas
dans Mt., L'i 23. Mais, au fond, elle n'est pas diffrente de l'acception
prcdente. Car le sujet qui a quatre coudes est, pour cette longueur,
un rceptacle , au mme titre que celui qui a la science. La quantit
elle-mme est un rceptacle (de l'gal): cf. Mt., I 4, 1055 b 11 et
supra, 6 a 26.
6. Ces deux dernires acceptions, qui ne sont pas trs diffrentes,
sont notes ensemble dans Mt., L'i 23, 1023 a 10-11 (.yEtUl. ..
[EXEIV] t]v crOiji:u oi nEx6Evo1). Aristote explique que
avoir , dans ce cas, veut dire emporter dans son propre lan
(UyEIV ... KUt t]V UUtO op]V : 1023 a 9-10) OU, si l'on veut, por-
ter avec soi.
7. Avoir se dit du tout qui contient la partie, selon Mt., L'i 23,
1023 a 16-17 ; mais Aristote range cette acception sous !'acception
plus gnrale selon laquelle l'englobant contient les choses englo-
bes (to itEptxov i: 7tEptEX6Evu: 1023 a 13-14), acceptation
gnrale qui recouvre aussi le mode du rcipient, relev spcialement
ci-aprs.
8. Cf. Mt., L'i 23, 1023 a 15-16 : ainsi prtendons-nous que le
rcipient contient (i:o yyEov XElV) le liquide, la cit, des hommes et
le navire, des matelots .
9. Ce mode est dj loign ou secondaire, puisque avoir (XEtV)
est un vague substitut de possder (KtcrOu1). Il n'est pas enregis-
tr dans Mt, L'i 23, qui, en revanche, prcise que avoir s'entend
encore de ce qui empche quelque chose de bouger ou d'agir selon son
propre lan ou de ce qui assure la cohsion (1023 a 17-23).
APPENDICE 1
SVPPLEMENTVM CRITICVM
post l;; add. iixet S Il post Kai (codd.) add. 7ti h 2 (in interl.) A
(?) PS Il 26-27 ol;;v - cJ1:iv codd. A~ : om. n (rest. in
marg. n 1 siue n 2 ) Il 27 ol;;v codd. A~ : O: A Il 28 post
ocria (codd.) add. tcri:iv C Il 29 l;; codd. AL (cod. M) Lf
(cod. F) : ov VL" (cod. F) Lr (codd. Ca) Il post 6va (codd.
Lr) add. 7tUVtmv A add. nov crupi:pTJKtmv ~ Il 30 post
ocriat (codd. Lr) add. i:vat A (?) Il yovi:at : i:lcri D (?
130.3) Il 31 i:Tjv 7tproi:riv ocriav codd. ~ (cod. A) P : i:
7tpna ocria A~ (codd. nonnulli) Il post Katriyopouvmv
add. i:ai:a P Il 32 v : iv P Il :7totc'i> codd. PS : :7to0
n Il post eo add. aov ~ Il il : Kai PS Il 33 olxeim
ABdChmnVAe~p: otKEt6ti:pov Eu'Ar1s Il Kai ABdChEu'V
A~PS : Kai yp mn Il yvmptnepov (cod. A) codd. PS :
yvroptov A yvmptnepov aov ~ (codd. nonnulli) Il 34
il c'Pov : Kai c'Pov et post :7toto transp. P Il i:ffiv ' (:
CEnV) mv codd. : i:oui:mv yp P Il o n : tt7tEp P Il 35
:7totc'i> ABCEu'nV : :7to0 dhmP (codd.) Il n om. A(?) P
Il otpim : o Kupim P Il f:UKOV : il EUKOV il tpi7tTJXU
il uypov p Il 36 tpXEl codd. A : tpXf:tV A~ tpxov p Il
:7totou om. P Il 36-37 i:ai:a 6va CmnVP (?) : post i:ffiv
amv transp. ABdhA 6va i:ai:a Eu'~ Il 37 eui:epat secun-
dum P inserui (cf. 2 b 30) [u. adn. 19] Il tt ABdChEu'VA (?)
&"Lr : lin l;; mn Il 38 i7tacrtv codd. Lr : 7tUCJt et post
U7tOKf:tcr8at transp. n om. A Il U7tOK&tcr8at ABdChn V &f : u.
t i:oi:o (?) A u. Kai i: a 7tavi:a Kat i:oui:mv Katri-
yopeicr8at (add. il V ai:ai evat m) Eu'm secundum 2 b 16-
17 Il Kuptnai:a AB (?) mn&r (cod. F) : Kuptroi:ai:at B (siue
B 2 ) dChE (?) u'VLr (codd. Ca)
tata J\ (?) navta (?) supra scr. n 2 n' at&v Lct Il 28 na-
pmvum codd. S : om. Ld Il nmcrov : nocrov D (cod. H
234.21et31) 11 m codd. !\'~ (codd. nonnulli) L0 S (264.26)
AFOD : om. J\<f~ (cod. A) PS (264.7) Il 29 oi'iv codd. LrL0 :
om. EA Il 29-30 napmvum yEtat : t napmvum yE-
cr8at ~ (codd. nonnulli) Il 30 oiov n : no yp F Il Ch
EmnuV&F: om. ABdD (?) Il EUKO : EUKOi D Il 31
(bis) ChEmnuV~LF : om. ABdD (?) Il 32 iKato : iKatot
D Il 33 post vXEtat (ABdChEuV J\<&0 ) add. t y6io:va
mn add. n? J\f' (aliquid) 1134 (bis) ChEmnuV~L" (cod. M)
S (?) : om. ABd Il potKO ... 7tUKttKO codd. AL (cod. M)
S : 7tUKttK ... potKO E Il il codd. : om. E Il 35 ABdCh
EmM: om. uV Et J\ (?)Il <pUCJLK]v codd. : <pucrEt n (corr. n 2 )
7tUKtl K] V ~-
Remarques critiques
est en fait celui de 2 a 11-12 : ocria ... Ti ... 7tpcin:w ... Eyo-
VTJ et qu'il convient d'adopter.
10. (2 a 24) Dans l'expression oyo i:o :v8pro-
7tou, l'omission du second est atteste uniquement par n,
dont Minio-Paluello suit l'autorit, et par m, qui lui est troite-
ment apparent. C'est une leon isole, caractristique de
l'anctre commun mn et, semble-t-il, fautive, car les deux
familles de manuscrits attestent l'article. Le mme genre
d'omission fautive se retrouve en 2 a 32-33 : oyo i:o
KUICou (o le second est galement omis par d et C) et en 3
a 27 : oyo i:o 7tEo (o le second est galement
omis par V). Dans tous les cas, l'article litigieux semble attest
de surcrot par la version armnienne. C'est l'un des nombreux
exemples o, se bornant comparer B et n, Minio-Paluello
semble avoir major exagrment et sans raison l'autorit den.
11. (2 a 27) L'lision qu'on observe ici dans Bdhm est une
tendance qu'on observe dans les manuscrits de la premire
famille (cf., la ligne suivante, o8' ABdh, pour oui:E). Elle
n'est pas, semble-t-il, celle de l'auteur.
12. (2 a 30) L'adverbe 7tO'tE est omis dans plusieurs manus-
crits (dans la premire famille et ailleurs) ; il n'est pas traduit
dans certains manuscrits de Boce, ni dans la version arm-
nienne. Mais c'est probablement une omission fautive, car
notre passage ov KWDEt Katriyopi;cr8ai 7tOtE i:o U7tO-
KEtvou est rpt mot pour mot en 3 a 16 (oV KWUEt
Kai:11yopEicr8ai 7totE i:o 7toKEtvou ), o les manuscrits
unanimes attestent l'adverbe (aprs KWUEt dans le cas de met
n). Il convient donc ici de suivre la leon de ACmnV, contrai-
rement ce qu'a fait Minio-Paluello.
13. (2 a 33) Voir ci-dessus ad 2 a 24
14. (2 a 34) La plupart des manuscrits (y compris les
meilleurs B et n) ont ici . Il ne convient pas de retenir la
forme lide.
15. (2 a 35) Le texte imprim par Minio-Paluello (en 2 b 3-
6c) comporte videmment une redondance qu'une partie de la
tradition manuscrite a essay d'liminer de diverses faons.
Mais contrairement ce qu'affirme Minio-Paluello, ce que
Simplicius tenait pour une dittographie, ce n'est pas le passage
2 b 6-6c 7tavi:a ... Evat ; c'est en fait le passage 2 b 5-6b Tj ...
tcri:iv. Et (comme je l'ai montr dans Philologus, 141 [1997))
APPENDICE III 257
signale pas, le mot ne semble pas non plus traduit dans la ver-
sion armnienne. Mais le silence des traducteurs donne-t-il du
poids la leon de n qui omet na8ou ? Ce n'est pas sr.
L'argument e silentio est faible en l'occurrence, car y1yvo-
vou na8ou rappelle na8o yio:yio:vficr8a1 (de la 1. 4 b 8). De
plus, n est le seul tmoin omettre aussi yio: la mme ligne et
tous les autres manuscrits sont, ici et l, contre lui. Enfin,
l'introduction fautive de na8ou dans le reste de la tradition
directe serait plus difficile supposer. Dans le doute, il semble
prfrable de suivre la leon pratiquement unanime des manus-
crits.
43. (4 b 14) Il est difficile de suivre l'autorit des rares
tmoins qui omettent io:vat, comme le fait Minio-Paluello. En
effet, le mot est attest non seulement de faon unanime par les
manuscrits de la premire famille, mais dans une partie des
autres manuscrits. De surcrot, l'expression io:vat yEtat est
celle que l'on trouve utilise en 4 b 7, 9-10 et 16 ; elle corres-
pond en effet l'nonc de la proposition (yEtat) discute,
selon laquelle l'opinion et le discours sont (io:vat) suscep-
tibles des contraires (4 b 5).
44. (4 b 17-18) L'expression Kat ... io:taPoJ..i]v serait,
selon Minio-Paluello, une glose fourvoye, sans doute parce
qu'elle apparat deux endroits diffrents selon les tmoins :
soit avant EKttKOV, soit aprs tvavtimv. Mais elle est l'cho
de ce qu'on lit plus haut, en 4 b 3 (Kat t]V taui:fi io:i:a-
poJ..i]v) et il est trs naturel que la prcision fournie en 4 b 3,
qui est essentielle pour tablir la proprit de la substance, soit
reproduite ici dans la conclusion. Or elle se trouve reproduite
dans la moiti des manuscrits avant EKttKOV io:va1 i:ffiv
tvavi:imv, c'est--dire l'endroit o elle figure en 4 b 3 (avant
EKttK]V i:ffiv tvavi:imv). Il est donc trs vraisemblable que
l'anctre de la premire famille, qui reproduit l'expression
aprs tvavi:imv, ait simplement invers l'ordre des mots. Les
manuscrits, qui respectent l'ordre des mots observ en 4 b 3,
offrent un tmoignage sr parce qu'il est confirm par tous les
tmoins indirects disponibles, lesquels sont indpendants les
uns des autres (la traduction armnienne, les citations d'Olym-
piodore et de David, les lemmes de Philopon et d'Olympiodore
et peut-tre aussi la citation de Simplicius). De son ct,
l'anctre de la premire famille, que nous souponnons d'inver-
sion, est prcisment coutumier de ce genre d'erreur ; c'est,
APPENDICE III 265
124. (11 b 15-16) Je suis tent de croire que les mots U7t:p
:v o?iv i:&v 7tpoi:io:0i:vi:mv yio:v&v bcav i: io:iprii:va ne font
pas partie du morceau dont Minio-Paluello a prononc juste
titre l'athtse partir de 11 b 8, et que, dans le texte original,
ils faisaient suite la phrase qui se termine en 11 a 38 ( ... tv
<poti:pot yi:vio:cnv ai:o Katapt0io:icr0at). Ils en sont spa-
rs dans nos manuscrits, non seulement par le morceau athtis
(11 b 8-14) mais par les lignes 11 b 1-7, que, selon la sugges-
tion de Minio-Paluello lui-mme, j'ai replaces aprs 11 a 14.
Ainsi, aprs avoir dit (en 11 b 38) qu'on pouvait dnombrer
cela dans les deux genres , l'auteur enchanait en dclarant
que sur les genres prcits, ce qui a t dit est suffisant (11
b 15). Or il est trs probable que c'est cette dernire dclaration
qui a entran le commentaire marginal introduit dans le texte
(passage athtis). Le dbut du commentaire, en effet, est une
paraphrase de cette dclaration. L'auteur ayant crit U7t:p lv
o?iv i:&v 7tpoi:io:0i:vi:mv yio:v&v iKav i: io:iprii:va, quelqu'un
a repris ces propos, peu prs dans les mmes termes U7t:p
:v ov i:oui:mv i:ocrai:a yio:i:at, dans l'intention de les
expliquer. L'explication cependant rvle un petit malentendu :
tandis que l'auteur dclare en avoir dit assez sur les quatre
genres dont il a t question jusqu'ici, le commentateur com-
prend que ce qui est dit de l'ensemble des catgories s'arrte l,
en d'autres termes, qu'on ne trouve pas d'exposs concernant
les autres catgories. Mais il semble clair que la phrase que
nous proposons de conserver faisait partie du texte lu par le
commentateur et que c'est elle qui a suscit ses remarques. -
La suite rcio:pi :... J'>rii:i:ov (11 b 16-17) me parat, en
revanche, pouvoir tre regarde comme une addition intempes-
tive pour plusieurs raisons. Alors que l'auteur du texte primitif
n'annonce jamais aucun sujet dont il doit traiter et ne dis-
tingue pas nettement ce qui suit de ce qui prcde (o il ne
voyait pas un trait des catgories), cette phrase semble uni-
quement conue pour annoncer un sujet entirement nouveau :
7tEpi : i:&v vnKEti:vmv ... J'>rii:i:ov. Du reste, le titre 7tEpi
i:&v vttKEti:vmv, introduit plus tard dans les manuscrits, est
un dcalque de cette expression. Il figure deux endroits :
aprs ElpTJva dans la plupart des tmoins, ou aprs J'>rii:i:ov
dans m et n (le manuscrit E est dans ce cas et prcise au pra-
lable : pxi] i:&v vttKEti:vmv). Dans la traduction de Boce,
ce sont mme les mots rcio:pi : i:&v vnKEti:vmv qui servent
APPENDICE III 287
aprs cbxpov. Aucune non plus n'est traduite par Boce. Minio-
Paluello, ne considrant que B par ailleurs, a sans doute pens
qu'un tmoin a ajout les mots litigieux pour aligner la phrase
sur celle qui prcde (a 18-19). Mais la majorit des tmoins
offrent cette leon et celle-ci ne correspond pas exactement
celle de a 18-19 (Kat ocra Ua XPCata), sauf dans m
(manuscrit effectivement coupable de plusieurs additions cet
endroit). Dans tous les autres manuscrits, on lit Kai ocra .a
totai:a xproata. Et, dans le modle du traducteur armnien,
on restitue Kai ocra xproai:a. Ces donnes laissent plutt sup-
poser que le texte primitif tait bien Kat ocra U.a tOtata
'
xpmata.
131. (12 a 33-34) Le verbe XEt se trouve plac entre O'JllV
et oi:i; par les manuscrits de la premire famille, ordre des
mots que respecte la version armnienne. Ailleurs, cet ordre est
boulevers de deux faons : dans m et n, XEt est transpos
aprs 6vi:a, et dans EuV, c'est l'expression oi:i; O'JllV
XEt qui se trouve place aprs 6vi:a. Il y a peu de chances
que cette variante ou celle de met n, qu'adopte Minio-Paluello,
reprsentent la bonne leon. L'une et l'autre semblent plutt
des inversions intervenues dans les anctres respectifs de deux
groupes de manuscrits ainsi corrompus, comme on le voit
encore la lecture des mots suivants (voir note ad 12 a 34).
132. (12 a 34) Le texte adopt par Minio-Paluello est celui
du seul manuscrit n. Ce tmoignage isol n'offre probablement
pas la bonne leon. Il semble mme plutt trahir une correction
du texte fautif o yi;i:at vm otE tu<p, que l'on trouve
en mu V (o s'observe l'omission du premier otE). Le texte le
plus sr est celui de la premire famille, rejointe par E.
133. (12 a 35) La leon adopte par Minio-Paluello est clai-
rement celle du plus grand nombre de manuscrits. Le tmoi-
gnage de ABd, qui placent XEtV aprs i:tv, serait rejeter si
deux tmoignages indirects ne venaient le confirrner : non seu-
lement un lemme d' Ammonios (lecture probable et sans grand
poids) mais surtout une citation de Simplicius, que Minio-
Paluello n'avait pas vue. La valeur de ce tmoignage indirect
est elle-mme garantie par le fait que la mme expression Kai
i:o i:Tjv i:tv XEtV rapparat plus loin, sans variante, en 12 b
2.
134. (12 b 1) Les manuscrits de la premire famille (rejoints
par m) offrent trs vraisemblablement la bonne leon, partir
290 APPENDICE III
Rien de tout cela n'est d'un grand poids, mais il n'y a aucune
raison de se ranger du ct de la balance o le poids est plus
faible encore.
141. (13 a 13) La plupart des manuscrits ont le texte que je
propose d'adopter. La place de n dans ce texte est confirme
par la version armnienne. Tel devait tre l'ordre des mots dans
toute la tradition, car c'est par haplographie (aprs crn) que n
est visiblement disparu dans les autres manuscrits (premire
famille). Il n'y a que la rfection den, que suit paradoxalement
Minio-Paluello, placer n aprs crov, ce qui, en fait, a tout
l'air d'tre une inadvertance. On peut voir, du reste, dans le
parallle de 13 a 8 (o n figure avant critv) que l'auteur de la
rfection de n avait dj omis le n litigieux cet endroit. Isol
dans les deux cas, son tmoignage ne mrite pas, ici, plus de
crdit que l.
142. (13 a 25) Minio-Paluello, qui consultait seulement
deux manuscrits, s'est trouv en prsence de deux leons :
PiJ.iim (dans B) et Pnov (dans la rfection de n).11 a cart
cette dernire variante, car le sujet de l'attribut, <pao, est
un masculin, non un neutre. Il a donc retenu la leon de B, mais
sans observer qu' part ces deux manuscrits, tous les autres
sans exception prsentent la leon Pi:J.. iimv. Cette leon, resti-
tue d'ailleurs par un correcteur dans B et n, est probablement
la bonne leon. Non seulement parce qu'elle est la mieux attes-
te, mais parce qu'elle explique ensemble les variantes pi;J.. iim
et P't"tov. La premire est moindre frais une transformation
peut-tre inconsciente, du nominatif en accusatif, plus usuel
pour l'attribut dans une infinitive. La seconde est une mauvaise
lecture de l'omga.
143. (13 a 26) Tous les manuscrits prsentent la graphie
't"Em. La variante 't"EEim, qu'adopte Minio-Paluello, ne se
trouve que dans la rfection de n. Elle apparat plus loin, en 29-
30, atteste cette fois par tous les tmoins, sauf Eu V qui sem-
blent avoir uniformis. Mais les deux graphies se rencontrent
en grec classique chez le mme auteur ; il n'y a donc pas de
raison de vouloir tout prix n'en recevoir qu'une seule en 26 et
en 29-30.
144. (13 a 26-27) La rfection den, que suit Minio-Paluello,
est le seul tmoin prsenter la particule iv aprs no Ti v.
Mais l'auteur de la rfection de n a-t-il seul recopi ici un
tmoin fidle ? C'est peu probable, quand on voit le nombre de
APPENDICE III 293
yaOo.; (bien, bon) : genre (14 a 23) ; contraire au mal (11 b 21, 35-
36 ; 13 b 36 ; 14 a 2, 6) ; mdit entre deux maux (14 a 4). -
Voir KUK6v.
yyEiov (rcipient) : 15 b 23, 26.
uyvola (ignorance) : relatif, contraire de la science (6 b 17). - Voir
i\1ncrtij 11
.yp0<; (champ) : exemple de possession (15 b 27).
OLKia (injustice): qualit, contraire de la justice (10 b 13, 20, 21,
22 ; 14 a 1, 18, 22). - Voir !Kutocruvri.
1. Non sans quelques erreurs : ainsi (p. 16), sont donnes 3 occur-
rences de l'accusatif singulier de yvEcrt, qui sont, en ralit, des
occurrences du datif pluriel de yvo ; ce qui diminue et augmente
d'autant les prtendues occurrences de yvEcrt et yvo. Mais,
moyennant vrification, c'est un outil de travail irremplaable.
2. Les rfrences renvoient videmment au texte de notre dition et
ne correspondent pas toujours exactement celles que fournit l 'lndex
de Collin-Rutten, fond sur le texte de Minio-Paluello, d'ailleurs moins
fidle que le ntre la mise en ligne de Bekker.
306 INDEX THMATIQUE
AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vil
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI
1. De la place traditionnellement assigne aux
Catgories dans le Corpus Aristotelicum . XI
2. Des titres attribus au trait . . . . . . . . . . . . XXIV
3. Du contenu de Catgories compar
Mtaphysique ~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XLI
4. Du propos de l'auteur de Catgories et des
Topiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LXIV
5. Des Catgories . . . . . . . . . . . . . . . . . . LXXX
6. Des problmes d'authenticit . . . . . . . . . . xc
7. Le texte de Catgories. . . . . . . . . . . . . . . . CXI
A. La tradition directe . . . . . . . . . . . . . . . . CXI
B. La tradition indirecte . . . . . . . . . . . . . . CXL
8. Objectifs de la prsente dition . . . . . . . . . CLXXVII
LMENTS DE BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . CXCI
SIGLA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ccxvn
TEXTE ET TRADUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . 1
NOTES COMPLMENT AIRES . . . . . . . . . . . . . . . . 73
APPENDICES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
1. Textes cits par les commentateurs anciens 159
II. Supplementum criticum . . . . . . . . . . . . . . 183
III. Remarques critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
INDEX THMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305
COLLECTION DES UNIVERSITS DE FRANCE
OUVRAGES PARUS
Srie grecque
dirige par Jacques Jouanna,
de l'Institut,
Professeur l'Universit de Paris Sorbonne
N DITEUR 3995