Cahiers Eudiste - Doctorado San Juan Eudes - La Formation de Jesus Dans Nos
Cahiers Eudiste - Doctorado San Juan Eudes - La Formation de Jesus Dans Nos
Cahiers Eudiste - Doctorado San Juan Eudes - La Formation de Jesus Dans Nos
Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
P. Jean-Michel AMOURIAUX, cjm, Supérieur Général
I. Approches Bibliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Contrepoint . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
ÉDITORIAL
rieure du Christ dans la vie des croyants. Que tous soient re-
merciés de leur contribution, ainsi que les traducteurs. Il fau-
drait certainement ajouter une approche ecclésiologique pour
ne jamais oublier que nos démarches personnelles et nos mis-
sions s’enrichissent d’autant plus qu’elles sont vécues avec des
frères en communauté, avec qui nous formons le Corps de la
Congrégation. Un prochain Cahier eudiste pourrait se pencher
sur ce point crucial de la vie eudiste.
Un des plus beaux fruits de la thématique de la formation
de Jésus en nous est que nous avons là un principe d’unifica-
tion de notre vie et de nos missions. En effet à la suite de saint
Jean Eudes (et de saint Paul !), nous comprenons que l’accueil
de l’Évangile se réalise lorsque le Christ est formé dans le cœur
de l’auditeur. Ce n’est pas une simple adhésion morale ou men-
tale mais bien l’accueil de la personne du Christ ressuscité dans
le centre de la personne, autrement dit dans son cœur, le lieu
de la vie, de l’amour, de la décision. Ainsi nous comprenons
que l’évangélisation est formation du Christ en soi et en l’au-
tre ! De plus, l’emploi par saint Paul dans la Lettre aux Gala-
tes, dans un contexte d’enfantement, renvoie à une démarche
qui donne du relief au mot « formation » car il s’inscrit dans
une dynamique de processus successifs, induisant de nouvelles
étapes et des transformations. La vie chrétienne se conçoit dès
lors comme un processus de croissance, donnant un socle es-
sentiel à tout ce que nous entendons habituellement en termes
de formations initiales et permanentes. Nous ne pensons plus
ces formations de manière isolées et ponctuelles, mais nous les
inscrivons dans le dynamisme de la vie et de la foi qui conduit
à l’accomplissement de l’être. Enfin, nous n’oublions pas le
contexte ecclésial de la Lettre aux Galates, nous rappelant que
nous devenons ce que nous recevons, le Corps du Christ ; la
formation est également celle du corps qui est engendré dans le
monde par le puissance de l’Esprit de Jésus Ressuscité, un seul
corps qui unit les membres et la tête.
J’invite tous les lecteurs de ces pages à se laisser interroger
et plus encore à se renouveler pour entrer dans notre bel héri-
tage eudiste. Cet héritage, nous souhaitons le partager avec le
Éditorial 7
I. APPROCHES BIBLIQUES
Saint Paul dit que Jésus Christ s’accomplit en son Église (Ep
1,22) et que nous concourons tous à sa perfection et à l’âge de sa
plénitude (Ep 4,13), c’est-à-dire à son âge mystique, qu’il a dans
son corps mystique qui est son Église, lequel ne sera point ac-
compli qu’au jour du jugement. Et ailleurs le même apôtre
parle de la même plénitude de Dieu qui s’accomplit en nous et
de la croissance et augmentation de Dieu en nous (Ep 3,19).
(O.C. I, 311)
10 Cahier eudiste n° 25 - 2017
L’œuvre formatrice
Contraste
Jésus et l’histoire
Conclusion
alors un enfantement sans douleur car les Galates avaient été ré-
ceptifs à la première annonce de l’Évangile. Maintenant Paul
parle d’un second enfantement, désormais douloureux, de façon
que la vie nouvelle en Christ se développe pleinement dans le
cœur des Galates. Alors, le Christ sera formé en eux. C’est dans
ce long et continuel processus que consiste la vie chrétienne.
Conclusion
2 En plus du passage de l’épître aux Galates (4, 19), l’apôtre Paul utili-
sera des expressions en lien avec la racine verbale (morfoo) en 2 Co 3, 18
(mtamorphoumetha) ; Ph 3,10 (symmorphizomenos) ; Ph 3, 21 (symmor-
phon) ; Rm 12, 2 (metamorphousthe)
28 Cahier eudiste n° 25 - 2017
3
Message du synode de la Parole… Benoît XVI, exhortation apostoli-
que Post synodale Verbum Domini.
I. Approches Bibliques 29
Jésus, il dit que sa vie ne lui appartient pas, mais qu’elle est au
Christ (Ga 2, 20 ; Ph 1, 21) et ceci se produit précisément à
partir du baptême, quand nous mourons tous avec le Christ, et
ressuscitons avec Lui (Rm 6, 8). À l’intérieur de l’homme, là où
le Christ habite, la vie prend de la vigueur, alors que l’homme
extérieur perd peu à peu ses forces (2 Co 4, 16).
m’a jugé assez fidèle pour m’appeler à son service, moi naguère
un blasphémateur, un persécuteur, un insulteur. Mais il m’a été
fait miséricorde parce que j’agissais par ignorance, étranger à la
foi ; et la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et la
charité qui est dans le Christ Jésus. Elle est sûre cette parole et
digne d’une foi toute entière : le Christ Jésus est venu dans le
monde pour sauver les pécheurs dont je suis, moi, le premier. Et
s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jé-
sus Christ manifestât toute sa patience, faisant de moi un exem-
ple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle.
Au roi des siècles, Dieu incorruptible, invisible, unique, bonheur
et gloire dans les siècles des siècles ! Amen (1 Tim 1, 12-17). De
là surgissent les invitations réitérées aux communautés fondées
par lui : « que personne ne se soucie de son propre intérêt, sinon
de celui des autres. Ayez donc l’attitude même du Christ Jésus ».
(Ph 2, 4-5)
●
Graduation théologique des affirmations
De même que l’on a décrit le processus génétique des écrits
néotestamentaires, on pourrait le faire avec les contenus théo-
logiques qui dérivent de leurs formes littéraires. Pour ce qui
concerne « la formation de Jésus en nous », on pourra faire
cette subtile distinction : former, vivre, croire et suivre Jésus.
Tout d’abord, comme un travail propre à chacun, mais en
continuité avec un processus simultané de le former dans la vie
des interlocuteurs de l’annonce évangélique.
●
Graduation spirituelle et pastorale de sa répercussion
L’intérêt de cet article est en droite ligne avec la préoccupa-
tion spirituelle et pastorale du lecteur, c’est pourquoi on privi-
légie également le langage et les propositions argumentatives
afin qu’ils s’harmonisent avec cette recherche personnelle et
évangélisatrice.
ter (14, 23), demeurer (15, 9-10), être un (17, 21). En défini-
tive, la rencontre personnelle avec Jésus et son accueil ouvrent
un processus de communion radicale qui transforme l’essence
même de qui se trouve avec Lui (cf. 1, 12 ; 3, 3 ; 4, 14).
D’autre part, Jean avertit que la transformation que sup-
pose la foi en Jésus est progressive, qu’elle implique un proces-
sus pédagogique conduit par le Maître qui soigne, qui se révèle
et qui finit par devenir le centre de toute la vie. Le miracle « di-
dactique » de l’aveugle né l’illustre bien : la guérison (9, 7)
mène peu à peu à un témoignage (9, 8-34) qui se conclut par la
révélation pleine de Jésus (9, 35-37) et par la confession/adhé-
sion pleine de celui qui croit (9, 38).
10 Eudes, Jean. Œuvres choisies. Bogotá 1990, p. 117. Dans le texte ori-
ginal on lit « la principale occupation d’un chrétien doit être de travailler à
former et établir Jésus dedans de soi, selon ce souhait apostolique : Forme-
tur Christus in vobis, c’est-à-dire [de travailler] à la faire vivre dans son es-
prit et dans son cœur, et à établir la sainteté de sa vie et de ses mœurs en son
âme et en son corps : qui est ce que saint Paul appelle porter et glorifier
Dieu dans mon corps… ». EUDES, Jean, O.C. I, 91.
11 “Faisant ainsi, vous vivrez dans la vraie et parfaite dévotion, par le
moyen de laquelle vous formerez Jésus en vous, selon le souhait de son Apô-
tre : Donec formetur Christus in vobis 1 ; et vous serez transformés en Jésus,
selon la parole de ce même Apôtre : In eamdem imaginem transformamur 2 ;
c’est-à-dire, vous ferez vivre et régner Jésus en vous, vous ne ferez qu’un
avec Jésus, et Jésus sera tout en vous, selon la parole sacrée : Consummati in
unum, et omnia in omnibus 3 ; qui est le but et la fin à laquelle tend la vie,
la piété et dévotion chrétienne. C’est pourquoi il est nécessaire de vous faire
voir de quelle importance est ce grand œuvre de la formation de Jésus dans
nos Âmes, et ce qu’il faut faire pour l’y former ». EUDES, Jean. O.C. I,
p. 271.
40 Cahier eudiste n° 25 - 2017
ce que dit notre Sauveur, qui nous assure que celui qui fait la volonté de son
Père est son frère, et sa sœur, et sa mère… » Jean Eudes, OC VII, p. 88.
16 “ Ce Verbe adorable veut que sa sainte Mère le produise par une gé-
nération spirituelle, avant que de le produire par une génération corporelle,
et qu’elle le forme dans son Cœur, conformément à ces divines paroles : For-
metur Christus in vobis ». Jean Eudes, OC VII, p. 130-131.
17 “… notre très bon Rédempteur non seulement veut effacer en nous
cette horrible image, mais il veut se transformer en nous : cum in forma Dei
esset, exinaivit semetipsum, formam servi accipiens, et nous transformer en
lui : In eamdem imaginem transformamur. Formetur Christus in vobis. Et sa
bonté passant encore plus outre, il veut nous associer avec lui et nous rendre
ses coopérateurs dans le grand œuvre de cette merveilleuse transformation ».
Jean Eudes, OC VII, p. 228.
42 Cahier eudiste n° 25 - 2017
18 Cette idée est reprise 76 fois dans le chapitre 17 de Jean. Parmi ces ci-
tations, le verset 23 (« Moi en eux et toi en moi »), 19 fois. Les références à
la « Vie » et au « Royaume » sont les plus nombreuses dans ce chapitre 17 de
Jean (26 fois).
19 François, Evangelii Gaudium, p. 88.
20 François, Evangelii Gaudium, p. 24 et 220.
21 Un « kairos » dans le texte original (note du traducteur).
I. Approches Bibliques 43
La péricope de la tendresse
D’un autre côté cela lui est utile pour poser de manière
concrète les bases pour présenter de manière suggestive la fa-
çon de comprendre ce qu’est être disciple, l’adhésion au
Christ, la vie en Christ. Dans cette perspective, on peut définir
la vie chrétienne comme la gestation en moi d’un nouvel être
en Christ : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création
nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là » (2 Co
5, 17). Le Christ est celui qui engendre la vie qui doit se former
dans le croyant. Il amène la communauté à naître comme une
nouvelle création ! Maintenant, dans cette belle métaphore ma-
ternelle, la mère (Paul) porte son bébé (la communauté galate)
dans son utérus, en espérant que la formation du bébé arrive à
la plénitude de la vie (« que le Christ soit formé en vous »).
Le chrétien, alors, c’est celui qui est né de nouveau du
Christ et qui, par conséquent, vit en “Christ”. C’est en cela que
consiste la nouvelle création annoncée par les prophètes. En
Ga 3, 26-28, qui est le cœur de cette lettre paulinienne on lit :
« Car vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans le Christ Jésus.
Vous tous en effet baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le
Christ : il n’y a plus ni juif, ni grec, ni esclave ni homme libre, il
n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un
dans le Christ Jésus ». L’être en Christ est l’aboutissement du
processus de la configuration d’une personnalité nouvelle en
Lui, c’est le point culminant de la formation du Christ en nous.
Ressentons-nous une impérieuse nécessité de développer
une vie intérieure qui ne laisse d’espace qu’au Christ pour qu’il
nous conforme à Lui, c’est-à-dire à sa structure essentielle, de
sorte que nous ne soyons qu’en Christ et que nous ne vivions
qu’en Lui ?
49
● « Soyez saints comme je suis saint » (Lv 11, 44), « Soyez par-
faits comme votre Père qui est aux cieux est parfait » (Mt 5.
48), « Soyez miséricordieux comme votre Père des cieux est
miséricordieux » (Lc 6, 36), « Oui, cherchez à imiter Dieu,
puisque vous êtes ses enfants bien-aimés » (Ep 5, 1). Le
même Dieu le Père dont l’image se grave en nous est notre
prototype. (Entretiens, 2, 153; Le Cœur Admirable, O.C.
VII, 108).
● « Laissez venir à moi les petits enfants parce que le royaume
des cieux est à eux » (Mt 19, 14), « Grave moi comme un
sceau sur ton Cœur, comme un sceau sur le bras » (Ct 8,6).
La jeune fille Marie paradigme des attitudes et vertus qu’il
faut imprimer en nous. (L’Enfance admirable, O.C. V, 50,
99-100).
● « Que ton nom soit sanctifié » (Mt 6.9). Le Père est sanctifié
depuis le Jésus que nous formons et sanctifions dans nos
Cœurs. (Vie et Royaume, 1, 90; Le Cœur Admirable, O.C.
VIII, 50).
● “Nous le servions dans la justice et la sainteté tout au long de
nos jours”. (Lc 1, 74). C’est le même Jésus formé en nous qui
nous permet l’exercice parfait de la sainteté et de la justice,
très spécialement dans la Congrégation (Vie et Royaume,
O.C. I, 90 ; Entretiens, O.C. II, 143-144 ; Exercice de Piété,
O.C. II, 328ss ; Le Cœur Admirable, O.C. VI, 388 ; Constitu-
tions, O.C. IX, 144).
● « Le règne de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17, 21). Jésus,
formé en nous rend réelle cette parole avec laquelle com-
mence et culmine pratiquement la vie et le royaume de Jésus.
(Vie et Royaume, O.C. I, 92, 559)
● « Glorifiez et louez Dieu dans votre chair ». C’est le fruit de
la formation de Jésus en nous. (Vie et Royaume, O.C. I, 91;
L’Enfance Admirable, O.C. V, 362; Le Cœur Admirable,
O.C. VI, 46-47, 114,279).
● « Il a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout,
il a fait de lui la tête de l’Église qui est son corps, et l’Église,
c’est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble
totalement de sa plénitude ». (Ep 1.22-23). Le projet du Père
avec le Fils, avec l’Église et avec nous a ce but, avec Jésus
56 Cahier eudiste n° 25 - 2017
C) L’anéantissement mystique
pour lui donner des ministres dignes des saints autels, di-
gnos altaris ministros ; des ouvriers évangéliques et irrépro-
chables, operario sinconfusibiles ; des prêtres vraiment
apostoliques, apostolicos sacerdotes ; des pasteurs selon le
cœur de Dieu, Pastores juxta cor meum; des ecclésiastiques
qui soient des images vivantes de sa très éminente sainteté,
et des modèles accomplis de la perfection chrétienne ; en
un mot, des hommes non plus hommes, mais Dieux et pè-
res des Dieux : Sacerdos est Deus Deos efficiens : Et les en-
fants de cette Congrégation étant choisis de Dieu, par une
bonté inconcevable, pour être employés à former, perfec-
tionner et sanctifier ces dignes ministres de ses autels, ces
ouvriers irréprochables, ces prêtres apostoliques, ces pas-
teurs selon son cœur, ces vives images de sa divine sain-
teté, ces modèles de la perfection chrétienne, ces Dieux et
ces Pères des Dieux : il est évident qu’il n’y a personne au
monde qui soit plus obligé de travailler à acquérir la per-
fection et la sainteté, que ceux qui sont obligés de la don-
ner aux autres ». (O.C. IX, 587)
Conclusion
26 « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que
je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a
aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2,20). « Ayez en vous les disposi-
tions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5). « Lui qui est si riche en gloire,
qu’il vous donne la puissance de son Esprit, pour que se fortifie en vous
l’homme intérieur. Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enra-
cinés dans l’amour, établis dans l’amour » (Ep 3,16-17). « Voici comment
l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique
dans le monde pour que nous vivions par lui » (1 Jn 4,9).
27 « Et, quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra
alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera
tout en tous ».
28 Saint Augustin, Confessions, III, 6,11.
78 Cahier eudiste n° 25 - 2017
29 O.C. I, 167.
30 O.C. I, 204.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 79
31 O.C. I, 265.
32 Gal 4,19.
33 2 Co 3,18.
34 Jn 17,23 ; 1 Co 15,26.
35 O.C. I, 271.
80 Cahier eudiste n° 25 - 2017
36 O.C. I, 271.
37 O.C. I, 272-273, lectionnaire eudiste, texte 16:
1. Afin que le dessein et le désir très grand que le Père éternel a de voir
son Fils vivant et régnant en nous soit accompli. Car, depuis que son Fils s’est
anéanti pour sa gloire et pour notre amour, il veut qu’en récompense de son
anéantissement, il soit établi et régnant en toutes choses. Il aime tant ce Fils
très aimable, qu’il ne veut rien voir que lui en toutes choses, et ne veut point
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 81
41 O.C. I, 322.
42 O.C. I, 324.
43 O.C. I, 325.
44 id.
45 Dom J. HUIJBEN, op. cit. p. 43.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 85
51 O.C. I, 496-504.
88 Cahier eudiste n° 25 - 2017
chose vôtre, qui vous avait été donnée de votre Père ».52 Cela
est la conséquence la plus profonde de cette formation de Jé-
sus en nous. Plus rien ne m’est étranger, nous pouvons nous
approprier tous les mérites du Christ. Et Jean EUDES, selon sa
vision perçante du corps du Christ, invite à s’approprier tous
les mérites de tous ceux qui sont unis au Christ, de tous ceux
en qui le Christ s’est formé, en particulier à la place la plus
éminente la Vierge Marie, Mère de Dieu.
Cela dit, faisons encore un pas. Chez Jean Eudes, la démar-
che spirituelle de formation de Jésus est double. Elle part d’en
haut, du don de Dieu, à partir du baptême et dans la contem-
plation des mystères dont la grâce s’écoule dans le cœur des fi-
dèles pour recevoir l’amour de Dieu.53 C’est une démarche
proprement croyante qui prend au sérieux l’incarnation du
Verbe de Dieu et son mystère pascal dont nous sommes les bé-
néficiaires en recevant le Saint Esprit. C’est ce que nous venons
de présenter. Et il y a par ailleurs chez Jean Eudes, une démar-
che qui part « d’en bas », c’est-à-dire qui part de notre réalité
et qui – selon son expression – se vit « en honneur et union »
avec le Christ. C’est cet aspect qu’il développe principalement
lorsqu’il parle de la formation de Jésus en nous, sans omettre
celle qui a été précédemment exposée.
52O.C. I, 501.
53cf. Rm 5,5, texte retenu par saint Jean EUDES pour la fête du Cœur
de Jésus.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 89
57 Dans ce même texte, on perçoit bien que les facultés intérieures sont
liées, entre l’intelligence, la volonté en tant que principe d’action et les affec-
tions.
58 O.C. I, 274.
59 Bernard PITAUD, Une direction spirituelle au XVIIème siècle, G de
Renty et E de la Trinité, Paris, Cerf, 1994, p. 47.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 91
sus en nous ».60 C’est aussi valable pour faire de la place à au-
trui !
Jean Eudes, héritier de la théologie de la grâce, marche sur
la ligne de crête entre ceux qui ne considèrent pas la grâce
comme absolument nécessaire au salut et d’autres qui prê-
chaient que seule la grâce suffit au salut indépendamment des
œuvres. Jean Eudes s’inscrit dans l’école du jésuite Francisco
Suarez, qu’il cite à plusieurs reprises en rappelant ses qualités,
« un miracle de science et de piété ». Selon son traité sur le su-
jet « De gratia »,61 la grâce est la vie même de Dieu qui se
donne gratuitement aux hommes pour progresser et parvenir
au salut. La grâce n’est pas une substance surnaturelle qui
s’ajoute à la réalité naturelle de l’homme mais sa réception est
une participation à la vie même de Dieu.62 C’est la vie même
de Dieu que Jésus Christ veut donner aux hommes pour leur
salut. Pour Jean Eudes, la grâce est l’Esprit Saint, la vie même
de Dieu. C’est la raison pour laquelle ce « quatrième et princi-
pal moyen » s’achève par une remise de soi : « Offrons-nous
aussi au Saint-Esprit pour la même intention, et faisons-lui la
même prière ».63
Cet impératif – « Offrons-nous » – permet de souligner un
aspect important de la démarche de Jean Eudes. Dans sa péda-
gogie qui reconnaît à la grâce son rôle de fondement, Jean Eu-
des encourage à poser des actes volontaires. Le disciple cher-
che à se donner à l’Esprit Saint en voulant s’unir à ce que Jésus
a vécu, il peut même chercher à se vouer totalement à lui.64
D’un équilibre remarquable, cette démarche volontaire ne met
pas en tension celui qui s’y livre. En effet, la puissance de la
60 O.C. I, 275.
61 Pour mémoire l’œuvre est de 1619.
62 Cf. Catéchisme de l’Église catholique 2003 : « La grâce est d’abord et
principalement le don de l’Esprit qui nous justifie et nous sanctifie ».
63 O.C. I, 275.
64 C’est le sens des démarches posées par Jean EUDES lorsqu’il pro-
nonce le vœu de servitude puis le vœu du martyre. Remarquons cependant
qu’il ne proposera ni l’une ni l’autre de ces démarches à ses fils ou à ses fil-
les.
92 Cahier eudiste n° 25 - 2017
grâce est telle que nous n’avons pas sans cesse à lui rappeler !
Et pareillement, nous pouvons nous en remettre en confiant à
Dieu notre désir et nos intentions. Quelle belle liberté dans
l’Esprit Saint cela nous permet : « qu’il suffit d’avoir le désir et
l’intention de faire vos actions dans l’esprit de Jésus-Christ, et
dans ses dispositions et intentions; et ainsi il est facile, moyen-
nant la grâce de Notre-Seigneur, de faire toutes nos actions
saintement et chrétiennement ».65 Le déroulement de la vie qui
s’en remet et s’abandonne à son Seigneur permet à celui-ci de
prendre toute sa place en nous. Toutes les composantes d’une
vie simple et ordinaire deviennent des occasions de recevoir la
vie de la grâce, et ainsi Jésus se forme en nous.
65 O.C. I, 443.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 93
mot nunc étant donné qu’il nous place devant la situation pré-
sente, il s’agit de la formation de Jésus maintenant.
Nous comprenons alors la mystique comme le chemin
d’une union profonde du baptisé avec Jésus comme l’affirme
St Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en
moi » (Ga 2, 20). C’est le chemin suivi par de nombreux mysti-
ques comme Jan van Ruysbroeck (Nuptiis vel de ornatu nupcia-
rum spiritualium), qui jette les fondements de l’union mystique
dans le mystère de l’Incarnation, ou Ste Thérèse, qui elle aussi
parle du même thème, à partir d’un processus de l’itinéraire
spirituel : les noces spirituelles entre le Christ et l’âme. De plus,
bien d’autres auteurs spirituels canonisés ou non, ont fait de
l’union avec le Christ le centre de leur vie, ce que l’on appelle
fréquemment les noces spirituelles entre le Christ et le croyant.
Dans la pensée de Jean Eudes cette union commence expli-
citement au baptême, à partir du contrat ou alliance avec Dieu,
union qui est appelée à se fortifier petit à petit avec l’anéantis-
sement de soi-même, avec discipline et persévérance, avec
amour et foi, comme humble et confiante réponse à l’amour et
à la grâce surabondante de Dieu sur chacun d’entre nous. Il
s’agit d’une histoire personnelle vécue avec Jésus, d’une his-
toire avec des hauts et des bas, mais toujours en croissance
(anagogique) allant toujours plus haut, dans laquelle petit à pe-
tit le Seigneur, si nous le lui permettons, poursuit son œuvre
merveilleuse. Le but recherché est certainement mystique :
l’union d’amour intime avec Jésus comme réponse, limitée cer-
tes, mais totalement donnée à l’amour ardent, profond et
constant de Jésus pour nous, jusqu’à n’avoir « qu’un seul
cœur » avec Jésus.
Il s’agit d’une union mystique, c’est-à-dire qui se réfère au
mystère de l’amour de Dieu. Ce n’est pas une union ontologi-
que étant donné que Jésus, quoique parfait, est aussi une per-
sonne divine (parfait dans sa divinité, engendré, non créé), tan-
dis que nous, nous sommes des créatures invitées à nous trans-
former en une louange vivante, à cause de sa présence dans no-
tre existence ; c’est une union amoureuse et totalisante avec
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 97
2. Quel Jésus ?
La nature
La Grâce
La gloire
Sentiments
Anéantissement
La prière
Les vertus
Sentiments
Dispositions
Intentions
Les intentions de Jésus sont très claires chez saint Jean Eu-
des. Il suffit d’en rappeler deux :
« N’est-il pas vrai que, comme ce Père saint donne l’être à
son Fils de toute éternité, il a aussi le dessein de toute éternité
de nous le donner et de l’envoyer en ce monde pour opérer no-
tre salut ? N’est-il pas vrai que le Fils de Dieu n’est pas plus tôt
né de toute éternité, qu’il a le dessein de venir en la terre, de se
faire homme, de s’immoler sur la croix pour le salut des hom-
mes ? ». (O.C. IV, 167)
Une des intentions claire des actions, des états et mystères
de Jésus est dans l’œuvre de salut en notre faveur. On peut dire
que ses paroles et ses actions portent le sceau du salut pour
chacun d’entre nous, et donc celui de l’Église, de la société et
du monde, ce qui indique aussi une direction dans l’œuvre de
la formation de Jésus dans le baptisé.
L’autre grande intention de Jésus est indubitablement la
gloire de son Père : c’est le grand objectif du Fils de Dieu dans
chacun des trois états christologiques de son existence, et aussi
l’objectif que l’on retrouve dans tous les écrits de saint Jean
Eudes, celui de chacune de nos actions, de notre Congrégation,
d’où l’insistance sur trois types de prière : la louange, la glorifi-
cation et l’amour.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 109
« Il est tout à son Père et que son Père lui est tout : il ne re-
garde et n’aime que son Père, et son Père ne regarde et n’aime
que lui. Toute sa prétention est de faire connaître, adorer et ai-
mer son Père, et tout le dessein de son Père est de le manifester
et de le faire adorer et aimer à tous les hommes. Il est la com-
plaisance, la gloire et le trésor de son Père ; et toutes ses riches-
ses, son honneur et son contentement est de chercher la gloire
de son Père ». (O.C. III, 190)
Cette affirmation est très claire pour le processus de la for-
mation de Jésus en nous. Elle le transforme en dynamisme de
plénitude, non seulement pour Jésus, mais aussi pour chacun
d’entre nous : « honneur et contentement », satisfaction, féli-
cité. Il s’agit clairement d’un niveau spirituel, d’une réalité,
d’une joie que personne ne peut nous enlever. (cf. Jn 16, 20)
Conclusion
1. Le vocabulaire utilisé
88 V.R. I, 507-509.
89 Entretiens, 2, 181-184.
90 Entretiens, 2, 157.
91 Entretiens, 2, 151ss.
92 L’Enfance Admirable, 5, 99s.
93 Le Cœur Admirable, 6, 35s ; 7, 228 ; La Dévotion au très Saint Cœur
8, 427.
94 Le Cœur Admirable, 6, 77.
95 Le Cœur Admirable, 7, 225-233.
96 Le Cœur Admirable, 6, 143 ; cf. 8, 129.
II. Approche de théologie spirituelle eudiste 117
97 V.R. I, 509.
98 V.R. I, 509s.
99 Exercice de Piété, 2, 365 ; La Dévotion au très Saint Cœur 8, 491.
100 V.R. I, 510.
101 Le Cœur Admirable. 7, 232s.
118 Cahier eudiste n° 25 - 2017
pour une double formation : « Dieu l’a choisie pour former son
Fils en elle et, par elle, dans le cœur des fidèles… et lui a donné
toutes les grâces et qualités qu’elle possède, en faveur des âmes
pécheresses, sans lesquelles elle ne serait point ce qu’elle
est ».117 « Il a comblé son Cœur de merveilleuses clartés quand
il l’a revêtue de sa divine puissance pour former en ses entrail-
les celui qui est la Lumière éternelle ».118 « La puissance du
Très Haut l’a revêtue de son ombre (Lc 1, 35) pour former et
faire naître en son cœur celui qu’elle devait ensuite former et
faire naître dans ses bénites entrailles ».119 Dieu le Père, en la
« couvrant de son ombre » lui a donné le pouvoir de faire naî-
tre son Fils.120
Marie ressemble au père, en concevant d’abord Jésus dans
son cœur. Son cœur est « une image vivante et un saint écho au
Cœur du Père. Le Cœur du Père, dit Ricardo de san Lorenzo, a
produit une bonne Parole qui, en sortant du sein du Père, a été
reçue et conçue dans le sein de la Vierge Marie ».121
Le Père lui communique « ses divines inclinations », quali-
tés et « clartés ».122 « Pour cela le cœur virginal est une image
achevée de la sainteté, de la sagesse, de la force, de la bonté, de
la miséricorde, de la bénignité, de l’amour, de la charité et de
toutes les autres perfections du Cœur adorable de ce Père cé-
leste ».123 Jean Eudes utilise le terme « clarté » pour exprimer
l’œuvre du Père en Marie qu’il comble de « clartés et revêt de
sa puissance », pour former en ses entrailles la Lumière éter-
nelle.124 Ainsi Marie a été associée par Dieu à sa divine pater-
nité pour former Jésus en son sein virginal.125
seulement pour Lui »159 et Elle à son tour a fait en sorte qu’« il
fusse tout en Elle : son être, sa vie, sa sainteté, sa gloire, son
pouvoir et sa grandeur ».160 De cette manière, elle a coopéré et
continue de coopérer à l’œuvre du salut : « le sacré Cœur de
Marie a coopéré à l’œuvre du Salut, en utilisant avec un amour
incroyable le pouvoir qu’il avait reçu de former, faire naître et
faire vivre son Fils Jésus dans le cœur des fidèles : formation,
naissance et vie qui sont le fruit principal de sa Passion et de sa
mort, la réalisation de ses projets et la consommation de son
œuvre ».161
Je voudrais insister sur « former en premier » dans le Cœur,
parce que c’est ainsi que Marie peut être notre paradigme et
avec la grâce de Dieu que nous devenions aussi formateurs de
Jésus, comme nous le verrons ensuite, avec les mêmes attitudes
que celles de la Mère Admirable. Contemplons quelques attitu-
des de Marie:
- Vivre dans la contemplation de son Fils en gardant sa vie
dans son Cœur : « Marie conservait toutes ces choses en son
cœur, c’est-à-dire en son âme et en son intérieur, s’efforçant
sans cesse d’accomplir ces divines paroles : « Pose moi comme
un sceau sur ton Cœur » (Ct 8, 6) ; c’est-à-dire s’efforçant de
graver dans son âme et dans sa vie intérieure, une image par-
faite de la vie sainte et des vertus éminentes de son Fils. Et
ainsi, elle conservait toutes ces choses en son Cœur de la ma-
nière la plus excellente possible, à savoir, par une parfaite imi-
tation ».162
- Vivre totalement de Jésus de telle manière que l’on puisse
dire : « Jésus vit en Marie et Marie vit en Jésus ».163
- Etre totale capacité de recevoir et de donner Jésus.164
- L’union et le don total à Jésus pour qu’il se forme en
Elle.165
- Tout culmine en laissant Jésus se graver en sa très sainte
Mère, comme le Soleil se reflète et s’imprime dans un miroir
limpide.166
- De plus, – et ceci est une des premières affirmations ma-
riologiques de Jean Eudes –, le très Saint Cœur de Marie n’est
pas autre chose que le Cœur de Jésus. Depuis 1636, il y a l’ex-
pression « Le très aimable Cœur de Jésus et de Marie ». Merveil-
leux ce singulier !167
J’aimerais approfondir la réflexion sur le processus mysti-
que en vue de trouver en Marie un paradigme pour la forma-
tion de Jésus en nous.
250 V.R. O.C. I, 399s, 527-530; Manuel, 3, 429 ; 491s ; Le Bon Confes-
seur, 4, 268; Le Cœur Admirable, 6, 40 ; 7, 16-18, 7s, 226, 459s, 495s ; 8, 92,
247 ; Lettres, 10, 504s.
251 Regulae Congregationis, 9, 84-95.
252 V.R. O.C. I, 271; Le Cœur Admirable, 7, 228.
253 Exercice de Piété, 2, 365.
148 Cahier eudiste n° 25 - 2017
dans le cœur les marques de son fils crucifié. « Sainte Mère, fais
cela s’il te plait, les plaies du Crucifié, fixe-les fortement sur mon
cœur ».267 Et si nous désirons parler d’accomplir l’Evangile,
faisons en sorte que Jésus grave en nous la même loi que celle
qu’il a tirée du cœur adorable de son Père.268
Pour tout ce processus il y a un moment privilégié : la com-
munion comme sacrement de la formation de Jésus en nous.
« Nous supplions Jésus, réel et vraiment présent dans notre
poitrine d’imprimer en notre cœur et en ceux de nos frères une
participation et une image parfaite de la sainteté, douceur, hu-
milité, pureté, dévotion, patience, sagesse, obéissance, fidélité,
vieille, miséricorde, amour, charité et autres attitudes qui rè-
gnent dans ce Cœur de Jésus et Marie ».269
Dans les dernières pages de Vie et Royaume, Jean Eudes
nous imprime dans l’âme, le désir de l’image de Jésus. « Le
projet amoureux de Jésus, au Baptême, est de former en moi
un portrait vivant de Lui même, de sa naissance et de sa vie et
de me permettre d’être par la grâce ce que Lui est par nature,
c’est à dire, Fils de Dieu, Dieu et autre Christ par participation
et ressemblance ».270 « Pour que nous soyons une image par-
faite de Jésus, comme Il est une image parfaite de son Père, il
nous vide de nous-même et de toutes les choses, il nous anéan-
tit totalement pour nous remplir de lui même et se former et
s’établir en nous, il nous rend participants de l’amour filial
qu’il a pour son Père, il nous fait vivre de sa vie sainte et digne
de Dieu, il nous faits Dieu par anticipation, il nous revêt de lui
même et de ses qualités, perfections, vertus, et dispositions et
nous transforme en Lui pour être d’autres Lui sur la terre et
qu’ainsi en nouas ce soit Lui qui soit vu seulement : sa vie, son
humilité, sa douceur, sa charité, son amour, son esprit et ses au-
tres vertus et qualités ».271 Les textes cités nous font compren-
11.4 Notre projet est de former dans les autres le même Jésus
qui se forme en nous
pour mieux remplir leurs devoirs. On l’a dit avec raison, ces
Règles, à quelques détails près, conviennent à toutes les com-
munautés ecclésiastiques et même à tous les prêtres, puisqu’el-
les contiennent la fleur des enseignements évangéliques tou-
chant la vie chrétienne et sacerdotale.
Le troisième chapitre de ces Règles s’intitule : A quoi sont
obligés les enfants de cette congrégation en qualités de chrétiens
qui, dans le saint baptême ont promis de suivre le Christ. S’en-
chaînent alors dans ce chapitre les sections suivantes : Le chré-
tien doit adhérer au Christ comme un membre à son chef ; le
chrétien doit revêtir le Christ et porter son image ; le chrétien
doit demeurer dans le Christ, et porter en Lui du fruit ; le chré-
tien doit vivre avec le Christ, vivre pour le Christ, vivre dans le
Christ, du Christ et de la vie du Christ ; le chrétien doit vivre
de la vie du Christ ressuscité ; le chrétien doit vivre et se laisser
conduite par l’Esprit du Christ, et tout faire en son nom et
dans son Esprit ; le chrétien doit revêtir les mœurs et les vertus
du Christ vivant au ciel. Et ce n’est que dans le chapitre IV que
notre fondateur aborde les obligations de ses enfants dans leurs
fonctions de prêtres et de clercs, obligations des supérieurs, des
missionnaires, des prédicateurs, des confesseurs.
C’est donc au nom des engagements du baptême et du ser-
vice ecclésial que Jean Eudes, au dix-septième siècle, interpelle
les gens de son temps à réveiller leur réponse à l’appel voca-
tionnel. Dans un tout autre contexte ecclésial, comment ré-
sonne aujourd’hui cette interpellation ?
301 Il ne me semble pas que, dans le réseau eudiste, on ait fait grande
mention de ces publications importantes. Plus de 2412 pages d’analyse de
parcours mystiques catholiques. Est-il possible que la génération actuelle
soit toujours porteuse des craintes qui ont été manifestées contre la mystique
à la fin du XVIIe siècle ? A ma connaissance, seul le Père Paul Milcent a osé,
dans un bref article, s’attaquer à cette question : Vie mystique de saint Jean
Eudes. Qu’en sait-on ?, in Cahiers Eudistes, n° 19, p. 7 sq.
302 Le projet spirituel, Presses de l’Université Grégorienne, Rome, 328 p
(1978) ; Théologie symbolique, Téqui, Paris, 400 p (1978) ; Théologie affec-
tive, coll. “Cogitatio fidei 127”, Cerf, Paris, 462 p. (1984) Traité de théologie
spirituelle, Cerf, Paris, 492 p. (1986); Le Dieu des mystiques : Les voies de
l’intériorité, Cerf, Paris, 787 p. (1994) ; Le Dieu des mystiques 2 : La confor-
mation au Christ, Cerf, Paris, 734 p. (1998) ; Le Dieu des mystiques 3 : Mys-
tique et action, Cerf, Paris, 468 p. (2000). Ses éditeurs rapportent qu’il a cité
les paroles du théologien catholique Karl Rahner, prédisant que le chrétien
166 Cahier eudiste n° 25 - 2017
en l’année 2000.
Dans ses dernières années d’enseignement, il s’est attaqué
à un sujet peu touché par la majorité des théologiens : l’expé-
rience mystique des martyrs, des saints, des spirituels catholi-
ques. Pour parler mystique, il est impossible de partir d’une
théorie générale impossible à énoncer, ni d’une définition préa-
lable de la mystique chrétienne présentant une valeur norma-
tive. Le Père Bernard s’est donc attaché à donner la primauté
à l’analyse “expérientielle” permettant de dégager le caractère
dynamique des diverses voies mystiques. Dans le deuxième
tome de « Le Dieu des mystiques », il accorde une large place
(pp. 319-383) à des auteurs cités par saint Jean Eudes dans ses
écrits (Ludolphe de Saxe, Ignace de Loyola, Henri Suso,
Maître Eckhart) dans un chapitre portant comme titre Le
Christ évangélique, un chemin mystique. Le chapitre suivant,
Le Cœur du Christ, regroupe les expériences de sainte Ger-
trude d’Helfta, saint Jean Eudes et sainte Marguerite-Marie
Alacoque. Là encore, une étude substantielle (pp. 385-553).
Et enfin, un dernier regroupement de maitres de l’École bérul-
lienne (Bérulle, Condren, Olier) sous le titre Théologie et mysti-
que. (p. 555-623) L’auteur souligne l’imprévisibilité de la vie
et la singularité de la démarche mystique chrétienne, initiative
du Dieu personnel atteint et connu avant tout à travers
l’amour.
A l’époque de Jean Eudes, Pascal ajoutait : « C’est le cœur
qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce qu’est la foi : Dieu sen-
sible au cœur, non à la raison ». C’est à cette connaissance ex-
périentielle de Dieu à laquelle s’attache le Père Bernard. Il a
médité et enseigné les grands auteurs chrétiens de spiritualité.
Il s’agit, d’abord, de retrouver les points forts de l’expérience
de Dieu dont nous parlent les mystiques, de saint Paul et Ori-
gène à saint Bonaventure ou saint Jean de la Croix et beaucoup
303 Nous savons que l’authenticité de cette lettre est très discutée au-
jourd’hui. Elle serait née dans une école de disciples de Paul. Ceux-ci, dans
le dernier tiers du premier siècle poursuivirent son œuv.r.e et appliquèrent
ses intuitions profondes à des problèmes nouveaux.
III. Approche de théologie spirituelle et pastorale 169
307 Œuvres de piété 168, O.C. Cerf, t. IV, p. 10. Commentant ce beau
texte, Henri de Lubac a évoqué « cette sorte de déhanchement, cette mysté-
rieuse claudication, qui n’est pas seulement celle du péché, mais plus radica-
lement celle d’une créature faite de rien, qui, étrangement, touche à Dieu ».
Voir Le Mystère du surnaturel, Paris, Aubier, 1965, p. 149.
172 Cahier eudiste n° 25 - 2017
Celui qui les a fait sortir d’Égypte, plus ils ont vu en Lui Celui
qui, de tout temps, fait sortir les humains de leurs chaos indivi-
duels et collectifs en « créant », c’est-à-dire en séparant, nom-
mant, différenciant les êtres et les choses de façon à ce que leur
monde devienne habitable.
314
On n’est pas loin d’un critère qui fonde le besoin de « formation per-
manente ».
III. Approche de théologie spirituelle et pastorale 177
INTRODUCTION
322 OE 578.
186 Cahier eudiste n° 25 - 2017
332 OE 202.
333 O.C. I, 272.
192 Cahier eudiste n° 25 - 2017
Saint Jean Eudes nous donne quelques clés pour former Jé-
sus en nous.
Remplir notre entendement et notre esprit de Jésus, pour
découvrir Jésus dans le monde et le contempler dans toutes
choses : « Il est l’être des choses qui sont, la vie des choses vivan-
tes, la beauté des choses belles, la puissance des puissants, la sa-
gesse des sages, la vertu des vertueux, la sainteté des saints ».334
Remplir notre cœur de Jésus : « Nous devons nous accoutu-
mer à élever souvent notre cœur vers lui par amour, [...] à faire
toutes nos actions pour son pur amour ».335 Former Jésus en
nous, c’est en termes nettement eudistes, arriver à avoir avec
Jésus un seul et même cœur. C’est former le Cœur du Christ
dans notre vie pour qu’il soit le Cœur de notre cœur.
Renoncer à tout ce qui nous éloigne de lui : « Si nous dési-
rons que Jésus vive et règne parfaitement en nous, il faut faire
mourir et anéantir toutes les créatures dans nos esprits et dans
nos cœurs, et ne les regarder ni aimer plus en elles-mêmes, mais
en Jésus et Jésus en elles ».336 Nous devons renoncer à tout ce
qui ne sera pas Jésus... Nous dépouiller de ce qui nous éloigne
de Jésus ou lutter de manière frontale contre tout ce qui s’op-
pose au Seigneur Jésus, tout ce qui veut nous éloigner de lui,
en un mot lutter de front contre le Mal.
Demander le secours divin et nous donner à l’Esprit :
« Parce que ce grand œuvre de la formation de Jésus en nous sur-
343 Lettre du 8 mars 1605. M. Bremond a inséré le passage cité dans son
Hist. littéraire du sentiment religieux en France, t. II, p. 310.
III. Approche de théologie spirituelle et pastorale 197
352 Vita Jesu Christi, Pars Ia, c. 58, n. II (éd. Paris, 1878, t. V, pp. 10-11).
200 Cahier eudiste n° 25 - 2017
prit en vous, car il l’y a mis, non afin que le vôtre vive, mais le
sien seulement, et que vous soyez remplies et occupées de lui
seul... Il faut que vous preniez en lui une vie nouvelle, imitant sa
vie voyagère, afin qu’il vous rende dignes d’y participer, c’est à
dire que vous fassiez les actions des vertus avec participation de
l’esprit dans lequel Notre-Seigneur opérait les siennes... Soyez
donc adhérantes et participantes à cette vie du Fils de Dieu ».353
Les biographes de Bérulle sont d’accord pour dire que c’est
entre les années 1604 et 1609 que le concept de Verbe Incarné
est apparu chez lui. De ce concept, Jean Eudes apprendra que
la vie chrétienne est une communion avec le Christ, que nous
sommes appelés en tant que baptisés, membres du Christ Tête,
avec lequel nous formons une personne mystique, à vivre sa
vie, et pour cela à adhérer aux états du Verbe Incarné.
« Jésus est l’accomplissement de notre être, qui ne subsiste
qu’en lui, tout comme le corps ne subsiste que dans l’âme, et
le membre dans le corps, et les sarments dans la vigne, et la
part dans le tout. Nous faisons partie de Jésus, il est notre
tout, et tout notre bien consiste à demeurer en lui, comme le
sarment appartient à la vigne d’où il tire son fruit [...]
Comme Jésus est notre complément, nous devons nous unir
à lui, comme à Celui qui est au fond de notre être au moyen
de sa divinité et qui unit notre être à Dieu au moyen de son
humanité. Il est la vie de notre vie, la plénitude de notre “ca-
pacité” [...] ; dans cette recherche de Jésus, dans cette adhé-
sion à Jésus, dans cette profonde dépendance de Jésus est no-
tre vie, notre repos, notre force et notre pouvoir pour œu-
vrer, et c’est pourquoi nous ne devons agir qu’unis à lui, diri-
gés par lui et mus par son esprit”. Nous devons nous efforcer
à ce que Jésus vive en nous et qu’il fasse usage de tout ce
qu’il y a en nous ».354
À cette école donc, saint Jean Eudes a appris que la vie
chrétienne consiste à adhérer aux états et mystères du Verbe
nous : « Saint Paul dit dans la lettre aux éphésiens que Jésus
Christ se complète dans son Église et que nous, nous contribuons
à la perfection de Jésus Christ et à l’âge de sa plénitude et que la
plénitude de Dieu se complète en nous et dans la lettre aux Co-
lossiens il dit que lui complète dans son corps la passion du Fils
de Dieu ».358
Olier dans une lettre de 1651 dit à Mme de Saujon : « Jésus
continue sa vie intérieure en nous et nous sommes unis à lui. Ce
qu’il a commencé en lui, il le continue dans son Église ».359 Et
dans l’introduction à la vie et les vertus chrétiennes de 1657 il
explique :
« Le christianisme consiste en trois points : contempler Jé-
sus, s’unir à Jésus et œuvrer en Jésus. Le premier consiste à
l’adorer, le second à l’aimer, le troisième à le laisser faire sa
volonté en nous : c’est vouloir que sa divine volonté s’accom-
plisse en nous qui sommes ses membres, et nous devons être
unis à notre Tête, et que, nous ne devons rien faire sans Jé-
sus qui est notre vie, notre tout. Il remplit notre âme de son
Esprit, de sa vertu, de sa force et il fait en nous et pour nous
ce qu’il désire. Il est dans les pasteurs, Pasteur ; dans les prê-
tres, Prêtre ; dans les pénitents, Pénitent. (…) Notre Sei-
gneur a donné aux hommes son Esprit, qui est celui de Dieu
vivant en lui pour établir en eux les sentiments de son âme
[...] Il se répand en nous, s’insinue en nous, il embrasse no-
tre âme et la remplit des dispositions intérieures de son es-
prit, de sorte que son âme et la nôtre n’en forment qu’une,
qu’il anime avec un même esprit de respect, d’amour, de
louange et de sacrifice intérieur et extérieur de tout pour la
gloire de Dieu ».360
Enfin, nous pouvons dire que Bérulle, le chef de l’Ecole
Française de Spiritualité, comme l’appelle le P. Raymond De-
ville, a légué à l’Église cette spiritualité qui nous a amenés à vi-
cre que former Jésus en nous et ensuite dans les autres, pour
continuer et compléter sa vie, est notre tâche principale. Ce fut
la grande tâche de saint Jean Eudes dans ses missions et ses
écrits. Telle doit être nous dit-il, la grande mission du prêtre et
de l’Église, c’est-à-dire des baptisés.
« La formation de Jésus c’est l’ouvrage le plus saint et le plus
grand de la Sainte Église […] n’ayant d’autre but en toutes
ses fonctions que de former Jésus dans l’âme de tous les
chrétiens ».363
tons », mais que c’est Lui qui vit en nous, agit en nous, existe,
continue et complète sa vie, et que « pour moi vivre c’est le
Christ ».
sainte action qu’il ait jamais faite et qu’il fera jamais [...]
Le Saint-Esprit vous associe aussi avec lui en ce qu’il a opéré
et en ce qu’il opère tous les jours de plus grand et de plus ad-
mirable [...] détruire et anéantir en nous le vieil homme, et
pour y former et faire naître Jésus-Christ. Or n’est-ce pas vo-
tre emploi et votre occupation ordinaire que de travailler en
toutes les choses susdites ? N’êtes vous pas envoyés de Dieu
pour former son Fils Jésus dans les cœurs ? Et n’est-il pas
vrai que toutes les fonctions ecclésiastiques n’ont point de
moindre but que la formation et la naissance d’un Dieu de-
dans les âmes ? ».373
Le prêtre doit former Jésus en lui, laisser Jésus vivre et ré-
gner en lui, agir en lui, de sorte que le prêtre est un autre
Christ vivant et marchant sur la terre. Le prêtre est un envoyé
de Dieu pour former le Christ dans le cœur de l’homme et tou-
tes les fonctions ecclésiastiques n’ont d’autres finalités que la
formation et la naissance de Dieu dans les âmes.374
Pour les prêtres « ce doit être notre désir, notre soin et no-
tre occupation principale que de former Jésus ».375
prit de Jésus.
● se donner à lui pour partager ses sentiments et être ani-
Demandons-nous :
- La formation de Jésus dans le cœur des hommes et du
monde, peut-elle susciter un intérêt chez nos contempo-
rains ?
- La vie chrétienne comme continuation et accomplisse-
ment de la vie de Jésus, peut-elle apporter quelque chose à
la pastorale de l’Église aujourd’hui ?
- Comment cette thématique eudiste peut-elle nourrir l’es-
prit apostolique de l’Église ?
- Comment faire pour que ce chemin spirituel et pastoral
devienne le patrimoine de toute l’Église ?
La formation du Christ en nous a un but pastoral et évangé-
lisateur : former le Christ dans les autres. Saint Pie X dans
l’Exhortation Apostolique Haerent Animo du 4 août 1908 écri-
vit de manière visionnaire au sujet des prêtres : « Il faut former
le Christ dans tous ceux qui, de par leur ministère sont destinés à
former le Christ dans les autres ». (N° 4)
Les pistes qui suivent sont là pour faire de notre apostolat
eudiste un véritable art de la formation du Christ dans les per-
sonnes et les communautés.
218 Cahier eudiste n° 25 - 2017
382 K. RAHNER, Schriften zur theologie vol. VII, Zur Theologie des
geistingen Lebens, Benziger, 1966, p. 22 / vii, Espiritualidad antigua y ac-
tual, in Escritos de teología, VII, 25.
224 Cahier eudiste n° 25 - 2017
dre à cette mission qui est primordiale dans leur ministère. Ils
sont en effet non seulement des témoins mais aussi des messagers
et des propagateurs de la foi ».388
Cette primauté de la prédication de la Parole Jean-Paul II
l’énonce de la manière suivante : « Le prêtre est avant tout mi-
nistre de la Parole de Dieu. Il est consacré et envoyé pour annon-
cer à tous l’Évangile du Royaume ».389
Le document « Le prêtre maître de la Parole, ministre des
sacrements, guide de la communauté », 390 est catégorique
quand il nous rappelle que notre première tâche est la Parole :
« Comme la vie du Christ, celle du prêtre aussi doit être une
vie consacrée, en son nom, à l’annonce autorisée de la volonté ai-
mante du Père (cf. Jn 17, 4 ; He 10, 7-10). (…) D’un point de
vue pastoral, la première place dans l’ordre de l’action revient lo-
giquement à la fonction de prédication » (Ch. I, 2) « Les prêtres,
comme coopérateurs des évêques, ont pour premier devoir d’an-
noncer l’Evangile de Dieu à tous les hommes ». (Ch. II, 1)
La prédication par laquelle se produit la foi, devient alors le
plus important travail pastoral de l’Église, l’âme de l’Evangéli-
sation. Par elle, L’Esprit suscite et fortifie la foi et forme Jésus
dans les personnes et les communautés. L’annonce de la Parole
par divers moyens, devient la clé de la façon de procéder pour
l’évangélisation. Comment croire en celui que l’on n’a pas en-
tendu ? Comment l’entendre si on ne l’annonce pas ? La foi
naît de la prédication et la prédication se fait par la Parole du
Christ. (cf. Rm 10, 14-17)
Dans les missions saint Jean Eudes trouvait le meilleur es-
PRIÈRE
Prolégomènes essentiels
CONTREPOINT
234 Cahier eudiste n° 25 - 2017
***
et dans notre projet. Nous devions lutter contre ceux qui s’op-
posaient à nous et nous en faisions nos bienfaiteurs pour les-
quels nous nous engagions à prier.
Marie avait une place spéciale dans notre vie de frères. Elle
était la Mère que nous donnait Jésus. Nous désirions qu’elle
soit toujours présente avec lui. Nous ne parlions jamais de la
mère sans le Fils ni du Fils sans la Mère. Son Cœur nous appar-
tenait. Nous étions conscients que notre appel à cette famille
sacerdotale et tout ce que nous faisions en elle était œuvre de
miséricorde. Nous désirions nous constituer comme mission-
naires de la divine miséricorde. Tout ce que nous faisions révé-
lait toujours le visage de la miséricorde de Dieu incarné en Jé-
sus Christ. Nous voulions « porter en notre cœur les angoisses
des affligés ».
Notre petite famille sacerdotale bien aimée a continué dans
le temps et continue son travail évangélisateur et formateur en
de nombreux lieux du monde. Ceux qui vivent déjà la Pâques
du Seigneur continuent d’être des frères dans la gloire. Nous
les assurons de notre affection fraternelle et de notre interces-
sion constante... Nous pensons que tant qu’il y aura des prê-
tres, et il y en aura toujours tant qu’il y aura l’Église, il y aura
de la place pour nous dans l’Église. Nous n’oublions pas le
fondamental et nous maintenons toujours comme règle pre-
mière de la vie fraternelle : la divine charité. Nous ne l’oublions
pas. Amen.
kkjhjg