Téléchargez comme PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 141
R RR R PUBLIQUE PUBLIQUE PUBLIQUE PUBLIQUE A AA ALG LG LG LG RIENNE RIENNE RIENNE RIENNE D DD D MOCRATIQUE ET MOCRATIQUE ET MOCRATIQUE ET MOCRATIQUE ET P PP POPULAIRE OPULAIRE
IRE OPULAIRE OPULAIRE OPULAIRE
Ministre de l'Enseignement Suprieur et de la Recherche Scientifique
Universit Colonel Hadj Lakhdar - Batna- Facult des Lettres et Sciences Humaines -Dpartement de Franais- cole Doctorale Algro-Franaise Antenne de Batna- Rseau Est
Mmoire labor en vue de l'obtention du diplme de magistre Option: Didactique
Thme :
Les pratiques orthographiques des tudiants de 4 me anne licence de franais (Universit de Batna)
Sous la direction du PROFESSEUR : Prsent par : DAKHIA ABDELOUAHAB Mr. Belkacem Mohammed
Amine
Membres du Jury : Pr. MANAA GAOUAOU. Prsident (Univ. Batna) Dr. METATHA M ed EL-KAMEL. Examinateur (MC. Univ. Batna) Pr. DAKHIA ABDELOUAHAB. Rapporteur (Univ. Biskra)
Anne Anne Anne Anne U UU Universitaire niversitaire niversitaire niversitaire: 2008/2009 : 2008/2009 : 2008/2009 : 2008/2009
A AA AVERTISSEMENT VERTISSEMENT VERTISSEMENT VERTISSEMENT : :: : Ce mmoire tient gnralement compte des rectifications de lorthographe franaise publies dans le journal officiel de la Rpublique Franaise (06/12/1990) reconnues par lAcadmie Franaise et les instances francophones comptentes. Pour plus dinformations : http://www.orthographe-recommandee.info/
Remerciements Jadresse, en premier lieu, mes remerciements les plus vifs, respectueux et sincres au Docteur DAKHIA DAKHIA DAKHIA DAKHIA A AA ABDELWAHAB BDELWAHAB BDELWAHAB BDELWAHAB qui a trs volontiers accept de maccompagner pour raliser ce projet. Ses connaissances dans le champ didactique, mthodologique ainsi que son exprience ont jou un rle, on ne peut plus capital, dans la conception et la ralisation du prsent travail. Je vous remercie, Je vous remercie, Je vous remercie, Je vous remercie, M MM Monsieur, du fond du cur. onsieur, du fond du cur. onsieur, du fond du cur. onsieur, du fond du cur. Mes remerciements sadressent galement Messieurs les membres de jury qui ont accept dvaluer mon travail. Je serai ingrat si je ne les remercie pas encore une fois pour toutes les rponses que jai collectes avant et durant la ralisation de mon mmoire. Lintrt port mon projet par le Docteur T TT TAREK AREK AREK AREK BENZEROUAL BENZEROUAL BENZEROUAL BENZEROUAL ma profondment touch. Laboutissement de ma recherche me donne loccasion pour lui rendre un vibrant hommage et lui exprimer ma trs sincre reconnaissance. Jassocie volontiers le responsable de lcole Doctorale le Professeur ABDELHAMID SAMIR pour la gestion efficace de son service ainsi que tout le personnel administratif de LDAF de Batna. Je tiens galement remercier Mlle BENTAHAR FATEN ainsi que lensemble des tudiants qui font lobjet du prsent travail.
Ddicace
ceux qui mont indiqu la bonne voie, ceux qui attendent patiemment le fruit de leur ducation mes parents, pour leurs encouragements, leurs conseils et leurs sacrifices ; Je ddie vos pleurs, vos sourires, mes plus belles penses J'espre que vous trouverez dans ce travail ma profonde reconnaissance et mon grand amour pour vous. toi grand-mre pour tes prires et ton amour. mes frres : Mehdi et son pouse Lila, Nasro et Moncef. mes surs : Lilia et son conjoint Karim, Lamia et son conjoint Sad, Sonia et son conjoint Salim. mes amis et collgues, J'espre qu'ils trouveront dans ce mmoire tout lamour que je leur porte. A mes neveux et nices : Lyne, dina, Anas, chrif, Darine et Wassim
TABLE DES MATIRES :
Introduction gnrale ..... 2 Chapitre I : Lorthographe franaise : un plurisystme au service de la communication - Introduction ..... 10 1. Le systme dcriture franais ....11 1.1 La dimension phonographique .....12 1.2 La dimension idographique ...... 13 2. Dfinition de lorthographe......15 3. Les deux composantes de lorthographe......17 3.1 Lorthographe dusage....18 3.2 Lorthographe grammaticale....19 4. Lorthographe franaise : un plurisystme ......22 4.1 Le sous-systme phonogrammique......23 4.2 Le sous-systme morphogrammique......25 4.2.1 Les morphogrammes grammaticaux ........ 25 4.2.2 Les morphogrammes lexicaux ...... 26 4.3 Le sous-systme logogrammique....27 5. Rle et fonction de lorthographe....29 6. Orthographe : La norme lpreuve de lenseignement suprieur...... 32 - Conclusion ...... 37 Chapitre II : Comptence & Incomptence orthographiques - Introduction ..... 39 1. La comptence orthographique.....40 1.1 Dfinir la comptence ......40 1.2 Dfinition de la comptence orthographique .42 2. Les deux composantes de la comptence.....44 2.1 La composante dclarative de la comptence...44 2.2 La composante procdurale de la comptence.47 3. Savoir orthographier : Les connaissances de base....50 3.1 Les connaissances phonographiques...50 3.2 Lorthographe lexicale......52 3.3 Une morphographie indispensable......55 4. Lvaluation de la comptence orthographique...58 4.1 La dicte ou le recours un procd non-didactique ......58 4.1.1 La complexit de lactivit dcriture..59 4.1.2 Lefficacit de la dicte......60 4.2 La grille typologique des erreurs.....62 5. Origines des fautes dorthographe....65 - Conclusion ..... 69
Chapitre III : Cadre pratique Compte-rendu de lenqute - Introduction ....... 71 1. Profil du groupe.....72 1.1 Sexe.........................................................72 1.2 ge......73 1.3 Motivation.......73 1.4 Perspectives...........................................74 1.5 Loisirs.......75 2. Matriel.......76 2.1 La fiche dinformation ......76 2.2 La dicte LES ARBRES ....77 2.3 La grille typologique des erreurs....79 3. Droulement ....81 4. Traitement des donnes.....82 5. Rsultats et discussion...83 5.1 Le pluriel des noms...83 5.2 Laccord des adjectifs.......88 5.2.1 Adjectifs qualificatif.......90 5.2.2 Adjectifs possessifs et indfini...92 5.3 Verbes......94 5.3.1 Verbes conjugus.......94 5.3.2 Le verbe linfinitif.....98 5.4 Participes passs.......99 5.5 Homophones grammaticaux.......101
Conclusion gnrale.....105
Annexes
Annexe 01 : Quelques fiches dinformation . 111 Annexe 02 : Rcapitulatif des rponses apportes sur les fiches dinformation...114 Annexe 03 : Quelques copies dtudiants......116 Annexe 04 : Listes des variantes cacographiques Pluriel des noms.....128 Accord des adjectifs....129 Verbes....130 Participes passs.....131
Rfrences bibliographiques
2 Ds lors quon lenseigne, lorthographe, phnomne linguistique, devient un phnomne pdagogique. J JJ Jean ean ean ean G GG Guion uion uion uion (1974)
Apprendre une langue trangre exige du sujet-apprenant lappropriation de toutes les composantes des deux comptences, orale et crite. Lorthographe est lune de ces composantes essentielles. En effet, crire correctement contribue une interprtation correcte du message permettant ainsi le droulement efficace de la communication. Dans cette optique, la bonne orthographe est une ncessit dans le cadre de la communication crite 1 . Ncessaire ne veut certainement pas dire accorder trop dimportance lorthographe comme cela a t dj fait, un moment donn, en France et mme chez nous, jusquau point de rendre cette technique quotidienne complexe de par limportance dmesure quon lui accordait. Nina catach claire davantage cette question en affirmant que Lorthographe est importante certes, mais secondaire ; elle est un complment de la langue, elle nen est pas le fondement. 2 . Ceci dit, lorthographe nest pas la langue. crire correctement les mots dune langue est avant tout un outil quotidien 3 qui rduit la part du malentendu entre lmetteur et le rcepteur dune part, facilite et acclre la lecture de lautre part.
1 Jean, GUION. Nos enfants et lorthographe .Paris. LE CENTURION. 1973. P 14 2 Nina, CATACH. Lorthographe franaise, trait thorique et pratique . Paris. NATHAN. 1980. P.5 3 Ibid.
3 Curieusement cette composante si complexe, ncessitant au moins dix annes defforts intensifs en France mme o la langue est maternelle 1 , est considre souvent comme secondaire en didactique du FLE. Philippe BLANCHET confirme cette ralit en affirmant que : lorthographe nattire pas curieusement les didacticiens de fle () loral recevant et de loin la priorit des priorits. 2
Pour en tre convaincu, on na qu consulter la bibliographie du prsent travail qui ne compte quun seul auteur en loccurrence Nina CATACH ayant cibl les milieux o le franais est langue trangre 3 . Cet tat de fait aurait probablement pouss les apprentis-chercheurs ne pas se lancer dans un domaine pareil. Sinon, comment explique-t-on linexistence dun travail de recherche (mmoire ou thse) traitant de lorthographe au niveau des structures charges de rfrencer ce genre de travaux luniversit de Batna. Mme dans le cadre de lDAF de Batna, on nest que trois avoir aborder la question orthographique. Ce qui reprsente moins de 02 % des travaux de recherche amorcs depuis lavnement de lcole doctorale avec la spcialit Didactique du franais langue trangre . Pourquoi sengage-t-on alors dans un domaine dlaiss ? Le dficit scientifique quon vient de mentionner pourrait lui seul constituer une raison valable nous poussant opter pour lorthographe. Toutefois, une autre raison personnelle et donc strictement subjective a influenc notre choix.
1 Franck, RAMUS.(2005). Sa maitrise demande dix ans defforts . [en ligne] http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sa-maitrise-demande-dix-ans-d-efforts_485782.html (juin 2008) 2 Philippe Blanchet. Introduction la complexit de lenseignement du franais langue trangre . Louvain-la-Neuve. PEETERS PUBLISHERS. 1998. P.171 3 Lauteur affirme que son ouvrage sadressait plus particulirement des enseignants de franais langue trangre . Catach, NINA. Lorthographe franaise, trait thorique et pratique . Op.cit. P.5
4 En effet, la volont de mener une enqute auprs des tudiants universitaires est ne bien avant notre premire inscription lDAF de Batna. Environ huit mois avant. Travaillant ce moment l en tant quenseignant- contractuel dans un collge 45 mn de route du chef lieu de la wilaya de Batna o on a assist cet incident rarissime ! Une jeune enseignante de franais exerant dans un collge voisin sest vue congdie par la directrice francisante de ltablissement suite une visite ordinaire. Motif du licenciement : les cahiers des apprenants taient envahis derreurs orthographiques. Voulant senqurir de la situation, la directrice consulte le cahier de textes ainsi que quelques fiches de prparation de lenseignante tout en gardant lil attentif sur ce qui est entrain de scrire sur le tableau. Anantie, la directrice convoqua immdiatement la jeune enseignante son bureau La suite on la connait. Ds quon a pris connaissance de cet incident, on sest remmor les blmes ritrs de quelques enseignants durant notre formation universitaire. On sinterrogeait alors sur le comportement orthographique qui caractrise les futurs enseignants . En arrivant terme de la licence de franais, ltudiant cumule en moyenne treize annes denseignement/apprentissage du FLE. Faut-il rappeler ici que la langue franaise renforce son statut une fois quon est inscrit luniversit en licence de franais ; tout en continuant servir comme langue-objet, la langue franaise devient langue-outil, travers laquelle ltudiant se verra dispenser un savoir non pas seulement sur la langue mais davantage sur la littrature, la culture et la civilisation franaises ainsi que pour acqurir des enseignements propres au mtier denseigner.
5 En formation pour devenir enseignant de franais, donc obligatoirement charg de transmettre cette norme peu ou mal maitrise, do linterrogation suivante : pourquoi continue-t-on approuver des difficults orthographiques aprs tant dannes denseignement/apprentissage du FLE ? Telle tait notre ambition, identifier tout prix les causes des carences orthographiques chez le futur enseignant. Convaincu de lutilit dune interrogation pareille, on a prsent notre avant-projet de recherche sans en mesurer lampleur de la tche qui nous attendait. Aprs maintes concertations avec le directeur de recherche ainsi que bon nombre denseignants, on a pu saisir que notre projet de recherche, ambitieux soit-il, navait aucune chance pour se voir cerner et mener efficacement, du moins dans ltat actuel des choses car ncessitant un travail longitudinal de fond qui demande des savoirs et des comptences dont on ne dispose pas ce moment l de notre formation. Reprenons lenqute informelle quon a mene auprs des enseignants, consults propos de notre problmatique. Les uns affirment que le niveau des tudiants est faible en orthographe. Les autres au contraire disent que a a toujours t comme a et donc leur niveau est normal . Ces deux visions diffrentes, refltant une certaine reprsentation de la langue que se sont fait les formateurs de formateurs , offrent matire dbat et constituent le noyau de linterrogation que propose la prsente recherche : Comment orthographient rellement nos tudiants ? Autrement dit, ces derniers dominent-ils suffisamment les nombreuses difficults que compte lorthographe franaise et qui seront appels, dans un futur proche, dispenser ? crivent-ils assez correctement ? Au bout du compte, o en est le niveau de nos tudiants en orthographe ?
6 La nature de notre recherche, de type exploratoire, nous a contraint de sen passer des hypothses de travail pour sen tenir strictement aux objectifs de recherche, ce qui ne constitue pas en soi un manquement aux orientations mthodologiques, dautant plus que la prsente recherche ouvrirait la porte dautres perspectives dans un futur proche et na pas pour ambition de confirmer ou dinfirmer telle ou telle hypothse propos dun travail de remdiation qui devrait tre men. Loin de proposer une exprimentation, notre recherche tente dinterroger le produit personnel de ltudiant, le soumettre valuation dans le but de dterminer le niveau orthographique des tudiants en matire dorthographe ; connaitre si au terme de leur formation, les soixante-dix-sept tudiants composant le groupe soumis au test, dmontre une maitrise plus ou moins avre des phnomnes les plus essentiels de lorthographe franaise. Dterminer les zones de faiblesse de nos tudiants constitue lautre objectif que sest assign le prsent travail de recherche. On veut connaitre au terme de lvaluation si les tudiants en question commettent un type derreur bien dtermin plus que dautres. Ainsi, traiter de lorthographe en gnral est trop ambitieux et complexe. Mieux vaut du premier coup se focaliser sur une partie bien dtermine de lorthographe. Cest pourquoi, dans un souci de performance, on na gard pour lvaluation que la partie relativement logique de lorthographe franaise savoir lorthographe grammaticale . Pour ce faire, on a fait appel plusieurs outils. commencer par le premier, un procd controversable sur lequel repose notre travail de recherche : la dicte . On a opt pour un texte court de 83 mots. Les arbres a t la base de plusieurs enqutes orthographiques.
7 La dernire en date est celle parue en 2007 dans le livre Orthographe qui la faute 1 . Ce texte bref a t dict soixante-dix-sept (77) tudiants de quatrime anne licence de franais appartenant aux groupes 02 et 03 de la section I, promotion 2007/2008. Par ailleurs, dans le but de recenser les erreurs commises par les tudiants, on a prpar une grille typologique danalyse sinspirant de celle labore par Nina Catach au sein du groupe H.E.S.O. Enfin la fiche dinformation nous a permis de dresser le profil gnral de notre groupe. La nature de notre recherche, une enqute en loccurrence, nous a dict le choix de lapproche employer : une analyse classificatrice descriptive car il sagit, en premier lieu, de classer les erreurs constates, les analyser ensuite dans le but de dcrire le comportement orthographique de nos tudiants. Place maintenant la description de la stratgie quon a adopte dans le but de mener dune manire efficace mais aussi pertinente notre recherche. On sefforcera, travers les lignes qui vont suivre, dindiquer les grands axes de notre travail. En effet, deux chapitres constituent le dpart thorique requis qui alimente le second moment dit pratique. Le premier chapitre souvre sur les particularits du systme dcriture franais, propose une dfinition de lorthographe et distingue les deux composantes de lorthographe franaise. Avant daborder son rle et son importance, la conception linguistique de lorthographe franaise na pas t occulte. Le dernier point quon a envisag pour ce chapitre est lutilit de la norme orthographique dans le dispositif universitaire.
1 Danile, MANESSE. Danile, COGIS. Orthographe qui la faute . France. ESF DITEUR. 2007
8 Afin de prparer notre lecteur la lecture des rsultats de notre enqute, le deuxime chapitre traite la question de la comptence orthographique , ses composantes ainsi que les connaissances de base assurant le savoir orthographier . Lvaluation de la comptence orthographique est lavant dernier point qui prcde lexamen des origines probables des fautes dorthographe. Le second moment de notre travail comprend les rsultats de notre enqute. Il sera entam par la prsentation des tudiants ayant pris part notre dicte (profil gnral). On prsentera ensuite le matriel quon a exploit. Les rsultats de lenqute seront exposs par la suite.
LORTHOGRAPHE FRANA LORTHOGRAPHE FRANA LORTHOGRAPHE FRANA LORTHOGRAPHE FRANAISE ISE ISE ISE : :: : UN UN UN UN PLURISYSTME PLURISYSTME PLURISYSTME PLURISYSTME AU SERVICE AU SERVICE AU SERVICE AU SERVICE DE LA COMMUNICATION DE LA COMMUNICATION DE LA COMMUNICATION DE LA COMMUNICATION
10 L'orthographe est une science qui consiste crire les mots d'aprs l'il et non d'aprs l'oreille. Ambrose Bierce Ambrose Bierce Ambrose Bierce Ambrose Bierce
Orthographe ce mot dorigine latine qui veut dire crire correctement , recouvre une discipline considre comme la pierre angulaire de lenseignement / apprentissage du franais crit. Quentendons-nous par ce mot ? Avant de rpondre cette question, il serait primordial de sinterroger sur le contexte dans lequel apparait lorthographe, savoir lcriture car, au bout du compte, lorthographe nest quune composante, parmi tant dautres, rgulant le geste graphique du franais. Par quoi se distingue lcriture franaise des autres critures dites alphabtiques ? Quels en sont ses fondements ? Autres sries de questions : Quen est-il de la distinction traditionnelle entre orthographe dusage et orthographe grammaticale ? Existe-t-il une autre classification des faits graphiques du franais ? Quelle est la fonction de lorthographe ? Quel est le statut de la norme orthographique au sein du dispositif universitaire ? Et autant de questions quon va essayer, travers lexpos suivant, dapporter quelques lments de rponses.
11 1. Le systme dcriture franais : Lcriture du franais se dfinit comme tant la combinaison de deux lments nettement distincts : un alphabet latin () et lorthographe, qui nest autre chose que lutilisation spcifique de cet alphabet dans la notation du franais 1
Partant de l, on sintressera en premier lieu la premire composante du code crit franais, en loccurrence le systme alphabtique. Lorthographe qui repose sur lutilisation de cet alphabet bnficiera dun traitement spcifique ci- aprs. En effet, le systme alphabtique, laide dun nombre restreint de signes, permet de reprsenter par crit toutes les units constitutives de la chaine orale. Il offre donc une efficacit incontournable qui, laide dun nombre restreint de signes (26 lettres) permet de raliser des constructions crites, facilitant ainsi et la reproduction des units sonores et la transmission dautres informations absentes loral mais prsentes lcrit. Lusage de lalphabet a donn lieu, en franais, deux dimensions qui rgissent lcrit : la dimension phonologique et la dimension idographique . On sefforcera, travers les lignes qui vont suivre, dexpliciter ces deux principes sur lesquels repose le code crit franais.
12 1. 1. La dimension phonographique : La dimension phonographique est la dimension la plus essentielle sur laquelle repose le systme dcriture franais. A. ANGOUJARD estime qu crire cest essentiellement transcrire, manifester la langue dans sa dimension phonologique. 1
Ceci dit, le premier rle de lcriture est de transcrire lensemble des lments constituant la chaine sonore. Or, lcriture du franais doit rpondre aux exigences du principe phonographique avec des moyens insuffisants ; lalphabet regroupe 26 lettres qui correspondent 36 phonme du code oral, ce qui a engendr une spcificit franaise qui fait quun mme graphme peut transcrire plusieurs phonmes et inversement. Si on se rfre la ralit de la classe de langue trangre, on se rend compte que cette dimension suffirait elle seule pour rendre le systme orthographique franais complexe enseigner / apprendre dautant plus que cest la dimension par laquelle dbute tout enseignement / apprentissage du code crit franais : ces proccupations dordre phonographique constituent la cl dentre dans lcriture dune langue alphabtique comme le franais. 2
Faut-il souligner ici que lenseignement / apprentissage de cette dimension phonographique doit tre prcd par laccs lalphabet latin nouveau, dans notre cas, si loign de celui de lArabe. Le phnomne dinterfrences est le rsultat de la confusion qui pourrait y avoir entre lalphabet de lArabe et celui du Franais :
1 Andr, ANGOUJARD. Savoir orthographier . Paris. HACHETTE DUCATION. 1994. P 18 2 Marie-France, MORIN, Hlne, ZIAKRO, Isabelle, MONTESINOS. Orthographe et littracie . In Christine, BARRE-DE MINIAC, Catherine BRISSAUD, Marielle RISPAIL, La Littracie . Paris. LHARMATTAN. 2004. P. 194
13 crire le franais passe par la maitrise dun nouvel alphabet et quil peut y avoir des interfrences entre alphabets, entre systme graphiques, entre graphies de langue diffrentes pour des mots ou des phonmes proches 1 .
1. 2. La dimension idographique : Si le principe phonographique est prsent dans le systme dcriture du franais, cela va de soi, les sons sont transcrits par des lettres ou groupes de lettres dans une langue base alphabtique. Comment une dimension, pourtant appartenant dautres systmes dcriture (le chinois par exemple), pourrait exister en franais ? En effet, en adoptant le principe smiographique 2 vers le XIII me sicle, le franais se distingue des autres langues, ayant en commun le systme alphabtique mais aussi les mmes origines, telles que lItalien et lEspagnol par exemple. Cette volution loigne plus que jamais le franais du latin et dautres langues romanes 3 notait CATACH. En simplifiant lextrme on dira que dans le cas du franais lidographie est lapparition du signifi dans lcriture. Observons lexemple suivant :
Un garon marche Des garons marchent.
loral, hormis lopposition (un / des), rien ne marque le passage du singulier au pluriel, la prononciation demeure identique. Par contre, lcrit le s de garons et le nt de marchent impliquent lide que lon ne parle pas dun seul garon mais plutt dun groupe de garon. Les deux marques cites indiquent au lecteur dune manire explicite le pluriel.
1 Philippe, BLANCHET. Introduction la complexit de lenseignement du franais langue trangre . Louvain-la-Neuve. PEETERS PUBLISHER. 1998. P.172. 2 Lautre appellation du principe idographique 3 Nina, CATACH. Lorthographe . Paris. PUF. QUE SAIS-JE . 1998. P 13
14 Enchainons par un exemple plus illustratif. Imaginons un instant un leadeur nationaliste algrien crire propos du combat men contre loccupant franais : Je me charge dune tache nationale. 1
Le mot tache sans accent circonflexe, outre la dgradation du sens aurait de fortes chances hypothquer lavenir politique du leadeur en question. Pour rsumer, on dira que la dimension idographique est reprsente essentiellement par les frquentes marques du nombre, du genre, non prononces ainsi que par le biais des homophones, qui pour se distinguer lun de lautre changent de lettre ou utilisent des signes diacritiques. Ceci nempche pas quelques mots garder la mme forme pour indiquer des ides diffrentes ( son adjectif possessif et son le nom masculin qui indique le bruit). Leur rle premier est dinscrire le sens. La dimension idographique est donc essentiellement noter du sens, manifester les dimensions smantiques et morphologiques de la langue 2
1 Cet exemple est souvent brandi par le courant qui soppose aux simplifications orthographiques de 1990. Les franais prfrent parler de De Gaule. 2 Andr, ANGOUJARD. Op.cit. P 18
15 2. Dfinition de lorthographe : Lorthographe, venant de deux mots grecs : ortho qui veut dire droit et graphein qui veut dire crire signifie crire correctement . La dfinition propose par Le Littr 1 se rapproche de celle-ci : lorthographe est lart et la manire dcrire correctement les mots dune langue . Ren THIMONNIER quant lui estime que lorthographe du franais nest rien dautre quun systme de transcription qui simpose tous les membres de la communaut. 2
la lecture de ces dfinitions, on remarque quelles sous-tendent lexistence de rgles rgissant la manire dont on doit crire les mots. En ralit, les rgles ne concernent quune partie bien dtermine de lorthographe, il sagit de lorthographe grammaticale qui soppose lorthographe dusage . 3
Afin dviter toute confusion, Evelyne CHARMEUX prfre parler de principes . Elle propose la dfinition suivante : Lorthographe pourrait tre considre comme lensemble des principes dorganisation des lettres et autres signes de la langue crite franaise, grce auxquels il devient possible de reconnaitre les mots et leur signification et par la suite se faire comprendre en les crivant 4 . Dans cette optique, toute ralisation qui sloigne de ces principes organisateurs est considre comme faute . On prfre de nos jours employer erreur en remplacement de faute qui, faut-il le rappeler, sest colle aux diffrents carts qui peuvent se produire en orthographe depuis sa fixation sur la forme telle que nous labordons aujourdhui, et qui vhicule une attitude culpabilisant le scripteur.
1 Atelier historique de la langue franaise. Littr . d. lectronique. V. 1.5 2 Ren, THIMONNIER le systme graphique du franais . Paris. PLON. 1967. P. 88 3 Ci-aprs la distinction entre les deux composantes. 4 Cit par Carmen, STRAUSS-RAFFY. Le saisissement de lcriture . Paris. LHARMATTAN. 2004. P. 123.
16 Par ailleurs, la dfinition dE. CHARMEUX prcise le rle que joue lorthographe dans la comprhension. La prsence de ces principes est justifie par la ncessit de faciliter la communication crite : faciliter la tche aux lecteurs et permettre aux scripteurs de se faire comprendre, tel est le rle de lorthographe. Dfinir lorthographe franaise sans aborder sa complexit manquerait notre objectif. Do tient-elle donc cette complexit ? On trouvera la rponse dans la dfinition suivante de Nina CATACH qui estime que lorthographe du franais est la Manire dcrire les sons ou les mots dune langue, en conformit dune part avec le systme de transcription graphique adopt une poque donne, dautre part suivant certains rapports tablis avec les autres sous-systmes de la langue (morphologie, syntaxe, lexique) 1 . Ainsi, pour transcrire correctement un mot, le scripteur devra maitriser les correspondances sons-lettres en plus de la mmorisation dune quantit considrable de mots qui chappent cette rgle ainsi que la mmorisation et la mise en uvre des rgles morphosyntaxiques.
1 Nina, CATACH. Lorthographe franaise, trait thorique et pratique . Paris. NATHAN. 1980. P 16
17 3. Les deux composantes de lorthographe : Traiter de lorthographe nous oblige passer par la distinction habituelle entre orthographe dusage et orthographe grammaticale . Pourquoi une opposition pareille ? Quentendons-nous par ces deux appellations ? Andr CHERVEL dtaille cette question en prcisant qu Entre la grammaire et lorthographe, la pratique pdagogique a t amene dgager la notion dorthographe grammaticale, et lopposer lorthographe dite dusage 1 . Cest donc la ncessit de traiter sparment lorthographe grammaticale qui est lorigine de ladoption dune telle distinction. Certains auteurs iront jusqu avancer la ncessit de distinguer loral de lcrit dans le contexte scolaire : Ce qui oblige traiter sparment de lorthographe grammaticale, cest () le souci de mesurer lcart entre langue crite et langue parle dans ce domaine particulier 2 . On aura loccasion, dans le cadre de ce mmoire, dvoquer plusieurs reprises une des caractristiques du code crit franais qui rside dans le caractre silencieux de la majorit des marques grammaticales que doivent prendre certains mots lcrit, contrairement loral o elles ne sont pas signales. Le souci de performance scolaire a donc impos la sparation de la partie de lorthographe lie la masse considrable de rgles grammaticales qui dirige lcriture du franais et lopposer par la suite lorthographe dite dusage ou lexicale.
1 Andr, CHERVEL. (1973) La grammaire traditionnelle et lorthographe [en ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_00238368_1973_num_20_1_5657 (Aout 2008) 2 Claire, BLANCHE-BENVENISTE. Andr, CHERVEL. Lorthographe . Paris. FRANOIS MASPERO. 1974. P. 175
18 3.1 Lorthographe dusage : Orthographe dusage dite aussi orthographe lexicale fournit la seule faon correcte dont un mot doit tre crit, en dehors de toute relation avec dautres mots, dans une phrase. En dautres termes, lorthographe dusage concerne les mots pris isolment, tels quils sont prsents dans le dictionnaire. Si on sinterroge par exemple sur la faon dcrire le mot orthographe , seuls les spcialistes en la matire peuvent fournir une rponse claire prcisant le choix de telle lettre au lieu dune autre pourtant correspondant au mme son. De la correspondance phonie-graphie ltymologie du terme en passant par le poids de lusage et les rgles de drivation sans parler de larbitraire si prsent car lorthographe des mots du lexique () est pour une part importante arbitraire et imprvisible 1 . Autant de sources qui ont rendu cette partie de lorthographe franaise complexe et difficile apprendre notamment pour le public non-natif de la langue franaise. Prenons lexemple du mot orthographe . lexception de lavoir rencontr auparavant, le scripteur ne peut lcrire correctement : le t suivi inhabituellement du h , le son [f] qui scrit en combinant deux lettres diffrentes, en plus du son [ ] qui peut tre not par la lettre o ou les suites de lettres au , eau . Sur ce dernier point, linstabilit des rgles de conversion phonique, qui oblige le scripteur choisir entre plusieurs graphies notant le mme son, est considre comme source majeure de difficults que rencontrent les apprenants
1 Danile, MANESSE. Danile, COGIS. Orthographe qui la faute . France. ESF DITEUR. 2007. P. 137
19 du FLE. Renforcer la capacit de la mmoire visuelle est donc dune grande utilit pour russir cette composante de lorthographe franaise.
3.2 Lorthographe grammaticale : Cette composante de lorthographe franaise est dfinie comme tant celle qui concerne les variations en genre et en nombre du nom, la conjugaison des verbes et les phnomnes daccord qui en rsultent 1
Cest une composante qui ne concerne donc que les mots possdant une partie variable, appels communment mots variables . Elle implique une division dordre purement graphique entre les mots variables auxquels elle sapplique et les mots invariables. 2
Lorthographe grammaticale est soumise aux diffrentes rgles que fournit la grammaire ainsi qu la conjugaison. Deux disciplines auxquelles lapprenant est confront depuis ses premires annes denseignement / apprentissage du FLE. Contrairement lorthographe dite lexicale o la forme du mot est dtermine dune faon arbitraire , ne prenant pas en considration le contexte phrastique, en orthographe grammaticale le mot aura ncessairement une valeur grammaticale une fois employ dans un nonc lobligeant ainsi adopter telle ou telle forme. Ainsi, la manire dont on doit orthographier un mot variable est soumise la fonction quil est appel remplir dans une phrase donne , cest pourquoi Pour bien orthographier, il est ncessaire, non seulement de connaitre toutes les formes dun mot donn, de connaitre les marques graphiques propres chaque classe de
1 Claire, BLANCHE-BENVENISTE. Andr, CHERVEL. Op.cit. P. 174 2 Ibid. P 174
20 mots, mais aussi davoir conscience des relations syntaxiques que ce mot entretient avec les autre. 1
Dans un systme alphabtique, les lettres sont charges avant tout de noter les sons. En franais comme dans dautres langues, ces mmes lettres seront galement charges de noter les informations dordre grammatical que lcrit, contrairement loral, est cens transmettre, ce qui a rendu le code crit franais plus riche que le code oral. Les mots variables partagent ainsi les mmes marques, lettres ou suite de lettres, selon la catgorie quils reprsentent. Le franais compte cinq catgories : le nombre (chat/chats), le genre (joli / jolie), la personne (mange/manges/mangent), le temps (mangerai, mangerais), et le mode (mangez, manger, mang). 2
Lorthographe grammaticale dite aussi orthographe daccords prsente dnormes difficults aux apprenants. commencer par la non articulation de la majorit de ces marques loral (un beau jardin/ de beaux jardins). En plus de leur caractre homophone . Il est noter que le problme de lhomophonie affecte beaucoup plus les terminaisons verbales. En voici un exemple tir de notre dicte, administre un groupe dtudiants. Au lieu de transcrire chercher , on a pu relever les formes fautives suivantes : cherch / cherchs / cherchaient / cherchait . Cet exemple montre quel point le choix que doit oprer le scripteur entre plusieurs marques ayant un caractre homophone peut linduire en erreur. Ce problme affecte mme les apprenants les plus avancs en matire denseignement / apprentissage du FLE.
21 Par ailleurs, cet exemple est utile pour faire le point sur la ncessit de lanalyse du mot ainsi que la place quil occupe dans la phrase ; ce verbe est prcd par un autre verbe conjugu vont . Quand deux verbes se suivent le second se met linfinitif une rgle, certainement intriorise par lensemble des tudiants. Ce qui prouve, une fois encore, que connaitre la rgle ne peut pas garantir une bonne orthographe. Notre exemple prouve que le verbe est le champion des erreurs orthographiques toutes catgories confondues comme laffirmait ANGOUJARD. De nombreuses recherches ont dmontr que le traitement de la flexion nominale (s) est plus prcoce et plus assur que celui de la flexion verbale (nt). 1 Une ralit quon a pu constater en analysant les copies qui composent notre corpus. Finalement, bien que cette distinction traditionnelle entre orthographe dusage et orthographe grammaticale reste utilise en classe de langue, elle ne reflte pas le fonctionnement et lorganisation de cette discipline. Quelques linguistes ont labor une nouvelle classification.
1 Marie Genevive, THEVENIN. Et al. Lapprentissage /enseignement de la morphologie crite du nombre en franais . Revue franaise de pdagogie. N 126: Lacquisition / apprentissage de lorthographe . Janvier, Fvrier, Mars 1999. P. 40
22 4. Lorthographe franaise : un plurisystme Tous les spcialistes en la matire laffirment : lorthographe franaise est lune des plus complexes au monde. Cette complexit est due selon Nina CATACH des grands principes prsents dans notre criture, la prononciation, ltymologie, lHistoire, le ncessit de lever lambigit des homophones, celle de conserver une certaine visualit directe et parlante aux mots() et surtout entre loral et lcrit. 1
Cependant, en dpit de toutes les incohrences que les spcialistes ont identifies, les recherches menes depuis les annes soixante-dix (1970), notamment ceux de la linguiste CATACH Nina au sein du groupe H.E.S.O (histoire et structure des orthographes et systmes dcriture) ont dmontr que lorthographe du franais possde une certaine cohrence, qui permet son enseignement / apprentissage surtout dans les milieux o le franais est langue trangre. 2
Cette nouvelle conception thorique mais aussi pratique que nous propose la linguiste et quil sera question de discuter ici, a non seulement permis de standardiser des pratiques restes pour longtemps prisonnires dirrductibles rgles ( et exceptions bien sr !) runies et regroupes en deux grands univers (orthographe grammaticale Vs orthographe dusage) mais a davantage apport une stabilit trs utile lenseignement / apprentissage dune discipline jusque l aborde sous forme de mots mmoriser et de rgles apprendre par cur. Quentendons-nous donc par plurisystme ? Comment sorganise-t-il ?
1 Nina, CATACH (1991). Mythes et ralit de lorthographe . [En ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1991_num_28_1_2031 (Aout 2008) 2 Nina catach souligne en introduisant son ouvrage Lorthographe franaise. Trait thorique et pratique que ce dernier est destin aux enseignants du FLE.
23 Lorthographe franaise est un plurisystme , un terme jusqualors mconnu, que la linguiste a employ pour catgoriser les composantes de lorthographe franaise. Phonogrammes , morphogrammes et logogrammes , trois sous-systmes que la linguiste prcise quils se compltent, sopposent parfois et il est difficile de les sparer, rpondant ainsi chacun sa manire aux attentes sur tous les plans de la langue crite. La partie qui va suivre est une analyse du systme orthographique franais du strict point de vue linguistique. On essaiera au fur et mesure que notre description de ladite conception progresse de recadrer ces ralits dans lunivers de la classe de langue. 4. 1 Le sous-systme phonogrammique : N. CATACH souligne que les phonogrammes (transcription des sons) constituent pour le franais les fondations du systme 1 . Ainsi, oral et crit reprsentent les deux faces de la mme langue. Linterdpendance entre ces deux aspects distincts de la langue se manifeste et se concrtise travers lexploitation de la relation graphie / phonie do lappellation graphophonologie qui rend compte de cette relation ainsi que son aboutissement : la conversion de tous les signes oraux en signes crits. Lorthographe a donc pour premire mission de coder loral travers des ralisations crites. En dautres termes, elle structure la relation graphie / phonie. Dans cette optique, le sous-systme phonogrammique correspond lencodage des sons par des lettres ou groupes de lettres.
1 Nina, CATACH. Lorthographe . Paris. PUF. QUE SAIS-JE . 1998. P. 59
24 Le groupe H.E.S.O estime de 80 85 % les graphmes qui transcrivent des sons, c'est--dire les phonogrammes, constituant ainsi le noyau du systme orthographique franais et offrant un cadre valide et relativement stable qui rend compte du systme de prononciation. On parle dune stabilit relative car cette tche est rendue complexe pour diverses raisons, entre autres, lexistence de plusieurs ralisations graphiques notant un seul phonme : [s] : s dans sage / ss dans masse / dans maon / c dans ciel . Lexemple le plus clbre demeure la construction suivante : [l sod pjR ] Pour cette seule construction phonique, on peut recenser jusqu sept (07) constructions graphiques : - Le saut de Pierre. - Le sceau de Pierre. - Le seau de Pierre. - Le sot de Pierre. - Le seau de pierre - Le seau de pierres - Le sceau de pierre.
Et inversement, la prsence de diffrentes ralisations phoniques qui correspondent un seul graphme : C peut transcrire [s] dans race et [k] dans car . On dira enfin que ce sous-systme pourrait tre efficace sur le plan de la lecture que sur celui de lcriture. Si on prend lexemple dun apprenant, un tudiant en licence de franais en loccurrence, mme avec un niveau en dessous de la norme, il peut ventuellement lire sans grande difficults les mots dun texte, exception faite aux mots rares ou chappant aux rgles habituelles
25 de prononciation. La difficult commence en passant la transcription de ces mots. En gnral, la difficult pour les apprenants du FLE rside dans ce passage de loral lcrit. Ce qui explique en grande partie les carts quon peut constater chez nos apprenants. Des carts qui peuvent avoir pour cause principale le mauvais choix du graphme correspondant.
4.2 Le sous-systme morphogrammique : Les morphogrammes encodent les marques de la morphologie, ce sont des graphmes valeur zro ou valeur auxiliaire sur le plan phonologique. Ils sont chargs de noter du sens quil sagisse de dsinences grammaticales ou de prcisions lexicales. Il est rappeler que ce sous-systme reflte la dimension idographique quon a eu loccasion daborder prcdemment. Les morphogrammes se subdivisent en deux catgories : les morphogrammes grammaticaux et les morphogrammes lexicaux . 4.2.1 Les morphogrammes grammaticaux : Les morphogrammes grammaticaux sont prsents comme tant des dsinences supplmentaires qui sajoutent accessoirement aux mots selon les rencontres des parties du discours. 1 . Autrement dit, les morphogrammes grammaticaux sont constitus par des marques graphiques quon ajoute la forme de base des mots (radical) et qui vhiculent une information grammaticale : de genre, de nombre ou flexions verbales.
1 Nina, CATACH. Lorthographe franaise, trait thorique et pratique . Paris. NATHAN. 1980. P. 211
26 Observons les exemples suivants : Un intellectuel des intellectuels Il discute ils discutent
Bien que le s et le nt ne soient pas prononcs (la prononciation reste identique pour les premires formes comme pour les secondes) ces marques sont charges dapporter un supplment grammatical qui est lide du nombre. 4.2.2 Les morphogrammes lexicaux : Les morphogrammes lexicaux reprsentent les marques finales ou internes fixes, intgres au lexme pour tablir un lien visuel avec le fminin et les drivs 1
Ils sont donc porteurs dune information lexicale : appartenance une mme srie de mots, lien entre radicaux et drivs. Dans lexemple suivant : grand : la dernire lettre non audible d aide construire le fminin mais aussi fait rfrence aux autres mots appartenant la mme famille grande , grandeur , grandir Il convient de signaler qu la diffrence des morphogrammes grammaticaux , les morphogrammes lexicaux noffrent pas un cadre stable et rigoureux. On crit par exemple abri alors que le verbe est abriter ou encore tabac malgr tabagie . Ainsi, les morphogrammes grammaticaux et lexicaux contribuent dcrocher loral de lcrit tout en permettant une certaine souplesse dans lordre des mots du franais, maintiennent et multiplient linformation, aident la lecture visuelle de ladulte 2 .
27 Le groupe H.E.S.O estime quils reprsentent de 3 6 % des graphmes du franais. En conclusion, on dira que la non articulation des morphogrammes peut tre considre comme source de difficults majeures pour les apprenants du FLE. Qui des apprenants ne connait pas la rgle du pluriel, apprise de faon dogmatique depuis les premires sances du franais et pourtant lomission du s est fort prsente chez eux. Ce point sera largement discut lors de lexpos des rsultats de notre enqute. 4.3 Le sous-systme logogrammique : Les logogrammes ou figures de mots 1 sont fort prsents en franais. Ils permettent de distinguer les homophones-htrographes. Cette zone du code orthographique franais occupe de 3 6 % des graphmes du franais. Elle regroupe tous les mots quon peut identifier directement par le biais de la graphie. Leur fonction est de permettre aux lecteurs de dchiffrer visuellement le sens ainsi que la fonction dun terme sans grande rflexion et sans le confondre avec un autre partageant la mme prononciation. Afin de fournir une image visuelle spcifique aux homophones, le sous- systme logogrammique peut recourir plusieurs procds, entre autres : - Des lettres tymologiques ou historiques : doigt , voix , temps . - Des signes diacritiques : / a , o / ou . - Des variantes graphiques des phonogrammes : ancre / encre , dessin / dessein . - Des morphogrammes valeur lexicale : bond / bon - Dcoupage graphique : plutt / plus tt , quelque / quel que
1 Nina, CATACH. Lorthographe franaise, trait thorique et pratique Op.cit. P 268
28 Si cette zone illustre dune manire explicite laspect idographique de la langue et reflte la spcificit de lcriture franaise, elle en dmontre, une fois encore, les difficults quont subir les apprenants du FLE ; ce sont des mots apprendre tels quels. Le rle de la mmoire visuelle nen demeure pas pour autant cart. On a pu constater, travers cette description succincte de ce que Nina CATACH appelle plurisystme orthographique du franais , limportance dune description pareille permettant de jeter un regard nouveau sur le fonctionnement du systme orthographique franais tout en standardisant les pratiques orthographiques au point de les rendre lisibles, stables et cohrentes. Elle permet daborder son enseignement / apprentissage dune manire plus ou moins rationnelle en sappuyant sur les parties rgulires et fonctionnelles. Toutefois, la prsente classification ne rduit aucunement la complexit dune discipline rpute opaque depuis sa gense. Sagissant de la prsente recherche, cette conception offre un regard densemble qui permet de saisir le fonctionnement du code orthographique, offrant ainsi une classification et une grille danalyse pertinentes qui permettent de rpertorier dune manire claire les erreurs des apprenants et pourrait servir davantage comme support dventuels traitements.
29 5 Rle et fonction de lorthographe : Lune des caractristiques de lcrit rside dans le fait quil soit communicable. De ce fait, le scripteur se trouve donc dans lobligation de produire un crit sain afin dtre compris, faute de quoi son crit entrainerait confusions et incomprhension. La fonction premire de lorthographe va dans ce sens : au-del de toutes considrations historiques et culturelles, une orthographe a des fonctions sociales. Elle doit permettre () que la communication entre membres dune communaut se droule le moins mal possible 1 . Lorthographe requiert ainsi une certaine dimension communicative, dans la mesure o elle renforce la comprhension et la lisibilit des textes. Un texte qui ne rpond pas aux normes orthographiques aura des incidences sur sa comprhension et engendrera un malentendu avec le lecteur. Autrement dit, en imposant aux scripteurs des contraintes , lorthographe figure parmi les critres dune communication crite efficace qui rduisent la part du malentendu et vite ainsi la dtrioration du sens. Nanmoins, cette conception nest pas toujours valide. Lexemple suivant nous aidera saisir les limites de cette conception tout en prcisant lautre fonction de lorthographe : dapr l linguist trwa sou sistm compoz lortograf francz En dpit de lirrgularit de lnonc qui ne rpond pas aux rgles franaises de conversion phonique ni dailleurs aux contraintes syntaxiques et morphologiques, son sens est parfaitement accessible. Le lecteur habile comme dailleurs la majorit des experts en texto sauront dchiffrer et convertir les mots composant ce message. Ce travail est long et couteux en matire de temps mais aussi de savoirs rflexifs que le lecteur devra mobiliser.
1 Jean-Pierre, JAFFRE. Lorthographe du franais, une exception . Le franais aujourdhui .N 148 Linguistique et tude de la langue . Fvrier 2005. P.25
30 En revanche, si ce texte est crit selon le bon usage , le lecteur accdera facilement au sens dans un laps de temps nettement plus court que celui ralis sous la premire forme. On comprend alors que chaque mot offre la visualit qui lui est propre, permettant ainsi son identification et sa reconnaissance immdiate en lecture. Le passage suivant de F. Ters claire davantage ce point : Notre orthographe () constitue ido-visuellement un moyen de transcrire une masse de diffrences, de dtails qui sont autant de traits pertinents orientant et acclrant le dchiffrage de la signification, qui seule compte 1 . Ainsi, les diffrentes marques du genre, du nombre quon doit noter chaque fois, en plus de limage visuelle quoffre chaque mot constituent une masse considrable de redondances qui font acclrer de trois dix fois plus vite la lecture par rapport ce quon est capable de produire comme parole. Ce qui nous amne dire que la bonne orthographe contrairement la mauvaise orthographe offre la souplesse et la rapidit facilitant ainsi et la lecture et la comprhension : [c] est une ncessit dans le cadre de la communication crite 2 , dautant plus que notre interlocuteur est absent, contrairement loral o on peut employer plusieurs stratgies qui puissent combler le dficit engendr par la dgradation du message. Dans notre ralit o le franais est langue trangre, outre ses fonctions naturelles , une orthographe qui sloigne de la norme pourrait amener un responsable ne pas prendre en considration une demande truffe de fautes dorthographe, surtout celle provenant dun licenci en franais. Une bonne orthographe , en revanche, faciliterait lentre dans la vie professionnelle.
1 Franois, TERS. (1973). Lorthographe dans son contexte sociolinguistique http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1973_num_20_1_5656 (Juin 2008) 2 Jean, GUION. Nos enfants et lorthographe . Paris. LE CENTURION. 1973. P 14
31 On a pos la question suivante quelques tudiants qui ont particip au test qui fait lobjet de la prsente recherche : pourquoi est-il ncessaire davoir une bonne orthographe ? Parmi les rponses obtenues, une a attir notre attention : pour gagner des points ; quand un prof corrige votre copie, mme si elle est pauvre en matire dinformations, il remarquera que vous ne faites pas de fautes, il saura alors que vous avez un certain niveau pas comme les autres Cette rponse pourrait tre compare la ralit endolingue o la qualit de lorthographe est synonyme de (d) valorisation sociale. Quelquun qui possde une bonne orthographe est considre comme quelquun dinstruit, de cultiv voire mme dintellectuel. Inversement, la mauvaise orthographe cacherait lignorance et lillettrisme. la diffrence de la ralit quon vient dvoquer, la notre est relativement nuance. Si le bon orthographieur recevra les loges de son maitre suivies dune bonne note, le mauvais orthographieur ne sera pas victime de ces prjugs . La majorit des enseignants consults " informellement " propos de la sanction affirment ne pas pouvoir entreprendre une telle mesure contre les carts constats. Dailleurs, on value la qualit de linformation et la cohrence plutt que lorthographe. En voquant le milieu universitaire, quelle serait la place de la norme orthographique dans la formation en licence de franais.
32 6 Orthographe : La norme lpreuve de lenseignement suprieur
Quexige-t-on donc dun tudiant prparant une licence de franais ? Avant de rpondre cette question, on devrait dabord examiner la place de la norme orthographique dans le cadre institutionnel. On va tenter dclairer cette relation du seul point de vue des modules dispenss dans le cadre de la licence en question. En effet, en arrivant en premire anne, ltudiant issu de lancien systme ducatif algrien cumule neuf annes denseignement / apprentissage du franais langue trangre. Des annes o la langue franaise tait une langue objet c'est--dire lenseignement / apprentissage du FLE sest fix comme finalit lappropriation plus ou moins efficace de la langue trangre. En voquant ce terme, le franais est certes une langue trangre , ce terme nest autre chose que le reflet de son statut dans la socit algrienne. Quen est-il de son statut chez nos tudiants ? Le franais continue-t-il tre tranger au mme titre que lorsque ltudiant daujourdhui suivait linstruction collgiale ou secondaire ? Ou encore, son statut change-t-il si on fait la comparaison entre un tudiant en licence de franais et un autre en Droit par exemple ? La rponse la plus logique serait que celui qui suit la totalit des cours en franais dans le but de devenir un jour Enseignant de franais est le plus proche de cette langue quil ne ltait auparavant. Plus proche aussi quun tudiant inscrit dans un autre dpartement. Dans le mme ordre dides, en formation universitaire, tout en inscrivant lenseignement / apprentissage de FLE dans une optique dappropriation, la langue franaise redevient une langue-outil.
33 Un outil par lequel on vise, entre autres objectifs, lappropriation dune culture et dun savoir, car en fin de compte, la formation universitaire au sein de la licence de franais vise une acquisition plus ou moins exhaustive et riche en culture et civilisation francophones paralllement au dveloppement des connaissances linguistiques tout en prparant nos tudiants au mtier denseignant. Le tableau suivant rassemble les modules dispenss dans le cadre de notre licence 1 :
Niveau Modules Volume horaire
PREMIERE ANNEE
Pratique systmatique de la langue Lecture critique Technique dexpression Introduction la linguistique Textes et histoire Etude dun auteur franais Langue et littrature arabe 04 h 03 h 04 h 02 h 03 h 03 h 03 h
DEUXIEME ANNEE
Littrature du Maghreb dexpression franaise Lecture critique Textes et histoire Syntaxe Littrature et socit Phontique et phonologie Lexicologie et smantique Langue et littrature arabe 03 h 03 h 03 h 03 h 02 h 03 h 03 h 03 h
TROISIEME ANNEE Littrature contemporaine Smiologie Gnrale Linguistique Textes et histoire Sociolinguistique Langue arabe Psychologie Gnrale Thtre Langues de spcialit Psycholinguistique 03 h 03 h 03h 03 h 02 h 02 h 02 h 03 h 02 h 02 h
QUATRIEME ANNEE Thorie de la littrature Systmes grammaticaux Didactique et langues trangres Psychopdagogie Littrature compare Didactique des textes littraires 03 h 03 h 02 h 02 h 02 h 02 h
1 Universit de Batna. Programme licence littrature en langue franaise . http://www.univ-batna.dz/lettre-sce-arabe/pgmfrancais.html (Juillet 2008)
34 Si on exclut le module phontique/phonologie , probablement utile pour la maitrise de la conscience phonographique , il ne reste que les trois modules (en gras) chargs de rappeler ou dapprofondir les connaissances essentielles du code franais, sinscrivant ainsi dans la ligne du renforcement linguistique c'est--dire contribuant lappropriation des diffrentes comptences indispensables pour communiquer en franais. les comparer avec le reste des modules, travaillant lobjectif culturel, scientifique et professionnel, on remarque que ceux-ci prennent le dessus. Notons que les trois modules ne concernent que les deux premires annes du cursus de ltudiant. Il est noter ici que la souplesse du systme universitaire permet lenseignant de slectionner ce quil jugera utile comme connaissances transmettre aux tudiants dans le cadre de son module. Dans un tel contexte, o les deux directions dintervention didactique : langue objet / langue outil sont en interaction permanente, quelle est la place accorde la norme orthographique ? Combien aura-t-on de chances pour voir la science de lorthographe sinscrire lordre du jour des modules dispenss ? Cette question nous amne voquer les modalits dinscription en licence de franais qui, pour des raisons certainement ralistes et objectives, ne permettent pas lvaluation du niveau orthographique des tudiants ds leur entre en premire anne comme cela se fait sous dautres cieux o la langue franaise est langue maternelle ou seconde. Cependant, la ncessit de possder un minimum de connaissances orthographiques revt un caractre extrmement indispensable chez les tudiants du dpartement de franais, dune part pour russir leurs tudes suprieures de lautre part pour exercer efficacement leur (s) future (s) profession (s).
35 Sur ce point, Jean-Pierre JAFFRE nous apporte un claircissement ncessaire : les comptences orthographiques () sont tributaires des exigences imposes par la vie professionnelle 1 . Ce qui explique en grande partie les propos quon a tenu prcdemment affirmant la grande importance de la norme orthographique en formation universitaire notamment celle ayant pour objectif la formation des enseignants de langue franaise. Une question simpose : A-t-on offert le cadre adquat nos tudiants pour concrtiser les objectifs cits ci-dessus ? Tout ce quon est en mesure dapporter comme lments de rponse rside dans le fait que la licence de franais est cense rpondre une multitude de besoins en plus des objectifs quelle sest assigne, a rduit trois ou quatre seulement les modules renforant la direction dintervention en faveur de la langue objet ce qui a fait de lorthographe un domaine qui sapprend implicitement. 2
Par ailleurs, si on prend comme valable lide selon laquelle lorthographe doit tre acquise dune manire implicite luniversit, lapprenant dveloppera ainsi ses comptences orthographiques en exerant lcriture. On sinterroge si cette dernire est assez prsente pour pauler un tel objectif ? Dans un environnement o le polycopier et le cours magistral sont les moyens les plus adapts, bien que la dicte garde son attrait chez un nombre consquent denseignants. Faudrait-il sinterroger sur ceux qui font accompagner ce procd par le souci de correction, car sans souci de correction, la dicte nest, en fin de compte, que de lcrit oralis et naurait aucun impact sur le renforcement orthographique.
1 Jean-Pierre, JAFFRE. In Cahier du Cental 1. Le franais ma tuer . Actes du colloque : Lorthographe franaise lpreuve du suprieur. Louvain-la-Neuve. UCL PRESSES UNIVERSITAIRES DE LOUVAIN. 2006. P. 108 2 Par opposition lenseignement explicite o des sances sont consacrs exclusivement son enseignement / apprentissage.
36 Reprenons notre compte le constat fait par quelques enseignants : Les tudiants arrivent parfois en premire anne avec un bagage linguistique limit, des dfaillances syntaxiques en plus de lorthographe nglige. On peut imaginer donc quel point les efforts des enseignants devraient tre doubls pour combler les insuffisances orthographiques de nos sujets dautant plus que quatre modules seulement noffriraient pas le cadre adquat pour le renforcement de la norme orthographique qui ncessite rappelons-le une attention et un effort particuliers. Dans cet tat de fait, on comptera principalement sur la motivation des deux constituants du triangle didactique : lapprenant et lenseignant. Le premier pour sa motivation et sa volont quant la maitrise du code orthographique ; il devrait donc miser sur lautoformation. Cette dernire, en formation avance, demeure la clef de russite de toutes les comptences notamment orthographique. Le second, parce que sinscrivant en premire ligne face aux difficults de ses tudiants.
37
On constate, travers ce premier chapitre, que lorthographe franaise, loin dtre un amas dincohrences et de contradictions, constitue un systme, voire un plurisystme relativement stable et cohrent, offrant ainsi un cadre pouvant assurer la performance requise sur les deux plans de lcriture ainsi que sur celui de la lecture. Sa maitrise savre donc dune grande utilit notamment pour le public cens transmettre cette norme dans un futur proche.
Lorthographe est de respect; c'est une sorte de politesse. E EE Emile mile mile mile- -- -A AA Auguste Chartier dit uguste Chartier dit uguste Chartier dit uguste Chartier dit Alain (1932) Alain (1932) Alain (1932) Alain (1932)
COMPETENCE COMPETENCE COMPETENCE COMPETENCE & && & INCOMPETENCE INCOMPETENCE INCOMPETENCE INCOMPETENCE ORTHOGRAPHIQUE ORTHOGRAPHIQUE ORTHOGRAPHIQUE ORTHOGRAPHIQUES SS S
39 Cet phrase contient trois erreures.. La premire porte sur l'accord du dmonstratif; la seconde, sur l'orthographe du mot erreur. Et la troisime sur le fait qu'il n'y a que deux erreurs. Richard Powers Richard Powers Richard Powers Richard Powers Maintenant quon sest familiaris avec la discipline orthographe , il serait convenable daborder la question de la comptence orthographique . Faut-il rappeler que notre contexte est un contexte exolingue c'est--dire o le franais est langue trangre. La question de la comptence orthographique ne devrait tre aborde que sur ce seul angle. Quentendons-nous donc par comptence orthographiques ? Par quoi est constitue cette comptence ? Quelles sont ces connaissances indispensables qui assurent l crit sain ? Une autre question, on ne peut plus essentielle et qui devrait bnficier dun traitement spcifique vu quelle concerne directement le noyau de la prsente recherche : comment value-t-on la comptence orthographique ? Quels en sont les outils qui doivent accompagner cette valuation ?
40 1. La comptence orthographique : Avant dentamer lexpos relatif la dfinition de la comptence orthographique , on a estim quil serait convenable de prciser en premier lieu la notion essentielle qui se rattache directement la comptence en question et qui nous aiderait mieux la cerner. Il sagit de la notion de comptence
1. 1. Dfinir la comptence : Selon P. PERRENOUD la comptence se prsente dabord comme une excellence virtuelle, autrement dit comme la capacit latente, intriorise, de faire certaines choses rputes difficiles 1 . travers ce passage, lauteur met laccent sur laptitude du sujet mobiliser les ressources, (notamment cognitives, laspect moteur ne sera pas discut ici) sa disposition pour faire face efficacement la tche-problme qui lui est prsente. Les ressources en question englobent les connaissances (savoirs) ainsi que la capacit les orienter avec pertinence (savoir-faire). En sinscrivant dans la mme optique, P.JONNARET prcise que la comptence repose sur la mobilisation des ressources que possdent lapprenant un moment donn de sa scolarit, en fonction dune intention particulire dans le but de traiter pertinemment et efficacement une situation- problme qui dfinit son contexte : une comptence est donc oriente par une finalit qui la dtermine et une situation qui la contextualise. 2 .
1 Philippe. PERRENOUD Lvaluation des lves. De la fabrication de lexcellence la rgulation des apprentissages. Entre deux logiques . Paris. DE BOEK Universit. 1999. P 47 2 Philippe, JONNARET. Comptences et socioconstructivisme : un cadre thorique . Bruxelles. DE BOEK Universit. 2006. P.33
41 Il est noter quune fois ces deux paramtres dtermins, lapprenant doit procder au tri des connaissances en jugeant celles qui seraient les plus adaptes et les plus efficaces capables, ses yeux, de solutionner le problme auquel il est confront. En dfinitive, la comptence est subordonne aux ressources dont dispose lapprenant au moment de la ralisation de la tche-cible ainsi quaux diffrentes contraintes qui en dcoulent. Pour rsumer, on reprendra notre compte le passage suivant de Bruner 1 : Parler de comptence cest parler dintelligence au sens le plus large, de lintelligence oprative du savoir comment plutt que simplement du savoir que, Autrement dit, la comptence est laboutissement de larticulation consciente et raisonne entre le savoir dclaratif et le savoir procdural. La distinction entre ces deux composantes sera traite plus loin dans ce texte.
1 Cit par Pierre, BANGE. Rita, CAROL. Peter GRIGGS. Lapprentissage dune langue trangre : cognition et interaction . Paris. L'HARMATTAN. 2005. P 37.
42 1. 2. Dfinition de la comptence orthographique : Andr ANGOUJARD, en recadrant la production orthographique dans son environnement naturel qui est lcriture, prsente la comptence orthographique comme tant laptitude produire lensemble des formes graphiques ncessaires la ralisation dun projet dcriture. 1
Ceci dit, tre comptent en orthographe exige donc de lapprenant de disposer pralablement dun ensemble de connaissances thoriques (savoirs dclaratifs) quil devra mobiliser (savoir procdural) pour faire face aux nombreuses difficults orthographiques quil rencontre en crivant un texte. La comptence orthographique ne se limite pas laptitude dcrire seulement car elle sera davantage sollicite en interprtant les crits (lecture) car, au bout du compte, lorthographe franaise est avant tout un cadre offrant une certaine souplesse visuelle, facilitant ainsi aux lecteurs laccs rapide au sens dun crit. Il est rappeler que la comptence orthographique, la seule comptence propre lcrit, sinscrit dans la ligne dune comptence globale qui est la comptence scripturale. Elle nest quune de ses composantes. Le caractre inhrent de ces composantes va rendre lappropriation de cette comptence pnible et couteuse, ceci dune part, de lautre part grer une multitude de comptences en temps rel va influencer ngativement le rendement orthographique final mme des scripteurs experts. A. ANGOUJARD souligne, par ailleurs, que la comptence orthographique doit inclure des manifestations reprables quil rsume sous lappellation de vigilance orthographique qui il attribue la dfinition suivante : la vigilance orthographique, cest dabord avoir des doutes pertinents et savoir mettre en uvre une stratgie adapte aux difficults repres 2
1 Andr. Angoujard. Savoir orthographier . Paris. HACHETTE DUCATION. 1994. P 34 2 Andr, ANGOUJARD. Ibid. P. 35
43 Douter est ainsi la condition sine qua non de toute comptence en orthographe. La question qui simpose demble : Comment acquiert-on ce doute orthographique ? Lauteur nous rapporte quelques lments de rponse en prcisant que ce doute va sinstaller au fur et mesure que lapprenant multiplie ses confrontations face lcriture car, et cela va de soi, on narrivera jamais perfectionner son orthographe si on nexerce pas le geste scriptural mais aussi en lisant ; lcriture serait le meilleur moyen dactualiser les connaissances dont on dispose. ceci, il faudrait ajouter llment cl qui est la conscience orthographique ; la conscience du rle important que joue lorthographe dans la comprhension. Il sagit donc pour lapprenant dcrire tout en tant convaincu quune mauvaise orthographe va altrer le sens et empcher ainsi le lecteur dinterprter convenablement son crit. Dans le contexte algrien, enseigner le franais est du ressort exclusif du cadre formel c'est--dire de lcole. Pour reprendre le fil des ides voques ci- dessus, on dira que lcrit et spcifiquement la norme orthographique seront guids par laction didactique en contexte scolaire. Cest sur ce contexte quincombe la lourde tche damener lapprenant orienter son attention vers la ncessit de la correction orthographique pour esprer garantir lacquisition de la comptence orthographique ncessitant une articulation consciente et raisonne entre le savoir dclaratif que lcole dispense et que lapprenant doit saisir en vue de se lapproprier pour enfin aboutir un savoir procdural opratoire.
44 2. Les deux composantes de la comptence : On a vu lors de lessai de dfinition de la comptence ainsi que la comptence orthographique que les acceptions que vhiculent lune ou lautre des dfinitions apportes tournent autour de deux composantes : dclarative et procdurale . Il est question maintenant de prciser en quoi consistent ces deux composantes. 2. 1 La composante dclarative de la comptence : Le savoir ou la composante dclarative de la comptence correspond une connaissance thorique et verbale. Elle appartient lordre du discours et du langage et est dcontextualise. 1
Partant de l, la composante dclarative est constitue par lensemble des savoirs thoriques . Lexemple quon fournit souvent pour se rapprocher de cette notion demeure les dfinitions que nous proposent les diffrents dictionnaires. Ce savoir dclaratif, peut stendre jusquau point denglober lexprience personnelle de lindividu, des modles de comportement, chec ou succs : Le savoir dclaratif, cest tout le savoir sur les faits que nous avons emmagasin en mmoire, toute lexprience du sujet. 2
Concernant lunivers de lenseignement /apprentissage des langues trangres, cette composante rassemble tous les savoirs thoriques propres la langue-cible, quun apprenant possde un moment donn de sa scolarit.
1 Michle MINDER. Didactique fonctionnelle . Paris. DE BOEK Universit. 1999. P.42 2 Pierre, BANGE. Rita, CAROL. Peter GRIGGS. Lapprentissage dune langue trangre : cognition et interaction . Paris. L'HARMATTAN. 2005. P 37.
45 Ainsi, cette composante qui rpond la question savoir que peut tre acquise par deux manires : la premire est dite formelle , intervient au moment des apprentissages scolaires en milieu institutionnel. La seconde inductive peut avoir lieu dans lenvironnement immdiat de lapprenant (milieu extrascolaire). Faut-il souligner que le franais continue avoir une place assez importante dans la socit algrienne. La production littraire et scientifique en est le tmoin. Relativement lorthographe, la composante dclarative de la comptence orthographique concerne deux types de faits 1 : Sera classe en premier la maitrise de lorthographe des mots ou connaissances spcifiques relatives la langue-cible. La maitrise des rgles de la relation phonie/graphie connue sous lappellation du systme de conversion phonographique est lessence de ce premier type. Sesi tun exompl konvinkon. Cet exemple reflte une ralit signale prcdemment qui a contribu grandement complexifier le code orthographique franais ; le choix que doit oprer lapprenant de FLE entre les diffrentes graphies notant le mme son et inversement la seule graphie qui notent plusieurs sons. Cest pourquoi lapprenant est contraint de photographier limage du mot ; savoir que apocalypse titre dexemple scrit avec un seul p et un y non un i . Les mots photographis sont rpertoris dans le lexique mental qui est charg de stocker les diffrentes entres en les organisant dans un rseau faisant ressortir les liaisons analogiques entre certaines familles de mots 2 . De plus, connaitre comment scrit dent va non seulement faciliter la tche llve pour crire dentiste mais va amoindrir considrablement le cout cognitif de la ralisation graphique quil est appel transcrire.
1 M. FAYOL, P. LARGY (1992). Une approche fonctionnelle de lorthographe grammaticale [en ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_00238368_1992_num_95_1_5773 (Juillet 2008) 2 Ibid.
46 Le second type de faits concerne la connaissance de rgles morphosyntaxiques . En franais, les graphmes, en plus de la notation des sons, sont chargs de marquer la relation quentretiennent les mots entre eux au sein dune phrase. En dautres termes, les lettres de lalphabet servent encore marquer le nombre, le genre ainsi que les flexions verbales sur les mots qui possdent une partie variable selon le contexte. Cest dans ce sens que lapprenant doit mmoriser la rgle selon laquelle le nom ou ladjectif au pluriel doivent prendre le s final. La difficult pour les apprenants rside dans la multitude dexceptions que comptent les rgles du franais. En dfinitif, Les connaissances dclaratives sous tendent une grande part de nos comptences orthographiques, en particulier en ce qui concerne lorthographe dite dusage 1 . Il est question ici de la mmorisation des mots et des rgles ; la composante dclarative de la comptence orthographique englobe donc par le biais dun travail remmoratif perptuel les mots pris hors contexte (orthographe dusage) et les rgles qui rgissent la parties variables de ces mots ces mots employs dans un nonc (rgles morphosyntaxiques).
1 M. FAYOL, P. LARGY (1992). Op.cit
47 2.2 La composante procdurale de la comptence : La composante procdurale ou savoir-faire est dfinie comme tant le faire [qui] permet laction sur lenvironnement et la solution de problmes 1 . Elle reprsente la concrtisation de la comptence dclarative ou encore son aspect matriel. Lauteur du passage ci-dessus enchaine en dmontrant les deux faons travers lesquelles cette composante est cense se manifester. La premire sinscrit sous le volet moteur (savoir nager), la deuxime faon concerne laspect cognitif (savoir lire par exemple). Le premier aspect ne sera pas discut ici. En effet, la composante procdurale, rpondant la question savoir comment. ne peut fonctionner qu laide dinformations ou de savoirs thorique. Les connaissances dclaratives constituent le matriau sur lequel repose tout ce que lapprenant est appel raliser comme tche. Relativement lorthographe, les connaissances procdurales renvoient la mise en uvre effective et non plus la "simple mmorisation" de rgles telles que celle de laccord du verbe avec le sujet ou du participe pass avec le Cod 2
Cependant, les savoirs relatifs lorthographe, emmagasins en notre mmoire, bien quils soient indispensables ne pourraient eux seuls manifester notre habilet orthographique. Cette dernire est assure par la conversion de ces connaissances dans un cadre qui sinscrit dans la comptence gnrale dcriture. Pour ce faire, le scripteur se trouve oblig de construire ses propres mthodes et stratgies pour garantir un crit saint. Les mthodes mnmotechniques suggrent par exemple dadopter la stratgie consistant relire son travail en remontant de la dernire phrase du texte. 3
1 Michle, MINDER op.cit 2 M. FAYOL, P. LARGY (1992). Op.cit 3 Bernard, FRIPIAT. Se rconcilier avec lorthographe . France. d. DEMOS. 1997. P.11
48 Le savoir faire orthographique soulve quelques problmes que le scripteur doit en prendre pleinement conscience. M. FAYOL et P. LARGY les rassemble en trois difficults majeures : La premire difficult est celle lie leur acquisition . Surtout lorsquil sagit de la ncessit dapprendre les multitudes dexceptions que comptent les rgles rgissant lcriture franaise en plus de la complexit de certaines rgles essentielles. Ce qui va rendre lappropriation mais aussi et surtout lautomatisation lente, difficile et cognitivement couteuse. La deuxime rside dans son dclenchement bon escient. Le passage la concrtisation de la comptence suit la rgle gnrale : Condition action. Or, lapprenant doit rsoudre le problme qui lui est pos (fait graphique) aprs lavoir neutralis. Si on prend comme exemple, laccord dun participe pass conjugu avec avoir et prcd par un Cod. Dans un cas pareil, avant de mobiliser les savoirs thoriques pour faire appel la rgle rgissant ce type daccord, il devra avoir tout dabord laptitude isoler le Cod et sa place dans la phrase. Le troisime problme que soulvent les connaissances procdurales rside dans leur maintien en activit . Si par exemple le Cod se trouve loign du verbe, la procdure dj dclench doit continuer chercher la rsolution du problme : [elle] doit tre maintenue active tant que de nouvelles conditions parmi lesquelles son excution ne sont pas remplies 1 . Ce maintien ne va pas sans provoquer dautres difficults, entre autres la surcharge cognitive qui rsulte de la concentration du scripteur pour rsoudre cette difficult et qui va influencer son rendement orthographique final, car au bout du compte, sil parvient russir ce type daccord, le pourcentage dchec
1 M. FAYOL, P. LARGY (1992). Op.cit
49 sur dautres types daccords ou sur la forme lexicale de quelque mots demeure lev. En revanche, ces nombreuses difficults peuvent tre attnues par diffrents moyens. A commencer par lautomatisation, allgeant la charge cognitive et aidant garder lattention mobilise le plus longtemps possible. La ralisation de quelques activits en mme temps (crire en marquant laccord du dterminant avec le nom par exemple) serait un outil la porte de la majorit des apprenants et qui, son tour, aiderait conserver leurs ressources cognitives. Ladoption dune stratgie est une autre manire qui puisse garantir et assurer une communication saine. Le sujet crivant peut vacuer le toilettage orthographique en dernier lieu aprs la recherche dides, la planification et la rdaction.
50 3. Savoir orthographier : Les connaissances de base On sintressera prsent aux diffrents types de connaissances dont doit se prmunir un apprenant pour sapproprier un savoir orthographier opratoire.
3. 1. Les connaissances phonographiques : Llment fondamental que doit possder un apprenant de FLE dsirant transcrire correctement toutes les graphies de la langue franaise est la maitrise des rgles de conversion phonographiques. En effet, la comptence phonographique est mettre en relation avec un principe qui rgit une grande partie de lorthographe franaise. Ce principe constitue le fondement du code crit franais : la phonographie est sans aucun doute possible le principe moteur estime Jean-Pierre Jaffr. 1 tre comptent en orthographe implique donc lide dtre capable de manifester la langue dans sa dimension phonologique 2 . Bien que la prsente procdure ne puisse garantir elle seule la bonne orthographe, elle demeure la comptence la plus vidente et la plus essentielle quun apprenant de FLE doit maitriser le fonctionnement : La dimension phonographique est fondamentale dans lappropriation de lorthographe franaise. 3
Dans notre milieu-exolingue- lenseignement / apprentissage de lalphabet franais, dorigine latine, tranger et si loign du notre, constitue une tape on ne peut plus dterminante dans lappropriation du code franais oral et/ou crit.
1 Jean-Pierre. JAFFRE (1999), Orthographe et principes dcriture en franais [en ligne] http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=28 (Juillet 2008) 2 Andr. Angoujard. Savoir orthographier . Paris. HACHETTE DUCATION. 1994. P.18 3 Marie-France, MORIN, Hlne, ZIAKRO, Isabelle, MONTESINOS. Orthographe et littracie . In Christine, BARRE-DE MINIAC, Catherine BRISSAUD, Marielle RISPAIL, La Littracie . Paris. LHARMATTAN. 2004. P. 194
51 Ds les premiers moments de lenseignement / apprentissage du franais, lapprenant va tenter dassigner au signe graphique une valeur sonore 1 . Cette tche est accompagne par une autre ayant pour objectif la mmorisation dune image mentale pour chaque lettre constituant lalphabet franais. Cette opration seffectue au moment o le sujet-apprenant dcouvre les sons des lettres ainsi que les formes que prennent les mots commencer par son propre nom et prnom. Ltape en question constitue la base du dveloppement de la mdiation phonologique 2 c'est--dire que lapprenant commence progressivement prendre conscience du fonctionnement du systme franais reposant sur la conversion sons-lettres. Une fois acquise, la conscience phonologique permettra lapprenant de produire un nombre consquent de mots corrects du point de vue orthographique. Au fur et mesure que les enseignements relatifs lapprentissage de la langue voluent, il prendra conscience de linstabilit de la rgle de conversion sons-lettres qui, finalement nest que le reflet dun systme de notation particulirement lourd grer 3 . Cette prise de conscience est extrmement importante pour le sujet apprenant car prenant acte des limites constates il se verra obliger de dvelopper dautres stratgies susceptibles de combler ce dficit. On peut citer par exemple le rle que peut jouer la mmoire visuelle dans la transcription correcte des mots qui chappent la rgle.
1 Franoise, ESTENNE. Orthographe, pdagogie et orthophonie . Paris. d. MASSON. 2002. P 19 2 Ibid. 3 Jean-Pierre. JAFFRE. Op.cit. http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=29
52 3.2. Lorthographe lexicale : Vu les limites de la procdure de conversion phonographique, lun des lments qui ont largement contribu rendre le systme orthographique franais opaque ou profond comme laime le qualifier les spcialistes en la matire, plusieurs recherches notamment en sciences cognitives ont t menes afin de mieux comprendre le fonctionnement de ce systme mais aussi chercher les mthodes les plus efficaces pour enseigner / apprendre lorthographe franaise. En effet, nombreuses sont les recherches qui ont dmontr que les facteurs phonologiques ne permettraient pas lacquisition dune orthographe acceptable. Ils proposent en contrepartie dimpliquer davantage laptitude de mmorisation visuelle qui constituerait la meilleure solution face aux diffrentes difficults que rencontrent souvent les scripteurs en franais. Ainsi, la russite ou lchec en orthographe dpendrait largement de la quantit de mots que lapprenant a photographis et stocks en sa mmoire. Pour tre prcis, les mots que lapprenant mmorise chaque jour sont stocks dans la zone quon nomme lexique mental . Ce dernier est dfini comme tant une structure de la mmoire qui contiendrait lensemble des reprsentations orthographiques des mots connus 1 . Cette liste sera sollicite au moment de la transcription des mots partageant quelques traits spcifiques (les mots de la mme famille). Au moment de la production crite, lapprenant va gnrer une image mentale du mot quil veut transcrire en effectuant le rappel des informations sa disposition. La gnration de mots peut recourir deux types de connaissances : Les connaissances spcifiques et les connaissances gnrales .
1 Franoise, ESTENNE, Op.cit. P 23
53 Les connaissances spcifiques correspondent la maitrise de la forme graphique de mots particuliers 1 . Soulignons que cette forme de connaissances est la plus essentielle car elle permet aux apprenants dbutants dcrire leurs prnoms ainsi que dautres mots forte charge affective dune part, de lautre part, cest cette forme de connaissance quun scripteur expert met en uvre aprs avoir automatis le fonctionnement du systme. Les connaissances spcifiques offrent donc, dune manire directe, limage du mot que lapprenant a enregistr dans son lexique mental. La gnration dun mot peut galement recourir la connaissance gnrale constitue par les informations que lapprenant possde sur lorthographe en tant que systme : Il sagit de savoirs concernant la fois les units (les graphmes), leurs fonctions et leurs conditions dapparition . 2
Enchainons par lexemple de la lettre s . Les connaissances en question offrent aux scripteurs les diffrents contextes o cette lettre change de son ( friandise / muscle / chats par exemple). Le scripteur fait appel ce type de connaissances pour pallier labsence dune image du mot quil veut transcrire en construisant une image hypothtique . Pour rsumer, la construction de cette liste de rfrence est doublement importante. Dune part la mmorisation de certains mots pourrait permettre lapprenant de prendre conscience voire dapprendre les diffrentes manires dont un son pourrait avoir comme graphies correspondantes et inversement les graphies qui changent de sons. Elle consolidera ainsi les acquis de la conscience phonologique. Dautre part, la mmorisation des mots aiderait orthographier dautres mots en adoptant la stratgie par analogie 3 ; c'est--dire crire un mot sur le modle dun autre qui partage avec lui quelques traits spcifiques. Ecrire dentiste
1 Andr. ANGOUJARD op.cit. P 12 2 Ibid. p 13 3 Franoise, ESTENNE. Op.cit p 24
54 par exemple serait la porte de quelquun qui a enregistr la manire par laquelle on crit dent . On se permet ici douvrir une parenthse pour souligner le caractre indispensable pour lapprenant du FLE de disposer dun lexique mental riche et vari. Dans une tche dcriture, limage du mot quil va gnrer, permettrait de russir le mot entier si celui-ci cumule des difficults dordre lexical et grammatical. Cette ralit sera discute plus loin, dans le chapitre III lors de lanalyse des copies des tudiants. On va voir comment lchec lexical sur le mot tuyaux a conduit la majorit des tudiants se passer de marquer son nombre.
55 3.3 Une morphographie indispensable : Le systme orthographique franais est un systme que les spcialistes qualifient de profond par opposition aux systmes superficiels o les correspondances sons-lettres sont la rgle unique de transcription linstar de lItalien et du turc par exemple. La correspondance sons / lettres ne permet en franais de transcrire quenviron la moiti des mots. A cela, faudrait-il ajouter les nombreuses lettres qui, dans des contextes bien dtermins, nont pas en contrepartie une valeur phonologique. On na qu voir le comportement du s dans les martyrs ou le d dans lourd pour se rappeler ce fait graphique. Selon les spcialistes, linstabilit de cette rgle est due la prsence dun principe smiographique (idographique) 1 rgissant le systme franais de transcription, dirig par la morphologie et donnant lieu ainsi une morphographie 2 indispensable que chaque scripteur doit respecter le fonctionnement faute dtre mal ou non compris. Lacquisition des mots est, en effet, considre comme llment essentiel pour entrer dans lcrit, en tant que lecteur dabord, puis en tant que scripteur. Limplication de la morphologie lcrit prend deux aspects : le premier concerne la classe des mots, il sagit de la morphologie drivationnelle qui permet de construire des mots partir de la mme racine ( lourd / lourdeur/ lourdement). Le second aspect concerne laccord en genre, en nombre et la conjugaison des verbes. Cest la morphologie flexionnelle .
56 noter que contrairement la morphologie flexionnelle qui bnficie dun enseignement explicite depuis les premires annes de lenseignement/apprentissage du FLE, la morphologie drivationnel devrait tre acquise implicitement. Savoir par exemple que lon a transcrire un diminutif se terminant par le son [o] oblige le scripteur de choisir la graphie eau et non au / o : louveteau ou encore transcrire un diminutif qui se termine par [t ] exige du scripteur de choisir la graphie ette et non aite / te : fillette 1 . Ce point ne sera pas dvelopp ici. Il sera question de discuter de la morphologie flexionnelle vu quelle se rattache directement notre travail de recherche. Par le biais des rgles morphosyntaxiques, la morphographie organise la combinaison des mots dans un nonc, cest pourquoi lanalyse des mots qui fait ressortir leur nature et leur fonction doit figurer parmi les premiers objectifs de lenseignement/apprentissage de lorthographe syntaxique au mme titre que lapplication des rgles morphologiques caractrisant la variation en genre, en nombre, en personne, mode et temps. 2 Ce type denseignement / apprentissage est abord en classe de langue paralllement celui de lcrit 3 . La morphographie tout comme la phonographie ne va pas sans entrainer des difficults majeures aux apprenants de FLE. Des difficults qui peuvent toucher les scripteurs les plus avertis quon qualifie souvent de scripteurs experts. Elles tiennent dune part au fait que la langue franaise dispose dune morphologie complexe 4 , de lautre part, la langue franaise se distingue des
1 Sbastien, PACTON et al. (1999) Apprentissage implicite et orthographe : le cas de la morphologie [en ligne] http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=92 (juillet 2008) 2 Franoise, ESTENNE, Op.cit p 27 3 Corinne, TOTEREAU. (1999). Apprendre la morphologie du nombre lcrit en franais [en ligne] http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=100 (juillet 2008) 4 Jean-Pierre. JAFFRE. Op.cit
57 autres langues par une particularit [qui] vient dune asymtrie entre la morphologie de loral et celle de lcrit 1 : La majorit des marques quon doit noter lcrit nont pas de correspondants loral. Ce dernier, titre dexemple, nindique le pluriel dans le groupe nominal qu travers les dterminants (le /les /un /des /ce /ces) et essentiellement les auxiliaires dans le groupe verbal (a /ont /est /sont ) 2 . En revanche, lcrit, le pluriel est not systmatiquement. Dans le groupe nominal (dterminants/noms/adjectifs) au mme titre que dans le groupe verbal (auxiliaires/verbes) Observons lexemple suivant :
oral singulier pluriel [lap titpulRuspik R] [lep titpulRuspik R] crit La petite poule rousse picore Les petites poules rousses picorent
ceci, sajoute le problme de lhomophonie qui peut complexifier la tche aux scripteurs. Lexemple qui va suivre est tir des productions des tudiants qui ont fait lobjet de notre notre enqute. A quelque mois seulement o ces tudiants seront chargs de dispenser la norme orthographique, un nombre significatif dentre eux na pas pu distinguer par la prposition et part du verbe partir conjugu la troisime personne du singulier. Un autre exemple montrant lincapacit de quelques tudiants faire la distinction entre vent un nom et vont le verbe. Ces exemples illustrent, par ailleurs, la dimension smiographique signale prcdemment ainsi que laspect smantique de lorthographe franaise.
1 Ibid. 2 Corinne, TOTEREAU. (1999). Op.cit
58 4. Lvaluation de la comptence orthographique : Lobjectif premier du prsent travail est de savoir comment orthographie rellement un tudiant en fin de cycle au dpartement de franais luniversit de Batna. Dans le but de parvenir notre objectif, on devait passer par lvaluation de la comptence orthographique des tudiants. On fera dabord le point sur le procd retenu permettant lvaluation de cette comptence. On prsentera ensuite ensuite la grille typologique des erreurs orthographiques qui nous a permis le recensement et le classement des diffrentes erreurs constates. 4.1 La dicte ou le recours un procd non didactique Comment recenser les erreurs que commettent le plus souvent nos futurs enseignants ? Afin de parvenir un tel objectif, on aurait pu recourir plusieurs procds, entre autres, lanalyse du produit personnel de nos tudiants, dans notre cas les copies dexamens 1 , ou le test consistant dicter un texte. Entre ces deux procds, notre choix sest port sur le second. Quelles sont les raisons qui nous ont motives prfrer la dicte sur lanalyse des copies des tudiants ? Essentiellement elles sont deux raisons qui ont influenc notre choix. La premire rside dans la complexit de lactivit dcriture qui influencerait la gestion des connaissances orthographiques. La seconde raison demeure lefficacit de la dicte qui reprsente une alternative crdible qui puisse orienter lattention de nos sujets vers la seule correction orthographique.
1 Le brouillon et les notes prises pendant les cours pourraient faire lobjet dune tude ayant le mme objectif.
59 4.1.1 La complexit de lactivit dcriture : crire est une activit complexe souvent perue comme pnible par nos apprenants. Selon Pierre LARGY La production crite est une tche complexe qui mobilise de nombreuses activits mentales et motrices : la recherche des ides (conceptualisation) leur mise en mots (formulation linguistique) et leur transcription graphique (criture). 1
Ainsi, la premire tche que tout scripteur doit accomplir est lvocation des ides, informations et connaissances. Du point de vue cognitif, la conceptualisation est lactivit qui mobilise lessentiel des ressources attentionnelles dont disposent les scripteurs mme les plus expriments. A leur tour, les ides doivent tre structures en fonction de plusieurs paramtres, commencer par () les intentions de lmetteur, son savoir mais aussi sa perception de la consigne ou des attentes du destinataire du texte 2 . A en ajouter la charge de lhirarchisation continuelle des ides ainsi que leur organisation qui sont dune complexit extrme surtout lors dun examen. Paralllement la gestion de ces nombreuses oprations, le scripteur doit procder la mise en forme de son texte. Il est signaler que lhirarchisation et lorganisation des ides peuvent tre remises en question au moment mme du passage du brouillon au travail achev. Les critres que la prsente opration doit remplir sont regroups sous deux niveaux : microstructure et macrostructure 3 .
1 Pierre, LARGY. Orthographe et illusions . Cahiers pdagogiques. N 440 Orthographe . fvrier 2006. P 20 2 Michle, MAZEAU. Neuropsychologie et troubles des apprentissages . Paris. D. MASSON. 2005. P. 254 3 Michle, MAZEAU. Ibid. P 255
60 Concernant le premier niveau, le scripteur doit voquer les mots, travers lesquels ses ides seront traduites et qui sont regroups dans le lexique mental quil sest construit. Une fois les mots choisis, on passera lagencement de ces mots dans des structures phrastiques. Seront regroups dans le second niveau, le niveau de langue, les styles (direct / indirect), le type de texte (argumentatif, descriptif), le plan du texte, le ton (objectif / subjectif), les articulateurs ainsi que tout autre lment susceptible de travailler la cohrence du texte. toutes ces oprations couteuses et ncessitant la mobilisation dune capacit attentionnelle immense, il faudrait ajouter la gestion de lorthographe qui seffectue en parallle mais aussi () en concurrence avec toutes les autres activits de la production crite 1 . On voit donc quel point lactivit dcriture ncessite la mobilisation de ressources attentionnelles immenses o la gestion de lorthographe naurait pas limportance requise dautant plus que le trac qui accompagne tout examen pse ngativement sur le rendement final des tudiants. Cest pourquoi on a voulu exprimenter lautre possibilit qui est la dicte. 4.1.2 Lefficacit de la dicte : Prenant acte de tout ce quon vient de dire, on a dcid de mener notre recherche en sappuyant sur lautre possibilit, en loccurrence la dicte seule capable, nos yeux dviter le faux chec des tudiants en orthographe en plus de son aptitude de conserver et dorienter lattention de nos sujets vers le seul critre souvent marginalis lors de la production des textes : la gestion des connaissances orthographiques.
1 Pierre, LARGY. Op.cit. P 20
61 Cet exercice sculaire qui sest coll durant plusieurs annes lenseignement/ apprentissage de lorthographe est discrdit fortement par les nouvelles orientations de la didactique de lorthographe. La principale raison que les didacticiens de lorthographe saccordent avancer pour justifier le non recours la dicte est le fait que lon a cru depuis la fixation de lorthographe, sous la forme telle que nous labordons actuellement, que la dicte est un moyen le seul par consquent qui puisse aider apprendre voire acqurir lorthographe. Cest sous ce principe l quelle a t remise en question : la dicte ne peut tre considre comme un moment dapprentissage de lorthographe qu certaines conditions. Elle est dabord et avant tout un moment dvaluation des comptences en orthographe 1
Le mme point de vue est adopt par Jean-Pierre Jaffr qui affirme que La dicte est un bon outil d'valuation mais elle ne permet pas vraiment d'apprendre l'orthographe. 2
De plus, laspect ludique de la dicte faciliterait lvaluation, Au del du plaisir du jeu, la dicte permet dvaluer la comptence orthographique de chacun de nous 3
Ainsi, notre usage de la dicte n est point vise formative (apprentissage de lorthographe) mais plutt vise informative (valuation), autrement dit, raliser par le biais dun texte bref dict un groupe dtudiants lobjectif de notre recherche qui nest autre que dresser un tat des lieux des pratiques orthographiques des tudiants de 4 me anne.
1 Danile, MANESSE. Danile, COGIS. Orthographe qui la faute . France. ESF EDITEUR. 2007. P. 43 2 Jean-Pierre, JAFFRE, interview en ligne, ralise pour le site bien lire par Laurence JUNG, mai 2004, http://www.bienlire.education.fr/04-media/a-interview19.asp. (Aout 2008) 3 Michle, LENOBLE-PINSON. crire sans faute . Bruxelles. DE BOEK UNIVERSITE. 2005. P.5
62 4.2 La grille typologique des erreurs : Selon Nina CATACH, le recours une grille typologique des erreurs est impos par la ncessit de dtecter les lacunes, de mesurer les progrs, et pour le maitre de mieux adapter son cours aux besoins des lves concerns 1 . Or, dans le cas de la prsente recherche, cest vers la concrtisation du premier objectif que notre attention sest oriente. La grille typologique des erreurs orthographiques facilitera ainsi et le recensement et la catgorisation des erreurs releves sur les soixante-dix-sept (77) copies composant notre corpus. Cependant, afin danalyser les copies des futurs enseignants dune manire non seulement efficace mais aussi prcise, on a utilis La grille typologique des erreurs dorthographe labore par Nina Catach et son groupe de recherche, le groupe HESO. La grille en question est compose de deux entres principales : erreurs extragraphiques et erreurs graphiques proprement dites. Cette seconde entre qui nous intresse regroupe cinq types derreurs :
1 Nina, CATACH. Orthographe, trait thorique et pratique . Paris. Nathan. 1980 P. 287
63 1
1 Nina, CATACH. Op.cit. P. 288/289
64 On sollicite notre lecteur pour quil saisisse une ralit dordre mthodologique qui fait que dans ce genre de recherche il est quasi impossible de rassembler sur le mme tableau toutes les entres avec toutes les variations qui en dcoulent. Bien quon se soit limit la seule orthographe grammaticale , dans un souci de performance, quelques erreurs lies directement cette catgorie ont t occultes suite ladaptation de cette grille aux items prsents dans notre dicte. Ainsi, la confusion de nature, de catgorie, de genre, de nombre et de formes verbales nont pas t retenues pour ne sintresser quaux diffrentes omissions que peuvent commettre nos sujets sur les items de notre dicte : omission de marques du nombre sur les noms et adjectif, omission ou confusion sur les formes verbales (accord du verbe avec son sujet/ accord des participes passs.). Notre grille sera prsente avec les outils que la prsente recherche a utiliss.
65 5. Origines des fautes dorthographe : On a signal en introduction gnrale que le cadre rgissant ce type de travail initiation la recherche ne permet pas de traiter un thme ncessitant des comptences particulires dont on ne dispose pas en ltat actuel des choses, en plus du travail longitudinal requis, linstar du dlicat sujet traitant les erreurs dorthographe et particulirement leurs origines. Ceci est valable pour le travail pratique comme pour le travail thorique correspondant ; rassembler tout ce qui pourrait tre lorigine des fautes dorthographe sur quelques pages relve de limpossible. Or, afin doffrir notre lecteur une lisibilit optimale de la partie pratique qui constitue le noyau de nimporte quel travail de recherche, on a estim quil serait utile daborder cette question, dune manire ne serait-ce que brve, sous le strict point de vue des objectifs quon sest assigns. Du coup, quelques points seront occults. Il ne sera pas question donc de traiter ce point sous langle psychopathologique ; le problme de la dysorthographie proprement dite ne retiendra pas notre attention. De plus, une telle pathologie nexisterait pas normalement dans le contexte qui fait lobjet de notre recherche 1 . Ce travail a t ralis auprs dun public suffisamment instruit en franais, la langue de son choix par surcroit. Partant dune ralit que Abdou ELIMAM rsume dans le passage suivant : Lerreur nous renseigne sur ce qui a fait dfaut dans lapprentissage de L2 2 . Notre point de dpart sera quelques ralits signales prcdemment. Chemin faisant, on dcouvrira les proportions parfois inquitantes que celle-ci vont prendre.
1 Une tudiante affirmait sur sa fiche dinformation quelle tait dysorthographique . 2 Abdou, ELIMAM. Lexception linguistique en didactique . Oran. d. DAR EL-GHARB. 2006. P.61
66 En effet, dans les critures dites alphabtiques, le principe phonographique est le principe le plus vident : lobjectif est de noter les sons de la chaine parle. La relation sons/graphies est donc lessence du systme. Ainsi, en franais, ce principe est concurrenc par la prsence dun autre le principe smiographique ou idographique qui demeure, lui aussi, essentiel et incontournable. Par consquent, les carts par rapport lun ou lautre de ces deux principes constituent la pathologie de lorthographe. On a eu loccasion dexaminer plusieurs reprises les limites du systme de conversion franais : le mme phonme pourrait avoir plusieurs graphies correspondantes et inversement le mme graphme pourrait noter plusieurs sons la fois. Cette imperfection constitue, elle seule, lorigine majeure des erreurs que commettent nos apprenants. La difficult de noter les sons prend parfois une allure inquitante. Quelques tudiants qui ont pris part notre test, certainement nayant pas pu reconnaitre le son quils doivent transcrire ont substitu la graphie correspondante par dautres graphies qui sloignent de celle demande. Les exemples suivants sont expressifs : se revue , se revie et mme se la vie pour la construction se revt . run , runer , runai(en)t , runu en substitution de runie Les exemples sont nombreux et nous poussent se poser la question suivante : de telles fautes relveraient du systme graphique complexe ? Ou au contraire elles sont imputer au sujet crivant ? Sur un autre volet qui est li directement la partie grammaticale de lorthographe o les lettres servent aussi comme marques de catgories grammaticales ou des fonctions que le mot prend dans la phrase. Ces marques prennent souvent un caractre inaudible. Contrairement langlais par exemple
67 o la marque du pluriel est clairement tablie loral comme lcrit (girl / girls) en franais les marques en question font leur apparition loral dans le seul cas o on peut faire la liaison. Il serait donc tout fait logique de rencontrer des productions o les apprenants omettent ces marques. Toutefois, on commencera se poser des questions sur laptitude relle de lapprenant lorsque lomission est frquente. Ce problme peut stendre pour concerner la discrimination auditive. Une chaine sonore peu ou mal saisie peut entrainer une graphie errone. Lexemple ou la faute quon va citer ci-dessous a t commise par quelques tudiants qui ont pris part la dicte administre quelques tudiants de quatrime anne : Au lieu de transcrire senfoncent quelques sujets ont opt pour la formule errone suivante : sont fonces On voit donc quel point une mauvaise discrimination auditive peut amener le sujet ne pas reconnaitre les entits composant une chaine sonore. Si on prend comme hypothse que ladministrateur de la dicte a chou sur la manire de prononcer la suite en question, ce qui nest pas le cas, on se demande alors sur laptitude des tudiants qui ont commis cet cart analyser cette suite : existe-t- il un verbe dont le participe pass est fonces ? Un autre problme qui concerne cette fois les flexions verbales. Le caractre homophone de certaines terminaisons peut expliquer en grande partie les variantes quon constate sur le mme verbe. Ainsi, on a pu reprer sur les copies composant notre corpus des erreurs qui peuvent illustrer davantage ce point : senfonce senfonces pour senfoncent cherchai(en)t , cherch pour chercher Se revait se rever se rev pour se revt
68 Pour rcapituler, on dira que pour comprendre et analyser convenablement les erreurs orthographiques de nos apprenants on doit chercher des explications en premier lieu dans la complexit du systme orthographique franais. Cela ne va pas dtourner notre attention pour autant des erreurs qui ne relvent que du scripteur.
69
La construction de la comptence orthographique est un processus de longue haleine qui ncessite un travail laborieux tout au long du processus denseignement / apprentissage du franais, notamment dans les milieux o ce dernier est langue trangre linstar du notre o, faut-il le rappeler, lorthographe est apprise en mme temps que lapprentissage de lcriture. Les dfauts pouvant survenir dans ce processus dappropriation se manifesteraient travers les fautes que commettent le plus souvent les scripteurs.
Nous entrons dans l'poque o faire des fautes d'orthographe et fumer du hachich seront considrs non seulement comme des dviances, mais comme des maladies. Christian Christian Christian Christian D DD Delacampagne elacampagne elacampagne elacampagne (1977)
CADRE PRATIQUE CADRE PRATIQUE CADRE PRATIQUE CADRE PRATIQUE COMPTE COMPTE COMPTE COMPTE- -- -RENDU DE RENDU DE RENDU DE RENDU DE LENQUTE LENQUTE LENQUTE LENQUTE
71 Ce qui est considr comme une erreur aujourdhui sera peut tre la norme de demain, et il est important de relever, comme le font nos auteurs, les lignes de force et les rcurrences de ces variations . Nina catach Nina catach Nina catach Nina catach ( (( (1994 1994 1994 1994) )) )
Quen est-il de la comptence orthographique de nos futurs enseignants de FLE ? Ainsi, ce dernier chapitre qui constitue le noyau de notre recherche, prsentera en premier lieu le public qui a pris part notre enqute ainsi que le texte quon a dict aux soixante-dix-sept (77) tudiants. Notre prsentation ne peut occulter la description du matriel dont on a fait appel. La quantification des erreurs sen suivra. Cette partie sefforcera de rpondre graduellement aux questions quon sest poses en introduction.
72 1. Profil du groupe : Les tudiants qui ont pris part ce test, sont des tudiants inscrits en quatrime anne licence de franais, appartenant aux groupes trois (03) et quatre (04) de la section II. En chiffre, ils taient soixante-dix-sept (77) tudiants : soixante (60) filles et dix-sept (17) garons.
1. 1. Sexe :
La premire remarque quon peut tirer de la lecture de cette figure est la rpartition ingale entre les deux sexes. Plus des trois quarts de notre groupe sont composs de filles. Tout en travaillant pour concrtiser lobjectif quon sest assign, il a t prvu de mener un travail comparatif pour lucider davantage lattitude de tel sexe vis--vis tel ou tel fait graphique. Vu le nombre on ne peut plus infrieur du sexe masculin (seulement vingt-deux (22) %), cette procdure a t dlaisse. Toutefois, le nombre derreurs sera fourni selon le sexe.
Figure 1: Rpartition des tudiants selon le sexe Filles Garons
73 1. 2. ge :
Lge moyen de notre groupe est de vingt-quatre ans (24), dpassant de deux annes lge moyen des tudiants ayant suivi une scolarisation normale au sein de lancien systme ducatif algrien (22 ans). Bien que ces derniers soient majoritaires, la prsence dune portion considrable dtudiants gs de vingt-cinq (25) ans et plus restent significatif avec un taux de reprsentativit qui dpasse la barre de 31%. On remarque aussi la diffrence significative entre les diffrentes tranches dge qui traduit une ralit caractrisant le milieu universitaire mais aussi limportance de la filire licence de franais auprs du public dit adulte 1 .
1. 3. Motivation : la question aimez-vous la langue franaise ? 2 , tous les tudiants taient unanimes 3 : ils sont amoureux de la premire langue trangre en Algrie. Condition sine qua non pour russir les tudes dans une filire o cette langue est objet et moyen la fois.
1 Soulignons ici le caractre indispensable dun fichier englobant les motivations qui ont pouss un public pareil choisir la licence de franais . 2 Question n 03 de la fiche dinformation. 3 Une seule tudiante disait ne pas aimer le franais. Figure 2: Rpartition des tudiants selon l'ge 21-22 ans 23-24 ans 25 ans et plus
Cette dernire est le choix de plus de chantillon. Bien que la motivation ne puisse pas tre mesure par le biais de deux ou trois questions, on dira quen gnral nos sujets seraient autant pour lapprentissage du franais langue trangre que pour son enseignement, comme on va le dcouvrir dans la partie qui va suivre. 1. 4. Perspectives La deuxime question de notre fiche dinformation avait pour ambition de connaitre quel usage professionnel vont donner nos tudiant franais une fois acquise. La figure suivante nous renseigne davantage
Ainsi, le choix de la majorit des tudiants sonds sest port sur la volont de perptuer la langue franaise via le mtier denseigner, ce qui confirme lorientation initiale du diplme de franais ainsi que du dpartement de franais quon assimilera volontiers aux par excellence. Une tranche importante esp nombre consquent reste
Figure 3 Cette dernire est le choix de plus de quatre-vingt-treize ( tillon. Bien que la motivation ne puisse pas tre mesure par le biais de deux ou trois questions, on dira quen gnral nos sujets seraient suffisamment motivs autant pour lapprentissage du franais langue trangre que pour son enseignement, comme on va le dcouvrir dans la partie qui va suivre. 4. Perspectives : La deuxime question de notre fiche dinformation avait pour ambition de connaitre quel usage professionnel vont donner nos tudiant une fois acquise. La figure suivante nous renseigne davantage Ainsi, le choix de la majorit des tudiants sonds sest port sur la volont angue franaise via le mtier denseigner, ce qui confirme lorientation initiale du diplme de franais ainsi que du dpartement de franais quon assimilera volontiers aux instituts de formation des maitres Une tranche importante espre entamer des tudes suprieures reste sans perspectives claires cette tape si importante.
Figure 3: Perspectives des tudiants Enseignement Etudes suprieures sans perspective 74 treize (93) % de notre tillon. Bien que la motivation ne puisse pas tre mesure par le biais de deux ou trois suffisamment motivs autant pour lapprentissage du franais langue trangre que pour son enseignement, comme on va le dcouvrir dans la partie qui va suivre. La deuxime question de notre fiche dinformation avait pour ambition de connaitre quel usage professionnel vont donner nos tudiants la licence de une fois acquise. La figure suivante nous renseigne davantage :
Ainsi, le choix de la majorit des tudiants sonds sest port sur la volont angue franaise via le mtier denseigner, ce qui confirme lorientation initiale du diplme de franais ainsi que du dpartement de instituts de formation des maitres re entamer des tudes suprieures alors quun sans perspectives claires cette tape si importante. Enseignement Etudes suprieures sans perspective
75 1. 5. Loisirs : Voulant prendre plus ample connaissance de notre public, on leur a pos une question, quatre choix, qui consiste savoir quels sont leurs centres dintrt. Leurs rponses sont runies dans la figure suivante :
Ainsi, lcriture qui est au cur de la formation universitaire ne fait dsirer quune infime portion de notre chantillon (5 %). Suivant lordre croissant, lusage dinternet quant lui reste en dessous des aspirations. Pourtant, ces tudiants appartiennent une gnration cense non seulement exploiter internet mais aussi et surtout bon escient 1 . La lecture semble occuper une place relativement importante chez nos tudiants. Quel type de lectures font-ils ? On nen sait rien, dautant plus que diffrents supports ont t proposs avec le choix de lire . Ce qui nous importe ici nest pas la frquence ni le type de lecture, mais bien lacte en lui- mme : avec environ les quarante-sept (47) %, la lecture garderait un statut privilgi chez nos sujets mais loin derrire la TV qui attire plus de la moiti des tudiants.
1 Soulignons ici le caractre indispensable dune tude sur lusage dinternet au sein de notre dpartement. Figure 4: Activits favorites des tudiants Ecrire Surfer sur internet Lire Regarder TV
76 2. Matriel Dans le but de mener efficacement notre enqute, on a fait appel plusieurs outils. On fera le point en dtail sur les trois outils retenus. 2.1 La fiche dinformation : Le recours cette technique nous a t dict par lobligation de dresser le profil gnral des tudiants composant le groupe test : ge, sexe, perspectives (question 3), motivations pour la filire (question 1 /3), loisirs (question7). On doit prciser ici que la reformulation de nos objectifs de recherche a eu lieu aprs avoir men notre enqute ce qui explique la prsence de quelques questions qui sloignent des objectifs attendus. Il sagit dinterrogations susceptibles dclairer la relation que nos sujets entretiennent avec les deux aspects de la langue, oral et crit (question 4), la relation la lecture (question 6), lcriture (question 8). La cinquime question avait pour ambition de savoir si les tudiants sont conscients des difficults quils rencontrent souvent en FLE, en dautres termes, savoir si lorthographe figure parmi les difficults quils rencontrent en franais. Le bilan des rponses fournies par lensemble des tudiants ne fera pas lobjet dun traitement spcifique 1 . La premire catgorie des rponses a t dj exploite dans la partie consacre aux participants. Les autres rponses le seront au fur et mesure quon jugera utile de conforter nos propos.
1 Voir en annexe le rcapitulatif des rsultats.
77 2.2 La dicte LES ARBRES Les arbres est un texte court de 83 mots. La dicte la plus clbre dans lHistoire de lorthographe franaise puise ses racines dans luvre de Fnelon 1 trait de lexistence de Dieu (1685) Ce texte fut expriment pour la premire fois par linspecteur Beuvain qui la dict aux coliers franais entre 1873-1877. Environ un sicle aprs, profitant de la conservation de 3114 copies, D. Manesse et A. Chervel dictent le mme texte aux coliers de 1986/1987 2 . Vingt ans aprs, Danile Manesse et Danile Cogis dictent, leur tour, ce texte aux lves franais 3 . Conscient de lingalit et de lcart qui existe entre les milieux o le franais est langue maternelle, seconde et trangre, on sest appuy sur les arbres afin de raliser lobjectif de cette recherche. A relire la grille quon va prsenter ci-dessous, on dcouvre que le texte quon a choisi rassemble diffrentes difficults dordre syntaxique ainsi que nombreuses formes daccords : pluriel des noms, accord des adjectifs, accord des verbes et des participes passs. En dfinitive, notre texte a de quoi mettre nos tudiants en situation- problme o ils seront appels rsoudre de srieuses difficults en orthographe grammaticale. Dautant plus que sa langue serait accessible par lensemble des tudiants. 4
1 1651-1715 2 Les rsultats de lenqute ont t publis dans louvrage : Chervel A, Manesse D. La Dicte, les franais et lorthographe 1873-1987 , Paris, CALMANN-LEVY-INRP. 1989 3 Orthographe qui la faute ? . Paris. ESF EDITEUR. 2007 4 Les mots relevant de lancien usage ainsi que dautres, jugs difficiles ont t expliqus avant de procder la transcription du texte.
78
LES ARBRES Les arbres senfoncent dans la terre par leurs racines comme leurs branches slvent vers le ciel. Leurs racines les dfendent contre les vents et vont chercher, comme par de petits tuyaux souterrains, tous les sucs destins la nourriture de leur tige. La tige elle-mme se revt dune dure corce qui met le bois tendre labri des injures de lair. Les branches distribuent en divers canaux la sve que les racines avaient runie dans le tronc. 1
1 Les mots souligns reprsentent les items valus.
79 2.3 La grille typologique des erreurs : Notre grille qui sinspire de celle de Nina Catach et de son groupe HESO, prsente prcdemment regroupe deux entres principales. La premire entre concerne les Morphogrammes grammaticaux . Elle se compose de trois sous-composantes ou faits graphiques. Il sagit du pluriel des noms qui est reprsent par les onze (11) items. Laccord des adjectifs quant lui est reprsent par neuf (09) items. Laccord des verbes est reprsent par les neuf (09) items que compte notre dicte (huit (08) verbes conjugus et un verbe linfinitif). Enfin, laccord des participes passs est reprsent par deux items. La deuxime entre concerne les logogrammes grammaticaux ou les homophones htrographes. Elle compte quatorze (14) items.
80 GRILLE TYPOLOGIQUE DES ERREURS ORTHOGRAPHIQUES
Catgories Composante ITEMS Indices D'checs M O R P H O G R A M M E S
G R A M M A T I C A U X
PLURIEL DES NOMS [Les] arbres
[leurs] racines
[leurs] branches
[leurs] racines
[les] vents
[de petits] tuyaux
[les] sucs
[des] injures
[les] branches
[divers] canaux
[les] racines
ACCORD DES ADJECTIFS leurs [racines]
leurs [branches]
Leurs [racines]
[de] petits [tuyaux]
[tuyaux] souterrains
tous [les sucs]
[les sucs] destins
leur [tige]
[une] dure [corce]
VERBES Conjugus [Les arbres] senfoncent
[leurs branches] slvent
[Leurs racines les] dfendent
vont
[La tige] se revt
[une dure corce qui] met
[les branches] distribuent
avaient runie
Infinitif [et vont] chercher
Participes passs destins
runie
L O G O G R A M M E S
G R A M M A T I C A U X
(HOMOPHONES Grammaticaux) dans [la terre]
par [leurs racines]
leurs [racines]
leurs [branches]
Leurs [racines
et [vont]
par [de petits tuyaux]
tous [les sucs]
[la nourriture]
leur [tige]
se [revt]
[labri]
en [divers canaux]
dans [le tronc]
81 3. Droulement : Mardi 29/04/2008. Journe printanire. Lieu : Dpartement de Franais. Comme prvu, Lenseignante charge dassurer le module Didactique des langues trangres arriva 9h30 mn o on lattendait lentre de lamphithtre n IV. On sest arrang avec elle pour quelle nous laisse peine une heure de sa sance pour faire passer la dicte aux tudiants. Il a fallu quelque cinq minutes pour que tous les tudiants prennent place et entendent ce que va dire lenseignante propos de cet tranger qui laccompagne. Aprs avoir t prsent aux tudiants, on prit la parole sans donner le moindre signe sur le noyau de notre recherche au risque dinfluencer les rponses quils vont apporter sur les fiches dinformation quun collgue sest charg de leur distribuer 1 . Une fois les fiches en question remplies, on prit la parole de nouveau, les associant cette fois-ci notre projet de recherche, numrant ses objectifs et la manire dont il va tre men : travers une dicte. entendre ce mot, la majorit des tudiants taient stupfaits. Les arbres a t donc prsent : cest un texte bref de 83 mots qui a servi maintes reprises comme test pour valuer le niveau des lves franais en orthographe. Le dernier en date est le test de 2005 et qui a cibl un chantillon reprsentatif de 123 classes du CM2 la troisime. Ce qui aurait pu convaincre les plus rticents y participer. En se rfrant la procdure rituelle dadministration des dictes, le texte a t lu pour la premire fois afin que les tudiants prennent connaissance de quoi il sagit et expliquer les mots difficiles. noter quon na enregistr aucune question propos de la comprhension du texte.
1 Il est rappeler qu ce moment l nos objectifs taient autres que ceux retenus prsentement.
82 Ce nest donc qu la deuxime lecture que les tudiants taient leurs stylos pour commencer crire sur les feuilles prlignes dj distribues. Le texte a t relu pour une troisime fois, pour que les tudiants lourds rattrapent les mots qui leur ont chapp, pour les autres cest un temps de rvision. Cinq minutes supplmentaires ont t accordes au groupe afin de dtecter dventuelles lacunes. Notre test prenait fin vers 10h30 mn. 4. Traitement des donnes Les erreurs releves sur les copies composant notre corpus sont classes dans la grille prsente ci-dessus selon leurs catgories respectives o diffrents items sont chargs de reprsenter telle ou telle catgorie. On comptera alors le nombre des tudiants nayant pas russi litem en question. Lindice dchec est calcul de la faon suivante :
Indice dchec = 100 nombre dtudiants ayant chou sur litem Nombre total des tudiants
Prenons lexemple suivant de litem racines (pluriel des noms) : 100 10 = 12.98 % 77
Afin de ressortir lindice dchec global de la sous-composante value, les diffrents indices enregistrs sur les items sont additionns, le rsultat est divis par le nombre des items.
83 5. Rsultats et discussion : 5.1 Le pluriel des noms : Le pluriel des noms est une notion fondamentale dans lenseignement apprentissage du code crit franais. Langue maternelle, seconde ou trangre, cette notion est aborde ds les premires sances. Notre dicte Les arbres englobe onze (11) noms au pluriel : neuf (09) prenant s la fin alors que les deux autres prennent un x . Le tableau suivant nous renseigne sur lattitude de nos sujets vis--vis ces diffrents items :
Sur les soixante-dix environ trente-quatre (34) % et-un (51) tudiants qui restent ont commis 11 items, ce qui donne un indice dchec global de 14.87%. Il convient ici de porter la connaissance de nos lecteurs que lobjectif de cette partie est lvaluation dune comptence qui consiste marquer le nombre sur les noms; son degr de maitrise chez nos tudiants, c'est de lorthographe grammaticale. Cependant, il se peut que la forme lexicale du mot soit dgrade dune manire inco bien marqu le nombre, litem en sera donc compt correct du point de vue grammatical. Lhistogramme suivant classe par ordre croissant les diffrents indices dchecs enregistrs par nos sujets
1 Raines / ingures / tudiants. 0 10 20 30 40 50 60 Figure 01 :Classement par ordre croissant des indices dix-sept (77) copies des tudiants qui ont particip ce test, quatre (34) % seulement ont russi tous les items. Les tudiants qui restent ont commis cent-vingt-six (126 11 items, ce qui donne un indice dchec global de 14.87%. Il convient ici de porter la connaissance de nos lecteurs que lobjectif de cette uation dune comptence qui consiste marquer le nombre sur les noms; son degr de maitrise chez nos tudiants, c'est--dire une composante de lorthographe grammaticale. Cependant, il se peut que la forme lexicale du mot soit dgrade dune manire incomprhensible 1 alors que ltudiant a bel bien marqu le nombre, litem en sera donc compt correct du point de vue Lhistogramme suivant classe par ordre croissant les diffrents indices dchecs enregistrs par nos sujets :
/ tuillaux et autant de formes quon a pu relever sur les copies des Figure 01 :Classement par ordre croissant des indices d'checs en Pluriel des noms 84 copies des tudiants qui ont particip ce test, seulement ont russi tous les items. Les cinquante- 126) erreurs sur les Il convient ici de porter la connaissance de nos lecteurs que lobjectif de cette uation dune comptence qui consiste marquer le nombre sur dire une composante de lorthographe grammaticale. Cependant, il se peut que la forme lexicale du alors que ltudiant a bel et bien marqu le nombre, litem en sera donc compt correct du point de vue Lhistogramme suivant classe par ordre croissant les diffrents indices
et autant de formes quon a pu relever sur les copies des Figure 01 :Classement par ordre croissant des indices
85 premire vue, on remarque que sur lensemble des items chargs dvaluer cette composante de lorthographe grammaticale, un seul a t russi 100%. Il sagit du premier nom de cette srie : les arbres 1 . La deuxime remarque qui se dgage de la lecture de cette figure est le taux dchec assez lev de tuyaux . Un chec qui affecte plus de la moiti de notre population (57.14%). Sagit-il dun oubli massif dune rgle lmentaire du franais crit ? Ou au contraire ce nest quun manque dattention ? canaux le second item dans cette srie qui prend le x comme marque du nombre pourrait nous renseigner davantage. Examinons de prs son indice dchec : 13%. Un net recul par rapport lindice enregistr sur tuyaux . Comme le dmontre lhistogramme accompagnant, certains noms prenant s au pluriel ont enregistr un taux dchec plus lev que canaux . Il est noter que tuyaux est class parmi les items les moins bien russis du point de vue lexical. Ce qui nous amne dire que la concentration de nos sujets sur la forme lexicale 2 du mot aurait dtourn leur attention sur la marque du pluriel que doit prendre le nom. Finalement, ils ntaient quenviron 11% 3 qui se sont tromps vritablement de marque en ajoutant le s au lieu du x . Dans cette srie cacographique, 18% ont pu crire litem correctement du point de vue de lusage sauf que la marque du pluriel na pas t signale. Les formes restantes, oscillent entre le eau/ aut / o Cest--dire sans marques du pluriel. Toutefois, les faits sont l, le pluriel en s semble mieux acquis que celui en x . vingt-cinq (25) point sparent les deux taux :
1 A noter quune seule fille a substitu les arbres par lezard . Compte tenu de la performance de lensemble du groupe, litem sous cette forme errone na pas t pris en compte. 2 Voir annexe cacographies pluriel . 3 Chiffre relatif au nombre des tudiants qui nont pas russi le pluriel de cet item.
Concentrons-nous prennent un s la fin. 10.38%. Les rsultats sur chaque item trait sparment varient entre 02.59% et 20.77%. Dans cette srie, le nom qui a obtenu lindice dchec le plus lev est sucs 1 . Lhypothse mise prcdemment lors de lanalyse de trouverait de quoi tre consolide serait lorigine de lomissio sucs quant lui sinscrit avec les mots les moins bien russis du point de vue lexical 2 . Par ailleurs, une autre remarque se dgage de la lecture des rsultats obtenus sur ces items (les / des) sont les items les mieux russis par nos sujets contrairement ceux qui sont prcds par ladjectif possessif
1 La majorit des tudiants disaient ne pas avoir rencontr ce mot auparavant 2 Suque / suq / suck 0 10 20 30 40 Figure 02 : Comparaison entre les indices d'checs prsent sur les items reprsentant les noms la fin. Lindice dchec enregistr par nos sujets est de Les rsultats sur chaque item trait sparment varient entre 02.59% et srie, le nom qui a obtenu lindice dchec le plus lev est . Lhypothse mise prcdemment lors de lanalyse de trouverait de quoi tre consolide ; lhsitation sur la transcription du son [k] serait lorigine de lomission du s final. Il convient de noter l aussi que quant lui sinscrit avec les mots les moins bien russis du point de vue Par ailleurs, une autre remarque se dgage de la lecture des rsultats : les noms prcds par un indicateur explicite du pluriel (les / des) sont les items les mieux russis par nos sujets contrairement ceux qui sont prcds par ladjectif possessif leurs .
La majorit des tudiants disaient ne pas avoir rencontr ce mot auparavant suck sont les variantes cacographiques de sucs . pluriel en "s" pluriel en "x" Figure 02 : Comparaison entre les indices d'checs obtenus sur les pluriel en "s" et en "x" 86
prsent sur les items reprsentant les noms qui Lindice dchec enregistr par nos sujets est de Les rsultats sur chaque item trait sparment varient entre 02.59% et srie, le nom qui a obtenu lindice dchec le plus lev est les . Lhypothse mise prcdemment lors de lanalyse de tuyaux ; lhsitation sur la transcription du son [k] final. Il convient de noter l aussi que quant lui sinscrit avec les mots les moins bien russis du point de vue Par ailleurs, une autre remarque se dgage de la lecture des rsultats cds par un indicateur explicite du pluriel (les / des) sont les items les mieux russis par nos sujets contrairement ceux La majorit des tudiants disaient ne pas avoir rencontr ce mot auparavant ! . Figure 02 : Comparaison entre les indices d'checs
Ceci reflte une ralit qui ne peut tre nie aprs les et des est ds les premire heures du FLE. On dira enfin, que mme chez les scripteurs les plus ha est frquente. Lhypothse la plus rpandue chez les didacticiens de lorthographe et mme en sciences cognitives consiste mettre ces omissions frquentes sur le dos de linattention.
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Ceci reflte une ralit qui ne peut tre nie : la tendance rajouter le est un automatisme qui sinstalle chez les apprenants ds les premire heures du FLE. On dira enfin, que mme chez les scripteurs les plus habiles, lomission du est frquente. Lhypothse la plus rpandue chez les didacticiens de lorthographe et mme en sciences cognitives consiste mettre ces omissions frquentes sur le dos de linattention. Noms prcds par "les"/ "des" Noms prcds par "leurs" 87
: la tendance rajouter le s qui sinstalle chez les apprenants biles, lomission du s est frquente. Lhypothse la plus rpandue chez les didacticiens de lorthographe et mme en sciences cognitives consiste mettre ces omissions Noms prcds par "les"/ "des" Noms prcds par
88 5.2 Laccord des adjectifs : La deuxime sous-composante et par la suite la deuxime comptence que Les arbres nous a permis dvaluer le degr de maitrise chez un groupe dtudiants de 4 me anne universitaire est laccord des adjectifs. Notre texte compte onze (11) adjectifs : - Cinq (05) adjectifs qualificatifs dont un participe pass, petits/ souterrains/ destins / dure / tendre. - Un adjectif possessif : leurs / leur . La forme au pluriel est prsente trois reprises. - Deux adjectifs indfinis : tous et mme Ladjectif qualificatif tendre gardant la mme forme au masculin comme au fminin, ne reprsente aucune difficult dordre grammaticale. Il sera donc exclu de notre analyse tout comme ladjectif indfini mme . En somme, neuf (09) items sont chargs dvaluer cette sous-catgorie. Le tableau suivant prsente les indices dchecs enregistrs par nos sujets :
Items Nombre derreurs (FILLES) Nombre derreurs (GARONS) Indices dchecs leurs [racines] 14 05 24.67 % leurs [branches] 14 05 24.67 % Leurs [racines] 15 05 25.97 % [de] petits [tuyaux] 34 13 61.03 % [tuyaux] souterrains 43 13 72.72% tous [les sucs] 22 09 40.25 % [les sucs] destins 23 13 46.75 % leur [tige] 33 13 59.74 % [une] dure [corce] 10 00 12.98 %
Tableau2 : Indices dchecs sur laccord des adjectifs
Lindice dchec global enregistr par nos sujets dpasse de loin celui enregistr sous la catgorie prcdente catgorie pluriel des noms copies o la totalit de items proposs nont pas t corpus. En somme, ce sont commises par nos sujets. Lhistogramme suivant classe
Les diffrents indices dchec sinscrivent dans une fourchette allant de 12% 72%. Laccord des adjectif des adjectifs possessifs et indfini Observons la figure suivante qui illustre cette remarque 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Figure 04 :Classement par ordre croissant des diffrents taux d'checs sur l'accord des adjectifs Lindice dchec global enregistr par nos sujets dpasse de loin celui enregistr sous la catgorie prcdente : 40.97%. Autre point comparatif avec la pluriel des noms o on a compt jusqu trente- copies o la totalit des items ont t russis. Dans la prsente catgorie, les items proposs nont pas t totalement russis sur aucune copie de notre corpus. En somme, ce sont deux-cent-quatre-vingt-quatre ( commises par nos sujets. Lhistogramme suivant classe les diffrents taux dchecs : Les diffrents indices dchec sinscrivent dans une fourchette allant de 12% 72%. Laccord des adjectifs qualificatifs semble moins bien assur que laccord des adjectifs possessifs et indfini : 13 points sparent le Observons la figure suivante qui illustre cette remarque : Figure 04 :Classement par ordre croissant des diffrents taux d'checs sur l'accord des adjectifs 89 Lindice dchec global enregistr par nos sujets dpasse de loin celui : 40.97%. Autre point comparatif avec la -quatre (34) % de s items ont t russis. Dans la prsente catgorie, les russis sur aucune copie de notre quatre (284) erreurs
Les diffrents indices dchec sinscrivent dans une fourchette allant de 12% qualificatifs semble moins bien assur que laccord sparent les deux indices. diffrents taux d'checs sur l'accord des adjectifs
Afin dinterroger convenablement les rsultats obtenus par nos sujets, il nous semble utile de traiter sparment les adjectifs qualificatifs dune part, ladjectif indfini et possessifs de lautre part.
5.2.1 Adjectifs qualificatifs
Dune manire global quatre items runis se rapproche de 49 des tudiants nont pas russi ce type daccord. 54 56 58 60 62 64 66 Adjectifs qualificatifs Figure 05 : Comparaison des taux d'checs entre adjectifs qualificatifs / adjectifs possessifs et indfini 0 10 20 30 40 50 60 70 80 dure Figure 06 : Classement par ordre croissant des indices Afin dinterroger convenablement les rsultats obtenus par nos sujets, il nous semble utile de traiter sparment les adjectifs qualificatifs dune part, ladjectif indfini et possessifs de lautre part. Adjectifs qualificatifs : Dune manire globale, le taux dchec ralis par nos tudiants sur ces quatre items runis se rapproche de 49 %. Ce qui signifie quenviron la moiti des tudiants nont pas russi ce type daccord. Adjectifs qualificatifs Autres Figure 05 : Comparaison des taux d'checs entre adjectifs qualificatifs / adjectifs possessifs et indfini dure destins petits souterrains Figure 06 : Classement par ordre croissant des indices d'checs sur les adjectifs qualificatifs 90
Afin dinterroger convenablement les rsultats obtenus par nos sujets, il nous semble utile de traiter sparment les adjectifs qualificatifs dune part,
e, le taux dchec ralis par nos tudiants sur ces %. Ce qui signifie quenviron la moiti des tudiants nont pas russi ce type daccord. Figure 05 : Comparaison des taux d'checs entre adjectifs qualificatifs / adjectifs possessifs et indfini Figure 06 : Classement par ordre croissant des indices
91 Cependant, le seul item le mieux russi est le seul adjectif au fminin en loccurrence dure avec moins de 13% de terminaisons errones. Un score qui pourrait tre rapproch des indices ralis sur le pluriel des noms . Nanmoins, ce rsultat serait contrast sous diffrents angles. A commencer par le fait que le fminin des adjectifs soit reprsent par un seul item. Ce qui ne pourrait en aucun cas fournir de fiables rsultats quant laptitude de marquer ce type daccord. Ceci dune part, de lautre part, rajouter un e final est courant en franais. On peut recenser plusieurs mots que la forme lexicale exige de porter un e final mme si ceux-ci sont loin dindiquer le fminin. Si on vacue temporairement cet adjectif de notre analyse on remarque que la marque du nombre des adjectifs qualificatifs semble poser dnormes difficults aux futurs enseignants . Plus de 60% des tudiants ne lont pas russie. En bas du tableau se trouve destins 1 . Le participe qui remplit pleinement le rle dun adjectif qualificatif a obtenu un indice dchec qui dpasse les 46%. Suivi par petits avec 61% et souterrains qui se rapproche des 73%. Les deux derniers adjectifs dont le dsaccord a atteint des seuils considrables, affectant plus de la moiti de notre population jusqu ses trois quarts ou presque, qualifient le nom tuyaux qui a obtenu le score le plus lev dans la srie prcdente o on a mis lhypothse que la forme lexicale du terme pourrait tre la cause principale de cet chec. Cette raison trouverait galement sa place ici avec souterrain . Si on se rfre lannexe o sont classes les variantes cacographiques, on remarque que les tudiants ont trouv dnormes difficults transcrire correctement le mot du point de vue de lusage. Dduction : une chaine compose de trois entits qui doivent porter la marque du pluriel en plus des difficults dordre lexical seraient lorigine de cet chec.
1 Le score ralis sur cet item en sera davantage discut dans la partie consacre laccord des participes passs.
Examinons maintenant clairement quil a t trs bien orthographi du point de vue de lusage contrairement au s qui manque dans plus de 60 % des co Une question simpose Autrement dit, la difficult de catgoriser litem ne serait dun tel chec ? Ou encore la rduction de larticle indfini pluriel prcdant un adjectif en
5.2.2 Adjectifs possessifs et indfini
Lindice dchec enregistr par nos sujets sur ces adjectifs dpasse de peu les 35%, avec un recul de 13 points par rapport aux adjectifs qualificatifs. vient en tte enregistrant lindice dchec le plus l touche plus de la moiti de la population avance pour expliquer lattitude de nos sujets
1 tige sest vu galement attribu un 2 Combien de tige possde un arbre tait avanc comme synonyme de 0 10 20 30 40 50 60 leurs [racines] Figure 07 : Classement par ordre croissant des indices d'checs sur les adjectifs possessifs et indfini Examinons maintenant petits . Les variantes cacographiques indiquent clairement quil a t trs bien orthographi du point de vue de lusage qui manque dans plus de 60 % des copies. question simpose : est-ce que ladjectif a t reconnu en tant que tel Autrement dit, la difficult de catgoriser litem ne serait-elle pas lorigine u encore la rduction de larticle indfini pluriel prcdant un adjectif en de a induit nos sujet lerreur. Adjectifs possessifs et indfini : Lindice dchec enregistr par nos sujets sur ces adjectifs dpasse de peu les 35%, avec un recul de 13 points par rapport aux adjectifs qualificatifs. vient en tte enregistrant lindice dchec le plus lev. Lajout touche plus de la moiti de la population 1 . Lerreur dordre smantique serait avance pour expliquer lattitude de nos sujets. 2
sest vu galement attribu un s ossde un arbre ? Avant de procder la dicte proprement dite, tait avanc comme synonyme de tige . leurs [racines] leurs [branches] Leurs [racines] tous [les sucs] leur [tige] Figure 07 : Classement par ordre croissant des indices d'checs sur les adjectifs possessifs et indfini 92 . Les variantes cacographiques indiquent clairement quil a t trs bien orthographi du point de vue de lusage pies. a t reconnu en tant que tel ? elle pas lorigine u encore la rduction de larticle indfini pluriel des
Lindice dchec enregistr par nos sujets sur ces adjectifs dpasse de peu les 35%, avec un recul de 13 points par rapport aux adjectifs qualificatifs. leur ev. Lajout fautif du s . Lerreur dordre smantique serait ? Avant de procder la dicte proprement dite, tronc leur [tige] Figure 07 : Classement par ordre croissant des indices
93 Le deuxime indice le plus lev est celui de tous . Environ 40% de nos sujets ont chou sur sa finale. La liste des variantes cacographiques montre que nos sujets lassimilent tout . En outre, leurs racine , leurs branches et Leurs racines ont eu des indices dchecs trs rapprochs ne dpassant pas les 26%. Lchec sur ces items, qui scartent lun de lautre de par les diffrents indices nous pousse aller chercher lexplication dans dautres catgories de lorthographe franaise. Ainsi, le trait commun qui caractrise ces items est quils se prononcent de la mme faon c'est--dire quils appartiennent aux mots homophones fort prsents en franais. Ce qui nous amne avancer le fait que ces mots qui se prononcent de la mme faon soient facilement assimils aux autres avec qui il partagent la mme prononciation. Les diffrentes formes cacographiques produites en remplacement des formes normes nous renseignent davantage : tout au lieu de tous , leur au lieu de leurs ou encore leurs au lieu de leur . Ceci dit, les fautes recenses sur ces items seraient dues la concurrence dautres entits partageant la mme prononciation. A ceci sajouterait la difficult de catgoriser ces diffrents items : leur adjectif possessif pourrait tre assimil leur pronom personnel invariable.
94 5.3 Verbes : Notre texte regroupe neuf verbes : huit conjugus, un seul verbe est linfinitif. On entamera lexpos des rsultats en commenant par les verbes conjugus. Le verbe linfinitif sera trait sparment. 5.3.1 Verbes conjugus : Les huit items peuvent tre classs de diffrentes manires. A commencer par le temps. Tous les verbes sont conjugus au prsent de lindicatif sauf un seul, le dernier de cette srie, conjugu au plus que parfait. Sagissant du nombre ou de la personne, deux verbes sont conjugus avec la troisime personne du singulier alors que les autres le sont avec la troisime personne du pluriel. En outre, trois verbes appartiennent au premier groupe, un au deuxime et quatre au troisime groupe. Finalement, deux verbes de cette liste adoptent la forme pronominale. Le tableau suivant fait le point dtaill sur les rsultats enregistrs par nos sujets :
95 ITEMS Nombre derreurs (FILLES) Nombre derreurs (GARONS) Indices dchecs senfoncent 16 06 27.27 % slvent 13 04 22.07 % dfendent 12 04 20.77 % vont 10 04 18.18 % chercher 12 08 25.97 % se revt 49 17 85.71 % met 09 06 19.48 % distribuent 19 08 35.06 % avaient runie 55 16 92.20 %
Tableau 3 : Indices dchecs sur laccord des verbes
Lindice dchec enregistr par nos sujets dpasse les 40%. Seulement trois tudiantes ont russi la totalit des items, ce qui signifie 03.89%. En contrepartie, chose qui ne sest pas passe lors du traitement des catgories prcdentes, une tudiante a chou sur la totalit des items. En somme, ce sont deux-cent-quarante-huit (248) erreurs quon a pu relever sur les copies constituant notre corpus. Lhistogramme suivant classe par ordre croissant les diffrents indices dchecs :
Les deux premiers items ont t les mieux russis avec des taux dchecs ne dpassant pas les 20%. 18 et 19%. Ces deux items se rapprochent par les chiffres mais aussi par la relative correspondance phonie quelques sujets assimiler ces deux items dautres entits nappartenant gure la catgorie des verbes, fraction non ngligeable de notre population. Par ailleurs, dfendent eu des indices dchecs qui sinscrivent dans une chelle de 20 27%. Ains ncessit de marquer le nombre personne du pluriel a caus dnormes difficults nos sujets et a affect un taux significatif de notre population. Laptitude identifier les sujets qui correspondent chacun des items constituerait une cause probable qui puisse expliquer cet chec. Les variantes cacographiques suivantes seraient en mesure dclairer cet chec: Senfonce (40.90%) /
1 Pourcentages relatifs aux constructions 0 20 40 60 80 100 Figure 08 : Classement par ordre croissant des indices Les deux premiers items ont t les mieux russis avec des taux dchecs ne dpassant pas les 20%. vont et met ont enregistr respectivement plus de 18 et 19%. Ces deux items se rapprochent par les chiffres mais aussi par la relative correspondance phonie-graphie. Nanmoins, cela na pas empch quelques sujets assimiler ces deux items dautres entits nappartenant gure la catgorie des verbes, savoir vent(s) et mais prsents chez une fraction non ngligeable de notre population. dfendent , slvent senfoncent et eu des indices dchecs qui sinscrivent dans une chelle de 20 27%. Ains ncessit de marquer le nombre consistant ajouter le nt personne du pluriel a caus dnormes difficults nos sujets et a affect un taux significatif de notre population. Laptitude identifier les sujets qui chacun des items constituerait une cause probable qui puisse expliquer cet chec. Les variantes cacographiques suivantes seraient en mesure dclairer cet chec: (40.90%) / slve (58.82%) / dfende (43.75%)
Pourcentages relatifs aux constructions fautives . Figure 08 : Classement par ordre croissant des indices d'checs sur les verbes conjugus 96
Les deux premiers items ont t les mieux russis avec des taux dchecs ne ont enregistr respectivement plus de 18 et 19%. Ces deux items se rapprochent par les chiffres mais aussi par la graphie. Nanmoins, cela na pas empch quelques sujets assimiler ces deux items dautres entits nappartenant prsents chez une et distribuent ont eu des indices dchecs qui sinscrivent dans une chelle de 20 27%. Ainsi la de la troisime personne du pluriel a caus dnormes difficults nos sujets et a affect un taux significatif de notre population. Laptitude identifier les sujets qui chacun des items constituerait une cause probable qui puisse expliquer cet chec. Les variantes cacographiques suivantes seraient en mesure (43.75%). 1
Figure 08 : Classement par ordre croissant des indices
97 Ces chiffres confirment que la mauvaise identification du sujet serait lorigine de labsence de la marque du nombre. Les deux derniers verbes qui ont enregistr les taux dchecs les plus importants de cette liste sont se revt et avaient runie . Le premier a enregistr un taux dchec suprieur 85%. Du point de vue de lusage ce verbe est peu utilis, du moins sous sa forme pronominale. L encore, on se voit oblig de reprendre notre principe de dpart : la forme lexicale na pas t prise en compte ; lomission de laccent circonflexe a t tolre. La majorit des tudiants ont opt pour la forme fautive suivante : se revait une variante cacographique releves auprs de 54 % de nos sujets. se rev (e) quant elle a t releve chez 24 % des tudiants. La forme linfinitif a t galement releve sur quelques copies. Quant avaient runie , il a obtenu le taux dchec le plus important de cette srie mais aussi jamais atteint jusquici : plus de 92% des tudiants ont chou sur lune ou lautre des entits composant ce verbe qui, faut-il le rappeler, est le seul verbe conjugu un temps autre que le prsent de lindicatif. Ainsi, traiter lauxiliaire avoir en mme temps que le participe pass rgit par la rgle de laccord du participe avec lobjet direct plac avant a t dune grande difficult pour nos tudiants. Afin dapprofondir cette analyse, on a jug utile de faire appel la figure suivante :
Ceci dmontre clairement que laccord du participe pass est en grande partie responsable du rsultat obtenu par nos sujets mais ne pourra en aucun cas dtourner notre attention sur le nombre on ne pe tudiants qui ont mal conjugu les deux entits (22%). En plus de la capacit isoler le sujet, lidentification du COD pourrait elle aussi tre avance pour clairer ce taux dchec
5.3.2 Le verbe linfinitif Lunique verbe linfinitif, suit la rgle fondamentale apprise ds les premires annes du FLE obligatoirement linfinitif Lindice dchec enregistr sur ce quun tudiant sur quatre ne la pas russi. Sur les copies des tudiants, la forme norme cacographique suivante des tudiants a choisi de conjuguer le verbe limparfait
0 20 40 60 80 100 Figure 09 : Comparaison entre les indices d'checs des Ceci dmontre clairement que laccord du participe pass est en grande partie responsable du rsultat obtenu par nos sujets mais ne pourra en aucun cas dtourner notre attention sur le nombre on ne peut plus significatif des tudiants qui ont mal conjugu avoir (23%) ainsi que ceux qui ont but sur les deux entits (22%). En plus de la capacit isoler le sujet, lidentification du COD pourrait elle aussi tre avance pour clairer ce taux dchec Le verbe linfinitif : Lunique verbe linfinitif, suit la rgle fondamentale apprise ds les premires annes du FLE : quand deux verbes se suivent, le second se met obligatoirement linfinitif . Lindice dchec enregistr sur cet item dpasse le seuil des 25 % ce qui signifie quun tudiant sur quatre ne la pas russi. Sur les copies des tudiants, la forme norme est concurrence par la forme cacographique suivante : cherch (s) (77 %). Notons quun nombre restreint tudiants a choisi de conjuguer le verbe limparfait cherchai(en)t
IE "avaient" IE"runie" Figure 09 : Comparaison entre les indices d'checs des deux composantes de "avaient runie" 98
Ceci dmontre clairement que laccord du participe pass est en grande partie responsable du rsultat obtenu par nos sujets mais ne pourra en aucun ut plus significatif des (23%) ainsi que ceux qui ont but sur les deux entits (22%). En plus de la capacit isoler le sujet, lidentification du COD pourrait elle aussi tre avance pour clairer ce taux dchec assez lev. Lunique verbe linfinitif, suit la rgle fondamentale apprise ds les quand deux verbes se suivent, le second se met t item dpasse le seuil des 25 % ce qui signifie concurrence par la forme otons quun nombre restreint cherchai(en)t . Figure 09 : Comparaison entre les indices d'checs des
5.4 Participes passs Le tableau suivant fait le point sur lattitude de nos sujets vis items :
Items Nombre derreurs destins runie Tableau 4 : Indices dchecs sur laccord des Nos sujets ont enregistr un indice dchec dpassant le seuil de 67%. Cet indice est lindice le plus lev toutes catgories confondues. En somme ce sont 104 erreurs quon a pu relever chez tudiants, parmi eux 40
Comme on la dj signal prcdemment, laccord du participe pass runie a caus dnormes difficults nos tudiants, de par la ncessit de marquer son accord avec 0 20 40 60 80 100 Figure 10: Comparaison entre les deux indices Participes passs : Le tableau suivant fait le point sur lattitude de nos sujets vis Nombre derreurs (FILLES) Nombre derreurs (GARONS) Indices 23 13 46.75 53 15 88.13
ndices dchecs sur laccord des participes passs
Nos sujets ont enregistr un indice dchec dpassant le seuil de 67%. Cet indice est lindice le plus lev toutes catgories confondues. En somme ce sont 104 erreurs quon a pu relever chez 94 % de notre chantillon (72 tudiants) 40 % (31 tudiants) nont russi aucun item Comme on la dj signal prcdemment, laccord du participe pass a caus dnormes difficults nos tudiants, de par la ncessit de marquer son accord avec la sve concurrences par la prsence dune autre destins runie Figure 10: Comparaison entre les deux indices d'checs sur les participes passs 99 Le tableau suivant fait le point sur lattitude de nos sujets vis--vis ces deux Indices dchecs 46.75 % 88.13 % participes passs Nos sujets ont enregistr un indice dchec dpassant le seuil de 67%. Cet indice est lindice le plus lev toutes catgories confondues. En somme ce sont 94 % de notre chantillon (72 tudiants) nont russi aucun item :
Comme on la dj signal prcdemment, laccord du participe pass a caus dnormes difficults nos tudiants, de par la ncessit de concurrences par la prsence dune autre
100 entit les racines qui, faute dinattention serait considre comme celle avec qui laccord devrait tre fait. Ceci dans le seul cas o le scripteur fait appel la rgle rgissant ce type daccord. Les variantes cacographiques montre que plus de 38 % de notre population na pas fait appel cette rgle 1 . Tandis que 39% des variantes cacographiques oscillent entre runis ou runies . destins a enregistr un taux dchec, certes infrieur au premier mais qui reflterait une ralit quon ne peut nier : la capacit catgoriser le participe pass en tant que tel ne semblerait pas acquise par nos tudiants. Sinon comment expliquer quenviron 36 % de nos sujets ont opt pour la forme cacographique suivante : destinaient . Est-ce par ce que prcd par les sucs rapproch dun sujet 2 ? Dans ltat actuel des choses rien ne peut infirmer ni confirmer de tels propos. Ce qui est certains, la moiti des tudiants qui ont chou sur laccord de cet item ont pu lidentifier comme participe pass (destin (e) (es) ; omission ordinaire du s ou ajout du e fminin. Les variantes cacographique englobent mme des terminaisons propres aux noms et non pas aux verbes (aits).
1 runi en est le tmoin. 2 Ceci conforte nos propos sur laptitude de nos sujets isoler le sujet.
101 5.5 Homophones grammaticaux : Notre grille initiale comptait 13 items. Aprs lanalyse des copies, on a remarqu la persistance dune forme cacographique chez un nombre quon estime significatif de notre population, il sagit de la confusion entre par/ part . On sest donc vu contraint dannexer cet item notre grille qui en comptera dsormais 14. Parmi ces items, trois ont t dj traits sous la catgorie laccord des adjectifs . Le tableau suivant nous renseigne davantage sur lattitude de nos tudiants lgard de ces entits si prsente, pratiquement, dans tout crit produit en franais :
Tableau 5 : Indices dchecs sur les homophones grammaticaux
Items Nombre derreurs (FILLES) Nombre derreurs (GARONS) Indices dchecs dans/dont dans la terre dans le tronc
/ /
/ /
/ / leurs / leur leurs [racines] leurs [branches] Leurs [racines]
14 14 15
05 05 05
24.67 % 24.67 % 25.97 % et / est / / / par/part Par [leurs racines] Par [de petits tuyaux]
16.88 % 11.68 % leur /leurs 33 13 59.74 % se/ce 02 01 03.89 % en / on 03 02 06.49 %
Lindice dchec enregistr Les rsultats sinscrivent En sommes ce sont 172 dans et et ont ralis le meilleur score de cette catgorie, aucun tudiant na chou sur ces deux items croissant les diffrents indices dchecs obtenus par nos sujets
Comme le dmontre la figure ci dchec ne dpassant pas le seuil des 10 %. Les confusions portent sur personnel rflchi se pronom personnel indfini la troisime personne du singulier Si les chiffres fournis par le tableau den haut peuvent tre discuts ju point o quelques uns iront les juger non significatifs. On fera de mme, mais la question qui devrait tre pose ne diffrencient pas encore des entits dont lusage et la richesse des textes
1 lexception de deux tudiants (une fille et un garon) qui, suite une mauvaise discrimination auditive certaine ont jug quil fallait rattacher [e] construction suivante : vant sujets confondant et / 2 Deux tudiants lont confondu galement avec 0 10 20 30 40 50 Figure 11 d'checs sur les homophones grammaticaux enregistr sous cette catgorie dpasse le seuil de sinscrivent dans une fourchette allant de 59 % jusqu 03.89 %. 172 erreurs quon a pu relever. ont ralis le meilleur score de cette catgorie, aucun tudiant na chou sur ces deux items 1 . Lhistogramme suivant classe par ordre ffrents indices dchecs obtenus par nos sujets Comme le dmontre la figure ci-dessus, 03 items ont enregistr un indice dchec ne dpassant pas le seuil des 10 %. Les confusions portent sur se Vs pronom dmonstratif ce / prposition pronom personnel indfini on / prposition par Vs verbes conjugu avec la troisime personne du singulier part 2 . Si les chiffres fournis par le tableau den haut peuvent tre discuts ju point o quelques uns iront les juger non significatifs. On fera de mme, mais la question qui devrait tre pose : combien sont-ils rellement ces tudiants qui ne diffrencient pas encore des entits dont lusage et la richesse des textes
lexception de deux tudiants (une fille et un garon) qui, suite une mauvaise discrimination auditive certaine ont jug quil fallait rattacher [e] vont ce qui a donn la vant . Comme notre objectif se limite ici recenser le nombre des / est , cette maladresse na pas t prise en compte. Deux tudiants lont confondu galement avec barre . Figure 11: Classement par ordre croissant des indices d'checs sur les homophones grammaticaux 102 dpasse le seuil de 17 %. allant de 59 % jusqu 03.89 %. ont ralis le meilleur score de cette catgorie, aucun tudiant . Lhistogramme suivant classe par ordre :
dessus, 03 items ont enregistr un indice dchec ne dpassant pas le seuil des 10 %. Les confusions portent sur : pronom / prposition en Vs verbes conjugu avec Si les chiffres fournis par le tableau den haut peuvent tre discuts jusquau point o quelques uns iront les juger non significatifs. On fera de mme, mais ils rellement ces tudiants qui ne diffrencient pas encore des entits dont lusage et la richesse des textes lexception de deux tudiants (une fille et un garon) qui, suite une mauvaise vont ce qui a donn la objectif se limite ici recenser le nombre des , cette maladresse na pas t prise en compte. : Classement par ordre croissant des indices
103 produits en franais refltent la forte frquence et la qualit indispensable tout geste dcriture ? Enchainons avec la prposition prsente deux reprises, si on additionne les deux indices raliss sur ces items on obtiendra plus de 28 % de copies o on confond encore la prposition avec le verbe avoir conjugu la 3 me personne du pluriel. Omettre un accent tout comme le s relverait dune inattention. Cette raison serait-elle valable pour expliquer la confusion entre vont verbe conjugu et vent (s) le nom, reproduite dans 15 % des copies ? De mme, omettre le s quand il fallait lajouter ou lajouter quand il nen fallait pas, tel est le comportement de nos tudiants vis--vis ladjectif possessif leur (s) . Cette attitude touche galement ladjectif indfini tous qui sest vu remplac sa finale par le t . On a prcdemment avanc le fait que ces items soient prononcs de la mme faon constituerait une raison valable qui puisse justifier cet chec. cela faudrait-il sinterroger sur laptitude catgoriser les mots, qui comme sur dautres faits graphiques dj analyss, elle aurait un impact certain sur la transcription des items en question car cest de laccord dadjectifs quil est question.
105 Quelle lecture donnerait-on aux diffrents indices dchecs enregistrs par nos tudiants ? La figure suivante permet de faire un point rcapitulatif autant que remmoratif des rsultats discuts prcdemment :
Avant de procder la lecture de la figure ci-dessus, on doit signaler quelques points, nos yeux, dune importance extrme. La prsente tude, sinscrit dans le courant des dmarches dites tude de cas , c'est--dire ayant pour ultime finalit de projeter un regard objectif sur une ralit bien dtermine. Ainsi, les rsultats exposs ne tendent aucunement lexhaustivit ni dailleurs tre gnralisable. En outre, on doit attirer lattention du lecteur la difficult dont se heurtent pratiquement toutes les recherches menes en orthographe. Il est quasiment impossible de sentendre sur un barme rvlateur du niveau orthographique de la population-cible. Pour combler ce manque, toute recherche doit partir de ce que cette population, compte tenu du savoir qui lui a t dispens, est appele maitriser comme comptences orthographiques. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Pluriel des noms Mots homophones verbes adjectifs participes passs Figure 12 : Indices d'chec globaux des catgories values
106 Il est donc indispensable quon sentende, sur les attentes institutionnelles mais aussi socitales dun tudiant en fin de cycle, qui serait dans un avenir trs proche, appel dispenser cette norme. Quattendons-nous donc dun tudiant qui prpare une licence de franais, en fin de cycle de surcroit ? La rponse la plus spontane serait une domination plus ou moins avre des phnomnes les plus essentiels de lorthographe franaise, linstar de ceux que notre dicte propose dvaluer. Ainsi, force est de constater quaucun domaine nchappe lerreur. Du pluriel des noms laccord des participes passs, on a pu relever sur les copies des tudiants des erreurs qui, certes sont le reflet dun systme complexe, mais loin de toute conception fataliste, culpabilisante ou tout autre soit-elle, on serait en droit de ne pas rencontrer dans des copies de futurs enseignants . quelques semaines seulement de lobtention de leurs licences, aucun tudiant na russi notre dicte. Omission massive des marques du nombre ainsi quune confusion entre entits, tel est notre constat global. Plus quun cart la norme, les fautes qui se rptent sont le reflet dun tat de connaissances. Au moment o ces tudiants sont censs dispenser la norme orthographique avec les simplifications orthographiques de 1990, ces derniers butent sur des difficults dun niveau autre quuniversitaire. Quel adjectif allons-nous donc employer pour qualifier le niveau des tudiants ? Serait-il lgitime de qualifier le niveau de nos tudiants en orthographe grammaticale de faible ? cela soppose sans nul doute le parcours ralis par nos sujets en apprentissage du FLE, car au bout du compte, qui des tudiants ne connait pas la rgle qui rgit laccord du participe pass runie par exemple.
107 Tout porte croire, quaprs ces nombreuses annes passes en contact avec le franais, on aura de fortes chances ne recenser aucun. En revanche, consulter quelques variantes cacographiques des tudiants, on prendra un peu de recul en affirmant volontiers quil sagirait plutt dun manque de connaissances et donc dune faiblesse certaine. Sinon comment explique-t-on le nombre significatif de sujets qui ont substitu vont verbe conjugu par vent(s) le nom ou encore ceux qui ont conjugu un verbe mis linfinitif en plus de ceux qui ont substitu la finale du participe pass par celle dun verbe conjugu limparfait (destin / destinai(en)t). Les exemples sont nombreux et tmoignent que la fragilit des connaissances en orthographe grammaticale serait grandement responsable de tels carts. En ritrant les attentes institutionnelles et socitales dun futur enseignant , serait-il de jure dvoquer une ventuelle crise en orthographe ? Une telle ide soulvera certainement un dbat qui ne fera que nuire une discipline en mal de retrouver son statut lgitime. Afin dviter de simmiscer dans un faux dbat et faute de pouvoir fournir des rponses fondes , que seule une dizaine de recherches quon devrait entreprendre seraient en mesure dapporter les claircissements requis, on sest permis de poser dautres questions susceptibles de cerner les contours de ce phnomne si dlicat et si dlaiss. Pourquoi nos tudiants ne parviennent-ils pas faire face des difficults pourtant de tous les jours ? Il nous semble quil serait plus raliste daller interroger plutt la relation quentretiennent ces tudiants avec lcriture. Ils seraient 5 % avoir des penchants pour lcriture. 74 % dentre eux affirment ne pas crire en dehors de luniversit 1 .
1 Question n 07 / 08 de la fiche dinformation.
108 Si on Confronte ces chiffres la ralit de la formation luniversit o la majorit des cours sont donns par le biais du polycopier ou magistralement, combien de temps consacrera un tudiant lcrit pour esprer quil prenne conscience de ses propres difficults, car un bon orthographieur est dabord quelquun qui est suffisamment confront lcrit. Par ailleurs, en croire les rponses des tudiants 1 , ils seraient seulement 21 % tre conscients que lorthographe reprsente pour eux une difficult majeure 2 . La grammaire est source de difficults pour 14% de notre chantillon tandis que 09 % trouvent des difficults en conjugaison. Ces chiffres ne sont-il pas en contradiction franche avec tous les indices dchecs exposs prcdemment ? Il est clair que prendre conscience de ses propres difficults, est considr, notamment en apprentissage dune langue trangre, comme le premier pas vers une ventuelle remdiation (voire radication ) de ses propres lacunes. Cette ralit nous amne sinterroger sur une autre, est-ce que nos tudiants possdent une conscience orthographique . Autrement dit intgrent-ils la norme orthographique aux autres critres travaillant la comptence crite ? Pour avoir cette conscience qui va de paire avec vigilance, ltudiant doit tout dabord tre convaincu de lutilit du code orthographique dans la construction du sens. Combien sont-ils le croire ? Lattitude de lenseignant savre tre dune grande importance. Sur ce point, quelle serait lattitude des formateurs de formateurs lgard de la norme ? Combien sont-ils rellement sensibiliser les tudiants la ncessit dun minimum de correction orthographique ?
1 Question n 05 de la fiche dinformation. 2 Ceux qui ont rpondu avoir des difficults dpasse de peu la barre des 57%. Les autres estiment quils nont pas de difficults.
109 Dans une enqute qui a vis 20 enseignants du dpartement de franais, 90 % ont affirm quen classe de langue, loral est une priorit affirme, par rapport la grammaire, lorthographe et la lecture 1 . Une priorit dicte par les orientations officielles de la licence de franais ou choix personnel, cette affirmation ninfluencerait-elle pas lorthographe qui entretient des liens troits avec la grammaire et la lecture?
1 Aggoun, C. Identification des causes linguistiques et extralinguistiques dune communication orale dfectueuse chez les tudiants de la premire anne du dpartement de franais . Mmoire de magistre. Universit de Batna. 2007. p 123
111 ANNEXE 01 : QUEQUES FICHES DINFORMATION
112
113
114 ANNEXE 02 : RECAPITULATIF DES RPONSES APPORTES SUR LES FICHES DINFORMATION
1/ Avez-vous choisi cette filire ? OUI NON 72 05 93.50% 6.49%
ITEMS VARIANTES CACOGRAPHIQUES leurs [racines] leur leurs [branches] leur leure Leurs [racines] leur [de] petits [tuyaux] petit petite [tuyaux] souterrains Sous (-) terrain Souterrain Sous-terrin Ce terrain Sous-train Se terrain souterain Sous teraint Souterein soutireint tous [les sucs] tout touts [les sucs] destins destinaient destin destines destign destinait destiner destinaits destigne leur [tige] leurs [une] dure [corce] dur dr
130 3. VERBES : ITEMS VARIANTES CACOGRAPHIQUES senfoncent Senfonce Sont fonces Sont fonce Senfonces Son enfance slvent Slve clbre Slves dfendent Dfendes Dfende dfend vont Vent vents vant chercher cherch cherchs cherchaient cherchait
se revt Se revait Se rev Se rever Se reve Se revue Se revie Se revit Se revus Se la vie seleve met Mait Mit Mais mis m distribuent Distribus Distribut Distribues Distribue Distribu Distribaient Distribuait Distribuaient
131 avaient runie
Avaient runi Avaient runis Avaient runies Avait runis Avait runi Avaient runit Avait runies Avaient run Avait runie Avaient runer Avaient runaient Avaient runits avait runes avais runie avais run avais runu avaits run avis runu avait runait avais runi avais runis avis runis
19. PERRENOUD, Philippe. Lvaluation des lves. De la fabrication de lexcellence la rgulation des apprentissages. Entre deux logiques . DE BOEK Universit. Paris. 1999
20. STRAUSS-RAFFY, Carmen. Le saisissement de lcriture . LHarmattan. Paris. 2004
21. THIMONNIER, Ren. Le systme graphique du franais . Plon. Paris. 1967 Articles de revues Articles de revues Articles de revues Articles de revues : :: : - JAFFR, Jean-Pierre. Lorthographe du franais, une exception . Le franais aujourdhui .N 148 Linguistique et tude de la langue . Fvrier 2005. PP.23- 31
- LARGY, Pierre. Orthographe et illusions . Cahiers pdagogiques. N 440 Orthographe . fvrier 2006. PP 18-20
- THEVENIN, Marie Genevive. Et al. Lapprentissage /enseignement de la morphologie crite du nombre en franais . Revue franaise de pdagogie. N 126: Lacquisition / apprentissage de lorthographe . Janvier, Fvrier, Mars 1999. PP. 39-52 Articles en ligne Articles en ligne Articles en ligne Articles en ligne : :: : 1. CATACH, Nina. (1991). Mythes et ralit de lorthographe . [En ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243- 6450_1991_num_28_1_2031 (Aout 2008)
2. CHERVEL, Andr. (1973) La grammaire traditionnelle et lorthographe [en ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_00238368_19 73_num_20_1_5657 (Aout 2008)
3. FAYOL, Michel. LARGY, Pierre. (1992). Une approche fonctionnelle de lorthographe grammaticale [en ligne] http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_00238368_19 92_num_95_1_5773 (Juillet 2008)
4. JAFFR, Jean-Pierre. Interview en ligne, ralise pour le site bien lire par Laurence JUNG, mai 2004, http://www.bienlire.education.fr/04-media/a- interview19.asp. (Aout 2008)
5. JAFFR, Jean-Pierre. (1999), Orthographe et principes dcriture en franais [en ligne] http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=28 (Juillet 2008)
6. PACTON, Sbastien. Et al. (1999) Apprentissage implicite et orthographe : le cas de la morphologie [En ligne] http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=92 (juillet 2008)
7. RAMUS, Franck. (2005). Sa maitrise demande dix ans defforts . [En ligne] http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sa-maitrise-demande-dix-ans-d- efforts_485782.html (juin 2008)
8. TERS, Franois. (1973). Lorthographe dans son contexte sociolinguistique http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023- 8368_1973_num_20_1_5656 (Juin 2008)
9. TOTEREAU, Corinne. (1999). Apprendre la morphologie du nombre lcrit en franais [en ligne] http://www.orthophonistes.fr/upload/No200.pdf#page=100 (juillet 2008)
Dictionnaires Dictionnaires Dictionnaires Dictionnaires : :: : CUQ, Jean-Pierre (2003). Dictionnaire de didactique du franais langue trangre et seconde . CLE international. Paris.
LE GRAND ROBERT de la langue franaise. (2005) Version lectronique 2.0. Deuxime dition dirig par Alain REY.
Atelier historique de la langue franaise. Littr . [d. lectronique]. V. 1.5
LE ROBERT. Le Robert MICRO. 1998. Rdaction Dirig par Alain REY. Mmoire Mmoire Mmoire Mmoire : :: : - Aggoun, C. Identification des causes linguistiques et extralinguistiques dune communication orale dfectueuse chez les tudiants de la premire anne du dpartement de franais . Mmoire de magistre. Universit de Batna. 2007. Sites Sites Sites Sites internet internet internet internet : :: : 1. Prvention de l'illettrisme et lve en difficult de lecture : http://www.bienlire.education.fr/
2. L'actualit pdagogique sur internet. Dossiers et liste de diffusion. http://www.cafpdagogique.net
3. Cercle de Recherche et d'Action Pdagogiques : http://www.cahiers-pedagogiques.com/
4. http://www.google.fr/
5. Google Recherche de livres : http://books.google.fr/
6. Google Scholar : http://scholar.google.com/
7. Informations sur les rectifications orthographiques de 1990 : http://www.orthographe-recommandee.info/